#le sommeil de la raison
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Bon, je suis flemmard. Alors une série de reblogs d'il y a 3 ans...
Tous les jours, jusquâau jour J, des sĂ©ries de photos montrant mon âĂ©volutionâ, une photo par anâŠ.. Difficile de choisir parmi mes 50.000 photosâŠ
- 2004, Cambrai, avec deux personnes qui sont profondĂ©ment dans mon cĆur, Christine (ma meilleure amie du Sud) et Jean-Luc (Nours)
- 2005, Douai. âLe Sommeil de la Raisonâ, par lâAtelier du Tigre. Que de belles rencontres dans cette troupe: Audrey (ma meilleure amie du Nord !), LaurentâŠ.
- 2006, Vichel, au Mont Celet. Quelques mois plus tĂŽt, Jean-Luc sâest vu diagnostiquĂ© un cancer du poumon. La vie va ĂȘtre bouleversĂ©eâŠ
- 2007, Saint-Ours, Auvergne. Mon ours, Ă peine sorti dâune chimio, part avec moi en vacances en Auvergne et dĂ©couvre trop tard Vichel, que jâaime tant aussi. Dans quelques mois, il mâaura laissĂ© seul.
- 2008, Marseille. AprĂšs Nours en Octobre, mon pĂšre est parti en fĂ©vrier. Avec ma sĆur et ici ma mĂšre, on essaie de se changer les idĂ©es en nous baladant Ă Marseilleveyre. Dure pĂ©riode. Trop de deuils.
- 2009, les Mallos de Riglos (Aragon), en balade avec Christine. Sapho, que jâavais offerte Ă Nours, est dĂ©sormais dans ma vie. Elle y restera longtemps.
#biographie#jean-luc#18 juin 1961#cambrai#christine#théùtre#atelier du tigre#douai#le sommeil de la raison#auvergne#moustache#vichel#nours#moncelet#mont celet#saint-ours#famille#marseille#mallos#mallos de riglos#marseilleveyre#aragon#espagne#bouledogue français#bouledogue#nord#riglos#sapho
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Fanzine (4/6)
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lost soul au 2(french)
CâĂ©tait un jour agitĂ© sur la montagne de fleurs et de fruits. Pour une raison quelconque, tous les singes Ă©taient trĂšs bruyants aujourdâhui ; et câest sans doute cela qui a forcĂ© le roi Ă quitter sa rĂ©flexion pour regarder la porte depuis le confort du lit de la chambre de Macaque.
Â-Je pense que ce nâaurais pas Ă©tĂ© ton jour. Les singes sont bruyants aujourdâhui.
Wukong nâa pas osĂ© se mettre sous les couvertures. Il nâavait pas envie de mettre du dĂ©sordre dans la chambre de son ancien ami. Alors il sâĂ©tait simplement allongĂ© lĂ , sachant parfaitement quâil ne trouverait pas le sommeil. Lâendroit Ă©tait restĂ© tel quâil lâavait trouvĂ© Ă son arrivĂ©e sur la montagne. Des feuilles de papiers Ă©taient mĂȘme restĂ©s sur le sol et prenaient la poussiĂšre. Quelques dessins Ă lâeffigie de Wukong pouvaient ĂȘtre aperçus sur dans un des tiroirs Ă moitiĂ© fermĂ© du bureau de Macaque. Certaines poudres reposaient gentiment sur la commode du singe de lâombre, le placard oĂč il cachait ses dĂ©guisements Ă©tait fermĂ©Â ; et lâun de ses coffres dĂ©bordait toujours de rouleaux, tissus, et trĂ©sors en tout genre. La chambre Ă©tait bien trop rangĂ©e malgrĂ© les quelques affaires qui dĂ©passaient du rangement implacable de Macaque. Wukong sâaimait Ă penser que ce petit grain de dĂ©sordre Ă©tait une habitude que le macaque Ă six oreilles avait pris de lui avec le temps. La seule chose que Wukong avait touchĂ© Ă©tait les senteurs que Macaque utilisait pour parfumer sa chambre. Une odeur de vieux papier et de fruits sucrĂ©e dans lequel Wukong se plongeait les quelques fois oĂč il venait ici.
Wukong ne put pas rester bien longtemps Ă penser, car les cris de ses sujets lui cassaient les oreilles. CâĂ©tait devenu insupportable. Quâest ce qui pouvait bien les mettre dans un Ă©tat pareil ? Wukong essaya au mieux de comprendre ce qui Ă©tait dit ; mais ce quâil se disait Ă©tait dit et mĂ©langĂ© tant que Wukong ne put mettre le doigt sur aucun mot propre.
Â-Il semblerait que je doive te quitter bourgeon. Mon royaume mâappelle.
AussitĂŽt dit, Wukong sauta du lit et sortit de la chambre. ImmĂ©diatement, dans le couloir, une foule de singe se tournĂšrent vers leur roi au moment oĂč il ferma la porte derriĂšre lui. Il se passa une seconde oĂč tout le monde sembla sâassurer que câĂ©tait bel et bien leur roi qui sortait de la chambre du dĂ©cĂ©dĂ© qui Ă©tait presque considĂ©rĂ© comme le second roi de la montagne. Puis, la foule de singe lui sauta dessus. Petit comme grands, dĂ©mons singes comme singes normaux. Tous ce qui se trouvait dans le couloir lâĂ©crasĂšrent de soulagement, enfouissant leur roi sous une montagne de singe.
Â-Hey les gars. Vous allez me tuer lĂ . Se moque le roi.
Personne ne trouva ça drĂŽle. Wukong fit de son mieux pour se dĂ©gager avant de demander plus dâexplications. Pourquoi diable y avait-il autant dâagitation dehors et Ă lâintĂ©rieur ? La rĂ©ponse lui fut donnĂ© par un singe Ă©tranger que Macaque avait ramenĂ© Ă la montagne. Wukong se souvient de lui car Macaque lâavait prĂ©sentĂ© lui-mĂȘme, lorsque Wukong Ă©tait rentrĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© chassĂ© par le moine.
« Il te ressemble un peu » avait rit Macaque Ă lâĂ©poque. « Il est trĂšs bruyant. »
Wukong se souvient quâil nâa pas aimĂ© lâattention que portait Macaque Ă ce nouveau venu, et les deux amis sâĂ©taient disputĂ©s pour une raison dont Wukong ne se souvient mĂȘme plus aprĂšs.
Â-Mon roi, vous avez disparu depuis trois jours et trois nuits, et vous nâaviez averti personne dâun quelconque dĂ©part. Tout le monde sâinquiĂ©tait de votre absence. Nous avons pensĂ© le pire.
Wukong Ă©carquilla les yeux. Les cernes sous ses yeux semblaient tirer sur sa peau. Et ses orbites Ă©taient un peu trop sĂšches. Le roi ferma les yeux et se les frotta pour les humidifier un peu, sous le regard inquiet de ses sujets en premiĂšre ligne devant lui.
Â-Je vais bien. Annonce le roi en clignant plusieurs fois des yeux sous lâinconfort dâavoir les yeux secs.
Il ne sâĂ©tait pas rendu compte quâils lâĂ©taient jusquâĂ ce quâil Ă©carquille les yeux. Combien de temps ne les avait-il pas fermĂ©s ? Combien de temps Ă©tait-il restĂ© Ă perdre son regard dans le plafond de la chambre de son ami ?
Â-Je vais bien. RĂ©pĂšte le roi en continuant de cligner des yeux. Mais, trois jours ? Vraiment ?
Les singes hochĂšrent la tĂȘte. Dehors, le vacarme sâĂ©tait arrĂȘtĂ©. Quelquâun a dĂ» les prĂ©venir que leur roi Ă©tait retrouvĂ©. Wukong cligna encore plusieurs fois des yeux. Des larmes coulĂšrent avant de finalement laisser une vue floutĂ©e par les larmes Ă Wukong.
-WoahâŠeuh⊠Un dernier clignement pour chasser lâeau de ses yeux, et sa vue fut de nouveau claire. DĂ©solĂ© de vous avoir inquiĂ©tĂ© les gars. Jâai juste fait une super grosse sieste.
