#la baïonnette
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jeannepompadour · 2 months ago
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Illustration by Charles Gesmar for La Baïonnette magazine, 1917
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ekman · 10 months ago
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Moi, la guerre, je l’ai faite, figurez-vous. Oui, on ne dirait pas en me voyant. Cet air de s’en foutre que j’affiche toujours du coin de mon œil bleu, les gens se disent en le découvrant que je dois être un fieffé malin, peut-être même un salaud, un abuseur, allez savoir.
Moi, je les emmerde tous. J’ai pas survécu à la mitraille, à la boue, aux Boches et aux rats pour subir leur sale gueule et baisser les yeux. Je les emmerde, je vous dis. Et dans des proportions que vous ne soupçonnez pas. Pas l’un d’eux ne trouvera grâce à mes yeux. Ni le bourgeois replet parti prier son Juif repenti à l’église le dimanche, ni le tchékiste resté à encenser son grand Staline dans une réunion de quartier. Les deux me font chier – et savez-vous pourquoi j’entretiens à leur endroit une haine parfaitement égalitaire ? Mais parce qu’ils sont jumeaux, sortis du même ventre flasque de la Révolution, de la même fente puante, matrice qui dégueule son trop plein d’humanité féroce, foetus aux dents acérées, dévoreurs de mamelle ! Boivent autant de sang que de lait, ces monstres absurdes. Des vraies dégueulasseries biologiques conçues pour anéantir le monde beau et sauvage qui ne les a pas vu venir.
Ces affreux-là, j’en ai croisé sur le front. Jamais en première ligne, trop couards pour ça. Toujours en retrait, juste ce qu’il faut. Se chiant dessus à la première déflagration, même lointaine, même ténue. Terrorisés à l’idée d’une baïonnette boche s’enfonçant dans leur sale bide tout gonflé de haricots mal cuits et de gaz diaboliques. Le rouge et le calotin unis dans la même pétoche minable, incapables de transcender leur peur de mammifère absurde, condamnés à baisser la tête, à lever les bras, à écarter leurs miches poisseuses de merde honteuse. Ah ils puaient ces deux-là, faut me croire. Dans les abris, on les laissait pas rentrer ces ordures. “Allez les gars, soyez pas salauds, allez. Faites une place... Je boirais bien la moitié d’un quart de soupe... Allez…” Des cafards, des magouilleurs, arrangeurs, tricoteurs. Des enculés de frais. “Va chier avec ton quart, sale rat !”, que je leur gueulais. “Quand il fallait monter l’échelle tout à l’heure, t’étais où, hein, mon salaud ?” Généralement, ils baissaient la tête ou mieux, ils se barraient. Partaient pleurnicher dans l’abri d’à-côté. Mendigoter un quignon ou une tige à de bonnes âmes qui ne les avaient pas vu s’affaler au signal de l’assaut. Les mêmes tous les deux ! Le rouge et le calotin. Tout pareillement conjoints dans la terreur, taillés pour survivre à tout, coûte que coûte, dussent-ils se faire cracher à la gueule pour l’éternité des temps, se faire maudir par les agonisants, ceux dont la tripe s’étalait tout autour et qui mettaient pourtant tant de temps à crever ! J’aurais jamais assez de toute ma vie pour les maudire, ces fils de salaud, ces petits rongeurs sans honneur, sans grandeur, sans rien !
Et allez ! Que croyez-vous ? Qu’on n’avait pas peur nous autres ? Qu’on ne pleurait pas en claquant des dents au milieu des éclairs qui hurlaient la mort ? Que l’on se prenait pour des Croisés ou pour des Jean-sans-Peur ? Tu parles ! Dans toute cette apocalypse, nous n’étions plus rien ! Et c’est bien à cause de cela qu’on se redressait et qu’on y allait. Parce que je vais vous dire, moi, l’idée de crever recroquevillé comme un cafard, ça m’a toujours été insupportable. Si je dois y passer, ce sera debout, nom de Dieu. À ma gauche, j’avais Lepault Gaston, un garçon gentil comme tout qui voulait entrer dans la banque. À ma droite, j’avais Lefeuvre Martial, fils de paysan, au travail depuis ses treize ans, père de quatre marmots à pas vingt-cinq. Un peu plus loin, il y avait notre lieutenant, un marquis avec un nom à rallonge incroyable, qu’on appelait Duguesclin pour faire court. Eh bien vous le croirez ou pas, mais on est sortis de la tranchée tous les quatre comme un seul homme et moins de deux minutes plus tard, j’étais le seul en vie, coincé dans un trou peu profond, avec un éclat boche calé dans la cuisse. Les autres étaient partis en poussière, pulvérisés par un obus fabriqué avec soin par de rondelettes bouffeuses de saucisse, quelque part du côté de Cologne.
Alors ne venez pas me faire chier avec mon regard inquisiteur. Il fera toujours moins mal que le shrapnel, tas de cons. Si je vous attrape du coin de l’œil... si je vous ajuste, pour tout dire, soyez heureux que ce ne soit pas entre deux rangées de barbelés avec, calé dans la molletière, le beau couteau de chasse que mon oncle Albert gardait depuis Sedan.
J.-M. M.
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dollykiller · 7 months ago
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Posséder un mousquet pour la défense du territoire, puisque c'est ce que les pères fondateurs avaient l'intention de faire. Quatre bandits font irruption dans ma maison. « Qu'est-ce que c'est que ça? » Alors que j'attrape ma perruque poudrée et mon fusil du Kentucky. Faites un trou de la taille d'une balle de golf à travers le premier homme qu'il est mort sur le coup. Je dégaine mon arme sur le deuxième homme, je le rate complètement parce qu'il est lisse et cloue le chien du voisin. J'ai dû recourir au canon monté en haut de l'escalier chargé de balles, « Tally ho lads » le tir de raisins a déchiqueté deux hommes dans l'explosion, le bruit et des éclats d'obus supplémentaires ont déclenché les alarmes de la voiture. Attachez la baïonnette et chargez le dernier rapscallion terrifié. Il saigne en attendant l'arrivée de la police car les blessures triangulaires à la baïonnette sont impossibles à recoudre. Tout comme les pères fondateurs l'avaient prévu.
