#une vieille maîtresse
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weirdlookindog · 6 days ago
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Félix-Hilaire Buhot (1847–1898) - “La Blanche Caroline” (Pale Caroline)
illustration from Jules Barbey d'Aurevilly's novel ‘Une vieille maîtresse’ 1874
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bebemoon · 3 months ago
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roxane mesquida in “une vieille maîtresse” (2oo7), dir. catherine breillat .
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doctorphagliacci · 2 years ago
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still from Une vieille maîtresse (literally translated as "an old mistress", English title The Last Mistress) (2007), dir. Catherine Breillat
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301-302 · 1 year ago
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Une vieille maîtresse (The Last Mistress | Catherine Breillat | 2007)
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moafloribunda · 2 months ago
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hello there, dark lord ll bangchan
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pairing - bangchan x afab!reader
tw - magie, pouvoirs surnaturels, démons, à peiiiiiiine suggestif (si on plisse les yeux)
✧ inspiré par les photos concept et le clip de Railway (oops)
Un éclair déchire le ciel au moment où je tourne la page de l’épais grimoire ouvert sur mes genoux, me faisant sursauter. 
Mon corps se crispe sur le fauteuil, mes doigts pressés sur le papier ancien. Légèrement froissé par le passage du temps et les manipulations de ses anciens propriétaires, il dégageait une odeur particulière. Une fragrance de pommes et de cendre, qui faisait se serrer ma gorge sans aucune raison. Comme si ce parfum s’était déposé à sa surface et l’avait imprégnée, laissant sa marque à tout jamais dans la fibre. Le cuir de la couverture semblait avoir vécu des épreuves, mais l’améthyste d’un violet profond incrustée en son centre me donnait le sentiment de luire au beau milieu de la pénombre. 
Je l’observe une poignée de secondes, captivée par les reflets que je percevais à l’intérieur, semblables à des volutes de fumée figées à tout jamais dans la pierre translucide. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et je relève le nez, jetant un coup d'œil par la fenêtre. 
La voûte céleste était d’un noir profond, comme un gouffre sans fond prêt à tout avaler et la pluie battait violemment contre la fenêtre. Un nouvel éclair traverse le ciel et parcourt plusieurs centaines de mètres avant de s’évanouir aussi vite qu’il était apparu, suivi quelques instants plus tard d’un grondement menaçant. En plissant les yeux, j’apercevais les arbres ployer sous la violence du vent au dehors, malmenés par le déchaînement des éléments.
J’aimais l’orage et il ne m’avait jamais particulièrement effrayé. Pire encore, j’y trouvais une certaine forme de fascination. Il y avait quelque chose d’étonnant dans la manière dont la nature pouvait se faire brutale et sombre, rappelant aux pauvres mortels que nous étions qu’elle restait la maîtresse incontestée. Tout ce qu’elle offrait, elle pouvait le reprendre en un claquement de doigts. 
Mais il y avait quelque chose de différent dans l’air, ce soir. 
Quelque chose sur lequel je n’arrivais pas à mettre de mots, une sensation qui persistait sur le bout de mes doigts, sur le creux de ma langue. 
Je retourne néanmoins à ma lecture, retrouvant la ligne à laquelle je m’étais arrêtée et je suis les lignes manuscrites, effleurant les courbes délicatement calligraphiées du regard. L’ouvrage avait attiré mon attention sur un étalage et je n’avais pas pu réfréner l’attraction que j’avais ressenti à son égard, remarquant à peine que je m’étais approchée pour l’observer de plus près. 
Utilisez-le avec une extrême précaution.  
Ces mots, prononcés par le vieil homme qui me l’avait vendu résonnaient encore dans un coin de ma tête et je mords ma lèvre inférieure. Pourtant, ce n’est pas comme si je comptais faire quoi que ce soit des textes inscrits à l’intérieur du grimoire, qui se résumait à de vieilles recettes à base de plantes et des rituels pour résoudre certains maux du quotidien. Cependant, des annotations en latin étaient apparues après quelques pages, glissées ici et là dans les marges de certains chapitres et j’avais été de plus en plus intriguée par leur signification. 
Les commentaires me semblaient avoir été écrits à la hâte, comme si la personne n’avait pas eu beaucoup de temps devant elle pour le faire et l’encre avait légèrement perdu de son intensité au fil des années, compliquant la lecture.
Mes sourcils se froncent en tournant la page suivante, mes lèvres se plissant devant l’aspect étrange de celle-ci. Des phrases avaient été griffonnées en pattes de mouche à côté d’un croquis botanique d’une plante de belladone, connue pour ses propriétés obscures. Et elles avaient été entourées plusieurs fois, si brusquement que la plume avait presque percé la feuille. Des tâches sombres parsemaient le papier, comme des gouttes d’encre projetées de manière totalement aléatoire et je passe mes doigts sur ma nuque pour chasser la sensation étrange qui s’y était logée.
Je me racle la gorge, jetant un regard à la pièce. La lune projetait des ombres dans le salon, jouant avec les contours des meubles et il était si facile de laisser parler son imagination devant ce spectacle aux allures lugubres. Pourtant, je n’avais que la nuit et l’orage qui s’abattait avec brusquerie à l’extérieur de ma maison pour seuls compagnons, mon chat retranché sous mon lit à l’étage. Puis je commence à déchiffrer les lignes manuscrites à voix basse, les sourcils froncés. 
Princeps Nigrum, tibi gratissimum adventum in domum meam exopto. Accipe vocationem meam et veni ad me. 
Prince Noir, je vous souhaite la bienvenue chez moi. Acceptez mon appel et venez à ma rencontre.
Tout devient noir au moment où je finis de déchiffrer les lignes à voix haute, la lampe sur la table de chevet s’éteignant d’un seul coup. La fenêtre s’ouvre au même instant, claquant violemment contre le mur et m’arrachant un hoquet de surprise. La pluie battante s’engouffre à l’intérieur du salon, poussée par le vent et je referme le grimoire d’un geste sec, le pressant contre ma poitrine. Puis je me redresse afin d’aller fermer la fenêtre, avançant prudemment jusqu’à celle-ci pour glisser le loquet à sa place initiale et éviter qu’elle ne recommence à cause d’une autre bourrasque.   
Mon cœur battait à tout rompre dans ma cage thoracique et le bruit de la tempête semblait atténué par les mots qui tournoyaient sans cesse dans le creux de ma tête.
Prince Noir, je vous souhaite la bienvenue chez moi.
 Il y avait quelque chose de profondément dérangeant dans la prière inscrite à l’intérieur du grimoire et il n’était pas difficile de comprendre à quoi elle faisait référence. Il n’y avait pas beaucoup d’entités que l’on décrivait comme telles, mais le simple fait de l’avoir évoqué à voix haute me donnait le vertige. Je ne croyais pas particulièrement aux esprits et à la magie en tant que pratique spirituelle, mais ma grand-mère m’avait toujours dit de ne pas sous-estimer le pouvoir des mots. Et la sensation grouillante sur mes bras nus ne m’aidait pas à relativiser les choses.
Je frissonne au contact de l’eau sous mes pieds nus, reculant prestement pour atteindre le mur et allumer la lumière. Je n’étais pas superstitieuse, cependant ça ne coûtait rien de récupérer du romarin pour le brûler dans le salon et effacer le souvenir des dernières minutes. Mon appréciation de la magie résidait dans les propriétés des plantes sur le corps et l’esprit, ainsi que du pouvoir des pierres, d’où mon intérêt premier pour le manuscrit. Je n’avais pas prévu qu’il contiendrait de quoi invoquer un démon entre ses pages et je faisais juste preuve de prudence en cherchant à purifier la pièce.  
Je pivote pour rejoindre la cuisine avant de laisser échapper un hurlement strident.
Une silhouette était assise dans mon fauteuil, une jambe nonchalamment posée sur l’accoudoir. 
Mon corps se raidit et mes doigts se crispent sur le cuir du grimoire, toujours serré contre ma poitrine. Mon cœur, lui, battait à tout rompre et j’avais la sensation qu’il menaçait de s’échapper au moindre instant. Et toute parole se meurt dans ma gorge quand l’homme relève la tête, un œil glacé croisant les miens à travers les ombres qui se mouvaient tout autour de lui.
Mon corps était comme paralysé et je sentais une onde me parcourir de haut en bas, sinuer le long de mon dos et caresser mes épaules avant de redescendre de l’autre côté. Comme si des doigts frais s’étaient enroulés autour de mes chevilles, me maintenant clouée au sol. Je savais que même si j’essayais de faire un pas en arrière, je n’allais pas pouvoir y arriver. Je le sentais. Il y avait quelque chose qui m’empêchait de bouger, qui me retenait prisonnière de mon propre corps. Et la panique grossissait en moi, de plus en plus vite, faisant pulser le sang dans mes tempes. 
Je me faisais l’effet d’une biche entre les phares d’une voiture, incapable de fuir, destinée à subir l’impact imminent. Sauf que le choc ne venait pas et que les secondes s’étiraient, interminables.      
