#j'ai vu ce que je voulais voir
Explore tagged Tumblr posts
Text
Acte 5 de âTout ce que je veux, c'est te revoirâŠâ
Bon, retour Ă l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle Ă©tait censĂ©e ĂȘtre courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste aprÚs les derniers évÚnements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur cÎté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont trÚs clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espÚre que ça te plaira !
LachĂ©sis fit craquer sa nuque sur sa monture, Ă©puisĂ©e alors que le soleil se couchait derriĂšre Fhirdiad. Sa sĆur et elle avaient passĂ© des semaines Ă courir dans tout le domaine royal pour rĂ©cupĂ©rer les ordinaires, et elles avaient dĂ» arracher les sommes rĂ©clamĂ©es piĂšce de cuivre par piĂšce de cuivre !
« DĂ©esse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous Ă©tions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait Ă©tĂ© terni Ă jamais⊠encore plus chez les nobles qui ne veulent mĂȘme pas mettre la main Ă la bourse⊠rĂąla ThĂšcle, Ă©puisĂ©e. Et DĂ©esse ! Quelle mauvaise gestion !
â Nous sommes dâaccord, nos petits gĂšrent mieux leur argent de poche, marmonna LachĂ©sis. Pour les baillis qui ont Ă©tĂ© nommĂ© par Sa MajestĂ© Ludovic ou quand Nitsa Ă©tait encore lĂ pour Ă©viter les catastrophes, pas de problĂšme, câĂ©tait propre, mais pour ceux nommĂ©s par Lambert, je prĂ©fĂšre Ă©viter de commenter de peur dâĂȘtre impolie.
â CâĂ©tait gĂ©rer avec les pieds oui⊠Nitsa serait morte de honte⊠comment elle a pu tomber amoureuse dâun homme pareil ? Maman nâavait pas tort quand elle disait quâavoir donnĂ© HĂ©lĂ©na en mariage Ă Lambert, câĂ©tait comme donner de la confiture Ă un cochon, sauf que le cochon Ă lâexcuse dâĂȘtre un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
â Fallait surtout demander Ă Myrina vu quâelles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si jâai bien compris de mon cĂŽtĂ©, câĂ©tait surtout grĂące Ă lâannĂ©e Ă Garreg Mach oĂč ils se sont beaucoup rapprochĂ©s⊠et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, mĂȘme elle commençait Ă se dĂ©tacher⊠elle lui a mĂȘme interdit dâentrer dans sa chambre alors quâelle accouchait, câest Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors quâelle mettait son fils au monde, ça veut tout direâŠ
â Ăa aurait Ă©tĂ© mieux si Sa MajestĂ© Ludovic avait pu mettre en Ćuvre son idĂ©e de monarchie Ă©lective⊠et si Nitsa avait eu le temps dâenvoyer les papiers du divorce dans sa tĂȘte dâahuriâŠ
â Tout ce quâil mĂ©ritait si tu veux mon avis. Il lâa Ă©puisĂ©e jusquâĂ lâos, » gronda lâainĂ©e, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sĆur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle nâayant plus ni cire ni mĂšche. « Nitsa avait toujours eu la santĂ© de maman⊠je mâen souviens, elle nâĂ©tait jamais tombĂ©e malade⊠pas une seule fois⊠mais quand elle sâest mariĂ©e⊠je ne sais pas, câĂ©tait comme si Lambert Ă©tait un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité⊠elle Ă©tait Ă©puisĂ©e et affaiblie tout le temps⊠enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari Ă faire car, elle devait toujours passĂ© derriĂšre luiâŠ
â Quand on sait ça, ce nâest pas Ă©tonnant quâelle ait eu autant de mal Ă mettre le petit prince au monde⊠elle qui voulait tant avoir un enfantâŠ
â Et encore, il ne serait peut-ĂȘtre jamais nĂ© si Dame FĂ©licia nâavait pas Ă©tĂ© aussi prĂ©venante avec elle et Sa MajestĂ© Ludovic aussi soucieux dâelle⊠enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « lâahuri en chef » directement Ă Fhirdiad⊠les ramena Ă la rĂ©alitĂ© LachĂ©sis.
â Je mâĂ©tais contentĂ© de lâappeler « lâahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dĂ» le supporter tout ce temps ! Surtout quâon ne peut pas lâouvrir avec Rufus ! RĂąla ThĂšcle.
â Sâil croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans lâĆil jusquâau coude et continue Ă sâenfoncer, grogna lâainĂ©e de la fratrie. Câest un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir Ă coup de pied au cul Ă ce stade. Autant lâun que lâautre.
â Si toi, tu commences Ă devenir grossiĂšre, câest quâils sont fichus. Enfin bon, je propose quâon passe Ă la taverne avant dâaller au palais, histoire de voir comment les choses ont Ă©voluĂ©es Ă la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tĂŽt.
â Hum⊠tu as raison, faisons ça, » accepta LachĂ©sis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sĆurs se turent en entrant Ă la capitale, se faisant discrĂštes, mĂȘme si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptĂšrent trĂšs vite de ne pas les annoncer â mĂȘme trop vite â et les encouragĂšrent plutĂŽt Ă aller Ă la taverne dit du pĂšre Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir lâavis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller lĂ -bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait Ă©tĂ© levĂ© en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui sâest passĂ© ici ! Câest juste Ă peine croyable ! »
Les deux sĆurs esquivĂšrent son insistance en jurant quâelles allaient y rĂ©flĂ©chir, mĂȘme si elles se mĂ©fiaient de cette proposition. Vu les antĂ©cĂ©dents de Rufus, cela pouvait ĂȘtre un guet-apens⊠mais dâun autre cĂŽtĂ©, cette taverne Ă©tait trĂšs frĂ©quentĂ©e par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriĂ©taire serait fiable alors, peut-ĂȘtre⊠elles iraient peut-ĂȘtre avec quelques gardes⊠surtout quâelles savaient se dĂ©fendre, en particulier dans des espaces confinĂ©s⊠et quand elles virent lâĂ©tat de la capitale, elles se dirent quâelles nâavaient rien Ă perdre Ă connaitre lâavis des habitantsâŠ
Les rues Ă©taient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les Ă©gouts et transformaient la chaussĂ©e en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries Ă©taient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargĂ©s de les chasser, mĂȘme sâils manquaient trĂšs clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces Ă©taient Ă©maciĂ©es, creusĂ©es par la faim et la fatigue, les yeux vides dâusure aprĂšs tout ce qui sâĂ©tait passĂ© ces derniĂšres semaines⊠le terrain parfait pour le dĂ©veloppement dâune Ă©pidĂ©mieâŠ
« Un seul malade⊠un seul⊠et la peste est de retour⊠câest pas vrai ! Enragea LachĂ©sis. On avait dit et rĂ©pĂ©tĂ© que la somme quâon laissait Ă lâentretien des Ă©gouts ne devaient pas ĂȘtre utiliser pour autre chose ! On court Ă la catastrophe ! »
Les deux sĆurs passĂšrent sur la place principale pour voir si rien nây Ă©tait placardĂ©, nâespĂ©rant mĂȘme plus que Rufus nây fasse pas Ă©talage de sa cruautĂ© et de son incompĂ©tence. Une grande affiche sây trouvait bien, juste Ă cĂŽtĂ© du gibet oĂč se balançait un corps ballotĂ© par le vent, se dĂ©composant dĂ©jĂ . Il aurait dĂ» ĂȘtre dans une fosse commune depuis longtemps⊠mĂȘme pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en Ă©tait un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubritĂ© public histoire que la pourriture ne contamine par lâeau ou les personnes qui passaient Ă cĂŽté⊠et Ă la lecture du placard, cela les Ă©tonna presque quâil nây ait pas plus de monde pendu au gibet⊠DĂ©esse, Rufus Ă©tait allĂ© jusquâĂ ressortir la rĂ©glementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une vĂ©ritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus⊠et siâŠ
« On y va ce soir ? Proposa ThÚcle.
â Ăa me semble plus que nĂ©cessaireâŠÂ » marmonna LachĂ©sis.
SâĂ©quipant tout de mĂȘme dâune armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides Ă mettre, les deux sĆurs se rendirent Ă la taverne du pĂšre Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. LâĂ©tablissement Ă©tait plein Ă craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, mĂȘme si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient Ă portĂ©e de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar oĂč se trouvait le patron de lâĂ©tablissement, le hĂ©lant sans hĂ©siter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là  !
â Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre dâeau ? Leur proposa-t-il simplement. Je nâai plus rien dâautre.
â Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura LachĂ©sis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer Ă Fhirdiad, et ce nâest surement pas Rufus qui nous dira la vĂ©ritĂ© alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
â Elle pourrait parler Ă lâalbinois, il sait de quoi il parle. Et câest les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
â Hum⊠je sais pas, il a pas mal toussé⊠et imagine siâŠ
â Non, cïżœïżœïżœest bon, ne tâen fais pas, ça ira. Câest juste mes poumons qui sont fragiles⊠et lâair ambiant en ville ne mâaide pasâŠ
Un jeune homme dâun peu moins de vingt ans sortit de lâarriĂšre-boutique, enveloppĂ© dans une couverture mais, la main qui la tenait Ă©tait couverte dâencre. Au nom de la DĂ©esse⊠câĂ©tait fou Ă quel point il pouvait ressembler Ă Sa MajestĂ© Ludovic dans sa jeunesse ! LachĂ©sis Ă©tait petite Ă lâĂ©poque du coup dâĂtat contre le roi Clovis mais, elle Ă©tait sĂ»r que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi Ă cette Ă©poque⊠le pĂšre Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prĂ©venant avec inquiĂ©tude.
â Fait tout de mĂȘme attention Ludovic, lâair de Fhirdiad semble ĂȘtre encore plus mauvais pour toi que pour nous autres⊠ça doit te changer de celui dâAlbinĂ©aâŠ
â Oui, il est bien meilleur lĂ oĂč je vivais avant mais, ne tâen fais pas, je peux tenir. On mâa prĂ©venu de votre arrivĂ©e, jâimagine que vous ĂȘtes les filles de la matriarche Catherine Charon, LachĂ©sis et ThĂšcle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on mâa beaucoup parlĂ© de vous.
â EnchantĂ© Citoyen Hange, le salua LachĂ©sis Ă la maniĂšre charonis. Nous aurions des questions Ă vous poser sur lâĂ©tat de la capitale. Que sâest-il passĂ© pendant notre absence ? On se croirait de retour Ă lâĂ©poque de Clovis ou dâavant les grands travaux dâassainissement.
â Une dĂ©cision de Rufus, les sommes allouĂ©es Ă lâentretien des canalisations et des Ă©gouts ont Ă©tĂ© redirigĂ©s vers le maintien de lâunitĂ© du Royaume, et la future expĂ©dition punitive contre Gautier⊠dĂ©clara-t-il en sâasseyant face aux deux sĆurs, ajoutant en les voyant Ă©carquiller les yeux, elles nâavaient pas dĂ» avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui sâest passĂ© aprĂšs votre dĂ©partâŠ
Ludovic et les fhirdiadais rĂ©sumĂšrent les derniers Ă©vĂšnements aux charonis, dĂ©taillant seulement les Ă©lĂ©ments les plus importants. Ă la fin de leur histoire, ThĂšcle passa sa main sur son visage, fatiguĂ©e rien quâĂ entendre tout ceciâŠ
â DĂ©esse⊠quelle honte pour Faerghus⊠il est tellement incompĂ©tent quâil vaut mieux ĂȘtre transformĂ© en loup que de le subir ! Et pauvre FĂ©lix quand il va voir son pĂšre et son oncle arrivĂ©s devant lui en Ă©tant des loups ! Et ces mĂ©thodes de gouvernement⊠câest pas le fils de son pĂšre, mais de son grand-pĂšre⊠autant pour Rufus que pour Lambert⊠câest une honte dâaussi mal gĂ©rĂ© ses caisses et son Royaume⊠quâest-ce que je dis, il ne doit mĂȘme pas savoir ce quâil se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, nây pensons mĂȘme pas ! Tu mâĂ©tonnes que les Gautier se soient barrĂ©s chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a acceptĂ© dâespionner le roi pour que leurs Ă©missaires puissent mesurer Ă quel point il est incompĂ©tent ! Et pour quâil admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien Ă cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontiĂšre du cĂŽtĂ© ennemi Ă cause des conneries de Lambert et Rufus !
â Nous sommes bien dâaccord⊠dĂ©clara Ludovic en hochant la tĂȘte. Jâimagine que la situation dans le domaine royal nâest guĂšre plus reluisante.
â Non⊠pour rĂ©sumer rapidement, il nâa plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dĂ» arracher la moindre piĂšce de cuivre Ă tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes, pas des paiements en nature, sauf si câest des fournitures militaires. Au moins, on a pu Ă©pargner les paysans les plus pauvres qui nâont pratiquement jamais vu une piĂšce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curĂ©. Autant vous dire que cela a encore plus sali lâimage du roiâŠ
â Et encore LachĂ©sis, ça, câest pour les ordinaires, image ce que cela aurait Ă©tĂ© si on avait dĂ» rĂ©colter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sĆur. LĂ , câest bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches quâils ne le font dĂ©jĂ avec les levĂ©es en masses dâhommes et de vivres, et on reviendrait Ă lâĂ©poque des Grandes Jacqueries dâavant lâindĂ©pendance. On se dirige vers ça de toute maniĂšre⊠enfin, on devait dĂ©jĂ engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crĂąneâŠ
â Il invoque HĂ©lĂ©na pour nous dire de nous calmer comme il lâaurait fait avec Sylvain, je ne rĂ©ponds plus de rien⊠ajouta lâainĂ©e. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami FĂ©lix, alors que câest Lambert lui-mĂȘme qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale⊠au moins pour Ă©viter que notre sĆur soit la femme de lâhomme qui a menĂ© Faerghus Ă sa perte, il a dĂ©jĂ assez souillĂ© sa tombe comme çaâŠ
â Hum⊠si je puis me permettre, je crois que ce nâest pas la peine de vous dĂ©menez pour cette raisonâŠ
Les deux sĆurs se tournĂšrent vers une femme de lâĂąge de LachĂ©sis, proche de la cinquantaine, accoudĂ©e au bar alors quâelle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessĂ© Ă la tĂȘte sâapprocha dâelle, posant sa main sur ses Ă©paules.
â Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
â La question, câest plutĂŽt quelle reine⊠la femme tourna la tĂȘte vers les sĆurs et Ludovic, lâair sombre et blasĂ© quand elle annonça. Le roi sâest remariĂ©, ça fait dĂ©jĂ des annĂ©es Ă prĂ©sent. Le petit prince avait trois ans quand câest arrivĂ©âŠ
LachĂ©sis et ThĂšcle nâen crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non⊠câĂ©tait pas possible⊠leur famille gĂ©rait tous les papiers et lâadministration du Royaume, ils Ă©taient les gratte-papiers de la couronne depuis des gĂ©nĂ©rations ! Ils auraient forcĂ©ment dĂ» voir les papiers dâun maudit mariage ! MĂȘme morganatique !
â Quoi⊠ne put sâempĂȘcher de lĂącher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous ĂȘtre au courant ? Nous nâavons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
â Câest parce que la Dame numĂ©ro deux vivait en recluse, mĂȘme si elle apparaissait parfois officiellement. CâĂ©tait Patricia Arnim, la « sĆur » de CornĂ©lia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sĆur. Hein⊠connerie, elles sont aussi sĆurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placĂ© pour le savoir, jâĂ©tais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye Ă©tait suffisamment gĂ©nĂ©reuse pour que je ne rĂ©vĂšle jamais son secret, vu le tempĂ©rament de chien de cette femme et comment le roi mĂšne sa barque en ce moment, jâen ai plus rien Ă cirer. Et comme preuve, je dirais simplement quâune nourrice normale nâa pas un carrosse attitrĂ© pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres sâentassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit Ă une voiture pour elle toute seule car, elle a tannĂ© le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privĂ©, elle disait que câĂ©tait Ă©galement pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa MajestĂ© les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils Ă©taient contre mais, Lambert ne les a pas Ă©coutĂ©s, Ă©videmment⊠Patricia et eux ne sâapprĂ©ciaient pas de base dâailleurs, avant que cela tourne Ă la guerre ouverte aprĂšs ce qui est arrivĂ© au louveteau de la famille, quand il a failli ĂȘtre brĂ»lĂ© vif par Volkhard von Arundel.
â Patricia Arnim⊠marmonna LachĂ©sis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il sâagit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu ĂȘtre lâobjet de contestation. Nous nâignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succĂ©der Ă notre sĆur mais, malgrĂ© cette diffĂ©rence de rang, le mariage avec une roturiĂšre nâest pas interdit pour le roi. Cela aurait Ă©tĂ© dâun ridicule consommĂ© quand le roi Loog lui-mĂȘme Ă©tait un fils bĂątard ayant passĂ© tout le dĂ©but de sa vie Ă gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalitĂ© de ses proches alliĂ©s Ă©taient Ă©galement des enfants illĂ©gitimes ayant vĂ©cu comme des roturiers et Ă©taient mariĂ©s Ă des roturiers. MĂȘme si nos relations avec lâEmpire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupĂ© tous les liens avec Adrestia et quâelle a Ă©pousĂ© tous les intĂ©rĂȘts de Faerghus, il nây aurait eu aucun problĂšme Ă ce quâelle convole avec le roi, surtout si elle est roturiĂšre, ce nâest pas la haute noblesse adrestienne, et CornĂ©lia a rendu de grands services Ă la capitale et a une position considĂ©rable. Ils se seraient mariĂ©s de maniĂšre morganatique, certes, au moins pour Ă©viter des problĂšmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-nĂ© du roi, avec un emblĂšme et sa mĂšre est la fille de la quatriĂšme famille du Royaume en importance, et Ă octante-quatorze voix prĂšs, ça aurait Ă©tĂ© notre ancĂȘtre Sybille qui aurait Ă©tĂ© Ă©lu reine Ă lâindĂ©pendance. Sa position dâhĂ©ritier est donc complĂštement inattaquable, sauf si la nouvelle reine Ă©tait une fille dâempereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas ĂȘtre le cas, et quâelle aurait eu un enfant avec un emblĂšme majeur, ce qui nâest jamais arrivĂ©, la DĂ©esse soit louĂ©e. Quel intĂ©rĂȘt a autant cachĂ© cette union ? Nous lâaurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la pĂ©riode de deuil Ă©tait passĂ© et si elle Ă©tait digne de succĂ©der Ă HĂ©lĂ©na, nous lâaurions acceptĂ©, mĂȘme si je doute quâelle le soit si mĂȘme les ducs de Fraldarius ne lâapprĂ©ciaient guĂšre. Et vous avez Ă©galement dit quâelle nâĂ©tait pas vraiment la sĆur de CornĂ©lia Arnim, câest exact ?
â Oui Dame Charon, elle prĂ©tend ĂȘtre sa sĆur pour se cacher, et câest justement lĂ le problĂšme, câest quâelle est une membre de la famille impĂ©riale dâAdrestia mais, pas par le sang, par alliance. CâĂ©tait une ancienne concubine de lâempereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mĂšre dâune de ses hĂ©ritiĂšres, la princesse Eldegard qui a lâemblĂšme de Seiros. Cependant, Anselma a fui lâEmpire suite Ă une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se rĂ©fugier auprĂšs du roi. Ils se sont rapprochĂ©s et sont tombĂ©s amoureux lâun de lâautre, ce qui les a amenĂ©s Ă convoler ensemble. Câest pour ça quâelle a dĂ©fendu Arundel bec et ongle alors quâil a failli brĂ»lĂ© vif un gosse, dâun parce que câĂ©tait son grand frĂšre, et de deux parce quâil avait ramenĂ© dans ses bagages la fille dâAnselma, Eldegard, pour la protĂ©ger dâune autre pĂ©riode de crise Ă Embarr et la ramener Ă sa mĂšre. Sans cette sombre affaire, Sa MajestĂ© aurait mĂȘme souhaitĂ© quâEldegard reste indĂ©finiment Ă Fhirdiad pour faire plaisir Ă sa femme.
â Attendez⊠la coupa ThĂšcle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est mariĂ© Ă une Ă©pouse de lâempereur et donc, câest de la bigamie vue que ses concubines sont attachĂ©es Ă lui Ă vie, qui est aussi la mĂšre dâune potentielle future impĂ©ratrice⊠cinquiĂšme dans lâordre de succession mais quand mĂȘme, câest tout Ă fait possible quâelle le devienne Ă©tant donnĂ© que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem⊠quâelle est la sĆur dâun noble frontalier qui a Ă©tĂ© exilĂ© Ă vie de Faerghus aprĂšs une tentative dâhomicide sur mineur avec circonstances aggravantes⊠quâelle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complĂštement illĂ©gal⊠le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est comprĂ©hensible aux demeurants vu ce quâelle a dĂ» vivre mais, on nâaurait jamais pu nier ĂȘtre au courant de sa situation si sa vĂ©ritable identitĂ© Ă©tait dĂ©couverte un jour, ce qui aurait Ă©tĂ© un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre⊠et en plus, il voulait garder la propre fille dâIonius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaquĂ© Ă son arrivĂ©e sur le trĂŽne uniquement parce quâil avait peur de Sa MajestĂ© Ludovic mĂȘme sâil avait la tuberculose et a dĂ» trĂšs vite faire face Ă de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprĂšs de son fils qui plus est alors, si Ionius dĂ©cide dans sa grande mansuĂ©tude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de lâenlever, il pourrait enlever le fils de notre sĆur au passage ? Câest bien ce que vous venez de nous dire ?!
â Oui, mĂȘme si tout est au passĂ©, elle est morte dans la TragĂ©die de Duscur⊠enfin, câĂ©tait bien mĂ©ritĂ©, elle poussait le roi Ă y aller⊠elle sâĂ©tait Ă©loignĂ©e de lui aprĂšs quâil ait exilĂ© son frĂšre pour tentative de meurtreâŠ
â âŠAprĂšs quâon lui ait mis la dĂ©cision de justice dans les mains pour le forcer Ă prendre une dĂ©cision vous voulez dire, la corrigea LachĂ©sis en maugrĂ©ant, comprenant mieux le bourbier oĂč câĂ©tait enfoncĂ© Lambert quatre ans auparavant. On ne lâaurait pas forcĂ© Ă se dĂ©cider, il serait encore en train de rĂ©flĂ©chir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tentĂ© de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si câĂ©tait le frĂšre de sa⊠de sa femme⊠pas Ă©tonnant quâil ait autant hĂ©sitĂ© Ă le bannir, mĂȘme si câĂ©tait une sentence extrĂȘmement clĂ©mente pour son cas⊠nous qui croyons que câĂ©tait Ă cause de son habitude de dĂ©tester mettre les mains dans la boue et se les salir, câest encore plus pathĂ©tique quâon ne le pensait⊠il dĂ©lĂšgue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous⊠DĂ©esse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait mĂȘme son fils en danger ! Il aurait trĂšs bien pu recommencer et brĂ»ler vif Dimitri aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă deux doigts de tuer FĂ©lix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et câĂ©tait quoi son rapport avec Duscur quâon en finisse ?
â Et bien, elle a dit quâelle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait lâoccasion de renouer ensemble pendant ce voyage⊠si jâai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes Ă ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tentĂ© de le faire revenir Ă la raison concernant Son Altesse mais, rien Ă faire, le roi nâĂ©coutait que Patricia et son frĂšre⊠alorsâŠ
Le bruit du poing de ThĂšcle qui sâabattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux Ă©clairĂ© par son emblĂšme. Elle Ă©tait hors dâelle⊠tout⊠toutâŠ
â Tous ces morts⊠ma grande sĆur⊠mon petit frĂšre⊠ma propre fille⊠mes neveux et niĂšces, mes beaux-frĂšres et belles-sĆurs⊠nos citoyens⊠tous ces gens⊠tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sĂ©curitĂ© nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce quâelle nâĂ©tait pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelquâun de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille Ă©tait sur ces talons avec une Myrina furieuse derriĂšre lâĂ©paule ! Câest ce que vous ĂȘtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tĂȘte, provoquant encore plus lâire des deux sĆurs. Se reprenant un peu, LachĂ©sis demanda, mĂȘme si elle ne se faisait guĂšre dâillusion lĂ -dessus, histoire de voir Ă quel point Lambert avait crachĂ© sur tout, autant son rĂŽle de roi, de pĂšre et de mari.
â Au moins⊠est-ce quâau moins, elle Ă©tait digne dâHĂ©lĂ©na ? Lambert, je nâen parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insultĂ© la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce quâau moins humainement, cette Patricia ou Anselma Ă©tait digne de la grande reine quâĂ©tait ma sĆur ? Est-ce quâelle Ă©tait digne dâĂȘtre la belle-mĂšre du fils dâHĂ©lĂ©na et a Ă©tĂ© une aussi bonne mĂšre pour lui que notre Nitsa lâaurait Ă©tĂ©Â ?
â HĂ©las non⊠au dĂ©but, ça allait mais, je pense quâelle Ă©tait un peu intimidĂ©e et encore choquĂ©e par ce quâelle avait fui, elle tentait mĂȘme de se lier dâamitiĂ© avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie⊠elle Ă©tait capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce quâon faisait corresponde exactement Ă ce quâelle voulait, mĂȘme si câĂ©tait impossible Ă rĂ©aliser. Ăa devait ĂȘtre pile ce Ă quoi elle pensait et ce quâelle voulait sinon, elle nâacceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vĂȘtements, la dĂ©coration de ses appartements ou mĂȘme la rĂ©alitĂ©. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle Ă©tait aussi extrĂȘmement jalouse, mĂȘme des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre⊠je pense que câest une habitude quâelle a pris au harem impĂ©rial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa premiĂšre femme devant elle, mĂȘme si câĂ©tait au prince, alors que Sa MajestĂ© HĂ©lĂ©na est sa mĂšre. Un autre point de friction avec les Fraldarius dâailleurs, ils ne se gĂȘnaient pas pour parler de Dame HĂ©lĂ©na devant elle. Donc non, elle nâĂ©tait pas digne de lui succĂ©der Ă la place dâĂ©pouse de roi⊠câest pour ça que jâen ai plus rien Ă secouer de balancer tout ça, jâai Ă©tĂ© chassĂ© sans salaire maintenant quâelle est morte, câĂ©tait une patronne horrible et Lambert fait nâimporte quoi, il ne mĂ©rite pas que je me taise !
â Cette femme est jalouse au point dâenvier une morte ? Et au point dâinterdire Ă son mari de parler Ă son enfant de sa mĂšre qui ne lâa jamais connu ? Mais achevez-nous Ă ce stade dâindignitĂ©Â !
â Jâignorais Ă©galement tout cela, marmonna Ludovic aprĂšs ThĂšcle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est liĂ© Ă cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus quâil pense plus Ă ce quâil veut lui et son entourage proche, quâĂ ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec lâEmpire autour du plateau de Brionnic, nâest-ce pas ? Alors, autant Ă©viter un maximum de donner plus dâargument Ă Ionius pour convaincre son ministre des armĂ©es de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au dĂ©triment de milliers dâautres.
â Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dĂšs demain, croyez-nous sur parole, menacĂšrent les deux sĆurs, furieuses et humiliĂ©es.
Elles descendirent dâune traite leur verre quâavait rerempli le pĂšre Mercier pour se calmer, puis les remerciĂšrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout quâelles avaient bien lâintention de prendre Lambert au saut du lit. LâĂ©lĂ©ment crucial dâune embuscade Ă©tait lâeffet de surprise qui empĂȘchait de sâorganiser correctement et de se dĂ©fendre, faute de renseignement ou de prĂ©paration insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bùton équivalent.
De son cĂŽtĂ©, le pĂšre Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions Ă la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marchĂ© noir, Tristan, mĂȘme sâil lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvĂ©e Ă lâorĂ©e de la forĂȘt. Lâodeur fraiche lui dĂ©bouchait bien les bronches, mĂȘme si câĂ©tait mettre un bandage sur une jambe de bois. Lâair mĂȘme de la ville attaquait ses poumons sans pitiĂ©, comme sâil les pourrissait Ă lâintĂ©rieur mĂȘme de son corps⊠ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tĂȘte haute malgrĂ© toutâŠ
« Le drame de Ludovic, câest dâavoir un corps aussi fragile et dâĂȘtre mal-nĂ© malgrĂ© son emblĂšme⊠songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait nĂ© dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, mĂȘme sâil aurait eu un rĂšgne court si sa santĂ© ne suivait pasâŠÂ »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le pĂšre Mercier nâen doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps Ă comprendre oĂč et quand il Ă©tait. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder Ă tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans lâobscuritĂ© profonde et dans un torrent de pluie dĂ©mentielle⊠on se croirait en plein milieu de la nuitâŠ
Une petite flamme sâalluma dans le coin de ses yeux, Ă©clairant tout son monde alors quâil se rendait compte quâil Ă©tait dans la grande salle de Garreg Mach⊠HĂ©lĂ©na la tenait dans sa main, illuminant une table oĂč Ă©tait assis Rodrigue et Alix cĂŽte Ă cĂŽte en se partageant un livre, faisant face Ă sa premiĂšre Ă©pouse et FĂ©licia ainsi quâIvy qui Ă©tait assis Ă lâenvers sur une chaise, les bras croisĂ© sur le dossier et la tĂȘte dessus⊠câĂ©tait Ă la fois si proche et si lointain⊠à peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé⊠Lambert se souvient alors de ce jour-lĂ , Ă lâacadĂ©mie des officiers⊠un orage de tous les diables les avaient obligĂ©s Ă passer leur dimanche Ă lâintĂ©rieur alors, en se perdant dans la bibliothĂšque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux Ă©taient tombĂ©s sur un recueil de chant de Faerghus. Ils sâĂ©taient donc amusĂ©s Ă chanter les diffĂ©rents airs du recueil une bonne partie de lâaprĂšs-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour dâeux pour les Ă©couter. Leur voix avait toujours Ă©tĂ© magnifiqueâŠ
La lumiĂšre de la flamme Ă©claira le visage halĂ© dâHĂ©lĂ©na, faisant revivre ses yeux dâaigue-marine et sa longue chevelure blonde tressĂ©e, notant avec nostalgie et regret quâelle partageait sa criniĂšre indomptable avec leur fils⊠son visage Ă©tait Ă la fois si semblable et si diffĂ©rent de celui de Patricia⊠comme Ă©clairĂ© par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sĂ©rieux et son doux sourire Ă la fois si rare et si prĂ©cieux⊠elle rayonnait force et de santĂ© dans chaque morceau de son ĂȘtreâŠ
« HĂ©lĂ©naâŠÂ »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa premiĂšre Ă©pouse, cherchant Ă se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait rĂ©chauffĂ© les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumiĂšre rassuranteâŠ
Les jumeaux changĂšrent alors dâair, se mettant Ă entamer la « Supplique de Fraldarius », mĂȘme si aucun des deux nâaimaient les hypothĂšses autour de cette chanson. Ils apprĂ©ciaient la chanter pour toutes les Ă©motions Ă lâintĂ©rieur mais, trouvait que lâinterprĂ©tation des Ă©rudits autour ne collait vraiment pas Ă ce quâils ressentaient dans les parolesâŠ
« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces mâĂ©corchent et mâenserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
à dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir, »
La voix des jumeaux sâimmisça dans ses pensĂ©es, les parasitant avec leurs paroles Ă©tranges et inquiĂ©tantes alors que la flamme dans les mains dâHĂ©lĂ©na faiblissaitâŠ
Deux yeux bleus dâeau percĂšrent la pĂ©nombre, avant quâen nâĂ©merge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans lâobscuritĂ©, avant quâil ouvre une gueule Ă©carlate, remplie de longs crocs comme dâimmenses croissants de lune, coupants comme des sabres⊠Lambert sâĂ©cria alors, mĂȘme sâil le reconnut tout de suite, mort de peur pour son Ă©pouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de lâhiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pĂ©trifient jusquâĂ la fin,
Ă dieux, Ă la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe Ă la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hĂ©siter malgrĂ© sa mĂ©fiance naturelle, peut-ĂȘtre parce quâelle reconnaissait ses yeux dâeau, HĂ©lĂ©na le suivit sans hĂ©siter, sâenfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou dâinquiĂ©tude et de peur que ça dĂ©gĂ©nĂšre aprĂšs sa crise de colĂšre, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il nâĂ©tait plus Ă Garreg Mach⊠non⊠non⊠il Ă©tait de nouveau entourĂ© des corps DuscurâŠ
HĂ©lĂ©na portait Ă prĂ©sent sa longue robe blanche et bordeaux, brodĂ© de son emblĂšme et de lâastre cĂ©rulĂ©en, ses longs cheveux dĂ©nouĂ©s battant en silence dans le vent Ă la fois brĂ»lant et glaciale, portant ses mots Ă©tranglĂ©s alors quâelle se baissait vers les mortsâŠ
« Nia⊠MomonâŠÂ »
Elle se releva, ses gestes saccadĂ©s faisant penser Ă ceux dâune poupĂ©e dĂ©sarticulĂ©e, choquĂ©e en dĂ©couvrant dâautres corps portant leur emblĂšme, des visages dâadultes quâelle nâavait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidĂšles de sa familleâŠ
« Tous⊠tout le mondeâŠÂ »
Sa voix sâĂ©trangla dâun coup alors quâelle sâĂ©lançait vers la derniĂšre personne que Lambert aurait voulu quâelle voie, nâarrivant pas Ă la rejoindre avant quâelle ne trouve la tĂąche bleu roi dans cet ocĂ©an de blanc et de brun-rougeâŠ
« Oh non ! Dimitri ! »
HĂ©lĂ©na se prĂ©cipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant Ă leur fils, mĂȘme sâil ne pouvait pas lâentendre, brĂ»lĂ© et Ă©tranglĂ© de fumĂ©eâŠ
« Dimitri⊠tient bon⊠tient bon⊠je vais te soigner⊠MitsosâŠÂ »
« Dans le noir des tĂ©nĂšbres, mĂȘme le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
à sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ă dieux, Ă la belle lune jâhurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup rĂ©apparut, sâasseyant Ă ses cĂŽtĂ©s en passant sa truffe sur les cheveux calcinĂ©s du blessé⊠HĂ©lĂ©na se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle quâelle Ă©tait avant sa mort. Sa peau semblait livide malgrĂ© son teint halĂ©, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille⊠tel que la peste lâavait laissĂ©âŠ
« Tel que toi, tu lâas Ă©puisĂ©e⊠susurra le loup sans quâHĂ©lĂ©na semble lâentendre, cette derniĂšre lui demandant sans hĂ©siter.
