#Elisabeth Le Bris de Chastel
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selidren · 1 month ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
3/6
Adelphe vit aussi quelques déboires en ce moment. Ce qui m'a alerté, c'est le jour où Antoine m'a fait remarqué avec humour qu'on ne l'avait jamais autant vu que depuis qu'il avait quitté la maison. Même en dehors du travail, il a toujours eu l'habitude de venir voir les filles de temps à autres, mais c'est devenu très régulier, d'autant plus depuis que la petite Louise est là.
Mon oncle peut être connu comme une véritable tombe, tu propre aveu de ma mère qui a reconnu avoir échoué à lui extorquer ses secrets, mais étrangement, je n'ai pas eu à le cuisiner trop longtemps. Je me suis tant confiée à lui qu'il a du lui même se sentir en confiance avec moi, et cela fait environ un an que je suis devenue une sorte de confidente pour moi.
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selidren · 7 days ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
4/5
Comme toi, je suis contente de vivre une vie paisible où il n'y a qu'à gérer les tracas du quotidien (à condition de ne pas trop écouter Antoine et Aurore qui s'inquiètent bien trop à mon goût). Les petites grandissent dans une douce insouciance et il n'y a gérer les chamailleries qui naissent dans la chambre d'enfants. J'avoue appréhender le moment où elles deviendront des adolescentes. A cette époque, j'étais un peu éteinte, surtout au vu de la flamboyante personnalité de Cléo qui prenait beaucoup de place, et Antoine me manquait beaucoup pendant ces longues semaines où il était en pensionnat. Tu verras le jour où tu seras père, malgré la douceur du quotidien, on n'arrête jamais vraiment de s'inquiéter.
Avec toute mon affection,
Noé
Transcription :
Elisabeth �� Mais qu’est-ce que tu attends alors ? »
Anna « Toi ! »
Elisabeth « Comment ça, moi ? »
Anna « Tu ne crois quand même pas que je vais jouer toute seule à la marelle ? »
Elisabeth « Je suis bien avec Louise, vas demander à Papa. »
Anna « Tu sais bien qu’il est parti à Paris ce soir. »
Elisabeth « Anna, Maman t’as bien dit que je n’ai pas à faire tout ce que tu veux. »
Anna « Bon, puisque c’est comme ça, je m’en vais. »
Elisabeth « Tu peux jouer toute seule tu sais ? »
Anna « Pfff… Jouer ? Non, je vais plutôt aller faire des choses d’adulte comme… heu… ranger la bibliothèque. »
Elisabeth « Bon… Fais comme ça alors... »
Louise « Cache encore ! Cache encore ! »
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selidren · 9 days ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
3/5
D'ailleurs, en parlant de petites histoires triviales... Te souviens-tu que maintenant, les filles sont accompagnées quand elles vont et reviennent de l'école ? Figure toi que par un malheureux concours de circonstances, j'ai du forcer Jean-François à faire cette corvée. Il a tiré une mine contrariée durant toute la journée, puis a été chercher les filles en y mettant le moins de bonne volonté possible, histoire de me faire comprendre que cela ne lui plaisait pas. Il n'en est pas mort, et à ma grande surprise, il a proposé de lui-même de me soulager à nouveau en y retournant. J'ai mis du temps à en réaliser la raison, et c'est Anna qui est venu me chuchoter la réponse à l'oreille : "Oncle Jean-François est amoureux de l'institutrice." Mon frère est devenu rouge comme une pivoine sous sa tignasse blonde et m'a assuré qu'il s'agissait d'une amitié d'une simple nature de stimulation intellectuelle réciproque, et qu'il n'aimait pas bien que j'imagine des choses invraisemblables sur les simples dires d'une petite fille de huit ans. Tu vas sans doute trouver cela bas, mais il m'a fait penser à toi à cet instant.
Transcription :
Anna « C’est bon ? Tu as fini ? »
Elisabeth « Fini quoi ? Coucou Louise ! »
Louise « Coucou ! Ah ah ! »
Anna « De jouer avec elle. »
Elisabeth « Non, c’est très amusant. Regarde comme elle est mignonne quand elle rit ! »
Louise « Allez encore ! »
Anna « Bon, ça fait au moins quinze minutes… Oui, d’accord, elle est rigolote, mais tu n’en a pas marre de faire tout le temps la même chose ? A cet âge, les petits sont vraiment ennuyeux. »
Elisabeth « Je ne trouve pas. »
Anna « Pfff… »
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selidren · 10 days ago
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Eté 1934 - Champs-les-Sims
2/5
!! Ces dialogues ont été écrits pour essayer de retranscrire le niveau de langage d'un enfant de trois ans. Navrée si il n'est pas très clair. Une version plus lisible est dispo en bas. !!
Tu as sans doute déjà remarqué que j'ai également répondu à ta petite soeur. C'est une jeune femme adorable qui a simplement besoin de s'épancher un peu, et je suis contente de voir que cela lui fait plaisir. Je sais que c'est parfois difficile de le faire avec ses proches. Ma propre mère m'a parfois reproché de ne pas assez me confier à elle. Je pense qu'elle aurait aimé davantage de proximité. Il faut dire qu'en face, elle avait Oncle Adelphe, qui avait autrefois une relation presque fusionnelle avec ses enfants, surtout avec Alexandre, ce qui est difficile à imaginer aujourd'hui.
D'ailleurs, il semble qu'Antoine et Ange se soient lancées dans une espèce de compétition de meilleur père en imitant Adelphe. Cela reste amical heureusement. Je n'ai jamais vu des hommes aussi investis dans la vie de leur progéniture. Quand il rentre le soir, Antoine demande à Louise de lui raconter sa journée en détail, et il fait preuve d'une infinie patience pendant que la petite bégaye, bute sur les consonnes ou cherches ses mots pendant de longues secondes. Même Ange n'a jamais eu une telle patience.
En réponse, mon mari s'est lancé à corps perdu dans les études de nos filles et a fait des mathématiques son nouveau cheval de bataille. Cela a valu aux filles les félicitations de Mademoiselle Yvain.
