#en el canon y en el au(?)
Explore tagged Tumblr posts
camo1000le · 1 year ago
Text
Tumblr media
Day 2: Alternative Universe
(trad in ALT text!)
Today is Swap AU day- instead of Freddy doing his silly introduction is Owynn and they're gonna be part of the Animatronics band now! (Idk how that will work out)
The last part is the swap(?) Of what normally goes on in my base AU, so yeah, anyways Owynn can "see" Fred because I want too (in all AUs)
27 notes · View notes
smileflowcr · 4 months ago
Note
Derek, ¿alguna vez sentiste que Sakmin no podría ser tu hijo? ya sabes, Wonnie estaba pequeñita cuando la conociste, pero Sakmin recuerda bien a su otro padre biológico, ¿sentiste que no podrías amarlo ni ser amado por él como si fuesen de la misma sangre?
Tumblr media
No es la primera vez que le preguntan aquello, recuerda cómo su familia puso en duda la decisión de formalizar su relación con Sakwon y ser otra figura paterna para los Jun. Por supuesto, le dio todo el tiempo para que el mayor se acostumbrase a él, sin invadir su espacio personal pero compartiendo tardes de dibujos animados, juegos o algo mås hogareño como hacer galletitas con diferentes formas, terminando con harina en todo el rostro. "Nunca quise ser un reemplazo de su otro padre... sino alguien en quien pueda confiar y apoyarse cuando lo necesita." las noches donde Sakmin no podía dormir y requería de un cuento y abrazo, las ocasiones donde Derek se desvelaba a su lado cuando estaba enfermo o las veces que jugaban a ser fantasmas con såbanas blancas encima junto a sus hermanos menores, son recuerdos que atesora y que no olvidarå nunca. "La primera vez que Sakmin me llamó papå estuve llorando durante horas, ahí supe que nada ni nadie podría romper nuestro vínculo. Quizås no lo tuve en mi interior, pero tanto mi amor por Wonnie como por Sakmin es algo que creció poco a poco, fortaleciéndose con el tiempo. Me siento realmente afortunado de ser parte de sus vidas y ver cómo crecen, son los mejores hijos que puedan existir."
3 notes · View notes
sschrodingersqueer · 11 months ago
Text
Headcanon centrado en q!Roier pre-purgatorio (por estética no pondré la "Q" delante del nombre pero esto es sobre los cubitos, no los CC.)
ESPACIO EN BLANCO
La escena comienza de la siguiente forma;
Roier se levanta como cualquier otro dĂ­a con la mente centrada en los pendientes que tiene, la Ășnica diferencia notoria es el hecho de que despertĂł en su casa y no en el castillo que compartĂ­a con su esposo. Los quehaceres del dĂ­a anterior acomodando la ciudad le hicieron perder la nociĂłn del tiempo y, despuĂ©s de comunicarse con Cellbit para que no se preocupara, decidiĂł dormir en la casa casi abandonada.
Lo primero que comienza a hacer es recoger la ropa del dĂ­a anterior para lavarla, inicialmente estaba relajado tarareando una canciĂłn, hasta que lo noto.
Su ropa tenĂ­a un olor que hace tiempo no sentĂ­a. El peculiar y fuerte olor a nicotina.
Logrando mantener al menos la apariencia de estar calmado recorriĂł la casa buscando cualquier cosa fuera de lugar, reviso su ropa en busca de manchas o cualquier pista que indicara que el sentimiento de inquietud tenĂ­a origen donde Ă©l lo sospechaba. Llego a la conclusiĂłn que lo Ășnico extraño era el sentimiento de cansancio mezclado con emociĂłn que reciĂ©n notaba, era muy similar a como se sentĂ­a luego de un dĂ­a arduo de entrenamiento.
También el hecho extraño de que su baño estaba mucho mås limpio que el día anterior.
Sin pistas o pruebas que confirmaran algo siguió adelante con su día. Ante los demås residentes no parecía haber un cambio en el, mås no bajo la guardia, siempre atento a si había señales de algo raro.
AsĂ­ paso el tiempo y siguiĂł adelante pese a que se acumulaban los malos sucesos uno sobre otro, con solo su esposo notando las diferencias que se iban desarrollando en su cabeza. Algo que no podĂ­a dejar de lado pese a las muchas otras cosas importantes era el hecho de que se sentĂ­a mĂĄs en control de su mente que en cualquier momento de su vida, incluso si las voces gritaban mĂĄs que nunca gracias a noches de insomnio y cosas sin resolver, no tenĂ­a espacios en blanco sin respuestas.
Hasta que su curiosidad enterrada fue satisfecha de forma inesperada. Para su gran irritaciĂłn todos los residentes iban a ser trasladados por un tiempo y en el camino recibieron informaciĂłn variada.
Entre todo se confirmĂł el deceso de dos personas sin los detalles de cĂłmo se produjeron. Dan, quien fue la pareja de su amigo Maxo para las adopciones, y Spreen.
Spreen estaba muerto.
Y ante este hecho, con los murmullos inquietos de los demĂĄs y los gritos de Missa como banda sonora, solo podĂ­a pensar en dos cosas.
El fuerte olor a nicotina y la satisfacciĂłn de una dura pelea ganada al fin.
6 notes · View notes
lilias42 · 2 years ago
Text
Et voilà ! DeuxiÚme partie et fin de l'OS dorée sur AM !
Bon ! Il est enfin là celui-là ! Désolé d'avoir tant tardé à le mettre, je pensais le poster coup sur coup mais, je n'étais pas satisfaite de la seconde partie alors, j'ai préféré le retravailler plus longtemps que de sortir vite une seconde moitié à moitié cuite. J'ai donc rajouté quelques morceaux pour ne pas faire trop "on saute des évÚnements pour aller plus vite à la conclusion".
Il y a aussi des Ă©lĂ©ments qui sont volontairement mis de cĂŽtĂ© dans cet OS et j'ai coupĂ© pas mal de chose qui ne s'articulait pas bien dans ce genre d'histoire car, ça aurait manquĂ© d'impact. Par exemple, une partie avec Omnes a Ă©tĂ© rajoutĂ© pour le faire apparaitre un peu mais, ce n'a pas Ă©tĂ© le cas de tous les Ă©lĂ©ments qui aurait pu apparaitre. Par exemple, je voulais que Dimitri fouille la chambre de son pĂšre et de son oncle pour tomber sur un portrait de sa mĂšre biologique HĂ©lĂ©na chez le premier, et sur une boite que son oncle a toujours refusĂ© de lui montrer chez le second. Cependant, ça aurait fait beaucoup d'un coup et je n'aurais pas pu tirer tout le jus d'eux dans l'OS, surtout qu'il Ă©tait plutĂŽt hors sujet. Pour la boite, elle est au centre d'une sous-intrigue de CF, et Dimitri n'est pas encore assez armĂ© ici pour affronter le contenu de cette boite. Pour HĂ©lĂ©na, elle aura un rĂŽle plus important dans l'autre OS que j'Ă©cris de temps en temps oĂč Duscur est empĂȘchĂ© par une rĂ©volte gĂ©nĂ©rale Ă  Faerghus et les srengs qui viennent dire coucou (en plus, j'ai appris cette semaine que si les vikings Ă©taient dĂ©testĂ©s des seigneurs qu'ils pillaient, ils faisaient le "bonheur" [avec des guillemets car ils pillent quand mĂȘme mĂȘme si c'est moins intĂ©ressant de s'en prendre Ă  des paysans qu'Ă  des seigneurs / bourgs bien riches, faut pas dĂ©c*nner] car, ils fichaient un tel boxon que c'Ă©tait quasi impossible de rĂ©cupĂ©rer les impĂŽts auprĂšs des paysans alors, ça faisaient des annĂ©es / mois blanc pour eux et il a fallu remettre tout Ă  plat Ă  la fin de leurs expĂ©ditions donc, j'aimerais bien tenter de l'intĂ©grer). Alors, ces idĂ©es arriveront surement Ă  un moment oĂč un autre mais, pas dans ce texte-lĂ .
Je le fais rarement mais, toute l'ambiance d'une scÚne est inspirée d'une chanson. C'est simple, c'est elle qui m'a débloqué quand je me disais qu'il manquait quelque chose à cette seconde partie. Il s'agit de la version française de la chanson "Heaven" faite par Poucet (et aller écouter tout ce qu'elle fait, sa voix est juste magnifique ! Elle fait souvent dans un registre assez triste / lyrique pour celle que j'ai écouté mais, ça vaut le coup !)
youtube
Je ne précise pas quelle partie elle a inspiré pour ne pas spoiler mais, ce sera assez évident une fois écouter.
Pour le contexte de cet OS, tout est expliqué dans l'intro de la partie précédente mais, si vous avez des questions, n'hésitez pas à demander !
Ici, on reprend le cours des choses avec la bataille de Fhirdiad jusqu'à la fin de l'histoire et l'épilogue ! (+une scÚne coupée mais, je vous explique une fois arriver là-bas).
Bonne lecture !
(et voilà @ladyniniane ! J'espÚre que ça te plaira !)
Quand leur armĂ©e Ă©tait arrivĂ©e aux portes de Fhirdiad, ils pouvaient entendre les Ă©meutes depuis les plaies de Tailteans. La cousine de Sylvain, Hlif, les avait rejoints avec les troupes de Gautier en mĂȘme temps que plusieurs guerriers srengs venu grossir leurs rangs sur ordre de leur tante, la reine Thorgil. Elle avait dĂ» sentir que si Eldegard gagnait la guerre, Sreng Ă©tait certainement dans ses prochaines cibles et avait prĂ©fĂ©rĂ© prendre les devants. Hlif avait alors lĂąchĂ© le corbeau qui la suivait partout au-dessus de la ville, et fait un rapport sur la situation grĂące Ă  lui, voyant par ses yeux grĂące Ă  leurs tatouages. Elle serait surement inondĂ©e de question aprĂšs la bataille par Annette, Linhardt, LysithĂ©a et Hanneman sur comment sa magie fonctionnait mais, il y penserait plus tard.
Selon son rapport et ce que pouvaient voir les unitĂ©s aĂ©riennes depuis le ciel, les combats urbains avaient dĂ©jĂ  commencĂ©, menĂ©s en petits groupes par diffĂ©rents chefs rebelles. Les Ă©meutiers Ă©taient concentrĂ©s autour des diffĂ©rentes portes et poternes de la ville, ainsi que les chemins de rondes, laissant l’intĂ©rieur de la ville relativement vide mais, CornĂ©lia l’avait rempli avec ses propres fidĂšles ainsi que des bĂȘtes mĂ©caniques inconnues. Cela confirmait les informations que leur avait transmis l’espion infiltrĂ© dans la ville.
Sous le commandement du seigneur Seteth et d’Ingrid ainsi qu’un de leurs chefs pour les srengs montĂ©s sur des valravens, les cavaliers pĂ©gases et wyverns allĂšrent prĂȘter mains fortes aux Ă©meutiers sur les remparts, et les portes de la ville s’ouvrirent assez vite sans qu’ils n’aient eu besoin de l’enfoncer avec leur bĂ©lier.
Ils commencĂšrent par combattre tout autour de l’enceinte afin d’éviter d’ĂȘtre pris en tenaille, puis avancĂšrent petit Ă  petit vers le parvis du palais et de la cathĂ©drale au centre de la ville. Des coups de trompettes pour se faire entendre au milieu de cette cacophonie assourdissante rĂ©sonnĂšrent de toute part, tout comme des Ă©clats de magie pour indiquer une position prise ou demander des renforts.
Dimitri combattait de toutes ses forces jusqu’à perdre son souffle, sentant chacun des coups que son armure encaissait ou qu’il Ă©vitait de peu, le sifflement des fers des lances et des Ă©pĂ©es le frĂŽler, avant qu’il n’enfonce leur propre armure avec Areadbhar qui l’entourait de son Ă©nergie, glaciale mais protectrice.
Le bruit autour de lui et dans sa tĂȘte Ă©tait assourdissant. Les morts hurlaient tellement fort, l’encourageaient Ă  tout dĂ©truire sur son passage mais, il n’avait pas le temps de les Ă©couter. Il avait trop de choses Ă  penser en mĂȘme temps : bien mener ses troupes, protĂ©ger ses soldats, surtout les unitĂ©s plus fragiles comme Annette, faire attention Ă  ne pas se faire tuer lui-mĂȘme, surtout qu’il Ă©tait plus grand que la moyenne et sa tĂȘte dĂ©passait de la mĂȘlĂ©e
 le surplus d’information tout autour de lui l’empĂȘchait de les Ă©couter.
Quand ils arrivĂšrent au bourg, ils firent face Ă  d’immense titans de fer et d’acier, couverts de veines et de sphĂšres bleues, hauts comme une maison et avançant seuls Ă  travers les grandes avenues. DĂ©esse, qu’est-ce que c’était ces choses ?! Mais aprĂšs un instant d’étonnement, le lancier se reprit, essayant de rationaliser les choses, aidĂ© par le fait que leur espion les avait dĂ©jĂ  informĂ©s de la prĂ©sence de « bĂȘte de mĂ©tal bougeant apparemment toutes seules ». Ces choses ressemblaient aux automates que Dame RhĂ©a avait utilisĂ© pour protĂ©ger le Saint-Tombeau
 pas dans leur forme mais, dans leur comportement, ils se ressemblaient beaucoup. Bon, la situation Ă©tait moins impressionnante qu’il le pensait de base. CornĂ©lia avait dĂ» s’inspirer des mĂȘmes travaux sur la magie que RhĂ©a pour les concevoir, ou avoir la mĂȘme idĂ©e. De sa haute taille, il arriva Ă  retrouver Byleth et Ă  la rejoindre, afin de conjuguer leurs forces pour ouvrir la voie en les faisant tomber efficacement.
Pendant que la professeure protĂ©geait leurs arriĂšres avec son bataillon, Dimitri et ses troupes s’attaquĂšrent Ă  un des automates, visant les espĂšces de mĂ©canismes au niveau de ses jambes et de ses pieds pour lui faire perdre l’équilibre, quand un autre se dirigea vers eux pour porter secours Ă  son partenaire ou pour bloquer leur avancĂ©e. Un cavalier valraven arriva alors, esquiva le coup de glaive et de bouclier avant d’arriver Ă  se poser sur l’équivalent des Ă©paules de la machine. Il descendit, s’accrochant comme il pouvait aux aspĂ©ritĂ©s du golem, alors qu’il semblait tracer quelque chose sur le mĂ©tal, autant sur son torse que sur le dĂ©but de ses bras. Quand il eut fini, il ressauta sur sa monture qui distrayait le golem, puis hurla d’abord en sreng puis en fodlan.
« Dispersez-vous ! »
Comprenant l’urgence, Dimitri rĂ©pĂ©ta son ordre afin que les faerghiens l’écoutent. Les soldats obĂ©irent aussi vite qu’ils purent, alors qu’un gargouillement Ă©trange se fit entendre, comme si du mĂ©tal bouillait Ă  la maniĂšre de l’eau dans une marmite, avant qu’une grande explosion n’entoure la tĂȘte de la marionnette, la faisant tomber au sol.
« On a trouvĂ© son point faible ! S’écria Ashe depuis sa wyvern, tournant autour du second golem avec Cyril, assez habile dans les airs pour esquiver ses coups en continuant Ă  le cribler de flĂšches, tout comme Ingrid qui y lançait javeline sur javeline.
– Peut-ĂȘtre ! Mais elle ne va pas pouvoir recommencer ! RĂ©pondit Sylvain en esquivant un coup de bouclier, avant de tirer LysithĂ©a sur sa selle avant qu’elle ne se fasse Ă©craser. Elle va se faire dĂ©truire les Ă©paules vu la force de l’explosion !
Dimitri comprit en voyant la cavaliĂšre se retirer, protĂ©gĂ©e par un de ses camarades alors qu’elle retournait Ă  l’arriĂšre. Bon, il faudrait trouver autre chose
 faisant reculer ses troupes pendant un instant lĂ  oĂč le golem ne pourrait pas les suivre, le lancier essaya d’évaluer la situation. Il essaya de se remĂ©morer le combat contre les automates de RhĂ©a pour s'appuyer sur cette bataille mais, tout Ă©tait flou
 juste des mouvements instinctifs contre ses choses en voyant juste ses amis ĂȘtre en danger, obĂ©issant Ă  peine aux ordres de Byleth
 son souvenir le plus prĂ©cis de ce combat Ă©tait un automate au sol, rĂ©duit en piĂšces dĂ©tachĂ©es avec sa lance, son Ă©pĂ©e et ses poings, lui entre ce gĂ©ant de mĂ©tal et Ashe, allongĂ© au sol avec Mercedes qui soignait sa plaie Ă  sa tĂȘte
 le jeune homme ne se souvenait plus comment il avait fait pour venir Ă  bout de ce golem Ă  lui tout seul
 mais Dimitri ne pouvait plus se permettre d’agir comme au tombeau sacrĂ©, c’était bien trop dangereux.
Abandonnant l'idĂ©e de trouver comment faire en cherchant dans ses souvenirs, il passa son regard sur la marionnette gardant le passage vers CornĂ©lia
 elle avait une partie de son bouclier cassĂ© par Areadbhar, mais elle ne semblait pas s’en ĂȘtre rendu compte, l’utilisant comme avant
 cela leur ferait une ouverture pour atteindre ses jambes
 il y voyait les mĂȘmes globes dessus que sur le haut de son corps
 et il semblait y avoir des flĂšches fichĂ©es Ă  l’intĂ©rieur

– Nous devons atteindre ses orbes bleus, dĂ©clara Dimitri. Mais il faudrait arriver Ă  arracher son armure.
– On peut passer par le trou fait dans le bouclier, fit remarquer Sylvain. Le golem n’a pas l’air d’avoir remarquĂ© qu’il Ă©tait cassĂ© mais, il faudrait aller aussi vite qu’à cheval Ă  pied, et les chevaux ne sont pas assez souples pour passer dans cette petite fenĂȘtre

– Hum
 je sais ! Sylvain ! Tu peux bien changer de taille quand tu te transformes ? Lui demanda LysithĂ©a en se tournant vers lui.
– Oui, je peux devenir aussi grand qu’un loup gĂ©ant, mĂȘme si je ne ferais pas le poids avec mes griffes contre
 il comprit alors oĂč elle voulait en venir. D’accord ! Tu t’accroches bien alors !
– Évidemment ! Elle se tourna alors vers Dimitri. On se charge de faire tomber son armure ! Vous, occupez-le !
Le rouquin sauta alors de sa jument en prenant l’apparence d’un renard grand comme un petit cheval. LysithĂ©a se glissa sur son dos et s’enfonça dans la fourrure Ă©paisse, Ă  moitiĂ© allongĂ© dedans en se tenant aux touffes de poils de ses Ă©paules. Comprenant leur plan, Dimitri ordonna Ă  ses troupes de se faufiler dans les ruelles afin d’encercler le titan de mĂ©tal pour l’attaquer tout en restant en sĂ©curitĂ©, ainsi que de concentrer leur tir sur le haut du golem, en espĂ©rant que les troupes aux balistes magiques ne les repĂ©reraient pas. Lui-mĂȘme grimpa sur la monture de son ami, et prit la tĂȘte des cavaliers qui se mirent Ă  distraire leur cible en galopant partout autour de lui. Le golem se perdit dans ses actions, incapable de savoir qui viser dans ce banc de cavalier autour de lui. Profitant de son inattention, Sylvain fonça dans le trou du bouclier avec LysithĂ©a sur son dos, vif comme un goupil s’introduisant dans un gĂ©linier. Une fois derriĂšre les dĂ©fenses, ils sautĂšrent sur le pied le plus exposĂ© aux attaques du golem, et commencĂšrent Ă  attaquer l’armure sur sa jambe. Dimitri sentit sous la puanteur du sang et de mĂ©tal celui de la corruption, la magie noire de la magicienne attaquant le mĂ©tal noir, celle de la chaleur alors que les sorts de feu du rouquin faisaient fondre les parties endommagĂ©es.
Le golem changea alors d’attitude. Au lieu de les attaquer, il se mit à taper des pieds, incapable d’atteindre ses jambes avec ses armes.
« Une fois qu’on a passĂ© son glaive et son bouclier, il n’a aucun moyen de se dĂ©fendre ! »
Il vit du coin de l’Ɠil Byleth se frayer un chemin jusqu’à lui, Ă  bout de souffle et l’épaule fraichement soigner s’il ne se trompait pas mais, elle Ă©tait encore en Ă©tat de combattre.
« La situation ?! Lui cria-t-elle pour se faire entendre dans le chaos des combats.
– Un des golems est tombé ! Il en reste un ici ! Sylvain et LysithĂ©a attaquent sa jambe pour faire tomber son armure et touchĂ© les orbes dessous ! C’est la partie la plus fragile ! Une fois sur lui, il n’a aucun moyen de nous toucher !
– Bien ! »
La professeure fila Ă  nouveau, rapide comme un Ă©clair. Profitant de l’inattention du golem occupĂ© Ă  tenter de faire tomber les deux magiciens, elle se faufila Ă  son tour dans le trou du bouclier et se mit Ă  attaquer son autre jambe, la fragilisant Ă  son tour avec sa magie.
Au bout d’un moment, il entendit la voix de Sylvain hurler, ressortant en trombe des pattes du golem avec LysithĂ©a sur le dos.
« Dispersez-vous ! »
Avec un bruit de grincement, la marionnette commença Ă  s’affaisser sur sa droite, la jambe complĂštement dĂ©truite par les efforts des deux magiciens. Byleth les suivit assez vite, tous les soldats royaux allant se rĂ©fugier dans les ruelles loin de la crĂ©ature. Elle s’effondra sur un Ă©trange mĂ©canisme qui tirait des sortes de flĂšches d’énergie, les deux automates se dĂ©truisant mutuellement. Il eut encore quelques mouvements erratiques de la marionnette, puis plus rien, leur ouvrant la voie vers le centre-ville une fois sĂ»r qu’il ne se relĂšverait pas. Il rendit sa monture Ă  Sylvain puis, ils avancĂšrent Ă  nouveau vers CornĂ©lia.
Dimitri ne prit mĂȘme pas le temps de se rĂ©jouir d'avoir rĂ©ussi Ă  faire tomber cette chose. La fureur et le flux de la bataille Ă©taient trop intenses pour qu'ils perdent la moindre seconde. Maintenant qu’ils avaient compris comment s’en dĂ©barrasser, aux suivants

« Je vois CornĂ©lia se dĂ©placer vers le sud de la ville ! Elle est seule ! Hurla aussi fort qu’il put Cyril sur sa wyvern, esquivant de peu une attaque magique, avant qu’Ashe ne tue le magicien qui l’avait visĂ©.
– Il ne faut surtout pas qu’elle s’échappe ! S’écria Dimitri.
– Partez devant avec Byleth ! Ordonna Gilbert qui les avait rejoints en passant par l’autre cĂŽtĂ© de la ville, tout en repoussant un ennemi avec son bouclier. Nous vous couvrons ! »
Les deux gĂ©nĂ©raux ne se le firent pas dire deux fois et foncĂšrent dans la direction que Cyril leur indiqua d’un trait. Courant Ă  toutes vitesse dans les rues autrefois si connues et familiĂšres, Dimitri et Byleth arrivĂšrent Ă  rattraper CornĂ©lia sans trop de problĂšme, son uniforme de gremory Ă©tant extrĂȘmement utile pour protĂ©ger le magicien de sa magie et de celle des autres mais, beaucoup moins pour s’enfuir, une partie de sa jupe abandonnĂ©e derriĂšre elle, sectionnĂ©e d’un coup de dague. Byleth se faufila dans les ruelles que Dimitri lui indiqua une fois qu’elle fut dans son champ de vision, plus rapide que lui pour la prendre en tenaille.
« CornĂ©lia ! S’écria-t-il, gardant autant son calme qu’il le pouvait face Ă  cette femme qui lui avait tout pris. ArrĂȘtez de fuir ! C’est fini !
Comme pour souligner ses mots, la professeure surgit des venelles de la ville, aussi vive qu’un chat, l’épĂ©e du crĂ©ateur en avant, stoppant la course de la traitresse.
– Tiens donc, cela faisait longtemps, Votre Altesse, pas vrai ? Demanda-t-elle alors d’un ton mielleux en se tournant vers lui, piĂ©gĂ©e entre eux deux. Vous ĂȘtes devenu incroyablement fort.
– Vous ne manquez pas de culot, rĂ©torqua-t-il, s’accrochant de toutes ses forces Ă  Areadbhar et Ă  son Ă©nergie gelĂ©e, une question jaillissant de ses lĂšvres. Je parie que c’est vous qui avez tuĂ© mon oncle et qui m’avez piĂ©gĂ©, non ?
– Mais oui, tout Ă  fait ! J’avais oubliĂ© cet Ă©pisode agrĂ©able de ma vie, se moqua-t-elle d’un air effrontĂ©, pas effrayĂ© pour un sou.
– Eh bien je vais vous tuer, sale garce ! Enragea-t-il, hors de lui. Pour vous rĂ©compenser de tout ce que vous avez fait !
– Dimitri ! Ne rĂ©pond pas Ă  ses provocations. Elle ne cherche qu’à te pousser Ă  l’erreur, le reprit Byleth, toujours aussi calme.
Le jeune homme l’écouta, sachant qu’elle avait raison, utilisant Areadbhar et sa voix pour s’ancrer Ă  la rĂ©alitĂ©. Perdre son calme ne ferait que ruiner tous ses efforts, ceux de ses amis et des Braves de ces derniĂšres semaines pour qu’il remonte la pente !
– Hm, renifla la traitresse en regardant Byleth. Je ne peux pas dire que je sois ravie de vous voir. J'en sais long sur vous
 J’aimerais pouvoir discuter un peu avec vous
 Mais

– Je n’ai que faire de tes persifflages, la coupa le professeur sans perdre sa posture de combat ni son visage neutre. Nous sommes ici pour reprendre Fhirdiad et te chasser, toi et Eldegard, de Faerghus.
Elle engagea alors le combat avec un premier coup de taille. CornĂ©lia esquiva en chargeant un sort mais heureusement, la professeure le vit et para avec son Ă©tole de ProphĂšte. Dimitri en profita pour foncer sur la traitresse et lui assener un premier coup dans l’épaule, dĂ©chirant le gambison recouvrant ses bras. CornĂ©lia siffla et tenta de le frapper avec sa dague Ă  dĂ©faut d’un sort plus long Ă  convoquer maintenant qu’il Ă©tait proche d’elle mais, son armure encaissa sans souci le coup, Ă©tant bien renforcĂ©e aux niveaux des Ă©paules et du torse. Le prince lui donna un autre coup en plein ventre, son emblĂšme gelant ses veines alors que l’armure de plaque de son adversaire volait en Ă©clat. Pile au bon moment ! Byleth acheva CornĂ©lia d’un coup de taille, la faisant tomber au sol, vaincue.
« C’est fini ! Cessez les combats ! La traitresse CornĂ©lia est morte ! Se battre pour elle est maintenant inutile ! Ne vous battez plus pour une morte ! » Hurla Byleth, l’écho de ses ordres parvenant Ă  leurs oreilles, relĂ©guĂ©s par leur armĂ©e.
Dimitri essayait de reprendre son souffle, Ă©puisĂ©, les mains tremblant sous l’effort
 ou peut-ĂȘtre le soulagement ? Il ne savait pas
 il Ă©tait si fatigué  la bataille avait Ă©tĂ© Ă©prouvante pour eux tous
 mais c’était fini
 c’était fini
 CornĂ©lia Ă©tait lĂ , gisait Ă  ses pieds, en train de se vider de son sang
 il l’avait tuĂ©e avec Byleth
 et si la plaie qui allait de son Ă©paule jusqu’à sa hanche ne l’avait pas tuĂ© sur le coup, ce n’était qu’une question de temps
 il aurait eu beaucoup de question Ă  lui poser mais, tant pis. La traitresse tyrannique allait mourir et ne ferait plus rien de mal Ă  personne, c’était le principal

« C’est fini, Cornelia, hacha le prince entre deux respirations, entendant ses amis les rejoindre, l’écho de la voix de Mercedes leur demandant s’ils allaient bien tous les deux. Si vous avez quelque derniĂšre parole, c’est le moment.
– Vous avez raison. TrĂšs bien
 J’aimerais vous raconter une vieille histoire, si vous le permettez. C'Ă©tait il y a de cela dix ans
 Patricia a dit
 elle serrait sa poitrine pour empĂȘcher le sang de s’échapper et d’imbiber encore plus ses vĂȘtements. Elle a dit qu’elle aimerait revoir sa vĂ©ritable fille, peu importe ce que cela lui coĂ»terait. Alors, j’ai exaucĂ© son dĂ©sir, en Ă©change de la tĂȘte du roi

– La tĂȘte du roi ? Vous parlez de la TragĂ©die de  » Hoqueta de surprise Dimitri, sans voix. Il ne s’attendait vraiment pas Ă  ça ! Il ne put s’empĂȘcher de lui cracher, refusant d’y croire. « Vous ĂȘtes une misĂ©rable ! Alors vous voulez dire que mon pĂšre
 et tous les autres
 ont Ă©tĂ© tuĂ©s par ma belle-mĂšre ?!
– C'est exact. Sa famille Ă©tait tout pour elle
 Vous devez comprendre ce sentiment, non ? Le questionna-t-elle avant de le narguer avec un sourire cruel, s’effondrant de plus en plus. Ah, pauvre petit prince. Que mĂȘme sa mĂšre n’aimait pas
 C'est pathĂ©tique.
– Comment osez-vous ?!
– Tout ce qu'il vous reste Ă  prĂ©sent... c’est le dĂ©sespoir, ricana-t-elle.
– Non. Il nous reste bien plus que cela.
Byleth intervient, l’épĂ©e du crĂ©ateur flamboyant dans ses mains et regardant sĂ©vĂšrement CornĂ©lia en la dominant de toute sa taille. Elle qui Ă©tait si petite semblait grande comme le ciel Ă  prĂ©sent.
– Ce qui nous reste Ă  prĂ©sent, c’est de dĂ©couvrir toute la vĂ©ritĂ© sur ce qui s’est passĂ© sans vos mensonges. Merci, vous venez de nous donner un autre objectif qui nous motivera Ă  nous battre de toutes nos forces.
Le visage de Cornélia se tordit à ses mots. Dimitri écouta sa professeure, tout comme Areadbhar. Elle ne parlait pas mais, son énergie à la fois glaciale et chaleureuse semblait tenter de communiquer avec lui, vouloir lui rappeler quelque chose. Dimitri posa un peu sa joue contre sa hampe, ignorant le sang pour juste sentir la présence de Simplex.
– C’est vrai. Blaiddyd est le Brave de la Justice, celui qui s’est toujours battu pour que les plus faibles puissent vivre un jour meilleur, et ses compagnons et Ă©gaux de toujours sont Fraldarius, Brave de la PersĂ©vĂ©rance qui n’a jamais perdu son but de vue, et Dominic, Brave de la Connaissance qui a toujours travaillĂ© d’arrache-pied pour en savoir toujours plus sur le monde qui l’entourait, commença-t-il. Nous devons suivre leur exemple. Ce que vous venez de dire n’est pas une raison de sombrer dans le dĂ©sespoir Ă  nouveau mais, de se battre d’autant plus pour dĂ©couvrir la VĂ©ritĂ©, comme eux ont trouvĂ© la vĂ©ritĂ© que les humains ne devraient pas asservir leurs propres frĂšres et dans leur propre RĂ©vĂ©lation de la DĂ©esse. Merci de me l’avoir rappelĂ© Professeure.
CornĂ©lia ne put s’empĂȘcher de siffler de rage, une Ă©tincelle de magie noire apparaissant pour mourir immĂ©diatement dans sa main, alors qu’elle-mĂȘme expirait en le foudroyant du regard.
– Tu lui
 ressembles
 beaucoup
 trop
 ta lignĂ©e
 maudit soit-e

Dimitri n’avait aucune idĂ©e de qui elle parlait exactement mais, il s’en fichait, il avait d’autres chats Ă  fouetter.
Il fit le bilan de l’état des troupes, et rencontra les chefs rĂ©sistants qui les avaient aidĂ©s Ă  reprendre Fhirdiad, tout en demandant Ă  ce qu’on fasse venir l’agent infiltrĂ© dans la capitale. Il avait accompli un travail exceptionnel, et il espĂ©rait pouvoir aussi rencontrer ce fameux Omnes. D’aprĂšs ses complices, il avait combattu dans la bataille mais, il Ă©tait allĂ© faire le tour des mĂ©canismes installĂ©s par CornĂ©lia pour les dĂ©samorcer, de peur qu’ils soient explosifs ou piĂ©gĂ©s. Il Ă©coutait le rapport d’Ingrid sur les unitĂ©s aĂ©riennes, quand ils entendirent :
« Votre Altesse ! »
Sylvain les rejoignit avec un sourire malgrĂ© une grande plaie tout juste rafistolĂ©e au bras, accompagnĂ©e de sa cousine Hlif que Dimitri reconnut comme la cavaliĂšre de valraven ayant tuĂ© le premier titan de mĂ©tal, ainsi que d’un petit homme trapu aux cheveux et Ă  la barbe noir veinĂ©s de gris, couvert de suie. À son habit, c’était surement un forgeron expĂ©rimentĂ©.
« Voici notre espion ! Ajouta-t-il.
– Ah ! Merci Sylvain ! Le remercia-t-il. Et surtout, merci Ă  vous. Toutes les informations que vous nous avez fait parvenir nous ont Ă©tĂ© prĂ©cieuses et d’une trĂšs grande utilitĂ© pendant la bataille. Vous avez toutes notre reconnaissance et vous serez aussi rĂ©compensĂ© Ă  la mesure de votre aide. Oh ! Mais je manque Ă  tous mes devoirs ! Je ne vous ai pas demandĂ© votre nom !
– Ne vous en faites pas, vous le connaissez dĂ©jĂ , Lion Sauveur, rĂ©torqua-t-il en se redressant, ou plutĂŽt elle Ă  la grande surprise de Dimitri et d’Ingrid.
– Fr
 Dame Fregn ?! C’est vous ?! Je
 je ne vous ai pas du tout reconnue, admit-il en voyant la mĂšre de Sylvain se dĂ©barrasser de sa barbe, comprenant qu’il avait Ă©tĂ© bernĂ© par sa silhouette, son allure trapue et du maquillage soigneusement Ă©tudiĂ©.
– Tu me dois dix piĂšces Hlif, je t’avais dit qu’il ne la reconnaitrait pas, lança le rouquin Ă  sa cousine, cette derniĂšre marmonnant, les Ă©paules et les bras entourĂ©s de bandages gelĂ©s pour apaiser les contrecoups de sa magie sreng.
– Comment je pouvais deviner que les Fodlans voyaient si mal ? Enfin, un pari est un pari.
– On sort d’une bataille, et la premiĂšre chose Ă  quoi vous pensez, c’est de parier sur s’il la reconnaitrait ou pas ? Les rappela Ă  l’ordre Ingrid, les sourcils froncĂ©s et les yeux sĂ©vĂšres.
– Pour notre dĂ©fense, on avait fait ce pari avant le combat pour calmer nos nerfs justement, rĂ©torqua Hlif. Enfin, on est pas lĂ  pour parler de cela, et le Lion Sauveur a surement beaucoup de chose Ă  demander Ă  l’Ombre.
Dimitri essaya de ne pas baisser les yeux, et plutĂŽt de continuer Ă  regarder Fregn. Les srengs n’appelaient jamais les autres par un titre et le vouvoiement n’existait pas dans leur langue alors, Ă  la place, ils employaient des surnoms. S’il se souvenait bien, ĂȘtre appelĂ© « Votre Altesse » par un sreng pourrait ĂȘtre vu pour de la froideur ou de la mĂ©fiance, lĂ  oĂč un surnom mĂ©lioratif Ă©tait un signe de respect. Il n’était pas sĂ»r de mĂ©riter un tel surnom mais, ce n’était pas le moment de le relever.
Fregn avait en effet beaucoup de choses Ă  dire, et leur prĂ©senta tout ce qu’elle avait appris Ă  la capitale, dont sur ce fameux Omnes. Apparemment, c’était un Ă©rudit touche Ă  tout, Ă  la fois mĂ©decin et inventeur originaire de Morfis mais, qui aurait beaucoup d’amis Ă  Faerghus, les ayant rencontrĂ©s pendant un voyage Ă  la fin du rĂšgne du roi Ludovic, avant de repartir quelques annĂ©es plus tard pour sa patrie. Quand il avait appris pour la TragĂ©die de Duscur huit ans auparavant, il avait sautĂ© dans la premiĂšre caravane traversant le dĂ©sert, puis premier bateau en partance pour Rhodos venu pour retourner dans le Royaume, afin d’aider dans la mesure de ses compĂ©tences, mĂȘme s’il avait bien mis quatre ans et demi Ă  arriver. Il avait notamment voulu mettre Ă  leur service une de ses inventions : des automates capables de se mouvoir seuls, sans aucune assistance humaine, pouvant d’effectuer des tĂąches simples. Le temps de l’adapter ses assistants de laboratoire pour les travaux agricoles et de constructions, le scientifique avait prĂ©sentĂ© le rĂ©sultat de ses recherches Ă  Rufus, quelques temps aprĂšs le dĂ©part de Dimitri pour Garreg Mach mais, le rĂ©gent n’en avait pas vu l’intĂ©rĂȘt et l’avait chassĂ© du palais, le traitant de savant fou. Omnes avait cependant eu la mauvaise surprise en rentrant chez lui de trouver les hommes de CornĂ©lia, ordonnant son arrestation pour travaux scientifiques immoraux et la rĂ©quisition de toutes ses recherches. Heureusement pour lui, il avait rĂ©ussi Ă  s’enfuir et se cacher mais, tous ses travaux avaient Ă©tĂ© volĂ©s.
« C’est avec ses recherches que la traitresse a mis au point ses automates, les Titanus, les informa Fregn. Par contre, je n’ai pas trouvĂ© de preuve attestant du vol de ses recherches, Ă  part qu’il connaissait trĂšs bien leur maniĂšre d’ĂȘtre conçu, bien qu’il ne sache pas comment ils Ă©taient bĂątis en dĂ©tail. La confection finale est trop Ă©loignĂ©e de ses prototypes.
– D’accord, et j’imagine qu’il a Ă©tĂ© traquĂ© par CornĂ©lia aprĂšs cela
 devina Dimitri.
– Oui, il a mĂȘme dĂ» se faire passer pour mort pendant quelques mois qu’il a passĂ© Ă  fuir dans tout le Royaume puis, il est revenu Ă  Fhirdiad quand il a su que vous aviez Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© Lion Sauveur. C’est lĂ  qu’il a commencĂ© Ă  mettre en place les premiers rĂ©seaux de rĂ©sistance, au moins pour contrer la propagande de CornĂ©lia assurant que vous Ă©tiez l’assassin de Rufus. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’il a pris le nom d’Omnes

