#Raoul Musclet
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selidren · 16 days ago
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Automne 1939 - Champs-les-Sims
7/7
En réalité, mon frère était terrorisé mais résolu. Une forme de résolution quelque peu fataliste ceci dit. Je n'entrerai pas dans les détails. Sache simplement que c'est dans ces instants que je redeviens pleinement sa sœur ainée, même si je ne le suis que de quelques minutes. Antoine est un homme intelligent et très sensé, l'un des plus sensé que je connaisse, mais il se laisse parfois déborder par ses émotions et ses pensées deviennent un chaos sans nom. J'ai réussi à l'apaiser un peu. Mais pas sans qu'il me transmette ses angoisses. Nous fonctionnons ainsi depuis toujours.
J'ai du t'inquiéter avec toute cette logorrhée. Sache qu'à présent, je vais mieux. Je suis toujours inquiète, mais coucher mes angoisses sur le papier m'a fait le plus grand bien. Je me rends également compte que je n'ai pas souhaité tous mes voeux de bonheur à ta soeur. Transmet-les lui je te prie. Avec le bonheur et la certitude de savoir qu'un océan vous sépare de la guerre. Sache également que si les filles vont à l'école à Meulan, c'est tout simplement qu'il n'y a pas de collège pour filles au village. Par tradition, les filles de la famille Le Bris sont éduquées par un précepteur une fois l'école primaire terminée. J'ai décidé de briser cette tradition d'un autre temps. Aux âges d'Anna et Elisabeth, côtoyer d'autres jeunes filles me parait bien plus sain. Surtout par les temps qui courent, ça leur changera les idées.
J'espère pouvoir t'écrire bientôt, ne serait-ce que pour t'annoncer la naissance de mon enfant. Tu n'as jamais mentionné aucune ferveur religieuse particulière, pas plus que moi, mais j'aimerais te demander une faveur. Je vais très régulièrement à l'église prier pour mon mari, mes frères et tous les hommes qui sont partis. Je n'ai jamais véritablement été pratiquante, ni même croyante, mais cela m'apaise un peu. Pourrais-tu prier pour eux également ? Ne serait-ce que pour moi ?
Je t'envoie ma plus sincère affection.
Noé
Transcription :
Marc-Antoine « D’une, nous n’avons pas le choix. De deux, tout le monde sait ce qui arrive aux communistes en Allemagne : ils sont arrêtés, interrogés et emprisonnés. Et ensuite, ils disparaissent, on ne les revoit plus. Regarde ce qu’il s’est passé après l’incendie du Reichstag ! Si nous perdons cette guerre, tu peux dire adieu à ton petit frère ! »
Arsinoé « Je me disais bien que tu jouais la comédie. Tu es comme nous, tu es terrorisé. »
Marc-Antoine « Si ils me prennent Noé… C’est fini pour moi. Les altercations avec Daniel Jacqmarcq, elles tenaient plus du jeu politique que d’autre chose. Mais, quand Kléber lui a fichu ce coup de poing en pleine mâchoire, je crois que j’ai compris. En fait, il défendait sa vie. Car cette crevure n’aura aucun scrupule à regarder les nazis nous pendre, tous autant que nous sommes. »
Arsinoé « Je… je ne savais pas que ça te travaillait autant. »
Marc-Antoine « Je vais te confier un secret Noé. J’y pense tout le temps, je crève de trouille. Et je me dis que si jamais je suis fait prisonnier, il faudra que je trouve un moyen d’en finir qu’ils puissent... »
Arsinoé « Antoine... »
Marc-Antoine « Non, écoutes moi ! Je n’ai pas de désir morbide, tu me connais. Mais je ne veux pas que ça éclabousse les autres, tu comprends ? Je ne suis pas naïf, je sais qu’ils torturent les prisonniers pour avoir des informations. Ou simplement pour le plaisir, je ne sais pas… Donc, je dois trouver une solution. Un médicament peut-être. Et je ne peux en parler qu’à toi. »
Arsinoé « Antoine, je refuse de t’aider à trouver des moyens pour te suicider ! »
Marc-Antoine « S’il te plaît ! Il n’y a qu’à toi que je puisse faire confiance pour ça. Aurore… non je ne peux pas parler de ça avec Aurore. Elle me ficherais des claques, et ça lui ferait tellement de mal. »
Arsinoé « Exactement. D’ailleurs, ma main me démange aussi. Je suis ta sœur ? Comment tu peux me demander… ça ? »
Marc-Antoine « Parce que tu es ma sœur justement ! Je ne ferais confiance à personne d’autre autant qu’à toi pour protéger ma propre vie. Je sais que si jamais… si jamais le pire arrive, tu prendras soin d’Aurore et des enfants. Bon sang, Rémi et Jean-Claude sont si petits je... »
Arsinoé « Antoine ! Tu vas te taire et m’écouter ! »
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selidren · 17 days ago
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Automne 1939 - Champs-les-Sims
6/7
Avant son départ, j'ai eu une longue conversation avec Antoine. Il est vite apparu que les germes du conflit étaient là depuis longtemps. Mon frère pense que nous n'avons pas lu les signes à temps. Je pense plutôt que nous voyons ce que nous aurions voulu voir. Avec le recul, tout fait parfaitement sens, des petites querelles de clocher aux grandes décisions de politique. Je pense que, quelque part, c'est nous qui y injectons du sens. Il serait si facile de prédire le futur si c'était si simple. Et à cet instant, je me perds tellement que j'ai l'impression d'avoir perdu pas mal de sens commun.