Antoine a surenchérit en faisant apprendre à sa fille des mots comme "prolétariat", "capital" ou encore "Lénine". Louise a encore du mal à prononcer les sons en "l", alors ça a été assez laborieux. C'est une plaisanterie plus ou moins amicale entre Antoine et Ange, le premier reprochant au second son manque de conscience politique. Aurore y a mis fin quand la petite s'est mise à bégayer "Vive le camarade Staline." Ma belle-soeur n'aime pas qu'on répète des choses qu'on ne comprend pas, exactement ce qu'était en train de faire Antoine avec leur fille.
Transcription :
Louise « Puis on a lu l‘histoire et Maman a dit d’aller jouer avec Elisabeth. »
Marc-Antoine « Et bien dis moi, ça en fait une journée bien remplie. Et ça t’as plu ma grande ? »
Louise « Oui. Et Papa y fait quoi au travail ? »
Marc-Antoine « Moi ? Oh, tu sais ce n’est pas très intéressant. »
Louise « Pourquoi tu vas au travail alors ? Maman dit que c’est important ton travail. »
Marc-Antoine « Bon alors si Maman le dit… Et bien, Papa aide les gens. Enfin, il essaie. Mon travail, c’est d’essayer de régler les problèmes au village. »
Louise « Pourquoi ? »
Marc-Antoine « Il faut bien que quelqu’un le fasse non ? Je pense que je suis assez utile. Et puis, Papa veut que tous les gens aillent bien. »
Louise « Tu fais comment ? »
Marc-Antoine « Il faut que personne ne sois dans le besoin. Et dans l’idéal, il faudrait que chacun ait droit à la même chose. Tu sais, comme quand tu prend le goûter avec tes cousines, vous avez droit à la même chose. »
Louise « C’est pas vrai ! Pourquoi moi je peux pas avoir la fourchette ? »
Marc-Antoine « Tu es encore trop petite mais… oh ce n’est pas un bon exemple… Tu es peut-être encore un peu petite pour comprendre. Mais dis toi simplement que Papa veut que tous les gens puissent être égaux et qu’il n’y ait plus ni riches ni pauvres. »
Louise « Et c’est bien ça ? »
Marc-Antoine « Oui, c’est bien. Demande à Maman si tu veux. »
Louise « Maman elle pense ça aussi ? »
Marc-Antoine « Oui. Maman et Papa sont mariés parce qu’ils s’aiment mais aussi parce qu’ils pensent la même chose. »
Louise « … »
Marc-Antoine « Louise ? »
Louise « Maman elle pense que je peux avoir une fourchette aussi pour manger. Alors, tu es d’accord ? »
Marc-Antoine « Petite futée… C’est bien la fille de son père celle-là... »
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selidren · 21 days ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
3/4
Je n'ai jamais eu moi-même de réels amis d'école, ni même de rivaux. Je suis surtout restée avec mes soeurs et mon frère. Alors j'avoue avoir été totalement désarmée en entendant de la bouche d'Antoine qu'Anna avait des problèmes avec ses camarades de classe, et plus précisément avec sa cousine Elise de Chastel (par le frère d'Ange, Emilien). Anna est une petite fille fière, et il a fallut que sa soeur moucharde pour que j'en entende parler. Et impossible de vraiment savoir les raisons de cette brouille, cela aurait été trop facile !
Quand Ange est allé en parler à son frère, j'avoue que j'avais quelques craintes. Il faut dire qu'ils sont en froid depuis des années, et s'en gardent aux carte de vœux pour les fêtes et les anniversaires. J'avais bien raison, car Ange est revenu rouge de colère en me disant que le ton était monté très rapidement, en même temps que les vieilles rancoeurs, et qu'Emilien a simplement accusé Ange d'essayer de l'atteindre en utilisant sa fille. J'ai été parler à l'institutrice, une jeune femme venue d'Alsace (avec un accent à couper au couteau !) appelée Mademoiselle Yvain, qui m'a assuré qu'elle tiendrai la petite Elise à l'oeil. Nous avons également décidé que quelqu'un irait chercher Anna et Elisabeth à la sortie de l'école tous les soirs, afin d'éviter que la situation ne s'aggrave loin du regard des adultes. Ange et moi-même nous relayons, avec parfois Oncle Adelphe, Aurore, ou même Jean-François quand il est à la maison (inutile de préciser que cela ne l'enchante pas particulièrement).
La naissance de l'enfant de Sélène et Gilberto est imminente, et je pense qu'il sera né avant même ta réponse. Sélène s'est d'ailleurs plutôt bien classé au Grand Chelem cet été, et ce malgré sa grossesse. Le nouveau roman de Cléo sera publié d'ici quelques mois et elle te fait dire que tu en recevras un exemplaire dédicacé.
Je suis très contente d'apprendre que c'est au tour d'Agathon de trouver le bonheur, mais comme tu le soulignes, il est sans doute plus prudent de garder les encouragements et les félicitations pour les noces.
Avec toute mon affection,
Noé
Transcription :
Marc-Antoine « Bonjour mesdemoiselles. Vous avez bien dormi ? Oh, tu n’as pas l’air bien Anna. »
Anna « En fait... »
Elisabeth « Anna veut faire semblant d’être malade pour pas aller à l’école, car elle en a assez qu’Elise l’embête, mais elle n’a pas envie de vous en parler. »
Anna « Elisabeth ! »
Marc-Antoine « On t’embête à l’école ? »
Elisabeth « Oui, Elise se moque d’elle tout le temps. Elle lui dit qu’elle est bête à manger du foin, qu’elle est laide, et elle essaie de lui faire des crocs en jambe dans la cour de récréation quand Mademoiselle Yvain ne regarde pas. Et quand on rentre de l’école à pied, Elise la suit pour l’insulter.»
