#j'ai vu ce que je voulais voir
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lilias42 · 1 year ago
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Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir
”
Bon, retour Ă  l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle Ă©tait censĂ©e ĂȘtre courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste aprÚs les derniers évÚnements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur cÎté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont trÚs clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espÚre que ça te plaira !
LachĂ©sis fit craquer sa nuque sur sa monture, Ă©puisĂ©e alors que le soleil se couchait derriĂšre Fhirdiad. Sa sƓur et elle avaient passĂ© des semaines Ă  courir dans tout le domaine royal pour rĂ©cupĂ©rer les ordinaires, et elles avaient dĂ» arracher les sommes rĂ©clamĂ©es piĂšce de cuivre par piĂšce de cuivre !
« DĂ©esse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous Ă©tions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait Ă©tĂ© terni Ă  jamais
 encore plus chez les nobles qui ne veulent mĂȘme pas mettre la main Ă  la bourse
 rĂąla ThĂšcle, Ă©puisĂ©e. Et DĂ©esse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gĂšrent mieux leur argent de poche, marmonna LachĂ©sis. Pour les baillis qui ont Ă©tĂ© nommĂ© par Sa MajestĂ© Ludovic ou quand Nitsa Ă©tait encore lĂ  pour Ă©viter les catastrophes, pas de problĂšme, c’était propre, mais pour ceux nommĂ©s par Lambert, je prĂ©fĂšre Ă©viter de commenter de peur d’ĂȘtre impolie.
– C’était gĂ©rer avec les pieds oui
 Nitsa serait morte de honte
 comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donnĂ© HĂ©lĂ©na en mariage Ă  Lambert, c’était comme donner de la confiture Ă  un cochon, sauf que le cochon Ă  l’excuse d’ĂȘtre un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander Ă  Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon cĂŽtĂ©, c’était surtout grĂące Ă  l’annĂ©e Ă  Garreg Mach oĂč ils se sont beaucoup rapprochĂ©s
 et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, mĂȘme elle commençait Ă  se dĂ©tacher
 elle lui a mĂȘme interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire

– Ça aurait Ă©tĂ© mieux si Sa MajestĂ© Ludovic avait pu mettre en Ɠuvre son idĂ©e de monarchie Ă©lective
 et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tĂȘte d’ahuri

– Tout ce qu’il mĂ©ritait si tu veux mon avis. Il l’a Ă©puisĂ©e jusqu’à l’os, » gronda l’ainĂ©e, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sƓur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mĂšche. « Nitsa avait toujours eu la santĂ© de maman
 je m’en souviens, elle n’était jamais tombĂ©e malade
 pas une seule fois
 mais quand elle s’est mariĂ©e
 je ne sais pas, c’était comme si Lambert Ă©tait un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité  elle Ă©tait Ă©puisĂ©e et affaiblie tout le temps
 enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari Ă  faire car, elle devait toujours passĂ© derriĂšre lui

– Quand on sait ça, ce n’est pas Ă©tonnant qu’elle ait eu autant de mal Ă  mettre le petit prince au monde
 elle qui voulait tant avoir un enfant

– Et encore, il ne serait peut-ĂȘtre jamais nĂ© si Dame FĂ©licia n’avait pas Ă©tĂ© aussi prĂ©venante avec elle et Sa MajestĂ© Ludovic aussi soucieux d’elle
 enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement Ă  Fhirdiad
 les ramena Ă  la rĂ©alitĂ© LachĂ©sis.
– Je m’étais contentĂ© de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dĂ» le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! RĂąla ThĂšcle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’Ɠil jusqu’au coude et continue Ă  s’enfoncer, grogna l’ainĂ©e de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir Ă  coup de pied au cul Ă  ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences Ă  devenir grossiĂšre, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe Ă  la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont Ă©voluĂ©es Ă  la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tĂŽt.
– Hum
 tu as raison, faisons ça, » accepta LachĂ©sis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sƓurs se turent en entrant Ă  la capitale, se faisant discrĂštes, mĂȘme si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptĂšrent trĂšs vite de ne pas les annoncer – mĂȘme trop vite – et les encouragĂšrent plutĂŽt Ă  aller Ă  la taverne dit du pĂšre Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller lĂ -bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait Ă©tĂ© levĂ© en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passĂ© ici ! C’est juste Ă  peine croyable ! »
Les deux sƓurs esquivĂšrent son insistance en jurant qu’elles allaient y rĂ©flĂ©chir, mĂȘme si elles se mĂ©fiaient de cette proposition. Vu les antĂ©cĂ©dents de Rufus, cela pouvait ĂȘtre un guet-apens
 mais d’un autre cĂŽtĂ©, cette taverne Ă©tait trĂšs frĂ©quentĂ©e par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriĂ©taire serait fiable alors, peut-ĂȘtre
 elles iraient peut-ĂȘtre avec quelques gardes
 surtout qu’elles savaient se dĂ©fendre, en particulier dans des espaces confinĂ©s
 et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien Ă  perdre Ă  connaitre l’avis des habitants

Les rues Ă©taient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les Ă©gouts et transformaient la chaussĂ©e en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries Ă©taient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargĂ©s de les chasser, mĂȘme s’ils manquaient trĂšs clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces Ă©taient Ă©maciĂ©es, creusĂ©es par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure aprĂšs tout ce qui s’était passĂ© ces derniĂšres semaines
 le terrain parfait pour le dĂ©veloppement d’une Ă©pidĂ©mie

« Un seul malade
 un seul
 et la peste est de retour
 c’est pas vrai ! Enragea LachĂ©sis. On avait dit et rĂ©pĂ©tĂ© que la somme qu’on laissait Ă  l’entretien des Ă©gouts ne devaient pas ĂȘtre utiliser pour autre chose ! On court Ă  la catastrophe ! »
Les deux sƓurs passĂšrent sur la place principale pour voir si rien n’y Ă©tait placardĂ©, n’espĂ©rant mĂȘme plus que Rufus n’y fasse pas Ă©talage de sa cruautĂ© et de son incompĂ©tence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste Ă  cĂŽtĂ© du gibet oĂč se balançait un corps ballotĂ© par le vent, se dĂ©composant dĂ©jĂ . Il aurait dĂ» ĂȘtre dans une fosse commune depuis longtemps
 mĂȘme pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en Ă©tait un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubritĂ© public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient Ă  cĂŽté  et Ă  la lecture du placard, cela les Ă©tonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet
 DĂ©esse, Rufus Ă©tait allĂ© jusqu’à ressortir la rĂ©glementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une vĂ©ritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus
 et si

« On y va ce soir ? Proposa ThÚcle.
– Ça me semble plus que nĂ©cessaire  » marmonna LachĂ©sis.
S’équipant tout de mĂȘme d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides Ă  mettre, les deux sƓurs se rendirent Ă  la taverne du pĂšre Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement Ă©tait plein Ă  craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, mĂȘme si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient Ă  portĂ©e de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar oĂč se trouvait le patron de l’établissement, le hĂ©lant sans hĂ©siter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura LachĂ©sis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer Ă  Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vĂ©ritĂ© alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum
 je sais pas, il a pas mal toussé  et imagine si

– Non, cïżœïżœïżœest bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles
 et l’air ambiant en ville ne m’aide pas

Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arriĂšre-boutique, enveloppĂ© dans une couverture mais, la main qui la tenait Ă©tait couverte d’encre. Au nom de la DĂ©esse
 c’était fou Ă  quel point il pouvait ressembler Ă  Sa MajestĂ© Ludovic dans sa jeunesse ! LachĂ©sis Ă©tait petite Ă  l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle Ă©tait sĂ»r que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi Ă  cette Ă©poque
 le pĂšre Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prĂ©venant avec inquiĂ©tude.
– Fait tout de mĂȘme attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble ĂȘtre encore plus mauvais pour toi que pour nous autres
 ça doit te changer de celui d’AlbinĂ©a

– Oui, il est bien meilleur lĂ  oĂč je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prĂ©venu de votre arrivĂ©e, j’imagine que vous ĂȘtes les filles de la matriarche Catherine Charon, LachĂ©sis et ThĂšcle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlĂ© de vous.
– EnchantĂ© Citoyen Hange, le salua LachĂ©sis Ă  la maniĂšre charonis. Nous aurions des questions Ă  vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passĂ© pendant notre absence ? On se croirait de retour Ă  l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une dĂ©cision de Rufus, les sommes allouĂ©es Ă  l’entretien des canalisations et des Ă©gouts ont Ă©tĂ© redirigĂ©s vers le maintien de l’unitĂ© du Royaume, et la future expĂ©dition punitive contre Gautier
 dĂ©clara-t-il en s’asseyant face aux deux sƓurs, ajoutant en les voyant Ă©carquiller les yeux, elles n’avaient pas dĂ» avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passĂ© aprĂšs votre dĂ©part

Ludovic et les fhirdiadais rĂ©sumĂšrent les derniers Ă©vĂšnements aux charonis, dĂ©taillant seulement les Ă©lĂ©ments les plus importants. À la fin de leur histoire, ThĂšcle passa sa main sur son visage, fatiguĂ©e rien qu’à entendre tout ceci

– DĂ©esse
 quelle honte pour Faerghus
 il est tellement incompĂ©tent qu’il vaut mieux ĂȘtre transformĂ© en loup que de le subir ! Et pauvre FĂ©lix quand il va voir son pĂšre et son oncle arrivĂ©s devant lui en Ă©tant des loups ! Et ces mĂ©thodes de gouvernement
 c’est pas le fils de son pĂšre, mais de son grand-pĂšre
 autant pour Rufus que pour Lambert
 c’est une honte d’aussi mal gĂ©rĂ© ses caisses et son Royaume
 qu’est-ce que je dis, il ne doit mĂȘme pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons mĂȘme pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrĂ©s chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a acceptĂ© d’espionner le roi pour que leurs Ă©missaires puissent mesurer Ă  quel point il est incompĂ©tent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien Ă  cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontiĂšre du cĂŽtĂ© ennemi Ă  cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord
 dĂ©clara Ludovic en hochant la tĂȘte. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guĂšre plus reluisante.
– Non
 pour rĂ©sumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dĂ» arracher la moindre piĂšce de cuivre Ă  tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu Ă©pargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une piĂšce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curĂ©. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi

– Et encore LachĂ©sis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait Ă©tĂ© si on avait dĂ» rĂ©colter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sƓur. LĂ , c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font dĂ©jĂ  avec les levĂ©es en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait Ă  l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indĂ©pendance. On se dirige vers ça de toute maniĂšre
 enfin, on devait dĂ©jĂ  engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crĂąne

– Il invoque HĂ©lĂ©na pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne rĂ©ponds plus de rien
 ajouta l’ainĂ©e. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami FĂ©lix, alors que c’est Lambert lui-mĂȘme qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale
 au moins pour Ă©viter que notre sƓur soit la femme de l’homme qui a menĂ© Faerghus Ă  sa perte, il a dĂ©jĂ  assez souillĂ© sa tombe comme ça

– Hum
 si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous dĂ©menez pour cette raison

Les deux sƓurs se tournĂšrent vers une femme de l’ñge de LachĂ©sis, proche de la cinquantaine, accoudĂ©e au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessĂ© Ă  la tĂȘte s’approcha d’elle, posant sa main sur ses Ă©paules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutĂŽt quelle reine
 la femme tourna la tĂȘte vers les sƓurs et Ludovic, l’air sombre et blasĂ© quand elle annonça. Le roi s’est remariĂ©, ça fait dĂ©jĂ  des annĂ©es Ă  prĂ©sent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé 
LachĂ©sis et ThĂšcle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non
 c’était pas possible
 leur famille gĂ©rait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils Ă©taient les gratte-papiers de la couronne depuis des gĂ©nĂ©rations ! Ils auraient forcĂ©ment dĂ» voir les papiers d’un maudit mariage ! MĂȘme morganatique !
– Quoi
 ne put s’empĂȘcher de lĂącher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous ĂȘtre au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numĂ©ro deux vivait en recluse, mĂȘme si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sƓur » de CornĂ©lia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sƓur. Hein
 connerie, elles sont aussi sƓurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placĂ© pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye Ă©tait suffisamment gĂ©nĂ©reuse pour que je ne rĂ©vĂšle jamais son secret, vu le tempĂ©rament de chien de cette femme et comment le roi mĂšne sa barque en ce moment, j’en ai plus rien Ă  cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitrĂ© pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit Ă  une voiture pour elle toute seule car, elle a tannĂ© le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privĂ©, elle disait que c’était Ă©galement pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa MajestĂ© les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils Ă©taient contre mais, Lambert ne les a pas Ă©coutĂ©s, Ă©videmment
 Patricia et eux ne s’apprĂ©ciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne Ă  la guerre ouverte aprĂšs ce qui est arrivĂ© au louveteau de la famille, quand il a failli ĂȘtre brĂ»lĂ© vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim
 marmonna LachĂ©sis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu ĂȘtre l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succĂ©der Ă  notre sƓur mais, malgrĂ© cette diffĂ©rence de rang, le mariage avec une roturiĂšre n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait Ă©tĂ© d’un ridicule consommĂ© quand le roi Loog lui-mĂȘme Ă©tait un fils bĂątard ayant passĂ© tout le dĂ©but de sa vie Ă  gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalitĂ© de ses proches alliĂ©s Ă©taient Ă©galement des enfants illĂ©gitimes ayant vĂ©cu comme des roturiers et Ă©taient mariĂ©s Ă  des roturiers. MĂȘme si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupĂ© tous les liens avec Adrestia et qu’elle a Ă©pousĂ© tous les intĂ©rĂȘts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problĂšme Ă  ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturiĂšre, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et CornĂ©lia a rendu de grands services Ă  la capitale et a une position considĂ©rable. Ils se seraient mariĂ©s de maniĂšre morganatique, certes, au moins pour Ă©viter des problĂšmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-nĂ© du roi, avec un emblĂšme et sa mĂšre est la fille de la quatriĂšme famille du Royaume en importance, et Ă  octante-quatorze voix prĂšs, ça aurait Ă©tĂ© notre ancĂȘtre Sybille qui aurait Ă©tĂ© Ă©lu reine Ă  l’indĂ©pendance. Sa position d’hĂ©ritier est donc complĂštement inattaquable, sauf si la nouvelle reine Ă©tait une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas ĂȘtre le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblĂšme majeur, ce qui n’est jamais arrivĂ©, la DĂ©esse soit louĂ©e. Quel intĂ©rĂȘt a autant cachĂ© cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la pĂ©riode de deuil Ă©tait passĂ© et si elle Ă©tait digne de succĂ©der Ă  HĂ©lĂ©na, nous l’aurions acceptĂ©, mĂȘme si je doute qu’elle le soit si mĂȘme les ducs de Fraldarius ne l’apprĂ©ciaient guĂšre. Et vous avez Ă©galement dit qu’elle n’était pas vraiment la sƓur de CornĂ©lia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prĂ©tend ĂȘtre sa sƓur pour se cacher, et c’est justement lĂ  le problĂšme, c’est qu’elle est une membre de la famille impĂ©riale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mĂšre d’une de ses hĂ©ritiĂšres, la princesse Eldegard qui a l’emblĂšme de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite Ă  une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se rĂ©fugier auprĂšs du roi. Ils se sont rapprochĂ©s et sont tombĂ©s amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenĂ©s Ă  convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a dĂ©fendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brĂ»lĂ© vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frĂšre, et de deux parce qu’il avait ramenĂ© dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protĂ©ger d’une autre pĂ©riode de crise Ă  Embarr et la ramener Ă  sa mĂšre. Sans cette sombre affaire, Sa MajestĂ© aurait mĂȘme souhaitĂ© qu’Eldegard reste indĂ©finiment Ă  Fhirdiad pour faire plaisir Ă  sa femme.
– Attendez
 la coupa ThĂšcle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est mariĂ© Ă  une Ă©pouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachĂ©es Ă  lui Ă  vie, qui est aussi la mĂšre d’une potentielle future impĂ©ratrice
 cinquiĂšme dans l’ordre de succession mais quand mĂȘme, c’est tout Ă  fait possible qu’elle le devienne Ă©tant donnĂ© que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem
 qu’elle est la sƓur d’un noble frontalier qui a Ă©tĂ© exilĂ© Ă  vie de Faerghus aprĂšs une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes
 qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complĂštement illĂ©gal
 le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est comprĂ©hensible aux demeurants vu ce qu’elle a dĂ» vivre mais, on n’aurait jamais pu nier ĂȘtre au courant de sa situation si sa vĂ©ritable identitĂ© Ă©tait dĂ©couverte un jour, ce qui aurait Ă©tĂ© un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre
 et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaquĂ© Ă  son arrivĂ©e sur le trĂŽne uniquement parce qu’il avait peur de Sa MajestĂ© Ludovic mĂȘme s’il avait la tuberculose et a dĂ» trĂšs vite faire face Ă  de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprĂšs de son fils qui plus est alors, si Ionius dĂ©cide dans sa grande mansuĂ©tude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sƓur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, mĂȘme si tout est au passĂ©, elle est morte dans la TragĂ©die de Duscur
 enfin, c’était bien mĂ©ritĂ©, elle poussait le roi Ă  y aller
 elle s’était Ă©loignĂ©e de lui aprĂšs qu’il ait exilĂ© son frĂšre pour tentative de meurtre

– 
AprĂšs qu’on lui ait mis la dĂ©cision de justice dans les mains pour le forcer Ă  prendre une dĂ©cision vous voulez dire, la corrigea LachĂ©sis en maugrĂ©ant, comprenant mieux le bourbier oĂč c’était enfoncĂ© Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcĂ© Ă  se dĂ©cider, il serait encore en train de rĂ©flĂ©chir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tentĂ© de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frĂšre de sa
 de sa femme
 pas Ă©tonnant qu’il ait autant hĂ©sitĂ© Ă  le bannir, mĂȘme si c’était une sentence extrĂȘmement clĂ©mente pour son cas
 nous qui croyons que c’était Ă  cause de son habitude de dĂ©tester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathĂ©tique qu’on ne le pensait
 il dĂ©lĂšgue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous
 DĂ©esse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait mĂȘme son fils en danger ! Il aurait trĂšs bien pu recommencer et brĂ»ler vif Dimitri aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă  deux doigts de tuer FĂ©lix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage
 si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes Ă  ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tentĂ© de le faire revenir Ă  la raison concernant Son Altesse mais, rien Ă  faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frĂšre
 alors

Le bruit du poing de ThĂšcle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux Ă©clairĂ© par son emblĂšme. Elle Ă©tait hors d’elle
 tout
 tout

