#on a encore un peu de temps mais c’est passé à une vitesse !
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Mon neveu : Tata pourquoi tu me parles comme si j’étais un bébé ?
Moi : Parce que tu es mon grand bébé !
Mon neveu : Non je suis un grand garçon maintenant !
Mon neveu tentant de prendre une grosse voix : JE SUIS UN BONHOMME !
Moi : Oh excusez-moi monsieur le BONHOMME !
Mon neveu : *mort de rire*
#ils grandissent tellement vite#hier il avait 4 ans et avant-hier c’était un bébé#mais bon Monsieur le Bonhomme veut toujours que je lui lise des histoires#passer par le#‘passage secret’#pour revenir de la plage#(c’est un chemin de dune mais il est secret voyez#jouer avec mes vieilles figurines kinder surprise#on a encore un peu de temps mais c’est passé à une vitesse !
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BACK TO THE FUTURE.
Un projet sur lequel j'ai travaillé avec Monocle et Sophie. Design by Monocle, code par moi-même.
Contexte :
2024. A l’orée du Parc National de Yosemite se trouve une petite ville dont personne ne se soucie. A Mariposa, la vie est tranquille, sans vague. On ne s’inquiète pas des problèmes du vaste monde, principalement parce que les nouvelles mettent du temps à arriver. Coupée de tout, il semblerait que Mariposa soit passée à la trappe quand les avancées technologiques ont envahi l’Ouest des États-Unis. Les câbles électriques qui entourent la ville sont vieux, défaillants. On a appris à ne pas se fier à la technologie, et surtout pas à s'appuyer sur elle. Pas de téléphone dernier cri, pas de 5G dans les rues, pas de réseaux sociaux pour venir influencer le quotidien des habitant·e·s. C’est une vie particulière, car en dehors des frontières de la ville, le monde est géré depuis des décennies par ces technologies qui n’en finissent plus d’avancer. L’ère moderne s’est faite une place dans les domiciles, dans les poches, dans les cerveaux. On ne peut plus la quitter, sauf ici. Ici où le temps lui-même semble s’être arrêté. Si le calendrier tourne au même rythme qu’ailleurs, les influences culturelles, les styles, les activités, n’ont pas évolué depuis les années 1980. Trente ou quarante ans plus tôt, on a fait le choix de tout arrêter, de ne plus changer, et aujourd’hui on a un peu oublié comment tout a commencé. Certains disent que c’était le choix du conseil municipal, effrayé de voir le monde évoluer à une vitesse folle. D’autres pensent que Mariposa est sujet à une expérimentation du gouvernement, mais cette théorie ne plaît pas à tout le monde. La plupart des gens, de toute façon, ne s’en préoccupent pas tellement.
Parce qu’ici, on mène une existence paisible en appréciant ce qu’on a, plutôt qu’en se souciant de l’extérieur. Les jeunes grandissent entre le skatepark et la salle d’arcade, les moins jeunes se bougent sur des vieilles musiques de fitness. C’est une petite communauté qui vit à Mariposa, où l’on fait de son mieux pour prendre soin de ses voisins et vivre en paix. Et puis il y a le rendez-vous du samedi soir, celui où presque toute la ville se rend. Chacun dans sa voiture, ou peut-être regroupé à deux ou trois pour ceux qui n’ont pas peur des rumeurs. Le parking du drive-in se remplit au coucher du soleil, tout le monde allume sa radio pour suivre un film qui est sorti plus de vingt ans auparavant. Ce n’est pas ici que sortent les nouveaux films, mais tout le monde s’en fiche. L’intérêt du drive-in, c’est de s’y retrouver en famille, entre amis, avec ses voisins. Qu’importe si un film passe en boucle pendant un mois ou si ce sont toujours les mêmes qui finissent par revenir. Les habitants de Mariposa sont ancrés dans leurs habitudes, ils n’aiment pas tellement que les choses changent. Et pourtant, chaque fois qu’un touriste traverse la ville, il apporte avec lui un peu de ces nouvelles de l’autre monde, brisant l’illusion que la terre entière n’est pas coincée dans les années 80. Mais combien de temps la ville pourra-t-elle encore tenir ainsi ?
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2024. A l’orée du Parc National de Yosemite se trouve une petite ville dont personne ne se soucie. A Mariposa, la vie est tranquille, sans vague. On ne s’inquiète pas des problèmes du vaste monde, principalement parce que les nouvelles mettent du temps à arriver. Coupée de tout, il semblerait que Mariposa soit passée à la trappe quand les avancées technologiques ont envahi l’Ouest des États-Unis. Les câbles électriques qui entourent la ville sont vieux, défaillants. On a appris à ne pas se fier à la technologie, et surtout pas à s'appuyer sur elle. Pas de téléphone dernier cri, pas de 5G dans les rues, pas de réseaux sociaux pour venir influencer le quotidien des habitants. C’est une vie particulière, car en dehors des frontières de la ville, le monde est géré depuis des décennies par ces technologies qui n’en finissent plus d’avancer. L’ère moderne s’est faite une place dans les domiciles, dans les poches, dans les cerveaux. On ne peut plus la quitter, sauf ici. Ici où le temps lui-même semble s’être arrêté. Si le calendrier tourne au même rythme qu’ailleurs, les influences culturelles, les styles, les activités, n’ont pas évolué depuis les années 1980. Trente ou quarante ans plus tôt, on a fait le choix de tout arrêter, de ne plus changer, et aujourd’hui on a un peu oublié comment tout a commencé. Certains disent que c’était le choix du conseil municipal, effrayé de voir le monde évoluer à une vitesse folle. D’autres pensent que Mariposa est sujet à une expérimentation du gouvernement, mais cette théorie ne plaît pas à tout le monde. La plupart des gens, de toute façon, ne s’en préoccupent pas tellement.
Parce qu’ici, on mène une existence paisible en appréciant ce qu’on a, plutôt qu’en se souciant de l’extérieur. Les jeunes grandissent entre le skatepark et la salle d’arcade, les moins jeunes se bougent sur des vieilles musiques de fitness. C’est une petite communauté qui vit à Mariposa, où l’on fait de son mieux pour prendre soin de ses voisins et vivre en paix. Et puis il y a le rendez-vous du samedi soir, celui où presque toute la ville se rend. Chacun dans sa voiture, ou peut-être regroupé à deux ou trois pour ceux qui n’ont pas peur des rumeurs. Le parking du drive-in se remplit au coucher du soleil, tout le monde allume sa radio pour suivre un film qui est sorti plus de vingt ans auparavant. Ce n’est pas ici que sortent les nouveaux films, mais tout le monde s’en fiche. L’intérêt du drive-in, c’est de s’y retrouver en famille, entre amis, avec ses voisins. Qu’importe si un film passe en boucle pendant un mois ou si ce sont toujours les mêmes qui finissent par revenir. Les habitants de Mariposa sont ancrés dans leurs habitudes, ils n’aiment pas tellement que les choses changent. Et pourtant, chaque fois qu’un touriste traverse la ville, il apporte avec lui un peu de ces nouvelles de l’autre monde, brisant l’illusion que la terre entière n’est pas coincée dans les années 80. Mais combien de temps la ville pourra-t-elle encore tenir ainsi ?
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Noël ensemble
Fandom : Fairy Tail
Relationship : Gray x Juvia
Voici ma participation pour le Year of the OTP 2023 pour le prompt : passer les fêtes ensemble.
J’espère que ça vous plaira.
Résumé : Gray regarda à nouveau vers la vitre. Les nuages étaient blancs, la neige allait bientôt tomber. Il espérait que cela n’allait pas retarder leur retour à Magnolia. Il ne le dirait à personne, mais il était impatient de rentrer, en particulier pour retrouver Juvia. Les vacances de Noël approchaient et Gray voulait les passer avec elle.
Disclaimer : Fairy Tail appartient à Hiro Mashima.
@yearoftheotpevent
AO3 / FF.NET
Le train roulait à pleine vitesse. Gray regardait le paysage défiler. Il restait encore une heure avant d’arriver à Magnolia. L’équipe Natsu revenait d’une mission qui avait duré plusieurs jours. Il regarda vers ses compagnons. Erza dormait à côté de lui. Wendy, qui était assise en face de lui, tenait sa tête entre ses mains, essayant d’ignorer son mal des transports. Carla avait sa patte posé sur son bras, tentant de lui apporter un peu de réconfort. La pauvre Wendy, pensa Gray. Si seulement il connaissait un moyen de l’aider à se sentir mieux. Par contre, il ne ressentait aucune empathie pour Natsu qui gémissait sur la banquette à côté de la sienne. Plus le train avançait et plus il était malade. Sa tête était posée sur les genoux de Lucy, qui lui caressait les cheveux. Happy lui faisait de l’air avec un magazine que la constellationniste avait acheté à la gare.
Gray regarda à nouveau vers la vitre. Les nuages étaient blancs, la neige allait bientôt tomber. Il espérait que cela n’allait pas retarder leur retour à Magnolia. Il ne le dirait à personne, mais il était impatient de rentrer, en particulier pour retrouver Juvia. Ces derniers temps, il pensait souvent à elle. Il avait l’impression qu’elle était constamment dans sa tête et dans son cœur. Ses sentiments ne faisaient que s’accentuer depuis les six mois qu’ils avaient passé ensemble avant qu’il n’infiltre Avatar. Les vacances de Noël approchaient et Gray voulait les passer avec Juvia.
Le train arriva en gare et lorsqu’il s’arrêta, Natsu sortit en courant. Gray se leva de la banquette et sortit sur le quai. Ils étaient enfin rentrés. Il sourit et se dit qu’il était temps pour lui de retrouver Juvia.
******
Après avoir fait leur rapport à Makarof, l’équipe Natsu était enfin libre de fêter Noël. La guilde avait été décorée pour l’occasion. Il y avait des guirlandes, des lumières, des figurines de rennes, de Père Noël et de bonhommes de neige. Un grand sapin était installé au centre de la salle. Une atmosphère joyeuse et festive régnait dans la guilde. Gray était assis à une table avec Erza. Il n’avait toujours pas touché à la chope que Mirajane lui avait servi. Il était occupé à regarder les personnes qui entraient dans la guilde.
« Elle ne va pas tarder à arriver, dit Erza. »
Gray sursauta. Il était tellement concentré sur la porte de la guilde, qu’il avait oublié qu’Erza était avec lui. Mais il ne lui avouerait jamais. Il avait bien trop peur qu’elle se vexe.
« De qui tu parles ? Demanda-t-il en feignant l’ignorance.
-De Juvia. C’est elle que tu attends. »
Gray rougit. Il ne pouvait pas la contre-dire. Erza ne put s’empêcher de rire légèrement.
« C’était évident, dit-elle en buvant une gorgé. »
Gray écarquilla les yeux. Est-ce qu’il était si transparent ? Il sentit soudain quelqu’un s’approcher de lui et des bras l’enlacer par derrière. Un parfum qu’il ne connaissait que trop bien l’enivra.
« Gray-sama ! Juvia est tellement heureuse de vous voir. Vous lui avez tellement manqué. »
Gray sourit. Il posa sa main sur la sienne et la serra.
« Tu m’as manqué aussi. »
Il n’aurait jamais cru que Juvia lui aurait manqué à ce point. Alors qu’elle avait ses bras autour de lui, il avait l’impression d’avoir trouvé sa place, que c’était le seul endroit où il se sentait bien. Erza s’en alla discrètement pour leur laisser plus d’intimité. Juvia s’assit à côté de Gray et un immense sourire illumina son visage lorsqu’elle se rendit compte que le mage de glace ne lui avait pas lâché la main. Elle lui posa des question sur sa mission et Gray lui répondit.
Une musique de Noël se fit entendre. D’habitude, Gray se moquait de Noël. Pour lui, ce n’était qu’une journée comme les autres. Mais pour la première fois de sa vie, il avait envi de le fêter.
« Est-ce que tu as prévu quelque chose pour Noël ? Demanda-t-il. »
Juvia secoua négativement la tête.
« D’habitude, Juvia le fête avec Gajeel. Mais cette année, il a prévu de le fêter avec Levy.
-Alors… Est-ce que ça te dirait qu’on passe les fêtes ensemble ? »
Il rougit et détourna le regard, gêné. Il n’avait pas l’habitude de faire ce genre de demande. Il jeta un coup d’œil vers Juvia. Elle avait ses mains devant sa bouche et était émue.
« Juvia en serait très heureuse. »
Elle se jeta dans ses bras. Gray réussit à se rattraper pour ne pas tomber de sa chaise et il passa ses bras autour de sa taille. Cette année, pour lui Noël sera spécial grâce à Juvia.
Fin
#year of the otp#year of the otp 2023#fairy tail#gruvia#gray x juvia#gray fullbuster#juvia lockser#my writing
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Automne 1903 - Champs-les-Sims
1/5
Cher cousin,
C’est avec beaucoup de joie que je vous annonce que je suis à nouveau père. Notre petite Emma est venue au monde il y a de cela un peu plus d’un an. Je suis navré de ne pas vous en avoir parlé plus tôt, mais mes affaires ne m’ont pas laissé le moindre répit, à tel point que j’ai à peine le temps de voir ma propre fille. Notre fils, Alexandre, vient quand à lui de fêter ses cinq ans. Tout cela passe à une vitesse folle, je le revois encore tout bébé dans mes bras. D’ici peu de temps, il ira à l’école.
Marie se porte bien. Notre fille est arrivée sans trop d’encombres, à tel point que Grand-Mère assure de n’avoir jamais vu un enfant arriver aussi vite. Elle a ajouté qu’on aurait cru le corps du bébé enduit de savon tant cela s’est passé sans la moindre difficulté.
#lebris#lebrisgens4#legacy challenge#decades challenge#history challenge#nohomechallenge#ts3#Sims 3#Sims Stories#simblr#Adelphe Barbois#Jules Le Bris#Emma Barbois#marie ribeaucourt#Alexandre Barbois#eugénie le bris
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Acte 2 de "Tout ce que je veux, c'est te revoir"
Bon ! Deuxième acte de l'UA de Lambert qui survit ! Elle était finie depuis pas mal de temps à part la relecture mais, elle a trainé en longueur. C'est la suite de l'acte 1 que vous retrouverez ici avec le contexte.
Normalement, je voulais tout caser dans un seul billet mais, vu que je saute souvent des lignes (une chanson revient souvent et cette partie est assez longue), c'était trop long pour tenir en un seul billet alors, soit je le rebloguerait tout de suite ce billet avec la suite, soit je le mettrais un billet à part avec un lien avec ce billet là. A voir.
On reprend donc quand Rodrigue et Félix se séparent, et le début de la descente en enfer du premier.
Comme pour le premier billet, les mêmes avertissements vis-à-vis des personnages s'appliquent mais, j'insisterais encore plus pour les personnes sensibles aux représentations de la dépression et de l'épuisement. C'est pendant cet acte que la dépression et l'épuisement d'un Rodrigue en plein burn-out est décrit en détail, avec une personne qui se réjouit de le voir aussi mal, et ceux qui connaissent mon écriture savent que je peux aller jusque dans les tripes quand j'écris quelque chose. Si vous y êtes sensibles, cela s'étalera tout du long de cet acte alors, faites attention.
(et coucou @ladyniniane !)
Félix s’accrochait au bastingage du bateau, regardant l’eau claire défilée sous la coque. À leur vitesse, il arrivait à voir les poissons qui frôlait l’embarcation, les carpes et les truites nageant tranquillement en mangeant, les anguilles jaunes qui remontaient aussi la rivière vers les piémonts. Parfois, un brochet sortait le bout de son nez pour avaler un poisson plus petit. Le tout était entouré d’algue et de lentilles d’eau, certaines qu’il connaissait et d’autres moins. Cela lui faisait penser au lac… bien que l’eau était beaucoup moins clair que chez lui, celle d’Egua était toute propre et transparente, même si ses profondeurs étaient si sombres qu’on ne pouvait pas voir à travers… mais le garçon écarta tout de suite cette pensée, refusant de penser à chez lui, ou même de l’appeler son chez lui. S’il était là-bas, il verrait Alix se ruiner autant la santé que Rodrigue et ça, c’était hors de question ! Si ces deux-là voulaient se tuer au travail, très bien pour eux mais, Félix ne voulait pas voir ça ! Il était parti pour ça après tout ! Pas question d’avoir des remords !
Cependant, c’était dur de ne pas y penser quand on s’ennuyait à dix sous de l’heure… il n’avait pas le droit de s’entrainer sur le pont pour ne pas risquer d’endommager le matériel, sauf sous surveillance et encore, il ne pouvait faire de la magie que pour éviter qu’elle ne s’accumule en lui et ne le rende malade. Il devait s’empêcher de penser à Rodrigue à chaque fois qu’il l’utilisait en plus donc, il n’aimait plus en faire. Dimitri dormait la plupart du temps, Dedue restait avec lui et Sasiama avait le mal de rivière. De son côté, il était habitué à être sur un bateau, il y en avait toujours beaucoup sur le lac alors, il était le moins malade d’eux quatre. Mais une fois qu’il avait fini d’étudier et les petits trucs qu’il pouvait faire pour aider l’équipage terminé, l’ennui arrivait vite. Il avait joué avec Fleuret mais, il en avait un peu marre maintenant et il n'aimait pas pêcher à la ligne, il préférait attraper les poissons avec ses mains dans l’eau, pas la patience d’attendre qu’ils daignent mordre à l’hameçon… s’il était…
« Non, il ne faut pas que j’y pense… c’est trop tard de toute façon… »
Le garçon cherchait comment s’occuper, quand il entendit Sasiama l’appeler. La petite fille tangua avec le bateau, ayant du mal à avancer avec la houle. Il la rattrapa avant qu’elle ne trébuche, lui montrant encore comment se tenir sur le pont sans être déséquilibré. Heureusement que le voyage ne durait que six jours et que trois étaient déjà passé, ce serait mieux de vite retrouver la terre ferme pour eux… et moins Félix verrait d’eau, moins il penserait à chez lui, ce qui ne lui ferait que du bien… et sa marque se tairait surement enfin.
« Fèlix… Dmitri est… est…
– Réveillé��? Proposa-t-il en mimant le fait d’ouvrir les yeux, la petite galérait avec le fodlan, même si elle commençait à comprendre les choses simples qu’on lui disait.
– Ba ! S’exclama-t-elle comme elle pouvait malgré son mal de fleuve, Félix sachant qu’elle disait « oui ». Dmitri veut… voir… Fèlix ?
– T’as la bonne forme. Par contre, c’est Fé-lix, pas Fè-lix. Enfin, tu y arriveras bien… je te suis Sasiama.
Il suivit la petite fille jusque dans la cabine de son ami. Il s’était adossé à des oreillers avec l’aide de Dedue, les yeux entrouverts, ses cheveux à présent court, calciné pendant la Tragédie, ses joues encore brûlées même s’il ne devrait pas en garder de cicatrices. Ses mains par contre étaient couvertes de cicatrices de brûlures, comme tout le reste de son corps couturé avec des points en glace, signe qu’il n’avait survécu que grâce à Areadbhar et la protection de Blaiddyd. Son poignet droit était même complètement couvert d’une main de givre, comme si quelqu’un l’avait agrippé pour l’empêcher de tomber dans le vide. Si Félix avait bien compris, Dimitri ne devrait pas perdre l’usage de ses mains, encore heureux mais, ce serait long avant qu’elles ne guérissent.
« Félix… grinça-t-il avec un sourire en le voyant, la gorge encore pleine de fumée.
– Il ne va pas s’en débarrasser avant un moment… Lambert se fout vraiment de tout, même de son propre fils… alors pour p…
Le garçon aux cheveux noirs se força à chasser la fin de sa phrase de sa tête, ne voulant pas y penser et se sentir coupable, c’était juste Rodrigue qui était trop idiot pour partir. Il demanda alors à son ami :
– Tu te sens comment ?
– Ça va, mentit-il pour ne pas l’inquiéter, avant de se raviser en voyant les deux lames d’ambre sur lui voulant la vérité. J’ai encore mal, mais, c’est normal d’après le médecin… juste un peu moins là où il y a de la glace.
– Pas trop marre d’être enfermé là-dedans ?
– Un peu… dis-moi Félix, à quoi ça ressemble dehors ? On en est où à peu près ? Tu connais bien les rivières en plus, on voie quoi comme poissons dans la Secana ?
Il hésita un peu, avant de commencer à lui décrire tout ce qu’il avait vu depuis le pont, les bateaux croisés et les villages traversés. Il lui décrivait une truite avec de grosses tâches sur elle quand Dimitri finit par soupirer.
– J’aimerais bien que mon père voie tout ça…
Le magicien se retient très fort de dire ce qu’il pensait de ce chien idiot, de penser à son propre père et que ce dernier serait sans doute mieux avec eux. Sans rien remarquer dans son épuisement, le blond lui demanda.
– Excuse-moi Félix mais, je peux te demander un service ?
– Ça dépend quoi.
– Tu peux écrire une lettre pour mon père pour moi ? Je ne peux pas écrire avec mes mains, mais promis, je te dicterais tout… je sais qu’on ne peut pas envoyer de lettre maintenant mais, je la donnerais quand on sera arrivés à Charon… il dût voir son air un peu renfrogné car, il ajouta, sachant qu’il ne pouvait rien lui refuser quand il lui faisait des yeux de chaton suppliant. S’il te plait… il doit s’inquiéter…
– Lambert ne te mérite pas Dima… bon, d’accord, je vais te l’écrire ta lettre.
Il attrapa du papier, une plume, de l’encre et un support de sa propre cabine, déjà sorti après qu’il ait écrit à Sylvain et Ingrid, puis se mit à recopier ce que lui dictait Dimitri. C’était surtout des banalités et des petites phrases mais, il recopia tout aussi bien qu’il put. Lambert ne devrait surement pas être assez en forme pour lire ses pattes de mouches selon Gustave donc, autant faire un effort pour que son lecteur ne s’arrache pas les yeux. Quand il eut fini de copier la petite lettre, il versa du sable sur l’encre pour la faire sécher plus vite, puis remis le surplus dans sa boite. Il allait la plier quand Dimitri l’arrêta avec la voix qui lui restait.
« Il y a encore beaucoup de place… on la continuera une prochaine fois…
– D’accord, » accepta-t-il alors que son ami se rendormait.
Il aida Dedue à le recoucher correctement, puis retourna dans sa cabine pour ranger son matériel d’écriture.
En le voyant sur son bureau, hors de sa boite, le garçon hésita.
Il attrapa une feuille qu’il noircit un peu, avant de l’abandonner en se maudissant de l’avoir fait.
Il recommença le surlendemain quand Dimitri lui dicta à nouveau une lettre. Il se maudit à nouveau mais ne put s’empêcher de recommencer encore une fois tout seul la veille de leur arrivée.
Cependant, Félix se jura de ne pas la donner au messager.
« Si Rodrigue ne tient pas sa promesse de rentrer à la maison avec moi, il ne devait pas s’en faire tant que ça », se mentit-il à lui-même.
*
Félix jouait avec Fleuret sur le pont malgré le froid, quand il entendit le capitaine hurler aux matelots de préparer à accoster, ainsi que le matériel de halage à cause de la pente trop forte. Mieux valait se faire tracter par des chevaux de traits.
« Ça, ça veut dire qu’on approche de Lokris, » devina Félix en levant le nez et en relevant le bord de sa capuche, Fleuret profitant de son inattention pour réduire en pièce la plume qu’il avait trouvé pour jouer avec lui.
Il vit alors la ville fortifiée s’élevé au loin, devinant qu’ils seraient arrivés dans environ deux heures. Elle était nichée dans des contreforts montagneux, entourés de murailles et de champs. S’il se souvenait bien, les montagnes tout autour de la ville serait truffée de galerie, formant un véritable labyrinthe où on cachait de la nourriture en cas de crise depuis la guerre du Lion et de l’Aigle. Il ne le voyait pas vraiment mais, une tâche blanche correspondant surement à l’étendard des Charon devait surmonter les portes de la ville : une belette de gueule et une plume d’azur encadrant leur emblème, également de gueule, sur un fond d’argent. Dans le ciel, il y avait beaucoup de chevaliers à pégase qui circulait avec des wyvern, le climat de la région leur allant encore, même si on n’en trouvait plus aucune au nord. Dans les montagnes, c’était plus pratique de se déplacer dans les airs alors, ils faisaient presque toutes leurs patrouilles de manière aérienne. Logique qu’il y en ait autant qui parcourait le ciel…
« C’est mieux à la maison, c’est plat, et il fait moins humide ici, c’est tout sec, même le froid est différent… enfin, c’est pas un peu de relief et moins d’eau qui vont me faire peur ! Et pas question de rentrer ! »
Félix attrapa son chat qui avait fini de réduire sa plume en morceau, le tenant pour qu’il ne tangue pas avec le bateau alors qu’on l’attachait à de solides chevaux de trait, bai avec une crinière claire de taille moyenne.
« Dommage que Dimitri soit aussi fatigué, songea-t-il en s’approchant du bastingage, observant les hommes les harnachés à la coque en se penchant un peu, même s’il faisait attention à ne pas pouvoir tomber du mauvais côté, comme Ivy lui avait montré. Il adore les chevaux lui, comme… eh !
Il fut arraché à sa réflexion par un coup de naseau humide, puis vit une énorme tête juste à côté de lui, le fixant de ses grands yeux noirs. Il n’avait jamais vu un cheval aussi imposant ! Il était tout noir avec de longs fanons blancs, assez grand pour porter un géant mais d’un autre côté, il semblait aussi tout gentil avec ses grands yeux et ses longs cils. Il ressemblait au destrier de Glenn, même Félix pouvait le monter alors qu’il était bien trop grand pour lui tellement il était gentil, contrairement à son palefroi qui avait tendance à donner des coups de pieds à tout le monde, sauf à son grand frère… mais lui aussi, ce géant tout doux était…
Cependant, comme s’il lisait dans ses pensées, le cheval lui donna un autre coup de nez, semblant vouloir attirer son attention.
– Ah ! Ah ! » Ria une des femmes à terre qui leur fournissaient les chevaux, le tenant par sa bride, emmitouflée dans sa cape comme lui, il faisait froid aujourd’hui. La seule chose qui se détachait bien de sous sa capuche, c’était ces deux yeux bleus très pale sur une peau très bronzé, elle devait passer son temps dehors pour l’être comme ça ou être originaire de la frontière avec Almyra. Le garçon avait l’impression de l’avoir déjà croisé mais, il ne se souvient plus d’où… « On dirait que Gigantes t’aime bien petit ! Tu t’appelles comment ?
– Félix, répondit-il en tendant sa main droite pour caresser les naseaux du cheval, Fleuret allant sur son épaule gauche.
– Félix comment ?
– C’est pas important, j’aime pas ma famille, mentit-il en priant pour que la femme ne le remarque pas. Et toi ?
– Il est vrai ce mensonge ? Je voie à peine ton visage sous ton capuchon mais, c’est écrit dessus que tu ne dis pas la vérité. Ça se sent à des kilomètres, rétorqua-t-elle en se touchant le sien.
– Comment ça ? Tu le sens ? Tu es quoi alors, un chien ? C’est nul les chiens, c’est mieux les loups…
– Non, j’ai juste une très bonne vue et un bon odorat mais, même si je ne sentais rien, ça se voie comme le nez au milieu de la figure que tu mens. Enfin, ça te regarde. Je m’appelle Cassandra mais, tout le monde ici m’appelle Cassie.
– Cassie comment ? Lui renvoya aussi Félix.
– C’est pas important, ne se gêna-t-elle pas pour lui rétorquer. J’aime ma famille mais, je suis pas vraiment dans les clous de la tradition familiale donc, c’est peut-être pas un nom qui me va très bien. Lui, c’est Gigantes, un des chevaux qui va tirer le bateau. Qu’est-ce que tu fais sur ce bateau ? Je sais que les mousses sont souvent jeunes mais, t’as l’air un peu trop bien habillé pour un gamin obligé de gagner son pain. Tu es le fils du capitaine ou tu fais partie de la suite de Son Altesse ?
– J’accompagne Dimitri mais il dort tout le temps et je ne peux pas faire grand-chose sur le bateau, je m’ennuie, répondit-il, ayant juste envie de discuter avec cette soldate, le temps passerait plus vite. Et toi, tu fais quoi ici ?
– Protection de la péniche royale, je me débrouille avec une épée et mes poings, déclara-t-elle en tâtant le pommeau de celle à sa hanche, avant d’ajouter en voyant surement ses yeux briller à la vue de sa lame de qualité et son bras musclé. Tu aimes les armes ?
– Oui, je m’entraine souvent, en magie de foudre aussi… » déclara-t-il avant de se raviser, chassant tout de suite tous ses souvenirs à s’entrainer avec son père, ainsi que ceux avec Glenn, s’affrontant tous les deux en riant. Il savait qu’il n’entendrait plus jamais son frère le taquiner, dire que le jour où il perdrait contre lui, il se mettrait à la magie, tout en clamant haut et fort à quel point il était fier de Félix et de ses capacités. « …Même si je veux arrêter, j’aime pas faire de la magie tant que ça, je préfère l’épée et les arcs. Et ça doit être bien de savoir se battre au corps à corps, tu peux te défendre tout le temps.
– Avec la magie aussi j’ai envie de te dire, rétorqua-t-elle.
– Oui, mais si tu n’en fais plus, ça te fait mal et tu es presque obligé de continuer à vie d’en faire, marmonna-t-il.
Il repensa alors à son père, la manière dont ses veines ressortaient de ses mains et à son cœur lent, à la lettre qu’il avait écrite où il lui demandait toutes les trois lignes comment il allait et si enfin, les maudits médecins avaient accepté de lui donner un tout petit peu de leurs herbes réservées au chien idiot, au moins pour qu’il ait moins mal et quand lui-même allait se décider à se reposer un peu… il secoua la tête alors que Cassandra rétorquait, Fleuret se pressant contre la poitrine de Félix pour avoir des caresses à la place de Gigantes.
– Tu peux arrêter, il faut juste faire attention à le faire progressivement et selon une routine particulière pour habituer ton corps à ne plus produire autant de magie. En tout cas, vu que tu es de l’entourage du prince, je pourrais t’apprendre à te battre au corps à corps quand on aura deux minutes. Ça va être le cas s’il dort tout le temps et si tu t’ennuies. J’ai aussi beaucoup de travail vu que je mène pas mal de patrouilles volantes dans les montagnes mais sinon, je suis dans la forteresse. En plus, c’est la tradition chez les Charon de savoir se défendre avec ses poings, comme la Flamme Passionnée, même si pour le coup, c’est surtout que ça correspond bien à ma manière de me battre.
– Je veux bien. Comme ça, je deviendrais plus fort, et tu pourrais être une bonne partenaire d’entrainement. T’as pas l’air trop mauvaise.
– Ah ! Ah ! Tu ne doutes de rien gamin ! Enfin, je comprends, j’aime bien me battre aussi, surtout contre des adversaires forts. On s’entrainera tous les deux alors ! Je te préviens, ici, je suis invaincue et je ne fais pas de cadeau alors, tu as intérêt à donner tout ce que tu as !
– Hum ! Je suis sûr que tu n’es pas à moitié aussi forte que mon frère ! C’est lui le plus fort ! » S’exclama-t-il par réflexe, avant de se renfrogner, pensant à nouveau à Glenn, son sourire, sa promesse de retourner à la maison pour être chevalier dans leur fief, qu’ils s’entraineraient encore ensemble, tous les deux… « T’avais promis Glenn… tu m’avais promis… tu m’avais promis que tu reviendrais à la maison, au moins pour récupérer tes éperons et qu’on s’affronterait encore… toi aussi, t’es un menteur… déjà que tu ressembles à papa comme deux gouttes d’eau, tu lui ressembles pour ça aussi…
Cassandra dut sentir que quelque chose n’allait pas car, elle lui demanda, alors que Gigantes lui donnait un autre coup de museau.
– Eh ? Petit ? Ça va ? Tout va bien ?
– C’est rien… juste… mon grand frère…
Il n’eut pas à dire grand-chose de plus, elle comprit où il voulait en venir, disant simplement.
– Le foutu voyage, hein ? Elle ajouta en le voyant hocher la tête et serrer un peu plus Fleuret. Je comprends… Courage gamin, on va en avoir tous besoin.
– Je ne suis pas un gamin, ni petit. J’ai treize ans, je suis bientôt un adulte.
– Ça dépend où. À Gautier oui mais ici, la majorité, c’est vingt-et-un ans donc, t’es encore un gamin pour un moment. En plus, être adulte, c’est pas dans le nombre d’année, c’est dans la tête, en assumant ce qu’on aime et qui tu es par exemple…
« On a besoin de Gigantes ! »
L’appel la coupa, autant elle que la conversation qui semblait sur le point de se transformer en leçon de moral. Cassandra partit alors en s’exclamant, lui faisant un signe de main.
– Bon, faut que j’y aille ! A plus tard Félix ! J’ai hâte de t’affronter !