Marc-Antoine « C’est vrai tout ça Anna ? »
Anna « Heu… oui. »
Marc-Antoine « Et tu n’as rien fait pour susciter un tel comportement ? »
Anna « Mais non ! »
Marc-Antoine « Ce n’est pas normal. Je dois en parler à ta Maman et ton Papa, tu comprends ? »
Anna « Non, je n’ai pas envie. »
Elisabeth « Anna, arrête ! Et si elle te frappe ? »
Marc-Antoine « Elise est votre cousine. Je suis sure que votre Papa peut aller parler au sien, histoire de comprendre ce qu’il se passe. En attendant, je vais m’arranger pour qu’on vienne vous chercher tous les soirs à l’école. »
Anna « Non Oncle Antoine, pas ça ! Elle va me traiter de bébé ! »
Marc-Antoine « Pas après que son père l’ai grondée, crois moi ! Allez, à l’école maintenant ! »
Anna « Traîtresse... »
Elisabeth « J’allais quand même pas la laisser faire ! »
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selidren · 22 days ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
2/4
Avec la consolidation de sa relation avec Eugène, elle a fait un grand pas en matière de maturité et a petit à petit cessé de passer autant de temps avec Anna et Elisabeth. Les filles ne l'ont pas bien vécu, mais s'y sont faites peu à peu. Grâce à l'école, elles peuvent se faire des amies qui ont leur âge, même si beaucoup sont des cousines ou des cousins qu'elles connaissent depuis leur plus tendre enfance. A ce sujet, c'est assez impressionnant de voir à quel point la dernière décennie a vu naître un important nombre d'enfants au village. Oncle Adelphe pense que c'est une sorte de réaction à la guerre, comme pour répondre au malheur et à la mort par la joie et la vie.
Transcription :
Anna « Dis, tu veux pas aller dire à Papa que je suis malade ? »
Elisabeth « Pourquoi ? Tu es malade ? C’est pour ça que tu n’as rien mangé ? »
Anna « Non, mais j’ai pas envie d’aller à l’école ce matin. Et puis, de toute façon, j’ai pas faim. »
Elisabeth « Tu n’as pas l’air malade, ça ne marchera pas. »
Anna « Allez, s’il te plaît ! Je vais aller me recoucher et essayer d’avoir l’air malade. Au pire, je pourrais toujours tousser. »
Elisabeth « Bon d’accord… Mais tu vas te faire punir si ça marche pas. »
Anna « Mieux vaut ça que d’aller à l’école. »
Elisabeth « Mais l’institutrice va rendre les rédactions. Et c’est à ça que tu es la meilleure. »
Anna « Justement. Je ne veux pas qu’elle me rende ma rédaction devant tout le monde. »
Elisabeth « Ecoute, si tu veux que je t’aide, il faut que tu m’explique. C’est encore à cause de cette peste d’Elise ?»
Anna « Oui. Je sais qu’elle a été meilleure que moi, et je ne veux pas qu’elle se moque encore. Si je rate l’école, l’institutrice te donneras la rédaction sans faire de commentaires. »
Elisabeth « Je comprends. »
Anna « Chut ! Voilà Oncle Antoine... »
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selidren · 23 days ago
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Automne 1933 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
J'ai joins à cette lettre un autre courrier à destination de ta soeur. Je suis flattée qu'elle m'ait choisie pour se confier, et au vu de ce qu'elle m'a écrit, je comprends qu'elle ait eu besoin de livrer ce qu'elle a sur le coeur.
Chez nous aussi, la vie suis son cours. Les filles continuent de grandir (aussi bien les miennes que celle d'Antoine). Je t'ai envoyée une photographie prise cette été devant la nouvelle aile. C'est la préférée de la collection d'Ange : il en a une dans sa chambre, une autre dans son bureau et la dernière dans son portefeuille. Il n'hésite jamais à la brandir avec orgueil dès qu'il le peut afin de faire admirer nos filles à autant de monde que possible. J'admet beaucoup aimer la composition, aussi l'ai-je également fait afficher dans le salon. Antoine m'a fait remarquer que quand Louise serait plus grande, il lui semble important qu'il y ait autant de photographies d'elles que de ses cousines.
Petite Eugénie s'est de plus en plus entichée de son Eugène. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui, et il a l'air extrêmement conscient des problèmes de ma soeur, tout en m'assurant qu'il saurait faire au mieux. Il m'a juré qu'il serait le meilleur de maris. Je crois, qu'implicitement, il me demandait ma bénédiction. Je la lui ait donc implicitement donnée. Je pense que nous pouvons nous attendre à une demande dans les mois à venir.
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selidren · 1 month ago
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Printemps 1933 - Champs-les-Sims
3/4
En outre, tu trouveras également une photographie de moi, Ange et des filles, prise par Aurore. Notre premier véritable portrait de famille. Je tiens à remercier Dieu que les jumelles me ressemblent autant (comme tu pourras le constater), cela ne soulèvera pas de questions embarrassantes quand elles grandiront. De toute façon, elles adorent leur père. Antoine me dit parfois qu'il aurait aimé que Papa se comporte davantage comme Ange le fait avec Anna et Elisabeth. Il est d'une prévenance qui me surprend moi-même. Je l'ai surpris à jouer à la marelle pas plus tard que le semaine dernière et à faire réciter des fables de La Fontaine après le diner. Je n'aurai pu rêver un meilleur père pour mes filles en définitive.
Les filles aiment beaucoup l'école, en particulier Anna. Ange dit d'elle qu'elle a un esprit scientifique bien qu'un peu fantasque, un mélange de Jean-François et Cléo, même si j'espère qu'elle n'en reprendra que l'intellect. Ange l'imagine déjà faire de grandes études à l'étranger et parler de nombreuses langues. Quant à moi, je pense que ma fille est aussi une grande rêveuse et qu'il est un peu tôt pour présumer de son avenir. Elisabeth elle, me rappelle la petite soeur d'Ange, France. Douce, discrète et gentille. Elle est appliquée et a une nature plus secrète, presque mystérieuse.