CâĂ©tait un mensonge. Cela faisait des lustres que Wukong nâarrivait pas Ă dormir, Ă moins que lâun des petits singe ne vienne se reposer sur lui. Un frisson familier parcourut Wukong. Il lâignora et se pressa de rassurer son peuple. Il attrapa quelques petits dans une main, pris la main de quelques petits dĂ©mons singes de lâautre, et laissa le reste de ses sujets, le suivre hors du temple.
Ă lâextĂ©rieur, le reste de son peuple sâĂ©tait rĂ©uni autour du temple. Ils formaient un mur immense de singe qui entourait lâentrĂ©e du temple. Wukong se rendit compte alors, Ă quel point son peuple Ă©tait inquiet. Il nây avait pas eu de telles assemblĂ©es depuis longtemps. Il soupira et murmura dans sa barbe.
Â-Jâai vraiment le dont dâinquiĂ©ter tout le monde, hein bourgeon ?
Il Ă©tait Ă©vident que Macaque ne lui rĂ©pondrait pas. Mais il aimait penser que le singe de lâombre aurait pu lâentendre peu importe oĂč il se trouvait. Comme cela a toujours Ă©tĂ© le cas lorsque Macaque Ă©tait de ce monde.
Â- AhâŠon dirait que jâai fait peur Ă tout le monde hein ?
Comme un seul singe, le mur de primate hocha la tĂȘte plusieurs fois. Puis, un murmure fort commença Ă parcourir la foule. Wukong suivit le son inquiet de lĂ oĂč il a commencĂ©, et le suivit se propager dans la foule en vague. Chacun voulait donner son avis. Wukong ne dit rien. Il laissa un temps sâĂ©couler avant de demander le silence, et demander Ă une personne de se charger de reprĂ©senter la troupe. Un chuchotement bref se fit entendre avant que la troupe ne donne un nom.
« Shi Luo »
Le mĂȘme singe que Wukong avait vu plus tĂŽt ; celui que Macaque avait ramenĂ© sur la montagne, sâĂ©carta du lot. Maintenant que Wukong le voyait, il pouvait remarquer Ă quel point le singe Ă©tait jeune. Il allait certainement atteindre sa maturitĂ© dans quelques annĂ©es, mais il Ă©tait encore assez jeune. Sans doute un peu plus jeune que lui et Macaque lâĂ©taient la premiĂšre fois quâils sâĂ©taient croisĂ©s. Il avait une fourrure aussi claire que les nuages, qui virait au noir au niveau de la queue. Sa peau Ă©tait un peu plus grise que celle de Macaque, et un masque bleu recouvrait ses yeux. Le jeunot se rapprocha au plus proche de Wukong avant de sâincliner de la mĂȘme façon que le faisait Macaque lorsque ce dernier se mettait Ă agir comme son vassal devant des Ă©trangers de la montagne. Le geste pinça le cĆur de Wukong. Il serra sa prise sur ses vĂȘtements.
Â-Qui es-tu ? Demande Wukong.
Le singe au marquage bleu leva les yeux vers Wukong, et les cligna plusieurs fois avant de sâempresser de rĂ©pondre le plus poliment possible.
Â-La vieille Lune mâa donnĂ© le nom de Shi Luo. Je suis le premier protĂ©gĂ© de la veille Lune, votre altesse. Je serais celui qui vous offrira la voix de votre peuple aujourdâhui.
Wukong ne savait pas que Macaque avait des protĂ©gĂ©s. Il savait que lui et le singe de lâombre trouvaient souvent des singes en difficultĂ©, et les ramenaient Ă la montagne. CâĂ©tait un quelque chose que Wukong Ă©tait sĂ»r que Macaque avait continuĂ© Ă faire aprĂšs son dĂ©part ; mais les appeler protĂ©gĂ©s Ă©tait excessif. Cela donnait un mauvais goĂ»t dans la bouche de Wukong. La voix de Macaque le gronda dans sa tĂȘte. Comme si Macaque avait devinĂ© que les prochaines actions de Wukong allaient ĂȘtre stupides. Wukong dĂ©cida de ne rien faire. Il hocha lentement la tĂȘte, il interrogerait de Shi Luo plus tard.
Â-Parle.
Ordonne-t-il enfin. Shi Luo ne se fit pas prier.
Â-Nous sommes inquiets pour vous votre altesse. Des sifflements positifs sâĂ©levĂšrent de la foule, encourageant le singe les reprĂ©sentants, Ă parler. Vous ĂȘtes restĂ©s des annĂ©es Ă pleurer une personne qui nâexiste plus. La montagne Ă besoin de leur roi. Nous pleurons avec vous la perte de la vieille Lune, mais vous ne pouvez pas vous laisser dĂ©pĂ©rir ainsi. Encore une fois, nous avons besoin de vous. La montagne nâa pas connu de vĂ©ritables beaux jours depuis que vous avez cessĂ© de sourire. Certains des fruits que la vieille Lune adorait ne donnent plus de fruits, comme si vous lâaviez commandĂ©. Les humains et les dĂ©mons sâaventurent un peu plus prĂšs de la montagne Ă chaque jour qui passent, et nous craignons que, si le chagrin ne vous tue pas, ce sera la prochaine attaque Ă lâencontre de la montagne qui prendra vos immortalitĂ©s.
Wukong Ă©mit un rire moqueur Ă la derniĂšre phrase du jeune singe. Sâil pouvait mourir de si peu, il serait dĂ©jĂ parti depuis longtemps. Son immortalitĂ© le condamnait ainsi, Ă vivre sans Macaque.
Â-Ne vous en faites pas. Je ne mourrais pas de si peu. Et je mâoccuperais de vous.
Shi Luo leva les yeux vers la foule qui sâĂ©tait remise Ă murmurer en dĂ©sordre. Wukong rĂ©ussit Ă retenir quelques mots. Mais visiblement, Shi Luo rĂ©ussit mieux que lui Ă assimiler ce qui intriguait tout le monde dans la troupe. Il arrivait certainement Ă dĂ©mĂȘler les inquiĂ©tudes de tout le monde par ce quâil avait les mĂȘmes prĂ©occupations. Câest comme cela quâil dĂ©mĂȘlait si bien le charabia de mot si fermement gribouillĂ©.
Â-Nous vous croyons mon roi. Mais nous tenons Ă vous. Nous aimerions que vous puissiez vivre Ă nouveau malgrĂ© le dĂ©part de la vieille Lune.
Le jeune homme sembla vouloir dire quelque chose. Il hĂ©sita une seconde, jeta un regard Ă la troupe, demandant sâil pouvait parler du sujet dĂ©licat que tous, semblaient avoir pensĂ©, avant dâouvrir Ă nouveau la parole.
Â-Nous pensons que vous devriez peut-ĂȘtre chercher un nouveau compagnon.
La fourrure de Wukong se hĂ©rissa de colĂšre. Il ignora mĂȘme le fait que le plus jeune impliquait que son amitiĂ© avec Macaque Ă©tait plus que cela. Ses griffes sâenfonçaient dans ses paumes pour essayer de ne pas tuer le jeunot tout de suite. Les petits qui Ă©taient sur lui, descendirent en sentant la tension monter. La gorge de Wukong se serra, il fit de son mieux pour retenir la boule de rage au fond de son Ćsophage. Ignorant le danger, Shi Luo continua.
Â-La vieille Lune est, et restera irremplaçable. Mais⊠nous pensons que peut-ĂȘtre, si vous trouviez quelquâun pour combler le vide quâelle⊠quâil a laissĂ©Â ; vous seriez capable de passer Ă autre chose. Il nâest pas bon de sâattarder sur le mĂȘme problĂšme indĂ©finiment. Nul ne peut vaincre la mort, une fois quâil lâa traversĂ©.
Â-Jâai vaincu la mort. Grinça Wukong. Je suis allĂ© aux enfers et ai retirĂ© mon nom de la mort elle-mĂȘme. Rien ne mâest impossible. Je suis Le grand roi singe Ă©gal au ciel. Et je le dis aujourdâhui et maintenant. Rien ni personne ne remplacera Macaque.
Â-Ce nâest pas ce que je voulais dire⊠Nous pensonsâŠ
Â-Alors ne pensez plus.