Il allait lui demander si elle connaissait son vĂ©ritable nom, quand ils entendirent un hurlement d’horreur parcourir toute la ville. Sans perdre une seconde, croyant que des renforts ennemis Ă©taient sortis d’ils ne savaient oĂč, les gĂ©nĂ©raux foncĂšrent vers l’origine des cris, heureusement encore armurĂ©s et armĂ©s pour ce genre de cas de figure. Ils trouvĂšrent alors le croque-mort et ses assistants s’occupant de CornĂ©lia, livide de peur alors qu’ils fixaient le corps. Quand ils virent Dimitri, l’homme en noir dĂ©clara en claquant des dents, pointant du doigt le cadavre de la traitresse.
« On
 on a appliquĂ© la procĂ©dure habituelle
 on
 on a vĂ©rifiĂ© son pouls, sa respiration, sa rĂ©action Ă  la douleur puis
 puis quand on a Ă©tĂ© sĂ»rs qu’elle Ă©tait enfin morte, on l’a retournĂ©e sur le ventre
 pour
 pour la transporter face vers le sol comme pour tous les criminels
 mais
 mais là
 DĂ©esse, cinquante ans de mĂ©tier et je n’avais jamais vu ça ! LĂ  sa peau a commencĂ© Ă  glisser entre nos mains et
 et un autre corps est sorti Ă  travers la plaie ! On jure que c’est vrai ! Regardez ! On le voie qui dĂ©passe !
Ingrid fit signe Ă  Dimitri de ne pas s’approcher de peur d’une autre ruse de la traitresse, retourna un peu du bout de sa lance avec prudence, avant de faire elle-mĂȘme un pas en arriĂšre, horrifiĂ©e. Par la plaie bĂ©ante, on voyait un autre corps, emboitĂ© dans la peau Ă  la maniĂšre de certaines poupĂ©es mais lĂ , ce n’était pas des jouets en bois mais, des ĂȘtres de chair et de sang ! Un autre malĂ©fice de CornĂ©lia ?!
– J’ai entendu ce qui s’est passé ! Laissez-moi passer ! Il faut que je vĂ©rifie quelque chose ! Je crois savoir ce qui se passe !
La foule s’écarta pour faire passer un tout petit homme aux cheveux rouges trĂšs sombres, presque noir comme certains vins ou du sang sĂ©chĂ©, assez semblable Ă  ceux de la vraie Monica, tirĂ©s en arriĂšre avec une tresse bouclĂ©e, roulĂ©e en chignon Ă  la va-vite. Ses yeux rouges et vifs Ă©taient aussi assez inhabituels, tout comme sa peau assez pale Ă  l’aspect presque pierreux mais, cela n’était pas des couleurs impossibles non plus. C’était simplement extrĂȘmement rare Ă  Fodlan mais, s’il avait bien compris, c’était trĂšs courant Ă  Morfis. Ses habitants Ă©taient connus pour avoir des cheveux, des yeux et des teints trĂšs diffĂ©rents de ceux du continent, avec le fait qu’ils ne se ridaient pas avec la vieillesse. D’ailleurs, il Ă©tait impossible de dire l’ñge de cet homme : ses traits ressemblaient Ă  ceux d’un jeune adulte mais, ses gestes Ă©taient ceux de quelqu’un avec beaucoup d’expĂ©rience. Un drĂŽle de mĂ©lange qu’il retrouvait en Flayn, Seteth et RhĂ©a
 Enfin, ce n’était pas le plus important.
L’homme s’agenouilla Ă  cĂŽtĂ© du cadavre, ramenant son tablier d’herboriste sous ses genoux, mĂȘme si ses poches dĂ©bordaient d’outils variĂ©s.
« Attention ! Cela peut ĂȘtre dangereux ! Le prĂ©vint Ingrid.
– Ne vous en faites pas pour moi, cette vipĂšre ne fera plus jamais de mal Ă  personne
 marmonna-t-il en inspectant le cadavre. Je vois
 je ne savais pas qu’ils
 enfin, peu importe. Il faut dĂ©jà
 humf ! Il tenta de tirer ce qui dĂ©passait de la plaie mais, dĂ» se rĂ©soudre Ă  son Ă©chec en rageant contre lui-mĂȘme. C’est pas vrai, moi et ma force
 j’ai besoin d’un coup de main s’il vous plait ! Deux personnes pour tenir ses membres pendant que je tire dans l’autre sens ce que cette peau contient, demanda-t-il en se tournant vers la foule.
– Qui nous dit que ce n’est pas un piĂšge et que tu n’es pas de mĂšche avec CornĂ©lia ? Le questionna Gilbert, faisant partie des gens attirĂ©s par les cris.
– Si c’est un piĂšge, il n’aurait pas bien fonctionnĂ© Ă©tant donnĂ© qu’il est assez voyant et ne s’est pas dĂ©clenchĂ© Ă  sa mort, sauf si le but est de tuer les croque-morts qui dĂ©placeront le cadavre, rĂ©torqua l’homme. De plus, ce n’est pas CornĂ©lia
 enfin, pas celle que vous pensez. C’est sa peau, oui mais, celle Ă  l’intĂ©rieur n’est pas la femme que vous pensez ĂȘtre. Ce sera plus clair quand on l’aura tirĂ©e de lĂ .
– Fregn, vous le connaissez ? La questionna Dimitri en se tournant vers elle.
– Oui, il s’agit du fameux Omnes, c’est lui qui a tenu toute la rĂ©sistance de la ville, ainsi que celui qui a dĂ©sarmĂ© les sortes d’orbe magique sans magicien, dĂ©clara-t-elle. À premiĂšre vue, il est de confiance mais, mieux vaut que des prisonniers l’assistent.
Comprenant le raisonnement, Dimitri accepta et fit venir deux soldats capturĂ©s qui aidĂšrent l’inventeur. Eux-mĂȘmes se mirent Ă  hurler de peur quand, Ă  la fin, ils se retrouvĂšrent avec une enveloppe de peau d’un cĂŽtĂ©, et de l’autre un corps s’y ressemblant Ă  s’y mĂ©prendre Ă  celui de Kronya et Solon.
« Ils sont donc aussi impliqué là-dedans. »
– Hum
 j’en avais entendu parler avant mais, c’est la premiĂšre fois que je vois ça, marmonna Omnes en allongeant le corps puis, en inspectant l’enveloppe qui le contenait, Ă©tant le seul Ă  garder son calme et un air grave.
– De quoi s’agit-il ? Lui demanda Dimitri. Nous avons dĂ©jĂ  croisĂ© deux personnes dans le passĂ© qui se sont avĂ©rĂ©s ĂȘtre des imposteurs. Leur corps ressemblait beaucoup Ă  celui que vous tenez.
– De ce que j’ai entendu Ă  ce sujet, c’est une sorte de
 dĂ©guisement intĂ©gral mais, bien plus macabre : on tue la cible Ă  remplacer puis, on lui enlĂšve sa peau comme celle d’un animal en coupant Ă  des endroits oĂč on ne peut voir les entailles, comme sous les bras par exemple ou sur les cĂŽtes, dĂ©clara-t-il en montrant des sortes de coutures sur la peau. Quelqu’un connaissait la victime ici ?
– Oui, une partie d’entre nous, rĂ©pondit Gilbert de maniĂšre Ă©vasive.
– Est-ce qu’elle a disparu pendant un temps et aprĂšs sa rĂ©apparition, est-ce qu’elle avait changĂ© de comportement ?
– Hum
 maintenant que vous le dites, oui. Il y a treize ans, elle a dĂ» s’absenter de la cour pendant plusieurs mois Ă  cause d’une chute dans les escaliers. Elle s’était blessĂ©e Ă  la tĂȘte, nous avions pensĂ© que c’était Ă  cause de cela que son comportement avait changé  marmonna-t-il, se maudissant lui-mĂȘme de n’avoir rien remarquĂ©.
– Vous ne pouviez pas savoir, lui assura Omnes en devinant ce qui se passait dans sa tĂȘte. Cela doit ĂȘtre le temps qu’il leur faut pour rendre la peau portable
 ensuite, on la donne Ă  un porteur qui fait Ă  peu prĂšs le mĂȘme gabarit que la victime et s’il est assez bon acteur, il peut la remplacer en imitant son comportement. La CornĂ©lia d’origine a surement Ă©tĂ© remplacĂ©e pendant sa convalescence. À tous les coups, elle a Ă©tĂ© attaquĂ©e par cette femme et ses alliĂ©s qui l’ont tuĂ©e pour obtenir sa place au plus prĂšs du pouvoir et de la cour
 Par contre, je sais que c’est un processus trĂšs long, qui demande Ă©normĂ©ment de ressources et d’énergie. Il est Ă©galement trĂšs risquĂ© car, une fois dĂ©couvert, et surtout une fois qu’on a dĂ©couvert comment on peut mettre au jour la supercherie, l’ennemi devient bien plus mĂ©fiant et fait attention. La personne qui m’avait parlĂ© de ce malĂ©fice m’a dit par exemple qu’une fois coupĂ©e, la peau « d’emprunt » ne saigne pas mais, ne se rĂ©gĂ©nĂšre pas non plus, ce qui oblige Ă  faire des coutures qui pourraient trahir la nature mĂȘme de la peau, ou crĂ©er des soupçons. Ils n’ont pas dĂ» l’utiliser Ă  tort et Ă  travers.
– Pourquoi aurait-elle fait ça à votre avis ? Et dans quel but ?
– Je ne sais pas
 marmonna Omnes Ă  la question de Dimitri. Argent, pouvoir, dĂ©sir de puissance, simple envie de nuire, volontĂ© de dĂ©truire le Royaume, sympathie adrestienne, tenter de prĂ©parer la guerre qui nous frappe aujourd’hui, envie de faire brĂ»ler le monde entier en semant le chaos
 les options les plus simples et les plus dĂ©lirantes sont toutes Ă  prendre en compte, surtout que toutes les personnes impliquĂ©es ne partagent surement pas le mĂȘme objectif. J’ai fait des recherches sur CornĂ©lia et ses alliĂ©s quand ils m’ont volĂ© mes recherches, afin de comprendre ce qu’ils voulaient en faire, et je suis tombĂ© sur un vrai nid de serpents. De ce que j’ai pu apprendre sur ce groupe d’humains Ă©tranges, ils recherchent surtout le chaos. C’est une sorte de secte qui se replie sous terre pour se cacher des autoritĂ©s, et c’est pour ça que ses membres ont une peau aussi pale, voir grisĂątre. Ils ne voient jamais le soleil. Mais quoi qu’il en soit, leurs intentions sont purement mauvaises et ne visent qu’à tout dĂ©truire sur leur passage, dĂ©clara-t-il, une colĂšre sourde dans sa voix.
– Un groupe ne voulant que le chaos ? RĂ©pĂ©ta Sylvain, se grattant la tĂȘte. Ça n’a aucun sens
 mĂȘme Eldegard veut quelque chose de plus concret en voulant refaire un empire mort depuis plus de quatre cents ans car, elle fantasme sur le passĂ© mais
 qu’est-ce qu’ils ont Ă  gagner Ă  vouloir la destruction pour la destruction ? Qu’est-ce qui leur restera aprĂšs ?
– Ils sont peut-ĂȘtre des genres de Loki qui aime semer la zizanie et le chaos car, c’est dans leur nature et leur destin ? Lui proposa Hlif.
– Ouais mais, mĂȘme Loki a des arguments qui tiennent mieux pour vouloir tout dĂ©truire
 rĂ©pondit son cousin.
– Tout de mĂȘme, admet que cela correspondrait Ă  Solon et Kronya, lui fit remarquer Ingrid. Ils ne semblaient pas avoir plus d’objectif que de tuer, dĂ©truire et ruiner tout ce qu’ils croisaient.
– Je dois admettre que j’ai moi-mĂȘme quelques doutes sur le fait qu’on ne puisse dĂ©sirer que le chaos et la souffrance d’autrui, sans autre objectif derriĂšre, admit Dimitri. Cependant, nous n’avons pas vraiment d’autres pistes. Omnes ?
– Oui
 Votre Altesse j’imagine ? Demanda-t-il. Aux vues de comment les autres vous traitent, j’imagine que c’est vous. Les forces du monde en soient remerciĂ©es, vous ĂȘtes encore en vie

– C’est cela. Omnes, j’aimerais que vous partagiez avec nous tout ce que vous savez sur ce groupe. Tout sera pris sous l’angle de l’hypothĂšse tant qu’aucunes preuves n’accompagneront pas vos dires mais, vous semblez ĂȘtre celui qui en savez le plus sur tout ceci.
– Bien Votre Altesse, accepta-t-il sans hĂ©siter. Je vous jure de vous rĂ©vĂ©ler tout ce que je sais. Je vous le jure, ainsi qu’à un trĂšs vieil ami.
– Merci Ă  vous, rĂ©pondit-il, mĂȘme s’il dĂ©cida d’ĂȘtre discret sur l’identitĂ© de cet ami, c’était surement trĂšs personnel pour faire une telle promesse devant lui aussi alors qu’il Ă©tait absent. Peut-ĂȘtre que c’est une autre victime de ce groupe
 d’oĂč le fait qu’il soit aussi bien au courant sur eux. Une derniĂšre question plus triviale. On m’a dit qu’Omnes Ă©tait un surnom. Pouvons-nous connaitre votre vĂ©ritable nom ?
– Oui. Mon nom est Pan
 Morfis n’a pas vraiment de nom de famille comme Ă  Fodlan mais, mes amis d’ici m’appelaient « Le Prudhomme » alors, vous pouvez m’appelez Pan Prudhomme. Je serais ravi de vous servir sous ce nom Votre Altesse.
*
Une fois que le plus urgent fut rĂ©glĂ©, Dimitri s’autorisa Ă  dĂ©ambuler un peu dans le palais
 il
 il ne s’était pas attendu Ă  ce que son peuple l’acclame ainsi
 pas aprĂšs les avoir abandonnĂ©s pendant si longtemps
 les avoir laissĂ©s cinq ans Ă  la merci de CornĂ©lia alors qu’il ne pensait qu’à couper la tĂȘte d’Eldegard
 et pourtant, ses sujets avaient Ă©tĂ© lĂ , l’acclamant au balcon royal comme leur roi, le louant pour les avoir libĂ©rĂ©s des sous-fifres des impĂ©riaux, scandaient son nom et le surnom que lui donnaient les srengs « le Lion Sauveur », ces derniers hurlant aussi qu’il Ă©tait digne de respect et de la couronne qu’il avait dans les veines
 quand il Ă©tait descendu les saluer, une vieille femme lui avait pris les mains, rayonnantes de joie en disant.
« J’étais une jeune fille quand cela est arrivĂ© mais, je me souviens du jour oĂč votre grand-pĂšre Ludovic le Prudent a mis fin au rĂšgne de son pĂšre, Clovis le Sanglant
 aujourd’hui, vous lui ressemblez
 votre grand-pĂšre doit ĂȘtre trĂšs fier de vous de lĂ  oĂč il est  »
Son grand-pĂšre
 celui qui avait mis un terme au cycle de conflit sans fin du roi Sanguinaire
 Dimitri devait avouer qu’en dehors des rĂ©cits officiels et de certaines histoires de Rodrigue et Alix, il connaissait trĂšs mal son grand-pĂšre, mort de la tuberculose alors que sa mĂšre Ă©tait enceinte de lui
 certains murmuraient mĂȘme qu’il aurait pu se rĂ©incarner en lui mais, il croyait peu Ă  la rĂ©incarnation, surtout en entendant les morts le supplier de les venger pour qu’ils puissent reposer en paix
 cela semblait contradictoire. Son pĂšre parlait trĂšs peu de Ludovic en dehors de tout ce qui Ă©tait officiel, et Rufus, c’était encore pire. Le jeune homme pouvait difficilement oublier la fois oĂč, encore plus saoul que d’habitude, son oncle Ă©tait allĂ© jeter des ordures sur le portrait officiel de son pĂšre et avait voulu le brĂ»ler, hurlant que tout Ă©tait de sa faute, il avait fallu l’assommer avec un sort « Vitalis »  Ludovic Ă©tait un sujet tabou pour ses fils
 enfin, il avait Ă©normĂ©ment de travail avant d’arriver Ă  la cheville d’un roi tel que son grand-pĂšre ou de son pĂšre

« Les histoires de familles, ce n’est vraiment pas notre fort
 elles finissent toujours mal  » ne put s’empĂȘcher de se dire Dimitri.
Marchant sans trop rĂ©flĂ©chir oĂč il allait, juste pour dĂ©ambuler et faire le point sur ce qui s’était passĂ© aujourd’hui, le jeune homme dĂ©riva Ă  travers le palais
 malgrĂ© ce qu’il avait dit, les paroles de CornĂ©lia le travaillaient
 est-ce que c’était vrai ? Que la plupart ne soit qu’un ramassis de mensonge destinĂ© Ă  le faire resombrer dans la haine et la vengeance Ă©tait sĂ»r mais, oĂč commençait-il ? Quelle Ă©tait la part de vĂ©rité ? Est-ce qu’il retrouverait Patricia Ă  Enbarr ? Serait-elle en train d’encourager ou de tenter vainement d’arrĂȘter sa folie ? Son cĂŽtĂ© sombre penchait plus vers le premier cas
 si elle Ă©tait capable d’un tel massacre juste pour revoir sa fille

Alors, est-ce que ses bons souvenirs d’elle Ă©tait aussi un mensonge ? Il se souvenait que quand Eldegard soit retournĂ©e Ă  Enbarr aprĂšs que Lambert ait finalement chassĂ© Arundel, jugĂ© coupable de tentative de meurtre sur mineur et d’ĂȘtre une trop grande menace pour la sĂ©curitĂ© nationale avec sa niĂšce, Patricia s’était beaucoup refermĂ©e sur elle-mĂȘme et leur parlait Ă  peine, refusant mĂȘme de voir son pĂšre sans CornĂ©lia quand ils Ă©taient sensĂ© ĂȘtre tous les trois
 mais elle Ă©tait si gentille avant
 ses yeux d’adulte dirait qu’elle pouvait ĂȘtre capricieuse et impĂ©rieuse avec son pĂšre, devenant notamment trĂšs jalouse quand il parlait trop longtemps d’HĂ©lĂ©na, mĂȘme Ă  Dimitri alors que c’était sa mĂšre biologique mais, Ă  part ça, elle Ă©tait gentille avec lui
 Ă©tait-ce sa vraie personnalitĂ© ou alors, une façade ? Est-ce qu’elle Ă©tait la mĂšre aimante bien que distante dont il se souvenait, ou une femme prĂȘte Ă  tuer pour obtenir ce qu’elle voulait ?
FĂ©lix lui dirait sans doute qu’il rĂ©flĂ©chissait trop mais, le jeune homme recommençait Ă  avoir mal Ă  la tĂȘte
 avec les fantĂŽmes qui avaient dĂ©jĂ  leur rĂ©ponse, mĂȘme le sien
 si c’était bien un fantĂŽme
 ou alors
 est-ce qu’Eldegard serait allĂ© jusqu’à

« O  »
« Eh ! Dimitri ! On te cherchait de partout !
Le blond sentit alors la main de Sylvain se poser entre ses épaules en hurlant à moitié, un grand sourire aux lÚvres, suivit par Ingrid.
– OĂč est-ce que tu Ă©tais passé ? On a tournĂ© dans tout le palais pour te retrouver !
– Merci le flair de renard, ajouta le rouquin en tapotant son nez.
– Oh, ce n’est rien. Je voulais juste rĂ©flĂ©chir un peu Ă  tout ce qui s’était passĂ© et dit aujourd’hui.
– Tu penses Ă  ce que t’as crachĂ© CornĂ©lia
 enfin, celle qui a remplacĂ© CornĂ©lia je parie, devina Ingrid avant d’ajouter. C’était que des ramassis de mensonges, tu le sais non ? D’ailleurs, c’est n’importe quoi cette histoire sur Patricia. Elle Ă©tait trĂšs proche de Lambert quand on la voyait mais, pas Ă  ce point
 et elle n’aurait jamais trahi le Royaume comme ça !
– Oui mais
 oĂč commence-t-il ? » Lui demanda le blond, osant Ă  peine leur dire maintenant que Patricia Ă©tait bien sa belle-mĂšre, il ne leur en avait jamais parlĂ© avant
 « AprĂšs tout, on n’a jamais retrouvĂ© le corps ou quoi que ce soit de Patricia, pas mĂȘme sa voiture
 pour tous les autres disparus, on a retrouvĂ© un morceau d’eux ou des objets leurs appartenant mais, rien pour Patricia
 je pensais tout ce que j’ai dit sur CornĂ©lia, je te rassure mais, je me pose tout de mĂȘme des questions
 elle
 Patricia
 elle avait beaucoup changĂ© les derniĂšres annĂ©es

– Tu crois qu’elle aurait pu ĂȘtre remplacĂ©e aussi ?
– Qui sait

– Hum
 je propose plutĂŽt que tu dormes dessus, dĂ©clara Sylvain avant d’argumenter. Tu viens de l’apprendre, et pas de la maniĂšre la plus agrĂ©able possible. On a aucune preuve pour Ă©tayer l’hypothĂšse que CornĂ©lia et Patricia Ă©tait en effet complices, Ă  part qu’elle ait complĂštement disparu sans laisser de trace mais, ça ne prouve rien de sa complicitĂ© dans cet Ă©vĂšnement. En plus, CornĂ©lia s’est aussi tirĂ© une flĂšche dans le pied en disant que Patricia voulait la tĂȘte du roi. Si on part du principe qu’elle voulait juste tuer le roi pour retourner voir sa fille biologique, si on assume que cette fille existe et que CornĂ©lia n’a pas encore menti – car pourquoi elle ne le ferait pas ? – elle aurait eu mille autres moyens de faire mourir le roi. Elle aurait pu l’empoisonner, le rĂ©sultat aurait Ă©tĂ© le mĂȘme en plus discret et elle aurait pu s’éclipser en prĂ©textant devoir assurer son avenir en travaillant ailleurs. MĂȘme si elle Ă©tait coincĂ©e ici, la mort soudaine du roi aurait provoquĂ© un gros dĂ©sordre politique avec tout le monde qui veut ĂȘtre rĂ©gent Ă  la place du rĂ©gent alors, elle aurait pu s’enfuir Ă  ce moment-lĂ  aussi. De plus, l’idĂ©e du voyage Ă  Duscur Ă©tait l’idĂ©e de Lambert seul pour rĂ©soudre les tensions Ă  la frontiĂšre et il n’en avait parlĂ© Ă  personne jusqu’à mettre son conseil au pied du mur. Je me souviens encore de ma mĂšre qui fulminait que c’était une idĂ©e digne d’un roi sans yeux, et il faut vraiment dĂ©passer les bornes pour que ma mĂšre soit honnĂȘte sur ce qu’elle ressent quand on est en Fodlan.
– Ce n’est pas faux
 FrĂ©dĂ©rique avait dit que personne n’était au courant que Sa MajestĂ© Lambert avait Ă©changĂ© une correspondance avec le conseil de chef de Duscur, mĂȘme dans la chancellerie et la diplomatie, admit Ingrid en se souvenant de l’air atterrĂ© de son frĂšre quand il l’avait appris. Ce voyage avait Ă©tĂ© trĂšs soudain

– Je m’en souviens aussi
 mon pĂšre s’était mĂȘme disputĂ© violemment avec Alix
 FĂ©lix m’avait aussi dit qu’il avait fait du mal Ă  son pĂšre, se rappela Ă  son tour Dimitri, se rappelant de l’épĂ©iste donnĂ© un coup de pied Ă  Lambert en l’accusant de faire du mal Ă  sa famille. Ils Ă©taient tous sur les nerfs

– Alors, si ce voyage a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© dans la prĂ©cipitation, les comploteurs aussi ont dĂ» se presser alors, ils ont dĂ» laisser des traces. Et se presser pour trouver une solution en ruminant ne te donnera que des migraines Dimitri, ajouta le rouquin.
– Je suis du cĂŽtĂ© de Sylvain pour le coup, le soutient Ingrid. On est tous fatiguĂ©s en plus, ça n’aide pas Ă  bien rĂ©flĂ©chir, et il faudra surement une longue enquĂȘte pour tirer tout ça au clair
 je suis sĂ»r que les jumeaux ont cherchĂ© des explications Ă  ce qui s’est passĂ©, ils doivent avoir des rĂ©ponses, ou au moins un dĂ©but de rĂ©ponse.
– Hum
 vous n’avez pas tort, admit le prince. Merci beaucoup tous les deux

– C’est normal Dimitri, lui sourit Ingrid.
– Bon ! Maintenant que tu as l’esprit au calme et qu’on t’a retrouvĂ©, je propose qu’on aille tous Ă  la fĂȘte des srengs pour nous vider la tĂȘte ! Les invita le rouquin.
– Je croyais que c’était une cĂ©lĂ©bration religieuse en l’honneur de la victoire commune
 le reprit la chevaliĂšre avec un ton sĂ©vĂšre.
– Comme le dirait Hlif, Ă  Sreng, la diffĂ©rence entre une fĂȘte et une cĂ©lĂ©bration religieuse aprĂšs une victoire, c’est oĂč tu la fais, quand, pourquoi, et quel alcool tu sers. En plus, Fregn veut te faire gouter un plat sreng pour te remettre un peu de chair sur tes os. Ça te fera du bien, et la fĂȘte faerghienne aura lieu dans quelques jours alors, on aura rĂ©cupĂ©rĂ© pour.
MalgrĂ© le grondement rĂ©probateur dans le fond de sa tĂȘte, Dimitri accepta l’invitation, tout comme Ingrid. Il avait envie de rester avec eux et parler avec Fregn, et il devait avouer qu’il Ă©tait curieux de rencontrer la fameuse Hlif dont Sylvain parlait souvent, il n’avait pas eu le temps de vraiment se prĂ©senter.
Ils descendirent tous les trois dans la grande place devant le palais, dĂ©jĂ  dĂ©barrasser des corps des soldats tombĂ©s pendant la journĂ©e. Il remarqua alors que les srengs avaient mis des petits poteaux de partout, avec des noms et des vƓux funĂ©raires pour les morts. « Tu t’es trĂšs bien battu mais, tu as tout de mĂȘme rencontrĂ© ta walkyrie », « Tu es tombĂ© car tel Ă©tait ton destin mais, aujourd’hui, tu festoies au Valhalla avec les dieux », « nous n’oublierons pas Ă  quel point c’est dur mais, on avance en pensant Ă  vous », « mĂȘme si tu es mort, le village continuera Ă  veiller sur ta famille pour toi »  et bien d’autres phrases, vƓux et promesses
 certaines que les faerghiens trouvaient choquantes mais, d’autres semblaient bien familiĂšres.
Les carcasses des Titanus n’avaient pas encore Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©es mais, les srengs les avaient recouverts de tissus chatoyants rĂ©cupĂ©rĂ©s oĂč ils pouvaient, et parfois mĂȘme de leurs propres couvertures, capes ou mĂȘme leur chemise, exhibant tous leurs tatouages et cicatrices avec fiertĂ©, prouvant leur force et leur capacitĂ© Ă  se battre. Hlif avait relevĂ© ses manches et jambes de pantalon, rĂ©vĂ©lant son corps entiĂšrement tatouĂ©, signe qu’elle Ă©tait une trĂšs puissante magicienne, et mĂȘme Fregn montrait les sorts de runes incrustĂ©s sur sa peau, bien que la plupart ait Ă©tĂ© barrĂ©s et donc rendus inutilisables depuis son mariage. Ils avaient aussi rassemblĂ© autant de nourriture qu’il avait pu se le permettre et faisait tout cuire, des petites statuettes de divinitĂ©s Ă©levĂ©s Ă  la place d’honneur sur un morceau de Titanus cassĂ©, oĂč un d’entre eux avaient Ă©crit « merci aux dieux et au destin d’avoir contribuĂ© Ă  vaincre ma maitresse, la traitresse CornĂ©lia. On est mieux sans elle ! ».
Quand la fĂȘte commença, Fregn leur fit signe de s’installer au premier rang, alors que celle qui officiait comme prĂȘtresse les fĂ©licitait tous pour leur victoire. Elle remplit un grand vase rempli d’alcool s’il se fiait Ă  la couleur, versa une petite partie dans la coupelle des dieux, puis se mit devant Dimitri.
« Au gĂ©nĂ©ral qui a menĂ© la charge de boire le premier, dĂ©clara-t-elle avant d’insister, devinant surement qu’il allait lui dire de commencer par Fregn qui s’était infiltrĂ©e Ă  Fhirdiad pendant des mois. Vous l’avez amplement mĂ©ritĂ©, Lion Sauveur. »
Il accepta alors le vase et but une gorgĂ©e. Il ne sentit pas le gout du breuvage, seulement la brĂ»lure de l’alcool fort sur sa langue mais, sans trop savoir pourquoi, entourĂ© de deux de ses plus vieux amis, de rire, d’applaudissement et des louanges hurlĂ©s en sreng, le bruit dans le fond de sa tĂȘte s’arrĂȘta Ă  nouveau. Ce n’était pas un effet de l’alcool, il ne boirait pas beaucoup pour ĂȘtre sobre pour la journĂ©e de demain afin de travailler correctement. C’était un mĂ©lange de tout
 la joie, ses propres applaudissements qu’il dĂ©cerna Ă  tous ceux qui avaient combattu, l’instant de calme pour les morts et la tristesse de les avoir perdus, avant qu’un homme ne hurle :
« Alors, que la musique soit d’autant plus forte ! Que les rires soient tonitruants ! Que les chants soient si puissants qu’ils en deviennent discordants ! Que l’alcool tombe de nos verres ! Que nos mots soient hurlĂ©s ! Le deuil est toujours difficile mais, c’est un instant de fĂȘte ! Nos proches voudraient nous voir heureux d’avoir l’emportĂ© sur nos ennemis et de voir qu’ils sont si peu nombreux avec les dieux ! FĂȘter ce retour du calme et de la paix en cette ville ! Rire du sort de cette engeance de la honte des hommes et de la honte des dieux ! Nous voir sourire afin de narguer Loki et ses enfants maudits qui se rĂ©jouissent de la peine et de la misĂšre ! Nous ne les voyons pas mais, eux, ils cĂ©lĂšbrent la victoire au Valhalla auprĂšs des dieux ! N’entendez-vous pas au loin ?! Leur fĂȘte bat dĂ©jĂ  leur plein alors, ne les dĂ©cevons pas ! »
Les musiciens répondirent en recommençant à jouer des musiques joyeuses et entrainantes, suivit de chansons toutes plus exubérantes les unes que les autres, improvisant sur les exploits de la journée.
« Un monstre de mĂ©tal a voulu m’écraser,
Mais j’ai hurlĂ© sur lui et il est tombĂ©,
AprĂšs tout, il n’était qu’une grosse poupĂ©e,
L’engeance de Loki est bien humiliĂ©e ! »
« J’ai volĂ© dans le ciel sur mon valraven,
J’ai frappĂ© de tous les cĂŽtĂ©s avec mon partenaire,
À ses cĂŽtĂ©s, je n’ai jamais peur mĂȘme dans les airs,
Car il me rattrapera toujours sans peine ! »
« Je croyais voir un pauvre désert de pierre,
Mais j’ai vu une ville aux yeux de feu, quelle femme !
Avec un lion Ă  sa tĂȘte, quel beau bestiaire !
Ces yeux me rappellent ceux de ma si tendre Gauja  »
Et encore et encore d’autres
 tellement que Dimitri serait incapable de se souvenirs de toutes, et il n’était pas sĂ»r que leurs interprĂštes aussi mais, ce n’était sans doute pas importants
 l’important, c’était leurs effets sur le moment, les rires, les cris, les danses et la joie simple qu’elles procuraient. Beaucoup de srengs vinrent vers lui pour le fĂ©liciter, certains mĂȘme pour le dĂ©fier en combat singulier pour s’entrainer. Il put discuter un peu plus avec Hlif qui lui raconta l’effet de tous ses tatouages, de celui pour se fondre dans la brume, Ă  celui qui inversait le sens du vent un instant, en passant par celui pour retourner sur sa selle quand elle tombait de valraven, ainsi que son tatouage autour de l’Ɠil qu’il avait dĂ©jĂ  vu en action, lui annonçant par exemple que Cyril s’était endormi avec sa wyvern et qu’Ashe le ramenait dans son lit.
Fregn discuta aussi avec lui, la femme lui posant dans les mains un fromage typique de sreng, rĂ©putĂ© extrĂȘmement fort et rien que l’odeur le confirmait. Évidemment, sa langue sentit Ă  peine son gout, ce qui fit rire un homme, en disant qu’il serait un vrai sreng s’il arrivait en plus Ă  avaler le hakarl, de la viande de requin sĂ©chĂ© au gout rĂ©putĂ© immonde pour tous ceux qui n’avaient pas un palais habituĂ©. La mĂšre de Sylvain lui posa des questions sur son Ă©tat de santĂ©, s’il se sentait mieux et une fois qu’il ait rĂ©pondu Ă  ses questions, elle lui raconta les derniĂšres nouvelles de Gautier, ainsi que des histoires de sa mĂšre biologique, HĂ©lĂ©na. Fregn Ă©tait une des personnes les plus bavardes sur elle aprĂšs son pĂšre et les jumeaux, et ça lui donnait un peu l’impression de connaitre cette femme, morte Ă  peine deux mois aprĂšs sa naissance
 Dimitri connaissait toutes ses histoires par cƓur mais, cela faisait toujours du bien de les rĂ©entendre

Il se coucha un peu tard
 quoi que pas tant que ça comparer Ă  d’autres mais, il se sentait bien. Le jeune homme sombra presque immĂ©diatement dans un sommeil sans rĂȘve, juste rythmĂ© par la musique qui emplissait ses oreilles au loin.
*
DĂ©esse
 ça faisait mal ! ça faisait si mal ! Cela faisait des annĂ©es qu’il n’avait pas eu aussi mal ! Il avait l’impression de s’ouvrir de partout ! D’exploser de l’intĂ©rieur ! Mais le pire, c’était ses jambes ! Il avait l’impression qu’on les lui Ă©crasait tout en les coulant dans une chappe de plomb ! Comme si on les collait ensemble par il ne savait quel malĂ©fice ! ça faisait tellement mal ! Il s’agitait dans tous les sens, surtout ses jambes en essayant de les dĂ©coller l’une de l’autre, frappait tout ce qui l’entourait, mordait tout ce qui passait prĂšs de lui pour ne pas se couper la langue alors qu’il se retenait d’hurler, se mordant le bras jusqu’au sang Ă  la place, il Ă©tait bien assez pathĂ©tique comme ça !
« Ça suffit ! Je veux juste que ça s’arrĂȘte ! »
« Jeune maitre ! Restez avec nous ! Reprenez-vous ! »
Il sentit des bras se poser sur sa poitrine, pour tenter de le clouer dans l’eau et de le calmer, appuyant sur ses cĂŽtes. Un autre Ă©clair de douleur le traversa tout entier, comme si on venait de lui assener un coup de couteau en plein poitrine et qu’on fouillait dans la plaie, une seule pensĂ©e Ă  l’esprit.
« Ça fait mal ! DĂ©gage ! J’ai dĂ©jĂ  bien assez mal comme ça ! »
Pour le coup, ses jambes collĂ©es furent bien utiles, repoussant d’un coup celui qui lui faisait mal, mĂȘme si l’impact renforça encore plus la douleur, comme si elles allaient se briser comme du verre s’il recommençait. DĂ©esse ! Il voulait juste que ça s’arrĂȘte !
Sa vue Ă©tait floue, brouillĂ© de larmes, et il n’entendait pas bien
 comme sous l’eau
 le sang dans ses tempes battant trop fort pour qu’il entende quoi que ce soit d’autres. Mais entre deux cris Ă©touffĂ©s, il voyait quelqu’un
 il l’avait dĂ©jĂ  vu
 la personne lui tendait la main
 la tendait vers ses yeux

« Non ! Non ! Non ! Va-t-en ! Laisse-moi ! Je ne te suivrai pas ! Jamais ! Il me faudra me battre d’abord ! » Menaça-t-il, mĂȘme si c’était plus pathĂ©tique qu’autre chose, il Ă©tait Ă  peine capable de bouger autrement qu’en convulsant.
« Félix ! Il faut que tu te calmes ! Tu vas te blesser ! »
« Filius fili  » murmura la silhouette.
FĂ©lix sentit son pĂšre l’approcher, le tenir tranquille alors qu’il se dĂ©battait encore. DĂ©esse ! Pourquoi tout le monde appuyait sur sa poitrine ! Il n’avait pas compris que ça faisait mal ! Partez ! Partez tous ! Il ne voulait pas que qui ce soit le voie dans cet Ă©tat ! Il avait dĂ©jĂ  bien assez honte comme ça ! Il ne pouvait rien faire de toute façon ! Rien ! ça faisait si mal !
« Va-t’en ! Laissez-moi seul !
– Pavor est adversaris. No pave. Sin pavor, dolor

– Toi aussi ! Pars ! Partez tous ! Je ne te suivrais pas de toute façon ! Économise ta salive si tu tiens Ă  ta langue ! Va-t’en ! »
Le blessĂ© mordit un autre hurlement avec la premiĂšre chose qu’il trouvait, sentit le gout ferreux sur sa langue mais, sans la douleur de la morsure. Ce n’était pas Ă  lui
 ce n’était pas son bras ! C’était un doigt ! Et pas le sien ! Merde ! Qu’est-ce que le vieux avait-il encore bien pu faire comme stupidité ?! Il n’avait quand mĂȘme pas
 !
– Chut  » Le jeune homme sentit les bras de Rodrigue passer derriĂšre sa nuque et prendre son Ă©paule avec prĂ©caution, le tirant contre lui. Il Ă©tait si chaud
 « Ça va aller
 ça va aller
 ça fait mal mais, on est lĂ , on va trouver le moyen d’apaiser la douleur
 on est là
 on ne t’abandonnera pas
 jamais

Par rĂ©flexe, FĂ©lix se pressa son visage contre la chaleur, la cherchant plus que tout Ă  cet instant
 ça faisait toujours aussi mal, il avait toujours l’impression que ses jambes allaient se disloquer et fondre dans une chappe de plomb mais, ça devenait plus supportable
 c’était puĂ©ril mais, il n’avait pas la force de nier Ă  quel point la simple prĂ©sence de son pĂšre lui faisait du bien
 le jeune homme crut un instant que c’était sa magie mais, il devina assez vite que ce n’était pas ça
 la magie, mĂȘme de foi, lui faisait plus mal qu’autre chose
 il avait dĂ©jĂ  bien trop d’énergie en lui
 non
 c’était
 autre chose
 encore plus fort
 lĂ  depuis toujours
 et qui lui faisait chaud au cƓur

« Caritas suorum est potentissimam magicam disciplinam, » souffla la silhouette, devenant plus clair, plus familiĂšre, moins menaçante
 il la connaissait

– Je sais que tu as peur et que ça fait mal
 mais on fera tout pour t’aider et tu vas rĂ©sister
 tu as toujours Ă©tĂ© si fort
 tu t’es toujours battu
 je sais que tu vas t’en sortir
 je le sais
 on sera toujours lĂ  pour toi

– Papa
 ne
 pars pas
 reste

FĂ©lix n’eut pas la force de se maudire tout seul de rĂ©clamer son pĂšre comme un gosse
 ça faisait moins mal et il ne voulait pas qu’il parte, alors que sa simple prĂ©sence rendait la douleur plus supportable
 il ne voulait plus que Rodrigue parte
 ça faisait juste si longtemps

– Bien sĂ»r, » souffla Rodrigue en ajustant leur position, surement parce que FĂ©lix avait enfoncĂ© sa tĂȘte dans son ventre sans rĂ©flĂ©chir, Ă  part Ă  comment plus sentir cette magie qui se dĂ©gageait de son pĂšre. « Je reste avec toi
 ça va aller
 ne t’en fais pas
 je ne te quitterais pas

« Caritas suorum  » songea FĂ©lix en entrouvrant une derniĂšre fois les yeux pour voir son pĂšre qui lui souriait, tentant de le rassurer, avant de resombrer dans le sommeil.
Quand ses paupiĂšres se rĂ©ouvrirent, il rencontra Ă  nouveau les prunelles de son pĂšre mais, sur quelqu’un d’autre, le reconnaissant enfin 
 c’était mĂȘme elles qui l’avaient poussĂ© Ă  lui faire confiance la premiĂšre fois qu’il l’avait vu
 ils avaient vraiment tous les mĂȘmes yeux de chat dans la famille

« Tu y vas fort
 tu ne m’avais pas fait aussi mal la derniĂšre fois
 marmonna-t-il, se sentant flotter Ă  la surface du lac.
– Tu tam
 tua vulnera sunt gravissima

– Je sais  » grogna-t-il, devinant Ă  la tĂȘte de Fraldarius ce qu’il venait de dire sans rien comprendre Ă  sa langue. Il tenta de masser sa poitrine pour savoir ce qui se passait dedans mais, il enleva sa main assez vite Ă  cause de la douleur. « J’allais pas le laisser crever

– Comprehendo. Tu amas pater, et tu amas familiam nostram, lui fit remarquer son ancĂȘtre, ses mots complĂštement transparents, tout comme son expression.
– 
 peut-ĂȘtre

– Dic mendacium alter, rĂ©torqua-t-il avec un air piquant, et ça ressemblait trop Ă  sa propre tĂȘte quand il faisait une remarque caustique, mĂȘme sans parler un mot de latin. Tu amas pater et familia nostra fortior quam tu admittis, et homines vident veritatem.
– 
 oui
 je sais
 ça te va comme ça ?
Son ancĂȘtre eut un petit sourire entendu, avant de passer sa main sur ses yeux, les fermant alors qu’il l’enfonçait sous la surface du lac, fredonnant doucement
 sa voix se mĂȘlait Ă  celle de Rodrigue
 ses poumons se remplirent d’eau comme si c’était de l’air
 la douleur dans ses jambes devenant plus sourde, bien que toujours prĂ©sente
 sa poitrine et aussi sa gorge toujours transpercĂ©es
 FĂ©lix se laissa faire
 tout irait bien avec Fraldarius et son pĂšre Ă  ses cĂŽtĂ©s
 et mĂȘme si parfois, son pĂšre disparaissait et que les eaux semblaient plus sombres, il finissait toujours par revenir
 ça irait

« Ubi in vitam edi etirum, omnia bene procedit. »
*
Dimitri crut que le monde entier Ă©tait en peau et faux
 Ă  peine Fhirdiad libĂ©rĂ©e qu’il avait reçu un appel Ă  l’aide de Claude, les forces impĂ©riales dirigĂ©es par Arundel prenant d’assaut Derdriu. Évidemment, les faerghiens Ă©taient allĂ©s directement Ă  son secours, refusant de le laisser tomber, envoyant leurs troupes de Leicester en premiĂšre garde pour l’aider Ă  se dĂ©fendre avant l’arrivĂ©e des adrestiens. La DĂ©esse soit louĂ©e, l’armĂ©e principale arriva juste Ă  temps pour empĂȘcher la prise de la capitale aquatique mais quand il tua Arundel alors qu’il assaillait Claude et Hilda
 la hache de cette derniĂšre avait pratiquement arrachĂ© son bras et la jambe de son oncle
 enfin, une partie de sa jambe
 la peau de sa jambe
 dĂ©couvrant une peau grise comme celle de la fausse CornĂ©lia
 alors, lui aussi

Il
 Dimitri ne savait mĂȘme pas comment il avait fait pour ne pas craquer sur le coup
 Ă  cause de l’angoisse de la bataille surement
 et du fait qu’Arundel venait de dĂ©voiler Ă  tous qu’Eldegard Ă©tait sa sƓur
 un mĂ©lange de tout surement
 il faudrait qu’il remercie Sylvain et Ingrid d’avoir aussi bien gĂ©rĂ© la curiositĂ© de leurs camarades, plaidant qu’ils devraient plutĂŽt en parler quand ils seraient avec FĂ©lix afin de ne pas se rĂ©pĂ©ter, ainsi qu’avec les jumeaux, ayant surement des rĂ©ponses aussi Ă  ce sujet
 les deux cavaliers Ă©taient surement aussi curieux qu’eux mais, ils les avaient bien canalisĂ©s, lui donnant du temps pour rĂ©flĂ©chir Ă  tout cela
 et comment leur expliquer
 le tout en recevant en plus l’Alliance
 apparemment, la Table Ronde et les autres seigneurs de l’Alliance avaient votĂ© Ă  l’unanimitĂ© pour rejoindre le Royaume sous l’égide de Dimitri
 Claude les lui avait alors laissĂ© avec l’Infaillible, sa propre Relique, en signe d’amitiĂ© et de ralliement. DĂ©esse
 ça faisait beaucoup Ă  digĂ©rer d’un coup