â Qui⊠qui a fait ça Ă mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand HĂ©lĂ©na se redressa, fixant son mari alors que son visage choquĂ© changeait, sâenflammait de colĂšre, le criblant du regard avec fureur.
« à Lune, grande lune si belle qui mâĂ©coute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgrĂ© les ronces qui mâĂ©tranglent et toujours me lacĂšrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma priÚre,
à Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
â Lambert⊠comment as-tu pu⊠comment as-tu pu emmener notre fils ici⊠comment as-tu pu emmener mon fils dans une expĂ©dition aussi dangereuse ?! Tu aurais dĂ» le laisser au palais en sĂ©curitĂ©Â ! Il nâavait rien Ă faire dans une expĂ©dition pareille !
â HĂ©lĂ©na⊠je⊠je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui⊠lui promit-il en essayant de sâapprocher dâelle, ouvrant ses bras. Jâaurais su, jamais je ne lâauraisâŠ
â Tout le monde tâa prĂ©venu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protĂ©ger. Myrina tâa dit et rĂ©pĂ©tĂ© que ce passage Ă©tait trĂšs dangereux et quâil ne fallait surtout pas tïżœïżœïżœattarder dans ce piĂšge Ă rat. Kimon tâa dit que tes lettres Ă©taient mal faites et tes promesses irrĂ©alistes alors, il fallait travailler Ă nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus rĂ©alistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait Ă encore plus de vigilance. LachĂ©sis tâa dit plusieurs fois quâil fallait faire arrĂȘter Kleiman et le mettre sous les verrous afin dâĂ©viter quâil nâaggrave encore plus la situation, et ThĂšcle quâelle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusĂ© et rĂ©sultat, il continue Ă massacrer dâautres ĂȘtres humains sur la frontiĂšre sans que tu ne remarques rien et avec lâaccord de Rufus. Rodrigue tâa rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois Ă quel point câĂ©tait dangereux pour Dimitri de lâemmener, et Ă quel point ils nâavaient pas le temps de tout prĂ©parer correctement pour assurer au maximum la sĂ©curitĂ© de tout le convoi, Alix aussi te lâa encore rĂ©pĂ©tĂ© avec force. Mais tu nâas Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
â HĂ©lĂ©na⊠je⊠jeâŠ
« MĂȘme si je suis prisonnier, je mâĂ©vaderai !
MĂȘme si je ne suis plus que mon dĂ©sespoir, je mâen servirai !
MĂȘme couvert de chaines, jusquâĂ la derniĂšre je les lacĂ©rerai !
à lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de sâapprocher malgrĂ© tout mais, sa premiĂšre Ă©pouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prĂȘte Ă frapper pour dĂ©fendre Dimitri derriĂšre elle, tout semblable Ă plusieurs reprĂ©sentations de la Flamme PassionnĂ©e, protĂ©geant les siens en sâenflammant elle-mĂȘme. La douce chandelle semblait ĂȘtre tombĂ© dans lâhuile, se propageant partout autour dâeux pour plonger la vallĂ©e Ă©troite dans des flammes bleues, embrasant un grand bĂ»cher funĂ©raire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant HĂ©lĂ©na Ă qui Dimitri sâaccrochait Ă prĂ©sent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, lâappelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors quâil tentait en vain de trouver une issue, un passage, une Ă©chappatoire⊠nâimporte quoi qui pouvait le faire sortir dâici !
« Que les dieux qui mâabandonnent me haĂŻssent aujourdâhui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
MĂȘme si devenir une bĂȘte est le pire des sorts Ă redouter,
Je suis prĂȘt Ă en ĂȘtre une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant lâorigine du chant qui rĂ©sonnait tout autour de lui, lâhomme vit Ă nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tĂȘte sur ses pattes, souriant toujours Ă pleines dents en le voyant se dĂ©battre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de sâĂ©chapper.
« ToiâŠÂ ! »
EmportĂ© par sa propre colĂšre de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacĂ© son ami, Lambert arriva Ă trouver assez dâĂ©lan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et Ă se hisser lĂ oĂč Ă©tait la bĂȘte cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire aprĂšs avoir montĂ© HĂ©lĂ©na contre lui. CâĂ©tait sa faute sâil cauchemardait Ă ce point ! CâĂ©tait sa faute si elle Ă©tait aussi en colĂšre et fatiguĂ©e !
Cependant, quand il arriva Ă se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup sâĂ©tait un peu Ă©loignĂ©, riant toujours Ă la maniĂšre de Foa alors quâil se relevait, un rire saccadĂ© et malade, comme sâil se moquait de lui, le trouvait pathĂ©tique de tenter de lâattraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place Ă âŠ
â Seulement si tu arrives Ă me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tĂąchant la blancheur Ă©clatante des lieux avec sa noirceur de tĂ©nĂšbres, le forçant Ă sâenfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il Ă©tait bien plus lourd que lui, ses pas sâenfonçant dans la neige Ă©paisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait Ă vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de lĂ©gĂšres traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors quâil chantait Ă nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mĂȘlent et sâentremĂȘlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! SâĂ©cria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que mâa destinĂ© la fortune !
Quâil est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin nâest jamais par un autre tracĂ©,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-mĂȘme dĂ©cidĂ© par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable erranceâŠ
âŠnâest que le rĂ©sultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! Câest faux et tu le sais ! Je nâai jamais dĂ©cidĂ© que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais queâŠ
â Mais tu as tout de mĂȘme dĂ©cidĂ© que tu mĂšnerais le Royaume Ă sa perte.
Lambert sâarrĂȘta net, figĂ© en dĂ©couvrant son pĂšre au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne dâor de Loog ceignant son front, illuminĂ© par la Lune⊠aprĂšs avoir rencontrĂ© Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mĂȘmes yeux que leur ancĂȘtre⊠le loup Ă©tait lĂ aussi, allongĂ© aux cĂŽtĂ©s de lâancien roi, toujours aussi satisfait de lui-mĂȘme, le narguant toujours⊠câĂ©tait encore plus cruel de sa part en sachant ce que son pĂšre allait lui faire remarquerâŠ
â Regarde Lambert, lui ordonna son pĂšre en montrant la vallĂ©e en contrebas. Regarde le rĂ©sultat de ton indĂ©cision et de tes dĂ©cisions. Regarde les consĂ©quences de tes actes.
Bien obligĂ© dâavancer, lâhomme obĂ©it et regarda au bas de la colline. Tout Ă©tait sombre, tout Ă©tait plongĂ© dans le noir sans aucun soleil Ă lâhorizon⊠comme sans lendemain⊠il nây avait personne aux alentours, juste des ombres indĂ©finis, comme vidĂ© de toute vieâŠ
â Non⊠il y a encore de la vie en Faerghus⊠on arrivera Ă se relever⊠onâŠ
â Tu rĂ©pares ce que tu as brisĂ© toi-mĂȘme, rĂ©pliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. Jâavais laissĂ© derriĂšre moi un Royaume sain, prospĂšre aprĂšs tant dâannĂ©e de guerre et de terreur⊠toute ma vie, jâai travaillĂ© afin que le rĂšgne de mon pĂšre ne se rĂ©pĂšte pas⊠que tant de personnes ne subissent pas Ă nouveau de telles atrocitĂ©sâŠ
â Mais je nâai jamais voulu faire le moindre mal Ă mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainĂ©s dans des guerres sanglantes !
â Non, en effet. Mais tu mĂ©prises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de maniĂšre diffĂ©rente. Clovis se moquait Ă©perdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait Ă lâabattoir sans hĂ©siter ou remord. Toi, Ă cause de ton inconscience et de ta naĂŻvetĂ©, tu agis sans prendre en considĂ©ration les risques quâencours tout le monde, car tu es persuadĂ© que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de rĂ©parer ce que tu as brisĂ©, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou rĂ©parer cette absence⊠le tout en Ă©coutant de moins en moins les voix qui sâĂ©levaient contre toi et te conseillaient dâĂȘtre plus prudent, et en nâĂ©coutant que les personnes qui ne cherchaient quâĂ profiter de la situation⊠souffla-t-il en passant sa main sur la tĂȘte du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois oĂč tout ceci tâa mené⊠mon plus grand regret est dâĂȘtre mort aussi tĂŽt, trop vite pour tâempĂȘcher dâaccĂ©der au pouvoir. Tu nâas pas les Ă©paules pour ĂȘtre roi, tu nâes pas fait ni digne dâune telle tĂąche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgrĂ© tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colĂšre. « à cause de ma propre faiblesse, jâai laissĂ© le Royaume entre les mains dâun inconscient qui a tout dĂ©truit sur son passage en Ă©tant persuadĂ© de bien agir, et cela lâa conduit Ă sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colĂšre et le ressentiment, la faim le gangrĂšne, la maladie guette dans la pĂ©nombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple⊠il se dĂ©lite mĂȘme, Gautier est dĂ©jĂ en train de faire sĂ©cession vers Sreng oĂč ils ne seront plus obligĂ©s dâobĂ©ir Ă tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait Ă ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentĂ©s par le dĂ©sespoir ? Que pensera GalatĂ©a en voyant que Rufus les a dĂ©jĂ abandonnĂ©s ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront lâaffront que tu as fait Ă leur sĆur ? Que penses-tu ce qui va arriver Ă Faerghus aprĂšs tout ce que tu as fait et laissĂ© faire ?
Lambert ne rĂ©pondit pas, regardant son pĂšre sans savoir quoi dire⊠à part pour le fait que les Charon nâapprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que⊠il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriverâŠ
â Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage quâelle a voulu. Elle nâa pas Ă©tĂ© arrachĂ© de force Ă ses proches.
Lâhomme jeta un regard au loup, Ă prĂ©sent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De prĂšs, on voyait ses cĂŽtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat Ă©taient rougis de larmes⊠Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tĂȘte du loup, doux et calme, moins froid avec lui quâil ne lâavait jamais Ă©tĂ© avec presque personne dâautre⊠mĂȘme si Lambert savait en son for intĂ©rieur que son pĂšre avait Ă©tĂ© chaleureux avec lui, souvent mĂȘme avant que la politique et la question de la succession nâenvenime leur relation, il ne put empĂȘcher la jalousie de ronger son cĆur, sachant Ă quel point Ludovic aurait prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit ce loup son hĂ©ritier plutĂŽt que luiâŠ
â Que de vies perdues et ruinĂ©es Ă cause de ton inconscience et de ma propre faiblesseâŠ
Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que lâancien roi ne se relĂšve et le regarde dans les yeux, sa colĂšre gelant Lambert sur place.
â Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran nâĂ©coutant que ses ennemis ?
Lambert nâeut pas le temps de rĂ©pondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacĂ©rant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui⊠le plongeant dans les tĂ©nĂšbres les plus froides et terrifiantesâŠ
Un fredonnement incomprĂ©hensible grouilla dans lâobscuritĂ© humide, le glaçant malgrĂ© sa familiaritĂ©âŠ
Les tĂ©nĂšbres se dissipĂšrent Ă peine, alors que Lambert Ă©chouait dans une forĂȘt noueuse et sombre⊠il faisait tellement humide, on se serait cru dans lâeau tellement lâair en Ă©tait saturé⊠ces bois nâĂ©taient pas Ă©clairĂ©s par le soleil, seule la lune, lâAstre CĂ©rulĂ©en et les Ă©toiles tĂąchaient la nuit, Ă©claboussant les branches noires et emmĂȘlĂ©es les unes les autres de leur lueur blafarde⊠ce nâĂ©tait mĂȘme pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque⊠il sâapprocha, hĂ©sitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujoursâŠ
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forĂȘt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils sâapprochent de tes blessures,
Ils tâentourent, te rĂ©chauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forĂȘt te protĂšgera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante Ă©treinte, enfin tu tâendors guĂ©ri. »
Rodrigue Ă©tait apparu face Ă lui, tout diffĂ©rent de celui quâil Ă©tait avant de se transformer. Ses joues Ă©taient de nouveau pleines, ses gestes plus assurĂ©s et prĂ©cis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal⊠il semblait Ă nouveau en pleine santĂ©, comme avant⊠une grande peau du loup recouvrait ses Ă©paules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des tĂ©nĂšbres. Son chapelet Ă©tait autour de son cou plutĂŽt que sur son poignet droit, lâemblĂšme de Fraldarius reposant sur son cĆur, de nouveau en bon Ă©tat alors quâavec le temps, lâhomme lâavait tout abimĂ© Ă force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses priĂšres⊠Un cercle dâargent ornĂ© de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale⊠il avait lâair dâun meneur de loup, comme un ĂȘtre de lĂ©gende sorti tout droit dâune chanson de geste⊠le roi de la forĂȘt et de la nuit venant voir en personne qui avait osĂ© franchir la frontiĂšre de son RoyaumeâŠ
Ses yeux de chat se posĂšrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles⊠ce nâest quâĂ ce moment-lĂ que lâhomme se rendit compte que le loup⊠lâhomme face Ă lui⊠Rodrigue⊠peut-ĂȘtre⊠avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi quâune besace surement remplie de quoi soigner⊠il devait encore le chercher partoutâŠ
« Que⊠que veux-tu ? Demanda Lambert. Câest toi qui as provoquĂ© tout ceci, nâest-ce pasâŠÂ ?
â Quoi donc ?
â Tout ce qui vient de se passer ! HĂ©lĂ©na ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! MĂȘme la voix de Patricia ! Câest toi qui me les as montrĂ©s ! Câest toi qui les as amenĂ©s ici et les monter contre moi !
â Toi ou moi ?
â Quâest-ce que tu veux dire ? Explique-toi Ă la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout Ă lâheure ?!
â Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, jâai ma rĂ©ponse, se moqua-t-il avec un sourire quâil nâavait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, câest bien mĂ©ritĂ©. Ce mĂ©pris et ce rejet sont tout ce que tu mĂ©rites.
Lambert eut un mouvement de recul face Ă son ami. MĂȘme sâil Ă©tait redevenu humain, tout son comportement ressemblait Ă celui dâun loup tournant autour de sa proie, lâĂ©puisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dĂ©vorerâŠ
Rodrigue voulait le dĂ©vorer⊠il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le dĂ©capiter, il en Ă©tait sĂ»râŠÂ !
â Comment as-tu pu changer comme ça⊠osa demander Lambert. Nous⊠nous Ă©tions amisâŠ
â Amis⊠rĂ©pĂ©ta-t-il en posant sa main sur son menton, lâĂ©tudiant avec un mĂ©lange de mĂ©pris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils⊠tu nâas fait que mâutiliser pour faire ton travail Ă ta place, tout comme Rufus⊠mâĂ©puiser jusquâĂ la derniĂšre goutte de force et dâespoir⊠comme tu lâas fait pour HĂ©lĂ©na⊠puis tu mâas tout pris⊠tout⊠tu mâas pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en Ă©tant persuadĂ© de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres dĂ©sirs et ton Ă©gocentrismeâŠ
â Tu sais bien que je ne pensais pas Ă mal⊠marmonna encore Lambert en dĂ©tournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce quâĂ©tait devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage dâhabitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de teâŠÂ !
â Allons, relĂšve la tĂȘte, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjouĂ©, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci nâĂ©tait quâun jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? RĂ©pĂ©ta-t-il. Tu ne savais pas quâemmener mon enfant et mon compĂšre de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
â Tu ne savais pas que nous forcer Ă tous la main dâenvoyer nos sujets et nos proches Ă la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
â Tu ne savais pas Ă quel point ĂȘtre obligĂ© de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
â Tu ne savais pas quâagir comme si la mort de son pĂšre nâĂ©tait pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi Ă la lĂ©gĂšre me faisait souffrir ?
MalgrĂ© la menace, Lambert Ă©tait incapable de bouger, happĂ© par le tourbillon de question de lâentitĂ© face Ă lui, harponnĂ© par ses yeux si bleu posĂ©s sur lui.
â Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore rĂ©parer tes erreurs Ă ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
â Tu ne savais pas que travailler pour lâhomme qui a tuĂ© mon fils et mon compĂšre me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
â Tu ne savais pas que mâarracher mon louveteau et mon frĂšre me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusquâĂ ce quâil soit front contre front en crachant la derniĂšre question.
â Tu ne savais pas Ă quel point je te hais pour mâavoir tout prit ? Ă quel point je te hais de toute mon Ăąme depuis ce jour oĂč tu es rentrĂ© sans eux ? Que tu es naĂŻf⊠câest Ă vomirâŠ
Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonnĂ©, ne laissant quâune Ă©motion brute de haine, de dĂ©gout et de dĂ©testation gravĂ© au plus profond de sa voix et de son ĂȘtre.
â Rends-les-moi⊠rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu mâas volĂ©Â !
â Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libĂ©rer, accrochant ses propres mains Ă celles de lâhomme en Ă©chouant Ă le faire lĂącher prise malgrĂ© sa force⊠est-ce quâil Ă©tait vraiment devenu un ĂȘtre surnaturel pendant quâil sâĂ©tait transformĂ©Â ?! Il semblait sortir dâun autre monde ! « Je tâen supplie ! Calme-toi !
â Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » SâĂ©cria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer⊠du sang coulait le long de sa gorge⊠il Ă©tait sur le point de lâĂ©gorger ! « Tu as rĂ©pandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! Câest Ă cause de toi quâils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
â Je ne peux pas ramener les morts !
â Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes lâimpossible alors, fait-le aussi ! Câest leur sang qui te permet de vivre aujourdâhui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volĂ©Â !
â Rodrigue⊠tu mâĂ©trangles !
â Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi FĂ©lix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allĂ© jusquâĂ me prendre mon seul enfant qui me restait ! La derniĂšre personne que FĂ©licia a rencontrĂ©e et aimĂ©e plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que jâaime le plus au monde ! Tu as mĂȘme osĂ© mâarracher FĂ©lix par caprice aprĂšs avoir tuĂ© Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
â Rodrigue ! Je⊠Lambert haleta, ayant du mal Ă parler, perdant de plus en plus dâair. Je ne peux pas le rĂ©cupĂ©rer comme ça⊠Dimitri doit vouâŠ
â Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui tâa Ă©chappĂ©Â ! Rends-moi FĂ©lix ! ArrĂȘte de te comporter comme un enfant gĂątĂ© et rends-moi FĂ©lix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour rĂ©cupĂ©rer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tĂȘte en dĂ©chirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
â Rodrigue ! Par pitiĂ©Â ! ArrĂȘte ! »
Lambert se rĂ©veilla dâun coup en hurlant, reprenant son souffle Ă grandes bouffĂ©es sans pouvoir sâempĂȘcher de presser ses mains contre sa gorge, sâattendant pratiquement Ă sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts⊠il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer⊠lui hurler de lui rendre sa famille⊠lui hurler sa haine⊠non⊠ce nâĂ©tait pas possible⊠Rodrigue ne pouvait pas le considĂ©rer ainsi⊠le haĂŻr avec autant de force⊠ce nâĂ©tait quâun cauchemar⊠rien quâun cauchemar⊠rien de plusâŠ
Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup rĂ©sonnĂ© dans la nuit alors quâil sâĂ©chappait enfin de ce rĂȘve Ă©trangeâŠ
« Je te hais ! »
Lâhomme fit tout pour repousser ce mensonge⊠câĂ©tait un mensonge, câĂ©tait forcé⊠Rodrigue ne pouvait pasâŠ
MalgrĂ© tout, le rĂȘve continua Ă le hanter une bonne partie de la matinĂ©e, tellement quâil finit par se rĂ©soudre par aller voir Rufus pour en parler malgrĂ© tout⊠il avait beau jurer quâil nâavait rien Ă voir avec les exactions de Kleiman, que câĂ©tait juste un appui de circonstance pour une situation trĂšs tendue qui demandait tous les bras disponibles pour sâen sortir, Lambert ne pouvait sâempĂȘcher de ressentir une certaine apprĂ©hension avec lui⊠comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux⊠cependant, Rufus restait son grand frĂšre⊠son grand frĂšre Ă qui il pouvait tout dire et tout partager, mĂȘme les choses les plus inavouables ou gĂȘnantes⊠son grand frĂšre qui lâavait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, câĂ©tait dĂ©jĂ beaucoup quand on passait derriĂšre un roi de la stature de Ludovic⊠il ne pouvait pas sâempĂȘcher de lui faire confiance pour quelque chose dâaussi Ă©trange quâun rĂȘve pareil⊠mĂȘme si ça concernait Rodrigue et quâil nâignorait pas leur antipathie rĂ©ciproqueâŠ
Lambert alla dans le bureau de son frĂšre mais, en voyant quâil nâĂ©tait pas lĂ , il dĂ©cida de lâattendre, il ne devrait pas sâabsenter bien longtemps⊠Rufus travaillait bien plus quâavant la TragĂ©die, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en tempsâŠ
« MĂȘme sâil aurait pu en accorder aussi Ă Rodrigue⊠enfin, câest fait maintenantâŠÂ »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira lâattention de lâhomme. Elle Ă©tait tout simple, dĂ©corĂ© de quelques vrilles vĂ©gĂ©tales mais, il la reconnaitrait entre mille⊠Rufus y tenait beaucoup⊠la seule fois oĂč il avait disputĂ© Dimitri, câĂ©tait quand il avait voulu la rĂ©cupĂ©rer pour quâelle soit le coffre au trĂ©sor dâun roi malĂ©fique dans un de ses jeux⊠mĂȘme Lambert nâavait jamais vu ce qui avait Ă lâintĂ©rieur⊠il sâĂ©tait toujours imaginĂ© quâil sâagissait de la correspondance intime de son frĂšre, dâoĂč son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette⊠mĂȘme si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur⊠bon, pour le triomphant, câĂ©tait ratĂ© maisâŠ
« Non⊠câest Ă lui⊠câest sa vie privĂ©e⊠il me le montrera quand il voudraâŠÂ »
Mais câĂ©tait si tentant⊠et Rufus lui avait dit quâil lui montrerait en plusâŠ
Il ne perdait rien Ă juste la manipuler un peuâŠ
La premiĂšre chose qui Ă©tonna Lambert en la prenant dans ses mains Ă©tait le poids de la boite. Elle semblait pleine Ă ras bord sâil se fiait Ă son poids, alors quâelle semblait plus lĂ©gĂšre quand Rufus lui avait montrĂ© la derniĂšre foisâŠ
« Quâest-ce qui a bien puâŠÂ »
Il ne put rĂ©sister et força la boite, lâouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mĂȘmes Ă premiĂšre vue mais, ce qui Ă©tonna Lambert, câĂ©tait quâil ne sâagissait pas de lâĂ©criture soignĂ©e de Rufus⊠non⊠elle Ă©tait bien plus biscornu, comme Ă©crite par quelquâun de plus jeune ou un gaucher Ă©talant lâencre avec sa main en rĂ©digeant⊠et il y avait plusieurs scriptesâŠ
MĂȘme sâil se força Ă penser quâil sâagissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnĂšrent le cĆur de Lambert alors quâil dĂ©pliait une missive au sceau dĂ©jĂ cassĂ©âŠ
« Papa, pourquoi tu ne mâĂ©cris plus ?! Jâai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Quâest-ce qui se passe ?! »
« Câest lâĂ©criture de FĂ©lix ! Mais quâest-ce quâune de ses lettres pour son pĂšre fait lĂ Â ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant lâĂ©criture dâAlix, le dĂ©but de la lettre Ă©tant dans le mĂȘme ton que la prĂ©cĂ©dente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne sâamĂ©liore pas⊠je ne sais pas pourquoi je nâai plus de lettre de toi, est-ce que câest Ă cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois lâĂ©criture de Rodrigue, destinĂ©es Ă son fils et Ă son frĂšre, Ă©galement dĂ©cachetĂ©es comme si elles avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© lues. Son ami parlait de ses mĂȘmes inquiĂ©tudes, des lettres qui nâarrivaient pas et de son inquiĂ©tude⊠MĂȘme demande, mĂȘme inquiĂ©tude⊠DĂ©esse ! Quâest-ce quâelles faisaient lĂ Â ?!
« Non ! On mâa volĂ© mes lettres ! Alix a demandĂ© Ă Ivy de lui faire passer une lettre de sa part oĂč il disait quâil nâen recevait plus de ma part, alors que je lui Ă©cris tous les jours et lui aussi ! Quelquâun vole les siennes et celles de FĂ©lix ! Câest pour ça que je nâai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gĂ©missement paniquĂ© de Rodrigue, tout le dĂ©sespoir quâil nâavait pas perçu au dĂ©part dans sa voix, toute lâinquiĂ©tude et la peur qui se mĂȘlaient ensemble Ă lâintĂ©rieurâŠ
« Rufus ne peut tout de mĂȘme pas ĂȘtreâŠÂ »
Cependant, malgrĂ© tous ses efforts pour trouver des excuses Ă son frĂšre, Lambert dut se rendre Ă lâĂ©vidence en se rendant compte que toute la correspondance volĂ©e de Rodrigue Ă©tait là ⊠les lettres quâil avait envoyĂ©es, celles quâil avait reçu⊠tout⊠tout Ă©tait lĂ Â ! Tout Ă©tait ouvert ! Rufus nâavait tout de mĂȘme pas tout lu ?!
Aucun doute, câĂ©tait lui le voleur de leur correspondance⊠mais⊠mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose dâaussi cruel ?! Rufus dĂ©testait Rodrigue et Alix de toute son Ăąme Ă cause de Ludovic mais, pas Ă ce point tout de mĂȘme !
Lambert pensait ne pas pouvoir ĂȘtre plus horrifiĂ© mais, quand il vit des papiers roulĂ©s tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usĂ©s, mĂȘme tĂąchĂ©s de sang pour certains, un doute noir lui dĂ©vora le cĆur⊠non⊠non⊠nonâŠ
Il attrapa un rouleau et le dĂ©roula en tremblantâŠ
« à mon Royaume, que jâai toujours dĂ©sirĂ© servir au mieuxâŠÂ »
Lâhomme ne put que reconnaitre lâĂ©criture de son pĂšre, la plume tremblante de Ludovic⊠le parchemin Ă©tait mĂȘme tĂąchĂ© de ses crachats de sang Ă cause de sa tuberculoseâŠ
Comme happĂ© par le rouleau, Lambert ne put sâempĂȘcher de continuer Ă lire les mots, mĂȘme sâil se doutait du contenu⊠voir mĂȘme le redoutait plus encore que les fantĂŽmes et les cauchemarsâŠ
« MalgrĂ© lâhorreur, je nâai jamais oubliĂ© le rĂšgne de mon pĂšre. Toute ma vie durant, je nâai jamais oubliĂ© ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus Ă©tait son aplomb. Clovis Ă©tait persuadĂ© dâĂȘtre dans son bon droit et ne le cachait pas. MĂȘme si ces actes Ă©taient immoraux, il sâappuyait sur la loi en la dĂ©tournant Ă son profit, devenant inarrĂȘtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. DĂšs lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus Ă lâabri dâun autre souverain tel que lui. « ProtĂ©ger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a Ă©tĂ© la devise qui a guidĂ© chacun de mes pas avec lâaide de mes proches pour que jamais, je nâen dĂ©vie un seul instantâŠ
Lambert sentir son cĆur battre Ă toute vitesse dans sa poitrine. Ce⊠ce parchemin⊠câĂ©tait le testament de son pĂšre⊠câĂ©tait le testament de Ludovic ! CâĂ©tait Rufus qui lâavait pendant toutes ses annĂ©es ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empĂȘcher un autre Clovis dâarriver ? Comment empĂȘcher quâun autre souverain tel que lui ne monte sur le trĂŽne ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis Ă©tait le fils ainĂ© de sa mĂšre et malheureusement pour lâorgueil de notre lignĂ©e, elle nâĂ©tait guĂšre plus recommandable que son fils. Elle Ă©tait seulement quâun peu plus discrĂšte que lui mais, possĂ©dait les mĂȘmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-mĂȘme au dĂ©triment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle dĂ©truisait de prĂ©cieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont Ă©tĂ© Ă©lus avec peu dâavance, savaient quâils devaient composer avec lâensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence aprĂšs la guerre, que des contradicteurs nâĂ©taient point des ennemis Ă anĂ©antir mais, des personnes nĂ©cessaires Ă toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer dâavis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage Ă la succession filiale nous a assenĂ© un coup majeur, nous avons commencĂ© Ă nous croire tel les Hresvelg, choisis par la DĂ©esse pour rĂ©gner et le pouvoir nous ait montĂ© Ă la tĂȘte. Notre objectif nâĂ©tait plus de servir notre peuple comme lâavait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dĂ©pouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrĂȘter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons mĂȘme commencĂ© Ă traiter toute une lignĂ©e comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent quâĂ prendre les coups Ă notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpĂ©tuellement le deuil de tous ses membres sacrifiĂ©s aux Blaiddyd⊠Nos ancĂȘtres doivent rougir de honte devant notre dĂ©cadenceâŠ
Jâaimerais dire que tout ceci sâest arrĂȘtĂ© avec la mort de mon pĂšre mais, je ne me fais guĂšre dâillusion. Le hasard fait quâĂ chaque fois, Ă chaque naissance, Ă chaque gĂ©nĂ©ration, il y aura toujours un risque quâĂ nouveau, un autre Clovis naisse. Je nâai Ă©chappĂ© Ă la dĂ©cadence de ma famille que grĂące Ă mon corps faible malgrĂ© mon emblĂšme, inapte Ă la guerre et facilement malade, ce qui mâa permis de vivre au sein dâune famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de lâaffection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, mĂȘme si je les ai Ă mon tour meurtri dâun deuil dont je porte la responsabilitĂ© et la culpabilitĂ© chaque jour.
