#parc de loisirs
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folichonneries · 1 year ago
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brilag · 8 months ago
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Dans les prairies du Parc entre hiver et printemps
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Dans les prairies du Parc entre hiver et printemps par brigitte lagravaire Via Flickr : 2014-03-28-Passeligne (13n)
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letraindemanu · 2 months ago
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Vidéo : Aiguilages.eu et letraindemanu.fr sur la chaine de l'AMCF
Episode 437 • L’association Modélisme et Culture Ferrovipathes (AMCF78) participait aux journées européennes du patrimoine à France-Miniature. Thierry Pupier (Aiguillages.eu) et Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret (letraindemanu.fr) s’y sont retrouvés. Interviews. L’AMCF78, jeune association particulièrement dynamique, participait aux journées européennes du patrimoine au sein du parc…
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mdameninie · 7 months ago
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Découvrez les parcs pour enfants à Monaco : un guide pour les familles
Monaco, connu pour son glamour et son luxe, est également une destination accueillante pour les familles. Pour les parents en visite dans la Principauté avec de jeunes enfants, il est rassurant de savoir qu’il existe une variété de parcs pour enfants disséminés à travers la ville. Que vous souhaitiez prendre une pause bien méritée pendant votre exploration de Monaco ou simplement offrir à vos…
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julietteverduzier · 1 year ago
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Mon premier projet autonome en tant que jeune diplômée paysagiste-conceptrice : la requalification du Parc de la Moutière au pieds du massif du Fossard dans les Vosges.
Candidater, clarifier la commande, dessiner, faire apparaitre des possibles, négocier avec les élus, argumenter, chiffrer, discuter avec fabricants et fournisseurs, entrer dans le détail d'éléments de mobilier (portail, longues-vues, jeux d'équilibre...), de plantations et de gestion... autant d'étapes pour s'approcher petit à petit de la phase des travaux qui permettra de donner corps à ce dessin !
(Les visuels sont des documents de travail issus de la phase AVP, août 2023, que j'ai réalisé en tant que cheffe de projet au sein de l'entreprise Espace et Territoires)
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ernestinee · 3 months ago
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T'façons c'est pas compliqué les bases pour améliorer sa santé c'est bien dormir, manger équilibré et bouger. Au moins s'étirer.
Ça fait deux variables sur lesquelles j'ai la possibilité d'agir. Le sommeil j'ai abandonné.
Puis il reste le côté chiant de la santé. Quand il faut agir sur le plan médical. J'ai aussi abandonné l'idée de retourner un jour en gynécologie et en cardiologie. J'ai une sorte de dérèglement depuis deux mois, je ne sais pas d'où il vient mais je sens que mon fonctionnement a changé. C'est difficile à définir. Ça n'a pas l'air "grave", c'est juste différent.
Puis la santé mentale. Ça fait des mois que je n'ai plus écrit dans mon carnet, simplement parce que je ne suis jamais seule dans cette maison. Il y a eu les congés scolaires et autant ça me fait du bien d'avoir + de temps le matin, autant nerveusement ça m'épuise. Il faut penser aux repas plusieurs fois par jour, aux loisirs, conduire l'ado à gauche et à droite, dépenser des sous pendant que je n'en gagne pas, profiter du temps libre pour faire des trucs et bosser, parce que les congés scolaires c'est pour l'ado, pas pour moi. Ça me manque d'écrire, écrire sur les plantes, les saisons, les observations, les couleurs, décrire des lumières, des moments, les liens que je tisse entre le hasard et le voulu, des souvenirs. Il y avait une jolie brume qui montait hier soir, la première brume de septembre, et la lune était très fine, le ciel encore un peu coloré, et ce ne sera pas écrit dans mon carnet. Écrire est à peu près le seul truc qui m'aide à ne pas devenir cinglée entre ces murs. Avec la musique. Là je me nécrose. C'est chouette cette idée de cocher des cases mais il me faudrait une matinée sans case à cocher, à un moment où je suis seule.
Bon j'ai commencé en disant que c'est pas compliqué et en fait c'est compliqué.
Allez. Étirements, marche, écriture et arrêter le sucre rapide.
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monoclegraphic · 8 months ago
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Utilisation du terme IRL
Ça fait un moment que je réfléchis à chaque fois que je vois le terme IRL dans les postes ou même sur les forums. Et je me demande si en 2024 c'est toujours bien de l'utiliser ? C'est surtout une question, un post : pourquoi je me pose ces questions avec ce terme. Et vous, qu'en pensez-vous ? IRL = In real life. Je me demande, le loisir que l'on fait donc le rpg ne fait-il pas parti de notre vie réelle ? Moi je dirais que oui, il en fait parti. Que ce soit anodin dans notre vie, un petit temps accordé pendant le reste d'une journée ou un investissement plus grand. Ça reste réel. Les gens avec qui on partage ce loisir sont tout aussi réel. Oui nous sommes sur un ordinateur/téléphone, mais ça ne rend pas le tout moins réel. Lorsqu'on prend compte de cela, est-ce que le terme IRL est encore legit ? C'est ce que je me demande. Parce que parfois j'ai l'impression que certaine personne utilise se terme pour se décharger comme si le loisir n'était pas réel. Pourtant, c'est pareil comme si on faisait un sport ou autre, on y met de notre temps, de notre cœur, de nos idées, seulement on est pas seuls-es dans tout cela. C'est comme une équipe sportive, y'a une communauté, des gens derrières. Et même si je prône le temps qu'on doit s'accorder à nous mêmes, le temps qu'on a besoin de souffler ou tout autre chose. Doit-on mettre de côté les forums sous prétexte que ce n'est pas l'IRL ? Pour moi, ce qui rentrerait pas dans le volet IRL c'est surtout nos univers, nos personnages, le volet « internet », mais sinon tout le reste c'est réel. Je ne suis pas en train de dire que j'ai la réponse à cette question, et j'aimerais bien vos avis sur le sujet. Car dès que je vois des messages parlant de vécus ou d'expériences, je me demande toujours : les gens le feraient-iels si on voyait ce loisir comme quelque chose d'entier ? et non en prenant pour acquis que parce qu'on n'est pas face à ces personnes ça n'est pas réel ? Avec ce message, je ne cherche pas à lancer un débat ou me faire jeter la pierre ! Ce n'est qu'un questionnement que je partage. Toutefois, je remarque que depuis que je fais attention à ne plus utiliser ce terme, je me sens plus légère. Je vois différemment certaine chose, je fais attention aux autres, attention à moi et plus encore, et si ce simple message peut aider d'autres personnes, alors c'est tout ce qui compte 💕
NOTA BENE : Ce post ne cautionne aucunement l'agissement de certains ! Ouais je préfère prévenir, je ne suis pas okay avec tout ce qui arrive dans la commu ! Je le poste pour se questionner pas cautionner !
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angemorose · 1 month ago
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Ce n'était pas violent mais c'était condescendant au possible. IRL, ça ne passerait pas et faut arrêter de mentir en faisant semblant qu'il y avait le moindre chill dans le pointage d'origine.
En plus, cet échange n'était pas particulièrement utile, on le sait. D'un côté, y'a des indécrottables qui ne changeront pas leurs habitudes de jeu et de l'autre des gens qui ont potentiellement raison mais dont le point se perd quand on se souvient qu'ils n'ont pas la moindre intention d'un jour rejoindre le projet concerné et qu'on sait qu'ils pointent ça du doigt juste pour faire de la provocation.
De toute façon, de part et d'autre, les gens sont coincés dans un complexe de supériorité. Vouloir évoluer les consciences, c'est super et oui, le RPG reflète le monde dans lequel on vit mais faudrait pas non plus se fourvoyer à penser qu'on sauve le monde ou qu'on change la société en boycottant trois avatars ou en faisant des call out de merde.
C'est aussi bien hypocrite que les fc juifs ne comptent dans la case "not white" que lorsque ça arrange le discours, parce que les calculs ne sont pas bons.
Toujours changer les règles tacites pour toujours pouvoir gueuler.
Être moqueur pour se la jouer bad bitch et dire aux gens de fermer leur gueule mais crier au tone policing quand un peu plus de CNV est demandée.
Bref, laissez les cons entre eux, on sait, pas besoin de se rabaisser à les malmener, je ne vois vraiment pas l'intérêt. En dehors de poser les truffes qui se sont faites attaquer en martyre pour les whities à la recherche de justification pour leur racisme et leur entre-soi, vraiment, je ne vois pas ce que ça peut accomplir.
mais personne ne dit que le message de base était chill? de toute façon, il n'avait pas à l'être. on a, et quand je dis on je dis nous les racisé·es, on a disais-je le droit d'être en colère et de l'exprimer comme bon nous semble en voyant pour la énième fois une majorité de fcs blanc·hes dans la liste d'un projet/forum rpg. pcq hey ça fait chier de voir que même dans l'un de nos loisirs, on n'existe peu/pas du tout, que même là les blanc·hes sont la norme. et ça fait d'autant plus chier que quand on ose prendre la parole, on soit pointé·s du doigts comme des personnes violentes, qui se plaignent pour rien, etc. on le connaît le discours, on l'a vu et entendu mille fois, c'est un vrai running gag et il s'appelle les white tears 101.
et honnêtement osef de l'intention de s'inscrire ou pas à l'ouverture, le truc est public, il est là pour être commenté si on le désire. et je suis content·e que quelqu'un ait pris l'initiative de le faire, donc merci à toi si tu passes par ici.
pour les fcs juif·ves, je comprends pas tu sors ça d'où. ils sont racisé·es, point.
bref, je suis fatigué·e.
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moafloribunda · 5 months ago
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le voisin d'à côté ll ft. jake
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● jake sim - enhypen
● du doux, du moins doux, du sarcasme, de l'humour, du déni (beaucoup de déni), des papillons dans le ventre et de l'arrachage de cheveux de frustration, de la panique, du patpat, mention de certains membres d'enhypen (niki, sunghoon et heeseung à ce jour) + karina d'aespa – faites-moi signe si j'ai oublié quelque chose ♡
● résumé : quand jake sim est un voisin un peu trop agaçant, un peu trop envahissant mais qu'il est aussi un peu trop doué pour conquérir la coeur de sa voisine
♡ ♡ ♡ ♡ ♡ ♡ ♡
« C'est la surprise dont tu m'as parlé, Niki ? »
Je n'avais jamais songé au meurtre comme une fin en soi avant cet instant. Mais pour deux raisons très précises, celle-ci était devenue très alléchante.
De un, parce que choisir un dimanche pour organiser une fête et faire péter la musique à fond dans tout l'étage jusqu'à une heure indécente n'était pas ce que j'appelais du bon sens. Encore moins quand il y avait des gens (comme moi, pour prendre un exemple purement au hasard) qui cherchaient à réviser pour leurs examens.
De deux, parce que je n'appréciais pas du tout d'être regardée comme une pièce de bœuf sortie tout droit de l'étal du boucher.
Les yeux bruns du garçon qui me faisait face ne s'étaient pas détachés de mes jambes depuis une bonne minute, sa silhouette appuyée maladroitement dans l'encadrement de la porte. Ses pommettes étaient roses et son regard m'avait semblé vitreux avant qu'il ne reste scotché sur la partie inférieure de mon corps.
Ma robe de pyjama frôlait le milieu de mes genoux et je ne pouvais même pas dire qu'elle avait quoi que ce soit de séduisant. Mais elle avait le mérite d'être confortable et c'était tout ce dont j'avais besoin pour étudier pendant des heures.
Cependant, je n'avais pas eu le loisir d'en profiter longtemps, vu qu'une certaine personne avait décidé d'ouvrir une putain de boîte de nuit éphémère dans mon bâtiment.
« Ma tête est plus haut. » je siffle, les mâchoires serrées.
« Mmh...Définitivement pas la surprise. » rétorque celui-ci avec un rictus en relevant le nez dans ma direction, glissant une main dans ses mèches sombres pour les repousser en arrière.
Il aurait pu être beau si je n'avais pas été aussi irritée.
« De quoi tu p- Oh. » s'exclame un grand gaillard aux yeux eux aussi en amande. Ses cheveux étaient rasés courts sur les côtés, la partie longue retombant délicatement devant son visage. Il me regardait avec un mélange de curiosité mêlé à ce que je considérais comme de l'amusement. « Non. Du tout. Ma surprise est normalement plus grande et ne devrait pas chercher à t'arracher la gorge, Jaeyunie. » Je lui lance un regard noir, mes bras toujours croisés sur ma poitrine. « En tout cas, pas de la même manière. » rajoute-t-il avec un ricanement, celui de son ami résonnant aussitôt en écho.
Super. L'un de ces abrutis était certainement mon voisin, si ce n'était pas les deux.
« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, joli coeur ? » ronronne-t-il en essayant vainement de se tenir contre le chambranle de sa porte d'entrée, la musique retentissant furieusement dans son dos. Je frémis au surnom, déroutée un instant par l'intonation qui s'en dégage avant de secouer la tête pour retrouver mes esprits. Je distinguais d'autres personnes au loin, derrière la barrière de ses larges épaules et le tintement caractéristique des verres qui se rencontraient perce le rythme infernal de la chanson qui passait au même instant. « Tu m'as l'air un peu tendue. Tu devrais décompresser un peu. Je peux t'offrir un verre ? » m'interroge-t-il, ses lèvres se retroussant sur des dents impeccablement blanches.