Anna discute beaucoup avec son oncle en ce moment, essayant de parler avec un air assuré de politique internationale. Oncle Adelphe, la voyant faire avec son petit air concentré, a éclaté de rire en affirmant que Papa était presque exactement ainsi quand il avait son âge, essayant de se faire docte tout en ne comprenant strictement rien à ce qu'il lisait. Il faut dire que la voir, à sept ans à peine, tenter d'expliquer à Antoine ce qu'il se passe en Allemagne en ce moment avait quelque chose d'hilarant. Antoine n'a pas trouvé cela très drôle, mais ne lui a rien dit. Elisabeth, plus intuitive, a tenté de réfréner sa soeur en voyant la mine que tirait son oncle, sans succès. Il faut dire que ce qui arrive aux communistes en ce moment chez nos voisins le préoccupe beaucoup.
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selidren · 1 month ago
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Printemps 1933 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
Cela me fait plaisir de voir que les choses commencent à être plus belles par chez vous, en particulier pour Marie qui semble si bien s'en sortir dans son mariage. J'ai d'ailleurs transmis tes salutations à tout le monde, et ils te renvoient tous la pareille.
La crise a fini par arriver par chez nous également. Avec du retard, mais une certaine intensité. Tante Rose dis qu'à Paris, les queues devant les soupes populaires ne font que s'allonger. Ange me confirme que les clients se font un peu plus rare dans les établissements de loisirs. Les prix ont augmenté et nous avons essuyé des pertes sèches durant la dernière année. Oncle Adelphe s'en est arraché les cheveux tant nos meilleures bouteilles ne se vendent plus beaucoup. J'ai eu l'idée de réorienter la production vers des vins de moyenne gamme qui eux se vendent toujours aussi bien. Les chiffres commencent un peu à remonter ces derniers mois, mais nous sommes très loin du chiffre d'affaire que nous avons eu pendant vingt ans. Nous avons du licencier un de nos ouvriers pour faire des économies, et je suis ravie d'avoir autrefois insisté auprès d'Adelphe pour qu'il m'apprenne les gestes techniques du métier. Je suis un peu rouillée, mais grâce à ça, j'ai pu maintenir le niveau de vie de la famille. La vie sociale de tout le village en est bouleversée. Il y a beaucoup moins de soirées organisées chez les voisins, les repas de famille sont moins nombreux, et l'épicerie des frères Musclet peine à maintenir la tête hors de l'eau.
Tu me demandes comment s'est passé le retour de Petite Eugénie à la maison. Dans les grandes lignes, c'est assez agréable. Je suis heureuse de retrouver ma petite soeur, mais je suis aussi décontenancée par son attitude. Elle ne fait pas du tout ses dix-sept ans et semble être bien plus jeune, raison pour laquelle les filles en font très souvent leur compagne de jeu. Mais parfois, elle a des éclairs très brusques de maturité qui lui font adopter l'attitude d'une adulte. Je crois qu'elle même ne sait pas vraiment comment se comporter. Elle est parfois confuse, invente des événements qui n'ont pas lieu ou oublie tout simplement que Papa et Maman ne vivent plus ici. Les crises les plus fortes ont cessé, mais voir dans ses yeux le moment où elle réalise qu'elle n'avait plus qu'un pied dans la réalité est très dur et triste. Le médecin à Paris dit que son état s'améliore, et c'est vrai, mais j'aimerais l'aider davantage.
Transcription :
Eugénie « Qu’est-ce que vous faites ? »
Ange « Une activité vespérale trépidante. Nous lisons. »
Arsinoé « Il s’agit de notre petit rituel du soir, avant le dîner. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ? »
Eugénie « J’attends que la voiture d’Eugène vienne me prendre. Il organise une soirée au château. »
Arsinoé « Ma chérie… Eugène n’organise pas de fête ce soir. »
Ange « Et le château a été vendu à l’état il y a des années déjà. Tu ne t’en souviens pas ? »
Eugénie « Je… heu… si. Je crois. Oh non… ça a recommencé... »
Arsinoé « Ce n’est rien Eugénie. Tu es très belle. Tu t’es coiffée toute seule ? »
Eugénie « Heu… Anna m’a aidée… Je dois faire quoi maintenant ? »
Ange « Vas donc t’asseoir au salon. Je vais appeler Eugène de ta part et l’inviter à dîner ce soir. Aurore va très certainement m’assassiner pour le faire si tard, mais je pense que ça fera plaisir à ton amoureux. »
Eugénie « Vous ne lui direz pas, n’est-ce pas ? »
Arsinoé « Lui dire quoi ? Tu t’es bien pomponnée pour lui faire une surprise ce soir non ? »
Ange « Allez, vas ! Noé, vas donc prendre l’appareil, Petite Eugénie est bien trop jolie ce soir pour qu’on manque une occasion de lui tirer le portrait. »
Arsinoé « Quelle bonne idée ! »
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selidren · 1 month ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
6/6
Anna est quand a elle une petite fille déjà bien indépendante et avec un fort caractère. Quand elle est indignée ou qu'elle boude, elle me rappelle tellement Ange que c'en est très drôle. Elle a parfaitement copié chacune des mimiques de son père. Elle dirige sa soeur par le bout du nez sans le moindre problème, profitant de sa nature un peu plus douce et taiseuse.
Nous avons décidé de refaire entièrement la chambre d'enfant maintenant qu'elles sont assez grandes pour dormir dans de vrais lits. Antoine et Aurore aiment beaucoup les tons beiges que j'ai choisis, ils disent que cela donnent un air bien plus chaleureux à cette pièce, qui a traditionnellement été en bleu depuis la construction de la maison. Il faut dire aussi que l'ajout des dessins des filles aux murs donne un aspect plus joyeux à la pièce (Grand-Mère ne l'aurait jamais permis) et elles adorent la moquette (une idée d'Ange). D'ici quelques années, elles pourront y jouer avec la petite Louise et ses éventuels petits frères et soeurs. J'attends avec beaucoup d'impatience le jour où cette pièce sera à nouveau pleine d'enfants, comme quand Antoine et moi étions petits.