Alors, le jeune homme s’était isolĂ©, mis Ă  part sur le port de Derdriu et s’était mis Ă  dĂ©ambuler, en espĂ©rant arriver Ă  ordonner ses pensĂ©es au calme
 sauf que
 que tout se tordait Ă  nouveau
 l’eau semblait trop bleu, les bateaux revenus de la haute mer avec les derdriens semblable Ă  des jouets gĂ©ants, les maisons en petits cailloux malgrĂ© leur architecture qu’il savait trĂšs soignĂ©e et colorĂ©e
 c’était comme se retrouver propulser dans une ville de poupĂ©e alors que ses pensĂ©es partaient dans tous les sens

Alors, Arundel aussi avait Ă©tĂ© remplacé  Pan l’avait confirmĂ©, c’était la mĂȘme technique de dĂ©guisement
 et est-ce qu’il existait vraiment deux sorts aussi horribles et semblables en mĂȘme temps ? Lui aussi
 depuis combien de temps ? Est-ce que c’était l’imposteur qui Ă©tait venu Ă  Fhirdiad ou est-ce que c’était le vrai Arundel ? Si c’était le faux, est-ce que ça expliquerait pourquoi il avait attaquĂ© FĂ©lix Ă  l’époque ? Et si oui, pourquoi ? Les sorts qu’il avait utilisĂ©s alors Ă©taient composĂ©s de flammes noires, comme CornĂ©lia mais, LysithĂ©a aussi maitrisait des sorts sombres depuis toujours
 alors, est-ce que c’était le signe qu’elle Ă©tait aussi une personne remplacĂ©e ? Elle semblait haĂŻr les impĂ©riaux pourtant ! Et elle avait aussi beaucoup grandi depuis l’acadĂ©mie, et la peau d’un mort ne devait pas grandir alors, c’était surement le signe que c’était une vraie personne
 mais s’ils l’avaient remplacĂ© aprĂšs
 mais son comportement n’avait pas changé  mais si son remplaçant Ă©tait trĂšs bon acteur ? Et s’ils pouvaient agrandir leurs dĂ©guisements avec des ajouts de peau ? Ses vĂȘtements Ă©taient trĂšs couvrants, avec de longues manches et de trĂšs hauts bas, ça pourrait couvrir les coutures
 ces malĂ©fices Ă©taient parfaits pour imaginer le pire !
« Qui sait
 peut-ĂȘtre que tout est faux ? Lui fit remarquer son pĂšre. Peut-ĂȘtre que tous ceux qui t’entourent sont faux
 aprĂšs tout
 il sentit ses doigts se presser sur sa gorge, Ă  moitiĂ© passant Ă  travers et Ă  moitiĂ© dessus. Ils t’ont tous dĂ©tournĂ© de ton objectif
 ils t’ont tous interdits d’aller nous venger
 ont tout fait pour te dissuader

– Cela expliquerait tout
 ajouta Glenn. Ça expliquerait pourquoi ma famille et Ingrid ne veulent pas venger ma mort
 qui sait, ils sont peut-ĂȘtre tous remplacĂ© depuis longtemps ? Et tu es en train de faire le jeu des adrestiens
 aprĂšs tout, tous les remplacĂ©s sont passĂ© du cĂŽtĂ© d’Eldegard, ils sont passĂ© de leur cĂŽté  ils sont tous avec les adrestiens  »
Les fantĂŽmes revinrent Ă  la charge avec force, se pressant tous dans son regard pour qu’ils puissent tous les voir en mĂȘme temps. Ils Ă©taient tous là
 mĂȘme ses amis encore en vie
 pleurant tous que Dimitri se soit fait berner par les dĂ©guisements, qu’ils Ă©taient tous morts et que maintenant, il travaillait avec leurs remplaçants
 il les voyait tous
 Dedue qui ne serait jamais revenu
 Sylvain et Ingrid morts dĂ©membrĂ©s, comme s’ils avaient Ă©tĂ© trainĂ©s depuis la selle de leur monture
 Ashe le cou brisĂ© par la corde du pendu, mis Ă  mort par les seigneurs du sud pour sa fidĂ©litĂ© envers lui
 Gustave qui mourrait en protĂ©geant Annette, cette derniĂšre pourtant morte Ă  cause du surplus de magie en elle lors d’une bataille
 Mercedes morte de fatigue Ă  force d’aider les blessĂ©s
 Rodrigue mort Ă  sa place
 FĂ©lix mort en Ă©chouant Ă  sauver son pĂšre
 Alix mort Ă  cause des impĂ©riaux
 mort
 mort
 mort

Dimitri se prit la tĂȘte
 il devait se reprendre. C’était faux
 il le savait
 c’était faux, tous Ă©taient encore vivants
 c’était juste ses illusions qui tentaient de le perdre Ă  nouveau, comme les mots de CornĂ©lia et d’Arundel
 il fallait qu’il se ressaisisse ! Il ne devait pas les Ă©couter ! Il aurait aimĂ© avoir Areadbhar pour se calmer mais, il devait apprendre Ă  les repousser sans elle
 mais ils hurlaient tellement forts !
« Non. Vous n’ĂȘtes pas rĂ©els. Vous n’ĂȘtes pas mes amis. Eux, ils sont vivants et je sais qu’ils ne demanderaient jamais cela.
– Prouve-le ! On est tous morts ! Tu es seul ! Tu es tout seul ! Et tu n’as qu’une seule chose Ă  faire ! »
Sa tĂȘte allait exploser mais, Dimitri fit tout pour se ramener Ă  la rĂ©alitĂ©. Il essaya de tĂąter le sol, le coque des bateaux afin de bien constater qu’ils Ă©taient vrais et pas des jouets, se concentra sur ses autres sens plutĂŽt que sa vue et son ouĂŻe
 quand il arriva au bout de la jetĂ©e, il s’y assit, enleva ses bottes et ses jambiĂšres, releva son pantalon et plongea ses pieds dans l’eau fraiche. DĂ©esse
 ça faisait du bien aprĂšs avoir marchĂ© et piĂ©tinĂ© toute la journĂ©e

« Je comprends pourquoi Simplex, Pertinax et Laeta faisaient ça aprĂšs des journĂ©es encore plus longues
 c’est agrĂ©able  »
« Ingrid s’est blessĂ©e Ă  la tĂȘte et des plumes ont poussĂ© quand Daphnel l’a sauvĂ©e par miracle, et elle peut toujours utiliser sa Relique, c’est donc elle, commença-t-il en se remĂ©morant les derniers Ă©vĂšnements, essayant de se raccrocher Ă  la rĂ©alitĂ© avec des arguments et des faits, en plus de l’eau sur ses pieds. Sylvain est maintenant capable de changer complĂštement d’apparence, et je doute que ce dĂ©guisement permette Ă  l’imposteur de se transformer aussi, il faut que le tatouage soit dans la peau du magicien et intact, c’est Hlif qui me l’a racontĂ© et elle, qui que ce soit derriĂšre ces imposteurs, je doute qu’ils aient eu l’idĂ©e de remplacer une sreng presque au hasard, ce serait trop dangereux
 Ashe s’est coupĂ© en cuisinant et Annette aussi
 Mercedes s’est piquĂ©e avec une aiguille quand elle a recousu l’épaule de Gilbert Ă  Ailell
 ils ont tous saignĂ© et leur plaie s’est refermé  Dedue est couvert de cicatrice et en a une nouvelle sur la tempe
 Alix reconnait toujours Rodrigue alors que personne ne pourrait les tromper, et remplacer les deux jumeaux en mĂȘme temps serait bien trop voyant
 la magie d’Aegis et de Pertinax a encore un effet sur FĂ©lix
 tous ceux qui ont un emblĂšme peuvent toujours utiliser leur relique, je doute qu’ils puissent copier jusqu’à leur sang et que mĂȘme s’il le pouvait, les Braves se feraient berner
 Ă©numĂ©ra-t-il en fixant son regard au loin, se concentrant sur les vagues qui devenaient de plus en plus rĂ©el et sur leurs chatouilles sur ses orteils couverts de corne. C’est vous qui ne faites que mentir et qui ĂȘtes faux jusqu’au bout
 je sais oĂč sont mes vrais amis  »
Les morts continuaient de lui hurler des mensonges et des persifflages mais, la fraicheur de l’eau sur ses pieds l’aida Ă  s’ancrer Ă  la rĂ©alité  le jeune se focalisa sur le soleil qui commençait Ă  bailler au loin, la brise sur son visage
 l’odeur de la mer qui remplissait ses poumons et les purifiait
 la houle sur sa peau
 ça lui faisait penser aux moments Ă  Egua
 ça lui faisait du bien, alors que les fantĂŽmes abandonnaient peu Ă  peu, restant seulement en bruit de fond

Il ne savait pas depuis combien de temps il était resté là mais, Dimitri finit par entendre des pas arriver vers lui avec la voix de Claude.
« Ah ! Majesté ! Vous ĂȘtes là ! Faut dire, je vous comprends, c’est agrĂ©able de juste plonger les pieds dans l’eau ici, mĂȘme si elle est encore froide en cette pĂ©riode de l’annĂ©e

– Oui
 rĂ©pondit-il en se tournant vers le grand-duc, ce dernier s’approchant de lui. J’avais besoin de rĂ©flĂ©chir et de faire le point.
– Ça se comprend, j’avoue que je ne vous ai pas Ă©pargnĂ©, sourit-il un peu avant de s’asseoir Ă  son tour au bord de la jetĂ©e, d’enlever ses bottes et de mettre aussi ses pieds dedans, mĂȘme s’il grimaça. Brrrr
 elle est gelĂ©e ! ça fait combien de temps que vous ĂȘtes là ? Enfin, je crois qu’on peut se tutoyer au bout d’une jetĂ©e et les pieds dans l’eau. Qu’en pensez-vous Majesté ?
– Aucune idĂ©e, je dirais une bonne heure mais, ça pourrait faire plus longtemps. Et je suis d’accord, surtout qu’on le faisait Ă  l’acadĂ©mie. Et oui, ça fait beaucoup Ă  intĂ©grer d’un coup
 admit-il.
– Bah, tu dirigeras l’Alliance comme un chef. Tant qu’on peut encore faire des affaires, on est content ici, lui assura-t-il avec un clin d’Ɠil. En plus, vu ce que vous avez fait pour Fhirdiad puis pour Derdriu, on est derriĂšre vous. MĂȘme le vieux comte Gloucester a votĂ© pour rejoindre le Royaume, une fois que Lorenz soit revenu de sa
 mission d’observation des plans d’Adrestia alors, autant dire que mĂȘme les pro-impĂ©riaux prĂ©fĂšrent t’avoir comme roi que la princesse.
– J’avoue que je suis quand mĂȘme trĂšs Ă©tonnĂ©. Vous ĂȘtes trĂšs attachĂ©s Ă  votre indĂ©pendance dans l’Alliance. « Ni roi, ni empereur », c’est tout de mĂȘme votre devise. Surtout toi qui disait avoir de grands projets pour l’avenir et tu nous as bien fait comprendre que tu ne voulais pas rejoindre notre armĂ©e. Que vas-tu donc faire Ă  prĂ©sent ?
– Oui mais, y a roi et roi. Si on reste seul, on ne fera pas long feu face Ă  Eldegard, et si j’ai bien compris tes projets Ă  l’acadĂ©mie, tu comptais donner plus de voix aux roturiers ? Les habitants de toute l’Alliance te soutiendront pour ça, faudra juste que tu ne reviennes pas dessus sinon, on sait ĂȘtre les pires ennuis de Fodlan. Et pour aprĂšs, on va dire que mes rĂȘves me mĂšnent ailleurs. Pour ĂȘtre honnĂȘte, je vais mĂȘme quitter Fodlan pour les rĂ©aliser.
– Tu quittes Fodlan ?! S’étonna Dimitri. Mais, mais pourquoi ? Je croyais que tes rĂȘves prenaient en compte l’Alliance ?
– Oui, et ils la prennent toujours en compte mais, diriger l’Alliance ne me laissait pas assez de temps pour atteindre mon vrai objectif. Au moins, ça m’a permis de faire mes preuves, mes premiĂšres armes et des raisons de plus pour les poursuivre. Tu savais que si tu creuses profondĂ©ment ici, tu retrouves des piĂšces antiques qui sont les mĂȘmes qu’à Almyra ? Pas exactement les mĂȘmes mais, Ă  sa fondation, la Derdriu antique frappait sur ses piĂšces un motif de chouette comme une autre citĂ© qui se trouve aujourd’hui en Almyra. Elles se sont diffĂ©renciĂ©es avec le temps mais, le motif de la chouette reste. J’avoue que ça a piquĂ© ma curiositĂ© et je serais curieux d’en apprendre plus sur ça aussi

– Les mĂȘmes piĂšces en Fodlan et en Almyra ? En effet, c’est Ă©tonnant. Enfin
 je crois qu’il y aurait beaucoup de choses qui nous Ă©tonnerait aujourd’hui si on connaissait mieux nos ancĂȘtres, ne put s’empĂȘcher de commenter Dimitri en se souvenant de Blaiddyd et de sa peau aussi sombre que celle de Dedue. Tu vas ĂȘtre bien occupĂ© en tout cas.
– Oui, autre raison pour laisser Ă  quelqu’un d’autre le devoir de diriger l’Alliance, je suis dĂ©jĂ  dĂ©bordé  D’ailleurs, un conseil, ne te surcharges pas trop de tĂąches aussi sinon, tu te retrouveras comme moi Ă  ne plus pouvoir rien faire car, tu cours aprĂšs trop de liĂšvres en mĂȘme temps !
– Je comprends
 rĂ©pondit-il simplement. Pour le moment, je vais me concentrer sur le plus important qui est d’arrĂȘter Eldegard, afin de ramener la paix en Fodlan et de libĂ©rer Sa SaintetĂ© RhĂ©a. D’ailleurs, merci de nous avoir renseignĂ©s sur sa position.
– HĂ©, hĂ©, les espions de Judith sont les meilleurs de Leicester, et Lorenz a fait un trĂšs bon travail de son cĂŽtĂ© aussi, mĂȘme s’ils n’arrivent pas Ă  savoir ce qu’ils lui veulent Ă©tant donnĂ© qu’ils ne la tuent pas
 enfin, elle sera heureuse de voir la prof arrivĂ©e Ă  son secours et Byleth, Seteth et Flayn seront aussi heureux de revoir RhĂ©a. Vous allez ĂȘtre bien occupĂ© en tout cas mais bon, on ne va pas chĂŽmer de notre cĂŽtĂ© avec Hilda.
– Elle t’accompagne elle aussi ?
– Oui. Quand j’ai annoncĂ© Ă  nos amis que j’allais partir, elle m’a dit directement que je n’irais nulle part sans elle, et on a dĂ©jĂ  prĂ©parĂ© Holst Ă  la nouvelle alors, ça devrait aller. J’avoue, j’ai du mal Ă  m’imaginer sans elle Ă  mes cĂŽtĂ©s, admit-il. On a tellement fait de choses et survĂ©cu ensembles ses derniĂšres annĂ©es, ce serait compliquĂ© pour nous deux de se sĂ©parer comme ça. On va dire qu’à force, tout le monde s’habitue Ă  avoir besoin d’aide, mĂȘme un intrigant comme moi, dĂ©clara Claude sur un ton navrĂ© mais, il ne pouvait pas s’empĂȘcher de sourire.
– En plus, nous savons tous que mĂȘme si tu dis que tu vas utiliser des mĂ©thodes horribles, tu ne le fais jamais, ajouta Dimitri avant de l’encourager. Vous allez trĂšs bien vous en sortir tous les deux, mĂȘme si vous allez nous manquer Ă  tous.
– Je l’espĂšre. Et ne t’en fais pas, nous aussi, on aimerait vous revoir, dans quelques annĂ©es peut-ĂȘtre ou avant mais, je suis sĂ»r qu’on se reverra. Et ce jour-là
 il sortit quelque chose de son Ă©tole pour lui donner, Dimitri dĂ©couvrant une petite piĂšce avec une chouette d’un cĂŽtĂ©, une forme humaine ailĂ© entourĂ© d’éclair de l’autre. Je t’enverrais une piĂšce comme ça, histoire que tu sois sĂ»r que tu ne rĂȘveras pas en me revoyant avec Hilda !
– Je te reconnaitrais, ne t’en fais pas, mĂȘme si je dois te revoir dans vingt ans, lui jura-t-il.
– Ah ! Ah ! On verra ça quand on y sera ! En tout cas, tu resteras toujours aussi inimitable ! Allez ! Il leva la main vers le soleil, comme pour trinquer sans verre.  nos rĂȘves et Ă  la paix qui les permettra de les rĂ©aliser !
Dimitri sourit avec lui, levant la piĂšce qu’il lui avait donnĂ© en souhaitant Ă  son tour.
–  nos rĂȘves, Ă  la paix qui les permettra de les rĂ©aliser et Ă  notre prochaine rencontre Claude.
*
Au lieu de se rĂ©veiller dans l’eau, FĂ©lix ouvrit les yeux au sol, debout devant une porte qu’il connaissait bien, bien plus grande qu’elle ne devrait l’ĂȘtre. Il eut le sifflement d’une lame qui s’envolait en l’air, travaillant encore et encore chacun de ses mouvements. Une boule apparut dans sa gorge, devinant qui Ă©tait derriĂšre. Il hĂ©sita
 puis prit son courage Ă  deux mains. Il prit alors la clenche et tira dessus, plus haute qu’avant

À l’intĂ©rieur de la cour remplie de sable, Glenn s’entrainait, maniant habilement son Ă©pĂ©e, son Ă©pĂ©e sur son bras. Garde, feinte, attaque de coupe ou d’estoc, esquive
 tout Ă©tait prĂ©cis, habile, et maitrisĂ©, gravĂ© au plus profond de son frĂšre grĂące Ă  l’entrainement et son gĂ©nie Ă  l’épĂ©e, chaque mouvement en accord avec son style robuste et puissant, fait pour encaisser les coups puis en donner
 le plus jeune avait tentĂ© de se rapprocher de cette maniĂšre de combattre, lui qui basait bien plus sa maitrise sur sa vitesse et des frappes bien placĂ©es avant de se faire toucher

« Eh ! Félix !
L’appel de Glenn l’arracha Ă  sa contemplation
 FĂ©lix avait dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© de Glenn depuis sa mort, de trĂšs nombreuses fois mĂȘme mais, cela se finissait toujours mal
 il ne voulait mĂȘme plus le voir en rĂȘve et le chassait Ă  chaque fois, c’était trop dur de se rĂ©veiller Ă  la fin, mĂȘme quand les songes Ă©taient douloureux
 il voulut le repousser Ă  nouveau, lui hurler qu’il n’était pas Glenn, qu’il n’était pas rĂ©el mais, il n’en eut pas la force, le contrecoup siphonnant toutes ses forces et
 et n’ayant surement plus envie de se disputer avec qui que ce soit pour le moment

– Tu viens ? L’appela son frĂšre, Ă©gal Ă  lui-mĂȘme malgrĂ© sa voix floue, emportĂ©e par le temps. C’est pourtant bien toi qui m’as dit que tu allais me battre quand je reviendrais !
– J’arrive Glenn ! » RĂ©pondit-il, et tant pis si c’était un piĂšge
 il ne voulait pas qu’il parte encore

« Comme toujours, si tu me bats, je me mets à la magie ! »
Il attrapa tout de suite son Ă©pĂ©e d’entrainement et se mit en garde, en miroir avec Glenn
 ça aussi, il avait tentĂ© de le changer
 FĂ©lix avait toujours Ă©tĂ© gaucher, comme une grande partie de leur famille paternelle et leur pĂšre, ce qui une trĂšs bonne chose pour un Ă©pĂ©iste car, on affrontait rarement des personnes maniant leur Ă©pĂ©e Ă  gauche, les formations Ă©taient faites pour les droitiers
 mais Glenn l’était, il faisait tout de la main droite
 FĂ©lix se souvenait d’à quel point il avait tentĂ© d’échanger ses mains pour tout, que ce soit pour Ă©crire ou pour combattre mais, ses gestes devenaient de moins en moins prĂ©cis et il parlait mĂȘme plus difficilement, jusqu’à ce qu’Alix le coince pour le forcer Ă  rĂ©utiliser sa main gauche avant de devenir bĂšgue, surtout que lui-mĂȘme voyait que cela ne lui rĂ©ussissait pas alors, il avait repris sa bonne main, ainsi que sa propre maniĂšre de combattre. Il fit donc face Ă  Glenn ainsi, en miroir avec lui, prĂȘt Ă  lui montrer tous ses progrĂšs de ses derniĂšres annĂ©es

Cependant, quand il l’affronta, le plus jeune ne put s’empĂȘcher d’utiliser les techniques de Glenn, de se battre comme lui

« Je ne pourrais pas le battre sinon  » se persuada-t-il tout seul, sachant qu’il ne lui arrivait pas Ă  la cheville avec les siennes.
Cependant, son grand frùre l’envoya presque tout de suite au sol. Mais pourquoi ?! Il tenait pourtant mieux la confrontation avant ! Pourquoi il n'arrivait plus à lui donner autant de fil à retordre que dix ans auparavant ?!
« Monsieur, qui ĂȘtes-vous ?
La question frappa FĂ©lix en pleine figure. Glenn ne le reconnaissait pas ? Il l’avait pourtant fait tout Ă  l’heure ! Alors pourquoi

– Vraiment, la question est sĂ©rieuse ! C’est pas comme ça que mon petit frĂšre se bat ! Il est vif comme chat et rapide comme l’éclair ! Faut toujours que je fasse attention Ă  tout car il peut surgir de n’importe oĂč ! Ce n’est pas son genre de tenter de bloquer comme ça ! En plus, je dois faire attention Ă  tout vu qu’il est aussi douĂ© avec son Ă©pĂ©e qu’avec ses Ă©clairs ! LĂ , ça sert Ă  rien ! Ce n’est pas lui ! Ce n’est pas toi !
– Glenn
 souffla le plus jeune en ne pouvant empĂȘcher son regard de fuir les yeux de son frĂšre. Je
 je voulais ĂȘtre aussi fort que toi
 je voulais ĂȘtre comme toi

Avec un sourire comprĂ©hensif mĂȘlĂ© Ă  de la tristesse, il souffla en rĂ©ponse :
– Je sais
 je suis dĂ©solĂ© que tu ais cru ça en partant comme ça
 FĂ©lix releva les yeux alors que Glenn lui tendait la main, patient. On remet ça ? Tu m’affrontes vraiment cette fois louveteau ?
FĂ©lix Ă©trangla un petit hoquet dans sa gorge, voyant l’enthousiasme dans les yeux de son frĂšre quand il lui prit la main. Une fois remis sur ses pieds, ils se mirent de nouveau en garde, avant de s’affronter encore une fois. Le combat fut bien plus dur mais aussi bien plus satisfaisant, chacun donnant son maximum contre l’autre. Glenn parait chaque coup que FĂ©lix lui rendait aprĂšs une esquive souple, le bois tapant parfois l’un contre l’autre avant de les frĂŽler, jusqu’à ce qu’une des Ă©pĂ©es s’envole dans les airs pour retomber dans le sable.
– Alors
 Glenn sourit en montrant ses mains vides, se rendant avec joie. Je suis bon pour apprendre la magie. Rit pas trop quand j’essayerais de faire autre chose que de la fumĂ©e, c’est toi le magicien de nous deux.
FĂ©lix haletait, tremblant encore sous l’effort du combat, sentant la force du combat battre dans ses veines mĂȘme si son emblĂšme n’était jamais intervenu
 il
 il avait gagné  il avait gagnĂ© contre Glenn
 Glenn qui

– Je suis trĂšs fier de toi FĂ©lix, sourit-il en baissant les bras, alors que sa voix semblait devenir plus faible, plus lointaine. Tu as vraiment bien grandi
 tu n’as plus Ă  te comparer Ă  moi Ă  prĂ©sent
 tu es bien plus fort quand tu ne m’imites pas

Les larmes dĂ©bordĂšrent de ses yeux quand il lĂącha son Ă©pĂ©e et fonça contre son frĂšre, le faisant presque basculer en arriĂšre alors qu’il enfouissait son visage contre lui en pleurant, s’accrochant Ă  lui. C’était puĂ©ril et enfantin mais, il refusait de le lĂącher et de le laisser partir, pleurant tout ce qu’il voulait lui dire quand il n’était pas rentré 
– J’ai travaillĂ© trĂšs dur
 tous les jours, je m’entrainais pour te battre ! C’était tout ce que je voulais ! Je voulais te battre et enfin ĂȘtre aussi fort que toi ! Je
 je voulais faire comme toi
 ĂȘtre assez fort pour protĂ©ger tout le monde

– Je sais
 et tu y es arrivé  j’aurais aimĂ© pouvoir voir ça aussi
 souffla-t-il en passant sa main dans ses cheveux pour l’apaiser. Mais tu t’es trĂšs bien dĂ©brouillé  mĂȘme quand tu faisais n’importe quoi, tu t’es rattrapé 
– Je sais
 je n’aurais pas dû  sauf pour traiter Lambert de chien errant idiot, il t’a envoyĂ© Ă  la mort avec tout le monde
 c’était encore plus dur avec ça
 t’avais pas Ă  partir
 tu aurais dĂ» rester
 papa ne voulait mĂȘme pas que tu partes
 personne
 c’était pas sa faute
 c’est celle de Lambert et des comploteurs
 mais
 mais
 il enfonça sa tĂȘte encore plus dans ses bras et son Ă©treinte en sanglotant. Je suis dĂ©solé  pour tout le monde
 je suis dĂ©solĂ© pour papa
 je suis dĂ©solé 
– Je suis dĂ©solĂ© aussi de vous avoir laissĂ©s
 j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© que tout se passe autrement
 et maintenant, tu ne recommenceras plus ?
Le plus petit fit non de la tĂȘte, murmurant entre deux sanglots.
– Jamais
 plus jamais
 je ne veux plus le perdre
 personne

– C’est bien FĂ©lix
 tu as bien grandi
 tu te dĂ©brouilleras trĂšs bien

Glenn semblait glisser hors de son Ă©treinte, impossible Ă  capturer comme de l’eau vive et fuyante

Cela ressemblait trop Ă  un adieu.
FĂ©lix serra plus fort son frĂšre dans ses bras, refusant de le laisser partir.
– Ne pars pas
 tu me manques
 tu manques à papa
 tu manques à tout le monde
 ne pars pas
 ne pars pas
 reste avec moi
 s’il te plait Glenn, ne t’en vas pas

– Il le faut louveteau
 je ne serais pas loin
 je ne suis jamais loin

Glenn se dĂ©gagea de son Ă©treinte, se baissant Ă  son niveau alors qu’il hoquetait toujours en pleurant, la vue brouillĂ©e par ses larmes. Il les essuya, puis embrassa doucement sa joue, avant de poser sa main sur son cƓur.
– Je suis là, pas loin, jamais loin
 je serais toujours là, avec toi
 en plus, tu n’es pas tout seul
 et tu ne restes plus tout seul

FĂ©lix entendit alors un murmure, presque silencieux comme le chuchotement d’un ruisseau dans la forĂȘt
 devenant de plus en plus fort
 il se tourna dans sa direction
 on l’appelait
 c’est vrai que cela faisait longtemps qu’il dormait
 il devait se rĂ©veiller maintenant
 il devait l’inquiĂ©ter

Glenn sourit encore en l’encourageant.
– Vas-y
 ne le fait pas attendre
 il doit se faire un sang d’encre pour toi

FĂ©lix accepta, mĂȘme s’il posa une derniĂšre question.
– On se reverra grand frùre ?
– J’en suis sĂ»r
 tu verras, on sera rĂ©uni un jour tous ensemble, j’en suis persuadé  papa, maman, Alix, toi et moi, et mĂȘme papi et mamie
 on sera tous rĂ©unis, je te le jure
 d’accord ?
– D’accord
 je t’aime Glenn

– Moi aussi, je t’aime FĂ©lix
 il posa son front contre le sien. Je serais toujours avec toi  »
Les deux frùres s’enlacùrent encore une fois puis, aprùs un dernier regard à Glenn, le plus jeune ressortit dans la cour d’entrainement en fermant la porte derriùre lui, replongeant dans les eaux

Quand FĂ©lix rouvrit les yeux, il se sentait plus lĂ©ger mais, il avait aussi l’impression que mĂȘme son sang avait changĂ©, sentant tout son corps comme s’il Ă©tait diffĂ©rent
 c’était comme s’il Ă©tait dans et en-dehors de sa peau en mĂȘme temps, comme aprĂšs une mauvaise gueule de bois mais, en Ă  la fois pire et plus agrĂ©able
 il tenta de bouger ses jambes, elles agirent comme si elles Ă©taient une
 quand il essaya de les dissocier, elles refusĂšrent et s’emmĂȘlĂšrent ensembles
 DĂ©esse
 qu’est-ce que le contrecoup avait provoqué ?!
« FĂ©lix

La voix toute douce de son pĂšre lui fit ouvrir les yeux
 Rodrigue Ă©tait lĂ , comme toujours, le tenant contre sa poitrine
 il Ă©tait si chaud
 par rĂ©flexe, il s’accrocha Ă  sa veste, comme si les seuls gestes qu’il pouvait faire, c’était de se rapprocher encore et encore de lui pour ne plus le lĂącher
 il se serait surement disputĂ© lui-mĂȘme avant mais lĂ , il s’en fichait d’agir Ă  nouveau comme quand il Ă©tait enfant
 pas quand repoussĂ© Rodrigue et ceux qu’il aimait ne lui avait fait que du mal

– Papa
 grinça-t-il, sentant l’air passer Ă  l’intĂ©rieur de sa gorge de maniĂšre diffĂ©rente. Comment tu
 combien
 et qu’est-ce qui

– Je vais bien, ne t’en fais pas pour moi. Tu es endormi pendant trois semaines. Le contrecoup du miracle a beaucoup affectĂ© ton corps et il a beaucoup changĂ©, tu as encore besoin de repos

– Et tu es restĂ© avec moi tout le temps
 devina-t-il.
– La plupart du temps, mĂȘme si Alix m’a remplacĂ© de temps en temps

– Je sais
 je le sentais quand tu n’étais pas là

Il allait commencer Ă  dire quelque chose mais, FĂ©lix le coupa tout de suite.
– N’essaye mĂȘme pas de t’excuser
 tu ne pouvais pas rester dans le lac tout le temps, marmonna-t-il en sentant l’eau tout autour d’eux. Qu’est-ce qui s’est passé 
– Et bien
 il baissa les yeux, les posant vers ses jambes, ayant du mal Ă  expliquer ce qui lui Ă©tait arrivĂ©.
FĂ©lix regarda ses jambes, ne les vit pas sous l’eau alors, il les bougea encore, tentant de les ramener vers lui, jusqu’à ce qu’il sente ce qu’il percevait comme Ă©tant ses pieds, remplacĂ© par un voile semblable Ă  celui de certains poissons
 il remonta un peu sur ses chevilles et sentit encore des Ă©cailles
 ah
 d’accord
 ça expliquerait pourquoi il avait l’impression qu’il respirait Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de sa poitrine, alors qu’elle Ă©tait complĂštement immergĂ©e

– Alors, ça a provoquĂ© ça cette fois

– Elle s’est stabilisĂ©e depuis quelques jours mais, comme tu ne te rĂ©veillais pas, on a prĂ©fĂ©rĂ© te laisser dans le lac, souffla Rodrigue, essayant de le mĂ©nager un peu.
– Hum
 reste plus qu’à voir ce qui se passe quand j’en sors.
– Tu es sĂ»r ? Ce n’est pas trop tĂŽt ? Et si

– Ça va aller, lui assura son fils. Et si quelque chose se passe mal, tu seras là pour me remettre dans le lac

Son pĂšre eut un instant de silence avant d’hocher la tĂȘte, le prenant dans ses bras pour le soulever hors du cocon protecteur du lac. FĂ©lix s’accrocha Ă  son cou pour ĂȘtre plus stable, voyant un peu mieux tous les changements sur son corps ainsi, les sentant palpiter dans sa gorge et sa poitrine.
– Tu es prĂȘt ? Lui demanda-t-il avant de le tirer hors de l’onde.
– 
oui
 je suis prĂȘt

FĂ©lix ferma les yeux alors les yeux en attendant le contact avec l’air. MĂȘme si ça se passait mal, Rodrigue Ă©tait lĂ . Glenn et Fraldarius aussi veillaient sur lui. Il les avait tous retrouvĂ©s

*
Une fois Derdriu sauvĂ©e, l’armĂ©e royale dut se dĂ©pĂȘcher d’aller reprendre Arianrhod alors que l’Empire tentait de la remplir de soldats. Il Ă©tait de plus en plus sur le qui-vive
 apparemment, d’aprĂšs le dernier rapport de Lorenz, beaucoup de dĂ©fections s’opĂ©raient dans le camp d’Eldegard quand elle Ă©tait revenue gravement blessĂ©e.
« Leur raisonnement est fort simple, avait-t-il dĂ©clarĂ©. Le plus fort doit ĂȘtre le chef alors, que vaut un chef qui enchaine Ă  prĂ©sent les dĂ©faites, lourdement blessĂ© et qui ne peut plus se battre pour le moment ? Ils ne suivent que la force et celui qui l’a, et cette force est en train de changer de camp alors, eux aussi. »
Si FĂ©lix avait Ă©tĂ© lĂ , Dimitri Ă©tait sĂ»r qu’il aurait eu une rĂ©plique cinglante sur les chiens errants
 enfin, pour le coup, cela les arrangeait. MĂȘme si ce n’était pas des alliĂ©s fiables, cela faisait des hommes en plus dans leur armĂ©e et en moins dans celles d’Eldegard
 enfin, il devait rester mĂ©fiant, surtout que l’ImpĂ©ratrice et Hubert Ă©taient Ă  prĂ©sent aux abois, des rĂ©voltes explosant dans tous l’Empire, menĂ©es par les anciens aigles de jais. D’aprĂšs leurs derniĂšres informations, Petra Ă©tait mĂȘme parvenue Ă  chasser les impĂ©riaux de Brigid
 c’était dĂ©jĂ  ça.
Enfin, le principal Ă©tait qu’Eldegard ne pouvait plus compter uniquement sur la terreur qu’elle inspirait pour tenir son empire, plus aprĂšs toutes ses dĂ©faites, Hubert et elle allaient devoir nĂ©gocier pour obtenir des soutiens. Chaque dĂ©faite les rendait un peu plus faibles Ă  chaque fois. Les faerghiens et les leicesters devaient en profiter, surtout maintenant qu’ils avaient repris pour de bon le verrou d’Arianrhod. Cependant, avant cela, Dimitri devait encore assurer le maintien de la frontiĂšre, et rĂ©gler des questions administratives vis-Ă -vis de l’Alliance avec les Charon. S’il avait bien compris, ils avaient rĂ©ussi par il ne savait quel miracle Ă  sauver une grande partie des documents fiscaux et juridiques du Royaume mais bon, ils Ă©taient prĂ©sents partout dans l’administration. Qu’ils aient des copies de tout ne l’étonnerait pas tant que ça
 et ils Ă©taient assez une grande famille au sens mĂȘme numĂ©rique avec plus d’une trentaine d’adultes dans ses rangs, le tout en Ă©tant trĂšs uni. Ça aussi, ça aidait pour ĂȘtre efficace et au courant de tout.
« Il faudra que je leur rende visite dĂšs que possible
 songea le prince en travaillant dans son bureau Ă  Arianrhod, quelques jours aprĂšs la bataille. Nous devrons dresser un grand inventaire gĂ©nĂ©ral du Royaume
 Eldegard a tout dĂ©truit sur son passage, nous devons savoir ce qui nous reste comme ressources pour tout reconstruire  »
Il Ă©crivait toutes les lettres qu’il devait envoyer aux quatre coins du Royaume, afin de garder contact avec tous les seigneurs et faire sentir sa prĂ©sence : trois lettres de rapports aux Fraldarius, une lettre appelant un des bataillons stationnĂ©s Ă  la capitale vienne en renforts Ă  Arianrhod, une lettre pour demander l’état des relations avec les srengs et la reine Thorgil au margrave Gautier, une pile de lettres variĂ©s au sujet de l’administration pour les Charon
 encore et encore des documents administratifs
 l’écriture Ă©tait si petite
 mais il ne pouvait pas se permettre de gaspiller du papier, encore moins pour les documents Ă©crits sur du parchemin, c’était bien trop prĂ©cieux !
Au bout d’un moment, Dimitri fut obligĂ© de poser sa plume, se frottant son Ɠil restant. Mercedes et Manuela lui avaient donnĂ© des gouttes pour les yeux afin de rendre le travail administratif moins fatiguant pour sa vue mais, elles avaient leurs limites
 il aurait prĂ©fĂ©rĂ© continuer mais, il Ă©tait Ă©puisé 
Le jeune homme sortit se promener un peu, se dĂ©tendant les jambes dans les zones dont les piĂšges avaient Ă©tĂ© dĂ©sactivĂ©s. La plupart Ă©tait connue des faerghiens mais, certains avaient Ă©tĂ© rajoutĂ© par CornĂ©lia alors, ils Ă©taient bien plus compliquĂ©s Ă  dĂ©sarmer. La prĂ©sence de Pan parmi eux Ă©tait une bĂ©nĂ©diction, cet homme arrivait Ă  « court-circuiter » la technologie de CornĂ©lia, mĂȘme si Dimitri ne savait pas forcĂ©ment ce qu’il voulait exactement dire par « court-circuiter »  surement du jargon spĂ©cifique aux inventeurs
 mĂȘme s’il devait se renseigner. Hanneman devrait savoir, ou au moins une de ses connaissances de confiance

Il parcourait la forteresse quand il tomba sur Pan, assit par terre en regardant les Ă©toiles qui commençaient Ă  se montrer, une bouteille Ă  cĂŽtĂ© de lui, un petit tas de matiĂšre surement rĂ©cupĂ©rĂ© sur les installations de CornĂ©lia sur les genoux. Pour quelqu’un qui avait vĂ©cu dans le dĂ©sert, il ne craignait pas le froid, portant des vĂȘtements pratiques et protecteurs pour son travail mais, pas forcĂ©ment trĂšs chauds. Il fallait dire, il avait passĂ© ces derniers jours Ă  dĂ©samorcer la moindre installation suspecte, il devait avoir transpirĂ©. L’inventeur voulut se relever quand il le vit mais, Dimitri lui assura.
« Restez assis, vous ĂȘtes surement Ă©puisĂ©.
– Je ne suis pas le seul. Vous semblez aussi fatiguĂ©. Votre Ɠil est tout rouge. Vous avez fait beaucoup de travail administratif je suppose ? Devina-t-il.
– Mmmhhnn
 oui, je dois avouer que lire trop longtemps me fait mal aux yeux
 je fatigue vite, mĂȘme avec des gouttes.
– Je m’en doutais. Je connaissais quelqu’un qui ne lisait pas facilement, il fatiguait vite et avait toujours des yeux rouges aprĂšs
 il avait beau se mettre de la potion, rien Ă  faire jusqu’à ce qu’il arrive mieux Ă  lire et qu’il en prenne l’habitude. Ce n’est pas grand-chose mais, peut-ĂȘtre que regarder autre chose que des pages et des pages Ă©crits en tout petit vous fera du bien.
– 
hum, vous avez surement raison. »
Dimitri se laissa un peu tomber contre le mur, s’appuyant contre tout en gardant une petite distance avec Pan de son bon cĂŽtĂ©. Il le connaissait encore assez peu, et mĂȘme s’il avait prouvĂ© sa fidĂ©litĂ© en combattant CornĂ©lia et en apprenant Ă  d’autres Ă  dĂ©sarmer sa technologie, il n’était pas encore parfaitement Ă  l’aise avec lui. Cependant, il n’avait pas tort, regarder le ciel Ă©toilĂ© lui fit du bien Ă  l’Ɠil, et c’était reposant de juste ce poser. Ils ne se dirent rien pendant un moment, Pan continuant Ă  trafiquer ce qu’il avait dans les mains, s’interrompant juste de temps en temps pour boire une gorgĂ©e de sa bouteille. À l’odeur, c’était de l’alcool mais, il ne semblait pas devenir ivre
 Dimitri savait que son pĂšre et son oncle tenaient trĂšs bien l’alcool mais Pan, cela semblait ĂȘtre une autre catĂ©gorie
 quel homme Ă©trange
 comme son continent, rempli de mystĂšre
 l’un des plus connu Ă©tait la longĂ©vitĂ© de ses habitants, la rumeur voulant qu’une mĂȘme personne pouvait voir naitre et mourir toute une lignĂ©e sur dix gĂ©nĂ©rations
 les habitants dĂ©mentaient cette lĂ©gende mais, cela correspondrait bien Ă  Pan. Plus il cĂŽtoyait cet homme, plus Dimitri le trouvait impossible Ă  mettre dans une case pour son Ăąge, ayant une apparence semblant trop jeune pour tout le savoir qu’il avait accumulĂ© et sa sagesse

