#le sommeil de la raison
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Bon, je suis flemmard. Alors une série de reblogs d'il y a 3 ans...
Tous les jours, jusqu’au jour J, des séries de photos montrant mon “évolution”, une photo par an….. Difficile de choisir parmi mes 50.000 photos…
- 2004, Cambrai, avec deux personnes qui sont profondément dans mon cœur, Christine (ma meilleure amie du Sud) et Jean-Luc (Nours)
- 2005, Douai. “Le Sommeil de la Raison”, par l’Atelier du Tigre. Que de belles rencontres dans cette troupe: Audrey (ma meilleure amie du Nord !), Laurent….
- 2006, Vichel, au Mont Celet. Quelques mois plus tôt, Jean-Luc s’est vu diagnostiqué un cancer du poumon. La vie va être bouleversée…
- 2007, Saint-Ours, Auvergne. Mon ours, à peine sorti d’une chimio, part avec moi en vacances en Auvergne et découvre trop tard Vichel, que j’aime tant aussi. Dans quelques mois, il m’aura laissé seul.
- 2008, Marseille. Après Nours en Octobre, mon père est parti en février. Avec ma sœur et ici ma mère, on essaie de se changer les idées en nous baladant à Marseilleveyre. Dure période. Trop de deuils.
- 2009, les Mallos de Riglos (Aragon), en balade avec Christine. Sapho, que j’avais offerte à Nours, est désormais dans ma vie. Elle y restera longtemps.
#biographie#jean-luc#18 juin 1961#cambrai#christine#théâtre#atelier du tigre#douai#le sommeil de la raison#auvergne#moustache#vichel#nours#moncelet#mont celet#saint-ours#famille#marseille#mallos#mallos de riglos#marseilleveyre#aragon#espagne#bouledogue français#bouledogue#nord#riglos#sapho
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Fanzine (4/6)
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lost soul au 2(french)
C’était un jour agité sur la montagne de fleurs et de fruits. Pour une raison quelconque, tous les singes étaient très bruyants aujourd’hui ; et c’est sans doute cela qui a forcé le roi à quitter sa réflexion pour regarder la porte depuis le confort du lit de la chambre de Macaque.
-Je pense que ce n’aurais pas été ton jour. Les singes sont bruyants aujourd’hui.
Wukong n’a pas osé se mettre sous les couvertures. Il n’avait pas envie de mettre du désordre dans la chambre de son ancien ami. Alors il s’était simplement allongé là, sachant parfaitement qu’il ne trouverait pas le sommeil. L’endroit était resté tel qu’il l’avait trouvé à son arrivée sur la montagne. Des feuilles de papiers étaient même restés sur le sol et prenaient la poussière. Quelques dessins à l’effigie de Wukong pouvaient être aperçus sur dans un des tiroirs à moitié fermé du bureau de Macaque. Certaines poudres reposaient gentiment sur la commode du singe de l’ombre, le placard où il cachait ses déguisements était fermé ; et l’un de ses coffres débordait toujours de rouleaux, tissus, et trésors en tout genre. La chambre était bien trop rangée malgré les quelques affaires qui dépassaient du rangement implacable de Macaque. Wukong s’aimait à penser que ce petit grain de désordre était une habitude que le macaque à six oreilles avait pris de lui avec le temps. La seule chose que Wukong avait touché était les senteurs que Macaque utilisait pour parfumer sa chambre. Une odeur de vieux papier et de fruits sucrée dans lequel Wukong se plongeait les quelques fois où il venait ici.
Wukong ne put pas rester bien longtemps à penser, car les cris de ses sujets lui cassaient les oreilles. C’était devenu insupportable. Qu’est ce qui pouvait bien les mettre dans un état pareil ? Wukong essaya au mieux de comprendre ce qui était dit ; mais ce qu’il se disait était dit et mélangé tant que Wukong ne put mettre le doigt sur aucun mot propre.
-Il semblerait que je doive te quitter bourgeon. Mon royaume m’appelle.
Aussitôt dit, Wukong sauta du lit et sortit de la chambre. Immédiatement, dans le couloir, une foule de singe se tournèrent vers leur roi au moment où il ferma la porte derrière lui. Il se passa une seconde où tout le monde sembla s’assurer que c’était bel et bien leur roi qui sortait de la chambre du décédé qui était presque considéré comme le second roi de la montagne. Puis, la foule de singe lui sauta dessus. Petit comme grands, démons singes comme singes normaux. Tous ce qui se trouvait dans le couloir l’écrasèrent de soulagement, enfouissant leur roi sous une montagne de singe.
-Hey les gars. Vous allez me tuer là. Se moque le roi.
Personne ne trouva ça drôle. Wukong fit de son mieux pour se dégager avant de demander plus d’explications. Pourquoi diable y avait-il autant d’agitation dehors et à l’intérieur ? La réponse lui fut donné par un singe étranger que Macaque avait ramené à la montagne. Wukong se souvient de lui car Macaque l’avait présenté lui-même, lorsque Wukong était rentré après avoir été chassé par le moine.
« Il te ressemble un peu » avait rit Macaque à l’époque. « Il est très bruyant. »
Wukong se souvient qu’il n’a pas aimé l’attention que portait Macaque à ce nouveau venu, et les deux amis s’étaient disputés pour une raison dont Wukong ne se souvient même plus après.
-Mon roi, vous avez disparu depuis trois jours et trois nuits, et vous n’aviez averti personne d’un quelconque départ. Tout le monde s’inquiétait de votre absence. Nous avons pensé le pire.
Wukong écarquilla les yeux. Les cernes sous ses yeux semblaient tirer sur sa peau. Et ses orbites étaient un peu trop sèches. Le roi ferma les yeux et se les frotta pour les humidifier un peu, sous le regard inquiet de ses sujets en première ligne devant lui.
-Je vais bien. Annonce le roi en clignant plusieurs fois des yeux sous l’inconfort d’avoir les yeux secs.
Il ne s’était pas rendu compte qu’ils l’étaient jusqu’à ce qu’il écarquille les yeux. Combien de temps ne les avait-il pas fermés ? Combien de temps était-il resté à perdre son regard dans le plafond de la chambre de son ami ?
-Je vais bien. Répète le roi en continuant de cligner des yeux. Mais, trois jours ? Vraiment ?
Les singes hochèrent la tête. Dehors, le vacarme s’était arrêté. Quelqu’un a dû les prévenir que leur roi était retrouvé. Wukong cligna encore plusieurs fois des yeux. Des larmes coulèrent avant de finalement laisser une vue floutée par les larmes à Wukong.
-Woah…euh… Un dernier clignement pour chasser l’eau de ses yeux, et sa vue fut de nouveau claire. Désolé de vous avoir inquiété les gars. J’ai juste fait une super grosse sieste.
C’était un mensonge. Cela faisait des lustres que Wukong n’arrivait pas à dormir, à moins que l’un des petits singe ne vienne se reposer sur lui. Un frisson familier parcourut Wukong. Il l’ignora et se pressa de rassurer son peuple. Il attrapa quelques petits dans une main, pris la main de quelques petits démons singes de l’autre, et laissa le reste de ses sujets, le suivre hors du temple.
À l’extérieur, le reste de son peuple s’était réuni autour du temple. Ils formaient un mur immense de singe qui entourait l’entrée du temple. Wukong se rendit compte alors, à quel point son peuple était inquiet. Il n’y avait pas eu de telles assemblées depuis longtemps. Il soupira et murmura dans sa barbe.
-J’ai vraiment le dont d’inquiéter tout le monde, hein bourgeon ?
Il était évident que Macaque ne lui répondrait pas. Mais il aimait penser que le singe de l’ombre aurait pu l’entendre peu importe où il se trouvait. Comme cela a toujours été le cas lorsque Macaque était de ce monde.
- Ah…on dirait que j’ai fait peur à tout le monde hein ?
Comme un seul singe, le mur de primate hocha la tête plusieurs fois. Puis, un murmure fort commença à parcourir la foule. Wukong suivit le son inquiet de là où il a commencé, et le suivit se propager dans la foule en vague. Chacun voulait donner son avis. Wukong ne dit rien. Il laissa un temps s’écouler avant de demander le silence, et demander à une personne de se charger de représenter la troupe. Un chuchotement bref se fit entendre avant que la troupe ne donne un nom.
« Shi Luo »
Le même singe que Wukong avait vu plus tôt ; celui que Macaque avait ramené sur la montagne, s’écarta du lot. Maintenant que Wukong le voyait, il pouvait remarquer à quel point le singe était jeune. Il allait certainement atteindre sa maturité dans quelques années, mais il était encore assez jeune. Sans doute un peu plus jeune que lui et Macaque l’étaient la première fois qu’ils s’étaient croisés. Il avait une fourrure aussi claire que les nuages, qui virait au noir au niveau de la queue. Sa peau était un peu plus grise que celle de Macaque, et un masque bleu recouvrait ses yeux. Le jeunot se rapprocha au plus proche de Wukong avant de s’incliner de la même façon que le faisait Macaque lorsque ce dernier se mettait à agir comme son vassal devant des étrangers de la montagne. Le geste pinça le cœur de Wukong. Il serra sa prise sur ses vêtements.