Avec toute mon affection,
Noé
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selidren · 1 month ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
5/6
Après cet intermède passablement déprimant, j'aimerai te parler un peu de mes filles. Elles ont eu six ans cette année, ce qui me permet de me rendre compte à tel point le temps file. Elles ont toutes les deux le visage bardé de tâches de rousseur. Elisabeth est blonde comme moi et Anna est rousse. Fort heureusement, le nom Le Bris étant encore associé au village aux cheveux roux, personne de ne pose de questions. En tous cas, pas que je sache.
Elles ont appris à lire cette année, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Elisabeth, bien plus que sa soeur, s'y intéresse beaucoup. Elle s'épuise les yeux sur les ouvrages de la bibliothèque et se plaint régulièrement de maux de tête. Ange l'a emmenée chez un médecin à Paris qui a confirmé qu'elle avait hérité des problèmes de vision de son grand-père. Depuis, son père et moi essayons de la convaincre de porter ses lunettes, mais elle refuse au prétexte que sa soeur n'en a pas. C'est un long combat qui nous attend.
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selidren · 1 month ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
4/6
Il adore ses enfants. Il passe ordinairement beaucoup de temps à visiter tous ses petit-enfants, leur commande toujours des tas de jouets sur les catalogues et il gère plus ou moins la maison de son fils, mon cousin Alexandre, où il habite. Je ne sais pas si je t'en ai déjà parlé en détail, mais mon cousin Alexandre a été volontaire durant la guerre, et si il a miraculeusement évité toute blessure physique, il est revenu un peu comme ton père, "brisé en dedans". Il avait une amoureuse de longue date, mais a refusé pendant longtemps de l'épouser à cause de prodigieuses crises de colères où il perd tout discernement. Grâce à l'intervention de Grand-Mère, il s'est cependant marié au final. Et cela fait neuf ans.
Seulement, malgré le soutien de son père et de son épouse, il n'est jamais allé mieux, bien au contraire. Il s'est mis à boire il y a quelques années pour tenter d'endiguer sa peine, mais comme tu t'en doute, ce n'est pas la chose à faire. Alcool et violence ne font pas bon ménage. Adelphe n'a pas pu me cacher très longtemps que sa pauvre belle-fille subissait des coups, et je sais que lui aussi en a reçu à quelques occasions. Il est désespéré, il ne sait pas quoi faire, et comme pour tout ce qui lui arrive, mon oncle insiste toujours pour s'en rendre responsable. Je comprends, mais si c'est la guerre qui a détruit à ce point mon cousin, comment pourrait-il ? Même lui ne pouvait pas sauver son fils de la guerre.
Le couple refuse le divorce, et même la séparation. J'ai bien tenté d'aider comme je voulais, mais l'épouse d'Alexandre m'a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait pas que je me mêle de mes affaires. Adelphe pare au plus pressé, à savoir protéger ses petits-enfants, dont la petite Eugénie qui est née l'année passée, et il espère leur faire entendre raison au plus vite, mais sans vraiment d'espoir. Mon cousin, qui avait quelques lucidités au sujet de son état il y a des années, a aujourd'hui complètement sombré dans le déni. Nous aimerions tous qu'il aille dans une clinique, mais il refuse toujours, prétextant qu'il n'est pas fou ! Il m'a même lancé qu'il n'était pas comme "ma soeur la tarrée". Adelphe m'assure qu'il n'a pas toujours été ainsi, et c'est vrai qu'il peut se montrer charmant et compréhensif certaines fois, mais je suis en train de les oublier petit à petit.
Transcription :
Adelphe « Tu n’as pas encore déménagé dans la nouvelle aile ? J’avoue qu’elle sent encore beaucoup la peinture mais... »
Arsinoé « Ah si, bien sur. Mais j’aime bien venir ici, c’est une pièce apaisante. »
Adelphe « C’est une pièce vieillotte et poussiéreuse oui ! Elle n’a quasiment pas changé depuis le mariage de tes parents, et pour être parfaitement honnête, j’avais fait aménager cette pièce pour moi et Marie. Ton père s’est contenté de changer les couleurs des tapisseries et du couvre-lit. »
Arsinoé « Il n’a jamais été grand amateur de décoration d’intérieur c’est vrai. Mais malgré tout, je pense que je vais la conserver dans son état actuel. C’est important, je pense, qu’une pièce au moins échappe à cette modernisation forcenée, mis à part la salle à manger et le bureau de Papa bien sur. C’est un petit morceau d’histoire, cette pièce. Beaucoup d’enfants de la famille ont été conçus et sont nés dans ce lit. Moi par exemple, ainsi que les petites. »
Adelphe « Alexandre également… Mais veille quand même à raffraichir les tapisseries, à polir les appliques en laiton et laquer à nouveau le bois, la coiffeuse a connu des jours meilleurs. »
Arsinoé « Dis-moi, Oncle Adelphe. Il est déjà tard. Pourquoi, toi, tu es venu te cacher là ? »
Adelphe « Hum… et bien… C’est compliqué à la maison en ce moment. J’ai peur de lui déclencher une crise en lui imposant ma présence ce soir. »
Arsinoé « C’est si grave ? »
Adelphe « Nous ne sommes pas dans une bonne période disons… Il fait des efforts mais… j’ai envoyé Sylvette et les enfants chez sa sœur Yvonne pour quelques jours. Je crois que ce sont les pleurs du bébé… il ne les supporte pas. »
Arsinoé « Il n’y a rien à faire ? »
Adelphe « J’ai déjà tout essayé. Mais je ne suis que son père, je ne peux pas faire à sa place ce qui devrait être fait. Parfois, j’aimerais prendre sa douleur pour souffrir à sa place, mais ce n’est pas comme cela que ça marche. »
Arsinoé « Je suis tellement désolée… Et… enfin, hum… le divorce ? Ce serait mieux pour tous les deux. »
Adelphe « Oh oui, je regrette chaque jour d’avoir laissé Grand-Mère le convaincre de se marier, mais c’est fait ! Et ils refusent tous les deux ! Lui à cause de sa foutue fierté et elle… J’ai eu beau lui dire que la famille ne trouverait rien à y redire de notre côté, mais tu sais comment peuvent être les Norel. »
Arsinoé « Tu veux que j’aille lui parler ? Peut-être qu’un point de vue féminin pourrait la pousser à reconsidérer la question. Et il y a les enfants… Il n’a jamais... »
Adelphe « Non ! Il n’a jamais levé la main sur eux. Mais hier soir, il m’a tout de même dit qu’il avait peur que cela arrive un jour. Mon fils me fait peur et… je ne sais pas du tout quoi faire. Je suis démuni. Il refuse de voir le moindre médecin, même Rose. Il m’a déjà hurlé à la figure qu’il n’était pas un cinglé ! Va parler à Sylvette, mais je doute qu’elle t’écoute. »
Arsinoé « Je ne comprends pas comment elle peut rester avec lui dans ces conditions. »
Adelphe « Toi et moi avons grandi dans des foyers où ce genre de problème n’existait tout simplement pas. Nos parents nous ont transmis des démons, mais rien à voir avec ceux qui tourmentent Alexandre. Nous ne savons pas tout de ce qu’il se passe quand les portes sont closes. »
Arsinoé « Alors je vais essayer ! Dors ici cette nuit, tu es toujours le bienvenu dans la maison qui nous a vus naître. Et arrête de te flageller, ce n’est pas ta faute. »
Adelphe « C’est mon fils qu’il s’agit ! Bien entendu que c’est de ma faute ! »
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selidren · 1 month ago
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Eté 1932 - Champs-les-Sims
2/6
Je ne pense pas qu'avoir un enfant ait fait partie de leurs premiers projets en tant que couple, mais il n'ont rien fait pour ne pas forcer la nature, si tu vois ce que je veux dire.