Après tout, j'ai voulu voir la paix jusqu'au bout. Daladier l'avait bien dit, et même le britannique Chamberlain. Il n'y aurait pas de guerre en Europe. Une fois passée la stupeur, nous avons tous réfléchi à ce que cela impliquait. C'est là qu'Antoine a commencé à avoir peur.
Transcription :
Arsinoé « Ne le prends pas mal, mais comment peux-tu être aussi détendu ? »
Marc-Antoine « Je ne suis pas détendu, mais j’essaie de le paraître. Et puis, j’entends profiter un peu du jardin d’hiver avant de me retrouver coincé dans un camion qui pue la transpiration en direction de la Marne. »
Arsinoé « Ils t’envoient dans la Marne ? »
Marc-Antoine « Je ne suis pas général, mais c’est ce que je ferais. Aucun idiot, même d’outre-Rhin, ne fera la bêtise d’attaquer par l’est. Ange sera à l’abri, tu peux me croire. C’est au nord qu’il va y avoir de l’action. »
Arsinoé « On dirait un commentateur sportif. »
Marc-Antoine « Des mois d’entraînement ! »
Arsinoé « Si tu le dis, mais il n’y a aucun enfant ici. Tu peux laisser tomber le masque. »
Arsinoé « Qu’est-ce qu’ils en disent à la mairie ? »
Marc-Antoine « La quasi-totalité du conseil municipal est mobilisée. Michel va se retrouver seul à la barre. Pas qu’il y pense beaucoup, avec son fils qui va intégrer la marine à Dunkerque. Par contre, il y a eu un règlement de comptes hier, devant l’épicerie. »
Arsinoé « Ils sont donc tellement pressés de se battre ? »
Marc-Antoine « Non, je ne pense pas. Mais ce crétin de Daniel l’a encore ramenée… Et avec le prénom qu’il a donné à son fils en prime... Pauvre gosse… Bref, pas mal de nerfs ont lâché et il s’est retrouvé à ramasser ses dents sur les pavés. »
Arsinoé « Non pas que je le plaigne, mais je ne pense pas que c’était une bonne idée. »
Marc-Antoine « Ça non. Il a dit qu’il porterait plainte. Bon, c’est davantage sa capacité de nuisance qui importe, mais je pense que Kléber et Raoul se sentent un peu mieux. »
Arsinoé « C’est le monde qui devient fou. »
Marc-Antoine « Ceci dit… Bon, Noé tu me connais. Je ne suis pas un belliciste, je suis même un farouche pacifiste. »
Arsinoé « Je sans que je ne vais pas apprécier la suite... »
Marc-Antoine « Mais je pense que cette guerre est nécessaire. C’est une sorte de sacrifice nécessaire préventif. »
Arsinoé « Ben voyons... »
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selidren · 6 months ago
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Automne 1926 - Champs-les-Sims
3/3
J'espère pouvoir t'annoncer une bonne nouvelle sous peu, et qui sais, peut-être que cela te fera plaisir car tu ne pense pas (comme Antoine), que j'ai en quelques sortes gâché ma vie. J'ai été surprise, car de tous mes proches, c'est sans doute lui qui l'a pris le plus mal. Papa a estimé que j'étais un peu jeune pour déjà me marier, mais il n'a pas insisté quand je lui ai dit que c'était mon souhait.
J'ai heureusement pu rencontrer mes petites soeurs ! Elles sont adorables, surtout Julienne, et elles se ressemblent autant que Cléo et moi. C'est vraiment étrange de les voir et de constater que mes propres enfants auront sensiblement le même âge.
