#mission : ne pas tomber amoureuse
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Des barres je suis arrivée dans ma nouvelle ville en me disant "Allez internat studieux on se fait un gros CV et on repart, on s'attache pas", moins d'un an après je me retrouve avec un mec qui me fait des TARTES AU PAMPLEMOUSSE MERINGUÉES WESH
#il se chauffe beaucoup trop#mais c'est un interne de pharma aussi il a trop de temps libre#mission : ne pas tomber amoureuse
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Tomber - Katherine Pierce
Masterlist
Résumé : La célèbre Katherine Pierce tombe amoureuse de toi et elle en a peur.
Warnings : vampire!reader, la violence habituelle de The Vampire Diaries, mention de torture, sous-entendu de sexe (pas de scènes de smut), dites-moi si j'en ai loupé d'autres.
Nombre de mots : 3.6k
Version anglaise
Chanson qui m'a inspiré : Labyrinth de Taylor Swift
Les yeux de Katherine sont posés sur ta silhouette alors que tu es allongée sur le ventre, la couverture couvrant la moitié de ton dos nu. Katherine se tourne dans le lit et se met en face de toi. Elle admire chaque millimètre de ton visage qui n’est pas caché par ton coussin, de tes paupières closes à tes lèvres, ces lèvres qu’elle aime tant embrasser. Katherine se perd dans sa contemplation et se remémore votre première rencontre.
Chicago était plongé dans les couleurs de la nuit alors que tu étais derrière un bar peu fréquenté. Tu étais en train de te nourrir quand des bruits de talons claquant sur le sol goudronné avaient attiré ton attention.
-J’avais prévu d’en faire mon dîner, la voix de Katherine avait résonné dans la ruelle.
-Trop tard.
Tu avais lâché ta proie, la laissant tomber avant de te retourner et de découvrir Katherine. Tu avais ouvert grand les yeux avant de t’exclamer :
-Je n’en crois pas mes yeux, Katherine Pierce !
-Je vois que ma réputation me précède.
-La seule vampire qui a réussi à échapper à Klaus pendant plus de cinq cent ans, ce n’est pas rien. Vraiment épatant.
-Je sais, avait fièrement souri Katherine.
-En quelle honneur la fameuse Katherine Pierce est à Chicago ?
-Je visite. Je profite que Klaus soit occupé avec les Salvatore et mon pathétique double pour m’amuser. Tu connais des coins intéressants pour se rassasier ?
-Tu as devant toi la guide parfaite. Trois cents d’expérience à mon effectif, avais-tu annoncé en te rapprochant d’elle.
-Montre-moi le chemin.
Vous aviez tellement accroché que Katherine s’était retrouvée dans ton lit la nuit même.
Suite à votre rencontre, Katherine était restée un mois à Chicago avec toi et elle avait même fini par te considérer comme une amie, une amie avec qui elle aime partager des moments intimes, mais une amie tout de même. En ta présence, Katherine arrive à se sentir sereine, protégée, chose qu’elle n’avait plus connu pendant cinq cents ans. Grâce à toi, Katherine a toujours un sourire sur le visage, tu en fais ta mission personnelle de lui faire esquisser un sourire.
Bien évidemment, Katherine n’est pas quelqu’un qui reste en place. Elle avait fini par quitter la ville tout en te promettant de revenir. Et c’est ce qu’elle avait fait ce soir-là. Elle est revenue à Chicago après plus de cinq mois d’absence car tu lui manquais - bien qu’elle ne l’avouerait jamais à voix haute.
Alors que tu changes de place dans le lit, ton bras se fraye un chemin jusqu’à la taille de Katherine, la ramenant vers toi et la sortant de sa rêverie par la même occasion. Katherine apprécie ce contact plus qu’elle ne le voudrait. Elle se laisse aller dans ton étreinte tout en inspirant ton odeur corporelle les yeux fermés. Tandis qu’elle grave ce moment dans sa mémoire, Katherine sent son coeur battre un peu plus vite, quelque chose qui n’était pas arrivé depuis un moment ; elle s’assure pour que ça n’arrive jamais. Les pensées de Katherine fusent à toute allure, cherchant une autre explication, mais la conclusion est unanime. Avec horreur, Katherine pense :
“Uh-oh, je tombe amoureuse.”
Elle ne peut l’accepter. Elle doit éviter les sentiments. L’amour ne fonctionne jamais quand il frappe à sa porte et elle ne veut pas te perdre. Elle tient trop à toi pour ruiner ce que vous avez, alors Katherine fait ce qu’elle sait faire de mieux, elle récupère ses vêtements au sol et fuit, te laissant seule dans ton grand lit.
Trois mois se sont écoulés depuis la fuite de Katherine. Tu as essayé de lui téléphoner, elle a refusé tous tes appels. Katherine fait tout pour tout oublier alors que toi, tes pensées sont occupées par Katherine. Tu ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Bien sûr, parfois, elle peut avoir d’autres choses à faire donc elle ne te répond pas, mais elle te rappelle toujours. Elle te rappelait toujours. Tu t’inquiètes pour elle, craignant qu’elle soit en danger. Tu n’as pas d’autres explications en tête alors tu t’es mise à sa recherche. Tu dois t’assurer que tout va bien.
De créature surnaturelle à une autre, tu arrives tout doucement à avoir des informations sur l’emplacement où serait Katherine. Katherine est vite au courant de ton plan et elle te rend la tâche plus compliquée en te mettant sur de fausses pistes. Elle a encore besoin de temps seule pour s’assurer que ces sentiments ont disparu. Elle ne peut pas les laisser prendre plus de place dans son cœur. Katherine est perdue dans le labyrinthe de son esprit à vouloir étouffer ses sentiments alors qu’ils ne demandent qu’à être exprimés.
Toutefois, tu es bornée et pleine de ressources, tu arrives à la retrouver un mois plus tard.
Tu attends Katherine dans son appartement. Tu ignores quand elle devrait rentrer, mais tu ne comptes pas la laisser filer entre tes doigts. Tu dois lui parler.
Katherine finit par rentrer au milieu de la nuit. Toujours sur ses gardes, elle savait que quelque chose clochait avant d’ouvrir la porte de chez elle. Elle rentre avec prudence et quand elle voit ta silhouette allongée sur le lit, Katherine fonce, prête à t’attaquer, mais elle s’arrête quand elle te reconnaît.
-Tu es complètement stupide ! J’ai failli t’arracher le cœur ! crie-t-elle en passant une maison sur son visage.
-Pourquoi tu m’ignores ? demandes-tu de but en blanc.
-Tu devrais partir.
-Non. Pas tant que tu ne m’auras pas répondu.
-Je n’ai rien à te dire, affirme Katherine en croisant les bras sur sa poitrine.
-Katherine, pourquoi tu m’ignores ?
-Parce que tu es pénible.
-La vérité, ordonnes-tu, l’agaçant un peu plus.
-Mon Dieu ! Pourquoi tu insistes ? Je ne te dois rien.
-Je me suis inquietée ! J’ai cru que quelque chose t’était arrivé ! J’ai cru que peut-être Klaus t’avait fait du mal.
-Je vais bien, tu peux partir maintenant, t’invite-t-elle en montrant la porte de la main.
-Je reste.
-Lâche-moi, Y/N.
-Répond-moi, Katherine ! t’énerves-tu.
-Je veux que tu me laisses tranquille ! On s’est amusées, c’était bien, mais je veux passer à autre chose donc arrête de me coller.
-Comme ça ? Sans raison précise ? Tout allait bien et tu t’es réveillée la dernière fois et tu as décidé de partir et de ne jamais te retourner ?
-C’est ça, répond-elle, la voix sans émotion.
-Je n’y crois pas.
-Crois ce que tu veux, ça m’est égal.
-Je te connais et je sais que tu me caches la vérité.
-Si c’était possible, tu me donnerais mal à la tête, soupire Katherine en se frottant les tempes. Lâche l’affaire, Y/N ! réplique-t-elle, plus fort.
-Non, je ne vais pas “lâcher l’affaire”. Tu es partie sans rien dire la dernière fois, tu as ignoré mes appels et tu as donné de fausses informations pour que je ne te retrouve pas, énumères-tu, ta dernière information la surprend. Je n’ai peut-être jamais été en cavale, mais je sais comment tu fonctionnes. Je sais que tu es en train de fuir, j’ignore quoi, mais tu fuis quelque chose.
-Tu dis n’imp-
-Vraiment ? l’interromps-tu, exaspérée. Parce que c’est totalement ce que tu fais. Dès qu’il se passe quelque chose que tu ne peux pas contrôler, tu prends la fuite, tu t’isoles de tout le monde. Tu n’as peut-être pas l’habitude, mais tu comptes pour moi donc je veux savoir la vérité, je veux savoir ce qui ne va pas pour pouvoir être là si tu as besoin de moi. Ne m’ignore pas, parle-moi, supplies-tu en faisant un pas vers elle. Je suis là pour toi.
Tu reprends ton souffle quand tu as fini de parler. Ton regard est planté sur Katherine, attendant une réaction de sa part. Elle n’en a aucune. Katherine est trop occupée à être choquée pour réagir. Jamais quelqu’un ne lui avait tant apporté d’attention. Elle ne sait pas comment réagir. Seul son cœur le fait. Il bat un peu plus vite alors que les sentiments qu’elle avait refoulé explosent une fois de plus dans sa poitrine.
“Oh non, je tombe amoureuse à nouveau”, se dit-elle.
Elle pensait qu’elle avait la situation sous contrôle, qu’elle allait pouvoir se protéger comme elle a toujours su faire, mais tu rends la tâche ardue. Katherine veut surtout se protéger à cause de l’amour. Stefan, Elijah et les autres, ça a toujours mal fini. Peu importe combien elle a essayé de garder le contrôle sur la situation. Elle a accepté qu’elle n’était pas faite pour l’amour alors Katherine ne peut pas craquer maintenant, pas même quand tu fais tout pour la garder contre toi.
Katherine prend une inspiration avant que son visage devient impassible puis, elle te répond séchèment :
-Je ne veux pas de toi, ni ici ni ailleurs. Je suis très bien seule. Je ne comprends pas comment tu as pu penser que tu avais autant d’importance dans ma vie. Tu n’es personne pour moi alors va-t’en.
Les mots de Katherine sont comme un coup de poignard dans ta poitrine. Tes yeux te piquent et tu fais tout pour empêcher les larmes de monter. Tu la regardes une dernière fois avant de claquer la porte de son appartement derrière toi.
Quand Katherine est seule, un sanglot presque inaudible quitte ses lèvres. Elle lève la tête, espérant qu’aucune larme ne coule. Elle ne s’est pas battu pendant cinq cents ans pour craquer face à une situation si peu grave ! C’est Katherine Pierce. Elle a survécu à l’originel le plus cruel, elle ne va pas se laisser abattre car elle ne veut pas tomber amoureuse. Cependant, la douleur dans sa poitrine n’arrange pas la situation. Katherine tente de l’ignorer en se disant que ça ne fera mal que pour un moment, mais que la douleur s’atténura. Elle le doit. Katherine inspire profondément avant d’expirer. Ce n’est qu’un moment dur à passer, elle réussira à t’oublier en un rien de temps. C’est ce qu’elle se dit, mais une partie d’elle sait qu’elle va devoir t’oublier tout au long de sa vie. Le lien que vous avez est trop unique pour qu’il soit laissé aux oubliettes si vite.
Tu n’as plus parlé à Katherine depuis un peu plus de six mois. Elle te manque. Tu aurais aimé ne jamais perdre ce que vous aviez. Tu n’avais jamais ressenti ça pour une autre personne auparavant. Tu savais qu’être proche de Katherine ne serait pas simple. Nombreuses sont les personnes qui t’avaient dit de rester loin d’elle car elle amène que le malheur, mais tu ne les as pas écoutées. Au début, tu étais ravie d’avoir fait ta propre opinion. Quand Katherine laisse tomber sa garde, tout devient plus simple et vous passez un moment inoubliable. Cependant, quand elle se crée des murs, tout devient douloureux. Tu voudrais bien essayer de lui parler à nouveau, mais elle n’a pas montré signe de vie depuis que tu es partie. De plus, tu es toujours celle qui fait des efforts, c’est à son tour de prouver qu’elle tient à toi.
Par conséquent, tu reprends ta vie comme elle était avant l’arrivée de Katherine, même si ton cœur saigne à son absence. Certaines choses te semblent plus fades, comme les soirs que tu passes seule, les balades dans la ville sans avoir personne à qui raconter les anecdotes historiques. Tu as du mal, mais tu t’y fais tout doucement.
Un soir, alors que les rues sont éclairés par les lampadaires, tu apperçois au loin une femme. Tu as besoin de la regarder pendant quelques secondes pour reconnaître Claudia, elle t’avait aidé à trouver Katherine. Elle te fait un signe de tête avant de disparaître quand une voiture passe devant elle. Tu la suis tandis que mentalement tu cherches la raison de sa venue. Quand vous arrivez dans une allée sans issue, Claudia s’arrête et te fait face.
-Pourquoi tout ce mystère ? questionnes-tu d’un ton moqueur.
-J’ai des informations sur Katherine Pierce.
-Je l’ai retrouvée il y a plus de six mois, tu es en retard, annonces-tu en commençant à quitter les lieux.
-Elle a été kidnappée il y a deux semaines, informe Claudia, ton estomac se tord en l’entendant.
-C’est impossible. On parle de Katherine Pierce.
-C’est ce qu’on m’a dit.
-Et ta source est fiable ? t’assures-tu en cherchant un signe de mensonge.
-Assez, oui.
-Qui l’a kidnappée ? Klaus ? Un des frères Salvatore ?
-Non, c’est Everett Ackland, te dit Claudia, le nom te semble familier. Katherine lui avait causé des problèmes il y a deux cents ans. Il veut une vengeance.
-Pourquoi est-ce qu’il la garde en vie, alors ?
-Katherine lui a causé des problèmes avec Klaus. Il espère pouvoir régler la situation en la lui donnant.
Suite à sa phrase, tu te rappelles de ce que Katherine t’avait dit sur Everett et tu sais qu’il ne la vendra pas à Klaus sans la torturer avant. L’inquiétude laisse place à la colère, sachant qu’il est en train de faire du mal à la personne qui compte le plus pour toi.
-Où est-elle ?
-Il la retient à Bloomington dans l’Indiana. Je t’enverrai l’adresse précise par message.
Tu n’ajoutes rien et quittes les lieux. En entrant chez toi, tu te saisis de quelques affaires dont des poches de sang puis tu conduis jusqu’à dans l’Indiana. Sur la route, tu reçois un message de Claudia et tu accelères, voulant arriver à destination aussi vite que possible.
Tu arrives vers des bois quand tu arrêtes ta voiture, à quelques mètres de la maison abandonnée. Tu te diriges vers un arbre et casses une branche afin d’avoir un pieu. Avec ton ouïe de vampire, tu écoutes et découvres qu’il y a quatre vampires en plus d’Everett et Katherine. Déterminée et en colère, tu marches jusqu’à la maison.
Tu ouvres la porte silencieusement et commences à avancer. Quand tu arrives sur des ennemis, tu les tues assez facilement. Tu devines alors que ce sont sûrement des jeunes vampires qu’Everett a créés pour éxecuter son plan. Avec le meurtre de ces larbins, tu sais qu’il est au courant de ta présence. Tu restes attentive au moindre bruit tout en te rendant dans la cave où Katherine est.
En descendant la dernière marche, tu as à peine le temps de jeter un coup d'œil à Katherine qu’Everett t’attaque. Il te plaque contre le mur, te faisant lâcher ton pieu. Tu réponds à son attaque et vous commencez à vous battre. Votre combat dure quelques minutes jusqu’à ce que tu arrives à lui arracher le cœur, non sans lui faire un sourire satisfait. Son corps tombe au sol en même temps que tu lâches son cœur. Tu te tournes vers Katherine et court vers elle.
-Kat’, tout va bien ?
En entendant ta douce voix, Katherine relève le visage, une expression soulagée se dessinant sur son visage. Tu inspectes son corps et remarques les différentes chaînes qui la maintiennent sur la chaise ainsi que les premiers signes de dessèchement. Elle a besoin de se nourrir rapidement.
-Je suis là, ça va aller.
Tu continues de la rassurer tout en brisant ses chaînes. Quand Katherine est enfin libre, elle laisse son corps tomber sur le tien. Tu la retiens de justesse alors qu’elle tente de s’accrocher à toi comme à une bouée. En faisant un peu plus attention, tu remarques qu’elle n’a plus son collier pour la protéger du soleil.
-Où est ton collier ? demandes-tu alors que Katherine te pointe une table placée dans un coin.
Katherine toujours appuyée sur toi, tu récupères son bijou et le lui mets. Tu replaces son bras comme il faut autour de tes épaules et la soutiens jusqu’à ta voiture où tu l’aides à s’installer au côté passager. Avant de fermer sa porte, tu vas dans ton coffre et récupères deux poches de sang puis, tu lui en donnes une. En moins d’une seconde, elle la boit jusqu’à la dernière goutte. Quand Katherine va mieux, tu lui donnes la deuxième poche puis tu vas du côté conducteur. Pendant qu’elle se nourrit à nouveau, tu démarres la voiture.
Vous êtes sur la route depuis plus d’une heure. Tu es concentrée sur ta conduite tandis que Katherine n’a toujours pas dit un seul mot. Son regard est perdu dans le paysage défilant. Tu n’oses pas commencer une conversation, devinant que Katherine a sûrement besoin de réfléchir alors tout comme elle, tu restes silencieuse.
Vous êtes sur le point d’arriver dans l’Etat de l’Illinois quand la voix rauque de Katherine brise le silence :
-Arrête toi.
-Quoi ? demandes-tu, pas sûre d’avoir compris.
-J’ai dit arrête toi, répète Katherine plus fort.
-On est bientôt arrivées.
-Je t’ai dit de t’arrêter, putain !
Tu freines brusquement, choquée par son ton sec. Tu n’as pas le temps de mettre la voiture au point mort que Katherine a déjà ouvert la porte. Elle marche rapidement, déterminée. Tu sais qu’elle peut utiliser sa vitesse vampirique à n’importe quel moment alors, tu te dépêches de l’arrêter dans sa lancée en te saisissant de son bras.
-Laisse-moi partir, s’énerve-t-elle en enlevant son bras de ta poigne.
-Et tu veux partir où exactement ?
-Je ne sais pas encore. Je verrai en cours de route.
-C’est ridicule, rentrons à la maison, l’arrêtes-tu alors qu’elle s’apprêtait à repartir.
-Ce n’est pas ma maison. Laisse-moi, je peux me débrouiller toute seule. Je n’ai pas besoin de toi.
-C’est ce que j’ai vu ! rétorques-tu, sarcastiquement. Tu avais totalement la situation sous contrôle quand tu t’es fait kidnapper et que tu étais enchainée.
-J’aurais fini par trouver une solution, comme toujours. Je suis une survivante, je sais me sauver moi-même.
-C’est vrai, tu as réussi à survivre pendant des siècles seule, mais ça ne veut pas dire que ça doit toujours être le cas. Accepte que tu puisses avoir besoin d’aide comme maintenant.
-Tu m’as libérée une fois, n’en fais pas tout un drame, s’exclame Katherine en levant les yeux au ciel.
-Je n’en fais pas tout un drame ! Je veux juste te montrer que je suis là pour toi quand tu en as besoin.
-Je n’ai plus besoin de toi alors lâche-moi.
-Pourquoi est-ce que tu insistes autant pour me repousser ? interroges-tu. Je sais que tu m’as dit que je ne suis personne pour toi, mais on sait toutes les deux que c’est faux. Ce qu’on partageait était réel et sincère et pour je ne sais quelle raison tu as décidé de tout gâcher. Peu importe le nombre de fois que tu dis le contraire, je sais que c’est faux, insistes-tu en te rapprochant de Katherine. Autrement, tu n’aurais pas perdu autant de temps avec moi. Autrement, tu ne serais pas restée avec moi toutes ces nuits et ces journées. Autrement, tu ne te serais pas autant confiée sur ton passé. Autrement, tu n’aurais pas osé être aussi vulnérable que tu as pu l’être. Autrement, tu n’aurais pas essayé de te réfugier dans mes bras quand tu m’as vu arriver. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu…
-Parce que je t’aime ! t’interrompt Katherine en criant.
-Quoi ?
-Je suis amoureuse de toi. Je suis amoureuse de toi et ça m’effraie, avoue-t-elle en te regardant dans les yeux. Toutes les fois où je me suis autorisée à ressentir ces émotions, ça n’a amené qu’à ma perte. À chaque fois, j’ai fini par perdre la personne et je ne voulais pas te perdre, toi. J’ai peur d’être amoureuse de toi et de te perdre, car je sais que si ça devait être le cas, je ne m’en remettrais pas alors j’ai préféré prendre la fuite plutôt que de te faire face.