-Qui es-tu ? Demande Wukong.
Le singe au marquage bleu leva les yeux vers Wukong, et les cligna plusieurs fois avant de s’empresser de répondre le plus poliment possible.
-La vieille Lune m’a donné le nom de Shi Luo. Je suis le premier protégé de la veille Lune, votre altesse. Je serais celui qui vous offrira la voix de votre peuple aujourd’hui.
Wukong ne savait pas que Macaque avait des protégés. Il savait que lui et le singe de l’ombre trouvaient souvent des singes en difficulté, et les ramenaient à la montagne. C’était un quelque chose que Wukong était sûr que Macaque avait continué à faire après son départ ; mais les appeler protégés était excessif. Cela donnait un mauvais goût dans la bouche de Wukong. La voix de Macaque le gronda dans sa tête. Comme si Macaque avait deviné que les prochaines actions de Wukong allaient être stupides. Wukong décida de ne rien faire. Il hocha lentement la tête, il interrogerait de Shi Luo plus tard.
-Parle.
Ordonne-t-il enfin. Shi Luo ne se fit pas prier.
-Nous sommes inquiets pour vous votre altesse. Des sifflements positifs s’élevèrent de la foule, encourageant le singe les représentants, à parler. Vous êtes restés des années à pleurer une personne qui n’existe plus. La montagne à besoin de leur roi. Nous pleurons avec vous la perte de la vieille Lune, mais vous ne pouvez pas vous laisser dépérir ainsi. Encore une fois, nous avons besoin de vous. La montagne n’a pas connu de véritables beaux jours depuis que vous avez cessé de sourire. Certains des fruits que la vieille Lune adorait ne donnent plus de fruits, comme si vous l’aviez commandé. Les humains et les démons s’aventurent un peu plus près de la montagne à chaque jour qui passent, et nous craignons que, si le chagrin ne vous tue pas, ce sera la prochaine attaque à l’encontre de la montagne qui prendra vos immortalités.
Wukong émit un rire moqueur à la dernière phrase du jeune singe. S’il pouvait mourir de si peu, il serait déjà parti depuis longtemps. Son immortalité le condamnait ainsi, à vivre sans Macaque.
-Ne vous en faites pas. Je ne mourrais pas de si peu. Et je m’occuperais de vous.
Shi Luo leva les yeux vers la foule qui s’était remise à murmurer en désordre. Wukong réussit à retenir quelques mots. Mais visiblement, Shi Luo réussit mieux que lui à assimiler ce qui intriguait tout le monde dans la troupe. Il arrivait certainement à démêler les inquiétudes de tout le monde par ce qu’il avait les mêmes préoccupations. C’est comme cela qu’il démêlait si bien le charabia de mot si fermement gribouillé.
-Nous vous croyons mon roi. Mais nous tenons à vous. Nous aimerions que vous puissiez vivre à nouveau malgré le départ de la vieille Lune.
Le jeune homme sembla vouloir dire quelque chose. Il hésita une seconde, jeta un regard à la troupe, demandant s’il pouvait parler du sujet délicat que tous, semblaient avoir pensé, avant d’ouvrir à nouveau la parole.
-Nous pensons que vous devriez peut-être chercher un nouveau compagnon.
La fourrure de Wukong se hérissa de colère. Il ignora même le fait que le plus jeune impliquait que son amitié avec Macaque était plus que cela. Ses griffes s’enfonçaient dans ses paumes pour essayer de ne pas tuer le jeunot tout de suite. Les petits qui étaient sur lui, descendirent en sentant la tension monter. La gorge de Wukong se serra, il fit de son mieux pour retenir la boule de rage au fond de son œsophage. Ignorant le danger, Shi Luo continua.
-La vieille Lune est, et restera irremplaçable. Mais… nous pensons que peut-être, si vous trouviez quelqu’un pour combler le vide qu’elle… qu’il a laissé ; vous seriez capable de passer à autre chose. Il n’est pas bon de s’attarder sur le même problème indéfiniment. Nul ne peut vaincre la mort, une fois qu’il l’a traversé.
-J’ai vaincu la mort. Grinça Wukong. Je suis allé aux enfers et ai retiré mon nom de la mort elle-même. Rien ne m’est impossible. Je suis Le grand roi singe égal au ciel. Et je le dis aujourd’hui et maintenant. Rien ni personne ne remplacera Macaque.
-Ce n’est pas ce que je voulais dire… Nous pensons…
-Alors ne pensez plus.
Wukong se tourna directement vers sa troupe, les crocs à découvert.
-Alors c’est ça ? Vous voulez que je trouve un remplaçant à Macaque ?
Un brouhaha se fit entendre. Shi Luo repris la parole pour pouvoir retranscrire ce que la foule pensait et que Wukong avait déjà compris.
- Nous ne voulons pas de remplaçants à la vieille Lune. Nous souhaitons seulement votre bonheur, grand-père Sun. Shi Luo hésita avant de dire ce qu’il pensait personnellement. La vieille Lune était une personne logique. Elle serait d’accord avec cette décision.
-Assez !
Le cri de Wukong se répercuta dans toute la montagne. Chacun se tût.
-Je ne veux plus jamais vous entendre, ne serait-ce qu’évoquer cette idée stupide. C’est un ordre. Si jamais l’un d’entre vous le fait, je l’écorcherais vif, moi-même.
Suite à ses mots, Wukong s’enfonça dans la forêt. Les singes ne le retinrent pas. Ils attendirent que leur roi parte avant de chuchoter.
-Notre roi a perdu la raison.
Entendait-on.
-La perte de grand-mère Lune l’a brisé.
Se chuchotait entre les parois.
-Notre roi ne pourra plus être le même.
Les murmures résonnèrent encore et encore, reflétant la panique du peuple. Tout le monde aimait Macaque. Mais même eux savaient que la mort était définitive, et qu’ils ne pouvaient rien faire à ce sujet si ce n’est aller de l’avant. Il n’était pas question d’oublier le passé. Mais on ne devait non plus être ralenti par ce dernier. Ceux qui avaient survécu à l’incendie de la montagne de fleur et de fruits comprenaient certainement le mieux le roi singe. Mais même eux savaient que le roi devait agir comme tel. Macaque ne reviendrait pas. Tout comme les morts de ce jour-là. Cela faisait des mois, des années, quelques siècles, que le roi pleurait Macaque. Il ne pourrait pas le faire pour l’éternité. Il devait se ressaisir. Mais Wukong restait le même enfant têtu qui avait sauté dans la cascade. Et il ne voulait pas voir la réalité en face.
chapitre 1 _ chapitre 2_ Chapitre 3
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Rêves profonds avec le lotus bleu...
Le lotus bleu, une fleur très appréciée dans l'Égypte ancienne, est un psychoactif subtil qui induit des sentiments de tranquillité et d'euphorie, et peut donner à la vie éveillée la qualité de transe d'un rêve. Il peut également rendre notre vie onirique plus vivante et potentialiser notre capacité à faire des rêves lucides.
Les anciens Égyptiens considéraient le lotus bleu comme un sacrement sacré qui les reliait au divin par des états de conscience extatiques. Symboliquement, ils l'associaient au soleil, à la création et à la renaissance en raison de la façon dont la fleur se ferme et s'enfonce dans l'eau la nuit, et réapparaît pendant la journée. Le lotus bleu était également apprécié à des fins récréatives, comme en témoigne la façon dont les anciens Égyptiens le représentaient dans des scènes de fêtes orgiaques dans leur art.
Si vous avez du mal à trouver un sommeil réparateur, les effets méditatifs de cette fleur peuvent vous aider à trouver un sommeil plus nourrissant et plus heureux. Les utilisateurs ont signalé des rêves plus clairs et plus colorés, ainsi qu'une meilleure capacité à se souvenir de leurs rêves.
Il peut être infusé sous forme de thé, trempé dans du vin, fumé ou pris sous forme d'extrait, d'huile ou de teinture.
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Des scientifiques ont modélisé l'apparence des zoomers à l'horizon 2050, c'est à peu près à cela que ressembleront tous ceux qui dorment régulièrement que 6 heures par nuit ou moins. En raison de l'utilisation constante des smartphones, la qualité du sommeil se dégrade, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé. Des douleurs chroniques au dos, des jambes enflées, des cernes sous les yeux, des cheveux clairsemés et un relâchement de la peau sont à prévoir.
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Edmond se tournait et se retournait sur la pauvre paille qui lui servait de lit depuis les longues années qu’il habitait le cachot. Il avait perdu le compte des jours quelques temps après sa captivité, mais cela devait faire plusieurs années, n’est-ce-pas ?
Une nouvelle crampe lui crispa le dos, et il changea encore de position dans le vain espoir de dénouer le nœud qui s’y était formé. La douleur ne partait pas, et le sommeil ne vint pas, alors, abandonnant l’idée de dormir, Edmond se leva et se mit à marcher en cercle.