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kaixo-agur · 10 months ago
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Gerda Wegener (1886–1940) 
« Les Pecheurs de lune », La Baïonnette 1918
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apurpledust · 1 year ago
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… Un peloton s'avança sur lui la baïonnette en avant mais aussitôt le général Lannes, qui portait encore les traces de sa blessure, couvrit de son corps le général en chef, dont il était l'ami, et, s'interposant entre lui et les mutins, sauva les uns et les autres par son attitude loyale et militaire. … -Gallica
I read the Chinese translation of this and it said that Lannes protected Naps with his body even though he was injured (was it 3 times?) during the Battle of Arcole…. I can’t
someone tell me im not reading this wrong
No wonder Naps loved him so (╥﹏╥)
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carbone14 · 8 months ago
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Etudiantes japonaises à l'entraînement à la baïonnette – Tokyo – Japon – 18 février 1937
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sinvulkt · 5 months ago
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Chap 1 ✯✯✯ ꒰ঌ ⚔ ໒꒱ ✯✯✯ Chap 3
La main d’Edmond serra le manche de son couteau. Le sac mortuaire puant qui le recouvrait battait au rythme des pas des hommes qui le transportait, le ballottant inconfortablement. Il faisait froid. D’après le calendrier que l’abbé avait insisté pour tenir, on était le 27 février. L’air marin passait à travers le sac comme une porte grande ouverte, et Edmond peinait à ne pas grelotter. Des frissons le secouaient malgré tout de temps à autre, à peine suffisamment discrets pour ne pas être repéré par ses transporteurs.
Il se força à détendre ses muscles, faisant sa meilleure impression de mort flasque que l’on emmenait au cimetière. C’était loin d’être chose facile. Il avait mal rentré une de ses ailes, et elle reposait douloureusement tordue, coincée sous son bras pour ne pas que les geôliers la remarque. Des fourmillements avaient parcouru le membre un peu plus tôt, mais ces derniers s’étaient tus, laissant place à une étrange sensation d’engourdissement.
Le sac s’immobilisa. Edmond se gaina, étonné que les geôliers aient déjà atteint le cimetière. Le château d’if était à peine assez grand pour être appelé une île. Peut être attendaient ils une barque pour les mener au dernier lieu de repos des prisonniers ?
Un flash lumineux perça à travers le sac. Peu de temps après, un grondement sourd retentit. Edmond pouvait entendre l’agitation des vagues non loin, annonçant une tempête imminente. 
“L’orage ne va pas tarder à tomber,” un des geôliers commenta.
“Cela fera une belle noce pour l’abbé,” le second ricana.
Il y eut plusieurs bruits de froissement, puis Edmond sentit quelque chose se resserrer autour de ses chevilles. Il raffermit pour la énième fois sa prise sur son couteau de fortune.
“Tu l’as bien accroché?”
“Oui, aucun risque qu’il flotte comme le dernier.”
Flotter ? Les pensées d’Edmond furent distraites par un mouvement du sac. On le prit par la tête et les pieds et on balança le sac de droite à gauche.
“À la une, à la deux,” les geôlier chantèrent.
“À la tr—”
Le craquement du fil trop tendu qui cède retentit.
Les coutures du pauvre sac, recousues à la hâte par les mains fébriles d’Edmond, se déchirèrent d’un coup. Les geôliers, surpris, lâchèrent le sac qui tomba lourdement sur le sol. Edmond hoqueta, la respiration coupée par le choc. La chute avait libéré ses pieds. Il cligna des yeux, aveuglé par la soudaine lueur du jour attisant ses pupilles, même atténué par les sombres nuages qui couvraient le ciel.
“Mais- mais ce n’est pas l’Abbé Faria!” l’un des hommes s’écria.
Edmond surgit du sac comme un diable, couteau à la main. Le plan jouait en boucle dans son esprit. 
Attaquer le geôlier le plus proche. 
Courir. 
S’envoler.
Ses ailes s’arquèrent d’un air menaçant, plumes battant dans le vent qui hurlait. Avant qu’il ne réalise vraiment ce qu’il faisait, Edmond plongea son poignard dans la poitrine de l’homme qui avait crié. La lame s’enfonça avec un bruit répugnant dans la chair. 
Choqué, il lâcha l’arme et recula d’un pas. Sa promesse a l’abbé de n’attaquer les sentinelles qu’en dernier recours tournait sans fin dans sa tête.
Déjà, le second geôlier sonnait l’alarme à grands cris. Tout en hurlant, le géolier porta sa main à la baïonnette sanglée dans son dos et s’avança vers son compagnon blessé et le prisonnier. 
Edmond sonda ses portes de sortie. Ils se trouvaient sur un des chemins de ronde du château d’If, juste au bord de la falaise. Le geôlier bloquait la voie d’accès à la cour, et aucune barque n’était en vue. Il jeta un regard derrière lui. S’il prenait le tournant du chemin de ronde, il aurait peut-être assez d’élan pour décoller. 
Sans perdre une seconde de plus, Edmond détala à toute jambe. Ses ailes suivirent par instinct, se déployant de toute leur envergure d’une façon dont elles avaient été incapable entre les étroits murs du cachot. Le vent se pris dans les plumes tout comme il gonfle une voile. Edmond, surpris, failli tomber à la renverse et ne redressa sa course qu’en repliant ses ailes.
Derrière lui, le geôlier lui aboyait des ordres.
“Au nom de la loi, arrêtez-vous !”
Edmond s'arrêta. Il fit quelques pas en arrière pour regagner un peu de distance, vérifia que les gardes étaient encore assez loin, et reprit sa course. Cette fois, il ne garda ses ailes qu'à moitié entrouverte, comme on baisse le grand mât pour prendre un vent trop fort.
“Avec la tempête, vous ne vous en sortirez jamais !”
Ignorant les cris du geôlier qui se rapprochait, Edmond prit le tournant qui le menait à une belle ligne droite, puis soit à une chute vertigineusement létale, soit à un envol libérateur. Chaque pas n’était plus qu’un battement de cœur qui s’accélère, un muscle qui se prépare. Chaque pas était un espoir qui s'ajoutait au dernier. 
“C’est du suicide !”
Le bout du chemin vint en vue. Les vagues rugissaient sur des rochers pointus en contrebas. De temps en temps, un éclair venait aveugler la vue encore sensible d’Edmond, illuminant les crocs du relief l’espace d’un instant comme une vision d’horreur. L’idée de sauter du rempart, un instant plus tôt parfaitement réaliste, semblait désormais effectivement un suicide.
Mais rester menait à une mort certaine, et si elle n’était pas physique, alors elle serait mentale.
Le pied d’Edmond atteint le bout du rempart. Fermant fort les yeux comme un enfant qui prie une étoile filante d'apparaître, il ouvrit grand ses ailes et s’élança.
Après quelques battements d’ailes, il ouvrit les yeux.
Edmond volait.
Le vent, qui avait semblé si furieux au sol, le portait sans effort vers l’immensité du ciel. Dès qu’une bourrasque le menaçait, ses membres ajustaient son équilibre par un étrange instinct qu’Edmond n’avait jamais remarqué jusqu’alors. Il pouvait sentir chaque tendons crispé par l’effort, chaque plumes tendues pour maintenir son cap, le tout formant une machine magique lui permettant de naviguer les airs.