Wukong se tourna directement vers sa troupe, les crocs à découvert.
Â-Alors câest ça ? Vous voulez que je trouve un remplaçant Ă Macaque ?
Un brouhaha se fit entendre. Shi Luo repris la parole pour pouvoir retranscrire ce que la foule pensait et que Wukong avait déjà compris.
Â- Nous ne voulons pas de remplaçants Ă la vieille Lune. Nous souhaitons seulement votre bonheur, grand-pĂšre Sun. Shi Luo hĂ©sita avant de dire ce quâil pensait personnellement. La vieille Lune Ă©tait une personne logique. Elle serait dâaccord avec cette dĂ©cision.
Â-Assez !
Le cri de Wukong se répercuta dans toute la montagne. Chacun se tût.
Â-Je ne veux plus jamais vous entendre, ne serait-ce quâĂ©voquer cette idĂ©e stupide. Câest un ordre. Si jamais lâun dâentre vous le fait, je lâĂ©corcherais vif, moi-mĂȘme.
Suite Ă ses mots, Wukong sâenfonça dans la forĂȘt. Les singes ne le retinrent pas. Ils attendirent que leur roi parte avant de chuchoter.
Â-Notre roi a perdu la raison.
Entendait-on.
Â-La perte de grand-mĂšre Lune lâa brisĂ©.
Se chuchotait entre les parois.
Â-Notre roi ne pourra plus ĂȘtre le mĂȘme.
Les murmures rĂ©sonnĂšrent encore et encore, reflĂ©tant la panique du peuple. Tout le monde aimait Macaque. Mais mĂȘme eux savaient que la mort Ă©tait dĂ©finitive, et quâils ne pouvaient rien faire Ă ce sujet si ce nâest aller de lâavant. Il nâĂ©tait pas question dâoublier le passĂ©. Mais on ne devait non plus ĂȘtre ralenti par ce dernier. Ceux qui avaient survĂ©cu Ă lâincendie de la montagne de fleur et de fruits comprenaient certainement le mieux le roi singe. Mais mĂȘme eux savaient que le roi devait agir comme tel. Macaque ne reviendrait pas. Tout comme les morts de ce jour-lĂ . Cela faisait des mois, des annĂ©es, quelques siĂšcles, que le roi pleurait Macaque. Il ne pourrait pas le faire pour lâĂ©ternitĂ©. Il devait se ressaisir. Mais Wukong restait le mĂȘme enfant tĂȘtu qui avait sautĂ© dans la cascade. Et il ne voulait pas voir la rĂ©alitĂ© en face.
chapitre 1 _ chapitre 2_ Chapitre 3
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RĂȘves profonds avec le lotus bleu...
Le lotus bleu, une fleur trĂšs apprĂ©ciĂ©e dans l'Ăgypte ancienne, est un psychoactif subtil qui induit des sentiments de tranquillitĂ© et d'euphorie, et peut donner Ă la vie Ă©veillĂ©e la qualitĂ© de transe d'un rĂȘve. Il peut Ă©galement rendre notre vie onirique plus vivante et potentialiser notre capacitĂ© Ă faire des rĂȘves lucides.
Les anciens Ăgyptiens considĂ©raient le lotus bleu comme un sacrement sacrĂ© qui les reliait au divin par des Ă©tats de conscience extatiques. Symboliquement, ils l'associaient au soleil, Ă la crĂ©ation et Ă la renaissance en raison de la façon dont la fleur se ferme et s'enfonce dans l'eau la nuit, et rĂ©apparaĂźt pendant la journĂ©e. Le lotus bleu Ă©tait Ă©galement apprĂ©ciĂ© Ă des fins rĂ©crĂ©atives, comme en tĂ©moigne la façon dont les anciens Ăgyptiens le reprĂ©sentaient dans des scĂšnes de fĂȘtes orgiaques dans leur art.
Si vous avez du mal Ă trouver un sommeil rĂ©parateur, les effets mĂ©ditatifs de cette fleur peuvent vous aider Ă trouver un sommeil plus nourrissant et plus heureux. Les utilisateurs ont signalĂ© des rĂȘves plus clairs et plus colorĂ©s, ainsi qu'une meilleure capacitĂ© Ă se souvenir de leurs rĂȘves.
Il peut ĂȘtre infusĂ© sous forme de thĂ©, trempĂ© dans du vin, fumĂ© ou pris sous forme d'extrait, d'huile ou de teinture.
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Edmond se tournait et se retournait sur la pauvre paille qui lui servait de lit depuis les longues annĂ©es quâil habitait le cachot. Il avait perdu le compte des jours quelques temps aprĂšs sa captivitĂ©, mais cela devait faire plusieurs annĂ©es, nâest-ce-pas ?
Une nouvelle crampe lui crispa le dos, et il changea encore de position dans le vain espoir de dĂ©nouer le nĆud qui sây Ă©tait formĂ©. La douleur ne partait pas, et le sommeil ne vint pas, alors, abandonnant lâidĂ©e de dormir, Edmond se leva et se mit Ă marcher en cercle.
Depuis quelques jours, une sensation de brĂ»lure pulsait entre ses omoplates. Au dĂ©part, le dĂ©rangement nâĂ©tait que trĂšs faible, la sensation Ă peine plus perturbante quâune piqĂ»re de moustique. Mais la situation avait petit Ă petit empirĂ©, et dĂ©sormais sa peau le dĂ©mangeait terriblement. Edmond se serait bien grattĂ© d'avantage, mais il en avait dĂ©jĂ irritĂ© la zone douloureuse jusquâau sang, et la moindre touche aggravait le sentiment de brĂ»lure qui grouillait sous sa peau.
Il se rĂ©solut dâen parler au porte clĂ© qui venait lui apporter sa soupe.
Ce dernier, mis au courant de lâĂ©trange maladie qui frappait le prisonnier et soucieux de ne pas voir sa mort prĂ©levĂ©e Ă sa paye, s'empressa de signaler Ă Edmond de se dĂ©shabiller.
âJe ne vois rien,â dit le geĂŽlier une fois quâEdmond eut enlevĂ© sa chemise pour rĂ©vĂ©ler son dos nu.
âRegardez encore !â demanda Edmond, dĂ©sespĂ©rĂ© de trouver la source du mal qui le tourmentait tant.
Le geĂŽlier se pencha, lorgnant le dos du prisonnier. Les repas frugales de la prison dâIf avaient rendu le prisonnier maigre, les os saillants, mais lâon pouvait encore apercevoir la silhouette des solides muscles quâon les marins.
âNon, vraiment. Je ne vois rien.â
âMerci.â soupira le prisonnier en sâĂ©cartant tristement.Â
Le geĂŽlier nâavait aucune raison de se moquer de lui. AprĂšs tout, les portes-clĂ©s nâavaient que peu dâintĂ©rĂȘt Ă le voir mort, emprisonnĂ© comme il Ă©tait. CâĂ©tait donc que lâhomme disait la vĂ©ritĂ©, et que le mal qui dĂ©chirait le dos dâEdmond demeurait invisible.
Une fois son geĂŽlier parti, promettant quâil appellerait le docteur si les choses sâaggravaient, Edmond Ă©carta sa soupe. Il nâavait pas faim. La douleur qui vrillait juste sous ses omoplates s'Ă©tendait maintenant sur toute la longueur de son torse, comme pour se moquer de sa faiblesse. Pis encore, une nausĂ©e montante rendait ses mains tremblantes et sa vue trouble. MĂȘme si son estomac avait Ă©tĂ© dâhumeur, Edmond doutait quâil eut pu porter la nourriture Ă sa bouche.Â
Le reste de la journĂ©e s'Ă©chappa dans un flou nausĂ©eux. Edmond Ă©tait trop fatiguĂ© pour bouger, mais trop agitĂ© pour rester allongĂ©. Il alternait donc entre les deux, plongĂ© dans une vague brume cauchemardesque. Son cĆur battait la chamade et son corps Ă©tait secouĂ© de frisson, sans que cela nâempĂȘche la brĂ»lure annexant son Ă©chine de le tourmenter. La fraĂźcheur de la nuit, loin de le soulager, empira encore son malheur.
