#Elisabeth Le Bris de Chastel
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selidren · 3 days ago
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Printemps 1938 - Champs-les-Sims
2/3
Sache aussi que mon petit-frÚre Jean-François se marie cet été. Sa fiancée, Catherine, a voulu garder son emploi le plus longtemps possible et a reçu la réponse à sa démission cette semaine. Elle termine le mois, et elle annoncera ensuite ses noces. Je suis trÚs heureuse pour mon frÚre, il ressemble tellement à Papa que nous pensions que ce serait un éternel vieux garçon. C'était avant qu'Antoine me rappelle que Papa a eu huit enfants.
Les filles entrent peu Ă  peu dans l'adolescence, mĂȘme si elles ont toujours l'allure et les maniĂšres de petite fille. Elisabeth est brillante dans toutes les matiĂšres. Anna est, comme ClĂ©o, plus Ă  l'aise en rĂ©daction et son institutrice nous affirme qu'elle a une imagination dĂ©bordante, pleine de fĂ©es, de fantĂŽmes et de crĂ©atures Ă©tranges. Je suis ravie qu'elle ait pu ainsi mĂ»rir et affirmer ses goĂ»ts. Elisabeth est encore plus indĂ©cise, mais Ange m'a dit qu'il y travaillait, quoi que ça veuille dire.
Transcription :
Ange « Bon, voilĂ  pour la conjugaison
 Tu es rassurĂ©e ? »
Elisabeth « Je ne sais pas Papa. Mademoiselle Yvain a dit que ce serait une dictée plus avancée demain matin. »
Ange « Une dictée longue ? »
Elisabeth « Un peu plus de cinq lignes. Ou cinq phrases, je ne sais plus. »
Ange « Alors tu n’as pas Ă  t’en faire. Tu Ă©cris dĂ©jĂ  aussi bien qu’une future bacheliĂšre. »
Elisabeth « Papa... »
Ange « Si c’est vrai ! Qu’est-ce qu’on a dit Ă  propos de l’estime de soi jeune fille ? »
Elisabeth « Que ce que disent les autres, ce n’est pas grave, il faut avant tout voir ses propres qualitĂ©s. C’est vrai que j’ai les meilleures rĂ©sultats mais... »
Ange « Alors le sujet est clÎt. Il faut apprendre une autre leçon ? »
Elisabeth « L’anatomie. »
Ange « L’anatomie ? Apprendre les noms des os ? »
Elisabeth « Oui ! C’est ce qu’on fait en ce moment. Regarde, nous avons fait un schĂ©ma en classe. »
Ange « Seigneur
 Parfois, je me demande Ă  quoi tout cela sert... »
Elisabeth « Si jamais je veux devenir mĂ©decin, comme Tante Rose. C’est important. »
Ange « Mmh, oui. Sans doute. Je l’ai Ă©galement appris Ă  l’école, mais j’avoue ne pas en avoir beaucoup de souvenirs. Ce n’est pas un savoir que l’on mobilise tous les jours. Tu veux devenir mĂ©decin ? »
Elisabeth « Non, je ne pense pas. Je sais juste qu’il y a des choses que je ne veux pas faire. C’est compliquĂ©. J’aimerais bien que ce soit aussi simple pour moi que pour Anna ? »
Ange « Plus simple pour Anna ? »
Elisabeth « Oui, elle va faire tourner l’entreprise aprĂšs Maman, parce que c’est elle la plus ĂągĂ©e. »
Ange « Tudieu, et moi qui pensais que ce genre de considĂ©ration Ă©tait morte avec Grand-MĂšre
 Qui t’as parlĂ© de ça ? Oncle Adelphe ?»
Elisabeth « Non, personne, mais c’est comme ça que les choses marchent dans la famille. L’aĂźnĂ© hĂ©rite et les cadets
 et bien, ils font les choses qui leurs plaisent. Mais moi j’aimerai rester avec Anna je crois, ça fait peur d’avoir tant de choix. »
Ange « Dans quel sac de nƓuds ai-je encore mis les pieds ? Tu en discutes avec ta sƓur ? »
Elisabeth « Oui, ça arrive. Elle s’est faite Ă  l’idĂ©e je crois. Au dĂ©but, ça ne lui plaisait pas trop, mais il faut bien que quelqu’un le fasse. Mais comme je lui ai dit que je pourrai rester avec elle Ă  la maison, elle a fini par aimer l’idĂ©e. »
Ange « Lili
 Elisabeth
 Il faut que tu saches que rien ne vous force Ă  faire quoi que ce soit. L’éducation que ta mĂšre et moi vous donnons, c’est pour que vous soyez Ă  mĂȘme de faire les choix qui sont bons pour vous, pas vous conformer. »
Elisabeth « Mais
 Et l’entreprise ? »
Ange « Elle ira Ă  quelqu’un d’autre. Enfin, Anna en sera la prĂ©sidente, mais elle ne sera pas chargĂ©e de la diriger directement si elle n’en a pas envie. Nous pouvons embaucher un gestionnaire d’actifs pour faire ça
 Bon sang, dire que je discute de ça avec toi alors que tu n’as que douze ans
 J’aimerais vraiment savoir qui vous a parlĂ© de tous ça, ça ne peut ĂȘtre ni votre mĂšre, ni moi. »
Elisabeth « Mais personne Papa ! C’est juste logique. C’est comme ça que les choses fonctionnent dans la famille. Je connais toutes les histoires tu sais ! Anna et moi, nous serons la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration de frĂšres et sƓurs Ă  tenir l’affaire. Anna qui dirigera, comme Maman, et moi qui l’aidera, comme Oncle Antoine. De toute façon c’est ce que je fais moi, j’aide Anna. »
Ange « Mais tu n’es pas obligĂ©e, personne ne l’est. »
Elisabeth « Et si moi j’ai envie ? »
Ange « Tu as envie de ça ? »
Elisabeth « Oui, j’ai envie. Papa, il n’y a rien qui me plaise vraiment. J’ai des bonnes notes partout, en français, en arithmĂ©tique, en gĂ©ographie, en morale
 Mais il n’y a rien qui me plaĂźt vraiment. Elise veut faire de l’histoire pour devenir politicienne, Victor veut faire de la physique car il adore ça. Anna est passionnĂ©e par les histoires Ă©tranges et elle veut percer des mystĂšres. Et moi, je fais quoi si je n’aime rien ? »
Ange « Tu es encore jeune, tu trouveras quelque chose à ton rythme. »
Elisabeth « Et si je ne trouve rien ? Il faut bien que je fasse quelque chose de ma vie non ? Je suis douĂ©e pour ĂȘtre amie avec les autres. »
Ange « Oui, car tu es empathique et gentille. Ce sont de belles qualités. »
Elisabeth « Oui, et une prĂ©sidente d’entreprise a besoin de ces qualitĂ©s lĂ . Anna n’est pas douĂ©e avec les gens, elle aura besoin de moi. »
Ange « Non, ta sƓur n’est pas exactement une personne sociable, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais comme tu le dis, elle aime les histoires. Nous avons une Ă©crivaine cĂ©lĂšbre dans la famille, Anna pourra prendre modĂšle sur elle. Je suis sure qu’elle peut Ă©crire de belles histoires comme sa tante ClĂ©o. Elle n’a pas besoin de faire quelque chose qui ne lui dit rien. »
Elisabeth « Non ! Elle ne peut pas ĂȘtre comme Tante ClĂ©o ! Je fais quoi moi, si elle a pas besoin de moi ? »
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selidren · 1 month ago
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Printemps 1937 - Champs-les-Sims
1/6
Cher Lucien,
Félicitations à toi et IrÚne, j'ai hùte de voir votre petite Roseline sur papier glacé. Je me l'imagine parfois, et pour moi, elle m'apparait comme une adorable gamine avec une belle tignasse de boucles blondes, mais avec les traits de sa mÚre. J'imagine que les futurs portraits me donneront tort. Tu peux donc imaginer ma déception quand j'ai appris qu'un faire-part m'avait été envoyé, Ange en était presque aussi dépité que moi.