Edmond leva les doigts pour sentir l’air courir contre lui. L’atmosphère lourde et cinglante de l’orage qui n'attendait qu’un signe pour éclater faisait fleurir de la chair de poule sur sa peau. Il s’en délecta. Le goût salé de la liberté flottant sur sa langue l’enivrait. 
Edmond ne vit pas la baïonnette du garde pointé sur la cible facile qu’il formait, balancé par les courants aériens. Il n’entendit pas le cliquetis de la gâchette que l’on actionne. Il entendit la détonation, mais c’était déja trop tard.
Le coup parti. 
Au début, Edmond n’entendit que le bruit du fusil. Se pensant hors d'affaires, il se força à lutter contre le vent à large coup de battements d’ailes avant qu’un second fusiller ne visa mieux. Des plumes blanches tachées d’écarlates tourbillonnèrent dans le vent. Puis, une explosion de douleur retenti comme un fouet brulant le long de ses cotes et de son aile droite. Quand il porta la main à son torse, elle revint trempée de sang. La vue vacillante, incapable de lutter contre la tempête avec son aile touchée se repliant à la première bourrasque, Edmond chuta.
L’eau était glaciale.
Il accusa le choc d’un coup de brasse vigoureux. Sa blessure le lançait, mais pas autant qu’il ne l’avait craint. Edmond devait sa chute à la surprise et à son manque de pratique quant à l'utilisation de ses ailes, plus qu'à la traînée sanglante laissée par la baïonnette. Le sel attisait sa brûlure d’une manière qui était familière à tout marin, mais la douleur restait tolérable. Dans la mer enragée, à des kilomètres de la côte, les conséquences d’un coup de feu étaient le cadet de ses soucis.  
Les ailes qui le portaient jusqu’alors le condamnaient désormais. Leurs mouvements brusques et agités conflictaient avec la brasse qu’il avait appris auprès des autres marins. Gorgées d’eau, elles le traînaient lourdement vers le fond. Edmond se débattit de toutes ses forces pour retrouver la surface. Se souvenant des leçons prodiguées quatorze ans plus tôt, il vida son esprit et fit de son mieux pour ralentir son cœur. Plus calme, il réussit à replier ses ailes sur son dos, plaquée de telle sorte qu’elles ne le génèrent plus lors de la nage. 
Edmond était toutefois loin d’être sorti d’affaire pour autant. Les longues secondes qu’il avait pris pour retrouver ses esprits l'avaient emmené vers les bas-fonds. La mer, noire et profonde, le pressait de toute part de telle sorte qu’il avait perdu le ciel de vue. Ses poumons le brûlaient, réclament un air absent qu’Edmond ne pouvait pas leur procurer.
Un éclair lumineux attira son attention. Désespéré, Edmond donna de vigoureux coup de pieds dans sa direction. Son cœur battait à tout rompre, renforçant la douleur montante de sa poitrine. Quelques instants plus tard, il perça les flots, victorieux, et aspira goulûment l’air qui lui avait tant manqué.
Comme pour le moquer, l’orage grondant choisit ce moment pour déverser sur lui tout son malheur. Un flot de gouttes se précipita sur lui, martelant son visage et tout ce qui avait le malheur de dépasser de l’eau. Pis, le vent avait impossiblement forci, et des vagues effrénées menaçaient de noyer sa bouche grande ouverte, manquant de l’étrangler. Peu importe la façon dont Edmond battait des paupières, ses yeux, pourtant habitués à la pénombre des cachots, ne pouvaient distinguer qu’eau et noirceur.
Edmond nagea.
Il nagea à l’aveugle, luttant contre le courant de peur que les flots déchaînés ne le précipitent contre une falaise. Ses dents claquaient sous le froid glacial de février. L’effilade que la balle avait laissé le long de son torse et de son aile droite s’enflammait douloureusement à chaque mouvement. De temps à autre, une vague plus imposantes que les autres le renversait, et Edmond devait redoubler d'effort pour retrouver la surface. 
Il nagea.
Ses forces s’amenuisaient. Les frissons qui le secouaient jusqu’alors s’étaient tuent. La piqûre du sel était omniprésente dans sa bouche, dans sa gorge, dans ses poumons. Ses pensées avaient laissé son passé, la prison, ses gardes et le corps de l’abbé loin derrière, et se réduisaient désormais à un fin fil d’espoir désespéré, érodé par la houle qui le frappait interminablement. Il ne voyait que la prochaine vague, et les coups qu’il faudrait donner pour la franchir.
Il nagea encore.
Une autre vague le renversa. L’eau salée s’infiltra dans ses poumons, pressée d’investiguer ce nouvel orifice. Edmond se crispa et attendit, guettant un des flashs aveuglants de la foudre qui déverse sa fureur sur le monde pour retrouver son chemin. Ce n’est qu’une fois la surface retrouvée que, toussant, il réalisa la position vainement déployée de ses ailes. Comme ce qui lui semblait être une éternité plus tôt, le réflexe, loin de l’aider à flotter, lui compliquait la tâche. Il dépensa un peu de l’énergie raréfiante qui lui restait pour lutter contre le courant et replier les excroissances gorgées d’eau. 
Il nagea, encore et toujours.
C’était tout ce qui comptait désormais. Perdu dans l’immensité de l’océan, luttant pour chaque gorgée d’air atteignant ses poumons, Edmond n’avait plus que cet objectif en tête. Nager .
Son genou racla soudainement contre une surface dure. Sans même y penser, Edmond se retourna et s'accrocha à l’objet qui se présentait. La pierre, froide et glissante sous ses doigts, ne bougea pas. Des bouts s’effritèrent, peut-être, mais trop peu pour stopper son avance frénétique comme il se hissait, désespéré, à cette bouée inespérée de l'océan.  
Une fois arrivé en haut, il s’écroula, la respiration sifflante. Le rocher qu’il avait frappé était en réalité un îlot de quelques mètres de large, sur lequel poussait de rares broussailles. Un peu plus loin, Edmond pensait apercevoir la bordure d’une île, mais le rideau de pluie rendait le paysage difficile à distinguer. Il pouvait encore entendre les vagues rugir à ses oreilles. Elles battaient rageusement autour de son refuge, comme endiablé par la perte de leur proie. 
Edmond rassembla ses forces pour se traîner un peu plus loin de leur portée, juste par précaution. Il atteint une des broussailles, et trouva son pied confortable. L’amas de branche protégeait quelque peu du fouet de la tempête, et le lit de feuilles mortes était aussi confortable que la paille du cachot qu’Edmond venait de quitter. Ses plumes, qui s'étaient gonflées sous l'effet du froid maintenant qu'elles n'étaient plus immergées, feraient une parfaite; si légèrement humide; couverture.
Exténué, tremblotant, il se roula en boule et s’endormit.