– Tous ces morts
 ma grande sƓur
 mon petit frĂšre
 ma propre fille
 mes neveux et niĂšces, mes beaux-frĂšres et belles-sƓurs
 nos citoyens
 tous ces gens
 tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sĂ©curitĂ© nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille Ă©tait sur ces talons avec une Myrina furieuse derriĂšre l’épaule ! C’est ce que vous ĂȘtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tĂȘte, provoquant encore plus l’ire des deux sƓurs. Se reprenant un peu, LachĂ©sis demanda, mĂȘme si elle ne se faisait guĂšre d’illusion lĂ -dessus, histoire de voir Ă  quel point Lambert avait crachĂ© sur tout, autant son rĂŽle de roi, de pĂšre et de mari.
– Au moins
 est-ce qu’au moins, elle Ă©tait digne d’HĂ©lĂ©na ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insultĂ© la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma Ă©tait digne de la grande reine qu’était ma sƓur ? Est-ce qu’elle Ă©tait digne d’ĂȘtre la belle-mĂšre du fils d’HĂ©lĂ©na et a Ă©tĂ© une aussi bonne mĂšre pour lui que notre Nitsa l’aurait Ă©té ?
– HĂ©las non
 au dĂ©but, ça allait mais, je pense qu’elle Ă©tait un peu intimidĂ©e et encore choquĂ©e par ce qu’elle avait fui, elle tentait mĂȘme de se lier d’amitiĂ© avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie
 elle Ă©tait capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement Ă  ce qu’elle voulait, mĂȘme si c’était impossible Ă  rĂ©aliser. Ça devait ĂȘtre pile ce Ă  quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vĂȘtements, la dĂ©coration de ses appartements ou mĂȘme la rĂ©alitĂ©. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle Ă©tait aussi extrĂȘmement jalouse, mĂȘme des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre
 je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impĂ©rial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa premiĂšre femme devant elle, mĂȘme si c’était au prince, alors que Sa MajestĂ© HĂ©lĂ©na est sa mĂšre. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gĂȘnaient pas pour parler de Dame HĂ©lĂ©na devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succĂ©der Ă  la place d’épouse de roi
 c’est pour ça que j’en ai plus rien Ă  secouer de balancer tout ça, j’ai Ă©tĂ© chassĂ© sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mĂ©rite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire Ă  son mari de parler Ă  son enfant de sa mĂšre qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous Ă  ce stade d’indignité !
– J’ignorais Ă©galement tout cela, marmonna Ludovic aprĂšs ThĂšcle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est liĂ© Ă  cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus Ă  ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant Ă©viter un maximum de donner plus d’argument Ă  Ionius pour convaincre son ministre des armĂ©es de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au dĂ©triment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dĂšs demain, croyez-nous sur parole, menacĂšrent les deux sƓurs, furieuses et humiliĂ©es.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le pĂšre Mercier pour se calmer, puis les remerciĂšrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élĂ©ment crucial d’une embuscade Ă©tait l’effet de surprise qui empĂȘchait de s’organiser correctement et de se dĂ©fendre, faute de renseignement ou de prĂ©paration insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bùton équivalent.
De son cĂŽtĂ©, le pĂšre Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions Ă  la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marchĂ© noir, Tristan, mĂȘme s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvĂ©e Ă  l’orĂ©e de la forĂȘt. L’odeur fraiche lui dĂ©bouchait bien les bronches, mĂȘme si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air mĂȘme de la ville attaquait ses poumons sans pitiĂ©, comme s’il les pourrissait Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de son corps
 ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tĂȘte haute malgrĂ© tout

« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’ĂȘtre mal-nĂ© malgrĂ© son emblĂšme
 songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait nĂ© dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, mĂȘme s’il aurait eu un rĂšgne court si sa santĂ© ne suivait pas  »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le pùre Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps Ă  comprendre oĂč et quand il Ă©tait. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder Ă  tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscuritĂ© profonde et dans un torrent de pluie dĂ©mentielle
 on se croirait en plein milieu de la nuit

Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, Ă©clairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il Ă©tait dans la grande salle de Garreg Mach
 HĂ©lĂ©na la tenait dans sa main, illuminant une table oĂč Ă©tait assis Rodrigue et Alix cĂŽte Ă  cĂŽte en se partageant un livre, faisant face Ă  sa premiĂšre Ă©pouse et FĂ©licia ainsi qu’Ivy qui Ă©tait assis Ă  l’envers sur une chaise, les bras croisĂ© sur le dossier et la tĂȘte dessus
 c’était Ă  la fois si proche et si lointain
 Ă  peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé  Lambert se souvient alors de ce jour-lĂ , Ă  l’acadĂ©mie des officiers
 un orage de tous les diables les avaient obligĂ©s Ă  passer leur dimanche Ă  l’intĂ©rieur alors, en se perdant dans la bibliothĂšque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux Ă©taient tombĂ©s sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusĂ©s Ă  chanter les diffĂ©rents airs du recueil une bonne partie de l’aprĂšs-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les Ă©couter. Leur voix avait toujours Ă©tĂ© magnifique

La lumiĂšre de la flamme Ă©claira le visage halĂ© d’HĂ©lĂ©na, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressĂ©e, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa criniĂšre indomptable avec leur fils
 son visage Ă©tait Ă  la fois si semblable et si diffĂ©rent de celui de Patricia
 comme Ă©clairĂ© par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sĂ©rieux et son doux sourire Ă  la fois si rare et si prĂ©cieux
 elle rayonnait force et de santĂ© dans chaque morceau de son ĂȘtre

« HĂ©lĂ©na  »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa premiÚre épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumiÚre rassurante

Les jumeaux changĂšrent alors d’air, se mettant Ă  entamer la « Supplique de Fraldarius », mĂȘme si aucun des deux n’aimaient les hypothĂšses autour de cette chanson. Ils apprĂ©ciaient la chanter pour toutes les Ă©motions Ă  l’intĂ©rieur mais, trouvait que l’interprĂ©tation des Ă©rudits autour ne collait vraiment pas Ă  ce qu’ils ressentaient dans les paroles

« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, Ă  la lune je ne peux que hurler mon dĂ©sespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensĂ©es, les parasitant avec leurs paroles Ă©tranges et inquiĂ©tantes alors que la flamme dans les mains d’HĂ©lĂ©na faiblissait

Deux yeux bleus d’eau percĂšrent la pĂ©nombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscuritĂ©, avant qu’il ouvre une gueule Ă©carlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres
 Lambert s’écria alors, mĂȘme s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son Ă©pouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pĂ©trifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe Ă  la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hĂ©siter malgrĂ© sa mĂ©fiance naturelle, peut-ĂȘtre parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, HĂ©lĂ©na le suivit sans hĂ©siter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiĂ©tude et de peur que ça dĂ©gĂ©nĂšre aprĂšs sa crise de colĂšre, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus Ă  Garreg Mach
 non
 non
 il Ă©tait de nouveau entourĂ© des corps Duscur

HĂ©lĂ©na portait Ă  prĂ©sent sa longue robe blanche et bordeaux, brodĂ© de son emblĂšme et de l’astre cĂ©rulĂ©en, ses longs cheveux dĂ©nouĂ©s battant en silence dans le vent Ă  la fois brĂ»lant et glaciale, portant ses mots Ă©tranglĂ©s alors qu’elle se baissait vers les morts

« Nia
 Momon  »
Elle se releva, ses gestes saccadĂ©s faisant penser Ă  ceux d’une poupĂ©e dĂ©sarticulĂ©e, choquĂ©e en dĂ©couvrant d’autres corps portant leur emblĂšme, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidĂšles de sa famille

« Tous
 tout le monde  »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la derniĂšre personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas Ă  la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tĂąche bleu roi dans cet ocĂ©an de blanc et de brun-rouge

« Oh non ! Dimitri ! »
HĂ©lĂ©na se prĂ©cipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant Ă  leur fils, mĂȘme s’il ne pouvait pas l’entendre, brĂ»lĂ© et Ă©tranglĂ© de fumĂ©e

« Dimitri
 tient bon
 tient bon
 je vais te soigner
 Mitsos  »
« Dans le noir des tĂ©nĂšbres, mĂȘme le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la fĂ©rule,
Ô dieux, Ă  la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup rĂ©apparut, s’asseyant Ă  ses cĂŽtĂ©s en passant sa truffe sur les cheveux calcinĂ©s du blessé  HĂ©lĂ©na se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle Ă©tait avant sa mort. Sa peau semblait livide malgrĂ© son teint halĂ©, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille
 tel que la peste l’avait laissé 
« Tel que toi, tu l’as Ă©puisĂ©e
 susurra le loup sans qu’HĂ©lĂ©na semble l’entendre, cette derniĂšre lui demandant sans hĂ©siter.
– Qui
 qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand HĂ©lĂ©na se redressa, fixant son mari alors que son visage choquĂ© changeait, s’enflammait de colĂšre, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgrĂ© les ronces qui m’étranglent et toujours me lacĂšrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma priÚre,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert
 comment as-tu pu
 comment as-tu pu emmener notre fils ici
 comment as-tu pu emmener mon fils dans une expĂ©dition aussi dangereuse ?! Tu aurais dĂ» le laisser au palais en sĂ©curité ! Il n’avait rien Ă  faire dans une expĂ©dition pareille !
– HĂ©lĂ©na
 je
 je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui
 lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais

– Tout le monde t’a prĂ©venu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protĂ©ger. Myrina t’a dit et rĂ©pĂ©tĂ© que ce passage Ă©tait trĂšs dangereux et qu’il ne fallait surtout pas tïżœïżœïżœattarder dans ce piĂšge Ă  rat. Kimon t’a dit que tes lettres Ă©taient mal faites et tes promesses irrĂ©alistes alors, il fallait travailler Ă  nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus rĂ©alistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait Ă  encore plus de vigilance. LachĂ©sis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrĂȘter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et ThĂšcle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusĂ© et rĂ©sultat, il continue Ă  massacrer d’autres ĂȘtres humains sur la frontiĂšre sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois Ă  quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et Ă  quel point ils n’avaient pas le temps de tout prĂ©parer correctement pour assurer au maximum la sĂ©curitĂ© de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore rĂ©pĂ©tĂ© avec force. Mais tu n’as Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– HĂ©lĂ©na
 je
 je