J'avoue avoir un peu souris en lisant ton récit de la naissance, mais n'y vois rien de malveillant. Ange paraissait bien plus inquiet que moi quand sont venues les contractions, et selon ma mÚre, Papa a fait une crise de panique quand nous sommes venus au monde. Grand-MÚre aurait qualifié ça de "réaction typiquement masculine" en levant les yeux au ciel.
J'ai dĂ©jĂ  adressĂ© mes fĂ©licitations Ă  Lola et quant Ă  Gizelle, j'ai bien tentĂ© d'en parler Ă  Tante Rose. Elle a levĂ© les yeux aux ciel en me rappelant que sa discipline consistait Ă  ouvrir le corps des gens pour les soigner et que de telles procĂ©dures n'Ă©taient pas recommandĂ©es pour les troubles psychanalytiques (elle a lu Freud rĂ©cemment). Comme je doute qu'ouvrir Gizelle en deux soit pertinent, je n'ai pas osĂ© insistĂ©. Elle m'a quand mĂȘme indiquĂ© que de tels troubles Ă©taient "dĂ©licats Ă  traiter", ce que ton rĂ©cit me laissait dĂ©jĂ  imaginer. Passe donc mes salutations Ă  ta soeur.
Je n'ai rien tant de sensationnel Ă  Ă©crire. Enfin, si ce n'est cette histoire Ă©trange que m'ont racontĂ© Aurore et Antoine le mois dernier. Ils sont persuadĂ©s d'ĂȘtre hantĂ©s... par un chat. C'est absurde, car personne n'a jamais eu de chat dans cette maison, mais ils m'ont tout les deux certifiĂ©s qu'ils avaient vu un spectre bleuĂątre en forme de chat dormir sur la chaise oĂč Antoine accroche ordinairement ses pardessus. En mĂȘme temps, il me parait improbable qu'un greffier ait pu pĂ©nĂ©trer ainsi dans la maison et disparaitre au matin sans laisser de traces. Selon Oncle Adelphe, Grand-MĂšre elle mĂȘme avait racontĂ© une histoire similaire il y a des annĂ©es. Je ne crois pas vraiment aux esprits, mais je fais Ă©galement confiance au jugement de mon frĂšre, donc je ne sais pas quelle opinion me forger. Mine de rien, cette histoire de chat fantĂŽme est aujourd'hui sujet de plaisanterie (dont mon frĂšre se vexe beaucoup). Ainsi, quand nous ne trouvons plus quelque chose, nous disons que c'est la faute du chat fantĂŽme. Elisabeth m'a fait mĂȘme remarquer d'un air docte que ce doit ĂȘtre vrai, car nous n'avons jamais eu de souris, mais j'ai remarquĂ© son petit sourire en coin. Anna, quant Ă  elle, a voulu lui donner un nom. ClĂ©o, qui a toujours un bon mot Ă  la bouche, a finalement lancĂ© : "Puisqu'on a donnĂ© mon nom Ă  un boxer, j'imagine qu'on peut bien donner celui d'Agathon Ă  un chat qui n'existe pas. Il ne devrait pas s'en vexer." Je lui ait rappelĂ© que ce nom venait de Marie, ce Ă  quoi elle a rĂ©torquĂ© que les deux Ă©tant toujours fourrĂ©s dans les mĂȘmes combines, il a bien du avoir un rĂŽle Ă  jouer dans l'affaire.
Tu l'auras compris, j'ai plus rit que ma soeur en apprenant cette histoire. Sache que Cléo trouve la mùchoire des boxer disgracieuse au possible et qu'elle n'aurait sans doute pas émis d'objection s'il s'était s'agit d'un labrador. Plaisanterie mise à part, il faut également que tu sache que quelques années avant notre naissance, la famille possédait un cheval que Papa avait insisté pour appeler Cléopùtre. Il est donc évident, pour ma soeur en tous cas, qu'elle a été nommée d'aprÚs un cheval davantage qu'une reine égyptienne, et elle en garde une certaine rancune envers notre pÚre.
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selidren · 1 month ago
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Printemps 1937 - Champs-les-Sims
5/6
Depuis que nous nous sommes avouĂ©s nos sentiments, j'ai l'impression de nager dans le bonheur et ça, nous avons bien du mal Ă  le cacher. Les filles ont compris que quelque chose avait changĂ© entre nous (en mĂȘme temps, quelle idĂ©e Ange a eu de m'embrasser pendant le pique-nique ?), et Anna rĂ©clame avec encore plus d'empressement une petite soeur. Antoine a levĂ© les yeux au ciel et Aurore nous a fait son plus beau sourire en nous disant qu'elle nous souhaitait beaucoup de bonheur. C'Ă©tait comme se marier Ă  nouveau. J'ai presque envie d'organiser de nouvelles noces, mais c'est sans doute le bonheur indĂ©cent que je ressens qui parle. Si jamais cela devait arriver, tu serais bien Ă©videmment invitĂ©, et nous pourrions mĂȘme organiser cela Ă  Hylewood. Marie a donc bien raison en ce qui concerne l'alcool, nous en auront besoin !
Avec toute l'affection de ta cousine comblée,
Noé
P.S. Je n'avais pas envie de gùcher le ton enjoué de la fin de ma lettre, mais ça me semblait dommage de ne pas en parler. Antoine est de plus en plus inquiet, la querelle de clocher va de mal en pis, et comme si ça ne suffisait pas, il y a des rumeurs de guerre en Europe. Les dignitaires du parti craignent une prochaine invasion allemande en Autriche et en BohÚme d'aprÚs mon frÚre. Personnellement, je n'y crois pas vraiment. Antoine est de plus en plus pessimiste. La derniÚre guerre a été si dure, il parait étrange que les allemands aient envie de remettre ça si vite.
Transcription :
ArsinoĂ© « Heureusement, tout se finit bien. MĂȘme si un peu tard. Grand-MĂšre doit ĂȘtre en pleine syncope de bonheur lĂ -haut. »
Ange « Nous sommes lĂ , ensemble, et toi, tu penses d’abord Ă  Grand-MĂšre et Ă  ce qu’elle aurait Ă  en dire ? »
ArsinoĂ© « Non, en fait j’ai d’abord pensĂ© Ă  ClĂ©o. Elle ne doit jamais apprendre Ă  quel point ce fut laborieux. »
Ange « En aucun cas. Je lui dirai qu’un soir, Ă  la faveur d’un ciel particuliĂšrement Ă©toilĂ©, je t’ai aperçue et ait rĂ©alisĂ© que tu Ă©tais l’amour de ma vie. De ton cĂŽtĂ©, ajoute que tu as brusquement senti le feu brĂ»lant de l’amour te dĂ©vorer quand tu m’as aperçu cueillir une rose. »
ArsinoĂ© « Entendu. Dois-tu rĂ©ellement aller cueillir une rose ? J’en ai assez des formalitĂ©s. »
Ange « Moi de mĂȘme. »
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selidren · 3 months ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
3/6
Adelphe vit aussi quelques dĂ©boires en ce moment. Ce qui m'a alertĂ©, c'est le jour oĂč Antoine m'a fait remarquĂ© avec humour qu'on ne l'avait jamais autant vu que depuis qu'il avait quittĂ© la maison. MĂȘme en dehors du travail, il a toujours eu l'habitude de venir voir les filles de temps Ă  autres, mais c'est devenu trĂšs rĂ©gulier, d'autant plus depuis que la petite Louise est lĂ .