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abridurif · 4 months ago
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L’amour et la mort. Ces deux termes s’associent très vite quand l’un est écrit. Il m’a fallu aller à Chatila pour percevoir l’obscénité de l’amour et l’obscénité de la mort. Les corps, dans les deux cas, n’ont plus rien à cacher : postures contorsions, gestes, signes, silences mêmes appartiennent à un monde et à l’autre. Le corps d’un homme de trente-cinq ans était couché sur le ventre. Comme si tout le corps n’était qu’une vessie en forme d’homme, il avait gonflé sous le soleil et par la chimie de la décomposition jusqu’à tendre le pantalon qui risquait d’éclater aux fesses et aux cuisses. La seule partie du visage que je pus voir était violette et noire. Un peu plus haut que le genou, la cuisse repliée montrait une plaie, sous l’étoffe déchirée. Origine de la plaie : une baïonnette, un couteau, un poignard ? Des mouches sur la plaie et autour d’elle. La tête plus grosse qu’une pastèque – une pastèque noire. Jean Genet, « Quatre heures à Chatila », in L’Ennemi déclaré, Gallimard, 1991
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marciamattos · 1 year ago
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Les Époux Arnolfini de Jan van Eyck.
LIVRE/Les époux Arnolfini de Jan van Eyck disséqués par Jean-Philippe Postel
Crédits: National Gallery, Londres
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C'est l'un de plus célèbres tableaux du monde. Conservé depuis 1843 à la National Gallery de Londres, ce panneau de moins d'un mètre de haut se voit intitulé, pour des raisons de commodité, «Les époux Arnolfini» (1). Son auteur ne fait aucun doute. Il s'agit de Jan van Eyck, qui l'a pourvu d'une très visible signature. L’œuvre porte une date, 1434. Le caractère alambiqué de l'inscription en caractères gothiques, «Jan van Eyck fut ici en 1434», ne permet cependant pas de savoir si c'est l'année de sa création ou si l'événement rapporté s'est déroulé cette année-là. De toute manière, ce chef-d’œuvre admirablement conservé ne saurait être postérieur de beaucoup. Van Eyck, dont on ignore la date de naissance, est mort en 1441.
La peinture a déjà fait couler beaucoup d'encre. Elle pose des problèmes complexes d'interprétation. Ancien médecin, Jean-Philippe Postel n'est pas historien de l'art. Il utilise ici les travaux des chercheurs professionnels, en y ajoutant une «observation clinique attentive». Il s'agit en effet de tout voir, même ce qui se révèle microscopique. Van Eyck reste le maître absolu du détail, même s'il y en a tout de même moins ici que dans la «Vierge du chancelier Rolin», à l'iconographie plus simple, qui se trouve depuis la Révolution au Louvre. Là, certains personnages d'un paysage urbain presque infini mesurent moins de trois millimètres.
Une histoire connue depuis 1516
Le tableau connu sous le nom des «Arnolfini» n'a pas toujours porté ce titre. On ne sait rien de son exécution. Il apparaît en 1516, ce qui semble déjà remarquablement précoce, chez Don Diego de Guevara, qui l'offre à Marguerite d'Autriche, régente des Pays-Bas. Il passe ensuite à Marie de Hongrie, la sœur de Charles-Quint, qui s'occupe des mêmes provinces. Elle le ramène en Espagne où il pend encore au début du XIXe siècle au Palacio Nuevo, qu'occupe Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon, promu roi à la force des baïonnettes. Après, on ne sait pas. Joseph quitte le pays avec nombre de tableaux, dont beaucoup se trouvent aujourd'hui à Aspley House, la maison des ducs de Wellington en plein Londres. Le colonel William Hay aurait retrouvé celui-ci en 1815 dans une maison belge...
L’œuvre a toujours passé pour mystérieuse, à la manière d'un rébus. Marie de Hongrie l'avait fait fermer par des volets cadenassés, signe de secret à cacher. Dès 1516, le personnage masculin est nommé Hernoul-le-Fin. Par assonance, le historiens en ont fait Arnolfini. Il s'agirait d'un membre (mais lequel, au fait, vraiment Giovanni?) d'une des ces nombreuses familles italiennes faisant du commerce à Bruges, dans le port de laquelle entre vers 1430 jusqu'à 100 bateaux par jour. Les Florentins ou les Lucquois passent quantité de commandes à Van der Weyden, Hugo van der Goes ou Memling.
Le petit chien sans reflet
Le tableau montre un couple bourgeois et prospère. L'homme et la femme ne se regardent pas. Lui tient une main en l'air, dans l'attitude du serment. Elle lui tient la main. Il y a devant eux un ravissant petit chien dont le reflet ne se retrouve pas sur le miroir placé au fond du décor de chambre. Postel va donc se lancer, à la suite de Margaret L. Koster (2003) dans une histoire de mort. La femme en vert est décédée. Elle est un instant sortie du Purgatoire. Sa main brûle celle de son veuf. L'auteur s'appuie là sur des textes médiévaux mêlant théologie et histoires de revenants. La dame n'est donc pas enceinte. Il s'agit d'une mode des débits du XVe siècle, que l'on retrouver dans le costume féminin national coréen, le hanbok.
Le couple a pourtant eu un enfant. Mort-né, sans doute. Le prouverait une troisième bougie du splendide lustre de cuire. Allumée, la première incarne l'homme. Elle se trouve du reste dans la partie gauche du tableau, le lieu de vie. Eteinte et à droite, la seconde désignerait l'état du spectre. Mais il y a un moignon de cire sur une troisième bobèche. La femme sans identité (on a parlé de Giovanna Cenami) a-t-elle été remplacée? Oui pour Postel. Il y a au fond du tableau des pantoufles, signes d'une félicité nouvelle. «Elles préexistent à l'apparition et elles persisteront après elles.» Ce sont donc celles de la remplaçante, à moins que l'époux fidèle n'ait laissé la chambre, meublée avec un luxe extrême, en l'état après la mort de son épouse. En couches, sans doute.
Un jeu de construction
Je ne vous donne là que quelques-unes des innombrables suppositions que l'auteur aligne en tenant compte des mentalités de la fin du Moyen Age. Il s'agit d'un jeu de construction. Tout demeure improuvable. Il existe même le risque que l'hypothèse de départ soit fausse. Passionnant, le jeu n'est pas nouveau en soi. Certaines œuvres attirent le commentaire, au danger de la sur-interprétation. Notons que beaucoup d'entre elle sont flamandes et remontent aux années 1500. Je viens de retrouver dans ma bibliothèque «Jérôme Bosch et la fable populaire» de Jacques Darriulat (Lagune, 1995), un auteur qui semble avoir disparu. Il y ramenait «L'escamoteur» à une légende médiévale mettant en scène l'empereur romain Néron. J'ignore quelle est aujourd'hui la version officielle du sujet d'un petit tableau de Bosch en apparence très anodin. On dit et on écrit tant de choses...