Jâai tout fait pour bien Ă©duquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-pĂšre et leur inculquer que ce nâest pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout⊠Mon fils Lambert est un homme au grand cĆur, gentil et chaleureux, ainsi quâun guerrier accompli Ă la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux dâĂȘtre son pĂšre malgrĂ© notre relation compliquĂ©e. Il reste mon fils et je lâaime de tout mon cĆur mais, cette amour ne peut masquer lâampleur de ses dĂ©fauts moraux.
Il est chaleureux mais, Ă©galement nĂ©gligent et naĂŻf. MalgrĂ© tous mes efforts, jamais je ne suis arrivĂ© Ă lui faire comprendre quâon ne peut aider tout le monde, quâil fallait choisir qui aider car, tout le monde nâa pas besoin dâaide de la mĂȘme maniĂšre et quâil fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naĂŻve de lâĂ©galitĂ©, il reste persuadĂ© que le mieux Ă faire est dâaider tout le monde Ă part Ă©gale, sans se soucier du contexte de dĂ©part, ce qui le rend trĂšs inefficace et indĂ©cis dans des situations oĂč il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa nĂ©gligence envers ses proches combinĂ©e Ă cette naĂŻvetĂ© et son entĂȘtement pousse ces derniers Ă devoir ajuster tout ce quâil fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissĂ©s ou rendus ce quâils peuvent pour Ă©viter de lĂ©ser le Royaume.
La premiĂšre victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, HĂ©lĂ©na. Câest une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre mĂȘme les plus entĂȘtĂ©s comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues nĂ©gociations qui ont malheureusement eu raison de sa santĂ©. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel Ă©poux, elle qui mĂ©ritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter dâĂȘtre lâombre balayant derriĂšre le roi. Elle attend Ă prĂ©sent leur enfant, et jâespĂšre pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit ĂȘtre que mon cĆur sait dĂ©jĂ ĂȘtre exceptionnel, que jâaimerais de tout lâamour quâil reste dans ma carcasse rongĂ©e par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler Ă lâordre, de me demander sâil ne risquerait pas dâavoir hĂ©ritĂ© des dĂ©fauts de son pĂšre plutĂŽt que des qualitĂ©s de sa mĂšre⊠et dans le mĂȘme souffle, mâexcuser envers lui et sa mĂšre de leur imposer un pĂšre que je sais ĂȘtre aussi nĂ©gligent. Je prie pour que la paternitĂ© le rende au moins responsable et prudent avec la santĂ© de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il sâest imposĂ© Ă moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trĂŽne. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme nâest nourri que par mon affection, et je ne puis mâappuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus Ă qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler Ă quel point le risque quâil prenne encore plus confiance en lui ne le mĂšne sur une pente glissante, une pente oĂč il nâĂ©coutera plus personne, mĂȘme ses amis les plus chers Ă son cĆur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. HĂ©lĂ©na sâĂ©puise bien assez chaque jour pour Ă©viter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procĂ©dure complĂšte Ă suivre pour que le prochain souverain soit Ă©lu, Ă la maniĂšre de Loog le Lion et de sa fille Sophie. Câest un projet qui me tient Ă cĆur depuis des annĂ©es et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trĂŽne mais, mon corps me trahit avant que je ne puit lâorganiser moi-mĂȘme. Il est Ă peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et lâabsorbent pour nourrir la tuberculose quâils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que jâai mis avec mes proches Ă conclure ce systĂšme et de ne pouvoir le mettre en place moi-mĂȘme. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mĂȘmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils Ă©chapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour Ă©viter tout dĂ©bordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancĂȘtres.
Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de lâadmettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que lâobservation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant Ă mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trĂŽne Ă son frĂšre. Lambert est de loin la personne quâil aime le plus au monde, et je remercie la DĂ©esse que mes fils sâentendent si bien mais, la raison doit lâemporter sur lâaffection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine Ă son contrĂŽle, il sera au moins entourĂ© par des conseillers et des baillis dont la fidĂ©litĂ© est acquise Ă notre peuple et non Ă notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compĂ©tentes et fidĂšles Ă HĂ©lĂ©na. Je ne puis quâespĂ©rer quâelle trouvera quelquâun qui lâaidera Ă Ă©chapper Ă tout ceci et si la situation sâempirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien dâautre que de lâĂ©puisement malgrĂ© ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait lâesprit mais, je jure devant la DĂ©esse avoir encore toute ma tĂȘte. Toute ma vie, jâai travaillĂ© pour ĂȘtre digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui sâest rĂ©voltĂ© contre lâinjustice et la cruautĂ© de lâempereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui mâavait Ă©lu roi dâun si grand peuple. Je suis conscient que lâĂ©lection du roi ne rĂšglera pas tous les problĂšmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore ĂȘtre fait avant que les sujets⊠que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultĂ©s que nous connaissons Ă prĂ©sent. Jâai commencĂ© Ă tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume Ă partir des dĂ©combres quâa laissĂ© Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant lâespoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je lâespĂšre, Rodrigue Achille et Alix PersĂ©e Fraldarius, sont Ă©lus, jâai peu de doute sur le fait quâils sauront ĂȘtre dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sĂ©curitĂ© Ă tous. JâespĂšre de tout mon cĆur que mes fils continueront Ă grandir et sâamĂ©lioreront avec le temps, bien malgrĂ© tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complĂštement prendre le pas sur mon affection, et me pousse Ă croire Ă un avenir radieux pour eux. Je prie Ă©galement pour que mon successeur connaisse un long rĂšgne de paix, une paix que mĂ©rite ce Royaume si rĂ©silient malgrĂ© toutes les difficultĂ©s quâil a vĂ©cues.
En mon Ăąme et conscience.
Ludovic le TroisiÚme Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et Ă mesure de la lecture, ne pouvant sâempĂȘcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. LâĂ©criture Ă©tait tremblante, saccadĂ© comme si Ludovic sâĂ©tait arrĂȘtĂ© plusieurs fois Ă cause de ses toux, le parchemin tĂąchĂ© de sang tĂ©moignant quâil avait encore dĂ» en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tĂąches et lâencre baveuse, comme si on avait roulĂ© le testament avant quâelle nâait fini de sĂ©cherâŠ
« Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de lâadmettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que lâobservation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
Lâhomme ne pouvait sâempĂȘcher de relire ce passage encore et encore. Les noms Ă©taient recouverts dâune Ă©norme tĂąche de sang assez Ă©paisse, ce serait surement illisible dans quelques annĂ©es quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgrĂ© tout, Lambert ne pouvait que les dĂ©crypter, les relisant encore et encore.
Son pĂšre lâavait complĂštement dĂ©shĂ©ritĂ© au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des sĂ©ances de travail les rĂ©unissant tous, autant HĂ©lĂ©na que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler Ă lâordre et rĂ©expliquer les choses. Face Ă lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement lâorigine des tensions, pendant quâAlix proposait des solutions et HĂ©lĂ©na le cadre pour les mettre en place. Lâimpression dâĂȘtre Ă la traine malgrĂ© toutes les explications⊠le regard fier de son pĂšre qui couvait les jumeaux en disant quâils ressemblaient Ă leurs parents⊠mĂȘme si Lambert nâavait jamais voulu ressembler Ă Ludovic Ă cause de leurs diffĂ©rences de caractĂšre, encore moins Ă sa mĂšre assoiffĂ©e de sang, il ne put sâempĂȘcher de les envier⊠de vouloir entendre le mĂȘme compliment sur son travail⊠comme eux deux⊠voir son pĂšre ĂȘtre fier de lui ainsiâŠ
Ludovic lui faisait si peu confiance quâil aurait prĂ©fĂ©rĂ© confier aux jumeaux de Fraldarius son prĂ©cieux royaume, ce Ă quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il sâĂ©tait battu comme un lion depuis toujours⊠disait mĂȘme quâil sâexcusait envers HĂ©lĂ©na de lâavoir mariĂ© Ă lui⊠quâelle aurait mĂ©ritĂ© mieux que balayer derriĂšre luiâŠ
Ă cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte diffĂ©rente, mĂȘme les plus anodins. MĂȘme si Ludovic lâavait enlacĂ© plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter quâil lâavait aussi fait une fois avec Rodrigue et FĂ©licia, leur souhaitant quelque chose quâil nâavait pas entendu, mĂȘme si le sourire de Rodrigue trahissait que câĂ©tait des vĆux plutĂŽt que des recommandations⊠sa proximitĂ© bien plus calme avec les jumeaux, ainsi quâavec HĂ©lĂ©na, les longues heures oĂč ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal Ă lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux cĂŽtĂ©s⊠mĂȘme des souvenirs dâenfance prenaient un gout amer, les fois oĂč son pĂšre se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionnĂ©âŠ
Est-ce que⊠est-ce que Ludovic⊠est-ce que son propre pĂšreâŠ
« Non⊠faut que je me reprenne⊠câest la tuberculose⊠elle lui a fait perdre tous ses sens⊠Ludovic mâaimait aussi⊠il le dit dans son testament alors quâil nâa aucun sens⊠et quand nous Ă©tions petit, câĂ©tait surtout de la culpabilitĂ© pour les jumeaux⊠Ludovic ne sâest jamais pardonnĂ© la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité⊠mĂȘme ici, il le dit⊠ce quâil ressentait, câĂ©tait surement de lâaffection, mais aussi de la pitiĂ© et de la culpabilité⊠il sâen voulait pour la mort de leur pĂšreâŠÂ »
« Câest ma faute⊠jâaurais dĂ» ĂȘtre plus prudent et mieux anticipĂ© les risques⊠Guillaume aurait survĂ©cu et les Fraldarius nâauraient pas Ă©tĂ© encore endeuillĂ© par notre faute⊠à cause de mon inconscience, Guillaume est mort⊠lui avait dĂ©jĂ dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que dâhabitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. JâespĂšre que tu nâauras jamais Ă porter une telle responsabilité⊠autant ce deuil que la mort dâun de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité⊠le deuil dâun Fraldarius et dâun de mes sujets⊠si tu savais pĂšre⊠si tu savais ce que jâai faitâŠÂ »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachĂ©s dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son pĂšre, lâentendre peut-ĂȘtre le sermonner pour ce quâil avait fait, vouloir le faire parler mĂȘme depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, sâil devait le rĂ©vĂ©ler et lâappliquer dĂšs maintenant mĂȘme si câĂ©tait Ă©vident que tout avait Ă©tĂ© Ă©crit sous la dictĂ© de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume Ă un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait mĂȘme pas sâil voulait que Rodrigue, Alix ou HĂ©lĂ©na soient lĂ pour en discuter vu comment Ludovic parlait dâeux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte nâĂ©tait ni le Rodrigue quâil connaissait qui saurait gĂ©rer la situation, ni Alix prĂȘt Ă lui remettre les pendules Ă lâheure, ou HĂ©lĂ©na lui prĂ©senter les diffĂ©rents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais câĂ©tait Rufus. Rufus qui avaitâŠ
RĂ©cupĂ©rant plus dâĂ©nergie que jamais depuis la TragĂ©die, Lambert se redressa dâun coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux mâexpliquer ?! Quâest-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
â Tu lâas ouverte ?! Couina pratiquement son frĂšre, pris au dĂ©pourvu par la question furieuse.
â Tu mâavais dit que tu me la montrerais aprĂšs le voyage ! Et nâessaye pas dâesquiver la question ! Quâest-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre pĂšre et ses travaux sur la monarchie Ă©lective y sont aussi ?! Câest toi qui as appelĂ© les secours quand Ludovic sâest effondrĂ© Ă cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profitĂ© pour voler son testament et ses travaux ?!
â Calme-toi Lambert, je peux tâexpliquer. Ludovic ne mâa pas laissĂ© le choix⊠il ne savait plus ce quâil faisaitâŠ
â Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue lâa cherchĂ© partout !
â Ludovic allait te dĂ©shĂ©riter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait dĂ©truire notre famille pour prĂ©fĂ©rer celle de son soi-disant grand frĂšre ! Il nâavait aucun respect pour toi ! Il ne pensait quâĂ ces foutus jumeaux quâils mettaient sur un piĂ©destal en te dĂ©nigrant, car il aurait voulu quâils soient Ă ta place ! CâĂ©tait pour te protĂ©ger !
Rufus lâavait pratiquement crachĂ© avec tout le venin, toute la haine quâil ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrĂŽlable.
â Ludovic te dĂ©testait ! Tu viens de le lire non ?! Il nâavait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! Câest toi qui devais devenir roi ! Câest ton hĂ©ritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le dĂ©but du Royaume ! Câest Loog qui a menĂ© la rĂ©volte des BĂątards et en a fait la guerre du Lion et de lâAigle ! Câest lui qui a gagnĂ©Â ! Câest lui qui a Ă©tĂ© acclamĂ© vainqueur ! Personne dâautre ! Et lui, parce quâil a rencontrĂ© un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une gĂ©nĂ©ralitĂ© et il a voulu tout dĂ©truire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir Ă ces foutus jumeaux car câĂ©tait les fils de Guillaume ! Il se cachait derriĂšre son petit doigt en disant quâils Ă©taient plus compĂ©tents que toi mais, câest de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien dâautre ! CâĂ©tait les fils de son grand frĂšre alors, tout devait leur revenir ! Il ose mĂȘme cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais Ă©puisĂ© HĂ©lĂ©na et fait perdre la santĂ©Â ! Il Ă©tait malade et il a perdu lâesprit ! Tu nâas jamais fait ça ! Tu y tenais Ă HĂ©lĂ©na mĂȘme si elle Ă©tait trop bien pour toi ! CâĂ©tait juste la petite crĂ©ature de Ludovic et de la matriarche Catherine lĂ pour te faire faire ce quâeux voulaient ! Et mĂȘme si câĂ©tait sa crĂ©ature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il dĂ©lirait ! Et il a osĂ© me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-mĂȘme ! CâĂ©tait lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dĂ©pend du Royaume ! Tout ce que jâai fait, câĂ©tait pour te protĂ©ger ! âŠ
Lambert le fit taire en posant ses mains sur les Ă©paules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
â Dâaccord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, mĂȘme sâil est complĂštement faux. Notre pĂšre apprĂ©ciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On Ă©tait ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux⊠câĂ©tait compliqué⊠tu sais bien quâil sâest toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce nâĂ©tait pas de lâaffection⊠juste de la culpabilité⊠rien de plus, jâen suis sĂ»r⊠tout comme HĂ©lĂ©na, il pensait juste quâelle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine dâen faire sa crĂ©ature⊠mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frĂšre, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me dĂ©shĂ©ritant, mĂȘme sâil avait sans doute ses raisons Ă lui et que tu nâavais pas Ă voler son testament. Jâaurais voulu le lire honnĂȘtement, mĂȘme si ça mâa fait trĂšs mal de voir Ă quel point il ne me faisait pas confiance vis-Ă -vis du Royaume, encore plus maintenant⊠je ne sais mĂȘme pas si je lâaurais appliquĂ©, câest Ă©vident que câest la tuberculose qui lui a fait Ă©crire tout ça⊠je veux dire, regarde un peu lâĂ©tat du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce quâil faisait ! ça aurait Ă©tĂ© facile de le faire casser⊠Mais ce que je ne comprends pas, câest pourquoi tu as volĂ© la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est mĂȘme ouverte alors, tu lâas surement lu⊠pourquoi ? CâĂ©tait inutile et cruelâŠ
Le visage de Rufus sâassombrit, essayant dâĂ©viter le regard de Lambert alors quâil marmonnait.
â Il te conseillait mal et te poussait Ă prendre de mauvaises dĂ©cisions, comme quand tu as envoyĂ© Dimitri Ă Charon. Il aurait dĂ» rester ici. Je pensais quâil finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus Ă rentrer chez lui.
â CâĂ©tait mon idĂ©e dâenvoyer Dimitri Ă Charon, et on a bien fait, il guĂ©rit bien mieux avec le bon air de la montagne quâici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que câĂ©tait une bonne idĂ©e quâil se soigne ici ? Tu aurais plutĂŽt dĂ» lâencourager Ă partir, non ? Rufus⊠il soupira, nâen pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tĂȘte et voulant juste une rĂ©ponse. Ăcoute⊠je tâai toujours fait confiance et ta parole est vraiment trĂšs importante pour moi. Tu es mon grand frĂšre et je sais que je peux toujours compter sur toi. Câest pour ça que je suis trĂšs souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais⊠mais en ce moment, jâai lâimpression que⊠que câest plus compliquĂ©. Dâabord, il y a la maniĂšre dont tu as traitĂ© Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part Ă tout alors que câest lui qui a commencĂ© toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de tĂȘtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volĂ©e de mon meilleur ami et le testament de notre pĂšre dans ta cassette. Par pitiĂ© Rufus, dit moi la vĂ©ritĂ©, quâest-ce qui se passe dans ta tĂȘte ? Lâimplora-t-il en redoutant le pire. Jâaimerais te faire confiance mais, ça devient trĂšs difficile avec tout ça !
â Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue⊠marmonna-t-il.
â Câest-Ă -dire ? Explique-toi Ă la fin !
â CâĂ©tait un enragĂ© lui aussi ! Toujours Ă faire ce quâil voulait et Ă avantager son fief, toujours Ă te dire non, toujours Ă nous mettre des bĂątons dans les roues, toujours Ă ĂȘtre apprĂ©ciĂ© de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel malĂ©fice il rĂ©ussissait, autant lui quâAlix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours rĂ©ussi partout et charmĂ© tout le monde Ă tes dĂ©pends ! Alors quâils ont toujours Ă©tĂ© plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbĂ©cile de Jacque quand il leur demande de les prendre Ă leur service, pour rĂ©parer sa « faute » dâavoir laissĂ© FĂ©lix seul avec Arundel sans imaginer quâil pourrait lâattaquer ? Il sâagenouille devant eux en leur demandant Ă rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors quâil est Ă ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! Câest pas quâils sont devenus des loups, câest que leur apparence ressemble enfin Ă ce quâils sont vraiment ! CâĂ©tait tout ce quâil mĂ©ritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frĂšre câĂ©tait transformĂ© dâun coup en monstre, comprenant dâun coup tout ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă son ami et pourquoi il avait dĂ» subir tout ceci, tout son corps fondant dâun coup comme neige au soleil.
â Tu leur as volĂ© leurs lettres par haine⊠tu voulais le faire souffrir⊠câest ça ? Tout ce que tu voulais, câest faire souffrir Rodrigue⊠tout ça car⊠carâŠ
Sans attendre de rĂ©ponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, sây accrochant presque comme Ă une ancre, mĂȘme si elle le noyait par sa simple existence. Comment⊠comment son frĂšre avait-il pu⊠comment avait-il pu ĂȘtre aussi ignoble juste parce que⊠parce que leur pĂšre apprĂ©ciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelquâun de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume Ă©tait au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Quâil ait vu ça comme une petite mesquinerie ne lâĂ©tonnerait mĂȘme plus Ă ce stade !
« Alors, mĂȘme mon propre frĂšre peut me trahir⊠Rufus⊠alors qui⊠qui est encoreâŠÂ »
« Est⊠ta⊠fauteâŠÂ ! »
« Tu nâas Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran nâĂ©coutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui rĂ©pondirent⊠les doigts des fantĂŽmes finissant le travail de cette hache en lâĂ©tranglant encore et encoreâŠ
En arrivant dans son bureau avec lâespoir de pouvoir se poser une seconde et rĂ©flĂ©chir Ă tout ce qui câĂ©tait passĂ©, il trouva LachĂ©sis et ThĂšcle, visiblement furieuses malgrĂ© la façade de froideur.
Lâhomme avait lâimpression dâobserver la scĂšne de loin, comme sâil nâen faisait pas partie, spectateur de cette farce quâil avait Ă©crit lui-mĂȘme.
Les deux sĆurs lâinformĂšrent que lâĂ©tat des comptes Ă©tait catastrophique et que les baillis quâil avait choisis lui-mĂȘme Ă©taient des incompĂ©tents.
« Je comprends⊠je ferais plus attentionâŠ
â Il fallait le faire avantâŠÂ »
LachĂ©sis lui apprit quâelles savaient tout ce qui sâĂ©tait passĂ© Ă la capitale pendant leur absence, Ă quel point câĂ©tait une honte pour tout Faerghus et quâelles avaient donc dĂ©cidĂ© de retourner dans leur famille.
« Ce serait prĂ©fĂ©rable pour le Royaume que vous restiezâŠ
â Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusquâĂ la corde par votre incompĂ©tence ? Il en est hors de question. »
ThÚcle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carriÚre, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuserâŠ
â Bien. »
Et enfin, elles enfoncĂšrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage quâelles savaient pour Patricia, quâelles savaient ce quâil avait osĂ© donner comme belle-mĂšre Ă leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposĂ© le Royaume en lâĂ©pousant, et que les Charon nâoublieraient pas cette insulte envers deux dâentre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander ThĂšcle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposĂ© le Royaume Ă de tels danger pour une seule femme indigne de succĂ©der Ă notre sĆur ?
â Je lâaimais⊠rĂ©pondit lâhomme dans un souffle sans Ă©nergie.
â Si vous lâavez traitĂ© comme HĂ©lĂ©na, pauvre femme, cracha LachĂ©sis. Et ce nâest guĂšre une raison suffisante pour faire planer un risque dâinvasion sur la tĂȘte de tous vos sujets. Notre sĆur rougirait de honte en voyant votre dĂ©chĂ©ance. »
Et quâest-ce quâil pouvait bien rĂ©pondre à ça ? Quâest-ce quâil pouvait bien rĂ©pondre dâautre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses dĂ©cisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant quâon lui demandait des comptes sur chacune dâentre ellesâŠ
Devant son silence, les deux sĆurs lui jetĂšrent Ă nouveau un regard mauvais avant de se dĂ©tourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face Ă lui, mĂȘme sâil savait quâelle Ă©tait complĂštement vide, espĂ©rant trouver quelquâun, une Ăąme bienveillante, un peu dâaide comme il en avait toujours trouvĂ© Ă ses cĂŽtĂ©s.
Seul le Rodrigue de son cauchemar rĂ©pondit Ă sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacĂ©rant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs Ă chaque souffle, chaque morsureâŠ
« Il fallait y penser avant. »
Pour la premiĂšre fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seulâŠ
*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, lâapprochant pour la premiĂšre fois depuis quâils sâĂ©taient retransformĂ©s quelques jours auparavant. Alix et lui sâĂ©taient reposĂ© et avaient recommencĂ© Ă prendre en main le duchĂ©, reconnaissant envers lâexcellent travail de LorĂ©a qui avait su le maintenir et rĂ©sister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne lâavait toujours pas touchĂ© Ă nouveau, contrairement Ă son frĂšre⊠ni mĂȘme se regarder dans un miroir sans col, son cou Ă prĂ©sent recouvert dâune grande marque sarcelle, lâentourant tout entier comme un collier⊠il nâavait pas trop de sĂ©quelle Ă part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcĂ©, et il Ă©tait encore plus dans la tĂȘte de son jumeau, plus souvent, mĂȘme sâils nâĂ©taient pas sĂ»r que câĂ©tait Ă cause de leur Ă©tat dâesprit actuel ou si ce serait permanent⊠pour ce qui Ă©tait positifâŠ
La fourrure Ă©tait douce sous ses doigts, Ă©paisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud oĂč il serait en sĂ©curité⊠bien plus rassurante que ce collier gravĂ© dans son cou, apparut un jour aprĂšs quâil ait retrouvĂ© sa forme humaine⊠en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait Ă distinguer le mĂȘme motif que sur sa propre peauâŠ
« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas prĂšs, lui assura Alix, comme toujours Ă ses cĂŽtĂ©s. Ăa nâa eu aucun effet sur moi mais, câest toi le magicien et la source de la transformation. Tu es restĂ© en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas rĂ©agir avec ta magieâŠ
â âŠje ne prĂ©fĂšre pas⊠jâai peur de la fuir si je repousse trop⊠les semaines qui ont passĂ© sont dĂ©jĂ flous, je ne veux pas avoir lâimpression que lâavenir le sera aussi Ă cause de cette fourrure⊠au moins, on sait comment me ramener si je me transforme Ă nouveau en lâayant sur les Ă©paulesâŠ
â Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complĂštement de tout ça mais, si câest ce que tu veux, câest toi qui te sens.
Le pĂšre lui serra la main en rĂ©ponse, comme quand ils Ă©taient petits pour ne pas se sĂ©parer, cherchant de la force dans sa prĂ©sence avant de draper la fourrure noire sur ses Ă©paules. Elle nâĂ©tait pas trĂšs lourde malgrĂ© son ampleur, lâenveloppant complĂštement des pieds Ă la tĂȘte⊠malgrĂ© ses craintes, il y avait un cĂŽté⊠apaisant Ă ce poids, comme un bouclier qui le protĂ©geait⊠mais, rien ne se passait, rien dâĂ©trange, il restait bien humain⊠au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dĂšs quâil mettait cette peauâŠ
â Il nây a rien⊠souffla-t-il de soulagement. Il nây a rienâŠ
â Câest dĂ©jĂ un bon dĂ©but, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un Ă©clair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant dâune paume Ă lâautre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant quâil ne lâĂ©touffe. Rien non plus pour la magie de base⊠et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourdâhui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait dâune rude Ă©preuve, il ne devait pas le maltraiter encore plusâŠ
Ses Ă©paules retombant de soulagement, lâhomme sâautorisa un instant de rĂ©pit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses Ă©paules, avant dâen mettre un pan sur celle de son frĂšre, ce dernier faisant exactement la mĂȘme chose avant de se laisser tomber Ă©paule contre Ă©paule cĂŽte Ă cĂŽte.
â Il ne sâest rien passé⊠la DĂ©esse soit louĂ©e⊠il ne sâest rien passĂ©âŠ
â Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait⊠tant quâon est tous les trois, on le resteraâŠ
â Oui⊠arriva Ă sourire une seconde lâainĂ© avant dâavouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces derniĂšres semaines⊠juste de quand je tâai retrouvĂ©, quand on a retrouvĂ© FĂ©lix et mon envie de le revoir⊠de tous vous revoir⊠tous⊠souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste⊠impossible de le voir correctementâŠ
â âŠComme si câĂ©tait baignĂ© de brume⊠complĂ©ta Alix. Câest pas bien plus net de mon cĂŽté⊠aucune idĂ©e si câest une bonne ou une mauvaise chose⊠dâun cĂŽtĂ©, jâaimais courir partout avec toi mais, je nâai pas envie de me souvenir de tout ce que jâai dĂ©chirĂ© avec les dents⊠bon, baffer Rufus, câest pas mal comme souvenir mais, dâavoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui dĂ©chiquetais le bras, moins ⊠ni de quand je tâentendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu Ă©tais seul et quâon voulait se revoirâŠ
â Ăa, câest difficile Ă oublier⊠surtout tout ce qui sâest passĂ© avant quâon se transforme⊠Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protĂ©gerait Ă nouveau de cet homme. Ă DĂ©esse et Lune⊠cela faisait si mal⊠je⊠câĂ©tait comme si cela les amusait tous de me dĂ©chiqueter le cĆur⊠je nâen pouvais plus⊠cette transformation⊠câĂ©tait plus une cachette et un Ă©chappatoire quâune vraie solution⊠juste pour ne plus souffrirâŠ
â Câest normal⊠tout depuis des mois⊠câĂ©tait juste un cauchemar Ă©veillĂ©, autant en tant quâhumain que loup⊠enfin, câest fini maintenant⊠on ne les reverra pas de sitĂŽt⊠je ne les laisserais plus te faire plus de mal, câest promis, lui jura Alix sans hĂ©siter.
â Moi aussi, je te protĂ©gerais⊠dâeux tous et de leurs ordres absurdes⊠autant toi que FĂ©lix⊠plus rien ne vous arrivera⊠pas tant que je serais lĂ âŠ
Ils restĂšrent encore quelques instants lâun contre lâautre, quand ils flairĂšrent lâodeur du louveteau, arrivant Ă grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui⊠câĂ©tait la saison aprĂšs tout et ils aimaient tous ces fruits dans la familleâŠ
« Papa ? Alix ? Vous ĂȘtes lĂ Â ? Demanda FĂ©lix en passant la tĂȘte dans la chambre de son pĂšre.
â Oui, entre FĂ©lix, » lâautorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagĂ© de le voir, son instinct lui rĂ©pĂ©tant encore et encore de le garder auprĂšs de lui, lui rappelant Ă quel point il avait Ă©tĂ© proche de le perdre, encore plus renforcĂ© par la perte de Glenn si peu de temps auparavant⊠leur famille avait subi trop de chose en trop peu de tempsâŠ
« Il y a encore plein de groseilles dans la forĂȘt, mĂȘme si vous avez surement dĂ©jĂ devinĂ©, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu lâas mise ?
â Oui⊠je devais le faire⊠pour savoir⊠et pour le moment, rien nâa changĂ© et cela nâa aucun effet sur moi, mĂȘme quand jâutilise de la magie faible, ne tâen fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrĂŽleâŠ
â Dâaccord⊠mais fait attention quand mĂȘme. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put sâempĂȘcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus prĂšs de son fils⊠mĂȘme sâil faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il Ă©tait devenu trĂšs collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace rĂ©cente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir prĂšs de lui, quâil pourrait arriver rapidement pour les aider et les protĂ©ger⊠heureusement que ses sens Ă©taient devenus aussi aiguisĂ©s que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation⊠pas plus tard que la semaine derniĂšre, il nâavait pas vu FĂ©lix de toute la matinĂ©e alors, le pĂšre sâĂ©tait mis Ă paniquer en lâappelant de toutes ses forces et Ă retourner toute la piĂšce oĂč il Ă©tait afin de trouver une trace de son petit⊠heureusement que LorĂ©a avait pu vite lui remettre les idĂ©es en place, Rodrigue priant pour que FĂ©lix nâait pas vent de ce qui sâĂ©tait passé⊠il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il lâavait retrouvé⊠mais FĂ©lix avait senti que quelque chose nâallait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué⊠tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spĂ©cifique Ă prĂ©sent, histoire que lâodeur soit plus prĂ©sente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise⊠câĂ©tait presque une obsession Ă ce stade, encore plus que pour Alix⊠dâaprĂšs Pierrick, câĂ©tait Ă cause de la sĂ©paration trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps aprĂšs la mort de Glenn⊠il les avait dĂ©jĂ perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommenceâŠ
« LĂ aussi, seul le temps vous permettra Ă tous les deux de guĂ©rirâŠÂ »
Rodrigue priait pour que le mĂ©decin dise vrai⊠au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidĂ©s, câĂ©tait un dĂ©butâŠ
Pour oublier son angoisse et plus profiter de la prĂ©sence de son fils, le pĂšre croqua dans une des baies fraichement cueillies et passĂ© Ă lâeau du lac, souriant en retrouvant le gout acide quâils aimaient tous.
« Elles sont trÚs bonnes, merci beaucoup Félix.
â Avec tout ça, on avait manquĂ© le dĂ©but des fruits rouges ! On a du retard Ă rattraper ! En plus, depuis quâon envoie plus rien Ă Fhridiad, Ă©trangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui lâeut cru ? Se moqua un peu Alix.
â Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, câest mieux, rĂ©pliqua FĂ©lix en avalant une baie. On est allĂ© en chercher avec Cassandra avant quâelle nâaille aider la patrouille aĂ©rienneâŠ
Cependant, malgrĂ© tout, Rodrigue ne pouvait que voir lâair sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
â Il y a quelque chose qui ne va pas FĂ©lix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensĂ©es sombres nâapporterait rien de bon.
