#nourrisson
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Nourrisson 2023
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Toxicité infantile au mercure, 2de3.
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Enfants de Gaza : survivre sans nourriture ni soins
Dans la vidéo bouleversante No food, no medicine: infants suffer the harshness of war in Gaza, une mère raconte l’épreuve d’élever un nouveau-né dans les conditions désastreuses de la guerre. Elle explique comment le manque de nourriture, de vitamines, et de produits de première nécessité affecte la santé de son bébé. Le lait maternel devient insuffisant à cause de la malnutrition, et elle ne…
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Ogre ogre GRINGRELY👹
Que pensez-vous des navets ?
C’est bon à mettre avec pour vous manger
Ogre ogre GRINGRELY👹
Que pensez-vous des salsifis ?
C’est bon à mettre pour vous manger avec aussi
Ogre ogre GRINGRELY👹
Que pensez-vous des choux de Bruxelles ?
Ah ça me donne la vomisselle 🤮
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Maman mère au soin de nourrir ses nourrissons [essai prototypé]
©Géroux
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Sims 4 Mes 1ers nourrissons dans le 100 Baby Challenge 39/100👶
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C'est le troisième jour qu'il dort et tousse. Il se réveille pour grignoter ce qui veut bien rentrer dans son estomac et en profiter pour prendre les médicaments qui font passer la fièvre et la toux.
Et moi je prépare des petites assiettes dès les signes de réveil. 1/4 de steak, une pomme en compote, une poignée de macaronis, des salades de fruits, du beurre de cacahuète, des noix, des yaourts... On a acheté des chips pour faire monter sa tension et des bonbons pour blinder ses glucides car il a perdu presque deux kilos depuis mercredi soir.
Je me revois faire pareil il y a 15 ans et quelques mois. Les nuits blanches à scruter les signes de réveil. "Un bébé ne se laisse pas mourir de faim" (spoiler: si, ça arrive) "vous ne savez pas le nourrir, on va devoir le garder". Les journées à cuisiner ce qu'il aime, tester des recettes, des associations, des textures. "On doit le gaver" "Faire des examens supplémentaires".
On n'en n'est plus là, mais les vieux démons ressurgissent. Hier, le médecin a posé des questions d'anamnèse sur son passé d'alimentation. Elle a parlé d'examens supplémentaires. De vérifier les globules blancs. De trouver pourquoi sa tension baisse à ce point.
Des nouvelles peurs s'installent aussi, en particulier sur les tca. Comment lui permettre un développement sain alors qu'il part d'une "anorexie du nourrisson" (dixit pédiatres), comment le rassurer quand il met des semaines à prendre 2kg et quelques jours pour les perdre.
Il est censé rentrer à l'école après-demain, il lui reste 3 semaines de cours avant le blocus et les examens, et il ne tient pas debout plus de 3 minutes.
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☾ Perfect life Challenge 2.0 ☽
Après avoir réalisé le premier Perfect life en 2021, je me devais de lui donner une seconde vie avec les mises à jour que l’ont à pu avoir sur les sims. J’ai néanmoins choisi de le laisser accessible en “jeu de base”, aucun pack n’est donc nécessaire pour le réaliser. Chaque pack pourra par contre rajouter des possibilités dans votre aventure. C’est un challenge que j’ai adoré créer et faire par la suite. Ils vous à également beaucoup plus, alors je vous en remercie!
Le but du challenge :
Compléter la totalité de la liste de vie principale plus bas et au moins 5 choses de la liste bonus (vous pouvez bien sûr en réaliser plus si vous le souhaitez).
L’ordre des listes n’a aucune importance, vous pouvez les faire dans l’ordre que vous le voulez et à l'âge que vous le voulez.
Le but que je recherche dans le challenge c’est de revisiter notre façon de jouer et la rendre plus réaliste, le jeu des sims à pour but de refléter la vie, il veut s’en rapprocher le plus possible, mais dans la vie on commence toujours par être bébé et grandir alors que pour ma part je débute toujours ma partie jeune adulte, alors pourquoi ne pas débuter bambin et dans une famille déjà construite qui n’est pas forcément stable et qu’on n’aurait peut être pas choisi ? Ça nous permettra de construire notre histoire à notre façon tout en laissant aussi notre personnage se développer, suivre peut être sa propre voie.
Règles du challenge :
*La principale mise à jour du challenge est suite à l'ajout de la tranche d'âge "nourrisson" qui rajoute donc une étape entre les bébés qu'on ne contrôle pas, et les bambins qui eux sont parfaitement autonome.
Vous pouvez totalement faire le challenge à partir de l'âge bambin si la nouvelle tranche d'âge ne vous intéresse pas, mais sachez néanmoins que j'ai testé la possibilité de jouer en tant que nourrisson et c'est parfaitement possible.
Vous pouvez tout demander à vos parents, et même développer sans eux les étapes de vie rajoutés dans le pack "grandir ensemble" (non accessible si vous n'avez pas le pack) Toutes les étapes de vies se développent parfaitement seule sauf celle de "motricité globale" qui nécessitent qu'un parents vous retourne sur le ventre 2/3 fois. A vous de choisir si vous voulez ne pas vous en occupez ou espérer qu'un des tuteurs de votre nourrisson viennent le mettre sur le ventre (le mien l'a fait 1 fois en 1 heure de jeu pour exemple)
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Liste principales :
- Premiers pas
- Un anniversaire vraiment bien réussi.
- Organiser une soirée.
- Premier jour d’école.
- Premier amour.
- Premier baiser.
- Première fois.
- Déménager de chez ses parents.
- Premier jour de travail.
- Se trouver un passe temps, une activité.
- Réalisation d’un souhait à long terme.
- Première sortie entre amis.
- Voyager.
- Premier meilleur.e ami.e
- Avoir un repas de famille.
- Faire un cadeau à quelqu’un.
- Réaliser 20 envies (à activer dans les réglages)
- Avoir une promotion.
- Faire son premier achat avec son salaire.
- Se disputer avec quelqu’un.
Liste Bonus :
- Premier enfant (adopté ou non)
- Mariage.
- Avoir des petits enfants.
- Aller à la fac.
- Une compétence au maximum (niveau 10)
- Avoir sa propre maison.
- Réaliser quelque chose d’excellent (toile ou autre)
- Se battre avec quelqu’un.
- Adopter un animal.
- Avoir 1000 abonnés sur un réseau sims.
- Pleurer la mort d’un proche.
- Vivre un comité d’accueil.
- Avoir une bonne moyenne à l'école (école, lycée ou fac)
- Avoir un correspondant en ligne.
- Terminer une collection (au choix)
- Vivre un divorce (de vous ou vos proches)
- Changer de voie professionnelle.
- Avoir une maladie ou un proche malade.