« MĂȘme si je suis prisonnier, je m’évaderai !
MĂȘme si je ne suis plus que mon dĂ©sespoir, je m’en servirai !
MĂȘme couvert de chaines, jusqu’à la derniĂšre je les lacĂ©rerai !
Ô lune ! Au pire des malĂ©fices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgrĂ© tout mais, sa premiĂšre Ă©pouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prĂȘte Ă  frapper pour dĂ©fendre Dimitri derriĂšre elle, tout semblable Ă  plusieurs reprĂ©sentations de la Flamme PassionnĂ©e, protĂ©geant les siens en s’enflammant elle-mĂȘme. La douce chandelle semblait ĂȘtre tombĂ© dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallĂ©e Ă©troite dans des flammes bleues, embrasant un grand bĂ»cher funĂ©raire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant HĂ©lĂ©na Ă  qui Dimitri s’accrochait Ă  prĂ©sent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une Ă©chappatoire
 n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haĂŻssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
MĂȘme si devenir une bĂȘte est le pire des sorts Ă  redouter,
Je suis prĂȘt Ă  en ĂȘtre une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui rĂ©sonnait tout autour de lui, l’homme vit Ă  nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tĂȘte sur ses pattes, souriant toujours Ă  pleines dents en le voyant se dĂ©battre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi
 ! »
EmportĂ© par sa propre colĂšre de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacĂ© son ami, Lambert arriva Ă  trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et Ă  se hisser lĂ  oĂč Ă©tait la bĂȘte cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire aprĂšs avoir montĂ© HĂ©lĂ©na contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait Ă  ce point ! C’était sa faute si elle Ă©tait aussi en colĂšre et fatiguĂ©e !
Cependant, quand il arriva Ă  se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu Ă©loignĂ©, riant toujours Ă  la maniĂšre de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadĂ© et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathĂ©tique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place à

– Seulement si tu arrives Ă  me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tĂąchant la blancheur Ă©clatante des lieux avec sa noirceur de tĂ©nĂšbres, le forçant Ă  s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il Ă©tait bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige Ă©paisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait Ă  vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de lĂ©gĂšres traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait Ă  nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mĂȘlent et s’entremĂȘlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destinĂ© la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracĂ©,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-mĂȘme dĂ©cidĂ© par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance


n’est que le rĂ©sultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais dĂ©cidĂ© que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que

– Mais tu as tout de mĂȘme dĂ©cidĂ© que tu mĂšnerais le Royaume Ă  sa perte.
Lambert s’arrĂȘta net, figĂ© en dĂ©couvrant son pĂšre au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminĂ© par la Lune
 aprĂšs avoir rencontrĂ© Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mĂȘmes yeux que leur ancĂȘtre
 le loup Ă©tait lĂ  aussi, allongĂ© aux cĂŽtĂ©s de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-mĂȘme, le narguant toujours
 c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son pĂšre allait lui faire remarquer

– Regarde Lambert, lui ordonna son pĂšre en montrant la vallĂ©e en contrebas. Regarde le rĂ©sultat de ton indĂ©cision et de tes dĂ©cisions. Regarde les consĂ©quences de tes actes.
Bien obligĂ© d’avancer, l’homme obĂ©it et regarda au bas de la colline. Tout Ă©tait sombre, tout Ă©tait plongĂ© dans le noir sans aucun soleil Ă  l’horizon
 comme sans lendemain
 il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indĂ©finis, comme vidĂ© de toute vie

– Non
 il y a encore de la vie en Faerghus
 on arrivera à se relever
 on

– Tu rĂ©pares ce que tu as brisĂ© toi-mĂȘme, rĂ©pliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissĂ© derriĂšre moi un Royaume sain, prospĂšre aprĂšs tant d’annĂ©e de guerre et de terreur
 toute ma vie, j’ai travaillĂ© afin que le rĂšgne de mon pĂšre ne se rĂ©pĂšte pas
 que tant de personnes ne subissent pas Ă  nouveau de telles atrocitĂ©s

– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal Ă  mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainĂ©s dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu mĂ©prises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de maniĂšre diffĂ©rente. Clovis se moquait Ă©perdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait Ă  l’abattoir sans hĂ©siter ou remord. Toi, Ă  cause de ton inconscience et de ta naĂŻvetĂ©, tu agis sans prendre en considĂ©ration les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadĂ© que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de rĂ©parer ce que tu as brisĂ©, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou rĂ©parer cette absence
 le tout en Ă©coutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’ĂȘtre plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation
 souffla-t-il en passant sa main sur la tĂȘte du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois oĂč tout ceci t’a mené  mon plus grand regret est d’ĂȘtre mort aussi tĂŽt, trop vite pour t’empĂȘcher d’accĂ©der au pouvoir. Tu n’as pas les Ă©paules pour ĂȘtre roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tĂąche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgrĂ© tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colĂšre. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissĂ© le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout dĂ©truit sur son passage en Ă©tant persuadĂ© de bien agir, et cela l’a conduit Ă  sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colĂšre et le ressentiment, la faim le gangrĂšne, la maladie guette dans la pĂ©nombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple
 il se dĂ©lite mĂȘme, Gautier est dĂ©jĂ  en train de faire sĂ©cession vers Sreng oĂč ils ne seront plus obligĂ©s d’obĂ©ir Ă  tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait Ă  ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentĂ©s par le dĂ©sespoir ? Que pensera GalatĂ©a en voyant que Rufus les a dĂ©jĂ  abandonnĂ©s ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait Ă  leur sƓur ? Que penses-tu ce qui va arriver Ă  Faerghus aprĂšs tout ce que tu as fait et laissĂ© faire ?
Lambert ne rĂ©pondit pas, regardant son pĂšre sans savoir quoi dire
 Ă  part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que
 il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver

– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas Ă©tĂ© arrachĂ© de force Ă  ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, Ă  prĂ©sent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De prĂšs, on voyait ses cĂŽtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat Ă©taient rougis de larmes
 Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tĂȘte du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais Ă©tĂ© avec presque personne d’autre
 mĂȘme si Lambert savait en son for intĂ©rieur que son pĂšre avait Ă©tĂ© chaleureux avec lui, souvent mĂȘme avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empĂȘcher la jalousie de ronger son cƓur, sachant Ă  quel point Ludovic aurait prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit ce loup son hĂ©ritier plutĂŽt que lui

– Que de vies perdues et ruinĂ©es Ă  cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse

Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relùve et le regarde dans les yeux, sa colùre gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de rĂ©pondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacĂ©rant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui
 le plongeant dans les tĂ©nĂšbres les plus froides et terrifiantes

Un fredonnement incomprĂ©hensible grouilla dans l’obscuritĂ© humide, le glaçant malgrĂ© sa familiarité 
Les tĂ©nĂšbres se dissipĂšrent Ă  peine, alors que Lambert Ă©chouait dans une forĂȘt noueuse et sombre
 il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en Ă©tait saturé  ces bois n’étaient pas Ă©clairĂ©s par le soleil, seule la lune, l’Astre CĂ©rulĂ©en et les Ă©toiles tĂąchaient la nuit, Ă©claboussant les branches noires et emmĂȘlĂ©es les unes les autres de leur lueur blafarde
 ce n’était mĂȘme pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque
 il s’approcha, hĂ©sitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours

« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forĂȘt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te rĂ©chauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forĂȘt te protĂšgera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante Ă©treinte, enfin tu t’endors guĂ©ri. »
Rodrigue Ă©tait apparu face Ă  lui, tout diffĂ©rent de celui qu’il Ă©tait avant de se transformer. Ses joues Ă©taient de nouveau pleines, ses gestes plus assurĂ©s et prĂ©cis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal
 il semblait Ă  nouveau en pleine santĂ©, comme avant
 une grande peau du loup recouvrait ses Ă©paules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des tĂ©nĂšbres. Son chapelet Ă©tait autour de son cou plutĂŽt que sur son poignet droit, l’emblĂšme de Fraldarius reposant sur son cƓur, de nouveau en bon Ă©tat alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimĂ© Ă  force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses priĂšres
 Un cercle d’argent ornĂ© de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale
 il avait l’air d’un meneur de loup, comme un ĂȘtre de lĂ©gende sorti tout droit d’une chanson de geste
 le roi de la forĂȘt et de la nuit venant voir en personne qui avait osĂ© franchir la frontiĂšre de son Royaume

Ses yeux de chat se posĂšrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles
 ce n’est qu’à ce moment-lĂ  que l’homme se rendit compte que le loup
 l’homme face Ă  lui
 Rodrigue
 peut-ĂȘtre
 avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner
 il devait encore le chercher partout

« Que
 que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoquĂ© tout ceci, n’est-ce pas
 ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! HĂ©lĂ©na ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! MĂȘme la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrĂ©s ! C’est toi qui les as amenĂ©s ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma rĂ©ponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mĂ©ritĂ©. Ce mĂ©pris et ce rejet sont tout ce que tu mĂ©rites.
Lambert eut un mouvement de recul face Ă  son ami. MĂȘme s’il Ă©tait redevenu humain, tout son comportement ressemblait Ă  celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dĂ©vorer

Rodrigue voulait le dĂ©vorer
 il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le dĂ©capiter, il en Ă©tait sĂ»r
 !
– Comment as-tu pu changer comme ça
 osa demander Lambert. Nous
 nous Ă©tions amis

– Amis
 rĂ©pĂ©ta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mĂ©lange de mĂ©pris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils
 tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail Ă  ta place, tout comme Rufus
 m’épuiser jusqu’à la derniĂšre goutte de force et d’espoir
 comme tu l’as fait pour HĂ©lĂ©na
 puis tu m’as tout pris
 tout
 tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en Ă©tant persuadĂ© de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres dĂ©sirs et ton Ă©gocentrisme