Depuis quelques jours, une sensation de brûlure pulsait entre ses omoplates. Au départ, le dérangement n’était que très faible, la sensation à peine plus perturbante qu’une piqûre de moustique. Mais la situation avait petit à petit empiré, et désormais sa peau le démangeait terriblement. Edmond se serait bien gratté d'avantage, mais il en avait déjà irrité la zone douloureuse jusqu’au sang, et la moindre touche aggravait le sentiment de brûlure qui grouillait sous sa peau.
Il se résolut d’en parler au porte clé qui venait lui apporter sa soupe.
Ce dernier, mis au courant de l’étrange maladie qui frappait le prisonnier et soucieux de ne pas voir sa mort prélevée à sa paye, s'empressa de signaler à Edmond de se déshabiller.
“Je ne vois rien,” dit le geôlier une fois qu’Edmond eut enlevé sa chemise pour révéler son dos nu.
“Regardez encore !” demanda Edmond, désespéré de trouver la source du mal qui le tourmentait tant.
Le geôlier se pencha, lorgnant le dos du prisonnier. Les repas frugales de la prison d’If avaient rendu le prisonnier maigre, les os saillants, mais l’on pouvait encore apercevoir la silhouette des solides muscles qu’on les marins.
“Non, vraiment. Je ne vois rien.”
“Merci.” soupira le prisonnier en s’écartant tristement.
Le geôlier n’avait aucune raison de se moquer de lui. Après tout, les portes-clés n’avaient que peu d’intérêt à le voir mort, emprisonné comme il était. C’était donc que l’homme disait la vérité, et que le mal qui déchirait le dos d’Edmond demeurait invisible.
Une fois son geôlier parti, promettant qu’il appellerait le docteur si les choses s’aggravaient, Edmond écarta sa soupe. Il n’avait pas faim. La douleur qui vrillait juste sous ses omoplates s'étendait maintenant sur toute la longueur de son torse, comme pour se moquer de sa faiblesse. Pis encore, une nausée montante rendait ses mains tremblantes et sa vue trouble. Même si son estomac avait été d’humeur, Edmond doutait qu’il eut pu porter la nourriture à sa bouche.
Le reste de la journée s'échappa dans un flou nauséeux. Edmond était trop fatigué pour bouger, mais trop agité pour rester allongé. Il alternait donc entre les deux, plongé dans une vague brume cauchemardesque. Son cœur battait la chamade et son corps était secoué de frisson, sans que cela n’empêche la brûlure annexant son échine de le tourmenter. La fraîcheur de la nuit, loin de le soulager, empira encore son malheur.
Des vagues de crampes successives mettaient son dos à l'agonie, le laissant pantelant sur le sol froid et humide. Le moindre frottement était décuplé. Bientôt, Edmond ne supporta plus le tissu rêche de ses haillons, et avec un de ces regains d’énergies que la fièvre donne parfois, il s’empressa de les jeter au sol.
Edmond ne savais combien de temps il passa dans cet état intemporel que donne la maladie. Quelque chose de froid et gluant s’était mis à lui couler sur le dos, mais il n’avait plus la force de vérifier si ce n’était que de la sueur, ou bien du sang. Une sensation de douleur bien plus pénétrante que les autres le traversa, et Edmond ne put réprimer un hurlement.
Puis un second.
Puis un troisième.
C’était comme si une valve fermée s’était soudainement ouverte, libérant l'expression de toute la souffrance qui le secouait et lui coupait le souffle. Edmond se recroquevilla sur le sol, front a terre, tirant désespérément sur ses cheveux pour échapper à la torture qui le dechirait de l’intérieur. Des pas accoururent, mais perdu dans la fièvre et la douleur, Edmond ne les entendit pas.
“Mais bon sang, que se passe t-il ?!”
On le secoua, sans pouvoir provoquer plus que des gémissements. Puis, les doigts charnus qui l'avaient malmené le quittèrent. Il y eut une pause, puis d’autres cris; qui cette fois ne venaient pas de lui; puis une main contre son épaule alors qu’il tentait de se retourner pour frotter la zone brûlante au sol délicieusement froid.
“Ne bougez pas.”
Edmond s’accorda très bien de cet ordre. Maintenant que la personne le disait, se retourner semblait en effet une bien mauvaise idée. Et puis, le sol était trop froid. Il préférait bien plus la main chaude qui était restée posée près de son cou. Une seconde vint se poser sur son front. Elle s’en éloigna presque aussitôt, et Edmond regretta la fraîcheur qui l’avait brièvement envahi à son contact.
“Mais c’est qu’il a de la fièvre, ce pauvre garçon.” Le geôlier leva la voix. “Appelez un médecin !”
Le cri, trop fort pour les sens surmené d’Edmond, lui fit l’impression d’un ballon qui éclatait dans son crâne. Ses gémissements reprirent de plus belle.
“Que se passe-t-il?” Une nouvelle voix lui transperça les tympans.
“Le prisonnier est souffrant.”
“Ça, je l’entend bien qu’il est souffrant. Cela fait une demi-heure qu’il nous casse les oreilles. Mais avez-vous une idée du mal?”
“Non. Ce matin, il parlait encore.”
Le flot de parole fut bientôt enseveli sous la vague de fièvre qui l'envahit comme un nouvel accès de crampe, tel une cruelle lance brûlante qui le perça de toute part. Sa gorge était rauque à force de crier, et le son ne sortait que par accoups étranglés.
“Allons, allons.”
Les porte-clés, bien embêtés, tentèrent tant bien que mal d’aider lorsque ce dernier se releva sur ses coudes pour tousser. Ils ne réussissent qu'à le perturber davantage.
Edmond voulait fuir toutes ces mains inconnues, bien trop moites, bien trop épaisses pour être celles qu’il cherchait. Il se languissait de la douceur du toucher de Mercedes contre sa peau. De lointains souvenirs remontaient le long de ses pensées confuses, prenant le pas sur les voix bien réelles qui l'entouraient.’
“C’est le milieu de la nuit. Ne peut-il pas tenir jusqu’au matin ?” l’une d’entre elle grommela. “C’est la prison, ici, pas l’hôpital.”
Une douleur, au moins dix fois plus terrible que toutes les autres, foudroya Edmond. Un cri final s’échappa de sa gorge desséchée. Il lui sembla, l’espace d’un instant, que sa peau se déchirait, mettant à nu la structure osseuse de ses omoplates et de sa colonne vertébrale. Que tout le sang de son corps se déversait le long de cette plaie sanglante, le laissant vide, sans vie.
Aussi vite qu’elle était apparue, la tortueuse agonie s’en alla, ne laissant derrière elle que les traces lancinantes d’un écho. Edmond était trop faible pour remarquer le silence qui pesa soudain entre les deux geôliers.
Le premier se tourna vers le second.
“Dites au médecin que c’est pour un ange. Il viendra.”
Le monde semblait bien lourd à présent, sans l’aiguille de la misère pour le garder éveillé. Les paupières d'Edmond se fermèrent au rythme des pas qui s’éloignent. Exténué, à bout de souffle, il ne réfléchit pas deux fois au répit qui s’offrait à lui et se laissa tomber dans le clément oubli de l’inconscience.
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Ph. La bouquiniste
E P
Comme Embolie Pulmonaire
je ne suis pas encore sortie d'affaire mais voilà où j'étais toute cette semaine. J'ai eu bien du temps pour me "réfléchir", j'aurais aimé que cela se passe autrement... J'ai renfilé mes bas de contention à l'adorable petit nœud pap bleu, j'ai été scannée, échographiée, prises de sang, holter ECG pour regarder si mon petit cœur tout mou ne va pas avaler les cailloux de ses rivières. Je n'ai jamais été si entourée, soignée, bichonnée avec tant de bienveillance, de douceur, de bonne humeur, de grands sourires. Toute l'équipe a ma profonde gratitude. Je ne pouvais pas lire, je n'en avais pas le goût alors j'ai dessiné, beaucoup plus que d'habitude et aussi pour Elisa, doctoresse roumaine qui m'a suivie toute la semaine et qui m'en avait fait la demande. Petit clin d'oeil avec le papillon désiré sur nos immortelles catalanes, grande plante de l'anti-coagulation... J'ai bu plus que de raison, j'ai versé quelques larmes du coup, c'était du trop plein. Comme je m'ennuyais tout était prétexte à la distraction, compter les carrés et les rectangles au plafond, faire des photos débiles, chantonner (oui j'ai beaucoup chantonné, même la nuit, quand je n'arrivais pas à trouver le sommeil), prendre la tangente par la porte... Tu as vu, moi aussi j'ai eu des roses...Elles sont restées à l’hôpital, mon fils m'a répondu que j'avais bien fait.
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Lorsque j'étais à l'internat, j'écoutais le vrombissement lointain des camions qui passaient sur l'autoroute la nuit afin de m'aider à trouver le sommeil. À bien y réfléchir, c'était un écho aux mêmes sons que j'entendais depuis la fenêtre de ma chambre étant enfant et c'est pour cette même raison, en tant qu'adulte, que j'ouvre la fenêtre ce soir.