Mettre les paroles de son pote en action était devenu réellement tentant. Mais malheureusement illégal. À la place, je pouvais peut-être m'essayer au vaudou et le maudire sur plusieurs générations.
« Tu sais ce que tu pourrais faire pour moi, Jaeyunie ? » je réponds en avant d'un pas, usant délibérément du surnom employé par le garçon à ses côtés. Mon vis-à-vis se penche légèrement en avant, réduisant l'espace entre nous. Comme impatient d'entendre le secret que j'étais sur le point de lui confier. « Mmh ? » Ses iris balayaient mon visage sans s'arrêter, comme s'il n'arrivait pas à trouver un point particulier sur lequel s'arrêter. Et ça avait quelque chose de dérangeant. Dans quel sens ? Je n'arrivais pas à le définir. « Ce que je voudrais, c'est que tu baisses ta musique de dégénéré et que tu demandes à tout ton zoo de dégager de là pour me laisser réviser en paix. » je cingle enfin, en incluant son acolyte ainsi que le reste de sa troupe d'un geste agacé de la main.
Il hausse les deux sourcils de surprise, la bouche frémissante d'un rire à peine contenu et j'ai envie de le lui arracher avec les ongles.
« C'est qu'elle mordrait presque, Riki. » raille-t-il, en passant à nouveau sa main dans ses cheveux. Forçant mon regard à effleurer les longues mèches brunes qui encadraient son visage et retombaient souplement dans son nuque. « T'es vraiment sûr que ce n'est pas ma surprise ? » interroge-t-il son ami, avec un petit coup de coude dans les côtes. Celui-ci hoche la tête de gauche à droit comme toute réponse, ses mèches teintes d'un bleu sombre voltigeant devant ses yeux. Jaehyunie soupire, sa bouche plissée en une moue boudeuse. « Dommage. Je commençais à trouver ça intéressant. » commente-t-il en me glissant un regard amusé.
Et ça ne fait qu'approfondir mon irritation.
Il ne prenait pas du tout la situation au sérieux et ça me rendait folle. Principalement du aux verres qu'il devait avoir dans le nez. Mais il ne semblait pas du genre à respecter les règles dans tous les cas. Il suffisait de le regarder pour voir s'allumer « VAURIEN » en lettres capitales. Je pouvais le sentir à la lueur de malice dans ses yeux sombres ou au sourire provocant qui semblait résider perpétuellement sur ses lèvres.
« Écoute, tête de nœud. » je commence, perdant le peu de calme qu'il me restait. « Ce n'est peut-être pas ton cas mais moi je tiens à mon avenir. Alors si tu pouvais avoir au moins l'obligeance de baisser la musique pour me permettre de travailler, ça serait vraiment aimable. »Je tapote ma lèvre inférieure du bout de l'index, faisant mine de réfléchir un instant. Avant de me figer en apercevant la direction de son regard. Un frisson serpente le long de ma colonne vertébrale et je mords l'intérieur de ma joue. Je n'avais ni le temps, ni l'envie de me lancer dans des réflexions plus poussées. En plus, il était ivre. Ça ne voulait strictement rien dire. Surtout au vu de la surprise faite par ses amis, même si elle semblait se faire désirer. Alors je reprends le fil de mes pensées et je me donne une claque mentale afin de revenir à l'essentiel. « Je ne voudrais pas déranger les flics pour si peu, tu comprends...» je termine, avec un air faussement concerné.
Cependant, ça ne semble pas le faire flancher un seul instant. Pire, son sourire s'accentue davantage si c'est encore possible, remontant pleinement jusqu'à ses yeux. « Elle est impitoyable... » souffle-t-il au dénommé Riki. Ou Niki. Ou que sais-je ? Est-ce que ça m'importait ? Absolument pas. «  Tu es sûre de ne pas vouloir entrer ? » réitère-t-il avec ce même sourire enjôleur. Je pousse un soupir frustré, levant mon majeur dans sa direction tout en pivotant sur moi-même et son rire éclate aussitôt dans le couloir, semblable à un aboiement. Je préférais m'arrêter là sinon je ne répondais plus de rien. Et un casier judiciaire ne ferait pas très bonne figure pour ma future carrière d'avocate. Alors je fuis, avant de refermer mes mains autour de sa nuque pour faire disparaître ce stupide sourire suspendu à ses lèvres pleines. « Je vais voir ce que je peux faire, joli coeur ! » je l'entends s'exclamer dans mon dos. La porte de son appartement se referme sur l'écho de son rire et je me jette pratiquement dans le mien, m'adossant contre la paroi en bois brut, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.
Personne ne n'avait jamais autant fait sortir de mes gonds.
Je me sentais électrisée, le bout de mes doigts parcourus de crépitements désagréables. Et je prends un long moment pour me calmer, pour apaiser les palpitations qui secouaient ma poitrine. Mon regard se pose sur mes fiches éparpillées en travers de la table basse, du thé désormais glacé abandonné dans un coin, sur les livres ouverts et étalés ici et là sur mon tapis. Quand je retrouve enfin un semblant de calme, je me rends compte que la musique à cessé.
Complètement.
Mon cœur voltige à nouveau, mes yeux s'écarquillent et je soupire d'aise devant le silence qui m'entoure. Il n'avait jamais été aussi agréable. J'aurais aimé pouvoir le matérialiser et l'envelopper d'une douce étreinte, le presser contre moi avec adoration.
Pendant un instant, mon opinion sur mon voisin s'émousse et je me dis qu'il n'est pas un parfait crétin.
Puis un bruit résonne sourdement, me faisant glapir comme une souris, suivi d'un flot de percussions qui menace de m'éclater les tympans. Encore plus fort qu'avant. Je finis par déverser toute ma frustration en hurlant dans le creux de mon oreiller. Puis mon bras se tend pour attraper mon téléphone, gisant dans un repli du canapé.
C'est à partir de ce moment précis que commence la guerre contre Sim Jaeyun.
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Je devais avouer que le garçon était un adversaire coriace.
Et omniprésent.
J'avais l'impression de le voir partout où j'allais. De sentir son regard fixé sur moi lorsque l'on se trouvait dans la même pièce. D'être perpétuellement hantée par son rictus moqueur et le pétillement incessant dans ses grands yeux bruns. Et il ne se gênait pas pour se rappeler à moi dès qu'il en avait l'occasion.
Il n'avait sûrement pas apprécié de voir les flics débarquer devant sa porte et réduire sa petite fête à néant. Je l'avais prévenu pourtant. Il n'y avait certainement pas cru, trop préoccupé à mater le peu de peau qu'il avait à disposition. Mais je mettais toujours mes menaces à exécution et il avait du s'en mordre les doigts. Néanmoins, ça ne l'avait pas refréné pour autant et à défaut de réitérer ses petites sauteries, il s'était fait le devoir d'envahir ma vie par tous les moyens possibles.
À mon plus grand dam, je remarquais seulement maintenant que nous fréquentions la même université. Pas le même bâtiment, dieu merci. Je crois que je n'aurais pas supporté de le croiser à toute heure de la journée. Cependant, il semblait apparaître bien trop régulièrement pour ma santé mentale et j'en arrivais à me demander si ça avait toujours été le cas.
Non. Ça ne pouvait pas. Je l'aurais remarqué si un grand gaillard avec un sourire horripilant se trouvait souvent dans mon champ de vision.
Dans tous les cas, il se faisait un malin plaisir d'empiéter sur mes plates-bandes et de m'arracher les uniques petites joies qui rythmaient mon quotidien. Comme déguster le dernier pain à la crème qu'il restait à la buvette avec satisfaction sous mes yeux alors que mon ventre réclamait vengeance. Me saluer gaiement de la main avant que les portes de l'ascenseur ne se referment, m'abandonnant volontairement au rez-de-chaussée alors qu'il aurait pu les garder ouvertes jusqu'à ce que j'arrive. Acheter littéralement tout les exemplaires de mon café préféré la veille d'un jour important, alors que c'était la seule unique chose qui me faisait tenir sur mes deux jambes avant un examen.
Sim Jaeyun faisait exprès de me rendre chèvre.
Tout ça parce que j'avais interrompu sa soirée pour réviser.
« Je vais le tuer. » je soupire en laissant tomber ma tête entre mes bras, à moitié étalée sur l'une des tables de pique-nique disposées dans le parc. Il m'épuisait. Et j'étais déjà suffisamment fatiguée par mon programme scolaire pour m'en rajouter avec mon insupportable voisin. « Déjà des envies de meurtre si tôt dans la journée, joli cœur ? » Une voix devenue beaucoup trop familière résonne dans mon dos, activant un mécanisme de défense et je me redresse aussitôt, les épaules rigides. Les yeux de Liz et Karina s'écarquillent un instant en apercevant la personne derrière moi avant de me jeter des regards curieux. « Quand ça te concerne, ça survient à n'importe quelle heure. » je siffle entre mes dents serrées, résistant à la tentation de me retourner pour lui jeter un regard noir. Son rire résonne pour toute réponse, si semblable à un aboiement et je me force à me tenir aussi droite que possible. Mais les lèvres de Liz s'entrouvrent de surprise d'un seul coup et quelque chose frôle mon épaule au même instant. « Alors ça veut dire que tu penses souvent à moi ? » murmure Jaeyun dans le creux de mon cou, son menton en équilibre contre mon épaule.
Des mèches de ses cheveux effleuraient ma joue et son parfum avait envahi l'espace tout autour de moi, distillant des notes d'agrumes qui chatouillaient agréablement mes narines. Je sentais sa silhouette dans mon dos, son souffle tiède qui s'échouait tranquillement contre ma peau. Je pouvais presque éprouver son sourire sans même le voir.
La seconde d'après, je réalise où se dirigent mes pensées et je lève intentionnellement mon épaule pour cogner son menton, le forçant à reculer avec un grognement. « Putain ! T'as failli me péter les dents ! » s'exclame-t-il, horrifié. Ce qui m'arrache un soupir dépité, mes yeux roulant dans leurs orbites. « Je pense même que ta mâchoire doit être fracturée. Tu devrais aller voir un médecin de toute urgence. » je raille, pivotant sur le banc pour finalement poser un regard sur lui.
Il était vêtu d'un épais blouson de football, l'écusson de l'université trônant sur le revers et ses cheveux semblaient toujours aussi désordonnés qu'auparavant. Et même si ses doigts cachaient la partie inférieure de son visage, ses yeux brillaient de cette malice qui lui était si propre et annonçait la présence inévitable d'un rictus sur sa bouche si insolente. « Consulter de toute urgence signifiant que c'est le moment de débarrasser le plancher, Sim, si tu n'avais pas encore saisi. » je rajoute à son intention, un sourcil haussé. Il jette un coup d'oeil à mes amies, de l'autre côté de la table de pique-nique. Avant de me pointer d'un doigt, glissant sa main devant sa bouche pour leur poser une question en toute discrétion. Enfin, c'est le genre qu'il cherchait à se donner alors qu'il savait pertinemment que je n'allais pas en rater une seule miette. Insupportable. « Est-ce qu'elle vous soudoie pour rester copines avec elle ? » J'écarquille les yeux à son interrogation, serrant les poings. « Ne lui répondez pas, pour l'amour de Dieu. » je fulmine, résistant à l'envie de lui donner un coup de poing dans l'estomac. « N- Non. » balbutie Karina, ses yeux voltigeant entre lui et moi. Il fait un pas en avant, glissant un doigt en travers de ses lèvres. « Tu peux parler en toute confiance. Je suis lié par le secret professionnel. Tout ça, tout ça. N'aies pas peur. Est-ce qu'elle vous fait du chantage ? » Je me relève du banc d'un bond, plantant un doigt en travers de son torse quand il pivote pour me faire face. « Si tu n'es pas hors de mon champ de vision d'ici les trente prochaines secondes je- » « Tu quoi, joli cœur ? » riposte-t-il aussi tôt, courbant l'échine pour rapprocher son visage du mien.
Ses iris me sondent impitoyablement, éclairés par une lueur qui fait naître un frisson à la base de mon dos. Il remonte le long de ma colonne vertébrale et je déglutis avant de me donner une claque mentale. Je ne devais pas le laisser prendre le dessus. Je prends une courte inspiration, appuyant davantage mon doigt dans les replis de sa veste. « Tu ne veux pas savoir ce qui pourrait se produire, Sim. » je gronde, les sourcils froncés. Il ne semblait toujours pas me prendre au sérieux et ça commençait vraiment à m'irriter. Mais si je pensais encore avoir un peu de crédit, celui-ci est balayé instantanément quand son bras s'enroule autour de ma taille pour me plaquer contre lui, m'arrachant un glapissement de surprise. Mes mains s'arriment à sa veste pour me stabiliser, froissant le tissu entre mes doigts. « Au contraire... » murmure-t-il à nouveau contre mon oreille. « Je suis impatient de savoir ce que tu as en réserve. » Son timbre de voix est plus bas, dénué de l'engouement qui le caractérise habituellement. Là, elle porte de nuances plus ombrageuses et mon cœur tressaute dans ma poitrine comme un oiseau affolé.