- Tout plaquer pour recommencer sa vie.
- Ouvrir un commerce.
*Chaque liste a son importance, la liste principale contient les choses que l'ont fait forcément en grandissant et qui sont plus ou moins obligatoire (sauf exception et si une des choses ne vous parait pas obligatoire pour vous, mettez la de coté sans soucis, par exemple si vous n'avez/ou votre sims aucune attirance pour personne, le premier amour zouuu on l'enlève) Quant à la seconde liste elle contient des choses plus "larges", tous le monde ne vit pas de mariage ou de divorce par exemple, c'est pour ca que c'est à vous de choisir ce que vous voulez faire dedans (et même une chose que vous n'avez pas vécu vous dans votre vie, peut arriver à votre sims bien sûr)
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Les petits plus selon vos packs :
Comme précisé plus haut le challenge n'a besoin d'aucun pack de jeu pour être fait, il est parfaitement accessible en jeu de base. Cependant il est vrai que certain pack se prête particulièrement au challenge, comme "grandir ensemble", "a la fac", "années lycée" et j'en passe selon votre façon de jouer ou de vouloir réaliser le challenge (avec créature surnaturel, animaux etc.)
N'hésitez donc pas à adapter votre façon de réaliser le challenge au pack que vous posséder, en intégrant des options que vous aimez.
Par exemple j'aime beaucoup le concept "d'étape de vie" rajouté avec grandir ensemble, je vais donc essayer d'en réaliser le plus possible pour voir l'évolution de mon sims.
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Voilà c'est tout ce que vous devez savoir! Ca reste un challenge très simple pour que vous puissiez le faire comme vous l'entendez.
En espérant qu'il vous plaise toujours autant qu'avant, je m'en vais préparer ma prochaine aventure dessus. En attendant, voici mes 2 précédant let's play sur le challenge :
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Je suis tombée à la verticale sur le mitigeur thermostatique de la douche, le petit interrupteur gris qu'il y a dessus s'est enfoncé directement dans mon bras droit. J'ai sangloté comme Chihiro avec des boules de larmes qui roulaient partout sur moi et qui se mélangeaient à l'eau. J'ai cru que mon bras droit était mort, ma main ne se refermait plus sur rien. Je me suis habillée j'avais très mal j'étais rouge j'étais moche, j'ai mis de l'huile de calendula, je me suis trompée évidemment, il fallait mettre de l'huile d'arnica. Je n'ai pas pu tenir mon programme habituellement drôle après coup parce que ça n'allait pas avec mon chagrin et j'ai moyennement bien mangé. Engourdi tout le chemin jusqu'à ma main. C'était un gros chagrin d'enfant, j'avais sept ans huit ans neuf ans à nouveau, peut-être moins. Peut-être que j'avais quelques mois de vie. Un nourrisson assommé qu'il faut consoler bien vite. Je suis devenue ma propre maman et mon propre bébé. Et alors avec ce gros chagrin autorisé il y a tous les petits chagrins de cette semaine qui ont coulé aussi, c'était la grande ouverture, la fête de toutes les eaux réunies, de la plus petite à la plus grande. Et petit à petit mon bras a retrouvé ses sensations de branche reliée à l'arbre.
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Automne 1927 - Champs-les-Sims
2/5
Grand-Mère elle aussi est plus que ravie. Du fait de son grand âge, elle est très souvent fatiguée et forcée de se reposer, mais la naissance de ses arrière-arrière-petites-filles (Dieu que c'est un long intitulé !) semble lui avoir redonné une énième vigueur puisqu'elle passe le plus clair de son temps dans la chambre d'enfants avec les petites. D'après Maman et Oncle Adelphe, elle faisait la même chose pour moi ainsi que mes frères et soeurs, mais également avec la génération de mon père, et celle de mon grand-père. C'est une sacré tradition que nous perpétuons avec cette nouvelle branche de l'arbre généalogique.
Je trouve qu'il est très compliqué de différencier deux nourrissons à peine venus au monde, mais avec le temps, je suis heureuse de constater que mes filles jumelles ne sont pas si semblables. Anna est une rouquine (ce qui a ravit tous les membres de la famille) et Elisabeth est blonde comme moi avec un nombre impressionnant de tâches de rousseurs.
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Malcom Plènozas
Statut: Célibataire Parents: Nancy Plènozas et Geoffrey Plènozas Frère: Johnny Zest (Renier par Nancy) Traits de caractères: Kleptomane, Méchant, Savant, Résistance à la Maladie, Habitué à la Chaleur, Nourrissons Heureux
Malcom a toujours vécu comme un roi depuis sa naissance. Jamais grondé ou punis malgré tout le chaos qu'il engendrait. C'était son grand frère Zohnny Zest qui subissait toujours les retomber de ses caprices.
Malgré tout, le ressentiment de Nancy envers Johnny, Malcom adorait son grand frère. Ensemble, ils étaient les petites terreurs d'Oasis Springs avec leurs blagues et canulars grotesques. Le jour de son entrée au lycée, Malcom du faire ses adieux à son grand frère qui fut chassé de la maison sans qu'il ne sache encore aujourd'hui pourquoi.
Après le départ de son grand frère, le mauvais caractère de Malcom était exacerbé. Toute cette frustration Malcom la soulageait sur ses camarades de classe. Bien des enfants subissaient son règne tyrannique en silence comme le pauvre Male Chance qui deviendra sa cible favorite.
Malcom est aujourd'hui un adolescent turbulent qui prend plaisir à rabaisser et à tourmenter ses camarades avec ses deux lèche-bottes Garfield Brut et Gaspar Brut. Comme le reste de son foyer, Malcom entretient un secret celui de ses nombreuses retrouvailles avec son frère que sa mère pensait disparus.
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🌱 Maison Jeu de Base / Heure de Gloire 🌱
Id Origin : annein ; moveobjects on
Maison construite uniquement avec le Jeu de base, le pack Heure de Gloire et les contenus gratuits. Une fois de plus la galerie tag Ile paradisiaque et Au travail mais si vous cliquez sur "afficher les éléments utilisés" vous verrez qu'il n'y a rien.
Le terrain est équipé de tout ce qu'il faut pour devenir LA famille de Superstars, dans une ambiance seventies luxueuse.
Terrain 50x40
Prix : 292 550 §
3 chambres : 1 lits double, 1 lit nourrisson et 1 lit simple
4 salles de bain avec wc
Grand espace de vie ouvert avec salle à manger et salon
Salle de sport
Jardin d'hiver avec bar
Potager
Garage aménagé en espace d'enregistrement/concert
Barbecue sur la terrasse
Piscine et jacuzzi paysagés
Cabanon de bricolage
Terrain testé et fonctionnel
Enjoy !