« Que faites-vous ? Lui demanda-t-il au bout d’un moment en le voyant trafiquer le matĂ©riel sur ses genoux, alors que son Ɠil devenait un peu moins sec sous la lumiĂšre douce des Ă©toiles et de la Lune.
– Hum
 ? Petite expĂ©rience amusante, j’ai rĂ©cupĂ©rĂ© les matĂ©riaux sur les dalles piĂ©gĂ©es installĂ©es par CornĂ©lia. Je voyais aussi si je pouvais les rĂ©utiliser efficacement. Cela ressemble beaucoup Ă  la magie de Morfis bien qu’elle semble alimentĂ©e par d’autres sortes de magie
 mais
 si je l’en purge
 puis j’ajuste les diffĂ©rents circuits et rĂ©seaux d’énergie

Il marmonna en articulant les diffĂ©rentes piĂšces sur son tablier entres elles, crĂ©ant une sorte de petite crĂ©ature Ă  quatre pattes et avec de grandes oreilles de lapin au sol, une sorte de manivelle dans son dos. Il la tourna un peu puis, relĂącha sa petite bĂȘte sur le sol, et celle-ci se mit Ă  avancer toute seule !
– C’est comme les Titanus
 Mais co
 comment arrivez-vous Ă  faire cela ? le questionna-t-il en rattrapant le petit objet, tremblant un peu malgrĂ© tout en le sentant continuer Ă  bouger ses pattes loin du sol, mĂȘme s’il finit par s’arrĂȘter en mĂȘme temps que la manivelle dans son dos.
– Pour faire trĂšs court et trĂšs simplifiĂ©, la combinaison entre les bons matĂ©riaux, la magie et une force motrice. Ici, c’est une sorte de petit ressort que j’ai remontĂ© avec la clĂ©, ce qui permet Ă  l’énergie emmagasinĂ© dans l’objet de circuler dedans pour le faire avancer, lui expliqua-t-il en montrant les diffĂ©rentes parties de sa crĂ©ation. Ça fait un petit jouet comme ça. Deux de mes amis venaient souvent avec leurs enfants, ils me demandaient souvent d’en fabriquer pour s’amuser. Je pense que je pourrais aussi rĂ©utiliser plusieurs des matĂ©riaux de CornĂ©lia pour crĂ©er des prothĂšses. Cela pourrait ĂȘtre utile aux Ă©clopĂ©s.
– J’ai du mal Ă  croire que la mĂȘme magie puisse autant animer un jouet qu’une arme de guerre
 souffla Dimitri en retournant le pantin, s’imaginant bien des enfants s’amuser avec ce genre d’objet, osant Ă  peine toucher la « clé » de peur de la casser. Et des prothĂšses dites-vous

– On utilise bien le fer autant pour faire une Ă©pĂ©e, des couverts ou des bijoux, et on les forge dans les mĂȘmes fourneaux, lui fit remarquer l’inventeur. Ce n’est pas une question de technique ou de savoir-faire mais, simplement d’utilisation. Toute magie permet de faire des choses extraordinaires, c’est mĂȘme la base de cet art mais, tout dĂ©pend de qui la manie et dans quel objectif. Et oui, c’est ma spĂ©cialitĂ©.
– Cela semblait plutĂŽt ĂȘtre les automates, rĂ©torqua le jeune homme en lui montrant celui qu’il tenait.
– De base, j’étudiais comment renforcer le corps mais, il s’est avĂ©rĂ© que j’étais bien plus douĂ© avec tout ce qui n’était pas organique ou hors du domaine curatif. Ne me demandez jamais de faire de la magie de foi, je provoquerais plus de dĂ©gĂąts qu’autre chose. Je me suis mis Ă  Ă©tudier diffĂ©rentes maniĂšres de renforcer les forces d’un corps humains, puis sur des automates car, j’avais dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  en fabriquer pour m’assister puis
 il laissa Ă©chapper un soupir sombre. Puis j’ai dĂ» apprendre Ă  rĂ©parer les corps brisĂ©s malgrĂ© ma nullitĂ© en magie de guĂ©rison

– Un de vos amis en avait besoin ? Devina Dimitri, la plupart des motivations de Pan avait un lien avec eux, mĂȘme s’il Ă©tait toujours Ă©vasif Ă  leur sujet.
– Oui, une main arrachĂ©e au combat. On ne l’a jamais retrouvĂ©e et il en avait besoin. Alors, avec une autre amie et meilleure des collĂšgues, on a travaillĂ© d’arrache-pied pour lui fabriquer une nouvelle en mĂ©tal
 l’inventeur eut un sourire, et c’était bien la premiĂšre fois qu’il le voyait sourire ainsi. Je crois que je n’oublierais jamais ce jour
 Il Ă©tait tellement heureux d’avoir retrouvĂ© sa main
 hi, hi
 il laissa Ă©chapper un petit rire attendri. La premiĂšre chose qu’il a fait avec, c’était de nous pĂ©trir du pain, de le faire cuire et de le partager entre nous deux pour nous remercier et fĂȘter ça. Il savait Ă  quel point on trouvait ses pains dĂ©licieux.
– Je vous croies, il devait ĂȘtre soulagĂ© de pouvoir Ă  nouveau manier des objets Ă  deux mains, lui assura-t-il, voyant Ă  quel point ce souvenir Ă©tait doux pour Pan. Vous devez ĂȘtre trĂšs habile avec vos prothĂšses pour Ă©galer un miracle des Braves. On dit que le roi Loog lui-mĂȘme a perdu une main au combat mais, Blaiddyd lui-mĂȘme l’a remplacĂ© par une main en glace.
Pan hocha la tĂȘte en rĂ©pondant, un peu Ă©vasif comme souvent :
– Oui, je connais cette histoire. Hum
 il l’observa une seconde, fixant son cache-Ɠil. Je pense que je pourrais aussi vous rendre votre Ɠil.
– Mon
 mon Ɠil ?! S’étonna le borgne. Mais
 mais comment ? C’est bien plus complexe qu’une main !
– Avec pas mal de patience et beaucoup de minutie, oui, mĂȘme si cela demandera des mois de travail pour seulement fabriquer la prothĂšse. Si le nerf optique n’est pas trop endommagĂ©, je pourrais vous raccorder une sphĂšre optique qui remplacerait votre Ɠil, alimentĂ© par la production naturelle de magie de votre corps. Cela pourrait rĂ©soudre vos difficultĂ©s Ă  lire des rapports pendant longtemps, votre champ de vision serait de nouveau complet, et ça empĂȘcherait surement des infections si le globe oculaire a Ă©tĂ© arraché 
Dimitri posa sa main sur le cĂŽtĂ© droit de son visage, sentit le cache-Ɠil de cuir noir, la paupiĂšre brisĂ©e et l’orbite vide en-dessous
 il se souvenait Ă  peine de comment il avait fait
 juste la brĂ»lure de l’infection et sa vision de plus en plus floue
 son besoin de ne pas devenir aveugle pour accomplir sa vengeance
 ses doigts qui
 l’éclair de douleur puis plus rien une fois soigné  il se fichait de son corps Ă  ce moment-là
 tant qu’il pouvait encore servir aux morts comme arme vivante, c’était tout ce qu’il comptait, mĂȘme s’il tombait en lambeau

« Simplex n’avait pas tort en disant que je me considĂ©rais comme l’esclave des morts  »
Avoir deux yeux lui serait trĂšs utile. Rien qu’en combat, cela Ă©liminerait l’angle mort du cĂŽtĂ© de sa main dominante, cela rĂ©duirait les risques qu’un ennemi s’y faufile pour l’attaquer
 et comme le dirait Pan, son travail administratif serait bien moins fatiguant avec deux yeux
 cependant
 est-ce

– Je ne suis pas sĂ»r de vouloir
 ou seulement d’ĂȘtre prĂȘt Ă  avoir un deuxiĂšme Ɠil Ă  nouveau
 cette blessure
 c’est une mise en garde

– Puis-je savoir de quoi ? Tiqua-t-il tout de suite, Ă©tonnĂ©.
– Pour ne pas me perdre Ă  nouveau. Je ne peux pas me permettre de nĂ©gliger Ă  nouveau mon corps, surtout quelque chose d’aussi prĂ©cieux que ma vue

– Si vous avez peur d’abuser des prothĂšses, si ça peut vous rassurer, la douleur de l’opĂ©ration vous fera surement traiter votre corps avec plus dĂ©licatesse, rĂ©torqua-t-il sur un ton un peu abrupt. On n’avait pas grand-chose pour l’anesthĂ©sier sur le coup mais, mon ami a beaucoup souffert quand on a raccordĂ© ses nerfs Ă  sa nouvelle main. De plus et sans vouloir vous offenser, je crois que vous avez suffisamment de cicatrices pour vous rappeler que vous ne devez plus vous perdre dans les tĂ©nĂšbres ainsi. Vous forcez Ă  ne pas vous simplifier un peu l’existence ne vous aidera pas.
– Je me pose un peu la question
 aprĂšs tout ce qui s’est passé  n’est-ce pas trop ? Est-ce que cela n’effacerait pas un peu ce que je suis dans le fond ? MĂȘme si je rĂ©flĂ©chis surement trop

– Je dirais plutĂŽt que vous ĂȘtes tĂȘtu
 Vous aurez toujours votre cicatrice sur le visage, et je ne suis pas capable de reproduire fidĂšlement un organe, il y aura toujours un Ă©lĂ©ment mĂ©canique qui trompera l’illusion. Vous infliger une punition tout seul ne vous aidera pas. Enfin
 je ne peux pas dire que je ne comprends pas un peu
 cela doit ĂȘtre trĂšs compliquĂ© dans votre propre tĂȘte alors, je ne vous dirais rien de plus Ă  ce sujet.
– Merci de comprendre
 et que voulez-vous dire ? Lui demanda Dimitri, parler l’avait toujours bien aidĂ© jusqu’à prĂ©sent. Vous ĂȘtes Ă©galement passĂ© par-lĂ  Pan ?
– Un peu, j’étais un peu comme ça quand j’étais jeune, mĂȘme si j’étais obnubilĂ© par mes recherches au point de nĂ©gliger mes propres Ă©motions et les autres, surtout que ce n’est pas quelque chose d’encouragĂ© dans le clan d’oĂč je viens. Je ne savais mĂȘme pas ce que c’était que d’avoir des amis pendant longtemps. C’est qu’en sortant de ce clan pour un travail que j’ai commencĂ© Ă  comprendre
 je ne voulais pas trop au dĂ©but mais, l’un d’entre eux Ă©tait toujours horriblement tĂȘtu
 autant que vous-mĂȘme
 je me suis liĂ© donc Ă  cette premiĂšre personne, puis Ă  une collĂšgue, puis encore Ă  d’autres
 j’ai appris plein de choses trĂšs simples, comme le simple fait de lever le nez de mes livres pour regarder les Ă©toiles ou apprĂ©cier ce que je mangeais
 je ne comprenais mĂȘme pas ce qui m’arrivait, mais ils m’ont expliqué  sans eux, je serais surement encore dans ce clan oĂč je ne faisais rien de bon pour les autres, et encore moins pour moi-mĂȘme. J’avoue mĂȘme qu’à un moment-lĂ , je me demandais si j’avais le droit d’ĂȘtre leur ami Ă  cause de mon clan
 puis le membre du groupe avec qui je m’entendais le moins bien a Ă©tĂ© le premier Ă  me demander si je ne voulais plus les suivre. Quand j’ai dit « oui », il a ajoutĂ© que je n’allais pas me frapper tout seul avec une hache car, j’avais juste appris ce que c’était d'avoir des Ă©motions et une morale. C’était donner une autre victoire Ă  mon ancien clan que de m’infliger cela car, cela faisait qu’il avait encore une emprise sur moi
 et vous, pourquoi vous infligeriez-vous une punition pareille ?
Dimitri ne rĂ©pondit pas, faisant tourner ses mots dans sa tĂȘte, s’agitant avec celui des morts, alors que Pan finissait sa bouteille.
– Je ne suis pas le mieux placĂ© pour parler, et c’est Ă  vous de dĂ©cider ce que vous voulez mais, je vous rĂ©pĂ©terais juste les mots qu’il m’a dit ce jour-lĂ  « C’est ta vie, pas la leur. Et s’ils te disent que c’est la leur, dis leur d’aller se faire foutre. ».
Dimitri ne put s’empĂȘcher de lĂącher un rire devant cette remarque, voyant trĂšs bien FĂ©lix capable de lui sortir quelque chose de ce genre-lĂ . Il lui avait dit Ă  peu prĂšs la mĂȘme chose aprĂšs tout quand il s’était rĂ©veillĂ©, comme Rodrigue. Cependant, Dimitri s’excusa tout de suite, ne voulant le vexer.
– Je vous demande pardon, je ne voulais pas me moquer de vos conseils
 Cela me fait juste penser à quelqu’un que je connais trùs bien aussi, il m’a dit quelque chose de semblable il y a peu. Votre ami semblait avoir beaucoup de caractùre.
– C’est moins qu’on le puisse dire, sa petite Ă©tait pareille, c’est de famille. Il a cependant ajoutĂ© juste aprĂšs « ne reste pas tout seul au milieu des problĂšmes. », complĂ©ta le morfisien en se levant, le visage neutre. Enfin, c’est Ă  vous de voir. Ma proposition reste toujours en tout cas. Pour ma part, je vais dormir
 la journĂ©e a Ă©tĂ© longue.
– Bien sĂ»r

Dimitri lui tendit le petit jouet qu’il avait gardĂ© entre ses doigts mais, Pan le refusa en dĂ©clarant.
– Gardez-le, pour vous rappeler aussi quelques petites choses. Bonne nuit fils de Loog.
– Merci
 Bonne nuit Pan, lui souhaita-t-il à son tour.
Le jeune homme resta encore un peu Ă  regarder les Ă©toiles, puis rentra dans sa chambre pour se reposer aussi. Il en parlerait avec ses amis demain, il y verrait surement plus clair ainsi

*
AprĂšs quelques semaines passĂ©es Ă  Arianrhod pour bien sĂ©curiser et rĂ©organiser la frontiĂšre, l’armĂ©e royale remonta vers Fhirdiad. La route de l’Empire passant par Arundel Ă©tait bien trop incertaine et semĂ© de zones oĂč leurs armĂ©es seraient trop Ă  dĂ©couvert, et le prince devait rĂ©affirmer sa prĂ©sence en Leicester afin de s’assurer de leur fidĂ©litĂ©. Avec tout ceci, mieux valait traverser le grand pont de Myrddin, passer le Fort Merceus puis de faire tomber Enbarr. Ce serait difficile mais, ils devaient tout faire pour renverser Eldegard afin d’arrĂȘter cette guerre ! Mais avant, Dimitri voulait rĂ©gler certaines choses au clair et surtout voir comment ils allaient.
Ce fut ainsi que les lions se sont de nouveaux retrouvĂ©s Ă  faire route vers Fort Egua avec Gilbert, tous s’inquiĂ©taient pour Rodrigue et FĂ©lix. Ils se faisaient annoncer Ă  la forteresse ducale quand ils entendirent la voix de l’épĂ©iste rĂąler, grognant surement aprĂšs Pierrick.
« Je me sens beaucoup mieux ! Je peux retourner au travail ! Je ne peux pas passer ma vie à dormir dans le lac !
– Vous tremblez encore sur vos jambes ! RĂ©torqua effectivement le mĂ©decin. Et on ne sait pas encore si le contrecoup est fini ! Quelque chose change tous les jours ! Alors, pour l’amour de la DĂ©esse et des Braves, reposez-vous encore un peu louveteau !
– Tu devrais l’écouter FĂ©lix, lui conseilla son pĂšre. Tes jambes sont encore trĂšs instables et tu tombes encore souvent. Je sais que c’est frustrant mais, il faut que tu attendes qu’elles se stabilisent avant de reprendre l’entrainement ou mĂȘme le travail avec nous.
– Tu dis ça car tu peux faire autre chose de tes dix doigts depuis le mois dernier ! Je t’assure que je me sens bien ! En plus, on est encore en guerre, je ne peux pas rester Ă  rien faire comme ça ! Et toi aussi, fait attention, t’as pas gardĂ© ce que tu as avalĂ© hier !
– Dit celui qu’on a dĂ» littĂ©ralement repĂȘcher Ă  la mĂȘme date. T’es bien le portrait de FĂ©licia sur ta santĂ© tient, ajouta Alix. Repose-toi maintenant et tu pourras nous aider plus aprĂšs. Nous aussi, on a du mal avec cette idĂ©e mais, on t’assure que ce sera mieux pour tout le monde.
– C’est surtout l’hĂŽpital qui se fout de la charité  marmonna-t-il en apparaissant en haut des escaliers avec son pĂšre, son oncle et le mĂ©decin.
Les cheveux de FĂ©lix avaient beaucoup poussĂ© en quelques mois Ă  peine, sa tresse semblant tomber au milieu de son dos Ă  prĂ©sent, comme avant la guerre. Il semblait aussi plus frĂȘle mais, c’était surement parce qu’il portait une couverture sur ses Ă©paules, en plus d’Aegis qui y Ă©tait accrochĂ©. Rodrigue lui semblait complĂštement guĂ©ri, tenant le bras son fils pour Ă©viter qu’il tombe dans les escaliers, ce dernier ayant un pas hĂ©sitant, comme s’il n’avait plus marchĂ© depuis longtemps. Dimitri ne put s’empĂȘcher de sourire malgrĂ© tout
 cela faisait du bien de les voir Ă  nouveau s’occuper l’un de l’autre comme ça. MĂȘme si Pierrick et les jumeaux n’avaient clairement pas tort, FĂ©lix avait encore besoin de beaucoup de repos.
Toute la famille les accueillit avec chaleur en leur demandant des nouvelles et comment ils allaient. Dimitri, Ingrid et Sylvain se firent une joie d’embrasser FĂ©lix et les jumeaux, leur retournant la question sur leur Ă©tat de santĂ©.
« Si je puis me permettre Votre Altesse, ajoutez un treiziÚme point aux Kyphonis Corpus : « chaque Fraldarius doit impérativement apprendre à se reposer », je gagnerais un temps fou, marmonna Pierrick.
– J’y penserai, surtout qu’ils en ont besoin, lui promit Ă  moitiĂ© Dimitri. Comment vous sentez vous ?
– Longue histoire mais, je vais mieux et je n’ai plus mal, rĂ©suma FĂ©lix en premier. Pour le moment, il faut surtout que mon corps encaisse le contrecoup du miracle et que je m’y habitue.
– Et vous devez aussi vous reposer pour ça, ce que je me tue Ă  vous rĂ©pĂ©ter mais bon, vous le connaissez Votre Altesse, le repos n’est pas dans son vocabulaire, le reprit le mĂ©decin.
– Je me repose un peu ! Je fais dĂ©jĂ  l’effort de ne pas m’entrainer, et je m’endors tout de suite dans le lac ! Je ne peux pas passer mon temps Ă  rien faire ! Contra l’épĂ©iste. DĂ©jĂ  que je ne peux plus m’éloigner d’un point d’eau

– Toi, ne pas t’entrainer, c’est possible ? Le taquina Sylvain avant d’ajouter plus sĂ©rieusement. Enfin, tu ferais mieux de dormir encore dans le lac pour pouvoir ĂȘtre d’autant plus d’attaque aprĂšs.
– Grhmf
 dĂ©jĂ  que je ne peux pas participer au combat contre l’Empire, ne me parle mĂȘme pas de dormir
 j’ai dĂ©jĂ  passĂ© trop de temps Ă  ça ces derniĂšres semaines.
– C’est important, sauf si tu veux finir impotent à vie ! Le reprit Ingrid. Tu tiens à peine debout !
– Ça, c’est autre chose mais, je vous montrerai plus tard, rĂ©torqua-t-il en rajustant sa couverture.
– D’accord mais, ça n’empĂȘche pas que tu dois te reposer, insista tout de mĂȘme Dimitri avant de se tourner vers le pĂšre de l’épĂ©iste. Et vous seigneur Rodrigue ? Comment allez-vous ?
– Beaucoup mieux, le lac a fait des miracles sur ma blessure, lui assura-t-il. Je ne peux toujours pas combattre à nouveau et je dois faire attention quand je mange mais, j’ai pu me remettre au travail administratif et aux comptes pour aider Alix. Et vous, comment allez-vous ? Que pouvons-nous faire pour vous aider ?
– Bien mieux aussi, merci beaucoup. Et nous aimerions vous entretenir tous deux de
 certaines choses. Ce sera surement assez long

Pierrick comprit vite qu’il ne devait pas entendre cette conversation et s’excusa, alors que Rodrigue proposa, anticipant peut-ĂȘtre ce qui allait arriver.
– Bien, allons alors dans la petite piĂšce de sĂ©jour avec un peu de thĂ©, nous rentrerons tous et nous serons tranquilles pour discuter.
– C’est une bonne idĂ©e
 accepta Dimitri.
Ils allĂšrent tous ensemble dans la piĂšce, mĂȘme si FĂ©lix eut besoin d’aide pour se dĂ©placer. Ses jambes Ă©taient vraiment faibles, il tenait Ă  peine dessus et avait du mal Ă  avancer, bien qu’il refusa qu’on le porte, marmonnant qu’il n’était tout de mĂȘme pas infirme, juste fatiguĂ©.
« L’hĂ©morragie Ă©tait pourtant au niveau de son torse, pas de ses jambes
 songea Dimitri en le regardant accepter l’aide de Sylvain au final. Le contrecoup du miracle a dĂ» les modifier
 espĂ©rons que ce ne soit pas trop douloureux  »
Les jumeaux les firent rentrer dans la piĂšce avec des bancs et des chaises avec des coussins, devant un peu chasser les chats qui y dormaient pour laisser les lions s’installer. Le thĂ© arriva vite, puis ils fermĂšrent la porte pour prĂ©server l’intimitĂ© de leur conversation. Mercedes les servit tous, alors que Rodrigue demandait.
« Merci beaucoup. De quoi voulais-tu nous entretenir ?
– Avant de vous poser des questions, j’aimerais que
 que vous me promettiez d’ĂȘtre le plus honnĂȘte possible.
– Hum
 si tu nous le demandes, on imagine que ça doit ĂȘtre un sujet trĂšs sensible car sinon, tu saurais qu’on est honnĂȘte avec toi, rĂ©torqua Alix en le regardant par-dessus sa tasse, mĂ©fiant. Si tu nous disais dĂ©jĂ  sur ce quoi tu veux qu’on te dise tout, histoire qu’on ne fasse pas une promesse dans le vide ?
– Et bien
 j’aimerais parler de mon pùre
 mais aussi de ma belle-mùre et
 et de sa famille

Un silence trĂšs lourd s’installa entre les deux jumeaux, se jetant un regard qui devait signifier mille mots pour eux, alors que FĂ©lix fronça les sourcils en demandant, toujours enveloppĂ© dans sa couverture qui le recouvrait entiĂšrement.
– Depuis quand tu as une belle-mĂšre ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
– C’est Ă  cause de ce qu’a dit Arundel Ă  Dimitri, commença Sylvain. Tu sais surement qu’on l’a affrontĂ© Ă  Derdriu.
– Oui, et il est mort ce connard, bon dĂ©barras, rĂ©torqua-t-il, un regard assassin lui Ă©chappant en pensant Ă  cet homme. Et il avait le mĂȘme dĂ©guisement de peau que CornĂ©lia. Merci, je lis le courrier mais, je ne voie pas le rapport entre lui, une belle-mĂšre de Dimitri et sa famille.
– Et bien
 le seigneur Arundel a dit qu’Eldegard Ă©tait la sƓur par alliance de Dimitri
 lui annonça Ashe, la voix hĂ©sitante.
Dimitri crut que FĂ©lix allait lĂącher sa tasse Ă  sa rĂ©action. Ses yeux s’exorbitĂšrent de surprise, avant de rĂ©trĂ©cir Ă  nouveau de rĂ©flexion, puis de colĂšre et d’atterrement. Il avait surement compris pourquoi son pĂšre avait mis autant de temps Ă  bannir Arundel Ă  l’époque. Avant qu’il ne puisse reprendre la parole, Dimitri regarda les jumeaux, restĂ©s silencieux mĂȘme si Ă  leurs expressions, ils discutaient entre eux sans un mot.
– C’est pour ça que je vous demande d’ĂȘtre honnĂȘte. Je sais que vous ĂȘtes au courant de tout ceci, comme tous les proches de mon pĂšre Ă  part les Charon.
– Ça ne nous explique pas pourquoi tu insistes tant pour qu’on soit honnĂȘte, rĂ©torqua Alix.
– Je sais que sur la fin c’était
 compliquĂ© entre vous et mon pĂšre
 et je sais aussi que vous aviez surement un avis diffĂ©rent du sien. Et je ne veux pas que vous me mĂ©nagiez Ă  ce sujet. J’ai entendu suffisamment de mensonges et de demi-vĂ©ritĂ©. Je veux entendre toute la vĂ©ritĂ© de votre part, mĂȘme si elle doit me faire mal. Je l’accepterais et je ne la fuirais pas. Je veux juste comprendre un peu mieux ce qui a pu se passer et tout ce que j’ai entendu et appris. Pour cela, j’ai besoin d’honnĂȘtetĂ©, pas de paroles rassurantes, mĂȘme si ce sera surement trĂšs dur Ă  entendre. Pouvez-vous me le promettre ?
Les jumeaux Ă©changĂšrent encore un regard, avant d’hocher la tĂȘte.
– Bien, rĂ©pondit Rodrigue pour eux deux. Nous serons aussi honnĂȘtes que tu le demandes. Et oui, nous Ă©tions au courant pour ta belle-mĂšre
 mĂȘme si nous nous y sommes opposĂ©s dĂšs le dĂ©part.
Dimitri ne pouvait pas se plaindre de sa franchise, il se doutait mĂȘme un peu que ce serait l’avis des jumeaux sur la question aprĂšs y avoir rĂ©flĂ©chi de son cĂŽtĂ© mais, l’entendre faisait toujours mal. Il se ressaisit assez vite, ne pouvant pas dĂ©jĂ  laissez tomber, il devait tenir.
– Mais
 mais comment tout ça est-il arrivé ? Demanda Ingrid. Ce
 cela semble fou comme situation ! Et trĂšs dangereux ! Et surtout, qui s’était ?
– C’est vrai que je ne vous ai pas raconté  se souvient Dimitri. Comme vous le savez, ma mĂšre biologique, HĂ©lĂ©na Alexanne Charon, est morte peu de temps aprĂšs ma naissance de la peste. Ma belle-mĂšre, Anselma, Ă©tait une des concubines de l’empereur Ionius avec qui elle a eu Eldegard mais, Ă  cause des rivalitĂ©s entre concubines et le jeu politique au sein du harem, elle a Ă©tĂ© forcĂ©e de fuir l’Empire, mĂȘme si elle n’a pas pu emmener sa fille. Quand elle est arrivĂ©e dans le royaume avec l’aide de son frĂšre et du marquis Von Vestra de l’époque, elle est allĂ©e demander de l’aide Ă  mon pĂšre. Ils ont continuĂ© Ă  se voir et ils sont tombĂ©s amoureux. Ils se sont donc mariĂ©s de maniĂšre morganatique mais, pour passer inaperçue, elle a pris le nom de Patricia Arnim et s’est faite passer pour la cousine de la vraie CornĂ©lia, qui Ă©tait Ă©galement dans la confidence et qui avait beaucoup aidĂ© ma belle-mĂšre quand elle est arrivĂ©e Ă  Faerghus.
– Quoi ?! Tu veux dire que c’était Patricia ? Hoqueta de surprise Ingrid avant de passer sa main devant ses yeux. DĂ©esse
 ça explique tellement de choses

– Quoi donc ? Leur demanda Annette, Ă©coutant tout attentivement.
– Trop long Ă  raconter maintenant, marmonna FĂ©lix en fronçant le nez.
– Tout de mĂȘme, quelle histoire que le roi de Faerghus tombe ainsi amoureux d’une ancienne concubine impĂ©riale en fuite et qu’ils se marient, murmura Mercedes. Et seuls ses plus proches conseillers et amis Ă©taient au courant ?
– AprĂšs, c’est la version que m’a donnĂ© mon pĂšre. Je ne sais pas si elle est romancĂ©e ou non

– Dans les grandes lignes et les faits, non. C’est Ă  peu prĂšs l’histoire si on simplifie les choses, rĂ©pondit Rodrigue, mĂȘme s’il semblait remuer de mauvais souvenir. Et oui, seul le cercle le plus proche du roi Ă©tait au courant, mĂȘme si les Charon n’ont jamais su pour son mariage avec Patricia. Ils tenaient Ă©normĂ©ment Ă  HĂ©lĂ©na, mĂȘme encore aujourd’hui, c’est une fratrie trĂšs unie, et HĂ©lĂ©na a toujours rempli son rĂŽle de reine Ă  la perfection. Ses frĂšres et sƓurs n’auraient pas apprĂ©ciĂ© qu’elle soit remplacĂ©e par une femme dont on ne savait rien Ă  part qu’elle Ă©tait le sosie de leur sƓur, et encore moins si elle Ă©tait de confiance. Ce n’était pas l’intention de Lambert mais, c’était un vĂ©ritable camouflet pour eux, et ils auraient pris son mariage pour une insulte envers HĂ©lĂ©na. En plus, mĂȘme au niveau du droit, l’union avec Anselma restait trĂšs bancale. Bien qu’ils soient sĂ©parĂ©s, elle Ă©tait encore mariĂ©e Ă  Ionius selon le droit adrestien, et le droit royal interdit la bigamie. Ils connaissent parfaitement le droit et la justice, la fratrie Charon Ă©tait trĂšs dangereuse pour eux deux si le comportement d’Anselma Ă©tait indigne d’une reine, ou n’arrivait pas au niveau d’HĂ©lĂ©na.
– Dans un sens, je les comprends, mĂȘme si c’est dur de l’accepter, soupira tristement la magicienne rousse. Le mariage Ă©tait en partie illĂ©gal, et cela doit ĂȘtre dur d’avoir l’impression qu’un membre de sa famille qu’on aime se fait remplacer, encore plus si elles se ressemblaient toutes les deux

– Physiquement seulement, c’était le jour et la nuit pour le caractĂšre, elles se seraient surement dĂ©testĂ©es toutes les deux
 et DĂ©esse, encore heureux que les frĂšres et sƓurs Charon ne lui aient jamais beaucoup parlé  ça aurait Ă©tĂ© encore pire s’ils avaient dĂ©couvert le pot aux roses, marmonna Alix. En plus, il y avait le risque qu’elle tombe enceinte de Lambert et lĂ , ça aurait compliquĂ© la succession, surtout s’il avait un emblĂšme. Le mariage avec Anselma Ă©tait morganatique alors, Dimitri restait le plus lĂ©gitime en Ă©tant l’ainĂ© et issu de son mariage officiel avec la reine mais, c’était toujours un problĂšme. Heureusement que le cas de figure n’a jamais eu lieu mais sinon, on aurait Ă©tĂ© mal de dĂ©cider de son sort
 si les fhirdiadiens nous en laissaient le temps. HĂ©lĂ©na a beaucoup agi en la faveur des roturiers, et a beaucoup fait pour empĂȘcher la corruption alors, elle Ă©tait trĂšs aimĂ©e, lĂ  oĂč Anselma, on ne va pas se mentir, d’un point de vue extĂ©rieur, elle pouvait ressembler Ă  une maitresse. Les fhirdiadiens auraient surement aussi pris la nouvelle comme une insulte et ils auraient pu aller demander des comptes Ă  Lambert eux-mĂȘmes.
– Mais mĂȘme avec Adrestia, ce n’était pas dangereux que l’épouse du roi de Faerghus soit aussi une ancienne Ă©pouse de l’Empereur ? Demanda Annette
– Si, Ă©videmment, c’est mĂȘme pour ça qu’on Ă©tait contre ce mariage, rĂ©pondit encore Alix, son ainĂ© le laissant rĂ©pondre. Qu’elle reste Ă  Faerghus, d’accord mais, pas comme l’épouse du roi. Il aurait Ă©tĂ© beaucoup plus prudent qu’elle reste sous la protection d’un seigneur mineur, cela aurait Ă©tĂ© bien plus discrets et moins compromettant si quelqu’un dĂ©couvrait la vĂ©ritĂ©. Si Ionius l’apprenait et voulait qu’on la lui rendre, on aurait toujours pu la renvoyer en feignant l’ignorance mais lĂ , ce n’était pas possible si c’était l’épouse du roi. De plus, Lambert l’aurait toujours dĂ©fendue, mĂȘme si Ionius tapait Ă  notre porte avec une hache en criant qu’on l’avait enlevĂ©e.
– Mais elle Ă©tait pourtant lĂ  volontairement ! S’étonna Ashe. Et vous auriez vraiment rendu comme ça ? Sans la dĂ©fendre ? Elle n’a pas dĂ» fuir sans raison

– Oui, et ? Lui demanda le second jumeau avec un air blasĂ©. C’est pas comme si la raison la plus conne du monde suffisait pour envahir les voisins car, on peut le faire avec sa grosse armĂ©e et sa grosse hache
 c’est pas comme si l’Ionius avait pris la premiĂšre occasion pour montrer les muscles dĂšs qu’il est arrivĂ© sur le trĂŽne, le tout pour tenter de nous arracher la Madone d’Argent car, tout le plateau de Brionnic en avait marre de lui et de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Alors bon, quand on les a plumĂ©s de leurs barons bĂ©nis par la Voix GuĂ©risseuse, ils ont pĂ©tĂ© une rĂȘne et ont tentĂ© de rejoindre le Royaume. Ce qui a Ă©vitĂ© la guerre vingt ans en avance, c’est que Ludovic a dĂ©cidĂ© de lui laisser, tout en lui faisant bien sentir qu’il n’hĂ©siterait pas Ă  dĂ©fendre les frontiĂšres royales si nĂ©cessaire, mĂȘme s’il devait monter au front lui-mĂȘme
 et parce qu’Ionius avait Ă©tĂ© terrifiĂ© par la tuberculose de Ludovic. Il avait peur de l’attraper quand Ludovic a fini la rĂ©union avec du sang tout autour de la bouche Ă  cause de ses toux, mĂȘme si ça aurait Ă©tĂ© mieux pour tout le monde qu’il la lui refile
 ça a toujours Ă©tĂ© un couard de premiĂšre.
– Et oui, on sait que ce n’était pas trĂšs humain de renvoyer Anselma en Adrestia mais, si Ionius tentait de rĂ©cupĂ©rer sa concubine et s’en servait comme cassus belli, tout le Royaume aurait Ă©tĂ© danger. Il fallait choisir entre protĂ©ger une personne, au prix de mettre en danger des milliers d’autres que nos familles avaient jurĂ© de protĂ©ger depuis l’origine mĂȘme du Royaume, ou protĂ©ger des milliers de personnes en sacrifiant une personne qui nous avait demandĂ© de l’aide. Nous ne disions pas que c’était une dĂ©cision facile ou bonne mais, il fallait bien en prendre une, et nous, nous aurions choisi de protĂ©ger les faerghiens, quitte Ă  sacrifier Anselma, dĂ©clara Rodrigue avec comprĂ©hension mais, on sentait aussi que c’était l’homme politique qui parlait.
– Vous voulez dire que le roi Lambert aurait prĂ©fĂ©rĂ© prendre le risque de mettre en danger tout son royaume pour elle ? Demanda encore Annette.
– Ce serait une mauvaise maniĂšre de prĂ©senter les choses. Lambert Ă©tait persuadĂ© qu’il pouvait aider et satisfaire tout le monde, et il suivait toujours cette maxime, mĂȘme si ça rendait ses actions incohĂ©rentes, expliqua Rodrigue, n’arrivant pas Ă  cacher l’amertume dans sa voix, Alix ayant l’air de garder ce qu’il avait envie de dire dans sa tasse. Il Ă©tait aussi trĂšs optimiste, mĂȘme quand tout hurlait le contraire alors, il Ă©tait sĂ»r que tout irait toujours bien. Pour Anselma, il Ă©tait persuadĂ© qu’Ionius ne dĂ©couvrirait jamais rien, et que si ça arriverait, on s’en sortirait.
– Ça collerait avec ce qu’on voyait de lui, rĂ©flĂ©chit Ă  voix haute Sylvain. MĂȘme quand j’étais petit, j’étais parfois Ă©tonnĂ© de ce qu’il pouvait faire car, je trouvais ça Ă©trange ou juste trop naĂŻf, comme quand Arundel est venu Ă  Fhirdiad avec
 attend, tu veux dire que la gamine qui Ă©tait avec lui, ton amie El que tu voulais nous prĂ©senter, c’était Eldegard ?!
– Si tel est le cas, je commence enfin Ă  comprendre ce que tu as dĂ» ressentir il y a cinq ans, intervient Mercedes. AprĂšs, Eldegard est la seule famille qui vous reste, n’est-ce pas ? Et qu’une personne aussi spĂ©ciale se rĂ©vĂšle ĂȘtre votre plus fĂ©roce ennemi
 J’imagine Ă  quel point vous avez dĂ» souffrir.
– Oui, mĂȘme si je ne savais pas que c’était la fille de Patricia Ă  l’époque. Mon pĂšre savait mais, je n’étais pas dans la confidence, au cas oĂč je ne serais pas arrivĂ© Ă  tenir ma langue. Eldegard aussi n’était au courant de rien Ă  part que Patricia Ă©tait sa mĂšre. Il y avait Ă  nouveau des tensions Ă  Enbarr alors, les enfants impĂ©riaux Ă©taient envoyĂ©s ailleurs, en sĂ©curitĂ©, et Arundel s’est occupĂ© de mettre en sĂ©curitĂ© sa niĂšce
 mĂȘme si avec ce qui s’est passĂ©, c’était surement dĂ©jĂ  un imposteur
 dĂ©clara Dimitri aprĂšs rĂ©flexion. Ça expliquerait son comportement

– On ne sait pas s’il Ă©tait dĂ©jĂ  remplacĂ© mais, Anselma l’ignorait surement, dĂ©clara Rodrigue. Elle a toujours dĂ©fendu son frĂšre bec et ongle, qu’importe ce qu’il faisait. Elle nous en a Ă©normĂ©ment voulu quand nous avons tout fait pour obtenir son renvoi dans l’Empire, surtout aprĂšs l’affaire de l’Adrestien brĂ»leur d’enfant. Nous nous apprĂ©cions dĂ©jĂ  assez peu mais, nos relations se sont encore plus dĂ©gradĂ©s des deux cĂŽtĂ©s.
– Quel est cette affaire ? Demanda Dedue.
– C’est vrai que tu ne peux pas ĂȘtre au courant ! Se rendit compte Ashe. Elle avait fait grand bruit dans tout le Royaume ! MĂȘme dans le sud, on en parlait comme d’une honte nationale !
– J’en ai aussi entendu parler. Un seigneur de la frontiĂšre adrestienne a pratiquement brĂ»lĂ© vif un enfant d’un proche du roi, il a failli le tuer, raconta Mercedes, ayant Ă©galement entendu parler de cette histoire. Cependant, malgrĂ© le flagrant dĂ©lit, le roi a refusĂ© de le juger ou de l’expulser du pays. Il n’y aurait eu aucune consĂ©quence Ă  son acte, alors que la famille de la victime n’avait pas pu porter plainte car, cela aurait touchĂ© la famille royale. Si je me souviens bien de la fin de l’affaire, il aurait eu une action en civile pour trouble et atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© publique, ainsi qu’agression sur mineur, et il aurait finalement Ă©tĂ© expulsĂ©. MĂȘme dans l’église oĂč j’habitais Ă  l’époque, on ne parlait que de ça
 mais je ne sais pas Ă  quel point c’est dĂ©formé 
– T’as le gros de l’affaire sans les noms. Ce monstre Ă©tait bien Arundel, et on a pas pu porter cette affaire devant un tribunal car, Arundel en savait trop alors qu’on Ă©tait sur le point de s’entretuer sur la frontiĂšre, Patricia lui avait surement racontĂ© tout ce qu’elle savait. En plus, on perdait le procĂšs, on nous aurait accusĂ© de calomnie et de trahison envers la famille royale et pour les Fraldarius, la trahison, c’est la tĂȘte coupĂ©e obligatoire pour les coupables, voir pour tous les adultes de la famille pour l’exemple. On a dĂ» utiliser tout ce qu’on avait Ă  notre disposition pour Ă©loigner toute notre famille de lĂ , mĂȘme Glenn alors qu’il Ă©tait dĂ©jĂ  chevalier. Hors de question de laisser l’un d’entre nous seul Ă  Fhirdiad avec ce monstre.
– C’était donc votre famille qui a Ă©tĂ© attaquĂ©e, comprit Dedue avant de regarder FĂ©lix. Alors, ta marque en Ă©caille