Ceci dit, ce sont des parents comblés. Mon frère adore sa fille, Aurore s'habitue peu à peu à prendre en main la maison comme la sienne au même titre que la nôtre et Ange est ravi d'avoir un nouveau bébé dans la nursery étant donné que les filles ont bien grandit. Quoi qu'il arrive, je suis heureuse de voir que chaque parent dans cette maison prend son plein rôle, ça évitera à mes filles et ma nièce de subir ce que nous avons vécu avec notre père.
D'ailleurs, j'ai encore une anecdote bien triste à ce sujet. Le renvoi acerbe de Jean-François à ses pénates a fait pousser des ailes à Cléo, qui a cru pour conquérir la place apparemment vacante d'enfant préféré de Papa. Son dernier roman, sorti il y a quelques mois, raconte une mystérieuse histoire de meurtre qui se déroule sur un chantier égyptien de Louxor. Avant la publication, elle en a envoyé un exemplaire à Papa, pensant lui faire plaisir. Mon père, pensant sans doute à son tour lui faire plaisir (version d'Adelphe) ou n'ayant pu se défaire de son exemplaire académisme (version la plus répandue), lui a retourné le livre bardé d'annotations rouges détaillant toutes les mauvaises interprétations, les erreurs historiques et les invraisemblances d'une telle situation. Ma pauvre soeur ne s'en est toujours pas remise, bien que peu après, tout la presse spécialisée s'accorde à dire que c'est un très bon roman.
Transcription :
Marc-Antoine « Elle est vraiment toute petite. Et pourtant, elle me paraît déjà si grande pour avoir tenu toute entière dans ton ventre. »
Aurore « Elle a déjà un peu grandit, c’est rapide à son âge. »
Marc-Antoine « J’ose à peine imaginer à quoi devait ressembler Maman avec nous tous à l’intérieur d’elle. Elle a toujours dit que Sélène et moi étions de grands bébés. »
Aurore « Elle devait avoir l’air épuisé et attendant avec impatience la fin. Comme moi, mais en plus intense je suppose. »
Marc-Antoine « Elle a vraiment les yeux très gris. De qui peut-elle bien tenir ça ? »
Aurore « Pas de mon côté, c’est sûr ! Nous avons tous les yeux marrons. Il faut également savoir que les yeux des petits bébés mettent du temps avant d’avoir une couleur définie. C’est ce que m’a dit ta Tante Rose. »
Marc-Antoine « Je ne savais pas. En tous cas, les paris vont aller bon train, il y a vraiment de tout dans la famille. Qui sait, elle aura peut-être les yeux verts d’Oncle Adelphe et Grand-Mère Eugénie ? »
Aurore « Je crois qu’elle a ton nez en tous cas. »
Marc-Antoine « Oh non pitié, pauvre petite ! »
Aurore « Pourquoi ? Il est très bien ton nez. »
Marc-Antoine « Tu plaisantes ? C’est ce que j’ai toujours le moins aimé dans mon visage. Il est tout plat ! Il jure horriblement avec mon front, c’est affreux. »
Marc-Antoine « Je préférerais qu’elle ait le tien. Il est fin et bien dessiné. »
Aurore « N’appelons pas non plus au drame. Ton nez ne te rend pas si laid que ça. Et puis, il va plutôt bien à tes sœurs. »
Marc-Antoine « Bon, si tu le dis, il ne sera peut-être pas affreux chez elle. »
Aurore « C’est un bébé, elle aura tout le temps au monde pour se trouver des défauts physiques. Si c’est le cas, on saura avec certitude de qui elle le tient. »
Marc-Antoine « En tous cas, elle tient déjà de sa mère la tendance à faire comprendre à son père que c’est un idiot fini... »
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selidren · 2 months ago
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Automne 1930 - Champs-les-Sims
4/4
J'ai montré ta lettre à Tante Rose, au sujet de ton père. Elle a secoué la tête d'un air navré avant d'ajouter qu'à ce stade, il n'y avait plus grand chose d'autre à faire. Elle ne veut pas que tu te fasse des illusions, mais malgré tout, elle a déjà vu des malades tenir ainsi plusieurs années. J'espère que ce sera le cas pour ton père. Je sais que ça doit être dur, mais j'espère que vous ne vous fâcherez pas avec lui, et que lui s'adoucira un peu, car ce sera dur pour tout le monde. Tante Rose t'envoie ses amitiés.