Des vagues de crampes successives mettaient son dos Ă l'agonie, le laissant pantelant sur le sol froid et humide. Le moindre frottement Ă©tait dĂ©cuplĂ©. BientĂŽt, Edmond ne supporta plus le tissu rĂȘche de ses haillons, et avec un de ces regains dâĂ©nergies que la fiĂšvre donne parfois, il sâempressa de les jeter au sol.
Edmond ne savais combien de temps il passa dans cet Ă©tat intemporel que donne la maladie. Quelque chose de froid et gluant sâĂ©tait mis Ă lui couler sur le dos, mais il nâavait plus la force de vĂ©rifier si ce nâĂ©tait que de la sueur, ou bien du sang. Une sensation de douleur bien plus pĂ©nĂ©trante que les autres le traversa, et Edmond ne put rĂ©primer un hurlement.
Puis un second.Â
Puis un troisiĂšme.Â
CâĂ©tait comme si une valve fermĂ©e sâĂ©tait soudainement ouverte, libĂ©rant l'expression de toute la souffrance qui le secouait et lui coupait le souffle. Edmond se recroquevilla sur le sol, front a terre, tirant dĂ©sespĂ©rĂ©ment sur ses cheveux pour Ă©chapper Ă la torture qui le dechirait de lâintĂ©rieur. Des pas accoururent, mais perdu dans la fiĂšvre et la douleur, Edmond ne les entendit pas.
âMais bon sang, que se passe t-il ?!â
On le secoua, sans pouvoir provoquer plus que des gĂ©missements. Puis, les doigts charnus qui l'avaient malmenĂ© le quittĂšrent. Il y eut une pause, puis dâautres cris; qui cette fois ne venaient pas de lui; puis une main contre son Ă©paule alors quâil tentait de se retourner pour frotter la zone brĂ»lante au sol dĂ©licieusement froid.
âNe bougez pas.âÂ
Edmond sâaccorda trĂšs bien de cet ordre. Maintenant que la personne le disait, se retourner semblait en effet une bien mauvaise idĂ©e. Et puis, le sol Ă©tait trop froid. Il prĂ©fĂ©rait bien plus la main chaude qui Ă©tait restĂ©e posĂ©e prĂšs de son cou. Une seconde vint se poser sur son front. Elle sâen Ă©loigna presque aussitĂŽt, et Edmond regretta la fraĂźcheur qui lâavait briĂšvement envahi Ă son contact.
âMais câest quâil a de la fiĂšvre, ce pauvre garçon.â Le geĂŽlier leva la voix. âAppelez un mĂ©decin !â
Le cri, trop fort pour les sens surmenĂ© dâEdmond, lui fit lâimpression dâun ballon qui Ă©clatait dans son crĂąne. Ses gĂ©missements reprirent de plus belle.
âQue se passe-t-il?â Une nouvelle voix lui transperça les tympans.
âLe prisonnier est souffrant.â
âĂa, je lâentend bien quâil est souffrant. Cela fait une demi-heure quâil nous casse les oreilles. Mais avez-vous une idĂ©e du mal?â
âNon. Ce matin, il parlait encore.â
Le flot de parole fut bientĂŽt enseveli sous la vague de fiĂšvre qui l'envahit comme un nouvel accĂšs de crampe, tel une cruelle lance brĂ»lante qui le perça de toute part. Sa gorge Ă©tait rauque Ă force de crier, et le son ne sortait que par accoups Ă©tranglĂ©s.Â
âAllons, allons.â
Les porte-clĂ©s, bien embĂȘtĂ©s, tentĂšrent tant bien que mal dâaider lorsque ce dernier se releva sur ses coudes pour tousser. Ils ne rĂ©ussissent qu'Ă le perturber davantage.Â
Edmond voulait fuir toutes ces mains inconnues, bien trop moites, bien trop Ă©paisses pour ĂȘtre celles quâil cherchait. Il se languissait de la douceur du toucher de Mercedes contre sa peau. De lointains souvenirs remontaient le long de ses pensĂ©es confuses, prenant le pas sur les voix bien rĂ©elles qui l'entouraient.â
âCâest le milieu de la nuit. Ne peut-il pas tenir jusquâau matin ?â lâune dâentre elle grommela. âCâest la prison, ici, pas lâhĂŽpital.â
Une douleur, au moins dix fois plus terrible que toutes les autres, foudroya Edmond. Un cri final sâĂ©chappa de sa gorge dessĂ©chĂ©e. Il lui sembla, lâespace dâun instant, que sa peau se dĂ©chirait, mettant Ă nu la structure osseuse de ses omoplates et de sa colonne vertĂ©brale. Que tout le sang de son corps se dĂ©versait le long de cette plaie sanglante, le laissant vide, sans vie.
Aussi vite quâelle Ă©tait apparue, la tortueuse agonie sâen alla, ne laissant derriĂšre elle que les traces lancinantes dâun Ă©cho. Edmond Ă©tait trop faible pour remarquer le silence qui pesa soudain entre les deux geĂŽliers.
Le premier se tourna vers le second.
âDites au mĂ©decin que câest pour un ange. Il viendra.â
Le monde semblait bien lourd Ă prĂ©sent, sans lâaiguille de la misĂšre pour le garder Ă©veillĂ©. Les paupiĂšres d'Edmond se fermĂšrent au rythme des pas qui sâĂ©loignent. ExtĂ©nuĂ©, Ă bout de souffle, il ne rĂ©flĂ©chit pas deux fois au rĂ©pit qui sâoffrait Ă lui et se laissa tomber dans le clĂ©ment oubli de lâinconscience.
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Ph. La bouquiniste
E P
Comme Embolie Pulmonaire
je ne suis pas encore sortie d'affaire mais voilĂ oĂč j'Ă©tais toute cette semaine. J'ai eu bien du temps pour me "rĂ©flĂ©chir", j'aurais aimĂ© que cela se passe autrement... J'ai renfilĂ© mes bas de contention Ă l'adorable petit nĆud pap bleu, j'ai Ă©tĂ© scannĂ©e, Ă©chographiĂ©e, prises de sang, holter ECG pour regarder si mon petit cĆur tout mou ne va pas avaler les cailloux de ses riviĂšres. Je n'ai jamais Ă©tĂ© si entourĂ©e, soignĂ©e, bichonnĂ©e avec tant de bienveillance, de douceur, de bonne humeur, de grands sourires. Toute l'Ă©quipe a ma profonde gratitude. Je ne pouvais pas lire, je n'en avais pas le goĂ»t alors j'ai dessinĂ©, beaucoup plus que d'habitude et aussi pour Elisa, doctoresse roumaine qui m'a suivie toute la semaine et qui m'en avait fait la demande. Petit clin d'oeil avec le papillon dĂ©sirĂ© sur nos immortelles catalanes, grande plante de l'anti-coagulation... J'ai bu plus que de raison, j'ai versĂ© quelques larmes du coup, c'Ă©tait du trop plein. Comme je m'ennuyais tout Ă©tait prĂ©texte Ă la distraction, compter les carrĂ©s et les rectangles au plafond, faire des photos dĂ©biles, chantonner (oui j'ai beaucoup chantonnĂ©, mĂȘme la nuit, quand je n'arrivais pas Ă trouver le sommeil), prendre la tangente par la porte... Tu as vu, moi aussi j'ai eu des roses...Elles sont restĂ©es Ă lâhĂŽpital, mon fils m'a rĂ©pondu que j'avais bien fait.
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Lorsque j'Ă©tais Ă l'internat, j'Ă©coutais le vrombissement lointain des camions qui passaient sur l'autoroute la nuit afin de m'aider Ă trouver le sommeil. Ă bien y rĂ©flĂ©chir, c'Ă©tait un Ă©cho aux mĂȘmes sons que j'entendais depuis la fenĂȘtre de ma chambre Ă©tant enfant et c'est pour cette mĂȘme raison, en tant qu'adulte, que j'ouvre la fenĂȘtre ce soir.