Malgré tout, il répondit à son geste en s’exclamant à son tour.
– Moi aussi ! A plus tard Cassie ! »
Le garçon descendit du bastingage pour ne pas tomber, surtout que le bateau reprenait sa route, de meilleure humeur que tout à l’heure. Le voyage était toujours aussi long mais, même si Cassandra semblait faire des leçons de morale sur un coup de tête, elle ferait une bonne partenaire d’entrainement si elle était aussi forte qu’elle en avait l’air. Si Dimitri dormait toujours autant, il allait sans doute beaucoup s’entrainer alors, il devrait affronter quelqu’un pour devenir fort…
« J’espère que je pourrais aussi nager dans la rivière… »
Sans vraiment s’en rendre compte, Félix retourna dans sa cabine et noircit la fin de sa page où il notait les lettres qu’il n’enverrait jamais, racontant sa rencontre avec Cassie. Il se maudit un peu quand il réalisa ce qu’il faisait, s’étant encore laissé emporter mais au moins, ça lui avait permis de passer le temps.
Après encore deux longues heures, ils accostèrent enfin dans le port fluvial de Lokris, tout le monde retrouvant avec joie la terre ferme. Sasiama était clairement soulagée de retrouver le sol, Dedue aussi et même Dimitri semblait préférer ça. Félix fit tout pour l’être aussi, même s’il trouvait qu’il n’y avait pas assez de canaux et que le fort était vraiment loin de la rivière.
« De toute façon, elle est dégoutante, on ne peut surement même pas boire l’eau de la Secana… » se répéta-t-il pour chasser son envie de plonger dans l’onde, et en priant pour qu’elle ne soit pas trop mauvaise, même coupée avec du vin.
« Dit papa ? Pourquoi l’eau n’est pas claire ici ? Et pourquoi elle sent le vin ? Tu me dis toujours de ne pas boire d’alcool…
– C’est parce que seul l’eau du lac est aussi pure malgré le fait qu’il soit juste à côté d’autant d’activité, grâce à la magie du Brave Fraldarius. Notre ancêtre a rendu son eau potable en permanence. En ville, il faut toujours couper l’eau des rivières et des puits à du vin sinon, elle donne mal au ventre. Ce n’est pas un vin très alcoolisé alors, tu peux en boire sans souci. »
Félix se souvenait avoir bu une gorgée de son verre avant de faire une grimace, le liquide lui piquant la langue… qu’il avait dit que l’eau de son grand-père était bien meilleure… et fait sourire sa f…
Le garçon chassa ce souvenir de sa tête, descendant du bateau aux côtés de l’homme qui portait Dimitri dans ses bras afin d’éviter de le secouer. Il devrait se rendre au fort dans un palanquin, plus confortable qu’une charrette, surtout avec autant de relief. Il vit Cassandra se détacher des soldats pour aller vers un homme qu’il identifia comme le mari de Myrina, il avait dû reprendre son poste de chef du fief à présent. Le consort salua avec un petit sourire la femme, semblant être aussi épuisé que Rod… que tout le monde.
Il vient à leur rencontre, déclarant avec sa voix calme mais forte, étant avocat de profession à la base.
« Soyez le bienvenu Votre Altesse, et à vous aussi héritier des Fraldarius.
Dimitri le salua d’un battement de cils, même s’il n’avait plus assez de force pour bouger sa main après le voyage. Félix le salua aussi mais, demanda en baissant sa capuche, étonné.
– Bonjour… mais comment ça se fait que vous saviez que j’étais là ? Je me suis ajouté à la dernière minute !
– Ah ! C’est ma fille Cassandra qui m’a dit que vous étiez-là. Vous lui avez parlé pendant le voyage, déclara-t-il en montrant la soldate.
Cassandra baissa sa capuche alors qu’elle s’approchait, dévoilant une petite queue de cheval très blonde, presque délavé, comme le portrait de la reine Héléna. En la voyant, Félix se maudit et la maudit au passage. Il s’était fait avoir ! Il comprenait mieux pourquoi elle avait dit qu’il mentait sur qui il était. Ça faisait des années qu’il ne l’avait pas vue, elle ne savait pas qu’il détestait sa famille maintenant !
– Eh ! Louveteau ! Le salua-t-elle à nouveau sur un ton décontracté. T’as bien grandi depuis la dernière fois que je t’ai vue ! La fin du voyage s’est bien passée ? Tu ne t’es pas trop ennuyé ?
Félix se souvenait mieux pourquoi Glenn s’entendait bien avec elle maintenant… et ils étaient aussi forts l’un que l’autre… au moins, il était sûr de ne pas assez s’ennuyer pour penser à son père et à sa santé maintenant…
*
« Salut patron !
– Ah ! Vous vous êtes fait attendre aujourd’hui ! Alors, vous allez comment tous les deux ?
– Mal, comme toujours en ce moment.
Estelle et Bernard s’avancèrent dans la taverne et s’assirent à côté du plan de travail. Le patron, le père Mercier, ne servait plus que de l’eau avec une goutte de vin ici, tout le reste était rationné mais, ça faisait du bien de juste se retrouver pour râler tous ensemble. Ils auraient bien voulu emmené Rodrigue avec eux, rien que pour lui changer les idées après que Félix ne lui ait pas envoyé de lettre depuis son départ mais, il avait à peine le temps de s’occuper de lui-même à cause de sa surcharge de travail, et ce serait surement dangereux pour lui d’être vu ici, dans des lieux où les critiques envers le pouvoir sortaient très vite, même sans alcool pour délié les langues. En plus, même s’il n’y avait pratiquement plus de vin dans leur vin et uniquement de l’eau, ce ne serait surement pas une bonne idée qu’il en boive dans son état…
Le patron leva un sourcil compatissant, leur posant un verre d’eau chacun sur le comptoir.
– L’autre con ?
– Comme tu dis… grondèrent-ils en buvant l’eau avec un sale gout de terre, bien loin de celui du don de Fraldarius qu’était celle du lac.
Estelle ne put s’empêcher de cracher en faisant claquer son verre contre le bois, frustrée.
– Quelle piquette, y a même pas assez de vin pour cacher le gout de tourbe… dire que Rufus se réserve du bons vins et de la bonne eau… rien à voir avec la boue qu’on boit.
– On est pas du même monde, grogna en réponse le patron. Ma main au feu que la plupart des nobles mangent encore leur pleine assiette de viande et de pain, avec du miel et des épices pour relever tout ça !
– C’est clair que plusieurs d’entre eux le font sans même se cacher au palais. Y a surtout notre seigneur, les sœurs Charon et leurs alliés qui respectent le rationnement. Les autres, ils se gavent toujours autant, reconnut Bernard en faisant tourner sa propre eau, pensif.
– Enfin, ça va aller mieux bientôt, il y a des grosses quantités de nourriture qui arrivent de tout le royaume vers la capitale pour nous ravitailler ! Fit observer une autre cliente.
– Formidable… c’est nos familles en province qui vont encore plus ne rien avoir à se mettre sous la dent, on aime, rétorqua la capitaine. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, tout ça… en plus, t’as vu un grain de blé ou de seigle toi ?
– C’est vrai qu’on n’a pas encore vu ces bleds alors, évitons de nous réjouir avant qu’un seul grain ne soit dans nos assiettes, la soutient le patron. En plus, ils ne sont pas arrivés seuls, vous avez vu tous ces soldats ?!
– C’est des renforts provinciaux pour reformer la garde de la ville et du palais, l’informa Bernard. C’est Rufus qui a demandé à tout le monde d’envoyer des gens d’armes ici pour la reconstituer et protéger son petit frère d’autres comploteurs.
– Mouais… moi je dis que ce n’est pas une bonne idée tous ses types armés jusqu’aux dents, gronda un autre client. Je veux dire, vous ça va, on vous connait et vous nous connaissez, vous êtes souvent à la capitale. Mais ces types… ils ne connaissent personne ici, ça ne leur fera rien de nous attaquer… qui nous dit que Son Altesse Royale Rufus ne les fait pas venir pour réprimer les révoltes contre son petit frère chérie ? Ils n’auront pas de scrupule à nous attaquer, ils ne connaissent personne ici… ça sent mauvais cette histoire… déjà que les limiers surveillent ce qu’on dit…
– Quand même, il n’oserait pas s’en prendre à son propre peuple ! S’exclama un autre.
– Comme si son grand-père se gênait pour faire égorger tous ceux dont la tête ne lui revenait pas, répliqua une vieille femme. Et il a l’air bien partie pour suivre bien sagement les traces de son papi le Rufus. Rien que le pauvre homme qu’il a fait exécuter… ça me rappelle de vieux souvenirs… à l’époque de Clovis le Sanglant, les rues étaient toujours rouge sang et la grande place pavée de cadavres…
– Du calme grand-mère, on n’en est quand même pas encore là, lui fit remarquer le précédent. Je sais qu’il pète un peu une amarre le Rufus mais, il n’oserait surement pas recommencer ces horreurs ! Surtout en des temps aussi dures !
– Je ne parierais pas vu qu’il envoie chier toutes les réalisations de son père… hein… le roi Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant son sang agir comme Clovis, ajouta une autre femme d’âge mur, avant de se tourner vers Estelle et Bernard. Vos seigneurs et les Charon sont bien plus les dignes successeurs du roi chacun dans leur coin, que…
– Les limiers ! Cria un client à la fenêtre. Ils arrivent !
Tout le monde dans la taverne changea de sujet de conversation, parlant de la pluie, du beau temps et du travail, alors que des hommes de main de Rufus, reconnaissable à leur poignard gardé bien en évidence et à l’emblème barré de Blaiddyd brodé sur leur tunique, le symbole des cadets de familles ou des ainés sans emblème. Ils jetèrent un regard tout autour d’eux, vérifiant que personne ne disait quoi que ce soit qui déplairait à leur chef. Estelle et Bernard fourrèrent à nouveau leur poing dans leur poche avec leur mouchoir par-dessus, attendant qu’ils fassent leur petit tour avant de repartir sans payer. Leur patron était la loi alors, ils n’allaient pas se fatiguer à la respecter.
Une fois qu’ils furent aller tourmenter une autre taverne, tous les clients se regardèrent, silencieux. On aurait pu couper l’air avec un couteau…
« Calme… calme… calme… s’ordonna Estelle en serrant le poing. Ne pas causer de soucis supplémentaires au Seigneur Rodrigue, il est déjà assez épuisé comme ça… »
Elle était sûre que tout le monde dans la taverne pensait la même chose, pour des raisons différentes.
En retournant au palais, ils croisèrent un messager arriver de Charon, en train de remettre son courrier à Rodrigue. Ils virent les yeux de leur duc se remplir d’espoir en triant les missives, toutes arrivant de Lokris. Cela faisait douze jours à présent. Même avec du retard, si Félix avait envoyé sa lettre qu’à son arrivée, elle devrait être dans le tas. Cependant, même le petit prince avait bien écrit à son père, le louveteau n’avait rien envoyé. Rodrigue fut tout ce qu’il put pour garder la face mais, les deux soldats ne purent manquer à quel point cela le tirait encore plus vers le bas.
Après avoir récupéré son courrier, il confia tout de même une lettre pour son petit au service des missives et des postes, en priant pour qu’il accepte de la lire.
*
Rufus ressortit de la chambre de son frère, d’encore plus mauvaise humeur que d’habitude. L’état de Lambert évoluait mais, très lentement contrairement à Dimitri. Il voulait bien que ses blessures soient plus graves que celles du petit mais, à ce stade, c’était presque à croire qu’Areadbhar y mettait de la mauvaise volonté elle-même ! Elle luisait moins qu’avec Dimitri alors, qui savait si cette maudite lance ne faisait pas un nouveau caprice ?!
Il alla voir Cornélia, lui confiant ce qu’il avait sur le cœur, comme souvent ces derniers temps.
« C’est vrai qu’elle est différente… peut-être que votre frère est moins sensible à la magie de votre Relique que votre neveu ? Proposa-t-elle. Après tout, même si elle a un début de volonté pour pouvoir rejeter quelqu’un, cela m’étonnerait qu’elle en ait assez pour désigner qui doit vivre et mourir dans une situation pareille… non, elle doit juste sentir les blessures et se dire qu’elle doit agir pour les renfermer et ça s’arrête là…
– C’est bien ma veine alors… les potions ne sont pas aussi efficace que sa magie et on n’a pas d’arme sacré qui sont plus efficace et moins aléatoire pour soigner ! C’est comme si l’univers entier s’était ligué contre mon frère ! Quoi ? Elle a été capable de refaire pousser une main au roi Loog mais maintenant, c’est trop demander de refermer quelques plaies ?! Laisse-moi rire ! Blaiddyd lui-même nous abandonne !
– Du calme, je continue à chercher un meilleur traitement, l’apaisa-t-elle doucement, avant de saisir la perche qu’il lui tendait enfin. Cependant, le fait que vous évoquiez Loog me donne une idée… peut-être que son conseiller… comment s’appelait-il déjà ? Pas Kyphon… ah ! Pan ! Le stratège Pan était également un grand magicien, peut-être qu’il a des archives sur comment cette guérison miraculeuse s’est déroulée ? Il y avait aussi Lucine Dominic mais, elle, ça m’étonnerait que ses archives soient ici, elles doivent être dans leur fief…
– Et ça m’étonnerait aussi qu’une bâtarde à moitié duscurienne ait pu être aussi révolutionnaire en magie ou faire tant de chose, elle a surement volé plusieurs exploits.
– Surement, l’encouragea-t-elle avant de demander. Vous savez s’il a laissé des manuscrits par hasard ? Qui sait, il a peut-être découvert comment faire pour effacer ce qui s’est passé, comme si on avait remonté le temps…
Rufus ne réfléchit même pas une seconde de plus à ses mots. Normalement, seul le roi avait accès à ce qu’avait laissé Pan. Ludovic n’avait pas montré cette pièce a Lambert que par sécurité, quand sa tuberculose avait trop empiré et risquait de l’emporter à tout moment, avant qu’il ne puisse le chasser du trône avec son idée stupide. Apparemment, il y aurait énormément de techniques et de sort très complexes, voir destructeurs alors, mieux valait que seuls d’excellents et sages magiciens tentent de se les approprier.
« Père m’a dit qu’entre de mauvaises mains, ces travaux pourraient surement causer plus de dégâts que si Némésis revenait… même Clovis n’a pas trop osé y toucher, même si c’était peut-être parce qu’il méprisait la magie… et je suis plutôt d’accord avec lui, mieux vaut laisser les travaux de Pan dans l’oubli et la poussière… » Lui avait confié Lambert après avoir vu cette pièce, même s’il lui avait aussi dit où la trouver et avec quelle clé.
« Désolé petit frère mais, s’il y a quelque chose là-bas qui te permettra de guérir plus vite, même juste un tout petit peu, il va falloir les sortir de là. »
Retournant auprès de Lambert, Rufus s’excusa silencieusement en lui prenant quelques gouttes de sang d’une de ses plaies, avant de retourner auprès de Cornélia. Pour sceller son laboratoire, Pan avait fabriqué une serrure qui ne s’ouvrait qu’avec le sang à emblème de ses amis, ou alors il fallait plusieurs sangs de leurs descendants en ligne direct. Le sang de Rufus ne suffirait pas. Il aurait pu aller demander à Gustave de lui prêter le sien mais, il aurait refusé de laisser entrer quelqu’un d’autre entrer dans l’antre de Pan, et même si le régent rêverait de saigner Rodrigue et les deux sœurs Charon, il n’avait pas envie de leur courir après. Ce serait plus rapide comme ça.
La guidant à travers le château, Rufus s’enfonçant à travers les tréfonds du palais, dans des galeries cachées et de vieux couloirs presque oubliés. Il la mena jusqu’à des vieux bas-reliefs, représentant plusieurs éléments de vies de tous les jours, des petits objets, des accessoires des animaux, des personnes, des plantes… bref, un beau bazar sensé être artistique… surement.
Périandre sourit quand la porte s’ouvrit après que Rufus versa le sang sur un bas-relief en forme de pain, séparé en plusieurs morceaux où le sang s’immisça, les gonds grinçant sur eux-mêmes. Pan n’avait pas oublié ce qui était pratique d’utiliser de Shambhala.
Elle fit partir des étincelles de lumières aux quatre coins de la pièce pour l’éclaire. C’était un véritable foutoir sans aucun sens à part celui dans la tête du traitre, avec des expériences dans tous les coins, des livres et des outils étalés partout sur les tables. Il y avait même des assiettes, des couverts et des verres rangés dans un meuble… comme si cette vaisselle avait sa place dans un atelier… Pan avait toujours été un esprit brillant, un véritable génie en plusieurs domaines de pointe mais, il ne réfléchissait pas bien… il était très étrange et pensait hors des clous. Il n’avait jamais été très sensible à la cause, trop curieux de tout ce qui n’était pas important pour le Grand Plan, préférant se perdre dans des expériences inutiles. Le fait qu’il soit même venu ici était de base pour le punir et l’effrayer de cette surface dont il se fichait et était même curieux… un bel échec mais maintenant…
Après avoir fouillé un peu, Périandre mis la main sur un gros grimoire, écrit en ancien fodlan, contenant entre autres un schéma d’un automate de combat, à quatre pattes avec des grandes lames sur la tête et deux autres tournantes sur son dos, puis des images de prothèses en tout genre. Les instructions étaient codées avec de mauvaises dimensions et des matériaux plus fragiles pour les automates de combat mais, ses équipes devraient bien pouvoir le déchiffrer.
Enfin, elle exulta quand elle trouva une boite scellée avec plusieurs sceaux de magie et plusieurs verrous mais, avec l’aide de quatre siècles et d’un peu de sang de son précieux Loog, la fière agarthienne arriva à les faire sauter après avoir un peu insisté. Elle découvrit alors à l’intérieur les gemmes emblématiques expérimentales qu’il avait volé à la cité-mère, des gemmes artificiels tentant de reproduire celles des enfants monstrueux de Sothis maintenant que les quelques-uns qui restaient étaient soit introuvables, soit intouchables. Il avait même détruit toutes les recherches les concernant avant de s’enfuir ce sale traitre… tout ça pour les garder pour les vermines de la surface afin de les protéger de la grande Shambhala… mais maintenant… maintenant… !
« Elles reviennent enfin à la ruche qu’elles n’auraient jamais dû quitter… toutes ses recherches… bon retour à la maison mon petit Pan… »
*
Félix descendit les escaliers vers la cour d’entrainement, quelques jours après son arrivée. Dimitri dormait encore toute la journée, même si sa respiration était moins laborieuse, et il n’avait pas envie de trop parler avec les Charon de son âge. C’était la famille de la Flamme Passionné mais, c’était surtout des gens de loi, il y en avait peu qui était vraiment des gens d’arme avec qui il pouvait s’entrainer… en plus, ils les avaient tous assaillis de questions quand ils étaient arrivés avant que les plus âgés ne leur disent de les laisser se reposer mais bon, le magi… l’épéiste aimerait bien retrouver un peu de calme… et surtout il aimerait s’entrainer. Il n’avait pas eu beaucoup de temps pour pratiquer depuis quelques jours, il sentait déjà sa magie lui picoter les doigts en voulant sortir. C’était même légèrement difficile d’écrire à Sylvain et Ingrid comme ça.
Le jeune garçon chassa l’image de son père de sa tête et son envie de lui envoyer une lettre. C’était trop tard, Dimitri avait déjà envoyé la sienne, pas la peine de le faire aussi.
Quand il arriva dans la cour d’entrainement, il vit Cassandra s’entrainer, seul face à une quintaine. C’était plus un objet que les cavaliers utilisaient pour s’entrainer à la joute mais, elle devait l’utiliser pour s’entrainer à l’esquive. Elle tapait dans le bouclier et évitait à chaque fois le poids de l’autre côté, même si son emblème s’activait tout le temps, comme la sienne. C’était surement parce qu’elle avait aussi un emblème majeur.
« Eh ! Félix ! Tu viens aussi t’entrainer ?
Il sursauta un peu quand elle l’appela, lui faisant signe du centre de la cour. Il s’approcha alors en répondant, bien qu’un peu méfiant.
– Oui. Comment t’as fait pour savoir que j’étais-là ?
– Car t’es aussi discret qu’un gamin de treize ans, répliqua-t-elle en posant son épée. J’ai l’habitude que les plus petits se cachent pour me regarder m’entrainer. L’exercice militaire n’est pas forcément ce qui est le plus mis en avant ici mais, ça les impressionne un peu.
– Pas que là, sur le bateau aussi, répliqua-t-il en se maudissant pour être aussi voyant, même s’il restait curieux. Comment tu as deviné que c’était moi alors que tu ne voyais pas bien mon visage ? La dernière fois que je t’ai vu, c’était il y a quatre ans et je ne t’ai pas reconnu non plus avec ta cape.
– Honnêtement, ce n’est pas avec ta tête que je t’ai reconnue avoua-t-elle. Mais j’ai « senti » que c’était quelqu’un avec un emblème majeur de Fraldarius. Vu que ça ne court plus vraiment les rues les emblèmes majeurs, que vous n’êtes pas connus pour aller voir ailleurs dans ta famille depuis Kyphon, et que tu étais trop bien habillé pour un valet ou un matelot, j’ai juste deviné. Mais tu ne m’as pas reconnu de ton côté ? Ou alors, t’es trop petit pour le faire…
Félix haussa un sourcil, un peu sceptique. Cassandra pouvait « sentir » les emblèmes des autres ? C’était bizarre… mais bon, à part pour le faire courir, elle n’avait pas de raison de mentir, et ça expliquerait comment elle l’avait reconnu après tout ce temps… par contre, ça n’expliquait pas pourquoi elle lui demandait s’il ne l’avait pas reconnu…
– Non, t’avais la tête cachée par ta cape, et ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu. Pourquoi ?
– Rien, je pensais que comme tu as aussi un emblème majeur, tu m’aurais reconnu à l’emblème. On a tous cette capacité dans ma famille quand on finit l’adolescence. Nos sens deviennent beaucoup plus fort et pour moi, c’est ma vue et mon odorat qui se sont beaucoup développé. Pour Théo, c’est son ouïe, son toucher et son odorat par exemple. Je me suis mise à tout sentir bien plus fort, même ce que personne ne sent et en particulier les emblèmes. J’avoue que je pensais que c’était lié à ça si j’étais capable de détecter l’emblème des gens en un clin d’œil, admit-elle. Tu as même une odeur un peu particulière, tu sens l’eau très fort, même comparé à d’autres Fraldarius avec un emblème. Enfin, j’ai jamais entendu dire que le grand-duc Riegan avait cette capacité aussi. J’ai entendu dire qu’il ne sent pas la fatigue contrairement à ses enfants mais, c’est tout.
– L’emblème majeur ? Non, je ne crois pas avoir déjà senti l’emblème des autres… et tu es en train de dire que je sens le marécage ? Tiqua-t-il.
– Pas vraiment le marécage mais, plus l’odeur d’un endroit avec beaucoup d’eau claire. Pour ma famille, c’est plutôt une odeur de feu ou de chaleur, ou alors d’orage alors, c’est peut-être lié à la spécialité de notre ancêtre. En plus, tu n’es pas encore en train de devenir un homme alors, ça n’a pas dû se développer, ça arrive vraiment quand on devient adulte. Enfin, si je me souviens bien, tu nages beaucoup alors, ça doit venir de là.
– Tu parles comme si tu étais vraiment un chien avec ces histoires d’odeur, rétorqua le plus jeune, se souvenant de son p… de son père qui lui avait raconté quelque chose comme ça, pour qu’il ne s’étonne pas si un jour, il sentait son emblème changé ou qu’il s’évanouissait sans crier gare. Et on grandit tard dans ma famille.
– Oui, j’avais compris que tu n’aimais pas ça, et tu préférais les loups, même si tu ressembles plus à un petit chat qui fait le gros dos pour qu’on ne l’approche pas, renvoya-t-elle encore, avant d’éclater de rire en le voyant bouder. Enfin, j’imagine que t’es là pour t’entrainer, pas pour tailler une bavette.
Ça, ça lui allait déjà mieux.
Même s’il aurait préféré éviter d’utiliser la magie, Félix ne prit pas son épée, il devait évacuer ses éclairs de son corps. Cassandra s’équipa également pour s’entrainer face à un magicien avec un bouclier, et ils se mirent en garde une fois leur échauffement respectif terminé. Quand ils commencèrent, le plus jeune sentit très vite que son adversaire était aussi forte qu’elle l’avait dit : ses frappes étaient précises et rapide mais surtout, elles étaient puissantes ! Même s’il en esquivait la majorité, il entendait le bois trancher l’air tout près de lui et la force de l’impact quand il encaissait le coup. Il arriva à tenir un peu mais, il tomba aussi vite face à ses attaques. C’était pas vrai ! Elle était aussi forte que Glenn ! Il savait qu’à l’époque de Garreg Mach, ils finissaient souvent sur des égalités ou des combats nuls mais, Félix ne pensait pas qu’elle aurait progressé aussi vite que son frère !
« Tu te défends bien, sourit Cassandra en lui tendant la main pour l’aider à se relever. Tu es rapide et tu as une bonne capacité d’esquive. En plus, même si tu retenais tes coups, tes éclairs ont l’air puissants.
– Pas assez, et c’est pas avec la magie que je veux progresser, c’était juste pour évacuer, grogna-t-il en se remettant tout seul sur ses pieds. On recommence à l’épée !
– D’accord mais, qu’une seule, je dois aller patrouiller dans les montagnes après, accepta-t-elle.
Félix alla récupérer une épée d’entrainement, puis se mit en garde face à son adversaire. À l’épée, c’était plus évident qu’ils étaient en miroir : Cassandra était droitière et lui, un gaucher s’entrainant avec sa main dominante. C’était rare que les gauchers ne tiennent pas leurs armes à droite, c’était plus facile de s’intégrer dans les formations ainsi mais, ça faisait que les droitiers avaient plus de mal à les lire, ça lui donnait l’avantage. Ils s’affrontèrent à nouveau mais, cette fois, il tomba plus vite que pendant le duel précédent, le faisant encore plus enragé.
– Encore pas mal mais, ça se voie que tu es plus un magicien qu’un épéiste. Tu es doué avec les deux mais, légèrement plus avec tes éclairs. En plus, tu as l’air de plus apprécié ce que tu faisais quand tu utilisais la magie.
– Non, c’est juste que j’en avais pas fait depuis plusieurs jours alors, ça faisait un peu mal, fallait juste que j’évacue. C’est mieux de se battre à l’épée. Ce serait mieux aussi si je savais me battre à droite.
– Ah là, je t’arrête tout de suite, si tu n’es pas en formation, c’est bien mieux de tenir son arme à gauche, le reprit-elle sans hésité. Même quand t’es habitué à te battre, c’est toujours surprenant de tomber sur un gaucher. C’est bien plus rare que les droitiers alors, tu mets un peu de temps à comprendre ce que tu combats. Non, si tu veux devenir plus fort, il faut que tu gardes ta main dominante, sauf si tu veux te contrarier tout seul, évidemment.
Heureusement, la sonnerie de l’horloge coupa net la conversation, Cassandra devant rejoindre le reste de la patrouille. Elle fila avec juste un signe de main et en insistant encore sur le fait qu’il devrait continuer à utiliser sa main gauche et ses éclairs. Bon, au moins, le temps qu’elle fasse sa patrouille, Félix ne devrait plus en réentendre parler avant la fin de l’après-midi, le temps qu’elle parcoure tout le massif montagneux.
Il se remit à s’entrainer seul, maniant son épée avec sa main droite mais, il se maudit en se voyant aussi maladroit. Le garçon se força à garder cette main, se rappelant que c’était juste une question d’habitude mais, il finit par se faire mal à la tête à force de se mélanger entre ses mains.
« C’est juste parce que c’est le début… » se força-t-il à penser après être remonté dans sa chambre.
Il reprit alors sa plume et écrivit comme son père lui avait montré, en tournant sa feuille d’une certaine façon pour éviter d’étaler l’encre alors qu’il décrivait sa journée. Au pire, Félix pouvait bien écrire des lettres, même s’il ne les envoyait pas. Ça évitait d’oublier ce qu’il faisait à Charon quand il racontait ses journées à Dimitri quand il se réveillait, c’était tout…
*
Le soleil brillait dans le ciel, réchauffant doucement sa peau. Il était lové dans l’herbe tendre, roulé en boule, sa tête sur ses pattes. Il sentait son petit rêver, pressé contre lui. Il releva la tête pour passer un coup de langue entre ses oreilles, vérifiant au passage que tout allait bien, quand son petit ouvrit les yeux.
Soudain, le ciel s’assombrit, l’azur aérien remplacé par un gris étouffant. Le père se remit tout de suite sur ses pattes, se plaçant au-dessus de son petit pour le protéger mais, alors qu’il allait vérifier comment il allait, il se rendit compte qu’il ne le sentait plus.
Fou d’inquiétude, il regarda tout autour de lui, avant de voir son petit s’éloigner sans se retourner, s’avançant avec le soleil vers l’Est, s’enfonçant dans les montagnes…
Sans hésité, le père tenta de le poursuivre, de le récupérer, de s’excuser, de le retrouver mais, rien à faire. Les racines où ils dormaient l’instant d’avant s’étaient changé en chaines de fer, l’enfermant dans cette prison sombre et glaciale de pierre. Il avait si mal de partout ! Elles allaient l’écraser !
Deux yeux glacials sortirent de la pénombre, suivit d’un grand sourire bardé de dent en forme de hache, s’approchant de lui pour lui couper la tête alors qu’il suppliait, à l’agonie de voir son petit loin de lui sans aucun moyen de savoir comment il allait réellement.
« Non ! Non ! Laissez-moi ! Laissez-moi partir ! Mon petit ! Mon tout petit ! Rendez-le-moi !
– Alors… susurra sa propre voix à son oreille. Mords-les tous et va le retrouver. Retrouve-les tous… »
« Nooooooonnnnn ! »
Rodrigue se réveilla en sursaut, sortant hors de son lit en se précipitant vers le voisin mais, il ne trouva personne, il était vide et froid. Non ! Non ! Où était-il ?! Où était Félix ?! Où était son petit ?! Son louveteau avait disparu ! Quelqu’un lui avait fait du mal alors qu’il était à côté, comment était-ce possible ?!
Ses sens lui revinrent alors avec la mémoire, s’arrachant au sommeil et aux cauchemars… toujours le même…
Félix n’était plus là…
Il était parti… il avait choisi de suivre Dimitri… il devait respecter son choix…
Le père s’assit sur le côté de son lit, prenant son chapelet entre ses mains pour tenter de se calmer. Il se mit à réciter ses prières pour s’apaiser, chasser cette pensée horrible ayant marqué la fin de son cauchemar et s’obliger à se rappeler à son devoir… à ce qu’il devait faire pour le Royaume… il retrouverait Félix après… quand ils auraient le temps de vraiment parler tous les deux… il aurait aussi le temps de soigner son corps de la trop grande présence de magie en lui… il devait garder Faerghus en entier pour que son louveteau puisse grandir dans un monde aussi en paix que possible. Lui-même passera après.
« Ô Fraldarius, Brave de l’eau, Épéiste de l’Onde, grand-père, je supplie ta grâce de me donner de ta force et de ta persévérance afin de rester à jamais déterminé… donne-moi la force de tenir jusqu’à la fin pour mon louveteau, je t’en supplie… »
Sans s’en rendre compte, des petites fissures imperceptibles se multipliaient de plus en plus sur son corps.
Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir,
Dans le froid de l’hiver, la bise ce moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pétrifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Dans le noir des ténèbres, même le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ô dieux, à la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie.
*
« Qu’est-ce qui m’a convaincue de me foutre dans cette histoire ?
– Grrrrand cœurrrr capitaine !
– Je sais merci… quand même, on m’aurait dit un jour que je ferais la cochère pour le grand-duc, j’aurais jeté le type cinq minutes à la mer pour le faire décuver.
– Ma présence vous dérange-t-elle tant que ça Capitaine Drake ?