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J'ai fait une paralysie du sommeil cette nuit. J'étais angoissée et impossible de me rendormir. C'était presque une nuit blanche. Puis, je suis sortie de mon lit et j'avais un mélange de peine et d'anxiété dans le ventre. J'ai pas aimé cette journée. Comme les autres. Les mêmes questionnements me fracassent la tête. J'ai l'impression que je ne vais pas tenir cette année scolaire, encore moins cette relation. Je suis vide de passion, la seule chose que je fais c'est créer du bordel, le ranger, pas dormir, un peu manger, faire des allées retours, regarder mes mails sans cesse, ne pas être intéressée, m'embrouiller avec mon mec, dire des mensonges à mes parents. En soi, rien ne distingue vraiment cette année des autres. On a souvent les mêmes sujets centraux. La solitude est pénible. Le temps à occuper aussi. Les respirations à prendre pareil. Les embrouilles qui me nouent l'estomac n'en parlons pas. Et les deadlines c'est peut-être le pire. En soi, rien de très grave. Rien n'a jamais été très grave, j'ai juste un faible seuil de tolérance je crois. En ce moment, la mutilation tourne en boucle dans ma tête, j'y pense quotidiennement mais là c'est percutant. Je serais plus capable de quitter mon copain pour pouvoir accéder à ces pensées intrusives que pour les réelles raisons, son insuffisance. Je pense qu'il ne retrouvera pas une fille aussi intelligente que moi car je fais déjà partie de la moyenne basse qui l'a accepté et qui a accepté tant de choses. Le ratio contribution rétribution ne cesse d'être alarmant. J'ai de moins en moins faim. Je regarde beaucoup mon téléphone. Les heures de creux s'enchaînent. Les prises de notes sont incomplètes. Les sourires défectueux. Les mensonges toujours très aboutis. Les nuits toujours éparpillées. Je dissocie tous les jours et je vois que de plus en plus de monde commence à comprendre que j'enregistre pas tout de mes journées. C'est dur à cacher. Je ne me souviens de rien, ou pas grand chose, peu importe la valence des événements. J'étais une gamine triste, je suis maintenant une adulte triste qui sait que c'est les années les plus libres qu'elle vit et pourtant, je suis enfermée dans beaucoup de choses. Je passe à côté de moi, de mes valeurs, de ce que j'aimerais faire j'imagine même si au fond, je sais pas trop ce qui serait plus supportable. Quand tout est difficile, la facilité c'est de se dire que n'importe quoi d'autre serait mieux, plus aisé. J'ai toujours fonctionné comme ça et pourtant, je me rends bien compte que non. C'est pas l'inconnu en soi le problème, c'est de partir dans l'urgence de situations qui nous déplaisent pour se jeter dans le reste. Je regrette et si je devais dire quoi, je ne saurais pas tout énumérer. Je ne me suis jamais sentie foncièrement mieux depuis l'hôpital mais j'ai fait comme si c'était reparti. La vérité c'est que je suis transie de tout, paralysée devant la ligne de départ. Je suis terne, amère et désagréable parce qu'au fond je ne sais pas comment gérer cet inconfort permanent lié au simple fait d'exister. Des fois, je me dis qu'il faudrait aller revoir un psy mais visiblement j'ai toujours la réponse à tout. Mon père m'a toujours appelée la moralisatrice, j'ai toujours été vexée mais finalement, ça doit être ça. Trop faible pour faire comme il faut alors j'emmerde les autres pour qu'il réussisse là où j'ai échoué. Personne ne me demande rien. Je me sens tellement triste et ça passe jamais et je me répète toujours. Je suis rongée par des insécurités qui ont lieux d'être mais qui sont bruyantes. Relationnellement parlant je ne sais pas comment faire et finalement je sais même pas si un jour j'ai su. Je sais pertinemment que si j'avais la chance de repartir à zéro, il faudrait très peu de temps pour que je revienne dans ces cercles vicieux. Je me demande vraiment si je suis emetophobe à force de ravaler chaque fois mon vomi.
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Ok donc mon angoisse est tellement intense (pour zéro raison) que je fais de la dyspnée en m'endormant, en gros j'ai l'impression d'être consciente de ma respiration et de devoir respirer sinon je m'étouffe, et quand je commence à plonger dans le sommeil bah...je respire plus du tout, donc je m'étouffe et me réveille en sursaut comme si j'allai crever, ça fait des années que j'avais pas fait ça, les dernières fois c'était dès que je prenais des drogues, je m'étouffer en m'endormant et c'était horriblement angoissant sauf que là il y a zéro raison pour que je sois angoissée comme ça.
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De l'âme
Une surprise : plusieurs lecteurs, sans doute ébranlés par le vide abyssal qui caractérise notre temps –et avec une inquiétante tendance à l'aggravation– m'ont demandé récemment de “parler de l'âme”. Mais si je me sens très capable de donner un avis –qui n'est que le mien, corrigé par nombre de lectures et d'emprunts– … je tiens à préciser que je suis évidemment tout-à-fait incapable de répondre à la question multiple “Existe-telle ? Quelle est-elle ? Que recouvre-t-elle –ou pas ?”, et surtout de me livrer à cet exercice… en une page “A4’‘ ! Mais quel meilleur moment qu'une Semaine Sainte pour esquisser un début de réponse
Le mot ’'âme” lui-même, tiré du latin (“anima = l'air, le souffle, la vie”), recouvre tant de notions différentes que “ne pas y croire” ne peut avoir aucun sens : qui parle de “croire” à l'air, au ciel bleu, au chocolat… ? S'agit-il de l'Ame des peuples (André Siegfried) ? de l'Ame des choses (Auguste Blondel) ? des “objets inanimés” de Lamartine ? de l'Ame du monde (Frédéric Lenoir) ? (NB : je pourrais continuer longtemps). Ecoutons plutôt Camus : “Ne pas croire à l'âme est une absurdité”.
A ce moment où l'humanité semble “flirter” avec sa chute dans des abîmes qu'on peut craindre définitifs, l'âme –qui était un peu sortie de nos préoccupations consumérisées– semble faire un retour sur le devant de la scène, et nos lecteurs ne s'y sont pas trompés, en m'en parlant. Il faut reconnaître que sa définition a bien varié à travers les siècles : dans l'Antiquité, les grecs en avaient une vision bipartite (“corps et âme”)… alors que pour la tradition biblique, la vision était tripartite (“corps, esprit –pneuma en grec et spiritus en latin–, et âme –psychè, en grec et anima en latin, ce dernier mot animant la vie intérieure et la personnalité, mais aussi ce qui donne vie au corps. Ne ’‘rend-on pas son âme”, au moment du grand départ ? Mais n'allons pas trop vite : avant de la “rendre”, il faut la définir.
Pour les philosophes, l'âme est souvent une notion qui permet de parler de l'être humain dans sa totalité. Pour Platon, l'âme est en conflit avec le corps qui l'emprisonne, alors qu'Aristote insiste sur une conception non dualiste entre “âme” et “corps”, chacun étant plus ou moins indépendant de l'autre. Plus tard, pour le christianisme, qui tient un rôle de toute première importance dans cette “dissertatio” (que je voudrais tellement ne pas être une “disputatio”!), le mot “Ame” veut décrire comment est formé un être humain dans et par ses expériences fondamentales : la vie, l'amour, le désir, la maladie et la souffrance, le questionnement sur “après la vie –ou après la mort”, et l'âme se définit donc comme “autre” que l'esprit : d'un côté, un principe de vie, “ce qui anime le corps”, siège des émotions et des passions, et de l'autre, vie intérieure, et personnalité. On peut dire : raison, ici et liberté, là…
Mais en 1621, Descartes introduit une rupture dans la conception traditionnelle, en traduisant “âme” par “mens” : l'homme est d'abord un être pensant, et le mens latin, qui désigne d'abord le cerveau, l'intelligence, la raison, l'esprit… va peu à peu replacer l'ancienne “âme” au profit de ce nouvel arrivant, le “cogito’' . Une nouvelle logique bipartite est née, le corps et la pensée, séparés mais liés : ’'Cogito, ergo sum”.
Le mouvement phénoménologique, qui se targue d'appréhender la réalité telle qu'elle se donne ou se montre, considère que le corps, seul, joue un rôle (“Le monde n’est pas pour moi autre chose que ce qui existe et vaut pour ma conscience”, écrit Husserl en 1937), ce contre quoi réagit la grande Edith Stern, juive devenue carmélite et morte à Dachau : “On ne peut vivre sans âme, c'est-à dire avec une âme paralysée ou en sommeil’’… phrase où nous retrouvons ce qui est visible tout autour de nous… et ce dont l'humanité est en train de crever
Il fallut attendre 1953 pour que Crick, Watson et Rosalind Franklin, découvrent l'ADN, cette part d'éternité qui est en chacun de nous. Inséparable de nous, elle nous contient tout entiers et nous résume, tout en nous rattachant à nos origines… Question jamais posée mais qui me taraude depuis longtemps : ’'Se pourrait-il que cet acronyme, l'ADN, soit, en fin de compte, le support matériel de notre âme ? Son caractère ’'iso-éternel’'et son identité parfaite avec notre ’'être”, notre “avoir été” mais aussi notre “devoir être”, en font une parfaite réponse à ce que pourrait être ce “Corps glorieux” si difficile à imaginer mais sous lequel, disent les chrétiens, nous entrerons un jour dans notre éternité
En 1979, Joseph Rätzinger, grand théologien et futur grand Pape Benoît XVI, posa (“La Mort et l'au-delà” )que “il n'y a aucune raison sérieuse de rejeter le mot âme , cet outil verbal indispensable dans la foi des chrétiens… ce qui se vérifie à travers la prise de conscience actuelle… que une conscience, justement, ne peut exister sans objet pour la percevoir et sans sujet pour la traduire et l'expliquer”. Et voilà l’ “âme” qui fait à nouveau partie du vocabulaire de la philosophie, le besoin de cet éditorial en étant un début de preuve en soi.