#sims4 community#sims4#sims4nocc#the sims4#ts4 nocc#sims4 house#sims4 build#sims4 getfamous#ts4 family home
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« Deir al-Balah, Gaza, 11 mars 2024, Chère Michelle, Ton nom est la seule chose que je connais de toi pour l’instant. Moi, je m’appelle Tala. Jamais je n’ai imaginé parler un jour à une Israélienne. Encore moins faire ta connaissance alors qu’une guerre est en cours contre mon peuple. Lorsqu’on m’a proposé de t’écrire une lettre, je me suis sentie mal sur le moment, effrayée par l’idée de coopérer inconsciemment avec l’ennemi et de trahir les miens. J’ai peur que cette conversation me mette en danger ainsi que ma famille. Mais j’ai quand même décidé de t’écrire. D’abord, pour te raconter ce que je vis depuis six mois maintenant. Et surtout pour honorer mon ami Yousif Dawas, tué le 14 octobre par une bombe israélienne. Il n’avait que 20 ans et rêvait de devenir thérapeute. C’était mon camarade d’université. Nous nous retrouvions régulièrement devant l’hôpital Al-Shifa pour aller ensemble à l’université.
Je suis née à Gaza City il y a vingt ans. Je n’ai jamais quitté l’enclave, qui est une vraie prison à ciel ouvert, tu sais. A l’université, j’étudie le droit. Pendant mon temps libre, j’écris. Les gens disent de moi que je suis un vrai rat de bibliothèque. Avant la guerre, je travaillais du matin jusqu’au soir. Puis, une fois rentréechez moi, j’adorais dévorer un énième livre de ma bibliothèque tout en buvant du thé vert, ma boisson préférée. Je pourrais te parler des heures de mon université. Elle est si belle : on y entend le chant des oiseaux, le bruissement des arbres, on y respire l’air frais et on y trouve des espaces agréables où se reposer. Maintenant, il faudrait que j’écrive ces mots au passé. Car il n’en reste qu’un tas de ruines. Quant à mon diplôme, que j’étais censée obtenir l’an prochain, je ne sais pas quand je pourrai le décrocher.
Désormais, je suis réfugiée à Deir al-Balah, après avoir fui le nord de Gaza, en passant par Khan Younès, où je suis restée quarante jours sans mes parents et mes petites sœurs, qui étaient restés dans le Nord pour garder notre maison. Ils ont fini par partir eux aussi, et on s’est retrouvés en décembre. Nous avons la chance d’avoir trouvé un abri, un toit, des murs. Même s’il me paraît toujours étrange d’appeler ça un abri, étant donné que nous ne sommes protégés ni des bombes ni d’une famine ou d’une épidémie.
Ce n’est pas courant de parler avec une Israélienne comme toi, Michelle. Personne n’est ami avec des Israéliens ici. D’ailleurs, je ne connais pas grand-chose de votre culture, de vos traditions. A Gaza, on est élevés pour vous haïr. Vous n’êtes rien d’autre que des voleurs de maisons, des auteurs de massacres innombrables qui visent à nous expulser de force ou nous exterminer.
Mais, dans ma famille, on pense qu’il est impossible de tout résoudre par la force. Je partage ce point de vue. Je crois qu’apprendre à connaître les personnes qui revendiquent leur droit à cette terre peut servir notre cause. Et toi, qu’en penses-tu ? Pourquoi as-tu accepté d’entamer cette conversation avec moi ?
Malgré notre adversité, je reste ouverte d’esprit et curieuse d’écouter et de comprendre ton opinion. Peut-être que nous ne pensons pas si différemment finalement, et que nous avons même des choses en commun. Où habites-tu ? Etudies-tu ? Connais-tu des Palestiniens ?
Ecrire cette lettre me demande un effort colossal. Ces derniers jours, j’ai été incapable de m’exprimer correctement. J’aimerais partager ce que je vis. Ça pourrait me soulager, me faire sortir un peu du chagrin. Je n’ai plus de projet, plus de vie depuis le 7 octobre. Je commence même à me désintéresser de mes activités favorites comme la broderie palestinienne. Mes amis sont morts ou ont fui. Tous sont partis sans dire au revoir. Beaucoup de Palestiniens meurent de malnutrition, des femmes, des nourrissons. Imagines-tu que des enfants font la queue pour remplir une gamelle de soupe ? Nous avons du mal à trouver des légumes, tout est cher ou inexistant. Je déteste voir les rues inondées d’ordures et d’eau sale, les écoles et universités bombardées ou fermées. Je suis fatiguée de sentir la fumée de notre four en argile qui s’incruste dans tous nos vêtements. Et de devoir me déplacer en âne ou en charrette. La ville où j’ai grandi a été ravagée. Mes souvenirs ont disparu. Ma bibliothèque aussi. J’ai vu une photo de ma rue à Gaza City, elle est méconnaissable. C’est devenue une ville fantôme. Michelle, que fais-tu pendant que mon peuple meurt sous les bombes ? Est-ce que ça te fait de la peine ?
Notre situation est indescriptible. Nous avons perdu toute forme de vie sensée. Nous installons des tentes sur les ruines de maisons détruites. Très peu de centres de santé peuvent aider les femmes enceintes. Le taux de fausses couches a augmenté, tout comme les accouchements précoces en raison des bombardements violents. Je hais de voir comment la vie est en train de quitter nos corps. Soutiens-tu cette agression ? Pourquoi rien ne marche dès qu’il s’agit du sort de la Palestine ? Quelle offense avons-nous commise, nous Gazaouis, pour vivre de telles horreurs ?
Michelle, je me demande si tu as déjà questionné la légitimité de ton Etat, ses lois ou ses actions. Personne ne se soucie de la discrimination que nous subissons depuis cent ans. Et le monde est aveugle face à l’apartheid que nous vivons. Comment l’Etat d’Israël peut-il se qualifier d’Etat démocratique ? Crois-tu que nous pourrons un jour vivre en paix ?
Je suis sûre que tu es, comme tous les êtres humains, dotée de sentiments. Tu ressens l’amour, la haine, la colère, la compassion. S’il te plaît, prends pitié de nous. Dis à ton peuple de cesser de nous priver de notre humanité. Notre destin, c’est nous qui devons le choisir.
Respectueusement, Tala »
« Zoran, centre d’Israël, 25 mars 2024, Chère Tala, Je te remercie pour ta lettre. Bien que je n’habite qu’à quelques kilomètres de Gaza, je n’ai jamais parlé à quelqu’un de là-bas. Premièrement, je souhaiterais te dire que je suis désolée de ce que tu vis et t’exprimer mes plus sincères condoléances pour la perte de ton ami Yousif Dawas. Que sa mémoire soit honorée.