Mon oncle peut ĂȘtre connu comme une vĂ©ritable tombe, tu propre aveu de ma mĂšre qui a reconnu avoir Ă©chouĂ© Ă  lui extorquer ses secrets, mais Ă©trangement, je n'ai pas eu Ă  le cuisiner trop longtemps. Je me suis tant confiĂ©e Ă  lui qu'il a du lui mĂȘme se sentir en confiance avec moi, et cela fait environ un an que je suis devenue une sorte de confidente pour moi.
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selidren · 1 month ago
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Note : Au cas oĂč, je prĂ©cise qu'Ange est un personnage canoniquement bisexuel, mĂȘme si il prĂ©fĂšre les hommes. Ce retournement vient du jeu, mais il est cohĂ©rent avec le personnage.
Printemps 1937 - Champs-les-Sims
4/6
Ce que je n'ai appris que rĂ©cemment, c'est qu'Ange se posait Ă©galement des questions. Il a arrĂȘtĂ© de se rendre Ă  ses soirĂ©es. Non pas par "excĂšs de moralitĂ©" comme le dit ClĂ©o, mais, selon ses propres mots, parce qu'il avait fini par rĂ©aliser qu'il me voulait bien davantage que quiconque. Quand il me l'a avouĂ©, ça a Ă©tĂ© un choc. Je ne m'en doutait absolument pas, et rĂ©ciproquement. J'ai bien appris de Grand-MĂšre et de mes mĂ©saventures, je cloisonne mes Ă©motions Ă  l'extrĂȘme. Ange, de son cĂŽtĂ©, a appris Ă  cacher ses Ă©motions pour des raisons Ă©videntes. Mais tout ça, tu le sais dĂ©jĂ  non ? Au moins, nous n'avons pas fini comme deux idiots de romans Ă  l'eau de rose qui souffrent de s'aimer sans trouver les moyens de se l'avouer.
Transcription :
Ange « Ah
 ah...ah, ah, ah ! »
ArsinoĂ© « Quoi ? J’ai dit quelque chose de drĂŽle ? »
Ange « Pardonne moi ma chĂšre
 C’est juste que
 C’est cocasse car, ce que je voulais te dire c’est que
 je suis tombĂ© amoureux de toi, NoĂ©. »
Arsinoé « Oh... »
Ange « Je me demande quel jugement on peut bien porter sur un homme qui tombe amoureux de son Ă©pouse. Je ne te demande rien, bien Ă©videmment, mais je n’avais plus envie de te mentir. »
Arsinoé « Et bien, à ce propos... »
Ange « Tu as rencontrĂ© quelqu’un c’est ça ? AprĂšs toutes ces annĂ©es
 enfin, je comprends. »
ArsinoĂ© « Je ne sais pas si on peut dire que je l’ai rencontré  Mais il est vrai que depuis quelques annĂ©es, je commence Ă  porter un nouveau regard sur quelqu’un. »
Ange « Oh, je
 je le connais ? »
ArsinoĂ© « Je pense. C’est un bel homme de taille moyenne, avec une prestance que l’on pourrait qualifier d’aristocratique, et qui est, selon ses filles, le meilleur papa du monde. »
Ange « Tudieu ! Je vois maintenant de qui Anna tient sa cruauté ! Tu as voulu me faire mourir de jalousie ? »
Arsinoé « Oui, un peu. Pardon... »
Ange « Ce n’est rien. »
ArsinoĂ© « Quel couple d’idiots nous faisons. A nous tourner autour sans rien nous dire pendant si longtemps
 Je ne pensais pas que tu voudrais de moi. »
Ange « Et moi de mĂȘme. Et dire que je reproche Ă  Anna de ne pas assez exprimer ses Ă©motions... »
ArsinoĂ© « Les adultes pensent ĂȘtre des modĂšles, mais la rĂ©alitĂ©, c’est que nous faisons simplement semblant devant les enfants. Tu en avais parlĂ© Ă  quelqu’un ? »
Ange « Oui, à Antoine. Il a juré de garder le secret. Et toi ? »
ArsinoĂ© « A Lola, la sƓur de Lucien. La pauvre vivait aussi un amour impossible Ă  cette Ă©poque. »
Ange « Amour impossible
 Quelle ironie pour un couple mariĂ©. »
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selidren · 1 month ago
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Printemps 1936 - Champs-les-Sims
3/3
Avec Ange, nous formons une équipe en ce qui concerne l'éducation de nos filles. Selon les mots de mon oncle, "Noé prend la place du pÚre, et Ange, celle de la mÚre."
Il est vrai que quand je me rappelle mon enfance, Papa Ă©tait ce patriarche effacĂ© qui faisait figure d'autoritĂ© suprĂȘme (mĂȘme si j'ai conscience qu'il s'est rarement comportĂ© comme tel), alors que Maman Ă©tait Ă  l'Ă©coute, attentive, et elle gĂ©rait nos petits caractĂšres d'enfants. Dans notre famille, c'est Ange qui remplit ce rĂŽle, il s'occupe du quotidien. Moi, je suis davantage la pourvoyeuse, et la superviseure en ce qui concerne les choix importants. ClĂ©o est persuadĂ©e que nous avons interverti Ă  desseins, mais pourtant, cela s'est fait naturellement sans que nous n'ayons jamais besoin d'en parler.
Je suis curieuse de voir le genre de pĂšre que tu vas devenir, mĂȘme si je sais que tu t'en sortiras bien. Toi, le "vieux garçon" tel que tu aimes t'appeler, jouira d'un peu plus de maturitĂ© que moi face Ă  ses petites tĂȘtes blondes (ce n'est pas une prĂ©diction difficile, j'ai vu la photographie). Je n'avais que vingt ans, et toi, tu en as dix de plus Ă  la naissance de ton premier enfant. C'est attendrissant de voir ainsi tous mes proches trouver l'amour et le bonheur. Jean-François frĂ©quente sa Catherine de façon officieuse Ă  prĂ©sent, et il est si amoureux qu'il ne cesse de repousser son premier voyage en Egypte malgrĂ© les pressions de Papa (Catherine est l'institutrice du village, elle ne peut pas tout laisser tomber pour l'accompagner). EugĂ©nie Ă©pouse son EugĂšne cet Ă©tĂ©, en tous cas si l'imprimeur ne perd pas encore une fois les invitations (je dirais que ce pauvre garçon a reçu une terrible malĂ©diction car il collectionne ce genre d'histoires presque quotidiennement). Quant Ă  ClĂ©o, elle est presque aussi Ă©vasive que toi il y a quelques temps (oui, je sais, Ă©tonnant quand on la connait), mais elle m'Ă©voque de plus en plus un certain George, le fils d'un administrateur colonial au SĂ©nĂ©gal qu'elle a rencontrĂ© lors d'une soirĂ©e parisienne bien arrosĂ©e. Heureusement pour elle que Grand-MĂšre n'est plus de ce monde, un tel mariage aurait dĂ©clenchĂ© une guerre...
J'ai hĂąte d'avoir la nouvelle de la naissance de ton enfant.
Je t'embrasse affectueusement, et te donne encore une fois mes félicitations à double titre.