Ivy jeta un regard au-dessus de la barre, voyant le vieil Oswald von Riegan pratiquement ronronner à sa question. Finalement, c’était à elle qu’on avait confié la mission d’emmener le grand-duc à Fhirdiad, ce qui l’arrangeait pour voir plus rapidement comment allaient les Fraldarius… mais cela signifiait aussi qu’elle devait trimballer des marins d’eau douce dont une partie avait le mal de mer. Au moins, le grand-duc lui-même et sa suite la plus proche étaient assez solides pour supporter les voyages en mer mais quand même, ça les ralentissait bien… au moins, elle serait payée selon la durée du voyage, c’était déjà ça, même s’il avait fallu négocier sec avec l’Oswald…
Ce dernier se tenait sur le pont sans être troublé par la houle, semblant marcher dessus comme sur le plancher des vaches. C’était pourtant un homme très âgé. Il avait hérité de sa mère quand Clovis le Sanglant était encore au pouvoir à Faerghus, ça devait lui faire quatre-vingts balais à présent, ou quelque chose dans ses eaux-là. Ses cheveux coupés courts étaient devenus entièrement gris tout comme sa barbe entourant toute sa bouche moqueuse, après avoir été brun-noir dans sa jeunesse. Sa peau claire était bien ridée, témoignant d’un visage expressif, mais ses yeux vert sapin restaient toujours aussi vif, courant de partout sur le pont, les cordages et l’horizon. Malgré son statut, il avait opté pour des vêtements simples et adaptés à la vie sur un bateau, même s’il gardait sa chevalière à son doigt. Un étui contenant un arc prêt à être tendu et un carquois rempli de flèches pendaient à sa ceinture et si Ivy se fiait aux rumeurs sur son compte, mieux valait évité de se retrouver dans sa ligne de mire encore aujourd’hui. Avec un faucon, il ressemblerait à un vieux chasseur.
La capitaine lâcha un soupir exaspéré, tout en continuant à surveiller les courants et les vents.
– Dites à vos hommes de se trouver des tripes pour le retour, je ne nettoie pas encore leur vomi la prochaine fois, ou je vous fais payer un supplément. Vous avez déjà une toute petite suite pour un noble, essayez de trouver des gens qui n’ont pas le mal de mer pour faire plus d’un mois de voyage en bateau.
– Merci de votre sollicitude envers eux, répliqua-t-il, souriant toujours mais, ça semblait cacher quelque chose. Et c’est une habitude, je voyage toujours en petit comité. Question… d’efficacité dirons-nous.
D’habitude, Ivy arrivait à bien lire les gens à force de négocier mais là, avec le grand-duc, c’était très difficile de dire ce qu’il cachait. Ce sourire était évidemment une façade, mais pour dissimuler quoi, elle aurait bien aimé le savoir.
– Drôle d’oiseau celui-là… si on ne doit pas encore ralentir pour soigner le mal de mer de quelqu’un, on devrait être à Fraldarius dans deux semaines. Le fleuve qui traverse Faerghus est plus calme alors, en une semaine, on est à Fhirdiad.
– Cela nous fera donc bien un peu moins d’un mois allé, un mois retour. Ne vous en faites pas, ils devraient se faire à la houle avec le temps. Ce sont des gens de la terre, il faut un temps d’adaptation au sol qui bouge tout le temps… même si j’avoue que cela m’étonne que le fils Gloucester soit aussi malade.
– Ça a beau être une morue, il n’a pas de tripes visiblement, rétorqua-t-elle. Et vous ? Comment ça se fait que vous teniez aussi bien ? Les cerfs, à part celui sur notre pavillon, ça ne nage pas.
– Oh, ne le taquiner pas, il va se vexer, bouder et être encore plus malade, s’amusa-t-il avec une pétulance qu’on attribuerait à quelqu’un de plus jeune mais bon, c’était aussi le genre de remarque qu’on passait à une personne âgée. J’ai beaucoup voyagé pendant ma jeunesse, que ce soit dans les airs ou sur l’eau, même si ça fait longtemps que je n’avais pas repris la mer. J’en serais presque nostalgique si la situation n’était pas aussi grotesque. De plus, c’est peut-être grâce à mon emblème majeur mais, je n’ai jamais eu le mal de mer ou celui des airs, et je sens à peine la fatigue depuis que je suis adolescent. Cela doit être à cause de lui, leur fonctionnement peut être assez étrange… tient ? Qu’est-ce que c’est que ça là-bas ?
Il lui indiqua l’horizon à bâbord, un point noir minuscule s’y dessinant, trop petit pour discerner ce que c’était. Elle hurla alors à la vigie de regarder de pointer sa lunette dans ce sens.
– Un navire de pêche mon capitaine ! De taille moyenne ! Il doit arriver à raz de notre coque ! Une grande voile blanche ! Il y a… dix… non, quinze personnes sur le pont ! … Deux gabiers ! … Une vigie !
– Ça en fait du monde pour un pauvre bateau de pêche, et les bancs de poissons ne sont pas aussi loin en mer en cette saison, marmonna-t-elle. Y a quoi sur leur pont ?!
– Hum… je voie mal mais, on dirait qu’ils n’ont encore rien remonté ! Je ne voie rien non plus pour conserver leur pêche !
– C’est pas intéressant ça ! À Faerghus, on commence à saler ou fumer les prises à terre ! Lui rappela-t-elle. Dis-moi plutôt s’ils ont beaucoup de choses sur leur pont !
– Hum… non ! Rien ! C’est vide ! Il n’y a que des hommes et des femmes !
– Voilà bien d’étranges pêcheurs, commenta Oswald, devenant plus sérieux. Jeune homme ! Ils tiennent quel cap ?! Est-ce qu’ils ont un pavillon ?!
– J’ai l’impression qu’ils viennent vers nous Altesse ! Et aucun ! Je voie mieux leur vigie, elle n’a pas de lunette !
– Ils n’ont pas dû encore nous repérer clairement alors ! Hissez notre propre pavillon ! Celui avec le cerf marin plutôt que celui du duc ! Il est plus craint par les hommes de la mer ! On garde le cap vers Fraldarius ! Et que tout le monde reste sur ses gardes ! Ordonna le capitaine. C’est peut-être juste des pêcheurs qui se sont perdus ou tentent de chercher un banc de cabillaud plus au large mais, on ne sait jamais ! Toi là-haut, tu ne les perds pas de vue !
– Aye ! Répondirent en chœur son équipage en se mettant à s’activer dans tous les sens.
– Oui mon capitaine !
Ivy continua à surveiller le point sombre au loin, devenant de plus en plus gros. Comme l’avait dit la vigie, c’était un bateau de pêche, assez rudimentaire d’ailleurs. Une coque de noix qu’on avait retournée, fiché un mat dessus et un pont, puis qui flottait vaille que vaille, mais assez haut pour les aborder si ses occupants essayaient. Ils étaient également plus nombreux que tout à l’heure, sortant de la calle, le nombre de marins s’élevant à une trentaine.
« Noce ! L’appela leur vigie. Vient ! »
Le perroquet s’envola tout de suite vers le nid de pie, y restant quelques instants avant de redescendre vers sa compagne pour répéter à voix basse.
« Moussaillons maigrrres et arrrmés capitaine.
– Maigres et armés hein… répéta-t-elle en comprenant de quoi il en retournait avant de dire à Oswald. Dites à votre suite d’aller vomir dans la calle, c’est surement des paysans qui se sont reconvertis en pirate. Vous devriez aussi vous planquer, je dois vous garder en un seul morceau.
– Bien sûr, mieux vaut n’avoir que des marins sur le pont. Et ne vous en faites pas pour moi, je sais me défendre, lui assura-t-il en attachant déjà la corde de son arc.
Ivy allait répliquer mais, quand elle le vit tendre son arc sans souci malgré sa rigidité, elle le laissa faire, même si elle grogna un peu.
– Vous vous faites mal, je vous facture les soins médicaux.
– Évidemment capitaine, déclara-t-il en allant donner ses ordres discrètement.
Pour ne pas risquer que le vent ne porte ses ordres à l’autre bateau, Ivy envoya Noce transmettre ses instructions à son équipage. Ce dernier se mit tout de suite en ordre bataille, mettant les branles bas, sortant leurs épées et faisant crépiter leur magie tout en s’éloignant du bastingage. Elle-même tâta son épée de côté, tout en faisant signe aux gabiers de manœuvrer les voiles pour ne pas perdre le cap, alors qu’ils tendaient la corde de leur arc avant de les recacher derrière les voiles. La vigie d’en face n’avait pas lunette alors, sauf si elle avait une excellente vue, elle ne pouvait pas voir ce qui se passait ici.
Une fois que les deux navires furent presque côte à côte, Ivy ordonna à un de ses matelots de saluer l’autre bateau en agitant leur pavillon. C’était autant un signe cordial que d’avertissement, tous les navigateurs de Fodlan et au-delà connaissaient son cerf avec une queue de triton, et savaient qu’il ne fallait pas attaquer le moindre navire l’arborant. Ou alors, c’était à ses risques et périls.
Cependant, les autres marins ne répondirent pas, s’approchant de plus en plus d’eux. Prévisible mais, ça restait malpoli de leur part. Ivy bloqua la barre pour s’avancer discrètement sur le pont, tirant son sabre en le gardant dans son fourreau alors qu’elle attendait avec ses hommes, Noce sur l’épaule. Oswald de son côté restait plus haut, son arc dans les mains et regardant les voiles de l’autre navire, où d’autres gabiers avaient grimpés.
Le silence régnait sur tout leur pont quand d’un coup, une faucille arrondie s’éleva depuis la frêle embarcation pour attraper leur bastingage, suivit de plusieurs autres. Une première femme sortit la tête du pont d’en dessous, sautant avec un fléau reconverti en masse d’arme rudimentaire, criant pour se donner du courage, alors qu’elle hurlait aux autres derrières elle qui tentaient de grimper sur le bâtiment plus grand que leur coquille de noix.
– À l’abordage ! Ils ont l’air riches ! Prenez tout et on s’en va…
Ivy ne la laissa pas finir, lui assenant un énorme coup de pommeau d’épée en plein visage. Comme avec un marteau mais, qui ne risquait pas de lui éventrer le pont au moindre coup de travers. Face à des gens comme ça, c’était tout aussi efficace, surtout qu’ils ne portaient aucune protection. Peu entrainée, la femme qui menait la charge tomba tout de suite, lâchant son fléau mais, quand elle essaya de le reprendre, Noce fila vers elle et se mit à lui donner des coups de bec en hurlant de fureur.
– Une attaque ! Une attaque capitaine ! Trrrremblez rats de calle ! Nourrriture pour requins ! Marrrin de fond de latrrrrines ! Pirrrrates crrrrétins !
– Vous avez entendu Noce ? S’écria-t-elle en tirant sa lame avant de la pointer vers ses ennemis, qui avaient tous blanchis en les voyant prêts à les recevoir. Attrapez-moi ces pirates de fond de cale et ne les laissez pas s’échapper ! Qu’ils apprennent qu’on ne nous défie pas un navire Drake sans conséquence ! Et on a du beau monde à bord alors, que ce soit propre ! C’est clair ?!
– Ouais ! À l’abordage !
Ses hommes n’hésitèrent pas une seconde avant de foncer dans la bataille, bien plus habitués au combat en pleine mer que leurs assaillants, renversant vite la situation. Maintenant, les pirates tentaient tant bien que mal de s’éloigner d’eux et de s’enfuir mais, c’était peine perdue, ils étaient déjà ferrés par les hommes de la corsaire. Ivy avait attaqué de bien plus gros navires bien plus entrainés que cette coquille, elle n’allait pas les laisser filer comme ça !
Vive comme l’éclair, elle sauta directement en plein sur le pont ennemi, suivit de Noce qui avait finir de faire son sort à la capitaine ennemie. Les pirates de terre ferme se figèrent en la voyant oser se jeter au milieu de leurs rangs, avant de refoncer vers elle en hurlant pour tenter de l’impressionner et de se rassurer. Sans trembler ou hésiter, Ivy trancha le bras d’un homme, lui faisant lâcher sa fourche transformée en lance, avant de l’envoyer dans les pieds d’une de ses camarades avec le plat de son épée. Les deux finirent au sol, alors que Noce partait à l’assaut d’un grand type avec une hache. La capitaine alla tout de suite assisté son compagnon, mettant hors combat l’homme avant qu’il ne lui fasse un trou dans sa coque.
Levant les yeux, elle vit les gabiers se reprendre depuis les voiles et tenter de bander leurs arcs mais, elle vit des traits se ficher dans leur épaule. Ce n’était pas mortel mais, ça leurs empêcherait de les canarder avec leurs flèches.
« Faudra que je paye mieux l’archer qui arrive à être aussi précis à une telle distance, songea-t-elle avant de se reprendre. Enfin, s’il demande une récompense. »
Quant à la vigie, elle devait être roulée en boule de peur dans son nid de pie car, elle ne tentait rien contre eux. Tant mieux, ça l’arrangeait ! Ce serait plus vite fini.
Le combat ne dura pas, les assaillants suppliant grâce au bout de quelques minutes contre l’équipage bien plus entrainé et habitué à la mer.
« Attachez-moi tout ça et mettez-les en rang sur le pont ! Ordonna Ivy en ressautant sur son propre pont pour vérifier l’état de son navire. On a des questions à leur poser ! Francesco ! Fouille-moi leur cale avec Alida et Sesto ! J’en prend un à voler, il finit en nourriture pour les poissons, clair ?!
– Bien capitaine ! Répondirent ses marins en obéissant.
Elle hocha la tête en faisant le constat des dégâts. À part quelques coupures et une ou deux bosses, rien à signaler de leur côté. Le plus blessé était leur plus jeune mousse mais, il apprenait encore le métier, c’était normal. Leur guérisseur le soignerait en deux temps trois mouvements. En plus, il était tout jeune, on cicatrisait vite à cet âge.
En face, les dégâts humains étaient bien plus importants : pas de mort mais, plusieurs avaient de grosses coupures, n’étant pas protéger par des vêtements molletonné ou épais fait pour le combat, ou même pour la mer pour la plupart. C’était des habits de paysans, juste avec deux ou trois pêcheurs dans le lot.
« On dirait que les pénuries ont déjà transformé des fermiers en brigands et en pirates.
Elle jeta un œil derrière elle, et vit Oswald s’occuper du mousse, lui bander le bras lui-même. Il ajouta en voyant son regard étonné.
– J’ai quelques notions en pharmacopée. C’est un passe-temps pour mes heures perdues qui sert toujours.
– Mouais, ça doit quand même être utile de connaitre les plantes et les remèdes quand on a des ennemis de partout… songea-t-elle sans le dire. On dirait. Je les ai entendu discuter, ils ont un accent du coin et on est pas loin d’Ailell. C’est déjà pas bien riche là-bas alors, perdre encore plus de vivre et avec tout ce qui s’est passé, ça doit plus rapporté d’être pirate, même s’ils n’y connaissent rien.
– Hum… de plus, ils ont surement dû augmenter les taxes ou au moins demander des vivres en province pour nourrir la capitale, ce qui a dû encore plus réduire la ration des paysans. La parfaite recette pour les pousser au brigandage pour nourrir leur famille, pensa-t-il à voix haute tout en nouant le bras du gamin. C’est fini mon grand, tu peux y aller.
– Merci sieur ! S’écria le mousse en s’en allant.
Oswald lui jeta un regard à la fois attendri et nostalgique, s’ouvrant un peu plus que d’habitude mais, l’ouverture se referma très vite alors qu’il se relevait, vérifiant son bras gauche, enveloppé dans une petite protection de cuir d’archer.
– C’est bon, je n’ai pas trop perdu la main… enfin, j’ai bien fait de garder ça… comment compter vous faire à présent ?
– Pas vraiment le choix, va falloir faire un détour pour les ramener à leur seigneur, grogna-t-elle. Ça va nous prendre trois jours de plus rien que pour les ramener, deux de plus pour reprendre notre route et il va falloir leur remplir l’estomac j’imagine… ça va faire des frais en plus et moins de choses pour nous, c’est que ça mange les affamés… j’espère qu’ils ont des filets de pêches pour récupérer un peu de poisson en plus, et il va falloir que je refasse le plein d’eau douce une fois au port…
– C’est bon Cap’tain, ils sont équipés pour pêcher, l’interrompit Alida en passant à côté d’elle. Ils n’ont pas de butin en tout cas, ils n’ont pas eu le temps d’attaquer qui que ce soit. Il n’y a rien d’intéressant non plus pour nous, ni rien qui pourrait se revendre. Même leurs armes, c’est leurs outils agricoles qu’ils ont bricolés pour attaquer.
– Ouais, je m’en doutais, et que personne ne vole rien, on est en mission officielle et pas la peine de se prendre une autre prime pour trois fois rien.
– Bien. Par contre, les flèches qui ont touché les gabiers et cloué leur vigie dans son nid de pie, c’est pas les nôtres. Vu la couleur, ça doit être celles d’un archer du grand-duc, déclara-t-elle en lui montrant, leur empennage trempé dans de la peinture jaune.
– Ah oui, c’est les miennes. Merci jeune fille, je n’ai plus assez de force pour les retirer sans faire plus de dégâts, déclara Oswald, qui ajouta en voyant son air étonné après les avoir récupérées. Qu’est-ce qui se passe ? Elles se sont fichées où ? J’avais visé cette zone, ça fait mal mais, ce n’est pas mortel si on ne touche pas l’artère ou le poumon, expliqua-t-il en montrant un tout petit cercle à la jonction de l’épaule, du bras et du torse. Et pour la petite vigie, j’ai visé son habit pour le clouer au mat, ça évitait de le blesser. J’ai touché à côté ?
– Euh, non, elles sont juste arrivées dans une zone un peu plus grande et un peu entaillé l’épaule de la vigie mais, comment vous avez pu faire ça à une telle distance et avec de la houle ?! S’exclama Alida, sans voix en le voyant expliquer ça le plus naturellement du monde.
Oswald grommela, visiblement déçu de lui-même.
– Décidément, je perds la main… touché à côté d’aussi près… comme quoi, la vieillesse aussi est un naufrage. Faudra que je me réentraîne plus sérieusement sinon, Justine va se foutre de ma gueule quand on se retrouvera de l’autre côté. Je règle son sort à Rufus, puis celui de Tiana et je m’y remets bien.
« D’accord… faut vraiment pas l’énerver le grand-duc, songea Ivy à ses mots. S’il est toujours aussi en forme, j’en serais presque à plaindre Rufus et Lambert quand ils vont se le prendre dans la gueule… presque. »
*
« Et dix victoires à zéro ! Mais tu t’améliores petit !
– Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler « petit »… et j’ai pas l’impression…
Félix se remit sur ses pieds tout seul, sans prendre la main que lui tendait toujours Cassandra quand elle le battait. Depuis que le premier était arrivé la semaine dernière, ils s’entrainaient presque tous les jours ensemble mais, elle le faisait tomber tout le temps, que ce soit quand il utilisait la magie ou son épée. Au moins, le duel n’était pas faussé par son emblème, celui de Cassandra s’activait tout aussi souvent que le sien, c’était déjà ça. Mais ce que ça pouvait le frustrer ! Il n’avait même pas l’impression de progresser ! Enfin, ça lui évitait de penser à son père…
– On recommence… s’exclama-t-il comme il put, une fois qu’il eut repris son souffle.
– Non, on en a fait suffisamment aujourd’hui. On est tous les deux fatigués.
– Je ne suis pas fatigué…
– Il est vrai ce mensonge ?
Félix n’eut pas le temps de répondre quand une petite voix arriva dans la cour.
– Cassis pourrie ! Courrier !
– Egli, pour la millième fois, arrête de m’appeler comme ça, grogna Cassandra en se tournant vers sa cousine.
La petite fille lui tira la langue en réponse, lui lançant sans ménagement une lettre avant d’en donner deux plus correctement à Félix. Egli ressemblait beaucoup à son père Kimon mais, elle n’avait pas ses yeux verts presque pierreux, les siens étaient du même bleu très pale que ceux de sa cousine, tous partageant une peau mate, bronzant très facilement. Elle repartit en courant sans demander son reste, criant à nouveau « Cassis pourrie ! » avant de disparaitre dans les couloirs. Cassandra leva les yeux au ciel avant de faire une grimace en voyant sa missive.
– Une lettre de Christophe… bon, ma main au feu, je vais avoir besoin de l’aide de Théo pour le convaincre de changer d’avis…
– C’est pas celui qui voulait s’engager chez les chevaliers du chien errant ?
– Si… à tous les coups, il a gobé tout ce que crache l’Église Occidentale, il est assez naïf quand il veut alors… en plus, vu la situation, je ne vais pas pouvoir aller lui tirer les oreilles. J’ai déjà du linge à laver en famille, ça va être compliqué de laver le sien aussi, marmonna-t-elle en donnant un coup de tête vers la porte où avait disparu Egli. Enfin, Théo est le futur meilleur juriste de tout Fodlan, il est doué pour convaincre les gens alors, avec son aide, peut-être qu’on arrivera à l’empêcher de faire une connerie. Et toi ?
– Aucune de Sylvain, il est parti pour une rencontre avec les srengs alors, il ne répondra pas à mes lettres, et Ingrid nous a dit qu’elle doit économiser le papier alors, elle écrit plus rarement. C’est Alix… et mon vieux encore… c’est pas important, grogna-t-il en n’ouvrant même pas les lettres.
– Vraiment ? Demanda-t-elle en haussant un sourcil. Pourquoi ?
– Il va juste me bassiner avec le devoir de chevalier qui l’oblige à rester avec des chiens idiots. J’ai pas envie de lire à quel point il se tue à la tâche pour eux.
– C’est pas comme s’il avait vraiment le choix, il doit tenir à sa tête, ainsi qu’à celle de son frère, répliqua l’épéiste plus âgée. Chez vous, c’est la tête coupée collective si vous trahissez. Quitter la famille royale dans une situation pareille revient à trahir tout le royaume alors, il est bien obligé d’obéir. Vu sous cet angle, je trouve plutôt qu’il tient à sa vie et à celle de ses proches.
– Dans les deux cas, Rufus veut sa mort alors, il ferait mieux de rentrer à Egua. Il ne pourrait rien lui faire à la maison et pap… le vieux serait mieux avec Alix en plus… ça lui fait mal d’être trop longtemps loin de lui … marmonna-t-il en se renfrognant encore plus que d’habitude.
– Les choses sont souvent plus compliqués qu’elles en ont l’air, répliqua-t-elle plus doucement. Tu penses vraiment qu’il s’infligerait tout ça sans une excellente raison ? Je le connais à peine et ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu mais, ça ressemble plus au Rodrigue dont me parlait Glenn.
Félix ne répondit pas, fixant les deux lettres pliées entre ses mains. Cassandra haussa les épaules avant de s’en aller, lui faisant juste un signe de la main.
– Enfin, c’est toi qui voies, mais les gens ont souvent des raisons d’agir comme ils le font. Je ne peux pas décider à ta place si c’est de bonnes raisons ou des mauvaises par contre, et tu les connais bien mieux que moi. En tout cas, fin d’entrainement et si tu me cherches, je suis avec Théo en train de tirer les oreilles de Christophe par lette, à plus tard.
Félix remonta aussi dans sa chambre après avoir rangé le terrain d’entrainement, seul en compagnie des lettres. Dimitri était resté éveillé une bonne partie du matin alors, il ne devrait pas se réveiller avant demain alors, il avait toute la journée à tirer tout seul maintenant…
Le garçon prit son cahier de leçon, essayant de continuer à étudier comme chez lui mais, c’était chiant les exercices comme ça… il devait s’exercer à utiliser un abaque rapidement mais, juste taper dans des boules sur un bâton pour compter des trucs imaginaires, c’était pas intéressant… et le latin aussi, c’était nul de juste recopier des lignes et des lignes et des lignes de déclinaisons… c’était mieux d’apprendre le sreng, il n’avait qu’à parler avec Sylvain ou Fregn…
« Je préférerais discuter avec grand-père… »
Le soupir lui échappa dans son ennui mais, il ne pouvait même pas parler avec Fraldarius. Félix sentait sa présence dans le lac mais, il ne l’avait plus entendu depuis qu’il l’avait sauvé, même les rares fois où il touchait Aegis… malgré tout, il se demandait ce que son ancêtre pensait de la situation… il avait des indices avec l’énergie de sa marque mais, c’était moins bien qu’en le voyant parler, même s’il ne comprenait pas un mot de latin…
Il rejeta un œil aux six lettres qui attendaient d’être ouvertes… tenta de se redire que ce n’était que des… des… des gens se tuant pour des chiens idiots…
Félix craqua et finit par faire sauter les sceaux de cire, buvant les mots de sa famille. Il fit tout pour ignorer à quel point il se sentait soulagé de lire des nouvelles de son père et son oncle, essayant de cacher ses inquiétudes en se rappelant de la santé de son père en se moquant de son écriture… mais il ne pouvait s’empêcher de voir à quel point ils avaient la même tous les deux… Rodrigue aussi était gaucher alors, quand ils écrivaient, tout était tordu, l’encre bavait sur le papier, et leur plume grattait tout le temps tout… c’était même son père qui lui avait montré comment faire pour écrire à peu près correctement à l’endroit… pour leurs lettres, ils s’écrivaient à l’envers, ça allait mieux avec leur main…
« …j’espère que tu vas bien, que tu te sens bien à Charon, et que tu auras le temps de m’écrire parfois, même si je me doute que tu dois être bien occupé avec les autres enfants. Je comprendrais… »
Félix fixa ces dernières lignes, les lisant encore et encore tout en jetant un regard vers le coin de son bureau…
*
Rodrigue travaillait sur l’arrivée du grand-duc Riegan avec les sœurs Charon. Rufus l’avait chargé de tout planifier seul mais, ce n’était pas humainement possible de le faire en plus de tout son travail alors, ils planchaient tous dessus dès que possible. C’était déjà compliqué avec Duscur étant donné que personne ne savait vraiment par quel bout prendre la situation et les srengs s’agitaient alors, ce n’était vraiment pas le moment d’être en froid avec leur principal fournisseur de bleds ou de provoquer un autre accident diplomatique car, l’organisateur était épuisé et avait laissé passer une maladresse. Enfin, ça ne durerait qu’un temps, Lachésis et Thècle devaient partir quelques jours avant l’arrivée du grand-duc afin de faire le tour du domaine royal, pour s’assurer que les recettes ordinaires rentraient bien dans les caisses royales. Au moins, c’était un peu d’aide de gagner sur quelques jours…
Ils discutaient des arguments à présenter au grand-duc pour le convaincre de leur faire crédit pour les bleds, quand le valet en charge du courrier au palais entra en annonçant :
« Livraison de courrier ! On a un messager de Charon qui a débarquer ce matin donc… le courrier des dames Lachésis et Thècle… il leur donna à un gros paquet de missive accrochés les unes aux autres avec de la ficelle, avant de se tourner vers Rodrigue. Et le vôtre sieur Rodrigue.
– Merci beaucoup, le remercia-t-il en commençant à le feuilleter, faisant une pause dans son travail.
De toute façon, le surplus de magie dans ses veines lui piquait tellement les doigts qu’il avait du mal à tenir une plume, rendant son scripte encore plus illisible que d’habitude. D’après le médecin Hersend et Cornélia, ce n’était pas encore assez grave pour qu’il ait un traitement afin de l’aider à l’évacuer. Elles n’avaient pas assez de potion et de médicament pour se permettre de gaspiller alors que l’affection était encore légère. L’homme serrait donc les dents en continuant à s’entrainer pour l’évacuer, en espérant vaguement que le mal passe malgré sa poitrine qui se coinçait plus vite qu’avant… il muselait son inquiétude à ce sujet et ses mauvais souvenirs en se disant que c’était juste la fatigue… c’était bien la première fois qu’il évitait de penser à Félicia…
Enfin, il avait moins mal quand il avait des nouvelles d’Alix, c’était déjà ça… en plus, c’était lui qui lui donnait le plus de nouvelle de Félix… après leur dispute, il ne voulait surement plus lui parler… mieux valait lui laisser le temps… même s’il ne pouvait s’empêcher de lui écrire… c’était surement mal de le forcer à garder le contact mais, le père était incapable de renoncer à ce dernier lien avec son enfant, même si c’était à sens unique.
Cependant, une lettre ressortit de la liasse… cette écriture… c’était…
Sans réfléchir une seconde de plus, Rodrigue se précipita sur elle, fit sauter la cire et se mit à la lire sans pouvoir s’arrêter, buvant le moindre mot, la moindre lettre, la moindre rature… tout tellement il était heureux d’enfin avoir des nouvelles de son fils…
« Si c’est mal écrit et que ça bave, c’est parce qu’on a la même écriture dégueulasse… »
Il arriva même à rire du commentaire à la fin de la lettre avant sa signature, riant d’à quel point oui, il avait sans doute un des pires scriptes de tout Faerghus tous les deux.
Rodrigue dût la lire deux ou trois fois sans même s’en rendre compte, puis recommencer quand il vit qu’il y avait trois autres lettres. Les dates s’étalaient sur les deux semaines et demie depuis son départ… toutes les lettres de Félix était arrivé d’un coup… il ne savait pas ce qui avait poussé son fils à tout lui envoyé d’un coup, il aurait sans doute dû s’inquiéter mais, il en était incapable tellement il était heureux d’avoir enfin des nouvelles… le père se rendit à peine compte du temps qui passait, jusqu’à ce qu’il attrape sa plume pour répondre et se rappelle qu’il était en plein travail. Il allait s’excuser quand Lachésis le rassura.
« T’en fais pas, tu mérites bien une pause, et ça faisait une éternité qu’on ne t’avais pas vu sourire comme ça et cela vaut bien quelques minutes à travailler à deux. »
Il la remercia d’un regard, puis se remit au travail avec plus d’énergie que d’habitude, rassuré d’avoir des nouvelles.
Quand Lambert l’appela pour venir discuter avec lui pendant un de ses moments de lucidité, Rodrigue n’eut même pas de pensées sombres au sujet du roi et eut moins de mal à lui lire les lettres que lui envoyait Dimitri, pensant juste à celles de Félix. D’habitude, il était toujours au bord des larmes quand il le faisant, pensant juste à son propre louveteau dont il n’avait aucune nouvelle. Le blessé avait encore du mal à se rendre compte de ce qui se passait autour de lui, guérissant lentement malgré Areadbhar alors, il ne savait rien de son état… et Rodrigue lui aurait dit, Gustave l’aurait rappelé à l’ordre sur le fait qu’il fatiguait inutilement le roi avec ses états d’âmes, et Rufus l’aurait accusé d’accabler son frère… mais avec les lettres de son louveteau, ce n’était plus un tel calvaire.
Lui aussi avait le réconfort de savoir comment allait son enfant…
Le soir, il se coucha après avoir écrit sa réponse aux lettres de Félix, l’esprit plus tranquille depuis longtemps, sachant que son fils allait bien et attendant plus de nouvelles.
*
Sylvain avançait dans la neige avec sa mère, le chaperon de son père et quelques soldats très fidèles parlant le sreng. Après plusieurs jours de mer, ils continuaient leur chemin vers le lieu de réunion avec les autres chefs et rois de Sreng, une grande plaine dégagée avec juste un immense arbre qu’on disait issus des racines d’Yggdrasil où Le Bavard reposerait d’un côté, datant de l’époque du Brave Gautier pour l’autre. Ce serait un endroit neutre, au moins symboliquement, même si on était à présent du côté Fodlan de la frontière à présent. C’était les srengs qui avaient proposé ce lieu de rencontre, Sylvain était sûr que c’était afin de rappeler qu’une partie de Gautier était Sreng mais, Isidore avait accepté afin de rappeler aux différents souverains leur cuisante défaite à la bataille de la Rivière Noire, cinq ans plus tôt. C’était surement pour leur dire que le Royaume les avait déjà mis en échec quand ils étaient coalisés. Cependant, le jeune homme se demandait s’ils pourraient de nouveau tenir à une autre poussée, même faites par des rois sans yeux, surtout après la saignée de Duscur… enfin, ce n’était pas lui qui faisait les règles.
Il avait lui-même passé des jours à s’entrainer pour cette rencontre une fois que son père l’eu autorisé à être le hérault de Gautier, ainsi qu’à lire des chroniques datant de son ancêtre Gylfe le Berserkr. Les srengs avaient une excellente mémoire et il savait que l’histoire du dernier berserkr était souvent raconté par les scaldes alors, les autres srengs s’attendraient surement à ce que son comportement se rapproche du sien, surtout vu le passif de sa famille avec eux ou avec même des dieux et héros de leur panthéon. Mieux valait être sur-préparer que pas assez dans ces circonstances.
Au bout d’un moment, alors que l’arbre millénaire devenait de plus en plus net et imposant au fur et à mesure que leur groupe s’approchait, Sylvain put distinguer la foule qui s’était attroupé tout autour de lui. Des bateaux avaient été porté à terre, arborant des voiles colorés avec différents symboles, tout un tas de valravens se mélangeaient dans l’enclos construit pour les accueillir, des personnes s’agitaient dans tous les sens à terre et s’il ne se trompait pas, on avait élevé à nouveau des statues en l’honneur des dieux de Sreng. De grandes tables avaient été disposé en cercle, autour de pétroglyphes tracés au centre, représentant divers divinités. Enfin, un grand autel en la mémoire du Bavard semblait s’élevé autour des racines de l’arbre, en sa mémoire.
« À peine arrivé qu’ils nous déclarent la guerre… » gronda le chaperon de son père, un vieux général du nom de Vigile… il portait bien son nom tient.