-Je t’aime aussi, confesses-tu en tentant de prendre sa main sans succès.
-Ne le dis pas parce que je l’ai dit. Je n’ai pas besoin de ta pitié.
-Je te le dis parce que je le pense. Je t’aime aussi et c’est pour ça que je ne peux pas te laisser partir. Je t’aime trop pour te perdre aussi. Et je sais que ça ne sera pas facile, car tu as d�� vivre des choses horribles donc tu ne fais pas confiance facilement, mais je saurai être patiente, affirmes-tu en arrivant à prendre ses mains dans les tiennes.
-Tu dis ça maintenant, mais tu finiras par détester qui je suis vraiment comme les autres.
-Je te connais, toi. Je connaissais ta réputation bien avant de te rencontrer et ça ne m’a pas empêché de devenir proche de toi. J’ai appris à te connaitre réellement et ça ne m’a pas empêché de tomber amoureuse de toi. Je te veux, toi avec tout ce que ça implique, tes bons côtés comme les mauvais. Tu peux essayer de me repousser autant que tu veux, mais je n’irai nulle part. Je serai toujours là pour toi car je t’aime.
Tes mains de part et d’autre du visage de Katherine, ton regard plongé dans le sien, ton ton déterminé, le cœur de Katherine ne le supporte pas et se met à battre la chamade. Elle ne s’attendait pas à cette réaction de ta part. Elle ne s’attendait pas à autant de conviction de ta part pour ce que vous partagez.
Alors que les yeux de Katherine cherchent une preuve, même infime, de mensonge dans tes yeux, elle ne voit que de l'honnêteté, de l’amour et la peur que tu as de la perdre. À ce moment-là, une seule pensée lui traverse l’esprit :
“Oh, je tombe amoureuse”.
Elle qui pensait faire face une nouvelle fois à une cause perdue, voir encore un amour tomber, tu viens de lui prouver que cette fois, ça pourrait être différent. Cette fois, elle peut s’autoriser à réellement tomber amoureuse sans avoir peur, tu seras toujours là pour la rattraper.
Katherine pose sa main contre la tienne, la caressant délicatement avant de t’embrasser avec passion. Tu réponds à son baiser tout en la rapprochant de toi autant que possible. Katherine se perd dans votre baiser qui, pour une fois, n’a pas le goût d’une future trahison, mais d’un amour pur.
Masterlist
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Whumptober 27 : Voiceless
Muet, Arsène Lupin
Le reste de la bande venait de sortir, mais Grognard était resté dans la cuisine, tournant autour de la table, inspectant les pots de farine et les flacons d’épices sur les étagères.
« Tu veux quelque chose ? » l’interrogea sèchement Achille, pressé de reprendre l’inventaire des courses à faire.
Grognard leva les mains en signe d’apaisement.
« Non, juste… »
Il n’était pas homme à bégayer et, pour cette raison, Achille se douta de ce qu’il allait demander avant qu’il ne rouvrît la bouche.
« Comment va le patron ? »
Dans le mille.
Achille hésita, mais Grognard appartenait au cercle des plus loyaux compagnons de Lupin et il aurait risqué sa vie pour le patron – Achille l’avait déjà vu le faire. En outre, très honnêtement, Achille était à bout de ressources.
« Il n’a pas quitté son lit depuis avant-hier. »
Grognard grimaça.
« Tu as pu lui parler un peu ? »
Achille secoua la tête.
« Non, il n’a pas ouvert la bouche depuis… depuis. Il ne me répond même pas quand je lui propose à manger, ou que je lui pose des questions sur nos affaires en cours.
– Et tu sais… tu as compris ce qu’il s’était passé ?
– Pas vraiment, à part l’essentiel : que Sonia… »
Grognard opina avec un bruit de commisération.
« Je sais que ça a été violent. Je crois qu’elle a voulu préparer un coup sans le patron, sûrement pour lui faire une surprise, comme elle cherchait toujours à l’impressionner, et qu’elle s’est alliée à une crapule qui l’a… qui…
– Qui s’est débarrassé d’elle pour tout empocher, je suppose.
– Je crois, mais aussi… Je pense qu’il y avait une sorte de vengeance amoureuse, parce que… le patron n’a rien dit, mais d’après ce que… Je crois qu’elle était en morceaux », souffla Achille.
Grognard se laissa tomber sur une chaise. Son visage avait perdu ses couleurs. Leur vie, passée comme présente, occupés comme ils l’étaient à des jeux dangereux en marge de la société, les avait habitués au frisson, au danger et à la violence – même si ne travaillaient pour Lupin que ceux qui ne la courtisaient pas. Mais certaines horreurs ne se concevaient pas et les laissaient sous le choc.
Le silence s’étira.
« Je ne sais pas quoi faire, finit par confesser Achille.
– Il faudrait de l’aide. »
Cette remarque provoqua chez le domestique un ricanement sans joie.
« Et qui pourrait nous aider ? »
Grognard ferma les yeux.
« La vieille Victoire, on pourrait la faire venir, non ? C’est le genre de personne dont on a besoin dans ces situations.
– J’y ai pensé, mais quand j’en ai parlé au patron, il m’a interdit de la contacter. Apparemment, il lui a donné comme mission de s’occuper d’une petite fille dont la mère est malade et il refuse qu’elle s’absente.
– Et on est obligés de lui obéir ? insista Grognard, qui avait toujours été le plus insolent de la bande. On pourrait juste la tenir au courant de la situation : m’est avis qu’elle sauterait d’elle-même dans le premier train… »
C’était tentant, mais peu sage, et Achille se résigna, comme toujours, à exprimer la voix de la raison.
« Le patron est déprimé, pas fou. Je ne vois pas comment on pourrait défendre à ce stade de ne pas écouter un ordre direct. »
Grognard acquiesça sourdement. Puis il releva la tête.
« Et son ami, là, l’écrivain… Il a l’air d’être un brave type, non ? Il n’ira pas le vendre à la police… »
C’était une bonne idée.
« Je connais son adresse à Neuilly, j’ai servi plusieurs fois de chauffeur au patron quand il lui rendait visite…
– Tu crois qu’on pourrait le faire venir ? s’enquit Achille, soudain revigoré à cette idée.
– Il est très surveillé par les roussins, qui le soupçonnent à raison d’être le fameux historiographe qui documente nos aventures. Ça me paraît dangereux de l’amener dans notre planque, surtout à un moment où le patron n’est pas… au mieux de sa forme. Il serait plus facile de conduire le patron jusqu’à lui, ça je sais faire discrètement.
– Et comment on le convainc de monter dans une voiture alors qu’il ne quitte même plus sa chambre ? »
Grognard sourit avec malice :
« Rien de plus facile, on le prend par son point faible : si son ami lui envoie un appel à l’aide, il accourra toujours, quel que soit son état. Or, par chance, l’un d’entre nous est un excellent forgeur, conclut-il avec un regard éloquent pour Achille.
– Tu me flattes », rétorqua ce dernier.
En temps normal, il n’aurait eu aucun espoir de tromper Lupin avec ses maigres talents. Il n’était même pas le forgeur ordinaire de la bande : cet honneur revenait actuellement à Mendès et à Jacques, pour les affaires courantes, tandis que les correspondances les plus sensibles étaient en général gérées par le patron lui-même. Mais les circonstances étaient exceptionnelles et ils n’avaient pas de meilleur plan. Il fit donc signe à Grognard de le suivre en direction de la bibliothèque du rez-de-chaussée, où il prit dans un secrétaire le matériel nécessaire et les échantillons d’écriture appropriés, rangés selon l’ordre alphabétique dans une vaste armoire dont le contenu valait, en secrets d’État et en confessions scandaleuses, plus d’or qu’un coffre de banquier.
Le plan fonctionna très bien, et même extrêmement bien puisque Lupin, qui passa la soirée et toute la nuit chez son ami (lequel, malgré sa surprise initiale, s’était montré généreux en hospitalité et réconfortant comme savent l’être les romanciers, qui trouvent les bons mots pour apaiser la douleur de leurs semblables), rentra le lendemain en pleine possession de ses moyens.
Il voulut naturellement passer un savon à Achille et Grognard, mais tous deux s’en fichaient et ils étaient si soulagés de l’entendre parler à nouveau qu’ils n’écoutaient rien des remontrances elles-mêmes. De toute façon, ils connaissaient bien assez le patron pour savoir que la seule personne contre qui il était réellement furieux, c’était lui-même, pour s’être laissé berner sottement. Dieu sait qu’il avait des excuses, mais on ne devenait pas Lupin sans une obsession du contrôle et de la perfection tout à fait démesurée. Cela lui ferait d’ailleurs le plus grand bien, songeait Achille, de se rappeler que ses complices aussi avaient des talents sur lesquels il pouvait se reposer, et d’accepter leur aide.
#whumptober 2024#no.27#voiceless#arsene lupin#tw violent death#tw graphic violence#tw canon trope of a woman in a refrigerator#maurice leblanc
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Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir…”
Bon, retour à l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle était censée être courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste après les derniers évènements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur côté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont très clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espère que ça te plaira !
Lachésis fit craquer sa nuque sur sa monture, épuisée alors que le soleil se couchait derrière Fhirdiad. Sa sœur et elle avaient passé des semaines à courir dans tout le domaine royal pour récupérer les ordinaires, et elles avaient dû arracher les sommes réclamées pièce de cuivre par pièce de cuivre !
« Déesse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous étions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait été terni à jamais… encore plus chez les nobles qui ne veulent même pas mettre la main à la bourse… râla Thècle, épuisée. Et Déesse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gèrent mieux leur argent de poche, marmonna Lachésis. Pour les baillis qui ont été nommé par Sa Majesté Ludovic ou quand Nitsa était encore là pour éviter les catastrophes, pas de problème, c’était propre, mais pour ceux nommés par Lambert, je préfère éviter de commenter de peur d’être impolie.
– C’était gérer avec les pieds oui… Nitsa serait morte de honte… comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donné Héléna en mariage à Lambert, c’était comme donner de la confiture à un cochon, sauf que le cochon à l’excuse d’être un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander à Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon côté, c’était surtout grâce à l’année à Garreg Mach où ils se sont beaucoup rapprochés… et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, même elle commençait à se détacher… elle lui a même interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire…
– Ça aurait été mieux si Sa Majesté Ludovic avait pu mettre en œuvre son idée de monarchie élective… et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tête d’ahuri…
– Tout ce qu’il méritait si tu veux mon avis. Il l’a épuisée jusqu’à l’os, » gronda l’ainée, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sœur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mèche. « Nitsa avait toujours eu la santé de maman… je m’en souviens, elle n’était jamais tombée malade… pas une seule fois… mais quand elle s’est mariée… je ne sais pas, c’était comme si Lambert était un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité… elle était épuisée et affaiblie tout le temps… enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari à faire car, elle devait toujours passé derrière lui…
– Quand on sait ça, ce n’est pas étonnant qu’elle ait eu autant de mal à mettre le petit prince au monde… elle qui voulait tant avoir un enfant…
– Et encore, il ne serait peut-être jamais né si Dame Félicia n’avait pas été aussi prévenante avec elle et Sa Majesté Ludovic aussi soucieux d’elle… enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement à Fhirdiad… les ramena à la réalité Lachésis.
– Je m’étais contenté de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dû le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! Râla Thècle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude et continue à s’enfoncer, grogna l’ainée de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir à coup de pied au cul à ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences à devenir grossière, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe à la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont évoluées à la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tôt.
– Hum… tu as raison, faisons ça, » accepta Lachésis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sœurs se turent en entrant à la capitale, se faisant discrètes, même si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptèrent très vite de ne pas les annoncer – même trop vite – et les encouragèrent plutôt à aller à la taverne dit du père Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller là-bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait été levé en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passé ici ! C’est juste à peine croyable ! »
Les deux sœurs esquivèrent son insistance en jurant qu’elles allaient y réfléchir, même si elles se méfiaient de cette proposition. Vu les antécédents de Rufus, cela pouvait être un guet-apens… mais d’un autre côté, cette taverne était très fréquentée par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriétaire serait fiable alors, peut-être… elles iraient peut-être avec quelques gardes… surtout qu’elles savaient se défendre, en particulier dans des espaces confinés… et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien à perdre à connaitre l’avis des habitants…
Les rues étaient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les égouts et transformaient la chaussée en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries étaient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargés de les chasser, même s’ils manquaient très clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces étaient émaciées, creusées par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure après tout ce qui s’était passé ces dernières semaines… le terrain parfait pour le développement d’une épidémie…
« Un seul malade… un seul… et la peste est de retour… c’est pas vrai ! Enragea Lachésis. On avait dit et répété que la somme qu’on laissait à l’entretien des égouts ne devaient pas être utiliser pour autre chose ! On court à la catastrophe ! »
Les deux sœurs passèrent sur la place principale pour voir si rien n’y était placardé, n’espérant même plus que Rufus n’y fasse pas étalage de sa cruauté et de son incompétence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste à côté du gibet où se balançait un corps balloté par le vent, se décomposant déjà. Il aurait dû être dans une fosse commune depuis longtemps… même pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en était un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubrité public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient à côté… et à la lecture du placard, cela les étonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet… Déesse, Rufus était allé jusqu’à ressortir la réglementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une véritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus… et si…
« On y va ce soir ? Proposa Thècle.
– Ça me semble plus que nécessaire… » marmonna Lachésis.
S’équipant tout de même d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides à mettre, les deux sœurs se rendirent à la taverne du père Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement était plein à craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, même si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient à portée de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar où se trouvait le patron de l’établissement, le hélant sans hésiter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura Lachésis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer à Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vérité alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum… je sais pas, il a pas mal toussé… et imagine si…
– Non, c’est bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles… et l’air ambiant en ville ne m’aide pas…
Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arrière-boutique, enveloppé dans une couverture mais, la main qui la tenait était couverte d’encre. Au nom de la Déesse… c’était fou à quel point il pouvait ressembler à Sa Majesté Ludovic dans sa jeunesse ! Lachésis était petite à l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle était sûr que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi à cette époque… le père Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prévenant avec inquiétude.
– Fait tout de même attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble être encore plus mauvais pour toi que pour nous autres… ça doit te changer de celui d’Albinéa…
– Oui, il est bien meilleur là où je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prévenu de votre arrivée, j’imagine que vous êtes les filles de la matriarche Catherine Charon, Lachésis et Thècle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlé de vous.
– Enchanté Citoyen Hange, le salua Lachésis à la manière charonis. Nous aurions des questions à vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passé pendant notre absence ? On se croirait de retour à l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une décision de Rufus, les sommes allouées à l’entretien des canalisations et des égouts ont été redirigés vers le maintien de l’unité du Royaume, et la future expédition punitive contre Gautier… déclara-t-il en s’asseyant face aux deux sœurs, ajoutant en les voyant écarquiller les yeux, elles n’avaient pas dû avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passé après votre départ…
Ludovic et les fhirdiadais résumèrent les derniers évènements aux charonis, détaillant seulement les éléments les plus importants. À la fin de leur histoire, Thècle passa sa main sur son visage, fatiguée rien qu’à entendre tout ceci…
– Déesse… quelle honte pour Faerghus… il est tellement incompétent qu’il vaut mieux être transformé en loup que de le subir ! Et pauvre Félix quand il va voir son père et son oncle arrivés devant lui en étant des loups ! Et ces méthodes de gouvernement… c’est pas le fils de son père, mais de son grand-père… autant pour Rufus que pour Lambert… c’est une honte d’aussi mal géré ses caisses et son Royaume… qu’est-ce que je dis, il ne doit même pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons même pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrés chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a accepté d’espionner le roi pour que leurs émissaires puissent mesurer à quel point il est incompétent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien à cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontière du côté ennemi à cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord… déclara Ludovic en hochant la tête. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guère plus reluisante.
– Non… pour résumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dû arracher la moindre pièce de cuivre à tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espèces sonnantes et trébuchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu épargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une pièce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curé. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi…
– Et encore Lachésis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait été si on avait dû récolter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sœur. Là, c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font déjà avec les levées en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait à l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indépendance. On se dirige vers ça de toute manière… enfin, on devait déjà engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crâne…
– Il invoque Héléna pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne réponds plus de rien… ajouta l’ainée. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami Félix, alors que c’est Lambert lui-même qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale… au moins pour éviter que notre sœur soit la femme de l’homme qui a mené Faerghus à sa perte, il a déjà assez souillé sa tombe comme ça…
– Hum… si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous démenez pour cette raison…
Les deux sœurs se tournèrent vers une femme de l’âge de Lachésis, proche de la cinquantaine, accoudée au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessé à la tête s’approcha d’elle, posant sa main sur ses épaules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutôt quelle reine… la femme tourna la tête vers les sœurs et Ludovic, l’air sombre et blasé quand elle annonça. Le roi s’est remarié, ça fait déjà des années à présent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé…
Lachésis et Thècle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non… c’était pas possible… leur famille gérait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils étaient les gratte-papiers de la couronne depuis des générations ! Ils auraient forcément dû voir les papiers d’un maudit mariage ! Même morganatique !
– Quoi… ne put s’empêcher de lâcher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous être au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numéro deux vivait en recluse, même si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sœur » de Cornélia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sœur. Hein… connerie, elles sont aussi sœurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placé pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye était suffisamment généreuse pour que je ne révèle jamais son secret, vu le tempérament de chien de cette femme et comment le roi mène sa barque en ce moment, j’en ai plus rien à cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitré pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit à une voiture pour elle toute seule car, elle a tanné le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privé, elle disait que c’était également pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa Majesté les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils étaient contre mais, Lambert ne les a pas écoutés, évidemment… Patricia et eux ne s’appréciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne à la guerre ouverte après ce qui est arrivé au louveteau de la famille, quand il a failli être brûlé vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim… marmonna Lachésis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu être l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succéder à notre sœur mais, malgré cette différence de rang, le mariage avec une roturière n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait été d’un ridicule consommé quand le roi Loog lui-même était un fils bâtard ayant passé tout le début de sa vie à gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalité de ses proches alliés étaient également des enfants illégitimes ayant vécu comme des roturiers et étaient mariés à des roturiers. Même si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupé tous les liens avec Adrestia et qu’elle a épousé tous les intérêts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problème à ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturière, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et Cornélia a rendu de grands services à la capitale et a une position considérable. Ils se seraient mariés de manière morganatique, certes, au moins pour éviter des problèmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-né du roi, avec un emblème et sa mère est la fille de la quatrième famille du Royaume en importance, et à octante-quatorze voix près, ça aurait été notre ancêtre Sybille qui aurait été élu reine à l’indépendance. Sa position d’héritier est donc complètement inattaquable, sauf si la nouvelle reine était une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas être le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblème majeur, ce qui n’est jamais arrivé, la Déesse soit louée. Quel intérêt a autant caché cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la période de deuil était passé et si elle était digne de succéder à Héléna, nous l’aurions accepté, même si je doute qu’elle le soit si même les ducs de Fraldarius ne l’appréciaient guère. Et vous avez également dit qu’elle n’était pas vraiment la sœur de Cornélia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prétend être sa sœur pour se cacher, et c’est justement là le problème, c’est qu’elle est une membre de la famille impériale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mère d’une de ses héritières, la princesse Eldegard qui a l’emblème de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite à une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se réfugier auprès du roi. Ils se sont rapprochés et sont tombés amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenés à convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a défendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brûlé vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frère, et de deux parce qu’il avait ramené dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protéger d’une autre période de crise à Embarr et la ramener à sa mère. Sans cette sombre affaire, Sa Majesté aurait même souhaité qu’Eldegard reste indéfiniment à Fhirdiad pour faire plaisir à sa femme.