Noé
P.S. Je me rends compte que je n'évoque pas une fois Antoine. Il est trÚs préoccupé en ce moment. Il a développé une grande ferveur dans son métier et se heurte de plus en plus à un des rivaux du conseil municipal, Daniel Jacqmarcq, qui se revendique comme fasciste. Ce qui m'apparaissait comme un "jeu politique" devient vraiment sérieux selon Antoine. Le patriarche du village est le pÚre de Daniel, et du haut de ses quatre-vingt-quatorze ans, il a publiquement renié son fils, imité par tous ses autres descendants. Il faut dire qu'il avait déjà plus de soixante-dix ans quand ce dernier fils est venu au monde, donc ils ne se sont jamais entendus. Bon, je te passe les détails généalogiques de cette affaire, mais comme toutes les familles d'ici sont apparentées d'une maniÚre ou d'une autre, chaque nouvel acteur du conflit à l'air d'en faire une affaire personnelle. Ce qui était une petite querelle de famille est en train de se muer en une affaire qui concerne presque tous les habitants du village.
Transcription :
Ange « Comment ça ? Avec qui tu t’amuses pendant la rĂ©crĂ©ation Ă  l’école ? »
Anna « Avec Lili. Si elle ne joue pas au cerceau ou à la marelle avec Elise. »
Ange « Et sinon ? »
Anna « Je joue pas. Je reste avec Mademoiselle Yvain et je discute avec elle. Elle me dit d’aller jouer avec les autres, mais j’ai pas envie. Avoir des amis, c’est pas trĂšs intĂ©ressant. Je veux que Lili. »
Ange « Anna
 Tu ne peux pas rester accrochĂ©e Ă  ce point Ă  ta sƓur. »
Anna « Papa
 les autres ne sont pas intĂ©ressants. Et si jamais je me fais des amis, Lili pensera que je l’aime moins. Je pensais
 je pensais que si je lui disais quelque chose d’un peu dur, elle comprendrais que j’ai besoin d’elle. »
Ange « C’est l’inverse qui est train de se passer Anna ! Tu ne peux pas continuer Ă  Ă©prouver la fidĂ©litĂ© de ta sƓur avec ces petits jeux cruels. »
Anna « Mais j’ai pas envie d’ĂȘtre toute seule moi ! »
Ange « Et si tu continues Ă  faire du mal Ă  ta sƓur, c’est bien ce qui va se passer ! »
Anna « Papa... »
Ange « Anna, moi aussi je vais devoir ĂȘtre dur pour que tu comprennes. Anna est une petite fille, ta sƓur jumelle, pas un petit chien dont tu attends qu’il t’obĂ©isse et te suive partout, et qui aurait bien mĂ©ritĂ© une punition si il dĂ©sobĂ©it. Je sais que tu ne la vois pas ainsi, mais c’est comme cela que tu la traites. »
Anna « Mais... »
Ange « Laisse moi finir ! A partir de maintenant, plutĂŽt que de piĂ©ger ta sƓur pour lui faire dire ce que tu veux entendre, tu lui parleras franchement, sans entourloupes. Et tu vas me faire le plaisir d’arrĂȘter de bouder dans ton coin quand elle joue avec quelqu’un d’autre que toi ! Demain, j’irai voir ton institutrice pour lui demander de te placer loin de ta sƓur dans la classe, et toi tu iras jouer avec d’autres enfants. Il y en aura au moins un qui trouveras grĂące Ă  tes yeux. Bien entendu, tu iras prĂ©senter tes excuses, et si Elisabeth m’apprend que tu as recommencĂ©, je sĂ©virais. Est-ce bien clair, jeune fille ? »
Anna « Oui Papa. »
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selidren · 2 months ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
4/5
Comme toi, je suis contente de vivre une vie paisible oĂč il n'y a qu'Ă  gĂ©rer les tracas du quotidien (Ă  condition de ne pas trop Ă©couter Antoine et Aurore qui s'inquiĂštent bien trop Ă  mon goĂ»t). Les petites grandissent dans une douce insouciance et il n'y a gĂ©rer les chamailleries qui naissent dans la chambre d'enfants. J'avoue apprĂ©hender le moment oĂč elles deviendront des adolescentes. A cette Ă©poque, j'Ă©tais un peu Ă©teinte, surtout au vu de la flamboyante personnalitĂ© de ClĂ©o qui prenait beaucoup de place, et Antoine me manquait beaucoup pendant ces longues semaines oĂč il Ă©tait en pensionnat. Tu verras le jour oĂč tu seras pĂšre, malgrĂ© la douceur du quotidien, on n'arrĂȘte jamais vraiment de s'inquiĂ©ter.
Avec toute mon affection,
Noé
Transcription :
Elisabeth « Mais qu’est-ce que tu attends alors ? »
Anna « Toi ! »
Elisabeth « Comment ça, moi ? »
Anna « Tu ne crois quand mĂȘme pas que je vais jouer toute seule Ă  la marelle ? »
Elisabeth « Je suis bien avec Louise, vas demander à Papa. »
Anna « Tu sais bien qu’il est parti Ă  Paris ce soir. »
Elisabeth « Anna, Maman t’as bien dit que je n’ai pas Ă  faire tout ce que tu veux. »
Anna « Bon, puisque c’est comme ça, je m’en vais. »
Elisabeth « Tu peux jouer toute seule tu sais ? »
Anna « Pfff
 Jouer ? Non, je vais plutĂŽt aller faire des choses d’adulte comme
 heu
 ranger la bibliothĂšque. »
Elisabeth « Bon
 Fais comme ça alors... »
Louise « Cache encore ! Cache encore ! »
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selidren · 2 months ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
3/5
D'ailleurs, en parlant de petites histoires triviales... Te souviens-tu que maintenant, les filles sont accompagnĂ©es quand elles vont et reviennent de l'Ă©cole ? Figure toi que par un malheureux concours de circonstances, j'ai du forcer Jean-François Ă  faire cette corvĂ©e. Il a tirĂ© une mine contrariĂ©e durant toute la journĂ©e, puis a Ă©tĂ© chercher les filles en y mettant le moins de bonne volontĂ© possible, histoire de me faire comprendre que cela ne lui plaisait pas. Il n'en est pas mort, et Ă  ma grande surprise, il a proposĂ© de lui-mĂȘme de me soulager Ă  nouveau en y retournant. J'ai mis du temps Ă  en rĂ©aliser la raison, et c'est Anna qui est venu me chuchoter la rĂ©ponse Ă  l'oreille : "Oncle Jean-François est amoureux de l'institutrice." Mon frĂšre est devenu rouge comme une pivoine sous sa tignasse blonde et m'a assurĂ© qu'il s'agissait d'une amitiĂ© d'une simple nature de stimulation intellectuelle rĂ©ciproque, et qu'il n'aimait pas bien que j'imagine des choses invraisemblables sur les simples dires d'une petite fille de huit ans. Tu vas sans doute trouver cela bas, mais il m'a fait penser Ă  toi Ă  cet instant.
Transcription :
Anna « C’est bon ? Tu as fini ? »
Elisabeth « Fini quoi ? Coucou Louise ! »
Louise « Coucou ! Ah ah ! »
Anna « De jouer avec elle. »
Elisabeth « Non, c’est trĂšs amusant. Regarde comme elle est mignonne quand elle rit ! »
Louise « Allez encore ! »
Anna « Bon, ça fait au moins quinze minutes
 Oui, d’accord, elle est rigolote, mais tu n’en a pas marre de faire tout le temps la mĂȘme chose ? A cet Ăąge, les petits sont vraiment ennuyeux. »
Elisabeth « Je ne trouve pas. »
Anna « Pfff  »
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selidren · 2 months ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
2/5
!! Ces dialogues ont été écrits pour essayer de retranscrire le niveau de langage d'un enfant de trois ans. Navrée si il n'est pas trÚs clair. Une version plus lisible est dispo en bas. !!