– Tu sais bien que je ne pensais pas Ă  mal
 marmonna encore Lambert en dĂ©tournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te
 !
– Allons, relĂšve la tĂȘte, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjouĂ©, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? RĂ©pĂ©ta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compĂšre de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas Ă  quel point ĂȘtre obligĂ© de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son pĂšre n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi Ă  la lĂ©gĂšre me faisait souffrir ?
MalgrĂ© la menace, Lambert Ă©tait incapable de bouger, happĂ© par le tourbillon de question de l’entitĂ© face Ă  lui, harponnĂ© par ses yeux si bleu posĂ©s sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore rĂ©parer tes erreurs Ă  ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tuĂ© mon fils et mon compĂšre me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frùre me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la derniùre question.
– Tu ne savais pas Ă  quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon Ăąme depuis ce jour oĂč tu es rentrĂ© sans eux ? Que tu es naĂŻf
 c’est Ă  vomir

Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonnĂ©, ne laissant qu’une Ă©motion brute de haine, de dĂ©gout et de dĂ©testation gravĂ© au plus profond de sa voix et de son ĂȘtre.
– Rends-les-moi
 rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libĂ©rer, accrochant ses propres mains Ă  celles de l’homme en Ă©chouant Ă  le faire lĂącher prise malgrĂ© sa force
 est-ce qu’il Ă©tait vraiment devenu un ĂȘtre surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer
 du sang coulait le long de sa gorge
 il Ă©tait sur le point de l’égorger ! « Tu as rĂ©pandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est Ă  cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue
 tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi FĂ©lix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allĂ© jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La derniĂšre personne que FĂ©licia a rencontrĂ©e et aimĂ©e plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as mĂȘme osĂ© m’arracher FĂ©lix par caprice aprĂšs avoir tuĂ© Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je
 Lambert haleta, ayant du mal Ă  parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le rĂ©cupĂ©rer comme ça
 Dimitri doit vou

– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a Ă©chappé ! Rends-moi FĂ©lix ! ArrĂȘte de te comporter comme un enfant gĂątĂ© et rends-moi FĂ©lix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour rĂ©cupĂ©rer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tĂȘte en dĂ©chirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! ArrĂȘte ! »
Lambert se rĂ©veilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle Ă  grandes bouffĂ©es sans pouvoir s’empĂȘcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement Ă  sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts
 il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer
 lui hurler de lui rendre sa famille
 lui hurler sa haine
 non
 ce n’était pas possible
 Rodrigue ne pouvait pas le considĂ©rer ainsi
 le haĂŻr avec autant de force
 ce n’était qu’un cauchemar
 rien qu’un cauchemar
 rien de plus

Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup rĂ©sonnĂ© dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rĂȘve Ă©trange

« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge
 c’était un mensonge, c’était forcé  Rodrigue ne pouvait pas

MalgrĂ© tout, le rĂȘve continua Ă  le hanter une bonne partie de la matinĂ©e, tellement qu’il finit par se rĂ©soudre par aller voir Rufus pour en parler malgrĂ© tout
 il avait beau jurer qu’il n’avait rien Ă  voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation trĂšs tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empĂȘcher de ressentir une certaine apprĂ©hension avec lui
 comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux
 cependant, Rufus restait son grand frĂšre
 son grand frĂšre Ă  qui il pouvait tout dire et tout partager, mĂȘme les choses les plus inavouables ou gĂȘnantes
 son grand frĂšre qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était dĂ©jĂ  beaucoup quand on passait derriĂšre un roi de la stature de Ludovic
 il ne pouvait pas s’empĂȘcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi Ă©trange qu’un rĂȘve pareil
 mĂȘme si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie rĂ©ciproque

Lambert alla dans le bureau de son frĂšre mais, en voyant qu’il n’était pas lĂ , il dĂ©cida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps
 Rufus travaillait bien plus qu’avant la TragĂ©die, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps

« MĂȘme s’il aurait pu en accorder aussi Ă  Rodrigue
 enfin, c’est fait maintenant  »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle Ă©tait tout simple, dĂ©corĂ© de quelques vrilles vĂ©gĂ©tales mais, il la reconnaitrait entre mille
 Rufus y tenait beaucoup
 la seule fois oĂč il avait disputĂ© Dimitri, c’était quand il avait voulu la rĂ©cupĂ©rer pour qu’elle soit le coffre au trĂ©sor d’un roi malĂ©fique dans un de ses jeux
 mĂȘme Lambert n’avait jamais vu ce qui avait Ă  l’intĂ©rieur
 il s’était toujours imaginĂ© qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frĂšre, d’oĂč son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette
 mĂȘme si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur
 bon, pour le triomphant, c’était ratĂ© mais

« Non
 c’est Ă  lui
 c’est sa vie privĂ©e
 il me le montrera quand il voudra  »
Mais c’était si tentant
 et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus

Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu

La premiĂšre chose qui Ă©tonna Lambert en la prenant dans ses mains Ă©tait le poids de la boite. Elle semblait pleine Ă  ras bord s’il se fiait Ă  son poids, alors qu’elle semblait plus lĂ©gĂšre quand Rufus lui avait montrĂ© la derniĂšre fois

« Qu’est-ce qui a bien pu  »
Il ne put rĂ©sister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mĂȘmes Ă  premiĂšre vue mais, ce qui Ă©tonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignĂ©e de Rufus
 non
 elle Ă©tait bien plus biscornu, comme Ă©crite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher Ă©talant l’encre avec sa main en rĂ©digeant
 et il y avait plusieurs scriptes

MĂȘme s’il se força Ă  penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnĂšrent le cƓur de Lambert alors qu’il dĂ©pliait une missive au sceau dĂ©jĂ  cassé 
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de FĂ©lix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son pĂšre fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le dĂ©but de la lettre Ă©tant dans le mĂȘme ton que la prĂ©cĂ©dente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’amĂ©liore pas
 je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est Ă  cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinĂ©es Ă  son fils et Ă  son frĂšre, Ă©galement dĂ©cachetĂ©es comme si elles avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lues. Son ami parlait de ses mĂȘmes inquiĂ©tudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiĂ©tude
 MĂȘme demande, mĂȘme inquiĂ©tude
 DĂ©esse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volĂ© mes lettres ! Alix a demandĂ© Ă  Ivy de lui faire passer une lettre de sa part oĂč il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui Ă©cris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de FĂ©lix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gĂ©missement paniquĂ© de Rodrigue, tout le dĂ©sespoir qu’il n’avait pas perçu au dĂ©part dans sa voix, toute l’inquiĂ©tude et la peur qui se mĂȘlaient ensemble Ă  l’intĂ©rieur

« Rufus ne peut tout de mĂȘme pas ĂȘtre  »
Cependant, malgrĂ© tous ses efforts pour trouver des excuses Ă  son frĂšre, Lambert dut se rendre Ă  l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volĂ©e de Rodrigue Ă©tait là
 les lettres qu’il avait envoyĂ©es, celles qu’il avait reçu
 tout
 tout Ă©tait là ! Tout Ă©tait ouvert ! Rufus n’avait tout de mĂȘme pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance
 mais
 mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus dĂ©testait Rodrigue et Alix de toute son Ăąme Ă  cause de Ludovic mais, pas Ă  ce point tout de mĂȘme !
Lambert pensait ne pas pouvoir ĂȘtre plus horrifiĂ© mais, quand il vit des papiers roulĂ©s tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usĂ©s, mĂȘme tĂąchĂ©s de sang pour certains, un doute noir lui dĂ©vora le cƓur
 non
 non
 non

Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant

« À mon Royaume, que j’ai toujours dĂ©sirĂ© servir au mieux  »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son pĂšre, la plume tremblante de Ludovic
 le parchemin Ă©tait mĂȘme tĂąchĂ© de ses crachats de sang Ă  cause de sa tuberculose

Comme happĂ© par le rouleau, Lambert ne put s’empĂȘcher de continuer Ă  lire les mots, mĂȘme s’il se doutait du contenu
 voir mĂȘme le redoutait plus encore que les fantĂŽmes et les cauchemars

« MalgrĂ© l’horreur, je n’ai jamais oubliĂ© le rĂšgne de mon pĂšre. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oubliĂ© ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus Ă©tait son aplomb. Clovis Ă©tait persuadĂ© d’ĂȘtre dans son bon droit et ne le cachait pas. MĂȘme si ces actes Ă©taient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la dĂ©tournant Ă  son profit, devenant inarrĂȘtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. DĂšs lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus Ă  l’abri d’un autre souverain tel que lui. « ProtĂ©ger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a Ă©tĂ© la devise qui a guidĂ© chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dĂ©vie un seul instant

Lambert sentir son cƓur battre Ă  toute vitesse dans sa poitrine. Ce
 ce parchemin
 c’était le testament de son pĂšre
 c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses annĂ©es ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empĂȘcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empĂȘcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trĂŽne ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis Ă©tait le fils ainĂ© de sa mĂšre et malheureusement pour l’orgueil de notre lignĂ©e, elle n’était guĂšre plus recommandable que son fils. Elle Ă©tait seulement qu’un peu plus discrĂšte que lui mais, possĂ©dait les mĂȘmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-mĂȘme au dĂ©triment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle dĂ©truisait de prĂ©cieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont Ă©tĂ© Ă©lus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence aprĂšs la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis Ă  anĂ©antir mais, des personnes nĂ©cessaires Ă  toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage Ă  la succession filiale nous a assenĂ© un coup majeur, nous avons commencĂ© Ă  nous croire tel les Hresvelg, choisis par la DĂ©esse pour rĂ©gner et le pouvoir nous ait montĂ© Ă  la tĂȘte. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dĂ©pouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrĂȘter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons mĂȘme commencĂ© Ă  traiter toute une lignĂ©e comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups Ă  notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpĂ©tuellement le deuil de tous ses membres sacrifiĂ©s aux Blaiddyd
 Nos ancĂȘtres doivent rougir de honte devant notre dĂ©cadence