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J'ai fait une paralysie du sommeil cette nuit. J'Ă©tais angoissĂ©e et impossible de me rendormir. C'Ă©tait presque une nuit blanche. Puis, je suis sortie de mon lit et j'avais un mĂ©lange de peine et d'anxiĂ©tĂ© dans le ventre. J'ai pas aimĂ© cette journĂ©e. Comme les autres. Les mĂȘmes questionnements me fracassent la tĂȘte. J'ai l'impression que je ne vais pas tenir cette annĂ©e scolaire, encore moins cette relation. Je suis vide de passion, la seule chose que je fais c'est crĂ©er du bordel, le ranger, pas dormir, un peu manger, faire des allĂ©es retours, regarder mes mails sans cesse, ne pas ĂȘtre intĂ©ressĂ©e, m'embrouiller avec mon mec, dire des mensonges Ă mes parents. En soi, rien ne distingue vraiment cette annĂ©e des autres. On a souvent les mĂȘmes sujets centraux. La solitude est pĂ©nible. Le temps Ă occuper aussi. Les respirations Ă prendre pareil. Les embrouilles qui me nouent l'estomac n'en parlons pas. Et les deadlines c'est peut-ĂȘtre le pire. En soi, rien de trĂšs grave. Rien n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs grave, j'ai juste un faible seuil de tolĂ©rance je crois. En ce moment, la mutilation tourne en boucle dans ma tĂȘte, j'y pense quotidiennement mais lĂ c'est percutant. Je serais plus capable de quitter mon copain pour pouvoir accĂ©der Ă ces pensĂ©es intrusives que pour les rĂ©elles raisons, son insuffisance. Je pense qu'il ne retrouvera pas une fille aussi intelligente que moi car je fais dĂ©jĂ partie de la moyenne basse qui l'a acceptĂ© et qui a acceptĂ© tant de choses. Le ratio contribution rĂ©tribution ne cesse d'ĂȘtre alarmant. J'ai de moins en moins faim. Je regarde beaucoup mon tĂ©lĂ©phone. Les heures de creux s'enchaĂźnent. Les prises de notes sont incomplĂštes. Les sourires dĂ©fectueux. Les mensonges toujours trĂšs aboutis. Les nuits toujours Ă©parpillĂ©es. Je dissocie tous les jours et je vois que de plus en plus de monde commence Ă comprendre que j'enregistre pas tout de mes journĂ©es. C'est dur Ă cacher. Je ne me souviens de rien, ou pas grand chose, peu importe la valence des Ă©vĂ©nements. J'Ă©tais une gamine triste, je suis maintenant une adulte triste qui sait que c'est les annĂ©es les plus libres qu'elle vit et pourtant, je suis enfermĂ©e dans beaucoup de choses. Je passe Ă cĂŽtĂ© de moi, de mes valeurs, de ce que j'aimerais faire j'imagine mĂȘme si au fond, je sais pas trop ce qui serait plus supportable. Quand tout est difficile, la facilitĂ© c'est de se dire que n'importe quoi d'autre serait mieux, plus aisĂ©. J'ai toujours fonctionnĂ© comme ça et pourtant, je me rends bien compte que non. C'est pas l'inconnu en soi le problĂšme, c'est de partir dans l'urgence de situations qui nous dĂ©plaisent pour se jeter dans le reste. Je regrette et si je devais dire quoi, je ne saurais pas tout Ă©numĂ©rer. Je ne me suis jamais sentie fonciĂšrement mieux depuis l'hĂŽpital mais j'ai fait comme si c'Ă©tait reparti. La vĂ©ritĂ© c'est que je suis transie de tout, paralysĂ©e devant la ligne de dĂ©part. Je suis terne, amĂšre et dĂ©sagrĂ©able parce qu'au fond je ne sais pas comment gĂ©rer cet inconfort permanent liĂ© au simple fait d'exister. Des fois, je me dis qu'il faudrait aller revoir un psy mais visiblement j'ai toujours la rĂ©ponse Ă tout. Mon pĂšre m'a toujours appelĂ©e la moralisatrice, j'ai toujours Ă©tĂ© vexĂ©e mais finalement, ça doit ĂȘtre ça. Trop faible pour faire comme il faut alors j'emmerde les autres pour qu'il rĂ©ussisse lĂ oĂč j'ai Ă©chouĂ©. Personne ne me demande rien. Je me sens tellement triste et ça passe jamais et je me rĂ©pĂšte toujours. Je suis rongĂ©e par des insĂ©curitĂ©s qui ont lieux d'ĂȘtre mais qui sont bruyantes. Relationnellement parlant je ne sais pas comment faire et finalement je sais mĂȘme pas si un jour j'ai su. Je sais pertinemment que si j'avais la chance de repartir Ă zĂ©ro, il faudrait trĂšs peu de temps pour que je revienne dans ces cercles vicieux. Je me demande vraiment si je suis emetophobe Ă force de ravaler chaque fois mon vomi.
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Ok donc mon angoisse est tellement intense (pour zĂ©ro raison) que je fais de la dyspnĂ©e en m'endormant, en gros j'ai l'impression d'ĂȘtre consciente de ma respiration et de devoir respirer sinon je m'Ă©touffe, et quand je commence Ă plonger dans le sommeil bah...je respire plus du tout, donc je m'Ă©touffe et me rĂ©veille en sursaut comme si j'allai crever, ça fait des annĂ©es que j'avais pas fait ça, les derniĂšres fois c'Ă©tait dĂšs que je prenais des drogues, je m'Ă©touffer en m'endormant et c'Ă©tait horriblement angoissant sauf que lĂ il y a zĂ©ro raison pour que je sois angoissĂ©e comme ça.
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De l'Ăąme
Une surprise : plusieurs lecteurs, sans doute Ă©branlĂ©s par le vide abyssal qui caractĂ©rise notre temps âet avec une inquiĂ©tante tendance Ă l'aggravationâ m'ont demandĂ© rĂ©cemment de âparler de l'Ăąmeâ. Mais si je me sens trĂšs capable de donner un avis âqui n'est que le mien, corrigĂ© par nombre de lectures et d'empruntsâ ⊠je tiens Ă prĂ©ciser que je suis Ă©videmment tout-Ă -fait incapable de rĂ©pondre Ă la question multiple âExiste-telle ? Quelle est-elle ? Que recouvre-t-elle âou pas ?â, et surtout de me livrer Ă cet exercice⊠en une page âA4ââ ! Mais quel meilleur moment qu'une Semaine Sainte pour esquisser un dĂ©but de rĂ©ponseÂ
Le mot â'Ăąmeâ lui-mĂȘme, tirĂ© du latin (âanima = l'air, le souffle, la vieâ), recouvre tant de notions diffĂ©rentes que âne pas y croireâ ne peut avoir aucun sens : qui parle de âcroireâ Ă l'air, au ciel bleu, au chocolatâŠÂ ? S'agit-il de l'Ame des peuples (AndrĂ© Siegfried) ? de l'Ame des choses (Auguste Blondel) ? des âobjets inanimĂ©sâ de Lamartine ? de l'Ame du monde (FrĂ©dĂ©ric Lenoir) ? (NB : je pourrais continuer longtemps). Ecoutons plutĂŽt Camus : âNe pas croire Ă l'Ăąme est une absurditĂ©â.
A ce moment oĂč l'humanitĂ© semble âflirterâ avec sa chute dans des abĂźmes qu'on peut craindre dĂ©finitifs, l'Ăąme âqui Ă©tait un peu sortie de nos prĂ©occupations consumĂ©risĂ©esâ semble faire un retour sur le devant de la scĂšne, et nos lecteurs ne s'y sont pas trompĂ©s, en m'en parlant. Il faut reconnaĂźtre que sa dĂ©finition a bien variĂ© Ă travers les siĂšcles : dans l'AntiquitĂ©, les grecs en avaient une vision bipartite (âcorps et Ăąmeâ)âŠÂ alors que pour la tradition biblique, la vision Ă©tait tripartite (âcorps, esprit âpneuma en grec et spiritus en latinâ, et Ăąme âpsychĂš, en grec et anima en latin, ce dernier mot animant la vie intĂ©rieure et la personnalitĂ©, mais aussi ce qui donne vie au corps. Ne âârend-on pas son Ăąmeâ, au moment du grand dĂ©part ? Mais n'allons pas trop vite : avant de la ârendreâ, il faut la dĂ©finir.