Sylvain hocha juste la tête, même s’il comprenait la dévotion envers le Bavard, réputé pour sa langue d’argent, sa capacité à parler à tous les êtres vivants qui aurait permis d’apporté la paix entre les hommes, les bêtes et le petit peuple malgré sa cécité… une sorte d’équivalent à Gautier en beaucoup moins violent… ce serait même la première porteuse de l’emblème de Gautier qui aurait assassiné et dévoré le Bavard pour lui voler son pouvoir et alimenter sa lance maléfique… enfin bon, ce n’était pas comme si les légendes autour de Gautier était bien plus flatteuse du côté foldan donc bon. En plus…
« Les srengs élevent toujours un autel au Bavard quand ils veulent qu’une paix soit conclu, lui rappela-t-il quand même. Après tout, c’était sa spécialité de trouver des compromis.
Vigile eut un regard mauvais à sa réaction, grognant à Sylvain, assez loin pour que Fregn ne l’entende pas.
– N’oubliez pas de quel côté nous sommes.
– Bien sûr, je ne l’oublie pas, » lui jura-t-il, regardant l’assemblée de plus en plus clair.
À peine était-il à portée de voix pour s’annoncer, qu’un grand corbeau vola vers eux en croassant, avant d’aller se poser sur l’épaule de Fregn qui le caressa en le saluant, passant sa main sur les peintures qui le recouvraient.
« Cela fait longtemps Starkr. Comment vas-tu vieux brigand ?
L’oiseau poussa un cri en allant chercher quelque chose dans sa besace, cherchant surement un peu de nourriture dans ses vivres, même si Fregn le chassa vite.
– Je t’ai déjà dit que je ne te donne jamais rien, va plutôt demander à Arnina pour avoir des friandises… elle ajouta en voyant le corbeau aller vers son fils. Ne lui donne rien Sylvain. C’est un vieux glouton, il serait capable d’avaler tout ton repas la seconde après.
Il sourit en voyant le corbeau commencer à tenter de défaire l’attache de sa sacoche, avant qu’on l’appelle.
– Starkr ! Revient ici !
Le corbeau s’envola vers une femme de taille moyenne pour une sreng mais, qui serait plutôt petite pour une faerghienne. Elle avait des cheveux blonds tressés comme les blés, des yeux bleus très clairs comme deux aigues-marines, saisissant complètement ceux qui les rencontraient. Le droit était entouré d’un grand tatouage qui descendait sur sa joue, semblant dessiner un œil autour du vrai, le même motif se retrouvant sur Starkr et le corbeau sur l’épaule de la femme. Elle portait son épée sur le côté, étant la coutume des Sreng et elle en aurait surement besoin pour les duels rhétoriques, ainsi qu’un anneau de métal autour de sa tête, afin de marquer son statut. Elle les salua poliment, une fois qu’ils eurent mis le pied à terre afin qu’ils soient tous à la même hauteur.
« Salutation à vous, émissaires du souverain de Gautier et de Faerghus. Moi, Thorgil le Kaenn, ne peut que remercier le connaisseurs des courants et des vents d’avoir conduit votre navire jusqu’ici sans tempête.
– Salutation à vous aussi Le Kaenn. Les dieux ont été cléments avec nous sur le chemin, et Sothis a pris soin de notre destin afin que nous ne sombrions pas et arrivions bien tous au Grand Thing, déclara Sylvain en la saluant tout aussi formellement qu’elle. Moi, Sylvain José Isidorsson Gautier, remercie à mon tour Njörd de sa bonté de vous avoir tous amené ici sans encombre.
La femme sourit, visiblement satisfaite de le voir, avant de le prendre dans ses bras comme il était d’usage, même si l’embrassade fut plus chaleureuse qu’elle ne le serait avec les autres rois et reines du Ting.
– Tu as bien grandi Sylvain, sourit-elle en s’éloignant, ses mains posées sur ses épaules. Je suis contente de te revoir malgré tout.
– Merci Thorgil, je suis aussi contente de te revoir, même si j’aurais préféré que ce soit dans de meilleures conditions, lui répondit-il sans hésité, sincèrement heureux de revoir sa famille maternelle.
S’il se fiait au regard appuyé que lui lançait Vigile, il n’était pas très satisfait de le voir aussi familier avec sa tante. Cependant, ignorez leur lien de parenté l’aurait surement vexée et ce n’était pas le moment d’énerver qui que ce soit. Thorgil sourit encore plus quand elle put enlacer Fregn, ronronnant en la voyant, même si l’ainée garda les formules formelles, s’adressant tout de même à celle qui serait sa reine si elle vivait encore avec son peuple.
– Je suis contente que tu es pu venir ma très grande sœur ! Cela fait aussi trop longtemps qu’on ne s’est pas vu !
– Moi aussi ma toute petite sœur. Cela fait une éternité et je suis heureuse que le destin nous réunisse à nouveau, même si comme mon fils, j’aurais préféré que ce soit dans de meilleurs conditions.
– Les Nornes, sous la houlette de Sothis, ont une appréciation parfois étrange des bonnes histoires. Mais les difficultés qu’elle place sur notre chemin sont autant de défis à relever pour grandir et évoluer, rétorqua-t-elle. Enfin, nous parlons tous mais, vous devriez aller saluer les autres rois et saluer le Bavard, qui nous observe et arbitre ces négociations aux côtés de Tyr depuis Asgard.
– Bien sûr, nous ne voudrions pas contrarier qui que ce soit. Nous avons également amené un présent pour le Bavard, confirma Sylvain, avant d’ajouter, devant obtenir un maximum de confirmation pour ne pas commettre d’impair. J’espère seulement qu’il ne sera pas offensé en voyant les descendants de sa meurtrière lui rendre hommage.
– Le Bavard est un homme magnanime, bon et sage. Jamais, il ne tiendrait des personnes sans lien avec sa mort pour responsable. Il sera sans doute très touché par votre présent. Tient, » elle sortit un anneau semblable au sien de son manteau. Elle lui fit signe de se baisser, ce qu’il fit, le recevant en faisant montre d’humilité de pouvoir porter un tel attribut. Le Kaenn déclara alors. « Par ce présent, que chacun te reconnaisse comme le représentant de ton peuple au premier coup d’œil.
– Merci ma tante. Je ferais en sorte d’en être digne et de représenter au mieux la parole de Faerghus. »
Le jeune homme la salua à nouveau puis, alla à la rencontre de tous les autres rois srengs, devant échanger peu ou prou les mêmes mots avec chacun d’entre eux et n’en oublier aucun. Cela permettait autant d’avoir un premier contact que de jauger la personne en face, et Sylvain savait que cela aurait une influence sur l’endroit où chacun serait assis pendant la négociation. Ce premier débat serait d’ailleurs sa première épreuve dans ce Grand Thing, devant éviter à tout prix de se retrouver avec les rois sans yeux sinon, c’était fini d’avance.
Au regard de sa mère, il se débrouillait plutôt mais, Vigile vient à ses côtés, murmurant en fodlan pour que moins de personnes le comprennent.
« Évitez de trop vous comporter en sreng. Je comprends que nous devions adopter leurs codes pendant un Thing, surtout un de cette ampleur mais, nous représentons aussi Faerghus. Un comportement trop éloigné de celui du reste du Royaume risquerait de leur laisser croire que nous sommes du côté de Sreng, alors que rien n’est moins vrai.
– Je comprends aussi mais, pour le moment, il s’agit surtout de politesse basique. Si nous ne le faisons pas, les rois le prendront aussi pour un manque de respect et risqueraient de s’en offusquer. Même si on n’est pas de leur côté, nous sommes aussi très affaiblis après Duscur alors, je veux prendre le moins de risque possible. Rien que pour l’offrande au Bavard, pour les Gautier du temps de Gylfe le Converti et même avant lui, il fallait qu’il demande à chaque participant du thing leur avis si sur c’était de bon ton ou non de lui en faire une, » lui expliqua-t-il, avant de se taire en rencontrant un autre roi, signalé par son anneau autour de la tête.
Il fit le tour de tous les rois de l’assemblée pendant le reste de la journée, certains venant à sa rencontre mais pour la plupart, il fallait qu’il aille à eux, marquant la différence entre eux. Vigile n’approuvait pas vraiment qu’un fils de Gautier s’abaisse à chercher les salutations de quelqu’un d’autre que le roi en personne ou les ducs de Fraldarius, encore plus quand il s’agissait de « roitelets » srengs mais bon, Fregn le faisait taire. Rien que le fait que Thorgil soit venue les saluer en personne était exceptionnel, ça aurait dû être un roi servant un autre roi qui aurait dû venir l’accueillir, étant donné que Gautier obéissait au suzerain de Faerghus. Et elle ne leur avait pas fait cette fleur pour une quelconque déférence envers Faerghus mais, juste par solidarité familiale. Isidore serait venu à sa place, il aurait pu aller se faire voir, le Kaenn l’aurait sans doute mis à l’épreuve directement… enfin bref, au moins, ça commençait bien pour le moment.
À la fin de la journée, tous les rois et émissaires étaient arrivés, ce qui faisait une cinquantaine de rois, reines, et émissaires. Étant donné qu’il était tard, on remit les délibérations sur où chacun s’assiérait pendant les négociations au lendemain, préférant consacrer le soir au Bavard.
Chaque roi passa devant l’autel consacré au héros, dans l’ordre alphabétique faute d’une hiérarchisation concertée. Ils posèrent divers objets à côté de l’autel marquant à nouveau sa tombe, après avoir été détruite pendant la dernière guerre. C’était souvent de la nourriture et des objets domestiques, mais jamais de viande, de poisson ou d’arme, afin de respecter ses valeurs pacifiques, la légende voulant même qu’il soit végétarien. Tout se fit dans un silence respectueux, le vent portant les vœux des rois aux oreilles de chacun, bien différent de la cacophonie des présentations et des salutations de la journée.
Quand ce fut le tour de Sylvain, il s’approcha en silence, tenant une casserole contenant un pain. Il se mit à genoux devant l’autel et lui offrit en déclarant, répétant des mots de Gylfe.
« À toi le Bavard, puisses-tu dans ta si grande sagesse être magnanime et accepté cette offrande, même si elle a été déposée par des mains où coule le sang de ton assassin… que ton aura bienveillante protège et tutelle ce Grand Thing afin que la paix continue à vivre, que nous puissions nous rapprocher légèrement de ton habilité dans tes mots, du calme dont tu faisais preuve, de la sagesse de tes décisions et arbitrages. Merci à toi. »
Normalement, il ne se serait sans doute pas retourné, histoire de ne pas voir l’air désapprobateur de son père dans tout ce qu’il faisait, encore plus quand ça avait un rapport avec Sreng mais là, Isidore n’était pas là, et Vigile lui faisait moins peur que lui.
Le jeune homme jeta donc un regard autour de lui une fois qu’il eut regagné sa place : la plupart des souverains hochaient la tête, l’air approbateur. Thorgil souriait, tout comme Fregn qui laissa échapper à quel point elle était fière de lui.
« Vanes et Ases… au moins, ça commence bien ! Soupira-t-il de soulagement dans sa tête, attrapant son porte-bonheur pendu à son cou, une petite écaille que lui avait donné Félix pour le protéger de Miklan. Il ne croyait pas beaucoup mais, il aurait bien besoin de rester aussi déterminé que Fraldarius ou Félix pendant les négociations. Pourvu que ça dure… »
*
« Et… loupé ! Mais, c’est pas mal, tu t’améliores bien petit ! Cassandra sourit avant de lui demander en le voyant se relever. Tu veux en remettre une ?
– Non, le messager ne va pas tarder, répondit Félix en essayant – et échouant vu la tête de sa partenaire d’entrainement – de cacher son impatience.
Il reposa son épée, récupéra la lettre qu’il devait lui donner pour le courrier en partance pour Fhirdiad et marcha rapidement vers la grande cour d’entrée de la forteresse, traversant les couloirs qu’il connaissait à présent presque sur le bout des doigts. Quand il arriva à destination, il vit un homme aux cheveux et aux yeux verts pierreux, assis dans un fauteuil avec de très grandes roues sur les côtés, en train de lire rouleau qui se déroulait sur ses genoux.
– Théo ! Appela le petit garçon en le voyant lire. Le messager est passé ?!
– Ah ! Félix ! Il lui fit un signe de main, faisant tourner son fauteuil roulant afin de lui faire face. Non, ne t’en fais pas, c’est une lettre du tribunal de Lokris par rapport à une affaire de contrebandier, rien à voir ! Mais tu ne t’entrainais pas avec Cassie ?
– Si mais, il s’est arrêté pour venir récupérer son courrier et en donner au messager histoire d’être sûr de ne pas le rater ! Répondit Cassandra en arrivant à son tour. Pas de mauvaise nouvelle de ton côté ?
– Non rien, juste l’affaire du contrebandier, il va juste avoir deux jours de piloris, des peines d’intérêts généraux pour rembourser et Rufus n’a pas besoin de savoir on va dire. En tout cas, ne t’en fais pas, il n’est pas encore arrivé. Mais on peut attendre tous ensemble si vous voulez, ça passera plus vite.
– Si tu veux, même si j’ai pas beaucoup de temps avant de partir en patrouille, accepta sa sœur en sautant par-dessus la barrière pour le rejoindre plus vite à l’étage en-dessous.
Ils se mirent à discuter tranquillement, Théo parlant de ses affaires à sa sœur. Normalement, c’était tenu au secret mais, comme le disait elle-même Cassandra, ce genre de chose lui rentrait par une oreille et lui sortait par l’autre, alors…
Félix descendit normalement, essayant de ne pas trop les regarder se charrier l’un l’autre… ne pas penser à la boule dans sa gorge, l’envie de faire pareil, chez lui avec son grand frère… de revoir Glenn, même s’il le faisait courir et le taquinait, l’affronter à nouveau dans la cour d’entrainement à Egua, avec Alix qui riait fort et Rodrigue qui souriait, avant qu’ils n’aillent tous se promener sur le bord du lac… il…
« Ça ne sert à rien… ça ne sert à rien de regretter… il ne reviendra jamais… il ne reviendra jamais… je ne devrais même plus y penser à part pour le dépasser… »
Malgré tout, il entendit encore son grand frère l’appeler, lui souriant en faisant de grands signes de main alors qu’il rentrait à la maison, comme il lui avait promis avant de devenir un menteur lui aussi.
« Eh ! Louveteau ! »
Félix essaya de chasser de toutes ses forces l’image de son frère de sa tête, essayant de se raccrocher à la discussion entre Théo et Cassandra, autour de ce jugement de contrebandier.
« …donc, on a utilisé cette loi datant de Sybilles sur les cas de contrebande qui nous autorise à gérer ses affaires au niveau local, avec juste des contacts avec le fief d’où vient ses marchandises, sans devoir le faire remonter à la couronne et à la haute justice… il ajouta en la voyant hocher la tête l’air de rien, un petit sourire taquin aux lèvres. Je parie que tu as tout compris ?
– J’ai compris que c’était compliqué et que tu utilisais la moitié de la bibliothèque dans un procès, tout ça pour éviter qu’un type qui a récupéré du seigle à Daphnel pour le vendre au marché noir ici se fasse décapiter car, Rufus veut la peine de mort pour tous les contrebandiers du Royaume. J’y comprendrais jamais rien à tous ces trucs de juristes, t’as du talent pour deux en la matière.
– Chacun ses talents, que veux-tu… répondit Théo en hochant la tête. Tu es encore plus forte que toute la famille réunie…
Il allait ajouter quelque chose quand le messager arriva enfin. Le groupe de trois lui offrit un verre d’eau et une miche de pain, puis il leur donna le tas de missive. Félix l’échangea tout de suite avec sa propre missive pour Rodrigue, avant d’attraper celle de son père, ainsi que celles de Lambert et Rufus pour Dimitri. Il s’en alla tout aussi vite pour porter ces deux missives à Dimitri, puis pouvoir lire la sienne tranquillement. Le messager sourit en le voyant filer comme un chat dans les escaliers.
– Il les attendait de pied ferme on dirait. Il doit adorer son père.
– Oui, même si c’est le dernier à assumer, répliqua Cassandra en attrapant la lettre de ses tantes et celle de Christophe, tout en priant très fort pour que ce dernier arrête ses conneries.
– Enfin, de ce que ce j’ai vu, ça a l’air d’aller mieux comparé à quand il est arrivé, fit remarquer son petit frère.
– Un peu… j’essaye de lui parler un peu mais bon, il est têtu le gamin… Cassandra ajouta en voyant le regard de son frère. Qu’est-ce qu’il y a Théo ?
– J’allais rien dire, à part que niveau têtu, vous vous êtes sans doute bien trouver tous les deux Cassie, rétorqua-t-il avec un sourire, avant de dire sur un ton plus sérieux. Enfin, je pense que tu pourrais tenter de discuter avec lui. Vous avez l’air de vous ressembler un peu tous les deux j’ai l’impression, et t’es la seule à qui il adresse plus la parole dans la famille en dehors du petit Dimitri, Dedue et Sasiama, et encore pour ces deux petits vu qu’ils se comprennent à peine. S’il doit écouter quelqu’un, ce serait plus toi alors bon…
– T’as pas tort… je suis moins sûre que toi qu’il m’écoute un jour mais bon, qui ne tente rien n’a rien… »
*
« …l’assemblée a donc voté. Les décisions que le thing prend vis-à-vis de Faerghus devront être suivi par tous les reines et rois de Sreng, avec ou sans yeux. Toutes initiatives contraires à ces décisions rendront leurs responsables irrespectables, et ils devront en subir les conséquences, que ce soit vis-à-vis de leur peuple ou des autres royaumes. Gautier doit également s’engager à respecter ses décisions mais, son roi n’aura pas le droit d’intervenir en cas d’irrespect de celle-ci, sauf si elles visent le royaume qu’il dirige. Cependant, ce territoire aura le droit de dénoncer les initiatives contraires à ce qui a et sera décidé pendant ce thing, et aura également le droit de traiter les irrespectables avec tout le respect qu’ils méritent. Il s’engage également à ne pas s’en prendre à tout royaume respectable qui ne les aura pas frappés les premiers. Ces décisions ont été prises sous le regard de Tyr, d’Odin et du Bavard. Moi, Otkatla la Modérée, reine ayant renoncé à mon pouvoir quand la vieillesse frappa à ma porte, qui ait l’honneur de présider et d’arbitrer ce Grand Thing d’envergure, demande donc à toutes les personnes présentes de jurer de respecter cette décision, autant eux-mêmes que leur peuple et futurs dirigeants.
Tout le monde tira son arme et la pointa vers le ciel en criant ensemble, les voix résonnant comme un écho dans la plaine noire de monde.
– Par Tyr, Odin et le Bavard, en ce jour, nous jurons !
Sylvain reposa sa lance en même temps que les autres, n’ajoutant pas Sothis à la liste pour ne pas agiter la foule. Vigile allait encore le reprendre à ce sujet mais, c’était peut-être la Déesse du Destin pour les srengs, c’était aussi celle ayant le pouvoir de le briser et de le modifier alors, ce n’était pas une déesse devant laquelle on jurait. Cela faisait déjà trois jours que l’assemblée s’était organisé et débattait sans cesse et pour le moment, le jeune homme s’estimait plutôt chanceux…
Déjà, il avait gagné le droit de siéger avec les rois, pas avec les rois sans yeux, ce qui lui facilitait la tâche. Il avait dû faire valoir les traditions de Faerghus, le lien de vassalité sans trop s’y appesantir, rappeler que c’était une préparation à une réunion avec le roi Lambert donc, ce serait bête de ne pas commencer à débattre directement avec son représentant plutôt que de passer par l’intermédiaire des rois sans yeux qui s’exprimait en leur nom, qu’il était là pour défendre les intérêts de son peuple avant tout… bref, il avait dû sortir tous ses arguments pour se faire accepter au vote à cette table… et il avait dû vaincre cinq rois et reines sans yeux qui lui disputaient sa place en duel de force et de rhétorique… encore heureux, même si ces souverains étaient très forts au combat, ils étaient nuls en débat alors, combattre et débattre en même temps, encore plus… alors, Sylvain avait eu une place en bout de table. Pas la meilleure mais, il aurait au moins une voix à lui.
En plus, Thorgil le soutenait très peu, elle jouait son propre jeu avec ses propres intérêts pour son royaume mais, il l’en remerciait dans le fond. S’il se reposait trop sur sa tante, personne ne respecterait ce qu’il avançait, il serait juste le neveu de Thorgil le Kaenn, pas Sylvain José Isidorsson Gautier, représentant de Gautier défendant les intérêts de Faerghus au Grand Thing de Sreng. C’était déjà assez difficile de s’appeler Gautier et d’avoir un emblème en Sreng, pas la peine d’avoir plus d’handicap comme ça… au moins, on l’appelait « le Métis », pas « l’Enfant de Cannibale », c’était pas mal.
Otkatla demanda le silence avant de reprendre, s’appuyant sur sa canne avec son vieux corbeau sur son épaule.
– Nous en avons donc fini avec ce sujet. Les prochains débats tourneront sur la respectabilité de Faerghus et de ses dirigeants après le massacre de Duscur. Lors du premier débat où nous avons décidé des sujets de discussion de ce thing, plusieurs d’entre nous ont soulevé le fait que le cas du roi Lambert Ludovicosson devrait être traité à part de celui de son royaume. Nous allons donc le décider au vote. Si cela est adopté, nous traiterons de la marche à suivre avec Lambert en premier, puis avec le Royaume en général. Nous commençons par une pause afin que vous puissiez débattre entre conseillers et roi de votre position. La séance reprendra quand le sable du sablier sera écoulé. Vous pouvez disposer.
Tout le monde remercia l’arbitre avant de se disperser. Sylvain fila avec sa mère et Vigile dans sa tante, se laissant tomber sur son lit de camp pour souffler un coup.
« Tu t’en es bien sorti, déclara Fregn en lui tendant un verre d’eau, avant d’en remplir deux autres.
– J’aurais des réserves sur plusieurs points et manière d’obtenir des concessions mais, il faut reconnaitre que dans notre position, nous ne pouvons guère espérer mieux, admit Vigile.
– Merci maman, le jeune homme descendit son verre d’une traite, la gorge sèche à force de négocier. Par contre, ça va être raide de négocier la prochaine…
– Oui. Il va falloir leur faire comprendre que le roi est indissociable du Royaume alors, nous devons nous opposer à ceux qui voudraient les traiter les deux différemment, déclara Vigile.
Sylvain ne put s’empêcher de faire une grimace, admettant à l’homme de son père.
– Je pensais plutôt encourager le fait de les dissocier. Je pense qu’on pénaliserait le Royaume si les deux étaient trop fortement associés dans l’esprit des srengs. Cela donnerait l’impression que le Royaume est comme un seul homme derrière cette décision, et cacherait les divisions internes, qui pourront sans doute nous sauver la mise.
– Je suis d’accord avec Sylvain, le soutient Fregn de son ton neutre. Aucun sreng de toute l’assemblée ne doit avoir de respect pour Lambert, pas après avoir entrainé son peuple dans une expédition pareille. Les discussions autour de lui vont sans doute se concentrer sur à quel point il est respectable ou non et comment agir selon son absence de respectabilité. Déjà que pour la plupart d’entre nous, c’est incompréhensible que personne n’ait tenté de le renverser après une décision pareille, ce serait se tirer une flèche dans le pied d’en plus leur faire croire à un royaume uni derrière son roi.
– Je comprends ce point de vue mais, nous devons également montré que nous sommes unis sinon, les rois sans yeux en profiteront surement. Si nous commençons à faire la concession que le roi et le royaume sont différents, nous commençons à instiller l’idée que comme eux, nous pouvons changer de roi sur un coup de sang. De plus, ce serait également dangereux pour nous-mêmes si nous commencions à faire cette distinction. On pourrait nous accuser de trahison en ne défendant pas le fait que le roi unit le Royaume sur lequel il règne naturellement. Le roi représente le Royaume uni derrière, est sa tête et son ciment qui donne l’exemple sur la marche à suivre. Nier ce lien pourrait être remettre en question le droit naturel de la famille royale d’être cette tête, surtout après tous les travaux de Sa Majesté Ludovic. Il était élaboré contre son père qui était un tyran, puis à cause de la tuberculose qui lui a rongé les sens et l’esprit mais, il a porté avec force l’idée d’une monarchie élective pratiquement à la sreng. Dans la situation actuelle, certaines âmes malveillantes pourraient s’en servir afin de créer encore plus de troubles à Faerghus…
Sylvain réfléchit un peu, pesant le pour et le contre. Dans les deux cas, ils étaient coincés… soit il défendait que le roi faisait corps avec le Royaume, ce qui serait mieux pour lui et conviendrait à la vision faerghienne des choses, mais les srengs n’allaient pas les louper et perdre tout ce qui leur restait de respect pour Faerghus à cause de Lambert. Soit il défendait que le roi était bien séparé de la nation, ce qui ne pourrait que l’avantager avec les srengs, ils pourraient concentrer leur mépris sur Lambert – qui était celui qui avait envoyé tout le monde à l’abattoir en préparant tout à la dernière minute – et Faerghus pourrait même être considéré comme une victime ce qui les arrangeraient bien. Les srengs n’achevaient pas les personnes à terre si elles étaient respectables, cela faisait partie de leur code d’honneur. Assassiner quelqu’un de dangereux et se servir de l’espionnage pour saboter une ville afin de faciliter un vol de bled, pas de problème mais, quelqu’un d’inoffensif et déjà mal en point, non, sauf vraiment situation désespérée pour récupérer de la nourriture. Faerghus n’avait plus de blé et tout le monde là-bas savait ce que c’était de voir ses gosses mourir de faim, cela devrait les calmer un peu, à condition que Faerghus soit respectable. Cela lui semblait la meilleure option mais d’un autre côté, aux vues des dernières nouvelles au sujet de Rufus, Sylvain pourrait jouer sa tête en séparant le roi et le royaume…
Dans les deux cas, ils étaient dans la merde… c’était juste pas les mêmes personnes qui y étaient… sauf que bon, il préférait tirer le Royaume de cette merde que de sauver la face de ce type…
« Le pire, c’est que je le voie bien dire « mais ne vous en faites pas, on va se mettre d’accord, tout va bien se passer et tout le monde sera content ! » s’il était à ma place… mais bien sûr… la dernière fois, ça s’est tellement bien passé que Dimitri a failli y passer… et tout le monde est resté sur le carreau… le Lambert dit ça ici et c’est bon, c’est mort, fin de thing, on a des raids tous les jours dans tout le Royaume dès demain… »
Il était en train de ruminer quand la cloche annonçant la reprise des négociations. Bon et bien… quand il fallait y aller, il fallait y aller.
Sylvain serra son porte-bonheur dans sa main, l’accrochant à son poignet, cherchant peut-être de la détermination dans l’écaille gorgée de la magie du Brave de la Persévérance, puis alla reprendre sa place. Otkatla donna un coup de canne afin de marquer le début de l’assemblée avant de rappeler.
« Le débat qui va nous occuper à présent est le suivant : devons-nous considérer le Royaume comme indissociable de son roi, ou alors considérez que ce sont deux entités séparées ? Si cette deuxième option est retenue, nous aborderons le cas du roi Lambert, puis celui du Royaume dans cet ordre. Nous allons à présent tirer au sort le nom de celui qui commencera à parler…
– Un instant La Modérée. J’ai une proposition à soumettre à l’assemblée pour le début de ses débats.
Toute l’assemblée se tourna d’un seul homme vers Thorgil qui avait levé la main, un sourire illisible aux lèvres, ses yeux perçant poser devant elle sans fixer personne, tout en donnant l’impression qu’elle regardait tout le monde, presque nonchalante. Sylvain se souvenait que Fregn avait appris à sa petite sœur comment faire pour que personne ne sache ce qu’elle pensait, et l’élève égalait le maitre dans ce genre de situation… Otkatla reprit la parole, l’autorisant à parler sans souci.
– Merci La Modérée. Voyez-vous, dans cette question, nous avons sans doute tous une idée préconçue de la situation faerghienne. Nous savons comment ils fonctionnent donc, nous projetons ce que nous pensons d’eux, en bien comme en mal. Cependant, les choses sont souvent bien plus complexes qu’il n’y parait. Il me semble donc plus approprié que des personnes ayant vécu les mois de préparation exposent leur point de vue les premiers. Nous avons même un témoin de choix, Sylvain le Métis, qui est même un membre d’une grande famille du Royaume. Cela me semble donc approprié de le laisser parler le premier pour nous exposer la situation dans le Royaume, et dans quel état d’esprit il était.
Bon, d’accord, Thorgil commençait fort ! À tous les coups, elle voulait voir comment il se débrouillait, et surtout de quel côté il allait plaider. Aux vues des réactions de Fregn, sa petite sœur était sans doute aussi d’avis que Lambert était digne de tout son mépris… bref, ce qui était le plus raisonnable à faire en fait… soit elle voulait voir si Sylvain restait fidèle jusqu’au bout à la manière de pensée faerghienne, soit elle voulait voir s’il agissait selon ce qui était le plus défendable devant les srengs et s’il savait s’adapter… et lui qui se trouvait déjà dans la merde…
« Enfin, si je m’en sors, je pourrais gagner le respect de tous et avancer plus facilement mes arguments… Thorgil me lance un défi et elle essaye surement de voir si je le relève ou si je me dégonfle. Bon, il va falloir y aller au culot on dirait. »
– Hum… cela me semble correct, admit l’arbitre. Bien, que tous ceux qui sont pour que Sylvain le Métis parle en premier lève la main. Vous avez une minute.
Sylvain fut dans les premiers à voter pour, tenant son porte-bonheur de l’autre pour se donner du courage. Les autres rois srengs le jaugèrent du regard, aussi indéchiffrable que sa tante, avant de lever la main à leur tour. Elle n’était clairement pas toute seule à vouloir le défier.
À la fin de la minute, Otkatla et ses assistances comptèrent le nombre de voix.
– Sur vingt-trois rois clairvoyants, on a donc dix-sept pour que Sylvain le Métis s’exprime le premier, dont Sylvain le Métis lui-même. Du côté des trente-trois rois sans yeux, on a dix-huit pour, ce qui revient à neuf voix. Cela fait donc vingt-six voix sur trente-neuf. La proposition de Thorgil le Kaenn est donc accepté. Sylvain le Métis, la parole est à vous. Expliquez-nous dans quelles circonstances ce voyage a été décidé, cela me semble un bon début. Comme toujours, les questions sont autorisées pendant les prises de paroles, sauf quand celui qui a la parole boit afin de respecter son répit.
– Merci La Modérée, la remercia-t-il tout en commençant solennellement. Ce voyage à Duscur avait avant tout une portée diplomatique. Un tout petit seigneur de la frontière avec le peuple aux mains habiles, Kleiman, l’a attaqué afin d’agrandir son territoire, alors que son territoire ne connaissait pas la faim. En plus de violer les traités et les accords avec eux, ce seigneur sans yeux a tué plusieurs de leurs frères et sœurs de tout âge alors, cela a provoqué la colère de leurs chefs. Tout ceci est donc remonter à notre roi.
– Les fodlans chevaliers sont vraiment alambiqués… pourquoi demander à quelqu’un qui n’a rien à voir ? Demanda une des reines face à lui, une qui avait failli se retrouver avec les rois sans yeux. C’est ce Kleiman qui a tué et commencé à attaquer pour une raison stupide. Pourquoi ne pas le laisser payer seul pour son crime ?
– C’est ce qui était prévu. Kleiman devait effectivement passer devant le tribunal après une enquête menée par la justice royale. Et je comprends que cela peut vous sembler étrange mais, Kleiman étant un seigneur du Royaume, il a rendu hommage à notre roi, il est donc son vassal. Par ce serment, il lui doit donc obéissance, fidélité et assistance, dont l’assistance militaire ou le conseil, mais en contrepartie de ce dévouement, le seigneur a les mêmes devoirs envers son vassal, soit obéissance, fidélité et assistance, » expliqua-t-il en parlant de la fidélité vassalique plutôt que des fiefs, les srengs n’auraient pas pris au sérieux l’histoire que quelqu’un tenait la terre où il vivait depuis des générations de quelqu’un d’autre. « Il doit notamment protéger son vassal et est aussi responsable de ses actes car, il ne l’aura pas empêcher de mal agir par ses mots ou sa force. J’ajouterais que contrairement à la situation avec les royaumes des navigateurs, nous étions en paix avec Duscur, grâce à des traités qu’avait signé la famille royale avec Duscur il y a à présent quatre cents ans. Les vassaux devaient donc également les respecter, ce qui ajoutaient une autre raison à ce que la famille royale prenne en charge cette affaire.
– Donc, quand un seigneur se retrouve être un sans yeux, vous devez nettoyer derrière lui, en plus de devoir le supporter par obligation car, les couronnes sont dans le sang chez vous, fit observer une autre reine, bien plus importante cette fois, même si ce n’était pas encore au niveau de Thorgil qui restait la personne la plus puissante ici.