Tu as sans doute déjà remarqué que j'ai également répondu à ta petite soeur. C'est une jeune femme adorable qui a simplement besoin de s'épancher un peu, et je suis contente de voir que cela lui fait plaisir. Je sais que c'est parfois difficile de le faire avec ses proches. Ma propre mÚre m'a parfois reproché de ne pas assez me confier à elle. Je pense qu'elle aurait aimé davantage de proximité. Il faut dire qu'en face, elle avait Oncle Adelphe, qui avait autrefois une relation presque fusionnelle avec ses enfants, surtout avec Alexandre, ce qui est difficile à imaginer aujourd'hui.
D'ailleurs, il semble qu'Antoine et Ange se soient lancĂ©es dans une espĂšce de compĂ©tition de meilleur pĂšre en imitant Adelphe. Cela reste amical heureusement. Je n'ai jamais vu des hommes aussi investis dans la vie de leur progĂ©niture. Quand il rentre le soir, Antoine demande Ă  Louise de lui raconter sa journĂ©e en dĂ©tail, et il fait preuve d'une infinie patience pendant que la petite bĂ©gaye, bute sur les consonnes ou cherches ses mots pendant de longues secondes. MĂȘme Ange n'a jamais eu une telle patience.
En réponse, mon mari s'est lancé à corps perdu dans les études de nos filles et a fait des mathématiques son nouveau cheval de bataille. Cela a valu aux filles les félicitations de Mademoiselle Yvain.
Antoine a surenchérit en faisant apprendre à sa fille des mots comme "prolétariat", "capital" ou encore "Lénine". Louise a encore du mal à prononcer les sons en "l", alors ça a été assez laborieux. C'est une plaisanterie plus ou moins amicale entre Antoine et Ange, le premier reprochant au second son manque de conscience politique. Aurore y a mis fin quand la petite s'est mise à bégayer "Vive le camarade Staline." Ma belle-soeur n'aime pas qu'on répÚte des choses qu'on ne comprend pas, exactement ce qu'était en train de faire Antoine avec leur fille.
Transcription :
Louise « Puis on a lu l‘histoire et Maman a dit d’aller jouer avec Elisabeth. »
Marc-Antoine « Et bien dis moi, ça en fait une journĂ©e bien remplie. Et ça t’as plu ma grande ? »
Louise « Oui. Et Papa y fait quoi au travail ? »
Marc-Antoine « Moi ? Oh, tu sais ce n’est pas trĂšs intĂ©ressant. »
Louise « Pourquoi tu vas au travail alors ? Maman dit que c’est important ton travail. »
Marc-Antoine « Bon alors si Maman le dit
 Et bien, Papa aide les gens. Enfin, il essaie. Mon travail, c’est d’essayer de rĂ©gler les problĂšmes au village. »
Louise « Pourquoi ? »
Marc-Antoine « Il faut bien que quelqu’un le fasse non ? Je pense que je suis assez utile. Et puis, Papa veut que tous les gens aillent bien. »
Louise « Tu fais comment ? »
Marc-Antoine « Il faut que personne ne sois dans le besoin. Et dans l’idĂ©al, il faudrait que chacun ait droit Ă  la mĂȘme chose. Tu sais, comme quand tu prend le goĂ»ter avec tes cousines, vous avez droit Ă  la mĂȘme chose. »
Louise « C’est pas vrai ! Pourquoi moi je peux pas avoir la fourchette ? »
Marc-Antoine « Tu es encore trop petite mais
 oh ce n’est pas un bon exemple
 Tu es peut-ĂȘtre encore un peu petite pour comprendre. Mais dis toi simplement que Papa veut que tous les gens puissent ĂȘtre Ă©gaux et qu’il n’y ait plus ni riches ni pauvres. »
Louise « Et c’est bien ça ? »
Marc-Antoine « Oui, c’est bien. Demande Ă  Maman si tu veux. »
Louise « Maman elle pense ça aussi ? »
Marc-Antoine « Oui. Maman et Papa sont mariĂ©s parce qu’ils s’aiment mais aussi parce qu’ils pensent la mĂȘme chose. »
Louise «   »
Marc-Antoine « Louise ? »
Louise « Maman elle pense que je peux avoir une fourchette aussi pour manger. Alors, tu es d’accord ? »
Marc-Antoine « Petite futĂ©e
 C’est bien la fille de son pĂšre celle-lĂ ... »
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selidren · 2 months ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
3/4
Je n'ai jamais eu moi-mĂȘme de rĂ©els amis d'Ă©cole, ni mĂȘme de rivaux. Je suis surtout restĂ©e avec mes soeurs et mon frĂšre. Alors j'avoue avoir Ă©tĂ© totalement dĂ©sarmĂ©e en entendant de la bouche d'Antoine qu'Anna avait des problĂšmes avec ses camarades de classe, et plus prĂ©cisĂ©ment avec sa cousine Elise de Chastel (par le frĂšre d'Ange, Emilien). Anna est une petite fille fiĂšre, et il a fallut que sa soeur moucharde pour que j'en entende parler. Et impossible de vraiment savoir les raisons de cette brouille, cela aurait Ă©tĂ© trop facile !
Quand Ange est allĂ© en parler Ă  son frĂšre, j'avoue que j'avais quelques craintes. Il faut dire qu'ils sont en froid depuis des annĂ©es, et s'en gardent aux carte de vƓux pour les fĂȘtes et les anniversaires. J'avais bien raison, car Ange est revenu rouge de colĂšre en me disant que le ton Ă©tait montĂ© trĂšs rapidement, en mĂȘme temps que les vieilles rancoeurs, et qu'Emilien a simplement accusĂ© Ange d'essayer de l'atteindre en utilisant sa fille. J'ai Ă©tĂ© parler Ă  l'institutrice, une jeune femme venue d'Alsace (avec un accent Ă  couper au couteau !) appelĂ©e Mademoiselle Yvain, qui m'a assurĂ© qu'elle tiendrai la petite Elise Ă  l'oeil. Nous avons Ă©galement dĂ©cidĂ© que quelqu'un irait chercher Anna et Elisabeth Ă  la sortie de l'Ă©cole tous les soirs, afin d'Ă©viter que la situation ne s'aggrave loin du regard des adultes. Ange et moi-mĂȘme nous relayons, avec parfois Oncle Adelphe, Aurore, ou mĂȘme Jean-François quand il est Ă  la maison (inutile de prĂ©ciser que cela ne l'enchante pas particuliĂšrement).
La naissance de l'enfant de SĂ©lĂšne et Gilberto est imminente, et je pense qu'il sera nĂ© avant mĂȘme ta rĂ©ponse. SĂ©lĂšne s'est d'ailleurs plutĂŽt bien classĂ© au Grand Chelem cet Ă©tĂ©, et ce malgrĂ© sa grossesse. Le nouveau roman de ClĂ©o sera publiĂ© d'ici quelques mois et elle te fait dire que tu en recevras un exemplaire dĂ©dicacĂ©.
Je suis trÚs contente d'apprendre que c'est au tour d'Agathon de trouver le bonheur, mais comme tu le soulignes, il est sans doute plus prudent de garder les encouragements et les félicitations pour les noces.
Avec toute mon affection,
Noé
Transcription :
Marc-Antoine « Bonjour mesdemoiselles. Vous avez bien dormi ? Oh, tu n’as pas l’air bien Anna. »
Anna « En fait... »
Elisabeth « Anna veut faire semblant d’ĂȘtre malade pour pas aller Ă  l’école, car elle en a assez qu’Elise l’embĂȘte, mais elle n’a pas envie de vous en parler. »
Anna « Elisabeth ! »
Marc-Antoine « On t’embĂȘte Ă  l’école ? »
Elisabeth « Oui, Elise se moque d’elle tout le temps. Elle lui dit qu’elle est bĂȘte Ă  manger du foin, qu’elle est laide, et elle essaie de lui faire des crocs en jambe dans la cour de rĂ©crĂ©ation quand Mademoiselle Yvain ne regarde pas. Et quand on rentre de l’école Ă  pied, Elise la suit pour l’insulter.»