Pour les philosophes, l'Ăąme est souvent une notion qui permet de parler de l'ĂȘtre humain dans sa totalitĂ©. Pour Platon, l'Ăąme est en conflit avec le corps qui l'emprisonne, alors qu'Aristote insiste sur une conception non dualiste entre âĂąmeâ et âcorpsâ, chacun Ă©tant plus ou moins indĂ©pendant de l'autre. Plus tard, pour le christianisme, qui tient un rĂŽle de toute premiĂšre importance dans cette âdissertatioâ (que je voudrais tellement ne pas ĂȘtre une âdisputatioâ!), le mot âAmeâ veut dĂ©crire comment est formĂ© un ĂȘtre humain dans et par ses expĂ©riences fondamentales : la vie, l'amour, le dĂ©sir, la maladie et la souffrance, le questionnement sur âaprĂšs la vie âou aprĂšs la mortâ, et l'Ăąme se dĂ©finit donc comme âautreâ que l'esprit : d'un cĂŽtĂ©, un principe de vie, âce qui anime le corpsâ, siĂšge des Ă©motions et des passions, et de l'autre, vie intĂ©rieure, et personnalitĂ©. On peut dire : raison, ici et libertĂ©, lĂ âŠ
Mais en 1621, Descartes introduit une rupture dans la conception traditionnelle, en traduisant âĂąmeâ par âmensâ : l'homme est d'abord un ĂȘtre pensant, et le mens latin, qui dĂ©signe d'abord le cerveau, l'intelligence, la raison, l'esprit⊠va peu Ă peu replacer l'ancienne âĂąmeâ au profit de ce nouvel arrivant, le âcogitoâ' . Une nouvelle logique bipartite est nĂ©e, le corps et la pensĂ©e, sĂ©parĂ©s mais liĂ©s : â'Cogito, ergo sumâ.
Le mouvement phĂ©nomĂ©nologique, qui se targue d'apprĂ©hender la rĂ©alitĂ© telle qu'elle se donne ou se montre, considĂšre que le corps, seul, joue un rĂŽle (âLe monde nâest pas pour moi autre chose que ce qui existe et vaut pour ma conscienceâ, Ă©crit Husserl en 1937), ce contre quoi rĂ©agit la grande Edith Stern, juive devenue carmĂ©lite et morte Ă Dachau : âOn ne peut vivre sans Ăąme, c'est-Ă dire avec une Ăąme paralysĂ©e ou en sommeilââ⊠phrase oĂč nous retrouvons ce qui est visible tout autour de nous⊠et ce dont l'humanitĂ© est en train de crever
Il fallut attendre 1953 pour que Crick, Watson et Rosalind Franklin, dĂ©couvrent l'ADN, cette part d'Ă©ternitĂ© qui est en chacun de nous. InsĂ©parable de nous, elle nous contient tout entiers et nous rĂ©sume, tout en nous rattachant Ă nos originesâŠÂ Question jamais posĂ©e mais qui me taraude depuis longtemps : â'Se pourrait-il que cet acronyme, l'ADN, soit, en fin de compte, le support matĂ©riel de notre Ăąme ? Son caractĂšre â'iso-Ă©ternelâ'et son identitĂ© parfaite avec notre â'ĂȘtreâ, notre âavoir Ă©tĂ©â mais aussi notre âdevoir ĂȘtreâ, en font une parfaite rĂ©ponse Ă ce que pourrait ĂȘtre ce âCorps glorieuxâ si difficile Ă imaginer mais sous lequel, disent les chrĂ©tiens, nous entrerons un jour dans notre Ă©ternitĂ©
En 1979, Joseph RĂ€tzinger, grand thĂ©ologien et futur grand Pape BenoĂźt XVI, posa (âLa Mort et l'au-delĂ â )que âil n'y a aucune raison sĂ©rieuse de rejeter le mot Ăąme , cet outil verbal indispensable dans la foi des chrĂ©tiens⊠ce qui se vĂ©rifie Ă travers la prise de conscience actuelle⊠que une conscience, justement, ne peut exister sans objet pour la percevoir et sans sujet pour la traduire et l'expliquerâ. Et voilĂ lâ âĂąmeâ qui fait Ă nouveau partie du vocabulaire de la philosophie, le besoin de cet Ă©ditorial en Ă©tant un dĂ©but de preuve en soi.
Un dernier point, peut-ĂȘtre : en 2016, l'acadĂ©micien François Cheng avait Ă©crit un fort beau âDe l'Ameâ (Albin Michel) oĂč il Ă©crivait âA part le bouddhisme dans sa version la plus extrĂȘme, toutes les grandes traditions spirituelles ont pour point commun d'affirmer une perspective de l'Ăąme situĂ©e au-delĂ de la mort corporelle : l'Ăąme de chaque ĂȘtre est reliĂ©e au souffle primordial qui est le secret de la vie-mĂȘme. AnimĂ©e par un authentique dĂ©sir d'ĂȘtre, elle nous rappelle donc, quelle que soit notre croyance âou notre non-croyanceâ combien notre vie participe d'une aventure unique, le Tao âla Voieâ qui ne connaĂźt pas de fin, contrairement Ă la vieâ.
J'admets que tout cela n'est pas simple⊠Mais le moyen, s'il vous plaĂźt, de parler de sujets eschatologiques avec nos seuls mots humains, et en un temps et un espace si rĂ©duits ? Par prudence, je vais donc demander Ă d'autres que moi de conclure. D'abord George Meredith : â L'Ăąme est tout, ici-bas; le reste n'est qu'illusio'nââ⊠Puis Rivarol : âSans le corps, l'Ăąme n'aurait pas de sensations, mais sans l'Ăąme, le corps n'aurait pas de sentimentâ... Libre Ă ceux qui ont dĂ©cidĂ© de ne pas y croire, de vivre âsansâ. Mais qu'ils ne comptent pas sur moi : je suis si bien, âavecâ, surtout en cette Semaine, qui est Sainte pour un bon tiers de l'HumanitĂ©.
H-Cl.
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Hiver 1919, Hylewood, Canada (18/21)
Mais Layan, elle, est trĂšs bavarde malgrĂ© sa difficultĂ© Ă exprimer ce quâelle veut dire, et nous trouvons toujours le moyen de nous comprendre, que ce soient par de cris ou des mimes. Quand elle ne cuisine pas, elle mâaccompagne au jardin et Ă la nurserie, et nous conversons Ă notre maniĂšre de toutes sortes de choses, Ă notre maniĂšre, avec des mots simples et des rires. Je suis curieusement heureuse de son arrivĂ©eâŠ
[Transcription] EugĂ©nie LeBris : Bonjour, ma chĂšre Layan ! Layan Bahar : Bonjour Ă toi aussi Madame. EugĂ©nie LeBris : Les filles ont ben dormi ? Layan Bahar : TrĂšs bien ! Sommeil comme des pierres. Toi, par contre, tu nâas pas bien dormi. Jâai entendu lâautre cĂŽtĂ© du mur, tu Ă©tais dĂ©bout, tchack, tchack, tchack. Maria nâĂ©tait pas contente. EugĂ©nie LeBris : Câest vrai, pardon. Avec mon mari toujours en voyage et les enfants qui demandent tant d'attention, jâai de la difficultĂ© Ă trouver un moment de repos et jâai lâesprit qui bouillonne le soir. Layan Bahar : Oh, Madame, je suis dĂ©solĂ©e d'entendre ça. Peut-ĂȘtre tu devrais prendre un peu de temps. EugĂ©nie LeBris : Je sais que vous avez raison, mais c'est plus facile Ă dire qu'Ă faire. J'ai tellement de responsabilitĂ©s Ă la maison. Layan Bahar : Maria a dimanche matin. Jâai vendredi. Toi, tu as quand ? EugĂ©nie LeBris : Moi, je ne travaille pas⊠Layan Bahar : Les enfants câest le travail. Le jardin, la couture, câest le travail. Layan Bahar : Ecoute Madame. Aujourdâhui je fais les bakhlava. Tu envoies tes enfants chercher les noix. TrĂšs amusant ! Ils vont jouer, revenir fatiguĂ©s, manger les bakhlava, manger koshari, ventre lourd ! Ils vont dormir tĂŽt. Quâest-ce que tu veux faire aujourdâhui ? EugĂ©nie LeBris : Jâai des bas Ă repriser qui sâentassent depuis des semaines. Layan Bahar : Ăa peut attendre une semaine de plus. EugĂ©nie LeBris : Je dois amener la chaise du grand-pĂšre chez le rempailleur. Layan Bahar : Pas urgent. Grand-pĂšre mort, pas besoin de chaise. Quoi dâautre ? EugĂ©nie LeBris : La veste que Lulu mâa laissĂ©e Ă dĂ©tacher⊠Layan Bahar : Je fais la veste pendant la cuisson. Quoi dâautre ? EugĂ©nie LeBris : Je dois rĂ©pondre Ă la lettre de ma cousine depuis des mois⊠Layan Bahar : Câest mieux. Tu me donnes la veste. Tu rĂ©ponds Ă la lettre. Les enfants dehors. Aujourdâhui, tranquille ! Ce soir tu dors bien. Pas de « tchack tchack tchack ». Oui ? EugĂ©nie LeBris : Merci beaucoup pour votre gentillesse. Je pourrais vraiment utiliser un peu dâaide. Layan Bahar : Tu as fait beaucoup pour moi et ma fille. C'est une petite chose.
