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#mon théâtre
jules-and-company · 11 months
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y’a un truc qui va sortir en 2024 à la CF, ça s’appelle Trois Fois Ulysse bon déjà euh. l’odyssée etc vous avez mon attention. mais pour l’instant dans la distrib y’a marqué génovèse. si je vois cet homme jouer ulysse je ne réponds plus de rien
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dixvinsblog · 1 year
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Chok Théâtre : Mon plaisir est stéphanois - 28 aout- 10 septembre 2023
Festival de quartier – été culturel 2023 Vendredi8 8 septembre – 14H Samedi 9 septembre – 14H Dimanche 10 septembre – 14H Billeterie et inscription (FORMULAIRE SÉCURISÉ GÉNÉRÉ PAR HELLOASSO) : (Nb : Le don à HelloAsso est facultif, si vous ne souhaitez pas faire de don à HelloAsso vous pouvez le retirer en cliquant sur “modifier” >> puis sur “je ne souhaite pas soutenir…
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akm87 · 2 years
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A Teaser/Trailer for my short "Mon Papi à Moi" selected for a few festivals and the Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, that I'm so happy to attend for the first time soon (27-30 Jan)
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SCREENINGS AND OFFICIAL SELECTIONS/// PROJECTIONS ET SELECTIONS OFFICIELLES
TAAFI - Toronto Animation Arts Festival International (Live & Online Tickets) Fri, Feb 17th ///9:00PM - 10:22PM
Festival Côté Courts de Cormeilles en Parisis (14ème édition ) vendredi 17 février 2023 à 20h30 théâtre du Cormier à Cormeilles en Parisis Séance suivie d'un échange avec les réalisateurs
FESPACO - Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Burkina Faso)
Salle du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) Mardi 28 février /18h30 - 20h30
DCIFF -The DC Independent Film Forum (Washington DC, USA) Location: Landmark's E Street Cinema Times: Saturday, March 4th - 3:15pm
Mammoth Film Festival™ (Mammoth Lakes, CA) MC- Theater #2 437 Old Mammoth Rd, Mammoth Lakes, CA 93546 March 3, 2023, 10:00 AM - 12:30 PM PST
Corti da Sogni-International Short Film Festival (Ravenna, Italy) from 18th April to 22th April 2023
AniMate 2023 - World Shorts Films Collection (Australia)
Sat., 6 May 2023, 5:15 pm – 7:15 pm AEST Location: Pulse Life Club 9 The Crescent Wentworth Point, NSW 2127 Australia
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hedgehog-moss · 1 year
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do you have any recommendations for favorite french-language poetry? esp written by women?
Yes, sure! We might not have the same tastes (I like nature poetry mostly, and good old lavish alexandrine verse—I find the predictability of it very soothing) but here are excerpts of poems by 13 French-language poétesses :)
(I wanted to add a few men at the end but I spent too much time on the women, and the French male poets I enjoy are very well-known ones anyway, e.g. Hugo, Mallarmé, Prévert, Aragon... also André Breton's surrealist poetry)
• Sabine Amable Voïart, known as Amable Tastu (1798-1885)
D’où vient que l’âme humaine est ainsi disposée, Que jamais ses regards troublés et mécontens N’ont pu s’accoutumer à la marche du temps? Sur l’éternel chemin, chaque borne posée Nous attriste. D’où vient? je ne sais; mais toujours Le vertige nous prend à voir couler nos jours: 
Si vous reparcourez l’enclos où votre enfance Avez-vous souvenir, à l’âge où tout enchante, D’une voix qui vous plut, voix timide et touchante, […] Que, plus tard, cette voix résonne à votre oreille, De vos rêves déçus vous raillez la merveille, Vous prenant en pitié d’avoir si mal jugé… Elle est la même encor; mais vous avez changé!
• Louise-Victorine Ackermann (1813-1890)
(A la comète de 1861) […] Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre L'homme aura disparu. Du fond de ce séjour Si son œil ne doit pas contempler ton retour, Si ce globe épuisé s'est éteint solitaire, Dans l'espace infini poursuivant ton chemin, Du moins jette au passage, astre errant et rapide, Un regard de pitié sur le théâtre vide De tant de maux soufferts et du labeur humain.
• Marie Dauguet (1860-1942)
Mon coeur est né sauvage et seul comme un merle, Que berça la chanson du vent, subtil orchestre, Ivre des noirs myrtils dont la forêt s'emperle, Grisé d'odeur de source et d'haleine sylvestre. […]
Et d'abord très souvent j'étouffe dans moi-même, Tout m'y semble étriqué, trop étroit et mesquin, Et je fuis l'infini pour l'infini que j'aime, Parmi le ciel, les eaux, les circuits des chemins.
• Alice de Chambrier (1861-1882) (she is Swiss)
J’ai vu comme l’on voit quelquefois dans un rêve, Une immense Cité près d’une immense grève, Avec des dômes d’or et des palais géants, Des temples incrustés de mille diamants […]
Plus tard j’ai repassé devant cette cité, Et voulant la revoir, je m’y suis arrêtée; Mais à peine mes pas ont foulé sa poussière Que devant mes regards elle s’est tout entière Écroulée—et n’est plus qu’une ruine immense Dont le cri des Vautours trouble seul le silence.
• Lucie Delarue-Mardrus (1868-1949)
1. Humanité sans force, endurante moitié Du monde, ô camarade éternelle, ô moi-même ! Femme, femme, qui donc te dira que je t’aime D’un cœur si gros d’amour et si lourd de pitié ?
2. J’aime, en quelque lieu que ce soit, L’heure où l’existence, pour moi, Redevient nocturne et muette.
L’heure sans lois et sans humains, Sans hiers et sans lendemains, Où je ne suis plus que poète.
La seule heure d’esprit total, Celle où, jusqu’oublier mon mal Je sens se fermer toute plaie,
Car je ne fus moi-même, vraie, Car je ne fus ce que suis, — Passionnément — que les nuits.
• Anna de Noailles (1876-1933)
Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent, Nul n’aura comme moi si chaudement aimé La lumière des jours et la douceur des choses, L’eau luisante et la terre où la vie a germé.
La forêt, les étangs et les plaines fécondes Ont plus touché mes yeux que les regards humains, Je me suis appuyée à la beauté du monde Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.
• Renée Vivien (1877-1911) (English, mainly wrote in French)
Dans l’azur de l’avril et dans l’air de l’automne, Les arbres ont un charme inquiet et mouvant. Le peuplier se ploie et se tord sous le vent, Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.
[…] Vêtu de clair de lune et de reflets d’argent, Le bouleau virginal à l’ivoire changeant Projette avec pudeur ses blancheurs incertaines. Les tilleuls ont l’odeur des âpres cheveux bruns, Et des acacias aux verdures lointaines Tombe divinement la neige des parfums.
• Valentine Penrose (1898-1978)
Notre Père qui êtes aux cieux des doux matins bercés aux fleurs des laitues bleues, […] que votre nom soit sanctifié ! O Brume d’or dans les vergers, que votre volonté soit faite ! Sur la Terre comme au Ciel ; sur la terre élançant ses arbres au soleil, sur les labours luisants chevauchés de noyers, sur le sol des jardins de chaleur tout vrillés […]. Donnez-nous aujourd’hui notre Pain quotidien. Dans la fraîche cuisine où bourdonne une guêpe, où les fourmis montent leur noir petit chemin […] Et pardonnez-nous nos offenses… […]
• Louise de Vilmorin (1902-1969)
Pois de senteur en ma demeure Et sur mon cœur poids de cent heures
Je t’enlacerai, tu t’en lasseras
Étonnamment monotone et lasse, Est ton âme en mon automne, hélas !