Marc-Antoine « C’est vrai tout ça Anna ? »
Anna « Heu
 oui. »
Marc-Antoine « Et tu n’as rien fait pour susciter un tel comportement ? »
Anna « Mais non ! »
Marc-Antoine « Ce n’est pas normal. Je dois en parler Ă  ta Maman et ton Papa, tu comprends ? »
Anna « Non, je n’ai pas envie. »
Elisabeth « Anna, arrĂȘte ! Et si elle te frappe ? »
Marc-Antoine « Elise est votre cousine. Je suis sure que votre Papa peut aller parler au sien, histoire de comprendre ce qu’il se passe. En attendant, je vais m’arranger pour qu’on vienne vous chercher tous les soirs Ă  l’école. »
Anna « Non Oncle Antoine, pas ça ! Elle va me traiter de bébé ! »
Marc-Antoine « Pas aprĂšs que son pĂšre l’ai grondĂ©e, crois moi ! Allez, Ă  l’école maintenant ! »
Anna « Traßtresse... »
Elisabeth « J’allais quand mĂȘme pas la laisser faire ! »
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selidren · 2 months ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
2/4
Avec la consolidation de sa relation avec EugĂšne, elle a fait un grand pas en matiĂšre de maturitĂ© et a petit Ă  petit cessĂ© de passer autant de temps avec Anna et Elisabeth. Les filles ne l'ont pas bien vĂ©cu, mais s'y sont faites peu Ă  peu. GrĂące Ă  l'Ă©cole, elles peuvent se faire des amies qui ont leur Ăąge, mĂȘme si beaucoup sont des cousines ou des cousins qu'elles connaissent depuis leur plus tendre enfance. A ce sujet, c'est assez impressionnant de voir Ă  quel point la derniĂšre dĂ©cennie a vu naĂźtre un important nombre d'enfants au village. Oncle Adelphe pense que c'est une sorte de rĂ©action Ă  la guerre, comme pour rĂ©pondre au malheur et Ă  la mort par la joie et la vie.
Transcription :
Anna « Dis, tu veux pas aller dire à Papa que je suis malade ? »
Elisabeth « Pourquoi ? Tu es malade ? C’est pour ça que tu n’as rien mangé ? »
Anna « Non, mais j’ai pas envie d’aller Ă  l’école ce matin. Et puis, de toute façon, j’ai pas faim. »
Elisabeth « Tu n’as pas l’air malade, ça ne marchera pas. »
Anna « Allez, s’il te plaĂźt ! Je vais aller me recoucher et essayer d’avoir l’air malade. Au pire, je pourrais toujours tousser. »
Elisabeth « Bon d’accord
 Mais tu vas te faire punir si ça marche pas. »
Anna « Mieux vaut ça que d’aller Ă  l’école. »
Elisabeth « Mais l’institutrice va rendre les rĂ©dactions. Et c’est Ă  ça que tu es la meilleure. »
Anna « Justement. Je ne veux pas qu’elle me rende ma rĂ©daction devant tout le monde. »
Elisabeth « Ecoute, si tu veux que je t’aide, il faut que tu m’explique. C’est encore Ă  cause de cette peste d’Elise ?»
Anna « Oui. Je sais qu’elle a Ă©tĂ© meilleure que moi, et je ne veux pas qu’elle se moque encore. Si je rate l’école, l’institutrice te donneras la rĂ©daction sans faire de commentaires. »
Elisabeth « Je comprends. »
Anna « Chut ! Voilà Oncle Antoine... »
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selidren · 2 months ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
J'ai joins à cette lettre un autre courrier à destination de ta soeur. Je suis flattée qu'elle m'ait choisie pour se confier, et au vu de ce qu'elle m'a écrit, je comprends qu'elle ait eu besoin de livrer ce qu'elle a sur le coeur.
Chez nous aussi, la vie suis son cours. Les filles continuent de grandir (aussi bien les miennes que celle d'Antoine). Je t'ai envoyée une photographie prise cette été devant la nouvelle aile. C'est la préférée de la collection d'Ange : il en a une dans sa chambre, une autre dans son bureau et la derniÚre dans son portefeuille. Il n'hésite jamais à la brandir avec orgueil dÚs qu'il le peut afin de faire admirer nos filles à autant de monde que possible. J'admet beaucoup aimer la composition, aussi l'ai-je également fait afficher dans le salon. Antoine m'a fait remarquer que quand Louise serait plus grande, il lui semble important qu'il y ait autant de photographies d'elles que de ses cousines.
Petite EugĂ©nie s'est de plus en plus entichĂ©e de son EugĂšne. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui, et il a l'air extrĂȘmement conscient des problĂšmes de ma soeur, tout en m'assurant qu'il saurait faire au mieux. Il m'a jurĂ© qu'il serait le meilleur de maris. Je crois, qu'implicitement, il me demandait ma bĂ©nĂ©diction. Je la lui ait donc implicitement donnĂ©e. Je pense que nous pouvons nous attendre Ă  une demande dans les mois Ă  venir.
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selidren · 2 days ago
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Printemps 1938 - Champs-les-Sims
3/3
D'ailleurs, entre la grossesse d'Aurore et le futur mariage de Jean-François, ainsi que les fiançailles trÚs proches de Cléo et de son Georges (officiellement, c'est hors de question, mais je ne pense pas qu'elle trompe qui que ce soir), mes filles commencent à s'intéresser pour de bon à l'amour. Anna en particulier, qui a apparemment une foule de prétendants à ses pieds au sein des garçons de sa classe, a du bien entendu s'enticher du seul qui ne lui courrait pas activement aprÚs (des fois je me demandes si Cléo n'est pas sa vraie mÚre).
J'ai oubliĂ© d'ailleurs de t'annoncer que les filles ne vont plus Ă  l'Ă©cole au village, mais bien au collĂšge Mercier Saint-Paul de Meulan-en-Yvelines. Etant donnĂ© que c'est Ă  peine plus loin que SĂ©raincourt, elles ne sont pas internes, Ange, Jean-François ou moi-mĂȘme les vĂ©hiculons en automobile (une Celtaquatre offerte par ClĂ©o pour mon anniversaire). Papa m'a envoyĂ© une lettre pour protester en affirmant que mes filles finiraient conservatrices et bonnes soeurs, mais c'est une sorte de rituel chez lui, plus personne n'y fait attention. Mis Ă  part Antoine, qui a affirmĂ© que jamais ses enfants ne mettront les pieds dans un Ă©tablissement catholique, appuyĂ© par Aurore. MalgrĂ© tout, mon frĂšre n'a pas rĂ©ellement critiquĂ© mon choix, il ne fait que le dĂ©plorer.
Maman, de son cÎté, m'a envoyé une lettre me demandant si je ne voulais pas lui envoyer les filles afin qu'elles soient scolarisées au lycée français d'Alexandrie, avec la petite Louise. A mon grand agacement, elle s'est concertée avec Adelphe qui est également venu approuver cette demande. J'ai catégoriquement refusé. Antoine a hésité. Il y a peu, le parlement a validé un emprunt de cinq milliards de francs pour la défense nationale, tandis que notre ministre des affaires étrangÚres a entamé un tour d'Europe de nos alliés. Maman et Adelphe sont persuadés que la guerre va revenir, et Antoine a beaucoup de mal à se forger un avis. Mais comme tu l'as dit, ce serait stupide. Personne n'a envie de se lancer dans une guerre en ce moment. En attendant, il est hors de question d'envoyer mes enfants loin de moi !