#ts3#simblr#legacy challenge#history challenge#decades challenge#lebris#lebrisgen3ter#Jules Le Bris#Eugénie Bernard#Marie Le Bris III#Agathon Le Bris#DolorÚs LeBris#Layan Adly#Layla Bahar#Maria Mayordomo#Auguste Le Bris
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La sportive
Il faisait nuit noire dans la forĂȘt bordant Volterra. CaĂŻus Volturi, l'un des trois rois des Volturi, se promenait seul, laissant ses pensĂ©es sombres l'envahir. Soudain, un cri perçant rĂ©sonna Ă travers les arbres, le figeant sur place.
IntriguĂ©, CaĂŻus se dirigea vers l'origine du cri et dĂ©couvrit une jeune femme humaine, allongĂ©e au sol, blessĂ©e et inconsciente. Son cĆur de pierre se serra en la voyant ainsi, si vulnĂ©rable. Elle avait dĂ» tomber en escaladant et se blesser gravement en chemin.
Sans hĂ©siter, CaĂŻus prit dĂ©licatement la jeune femme dans ses bras et se mit en route pour le chĂąteau des Volturi, oĂč se trouvaient ses compagnons. ArrivĂ© sur place, il demanda immĂ©diatement l'aide d'Aro et de Marcus pour sauver la vie de la jeune femme. Au dĂ©but, ils semblĂšrent intriguĂ©s du comportement de leur frĂšre, mais Marcus tendit sa main Ă Aro et les deux sourirent sans que CaĂŻus ne le remarque. Ă partir de ce moment, tout le clan traita Anna comme une reine.
Pendant des jours, Caïus veilla sur elle, incapable de détacher son regard d'elle. Son visage paisible dans le sommeil le troublait plus que de raison. Il découvrit que son nom était Annabeth, mais qu'elle préférait Anna. Elle avait un caractÚre courageux et une force de volonté qui l'impressionnaient.
Au fil des jours, Anna se remit de ses blessures, mais garda un souvenir flou de celui qui l'avait sauvée. Caïus hésitait à se révéler à elle, à partager son monde sombre et implacable. Mais il ne pouvait pas nier l'attirance irrépressible qu'il ressentait pour elle.
Un soir, dans la quiétude de sa chambre, Caïus se décida enfin à se dévoiler à Anna. Lorsqu'elle ouvrit les yeux et le vit pour la premiÚre fois, sa surprise fut évidente. Mais au lieu de la peur qu'il redoutait, il vit de la curiosité et de l'admiration dans son regard.
MalgrĂ© les obstacles et les dangers qui les sĂ©paraient, CaĂŻus et Anna tombĂšrent amoureux l'un de l'autre. Leur amour Ă©tait interdit, maudit, mais c'Ă©tait plus fort que tout. CaĂŻus Ă©tait prĂȘt Ă tout sacrifier pour protĂ©ger Anna, mĂȘme s'il devait affronter ses frĂšres rois et les lois des Volturi.
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Concombre et fentanyl.
En route pour Paris. Encore. Et quelle impatience. Toujours. Je suis partie en lui disant « je suis sĂ»re dâavoir oubliĂ© quelque chose ». Et maintenant lĂ sur le quai je sais. Mes chaussettes. Par contre jâai pris 3 livres. Au cas oĂč. 3 livres pour une nuit mais aucune paire de chaussettes. Je devine mon sens des prioritĂ©s. MâĂ©vader en puant des pieds. Quelle vie de bohĂšme je mĂšne. / Voiture 15 place 48. Je le note lĂ pour pas oublier. / Le chien des douanes ne sâarrĂȘte jamais sur moi. Non pas que je transporte 3kg de fentanyl mais jâaimerais tout de mĂȘme quâil me tĂ©moigne de lâintĂ©rĂȘt. Sa truffe humide me mĂ©prise. Il me dĂ©passe sans un regard. Ăa me vexe Ă tous les coups. Il nâa pas vu la hors-la-loi qui sommeille en moi. / Ă chaque voyage, tĂ©moin de cette scĂšne, je mâinterroge : « je suis voiture 15 place 22 » « moi aussi » elle souffle « câest de pire en pire ». Et lâun lâautre se mĂšnent un duel sans merci Ă qui a raison, Ă qui sortira son billet le premier, mais si regardez câest Ă©crit lĂ je vous dit, et lâautre de vĂ©rifier Ă son tour parce quâil doute soudain. Ils se font monter la moutarde au nez alors que le wagon est presque vide. Ce nâest plus une histoire de siĂšges mais de faiblesse et dâautoritĂ©. LâĂȘtre humain dans toute sa splendeur. / Sinon cette nuit jâai rĂȘvĂ© quâune ancienne copine de lycĂ©e, devenue actrice depuis me prĂ©sentait son nouveau-nĂ©. Il sâappelle Concombre me disait-elle les yeux pleins dâamour. Entre nous je peux feinter devant une Clitorine ou un Robert mais la garce, elle mâavait coincĂ©e avec son Concombre.
Bref voilĂ . Je suis dans le train pour Paris. Je vous embrasse.