Danger.
Une sonnette d'alarme résonne dans le creux de ma tête et mes mains se crispent sur le coton épais. Il fallait que je sorte de là. Que j'éloigne. Maintenant. « Lâche-moi, Sim. » je murmure entre mes dents. « Mmh ? » lâche-t-il paresseusement, toujours immobile. Sa main reposait contre ma hanche, brûlante contre ma peau malgré les couches de tissu. J'avais l'impression que tout s'était arrêté autour de nous, plongeant la scène dans un profond silence. Silence seulement troublé par mon souffle agité et les bruyantes palpitations dans ma cage thoracique. Si bruyantes qu'elles me donnaient l'impression de pouvoir être audibles à des kilomètres à la ronde. Fuis. « Lâche-moi. » je reprends, malgré mon intonation bien moins assurée qu'une poignée de minutes plus tôt. « Lâche-moi, Sim où il n'y a pas que ton menton qui sera douloureux à la fin de la journée. » je finis par déclarer, en mouvant légèrement ma jambe pour lui décrire exactement ce que je comptais faire s'il ne relâchait pas son étreinte.
Ses lèvres s'entrouvrent un instant, s'arquant en un sourire moqueur puis sa main disparaît de ma taille. J'en profite pour mettre une bonne distance entre nous, mes mollets butant contre le banc où j'étais précédemment assise. Le prénom de Jaeyun est hélé au loin, la voix masculine rapidement rattachée à une crinière couleur cerise quand un autre garçon s'approche de notre table . Détournant son attention sur le côté et me laissant le loisir de respirer plus facilement. « Tu fais quoi, mec ? Tu viens ? On va être en retard ! » le presse-t-il en me jetant un regard curieux, mon voisin repoussant ses cheveux en arrière d'un geste hâtif avant de lui répondre. « J'arrive, Seungie. Je vous rejoins dans une seconde. » Son regard est à nouveau sur moi, sa bouche à nouveau ornée de cette expression si agaçante. « Ce n'est que partie remise, joli cœur. » susurre-t-il avec audace, avant de se pencher légèrement de côté de mes amies pour les saluer. « Au plaisir de vous revoir, mesdemoiselles. » Il pivote, me tournant le dos et je me retiens à peine de lui dresser mon majeur en toute impunité. Mais son profil m'apparaît et j'arrête mon mouvement en plein milieu, les joues soudainement brûlantes. « À ce soir, voisine. » lâche-t-il d'un ton nonchalant, ses lèvres pleines étirées en travers de son visage.
Et sur cette annonce aussi inattendue que mortifiante, il quitte les lieux d'un pas léger. Agrippant son comparse par les épaules quand il arrive à sa hauteur avant de disparaître à l'angle du bâtiment.
« Voisine ? » s'exclame Liz, sa voix montant dangereusement dans les aigus. Les regards de mes deux amis semblent chercher à percer des trous dans mon visage et je laisse échapper un geignement de dépit en me laissant tomber pour la deuxième fois sur le banc, puis la table.
Sim Jaeyun était devenu mon enfer personnel.
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« Chérie, est-ce que tu peux aller me chercher ce qu'il manque pour le repas de ce soir ? »
Mes yeux se décollent de mes fiches cartonnées pour lui lancer un regard. Étendue mollement en travers du canapé, j'avise la silhouette de ma mère penchée sur le plan de travail, griffonnant sur son bloc-notes.
Et s'il y avait bien une chose qu'elle m'avait transmise, c'était cette passion qu'elle avait pour les listes. À vrai dire, je la comprenais. Je trouvais ça rassurant de mettre des mots sur mes pensées, d'organiser mes réflexions et de les verbaliser sur le papier. Annoter les choses m'aidait à canaliser l'énergie grouillante dans mon cerveau et lui donner un sens clair. « Maintenant ? » je l'interroge, un sourcil haussé. Avant de lui désigner mon occupation du bout du nez, mes lunettes glissant dangereusement sur l'arête de celui-ci.
Parce que oui, j'étais encore en train de réviser. Le barreau n'attendait pas. Et il me laissait encore moins de répit qu'une certaine personne de ma connaissance. La seule raison de ma survie se résumait à de la caféine toutes les deux heures et le réconfort de la cuisine familiale après des semaines à me nourrir de manière discutable. « Oui, maintenant. Et je pense que ça ne te fera pas de mal de sortir de tes révisions pendant un moment. » Tout ça, avec un regard insistant glissé dans ma direction. Je soupire, me redressant dans le canapé. « Très bien, reine mère. Tout de suite, reine mère. Je m'exécute. » Je vois ses lèvres frémir depuis l'endroit où je me trouve, attisant un sourire sur mon propre visage. Ce qui ne l'empêche pas de pousser un soupir tout ce qu'il y a de plus dramatique. Parfois, elle devait se dire que je n'avais pas opté pour la bonne vocation. Mais si je ratais mes épreuves, je pouvais toujours considérer l'idée de devenir comédienne.
Je quitte enfin le moelleux des coussins, m'étirant comme un chat et rejoignant l'îlot où elle se trouve. La liste est habilement récupérée et je pose mon menton sur son épaule. « Si je rate l'examen, je dirais que c'est parce que ma propre mère m'a empêché de potasser. » je lui souffle, ses yeux s'écarquillant à sa remarque. Elle s'offusque aussitôt et je pouffe, réussissant cependant à lui planter un baiser sur la joue avant de me faire chasser de la cuisine. Et elle aurait pu être crédible si son rire n'avait pas résonné dans mon dos, pareil à un carillon.
C'est noyée dans un pull honteusement volé à mon père que je rejoins la petite supérette de notre quartier, mes écouteurs vissés dans les oreilles. Les courses sont faites plus vite que prévu, empilées proprement dans mon sac en toile. Et il se pouvait que j'eusse dissimulé quelques achats supplémentaires ici et là, destinés à combler mes petits creux nocturnes entre deux séances de révisions. Ce n'était qu'une juste rétribution pour m'avoir envoyée à sa place, de mon point de vue. Du sien, j'en étais un peu moins sûre. Dans tous les cas, il était trop tard et c'est en sifflotant un air de rock que je reprends ma route dans le sens inverse, bifurquant sur ma droite pour atteindre l'entrée du parc.
Il se situait entre le quartier où se trouvait la maison de mes parents et la partie plus animée de la ville, non loin du centre. Un petit coin de paradis au milieu du béton, un poumon verdoyant dans cette jungle où les arbres avaient été remplacés par de hauts immeubles. J'avais passé un nombre incalculable d'heures là-bas, tant à chasser les papillons qu'à lire au soleil, étalée sur une couverture. C'était le lieu de rencontre des voisins pour faire des compétitions sur les balançoires ou jouer à cache-cache jusqu'à ce que la nuit tombe, essayer d'attirer les écureuils avec des morceaux de pain avant de fuir en hurlant quand ils se décidaient enfin à approcher et partager des goûters après l'école. Il renfermait de doux souvenirs et restait immuable, inlassablement imprégné de cette aura chaleureuse et accueillante.
Je longe le petit étang en son centre, remarquant quelques secondes trop tard la forme qui fonce dans ma direction avant de se jeter littéralement contre mes jambes. La collision m'arrache un cri et je recule d'un pas en arrière, mon sac tombant au sol sous le coup de la surprise. Je retrouve très vite mon équilibre avant de baisser les yeux, avisant le chien au pelage crème qui avait déjà le nez glissé à l'intérieur. Il battait joyeusement de la queue en reniflant son contenu et ça me tire un sourire, la stupeur déjà envolée. Il était adorable. Je me baisse pour enrouler mes doigts autour des anses, tirant doucement pour le faire sortir de là et je me retrouve face à face à la créature la plus mignonne qu'il soit en ce monde.
Je n'étais pas très fan des êtres humains en règle générale parce qu'ils ne cessaient jamais de me décevoir mais les animaux étaient mon plus grand point faible.
Avec la nourriture.
« Qu'est-ce que tu fais tout seul ici, toi ? » je l'interroge doucement, ses grands yeux bruns scintillants de joie quand je viens flatter le haut de sa tête. Sa queue continuait de battre gaiement la mesure et il se rapproche pour se frotter contre ma jambe, son museau reniflant ma cuisse. Une laisse était reliée à son collier, pendant mollement le long de sa patte gauche. « Est-ce que tu as décidé de faire une petite escapade en solitaire ? » je poursuis, avec un petit rire. Réajustant mon sac sur mon épaule, j'attrape la poignée de la laisse. « Ton maître ou ta maîtresse doit sûrement s'inquiéter, à l'heure qu'il est. » Je n'étais pas des plus pressées et je préférais ramener l'animal à son propriétaire plutôt que de la laisser gambader dans la nature. « Tu viens avec moi ? » je souffle, donnant un léger à-coup pour l'inciter à me suivre.
Mais le chien n'oppose pas la moindre résistance et je reprends mon chemin, observant les alentours. Je décide de faire le tour complet de l'étang pour ratisser plus large, le canidé gambadant à mes côtés. Il s'arrêtait régulièrement pour sentir tout ce qui se trouvait à portée de truffe, grattant le sol avec des petits grognements avant de reprendre sa route l'air de rien. Et je l'observais avec un amusement évident. Son pelage était plus foncé près de la tête et le long de la colonne, épais et d'une douceur à toute épreuve. Ses yeux m'avaient tout de suite semblé expressifs, presque humains dans leur manière d'observer l'environnement. On voyait tout de suite qu'il était habitué à l'être humain parce qu'il n'avait pas été farouche, se laissant approcher et caresser sans la moindre crainte.
Il devait être chouchouté par sa famille et ça me rassurait, dans un sens.
« Layla ? Layla ? » Quelqu'un s'époumone dans mon dos et je fronce les sourcils à l'intonation étrangement familière. Le chien se met aussitôt à tirer frénétiquement sur sa laisse et je pivote, mes lèvres s'entrouvrant pour la seconde fois de surprise en apercevant Jake Sim foncer à toute allure dans ma direction. Je recule par instinct, soudainement prise de panique et je lâche l'emprise sur la corde, laissant le chien aller à sa rencontre.
Avant de me figer d'un seul coup à la vision qui s'impose devant moi.
Il venait de se laisser tomber à genoux sur les gravillons, écartant les bras pour accueillir l'animal contre lui. Celui-ci ne se fait pas prier pour se jeter contre lui, sautillant pour venir léchouiller son visage. « Ne me fais plus jamais ça, tu entends ? » laisse-t-il échapper en l'étreignant fermement, son visage fourré dans l'encolure du chien.
Il y avait quelque chose de profondément fragile dans sa manière d'enlacer l'animal. Un sentiment presque désespéré. Comme s'il avait peur qu'elle disparaisse d'un seul coup, qu'elle se volatilise entre ses bras. Plus rien du voisin qui m'avait ouvert la porte avec un sourire détestable sur les lèvres. Plus rien du garçon qui me semblait ne jamais se soucier vraiment de quoi que ce soit. Rien qu'un homme et le lien tenu qu'il entretenait avec son compagnon de vie.
Pour être honnête, j'aurais préféré ne jamais le voir comme ça.
Parce que c'était plus facile de croire que c'était un demeuré insensible.
Parce que ça me donnait encore une raison de le détester.
Immobile, j'observe l'échange en silence. Mes doigts s'étaient recroquevillés sur la anse de mon sac et je n'ose pas faire de mouvement pour éviter d'attirer son attention de mon côté. Au mieux, j'aurais préféré devenir invisible et pouvoir m'esquiver en toute tranquillité. Cependant, il finit par relever le nez vers moi, ses yeux s'écarquillant de surprise en prenant enfin le temps de voir la personne qui se trouvait en face de lui. L'instant d'après, son regard dévie sur le côté et il grattouille la tête de son chien avant de se redresser sur ses jambes.
Layla, vu que ça semblait être son petit nom, paraissait minuscule à côté de lui. Pourtant, Jaeyun Sim n'était pas non plus une échasse. Enfin, il paraissait forcément immense à côté de mon mètre soixante ridicule mais ses amis le dépassaient tous d'une tête. Mais il compensait très bien ce léger déficit avec de larges épaules et un attitude envahissante. Et sa compagne à poil l'observait avec une admiration sans bornes, se laissant tomber sur son arrière-train à ses côtés.
Nous nous observons sans un mot pendant une poignée de secondes qui me paraissent égales à des heures. Je ne savais pas quoi lui dire, encore chamboulée par les dernières minutes. Et surtout, par cette facette de lui que je n'avais jamais imaginé. De son côté, je pouvais sentir qu'il était gêné d'avoir été pris en flagrant délit de panique alors qu'il apparaissait toujours comme quelqu'un de profondément désinvolte. Néanmoins, ces non-dits menaçaient de me mettre profondément mal à l'aise à mon tour et je réfléchis à un moyen de désamorcer la situation.