Sur un ton un peu plus joyeux, sache que Sélène n'est pas encore mariée. Dans ses lettres, ma soeur me dit qu'elle souhaite attendre encore un peu, mais elle ne sait pas combien de temps. Je me demande si ce n'est pas en partie pour calmer les ardeurs de sa belle-famille, il parait qu'ils ne font que parler de mariage.
Je suis assez surprise de ce que tu me dis sur Ada, mais passe lui tout de même le bonjour. C'est une femme qui gagne à être connue selon moi. Elle était bien intarissable d'anecdotes, et je ne doute pas qu'elle les tienne de ta mère. Nous avons eu avec elle un aperçu de la vie au Canada qui a rassasié notre curiosité pour un moment, surtout celle d'Antoine, qui a du passer pour un sacré bavard. J'espère que ma prochaine lettre te parlera de son mariage.
Bien à toi,
Noé
_____________________________________________________________
Cher Lucien,
Noé m'a bien montré la photographie de votre truite. Je pêche peu, mais certains de mes amis m'ont confirmé qu'il s'agit d'une très belle prise. Un de ces amis m'a même appris qu'il s'agissait d'une variété de truite brune originaire d'Eurasie et qui avait été sans doute introduite dans le Saint-Laurent pour la pêche sur glace. Il s'agit en tous cas de son humble avis.
Je n'avais quand à moi pas grand chose à répondre dans le cadre de ce rituel typiquement masculin de comparer ses prises respectives. Il aurait été inconvenant de ma part que vous envoie une photographie de mes propres prises, par respect pour mon épouse qui respecte autant mes inclinations que ma vie privée autant que pour les "prises" en question qui y auraient vu quelque chose de dégradant. Je ne pratique pas la chasse à courre ou le safari, et je n'ai aucun hobby qui puisse non plus rentrer dans le cadre d'un rituel social. Mes seules réelles fiertés en tant qu'homme sont mes filles, Anna et Elisabeth, alors je me suis dit que j'allais vous les montrer. J'ai assez d'images pour que vous puissiez tapisser votre salon, mais je doute que cela vous intéresse, alors en voici une seule. Elisabeth est à droite et Anna à gauche.
Avec l'assurance de ma plus fervente amitié,
Ange de Chastel
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Transcription :
Aurore « Tu vois, quand tu veux. »
Marc-Antoine « Je risque d’en entendre parler longtemps n’est-ce pas ? »
Aurore « C’est possible. Monsieur de Chastel a eu beaucoup de mal à rester sérieux quand il m’a expliqué la situation. Je ne sais pas vraiment si j’ai été vexée ou si j’étais morte de honte. »
Marc-Antoine « Il nous a observé ? »
Aurore « Un certain temps, jusqu’à ce qu’il trouve trop cruel de ricaner dans son coin en t’observant me faire des demandes en mariage à mots couverts pendant que je ne comprenais rien. »
Marc-Antoine « Bon sang... »
Aurore « Pour se faire pardonner, il a promis de me laisser des gages supplémentaires en guise de cadeau de mariage. »
Marc-Antoine « Avec le père que j’ai, j’ai toujours imaginé que je serais à l’abri de ce genre de quiproquo. Je devrais avoir l’habitude. »
Aurore « Tu me compares à ton père ? »
Marc-Antoine « Non, chez lui c’est particulier. Vous n’avez pas grand-chose en commun, juste cette difficulté à démêler premier et second degré. »
Aurore « J’imagine que ta mère a été plus efficace que toi sur ce point, sinon tu te serais jamais né. »
Marc-Antoine « En fait, c’est mon père qui a pris les devants et l’a demandée en mariage, comme le veux l’usage. »
Aurore « J’aurais du aller contre l’usage. Nous nous serions mariés il y a déjà des mois. »
Marc-Antoine « N’exagère pas. Je n’ai commencé à pelleter de l’air il n’y a de que deux semaines. »
Aurore « Pelleter de… quoi ? »
Marc-Antoine « C’est une expression québecoise que m’a appris Ada Rumédier, ça veut dire perdre son temps. »
Aurore « Oui, enfin c’est bien ce que je dis. Entre toute cette parade et les mois qu’il t’a fallut pour trouver le courage, j’aurai du te le demander moi-même. J’aurai obtenu ce que je veux bien avant. »
Marc-Antoine « Tu veux dire que tu me trouves lent ? »
Aurore « Je veux dire que pour un politicien, tu as bien du mal à prendre les devants. »
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selidren · 2 months ago
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Automne 1930 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
J'ai suivi les déboires de l'Amérique dans les journaux. C'est un miracle que cela ne soit pas encore arrivé chez nous, mais je pense malgré tout que la crise finira par venir. En prévision, j'ai mis énormément de nos liquidités à l'abri. En cas de soucis, j'espère au moins transmettre à mes filles un pécule assez confortable. Ange est plutôt confiant, mais de son propre aveu, il ne comprend pas grand chose à l'économie, si ce n'est celle des cabarets parisiens.
En revanche, j'ai été ravie de recevoir tes photographies. Ce port est vraiment superbe et je suis également contente que toi tu en sois fier. En tous cas, Oncle Adelphe est d'accord avec moi, c'est un grand accomplissement. Il m'a raconté les lettres qu'on lui lisait dans son enfance, où on racontait les trajets en barque que faisaient ton père, ton oncle et tes tantes pour aller à l'école, ce qui n'avait pas l'air bien pratique. Avec ton port, ce sera plus confortable et sans doute plus rapide. J'espère que la crise finira par cesser pour vous, que vous puissiez vous sortir de cette période d'incertitude qui doit beaucoup vous peser.