â Câest rien⊠câest juste que⊠dâhabitude⊠il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui Ă©taient aussi les plus difficiles. Câest avec GlennâŠ
Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque lâainĂ© des deux louveteaux dire Ă quel point son petit frĂšre Ă©tait adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir sâĂ©nerver Ă cause des taquineries, puis de le remercier en apprĂ©ciant les fruits avec eux, mĂȘme tous les jours⊠encore plus une fois revenu alors que du cĂŽtĂ© de Fraldarius, les choses commençaient Ă se tasser aprĂšs la TragĂ©die, les gens Ă©taient surtout remontĂ© contre les derniĂšres exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et mĂȘme sâils Ă©taient dans une situation pĂ©rilleuse de quasi rĂ©volte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette sâĂ©loignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantĂŽmes demeuraient, plus prĂ©sent que jamais aprĂšs le choc et les semaines mouvementĂ©s pour survivre⊠il devait encore plus hantĂ© FĂ©lix⊠câĂ©tait la premiĂšre fois quâil vivait le deuil de quelquâun dâaussi proche de lui⊠il Ă©tait trop petit pour celui de FĂ©licia⊠il lâĂ©tait encore⊠la mort arrivait toujours trop tĂŽtâŠ
Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors quâil murmurait.
â Oui⊠il devrait y avoir GlennâŠ
â Câest pas juste⊠il devrait ĂȘtre là ⊠pourquoi câest sa chambre Ă lui qui est vide ?
â Câest toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes nâĂ©taient pas loin. Câest toujours dur et ça fait mal⊠il nây a que le temps et le soutien qui peuvent guĂ©rir ce genre de plaie, mĂȘme si elle reste toujoursâŠ
â Combien de temps ?
â Cela dĂ©pends des gens⊠et tu nâas pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite⊠il faut que tu prennes le temps quâil te faut pour guĂ©rir⊠pour ne pas ĂȘtre obsĂ©dĂ© par la mort de la personne, et arriver Ă se raccrocher aux bons souvenirsâŠ
â Mais ça fait mal⊠je veux Glenn⊠je veux quâil revienne⊠mais je ne veux pas avoir mal⊠marmonna FĂ©lix en se serrant un peu plus contre son pĂšre, se cachant dans son Ă©treinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas Ă lâintĂ©rieur.
â Mais si tu bouches tes Ă©motions ou fait tout pour ne pas ĂȘtre triste, ça va exploser un jour ou lâautre, ajouta Alix en passant sa main sur la tĂȘte de son neveu. On a mis un an avant dâaccepter que notre pĂšre ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et câest pas grave. Le tout, câest que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne tâisoles pas sinon, ça va te dĂ©vorer aussi. Le tout, câest que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives Ă aller mieux.
â Le principal, câest de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, câest le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons Ă surmonter cette Ă©preuve⊠quâen penses-tu louveteau ?
â Dâaccord⊠moi aussi, je resterais avec toi papa⊠et avec toi aussi Alix⊠leur jura FĂ©lix, restant encore dans lâĂ©treinte rassurante. « La meute est forte ensemble »⊠câest ce que disait GlennâŠ
â Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgrĂ© la tristesse, essayant de sâaccrocher aux souvenirs de son fils ainĂ© souriant alors quâils Ă©taient en famille.
Ils passĂšrent un peu de temps ensemble, les jumeaux nâayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journĂ©e, mĂȘme sâils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duchĂ© uniquement Ă LorĂ©a, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait Ă©viter de trop forcer pour le moment.
FĂ©lix continuait de leur montrer les leçons quâil avait pu faire pendant ces derniĂšres semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir quâil sâĂ©tait accrochĂ© malgrĂ© tout pour continuer Ă ĂȘtre assidu dans ses Ă©tudes. Tout ceci lui serait trĂšs utile quand il serait grandâŠ
Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, lâhomme ne comprit pas trop, commençant Ă sâinquiĂ©ter de ce que cela voulait dire quâil pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusquâĂ ce quâaprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© comme eux, son louveteau se mette Ă sourire en dĂ©clarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tĂȘte de son petit en soufflant, moins anxieux que tout Ă lâheure Ă cause de ce grondement.
â Câest parce que je suis trĂšs fier de toiâŠÂ »
*
Quand les cĂŽtes de Kleiman sortirent de lâhorizon, Ivy regarda tout autour dâelle, tentant dâĂ©valuer encore une fois les forces en prĂ©sence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas dâembarcations diverses et variĂ©es, autant de pĂȘche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osĂ© les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman Ă©tait dangereux, câĂ©tait Ă©vident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colĂšre gĂ©nĂ©rale contre lâinaction du pouvoir royal, et les talents dâorateur dâOswald, les marins de toute la cĂŽte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient Ă toutes vitesses devant eux, ayant mĂȘme eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les tĂȘtes des morts Ă leurs frĂšres afin quâils puissent avoir les hommages funĂ©raires, mais aussi les informer de lâobjectif de cet escadron de marine hĂ©tĂ©roclite, autant pour avoir des renforts que pour Ă©viter quâils ne croient Ă une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens nâavaient rien rĂ©pondu pour ne pas encore plus compliquĂ© leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrĂšte dâun chef local.
MĂȘme aprĂšs une vie entiĂšre Ă parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hĂ©tĂ©rogĂšne, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manĆuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopĂ©rer dans un seul but : arrĂȘter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et quâon serait entrainĂ© dans une histoire pareille⊠marmonna Ivy.
â Recommencer est un meilleur mot quâarriverâŠ
Elle regarda Oswald, son regard sombre braquĂ© vers la cĂŽte. Il Ă©tait en habit simple dâarcher, bien protĂ©ger par son armure, son carquois rempli de flĂšche, comme un soldat ordinaire, Ă lâexception de la capuche tout autour de sa tĂȘte pour Ă©viter quâon le reconnaisse. Elle ne lâavait jamais vu aussi renfermĂ© sur lui-mĂȘme, mĂȘme si ses yeux restaient dĂ©terminĂ©s.
â Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dĂ» revenir depuis au moins trois jours alors quâon demandait juste Ă Kleiman de sâexpliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tĂȘte sur une pique au-dessus des portes du port⊠ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux⊠câĂ©tait dans les « bonnes » habitudes de Clovis⊠jâespĂ©rais que tout ceci se serait terminĂ© une fois que Clovis a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© et envoyĂ© dans le caveau des criminels⊠Justine aussi disait que câĂ©tait terminé⊠quâon aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore⊠il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la dĂ©chĂ©ance de son sang.
Ivy hocha la tĂȘte, comprenant le tourment qui lâhabitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait mĂȘme survĂ©cu pour la plupart, et il avait survĂ©cu au rĂšgne de Clovis sans que lâAlliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement prĂ©fĂ©rĂ© finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
â On a ça maintenant alors, mieux vaut le rĂ©gler maintenant avant que ça nâempire et tant quâon le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repĂ©rer depuis quâils sont infiltrĂ©s et ils ont pu saboter les chaines qui protĂšgent lâentrĂ©e du port. On est aussi arrivĂ© Ă avoir une bonne idĂ©e dâĂ quoi ressemble lâintĂ©rieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous lâavez dit, on voit dâici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui nâest pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tĂąche, mĂȘme si on doit faire attention Ă ce quâil nous rĂ©serve.
Oswald hocha la tĂȘte, arrivant Ă fendre un lĂ©ger sourire.
â Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dĂ©pĂȘcher avant que les espions nây passent aussi. Nous devons arrĂȘter tout ceci, au moins en coupant la tĂȘte du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir dâarracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
â Câest normal.
â Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tĂȘte vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que câĂ©tait lâheure. Ivy rĂ©pondit quâils Ă©taient prĂȘts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgrĂ© leurs diffĂ©rences de structures et dâexpĂ©rience, celui dâIvy et des quelques corsaires expĂ©rimentĂ©s menant les autres afin de les protĂ©ger, leur coque Ă©tant faite pour rĂ©sister Ă des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangĂ© leurs voiles afin dâĂȘtre plus discrets, se cachant pour que les dĂ©fenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotĂ©es. DerriĂšre, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prĂȘts. DotĂ©s de rames, ils seraient chargĂ©s de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles Ă voiles. Leur objectif Ă©tait au moins dâatteindre le port, puis sâenfoncer en ville jusquâĂ la maison seigneuriale. Une fois lĂ -bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrĂȘts avant quâils ne puissent sâenfuir.
Ils devaient ĂȘtre rapide, prĂ©cis et tout faire pour Ă©viter de trop grosses pertes Ă cause de leurs forces limitĂ©es et trĂšs diverses. Il nâaurait droit quâĂ un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cĂšderait et ils se disperseraient surement sur le champâŠ
« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repĂ©rĂ©s dans notre ligne de mireâŠÂ »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une priĂšre aux Braves et Ă sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires sâĂ©taient approchĂ©s Ă portĂ©e de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
â Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus dâautres horizons ! SâĂ©cria la capitaine qui avait Ă©tĂ© Ă©lue pour les reprĂ©senter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si câĂ©tait des Ă©trangers qui arrivaient en masse sans aucun reprĂ©sentant faerghien. Nous avons envoyĂ© cinq messagers auprĂšs de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donnĂ© quâils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de rĂ©pondre Ă nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
â Et notre seigneur les a envoyĂ©s paitre ! Nous nâavons Ă rĂ©pondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
â Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi dâassurer la sĂ©curitĂ© sur ses terres ! Sâil ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et sâil les a repoussĂ©s, oĂč sont passĂ©es ces cinq personnes ?!
â Ce nâest pas notre problĂšme ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes dĂ©jĂ trĂšs clĂ©ments de ne pas avoir incendiĂ© les navires qui transportent les assassins de nos frĂšres !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vĂ©rifier que tous Ă©taient prĂȘt discrĂštement, que pour Ă©viter que les dĂ©fenseurs se mĂ©fient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions Ă lâintĂ©rieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cĆur avec tous les autres navires qui hurlĂšrent dans leur langue respective.
â Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libĂ©rerons nos camarades !!!
â Vous choisissez donc de finir par le fond ! ArbalĂ©triers ! En position !
â Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. Ă vous !
â On a vu ! Que Thor combatte Ă nos cĂŽtĂ©s ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachĂ©s filĂšrent tout de suite vers les portes, glissant Ă toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, sâattaquant tout de suite Ă la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs Ă©taient placĂ©s juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre dâattaque sans devoir passer la tĂȘte au-dessus des crĂ©neaux maisâŠ
â Les assommoirs ont Ă©tĂ© bouchĂ©s ! On a Ă©tĂ© sabotĂ©Â !
« Les espions srengs nâont pas volĂ© leur rĂ©putation dâĂȘtre plus redoutables Ă dix quâune armĂ©e de dix mille soldats ! »
Un Ă©norme trait passa tout prĂšs dâeux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, câĂ©tait sĂ»r ! Oswald repĂ©ra aussi vite quâil put la meurtriĂšre oĂč devait ĂȘtre cachĂ© une arbalĂšte de tour, prĂȘte Ă enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire quâavait empruntĂ© le trait, et tira sans hĂ©siter. La flĂšche arriva Ă passer la meurtriĂšre et Ă©tant donnĂ© quâaucun carreau dâarbalĂšte ne suivit le premier, il avait dĂ» toucher le responsable de lâarme. Kleiman Ă©tait officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens dâavoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux quâune arbalĂšte de tour, ni beaucoup dâhomme aptes Ă la manier. Les assaillants devraient ĂȘtre tranquilles un moment avant que les dĂ©fenseurs nâarrivent Ă trouver quelquâun dâautre pour la rĂ©armer et lâutiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque dâun cor se fit entendre.
â Le signal ! Aux navires Ă rames ! SâĂ©poumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce rĂ©pĂ©tant ses ordres en volant de partout.
Oswald obĂ©it, sautant lui-mĂȘme dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour sâharmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire dâautres quâattendre paraissaient interminables, Ă la fois dans lâattente dâarriver et prĂȘt Ă contre-attaquer dĂšs quâun ennemi Ă©tait Ă portĂ©e de flĂšche.
Une fois les portes et les chaines passĂ©es, lâarcher put mieux voir lâaspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs⊠il nây avait mĂȘme pas de quais pour dĂ©barquer, seulement une jetĂ©e oĂč sâĂ©chouaient les bateaux de pĂȘche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy quâil couvrait avec ses flĂšches et remerciant son emblĂšme de lâempĂȘcher dâĂȘtre trop fatiguĂ© malgrĂ© ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans sâĂ©lancĂšrent dans la rue principale avant dâentrer dans la maison seigneuriale, peu empĂȘcher par la garde dĂ©jĂ occupĂ©e sur le port, et la quelque vingtaine dâhommes restant nâĂ©tait guĂšre suffisante pour arrĂȘter une grosse centaine de marins dĂ©terminĂ©s.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dĂšs quâils rentrĂšrent dans la cour.
« Cette odeur⊠Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblÚme se calmait une seconde, ayant déjà prévenu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
â Oswald ! LĂ -haut !
Lâarcher regarda dans la direction quâIvy lui disait, rĂ©agit au quart de tour quand il vit un Ă©clat de magie noire se former et dĂ©cocha une flĂšche dessus, la faisant exploser au-dessus dâeux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le mĂȘme temps, Ivy passa sur le cĂŽtĂ© de lâarcher, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son Ă©pĂ©e, surveillant derriĂšre son Ă©paule pendant quâOswald surveillait le ciel en ordonnant.
â Par ici ! Vite ! Ils sont surement Ă lâintĂ©rieur !
AprĂšs avoir enfoncĂ© la porte, les marins entrĂšrent en trombe dans la grande salle oĂč ils trouvĂšrent Kleiman, entourĂ© de ses conseillers et de plusieurs mages Ă©tranges, avec des motifs qui disaient quelque chose Ă OswaldâŠ
« Les mages noirs de lâĂ©poque de la guerre du Lion et de lâAigle ! Ils portaient ses motifs-lĂ Â ! MĂ©fiez-vous des gens en noir ! Câest les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce quâil venait de dire, une magicienne commença Ă charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de lâattaquer par derriĂšre. Le sort ne toucha quâeux mais, il ne laissa que des sortes de momie complĂštement dessĂ©chĂ©es, comme vidĂ©es dâeau, de sang et dâĂ©nergie vitale, tombant au sol dans un fracas dâos morbide, provoquant la panique et la fuite dâune partie dâentre eux pour Ă©viter dâĂȘtre le suivant.
Ivy tira Oswald derriĂšre un escalier pour se protĂ©ger des sorts, lâaidant alors que la fatigue retenue par lâemblĂšme commençait Ă lâengourdir et brĂ»ler ses muscles vieillissants⊠CâĂ©tait pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans lâInfaillible pour continuer Ă le stimuler mĂȘme pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lĂącher maintenant ! La magicienne noire sâapprocha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flĂšche ou un projectile, observant tout autour dâelle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noireâŠ
« Les insectes tentent de se dĂ©battre Ă ce que je voie⊠susurra-t-elle avant dâajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutĂŽt rare⊠ça fait longtemps que je nâavais pas eu lâoccasion dâattraper un emblĂšme majeur⊠allons petit emblĂšme majeur⊠montre toiâŠÂ »
« Merde ! Câest quoi cette femme ?! Enragea Ă mi-mot Ivy. Votre emblĂšme a disparu avant quâon entre ! Et elle a fait quoi Ă ces gars ?! Câest ça les effets de la magie noire ?!
â Elle porte les mĂȘmes motifs que ceux du bataillon puant⊠haleta Oswald. Et câest bien elle qui sent la magie noireâŠ
â Ah ça pour puer, elle pue⊠elle comme tous les autres qui ont ce motif dâĆilâŠÂ »
« Allons⊠lequel dâentre vous est lâemblĂšme majeur ? HonnĂȘtement, il mâintĂ©resse plus que vous tous rĂ©unis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussiĂšre sur le plancher pour faire le tri, lâemblĂšme majeur rĂ©sistera mieux Ă mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la piĂšce, juste occupĂ©e par Kleiman et ses hommes en train de se dĂ©battre contre la porte de la trappe qui devait leur servir Ă sâenfuir, bloquĂ©e par une hache qui avait volĂ© quand les assaillants Ă©taient entrĂ©s. Ivy et Oswald Ă©changĂšrent un regard lourd alors que la femme continua, sâĂ©changeant la mĂȘme question ainsi que la mĂȘme rĂ©ponse.
â Cela me semble un marchĂ© correct. De toute façon, de misĂ©rables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un ĂȘtre qui vous est aussi supĂ©rieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mĂȘmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner lâemblĂšme majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse ĂruditeâŠ
Elle fut exaucĂ©e quand Ivy poussa aussi violemment quâelle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible dâelle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-mĂȘme, la face tournĂ©e vers le sol, sa capuche dĂ©faite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cĆur Ă©tait sur le point de lĂącher Ă cause de toutes ses Ă©motions.
La femme eut un sourire carnassier, sâapprochant du vieillard en dĂ©clarant.
â Ăvidemment, vous prĂ©fĂ©rez vivre, câest bien. Vous avez un minimum dâinstinct de survie mais bon, câest la base pour les bĂȘtes. Et dommage, lâemblĂšme majeur est dĂ©crĂ©pit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et nâa sans doute plus la force de sa jeunesse⊠les bĂȘtes de votre genre vieillisse si vite⊠marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, câest devenu si rare les majeurs Ă prĂ©sent, on fera avec⊠vient doncâŠ
Avant quâelle nâait pu finir sa phrase, Oswald se retourna dâun coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libĂ©rant toute la poudre urticante quâelle contenait, puis lâhomme enfonça la pointe dâune de ses flĂšches en plein dans lâĆil, lui transperçant surement le crĂąne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant quâelle nâait pu sâen dĂ©barrasser ou attaquer Ă nouveau, une Ă©pĂ©e lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
â Pour un ĂȘtre supĂ©rieur, tâes aussi fragile que les « insectes » quâon est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son Ă©pĂ©e puis, la ressortit dâun coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge trĂšs sombre, presque noir sâĂ©couler sur le sol alors que Bias sâeffondrait, morte comme tout le monde le serait aprĂšs une blessure pareille. Les autres mages avec les mĂȘmes motifs quâelles se mirent tous Ă paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy sâapprocha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
â Oui, ça va, mĂȘme si ce genre de cabriole nâest plus de mon Ăąge, rĂ©pondit-il en cherchant un peu son Ă©quilibre Ă cause de la fatigue.
â Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutĂŽt bien, lui assura-t-elle en lâaidant Ă se rester debout avant dâavouer, mĂȘme si jâai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
â Jâai encore quelques ressources on dirait⊠il eut un sourire en voyant Kleiman ligotĂ© avec ses sous-fifres, alignĂ©s le long du mur et dĂ©sarmĂ©s. Au moins, nous les avons attrapé⊠Jâai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturĂ©, la plupart des gardes sâĂ©taient rendus sans trop de difficultĂ©s, Ă©puisĂ©s par les derniers Ă©vĂšnements, mĂȘme si une partie sâĂ©tait battue jusquâau bout en visant particuliĂšrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit Ă peu prĂšs nâimporte qui qui passait son temps dehors. Ceux-lĂ avaient refusĂ© de se rendre et avaient prĂ©fĂ©rĂ© se faire tuer plutĂŽt que capturer. Bon, au moins, câĂ©tait dĂ©jĂ un problĂšme de rĂ©gler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait lâĂȘtre. Leur patron Ă©tait tout aussi loquace quâeux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressĂšrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue quâil ne parlerait pas, mĂȘme au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages Ă©tranges avec ce motif dâĆil sur eux, rendus inoffensif grĂące Ă des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au dĂ©but, Ivy crut quâil faisait partie dâun peuple vivant Ă Morfis Ă cause de leur peau extrĂȘmement pale, pratiquement cadavĂ©rique, combinĂ©e Ă leur couleur dâyeux et de cheveux trĂšs rares mais, ils ne parlaient pas la mĂȘme langue quâeux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« RrrrhhhaaaaâŠÂ ! Pas moyen de les faire passer Ă table ! Enragea Ivy aprĂšs une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant dâinsecte !
â Câest vrai quâils nâont pas lâair de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par dĂ©fi. Ils sont tout maigre et dĂšs quâon les approche ou Ă©lĂšve un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mĂȘmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent ĂȘtre les sous-chefs aprĂšs cette Bias et encadrer les autres. Tant quâils seront lĂ , ils ne diront rien.
â Hum⊠alors, autant les sĂ©parer et tous les sĂ©parer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se dĂ©lier un peu sans eux.
â Oui, et il faut Ă©galement bien les traiter, cela les mettra en confiance pour quâils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous rĂ©sistent encore⊠avec ce genre de personne, un bon repas et de lâattention est le meilleur moyen de les faire parlerâŠÂ »
Sans hĂ©siter, ils isolĂšrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mĂȘmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver Ă leurs chefs dâun cĂŽtĂ© et Ă eux de lâautre, ce qui rendraient tout geste bienveillant Ă leur Ă©gard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en prĂ©cisant Ă ceux qui leur donnerait dâĂȘtre agrĂ©ables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillĂ©s dans un coin, Ă©vitant la lumiĂšre du soleil couchant, fuyant mĂȘme la lumiĂšre de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. AprĂšs tout ce quâil avait vu ces derniĂšres semaines, Oswald devait avouer quâil serait presque prĂȘt Ă croire quâils Ă©taient comme les vampires des lĂ©gendes craignant la lumiĂšre mais, sâil se fiait Ă leur rĂ©action quand ils avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s ici, câĂ©tait plus quâils Ă©taient trĂšs sensibles Ă la lumiĂšre, comme des crĂ©atures des cavernes.
« Veuillez mâexcuser, je ne voulais pas vous faire mal, sâexcusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisĂ©e. Cela vous convient mieux ?
â ⊠oui⊠câest pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec mĂ©fiance.
â Oui, câest votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger Ă votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gĂȘner pas.
â De la nourriture dâinfĂ©rieur, marmonna une femme, le nez retroussĂ© de dĂ©gout.
â Câest ça ou vous sautez Ă la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son Ă©pĂ©e Ă sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon dâattaque sur Oswald.
â Une bĂȘte qui nâa mĂȘme pas dâemblĂšme nâest quâun insecte, rĂ©torqua-t-elle avec bravache.
Cependant, Ă part ses deux-lĂ , les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu dâapprĂ©hension avant de gouter leur soupe. Une dâentre elle eut lâair Ă©tonnĂ©, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant dâen reprendre une cuillĂšre sans hĂ©siter.
â Vous apprĂ©ciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. Câest encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant Ă nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle lâĂ©couta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant Ă son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « câest bon », avant de dĂ©clarer en fodlan.
â Câest bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traitĂ© Ivy dâinsecte, la rĂ©primandant sĂ©vĂšrement Ă son ton mais, lâhomme Ă cĂŽtĂ© de celle qui apprĂ©ciait son repas dĂ» la dĂ©fendre car, lâorgueilleuse se tut et se rĂ©signa Ă manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue Ă©trange⊠ça ne ressemblait ni au fodlan, ni Ă lâalmyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni Ă aucune langue quâOswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrĂ©es reculĂ©es, soit ils avaient dĂ©veloppĂ© leur propre langage pour communiquer discrĂštement ensemble.
Celle qui les avait remerciĂ©s finit la premiĂšre en savourant sa pomme aprĂšs avoir demandĂ© ce que câĂ©tait, puis dĂ©clara.
â Merci pour ce repas. CâĂ©tait trĂšs bonâŠ
â Câest normal. Je suis content que cela vous ait plu⊠est-ce que je peux vous demander votre nom ?
â ⊠matricule 456.
â Un matricule ? Vous nâavez pas de prĂ©nom Ă vous ?
â Non, lâAgastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
â Ah ? Et pourquoi donc ?
â Câest ainsi, ils nous lâinterdisent. Ils sont les seuls Ă avoir le privilĂšge dâen porter un. Les ouvriers comme nous ne portent quâun matricule. Câest dĂ©jĂ un grand honneur pour des infĂ©rieurs tel que nous dâavoir un numĂ©ro attribuĂ© par le Grand AgastyaâŠ
â Câest dĂ©bile, ça vous rĂ©duit Ă un numĂ©ro alors que vous ĂȘtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et câest pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles quâils sont Ă peine humains.
â Un insecte ne peut pas comprendre que lâon doit le respect aux esprits supĂ©rieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers lâAgastya, grogna lâorgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, mĂȘme si Ivy la reprit Ă nouveau.
â Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supĂ©rieur Ă©tant donnĂ© que câest les « esprits supĂ©rieurs » qui vous appelle par des numĂ©ros et on est leur ait supĂ©rieur car en plus dâavoir un prĂ©nom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors quâeux nâen ont pas. Si on est des insectes Ă ce point, on peut vous appeler par un prĂ©nom, et câest plus agrĂ©able pour tout le monde.
â De plus, chez nous, câest trĂšs impoli dâappeler quelquâun par un numĂ©ro, câest comme ça quâon parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je mâappelle Oswald, enchantĂ© de faire votre connaissance, dĂ©clara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
Lâorgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hĂ©sitations, elle leva Ă son tour sa main pour la poser sur son front en dĂ©clarant, avant de serrer celle de lâhomme.
â Alors⊠Pomme⊠ou Soupe⊠câest bon⊠enchantĂ© de faire votre connaissance Oswald.
â Moi de mĂȘme. Et Pomme est un joli prĂ©nom.
Lâhomme qui lâavait dĂ©fendu Ă©carquilla les yeux en la voyant serrer la main dâOswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, mĂȘme si Pomme rĂ©pondit en lui montrant sa paume.
â Bah non⊠y a rien, tu voies ?
Il eut lâair Ă©tonnĂ©, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignĂ©e de main.
â Je⊠je peux aussi ?
â Bien sĂ»r. EnchantĂ©âŠÂ ?
â Je ne sais pas⊠Ivy ? Câest joli⊠si deux personnes ont le droit de porter le mĂȘme prĂ©nomâŠ
â Bien sĂ»r, on ne sâen sortirait plus sinon mais, câest plus un prĂ©nom de femme mais, tu pourrais tâappeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mĂȘmes sonoritĂ©s comme ça.
Il hocha la tĂȘte avant de serrer Ă son tour la main dâOswald avec apprĂ©hension, avant de la retirer avec Ă©tonnement en voyant quâelle Ă©tait toujours comme avant. Les trois qui nâavaient rien dit suivirent aussi en se prĂ©sentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la mĂȘme rĂ©action.
â On⊠on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bĂȘte avec un emblĂšme majeur nous brĂ»lerait⊠surtout les tarĂ©s comme moi et matri⊠Vivian⊠avoua Pomme en regardant leurs mains Ă tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dĂ©vorerait les mains si on le faisait⊠quand câest lâemblĂšme mineur, ça piquerait comme du salpĂȘtre mais, que les emblĂšmes majeurs brĂ»leraient comme le soleil⊠que seuls les esprits supĂ©rieurs comme les grands Meneurs et lâAgastya Ă©taient assez forts pour rĂ©sisterâŠ
â Et bien, je dois avouer que câest la premiĂšre fois que jâentends une telle histoire ! Je vous rassure, je nâai jamais brĂ»lĂ© personne en leur serrant la main ! » Sâesclaffa Oswald, riant Ă moitiĂ© noir. Ces personnes avaient Ă©tĂ© maintenus dans lâignorance, surement pendant des annĂ©es afin de mieux les contrĂŽler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Quâils ne se rendent mĂȘme pas compte de ce quâils faisaient ne lâĂ©tonnerait mĂȘme pas vu ce quâil avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile Ă manipuler maintenant quâils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, lâair sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois ĂȘtre honnĂȘte avec vous, lâheure en ville est trĂšs grave. ĂnormĂ©ment de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est Ă lâorigine de ses disparitions. Ă lâorigine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et Ă©viter quâil y en ait dâautres. AprĂšs la dĂ©monstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous trĂšs inquiets pour eux. Ătant donnĂ© que vous Ă©tiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous ĂȘtes leurs complices, et vous risquez dâĂȘtre punis de la mĂȘme façon quâeux, mĂȘme si vous nâĂ©tiez que des exĂ©cutants⊠leur apprit-il, voyant leurs joues blĂȘmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra sâarranger pour vous Ă©viter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider Ă retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute lâhĂ©sitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
â DâaccâŠ
â Non !!! âŠ
Celle qui les avait traitĂ©s dâinsecte sâĂ©nerva, reprenant violemment la jeune fille qui se dĂ©composa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors quâIvy faisait reculer la femme en colĂšre.
â Cause correct aux tiens, câest pas des chiens.
â La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Ăcoutez, je voie que vous avez peur et quâelle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui sâest passĂ© ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
â MĂȘme contre lâAgastya ? MĂȘme contre lâĂȘtre le plus puissant ? LâAgastya est lâAgastya, lâincarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprĂȘme des terres de la Grande Sphygi quâil dirige⊠per⊠personne ne doit lui dĂ©sobĂ©ir, le questionner ou lui rĂ©sisterâŠ
â Oui, mĂȘme contre lui sâil veut vous faire du mal ou vous forcer Ă faire des choses que vous ne voulez pas. Câest lui qui vous a racontĂ© lâhistoire que si vous touchiez quelquâun avec un emblĂšme mineur, vous serez brĂ»lĂ©Â ?
Pomme se mordit la lĂšvre avant dâhocher la tĂȘte.
â Pour quelquâun qui sait tout, il vous a dit de sacrĂ©s mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois aprĂšs Oswald. Et sâil est aussi fort que cette Bias, on devrait sâen sortir, on a eu quâĂ lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et Ă lâembrocher avec une Ă©pĂ©e pour la battre. MĂȘme si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver Ă le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez ĂȘtre juste selon vous, pas selon votre Grand Con si gĂ©nial quâil est obligĂ© de mentir en permanence pour se faire obĂ©ir car, un peuple qui rĂ©flĂ©chit, câest chiant Ă gĂ©rer.
â Agastya⊠crrrrĂ©tin⊠marmonna Noce sur son Ă©paule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tĂȘte alors quâelle prenait peut-ĂȘtre une des premiĂšres dĂ©cisions de sa vie.
â Je vous montrerais et vous dirais tout⊠maintenant que la Meneuse Ărudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller⊠Juste⊠juste je ne veux pas retourner Ă Shambhala.
â Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitiĂ©, ne nous renvoyez pas lĂ -bas⊠ils nous tueront pour vous avoir parlĂ©sâŠ
â Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levĂšrent, sous le regard effrayĂ© des trois qui avaient serrĂ© la main du descendant de Riegan, et celui dĂ©sapprobateur des deux derniers mais, ils restĂšrent fermes sur leur dĂ©cision et les suivirent hors de la piĂšce. Les deux amis â peut-ĂȘtre⊠ça ressemblait Ă de lâamitiĂ© selon le grand-duc mais, il nâĂ©tait pas sĂ»r quâils sachent mĂȘme ce que câĂ©tait⊠â les ramenĂšrent dans la grande piĂšce centrale, leur disant que leur « laboratoire » Ă©tait sous la grosse dalle par oĂč Kleiman et eux-mĂȘmes avaient tentĂ© de sâenfuir. Avec lâaide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivĂšrent Ă la forcer malgrĂ© les dĂ©formations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit dâIvy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau Ă©tait assez Ă©troit, Ă peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche nâĂ©clairait lâendroit, remplacĂ© par des sortes de longs rubans luisant, encastrĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du couloir, indiquant le chemin dans la pĂ©nombre. Si câĂ©tait les lumiĂšres auxquels ils Ă©taient habituĂ©s et quâils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'Ă©tait pas trĂšs Ă©tonnant quâune flamme leur fasse mal aux yeux, manque dâhabitude⊠une odeur de plus en plus nausĂ©abonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tĂȘte, gagnĂ©s par la honte⊠une odeur de cadavre et de fumĂ©e⊠de magie noireâŠ
Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença Ă entendre les hoquets de stupeurs des hommes dâarmes devant eux, avant quâil ne voie le laboratoire de lui-mĂȘme, ne pouvant contenir son incomprĂ©hension mĂȘlĂ©e dâhorreur Ă son tour. Le boyau dĂ©bouchait dans une Ă©norme cavitĂ© Ă©clairĂ©e par des pierres semblables aux veines luisantes, Ă©clairant un ensemble de table semblable Ă celle des chirurgiens mais, avec dâĂ©normes attaches pour tenir les membres, lâodeur de sang sĂ©chĂ© et de chair putrifiĂ© rendant lâair pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux cĂŽtĂ©s bien distincts : Ă leur gauche, il y avait des rangĂ©es de dizaine de tubes transparentes comme du verre oĂč flottaient des sortes de boules, et Ă droite, un damier de pressoirs Ă©normes, de sorte de cuves surplombĂ©s de cheminĂ©, et de grands casiers entre les deux.