« Elle est...gentille. » je finis par déclarer du bout des lèvres, en pointant la chienne d'un geste du menton. Il baisse les yeux sur elle, les siennes s'étirant en un sourire d'une telle douceur que j'ai l'impression de recevoir une nouvelle claque en pleine face. Ma gorge se serre et je secoue vivement la tête pour chasser cette sensation désagréable. « Et sensée. Elle a sûrement compris qu'il fallait s'éloigner d'un crétin quand on croise un sur sa route. » Je ne pouvais pas m'empêcher de répondre par le sarcasme, quand il s'agissait de lui. C'était familier. Confortable. Et ça me permettait de reprendre le contrôle de moi-même.
Son sourire s'est évaporé à mes paroles et ses yeux sombres m'observent en silence. Je prends un court instant pour le regarder, de ses cheveux mi-longs éternellement en bataille autour de son visage à sa tenue débraillée. Un short de sport, pratiquement identique à celui dans lequel je l'avais vu se pavaner sur le palier de notre étage et un pull épais qui semblait déjà avoir subi de nombreux lavages. En le voyant comme ça, je culpabilisais un peu moins sur mon propre manque d'effort vestimentaire. « Tu habites dans le coin ? » m'interroge-t-il d'un seul coup, sans se formaliser de ma réflexion. Son regard continuait de me sonder sans relâche, comme s'il cherchait des réponses à des questions qu'il n'avait même pas formulées. « Mmh. Possible. » je murmure, les lèvres pincées. « Le hasard fait bien les choses. » Un frisson remonte le long de mes bras. Mes dents triturent nerveusement l'intérieur de ma joue et ma prise se resserre encore un peu plus sur mon sac. « Pourquoi ? Tu comptes me faire une visite de courtoisie ? » je rétorque, un sourcil haussé. Un rire s'échappe de sa gorge comme toute réponse et Layla gigote sur place, sa truffe pressée contre les doigts de Jake. Il penche la tête sur le côté, glissant sa main libre dans la poche de son short. « Tu sais, des fois je me demande s'il existe vraiment un moment où tu n'es pas sur la défensive. » Je me raidis à ses paroles. Sa remarque me faisait grincer des dents mais c'était encore plus humiliant de constater qu'il n'avait pas tort. « Seulement avec toi, Sim. Tu es un privilégié. » je riposte, les joues roses.
C'était faux. Ça faisait longtemps que je n'avais pas réellement ouvert mon cœur à qui que ce soit. Sur tous les plans. Liz et Karina étaient des exceptions parce que notre rencontre avait déjà plusieurs années et qu'elles avaient toujours fait partie de ma vie. Mais j'avais appris à mes dépends qu'il n'était pas toujours bon d'être trop entière dans ses relations avec les autres. Parfois, ce qu'on recevait en retour était incroyablement douloureux. Alors je me protégeais, pour ne plus souffrir à nouveau.
Mes sentiments n'étaient jamais dans la demi-mesure. Avec moi, c'était tout ou rien.
Et je préférais ne rien offrir plutôt que d'être réduite en pièces pour avoir trop donné.
Ma boutade lui tire néanmoins un nouveau sourire et mon cœur tressaute à cette vision. « Merci d'avoir récupéré Layla. Elle est très importante pour moi. » souffle-t-il en passant une main dans sa nuque, décoiffant encore davantage ses mèches brunes. Je hausse les épaules, remontant mes lunettes sur l'arête de mon nez. « De rien ? Je suppose ? Il m'arrive de sauver les animaux errants quand je ne suis pas ta voisine désagréable. » je réponds, lui jetant un regard en prononçant les derniers mots. Il pouffe et mes lèvres frémissent �� leur tour. « Désagréable n'est pas le terme que j'aurais choisi. Je dirais plutôt que tu es...fascinante, joli cœur.»
Je soupire. Encore et toujours ce surnom. Il avait au moins la décence de ne pas lâcher des « princesse » ou des « poupée » et je lui en étais presque reconnaissante.
Presque.
Il fait un pas en avant, se rapprochant davantage et je sens mon rythme cardiaque s'emballer tout à coup. Mon bras se lève entre nous pour faire barrière par réflexe et il s'arrête aussitôt, fronçant les sourcils. Je louche sur le plat de ma main dressé dans sa direction, les pommettes brûlantes. Il devait me prendre pour une folle furieuse. Est-ce que j'étais à ça près ? Pas vraiment. J'essaye quand même de conserver un air tout ce qu'il y a de plus respectable, histoire de ne pas mourir d'embarras devant mes propres réactions. Peut-être que j'étais vraiment en train de perdre la boule, tout compte fait. « Je trouve qu'on est subitement devenus trop cordiaux l'un avec l'autre, Sim. Il est temps de mettre fin à cette conversation. » je déclare, sur un ton des plus sérieux. Mais ça ne fait pas disparaître son rictus pour autant. Pire, il s'étire des deux côtés de son visage, faisant luire ses yeux d'un éclat malicieux. « Pourquoi ? Tu as peur de finir par m'apprécier ? » Bordel. Il trouvait toujours le moyen de faire une pirouette et de retourner les choses à son avantage. C'était tellement frustrant. Et il y avait cette chaleur qui ne voulait pas disparaître de mon visage. « Aucun risque. » je rétorque, un sourcil haussé.
Cependant, je réduis la distance avant de m'accroupir pour caresser Layla. Je grattouille le sommet de sa tête, gloussant à la vision de sa langue pendue sur le côté de son museau. Puis je passe derrière ses oreilles avant de me pencher, l'air de vouloir lui confier un secret. « Je crois que ton propriétaire prend ses désirs pour la réalité. » je murmure, jetant un rapide coup d'oeil à Jake. Couinant en découvrant qu'il s'était incliné dans notre direction, l'oreille tendue. Son souffle s'échoue contre ma joue, les notes acidulées et désormais familières de son parfum flottant autour de moi. « Tu n'as jamais été aussi proche de la vérité, joli cœur. » Mon cœur rate un nouveau battement, ma gorge s'assèche et je recule précipitamment, manquant de trébucher. Il rit et je marmonne des menaces entre mes dents avant d'écourter la conversation, utilisant les courses gisant dans mon sac pour m'esquiver au plus vite.
En plus, le croiser ici voulait dire qu'il habitait dans le coin et que j'avais donc des chances de le croiser quand je rentrais le week-end chez mes parents. Est-ce que j'avais torturé des bébés chats dans une autre vie ? Parce que ça commençait à faire une nette accumulation. J'avais plus de mal à trouver des moments où il n'était pas là que l'inverse et c'était assez ahurissant. « À bientôt, voisine ! » me salue-t-il quand je me détourne pour reprendre mon chemin. Avant de me crisper à la suite de ses paroles. « Tu sais, Layla serait ravie de faire une balade dans le quartier avec toi, un de ces jours. Je dis ça comme ça ! » Je presse le pas pour toute réponse, son rire résonnant encore plus fort dans mon dos.
Le trajet jusqu'à chez moi se fait en mode auto-pilotage et mon cœur bat encore follement dans ma poitrine quand je claque la porte d'entrée de la maison. Attirant inévitablement ma porte dans le couloir, ses sourcils se fronçant en m'apercevant. « Tout va bien ? Tu en as mis du temps à revenir... » Elle s'arrête, me jaugeant du regard avant d'approcher d'un pas vif, posant ses mains sur chacune de mes joues. « Tu es sûre que ça va ? Tu es toute rouge. Tu as couru pour rentrer ? »
Impossible de lui dire que mon coup de chaud était dû à mon voisin de palier.
Mon cerveau déraillait complètement quand Jaeyun Sim était dans les parages.
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Là où mon cerveau aurait du être rempli de textes de loi et d'alinéas juridiques, ne subsistait que des réflexions à propos de Jake Sim. À quel moment était-il devenu attendrissant ? Est-ce qu'il avait toujours été comme ça ? Il me semblait différent, depuis notre rencontre au parc. Ou est-ce que c'était moi qui l'était ? Je ne cessais de me poser des questions à son sujet. Et ça me rendait folle.
Parce qu'il n'était que mon voisin. Agaçant, en plus de ça.
Mais il avait réussi à se frayer une place dans mon quotidien et le moindre changement dans l'atmosphère me faisait cogiter à un point inimaginable.
Je me surprenais à l'observer. À retenir des choses stupides à son propos. Comme cette manie qu'il avait de repousser constamment ses cheveux en arrière au lieu de les attacher ou de mettre sa main devant sa bouche quand il riait aux éclats. Ou encore de cogner ses poings entre eux lorsqu'il était mal à l'aise. Comment je le savais ? J'étais, par le plus grand des hasards, dans la cafétéria lorsqu'il avait renversé son latte sur la table en cherchant à atteindre Heeseung pour lui passer un savon. Et j'avais eu tout le loisir de le voir s'excuser en mordillant sa lèvre inférieure, son visage adoptant une expression de petit chiot égaré pour amadouer la dame qui lui faisait face afin de s'en tirer à bon compte.
Parce que oui, j'en étais même arrivée au point de connaître le nom de ses amis.
Niki, le grand gaillard que j'avais rencontré lors de sa fête sauvage et qui se trouvait être beaucoup plus jeune qu'eux en dépit sa haute taille. Heeseung, le garçon enjoué aux yeux de biche et à la chevelure couleur cerise, qui faisait tomber les filles sur son passage d'un simple clin d'oeil. Et Sunghoon, pareil à un extraterrestre dans cette équipe de bras cassés. Grand, élégant, réservé. Un petit air de prince des glaces qui fondait comme glace au soleil lorsqu'il se trouvait à proximité de ses amis, pour ne laisser qu'un franc sourire sur son visage.
Ils me lançaient toujours des regards étranges lorsque j'avais le malheur de les croiser sur le palier, comme s'ils savaient des choses que j'ignorais. Et je crois que je préférais ne rien savoir, vu leurs sourires énigmatiques.
Je remarquais des détails sur Jake que dont j'aurais préféré ne pas avoir conscience, parce que ça le rendait plus aimable. Et donc, plus difficile à mépriser.
Lui n'avait pas changé d'un pouce, à mon plus grand dam.
Il continuait de se mettre sur mon chemin de toutes les façons inimaginables. De me tenir les portes avec un sourire enjôleur. De faire péter le son à des heures indues alors qu'il savait très bien que j'étais de l'autre côté du mur à essayer de relire mes notes pour le lendemain. À se demander s'il ne faisait pas exprès, pour le simple plaisir de me retrouver devant sa porte avec des lasers à la place des yeux. Parfois il poussait m��me le vice plus loin, venant toquer innocemment à ma porte pour me « demander du sucre », vêtu en tout et pour tout de son éternel short de sport.
J'ai failli faire une attaque, la première fois. Peut-être la deuxième aussi, pour être honnête.
Pourtant, je n'avais rien de particulier à lui reprocher, en dehors de son caractère horripilant. Parce qu'il n'avait jamais dépassé les limites. Et c'était frustrant, dans un sens. Il se fait un malin plaisir de rester dans le cadre et je ne m'étais jamais sentie mal à l'aise en sa présence.
Oui, il était constamment dans mon champ de vision et voir mes sourcils se froncer en l'apercevant semblait illuminer sa journée pour une raison qui m'échappait encore mais je n'avais jamais ressenti une once d'inquiétude à ses côtés ou quoi que ce soit de négatif. À part une profonde exaspération et une envie de refermer mes mains autour de sa gorge pour faire disparaître son rictus amusé. Nous étions simplement deux entités contraires, à l'opposé l'une de l'autre. Cependant, j'avais le sentiment de percevoir une nuance dans son comportement, depuis un certain temps. Et je n'arrivais pas à définir ce que ça provoquait à l'intérieur de moi.
Parfois, j'étais consciente de sa présence et je sentais une sonnette d'alarme résonner, me pousser à prendre de la distance.
Parce qu'il y avait quelque chose chez lui qui attirait naturellement les gens, qui poussait à vouloir se rapprocher et profiter de sa bonne humeur.
Et qu'il serait si facile de s'abandonner.
Je secoue la tête pour chasser Jake Sim de mon cerveau, mes doigts se resserrant autour de l'énorme carton pressé contre ma poitrine. Il pesait une tonne et je sentais mon dos protester face à la pression que je lui imposais pour rester droite. J'arrive devant l'escalier de mon immeuble, avisant la volée de marches devant moi et je déglutis. Je n'étais pas certaine d'atteindre le quatrième étage sans 1) faire tomber mon carton et potentiellement casser mon nouveau micro-ondes avant même de l'avoir installé et 2) me tuer à cause d'une chute causée par ledit carton.
Mais la simple idée de prendre l'ascenseur me donnait des frissons. J'avais toujours évité de me retrouver à l'intérieur, préférant nettement monter les étages à pied. Parce que je détestais cette cabine minuscule qui montait à une lenteur désespérante et le bruit des chaînes qui cliquetaient sur son passage. Le bâtiment était vieux et l'ascenseur n'avait pas été particulièrement rénové, simplement entretenu pour être fonctionnel. On tenait à peine dedans et ça me donnait des bouffées de chaleur rien que d'y penser.
Je détestais me retrouver dans des espaces confinés à un tel point que ça pouvait devenir problématique, selon la situation. Même chez moi. Toutes les portes de mon appartement restaient constamment ouvertes et les fenêtres subissaient le même sort lorsque je passais mes journées à l'intérieur. L'été, je vivais pratiquement sur mon balcon. Ou je passais le plus clair de mon temps sur le toit, avec le ciel comme unique plafond.