(1) Les Anglais, plus aventureux, parlent cependant de "The Arnolfini Weddding".
Texte d'Etienne Dumont.
«L'affaire Arnolfini», de Jean-Philippe Postel préface de Daniel Pennac, aux Editions Actes Sud, 159 pages.
http://www.bilan.ch/etienne-dumont/courants-dart/livreles-epoux-arnolfini-de-van-eyck-disseques-jean-philippe-postel
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aisakalegacy · 1 year ago
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Automne 1914, Saint-Jean-sur-Richelieu, Canada (6/22)
Je ne vais pas vous mentir, notre formation est intense, même pour moi qui suis habitué aux efforts physiques. Hier, nous nous sommes entraînés au combat à la baïonnette et corps. L’entrainement n’a duré que trente minutes, mais il a laissé mes camarades hors d’haleine. Après une mise en train de deux minutes (celle-ci est indispensable les trois premiers mois de l’instruction), composée d’entrainement des bras en marchant et en courant, de flexions des jambes et de rotation du tronc, nous avons dû lancer un assaut contre l’instructeur, qui nous a tous mis au sol, les plus frêles comme les plus solides. Nous nous sommes exercés au lancer contre des sacs-mannequins, en marchant et en courant pour aiguiser notre sens de la précision et de la mesure, puis nous sommes passés à la partie collective de l’exercice, celle qui est difficile, car elle demande une certaine agilité et de la coordination.
Nous avons formé un groupe sur deux rangs, les hommes à trois pas les uns des autres dans chaque rang, et le plus vite possible, rang par rang, nous devions répondre aux ordres de l’instructeur : se coucher, prendre l’arme à la main, partir au pas de course, se coucher, ramper, se relever… Puis, en colonne, on nous a orientés sur des talus derrière lesquels se trouvaient plusieurs sacs-mannequins à terre disposés à l’avance, et il a fallu à nouveau courir, sauter, pointer, puis continuer par un boyau munis d’objectifs à droite et à gauche, et enfin sortir de la tranchée en escalade, en pointant sur les objectifs disposés en surface.
Là seulement, à la fin de l’exercice, afin de retourner au calme, on nous a fait marcher en colonne par deux derrière l’instructeur, à deux pas de distance, et on nous a fait marcher l’arme à la main jusqu’à ce que la sueur et l’essoufflement de l’effort ait disparu.
[Transcription] Zéphir Rumédier : Câlisse de crisse ! Zéphir Rumédier : C’est trop dur ! Est-ce qu’il se rend compte de ce qu’il nous demande ? Je n’arrive même pas à en faire une ! Bert Simmon : Et encore, tu as moins de masse à soulever que moi ! Arthur Rumédier : Reprends ton souffle et recommence, Zéphir. Ce que le Capitaine te demande, il sait que tu es capable de le faire. LeBris est le plus en forme d’entre nous, et sans sa condition physique, il n’aurait pas pu survivre à toutes ses aventures ! Pas vrai, LeBris ? Jules LeBris : Tout à fait. C’est parce que je me tiens en forme que j’ai pu échapper à une ourse, alors qu’elle me coursait. Zéphir Rumédier : Une… une ours ?! Jules LeBris : Une ourse polaire, oui. Cinq cent cinquante livres de muscles, de graisse et de fourrure, qui me courait après et qui était bien décidée à me tuer. Zéphir Rumédier : Et comment tu t’en es sorti ? Jules LeBris : Ça, c’est une histoire que je te raconterai si tu parviens à faire cinquante tractions.
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alexar60 · 2 years ago
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L’enfant des fées (4)
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Précédents épisodes
Personne ne comprenait les raisons qui poussaient Teagan O’hara à s’allonger pour écouter régulièrement le sol. Il collait l’oreille contre la terre et, après avoir retenu sa respiration, il fermait les yeux pour entendre ce que le commun n’entendait pas.
Fils d’un irlandais et d’une française, l’enfant Teagan vécut dans un folklore totalement méconnu. Il fut bercé par les contes et légendes de trolls, gobelins ou autre leprechaum, voleurs de bébés ou porteurs de chance à ceux qui leur offrent l’hospitalité. Il apprit très tôt à écouter les vibrations des peuples invisibles. Parfois, il étonnait en chantonnant une mélodie inconnue. D’autres fois, il soupirait bêtement comme s’il avait compris le sens d’une phrase triste.
Son amour pour l’Irlande poussa le jeune homme à intégrer l’IRA, l’armée clandestine d’un pays encore inexistant. Il participa à des exactions, des attentats contre les intérêts britanniques au nom de l’indépendance de son ile. Ses méfaits l’obligèrent à retourner en France, son pays natal puisqu’il était né à Paris. Malheureusement, la guerre obligea Teagan à intégrer un nouvel uniforme, un uniforme bleu horizon. C’est ainsi qu’il se retrouva au milieu des tranchées, à fermer les yeux lorsqu’une pluie de bombes tombait lourdement avec un bruit assourdissant. Il détestait cette guerre, regrettant la verte Irlande et la tourbe des champs de ses oncles. Il détestait les bombes alors qu’il avait appris à les fabriquer et les utiliser. Mais c’était contre les anglais, les mêmes avec qui il combattait dans les tranchées.
L’irlandais, comme l’appelaient ses camarades, parlait peu. Il préférait la lecture ou juste dormir, se reposer en fermant les yeux avec l’impression de quitter ce monde. Cette solitude l’approchait énormément de Louis. De plus, les deux hommes parlaient souvent en anglais, s’éloignant encore plus des autres soldats dont la langue se limitait au français ou au patois.
Cependant, cette étrange manie d’écouter le sol, devint une qualité aux yeux de ses supérieurs. Ainsi, il pouvait partir en éclaireur, entendre le mouvement de l’ennemi. Ennemi qu’il n’a pratiquement jamais vu, si ce n’est une pointe de casque avec l’éclat du soleil à travers la fumée. Il partait accompagné de deux ou trois camarades. Puis, il s’allongeait de temps en temps, collant l’oreille, utilisant la pointe de sa baïonnette pour sentir ces bruits que personne ne pouvait détecter. Il écoutait, comprenait et repartait ensuite, prévenir sa hiérarchie qui, faisait immédiatement un rapport à l’état-major.
Louis lisait une lettre de son épouse Armande lorsque Teagan réapparut avec Gaston Poulbot et Marcel Lequellec. En entrant dans l’abri, l’irlandais imposait par sa corpulence. Ses épaules frôlèrent les dormants de la porte. Le sommet de son crâne rasa la lampe à pétrole qui éclairait la pièce. Il faisait chaud, cela sentait horriblement le fauve, l’animal fatigué, usé de se battre. Il approcha de Louis, s’allongea sur le lit de camps vide à sa gauche, avant de souffler d’épuisement.