— Approche, souffle-t-il d’une voix autoritaire.
Claire, limpide comme de l’eau de source, mais elle aussi enrobée des mêmes ténèbres que celles qui cherchaient à se lover contre lui. 
Mes bras se couvrent de chair de poule et je cherche à lutter contre la force qui me garde immobile, paniquée à l’idée de me retrouver proche de lui. Mon regard ne s’était pas détaché du sien, de ses iris troublants par leur disparité. Un iris aussi noir que le ciel au-dessus de nos têtes, l’autre d’une telle clarté qu’il était difficile de le distinguer de la sclérotique. Tous deux semblaient m’observer sans relâche, comme deux puits sans fonds dans lesquels il semblait si facile de se noyer.  
Ses sourcils se froncent un instant, puis un sourire narquois étire ses lèvres charnues. 
— Approche. 
Mon corps se met en mouvement, comme dissocié de mon esprit et je fais un pas en avant. Puis un deuxième.  
Sa voix avait résonné dans le creux de ma tête comme une vibration impérieuse et à laquelle il était impossible de déroger, un appel qui ne pouvait pas être laissé sans réponse. Et j’éprouvais la traction qui me tirait vers lui, comme une corde nouée autour de ma taille et reliée à sa main posée négligemment sur son genou, battant la mesure. 
Non.
Mon cri intérieur éclate à son tour et je débats dans les méandres de ma conscience pour rompre le lien qui nous rattachait l’un à l’autre, pour refuser l’ordre qui m’était imposé. Les mètres qui nous séparaient se réduisaient à vue d'œil et je me sentais suffoquer, le cœur au bord des lèvres. 
Tout ça n’avait pas le moindre sens. 
L’espace d’un court moment, je me surprends à penser que je rêve, que tout ça n’est que le pur fruit de mon imagination. Parce que ça ne pouvait pas être possible. Il ne pouvait pas y avoir un démon dans ma maison. Ils n’existaient que dans les croyances populaires, dans les manuscrits religieux, fruits de l’imagination débordante de l’être humain pour donner un corps à leurs plus grandes peurs. Mon cerveau refusait l’information et je cligne des yeux un instant pour tenter de balayer l’illusion. 
Mais il était toujours là, majestueux et drapé d’obscurité. 
En approchant de lui, j’aperçois les contours de son visage et les mèches sombres qui l’encadrent, retombant gracieusement sur ses tempes. La manière dont le tissu de sa veste en cuir noir s’étirait sur ses larges épaules, tranchant avec le blanc nacré de la chemise que je distinguais au dessous. La différence troublante entre ses yeux, comme deux pôles réunis au même endroit, se battant en duel dans un seul et même corps. La courbe de sa bouche, étirée par une expression de pure satisfaction.
Mon regard suit le mouvement de sa langue lorsqu’elle se glisse sur ses lèvres pour les humidifier et je sens mon ventre se contracter.
Il était d’une beauté effrayante, de celles qui laissaient une impression perturbante parce qu’elles inspiraient tant la crainte qu’une fervente admiration. Comme si l’on avait tiré le négatif d’une photographie et que l’on se rendait compte qu’elle avait plus d’attrait que le cliché original. Une peinture en clair-obscur, faite d’ombres relevées par d’infinies touches de lumière. Mais on disait souvent que les démons étaient autrefois des anges et ça ne m’avait jamais semblé aussi juste qu’à cet instant.
Son pouvoir me tire sur les derniers mètres et je m’arrête devant lui, la gorge serrée et le souffle court. Avant de me figer net aux effluves qui me parviennent, étonnement familières. 
Un mélange de pomme et de cendre. 
Je déglutis, les jambes flageolantes. Il décroise les siennes avant de tendre la main devant lui, sa paume tournée vers le ciel. Mes bras relâchent leur emprise sur le grimoire, celui-ci tombant lourdement à mes pieds et j'halète, l’oxygène semblant déserter mes poumons. Ses doigts frôlent la peau tendre de mon poignet avant de s’enrouler autour de celui-ci, me faisant basculer en avant. Je m’écrase contre lui avec un glapissement, à moitié avachie sur ses cuisses et les mains posées sur le cuir glacé de sa veste pour me stabiliser.
Mon souffle se coupe à cet instant et le temps me semble suspendu, comme cristallisé dans l’espace exigu de mon salon. 
— Tu as beaucoup de conviction pour quelqu’un qui ne savait même pas ce qu’elle était en train de réciter à voix haute. 
Un souffle caressant échoue contre mon visage et je me rends compte à cet instant d’avoir fermé les yeux. Mes joues étaient brûlantes et le nœud dans ma gorge semblait grossir un peu plus à chaque seconde, bloquant l’afflux d’air dans mes poumons. 
Je le repousse des deux mains pour m’extraire de son emprise, mais les siennes se posent sournoisement sur mes hanches pour garder serrée contre lui et la profondeur de mon impuissance me donne le tournis. 
J’étais à sa merci. 
— Ouvre les yeux, petit oiseau.
Je presse mes lèvres l’une contre l’autre, les doigts crispés sur le tissu velouté de sa veste et je sentais l’humiliation se répandre comme un feu de forêt sur ma peau. 
Mais je ne voulais pas rendre les armes, je ne voulais pas qu’il puisse croire qu’il avait l’ascendant sur moi. Il était dans ma maison. Il était là parce que je l’avais invité, même si ce n’était pas de façon volontaire. Et ce n’était pas à moi de me plier à ses règles, peu importe la troublante fascination qu’il exerçait sur mes sens. 
— Qui êtes-vous ? je murmure en rouvrant les yeux.
Il se penche dans ma direction, réduisant l’espace déjà ridicule entre nous. Ses lèvres flottaient à la surface de ma joue, ses doigts me donnant l’impression d’embraser ma peau à travers le tissu de mon pull.  
— Tu m’invoques mais tu ne sais même pas qui je suis ? Quelle négligence. 
Sa voix était mesurée, onctueuse comme du miel et pourtant pleine de fêlures. Mais sa nonchalance m’irritait et je mords l’intérieur de ma joue pour m’astreindre au calme.
— Je vous ferai dire que je n’ai pas eu besoin de votre nom pour vous faire venir ici, je finis par rétorquer avec un air dédaigneux. 
Il éclate de rire, son torse traversé par des soubresauts avant de se stabiliser sous mes mains. Un rictus étire sa bouche et ses doigts reprennent leur battement mesuré, cette fois contre ma hanche. 
— Tu es étonnante. 
— Ravie de constater qu’il y a au moins une personne ici qui s’amuse, je grommelle entre mes dents.
L’une de ses mains se détache de ma taille pour attraper mon menton entre le pouce et l’index, me faisant me figer d’un seul coup.  
Sa poigne était ferme et je savais qu’il pouvait me briser la mâchoire en l’espace d’une seconde si l’envie lui prenait. Mais elle restait étonnamment délicate, comme s’il tenait un objet précieux dans le creux de la main. Il se contentait de faire bouger mon visage de gauche à droite pour l’étudier sous tous les angles, plissant les lèvres d’un air vaguement appréciateur. 
Comme si la tension contenue dans le bout de ses doigts était le pur fruit de mon imagination.
Ses yeux hétérochromes m’observent sans relâche, scannant le moindre recoin de ma figure et je sens mon cœur tambouriner à toute allure dans ma cage thoracique.  
— Tu as peur ? finit-il par me demander, dans un souffle.
Je prends une seconde pour réfléchir à ma réponse et elle me surprend moi-même.
— Non. 
Je ne pouvais pas définir ce que je ressentais comme de la crainte à son égard. Peut-être au moment où je l’avais découvert dans mon salon alors qu’il n'était pas censé s’y trouver et que je l’avais senti prendre le contrôle de mon corps pour m’attirer jusqu’à lui. Mais à l’instant présent, tout était confus. Mes signaux internes me hurlaient de me méfier, de mettre autant de distance que possible avec lui parce qu’il représentait le danger à l’état pur et qu’il avait le pouvoir de me réduire en pièces en un claquement de doigts. 
Pourtant, il ne l’avait pas fait.
— Tu devrais, pourtant.
Mes iris tracent les contours de son visage, de ses mèches sombres à la courbe sensuelle de sa bouche et ça ne m’inspire pas la moindre crainte. Même la manière dont il me tenait contre lui était étonnamment courtoise, compte tenu de notre position. Si je m’étais sentie gênée les premières secondes, ce n’était plus le cas. Et je n’arrivais pas à savoir si c’était à cause de la manière dont il se comportait avec moi ou si c’était dû à la chaleur qui se répandait sur ma peau au passage de ses doigts.
— Qu’est-ce que vous voulez ? je murmure, en lissant nerveusement le revers de sa veste en cuir pour m’occuper les mains. 
Il hausse un sourcil, délaissant mon visage pour déposer son bras sur l’accoudoir du fauteuil. 
— Ce que je veux ?