Permets-moi tout d’abord de me présenter. J’ai 24 ans et, comme toi, je suis étudiante en droit. Je m’intéresse au droit pénal et au droit international. J’aime également faire du bénévolat. Avant la guerre, j’aidais les habitants de ma ville qui avaient besoin d’une assistance pour trouver un logement ou obtenir une aide financière de la part de l’Etat. Désormais, ma ville, Sdérot, comme toute la région limitrophe de Gaza, s’est vidée de ses habitants.
J’ai quitté ma maison depuis l’attaque du 7 octobre. Depuis, je suis hébergée par la famille de mon petit ami à Zoran, dans le centre d’Israël. C’est plus calme ici, contrairement à ce qui se passe dans le nord ou le sud du pays. Ma maison me manque beaucoup. Je crains que les missiles lancés quotidiennement de Gaza sur le sud d’Israël détruisent tout ce que j’ai. Mon université est fermée, mais nous pouvons suivre nos cours à distance, en visio.
Je suis née et j’ai grandi à Jérusalem. J’étais scolarisée à l’école “Hand in Hand” [“main dans la main”], où la moitié des élèves sont des Israéliens juifs et l’autre moitié des Palestiniens citoyens d’Israël ou résidents de Jérusalem-Est. Oui, je connais donc des Palestiniens. J’ai fréquenté cet établissement jusqu’à la fin des études secondaires. C’est le seul lycée mixte en Israël où enfants juifs et palestiniens étudient ensemble.
Mon éducation était donc très différente des autres enfants de Jérusalem. Je parlais quotidiennement à des Palestiniens, des Arabes. Les mêmes que la société nous apprend à haïr. Je me souviens que des enfants de mon quartier ne voulaient pas me fréquenter, m’affirmaient que j’étais devenue amie avec des Arabes qui, une fois adultes, viendraient me tuer. Lorsque j’avais 14 ans, des suprémacistes israéliens ont même mis le feu à mon école. Ces années ont fait évoluer ma vision de la société israélienne.
Le 7 octobre au matin, j’ai appris que des terroristes palestiniens s’étaient infiltrés en Israël. Avec mon petit ami, nous nous sommes précipités dans notre abri antimissiles. Nous y sommes restés enfermés pendant près de deux jours, sans électricité ni réseau téléphonique. Nous entendions des coups de feu et des roquettes à l’extérieur, sans pouvoir ni voir ni comprendre ce qui se passait. Le père et la sœur de mon petit ami sont finalement venus nous chercher et nous ont mis en sécurité, dans le centre d’Israël. Quand je suis sortie de chez moi, j’ai vu des corps sur le sol. J’étais horrifiée. As-tu entendu parler de ce qui s’est passé en Israël ce jour-là ? Qu’as-tu ressenti ?
Des Israéliens ont terriblement souffert ce jour-là. Nous n’en sommes toujours pas remis. Des familles ont été brutalement tuées, kidnappées. Et il y a encore des otages israéliens à Gaza dont on ne connaît pas l’état. Je connais personnellement l’un d’entre eux et je prie tous les jours pour qu’il revienne sain et sauf [130 personnes – dont 34 seraient mortes – sont encore détenues à Gaza, selon les autorités israéliennes]. Dans mon quartier, les premières victimes des massacres du 7 octobre sont un groupe de personnes âgées d’une maison de retraite. Près de chez moi [au kibboutz Be’eri], Vivian Silver, qui était pourtant une militante pacifiste de longue date, a été tuée. Peux-tu me dire ce que les habitants de Gaza pensent de ces victimes innocentes, prises dans une guerre qu’elles n’ont jamais voulue ? Je ne comprends pas que des personnes utilisent les actions et les décisions du gouvernement israélien pour justifier la violence à l’égard des civils. Ce mode d’action ne peut être une réponse à l’occupation. Si je comprends la nécessité de la résistance palestinienne, j’estime qu’elle ne doit pas viser des innocents.
Il est aussi vrai que de nombreuses personnes en Israël sont, depuis le 7 octobre, incapables de voir au-delà de leur propre douleur et de comprendre ce qui se passe à Gaza. Il leur est difficile d’éprouver de la compassion pour les habitants de Gaza, surtout après avoir vu des vidéos dans lesquelles des Palestiniens célébraient l’attaque du 7 octobre.
Moi, je ne crois pas que nous soyons ennemis. Je m’opposerai toujours à la violence et à la cruauté, quels qu’en soient les auteurs. Les innombrables atrocités commises par Israël contre les Palestiniens au fil des années, de même que la violence subie par les Israéliens, sont également condamnables. La violence ne fait qu’engendrer plus de violence. La guerre menée actuellement par l’armée israélienne nous le prouve. Serais-tu d’accord pour dire qu’il existe de meilleurs moyens pour obtenir justice ? Y a-t-il encore des personnes à Gaza qui croient en une solution pacifique ?
Tala, tu m’as demandé si j’avais déjà remis en question la légitimité de mon pays. Tu sais, mon peuple, le peuple juif, a une longue histoire de persécution à travers le monde. Que ce soit les ancêtres de mon petit ami en Pologne ou les parents de ma mère au Maroc, ils ont été persécutés parce qu’ils étaient juifs. Cette histoire ne justifie en rien les souffrances des Palestiniens ou la Nakba [“catastrophe” en arabe, désignant l’exode en 1948, à la création de l’Etat d’Israël, de 700 000 Palestiniens, contraints de fuir des massacres ou expulsés par les nouvelles autorités]. Mais il est important pour moi de te rappeler le désir profond et l’urgence qu’il y a eu pour nous, Juifs, d’obtenir un Etat en Terre sainte.
Toutefois, il m’est arrivé de remettre en question la politique et les lois de mon pays. Quand j’avais 14 ans, j’ai rencontré un groupe d’hommes druzes qui refusaient de servir dans les forces de défense israéliennes, alors qu’ils ont l’obligation de le faire. Ces druzes se sentaient Palestiniens et avaient le sentiment qu’Israël tentait de les assimiler pour les affaiblir et les séparer des autres Arabes israéliens. Ça m’a fait réfléchir. Personnellement, j’ai eu la chance d’être exemptée de service militaire pour raison médicale, mais mon petit ami, qui a refusé de servir, a passé six mois dans une prison militaire israélienne.
Nous sommes une minorité en Israël à questionner la guerre actuelle. Les gens ont peur de s’exprimer. Beaucoup ont été arrêtés pour avoir manifesté ces derniers mois. Parfois, j’ai l’impression que la meilleure chose à faire serait de partir, d’aller quelque part où des horreurs ne sont pas commises en mon nom. Mais partir, ce serait égoïste. Je ne peux pas abandonner mon peuple qui souffre. Je m’inquiète de ce qu’Israël deviendra si toutes les personnes qui se battent pour la paix partent. Parfois, j’ai l’impression que nous sommes si peu nombreux que personne ne remarquerait notre absence.