Je voulais conclure en revenant sur ce que tu mentionnais à propos de vos problèmes financiers. Par expérience, je sais que ce n'est pas facile à admettre comme genre de problème. Je suis flattée que tu te confies à moi et je veux que tu saches qu'en cas de besoin, je peux y pourvoir. Je ne pense pas me vanter ou être impudente en affirmant que les affaires familiales vont assez bien pour entretenir le nouveau foyer de mes parents à Alexandrie, les chambres d'Antoine et Cléo à Paris, le pensionnat de Jean-François ou encore les besoins de Sélène (en tous cas jusqu'à son mariage). Sache que tu n'as qu'à demander.
Je te souhaites le meilleur,
Ta cousine, la nouvellement nommée Arsinoé Le Bris de Chastel
P.S. Vois-tu, je porte une particule désormais ! Je pense que si notre ancêtre commun en était témoin, il ne le croirait pas.
Transcription :
Arsinoé « Antoine. Je comprends tes inquiétudes. Mais tu n’étais pas là. Il fallait que je réagisse rapidement. »
Marc-Antoine « Pourquoi tu ne m’a pas appelé ? Nous aurions trouvé une solution tous les deux… Tu sais que je suis là, que tu peux me demander ce que tu veux et que j’aurais fait n’importe quoi... »
Arsinoé « Tu n’aurais rien pu faire. Il faut que tu acceptes que cette fois-ci, tu ne pouvais rien pour moi. Tu ne m’as ni trahie, ni laissée tomber. Sans compter que la situation aurais pu être pire. Cette solution est idéale, même si elle ne te convient pas. »
Marc-Antoine « C’est juste que voir Grand-Mère jubiler à ce point, ça m’a mis tellement en colère. »
Arsinoé « Mais pourquoi ? »
Marc-Antoine « Je… ça ne semblait pas bien. C’est ta vie, pas la sienne. »
Arsinoé « Antoine… Accepte qu’il n’y avait pas d’autre solution. Tu sais, nous avons discuté avec Ange. Longuement. De toute ce qui allait se passer, de ce que nous voulions tous les deux. Nous sommes satisfaits. »
Marc-Antoine « Alors… C’est vraiment ce que tu veux ? »
Arsinoé « Oui, vraiment. Mais de toute façon, ce serait un peu tard pour renoncer. J’aurais pu te le dire si tu m’avais parlé avant plutôt que de bouder comme un enfant jusqu’à la cérémonie. »
Marc-Antoine « Pardon... »
Marc-Antoine « Et maintenant ? »
Arsinoé « Maintenant ? Je vais retourner à mon travail jusqu’à ce que je sois trop fatiguée, puis je prendrai de longues semaines de repos dans le jardin d’hiver jusqu’à la naissance. Et après, je commencerai ma vie de mère. Et toi alors ? »
Marc-Antoine « Et bien… Je vais retourner à Paris terminer l’école. Puis je reviendrai ici le plus tôt possible. Pour Aurore bien sur, mais aussi parce que Kleber et Raoul veulent créer une liste communiste pour la mairie et que je pense saisir ma chance. Avec mes connaissances à Paris, je vais gagner une vraie légitimité. »
Arsinoé « Avec un tel programme, tu seras député avant trente ans. »
Marc-Antoine « N’exagère rien ! Mais je pense qu’il faut faire une différence, se battre pour ses convictions. Et t’épauler bien sur. Il ne sera jamais dit que je laisse tomber ma grand-sœur, jamais ! C’est ce que Grand-Père Maximilien a toujours fait, veiller sur sa famille, et je vais prendre le relai. »
Arsinoé « Alors c’est formidable ! Tous les enfants Le Bris vont suivre leur rêve. Oh, ne me regardes pas comme ça, je m’incluais dans le lot ! »
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selidren · 3 months ago
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Printemps 1933 - Champs-les-Sims
1/4
Cher Lucien,
Cela me fait plaisir de voir que les choses commencent à être plus belles par chez vous, en particulier pour Marie qui semble si bien s'en sortir dans son mariage. J'ai d'ailleurs transmis tes salutations à tout le monde, et ils te renvoient tous la pareille.