– D’où l’intérêt du lien vassalique. Si un vassal se comporte mal, ou si un seigneur bafoue son vassal, il est du devoir du suzerain, le roi, de venir régler la situation. On peut rapprocher cette règle aux liens de respectabilité. Personne ici n’irait contrarier ou se rendre irrespectable aux yeux de quelqu’un de plus puissant que lui ? Le lien vassalique est encore différent mais, il peut rapprocher de cette hiérarchie qui existe entre les rois des navigateurs du Midgard, en plus formalisé peut-être. Le premier devoir du roi est celui de faire régner la justice en son Royaume. Il est donc logique qu’en cas de seigneur sans yeux, c’est à lui d’intervenir. Dans le même ordre d’idée, c’est pour cela qu’il a décidé d’agir lui-même afin de ramener la paix et donc la justice sur ses terres. Le roi Lambert a même personnellement pris à cœur cette affaire. Il a notamment organisé tout le déroulement de ce voyage auquel il participait lui-même… pour le meilleur comme pour le pire, j’en conviens. Il est cependant dans les droits et devoirs du roi de défendre les intérêts du Royaume, et ce de la manière dont il le pense juste. Le conseil a donc dû obéir bon gré mal gré à ses ordres et se mettre à organiser ce voyage en Duscur en deux lunes.
Sylvain vit la reine hocher la tête, se gardant une seconde pour boire une gorgée d’eau, la gorge un peu sèche à force de parler. Ce n’était pas très glorieux comme argumentation mais, il espérait que les srengs comprendraient au moins le chemin de pensée des faerghiens dans cette histoire, ça pourrait amener les gens à comprendre pourquoi ils avaient agi ainsi… et au cas où, il avait quand même mis quelques piques, afin de montrer qu’ils étaient lucides… le jeune homme n’aimait pas trop cet angle d’attaque, le fait de dire que Lambert avait tenté de résoudre le problème et pas en créer encore plus, même si cela avait provoqué l’inverse… cela respectait la vision faerghienne, et c’était vraiment comme ça que cela fonctionnait en gros et en restant le plus neutre que possible, sauf que…
– Sauf que ce système est mis à bas en cas de roi sans yeux.
Sylvain se tourna vers Thorgil, cette dernière le regardant toujours en souriant, plantant ses yeux dans les siens comme pour lire en lui comme dans un livre. Elle n’avait pas dû apprécier un point de son argumentation ou alors, c’était de nouveau un test sur s’il arrivait à relever son défi. Elle continua sur un ton nonchalant, comme si rien ne pouvait troubler son calme.
– Tout ceci est bien joli mais, regarde donc la situation. Le roi de Faerghus est censé être celui qui assure la justice mais, il a également été injuste en décidant comment se déroulerait ce voyage. Dans votre respect envers une couronne qui coule dans les veines plutôt qu’obtenu par reconnaissance des compétences, un homme seul a pu décider seul d’emmener un grand nombre de personne dans ce voyage qui, tu l’as souligné toi-même, a été préparé dans la précipitation et personne ne l’a arrêté. Une grande partie d’entre nous sait pourtant de première main que des seigneurs de talent travaillent à ses côtés mais, pour la malchance d’être né dans la mauvaise famille et pas dans le bon ordre avec le bon emblème, ils doivent s’abaisser à respecter les décisions d’un roi sans yeux, quelle humiliation… où étaient-ils donc quand Lambert Ludovicosson a décidé d’envoyer autant des vôtres dans une mission aussi dangereuse ?
Sylvain comprit alors où voulait en venir le Kaenn. Plus qu’un défi, elle lui ordonnait de choisir un camp : défendre Lambert malgré le fait que ce soit une cause perdue, ou le critiquer pour ses actions et être contre lui. Que ce sujet de débat ne serve qu’à cela qu’il ne serait même plus étonné à présent.
Le jeune homme sentit le regard de Vigile sur son épaule, le perçant lui aussi, lui rappela son père malgré l’angoisse et l’incertitude qu’il devinait à l’intérieur… Isidore lui dirait surement d’envoyer les srengs à Némésis et de défendre jusqu’au bout le fait que Lambert était indissociable du Royaume et l’unité de leur pays… cependant…
« Je fais ça… c’est fini pour nous… personne ne peut respecter un homme qui envoie ses propres fidèles à la mort par inconscience. »
Sylvain prit donc sa décision :
– Cela est en effet un problème. Bien que son souci de la justice ne soit pas à remettre en question, Lambert Ludovicosson doit être critiquer pour sa vision naïve. Il pense notamment pouvoir toujours arriver à arranger les affaires de tout le monde, ce qui, comme tu en doutes le Kaenn, ne marche pratiquement jamais. Nous pouvons remercier les Dieux que les conseillers qui l’entourent habituellement compensent cette naïveté, même s’il a refusé de les écouter cette fois-ci. Cependant, l’opposition était grande. Les seigneurs clairvoyants que tu évoquais à l’instant se sont tous dressé contre ce projet, ont pesé de toutes leurs forces afin de limiter un maximum les dégâts. Ils auraient laissé le roi faire, il serait sans doute parti sans aucune préparation, même la plus élémentaire comme la mise en place du rationnement des vivres. Nous devons beaucoup au travail exceptionnel des deux Loups Inséparables, la Grande Famille et leurs proches, qui ont réussi l’exploit de limiter les dégâts et à organiser une expédition qui, si elle n’avait pas été attaqué, aurait pu accomplir son but. Et même en dehors des grands, les petits seigneurs ont également tout fait éviter que leurs sujets partent à Duscur, tout comme les roturiers qui ont refusé de s’y rendre.
« Que Lambert et ses idées de merde aillent se faire dévorer par Hati et Sköll. Hors de question d’associer Faerghus à ce roi sans yeux. »
– Alors pourquoi ne pas l’avoir renversé s’il est l’un des nôtres ? Fit remonter l’intermédiaire des rois sans yeux.
– Je sais qu’à des yeux de navigateurs de Midgard, il est incompréhensible que personne n’ait tenté de le renverser. Cependant, le temps pour agir était très court, à peine deux lunes. Malgré le fait que presque tous anticipaient que ce voyage serait un échec, certains jouaient leurs propres cartes en pariant sur cet échec. Une fois que la voie diplomatique aurait échoué, des opportunistes – que la honte des hommes et la honte des dieux ne renierait pas – aurait profité des tensions qui s’accentuaient de jour en jour, pour lancer une offensive contre Duscur afin de leur voler terres, mines et richesses. Ces personnes ont donc fait très attention à devenir proche du roi et à le soutenir et évidemment, son manque de clairvoyance l’a poussé à s’enfoncer dans ces mauvaises décisions. Ses proches les plus intimes étaient contre mais, tant qu’il avait cette certitude entretenue par ces opportunistes, il continuait à s’obstiner dans l’erreur.
– Donc en plus d’être aveugle aux réalités, il a également rejeté les bons conseils que ses propres proches lui ont adressé ? Marmonna un roi à côté de lui.
– Oui, il s’est laissé aveuglé par ce que lui voulait en dépit du bon sens. De plus, j’ajouterais qu’il avait chargé les personnes les plus opposés à ce voyage de tout organiser. Non pas par calcul ou cruauté du roi d’obliger les opposants à préparer eux-mêmes le bateau funéraire de leurs proches mais, juste par confiance envers ces personnes, même si nous sommes d’accord pour dire que c’est une décision assez discutable.
– En effet… gronda encore son voisin. C’est comme forcé quelqu’un à préparer les offrandes funéraires pour toute sa famille, le tout en disant que c’est pour son bien avec un sourire. Quelle humiliation… mais personne ne s’est révolté ?
– Justement. Ils auraient pu partir et abandonner leur poste mais, s’ils le faisaient, cela revenait à trahir le roi et les condamnait tous à mort. Selon la loi, ils n’auraient respecté leur serment d’assistance envers leur seigneur, et il s’agit d’un crime puni de mort. Cela aurait également entrainé des représailles de la part des opportunistes et amené la guerre sur leurs terres, alors que leurs sujets étaient déjà mis plus à contribution qu’à l’ordinaire. Les opportunistes auraient pu en profiter pour leur voler les terres où ils vivaient depuis des générations, jusqu’à même leurs propres enfants.
– On peut voler les enfants de quelqu’un juste parce qu’il n’est pas d’accord avec le roi ?! S’étrangla encore une autre reine. Ce ne sont pourtant pas des criminels !
– Pour vous, oui, c’est normal de tenter d’arracher le pouvoir à quelqu’un qui s’en est montré indigne et irrespectable. Cependant, pour nous où le pouvoir est détenu par une seule famille, celle qui a dirigé la rébellion qui a mené à l’indépendance, qui sont considéré comme des personnes missionnées par Celle qui réécrit le Destin afin d’être roi. Il est donc inenvisageable de tenter de lui ravir la couronne, même si c’est assez contradictoire. Quelqu’un qui tente de se révolter contre la famille royale, même s’il a de bonnes raisons, est un traitre à la nation et donc un criminel. La justice peut donc arracher leurs enfants à leur famille afin qu’elle ne leur enseigne pas la trahison.
– Hum… je comprends. C’est horrible mais, cela se comprend d’un point de vue pragmatique de faerghien…
– Enfin, l’organisation de ce voyage aurait donc échu à ces mêmes opportunistes. Ils auraient alors sans doute saboté le voyage afin que tout se passe mal, quitte à menacer tous ceux y participant, notamment les roturiers dont ils n’ont que peu faire. Ils étaient donc piégés entres plusieurs maux et devaient arbitrer entre tout ceci pour s’en sortir. Ils ont donc choisi de rester auprès du roi et de préparer au mieux ce voyage, afin qu’il soit plus sûr pour les membres du convoi, tout en faisant tout pour tenter de faire changer Lambert Ludovicosson d’avis. Cette position d’organisateur leur permettait d’être près du roi et de tenter de l’influencer. Cela a échoué mais, ils ont tout fait pour lui faire revoir sa position. Le Royaume désapprouvait ce voyage dans sa grande majorité, et il a lutté contre de toutes les forces et avec toutes les ressources à sa disposition. Cependant… il soupira sans cacher sa propre exaspération et désapprobation. Les Ases et les Vanes l’en maudissent, cela n’a pas suffi à ce roi sans yeux pour changer d’avis.
Sylvain ignora le regard de Vigile sur sa nuque. Évidemment, il désapprouvait mais, il était assez intelligent pour savoir que c’était une mauvaise idée de le contredire en public, surtout dans un moment pareil. Au moins, la vérité était dite, et cela montrait clairement sa position.
Lambert était un roi sans yeux et méritait d’être traité comme tel après ce qu’il avait osé faire à son propre Royaume.
Les différents souverains des navigateurs de Midgard s’étaient mis à discuter entre eux pendant plusieurs minutes, installant un petit brouhaha. Sylvain fut de nouveau questionné sur ses opinions et répondit en défendant avec force sa position, faisant tout pour faire comprendre que Faerghus n’était pas un bloc uni derrière le roi, mettant en avant les divisions et toutes les tentatives pour empêcher la catastrophe, ainsi que les efforts pour l’atténuer si le voyage arrivait quand même. Cela dura un peu avant que Thorgil ne reprenne la parole devant tous, le silence s’installant pour l’écouter.
– Alors, il n’y a pas à débattre plus selon moi. Qu’en pensez-vous Otkatla ?
– C’est aussi à l’assemblée de décider. Qui veut passer aux votes ?
Tous les rois clairvoyants et les sans yeux votèrent pour passer au vote. On posa les termes du vote qui fut secret, les assistants distribuant des tablettes de cire avec un stylet. Sylvain nota sans hésité sa propre opinion, accrocha les deux petites plaquettes, puis la mit dans la boite des votes. On mélangea le tout afin de ne pas reconnaitre les votes les uns des autres, puis l’arbitre commença à dépouiller les tablettes.
Sylvain se retrouva à serrer comme pas possible son porte-bonheur, espérant qu’il soit arrivé à les faire changer d’avis, ou au moins à leur tirer de la tête l’idée que tout le monde était uni derrière Lambert, regardant nerveusement les deux piles des votes s’élever en même temps.
Puis après plusieurs minutes et deux recomptages, Otkatla la Modérée déclara solennellement, au grand soulagement des faerghiens.
– L’assemblée s’est donc exprimée. Sur trente-neuf voix, dix-neuf sont pour que le cas du roi Lambert Ludovicosson soit traité séparément de celui du Royaume en général. Quatre se sont abstenus. Seize sont pour que nous traitions les deux en même temps. Le cours de l’assemblée sera donc le suivant, nous traiterons donc de la marche à suivre avec le roi Lambert Ludovicosson, puis de la considération que nous accorderons à Faerghus en général…
– Un instant !
Une reine leva sa hache avant de donner un coup sur sa table avec son manche, réclamant la parole. Elle grimpa alors dessus en déclarant.
– L’assemblée a tranché mais, la majorité n’a été franchi que par une voie, et quatre d’entre nous se sont abstenus. Avec leurs voies, ils auraient pu faire pencher le vote de l’autre côté. Il est donc dans mon droit de défier celui qui porte le plus la proposition en duel, afin de voir si ses épaules sont assez solides pour porter un choix aussi important ! Alors, Sylvain le Métis, bats-toi pour prouver ta valeur !
Sylvain n’eut pas vraiment le choix, refuser serait perçu comme abandon de sa part, ce qui entrainerait un autre vote et là, il était sûr de perdre la majorité. Il empoigna sa propre lance, monta aussi sur la table de pierre et répondit.
– J’accepte de relever ton défi !
Ils sautèrent alors tous les deux au centre des tables, se défiant du regard, alors qu’Otkatla ne disait rien, approuvant silencieusement. La reine, Kria la Fougueuse, prit une seconde pour le jauger, avant de commencer les hostilités avec ses mots.
– Un Gautier hein… pour un fils de dévoreur de cadavres, tu utilises bien ta langue. Essaye de ne pas la souiller, c’est celle du Bavard que vous avez dévoré, vous et votre emblème monstrueux.
Elle s’élança alors, donnant le premier coup que Sylvain esquiva en rétorquant.
– Quand on a une telle abomination dans la famille, il est bien normal de vouloir s’en éloigner. Je n’ai pas envie de ressembler à quelqu’un qui dévore les autres pour devenir plus fort ! Pour défendre mon peuple, je peux agir moi-même !
Il se demanda à lui-même où il avait trouvé une telle confiance en ses propres capacités… c’était surement parce que tout ce qu’il avait fait ces derniers jours, toutes les négociations faites avec les srengs, il les avait faites sans que ce soit son emblème ne soit rentré dans l’équation. C’était une des rares fois de sa vie que Miklan n’était pas derrière lui pour dire que tout ce qu’il accomplissait, c’était grâce à son emblème, ou son père qui lui disait que ce n’était jamais assez bien pour un Gautier. Non, ici, être un Gautier à emblème était un désavantage et malgré tout, il s’en sortait. Sa mère l’encourageait toujours, et il arrivait même à impressionner Vigile… c’était peut-être pour ça.
– Comme c’est adorable, tu peux te débrouiller tout seul comme un grand avec ton sang et ta lignée maudite. Même si on peut se demander ce que tu es le Métis. Tu affirmes être des faerghiens mais… elle lança sa hache sur lui, Sylvain la parant avant qu’elle ne le touche. Mais d’un autre côté, tu sembles penser de notre manière. Quel fodlan ne suivrait pas son chef aveuglément ? Il n’y a que ceux qui commercent tout le temps qui réfléchissent plus à ça mais, c’est parce qu’ils ont plusieurs chefs !
– Sauf que pour nous, on les hérite selon ce que les Nornir ont filé sous la houlette de Sothis, aussi aléatoire et injuste soit-il. On les élirait, on ne serait pas assez idiots pour choisir des rois sans yeux, contrairement à certains, tacla-t-il à son tour, sachant que le coup des fodlans qui suivaient leur chef comme des moutons leur berger était une provocation. En quatre cents ans, jamais personne n’a encore réussi à les faire tomber de leur trône étant donné que tout le monde accepte que c’est le roi. Le seul qui est tombé de son trône, c’est quand son propre fils l’a renversé. Nous ne sommes pas du genre à renverser nos rois mais, notre royaume est toujours resté entier, la tête haute jusqu’à présent, et les navigateurs de Midgard sont bien placé pour le savoir !
Il la fit reculer d’un coup de lance qui failli la toucher en plein ventre. Même avec une lame en bois, cela aurait fait très mal mais bon, aucun des deux n’étaient là pour laisser une chance à l’adversaire.
– Et pour ta première attaque, je suis les deux. J’ai grandi à Faerghus avec des amis faerghien, mais aussi avec ma mère qui m’a élevé comme un sreng. Je pense donc un peu comme les deux.
– Donc, tu trahis les deux, tu ne peux pas satisfaire les deux côtés en défendant à la fois ton roi et ton peuple ! Soit l’un est l’autre ne sont qu’un et sont donc méprisable, soit l’un est séparé de l’autre avec un roi sans yeux et un peuple à terre !
Cette fois, elle arriva à lui assener un gros coup en plein dans les côtes. Ça faisait mal ! Mais il serra les dents. Sylvain devait gagner ce duel ! Il le fallait ! Il profita alors de sa proximité et de sa plus grande taille pour frapper violemment son front contre le sien, la sonnant un peu alors que lui était habitué à ce recevoir des coups en pleine tête.
– C’est pour ça que j’ai choisi de défendre le plus important ! Le peuple tout entier de Faerghus est plus important que sauver un roi des conséquences de ses actes !
Il profita de sa désorientation pour lui donner un grand coup avec le talon de sa lance en plein ventre, la faisant vaciller. Kria se rattrapa in extremis avec le « fer » de sa hache, ne tombant pas au sol comme il aurait préféré que cela se fasse, signant sa victoire sur son adversaire. Cependant, au lieu d’attaquer à nouveau, elle se redressa, tapa son arme et le regarda dans ses yeux. Sylvain se tendit, l’angoisse nouant ses tripes, craignant d’avoir perdu le duel avec une mauvaise rhétorique. Non ! Surtout pas !
Cependant, la reine Kria hocha la tête en déclarant simplement.
– J’ai eu ma réponse, ce duel est donc terminé. Merci pour cet affrontement Sylvain le Renard.
Et elle repartit à sa place aussi simplement qu’elle l’avait défié, une fois qu’ils se furent tous les deux saluer.
Comme le voulait les règles du thing, on refit un vote pour voir si les opinions avaient changé à cause du duel.
Sylvain ne put que pousser un long soupir de soulagement, quand Otkatla annonça qu’il y avait à présent vingt-huit personnes pour traiter le cas de Lambert séparément de celui de Faerghus.
De son côté, Thorgil souriait toujours, songeant simplement en continuant les débats, alors que le nouveau surnom de son neveu s’imposait à la place du précédent.
« Le Renard… ça lui va mieux… et dans le bon gélinier si on se débrouille bien. »
*
Avec les jours, Rodrigue avait pris l’habitude de continuer à travailler debout devant la porte. Cela faisait du bien à son dos de se lever un peu, il avançait tout aussi vite en lisant des rapports dans l’entrebâillement de la porte, notant le brouillon de ses ordres sur une tablette dure, et surtout, il pouvait voir arriver plus vite le messager, attendant avec impatience les missives de sa famille. Celui qui s’occupait du courrier avait même pris l’habitude de venir le voir en premier, en brandissant les lettres de Félix et d’Alix. Sa somme de travail ne faisait que grandir mais, ces nouvelles étaient comme une bouffée d’air frais… même la magie accumulée en lui semblait moins douloureuse après les avoir lu… même si les nouvelles n’étaient pas souvent bonnes, cela lui faisait tellement bien de juste les sentir plus proche.
L’homme écrivait son brouillon de réponse à une requête du domaine royale, quand le messager en annonçant.
« Courrier Vôtre Grâce ! Et c’est la grande arrivée, on a une lettre de votre fils et une personnelle de votre frère en plus de sa missive officielle !
– Ah ! Merci beaucoup, sourit-il en récupérant son courrier.
– Et les missives barbantes en plus, ajouta-t-il en lui tendant un gros paquet de lettres cachetées de manière officielle. En tout cas, ça fait plaisir de vous voir sourire comme ça. Vous n’étiez pas très en forme ces derniers temps mais, depuis quelques jours, ça a l’air d’aller mieux.
– C’est que j’ai à nouveau des nouvelles de mon fils. Il ne m’avait rien envoyé au départ mais, il m’en envoie à chaque courrier à présent alors, ça me rassure.
– Aaahhh… je comprends, on est pareil, mais c’est mes parents qui sont restés au village pendant que je tentais ma chance à la capitale. Ils ont du mal à tenir une plume mais, ils font toujours un effort pour m’écrire dès qu’ils peuvent. C’est compliqué en ce moment avec la vie qui est de plus en plus cher mais, ils m’ont envoyé une lettre gravée sur du bois ! ça fait toujours du bien d’avoir des nouvelles des gens qu’on aime !
– Je ne peux pas être plus d’accord avec vous, confirma-t-il avant de lui souhaiter. Bon courage pour la suite de votre tournée.
– Merci, et que la Déesse vous garde !
Rodrigue profita de l’arrivée de son propre courrier pour prendre sa pause de ces derniers jours, afin de lire les dernières nouvelles de sa famille. Il ne s’arrêtait jamais à part pour les missives de sa famille, cela ne le ralentirait pas trop.
Il était tellement heureux de leur arrivée qu’il ne remarqua pas le regard de Rufus braqué sur lui, froid et mécontent. Il préférait quand Rodrigue était sur le point de s’effondrer, l’épuisement qui le gagnait petit à petit l’handicapait pour faire son travail et il aurait bientôt pu le chasser, même si c’était savoureux de le voir galérer. Mais quelques lettres de son fiston et boom, le voilà repartit avec de l’énergie à revendre ! Même assez pour perdre son temps à discuter avec les domestiques ! Lambert aussi le voyait, alors qu’il n’avait pas retrouver la moitié de ses sens car, cette maudite lance semblait rechigner à le soigner. C’était d’un énervant ! Il voyait presque Ludovic vanté sa résistance, tout en étant trop compréhensif avec le fils de Guillaume et Aliénor, parce que c’était le fils de Guillaume et Aliénor, tout en étant dur à en crever avec ses propres enfants.
« Tout ça à cause des lettres de son gamin et de l’autre enragé… »
L’homme n’eut pas à y réfléchir deux fois avant de savoir ce qu’il devait faire pour le voir ramper à nouveau.
Il se rendit dans la pèce où était centralisé le courrier, et ordonna qu’on lui amène le chef des courriers et messages. Une femme d’âge moyen arriva, dame… Messagère Lettre Courrier, il savait juste qu’elle était de la toute petite noblesse venant de Charon, car tous les agents de l’administration venaient de Charon, et se fichait un peu du tier comme du quart de son nom. Au moins, elle semblait docile et faire ce qu’on lui ordonnait.
« A partir de demain, ce ne sera plus le même agent qui fera le tour de distribution dans le palais. Je l’ai pris à discuter avec des membres de l’administration et leur faire perdre du temps. À la place, mettez la personne la plus froide de tout le service. Je ne veux pas que qui que ce soit discuter pendant le travail.
– … bien, je comprends. Il en sera fait selon votre volonté Votre Altesse, se soumit-elle sans trop hésité.
– Vous êtes maligne. De plus, j’ai remarqué qu’un de nos suppléants, le duc de Fraldarius, recevait beaucoup trop de courrier personnel et que cela le distrayait. À présent, toutes les lettres personnelles qu’il reçoit ou qu’il envoie doivent m’être transmises avant toute chose, et ce sera à moi de décider s’il les reçoit ou non.
– Vraiment ? Si je puis me permettre, cela vous fera du travail supplémentaire, et le seigneur Rodrigue semble toujours si…
– Discutez et je vous fais couper la tête, est-ce que je suis clair ? De même, ce n’est pas dans votre intérêt de parler à qui que ce soit de cet ordre. Je ne vous ai rien dit, et que je ne vous prenne pas à lui donner les lettres en douce. Autant pour vous que pour les personnes de ce service. Vous devez tous avoir une famille à nourrir après tout… est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
Elle hocha la tête, pale comme un linge, bien obéissante, comme tout serviteur devrait l’être. Ce n’était pas si grave en plus, quelques lettres et nouvelles en moins. S’il était aussi résistant que le vantait Ludovic, Rodrigue devrait bien tenir sinon, c’est que son père se trompait vraiment sur toute la ligne.
Quand on lui apporta en avance la lettre du fifils à son papa, Rufus ne put s’empêcher d’aller hanter le côté du château où était l’étude du chouchou de son père, à chaque fois qu’il en recevait une d’Alix ou de Félix d’ailleurs. Il ne put s’empêcher de se délecter de voir la figure de Rodrigue se décomposer petit à petit, demandant – non, mieux, suppliant – pour savoir si une lettre personnelle de sa précieuse famille chérie était arrivée pour lui. Mais comme il l’avait demandé, le nouveau messager était une vraie porte de prison, il ne disait jamais un mot de plus qui n’était pas nécessaire à son travail avant de partir.
Rufus s’en allait à chaque fois avec un grand sourire, requinquer de le voir enfin ne PAS s’en tirer aussi bien que Ludovic le disait toujours.
« Alors père ? Tu en penses quoi ? Il ne tiendra pas plus de deux jours sans nouvelles ! »
*
Comme toujours, Félix alla attendre le messager dans la cour des Charon avec Théo, ainsi que Cassandra avant qu’elle ne parte en patrouille.
Comme toujours, il leur apporta des nouvelles officielles, la sempiternelle lettre de Lambert et celle de Rufus pour Dimitri, des notes de l’administrations centrales, des ordres… mais le messager n’avait rien pour Félix.
« Vous êtes sûr ? Demanda-t-il tout de même.
– Oui, désolé, j’ai rien du tout pour vous… marmonna-t-il en montrant sa sacoche vide. La venue du Grand-Duc Oswald von Riegan se rapproche, c’est peut-être pour ça ?
– Surement, il doit être très occupé à cause des chiens idiots. Il ne sait pas leur dire non, marmonna-t-il en tendant tout de même sa lettre pour Rodrigue, cachant autant qu’il pouvait à quel point il était déçu de ne pas avoir de nouvelle de son père. Ce n’est pas son genre… il écrit tout le temps… même quand je ne donnais pas de nouvelles, il m’écrivait… c’est juste la surcharge de travail, se persuada-t-il tout seul. C’est juste la surcharge de travail car, c’est un crétin qui préfère se tuer à la tâche plutôt que de retourner à la maison… c’est ça… c’est juste que son travail est plus important que moi, c’est tout… »
Il était le premier à ne pas y croire.
*
Alix tomba des nues quand le messager lui annonça qu’il n’y avait pas de lettre personnelle de Rodrigue, juste des missives officielles qui, aux vues du nombre, devait avoir été écrite avec son propre sang tellement on le faisait travailler jusqu’à l’épuisement.
« C’est vrai ce mensonge ? On s’écrit tout le temps avec mon frère, on ne se laisse jamais sans nouvelle, même quand on est débordé ! Gronda-t-il sans y croire.
– Je vous jure que je n’ai jamais eu la moindre lettre personnelle du seigneur Rodrigue pour vous, lui assura le messager. Tout le monde est vraiment surchargé de travail à la capitale, il n’a peut-être pas eu le temps ?
– Bien sûr… quand les poules auront des dents… »
Le second jumeau lui confia tout de même sa lettre au messager, sentant que quelque chose clochait dans cette absence de courrier. Il verrait prochain coup. Une fois, ça peut arriver mais deux fois, jamais. Après, il commencerait à plus secouer tout ça, en espérant que le grand-duc ne prendrait pas trop de temps chez eux pour qu’il puisse agir tranquillement.
*
Après un second passage du messager sans nouvelle, Félix commença à soupçonner que quelque chose clochait. Une fois, d’accord mais, que son père ne lui donne pas de nouvelles une deuxième fois, ce n’était pas possible !
« Pourquoi tu ne m’écris pas ? C’est pas comme toi ! Pourquoi tu ne me dis rien papa ?! » S’énerva-t-il en écrivant à Sylvain, lui racontant ce qui se passait pour grogner avec quelqu’un qu’il connaissait depuis toujours et avoir son avis, il avait toujours été de bons conseils, même si sa réponse arriverait tard.
Il se mentit encore à lui-même en se disant que le travail était sans doute plus important que lui aux yeux de Rodrigue, qu’importe si ce mensonge lui faisait encore plus mal que de seulement s’inquiéter.
*
Lambert était encore dans le flou, peu conscient des choses autour de lui. Il sentait qu’Areadbhar le guérissait mais, c’était très lent, plus que pour Dimitri mais, ça lui allait… c’était bien mieux si la Relique avait tout donné pour sauver son petit, même si cela en faisait bien moins pour lui… Déesse, il se rendait compte maintenant qu’il n’aurait jamais dû l’emmener ! À cause de lui, son fils était… enfin, c’était trop tard pour regretter. L’homme à la peau noir couvert de glace et son regard fatigué dans ses rêves suffisait à lui faire comprendre qu’il avait vraiment merdé… c’était encore plus efficace que les regards et les mots désapprobateurs de Ludovic… … … son père devait avoir honte de lui de là où il était… c’était surement mieux s’il n’était pas en état de reprendre le travail avant un moment, histoire de ne pas encore plus tout ruiné…
Dans ses quelques moments de conscience, le blessé aimait beaucoup que Rufus, Gustave ou Rodrigue soit à ses côtés. Il demandait surtout son ami d’enfance de venir, se sentant mieux et mieux conseiller à ses côtés, quand il tentait de rassembler les fragments de son esprit pour prendre une décision. C’était apaisant d’être avec lui… même si c’était étrange… sa voix semblait moins assurée ces derniers temps, plus fragile… enfin, il niait qu’il avait un problème et Rufus et Gustave juraient aussi que tout allait bien alors, c’était surement sa tête qui lui jouait des tours.
Souvent, Lambert lui demandait de lire les lettres de Dimitri, voyant encore trop mal pour le faire lui-même et pouvant à peine les tenir dans ses mains. La Déesse soit louée, il allait mieux de jour en jour et se rétablissait… la Déesse soit louée, la Déesse soit louée…
Il crut entendre un reniflement… comme une sorte de sanglot…
« Rodrigue ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu vas bien ? Le questionna-t-il, un peu inquiet.
– … oui, ne t’en fais pas… j’ai… j’ai juste le nez un peu bouché…
Heureusement pour lui, le mensonge passa sans trop de souci, Lambert ne pouvant pas remarquer grand-chose dans son état. Rodrigue tenta de se reprendre… ça ne servait à rien, et il n’avait pas envie d’en plus subir un savon de Gustave qui lui reprochait d’inquiéter le roi avec cette histoire de lettres… il recevait les lettres officielles de ces régions alors, c’était juste qu’il n’avait rien à lui dire… il devait juste tenir… mais c’était si dur en lisant les nouvelles de Dimitri à Lambert… pour Lambert… alors que lui-même…
« Ça ne sert à rien… ça ne sert à rien de l’envier… je dois me contrôler… s’ordonna-t-il en reprenant sa lecture comme si de rien n’était. Ce n’est pas le moment de craquer… aucun des deux ne me louperait si je faisais la moindre chose qui troublait Lambert… du calme… tout ce que je peux faire, c’est attendre… »
Rodrigue crut bien craquer quand Lambert sourit de joie, en apprenant que son fils s’était presque débarrassé de tous les résidus de fumée dans ses poumons, à quel point il était heureux en l’apprenant. Dans une situation normale, Rodrigue l’aurait été aussi mais, il en était incapable… pas quand son cœur réclamait à cor et à cri des nouvelles de sa propre famille.
Il se laissa tomber dans son lit après tout ceci, se laissant entrainer dans un sommeil noir comme les profondeurs. Dans ses rêves, malgré les chaines autour de ses jambes et ses mains, son esprit arrivait toujours à s’échapper de son corps pour tous les voir… tous ceux qui manquaient tant à son cœur…
Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgré les ronces qui m’étranglent et toujours me lacèrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma prière,
Ô Lune, entend mon sort hurlé au fond de cette prison de suie !
Même si je suis prisonnier, je m’évaderais !
Même si je ne suis plus que mon désespoir, je m’en servirais !
Même couvert de chaines, jusqu’à la dernière je les lacérerais !
Ô lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierais !
Que les dieux qui m’abandonnent me haïssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
Même si devenir une bête est le pire des sorts à redouter,
Je suis prêt à en être une pour sortir de cette prison honnie !
*
« Vous êtes sûr qu’il n’y a rien pour moi ? Alix et Félix devraient pourtant m’avoir écrit… »
Rufus étouffa un rire en voyant Rodrigue cherchant pathétiquement à obtenir quoi que ce soit de la tombe qui servait de messager, tout en se retrouvant face à un mur à nouveau. Il était tellement misérable, ça en devenait comique !