CâĂ©tait ordonnĂ© au cordeau⊠presque scientifiquementâŠ
« Quâest-ce quâil y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce quâils contenaient.
â Vos semblables quâon a rĂ©cupĂ©rĂ© encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus Ă lâouest, et des personnes sur le port, dont je mâoccupe, rĂ©pondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissĂ©s, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, câest les corps des morts dont sâoccupe Vivian. On est deux dĂ©faillants alors, on a la tĂąche de sâoccuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se dĂ©barrasser des restes pour Vivian⊠câest ce qui est le plus dĂ©gradant.
â Et quâest-ce qui est pas dĂ©gradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scĂšne avec horreur, conscient que plusieurs de ses frĂšres et sĆurs avaient dĂ» passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, mĂȘme si le simple fait dâimaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dĂ©rangeant⊠câĂ©tait presque⊠bien trop calmeâŠ
« Assister la Meneuse Ărudite⊠rĂ©pondit difficilement Vivian.
â Câest-Ă -dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour quâil se calme malgrĂ© lâodeur atroce et le manque de lumiĂšre.
â Projet Alpha⊠continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des mĂ©tabolismes⊠étude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et lâutiliser afin de faciliter les expĂ©rimentations des MeneursâŠ
â Attendez⊠vous ĂȘtes en train de nous dire que vous dĂ©coupiez des gens vivants ?! Mais quel ĂȘtre humain peut ĂȘtre assez tordu pour faire une chose pareille Ă ses semblables ?! SâĂ©nerva-t-elle, Noce contre elle.
â Nous ne sommes pas humains⊠pas comme vous en tout casâŠ
â Oui, esprits supĂ©rieurs, infĂ©rieurs, insectes⊠tout ça, on connait, vos copains nous lâont dit tout Ă lâheure, les coupa Ivy, furieuse et dĂ©goutĂ©e, regardant de partout autour dâelle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste dĂ©couper des gens encore en vie ?! Vous nâavez pas dâempathie pour eux ?!
â Câest quoi lâempathie ?
Ivy dĂ©visagea Pomme, ne sachant pas si elle devait ĂȘtre en colĂšre ou comprĂ©hensive. Aux yeux de cette mage, câĂ©tait une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant mĂȘme pas ce que câĂ©tait alors que pour la plupart des gens, câĂ©tait tout de mĂȘme la base les Ă©motions et les sentiments. Vu le niveau, câĂ©tait mĂȘme limite Ă©norme quâelle ait juste osĂ©e la poser sa questionâŠ
â Lâempathie, câest la capacitĂ© Ă se mettre Ă la place des autres pour les comprendre et agir en consĂ©quence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son Ă©paule. Par exemple, quand quelquâun a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de lâaider normalement.
â Ah, câest comme pour les dĂ©faillants comme nous deux alors, comprit Vivian. Câest pour ça quâon sâoccupe des⊠des « stocks »⊠câest pour corriger nos dĂ©faillances et nos tares Ă forceâŠ
â Vous voulez dire que lâempathie, câest pas normal chez vous ? Demanda une guerriĂšre sreng, sans voix.
â Non, câest les dĂ©faillants et les insectes qui sâen font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils nâĂ©taient pas dignes du Grand Plan de lâAgastya⊠mĂȘme les Meneurs⊠nous avons Ă©chouĂ©, on sera juste remplacĂ©s par dâautres matricules⊠en particulier ceux comme nous qui sont tarĂ©sâŠ
â Câest-Ă -dire ? Vous avez des problĂšmes physiques ou mentaux ?
â Non, on serait inepte au travail, on serait dĂ©jĂ mort depuis longtemps, on ne servirait Ă rien Ă la cause, câest notre Ăąme notre problĂšme⊠on ne sait pas pourquoi⊠juste⊠ça fait mal de voir tout ça⊠marmonna Vivian, complĂštement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors quâil secouait la tĂȘte, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la mĂȘme couleur perdus dans le vague. On ne sait pas⊠on ne sait pas⊠mais, on ne peut pas sâen empĂȘcher⊠câest comme si on avait des Ă©pingles dans la poitrine⊠ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre⊠mĂȘme quand on les entend depuis toujours⊠et on arrive pas Ă se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le dĂ©sir de lâAgastya⊠on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous⊠on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom⊠on arrive pas Ă ĂȘtre ce quâon nous demande ĂȘtreâŠ
â Câest pas une tare alors, câest juste que vous nâavez pas Ă©tĂ© cassĂ© par cet Agastya, rĂ©pliqua Oswald sans hĂ©siter. Câest normal de ressentir de lâempathie pour les autres et dâĂȘtre mal quand des choses horribles leur arrivent comme⊠comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait ĂȘtre comme vous et ĂȘtre capable de ressentir de lâempathie malgrĂ© tout ce qui lui Ă©tait arrivé⊠au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian Ă©changĂšrent un regard, perdus, mĂȘmes sâils firent un signe de tĂȘte qui ressemblait Ă un acquiescement pour eux. DĂ©esse⊠des ĂȘtres vivants incapables de ressentir de lâempathie ou faisant tout pour lâĂ©liminer⊠câĂ©tait la premiĂšre fois quâil voyait une telle choseâŠ
Une fois Ă peu prĂšs remis de ce quâils venaient dâapprendre, ils se mirent Ă prendre possession des lieux et Ă sâorganiser pour sortir les rescapĂ©s de cet enfer au plus vite. DâaprĂšs Pomme, le liquide oĂč ils Ă©taient les maintenait en vie et Ă©vitait que leurs blessures sâaggravent mais, elle comprit Ă peu prĂšs pourquoi câĂ©tait important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel Ă©tait le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant quâIvy et un soldat tiraient une des messagers quâils avaient envoyĂ©s auprĂšs de Kleiman de sa cuve, Ă©talant lui-mĂȘme une couverture oĂč lâallonger.
â Je ne connais pas les dĂ©tails mais, si jâai bien entendu ce que disait la Meneuse Ărudite, ce nâĂ©tait pas pour nous faire des stocks de cobaye⊠dâaprĂšs elle, câĂ©tait pour plonger cette partie des protĂ©gĂ©s de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale Ă vous alors, le chaos lâaidera Ă avoir plus dâinfluence⊠expliqua Pomme en dĂ©plaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mĂ©canismes par ses quelques gestes alors quâelle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
â Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
â ⊠nous, nous lâappelons « Grande Savante » et son prĂ©nom, câest PĂ©riandre mais, ce nâest pas sous ce nom que vous la connaissez⊠et quâelle a pris la place de quelquâun dâimportant⊠on peut prendre lâapparence des autres de⊠je vous expliquerait aprĂšs mais, vous la prenez pour quelquâun dâautre dont elle a volĂ© le visage et lâidentité⊠je nâen sais pas plus, je nâai jamais Ă©tĂ© sous ces ordres, cela fait des annĂ©es que je suis dĂ©vouĂ©e au service de Bias⊠la Meneuse Ărudite ! La Meneuse Ărudite ! Pardon !
â Allons, ne vous en faites pas, elle est morte Ă prĂ©sent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous lâappeler par son prĂ©nom. Et merci, câest dĂ©jĂ beaucoup dâinformations qui nous seront trĂšs utiles, » lui assura Oswald, dĂ©jĂ bien content dâavoir trouvĂ© quelquâun dâun peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuÚrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlÚvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy⊠appela Noce, solidement accrochĂ© Ă lâĂ©paule de son amie.
Elle courut alors dâun coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
â Il est en vie ? Par pitiĂ©, dit-moi quâil est en vie et quâil va vivre⊠dĂ©clara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissĂ©s Ă celui qui dormait dans ce bocal.
Il sâagissait dâun jeune homme recroquevillĂ© sur lui-mĂȘme, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brĂ»lures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » â soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris â ne lâavait pas sauvĂ©. Sa peau Ă©tait trĂšs pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclĂ©s, retenus dans une Ă©paisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique dâIvyâŠ
« Câest fou ce quâil ressemble Ă son pĂšreâŠÂ »
â Oui, il lâest. De peu mais, il vivra. PĂ©riandre et Myson avaient dit quâon aurait bientĂŽt dâautres membres de la mĂȘme famille avec un emblĂšme mineur et un emblĂšme majeur alors, il fallait le laisser de cĂŽtĂ© pour comparer les trois alors, je lâai mis au fondâŠ
â Dâaccord, tu mâexpliqueras en dĂ©tail tout ce que tu sais aprĂšs mais avant, il faut quâon le tire de lĂ Â !
â Bien sĂ»r.
Pomme rĂ©pĂ©ta la mĂȘme sĂ©rie de mouvements sur la plaque que tout Ă lâheure, pendant quâIvy et lâautre soldat tiraient lâhomme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien prĂ©cis les tubes qui le reliaient Ă sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine lâallongea dĂ©licatement sur la couverture quâavait Ă©tendu Oswald, lâinstallant bien avant de lui tourner la tĂȘte, comme un noyĂ© pour Ă©viter quâil ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou quâil reste bloquĂ© dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournĂšrent sur lâĂ©paule, lâaidant Ă vomir.
â Allez⊠grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. CracheâŠ
â ⊠k⊠kof ! Kof ! Kreuf !!! KraâŠ
Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant prĂ©sent en lui, crachotant encore alors quâil essayait de parler.
â Attention, te presse pas trop, tâĂ©touffe pas alors que tu as encore de lâeau dans les poumonsâŠ
â I⊠Ivy⊠câest⊠mais que⊠les yeux de chat du jeune homme sâĂ©carquillĂšrent encre plus, mĂȘme si leurs iris bleu dâeau restaient encore floues, sâaffolant Ă cause des derniĂšres choses quâil avait vu, surement induit en erreur par lâodeur de sang omniprĂ©sente. Non⊠non⊠tu dois⊠les flammes⊠le sort⊠Dimitri⊠tout⊠ce⊠krreeeuufffâŠÂ ! Kof ! Kof !
â Eh ! Je tâai dit de ne pas tâĂ©touffer ! Le rappela-t-elle Ă lâordre alors quâil crachait encore. DĂ©jĂ que tâes une vraie pierre, va pas tâĂ©touffer mĂȘme Ă terre ! Pour rĂ©sumer trĂšs vite, mĂȘme si ça câest mal fini, Dimitri va bien, et mĂȘme si tâas dĂ» en voir, tu es en sĂ©curitĂ© maintenant.
â En⊠mais⊠mais commentâŠÂ ? Je⊠quâest-ce⊠quâest-ce qui sâest passĂ©âŠÂ ? OĂč⊠oĂč est-ce quâon est ? Mon⊠mon pĂšre est lĂ Â ? Et⊠et FĂ©lix ? Tu sais sâils vont bienâŠÂ ? Et AlixâŠ
â LĂ aussi, trĂšs longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour lâinstant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. Dâaccord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrĂšrent ceux de la meilleure amie de sa mĂšre, cherchant quelque chose de familier et de rassurant⊠il voulait presque lâentendre raconter ces derniĂšres anecdotes de voyage, leur dĂ©crire ses mĂ©saventures dont elle se tirait toujours et si tout câĂ©tait passĂ© comme ça lâarrangeait Ă Almyra⊠juste pour retrouver quelque chose de normal⊠tout Ă©tait tellement flou dans sa tĂȘte⊠la derniĂšre chose dont il se souvenait, câĂ©tait des flammes de partout, des cris, et des mages Ă©tranges qui le tiraient du mĂ©lange de boue, de suie et de sa propre mare de sang⊠de la sorte de potion immonde quâils lui firent boire⊠puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant⊠il avait tellement de questions⊠mais Glenn nâarriva quâĂ supplier Ivy avant de sâĂ©vanouir Ă nouveauâŠ
â Je veux rentrer chez moi⊠je veux mon pĂšre⊠FĂ©lix⊠et Alix⊠je veux retrouver⊠ma familleâŠ
â Bien sĂ»r, je te ramĂšnerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tĂȘte.
Glenn se laissa alors happer Ă nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir quâelle tiendrait paroleâŠ
#fe3h#Ă©criture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espĂšre que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur aprĂšs la FE OC Week !#C'Ă©tais prĂȘt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets Ă la base jusqu'Ă voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplĂ©mentaire... ce sera mieux et moins condensĂ© en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimĂ© Ă©crire la scĂšne de rĂȘve ! J'espĂšre qu'elle vous plaira !#(c'est les scĂšnes que je prĂ©fĂšre en gĂ©nĂ©ral : les scĂšnes de rĂȘve ou irrĂ©alistes oĂč les persos sont en plein trip#On peut mettre la rĂ©alitĂ© au placard et y aller Ă fond sur les symboles et les choses irrĂ©alistes tout en gardant la logique propre des rĂȘv#diatribe des avertissements inspirĂ©e par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passĂ© +30 minutes Ă cracher sur un jeu#auquel il n'a pas jouĂ© depuis 20 ans et qu'il dĂ©teste mais qu'il ne peut pas s'empĂȘcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa sĂ©rie de coeur alors pas trĂšs agrĂ©able Ă vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censurĂ©]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhĂ©rer pas Ă un truc soit ne lisez pas soit Ă©vitez de le tartiner Ă la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donnĂ© une chance Ă quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du nĂ©gatif bonne lecture Ă tous !
6 notes
·
View notes
Text
Un grand mystĂšre de la vie...
Blague Ă part, c'est ma thĂ©orie qui vaut ce qu'elle vaut (et mĂȘme si je me rĂ©pĂšte surement vu que la dĂ©fense de Rodrigue est devenue un cheval de bataille ici) mais, je pense que c'est en grande partie dĂ» d'une part au cadrage, Byleth adore son pĂšre et ne remet pas en question ses mauvais traitements lĂ oĂč ado!FĂ©lix charge son pĂšre de tous les vices du monde, mais aussi d'autre part au fait que si Rodrigue (et Seteth au passage) sont de vrais parents, JĂ©ralt correspond Ă un stĂ©rĂ©otype / fantasme de parents cools selon pas mal d'ado qui ne sont pas bloquĂ©s avec des parents nĂ©gligents / n'ont pas vĂ©cu ce genre de nĂ©gligence.
C'est le parent qui t'apprend Ă te battre de maniĂšre cool, qui te laisse une libertĂ© totale sans trop regarder ce que tu fais, qui te laisse faire ce qui veut, qui part dans des missions cools, qui fait un mĂ©tier trop cool de chasser le bandit, qui est un prof trop cool pour t'apprendre la bagarre, qui ne fait jamais d'erreur, est toujours glorifiĂ© par l'histoire en le montrant comme trop compĂ©tent et fort (et on retrouve le coup du cadrage qui modifie notre perception du personnage, comme dans la façon dont je parle des actions de JĂ©ralt de maniĂšre positive dans ce paragraphe, mes mots modulent la maniĂšre dont les choses sont prĂ©sentĂ©s sous un jour positive alors que si je change ma maniĂšre d'en parler, ce sera bien plus nĂ©gatif [et proche de ma maniĂšre de voir les mĂ©thodes d'Ă©ducation inexistantes de JĂ©ralt mais, je me met Ă la place d'un ado lĂ ]) qui ne te traite pas comme un gamin incapable de faire quoi que ce soit car il t'emmĂšne sur le terrain et te fais confiance pour te battre correctement et survivre, et qu'il te traite comme un adulte mĂȘme quand tu es enfant et te donne des responsabilitĂ©s. Et puis boire, c'est pas si grave, c'est cool de boire, c'est pour les grandes personnes. Et pour le fait qu'il lui apprenne rien sur le monde extĂ©rieur, c'est pas si grave, Byleth est trop forte Ă la bagarre alors, elle pourra se dĂ©brouiller et sinon, JĂ©ralt est lĂ pour l'aider en cas de besoin, surtout qu'il dit que l'Eglise est mĂ©chante alors, pas la peine d'apprendre ça, c'est ni cool ni intĂ©ressant.
En gros, c'est le parent qui traite son enfant comme un adulte, ce qui peut plaire Ă des ados qui ont l'impression que les adultes ne les prennent pas au sĂ©rieux Ă cause de leur Ăąge et leur disent "t'es trop jeune / laisse les adultes rĂ©gler ça, ce sont des problĂšmes de grandes personnes / tu ne peux pas encore tout comprendre car t'a pas le recul nĂ©cessaire". Cela est encore plus renforcĂ© par le fait que Byleth ne se plaint jamais de son pĂšre et remet trĂšs peu en question ses mĂ©thodes d'Ă©ducation et ce qu'iel a vĂ©cu Ă ses cĂŽtĂ©s (ĂȘtre un perso muet n'aide clairement pas).
Pour un ado qui a l'impression que les adultes ne le prennent pas au sĂ©rieux et voudrait qu'on le respecte mĂȘme s'il est jeune tout en ayant plus de libertĂ©, c'est sĂ©duisant comme idĂ©e et ça peut ĂȘtre difficile de comprendre que les actions de JĂ©ralt sont juste de la nĂ©gligence et qu'il ne s'occupe juste pas de Byleth, et qu'un alcoolique ne devrait pas s'occuper d'un enfant qu'il nĂ©glige dĂ©jĂ . Ce n'est pas une bonne chose qu'un adulte traite un enfant / ado comme un autre adulte. Un enfant doit ĂȘtre traitĂ© comme un enfant selon son Ăąge car, il n'a pas les mĂȘmes capacitĂ©s qu'un adulte, pas le mĂȘme recul, pas la mĂȘme expĂ©rience... mĂȘme si je comprends aussi que ça peut ĂȘtre difficile Ă entendre quand on est plus jeune justement parce qu'on a pas ce recul nĂ©cessaire pour comprendre qu'on ne peut pas se comporter comme un adulte car, on ne l'est pas encore.
De son cĂŽtĂ©, on voie Rodrigue encadrer FĂ©lix, il s'inquiĂšte pour lui, essaye de lui inculquer les bases pour en faire un adulte responsable tout en lui donnant de l'espace mĂȘme s'il veille toujours sur lui de loin, prend soin des autres enfants autour de lui dont il est responsable (et vue le niveau de parentalitĂ© de Lambert, Dimitri a bien besoin d'un vrai parent pour s'occuper de lui !) et il recadre son fils quand il se comporte mal (et Dimitri aussi au passage), mais il fait aussi des erreurs et n'est pas toujours Ă 100% sur la mĂȘme longueur d'onde que FĂ©lix, ils ne se comprennent pas toujours trĂšs bien, ils ont du mal Ă communiquer mĂȘme si Rodrigue essaye quand FĂ©lix fait tout pour l'Ă©viter, il ne sait pas comment faire pour recoller les morceaux avec lui et ça prend du temps, le tout avec FĂ©lix en face qui doit aussi se dĂ©brouiller avec son deuil et son rejet en bloc de toutes les valeurs de Faerghus, notamment la chevalerie.
Bref, c'est un vrai parent humain qui n'assure pas tout le temps, et qui peut se rapprocher de ce qu'est un parent responsable qui ne laisse pas son enfant livrer Ă lui-mĂȘme. Pour un adolescent qui peut avoir des parents qui l'encadrent, qui mettent en place des rĂšgles strictes et sont "souvent sur son dos", cela peut ĂȘtre repoussant car il s'identifie Ă FĂ©lix et Ă sa crise d'adolescence oĂč il est en rĂ©bellion complĂšte contre son pĂšre, et donc repousser les parents qui surveillent et encadrent plus leurs enfants comme Rodrigue et Seteth. C'est trĂšs facile pour un ado en pleine crise et rĂ©bellion contre ses parents de s'identifier Ă la situation de FĂ©lix, lĂ oĂč la situation de Byleth est bien plus Ă©loignĂ© du rĂ©el et oĂč c'est facile de projeter ses fantasmes de libertĂ© dessus (surtout que le coup du pĂšre qui part Ă l'aventure en laissant son gosse derriĂšre sur les bras de la mĂšre qui doit faire tout le boulot de parent MAIS, qui est quand mĂȘme un modĂšle pour son enfant qui ne souffre pas d'abandon mais le voie plus comme un modĂšle qui a suivi son rĂȘve jusqu'au bout et de ce qu'il voudrait ĂȘtre plus tard est un archĂ©type trĂšs courant, lĂ oĂč Rodrigue correspond plus Ă l'archĂ©type fĂ©minin d'une mĂšre s'occupant de ses enfants [FĂ©lix et Dimitri] quand l'autre parent part au bout du monde [et Ă la bonne idĂ©e de se faire tuer stupidement devant son gosse comme Lambert mais je m'Ă©gare]).
Attention, je ne dis pas que les parents doivent rester H24 sur le dos de leurs enfants, les surveiller Ă la loupe et contrĂŽler le moindre aspect de leur vie en leur collant une puce dans le bras (je crois que les anglophones appellent ce genre de parent un "parent hĂ©licoptĂšre", un peu comme on dirait un "papa / maman poule" en français), un ado a aussi besoin d'espace et de libertĂ© pour se dĂ©velopper et se construire (c'est d'ailleurs l'arc de Seteth d'apprendre Ă lĂącher du lest avec sa fille et de ne plus ĂȘtre un papa poule surprotecteur, mĂȘme si l'histoire justifie sa surprotection). Idem pour un enfant qui ne voudrait plus voir un parent maltraitant, c'est normal qu'il s'Ă©loigne de son bourreau. Le mĂ©tier de parent est un mĂ©tier incroyablement compliquĂ© oĂč vous devez apprendre plus ou moins sur le tas avec plus ou moins de rĂ©fĂ©rences et d'aide selon les situations (chose qu'Ă trĂšs bien expliquĂ© Maliki dans son excellent strip "laisser un avis : la parentalitĂ©" qui aborde Ă©galement la pression qu'on met aux parents, disponible aussi en anglais). Tout est une question de dosage et d'Ă©quilibre que chaque famille doit trouver pour ne pas tomber dans la nĂ©gligence d'un cĂŽtĂ©, ou la surprotection de l'autre.
ça commence Ă remonter mais, je me souviens que lorsque j'Ă©tudiais pour passer le concours des profs, un de nos profs nous avait expliquĂ© qu'une des Ă©tapes normales de dĂ©veloppements de l'enfant, c'est de se rendre compte que ses parents ne sont pas des ĂȘtres parfaits, qu'ils sont humains et peuvent se tromper aussi. Il y a aussi toute la pĂ©riode de rĂ©bellion propre Ă l'adolescence oĂč l'ado rejette ce qu'il connait pour essayer de se construire sa propre identitĂ© et univers, rejet qui peut ĂȘtre plus ou moins violent selon les cas.
J'ai l'impression qu'on est avec FĂ©lix dans cette phase oĂč il s'est rendu compte que son pĂšre n'est pas parfait mais, vu que ça s'est fait trĂšs brutalement Ă une pĂ©riode trĂšs difficile de sa vie, il a du mal Ă en sortir et Ă se rendre compte que son pĂšre est un humain aussi qui bataillait avec son propre deuil. Et de son cĂŽtĂ©, oui Rodrigue n'aurait peut-ĂȘtre pas dĂ» dire ça mais, il Ă©tait pris dans la mĂȘme TragĂ©die que FĂ©lix avec un prince blessĂ© Ă gĂ©rer, un rĂ©gent pourri, des seigneurs qui allaient faire un massacre, et il devait se dĂ©brouiller pour annoncer la mort de son frĂšre (ce qui veut dire qu'il a perdu un fils, ce qui doit ĂȘtre le pire cauchemar de n'importe quel parent de voir son enfant mourir avant lui) en Ă©vitant de dĂ©truire encore plus son monde, et en sachant que FĂ©lix adorait les histoires de chevalier quand il Ă©tait petit alors, il a pu penser que ça l'aiderait Ă tenir en utilisant cette image de la mort chevaleresque, mĂȘme si ça a complĂštement foirĂ©. Puis la dispute s'est prolongĂ© Ă cause du manque de communication et on se retrouve avec la situation du jeu oĂč FĂ©lix est restĂ© au stade de "rejet du cadre familiale + dĂ©couverte que les parents ne sont pas parfaits" au lieu d'aller Ă la prochaine Ă©tape de maturitĂ© qui est l'acceptation que oui, les parents ne sont pas parfait car ils sont humains et dĂ©velopper de l'empathie pour eux en comprenant ce qu'ils ont essayĂ© de faire (quand c'est possible, Ă©videmment, je ne parle pas de situation de parent maltraitant).
Enfin bref, tout ça pour dire car j'ai bien digressĂ© que selon moi, le principal problĂšme en plus du cadrage vient du fait que les deux sont des parents opposĂ©s dont l'apprĂ©ciation dĂ©pend d'un stade de maturitĂ© oĂč le joueur se trouve et son recul : JĂ©ralt peut ĂȘtre vu comme un parent fantastique car il colle Ă un fantasme, lĂ oĂč Rodrigue est un repoussoir, surtout s'il s'identifie Ă FĂ©lix et voudrait vivre une vie palpitante d'aventure comme Byleth, mais quand on grandit et qu'on prend du recul sur les choses, on se rend compte que JĂ©ralt est un parent nĂ©gligent, qui met en danger son enfant et ne le prĂ©pare pas bien Ă ĂȘtre indĂ©pendant quand il sera adulte, lĂ oĂč Rodrigue est un humain ET un adulte qui fait des erreurs mais tente de faire de son mieux.
no but so how did we let Rodrigue "I said something kinda offkey to my younger son in trying to process the brutal senseless murder of my older son" Achille Fraldarius be seen as the worse parent compared to Jeralt "I left my only child literally who knows where with literally who knows who for literally who knows how long to fuck around in this one village for literally no reason" Eisner in so much of the fandom. like how'd that happen
#les billets des autres#avis de curieuse#une curieuse qui s'Ă©nerve un peu et dit des trucs qui lui passe par la tĂȘte#dĂ©solĂ© de tout Ă©crire en français mais j'ai l'impression de ne pas bien retranscrire mes pensĂ©es quand je met que le traducteur#et vu que c'est long je ne voulais pas surcharger le billet en mettant les deux versions comme d'habitude#donc cours de français pour tout le monde#mĂȘme si les grands inquisiteurs de ce fandom adore rĂ©pĂ©ter que c'est un jeu ultra profond et ADULTE...#la cible du jeu reste les ados et les jeunes adultes alors je pense que ça joue dans les perceptions de parents#comme dit plus haut c'est une Ă©tape de maturitĂ©#j'espĂšre juste que les gens qui bombarde Rodrigue d'oeufs pourris et adulent JĂ©ralt finiront par comprendre#au moins quand eux-mĂȘmes deviendront parents#et mĂȘme avant si possible#dĂ©solĂ© pour le pavĂ© je pensais pas avoir autant de chose Ă dire#mais j'adore la relation FĂ©lix / Rodrigue alors j'avais pas mal de choses Ă dire sur la perception de la parentalitĂ© dans ce fandom#ça me laisse souvent pantoise mais je pense vraiment que cette diffĂ©rence de traitement vient du manque de recul + maturitĂ© + cadrage#c'est pas croyable tout ce que le cadrage peut faire avaler encore plus quand les personnages soutiennent ça...#mais faut apprendre Ă voir par delĂ le texte
60 notes
·
View notes
Text
Post trĂšs perso je sais pas si je vais le poster ou s'il va rester longtemps parce que je suis gĂȘnĂ©e de parler de ça mdr mais j'ai besoin de vider mon sac
j'avais un stĂ©rilet au cuivre pendant plusieurs annĂ©es ça a Ă©tĂ© graduellement de plus en plus affreux au moment des rĂšgles pertes super abondantes douleurs insupportables etc mais je voulais pas l'enlever parce que je veux pas prendre d'hormones donc je serrais juste les dents une semaine et demie par mois mais Ă un moment j'ai commencĂ© aussi Ă avoir mal en dehors des rĂšgles et surtout mal pendant les rapports je suis allĂ©e voir le mĂ©decin qui a dit que c'Ă©tait parce qu'il y avait une mycose donc ok je soigne ça mais j'avais toujours mal je suis allĂ©e voir un autre mĂ©decin pour avoir un deuxiĂšme avis j'ai demandĂ© si ça pouvait pas ĂȘtre de l'endomĂ©triose je me suis fait remballer ptdr j'ai fini par retourner voir mon mĂ©decin traitant qui a vu que mon stĂ©rilet Ă©tait tombĂ© et que c'Ă©tait ça qui me provoquait les mycoses donc elle l'a enlevĂ© carrĂ©ment, elle m'en a prescrit un autre mais j'y suis jamais retournĂ©e parce que ça m'a un peu traumatisĂ©e et je voulais laisser mon corps trkl pendant un moment mais le fait est plusieurs mois plus tard que rien n'a changĂ©, je suis toujours en pls pendant mes rĂšgles et je laisse plus mon mec me toucher parce qu'invariablement Ă chaque fois qu'on essaye je finis en larmes, pas seulement parce que j'ai mal mais parce que je suis déçue et triste et je culpabilise, impossible de mettre un tampon parce que ça me fait souffrir le martyr, et cerise sur le gĂąteau j'ai hyper envie d'ĂȘtre enceinte et d'avoir un bĂ©bĂ© en ce moment et les gens m'en parlent systĂ©matiquement quand je parle du mariage c'est hyper dur de dire "haha on verra plus tard" alors que oui je rĂȘve d'un bb mais je suis en combat constant avec mon corps et je suis fatiguĂ©e je pleure tout le temps l'autre jour ma collĂšgue Ă©tait hyper heureuse de me raconter que son fils va avoir un bĂ©bĂ© j'ai tenu la conversation mais aprĂšs je suis allĂ©e pleurer dans les toilettes comme une fragile j'ai pris rdv chez le mĂ©decin mais j'ai hyper peur d'y aller parce que j'ai peur d'avoir mal pendant l'examen et j'ai peur qu'elle me dise que j'ai rien et que c'est dans ma tĂȘte et que je passe le reste de ma vie comme ça ouin ouin ouin
45 notes
·
View notes
Text
J'rentre dans le piĂšge comme le fou dans la reine
Mon amie
Je n'ai pas envie d'ĂȘtre grossier
Mais je n'arrive pas Ă
ContrĂŽler cette langue
Qui part seule et vient vous lĂ©cher lĂ oĂč
Vous avez envie
Je braque et contre braque
J'ai plus de marche-arriĂšre
Pas besoin m'a dit mon pépé
Je roule vers vous
Sans vous connaitre
Sans amour
Sans raison
Le terrain est glissant
Montez-moi dessus
Je suis sans Ăąme ce soir
Je pourrais dire que je suis périmé, ça
Ferait pareil
Le volant est grand et je tourne au rythme de la musique
Mon cĆur s'emballe lorsque je vous vois me
Faire de lâĆil
Position 6, je suis Ă votre disposition
Position 7 on
Change de position
J'ai vu votre grĂące
Tomber en lambeaux
Le Roi joue avec la disgrĂące
Votre Ă©corce s'enlĂšve brusquement
Vous vous mettez Ă lire ma
Peau
Interminable parchemin, fragile mais si vous faites attention
L'incantation fonctionnera et
Les flammes des bougies Ă©teintes reviendront Ă©clairer vos murs
Je poivre la soupe, rappe le fromage
Et vous envoie valser avec le silence sur la plage malgré la nuit
Position 8, bientĂŽt la 9
C'est graduellement de plus en plus
Violent
Je voulais tellement ça
Et je me sens
Tellement le contraire
Racontez-moi
Qui voulez-vous voir dans mes yeux ce soir ?