Ses doigts effectuent une infime pression contre ma hanche. Si légère qu’elle me donne l’impression de l’avoir rêvée, l’espace d’un instant. Pourtant, son geste me tire un frisson qui remonte le long de ma colonne vertébrale. 
— Beaucoup de choses, poursuit-t-il avec gravité, sans me quitter du regard. Mais ça n’a pas d’importance. La raison de ma présence, c’est que toi tu désires. 
Sa voix résonne dans la pièce, vibrante et je la sens ramper sur mes bras nus, cherchant à se glisser sous ma peau.
— Je n’en sais rien, j’avoue au bout de quelques secondes. 
— Je n’y crois pas, rétorque-t-il en penchant la tête sur le côté. Vous les humains, vous avez tous quelque chose pour lequel vous vous languissez dans le noir. Quelque chose que vous gardez précieusement caché, juste là.
Son index flotte à la surface de mon tee-shirt, à l’endroit même où se situait mon cœur et ma respiration se coupe l’espace d’une seconde.
— La richesse. Le pouvoir. L’amour. La mort. Ou l’absence de celle-ci. Il y a toujours un secret qui sommeille là-dessous, nourri année après année par la frustration et l’envie. Quel qu’il soit. 
Ses lèvres s’étaient retroussées en un sourire moqueur au fur et à mesure de ses explications.  
— Certains n’ont pas la moindre hésitation à ce sujet. Et c’est amusant de constater à quel point les plus fiers d’entre eux sont prêts à se mettre à genoux pour l’obtenir, raille-t-il en tapotant distraitement son menton du bout du doigt. Alors je te le demande à nouveau, Stay. Qu’est-ce que tu désires le plus en ce monde ?
Mon estomac s’était contracté à l’entente de mon surnom. 
— Je ne sais pas. 
— Menteuse, souffle-t-il, le visage toujours orné de ce rictus affreusement agaçant.  
— Je ne sais pas ! je m’écrie, les sourcils froncés. C’était un accident ! Je n’avais prévu d’invoquer un démon dans mon salon ! 
Je le repousse des deux mains et cette fois il me laisse faire, se contentant de me fixer pendant que je me redresse sur mes deux jambes. 
— Pourtant tu l’as fait. Je suis là, rétorque-t-il en se désignant d’un vague geste du bras. Et j’attends toujours une réponse de ta part.
J’éprouvais encore la sensation de ses doigts posés sur ma hanche, comme s’ils avaient laissé une empreinte brûlante sur ma peau. Mais je respirais mieux depuis que je m’étais éloignée de lui et de son parfum intoxicant. Néanmoins, maintenant que je me trouvais debout devant lui, je me sentais à l’étroit dans mon propre corps.
— Je n’en ai pas à vous donner. Combien de fois est-ce qu’il faut que je le répète ? Vous ne pouvez pas aller importuner quelqu’un d’autre ? je l’interroge, en me mettant à faire les cents pas sur le tapis. 
— Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui aime perdre son temps ? 
Je m’arrête net, ma tête pivotant dans sa direction. Et c’est là que je comprends son insistance. 
— Vous ne pouvez pas partir.
— Bingo, lâche-t-il amèrement en claquant des doigts.
Ma gorge se serre et je replie mes doigts contre la paume de mes mains. 
Il était bloqué ici. Et si je comprenais bien, la seule solution pour le faire partir consistait à ce qu’il exauce l’un de mes souhaits. 
Mais toutes les choses qu’il avait énoncées plus tôt ne m’intéressaient pas. Tout ce que je voulais, c’était pouvoir être libre. C’était bien la raison pour laquelle j’avais décidé de m’exiler dans cet endroit reculé, là où personne ne pouvait m’atteindre. Et marchander avec un démon, c’était se condamner à la redevance. Il était de notoriété commune qu’ils demandaient toujours quelque chose en échange et qu’ils ne manquaient jamais à leur devoir de le réclamer en temps voulu. Je savais que je faisais affaire avec une entité dont les pouvoirs me dépassaient de très loin et je devais rester prudente.
Pourtant, la tentation était là, flottant dans un coin de ma tête. 
Je pouvais demander pratiquement n’importe quoi. Le simple fait d’avoir cette possibilité entre les mains me donnait le tournis. Il était difficile de réprimer l’avidité presque primitive que j’éprouvais à l’idée de pouvoir exiger quelque chose et de l’obtenir sans avoir à faire quoi que ce soit pour cela. C’était une occasion qui ne se représenterait jamais dans une vie, j’en avais conscience et c’était ce qui me retenait de demander la première chose qui me venait à l’esprit dans le simple but de le faire déguerpir. Donc j’allais prendre le temps qu’il faudrait pour lui donner une réponse à la hauteur de la “chance” qui m’avait été donnée.
Peut-être que ça allait me permettre d’assouvir la curiosité que je ressentais à son égard.
Je n’avais pas la moindre expérience en matière de démon parce qu’il était le premier auquel je faisais face, néanmoins il ne ressemblait pas au portrait que l’on faisait de ceux de son espèce. Ou peut-être que j’étais trop naïve et qu’il me manipulait sans même que je ne m’en rende compte. C’était difficile à expliquer parce que ça ne semblait pas avoir le moindre sens, pourtant il me paraissait trop humain pour un démon. 
Son comportement n’était pas celui auquel je m’étais attendu de la part d’une telle créature, presque comme si c’était moi qui lui faisait une faveur en répondant à sa demande. Il s’était contenté de converser poliment, d’attendre sans démontrer la moindre impatience et même s’il avait fait usage de sa magie pour me contraindre, je n’arrivais même pas à lui en vouloir. 
Il était étonnement agréable. Si on pouvait dire ça comme ça. Il restait tout à fait courtois et mon malaise du début s’était évaporé en très peu de temps. Et je n’aurais jamais pensé dire ça d’un démon. 
Mais je ressentais comme une lassitude émaner de lui. Comme s’il faisait ça depuis si longtemps qu’il n’en éprouvait plus le moindre plaisir, comme s’il avait déjà vu toute l’amplitude des désirs de l’être humain et que ceux-ci n’avaient plus vraiment l’intérêt à ses yeux. 
Il n’avait pas tenté de m’amadouer ne serait-ce qu’une seconde, ni de me faire miroiter monts et merveilles pour me pousser à faire un choix. Il patientait, les jambes à nouveau croisées et m’étudiait, comme il le faisait depuis qu’il était apparu dans mon salon. À vrai dire, j’avais l’impression d’être autant un objet de curiosité à ses yeux qu’il l’était aux miens. 
— Je vais y réfléchir, je finis par décréter en haussant les épaules.
Il se redresse sur le fauteuil avant de décroiser les jambes pour se relever. Il n’était pas bien grand, pourtant les ombres qui l’entouraient le faisaient paraître plus imposant sous sa longue veste en cuir. Il me surplombait d’une dizaine de centimètres et je sens ma gorge se serrer sans même pouvoir l’expliquer. Mon corps devait sentir le danger auquel il était exposé, reconnaître la menace potentielle qui se tenait à quelques pas. 
Il soupire, glissant ses doigts dans ses cheveux bruns pour les repousser en arrière. Puis il penche à nouveau la tête pour m’observer. 
— Tu as vraiment décidé de ne pas me faciliter la tâche, hein ? m’interroge-t-il, les lèvres ornées d’un rictus désabusé. 
— Je suis simplement prudente, je réponds en croisant les bras contre ma poitrine.
Il fait un pas en avant, réduisant la distance et je recule par réflexe. Mais il continue d’avancer et je bats en retraite, avant d’être bloquée par un meuble dans mon dos. Il se penche en avant et mon souffle se coupe dans ma gorge en sentant le sien échouer contre mon cou. 
— Estime-toi chanceuse, petit oiseau. Je vais te laisser jusqu’à la fin de la semaine pour faire ton choix, murmure-t-il contre mon oreille. Néanmoins, tu fais bien de garder en mémoire qui je suis et surtout ce dont je suis capable. Parce que tu ne pourras pas m’échapper éternellement.  
Je frissonne, tant par sa proximité que la portée de ses mots. Pourtant, le sourire qui ourle ses lèvres charnues me paraissait en décalage avec le poids écrasant de ses paroles. Comme s’il m’offrait un moment de répit, mais qu’il en tirait lui aussi un certain avantage. Malgré tout, il restait un être de ténèbres, dont les changements d’états d’âme pouvaient changer d’un instant à l’autre. Si tant est qu’ils en possédaient encore une.  
— Vous ne pouvez pas vous en aller tant que je n’ai pas donné ma réponse de toute façon, je lui réponds, même si le manque d’assurance dans ma voix contraste avec l’audace de mes paroles.
Il laisse échapper un rire bas, qui ondule sur ma peau comme la caresse d’un gant de velours. Ses doigts flottent à la surface de mon visage sans le toucher, suivant la ligne de ma mâchoire. Pourtant je ressens leur chaleur comme s’ils s’y étaient posés.   
— Il y a une chose que tu n’as pas encore comprise, Stay : je te fais une faveur en te laissant décider par toi-même. Si tu n’as pas trouvé ce que tu veux au terme de ces quelques jours, j’irai chercher la réponse moi-même. 