Une fois le spectacle de la décomposition du chouchou de son père fini, le régent retourna dans ses appartements avec un bon repas, puis se mit à décacheter les lettres qu’il avait récupéré, riant des questions des trois Fraldarius qui se demandaient mutuellement pourquoi les uns les autres n’envoyaient plus de nouvelles. Ils étaient tellement tous pareils que ça en était drôle de les voir paniquer comme des chats coincés sur une branche !
Il les referma à la va-vite avant de les enfermer dans sa cassette personnelle, observant victorieusement le testament de son père également caché à l’intérieur, sous la pile de lettre. Ludovic n’avait jamais été aussi à côté de la plaque qu’en ce moment.
Rufus adorerait voir le visage de son père enfin se défiger pour se décomposer en voyant tout ceci.
*
Alix était sur le point d’exploser. Rufus avait le culot d’envoyer plusieurs de ses hommes chez lui directement, en armes, le tout pour lui réclamer d’ouvrir ses réserves loogiennes pour la capitale. Ils avaient même brutalisé plusieurs de ses hommes tellement ils se croyaient tout permis ! Non seulement, on le privait de nouvelles de son frère mais, il fallait en plus qu’Alix affame lui-même leur propre peuple ?! Et pourquoi pas se pendre pour le faire rire pendant qu’on y était ?! Histoire que Rufus ressemble encore plus à Clovis vu que c’était son objectif apparemment !
C’était surement très mal calculé de sa part mais, le plus jeune jumeau alla récupérer Moralta et Aegis, les mis à son bras et à sa hanche, rempli son carquois et bandit son arc et attendit de pied ferme ces voleurs devant les portes de la grande réserve, soigneusement entretenue par ses soins et ceux de son frère afin de toujours pouvoir nourrir son fief.
Quand les agents de ce diable de Rufus arrivèrent, Alix n’hésita pas une seconde à les mettre en joue de ses flèches, grondant après eux.
« Personne ne nous prendra notre nourriture. Par la loi écrite par le roi Loog le Lion lui-même, cette réserve est inaliénable sauf par la volonté de son seigneur. Même le roi n’a aucun droit de me forcer à vous donner quoi que ce soit qui se trouve à l’intérieur. Que Rufus veuille être le nouveau Clovis, c’est votre souci. Moi, je refuse d’être comme lui et de laisser mon peuple crevé ! Je suis leur seigneur, pas leur bourreau ! Je suis fils de Guillaume le Loup, bras droit du roi Ludovic le Prudent, descendant de Kyphon Daguet, compagnon et conseiller de Loog le Lion, fils de Fraldarius l’Épéiste de l’Onde de par mon emblème ! Je suis le deuxième duc de Fraldarius après mon frère ! Mon devoir va envers le roi mais aussi et surtout envers mon peuple ! J’ai juré à tous mes ancêtres de protéger nos terres et notre peuple ! Même face au roi s’il le faut ! Jamais je ne romprais mon serment ! »
Les soldats reculèrent, effrayés par ses crocs, encore plus quand les habitants d’Egua commencèrent à leur jeter des pierres et des briques sur eux pour les faire déguerpir. Que l’un d’entre eux tente quoi que ce soit, il recevrait une flèche en conséquence. Félix n’était plus à Fhirdiad, et cela lui ferait une excuse pour aller arracher son frère de là-bas par la force s’il le fallait ! Il sentait presque à quel point ils l’usaient volontairement jusqu’à l’os ! Il savait que Rodrigue était malade ! Alix n’avait pas de nouvelles écrites mais, leur lien demeurait toujours et il lui hurlait d’aller le retrouver ! Son frère avait besoin de lui ! Il devait aller le chercher ! Le retrouver ! Rodrigue ! Rendez-lui son frère !
Rodrigue se leva d’un coup de sa chaise alors que Gustave travaillait avec eux sur la venue du grand-duc Riegan, retardée d’une semaine à cause d’une tempête, attrapant son crâne. Alix ! Alix avait encore plus de problème que d’habitude ! Quelque chose n’allait vraiment pas ! Il le savait ! Qu’est-ce qui arrivait à son frère ?! Il avait vu des hommes en armes partirent pour plusieurs fiefs sur ordre de Rufus sans les consulter, est-ce qu’ils s’étaient rendus chez eux ?! Est-ce qu’il menaçait Alix ?! Cela faisait des semaines qu’il n’avait plus de nouvelles de lui ! Il n’en pouvait plus ! L’ainé des jumeaux devait savoir ! Alix !
« Rodrigue ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Lui demanda Tècle, en se levant à son tour pour le soutenir, l’homme étant vacillant sur ses jambes ces derniers jours.
– C’est Alix… il a des problèmes… c’est plus grave que d’habitude… il faut… il faut que j’aille voir ce qui se passe…
– Vous n’y pensez pas ? C’est à près d’une semaine aller-retour de la capitale, cela nous ferait perdre plus de temps qu’autre chose à quelques jours de l’arrivée du grand-duc Riegan, » lui rappela Gustave d’un ton laconique et Déesse, qu’il se taise ! Lui, il avait la chance de recevoir du courrier de sa femme, de sa fille et de son frère mais, il les laissait pourrir sur son bureau sans les lire ou prendre le temps d’y répondre une fois tous les trente-six du mois ! Lui voulait juste une nouvelle de son fils et aller aider son frère ! C’était tout ! « Ce n’est pas raisonnable de…
– Assez ! Je n’en peux plus ! Je ne sais pas comment va mon frère et mon fils ! Ça fait des semaines que je n’ai plus de nouvelles ! Je veux voir mon frère ! Alix me manque ! Et je veux voir mon fils ! Vous avez osé me prendre Félix sans état d’âme ! Vous m’avez volé mon fils ! Vous m’avez volé mes deux fils ! Vous m’avez volé ma famille ! Je n’ai pas de leçon à recevoir d’un individu aussi vil que vous ou Rufus ! À votre différence, je tiens à autre chose que mon travail !
Rodrigue sentait sa magie s’agiter dans ses veines, s’échapper un peu tellement il était épuisé et inquiet. Il sentait qu’Alix s’en était tiré de loin mais, ça ne suffisait pas… il voulait son frère ! Il voulait son fils ! Il voulait sa famille ! Il voulait sa meute ! C’était si difficile à comprendre ?!
Gustave ravala visiblement assez vite la couleuvre, même s’il haussa la voix et il verrait plus nettement, il verrait sans doute que le capitaine de la garde avait les sourcils froncés, comme face à un enfant capricieux.
– Rodrigue, retrouvez vos sens. N’agissez pas comme votre p…
– Gustave, il a raison. Pour l’amour de la Déesse, fermez-là.
Lachésis prit les choses en main, jetant un regard noir au chef de la garde. Ce n’était pas lui qui lui donnerait des ordres. Toutou du régent ou pas, ce n’était que le deuxième fils d’une famille de baron, descendant peut-être de la Danseuse des Forêts mais, bien petite face au grand clan Charon et à la belle-famille du roi. Rodrigue n’était clairement pas en état de juste se lever, il avait déjà de la chance qu’il arrive encore à penser correctement alors, elle n’allait pas lui jeter la pierre de juste craquer, surtout s’il sentait que son frère allait mal. Le chef de la garde tenta de rétorquer, visiblement mécontent qu’elle ne soit pas de son côté.
– Lachésis, nous ne pouvons pas le laisser dire des choses pareilles. Nous sommes même en retard sur ce que nous avons prévu pour la bonne date, et le retard de l’arrivée du duc nous force à…
– Si vous voulez que nous soyons à l’heure, convainquez Rufus de nous donner plus de bras et moins de travail en même temps. Vous êtes son petit épagneul, il sera peut-être plus généreux avec ceux qui remuent la queue devant ses idées dangereuses pour le pays. De plus, aucun de nous trois n’a d’ordre à recevoir de votre part, me suis-je bien fait comprendre ?
– … bien sûr, accepta-t-il, très clairement à contrecœur mais, ce n’était pas le plus important pour le moment.
– Bien. Rendez-vous plutôt utile et faites quérir Estelle Duchesne et Bernard Parjean pour qu’ils le raccompagnent dans sa chambre, il a très clairement besoin de repos. Allez les chercher vous-mêmes tient, ça ira plus vite et on pourra vite reprendre le travail, ordonna-t-elle, alors que Thècle était arrivée à convaincre Rodrigue de se rasseoir.
Heureusement, Gustave déguerpit en vitesse pour aller chercher les deux compagnons de Rodrigue. Tant mieux, il ne leur courrait pas après sur le fait qu’il perdait du temps qu’il pourrait consacrer au travail, car Déesse, seul le travail semblait compter pour lui ! Elle plaignait de tout cœur son épouse et sa fille pour tout ça… même le roi Ludovic l’appréciait très peu pour cela à cause de ça… enfin, ce n’était pas le plus urgent.
Lachésis demanda à sa sœur, alors qu’elle arrivait à faire respirer un peu Rodrigue.
– Il nous en reste tu penses ?
– Je crois, je l’ai planqué dans le livre au cas où, celui de la quatrième étagère.
La sœur ainée alla récupérer la cachette dont lui avait parlé sa sœur, un livre de jurisprudence trop ancien pour être utile. Elles avaient coupé le gros du centre des pages, puis l’avaient alourdi avec un peu de plomb pour dissimuler le stratagème. Heureusement pour elles, les deux sœurs gardaient toujours une grosse réserve de thé alors, il leur restait encore même après le début des restrictions. Ce serait très hypocrite de leur part, ainsi que contre leurs valeurs et leurs serments de magistrates de se fournir au marché noir alors, elles en économisaient chaque feuille précieusement pour les moments les plus durs, ou comme celui-ci.
Elle fit chauffer leur eau dans sa tasse grâce à sa magie de feu, puis fit infuser le mélange de gingembre à l’intérieur, avant de le tendre à Rodrigue. Il l’accepta d’une main tremblante, visiblement remis de sa crise mais toujours confus, murmurant.
– Merci beaucoup… je suis vraiment désolé pour vous avoir offert un tel spectacle… c’est indigne de la situation.
– Franchement, on a tous craqué ici, vous devez êtes dans les derniers à ne pas avoir piqué une crise alors, ne vous en faites pas pour nous, lui assura Thècle. En plus, on a l’habitude, on a aussi de vrais jumeaux dont l’un est magicien dans la famille alors, ça renforce le lien entre eux au point qu’ils savent ce qui arrive à l’autre même de loin, on est habitué.
– Oui… j’imagine, même si cela n’excuse pas mon comportement… c’est juste… entre les hommes en armes qui sont partis il y a quelques jours, la crise de colère et d’angoisse d’Alix et le manque de nouvelles de toute ma famille, je… ce n’est pas normal… leurs lettres arrivent pourtant… on s’écrit tout le temps d’habitude…
– On comprend, c’est très stressant tout ça… Hum… et si on lui demandait aussi de nous envoyer des nouvelles ? Vous avez surement un code entre vous ? On pourrait demander à Alix de nous envoyer un double de ses lettres afin de voir ce qui pose problème, au moins pour un temps.
– Oui… c’est une bonne idée… excusez-moi de vous entrainer là-dedans.
– Ce n’est rien. Et surtout, il faut que vous vous reposiez un peu, ce n’est pas normal que vous échappiez vos éclairs comme ça, surtout que votre peau est de plus en plus fendillée, ça gagne même vos mains… fit observer Thècle, voyant les plaies légèrement électriques sur ses phalanges.
– Je suis allé voir Cornélia et le médecin du palais ce matin, elles m’ont dit que ce n’est pas encore très grave et qu’elles n’avaient pas assez de potions pour pouvoir se permettre de les utiliser pour des cas comme le mien.
– Bon… ce sont elles les femmes de médecine mais, on a des doutes. Enfin, nous deux, on est là jusqu’à après-demain matin alors, restez au lit demain, histoire de vous reposer un peu, ce ne sera vraiment pas du luxe. La journée normale de travail est presque terminée aujourd’hui, vous pouvez bien vous poser une seconde… »
L’homme était trop fatigué pour refuser. Heureusement, Estelle et Bernard arrivèrent assez vite, le ramenant dans sa chambre pour qu’il puisse dormir un peu, après avoir pris son repas autrement que sur le pouce. C’était évident qu’il avait perdu trop de poids en trop peu de temps. C’était normal de maigrir à cause des rations assez légères mais, pas à ce point. Évidemment, Rodrigue ne disait rien mais, il semblait avoir des difficultés à manger, voir à garder la nourriture qu’il ingurgitait. Que ce soit en lien avec sa magie en surcharge que cela ne les étonneraient même pas…
Bref, les deux sœurs firent bien comprendre à Gustave de ne pas aller déranger Rodrigue, sauf extrême nécessité. Il accepta en grognant.
« Nous avons besoin de ses compétences.
– Elles auront disparu dans le néant si vous le tuer à la tâche alors, dans son intérêt et dans le vôtre, laissez-le se reposer. Sinon, on vous laissera expliquer à son fils que vous avez tué son père, et son frère jumeau à Alix s’il ne perd pas la raison en le perdant. »
Il ne dit plus rien. Cela ne durerait que quand elles étaient là, Rufus surveillant moins leur moindre instant de faiblesse mais, cela ferait toujours une journée de répit…
*
« Fort Egua en vue !
– Et bien enfin ! On a juste une semaine de retard !
Ivy grommela en manœuvrant son navire dans le lac, esquivant les duos de pêcheurs tirant leurs filets sur leurs tout petits navires en forme de coquille de noix. Entre les pseudo-pirates et une tempête qui les avaient forcés à rester plus longtemps à la frontière entre l’Alliance et le Royaume, les voilà à arriver à Fort Egua en trois semaines plutôt qu’en deux. Bon, c’était pas tant le retard qui la gênait, on la paierait en conséquence et tous les frais étaient à la charge du grand-duc mais, ça faisait plus de temps sans avoir des nouvelles directes mais juste des rumeurs de ports, et c’était pas joli-joli… enfin, elle ferait son propre avis une fois qu’elle aurait vu Alix.
Son équipage amarra leur navire peu de temps après que la cathédrale de la ville ait sonné midi alors, elle allait conduire le grand-duc Oswald à la forteresse après avoir mangé sur le pont, quand ce dernier l’arrêta, mettant une cape simple.
« Marchons tranquillement, c’est toujours intéressant d’écouter ce qui se dit en ville.
Bon, elle ne pouvait pas trop dire non mais, elle grommela quand même, devant admettre qu’il n’avait pas tort.
– Je vous le facture aussi, et je me garde le prix si je dois vous tirer d’un bourbier car on vous a reconnu.
– Évidemment capitaine, cela ne m’étonne pas de vous. Enfin, le temps qu’on sera en ville, appelez-moi Oswald et disons que vous avez accepté à bord car, nous allions dans le même sens étant donné que je vais voir mon petit-fils à Fhirdiad. Ce sera plus discret et ce serait étrange que vous ayez un supérieur, surtout qu’on vous connait dans le coin.
Ivy accepta d’un hochement de tête devant le comportement étrange de son seigneur alors qu’ils commençaient à se mêler à la foule. Au bout de trois semaines avec lui sur le dos toute la journée, elle était habituée à sa bizarrerie.
En tout cas, elle pouvait tirer son chapeau à Alix, tout semblait normal en ville, même si beaucoup de monde portait du noir ou des signes de deuil. Les gens semblaient arriver à trouver de la nourriture, les rationnements qu’elle pouvait apercevoir ne semblaient pas trop maigre, et aucune odeur de maladie ne flottait dans la ville. En règle générale, la maladie accompagnait toujours les périodes de disette, surtout dans un endroit aussi humide alors, c’était un tour de force de garder sa ville aussi saine et calme pendant des périodes aussi instables…
Enfin, saine, c’était déjà pas mal. Mais calme, on était loin du compte.
Tout le monde semblait tendu et à cran, c’était palpable dans l’air. Les discussions de midi semblaient vives, tendues, et les gens semblaient de mauvaise humeur. Quand ils arrivèrent vers une des plus grosses auberges de la ville, Oswald fit un signe de tête vers elle, avant de s’avancer dans sa direction, allant à une grande table en demandant, comme s’il avait fait ça des milliers de fois.
« On peut ?
– Bien sûr grand-père, fais comme chez toi, accepta un homme en train de grignoter son pain. Je ne vous ai jamais vu ici, z’êtes de passage ?
– Merci beaucoup et oui, j’arrive de Derdriu. Je vais rendre visite à mon petit-fils qui vit à Fhirdiad, je m’inquiète pour lui. Capitaine ! Par ici !
– On a un des meilleurs grands-ducs du monde mais, aussi l’un des pires. Faut toujours lui courir après… tant mieux Oswald, on arrive !
– Tient mais, c’est pas le capitaine Drake ? La reconnut l’homme. Vous êtes de retour à Egua pour les affaires ?
– Pour une fois, je suis de passage, je me rends à Fhirdiad cette fois… deux repas ! Commanda-t-elle en s’asseyant, Noce revenant avec une noix grapillée elle ne savait où dans le bec, la dévorant sans souci avant de recevoir quelques noix pour son repas. J’ai des vivres à vendre… et ce type était assez fou pour me payer une fortune pour aller voir son petit-fils donc, je lui ai trouvé une place dans la calle.
– Deux repas tout de suite ! Et vous allez bien nous laisser un peu cap’tain ! S’exclama la serveuse.
– Les affairrres sont les affairrres ! Déclara Noce, en équilibre sur le bras de son amie d’une patte, l’autre servant à tenir la noix qu’il cassait avec son bec.
– On verra ça avec Alix, je leur en dois une. Comment ça se passe ici ?
– Bien à Egua mais, Déesse, vous seriez arrivés y a deux jours !
– Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Oswald. Tout le monde a l’air à cran…
– Vous voulez rire ! Le régent a tenté de nous voler notre réserve loogienne !
– Attend… quoi ?! Il a viré connard à ce point le Rufus ? Demanda Ivy.
– Ouais… y a ses hommes qui ont débarqué en ville en disant qu’il était là pour récupérer un dixième de nos réserves sur ordre du régent. Et armés jusqu’aux dents les malandrins ! Évidemment, les gardes, ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas les faire rentrer aussi armés dans la ville et qu’il leur fallait l’autorisation du duc pour leur donner quelque chose de cette réserve.
– Oui, c’est un petit peu la loi en fait ! Enfin bon, vu comment tu le racontes, je parie qu’ils ont pris le gauche, marmonna la capitaine, tout en payant la serveuse pour son repas (vingt pièces les deux assiettes de brouet, ils ne se gênaient pas, même si c’était compréhensif vu la rareté de la nourriture… elle mettrait ça sur la note du grand-duc).
– Ah ça tu peux le dire ! Ils ont pris le gauche en blessant jusqu’au sang les gardes ! Mon voisin était dans le lot, un bras et deux côtes cassés il a gagné ! Et ils voulaient forcer les portes de la réserve loogienne !
– C’est effectivement complètement illégal. Si j’ai bien compris, seul Clovis le Sanglant a osé voler dans les réserves loogiennes et encore, il gardait la forme de demander avant au lieu d’ordonner. Il demandait avec une lance sur la gorge de l’autre mais, il y avait la forme au moins… marmonna Oswald. Le roi Ludovic doit se retourner dans sa tombe s’il voie le comportement de ses fils…
– Ah ça, c’est à se demander s’il n’y avait pas une erreur à l’expédition tellement c’est le jour et la nuit ! En tout cas, pour le seigneur Alix, ça a pas fait un pli. Il a pris Aegis et Moralta, son arc, ses flèches et il les a attendus de pied ferme devant la porte de la réserve. Il les a mis en joue avec ses flèches et leur a interdit de rentrer ! Nous, ça nous a requinqué et on s’est mis à leur lancer des pierres et tout ce qui nous tombait sous la main ! Ils n’ont pas fait long feu ! Courageux mais pas téméraire si vous voyez ce que je veux dire.
– On voie bien, arriva à sourire Oswald avant d’ajouter, plus sombre. Tout ceci est tout de même bien inquiétant… j’espère que mon petit Claude va bien… je n’ose imaginer le chaos qui doit régner à la capitale…
– C’est le nom de votre petit-fils ?
– Oui, un gamin adorable, et curieux le petit ! Il s’intéresse à tout ! Ma fille et mon gendre n’ont pas de problème d’argent mais bon… avec de la chance, ils voudront bien que je l’emmène avec moi à Derdriu, ce sera plus sûr…
– Plus sûrrrr qu’ici… rha, répéta Noce en allant se percher sur son épaule, récompenser par une petite caresse sur le cou.
– Surement, c’est devenu un coupe-gorge. Et heureusement pour les fhirdiadais, ils ont le duc Rodrigue avec eux, ça limite la casse mais, de ce qu’on a compris, c’est pas la forme pour lui non plus… suffit de voir Alix pour le voir, il dépérit…
– Faut dire, rien que les séparer ces deux-là, c’est une mauvaise idée. Et le louveteau, il supporte comment ? ça doit faire beaucoup de ne plus pouvoir voir son père si peu de temps après avoir perdu son grand frère, ça a dû lui faire un choc…
– Ça, on n’en sait rien. Il n’est pas à Egua. Aux dernières nouvelles, il est à Charon avec le prince, un caprice du roi apparemment. Si j’ai bien compris, il ne voulait pas que son gosse reste tout seul sans ses amis dans la famille de sa maman. Donc bon, il a pas trop eu le choix de l’envoyer là-bas notre duc… quand le roi dit, on doit le faire.
– Whouw, il pense à son gosse qu’après l’avoir envoyé dans un convoi traumatisant où il a frôlé la mort… très clairement le meilleur père de Faerghus à ce que je voie, ironisa sans vergogne Ivy.
– Vous m’ôtez les mots de la bouche capitaine, ajouta Oswald. J’ai souvent rencontré des survivants de naufrages pendant ma longue vie, aucun n’en est ressorti idem, notamment dans leur tête. Alors après un massacre… je n’ose imaginer tout le soin dont ce pauvre gamin va avoir besoin… quelle histoire… » marmonna-t-il, plus sombre que jamais.
Ils finirent de manger, puis, après avoir retrouvé l’équipage et qu’Oswald se fut mieux habillé, ils allèrent à la rencontre d’Alix dans la forteresse. Cela lui ferait perdre moins de temps s’ils allaient toquer à sa porte directement.
Le duc en second vient presque tout de suite les accueillir. Il était bien habillé pour l’occasion mais, on voyait qu’il avait couru toute la matinée, avec sa queue de cheval habituelle de travers et ses manches retroussées. Ses mains étaient couvertes d’encre et marqué par la trace de la plume. Il semblait aussi épuisé, de gros cernes gravés dans sa peau encore plus pale que d’habitude, et il ne prenait jamais de couleur ceux-là…
Il les salua poliment, même si sa voix semblait usée, presque comme celle d’un malade.
« Bienvenu en mon fort Grand-Duc von Riegan, j’espère que vous avez fait bon voyage. Je voie que vous êtes bien entouré, je n’ai guère à m’inquiéter. Le capitaine Drake mène son navire d’une main de maitre.
– Je suis également honoré que vous acceptiez de m’accorder un instant alors que le travail vous pèse. Nous avons eu le temps de voir la ville, vous la tenez magnifiquement.
– Votre compliment m’honore mais, quand on gère bien son fief et qu’on a deux sous d’anticipation, ça tient. J’espère simplement que personne ne vous a… importuné, la ville est assez à cran.
– Nous en avons entendu parler, plusieurs habitants nous ont rapporté ce qui s’est passé il y a de ça trois jours, l’informa Oswald sans hésité.
– Vous êtes déjà au courant ? Bon, ça m’arrange, j’aurais pas à faire de langue de bois sur ce que je pense de ce connard.
– Tu en fais de la langue de bois toi ? Rétorqua Ivy.
– Dernièrement, j’étais un peu obligé car, Rufus a la hache facile mais là, c’était vraiment trop pour qu’il se justifie. Et Gustave m’a envoyé un courrier suppliant pour que je me tienne bien sage et tranquille, comme lui qui remue la queue devant Rufus pour cette rencontre. Mais honnêtement, j’en ai plus rien à foutre à ce stade. Qu’il me rende toute ma famille et peut-être que j’accepterais de me tenir tranquille.
– T’as plus de nouvelles et t’es en manque ? Devina Ivy.
– Oui, depuis plus de deux semaines, j’ai aucune nouvelle à part les lettres officielles alors, je sais qu’il est en vie car y a que lui et Félix qui écrivent aussi mal dans tout Fodlan mais, pas comment ! J’ai toutes les lettres de Félix qui arrivent depuis Charon alors que c’est plus loin mais, pas celle de Rodrigue ! Je sens juste comment il se sent, et c’est pas ça qui va me rassurer. J’ai envoyé un messager porter le courrier en main propre à Rodrigue la semaine dernière mais, on l’a obligé à le donner au service des missive car vous comprenez, il y a tellement de risque que la lettre soit empoisonnée, ça pourrait toucher le roi, au Déesse… bref, des conneries. On m’empêche surtout de lui parler pour une raison que j’ignore mais, je n’en peux plus ! Vous ne deviez pas arriver d’un jour à l’autre, je serais en route pour l’arracher à Fhirdiad !
– Ne vous en faites pas, je comprends parfaitement. Toute cette histoire m’empêche aussi de voir une partie de ma famille, même si c’est plus pour lui donner une giroflée à cinq pétales, avoua Oswald sur le même ton, habitué à ce genre de discussion qui était monnaie courante au sein de l’Alliance quand les masques tombaient. Surtout que vu comment ils traitent leur propre peuple autant l’un que l’autre, ça m’étonnerait que les deux frères en aient quoi que ce soit à foutre eux-mêmes. Enfin, nous avons apporté du bled, et la capitaine Drake a insisté pour qu’une partie ne soit que pour Faldrarius.
– C’est clair que si vous pouviez lui en coller une aussi à ces deux chiens idiots, ça m’arrangerait. Et merci beaucoup Ivy, on ne crache jamais sur plus de nourriture en ce moment. On négociera ça tout à l’heure, je dois faire un sort à un vassal là. En attendant, vu que je vais devoir vous fausser compagnie, est-ce que tu pourrais donner cette lettre à Rodrigue quand vous serez à Fhirdiad Ivy ? Lui demanda-t-il en lui tendant une grosse enveloppe. Tout le monde sait qu’on te connait bien depuis Garreg Mach et que tu étais très proche de Félicia alors, tu devrais pouvoir le voir. Et s’il te refuse de rentrer, je sais que tu as assez de culot pour les envoyer sur les roses.
– Ne vous en faites pas, nous comprenons, déclara Oswald. Vous devez être tous très débordé après cette Tragédie et avec un régent pareil.
– Et t’inquiète, je voulais justement rendre visite à Félicia alors, je peux attendre, c’est pas comme si on avait déjà une semaine de retard.
– Et quelle semaine. J’espère seulement que ça a donné cinq secondes à Rodrigue pour se reposer… »
On l’appela en urgence et il dut partir, les confiant à deux domestiques qui leur proposa une infusion faite maison. Ivy la refusa pour aller voir la tombe de Félicia, devinant que son amie devait se ronger les sangs comme jamais de là où elle était.
Oswald l’accepta poliment, profitant de l’accueil chaleureux de la maison. Toujours aussi excellent… Il y avait des choses qui ne changeait pas.
« Belle régularité de partout… si eux, c’est toujours constant, chez les minets d’à côté, c’est toujours un coup sur deux… au moins, je suis prévenu, je serais moins… désagréable lors des négociations quand je verrais l’ampleur des dégâts à la capitale… aucun des deux ne mérite ma compassion après tout ce qu’ils ont fait… on verra à quel point ils sont méprisables quand je les verrais en face. En tout cas, il faudra que je demande à Ivy si c’est possible qu’on arrive incognito un jour avant à Fhirdiad, histoire d’écouter l’avis direct des habitants sur leurs seigneurs… Enfin bon, ce n’est pas comme si je n’avais pas déjà prévu d’ajouter deux lions à mes trophées de chasse. »
*
Au bout de très longs jours et d’interminables nuits de négociations fébriles, Otkatla la Modérée et le reste du thing finirent enfin par voter la fin du Grand Thing. Sylvain était d’un côté déçu de déjà retourner à Gautier mais, aussi content que cela se finisse. Il allait définitivement passer la plupart de son temps sur le bateau à dormir pendant le voyage retour, il s’était tellement battu avec ses mots et sa lance qu’il était épuisé. Il avait même gagné un peu plus de muscle après le thing, comme la plupart des rois et reines s’ils ne se trompaient pas. Enfin, ce n’était pas important.
L’arbitre finit de rédiger au propre les canons du thing, puis chaque souverain y apposa son nom et celui de son territoire, afin de prouver qu’ils se soumettaient à toutes les décisions votées. Le jeune homme écrivit son prénom et son patronyme en sreng, puis son nom de famille en fodlan sans souci avant le « Saint-Royaume de Faerghus », satisfait. D’après Vigile et Fregn, il s’était bien débrouillé et avait réussi à garder le Royaume en bonne position par rapport à ce qu’ils auraient pu craindre. Bon, il avait un peu enfoncé Lambert mais, son père n’avait pas à le savoir, ça passerait pour une décision collective qu’il n’avait malheureusement pas pu endigué. Il avait fallu faire des concessions et pour le coup, Sylvain avait préféré en faire sur son roi que sur le Royaume tout entier. Il avait même arraché une promesse d’aide des royautés Sreng en cas de danger menaçant Gautier, grâce aux votes de plusieurs rois importants donc, c’était toujours ça de prit, même s’il devait se méfier des occasions trop belles comme celle-ci.
Normalement, à la fin d’un thing, tout le monde se réunissait une dernière fois pour faire la fête tous ensemble mais, étant donné les circonstances, chacun rentra plutôt en vitesse chez lui, afin de préparer la prochaine réunion avec Lambert dès que ce sera possible. On sacrifia seulement aux dieux avant de faire ses adieux à tous ceux qu’on avait aimé rencontré au thing, tout en souhaitant de ne pas se revoir sur un champ de bataille.
Sylvain fit cette prière en saluant un autre adolescent avec qui il avait discuté quand il avait quelques minutes, quand Thorgil vient le voir, arborant toujours avec ce sourire mystérieux qui n’avait pas quitté ses lèvres de tout le thing. Elle déclara sans hésité à Sylvain, toujours impénétrable, Starkr sur une de ses épaules et son plus jeune corbeau, Ungr, sur l’autre.
« Pour ton premier thing, tu t’en es bien sorti. J’espère pouvoir de nouveau négocier avec toi, c’est un bon défi pour quelqu’un de ton âge.
– Merci Thorgil le Kaenn. T’affronter était aussi un bon défi, surtout que tu ne m’as pas épargné. J’espère également pouvoir refaire d’autres joutes verbales avec toi… avec peut-être juste un défi idiot comme enjeu…
Starkr s’envola alors de l’épaule de la reine pour aller se poser sur celle du jeune homme, croassant en lissant ses mèches rousses. Thorgil lâcha un rire en déclarant, fixant son oiseau qui ajustait sa position.
– Alors Starkr ? Tu préfères le pain de mon neveu à moi, c’est ça ? Vieux brigand va…
– Désolé mais, je crois qu’il n’a pas envie de revenir de ton côté, fit observer Sylvain alors que l’oiseau s’installait confortablement contre lui, un peu gêné.
– T’en fais pas, ce n’est pas toi qui as décidé mais, ce vieux brigand. Ungr a fini d’apprendre de lui alors, ça me gêne moins, tant que tu t’en occupes bien, évidemment. Il commence à se faire vieux et ne peut plus survoler aussi longtemps un champ de bataille qu’avant mais, c’est un malin et il est encore fort. Considère-le comme une récompense pour t’être aussi bien débrouillé au thing, tu l’as bien mérité. En tout cas, j’espère que le destin ne nous fera pas nous revoir sur le champ de bataille Sylvain le Renard.
– D’accord, merci beaucoup ma tante. Je te promets de bien m’en occuper, lui jura-t-il en passant sa main sur les plumes du poitrail de l’oiseau, vérifiant au passage que les peintures d’espionnage dessus étaient bien trop endommagé pour être utilisable, ce qui était le cas. Je l’espère également, et que les dieux mèneront ton navire jusqu’à bon port. »
Elle eut un vrai sourire quand elle le prit dans ses bras pour lui dire au revoir, lui disant d’être prudent en route. Thorgil alla ensuite enlacer sa sœur, même si elle lui dit à la place.
« A bientôt ma très grande sœur, j’ai hâte de te revoir, déclara-t-elle sans se cacher, avant de murmurer, seulement audible pour son ainée. À toi de jouer l’Ombre. Tu sais ce que tu as à faire.