Un dernier point, peut-être : en 2016, l'académicien François Cheng avait écrit un fort beau “De l'Ame” (Albin Michel) où il écrivait “A part le bouddhisme dans sa version la plus extrême, toutes les grandes traditions spirituelles ont pour point commun d'affirmer une perspective de l'âme située au-delà de la mort corporelle : l'âme de chaque être est reliée au souffle primordial qui est le secret de la vie-même. Animée par un authentique désir d'être, elle nous rappelle donc, quelle que soit notre croyance –ou notre non-croyance– combien notre vie participe d'une aventure unique, le Tao –la Voie– qui ne connaît pas de fin, contrairement à la vie”.
J'admets que tout cela n'est pas simple… Mais le moyen, s'il vous plaît, de parler de sujets eschatologiques avec nos seuls mots humains, et en un temps et un espace si réduits ? Par prudence, je vais donc demander à d'autres que moi de conclure. D'abord George Meredith : ’ L'âme est tout, ici-bas; le reste n'est qu'illusio'n’’… Puis Rivarol : “Sans le corps, l'âme n'aurait pas de sensations, mais sans l'âme, le corps n'aurait pas de sentiment”... Libre à ceux qui ont décidé de ne pas y croire, de vivre “sans”. Mais qu'ils ne comptent pas sur moi : je suis si bien, “avec”, surtout en cette Semaine, qui est Sainte pour un bon tiers de l'Humanité.
H-Cl.
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Hiver 1919, Hylewood, Canada (18/21)
Mais Layan, elle, est très bavarde malgré sa difficulté à exprimer ce qu’elle veut dire, et nous trouvons toujours le moyen de nous comprendre, que ce soient par de cris ou des mimes. Quand elle ne cuisine pas, elle m’accompagne au jardin et à la nurserie, et nous conversons à notre manière de toutes sortes de choses, à notre manière, avec des mots simples et des rires. Je suis curieusement heureuse de son arrivée…
[Transcription] Eugénie LeBris : Bonjour, ma chère Layan ! Layan Bahar : Bonjour à toi aussi Madame. Eugénie LeBris : Les filles ont ben dormi ? Layan Bahar : Très bien ! Sommeil comme des pierres. Toi, par contre, tu n’as pas bien dormi. J’ai entendu l’autre côté du mur, tu étais débout, tchack, tchack, tchack. Maria n’était pas contente. Eugénie LeBris : C’est vrai, pardon. Avec mon mari toujours en voyage et les enfants qui demandent tant d'attention, j’ai de la difficulté à trouver un moment de repos et j’ai l’esprit qui bouillonne le soir. Layan Bahar : Oh, Madame, je suis désolée d'entendre ça. Peut-être tu devrais prendre un peu de temps. Eugénie LeBris : Je sais que vous avez raison, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. J'ai tellement de responsabilités à la maison. Layan Bahar : Maria a dimanche matin. J’ai vendredi. Toi, tu as quand ? Eugénie LeBris : Moi, je ne travaille pas… Layan Bahar : Les enfants c’est le travail. Le jardin, la couture, c’est le travail. Layan Bahar : Ecoute Madame. Aujourd’hui je fais les bakhlava. Tu envoies tes enfants chercher les noix. Très amusant ! Ils vont jouer, revenir fatigués, manger les bakhlava, manger koshari, ventre lourd ! Ils vont dormir tôt. Qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui ? Eugénie LeBris : J’ai des bas à repriser qui s’entassent depuis des semaines. Layan Bahar : Ça peut attendre une semaine de plus. Eugénie LeBris : Je dois amener la chaise du grand-père chez le rempailleur. Layan Bahar : Pas urgent. Grand-père mort, pas besoin de chaise. Quoi d’autre ? Eugénie LeBris : La veste que Lulu m’a laissée à détacher… Layan Bahar : Je fais la veste pendant la cuisson. Quoi d’autre ? Eugénie LeBris : Je dois répondre à la lettre de ma cousine depuis des mois… Layan Bahar : C’est mieux. Tu me donnes la veste. Tu réponds à la lettre. Les enfants dehors. Aujourd’hui, tranquille ! Ce soir tu dors bien. Pas de « tchack tchack tchack ». Oui ? Eugénie LeBris : Merci beaucoup pour votre gentillesse. Je pourrais vraiment utiliser un peu d’aide. Layan Bahar : Tu as fait beaucoup pour moi et ma fille. C'est une petite chose.
#ts3#simblr#legacy challenge#history challenge#decades challenge#lebris#lebrisgen3ter#Jules Le Bris#Eugénie Bernard#Marie Le Bris III#Agathon Le Bris#Dolorès LeBris#Layan Adly#Layla Bahar#Maria Mayordomo#Auguste Le Bris
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La sportive
Il faisait nuit noire dans la forêt bordant Volterra. Caïus Volturi, l'un des trois rois des Volturi, se promenait seul, laissant ses pensées sombres l'envahir. Soudain, un cri perçant résonna à travers les arbres, le figeant sur place.
Intrigué, Caïus se dirigea vers l'origine du cri et découvrit une jeune femme humaine, allongée au sol, blessée et inconsciente. Son cœur de pierre se serra en la voyant ainsi, si vulnérable. Elle avait dû tomber en escaladant et se blesser gravement en chemin.
Sans hésiter, Caïus prit délicatement la jeune femme dans ses bras et se mit en route pour le château des Volturi, où se trouvaient ses compagnons. Arrivé sur place, il demanda immédiatement l'aide d'Aro et de Marcus pour sauver la vie de la jeune femme. Au début, ils semblèrent intrigués du comportement de leur frère, mais Marcus tendit sa main à Aro et les deux sourirent sans que Caïus ne le remarque. À partir de ce moment, tout le clan traita Anna comme une reine.
Pendant des jours, Caïus veilla sur elle, incapable de détacher son regard d'elle. Son visage paisible dans le sommeil le troublait plus que de raison. Il découvrit que son nom était Annabeth, mais qu'elle préférait Anna. Elle avait un caractère courageux et une force de volonté qui l'impressionnaient.
Au fil des jours, Anna se remit de ses blessures, mais garda un souvenir flou de celui qui l'avait sauvée. Caïus hésitait à se révéler à elle, à partager son monde sombre et implacable. Mais il ne pouvait pas nier l'attirance irrépressible qu'il ressentait pour elle.
Un soir, dans la quiétude de sa chambre, Caïus se décida enfin à se dévoiler à Anna. Lorsqu'elle ouvrit les yeux et le vit pour la première fois, sa surprise fut évidente. Mais au lieu de la peur qu'il redoutait, il vit de la curiosité et de l'admiration dans son regard.
Malgré les obstacles et les dangers qui les séparaient, Caïus et Anna tombèrent amoureux l'un de l'autre. Leur amour était interdit, maudit, mais c'était plus fort que tout. Caïus était prêt à tout sacrifier pour protéger Anna, même s'il devait affronter ses frères rois et les lois des Volturi.
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Concombre et fentanyl.
En route pour Paris. Encore. Et quelle impatience. Toujours. Je suis partie en lui disant « je suis sûre d’avoir oublié quelque chose ». Et maintenant là sur le quai je sais. Mes chaussettes. Par contre j’ai pris 3 livres. Au cas où. 3 livres pour une nuit mais aucune paire de chaussettes. Je devine mon sens des priorités. M’évader en puant des pieds. Quelle vie de bohème je mène. / Voiture 15 place 48. Je le note là pour pas oublier. / Le chien des douanes ne s’arrête jamais sur moi. Non pas que je transporte 3kg de fentanyl mais j’aimerais tout de même qu’il me témoigne de l’intérêt. Sa truffe humide me méprise. Il me dépasse sans un regard. Ça me vexe à tous les coups. Il n’a pas vu la hors-la-loi qui sommeille en moi. / À chaque voyage, témoin de cette scène, je m’interroge : « je suis voiture 15 place 22 » « moi aussi » elle souffle « c’est de pire en pire ». Et l’un l’autre se mènent un duel sans merci à qui a raison, à qui sortira son billet le premier, mais si regardez c’est écrit là je vous dit, et l’autre de vérifier à son tour parce qu’il doute soudain. Ils se font monter la moutarde au nez alors que le wagon est presque vide. Ce n’est plus une histoire de sièges mais de faiblesse et d’autorité. L’être humain dans toute sa splendeur. / Sinon cette nuit j’ai rêvé qu’une ancienne copine de lycée, devenue actrice depuis me présentait son nouveau-né. Il s’appelle Concombre me disait-elle les yeux pleins d’amour. Entre nous je peux feinter devant une Clitorine ou un Robert mais la garce, elle m’avait coincée avec son Concombre.