Et puis, j’aime cette terre. Ma famille a vécu en Palestine parmi des musulmans et d’autres juifs pendant de nombreuses générations avant la création de l’Etat d’Israël. J’espère que nous pourrons un jour être tous égaux et libres. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à étudier le droit international : ne plus être impuissante face à l’injustice.
Tu m’as dit que tu lisais beaucoup, j’aime aussi lire. J’aime la littérature russe classique, comme Dostoïevski ou Tolstoï. Mon livre préféré est “Anna Karénine”. Quel genre de livres aimes-tu ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’a poussée à étudier le droit.
J’aimerais aussi en savoir plus sur l’histoire de ta famille. Comment était ta vie avant la guerre ? Où vivait ta famille avant 1948 ?
Je suis heureuse de pouvoir t’écrire. J’imagine à quel point cela doit être difficile pour toi. Je me réjouis d’avoir de tes nouvelles et te souhaite un bon ramadan.
Sincèrement, Michelle »
Lettres et Photos- source: Le Nouvel Obs
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Psychanalyse, enfance et sexualité …ou sexuation?
(Partie III)
«Si les hommes savaient tirer la leçon de l’observation directe des enfants, il n’aurait pas été utile d’écrire ces trois essais. […] Mais pour ce qui concerne l’“extension” du concept de sexualité nécessitée pour l’analyse des enfants et de ce qu’on appelle des pervers, qu’il nous soit permis de rappeler à tous ceux qui, de leur hauteur, jettent un regard dédaigneux sur la psychanalyse, combien la sexualité élargie de la psychanalyse se rapproche de l’Eros du divin Platon.» Sigmund Freud
35 - Mais de quoi parle donc Freud dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle (Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie) lorsqu’il évoque la "sexualité infantile" (infantile Sexualtheorien), la satisfaction (Befriedigung), le plaisir (Lust), la jouissance (Genuss)? Gardons-nous d’entendre les mots de Freud autrement que comme des termes qui renvoient à des positions purement psychiques, faute de quoi il est impossible d’entrer dans la forme de la pensée freudienne. Tout terme chez Freud renvoie à une position psychique, dans un contexte singulier d’élaboration psychique, en tant que c’est par l’élaboration psychique que l’enfant se sera efforcé de surmonter sa séparation d’avec le corps maternel en imaginant son propre corps dont la construction est co-extensive de l’autonomie de sa pensée.
36 - Freud note cependant que si la vie sexuelle de l’adulte ne se déduit pas forcément de celle de l’enfant qu’il a été, c’est que d’avoir été définitivement séparé du corps maternel (l’objet sexuel originel perdu à jamais) l’aura fait traverser des errances (Abirrungen) causées par une multiplicité de découpages et de déplacements de l’attrait imputé à l’objet sexuel primordial qui reste unique et irremplaçable, la pulsion dite sexuelle ne visant pas dès lors à créer un objet, mais à retrouver, dans les objets existants, sur les différentes scènes de la réalité, des traces de l’objet originaire.
37 - S’il appert que Freud fait remonter la sexualité à la prime enfance, ses précises investigations sur la sexualité infantile pour la période antérieure à la sortie de l’Œdipe et à la puberté, l’amènent à la nécessité d’inventer nombre de concepts nouveaux, scandaleusement négligés, déformés et trahis par les traductions: parmi lesquels la Geschlechtstrieb (que je traduis donc par «pulsion d’espèce» et la Verlötung (soudure), deux termes qui apparaissent dans le même paragraphe, en conclusion de la première section du premier des Trois Essais: «Il nous apparaît que nous nous représentions le lien (die Verknüpfung) entre la pulsion sexuelle (Sexualtrieb) et l’objet sexuel sous une forme trop étroite. L’expérience des cas considérés comme anormaux nous apprend qu’il existe dans ces cas une soudure (Verlötung) entre pulsion sexuelle et objet sexuel, que nous risquons de ne pas voir en raison de l’uniformité de la conformation normale, dans laquelle la pulsion semble porter en elle l’objet. Nous sommes ainsi mis en demeure de relâcher [ou assouplir: zu lockern] dans nos pensées les liens entre pulsion et objet. Il est vraisemblable que la pulsion sexuelle [traduction fausse: il s’agit ici de la pulsion d’espèce (Geschlechtstrieb)] est d’abord indépendante de son objet et que ce ne sont pas davantage les attraits de ce dernier qui déterminent son apparition.»
38 - Pour Freud, il n’y a donc pas d’objet adéquat à la pulsion : il repère dans les cas dits "anormaux" une soudure artificielle entre la pulsion et l’objet, mais en vérité c’est la pulsion qui littéralement investit les objets conformément aux tendances du sujet en cours d’émergence. Chaque sujet invente et produit sa propre réalité comme source de plaisir par la médiation de ses fantasmes qui trouvent support dans des objets. La pulsion sexuelle (Sexualtrieb) sera dès lors apparue sous les auspices d’une recherche désormais active et répétée de plaisir [alors que pour le nourrisson, le plaisir ne se prenait que de manière passive, placé sous le signe de la satisfaction (Befriedigung) ou cessation du déplaisir par l’action extérieure du soin maternel].
Quant à la jouissance (Genuss) — qui est à distinguer de son acception lacanienne tirant les conséquences de la lecture de Hegel par Kojève et de la notion de dépense développée par Bataille — elle n’apparaît que corrélativement à la pulsion d’emprise (Bemächtigungstrieb) par laquelle se manifestent toutes les formes de violence à l’égard de l’Autre, que l’enfant sera conduit à sublimer par la pulsion d’élaboration psychique (Bewältigungstrieb) se doublant d’une pulsion de savoir (Wisstrieb) qui l’ouvre au travail de conception psychique en lui permettant d’expérimenter une forme de maîtrise (Bewältigung) sur ce qui lui échappait jusque là et le faisait se sentir impuissant jusqu’à la détresse…
39 - Par ses possibilités d’élaboration psychique, l’enfant peut non seulement compenser l’absence de la mère, mais aussi bien s’absenter de la mère, se retrouver seul, séparé du corps maternel, sans pour autant éprouver cet état de détresse absolue ou de perte d’appui que Freud nomme Hilflosigkeit. Dans Au-delà du principe de plaisir, il raconte ainsi le passage du Fort/Da au miroir: «Un jour où la mère avait été absente pendant de longues heures, elle fut saluée à son retour par le message «Bébé O-O-o-o», qui parut d’abord inintelligible. Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que l’enfant avait trouvé pendant sa longue solitude un moyen de se faire disparaître lui-même. Il avait découvert son image dans un miroir qui n’atteignait pas tout à fait le sol et s’était ensuite accroupi de sorte que son image dans le miroir était “partie”.»