• Andrée Chedid (1920-2011)
Échappant à l'enclume du temps L'Univers sème ses formes Véhicule ses songes S'invente des tumultes
[…] Enserrée dans son globe Empoignant son noyau La Terre emporte l'histoire Vers son immense dérive.
• Anne Perrier (1922-2017) (also Swiss)
1. Ô rompre les amarres Partir partir Je ne suis pas de ceux qui restent La maison le jardin tant aimés Ne sont jamais derrière mais devant Dans la splendide brume Inconnue
2. Lorsque la mort viendra Je voudrais que ce soit comme aujourd'hui Un grand soir droit laiteux et immobile Et surtout je voudrais Que tout se tienne bien tranquille Pour que j'entende Une dernière fois respirer cette terre Pendant que doucement s'écarteront de moi Les mains aimées Qui m'attachent au monde
• Marie-Claire Bancquart (1932-2019)
1. Un tremble c'est le nom du peuplier blanc : luisance furtive.
Éclair des feuilles leur vie scintille
instant après instant elles chuchotent que nous avons aussi des moments miroitants minuscules, étincelantes traces de nous sur le monde. 2. Je suis l’encolure d’un pays vêtu de toile et d’eau, longtemps ténébreux, maintenant étalé sur la nuit, croisé une fois pour toutes par le crépuscule, et qui entend les soleils célébrer leur courbe.
Je suis son oreille, et, dans son oreille, ce qui, bruissant, permet le bruit.
[…] Mais suis-je enclave, ou bien ce pays serait le creux nécessaire au violon, l’autour-de-moi facilitant mémoire?
• Hélène Dorion (1958 - ) (she's from Québec)
Autour de moi les notes lumineuses d'une feuille venue jusqu'à la branche pour remuer avec le souffle danse et boit l'eau qui la sauve au matin quand recommence son chemin vers le soir
et je marche aussi d'un pas qui repose dans l'infini j'écoute le monde qui bruit à travers les arbres seuls comme des êtres occupés à devenir leur forme singulière
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chic-a-gigot · 1 month
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Le Figaro-modes : à la ville, au théâtre, arts décoratifs, no. 8, août 1903, Paris. Les arbitres de l'élégance. Interview de Mlle Marguerite Deval du Théâtre des Mathurins. Photo Reutlinger. Ville de Paris / Bibliothèque Forney
Ses réponses
Couturier: VOYEZ… TAILLEUR. Modiste: UN RIEN DE CHEZ LEWIS. Tailleur: OLD ENGLAND, UNE HEURE AVANT LE DÉPART DU TRAIN. Lingère: UNE TOILE D'ARAIGNÉE. Corset: QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA? Dentelles: LA COMPAGNIE DES INDES. Fourreur: GRUNWALDT. Chapelier: LÉON. Chaussures: COSTA. Éventails: JE N'EN JOUE JAMAIS. Ombrelles: CHEZ BRTGG. Magasins de Nouveautés: L'HOTEL DES VENTES. Parfumeur: MA PEAU. Dentifrice: BÉNÉDICTINS DE L'ABBAYE DE SOULAC. VIVE LA LIBERTÉ! Ameubl: LA VENTE LELONG. SI J'AVAIS PU! Orfèvre: ROUKHOMOVSKI. Objets de Voyage: TROIS SACS, 15 MALLES DE CHEZ LOUIS VUITTON ET 3O CARTONS A CHAPEAUX. Carrossier: LES CERCLES. Automobiles: JE COMPTAIS SUR MA DE DION-BOUTON DE LA REVUE DES FOLIES-BERGÈRE. Restaurant: MON BON POT-AU-FEU. Champagne: DU KATINKA BRUT. Confiseur: J'AI HORREUR DES BONBONS. Où goûtez-vous? JAMAIS.
A Marguerite Deval
ENVOI
Menue, effrontée, aguichante, Du rêve… et du geste à la fois, Dans sa toute petite voix C'est tout le grand Paris qui chante.
Francis de Croisset.
Petite, cheeky, alluring, Dream… and gesture at the same time, In her tiny voice It's all of great Paris that sings.
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coquelicoq · 2 months
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j'ai l'intention de lire tout ces livres un jour ou l'autre, l'ordre seulement est en question.
il y a une réponse incorrecte et c'est du côté de chez swann. j'ai déjà lu les trois mousquetaires et madame bovary, mais seulement en anglais. j'ai regardé le film hiroshima mon amour, et j'ai lu quelque poèmes des fleurs du mal. quant au reste, je n'en connais pas grand'chose.
you can vote in this if you don't speak french btw. roman=novel, scénario=screenplay, poésie=poetry, pièce de théâtre=play, dictionnaire des synonymes=thesaurus, ouvrage de référence=reference work, roman-mémoire=autobiographical novel
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sloubs · 7 months
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suis allée voir deux pièces de théâtre en trois jours, deux fois j'me suis surprise à crusher un peu sur les acteurs principaux pcq ils se tenaient bien et qu'ils avaient une belle éloquence mdr c'est quoi mon problème, pourquoi la barre est si basse
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aisakalegacy · 14 hours
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Été 1925, Hylewood, Canada (3/4)
Je ne connais pas ton Jean, mais je me méfierais quand même un peu si j’étais toi, si d’autres personnes qui semblent le connaître et qui sont habituellement de bons juges de caractères, te disent de te méfier. Je sais qu’il existe des femmes qui sont des coureuses de fortune, mais je ne serais pas stupéfait d’apprendre l’existence de leur équivalent masculin. Je ne m’y connais pas vraiment en socialisme. Je sais que ma grand-mère en était une. D’ailleurs nous avons plusieurs de ses ouvrages dans notre bibliothèque familiale. Il m’est arrivé de les feuilleter, mais pas assez pour être en mesure de commenter les éventuelles contradictions dans les idées de ton frère. On n’apprend pas cela au pensionnat méthodiste épiscopalien…
J’ai bien ri en lisant les protestations de ton père. Ses inquiétudes sont charmantes, mais qu’il ne s’en fasse pas pour moi. Je ne fais pas d’études, c’est vrai, mais je n’en suis pas chagriné. J’aime la pêche, j’aime la guitare, et quand je ne suis occupé ni à l’un, ni à l’autre, je suis à Kingston où je travaille dans l’industrie maritime pour une compagnie montréalaise. Nous exploitons des cargos et des paquebots à vapeur pour transporter du charbon, du fer et toutes sortes d’autres choses dont je fais peu de cas. En revanche, j’apprécie particulièrement tout ce que j’y apprends sur la gestion portuaire. J’ai commencé à avoir une idée, mais je ne veux pas t’en parler tout de suite de peur de me ridiculiser si elle ne se réalisait pas.