-          Quelles nouvelles ? Demanda Louis Macé.
-          Les boches n’ont pas bougé, répondit Marcel.
-          Ça, on le savait déjà ! s’écria Louis en levant les yeux vers le plafond.
Quelques bombes éclatèrent au loin. Elles tombaient aussi en pleine nuit. Le sergent Macé ne comprenait rien à l’écoute des sols. Par contre, il avait appris à reconnaitre le sifflement des bombes. Il savait que celles qui tombaient à ce moment, étaient de fabrication Krupp. Le bruit de leur chute résonnait plus que celle des français ou des anglais. Louis gratta sa barbe, pinça les poils comme pour extirper un insecte, puis, il s’allongea et retourna dans la lecture de la dernière lettre d’Armande. Elle sentait bon l’eau de parfum de rose. Elle écrivit sur la vie de Nantes. Sur son métier d’institutrice, car elle devait subvenir aux besoins des enfants qui grandissaient, et attendaient désespérément la première permission de leur père. Louis renifla en souvenant qu’il avait perdu cette fameuse permission pendant un bombardement. On lui refusa une nouvelle. Alors, il attendait la prochaine qui n’arrivait pas. Elle écrivit sur ses désirs, l’envie de l’embrasser, de le serrer dans ses bras. Elle écrivit tout ce qu’une femme souhaite de son mari parti à la guerre. Mais surtout, qu’il revienne en vie.
Une fois la lettre lue, il la posa contre sa poitrine, imbibant sa chemise trouée de son parfum de rose. Puis, il regarda la lampe à pétrole danser. Dehors, les bombes continuaient d’éclater. Quelques hommes discutaient à voix basse pour ne pas réveiller la majeure partie en train de dormir. Elle ne formait qu’un vulgaire tas d’ombre sur les murs, remuant au gré de la lampe.
Tout à coup, Teagan se releva. Son regard fixa la lampe. Il pencha le torse jusqu’à s’allonger sur le sol,  et, sans se soucier de la boue ni des crottes de rats, il colla son oreille. Sa réaction inquiéta Louis au point d’abandonner brusquement sa couche.
-          Qu’y-a-t-il ?
-          Chut ! répondit l’irlandais.
Son corps de bucheron parut encore plus imposant entre les paillasses. Certains soldats levèrent la tête pour observer le spectacle de leur collègue, mais très peu se soucièrent de son geste. C’était devenu une habitude ! Toutefois, ses yeux plissèrent, il se concentrait de plus en plus.
-          Des coups ! annonça-t-il brusquement.
-          Les allemands ? demanda Louis qui s’allongea à son tour en espérant entendre quelque-chose.
-          Non ! Cela vient de l’autre monde. Ils creusent la terre pour essayer de sortir.
-          De qui ?
Teagan ne répondit pas. Il soupira, Il demeurait inerte, étendu sur la terre battue, l’oreille toujours collée. Il écoutait, il entendait. Dès lors, Louis fit de même. Il écoutait sous les regards étonnés des autres militaires. L’un d’eux posa une question sans obtenir de réponse.
Le jeune sergent reconnut des chocs. Le sol semblait trembler sous son tympan. Un coup suivi d’un autre à intervalle régulier. Mais contrairement à Teagan, Louis Macé restait persuadé d’une attaque allemande via un sous-terrain. Ils avaient déjà fait sauter des tranchées grâce à un travail de sape. Ils avaient déjà enterré vivant des camarades.
-          Je les entends, ils ne sont donc pas loin ?
C’était Marcel qui venait d’écouter à son tour le sol. Tout le monde encerclait le trio étendu. Certains respiraient fort, angoissés par l’idée de sauter par en-dessous. D’autres interrogeaient Marcel ou Louis qui ne savaient pas quoi répondre pour les rassurer
-          Shut up ! Vociféra Teaghan. Ce ne sont pas les schleus ! C’est autre chose.
Le silence régna soudainement. Dehors quelques bombes tombaient telles des étoiles filantes peignant le ciel noir de filets d’or et de sang. Louis se releva, il s’éloigna. Les hommes s’écartèrent pour le laisser passer. Il se dirigea vers la sortie.
-          Je dois prévenir le lieutenant, dit-il.
A ce moment, une explosion souffla la casemate. Il n’entendit rien ni les hurlements des hommes, ni les flammes qui brulèrent tout à une vitesse effroyable, encore moins la détonation pourtant percevable à des lieux à la ronde. Il se retrouva sur le dos, les vêtements déchirés, la figure, les membres noircis par la saleté et les brulures. Une poutre coinça ses jambes, l’immobilisant au milieu de ce qui fut l’unique lieu de repos. Personne ne parlait, il était le seul survivant.
Dehors, le bombardement continuait. Louis comprit que l’une d’elle venait de tomber sur le bunker effondrant la toiture après l’avoir crevée. Il tendit l’oreille. Il cherchait à entendre autre chose qu’un sifflement continu. Toutefois, ses mains sentirent des vibrations. Elles provenaient de sous la terre. Il comprit que Teaghan avait raison.
Alex@r60 – juillet 2023
Photo : Britanniques écoutant le mouvement de l’ennemi (1914-1918)
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ce-sac-contient · 2 years ago
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Ils oseront, vous verrez
Obstiné comme une bête de somme, le gouvernement, avec son semblant de majorité, poursuit néanmoins son effort et psalmodie ses éléments de langage : solidarité, progrès, justice. Les chiffres ne mentent pas. [...] 
Ce comportement de rouleau compresseur n’est pourtant pas si surprenant. [...] Le recours systématique à la ruse, l’absence de vergogne, le savoir-faire techno. Tout le temps que va durer cette mascarade, on sentira à la manœuvre des ingénieurs de la chose publique aussi bien instruits que peu scrupuleux. Ceux-ci feront jouer tous les rouages, administratifs, légaux et institutionnels. Leur maîtrise s’illustrera comme jamais dans ces quelques semaines de manigances historiques. [...] 
Pourtant, cette obstination gouvernementale ne va pas sans une drôle d’impression de contrecœur. [...] A les voir, on dirait qu’ils montent au front une baïonnette dans les reins. La conviction n’y est pas. Les fils du marionnettiste ruinent l’illusion. [...] Alors, ce pouvoir si mal élu, vacillant de naissance et mal aimé dès le départ, emprunte la seule voie qui lui semble praticable : le 49.3.[...] 