Bref voilà. Je suis dans le train pour Paris. Je vous embrasse.
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Ce grand découragement à vivre, ma mère le traversait chaque jour. Parfois il durait, parfois il disparaissait avec la nuit. J’ai eu cette chance d’avoir une mère désespérée d’un désespoir si pur que même le bonheur de la vie, si vif soit-il, quelquefois, n’arrivait pas à l’en distraire tout à fait. Ce que j’ignorai toujours c’est le genre de faits concrets qui la faisaient chaque jour nous quitter de la sorte. Cette fois-là, peut-être est-ce cette bêtise qu’elle vient de faire, cette maison qu’elle vient d’acheter – celle de la photographie – dont nous n’avions nul besoin et cela quand mon père était déjà très malade, si près de mourir, à quelques mois. Ou peut-être vient-elle d’apprendre qu’elle est malade à son tour de cette maladie dont lui va mourir ? Les dates coïncident. Ce que j’ignore comme elle devait l’ignorer, c’est la nature des évidences qui la traversaient et qui faisaient ce découragement lui apparaître. Était-ce la mort de mon père déjà présente, ou celle du jour ? La mise en doute de ce mariage ? de ce mari ? de ces enfants ? ou celle plus générale de tout cet avoir ? C’était chaque jour. De cela je suis sûre. Ça devait être brutal. À un moment donné de chaque jour ce désespoir se montrait. Et puis suivait l’impossibilité d’avancer encore, ou le sommeil, ou quelquefois rien, ou quelquefois au contraire les achats de maisons, les déménagements, ou quelquefois aussi cette humeur-là, seulement cette humeur, cet accablement ou quelquefois, une reine, tout ce qu’on lui demandait, tout ce qu’on lui offrait, cette maison sur le Petit Lac, sans raison aucune, mon père déjà mourant, ou ce chapeau à bords plats, parce que la petite le voulait tant, ou ces chaussures lamés or idem. Ou rien, ou dormir, mourir. Marguerite Duras, L’Amant, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 22-23
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Tout Ira Bien - Emily Prentiss [1/2]
Masterlist
Speak Now TV Masterlist
Partie deux
Partie une - deux (version anglaise)
Résumé : Quand Emily apprend que Ian Doyle s'est échappé, elle sait qu'elle doit tout faire pour te protéger, même si ça veut dire briser ton coeur.
Warnings : commence pendant le 6x13 et se finit pendant le 6x18, mort de personnage (pas la reader), angst, rupture, fin triste, funérailles, dites-moi si j'en ai loupés d'autres.
Nombre de mots : 3.9k
Chanson qui m'a inspiré : Last Kiss (Taylor's Version) par Taylor Swift
-Ian Doyle s’est évadé de prison. Interpol n’arrive pas à le retrouver.
La phrase de Sean retentit dans les oreilles d’Emily. Elle n’arrive pas y croire. Ian Doyle devait faire partie de son passé. Son nom ne devait plus qu’être un souvenir.
-Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
-On ne sait pas où il est, Emily.
-Est-ce que tu crois qu’il va venir ici ? demande Emily avant de marquer une pause. Je suis en danger ?
-On l’est tous.
L’inquiétude prend place sur le visage d’Emily, comprenant la gravité de la situation. Ce n’est qu’une question de temps avant que tout tourne mal, elle en a conscience. Elle doit réfléchir à la façon dont elle doit agir pour se protéger.
Ses pensées sont interrompues par la sonnerie de son téléphone. Elle détache les yeux de Sean et sort son portable. En voyant ton prénom et ta photo sur son écran, elle est d’abord attendrie avant d’avoir une prise de conscience. Elle doit aussi te protéger. Ian Doyle pourrait s’en prendre à toi pour se venger. Elle s'éclaircit la gorge puis répond en prenant un ton naturel.
-Allô, Y/N, tout va bien ?
-Hey, Em’, je t’appelle pour savoir si je t’attends ou si tu vas rentrer tard, expliques-tu et Emily peut entendre que tu es en train de rentrer dans ta voiture.
-J’ai encore de la paperasse à faire. Je ne pense même pas que je dormirai à la maison. Je dois régler quelques détails avec l’équipe.
-Oh, d’accord, dis-tu en essayant de cacher ta déception. Tiens moi au courant. Tu me manques.
-Toi aussi.
Sur ces mots, tu raccroches. Emily regarde pendant quelques secondes son écran avant de discuter avec Sean des informations qu’Interpol possède sur l’évasion de Doyle. En l’écoutant, son cerveau fuse à mille à l’heure, cherchant tous les plans pour arrêter Doyle et protéger ceux qu’elle aime.
En quittant son ancien collègue, Emily passe la nuit dans un hôtel. Elle a besoin d’être seule pour réfléchir. Elle doit réfléchir à une solution pour que tu sois saine et sauve. Le problème, c’est qu’elle ne peut pas te parler de Doyle. Elle doit t’éloigner sans que tu saches la réelle raison. Emily en vient à la triste conclusion qu’elle doit te briser le cœur - et le sien par la même occasion. Elle préfère vivre une peine de cœur et te voir respirer plutôt que te garder près d’elle et te voir mourir sous la main de Doyle. Elle ne peut pas prendre ce risque. Elle doit rompre avec toi.
Le lendemain, Emily se réveille avec difficulté. Son sommeil n’a pas été reposant. Elle n’a pas cessé de réfléchir à ce qu’elle pourrait te dire.
Elle va dans votre appartement quand elle sait que tu es partie au travail, voulant t’éviter jusqu’à ce que tu rentres le soir. En t’attendant, Emily prépare quelques affaires.
Quand tu passes le pas de la porte de votre appartement, le visage d’Emily prend une expression neutre. Elle ne doit montrer aucune émotion. Elle ne doit surtout pas laisser ces mêmes émotions parler. Elle sait ce qu’elle doit faire. Avec un grand sourire aux lèvres, tu te diriges vers Emily, prête à la prendre dans tes bras. Toutefois, quand tu vois son visage impassible, tu fronces les sourcils.
-Em’, tout va bien ? questionnes-tu en posant ton sac.
-On doit parler, Y/N.
-De quoi ?
-Je pense qu’on devrait s’arrêter là, annonce Emily de but en blanc et il te faut quelques secondes pour répondre.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-Ça ne sert à rien de continuer. Ces derniers temps, j’ai été pas mal occupée avec mon travail. Et puis, je ne serai jamais capable de te donner la vie que tu mérites. C’est mieux pour tout le monde.
-Qu-quoi ? Tu n’es pas sérieuse ? Emily, ça sort d’où ça ?
-Je cite juste un fait. Je suis presque tout le temps en déplacement, ça ne sert à rien de perdre notre temps.
-D’accord, tu es souvent ailleurs, mais on ne perd pas notre temps. Notre relation fonctionne. On a un équilibre. Pourquoi tu veux tout abandonner maintenant ? demandes-tu, perdue et avec les larmes aux yeux.
-J’y pense depuis un moment.
-Mais, tout allait bien entre nous. Enfin, c’est ce que je croyais. J’ai fait quelque chose ?
-Ce n’est la faute de personne, c’est juste ce qu’il y a faire de mieux, affirme-t-elle en te regardant droit dans les yeux.
-Selon qui ?
-Y/N, on savait toutes les deux que cette relation était vouée à l’échec. Elle n’était pas faite pour être durable. Pas quand on fait mon métier.
-JJ y arrive très bien pourtant.
-Ce n’est pas pareil. De toute façon, ma décision est prise.
-Donc, tu veux même pas essayer d’en parler ? De régler le problème ? Tu baisses les bras aussi vite ?
Emily sait que tu n’abandonneras pas. Tu as un air déterminé sur ton visage, malgré tes yeux larmoyants. Emily prend une grande inspiration avant de dire la phrase la plus compliquée qu’elle ait eu à dire :
-Je ne t’aime plus, Y/N. Tu es quelqu’un de bien, mais je n’ai plus de sentiments pour toi.
-Ce n’était pas l’impression que tu donnais il y a encore quelques semaines, contredis-tu, incrédule.
-J’ai essayé de retrouver mes sentiments pour toi, mais c’est impossible.
Tes yeux analysent Emily, cherchant une preuve que les mots qui sortent de sa bouche ne sont pas la réalité. Toutefois, Emily a sorti son plus beau jeu d’acteur ; tu dois croire à ces mots tranchants. Comprenant que tu as bien entendu ce que t’a dit Emily, tes larmes commencent à couler sur tes joues. Tu n’y prêtes pas attention, essayant encore de trouver une solution pour rester auprès d’Emily. En voyant ton cœur se briser sous ses yeux, à cause d’elle, Emily se retient de t’avouer la vérité. Cependant, elle se répète que c’est la chose à faire.
-Je… J’irai dans un hôtel pour les prochains jours. Je vais sûrement devoir repartir dans ce laps de temps, ça te donnera largement le temps de reprendre tes affaires, informe doucement Emily en prenant deux sacs.