Je casse trois verres en vous prenant frénétiquement sur le
Clic
Clac
Les lettres sont faites
Rien ne va
Plus
13 notes
·
View notes
Text
je ne vous cache pas qu'aprÚs n'avoir pas vécu en france depuis 2016 (.... time flies) et de passer mon temps à travailler sur la politique européenne, je me suis beaucoup désintéressée de la politique franco-française
et j'avais vu la motion de rejet de la loi sur l'immigration mais je n'avais mĂȘme pas regardĂ© le texte - j'avais juste compris qu'il Ă©tait trop Ă droite pour la gauche et pas assez Ă droite pour la droite et l'extrĂȘme-droite
mais hier aprĂšs-midi, je suis tombĂ©e sur le texte de la CMP qui allait ĂȘtre votĂ© le soir .... et je l'ai lu..... et je me suis dit "mais non. ça ne va pas passer."
puis pendant mon repas, j'ai vu que le sénat l'avait voter mais bon, ce n'était pas étonnant
et aprĂšs, j'ai commencĂ© Ă voir les ministres qui menaçaient de dĂ©missionner, des dĂ©putĂ©s qui appelaient Ă voter contre, et je continuais de me dire que ça n'allait peut-ĂȘtre pas passer
et le vote mettait des heures et j'avais un train Ă 6h ce matin donc je suis allĂ©e me coucher Ă 10h mais je voulais comment savoir donc je suis restĂ©e sur twitter sur mon tĂ©lĂ©phone blottie dans mon lit, et lĂ , Ă 11h30... la massue. le texte adoptĂ©, et vote rn ou pas vote rn, mĂȘme sans le RN il y a 261 dĂ©putĂ©s (non-RN donc!) qui ont votĂ© cette loi.
mon député (pour les français à l'étranger au Benelux) et mon ancien député (pour les français à l'étranger au Royaume-Uni/Europe du Nord) ont voté pour. par principe, la grande grande grande majorité des personnes qui ont voté pour eux sont des immigrants qui : bénéficie des services publics dans leur pays d'adoption, beaucoup ont obtenu la nationalité de leur pays d'adoption, beaucoup ne parlent pas forcément la langue de leur pays,...
43 notes
·
View notes
Text
Eté 1926 - Champs-les-Sims
8/10
Il m'a demandée en mariage. Et bien sur j'ai dit oui. Ne te méprends pas, c'est un choix éclairé. Bien sur, c'était une urgence et il me tendait une perche que j'aurai été idiote de ne pas saisir, mais je sais que je ne serai pas malheureuse avec lui. Je pense que j'ai réalisé quelque chose d'important dans tout ce bazar : le mari idéal n'est pas celui qui te fait brûler d'amour comme le pense Cléo, mais l'ami à qui tu peux te remettre. Je ne suis pas amoureuse d'Ange, et je ne crois pas que je le serai un jour. Quand à lui, je ne pense pas qu'il puisse tomber amoureux de moi. Mais pour autant, je ne pense pas que ce sera un mariage malheureux, bien au contraire. Il conservera ses habitudes, et moi les miennes (au détail prÚs que je ne peux plus faire confiance à un homme au point de lui offrir mon intimité), nous aurons un enfant ensemble et ce sera trÚs bien. Comme si Jean n'avais jamais existé.
Reste la question qui me chiffonne, je m'apprĂȘte Ă Ă©pouser mon cousin. Je me sens comme une princesse Habsbourg en ce moment, mais je n'avais pas vraiment d'autre choix.
Transcription :
ArsinoĂ© « Mais quâest-ce que tu fais ? »
Ange « Et bien, je fais ma demande ! Je ne vois personne dâautre ici qui puisse davantage faire lâaffaire. »
ArsinoĂ© « Mais⊠bon sang, dire que je nây avais mĂȘme pas pensĂ©... »
Ange « Ce nâest rien. Jâadmets que lâidĂ©e dâĂ©pouser son cousin est un peu vieux jeu. Je vois dâici ClĂ©o lever les yeux au ciel. Je peux continuer ? »
ArsinoĂ© « Non ! Enfin⊠tu me sauverais la vie, mais quâest-ce que tu as Ă y gagner toi ? Pour reprendre ce que dis Grand-MĂšre, je ne pourrai jamais c⊠enfin⊠te donner ce que tu dĂ©sires ! »
Ange « Câest si joliment dit NoĂ©. Si je tâĂ©pouse, vois-tu un inconvĂ©nient Ă ce que je continue Ă voir mes bons amis lors de mes sĂ©jours Ă Paris ? Ce nâest pas comme si je pouvais les Ă©pouser de toute maniĂšre⊠enfin pour la plupart. »
ArsinoĂ© « Jamais je nâoserais te lâinterdire mais⊠attends, tu es en train de me demander ma permission ? »
Ange « Je nĂ©gocie les termes de notre contrat de mariage. En tant quâĂ©pouse, je comprendrais que tu vois un inconvĂ©nient Ă ce que je pratique lâadultĂšre. Toi comme moi savons que ce ne sera pas un mariage dâamour, mais je tiens Ă faire les choses correctement. Alors ? »
ArsinoĂ© « Non, je nâai jamais vu de problĂšmes Ă qui tu aimes et notre mariage ne changera pas ça. Mais⊠et les enfants ? Je porte lâenfant dâun autre ! Tu nây vois pas de problĂšme ? »
Ange « Sur le papier, lâenfant sera le mien et je serai le pĂšre qui lâĂ©lĂšvera alors non, aucun. Pour ĂȘtre parfaitement honnĂȘte, ici, tu seras celle qui me rendra service. »
Arsinoé « Vraiment ? »
Ange « Avec mon mode de vie, jâai fait une croix sur la paternitĂ© il y a des annĂ©es. Pourtant, jâai toujours rĂȘvĂ© dâavoir des enfants et de devenir pĂšre. Me laisser reconnaĂźtre ton enfant, lâĂ©lever comme le mien⊠Tu me ferais le plus beau cadeau qui soit. Tu voulais savoir ce que jâai Ă y gagner, tu sais tout. »
ArsinoĂ© « Tu nâen avais jamais parlĂ© avant... »
Ange « Vivre avec cette idée était déjà assez difficile, je ne voulais pas retourner le couteau dans la plaie. »
Ange « Sache quâen plus, je donnerai aussi Ă ton enfant ce quâil reste de lâhĂ©ritage des de Chastel, le nom, ainsi que le titre, pour ce que ça vaut dĂ©sormais. Au grand dam de mon frĂšre dâailleurs. La nouvelle ne lui fera pas plaisir. »
ArsinoĂ© « Je comprends que tu nâai pas envie dâen parler oui. Je comprends aussi pourquoi Grand-MĂšre a fait appel Ă toi immĂ©diatement. »
Ange « Cher cousine, nous nous apprĂȘtons Ă consacrer lâoeuvre de la vie dâEugĂ©nie le Bris, en unissant par le mariage lâargent des Le Bris et le prestige des de Chastel. Mais le plus important, câest que nous y trouvions tous les deux notre compte. Câest bien le cas nâest-ce pas ? »
Arsinoé « Tout à fait. Je serais folle de refuser. »
Ange « TrÚs bien. Voilà qui mets fin aux négociations. Laisse moi donc reprendre. »
#lebris#lebrisgens5#history challenge#sims 3#legacy challenge#decades challenge#nohomechallenge#ts3#simblr#sims stories#eugénie le bris#Arsinoé Le Bris#Lucien Le Bris#Ange de Chastel#Cléopùtre Le Bris#Jean Davires#Emilien de Chastel
12 notes
·
View notes
Text
Journal
Hier, je vous parlais du peu de passion que j'ai pour le mĂ©nage. Aujourd'hui, je veux vous parlez du peu d'aide que je reçois de la part de mon fils et mon mari concernant l'entretien de la maison. Mais tout d'abord, je dois prendre mes responsabilitĂ©s. Je n'ai jamais voulu les obliger Ă m'aider. Quand j'Ă©tais enfant, ma mĂšre travaillait et nous laissait Ă ma sĆur et moi, une liste de choses Ă faire avant son retour. A l'Ă©poque, je trouvais cela complĂštement injuste que mes matinĂ©es de libres soient en partis occupĂ©es Ă Ă©tendre le linge, passer l'aspirateur, dĂ©barrasser le lave-vaisselle etc. J'ai donc dĂ©cidĂ© qu'une fois que j'aurais des enfants, je ne leur demanderai rien. Il se trouve que j'ai toujours Ă©tĂ© une femme Ă la maison, par choix, parce que je voulais ĂȘtre prĂ©sente pour mes enfants, contrairement Ă mes parents qui bossaient Ă©normĂ©ment. J'avais dons le temps de faire le mĂ©nage sans trop rien leur demander, si ce n'est de faire la vaisselle Ă tour de rĂŽle. A cette Ă©poque, les 4 enfants Ă©taient tous Ă la maison. Maintenant, nous sommes 3 dans le mĂȘme appartement. J'ai pris de l'Ăąge et parfois, j'ai besoin qu'on m'aide pour faire certaines choses. Exemple du jour, accrocher les rideaux ou nettoyer les lustres. Ce que Monsieur a fait en rĂąlant et en me disant qu'il ne voyait pas pourquoi je faisais ce genre de chose que personne ne remarque. Il doit, depuis des semaines, nettoyer les alarmes incendies qui sont tachĂ©es de cacas de mouches. Il est assez grand pour le faire sans monter sur une chaise, moi pas ! Mais bien que je lui demande gentiment tout les jours, rien n'est fait. Autre exemple, la poudre de cafĂ© qu'il laisse derriĂšre lui quand il remplis la machine, alors que je lui ai demandĂ© de nettoyer le cas Ă©chĂ©ant, vu qu'il est le seul a s'en servir. Alors je nettoie devant lui mais ça ne le dĂ©range pas plus que ça. Mon fils, quant a lui, ne sort pas de sa chambre. Quand je lui demande de la ranger un peu, il soupire en disant que personne n'y vient Ă part lui. Concernant son linge sale, j'ai mis un panier au pied de son lit car il avait la flemme de le mettre dans celui prĂšs de la machine. Mais chaque fois que je vais chercher son linge sale, il est sur son lit et pas dans le panier. S'il se coupe une tranche de pain, il laisse les miettes. Si mon mari enlĂšve un cotĂ© du plaid sur le canapĂ© en se vautrant dessus, il attend que je le remette en place. Il y a cette petite voix qui me rĂ©pĂšte: " C'est bien fait pour toi ! Tu n'avais qu'a les "dresser" dĂšs le dĂ©part, gueuler comme le fait ta mĂšre, crĂ©er un climat de tension mĂ©nagĂšre, histoire que tout le monde en fasse un minimum !" Mais je dĂ©teste les conflits ! Et comme je suis une femme au foyer, je me dis que c'est mon job. Mais ça me pĂšse de plus en plus, de voir qu'en plus de ce "job", je suis quand mĂȘme souvent leur bonne ! En fait, ĂȘtre une femme au foyer, c'est nettoyer le bordel des autres, sans jamais ĂȘtre payĂ©, sans jamais ĂȘtre en vacances, ni en weekend. C'est aussi renoncer Ă des tas de choses, parce que financiĂšrement, je n'ai jamais Ă©tĂ© autonome. C'est avoir constamment en tĂȘte que l'on dĂ©pend de l'autre. Alors oui, j'ai eu l'immense bonheur de pouvoir Ă©lever mes 4 enfants, d'ĂȘtre lĂ pour eux Ă chaque moment. J'ai Ă©tĂ© une mĂšre avant tout et c'est ce que je voulais. Mais mon dernier aura 18 ans dans quelques mois, il finira par quitter la maison, comme ses frĂšres et sa sĆur avant lui. Et moi, je serais lĂ , proche de la soixantaine, Ă encore me dire que c'est normal que je passe derriĂšre mon mari, parce que c'est lui qui rapporte le salaire qui nous permet de vivre.
11 notes
·
View notes
Text
28 juillet
je me suis forcĂ©e Ă sortir pour aller au vide-grenier au maybachufer parce que j. m'a demandĂ© quel Ă©tait mon plan pour la journĂ©e et je voulais pas dire rien. mĂȘme si j'avais pas envie de dĂ©penser de l'argent et que de toute façon j'ai pas de place pour ranger mes habits dans ma petite chambre. la moitiĂ© de mes affaires sont toujours dans ma valise et ce qu'il me faut c'est pas des habits mais une planche pour pour m'en servir comme Ă©tagĂšre pour poser les habits que j'ai dĂ©jĂ .
je suis allĂ©e me promener aprĂšs et je me sentais vide. j'avais faim, donc je me sentais encore plus vide. je me sentais fantomatique. j'Ă©tais un fantĂŽme qui marchait sans but en suivant des gens au hasard, notant des bribes de leurs conversations mais rien de bien intĂ©ressant. au bout d'un moment j'ai dĂ©cidĂ© de juste avancer tout droit. c'Ă©tait moche, tout Ă©tait moche et sale et dĂ©labrĂ©. je me suis rendu compte que depuis que j'Ă©tais ici j'avais pas vu de gens chics. des bourges avec des habits bien coupĂ©s, des gens en costume, des gens riches. les gens que j'avais l'habitude de croiser au luxembourg quand je sortais de la maison. ici je vois que des pauvres ou alors des jeunes qui sont probablement des enfants de bourges mais qui sont habillĂ©s comme des pauvres. mon environnement ici c'est des restaurants turcs avec des photos de plats sur les devantures, des bars Ă chicha qui sentent la rĂ©glisse avec des hommes vautrĂ©s dans leurs fauteuils, des squares glauques jonchĂ©s de bouteilles en verre, des graffitis, des odeurs de pisse, des graffitis, des objets en tout genre qui trainent sur le trottoir (l'autre jour j'ai vu un tampon ensanglantĂ©) eux aussi recouverts de graffitis (pas le tampon), des sans-abris qui s'excusent d'ĂȘtre lĂ et des dĂ©traquĂ©s qui rĂŽdent. j'aime bien sentir l'odeur de rĂ©glisse quand je passe devant les bars Ă chicha, mĂȘme si n. dit que ça sent pas du tout la rĂ©glisse. et j'aime bien ĂȘtre constamment surprise par ce que je vais trouver au prochain coin de rue. mais un de ces jours je vais aller me promener dans les rues de mitte chez les bourges avec les magasins Ă©lĂ©gants, mĂȘme si j'y rentre pas, juste pour le rĂ©confort. c'est pas dans l'air du temps d'aimer les riches mais j'aime le luxe c'est comme ça je suis indĂ©crottable.
depuis que j'ai eu ma rĂ©vĂ©lation lĂ devant la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© lesbienne dans le bar et que j'ai compris que j'arriverais sans doute jamais Ă lĂącher prise sans aide thĂ©rapeutique je me demande ce que je fais ici de nouveau. Ă©tant donnĂ© qu'un de mes buts en venant Ă berlin c'Ă©tait de goĂ»ter Ă la fĂȘte, mĂȘme si j'osais Ă peine me l'avouer tellement ça me semblait ambitieux. maintenant ça me semble encore plus utopique et je me sens un peu dĂ©couragĂ©e.
29 juillet
je dois changer quelques chose Ă mes journĂ©es. elles sont pas Ă©quilibrĂ©es. je passe trop de temps Ă procrastiner. je veux faire trop de choses en mĂȘme temps et Ă la fin j'avance dans rien. au rythme oĂč je vais je vais mettre mille ans Ă finir mon livre. je dois aussi arrĂȘter de sortir sans but. aujourd'hui je suis partie Ă mitte et prenzlauerberg mais c'Ă©tait pas un but assez prĂ©cis. j'ai fait du lĂšche-vitrine (ça existe encore ce mot?) dans la alte schönhauser strasse et je me suis rappelĂ© de la fois oĂč j'avais essayĂ© une robe marimekko dans un des magasins blancs minimalistes avec des habits aux coupes Ă©purĂ©es. je suis passĂ©e devant le magasin ace & tate oĂč j'avais essayĂ© des lunettes roses transparentes pour tenter de compenser mes nouveaux cheveux courts que j'aimais pas. prĂšs du berliner dom au bord de l'eau oĂč j'avais eu une conversation stressante au tĂ©lĂ©phone avec maman l'Ă©tĂ© avant de dĂ©mĂ©nager Ă paris parce que j'avais toujours pas commencĂ© Ă chercher des apparts. devant un chantier que j'avais pris en photo en 2016 et qui n'est plus un chantier. devant le cafĂ© oĂč j'allais tous les soirs en haut de la kastanienallee pour pleurer sur miriam dans mon journal. le tout petit cinĂ©ma oĂč j'Ă©tais allĂ©e voir le doc sur audre lorde. le rosenthaler platz oĂč on avait mangĂ© dans un resto indien avec robert l'amĂ©ricain qui m'avait dit de lire norwegian wood de murakami you know like the beatles song mais non je connaissais pas. le rosenthaler platz oĂč six ans plus tard j'ai failli m'effondrer sur le trottoir en hurlant parce que je me sentais seule et que j'avais besoin qu'on fasse attention Ă moi. aujourd'hui ça allait. j'avais mangĂ© avant de partir et je suis rentrĂ©e avant d'avoir l'impression de disparaitre. je suis passĂ©e chez lidl et je me suis fait un Ă©norme plat de linguine aux courgettes-mozza. hier soir j'ai mangĂ© des chips et du chocolat. Ă chaque fois que je passe Ă cĂŽtĂ© de gens qui mangent en terrasse je me demande ce qu'ils font pour gagner de l'argent.
30 juillet
j'ai recommencĂ© Ă poster mon journal sur tumblr. j'attendais la fin du mois pour m'y remettre. je l'attendais avec impatience, comme s'il me tardait de raconter la suite de l'histoire Ă mon tout petit lectorat fidĂšle. comme si c'Ă©tait vraiment une histoire. ou comme si j'Ă©tais une youtubeuse mais sans arriĂšre-pensĂ©e et qui s'adresse Ă personne Ă part Ă elle-mĂȘme. ce soir je suis allĂ©e voir une performance dans un studio d'artistes dans une arriĂšre-cour Ă kottbusser tor. j'avais demandĂ© Ă n. de m'accompagner et elle voulait absolument que j'aille parler Ă la performeuse Ă la fin pour lui dire que moi aussi je faisais de la performance pour essayer de gratter des contacts mais Ă©videmment j'ai pas osĂ©. elle m'a dit remember in berlin you're someone who talks to people! mais j'ai dit it doesn't work like that. je peux pas devenir quelqu'un d'autre en claquant des doigts. elle a dit alcohol helps et j'ai dit but i don't drink et je me suis sentie comme une cause perdue. lara tu fais vraiment tout Ă l'envers. finalement c'est elle qui est allĂ©e lui parler et moi j'ai rien dit parce que j'avais rien Ă dire.
j'ai moyennement aimĂ© la performance. je savais que j'allais moyennement aimer rien qu'en lisant le texte de prĂ©sentation qui sonnait creux avec tous ses concepts Ă la mode qui veulent rien dire lĂ , mais je lui ai laissĂ© le bĂ©nĂ©fice du doute. on m'a fait poser mes chaussures et manger un bonbon au gingembre ignoble, n. m'a dit pourquoi tu l'as pas recrachĂ©? et ça m'Ă©tait pas venu Ă l'esprit. j'ai bien aimĂ© la partie oĂč l'artiste a fait lire un texte intitulĂ© the curse of the undercurrent Ă une participante et c'Ă©tait une liste de mots en under- comme underkissed, undertouched, underloved et plein d'autres mais Ă©videmment c'est ceux-lĂ qui m'ont interpellĂ©e et puis quelqu'un d'autre a lu le spell of the undercurrent qui Ă©tait l'antidote et c'Ă©tait juste une rĂ©pĂ©tition du mot understanding. elle a demandĂ© Ă plusieurs personnes de l'enregistrer avec leur tĂ©lĂ©phone et puis de jouer tous les enregistrements en mĂȘme temps mais pas synchronisĂ©s. j'ai trouvĂ© ça cool, mais c'est tout. j'ai rien compris Ă ce qu'elle voulait dire Ă la fin. j'ai dit Ă n. que j'Ă©tais plus intĂ©ressĂ©e par les trucs moins artsy et plus divertissants, avec une histoire plus facilement discernable, de la musique, des trucs concrets.
9 notes
·
View notes
Note
20, 10 et 13 pour le "violence ask game"!
Salut ! Merci pour les questions ! Bon bah, de nouveau, on va partir sur du FE3H ! On a encore des choses Ă se dire avec ce jeu !
10 - La pire partie du fanon ?
Alors... pas oĂč commencer... je dirais que la pire partie du fanon, c'est de penser que CF est une bonne fin et une route de hĂ©ros alors que c'est clair et nette que c'est une route des mĂ©chants. C'est Ă©vident que les dĂ©veloppeurs puis la traduction amĂ©ricaine (et donc la traduction française parce que, qui est l'idiot qui a pensĂ© que c'Ă©tait une bonne idĂ©e de faire une traduction de traduction et pas de prendre le texte original ?!) font tout pour cacher le plus possible que c'est une route des mĂ©chants mais, il reste des indices par-ci par-lĂ (en plus du contexte ajoutĂ© par toooouuut le reste du jeu + le fait qu'on envahisse 2 nations neutres et qu'on finisse un gĂ©nocide par pur racisme tout en Ă©tant aidĂ© par un peuple de taupe malĂ©fique fabriquant des armes Ă partir de restes humains) alors, ça me semble assez normal de l'Ă©crire comme une route de mĂ©chants.
Mais nopes ! Une grosse minoritĂ© trĂšs (trop) bruyante est persuadĂ©e que c'est une route de hĂ©ros, avec des hĂ©ros trĂšs gentils et des mĂ©chants (les gens qui dĂ©fendent leurs maisons d'une invasion) sont trĂšs mĂ©chants alors qu'on ai aidĂ© par un peuple de taupe qui est mĂ©chant et fait des expĂ©rimentations humaines mais, on les aide Ă finir l'extermination de leurs ennemis qui sont des mĂ©chants colonisateurs (soit un peuple de dragons restant tranquillement Ă Zanado Ă se faire dorer au Soleil ou partageant leurs technologies pour aider les autres sans rien demander aux autres, Ă part qu'on les laisse prendre des bains de soleil tranquille) MAIS, ne vous en faites pas braves gens, on les poignardera dans le dos aprĂšs la guerre et on les exterminera car ils sont mĂ©chants, mĂȘme si on les a aidĂ© Ă atteindre leur objectif ultime de brĂ»ler Fodlan... franchement, Ă part que l'amour (factice vu qu'El n'existe pas) d'un tas de pixel rend aveugle et qu'ils sont d'accord avec le fait de tuer tout le monde pour rĂ©gler les problĂšmes, je comprends pas... c'est mĂȘme une des raisons pour lesquelles j'ai commencĂ© Ă Ă©crire des fanfics que je postais sur Tumblr : je voulais Ă©crire ma propre route CF (paix Ă son Ăąme de cette fic, nous ne t'oublierons jamais) mais avec ma propre vision du canon et en assumant que c'est la route des mĂ©chants (et vu qu'on est chez moi, avec une El grosse gamine car j'aime les mĂ©chants immatures, c'est comme confier le bouton de l'arme atomique Ă un enfant de 5 ans et attendre de voir ce qu'il va faire).
Pour aller avec le point prĂ©cĂ©dent, il y aussi la transformation des agarthans comme de pauvres petites victimes par cette partie du fandom car, Sainte Delagarde doit ĂȘtre aussi immaculĂ©e que les plumes de la blanche colombe (et ses cheveux aprĂšs les expĂ©riences agarthannes) et donc, elle ne peut pas s'allier au mal absolu. Encore, qu'on montre les agarthans muets, le peuple sur lequel rĂšgne ThalĂšs et les petites mains comme des victimes, pourquoi pas, ils n'ont rien demandĂ© ou n'ont fait que suivre sinon, c'est la mort (mĂȘme si c'est un Ă©norme dĂ©bat moral de savoir si oui ou non ceux qui ont "juste" obĂ©is Ă des ordres horribles sont responsables ou non, je vais pas trancher ici), je veux bien et je le fais moi-mĂȘme MAIS, avec des agarthans originaux qui n'ont jamais rien fait de mal Ă l'Ă©cran et volontairement. Mais, pas ThalĂšs qui est littĂ©ralement le chef qui a dĂ©cidĂ© de tout, Solon qui tue volontairement Kronya pour le bien de leur plan et est responsable de l'Ă©pidĂ©mie rendant les gens complĂštement fou Ă Remire, ou Kronya qui prend plaisir Ă tuer tout le monde et a volĂ© l'identitĂ© de Monica pendant des mois. C'est eux qui ont dĂ©cidĂ© de tellement bombarder une rĂ©gion Ă coup d'armes atomiques que ça a crĂ©Ă© Ailell ma parole ! Evidemment que leurs actes doivent avoir des consĂ©quences et que ce ne sont pas que des pauvres petites victimes !
Est-ce qu'ils avaient leur raison aussi ? Peut-ĂȘtre mais je m'en cogne. Ils ont transformĂ© une rĂ©gion entiĂšre en enfer de lave, ont crĂ©Ă© un monstre, ont gĂ©nocidĂ© une espĂšce entiĂšre et ont utilisĂ© leur sang et leurs os pour crĂ©er des armes surpuissantes pour installĂ© leur monstre comme maitre de Fodlan afin de tout faire brĂ»ler parce qu'ils n'Ă©taient pas content qu'on leur tape sur les doigts pour avoir ravagĂ© Fodlan, je vais pas les plaindre, mĂȘme si ça se sent que leur traitement de faveur vient de leur association avec El.
13 - La pire blorbofication ?
La maniĂšre dont Delagarde est vu comme une pauvre pitchoune toute triste, faut la prendre sur tes genoux pour lui caresser la tĂȘte et la consoler comme un gros bĂ©bĂ© ? Oui, c'est de loin le pire cas de blorbofication que j'ai jamais vu ! Et il est dans le jeu lui-mĂȘme ! Les dĂ©veloppeurs ont blorbocifier leur propre personnage ! (mais bon, c'est leur chouchoute aprĂšs tout)
Sinon, à part Delagarde dont j'ai déjà pas mal parlé, je dirais que les pires blorbofications que j'ai vu dans FE3H, c'est pour les pÚres pourris / persos masculins pourris alors que les persos féminins n'ont pas le droit à cette indulgence.
Prenons Rufus, mĂȘme avant que Nopes en fasse un pauvre miaou miaou parce que "les emblĂšmes sont le maaaalll !!!". Qu'on le prenne en pitiĂ©, d'accord, je veux bien comprendre qu'on le trouve pitoyable car il a perdu son frĂšre de maniĂšre horrible donc, logique qu'il soit dans un sale Ă©tat... mais d'un autre cĂŽtĂ©, il est quand mĂȘme rĂ©gent, c'est lui qui tient la barque et c'est lui qui a laissĂ© le royaume pourrir sur place et de ce qu'on en sait, il n'a rien fait pour empĂȘcher le massacre des duscuriens. Et dans tous les cas, frĂšre mort ou pas, il est aussi un coureur de jupons de niveau olympique, avec toutes les potentiels consĂ©quences que ce type de comportement implique (genre, grossesse accidentelle et possible bĂątards bien planquĂ©s dans la nature et vivent dans la honte de leur statut de bĂątards).
Dans tous les cas, il a laissĂ© son pays Ă l'abandon, son neveu tout seul dans son coin avec sa maladie mentale, laissĂ© les duscuriens se faire massacrer et a prĂ©fĂ©rĂ© se noyer dans l'alcool ou le foutre. S'il ne voulait pas de son rĂŽle de rĂ©gent et n'Ă©tait pas intĂ©ressĂ© par le pouvoir (point que je trouve bien plus intĂ©ressant et moins classique que "frĂšre A envie le pouvoir de frĂšre B" en n'ayant quelqu'un qui ne veut pas du pouvoir et est trĂšs content d'Ă©chapper Ă ses responsabilitĂ©s), il aurait surement pu confier les rĂȘnes du pouvoir Ă Rodrigue ou quelqu'un d'autre, ce serait surement possible (surtout pour d'aussi grande famille et mĂȘme le jeu aurait pu faire son ouin-ouin en disant "il a donnĂ© le pouvoir Ă quelqu'un Ă emblĂšme car, tout le monde ne pense qu'à ça !!!"). MĂȘme s'il ne voulait pas le pouvoir, il est fils de roi, frĂšre de roi, oncle de roi alors, ses privilĂšges de naissance s'accompagnent de devoirs et il se doit de servir le Royaume, pas ses propres intĂ©rĂȘts (encore une fois, sans vouloir faire ma rouge de service, selon moi, le dirigeant doit servir ses sujets avant lui-mĂȘme, pas le contraire). Rodrigue aussi a vĂ©cu la mĂȘme perte, a mĂȘme dĂ» la subir sans pouvoir rien faire et en devant obĂ©ir au roi mais, il arrive Ă tenir malgrĂ© tout et Ă continuer Ă ĂȘtre un ĂȘtre humain dĂ©cent et Ă s'en faire pour son peuple, sa famille et mĂȘme la famille des autres avec Dimitri.
Alors, je ne comprend pas le cĂŽtĂ© "pauvre miaou-miaou Rufus, il est kro triste, sombre et torturĂ© TT_TT" qu'on retrouve Ă gauche Ă droite. Je sais pas, on a une horde de stans prĂȘts Ă tout pour nous enfoncer leur Bible et leur Sainte Parole hurlant que soit RhĂ©a est trop intervenu dans les affaires humaines si ça les arrange, soit qu'elle n'a pas assez fait pour encadrer les humains qui faisaient n'importe quoi quand ça les arrange plus mais, pour Rufus, c'est le calme plat et pauvre miaou miaou alors qu'il a vraiment la responsabilitĂ© des faerghiens et les laissent dans la panade jusqu'au coup... vraiment, je comprends pas.
Ces remarques peuvent Ă©galement s'appliquer Ă Ionius en dix milles fois pires et avec la mĂȘme vĂ©nĂ©ration de la part des fidĂšles de sa fille alors que des personnages de pĂšres biiiiien meilleurs se reçoivent des tomates pourries (voir mes rĂ©ponses prĂ©cĂ©dentes Ă ce jeu de questions) et des femmes (quand elles ont la chance de pouvoir exister dans le cadre) qui se reçoivent aussi les condamnations du monde entier pour avoir fait bien moins pire (Tiana mise Ă part mais, elle est dĂ©crite comme Ă©tant plus masculine que fĂ©minine et a l'image de la "maman cool et badass" vu que Claude en parle en bien et qu'elle a "vaincu" Nader en combat singulier [car Ă©videmment, c'Ă©tait un combat "juste, Ă la rĂ©guliĂšre et sans aucune pression" entre la reine de son pays et un gĂ©nĂ©ral qui ne risque pas du tout sa place s'il gagne et humilie donc la reine, bien sĂ»r])
20 - une partie du canon que vous avez trouvée fastidieuse ou ennuyeuse ?
Hum... encore une fois, c'est surement prĂ©visible mais, je dirais que c'est toute la surcouche de "au mon Dieu, pauvre El ! C'est trop injuste de la combattre !!! đđđ" et tout le parasitage de l'intrigue et de l'univers que cela implique. ça va aussi avec le fait que le jeu use et abuse de la technique des narrateurs non fiables alors, c'est trĂšs facile pour les gens de hurler que toutes les versions se valent (enfin la leur plus que les autres), alors qu'on a des preuves qui dĂ©montre par A + B que les choses se sont dĂ©roulĂ©s d'une telle maniĂšre et pas d'une autre.