Je me fige, levant les yeux vers lui. 
— Comment ça ? 
— Tic tac. Tic tac, petit oiseau. 
Il recule et c’est à mon tour de m’avancer avec les sourcils froncés. 
— Qu’est-ce que ça veut dire ? je demande, la gorge nouée par une subite inquiétude.
Mais il est déjà en train de disparaître, comme avalé par les ombres qui l’entourent. La partie inférieure de son corps n’est plus que noirceur, mais ses yeux luisent d’un éclat sauvage, semblable à la satisfaction d’un prédateur lorsqu’il sait qu’il a réussi à prendre sa proie au piège. 
Cependant, là où j’aurais dû ressentir de la peur, ne subsistait qu’une profonde agitation qui n’avait rien à voir avec de l’effroi.
— Chan. 
Sa voix résonne, d’une étonnante douceur et mes lèvres s’entrouvrent de surprise. Un battement de paupières plus tard, il s’est volatilisé du salon. Et j’aurais pu croire à un rêve si des volutes sombres ne continuaient pas de ramper sur le sol avant de se dissiper à leur tour. 
— Chan ? je murmure dans le vide, les doigts crispés sur le bas de mon pull. 
Mon cœur battait encore la chamade dans ma poitrine et mes doigts étaient secoués par de légers tremblements, mes pieds glacés contrastant avec la chaleur cuisante qui persistait toujours sur mes joues.
— Autant faire connaissance si on doit passer quelque jours ensemble, petit oiseau.
Sa présence retentit d’un seul coup tout autour de moi dans la pièce, désincarnée et un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale face à l’intonation soyeuse. 
— Bangchan, pour te servir. Note à soi-même : ne plus jamais déchiffrer du latin à voix haute.
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selidren · 6 months ago
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Automne 1928 - Champs-les-Sims
4/5
En parlant de Mademoiselle Laroche, il me semble qu'elle et mon frère soient passés à une nouvelle phase de leur relation. Une phase dont la discrétion laisse à désirer mais je n'ose vraiment en parler frontalement à Antoine, de peur de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Si ils se tournent toujours autour comme deux oiseaux en pleine parade nuptiale, il leur arrive de plus en plus fréquemment de se lancer de petites piques en ma présence ou celle d'Oncle Adelphe. Même Jean-François m'a évoqué son "sentiment de gêne" dans sa dernière lettre. Mon jeune frère a un côté pudique et convenable à l'excès que Grand-Mère adore, et quand il rentre nous voir, Antoine l'appelle "Grand-Père".
Bref, en écrivant ces lignes, je me rends compte que ce n'est pas vraiment la réalité. C'est Antoine qui la provoque bien davantage que l'inverse, et elle a souvent l'air profondément confuse, même si elle répond toujours pas une répartie bien sentie. Je ne sais pas vraiment à quoi joue mon frère, mais j'ai parfois l'impression qu'il ne réalise pas que dans cette relation, Mademoiselle Laroche est bien moins libre que lui. J'en suis un peu inquiète, car j'ai peur qu'il finisse par tout gâcher sans s'en rendre compte, et j'aimerai que leur histoire finisse bien. Que veux tu ? Cléopâtre et son indécrottable et ardent romantisme m'ont contaminés !
Transcription :
Aurore « Mais qu’est-ce qui vous a pris ? »
Marc-Antoine « De quoi... »
Aurore « Tous ces sous-entendus quand je parlais à votre sœur ! Vous voulez vraiment que je me fasse renvoyer ? »
Marc-Antoine « Mais non ! Et vous n’êtes pas non plus toute blanche dans cette affaire il me semble ! De toute façon, je pense qu’elle se doute de quelque chose depuis un moment car elle m’a dit qu’elle parlait de nous dans ses lettres à Cousin Lucien. J’imagine qu’il s’agit de... »
Aurore « Votre cousin ? Même votre cousin du Canada est au courant ? Et j’ai toujours mon emploi ? Mais dans quelle famille j’ai atterri au juste ? »
Marc-Antoine « Les Le Bris sont un peu particuliers c’est vrai. Ceux de France en tous cas. »
Aurore « Une maîtresse de maison qui laisse, comme ça, son frère flirter avec la bonne, c’est sur que ce n’est pas commun. »
Marc-Antoine « Si ça vous gêne, on peut arrêter. »
Aurore « Non, j’apprécie bien nos échanges. »
Marc-Antoine « Vraiment ? Alors je vous manque quand je suis à Paris ? »
Aurore « Je fais mieux mon travail quand vous n’êtes pas là mais… oui, vous me manquez. Faites juste en sorte que ce soit un peu plus discret, ne me cherchez pas comme ça devant votre sœur, même si elle est au courant. Et surtout pas devant Madame Eugénie ! »
Marc-Antoine « Pas besoin de me le dire, je tiens à garder ma tête encore un peu de temps ! Vous savez, tout le monde au village se souvient de la façon dont elle a réagit quand son fils aîné s’est fiancé à la gouvernante quand il était jeune. Je n’ai pas vraiment envie qu’il m’arrive la même chose. »
Aurore « Oh… et il lui est arrivé quoi au juste ? »
Marc-Antoine « Heu… je ne connais pas les détails, mais tout le monde s’accorde pour dire que ça a été terrible. Après tout, on s’en souvient encore même si seulement deux personnes seulement sont assez vieilles pour encore s’en souvenir. »
Aurore « Je vois... »
Marc-Antoine « Ne tirez pas cette mine ! Ils ont pu se marier finalement. »
Aurore « Comment s’appelait ce Monsieur ? »
Marc-Antoine « Il me semble que… Matthieu oui, c’est ça. Mon grand-oncle Matthieu. Mais… qu’est-ce qu’il y a ? »
Aurore « Il fait partie de ceux qu’il est rigoureusement interdit de mentionner en présence de votre grand-mère. Votre mère m’a donné une liste quand je suis arrivée. C’est que ça n’a pas du se terminer si bien que ça. »
Marc-Antoine « Ma famille est compliquée, c’est tout. »
Aurore « Je ne veux juste pas que ça vous créer des histoires. »
Marc-Antoine « Non, ça n’en créera pas Aurore… enfin, Madamoiselle Laroche. Ecoutez, je vous aime beaucoup, et même si c’est encore un peu tôt, j’aimerai tout de même que vous me laissiez une chance de vous prouver que je ne suis pas là pour jouer avec vos sentiments ou simplement pour m’amuser. Tout le monde vous dira de moi que ce n’est absolument pas mon genre ! »
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detournementsmineurs · 7 months ago
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Fu'ad Aït Aattou dans “Une Vieille Maîtresse” de Catherine Breillat (2007) - d'après le roman éponyme de Barbey d'Aurevilly (1851) - septembre 2024.
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aisakalegacy · 10 months ago
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Printemps 1921, Hylewood, Canada (5/6)
Il me semblait bien que j’avais entendu Jules mentionner quelque chose à propos des cent ans d’Eugénie. Je ne sais pas si son anniversaire est déjà passé… Souhaitez-lui un bon anniversaire de ma part, voulez-vous ? Elle n’a pas l’air facile à vivre, mais c’est une très vieille femme… Ce n’est pas à son âge que vous allez la changer. Je m’étonne qu’elle soit encore si mobile à son âge, après tout ce qu’elle a vécu.
Vos filles sont en train de devenir des jeunes femmes ! J’avais la même réaction que vous lorsque j’ai vu ma Louise grandir. Comme il est étonnant que toutes ces filles, qui ont le même âge et qui ont reçu la même éducation, soit chacune si différente. Vous me dites que votre enfance vous a longtemps convaincu que la solidarité entre les femmes était impossible, et cela m’étonne. Pourquoi donc ? J’étais très proche de ma mère quand j’étais jeune fille, et j’ai toujours été entourée d’amies qui m’ont été d’un grand soutien toute ma vie. J’ai ma chère Jeanne Rumédier, je vous ai vous, j’ai Layan qui a quitté notre service, mais nous restons bonnes amies. Je remercie Dieu tous les jours d’être si bien entourée.
Vous avez de la chance d’avoir un mari comme le vôtre. Lui aussi est piqué du virus de l’Egypte, mais lui, au moins, sait quand prioriser sa famille. Au final, c’est mon mari que je plains. Il a toutes ces correspondances, ces maîtresses, mais je ne lui connais pas de véritable ami sincère. Quand je vois sa résignation face à la disparition de notre Louise, je me demande s’il a un cœur. Elle a disparu il y a trois ans, et je n’en dors pas la nuit, je prie Dieu tous les jours pour qu’il me la ramène sauve. Je me demande sans cesse si elle est en sécurité ? Est-ce qu’elle mange bien ? Est-elle bien traitée ? J’espère qu’elle fait quelque chose d’honorable de sa vie… Je l’ai si bien éduquée, ce serait ma pire crainte.