C’est à partir de là que la chronique prend une ampleur presque tragique. Car il n’est plus seulement question des retraites, mais de la démocratie. On ne conteste plus seulement une politique, mais un règne. Le récit, à cet instant, doit changer de ton, car si tout demeure légal, plus rien n’est juste et sous ses dehors réguliers, le pouvoir vient brutalement de changer de physionomie. Sous l’effet du scandale énorme que constitue ce passage en force, le drap qui recouvrait sa mécanique intime est tombé. Sa nature est à nu, le vernis a pété, la brute est sous nos yeux. On a compris qu’elle est en mission, murée dans ses certitudes. Elle ne fera pas de cadeaux.  [...]
Mais le plus fou est encore à venir. Le Président, manifestement impatienté par ce peuple qui s’obstine à ne pas être à la hauteur, le tance, injurie les manifestants, accuse les syndicats. Il s’invente dépositaire exclusif de toute légitimité. On croit rêver. La surdité est à son comble, l’aveuglement radical. L’exécutif fait bip-bip sur son orbite lointaine. Pour finir, dans une allocution lunaire de plus, digne d’un Skype de PDG de multinationale, le même président admet que sa réforme n’est pas acceptée et passe sans transition au nouvel agenda du Comité Exécutif Central : 100 jours pour réparer la France tous azimuts. Le déluge d’annonces va suivre, souvent recyclées. L’idée est simple : saturer les canaux et les citoyens, forcer le pas, imprimer le rythme, c’est la méthode Sarkozy revisitée stroboscope. Rendez-vous le 14 juillet. D’ici là, de toute façon, on aura eu Roland-Garros, le Tour de France et les incendies. Les Français, Inch Allah, seront passés à autre chose.  [...]
Depuis le 49.3, la démocratie française a une gueule de dystopie. La République bourgeoise telle que sous Guizot (mais désormais entrepreneuriale et techno) est ressortie de l’abîme comme une Atlantide, gouvernant à son idée, à coups de décrets, juchée sur son quart de peuple, infirme comme jadis, avec pour béquilles sa police guère subtile et l’étai résolu des grands intérêts.  [...]
Et nous voilà nous, incrédules, au bord du gouffre climatique, matraqués et tenus, aux mains de maîtres qui nous font cette drôle de guerre, avec des institutions ébranlées, des juridictions d’exception entrées dans le droit commun et une extrême droite aux portes de l’Elysée. Car le pire est là sans doute. Dans quatre ans, la colère libérée par cette forfaiture légale s’exprimera avec une amplitude qui fera passer les black blocks pour d’aimables ambianceurs d’Ibiza. Et ce pouvoir qui a tant fait pour que le pire advienne ira alors dire que la faute revient à ses adversaires, tous populistes, sapeurs de démocratie, précurseurs du fascisme. Ils oseront, vous verrez.  [...]
Pour un écrivain ou une écrivaine qui s’intéresse à son temps, c’est un moment d’effarement et de bascule. Le réel est devenu si caricatural qu’on ne sait plus par quel bout le prendre. Chaque jour apporte son lot d’aberrations ; il suffit de lire Pif, Playboy ou Têtu. Face au renversement du langage, à la falsification galopante, à l’énorme besoin de mots qui se fait jour pour décrire l’époque et réduire l’hégémonie de sa bêtise particulière, on se demande quoi faire, quels moyens employer.  [...]
Ce que nous pouvons faire, c’est ça : raconter. Que nos récits infusent. Ils feront un jour le ridicule de ceux qui aujourd’hui se prennent pour des hommes d’Etat et ne sont souvent que les managers de l’entreprise France. Que nos phrases fassent honte dès maintenant aux magouilleurs de légitimité, aux laquais perpétuels, à la brutalité qui brise nos révoltes. Que nos textes interdisent le passage du temps et forcent sans cesse à revenir sur ce qui nous a été volé. La pilule amère ne doit pas passer. Surtout, nos mots peuvent dénuder n’importe quel roi, fût-ce a posteriori. Et d’ici là, ils donneront une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Le roman de ce pays s’écrit aujourd’hui à l’encre de leur volonté piétinée.
Retraites : le roman national est à nous, par Nicolas Mathieu (Le Libé des écrivains, Libération, 20 avril 2023)
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de-gueules-au-lion-d-or · 2 years ago
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Le Langage “Poilu”.
“(…) Vous savez que la tête ou trognon se coiffe d'un képi, dit kébrock, pot de fleurs.  Le buste du poilu, la partie de son corps qui contient l'estomac et les entrailles, qui est par conséquent le réceptacle de la nourriture, se nomme pour ce motif: coffre, bide, buffet, lampe. Rien ne fait plaisir comme de s'en flanquer plein la lampe.  Le poilu met ses jambes, ses quilles, ses pattes, ses harpions, son compas, dans un objet appelé par certains pantalon, mais par lui: falzar, frandar, froc, fourreau, grimpant. On voit le geste de l'homme qui s'habille…
A ses pieds, panards, ripalons, il enfile des godillots ou, si vous préférez, des godasses, des grôles, des croquenots, des ribouis, des péniches, des chaussettes à clous, des pompes (à l'usage de l'eau des tranchées, probablement).  Tout le monde connaît Azor, le sac; Mlle Lebel, le fusil, et Rosalie, la baïonnette, trois fidèles amis du trouflon.
Le temps où le poilu se couchait dans un lit, appelé pajot ou plumard, en raison sans doute de l'absence de plumes dans la literie, est maintenant passé. Il dort (quand il dort, et alors il pionce, il roupille, il en écrase) sur la terre, heureux d'avoir de temps en temps un peu de paille en guise de drap ou de sac à viande. Au repos, en arrière, il trouve quelquefois un lit: quelle joie, quelle nouba. Quelle foire! Mais la chose est rare depuis que le poilu habite la tranchée et ses gourbis, ses cagnas, ses calebasses.  Sa grande préoccupation est alors de défendre sa peau. Car il reçoit des visites peu agréables: les gros noire, les marmites, les wagons-lits, les trains de wagons-lits, s'il y en a plusieurs, le métro.. Que sais-je encore? C'est alors que retentissent les:
« Planquez-vous! » Les poilus s'aplatissent sur le sol sans s'émouvoir: faut pas s'en faire! A quoi bon avoir les foies blancs, verts ou tricolores, en d'autres termes, avoir peur? On n'est pas une bleusaille!  Et quand résonne l'éclatement formidable du 105 ou du 120, le poilu apprécie d'un air amusé: C'est un pepère… un maous… un pépère-maous. De petits bourdonnements se font entendre: ce sont les éclats nommés mouches à miel, abeilles (ces qualilicatifs étant d'ailleurs communs aux balles) qui, heurtant un obstacle, cessent brusquement leur ronronnement.