[Transcription] Lucrèce Rumédier : (rire) Vous m’avez dépassée ? C’est peut-être vrai. Vous avez un génie naturel pour la musique que je n’ai pas. Mais j’ai plus d’expérience que vous, et c’est un atout que vous ne devez pas négliger. Lucrèce Rumédier : Je savais qu’avec assez de pratique, j’arriverai à faire de vous un pianiste aguerri. Je crois que j’ai réussi mon objectif. Agathon LeBris : Alors si je suis si doué que vous le dites, qu’est-ce qui m’empêche de me lancer, maintenant, et de faire carrière ? Lucrèce Rumédier : Vous êtes bien naïf si vous pensez que par votre simple talent, vous passerez les auditions pour des théâtres prestigieux sans qu’on ait jamais entendu parler de vous avant. Agathon LeBris : Je pense que vous êtes simplement jalouse qu’une carrière de pianiste s’offre à moi, alors qu’elle vous a été refusée. Lucrèce Rumédier : Et vous pensez mal : je suis très heureuse de mon anonymat. Vous aviez raison tout à l’heure. Je n’ai plus grand chose à vous apprendre concernant la maîtrise du piano. Lucrèce Rumédier : Mais vous êtes trop jeune pour l’instant pour faire carrière, et je vais m’assurer que vous continuiez à pratiquer. Votre égo est trop grand, et je ne supporterai pas qu'à cause de lui, votre talent se gâche.
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C’est sûr, L'Hôtel de la Poste c'est pas la Villa Florentine. Au zinc, y'a Robert, le taulier. Un gars pas méchant, mais une gueule toujours bougonne, comme s'il avait mâché du gravier au petit-déj. Un matin, alors que Lyon s’éveille sous le crachin, une dame débarque. Elle est sapée comme pour un bal, mais sa binette dit qu'elle n'est pas là pour danser. C’est le genre de fille qui n'a pas mordu dans le gâteau de la vie du côté de la crème. « Bonjour beau brun, je cherche la chambre 12. Paraît qu'elle a vue sur le grand théâtre du monde », lance-t-elle avec un regard qui claque comme un coup de feu dans une ruelle sombre. Robert la zieute avec des mirettes qui ont l'air de fouiller jusqu’au fond de son âme et lui répond sur un ton grimaçant : « La 12, ma belle, c'est tout un poème. Fais gaffe, par contre, y'a des souvenirs accrochés aux rideaux qui pourraient te filer le cafard. C'est pas Versailles, hein, faut pas rêver. Les araignées sont les seules locataires qui râlent pas sur le loyer. La dernière fois qu'on a vu de l'espoir ici, c'était dans les yeux d'un poivrot qui avait réussi à remonter dans sa chambre sans trébucher. » Elle esquisse un sourire qui dit qu'elle en a vu d'autres. Le bonhomme ajuste ses binocles comme s’il allait plonger dans le grand bain des mots croisés et ajoute : « Au deuxième, ma p'tite dame. Mais je te préviens, les murs ont parfois des oreilles et la moquette capte les confidences mieux qu'une appli d'espionnage installée sur un smartphone. » Un sourire malicieux aux lèvres, elle rétorque : « T’en fais pas, la discrétion, c’est mon fonds de commerce. » Puis elle grimpe l'escalier en colimaçon. Ses jambes dessinent des ombres qui dansent sur les marches usées. Le bois grince sous ses pas. Ça sonne comme la mélodie d'une chanson que personne n'écrira jamais. Robert lâche un soupir et se remet à compter les miettes de son existence en se disant que si les chambres de ce rafiot pouvaient parler, elles feraient la nique aux meilleures pipelettes du quartier.
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raisongardee · 1 month
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"Si je me demande aujourd’hui quand nous trouvions le temps de lire tous ces livres, alors que nos journées étaient déjà si remplies par nos heures de classe et nos leçons particulières, je me rends parfaitement compte que cela se faisait au détriment de notre sommeil et donc de notre fraîcheur corporelle. Bien que je dusse me lever à sept heures, jamais il ne m’arrivait de fermer mon livre avant une ou deux heures du matin – mauvaise habitude, d’ailleurs, que j’ai alors contractée pour la vie : même quand la nuit est déjà fort avancée, je lis encore une heure ou deux. Ainsi je ne puis me souvenir d’avoir pris le chemin de l’école autrement qu’à la dernière minute, dévorant ma tartine de beurre tout en courant ; il n’y a rien d’étonnant à ce qu’avec notre intellectualité nous ayons tous eu le visage maigre et vert comme un fruit mal mûr et des vêtements passablement négligés. Car chaque sou de notre argent de poche, nous le dépensions en billets de théâtre ou de concert, ou encore en livres, et nous étions d’autre part peu soucieux de plaire aux jeunes filles : nous aspirions à en imposer à de plus hautes instances. Se promener avec des jeunes filles nous semblait une perte de temps car, avec notre arrogance intellectuelle, nous jugions d’emblée l’autre sexe bien inférieur en esprit et nous ne voulions pas gaspiller nos heures précieuses en bavardages oiseux."
Stefan Zweig, Le Monde d’hier, trad. Serge Niémetz, 1941.
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nat-seal-well · 8 months
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I was tagged by @nsewell!
Rules: shuffle your repeat playlist ten times and tag ten people
Tagging: @pinksparkl @batch-of-pengwings @troubadour-malin @agentnatesewell @crownleys @lovelylonerliterature @ejunkiet @evilbunnyking @plasticdodecagon @deepinifhell (and anyone else who wants to hehe)
Jump! by Two Steps from Hell
The Dragon’s Heart, by Lorne Balfe (from the Wheel of Time soundtrack, season 2)
The Cult of Dionysus, by The Orion Experience
Mon Historie, from the French version of Les Mis (preformed in Paris, at the Théâtre Mogador in 1991)
Icarus, by Bastille
Wake Up, Get Up, Get Out There, by Lyn (from the Persona 5 soundtrack)
Twister (NEO Mix) by Takeharu Ishimoto (from the NEO: The World Ends With You soundtrack)
I 2 I, by Tevin Campbell and Rosie Gaines (yes, from the Goofy Movie)
The Man Who Can’t Forget, by Rachel Hardy (a cover from season one of Wheel of Time)
Cruel Angel’s Thesis, by AmaLee (an English cover)
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enoramenguy · 2 months
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A la fois un gouffre et un refuge
Monstre usant de subterfuges
Pour m’avaler et me digérer toute entière
Juste après avoir daigné écouter mes prières. 
Comme l’étreinte manquante d’une mère
Ses couches réconfortantes ne sont que chimères
Car une fois appâté, une fois engouffré
Je m’y sent alors égarée à tout jamais.
Cellule capitonnée où j’exprime mon antipathie
Quand mon cerveau choisis l’insomnie;
Et cinéma projetant sur son écran noir
Quand cette fois-ci je dors trop, mes cauchemars.
Scène du théâtre tragi-comique de mon destin
Ses planches sont foulées par moult comédiens
Car quand on a plus l’esprit mais qu’il nous reste le corps
On croit reprendre de la valeur en ôtant son justaucorps.
La dépression dans le matelas
Est la preuve que quelqu’un est passé par là.
Le lit est la pièce maîtresse de mon appartement
Et piédestal où sont posés mes tourments
Enora Menguy
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la-confrontation · 5 months
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Very Vague Analysis of "Javert t'es amoureux" interpreted by Jean Vallée
I wrote a shitpost about it some days ago and @aftershocked 's comment made me want to develop on it, about why the lyrics are supposed to convey a metatextual message about the actor playing Javert (here, Jean Vallée). + Thoughts on why I think it's incredibly funny that they chose to make Javert a hopeless romantic and we all went 'ah! he is gay!' (as we should). I apologize if I'm just stating the obvious btw I'm not the smartest person in the room. Also, I read this before and I thought it was a good translation and I will use some of their previous interpretation, so credits to: https://www.kellycatalfamo.com/blog/2017/9/3/javert-tes-amoureux (thank you again, aftershocked, because i never saw this post before you mentioned it!).
1 — Javert is Jean Vallée.