C’est d’elle que Jules devrait s'inquiéter, pas de Lulu. Mon fils est très bien comme il est, c’est un bon garçon qui sait se contenter de ce qu’il a, mais qui est assez intelligent pour savoir ce si ce qu’il n'a pas est nécessaire ou superflu.
[Transcription] Layan Bahar : Première fournée terminée, mais j'ai peur que pas assez pour les invités. Je dois peut-être faire d’autres. Lucien LeBris : Pas d’inquiétudes, les Rumédier sont très frugaux, il n’est pas nécessaire de prévoir des quantités extravagantes de nourriture. Eugénie LeBris : Je vas retourner au salon. Appelez-moi si vous avez encore besoin. Layan Bahar : Attends, Madame, j’ai une chose à te dire. Eugénie LeBris : Tout va ben ? Layan Bahar : Oui… Mais je voulais demander quelque chose. La cuisinière des Simmon part… Peut-être je peux reprendre la place. Je n’est pas à l’aise que M. Le Bris soit là. Tu as été gentille, Madame, je ne veux pas te laisser. Mais être ici très difficile. Eugénie LeBris : Je comprends, Layan. Vous n’avez pas besoin de vous justifier. Avec Jules de retour, les choses sont… différentes. Layan Bahar : Oui… Tu n’es pas fâchée ? Eugénie LeBris : Non. Je vais vous écrire une lettre de recommandation. Et je ne reviens pas sur ma parole. Layla peut rester ici, je continuerai à l’élever avec autant de soin que mes filles. Et vous pourrez venir la voir quand vous voulez. Layan Bahar : Rabbena yebarek fiki. (Que Dieu vous bénisse.)
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lepartidelamort · 1 year ago
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« Au début de l’année 1934, éclatait encore une fois un gros scandale financier de la Troisième République, l’escroquerie des Crédits municipaux, ayant, comme par hasard, pour principal auteur un Juif russe naturalisé, Stavisky. La complicité dans cette filouterie d’une justice putréfiée – ses personnages n’ont point changé – de la plupart des politiciens radicaux et maçons, n’avait jamais été plus flagrante. La presse et les organisations de droite s’en emparèrent, firent une campagne énorme. L’opinion suivit. Camille Chautemps, président du Conseil, le plus lourdement compromis parmi les protecteurs avérés du coquin juif, dut se démettre le 27 janvier. Son remplaçant, Daladier, apparut dès ses premiers actes comme le radical réputé "dur", chargé de sauver le parti et ses loges. Les manifestations de rues conduites par les troupes d’Action française se multipliaient et s’amplifiaient de jour en jour au chant du Ça ira.
L’extrême-gauche communiste amorçait une campagne parallèle. Le limogeage du préfet de police Chiappe, d’un arbitraire grossier, acheva de mettre le feu aux poudres. Le 6 février au soir, le rassemblement de plusieurs centaines de milliers de Parisiens, sur la place de la Concorde, prit rapidement l’aspect d’une insurrection populaire, ayant pour but immédiat l’Assemblée du Palais Bourbon. La police, fidèle en majorité au préfet éconduit réagissait mollement. La garde mobile créée par un ministère de droite contre les "rouges", défendait le pont. Le premier barrage fut forcé. La garde tira. Le premier mort tomba vers sept heures et demie. La manifestation, plus ou moins disloquée, devenue sporadique et qui, jusque-là, avait compris de nombreux curieux, se regroupa beaucoup plus serrée, et redoubla de violence à partir de dix heures. Les assauts des Parisiens, les fusillades de la garde se prolongèrent jusqu’à plus de minuit. La journée s’acheva avec le dernier métro…
La vieille République maçonnique demeurait maîtresse du terrain. Daladier, pourtant, était démissionnaire quelques heures plus tard. Paris vécut la journée du 7 pratiquement sans État, sous le contrôle des pelotons de la garde, dont on ne savait plus à qui ils obéissaient. Le soir, enfin, on apprenait l’arrivée au pouvoir d’un "conciliateur", Doumergue, dit par Léon Daudet "Gastounet le Brandadair". La démocratie était définitivement sauvée. Les vingt patriotes militants tombés dans la nuit du Six Février – exceptions les quelques curieux tués en dehors de la bagarre – ont leurs noms inscrits en tête du livre d’or de notre Révolution. (…)
Rien ne fut plus abject que la contre-offensive des Juifs, des Maçons, de la Ligue des Droits de l’Homme, des démocrates-chrétiens, de tous les humanitaires professionnels, tombant en transes pour l’exécution de quelque terroriste chinois, pour une touffe de cheveux arrachée dans le ghetto, et n’ayant que sarcasmes et rictus joviaux devant les morts français, les morts naïfs et purs de la Concorde. Jamais le bourreau ne fut plus cyniquement érigé en victime, et martyr désarmé mué en égorgeur. (…)
Nous avons longtemps traité avec beaucoup trop de pudeur et de réserve l’un des aspects pourtant essentiels de 1934. Nous avons porté rituellement de pieuses gerbes sur les tombes de nos camarades morts. Nous avons qualifié comme il convenait – nul ne l’a fait avec plus de puissance qu’Henri Béraud – les infectes et stupides canailles parlementaires qui les firent massacrer. Nous n’avons pas assez dit que nos morts furent aussi les victimes de leurs chefs. (…)
Le Six Février 1934, les chefs nationaux n’étaient pas sur la Concorde. J’y étais, aux minutes les plus meurtrières. Je ne les y ai pas vus, personne ne les y a vus. Ils étaient donc dans leurs postes de commandement. Ce pouvait être leur place. Je les y ai vus aussi, entre deux fusillades. Ils s’y tournaient les pouces, il s’y faisaient des mots d’esprit, ils se refusaient à croire qu’il y eût tant de morts que ça ! Ils n’avaient pas une consigne à distribuer, pas une idée en tête, pas un but devant eux. Les uns et les autres étaient moralement les obligés de la démocratie. Hors d’elle, ils n’avaient aucune raison d’exister. Sur ses tréteaux, ils assumaient le rôle obligatoire de l’opposant. Sautant sur une occasion assez considérable en effet, mécontents aussi du limogeage d’un policier indulgent à leurs frasques, ils venaient de se livrer au jeu classique de l’émeute, en forme de menace tartarinesque : "Retenez-moi ou je vais faire un malheur."
Mais pour ce petit jeu-là, ils avaient mobilisé des dizaines de milliers de jeunes hommes, de croyants ingénus, d’anciens soldats. Ils les avaient excités, fanatisés, chauffés à blanc. Au moment de l’action, la foule réapprit les gestes du combat et de la barricade, avec des morceaux de plâtre, des poignées de gravier et quelques lames Gillette fichées au bout d’un bâton. Les chefs, qui les avaient jetés poings nus contre les armes automatiques, s’étaient volatilisés, les uns sans doute par calcul (je pense à l’abject La Rocque), les autres saisis peut-être de vagues et tardifs remords, n’ayant plus guère qu’un souci : nier la gravité de l’événement qu’ils avaient criminellement engendré. Cette nuit-là, j’entendis Maurras dans son auto, parmi les rues désertes, déclarer avec une expression de soulagement : "En somme, Paris est très calme !" Oui, mais c’était le calme d’une chambre mortuaire.
La suite de l’histoire ne fut pas moins déshonorante. Les "chefs" de la droite firent un concert de clameurs. Certes, les "fusilleurs" étaient ignobles. Mais que leur reprochaient les "chefs" des ligues ? Ils leur reprochaient d’avoir triché en faisant tirer. Admirable politique de ces vieillards ! Incomparable symbole de cette bourgeoisie dégénérée, qui, pour n’avoir jamais eu la virilité de prendre les armes librement, de mettre sur sa conscience quelques cadavres nécessaires, aura été le complice de ses hallucinantes et imbéciles hécatombes, après desquelles le Six Février n’est même plus un fait divers en deux lignes ! Il eût fallu, en somme, que la République laissât aimablement bafouer et reconduire à coups de canne ses gendarmes, déculotter ses députés, envahir, saccager et brûler son Parlement, le tout représentant du reste, en l’occurrence, le chef d’œuvre de l’acte gratuit. Les ministres du Six Février, inutile de le cacher, avaient le droit de tirer. C’était même un devoir. (…)
Les chefs communistes, autres tireurs de ficelles, mais ceux-là, fort avisés, avaient lancé leurs fidèles sur le pavé pour profiter à toutes fins utiles du hourvari. Mais la majorité de ses fidèles ne s’en doutait pas. Pour la première fois depuis fort longtemps, les étudiants de Paris et les prolétaires rouges, armée traditionnelle de nos révolutions, manifestaient côte à côte contre la même corruption, avec la même sincérité, au même cri : "À bas les voleurs !" Les chefs de droite n’y comprirent rien, ils n’avaient rien prévu, ils ne savaient rien voir. (…)
Le Six Février (...) engendra certainement le Front populaire, favorisa en tout cas singulièrement sa naissance, en faisant figure d’une provocation énorme, passant de loin l’idéal de ce que l’adversaire le plus machiavélique pouvait rêver dans le genre. (…) Le Six Février démontra que l’armée d’une révolution nationaliste existait en France, mais que son erreur principale avait été de ne point faire d’abord sa révolution contre de pseudo-chefs.