La crise a fini par arriver par chez nous également. Avec du retard, mais une certaine intensité. Tante Rose dis qu'à Paris, les queues devant les soupes populaires ne font que s'allonger. Ange me confirme que les clients se font un peu plus rare dans les établissements de loisirs. Les prix ont augmenté et nous avons essuyé des pertes sèches durant la dernière année. Oncle Adelphe s'en est arraché les cheveux tant nos meilleures bouteilles ne se vendent plus beaucoup. J'ai eu l'idée de réorienter la production vers des vins de moyenne gamme qui eux se vendent toujours aussi bien. Les chiffres commencent un peu à remonter ces derniers mois, mais nous sommes très loin du chiffre d'affaire que nous avons eu pendant vingt ans. Nous avons du licencier un de nos ouvriers pour faire des économies, et je suis ravie d'avoir autrefois insisté auprès d'Adelphe pour qu'il m'apprenne les gestes techniques du métier. Je suis un peu rouillée, mais grâce à ça, j'ai pu maintenir le niveau de vie de la famille. La vie sociale de tout le village en est bouleversée. Il y a beaucoup moins de soirées organisées chez les voisins, les repas de famille sont moins nombreux, et l'épicerie des frères Musclet peine à maintenir la tête hors de l'eau.
Tu me demandes comment s'est passé le retour de Petite Eugénie à la maison. Dans les grandes lignes, c'est assez agréable. Je suis heureuse de retrouver ma petite soeur, mais je suis aussi décontenancée par son attitude. Elle ne fait pas du tout ses dix-sept ans et semble être bien plus jeune, raison pour laquelle les filles en font très souvent leur compagne de jeu. Mais parfois, elle a des éclairs très brusques de maturité qui lui font adopter l'attitude d'une adulte. Je crois qu'elle même ne sait pas vraiment comment se comporter. Elle est parfois confuse, invente des événements qui n'ont pas lieu ou oublie tout simplement que Papa et Maman ne vivent plus ici. Les crises les plus fortes ont cessé, mais voir dans ses yeux le moment où elle réalise qu'elle n'avait plus qu'un pied dans la réalité est très dur et triste. Le médecin à Paris dit que son état s'améliore, et c'est vrai, mais j'aimerais l'aider davantage.
Transcription :
Eugénie « Qu’est-ce que vous faites ? »
Ange « Une activité vespérale trépidante. Nous lisons. »
Arsinoé « Il s’agit de notre petit rituel du soir, avant le dîner. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ? »
Eugénie « J’attends que la voiture d’Eugène vienne me prendre. Il organise une soirée au château. »
Arsinoé « Ma chérie… Eugène n’organise pas de fête ce soir. »
Ange « Et le château a été vendu à l’état il y a des années déjà. Tu ne t’en souviens pas ? »
Eugénie « Je… heu… si. Je crois. Oh non… ça a recommencé... »
Arsinoé « Ce n’est rien Eugénie. Tu es très belle. Tu t’es coiffée toute seule ? »
Eugénie « Heu… Anna m’a aidée… Je dois faire quoi maintenant ? »
Ange « Vas donc t’asseoir au salon. Je vais appeler Eugène de ta part et l’inviter à dîner ce soir. Aurore va très certainement m’assassiner pour le faire si tard, mais je pense que ça fera plaisir à ton amoureux. »
Eugénie « Vous ne lui direz pas, n’est-ce pas ? »
Arsinoé « Lui dire quoi ? Tu t’es bien pomponnée pour lui faire une surprise ce soir non ? »
Ange « Allez, vas ! Noé, vas donc prendre l’appareil, Petite Eugénie est bien trop jolie ce soir pour qu’on manque une occasion de lui tirer le portrait. »
Arsinoé « Quelle bonne idée ! »
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selidren · 8 months ago
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Automne 1923 - Champs-les-Sims
7/7
Il y a cependant un juste milieu à trouver. Comme je vous le disais, Madame Eugénie, après s'être remise des noces d'Emilien et Emma, s'est dit qu'il était sans doute plus prudent de ne pas perdre de temps avant de trouver des prétendants à ses arrière-petites-filles. Si il semble que Sélène se dirige tranquillement vers le mariage d'ici quelques années, elle trouve Cléopâtre aussi impulsive qu'insaisissable. Elle concentre donc ses efforts à la convaincre de considérer quelques prétendants. Je ne sais pas ce qui a motivé ce zèle de marieuse, mais elle se concentre essentiellement sur elle à présent.
Je salue en tous cas votre tentative de prendre la main dans votre mariage, je trouve cela courageux. Jules n'a pas un caractère facile, mais qui sais, j'espère que vous finirez par avoir gain de cause. Je me demandais cependant, étant donné qu'il était souvent parti, c'était bien vous qui aviez la main sur les finances n'est-ce pas ? Si Lucien souhaite devenir ingénieur, pourquoi ne pas "prendre" ce dont il a besoin ? Ou contraindre Jules à réduire le train de vie de la maisonnée ? Chez nous, ce sont Adelphe et Noé qui gèrent toutes les dépenses, et d'une certaine façon Madame Eugénie puisque non est une réponse qu'elle n'est pas capable d'entendre. Bientôt Noé sera seule maîtresse de nos finances, et j'en suis impatiente.