Mais il n'y avait pas la moindre âme charitable pour me faire cette faveur alors l'issue me semblait inévitable et j'en étais malade d'avance.
Jetant un regard mauvais à l'appareil, j'approche avec une lenteur délibérée. Et j'appuie sur le bouton d'un geste du coude, la gorge déjà nouée par l'anticipation. Louchant sur la flèche indiquant que la cabine redescendait vers moi, le cœur lourd. Il battait une mesure plus rapide et je prends une courte inspiration quand un bruit indique qu'il s'est stabilisé au rez-de-chaussée.
Il n'y avait donc personne pour me sauver de cet enfer ?
Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et je regarde les portes s'ouvrir sur une cabine vide de tout occupant. Jetant un regard autour de moi en espérant encore croiser quelqu'un. Pourtant, personne ne vient à ma rescousse et je me résigne à entrer. Tout va bien se passer. Ce n'était pas la première fois. Je n'étais pas morte après les précédentes, aux dernières nouvelles. J'allais simplement fermer les yeux, penser à autre chose pour m'occuper l'esprit et prier pour ma vie.
Je me crispe en entendant les portes se refermer. Avant de sursauter, laissant échapper un cri de surprise à la main qui glisse soudainement entre les battants pour les forcer à se rouvrir. Une seconde plus tard, Jaeyun Sim investit la cabine, le souffle court. Et étrangement, je n'avais jamais été aussi heureuse de le voir qu'en cet instant.
Ses yeux s'agrandissent en m'apercevant avant de se radoucir, sa bouche ourlée d'un de ses éternels sourires. « Tiens tiens tiens...Ne serait-ce pas le destin ? » Je lève les yeux au ciel, resserrant brusquement mon emprise sur mon colis quand les portes cognent l'une contre l'autre et que la maudite traction commence, nous poussant vers le haut. « Moi j'appelle ça un cauchemar, mais nous n'avons jamais la même définition des choses, Sim. » je souffle entre mes dents serrées.
Je haïssais la sensation que le mouvement provoquait dans le creux de mon ventre.
Je remerciais le paquet de dissimuler la plus grande partie de mon visage aux yeux de Jake. Je refusais qu'il puisse lire la panique qui creusait mes traits et serpentait dans ma poitrine pour enserrer mon cœur. « On en est où, là ? » je demande, livide. « On vient de dépasser le premier étage. » me répond-il et j'aperçois tout juste son froncement de sourcils avant qu'une secousse ne vienne ébranler la cabine. Mon hurlement résonne dans l'habitacle et mon carton finit sa course sur le sol dans un bruit sourd. Mon dos rencontre l'une des parois de l'ascenseur, cherchant à s'y fondre et je serre les poings, la respiration chaotique. « Qu'est-ce qu'il se passe, Sim ? » je siffle, posant finalement une main contre ma poitrine. « C'était quoi ce bruit ? On est où ? Pourquoi est-ce qu'on ne monte plus ? » Les mots se succèdent à une vitesse effrayante et mes yeux ne quittent pas Jaeyun, suivant le moindre de ses mouvements. « Je crois qu'il a eu un problème technique. » soupire-t-il, en repoussant ses cheveux en arrière. « Avec un peu de chance on est bloqués au niveau du deuxième étage. »
J'avale difficilement ma salive. Une chaleur étouffante se répandait dans ma nuque, remontant en direction de mon visage. Et les parois de la cabine me donnaient l'impression de rétrécir centimètre par centimètre. « Comment ça 'bloqués' ? » je gémis, l'observant s'approcher du panneau de contrôle pour appuyer sur le gros bouton rouge qui s'y trouvait. Mais je ne l'entends déjà plus.
Tout devient flou seconde après seconde et j'ai de plus en plus chaud. Je me laisse tomber au sol, mes jambes ne supportant plus mon poids. Je replie mes jambes contre ma poitrine, mes bras entourant ceux-ci pour essayer de planquer mes tremblements.
Bloqués. Dans un ascenseur. Je crois qu'il n'y avait pas de pire enfer sur Terre.
Respirer devenait de plus en plus difficile, comme si tout l'air contenu dans mes poumons n'arrivait pas à passer la barrière de ma gorge. Ma poitrine était secouée de spasmes et j'enfouis ma tête entre mes genoux pour faire disparaître la vision de la cabine autour de moi. « Y/n ? » La voix de Jake résonne, tout proche. Mais elle me paraît comme étouffée, lointaine. Mon ventre était douloureusement noué et j'avais l'impression que mon cœur battait simultanément à plusieurs endroits en même temps. Je perdais pied avec la réalité, submergée par une peur si profonde qu'elle court-circuitait mes neurones et ne laissait qu'une créature tétanisée par une angoisse primitive.
J'étais persuadée que ma vie allait s'arrêter d'un instant à l'autre. Si ce n'était pas la pièce qui finissait par m'étouffer entre ses murs, qu'est-ce qui m'assurait que les fils qui retenaient la cabine en suspension n'allaient pas finir par lâcher ? Des scénarios plus terribles les uns que les autres continuaient de se jouer devant mes paupières closes et des larmes s'en échappent, mouillant mes joues brûlantes.
Des paumes calleuses se faufilent soudainement dans ma forteresse pour redresser ma tête vers le haut, me forçant à poser les yeux sur le visage de Jake. Ses cheveux m'avaient l'air encore plus ébouriffés que d'habitude mais la chose qui attire mon attention, c'est l'expression sur son visage.
Un sérieux que je n'avais jamais vu auparavant, une gravité qui semblait tellement décalée par rapport à son attitude quotidienne.
« Regarde-moi. » Ses lèvres bougent et je comprends à peine les mots qu'elles forment, suffoquée par la terreur. Les murs dans son dos continuaient d'avancer, pareils à des ombres menaçantes et mon regard n'arrive pas à s'en décrocher. J'étais consumée par quelque chose de beaucoup trop grand, de beaucoup trop intense et je me sentais comme emportée par cette violence, le cerveau électrocuté par le flot de sensations. « Je- Je- » je bafouille, transie de froid et pourtant sur le point d'entrer en combustion spontanée.
Les doigts de Jake se pressent davantage contre ma peau, imprimant une chaleur différente de celle qui ravageait l'intérieur de mon être. Ainsi qu'une pointe de douleur qui me fait grimacer, mais qui a le mérite de ramener mon attention sur lui. « T'occupe pas du reste, joli cœur. Regarde-moi. Seulement moi. » Le souffle court, j'effleure les lignes de son visage. Mes bras se resserrent contre mes jambes, endiguant à peine les tremblements qui me parcouraient.
Au moins, je n'allais pas mourir seule.
Son pouce va et vient contre l'arête de ma mâchoire, créant une friction qui endigue le torrent de réflexions et son autre main disparaît de mon visage, flottant le long de mon bras avant d'attraper l'une des miennes. De toute façon, je n'étais pas en état d'opposer la moindre résistance. Pas alors que j'avais le sentiment d'être aspirée dans un trou noir, de courir dans l'obscurité la plus totale sans trouver la moindre source de lumière. Il conduit ma paume jusqu'à sa poitrine avant de la poser à plat sur son pectoral. Et quand il pose la sienne par dessus, j'éprouve la pulsation de son cœur.
Tudum. Tudum. Tudum.
« Écoute. » souffle-t-il contre mon oreille, m'arrachant un frisson. « Concentre-toi sur ça. Rien d'autre. » Et je me démène contre l'effroi qui cherche à prendre le contrôle, focalisant mon attention sur le battement régulier que je sens résonner sous mes doigts. Les siens continuent d'imprimer un rythme sur ma peau, son souffle battant la mesure dans le creux de mon cou. À part de là, mon univers ne se résume plus qu'à ça. Aux sensations contraires qui se battent en duel à l'intérieur de moi. Au parfum d'agrumes qui flotte aux alentours et cherche à imprégner mon épiderme, au mouvement répétitif de sa main contre mon visage, aux aspérités de sa paume contre la mienne.
À son cœur qui bat sous moi, qui donne l'impression de battre pour moi.
Sans m'en rendre compte, ma respiration s'apaise peu à peu. Le nœud qui avait élu domicile dans ma gorge se desserre et le brasier s'amenuise, battant en retraite. Je ne saurais même pas dire combien de temps s'est écoulé, si ce ne sont que des minutes ou bien des heures mais je reprends seulement contact avec la réalité quand un bruit métallique tinte sur le côté, m'arrachant à ma transe.
Les portes s'ouvrent enfin, laissant apparaître la silhouette d'un technicien et ses yeux se posent, curieux, sur nos corps lovés l'un contre l'autre. Mon autre main avait également trouvé le chemin menant pull de Jake pour se raccrocher à quelque chose de tangible. Sa tempe effleurait toujours la mienne et je n'avais pas cessé d'éprouver les pulsations de son cœur sous le bout de mes doigts.
« Tout va bien ? » Au son de sa voix, mon cerveau reconnecte les derniers neurones qui lui restent et je me raidis. Avant de piquer un fard monumental devant l'image que l'on devait donner à ce pauvre bougre venu nous porter secours. « Sors moi de là, Sim. » je marmonne, en enfouissant ma tête dans son pull pour dissimuler mon visage cramoisi. Parce qu'il devait l'être, vu la chaleur qui crépitait sur mes pommettes et dans ma nuque. Un rire fait vibrer sa poitrine en guise de réponse. « Les désirs de la dame sont des ordres. » souffle-t-il dans mon oreille, son pouce glissant une dernière fois contre le dos de ma main avant de disparaître. « Tu crois que tu peux te relever ? » poursuit-il et je le sens remuer légèrement. « Si ce n'est pas le cas, je me ferai un plaisir de te port- » Mon corps se réveille à ses paroles et je prends subitement appui sur ses épaules pour me redresser sur mes jambes, comme traversée par un choc électrique.
L'instant d'après, je suis debout mais je sens mes genoux flageoler sans tarder et je me retiens à la paroi de la cabine pour ne pas m'effondrer à nouveau. Un bras s'enroule autour de ma taille, me soutirant un couinement de souris. Et je m'apprêtais à protester quand ses doigts pincent ma peau à travers le tissu de mon tee-shirt. Mon souffle s'étrangle dans ma gorge et j'écarquille les yeux, observant Jake avec effarement. « Arrête de râler, joli cœur. » répond-il, les yeux roulant dans leurs orbites. Mais son sourire habituel a retrouvé sa place sur son visage, me volant un battement de cœur au passage. « À moins tu veuilles t'étaler gracieusement sur la moquette en essayant de rejoindre ton appartement. C'est toi qui vois. » Son regard pétille de malice et mes lèvres frémissent. Puis je secoue la tête avant de désigner la sortie d'un mouvement sec du menton. « Sors. Moi. De. L Là. » je siffle entre mes dents serrées. Il pouffe et son emprise se resserre autour de moi, me permettant d'avancer avec plus de stabilité.
Je m'appuie sur lui pour évacuer la cabine et je respire instantanément mieux. Je ferme les yeux un instant, soupirant d'aise pendant qu'il demande au technicien s'il est possible d'apporter mon colis devant mon logement. « Je déteste vraiment les ascenseurs. » je finis par décréter quand nous nous éloignons. Un nouveau rire retentit sur le côté et il résonne à l'endroit où nos corps se touchent l'un et l'autre. « Je crois que j'ai plutôt bien saisi l'ampleur de ton aversion pour cette innovation technologique. » ne peut-il s'empêcher de commenter et je le foudroie du regard.
Néanmoins, une nouvelle question se pose lorsque nous arrivons à l'angle du couloir et que je me rappelle qu'il me reste encore un étage à monter avant d'atteindre celui où se trouvaient nos appartements. Enfin, elle ne reste pas longtemps sans réponse. En l'espace d'une seconde, je suis soulevée du sol et je hurle de surprise, crochetant mes bras autour de la nuque de Jake. Il fait fi de mes protestations, raffermissant sa prise sous mes jambes et je suis trimballée de marche en marche comme un sac de pommes de terre.
J'en profite bien entendu pour le maudire sur cinquante générations. Mais au vu de son air amusé, j'en venais à me demander s'il n'était pas versé dans le masochisme. Malgré tout, une partie de moi déborde de gratitude envers lui face à ce qu'il venait de se passer et je sens mes joues brûler à nouveau. Je saisis l'occasion pour me cacher contre son épaule, fermant les yeux en essayant d'apaiser ma respiration chaotique jusqu'à ce qu'il me repose au sol, retrouvant la même position pour servir de soutien tout au long du palier.
Difficile à dire quand il venait pratiquement de me sauver la vie et qu'il n'en avait pas une seule fois fait mention depuis que les portes s'étaient ouvertes. Jaeyun avait décidé de faire comme si de rien n'était, de poursuivre sur le même ton qu'il arborait habituellement. Et je lui en étais profondément reconnaissante. Je ne tenais pas à parler de ce qui s'était passé. Ni maintenant, ni jamais. Il avait déjà entrevu ma pire faiblesse et ça me coûtait de le reconnaître. Mais il avait agi avec calme et il m'avait aidé à traverser cette crise bien mieux que je ne l'avais espéré. Surtout, il n'en faisait pas étalage et il ne cherchait pas à l'utiliser comme prétexte pour me chercher des poux.