No kidding, Jean Vallée is the first one to interpret Javert in Boublil's and Schönberg's musical in 1980. But then it does make sense for Vallée to write a song about himself as Javert, as he is transcended by his love for the character and the role (we'll get back to that).
There is definitely a play with the use of "Je" and "Tu". Who is je in this song? It's not obvious from the start. The first line might suggest the speaker is Javert directly ("Moi, le lecteur invétéré du Code Civil et du Code Pénal") yet this Je is accusing Javert, the Tu, in the chorus, which leave a doubt of the identity of this speaker. (You could definitely argue that it would not be out-of-character for Javert to talk to himself, on the contrary. Lol.)
Moreover, kellycatalfamo mentions that Javert actively reading is ooc, and this is also an element that makes me think that Vallée is mainly the one talking in the song, making the character he's supposed to play doing things he would not do otherwise : "What I took from this is that Vallée is not simply describing Javert reading the advice column in bed -- a VERY non-Javert-like activity -- but describing Javert suddenly realizing this uncharacteristic thing he's doing ... and continuing to do it".
According to me, Jean Vallée is trying to be Javert, to incarnate Javert, but he fails, and loses his balance and skills as he tries to act like the character again (reading the Code Civil, keeping his cool, seeing the world only in black and white, etc.).
2 — Vallée is trying to get back into his role.
So, in kellycatalfamo's translation, the original french lyrics is "redeviens moins si vieux" in the second chorus, but I'm sure it's a mistake and the lyric is actually "redeviens moins sérieux" (= "become less serious again"). Vallée castigates himself because he slipped out of his role, talking to both himself and the Javert he tries to make out of himself (use of the imperative).
"C'est impossible, venez à mon secours et rendez-moi inaccessible" = There is an urgent need to get back into his role, for Vallée, and suddenly, he is not Javert anymore and asks help to the other actors around him. He wants to be unattainable, in the sense Javert is (as a fictional character existing only on paper) but also from his own feelings, attacking him from the outside, the real world (the théâtre being traditionally a closed space, existing on its own and according to its own rules and codes).
"Ce roman policier, cette série noire, qui t'a incarcéré le cœur" = The roman policier in France was mostly invented by Balzac, huge inspiration for Romantics like Hugo, so perhaps it isn't as much of a reach to assume that, here, Vallée is referencing to the novel Les Misérables and the effects it had on his "heart". If we're seeing it like that, then he means that he is submerged, overwhelmed, by his own love for the original material—Javert is thus in love by proxy, through his interpret's own adoration for the text.
"Je veux rentrer dans mon théâtre, continuer d'être misérable par contrat et par devoir" = oooh again, Jean-Pierre Virgil is so smart! At this point, Javert completely disappear behind his interpret. The theater, locus where he, Javert, exists on his own; locus where Vallée, amorous, desperately wants to come back. Moreover, the double sense of this line: Javert continues to be miserable because of his characteristic sense of duty and justice, contracted he is to the law like a dog to its master; but it could also be about Vallée's contract with Hossein, Boublil, Schönberg, as a profesional actor, and the sense of artistic duty he feels to do Javert's character right on the scene. (Again, where does Vallée start, where does Javert finish...)
"Je crois qu'on est hier alors qu'on est déjà ce soir" = The most strange lyric to me so far. I picture Vallée standing on the théâtre's scene, taken aback because he thought he still had time to revise his lines, but he doesn't, because he's already performing and he has to get back in the role. I think this line shows how he is losing his self within the text, whether or not it's the novel or the script, and his love for the role.
"Pardonnez monsieur Victor, si je sors du bouquin, je n'en peux plus, mon amour est trop fort" = Finally, the most obvious lol, I should've start there I'm sorry. It's written on the thin here. Vallée is completely out of his role and expresses his love for the original material to the author—and yet! It could also be Javert himself, coming out the book. In french, "sortir de" can also mean "to slip out of something", metaphorically speaking.
3 — Javert in the Brick.
Finally, to some extent, I think it is also a song about Javert Déraillé. My guess is that Jean-Pierre Virgil and Jean Vallée wanted to make Javert sympathetic to the public, give him some romantic sensibility, and since the musical's motif is a lot centered around love, it makes sense. Although, I don't think they realize the way they portrayed Javert as a homosexual, because, if not Jean Valjean, who else Javert might be in love with LOL. My favorite lyrics that might imply Valvert are "Toi qui ne voulais regarder la télé pas autrement qu'en noir ou blanc, voilà que tu trouves qu'il manque de couleurs" > to me, this is an obvious reference to how Jean Valjean completely destroys Javert's vision of the world. Also, a reference to the french lyrics in Javert's Soliloquy: "noir ou blanc, hors-la-loi ou dedans; noir ou blanc, c'est Javert ou Valjean".
Anyways, I love how Vallée insults Javert in the song, as if aware that being in love is uncharacteristic of him, yet is happening ("pauvre vieux con de flic" and "bravo le clown" never fail to make me laugh. I always call Javert a clown because of this song lol).
Hm. I am enthusiastically open to discussion and I apologize if I wrote a way too long post about something everyone in the fandom already knew about. I just love this song so much.
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bysooyoo · 2 months
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OUVERTURE DE FANTASTIC ROW
Bonjour à tous.tes qui passez par ici !
Je fais ce petit post pour vous présenter mon petit forum, qui vient tout juste d'ouvrir ses portes, après prêt de deux ans de préparation acharnée !
Il s'agit de Fantastic Row, un forum qui se construit autour des super-héros et une école, en Corée.
Un p'tit aperçu du contexte :
Dans un contexte d’après guerre entre les deux Corée désormais unifiées en un seul pays, les quatre survivants d’un escadron militaire devenus mutants suite à une expérience scientifique deviennent les mentors d’une école pour super-héros. Afin d’y former la nouvelle génération de mutants, ils y deviennent professeurs après que le professeur Roo, scientifique populaire mais controversé, ait récidivé ses essais sur plus de 600 personnes à travers le pays sur demande du gouvernement. Accompagné du génie de Ran Milo, ingénieur physique à l'esprit fourmillant d'idées, il ont bâti l’école sur une île classée au patrimoine naturel au large de Yeosu, attirant la curiosité mais aussi la colère des habitants de la ville, nouvellement devenue cité état. Lieu de formation grandeur nature pour des héros déglingués du cerveau, la ville et l'école sont le théâtre de milles et une intrigues, qui n'attendent que vous ! 
Le forum propose de nombreux scénarios et pré-liens de base et on a une petite communauté qui se construit tranquillement après la pré-ouverture ! C'est un lieu chill et de partage et on espère que vous serez intéréssé par le projet !
Vous pourrez me retrouver en administratrice dessus, mais aussi en tant que graphiste ♥
Merci de m'avoir lue !!