L'univers de 3H est ultra intĂ©ressant, il aurait pu faire un monde et un lore trĂšs fourni et intĂ©ressant entre les nabatĂ©ens, les agarthans, les origines de Sothis, les rapports entre les diffĂ©rentes factions internes et pays Ă l'extĂ©rieur de Fodlan, l'Eglise... mais, vu que tout doit se concentrer sur Delagarde, ses petits problĂšmes de petite princesse pourrie gĂątĂ©e qui fait un caprice parce que son pays ne rĂšgne plus sur le continent et que ça fait bobo Ă son Ă©go biberonnĂ© Ă la propagande nationaliste de son papounet, et que le monde entier se plie sous elle afin de soutenir son discours mĂȘme quand des Ă©lĂ©ments objectifs le dĂ©monte entiĂšrement, le tout en devant aussi en faire une waifu toute gentille et fragile qui a tellement besoin d'aide pour conquĂ©rir le monde, afin que le joueur veuille en faire sa poupĂ©e vivante Ă cĂąliner tout en devenant le chevalier blanc de sa demoiselle en dĂ©tresse (car honnĂȘtement, c'est ce qu'elle est dans CF, une demoiselle a sauvĂ© de ses propres dĂ©cisions pour que son chevalier servant qui vaincs tous ses ennemis et la "dĂ©livre" d'un "mĂ©chant" dragon, on pourrait presque le rapprocher d'une version corrompu du mythe de Saint George qui vainc un dragon / mal mais, oĂč c'est le dĂ©mon qui a forme humaine et la foi et le bien qui ont une forme draconique [et la comparaison avec une histoire chrĂ©tienne va encore mieux vu la maniĂšre dogmatique dont ses stans rĂ©pandent la bonne parole de leur idole, on dirait vraiment des prĂȘcheurs d'une religion ou d'une secte genre tĂ©moin de JĂ©hovah mais Ă©videmment, ils sont anti-religion et ultra athĂ©s et indĂ©pendant d'esprit, ne vous en faites pas, c'est juste qu'ils n'aiment pas celle qui n'est pas la leur]) et avoir une sensation / fantasme de puissance car, il arrive Ă conquĂ©rir le monde alors que le texte lui dit qu'il est l'out-sider (lĂ oĂč la rĂ©alitĂ© des faits internes Ă Fodlan est qu'il arrive, Delagarde se rĂ©veille aprĂšs avoir passĂ© 5 ans Ă se lamenter en griffonnant son portrait et en se gavant de bonbons, et balaye le monde entier avec l'armĂ©e la plus puissante du continent. Clairement, il n'aurait pas fallu d'ellipse pour CF, ça rend Delagarde encore plus incompĂ©tente et pathĂ©tique qu'elle ne l'ait dĂ©jĂ dans cette route).
(et vous voyez les gens qui hurlent Ă "MARY SUE !!!" dĂšs qu'il voie Ray dans Star Wars [dans les deux films de la postlogie... quel 3e film ?], ça c'est une Mary Sue : l'univers se tord autour d'elle pour la servir et n'existe plus pour lui-mĂȘme comme une entitĂ© indĂ©pendante oĂč le personnage Ă©volue et s'adapte Ă lui)
HonnĂȘtement et c'est trĂšs triste Ă dire, si l'antagoniste avait Ă©tĂ© un homme, on n'aurait eu bien moins de problĂšme : le jeu aurait assumĂ© que c'est un mĂ©chant, il n'aurait pas tout fait pour nous faire regretter de le combattre ou l'aurait fait d'une maniĂšre plus raisonnable / subtile avec de bien meilleur raison que juste "on est triste parce que c'est Delagarde et osef de toooouuuut ce qu'elle a fait comme assassinĂ© des gens ou qu'on la connait Ă peine. Tu dois ĂȘtre triste de la combattre parce que ça doit ĂȘtre ta waifu... comment ça on a des femmes / des hommes gays / des aroaces / des gens qui n'aiment pas El car c'est une sale pourriture de conquĂ©rante impĂ©rialiste dans le public ?", et l'univers aurait sans doute pu se dĂ©ployer sans devoir prendre en compte la donnĂ© "Delagarde" Ă chaque instant et Ă chaque Ă©lĂ©ment, ce qui aurait moins donnĂ© cet aspect "univers en carton pate qui n'existe que pour l'histoire". Voir CF n'existerait tout simplement pas et on aurait pu garder le budget pour amĂ©liorer le reste du jeu vu que bon, il en aurait bien eu besoin pour s'amĂ©liorer techniquement, ou pour faire d'autres cartes, ou pour avoir plus de cinĂ©matique (mort de Rodrigue / scĂšne sous la pluie / aveux de RhĂ©a...) ou pour donner une vraie histoire indĂ©pendante Ă VW.
#jeu de questions#Ă©criture de curieuse#dame randomnameless#merci beaucoup pour les questions !#une curieuse qui s'Ă©nerve un peu et dit des trucs qui lui passe par la tĂȘte
8 notes
·
View notes
Text
"Tirade"
James McAvoy x M/FTMreader
rĂ©sumĂ© : FraĂźchement inscrit Ă des cours de thĂ©Ăątre, Uriel ne crois pas spĂ©cialement Ă ses capacitĂ©s mais un souvenir de son adolescence reste gravĂ© dans sa mĂ©moire et l'aide Ă avancer dans ces cours. Un jour, un certain acteur vient rendre visite Ă une vieille amie, et il s'arrĂȘtera sĂ»rement devant une jolie reprĂ©sentation donnĂ©e par Uriel.
notes : je sais que ça ne peut pas vraiment ĂȘtre comptĂ© comme "x reader" car le personnage principal porte un nom mais je n'aime vraiment pas Ă©crire avec le "Y/N" alors j'ai dĂ©cidĂ© de mettre un prĂ©nom sans rĂ©elle importance afin de faciliter l'Ă©criture. Les dialogues et textes sont crĂ©Ă©s par mes soins, contrairement Ă la tirade finale qui reçoit ses crĂ©dits dans l'histoire ;)
! warnings : mention de propos se rapprochant de la sexualité, insécurités
3 800 mots
- Description Ă la troisiĂšme personne
Le thĂ©Ăątre n'Ă©tait pas lâoption quâil avait envisagĂ©e dĂšs le dĂ©but. Il avait plutĂŽt pensĂ© Ă l'Ă©criture, la peinture peut-ĂȘtre, mais pas le thĂ©Ăątre. Il voulait rester derriĂšre les rideaux, pas avoir Ă se mettre en scĂšne devant des paires dâyeux curieux. Vendre des livres et des tableaux lui semblait plus accessible, du moins pour lui c'Ă©tait plus accessible, il travaillerait dur pour ça. Devenir Ă©crivain ou peintre Ă©tait plus courant quâacteur, non ? Pour devenir acteur il fallait ĂȘtre reconnu par Ă©normĂ©ment de monde, il fallait ĂȘtre constamment jugĂ© et Ă©piĂ©. Il fallait un pur talent et beaucoup de chance pour devenir acteur. Ce quâUriel ne pensait pas du tout avoir. LâĂ©criture pouvait s'apprendre plus facilement, il n'avait pas besoin de se montrer aux yeux du monde entier pour gagner un peu dâargent. La peinture pouvait ĂȘtre abstraite et anonyme, pas besoin dâavoir son visage sur la toile.
Pourtant il se retrouvait inscrit Ă des cours de thĂ©Ăątre depuis maintenant deux semaines. Son pĂšre lui avait forcĂ© la main, il avait insistĂ© en disant que pour lui cet art avait aidĂ© Ă gĂ©rer sa timiditĂ© et que peut-ĂȘtre ça serait aussi le cas pour lui. Alors Uriel avait acceptĂ©, parce quâau fond il avait toujours quelque chose dans sa poitrine qui demandait Ă sortir et Ă sâexprimer, et le thĂ©Ăątre pouvait peut-ĂȘtre lâaider Ă le faire. Du moins, il privilĂ©giait cette excuse Ă une autre, totalement absurde.
« On reprend tout le monde ! »
La voix criarde de Mary fit sursauter la dizaine dâĂ©lĂšves. Tous rangĂšrent leurs portables ou casques afin de retourner sur scĂšne et de reprendre les rĂ©pĂ©titions.
Uriel suivit le groupe, admirant la diversitĂ© prĂ©sente. En sâinscrivant il avait vu quâĂ partir de seize ans les personnes devaient s'inscrire dans le groupe adulte, et bien entendu du haut de ses vingt-et-un ans il lâavait fait. Mais dans le groupe il avait une jeune fille, de seize ans justement, Uriel lâadmirait profondĂ©ment, elle Ă©tait vraiment douĂ©e et tout le monde le lui disait. Les rĂŽles principaux Ă©taient souvent pour elle d'ailleurs, mais elle ne devenait pas hautaine pour autant, au contraire elle Ă©tait toujours surprise de les recevoir et c'Ă©tait touchant Ă voir.
« Bien, commença plus calmement Mary, avant que lâon continue je voulais vous dire quâun ami risque de venir vous voir dâici quelques jours. AussitĂŽt les Ă©lĂšves devinrent curieux, il passe par ici et en parlant avec, il a proposĂ© de venir vous regarder rĂ©pĂ©ter »
« Câest qui ? Demanda CloĂ©, un acteur ? »
Uriel sâinstalla en tailleur par terre Ă cĂŽtĂ© de Matthias, un homme dans la cinquantaine avec qui il sâentendait bien. Ce dernier lui lança un regard et se reprocha de lui pour murmurer Ă son oreille.
« Jâen ai vu des soi-disant acteurs passer par ici et crois-moi ils ne nous jettent mĂȘme pas un regard, sourit-il, ils viennent pour se faire de la pub, dirent qu'ils sont gentils et tout ces trucs mais au fond ils sâen foutent de nous mon pauvre garçon »
Matthias n'Ă©tait pas trĂšs apprĂ©ciĂ© dans le groupe Ă cause de sa manie Ă toujours voir le nĂ©gatif dans une situation, comme Ă prĂ©sent, mais Uriel apprĂ©ciait ça. Pour lui c'Ă©tait une qualitĂ© de voir les options que dâautres prĂ©fĂ©raient ignorer, et puis ça le faisait toujours rire.
« Peut-ĂȘtre qu'il est diffĂ©rent ? RĂ©pondit Ă son tour Uriel dans un murmure »
En guise de rĂ©ponse, lâhomme haussa les Ă©paules, lâair peu certain.
« Oui câest un acteur, mais je ne prĂ©fĂšre pas vous dire tout de suite de qui il s'agit, continua Mary, vous verrez bien ! »
« Mais pourquoi il vient nous voir nous ? On est pas connus, on est mĂȘme pas des professionnels »
Presque lâentiĂšretĂ© du groupe fut dâaccord avec JoĂ«l, et Mary comprit leurs rĂ©actions.
« On se connait depuis le lycĂ©e lui et moi. Il sait que jâorganise des cours au thĂ©Ăątre, il m'a simplement demandĂ© si ça me dĂ©rangeait qu'il assiste Ă une session et jâai rĂ©pondu que non. Les Ă©lĂšves ne semblaient toujours pas convaincus, Ă©coutez vous verrez de vous mĂȘme alors arrĂȘtez de me regarder avec des yeux de merlan fris. Je suis sĂ»re quâil pourra mĂȘme vous donner des conseils »
Chacun eut un petit commentaire à faire, Mary les laissa discuter pendant plusieurs minutes avant de clapper des mains pour attirer leurs attentions et reprendre les vraies répétitions.
Depuis maintenant un peu moins dâun mois, le groupe travaillait sur une piĂšce en partie crĂ©Ă©e par Mary elle-mĂȘme. âLâAnge et lâOiseauâ, un drame aux apparences mythologiques racontant lâhistoire de deux personnages : un ange nommĂ© YaĂ«l qui cherchait dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă fuir les cieux, et une corneille nommĂ©e Danielle qui elle espĂ©rait avoir une place au Paradis malgrĂ© les croyances reliĂ©es Ă son apparence. CloĂ© avait le rĂŽle de lâange, Uriel celui de la corneille. CâĂ©tait son premier rĂŽle principal depuis son arrivĂ©e dans le groupe et il Ă©tait assez anxieux Ă ce sujet. Il avait bien pensĂ© Ă cĂ©der sa place Ă quelquâun dâautre mais Matthias lâen avait dissuadĂ©, il disait que ce rĂŽle Ă©tait parfait pour lui et qui fallait juste un peu de temps pour apprendre toutes les rĂ©pliques. âToi qui a le prĂ©nom dâun ange te retrouve Ă jouer lâoiseau, câest pas un comble ça ?â lui rĂ©pĂ©tait-il souvent. Et mĂȘme sâil ne voulait pas lâavouer, entendre les compliments de Matthias lui faisait vraiment du bien. Le cinquantenaire lui avait dâailleurs proposĂ© de lâaider pour rĂ©citer son texte, mais Uriel avait gentiment refusĂ©. LâidĂ©e dâĂȘtre au premier plan le faisait dĂ©jĂ bien assez paniquer, il prĂ©fĂ©rait rĂ©viser seul afin de faire les fautes seul et ne pas avoir les yeux de quelquâun sur lui. Pour cette mĂȘme raison, il restait une heure de plus Ă la fin de chaque cours pour ĂȘtre au calme et surtout avoir la possibilitĂ© de rĂ©pĂ©ter dans le lieu final. Mary avait assez confiance en lui pour le laisser seul ici et revenir une heure plus tard afin de refermer les portes de la salle de spectacle.
Ne manquant pas son rendez-vous solitaire, Uriel observa les autres Ă©lĂšves quitter la scĂšne et sortir petit Ă petit de la grande salle. Matthias lui souhaita bonne chance et fut le dernier Ă partir. Le jeune homme souffla doucement en entendant ce silence. Il apprĂ©ciait les autres membres du groupe mais sa tranquillitĂ© Ă©tait dâautant plus apprĂ©ciĂ©e. Uriel repris son texte, ces nombreuses pages quâil devait apprendre par cĆur, et il se mit au travail.
Lâheure passa plus vite quâil lâaurait pensĂ©, il sâen rendit compte lorsquâil reprit son portable pour vĂ©rifier la date du prochain cours. Avec surprise il vit affichĂ© dix-huit heures trente, ce qui voulait dire que Mary avait trente minutes de retard. Uriel ne s'inquiĂ©ta pas plus que ça, un retard pouvait trĂšs bien arriver Ă nâimporte qui. Il rangea tranquillement ses affaires, murmurant son texte en mĂȘme temps, puis il alla vers la sortie. LâidĂ©e de partir lui traversa bien lâesprit mais ça voulait dire laisser la salle ouverte et sans surveillance, ce qui nâĂ©tait vraiment pas recommandĂ© ici. Uriel vivait seul, personne nâallait sâinquiĂ©ter sâil rentrait encore un peu plus tard, il dĂ©cida donc dâattendre le retour de Mary pour quâelle puisse fermer Ă clĂ© en toute sĂ©curitĂ©. Le jeune homme sâinstalla assis contre une des portes et reprit son sac Ă dos. Avec le temps, il avait pris lâhabitude de toujours emporter un livre avec lui, et aujourdâhui cette technique allait payer. Il entama donc sa lecture, un recueil de poĂšmes quâon lui avait offert il y a deux ans mais quâil nâavait jamais pris le temps de lire.
Il fallut quelques pages pour quâUriel rentre pleinement dans le livre mais assez vite il oublia son environnement et enchaĂźna paisiblement les poĂšmes. Il fut tellement absorbĂ© qu'il ne remarqua pas Mary accompagnĂ©e dâun homme se diriger vers lui. La trentenaire salua son ami qui sâexcusa de l'avoir autant retenu, puis elle se dirigea vers Uriel. Ce dernier sursauta en voyant des jambes arriver dans son champ de vision, mais il fut soulagĂ© en voyant le visage familier de Mary.
« Excuse moi pour le retard, lâami dont je vous ai parlĂ© tout Ă lâheure est arrivĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu et il est passĂ© au thĂ©Ăątre, expliqua-t-elle en observant le garçon ranger son livre, merci d'avoir attendu »
« Câest normal, sourit Uriel, on se voit demain de toute façon ? Mary hocha la tĂȘte tout en fermant Ă clĂ© les deux imposantes portes, alors Ă demain et passe une bonne soirĂ©e »
La femme observa son Ă©lĂšve quitter tranquillement le bĂątiment, un sourire aux lĂšvres.
Le lendemain, la journĂ©e passa plus vite quâil ne lâaurait espĂ©rĂ©. Les clients au supermarchĂ© nâavaient pour une fois pas Ă©tĂ© insupportables, ou du moins la majoritïżœïżœ sâĂ©tait bien tenue. MalgrĂ© ça, Uriel Ă©tait plus que pressĂ© de rentrer chez lui et de prendre sa douche. Les apparences pouvaient ĂȘtre trompeuses mais rester toute la journĂ©e enfermĂ© dans un magasin donnait assez vite chaud, dâautant plus lorsque des clients demandaient une certaine maĂźtrise de soi.
Fermant la porte fermĂ©e Ă clĂ© derriĂšre lui, Uriel se dĂ©pĂȘcha de retirer tous ses vĂȘtements sales. Il vida vaguement son sac, retirant simplement la vaisselle utilisĂ©e lors de son repas de midi puisque le reste restait constamment dedans. Il ne voyait pas lâutilitĂ© de retirer ses affaires de travail si câĂ©tait pour les remettre le lendemain, autant les laisser Ă leurs places.
Une fois tout son rituel habituel effectuĂ©, le jeune homme vĂ©rifia lâheure. Il lui restait moins dâune demie-heure sâil voulait Ă©viter dâĂȘtre en retard. Sur ce constat, il fila sous la douche, ne prenant pas le temps de mettre de la musique ou mĂȘme de vĂ©rifier ses messages. Heureusement il ne finissait pas tous les jours aussi tard, mais lorsque ça arrivait il devait courir pour ĂȘtre Ă lâheure. Le seul point positif, qui lâavait dâailleurs persuadĂ© de garder ces cours, Ă©tait que le thĂ©Ăątre se situait Ă moins de cinq minutes Ă pied de chez lui. Petit, Uriel avait lâhabitude de sây rendre avec son pĂšre pour voir quelques reprĂ©sentations et piĂšces, malheureusement avec le temps cette coutume sâĂ©tait perdue. Mais grĂące à ça, il connaissait les lieux, bien sĂ»r avant de sâĂȘtre inscrit Ă ces cours il ne pouvait pas savoir Ă quoi ressemblait le derriĂšre de la scĂšne, mais ces annĂ©es de fidĂ©litĂ© au programme lui avaient permis de connaĂźtre les salles et artistes sur le bout des doigts. Ăvidemment, âconnaĂźtreâ Ă©tait un bien grand mot pour ces acteurs, mais Uriel avait appris les noms des comĂ©diens rĂ©guliers ainsi que leurs piĂšces rĂ©pĂ©titives. Ce dĂ©tail nâen Ă©tait pas un durant les cours car grĂące Ă cela il pouvait citer les prĂ©cĂ©dentes piĂšces jouĂ©es ainsi que certaines parties. Par exemple, son pĂšre aimait beaucoup les reprĂ©sentations de Cyrano de Bergerac, par consĂ©quent il entraĂźnait toujours son fils avec lui pour les voir, et rĂ©sultats Uriel connaissait par cĆur les diffĂ©rentes versions de la tirade pour Roxane du personnage principal. Sa prĂ©fĂ©rĂ© restait de loin celle moderne interprĂ©tĂ©e par James McAvoy, mĂȘme sâil lâavait vu il y a plusieurs annĂ©es de ça, elle restait gravĂ©e dans sa mĂ©moire. LâĂ©motion quâavait rĂ©ussi Ă transmettre le comĂ©dien Ă©tait Ă©poustouflante. Uriel se souvenait encore du silence ambiant dans la salle, des larmes sur ses joues, et des applaudissements finaux. Il avait dix-sept Ă lâĂ©poque, et quatre ans aprĂšs il Ă©tait encore capable de rĂ©citer ce texte sans une faute.
Une serviette posĂ©e maladroitement sur ses cheveux, Uriel Ă©teignit la salle de bain pour aller dans la chambre et y prendre des vĂȘtements propres. Il ne se prit pas la tĂȘte et attrapa simplement un t-shirt abordant un logo Marvel qui traĂźnait dans son armoire ainsi quâun jogging assez large pour faire des mouvements fluides. Il enfila rapidement des chaussettes ainsi quâun sous-vĂȘtement avant de retourner chercher son sac Ă dos. Comme Ă chaque fois, le jeune homme vĂ©rifia dâun coup de regard quâil nâoubliait pas un robinet ouvert ou ce genre de choses, puis il ramassa son large gilet et le ferma avant de quitter son appartement.
Ă moins dix, Uriel fut enfin dehors, le pas rapide malgrĂ© sa lĂ©gĂšre avance. Il nâaimait pas ĂȘtre en retard mais il arrivait pourtant souvent Ă lâĂȘtre, et les autres membres du groupe le savaient trĂšs bien.
Mais heureusement pour lui, il arriva mĂȘme avec trois minutes dâavance. Comme toujours Matthias Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent, et il devait lâĂȘtre depuis plus dâun quart dâheure. Ă peu prĂšs tout le monde Ă©tait lĂ , sauf JoĂ«l qui avait prĂ©venu de son absence et Arthur qui avait manquĂ© son bus.
« Bonsoir Ă vous tous ! Salua gaiement Mary en rentrant dans la salle, jâespĂšre que votre journĂ©e nâa pas Ă©tĂ© trop Ă©prouvante parce que ce soir on reprend tout le troisiĂšme acte »
Plusieurs Ă©lĂšves soupirant en cĆur, la femme descendit avec une joie de vivre peu habituelle les marches jusquâĂ arriver au devant de la scĂšne. Uriel Ă©changea un regard interrogatif avec Matthias, ce Ă quoi lâhomme haussa les Ă©paules. Mary nâĂ©tait pas dâun tempĂ©rament trĂšs gai, elle nâĂ©tait pas tout le temps dĂ©primĂ©e mais disons que la voir dans cet Ă©tat Ă©tait nouveau, et ça attisait la curiositĂ© dâUriel.
« On ne va pas attendre Arthur il prendra en cours de route, expliqua-t-elle en retirant son manteau ainsi que ses chaussures »
Afin dâavoir une meilleure adhĂ©sion sur le sol en bois cirĂ© de la scĂšne, tout le monde devait retirer ses chaussures et rester en chaussettes. Puis, ça apportait une ambiance plus lĂ©gĂšre.
« Donc ! CloĂ© positionne-toi pendant que Khais est sensĂ© finir sa rĂ©plique, les deux obĂ©irent sans problĂšme tandis que Mary ajustait lâemplacement de CloĂ© »
Les autres restĂšrent assis contre le mur de droite, observant la scĂšne en attendant patiemment leur tour.
« TrĂšs bien, Mary claqua des mains et le silence tomba comme dâhabitude, le rideau s'ouvre sur YaĂ«l Ă genoux prĂšs dâune riviĂšre, on devine quâil boit pendant quâune musique est censĂ©e installer un sentiment de paix. CloĂ© câest quand tu veux »
Le jeune femme avait mis ses longs cheveux blonds dans un chignon imparfait qui lors de la vraie rĂ©presentation sera camouflĂ© avec des plumes blanches et fleurs. Le choix de faire jouer un femme pour un ange et un homme pour une corneille Ă©tait volontaire de la part de Mary, elle disait toujours quâun comĂ©dien devait ĂȘtre capable dâincarner le genre opposĂ©. Matthias nâavait pas Ă©tĂ© de cet avis au dĂ©but, mais grĂące Ă quelques explications venant dâUriel, il avait fini par tomber dâaccord sur le sujet.
« Oh pĂšre, que dois-je faire pour cesser ce chĂątiment que tu mâinfliges, commença Ă voix basse CloĂ©, dois-je faire le mal ? Dois-je dĂ©sobĂ©ir Ă mes convictions intimes pour mâĂ©pargner ce dur supplice ? »
Cette scĂšne avait Ă©tĂ© compliquĂ©e pour CloĂ© Ă apprendre et surtout Ă interprĂ©ter, elle ne parvenait pas Ă garder ce mi-ton assez doux pour ĂȘtre celui attendu et assez puissant pour rĂ©sonner Ă travers toute la salle. Mary lâavait beaucoup aidĂ© lĂ -dessus, lui donnant des exercices de respirations pour canaliser sa voix et ses intentions, mais aussi des vidĂ©os Ă regarder pour que son oreille sâhabitue Ă ce ton particulier. Au bout du compte, elle parvenait Ă rĂ©citer son texte comme demandĂ©, et comme toujours avec elle, la scĂšne Ă©tait Ă©mouvante. Uriel admirait sincĂšrement CloĂ© car malgrĂ© son jeune Ăąge, elle rĂ©ussissait Ă comprendre la demande qui lui Ă©tait faite. Puis, elle Ă©tait douĂ©e, tout le monde le voyait ici. Matthias avait mĂȘme dit que si un jour quelquâun venait chercher de futur comĂ©diens, il hĂ©siterait trĂšs certainement entre elle et Uriel, mais bien sĂ»r le jeune homme en question avait gentiment rit, disant quâil nây avait aucune compĂ©tition possible entre lui et lâadolescente.
« Que fais-tu de ce pauvre oiseau ? Ce pauvre maudit, maudit par sa couleur et la signification que lâon lui attribue. Nâes-tu pas touchĂ© par son histoire ? Ne souhaites-tu pas faire taire ses souffrances et lui accorder la libĂ©ration quâelle demande ? Je connais ta bontĂ© mon pĂšre, accordes-moi ce souhait je tâen prie »
Uriel se releva sans un bruit, prĂ©parant son entrĂ©e tout en rĂ©citant dans son esprit ses mots. Son gilet Ă prĂ©sent ouvert, il le laissa glisser le long de ses bras avant de le poser en boule dans un coin. Pour lui le plus compliquĂ© Ă©tait toujours les premiĂšres phrases, il avait constamment peur de les rater ou de les oublier. Sâil se trompait au milieu ce nâĂ©tait pas grave, son erreur pouvait passer inaperçue, alors que pour le premier mot câĂ©tait totalement diffĂ©rent.
Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres, se répÚta en boucle le jeune homme, mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres.
CloĂ© laissa tomber une plume de ses cheveux, câĂ©tait son signe.
« Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres ! Déclara mélancoliquement Uriel en arrivant sur le milieu de la scÚne »
« Oh Danielle ! Oh mon pauvre oiseau ! S'exclama Cloé, comme tes plumes sont ravissantes ! »
La tĂȘte du jeune homme tournant dâun cĂŽtĂ© pour exprimer sa gĂȘne, il joua un sursaut lorsque CloĂ© attrapa entre ses mains son bras. Pour ce rĂŽle, Uriel allait devoir porter une tenue entiĂšrement noire sur laquelle serait collĂ©e plusieurs plumes de la mĂȘme couleur, et comme CloĂ©, des plumes dans les cheveux. Il avait proposĂ© de disposer ces derniĂšres de maniĂšre Ă ce quâelles descendent dans sa nuque, afin de faire une illusion de cheveux plus longs et une apparence plus fĂ©minine.
« Je tâen prie ne compare pas ces atrocitĂ©s avec la beautĂ© qui rayonne de ta robe, commença Uriel, se retournant pour marcher dos Ă lâange, tes plumes illuminent les cieux et renvoient la lumiĂšre divine sur les oiseaux comme moi. Elles sont crĂ©Ă©es pour faire bouillir de jalousie les plus gracieux paons, elles reprĂ©sentent la Paradis et ses disciples, rĂ©cita tristement la corneille en pointant le ciel. Ne compare pas ma malĂ©diction avec ta bĂ©nĂ©diction, tu risquerais dâirriter les cieux. Ma place est dĂ©jĂ permise sur une terre aussi belle que la nĂŽtre, ne compare pas mes monstruositĂ©s avec une chose qui ne doit ĂȘtre attribuĂ©e quâĂ la lumiĂšre. Il Ă©mit une courte pause. Oh mon ami, ne compare pas le crĂ©puscule avec lâaube ! »
Un silence tomba dans la salle alors quâune larme coula le long de la joue dâUriel. Sa partenaire de scĂšne, les lĂšvres entrouvertes, joignit ses mains dans un applaudissement, et bien vite les autres la suivirent. Sortant peu Ă peu de son monde dramatique, le jeune homme regarda ses camarades avec incomprĂ©hension. Il passa sa main contre sa joue pour y essuyer lâhumiditĂ©, et se mit Ă sourire malgrĂ© lui en comprenant petit Ă petit la raison de ces applaudissements. Matthias se leva en premier et effectua un signe de rĂ©vĂ©rence qui fit doucement rire Uriel.
« Est-ce que tu veux bien comprendre tous mes compliments maintenant ? Tu es talentueux jeune homme, que tu le veuilles ou non, commença Matthias, accompagnĂ© par plusieurs hochements de tĂȘtes derriĂšre lui »
Mary se retourna vers le fond de la salle, semblant sourire Ă quelque chose dans la pĂ©nombre, avant de sâavancer.
« Matthias a raison, câest clairement la meilleure version que tu as fais jusquâĂ prĂ©sent, elle lui sourit »
Le jeune homme voulut bĂ©gayer des remerciements, sentant une vĂ©ritable gratitude au fond de lui, mais un applaudissement le stoppa net. Il nâeut pas besoin de regarder les Ă©lĂšves pour comprendre que cela ne venait pas dâeux, ça venait de droit devant, haut sur les marches. Uriel sâavança timidement sur la scĂšne pour tenter dây voir plus clair, mais bien vite lâinconnu se mit de lui-mĂȘme dans la lumiĂšre.
Un poids tomba dans lâestomac du jeune interprĂšte, et il ne fut pas le seul surpris. Toujours contre leur mur, les apprentis comĂ©diens se mirent chacun leur tour Ă Ă©carquiller les yeux dans des grimaces de plus en plus ridicules.
« Je vous ai parlĂ© de mon ami hier, expliqua gaiement Mary, il se trouve quâil est arrivĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu, alors je vous prĂ©sente James »
Comme sâil sâagissait dâun simple homme, il sourit aux Ă©lĂšves qui Ă©taient toujours sous le choc, et plus particuliĂšrement Ă une jeune corneille. Avec agilitĂ©, il monta sur la scĂšne, se stoppant devant ce joli oiseau.
« EnchantĂ©, James, se prĂ©senta poliment lâacteur, Mary mâavait parlĂ© dâun potentiel talent et je suis ravi de te voir en personne Uriel »
Peut-ĂȘtre quâil murmura un âbonsoirâ, mais lui-mĂȘme nâĂ©tait sĂ»r de rien Ă cet instant.
Tout ce qui tournait dans son esprit bouleversé était cette tirade, cette tirade que ce matin encore il récitait innocemment dans la rue.
Je tâaime, jâai besoin de toi, je te veux. Et je me rĂ©veille avec ta voix rĂ©sonnant dans ma tĂȘte. Je te regarde et je ne peux pas me concentrer.
Je suis honteux, je suis en colĂšre, je suis amoureux, je suis fou, je suis heureux, je suis mort, je suis vivant, je suis stupide, je suis sans mot.
Je tâĂ©cris des lettres, et je les dĂ©truis, puis je tâen Ă©cris de nouvelles. Je tâidĂ©alise, je t'humilie, je te dĂ©shabille. Je regarde Ă travers tes yeux, jâembrasse tes yeux. Je te pousse contre le mur, mais tu repousses, tu repousses. Ton corps veut le mien, tu embrasses ma bouche, tu mords ma lĂšvre. Tu fais couler le sang. Tu es en feu, tu es en feu.
Le monde entier sâillumine, et je brĂ»le, et je brĂ»le dâamour.
Le monde entier sâillumine, et ce soir, et cet homme. Et ta voix sâillumine.
Je nâai pas de patience, je nâai pas dâesprit, je nâai pas de repos, je nâai pas de maĂźtrise, je nâai pas de honte. Je nâai aucune autoritĂ© sur moi, je pourrais attendre des heures pour un regard avec toi, et finalement ne pas tâadresser la parole du tout. Je ne peux pas parler, je ne peux pas arrĂȘter de parler, je ne peux pas arrĂȘter de regarder.
Je fais de toi un objet, je te dĂ©sire. Je tâĂ©cris, jâĂ©cris pour toi. Je dĂ©chire tout ce que jâai dĂ©jĂ Ă©crit pour toi ou sur toi, je brĂ»le mon corps vif pour toi. Je tâidolĂątre, je te dĂ©vĂȘts, je te dĂ©shabille. Je retire le plus petit bouton de ta manche.
Jâembrasse ta taille, jâembrasse ton cou, jâembrasse ta nuque. Jâembrasse ton poignet, et je suis muet.
Je suis muet.
Tout ce que je peux dire est que je veux, je veux, je veux. Il nây pas de poĂ©sie, il nâexiste aucune structure permettant de donner un sens Ă tout cela. Ă part je veux, je veux, je veux.