– Moi aussi, j’espère aussi pouvoir te revoir bientôt, même si j’espère également que ce sera sous de meilleurs auspices, lui assura Fregn, avant de murmurer à son tour. Cela fait des années que je n’attends que ça, le Kaenn. »
(partie 1 - suite)
#écriture de curieuse#fe3h#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espère que ça vous plait surtout !#mais encore une fois faites gaffe pour les personnes sensibles#j'avais très envie d'étrangler des persos dans ce billet#et de faire des câlins à d'autres...#promis ça se finira bien et ceux qui méritent des claques auront leurs claques et des coups de crocs en prime
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Bog’s blog 25
Salut la compagnie,
Je vais remonter un peu plus loin que le début de la semaine parce qu’on a passé pas mal de temps à se croiser avec Kate donc je suis certain que mon point de vue sur ces deux dernières semaines est pertinent.
Donc, lundi 1er et mardi 2ième de mai, j’avais des petits boulots à la tiny. Je pense avoir installé le gaz, construit la seconde terrasse en bois devant la tiny, mis une deuxième couche de solvant pour préparer pour l’époxy et d’autres brols dans le genre. On était censé commencer une boulot de construction avec Jamie mais il s’était pas bien organisé. ça a ainsi été repoussé à mercredi. Mardi, il allait chez le tatoueur toute la journée pour avoir son bras et son pectoral gauche recouvert par un dragon style japonais. Il a fait l’esquisse et il doit retourner la semaine prochaine pour faire les ombres. Il a un peu d’infection, j’espère que ça ne repoussera pas son départ parce que c’est une des choses qu’il doit finir avant de partir. Son tatouage est vraiment chouette. Au total ça va lui couter 1000 euro. Ça fait un peu mal aux fesses si tu ne considères pas ça comme une priorité mais il semble en tirer pas mal de plaisir donc pourquoi pas.
Mercredi on a enclenché la seconde vitesse après un départ raté début de semaine et on est allé en ville faire notre boulot avec Jamie. On a littéralement mit le seconde pour tout le trajet sur l’autoroute. Le trafic à Auckland le matin est constamment exécrable. On a fait un arrêt chez le « métal man » (ou marchant de vieux fer) où on a échangé une demi tonne de vieille ferraille contre 30$. On a également du faire deux magasins de matériaux pour obtenir le nécessaire à notre travail. Pourtant Jamie avait appelé la veille pour s’assurer que tout y était mais il est tombé sur une employée médiocre au téléphone. On a directement reconnu sa voix monocorde le lendemain quand on l’a vue. En la voyant j’ai eu un indice sur la raison pour laquelle elle ne s’était pas déplacée pour vérifier si il y avait du stock. Heureusement, le deuxième magasin on est tombée sur une dame charmante qui nous a donné à chacun un thermo et un t-shirt pour se faire pardonner. Je pense qu’elle a surtout vu en nous deux un potentiel de partenariat (et donc de profit) immense. C’est donc à midi (même si on avait démarré à 7h30) que l’équipe de Floyd’s construction LTD est finalement arrivé sur site. Le chantier se trouvait être en face d’un magasin de matériaux. Jamie le savait parce qu’il s’était rendu sur place la semaine d’avant mais avait apparemment momentanément effacé cette info de sa mémoire. Avant de le traiter de jeune entrepreneur inexpérimenté, n’oublions pas que grâce à lui on a reçu des trucs gratuits. J’ai d’ailleurs utilisé mon thermo pas plus tard que ce matin. Le t-shirt que j’ai reçu a été utilisé le jour même parce que j’étais dégoulinant de sueur après avoir monté 50 planches de 3m dans une cage d’escalier en colimaçon.
Mais avant toutes ces péripéties, le début du travail a dû être repousser encore un peu car Il était déjà l’heure de la première pause. On s’est acheté des tartes steak-fromage et viande hachée fromage (deux chacun). Certain aurait pu argumenté qu’il était également déjà l’heure de la première sieste après ce repas bien costaud mais surtout pas moi. J’étais bien décidé à flex mes muscles et impressionner mon boss. La première technique qu’on a adopté pour monter le bois au troisième étage était de le faire passer à la vertical dans la cage d’escalier. Jamie me passait le bois au premier puis il courrait dans les escalier pour le réceptionner au second pendant que je hissais rapidement en serrant en pince successivement ma main droite puis la gauche. La première tentative d’ascension, j’étais concentré sur le fait d’éviter les lampes et tout obstacle au-dessus de ma tête. Je suis arrivé à court de planche sans m’en rendre compte. J’ai attrapé le vide avec ma main droite pendant que ma main gauche serrait 3x3m de planches à la vertical. J’ai poussé un petit gémissement de surprise, serré très fort mes abdos et mes fesses et rattrapé le tout. Après avoir monté la moitié du pack, on commençait à avoir les avant-bras explosés. Si je n’étais pas un grimpeur, habitué à constamment faire confiance en mes avant-bras et endurant dans le domaine, j’aurais vraiment eu les boules donc chapeau à Jamie. Il a également pousser un gémissement quand les planches ont voulues se réhorizontaliser entre deux étages. Après suffisamment d’expérience presque traumatisante, on a décidé de simplement monter les escaliers avec deux planches chacun. On a mis en jeu une boite de bière pour celui qui faisait le moins de « BONG » dans l’escalier et l’appart. Il m’a battu à plat de couture. 7 touches contre 13 je pense.
Mercredi a été uniquement consacré à la préparation/démolition. Je vous donne un peu de background sur le job:
On refaisait une terrasse en bois pour un client tétraplégique dont la copine est une amie de la famille d’une ex de Jamie. La mutuelle lui a payé l’aménagement/adaptation de son appart pour qu’il soit vivable. La terrasse en pavé se trouve 20 cm en contrebas de la porte. Il en a donc fait construire une en bois sur des plots en plastique pour qu’elle soit à niveau. Le gars qui a fait le job pendant qu’il était à l’hôpital a fait un boulot médiocre (mais fonctionnel). On était donc là pour démolir et remplacer le bois pour rendre la chose plus présentable. On a souffert d’une météo particulièrement exécrable. Le kwila qu’on utilisait est recouvert d’un liquide brun qui rend le métal noir et tache absolument tout quand il est mouillé. J’ai également découvert les plaisirs de travailler dans un espace restreint en ville chez quelqu’un. Par exemple, la gestion des copeaux de bois/poussière devient un problème. On a amené que le strict nécessaire donc tout se faisait à même le sol toute la journée et notre dos rouspétait pas mal à la fin de la journée. Heureusement on est allé quelques fois chez Jojo et Nico après le travail pour attendre attendre que le traffic s’améliore et ils ont une chaise de massage. Un vrai plaisir.
Après 4 jours de ronchonnage avec le sourire, on était plutôt content du résultat. On a fêté la fin du chantier avec une* bière lundi soir chez Jo et Nico. Kate était à Te aroha pour le travail avec sa maman et Mark était à la maison avec Sparrow. Le weekend avait été 100% consacré à l’époxy et sa préparation comme Kate l’a expliqué dans le blog de la semaine précédente.
Mardi, mercredi, j’ai passé donc 2x6heures avec la ponceuse dans les mains à bosser pour m’assurer que ce projet de plan de travail couteux en temps et matériaux soit finit avec minutie. On adore le résultat final. Ça donne un look vraiment unique à la maison. Il y a beaucoup de bois exposé et pas mal de paternes dans la tiny mais jusqu’à maintenant on pense que c’est réussi. Le vrai test sera quand on emménagera. Mais maintenant qu’on a une bonne compréhension de ce qui constitue notre maison, on peut facilement adapter les choses qui ont été mal conceptualisée.
Jeudi et vendredi ont été des jours un peu frustrant. Jeudi ça n’avançait pas assez vite à mon goût quand j’installais l’évier et la cuisinière à gaz. Vendredi j’ai entrepris de faire des gaufres pour me préparer pour la fête des mères où j’avais proposer de faire des gaufres des Liège pour le déjeuner. Mais j’ai raté ma première tentative ça m’a mis de mauvaise humeur. Je déteste gaspiller de la nourriture. J’ai passé la fin d’aprem et la soirée à l’atelier de Jamie a enlever des clous de planches de bois. C’était une chouette activité pour sortir l’excès d’énergie. Je ne sais pas si je vous ai dit mais on a récupéré plein de palettes du travail de Mark. Je me suis atteler à la fastidieuse tâche de les mettre en morceaux pour pouvoir facilement stocker les composants dont on a pas besoin. Les planches qui en sortent sont absolument recouvertes de clous. Une fois nue, On en a notamment utilisé ce weekend pour faire une protection contre les moutons tout autour de la terrasse. Un peu comme on a fait autour de la maison. ça donne très bien. Il y a une autre tâche que je fais le soir. J’essaie d’émietter des morceaux de polystyrène qu’on reçoit dans les emballages de nos achats pour qu’il puisse servir comme remplissage pour le Fatboy. C’est une tâche titanesque. Ça prend des plombes donc il faut que je fasse un peu chaque jour. J’ai une petite boite dans le salon avec un blog de polystyrène dessus toujours prêt à être concassé. Je vous donnerais des nouvelles de l’avancement. A dans 6 mois ....
Samedi soir Jamie faisait sa grosse soirée avant son départ. Une grosse vingtaine de personne étaient de la partie. On a bu, dancé, fait visiter la tiny et surtout bien rigolé. Lauren Wilcox était là (ma dernière sœur d’accueil). On est tous secrètement un peu amoureux d’elle (aussi bien les belges qui l’ont vu passé à Liège il y a quelques années que les Robinson). J’ai déjà parlée d’elle dans un blog précédent donc je vais abréger. Il s’avère qu’elle a un copain (on l’a pas encore révélé à Jamie). Mais il habite à 2h de route donc on a un peu parlé de l’amour longue distance. C’était chouette d’être un peu social pour une soirée. Notre vie sociale se résume à la famille et Cathy en ce moment donc c’était rafraichissant de voir de nouvelles têtes.
Dimanche c’était la fête des mères. Joyeuse fête maman, Mumu et Nanie!! (plus les autres qui me lisent). J’ai donc fait des gaufres et elles étaient autrement plus réussies que celles de vendredi. J’étais vraiment satisfait du résultat, ce qui arrive rarement avec mes gaufres. Même quand je les faisais en Belgique, j’étais fort critique. Mais là, c’était un beau niveau. Sally a même dit qu’elle voudrait bien ça chaque dimanche matin. Kate les a garnies avec du, bacon du sirop d’érable et des mûres ce qui était divin. On avait également acheté 150 sticks de chocolat Garnier pour l’occasion. On s’est fait une gaufre fourrée comme dessert ce qui a également rencontré un franc succès. Je pense vraiment que je vais essayer d’aller faire des gaufres sur le marcher le samedi matin à Pukekohe. Si je suis consistant dans la qualité que j’ai pu délivrer dimanche, je suis convaincu qu’elles partiront comme des petits pains. J’ai calculé que ça coûtait 70 cent de NZ$/gaufre. Si je vends une gaufre 5NZ$ et au chocolat entre 6$ et 7$. En quelques gaufres ça serait rentable d’être là. Ce qui est un peu plus chiant, c’est de passer son samedi matin à faire ça !
Bref, je pense avoir bien assez parlé pour cette semaine. Si vous avez lu jusqu’au bout vous pouvez vous faire une petite tape sur l’épaule de ma part. Vous l’avez mérité parce que après tout, vous vivez au 21ième siècle où la capacité attentionnelle est de l’ordre de la seconde. N’ayez crainte, je vais vous mettre des photos en description pour assouvir vos pulsions scrollatrice.
Hasta la vista amigos. *une = plusieurs
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Au revoir 2022
Allez, je vais faire mon aussi mon petit bilan !
Encore une année qui est passée très vite. Je me dis que ça va faire 2 ans que je suis dans mon nouveau travail et j’ai du mal à y croire. Plus le temps passe et plus j’ai l’impression d’être montée dans un train à grande vitesse. ça a des côtés pratiques mais d’autres moins.
Même si j’ai passé de très bonnes fêtes, mon anxiété a fait des siennes ces derniers jours (sans doute encore cette histoire de temps qui passe et puis tant pis, faut faire avec). Heureusement ça c’est calmé et pour l’étouffer un peu je vais passer sur du positif.
Oui parce que même si cette année a été très chaotique niveau actualité, c’est l’impression que j’en tire au niveau personnel (même s’il y a eu comme toujours des hauts et des bas et que j’ai encore des trucs à travailler et à détricoter. Mais au moins je remonte et c’est déjà ça).
Gros progrès déjà j’ai repris les leçons de conduite malgré mon énorme blocage ! Autre gros point d’avancée : l’écriture. J’arrive à m’y mettre avec un rythme soutenu et ça fait vraiment du bien d’avoir retrouvé ça. Je n’ai jamais été aussi productive pendant un NaNo que lors de celui de cette année.
J’ai découvert de nouveaux endroits et j’ai fait des petits voyages, j’ai lu, j’ai appris...j’ai gardé une trace de tous les petits moments qui rendent le quotidien plus magique.
Mon chat va bien, moi aussi.
Pour 2023 je veux :
-Passer mon permis de conduire.
-Publier ma fanfic’ sur AO3 (ça fait 1 an que je l’ai commencée donc cette fois on tergiverse plus et on y va).
Merci à tous de m’avoir accompagnée et bonne fin d’année à tous.
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Hyundai Sonata AWD et Ford Explorer 2025
Le 10 octobre 2024
Le monde de l’automobile n’est pas que VUS et pick-up. Malgré la diminution de l’intérêt par les consommateurs en général, il reste encore plusieurs berlines intéressantes sur notre marché, surtout au Québec. Toutefois, alors que les constructeurs américains ont presque tous éliminé la plupart des berlines de leurs catalogues, les constructeurs européens et asiatiques, eux, continuent de nous en proposer…surtout les asiatiques! Et c’est pourquoi j’ai choisi peut-être la plus typique des berlines sud-coréennes pour mon sujet de la semaine, la belle Hyundai Sonata.
Décidemment, la toute récente Sonata affiche une ligne des plus modernes. (Photo Éric Descarries)
Je dis « belle » avec conviction. Cette auto de dimensions intermédiaires est très belle. Elle affiche même un design que l’on aurait qualifié de futuriste il n’y a pas si longtemps. J’aime surtout les lignes que ses designers ont donné à la portion avant du véhicule ajoutant cette nouvelle calandre plus agressive mais en même temps plus élégante que dans le passé. Mais, encore une fois, je vous laisse la liberté d’en penser ce que vous voulez!
Même vue d’arrière, la belle Sonata se présente sous une robe unique. (Photo Éric Descarries)
Reconduite presque entièrement, la version 2025 de la Sonata nous revient avec la même plateforme à traction avant ou intégrale (ma voiture d’essai affichait fièrement le sigle HTrac à son coffre signifiant qu’elle était à traction intégrale). Toutes sont mues par un quatre cylindres de 2,5 litres atmosphérique ou turbocompressé (disponible dans la version sportive N-Line mais qu’avec la traction avant) et une boîte automatique (semi-automatique sur la N-Line) à huit rapports. Ce moteur développe 191 chevaux et 181 livres-pied de couple (290 et 311 en configuration turbocompressée N-Line) ce qui est amplement suffisant pour une berline de 3548 livres.
Malgré tout, sous le capot, la berline Sonata possède une mécanique bien connue. (Photo Éric Descarries)
L’intérieur en est spacieux et accueillant. Si le tableau de bord vous semble un peu simple, il conserve quand même une certaine élégance. L’instrumentation (numérique) est complète mais comme c’en est le cas pour tant de voitures modernes, il faut consulter les instructions pour tout comprendre son fonctionnement. Bien entendu, tout passe par le système d’audiodivertissement avec l’écran tactile de 12,3 pouces qui accepte la connexion aux systèmes Android Auto ou Apple CarPlay. Ne cherchez pas le levier de vitesses traditionnel, il a été remplacé par une sorte de commande rotative au bout d’une manette que l’on tourne pour passer en marche avant ou arrière.
Le tableau de bord peut sembler simple, il demeure moderne. (Photo Éric Descarries)
Les sièges avant sont très confortables, tout comme ceux d’arrière. Ce qui ajoute au plaisir de voyager dans une telle Sonata, c’est la finition impeccable et le choix des matériaux qui est exceptionnel pour une auto aussi abordable. Quant à la malle arrière, elle est très utile sans être ni étroite, ni exagérée, juste de la bonne dimension.
Les places arrière sont suffisamment spacieuses et surtout confortables. (Photo Éric Descarries)
Sans surprise, le coffre propose suffisamment d’espace pour les bagages des occupants de la Sonata. (Photo Éric Descarries)
Sur la route
Toutefois, ne vous attendez pas à des remarques excitantes en ce qui a trait à mes impressions de conduite concernant la Sonata. Je ne veux pas dénigrer la voiture ici. Juste rappeler que la conduite de cette auto est très prévisible et très sure. Mais elle demeure bien ordinaire. Ce n’est certes pas une berline sportive avec une suspension ferme et une direction des plus précises mais tout cela est secondaire quand on est au volant de la Sonata. En d’autres mots, cette belle Hyundai est reposante à conduire. Pas d’échappements bruyants, pas de sons exagérés de la route, juste des accélérations franches qui peuvent demander de huit à neuf secondes pour passer du point mort à 100 km/h. Les reprises sont un peu plus rapides et surtout rassurantes. Cependant, je dirais que les pneus Pirelli P235/45 R18 ont certainement aidé au comportement routier stable de la berline. Enfin, grâce à la traction intégrale de cette Hyundai, voilà une berline qui devrait être plus agile et certainement plus pratique en hiver (si équipée des pneus d’hiver appropriés). Les autres Sonata peuvent être équipées de la traction avant (la seule disponible avec la version de performance N-Line).
Les pneus Pirelli contribuent à une tenue de route appréciable de la Sonata. (Photo Éric Descarries)
La Sonata fait partie de ce groupe de berlines nous venant surtout d’Asie dont la Honda Accord, la Subaru Legacy, la Toyota Camry, la VW Jetta, la Kia K5 ou encore la Nissan Altima (qui disparaîtra après 2025). Les prix ne varient pas beaucoup chez Hyundai, ils ne vont que selon la version choisie. Dans le cas de ma voiture d’essai, on parle de 36 524 $ incluant le transport et la préparation ce qui, à mes yeux, est très raisonnable. Incidemment, il n’y a plus de version hybride de cette voiture au Canada.
Évidemment, la Sonata n’est pas une auto énergivore. J’ai obtenu une consommation de 10,9 l./100 km mais qu’en conduite presque uniquement urbaine (le constructeur annonce 9,9, une mesure prise pat Energuide Canada). Et avec de l’essence régulière seulement.
Plusieurs articles mentionnent une sorte de regain d’intérêt à prévoir pour les voitures de type berline. Si c’en est le cas ou, surtout, si vous pensez avoir besoin d’une berline comme moyen de transport ou pour la famille, n’oubliez surtout pas la Hyundai Sonata dans vos choix!
Rapide essai du Ford Explorer 2025
Ford du Canada a eu une idée brillante. Au lieu d’envoyer une poignée de journalistes automobile dans une région reculée des États-Unis (fort possiblement en Californie) pour le lancement médiatique de son VUS intermédiaire Explorer 2025 légèrement révisé, les représentants du constructeur a choisi de transporter une demi-douzaine de ces camionnettes dans divers coins du pays pour que le plus de journalistes possible puissent l’essayer, ne serait-ce que pendant une journée. J’ai donc été invité pour la tournée dans la région de Montréal.
L’exercice fut plutôt simple. Nous sommes partis, deux par véhicule, de la région de Brossard au sud de Montréal pour une tournée dans la région de Bromont dans les Cantons-de-l’Est. Évidemment, la première portion se faisait sur autoroute pour que nous puissions expérimenter le principe Blue Cruise de conduite autonome (ce que je venais de faire au volant du Cadillac XT-6 la semaine dernière). Au départ, je vous dirais que le principe est le même mais que celui de Ford est plus sensible aux expressions faciales du conducteur (faut pas quitter la route de yeux trop longtemps!). Mais j’y reviendrai plus tard quand je prendrai l’Explorer pour un essai plus long.
Le grand VUS Explorer Titanium de Ford de 2025 affiche une calandre redessinée. (Photo Éric Descarries)
Sachez que, pour 2025, Ford a révisé les phares avant, la calandre le bouclier avant et les feux arrière de l’Explorer. Il en a aussi changé les dénominations la version SE s’appelant désormais Active qui est suivie des ST Line, ST et Platinum. Il n’a pas encore été question de la finition plus robuste Timberline qui pourrait nous revenir sous un autre nom (Tremor?).
Les deux moteurs au catalogue sont le quatre cylindres EcoBoost de 2,3 litres à turbocompresseur qui fait rien de moins que 300 chevaux et 310 li-pi de couple (révisé pour éliminer le décalage du turbo et avoir plus de puissance à bas régime) et le V6 aussi à turbocompresseur de 3,0 litres qui développe de 400 chevaux et 415 li-pi. La seule boîte de vitesses disponible est l’automatique à 10 rapports (reprogrammée) alors qu’au Canada, l’Explorer (sur une architecture de base à propulsion) ne vient qu’avec la traction intégrale.
À l’intérieur, les changements les plus importants sont au niveau du tableau de bord et de sa programmation maintenant appelée Ford Digital Experience. L’explorer est toujours capable d’accepter sept personnes à son bord sauf pour la version Platinum à moteur V6 qui n’en prend que six. Les prix devraient varier de 52 830 $ à 71 430$ plus les options et autres frais.
Ford du Canada avait organisé une balade au sommet de la montagne à Bromont. (Photo Éric Descarries)
Outre notre randonnée sur autoroute et sur les routes de campagnes autour de Bromont, nous avons pu grimper la montagne par le chemin de service qui mène au chalet au sommet, une expérience presque hors-route (aussi raisonnable que possible au volant d’un Explorer) intéressante compte tenu des pneus Pirelli qui équipaient nos modèles d’essai.
On y a vu le nouvel Expedition dont il sera question plus tard. (Photo Éric Descarries)
Difficile d’ignorer le design du tableau de bord du nouvel Expedition. (Photo Éric Descarries)
Pour compléter notre journée de prise de contact avec l’Explorer, Ford y avait transporté un prototype du nouvel Expedition dont il a été question dans ce blogue la semaine dernière. Une petite démonstration du fonctionnement du panneau arrière qui se transforme en petite table ou en petit banc a complété l’exercice (en plus d’avoir eu la confirmation que la version Timberline deviendrait Tremor!). On en saura plus long quand je pourrai mettre la main sur une version de production de l’Expedition au printemps prochain!
Vue à Bromont, cette nouvelle Lotus Emira était conduite par un journaliste automobile de la région de Boston. (Photo Éric Descarries)
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Pour une dernière fois;
Lettre à mes deux hommes,
Dès notre rencontre, je t’ai plu, et ce fut une chance incroyable, car je ne me considère pas comme quelqu’un d’extravagant. Même maintenant, quand tu me demandes ce que j’aime chez moi, je peine à trouver une réponse, convaincue que c’est ma simplicité qui t’a charmé.
Notre connexion était évidente, et je me suis vite rendue compte que, dans tes bras, je me sentirais toujours en sécurité, aimée et protégée. Après très peu de temps, j’avais déjà la certitude que tu serais là pour m’encourager dans tous mes projets, me faire sourire et me pousser à dépasser mes limites après un échec, afin de devenir la meilleure version de moi-même. Tu as toujours souhaité m’offrir le meilleur. Et ce désir a toujours été réciproque.
Nous partageons de longues discussions auxquelles je n’ai jamais envie de mettre un terme, tant je te trouve passionné et j’aime ton humour bien à toi et ta manière de transformer des histoires ordinaires en films d’action. J’ai toujours su que je ne m’ennuierais jamais avec toi.
Et puis, il y a ta façon de prendre soin de moi, de t’inquiéter pour mon bien-être, de me demander comment s’est passée ma journée ou si j’ai bien dormi. Avant toi, personne ne semblait se soucier réellement de ces détails qui, pourtant, comptent tant. Avec toi, tout est différent.
Notre histoire était faite de ces choses indescriptibles, de cette alchimie et harmonie qu’on ne sait expliquer mais qu’on ressent profondément. Le temps a filé à une vitesse incroyable, preuve que les moments heureux semblent toujours trop courts. J’aimerais pouvoir appuyer sur pause, ne serait-ce qu’un instant, pour prolonger ces instants précieux qui n’appartiennent qu’à nous.
Nous avons pris notre temps pour construire notre relation, mais tout a semblé passer si vite. J’aurais aimée que ce soit assez pour toi. J’aurais aimée que tu puisse te laisser aller encore plus longtemps à mes côtés.
Je savais que nous serions suffisamment solides pour affronter ensemble les tempêtes émotionnelles, que notre résilience était à toute épreuve, et surtout, que nous étions capables de nous compléter parfaitement.
J’aurais voulu être la personne qui serait là pour toi dans les bons comme dans les mauvais moments, pour célébrer tes succès, partager tes échecs, embrasser tes imperfections afin que tu apprennes à les aimer.
Puis cette fin est arrivée, prématurément selon moi.
Tout étais terminer et il fallait continuer chacun de son côté.
Puis ses deux lignes rose sont apparues. Je me suis sentie démunie et plus seule que jamais. Je ne savais pas quoi faire. Je n’étais pas prête. Le moment était mal choisi.
Le jour arrivas.
J’avais l’impression que tout le monde savaient mon secret qui devenait de plus en plus difficile à porter. La douleur de ne pas savoir si je prenais vraiment la bonne décision, la tristesse de vouloir garder mon bébé, mais de ne pas être en mesure de le faire. Puis soudainement, tout est devenu noir et quelques heures plus tard, mon bébé n’était plus.
La minute précédente, je portais la vie et celle d’après plus rien.
J’ai ressenti un grand vide dans mon corps, une douleur innommable dans mon coeur. Pourtant, au fond de moi, je savais que j’avais fait le bon choix pour toi. Qu’à cet instant-là , je n’avais rien à t’offrir et que je n’aurais malheureusement pas été en mesure de m’occuper adéquatement de toi.
On m’a dit que la douleur partirait. Que j’oublierais cet épisode de ma vie et effacerait ce souvenir.
Je me sens toujours coupable d’avoir enlevé la vie à ce petit être qui ne demandait qu’à vivre. Je me demande sans cesse ce qu’aurait été mon existence si j’avais gardé cet enfant. Je me demande si mon amour pour cet enfant aurait suffi. Je me demande si c’était un petit garçon ou une petite fille et ce à quoi il aurait ressemblé. J’ose croire que tu aurais eu mes yeux, probablement le caractère de ton père. Tu aurais pu déplacer des montagnes, je le sens au fond de moi. Tu aurais été extraordinaire, tu aurais eu toute les chances de grandir dans ce monde remplis d’injustice. Tu aurais trouver ta place comme personne. J’aime t’imaginer, petit homme, courir dans tout les sens et t’entendre dire maman.
La douleur ne s’est pas réellement atténuée et je ressens toujours un vide immense qui prend davantage d’espace à chaque jour ou je me demande si cette décision était la bonne. Je sais que cette douleur restera toujours.
J’aimerai simplement, le temps d’un instant, me sentir moins seule. Être seule avec moi-même est la pire des souffrances.
J’aimerai que ton père soit la, mais cette journée-là je vous ai perdu tous les deux à jamais.
Ma petite poussière 💫
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L'amour
L’amour…Un mot que tout le monde convoite et essaie d'obtenir. Mais qu'est ce que l’amour en réalité pour de nombreuse personne c’est le fait d’être plus important que d’autre personnes aux yeux de son amant,pour d’autre c’est se sentire convoité par autrui,il y en a qui dise que c’est l’argent ou la beauté,ou encore le fait d'être attiré par quelqu’un en sachant spécifique ce qui nous attire chez lui.
Mais pour moi l’amour c’est le fait de se retrouver face a une chose inattendu qui peut autant nous aider et nous faire nous sentir bien que nous détruire en un claquement de doigt. C’est le fait de se dire que cette personne est très importante sans savoir pourquoi,c’est le fait d’avoir l’impression que tous nos problèmes disparaissent avec l'arrivée de cet individu dans notre environnement. Quand on est avec cette personne le temps passe a une vitesse folle,rien n’a d’importance a part elle et elle seul.
Mais l’amour n’est pas que bonheur,c’est aussi beaucoup de souffrance la plupart du temps et cette souffrance n'est pas insignifiante au contraire elle consume l’être qui aime à petit feu. Mais lui l’être aimé n'agit pas forcément consciemment.
L’amour est l’un des sujets les plus complexes de l’univers. Pour moi il y a deux sujets inexplicables dans l'univers,l'amour et l’être humain. Comment pourrions nous déterminer ce que c’est qu’aimer. Rien n’est simple dans la vie est encore moins l’amour.
On a tous vécu une histoire qui nous a fait nous dire “L’amour c’est pas fait pour moi” ou encore “Je suis pas faite pour être aimé” certaine personne arrive a passé le cape et d’autre ne le passe pas, néanmoins il a des gens comme moi qui sont dans un entre deux où on sais pas quoi faire on a besoin d'aimer et d’être aimé mais on se dit que ça ne marchera pas car on sera pas vu par le même regarde que nous l’on porte sur l’être qu’on aime…
Cette personne ne sait pas à quel point elle compte aux yeux de la personne qui l’aime et la tristesse quel lui procure en lui disant des mots tels que “tu es une personne incroyable t’es vraiment une très bonne pote” cette phrase détruit des personnes.
L’amour est l'épreuve la plus belle à vivre que la plus douloureuse. Cette épreuve est sans fin. Qui entraîne parfois des dépressions, des manque de confiance en soi et en autrui et parfois même la mort.
De nombreux chanteurs de nos jours parlent de leur souffrance amoureuse,mais malheureusement,les histoires d’amour deviennent de plus en plus des histoires de cul… Peu de personnes arrivent à l’avoir et à le garder… Un mariage sur deux finit en divorce 1 enfant sur deux vie mal le divorce de ses parents….
Nous sommes dans une génération ou l’amour n’est plus une chose prise au sérieux les gens de mon âge s’amusent avec les sentiments des autres car eux même on vecu ca et en souffre et pour arrêter ça il crache leur venin de douleur sur d’autre personne.
L’amour a plusieur fase et est très différent selon la personne qui le reçoit l’amour est à la fois fait pour les amis,pour la famille,pour notre amant et pour nos passion.
Mais l’amour veux aussi tout et rien dire à la fois c’est ca ce qui est compliqué et facile .
L’amour ne serais tout simplement une partie du mot vivre.
A.S
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Si on parlait un peu du paradis ? (2)
“Nous serons transformés, en un instant, en un clin d’oeil...” 1 Corinthiens 15. 51-52
Comment pourrais-je reconnaître mes êtres chers sans leur corps terrestre ? Exactement comme les disciples ont reconnu Moïse et Elie, alors que ceux-ci étaient morts depuis des siècles (Marc 9. 4). Vous serez autant l’enfant de Dieu au paradis que vous l’avez été sur terre, mais sans votre corps terrestre, jusqu’au jour du retour du Seigneur lorsque “nous serons transformés” (1 Corinthiens 15. 51). Continuerons-nous à apprendre et à grandir ? Bien sûr ! La structure de l’atome sera un jeu d’enfant comparé à ce que vous découvrirez au paradis ! Imaginez une étude approfondie de l’histoire humaine vue selon l’angle divin.
Sans oublier la possibilité de voyager dans le passé, non pas à la vitesse de la lumière, mais de l’esprit. Aurons-nous le temps de nous détendre et de pratiquer nos passe-temps préférés ? Le paradis sera un lieu de repos. Vous pourrez planter un jardin sans souffrir de courbature du dos, sans craindre les mauvaises herbes ou la sécheresse. Vous pourrez composer des oratorios ou écrire des poèmes. Vous pourrez sculpter le bois ou peindre un paysage. A la louange de Dieu ? Tout, au paradis sera fait pour Le louer. Aurons-nous des soucis ?
Non. Ni armes, ni bombes, ni crime, ni violence, ni guerre n’y auront place. Les portes n’auront aucune serrure. Tout ce qui, sur terre, rendait la vie dangereuse et effrayante aura disparu. “Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu” (Apocalypse 21. 4). Comment parvient-on au paradis ? En choisissant d’y aller, pas par chance ! Tout le monde est invité. Encore faut-il accepter l’invitation ! C’est-à-dire en acceptant Jésus-Christ comme votre Seigneur et Sauveur. L’avez-vous fait ?
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Père Castor, raconte-nous une histoire
Il y a dix jours, c’était la tempête. C’est toujours impressionnant une tempête. On en retrouve dans la mythologie, dans les textes religieux, sur des toiles de toutes époques, au théâtre. Dans l’actualité elle rime aussi avec submersion, dégâts matériels et « vitesse de vent jamais enregistrée à la pointe du Raz depuis 1987 ». La tempête, c’est la nature qui rappelle à l’être humain qu’il n’est rien du tout, que l’univers est plus fort que lui. Je suis sûre que les médiums et les énergéticiens ont deux fois plus de clients après les grandes tempêtes.