Aussi, on est brave; on en a dans le ventre; on est blessé, attigé, amoché; on meurt, cela s'appelle être occis, clamecé, claboté,bousillé, zigouillé. II en tombe beaucoup, surtout à la charge à la a baïonnette, quand on va à la fourchette.  Notez enfin un autre petit inconvénient de la vie des tranchées. Ces cochons de Boches ont amené avec eux, laissés en liberté, une multitude d'insectes parasites, parmi lesquels on doit signaler, en raison de leur nombre et de leur universelle renommée, les poux, totos ou gos, petites bêtes blanches aux pattes agiles, appelées aussi pour ce motif mies de pain mécaniques… Et je vous assure que pour s'en débarrasser on a bien de da peine: quel boulot !
Ce sont là les ennuis d'un métier qui réserve, par contre, d'agréables moments. La soupe, par exemple… Il faut avoir vécu au front pour être capable de comprendre l'enthousiasme de l'accueil fait à l'homme sale que la guerre a révélé cuisinier, "Ah! te v'ià, l'cuistot! Eh bien! ça va, à la cuistance? Dis donc… vieux, qu'est-ce que tu nous apportes à becqueter?” Le cuisinier, louche en main, procède alors à la distribution. Chacun tend sa galetouse, lisez gamelle, et reçoit sa portion de rata: bidoche ou barbaque cuite avec patates, faillots ou riz. Avec cela, un quart de boule (pain ou bricheton) et de temps en temps, un morceau de frometon ou fromgi (fromage).
Seulement, il arrive parfois que, pour divers motifs, la soupe ne vient pas: attaques, changements imprévus de secteur, culbute du cuisinier et de sa becquetance sous la rafale des obus. Philosophiquement, en s'accompagnant d'un geste des mains qui esquissent un nœud imaginaire sur le ventre, le poilu se met la tringle ou la corde, serre un cran à la ceinture, ou, par antithèse, il se bombe. Et il le fait sans trop se plaindre - rouspéter ou rouscailler, - se réservant d'ailleurs de se tasser une boîte de singe.  Mais quelle n'est pas sa joie lorsqu'il peut se rassasier à son aise, se taper la tête ou la cloche, s'en mettre plein le col, plein le cornet!  Le comble du bien-être est atteint quand paraît le vin, le pinard tant désiré. On ne l'a plus, comme autrefois, en litre, en kil; on en touche - et encore!… - un quart. Sinon, au cas où le pinard a fait le mur, on se contente d'eau dite flotte ou lance. Puis vient le traditionnel jus, dont on ne se passerait pas pour un empire. De temps en temps, enfin, on distribue de l'eau-de-vie: la goutte, la gniole, le criq, le j'te connais bien. Mais généralement le poilu voit là un signe avant-coureur d'une attaque. Alors, malgré le plaisir de l'absorption, il trouve que ça la f…iche mal! Il eût préféré déguster en paix, que diable!
Ce plaisir de la soupe s'adresse à ce qu'Aristole appellerait l'âme inférieure. Il en est un autre d'une essence supérieure: celui de recevoir des lettres. Les babillardes sont toujours bienvenues: celles des parents, des vieux; des frères et sœurs, frangins et frangines; des amis, des copains, des connaissances restées au pays; des parrains et marraines de guerre. Souvent aussi on y trouve de quoi garnir son porte-monnaie Les yeux du poilu, ses mirettes, s'illuminent lorsqu'il voit son morling se remplir de ronds, de balles, de tunes. Bienheureux ceux qui ont du pognon, du pèse !“
Maurice Barrès
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yespat49 · 1 month ago
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L’Occident et l’Ukraine : les raisons de «l’étrange défaite»
Comment un Occident qui se pensait tout-puissant et irrésistible a-t-il pu subir la défaite à laquelle il est désormais confronté ? Les États-Unis, les membres du G7, l’OTAN, l’Union, mettant bruyamment baïonnette au canon se sont lancés imprudemment en Ukraine dans une guerre contre la Russie. Dont quiconque voulait bien se pencher sur le réel tel qu’il apparaissait, savait bien qu’elle n’était…
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detournementsmineurs · 3 months ago
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“Le Tigre” par Georges Goursat dit Sem pour “La Baïonnette” (1919) lors de la visite-guidée du Musée-Appartement de Georges Clemenceau (1841-1929) dans le quartier de Passy, Paris, octobre 2024.
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La bataille de Forbach-Spicheren
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Le 6 août 1870, une belle journée d'été en Lorraine.
Le soleil brille, les oiseaux chantent, et les soldats français décident d'organiser un petit pique-nique dans la verdure de Forbach-Spicheren. Mais comme souvent dans l'Histoire, rien ne se passe jamais comme prévu. À l'époque, nos vaillants soldats français, toujours prêts à défendre la patrie et l'honneur du croissant, se retrouvent face à une armée prussienne venue gâcher la fête. On pourrait penser que les Prussiens, eux aussi amateurs de charcuterie et de bière, auraient voulu partager ce moment convivial. Mais non, ces ingrats se sont pointés avec des canons et des fusils, plutôt que des baguettes et du fromage. Le général Frossard, chef de la cérémonie française de cette excursion barbecue, avait pourtant bien préparé son menu : quelques fortifications ici et là, un soupçon de cavalerie, et une pincée d'artillerie pour épicer le tout. Mais voilà, les invités prussiens étaient un peu trop nombreux, un peu trop bien organisés, un peu trop motivés et surtout, ils avaient faim . Ce qui devait être une agréable journée de farniente s'est vite transformé en course-poursuite, avec la Grande Armée jouant le rôle de la proie. On raconte que certains soldats français, persuadés qu'ils allaient simplement déguster une quiche lorraine dans les plaines ensoleillées, ont été bien surpris de devoir troquer leurs fourchettes contre des baïonnettes. Et le général Frossard, sans doute plus habitué à la stratégie du jeu d'échecs qu'à celle du tir à la corde, n’a pas su faire face à la réalité brutale de la guerre moderne. Résultat, une débandade générale, avec des soldats courant plus vite que leur ombre, en direction de Metz. Les Prussiens, eux, se sont bien amusés à compter les points, en accumulant trophées et territoires comme dans une partie géante de Risk. Quant à la Lorraine, elle est devenue le théâtre d'un Vaudeville sanglant, où l'incompétence des uns répondait à la détermination des autres. Certains disent encore que si Frossard avait pris le temps de partager un verre de Riesling avec ses homologues prussiens, peut-être que l'issue aurait été différente. Mais bon, comme on dit, avec des si, on mettrait Paris en bouteille. La bataille de Forbach-Spicheren restera donc dans les annales comme un bel exemple de ce que l'on peut obtenir quand on mélange la précipitation, la mauvaise organisation et un brin de mauvaise foi. Une leçon d'histoire pour les amateurs de stratégie militaire... et de pique-niques ratés. David SCHMIDT Read the full article
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