James masterlist
gif : @/divineandmajesticinone
banniĂšre : @/saradika-graphics and @/thecutestgrotto
#james mcavoy#james mcavoy x reader#james mcavoy x mreader#james mcavoy x ftmreader#ftm reader#male reader#james mcavoy x malereader#female to male reader#transgender reader#afab transmasc reader#afab transmasc#afab reader#amab reader
9 notes
·
View notes
Text
Printemps 1921, Hylewood, Canada (5/6)
Il me semblait bien que jâavais entendu Jules mentionner quelque chose Ă propos des cent ans dâEugĂ©nie. Je ne sais pas si son anniversaire est dĂ©jĂ passé⊠Souhaitez-lui un bon anniversaire de ma part, voulez-vous ? Elle nâa pas lâair facile Ă vivre, mais câest une trĂšs vieille femme⊠Ce nâest pas Ă son Ăąge que vous allez la changer. Je mâĂ©tonne quâelle soit encore si mobile Ă son Ăąge, aprĂšs tout ce quâelle a vĂ©cu.
Vos filles sont en train de devenir des jeunes femmes ! Jâavais la mĂȘme rĂ©action que vous lorsque jâai vu ma Louise grandir. Comme il est Ă©tonnant que toutes ces filles, qui ont le mĂȘme Ăąge et qui ont reçu la mĂȘme Ă©ducation, soit chacune si diffĂ©rente. Vous me dites que votre enfance vous a longtemps convaincu que la solidaritĂ© entre les femmes Ă©tait impossible, et cela mâĂ©tonne. Pourquoi donc ? JâĂ©tais trĂšs proche de ma mĂšre quand jâĂ©tais jeune fille, et jâai toujours Ă©tĂ© entourĂ©e dâamies qui mâont Ă©tĂ© dâun grand soutien toute ma vie. Jâai ma chĂšre Jeanne RumĂ©dier, je vous ai vous, jâai Layan qui a quittĂ© notre service, mais nous restons bonnes amies. Je remercie Dieu tous les jours dâĂȘtre si bien entourĂ©e.
Vous avez de la chance dâavoir un mari comme le vĂŽtre. Lui aussi est piquĂ© du virus de lâEgypte, mais lui, au moins, sait quand prioriser sa famille. Au final, câest mon mari que je plains. Il a toutes ces correspondances, ces maĂźtresses, mais je ne lui connais pas de vĂ©ritable ami sincĂšre. Quand je vois sa rĂ©signation face Ă la disparition de notre Louise, je me demande sâil a un cĆur. Elle a disparu il y a trois ans, et je nâen dors pas la nuit, je prie Dieu tous les jours pour quâil me la ramĂšne sauve. Je me demande sans cesse si elle est en sĂ©curitĂ© ? Est-ce quâelle mange bien ? Est-elle bien traitĂ©e ? JâespĂšre quâelle fait quelque chose dâhonorable de sa vie⊠Je lâai si bien Ă©duquĂ©e, ce serait ma pire crainte.
Câest dâelle que Jules devrait s'inquiĂ©ter, pas de Lulu. Mon fils est trĂšs bien comme il est, câest un bon garçon qui sait se contenter de ce quâil a, mais qui est assez intelligent pour savoir ce si ce quâil n'a pas est nĂ©cessaire ou superflu.
[Transcription] Layan Bahar : PremiĂšre fournĂ©e terminĂ©e, mais j'ai peur que pas assez pour les invitĂ©s. Je dois peut-ĂȘtre faire dâautres. Lucien LeBris : Pas dâinquiĂ©tudes, les RumĂ©dier sont trĂšs frugaux, il nâest pas nĂ©cessaire de prĂ©voir des quantitĂ©s extravagantes de nourriture. EugĂ©nie LeBris : Je vas retourner au salon. Appelez-moi si vous avez encore besoin. Layan Bahar : Attends, Madame, jâai une chose Ă te dire. EugĂ©nie LeBris : Tout va ben ? Layan Bahar : Oui⊠Mais je voulais demander quelque chose. La cuisiniĂšre des Simmon part⊠Peut-ĂȘtre je peux reprendre la place. Je nâest pas Ă lâaise que M. Le Bris soit lĂ . Tu as Ă©tĂ© gentille, Madame, je ne veux pas te laisser. Mais ĂȘtre ici trĂšs difficile. EugĂ©nie LeBris : Je comprends, Layan. Vous nâavez pas besoin de vous justifier. Avec Jules de retour, les choses sont⊠diffĂ©rentes. Layan Bahar : Oui⊠Tu nâes pas fĂąchĂ©e ? EugĂ©nie LeBris : Non. Je vais vous Ă©crire une lettre de recommandation. Et je ne reviens pas sur ma parole. Layla peut rester ici, je continuerai Ă lâĂ©lever avec autant de soin que mes filles. Et vous pourrez venir la voir quand vous voulez. Layan Bahar : Rabbena yebarek fiki. (Que Dieu vous bĂ©nisse.)
#ts3#simblr#legacy challenge#history challenge#decades challenge#lebris#lebrisgen3ter#Jules Le Bris#Eugénie Bernard#Lucien Le Bris#Marie Le Bris III#Louise Le Bris II#DolorÚs LeBris#Layan Adly#Layla Bahar
7 notes
·
View notes
Text
en fait que je sorte ou pas que je sois avec des gens que j'aime ou toute seule dans mon lit que je me sente seule ou pas je finis toujours par chialer le week-end lĂ ce soir je passais une super soirĂ©e puis vers quatre heure un gars qui m'a traumatisĂ© l'annĂ©e derniĂšre est rentrĂ© lĂ oĂč j'Ă©tais ou il Ă©tait lĂ avant mais je l'avais pas vu je sais pas et j'ai eu envie de chialer instantanĂ©ment ensuite il m'a parlĂ© je sais mĂȘme plus ce qu'il m'a dit j'ai automatiquement oubliĂ© en me rendant compte qu'il captait mĂȘme pas qu'on s'Ă©tait dĂ©jĂ rencontrĂ©s et Ă ce moment lĂ j'Ă©tais toute seule j'envoie des messages pour dire ahah il y a le gars qui m'a traumatisĂ© mais pas de rĂ©ponse puis plus tard son pote vient me voir me dit nanana tu dĂ©gages quelque chose depuis tout Ă l'heure blablabla je sais pas quoi et j'Ă©tais incapable de rĂ©pondre j'avais juste envie qu'il parte l'ami platonique entendait pas ce qu'il disait il m'a dit aprĂšs t'aurais du me dire de le dĂ©gager quand il m'a dit en substance que j'Ă©tais une connasse de ne pas accepter ses compliments ou je sais pas quoi puis il m'a dit un peu comme son pote l'annĂ©e derniĂšre que j'Ă©tais jeune blablabla sous entendu que je suis une petite conne bref aprĂšs ça l'ami platonique me rĂ©confortait en me disant que j'Ă©tais pas toute seule que ça allait puis "on est lĂ t'inquiĂšte" et je le savais trĂšs bien ça mais j'ai plus rĂ©ussi Ă ressortir la boule de mon ventre et Ă retenir les larmes de mes yeux donc je suis allĂ©e chialer aux toilettes il m'a forcĂ© Ă en sortir en me disant que ça faisait au moins quinze minutes ce qui est faux je pense d'ailleurs au dĂ©but il m'a demandĂ© si je vomissais puis aprĂšs il a essayĂ© de me faire re rentrer dans la soirĂ©e comme il pouvait mais j'arrivais plus donc il m'a pris un uber je voulais pas ĂȘtre dans une voiture avec un mec mais j'avais pas envie de lui dire et de l'emmerder car c'Ă©tait gentil de sa part donc je suis montĂ©e dedans et il Ă©tait trop mimi il m'a demandĂ© comment c'Ă©tait ce bar donc je lui ai fait la pub mĂȘme si j'arrĂȘte pas de rĂąler sur ses rĂ©cents changements puis on a parlĂ© de rap et de queen il Ă©tait trĂšs gentil mais une fois sortie de la voiture et maintenant que je suis toute seule dans mon lit je continue de pleurer avec ma boule au ventre bref une belle fin de soirĂ©e
19 notes
·
View notes
Text
Hier aprem j'ai fait une crise d'angoisse j'ai fini en larmes devant mon mec. Ăa ne m'arrive jamais quasiment du fait que j'essaie toujours d'avoir le contrĂŽle et de pas montrer une facette de moi qui pourrait me dĂ©crĂ©dibiliser. Bon, c'est ratĂ© du coup mais peut-ĂȘtre que c'Ă©tait nĂ©cessaire. En effet, tout est parti d'un "viens on va faire du trampoline avec mes potes pendant 2h" un samedi en heure de pointe (plein de gens) pendant ma pĂ©riode de pseudo rĂ©vision. J'Ă©tais dĂ©jĂ angoissĂ©e du fait d'aller le voir et savoir que je rĂ©viserai peu, mais en plus, je voyais cette activitĂ© comme une nuisance Ă ma possibilitĂ© de travailler et Ă mon angoisse qui commençait Ă grandir. Donc j'ai dit que je voulais pas y aller mais je voulais pas vraiment m'ouvrir et dire que j'Ă©tais morte de trouille pour les partiels, que j'Ă©tais crevĂ©e du fait des insomnies et angoissĂ©e de tous les gens qui seraient autour de nous. Il m'a dit, en premier lieu, que j'Ă©tais pas cool et Ă©goĂŻste car j'avais pas vraiment d'arguments si ce n'est "j'ai pas envie c'est comme ça". Et il a forcĂ©. Il m'a dit que je me cherchais des excuses alors que dans ma tĂȘte c'Ă©tait clair que c'Ă©tait lĂ©gitime. J'ai redit que je voulais pas mais que s'il my forçais alors je viendrai. Et dĂ©jĂ je l'ai vu comprĂ©hensif, il m'a dit que dans cet Ă©tat ça servait Ă rien etc mais il a ri Ă la fin de sa phrase. Ăa m'a fait exploser. J'lui ai dit que j'essayais de m'ouvrir et qu'il me riait ouvertement Ă la gueule et lĂ impossible de m'arrĂȘter. J'ai dĂ©bitĂ© 10 min que j'Ă©tais fatiguĂ©e, que je dormais mal, angoissĂ©e Ă mort par le monde, l'impression de rien faire, de pas avoir travaillĂ©, que mes partiels Ă©taient dans 1 semaine et que je faisais dĂ©jĂ le "sacrifice" de venir et que lui ne faisait pas l'effort. Et lĂ , il a commencĂ© Ă comprendre. J'ai vu qu'il a fait des efforts pour comprendre qu'on avait pas les mĂȘmes vies, ni les mĂȘmes seuils d'angoisse et de stress, ni les mĂȘmes gestions Ă©motionnelles. Alors il m'a rassurĂ©e. J'avais proposĂ© plus tĂŽt de lui laisser la possibilitĂ© d'y aller seule pendant que je rĂ©viserai. Il m'a demandĂ© si j'Ă©tais sĂ»re que ça ne me ferait pas de peine, ni d'impression de rejet qu'il parte s'amuser alors que je venais de faire une crise d'angoisse et j'ai trouvĂ© ça attentionnĂ©. Ce genre de moment, ça me fait dire deux choses: step by step, je le vois changer et comprendre un peu, et aussi que mĂȘme si ça devrait ĂȘtre un automatisme et intuitif sa rĂ©action, si personne ne lui a jamais dit comment faire ni que je m'ouvre, alors je dois aussi m'adapter et ne pas entiĂšrement lui jeter la pierre Ă la gueule. VoilĂ , c'Ă©tait la mini avancĂ©e de notre couple. Je ne sais plus ce que je pense Ă son propos, ça reste quelqu'un d'important.
12 notes
·
View notes
Text
Bout de scribouillis
En ce moment, c'est le passage OpĂ©ration DĂ©prime dans tout ce que j'ai en cours ou presque, alors j'Ă©cris des scĂ©nettes en vrac d'une (future) Obikin Same Age AU pour dĂ©compresser, sans prise de tĂȘte ni rien.
Contexte global : Anakin a 12 ans, Obi-Wan 13, Anakin est le padawan de Qui-Gon et Obi-Wan est toujours initiĂ©. Ils se retrouvent la nuit dans une salle d'entraĂźnement oĂč Obi-Wan se glisse en cachette pour s'entraĂźner.
â Qu'est ce qui va t'arriver, si t'es jamais choisi ? demanda Anakin.
Obi-Wan le regarda bizarrement.
â ...Rien ?
â Rien ?
â Que veux-tu qu'il m'arrive ?
â On va pas te renvoyer chez toi, ou... Je sais pas. Trouver un truc pour te rendre utile, au moins ?
â Merci.
â C'est bon, t'as compris.
â Ou veux-tu qu'on me renvoie ? C'est ici, chez moi. Je suis un Jedi.
Anakin fit la moue.
â Tu veux dire que tu vas finir dans l'un des Corps de Service ?
â Peut-ĂȘtre. J'arrive Ă l'Ăąge oĂč on va me proposer d'essayer plusieurs types de mĂ©tier pour voir si quelque chose me plaĂźt.
â Et si rien ne te plaĂźt ?
Obi-Wan haussa les Ă©paules.
â Il y a beaucoup de choses qu'un Jedi peut faire, mĂȘme quand il n'est pas chevalier. Je trouverai forcĂ©ment quelque chose.
Anakin en doutait. Il avait vu Obi-Wan s'entraĂźner, mĂ©diter, avec la dĂ©termination d'y arriver. Ce n'Ă©tait pas quelqu'un qui renonçait, ça. Et il le sentait au fond de lui : Obi-Wan Ă©tait fait pour ĂȘtre chevalier.
â Mais s'il n'y a rien du tout ?
â Je resterai initiĂ©.
â Toute ta vie ?
â C'est dĂ©jĂ arrivĂ©. Enfin, rarement, mais...
â Et on pourrait te demander de devenir padawan mĂȘme si t'es trĂšs vieux ?
Obi-Wan le contempla d'un Ćil perplexe, et de plus en plus impatient.
â En thĂ©orie.
En théorie. Donc ce n'était pas interdit.
â Quand je serai chevalier, dĂ©clara Anakin, si tu n'as toujours pas Ă©tĂ© choisi, je te prendrai comme padawan.
Il y eut un silence. Obi-Wan le dévisagea, bouche bée. Puis il éclata de rire.
â C'est pas une blague !
Mais il continua Ă rire, au point de s'en allonger par terre, les bras sur le visage. Enfin, il les Ă©tendit en croix. Ă la lueur des veilleuses, ses yeux tiraient vers le vert. C'Ă©tait joli.
â Tu es vraiment bizarre, Anakin Skywalker.Â
â Merci bien. Moi qui voulais te rendre service.
â Je te crois, dĂ©clara Obi-Wan Ă la surprise dâAnakin. Si je n'ai toujours pas Ă©tĂ© choisi quand tu seras chevalier, je compte sur toi. Je t'attends.
Il souriait. Ce n'Ă©tait pas souvent. Anakin sentit son ventre se tordre bizarrement. Pour cesser d'y penser, il tendit la main. Sur Tatooine, il lui aurait offert un gobelet d'eau en preuve de sa bonne fois, mais ici, oĂč l'eau abondait, ça n'avait pas beaucoup de sens. Alors la poignĂ©e de main devrait suffire.
Je t'attends.
#J'ai lu Jedi Apprentice plus jeune et c'Ă©tait formateur#mais c'Ă©tait aussi n'importe quoi sur le plan du fonctionnement de l'Ordre#et contredit dans tous les sens#donc on oublie#mes scribouillis#obikin#obikin same age au#blabla
8 notes
·
View notes
Text
Printemps 1921 - Champs-les-Sims
5/10
Cependant, il faut comprendre que Madame EugĂ©nie est en odeur de saintetĂ© par ici. Je ne sais pas si vous Ă©tiez au courant, mais elle fĂȘte cette annĂ©e ses cent ans. Figurez vous donc ! Elle est nĂ©e en 1821. Cela me semble si loin. Elle est encore plus ĂągĂ©e que la maison oĂč le pĂšre de Constantin ont vu le jour. Elle nous enterrera tous j'imagine.
Moi-mĂȘme je suis souvent admirative devant tout ce qu'elle a traversĂ©. Elle a perdu presque tous ses enfants (la derniĂšre qui lui reste est la prieure de Notre-Dame-aux-Bois, Ă Ognolles), nombre de ses petits enfants et a vĂ©cu une vie conjugale tout bonnement catastrophique. On ne compte plus ses mĂ©rites, et c'est pour cela que je ne peux m'empĂȘcher d'Ă©prouver de la culpabilitĂ© quand elle m'agace en se mettant en travers du bien-ĂȘtre de mes enfants. J'ai Ă©tĂ© d'autant plus active dans l'organisation des festivitĂ©s. Une partie sera rĂ©servĂ©e Ă la (trĂšs nombreuse) famille, Ă la maison, et il y aura mĂȘme un discours de Monsieur le Maire Musclet (l'Ă©poux de l'une de vos niĂšces par Jeanne) sur la place du village. Il remettra Ă Madame EugĂ©nie une sorte de mĂ©daille, mais sans rĂ©elle signification lĂ©gale il me semble.
Pendant ce temps, elle a continuĂ© ses missions familiales telle une ambassadrice de la sociĂ©tĂ© des nations. Son dernier exploit en date (et qui augmente d'autant plus la brillance de son aurĂ©ole) est la rĂ©conciliation imminente entre Adelphe et ses enfants, mĂȘme si le conflit est davantage avec Alexandre qu'avec ses filles. Elle a fait reconnaĂźtre ses torts Ă mon beau-frĂšre avec un certain brio, il faut bien l'admettre, et a initiĂ© le dialogue entre pĂšre et fils. Ce dernier s'est grandement apaisĂ©. De ce que j'entends, il est beaucoup moins sujet Ă ses accĂšs de colĂšre et de tremblements qu'auparavant, mĂȘme si il est certain que personne ne l'en guĂ©rira. Il a d'ailleurs assurĂ© Ă son pĂšre que c'est Ă cause de cela qu'il repousse sans cesse son mariage avec Sylvette. Il pense que cela serait mauvais pour elle de devoir supporter ses propres fardeaux, et je partage ses inquiĂ©tudes.
Transcription :
Alexandre « Vous devriez aller vous coucher Grand-MĂšre, la journĂ©e de demain ne va pas exactement ĂȘtre de tout repos. »
EugĂ©nie « Jâai Ă©tĂ© sommĂ©e de dĂ©barrasser les lieux dans ma propre maison et voici quâon veut maintenant me mettre au lit et me border comme une petite fille. Je sais bien que je vais fĂȘter mon centenaire, mais je nâaime pas bien quâon me traite comme si jâĂ©tais en verre. »
Alexandre « Ce nâest pas ce que je... »
Eugénie « Allons bon, je te taquine mon garçon ! Je ne vais pas tarder à aller au lit, mais je voulais prendre un peu de temps pour venir te parler en toute tranquillité. Je ne suis pas la seule à me coucher à des heures tardives semble t-il... »
Alexandre « Vous savez que jâai du mal Ă dormir, ne revenez pas dessus. »
EugĂ©nie « Non, je lâai bien compris. Par contre, jâaimerais que nous discutions de cet autre sujet de litige. »
Alexandre *soupire*
EugĂ©nie « Allons, je sais que ton pĂšre est passĂ© vous voir aujourdâhui. Avez-vous parlĂ©Â ? Sans crier, jâentends. »
Alexandre « Oui, mais ce nâest pas pour autant que tout est rĂ©glĂ©. »
Eugénie « Vraiment ? Développe donc ! »
Alexandre « Et bien⊠Il sâest excusĂ©, ce qui me semble ĂȘtre la moindre des choses, puis il mâa dĂ©taillĂ© le rĂ©cit de toutes ses visites prĂ©cĂ©dentes. Comme si câĂ©tait Ă moi quâil lui fallait rendre des comptes. »
EugĂ©nie « Nâest-ce pas le cas ? Il sâest toujours senti Ă©normĂ©ment coupable pour ce quâil sâest passĂ©. »
Alexandre « Ne revenez pas lĂ dessus, je sais bien que jâai eu tort de lâaccuser des pires horreurs. Ce nâest pas de cela que nous devions parler. »
EugĂ©nie « Mon garçon, cesse donc de tourner ainsi autour du pot ! Je tâai connu bien moins casanier. »
Alexandre « Jâadmets quâil a fait des efforts. »
Eugénie « Mais ? »
Alexandre « Mais câest encore un peu tĂŽt pour le pardon. Mais je lui pardonnerai un jour. »
Eugénie « Tu es un bon garçon. »
Alexandre « ArrĂȘtez avec cela, je ne suis plus un enfant depuis trĂšs longtemps. »
EugĂ©nie « Certainement, tu as mĂȘme la moustache que ton pĂšre a toujours rĂȘvĂ© dâavoir. Mais puisque tu mentionnes ton Ăąge, il est temps de revenir sur le dernier sujet de litige qui nous concerne. »
Alexandre « Qui nous concerne ? Je⊠Ah non ! Cela ne vous regarde absolument pas ! »
EugĂ©nie « Tout me regarde dans cette famille, câest moi qui ait mis ta grand-mĂšre au monde jeune homme ! Tu devrais le savoir puisque tu nâest plus un enfant. »
Alexandre « Au moins vous ne me donnez plus du « mon garçon »... »
Eugénie « Alors donc, quand vas-tu épouser ta bonne amie Sylvette ? »
Alexandre « Heu⊠et bien je ne sais pas. Ce nâest pas le bon moment pour moi, câest tout. »
EugĂ©nie « Alors inutile de la faire attendre si longtemps. Si tu ne comptes pas lâĂ©pouser, laisse la avant que son honneur ne soit ruinĂ©. »
Alexandre « Mais⊠je nâai jamais dit que je ne voulais pas lâĂ©pouser ! »
EugĂ©nie « Fichtre, quâest-ce que câest que ces histoires de ne pas ĂȘtre prĂȘt alors ? Ce ne sont que des excuses. Quand nous nous marions, nous ne sommes jamais prĂȘt. Nous sommes prĂȘts quand arrive le premier enfant et que nous sommes devant le fait accompli. »
Alexandre « Je ne suis pas en état de me marier maintenant. Par pitié, ne faites pas semblant de ne pas comprendre... »
EugĂ©nie « Câest toi qui ne comprends pas il me semble. Un jeune homme qui a connu toutes ces horreurs, qui a Ă©tĂ© si courageux, il ne peut pas sâen sortir sans une femme Ă ses cĂŽtĂ©s. La petite veuve BarthĂ©lĂ©my par exemple, elle serait bien sotte de ne pas Ă©pouser cet anglais venu dâon ne sais oĂč mais avec un bon patrimoine. Tous ce dont ils ont besoin, câest de se marier. Et câest la mĂȘme chose pour toi ! »
Alexandre « Je ne pense pas vous voyez. Et si vous vous inquiĂ©tez pour lâhonneur de Sylvette, sachez que je nâai jamais rien fait qui puisse lâentacher. Jâattends simplement⊠dâaller mieux, câest tout. Sâil vous plait, ne nous fĂąchons pas la veille de votre anniversaire, ça ne me ferait pas plaisir. »
Eugénie « Moi non plus mon petit, moi non plus. Nous en reparlerons plus tard si tu y tiens. »
Alexandre « Câest gentil, mais je nây tiens pas tant que cela. La maniĂšre dont je conduis ma vie me satisfait plutĂŽt bien. »
EugĂ©nie « Câest cela, câest cela⊠Nous en reparlerons une autre fois. En attendant, il est temps dâaller se coucher. »
#lebris#lebrisgens4#history challenge#legacy challenge#sims 3#decades challenge#nohomechallenge#ts3#simblr#sims stories#eugénie le bris#Albertine Maigret#Eugénie Bernard#Alexandre Barbois#Adelphe Barbois#Anne Barbois#Emma Barbois#Jeanne Barbois#Sylvette Norel#Anne Hurelle#Keanu Norton#Sylvain Musclet#Andréa Béate#Jeanne Le Bris#Jules Le Bris
8 notes
·
View notes
Note
Coucou ! Pour le reblog sur les histoire de fond, une anecdote ou une histoire de fond sur ton histoire en cours avec ZoĂ© ou d'Anselma si ça ne te gĂȘne pas ? Merci beaucoup d'avance ! :D
Coucou et merci beaucoup pour les questions :) Du coup je vais faire les deux !
-C'est l'histoire de Zoé qui a lancé ma passion pour l'empire byzantin et pas l'inverse. En gros, je voulais écrire une histoire qui se passait dans un palais et je voulais un décor différent (j'avoue qu'écrire de la fantasy d'inspiration médiévale/Europe de l'Ouest/du Nord me lasse un peu. Surtout qu'on voit ça partout au final).
Cela faisait longtemps que les visuels de l'empire byzantin (les mosaĂŻques, les vĂȘtements etc.) me trottaient dans la tĂȘte et me plaisaient beaucoup.
Et puis il y a l'histoire fascinante de l'impératrice Théodora (la femme de Justinien I, je précise pour les autres lecteurs vu que ce n'est pas la seule impératrice importante à porter ce nom). Je me rappelle que j'avais lu beaucoup de romans sur elle aprÚs découvert le personnage dans Civilisation V (par contre je n'ai pas encore vu le péplum de 1954. Mais je suis sûre qu'il est mieux que la saison 3 de V*king V*lhalla).
Son histoire est juste romanesque en diable et du coup je suis partie dans cette direction avec une femme de condition modeste qui va devenir impĂ©ratrice. Mais mĂȘme si je n'Ă©cris pas un roman historique, je voulais faire des recherches afin de faire ça correctement et de trouver de l'inspiration. Surtout que des fois la rĂ©alitĂ© est bien plus incroyable/romanesque que tout ce que l'on peut imaginer.
J'ai beaucoup aimĂ© ce que j'ai dĂ©couvert, je suis tombĂ©e dedans et je ne suis toujours pas revenue ! (Et je ne crois pas que mon retour soit pour bientĂŽt vu que j'ai d'autres idĂ©es d'histoire dans le mĂȘme univers).
-Pour Anselma, j'ai envie d'expliquer ce qui m'a donné envie d'écrire sur elle et comment on est arrivés au résultat actuel.
Ma premiĂšre impression dâAnselma dans le jeu a Ă©tĂ© trĂšs positive Ă travers la description quâen faisait Dimitri. Je me suis dit âtiens, une belle-mĂšre qui avait lâair agrĂ©able ? Câest vraiment rare dans la fiction et plaisantâ. Donc on avait un postulat original et intĂ©ressant.
Ensuite on est passĂ©s Ă lâhorreur avec lâaspect âCornelia contrĂŽlait sa vie privĂ©e et tout ce quâelle voulait câĂ©tait retrouver sa filleâ. Je nâai pas pu mâempĂȘcher de remplir le blanc : elle voulait retrouver sa fille parce que⊠? On lâavait sĂ©parĂ©e de sa fille ? On lâavait menacĂ©e ? Elle Ă©tait seule ?Â
Mais on restait dans une espĂšce de flou parce que ses motivations et son histoire nâont aucun sens. On lâa dit et rĂ©sumĂ© plein de fois, mais mĂȘme un bad trip sous acide aurait plus de sens que toute cette affaire.Â
Son personnage mâinspirait malgrĂ© tout de la sympathie. Et comme un des principes de ma fic câĂ©tait âdonnons de la personnalitĂ© aux mamans de Fodlanâ et bien il me semblait logique de devoir mây coller Ă un moment oĂč un autre.Â
Surtout que cette histoire de âmĂšre seule contre le monde qui veut protĂ©ger sa filleâ est un ressort Ă©motionnel qui me touche Ă©normĂ©ment. Alors oui, je sais. Toutes les femmes et toutes les mĂšres ne sont pas forcĂ©ment bonnes. Et je pense avoir clairement Ă©vitĂ© cet Ă©cueil dans mon histoire vu la diversitĂ© des profils quâon a (dâautant plus en comptant lâunivers Ă©tendu avec Tiana et la mĂšre de Mencia).
Et puis il y avait son passĂ©. Jâai dĂ©couvert les sĂ©ries chinoises par des histoires se passant dans le harem (Legend of Zhen Huan etc.). Elles montrent des femmes pleines de ressources qui cherchent Ă sâen sortir dans un systĂšme toxique et destructeur. Pour moi, il Ă©tait facile de voir Anselma comme la protagoniste de lâune de ces sĂ©ries. Dâautant que peu dâhistoires sâattachent Ă ce quâelle a pu ressentir. Je me dis que pour elle, arriver en Faerghus reprĂ©sentait lâespoir dâune nouvelle vie auprĂšs de quelquâun dont elle sâimaginait quâil allait lâaimer.Â
Bon du coup, je suis passĂ©e par toute la phase dĂ©tective, Ă essayer de faire sens de la version du jeu puis Ă me dire âallez osef on change pour que ça en ait (un peu plus)â. Par exemple, si Hildegarde est dans le Royaume au moment de la tragĂ©die, cela permet beaucoup mieux dâexpliquer les actions dâAnselma. En quoi conspirer pour tuer Lambert aurait-il pu lui permettre de revoir sa fille si Hilde nâĂ©tait dĂ©jĂ plus dans le Royaume ? Anselma nâaurait eu quâĂ se tirer dans lâEmpire et câĂ©tait fini !Â
IsmĂšne est apparue en parallĂšle. Je nâaime pas le concept dâun peuple entiĂšrement malĂ©fique. Et je voulais un personnage qui puisse reprĂ©senter les Agarthais autrement. Et je me disais quâIsmĂšne avait besoin de quelquâun pour la lier Ă sa part humaine. Quâelle avait besoin dâune mĂšre. Et je voulais quâAnselma puisse raconter son histoire et quâon sache oĂč elle est allĂ©e aprĂšs Duscur. Je voulais quâAnselma puisse souffler un peu et finir sa vie avec des gens qui prennent soin dâelle. Et doncâŠ
Tout câest fait logiquement. Câest ce qui mâa appris Ă Ă©couter mes idĂ©es qui apparaissent comme des dingueries. Souvent, les personnages meurent aprĂšs avoir eu leur rĂ©demption. Moi, je prĂ©fĂšre quand ils vivent pour se confronter aux consĂ©quences de leurs erreurs et essayer de faire mieux. Du coup, tout semblait logique : et si Anselma avait la possibilitĂ© de prendre en charge un troisiĂšme enfant et que tout se passe bien cette fois ? Et si elle pouvait lui offrir de la force et de lâamour ? Enfant qui a son tour soulagerait Dimitri en lui permettant de connaĂźtre ce quâil sâest passĂ© / ou qui aiderait le monde en sâopposant Ă Hilde ?
Le traitement dâAnselma et de Lambert dans le fandom mâa confortĂ©e. Jâai eu peu lâesprit de contradiction, surtout quand il sâagit de femmes qui sâen prennent injustement plein la tronche. Lambert est un mauvais mari et pĂšre. Pour moi ce nâest pas du headcanon. Câest aisĂšment dĂ©montrable Ă partir des Ă©lĂ©ments du jeu. Pourtant il est lavĂ© plus blanc que blanc. Mais rien ne dit vraiment quâAnselma ait Ă©tĂ© le monstre que certains dĂ©crivent. Elle a une histoire mal Ă©crite. Câest diffĂ©rent.Â
Ecrire sur elle et IsmĂšne me donne de la sĂ©rotonine. Et jâaime aussi sa relation avec StĂ©phanos parce que amitiĂ© homme/femme ! Yes !Â
Pour lâUA avec Edith, je me suis toujours dit quâelle et Anselma sâentendraient bien si elles se rencontraient dans dâautres circonstances. Si certaines choses les opposent, elles se ressemblent aussi beaucoup : altruisme, dĂ©termination, sens de la justice⊠Sauf que des fois ils se passent des choses en mettant les persos ensemble dans la mĂȘme piĂšce. Et je me suis donc rendu compte quâelles nâĂ©taient pas amies mais quâelles sâaimaient. Jâavoue que câest plutĂŽt satisfaisant de voir les deux femmes déçues par Lambert ensemble. Comme ça, Anselma reste la belle-mĂšre de Dimitri, les modalitĂ©s sont juste diffĂ©rentes :P.
2 notes
·
View notes