Tu ouvres un peu plus grand les yeux à sa dernière phrase. Bien évidemment, tu ne pouvais pas t’attendre à vivre encore avec elle si vous êtes séparées, mais tu pensais que vous alliez en parler, savoir si vous vendiez l’appartement ou qui le garderait.
Emily se sent mal en te virant de votre chez vous, mais elle sait qu’elle ne peut pas te le laisser. Doyle le trouverait en une recherche sur Emily et elle ne peut pas risquer qu’il vienne chez vous alors que tu y habites encore. Elle doit te garder loin d’elle et loin de votre appartement.
-Em’, je t’en prie.
Emily lutte pour te prendre dans ses bras en t’entendant la supplier. Elle ne te répond pas avant de te dépasser pour passer la porte de votre appartement. Elle retient un sanglot jusqu’à ce qu’elle arrive dans sa voiture.
De ton côté, tu restes debout, toujours sous le choc, les yeux fixés sur la porte d’entrée. Tu n’arrives pas à croire que ta relation avec Emily est réellement finie après cinq ans. Tu n’aurais jamais cru entendre ces mots. Tu n’avais pas prévu qu’Emily change d’avis sur vous. Pour toi, elle est - elle était celle avec qui tu allais finir ta vie. Il faut croire que ça ne sera pas le cas.
Un mois s’est écoulé depuis votre rupture. Dans une tentative désespérée, tu as essayé de la contacter pendant les premières semaines de votre séparation, sans aucune réponse de sa part. Tu n’as pas l’air de lui manquer autant que toi, elle te manque. Tu ne sais pas quoi faire pour que tu lui manques. Alors, à contrecœur, tu as fini par abandonner. Tu n’arrives toujours pas à t’en remettre. Tu n’arrêtes pas de repenser à votre relation, cherchant ce que tu aurais pu faire de différent pour éviter cette fin.
Tu n’aurais jamais pensé que vous finiriez de cette façon. Tu n’aurais jamais imaginé que tu ne saurais plus sa routine, où elle est, quelle enquête elle fait. Tu n’aurais jamais cru que tu ne la serrerais plus contre toi. Tu n’aurais jamais cru que vous auriez un dernier baiser.
Tu essayes de faire bonne figure, même si au fond de toi, tu restes dans cet état d’engourdissement. Mais ça doit changer, tu dois apprendre à avancer. Pour cela, rien de mieux que de sortir avec des amis.
Tu retrouves Penelope dans un café non loin de ton lieu de travail. Penelope est celle dont tu es le plus proche de son équipe avec Rossi. Tu la considères comme une sœur et c’est réciproque de son côté. Penelope était choquée en apprenant votre séparation et elle a essayé de faire changer d’avis Emily, sans succès.
En arrivant dans le café, tu prends Penelope dans tes bras. Tu arrives à lâcher un soupir de soulagement en la serrant contre toi. Ces câlins ont un pouvoir, tu en es sûre. Vous vous installez après avoir passé commande. Au début, votre discussion évoque des sujets banals - vous ne vous étiez pas vues depuis un petit moment alors vous rattrapez le temps perdu. Puis vient un moment où Penelope raconte une anecdote drôle sur l’équipe où elle mentionne Emily. À la mention du prénom de ton ex, tu baisses le regard, ignorant le pincement dans ton cœur. Penelope s’arrête de rire quand elle voit ta réaction.
-Oh, mon Dieu ! Désolée ! Je… Je n’ai pas réfléchi. Je n’aurai pas… Je suis désolée, s’exclame Penelope, embarrassée.
-Ce n’est pas grave. Ça fait un mois, après tout, la rassures-tu avec un faux sourire.
-Mais quand même. Vous êtes restées longtemps ensemble. C’est normal si ça te fait encore mal.
-Je sais. Comment elle va, Emily ?
C’est plus fort que toi, tu avais besoin de poser cette question, elle te brûlait les lèvres depuis un mois. Tu as besoin de savoir si ton impression est une réalité. Penelope prend une grande inspiration avant de te répondre.
-Elle ne montre rien, mais je suis sûre qu’elle souffre tout autant. Parfois, elle est un peu plus discrète. Elle semble être plus souvent perdue dans ses pensées, ce qui est compréhensible au vu de la situation.
-C’est elle qui a dit qu’elle ne m’aimait plus, rétorques-tu séchement. Désolée, je n’ai pas dit ça pour que tu prennes mon parti ou autre, te reprends-tu avec un air coupable. Je suis juste encore surprise par comment tout a basculé du jour au lendemain.
-Vous vous retrouvez. C’est une certitude, affirme-t-elle en serrant ta main.
-Je n’y crois pas trop. Elle avait l’air déterminée à rester loin de moi.
-Y/N, l’amour que vous aviez ne peut pas se perdre. Quand ça sera le bon moment, vous serez de nouveau ensemble et tout ira bien.
Tu vois au visage de Penelope qu’elle croit dur comme fer à ses mots. Elle ne les dit pas juste pour te faire te sentir mieux, elle est persuadée d’avoir raison. Penelope a tendance à tout voir en rose, c’est vrai, mais tu as besoin de ce petit espoir.
En rentrant chez toi, tu poses ton sac à côté de ton entrée puis, tu t’installes sur ton canapé. Tu balayes ton appartement du regard, indifférente. Malgré tous tes efforts, tu n’arrives pas à te sentir chez toi. Chez toi, c’était ton appartement avec Emily. Chez toi, c’était Emily. Mais tu n’as plus Emily et tu ne l’auras plus.
Tu te lèves de ton canapé avant de te diriger dans le placard de ta chambre. Tu l’ouvres et prends un carton qui est placé en haut. Tu le saisis et t’assois par terre puis, tu cherches au fond du carton, à la recherche de quelque chose de précis. En tombant sur le cadre, tu le retournes afin de pouvoir regarder la photo à l’intérieur.
Cette image date d’il y a deux ans, c’était au début du mois de juillet, vous êtes en train de vous embrasser devant la Tour Eiffel.
Vous étiez partis à Paris pour vos vacances - par miracle, Emily avait réussi à avoir deux semaines de repos. Vous aviez passé un séjour inoubliable. Le fait le plus marquant de ce voyage, selon toi, est Emily parlant en français. Tu sais qu’elle parle un nombre incalculable de langues et tu fonds à chaque fois qu’elle parle l’une d’entre elles. Cependant, ce n’est pas souvent alors quand tu as pu l’entendre parler français pendant deux semaines complètes, tu étais aux anges.
Un soir, vers la fin de vos vacances, vous étiez restées dans votre chambre d’hôtel. En temps normal, vous profitiez aussi de la soirée pour visiter un peu plus Paris, mais ce soir-là, vous étiez trop fatiguées pour marcher dix pas de plus.
Vous vous étiez assises sur votre balcon, admirant la vue, la Tour Eiffel illuminée au loin, et vous étiez en train de parler de l’avenir. Vous faisiez des projets en tout genre, imaginant à quoi ressemblerait votre vie dans un an, cinq ans, dix ans, même dans trente ans.
-J’ai si hâte de vieillir avec toi, avait déclaré Emily avec un sourire.
-Moi aussi. Tu serais magnifique avec les cheveux grisonnants, avais-tu dit en caressant ses cheveux.
-Je ne sais pas.
-Crois-moi, tu le seras.
-Et toi, tu serais magnifique dans une robe blanche, avait-elle affirmé en plongeant ses yeux dans les tiens.
-Quoi ?
-On en a jamais vraiment parlé, mais j’adorerais qu’on se marie. Pas maintenant, sois rassurée ! avait précisé Emily en voyant tes yeux grand ouverts. Je n’ai pas de bague et ça, ça n’est sûrement pas ma demande en mariage, mais je peux nous y voir, en train d’échanger nos vœux et de nous embrasser devant nos proches.
-Je peux nous y voir aussi. J’adorerais t’épouser un jour, avais-tu avoué, prenant sa main dans la tienne.
-Tant mieux, comme ça, je serai sûre que tu ne pourras pas te débarrasser de moi.
-C’est toi qui en auras marre de moi avant, avais-tu rigolé et Emily avait secoué la tête.
-Jamais. Je t’aime trop pour me lasser de toi.
Et sur ces mots, vous aviez partagé un baisé langoureux rempli d’amour. Tu n’avais jamais été aussi sûre de votre relation que ce soir-là. Tu savais que c’était fait pour durer et tu n’avais qu’un hâte, créer de nouveaux moments aussi romantiques que celui-ci. Malheureusement, tout comme vous avez eu un dernier baiser, vous avez eu un dernier moment romantique. Ces instants ne sont plus que des souvenirs placés dans un cadre.
Quelques semaines plus tard, alors que tu es plongée dans ton travail, tu reçois un appel. Tu prends ton téléphone en te demandant qui peut bien t’appeler aussi tard. En découvrant le nom de JJ, ton estomac se tord. Elle ne t’a presque jamais appelé. Si elle le fait, c’est qu’il y a quelque chose de grave. Avec appréhension, tu réponds.
-JJ, qu’est-ce qui se passe ? Emily va bien ?