De ces jeux de substitution, d’occultation et d’escamotage, Freud puis Lacan tireront patiemment les plus précieux enseignements sur la structure: à savoir la façon dont s’élabore la question de l’identité sur le fond de séparations premières, l’identité imaginaire et aussi l’identité de jouissance ou de symptôme, en bref l’identité moïque. Car ce sont les conditions de ces séparations primitives qui font l’étoffe d’un sujet et partant feront aussi la cause de son moi, l’ombilic à partir duquel, le sujet humain pourra se figurer lui-même (stade du miroir chez Lacan).
40 - Il est désormais clair que le "sexuel" dont Freud parle dans la "sexualité infantile" est un sexuel qui ne concerne pas encore la sexualité, mais qui est à entendre au sens d’une quête d’identité, en guise de réponses, jamais satisfaisantes à la première question que se pose l’enfant sur son origine : «D’où viennent les enfants ?» (Woher die Kinder kommen ?), «Qu’étais-je avant d’être né?»…
La quête d’identité met en évidence l’importance primordiale et outrageusement négligée de la Geschlechtstrieb par laquelle l’enfant peut déjà s’identifier par l’image du corps à l’espèce humaine, en deçà (ou par delà) la division sexuelle, antérieurement à l’apparition des autres objets, la "pulsion d’espèce" donc, qui est indépendante de tout objet, et dont pour Freud «les cas considérés comme anormaux nous apprennent qu’il existe dans ces cas une soudure (Verlötung) entre pulsion sexuelle et objet sexuel».
C’est donc seulement parce que pour l’enfant se séparant du corps maternel il est impossible de rendre compte d’un lien (die Verknüpfung) entre la pulsion sexuelle (Sexualtrieb) et un objet sexuel sous une forme déterminée que Freud emploie l’expression "polymorphiquement pervers" pour signifier la jouissance non fixée de l’enfant, et comme le souligne avec à propos Jacques Sédat, lecteur attentif de Freud: «Il n’y a pas d’articulation fixe, permanente ou nécessaire, entre la pulsion, c’est-à-dire un sujet, et l’objet investi comme autre sujet sur la scène de la réalité. Autrement dit, la disposition polymorphiquement perverse de la sexualité infantile est pour Freud le contraire de la perversion au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Cette disposition polymorphiquement perverse constate l’inadéquation initiale, originaire, entre la pulsion et les objets disponibles sur la scène de la réalité, que la pulsion va pourtant investir.»
41 - «[…] entre la pulsion, c’est-à-dire un sujet, et l’objet investi comme autre sujet sur la scène de la réalité»: la formulation est ici plus que pertinente pour ce qui définit en propre le Discours Analytique dont Lacan attribue la paternité à Freud: la pulsion est du côté du sujet, comme le souligne Freud, car pour lui la pulsion (Trieb) n'est pas à confondre avec l'instinct (Instinkt): «les pulsions sont des êtres de mythe, grandioses par leur indétermination», la notion de mythe impliquant structure. Alors que l’instinct est un savoir inné qui met en rapport l’animal et son environnement, l’Umwelt de l’homme est toujours déjà médié par le langage, raison pour laquelle le sujet humain déploie ses pulsions (orale, anale, génitale, scopique et invoquante) comme autant de montages langagiers…
Les pulsions dont la source est le corps n’en réfèrent pas moins à la structure, et leur poussée constante ne relève pas de la physiologie, leur objet étant indifférent, leur but la satisfaction…
Pour les trumains, l’Unbewusste (un savoir qui ne se dit pas, un dire qui ne se sait pas) s’est substitué à l’instinct animal. Le langage venu à la place du "rapport sexuel" absent (non rapportable à la structure), une trace de l’instinct perdu reste perceptible dans la reproduction de l’espèce...
42 - Les quatre pulsions mises à jour par Freud à partir de ce moment inaugural de la sexuation en tant qu’arrachement de l’enfant au corps maternel, et tentative de compenser la déchirure qui en résulte par la construction d’un corps propre susceptible d’assumer la séparation, pour résumer, s’articulent donc ainsi:
-la pulsion d’espèce (Geschlechtstrieb) qui n’est ni sexuelle ni sexuée, ni fixée sur un objet extérieur, mais vise l’image du corps de l’Autre en tant que reconnaissance identitaire permettant à l’enfant de se situer dès l’origine comme "sujet pensant" toujours déjà séparé de son être et devant se constituer un corps propre à partir de l’image de l’autre [que Lacan notera i(a)]…
Par les nécessités de l’existence (départ inopiné de la mère, inaccessibilité du corps maternel, sentiment anxiogène d’impuissance…) la Geschlechtstrieb se trouve, destinée à rencontrer
-la pulsion d’emprise (Bemächtigungstrieb) qui pousse l’enfant non pas à investir un objet, mais à arraisonner un objet pour tenter d’établir un lien plus ou moins fixe avec cet objet, le maîtriser assez pour supprimer l’aspecr aléatoire qui caractérise les objets extérieurs, quitte à maltraiter l’objet en lui imposant violemment sa volonté, afin qu’il soit toujours maintenu à disposition, rendu conforme à la visée de la pulsion asexuelle, qui anime son objet…
La Bemächtigungstrieb est celle qui correspond au "Fort", premier moment du Fort/Da (cf. 31) qui en tant que volonté de maîtrise exercée sur l’Autre. Ceux qu’on appelle des "casseurs", par exemple, en restent à ce niveau là de la pulsion d’emprise, cherchant à entrer dans le secret des choses (ou des autres) en les brisant... se double de
-la pulsion d’élaboration psychique (Bewältigungstrieb) qui apparaît comme la seconde étape du Fort/Da, le "Da" en tant qu’il permet la sublimation de la pulsion d’emprise à laquelle la Bewältigungstrieb est directement corrélée, car promettant une maîtrise (Bewältigung) plus complète de l’objet comme de soi-même, en permettant à l’enfant de s’extraire de l’agressivité physique pure en rétablissant l’objet malmené par la pulsion d’emprise, en le faisant revenir, et dans cette restauration de l’objet s’opère non seulement l’élaboration de l’absence de la mère, qu’on n’a plus besoin de détruire, mais surtout un travail psychique sur soi-même, une maîtrise (Bewältigung) psychique de soi qui se substitue à la pulsion d’emprise, maîtrise qui, à ce moment-là, dépasse la destruction et la contrainte de répétition. C’est ce que Freud appelle la pulsion d’élaboration psychique par la possibilité d’articuler la maîtrise psychique de l’objet (jusqu’à là physique, portée jusqu’à la maltraitance…) par une élaboration psychique (représentation) â partir de laquelle l’enfant parvient non seulement à symboliser l’absence de la mère, mais apprend à se séparer lui-même du corps maternel par la médiation de
– la pulsion de savoir (Wisstrieb) qui génère en partie la sublimation de la pulsion d’agression par l’assomption pour le sujet dans ce passage du physique au psychique d’une forme radicale d’altérité fondée sur la perception qu’il y a toujours de l’inconnu chez l’autre et même de l’inconnaissable, que l’altérité de l’autre fait qu’il échappe toujours, au moins partiellement à toute emprise, que le sujet ne peut jamais être sûr des pensées de l’Autre qui lui restent opaques (la cure analytique apprendra au sujet à renoncer à vouloir savoir a priori ce que pense l’autre pour apprendre à l’écouter: puisque les corps sont séparés, les pensées doivent être séparées tout aussi bien).