Mais pour moi la tempête a une saveur encore plus particulière depuis un certain mois d’août en Charente. J’y suis allée passer des vacances chez ma mère et j’ai invité Betty pour une semaine. Vous commencez à le savoir, quand Betty est dans les parages, des choses singulières nous attendent au coin de la rue. Et ça n’a pas tardé puisque dès le soir de notre arrivée, autour des pommes de terre bouillies et des langoustines, ma mère nous raconte une anecdote sur son ami Père Castor.
Père Castor est un homme qu’elle nous décrit comme très sauvage mais brillant, jamais à court d’inventions, un genre de Léonard de Vinci après l’heure qui a conçu toutes sortes de machines dont il se sert pour sa petite exploitation locale. Il est arrivé dans le village il y a une vingtaine d’années mais de sa vie d’avant on ne sait rien. « On pense qu’il a dû se passer quelque chose… », nous dit ma mère avec un ton intriguant.
« C’est-à-dire ? Tu penses qu’il a commis un meurtre ? Il est recherché par la police ? ». J’ai déjà entendu parler de Père Castor, mais jamais sous cet aspect et j’aimerais être rassurée sur le fait qu’il ne viendra pas égorger ma mère en pleine nuit, sur un coup de folie.
« Oh non, quand même pas mais bon … », répond la future victime un peu trop mollement à mon goût.
« Mais tu ne lui as jamais posé de question sur son passé ? ».
« Ah non, je ne veux pas le déranger ! Il est très réservé. Et tellement gentil. » S’il est gentil en effet, mieux vaut ne pas l’embêter en lui posant des questions…
Une fois ce décor posé ma mère nous raconte que Père Castor est venu chez elle réparer sa chaudière la semaine passée et que quelques jours plus tard il l’a appelée pour savoir si elle fonctionnait bien et pour s’enquérir d’autre chose : « Caroline est-ce que tu te sens plus en forme ces derniers jours ? », à quoi ma mère a répondu « Je ne sais pas trop, c’est vrai qu’avant-hier je me suis endormie à 23h au lieu de 22h ».
« Et là il m’apprend que c’est grâce à lui que je suis plus en forme. Il a des énergies ou quelque chose comme ça, il a un don et apparemment les gens qui passent du temps avec lui sont comme revigorés après. » Ma mère nous livre l’info en ces termes, avec un air assez convaincu, alors qu’elle n’est au départ absolument pas branchée ésotérisme. C’est même la première fois de ma vie que je l’entends parler d’un tel sujet.
Tout à coup j’occulte complètement de mon esprit le fait que Père Castor a peut-être assassiné un de ses voisins à coup de pioche il y a vingt ans parce que je suis beaucoup trop intriguée par cette histoire et serais même intéressé personnellement par une petite séance de réénergétisation, pour bien démarrer mon été. Je vois dans son regard que Betty pense comme moi et après quelques questions pour essayer de mieux comprendre comment ça se passe, nous disons à ma mère avec entrain « On aimerait bien le rencontrer ce Père Castor ! ».
Ma mère nous organise un café avec lui deux jours plus tard. Nous brûlons d’impatience de le rencontrer et en parlons sans cesse, allongées sur nos serviettes de plage. Quelle belle perspective pour les vacances après une année pas dingo à trop travailler, mal dormir et pas faire assez de sport. On va être toutes fraîches !
Le jour j ma mère nous apprend qu’elle aura 5 minutes de retard et nous suggère de retrouver directement Père Castor à la terrasse de son café favori. « Vous ne pouvez pas le rater, il porte un chapeau de cow-boy ». Nous avons un peu d’avance et voyons à la terrasse du café d’à côté un homme avec une barbe, un chapeau et un sac à dos posé à côté de lui.
« Tu penses que c’est lui ? C’est bizarre, il n’est pas au bon café ». « Non, je ne pense pas, il n’a pas une tête de quelqu’un qui a de bonnes énergies », me répond Betty. Je fais confiance à l’experte et en effet, quelques minutes plus tard arrive un homme avec un chapeau de cow boy, un bon teint et un âge difficile à déterminer, qui s’assied à la bonne terrasse.
Nous allons nous présenter à lui « Bonjour, je suis la fille de Caroline ». Il est un peu gêné, comme nous, mais ma mère arrive rapidement et elle introduit la « séance » : « Ma fille et son amie sont très intéressées de savoir quel est le don que tu as pour donner de l’énergie ».
Et là, Père Castor démarre son histoire : « C’est très simple, avec vos modes de vie, vous êtes complètement coupées de l’énergie universelle et vous vous videz petit à petit sans pouvoir vous remplir. Votre antenne parabolique ne capte plus les messages du cosmos ». Ah ouais, « antenne parabolique » …
Il poursuit : « Aujourd’hui les gens sont déconnectés et ne reçoivent que des énergies négatives, ils s’épuisent, développent des maladies ». Très vite, j’ai le sentiment qu’on part sur un zinzin, mais pourtant ce qu’il dit sur les modes de vie déconnectés de la nature qui nous épuisent me parle et à regarder sa peau lisse, son air détendu et en pleine forme, comparé à nos deux faces défraîchies alors même que nous pourrions être ses filles, je me dis qu’il a quelque chose que nous n’avons pas.
Il poursuit sur une thématique qui me parle encore plus, les « vases communicants » et l’importance de s’entourer de gens qui nous apporte de l’énergie et qui ne nous en pompe pas. Allez dire ça à mon ex, un vrai moustique ! Il emprunte le ton un peu docte de celui qui a compris des choses avant nous quand il nous fait son exposé et à un moment il croit nous coincer : « Depuis quelques mois vous devez vous sentir encore plus fatiguées, non ? Depuis que vous avez eu la p’tite piquouze ? ».
Je vois très bien où il veut en venir, mais pas de bol, Betty n’est pas vaccinée contre le COVID – parce qu’évidemment c’est de ça dont il parle. Je ne me gêne pas pour le lui dire, ce à quoi il répond, en regardant Betty « Alors vous ça va », puis se tournant vers moi « Mais vous, vous faites de la télépathie ? Vous avez dû remarquer que ça fonctionne moins depuis que vous êtes vaccinée ».
Euh, attends là. Non je ne fais pas de télépathie, mais Père Castor a l’air de penser que si. Est-ce que j’ai une tête à faire de la télépathie ? Est-ce qu’il m’a vu un don de télépathe ? Je devrais peut-être essayer un jour.
Nous poursuivons l’échange et je regarde ma mère qui l’écoute attentivement et lui sourit. Je suis certaine qu’elle n’adhère à rien de ce qu’il dit mais, et c’est ce que j’apprécie particulièrement chez elle, elle ne lui dira jamais parce que c’est son ami et elle ne veut pas lui faire de peine.
Nous finissons par lui demander comment faire pour se recharger en énergie et maintenir un bon niveau, même quand l’environnement affectif ou professionnel vient nous en pomper. Il nous conseille de bien nous nourrir, en s’inspirant des juifs et des musulmans, pas de porc, pas d’alcool, de poissons avec écailles (ou sans écailles j’ai oublié) qui n’ont pas la même énergie que nous et puis, si on veut qu’il nous en transmette, lui envoyer une photo de nous avec nos prénoms. C’est entendu !
L’entrevue se termine ainsi. Au moment du débrief, Betty me dit qu’elle a bien fait de quitter son ex, qui lui était vacciné, parce qu’avec leur incompatibilité énergétique (disons-le, avec son énergie toute vilaine pleine d’ARN messager) cela aurait été problématique pour la descendance. Tiens, voilà une difficulté supplémentaire pour les couples mixtes provax/antivax à laquelle je n’avais pas pensé.
Plus tard sur la plage, nous prenons un selfie pour l’envoyer à Père Castor. Sur le premier, par réflexe, nous faisons un bisou. Pas possible. Sur le deuxième, un duck face. Catastrophe. Quelle tête faut-il faire sur une photo à envoyer à un monsieur qui va travailler sur notre énergie ? Finalement nous faisons un sourire gentil. Betty lui envoie, accompagné du message suivant : « Bonjour Père Castor, encore merci pour cet échange très enrichissant. Comme discuté, voici notre photo. Merci beaucoup. Betty ».
Une heure après, il nous répond : « Voilà, tenez moi bien informé 😊 😊 😊 😊 😊 😊 😊. A bientôt ». 7 smileys, c’est pour les 7 chakras ? Ou il écrit juste comme un boomer ?
Le soir nous dînons chez des amis d’enfance à qui nous racontons cette aventure et qui s’empressent de réagir, avec leur rire gras « Ah bah d’accord, on s’imagine bien ce qu’il va faire avec votre photo … hahaha ». Nous ne savons pas trop quoi penser mais profitons du dîner pour s’enquiller une demi-bouteille de rouge, en ne respectant absolument pas les consignes de Père Castor. Quand nous rentrons chez nous vers 1h du matin, la pluie a commencé à tomber et le vent à souffler.
Le lendemain matin, l’énergie ne se fait pas encore sentir, court-circuitée qu’elle est par la gueule de bois. Nous aimerions aller prendre l’air pour récupérer, mais il pleut sans discontinuer. Il est des lieux qui sont de véritables paradis quand le soleil les irradie et le ciel bleu intensifie leur beauté, mais qui n’ont plus AUCUN intérêt quand la grisaille et la pluie s’installent. Et c’est exactement le cas du village de ma mère. Avec ce temps, pourtant la première semaine du mois d’août, il n’y a rien à faire à part attendre. De bonne composition, nous en profitons pour lire puis faire une balade en voiture avec ma mère. Le soir, la tempête s’est installée. Nous ne pouvons pas sortir de la maison, nous ne pouvons pas retrouver mes amis, nous ne pouvons pas aller boire des verres. Tant pis, couchons-nous tôt pour récupérer.
La nuit qui suit, le vent souffle, les branches des arbres frottent le toit de la maison, des rafales de pluie tombent. Résultat, nous dormons mal et en se réveillant le matin, toujours pas d’énergie. La tempête continue et je vois Betty qui me regarde d’un air désespéré qui veut dire « J’avais tellement besoin de vacances, de farniente, de baignades … ». L’après-midi, une éclaircie apparaît alors nous en profitons pour nous balader, bien qu’il y ait encore un peu de vent. Au bout de 30 minutes de marche, tout bascule, une douche de pluie s’abat sur nous. Betty part dans un fou rire nerveux et en pleure presque. Nos k-way ne servent plus à rien, nos leggings sont trempés. Et toujours pas d’énergie. Le soir venu, nous n’avons pas le courage de sortir, alors on apprend à jouer au Yams puis on finit par se faire des tipunch et danser à deux sur Aya Nakamura. L’ambiance est de plus en plus étrange.
Le lendemain, il fait carrément froid. Nous faisons l’effort d’aller boire un grog en plein après-midi mais cette fois-ci ça suffit, il va falloir écrire à Père Castor pour lui demander ce qui se passe. Bien sûr qu’il n’est pas responsable du mauvais temps, mais nous on a l’impression d’être toutes molles, que notre état est pire qu’avant de le rencontrer. Et puis ça se fait de lui donner des nouvelles.
Betty lui écrit : « Bonjour Père Castor, j’espère que vous allez bien. Un petit mot pour vous informer qu’avec Anouk on se sent détendues après votre session (elle ne veut pas le froisser parce qu’il est gentil). La tempête nous a quand même bien fatiguées. A bientôt. Anouk et Betty. »
Très impliqué, Père Castor répond immédiatement : « Bonjour Betty et Anouk, nous sommes dans le portail astrologique du lion, je pense plutôt que ce sont ces énergies très puissantes qui vous ont fatiguées. Cela ira mieux dans quelques jours. Tenez-moi au courant. Bonne soirée à vous ».
Voilà une explication à laquelle on ne s’attendait pas, mais que nous sommes prêtes à croire, tant nous sommes désespérées. Le soir-même nous sommes rejointes par Léa, qui vient elle aussi passer quelques jours chez ma mère et à qui nous racontons nos aventures. Elle nous apporte son énergie extérieure et nous passons une très bonne soirée. Le lendemain la tempête a laissé place à un grand soleil, nous permettant enfin de commencer les vacances, dont la suite se déroule beaucoup plus sereinement.
Je n’ai pas osé en parler à Betty sur le coup, mais pendant ces quelques jours de tempête, j’ai ressenti un énorme pic de libido qui ne m’a pas quitté de tout l’été. Une envie d’en découdre d’une intensité que je n’avais jamais connue. Je me suis sérieusement demandée si c’était l’influence de Père Castor et quand j’ai fini par en parler avec elle à la rentrée en septembre, Betty m’a annoncé qu’elle avait ressenti la même chose !
Pendant l’été j’ai pu mettre à profit cette « énergie » au clair de la lune, avec mon ami Pierrot, mais ça c’est pour une autre histoire.
En attendant je rêve à un monde où juifs, mulsulmans, pro, antivax, tout le monde se tienne par la main pour reconnecter son antenne parabolique avec le cosmos.
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L’incidence des courants sur la navigation, en bateau
En navigation, au même titre que le vent, les courants ont une incidence sur la navigation d’un bateau. Nous devons les prendre en considération pour préparer notre croisière. Entre vitesses fond et surface ainsi que routes fond et surface, voyons comment calculer sa route au mieux pour arriver à bon port dans les meilleurs délais. En mer, la ligne droite est rarement la plus courte. Faire une droite sur une carte, prendre son cap et tenir la barre, ce serait trop simple. Le vent et les courants vont être de la partie et avoir une incidence sur notre navigation. Le vent, bien évidemment, va avoir une incidence sur notre route puisqu’il va conditionner notre allure et donc nos différents bords. Pour les bateaux à moteur, c’est plus simple. Par contre, le courant, lui, va influencer la route des voiliers comme des bateaux à moteurs. Il va avoir une incidence sur la vitesse du bateau ainsi que sur sa route. Il doit donc être anticipé (hé oui, encore une question d’anticipation et de préparation…).
Cas pratique de l’incidence des courants en navigation
Allez, je me lance. Je vais vous raconter une petite anecdote pour comprendre le problème. Je suis persuadé que certains d’entre vous ont déjà connu cette situation. Ne me laissez pas seul. J’avais passé un week-end à Belle Île. Nous devions quitter Le Palais en début de matinée pour rentrer dans le Golfe dans la journée. C’était une de mes premières navigations sans papa et maman. Nous avions passé de bonnes soirées entre amis. Ne disposant pas de GPS avec cartographie et na sachant clairement pas comment utiliser les coordonnées GPS du MLR de la table à cartes, je sors mes cartes papier. Je prépare donc ma route, au matin, pour prendre le cap du passage de la Teignouse et calcule le temps nécessaire pour y arriver, sachant qu’en l’absence de vent, nous ferions route au moteur. Nous quittons alors le port au petit matin, dans le brouillard, mais avec un passage à La Teignouse pour la renverse et entrer dans la Baie de Quiberon, puis dans le Golfe du Morbihan, avec le courant. Sûrs de moi, nous naviguons tranquillement en gardant bien le cap. Passé une heure de navigation, voire un peu plus, je distingue devant moi un bateau anglais, qui semble faire une route perpendiculaire. Je me dis que celui-ci fait route vers l’Est en passant au sud des îles de Houat et Hoedic. Arrive un moment, je distingue une autre forme devant moi. Cette forme ressemble plus à une côte. C’est alors que le doute commence à s’emparer de moi. Je me dis pourtant que mon cap est bon, et que dans le pire des cas ce bateau anglais croise tout simplement les plus belles îles de Bretagne sans vouloir s’y arrêter. Il est sans doute un peu à l’ouest, mais c’est un anglais (humour…). Et c’est là que HORREUR !!!! je me dirige droit sur la presqu’île de Quiberon et ses récifs. En fait, plus que le bateau anglais, c’est bien moi qui était à l’Ouest, au sens propre comme au sens figuré. Si mon cap était bien toujours le même, le courant sortant de la baie m’avait déporté vers l’ouest. J’avançais en crabe à cause de celui-ci. Mais heureusement pour moi, ma vitesse réelle avait été plus faible que ce j’avais calculé, là encore grâce au courant. J’ai donc pu me rendre compte de mon erreur et changer de route pour… suivre le fameux bateau anglais qui, lui, rentrait bien dans la Baie de Quiberon, par le passage de la Teignouse.
Ce petit moment de solitude résume très bien l’incidence des courants sur la navigation. Et au-delà les risques de transformer une croisière en galère. L’idée des explications ci-dessous n’est pas de vous faire un cours pratique sur la façon de calculer sa route en prenant en compte les courants sur une carte. Le but de cet article est de vous faire prendre conscience du phénomène, de l’anticiper et de connaître les quelques règles de base. Si ne naviguons pas tous dans des zones ou naviguer avec la marée est notre quotidien, nous avons tous à naviguer avec des courants.
Vitesse fond contre vitesse surface
On connaît la vitesse de nos bateaux grâce au Loch. Ce loch calcule la vitesse du bateau sur l’eau. Il donne la vitesse en nœuds. Un nœud correspond au nombre de milles marins effectués par heure. Sachant que le mille marin correspond à 1,852km, pour les terriens. Cette vitesse donnée par le loch est ce que nous appelons la vitesse surface. C’est-à-dire la vitesse du bateau sur la surface de l’eau. Certains d’entre vous vont me dire qu’ils n’ont pas de loch, ou qu’il ne fonctionne pas. Vous utilisez sans doute le GPS pour connaître votre vitesse. Or, cette vitesse n’est pas la même que celle donnée si vous aviez un loch. En effet, comme il existe un vent réel et un vent apparent, votre vitesse surface n’est pas la vitesse de votre bateau réellement. Si vous estimez votre arrivée dans un port en fonction de cette vitesse surface, vous risquez de vous tromper. Si le courant est pour ainsi dire nul, l’incidence sera minime. Cependant, si vous naviguez à 5 nœuds, mais avec un courant contre vous de 2 nœuds, vous n’avancez, réellement qu’à 5-2=3 nœuds. Votre vitesse, sur une carte, ou sur le GPS, ne sera que de 3 nœuds. A l’inverse, si le courant est avec vous, vous allez augmenter votre vitesse réelle, votre vitesse fond. C’est ce qu’on appelle la vitesse Fond, en fonction du fond de l’océan, donc la carte. Retenons que : Vitesse Fond = Vitesse Surface – Courant Bon, je sais qu’en parlant de vitesse réelle pour parler de vitesse fond, les mangeurs d’écoutes et passionnés de navigation entre 3 bouées vont me crier dessus. Pour eux, la vitesse réelle est sans doute la vitesse pure du bateau. C’est cela ?
La route fond et la route surface
Nous venons de voir l’incidence des courants sur la vitesse réelle du bateau. C’est sans doute ce qui a sauvé mon bateau lors de ma navigation réussie avec mes amis. A 30mn près, sans courant, je talonnais les premiers récifs. Et vous me direz, sans courant, ma route aurait été correcte et je serai arrivé tranquillement dans le fameux passage. Car, en effet, la deuxième incidence des courants sur la navigation est la route du bateau. Nous avons vu que lorsque le courant arrive face à vous, il va ralentir le bateau, et inversement. Mais quand il arrive de travers ? Définition d'une route en navigation Avant de commencer, qu’est ce que la route ? La route d’un bateau est l'angle entre la direction du nord géographique et la direction suivie par ce même bateau. Cela signifie que deux bateaux qui font le même cap à deux endroits différents feront donc une route plus ou moins parallèle ( à notre échelle, puisque dans les faits ils sont censés se rejoindre au pôle nord). Donc, si vous prenez un cap, et que vous vous y tenez, si rien ne perturbe votre route, vous devez arriver à bon port. Or, dans la varie vie, le vent et le courant vont venir se mêler à la fête. Mettons de côté le vent pour nous intéresser au courant. Je reprends à nouveau mon exemple, oui, je sais, j’aime bien me faire mal… J’avais bien pris mon cap pour faire une ligne droite entre la sortie du port du Palais et le passage de la Teignouse. C’était ma route surface. Cependant, la marée étant descendante, un courant sortant de la baie de Quiberon, et portant vers l’ouest est venu perturber ma route. Je me suis retrouvé plus à l’ouest que prévu. Je n’avais donc pas fait la route que je pensais et ma situation était bien différente sur une carte. Il s’agit de la route fond, la route réelle du bateau. Imaginez que vous marchez tranquillement et que vous passez sur un tapis roulant. Même si vous marchez tout droit, vous n’arriverez pas au même endroit, nous sommes d’accord ? Et bien c’est la même chose avec le courant. Et bien c’est pour cela que je me suis retrouvé face à La presqu’île de Quiberon.
Comment prendre en compte le courant dans sa navigation ?
Nous venons de voir l’incidence du courant sur notre vitesse et notre route. Alors comment faire face à cette problématique ? Allez, soyons francs, aujourd’hui, les lecteurs de cartes GPS et les applications mobiles proposant du routage nous simplifient bien la vie. Nous savons exactement à quel endroit nous sommes à tout moment et certains logiciels vont prendre en compte le courant dans le calcul de la meilleure route. Certaines applications proposent même de simuler les courants d’une zone spécifique en fonction des marées. Cela est d’ailleurs très pratique pour optimiser sa croisière et sa navigation. C’est surtout le cas en Bretagne et en Normandie. Autant éviter de franchir le Raz de Sein ou le Raz Blanchard contre le courant. Courant subi et courant prévu Dans les faits, vous entendrez souvent parler de courant subi ou courant prévu. Cela n’a rien à voir avec un courant surprise. Il s’agit de deux initiatives différentes. Le courant subi : Lorsque vous voulez connaître ou vous arriverez, sur la carte, après avoir subi le courant, on parle de courant subi. Le courant prévu : On parle de courant prévu lorsque vous anticipez celui-ci pour arriver à un point précis d’une carte. C’est celui que vous allez prendre en considération pour calculer votre route vers un port ou un mouillage. Vous me direz : A quoi peuvent bien nous servir ces deux concepts ? Les outils pour connaitre l'incidence des courants sur la navigation En fait, en l’absence d’outils électroniques ou de GPS, il est possible de prévoir sa route en fonction des courants. Pour cela nous avons deux outils : - Les cartes marines - L’atlas des courants du Shom ( vous retrouverez plein d'infos sur leur site). Ces deux outils vont nous donner la force, la vitesse, et la direction du courant pour chaque heure de la marée. Nous n’avons plus qu’à reprendre ces éléments avec notre bon vieux compas de relèvement et notre fameuse règle Cras. On trace notre route théorique puis, en reprenant les éléments du courant, on calcule la route réelle. Comme je vous le disais, je ne m’étale pas sur ce calcul, il y a déjà plusieurs blogs de professionnels du permis bateau qui en parle mieux que je ne pourrai le faire. Alors pour ceux qui veulent aller plus loin, vous savez quoi faire. Pour résumer, il est important de prendre le courant en considération dans la préparation de votre navigation, et cela est valable pour toutes les zones, en Atlantique, Manche comme en Méditerranée. Si les traceurs de cartes et logiciels de navigation peuvent nous aider, pensez aussi à vos petites navigations, à la journée. Les courants peuvent avoir un impact sur votre heure de retour en fin de journée. Read the full article
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CDMX
Une semaine a passé en compagnie de mes deux acolytes Mario et Luna. Mes premiers jours d’existence, dans une ville grouillante et monstrueuse.
En s’éloignant de la ville de Mexico pour le week-end, on réalise que la ville n’a pas de limite. Les baraques, toutes collées les unes entre elles, s’étendent à perte de vue. Puis au dessus d’un épais brouillard, de poussière et de pollution, il y a les montagnes, les volcans qui menacent et veillent sur la ville. Il faut plusieurs heures pour véritablement rentrer dans la ville en bus, tant le trafic est dense. Les axes routiers démesurément grand enlacent, les quartiers périphériques. Dans la nébuleuse urbaine, des églises, des bâtiments coloniaux sont disposés là, parfois au bord d’une route, parfois encerclés par des constructions nouvelles. Et tout à coup une colline, un parc arbolé surgit dans notre champ de vision.
On se rapproche du centre. Si l’on marche, on essaye de reprendre son souffle, écrasé par l’atmosphère d’une ville pollué et en altitude. Si l’on roule on profite, de la brise chaude et poussiéreuse. Le regard balaye des passants, les stands de plats sur le pouce où les personnes s’amassent. Au dessus, les lignes éléctriques tissent des toiles complexes emmêlées. Le reste, c’est un monde d’asphalte et de bruit permanent. C’est la sollicitation des sens en permanence, pour un temps.
Malgré la violence épuisante qui se dégage des villes, ce malsain conditionnement par la machine, cette vitesse difficile à aimer, j’ai toujours éprouvé une certain confort et un émerveillement à rester en ville. J’ai grandi en ville. C’est une boussole, et un refuge depuis mon enfance. Je vis à Aragon, un quartier au bord d’un axe périphérique. Mais encore un peu loin du centre. Il y demeure cette petite de vie de quartier plus tranquille avec le marché permanent en son centre, ses commerces. Les distances à parcourir à pied, entre le centre et les quartiers périphériques sont considérables.
En dessous de l’asphalte de la mégalopole, il y a des ruines. Les vestiges des civilisations pré-hispaniques. Le bassin de Mexico City est chargé d’une histoire qui semble elle aussi toujours aussi insaisissable, tant les sites sont nombreux, tant les pierres restent encore à découvrir. Je me carapace de l’intensité de la vie citadine, dans l’histoire qui transpirent des musées, des rues, des bâtissent anciennes.
J’imagine des mondes, des décors avec ces images qui émanent des bâtisses, des ornements, des sculptures préhispaniques. Comme si au milieu des passants qui se déplacent mécaniquement, dans cette atmosphère aliénante, il y avait les fantômes du passé qui tentaient de leur rappeler ce qu’il s’est passé. Comme si le décor, l’environnement voulait communiquer avec des humains qui marchent, oublient, aspirés par leur propre salut. Comme si l’environnement, quel qu’il soit criait pour qu’on l’entende.
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I could be a simple man, but I’ve chose not to. Des endroits sauvages, sans bruit, si ce n'est celui de la nature. Le bruit d'une peau vierge, qui vit, sans construction ni artifice. La mer, les oiseaux, le vent sur l'eau. Tout va lentement, paisiblement. Pas de fracas, une zone vierge. Mais c’est pas ce que j’ai choisi. J’ai choisi le jeu, la vie en ville, l’argent, la société. J’aurais pu partir, abandonner tout ça, le laisser à d’autres, mais non, je passe par là. Moi aussi j’essaie. C’est intéressant, mais c’est aliénant aussi. Pour y arriver il faut des moments de pause, pouvoir se ressourcer, aller marcher là où on ne pense plus à rien. Juste beau et reposant.
C’était pas très loin, sur une bande de terre, entre la mer et les étangs. Nous étions seuls, ma copine et moi, à regarder dans le ciel, les avions qui volent et tracent un chemin vers où…vers on ne sait où, là-bas, ailleurs. On s’dit qu’ils vont vers le sud, chez les Arabes, en Afrique, loin d’ici, où il fait chaud, même si ce mois de février n’est pas très froid. On marche doucement sur cette petite plagette et on sent sous nos pieds un drôle de sable, qui craque un peu. C’est un sable en formation, pas encore sable, encore un peu coquillages…de toutes petites pièces de crustacés, comme des bébés décomposés, qui jonchent et enfantent le sol pour donner le sable fin que nous connaissons.
Nous avons fait quelques mètres pour trouver cet endroit mais c’est comme si nous étions passé derrière le rideau, loin des badauds du dimanche qui circulent, en file, comme des microbes sur la peau, des chenilles processionnaires du dimanche, qui s’activent les unes derrière les autres pour faire leurs petites affaires. Trainer, se balader, en famille, à vélo ou à pied. Sur des chemins ou sur la plage, mais à des endroits toujours plus ou moins balisés. Là où nous étions, à peine 100 mètres derrière les fourrés, face à l’étang, aux flamands roses qui parlent inélégamment, de grands canards roses à la voix enrouée, nous étions seuls. Le temps s’arrêtait enfin. Au loin, de l’autre côté, nous voyons dans l’eau des hommes en botte, en train de draguer je ne sais quoi, ou tirer des filer, vérifier des bacs, des pièges. Là où nous regardions c’était un paysage sauvage, primaire, simple. Un ciel, de l’eau, deux hommes, et des animaux. Et au loin une terre promise, d’un vert lisse et accueillant. Un golf surement, mais on se dira qu’c’était la jardin d’Eden, que dis-je, les Indes ou les Amériques qui nous tendent les bras.
Les hommes ne nous regardent pas, ils sont occupés, nous n’existons pas pour eux, citadins, étrangers, mais les oiseaux se posent des questions. Les flamands s’agitent à chaque fois qu’un cylindre ailé leur passe au-dessus de la tête, et ils s’empressent tous de donneur leur avis, de piailler, pour savoir ce que c’est, d’où ça vient et où ça va. Nous, nous connaissons Air France, Vueling, Easy Jet. Eux, ils ne voient rien de tout ça, ils croient surement à un être suprême, oiseau légendaire brillant, sans plume et plein de fer, qui voguerait à toute vitesse dans les cieux pour aller là vers où ils partent, quand il fait trop froid, en migration.
« D’ailleurs, ça fait longtemps qu’il fait pas trop froid les gars, et ici y’a pas de mal de crevettes. Etrange hein, normalement chaque année on devait s’tirer, là on bouge plus d’puis cinq ans. Moi ça m’va, on s’perd plus en vol, et c’est moins fatiguant. Tu te rends compte, on met trois semaines à chaque fois pour y aller. Si on compte le retour et l’arrêt au Portugal pour voir Tata ça fait quasi deux mois. 60 jours d’économisés chaque année. Ca fait un paquet Jacquot hein, on crache pas d’ssus ?
Mais bon, on s’fait un peu chier du coup, ça change pu beaucoup. On est ici, là, on peut aller jusqu’aux Saintes, voir les autres potes, y’en a plein là-bas, y’a même une sorte de cinq étoiles tenu par des humains. Ils paient pour marcher autour de nous et ils se mettent des drôles de lunettes pour nous voir de près, comme si nous faisions des choses exceptionnelles. Mais nous, avec Jacquot et les autres, on va pas vous mentir hein, à part chier, manger, pisser un peu et dormir sur une patte, on fait pas grand-chose d’autre. Bon, on cause beaucoup, en même temps, on est jamais d’accord sur la destination ni l’origine de ces gros machins qui nous passent au-dessus de la tête. Moi je pense qu’ils vont se baigner un peu plus loin pour revenir pas loin non plus. Mais Jacquot m’raconte que lors d’une de ses anciennes migrations il a volé avec. Et qu’le truc, bah y parle pas. Y fait juste beaucoup de bruit, il dégage de la chaleur et il finit par se poser, à un endroit, tout gris, entourné par des grillages, comme une réserve pour nous, mais pour ces autres oiseaux. Et ces gros oiseaux qui causent pas, tiens-toi prêt, ils baladent des trucs qui bougent ou qui bougent pas. Y’en a c’est les mêmes que ceux qui viennent nous voir chier quand on est aux Saintes. Marrant hein.
Bon, ils sont pas pareil, ils sont plus bronzés et ils crient allah allah allah, pendant qu’ceux qu’on a ici chantent allah pêche au moulmoulmoul…étrange hein ?! Mais bon, c’est pas nos affaires, puis quand tu regardes chez nous c’est pareil, t’en as des très roses, d’autres un peu gris et pas très grands. On vient de partout nous aussi y parait. Nos grands-parents ont fait des enfants et certains ils sont jamais revenus de leur migration. Ils sont restés là où ils étaient, par flemme, ou juste parce qu’il faisait bon, peut-être. Quand j’y repense, les humains ils font peut être pareil grâce à ces grands géants d’acier, parce qu’ici, alors qu’on avait au début que des « allah pêche au moul moul », on a de plus en plus de « allah allah allah » tout court. Et ces derniers, on les trouvait uniquement derrière la mer, là-bas, où on va quand y fait pas assez chaud ici.
Donc c’est sûr, eux aussi ils se baladent alors…On est ptet pas si différent. On s’déplace un peu partout pour trouver un coin sympa. Puis quand on y est, on s’installe et on y reste. Même si j’vous l’cache pas, j’ai l’mal du grand air, la migration ça m’manque. On s’emmerde depuis qu’on bouge plus, puis on est mois beau qu’avant, et moins fort surtout. Mais bon, on prend moins de risque, on la joue « secure », on verra où ça nous mène hein, c’est pas moi qui décide, faut demander au Flamand en chef, c’est lui qui voit si on part ou pas, lui il est bien ici qu’il dit, puis on vote qu’une fois tous les cinq flocons ici, pour élire celui qui décide si on part ou on reste, donc ça risque pas d’bouger demain la veille hein...
Bon, Mr l’humain, Jacquot m’dit qu’ça pince là-bas. J’te laisse, faut qu’j’aille becter, j’blanchis à vue d’œil, bientôt on m’verra pu quand y fait gris. Aller, à plus ! venez payer pour nous regarder aux saintes, on s’ra content d’vous voir aussi 😊
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