-Tu dois venir à l’hôpital tout de suite. Emily est en train de se faire opérer, informe JJ d’une voix tremblante.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? demandes-tu en te levant de ta chaise.
-Je t’expliquerai à l’hôpital, c’est trop long par téléphone. Je te rappellerai si les médecins donnent des informations avant que tu n’arrives.
-Je serai là dans vingt minutes grand maximum.
Tu raccroches et te dépêches de te préparer avant de courir jusqu’à ta voiture. Pendant le trajet, tu es contrôlée par ton anxiété. Tu n’as jamais roulé aussi vite de ta vie. Dans ta tête, tous les scénarios défilent, te faisant monter les larmes aux yeux. Le manque d’informations de la part de JJ n’aide pas à te calmer.
Tu cours à travers de l’hôpital, à la recherche de l’équipe d’Emily. Tu les trouves assis, une expression inquiète sur leur visage. Hotch te voit arriver en premier et vient à ta rencontre, JJ sur ses talons. Hotch garde la tête froide même s’il peut ressentir ton stress au plus profond de son être. Il t’invite à le suivre dans un endroit plus discret de l’hôpital alors que JJ va te chercher un verre d’eau. Quand elle te le donne, Hotch est en train de te raconter l’évasion de Ian Doyle. Au fil de son récit, tout prend du sens dans ta tête.
Tu comprends enfin pourquoi Emily s’est éloignée si soudainement, pourquoi elle a été si dure dans ses mots. Elle pensait te protéger de Doyle en restant loin de toi, mais en le faisant, elle n’a pas pensé à se protéger, elle. Emily est dans un état critique et tu ignores si tu auras jamais l’occasion de lui reparler, de la sentir contre toi à nouveau.
Quand tu es au courant de toute l’histoire, tu retrouves le reste de l’équipe. Rossi t’informe qu’aucune nouvelle n’est encore arrivée. Tu t’assois à ses côtés et commences à te ronger les ongles. Tu attends avec agonie un médecin qui va très probablement t’annoncer une mauvaise nouvelle.
Tu aimerais être nulle part qu’ici. Tu aimerais que tout soit un mauvais rêve. Tu aimerais être dans votre appartement, à toi et Emily, enlacées dans votre lit alors que le soleil se lève comme vous aviez l’habitude de le faire.
Un matin, environ un an après votre voyage à Paris, Emily avait eu un jour de repos, vous permettant ainsi de rester au lit jusqu’à tard. Tu t’étais réveillée en premier - chose assez rare - et tu t’étais mise à la regarder. Son visage était complètement relaxé alors que sa main droite était posée sur ta hanche. Tu ne sais pas combien de temps tu étais restée ainsi, tu voulais juste profiter de la présence d’Emily. À un moment, Emily avait commencé à se réveiller et avait souri en remarquant que tu avais passé ton temps à la regarder.
-Tu me regardes depuis longtemps ?
-J’en sais rien.
-Pas du tout flippant, avait-elle blagué en te rapprochant de son corps.
-C’est pas un crime d’admirer ma petite amie quand même !
-On a arrêté des stalkers pour moins que ça.
-Tu vas finir par dormir sur le canapé, avais-tu rétorqué avec un faux air énervé.
-Tu n’oserais pas.
-Ne me tente pas.
-Tu m’as manqué, avait soudainement déclaré Emily.
-Toi aussi.
-J’espère qu’on aura encore l’occasion de se réveiller ainsi pendant longtemps.
-Je veillerai personnellement à ce que ça soit le cas, avais-tu affirmé avant de te blottir contre Emily.
Tu avais relevé la tête vers Emily avant de l’embrasser tendrement. Elle t’avait répondu avec passion et vous aviez fini par passer la majorité de votre journée au lit.
Maintenant, tu passes la majorité de ta soirée sur une chaise inconfortable d’hôpital. Tu as le regard perdu sur le sol alors que tu continues à penser à des moments heureux avec Emily tout en te disant que tu n’en auras sûrement plus jamais.
JJ apparaît dans la pièce, une expression grave sur son visage, les yeux rougis. Vous n’avez pas besoin qu’elle prononce un mot pour comprendre ce qu’elle va vous annoncer. Toutefois, tu ne veux pas y croire. Certes, tu n’étais pas optimiste sur l’état d’Emily, mais une partie de toi espérait, priait, pour que tout aille bien et que vous laissiez cette histoire derrière vous. Penelope murmure un “non” désespérée pendant que tu continues à fixer JJ. Elle n’ose pas te regarder quand elle prononce la phrase que tu redoutes :
-Elle est morte pendant l’opération.
Immédiatement, les larmes coulent sur ta joue. Tu sanglotes fortement, sous le choc alors que Rossi se penche vers toi pour te serrer contre lui. Tu acceptes son étreinte, versant toute ta douleur. Tu entends Spencer se lever, mais tu n’y prêtes pas attention, essayant de comprendre ce qu’il vient de se passer.
Tu pensais que ton cœur s’était brisé quand Emily avait rompu, mais tu avais tort. Cette fois, la douleur est pire dans ta poitrine. Tu n’as même pas l’impression que ton cœur se brise. Ton cœur ne bat plus et il ne battra plus jamais. Comment pourrait-il ? Tu ne pourras plus jamais voir le sourire d’Emily, entendre son rire, toucher sa main. Elle est morte et ton cœur est parti avec elle.
L’enterrement d’Emily est quelques jours plus tard. Pour la première fois depuis l’annonce de sa mort, tu te prépares. Contrairement au moment de la rupture où tu semblais insensible à tout ce que tu faisais, tu ressens chacun de tes gestes. Ta douleur n’est pas qu’émotionnelle, tous tes membres sont lourds et te font souffrir.
Rossi est celui qui vient te chercher. Depuis la mort d’Emily, il fait attention à toi. Rossi a toujours considéré Emily comme sa fille et il t’a tout de suite adopté quand vous vous êtes mises ensemble. Il déteste te voir aussi misérable, il aimerait pouvoir prendre ta douleur et l’ajouter à la sienne.
En voyant l’équipe porter le cercueil d’Emily, ta douleur se décuple un peu plus. Tu ne peux pas croire que la femme que tu aimes soit enfermée dans cette boite. Tu n’arrives pas à comprendre comment votre histoire ait pu se finir ainsi.
Tu n’écoutes pas le sermon du prêtre, tu gardes tes yeux fixés sur les fleurs blanches posées sur le cercueil. Si Emily avait pu voir ce moment, elle aurait dit que tout est trop solennel à son goût, tu souris doucement à cette pensée. Penelope te tient la main jusqu’à ce que tu ailles poser une rose rouge en premier sur son cercueil, les joues baignées de larmes. Tu restes à côté d’Emily alors que l’équipe imite ton geste. Rossi place une main sur ton dos pour te réconforter et tu fais tout pour ne pas fondre en larmes dans ses bras. Par tu ne sais quel miracle, tu arrives à rester debout alors qu’Emily s’enfonce dans la terre.
En rentrant chez toi, tu n’as pas le courage de t’allonger dans ton lit. Tu t’assois sur le sol de ta chambre après avoir mis un tee-shirt d’Emily. Tu l’avais mis dans tes cartons sans faire exprès et comme Emily ne l’a jamais réclamé, tu l’as gardé. Tu apportes le tissu à ton nez, espérant sentir l’odeur familière d’Emily, mais elle a déjà disparu. De nouvelles larmes coulent sur tes joues réalisant que bientôt, toute trace d’Emily aura à jamais disparu. Elle ne sera plus qu’une partie de ton passé.
Tout le reste de la journée, ton esprit est tourmenté par les souvenirs avec Emily. Tu repenses surtout à la fin de votre relation. Tu repenses à tous ces derniers moments que tu as vécus avec elle sans savoir qu’il n’y en aura pas d’autres. Si tu avais su ce qui allait se passer, tu les aurais appréciés un maximum et si tu le pouvais, tu aimerais pouvoir en changer certains comme votre dernier baiser.
C’était un matin, très tôt - trop tôt pour toi -, tu t’étais réveillée après Emily. Tes yeux se fermaient tout seul alors que tu te rendais dans votre cuisine. Tu préparais ton café quand Emily avait fait son apparition. Tu lui avais fait un rapide sourire alors qu’elle t’annonçait qu’elle devait vite partir au boulot. Elle t’avait embrassé chastement et tu avais à peine pris le temps de lui répondre, encore trop endormie. Elle t’avait lancé un “je t’aime” avant de prendre son sac et de quitter son appartement. Tu lui avais seulement marmonné une réponse, ayant besoin de ton café pour parler.
Tu aurais aimé que votre dernier baiser soit différent. Tu aurais aimé pouvoir l’embrasser avec passion, apprécier le mouvement de ses lèvres contre les tiennes et lui dire clairement “je t’aime”. Malheureusement, tu ne peux pas changer le passé et tu n’auras plus jamais de nouvelles chances. Ce baiser est condamné à être votre dernier tout comme tu es condamnée à vivre sans Emily pour le restant de tes jours. Et tu es condamnée à avoir son nom à jamais sur tes lèvres tout comme votre dernier baiser. Finalement, Penelope avait tort, rien n’ira bien.
Partie deux
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