– Humf
 oui, c’est Ă  cause des brĂ»lures d’Arundel, je pensais juste m’entrainer. J’ai Ă©tĂ© trĂšs con pour le coup et je suis tombĂ© dans le panneau des provocations, marmonna FĂ©lix en ramenant la couverture autour de lui, ses gestes l’ayant lĂ©gĂšrement Ă©cartĂ© avant de reprendre une gorgĂ©e de thĂ©. C’est Fraldarius qui m’a sauvĂ©. À ce moment-lĂ  aussi, juste ĂȘtre proche du lac m’aidait Ă  tenir.
– Tu parles, c’est Arundel le seul coupable. C’était censĂ© ĂȘtre un entrainement, pas une bataille Ă  mort ! Cracha Alix. Et Lambert qui gobait toutes les excuses tant que c’était Anselma qui lui disait
 on avoue, on a eu des envies de meurtre quand elle nous a envoyĂ© une charmante lettre, oĂč elle nous assurait que son grand frĂšre Ă©tait complĂštement innocent et que c’était la faute de FĂ©lix s’il Ă©tait dans le coma et couvert de brĂ»lures noires. On doit toujours l’avoir celle-lĂ  d’ailleurs
 Nicola nous avait conseillĂ©s de la garder comme preuve au cas oĂč les choses s’envenimaient encore plus. HonnĂȘtement, ça n’a jamais Ă©tĂ© le grand amour avec Anselma mais aprĂšs cette affaire, la guerre Ă©tait dĂ©clarĂ©e entre nous. C’est pour ça qu’il vaudrait mieux vous mĂ©fier un peu de ce qu’on dit. On ne s’encadrait pas avec Anselma alors, nos dires sont forcĂ©ment biaisĂ©s. Enfin bref, pour retourner au sujet de base, c’est Ă  partir de ce moment-lĂ  qu’Anselma est devenu vraiment distante avec Lambert. Elle lui en voulait d’avoir renvoyĂ© son frĂšre dans l’Empire et Eldegard avec. Elle refusait de lui parler sans CornĂ©lia pour faire un parti en plus de son cĂŽtĂ©.
– Je m’en souviens
 moi aussi, je ne pouvais plus la voir seul Ă  partir de ce moment-là
 et elle Ă©tait beaucoup plus distante aussi
 se rappela Dimitri. Et si je me fie Ă  ce qu’a dit Pan, il y a de grandes chances que CornĂ©lia ait Ă©tĂ© aussi remplacĂ©e Ă  cette pĂ©riode-lĂ , aprĂšs qu’elle soit tombĂ©e dans les escaliers.
– Ça expliquerait ses changements de personnalité  ils n’étaient pas trĂšs gros avec nous donc, on pensait que c’était le choc Ă  la tĂȘte mais, elle Ă©tait toujours assez discrĂšte avec ce qu’elle pensait elle-mĂȘme. Elle devait tout Ă  Lambert dans le Royaume, elle ne pouvait pas se permettre de se mettre en porte-Ă -faux avec lui. Il ne l’aurait jamais renvoyĂ©e mais, elle Ă©tait assez prudente pour savoir qu’elle ne devait pas faire d’écart pour ne pas se mettre Ă  dos des personnes haut-placĂ©es, de peur d’ĂȘtre forcĂ©e Ă  retourner dans l’Empire, raconta Rodrigue. Mais cela expliquerait le revirement total de personnalitĂ© qui a explosĂ© lors du coup d’État. La vraie CornĂ©lia ne se serait jamais alliĂ©e Ă  l’Empire qu’elle a tout fait pour fuir, encore moins Ă  des personnes dĂ©clenchant des guerres sur un coup de tĂȘte.
– Je pense aussi
 elle
 la fausse CornĂ©lia a
 elle a aussi dit que Patricia l’a aidĂ©e
 que c’était elle qui avait voulu

Dimitri dĂ©glutit, luttant de toutes ses forces pour ne pas resombrer quand il dit ses mots. Il avait peur
 peur de ce qu’il pourrait entendre
 les jumeaux tenaient parole, ils Ă©taient honnĂȘtes et disaient ce qu’ils pensaient, ils le voyaient et le sentaient tous
 le jeune homme voulait la vĂ©ritĂ© mais, quelque chose minait son cƓur
 non, il ne devait pas perdre sa dĂ©termination. S’il n’arrivait pas Ă  entendre la vĂ©ritĂ©, il n’arriverait pas Ă  affronter Eldegard. Il devait ĂȘtre aussi dĂ©terminĂ© que Pertinax l’était pour protĂ©ger sa famille, autant que Rodrigue Ă  le protĂ©ger de lui-mĂȘme, autant que FĂ©lix Ă  protĂ©ger son pĂšre de la mort
 s’accrochant Ă  leurs yeux de chats, Dimitri continua.
– La fausse CornĂ©lia a dĂ©clarĂ© que Patricia voulait revoir sa fille plus que tout. Elle a dit que pour la retrouver, elle Ă©tait prĂȘte Ă  tout pour la revoir, et qu’elle avait acceptĂ© de l’aider en Ă©change de la tĂȘte de mon pĂšre
 est
 est-ce que la Patricia que vous connaissiez en aurait Ă©tĂ© capable ?
Les jumeaux ne cachÚrent pas leur surprise, puis réfléchirent, discutant à nouveau des yeux
 leur regard se perdit un peu avant que Rodrigue ne reprenne la parole, roulant son chapelet entre ses doigts.
– Dire que nous nous n’en doutions pas lĂ©gĂšrement serait mentir
 mĂȘme si nous nous sommes aussi demander si ce n’était Ă  cause de notre inimitiĂ© rĂ©ciproque si nous l’accusions ainsi. Puis, nous avons enquĂȘtĂ© pour savoir ce qui s’était passĂ© ce jour-là

– Vous ne pensez tout de mĂȘme pas Ă  ce que vous m’avez racontĂ© avant la bataille de Gronder ? Marmonna Gilbert. Je veux bien qu’aprĂšs ce que nous avons pu entendre, ça vous conforte dans cette hypothĂšse mais

– Tu pourrais aussi la boucler et laisser mon pĂšre et mon oncle parler, rĂ©torqua FĂ©lix en grattant sa poitrine, dissimulĂ© sous sa veste et sa couverture. C’est eux qui ont cherchĂ© Ă  comprendre tout en tenant le Royaume en entier, pendant que toi, tu t’es barrĂ© alors, ferme-lĂ  et Ă©coute.
Au moins, ça confirmait que la famille s’était rĂ©conciliĂ©e. Ça aurait Ă©tĂ© mieux si Gilbert ne s’était pas pris une flĂšche perdue mais, FĂ©lix Ă©tait FĂ©lix. Rodrigue se tourna vers lui, inquiet.
– Cela recommence ? Tu prĂ©fĂšres partir ? AprĂšs tout, on t’a dĂ©jĂ  racontĂ© tout ça

– Non, c’est juste que ça commence Ă  ĂȘtre un peu sec. Je peux encore tenir, je ne suis pas en papier.
– D’accord mais, n’insiste pas si ça devient trop fort, histoire que tu ne t’effondre pas encore, rĂ©torqua Alix. Et avant que Gustave nous coupe, oui, on a menĂ© l’enquĂȘte et comme vous le savez, Anselma fait partie des disparus, comme Glenn mais lĂ , il ne restait vraiment rien d’elle. De plus, rien ne montrait que son carrosse a Ă©tĂ© attaquĂ©. Pour le coup, Lambert nous a bien rendu service en lui donnant une voiture Ă  part
 mĂȘme si cela la rendait plus suspect car bon, pourquoi une dame de compagnie et nourrice du prince devait avoir un carrosse Ă  elle, Ă  part parce qu’elle lui a fait les yeux doux et pour nous donner du travail en plus, je vous le demande mais bref. Ce n’était pas comme les autres disparus qui avaient tous laissĂ© au moins une « preuve » de leur prĂ©sence, pour Anselma, il ne restait littĂ©ralement rien, comme si elle n’avait jamais Ă©tĂ© lĂ , alors qu’on sait qu’elle Ă©tait prĂ©sente. Étant donnĂ© qu’on n’a jamais rĂ©entendu parler d’elle, ni pour une rançon, ni pour en tirer un avantage politique qui aurait Ă©tĂ© nul vu que personne ne l’aurait cru si elle s’était dit femme de Lambert, encore moins quand sa mort en a fait un saint, et que mĂȘme maintenant que sa gamine est impĂ©ratrice, on n’a jamais rĂ©entendu parler d’elle, on a commencĂ© Ă  se demander si elle n’avait pas trempĂ© dedans.
– Alix, que votre inimitiĂ© rĂ©ciproque ne vous fasse pas aller trop loin, le prĂ©vient Gilbert. Vous vous dĂ©testiez tous les trois, c’est un fait et vous ne le niez mĂȘme pas. Ne ternissez pas son image et celle de Sa MajestĂ© plus longtemps !
– PĂšre, attend, laisse-les parler, intervient Annette en posant sa main sur son bras. Tout ce qu’il raconte a du sens pour le moment, et comme tu l’as dit, ils sont clairs sur ce qu’ils pensent de Patricia. De plus, ce sont surement les personnes qui en savent le plus ici sur ce qui a dĂ» se passer ce jour-là
 elle se tourna alors vers eux en demandant. Et qu’avez-vous trouvez pendant votre enquĂȘte ?
– Merci. Et bien, nous n’avons pas encore de preuves trĂšs tangibles mais, nous nous demandons si la TragĂ©die ne faisait pas partie d’un complot plus vaste, dĂ©clara Rodrigue. Mais pensez-y. Pourquoi remplacer CornĂ©lia ? Si nous nous fions aux dires de Pan Prudhomme, c’est un processus trĂšs lent et compliquĂ©, les complices de la fausse CornĂ©lia avaient surement des raisons de le faire. On s’est Ă©galement demandĂ© si les comploteurs voulaient se dĂ©barrasser de Lambert car, il Ă©tait trĂšs compliquĂ© Ă  prĂ©dire, tĂȘtu et qu’il voulait donner plus de voix aux roturiers en politique. Il Ă©tait bien moins radical que Sa MajestĂ© Ludovic et pouvait aller dans tous les sens mais, c’était suffisant pour s’attirer les foudres des seigneurs de l’Ouest et du Sud, ainsi que de l’Église Occidentale, mĂȘme si lĂ  aussi, il allait moins loin que son pĂšre. Lambert s’était fait beaucoup d’ennemi avec le temps.
– Si CornĂ©lia n’a pas fait du CornĂ©lia en racontant mensonges sur mensonges, peut-ĂȘtre que Patricia a pu participer en tant qu’informatrice. Lambert ne lui cachait pas grand-chose et elle a su un mois avant nous que le voyage Ă  Duscur allait avoir lieu alors, elle a pu en parler Ă  CornĂ©lia et cette derniĂšre en a profitĂ©. En plus, si c’était dans leur plan de faire accuser les duscuriens, CornĂ©lia et ses complices ont pu recruter des seigneurs de l’Ouest en leur promettant des terres riches et des mines, leur fit observer Alix. Si les bouc-Ă©missaires, c’était les srengs avec leurs fjords, leurs terres stĂ©riles et leur neige, CornĂ©lia aurait eu beaucoup moins de succĂšs.
– Alors, elle aurait pu le faire
 marmonna Dimitri en passant sa main sur son visage.
– Met bien le conditionnel, insista le cadet des jumeaux. Nous, on le pense, ce serait logique ce qu’on a pu voir d’elle, mais encore une fois, on ne pouvait pas s’encadrer avec Anselma. En plus, comme tu l’as dit, c’était compliquĂ© aussi avec Lambert donc, il est possible que nous le chargions aussi. Tout ceci biaise forcĂ©ment notre jugement. En plus, nous aussi, on a pas toutes les rĂ©ponses. Vous en savez autant que nous dans les grandes lignes maintenant.
– Oui
 au moins
 au moins, je sais
 je comprends un peu ce qui a pu se passer
 murmura Dimitri en regardant Ă  nouveau les jumeaux. J’ai encore beaucoup de questions mais, j’y voie un peu plus clair Ă  prĂ©sent, mĂȘme s’il faudra encore chercher
 mĂȘme s’il y a plus urgent.
– Oui, y a Eldegard Ă  arrĂȘter avant, lui rappela FĂ©lix. Enfin bon, c’est notre ennemie jurĂ©e mais, c’est aussi ta sƓur par alliance et une amie d’enfance
 son regard fatiguĂ© s’ancra dans le sien, le dĂ©fiant presque alors qu’il lui demandait. Seras-tu capable de la tuer ?
– Je la tuerai
 s’il le faut, rĂ©pondit-il en espĂ©rant ne pas trembler. Mais s’il existe la moindre chance que sa vision du monde soit juste
 Alors, je
 J’aimerais entrevoir un avenir oĂč nous avancerions main dans la main, elle et moi. Cependant, je n’ai nulle intention de laisser mes sentiments personnels obscurcir mon jugement. L’enjeu est trop grand.
– Tant mieux car bon, sa « vision du monde », ça a surtout l’air d’ĂȘtre de vouloir reconstituer un empire qui n’a jamais existĂ©, vu qu’Adrestia n’a jamais contrĂŽler tout Fodlan dans les faits, lui rappela Sylvain.
– Je m’en doute mais, je ne peux pas m’en empĂȘcher
 je prĂ©fĂ©rerais pouvoir en finir par la diplomatie mais, elle refusera surement. Le plus fort doit dominer le plus faible pour elle, et si c’est par les armes qu’elle veut en finir, je l’arrĂȘterais aussi par les armes. L’enjeu est la paix de tout le continent et mĂȘme au-delĂ  de ses frontiĂšres. Je ne peux pas laisser ma nostalgie dicter mes choix alors que tant de vies en dĂ©pendent.
Les jumeaux l’encouragĂšrent d’un hochement de tĂȘte, comprenant surement le raisonnement. Ashe intervient alors, toujours aussi prĂ©venant.
– Votre Altesse
 Je pense que vous devriez rencontrer l'impĂ©ratrice et tenter de discuter avec elle, lui conseilla-t-il avant d’ajouter avec tristesse, sachant parfaitement de quoi il parlait. Si nous pouvions mettre un terme Ă  cette guerre sans que le sang ne coule Ă  nouveau, tant mieux. Et puis, tuer un membre de sa famille
 c’est mal.
– Oui
 tu as raison. Je suis du mĂȘme avis. Il y a peu de chance que cela aboutisse mais, nous pourrions peut-ĂȘtre proposer une entrevue pour tenter de discuter, mĂȘme si cela a trĂšs peu de chance qu’Eldegard accepte
 j’espĂšre simplement ne pas ĂȘtre trop naĂŻf pour le coup
 il se tourna alors vers les jumeaux. Qu’en pensez-vous aussi ?
Les deux frĂšres Ă©changĂšrent un regard avant de dĂ©clarer en mĂȘme temps.
– – Prend Merceus en premier, instaure bien le rapport de force, vĂ©rifie qu’elle soit aussi en position de faiblesse afin d’avoir un avantage, et planifie bien la rencontre pour que ce soit sĂ»r et qu’elle n’amĂšne pas son armĂ©e avec elle.
– C’est ce que je compte faire, leur jura Dimitri. Je ferai trĂšs attention, et j’attendrai que nos forces soient proches d’Enbarr. Si elle est piĂ©gĂ©e, elle aura plus de chances d’accepter la reddition afin de sauver au moins sa propre peau.
– C’est clair que ce n’est pas le moment de te faire tuer car, tu as voulu donner une chance Ă  l’ennemi, grogna FĂ©lix en vidant sa tasse, son regard devenant un peu terne alors qu’il se grattait la tĂȘte.
Rodrigue comprit assez vite ce qui se passait et lui conseilla, visiblement inquiet.
– Tu devrais retourner dans le lac
 tes symptĂŽmes sont de nouveau assez forts
 tu risques de t’évanouir

– Je peux
 arf

– Non, tu ne peux pas, et ça se voit, le coupa Alix.
– De plus, on a dit le plus important, ajouta Dimitri. On peut t’accompagner si tu veux ou que ça ne te gĂȘne pas.
– Sinon, on peut aussi te trainer lĂ -bas si tu t’entĂȘtes, ajouta Ingrid avant que le blessĂ© ne puisse Ă  nouveau refuser.
Heureusement, FĂ©lix cĂ©da assez vite et accepta que ses amis d’enfance l’accompagnent, les autres ne posant pas trop de questions. Ils comprenaient que c’était surement gĂȘnant pour lui d’apparaitre aussi faible, mĂȘme si c’était normal aprĂšs avoir Ă©puisĂ© son Ă©nergie ainsi.
Quand l’épĂ©iste se releva, il tremblait encore plus que tout Ă  l’heure, au point qu’il pouvait Ă  peine marcher sans aide. Il ne se plaignait pas mais, il semblait dĂ©sorientĂ© et avoir des vertiges, s’accrochant au bras de Sylvain qui l’aidait Ă  avancer.
« Ce sont tes blessures qui t’épuisent Ă  ce point ? Lui demanda Dimitri, s’adaptant Ă  son rythme lent.
– Par les Braves, parle moins fort
 marmonna-t-il, se tenant Ă  nouveau la tĂȘte. Oui
 enfin, c’est plus le contrecoup de la magie de Fraldarius qui provoque tout ça
 j’ai besoin d’eau pour qu’il se stabilise
 dĂšs que je suis dedans, je n’ai plus de symptĂŽmes

– Tu n’étais pas autant Ă©puisĂ© la derniĂšre fois, lui fit observer Sylvain. Tu Ă©tais mal et fatiguĂ© mais, pas Ă  ce point-là

– Car j’avais juste
 juste rĂ©cupĂ©rĂ© des Ă©cailles
 dans le dos
 l
 là

La fin de sa phrase mourut sur sa langue, alors que ses jambes cĂ©dĂšrent sous son poids. Heureusement qu’ils Ă©taient Ă  cĂŽtĂ© sinon, il se serait surement encore plus blessé ! Sylvain le rattrapa juste Ă  temps en l’appelant en voyant ses yeux fermĂ©s, aussi mort d’inquiĂ©tude que Dimitri et Ingrid.
– Eh ! FĂ©lix ! Reste avec nous ! Qu’est-ce qu’il y a ?
Leur ami ne répondit pas, haletant, la peau légÚrement grise et surtout sÚche. Déesse, il semblait ne pas avoir bu pendant des jours ! Par réflexe, Dimitri posa sa main sur son front. Il était brûlant de fiÚvre !
Sans trop rĂ©flĂ©chir, il le prit Ă  son tour dans ses bras, assez fort pour pouvoir courir jusqu’au lac en portant un homme adulte. Ils foncĂšrent Ă  travers la ville jusqu’à la rive oĂč ils savaient qu’ils pourraient avancer en gardant pied, puis s’enfoncĂšrent dans l’onde. DĂšs qu’il entra dans l’eau, FĂ©lix sembla se dĂ©tendre, moins souffrir au fur et Ă  mesure que le flot l’enveloppait Ă  nouveau. Les trois amis avancĂšrent jusqu’à ce que le blessĂ© soit complĂštement immergĂ© Ă  part sa tĂȘte, attendant en priant pour que cela marche.
Heureusement, les Braves soient louĂ©s, le visage de FĂ©lix s’apaisa complĂštement, reposant un peu contre le torse du blond comme s’il dormait. Ses pieds s’échappant de sa couverture se mirent alors Ă  briller sous l’eau, tout comme ses jambes avant que leur Ă©clat ne s’estompe Ă  nouveau, Dimitri sentant le poids de FĂ©lix se rĂ©partir diffĂ©remment Ă  prĂ©sent.
« Son corps a changé  murmura-t-il en ajustant sa prise. Ses jambes pĂšsent bien plus lourd d’un coup

Sans voix devant ce qui se passait, Sylvain fut le seul Ă  oser Ă©carter la couverture du corps de FĂ©lix, dĂ©couvrant alors que ses membres infĂ©rieurs avaient Ă©tĂ© remplacĂ©es par une longue queue couverte d’écailles bleu sombre et aux nageoires sarcelle.
– C’est fou
 on dirait
 souffla Ingrid, osant Ă  peine frĂŽler les Ă©cailles qui avaient recouvert les genoux de leur ami. On dirait une vraie nageoire de sirĂšne

Elle devait ĂȘtre trĂšs sensible car, ce simple contact suffit Ă  rĂ©veiller FĂ©lix, ce dernier sursautant en voyant qu’il Ă©tait dĂ©jĂ  dans l’eau mais, il n’arriva pas Ă  s’échapper de la poigne de Dimitri.
– Bon
 vous savez maintenant, grogna-t-il d’un ton bourru.
– C’est pour ça que tu Ă©tais aussi fatiguĂ©, comprit Ingrid. Cela doit ĂȘtre Ă©puisant de fabriquer une queue et ses Ă©cailles
 c’est le contrecoup du miracle j’imagine.
– Humf
 oui
 elle apparait dùs que je suis dans l’eau
 et j’ai aussi des branchies

– Des branchies ? RĂ©pĂ©ta-t-elle.
– Oui, sur ma poitrine et ma gorge, ils ne disparaissent jamais pour l’instant, dĂ©clara-t-il en tirant son col, dĂ©voilant des ouĂŻes palpitant Ă  l’air libre. Je n’ai pas de problĂšme pour respirer sur terre, mĂȘme les fentes me grattent quand elles sĂšchent.
– C’est pour ça que tu te frottais comme ça tout Ă  l’heure, ils commençaient Ă  te dĂ©manger, comprit Sylvain.
– Ouais
 c’est le signe que je ne dois pas tarder Ă  retourner dans l’eau
 je venais d’en sortir quand vous ĂȘtes arrivĂ©s mais, ça va vite

– Ça va vite
 fit Ă©cho Dimitri avant de le questionner, une boule dans la gorge. FĂ©lix
 est-ce
 est-ce que tu ne supportes plus de rester hors de l’eau ? Est-ce que tu dois toujours rester dans l’eau ? Est-ce que tu dois forcĂ©ment ĂȘtre dans le lac pour te sentir bien ?
– 
 pour le moment, oui, avoua-t-il en fuyant Ă  nouveau le contact visuel, criblant ses propres Ă©cailles du regard. Je ne peux pas rester hors de l’eau plus de quelques heures sinon, je me dessĂšche jusqu’à tomber
 Pierrick pense que c’est le signe que mon corps s’adapte encore, on verra le reste quand je pourrais ĂȘtre dans le lac sans lutter pour rester Ă©veiller
 pour le moment, je me transforme puis, je m’endors au fond du lac en gĂ©nĂ©ral
 moins de bruit et de passage
 grmf
 c’est frustrant, je passe mon temps Ă  dormir au lieu de me battre

– Il faut bien que ton corps se rĂ©gĂ©nĂšre aprĂšs avoir perdu autant de sang et d’énergie, lui rappela Dimitri. Je prĂ©fĂšre te savoir ici Ă  dormir que sur le front !
– Pas moi, rĂ©torqua-t-il. Il faut bien quelqu’un pour te remettre le sablier Ă  l’heure.
– Promis, on le surveille FĂ©lix, lui assura la chevaliĂšre, et je me charge de ça. Toi, il faut que tu te reposes sinon, tu risques d’avoir des sĂ©quelles Ă  vie de ton hĂ©morragie ! Mercedes et Manuela craignent mĂȘme que tu ne puisses plus utiliser la magie aprĂšs un choc pareil ! Alors imagine ce qu’elles diraient devant un tel contrecoup !
– En plus, comme l’a dit Ingrid, ça doit te prendre beaucoup d’énergie de faire une aussi belle nageoire ! Ajouta en souriant Sylvain.
– Tu voies quelqu’un avec une queue de poisson et tout ce que tu trouves Ă  dire, c’est qu’elle est jolie
 marmonna FĂ©lix en lui lançant un regard noir.
– Je suis sĂ©rieux ! Elle est vraiment magnifique et elle a l’air aussi puissante que tes jambes ! En plus, tu as de la chance, elle est aux couleurs du royaume et de ta famille. Imagine, elle aurait Ă©tĂ© rouge Ă©carlate ?
– Jamais ! Je prĂ©fĂšre m’arracher les Ă©cailles plutĂŽt que d’ĂȘtre de la mĂȘme couleur qu’Eldegard ! Cracha-t-il, frappant inconsciemment l’eau avec sa nageoire dans un mouvement rageur.
– C’est pour ça que je dis ça, et tu ne ferais quand mĂȘme pas ça ! ça doit faire mal ! Et ça ne risque pas de t’arracher la peau ? En plus, ça te va bien, tu as toujours Ă©tĂ© un vrai poisson dans l’eau. On te prenait dĂ©jĂ  pour une sirĂšne quand tu nageais, maintenant, tu l’es, le taquina encore leur ainĂ©.
Cette fois, l’épĂ©iste dĂ©trempa Sylvain avec sa queue, le faisant rire plutĂŽt que taire, l’humeur sombre autour d’eux se dissipant un peu avec ses remarques. Le connaissant, c’était surement le but de ses paroles lĂ©gĂšres. S’essuyant un peu, le rouquin ajouta plus sĂ©rieusement.
– Tu voies qu’elle ne manque pas de force cette nageoire. Il faut juste que ton corps s’habitue Ă  ce qui a changĂ© en lui. Une queue de poisson et des branchies se mettent en place dans ton corps, c’est normal d’ĂȘtre fatiguĂ©. C’est ce que te dis Pierrick non ? Ton Ă©tat Ă©volue tout le temps, il faut dĂ©jĂ  attendre que tu ne sois plus aussi fatiguĂ© pour savoir si oui ou non, tu vas devoir rester dans l’eau tout le temps ou non. Qui sait ? C’est peut-ĂȘtre seulement le temps que la transformation s’installe, vu que la magie de Fraldarius est liĂ©e Ă  l’eau ? Peut-ĂȘtre qu’elle la facilite ?
– Je pense
 c’est moins dĂ©sagrĂ©able quand je suis dans l’eau, je ne sens mĂȘme plus rien, alors que je sens chaque Ă©caille qui pousse sur terre
 et c’est bien moins douloureux que quand la queue en elle-mĂȘme s’est formĂ©e
 marmonna-t-il en frottant ses yeux, luttant dĂ©jĂ  contre le sommeil. Je ne sais pas si ça accĂ©lĂšre les choses mais, c’est dĂ©jĂ  ça

– C’est le principal, tu as dĂ©jĂ  assez souffert comme ça, souffla Dimitri, essayant de le garder dans une position confortable. FĂ©lix
 je suis

– Excuse-toi et je te noie dans le lac, le coupa tout de suite le blessĂ© en le regardant dans les yeux cette fois. ArrĂȘte de t’accrocher Ă  ce qui s’est passĂ© alors que tu ne peux plus rien changer. C’est fait maintenant, accepte-le. Contente-toi de ne plus te rejeter sous un poignard, ça m’ira, surtout que je ne pourrais pas recommencer dans cet Ă©tat. Histoire qu’on n’ait pas fait tout ça pour rien et que personne d’autre ne se retrouve dans cet Ă©tat.
– Je comprends
 rĂ©pondit-il. Je te le promets
 il regarda aussi Sylvain et Ingrid, ajoutant autant pour eux qu’à tous leurs camarades. Je vous le promets Ă  tous.
Ils sourirent tous les trois Ă  leur maniĂšre, avant que FĂ©lix ne resombre dans le sommeil, comme un chaton fatiguĂ©. Ils entendirent alors un lĂ©ger ronronnement sortir de sa poitrine, l’eau devant tourbillonner d’une certaine maniĂšre dans ses branchies pour le provoquer
 un vrai chat
 ses amis sourirent en restant avec lui autant qu’ils purent, tout aussi bercĂ© que lui par l’énergie si douce du lac

« Le lac de Pertinax ressemble Ă  son chant  »
L’armĂ©e du Royaume resta jusqu’au lendemain, discutant encore de la stratĂ©gie Ă  suivre une fois arrivĂ© dans l’Empire, ainsi que la marche Ă  suivre en interne. Ils dĂ©cidĂšrent notamment de faire suivre les principaux soutiens de CornĂ©lia. La plupart avait plaidĂ© leur propre survie face Ă  la dĂ©ferlante adrestienne, et les plus zĂ©lĂ©s envers les deux femmes Ă©taient en fuite mais, mieux valait surveiller de prĂšs mĂȘme ceux qui Ă©taient de leur cĂŽtĂ© Ă  prĂ©sent.
Au petit matin, la famille Fraldarius les saluÚrent, Dimitri leur confiant le Royaume pendant son absence. Rodrigue et Alix les embrassÚrent en leur faisant jurer :
« Soyez trÚs prudents, et revenez nous tous vivants.
– Nous vous le promettons, leur jura-t-il.
Les jumeaux leur sourirent, priant encore pour eux. FĂ©lix s’approcha Ă  son tour, Ă  nouveau enveloppĂ© dans un long manteau, cachant ses jambes, encore trempĂ© par sa nuit au fond du lac. Il avait retrouvĂ© son air mordant, grognant Ă  eux tous.
– Vous l’empĂȘchez de se jeter sous un autre poignard et vous le ramenez entier. Et toi, tu y vas et tu reviens victorieux avec tout le monde vivant. Sois le phacochĂšre que tu es au fond, fonce et ne te retourne pas.
Dimitri sourit, lui promettant aussi Ă  son tour.
– Je te le promet FĂ©lix. Nous reviendrons vite. Repose-toi bien aussi, et sois de nouveau en pleine forme quand on reviendra.
– Bien sĂ»r
 gardez ça au cas oĂč, ça peut toujours ĂȘtre utile.
L’épĂ©iste leur confia des Ă©cailles bleu sombre, surement les premiĂšres qu’il avait perdues, grande comme la main. Elle irradiait de l’énergie de Pertinax et de sa force
 et celle que FĂ©lix avait donnĂ© Ă  Sylvain lui avait toujours portĂ© chance
 c’était surement pour ça

– Ça ne dispense pas d’entrainement pour rester en vie, marmonna-t-il avant d’ajouter. Et je vous affronte en duel tous autant que vous ĂȘtes ici une fois que vous serez revenu, histoire de rattraper le temps perdu.
Il fit rire tout le monde, avant qu’ils ne se saluent encore et repartent vers l’Empire afin d’enfin arrĂȘter Eldegard.
*
Au bout de quelques semaines de voyages, l’armĂ©e royale et alliĂ©e se trouvait Ă  nouveau dans l’Empire, Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du Fort Merceus. MalgrĂ© la prĂ©sence du Chevalier Macabre, ils avaient rĂ©ussi Ă  prendre la forteresse et Ă  ouvrir la route vers Enbarr. Ils avaient de plus reçu l’aide des rĂ©sistants locaux, rassemblĂ© par Caspar et Linhardt qui avaient ouvert la voie dans les environs. À prĂ©sent, c’était un verrou en moins prĂšs d’Enbarr
 Dimitri venait de recevoir un message lui annonçant que les seigneurs de l’Est avaient pratiquement terminĂ© de rassembler toutes les forces armĂ©es du Royaume, et qu’elles Ă©taient en route pour les rejoindre, tout comme celles de l’Alliance, ainsi que des troupes de la reine Thorgil et ses alliĂ©s. Ses forces seraient dirigĂ©s par le margrave Isidore Gautier et l’hĂ©roĂŻne de Daphnel Judith, ainsi qu’un roi proche de la tante de Sylvain pour les srengs. Avec ceci, ils devraient avoir une assez grande force de frappe pour faire tomber Eldegard et Hubert

Le messager lui avait Ă©galement confiĂ© qu’un serviteur de Kleiman s’était rendu, alors que son maitre courait toujours, avouant leur implication Ă  tous les deux dans la TragĂ©die de Duscur
 Ă  prĂ©sent mis au fer par les Charon, le gardant dans leurs cachots en attente de son interrogatoire et de son procĂšs
 Dimitri devait avouer qu’il avait Ă©tĂ© tentĂ© de rebrousser chemin pour entendre au plus vite ce que ce serviteur avait Ă  dire mais, il s’en Ă©tait dissuadĂ©. Il ne pouvait pas perdre de temps alors qu’Enbarr Ă©tait Ă  portĂ©e de main alors, il devait prendre son mal en patience.
« Votre Altesse !
L’appel de Caspar tira le prince de ses rĂ©flexions, le combattant en mĂȘlĂ©e se prĂ©cipitant vers lui avec Linhardt sur les talons. Les deux connaissant parfaitement la forteresse et ayant prouvĂ© leur fidĂ©litĂ©, ils faisaient partie des groupes en charge de vĂ©rifier si le fort Ă©tait sĂ»r. La paire le salua puis, l’emblĂ©maticien annonça.
– La forteresse a Ă©tĂ© sĂ©curisĂ©e, plus aucune troupe ne se cache Ă  l’intĂ©rieur, mĂȘme dans les cachettes et passages secrets.
– Bien, merci Ă  vous. Votre connaissance de Fort Merceus nous a Ă©tĂ© prĂ©cieuse.
– C’est normal, on y a souvent jouĂ© tous les deux quand on Ă©tait mĂŽmes
 lui assura Caspar avant d’ajouter, plus triste. J’aurais pas cru que nos bĂȘtises serviraient dans une situation pareille

– On ne pouvait pas deviner qu’on allait ĂȘtre gouvernĂ© par une va-t’en-guerre qui veut conquĂ©rir le continent, rĂ©pliqua Linhardt.
– Ouais, t’as pas tort
 enfin, le principal, c’est qu’on a rĂ©ussi Ă  Ă©pargner les civils
 au fait, en parlant d’eux, Ferdinand et Bernadetta voudrait vous parler !
– Si vous voulez bien et que vous le pouvez bien sĂ»r, ajouta l’ami du combattant en mĂȘlĂ©e.
Dimitri rĂ©flĂ©chit une seconde puis accepta sans trop de problĂšme. Les deux cavaliers avaient passĂ© les cinq derniĂšres annĂ©es Ă  mener une guerre de harcĂšlement et de maquis dans l’Empire. Ils s’étaient mĂȘme fait une spĂ©cialitĂ© d’aider les rĂ©fugier Ă  passer dans l’Alliance au nez et Ă  la barbe des gardes-frontiĂšres, et de voler les subsides destinĂ©s Ă  l’armĂ©e pour les distribuer au peuple affamĂ© d’impĂŽts par le pouvoir central. Si qui que ce soit voulait des informations fiables sur l’état interne de l’Empire, c’était Ă  eux qu’il fallait demander, surtout qu’ils les avaient dĂ©jĂ  aidĂ©s Ă  Myrddin, mĂȘme si Ă  ce moment-lĂ , Dimitri les avait repoussĂ©s et s’était mal comportĂ© avec eux, n’ayant aucune confiance en des impĂ©riaux quel qu’il soit, mĂȘme s’ils Ă©taient de confiance

AccompagnĂ© de Byleth et Dedue, Dimitri alla donc Ă  la rencontre de ses anciens camarades, en train de s’occuper de leurs troupes. Il voyait Ferdinand s’agiter, donnant les directives Ă  ses hommes pour l’aprĂšs-bataille, criant pour se faire entendre par-dessus la cohue.
« Hartlieb ! Occupez-vous des blessĂ©s avec vos hommes et ceux de Molitor ! Brant et DĂŒrer ! Allez en ville pour voir ce dont on besoin les habitants !  La prioritĂ© est d’assurer leur sĂ©curité ! Mentelin ! Nous nous

– Neumeister ! Ajouta la petite voix de Bernadetta arrivant vers eux. Viens ! Nous devons faire passer la nouvelle de la dĂ©faite de Merceus ! Elle se tourna vers son camarade en annonçant avec un sourire. C’est bon ! Les troupes qui ont fui n’ont pas touchĂ© Ă  nos vivres et aux non-combattants avec eux !
– D’accord, voilĂ  qui est pour le mieux, rayonna Ferdinand avec son sourire ensoleillĂ©. Nous devons aussi commencer Ă  discuter avec les officiers du Royaume

– Je voie que vos troupes s’en sont bien sortis elles aussi, vous m’en voyez rassurer.
Ils se turent tous les deux en entendant la voix de Dimitri, surement Ă©tonnĂ© qu’il soit aussi amical avec eux, mĂȘme si Caspar et Linhardt leur avaient surement dĂ©jĂ  rĂ©sumĂ© la situation. Ce n’était pas Ă©tonnant aprĂšs Myrddin
 il avait Ă©tĂ© odieux avec eux et les avait pratiquement chassĂ©s malgrĂ© leur aide
 le prince dĂ©clara alors, espĂ©rant ne pas faire d’impair.
– Merci infiniment pour votre soutien dans cette bataille. Votre aide a Ă©tĂ© prĂ©cieuse pour prendre Merceus, vous avez toute ma reconnaissance.
– C
 cela est bien normal, lui assura Ferdinand avec sĂ©rieux, mĂȘme s’il semblait briller un peu de joie de le voir aussi amical envers eux. Nous avançons vers le mĂȘme objectif, et nous sommes ravis d’apprendre que nous avons pu vous aider.
– Oui ! Surtout que c’est trĂšs dur pour les habitants de la rĂ©gion ! Le ministre Bergliez les taxent Ă©normĂ©ment Ă©tant donnĂ© que c’est leurs terres ! Ajouta Bernadetta avec force. L’armĂ©e prend tout et ceux qui tentent de s’y opposer sont arrĂȘtĂ©s ! La plupart sont envoyĂ© en Arundel ou Ă  Enbarr et personne ne les revoie plus ! Ils sont sans pitiĂ© avec tout le monde !
– D’autres groupes rĂ©sistants se sont spĂ©cialisĂ©s dans la libĂ©ration de ses convois de prisonniers mais, il y a surement Ă©normĂ©ment de captifs Ă  Enbarr, ajouta son camarade. Nous avons Ă©galement commencĂ© Ă  faire des tournĂ©es en ville pour distribuer des vivres et rassurer les habitants.
– Bien, merci beaucoup pour votre aide et nos hommes vous aideront aussi. Ils auront sans doute plus confiance en des compatriotes qu’avec des Ă©trangers, assura Dimitri. Pouvez-vous nous parler de la situation interne Ă  l’Empire.
– Bien sĂ»r. Des groupes de rĂ©sistances comme le nĂŽtre sont prĂ©sent dans tous l’Empire. Il y a beaucoup de rĂ©seaux de marchĂ© noir et de contrebande pour contourner les restrictions et le rationnement de la nourriture, mais aussi pour cacher des prĂȘtres et des fidĂšles Ă  l’Église, commença Bernadetta. À Varley, il y a tout un maquis de rĂ©sistance dans les mines, Eldegard n’a plus accĂšs aux filons de la montagne d’Oghma ! Mon pĂšre a mĂȘme Ă©tĂ© forcĂ© de fuir de nos terres devant la pression de la rĂ©sistance ! Ils font Ă©galement un gros travail pour contrer la propagande d’Hubert ! C’est aussi le cas en Brigid oĂč Petra est pour le moment ! Elle est arrivĂ©e Ă  vaincre les forces impĂ©riales sur son archipel et les bataillons de Bergliez venus pour les mater ! Elle est en route pour nous aider Ă  reprendre Enbarr !
– De plus, si une grande partie du peuple est contre la politique d’Eldegard, ce n’est pas non plus uniforme dans la noblesse et l’armĂ©e. Si des purges ont Ă©tĂ© faites au dĂ©but de son rĂšgne avec la complicitĂ© d’Hubert, tous les opposants ne sont pas morts. Certains se sont retournĂ©s rĂ©cemment contre eux Ă  cause de la sĂ©rie de dĂ©faite mais, ils ne sont guĂšre fiables
 par contre, toutes les personnes considĂ©rĂ©es comme « peu dangereuses » n’ont pas Ă©tĂ© touchĂ©s par les purges, comme les invalides ou la toute petite noblesse de province ne pouvant vivre Ă  Enbarr. Elles sont considĂ©rĂ©es comme faibles et donc, inutiles et incompĂ©tentes en toute chose si elles n’ont pas de « mĂ©rite » valable Ă  leurs yeux, expliqua Ferdinand. C’est par exemple le cas de ma mĂšre Amalia. Elle a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e Ă  cause de sa cĂ©citĂ© et Ă  cause de cela, elle est considĂ©rĂ©e comme une impotente inutile Ă  la nation. Elle a tournĂ© cela Ă  son avantage pour rĂ©colter des informations, notamment en faisant mine de correspondre Ă  l’image qu’Eldegard a d’elle. Elle est revenue sur nos terres depuis votre avancĂ©e dans l’Empire mais, elle nous a Ă©tĂ© une aide prĂ©cieuse. MĂȘme dans l’armĂ©e, bien que les militaires aient de nombreux privilĂšges, ils reviennent surtout aux hauts-gradĂ©s qui sont d’origine nobles pour la plupart alors, les roturiers s’en retrouvent lĂ©sĂ©s et ont des conditions tout aussi difficiles qu’auparavant. Nous avons Ă©galement un alliĂ© et espion au sein des bataillons principaux du nom de Karl, il nous confirme que les soldats de bas-rang sont sur le point de se rĂ©volter. Ils le feront sans doute en vous voyant arrivĂ© Ă  Enbarr.
– Bien. Avec autant de troupes, nous devrions pouvoir instaurer un rapport de force en notre faveur dĂšs le dĂ©part
 rĂ©flĂ©chit Ă  voix haute Byleth, avant d’ajouter avec un sourire fier. Je suis heureuse de tous vous voir combattre Eldegard et pour ce qui est juste.
– Nous ne pouvions pas la laisser mettre le continent Ă  feu et Ă  sang ! En plus, les autres pays ne nous ont rien fait de mal ! S’écria Bernadetta.
– Je comprends mais, il faut beaucoup de force et de courage pour se battre contre les siens et pour ses convictions dans votre situation, insista-t-elle. Les aigles de Jais peuvent ĂȘtre fiers. Par contre, je ne vous ai pas entendu parler de DorothĂ©a

– Nous n’avons plus de contact avec elle depuis le dĂ©but de la guerre, elle voulait rester en dehors des combats, lui rĂ©pondit Ferdinand. Elle a toujours Ă©tĂ© trĂšs proche d’Eldegard Ă  l’acadĂ©mie et peu avec nous autres alors, elle n’a plus jamais tentĂ© de nous contacter. D’aprĂšs ma mĂšre, elle est arrivĂ©e Ă  ĂȘtre engagĂ©e comme chanteuse personnelle et dame de compagnie d’Eldegard mais, elle ne participe pas Ă  la politique de l’Empire ou Ă  la guerre. Elle doit surement attendre que le conflit se finisse.
– D’accord, je comprends alors
 souffla tristement la professeure.
Dedue posa sa main sur son Ă©paule, tout comme Dimitri qui lui assura.
– Ce n’est pas votre faute.
– Oui, vous avez raison