Quand vous évoquiez les petites Leyla et Lola, je n'ai pu m'empêcher de me demander si par hasard vous aviez des photographies. J'aimerai pouvoir poser un visage sur le nom de vos enfants plutôt que d'imaginer deux Petite Eugénie avec des cheveux roux. Noé est également curieuse de savoir à quoi ressemble Lucien et elle s'intéresse de plus en plus à notre correspondance puisqu'elle devra la reprendre un jour.
Avec toute mon affection,
Albertine
P.S. Je relie ma lettre et je me rend compte que cela donne l'impression que Constantin lit par dessus mon épaule. Ce n'est pas le cas, notre correspondance reste strictement entre vous et moi. Je ne fais qu'évoquer certaines nouvelles que vous nous donnez. Ne vous inquiétez pas, tout ce que vous pourriez confier à ma discrétion le restera.
Transcription :
Cléopâtre « Je n’ai pas encore vingt ans, Grand-Mère. J’ai bien le temps d’y penser. »
Eugénie « Oui bien sur, mais il faut le garder à l’esprit. Tu es une jolie jeune fille, il faut mettre en valeur ce beau visage, et surtout ces jolis yeux. Votre Maman vous a donné à toi et à Noé les plus beaux yeux que j’ai jamais vu. »
Cléopâtre « C’est certain. C’est bien pour cela que je les maquille ainsi. Vous savez que les jeunes d’aujourd’hui le font presque toutes afin de bien attirer l’attention sur leurs yeux. »
Eugénie « Oh ma petite, ce n’est pas du tout joli. »
Cléopâtre « C’est ce qu’aiment les hommes aujourd’hui. Antoine me l’a dit, à Paris les hommes regardent davantage les jeunes femmes qui le font car elles sont plus séduisantes. »
Eugénie « Allons bon… Qui essaies-tu de séduire ? Nous ne sommes pas à Paris ici. »
Cléopâtre « Mais c’est vous qui… hum… il y a bien quelques jeunes hommes par ici que je pourrai avoir envie de séduire. Mais en tout bien tout honneur bien entendu. Ce ne sont pas les bons partis qui manquent par ici. »
Eugénie « Ah ! Donc tu t’y intéresse bien. Tu devrais arrêter de me faire tourner en bourrique comme cela et me laisser t’aider. »
Cléopâtre « Oui, vu de cette façon, cela m’intéresse oui. L’amour, le mariage, tout ça... »
Eugénie « Tout ça, comme tu dis, ce sera central dans ta vie. Même si tu deviens un jour une femme écrivain, il te faudra bien un mari pour t’aider à vivre. »
Cléopâtre « Bien entendu, bien entendu... »
Eugénie « Par ici, il y a quelques bons candidats qui gagnent bien leur vie. Tiens, par exemple le jeune Raoul Musclet. Il fait des études à Paris comme ton frère. Il va devenir agronome, c’est très bien ça ! »
Cléopâtre « Oui, et il y a Robert Abret également. »
Eugénie « Qui ? »
Cléopâtre « Vous ne le connaissez pas ? C’est un des ouvriers embauchés par Oncle Adelphe pour les vendanges. C’est un bel homme. »
Eugénie « Oui… sans doute... »
Cléopâtre «  Je l’ai rencontré quand nous sommes allés faire les vendanges en famille avec Noé et Sélène. Il est très avenant et doux. Oh bien sur, il n’a pas un grand patrimoine, mais quand je serai une écrivaine reconnue, mon argent suffira bien pour deux. »
Eugénie « Doux Jésus... »
Cléopâtre « Mais c’est un homme fort, avec un corps robuste et en bonne santé. Je pense que c’est le genre d’homme qu’il me fait oui : doux, mais robuste et en bonne santé. »
Sélène « C’est bon ? »
Cléopâtre « J’ai mis la barre le plus haut possible. Crois moi, après ça, Arsinoé sera tranquille un bon moment. Je pense même qu’elle pourrait vous oublier quelques temps toi et Berto. »
Sélène « Parfait. »
Cléopâtre « Oui, enfin ce n’est pas comme si il y avait beaucoup de choses palpitantes à oublier... »
Sélène « Oh Cléo, tu ne vas pas recommencer ! »
Constantin « Qu’y a t-il les filles ? »
Cléopâtre & Sélène « Rien Papa ! »
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