Mes filles continuent de grandir, elles ont eu quatre ans cette année. C'est fou ce qu'elles poussent vite. Je joins à cette lettre une photographie prise par moi d'Ange et des filles. C'était à sa demande, et il a d'ailleurs glissé un petit billet à ton attention, que je n'ai évidemment pas lu. Je crois que c'est en rapport avec ta truite. D'ailleurs, je n'entends pas grand chose à la pêche, mais je pense que je dois te féliciter.
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selidren · 2 months ago
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Automne 1929 - Champs-les-Sims
3/7
Nous avons passé un temps considérable dehors. Ange nous a emmené en promenade sur tous les sentiers du village, et je ne savais même pas qu'il y en avait autant. Ada n'a sans doute jamais autant marché que durant son séjour française, mais elle ne semblait jamais fatiguée. Quand j'ai par la suite demandé à Ange d'où lui venait cette soudaine passion communicative pour la marche à pied, il m'a répondu qu'il lui semblait qu'elle était mal à l'aise dans la maison. Je n'ai pas compris de suite, mais il est vrai que d'un point de vue extérieur, nous devons vivre dans ce qui semble être un mouroir depuis des mois. Tout semble rattacher au passé, et Cléo dit qu'il règne une atmosphère entre "la fin de règne" et "l'atroce mélancolie poussiéreuse des passés compliqués".
Comme je te le disais, je suis en train de faire des plans pour repenser la maison. Je vais refaire certaines pièces, en priorité le salon et la future chambre d'Antoine, mais je songe également à ajouter une aile à la maison. Quand nous sommes tous rassemblés, il y a une ambiance étouffante de foule, j'ai l'impression de marcher sur tout le monde. Comme nous avons les fonds nécessaires, j'aimerai m'aménager un espace à moi. Je t'enverrai des photographies si cela se concrétise. Sauf que pour tourner correctement la page de l'ancienne génération, mon père et mon oncle sont venus nous annoncer qu'ils prévoyaient faire de vraies funérailles à ma grand-tante Lucrèce et ma grand-mère Clémence. Il n'y en a jamais eues, et j'avoue moi-même que ces noms me provoquent autant une légère tristesse qu'un sentiment de colère plus intense tant ils me rappellent de mauvais souvenirs d'enfance. Oncle Adelphe m'a dit que lui-même n'avait jamais proprement fait son deuil, et qu'il était temps. Comme elle était à ce moment à la maison, j'y ai bien entendu convié Ada.
Transcription :
Rose « Ange ? Nous avons de la visite ? »
Ange « Oui ma Tante. Madame Rumédier vient d’arriver du Canada, mais elle a manqué la cérémonie. »
Rose « C’est dommage… Enchantée Mademoiselle. »
Lucrèce « Enchantée également. Mais je devrais vous laissez, je vois bien que je vous achale. »
Rose « Non, il y a encore un peu de brandy au salon vous savez. Finalement, je serai bien contente d’avoir un peu de compagnie. Ange, tu devrais aller te coucher. »
Lucrèce « Non, vraiment. C’est fin de votre part, le trajet m’a plus épuisée que je ne pensais. »
Ange « Passez donc demain. Ma femme sera heureuse de vous recevoir. Combien de temps comptez vous rester. »
Lucrèce « Pas bien longtemps. Mon fils est resté à la maison. »
Rose « Oh, restez donc quelques jours, au moins le temps de voir tout le monde. Je pense que tous les cousins seront ravis de voir arriver une cousine canadienne, sans compter Jeanne bien sur. »
Lucrèce « Ecoutez... »
Ange « Si c’est une question d’argent, les Valin sont des amis. Je suis certain qu’ils seront près à vous faire une remise si vous lui dites que vous restez pour visiter la famille. Ou sinon, nous pouvons bien payer, nous sommes les hôtes après tout. »
Lucrèce « Bon, je comprends. C’est gentil à vous. »
Ange « Nous vous verrons demain alors ? Venez en fin de mâtinée. »
Lucrèce « Si tard ? Ce n’est pas un problème de vous déranger juste avant dîner ? »
Ange « Dîner… ? Ah, non bien sur que non ! Nous serons en petit comité, juste moi, Noé et mon beau-frère. Les autres seront partis un peu partout chez des voisins pour des visites. L’Oncle Adelphe sera à la distillerie, il mange souvent avec les ouvriers le midi. »
Lucrèce « Et votre beau-père ? »
Ange « Je doute qu’il mette le nez en dehors du bureau. Il est… particulier. Si vous le croisez, ne prenez pas sa froideur pour de l’impolitesse. Vous pourriez même rester pour le repas, mais je vous préviens, Antoine est aussi curieux de bavard, il ne vous lâchera pas avant d’avoir essoré tout le sujet de la politique au Québec. »
Lucrèce « J’ai hâte alors. »
Rose « Bien, bonne soirée alors Madame Rumédier. Pour ma part, j’espère que vous me rejoindrez chez moi pour l’heure du thé dans la semaine. »
Lucrèce « Je n’y manquerai pas. Bonne nuit à vous deux. »
Ange « Attendez un instant Madame. Y a t’il quelque chose qui vous a mise mal à l’aise. »
Lucrèce « Pas du tout. Pourquoi ? »
Ange « Je ne sais pas vraiment, mais n’avez pas l’air à votre aise dans cette maison. J’ai vu votre regard aller un peu partout et vous vous êtes tordue les poignets tout au long de notre conversation. Si j’ai fait quelque chose qui vous tracasse, dites le moi. Je sais que je peux être trop insistant parfois. »
Lucrèce « Ce n’est pas vous. C’est le mal du pays je pense. Et je n’ai pas l’habitude d’être séparée de mon Marius aussi longtemps. Je suis un peu angoissée, c’est tout. »
Ange « Je comprends. Etant moi même père, je sais que ne pas voir ses enfants pendant plus d’une semaine est très désagréable. Je ressens toujours un grand soulagement quand je les prends dans mes bras à mes retours de Paris. J’espère que vous pourrez rencontrer mes petites princesses demain. »
Lucrèce « J’aimerais beaucoup. Bonne nuit, Monsieur de Chastel, et à demain. »
Ange « Bonne nuit, Madame Rumédier. »
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