– Par contre, Dame Amalia a rĂ©ussi Ă  savoir oĂč Ă©tait enfermĂ©e Dame RhĂ©a ! S’exclama Bernadetta. MĂȘme si bon, on vous le dira dans un endroit plus discret

– Bien, merci beaucoup, les remercia Dimitri avant de s’arrĂȘter une seconde, puis osa demander. J
 je sais que je me suis trĂšs mal comportĂ© avec vous Ă  Myrddin, et je ferais tout pour corriger mes erreurs. MalgrĂ© tout, j’aimerais vous demander, Ă  vous et vos hommes, de vous joindre Ă  nous, afin d’unir nos forces dans notre combat contre Eldegard et ses alliĂ©s. Vos connaissances du terrain de l’Empire nous serons essentiels, et votre talent au combat n’est plus Ă  prouver. Votre aide nous serait prĂ©cieuse pour la vaincre.
Le prince devait avouer qu’il s’attendait Ă  un refus, surtout aprĂšs que son comportement ait Ă©tĂ© aussi dĂ©plorable. Il s’amĂ©liorait et ne se laissait plus guidĂ© par ses illusions mais, il comprendrait que les deux cavaliers lui en garde rancune

Cependant, Ferdinand lui rĂ©pondit, dĂ©terminĂ©, la main sur son cƓur.
– Je suis un citoyen adrestien, je suis fier de mon pays, de son histoire et de ce tout ce qu’il a Ă  offrir. Ces habitants sont forts et dĂ©terminĂ©s, courageux et optimistes face aux difficultĂ©s, bien qu’il ait Ă©galement ses dĂ©fauts. C’est un pays qui pourrait ĂȘtre capable du meilleur si nous travaillions sur ses lacunes, grandissions et devenions meilleurs, que nous arrĂȘtions de penser que la noblesse est dans le sang et non dans le cƓur, que l’argent et le pouvoir sont l’alpha et l’omĂ©ga de tout, que nous sommes supĂ©rieurs aux autres nations, que les Ă©motions et les sentiments sont une faiblesse, et de nous moquer de ceux qui chutent plutĂŽt que de leur tendre la main
 Cependant, Eldegard ne fait qu’accentuer nos dĂ©fauts, les rendre encore plus prĂ©sents et graves qu’ils ne l’étaient dĂ©jĂ . Avec Eldegard, le faible est piĂ©tinĂ©, ignorĂ©, donnĂ© en pĂąture au plus fort afin que son sang le renforce encore et encore. Ce n’est pas ce dont Adrestia a besoin pour se relever aprĂšs des siĂšcles entiers de dĂ©shĂ©rence oĂč les Empereurs n’ont fait que vivre en ignorant leur peuple. Ce n’est pas l’Adrestia que je connais, encore moins depuis que je voyage Ă  travers notre pays pour l’arrĂȘter et mettre fin Ă  sa folie sanguinaire. Eldegard la Sanguinaire, c’est par ce seul nom que le peuple la reconnait vraiment. Et vous, Votre MajestĂ© Dimitri, ils vous surnomment le Roi Sauveur, vous louent pour avoir sauvĂ© votre peuple, sauvĂ© celui de Leicester, prient pour que vous le sauviez Ă  son tour depuis qu’il vous sait en Adrestia
 Alors
 Ferdinand mis un genou Ă  terre et s’inclina profondĂ©ment devant Dimitri, pour mon peuple, pour mes propres convictions, je joindrais mes forces aux vĂŽtres et vaincrais Eldegard Ă  vos cĂŽtĂ©s.
– Moi aussi, je refuse de laisser Eldegard conquĂ©rir Fodlan ! Plus personne n’est en sĂ©curitĂ© nulle part, mĂȘme chez soi ! Poursuivit Bernadetta. Si on essaye de se cacher, ils nous sortent de chez nous, et des endroits oĂč on se sent bien. Si on essaye de fuir, les soldats nous traquent ! Et Ă  chaque fois, on finit tous en Arundel dont on ne revient jamais ! Il n’y a pas d’autre choix d’arrĂȘter Eldegard et Hubert ! Et j’ai promis que je ne fuirai plus ! Nous devons l’arrĂȘter ! S’écria-t-elle en s’agenouillant Ă  son tour devant Dimitri. Je vous aiderai autant que je le peux !
Dimitri crut un instant que son esprit lui jouait Ă  nouveau un tour avant de le trahir Ă  nouveau, jusqu’à ce qu’il sente la main de Dedue se poser sur son Ă©paule. MalgrĂ© tout, mĂȘme des adrestiens lui faisaient aussi confiance, mĂȘme aprĂšs tout ce qu’il avait fait
 il se pencha alors, posant aussi sa main sur son cƓur en dĂ©clarant.
– Alors travaillons ensemble pour qu’un jour meilleur se lĂšve sur Fodlan. Sur Faerghus, sur Leicester, mais aussi sur Adrestia. »
*
FĂ©lix alla dans la cour d’entrainement, cherchant un endroit calme pour se concentrer. Il arrivait Ă  un peu mieux tenir hors de l’eau Ă  prĂ©sent, pouvant passer une moitiĂ© de journĂ©e Ă  la surface sans trop de problĂšme tant qu’il ne se fatiguait pas sinon, il devait retourner dans le lac pour se reposer. Ses jambes Ă©taient toujours instables quand il marchait alors, il pouvait rĂȘver pour reprendre une Ă©pĂ©e – et Pierrick l’attacherait probablement pour le forcer Ă  se reposer s’il essayait – mais il voulait quand mĂȘme vĂ©rifier quelque chose.
S’installant dans un coin, le jeune homme regarda sa main, Ă©carta deux de ses doigts et se mit Ă  se concentrer, essayant d’invoquer ses Ă©clairs entre. Un exercice de base qu’un gamin pourrait faire. Il le faisait quand il Ă©tait gosse et mĂȘme aprĂšs avoir arrĂȘtĂ© la magie pendant des annĂ©es, il avait su les faire rĂ©apparaitre sans problĂšme quand il s’y Ă©tait remis. Ça ne devrait pas lui poser de difficultĂ©, mĂȘme dans son Ă©tat.
Cependant, rien ne vint. Pas la moindre Ă©tincelle ne crĂ©pita entre ses doigts. Il ne sentait mĂȘme pas la magie affluĂ©e dedans alors que son corps en dĂ©bordait.
FrustrĂ©, FĂ©lix rĂ©essaya, s’aidant de la formule plutĂŽt que de tout faire de tĂȘte mais, ce fut le mĂȘme rĂ©sultat. Bordel ?! Pourquoi ça ne marchait pas ?! Son corps Ă©tait plein d’énergie magique ou de quelque chose de proche, il le savait et le sentait ! Bon, c’était celle de Fraldarius et du lac, pas la sienne et pas au bon endroit mais, il devrait bien arriver Ă  la mobiliser ! Surtout pour quelque chose d’aussi basique !
Il essaya alors d’utiliser la magie qu’il sentait dans ses jambes, sachant qu’elle Ă©tait probablement assez puissante pour faire une Ă©tincelle, mĂȘme s’il devrait la guider vers ses doigts
 cependant, le jeune homme comprit tout de suite que c’était une mauvaise idĂ©e en sentant la douleur le foudroyer entiĂšrement, et en voyant sa chemise et son pantalon se tĂącher de sang, sa veine tentative ayant rĂ©ouvert ses blessures et faisant saigner le contrecoup encore fragile. Quand il dĂ©couvrit son torse, il constata que du sang coulait de ses branchies encore palpitant et de nouveau secs
 tout ça pour mĂȘme pas arriver Ă  produire la moindre Ă©tincelle ou mĂȘme de la fumĂ©e ratĂ©e

Échec cuisant sur toute la ligne

Il recommencerait plus tard, au moins pour voir s’il pouvait de nouveau utiliser des sorts de guĂ©rison

Rattrapant sa couverture pour la draper autour de lui et cacher les dĂ©gĂąts, le monde tournant dans tous les sens au moindre mouvement, FĂ©lix se releva pour filer vers le lac, il n’aurait qu’à dire qu’il Ă©tait fatiguĂ© mĂȘme s’il venait d’en sortir
 ce n’était pas la peine de prĂ©venir Pierrick pour des Ă©gratignures pareilles
 mĂȘme s’il devait tout faire pour ne pas boiter ou trembler Ă  cause de la douleur
 ce n’était rien

Cependant, il n’avait fait que quelques pas quand sa vue se brouilla encore plus avant que tout devienne noir, alors qu’il s’effondrait au sol

Quand FĂ©lix se rĂ©veilla, il sentit ses nageoires se dĂ©ployer dans l’eau que ses branchies filtraient, puis vit le visage inquiet de Rodrigue d’un cĂŽtĂ©, celui furieux de Pierrick de l’autre.
« Jeune maitre
 qu’est-ce ce que vous avez bien pu faire ? Grinça le mĂ©decin.
– Rien, j’ai juste tentĂ© d’invoquer des Ă©clairs, rĂ©torqua-t-il sur le mĂȘme ton.
– Évidemment
 je me disais bien que ça ressemblait Ă  ça
 il ne faut surtout pas que vous tentez d’utiliser la magie ! Ce n’est pas la vĂŽtre que vous avez en vous pour l’instant ! C’est celle du Brave Fraldarius et mĂȘme si elle ressemble Ă  la vĂŽtre, elle reste bien plus puissante que vous ne pouvez le supporter ! En plus, vos veines ont en grande partie explosĂ©, elles sont encore en train de guĂ©rir, vous ne faites que rallonger votre convalescence tout seul. Il est dĂ©jĂ  trĂšs peu probable que vous puissiez un jour rĂ©utiliser la magie alors

– Je peux encore l’utiliser, contra tout de suite FĂ©lix. Il faut juste que ça revienne et que j’arrive Ă  rĂ©cupĂ©rer mes forces

L’air sombre du mĂ©decin ne lui plut pas du tout et il aurait prĂ©fĂ©rĂ© ne pas la voir
 tout comme l’air triste de son pĂšre. Ce dernier demanda Ă  Pierrick de se retirer quelques minutes, ce qu’il accepta. FĂ©lix fuit le regard de Rodrigue, ne voulant pas rĂ©entendre Ă  quel point il devait se reposer et se contenter de dormir, Pierrick lui rĂ©pĂ©tait bien assez souvent. Cependant, il lui dit plutĂŽt.
– Que voulais-tu faire avec tes Ă©clairs ?
– 
en refaire

– Tu as recommencĂ© Ă  faire de la magie que pendant la guerre, et tu disais toi-mĂȘme que c’était seulement « pour ne pas mourir bĂȘtement », lui rappela-t-il et en plus d’avoir trop de patience, il avait une trop bonne mĂ©moire. Est-ce que tu essayais de retrouver quelque chose ?
Et il lisait en lui comme dans un livre
 FĂ©lix aurait pu, il se serait Ă©chappĂ© de son Ă©treinte pour aller se cacher au fond du lac, dans la petite grotte qu’il s’était amĂ©nagĂ© pour passer la nuit tranquille
 mais sa queue semblait dĂ©cider Ă  juste attendre de retrouver ses forces pour recommencer Ă  bouger. Il finit donc par avouer.
– Quand je dormais
 j’ai vu Glenn
 il Ă©tait dans la cour d’entrainement

– Vous vous ĂȘtes affrontĂ©s, n’est-ce pas ? Devina-t-il sans souci.
– Oui
 mais j’ai perdu
 j’utilisais ses techniques et il a dit qu’il ne me connaissait pas
 que ce n’était pas moi mais, quelqu’un d’autre
 que je ne me battais pas comme ça

– Il a toujours Ă©tĂ© trĂšs fier de ta maniĂšre de combattre. Il disait mĂȘme que s’il s’arrĂȘtait de s’entrainer une seule journĂ©e, tu le dĂ©passerais sans souci. Le connaissant, il a dĂ» te demander de l’affronter Ă  nouveau.
– Oui
 il voulait que je l’affronte vraiment

– Et comment l’affrontement s’est terminé ?
– 
Il Ă©tait bon pour apprendre la magie

– Il disait toujours ça quand vous vous affrontiez, arriva Ă  sourire Rodrigue, nostalgique. Cela ne m’étonne pas vraiment, tu es plus fort que lui depuis longtemps, mĂȘme si tu refusais de l’admettre.
– Tu parles, je tombe au moindre coup.
– Mais les coups t’atteignent rarement, nuança Rodrigue. Tu es bien plus vif et rapide sur tes pieds comme une Ă©pĂ©e, lĂ  oĂč Glenn Ă©tait bien meilleur Ă  cheval et rĂ©sistant comme un rĂ©sistant. Vous avez simplement des styles diffĂ©rents, et c’est normal. Vous ĂȘtes des personnes diffĂ©rentes avec des forces et faiblesses diffĂ©rentes.
– 
 je voulais ĂȘtre comme lui
 ĂȘtre aussi fort et bon que lui
 mais il Ă©tait fier que quand j’utilisais mes propres techniques
 et il me demandait de ne pas rire quand il ferait que de la fumĂ©e

– Il a toujours Ă©tĂ© un cancre en magie, il n’aimait pas du tout la travailler
 tu as toujours Ă©tĂ© meilleur que lui en la matiĂšre, et de trĂšs loin. 
 C’est pour ça que tu tentais de refaire des Ă©clairs ?
FĂ©lix pressa sa tĂȘte contre la poitrine de son pĂšre, perdu.
– Je ne sais mĂȘme pas
 juste
 je faisais ça avec lui et je voulais en refaire
 mais
 mais il ne reviendra pas
 il ne reviendra vraiment pas
 et je ne pourrais plus jamais vraiment le battre
 avec mon Ă©pĂ©e ou la magie
 mĂȘme elle, elle ne reviendra pas
 rĂ©alisa-t-il comme un coup de massue. Je ne sens plus ma propre magie
 juste celle de Fraldarius
 et elle est dans mes jambes et mes poumons
 la mienne a disparu

Rodrigue ne dit rien, se contentant de le serrer dans ses bras, cette magie Ă©trange se dĂ©gageant encore de lui alors qu’il semblait vouloir le protĂ©ger.
– Les choses continuent toujours
 mĂȘme quand elles semblent ne jamais se terminer, mĂȘme quand on veut que ça s’arrĂȘte
  la cicatrice fait toujours mal, elle devient moins douloureuse avec le temps, mĂȘme si elle est toujours prĂ©sente
 et c’est possible que tu ne puisses plus faire de magie comme nous, nous l’entendons aujourd’hui, mais regarde
 tu fais des choses qu’aucun d’entre nous n’est capable de faire
 personne ne peut respirer, voir et vivre sous l’eau comme tu le fais
 mĂȘme si elle fait partie d’une blessure, elle peut aussi te donner des forces

– Ça parait loin et trop long
 Comment tu as fait avec les tiennes ? Et comment je ferais si ça recommence ?
– C’est toujours trop long, on veut toujours que ça arrive au plus vite sans se laisser du temps. J’ai mis du temps, ça faisait mal et j’ai parfois maudit le monde entier car, ça faisait mal et que je ne pouvais plus rien faire pour soigner la blessure
 pas mĂȘme le dire Ă  celui qui me l’avait faite en souriant sans s’en rendre compte
 mais avec le temps, mĂȘme si ça faisait toujours mal, on s’habitue Ă  ses vieilles cicatrices, et on tient en pensant Ă  ce qui nous reste d’avant qu’il soit lĂ  et Ă  prĂ©sent, tout en devenant plus rĂ©sistant Ă  chaque fois, mĂȘme on sait qu’on ne s’y fera jamais
 qu’il ne faut pas s’y habituer mais, au moins apprendre Ă  vivre avec et Ă  accueillir ce qui arrivera ensuite sans oublier
 mĂȘme si c’est surement qu’une maniĂšre de le vivre parmi d’autres
 il lui embrassa le front, protecteur. Tu trouveras aussi la tienne

– Hum
 il passa sa main sur ses Ă©cailles, sentant l’eau battre ses ouĂŻes en mĂȘme temps que son cƓur. Je peux dĂ©jĂ  compenser en demandant des cours Ă  Pierrick pour ça

– C’est une bonne idĂ©e. Je suis sĂ»r qu’il t’aidera sans problĂšme, une fois que tes blessures seront bien refermĂ©es, lui rappela-t-il.
– 
 d’accord.
FĂ©lix accepta de rester calme et de ne plus forcer aprĂšs ça. Il dut bien dormir une semaine dans sa grotte au fond du lac avant que ses veines ne se referment, ne remontant Ă  la surface que pour manger. Une fois ses blessures refermĂ©es, mĂȘme s’il tient sa parole de ne pas trop pousser, le jeune homme glissa au fond du lac, Ă  la recherche de
 il ne savait mĂȘme pas quoi
 juste, le jeune homme saurait en trouvant. Au moins, ça l’entrainait Ă  utiliser sa nageoire et Ă  respirer de l’eau en bougeant tout le temps. Ça faisait une Ă©ternitĂ© qu’il ne s’était juste pas perdu dans l’eau ainsi
 Glenn n’aimait pas nager et Ă©tait plutĂŽt mauvais pour ça alors, son cadet avait arrĂȘtĂ© de le faire aussi, sauf pour conserver son souffle. Il savait que ça aurait Ă©tĂ© idiot de perdre la capacitĂ© Ă  rester dix minutes sous l’eau sans effort

Il sut qu’il avait trouvĂ© ce qu’il voulait, quand il tomba sur ce qui semblait ĂȘtre une ancienne structure sur pilotis qui avait sombrĂ©. Ce n’était pas rare sur le lac Egua, la seule ile du lac Ă©tait une construction artificielle qui datait de l’époque du Brave mais, toutes n’avaient pas aussi bien survĂ©cus que celle-ci. D’autres Ă©taient plus proche du rivage, il y trouvait toujours des choses intĂ©ressantes dedans
 Il y avait de grandes pierres gravĂ©s avec les mĂȘmes motifs qu’on en retrouvait un peu partout dans cette partie de leur fief, des sortes d’objets dont il ignorait la nature Ă  part que ça ressemblait Ă  des instruments de cuisine, et surtout, cachĂ© entre les algues, les cailloux et la vase, FĂ©lix trouva un petit trĂ©sor d’argent et de vermeil dans plusieurs plats les uns sur les autres, qui devaient surement ĂȘtre attachĂ©s ensembles Ă  l’origine, contenant deux torques, une dizaines de fibules en forme de cercle de tailles variĂ©es avec leur attache simples, des cuillĂšres, ce qui ressemblaient Ă  des pommeaux et des gardes d’épĂ©e.
Le jeune homme remonta tout Ă  la surface, puis se mit Ă  les nettoyer mĂ©ticuleusement, comme pour ses armes et qu’il avait l’habitude de le faire avec ses trouvailles avant
 aprĂšs plusieurs heures de travail, tout Ă©tait propre comme Ă  la sortie de la forge
 il y avait suffisamment d’élĂ©ment venant d’armes mais, FĂ©lix apporta deux des fibules aux jumeaux, deux diffĂ©rentes, ils comprendraient oĂč il voulait en venir. Ils n’avaient jamais Ă©tĂ© identiques pour lui. Il en prit puis quatre autres en parfaite Ă©tat, aprĂšs avoir accrochĂ© sa cape avec une autre attache, reposant sur son cƓur. Il en mit une dans chaque tombe de sa famille : une pour Guillaume, une pour AliĂ©nor, une pour FĂ©licia, et une derniĂšre pour Glenn
 les deux derniĂšres, il les enterra avec Rodrigue, les enfouissant vers eux. Enfin, le benjamin des Fraldarius prit une derniĂšre fibule pour aller au bord du lac, lĂ  il avait l’habitude d’aller nager avec son pĂšre et son oncle, ainsi que son frĂšre quand il Ă©tait encore lĂ .
« Pourquoi tu lui rends celle-là ? Lui demanda Alix en le rejoignant avec son frÚre.
– À chaque fois que je vois Fraldarius, mĂȘme si sa fibule ne ressemble pas Ă  ça, il a un collier avec quatre plaques en forme de main
 on ne voit que ça
 je trouvais que les bouts ressemblaient Ă  des doigts serrĂ©s

– Ça se tient
 je suis sĂ»r que ça lui fait plaisir, sourit son oncle, alors que Rodrigue posait sa main sur l’épaule de son fils en lui demandant.
– Comment te sens-tu ?
– Ça fait toujours mal mais, moins
 
 
 
 dans mon rĂȘve, Glenn m’a dit qu’on se reverrait
 qu’on sera Ă  nouveau tous ensemble
 tu penses que ça arrivera ?
– Je l’espĂšre
 de tout mon cƓur
 souffla son pĂšre, s’ancrant un peu Ă  lui Ă  son tour. On sera Ă  nouveau rĂ©uni, d’une maniĂšre ou d’une autre  »
Ils restĂšrent tous les trois, pensant encore une fois Ă  leur famille, alors que FĂ©lix lançait la fibule dans le lac avec un dernier adieu, accompagnĂ© de ce vƓu

« Faites qu’on puisse tous se revoir et vivre ensemble la prochaine fois  »
*
Quelques semaines plus tard, Dimitri ressortit du palais impĂ©rial, laissant le corps d’Eldegard derriĂšre lui. AprĂšs Gronder, ils avaient bien rencontrĂ© l’ImpĂ©ratrice et son bras droit avec Byleth mais, Ă  part confirmĂ© qu’ils ne s’arrĂȘteraient pas avant d’avoir Ă©crasĂ© tout Fodlan, jurant que tous ces morts Ă©taient faits au nom d’un futur qu’elle n’arrivait mĂȘme pas Ă  dĂ©crire, crachant sur ses victimes en disant qu’elles ne mĂ©ritaient que la mort car, ils Ă©taient faibles et leurs assassins forts. Elle ne prenait mĂȘme pas cette rencontre au sĂ©rieux
 le jeune homme ne savait pas lui-mĂȘme ce qui lui avait pris quand il lui avait rendu la dague qu’il lui avait offert, bien des annĂ©es auparavant avant une autre sĂ©paration
 peut-ĂȘtre faire ressortir la El qu’il avait connu
 peut-ĂȘtre
 c’était un bel Ă©chec sur toute la ligne en tout cas

Puis, avec l’armĂ©e royale renforcĂ©e par les chevaliers de Seiros, les forces leicesters et les mouvements de rĂ©voltes armĂ©es adrestians, ils avaient envahi Enbarr et vaincu Hubert. Confiant la sĂ©curitĂ© de la ville Ă  Ferdinand et ses camarades, ils avaient foncĂ© vers le palais oĂč Eldegard s’était retirĂ© avec ces derniers fidĂšles. Les enbarriens avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s comme des boucliers vivants par leur impĂ©ratrice et Ă©taient encore sous le choc de l’attaque, la prĂ©sence d’un autre adrestien devrait plus les rassurer que celle d’un Ă©tranger. Ils tombĂšrent sur d’autres personnes Ă  la peau grise comme celle des imposteurs cachĂ©s sous des peaux mais, ils s’étaient enfuis assez vite aprĂšs que leur chef ai trouvĂ© la mort. Il faudrait rĂ©gler cette histoire aprĂšs la guerre

Quand les forces royales pĂ©nĂ©trĂšrent dans la salle du trĂŽne, ils se crurent tous en plein cauchemar
 Eldegard Ă©tait lĂ , immense, semblant sortir tout droit d’un cauchemar
 elle Ă©tait faite de la mĂȘme matiĂšre que les bĂȘtes dĂ©moniaques, sensible aux mĂȘmes attaques qu’elles
 sa silhouette restait vaguement humanoĂŻde et seul son visage n’était pas cernĂ© de cette matiĂšre noir qui la constituait mais, des plaques osseuses recouvraient ses joues, ses yeux Ă©taient devenus noirs et brillaient d’une lueur de sang
 ce n’était mĂȘme pas comparable Ă  l’apparence des Braves
 pour leur ancĂȘtre, cela semblait naturel, des Ă©lĂ©ments de leur apparence apparus au fil du temps et surement de leurs expĂ©riences de « sorcellerie » comme l’avait dit Loquax. LĂ , cela se voyait que c’était fabriquĂ© par l’homme, une sorte de rĂ©action Ă  il ne savait quel malĂ©fice

« ImbĂ©ciles
 grinça la crĂ©ature en les voyant arriver. Les imbĂ©ciles qui refusent de sacrifier quiconque
 et incapables d’en mesure les consĂ©quences
 je vous voie
 misĂ©rables insectes
 Ă©craserai
 je vous Ă©craserai ! Je dois enterrer le passĂ© et avancer vers un avenir radieux ! C’est le seul chemin qui rendra Ă  Adrestia sa grandeur d’avant ce traitre doublĂ© d’un bĂątard Loog et ses comparses ! Cet avenir, je le bĂątirai de mes propres mains et l’arroserai de votre sang !
– Alors
 tu en es arrivĂ©-là
 soupira Dimitri. VoilĂ  oĂč te mĂšnent tes idĂ©aux oĂč le fort doit tout dĂ©truire sur son passage

Alors, elle Ă©tait allĂ©e jusque-là
 jusqu’à devenir elle-mĂȘme un monstre littĂ©ral pour ne pas perdre
 Dimitri s’autorisa Ă  fermer les yeux une fraction de seconde
 il n’y avait donc plus aucune chance de la faire changer d’avis
 El ne reviendrait jamais
 malgrĂ© tout, il avait espĂ©ré 
« ArrĂȘte de t’accrocher Ă  ce qui s’est passĂ© alors que tu ne peux plus rien changer, le gronda le souvenir de FĂ©lix au fond de sa tĂȘte Ă  la place de Glenn, trĂšs silencieux ses derniers temps, mĂȘme si les fantĂŽmes chuchotaient toujours Ă  son oreille. C’est fait maintenant, accepte-le. »
– C’est vrai
 Ainsi soit-il, reconnut-il, puisant de la force dans l’écaille de son ami, placĂ© sur son cƓur comme porte-bonheur pour lui donner la dĂ©termination de Pertinax.Si c’est le chemin que tu as choisi, je te combattrai, mĂȘme si c’est au prix de ma vie, comme Simplex et Loog avant moi ! Je dĂ©fendrai le prĂ©sent, c’est tout ce que nous avons ! Si votre futur doit ĂȘtre construit sur des os et le sang, alors vous ne mĂ©ritez aucune pitiĂ© ni compassion ! Vous ne faites que renforcer le cycle dans lequel nous vivons ! »
Il s’était alors Ă©lancĂ©, Areadbhar en avant, entourĂ© par son Ă©nergie glaciale. Eldegard les bombardait de flammes et de cristaux, criant encore et encore qu’elle sacrifierait tout pour construire un avenir radieux, sans se rende compte qu’elle se faisait un trĂŽne de cadavres et de souffrance mais, au bout d’un long combat, elle poussa son dernier cri et tomba au sol.
Comme un cauchemar au petit matin, elle se dĂ©composa Ă  l’instar de toutes les autres bĂȘtes dĂ©moniaques, ne laissant que le corps humain au milieu d’une bouillie infĂąme de sang et de chair putride. Prudemment, sa lance en avant, Dimitri s’approcha afin de vĂ©rifier si elle Ă©tait bien morte. Toutes les personnes ayant servi de matĂ©riaux pour ĂȘtre transformĂ© en bĂȘte dĂ©moniaque Ă©taient mortes une fois vaincues, il n’y avait pas vraiment de raison pour qu’Eldegard fasse exception
 mais mieux valait ĂȘtre prudent, peut-ĂȘtre que le processus Ă©tait diffĂ©rent, elle avait pu garder un soupçon de conscience, et il avait promis aux Fraldarius de ne pas pĂ©chĂ© par excĂšs de confiance. Le jeune homme levait son visage du bout de sa lance pour vĂ©rifier son regard quand, vicieuse comme une vipĂšre, Eldegard se redressa d’un coup et lança un couteau vers lui. Par chance, il put l’esquiver, l’arme se plantant lĂ  oĂč son armure Ă©tait abimĂ©e sans trop pĂ©nĂ©trer, cela lui fit mĂȘme pas mal, et Dimitri enfonça lui-mĂȘme sa lance dans la poitrine d’Eldegard.
« Jamais
 cracha-t-elle en lui jetant un dernier regard. Jamais je ne perdrais face Ă  un faible ayant besoin des autres pour tenir debout
 jamais

 Au moins, elle suivait sa philosophie jusqu’au bout

Dimitri retira sa lance du corps de son ennemie qui s’effondra au sol, puis tira assez facilement le poignard de son armure sans douleur
 la lame n’était mĂȘme pas tĂąchĂ©e de sang
 Ă©tonnĂ©, Dimitri fouilla sous son armure, ressortit la grande Ă©caille de FĂ©lix de sa cachette. Elle Ă©tait brisĂ©e en plein milieu, comme si on y avait plantĂ© quelque chose

– Tu te trompes Eldegard
 souffla-t-il en serrant le porte-bonheur dans sa main, veillant Ă  ne pas le briser, mĂȘme si son ennemie ne pouvait plus l’entendre. Cette faiblesse est ce qui nous rend tous aussi forts. »
Il laissa alors tomber la relique d’un temps rĂ©volu au sol
 elle Ă©tait morte
 elle Ă©tait morte depuis longtemps

La petite main du professeur attrapa alors la sienne. Il la regarda, son visage se fermant tristement alors qu’elle le tirait doucement dehors.
« C’est fini. Elle ne reviendra pas. Mais ceux qui vous aiment rĂ©ellement vous attendent. »
Ses quelques mots finirent de le convaincre. Dimitri sortit alors du palais impĂ©rial et arriva sur la place principale d’Enbarr, inondĂ© par la lumiĂšre du Soleil. Des rugissements de victoire l’entourĂšrent de toute part, des fĂ©licitations et des ovations, les casques, les chapeaux et les Ă©toles volant dans les airs.
« Hourra ! Hourra pour le Lion Sauveur ! Vive le roi Dimitri ! »
Leurs mots le touchĂšrent droit au cƓur, ce dernier s’envolant enfin de joie quand il vit tous ses amis allĂ©s bien. Le jeune homme prit Ingrid et Sylvain dans ses bras, ne les ayant pas enlacĂ©s ainsi depuis ce qui semblait ĂȘtre des siĂšcles, tous pleurant de soulagement devant cette victoire.
« Mes vrais amis d’enfance sont là
 songea-t-il en serrant Ingrid contre sa poitrine, alors que Sylvain Ă©bouriffait ses cheveux en souriant. Il ne manque que FĂ©lix et nous serons tous ensemble
 on le retrouvera bientĂŽt tous les trois  »
Byleth pleura Ă  son tour de joie en retrouvant RhĂ©a, tout comme Seteth et Flayn. Elle Ă©tait blessĂ©e, presque agonisante, la DĂ©esse seule sachant ce qu’elle avait endurĂ© dans ce cachot humide Ă  la merci d’Eldegard et Hubert mais, il sentait qu’avec l’aide de ses proches, elle s’en sortirait. Dimitri Ă©tait bien placĂ© pour comprendre l’importance de leur aide afin de guĂ©rir.
L’armĂ©e des coalisĂ©s resta bien six mois Ă  Garreg Mach afin de faire le point sur la situation et Ă©tablir la marche Ă  suivre. Apparemment, Pan aurait une idĂ©e d’oĂč pourrait se cacher la secte qui avait remplacĂ© tant de personnes et aider Eldegard mais, il avait encore besoin de temps pour analyser les documents retrouvĂ©s Ă  Enbarr et en Arundel, ainsi que les notes de CornĂ©lia. Mieux valait lui laisser du temps au lieu de se prĂ©cipiter. Il confia la reconstruction de l’Empire Ă  Ferdinand aprĂšs avoir consultĂ© des reprĂ©sentant des villes, ainsi que celle de l’Alliance Ă  Judith et Lorenz, puis put enfin rentrer chez lui avec ses amis aprĂšs presque un an d’absence.
Comme toujours, Dimitri fit une escale Ă  Fort Egua avant de retourner Ă  Fhirdiad, oĂč il devait se faire couronner au plus vite, si possible en la prĂ©sence de la famille ducale. En arrivant devant les portes du palais, il vit FĂ©lix nĂ©gocier avec des marchands, leur serrant la main alors qu’ils devaient avoir trouvĂ© un accord, une grande broche tenant la sarcelle de sa famille en place sur ses Ă©paules. Leur ami se tenait debout sans trembler, l’Ɠil vif, les ouĂŻes sur sa gorge palpitant un peu Ă  l’air libre mais, il semblait avoir retrouvĂ© toute son Ă©nergie et sa hargne. Ils l’appelĂšrent, l’épĂ©iste se tournant vers eux en grognant amicalement, un sourire entendu aux lĂšvres.
« Vous en avez mis du temps. Vous me devez tous un duel je vous rappelle. »
Dimitri, Ingrid et Sylvain sautĂšrent de leur cheval pour l’enlacer, heureux de le retrouver en pleine santĂ© et Ă  l’air libre.
*
Épilogue :
« Tout le monde est prĂȘt ?! Faut qu’on y aille maintenant !
– On arrive ! RĂ©pondit Amorgen en entendant l’appel de son pĂšre Gwilim. On retrouve le doudou de Dil et on arrive !
– Il l’avait quand pour la derniùre fois ? Lui demanda sa mùre Ornora.
– Hier soir ! S’écria sa femme Slaine, cherchant dans la chambre de leur petit. Il l’avait quand je l’ai couché !
– Mais il l’avait ce matin quand il s’est levé ! RĂ©torqua son frĂšre Ryann. Il l’avait quand on a mangé !
– On a dĂ©jĂ  cherchĂ© dans la salle Ă  manger ! Lui rappela Gwilim.
Amorgen cherchait dans son bureau au cas oĂč, Dil venait souvent le voir pendant qu’il travaillait sur des prĂ©parations alors, il avait pu laisser son doudou ici, quand il sentit son petit dernier attraper son pantalon, visiblement dĂ©solĂ©.
– Pardon papa
 je mets tout le monde en retard pour Fraldu

Heureusement, son grand frĂšre RĂ©amann arriva Ă  la rescousse et le rassura.
– T’en fais pas Dil ! On va vite le retrouver ! Il est juste allĂ© se promener ! Il doit ĂȘtre nerveux que l’ArchevĂȘque de Fodlan vienne alors, il s’est caché !
– Mais il est trĂšs courageux Fraldu ! RĂ©torqua son cadet. Et c’est grand-pĂšre qui me l’a donné ! Il est trĂšs fort !
– Ça arrive Ă  tout le monde d’avoir peur, mĂȘme Fraldu et je suis sĂ»r que Grand-PĂšre aussi a peur parfois. C’est lui qui dit que le vrai courage, c’est de continuer Ă  persĂ©vĂ©rer malgrĂ© sa peur !
Amorgen remercia d’une pensĂ©e son ainĂ© d’ĂȘtre aussi douĂ© pour rassurer leur petit dernier, alors qu’il cherchait entre les flacons, les mortiers et les boites de diffĂ©rentes herbes mĂ©dicinales. Le pĂšre poussa un grand soupir de soulagement en trouvant le doudou en forme de loup tout doux, bien recousu, mĂąchonnĂ© de partout quand Dil avait fait ses dents. Leur Grand-PĂšre lui donnĂ© ce cadeau Ă  sa naissance, il ne s’en sĂ©parait jamais, sauf quand il le perdait en l’oubliant quelque part. Cette fois, il Ă©tait sous sa table de travail, son petit avait dĂ» le faire tomber quand il Ă©tait venu le chercher pour se rendre au port.
– Je l’ai ! PrĂ©vient-il le reste de la maison en le rendant Ă  son fils. Tiens, il est revenu, il voulait juste encore dormir un peu.
– Fraldu ! Il lui fit un gros cñlin en retrouvant son doudou. Merci papa !
– C’est normal
 allez, venez tous les deux, c’est l’heure d’y aller

Le pĂšre guida ses garçons vers la sortie de leur maison, oĂč s’était dĂ©jĂ  rassemblĂ©e toute leur famille, finissant de se prĂ©parer. Slaine attrapa les manteaux de leurs fils, Amorgen l’aidant Ă  leur mettre, pendant que Ryann vĂ©rifiait que leurs chats Ă©taient bien lĂ  et avaient ce qu’il fallait pour la journĂ©e, Gwilim et Ornora vĂ©rifiant que tout Ă©tait bien fermĂ©. Une fois sĂ»r qu’ils Ă©taient tous prĂȘt Ă  partir et que Dil avait bien son doudou, ils sortirent enfin pour aller voir l’arrivĂ©e de l’ArchevĂȘque de Fodlan en ville. Elle Ă©tait en visite officielle dans la confĂ©dĂ©ration et devaient rencontrer les Onze Bienfaiteurs, en commençant par celui de leur ville. Elle Ă©tait entourĂ©e de tellement de lĂ©gende Ă  son sujet que tout le monde voulait la voir, Dil et RĂ©amann les premiers.
Quand ils arrivĂšrent sur le port, il Ă©tait dĂ©jĂ  noir de monde mais, aidĂ© par leur petite taille familiale, ils arrivĂšrent Ă  se faufiler tous les sept jusqu’à la barriĂšre qui les sĂ©parait des quais. Dil trouva assez vite une place dans les bras de son pĂšre pour mieux voir, alors que RĂ©amann demandait.
« Elle est oĂč l’archevĂȘque ?
– Hum
 Ryann regarda de partout, Ă©tant le plus grand de leur famille avec son frĂšre. Je ne voie pas de navire fodlan, elle ne doit pas ĂȘtre encore arrivĂ©e