J’aimerais dire que tout ceci s’est arrĂȘtĂ© avec la mort de mon pĂšre mais, je ne me fais guĂšre d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, Ă  chaque naissance, Ă  chaque gĂ©nĂ©ration, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai Ă©chappĂ© Ă  la dĂ©cadence de ma famille que grĂące Ă  mon corps faible malgrĂ© mon emblĂšme, inapte Ă  la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, mĂȘme si je les ai Ă  mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilitĂ© et la culpabilitĂ© chaque jour.
J’ai tout fait pour bien Ă©duquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-pĂšre et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout
 Mon fils Lambert est un homme au grand cƓur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli Ă  la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’ĂȘtre son pĂšre malgrĂ© notre relation compliquĂ©e. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cƓur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses dĂ©fauts moraux.
Il est chaleureux mais, Ă©galement nĂ©gligent et naĂŻf. MalgrĂ© tous mes efforts, jamais je ne suis arrivĂ© Ă  lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la mĂȘme maniĂšre et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naĂŻve de l’égalitĂ©, il reste persuadĂ© que le mieux Ă  faire est d’aider tout le monde Ă  part Ă©gale, sans se soucier du contexte de dĂ©part, ce qui le rend trĂšs inefficace et indĂ©cis dans des situations oĂč il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa nĂ©gligence envers ses proches combinĂ©e Ă  cette naĂŻvetĂ© et son entĂȘtement pousse ces derniers Ă  devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissĂ©s ou rendus ce qu’ils peuvent pour Ă©viter de lĂ©ser le Royaume.
La premiĂšre victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, HĂ©lĂ©na. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre mĂȘme les plus entĂȘtĂ©s comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues nĂ©gociations qui ont malheureusement eu raison de sa santĂ©. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel Ă©poux, elle qui mĂ©ritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’ĂȘtre l’ombre balayant derriĂšre le roi. Elle attend Ă  prĂ©sent leur enfant, et j’espĂšre pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit ĂȘtre que mon cƓur sait dĂ©jĂ  ĂȘtre exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongĂ©e par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler Ă  l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hĂ©ritĂ© des dĂ©fauts de son pĂšre plutĂŽt que des qualitĂ©s de sa mĂšre
 et dans le mĂȘme souffle, m’excuser envers lui et sa mĂšre de leur imposer un pĂšre que je sais ĂȘtre aussi nĂ©gligent. Je prie pour que la paternitĂ© le rende au moins responsable et prudent avec la santĂ© de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposĂ© Ă  moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trĂŽne. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus Ă  qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler Ă  quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mĂšne sur une pente glissante, une pente oĂč il n’écoutera plus personne, mĂȘme ses amis les plus chers Ă  son cƓur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. HĂ©lĂ©na s’épuise bien assez chaque jour pour Ă©viter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procĂ©dure complĂšte Ă  suivre pour que le prochain souverain soit Ă©lu, Ă  la maniĂšre de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient Ă  cƓur depuis des annĂ©es et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trĂŽne mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-mĂȘme. Il est Ă  peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches Ă  conclure ce systĂšme et de ne pouvoir le mettre en place moi-mĂȘme. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mĂȘmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils Ă©chapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour Ă©viter tout dĂ©bordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancĂȘtres.
Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă  mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant Ă  mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trĂŽne Ă  son frĂšre. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la DĂ©esse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine Ă  son contrĂŽle, il sera au moins entourĂ© par des conseillers et des baillis dont la fidĂ©litĂ© est acquise Ă  notre peuple et non Ă  notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compĂ©tentes et fidĂšles Ă  HĂ©lĂ©na. Je ne puis qu’espĂ©rer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera Ă  Ă©chapper Ă  tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgrĂ© ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la DĂ©esse avoir encore toute ma tĂȘte. Toute ma vie, j’ai travaillĂ© pour ĂȘtre digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est rĂ©voltĂ© contre l’injustice et la cruautĂ© de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait Ă©lu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne rĂšglera pas tous les problĂšmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore ĂȘtre fait avant que les sujets
 que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultĂ©s que nous connaissons Ă  prĂ©sent. J’ai commencĂ© Ă  tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume Ă  partir des dĂ©combres qu’a laissĂ© Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espĂšre, Rodrigue Achille et Alix PersĂ©e Fraldarius, sont Ă©lus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront ĂȘtre dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sĂ©curitĂ© Ă  tous. J’espĂšre de tout mon cƓur que mes fils continueront Ă  grandir et s’amĂ©lioreront avec le temps, bien malgrĂ© tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complĂštement prendre le pas sur mon affection, et me pousse Ă  croire Ă  un avenir radieux pour eux. Je prie Ă©galement pour que mon successeur connaisse un long rĂšgne de paix, une paix que mĂ©rite ce Royaume si rĂ©silient malgrĂ© toutes les difficultĂ©s qu’il a vĂ©cues.
En mon Ăąme et conscience.
Ludovic le TroisiÚme Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et Ă  mesure de la lecture, ne pouvant s’empĂȘcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture Ă©tait tremblante, saccadĂ© comme si Ludovic s’était arrĂȘtĂ© plusieurs fois Ă  cause de ses toux, le parchemin tĂąchĂ© de sang tĂ©moignant qu’il avait encore dĂ» en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tĂąches et l’encre baveuse, comme si on avait roulĂ© le testament avant qu’elle n’ait fini de sĂ©cher

« Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă  mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empĂȘcher de relire ce passage encore et encore. Les noms Ă©taient recouverts d’une Ă©norme tĂąche de sang assez Ă©paisse, ce serait surement illisible dans quelques annĂ©es quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgrĂ© tout, Lambert ne pouvait que les dĂ©crypter, les relisant encore et encore.
Son pĂšre l’avait complĂštement dĂ©shĂ©ritĂ© au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des sĂ©ances de travail les rĂ©unissant tous, autant HĂ©lĂ©na que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler Ă  l’ordre et rĂ©expliquer les choses. Face Ă  lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et HĂ©lĂ©na le cadre pour les mettre en place. L’impression d’ĂȘtre Ă  la traine malgrĂ© toutes les explications
 le regard fier de son pĂšre qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient Ă  leurs parents
 mĂȘme si Lambert n’avait jamais voulu ressembler Ă  Ludovic Ă  cause de leurs diffĂ©rences de caractĂšre, encore moins Ă  sa mĂšre assoiffĂ©e de sang, il ne put s’empĂȘcher de les envier
 de vouloir entendre le mĂȘme compliment sur son travail
 comme eux deux
 voir son pĂšre ĂȘtre fier de lui ainsi

Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait prĂ©fĂ©rĂ© confier aux jumeaux de Fraldarius son prĂ©cieux royaume, ce Ă  quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours
 disait mĂȘme qu’il s’excusait envers HĂ©lĂ©na de l’avoir mariĂ© Ă  lui
 qu’elle aurait mĂ©ritĂ© mieux que balayer derriĂšre lui

À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte diffĂ©rente, mĂȘme les plus anodins. MĂȘme si Ludovic l’avait enlacĂ© plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et FĂ©licia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, mĂȘme si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vƓux plutĂŽt que des recommandations
 sa proximitĂ© bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec HĂ©lĂ©na, les longues heures oĂč ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal Ă  lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux cĂŽtĂ©s
 mĂȘme des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois oĂč son pĂšre se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné 
Est-ce que
 est-ce que Ludovic
 est-ce que son propre pùre

« Non
 faut que je me reprenne
 c’est la tuberculose
 elle lui a fait perdre tous ses sens
 Ludovic m’aimait aussi
 il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens
 et quand nous Ă©tions petit, c’était surtout de la culpabilitĂ© pour les jumeaux
 Ludovic ne s’est jamais pardonnĂ© la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité  mĂȘme ici, il le dit
 ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitiĂ© et de la culpabilité  il s’en voulait pour la mort de leur pĂšre  »
« C’est ma faute
 j’aurais dĂ» ĂȘtre plus prudent et mieux anticipĂ© les risques
 Guillaume aurait survĂ©cu et les Fraldarius n’auraient pas Ă©tĂ© encore endeuillĂ© par notre faute
 Ă  cause de mon inconscience, Guillaume est mort
 lui avait dĂ©jĂ  dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espĂšre que tu n’auras jamais Ă  porter une telle responsabilité  autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité  le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets
 si tu savais pĂšre
 si tu savais ce que j’ai fait  »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachĂ©s dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son pĂšre, l’entendre peut-ĂȘtre le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler mĂȘme depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le rĂ©vĂ©ler et l’appliquer dĂšs maintenant mĂȘme si c’était Ă©vident que tout avait Ă©tĂ© Ă©crit sous la dictĂ© de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume Ă  un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait mĂȘme pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou HĂ©lĂ©na soient lĂ  pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gĂ©rer la situation, ni Alix prĂȘt Ă  lui remettre les pendules Ă  l’heure, ou HĂ©lĂ©na lui prĂ©senter les diffĂ©rents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait

RĂ©cupĂ©rant plus d’énergie que jamais depuis la TragĂ©die, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frĂšre, pris au dĂ©pourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais aprĂšs le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre pĂšre et ses travaux sur la monarchie Ă©lective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelĂ© les secours quand Ludovic s’est effondrĂ© Ă  cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profitĂ© pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissĂ© le choix
 il ne savait plus ce qu’il faisait

– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherchĂ© partout !
– Ludovic allait te dĂ©shĂ©riter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait dĂ©truire notre famille pour prĂ©fĂ©rer celle de son soi-disant grand frĂšre ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piĂ©destal en te dĂ©nigrant, car il aurait voulu qu’ils soient Ă  ta place ! C’était pour te protĂ©ger !
Rufus l’avait pratiquement crachĂ© avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrĂŽlable.
– Ludovic te dĂ©testait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton hĂ©ritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le dĂ©but du Royaume ! C’est Loog qui a menĂ© la rĂ©volte des BĂątards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a Ă©tĂ© acclamĂ© vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontrĂ© un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une gĂ©nĂ©ralitĂ© et il a voulu tout dĂ©truire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir Ă  ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derriĂšre son petit doigt en disant qu’ils Ă©taient plus compĂ©tents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frĂšre alors, tout devait leur revenir ! Il ose mĂȘme cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais Ă©puisĂ© HĂ©lĂ©na et fait perdre la santé ! Il Ă©tait malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais Ă  HĂ©lĂ©na mĂȘme si elle Ă©tait trop bien pour toi ! C’était juste la petite crĂ©ature de Ludovic et de la matriarche Catherine lĂ  pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et mĂȘme si c’était sa crĂ©ature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il dĂ©lirait ! Et il a osĂ© me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-mĂȘme ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dĂ©pend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protĂ©ger ! 