Il se contentait de m'escorter jusqu'à la porte de mon appartement comme un parfait gentleman et ça provoquait des sensations que je n'étais pas certaine d'accepter pour le moment, surtout quand il était celui qui les avait provoquées.
Nous atteignons notre destination et je me bats avec les clés perdues au fond de la poche de mon jogging. Je dois essayer bien trois fois avant de réussir à les rentrer dans la serrure, les doigts encore douloureux d'avoir serré si fort pendant si longtemps mais Jake ne fait pas le moindre commentaire à ce propos. Il attend simplement que j'ouvre la porte et il y a un moment de battement où nous nous regardons sans un mot. Je le vois jeter un coup d'oeil à l'entrée de chez moi avant de reposer ses yeux bruns sur moi. Et j'ai l'impression qu'on m'entend déglutir à l'autre bout de l'étage. « Je peux ? » finit-il par demander et je hoche silencieusement la tête.
Je ne savais pas pourquoi ça me semblait aussi intimidant de le laisser rentrer chez moi, mais je sentais une boule se loger dans le creux de mon ventre en le voyant se frayer un chemin dans mon appartement. Jusqu'à présent, ça avait toujours été mon recoin secret, mon havre de paix. Il y a peu de gens qui pouvaient se vanter d'avoir été invités ici. Parce que je ne laissais pas n'importe qui pénétrer dans mon espace vital.
Pourtant, mon ennuyant voisin me conduisait lentement en direction du salon et ça créait un désordre monstrueux tant dans ma tête que dans ma poitrine.
Il m'accompagne jusqu'au canapé et m'aidant à m'asseoir avant de se redresser. Observant la décoration sans la moindre pudeur. L'étalage de livres sur le tapis ainsi que la bibliothèque remplie à craquer, les plantes qui reposaient en équilibre précaire sur des étagères, le tableau peint par ma grand-mère qui représentait Venise et ses canaux. Le petit univers que j'avais construit mois après mois, pour me sentir en sécurité. Et je n'arrive pas à détacher mes yeux de son visage pendant qu'il inspecte ce qui se trouve autour de lui, les poings serrés sur mes cuisses. Il semble se rappeler d'où il est, passant une main sur sa nuque.
Un nouveau moment de silence où ni l'un ni l'autre ne sait quoi dire ou quoi faire. Il me donne l'impression de vouloir dire quelque chose avant de se raviser et je suis suspendue à ses lèvres. Bordel. J'allais m'interroger un certain moment sur ces mots qui n'avaient pas passé la barrière de sa bouche pour une obscure raison. À la place, il fait quelques pas sur le côté pour atteindre le bord du sofa. « Je suis de l'autre côté. Si jamais tu as besoin. » déclare-t-il, en pointant la paroi qui nous séparait d'un geste du pouce. Mon cœur tressaute à ses paroles. « Tu n'as qu'à cogner contre le mur. » Je lève les yeux vers lui, une boule dans la gorge. Mais les mots restent bloqués là, à quelques centimètres. Et il ne cherche pas à me les soutirer. Il contourne le canapé, quittant mon champ de vision et je sens mon corps s'enfoncer mollement entre les coussins. Pourtant, il n'a pas encore quitté la pièce et je sens l'urgence m'oppresser la cage thoracique.
« Merci. »
Merci d'avoir été là pour moi alors que nous n'étions que deux étrangers. Merci d'avoir gardé la tête froide quand j'étais en train de perdre la mienne. Merci d'avoir subi ma terreur sans broncher. Merci d'avoir été un roc immuable auquel me raccrocher pour ne pas perdre entièrement pied. Merci d'avoir respecté le peu d'amour-propre qu'il me restait et de ne pas poser de question.
Au fond, il y avait tellement de choses pour lesquelles je voulais le remercier.
Mais j'étais incapable de les verbaliser.
Alors elles tiennent en seul mot. J'espérais simplement qu'il saurait entrevoir toutes les choses qu'il pouvait contenir l'intérieur.
« De rien. Je ne résiste jamais à la tentation de sauver les demoiselles en détresse. »
Le silence suit cette remarque puis la porte claque dans mon dos, une poignée de secondes plus tard. Suivi par un rire. Le mien. Franc et libérateur, parsemé de restes de peur et d'une affection palpable.
Inconnue et terrifiante. Et pourtant si douce.
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Jake. Jake. Jake.
Son prénom persistait dans le creux de ma tête et ça menaçait de me rendre folle. Mais si ça s'était limité à ça, ça aurait presque pu être supportable. Mais j'éprouvais encore la sensation de son cœur pulsant sous mes doigts et le mouvement de son pouce contre l'arête de ma mâchoire, allant et venant inlassablement contre ma peau.
Regarde-moi. Seulement moi.
L'intensité de ses yeux plongés dans les miens. La fermeté de sa voix, de ses mains autour de moi. Pareil à un roc immuable au beau milieu de la tempête, seul élément auquel me raccrocher pour ne pas sombrer dans le néant le plus total.
Je suis de l'autre côté. Si jamais tu as besoin.
Je m'étais confrontée à une nouvelle facette de sa personnalité et je savais que je ne pourrais jamais revenir en arrière. À chaque fois que je me trouvais dans mon salon, je ne pouvais pas empêcher mes yeux de regarder la cloison qui séparait nos appartements respectifs. Dès que j'apercevais les portes de l'ascenseur, je visualisais à nouveau la scène.
Et tout recommençait, encore et encore.
Mon air absent n'était pas passé inaperçu auprès de mes amies. J'avais fini par leur confier ce qui me tracassait après un harcèlement en bonne et due forme de leur part. Sans trop rentrer dans les détails, mais ça avait été suffisant pour voir leurs yeux s'écarquiller.
« Qu'est-ce que tu ressens pour lui ? » m'avait demandé Karina, les lèvres plissées. Et je n'avais pas pu m'empêcher de rougir, mordillant l'intérieur de ma joue. « Je ne sais pas. » Parce que c'était le cas. Je n'en savais foutrement rien. Il faisait naître une multitudes d'émotions à l'intérieur de moi, dont je ne comprenais pas la moitié et j'étais complètement paumée. Un jour il était l'être le plus agaçant sur cette planète, l'autre il me semblait un humain plus que décent.
Pire même, il lui suffisait d'un geste ou d'une parole pour me faire basculer de l'autre côté.
Quand il se délestait de son air suffisant, il en devenait dangereusement attachant.
J'avais commencé à sentir mon cœur tressaillir en apercevant de petites attentions de sa part, aussi anodines soient-elles. Me tenir la porte d'entrée de l'immeuble lorsque l'on se croisait dans le hall. Accrocher un sachet du traiteur chinois du coin de la rue sur la poignée de ma porte, parce qu'il avait sûrement remarqué que j'oubliais pratiquement de me nourrir quand j'étais plongée dans mes révisions. Il avait même un putain d'élastique autour du poignet, qu'il m'avait déjà prêté en voyant mes cheveux retomber devant mon visage à cause du vent. Tout un tas de choses qui pouvaient passer inaperçues et qui n'auraient pas du avoir autant d'impact sur moi.Pourtant elles en avaient et c'était bien ça le fond du problème. Parce qu'il avait réussi à s'immiscer dans ma vie en quelques tours de main et que je savais qu'elle ne serait plus la même s'il venait à s'en aller un jour.
Et je ne voulais pas qu'il puisse avoir autant d'emprise sur moi, alors qu'il n'avait pas fait grand chose pour ça. Jaeyun Sim n'était pas quelqu'un avec de mauvaises intentions.
Un emmerdeur, oui. Pas un manipulateur. Ou alors j'étais simplement trop naïve.
Mais je n'arrivais pas à le concevoir.
« Tu crois qu'il ressent quelque chose pour toi ? » La question de Liz avait bloqué l'air dans mon poumons et j'avais senti mon cœur rater un battement. Jake, pour moi ? Impossible. En tout, cas, c'était ce que je préférais croire. Je n'avais, de toute façon, rien fait pour ça.
Après tout, je n'étais que sa voisine insupportable et rigide avec un supplément crise d'angoisse. Rien de bien charmant. Tout au plus, j'étais une distraction. « Je ne pense pas, Liz. » j'avais soufflé, en haussant les épaules. Néanmoins, j'avais aperçu le regard de Karina et le léger pli à la commissure de ses lèvres. Celui qui me faisait penser qu'elle en savait plus qu'elle ne le disait. Mais elle n'avait pas cherché à alimenter la discussion, restant volontairement silencieuse. Je l'avais observée pendant un court moment avant de changer de sujet pour ne pas ressasser les choses plus longtemps mais j'avais senti ses yeux se poser à intervalles réguliers sur mon profil, comme pour chercher des réponses à ses propres questions.
Même mes textes de loi n'avaient pas suffi à me changer les idées et j'avais repoussé mes cahiers au bout de la table basse dans un soupir exaspéré. Il fallait que je prenne l'air. Alors je m'étais redressée, enfilant des baskets avant de sortir de mon appartement. Et j'avais gravi les escaliers un à un en direction du toit de l'immeuble.
Il était accessible aux locataires et avait été aménagé joliment, pareil à un jardin suspendu au-dessus du vide. Les jardiniers les plus aguerris du bâtiment s'étaient attelé à construire un potager dans des bacs en bois et une pergola trônait en son centre, envahie par des plantes grimpantes aux fleurs d'un jaune vibrant. Des canapés en vieilles palettes, recouvertes de matelas moelleux et de coussins colorés avaient été disposés sur le côté, avec une vue imprenable sur le quartier. Il y faisait bon venir et j'y avais élu domicile à de nombreuses reprises lorsque j'avais besoin de respirer. Pour lire, recroquevillée sur l'un des sièges en regardant le soleil se coucher ou m'allonger pour observer les étoiles.
Je m'y sentais bien. En paix. Un peu coupée du monde et de son agitation permanente.
Lorsque j'ouvre la porte menant au toit, mes paupières se plissent à cause de la lumière du soleil. La main en visière sur mon front, je jette un coup d’œil aux alentours pour voir s'il y avait la moindre âme qui vive mais l'endroit semblait désert. Alors j'avance tranquillement, m'arrêtant pour humer le parfum du chèvrefeuille sur le chemin. Et lorsque je me rapproche de mon canapé préféré, j'aperçois une silhouette étendue en travers de celui-ci.
Très vite, je me fige en reconnaissant Jake. Allongé de tout son long sur le matelas, il avait passé un bras en travers de son visage pour se protéger du soleil. Il portait son éternel short de sport en coton gris et un tee-shirt qui avait connu une autre vie, délavé avec le temps. Ses cheveux bruns s'étalaient en corolle autour de sa tête et sa poitrine se soulevait doucement, signe qu'il était profondément endormi.
Mon corps tout entier me criait de faire marche arrière. Mais je me retrouve à contourner le divan d'extérieur pour me retrouver de l'autre côté, tout proche de lui. Mes yeux l'effleurent des pieds à la tête et je me surprends à regarder son torse s'élever puis s'abaisser au rythme de sa respiration.
Il me semblait si calme. Apaisé. Terriblement inoffensif, ainsi exposé.
Jake fronce les sourcils un instant, marmonnant quelque chose dans son sommeil avant de gigoter pour se caler plus confortablement sur le flanc, des mèches de cheveux retombant souplement sur son visage. Et je suis fascinée par les lignes de son visage, dénué de son expression habituelle. L'arête parfaitement droite de son nez, l'arc de ses sourcils, les courbes pleines de ses lèvres. Cette bouche insolente, capable du meilleur comme du pire. Parfois retroussée en une moue boudeuse, ou pleinement étirée pour laisser entrevoir son large sourire.
Cette même bouche qui me susurrait des encouragements au beau milieu du chaos, pareils à un fil d'Ariane pour trouver la sortie du labyrinthe.
Mes doigts s'arrêtent à quelques millimètres à peine de son visage, mon cœur s'emballant dans ma poitrine en comprenant ce que je m'apprêtais à faire. Et je retire mon bras avant de faire une bêtise mais des doigts s'agrippent au bas de mon tee-shirt, tirant assez fort pour me faire basculer en avant. Il m'entraîne avec lui, terminant sur le dos et je m'écrase de tout mon long sur son torse avec un glapissement de surprise. Avant de me raidir d'un seul coup, tétanisée par la situation. Je n'osais pas faire le moindre mouvement. Pas même émettre un son. Je ne savais pas si c'était volontaire de sa part ou s'il l'avait fait inconsciemment et j'attendais une réaction pour agir à mon tour.
Mais il ne bronche pas, pliant un bras sous sa tête avant de se renfoncer dans le canapé. Ce qui ne m'aidait pas le moins du monde. J'essaye de me redresser pour me sortir de là mais c'est à ce moment-là que je prends conscience du bras passé dans mon dos, me gardant prisonnière de son étreinte. Et celle-ci se resserre quand je tente de m'en échapper, me pressant davantage contre lui.
Est-ce qu'il était aussi tactile quand il dormait ?