– Elle arrive bientît ? Poursuivit Dil.
– Surement, il faut simplement encore attendre, rĂ©pondit Amorgen.
– – Mais c’est trop long ! On veut la voir !
– Ça va vite passĂ©, elle doit arriver Ă  dix heures, c’est bientĂŽt l’heure, leur rappela leur mĂšre en leur montrant l’horloge, indiquant neuf heures trente.
– Et si pour vous faire patienter, on vous racontait une histoire ? Proposa Gwilim.
– Oh oui ! Une histoire ! Accepta tout de suite l’ainĂ© de ses petits-enfants.
– Raconte nous l’histoire de Grand-Pùre et de ses amis ! S’il te plait papi !!!
– Celle de Grand-pùre et des autres Bienfaiteurs Dil ? Mais vous la connaissez par cƓur ! Ria-t-il en les faisant mijoter un peu.
– – S’il te plaaaaiiiit ! Le suppliùrent ses petits-fils.
– Bon ! Bon ! Que puis-je faire devant de telles suppliques ? Bon, au commencement, alors que le monde venait de naitre et que les hommes Ă©taient rĂ©partis Ă  sa surface, ceux qui arrivĂšrent sur nos terres furent trĂšs malchanceux. Au Nord du Nord, elle n’était que taĂŻgas stĂ©riles, vents, neiges et tempĂȘtes, les Ă©lĂ©ments s’écrasant sur les surfaces rocheuses et abruptes. Presque rien ne poussait alors, les Tous Premiers partirent pour le sud, Ă  la recherche de terres meilleurs, qu’ils trouvĂšrent en les futurs Sreng et Fodlan.
– Cependant, continua Ornora, alors que le soleil semblait toujours briller sur Fodlan, un jour se leva un monstre, un DĂ©mon parmi les DĂ©mons du nom de NĂ©mĂ©sis. AidĂ© par les forces malĂ©fiques de notre monde, il tua une DĂ©esse CrĂ©atrice et se mit Ă  ravager Fodlan du nord au sud, de l’est Ă  l’ouest, sur terre comme sur les cĂŽtes, avant que de Courageux Saints, enfants de cette DĂ©esse ÉcorchĂ©e, et leurs fidĂšles lieutenants n’émerge du dernier recoin de lumiĂšre brillant encore sur Fodlan, et le vainquirent ensemble, repoussant les tĂ©nĂšbres sous terre oĂč ils furent scellĂ©s avec leur bras armĂ©e. Mais avant leur arrivĂ©e, une partie des fodlans partirent, terrifiĂ©s par NĂ©mĂ©sis et les forces du mal, et ils trouvĂšrent refuge de l’autre cĂŽtĂ© des montagnes et de l’ocĂ©an. Dans leur fuite, certains trouvĂšrent nos terres gelĂ©es et s’y installĂšrent, persuadĂ©s que NĂ©mĂ©sis ne viendrait jamais les piller ici. Ce fut le Premier Peuplement, suivant le Premier Exode de Fodlan.
– Des siĂšcles passĂšrent, nos terres restĂšrent toujours aussi gelĂ©es et hostiles mais, suffisante pour le peu d’habitants qu’elles nourrissaient, reprit Slaine. Il fallait se serrer les coudes, ne jamais abandonner qui que ce soit pour que la communautĂ© survive. Chaque vie Ă©tait prĂ©cieuse, des bras en plus pour cultiver nos terres stĂ©riles, un sourire pour rĂ©chauffĂ© les cƓurs au bord du dĂ©sespoir. Ainsi, elle devient ainsi sa terre, celle oĂč vivaient ceux n’ayant nulle part pour se rĂ©fugier, dont les habitants compensaient l’hostilitĂ© par leur fraternitĂ© et leur courage. Mais, les enfants du Premier Exode gardaient toujours avec eux une prophĂ©tie qui leur donnait du courage : « Si un jour, les tĂ©nĂšbres ressurgissent et engendraient un Nouveau NĂ©mĂ©sis, la DĂ©esse ÉcorchĂ©e reviendra Ă  la vie par son CƓur et, aprĂšs avoir sauver le Barde de la DĂ©esse, il fera tomber le Nouveau NĂ©mĂ©sis avec l’aide du CƓur de la DĂ©esse, avant de s’unir avec le Barde et de vaincre ensemble NĂ©mĂ©sis et les tĂ©nĂšbres pour de bon. Ce jour-lĂ , Ă  l’Aube Nouvelle, le monde entier entrera dans une Ăšre de prospĂ©ritĂ© et de bonheur. »
– Malheureusement, au fils des siĂšcles, le sceau retenant les forces du mal se fragilisa, laissant sortir des brides de ses miasmes qui corrompaient le cƓur des hommes et semaient le trouble en Fodlan. Il y a maintenant six siĂšcles, lors d’une Lune de Sang, le sceau tomba en poussiĂšre. Les tĂ©nĂšbres en sortirent, se prĂ©cipitant hors de leur cage et donnĂšrent alors naissant Ă  Eldegard la Sanguinaire, fille par le sang de l’Empereur Vampire Ionius, et fille par l’esprit du DĂ©mon parmi les DĂ©mons NĂ©mĂ©sis. À la tĂȘte de l’Empire d’Adrestia, elle se mit Ă  ravager tout Fodlan pour reprendre contrĂŽle du continent, et continuer Ă  semer le chaos comme les TĂ©nĂšbres le voulaient, ravageant encore et encore toutes crĂ©ations sur son passage. Elle fit tomber la Maison de la DĂ©esse Garreg Mach, captura la Voix de la DĂ©esse RhĂ©a qui avait essayĂ© d’accomplir la ProphĂ©tie, disparaitre le CƓur de la DĂ©esse revenu Ă  la vie en la personne de Byleth, la prĂ©ceptrice de l’Élu, le Prince Dimitri de Faerghus, puis le chassa, le poussant au plus profond des tĂ©nĂšbres pour qu’il se perde et n’accomplisse jamais son destin, sachant que c’était lui, l’élu du CƓur de la DĂ©esse, qui la ferait tomber un jour. Beaucoup fuir, plusieurs trouvĂšrent refuge sur nos terres, et ce fut le Second Exode, fuyant ce continent Ă  feux et Ă  sang. Alors, Fodlan plongea dans les tĂ©nĂšbres, Ă  la merci d’Eldegard la Sanguinaire, des forces du mal et de leurs sbires
 raconta sombrement Ryann avec une voix basse, effrayant mĂȘme son plus petit neveu qui se cacha dans le manteau de son pĂšre.
Amorgen l’en sortit en continuant Ă  raconter, les deux garçons pendus Ă  ses lĂšvres alors qu’ils arrivaient Ă  leur partie prĂ©fĂ©rĂ©e de l’histoire.
– Cependant, tout espoir n’était pas perdu. MalgrĂ© la perte de leur prince, son peuple continua toujours le combat, se battant avec tellement de force qu’Eldegard la Sanguinaire ne put jamais faire tomber le dernier de la ProphĂ©tie, le Grand-Duc Claude de Leicester, le Barde de la DĂ©esse qui, comme tout Barde se le doit afin de raconter le passĂ©, apprenait encore et encore les secrets de Fodlan tout en rĂ©sistant aux forces du mal. Puis un jour de pleine lune bleue, le CƓur de la DĂ©esse sortit de l’eau et revient Ă  la vie, partant Ă  la recherche de l’Élu avec tous ses compagnons qu’il avait rĂ©uni avant sa chute. Ils le retrouvĂšrent plongĂ© au plus profond des TĂ©nĂšbres mais, aprĂšs avoir failli perdre deux des ĂȘtres les plus chers Ă  son cƓur, avec l’aide de ses amis et de sa propre volontĂ© inflexible, il arriva Ă  les vaincre, revenant Ă  son tour Ă  la vie. Il partit alors libĂ©rer son Royaume des sbires des TĂ©nĂšbres qui le contrĂŽlait, puis alla sauver le Barde de la DĂ©esse comme le voulait la prophĂ©tie.
– Puis, ils ont battu la mĂ©chante Eldegard ! S’écria Dil en serrant son doudou dans ses bras.
– Oui. AccompagnĂ© du CƓur alors que le Barde partit afin de trouver ses derniĂšres rĂ©ponses et apaisĂ© les conflits avec le continent voisin d’Almyra, l’Élu Dimitri partit pour Enbarr, ancien dernier bastion de la lumiĂšre qui Ă©tait devenu la place forte des TĂ©nĂšbres. Le combat fut rude mais, Ă©paulĂ© par tous ses courageux compagnons, protĂ©gez par leur amitiĂ© et la foi que le peuple de Fodlan plaçait en lui, l’Élu vainquit Eldegard la Sanguinaire, arrĂȘtant toutes ses ambitions de rĂ©duire Fodlan en cendres. Puis, quand la Voix de la DĂ©esse fut libre et avec les dĂ©couvertes du Barde de la DĂ©esse, ils vainquirent les TĂ©nĂšbres pour de bon. D’un trait du Barde, la flĂšche dĂ©tourna l’attention de NĂ©mĂ©sis, revenu Ă  la vie par les TĂ©nĂšbres, laissant le temps Ă  l’Élu de l’achever une fois pour toute, alors que le CƓur utilisait son pouvoir divin pour anĂ©antir les forces du mal. Par ce miracle, ils libĂ©rĂšrent tous les bienfaits qu’ils avaient volĂ©. Ces BĂ©nĂ©dictions parcoururent alors le monde, apportant la paix et la prospĂ©ritĂ© partout sur leur passage.
– Quand les TĂ©nĂšbres et leurs HĂ©raults furent vaincus pour de bon, beaucoup de personnes venant du Second Exode rentrĂšrent en Fodlan afin de retrouver la terre de leur ancĂȘtre Ă  prĂ©sent protĂ©ger par l’Elu de la DĂ©esse, le Roi Sauveur Dimitri qui rĂ©gĂ©nĂ©ra le continent tout entier et le fit entrer dans une Ăšre de paix qui continue encore aujourd’hui. Ils crurent aussi que les Bienfaits avaient oubliĂ© la ContrĂ©e des DĂ©sespĂ©rĂ©s, toujours aussi hostiles Ă  la vie, reprit Gwilim. Cependant, les Dieux ne nous ont pas oubliĂ© mais, nous donnĂšrent des bienfaits particuliers, ceux de la Connaissance.
– Et c’est les Onze Bienfaiteurs qui les ont rĂ©cupĂ©rĂ©s ! Continua RĂ©amann avant de rĂ©citer. Car ce sont les seuls avec une Ăąme et un esprit assez sincĂšres et dĂ©vouĂ©s Ă  notre peuple pour ne pas l’utiliser pour eux seuls !
– Oui, et avec leurs bienfaits, chacun dĂ©veloppa un talent particulier. La PremiĂšre dĂ©veloppa celui du corps et de l’esprit, sa force hors du commun s’alliant Ă  sa luciditĂ© capable de dĂ©chiffrer l’esprit des ĂȘtres vivants.
– La Seconde apprit tout de l’Organisme, autant comment la soigner que la dĂ©truire, devenant complĂ©mentaire Ă  la PremiĂšre. Puis le TroisiĂšme arriva, maitre des nuages et de l’orage, capable de maitriser la mĂ©tĂ©o afin d’abreuver nos terres d’eau et de Soleil selon leurs besoins, poursuivit Ornora avant de laisser la parole Ă  sa belle-fille.
– La QuatriĂšme fut celle du feu et de la chaleur, rĂ©chauffant nos maisons et arrĂȘtant les incendies qui nous menaçaient. En coordination avec le CinquiĂšme, maniant la terre qu’il rendait fertile et le mĂ©tal, ils construisirent ensemble des outils pour les habitants de nos terres.
– La SixiĂšme connaissait le Vent et les Cieux, les faisant souffler et les rendant clair pour mener les navires Ă  bon port. Le SeptiĂšme parlait Ă  tout ĂȘtre vivant, animal, insecte, oiseau, poisson ou humain, et pouvait toujours trouver un accord entre deux partis, raconta Ă  son tour Ryann aprĂšs Slaine.
– Et pour les trois suivants, il y a
 commença Amorgen en laissant sa phrase en suspend pour que les petits rĂ©pondent.
– Je sais ! C’est les Trois InsĂ©parables ! S’exclama RĂ©amann, son impatience complĂštement oubliĂ© depuis longtemps. AprĂšs, il y a le HuitiĂšme qui maitrise le froid et la neige, pour nous protĂ©ger de l’hiver ! Il s’appelle Goll car il a les yeux de deux couleurs diffĂ©rentes ! Et il est amoureux de Grand-PĂšre et il considĂšre la DixiĂšme comme leur sƓur !
– Et Grand-Pùre Eil Ton, c’est le Neuviùme ! Lui, il est ami avec les eaux, et il arrive à jouer avec et à les rendre toutes propres ! Continua en babillant Dil. Comme ça, on a pas mal au ventre quand on la boit ! Et c’est lui qui a fait Fraldu car c’est notre Grand-Pùre ! Il aime aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup le Septiùme Grand-Oncle Goll et Grande-Tante Plur na mBan !
– Oui, et avec eux est toujours la DixiĂšme, notre Grande-Tante Plur na mBan, elle qui contrĂŽle les plantes de toutes sortes, autant un brin d’herbe que le plus ancien des arbres, leur donnant la santĂ© en Ă©change de leur fidĂ©litĂ©. Ensemble, ce sont les trois grands amis toujours ensemble et insĂ©parable.
– Enfin, la derniĂšre est la OnziĂšme, maniant l’ombre et la lumiĂšre, allant aussi vite qu’elle et sautant de l’une Ă  l’autre. Ils mirent leurs bienfaits en commun et ensemble, ils transformĂšrent la ContrĂ©e des DĂ©sespĂ©rĂ©s en un vĂ©ritable paradis sur Terre. La vie restait dure pour ne pas trop chambouler les lois de la Nature dĂ©cidĂ© par les Dieux eux-mĂȘmes mais, elle devient bien plus facile et prospĂšre. Elle changea alors de nom pour prendre le nom de la ConfĂ©dĂ©ration de Tir na nOg, afin de souligner que c’est le travail de tous les Bienfaiteurs ensemble qui a rendu nos terres aussi resplendissantes que celle de l’éternelle jeunesse. Depuis lors, les Onze, dotĂ© d’une longue vie grĂące Ă  leur Bienfait, continuent de veiller sur nous, tout en formant des successeurs afin d’entretenir la force de leur Bienfait, mĂȘme quand les dieux les appelleront finalement parmi eux

– Comme mamie et papa ! S’écria Dil. Et moi aussi ! Je serais aussi fort que grand-pĂšre quand je serais grand !
– J’en suis sĂ»r, quand tu seras un grand garçon, lui sourit son pĂšre en appuyant doucement sur son nez par taquinerie, ce qui fit rire son cadet.
– Allez ! Encore une histoire !
– Tu es insatiable ! Ria son grand-pĂšre, avant de se faire couper par des sonneries de trompette. Mais ce sera pour plus tard, on dirait que le navire de l’archevĂȘque est arrivĂ©.
– Elle ne devrait pas tarder à sortir
 ajouta Ornora.
– Oui ! Elle est là ! S’exclama Slaine en montrant une femme aux cheveux verts interminables descendre sur le ponton, toute habillĂ©e de bleu, d’or et de fleur de lys.
– C’est elle ! C’est l’archevĂȘque ! PĂ©pia avec enthousiasme RĂ©amann, Ă  peine tenu par sa mĂšre.
– C’est le CƓur de la DĂ©esse ! Eeeehhho ! Cria Dil avant que son pĂšre l’arrĂȘte. ArchevĂȘque Byleth !
Byleth ne put s’empĂȘcher de tourner la tĂȘte vers la foule en entendant cette appel, perçant derriĂšre les acclamations de bienvenus. La voix Ă©tait bien plus aigĂŒe, comme celle d’un tout petit enfant mais, ses oreilles ne pouvaient que la reconnaitre. Elle vit alors une petite famille, composĂ© des grands-parents, des parents, de l’oncle qui devait ĂȘtre le vrai jumeau du pĂšre, et les deux petits-fils. Une hypothĂšse toute douce s’installa dans son cƓur, pleine d’espoir. AprĂšs tout, ce n’était pas la premiĂšre fois que la NabatĂ©enne faisait ce genre de rencontre, lui rĂ©chauffant toujours le cƓur. Elle en aurait bientĂŽt le cƓur net

Reprenant son sĂ©rieux, l’ArchevĂȘque salua solennellement le Bienfaiteur de l’Eau, le NeuviĂšme, du nom d’Eil Ton. C’était un homme de taille moyenne, fin et souple, tout semblable Ă  son Ă©lĂ©ment, aux longs cheveux noirs et bouclĂ©s attachĂ©s dans un chignon tressĂ©. Tout son corps Ă©tait recouvert de symboles, des dessins et des tatouages ainsi que de quelques Ă©lĂ©ments Ă©tranges, semblables aux contrecoups des miracles que les Braves faisaient, avant qu’ils ne puissent enfin reposer en paix avec les nabatĂ©ens ayant servi Ă  fabriquer les Reliques. Ils avaient beau avoir le mĂȘme Ăąge tous les deux, c’était la premiĂšre fois qu’ils se rencontraient alors, Byleth devait avouer qu’elle Ă©tait un peu Ă©tonnĂ©e. Il faudrait qu’elle voie avec les autres Bienfaiteurs mais, elle avait une thĂ©orie sur leur ancienne identitĂ©. Elle lui rendit son salut comme Ă  un Ă©gal, c’était un chef d’État et les pouvoirs de cet homme se rapprochait du divin par leur puissance aprĂšs tout.
Eil Ton la mena vers la ville, Byleth en profitant pour saluer la foule comme il Ă©tait coutume de le faire, avant de s’arrĂȘter au niveau de la petite famille, une excuse toute trouvĂ©e.
« Ils vous ressemblent beaucoup, sourit-elle au Bienfaiteur. Ils font partie de votre famille ?
– Oui, il s’agit du clan O’Faol, ce sont les descendants de ma sƓur de sang. MĂȘme si je n’ai pas d’enfant moi-mĂȘme, je les considĂšre comme les miens. Je vous prĂ©sente Gwilim et sa femme Ornora, leurs jumeaux Amorgen et Ryann, la femme d’Amorgen Slaine, et leurs deux fils, l’ainĂ© RĂ©amann et le petit dernier Dil.
– Je m’en doutais, vous vous ressemblez beaucoup, ronronna-t-elle en devinant juste. Je suis ravi de vous rencontrer.
Il fallait dire, Gwilim, les jumeaux et les deux petits-fils avaient les mĂȘmes yeux de chat bleu comme de l’eau qu’Eil Ton, ainsi que ses cheveux noirs et bouclĂ©s et une peau assez pale, mĂȘme si ceux de Gwilim Ă©taient majoritairement devenu gris et le benjamin avait des mĂšches lisses et les iris ambrĂ©s de sa mĂšre, bien qu’elle avait aussi une chevelure de nuit. Ornora se dĂ©marquait d’ailleurs beaucoup avec ses quelques mĂšches encore blondes avec des reflets roux au milieu du blanc et ses yeux verts.
Ils s’inclinùrent tous comme ils purent dans la foule, et avec son fils cadet dans les bras pour Amorgen, la saluant avec respect.
– Recevez tous nos hommages et tout notre respect Votre SaintetĂ© Byleth, dĂ©clara solennellement le grand-pĂšre.
– Tout l’honneur est pour moi, rĂ©pondit-elle avec un grand sourire, comprenant tout.
– Dites Dame Byleth ! C’est vrai que vous avez le CƓur de la DĂ©esse ? Demanda Dil avec enthousiasme, les yeux brillants. Dans les histoires, vous ĂȘtes le CƓur de la DĂ©esse CrĂ©atrice ! Celle qui a Ă©lu le Roi Sauveur Dimitri l’Élu de la DĂ©esse contre Eldegard la Sanguinaire ! Et que Claude Ă©tait aussi le Barde de la DĂ©esse et mĂȘme que tous les deux, ils ont vaincu NĂ©mĂ©sis !
Byleth sourit à ses questions, toujours curieuse de voir à quelle histoires leurs actions avaient donné naissance.
– On peut dire ça, mĂȘme si Dimitri a pu aller aussi loin grĂące Ă  sa propre force, mais aussi l’aide de tous ses amis, lui assura-t-elle. Ils l’aidaient, le soutenaient, et ils s’entraidaient et combattaient tous ensemble. Tu connais surement ça avec tes propres amis. On est toujours plus fort ensemble.
– Oh oui ! RĂ©pondit-il avec enthousiasme en serrant son doudou en forme de loup – un autre indice – dans ses bras. Quand le peuple du SeptiĂšme Bienheureux Nemed, je joue toujours avec mon super copain Cillin et on arrive toujours Ă  ĂȘtre aussi fort que RĂ©amann au ballon !
– Vraiment ? Lui sourit-elle, heureuse. Et bien, chĂ©ris bien tous les liens que tu as construits au fil du temps, autant avec tes amis qu’avec ta famille, c’est ce qu’il y a de plus prĂ©cieux au monde.
– Bien sĂ»r ! S’exclama-t-il en s’accrochant encore plus Ă  son pĂšre. Je ne me sĂ©parerais jamais de mon papa, ma maman, mon grand frĂšre, oncle Ryann, papi et mamie ! Jamais ! Et je serais un grand magicien ! Comme Grand-PĂšre !
Byleth fondit devant sa rĂ©ponse, osant passer sa main sur sa tĂȘte en lui souhaitant.
– Que tu sois exaucé  j’ai Ă©tĂ© heureuse de vous rencontrer. »
Elle se détourna en voyant Amorgen cùliner son fils, Réamann pépiant à cÎté de son frÚre avec un sourire, les mains de sa mÚre sur ses épaules.
Byleth ne put s’empĂȘcher de repenser Ă  tous ses moments oĂč elle savait qu’elle les revoyaient
 d’une certaine maniĂšre
 quatre cents ans auparavant, lors d’une tournĂ©e en Faerghus pour rencontrer encore les nouveaux habitants du Royaume, elle Ă©tait arrivĂ© dans un village le jour d’un mariage et avait officiĂ© comme prĂȘtresse, reconnaissant sans peine l’immense homme blond et sa fiancĂ©e aux tresses bleues, tous les deux radieux d’échanger leurs vƓux devant leurs parents bien vivants, ignorant que c’était leur second mariage. Il y avait Ă  peine deux siĂšcles, pendant un voyage en Almyra pour rendre visite au nouveau shah et fleurir la tombe de Claude, elle avait croisĂ© un groupe de nomade Ă  cheval, oĂč vivait un frĂšre taquin comme un renard et une sƓur droite et stricte. Le premier mariĂ© Ă  une des femmes les plus douces du monde qui lui avait donnĂ© des friandises, mĂȘme si elle faisait peur quand elle racontait des histoires d’horreur autour d’Eldegard la Sanguinaire, et sa sƓur s’était Ă©galement mariĂ©e avec un rayon de soleil fait d’homme, positif et altruiste, aidant chaque personne dans le besoin. Ils vivaient tous ensembles, libres comme l’air avec leur monture, mĂȘme si la vie Ă©tait dure, restant soudĂ©s quoi qu’ils puissent leur arrivĂ©e. Byleth avait cru fondre en larme la premiĂšre fois qu’elle avait fait ce genre de rencontre, retrouvant les traits de deux chevaliĂšres insĂ©parables dans ceux de deux commerçantes d’AlbinĂ©a, RhĂ©a le faisant discrĂštement, heureuse de les voir de nouveau ensemble
 la mĂȘme passion crĂ©ative dans ce duo Dagdan que chez les deux grands artistes de sa classe que Flayn avait ramenĂ© au monastĂšre pour montrer leurs Ɠuvres Ă  Seteth

Pendant tous ces siĂšcles, Byleth avait parfois rencontrĂ© des membres de cette famille mais, ils Ă©taient toujours sĂ©parĂ©s. Mais lĂ , ils Ă©taient tous rĂ©unis et heureux ensemble
 le souvenir du vƓu qu’il avait fait Ă  la mort de son pĂšre et de son oncle

« J’aimerais qu’on puisse vivre tous ensemble la prochaine fois
 et sans vivre autant de TragĂ©die, si ce n’est pas trop demandé  »
« Finalement, ce n’était pas trop demander, sourit Byleth pour elle-mĂȘme en continuant son chemin, gravant la famille enfin rĂ©unie dans sa tĂȘte. Puissiez-vous vivre heureux tous ensemble le plus longtemps possible, surtout aprĂšs autant de temps d’attente
 cette fois, tout ira bien  »
*************************************************************
ScÚne coupée :
Bon ! Je vous explique. Cette partie a Ă©tĂ© Ă©crite avant que je fasse la partie oĂč FĂ©lix finissent son deuil de Glenn avec sa famille. Je l'ai coupĂ© car, je trouvais que ça faisait "ils ont le beurre, l'argent du beurre et la crĂ©miĂšre" pour eux et que ça ruinait les thĂ©matiques, et j'hĂ©sitais Ă  le mettre mais, aprĂšs une discussion avec Ladyniniane, je le met quand mĂȘme comme scĂšne coupĂ©. Si cela ne vous gĂȘne pas, vous pouvez le considĂ©rer comme canon avec le reste de l'OS mais personnellement, je le considĂšre comme une scĂšne coupĂ©e qui n'a pas d'importance sur l'histoire. Le dĂ©roulement des Ă©vĂšnements ne changent pas avec ou sans de toute façon alors, c'est comme vous le sentez !) Bonne lecture !
FĂ©lix avança prudemment avec son pĂšre dans les allĂ©es de la ville Ă©trange. Pan avait finalement crachĂ© le morceau sur pourquoi il en savait autant sur cette « secte », tout comme RhĂ©a sur les Reliques et NĂ©mĂ©sis. DĂ©esse ! Il n’aurait jamais cru que la Relique qui l’avait protĂ©gĂ© aussi souvent Ă©tait en fait l’os d’un dragon, et que son emblĂšme Ă©tait son sang que NĂ©mĂ©sis et ses alliĂ©s, les agarthans, avaient forcĂ© son ancĂȘtre Ă  boire une fois vaincu Ă  la dĂ©loyale ! Oui, les Reliques avaient un aspect assez dĂ©rangeant mais, tous pensaient que c’était pour effrayer l’ennemi et un signe qu’elles venaient d’un autre monde ! MĂȘme Moralta Ă©tait une Ă©pĂ©e volĂ©e Ă  son vrai propriĂ©taire !
« Si les Reliques sont aussi
 prĂ©venantes faute d’un meilleur mot, c’est surement parce qu’à leur mort, l’ñme des Braves qui ont Ă©tĂ© forcĂ© de boire le sang de nabatĂ©en a Ă©tĂ© aspirĂ© Ă  l’intĂ©rieur, avait expliquĂ© RhĂ©a. Quand vous ĂȘtes inconscient et que vous utilisez leur pouvoir pour vous soigner, vous voyez votre ancĂȘtre, n’est-ce pas ? C’est que son Ăąme est bloquĂ©e dans la Relique, tout comme celle du nabatĂ©en qui a servi Ă  la fabriquĂ©.
– Ces armes ont Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour faire souffrir, avait poursuivi Pan, ayant avouĂ© entre temps qu’il Ă©tait agarthan lui-mĂȘme, avant de trahir et s’enfuir quand Loog et ses compagnons lui avaient ouverts les yeux sur ce que faisaient son peuple. Je n’étais pas prĂ©sent Ă  ce moment-lĂ , j’étais encore qu’une larve n’ayant pas encore fini sa croissance mais, je me souviens que les scientifiques disaient qu’ils fabriquaient les armes ultimes pour se venger de Sothis. L’ñme est piĂ©gĂ©e Ă  l’intĂ©rieur du cƓur, et elle est consciente de tout ce que fait son porteur. C’est pour cela que vos Reliques rĂ©agissent Ă  vos actions et que leur Ă©nergie change, vos ancĂȘtres et les nabatĂ©ens Ă  l’intĂ©rieur tentent de communiquer avec vous. Ils doivent penser que quitte Ă  ĂȘtre enfermĂ© dedans, autant conseiller leurs descendants comme ils peuvent  »
Apparemment, l’agarthan qui avait remplacĂ© Arundel, ThalĂšs, Ă©tait leur chef, ses seconds Ă©tant Solon et un autre homme du nom de Myson, Ă©galement tombĂ© pendant la bataille d’Enbarr. D’aprĂšs Pan, la majeure partie des tĂȘtes pensantes de leur citĂ©, Ă©taient mortes.
« Nous ne sommes pas tous d’accord avec cette vengeance. C’est normal car, nous sommes tous Ă©levĂ© dans la haine de Sothis mais, nous ne voulons pas tous la mort de l’entiĂšretĂ© du continent. La plupart d’entre nous sommes des petites mains qui permettent Ă  la citĂ© de vivre, et ces familles veulent surtout vivre en paix. Une bonne partie d’entre elles ont fui Ă  ma suite d’ailleurs, mĂȘme s’ils ont quittĂ© Fodlan de peur de reprĂ©sailles pour se cacher dans le dĂ©sert de Morfis. Moi-mĂȘme, j’ai vĂ©cu des siĂšcles en me cachant, mĂȘme si je n’ai pas fui pour tenir une promesse que j’ai faite Ă  Loog et tous nos compagnons de l’époque. Je leur ai promis que tant que je serais en vie, ThalĂšs et ses sbires ne brĂ»leraient pas le continent et leur peuple qu’ils aimaient tous tant. Maintenant, nous avons une opportunitĂ© de prendre Shambhala et de mettre fin Ă  ce cycle de vengeance insensĂ©. Elle doit ĂȘtre complĂštement dĂ©sorganisĂ©e et les seconds couteaux doivent ĂȘtre en train de s’entretuer pour savoir qui succĂ©dera Ă  ThalĂšs. C’est le moment de frapper. »
Dimitri l’avait Ă©coutĂ©, ainsi que RhĂ©a et Seteth qui s’étaient rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre des nabatĂ©ens, et mĂȘme les Saints Seiros et Cichol, Flayn Ă©tant Cethleann. Ils furent tous les deux d’accord avec ce plan d’action, surtout maintenant que le continent et l’armĂ©e s’étaient remis de la guerre.
FĂ©lix Ă©tait bien sĂ»r aux cĂŽtĂ©s de ses amis, ainsi que Rodrigue, tous les deux complĂštement guĂ©ris. Il ne supportait plus de rester plus d’une semaine sans s’immerger complĂštement dans l’eau pendant des heures mais, il pouvait toujours dormir au fond de la riviĂšre. Pas question de laisser Dimitri et les autres seuls aprĂšs ne pas avoir pu combattre avec eux dans l’Empire, surtout qu’aprĂšs enquĂȘte, il s’était avĂ©rĂ© que les agarthans Ă©taient aussi liĂ©s Ă  Duscur. La TragĂ©die avait eu lieu sous l’impulsion d’Ionius, ce dernier voulant affaiblir le Royaume pour que l’Empire reprenne de l’importance par mise hors-jeu de son ennemi de toujours mais, les agarthans avaient Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sents. Ils avaient surement rĂ©cupĂ©rĂ© les corps des disparus afin d’avoir des matĂ©riaux pour leurs expĂ©riences tordues
 c’était fou et idiot mais, dans un coin de leur tĂȘte, le pĂšre et le fils espĂ©raient retrouvĂ© quelque chose de Glenn
 un habit, son sachet, la fiole d’eau du lac qu’il avait emportĂ©, n’importe quoi
 au moins quelque chose pour savoir ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă  son corps
 au moins ça pour enfin pouvoir l’enterrer complĂštement

Comme l’avait prĂ©vu Pan, un chaos sans nom rĂ©gnait dans la ville. DiffĂ©rentes factions s’affrontaient dans la rue, laissant les corps pourrir par terre alors qu’ils se disputaient la tĂȘte de la citĂ©. Les civils n’auraient pas Ă©tĂ© au milieu, se prenant des sorts perdus Ă  tout bout de champ, l’armĂ©e royale n’aurait eu qu’à attendre pour finir le travail. MĂȘme lĂ , il n’avait fait qu’achever les survivants des luttes intestines qui duraient depuis des mois.
Une fois le calme revenu et les civils mise au courant de ce qui se passait, ils partirent explorer la ville, au cas oĂč ThalĂšs et ses sbires avaient laissĂ© des piĂšges derriĂšres eux. Pan avait appris Ă  plusieurs de ses collĂšgues Ă  parler la langue agarthan, afin qu’ils puissent l’aider Ă  dĂ©crypter les notes codĂ©es de ses anciens alliĂ©s, ce fut trĂšs utile pour communiquer avec les habitants de Shambhala. Les Fraldarius suivirent le scientifique, ce dernier inspectant le bĂątiment des chercheurs oĂč devaient se trouver les restes des cobayes.
« Hum
 je pensais ce projet Ă  l’arrĂȘt
 marmonna l’agarthan en regardant un alignement de grandes boites semblables Ă  des cercueils. ThalĂšs voulait vraiment accomplir l’impossible
 cela ne m’étonne pas de lui

– Qu’est-ce que c’est ? Demanda FĂ©lix en fronçant le nez.
– Le corps de NĂ©mĂ©sis, ainsi que celui des enfants des Braves qui ont rejoint nos rangs aprĂšs que leurs parents aient Ă©tĂ© assassinĂ©s. Ils Ă©taient dĂ©vorĂ©s par l’envie de vengeance et se joindre Ă  NĂ©mĂ©sis semblait ĂȘtre une bonne option. AprĂšs tout, mĂȘme si leurs parents Ă©taient malades Ă  cause du sang qu’il leur avait fait boire, il avait donnĂ© le choix entre leur soumission personnelle et celle de leur ville. Cela semblait plus raisonnable que d’arriver dans la rĂ©gion, tuer le protecteur d’un peuple Ă  cause d’un crime qu’il n’a pas commis, forcer le dit peuple Ă  se soumettre Ă  la volontĂ© impĂ©riale et d’une dĂ©esse inconnue toujours pour laver leurs pĂ©chĂ©s, et tenter d’effacer plusieurs pans de leur culture car, les envahisseurs ne les comprenaient pas. Enfin, ça c’est ce qu’on m’a racontĂ© quand j’étais encore une larve alors, c’est surement biaisé  Le projet, c’était de garder leur corps afin de tenter de les faire revivre Ă  l’occasion, mĂȘme s’ils Ă©taient tous morts

– Et il comptait faire ça comment ? Rien ne peut vaincre la mort ! RĂ©pliqua FĂ©lix.
– Effectivement, Ă  part un sorcier suffisamment puissant, d’une certaine maniĂšre
 il peut voir son Ăąme lui survivre Ă  travers la magie qu’il laisse derriĂšre lui, ils sont surtout faits de magie Ă  partir d’un certain stade. Sans notre intervention, vos ancĂȘtres auraient surement fini par se mĂȘler Ă  leur environnement Ă  leur mort. Je suis sĂ»r que ThalĂšs s’en est inspiré  il pensait qu’en leur injectant du sang avec leur emblĂšme, ils reviendraient Ă  la vie. Une de mes missions pendant la guerre du Lion et de l’Aigle Ă©tait d’ailleurs de leur envoyer les corps des porteurs d’emblĂšme morts pour extraction
 je ne l’ai jamais fait, j’étais dĂ©jĂ  passĂ© dans le camp de Loog Ă  ce moment-lĂ  mais, c’est pour ça que vous brĂ»lez les corps Ă  Faerghus et Leicester, par peur qu’on les vole
 j’avais dit que des forces malĂ©fiques venant de l’Empire les convoitaient
 Ă  l’époque, ça pouvait passer comme justification, les forces du mal Ă©taient quelque chose en quoi les gens croyaient
 dans le fond, ils n’avaient pas torts
 ThalĂšs aimait se prendre pour un dieu
 marmonna-t-il en dĂ©plaçant des cristaux sur une sorte de grand plan de travail et en coupant des veines d’énergie. Enfin, comme ça, ça devrait couper ce qui maintient leur corps en Ă©tat et finirent de les tuer avec
 passez-moi le sac que j’ai apportĂ© s’il vous plait
 faites attention de ne pas vous en mettre sur les doigts

FĂ©lix et Rodrigue lui donnĂšrent le gros sac, bien trop lourd pour lui mais qu’il avait insistĂ© pour emporter, d’oĂč il tira une boite qu’il manipula avec prĂ©caution. Il tĂąta alors les tuyaux qui reliaient tous les cercueils entre eux, ouvrit une trappe donnant sur un liquide bleuĂątre, puis fit tomber toute la poudre de sa boite dedans, la couleur et sa prĂ©caution suffisant Ă  leur faire comprendre qu’elle Ă©tait surement toxique.
– VoilĂ  qui devrait les achever pour de bon
 souffla-t-il en refermant la trappe. Laissons-les mariner quelques jours dans le poison, et nous pourrons les sortir
 et les brĂ»ler, ce sera plus prudent. Je ne sais pas ce qu’Odesse a pu leur faire
 c’est ironique dans un sens
 des guerriers dĂ©vorĂ©s par l’envie de vengeance des plus puissants de leur Ă©poque, tuĂ©s par un simple poison qui dĂ©vore les cellules
 c’est assez ironique qu’il soit battu par une simple rĂ©action chimique naturelle
 songea l’érudit pour lui-mĂȘme en se relevant. Bon, maintenant, au tour des sujets de test. Commençons par les cobayes gardĂ©s vivants, chaque minute compte pour eux. »
Rodrigue et FĂ©lix hochĂšrent la tĂȘte sans s’en Ă©tonner. Pan leur en avait parlĂ©, et mĂȘme si un minuscule espoir Ă©tait apparu dans leur poitrine, ils l’avaient tout de suite Ă©touffĂ©. Personne ne mĂ©ritait de vivre une telle horreur et c’était impossible

La salle des cobayes vivants Ă©tait en fait un immense entrepĂŽt oĂč Ă©tait conservĂ© des corps dans d’immenses tubes transparents, entourĂ© d’une Ă©chelle pour rĂ©cupĂ©rer ce qui se trouvait Ă  l’intĂ©rieur, rempli d’un liquide Ă©trange. Les personnes Ă  l’intĂ©rieur Ă©taient nues, enroulĂ©es sur elles-mĂȘmes, comme en enfant dans le ventre de sa mĂšre, un masque sur le visage, plusieurs tuyaux les reliant en haut ou en bas du tube pour les tenir en vie. C’était horrible
 plusieurs avaient des membres en plus ou en moins ou modifiĂ©s, des sortes de prothĂšses ratĂ©es sur le corps, surtout dans les premiĂšres rangĂ©es.
« On garde les tests en cours prĂšs de l’entrĂ©e pour y accĂ©der plus rapidement » avait dit Pan en entrant mais, tout ceci restait morbide et macabre. Quel ĂȘtre humain digne de ce nom pouvait infligĂ© une telle horreur Ă  d’autres ĂȘtres vivants ?! Leur empathie Ă©tait aussi moribonde que cela ?!
« Malheureusement, oui  » se souvient Rodrigue en se rappelant d’une discussion avec Seteth, quelques jours aprĂšs qu’ils aient tout racontĂ© avec RhĂ©a. « DĂ©esse
 par pitiĂ©, faites que Glenn n’ait pas eu Ă  subir ça ! C’est un sort pire que la mort ! »
Au regard de FĂ©lix, il souhaitait la mĂȘme chose.
Pan lisait la description Ă©crite sur le tube Ă  voix haute, regardait la victime dans son tube, et soit mettait une croix rouge sur le verre, indiquant que la personne Ă  l’intĂ©rieur ne pourrait pas survivre hors du tube, soit disait qu’on pouvait tenter de le sortir. Ses chances de survie dĂ©pendaient du temps passĂ© Ă  l’intĂ©rieur de la solution et de son Ă©tat alors, ils tentaient toujours.
« Sujet 158153, troisiĂšme jour du huitiĂšme mois de l’annĂ©e 20159. Soldate capturĂ©e Ă  l’occasion de la bataille de Gronder, camp alliĂ©, sans emblĂšme. Test d’implantation de membres supplĂ©mentaires, Ă©chec mais, bonne rĂ©sistance Ă  la douleur, Ă  garder. Elle ne survivra pas. »
« Sujet B40C56 Ă  66, vingtiĂšme jour du deuxiĂšme mois de l’annĂ©e 20157. Dix paysans rĂ©cupĂ©rĂ©s dans le duchĂ© de Faerghus, comtĂ© de Rowe, au motif d’impossibilitĂ© de payer ses impĂŽts, envoyĂ©s par PĂ©riandre. Test de rĂ©sistance Ă  un sĂ©rum augmentant la force sur un Ă©chantillon d’humain infĂ©rieur. Échec pour neuf d’entre eux qui ont Ă©tĂ© dĂ©truits, un survivant gardĂ© en attente d’autres tests, le sujet B40C61. Il a des chances de survivre, sortez-le de lĂ . »
« Sujet L23-4873, vingt-huitiĂšme jour du sixiĂšme mois, annĂ©e 20154. Habitant du village-test Remire. Test de bĂȘte dĂ©moniaque humanoĂŻde. Échec mais, bonne rĂ©sistance. À garder pour des expĂ©riences ultĂ©rieures. Il est mort. »
Au fur et Ă  mesure qu’ils avançaient dans les allĂ©es, ils remontaient aussi dans le temps, les Ă©tiquettes lues laconiquement par Pan retraçant chaque bataille et mĂ©faits de l’Empire avec les agarthans, racontaient l’histoire d’une victime. Les mots Ă©taient froids mais, cela ne rendait leur rĂ©alitĂ© qu’encore plus Ă©pouvantable
 FĂ©lix s’insurgea. Eldegard se vantait vraiment de construire un avenir radieux avec
 ça ?! Elle ne faisait que les aider Ă  jouer aux dieux et Ă  causer encore plus de morts !
« Sujet 28PR43, dixiĂšme jour du deuxiĂšme moi, annĂ©e 20150
 on arrive dans les victimes rĂ©cupĂ©rĂ©es pendant Duscur
 c’est l’écriture et les codes de Myson, il devait avoir supervisĂ© la « rĂ©colte de cobaye » et leur « exploitation ». Le connaissant, il a rĂ©cupĂ©rĂ© toutes les personnes Ă  peu prĂšs entiĂšres qu’il a pu et les a gardĂ©s ici. Il ne jetait jamais rien
 encore moins ses expĂ©riences, il les garde toujours pour les dissĂ©quer et voir ce qui n’a pas marchĂ© plus tard
 Enfin, ce sera simple de savoir si elles sont en vie ou non.
FĂ©lix jeta un regard Ă  son pĂšre, son visage aussi incertain que le sien. C’était impossible
 il se le rĂ©pĂ©ta encore et encore
 ils ne devaient pas se faire de faux espoirs. À l’état de son armure et aux descriptions de Dimitri, Glenn Ă©tait mort, point final. Surtout vu ce qui l’attendait ici

Ils reconnurent beaucoup des personnes flottant dans les tubes de cette rangĂ©e
 des soldats bien connus, des collĂšgues de travails, des administratifs croisĂ©s au hasard, des amis
 une partie Ă©tait expĂ©rimentĂ©e et morte, d’autres en attente d’expĂ©rimentation, soit vivante, soit morte
 ils ne savaient pas laquelle des deux options Ă©taient la pire

Les Fraldarius aidaient deux soldats Ă  sortir un de leurs camarades de sa cuve, quand Pan les appela. Ils le rejoignirent et crurent que leur cƓur allait s’arrĂȘter en voyant le tube devant lequel Ă©tait le scientifique. Les longues mĂšches noires et bouclĂ©es s’étaient Ă©chappĂ©es de leur tresse habituelle, flottant tout autour de sa tĂȘte, son visage cachĂ© par le masque et entre ses genoux qu’il tenait contre sa poitrine, sa peau si pale semblant bleutĂ©e dans le liquide. Mais
 mais ils ne purent que le reconnaitre

« Glenn  » murmura FĂ©lix avant de rĂ©pĂ©ter, appelant son frĂšre en se prĂ©cipitant Ă  cĂŽtĂ© du tube, plaquant ses mains dessus alors que ses doigts se roulaient en poings. « Glenn ! Glenn ! Tu m’entends ?! RĂ©ponds-moi ! Glenn !
– Ne frappez surtout pas dessus, le tube est fragile, lui recommanda Pan. Vous le tuerez si vous le sortez trop brutalement de là.
– Glenn  » souffla Rodrigue en posant sa main sur le verre froid, comme pour tenter de le toucher. DĂ©esse, son petit devait mourir de froid Ă  l’intĂ©rieur ! « Mon fils
 pendant tout ce temps  » il se tourna vers l’agarthan, les yeux exorbitĂ©s, dĂ©vorĂ© par la peur et l’horreur. « Est-ce
 est-ce qu’il
 qu’est-ce qu’ils lui ont fait ?
– D’aprĂšs la fiche, ils l’ont reconnu comme un descendant du Brave de Fraldarius alors, ils ont fait un test pour savoir s’il avait un emblĂšme. Il s’est rĂ©vĂ©lĂ© nĂ©gatif mais, aux vues des rĂ©sultats, Myson s’est demandĂ© s’il pourrait faire ressortir l’emblĂšme de votre famille dormant en lui, au cas oĂč ils n’arrivaient pas Ă  trouver un porteur naturel pour lui voler son sang.
– Tu veux dire que ce salaud a