Lambert le fit taire en posant ses mains sur les Ă©paules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, mĂȘme s’il est complĂštement faux. Notre pĂšre apprĂ©ciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On Ă©tait ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux
 c’était compliqué  tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection
 juste de la culpabilité  rien de plus, j’en suis sĂ»r
 tout comme HĂ©lĂ©na, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa crĂ©ature
 mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frĂšre, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me dĂ©shĂ©ritant, mĂȘme s’il avait sans doute ses raisons Ă  lui et que tu n’avais pas Ă  voler son testament. J’aurais voulu le lire honnĂȘtement, mĂȘme si ça m’a fait trĂšs mal de voir Ă  quel point il ne me faisait pas confiance vis-Ă -vis du Royaume, encore plus maintenant
 je ne sais mĂȘme pas si je l’aurais appliquĂ©, c’est Ă©vident que c’est la tuberculose qui lui a fait Ă©crire tout ça
 je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait Ă©tĂ© facile de le faire casser
 Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volĂ© la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est mĂȘme ouverte alors, tu l’as surement lu
 pourquoi ? C’était inutile et cruel

Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait Ă  prendre de mauvaises dĂ©cisions, comme quand tu as envoyĂ© Dimitri Ă  Charon. Il aurait dĂ» rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus Ă  rentrer chez lui.
– C’était mon idĂ©e d’envoyer Dimitri Ă  Charon, et on a bien fait, il guĂ©rit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idĂ©e qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutĂŽt dĂ» l’encourager Ă  partir, non ? Rufus
 il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tĂȘte et voulant juste une rĂ©ponse. Écoute
 je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment trĂšs importante pour moi. Tu es mon grand frĂšre et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis trĂšs souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais
 mais en ce moment, j’ai l’impression que
 que c’est plus compliquĂ©. D’abord, il y a la maniĂšre dont tu as traitĂ© Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part Ă  tout alors que c’est lui qui a commencĂ© toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de tĂȘtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volĂ©e de mon meilleur ami et le testament de notre pĂšre dans ta cassette. Par pitiĂ© Rufus, dit moi la vĂ©ritĂ©, qu’est-ce qui se passe dans ta tĂȘte ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient trĂšs difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue
 marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragĂ© lui aussi ! Toujours Ă  faire ce qu’il voulait et Ă  avantager son fief, toujours Ă  te dire non, toujours Ă  nous mettre des bĂątons dans les roues, toujours Ă  ĂȘtre apprĂ©ciĂ© de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel malĂ©fice il rĂ©ussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours rĂ©ussi partout et charmĂ© tout le monde Ă  tes dĂ©pends ! Alors qu’ils ont toujours Ă©tĂ© plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbĂ©cile de Jacque quand il leur demande de les prendre Ă  leur service, pour rĂ©parer sa « faute » d’avoir laissĂ© FĂ©lix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant Ă  rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est Ă  ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin Ă  ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il mĂ©ritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frĂšre c’était transformĂ© d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă  son ami et pourquoi il avait dĂ» subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volĂ© leurs lettres par haine
 tu voulais le faire souffrir
 c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue
 tout ça car
 car

Sans attendre de rĂ©ponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme Ă  une ancre, mĂȘme si elle le noyait par sa simple existence. Comment
 comment son frĂšre avait-il pu
 comment avait-il pu ĂȘtre aussi ignoble juste parce que
 parce que leur pĂšre apprĂ©ciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume Ă©tait au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait mĂȘme plus Ă  ce stade !
« Alors, mĂȘme mon propre frĂšre peut me trahir
 Rufus
 alors qui
 qui est encore  »
« Est
 ta
 faute
 ! »
« Tu n’as Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui rĂ©pondirent
 les doigts des fantĂŽmes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore

En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et rĂ©flĂ©chir Ă  tout ce qui c’était passĂ©, il trouva LachĂ©sis et ThĂšcle, visiblement furieuses malgrĂ© la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scĂšne de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait Ă©crit lui-mĂȘme.
Les deux sƓurs l’informĂšrent que l’état des comptes Ă©tait catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-mĂȘme Ă©taient des incompĂ©tents.
« Je comprends
 je ferais plus attention

– Il fallait le faire avant  »
LachĂ©sis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passĂ© Ă  la capitale pendant leur absence, Ă  quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc dĂ©cidĂ© de retourner dans leur famille.
« Ce serait prĂ©fĂ©rable pour le Royaume que vous restiez

– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompĂ©tence ? Il en est hors de question. »
ThÚcle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carriÚre, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser

– Bien. »
Et enfin, elles enfoncĂšrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osĂ© donner comme belle-mĂšre Ă  leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposĂ© le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander ThĂšcle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposĂ© le Royaume Ă  de tels danger pour une seule femme indigne de succĂ©der Ă  notre sƓur ?
– Je l’aimais
 rĂ©pondit l’homme dans un souffle sans Ă©nergie.
– Si vous l’avez traitĂ© comme HĂ©lĂ©na, pauvre femme, cracha LachĂ©sis. Et ce n’est guĂšre une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tĂȘte de tous vos sujets. Notre sƓur rougirait de honte en voyant votre dĂ©chĂ©ance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien rĂ©pondre Ă  ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien rĂ©pondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses dĂ©cisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles

Devant son silence, les deux sƓurs lui jetĂšrent Ă  nouveau un regard mauvais avant de se dĂ©tourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face Ă  lui, mĂȘme s’il savait qu’elle Ă©tait complĂštement vide, espĂ©rant trouver quelqu’un, une Ăąme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure

« Il fallait y penser avant. »
Pour la premiùre fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul

*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la premiĂšre fois depuis qu’ils s’étaient retransformĂ©s quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposĂ© et avaient recommencĂ© Ă  prendre en main le duchĂ©, reconnaissant envers l’excellent travail de LorĂ©a qui avait su le maintenir et rĂ©sister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touchĂ© Ă  nouveau, contrairement Ă  son frĂšre
 ni mĂȘme se regarder dans un miroir sans col, son cou Ă  prĂ©sent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier
 il n’avait pas trop de sĂ©quelle Ă  part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcĂ©, et il Ă©tait encore plus dans la tĂȘte de son jumeau, plus souvent, mĂȘme s’ils n’étaient pas sĂ»r que c’était Ă  cause de leur Ă©tat d’esprit actuel ou si ce serait permanent
 pour ce qui Ă©tait positif

La fourrure Ă©tait douce sous ses doigts, Ă©paisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud oĂč il serait en sĂ©curité  bien plus rassurante que ce collier gravĂ© dans son cou, apparut un jour aprĂšs qu’il ait retrouvĂ© sa forme humaine
 en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait Ă  distinguer le mĂȘme motif que sur sa propre peau

« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas prĂšs, lui assura Alix, comme toujours Ă  ses cĂŽtĂ©s. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es restĂ© en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas rĂ©agir avec ta magie

– 
je ne prĂ©fĂšre pas
 j’ai peur de la fuir si je repousse trop
 les semaines qui ont passĂ© sont dĂ©jĂ  flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi Ă  cause de cette fourrure
 au moins, on sait comment me ramener si je me transforme Ă  nouveau en l’ayant sur les Ă©paules

– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complùtement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le pĂšre lui serra la main en rĂ©ponse, comme quand ils Ă©taient petits pour ne pas se sĂ©parer, cherchant de la force dans sa prĂ©sence avant de draper la fourrure noire sur ses Ă©paules. Elle n’était pas trĂšs lourde malgrĂ© son ampleur, l’enveloppant complĂštement des pieds Ă  la tĂȘte
 malgrĂ© ses craintes, il y avait un cĂŽté  apaisant Ă  ce poids, comme un bouclier qui le protĂ©geait
 mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain
 au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dĂšs qu’il mettait cette peau

– Il n’y a rien
 souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien

– C’est dĂ©jĂ  un bon dĂ©but, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un Ă©clair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume Ă  l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base
 et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude Ă©preuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus

Ses Ă©paules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de rĂ©pit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses Ă©paules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frĂšre, ce dernier faisant exactement la mĂȘme chose avant de se laisser tomber Ă©paule contre Ă©paule cĂŽte Ă  cĂŽte.
– Il ne s’est rien passé  la DĂ©esse soit louĂ©e
 il ne s’est rien passé 
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait
 tant qu’on est tous les trois, on le restera

– Oui
 arriva Ă  sourire une seconde l’ainĂ© avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces derniĂšres semaines
 juste de quand je t’ai retrouvĂ©, quand on a retrouvĂ© FĂ©lix et mon envie de le revoir
 de tous vous revoir
 tous
 souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste
 impossible de le voir correctement

– 
Comme si c’était baignĂ© de brume
 complĂ©ta Alix. C’est pas bien plus net de mon cĂŽté  aucune idĂ©e si c’est une bonne ou une mauvaise chose
 d’un cĂŽtĂ©, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai dĂ©chirĂ© avec les dents
 bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui dĂ©chiquetais le bras, moins 
 ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu Ă©tais seul et qu’on voulait se revoir