43 - Rappelons ici que si Freud fait remonter l’activité sexuelle à la prime enfance, c’est qu’il en situe l’origine dans la sexuation opérée avec le corps maternel, ce qui fait de la mère l’objet libidinal primordial toujours déjà perdu pour l’enfant des deux sexes, appelé à structurer cette séparation constitutive par la traversée de plusieurs stades pulsionnels ainsi que du complexe d’Œdipe qui consiste à intégrer la fonction paternelle comme métaphore dans le développement de l’enfant (ce qui le conduira logiquement à choisir son objet dans l’autre sexe…)
Freud note toutefois que «l’activité sexuelle de l’enfant ne se développe pas du même pas que ses autres fonctions; elle entre au contraire, après une brève période de floraison de la deuxième à la cinquième année dans ce qu’on appelle période de latence» durant laquelle, l’activité pulsionnelle donnant lieu à la production d’excitation sexuelle ne serait nullement suspendue mais persisterait et livrerait une provision d’énergie qui serait utilisée en grande partie à des fins autres que sexuelles, à savoir d’une part à la fourniture des composantes sexuelles des sentiments sociaux, d’autre part (moyennant refoulement et formation réactionnelle) à l’édification des barrières sexuelles ultérieures.
Puis Freud ajoute que: «le fait de l’amorce en deux temps du développement sexuel chez
l’homme, soit l’interruption de ce développement par la période de latence, nous a paru mériter une attention particulière, semblant contenir l’une des conditions de l’aptitude de l’homme à développer une culture supérieure, mais aussi de son inclination à la névrose», non sans prendre le soin d’avertir: «Nous avons en outre constaté par des expériences que les influences externes de la séduction peuvent provoquer des brèches prématurées dans la période de latence, voire aller jusqu’à l’abolir, et qu’en l’occurrence la pulsion sexuelle de l’enfant s’avère être de fait de type pervers polymorphe ; également, que toute activité sexuelle prématurée de ce genre porte atteinte à l’éducabilité de l’enfant.»
44 - Insistons en citant une nouvelle fois Freud dans le texte: «Es ist lehrreich, dass das Kind unter dem Einfluss der Verführung polymorph pervers werden, zu allen möglichen Überschreitungen verleitet werden kann. Dies zeigt, dass es die Eignung dazu in seiner Anlage mitbringt.» (Il est instructif que l’enfant puisse devenir, sous l’influence d’une séduction, un pervers polymorphe, et puisse être entraîné ainsi à toutes les
transgressions possibles. Cela montre qu’il apporte cette aptitude avec lui dans sa disposition.)
Ce que Freud vise avec le mot "aptitude" n’est rien d’autre que la jouissance non fixée de l’enfant du fait que les objets ne font leur apparition qu’après la pulsion et lui sont par conséquent toujours inadéquats, la pulsion n’investissant un objet extérieur qu’à partir de l’apparition de la pulsion d’emprise (cf. supra) toujours couplée à une pulsion d’élaboration psychique qui amène le sujet à pouvoir étendre sa maîtrise mais aussi devenir lui-même, par les lois du langage, objet de jouissance (puissance) d’un autre…
Dans la perspective freudienne, la jouissance ne concerne que la pulsion de l’adulte exercée sur l’enfant ou un adulte.
Lorsqu’il s’agit des enfants, le sexuel dont parle Freud est donc bien cette compensation mise en place au plan psychique pour permettre au petit sujet d’assumer sa sexuation, c’est à dire sa séparation d’avec l’objet libidinal primordial qu’est le corps maternel, en se soutenant de son activité pulsionnelle qui est de l’ordre du fantasme et doit rester au strict plan du fantasme.
Pour le dire avec Lacan: «Faire l’amour, comme le nom l’indique, c’est de la poésie. Mais il y a un monde entre la poésie et l’acte. L’acte d’amour, c’est la perversion polymorphe du mâle. Ceci chez l’être parlant, il n’y a rien de plus assuré, de plus cohérent, de plus strict quant au discours freudien.»
45 - Si Freud insiste sur la déliaison fondamentale entre pulsion et objet, ce qui met l’enfant dans la disposition (mal interprétée) d’avoir été dite, par lui, polymorphiquement perverse — à savoir a priori non-fixée sur une jouissance spécifique — il ne manque pas de signaler qu’une séduction précoce et le non-respect de la période de latence chez l’enfant peut provoquer des brèches dans sa construction psychique, jusqu’à l’endommager gravement, rendre l’enfant inéducable, susceptible de développer des troubles sévères de la personnalité, pouvant aller jusqu’aux aptitudes à la prostitution et à toutes les perversions répertoriées par les adultes dont il sera devenu objet. Ce que Freud dénomme chez l’enfant du «polymorphiquement pervers» est le contraire absolu de la perversion telle qu’elle se donne dans le langage courant, où l’acception "pervers" désigne un comportement invasif envers un objet sexuel, pouvant aller jusqu’à l’extrême brutalité et l’asservissement aux sévices qui lui sont infligés…
NB: Dans la perspective psychanalytique, nonobstant le fait que psychose paranoïaque et perversion sont de structure différente, elles visent toutes deux à la maîtrise de l’Autre et gardent un lien étroit avec la sexualité:
-du côté de la paranoïa, on vise à maîtriser l’Autte par le contrôle de ses pensées, en cherchant à les diriger… Nous sommes ici dans le registre de la seconde des théories sexuelles infantiles, la théorie dite cloacale (cf. 19, 20, 21) qui correspond à un état maniaque où il y a deux corps mais un seul appareil psychique, de façon à ce que l’autre ne puisse échapper au sujet parce que ses pensées ne lui sont pas étrangères. Pour Freud, la paranoïa se soutient essentiellement d’une homosexualité refoulée, le persécuteur étant toujours du même sexe…
-dans la perversion (prise dans sa stricte acception psychanalytique, la perversion de structure n’étant pas à confondre avec la perversité, ni les traits pervers…) le pervers se fait l’instrument, et donc l’objet de la jouissance de l’Autre afin de pouvoir s’instaurer en maître et éducateur de sa victime-partenaire, dans la mesure où se sentant exclu de la jouissance, il a pris le parti de dénier l’inadéquation fondamentale de la pulsion à l’objet qui est toujours substituable à un autre… Le pervers avait initié ce procédé enfant, en s'identifiant à sa mère et en faisant d'elle une "mère-phallique" (dans son fantasme, cela ne signifiant pas qu'elle le soit réellement) lorsque, pendant ses absences, il allait dans son armoire humer ses vêtements, essayer ses affaires les plus intimes, imaginant ainsi connaître ses jouissances ; et c'est cette fixation qui l'a conduit à la perversion…
46 - Pour conclure provisoirement: la sexuation (génératrice de la douleur d’ex-sister) force le sujet à passer par une série de compensations fantasmatiques, dont la mise en branle de l’appareil psychique déterminera, en fonction du contexte d’éducation, les motions sexuelles qui l’animeront selon le Lustprinzip (principe de plaisir), dans une dialectique jouissance/séparation, où la jouissance consiste à se fondre dans quelque chose de plus vaste que soi, et la séparation à jouer la limitation de cette jouissance par l’assomption de son destin en tant qu’il définit la singularité du sujet porté par la tension du désir. Il y a donc ici deux pôles et ce qui gît dans l’intervalle, ce qui fait pour le sujet la distance qu’il peut maintenir entre les deux limites pour y respirer pendant le temps qu’il lui reste à vivre, et c’est cela que Lacan appellera le désir.