Cette armée n’a pas pu s’anéantir en deux lustres. Éparse, elle existe toujours. Mais le "fascisme" français à la mode de 1934 n’était pas viable parce qu’il conservait trop d’attaches avec la vieille bourgeoisie de droite. Cette bourgeoisie accumula, dans ces heures fiévreuses de la dernière insurrection du type romantique, c’est-à-dire anachronique, les preuves définitives de sa caducité, de son aboulie, de son incapacité politique, de sa désunion, de sa légèreté cocardière. »
Lucien Rebatet, Les crimes du 6 février 1934, Je suis partout, 4 février 1944
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a-room-of-my-own · 1 year ago
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Et un autre gamin mort. Cette fois-ci crime d’honneur, « il avait parlé à leur sœur », et tout le monde qui garde les yeux bien fermés et qui s’échine à parler de manque de moyens.
J’en peux plus.
Rien à voir avec le manque de moyens.
A la limite mettons l’islamisme de côté, il reste quand même l’idéologie de l’EN et au-delà de toutes les structures d’éducation et d’animation. Combien d’amis j’ai qui se sont fait martyriser au collège et au lycée dans l’indifférence totale de l’administration de leur établissement ? Une bonne poignée qui comprend mon frère.
Et c’était avant TPMP (dont le spectateur moyen a 50 piges pour info), avant internet, avant les téléphones et les réseaux sociaux. Si je faisais la somme de tout ce que j’ai vu et entendu j’en aurais pour un certain temps et je ne suis même pas maman. Ce qui m’a le plus frappée en termes idéologiques c’est la mentalité de l’encadrement du centre aéré dans lequel j’avais travaillé qui était dans la victimisation permanente des enfants. Et c’était en 2006.
Victimisation permanente quand il s’agissait de ne leur demander aucun effort (on leur organise un spectacle ? C’est pas grave s’ils n’apprennent pas leur texte. On fait une activité ? C’est pas grave s’il ne s’appliquent pas. Ils ne sont pas polis ? C’est pas grave et les bonnes manières c’est réac) mais grosse trouille quand il s’agissait de punir des comportements harcelants (comme une exclusion par exemple) ou de signaler des maltraitances sur l’enfant lui-même.
Pourquoi ? Parce qu’être hypocrite et refuser d’éduquer ne coûte rien. En revanche, faire face à un parent et lui expliquer que son enfant ne sera plus reçu parce qu’il tabasse les autres, trop compliqué. Signaler des faits de maltraitance ? Trouille de ne pas avoir assez de preuves.
Parlons-en des parents d’ailleurs. Souvent ils ont eu leurs enfants jeunes et ont été « élevés » par les mêmes structures qui les ont victimisés et déresponsabilisés toute leur vie. Ça donne quoi? Tout leur est dû. Rien n’est de leur faute. Même quand les enfants sont visiblement négligés, mal soignés, mal aimés, pas élevés ou élevés dans la violence, c’est toujours la faute de l’extérieur, de la maîtresse, de l’animateur.
Ces enfants qui avaient 6-11 ans en 2006 sont adultes maintenant et je me demande souvent ce qu’ils sont devenus.
Quand j’étais pionne en lycée/prépa, un jeune boursier de banlieue avait été admis. À son attitude avec les profs et les élèves, on voyait tout de suite qu’il avait été élevé dans ce bain là. Mais le bahut était plutôt vieille France et il a été extrêmement surpris quand personne ne lui passait son absentéisme et son manque de respect. Il a fini exclu parce qu’il séchait tous les vendredis. Sa mère a appelé la vie scolaire pour hurler, comme une mère de centre aéré qui était venue me hurler dessus parce que j’avais mis son fils au coin après qu’il ait tabassé un autre enfant. Hurler pour dire quoi ? « Mon fils il est fatigué avec tous ces cours ».
Bah oui ? De quel droit lui demandait-on de travailler ? Et surtout comment pouvait-on l’exclure ? Oui il y avait eu des avertissements mais il fait ce qu’il veut non ?
Multipliez ça par le nombre de bahuts, de centres aérés, de structures gérées par des éducateurs et vous avez le résultat de 40 ans de victimisation et de maltraitance croisée. On pourrait aussi parler pendant des heures de l’ASE qui est capable de victimiser les parents maltraitants à outrance, tout négligeant complètement les enfants placés (mais dans la même hypocrisie) jusqu’à les jeter au rebut dans des hôtels formule 1.
Bref je pars dans tous les sens mais ça me démonte.
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kistels · 1 year ago
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Pensées pour les pauvres garçons dans la chasteté -
Je vous écris pour exprimer mes sentiments pour vous, pauvres, pauvres garçons dont les épouses, les copines ou les maîtresses vous font porter ces méchants dispositifs de chasteté pour vous empêcher d'obtenir une érection ou tout soulagement sexuel. Comme cela doit être terriblement frustrant pour vous, avec votre pénis excité qui palpite et se fatigue, c'est serré, petite cage qui aspire à être sucé et caressé jusqu'à ce qu'une belle grosse charge chaude de sperme crémeux explose. Mais tout ce que vous pouvez faire est de battre et de battre et de tendre sans soulagement en vue alors que la pression s'accumule dans vos couilles. Vos pauvres petites noix doivent avoir mal de tenir tout ce sperme refoulé, j'aimerais pouvoir leur donner à tous les deux un beau baiser humide en ce moment.
Je parie que votre bite bien taquiné coule des flux constants de pré-sperme. Mon cœur va vraiment à toi. C'est si cruel que votre maîtresse vous fait souffrir comme ça. Ce n'est pas juste qu'elle puisse jouir quand elle le veut alors que vous n'avez jamais envie de jouir du tout, d'autant plus que c'est vous qui la faites jouir avec impatience avec votre langue bien entraînée. Je sais que vous devez très bien manger la chatte, en léchant passionnément cette douce petite chatte humide dans laquelle vous aspirez à glisser votre bite gonflée. C'est tellement méchant de sa part de rire de vos gémissements, de vos mendicités et de vos tortries alors qu'elle se délecte de votre frustration
Si seulement je pouvais faire quelque chose pour soulager votre souffrance. Je te ferais jouir tellement bien si seulement je pouvais déverrouiller ton pauvre pénis piégé. Je peux imaginer le dérimager et le regarder rapidement atteindre une érection complète et lancinante. Ce serait si bon, n'est-ce pas, de libérer votre bite longtemps dunei de sa petite prison et de la laisser s'étirer sur toute sa longueur. Je peux imaginer tout rouge et raide alors qu'il palpite avec un besoin urgent, vos boules chargées de sperme pendent lourdement. J'aimerais sentir leur poids dans la paume de ma main et les serrer pendant que ma langue s'étend pour lécher la petite perle de pré-cum suintant du bout de votre bite qui se contracte.
Je suis tellement mouillé juste en pensant à quel point ce serait bien de sentir ta bite raide qui palpite entre mes seins ronds et douces et qui frotte sa tête violette glissante en petits cercles autour de mes mamelons rigides jusqu'à ce que des jets chauds de sperme les éclaboussent, d'épaiss coulées de sperme qui coulent sur mon corps et qui coulent sur mon petit clitoris chaud, avec lequel je joue en ce moment. Mes doigts sont si lisses avec du jus de chatte que je peux à peine taper ! Je suce le jus de mes doigts, en faisant semblant que c'est ton sperme. Pouvez-vous imaginer sentir mon haleine chaude et humide sur votre chair de bite sensible ?
Mmmmm, je me lèche les lèvres en prévision de les enrouler lentement autour de votre tube-steak juteux et de le sucer jusqu'à ce que les épais jets de sperme explosent dans ma bouche. J'adore me mettre à genoux, sucer ta tige dure dans ma bouche chaude et juteuse et être récompensé par une grosse charge de crème sucrée comme je sais que tu l'as stockée dans tes boules dodues en ce moment. Imaginez à quel point mes lèvres affamées se sentiraient bien d'engloutir votre bite intacte et de la traire bien et lentement pour prolonger votre plaisir longtemps nié. C'est dommage que nous puissions seulement imaginer, n'est-ce pas ?
J'aimerais vraiment pouvoir te sucer, mais je ne peux pas, parce que ta cruelle maîtresse te fait porter cette méchante vieille ceinture de chasteté. Ce n'est tout simplement pas juste ! Vous ne pouvez même pas vous masturber, comme je sais que beaucoup de garçons coquins qui lisent ceci le font probablement en ce moment. Imaginez cela, ils deviennent tellement excités à fantasmer d'être torturés comme vous qu'ils ne peuvent s'empêcher de se branler quand le fantasme devient trop intense. Ils ne comprennent tout simplement pas à quel point il est terrible d'avoir vraiment à endurer la frustration et l'humiliation que vous devez endurer pour le plaisir de votre maîtresse.