Je soupire avant de laisser retomber ma tête contre mon torse. Les pulsations de son cœur battaient la mesure contre la paume de ma main et le chaleur du soleil réchauffait doucement ma peau. Ça, combiné au souffle régulier de Jake et au silence qui nous entourait, me pousse à ne pas me battre davantage et je me détends entre ses bras. De toute manière, ce n'était pas comme si je pouvais faire autre chose. Je n'avais pas vraiment envie de le réveiller. Pas quand il semblait si serein.
« Parfait. » Un mot, exhalé de manière presque inaudible. Je doute de l'avoir entendu, croyant avoir rêvé. Mais quand je lève la tête pour observer Jake, ses lèvres arboraient un sourire tout ce qu'il y a de plus satisfait. Même s'il gardait les yeux obstinément fermés, sa fréquence cardiaque avait pris un autre rythme, m'indiquant qu'il était bel et bien réveillé. Et ça fait naître un sourire sur mon visage, malgré moi. « Tu t'amuses bien ? » je demande, les sourcils froncés. « Comme un petit fou. » me répond-il d'une voix rendue râpeuse par sa sieste. Il n'avait toujours pas ouvert les paupières mais ses doigts pianotaient contre ma hanche, jouant un air connu de lui seul. « J'imagine que tu es réveillé depuis le début. » Un petit rire étouffé. « Depuis suffisamment longtemps pour savoir que tu as cherché à me molester. » J'écarquille les yeux, piquant un fard devant son insinuation. Il avait vu mon geste. Merde. Je détourne la tête, préférant cacher ma gêne contre son tee-shirt. « Je n'ai pas cherché à te molester. Ne te donne pas autant d'importance. » je grommelle contre son torse, les pommettes cuisantes. « Non mais je te comprends. Je sais que je suis séduisant même dans mon sommeil. Tu n'y peux rien, c'est une réaction tout à fait normale. » rétorque-t-il avec insolence et je donne une tape agacée contre son torse. Son hoquet se transforme en éclat de rire, me faisant relever la tête. Et son visage retrouve cette douceur inhabituelle, me laissant saisie par la teinte dorée de sa peau et l'éclat brillant dans ses yeux. Je me gorge de cette vision jusqu'à ce qu'il baisse les yeux sur moi, nos regards se croisant et je me fige.
D'un seul coup, je suis consciente de tout ce qui se trouve autour de moi.
De son souffle qui échoue contre ma joue, de son cœur battant sous ma main. Des paillettes dans ses iris et de l'intensité qu'ils dégagent, ainsi posés sur moi. De son bras chaud dans mon dos, du mouvement circulaire que son pouce avait entrepris contre ma hanche. De cette langueur qui m'avait envahie, lovée contre lui sous le soleil.
« Est-ce que je peux t'embrasser ? »
Mon cœur fait un looping dans ma poitrine et mon cerveau cesse de fonctionner pendant un moment. « Qu-Quoi ? » je bégaie, dans un état second. Je n'étais pas certaine d'avoir bien compris. Et j'avais l'impression d'avoir totalement perdu la maîtrise de mon propre corps. J'étais incapable de faire autre chose que le fixer, hébétée et il glousse avant de se redresser légèrement sur l'accoudoir du canapé. « Est-ce que je peux t'embrasser ? Genre...Là maintenant tout de suite ? » souffle-t-il et je suis le mouvement de ses lèvres pleines à mesure des mots qui s'en échappent. « S'il te plaît. »
Et en cet instant, il n'y a rien d'autre que lui dans ma tête. Jake. Jake. Jake. Comme si tout avait été balayé par sa simple présence, par la tendresse et le besoin à peine réprimés dans sa voix. Je me sens hocher la tête de manière infime, sans même réfléchir. L'instant d'après sa main libre est calleuse, brûlante contre ma joue. Et ses lèvres, pressées contre les miennes. Une pression infime, délicate. Hésitante. Retenue. Presque trop lointaine. Alors je prends appui contre son torse pour gagner les centimètres manquants, appuyant plus fermement ma bouche contre la sienne.
C'est le signal qu'il attendait parce qu'il approfondit le baiser, effleurant plus fermement mes lèvres. Ses doigts s'arriment à ma nuque, me faisant pencher la tête pour lui donner plus d'accès et je laisse échapper un soupir, cramponnée à son tee-shirt. J'étais court-circuitée, traversé une vague déchaînée, mise sens-dessus-dessous par la texture de sa bouche et son parfum flottant tout autour de moi.
Et cette chaleur. Presque insoutenable.
Je frissonne, laissant échapper une plainte qu'il étouffe d'un nouveau baiser, des mèches de cheveux effleurant mes pommettes au moindre mouvement. Ses doigts s'étaient glissés sous la lisière de mon haut, à même ma peau et la sensation de sa paume rêche dans le creux de mon dos répandait un brasier dans mon corps tout entier. Elle était là, parfaitement immobile mais la simple pensée qu'elle se balade ailleurs envoyait des décharges électriques le long de la colonne vertébrale.
Subitement, l'air vient à manquer. Il délaisse ma bouche, le souffle court avant de sourire, émerveillé. Moi, j'essayais de retrouver pied avec la réalité. Mais il ne m'en laisse pas la possibilité, enfouissant sa tête dans mon cou. Ses lèvres déposent une myriade de baisers contre la peau sensible, m'arrachant de nouveaux soupirs. Mes mains remontent pour se crocheter à sa nuque, enroulant mes doigts dans ses cheveux épais. Une canine érafle ma jugulaire et je me mords la langue pour ne laisser échapper un gémissement.
Cependant la douleur reconnecte le peu de neurones qui n'avaient pas été désintégrés et tout me revient d'un seul coup.
Où je me trouve. Avec qui. Et surtout à faire quoi.
Je me fige net, mes mains retrouvent leur appui contre son torse pour le repousser en arrière. J'aperçois l'air interdit sur son visage mais ça n'avait pas d'importance, à ce moment précis. La seule chose à laquelle je pensais, c'était de repousser cette attraction démentielle que je ressentais pour lui en cet instant. Cette douce folie qui anéantissait toute forme de rationalité. Une poignée de secondes plus tard, j'ai glissé hors de son étreinte, me jetant pratiquement hors du canapé. Un regard confus à son attention et je fais demi-tour, galopant vers la porte de sortie du toit. « Y/n ! » Mon prénom résonne dans mon dos et je n'ai jamais entendu Jake parler avec autant de détresse dans la voix. Mon cœur battait un rythme infernal dans ma poitrine et un nœud s'était logé dans mes entrailles. Un picotement résidait au bout de mes doigts et je repousse l'envie de secouer mes mains pour m'en débarrasser, filant à toute vitesse vers la cage d'escaliers. Je l'entends m'appeler à nouveau mais je résiste à la tentation de me retourner pour le regarder.
Parce que je savais que j'étais complètement fichue, si je le faisais.
Alors je refoule tout ce qui tempête à l'intérieur de moi. Cette impression de prendre la mauvaise direction. D'avoir fait une erreur monumentale. De partir à l'opposé du lieu où j'aurais toujours du me trouver. Parce que j'étais terrifiée de perdre le contrôle, de laisser quelqu'un d'autre avoir autant d'emprise sur moi.
Je ne voulais pas que Jake Sim puisse me briser le cœur d'un simple claquement de doigts alors je fuis. Je fuis aussi loin possible de lui. Et je me bouche les oreilles pour ne pas entendre le cri d'agonie de mon cœur face à cette décision.
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mamaasawriter · 7 months ago
Text
je ne veux plus
écrire de beaux poèmes
je ne veux plus
puiser dans ma tristesse
cultiver l'attente
je ne veux plus être mon propre terrain de jeu je veux
tisser une intimité avec toi
non les poètes ne disent pas toujours "je veux ken"
parce que les poètes ne se mettent pas toujours
dans les situations les plus faciles ou plutôt
les poètes rendent public que l'amour n'est pas
une situation facile et que comme tout le monde
ils désirent et la tendresse fait tanguer le cœur parfois plus qu'un orgasme
et comme tout le monde les objets de désir ont
un travail des amis un concert ce-soir des émotions un passé un enfant deux enfant trois neveux une tante un peu omniprésente un animal de compagnie des kilomètres entre nous une passion et ce n'est pas nous un boss d'autres gens à texter un loisir un voyage de prévu un plan de vie
c'est pour cela qu'ils nous manquent, cela n'a rien avoir avec leur
sourire leur regard qu'on soutient à toute heure du jour et de la nuit leurs gestes marques d'affection fossettes yeux profonds mains douces mains caleuses mains grandes poignets avant-bras épaules cul torse cuisse mollet ventre dos danse leur rire le fait qu'il nous dise merci leur capacité à nous créer des souvenirs d'un rien pour les autres mais vraiment beaucoup pour nous cette main sur notre épaule leur capacité à mettre la lumière sur nous de ne plus nous faire sentir seul de nous apaiser hop d'un coup par leur présence ce bisou sur la joue ce câlin cette pression inhabituelle cette surprise ce cadeau ce temps ce cadeau cette compagnie ce cadeau alors je dis
merci à toi aussi
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secretsdeblackthornhall · 8 months ago
Text
De Jem et Tessa à Alec
Memo à l’attention du Consul Alec Lightwood
Re : Relations avec les elfes sauvages
Après plusieurs jours de tensions, nous sommes soulagés d’annoncer que les menaces à l’encontre de Christopher Herondale et Wilhelmina Carstairs semblent avoir été éliminées. Nous sommes entrés en contact avec Gwyn ap Nudd, de la Chasse Sauvage, qui nous confirme que la fée n’ayant prêté aucun serment connue sous le nom de Mère Hawthorn a été déplacée dans un lieu isolé, où elle sera détenue à l’avenir par la Chasse Sauvage.
Malheureusement, la sécurité de Christopher Herondale n’est toujours pas assurée sur le long terme. Je vous prie de trouver ci-joint, à loisir, de la correspondance personnelle contenant davantage de remarques et questions informelles.
Nous soussignés,
James Carstairs
Tessa Herondale-Carstairs
Cher Alec,
J’ai demandé à Jem d’écrire la partie formelle de ce rapport parce que ça me donne la migraine. Je m’en voulais de lui demander, mais il a balayé mes inquiétudes d’un revers de la main : apparemment aucun d’entre nous ne croirait la quantité de documents administratifs que les Frères Silencieux doivent remplir. J’en ai été étonnée parce que j’ai du mal à associer « administratif » et « Cité Silencieuse », mais bon.
Bref, le rapport est exact. Julian Blackthorn, intelligent comme il est, a contacté Gwyn, qui a accepté de s’occuper de Mère Hawthorn. (Julian n’en avait parlé à personne, évidemment, parce qu’il aime ses révélations spectaculaires, comme nous nous en souvenons tous très bien.) Après avoir eu si peur, c’était vraiment magnifique quand la Chasse Sauvage est apparue, a saisi Mère Hawthorn et nous a ramené Mina.
D’ailleurs, Mina est heureuse, en bonne santé et absolument pas bouleversée, contrairement à ses parents. Elle était ravie au plus au point de voir la Chasse Sauvage, et depuis elle n’arrête pas de nous dire avec enthousiasme qu’elle a rencontré beaucoup de chevaux et que les chevaux sont ses amis. Kit, bien sûr, est au moins aussi bouleversé que nous, si ce n’est plus. Il l’a à peine quittée des yeux depuis son retour. Il dormait même par terre dans sa chambre. (Nous y avons installé un clic-clac après les deux premières nuits). Ça l’a fortement ébranlé. Il n’a pas beaucoup souhaité en parler, mais c’est évidemment très pesant pour lui. Depuis l’incident, il a ce regard inquiet que nous lui connaissons bien. Nous craignons qu’il ne commence à comprendre ce que son héritage peut réellement signifier, même si nous avons tout fait pour l’en protéger.
Malgré l’aide de Gwyn, ni Julian ni nous ne savons ce qu’il s’est passé exactement entre la Chasse Sauvage et Mère Hawthorn, et nous sommes peu disposés à le demander. Nous savons que le Royaume des Fées peut être cruel, qu’il est le plus cruel envers son propre peuple, et qu’il a un sens de la justice et de la discipline particulier, qui semble parfois très… inhumain. Ceci dit, nous faisons confiance à Gwyn, notamment parce que nous faisons confiance à Diana Wrayburn. S’il dit que Mère Hawthorn n’embêtera plus Kit, nous le croyons.
Nous ne savons toujours pas parfaitement ce que Mère Hawthorn a dit à Kit pendant qu’ils étaient seuls – quand nous pouvions les voir, et Mina aussi, mais pas les entendre. D’après Kit, c’était seulement ce à quoi nous pouvions nous attendre, mais quand il est revenu vers nous, il avait les yeux hagards. Je voudrais pouvoir exiger de savoir ce qu’elle a dit, ou quelles étaient ses menaces ou révélations, mais je sais que je ne peux pas. Il nous parlera quand il sera prêt.