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Ce grand dĂ©couragement Ă vivre, ma mĂšre le traversait chaque jour. Parfois il durait, parfois il disparaissait avec la nuit. Jâai eu cette chance dâavoir une mĂšre dĂ©sespĂ©rĂ©e dâun dĂ©sespoir si pur que mĂȘme le bonheur de la vie, si vif soit-il, quelquefois, nâarrivait pas Ă lâen distraire tout Ă fait. Ce que jâignorai toujours câest le genre de faits concrets qui la faisaient chaque jour nous quitter de la sorte. Cette fois-lĂ , peut-ĂȘtre est-ce cette bĂȘtise quâelle vient de faire, cette maison quâelle vient dâacheter â celle de la photographie â dont nous nâavions nul besoin et cela quand mon pĂšre Ă©tait dĂ©jĂ trĂšs malade, si prĂšs de mourir, Ă quelques mois. Ou peut-ĂȘtre vient-elle dâapprendre quâelle est malade Ă son tour de cette maladie dont lui va mourir ? Les dates coĂŻncident. Ce que jâignore comme elle devait lâignorer, câest la nature des Ă©vidences qui la traversaient et qui faisaient ce dĂ©couragement lui apparaĂźtre. Ătait-ce la mort de mon pĂšre dĂ©jĂ prĂ©sente, ou celle du jour ? La mise en doute de ce mariage ? de ce mari ? de ces enfants ? ou celle plus gĂ©nĂ©rale de tout cet avoir ? CâĂ©tait chaque jour. De cela je suis sĂ»re. Ăa devait ĂȘtre brutal. Ă un moment donnĂ© de chaque jour ce dĂ©sespoir se montrait. Et puis suivait lâimpossibilitĂ© dâavancer encore, ou le sommeil, ou quelquefois rien, ou quelquefois au contraire les achats de maisons, les dĂ©mĂ©nagements, ou quelquefois aussi cette humeur-lĂ , seulement cette humeur, cet accablement ou quelquefois, une reine, tout ce quâon lui demandait, tout ce quâon lui offrait, cette maison sur le Petit Lac, sans raison aucune, mon pĂšre dĂ©jĂ mourant, ou ce chapeau Ă bords plats, parce que la petite le voulait tant, ou ces chaussures lamĂ©s or idem. Ou rien, ou dormir, mourir. Marguerite Duras, LâAmant, Les Ăditions de Minuit, 1984, p. 22-23
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Ăloge de la fatigue
Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine, qu'avec cette vie que je mĂšne je me ruine, que l'on ne gagne rien Ă trop se prodiguer. Vous me dites enfin que je suis fatiguĂ©. Oui je suis fatiguĂ©, Monsieur, mais je m'en flatte j'ai tout de fatiguĂ©, la voix, le cĆur, la rate, je m'endors Ă©puisĂ©, je me rĂ©veille las. Mais grĂące Ă Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas ou quand je m'en soucie, je me ridiculise. La fatigue souvent n'est qu'une vantardise on n'est jamais aussi fatiguĂ© qu'on le croit ! Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ? Je ne vous parle pas des tristes lassitudes qu'on a lorsque le corps harassĂ© d'habitude, n'a plus pour se mouvoir que de pĂąles raisons⊠Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon lorsque lâon nâa rien Ă perdre, Ă vaincre, ou Ă dĂ©fendre cette fatigue-lĂ est mauvaise Ă entendre ; elle fait le front lourd, l'Ćil morne, le dos rond et vous donne l'aspect d'un vivant moribond. Mais se sentir plier sous le poids formidable des vies dont un beau jour on s'est fait responsable, davoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains, savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain, savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source, aider une existence Ă continuer sa course, et pour cela se battre Ă s'en user le cĆur⊠cette fatigue-lĂ , Monsieur, c'est du bonheur. Et sĂ»r qu'Ă chaque pas, Ă chaque assaut qu'on livre, on va aider un ĂȘtre Ă vivre ou Ă survivre et sĂ»r qu'on est le port et la route et le quai, oĂč prendrait-on le droit d'ĂȘtre trop fatiguĂ© ? Ceux qui font de leur vie une belle aventure marquent chaque victoire, en creux, sur la figure et quand le malheur vient y mettre un creux de plus parmi tant d'autres creux il passe inaperçu. La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste, c'est le prix d'une journĂ©e d'efforts et de luttes c'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit, non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit c'est le prix d'un travail, d'une journĂ©e remplie, c'est la preuve aussi qu'on marche avec la vie. Quand je rentre la nuit et que ma maison dort, j'Ă©coute mes sommeils, et lĂ , je me sens fort je me sens tout gonflĂ© de mon humble souffrance, et ma fatigue alors est une rĂ©compense. Et vous me conseillez d'aller me reposer !Mais si j'acceptais lĂ , ce que vous me proposez, si je m'abandonnais Ă votre douce intrigue mais je mourrais, Monsieur, tristement, de fatigue. Robert Lamoureux
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Le son grinçant des volets brisés par le vent me sort de mon sommeil glacé.
J'ai. . . froid.
Ainsi sont les mots qui me viennent chaque matin. Et ça bien avant d'avoir trouvé cette maison
Mademoiselle espace vital prend le malheureux plaisir me servir de réveil en me volant ponctuellement de la chaleur corporelle.
Cependant, aujourd'hui, j'ai beau avoir froid, ce n'est pas comme d'habitude. Elle n'est pas lĂ , toujours pas lĂ .
Deux jours déjà , seulement deux jours et le dégoût d'une routine de silence s'installe dans mes pensées. Deux jours sans qu'elle me dérange, deux jours sans ses interminables tirades, deux jours de vide.
L'ennuie et la curiositĂ© me semble ĂȘtre de bonnes raisons pour rĂ©soudre la question de son absence.
Enfin motivĂ©e, je sors de la cave pour traverser le couloir transpercĂ© de planches tombĂ© du plafond et des murs. Le vent souffle et siffle entre les piĂšces et les lattes du plancher. La cave a beau ĂȘtre un frigo, au moins elle m'Ă©pargne du chant des nuages.
Les trous et les fissures jonchent les murs et les sol, mais le peu d'endroits oĂč le vent ne s'engouffrent pas entiĂšrement rend cette passoire prĂ©fĂ©rable Ă la forĂȘt.
Aussi tĂŽt sorti de ma demeure, je me rĂ©engouffre dans l'Ă©paisse forĂȘt.
Perdre une journĂ©e alors que j'aurai pu me reposer aprĂšs cette dure semaine de chasse. Elle ne se soucie mĂȘme pas m'aider pour ça. Pourquoi ne voit-elle pas Ă quel point je travaille, que son absence est une meilleure compagnie que sa personne, que plus je la vois, moins j'ai envie de . . . . . Non, mais je vais rire
Et maintenant que je me suis habitué à cette nuisance, elle décide de disparaßtre.
Quelle hideuse ironie : en route pour chercher l'objet mes tourments, esclave de cette putain d'accoutumance.
Au détour d'un arbre, je la trouve adossée au tronc.
Quelle idiote elle do...
Immobile
Le dos de ces mains allongé sur le sol.
CouchĂ© sur le lit blanc de la forĂȘt devenue boueux et rougeĂątre.
Défigurée, la gorge et les cÎtes exposées au ciel.
Ce n'est plus qu'un corps inerte, il est réellement mort.
Mes jambes se retrouvent immobilisé par la dureté de cette image.
Son visage saccagé, ses yeux dérobés de vie
Elle n'est plus rien à présent, non si ça trouve, elle ne l'a jamais été et je suis juste confronté au mensonge de mon imagination.
Réminiscence, fantÎme ou hallucination. J'aurais préféré ne jamais m'en rendre compte.
Que ce soit rĂ©elle ou dans ma tĂȘte son existence s'est Ă©teinte.
Mes jambes rendant ma fuite impossible, mon dos glissa le long de l'arbre sur lequel elle est adossée.
Mes larmes se mĂȘlent Ă la neige et au sang.
Faut croire que l'empathie ne m'a pas entiÚrement quitté.
Une voie hystĂ©rique transperce la forĂȘt. Pourquoi crierâŻ? Mes pleurs se fondent dans le sifflement du vent.
Wow qu'est que je suis pathétique, obligé de s'inventer de la compagnie pour plus sentir seul. Haha, je fais quoi maintenant, je n'ai plus rien maintenant.
- . . .
â hin ?
Un son, quelque chose Ă©met de quelque part. Mes yeux balais la forĂȘt.
- . . . .
Ătant plus attentif, ma tĂȘte pivote vers l'origine du bruit, son cadavre. Je ne sais par quel miracle c'est possible, sa mĂąchoire tremble lĂ©gĂšrement.
â tu . . . es encore en vie
- . . . onjour . . .
â Bonjour ? Bonjour ! T'es vivante !
- . . . .
â FatiguĂ© ? Est-ce que je peux te soigner ? S'il te plaĂźt dis-moi ce que je peux faire.
- . . . heuhin . . .
â quoi
- guehin
â Demain ? HĂ© rĂ©pond ! demain ?
J'agrippe sa main désespérément
- . . . ouuuui . . .
â Mais non, je ne peux pas te laisser comme ça, tu tu ...tu ...
Apercevant sa mĂąchoire bougĂ©e de nouveau, j'approchai ma tĂȘte de son visage, ignorant l'Ă©tat de celui-ci.
"Laisse. Attend demain" dit-elle.
Je ne sais que faire. Dois-je la prendre avec moi ? Ou je risquerai d'aggraver son Ă©tat.
Sa voie était déformée par les multiples mutilations que contenaient sa gorge et sa mùchoire.
Sa main froide transperce la mienne. Je ne sens plus mes doigts, mais je sens de sa présence. Cette froideur unique, associable qu'avec un seul corps, une seule personne. La température qui me convient, celle que je ne veux plus perdre.
S'il te plaĂźt parle-moi encore.
SUITE (un jour. . . peut-ĂȘtre) PRĂCĂDENT
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