– Attendez… la coupa Thècle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est marié à une épouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachées à lui à vie, qui est aussi la mère d’une potentielle future impératrice… cinquième dans l’ordre de succession mais quand même, c’est tout à fait possible qu’elle le devienne étant donné que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem… qu’elle est la sœur d’un noble frontalier qui a été exilé à vie de Faerghus après une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes… qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complètement illégal… le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est compréhensible aux demeurants vu ce qu’elle a dû vivre mais, on n’aurait jamais pu nier être au courant de sa situation si sa véritable identité était découverte un jour, ce qui aurait été un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre côté de la frontière… et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaqué à son arrivée sur le trône uniquement parce qu’il avait peur de Sa Majesté Ludovic même s’il avait la tuberculose et a dû très vite faire face à de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprès de son fils qui plus est alors, si Ionius décide dans sa grande mansuétude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sœur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, même si tout est au passé, elle est morte dans la Tragédie de Duscur… enfin, c’était bien mérité, elle poussait le roi à y aller… elle s’était éloignée de lui après qu’il ait exilé son frère pour tentative de meurtre…
– …Après qu’on lui ait mis la décision de justice dans les mains pour le forcer à prendre une décision vous voulez dire, la corrigea Lachésis en maugréant, comprenant mieux le bourbier où c’était enfoncé Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcé à se décider, il serait encore en train de réfléchir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tenté de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frère de sa… de sa femme… pas étonnant qu’il ait autant hésité à le bannir, même si c’était une sentence extrêmement clémente pour son cas… nous qui croyons que c’était à cause de son habitude de détester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathétique qu’on ne le pensait… il délègue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous… Déesse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait même son fils en danger ! Il aurait très bien pu recommencer et brûler vif Dimitri après avoir été à deux doigts de tuer Félix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage… si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes à ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tenté de le faire revenir à la raison concernant Son Altesse mais, rien à faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frère… alors…
Le bruit du poing de Thècle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux éclairé par son emblème. Elle était hors d’elle… tout… tout…
– Tous ces morts… ma grande sœur… mon petit frère… ma propre fille… mes neveux et nièces, mes beaux-frères et belles-sœurs… nos citoyens… tous ces gens… tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sécurité nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille était sur ces talons avec une Myrina furieuse derrière l’épaule ! C’est ce que vous êtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tête, provoquant encore plus l’ire des deux sœurs. Se reprenant un peu, Lachésis demanda, même si elle ne se faisait guère d’illusion là-dessus, histoire de voir à quel point Lambert avait craché sur tout, autant son rôle de roi, de père et de mari.
– Au moins… est-ce qu’au moins, elle était digne d’Héléna ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insulté la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma était digne de la grande reine qu’était ma sœur ? Est-ce qu’elle était digne d’être la belle-mère du fils d’Héléna et a été une aussi bonne mère pour lui que notre Nitsa l’aurait été ?
– Hélas non… au début, ça allait mais, je pense qu’elle était un peu intimidée et encore choquée par ce qu’elle avait fui, elle tentait même de se lier d’amitié avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie… elle était capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement à ce qu’elle voulait, même si c’était impossible à réaliser. Ça devait être pile ce à quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vêtements, la décoration de ses appartements ou même la réalité. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle était aussi extrêmement jalouse, même des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre… je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impérial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa première femme devant elle, même si c’était au prince, alors que Sa Majesté Héléna est sa mère. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gênaient pas pour parler de Dame Héléna devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succéder à la place d’épouse de roi… c’est pour ça que j’en ai plus rien à secouer de balancer tout ça, j’ai été chassé sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mérite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire à son mari de parler à son enfant de sa mère qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous à ce stade d’indignité !
– J’ignorais également tout cela, marmonna Ludovic après Thècle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est lié à cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus à ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant éviter un maximum de donner plus d’argument à Ionius pour convaincre son ministre des armées de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au détriment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dès demain, croyez-nous sur parole, menacèrent les deux sœurs, furieuses et humiliées.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le père Mercier pour se calmer, puis les remercièrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élément crucial d’une embuscade était l’effet de surprise qui empêchait de s’organiser correctement et de se défendre, faute de renseignement ou de préparation insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bâton équivalent.
De son côté, le père Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions à la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marché noir, Tristan, même s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvée à l’orée de la forêt. L’odeur fraiche lui débouchait bien les bronches, même si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air même de la ville attaquait ses poumons sans pitié, comme s’il les pourrissait à l’intérieur même de son corps… ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tête haute malgré tout…
« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’être mal-né malgré son emblème… songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait né dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, même s’il aurait eu un règne court si sa santé ne suivait pas… »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le père Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps à comprendre où et quand il était. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder à tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscurité profonde et dans un torrent de pluie démentielle… on se croirait en plein milieu de la nuit…
Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, éclairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il était dans la grande salle de Garreg Mach… Héléna la tenait dans sa main, illuminant une table où était assis Rodrigue et Alix côte à côte en se partageant un livre, faisant face à sa première épouse et Félicia ainsi qu’Ivy qui était assis à l’envers sur une chaise, les bras croisé sur le dossier et la tête dessus… c’était à la fois si proche et si lointain… à peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé… Lambert se souvient alors de ce jour-là, à l’académie des officiers… un orage de tous les diables les avaient obligés à passer leur dimanche à l’intérieur alors, en se perdant dans la bibliothèque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux étaient tombés sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusés à chanter les différents airs du recueil une bonne partie de l’après-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les écouter. Leur voix avait toujours été magnifique…
La lumière de la flamme éclaira le visage halé d’Héléna, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressée, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa crinière indomptable avec leur fils… son visage était à la fois si semblable et si différent de celui de Patricia… comme éclairé par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sérieux et son doux sourire à la fois si rare et si précieux… elle rayonnait force et de santé dans chaque morceau de son être…
« Héléna… »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa première épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumière rassurante…
Les jumeaux changèrent alors d’air, se mettant à entamer la « Supplique de Fraldarius », même si aucun des deux n’aimaient les hypothèses autour de cette chanson. Ils appréciaient la chanter pour toutes les émotions à l’intérieur mais, trouvait que l’interprétation des érudits autour ne collait vraiment pas à ce qu’ils ressentaient dans les paroles…
« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensées, les parasitant avec leurs paroles étranges et inquiétantes alors que la flamme dans les mains d’Héléna faiblissait…
Deux yeux bleus d’eau percèrent la pénombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscurité, avant qu’il ouvre une gueule écarlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres… Lambert s’écria alors, même s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son épouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pétrifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe à la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hésiter malgré sa méfiance naturelle, peut-être parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, Héléna le suivit sans hésiter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiétude et de peur que ça dégénère après sa crise de colère, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus à Garreg Mach… non… non… il était de nouveau entouré des corps Duscur…
Héléna portait à présent sa longue robe blanche et bordeaux, brodé de son emblème et de l’astre céruléen, ses longs cheveux dénoués battant en silence dans le vent à la fois brûlant et glaciale, portant ses mots étranglés alors qu’elle se baissait vers les morts…
« Nia… Momon… »
Elle se releva, ses gestes saccadés faisant penser à ceux d’une poupée désarticulée, choquée en découvrant d’autres corps portant leur emblème, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidèles de sa famille…
« Tous… tout le monde… »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la dernière personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas à la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tâche bleu roi dans cet océan de blanc et de brun-rouge…
« Oh non ! Dimitri ! »
Héléna se précipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant à leur fils, même s’il ne pouvait pas l’entendre, brûlé et étranglé de fumée…
« Dimitri… tient bon… tient bon… je vais te soigner… Mitsos… »
« Dans le noir des ténèbres, même le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ô dieux, à la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup réapparut, s’asseyant à ses côtés en passant sa truffe sur les cheveux calcinés du blessé… Héléna se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle était avant sa mort. Sa peau semblait livide malgré son teint halé, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille… tel que la peste l’avait laissé…
« Tel que toi, tu l’as épuisée… susurra le loup sans qu’Héléna semble l’entendre, cette dernière lui demandant sans hésiter.
– Qui… qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand Héléna se redressa, fixant son mari alors que son visage choqué changeait, s’enflammait de colère, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgré les ronces qui m’étranglent et toujours me lacèrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma prière,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert… comment as-tu pu… comment as-tu pu emmener notre fils ici… comment as-tu pu emmener mon fils dans une expédition aussi dangereuse ?! Tu aurais dû le laisser au palais en sécurité ! Il n’avait rien à faire dans une expédition pareille !
– Héléna… je… je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui… lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais…
– Tout le monde t’a prévenu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protéger. Myrina t’a dit et répété que ce passage était très dangereux et qu’il ne fallait surtout pas t’attarder dans ce piège à rat. Kimon t’a dit que tes lettres étaient mal faites et tes promesses irréalistes alors, il fallait travailler à nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus réalistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait à encore plus de vigilance. Lachésis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrêter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et Thècle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusé et résultat, il continue à massacrer d’autres êtres humains sur la frontière sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a répété plusieurs fois à quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et à quel point ils n’avaient pas le temps de tout préparer correctement pour assurer au maximum la sécurité de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore répété avec force. Mais tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– Héléna… je… je…
« Même si je suis prisonnier, je m’évaderai !
Même si je ne suis plus que mon désespoir, je m’en servirai !
Même couvert de chaines, jusqu’à la dernière je les lacérerai !
Ô lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgré tout mais, sa première épouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prête à frapper pour défendre Dimitri derrière elle, tout semblable à plusieurs représentations de la Flamme Passionnée, protégeant les siens en s’enflammant elle-même. La douce chandelle semblait être tombé dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallée étroite dans des flammes bleues, embrasant un grand bûcher funéraire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant Héléna à qui Dimitri s’accrochait à présent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une échappatoire… n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haïssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
Même si devenir une bête est le pire des sorts à redouter,
Je suis prêt à en être une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui résonnait tout autour de lui, l’homme vit à nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tête sur ses pattes, souriant toujours à pleines dents en le voyant se débattre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi… ! »
Emporté par sa propre colère de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacé son ami, Lambert arriva à trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et à se hisser là où était la bête cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire après avoir monté Héléna contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait à ce point ! C’était sa faute si elle était aussi en colère et fatiguée !
Cependant, quand il arriva à se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu éloigné, riant toujours à la manière de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadé et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathétique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place à…
– Seulement si tu arrives à me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tâchant la blancheur éclatante des lieux avec sa noirceur de ténèbres, le forçant à s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il était bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige épaisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait à vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de légères traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait à nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mêlent et s’entremêlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destiné la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracé,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-même décidé par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance…
…n’est que le résultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais décidé que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que…
– Mais tu as tout de même décidé que tu mènerais le Royaume à sa perte.
Lambert s’arrêta net, figé en découvrant son père au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminé par la Lune… après avoir rencontré Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mêmes yeux que leur ancêtre… le loup était là aussi, allongé aux côtés de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-même, le narguant toujours… c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son père allait lui faire remarquer…
– Regarde Lambert, lui ordonna son père en montrant la vallée en contrebas. Regarde le résultat de ton indécision et de tes décisions. Regarde les conséquences de tes actes.
Bien obligé d’avancer, l’homme obéit et regarda au bas de la colline. Tout était sombre, tout était plongé dans le noir sans aucun soleil à l’horizon… comme sans lendemain… il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indéfinis, comme vidé de toute vie…
– Non… il y a encore de la vie en Faerghus… on arrivera à se relever… on…
– Tu répares ce que tu as brisé toi-même, répliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissé derrière moi un Royaume sain, prospère après tant d’année de guerre et de terreur… toute ma vie, j’ai travaillé afin que le règne de mon père ne se répète pas… que tant de personnes ne subissent pas à nouveau de telles atrocités…
– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal à mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainés dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu méprises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de manière différente. Clovis se moquait éperdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait à l’abattoir sans hésiter ou remord. Toi, à cause de ton inconscience et de ta naïveté, tu agis sans prendre en considération les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadé que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de réparer ce que tu as brisé, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou réparer cette absence… le tout en écoutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’être plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation… souffla-t-il en passant sa main sur la tête du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois où tout ceci t’a mené… mon plus grand regret est d’être mort aussi tôt, trop vite pour t’empêcher d’accéder au pouvoir. Tu n’as pas les épaules pour être roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tâche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgré tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colère. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissé le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout détruit sur son passage en étant persuadé de bien agir, et cela l’a conduit à sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colère et le ressentiment, la faim le gangrène, la maladie guette dans la pénombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple… il se délite même, Gautier est déjà en train de faire sécession vers Sreng où ils ne seront plus obligés d’obéir à tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait à ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentés par le désespoir ? Que pensera Galatéa en voyant que Rufus les a déjà abandonnés ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait à leur sœur ? Que penses-tu ce qui va arriver à Faerghus après tout ce que tu as fait et laissé faire ?
Lambert ne répondit pas, regardant son père sans savoir quoi dire… à part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que… il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver…
– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas été arraché de force à ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, à présent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De près, on voyait ses côtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat étaient rougis de larmes… Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tête du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais été avec presque personne d’autre… même si Lambert savait en son for intérieur que son père avait été chaleureux avec lui, souvent même avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empêcher la jalousie de ronger son cœur, sachant à quel point Ludovic aurait préféré que ce soit ce loup son héritier plutôt que lui…
– Que de vies perdues et ruinées à cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse…
Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relève et le regarde dans les yeux, sa colère gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de répondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacérant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui… le plongeant dans les ténèbres les plus froides et terrifiantes…
Un fredonnement incompréhensible grouilla dans l’obscurité humide, le glaçant malgré sa familiarité…
Les ténèbres se dissipèrent à peine, alors que Lambert échouait dans une forêt noueuse et sombre… il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en était saturé… ces bois n’étaient pas éclairés par le soleil, seule la lune, l’Astre Céruléen et les étoiles tâchaient la nuit, éclaboussant les branches noires et emmêlées les unes les autres de leur lueur blafarde… ce n’était même pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque… il s’approcha, hésitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours…
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Rodrigue était apparu face à lui, tout différent de celui qu’il était avant de se transformer. Ses joues étaient de nouveau pleines, ses gestes plus assurés et précis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal… il semblait à nouveau en pleine santé, comme avant… une grande peau du loup recouvrait ses épaules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des ténèbres. Son chapelet était autour de son cou plutôt que sur son poignet droit, l’emblème de Fraldarius reposant sur son cœur, de nouveau en bon état alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimé à force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses prières… Un cercle d’argent orné de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale… il avait l’air d’un meneur de loup, comme un être de légende sorti tout droit d’une chanson de geste… le roi de la forêt et de la nuit venant voir en personne qui avait osé franchir la frontière de son Royaume…
Ses yeux de chat se posèrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles… ce n’est qu’à ce moment-là que l’homme se rendit compte que le loup… l’homme face à lui… Rodrigue… peut-être… avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner… il devait encore le chercher partout…
« Que… que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoqué tout ceci, n’est-ce pas… ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! Héléna ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! Même la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrés ! C’est toi qui les as amenés ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma réponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mérité. Ce mépris et ce rejet sont tout ce que tu mérites.
Lambert eut un mouvement de recul face à son ami. Même s’il était redevenu humain, tout son comportement ressemblait à celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dévorer…
Rodrigue voulait le dévorer… il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le décapiter, il en était sûr… !
– Comment as-tu pu changer comme ça… osa demander Lambert. Nous… nous étions amis…
– Amis… répéta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mélange de mépris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils… tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail à ta place, tout comme Rufus… m’épuiser jusqu’à la dernière goutte de force et d’espoir… comme tu l’as fait pour Héléna… puis tu m’as tout pris… tout… tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en étant persuadé de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres désirs et ton égocentrisme…
– Tu sais bien que je ne pensais pas à mal… marmonna encore Lambert en détournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te… !
– Allons, relève la tête, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjoué, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? Répéta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compère de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas à quel point être obligé de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son père n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi à la légère me faisait souffrir ?
Malgré la menace, Lambert était incapable de bouger, happé par le tourbillon de question de l’entité face à lui, harponné par ses yeux si bleu posés sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore réparer tes erreurs à ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tué mon fils et mon compère me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frère me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la dernière question.
– Tu ne savais pas à quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon âme depuis ce jour où tu es rentré sans eux ? Que tu es naïf… c’est à vomir…
Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonné, ne laissant qu’une émotion brute de haine, de dégout et de détestation gravé au plus profond de sa voix et de son être.
– Rends-les-moi… rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libérer, accrochant ses propres mains à celles de l’homme en échouant à le faire lâcher prise malgré sa force… est-ce qu’il était vraiment devenu un être surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer… du sang coulait le long de sa gorge… il était sur le point de l’égorger ! « Tu as répandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est à cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue… tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi Félix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allé jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La dernière personne que Félicia a rencontrée et aimée plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as même osé m’arracher Félix par caprice après avoir tué Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je… Lambert haleta, ayant du mal à parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le récupérer comme ça… Dimitri doit vou…
– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a échappé ! Rends-moi Félix ! Arrête de te comporter comme un enfant gâté et rends-moi Félix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour récupérer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tête en déchirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! Arrête ! »
Lambert se réveilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle à grandes bouffées sans pouvoir s’empêcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement à sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts… il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer… lui hurler de lui rendre sa famille… lui hurler sa haine… non… ce n’était pas possible… Rodrigue ne pouvait pas le considérer ainsi… le haïr avec autant de force… ce n’était qu’un cauchemar… rien qu’un cauchemar… rien de plus…
Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup résonné dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rêve étrange…
« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge… c’était un mensonge, c’était forcé… Rodrigue ne pouvait pas…
Malgré tout, le rêve continua à le hanter une bonne partie de la matinée, tellement qu’il finit par se résoudre par aller voir Rufus pour en parler malgré tout… il avait beau jurer qu’il n’avait rien à voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation très tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension avec lui… comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux… cependant, Rufus restait son grand frère… son grand frère à qui il pouvait tout dire et tout partager, même les choses les plus inavouables ou gênantes… son grand frère qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était déjà beaucoup quand on passait derrière un roi de la stature de Ludovic… il ne pouvait pas s’empêcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi étrange qu’un rêve pareil… même si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie réciproque…
Lambert alla dans le bureau de son frère mais, en voyant qu’il n’était pas là, il décida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps… Rufus travaillait bien plus qu’avant la Tragédie, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps…
« Même s’il aurait pu en accorder aussi à Rodrigue… enfin, c’est fait maintenant… »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle était tout simple, décoré de quelques vrilles végétales mais, il la reconnaitrait entre mille… Rufus y tenait beaucoup… la seule fois où il avait disputé Dimitri, c’était quand il avait voulu la récupérer pour qu’elle soit le coffre au trésor d’un roi maléfique dans un de ses jeux… même Lambert n’avait jamais vu ce qui avait à l’intérieur… il s’était toujours imaginé qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frère, d’où son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette… même si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur… bon, pour le triomphant, c’était raté mais…
« Non… c’est à lui… c’est sa vie privée… il me le montrera quand il voudra… »
Mais c’était si tentant… et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus…
Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu…
La première chose qui étonna Lambert en la prenant dans ses mains était le poids de la boite. Elle semblait pleine à ras bord s’il se fiait à son poids, alors qu’elle semblait plus légère quand Rufus lui avait montré la dernière fois…
« Qu’est-ce qui a bien pu… »
Il ne put résister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mêmes à première vue mais, ce qui étonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignée de Rufus… non… elle était bien plus biscornu, comme écrite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher étalant l’encre avec sa main en rédigeant… et il y avait plusieurs scriptes…
Même s’il se força à penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnèrent le cœur de Lambert alors qu’il dépliait une missive au sceau déjà cassé…
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de Félix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son père fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le début de la lettre étant dans le même ton que la précédente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’améliore pas… je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est à cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinées à son fils et à son frère, également décachetées comme si elles avaient déjà été lues. Son ami parlait de ses mêmes inquiétudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiétude… Même demande, même inquiétude… Déesse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volé mes lettres ! Alix a demandé à Ivy de lui faire passer une lettre de sa part où il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui écris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de Félix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gémissement paniqué de Rodrigue, tout le désespoir qu’il n’avait pas perçu au départ dans sa voix, toute l’inquiétude et la peur qui se mêlaient ensemble à l’intérieur…
« Rufus ne peut tout de même pas être… »
Cependant, malgré tous ses efforts pour trouver des excuses à son frère, Lambert dut se rendre à l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volée de Rodrigue était là… les lettres qu’il avait envoyées, celles qu’il avait reçu… tout… tout était là ! Tout était ouvert ! Rufus n’avait tout de même pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance… mais… mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus détestait Rodrigue et Alix de toute son âme à cause de Ludovic mais, pas à ce point tout de même !