Je t'embrasse à mon tour et salue tous tes proches de ma part. Demande également à Lola si elle a bien reçu ma derniÚre lettre, car je n'ai pas encore reçu de réponse, et ce n'est pas dans ses habitudes.
Avec toute mon affection,
Noé
Transcription :
Ange « Lili
 C’est toi qui a mis ces histoires d’hĂ©ritage familial dans la tĂȘte de ta sƓur ? »
Elisabeth « Oui... »
Ange « RĂ©ponds moi honnĂȘtement s’il te plaĂźt
 Tu essaies de m’entourlouper depuis tout Ă  l’heure n’est-ce pas ? De rejeter la faute sur ta sƓur. C’est toi qui a besoin d’elle Ă  ce point, et pas l’inverse. Je me trompes ? »
Elisabeth « Non Papa. Mais
 je ne veux pas ĂȘtre toute seule quand je serai grande. Anna, c’est ma personne prĂ©fĂ©rĂ©e, celle que j’aime le plus. Et je crois que c’est pareil pour elle. DĂ©solĂ© Papa... »
Ange « Ce n’est rien. Je me contenterai d’ĂȘtre ton papa prĂ©fĂ©rĂ©. Continue ma chĂ©rie... »
Elisabeth « Moi, le mariage ce n’est pas mon truc. Je ne pense pas que je vais tomber amoureuse d’un homme et l’épouser. Anna, elle commence Ă  parler des garçons. Elle aime bien Victor d’ailleurs, il est beau et intelligent, et lui aussi l’aime bien. Il lui a demandĂ© si elle voulait ĂȘtre sa petite amie. Elle a dit qu’elle devait rĂ©flĂ©chir. Bon, moi je vois bien qu’elle finira par se marier. Ce sera son mari qu’elle aimera le plus. Et quand elle auras des enfants, c’est eux qu’elle aimera le plus. Et moi alors ? Je ne veux pas ĂȘtre toute seule. Si Anna prend la suite de Maman et que je l’assiste, je pourrai rester auprĂšs d’elle, mĂȘme si je ne suis plus sa personne prĂ©fĂ©rĂ©e. »
Ange « Écoutes moi bien ma chĂ©rie, l’une des plus belles choses qui soit au monde, la petite fille qui a pris la moitiĂ© de mon coeur dĂšs qu’elle a ouvert les yeux sur le monde
 Ton Papa et ta Maman ont Ă©tĂ© piĂ©gĂ© trĂšs tĂŽt avec l’idĂ©e qu’ils auraient un rĂŽle Ă  tenir, et on nous a privĂ© de presque tout le reste, car on pensait que nous n’en aurions pas besoin. Ta Maman, on l’a formĂ©e comme la future prĂ©sidente qu’elle serait dĂšs son plus jeune Ăąge, et ça a faillit lui coĂ»ter sa relation avec ses frĂšres et sƓurs. Elle a perdu des choses dont je ne peux pas te parler, ce sont ses affaires. Moi, j’ai eu de la chance. Le titre de baron a Ă©tĂ© vidĂ© de sa substance bien vite, et j’ai pu faire presque tout ce que je voulais. Épouser ta Maman en a fait partie. Quand nos petites merveilles, nos petites Anna et Lili, sont venues au monde, nous nous sommes jurĂ©s de ne pas vous imposer quoi que ce soit, que nous n’allions pas dĂ©poser sur vos Ă©paules les choses que nous avons du porter. Jamais. »
Elisabeth « Alors je réalise votre pire cauchemar. Désolée Papa... »
Ange « Non, tu es encore jeune et tu as le choix. Ne sois pas dure avec toi-mĂȘme, tu trouveras quelqu’un qui t’aime, des amis, il n’y a pas forcĂ©ment besoin de tomber amoureuse pour ne pas ĂȘtre seule. Alors tu vas aller encourager Anna Ă  faire ce qu’elle veut. J’ai passĂ© un temps considĂ©rable de ma vie Ă  dĂ©nouer ta vie de celle de ta sƓur, ce n’est pas pour qu’elle s’attache encore une fois autant. Je te l’ai dĂ©jĂ  dit, ce n’est pas sain. »
Elisabeth « Pardon. »
Ange « C’est une erreur. Ce sont le genre de choses qui arrivent. C’est mon rĂŽle de te remettre sur le droit chemin quand tu fais une erreur. Tu as compris ? »
Elisabeth « Oui. On peut reprendre les rĂ©visions ? J’ai envie de pleurer et je pense que ça peut m’en empĂȘcher. »
Ange « Ôte moi simplement d’un doute, ces histoires de mariage, ce n’est pas quelque chose qu’on t’a mis dans la tĂȘte pendant les cours d’économie domestique ? Ou parce que Mademoiselle Yvain quitte l’école pour Ă©pouser ton oncle Jean-François ? On peut tout Ă  fait mener une vie intĂ©ressante mĂȘme si on se marie tu sais. »
Elisabeth « Oui, je sais. C’est juste que moi, je ne pourrai pas Ă©pouser un homme. J’en ai pas envie, mais alors pas du tout. Les garçons, cils sont sales et mĂ©chants. Pas comme les filles, ni comme toi. D’ailleurs, j’espĂšre que Tante Aurore aura des jumelles. »
Ange « Tout peut changer. En grandissant, tu changera peut-ĂȘtre d’avis sur eux. A l’adolescence, les jeunes filles commencent Ă  changer de regard sur les garçons.  »
Elisabeth « Qu’est-ce que ça veut dire, changer de regard sur les garçons ? »
Ange « Hum
 Et bien, Ă  un certain Ăąge
 mince non, je ne peux pas avoir cette discussion avec toi. C’est le rĂŽle de ta mĂšre de t’en parler, et il est un peu tĂŽt... »
Elisabeth « Papa ! »
Ange « Bon, et si tu me montrais ce schĂ©ma des organes
 heu, du squelette humain plutĂŽt ? Papa confond toujours le cubitus et le radius ! »
Elisabeth « Parce que si jamais Anna change de regard sur Victor... »
Ange « Elisabeth, s’il te plaĂźt, aies pitiĂ© de ton pauvre pĂšre... »
Elisabeth « Moi, c’est sur Jeannette que je commence Ă  changer de regard. Ce n’est pas normal, si ? »
Ange « Oh
 Et bien, Elisabeth, tu as de la chance, c’est un sujet que ton Papa maĂźtrise Ă  la perfection. »
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selidren · 3 months ago
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Printemps 1933 - Champs-les-Sims
3/4
En outre, tu trouveras Ă©galement une photographie de moi, Ange et des filles, prise par Aurore. Notre premier vĂ©ritable portrait de famille. Je tiens Ă  remercier Dieu que les jumelles me ressemblent autant (comme tu pourras le constater), cela ne soulĂšvera pas de questions embarrassantes quand elles grandiront. De toute façon, elles adorent leur pĂšre. Antoine me dit parfois qu'il aurait aimĂ© que Papa se comporte davantage comme Ange le fait avec Anna et Elisabeth. Il est d'une prĂ©venance qui me surprend moi-mĂȘme. Je l'ai surpris Ă  jouer Ă  la marelle pas plus tard que le semaine derniĂšre et Ă  faire rĂ©citer des fables de La Fontaine aprĂšs le diner. Je n'aurai pu rĂȘver un meilleur pĂšre pour mes filles en dĂ©finitive.