Cela dit, nous ne savons pas si Mère Hawthorn a des alliés qui pourraient aussi connaitre le secret de Kit. Peu importe comment elle a essayé d’amadouer Kit, nous savons qu’elle a des intentions hostiles. Nous l’avions rencontré à Buenos Aires, avant même de savoir que Kit existait, et elle était très claire. Ses mots me sont restés en tête : « Un Premier Héritier existe encore dans ce monde. Quand le Premier Héritier émergera, dans toute la terrible gloire née du sang de la Cour des Lumières, de celui de la Cour des Ténèbres et de celui des Nephilim, j’espère qu’il détruira les Chasseurs d’Ombres ainsi que le Royaume des Fées. J’espère que le monde entier sera perdu. »
Je ne peux pas regarder Kit – étendu sur le clic-clac dans la chambre de Mina, la main serrée autour d’une des lattes de son berceau, même quand il dort – et penser « terrible gloire ». Il est comme n’importe quel autre Chasseur d’Ombres, une sorte d’ordinaire peu ordinaire. Il aime les films et les soirées spaghetti et il se ronge les ongles. Il n’est qu’une personne, pas un destin.
Pour l’instant, très peu de gens connaissent l’héritage de Kit. Emma et Julian, bien sûr, toi et Magnus, Jace et Clary… même les frères et sœurs de Julian ne savent pas, ou connaissent seulement un vague semblant de vérité. Mais à qui d’autre Mère Hawthorn a pu en parler ? Pas à la Cour des Lumières, certainement : nous sommes tous les deux sûrs que la Reine aurait déjà pris des mesures pour s’emparer de Kit si elle savait. Kieran sait, évidemment, mais nous ne savons à quels membres de la Cour il a pu en parler (d’après Emma, Mark et Cristina connaissent la situation en partie seulement). Kieran est clairement un allié, et sa Cour lui est fidèle. Mais il est facile d’imaginer qu’un courtisan audacieux (ou un elfe sauvage) ait pu découvrir cette histoire et cherche à en tirer profit.
Nous ne pouvons pas ignorer la réalité : les secrets comme celui de Kit finissent par être découverts et ne peuvent pas être protégés indéfiniment. Le garder au sein d’un petit cercle d’amis de confiance, rien qu’entre les Chasseurs d’Ombres, ça fait quand même une douzaine de personnes.
Ce qui nous amène à notre première véritable demande : Magnus pourrait-il venir à Cirenworth rapidement, pour renforcer les sortilèges de protection contre les incursions de ceux qui pourraient vouloir du mal à Kit ? Nous devons reconnaitre que ce n’est qu’une solution temporaire, mais pour l’instant c’est le mieux que nous puissions faire.
Pendant ce temps, nous sommes d’avis (et nous sommes certains que tu seras d’accord) que nous devons essayer de devancer cette menace. Nous avons sollicité Kieran pour que ses espions prêtent attention aux possibles rumeurs au sujet de Kit qui circuleraient dans le Royaume. Serais-tu disposé à faire la même chose, via l’Alliance ? Nous savons que ce n’est absolument pas le bon moment pour toi. Si nous avions pu, nous aurions tout à fait choisi un moment moins politiquement précaire pour présenter ce problème à l’Enclave. Sache que nous te soutenons et serons toujours à tes côtés. Nous nous sommes peut-être retirés de la vie active des Chasseurs d’Ombres, mais nous serons toujours présents si tu as besoin de nous.
Tu as assumé toutes ces responsabilités à un si jeune âge. Ne semble-t-il pas que les responsabilités se présentent toujours à nous Chasseurs d’Ombres trop tôt à l’aube de notre vie ? Je regarde mon cher Kit et je sais. Nous savons tous ce qui se prépare, comme lorsque l’on sait que le soleil va se coucher sur une journée que l’on souhaiterait infinie. La longue journée ensoleillée de l’enfance de Kit est presque terminée. Je tremble à l’idée de ce qu’il va devoir affronter à la tombée de la nuit.
Avec toute notre amitié,
Jem et Tessa.
Texte original de Cassandra Clare ©
Traduction d’Eurydice Bluenight ©
Le texte original est à lire ici : https://secretsofblackthornhall.tumblr.com/post/697286698428694528/jem-and-tessa-to-alec
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folichonneries · 5 months ago
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brilag · 1 year ago
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Fin de journée au bord de la Garonne par brigitte lagravaire Via Flickr : 2017-08-11-TarnGar (17)
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contesdefleurs · 7 months ago
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Dépolitiser la littérature met des vies en danger
Permettez-moi de faire au plus simple dans ce billet, parce que je m'adresse essentiellement à des personnes qui, comme moi, à l'époque où je ne comprenais pas ce que le mot "politique" impliquait, n'ont que peu de notions. Si vous souhaitez nuancer mon propos ou partager des ressources, n'hésitez pas à laisser des commentaires.
Cela semble exagéré comme titre ? Et pourtant, il n'en est rien. Depuis que je suis sur les réseaux sociaux, et en particulier dans la sphère littéraire de divers milieux numériques, beaucoup ont clamé haut et fort qu'il fallait "cesser de tout politiser" ou d'arrêter d'évoquer les questions relatives à la place de la politique dans nos ouvrages. Comme si dire que la littérature a un rôle social et politique, c'était prêter trop d'importance, ou trop de sérieux, à "un simple loisir". Chose que beaucoup de personnes pensent, la réduisant ainsi à un rôle unique : celui de nous divertir. Or, notre manière de nous divertir est bien plus politique que vous ne le pensez.
Introduction
Si vous n'en êtes pas convaincu-e, c'est peut-être que vous ne vous êtes pas interrogé-e sur le sujet, ce qui est normal, personne ne l'a vraiment appris. C'est en faisant des recherches, en rencontrant des gens ou en militant qu'on peut en venir à se questionner. Au cœur de notre imaginaire collectif, nous n'avons de cesse de voir partout des domaines relatifs au divertissement être réduits à une seule fonction : divertir. Certes, elle n'est pas négligeable, et elle est tout aussi importante à considérer. Sauf que c'est aussi un moyen de porter des idées. La mentionner chaque fois que l'on parle de politique a été, dans bien des situations, une façon de délégitimer des critiques, qui visaient, entre autres, des idées conservatrices et oppressives. Donc des idées susceptibles de mettre des personnes en danger, car les mettre en avant et les banaliser normalise des violences : le racisme, la misogynie, le validisme, la grossophobie, etc.
Quelques notions
"Discriminations", "oppressions". Voici des formes de violences dont vous connaissez peut-être les noms, ou que vous avez pu lire sur les réseaux. Ce sont des violences basées sur des critères arbitraires qui consistent à marginaliser, exclure, des groupes de personnes du fait qu'elles ne correspondent pas à des normes établies ou à un modèle social défini selon des hiérarchies, et cela varie en fonction des pays et cultures (aux causes et conséquences sociologiques et historiques différentes). Le fait d'être un homme blanc (au sens littéral comme au sens social), cisgenre, riche, valide, neuroT, hétéro, mince, etc fera que vous serez valorisé-e en France par exemple. Il vous sera plus facile d'obtenir un logement, un travail et d'autres avantages, au détriment d'autrui parfois. Pour peu que vous n'entriez pas dans ces critères, et que vous ne faisiez pas partie d'un groupe haut dans la hiérarchie, vous pouvez donc subir des violences. Les degrés dépendent du milieu où vous évoluez en société, de l'exposition à ces dernières, de vos liens sociaux et divers autres facteurs.
Le conservatisme est, d'après le dictionnaire de l'Académie française : "une doctrine ou état d’esprit qui tend à s’opposer à toute modification ou innovation, par attachement aux pratiques traditionnelles ou à un ordre existant". C'est donc un ensemble d'idées qui tend vers le maintien de ces dernières. Dans une société aux pensées conservatrices, il est donc fréquent que les normes, injonctions et modèles soient défendus au point de réprimer des idées qui osent s'y confronter, puisqu'elles sont banalisées et institutionnalisées. Cet "attachement" décrit dans cette définition n'existe non pas que pour la valeur sentimentale des traditions (argument souvent utilisé par la droite et l'extrême droite qui jouent sur les paniques morales et la fameuse "perte des valeurs et de notre identité"). Il est aussi présent parce que conserver ces hiérarchies favorise et avantage des groupes privilégiés (ceux qui sont donc en haut) au détriment des autres par leur exploitation. Il s'agit là d'un rapport de force se trouvant être le résultat d'évènements socio-historiques, et cet ensemble d'éléments (idées, rapport de force et un pouvoir institutionnel et gouvernemental) forme un système.
À présent que vous avez quelques notions, humblement définies, sachez que les idées (vous vous en doutez) ne se présentent pas que sous la forme d'injonctions. Elles circulent à travers notre manière de vivre, et bien sûr, notre manière de se divertir. Et oui. Même l'humour est un vecteur d'idées. C'est parce qu'on normalise certaines blagues, basées sur des clichés oppressifs, qu'elles perdurent. En les réduisant à du divertissement, on minimise et sous-estime l'impact qu'elles peuvent avoir dans nos représentations et elles finissent par perdurer en perpétuant des violences déjà existantes (parfois en les augmentant dans des périodes de tensions politiques, comme lorsque des idées progressistes ou des luttes prennent de l'ampleur ou que des droits sont enfin obtenus).
Dire "ce n'est qu'un récit" quand on parle de littérature en ignorant (volontairement ou non) son rôle politique, cela fait partie de la dépolitisation. C'est-à-dire nier ou retirer dans notre propos le caractère, le rôle et l'impact politique (au sens social du terme) que peuvent avoir des livres. Des personnes vont les lire et des idées seront diffusées à travers ces lectures, d'une manière ou d'une autre. En dépolitisant des sujets qui concernent des vies humaines (souvent des groupes oppressés et discriminés), nous les mettons donc en danger. En dépolitisant la littérature, nous maintenons des idées destructrices.
La dépolitisation de la littérature
Plusieurs auteurices ont pr��senté des œuvres avec des idées oppressives (participant de fait à des violences visant des groupes de personnes pour leurs origines, couleur de peau, handicaps, identité de genre, religion, orientations romantico-sexuelles, et bien d'autres choses...). Que cela soit volontaire ou non, les mêmes arguments, plus que discutables, sont encore tenaces de nos jours : "ce n'est que de la fiction" ; "mon livre n'est pas politique, il est divertissant" ; "il faut arrêter de tout politiser, c'est juste un récit".
La politique n'est pas détachable de toute sphère ou domaine, car elle les influence en permanence. Elle est présente dans notre langage et nos représentations, d'où l'importance de ne pas négliger sa présence dans la littérature. Certain-e-s pourraient dire qu'il ne s'agit là que de questions culturelles : en réalité, les deux sont très liés. Les cultures se sont construites autour d'environnements, de sociétés, elles-mêmes grandement liées à des évènements et évolutions socio-historiques, comme mentionné plus tôt, qui ont émergé parce qu'elles ont été portées par des idées.
Répandre l'idée selon laquelle il faut différencier politique et divertissement/littérature, c'est passer à côté du rôle que l'on a. C'est aussi dépolitiser notre propre place d'écrivain-e et/ou lecteurice. En tant qu'individu membre d'une société, qui que l'on soit, on porte, diffuse, partage un regard politique sur notre monde de manière consciente et/ou inconsciente. Ignorer cela, ne pas prendre en compte la place que la politique prend dans les milieux littéraires, c'est participer, volontairement ou non, au maintien de violences. Ne pas agir, c'est devenir complice.
Conclusion
Il est vrai que se positionner, agir, sur des sujets politiques, s'éduquer, apprendre, n'est pas toujours chose aisée. C'est un inconfort que l'on doit surmonter si l'on souhaite contribuer à une littérature plus éthique et engagée. L'esprit critique garantit une forme d'autonomie et une liberté de penser, qu'il faut considérer avec sérieux, selon moi, au-delà de l'aspect moral (ce n'est pas un combat entre le bien et le mal). N'est-il pas plus enviable de prendre conscience et comprendre la société dans laquelle on évolue ? Dans les milieux centrés sur l'écriture, on parle davantage de diversité, d'inclusivité, ce qui montre que les mentalités ont évolué et qu'il est possible de surmonter cet inconfort. Il devient moindre grâce au travail collectif réalisé dans nos luttes et nos efforts individuels.
Plus tard, j'envisage de présenter quelques ressources pour compléter ce modeste billet. J'espère qu'il éclaircit un peu plus les enjeux présentés. La dépolitisation touche bien d'autres domaines, alors gardons en mémoire que la politique ne concerne pas que le vote ou les débats.
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Merci pour ta lecture, à bientôt pour de nouvelles aventures ! 💜
Si cela vous intéresse, vous pouvez me retrouver sur les réseaux sociaux et lire mes projets publiés ici, à bientôt ! :
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mdameninie · 9 months ago
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Que faire à Lyon avec des enfants ?
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nytil-sims-storybook · 1 month ago
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Theme Park : Space
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Bidonjour ! Aujourd'hui, voici Them Park : Space ! Une construction que j'ai imaginé comme un parc de loisir à thème avec plein d'activité en rapport avec l'espace et la science fiction ! Disponible gratuitement sur patreon et curseforge à partir du 11/11/2024 Pour plus d'image : Pictures Theme Park : Space | Patreon
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Today, here's Them Park: Space! A construction that I've imagined as a theme park with lots of activities related to space and science fiction! Available for free on patreon and curseforge from 11/11/2024 For more images :
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