Sooyoo
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urween · 3 months
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"Tirade"
James McAvoy x M/FTMreader
résumé : Fraîchement inscrit à des cours de théâtre, Uriel ne crois pas spécialement à ses capacités mais un souvenir de son adolescence reste gravé dans sa mémoire et l'aide à avancer dans ces cours. Un jour, un certain acteur vient rendre visite à une vieille amie, et il s'arrêtera sûrement devant une jolie représentation donnée par Uriel.
notes : je sais que ça ne peut pas vraiment être compté comme "x reader" car le personnage principal porte un nom mais je n'aime vraiment pas écrire avec le "Y/N" alors j'ai décidé de mettre un prénom sans réelle importance afin de faciliter l'écriture. Les dialogues et textes sont créés par mes soins, contrairement à la tirade finale qui reçoit ses crédits dans l'histoire ;)
! warnings : mention de propos se rapprochant de la sexualité, insécurités
3 800 mots
- Description à la troisième personne
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Le théâtre n'était pas l’option qu’il avait envisagée dès le début. Il avait plutôt pensé à l'écriture, la peinture peut-être, mais pas le théâtre. Il voulait rester derrière les rideaux, pas avoir à se mettre en scène devant des paires d’yeux curieux. Vendre des livres et des tableaux lui semblait plus accessible, du moins pour lui c'était plus accessible, il travaillerait dur pour ça. Devenir écrivain ou peintre était plus courant qu’acteur, non ? Pour devenir acteur il fallait être reconnu par énormément de monde, il fallait être constamment jugé et épié. Il fallait un pur talent et beaucoup de chance pour devenir acteur. Ce qu’Uriel ne pensait pas du tout avoir. L’écriture pouvait s'apprendre plus facilement, il n'avait pas besoin de se montrer aux yeux du monde entier pour gagner un peu d’argent. La peinture pouvait être abstraite et anonyme, pas besoin d’avoir son visage sur la toile.
Pourtant il se retrouvait inscrit à des cours de théâtre depuis maintenant deux semaines. Son père lui avait forcé la main, il avait insisté en disant que pour lui cet art avait aidé à gérer sa timidité et que peut-être ça serait aussi le cas pour lui. Alors Uriel avait accepté, parce qu’au fond il avait toujours quelque chose dans sa poitrine qui demandait à sortir et à s’exprimer, et le théâtre pouvait peut-être l’aider à le faire. Du moins, il privilégiait cette excuse à une autre, totalement absurde.
« On reprend tout le monde ! »
La voix criarde de Mary fit sursauter la dizaine d’élèves. Tous rangèrent leurs portables ou casques afin de retourner sur scène et de reprendre les répétitions.
Uriel suivit le groupe, admirant la diversité présente. En s’inscrivant il avait vu qu’à partir de seize ans les personnes devaient s'inscrire dans le groupe adulte, et bien entendu du haut de ses vingt-et-un ans il l’avait fait. Mais dans le groupe il avait une jeune fille, de seize ans justement, Uriel l’admirait profondément, elle était vraiment douée et tout le monde le lui disait. Les rôles principaux étaient souvent pour elle d'ailleurs, mais elle ne devenait pas hautaine pour autant, au contraire elle était toujours surprise de les recevoir et c'était touchant à voir.
« Bien, commença plus calmement Mary, avant que l’on continue je voulais vous dire qu’un ami risque de venir vous voir d’ici quelques jours. Aussitôt les élèves devinrent curieux, il passe par ici et en parlant avec, il a proposé de venir vous regarder répéter »
« C’est qui ? Demanda Cloé, un acteur ? »
Uriel s’installa en tailleur par terre à côté de Matthias, un homme dans la cinquantaine avec qui il s’entendait bien. Ce dernier lui lança un regard et se reprocha de lui pour murmurer à son oreille.
« J’en ai vu des soi-disant acteurs passer par ici et crois-moi ils ne nous jettent même pas un regard, sourit-il, ils viennent pour se faire de la pub, dirent qu'ils sont gentils et tout ces trucs mais au fond ils s’en foutent de nous mon pauvre garçon »
Matthias n'était pas très apprécié dans le groupe à cause de sa manie à toujours voir le négatif dans une situation, comme à présent, mais Uriel appréciait ça. Pour lui c'était une qualité de voir les options que d’autres préféraient ignorer, et puis ça le faisait toujours rire.
« Peut-être qu'il est différent ? Répondit à son tour Uriel dans un murmure »
En guise de réponse, l’homme haussa les épaules, l’air peu certain.
« Oui c’est un acteur, mais je ne préfère pas vous dire tout de suite de qui il s'agit, continua Mary, vous verrez bien ! »
« Mais pourquoi il vient nous voir nous ? On est pas connus, on est même pas des professionnels »
Presque l’entièreté du groupe fut d’accord avec Joël, et Mary comprit leurs réactions.
« On se connait depuis le lycée lui et moi. Il sait que j’organise des cours au théâtre, il m'a simplement demandé si ça me dérangeait qu'il assiste à une session et j’ai répondu que non. Les élèves ne semblaient toujours pas convaincus, écoutez vous verrez de vous même alors arrêtez de me regarder avec des yeux de merlan fris. Je suis sûre qu’il pourra même vous donner des conseils »
Chacun eut un petit commentaire à faire, Mary les laissa discuter pendant plusieurs minutes avant de clapper des mains pour attirer leurs attentions et reprendre les vraies répétitions.
Depuis maintenant un peu moins d’un mois, le groupe travaillait sur une pièce en partie créée par Mary elle-même. “L’Ange et l’Oiseau”, un drame aux apparences mythologiques racontant l’histoire de deux personnages : un ange nommé Yaël qui cherchait désespérément à fuir les cieux, et une corneille nommée Danielle qui elle espérait avoir une place au Paradis malgré les croyances reliées à son apparence. Cloé avait le rôle de l’ange, Uriel celui de la corneille. C’était son premier rôle principal depuis son arrivée dans le groupe et il était assez anxieux à ce sujet. Il avait bien pensé à céder sa place à quelqu’un d’autre mais Matthias l’en avait dissuadé, il disait que ce rôle était parfait pour lui et qui fallait juste un peu de temps pour apprendre toutes les répliques. “Toi qui a le prénom d’un ange te retrouve à jouer l’oiseau, c’est pas un comble ça ?” lui répétait-il souvent. Et même s’il ne voulait pas l’avouer, entendre les compliments de Matthias lui faisait vraiment du bien. Le cinquantenaire lui avait d’ailleurs proposé de l’aider pour réciter son texte, mais Uriel avait gentiment refusé. L’idée d’être au premier plan le faisait déjà bien assez paniquer, il préférait réviser seul afin de faire les fautes seul et ne pas avoir les yeux de quelqu’un sur lui. Pour cette même raison, il restait une heure de plus à la fin de chaque cours pour être au calme et surtout avoir la possibilité de répéter dans le lieu final. Mary avait assez confiance en lui pour le laisser seul ici et revenir une heure plus tard afin de refermer les portes de la salle de spectacle.
Ne manquant pas son rendez-vous solitaire, Uriel observa les autres élèves quitter la scène et sortir petit à petit de la grande salle. Matthias lui souhaita bonne chance et fut le dernier à partir. Le jeune homme souffla doucement en entendant ce silence. Il appréciait les autres membres du groupe mais sa tranquillité était d’autant plus appréciée. Uriel repris son texte, ces nombreuses pages qu’il devait apprendre par cœur, et il se mit au travail.
L’heure passa plus vite qu’il l’aurait pensé, il s’en rendit compte lorsqu’il reprit son portable pour vérifier la date du prochain cours. Avec surprise il vit affiché dix-huit heures trente, ce qui voulait dire que Mary avait trente minutes de retard. Uriel ne s'inquiéta pas plus que ça, un retard pouvait très bien arriver à n’importe qui. Il rangea tranquillement ses affaires, murmurant son texte en même temps, puis il alla vers la sortie. L’idée de partir lui traversa bien l’esprit mais ça voulait dire laisser la salle ouverte et sans surveillance, ce qui n’était vraiment pas recommandé ici. Uriel vivait seul, personne n’allait s’inquiéter s’il rentrait encore un peu plus tard, il décida donc d’attendre le retour de Mary pour qu’elle puisse fermer à clé en toute sécurité. Le jeune homme s’installa assis contre une des portes et reprit son sac à dos. Avec le temps, il avait pris l’habitude de toujours emporter un livre avec lui, et aujourd’hui cette technique allait payer. Il entama donc sa lecture, un recueil de poèmes qu’on lui avait offert il y a deux ans mais qu’il n’avait jamais pris le temps de lire.
Il fallut quelques pages pour qu’Uriel rentre pleinement dans le livre mais assez vite il oublia son environnement et enchaîna paisiblement les poèmes. Il fut tellement absorbé qu'il ne remarqua pas Mary accompagnée d’un homme se diriger vers lui. La trentenaire salua son ami qui s’excusa de l'avoir autant retenu, puis elle se dirigea vers Uriel. Ce dernier sursauta en voyant des jambes arriver dans son champ de vision, mais il fut soulagé en voyant le visage familier de Mary.
« Excuse moi pour le retard, l’ami dont je vous ai parlé tout à l’heure est arrivé plus tôt que prévu et il est passé au théâtre, expliqua-t-elle en observant le garçon ranger son livre, merci d'avoir attendu »
« C’est normal, sourit Uriel, on se voit demain de toute façon ? Mary hocha la tête tout en fermant à clé les deux imposantes portes, alors à demain et passe une bonne soirée »
La femme observa son élève quitter tranquillement le bâtiment, un sourire aux lèvres.
Le lendemain, la journée passa plus vite qu’il ne l’aurait espéré. Les clients au supermarché n’avaient pour une fois pas été insupportables, ou du moins la majorité s’était bien tenue. Malgré ça, Uriel était plus que pressé de rentrer chez lui et de prendre sa douche. Les apparences pouvaient être trompeuses mais rester toute la journée enfermé dans un magasin donnait assez vite chaud, d’autant plus lorsque des clients demandaient une certaine maîtrise de soi.
Fermant la porte fermée à clé derrière lui, Uriel se dépêcha de retirer tous ses vêtements sales. Il vida vaguement son sac, retirant simplement la vaisselle utilisée lors de son repas de midi puisque le reste restait constamment dedans. Il ne voyait pas l’utilité de retirer ses affaires de travail si c’était pour les remettre le lendemain, autant les laisser à leurs places.
Une fois tout son rituel habituel effectué, le jeune homme vérifia l’heure. Il lui restait moins d’une demie-heure s’il voulait éviter d’être en retard. Sur ce constat, il fila sous la douche, ne prenant pas le temps de mettre de la musique ou même de vérifier ses messages. Heureusement il ne finissait pas tous les jours aussi tard, mais lorsque ça arrivait il devait courir pour être à l’heure. Le seul point positif, qui l’avait d’ailleurs persuadé de garder ces cours, était que le théâtre se situait à moins de cinq minutes à pied de chez lui. Petit, Uriel avait l’habitude de s’y rendre avec son père pour voir quelques représentations et pièces, malheureusement avec le temps cette coutume s’était perdue. Mais grâce à ça, il connaissait les lieux, bien sûr avant de s’être inscrit à ces cours il ne pouvait pas savoir à quoi ressemblait le derrière de la scène, mais ces années de fidélité au programme lui avaient permis de connaître les salles et artistes sur le bout des doigts. Évidemment, “connaître” était un bien grand mot pour ces acteurs, mais Uriel avait appris les noms des comédiens réguliers ainsi que leurs pièces répétitives. Ce détail n’en était pas un durant les cours car grâce à cela il pouvait citer les précédentes pièces jouées ainsi que certaines parties. Par exemple, son père aimait beaucoup les représentations de Cyrano de Bergerac, par conséquent il entraînait toujours son fils avec lui pour les voir, et résultats Uriel connaissait par cœur les différentes versions de la tirade pour Roxane du personnage principal. Sa préféré restait de loin celle moderne interprétée par James McAvoy, même s’il l’avait vu il y a plusieurs années de ça, elle restait gravée dans sa mémoire. L’émotion qu’avait réussi à transmettre le comédien était époustouflante. Uriel se souvenait encore du silence ambiant dans la salle, des larmes sur ses joues, et des applaudissements finaux. Il avait dix-sept à l’époque, et quatre ans après il était encore capable de réciter ce texte sans une faute.
Une serviette posée maladroitement sur ses cheveux, Uriel éteignit la salle de bain pour aller dans la chambre et y prendre des vêtements propres. Il ne se prit pas la tête et attrapa simplement un t-shirt abordant un logo Marvel qui traînait dans son armoire ainsi qu’un jogging assez large pour faire des mouvements fluides. Il enfila rapidement des chaussettes ainsi qu’un sous-vêtement avant de retourner chercher son sac à dos. Comme à chaque fois, le jeune homme vérifia d’un coup de regard qu’il n’oubliait pas un robinet ouvert ou ce genre de choses, puis il ramassa son large gilet et le ferma avant de quitter son appartement.
À moins dix, Uriel fut enfin dehors, le pas rapide malgré sa légère avance. Il n’aimait pas être en retard mais il arrivait pourtant souvent à l’être, et les autres membres du groupe le savaient très bien.
Mais heureusement pour lui, il arriva même avec trois minutes d’avance. Comme toujours Matthias était déjà présent, et il devait l’être depuis plus d’un quart d’heure. À peu près tout le monde était là, sauf Joël qui avait prévenu de son absence et Arthur qui avait manqué son bus.
« Bonsoir à vous tous ! Salua gaiement Mary en rentrant dans la salle, j’espère que votre journée n’a pas été trop éprouvante parce que ce soir on reprend tout le troisième acte »
Plusieurs élèves soupirant en cœur, la femme descendit avec une joie de vivre peu habituelle les marches jusqu’à arriver au devant de la scène. Uriel échangea un regard interrogatif avec Matthias, ce à quoi l’homme haussa les épaules. Mary n’était pas d’un tempérament très gai, elle n’était pas tout le temps déprimée mais disons que la voir dans cet état était nouveau, et ça attisait la curiosité d’Uriel.
« On ne va pas attendre Arthur il prendra en cours de route, expliqua-t-elle en retirant son manteau ainsi que ses chaussures »
Afin d’avoir une meilleure adhésion sur le sol en bois ciré de la scène, tout le monde devait retirer ses chaussures et rester en chaussettes. Puis, ça apportait une ambiance plus légère.
« Donc ! Cloé positionne-toi pendant que Khais est sensé finir sa réplique, les deux obéirent sans problème tandis que Mary ajustait l’emplacement de Cloé »
Les autres restèrent assis contre le mur de droite, observant la scène en attendant patiemment leur tour.
« Très bien, Mary claqua des mains et le silence tomba comme d’habitude, le rideau s'ouvre sur Yaël à genoux près d’une rivi��re, on devine qu’il boit pendant qu’une musique est censée installer un sentiment de paix. Cloé c’est quand tu veux »
Le jeune femme avait mis ses longs cheveux blonds dans un chignon imparfait qui lors de la vraie répresentation sera camouflé avec des plumes blanches et fleurs. Le choix de faire jouer un femme pour un ange et un homme pour une corneille était volontaire de la part de Mary, elle disait toujours qu’un comédien devait être capable d’incarner le genre opposé. Matthias n’avait pas été de cet avis au début, mais grâce à quelques explications venant d’Uriel, il avait fini par tomber d’accord sur le sujet.
« Oh père, que dois-je faire pour cesser ce châtiment que tu m’infliges, commença à voix basse Cloé, dois-je faire le mal ? Dois-je désobéir à mes convictions intimes pour m’épargner ce dur supplice ? »
Cette scène avait été compliquée pour Cloé à apprendre et surtout à interpréter, elle ne parvenait pas à garder ce mi-ton assez doux pour être celui attendu et assez puissant pour résonner à travers toute la salle. Mary l’avait beaucoup aidé là-dessus, lui donnant des exercices de respirations pour canaliser sa voix et ses intentions, mais aussi des vidéos à regarder pour que son oreille s’habitue à ce ton particulier. Au bout du compte, elle parvenait à réciter son texte comme demandé, et comme toujours avec elle, la scène était émouvante. Uriel admirait sincèrement Cloé car malgré son jeune âge, elle réussissait à comprendre la demande qui lui était faite. Puis, elle était douée, tout le monde le voyait ici. Matthias avait même dit que si un jour quelqu’un venait chercher de futur comédiens, il hésiterait très certainement entre elle et Uriel, mais bien sûr le jeune homme en question avait gentiment rit, disant qu’il n’y avait aucune compétition possible entre lui et l’adolescente.
« Que fais-tu de ce pauvre oiseau ? Ce pauvre maudit, maudit par sa couleur et la signification que l’on lui attribue. N’es-tu pas touché par son histoire ? Ne souhaites-tu pas faire taire ses souffrances et lui accorder la libération qu’elle demande ? Je connais ta bonté mon père, accordes-moi ce souhait je t’en prie »
Uriel se releva sans un bruit, préparant son entrée tout en récitant dans son esprit ses mots. Son gilet à présent ouvert, il le laissa glisser le long de ses bras avant de le poser en boule dans un coin. Pour lui le plus compliqué était toujours les premières phrases, il avait constamment peur de les rater ou de les oublier. S’il se trompait au milieu ce n’était pas grave, son erreur pouvait passer inaperçue, alors que pour le premier mot c’était totalement différent.
Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premières lumières, se répèta en boucle le jeune homme, mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premières lumières.
Cloé laissa tomber une plume de ses cheveux, c’était son signe.
« Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premières lumières ! Déclara mélancoliquement Uriel en arrivant sur le milieu de la scène »
« Oh Danielle ! Oh mon pauvre oiseau ! S'exclama Cloé, comme tes plumes sont ravissantes ! »
La tête du jeune homme tournant d’un côté pour exprimer sa gêne, il joua un sursaut lorsque Cloé attrapa entre ses mains son bras. Pour ce rôle, Uriel allait devoir porter une tenue entièrement noire sur laquelle serait collée plusieurs plumes de la même couleur, et comme Cloé, des plumes dans les cheveux. Il avait proposé de disposer ces dernières de manière à ce qu’elles descendent dans sa nuque, afin de faire une illusion de cheveux plus longs et une apparence plus féminine.
« Je t’en prie ne compare pas ces atrocités avec la beauté qui rayonne de ta robe, commença Uriel, se retournant pour marcher dos à l’ange, tes plumes illuminent les cieux et renvoient la lumière divine sur les oiseaux comme moi. Elles sont créées pour faire bouillir de jalousie les plus gracieux paons, elles représentent la Paradis et ses disciples, récita tristement la corneille en pointant le ciel. Ne compare pas ma malédiction avec ta bénédiction, tu risquerais d’irriter les cieux. Ma place est déjà permise sur une terre aussi belle que la nôtre, ne compare pas mes monstruosités avec une chose qui ne doit être attribuée qu’à la lumière. Il émit une courte pause. Oh mon ami, ne compare pas le crépuscule avec l’aube ! »
Un silence tomba dans la salle alors qu’une larme coula le long de la joue d’Uriel. Sa partenaire de scène, les lèvres entrouvertes, joignit ses mains dans un applaudissement, et bien vite les autres la suivirent. Sortant peu à peu de son monde dramatique, le jeune homme regarda ses camarades avec incompréhension. Il passa sa main contre sa joue pour y essuyer l’humidité, et se mit à sourire malgré lui en comprenant petit à petit la raison de ces applaudissements. Matthias se leva en premier et effectua un signe de révérence qui fit doucement rire Uriel.
« Est-ce que tu veux bien comprendre tous mes compliments maintenant ? Tu es talentueux jeune homme, que tu le veuilles ou non, commença Matthias, accompagné par plusieurs hochements de têtes derrière lui »
Mary se retourna vers le fond de la salle, semblant sourire à quelque chose dans la pénombre, avant de s’avancer.
« Matthias a raison, c’est clairement la meilleure version que tu as fais jusqu’à présent, elle lui sourit »
Le jeune homme voulut bégayer des remerciements, sentant une véritable gratitude au fond de lui, mais un applaudissement le stoppa net. Il n’eut pas besoin de regarder les élèves pour comprendre que cela ne venait pas d’eux, ça venait de droit devant, haut sur les marches. Uriel s’avança timidement sur la scène pour tenter d’y voir plus clair, mais bien vite l’inconnu se mit de lui-même dans la lumière.
Un poids tomba dans l’estomac du jeune interprète, et il ne fut pas le seul surpris. Toujours contre leur mur, les apprentis comédiens se mirent chacun leur tour à écarquiller les yeux dans des grimaces de plus en plus ridicules.
« Je vous ai parlé de mon ami hier, expliqua gaiement Mary, il se trouve qu’il est arrivé plus tôt que prévu, alors je vous présente James »
Comme s’il s’agissait d’un simple homme, il sourit aux élèves qui étaient toujours sous le choc, et plus particulièrement à une jeune corneille. Avec agilité, il monta sur la scène, se stoppant devant ce joli oiseau.
« Enchanté, James, se présenta poliment l’acteur, Mary m’avait parlé d’un potentiel talent et je suis ravi de te voir en personne Uriel »
Peut-être qu’il murmura un “bonsoir”, mais lui-même n’était sûr de rien à cet instant.
Tout ce qui tournait dans son esprit bouleversé était cette tirade, cette tirade que ce matin encore il récitait innocemment dans la rue.
Je t’aime, j’ai besoin de toi, je te veux. Et je me réveille avec ta voix résonnant dans ma tête. Je te regarde et je ne peux pas me concentrer.
Je suis honteux, je suis en colère, je suis amoureux, je suis fou, je suis heureux, je suis mort, je suis vivant, je suis stupide, je suis sans mot.
Je t’écris des lettres, et je les détruis, puis je t’en écris de nouvelles. Je t’idéalise, je t'humilie, je te déshabille. Je regarde à travers tes yeux, j’embrasse tes yeux. Je te pousse contre le mur, mais tu repousses, tu repousses. Ton corps veut le mien, tu embrasses ma bouche, tu mords ma lèvre. Tu fais couler le sang. Tu es en feu, tu es en feu.
Le monde entier s’illumine, et je brûle, et je brûle d’amour.
Le monde entier s’illumine, et ce soir, et cet homme. Et ta voix s’illumine.
Je n’ai pas de patience, je n’ai pas d’esprit, je n’ai pas de repos, je n’ai pas de maîtrise, je n’ai pas de honte. Je n’ai aucune autorité sur moi, je pourrais attendre des heures pour un regard avec toi, et finalement ne pas t’adresser la parole du tout. Je ne peux pas parler, je ne peux pas arrêter de parler, je ne peux pas arrêter de regarder.
Je fais de toi un objet, je te désire. Je t’écris, j’écris pour toi. Je déchire tout ce que j’ai déjà écrit pour toi ou sur toi, je brûle mon corps vif pour toi. Je t’idolâtre, je te dévêts, je te déshabille. Je retire le plus petit bouton de ta manche.
J’embrasse ta taille, j’embrasse ton cou, j’embrasse ta nuque. J’embrasse ton poignet, et je suis muet.
Je suis muet.
Tout ce que je peux dire est que je veux, je veux, je veux. Il n’y pas de poésie, il n’existe aucune structure permettant de donner un sens à tout cela. À part je veux, je veux, je veux.
James masterlist
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selidren · 4 months
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Printemps 1919 - Champs-les-Sims
4/4
Par ailleurs, je tenais à vous entretenir d'une affaire qui me touche énormément ces derniers temps, et j'espère que je trouverai en vous une oreille attentive. Vous seriez presque la seule dans mon entourage.
Je ne sais si Jules vous en avait parlé, mais quand ma chère Marie est morte, elle venait de mettre au monde la petite Jeanne, et laissait également derrière elle (en plus de son fils), deux autres filles : Emma et Anne. Adelphe était alors encore hospitalisé à Compiègne et il était si bouleversé qu'à son retour, il est revenu habiter à la Butte-aux-Chênes. Ses filles résident chez leur tante Jacqueline, la soeur de Marie. Quand à Alexandre, il s'est aménagé un appartement dans le petit théâtre où il vit presque comme un reclus. Cet arrangement m'est apparu naturel pendant un temps, sans compter que dès qu'Adelphe et son fils sont dans la même pièce, le ton monte très rapidement. Récemment, les nouvelles rancunes d'Alexandre envers son père sont que ce dernier ne visite pas assez leurs soeurs. Lui-même est à cet égard un frère modèle, et ses soeurs sont la prunelle de ses yeux. Je n'y ai d'abord pas cru, car Adelphe est parti régulièrement de la maison pour les voir, et ce n'est pas son genre de mentir. Mais Jacqueline a pu certifier à Madame Eugénie que cela fait à ce jour des mois qu'Adelphe n'est plus assidu, qu'il manque de nombreuses visites chez ses filles.
Selon Madame Eugénie, Adelphe ne supporte pas de poser les yeux sur la petite Jeanne. Non pas qu'il lui reproche la mort de sa mère, mais plutôt que la petite ressemble tellement à Marie qu'il en a pleuré à plusieurs reprises. Notre matriarche accueille cette situation avec un fatalisme qui est apparemment une sorte d'habitude chez elle. Elle trouve tout cela regrettable, mais gare à qui oserais critiquer Adelphe !
Je pense très sincèrement qu'elle n'en a pas forcément conscience, mais qu'Adelphe est son préféré parmi ses petits-enfants, et au vu de son histoire, c'est compréhensible. Je comprends également que tout cela ait été très dur pour mon beau-frère, et que les expériences qu'il a vécues suffisent à changer un homme, mais je ne reconnais pas le père affectueux qu'il était, celui qui s'asseyait avec son fils pour l'aider à faire ses calculs, qui lui ébouriffait les cheveux avec affection, et qui regardait chacun de ses enfants comme si ils étaient les merveilles qui illuminent son existence. Je suis d'autant plus affligée que personne ne lui dit quoi que ce soit, et qu'en plus, il ne s'agirait pas de le remettre sur le droit chemin. A ce titre, même si je n'ai pas son caractère impulsif et colérique, je rejoins le point de vue d'Alexandre. Peu importe à quel point c'est difficile, les filles ont besoin de leur père. La petite Jeanne a à peine deux ans, et elle ne le voit presque jamais ! J'ai donc adopté une certaines distance et un ton assez froid quand je m'adresse à mon beau-frère, afin de lui faire connaître ma désapprobation. Constantin ne l'a bien entendu pas compris (il ne voit même pas en quoi la situation est problématique), mais j'ai enfin réussi à lui faire comprendre qu'il s'agit là de mes rapports avec Adelphe et que cela ne le concerne pas. Quand à Adelphe, il s'est montré blessé par mon comportement, ce qui était le but de la manoeuvre, mais il lui reste assez de dignité pour me le reprocher. Son visage se pare toujours d'un air profondément honteux quand je m'adresse à lui, et j'espère qu'ainsi, j'arriverai à le faire revenir à la raison.
J'ai conscience que cette situation vous parait bien complexe. Figurez vous par exemple que j'ai songé à plusieurs reprises à écrire une lettre à Alexandre pour lui faire savoir que j'étais d'accord avec lui, mais j'ai finalement renoncé, de crainte que Madame Eugénie n'en entende parler. Je ne tiens pas à ce qu'elle me mène la vie dure au nom de ce qu'elle considère comme un tabou. C'est sans doute à ce moment que j'ai définitivement fait le deuil de l'idée que je serai un jour maîtresse en ma propre maison.
Avec l'assurance de toute mon affection,
Albertine Le Bris
Eugénie « Oh comme elle a grandit ! C’est incroyable ! Bonjour Jeanne, reconnais-tu ton arrière-grand-mère ? »
Jacqueline « Cela fait plaisir de vous voir Madame Le Bris. »
Eugénie « De même Jacqueline, vous ne savez pas à quel point je vous suis reconnaissante de vous occuper des petites. Je ne suis plus de première jeunesse et Albertine est dans la période caporal de la maternité. »
Jacqueline « La période cap… ? »
Eugénie « Oui, vous savez. Ce moment où une mère doit régler les conflits entre un groupe d’adolescents geignards et les mettre au pas comme un sergent chef. Comme tu es mignonne Jeanne ! Tu m’appelleras Grand-Mère, ce sera plus simple. »
Eugénie « Quelle adorable petite. Elle ressemble tant à sa Maman... »
Jacqueline « C’est vrai… C’est parfois difficile de la regarder sans voir Marie dans ses yeux. »
Eugénie « Vous savez Jacqueline, si notre petite Jeanne ressemble tant à votre sœur, c’est de famille ! J’ai pleuré tant de fois en voyant le visage de sa mère dans celui d’Adelphe, tant celui-ci ressemble à ma Lazarine. »
Jacqueline « Adelphe oui… Dites-moi Madame Le Bris, quand Adelphe a t-il prévu de venir voir ses filles ? Je sais que ses relations avec Alexandre sont… quelques peu tendues, mais Anne et Emma n’ont pas vu leur Papa depuis longtemps, et elles le réclament. »
Jeanne « Papa ? »
Eugénie « Je ne comprends pas. N’est-il pas venu vous voir la semaine dernière ? »
Jacqueline « Pour être honnête avec vous Madame Le Bris, cela fait presque un mois que je ne l’ai pas vu. »
Eugénie « Un mois ? Mais c’est bien trop longtemps ! Il a du être pris par les affaires du domaine, je ne vois que cela. Adelphe a toujours été un père exemplaire, et je suis bien placée pour le savoir, c’est moi qui l’ai élevé ! »
Jacqueline « Ecoutez. Avant le décès de Marie, j’étais de votre avis. Mais cet événement l’a profondément changé. Lui plus que tous les autres voit Marie en Jeanne, et à chaque visite, c’est comme si il tentait de toutes ses forces de ne pas la regarder. Il n’a pas levé les yeux sur sa fille de deux ans depuis une éternité Madame ! Il vous a toujours écoutée, je vous en prie... »
Eugénie « Je pense que vous me prêtez un pouvoir que je n’ai sans doute pas. Je… je ne savais pas la situation si grave. Mais cette petite n’a déjà pas connu sa mère, elle a besoin de son Papa. Je ferai ce que je peux. »
Jeanne « Papa ? »
Eugénie « Oui, ma petite chérie. Ta Grand-Mère va te ramener ton Papa... »
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