Les filles aiment beaucoup l'Ă©cole, en particulier Anna. Ange dit d'elle qu'elle a un esprit scientifique bien qu'un peu fantasque, un mĂ©lange de Jean-François et ClĂ©o, mĂȘme si j'espĂšre qu'elle n'en reprendra que l'intellect. Ange l'imagine dĂ©jĂ  faire de grandes Ă©tudes Ă  l'Ă©tranger et parler de nombreuses langues. Quant Ă  moi, je pense que ma fille est aussi une grande rĂȘveuse et qu'il est un peu tĂŽt pour prĂ©sumer de son avenir. Elisabeth elle, me rappelle la petite soeur d'Ange, France. Douce, discrĂšte et gentille. Elle est appliquĂ©e et a une nature plus secrĂšte, presque mystĂ©rieuse.
Anna discute beaucoup avec son oncle en ce moment, essayant de parler avec un air assuré de politique internationale. Oncle Adelphe, la voyant faire avec son petit air concentré, a éclaté de rire en affirmant que Papa était presque exactement ainsi quand il avait son ùge, essayant de se faire docte tout en ne comprenant strictement rien à ce qu'il lisait. Il faut dire que la voir, à sept ans à peine, tenter d'expliquer à Antoine ce qu'il se passe en Allemagne en ce moment avait quelque chose d'hilarant. Antoine n'a pas trouvé cela trÚs drÎle, mais ne lui a rien dit. Elisabeth, plus intuitive, a tenté de réfréner sa soeur en voyant la mine que tirait son oncle, sans succÚs. Il faut dire que ce qui arrive aux communistes en ce moment chez nos voisins le préoccupe beaucoup.
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selidren · 3 months ago
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Printemps 1933 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
Cela me fait plaisir de voir que les choses commencent Ă  ĂȘtre plus belles par chez vous, en particulier pour Marie qui semble si bien s'en sortir dans son mariage. J'ai d'ailleurs transmis tes salutations Ă  tout le monde, et ils te renvoient tous la pareille.
La crise a fini par arriver par chez nous Ă©galement. Avec du retard, mais une certaine intensitĂ©. Tante Rose dis qu'Ă  Paris, les queues devant les soupes populaires ne font que s'allonger. Ange me confirme que les clients se font un peu plus rare dans les Ă©tablissements de loisirs. Les prix ont augmentĂ© et nous avons essuyĂ© des pertes sĂšches durant la derniĂšre annĂ©e. Oncle Adelphe s'en est arrachĂ© les cheveux tant nos meilleures bouteilles ne se vendent plus beaucoup. J'ai eu l'idĂ©e de rĂ©orienter la production vers des vins de moyenne gamme qui eux se vendent toujours aussi bien. Les chiffres commencent un peu Ă  remonter ces derniers mois, mais nous sommes trĂšs loin du chiffre d'affaire que nous avons eu pendant vingt ans. Nous avons du licencier un de nos ouvriers pour faire des Ă©conomies, et je suis ravie d'avoir autrefois insistĂ© auprĂšs d'Adelphe pour qu'il m'apprenne les gestes techniques du mĂ©tier. Je suis un peu rouillĂ©e, mais grĂące Ă  ça, j'ai pu maintenir le niveau de vie de la famille. La vie sociale de tout le village en est bouleversĂ©e. Il y a beaucoup moins de soirĂ©es organisĂ©es chez les voisins, les repas de famille sont moins nombreux, et l'Ă©picerie des frĂšres Musclet peine Ă  maintenir la tĂȘte hors de l'eau.
Tu me demandes comment s'est passĂ© le retour de Petite EugĂ©nie Ă  la maison. Dans les grandes lignes, c'est assez agrĂ©able. Je suis heureuse de retrouver ma petite soeur, mais je suis aussi dĂ©contenancĂ©e par son attitude. Elle ne fait pas du tout ses dix-sept ans et semble ĂȘtre bien plus jeune, raison pour laquelle les filles en font trĂšs souvent leur compagne de jeu. Mais parfois, elle a des Ă©clairs trĂšs brusques de maturitĂ© qui lui font adopter l'attitude d'une adulte. Je crois qu'elle mĂȘme ne sait pas vraiment comment se comporter. Elle est parfois confuse, invente des Ă©vĂ©nements qui n'ont pas lieu ou oublie tout simplement que Papa et Maman ne vivent plus ici. Les crises les plus fortes ont cessĂ©, mais voir dans ses yeux le moment oĂč elle rĂ©alise qu'elle n'avait plus qu'un pied dans la rĂ©alitĂ© est trĂšs dur et triste. Le mĂ©decin Ă  Paris dit que son Ă©tat s'amĂ©liore, et c'est vrai, mais j'aimerais l'aider davantage.
Transcription :
EugĂ©nie « Qu’est-ce que vous faites ? »
Ange « Une activité vespérale trépidante. Nous lisons. »
ArsinoĂ© « Il s’agit de notre petit rituel du soir, avant le dĂźner. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ? »
EugĂ©nie « J’attends que la voiture d’EugĂšne vienne me prendre. Il organise une soirĂ©e au chĂąteau. »
ArsinoĂ© « Ma chĂ©rie
 EugĂšne n’organise pas de fĂȘte ce soir. »
Ange « Et le chĂąteau a Ă©tĂ© vendu Ă  l’état il y a des annĂ©es dĂ©jĂ . Tu ne t’en souviens pas ? »
EugĂ©nie « Je
 heu
 si. Je crois. Oh non
 ça a recommencĂ©... »
ArsinoĂ© « Ce n’est rien EugĂ©nie. Tu es trĂšs belle. Tu t’es coiffĂ©e toute seule ? »
EugĂ©nie « Heu
 Anna m’a aidĂ©e
 Je dois faire quoi maintenant ? »
Ange « Vas donc t’asseoir au salon. Je vais appeler EugĂšne de ta part et l’inviter Ă  dĂźner ce soir. Aurore va trĂšs certainement m’assassiner pour le faire si tard, mais je pense que ça fera plaisir Ă  ton amoureux. »
EugĂ©nie « Vous ne lui direz pas, n’est-ce pas ? »
ArsinoĂ© « Lui dire quoi ? Tu t’es bien pomponnĂ©e pour lui faire une surprise ce soir non ? »
Ange « Allez, vas ! NoĂ©, vas donc prendre l’appareil, Petite EugĂ©nie est bien trop jolie ce soir pour qu’on manque une occasion de lui tirer le portrait. »
Arsinoé « Quelle bonne idée ! »
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selidren · 3 months ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
6/6
Anna est quand a elle une petite fille déjà bien indépendante et avec un fort caractÚre. Quand elle est indignée ou qu'elle boude, elle me rappelle tellement Ange que c'en est trÚs drÎle. Elle a parfaitement copié chacune des mimiques de son pÚre. Elle dirige sa soeur par le bout du nez sans le moindre problÚme, profitant de sa nature un peu plus douce et taiseuse.
Nous avons dĂ©cidĂ© de refaire entiĂšrement la chambre d'enfant maintenant qu'elles sont assez grandes pour dormir dans de vrais lits. Antoine et Aurore aiment beaucoup les tons beiges que j'ai choisis, ils disent que cela donnent un air bien plus chaleureux Ă  cette piĂšce, qui a traditionnellement Ă©tĂ© en bleu depuis la construction de la maison. Il faut dire aussi que l'ajout des dessins des filles aux murs donne un aspect plus joyeux Ă  la piĂšce (Grand-MĂšre ne l'aurait jamais permis) et elles adorent la moquette (une idĂ©e d'Ange). D'ici quelques annĂ©es, elles pourront y jouer avec la petite Louise et ses Ă©ventuels petits frĂšres et soeurs. J'attends avec beaucoup d'impatience le jour oĂč cette piĂšce sera Ă  nouveau pleine d'enfants, comme quand Antoine et moi Ă©tions petits.
Avec toute mon affection,
Noé
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