Le sujet (symbolico-réel) ne peut se construire que dans la séparation d’avec l’objet, mais le moi (imaginaire) souhaite selon Freud: « être en indivis (non séparé) avec l’objet externe».
L’éthique de la psychanalyse se conditionne donc depuis son origine d’une assomption des difficultés de la séparation (Abschiedsschwierigkeiten) et nous sommes en tant que sujet toujours confrontés à l’alternative : séparation ou soumission.
Voilà l’une des façons d’aborder le problème actuel du «Malaise dans la civilisation»…
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Une vidéo d’une jeune fille qui expose son point de vue à propos de la nudité de la femme en public. Elle trouve que c’est absurde que les seins soient considérés comme un “objet sexuel”. Que les seins ne servent qu’à nourrir le nourrisson. Certes, certes. Ce qu’elles doivent comprendre, ces femmes, ces jeunes femmes, et les hommes qui tiennent le même discours, c’est qu’il existe chez l’être humain quelque chose qui s’appelle l’instinct de reproduction et que cet instinct est un des plus puissants, si ce n’est le plus puissant. Pourquoi les attributs proprement féminins de la femme, les seins, les fesses, les cheveux, et tout ce qui représente l’altérité, sont générateurs de tant d’émotions pour le sexe opposé ? Un homme excité à la vue d’une belle poitrine, d’une belle croupe, ou de tout autre attribut, l’est car le génie de son espèce y reconnait ce dont il a besoin pour tendre vers son idéal de vitalité. C’est déjà une chose, un phénomène qu’il faut comprendre. Ce n’est pas moi qui l’invente, il faut relire Schopenhauer, ou simplement observer les faits. Nos préjugés et nos mœurs, aussi arbitraires qu’ils semblent, cachent une vérité qu’il faut découvrir. Tout, tout a une explication. Hommes et femmes, les deux recherchent et désirent la même chose chez l’autre : la beauté. La beauté qui n’est autre chose que la vitalité. Vitalité qui s’exprime de différentes façons : mais toujours en ce qui agit pour, en faveur de la vie, tout ce qui l’empuissante. La femme est attiré par la virilité, l’homme la féminité... Mais ce qui plait pour l’une dans la virilité et ce qui plait pour l’un dans la féminité est une seule et même chose : il s’agit de tout ce qui promesse et signe de vitalité, signe de force donc, de puissance. C’est d’ailleurs ça qu’on appelle “beauté”. Seins nus en public... Il faut comprendre que cela ne peut pas être sans conséquences, qu’inévitablement cela engendra des regards et certains comportements. Inévitablement, il y aura tentation, désir. Alors quoi ? Éduquer les hommes ? Les désensibiliser ? Taire, tarir l’instinct ? C’est folie. Il me semble bien, à moi, que la pudeur est le garant d’une certaine paix sociale, aussi superficielle soit-elle. Mais la pudeur est peut-être ce qui nous éloigne de notre bestialité. La pudeur, ce produit de l’intelligence de notre instinct de survie, ce raffinement qui est sûrement né de notre couardise face à la violence qu’engendre la compétition. Il faut savoir ce qu’on veut. Il y a autre chose qui vient expliquer les différences de comportement entre les hommes et les femmes. Une chose logique, biologique. Il faut neuf mois à une femme pour enfanter. Il faut deux minutes à un homme pour l’ensemencer. La femme est forcément plus exigeante et prudente quant au choix du partenaire. C’est un réflexe très profondément ancré dans sa biologie de femme. Et ce fait explique la réserve naturelle de la femme, sa prudence, sa méfiance instinctive. L’homme, qui ne risque rien à enfanter, a forcément une autre psychologie que celle de la femme. Il est, forcément, plus exubérant, plus bête. La peur rend plus sensible. D’où une certaine délicatesse chez la femme. On comprend donc bien pourquoi le fait qu’elle veuille aujourd’hui se montrer seins nus puissent outrer certains. Car nous, êtres humains, nous savons, davantage instinctivement qu’intellectuellement, que quelque chose pose là problème. D’ailleurs, je pose ça là, mais toutes celles qui aimeraient pouvoir se balader seins nus (pourquoi d’ailleurs ?) : ce ne sont généralement pas des femmes qu’on veut enfanter : elles sont, physiquement, soit indésirables, soit psychologiquement dépravée. Le génie de l’espèce n’y voit rien de bon. On en tirera les conclusions qu’on veut.
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Voyons voir s’il est possible de lancer Dans l’espace infini un petit cochon ailé Qui ne serait ni un missile ni une tirelire Mais quelque chose pour hier aujourd’hui demain D’abord pour ma pomme ce serait peut-être même La chance de comprendre l’expression voyons voir Pour ce qui concerne les porcelets façon chérubins Ils existent on les trouve aux Puces de Saint-Ouen Et dans les vieux greniers d’où on les vide sans regrets On les chasse sans remords malgré leur vraie beauté Presque extraterrestre alors qu’ils ont dévoré jadis Des pieds et voire parfois du nourrisson entier Du bébé humain sur la paille sans surveillance Tout cela leur vaudrait bien un voyage en voie lactée. Valérie Rouzeau In Sens averse, © La Table Ronde, 2018
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