Eh bien, j'espère que ma sympathie vous a fait vous sentir mieux. Je voulais juste que vous sachiez que je me soucie vraiment de vous. Peut-être que cela vous consolera de savoir que je suis venu quatre fois juste en pensant à vous alors que j'écrivais cette petite note. Je prévois de jouir quatre fois de plus tard ce soir avec un vibromasseur qui glisse dans et hors de mes petits pusss-puss serrés, chauds et humides, en imaginant à quel point je t'ai rendu insupportablement excité, comment tu vas te tortiller et gémir dans ton sommeil ce soir, rêvant de moi de te faire jouir. Si vous avez de la chance, vous aurez peut-être un rêve humide ! Je l'espère vraiment !
Avec des lèches et des baisers chauds et humides,
Mlle Lilly xoxo....!!!
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dre-amin-g · 10 months ago
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Guy de Maupassant : Le baiser. Texte publié dans Gil Blas du 14 novembre 1882, sous la signature de Maufrigneuse. Il a également été repris dans La Vie populaire du 10 avril 1884.
Mis en ligne le 5 novembre 1998.
Dialogues initiés par : tiret - guillemet
LE BAISER
Ma chère mignonne,
Donc, tu pleures du matin au soir et du soir au matin, parce que ton mari t’abandonne ; tu ne sais que faire, et tu implores un conseil de ta vieille tante que tu supposes apparemment bien experte. Je n’en sais pas si long que tu crois, et cependant je ne suis point sans doute tout à fait ignorante dans cet art d’aimer ou plutôt de se faire aimer, qui te manque un peu. Je puis bien, à mon âge, avouer cela.
Tu n’as pour lui, me dis-tu, que des attentions, que des douceurs, que des caresses, que des baisers. Le mal vient peut-être de là ; je crois que tu l’embrasses trop.
Ma chérie, nous avons aux mains le plus terrible pouvoir qui soit : l’amour. L’homme, doué de la force physique, l’exerce par la violence. La femme, douée du charme, domine par la caresse. C’est notre arme, arme redoutable, invincible, mais qu’il faut savoir manier.
Nous sommes, sache-le bien, les maîtresses de la terre. Raconter l’histoire de l’Amour depuis les origines du monde, ce serait raconter l’homme lui-même. Tout vient de là, les arts, les grands événements, les mœurs, les coutumes, les guerres, les bouleversements d’empires.
Dans la Bible, tu trouves Dalila, Judith ; dans la Fable, Omphale, Hélène ; dans l’Histoire, les Sabines, Cléopâtre et bien d’autres.
Donc, nous régnons, souveraines toutes-puissantes. Mais il nous faut, comme les rois, user d’une diplomatie délicate.
L’Amour, ma chère petite, est fait de finesses, d’imperceptibles sensations. Nous savons qu’il est fort comme la mort ; mais il est aussi fragile que le verre. Le moindre choc le brise et notre domination s’écroule alors, sans que nous puissions la réédifier.
Nous avons la faculté de nous faire adorer, mais il nous manque une toute petite chose, le discernement des nuances dans la caresse, le flair subtil du TROP dans la manifestation de notre tendresse. Aux heures d’étreintes, nous perdons le sentiment des finesses, tandis que l’homme que nous dominons reste maître de lui, demeure capable de juger le ridicule de certains mots, le manque de justesse de certains gestes. Prends bien garde à cela, ma mignonne : c’est le défaut de notre cuirasse, c’est notre talon d’Achille.
Sais-tu d’où vient notre vraie puissance ? Du baiser, du seul baiser ! Quand nous savons tendre et abandonner nos lèvres, nous pouvons devenir des reines.
Le baiser n’est qu’une préface, pourtant. Mais une préface charmante, plus délicieuse que l’œuvre elle-même ; une préface qu’on relit sans cesse, tandis qu’on ne peut pas toujours... relire le livre. Oui, la rencontre des bouches est la plus parfaite, la plus divine sensation qui soit donnée aux humains, la dernière, la suprême limite du bonheur. C’est dans le baiser, dans le seul baiser qu’on croit parfois sentir cette impossible union des âmes que nous poursuivons, cette confusion des cœurs défaillants.
Te rappelles-tu les vers de Sully Prudhomme :
Les caresses ne sont que d’inquiets transports,
Infructueux essais du pauvre amour qui tente
L’impossible union des âmes par le corps.
Une seule caresse donne cette sensation profonde, immatérielle des deux êtres ne faisant plus qu’un, c’est le baiser. Tout le délire violent de la complète possession ne vaut cette frémissante approche des bouches, ce premier contact humide et frais, puis cette attache immobile, éperdue et longue, si longue ! de l’une à l’autre.
Donc, ma belle, le baiser est notre arme la plus forte, mais il faut craindre de l’émousser. Sa valeur, ne l’oublie pas, est relative, purement conventionnelle. Elle change sans cesse suivant les circonstances, les dispositions du moment, l’état d’attente et d’extase de l’esprit.
Je vais m’appuyer sur un exemple.
Un autre poète, François Coppée, a fait un vers que nous avons toutes dans la mémoire, un vers que nous trouvons adorable, qui nous fait tressaillir jusqu’au cœur.
Après avoir décrit l’attente de l’amoureux dans une chambre fermée, par un soir d’hiver, ses inquiétudes, ses impatiences nerveuses, sa crainte horrible de ne pas LA voir venir, il raconte l’arrivée de la femme aimée qui entre enfin, toute pressée, essoufflée, apportant du froid dans ses jupes, et il s’écrie :
Oh ! les premiers baisers à travers la voilette !
N’est-ce point là un vers d’un sentiment exquis, d’une observation délicate et charmante, d’une parfaite vérité ? Toutes celles qui ont couru au rendez-vous clandestin, que la passion a jetées dans les bras d’un homme, les connaissent bien ces délicieux premiers baisers à travers la voilette, et frémissent encore à leur souvenir. Et pourtant ils ne tirent leur charme que des circonstances, du retard, de l’attente anxieuse ; mais, en vérité, au point de vue purement, ou, si tu préfères, impurement sensuel, ils sont détestables.
Réfléchis. Il fait froid dehors. La jeune femme a marché vite ; la voilette est toute mouillée par son souffle refroidi. Des gouttelettes d’eau brillent dans les mailles de la dentelle noire. L’amant se précipite et colle ses lèvres ardentes à cette vapeur de poumons liquéfiée.
Le voile humide, qui déteint et porte la saveur ignoble des colorations chimiques, pénètre dans la bouche du jeune homme, mouille sa moustache. Il ne goûte nullement aux lèvres de la bien-aimée, il ne goûte qu’à la teinture de cette dentelle trempée d’haleine froide.
Et pourtant, nous nous écrions toutes, comme le poète :
Oh ! les premiers baisers à travers la voilette !
Donc la valeur de cette caresse étant toute conventionnelle, il faut craindre de la déprécier.
Eh bien, ma chérie, je t’ai vue en plusieurs occasions très maladroite. Tu n’es pas la seule, d’ailleurs ; la plupart des femmes perdent leur autorité par l’abus seul des baisers, des baisers intempestifs. Quand elles sentent leur mari ou leur amant un peu las, à ces heures d’affaissement où le cœur a besoin de repos comme le corps ; au lieu de comprendre ce qui se passe en lui, elles s’acharnent en des caresses inopportunes, le lassent par l’obstination des lèvres tendues, le fatiguent en l’étreignant sans rime ni raison.
Crois-en mon expérience. D’abord, n’embrasse jamais ton mari en public, en wagon, au restaurant. C’est du plus mauvais goût ; refoule ton envie. Il se sentirait ridicule et t’en voudrait toujours.
Méfie-toi surtout des baisers inutiles prodigués dans l’intimité. Tu en fais, j’en suis certaine, une effroyable consommation.
Ainsi je t’ai vue un jour tout à fait choquante. Tu ne te le rappelles pas sans doute.
Nous étions tous trois dans ton petit salon, et, comme vous ne vous gêniez guère devant moi, ton mari te tenait sur ses genoux et t’embrassait longuement la nuque, la bouche perdue dans les cheveux frisés du cou.
Soudain tu as crié :
— Ah le feu...
Vous n’y songiez guère ; il s’éteignait. Quelques tisons assombris expirants rougissaient à peine le foyer.
Alors il s’est levé, s’élançant vers le coffre à bois où il saisit deux bûches énormes qu’il rapportait à grand’peine, quand tu es venue vers lui les lèvres mendiantes, murmurant :
— Embrasse-moi.
Il tourna la tête avec effort en soutenant péniblement les souches. Alors tu posas doucement, lentement, ta bouche sur celle du malheureux qui demeura le col de travers, les reins tordus, les bras rompus, tremblant de fatigue et d’effort désespéré. Et tu éternisas ce baiser de supplice sans voir et sans comprendre.
Puis, quand tu le laissas libre, tu te mis à murmurer d’un air fâché :
— Comme tu m’embrasses mal.
Parbleu, ma chérie !