– Ça, c’est difficile Ă  oublier
 surtout tout ce qui s’est passĂ© avant qu’on se transforme
 Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protĂ©gerait Ă  nouveau de cet homme. Ô DĂ©esse et Lune
 cela faisait si mal
 je
 c’était comme si cela les amusait tous de me dĂ©chiqueter le cƓur
 je n’en pouvais plus
 cette transformation
 c’était plus une cachette et un Ă©chappatoire qu’une vraie solution
 juste pour ne plus souffrir

– C’est normal
 tout depuis des mois
 c’était juste un cauchemar Ă©veillĂ©, autant en tant qu’humain que loup
 enfin, c’est fini maintenant
 on ne les reverra pas de sitĂŽt
 je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hĂ©siter.
– Moi aussi, je te protĂ©gerais
 d’eux tous et de leurs ordres absurdes
 autant toi que FĂ©lix
 plus rien ne vous arrivera
 pas tant que je serais là

Ils restĂšrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairĂšrent l’odeur du louveteau, arrivant Ă  grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui
 c’était la saison aprĂšs tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille

« Papa ? Alix ? Vous ĂȘtes là ? Demanda FĂ©lix en passant la tĂȘte dans la chambre de son pĂšre.
– Oui, entre FĂ©lix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagĂ© de le voir, son instinct lui rĂ©pĂ©tant encore et encore de le garder auprĂšs de lui, lui rappelant Ă  quel point il avait Ă©tĂ© proche de le perdre, encore plus renforcĂ© par la perte de Glenn si peu de temps auparavant
 leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps

« Il y a encore plein de groseilles dans la forĂȘt, mĂȘme si vous avez surement dĂ©jĂ  devinĂ©, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui
 je devais le faire
 pour savoir
 et pour le moment, rien n’a changĂ© et cela n’a aucun effet sur moi, mĂȘme quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrĂŽle

– D’accord
 mais fait attention quand mĂȘme. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empĂȘcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus prĂšs de son fils
 mĂȘme s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il Ă©tait devenu trĂšs collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace rĂ©cente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir prĂšs de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protĂ©ger
 heureusement que ses sens Ă©taient devenus aussi aiguisĂ©s que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation
 pas plus tard que la semaine derniĂšre, il n’avait pas vu FĂ©lix de toute la matinĂ©e alors, le pĂšre s’était mis Ă  paniquer en l’appelant de toutes ses forces et Ă  retourner toute la piĂšce oĂč il Ă©tait afin de trouver une trace de son petit
 heureusement que LorĂ©a avait pu vite lui remettre les idĂ©es en place, Rodrigue priant pour que FĂ©lix n’ait pas vent de ce qui s’était passé  il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé  mais FĂ©lix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué  tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spĂ©cifique Ă  prĂ©sent, histoire que l’odeur soit plus prĂ©sente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise
 c’était presque une obsession Ă  ce stade, encore plus que pour Alix
 d’aprĂšs Pierrick, c’était Ă  cause de la sĂ©paration trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps aprĂšs la mort de Glenn
 il les avait dĂ©jĂ  perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence

« LĂ  aussi, seul le temps vous permettra Ă  tous les deux de guĂ©rir  »
Rodrigue priait pour que le mĂ©decin dise vrai
 au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidĂ©s, c’était un dĂ©but

Pour oublier son angoisse et plus profiter de la prĂ©sence de son fils, le pĂšre croqua dans une des baies fraichement cueillies et passĂ© Ă  l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont trÚs bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manquĂ© le dĂ©but des fruits rouges ! On a du retard Ă  rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien Ă  Fhridiad, Ă©trangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, rĂ©pliqua FĂ©lix en avalant une baie. On est allĂ© en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aĂ©rienne

Cependant, malgrĂ© tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas FĂ©lix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensĂ©es sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien
 c’est juste que
 d’habitude
 il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui Ă©taient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn

Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainĂ© des deux louveteaux dire Ă  quel point son petit frĂšre Ă©tait adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver Ă  cause des taquineries, puis de le remercier en apprĂ©ciant les fruits avec eux, mĂȘme tous les jours
 encore plus une fois revenu alors que du cĂŽtĂ© de Fraldarius, les choses commençaient Ă  se tasser aprĂšs la TragĂ©die, les gens Ă©taient surtout remontĂ© contre les derniĂšres exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et mĂȘme s’ils Ă©taient dans une situation pĂ©rilleuse de quasi rĂ©volte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantĂŽmes demeuraient, plus prĂ©sent que jamais aprĂšs le choc et les semaines mouvementĂ©s pour survivre
 il devait encore plus hantĂ© FĂ©lix
 c’était la premiĂšre fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui
 il Ă©tait trop petit pour celui de FĂ©licia
 il l’était encore
 la mort arrivait toujours trop tĂŽt

Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui
 il devrait y avoir Glenn

– C’est pas juste
 il devrait ĂȘtre là
 pourquoi c’est sa chambre Ă  lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal
 il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guĂ©rir ce genre de plaie, mĂȘme si elle reste toujours

– Combien de temps ?
– Cela dĂ©pends des gens
 et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite
 il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guĂ©rir
 pour ne pas ĂȘtre obsĂ©dĂ© par la mort de la personne, et arriver Ă  se raccrocher aux bons souvenirs

– Mais ça fait mal
 je veux Glenn
 je veux qu’il revienne
 mais je ne veux pas avoir mal
 marmonna FĂ©lix en se serrant un peu plus contre son pĂšre, se cachant dans son Ă©treinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas Ă  l’intĂ©rieur.
– Mais si tu bouches tes Ă©motions ou fait tout pour ne pas ĂȘtre triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tĂȘte de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre pĂšre ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dĂ©vorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives Ă  aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons Ă  surmonter cette Ă©preuve
 qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord
 moi aussi, je resterais avec toi papa
 et avec toi aussi Alix
 leur jura FĂ©lix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »  c’est ce que disait Glenn

– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgrĂ© la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainĂ© souriant alors qu’ils Ă©taient en famille.
Ils passĂšrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journĂ©e, mĂȘme s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duchĂ© uniquement Ă  LorĂ©a, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait Ă©viter de trop forcer pour le moment.
FĂ©lix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces derniĂšres semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accrochĂ© malgrĂ© tout pour continuer Ă  ĂȘtre assidu dans ses Ă©tudes. Tout ceci lui serait trĂšs utile quand il serait grand

Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant Ă  s’inquiĂ©ter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© comme eux, son louveteau se mette Ă  sourire en dĂ©clarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tĂȘte de son petit en soufflant, moins anxieux que tout Ă  l’heure Ă  cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis trĂšs fier de toi  »
*
Quand les cĂŽtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en prĂ©sence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variĂ©es, autant de pĂȘche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osĂ© les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman Ă©tait dangereux, c’était Ă©vident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colĂšre gĂ©nĂ©rale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la cĂŽte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient Ă  toutes vitesses devant eux, ayant mĂȘme eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les tĂȘtes des morts Ă  leurs frĂšres afin qu’ils puissent avoir les hommages funĂ©raires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hĂ©tĂ©roclite, autant pour avoir des renforts que pour Ă©viter qu’ils ne croient Ă  une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien rĂ©pondu pour ne pas encore plus compliquĂ© leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrĂšte d’un chef local.
MĂȘme aprĂšs une vie entiĂšre Ă  parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hĂ©tĂ©rogĂšne, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manƓuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopĂ©rer dans un seul but : arrĂȘter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainĂ© dans une histoire pareille
 marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver

Elle regarda Oswald, son regard sombre braquĂ© vers la cĂŽte. Il Ă©tait en habit simple d’archer, bien protĂ©ger par son armure, son carquois rempli de flĂšche, comme un soldat ordinaire, Ă  l’exception de la capuche tout autour de sa tĂȘte pour Ă©viter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermĂ© sur lui-mĂȘme, mĂȘme si ses yeux restaient dĂ©terminĂ©s.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dĂ» revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste Ă  Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tĂȘte sur une pique au-dessus des portes du port
 ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux
 c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis
 j’espĂ©rais que tout ceci se serait terminĂ© une fois que Clovis a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© et envoyĂ© dans le caveau des criminels
 Justine aussi disait que c’était terminé  qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore
 il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la dĂ©chĂ©ance de son sang.
Ivy hocha la tĂȘte, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait mĂȘme survĂ©cu pour la plupart, et il avait survĂ©cu au rĂšgne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement prĂ©fĂ©rĂ© finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le rĂ©gler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repĂ©rer depuis qu’ils sont infiltrĂ©s et ils ont pu saboter les chaines qui protĂšgent l’entrĂ©e du port. On est aussi arrivĂ© Ă  avoir une bonne idĂ©e d’à quoi ressemble l’intĂ©rieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tĂąche, mĂȘme si on doit faire attention Ă  ce qu’il nous rĂ©serve.
Oswald hocha la tĂȘte, arrivant Ă  fendre un lĂ©ger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dĂ©pĂȘcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrĂȘter tout ceci, au moins en coupant la tĂȘte du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tĂȘte vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy rĂ©pondit qu’ils Ă©taient prĂȘts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgrĂ© leurs diffĂ©rences de structures et d’expĂ©rience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expĂ©rimentĂ©s menant les autres afin de les protĂ©ger, leur coque Ă©tant faite pour rĂ©sister Ă  des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangĂ© leurs voiles afin d’ĂȘtre plus discrets, se cachant pour que les dĂ©fenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotĂ©es. DerriĂšre, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prĂȘts. DotĂ©s de rames, ils seraient chargĂ©s de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles Ă  voiles. Leur objectif Ă©tait au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois lĂ -bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrĂȘts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient ