La fille du président (un conte de noël érotique pour backpackers* névrosés)
Sur un mur de Mexico. Aimer est un acte révolutionnaire... En bas, pas de publicité, propriété privée
Sur et sous les bras, ainsi que sur les jambes, elle avait plus de poils que je n'en avais jamais eu. Je n'aimais pas. J'étais sous l'influence de la dictature de l'épilation intégrale. Même à l'ombre, il faisait une chaleur à crever sur la terrasse de l'hostel Casa Amarilla à Cali en Colombie. Je pouvais imaginer autour de sa chatte une forêt de poils qui s'étendait jusqu'en haut des cuisses, coagulée par la sueur. Elle était de Paris, elle était mignonne, je la trouvais belle et elle pleurait.
Je ne sais pas, les cours reprennent dans quinze jours. Qu'est-ce que je dois faire Bornu, disait elle en reniflant? Je n'ai pas envie de rentrer à Paris. Et pourtant il le faut. Dis moi, qu'est-ce-que tu ferais à ma place ?
Elle avait posé un pied sur une chaise en face de moi. Comme elle avait un short ras -le-bonbon, des poils pubiens se glissaient au-delà du tissu. Ses mollets étaient velus et dorés par le soleil. Ses avant-bras aussi étaient recouverts de poils tendres et un peu plus foncés que sur ses jambes. De sous son tee-shirt échancré, à chaque fois qu'elle soulevait un bras, je voyais, presque noire, une touffe de poils longs d'au moins 3 centimètres qui semblait vouloir s’échapper de leur cavité. Cette fille avait un peu plus de 18 ans. Elle était dans une classe de prépa à Henry IV, à Paris. C'était ce qu'on appelle une tête. Quand elle me parlait, on aurait dit qu'elle avait dix ans de plus. Elle était mature, elle avait de l'audace dans les mouvements et assurément elle avait un super QI.
Elle me faisait envie et en même temps, non, parce qu'elle avait trop de poil ! Je sais, je suis nul. Et puis surtout, j'ai quelques années de vol de plus qu'elle.
Tu sais, j'ai dit doucement, quelque soit la décision que tu prendras, elle sera la bonne. Tu as 18 ans et tous les choix te sont encore possibles. Soit tu fais ta deuxième année de prépa et tu retournes à Bogotá prendre ton avion pour Paris, soit tu prends une année sabbatique et tu voyages en Amérique du Sud.
La discussion s'était arrêtée là. Elle avait essuyé ses beaux yeux et avait regardé la patronne de la casa Amarilla qui venait lui annoncer que son taxi l'attendait. Son père lui avait donné l’adresse de cousins éloignés qui l'invitaient le soir même dans leur villa. 3 jours plus tard, elle rentrait à Paris faire sa deuxième année de prépa. Autant dire que j'avais peu de chance de la revoir.
Ce sont ces cousins éloignés qui avaient commandé le taxi. Ils faisaient parti de l'oligarchie colombienne, cette petite minorité de riches qui ont un pouvoir absolu sur le pays. Elle avait ainsi appris qu'un de ses arrière-oncles avait été "élu" président de la Colombie au début du vingtième siècle. Vérifie, m'avait-elle dit, il a le même nom russe que moi.
Elle prit son sac à dos, m'embrassa avec une tendresse que je n'attendais pas. Je l'accompagnais jusque dans la rue, laquelle nous assomma d'un soleil assassin. Cette fille, vraiment, me plaisait. Elle était inhabituelle. Quand on s'était rencontrés - une heure plus tôt - elle m'avait raconté son histoire de famille et m'avait demandé mon nom et moi le sien et, comme d'habitude, cinq minutes plus tard, je l'avais oublié. Au moment de monter dans le taxi, elle s'était retournée et elle m'avait dit, pour te rappeler de moi, tu n'as qu'à m'appeler la fille du président, et ses beaux yeux, cette-fois-ci, s'était fendus d'un sourire.
La fille du président, non. F Kalho à 18 ans
Une nuit à Cusco, Pérou
La cité magnifique, 4 mois plus tard.
J'arrivais directement de Lima après 18 heures de bus couchette et je me retrouvais du niveau de la mer à une ville située à 3 300 mètres d'altitude. De plus, j'avais réservé un hôtel sur les hauteurs, dans un quartier de Cusco qu'on dit bohème. Autant dire que je cherchais ma respiration quand je suis arrivé à destination.
Je me suis retrouvé dans un petit hôtel avec des Argentins, des artesanos, (des vendeurs de bijoux) qui n’arrêtaient pas de me taper de l'argent. Un Espagnol et une Belge qui étaient volontaires dans une association d'aide à des enfants de la banlieue de Cuzco. Une Française qui était bloquée dans les bras d'un Péruvien depuis 2 mois, et qui voulait surtout pas en sortir. Un jeune Versaillais de 19 ans, qui travaillait la nuit comme rabatteur sur la Plaza de Armas pour une boîte de nuit interdite aux Péruviens. Cool, le boulot. Il y avait un couple de Brésiliens qui vendaient eux aussi quelque chose qui ressemblait à des bijoux mais, ils étaient si laids qu'on était prêt à les leur acheter à condition qu'ils referment aussitôt leur stand des horreurs. Il va de soi que c'était la dèche et ils dormaient donc gratis sur le canapé de la salle commune où, la nuit, il faisait un froid glacial. Il y avait encore un punk borgne avec son Pitbull, Lula. Il descendait tous les jours sur la petite place San Blas et il s’asseyait au soleil, avec son chien, sur une vieille couverture. Il posait sur le sol une soucoupe et un panneau expliquant qu'il avait besoin de Ventoline pour Lula. Son pitbull était devenu asthmatique à cause de l'altitude, expliquait-il, aidez-moi. Lula tirait la langue toute la journée et en fin d'après-midi, il avait bien du mal à retourner à l’hôtel sans que son maître le porte. Le punk borgne gagnait bien sa vie. Faut croire que les gens aimaient bien Lula. Il avait suffisamment d'argent pour faire la fête tous les soirs et payer son dortoir. Enfin, entre ces murs, nous possédions une armoire à glace chilienne, Fausto, dont le visage était passablement patibulaire. Il jouait de la guitare. Le problème, c'est qu'il en jouait mal et souvent. Personne n'osait lui dire quoi que ce soit. On avait tous peur de se prendre une baffe. J'avais atterri à l'Hostel Lucky et j'y était bien. C'était le moins cher du quartier.
Elle est arrivée un jour après moi, Marina, la colombienne de Medellín. Elle était magnifique, très classe, une trentaine d'année et elle venait de Philadelphie. Elle avait quitté Medellín à 6 ans. C'était donc une Américaine d'origine colombienne. Elle accepta de parler en castillan avec moi car je lui avais dit que je voulais parler le moins possible en anglais en Amérique du Sud.
Elle détonnait dans cet hôtel. Elle était toujours pouponnée avec grand soin. Les yeux, la bouche, les ongles, les cheveux étaient passés au crible avant chaque sortie. Ses vêtements étaient choisis avec goût. Elle aurait pu passer pour une bourgeoise américaine. Les apparences sont trompeuses. Elle était passionnée par les voyages et elle faisait un tas de petits boulots à Philadelphie, pour les financer. Elle me plaisait, bien qu'elle paraissait un peu coincée.. Coincée et ouverte, c'est ce qui semblait la définir. Pour autant, elle était cool avec Lula et avec les autres, sauf les Argentins. Elle disait, j'en ai ras-le-bol des Argentins. En voyage, c'est toujours les plus magouilleurs. Je n’étais pas très loin de penser la même chose, surtout quand ils venaient me pleurer pour de l'argent.
On partageait le même dortoir. On a visité la même ville. Le pays des Gringos. Cusco était colonisée par les Yankees et pourtant elle était toujours la cité des Incas. La ville était superbe avec sa Plaza de Armas au milieu de laquelle trônait une statut d'un roi inca. Tout autour, il y avait une promenade sous les arches de bâtiments de type colonial espagnol. Des Indiens vendaient des bijoux, des vêtements, des écharpes et des bonnets, tandis que des rabatteurs vous alpaguaient en anglais pour vous vendre des treks au Machu Pichu ou sur la montagne aux 7 couleurs.
Plus loin, en sortant du centre, on alla manger un ceviche de poisson et de poulpe à l'intérieur de l'immense marché couvert de la ville, où les touristes se mélangeaient à la population locale. Il y avait les stands de vêtements traditionnels incas dans la première partie et sur les côtés du marché. Au centre, on trouvait les étals de viandes, de légumes et de fruits. Un peu plus loin, des femmes en blouses et casquettes blanches, juchées sur leurs estrades, vendaient des jus de fruits exotiques ou des yaourts et elles nous faisaient des grands signes pour que nous venions à leur stand. Marina leur faisait non avec un grand sourie, comme pour s'excuser. Dans la dernière partie, nous avons trouvé des petits restaurants qui nous proposaient des soupes, caldo de pollo ou caldo de gallina, ou des menus economicos et des ceviches (poissons ou fruits de mer marinés dans du citron). Il y régnait une ambiance décontractée, joyeuse, malgré la pauvreté toujours présente de certains Indiens qui faisaient la manche. Ils avaient des visages creusés, coupés au couteau et les yeux jaunes fiévreux de ceux qui n'ont pas toujours le ventre plein.
Marina, très aristocratique, détonnait. Elle mangeait en levant le petit doigt et en se tamponnant la bouche avec une serviette blanche si souvent qu'on pouvait se demander quand elle trouvait le temps d'avaler quelque chose.
J'adore cet endroit disait-elle. J'ai des images de Medellín quand j'avais 5 ans. On mangeait souvent dans les restaurants de rue avec mes parents. Toutes les odeurs et tous les bruits de ce marché me rappellent Medellín, mon enfance et la Colombie. Je répondais que je la comprenais et elle me souriait en s'essuyant pour la énième fois une bouche que j'aurais bien aimé embrasser, si je n'avais pas eu peur de me ramasser un râteau.
Nous sommes sortis du marché sous le soleil qui inondait les flans des montagnes environnant la ville. Malgré ces hordes d'Américains et d'Occidentaux, Cusco reste une des plus belles cités d’Amérique du Sud. Mais à mes yeux, rien, pas même cette cité, n'arrivait à la cheville de Marina. J'étais comme un vieux coq, et, fier, je bombais la poitrine. Elle me passait une main sous le bras et nous déambulions au hasard des rues. Parfois, j'avais une érection. Je pensais à mes doigts dans sa culotte. Très vite, je censurais ces images, j'étais persuadé que mes doigts dans sa culotte n'avaient pas beaucoup d'avenir. À un moment donné, elle me dit, regarde là-haut et me montra deux petites statuts de taureaux accrochées au toit d'une maison. Bornu dit-elle pourquoi des taureaux sur un toit ? Je lui expliquais que les taureaux au Pérou sont le symbole de l'abondance et de la prospérité. En les mettant sur un toit, on garantit confort et santé à ceux qui habitent cette maison. Elle me répondit alors, très solennelle, ha oui, je comprends mieux maintenant. Merci Bornu- je ne savais pas ce qu'il y a de mieux à comprendre, mais elle avait l'air d'être ainsi - évanescente et curieuse. Puis elle allongea le pas, comme si elle avait peur de manquer quelque chose d'extraordinaire au prochain croisement de rue. Curieusement, Marina ne prenait pas de photos. En contrepartie, elle avait des yeux qui savaient regarder ce qu'il y avait d'étrange et le remarquable dans une ville. C'était rare depuis l'arrivé des smartphones. Toute personne qui ne prenait pas de photos ou ne faisait pas de films semblait être un handicapé mental, un affreux retardé, comme si elle avait mille ans de retard, alors que - rappelons-nous - il y a 15 ans, personne ne savait ce qu'était un smartphone. Drôle d'époque. Est-ce qu'on était en train de devenir aveugle, à force de cliquer ou de pianoter sur nos adorables petits objets connectés ? Il faudrait le demander à un docteur ou mieux encore, au Ministère de l'Aveuglement. La police ?
Marina eut envie d'une glace sur la Plaza de Armas.
Marina avec une glace, suçant, sur la Plaza de Armas, les yeux pétillants, pour moi, il n'y avait rien de plus sensuel.
Marina à mon bras et le toucher de ses vêtements sur ma peau, c'était au moins autant sensuel.
Marina, un doigt à l'ongle parfaitement manucuré et vernis montrant les statues de taureaux sur un toit de Cuzco, oui, c'était toujours sensuel.
Marina se tamponnant les lèvres d'une serviette blanche en souriant comme une madone, oui et oui et oui, une bouche à embrasser. Une bouche divine !
Et le soir, dans le dortoir avant de se coucher, je la vis avec un survêtement rose bonbon. Elle portait un bonnet de laine, rose aussi. Aux pieds, elle était chaussée de chaussons où étaient accrochés des pompons oranges. Sur le bout de son nez pendaient des lunettes de lecture de grand-mère. D'un coup, mes ardeurs de la journée descendirent de plusieurs dizaines de degrés Celsius.
Bonne nuit Marina, je lui disais. Et je me glissais sous mes draps glacés.
Bonne nuit Bornu. Demain, j'aimerais bien sortir, cela te dirait de m'accompagner ?
Bien sûr je lui répondais, mais à une condition, c'est que tu ne sortes pas avec tes extraordinaires chaussons à pompons.
T'es con Bornu disait-elle en enlevant ses lunettes de lecture. Bon allez, j'éteins, good night Amigo.
Buenas noches, Mamita.
Mais tu es vraiment con Bornu, m’appeler mamita ! Je ne suis pas ta petite maman. Sweet dream stupid Frenchie.
Cette nuit-là, sous mes draps, une fois réchauffé, je ne fis pas de doux rêve, pas même érotique, je dormis comme un bébé.
Marina était très belle et de santé fragile, elle fait partie de ces personnes dont on dit qu'elles ont toujours un pet de travers. En permanence, elle avait autour du cou un foulard en soie et il lui arrivait souvent de toussoter. Il ne fallait pas non plus qu'elle fasse trop d'efforts. Une marche de cinq minutes sans arrêt l'épuisait, surtout à 3300 mètres d'altitude. Comme beaucoup de touristes, elle était atteint du mal des montagnes, le soroche, et elle prenait des pastilles que vendaient chaque jour par milliers les heureux pharmaciens de la ville.
Je me sens parfaitement bien m'a-t-elle dit dans la soirée. Bornu, tu connais des lieux pour sortir ?
Si Marina, t'inquiète, je connais quatre ou cinq lieux pour boire et danser.
Super. Je suis prête dans une heure, tu m’attends le Frenchie ?
Que pouvais-je faire d'autre ? Pendant qu'elle se pomponnait, une heure quand-même! j'ai été me jeter des bières au Km 0, situé en contrebas de l'Hostel Lucky, derrière l'église et la place San Blas, là où Lula le pitbull asthmatique sur une vieille couverture tirait la langue et faisait un tabac !
L'heure, pour Marina, ne se mesure pas de la même manière que l'heure pour n'importe quel quidam. En début de soirée, je bois à peu près une bière par demi-heure. J'en étais à ma troisième et elle était presque vide. Vous voyez, ça faisait une bonne heure que j'attendais quand elle ouvrit la porte du Km 0. Je crois qu'au moment où elle fit le premier pas dans le bar, même la musique s'arrêta un instant.
Bornu, dit-elle, en me voyant accoudé au comptoir, comment tu me trouves ? Ça va ?ajouta-t-elle en écartant les bras ?
Si ça va Marina ? Pas du tout. Retourne te changer. Je ne suis plus à une heure près.
Un instant, son visage s'assombrit et ses bras lui tombèrent le long du corps.
Mais non je plaisante Marina. Tu es superbe comme un soleil. Tiens, je vais t'appeler Petit Soleil. Cela ne t'ennuie pas ?
Elle ne répondit pas mais elle avait un sourire resplendissant. Elle s'assit à côté de moi, sur un tabouret de bar, et elle croisa haut les jambes en fusillant la salle du regard. Il y a des personnes, comme ça, qui par leur simple présence, mettent le monde en suspension, l'arrêtent, le figent un temps très court comme si elles étaient un morceau sublime d'éternité qui daignait faire son apparition parmi nous. C'était tout à fait Marina dans ce bar.
Il y avait cinq clients, trois hommes et deux femmes, dans la salle. Quand elle les regarda, les garçons sourirent béatement comme si, subitement, ils voyaient apparaître la Sainte-Vierge en sous-vêtements sexy fluo et en porte-jarretelles de feu. Quant aux deux femmes, elles détournèrent le regard et l'ignorèrent superbement. Sans doute qu'elles ne devaient pas croire aux apparitions.
Qu'est-ce-que tu as pris Frenchie dit-elle ?
Comme tu vois, une bière.
Ah oui. Je crois que je vais me prendre un jus d'ananas. Je ne te l'ai pas dit. Je ne bois jamais d'alcool. Je déteste ça. Parfois ça gêne les garçons que je ne boive pas. Et toi, ça te gène ?
À vrai dire Marina, un peu. J'adore être ivre et j'aime bien être entouré de gens comme moi, un peu saouls aussi.
Marina resta de marbre.
Tu ne seras pas trop ivre avec moi Bornu ? J'ai peur des alcooliques, ils peuvent être violents.
Ne t'inquiète pas Marina. J'aime bien boire mais je n'aime pas rouler dans le caniveau.
Elle décroisa et recroisa ses longues jambes et me passa un doigt sur ma boucle d'oreille. Elle avait mis un pantalon de cuir noir, très moulant et on devinait un cul magnifique, un monde à lui tout seul. Je n'arrivais pas à voir sa poitrine. Il fait froid, le soir, à Cusco, trois ou quatre degrés, on est tous habillés avec des gros pulls, des écharpes, des vestes épaisses, qui cachent l'essentiel des anatomies. Dans la journée, par deux fois, je l'avais vue en tee-shirt et mon Dieu, elle avait une paire à damner le plus saint des hommes, moi ! Rien que d'y penser, houa !! Et je me disais, heureux celui qui a fait un long voyage, et qui au bout se voit révéler le corps de Petit Soleil. Celui-là ne repartira plus. Et il n'aura aucuns regrets.
Marina, pour s'excuser de son retard, paya mes trois bières et son jus d'ananas avant d'aller nous faufiler dans les rues et les ruelles froides et lumineuses de cette ville construite par les Incas. Le premier soir de mon arrivée, j'étais sorti une nuit pour faire la connaissance des bars et des boîtes. Nico, le copain qui s'était cassé le talon à Popayan en Colombie avant de retourner en France, m'avait expliqué comment fonctionnent Google et Facebook pour repérer les événements rocks et punks dans les bars d'une ville où j'arrivais. Depuis les explications de Nico, chaque jour, je savais où avait lieu tel ou tel type de concert. On a d'abord été à côté de l’école des Beaux-Arts. Un bar de nuit organisait une soirée spéciale Bob Marley et, défoncé, j’ai toujours adoré Bob. Allons voir, a dit Marina.
Dès qu'on est rentrés dans la boîte, j'ai été presque malade devant tant d'obséquiosité. C'est tout juste si on ne nous faisait pas des courbettes. Messieurs-dames, une table. Le patron se précipita, me salua comme s'il me connaissait depuis mon enfance, et ça va bien, heureux de vous avoir dans mon établissement, et Madame, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous. Je scrutais la salle, trois tables seulement étaient occupées. Le son n'était pas trop fort. On entendait Donna Summer. Au plafond, une boule lumineuse tournait sur elle-même et projetait des étoiles d’argent qui dansaient en rond sur les murs et la piste de danse. On était tout à fait dans une ambiance de la fin des années 70, mais pas reggae. Disco. Avant que je dise quoique ce soit, je me retrouvais avec la carte des alcools entre les mains.
Marina, d'un calme olympien, refusa d'enlever son manteau. Je fis signe au patron, ainsi qu'à un serveur qui avait quasiment son nez entre les seins de Marina, de nous laisser un peu d'air et je posais la carte sur une table vide. Le morceau Hot stuff se finit et le DJ mit I feel love. Dès la première mesure, la voix de Donna Summer m’électrisa de la tête au pied, Oh I feel love, I feel love, I feel love. Le patron me regarda en souriant. Le son augmenta et aussitôt une fusée nous emporta tous dans le passé. On était en 1979, et oui, la musique a ce pouvoir fabuleux de madeleine de Proust, j'avais un corps de vingt ans. La vie était belle. Il n'y avait pas encore le sida et nos amours étaient multiples. Ah, I feel love. I feel...
Bornu, dit Marina, cet endroit est horrible. Je ne veux pas y rester et puis je n'aime pas cette musique.
Je mentis, moi non plus.
Je saluai le patron de la tête et mentis une fois de plus.
Il est trop tôt, on reviendra plus tard dans la nuit.
Le serveur semblait déçu, il avait toujours le regard fixé sur la poitrine de Marina même s'il ne devait rien voir. Peut-être qu'il portait des lentilles pour voir à travers les vêtements ? Quel est le garçon qui n'a pas rêvé d'avoir une paire de lunettes magiques qui déshabille les filles dans la rue ? Je tapai dans mes mains et le serveur se réveilla.
Vous partez déjà ? dit-il en levant les yeux car il était plus petit que Marina. C'est dommage.
N'est-ce pas, répondit-elle. Au revoir et elle me tendit son bras.
Elle sortit de la boîte de nuit. Elle était une reine, et moi, je tenais le bras d'une reine.
I feel love, I feel love, I feel love. Une fois dans la rue, la voix de Donna Sumer me hantait encore, comme mes vingt ans qui me revenaient en pleine figure, et je vibrais de tout mon corps en me souvenant de ces amours passés. Elle se blottit plus fort contre mon bras et je chassais de toutes mes forces ces images de mes vingt ans de ma tête, car ce temps-là ne reviendra pas.
J'ai froid dit-elle et puis je commence à être fatiguée. Tu m’emmènes dans un endroit pas trop loin d'ici Bornu. Mes jambes me portent plus.
On retourna sur la Plaza de Arma, chaudement collés l'un à l'autre, jusqu'au moment où je vis le jeune Versaillais de l'Hostel Lucky.
Salut dit-il, vous voulez des invitations pour un verre ?
Merci, je lui dis, pourquoi pas. Il y a du monde ce soir ?
Comme un jeudi. Pas trop à cette heure-là, mais après minuit, oui, on est toujours plein, du jeudi au dimanche.
D'après l'info que j'avais eu sur Facebook, dans le bar le plus connu de la ville, il y avait un concert de cumbia. Le groupe venait de Colombie.
On va au concert au Lukuku, c'est de la cumbia*
Alors je vous vois plus tard me dit le Versaillais.
Oui possible. C'est Vincent ton nom, non ?
Oui, tout à fait.
Vincent le Versaillais. Son nom m'était revenu d'un coup. Il venait d'avoir son bac chez les bourges et les réacs de toute éternité de cette fichue ville. Depuis le massacre de la Commune de Paris, Versailles toujours ville traître, toujours ville à mépriser le peuple. Et c'est ici que Vincent avait grandi, dans une famille de cadres sup très à droite comme il convient dans ce lieu maudit. Heureusement, tout ne se passe pas toujours comme le désirent les géniteurs bourgeois et néanmoins aimants de cette ville. Le fiston ne voulait pas suivre le droit chemin. Il avait des idées bien à lui. Il avait refusé que ses parents lui payent une année sabbatique avant de commencer la fac, comme ils lui avaient libéralement proposé, obsédés qu'ils étaient par le modèle de l'élite américaine, d'une banalité à mort, et qui consiste à payer une année sabbatique à voyager à travers le monde avant de rentrer à la maison et de retourner sur les pas de papa et de maman. Une année de voyages et de turpitudes pour que jeunesse se fasse et que surtout tout reste et rentre dans l'ordre. Vincent avait refusé cette proposition qu'on pourrait croire alléchante - ses parents dirent par la suite, dans un mélange d'orgueil et d'incompréhension, vous savez, Vincent, depuis tout petit, il a toujours été un non-conventionnel. C'est ce mot dont il fut giflé mille fois après son départ. Il était un non-conventionnel. Ce qui voulait surtout dire que ce n'était pas désespéré. Il lui fallait du temps certes, mais ce garçon allait rentrer dans le rang.
Ils ne se rendaient pas compte, et lui non plus d'ailleurs au début, que la coupure était irrémédiable. Vincent abandonna Versailles et donc quitta ses parents. Il avait décidé d’être volontaire dans une association d'aide à des enfants, la même assoce dans laquelle se trouvaient la Belge et l’Espagnol de l'Hostel Lucky. Ses parents lui avaient seulement payé le billet aller jusqu'à Lima. Pour se faire un peu d'argent, il avait trouvé ce boulot de nuit en plus de son travail volontaire le jour, dans la banlieue de Cusco. De 10h du soir jusqu'à 4 h du matin, il faisait le rabatteur sur la Plaza de Armas pour un bar de nuit tenu par des Vénézuéliens. Vincent avait grandi en un temps record. Quand, à 18 ans, vous passez toutes les nuits dehors dans un quartier à bars et à boîtes de nuit, vous êtes obligé d'apprendre vite pour éviter les dangers de la rue, les types bourrés, les bagarres aux couteaux, le cinglé qui joue avec un pistolet, les aguicheuses qui en veulent à ton fric, le pleurnichard qui cherche encore une invitation pour ton bar, les voleurs à la tire que tu connais par cœur, le groupe de touristes prétentieux qui la jouent faussement cool avec toi, l'Indienne qui te fait la manche pour la dixième fois, les fous aux regards assassins, l'amour en pleurs et le ricil qui fond sur la joue d'une fille trop faible pour la nuit, et les enfants qui ne dorment pas et qui te disent qu'ils ont faim. Il avait vu de tout Vincent. Six mois de ce rythme nocturne valait 10 ans d'un cursus universitaire, payé par des parents friqués, non ?
J'aimais bien ce jeune homme. À son âge et d'où il venait, il fallait une bonne dose de courage pour faire ce qu'il faisait.
Garde-nous des invitations j'ai dit, à tout à l'heure.
À tout à l'heure et bon concert.
Un tableau dans le bar du Lukuku
Lukuku est un bar incroyable.
Vous rentrez d'abord par une cour aux murs graffités puis vous arrivez à un étage et vous ne savez pas si vous rentrez dans un musée ou dans une salle de concert. En fait, vous êtes un peu dans les deux, mais comme les touristes, en général, sont bourrés, ils ne voient que le bar. J'étais toujours au bras de Marina et les portes s'ouvraient. On aurait pu aller loin si sa beauté un peu froide ne m'était pas intimidante, et surtout si ma condition de dinosaure n'était pas un fait irréductible au rêve d'une nuit d'amour.
J'étais persuadé qu'au point où j'en étais, il ne me restait plus qu'à vivre l'instant dans sa plus grande intensité possible, ce qui était aussi un grand plaisir. Mais plutôt solitaire. Je savais, depuis longtemps déjà, que "El futuro no existe" pour les jeunes comme pour les vieux. J'étais un punk, pas d'autres solutions. À mon âge, plus de futur, adorable Marina, et je ne pouvais même pas te le dire avec des mots. Ils auraient été futiles et je serais passé pour un misérable. C'est pourquoi il ne restait que le silence.
On dit que, parfois, le silence est une bombe. On dit aussi un silence de tombe. Des fois, je me voyais comme un squelette mexicain et je dansais en dessous de la terre des douleurs (latinoamericas), au milieu d'autres squelettes, le jour de la fête des morts. Était-ce donc aussi cela voyager au bras de Marina, dans la nuit inca de Cusco ? Se rappeler que, dans tout voyage digne de ce nom, on ne revient pas. C'était le seul avenir possible.
sur un mur de Oaxaca
Toutes celles et tous ceux qui vous diront le contraire sont des salauds de menteurs ou alors ils travaillent dans des agences de voyages !
Si vous voulez revenir, il n'y a rien de plus simple. Ne partez pas ! Pour moi, c'était trop tard. Je savais que je ne rentrerai pas. Impossible. Rentrer, c'était mourir, alors que la vie en moi n'avait jamais été aussi revendicative, puissante, ambitieuse, la vie voulait continuer le voyage, même si tôt ou tard, il fallait rentrer quand-même et donc mourir! Je tremblais rien que de penser que dans 3 mois, je serai de retour dans mon pays, et le plus dur à accepter, c'est que je savais que ce soir, comme de toute éternité, je n'allais pas baiser avec toi. Quoiqu'il arrive, Punk, tu n'as pas de futur. Et je t'ai souri avec désir. Malgré tout, j'avais envie de toi.
Allons danser Marina, tu veux?
Ho oui Bornu, volontiers.
Marina fit une révérence. Ajouta, mi-rieuse, mi-sérieuse, Mon prince.
Mon vieux prince je précisais.
Je crois qu'elle fit en sorte de ne pas m'entendre et elle me tendit sa main que je m'empressai de saisir.
Le groupe colombien alternait cumbia et salsa. Nous étions sur une série de morceaux de salsa. Le groupe était excellent, il venait de Cali, la capitale mondiale de la salsa, avec La Havane et New-York. La salsa de Cali est très swing et très jazzy. Certains lui reprochent son côté trop moderne et technique. J'avais pris des cours à Cali. Mais, en quelques heures, je n'avais pas appris plus que le pas de base. Dès que nous fûmes sur la piste, Marina l'Américaine redevint Marina la Colombienne. Une merveilleuse danseuse, et, dans son pantalon de cuir noir et moulant, elle avait un cul qui bougeait comme s'il était possédé de sa propre âme de danseur et, heureusement qu'elle n'enleva pas son pull, car sinon nous aurions assisté à une émeute. Elle dansait autour de moi avec une grâce et une élégance naturelle. Elle était d'une autre planète et tout son corps était un hymne à la danse. J'avais envie d'arrêter de danser pour la contempler. Vraiment un corps sublime de danseuse comme on en voit quelques unes en Colombie. On dansa un puis deux et enfin trois morceaux. Elle était tellement faite pour la danse qu'elle avait réussi l'exploit de me faire danser sans que je n'aie à compter les temps et les contretemps. Il suffisait que je la suive et j'étais toujours dans le bon tempo. Pas une seule fois je lui marchai sur les pieds. Puis ce fut la fin de la série de salsa. Le groupe rejoua de la cumbia et Marina me fit signe qu'elle était fatiguée. Nous sommes allés nous asseoir sur deux chaises qui venaient de se libérer à côté de la piste. Nous étions en nage.
De la salsa à 3300 mètres d'altitude, c'est trop, je n'en peux plus Bornu.
Tu veux quelque chose à boire, Marina.
Juste un verre d'eau. Je crois que j'ai surestimé mes forces.
Attends, je vais te chercher quelque chose.
Je lui ramenai du bar une bouteille d'eau et dès qu'elle l’eut bu, elle me dit qu'elle voulait partir et me demanda si cela ne me gênait pas de l'accompagner jusqu'à l’hôtel. Je lui répondis, bien sûr Marina, je t'accompagne.
Une fois dehors, tout bascula. Quelqu'un hurla dans mon dos, Bornu !!
Je me retournai vers cette voix. Qui était cette fille qui hurlait mon nom dans la nuit et qui ouvrait grand ses bras. Sa tête ne m'était pas inconnue, j'avais son nom sur le bout de la langue, mais j'étais incapable de le retrouver.
Je suis sûr qu'une seconde de plus et le nom me serait revenu ainsi que le lieu de notre dernière rencontre.
C'est moi, dit-elle, avant de se jeter dans mes bras, la fille du président.
Bien sûr ,Cali, début septembre, la fille du président.
Elle resta longtemps suspendue à mon cou à me faire une bise. Enfin, elle se décrocha.
Je croyais que tu étais rentrée pour faire ta deuxième année de prépa à Henry IV.
En effet, je suis rentrée à Paris, mais j'ai juste réuni mes petites économies et j'ai repris un vol pour Lima. J'ai pris une année sabbatique.
J'ai présenté Marina à la fille du président qui se sont saluées dans une parfaite neutralité. Il y avait aussi une jeune Chilienne et un Argentin avec qui elle faisait la route depuis une quinzaine de jour.
Je n'ai pas discuté longtemps, Marina me tirait la manche.
Vous partez déjà demanda la fille du président ? On allait au Lukuku, vous ne voulez pas venir avec nous ?
On en vient, dit Marina, moi, je rentre mais Bornu, si tu veux rester avec tes amis, je peux rentrer seule.
Je te raccompagne Marina, mais il est encore tôt. Oui, je vous retrouve au Lukuku dans une demi-heure, ça vous va ?
Parfait, je t'attends. Incroyable. Jamais j'aurais cru te revoir en Amérique du Sud.
Tu as raison, moi non plus. À plus alors.
Tu reviens, c'est sûr ?
Oui oui.
Pendant tout le trajet jusqu'au quartier de San Blas, Marina ne desserra pas les dents. C'est comme ça quand je suis fatiguée, me donna-t-elle comme seule raison. J'avais du mal à la croire. Une fois à l’hôtel, elle ne me remercia pas de l'avoir accompagnée, ne dit pas un mot, ne se retourna pas et s'enferma dans notre dortoir. Aussitôt, je ne savais trop pourquoi - ou le savais trop bien- sans perdre une seconde, je me précipitais au Lukuku.
… Je lui demandai, en indiquant les murs, de qui c'était tout ça, et la serveuse me répondit de tous les grands plasticiens et peintres péruviens. Il y avaient des œuvres partout dans ce bar. C'était un plaisir de boire une bière et un whisky en écoutant ce groupe colombien tout en regardant des tableaux, des mobiles et des statues d'artistes tous plus fous les uns que les autres. J'ai pris pleins de photos que je ne pourrai hélas envoyer sur mon blog. Une fois de plus, le bouton d'ouverture de mon appareil s'est cassé. Les photos de ces œuvres sont restées dedans et je ne compte pas le réparer. Je vais faire comme tout le monde. Je vais m'acheter un smartphone neuf, mon premier. Je suis allé aux toilettes et je n'ai pas arrêté de regarder un graffiti pendant que je pissais. Il était écrit Existence is resistance. Ça m'allait comme un gant cette phrase, je m'en suis pissé sur les pieds. C'était sans doute une phrase contre le génocide des Mapuches au Chili, des Tzotzils au Mexique, ou des Aymaras au Pérou et en Bolivie. Les massacres d'Indiens avaient été systématiques depuis des siècles et, d'une manière ou d'une autre, ils continuaient. Exister, c'était déjà résister face à ces empires occidentaux qui prenaient possession autant des terres que des âmes des hommes et des femmes respectueux de la pachamama, la terre-mère. Et en même temps, résister au vol de la terre, au vol des âmes, c'était l'unique façon qu'il nous restait, Indiens ou pas, pour rendre nos existences soutenables. J'ai même pissé sur mon pantalon. J'avais pensé exactement de cette façon, dès le premier jour où j'étais allé travailler dans une usine pendant des vacances. J'avais alors à peine 17 ans et depuis - même si trop souvent je l'avais oublié - c'était la philosophie qui s'appliquait à ma vie. Résister à ce qui détruit, à ce qui exploite, à ce qui manipule. Je boutonnais les boutons de ma braguette, j'avais la bouche grande ouverte, je manquais d'air. Qu'est-ce-que je foutais ici, à Cusco, alors que ça pétait de partout en France ?
Vu des médias du Pérou, les gilets jaunes mettaient le pays à feu et à sang. C'était une nouvelle révolution. N'avais-je pas, depuis mes 17 ans, vécu pour cela, enfin voir et participer à la Révolution ? Et pendant ce temps-là, où est-ce que j'étais ? Dans les toilettes d'un bar, à 3300 mètres d'altitude, à philosopher sur la résistance des peuples. Philosophie de pissotière, Bornu, ne vois-tu pas que tu n'es qu'un simple touriste perdu dans le grand manège désenchanté du voyage ? Je me suis lavé les mains tout en jetant toujours des coups d’œil vers la pissotière et ce graffiti. Et la fille du président? Ça faisait une demi heure que je buvais et elle n'était pas au Lukuku. Je suis retourné au comptoir. J'aurais pu y passer des heures, je crois que je pourrais boire pendant un siècle dans ce type de bar, sans m'ennuyer une seule seconde. Je commençais à être ivre car j'avais bu deux whisky et deux bières en l'attendant. Je planais. L'altitude me faisait aussi de l'effet, j'étais saoul plus rapidement. Enfin, j'ai vu sa tête à l'entrée, on aurait dit une chouette, elle la tournait dans tous les sens avec des mouvements saccadés. Elle avaient les yeux ronds comme des billes. Ses dents étaient éclatantes de blancheur, je crois qu'elle riait quand elle m'a vu. Elle s'est mise à courir jusqu'au bar et elle s'est jetée dans mes bras.
Pardon, pardon, pardon, répétait-elle, j'ai raccompagné mes amis à notre hôtel. Je suis revenue aussi vite que possible, mais je me suis perdue. Tu ne m'en veux pas?
Non. J'avais juste peur de ne plus te revoir.
Moi aussi, très peur.
Puis, soudain, elle s'est écartée de moi, reprenant une distance plus respectable. On s'était vus une heure dans toute notre vie et, la sentir si près de moi me mettait mal à l'aise. Je me rendais compte que j'étais sous son emprise. En restant trop très de moi, elle me supprimait toute volonté. J'ai rien trouvé de mieux à dire que, qu'est-ce-que tu veux ?
Comme toi .
Bière et whisky alors.
D'accord.
Pour avoir plus de contenance, j'ai sorti mon téléphone et je lui ai dit excuse-moi je vais prendre quelques photos. C'est super ces œuvres sur les murs. Elles ont été faites par des artistes péruviens. Ça te plaît ?
Oui, elle a dit, sans même jeter un regard sur ces murs.
C'est à ce moment-là que j'ai fait plein de photos pendant un bon quart d'heure. Je sais que c'était stupide mais cela m'évitait d'être trop proche d'elle et je pouvais ainsi réfléchir. Je l'ai déjà dit que je n'aimais pas les filles poilues. En plus, je ne comptais même plus les décennies qui nous séparaient, c'était trop vertigineux. Je m'interdisais toute pensée érotique, ce n'était tout simplement pas possible, alors je cliquais. J'enchaînais les photos. Pendant ce temps, la fille du président était au bar avec son whisky et sa bière et elle me suivait des yeux. Je crois que pas un instant elle ne me quitta. Cela me donnait le vertige. Il a bien fallu que je revienne et que tout près d'elle, je sente sa peau, ses poils. J'avais l'impression d'être un dieu. Je ne me rappelais pas une fille me regarder avec tant d'admiration, je n'en revenais pas, je ne savais pas quoi faire. Alors j'ai souri bêtement et j'ai applaudi aussi fort que possible. C'était le dernier morceau du groupe colombien. Il avait mis une ambiance d'enfer et j'ai repensé au cul superbe de Marina. Ce n'était pas mieux. Marina ou la fille du président, bonnet blanc, blanc bonnet. Des filles faites pour aimer et pour être aimées par des hommes de leur âge. Moi je n'étais plus dans le coup !
À quoi tu penses elle m'a demandé ? Tu as l'air loin.
Je pensais à toi. Non ! Je pensais à rien je veux dire.
Tu veux dire que je suis rien, elle a rit. J'espère que ce n'est pas ça que tu veux dire.
Non. Excuse moi. Je dis n'importe quoi. Je pensais que c'est incroyable qu'on se retrouve. Pourtant le monde est grand, tu ne trouves pas ?
Qui était cet imbécile qui parlait à ma place ? J'avais l'air bête, cela ne devait pas être moi, mais un autre, celui que je connais que trop bien, ce type qui avait juste un cœur d’artichaut sous lequel était placé une bite. Si c'était lui qui prenait ma place, j'étais fichu.
Oui, le monde est grand mais on s'est retrouvés Bornu, c'est le plus important, non ?
Non. Bien sûr, oui, c'est le plus important ! J'aime beaucoup ce tableau-là. Et toi ? Je le lui montrais du doigt.
Elle ne se donna même pas la peine de bouger la tête.
Oui, superbe. Tu sais pourquoi je suis revenue en Amérique du Sud.
Je suppose pour heu... moi. Non ! Je ne sais pas. Pourquoi ?
J'étais pas fier de moi. J'avais quand-même suffisamment d'expérience pour assurer devant une gamine. Je n'en revenais pas à quel point j'étais faible. J'avais donc rien appris des filles pendant toute ma vie ? Quel nul j'étais.
Elle devint très sérieuse et elle dit, non, je ne suis pas venu QUE pour toi, et elle insista sur le que. Je suis revenue parce que tu m'as dit à Cali... Tu te rappelles de notre conversation ?
Oui, je crois. Je t'ai dit que tu avais le choix.
Pas exactement, Bornu. Tu m'as dit que tous les choix m'étaient encore possible. Tous, Bornu. Tu comprends ce que cela veut dire?
Oui et non. Mais elle n'a pas écouté ma réponse et elle a dit, je suis revenue parce que ...
Quoi, j'ai demandé ?
J'avais mal entendu car, à ce moment-là, le deuxième groupe de la soirée montait sur scène et les gens applaudissaient à tout rompre. Je n'aurais jamais dû lui poser cette question car je savais ce qu'elle m'avait dit. Je crois que je le savais depuis qu'elle m'avait lancé, à Cali, dans le taxi, pour te rappeler de moi, tu n'as qu'à m'appeler la fille du président.
Elle a hurlé J'AI ENVIE DE TOI, T'AS COMPRIS.
La honte !
Au bar, cinq ou six personnes nous regardaient. J'espérais qu'aucun ne parle français. J'avais envie de leur dire, non, ce n'est pas de moi qu'elle parle cette fille. Vous m'avez vu ? Ce n'est pas possible. Je pourrais être son...
Merde, elle m'avait sauté au cou et elle m'embrassait à pleine bouche.
J'ai pensé, ce n'est pas comme ça qu'on embrasse son grand-père. Et bien si, c'est comme ça à notre époque, mais je n'étais pas son grand-père. Ça va pas ! J'étais au pire l'autre, le cœur d’artichaut avec en dessous ce que vous savez. D'ailleurs, il n'allait pas résister longtemps celui-là ! Vous pouvez me croire. J'ai ouvert grand ma bouche et sa langue s'est enroulée autour de ma langue. Quel goût délicieux, pensait le cœur d’artichaut. Je n'étais pas loin de penser comme lui. Il fallait que je reprenne le dessus. Heureusement, je me suis ressaisis et, très doucement, mais avec toutes mes forces, je l'ai repoussée aussi tendrement et fermement que je le pouvais.
Elle m'a regardé et elle a juste dit, on dirait un curé. Puis elle s'est détachée de moi, a avalé cul-sec son verre de whisky et s'est précipitée sur la piste de danse.
Je n'étais même pas un curé défroqué de la Révolution Française ou un de ces justes théologiens de la Libération qui avait combattu au côté des pauvres dans les années 70 dans toute l’Amérique Latine. Je n'étais qu'un curé. Un vieux moraliste qui blessait une jeune fille en fleur. Quel con je faisais. Mais, tout bien réfléchi, est-ce-que j'avais vraiment le choix, moi ??? C'était soit le pervers, soit le curé. Qu'est-ce-que je pouvais choisir d'autre ? Dans ce jeu-là, il n'y a pas de joker. Et une petite voix a ajouté, il n'y a peut-être pas non plus de pervers. Il ne reste donc, dans ton jeu, que curé ou pas curé, à toi de choisir ?
Je me suis demandé si cette petite voix, ce n'était pas encore le cœur d’artichaut ?
La fille du président se déhanchait, faisait des mouvements du bassin très lascifs. Elle n'avait pas la prestance de Marina et elle était loin d'être aussi belle et aussi bonne danseuse. Elle était une tête de gamine avec un corps plein de poil, beurk. Je me répétais, pas question que je couche avec une poilue. Ça marchait pas. Loin de là, je bandais. Je peux même dire que je bandais à mort. J'avais fait un effort titanesque pour la repousser. C'était un exploit que personne n'avait perçu, mais c'était un exploit quand-même, curé ou pas curé, bravo Bornu ! Il fallait que je me remonte le moral. Il n'y avait personne pour m'aider. C'était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. Qu'est-ce que vous auriez fait, vous, à ma place ?
Bien sûr, il n'y a eu de réponse. Il a bien fallu que je me débrouille tout seul. Et tout compte fait, je crois que je m'en suis pas si mal sorti.
Bien qu'un peu spéciale, ce fut une très belle nuit de pattes en l'air.
Plaza de Armas, Cusco
On s'était réconciliés autour d'un autre whisky. Je m'étais excusé. Je lui avais dit que je n'étais pas un curé. Il me fallait simplement un peu de temps, tu comprends. Et je lui avais fait un petit bisou sur la bouche. Jusque là, elle avait le visage fermé mais dès que je l'avais embrassée, elle s'était illuminée. Ses yeux de billes devinrent comme les plus belles des agates et j'avais envie de jouer avec ses agates. J'adorais les billes quand j'étais gamin. Les siennes me faisaient craquer. "Je te donne mon paquet contre tes deux billes. Tu veux?"
"Oui".
Je suis sûr qu'elle aurait dit oui. Mais je ne lui ai pas demandé.
Après l'avoir embrassée, elle m'a pris la main et elle m'a dit, allez viens Bornu, on s'en va.
Je n'étais certes pas un curé, mais je n' étais pas non plus un être dépourvu de moralité. Est-ce qu'on pouvait en dire autant de la fille du président ? Parfois j'en ai douté.
Nous marchions à nouveau dans la direction de la Plaza de Armas. Ce n'était plus Marina à mon bras mais une autre femme. Je devrais dire une autre fille, une fille pleine d'énergie, de désirs, d'espérance. Elle était un phénomène nerveux complexe tourné vers le sexe et cette ville est un paradis pour les êtres sexués, les amoureux ou les violeurs. Il y a des passages un peu partout. Ceux-ci donnent sur des cours dans lesquelles vous avez des magasins de souvenirs, des restaurants populaires, des hôtels bon marché et surtout des stands de vêtements incas. La nuit, tout est fermé, sauf l'entrée des passages. À peine avions-nous fait une centaine de mètres à l'extérieur du Lukuku qu'elle me poussa sous une porte cochère. Elle était suspendue à mon cou et, en même temps, elle me dirigeait au plus profond d'un passage. Nous sommes arrivés dans une cour et, comme il n'y avait pas de coin discret, nous avons fait demi-tour pour rester dans l'ombre de ce passage. Elle m'embrassa avec fureur. J'ai envie de toi disait-elle, et je répétais moi aussi. Puis je l'ai vue regarder entre mes jambes et elle a commencé à se baisser. Je lui ai pris les deux mains et j'ai dit, ce n'est pas la peine que tu fasses ça. Elle m'a regardé. Elle était furieuse, et elle a répondu, si, en dégageant d'un coup ses mains, puis elle tapa sur les miennes.
Si et si, répéta-t-elle avant de plonger sur ma braguette. Elle avait fait ce geste si rapidement que je m'en suis rendu compte qu'une fois avoir ressenti le froid sur mes fesses. J'avais mon jeans tombé sur mes genoux et elle me mordillait mon machin. Vous pouvez imaginer. Le cœur d’artichaut était en fête et ma bite en feu. Elle ne m'a pas sucé très longtemps. Dès qu'elle a commencé à me caresser les couilles, j'avais perdu toute forme de contrôle. J'ai juste cru voir une silhouette à l'autre bout du passage, mais je ne m en suis pas préoccupé plus que ça. Ça montait en moi. Je me suis abandonné. J'ai entendu un bruit mat de quelque chose qui tombait sur le sol et c'est arrivé en même temps.
J'ai tout lâché, mon dieu, la fille du présidEEEEENNNNT. Une explosion de sperme en moins de 3 minutes chrono, AAAaaah, je faisais. Mais déjà elle était debout, elle m'avait remonté le pantalon et boutonner ma braguette.
T'as aimé, elle a demandé presque aussitôt?
J'ai répondu en imitant mon râle Aaaah.
Tu as bien dégorgé le poireau, elle a dit en riant, j'en ai partout sur le visage.
Tu ne peux pas être un peu plus romantique, je lui ai demandé ?
Surtout pas, elle a fait, en me mettant la main entre mes jambes. J'ai aussi pris une année sabbatique avec le parler correct de mon école de prépa.
Nous avons commencé à marcher dans la rue quand je me suis rendu compte que le bruit mat que j'avais entendu était celui de ma canne tombant sur le sol au moment de jouir.
Mince, j'ai oublié ma canne, j'ai dit en me retournant et en me précipitant vers le passage.
J'en ai pas encore parlé parce que je n'ai pas encore eu le temps de m'y habituer. J'avais des douleurs dans le dos depuis plusieurs mois. J'avais été voir des médecins, des ostéos et des chiropraticiens, rien n'y avait fait. À Cusco, j'avais été faire des massages. C'était très bon mais, 5 minutes après être sorti de la séance, je boitais à nouveau. La masseuse m'avait dit qu'elle ne pouvait rien faire de mieux pour moi. La solution était d'acheter une canne. Cela atténuerait beaucoup les douleurs. J'avais jamais imaginé marcher un jour avec une canne, mais, en effet, depuis 3 jours que je marchais avec, j'avais quasiment plus de douleurs et je retrouvais la liberté de me balader dans la ville. Le problème, c'est qu'on ne me regardait plus du tout de la même façon. Par exemple, hier, dans la queue d'un cinéma, un gardien est venu me chercher et m'a conduit directement au guichet. J'étais devenu prioritaire et j'avais pris vingt ans supplémentaires du jour au lendemain.
Elle était posée à l'endroit où la fille du président m'avait fait une gâterie. Je l'ai prise et je m'en suis retourné sans me presser, pour mieux apprécier le moment présent et le plaisir qu'elle m'avait donné.
Quand je suis arrivé à son niveau, elle a dit, alors Pépé on se fait tailler une p'tite pipe par une jeune femme et on en perd sa canne.
Je l'ai regardée avec des yeux de fou. Je crois que je l'aurais tuée.
Elle a mis sa main devant sa bouche, excuse-moi, pardon Bornu, j'aurai pas dû.
Jamais, j'ai dit furieux, jamais plus tu m'appelles Pépé.
D'accord d'accord.
Et puis d'abord, essuie-toi la bouche, tu as encore du sperme séché sur le coin des lèvres.
Elle passa sa langue à la commissure des lèvres, Hum, c'est bon. De ses yeux de billes, elle a sourit. Je fais des réserves de sperme pour les périodes de vaches maigres.
Je devais avoir le regard toujours aussi sévère.
Je ne suis pas inquiet pour toi. Avant que tu sois en pénurie de sperme, il faudra couper les couilles à tous les mecs à au moins 30 km autour de toi.
C'est pas gentil ça, Bornu.
Non, j'ai répondu, je ne suis pas gentil et tu l'as bien cherché.
Je t'adore quand-même, tu sais. Ça m'a donné soif tout ça. On va se boire une autre bière ?
Je l'ai embrassée.
D'accord, après on ira à mon hôtel, si tu veux?
Si je veux ? Claro que si, je veux, dit-elle en enroulant ses bras autour de mon cou.
Vincent était toujours sur la Plaza de Armas.
Je lui présentais la fille du président.
Tiens, me dit-il, ton amie a beaucoup changé depuis la dernière fois que je l'ai vue.
Ce n'est pas drôle Vincent. Marina était fatiguée. Elle est rentrée se coucher. Tu as toujours des invits pour ton bar de nuit ?
Oui, bien sûr. Je vous accompagne si vous voulez, c'est dans une petite rue derrière la place. Pas facile à trouver.
OK, emmène-nous.
Vincent et la fille du président avait le même âge et tous les deux étaient sympas. Ils avaient beaucoup de points en commun, le goût du voyage, l'indépendance et la curiosité d'esprit. Une sensibilité à l’empathie. Normalement, le courant aurait dû passer et pourtant, ils étaient indifférents l'un envers l'autre. L'amitié ne se décrète pas parce que nous avons des idées en commun, ou des passions identiques. Il faut parfois plus ou parfois moins. L'amitié est ce qu'on appelle un feeling, une alchimie des sentiments. Et ce feeling est quelque chose qui ne peut se donner que par de la chimie, de l'énergie, du mouvement et donc du mystère qui circule entre deux personnes. C'est quelque chose qui passe ou qui passe pas, impossible à définir. La seule chose dont j'étais sûr, c'est qu'entre la fille du président et Vincent, cela ne passait pas. Et pourtant, avec tous les deux, je m'entendais bien.
Vincent nous laissa à l'entrée du bar avec deux cartons d'invitations pour deux cocktails.
Merci Vincent. Dis-moi, avant que tu retournes au boulot, derrière le dortoir où tu crèches, il y a bien une chambre ?
Oui, bien sûr. Je vois où tu veux en venir, dit-il en faisant un clin d’œil à la fille du président, qui resta de marbre. La chambre est libre, si c'est ça que tu veux savoir. Le type qui était dedans est parti faire le treck de 4 jours au Machu Pichu. Il ne rentre que demain soir. Cela ne devrait pas poser de problème. De toute façon, il n'y a pas de gardien de nuit à l’hôtel. Alors tu fais comme tu veux.
Super, j'ai dit.
N'est-ce pas, j'ai fait en me tournant vers la fille du président.
Ouais, elle a dit, le visage fermé.
Mais dès que Vincent fut parti, elle me sauta dans les bras, super ! On a une chambre pour nous deux. Tu es génial Bornu.
Faut pas exagérer.
Elle était encore à mon cou dans ce bar. D'une main, je lui enlaçais la taille et de l'autre je tenais ma canne. Malgré toutes les lumières tamisées d'un bar de nuit, je devais faire un peu plus que son âge. Bien sûr, je n'étais pas son grand-père.
J'avais envie de dire à tous ces regards de répréhension qui, d'un coup, se sont tournés vers nous quand nous sommes rentrés dans ce bar, et oui, la fille du président vient de me tailler une petite pipe. On se boit un cocktail gratis et ensuite on va se faire une grosse partie de pattes en l'air, bande de bouffons et de backpackers névrosés ! Il y a quelqu'un que ça dérange ????
On m'a tapé sur l'épaule, une bonne pression, je me suis retourné et j'ai levé la tête la-haut. C'était Fausto, l'armoire à glace chilienne. J'espérais qu'il n'avait pas lu dans mes pensées.
Salut, dit-il. C'est ta fiancée, demanda-t-il en espagnol
Oui,
C'est pas moi qui ai répondu mais la fille du président.
Tu me trouves peut-être trop vieille pour Bornu ?
Fausto rigola.
En effet, peut-être un peu trop vieille. Mais comme tu es mignonne, ça le fait bien vous deux. Vous prenez un verre avec moi ?
Je les ai présentés et elle a dit, tu es trop chou Fausto. Dis-moi, tu viens d'où au Chili ?
Fausto le lui dit et elle fit, j'y serai dans une semaine. Génial, t'aurais pas des adresses pour moi et mes amis ?
Si ma mignonne.
En quelques instants, elle s'était mise Fausto dans la poche. En fait, comme c'est souvent le cas pour des types comme Fausto à la tête que la nature n'a pas trop gâtée et au corps de géant, il n’était en réalité qu'un gros nounours très doux et infiniment gentil, avec une voix de timide.
Le bar était plein et, normalement, d'après ce qu'avait dit Vincent, les proprios vénézuéliens refusaient les jeunes Péruviens dans leur bar sous prétexte qu'ils ne dépensaient pas d'argent. Il n'y avait donc quasiment que des occidentaux et, peut-être parce qu'il n'était plus très jeune, il y avait un Péruvien dans le fond de la salle. Il était assis dans une alcôve avec la Française de notre hôtel, celle qui n'avait pas quitté ses bras depuis 2 mois. Ce type avait à peu près trente ans et était magnifique. Il avait un corps d'athlète, cela se voyait, car il était en débardeur. Son visage était sans ride et, dans ses yeux d'un noir sans limite, on aurait pu s'y voir comme dans un miroir, dit-on habituellement. Il portait un anneau d'or à chacune de ses oreilles et sa longue chevelure noire qui lui tombait sur les épaules lui donnait un air de seigneur. De loin, c'était le plus beau mec de la soirée. En plus, il avait l'air cool. On s'était dit bonjour plusieurs fois à l’Hostel Lucky. Je leur fis un signe et ils me répondirent tous les deux en levant haut la main et en souriant. Ils avaient l'air heureux. La porte d'entrée s'est ouverte et un type pénétra dans le bar, il ne voyait que d'un œil. On s'était donné le mot ou pas ? Ou plutôt, merci Vincent pour les invitations. Il devait les distribuer à l’hôtel. C'était notre punk borgne. Il vint directement à notre table. Son chien n'était pas avec lui. La fille du président resta lové dans le creux de mon épaule et je n'étais plus un vieux mais un jeune coq qui vient d'avoir sa première poussée d'hormones. Fallait pas qu'on s'approche trop près d'elle sinon j'allais jouer de la canne.
Le punk était saoul et voulut nous payer une tournée mais nous avions déjà deux verres d'avance. Quand elle le vit, elle se redressa. Cool ton hôtel, dit-elle, et cool les gens qui habitent dedans, et toi, tu es le plus cool de l’hôtel, et elle avala la moitié de son gin tonic. Mon Dieu, dans quel état nous allions finir. J'ai bu mon propre gin tonic et, sur notre table, j'en avais un autre offert par Fausto. Le punk borgne sortit un joint et l'alluma. Personne ne dit rien. Le punk, j'appris le lendemain par Vincent, était un anglais de 45 ans qui vivait au Pérou depuis une dizaine d’années. Il parlait parfaitement l'espagnol et avait le teint mat. Jamais on aurait pensé à un anglais. Il était de père diplomate anglais et de mère équatorienne. Sa famille avait beaucoup d'argent, disait-on à l'hôtel, mais il mettait un point d'honneur à vivre uniquement de petits boulots de traducteur et, comme on le sait déjà, il vivait aussi de la manche avec son chien. Le couple franco-péruvien arriva à notre table et le joint tourna. J'ai embrassé la fille du président dans le cou et je lui ai dit, il faut qu'on y aille mollo sur les drogues et les alcools. À l’hôtel, je voudrais pas m'endormir sur toi.
Elle s'est instantanément tournée vers moi.
Il n'en est pas question Bornu, sinon, demain tu n'as plus rien entre les jambes.
Non, dit-elle sèchement quand le joint arriva à son niveau. On va rentrer tous les deux. Et sans me demander mon avis, elle se leva et prit sa veste. Allez Bornu, prends ta canne, on y va.
Je me suis mis à rire, là aussi pour me donner une contenance. Mais, en fait, ce petit bout de femme tout juste sorti de l'enfance aurait pu me mener par le bout du nez. Je crois que le cœur d’artichaut n'y aurait vu que du feu.
Fausto, le punk et le couple franco péruvien nous saluèrent avec des sourires pleins de sous-entendus. À tout à l'heure, dirent-ils, et là, ils se sont carrément marrés.
Nous avons retrouvé la rue et, encore une fois, la Plaza de Armas et la statut du grand chef inca qui semblait défier la montagne, les étoiles, la nuit et même l’éternité, comme nous, et comme Vincent, qui continuait son boulot de rabatteur.
À plus les amis, je rentre dans une heure, dit-il quand il nous vit traverser la place.
Salut le Versaillais, j'ai fait, et encore merci.
La fille du président, au lieu de son joli sourire, lui fit une grimace.
Je ne sais pas ce que tu lui trouves, Bornu? Il est d'une grande banalité ce type. Et puis c'est un fils de bourges, ça se voit.
Oui, tu as raison, c'est un fils de bourges. Il est en train de larguer les amarres avec sa famille. Ce n'est pas rien, tu sais. Et puis moi, je l'aime bien.
Ouais, fit-elle, boudeuse. Moi, je le sens pas ce Vincent. C'est pas comme toi.
On se tenait la main en passant devant la cathédrale et elle me la lâcha et partit en sautillant, puis elle revint tourner autour de moi.
Je peux, demanda-t-elle, en avançant sa main grande ouverte ?
Oui, j'ai dit, et j'ouvris grand ma main qu'elle s'empressa de saisir, tout en me tendant ses lèvres. Nous sommes remontés jusqu'à l'église San Blas, puis nous avons pris la ruelle qui grimpait jusqu'à notre hôtel. Je tirais un peu la patte, mais la canne me faisait du bien. L'alcool aidant, je ne sentais qu'une petite gêne dans le dos et bien sûr la fille du président occupait toutes mes pensées, il n'y avait plus de place pour les petits bobos. Elle a mis sa main dans mon slip juste au moment où on arrivait devant l'église.
Mais tu bandes mon salaud, dit-elle.
Je vois, en effet, tu as pris aussi une année sabbatique avec le romantisme, je répondis moqueur. Enlève-moi ta main de ma culotte, petite fille mal élevée.
Pas question, fit l'ingénue, je l'ai en main, je ne la lâche plus.
Si je me rappelle bien, elle a tenu parole. Quand nous sommes rentrés dans l’hôtel, elle avait toujours sa main dans ma culotte et personne n'aurait pu la lui retirer. Surtout pas moi. Si dehors il faisait deux ou trois degrés, à l’intérieur, dans la pièce principale ouverte à tout vent, il ne faisait pas plus de 5 degrés. Le couple brésilien dont on se souvient qu'il faisait d'horribles bijoux que personne n'achetait, dormait sur une des banquettes de cette pièce. L'homme chuintait plus qu'il ne ronflait. Sur lui enlacée, sa femme dormait en silence et, au dessus encore, il y avait un tas de couvertures. Quand nous sommes rentrés, malgré la lumière, ils ne se réveillèrent pas. Mon dortoir et celui de Marina donnait sur cette pièce, mais à l'opposé de l'entrée. Les artesanos argentins dormaient à l'étage. Quant au Belge, l'Espagnol et Vincent, qui travaillaient dans la même association, ils partageaient le dortoir à gauche de l'entrée. Il fallait passer par ce dortoir pour atteindre la chambre.
J'ai envie de faire pipi elle a dit, prime. Où c'est ?
Je lui montrais du doigt.
Elle enleva la main de mon slip et se précipita aux toilettes. J'entendis le sifflement aigu de son pipi pendant longtemps. J'ai eu envie d'aller voir dans mon dortoir comment allait Marina. Mais je me suis dit que c'était pas une bonne idée. Elle ne devait pas être tout à fait d'accord avec ce que je faisais. Et puis j'avais ma queue qui commençait à me faire mal. Je bandais et j'avais envie de pisser en même temps. Ça me piquait. Il était temps d'aller vidanger tout ça. Elle est sortie des toilettes.
Puta tu madre, chevere. (Putain de ta mère, c'est super bon)
C'est pas plus romantique en espagnol qu'en français, je lui ai fait remarqué, et je suis allé pisser à mon tour.
Sans faire de bruit, nous avons traversé le dortoir avec une lampe de poche et nous avons enfin atterri sur le lit de notre chambre. Il faisait sans doute un peu plus chaud que dans la pièce principale entre 8 et 10 degrés maxi. Comme des affamés, nous nous nous sommes déshabillés en jetant nos affaires au sol. Le froid n'existait plus.
Elle avait du poil partout la fille du président. Sa chatte en était recouverte jusqu'à en dessous du nombril. Elle ne devait pas s'être rasée sur les pattes depuis la première fois où je l'avais vue à Cali, en septembre, car ses mollets étaient recouverts d'un duvet noir et épais et je ne voyais même plus sa peau. Quant à ses aisselles, dessous, cela était dense, épais, humide, avec une impression de grouillement, et, pour couronner le tout, il s'en dégageait une odeur très forte. Théoriquement, comme je l'ai déjà dit au début de cette histoire, j'étais sous l'emprise de la dictature de l'épilation intégrale. Je n'aimais donc pas les filles poilues. Pour couper court à ce dictat de la beauté féminine, j'ai plongé directement sous ses aisselles. Je me suis mis à les respirer à fond et, à ma grande surprise, ce fut un grand shoot. Déjà je bandais, mais mon érection, maintenant, n'était plus seulement dans mon sexe, elle venait du corps entier et mon cœur s'est mis à boxer comme un fou dans ma poitrine. Cette subite montée d’adrénaline m'a rappelé l'effet d'un sniff de poppers. Chavirant. Incontrôlable. On pouvait devenir accro de ce truc-là !
Arrête Bornu, tu me chatouilles, elle a dit.
J'ai alors plongé entre ses jambes. J'avais soif, j'avais faim d'elle. En bas, elle sentait pareil que sous les bras. Mon Dieu, il devait battre à deux cents à la minute, le vieux ! Je me suis demandé comment mon cœur faisait pour résister à toute cette pression. Je crois que j'avais jamais vu une fille avec autant de poils sur la chatte et je la bouffais. Carrément. J'en avais partout. Dans le nez, dans la bouche, dans les oreilles et dans les yeux. À force de bouffer de la chatte je devenais à mon tour une chatte et du poil aussi et, autre surprise, liée à la première, maintenant j'aimais le poil. Le sien.
J'étais excité, à fleur de peau. Cette fille était à la fois une ecstasy, une super ligne de coke et une amphète d'une autre planète. J'étais en train de me défoncer à la fille du président et j'aurais continué encore longtemps ainsi, si je n'étais pas entre ses jambes et qu'elle m'avait dit non, par derrière. Baise-moi par derrière. Je l'ai embrassée très fort et en même temps avec délicatesse, en tout cas c'est ce que je pensais, je l'ai retournée et j'ai relevé son cul le plus haut possible pour qu'elle cambre bien son dos. J'ai pénétré en elle comme si nous avions déjà fait l'amour ainsi mille fois. C'était une baise tout ce qu il y a de plus simple et pourtant de très intense.
J'avais à peine donné quelques coups de boutoir quand j'ai ressenti quelque chose d'un peu frais et de furtif dans les environs de mon anus.
Elle disait, allez, vas-y Bornu, prends-moi plus fort. Mais cette fraîcheur s'est transformée en un frisson déraisonnablement inconnu. J'ai alors tordu au maximum mon cou sur ma droite et j'ai vu, à un bout de mon champ de vision, une queue qui frétillait. À l'autre bout, il y avait une paire de fesses, les miennes, et au milieu, une gueule de pitbull qui les reniflait.
Lula, j'ai hurlé en lui balançant ma main dans le museau.
Je lui ai fait peur. Il a fait un bon en arrière et a sauté du lit. Je me suis vite retiré de la fille du président.
Quoi, elle a fait. Viens en moi Bornu et laisse l'ancien président en prison, même s'il le mérite pas*.
Mais non, pas ce Lula-là, l'autre, j'ai crié. Le pitbull du punk. Le con, pour picoler tranquille, il a enfermé son chien dans cette chambre.
Enfin elle comprit et se retourna d'un coup.
L'asthmatique qui avait confondu mon très cher et tendre trou du cul avec un flacon de Ventoline s'est mis à aboyer. S'il y a bien une bête que je déteste entre toutes, c'est le pitbull en colère. Surtout quand vous êtes à poil et que sa mâchoire super puissante est à quelques centimètres de votre paire de couilles. Vous ne faites plus votre fier à bras, je peux vous l'assurer.
Ah le joli chien, elle a dit.
Mais Lula, qui s'était positionné sur nos vêtements jetés au sol, aboya à la mort, et je ne le trouvais vraiment pas joli.
Je me suis mis debout sur le lit. La fille du président s'est mise à côté de moi.
Impossible de calmer la bête.
La porte s'est ouverte et la belge et l'espagnol sont rentrés les premiers, les bras ballants, bouche bée, sans même prêter attention à Lula. Deux statuts de sel devant Sodome et Gomorrhe. Rien à en tirer.
Dans tout l’hôtel, j'ai entendu des bruits de pas précipités.
Marina est arrivée juste après. Elle a regardé le pitbull puis lentement avec une froideur chirurgicale et sans aucune gène, elle a examiné mon entrejambe et celui de la fille du président. J'avais envie de lui demander, alors docteur, c'est grave ou pas ? Mais vu la grimace qu'elle a faite ensuite, ce n'était pas la peine de faire des examens supplémentaires. Marina a relevé le menton, elle a fait un demi tour réglementaire et d'un pas décidé, elle est sortie de la chambre. J'ai juste eu le temps de remarquer quelle portait ses jolis chaussons avec des pompons oranges.
Puis ce fut le tour de deux argentins de venir aux nouvelles. les imbéciles, ils se sont marrés, Ils ont même pas tenter de calmer Lula, puis ils sont partis dans la cuisine, se boire une bière en se tapant sur les cuisses. Tout l’hôtel y est passé. Lula était toujours aussi furieux et nous deux, nous étions toujours à poil debout sur le lit. Heureusement le punk est arrivé en même temps que Vincent le couple franco péruvien et Fausto. Le seul qui fut attentif à la fille du président fut Fausto. Dès qu'il rentra dans la chambre avec les autres, il enleva sa grosse veste de bûcheron et la lui jeta. Vincent, lui, se tenait le menton dans la main. On avait l'impression qu'il s'interrogeait. Tient une situation que je ne connais pas encore. Un pitbull de punk en colère et un couple nu debout sur un lit. L'une à mon age et quel poil ! et l'autre c'est quand-même un vieux avec ses couilles qui pendent mollement. Je ne crois pas je verrais cela souvent dans ma vie. Géniale ! Le couple franco-péruvien était très sérieux mais je les sentais solidaires . Cela aurait pu leur arriver. le punk gueulait sur son chien mais sans parvenir à le calmer. Il a fallut que Fausto l'attrape par la peau du cou et qu'il lui écrase le horrible gueule sur le sol, ou plus exactement sur mon pantalon et le soutien-gorge de la fille du président, emmêlés ! Enfin avec l'aide de Vincent ils réussirent à calmer le fauve.
Le punk borgne s'est confondu d'excuses. Mais être le maître d'un pitbull qui me renifle l'anus alors que nous faisions l'amour, est inexcusable.
J'espère que vous qui me lisez et qui êtes intelligent et ouvert d'esprit, vous aurez de l'indulgence envers moi car depuis ce jour, j'ai une certaine aversion pour les punks à chien . Il suffit que vous prononciez punk à chien pour qu'un frisson se répande sur toute mon l'échine jusqu'au sacrum. Très déplaisant.
Enfin le calme est revenu. Nous avons viré tout le monde de la chambre, même les deux statuts de sel qui n'avaient pas bouger pendant toute cette scène.
Enfin, nous avons fait l'amour. A notre tour, nous avons été bruyants, bien que, beaucoup moins que Lula. Nous n'avons pas aboyé. Ce fut en effet une belle partie de patte en l'air. Elle était charmante, intelligente, poilue mais elle n'était pas une princesse, J'étais très très loin d'être un beau et jeune prince charmant et même si c'est un conte de noël et donc comme tout conte de noël qui se termine bien, à ma connaissance actuelle, nous n'avons pas eu beaucoup d'enfants, à vrai dire aucun !
C'est ainsi que, dans cette magnifique ville inca de Cusco, au Pérou, s'est finie cette première et unique nuit d'amour avec la fille du président.
Encore une chose.
Le matin, j'ai demandé à Vincent, tu ne saurais pas où est ma canne ? Impossible de la trouver.
Il ne l'avait pas vue.
Pourtant, j'étais sûr d'être rentré avec ma canne.
Je me demande si c'est pas Marina qui l'a cachée pour me montrer son mépris, ou peut-être Lula qui, pour se venger d'avoir pris une claque, l'aurait broyée de ses horribles dents, ou ce couple de Brésiliens qui ne s'était même pas réveillé de toute la nuit, ou les Argentins qui voulaient toujours me taxer du fric ou... Pas les statuts de sel. Sûrement pas. Je ne le saurai donc jamais. J'étais bon pour aller acheter une autre canne avant de prendre un bus pour le lac Titicaca.
fin de la première partie
24 décembre 2018, 10 mars 2019 : Isla del Sol et La Paz en Bolivie, Cusco,Arequipa, Lima au Pérou, Mexico, Oaxaca, Puerto Escondido au Méxique
Épilogue
Île du Soleil, lac Titicaca, 24 décembre au soir, Bolivie.
La fin d'un conte de noël érotique.
(cette deuxième partie sera sur mon blog la semaine prochaine)
*les Backpackers : terme anglais que l'on peut traduire par les routards. Personne qui voyage avec un sac à dos et avec un petit budget. Va à la rencontre des autres personnes et cultures... A l'origine !
Dans ce texte le packpacker névrosé. Est plutôt un bon petit bourge,voire un gros bourge, américain, canadien essentiellement, mais il pourrait être français, allemand ou italien, plutôt jeune qui feint de vivre en marge tandis que la carte bleue de papa et maman chauffe à mort!En générale, il n'a jamais travaillé pour gagner sa vie.Partage son temps avec des gens comme lui, ne parle que l'anglais et ne fait aucun effort pour aller vers les jeunes des pays dans lesquels il crache son fric à gogo. Il peut passer un an en Amérique Latin sans jamais avoir appris un seul mot d'espagnol. Un exploit très répandu chez les lourdauds de canadiens et les yankees. A éviter au maximum.
*Théologie de la libération : C'est une théorie et une pratique religieuse proche du marxiste, en défense des pauvres. Elle apparaît surtout en Amérique Latine dans les années 70, à l'époque des dictatures. En France un mouvement comme la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, peut être considérée comme une théologie de la libération. Voici ce que disait l’évêque brésilien Helder Camara: "Quand j'aide les pauvres, on dit que je suis un saint. Lorsque je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste"
*Cumbia : musique d'origine colombienne, jouée par des esclaves noirs pour raconter l'histoire de leurs ethnies. Elle s'est ensuite étendue à l'ensemble de l'Amérique du sud et Centrale. Avec la salsa et le raggaeton, elle est la musique la plus jouée en Amérique Latine.
*Caldo de pollo, caldo de gallina : Ce sont des soupes complètes avec des oeufs durs et un morceau de poule ou de poulet
*menu économico : Comme son nom l'indique ce sont des menus bon marché, composés d'une soupe, sopa (souvent un bol de bouillon) puis d'un plat de viande accompagné de riz et haricots rouges et d'un désert au Pérou. En Colombie il y a pas de dessert. En gastronomie les colombiens, sont très très proche des anglais. La viande est dure, bouillie et le riz collant. Quand à la sauce, cela n'existe pas !... Les anglais n'ont même pas de nom pour dire Bon appétit ! Les colombiens si ! Buen provecho comme dans tous les pays où l'on parle le castillan. La gastronomie péruvienne et mexicaine sont toutes les deux inscrites au patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
*Ceviche: poisson ou fruits de mer crus marinés dans du citron. Il y a des centaines de recettes différentes. On dit que le Pérou est à l'origine du ceviche. Mais les mexicains ne sont pas d'accord !Le ceviche est mexicain. Les colombiens ne sont pas d'accord !... On peut au moins s'entendre sur une chose. Le ceviche du Pérou est un délice.
*Lula :
Ouvrier métallurgiste, il fond le parti du travail au Brésil et arrive au pouvoir en 2002. ll ferra deux mandats de président de la république, il réduira les inégalités en essayant de ne pas se mettre à dos les élites du pays. Raté ! Pour des faits de corruption, sans preuves réelles. Lula est poursuivi par la justice et condamné à 12 ans de prison alors qu'il était candidat du PT aux dernières élections. IL était crédité au premier tour à 40% ( malgré une dizaine de candidats) et l'aurait donc emporté haut-la-main. C'est Jair Bolsonaro qui remporte les élections. Raciste, machiste, homophobe, anti-pauvre et autoritaire, sous sa présidence, le Brésil est en passe de devenir une nouvelle dictature fasciste.
Il n'en reste pas moins qu'en Amérique Latine, la corruption atteint une grande partie des organisations de gauche au pouvoir. C'est une des raisons de l'échec des gauches dans cette partie du monde et du retour en force des américains sous le gouvernement de Trump.
Notre punk a chien à connu Lula quand son père, ambassadeur anglais, le lui présenta lors d'une réception. Il en fut impressionné. Lula le nom de son chien n'est pas une provocation mais un hommage à l'ancien président Brésilien. Il n'empêche, que son pitbull est laid à faire peur !
Bonne lecture j'espère, et surtout, prenez soin de vous.
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