Lambert pensait ne pas pouvoir être plus horrifié mais, quand il vit des papiers roulés tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usés, même tâchés de sang pour certains, un doute noir lui dévora le cœur… non… non… non…
Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant…
« À mon Royaume, que j’ai toujours désiré servir au mieux… »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son père, la plume tremblante de Ludovic… le parchemin était même tâché de ses crachats de sang à cause de sa tuberculose…
Comme happé par le rouleau, Lambert ne put s’empêcher de continuer à lire les mots, même s’il se doutait du contenu… voir même le redoutait plus encore que les fantômes et les cauchemars…
« Malgré l’horreur, je n’ai jamais oublié le règne de mon père. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oublié ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus était son aplomb. Clovis était persuadé d’être dans son bon droit et ne le cachait pas. Même si ces actes étaient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la détournant à son profit, devenant inarrêtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. Dès lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus à l’abri d’un autre souverain tel que lui. « Protéger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a été la devise qui a guidé chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dévie un seul instant…
Lambert sentir son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine. Ce… ce parchemin… c’était le testament de son père… c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses années ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empêcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empêcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trône ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis était le fils ainé de sa mère et malheureusement pour l’orgueil de notre lignée, elle n’était guère plus recommandable que son fils. Elle était seulement qu’un peu plus discrète que lui mais, possédait les mêmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-même au détriment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle détruisait de précieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont été élus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence après la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis à anéantir mais, des personnes nécessaires à toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage à la succession filiale nous a assené un coup majeur, nous avons commencé à nous croire tel les Hresvelg, choisis par la Déesse pour régner et le pouvoir nous ait monté à la tête. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dépouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrêter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons même commencé à traiter toute une lignée comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups à notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpétuellement le deuil de tous ses membres sacrifiés aux Blaiddyd… Nos ancêtres doivent rougir de honte devant notre décadence…
J’aimerais dire que tout ceci s’est arrêté avec la mort de mon père mais, je ne me fais guère d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, à chaque naissance, à chaque génération, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai échappé à la décadence de ma famille que grâce à mon corps faible malgré mon emblème, inapte à la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, même si je les ai à mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilité et la culpabilité chaque jour.
J’ai tout fait pour bien éduquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-père et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout… Mon fils Lambert est un homme au grand cœur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli à la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’être son père malgré notre relation compliquée. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cœur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses défauts moraux.
Il est chaleureux mais, également négligent et naïf. Malgré tous mes efforts, jamais je ne suis arrivé à lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la même manière et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naïve de l’égalité, il reste persuadé que le mieux à faire est d’aider tout le monde à part égale, sans se soucier du contexte de départ, ce qui le rend très inefficace et indécis dans des situations où il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa négligence envers ses proches combinée à cette naïveté et son entêtement pousse ces derniers à devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissés ou rendus ce qu’ils peuvent pour éviter de léser le Royaume.
La première victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, Héléna. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre même les plus entêtés comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues négociations qui ont malheureusement eu raison de sa santé. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel époux, elle qui méritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’être l’ombre balayant derrière le roi. Elle attend à présent leur enfant, et j’espère pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit être que mon cœur sait déjà être exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongée par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler à l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hérité des défauts de son père plutôt que des qualités de sa mère… et dans le même souffle, m’excuser envers lui et sa mère de leur imposer un père que je sais être aussi négligent. Je prie pour que la paternité le rende au moins responsable et prudent avec la santé de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposé à moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trône. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus à qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler à quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mène sur une pente glissante, une pente où il n’écoutera plus personne, même ses amis les plus chers à son cœur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. Héléna s’épuise bien assez chaque jour pour éviter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procédure complète à suivre pour que le prochain souverain soit élu, à la manière de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient à cœur depuis des années et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trône mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-même. Il est à peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches à conclure ce système et de ne pouvoir le mettre en place moi-même. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mêmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils échapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour éviter tout débordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancêtres.
Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant à mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trône à son frère. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la Déesse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine à son contrôle, il sera au moins entouré par des conseillers et des baillis dont la fidélité est acquise à notre peuple et non à notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compétentes et fidèles à Héléna. Je ne puis qu’espérer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera à échapper à tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgré ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la Déesse avoir encore toute ma tête. Toute ma vie, j’ai travaillé pour être digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est révolté contre l’injustice et la cruauté de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait élu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne règlera pas tous les problèmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore être fait avant que les sujets… que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultés que nous connaissons à présent. J’ai commencé à tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume à partir des décombres qu’a laissé Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espère, Rodrigue Achille et Alix Persée Fraldarius, sont élus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront être dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sécurité à tous. J’espère de tout mon cœur que mes fils continueront à grandir et s’amélioreront avec le temps, bien malgré tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complètement prendre le pas sur mon affection, et me pousse à croire à un avenir radieux pour eux. Je prie également pour que mon successeur connaisse un long règne de paix, une paix que mérite ce Royaume si résilient malgré toutes les difficultés qu’il a vécues.
En mon âme et conscience.
Ludovic le Troisième Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et à mesure de la lecture, ne pouvant s’empêcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture était tremblante, saccadé comme si Ludovic s’était arrêté plusieurs fois à cause de ses toux, le parchemin tâché de sang témoignant qu’il avait encore dû en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tâches et l’encre baveuse, comme si on avait roulé le testament avant qu’elle n’ait fini de sécher…
« Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empêcher de relire ce passage encore et encore. Les noms étaient recouverts d’une énorme tâche de sang assez épaisse, ce serait surement illisible dans quelques années quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgré tout, Lambert ne pouvait que les décrypter, les relisant encore et encore.
Son père l’avait complètement déshérité au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des séances de travail les réunissant tous, autant Héléna que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler à l’ordre et réexpliquer les choses. Face à lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et Héléna le cadre pour les mettre en place. L’impression d’être à la traine malgré toutes les explications… le regard fier de son père qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient à leurs parents… même si Lambert n’avait jamais voulu ressembler à Ludovic à cause de leurs différences de caractère, encore moins à sa mère assoiffée de sang, il ne put s’empêcher de les envier… de vouloir entendre le même compliment sur son travail… comme eux deux… voir son père être fier de lui ainsi…
Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait préféré confier aux jumeaux de Fraldarius son précieux royaume, ce à quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours… disait même qu’il s’excusait envers Héléna de l’avoir marié à lui… qu’elle aurait mérité mieux que balayer derrière lui…
À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte différente, même les plus anodins. Même si Ludovic l’avait enlacé plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et Félicia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, même si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vœux plutôt que des recommandations… sa proximité bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec Héléna, les longues heures où ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal à lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux côtés… même des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois où son père se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné…
Est-ce que… est-ce que Ludovic… est-ce que son propre père…
« Non… faut que je me reprenne… c’est la tuberculose… elle lui a fait perdre tous ses sens… Ludovic m’aimait aussi… il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens… et quand nous étions petit, c’était surtout de la culpabilité pour les jumeaux… Ludovic ne s’est jamais pardonné la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité… même ici, il le dit… ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitié et de la culpabilité… il s’en voulait pour la mort de leur père… »
« C’est ma faute… j’aurais dû être plus prudent et mieux anticipé les risques… Guillaume aurait survécu et les Fraldarius n’auraient pas été encore endeuillé par notre faute… à cause de mon inconscience, Guillaume est mort… lui avait déjà dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espère que tu n’auras jamais à porter une telle responsabilité… autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité… le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets… si tu savais père… si tu savais ce que j’ai fait… »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachés dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son père, l’entendre peut-être le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler même depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le révéler et l’appliquer dès maintenant même si c’était évident que tout avait été écrit sous la dicté de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume à un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait même pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou Héléna soient là pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gérer la situation, ni Alix prêt à lui remettre les pendules à l’heure, ou Héléna lui présenter les différents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait…
Récupérant plus d’énergie que jamais depuis la Tragédie, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frère, pris au dépourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais après le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre père et ses travaux sur la monarchie élective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelé les secours quand Ludovic s’est effondré à cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profité pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissé le choix… il ne savait plus ce qu’il faisait…
– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherché partout !
– Ludovic allait te déshériter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait détruire notre famille pour préférer celle de son soi-disant grand frère ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piédestal en te dénigrant, car il aurait voulu qu’ils soient à ta place ! C’était pour te protéger !
Rufus l’avait pratiquement craché avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrôlable.
– Ludovic te détestait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton héritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le début du Royaume ! C’est Loog qui a mené la révolte des Bâtards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a été acclamé vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontré un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une généralité et il a voulu tout détruire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir à ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derrière son petit doigt en disant qu’ils étaient plus compétents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frère alors, tout devait leur revenir ! Il ose même cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais épuisé Héléna et fait perdre la santé ! Il était malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais à Héléna même si elle était trop bien pour toi ! C’était juste la petite créature de Ludovic et de la matriarche Catherine là pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et même si c’était sa créature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il délirait ! Et il a osé me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-même ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dépend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protéger ! …
Lambert le fit taire en posant ses mains sur les épaules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, même s’il est complètement faux. Notre père appréciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On était ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux… c’était compliqué… tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection… juste de la culpabilité… rien de plus, j’en suis sûr… tout comme Héléna, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa créature… mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frère, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me déshéritant, même s’il avait sans doute ses raisons à lui et que tu n’avais pas à voler son testament. J’aurais voulu le lire honnêtement, même si ça m’a fait très mal de voir à quel point il ne me faisait pas confiance vis-à-vis du Royaume, encore plus maintenant… je ne sais même pas si je l’aurais appliqué, c’est évident que c’est la tuberculose qui lui a fait écrire tout ça… je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait été facile de le faire casser… Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volé la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est même ouverte alors, tu l’as surement lu… pourquoi ? C’était inutile et cruel…
Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait à prendre de mauvaises décisions, comme quand tu as envoyé Dimitri à Charon. Il aurait dû rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus à rentrer chez lui.
– C’était mon idée d’envoyer Dimitri à Charon, et on a bien fait, il guérit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idée qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutôt dû l’encourager à partir, non ? Rufus… il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tête et voulant juste une réponse. Écoute… je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment très importante pour moi. Tu es mon grand frère et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis très souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais… mais en ce moment, j’ai l’impression que… que c’est plus compliqué. D’abord, il y a la manière dont tu as traité Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part à tout alors que c’est lui qui a commencé toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de têtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volée de mon meilleur ami et le testament de notre père dans ta cassette. Par pitié Rufus, dit moi la vérité, qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient très difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue… marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragé lui aussi ! Toujours à faire ce qu’il voulait et à avantager son fief, toujours à te dire non, toujours à nous mettre des bâtons dans les roues, toujours à être apprécié de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel maléfice il réussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours réussi partout et charmé tout le monde à tes dépends ! Alors qu’ils ont toujours été plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbécile de Jacque quand il leur demande de les prendre à leur service, pour réparer sa « faute » d’avoir laissé Félix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant à rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est à ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin à ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il méritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frère c’était transformé d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui était arrivé à son ami et pourquoi il avait dû subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volé leurs lettres par haine… tu voulais le faire souffrir… c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue… tout ça car… car…
Sans attendre de réponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme à une ancre, même si elle le noyait par sa simple existence. Comment… comment son frère avait-il pu… comment avait-il pu être aussi ignoble juste parce que… parce que leur père appréciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume était au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait même plus à ce stade !
« Alors, même mon propre frère peut me trahir… Rufus… alors qui… qui est encore… »
« Est… ta… faute… ! »
« Tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui répondirent… les doigts des fantômes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore…
En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et réfléchir à tout ce qui c’était passé, il trouva Lachésis et Thècle, visiblement furieuses malgré la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scène de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait écrit lui-même.
Les deux sœurs l’informèrent que l’état des comptes était catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-même étaient des incompétents.
« Je comprends… je ferais plus attention…
– Il fallait le faire avant… »
Lachésis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passé à la capitale pendant leur absence, à quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc décidé de retourner dans leur famille.
« Ce serait préférable pour le Royaume que vous restiez…
– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompétence ? Il en est hors de question. »
Thècle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carrière, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser…
– Bien. »
Et enfin, elles enfoncèrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osé donner comme belle-mère à leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposé le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander Thècle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposé le Royaume à de tels danger pour une seule femme indigne de succéder à notre sœur ?
– Je l’aimais… répondit l’homme dans un souffle sans énergie.
– Si vous l’avez traité comme Héléna, pauvre femme, cracha Lachésis. Et ce n’est guère une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tête de tous vos sujets. Notre sœur rougirait de honte en voyant votre déchéance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses décisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles…
Devant son silence, les deux sœurs lui jetèrent à nouveau un regard mauvais avant de se détourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face à lui, même s’il savait qu’elle était complètement vide, espérant trouver quelqu’un, une âme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvé à ses côtés.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure…
« Il fallait y penser avant. »
Pour la première fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul…
*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retransformés quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposé et avaient recommencé à prendre en main le duché, reconnaissant envers l’excellent travail de Loréa qui avait su le maintenir et résister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touché à nouveau, contrairement à son frère… ni même se regarder dans un miroir sans col, son cou à présent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier… il n’avait pas trop de séquelle à part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcé, et il était encore plus dans la tête de son jumeau, plus souvent, même s’ils n’étaient pas sûr que c’était à cause de leur état d’esprit actuel ou si ce serait permanent… pour ce qui était positif…
La fourrure était douce sous ses doigts, épaisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud où il serait en sécurité… bien plus rassurante que ce collier gravé dans son cou, apparut un jour après qu’il ait retrouvé sa forme humaine… en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait à distinguer le même motif que sur sa propre peau…
« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas près, lui assura Alix, comme toujours à ses côtés. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es resté en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas réagir avec ta magie…
– …je ne préfère pas… j’ai peur de la fuir si je repousse trop… les semaines qui ont passé sont déjà flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi à cause de cette fourrure… au moins, on sait comment me ramener si je me transforme à nouveau en l’ayant sur les épaules…
– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complètement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le père lui serra la main en réponse, comme quand ils étaient petits pour ne pas se séparer, cherchant de la force dans sa présence avant de draper la fourrure noire sur ses épaules. Elle n’était pas très lourde malgré son ampleur, l’enveloppant complètement des pieds à la tête… malgré ses craintes, il y avait un côté… apaisant à ce poids, comme un bouclier qui le protégeait… mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain… au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dès qu’il mettait cette peau…
– Il n’y a rien… souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien…
– C’est déjà un bon début, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un éclair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume à l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base… et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude épreuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus…
Ses épaules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de répit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses épaules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frère, ce dernier faisant exactement la même chose avant de se laisser tomber épaule contre épaule côte à côte.
– Il ne s’est rien passé… la Déesse soit louée… il ne s’est rien passé…
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait… tant qu’on est tous les trois, on le restera…
– Oui… arriva à sourire une seconde l’ainé avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces dernières semaines… juste de quand je t’ai retrouvé, quand on a retrouvé Félix et mon envie de le revoir… de tous vous revoir… tous… souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste… impossible de le voir correctement…
– …Comme si c’était baigné de brume… compléta Alix. C’est pas bien plus net de mon côté… aucune idée si c’est une bonne ou une mauvaise chose… d’un côté, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai déchiré avec les dents… bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui déchiquetais le bras, moins … ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu étais seul et qu’on voulait se revoir…
– Ça, c’est difficile à oublier… surtout tout ce qui s’est passé avant qu’on se transforme… Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protégerait à nouveau de cet homme. Ô Déesse et Lune… cela faisait si mal… je… c’était comme si cela les amusait tous de me déchiqueter le cœur… je n’en pouvais plus… cette transformation… c’était plus une cachette et un échappatoire qu’une vraie solution… juste pour ne plus souffrir…
– C’est normal… tout depuis des mois… c’était juste un cauchemar éveillé, autant en tant qu’humain que loup… enfin, c’est fini maintenant… on ne les reverra pas de sitôt… je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hésiter.
– Moi aussi, je te protégerais… d’eux tous et de leurs ordres absurdes… autant toi que Félix… plus rien ne vous arrivera… pas tant que je serais là…
Ils restèrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairèrent l’odeur du louveteau, arrivant à grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui… c’était la saison après tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille…
« Papa ? Alix ? Vous êtes là ? Demanda Félix en passant la tête dans la chambre de son père.
– Oui, entre Félix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagé de le voir, son instinct lui répétant encore et encore de le garder auprès de lui, lui rappelant à quel point il avait été proche de le perdre, encore plus renforcé par la perte de Glenn si peu de temps auparavant… leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps…
« Il y a encore plein de groseilles dans la forêt, même si vous avez surement déjà deviné, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui… je devais le faire… pour savoir… et pour le moment, rien n’a changé et cela n’a aucun effet sur moi, même quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrôle…
– D’accord… mais fait attention quand même. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empêcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus près de son fils… même s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il était devenu très collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace récente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir près de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protéger… heureusement que ses sens étaient devenus aussi aiguisés que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation… pas plus tard que la semaine dernière, il n’avait pas vu Félix de toute la matinée alors, le père s’était mis à paniquer en l’appelant de toutes ses forces et à retourner toute la pièce où il était afin de trouver une trace de son petit… heureusement que Loréa avait pu vite lui remettre les idées en place, Rodrigue priant pour que Félix n’ait pas vent de ce qui s’était passé… il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé… mais Félix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué… tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spécifique à présent, histoire que l’odeur soit plus présente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise… c’était presque une obsession à ce stade, encore plus que pour Alix… d’après Pierrick, c’était à cause de la séparation trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps après la mort de Glenn… il les avait déjà perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence…
« Là aussi, seul le temps vous permettra à tous les deux de guérir… »
Rodrigue priait pour que le médecin dise vrai… au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidés, c’était un début…
Pour oublier son angoisse et plus profiter de la présence de son fils, le père croqua dans une des baies fraichement cueillies et passé à l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont très bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manqué le début des fruits rouges ! On a du retard à rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien à Fhridiad, étrangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, répliqua Félix en avalant une baie. On est allé en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aérienne…
Cependant, malgré tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas Félix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensées sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien… c’est juste que… d’habitude… il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui étaient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn…
Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainé des deux louveteaux dire à quel point son petit frère était adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver à cause des taquineries, puis de le remercier en appréciant les fruits avec eux, même tous les jours… encore plus une fois revenu alors que du côté de Fraldarius, les choses commençaient à se tasser après la Tragédie, les gens étaient surtout remonté contre les dernières exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et même s’ils étaient dans une situation périlleuse de quasi révolte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantômes demeuraient, plus présent que jamais après le choc et les semaines mouvementés pour survivre… il devait encore plus hanté Félix… c’était la première fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui… il était trop petit pour celui de Félicia… il l’était encore… la mort arrivait toujours trop tôt…
Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui… il devrait y avoir Glenn…
– C’est pas juste… il devrait être là… pourquoi c’est sa chambre à lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal… il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guérir ce genre de plaie, même si elle reste toujours…
– Combien de temps ?
– Cela dépends des gens… et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite… il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guérir… pour ne pas être obsédé par la mort de la personne, et arriver à se raccrocher aux bons souvenirs…
– Mais ça fait mal… je veux Glenn… je veux qu’il revienne… mais je ne veux pas avoir mal… marmonna Félix en se serrant un peu plus contre son père, se cachant dans son étreinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas à l’intérieur.
– Mais si tu bouches tes émotions ou fait tout pour ne pas être triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tête de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre père ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dévorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives à aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons à surmonter cette épreuve… qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord… moi aussi, je resterais avec toi papa… et avec toi aussi Alix… leur jura Félix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »… c’est ce que disait Glenn…
– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgré la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainé souriant alors qu’ils étaient en famille.
Ils passèrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journée, même s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duché uniquement à Loréa, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait éviter de trop forcer pour le moment.
Félix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces dernières semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accroché malgré tout pour continuer à être assidu dans ses études. Tout ceci lui serait très utile quand il serait grand…
Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant à s’inquiéter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’après avoir été étonné comme eux, son louveteau se mette à sourire en déclarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tête de son petit en soufflant, moins anxieux que tout à l’heure à cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis très fier de toi… »
*
Quand les côtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en présence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variées, autant de pêche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osé les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman était dangereux, c’était évident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colère générale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la côte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient à toutes vitesses devant eux, ayant même eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les têtes des morts à leurs frères afin qu’ils puissent avoir les hommages funéraires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hétéroclite, autant pour avoir des renforts que pour éviter qu’ils ne croient à une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien répondu pour ne pas encore plus compliqué leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrète d’un chef local.
Même après une vie entière à parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hétérogène, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manœuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopérer dans un seul but : arrêter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainé dans une histoire pareille… marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver…
Elle regarda Oswald, son regard sombre braqué vers la côte. Il était en habit simple d’archer, bien protéger par son armure, son carquois rempli de flèche, comme un soldat ordinaire, à l’exception de la capuche tout autour de sa tête pour éviter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermé sur lui-même, même si ses yeux restaient déterminés.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dû revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste à Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tête sur une pique au-dessus des portes du port… ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux… c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis… j’espérais que tout ceci se serait terminé une fois que Clovis a été décapité et envoyé dans le caveau des criminels… Justine aussi disait que c’était terminé… qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore… il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la déchéance de son sang.
Ivy hocha la tête, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait même survécu pour la plupart, et il avait survécu au règne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement préféré finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le régler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repérer depuis qu’ils sont infiltrés et ils ont pu saboter les chaines qui protègent l’entrée du port. On est aussi arrivé à avoir une bonne idée d’à quoi ressemble l’intérieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tâche, même si on doit faire attention à ce qu’il nous réserve.
Oswald hocha la tête, arrivant à fendre un léger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dépêcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrêter tout ceci, au moins en coupant la tête du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tête vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy répondit qu’ils étaient prêts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgré leurs différences de structures et d’expérience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expérimentés menant les autres afin de les protéger, leur coque étant faite pour résister à des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangé leurs voiles afin d’être plus discrets, se cachant pour que les défenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotées. Derrière, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prêts. Dotés de rames, ils seraient chargés de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles à voiles. Leur objectif était au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois là-bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrêts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient être rapide, précis et tout faire pour éviter de trop grosses pertes à cause de leurs forces limitées et très diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cèderait et ils se disperseraient surement sur le champ…
�� Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repérés dans notre ligne de mire… »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une prière aux Braves et à sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchés à portée de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait été élue pour les représenter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des étrangers qui arrivaient en masse sans aucun représentant faerghien. Nous avons envoyé cinq messagers auprès de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donné qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de répondre à nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyés paitre ! Nous n’avons à répondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sécurité sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussés, où sont passées ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problème ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes déjà très cléments de ne pas avoir incendié les navires qui transportent les assassins de nos frères !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vérifier que tous étaient prêt discrètement, que pour éviter que les défenseurs se méfient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions à l’intérieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cœur avec tous les autres navires qui hurlèrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libérerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! Arbalétriers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte à nos côtés ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachés filèrent tout de suite vers les portes, glissant à toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite à la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs étaient placés juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tête au-dessus des créneaux mais…
– Les assommoirs ont été bouchés ! On a été saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volé leur réputation d’être plus redoutables à dix qu’une armée de dix mille soldats ! »
Un énorme trait passa tout près d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sûr ! Oswald repéra aussi vite qu’il put la meurtrière où devait être caché une arbalète de tour, prête à enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait emprunté le trait, et tira sans hésiter. La flèche arriva à passer la meurtrière et étant donné qu’aucun carreau d’arbalète ne suivit le premier, il avait dû toucher le responsable de l’arme. Kleiman était officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalète de tour, ni beaucoup d’homme aptes à la manier. Les assaillants devraient être tranquilles un moment avant que les défenseurs n’arrivent à trouver quelqu’un d’autre pour la réarmer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires à rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce répétant ses ordres en volant de partout.
Oswald obéit, sautant lui-même dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, à la fois dans l’attente d’arriver et prêt à contre-attaquer dès qu’un ennemi était à portée de flèche.
Une fois les portes et les chaines passées, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs… il n’y avait même pas de quais pour débarquer, seulement une jetée où s’échouaient les bateaux de pêche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flèches et remerciant son emblème de l’empêcher d’être trop fatigué malgré ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancèrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empêcher par la garde déjà occupée sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guère suffisante pour arrêter une grosse centaine de marins déterminés.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dès qu’ils rentrèrent dans la cour.
« Cette odeur… Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblème se calmait une seconde, ayant déjà prévenu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, réagit au quart de tour quand il vit un éclat de magie noire se former et décocha une flèche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le même temps, Ivy passa sur le côté de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son épée, surveillant derrière son épaule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement à l’intérieur !
Après avoir enfoncé la porte, les marins entrèrent en trombe dans la grande salle où ils trouvèrent Kleiman, entouré de ses conseillers et de plusieurs mages étranges, avec des motifs qui disaient quelque chose à Oswald…
« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! Méfiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença à charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derrière. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complètement desséchées, comme vidées d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour éviter d’être le suivant.
Ivy tira Oswald derrière un escalier pour se protéger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblème commençait à l’engourdir et brûler ses muscles vieillissants… C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer à le stimuler même pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lâcher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flèche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire…
« Les insectes tentent de se débattre à ce que je voie… susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutôt rare… ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblème majeur… allons petit emblème majeur… montre toi… »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea à mi-mot Ivy. Votre emblème a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi à ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mêmes motifs que ceux du bataillon puant… haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire…
– Ah ça pour puer, elle pue… elle comme tous les autres qui ont ce motif d’œil… »
« Allons… lequel d’entre vous est l’emblème majeur ? Honnêtement, il m’intéresse plus que vous tous réunis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussière sur le plancher pour faire le tri, l’emblème majeur résistera mieux à mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la pièce, juste occupée par Kleiman et ses hommes en train de se débattre contre la porte de la trappe qui devait leur servir à s’enfuir, bloquée par une hache qui avait volé quand les assaillants étaient entrés. Ivy et Oswald échangèrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la même question ainsi que la même réponse.
– Cela me semble un marché correct. De toute façon, de misérables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un être qui vous est aussi supérieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mêmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblème majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite…
Elle fut exaucée quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-même, la face tournée vers le sol, sa capuche défaite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cœur était sur le point de lâcher à cause de toutes ses émotions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en déclarant.
– Évidemment, vous préférez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bêtes. Et dommage, l’emblème majeur est décrépit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse… les bêtes de votre genre vieillisse si vite… marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs à présent, on fera avec… vient donc…
Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libérant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flèches en plein dans l’œil, lui transperçant surement le crâne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en débarrasser ou attaquer à nouveau, une épée lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un être supérieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son épée puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge très sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait après une blessure pareille. Les autres mages avec les mêmes motifs qu’elles se mirent tous à paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, même si ce genre de cabriole n’est plus de mon âge, répondit-il en cherchant un peu son équilibre à cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutôt bien, lui assura-t-elle en l’aidant à se rester debout avant d’avouer, même si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait… il eut un sourire en voyant Kleiman ligot�� avec ses sous-fifres, alignés le long du mur et désarmés. Au moins, nous les avons attrapé… J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturé, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultés, épuisés par les derniers évènements, même si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particulièrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit à peu près n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-là avaient refusé de se rendre et avaient préféré se faire tuer plutôt que capturer. Bon, au moins, c’était déjà un problème de régler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’être. Leur patron était tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressèrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, même au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages étranges avec ce motif d’œil sur eux, rendus inoffensif grâce à des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au début, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant à Morfis à cause de leur peau extrêmement pale, pratiquement cadavérique, combinée à leur couleur d’yeux et de cheveux très rares mais, ils ne parlaient pas la même langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa… ! Pas moyen de les faire passer à table ! Enragea Ivy après une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par défi. Ils sont tout maigre et dès qu’on les approche ou élève un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mêmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent être les sous-chefs après cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront là, ils ne diront rien.
– Hum… alors, autant les séparer et tous les séparer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se délier un peu sans eux.
– Oui, et il faut également bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous résistent encore… avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler… »
Sans hésiter, ils isolèrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mêmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver à leurs chefs d’un côté et à eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant à leur égard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en précisant à ceux qui leur donnerait d’être agréables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillés dans un coin, évitant la lumière du soleil couchant, fuyant même la lumière de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. Après tout ce qu’il avait vu ces dernières semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prêt à croire qu’ils étaient comme les vampires des légendes craignant la lumière mais, s’il se fiait à leur réaction quand ils avaient été emmenés ici, c’était plus qu’ils étaient très sensibles à la lumière, comme des créatures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisée. Cela vous convient mieux ?
– … oui… c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec méfiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger à votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gêner pas.
– De la nourriture d’inférieur, marmonna une femme, le nez retroussé de dégout.
– C’est ça ou vous sautez à la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son épée à sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bête qui n’a même pas d’emblème n’est qu’un insecte, rétorqua-t-elle avec bravache.
Cependant, à part ses deux-là, les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’appréhension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air étonné, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillère sans hésiter.
– Vous appréciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant à nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant à son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de déclarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traité Ivy d’insecte, la réprimandant sévèrement à son ton mais, l’homme à côté de celle qui appréciait son repas dû la défendre car, l’orgueilleuse se tut et se résigna à manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue étrange… ça ne ressemblait ni au fodlan, ni à l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni à aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrées reculées, soit ils avaient développé leur propre langage pour communiquer discrètement ensemble.
Celle qui les avait remerciés finit la première en savourant sa pomme après avoir demandé ce que c’était, puis déclara.
– Merci pour ce repas. C’était très bon…
– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu… est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– … matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prénom à vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls à avoir le privilège d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est déjà un grand honneur pour des inférieurs tel que nous d’avoir un numéro attribué par le Grand Agastya…
– C’est débile, ça vous réduit à un numéro alors que vous êtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont à peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supérieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, même si Ivy la reprit à nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supérieur étant donné que c’est les « esprits supérieurs » qui vous appelle par des numéros et on est leur ait supérieur car en plus d’avoir un prénom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes à ce point, on peut vous appeler par un prénom, et c’est plus agréable pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est très impoli d’appeler quelqu’un par un numéro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchanté de faire votre connaissance, déclara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hésitations, elle leva à son tour sa main pour la poser sur son front en déclarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors… Pomme… ou Soupe… c’est bon… enchanté de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de même. Et Pomme est un joli prénom.
L’homme qui l’avait défendu écarquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, même si Pomme répondit en lui montrant sa paume.
– Bah non… y a rien, tu voies ?
Il eut l’air étonné, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignée de main.
– Je… je peux aussi ?
– Bien sûr. Enchanté… ?
– Je ne sais pas… Ivy ? C’est joli… si deux personnes ont le droit de porter le même prénom…
– Bien sûr, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prénom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mêmes sonorités comme ça.
Il hocha la tête avant de serrer à son tour la main d’Oswald avec appréhension, avant de la retirer avec étonnement en voyant qu’elle était toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se présentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la même réaction.
– On… on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bête avec un emblème majeur nous brûlerait… surtout les tarés comme moi et matri… Vivian… avoua Pomme en regardant leurs mains à tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dévorerait les mains si on le faisait… quand c’est l’emblème mineur, ça piquerait comme du salpêtre mais, que les emblèmes majeurs brûleraient comme le soleil… que seuls les esprits supérieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya étaient assez forts pour résister…
– Et bien, je dois avouer que c’est la première fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brûlé personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant à moitié noir. Ces personnes avaient été maintenus dans l’ignorance, surement pendant des années afin de mieux les contrôler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait même pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile à manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois être honnête avec vous, l’heure en ville est très grave. Énormément de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est à l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et éviter qu’il y en ait d’autres. Après la démonstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous très inquiets pour eux. Étant donné que vous étiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous êtes leurs complices, et vous risquez d’être punis de la même façon qu’eux, même si vous n’étiez que des exécutants… leur apprit-il, voyant leurs joues blêmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous éviter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider à retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hésitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc…
– Non !!! …
Celle qui les avait traités d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se décomposa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colère.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passé ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– Même contre l’Agastya ? Même contre l’être le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprême des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige… per… personne ne doit lui désobéir, le questionner ou lui résister…
– Oui, même contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer à faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a raconté l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblème mineur, vous serez brûlé ?
Pomme se mordit la lèvre avant d’hocher la tête.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrés mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois après Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et à l’embrocher avec une épée pour la battre. Même si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver à le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez être juste selon vous, pas selon votre Grand Con si génial qu’il est obligé de mentir en permanence pour se faire obéir car, un peuple qui réfléchit, c’est chiant à gérer.
– Agastya… crrrrétin… marmonna Noce sur son épaule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tête alors qu’elle prenait peut-être une des premières décisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout… maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller… Juste… juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitié, ne nous renvoyez pas là-bas… ils nous tueront pour vous avoir parlés…
– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levèrent, sous le regard effrayé des trois qui avaient serré la main du descendant de Riegan, et celui désapprobateur des deux derniers mais, ils restèrent fermes sur leur décision et les suivirent hors de la pièce. Les deux amis – peut-être… ça ressemblait à de l’amitié selon le grand-duc mais, il n’était pas sûr qu’ils sachent même ce que c’était… – les ramenèrent dans la grande pièce centrale, leur disant que leur « laboratoire » était sous la grosse dalle par où Kleiman et eux-mêmes avaient tenté de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivèrent à la forcer malgré les déformations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau était assez étroit, à peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacé par des sortes de longs rubans luisant, encastrés de chaque côté du couloir, indiquant le chemin dans la pénombre. Si c’était les lumières auxquels ils étaient habitués et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'était pas très étonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude… une odeur de plus en plus nauséabonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tête, gagnés par la honte… une odeur de cadavre et de fumée… de magie noire…
Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença à entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-même, ne pouvant contenir son incompréhension mêlée d’horreur à son tour. Le boyau débouchait dans une énorme cavité éclairée par des pierres semblables aux veines luisantes, éclairant un ensemble de table semblable à celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang séché et de chair putrifié rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux côtés bien distincts : à leur gauche, il y avait des rangées de dizaine de tubes transparentes comme du verre où flottaient des sortes de boules, et à droite, un damier de pressoirs énormes, de sorte de cuves surplombés de cheminé, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonné au cordeau… presque scientifiquement…
« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a récupéré encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus à l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, répondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissés, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux défaillants alors, on a la tâche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se débarrasser des restes pour Vivian… c’est ce qui est le plus dégradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dégradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scène avec horreur, conscient que plusieurs de ses frères et sœurs avaient dû passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, même si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dérangeant… c’était presque… bien trop calme…
« Assister la Meneuse Érudite… répondit difficilement Vivian.
– C’est-à-dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgré l’odeur atroce et le manque de lumière.
– Projet Alpha… continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des métabolismes… étude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expérimentations des Meneurs…
– Attendez… vous êtes en train de nous dire que vous découpiez des gens vivants ?! Mais quel être humain peut être assez tordu pour faire une chose pareille à ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains… pas comme vous en tout cas…
– Oui, esprits supérieurs, inférieurs, insectes… tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout à l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dégoutée, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste découper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dévisagea Pomme, ne sachant pas si elle devait être en colère ou compréhensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant même pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de même la base les émotions et les sentiments. Vu le niveau, c’était même limite ��norme qu’elle ait juste osée la poser sa question…
– L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place des autres pour les comprendre et agir en conséquence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son épaule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les défaillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des… des « stocks »… c’est pour corriger nos défaillances et nos tares à force…
– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerrière sreng, sans voix.
– Non, c’est les défaillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya… même les Meneurs… nous avons échoué, on sera juste remplacés par d’autres matricules… en particulier ceux comme nous qui sont tarés…
– C’est-à-dire ? Vous avez des problèmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait déjà mort depuis longtemps, on ne servirait à rien à la cause, c’est notre âme notre problème… on ne sait pas pourquoi… juste… ça fait mal de voir tout ça… marmonna Vivian, complètement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tête, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la même couleur perdus dans le vague. On ne sait pas… on ne sait pas… mais, on ne peut pas s’en empêcher… c’est comme si on avait des épingles dans la poitrine… ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre… même quand on les entend depuis toujours… et on arrive pas à se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le désir de l’Agastya… on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous… on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom… on arrive pas à être ce qu’on nous demande être…
– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas été cassé par cet Agastya, répliqua Oswald sans hésiter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’être mal quand des choses horribles leur arrivent comme… comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait être comme vous et être capable de ressentir de l’empathie malgré tout ce qui lui était arrivé… au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian échangèrent un regard, perdus, mêmes s’ils firent un signe de tête qui ressemblait à un acquiescement pour eux. Déesse… des êtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer… c’était la première fois qu’il voyait une telle chose…
Une fois à peu près remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent à prendre possession des lieux et à s’organiser pour sortir les rescapés de cet enfer au plus vite. D’après Pomme, le liquide où ils étaient les maintenait en vie et évitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit à peu près pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel était le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyés auprès de Kleiman de sa cuve, étalant lui-même une couverture où l’allonger.
– Je ne connais pas les détails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye… d’après elle, c’était pour plonger cette partie des protégés de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale à vous alors, le chaos l’aidera à avoir plus d’influence… expliqua Pomme en déplaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mécanismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– … nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prénom, c’est Périandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez… et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important… on peut prendre l’apparence des autres de… je vous expliquerait après mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volé le visage et l’identité… je n’en sais pas plus, je n’ai jamais été sous ces ordres, cela fait des années que je suis dévouée au service de Bias… la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte à présent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prénom. Et merci, c’est déjà beaucoup d’informations qui nous seront très utiles, » lui assura Oswald, déjà bien content d’avoir trouvé quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuèrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlèvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy… appela Noce, solidement accroché à l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitié, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre… déclara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissés à celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillé sur lui-même, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brûlures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvé. Sa peau était très pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclés, retenus dans une épaisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy…
« C’est fou ce qu’il ressemble à son père… »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. Périandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientôt d’autres membres de la même famille avec un emblème mineur et un emblème majeur alors, il fallait le laisser de côté pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond…
– D’accord, tu m’expliqueras en détail tout ce que tu sais après mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sûr.
Pomme répéta la même série de mouvements sur la plaque que tout à l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien précis les tubes qui le reliaient à sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea délicatement sur la couverture qu’avait étendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tête, comme un noyé pour éviter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloqué dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournèrent sur l’épaule, l’aidant à vomir.
– Allez… grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache…
– … k… kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra…
Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant présent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons…
– I… Ivy… c’est… mais que… les yeux de chat du jeune homme s’écarquillèrent encre plus, même si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant à cause des dernières choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprésente. Non… non… tu dois… les flammes… le sort… Dimitri… tout… ce… krreeeuufff… ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle à l’ordre alors qu’il crachait encore. Déjà que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer même à terre ! Pour résumer très vite, même si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et même si t’as dû en voir, tu es en sécurité maintenant.
– En… mais… mais comment… ? Je… qu’est-ce… qu’est-ce qui s’est passé… ? Où… où est-ce qu’on est ? Mon… mon père est là ? Et… et Félix ? Tu sais s’ils vont bien… ? Et Alix…
– Là aussi, très longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrèrent ceux de la meilleure amie de sa mère, cherchant quelque chose de familier et de rassurant… il voulait presque l’entendre raconter ces dernières anecdotes de voyage, leur décrire ses mésaventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passé comme ça l’arrangeait à Almyra… juste pour retrouver quelque chose de normal… tout était tellement flou dans sa tête… la dernière chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages étranges qui le tiraient du mélange de boue, de suie et de sa propre mare de sang… de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire… puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant… il avait tellement de questions… mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir à nouveau…
– Je veux rentrer chez moi… je veux mon père… Félix… et Alix… je veux retrouver… ma famille…
– Bien sûr, je te ramènerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tête.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole…
#fe3h#écriture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espère que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur après la FE OC Week !#C'étais prêt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets à la base jusqu'à voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplémentaire... ce sera mieux et moins condensé en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimé écrire la scène de rêve ! J'espère qu'elle vous plaira !#(c'est les scènes que je préfère en général : les scènes de rêve ou irréalistes où les persos sont en plein trip#On peut mettre la réalité au placard et y aller à fond sur les symboles et les choses irréalistes tout en gardant la logique propre des rêv#diatribe des avertissements inspirée par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passé +30 minutes à cracher sur un jeu#auquel il n'a pas joué depuis 20 ans et qu'il déteste mais qu'il ne peut pas s'empêcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa série de coeur alors pas très agréable à vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censuré]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhérer pas à un truc soit ne lisez pas soit évitez de le tartiner à la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donné une chance à quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du négatif bonne lecture à tous !
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Déclaration amoureuse accidentelle
Fandom : Boruto : Naruto Next Generations
Relationship : Boruto x Sarada
Voici ma participation pour le Year of the OTP 2023 pour le prompt : Déclaration amoureuse (accidentelle).
J’espère que ça vous plaira.
Résumé : Sarada rattrapa Boruto qui allait tomber pour la troisième fois. Il n’avait jamais supporté l’alcool, mais cela ne l’avait pas empêché de faire un concours de boissons avec Kawaki. Boruto se mit à ricaner sans aucune raison. Sarada leva les yeux au ciel, mais ne put s’empêcher de sourire. Pourquoi est-ce qu’elle était tombée amoureuse de cet idiot ?
Disclaimer : Naruto et Boruto : Naruto Next Generations appartiennent à Masashi Kishimoto, Ukyo Kodachi et Mikio Ikemoto.
@yearoftheotpevent
AO3 / FF.NET
Sarada rattrapa Boruto qui allait tomber pour la troisième fois. Celui-ci éclata de rire et elle soupira. Tous deux revenaient de l’anniversaire de Shikadai qui fêtait ses vingt-deux ans. Boruto n’avait jamais supporté l’alcool, mais cela ne l’avait pas empêché de faire un concours de boissons avec Kawaki. Sarada avait été désignée pour le ramener chez lui et pour s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Elle savait qu’elle exagérait, mais à cet instant précis, elle pensa que surveiller Boruto lorsqu’il était ivre était bien plus difficile que n’importe quelle mission qu’elle avait exécuté.
Boruto se mit à ricaner sans aucune raison. Sarada leva les yeux au ciel, mais ne put s’empêcher de sourire. Pourquoi est-ce qu’elle était tombée amoureuse de cet idiot ? Elle s’était rendue compte des sentiments qu’elle avait pour lui. Et si elle était vraiment honnête, elle l’avait toujours aimé. Elle ne lui avait pas encore avoué ce qu’elle ressentait et elle ne savait pas si elle en aurait un jour le courage. Elle avait peur de ce qu’il se passerait si elle lui avouait.
Deux solutions s’offraient à elle. Soit ses sentiments étaient réciproques, soit il ne ressentait pas la même chose et elle risquait de le perdre. Il était son meilleur ami et elle ne supporterait pas de le perdre. Alors elle préférait se taire, même si cela la faisait souffrir.
Ils arrivèrent devant l’appartement de Boruto. Elle lui prit ses clés et ouvrit la porte. Elle le conduisit jusqu’à sa chambre et à peine ses jambes eurent touchées les bords du lit, qu’il s’écroula dessus. Voyant qu’il ne bougeait plus, Sarada se pencha vers lui et constata qu’il s’était endormi. Elle soupira à nouveau, mais elle ne put s’empêcher de sourire.
« Idiot, murmura-t-elle. »
Elle s’apprêtait à partir, lorsque Boruto la retint par la main. Elle regarda vers lui. Il avait les yeux à moitié ouverts.
« Reste avec moi. -Boruto. -S’il te plaît, reste avec moi. »
Il referma les yeux. Il l’attira vers lui et passa ses bras autour d’elle.
« Je t’aime Sarada. »
Elle écarquilla les yeux et leva rapidement la tête vers lui. Il s’était endormi, mais elle l’avait bien entendu. Il l’aimait. Il lui avait avoué qu’il l’aimait. Un immense sourire illumina son visage et elle posa sa tête sur son torse. Les battements de son cœur résonnaient en elle comme une douce musique. Boruto resserra un peu plus son étreinte autour d’elle.
Sarada n’avait jamais été aussi heureuse. Boruto l’aimait et c’était tout ce qui comptait. Demain, pensa-t-elle. Demain, elle lui avouerait ce qu’elle ressentait. Elle n’avait plus peur. Elle ferma lentement les yeux et s’endormit, enveloppée par la chaleur de Boruto.
Fin
#YEAR OF THE OTP#Year of the OTP 2023#boruto: naruto next generation#borusara#boruto x sarada#boruto uzumaki#sarada uchiha#My writing
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Les bourreaux du bonheur
Ah, cher lecteur, dans notre monde où les avancées technologiques font passer l’humain pour un dinosaure en voie de disparition, il semble que certaines âmes charitables aient décidé de, faire du mal aux autres, une véritable discipline olympique. Il ne suffit plus de vivre dans une société où la misère est aussi courante que les McDo au coin de la rue ; il faut maintenant en rajouter une couche en s’acharnant sur ceux qui ne sont déjà pas au mieux de leur forme. Un peu comme si, voyant un homme tomber d’un escalier, on se précipitait pour lui donner un coup de pied, "histoire de l’aider à le finir plus vite". Il y a quelque chose de profondément fascinant, presque artistique, dans cette capacité qu’ont certaines personnes à identifier les plus vulnérables et à les abattre avec la précision d’un sniper professionnel. Que dis-je, c’est un talent, une vocation même ! Après tout, tout le monde n’a pas cette capacité innée à détecter la moindre fissure dans l’armure de quelqu’un et à la transformer en faille béante. C’est un peu comme si ces bourreaux du bonheur étaient dotés d’un sixième sens pervers, un radar à détresse humaine qui leur permet de cibler les plus fragiles pour les finir d’une phrase assassine. - Un collègue déprimé à cause d’une rupture amoureuse ? Parfait ! Rien de tel qu’une remarque bien sentie sur son incapacité à garder une relation pour enfoncer le clou. - Votre ami traverse une période de chômage difficile ? Génial ! Pourquoi ne pas lui rappeler que le marché de l’emploi est "super dynamique" pour les gens "motivés", sous-entendant évidemment qu’il n’en fait pas partie. Et puis, soyons honnêtes, quel plaisir plus raffiné y a-t-il que de voir quelqu’un sombrer encore plus profondément dans le désespoir après votre intervention bienveillante ? Ces gens, ce sont les véritables champions du monde de la petitesse d’âme. Là où certains cherchent à tendre la main pour aider, eux, ils préfèrent l'utiliser pour les pousser et si possible, vers le fond du gouffre. Ils se délectent de cette souffrance qu’ils infligent, convaincus que leur "franchise" ou leur "honnêteté" est une forme de service public. Dans leur monde, faire du mal à quelqu’un qui va déjà mal, c’est presque une mission divine, une façon de tester la résistance des autres, tout en évitant soigneusement de regarder leurs propres échecs en face. Mais ne soyons pas trop durs avec ces tortionnaires du quotidien. Après tout, il faut bien que quelqu’un mette du piment dans la vie, et quoi de mieux qu’un peu de sel sur les plaies des autres ? Sans eux, comment apprécierait-on la vraie bonté, la véritable empathie ? Ils sont un rappel constant que, parfois, le malheur n’arrive pas par accident, mais par la main bienveillante de ceux qui prétendent vous aider. Ça fait juste mal davantage quand c'est des personnes que l'on croyait être des amis ! Alors, chers bourreaux du bonheur, continuez votre noble mission. Soyez fiers de vous, car si un jour vous avez besoin d’un coup de main pour relever la tête, il est fort probable que vous ne trouverez personne pour vous la tendre. Et vous savez quoi ? Vous l’aurez bien mérité. La prochaine fois que vous croisez une âme en peine, souvenez-vous que vous avez deux choix : l’élever ou l’achever. Mais gardez en tête que celui que vous abattez aujourd'hui pourrait bien être celui qui vous aurait relevé demain. Et ça, mes chers amis, c’est ce qu’on appelle l’ironie de la vie mêlant l'ironie du sort ! Pourquoi relever quelqu'un quand on peut l'enfoncer ? Le sport favori des âmes sans grandeur ! David SCHMIDT Read the full article
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Vous l’aurez compris, A contre-sens suit les péripéties amoureuses de deux personnages radicalement opposés, qui se détestent pour mieux s’aimer. Un contraste de personnalités souvent utilisé dans les romances, afin d’offrir l’idylle la plus enflammée possible. A l’image de Nica et Rigel dans Fabricant de larmes ou Kiva et Jaren dans The Prison Healer, Noah et Nick ne semblent, à vu d’oeil, pas avoir grand chose en commun. La première est une jeune fille brillante, indépendante et relativement sage, tandis que le second enchaîne les soirées arrosées et les courses de voitures. Ils ne viennent pas du même monde, n’ont pas les mêmes rêves, ni les mêmes désirs, mais doivent pourtant cohabiter sous le même toit. De leurs différences, ils vont alors faire un jeu dangereux, les exposant à des périls qu’ils n’auraient pas soupçonnés.
Alors c'est quoi l'histoire ?
Noah doit quitter sa ville, son petit copain et ses amis pour emménager dans la villa du nouveau mari de sa mère. Elle y rencontre son frère par alliance, Nick, avec qui elle va entrer en conflit dès le début. Mais l'attirance qu'ils ressentent l’un pour l’autre va les conduire à vivre une relation interdite, qui va attiser leurs tempéraments rebelles et tourmentés, les faisant tomber amoureux.
Fiche d'identité
Genre: Romance, Drame Sortie: 2023-06-08 Directeur: Domingo González, Domingo González, Joana Ginart, Mercedes Ron Etoiles: Nicole Wallace, Gabriel Guevara, Marta Hazas, Iván Sánchez, Eva Ruiz
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Je parle jamais de ce garçon. Comme si c'était un secret. Je l'ai connu il y a quelques années, en fait, on s'était déjà vus à une soirée. Lui m'a envoyé un message anodin un jour, il avait répondu à un de mes contenus. Puis on avait parlé de choses banales durant 24h. J'avais du mal à le cerner. Puis on a plus parlé pendant des mois. Il est revenu de temps en temps, parler de choses triviales. J'ai de suite aimer sa manière d'écrire, très lettrée, fluide, sans faute. Au détour d'une conversation j'avais cru comprendre qu'il avait une copine. L'été précédant mon entrée en fac, on a décidé d'aller boire un verre, sans ambiguïté aucune. J'avais énormément ri. Il était intéressant. Très beau. Puis on avait repris cette habitude de parler de temps en temps sans trop de but. De fil en aiguille, nous nous sommes revus l'été précédant mon entrée en deuxième année de fac. Une après midi parfaitement douce. Je le découvrais. Ça me plaisait ce que j'entendais, voyais. Une façon de penser aussi décaler que la mienne, donc parfaitement corréler à la mienne. À partir de ce moment, on a commencé à parler plus souvent, de manière plus appuyée. À se voir plus souvent. Il avait beau avoir une copine, on parlait tard, tôt, souvent, peu, en se disant rien ou en parlant de tout. Je me suis toujours dit qu'un garçon avait le droit de voir une fille en dehors de sa copine. C'est pour ça qu'il me plaisait dans l'ombre. C'était de l'ordre d'un intérêt en fond. Je savais son potentiel. En juin, il est parti 4 mois en mission avec l'armée en Afrique. Cala signait un arrêt de discussion car restriction drastique concernant les réseaux sociaux. Deux semaines après son départ, j'ai reçu un message. Il avait réussi à obtenir mon numéro. Je pense que c'est à partir de ce moment là qu'on a commencé à se rapprocher alors que nous étions à des kilomètres l'un de l'autre. À parler de sujets sérieux tard le soir. On parlait beaucoup lors de ses gardes, on se tenait compagnie. C'est souvent la nuit que les langues se délient. Une certaine tension, certains sous-entendus ce sont immiscés. Je me suis dit plusieurs fois que c'était des vues d'esprit. Mais ça me plaisait de rentrer dans ce jeu de drague subtile. Il a fini par rentrer de ces 4 mois. Puis aujourd'hui on s'est vus. Toujours aussi beau, bien habillé, gentil mais ce qui m'a le plus marquée c'est qu'il m'a fait rire, extrêmement rire. Et il m'a captivée encore une fois, c'est une des rares personnes profondes que j'ai pu croiser dans ma vie. On a bu des demis pêches, on a couru sous la pluie, on a mangé puis on a écouté de la musique en fumant des cigarettes. Et je la sentais cette tension monter, ces regards appuyés, ces choses qui me laissent penser que soit on se plaît, soit il a une drôle de manière d'être ami avec quelqu'un. On parlait sans s'arrêter, on rigolait, c'était un feeling, ça m'a vraiment fait du bien. J'avais, honnêtement, envie de l'embrasser langoureusement. Comme rarement j'ai envie d'embrasser langoureusement quelqu'un. Ce garçon je n'y pense pas souvent, seulement lorsqu'on se parle ou se voit et il me fait toujours me dire "c'est dommage qu'il ait une copine, parce que j'ai l'impression que je pourrais tomber amoureuse de lui sans faute d'efforts". J'aime ce côté interdit, ce côté où il ne parle jamais de sa relation, ce côté où il ne se passe jamais rien dans le fond mais que l'air se fait moite d'envie. J'aime plus profiter de ces moments comme ça que si nous avions fait quelque chose. Il ne se passe jamais rien de physique entre nous, mais il y a toujours ce moment, avant que je quitte sa voiture, où on se fait la bise lentement et que je sens que ma langue n'a qu'une envie: harponner la sienne. Des fois, je me dis que je me fais des idées, que j'aimerais lui dire qu'il me plaît mais je ne souffre pas de cette situation alors je préfère sentir le désir palpable. Il me fait me sentir à l'aise, drôle et douce. Il me fait réfléchir, il a des arguments, une façon de parler propre à lui. Ses mots me charment. J'aime juste ces petits temps d'appétence l'un pour l'autre.
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ATTACHEMENT VAUDOU RETOUR AFFECTIF EN 24H. MEDIUM SEDOLO PAUL.
COMMENT EMPECHER UN DIVORCE RAPIDEMENT
COMMENT SAUVER VOTRE COUPLE? SAUVER VOTRE COUPLE ? AU BORD DE LA RUPTURE Vous venez de vous séparer pour une raison ou une autre vous aimez encore celui ou celle qui partageait votre vie PAPA SEDOLO PAUL EST UN VOYANT Medium DE HAUTE QUALITÉ QUI FAIT REVENIR L’ÊTRE AIMÉ EN FRANCE Je réalise des travaux occultes en France dans les thèmes suivants : Amour / Retour de l’être aimé – Envoûtement d’Amour – Désenvoûtement – Protection –
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one shot for caliaween (eldarya)
TOUT DROITS RÉSERVÉS
Malgré la perte d'un amour profond, le destin semble porter ses fruits et alors qu'elle s'y attendait le moins, la voilà confrontée à un amour vénéneux. Peut-être est-ce là une façon d'interpréter le deuil ..? Ou plutôt de tenir une promesse difficile.
J'y repensais. Plutôt souvent même depuis que nous étions rentrés de Memoria. Nos corps étaient si proches et je pouvais en sentir la chaleur contre ma poitrine, mais pourtant, je n'avais eu le courage de lui dire quoi que ce soit. Après réflexion, je me sentais presque honteuse d'avoir pu partager cela avec lui : que pensait-il de moi désormais. J'éméttais plusieurs jugements sur ma propre personne, mais l'heure n'était pas dédiée à tout cela, je me devais de me concentrer sur ces parchemins sur lesquels j'avais décidé de me pencher en revenant de mission - de quoi me détendre après une soirée pareille. Mais pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'y repenser. Après tout, j'ai pu profiter d'un moment avec Lance et je regrettais presque de ne pas avoir eu ce courage de lui avouer. Toutefois, le soleil qui perçait les vitres de la bibliothèque dans laquelle j'étais installée m'éclaira le visage d'une lueur orangée, indiquant que la nuit tombait, je crois que j'avais passé plus de temps que prévu à étudier et penser. Rangeant mes parchemins dans mon sac, je me suis empressée de quitter la bibliothèque, fermant derrière moi avant de dévaler les escaliers pour rejoindre le corridor. La nuit au QG était plutôt calme, en vérité personne ne s'aventurait véritablement dehors en ces temps ci, il n'y avait pas de quelconque menace et même si les gardes de nuit étaient aux aguets, ils ne prêtaient pas grande attention aux membres du QG couche tard. D'ailleurs, certains sortaient la nuit par nécessité, que ce soit des vampires ou encore des loups - garous - ou toute créature nocturne en vérité. En tant qu'elfe je n'avais pas spécialement le besoin vital de me ressourcer la nuit, du moins tout dépendait de la lune. Cette lune me faisait d'ailleurs revenir en tête des souvenirs, des souvenirs plutôt heureux en vérité - ces soirées que je passais avec Valkyon lorsqu'il était encore là, mais je les voyais sous une autre vision...
Non ça n'était pas Valkyon, c'était Lance.
Lance qui lui souriait avec ce même air qu'avait son jeune frère. Les yeux larmoyants, je me secouais frénétiquement la tête pour chasser cette pensée. Comment pouvais-je tomber amoureuse d'un homme qui m'avait pris Valkyon ? Mais en même temps, peut-être que c'était une façon de le pardonner finalement.
Valkyon, Lance. A la fois, Valkyon me manquait terriblement et le deuil était dur mais la présence de Lance me le rappelait et je me sentais comme bien auprès de lui. Et cette scène à Memoria, cette mission, j'ai réellement cru que quelque chose s'était passé entre nous mais..
─ Calia' ?
Tirée de mes songes, je fus interpellée par une voix familière qui me fit sursauter. Qui pouvait venir me voir en pleine nuit ? Cette chevelure d'albâtre, ce parfum à la senteur aromatique, du romarin précisément mais avec une touche de lavande, ces oreilles blanches et cette voix modulée. Koori.
Son air éternellement confiant, un fin sourire que nul ne saurait défier, même en pleine nuit la prestance de la kitsune me faisait frissonner, me rappelant ma rencontre avec elle qui fut des plus intrigantes en vérité. Sa voix assurée attendait comme une réponse, ses paupières mi fermées laissant entrevoir ses iris azur me défiait du regard alors qu'après un moment d'absence je m'exprimais :
─ Désolée, tu m'as fait peur. Comment vas-tu Koori ?
─ Comme toujours. Je me demandais qui arpentait les couloirs tardivement, j'aurais cru à Karenn.
Elle semblait presque déçue de me voir, m'enfin, c'était son air habituel, je n'y prêtais pas trop attention. En vérité, je ne prêtais attention à rien du tout et mes pensées me submergeaient de nouveau, pendant un court instant me voilà rêvassant, perdue dans ce monde onirique qui me faisait voir cette silhouette que je n'osais croire être la sienne. Je repassais ce moment ensemble dans ce bain, ce bain où nous nous étions rapprochés et où quelque chose, quelque chose s'était passé entre nous mais, est-ce seulement le même avis de son point de vue ? " Calia... ", "Calia..." ; j'entendais sa voix m'appeler, une voix douce comme s'il voulait me dire quelque chose, mais quelque chose de plus glacial me tira de ce rêve.
─ Calia ? Tu vas bien ? Tu sembles étourdie depuis ton retour de Memoria. Tout s'est bien passé ?
─ Huh..? Tout va bien Koori, ne t'inquiètes pas ! Je suis simplement fatiguée.
─ ... Tâche de prendre soin de toi.
Je reconnaissais cet air inquisiteur sur le visage de la kitsune, elle n'allait pas me lâcher tant que je serais étourdie par Lance. Même si elle ne connaissait pas la situation, elle devait se douter de quelque chose mais j'avais comme un nœud autour du cou, un lien qui m'empêchait d'admettre. Admettre ce que je ressentais.
Les joues rosies je saluais une dernière fois Koori qui me toisait avec un air défiant alors que j'entrais dans ma chambre, puisse la journée de demain être plus calme.
Mais j'en espérais trop. A prier pour la journée de demain, j'en oubliais ma nuit, une nuit qui semblait encore me tourmenter. Un énième cauchemar, un cauchemar qui ne me lâchait pas. Des années auparavant, ce cauchemar se présentait comme un souvenir bien réel de la mort de mon cher et tendre Valkyon, mais désormais, il était différent. Valkyon n'était plus, ni même les plaines d'Eel, non, nous étions seuls avec Lance jusqu'au moment où un individu dans l'ombre vint le transpercer d'une lame d'argent, et je le voyais s'effondrer, mort dans mes bras sans que je ne puisse rien y faire. Un cauchemar dont je n'arrivais pas à me défaire, je rêvais de la mort de Lance et j'en souffrais, j'en souffrais autant que lorsque j'ai perdu Valkyon.
Ambiance musicale conseillée : https://www.youtube.com/watch?v=5TrhlLIY9Tk
Et encore une fois, je me levais avec des sueurs froides.
Attrapant une robe de chambre, j'en profitais pour faire une sortie nocturne après avoir préalablement pris soin de me nettoyer le visage à l'eau claire. Rabattant ma chevelure albâtre en arrière, prenant soin de bien mettre en évidence mes oreilles, je me dirigeais en premier lieu vers la salle des portes pour m'assurer de ne déranger personne avant de passer le pas de la porte et rejoindre l'extérieur. Je ressentais comme le besoin de me rendre au parc de la fontaine, l'eau et la lune me porteraient conseil, je le savais.
Le ciel étoilé témoignait d'un temps excellent pour le lendemain. Je m'approchais de la fontaine, éclairée par cette lueur sélène qui me convenait parfaitement. Prenant place sur un rocher, je trempais mes pieds dans l'eau alors que j'observais le ciel, cherchant les constellations en me remémorant des moments avec Valkyon que j'aimerais passer avec Lance.
Une légère brise soufflait sur mon visage et le chant des petits insectes semblait agréable à l'oreille. Mes pieds dans l'eau amusaient les poissons, je les bougeais délicatement pour ne pas les brusquer, profitant de cet instant de paix qui ne me faisait que du bien.
Je me sentais bien, aussi bien que lorsque j'avais pu profiter de ce moment à Mémoria. Mes deux mains posées à l'arrière du rocher sur lequel je me tenais, je respirais cet air pur laissant ma robe de chambre s'ouvrir un peu et laisser profiter mon bassin de ce coup de vent. Ma tenue était légère mais il ne faisait pas froid, ce léger débardeur et ce short en coton ne me dérangeaient pas spécialement. Quelques petits familiers nocturnes s'étaient rendus auprès de moi pour observer ma présence alors que je comptais seule les étoiles, cherchant un passe temps pour me changer les idées, cette sortie me faisait un bien fou.
Ce calme, je le cherchais depuis maintenant longtemps mais il semblait être momentanément suspendu par un bruit de pas survenant derrière moi. En premier lieu, je pensais à Koori, ce serait logique. Mais en me tournant, ce fut la silhouette de Lance, dans une tenue décontracté qui me regardait, intrigué par ma présence : ce contact visuel me fit rougir jusqu'aux oreilles alors que je refermais subitement ma robe de chambre, embarrassée.
─ Je t'ai vu à travers la fenêtre, je me demandais comment tu allais. Tu n'es pas spécialement une fille de la nuit alors, je me suis permis de venir te voir. Pardonne moi si je t'ai effrayé, Calia.
─ L..Lance, non c'est pas grave.
─ Puis-je me joindre à toi ? Je ne suis pas fatigué et je t'avoue que rester seul n'est plus vraiment une activité intéressante.
─ Bien sûr que tu peux, enfin je veux dire, si ma compagnie te suffit.
Il sourit en prenant place à ses côtés, alors qu'elle avait quitté le rocher pour l'herbe, quittant l'eau et profitant de l'herbe légèrement humide de la nuit. Mon cœur battait la chamade mais je faisais de mon mieux pour ne pas lui montrer, il observait les étoiles en silence, et moi je le fixais lui, détournant le regard à chaque fois qu'il le tournait vers moi. Le silence pesant de la scène semblait continuer encore un petit moment avant qu'il touche mon épaule d'une main - ce qui me fit immédiatement rougir -, me montrant le ciel de son autre main.
─ Regarde ces étoiles, elles forment un draflayel.
─ Oh tu as raison.
Il ne lâchait pas mon épaule, continuant d'observer les étoiles avant de se mettre à me fixer. Je l'observais du coin de l'œil, trop gênée pour oser le confronter du regard. Il passe une main douce dans mes cheveux, repoussant une mèche rebelle derrière mon oreille pointue, passant au passage l'un de ses index sur ma joue d'une manière plutôt agréable. Comme par réflexe, j'attrapais sa main comme pour la caresser.
Je me retirais soudainement, me rendant compte de ce que je venais de faire alors que Lance me souriait d'un air amusé.
─ On a pas beaucoup discuté depuis qu'on est rentré de Memoria. Mais tu sais Calia', j'ai beaucoup apprécié le moment qu'on a passé ensemble.. Néanmoins.. Il se coupa, un peu gêné.
─ J'ai.. beaucoup aimé aussi. Adoré même..
─ Je ne sais pas quoi penser. Etrangement, je me sens perdu et je ressens le besoin de t'en parler pour une étrange raison.
Contre toute attente, il se mit face à moi. Caressant doucement ma joue en gardant cet air hésitant, il semblait tourmenté tout autant que moi et je me sentais coupable de ne pas pouvoir l'aider. A moins que...
─ Mon coeur me dicte moultes choses, je ne saurais tout exprimer. Mais mes pensées sont tournées vers mon frère et..
─ Valkyon, serait.. heureux de nous voir ainsi.. je.. je pense en tout cas.
A ces mots, ses yeux s'écarquillèrent. Comme si ce que je venais de dire sans réfléchir le faisait relativiser, je déposais ma main sur la sienne, la même qui tenait ma joue comme pour le rassurer. J'étais pourtant d'un rouge pivoine, mon corps n'était plus mien et mon cœur le dictait selon ses envies. La légère brise reprit, alors qu'elle fit virevolter ma robe de chambre qui dévoilait désormais mon haut court et mon ventre mis à nu, un ventre qui attira l'attention de Lance puisqu'un détail semblait l'intriguer. Tournant son regard vers le miens, il semblait des plus solennels et sans mots, il descendait doucement sa main vers mon cou, puis contre mon buste, caressant ma peau frêle et innocente avant d'épouser les courbes de mon corps pour atteindre mon abdomen, seul endroit où ma peau n'était plus immaculée.
Dans son regard je sentais un regret. Un regret terrible alors qu'il caressait mon ventre avec une douceur inouïe. Il l'observait longuement, hésitant avant de s'abaisser à cette hauteur pour y déposer ses deux lèvres, pile à l'endroit où ma cicatrice se trouvait, cicatrice qu'il m'avait lui même faites il y a de cela de longues années.
─ Puisses-tu un jour me pardonner pour cette marque.
Suite à ce baiser, il relevait son visage vers le mien, l'air désolé.
Il tenait mes hanches d'une manière très romantique et je ne pouvais m'empêcher de tourner le visage, gênée par la situation. Mais Lance lui, s'était soudain épris d'une certaine tendresse à mon égard, et alors que la lune nous éclairait de plein fouet, il se décida à m'enlacer.
J'enfouis mon visage contre son épaule, profitant de cet instant que je pensais encore une fois passager, un instant qui ne saurait se réitérer dans le futur.
Mais j'espère me tromper.
J'espère terriblement me tromper.
Lance s'était légèrement reculé pour attraper le bout de mon menton et tourner mon regard vers le ciel. A ce moment-là passait une étoile filante, une étoile filante qui fit sourire le dragon.
─ N'est-ce pas le signe de faire un vœu ?
─ Je l'ai déjà fait.
─ Le mien est en quelque sorte déjà exaucé.
A cette phrase, il me fixa. D'un air solennel.
Je ne savais pas comment prendre cette déclaration mais au fond de mon cœur je savais.
Je savais que ce moment n'était pas le dernier mais seulement, si seulement pouvait-il simplement durer pour toujours et à jamais.
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Marvel Masterlist [FR]
❤️Romantique/💜Amitié/💙Adelphe/💚Parents
Kate Bishop
❤️Tu Le Pensais Vraiment ?
Trois fois où les sentiments de Kate ont parlé à sa place et une fois où les tiens ont fait la même chose.
❤️Premier-Deuxième Rendez-Vous
Tu es dans un café en train d'attendre Kate pour votre premier rendez-vous.
❤️Partie De Ta Vie
Tu confesses enfin tes sentiments à ta meilleure amie, Kate.
❤️J'aime San Francisco
Tu es à San Francisco avec ta meilleure amie Kate et sa mission est de te faire tomber amoureuse de la ville.
❤️Être Avec Toi
Après avoir fait un cauchemar dans lequel tu mourais, Kate a peur que tu ne sois pas en sécurité avec elle, mais elle ne sait pas comment t'en parler.
Bucky Barnes
❤️Je Te Le Promets
Tu es amoureuse de Bucky Barnes, mais la Seconde Guerre Mondiale se met en travers de votre amour.
❤️À La Maison À Nouveau
Ton mari, Bucky, est appelé pour aller à la guerre, laissant votre fils, Michael, et toi derrière lui, mais il te fait la promesse de te retrouver à nouveau. Cependant, Bucky était loin de s'imaginer que "à nouveau" signifiait "soixante-quatorze ans".
❤️Je Ne Peux Pas Me Permettre De Te Perdre
Tu te fais tirer dessus pendant une mission, ce qui fait que tu meurs presque dans les bras de Bucky.
Steve Rogers
❤️Un Homme Respectable
Tu es en train de rentrer chez toi tout en essayant de te débarrasser d'un homme qui t'embête depuis quelques minutes. Heureusement, proche de toi, il y a un homme qui déteste les brutes
Carol Danvers
❤️Tu Aimes L'automne
L'histoire de toi tombant amoureuse de Carol Danvers.
TASM!Peter Parker
❤️Vous Iriez Bien
Tu passes un mauvais jour, heureusement ton petit ami sait quoi faire pour t'aider.
❤️Ramener Votre Cœur À La Vie
Ta mère et May ont arrangé un rendez-vous entre toi et Peter en pensant que vous étiez fait l'un pour l'autre, toutefois vous penser que ça ne marchera pas.
Marvel Masterlist [EN]
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Kahei - Le petit Seigneur
Alors oui, je sais, 6 mois sans grande nouvelle sous le soleil, mais mettons de côté ses absurdités personnelles pour revenir sur ce qu’il nous intéresse vraiment. Le jeu de rôle, les OC’s, comment on en est arrivé là. (Je t’ai entendu le petit malin du fond dire “ Ah bon, je me suis abonné à ce blog pour ça ? “ sache que oui, j’parle beaucoup, explique des trucs qui t’intéresse pas forcement parce que ma vie n’est pas OUFFISIME, mais j’ose espérer que tu comprendras ce que j’essaye de te faire partager et que tu en tireras quelque chose également). Comme dit précédemment, mon premier OC’s était un Personna du nom de Kitsune que je ne peux omettre, quand bien même j’en ai honte, car elle a été la base qui m’a permit de donner naissance à moult autre personnage dont je peux être fière aujourd’hui et le premier dont je vais vous parler c’est mon petit Kahei.
Il faut savoir que Kitsune à cette époque était présente uniquement dans l’univers de Yuyu Hakusho dans lequel il y avait un personnage, Yoko Kurama, duquel j’était tomber très amoureuse. Je songe que tomber amoureux d’un personnage fictif peut vous paraître très étrange, mais se reconnaîtrons ceux aillant eut un crush pour un perso cool de leur série d’enfance. D’autant plus qu’à l’époque j’était très seul, je n’avait pas d’amis, et les mangas était, pour ainsi dire, mes seuls liens sociaux.
Kitsune était donc une Yoko (ou un démon renard argenté) ou une change forme qui avait rejoins le groupe de bandit de Yoko Kurama. J’avait peu de variante à l’époque, c’était soit un hasard, soit parce qu’elle était le petit chien de compagnie d’un démon plus fort qui l’avait prise en affection, mais dans tout les cas Kitsune se révélait être une groupie/ Object sexuel pour le démon Kurama. Outre le fait que ce statue n’était pas très glorieux déjà à l’époque, tout ce qui comptait pour moi était que Kurama et Kitsune finissent ensemble et ceux malgré le dénouement de l’histoire originale du manga (que je vous conseil de lire ou de voir d’ailleurs, c’est une série de mon enfance que je trouve bien faire malgré les doublages français bancals). Une fois devenu adulte, aillant majoritairement résolu mes problèmes de sociabilités et trouver l’homme de ma vie, je suis revenu sur ce personnage et autant vous dire que j’en ai presque pleurer ! Voir ce personnage qui était mon personna à l’époque dans une condition aussi précaire et honteuse, un démon prétendu fort devenu femme au foyer et un vulgaire objet me dégouttait, j’ai décidé de la reprendre pour au moins lui donner une fin digne de ce nom.
Autant dire que, après quelque recherche, je me suis très vite rendu compte que Kitsune (qui est devenu Paru à ce moment-là) ne pouvait tout simplement pas se mettre en couple avec Kurama et ceux pour plusieurs raisons : Yoko Kurama, à l’époque, ne se serait pas encombrer d’une femme comme elle (pot-de-colle, violente et enfantin) alors qu’il était un démon dont la puissance et le nom grandissait, qu’il était antipathique, cruel et calculateur. Les deux personnalités n’aurait pas matcher. Alors pourquoi je n’ai pas adapter Paru ?
Il faut se dire qu’un personnage, qu’il soit un OC, un personnage de fiction ou un personnage de roman, n’a pas besoin d’être en couple pour exister. Ainsi, si je voyait mieux Paru comme un monstre brutal et immature alors pourquoi pas la laisser ainsi et modifier sa relation avec Kurama ? Cela m’a paru beaucoup plus sain et respectueux vis-à-vis du personnage de Kurama qui, dans le manga, à une personnalité travaillé et qui évolue avec son histoire.
Bon, je vous avoue, j’ai quand même retravaillé un peu Kitsune/Paru. Déjà parce qu’une démone renarde argenté avec des cheveux brun c’était méga gringe, mais aussi parce qu’il fallait que je lui donne une identité ce que je n’avait jamais faire avant. Comme pour relier des univers de mon enfance, mes premiers essai de RolePlay notamment, j’ai choisit de lui donner une forme draconique (mon premier vrai personnage de RP étant un dragon). Pour la forme, je lui ait donner une couleur noire et pour que les interactions soit possible je lui ait donner le pouvoir de prendre une forme humanoïde. A partir de là, Paru avait déjà une forme, il ne me restait plus qu’à lui crée une histoire qui était totalement détacher de Kurama et de provoquer leurs rencontres.
Alors alors ... qu’est-ce qu’elle est devenue ?
Il faut savoir que le monde des ténèbres où vivait Yoko Kurama est un monde très profond qui s’étend sur des milliers de kilomètres, il n’est donc pas rare que certains démon ne mettent jamais les pieds sur un territoire ou qu’un autre reste inconnu à la majorité de la communauté démoniaque. L’un d’entre eux est le territoire des Dragons Astraux une espèce en voie de disparition qui on la capacité de prendre une forme humanoïde en gardant ailes, cornes, queue et pattes arrières sous leur formes reptiliennes, mais cela reste tout de même un exploit pour se type de démon. Cette espèce fait partie d’une des deux rares à pouvoir prendre ce genre de forme, de pouvoir s’accoupler avec n’importe quel espèce pour pouvoir continuer à perduré malgré leur danger d’extinction, mais aussi de manier l’énergie astrale qui les rend dangereux pour les autres démons. Les dragons astraux vivent en communautés d’une vingtaine d’individu et détermine leurs chefs par la force lors d’un combat “officiel” devant toute la communauté qui n’a pas le droit d’intervenir dans le combat. Les chefs sont en général des mâles, bien que si une femelle gagne elle puisse prendre sa place. Même s’ils ont la capacité de se reproduire avec les membres d’une autre espèces le petit, qui sera forcement un dragon, est juger et souvent considérer comme un bâtard à sa propre espèce.
Ce préambule étant fait, il faut se dire que lors d’une de ses “missions” de pillage pour se faire connaitre dans les ténèbres, Yoko Kurama et son groupe vont tomber sur un repère de Dragon Astraux. Naturellement, les dragons vont vouloir les exécutés pour ne pas qu’ils révèlent leur positions, mais Paru, une jeune dragon, effronté va leur proposer de les utiliser pour abattre des expéditions ennemis qui leur fond du mal. Elle devra se battre pour réussir à convaincre ses opposants, mais grâce à sa longue queue en fouet elle déstabilisera son adversaire et permettra à Kurama et à son groupe de repartir. Mais bien entendu, pour s’assurer qu’il s’occuperait bien des monstres qui mettait en difficulté les siens elle le suivit. Kurama n’appréciera pas vraiment sa présence, Yomi, son bras-droit, non plus, mais Paru va se moquer de leurs état d’âme car, après tout, elle est l’une des espèces les plus puissantes des ténèbres. Ils vont combattre ensemble, Kurama réfléchissant à un plan tout en intégrant sa force draconique et ses pouvoirs, puis au moment de repartir de la région elle va demander à se joindre à eux alors que les siens lui promettait l’exil si jamais elle quittait les cavernes où elle était née. Voyant là une allié de choix dans sa quête de puissance, Kurama accepta.
Le reste de l’histoire de Paru est similaire à celle prévu initialement. Il n’y a pas d’amour entre elle et Kurama, même s’ils ont des relations sexuelle, même si elle ronronne à son approche, Paru à une affection grandissant en une dévotion amoureuse au fur et à mesure des années, mais ce n’est pas le cas de Kurama qui la considère comme un de ses bons éléments (sa forme de dragon aidant beaucoup dans les raids mener avec ses hommes). Alors quand viendra les chasseurs de l’au-délà qui essayeront de le supprimer à cause de sa puissance grandissante autant vous dire qu’il l’abandonnera sans mal pour sauver sa peau.
Paru, éploré, rentrera sur le territoire où réside le reste de sa troupe avec sous le bras un oeuf sous le point d’éclore. Elle attendra qu’un petit dragonneau en soit sorti avant de se présenter dans les cavernes où le dragon qu’elle avait affronter des années auparavent avait pris la place de chef et l’affrontera en duel officiel pour prendre sa place et assurer à son fils un lieu sûr où il pourrait grandir. Paru, qui avait vécu des années au grand air à se battre, vaincue et deviens la Reine Noire.
Elle règne pas mal d’année et elle disparu vers “l’affrontement final avec Toguro” dans le manga et ce fut son fils qui prendra sa place : Le petit Kahei.
Maintenant on peut l’oublier, parce que tout ça n’avait pour but que de vous présenter Kahei. Alors oui, on est sur le fils de Paru et Kurama, mais Kurama ne connais pas son existence jusqu’à bien plus tard dans une fanfiction que j’ai essayer de relier au manga et encore, et Paru s’éclipse pour pouvoir le voir grandir.
Kahei est un bâtard, un dragon né grâce au sang d’un démon, et cela va beaucoup le peser lors de son enfance. C’est un petit garçon au cheveux argenté (donc aux écailles) qui essaye de grandir en suivant la dirigeante de sa troupe plus que sa mère elle-même et qui, en grandissant dans la troupe, va se faire quelques amitiés qui l’accompagneront. Il rencontrera Siuil, une jeune femelle aux écailles vertes qui va rapidement laisser tomber les préjuger des adultes pour apprendre à le connaitre. Elle sera sa première amie. Puis Raska, un jeune mâle rouge qui va être très influencer par la haine de son père, l’ancien chef que Paru à détrôner, et sa soeur. Il va beaucoup lui jeter la pierre, l’insulté et même chercher à se battre avec lui alors que Kahei, de nature passive, va se sentir mal à l’aise face à cette recherche de conflit. Cependant, alors que Raska fut un jour en danger contre un groupe de démon belliqueux, Kahei essaya de le sauver et découvrir son pouvoir astral qui sera de crée un bouclier avec ses ailes. Depuis ce moment Raska changea peu à peu d’avis sur le petit bâtard qu’il reconnaîtra avec le temps comme son ami.
Il grandit ainsi, entouré de deux amis proches qui l’aideront à se faire accepter parmi les autres dragons et prouvant sa puissance par sa force de caractère, bien plus réfléchit que celle de ses pairs né pur, que par son esprit de communauté prononcer. Kahei devint grand, l’un des plus grands dragons de sa troupe, mais restera connu sous le surnom de “petit prince” ou “ petit seigneur” grâce à ses amitiés qu’il s’était fait étant plus jeune et à son statue de fils de la Reine Noire.
Quand cette dernière disparaît, Kahei est élue par la majorité de ses pairs pour son courage, son esprit de stratège et surtout l’importance qu’il a à protéger les siens. Pour la première fois dans le monde des Dragons Astraux, un chef avait été élue pour protéger les autres dragons.
Je suis très fière de Kahei. Parce qu’en naissant il m’a aider à faire un trait sur Paru qui n’existera plus à partir de là ou si elle reviens c’est pour signer sa fin, mais aussi parce qu’il est l’un des premiers à être un personnage aussi intégré au contexte (après Liba, dont je vous parlerai plus tard). Kahei peut existé dans le monde de Yuyu Hakusho sans que l’univers ou l’histoire n’en soit changer et c’est ce qui, à mon sens, en fait un bon personnage.
Je ne sais pas trop dire quoi d’autre sur Kahei. Je pense qu’en dire d’avantage me vaudrait bien une petite fiction pour vous le faire paraître dans sa forme la plus belle et spectaculaire d’autant plus que la fanfic dont j’ai l’idée met en avant Kuwabara, un personnage secondaire de l’oeuvre auquel je me suis attacher en travaillant Kahei, mais... J’ai tellement d’autre personnage dont je voudrait vous parler et je préférait vous laisser le choix de savoir si, oui ou non, ça vous intéresserai d’en apprendre plus sur Kahei, le petit Seigneur.
C’était long, mais j’espère que ça vous à plus ! Des bisous astraux, Lay.
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3. Le jardin de la citadelle
Année 2219 - La Citadelle de l’Est, Nancy.
Ils l’ont fait. Ils l’ont finalement fait. L’urbanisation à outrance de notre monde, poussée à son paroxysme ces cinquante dernières années, a mis fin à toute forme de végétation sur Terre. Il ne reste plus aucune forêt, plus aucune campagne, plus aucun champ, plus un seul sol cultivable. Les jardins, les serres, les esplanades ; la flore, dans son ensemble, dans chaque lieu, chaque recoin, chaque habitation, a été décimée. Inutile de vous dire que la conséquence directe d’une telle tragédie est l’extinction, en parallèle, de la plupart des espèces vivantes de la planète. La grande majorité des lacs, mers et océans sont soient asséchés, soient contaminés à tel point qu’aucun organisme vivant ne peut y proliférer. La biodiversité, est un rêve lointain. La planète se meurt. On nous avait prévenus pourtant, encore et encore. Mais nos comportements n’ont pas changé, ou bien trop peu. Notre égoïsme et la sauvegarde de nos petits conforts personnels auront eu raison de l’humanité, rien que cela. La consommation à outrance, la pollution, la surpopulation, les causes sont nombreuses, et rien n’a jamais réellement été mis en place pour tenter de ralentir la catastrophe annoncée. Des paroles en l’air, des actions et décisions inadéquates et au final, une fuite vers l’avant qui se sera avérée fatale. Tant que cela ne nous concerne pas directement, on peut très facilement continuer à fermer les yeux. Le spectacle est désolant, à vouloir pousser la modernité toujours plus loin, mettre au point des technologies toujours plus perfectionnées, tout automatiser et nous rendre la vie plus facile au quotidien, l’humanité s’est construit une cage de pierre. Du béton, de l’acier, de l’aluminium, des buildings, des voitures, des avions ; tout est gris et neutre et moche. La planète bleue n’est plus bleue, et encore moins verte.
Mais ne vous faites pas, l’espèce humaine survie. Et c’est bien le plus important, non ? Ça l’a toujours été. Oui, excepté le fait que sa population ait diminuée de trois-quarts sur la surface de la Terre. Des pans entiers de la planète sont désormais laissés à l’abandon, les populations ont migré vers les grandes villes, se sont rassemblées, ont essayé de se serrer les coudes pour survivre. Enfin. Il faut toujours attendre le dernier moment. Attendre qu’il soit trop tard. Et trop tard, nous y sommes. Nous avons dépassé le point de non-retour, l’humanité vit plus que jamais à crédit, ce n’est plus qu’une question de temps désormais. Les gens meurent de faim, les rationnements sont drastiques et tous ne peuvent y avoir accès. Sans surprise aucune, les plus riches s’en sont le mieux sortis. Et pour ce qui est de se serrer les coudes, ils sont bien au-dessus de ce concept. Au moment de devoir choisir entre le sort de leurs compatriotes et le leur, le choix a été vite fait. Dans quelques villes encore peuplées à travers le monde, les groupes de personnes les plus riches et influents ont fait construire des citadelles au cœur de celles-ci. Des fortifications en béton, en acier, des constructions tristes et désolantes, sans âmes, dont le but est de séparer les privilégiés de l’intérieur du petit peuple de l’extérieur. Des châteaux du temps de la monarchie, en soi, mais adaptés à notre époque moderne. Le contraste est saisissant entre l’intérieur de ces constructions modernes et majestueuses, au sein desquelles la vie suit son cours tant qu’elle le peut encore, et les paysages de destructions, de décombres, de gravats, d’immeubles effondrés ou tenant à moitié debout de l’extérieur, où l’humanité laissée pour compte tente de survivre.
Je vous emmène désormais à Nancy, dans l’est de la France, ville dans laquelle a justement été érigée l’une de ces citadelles. C’est la seule de l’hexagone à exister en dehors de celles des trois plus grandes villes : Paris, Lyon et Marseille. Elle a ainsi été surnommée la citadelle de l’Est. Pourquoi Nancy ? Nous allons y revenir, mais intéressons-nous tout d’abord à ce qu’il se passe dans les sous-sols de cette citadelle, aux cachots. Vous allez rencontrer un dénommé Philippe, qui n’est pas en position des plus accueillante, puisqu’il est actuellement traîné de force dans l’un de ces cachots par la police du régime de la citadelle. Ici aussi, tout a été modernisé, les galeries souterraines ont été renforcées avec du béton et les cellules d’emprisonnement sont dernier cri : portes automatiques avec barreaux d’acier que l’on peut activer avec des télécommandes. Malgré tout, à l’intérieur, le confort reste très minimaliste, à savoir qu’il n’y a absolument aucune fourniture d’ameublement et rien pour répondre aux besoins de premières nécessités. Philippe est tenu par deux hommes et alors qu’ils approchent d’une cellule vide qui semble lui être destinée, ce dernier, dans un ultime élan d’espoir, essaie de se débattre et de s’enfuir. Mais rien à faire, il prend un coup de taser qui le fait tomber instantanément dans les vapes et est balancé sans aucune considération dans son nouveau logis. Le prisonnier ne va pas revenir à lui dans l’immédiat, ce qui me laisse le temps de vous en apprendre un peu plus sur cette citadelle de l’Est.
Toutes les citadelles à travers le monde sont gérées de manières différentes, politiques internes aux pays, aux régions, aux villes, bref, je vous en épargne les détails. Mais de manière générale, il y a une règle universelle respectée de partout, qui énonce que les fondateurs de la citadelle, en sont ses dirigeants. Et que cette position s’hérite de génération en génération. La citadelle de Nancy a été fondée par un certain Dr Mathieu Langlet, médecin très aisé, originaire de la capitale. Et s’il a fait le choix de l’est pour monter sa fortification, c’est à cause de madame. Clotilde Langlet, qui aime que l’on réfère à elle sous le titre de Dame de l’Est, a convaincu son mari de s’installer dans la ville de Nancy, à cet endroit exact, puisque c’est à cet emplacement qu’existait il y a encore peu de temps, un magnifique jardin public. Venue en vacances étant plus jeune, Clotilde Langlet était tombée amoureuse de celui-ci. Elle a ainsi émis le caprice de le posséder pour elle seule lorsque l’occasion s’est présentée. Parce que oui, je nous vous ai pas tout dit. Il n’y a plus aucune végétation à la surface de la planète ; sauf dans certaines citadelles ! Les personnalités qui ont la mainmise sur le monde ont pu sauvegarder quelques espèces de plantes et quelques petits jardins existent encore, dans quelques coins du monde, jalousement protégés et monopolisés par les dirigeants de citadelles, et quelques autres personnes proches d’elles. Madame Langlet a ainsi pu récupérer quelques graines et racines qui résistaient encore dans l’ancien jardin public et monter le sien. Petit, cultivant peu d’espèces différentes, mais représentant malgré tout, de nos jours, l’une des merveilles du monde. Et c’est ce même jardin qui est responsable de la désagréable situation dans laquelle se trouve actuellement notre Philippe.
Philippe Solet, 43 ans, ancien chercheur en botanique, n’a pas eu le privilège de se retrouver du bon côté des murs lorsque l’humanité a commencé à se désagréger. Originaire de Nancy, il n’a rien pu faire pour éviter la construction de la citadelle, et Dieu sait qu’il a essayé. Il n’a jamais cessé d’essayer. Essayer d’empêcher cette séparation de l’humanité tout d’abord. Puis essayer d’aider l’humanité à survivre tant bien que mal. Et désormais, depuis qu’il a entendu les rumeurs du jardin secret de la citadelle se propager, essayer de redonner espoir à l’humanité. Sans aucune assurance de l'existence réelle de ce jardin miraculeux, Philippe a dédié sa vie à cette seule mission de faire éclater la vérité. Il a pour cela monter une organisation à laquelle il a donné le nom symbolique de “Green Hope”. Au fil des années, de nombreuses personnes l’ont rejoint et ensemble, ils ont donné leur temps et leur énergie pour récolter le plus d’informations possibles sur la citadelle de l’Est. Sa structure, son organisation, son fonctionnement, la composition de sa police, son activité, les plans détaillés du lieu. Tout ceci dans un seul but : préparer une mission d’infiltration pour révéler les vérités au grand jour et surtout, pouvoir offrir à l’humanité un espoir tangible en ramenant quelque chose de ce jardin. Cette offensive a été pensée et préparée durant des mois, voir des années, en vue du jour J ; à savoir aujourd’hui. Philippe et quatre de ses camarades les plus proches et les plus importants et doués de l’organisation Green Hope se sont lancés dans l’entreprise la plus importante et significative de toute leur vie. Bien préparés et renseignés, ils ont pu atteindre sans grabuge le fameux jardin. L'émerveillement et la joie dans leurs yeux étaient sans pareils. La vérité était là, l’ultime espoir à bout de bras. L’équipe a malheureusement rapidement déchanté lorsqu’ils ont compris qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir des informations et qu’ils étaient attendus. Piégés et encerclés, les quatre compagnons de Philippe ont été victimes d’une force de police sans foi ni loi, et ont violemment succombé à la pluie de balles qui s’est abattue sur eux. Philippe a été épargné. Il comprendra plus tard, peu avant sa propre mort, qu’il a été maintenu en vie juste assez longtemps pour être torturé et interrogé sur l’organisation qu’il a fondé et mettre fin à toute autre tentative de rébellion.
Mais pour le moment, l’ancien biologiste est encore en vie, livré à lui-même dans sa cellule. Il revient lentement à lui et se redresse en position assise, le dos appuyé contre un mur. Dès qu’il reprend pleinement conscience et que les souvenirs de ce qu’il s’est passé remontent, il ne peut s’empêcher d’être abattu et d’avoir une pensée pour ses camarades. Il réalise soudain quelque chose et plonge instinctivement la main dans une couture intérieure de son pantalon. Son expression change alors et on peut y déceler un certain soulagement lorsqu’il réalise que l’objet qu’il cherchait est toujours avec lui. Il laisse échapper un petit sourire alors qu’il ouvre la main. Au creux de sa paume, repose un petit iris bleu.
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Toutes ces premières fois
Voici un texte que j’avais écrit pour le Rare Pairs Week 2020. J’espère qu’il vous plaira.
Résumé : Natsu regarda Juvia qui dormait paisiblement dans ses bras et sourit. Juvia venait d’emménager chez lui, c’était une nouvelle étape dans leur relation. Il lui caressa délicatement le bras et repensa à leur histoire.
Disclaimer : Fairy Tail appartient à Hiro Mashima.
Natsu regarda Juvia qui dormait paisiblement dans ses bras et sourit. Juvia venait d’emménager chez lui, c’était une nouvelle étape dans leur relation. Il lui caressa délicatement le bras et repensa à leur histoire.
Tout avait commencé il y a un an, quand la pluie s’était abattue sur Magnolia. Natsu était trempé et rentrait chez lui. Étrangement, cette pluie lui faisait du bien. Il avait l’impression qu’elle chassait le tristesse qu’il ressentait. Il avait décidé de dire à Lucy ce qu’il éprouvait. Il avait tout prévu. Dès qu’il serait arrivé à la guilde, il aurait été la voir et lui aurait fait sa déclaration. C’était avant qu’il ne l’entende parler avec Cana et Mirajane de son rendez-vous avec un journaliste du Sorcerer Magazine. Il était sorti de la guilde avant que quiconque ne puisse le voir et décida de rentrer chez lui.
Sa relation avec Lucy n’avançait pas et il avait l’impression qu’ils resteraient seulement amis. C’est à mi-chemin que la pluie avait commencé à tomber, jusqu’à en devenir plus forte. À l’entrée de la forêt, Natsu vit une silhouette assise sous un arbre, pour se protéger de la pluie. Il s’approcha et reconnut Juvia. Elle avait ses bras autour de ses genoux et Natsu pouvait l’entendre pleurer. C’est pour ça qu’il pleut, pensa-t-il. Il aurait dû se douter que cette pluie n’avait rien de naturelle. Il s’approcha d’elle et l’appela. Juvia sursauta et tourna la tête vers lui.
« Natsu-san ! »
Natsu s’assit à côté d’elle.
« Juvia est désolée. Il pleut à cause d’elle.
-Pourquoi es-tu si triste ? »
Les pleurs de Juvia redoublèrent et la pluie tomba plus fort. Elle lui raconta qu’elle avait proposé à Gray de passer la journée avec elle. Il avait refusé. Ce n’était pas la première fois. Mais cette fois, Gray s’était énervé contre elle, agacé par son insistance. En temps ordinaire, Juvia se serait dit que ce n’était pas grave et qu’elle lui redemanderait une prochaine fois. Mais cette fois, c’était différent. Juvia avait le cœur brisé.
« Pourquoi Gray-sama s’est-il énervé contre Juvia ? Juvia aime juste Gray-sama. En quoi est-ce mal ? »
Natsu pouvait comprendre ce que ressentait Juvia. Ils aimaient des personnes qui ne les aimaient pas. Sans réfléchir, il la prit dans ses bras. C’était la première fois qu’il prenait Juvia dans ses bras. Il n’avait enlacé que deux filles auparavant, Lucy et Lisanna. Mais avec Juvia, il sentit quelque chose de différent. Il n’aurait pas su dire quoi. Et pour l’instant, tout ce qu’il voulait, c’était la consoler et voir son sourire.
« Gray est un idiot. Il ne se rend pas compte de la chance qu’il a d’être aimé par toi. »
Juvia rougit. Petit à petit, la pluie s’arrêta.
Le lendemain matin, Natsu alla directement vers le tableau des annonces en arrivant à la guilde. Happy le suivait de près. Avec un sourire aux lèvres, Natsu prit une annonce qui lui semblait parfaite.
« Je ne suis pas sûr que cette mission plaise à Lucy, dit Happy en lisant l’annonce.
-Ce n’est pas pour Lucy, c’est pour Juvia. »
Happy écarquilla les yeux, surpris.
« Juvia ? Mais on est jamais parti en mission avec Juvia. »
Natsu chercha Juvia du regard, impatient de lui montrer l’annonce. Il voulait la voir sourire et il savait que quelques jours loin de Gray lui ferait du bien. Natsu aussi ressentait le besoin de s’éloigner. Il finit par la voir assise à une table, tenant un verre intouché entre ses mains. Elle lançait de temps à autre un regard triste vers Gray. Natsu grimaça. Il se dirigea vers Juvia, avec Happy qui volait derrière lui. Il se plaça devant la jeune femme et lui tendit l’annonce avec un grand sourire aux lèvres.
« Ça te dirait qu’on parte en mission ? »
Juvia lut l’annonce et sourit tristement à Natsu et Happy.
« Juvia n’est pas de très bonne compagnie en ce moment.
-Viens avec nous, insista Natsu. Je suis sûr qu’on va bien s’amuser.
-Allez viens Juvia, dit joyeusement Happy. »
Avant qu’elle n’ait le temps de refuser à nouveau, Natsu lui prit le bras et la fit se lever, avant de partir en courant et d’emmener Juvia avec lui. C’était leur première mission ensemble. Et Natsu avait accompli la mission qu’il s’était fixé. Il avait réussi à faire sourire Juvia. À partir de ce jour, Natsu proposait toujours à Juvia de partir en mission avec lui et Happy. Il ne se sentait jamais aussi heureux que lorsqu’il était avec elle. Happy s’était d’ailleurs empressé de le taquiner : ‘C’est beau l’amour !’ Natsu rougit et s’énerva contre son ami, qui éclata de rire.
Mais au fond de lui, Natsu savait que ses sentiments pour Juvia étaient entrain de changer. Juvia était gentille, drôle, forte, intelligente, un peu bizarre et tellement belle qu’il faudrait être un idiot pour ne pas se rendre compte de la femme extraordinaire qu’elle était. Il n’avait plus qu’une obsession, l’embrasser et la prendre à nouveau dans ses bras. Petit à petit, il était tombé amoureux d’elle, mais refusait de se l’avouer. Et si elle ne ressentait pas la même chose ? Et si elle était toujours amoureuse de Gray ? Il avait déjà eu le cœur brisé quand il avait réalisé que Lucy ne ressentait pas la même chose que lui et il n’avait aucune envie de ressentir à nouveau cette douleur.
Les choses s’étaient accélérées lors d’une mission qui avait mal tourné. Juvia avait été enlevé sans que Natsu puisse faire quoi que se soit. Son instinct de chasseur de dragon avait pris le dessus et il ne pensait plus qu’à une seule chose, retrouver Juvia et faire payer ceux qui l’avaient enlevé. Au bout d’une longue bataille, il avait fini par la retrouver. Elle était saine et sauve et c’était tout ce qui comptait. Natsu avait toujours agi à l’instinct et sans réfléchir à ce qu’il faisait, il courut vers Juvia et l’embrassa. Natsu s’écarta, voulant s’excuser, mais Juvia l’en empêcha en l’embrassant à son tour. Il la serra contre lui, refusant que ce moment s’arrête. C’était leur premier baiser.
Ce premier baiser fut suivi par d’autre première fois. Leur premier rendez-vous, leur premier ‘je t’aime’, leur première nuit ensemble. Et désormais, ils vivaient ensemble. Natsu n’avait jamais été un romantique. Il ne s’en était jamais préoccupé et s’en moquait complètement. C’était avant qu’il ne tombe amoureux de Juvia. Il savait qu’ils avaient encore d’autre premières fois à vivre et il était impatient de les vivre. Il n’était pas son premier amour et elle n’était pas le sien, mais il savait qu’elle serait son dernier et il ferait tout pour être le sien.
Fin
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- Starting somewhere.
Toute histoire à un commencement. La notre commence en 1764. Deux inconnus innocent issu de bonne famille et bien élevé. Tout les jours, je le croisais dans la bibliothèque, à la même section. Nous étions friands d’histoires racontant des horreurs et des massacres. Nous passions notre temps à nous raconter comment des personnes lambda que nous croisions dans la rue tueraient une personne choisie purement au hasard. Et sans le savoir, tout ceci nous excitait gravement. A partir de ce moment là, nous ne nous sommes plus jamais quitté. Il s’appelait Bachelor, moi Juliann.
Mais alors, vous devez certainement vous demander comment lui et moi sommes arrivé sur le Thrône des Enfers. C’est une histoire courte, qui ne dure pas plus de quelque seconde : Nous sommes mort.
Mort le jours de notre nuit de Noce. Assassiné par les mains d’un homme effroyable. Je me souviens de ce sentiment qui m’a traversé quand j’ai vu l’homme trancher la gorge de Bachelor. J’ai joui instinctivement, suppliant l’homme de faire couler le sang de Bachelor sur nos draps blanc. Avant de me tuer, l’homme me tortura, m’enfonçant sa lame encore et encore et encore au fin fond de mes entrailles, perçant mes organes et déchirant ouvertement ma peau si fine. Je suis morte vierge, à mon avantage. L’homme continuait de fracasser mon corps, le déchirant de toute pièce, arrachant mes ongles et mes phalanges une à une. La douleur n’était qu’illusoire face au plaisir intense que je ressentais à chaque fois qu’il me faisait mal. Le coup final ne fut que splendide. Il enfonça son arme dans mon cœur, déchirant encore ma peau et arrachant mon cœur, me laissant voir quelque seconde avant de me réveiller au côté de mon bien aimé qui m’attendait paisiblement.
Bachelor et moi n’étions alors que de simple pion dans la cour de Satan. Mais nous avions besoin de plus, besoin de ce Trône sur le quel Satan était assis. Notre quête commença alors avec une simple mission : assassiné et torturer les premiers étages de la tour vers notre ascension afin de gagner en pouvoir et de gagner en vigueur. Tout ça sans que rien ne se remarque.
“Juliann, je crois que toi et moi sommes voué à de grande chose. Je veux pouvoir profiter de ton corps jusqu’à la fin des temps, te faire jouir de crime et te voir t’abaisser devant moi quand tu seras prête à recevoir tes récompenses. A partir de ce jour, je serais ton maître. Tu ne seras que ma poupée de chiffon et je veux pouvoir te torturer et te tuer comme bon me semble, t’éclater la tête sous mes pieds et entendre ta cervelle se désintégré sous mon poids. Après ça, je te ferais jouir d’amour et tu te rendra compte de la chance que tu as.”
“ Bachelor, je t’offre mon corps et mon amour inconditionnel. Fait ce que tu veux de moi.”
Comment ne pas tomber éperdument amoureuse d’un homme tel que celui là, je l’aimais de tout mon cœur, lui donnant mon corps et mon âme sans relâche. Je le laissais faire ce qu’il voulait de moi et en échange, je lui donnais un minimum de plaisir, lui offrant ainsi ma virginité. Prenant plaisir à le morde, le couper, le torturer, lui arracher les ongles et les cheveux, lui couper d’infime partie du corps. Nous avions beau faire ce que nous voulions l’un de l’autre, tout finissait par se régénérer et par revenir à la normal, effaçant la douleur. Nous étions toujours en quête de plus, ressentir plus de sensation, se faire de plus en plus mal.
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