Oh ! prends garde à cela. Nous avons toutes cette sotte manie, ce besoin inconscient et bête de nous précipiter aux moments les plus mal choisis : quand il porte un verre plein d’eau, quand il remet ses bottes, quand il renoue sa cravate, quand il se trouve enfin dans quelque posture pénible, et de l’immobiliser par une gênante caresse qui le fait rester une minute avec un geste commencé et le seul désir d’être débarrassé de nous.
Surtout ne juge pas insignifiante et mesquine cette critique. L’amour est délicat, ma petite : un rien le froisse ; tout dépend, sache-le, du tact de nos câlineries. Un baiser maladroit peut faire bien du mal.
Expérimente mes conseils.
Ta vieille tante,
Colette.
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lalignedujour · 2 years ago
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Je l'ai croisé quand j'avais 5 ans. Lui était à peine plus jeune. On se baladait en forêt avec mon père. Je pouvais marcher longtemps pour mon âge, je me souviens que mon père était fier de moi pour ça.
On prenait toujours le même chemin. Un chemin large, assez fréquenté. Puis, on bifurquait vers un chemin secondaire. On traversait dans le sous-bois, on rejoignait un autre chemin qui nous faisait sortir de la forêt et nous menait jusqu'à la maison.
Il était là, sur le bord du chemin secondaire, et personne autour de lui. Moi, ça ne m'a pas étonnée. Des tas d'enfants sont seul·es dans la cour de la maternelle. Ça m'arrive aussi, ça n'est pas choquant. Mais ça a interpellé mon père, il a un peu ralenti, s'est arrêté à sa hauteur : -Tu es tout seul ? -Oui. Il sanglotait. On ne s'en rendait pas compte tant qu'il ne parlait pas. -Tu es venu avec tes parents ? -Oui. Avec ma maman. -Et tu sais où est ta maman ? -Non. -Comment tu t'appelles ? -Jed. -Viens, Jed, on va retrouver ta maman. Tu sais comment elle est habillée ?
Il savait pas. Mon père a pris l'enfant dans un bras, moi dans la main, et on a cherché la maman de Jed comme ça. On a refait tout le chemin principal. Il disait toujours la même chose aux gens qu'on croisait : bonjour, c'est Jed, il cherche sa maman. Si vous la voyez…
Je me souviens distinctement de cette phrase. Les gens répondaient en général d'accord. Je me souviens d'une dame qui ressemblait à ma mamie ou à ma maîtresse, enfin une vieille dame qui a dit oh la laaaa oui, d'accord, merci monsieur !
Je me souviens de cette dame qui sentait fort le parfum. Mais je ne me souviens pas de la maman de Jed. Je me souviens de mon père soulagé qui rentre à la maison avec moi dans les bras (parce que j'étais fatiguée d'avoir beaucoup marché et que c'était déjà l'heure de cuisiner). Je me souviens de la respiration de mon père, il marchait vite et avait quand même porté un enfant pendant un moment. Donc on l'avait trouvée, sa maman, mais je ne me souviens pas du tout de ce moment-là.
Je me souviens par contre de la tête de Jed vue d'en bas, dans les bras de mon père. Les yeux rouges et le nez qui coule jusqu'au menton. Son regard a croisé le mien, et je me suis sentie privilégiée d'être avec mon papa. De ne pas avoir besoin d'avoir peur. J'aurais voulu le soutenir un peu, mais je savais pas comment. Je l'ai juste regardé.
J'ai connu Jed.
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parfumieren · 2 years ago
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Lonestar Memories (Tauer Perfumes)
Recently (and for the fourth or fifth time, I admit) I watched Catherine Breillat's breathtaking film Une Vieille Maîtresse (An Aging Mistress, misleadingly translated as The Last Mistress for American audiences who find finality more palatable than age). Based on Barbey d'Aurevilly's scandalous 1851 romance, Une Vieille Maîtresse concerns a ten-year liaison between a young Parisian rake and a Spanish divorcee some years his senior. If you suspect that this is Chéri all over again, think twice. The love (if you can call it that) between Ryno de Marigny and La Vellini is, as she herself puts it, une liaison singulaire.
Described by one lover as "a capricious flamenca who can outstare the sun", Vellini is neither young, beautiful, nor especially personable-- but she certainly is singular. When Ryno is first introduced to her at a masquerade party, she is dressed in a frivolous costume at odds with her sober expression. When asked, "Are you dressed as a she-devil?" the artless Vellini doesn't miss a beat. "No," she replies. "THE Devil."
The cinematic convention of the meet cute -- in which future lovers start out on the wrong foot with one another but slowly fall into step -- has no place in Une Vieille Maîtresse. Ryno dismisses Vellini as an "ugly mutt", then falls hopelessly in love with her. She instigates a duel between her husband and Ryno, then realizes that her spouse is superfluous, since she and Ryno can easily carry out their feud without a middleman. For ten years, the pair remain steadfastly by each other's sides and at each other's throats. Not even Ryno's betrothal to a fresh young heiress can put them asunder. Betrayal just adds an extra soupçon of pathos to their frequent, erotic "final" goodbyes. Theirs is an eternal combat without a clear winner, and no truce in sight.
Vellini may pretend to roll with the changes, but her easy arrogance conceals a deep, melancholy, and self-sacrificial fatalism. True, she despises Ryno before, during, and after their affair (with good reason, as he appears to confuse making love with making her miserable). But as he is her fate, she refuses to abandon him. He can come and go as he pleases; she'll always be his-- for worse if not for better.
The bond between Ryno and La Vellini is a strange one, based more on mutual anguish than delight. Yet every so often, Ryno manages to bring a smile to the edges of Vellini's mouth, transforming her eyes into supernovas of celestial light and her storm clouds into very heaven. In these moments, there is no doubt in my mind which perfume La Vellini personifies.
How do I know? Perhaps it's that succession of gigantic rose peonies with which Vellini adorns her jet-black hair-- neon pinks and reds radiating the intensity of a desert sunset. Or the combination of vulnerability and bravado that broadcasts itself through the eccentricity of her dress (Vellini switches from jaunty men's breeches to Levantine harem-wear to black lace mantillas faster than her mood can swing, which is pretty bloody fast). She smokes cigars, plays cards, and rides horses like a man… but she breaks, as the song goes, just like a little girl.
That's why I believe that Andy Tauer's Lonestar Memories is right on Vellini's wavelength. Take L'Air du Désert Marocain and whittle it down to its base of labdanum, jasmine, cedar, and vetiver. (Works best if you're chewing on a stalk of sweetgrass.) Swap out its coriander and cumin for sagebrush and carrotseed; then substitute geranium and birch tar for its petitgrain and ambergris. Bookend it on one side with smoky phenols, and on the other with a dusky carnation of deepest cerise. Now beam the whole thing right smack into the middle of the pampas, where it will lounge by the campfire with a flower between its teeth beneath the starry night sky. Cue Pete Seeger yodeling "Way Out There"-- and you realize that never did a human voice sound so plaintive, so lonesome, echoing in all that endless space.
Petulant, tender, melancholy, fearless, the Señora and this scent both get me right in the throat. And they can make bold with my heart all they want to: I'll stay faithful to the bitter end.
Scent Elements: Geranium, carrotseed, clary sage, birch tar, labdanum, jasmine, cedarwood, myrrh, tonka bean, vetiver, sandalwood
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hopefulkidshark · 1 year ago
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Léa Seydoux
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Biographie
Naissance : 1 juillet 1985, Paris
Âge : 38 ans
Signe astrologique : Cancer
Résidence : France
Filmographie :
2011 : Les adieux à la reine, de Benoît Jacquot
2011 : Minuit à Paris, de Woody Allen
2011 : Mission impossible : ghost protocol, de Brad Bird
2011 : Le roman de ma femme, de Jamshed Usmonov
2010 : Mystères de Lisbonne, de Raoul Ruiz
2010 : Rose à crédit
2010 : Belle Epine, de Rebecca Slotowski
2010 : Sans laisser de traces, de Grégoire Vigneron
2010 : Petit tailleur, de Louis Garrel
2010 : Robin des bois, de Ridley Scott
2009 : Plein sud, de Sébastien Lifshitz
2009 : Inglorious Basterds, de Quentin Tarantino
2009 : Des illusions, d'Etienne Faure
2009 : Lourdes, de Jessica Hausner
2009 : Mon faible coeur, de Sébastien Lifshitz
2008 : La belle personne, de Christophe Honoré
2008 : Des poupées et des anges, de Nora Hamdi
2008 : Les vacances de Clémence
2008 : De la guerre, de Bertrand Bonello
2007 : 13 french street, de Jean-Pierre Mocky
2007 : Une vieille maîtresse, de Catherine Breillat
2007 : La consolation, de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval
2006 : Mes copines, de Sylvie Ayme
Léa Seydoux - Purepeople
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detournementsmineurs · 7 months ago
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Asia Argento dans “Une Vieille Maîtresse” de Catherine Breillat (2007) - d'après le roman éponyme de Barbey d'Aurevilly (1851) - septembre 2024.
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