– Non, Pan coupa tout de suite FĂ©lix, ce n’était pas prioritaire. Il le note lui-mĂȘme comme une chose Ă  faire sur son temps libre. Myson Ă©tait en charge des expĂ©riences visant Ă  donner deux emblĂšmes Ă  quelqu’un, puis Ă©tait sur les bĂȘtes dĂ©moniaques, et il s’est rĂ©servĂ© votre frĂšre. Il a dĂ» le garder en rĂ©serve pour quand il aurait du temps. De plus, il y avait dĂ©jĂ  un porteur d’emblĂšme majeur naturel en vie et en bonne santĂ© alors, la prioritĂ© Ă©tait plutĂŽt de le rĂ©cupĂ©rer lui, cela ferait moins de travail avec des rĂ©sultats beaucoup moins incertains, dĂ©clara-t-il en regardant le jeune homme. Aux yeux de Myson, votre sang est bien plus prĂ©cieux que celui de votre frĂšre. Rien que celui des jumeaux est Ă©galement plus facile d’accĂšs et fiable, mĂȘme si leur emblĂšme est mineur. Le connaissant, il aurait Ă©tĂ© ravi de faire des expĂ©riences sur de vrais jumeaux et voir les diffĂ©rences de rĂ©sultats. Cela l’a surement sauvĂ© pendant un temps. Myson l’a juste mis dans un tube pour le conserver et voir pour plus tard.
– D’accord mais, est-ce
 est-ce qu’il est encore vivant ? Demanda le cadet de la famille avec apprĂ©hension.
– Ils l’ont maintenu en vie mais, il est en stase depuis dix ans, leur rappela Pan. Il n’a rien subit Ă  par des tests sanguins mais, comprenez que cela est trĂšs long alors, je vous conseille de vous prĂ©parer au pire quand il sera sorti du tube. Il peut ĂȘtre en vie mais, il a aussi des chances de ne plus l’ĂȘtre.
– B
 bien
 merci de nous prĂ©venir

Sous leurs regards insistants, Pan les aida Ă  ouvrir le tube. Il dĂ©plaça les cristaux sur le plan de travail, provoquant un petit bruit mĂ©canique. Rodrigue et FĂ©lix montĂšrent en haut de l’échelle, jusqu’ Ă  la plateforme qui permettait d’ouvrir le couvercle Ă©trange avec une grosse languette, le sommet du tube s’ouvrant comme l’iris d’un Ɠil. L’agarthan dĂ©plaça d’autres cristaux, libĂ©rant du mou pour les tubes et permettant Ă  Glenn de remonter Ă  la surface. Suivant la procĂ©dure comme pour les autres, le pĂšre et le fils tirĂšrent sa tĂȘte hors du liquide, le dĂ©barrassĂšrent de son masque et lui firent cracher la solution qui s’infiltrait en lui, autant par sa peau que par le masque, chassant la potion de son corps pour qu’il puisse de nouveau respirer Ă  l’air libre. Une fois sĂ»rs que sa respiration Ă©tait rĂ©guliĂšre, ils enlevĂšrent les tuyaux dans un ordre bien prĂ©cis. Ils y croyaient Ă  peine
 ce n’était pas possible
 c’était impossible
 et pourtant
 pourtant

Une fois libĂ©rĂ© des tuyaux qui l’attachaient au tube, FĂ©lix et Rodrigue redescendirent aussi prudemment que possible Glenn, l’allongĂšrent sur une natte apportĂ©e pour les survivants, y croyant toujours Ă  peine eux-mĂȘmes, mĂȘme maintenant qu’il Ă©tait dans leurs mains. Ils le recouvrirent aussi de leur cape pour le protĂ©ger du froid et prĂ©server sa pudeur, puis firent circuler de la magie dans son corps, aidant ses organes Ă  refonctionner dans l’air et plus dans du liquide. Pan leur remontra avant de partir, disant que FĂ©lix en savait plus que lui sur le fait de respirer de l’eau puis de l’air. Le jeune homme avait des doutes lĂ -dessus mais, il indiqua Ă  son pĂšre oĂč se concentrer, sachant qu’il fallait se dĂ©barrasser de l’eau prĂ©sente dans le fond des poumons pour respirer Ă  nouveau de l’air correctement.
En travaillant, ils ne purent s’empĂȘcher de regarder son visage, y croyant toujours Ă  peine alors que c’était la rĂ©alité  Glenn
 c’était Glenn
 il avait de nouvelles cicatrices, recousu par ses bourreaux afin de ne pas perdre un « cobaye », avait une Ă©norme trace d’impact du sort qui avait failli le tuer, avait perdu toutes ses forces aprĂšs toutes ces annĂ©es prisonnier de ce tube, avait Ă©galement vieilli de dix ans mais, c’était toujours lui
 il ressemblait toujours autant Ă  Rodrigue
 il Ă©tait là
 c’était Glenn
 leur Glenn
 pendant tout ce temps
 par quel
 et si la DĂ©esse le voulait bien

« Arf
 Kof ! Kof ! Arf

Glenn cracha du liquide bleu, remua faiblement la tĂȘte. Rodrigue vient tout de suite lui maintenir d’une main, comme Ă  un nouveau-né  il devait ĂȘtre aussi fragile qu’à ce moment de sa vie
 voir plus
 il Ă©tait nĂ© si fort
 il avait toujours Ă©tĂ© plein de vie

– Fait attention Glenn

– P
 papa

La voix enrouĂ©e aprĂšs des annĂ©es d’inutilisation rĂ©sonna, les frappant en pleine poitrine alors qu’il rouvrait enfin les yeux, le bleu d’eau rencontrant celui tout identique des prunelles de leur pĂšre. Glenn rĂ©pĂ©ta, s’accrochant Ă  la vision de leur pĂšre comme si lui aussi n’y croyait pas.
– Papa
 papa
 c’est toi ?
– Oui, je suis lĂ , arriva-t-il Ă  dire Rodrigue en reposant doucement sa main sur sa tĂȘte, caressant ses cheveux dans un geste apaisant. FĂ©lix aussi
 nous sommes là
 ne t’en fais pas
 plus rien ne t’arrivera

– Fé  FĂ©lix
 FĂ©lix
 louveteau
 oĂč
 hacha-t-il essayant de tourner la tĂȘte, jusqu’à ce que son petit frĂšre aille aux cĂŽtĂ©s de son pĂšre pour Ă©pargner son cou.
– Je suis lĂ  Glenn mais, fait attention, tu es trĂšs faible
 Tu
 il retient ses larmes de couler, trop d’émotion remuant dans sa poitrine. Tu n’as pas intĂ©rĂȘt Ă  mourir maintenant
 pas aprĂšs
 pas aprĂšs tout ce temps
 si
 si tu savais
 ça
 dix ans
 si tu savais tout ce qui

FĂ©lix se tut en voyant un sourire naitre sur le visage de son frĂšre alors qu’il rĂ©alisait, la joie dĂ©bordant de lui.
– Tu as tellement grandi
 tu
 tu es un jeune homme
 tu as l’air si fort
 maintenant
 c’est sĂ»r
 tu me bats
 je
 j’étais tellement inquiet
 avoua-t-il, sa peine se peignant sur son visage. Ce
 c’était un cauchemar
 ça ne se finissait pas
 je t’entendais crier
 papa et Alix aussi
 tout le monde
 j’en
 j’entendais les corbeaux croasser qu’ils
 qu’ils voulaient notre emblĂšme
 l’emblĂšme de tout le monde
 ce
 c’était un vrai cauchemar
 je
 je voulais me rĂ©veiller mais
 je n’y arrivais pas
 la
 la seule chose qui
 c’était que
 vous n’étiez pas lĂ  et
 tes chansons papa
 et ton sourire louveteau
 j’y pensais
 tout le temps
 pour tenir
 mais
 mais tu es là
 papa aussi
 vous allez bien
 vous allez bien
 vous allez bien
 rĂ©pĂ©ta-t-il, comme une formule magique, avant de frĂ©mir, puis de lever faiblement sa main vers eux. J’ai
 j’ai eu
 tellement peur
 j’ai cru que

– Chut
 ça va aller
 ça va aller  » rĂ©pĂ©ta Rodrigue en l’attrapant pour Ă©pargner ses forces et le rassurer, mĂȘme s’il tremblait encore de tous ses membres en entendant l’horreur qu’avait subi son ainĂ©, devinant qu’il avait tout entendu pendant sa stase. Son corps Ă©tait si grĂȘle
 que de la peau et des os
 plus rien d’autre
 c’était un exploit qu’il arrive encore Ă  bouger et Ă  parler
 il lui faudrait Ă©normĂ©ment de soin et de temps pour guĂ©rir
 mais pour l’instant
 le plus important Ă©tait que

« C’est fini, ce cauchemar est fini
 lui souffla son pĂšre. Ça va aller
 on s’est retrouvé  on t’a retrouvé  ça va aller Ă  prĂ©sent
 on s’occupera bien de toi
 ça va aller

Rodrigue ne put empĂȘcher ses larmes de couler, dĂ©gringolant sur ses joues alors qu’il serrait la main de Glenn dans la sienne. Il Ă©tait là
 il Ă©tait là
 son fils Ă©tait lĂ  et vivant
 il Ă©tait revenu
 il n’osait imaginer tout ce qu’il avait pu entendre mais
 mais
 mais il Ă©tait si heureux de le revoir
 il Ă©tait là
 ce serait surement trĂšs long avant qu’il ne se rĂ©tablisse complĂštement, et il y aurait beaucoup de chose Ă  rĂ©gler mais, pour l’instant, le plus important, c’était que Glenn soit là
 que FĂ©lix soit lĂ  aussi
 qu’ils soient tous les trois Ă  nouveau

« FĂ©licia
 c’est toi qui lui as portĂ© chance, n’est-ce pas ? AprĂšs tout, tu es « celle qui a bonne chance »  merci de l’avoir protĂ©gé  »
Il embrassa ses fils, heureux de voir sa famille à nouveau réunie

*
Dimitri zigzaguait entre les demandes et la foule avec Sylvain et Ingrid. S’ils avaient bien compris ce que les habitants avaient dit, tout Shambhala Ă©tait rempli de piĂšge et d’explosif, prĂȘt Ă  sauter sur l’ordre de ThalĂšs si quelqu’un prenait leur ville, prĂ©fĂ©rant mourir plutĂŽt que d’accepter de se faire battre par des « bĂȘtes » ou des « insectes » alors, le roi avait ordonnĂ© qu’on Ă©vacue la ville avant qu’elle ne saute. C’était plus prudent. Les civils agarthans faisaient donc leurs affaires, emportant le peu qu’ils avaient avec eux, baissant les yeux dĂšs qu’ils croisaient quelqu’un qui semblait important. Un grand-pĂšre s’était mĂȘme jetĂ© devant Ashe en suppliant de l’épargner quand il lui Ă©tait rentrĂ© dedans par inadvertance
 la tyrannie de ThalĂšs et ses sbires avait fait beaucoup de mal, il faudrait du temps Ă  ses gens pour se reconstruire
 en tout cas, il ferait tout son possible pour qu’ils puissent vivre en paix, que ce soit en Fodlan pour ceux qui voulaient rester, ou Ă  Morfis pour ceux qui voulaient rejoindre leurs frĂšres et sƓurs de l’autre cĂŽtĂ© de la mer

Tout en continuant d’aiguiller tout le monde, les trois amis cherchaient FĂ©lix et Rodrigue, ne les ayant pas vu depuis la fin de la bataille. Glenn recommençait Ă  s’agiter, marmonnant Ă  Dimitri qu’il n’aurait pas dĂ» les laisser seuls et qu’ils Ă©taient encore Ă  l’intĂ©rieur et qu’ils allaient sauter d’un instant Ă  l’autre. Le jeune homme souffla, se concentrant sur l’instant prĂ©sent et ce qu’il savait ĂȘtre rĂ©el, ignorant la voix plus forte de Glenn au milieu des murmures constants qu’il percevait Ă  prĂ©sent. C’était juste son inquiĂ©tude pour les Fraldarius
 cela lui faisait le coup Ă  chaque fois
 quand Glenn apparaissait, c’était toujours lorsqu’il s’inquiĂ©tait pour eux
 pour toutes les autres apparitions, c’était alĂ©atoire mais, pour lui, il y avait une logique, ce qui l’aidait Ă  combattre l’hallucination. Et mĂȘme s’il perdait pied, Sylvain et Ingrid Ă©taient Ă  ses cĂŽtĂ©s, cela irait

« Là ! Je les vois ! »
L’homme blond regarda dans la direction que leur indiquait Sylvain, trouvant enfin Rodrigue sortir de la gueule de la ville avec FĂ©lix, portant un blessĂ© entourĂ© de leur cape dans ses bras. Ils avaient aidĂ© Pan Ă  sortir les cobayes vivants, cela devait ĂȘtre un rescapé 
Ils se faufilĂšrent dans la foule vers eux, le pĂšre et le fils ne les ayant pas vu, n’ayant d’yeux que pour la personne qu’ils sortaient de cet enfer, un peu Ă  l’écart de la cohue.
« EspĂ©rons qu’il ne soit pas trop blessé  » pria Dimitri.
– Rodrigue ! FĂ©lix ! Les appela Ingrid en arrivant Ă  les rejoindre malgrĂ© la foule. Vous allez bien ?!
– Oui
 souffla le pĂšre, mĂȘme s’il releva Ă  peine la tĂȘte. Mieux qu’on aurait pu l’imaginer ou mĂȘme le croire

Le trio ne comprit pas jusqu’à ce qu’il soit Ă  cĂŽtĂ© d’eux, voyant enfin le visage de la personne qu’il portait dĂ©passĂ© de son cocon de cape et de couverture, lovĂ© contre l’épaule de Rodrigue, endormi. Non
 ce
 ce n’était pas

– Je te l’avais dit que Glenn ne te hanterait jamais, le piqua FĂ©lix, mĂȘme si sa voix n’avait aucun tranchant, mĂȘme lui Ă©tant incapable d’ĂȘtre piquant tellement il Ă©tait soulagĂ©. Il est vivant

Ils en perdirent leur voix, encore plus en voyant que oui
 c’était lui
 il Ă©tait complĂštement dĂ©charnĂ©, avait surement perdu toutes ses forces mais
 mais c’était bien lui
 c’était

– Glenn
 c’est
 est-ce que c’est bien
 Ingrid avança sa main vers lui, avant de la retirer en sentant son souffle endormi, ayant peur de le rĂ©veiller, ne pouvant empĂȘcher tout son corps de trembler. Si
 est-ce que

– Il lui faudra beaucoup de temps et de soin pour se remettre, s’il se remet complùtement un jour, leur indiqua Rodrigue en le serrant un peu contre lui. Mais il arrivait à bouger tout à l’heure et à parler avant de se rendormir alors, c’est bon signe.
– D’a
 d’accord
 c’est le principal
 commença Dimitri, complĂštement perdu dans son visage, presque incapable de croire que le seul visage dĂ©formĂ© par la souffrance dont il se souvenait Ă©tait de nouveau lĂ , apaisĂ©, dormant dans les bras de son pĂšre. Ça
 ça fait tellement de choses

– On lui parlera des choses nĂ©gatives et lourdes plus tard, leur conseilla Sylvain, bien que tout aussi incrĂ©dule qu’eux. Le principal, c’est qu’il soit en vie.
– O
 oui, tu as raison
 concĂ©da Dimitri.
Rodrigue et FĂ©lix restĂšrent silencieux, personne n’osant vraiment parler de peur de le rĂ©veiller. Glenn
 il Ă©tait vivant
 vivant

Il y aurait surement beaucoup de chose Ă  se dire, notamment avec Ingrid
 et il faudrait lui dire que son petit frĂšre Ă©tait un triton maintenant
 et pour les hallucinations oĂč il Ă©tait
 mais, ce n’était pas le plus important pour l’instant
 au cƓur de Dimitri, le plus important, c’était les mots de Rodrigue et FĂ©lix quand ils partirent.
« On rentre à la maison. »
3 notes · View notes
replacementcodeau · 7 days ago
Text
the amazing digital circus (replacement code) AU
pasaron cosas y pomni se volvio admin con todas las implicaciones bĂĄsicamente la historia era tipo what if de como seria el final, pomni se le ocurriĂł un plan para que todos salieran del circo pero dicho plan saliĂł mal, puesto que al eliminar o asesinar a caine seguĂ­an atrapados y el circo entero se comenzaba corromper al igual que sus cuerpos, en una medida desesperada pomni tomarĂ­a el control y provocarĂ­a un reinicio que restablecerĂ­a todo pero ella ahora siendo la admin del circo sin embargo esto le costarĂ­a su libertad ( algunas cosas del canon cambian ) -------------- things happened and pomni became admin with all the implications
Basically the story was a what if type of what the ending would be like, Pomni came up with a plan for everyone to get out of the circus but said plan went wrong, since by eliminating or killing Caine they were still trapped and the entire circus began to corrupt as well. that their bodies, in a desperate measure pomni would take control and cause a reboot that would reset everything but she now being the admin of the circus however this would cost her her freedom (some things in canon change)
1K notes · View notes
astrofhobia · 2 months ago
Text
TE MAMASTE QUÉ- KSGSKAISLALA ENTONCES TÚ WKAGSLAOA VIENES AQUÍ Y YY Y Y WHAOQOWVEN AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH I LOVE THIS, YOU HAVE NO IDEA HOW MUCH I LOVE ALL OF THIS OWGSNAOUAVWNA đŸ’–đŸ’–đŸ’žđŸ’•đŸ’žđŸ’—đŸ©·đŸ©·đŸ’—đŸ’–đŸ’•đŸ’žđŸ’—đŸ©·đŸ’–đŸ’žđŸ’•đŸ’—đŸ©·đŸ’–đŸ’žđŸ’•đŸ’—đŸ©·đŸ©·đŸ’–đŸ’žđŸ’žđŸ’—đŸ©·đŸ©·đŸ’–đŸ’•đŸ’žđŸ’—đŸ©· CABRÓN 😭😭 QUE WHATY WHAAAAAAT HOW WHY?? WHAT DID I DO TO RECEIVE THIS!???!? 😭💖💕💞💖💗💕💕💕 OHWNAOAUQVAKAL8SWH ES QUE GSKAOAISBBLSISLAL AHHHHH I HAVE NO WORDS TO EXPRESS HOW I FEEL- THANK YOU THANK YOU THANK YOU, I LOVE YOU AND AND AND YOU ARE ONE OF MY FAVORITE ARTISTS AND TO HAVE THIS FROM YOU AND-
Sorry, I'm not normal 😔. I love all this, my dumb boys interacting, "Go fish" Death will beat him up for that. You don't know how excited I am right now, and how nice it makes me feel to think that you like other cultures so much, especially Mexico's.
Day of the Dead is such a... Magnificent tradition. Honoring the deceased using altars, marigold flowers, their favorite food, is so amazing and I'm glad you like it so much
Ugsjakls, I love your art, your style so much, RECEIVING THIS IS ALMOST IMPOSSIBLE, But here it is, did I already tell you that I like your art? 😔
Jsvalais te quiero mucho, seamos mejores amigos, por favor đŸ—Łïžâ€Œïžâ€Œïžâ€Œïž
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Pure fanart <3
@astrofhobia @nosleepygay
I keep accidentally procrastinating posting these <\3
(donde está my sanity is a reference to a meme
)
my spanish is VERY bad, i took 3 years to learn it and wasn’t learning it at a good pace. :( i wanted to use my knowledge a lot more while making this, but we learned a lot of nouns and not enough verbs!! It’s very hard to link full sentences together

rambles above this lovely au because because because uhm
I have/had this deep rooted fascination with different cultures, especially with mexican traditions. Even MORE specifically, Day Of The Dead. I always loved the holiday and it’s given me a lot more to hope for when I decease!! It’s a big comfort thing?? Other than that, I’ve always just been drawn to it through every little thing I learn, and Mitclan is a part of it!! Mictlan is a part of it!! As much as I adore the culture, I am still pretty new to it and I don’t know a whole lot! So I am always willing to be educated!!
227 notes · View notes
from-rain-to-rainbow · 2 years ago
Text
omfg, if i click on another untagged modern au again I'm going to loose it, fr, por el amor de dios o lo que sea que les importe, aprendan a taggear bien gente 😭😭
0 notes
seijakuu00 · 23 days ago
Text
Hey guys I just saw smth very questionable and I want your opinion đŸ€—
Tumblr media
Words cannot describe the face I made when I saw this, what in the actual fuck is that 😭😭.
I still don't understand why do people write this with Toji and Megumi, Toji did NOT die for this 🙏. "Mind your own bussines" how about you seek professional help? This is not normal and if you think people should their own bussines and not let you see that what you read or write is wrong, let me tell you that the only one that needs to think and recapacitate is you.
Sad how grown women write abt this shit, y'all are sick of the head.
Hagan algo mejor en vez de andar escribiendo este tipo de pendejadas y busquen ayuda pls, no wonder why it has so few likes.
BOO! Did i scare you? I'm a bar of soap đŸ§Œ just here to remind you to get ur ah in the 🚿 shower and go outside because the smell through the screen is not very pleasant, over and out 👋
For this one, use translator 'cause I'm writing this in spanish. I'm too lazy to write it in English.
Miren, esta bien escribir fanfics ya que todos tenemos derecho a expresar nuestra creatividad pero otra cosa es como tu vas a utilizar esa creatividad sea para bien o mal. Ahora, que digas que es "dark content" NO justifica el hecho de que hayas escrito incesto y pedofilia, no me vengan con que eso no afecta la realidad porque SI la afecta y existen muchos casos de gente que ya no sabian separar la realidad con la ficciĂłn y cometieron delitos. (asesinatos, etc.) Escribir este tipo de cosas y leerlas puede irte dañando la mente poco a poco aĂșn asĂ­ tu digas que no. "Ay pero hacemos un AU donde no sean familia o que no sea menor" eso no justifica nada porque SIGUE siendo canon que sean familia y que sea un menor de edad, dejen de buscar cualquier cosa que justifique sus gustos asquerosos, "no me importa, es mi problema 😝😝" Si, es tu problema y si terminas sin poder distinguir la realidad con la ficciĂłn no es nuestro problema, es el tuyo; al final la que pierde eres tĂș, ahora imagina tener 29 años y escribir semejante asquerosidad. ÂżNo te da vergĂŒenza? ÂżSaber que eres una mujer hecha y derecha, escribiendo este tipo de cosas? Cualquier persona sana ve eso y quedarian asqueados, no digas que somos gente rara porque la unica rara aquĂ­ eres tu y tu amiguita pip.
Tumblr media
424 notes · View notes
laterreurofficial · 4 months ago
Text
LT Doodle Stream Recap/Questions!
(Part 1/Part 2)
Hello everyone! Wisteriasymphony here. Yesterday the LT hivemind had the wonderful experience of our first doodle stream together!
Tumblr media
For the purposes of cataloging all of the questions we answered on our stream (because somebody doesn't know how streaming works yet *COUGH COUGH*), I'm going to be answering them all here!
Tumblr media
La Terreur takes place in 2002, and the events of the timeline last about a year. Of course, it's a retrofuturistic cyberpunk-y 2002, which explains later developments like the alliance ring and so on.
Tumblr media
They're the same au! Miracle Exposure has just been a tag Silu has used to categorize talking about the effects of the miraculous, but it all happens within LT.
Hawkmoth is already a pretty solid design as is. Shadowmoth and Monarch will probably get overhauls later on, but why fix what isn't broken? Hawkmoth is already just the right amount of gross and creepy and fancy and bald, so no need to revamp that.
Tumblr media
The consensus to far is that Felix arrived before the quarantine was instated, but he could easily have bribed officials into letting him into Paris if he needed to. The quarantine is mostly to keep people in, and if some idiot with a death wish high-paying member of the british aristocracy is willing to give money to a dying city just for a ticket in, then why wouldn't they let him?
Tumblr media
@gaussiansphere put it quite nicely in the stream when he said that the heroes aren't trapped in Paris physically, but mentally. There's nothing theoretically stopping Ladybug from blowing a hole in the defenses of Paris and going on the run, but she has a moral obligation to protect her city. Everyone else feels roughly the same way, though we did discuss the idea of having the concept of migration fit Max better by virtue of his big goals in life involving getting out of Paris.
Also, the miraculous will likely be passed out differently. We're not following exact episodes, only storylines.
On a similar note....
Tumblr media
Ladybug will probably alternate who she gives all of the minor miraculous to multiple times over the course of the story. She would find it ridiculous to pass them out to people "for keeps", as @sillysiluriforme put it, and before a certain point in the story will favor adult holders over teen holders. (Not saying why this changes though heehee, spoilers.)
Tumblr media
MUCHAS GRACIAS!!!!!!!!!! Los ships no son un foco de La Terreur, pero.. Adrigaminette 100% mejor del mundo JAJAJAJA XP. de lo contrario es lo mismo que el canon.
Opinions de los kwamis hacia sus portadores es q los ven como niños. Son indiferentes a la humanidad en realidad. Los kwamis también los vicios q usan sus portadores para obtener. (Adrien huele a tabaco Y queso apestoso :/ Marinette no se afectada porque Tikki quiere el sabores dulces en su vaporizador).
#wispanol arc hehe. also YES you saw that right English audience, the kwamis are smokers. Marinette has to ask Luka's bandmates for vapes because the closest bodega to her house is run by a sweet Chinese grandma who her mom likes talking to, so if she bought from there she'd be absolutely screwed. Adrien just buys all of the tobacco as Chat, though.
Tumblr media
We're not planning on having Aspik show up in LT, at least as far as we have planned. If he did, however, his rat eating desire would definitely go through the roof. He'd probably try and time his rat-eating specifically for when he's Chat Noir, just to make things easier for himself. (Until he eats one as Adrien by accident and has to live with the mental baggage for the rest of his miserable little life...)
Tumblr media
Well.. there are a lot of characters that really don't need redesigns! Or where redesigns would be extremely minimal. Marinette's dad only really needs to get proportional legs and then that's it, and the same philosophy extends to most of the other minor characters.
Here are some of @clemnoir's designs for the rest of the class, though!
Tumblr media Tumblr media
In fact, her lovely annotations somewhat answer another question we received....
Tumblr media
We haven't figured out everyone yet, but the scholarships group so far is: Kim, Max, Ivan, Rose, Nathaniel, and Mylene. Adrien, Chloe, Sabrina, Alix, and Marinette are all paid tuition.
Tumblr media
There could be! The ancient miraculous are indeed destroyed, much like the infinite amount of others like them, Bearinette and Lambdrien are just explorations of what it would be like if they hadn't been. The bear and lamb miraculous are not canon to LT, nor would any future ancients be. If we get any good ideas, you'll see them.
[wis is biting all of her fingers to prevent herself from talking about the coyote....]
Tumblr media
The big issue Marinette has with being Multimouse is that she's no longer respected as the leader, at least as much as she's used to. Because she sees Ladybug as more of a responsibility than fun superpowers, her side effects are more psychological by consequence, whereas Adrien's are more physical. She also feels some sense of jealousy towards Scarabella, as well as general insecurity over not being the leader when she's Multimouse... but despite this she continues to use the Mouse Miraculous more often than in canon just for the sake of "training" Alya.
Tumblr media
Silu dice muchas gracias!!!!! ...No conocen sus identidades fsgdss. ExposiciĂłn al milagros del raton causa disocociaciĂłn, duplicaciĂłn no literal para Marinette jajaj. (Pero, no puedo decir si dos Marinettes aparecen en LT..... tal vez, tal vez no? huummmm)
Tambien, ellos comiendo ratones en privado. Nadie los trae en su almuerzo. Todos ellos tratan con sus sĂ­ntomas en secreto.
Tumblr media
Violence and misery and horror and class dynamics. I'll get into it more in Part 2, but characters' relationships to power is a huge part of this AU, both of the magical and non-magical variety.
558 notes · View notes
smileflowcr · 2 months ago
Text
Una extraña sensaciĂłn recorre su cuerpo al escuchar lo preocupado que estĂĄ Hades de su comodidad y si serĂ­a capaz de brindarle una calidez similar a la que tenĂ­a allĂĄ arriba. ‘Es imposible’, se responde a sĂ­ mismo de inmediato, la tristeza se asienta en su pecho mientras que el recuerdo de su hogar lo abraza con fuerza, arrancando una flor de raĂ­z y llevarla a su corazĂłn, cerrando ambos pĂĄrpados. “Todos tienen una tarea que cumplir, ÂżVerdad? Entonces no quiero ser un obstĂĄculo
 estarĂ© bien por mi cuenta, este lugar me ayuda a no sentirme perdido.” Su voz tiembla ligeramente al pronunciar esas palabras y sus manos acarician los pĂ©talos con nostalgia, buscando el toque de algo familiar. El contraste entre la vida que conocĂ­a y la frialdad del inframundo duele en su corazĂłn, haciĂ©ndole sentir una punzada de soledad. Tampoco estĂĄ seguro si miedo es la palabra correcta para definir cĂłmo se sentĂ­a allĂ­, sabiendo que ni las almas ni cualquier criatura que habitase en aquel lugar le harĂ­a daño. Pero se siente sofocado, aislado, como una luz que se ha perdido en medio de la oscuridad, algo curioso pues es PersĂ©fone quien destaca sobre todas las cosas por su colorida apariencia. Regresa a mirar al Rey cuando escucha el nombre del enorme perro que ha llamado su atenciĂłn desde que llegĂł. “La compañía de Cerbero serĂ­a agradable, siempre y cuando tenga tiempo libre, muchas gracias por tu amabilidad.” Una sonrisa casi invisible aparece en sus labios de imaginar las aventuras que tendrĂ­a con una mascota tan Ășnica como el can. En un intento de aliviar el ambiente, el prĂ­ncipe de la primavera extiende la flor que tenĂ­a en sus brazos por el suelo, dĂĄndole una señal al contrario que es libre de tomarla o no. “Hades
 ÂżPuedo saber porquĂ© me trajiste aquĂ­?” pregunta con timidez, en sus ojos se ve reflejada la vulnerabilidad que siente estando en un lugar desconocido a merced de alguien poderoso, incapaz de huir o pedir ayuda, pero tambiĂ©n tiene una chispa de curiosidad y conocer los verdaderos motivos por los cuales le trajo hasta ahĂ­. Su madre no le permitĂ­a hablar con otros dioses o ir al Olimpo, por lo tanto, no logra comprender cĂłmo llegĂł a encontrarlo o siquiera, interesarse en su persona. “Si no me dejarĂĄs regresar al menos dime tus razones, por favor.”
Tumblr media
Esta  acostumbrado  a  ese  tipo  de  miradas,  desprecio  y  apatĂ­a  venĂ­an  comĂșnmente  de  la  mano  en  las  reuniones  que  solĂ­a  tener  con  el  Olimpo.  La  burla  es  otra  muy  comĂșn,  proveniente  del  Dios  de  dioses,  su  hermano  y  la  razĂłn  por  la  cual  estaba  encarcelado  a  aquel  agujero  por  toda  la  eternidad.  Pero  cuando  es  el  otro  quien  lo  mira  de  esa  forma,  su  corazĂłn  no  tarda  en  romperse  y  hacerse  pequeño  en  el  pecho.  Tal  vez  fue  muy  pronto  el  acercamiento,  pero  temĂ­a  que  no  tuviesen  mucho  tiempo.  -  —Entiendo,  me  esforzaré  mĂĄs  para  conseguir  un  poco  de  color
  —  -sabĂ­a  que  no  podrĂ­a  suceder,  porque  en  el  inframundo  no  crecĂ­a  la  vida,  solo  se  celebraba  a  quienes  se  tenĂ­a  que  celebrar  y  se  les  daba  rutina  y  la  vida  despuĂ©s  de  la  muerte  a  quienes  lo  merecĂ­an,  por  los  pecadores  ni  hablaba  en  ese  momento.  Pero  el  esfuerzo  harĂ­a,  porque  querĂ­a  verle  sonreĂ­r  exactamente  igual  que  cuando  le  observaba  en  la  superficie,  con  un  brillo  natural  y  una  gracia  divina.  -  —Lamento  escuchar  que  tus  aposentos  no  sean  de  tu  agrado,  Âżqué  podrĂ­a  hacer  para  que  fuesen  mĂĄs  cĂłmodos?  Âżnecesitas  compañía?  HĂ©cate  podrĂ­a  estar  contigo  si  se  lo  pido,  las  almas  del  prado  de  asfĂłdelos  son  criaturas  interesantes  para  conversar
  —  -aunque  esos  que  no  fueron  ni  buenos  ni  malos,  perdĂ­an  su  identidad  al  beber  del  rĂ­o  Leteo,  aun  recordaban  sus  aventuras  como  humanos  y,  por  ende,  eran  entes  entretenidos.  Hades  se  muerde  la  mejilla  interna,  sin  saber  como  ofrecer  su  propia  compañía,  optando  por  negar  con  la  cabeza,  saliendo  de  cavilaciones  ante  un  retumbar  del  ladrido  de  Cerbero,  quien  parecĂ­a  entusiasmado  con  su  amo  acercĂĄndose  a  la  persona  dueña  de  sus  afectos.  -  —Oh
  esta  Cerbero  —  -comenta,  volviendo  a  observar  a  la  hermosa  ninfa  de  colores  claros,  reposada  entre  el  manto  de  asfĂłdelos.  -  —Tiene  labores  que  hacer,  pero  es  una  buena  compañía  tambiĂ©n. Lo  que  tĂș  quieras,  que  esté  en  mis  posibilidades  dentro  de  Inframundo,  te  lo  darĂ©. 
Tumblr media
9 notes · View notes
artificial-absinthe · 2 months ago
Text
Tumblr media
Cybervampire au
Megasound week Day 6: Alternate Universe
Tumblr media
En español bajo el corte.
The incident (5381 words) by ARTificial_Absinthe Chapters: 2/? Fandom: Transformers: Prime, Transformers - All Media Types Rating: Not Rated Warnings: Graphic Depictions Of Violence Relationships: Megatron/Soundwave (Transformers) Characters: Megatron (Transformers), Soundwave (Transformers), Airachnid (Transformers), Shockwave (Transformers), Starscream (Transformers) Additional Tags: terrorcon Megatron, Episode:S03Ep08: Thirst, with a different outcome, Canon Divergent, Vampirism, canonical violence but with the open wounds and spilled Energon that we were robbed of, cybervampire as a parallel of rational terrorcon, Energon siphoning as parallel of blood drinking, horror of sorts Series: Part 1 of Cybervampire Megatron AU Summary: Knockout and Starscream's experiments didn't go as planned. Instead of creating an army of super soldiers, they turned the Nemesis into the unlikely setting for a zombie attack. Or Terrorcon. Megatron has ordered the threat neutralized, but he's not staying on the sidelines. And his encounter with Airachnid has dreadful consequences. The CCO, though, considers that "dreadful" is an exaggerated label.
Tumblr media
El incidente (5474 words) by ARTificial_Absinthe Chapters: 2/? Fandom: Transformers: Prime, Transformers - All Media Types Rating: Not Rated Warnings: Graphic Depictions Of Violence Relationships: Megatron/Soundwave (Transformers) Characters: Megatron (Transformers), Soundwave (Transformers), Airachnid (Transformers), Shockwave (Transformers) Additional Tags: terrorcon Megatron, Episodio:S03Ep08 Sed, con un desenlace distinto, Divergente, Vampirismo, violencia canĂłnica pero con las heridas abiertas y Energon derramado que nos fueron robados, cybervampiro como paralelo de terrorcon racional, succiĂłn de Energon relativo a beber sangre Series: Part 1 of Cybervampiro Megatron (español) Summary: Los experimentos de Knockout y Starscream no resultaron segĂșn lo esperado. En vez de crear un ejĂ©rcito de super soldados, convirtieron la NemĂ©sis en el improbable escenario de una invasiĂłn zombie. O, para ser precisos, una invasiĂłn Terrorcon. Megatron ha ordenado neutralizar la amenaza, pero no permanece al mĂĄrgen. Y su encuentro con Airachnid tiene consecuencias astrosas. El jefe de comunicaciones, sin embargo, considera el tĂ©rmino exagerado.
@mega-wave-superior
120 notes · View notes
alanitaperez · 2 months ago
Note
Me da gracia el como tomas ahora un ship de Fran "canonico" solamente por que la chica te compro comisiones y en base a ellas te fue contando la historia y ahora te gusta el ship. ¿Que hay de los demas ships de Fran...? Hiciste todo un show para impedir que fueran canon, desperdiciaste el tiempo y cariño de las artistas que dibujaban ships con fran porque "Ay, Ásara y Fran ñiñiñi" "No es canon ñiñiñi" pero que casualidad que con esta chica no pones peros. Que bueno que Lovedtale este cayendo poco a poco en el olvido, y aunque quieras cambiar de identidad y apariencia, Internet no olvida. Egoista.
ay Dios, por eso mi gente lean bien🙏 para que no hayan malos entendidos (de nuevo), LOVETLED NO ES DE MI PROPIEDAD, la creadora de ese au hizo su propio ship de franxskarlet, ella tiene derecho de hacer lo que quiera dentro de su AU, YO NO he PROHIBIDO A NADIE para que utilicen mis personajes, son libres de hacer su sueño genteâ˜ș
Tumblr media
muchos shipean a Fran x ocs o personajes creados de otros aus, y RESPETO mucho eso, ustedes PUBLICO pueden hacer canon su ship deseado dentro de su au creado o cualquier tipo de creaciĂłn, PERO dentro de LOVEDTALE lastimosamente no, lovedtale ya tiene una historia escrita, aunque sea una persona muy cercana a mi o persona X, NO incorporare personajes FUERA de lovedtale o cualquier au que exista.
65 notes · View notes
voidfanatic · 2 months ago
Text
TW: (Fictional) Illness/Enfermedad (ficticia)
AU by/por @xx-j4nu5-c4t5-xx!!
Tumblr media
"ÂżRipp...?"
Tumblr media
"¿Qué estå pasando contigo?"
Eng: As I said before, this AU (Pink Soup AU) was made by @xx-j4nu5-c4t5-xx! Nothing in this post is canon for the AU (except for Ripp being infected with the pink soup) because it's fanart. If you wanna see more of the AU, he has it on its blog! With that being said, I was interested in this AU, and the idea of Tank being the one to discover Ripp losing his literal texture came to me after a conversation with my friend. Take this as an AU of an AU lol xD I just hope the og creator likes it (if he's seeing this right now).
Esp: CĂłmo habĂ­a dicho antes, este AU (Pink Soup AU) fue hecho por @xx-j4nu5-c4t5-xx! Nada en este post es canon para el AU (excepto por Ripp estando infectado con la sopa rosa) porque es fanart. Si quieres ver mĂĄs sobre el AU, Ă©l lo tiene en su blog! Con eso dicho, Estaba interesada en en este AU, y la idea de Tank siendo el que descubre a Ripp perdiendo su literal textura me vino a la mente luego de una conversaciĂłn con mi amiga. Tomen esto como un AU de un AU lol xD Solo espero que al creador original le guste (si es que estĂĄ viendo esto justo ahora).
Tumblr media
Eng: + "What if" of Tank being infected too because I felt like it(?
Esp: + "Que pasaría si" de Tank siendo infectado también porque tuve ganas(?
60 notes · View notes
Note
Es lo mejor, tu eres el que dibuja todo y dedicas tiempo, ĂĄnimos y atenciĂłn al proyecto, ellos solo observan, critican y desesperan sin entender que sacrificas mucho por crear esta obra
Apoz o fim da bomb de quanto tempo sera o hiato ?
Indeterminado. Muitas pessoas estĂŁo reclamando por causa dos capĂ­tulos curtos, achando ruim por estar esperando por uma semana, entĂŁo provavelmente um hiato sem notĂ­cias de quando volta deve aliviar os Ăąnimos desse pessoal tĂłxico. Claro que eu sou extremamente grato pelo pessoal que me apoia, mas infelizmente, esse castigo Ă© necessĂĄrio.
Obs: Quanto mais reclamarem pela falta de notĂ­cias, mais tempo demorarĂĄ o hiato.
62 notes · View notes
dudd-ie · 5 months ago
Text
Neganaka,su fankid y algunos hc de por medio.
Tumblr media Tumblr media
Hc:Nega usualmente es inexpresivo y intimidante pero extrañamente su hija lo hace reír a carcajadas con mucha facilidad.
Tumblr media
Hc: Nega era virgen y yonaka fue su primer amor y la primera mujer en su vida en muchos sentidos[nada mĂĄs que comentar aqui]
Tumblr media
Dos gatos extraviados.
Yuhī:"papå...¿estamos perdidos?"
Nega:"tranquila,tu madre seguro nos encontrara."
[yonaka le puso un chip de rastreo para mascotas luego de que se casaron]
Tumblr media
Yonaka:"aĂșn te duele?"
Nega:"un poco pero ya se me pasara"
Hc: mi amiga rem sugirio que el chip de rastreo se lo pusieron en el trasero a nega y su idea me gustĂł tanto que es canon en mi au
83 notes · View notes
analux19 · 1 day ago
Text
Relativity Falls
Entonces pensé ¿Por qué no?
Tumblr media
Yo tambien queria hacer mi versión, en especial porque surgió la idea de crear una niña Dipcifica en este Au y ahora me siento obligada (conmigo misma) a desarrollar esa idea, lo que me llevó a desarrollar primero el cómo chingados se llega ahí. voy a desarrollar esto en otro post.
Si bien, no me encanta que Dipper llegase a ser tan crĂ©dulo e influenciable como lo fue Ford en el canon, la verdad es que este Au tiene su encanto. Me divido mucho entre querer que Pacifica tome el rol de McGucket o el de Bill (Este Ășltimo apenas he visto casi nada de contenido y necesito que se desarrolle mĂĄs!) Cualquiera de los dos casos es en pro del Dipcifica porque los amo en cada universo.
Estoy leyendo este fic en Ao3 de donde me base para parte de estos dibujos, solo que ahĂ­ tienen un hijo llamado Mason(que luego voy a dibujar).
Amo ese fic, pero quería desarrollar esto un poco diferente, así que... una hija! 
Tumblr media
52 notes · View notes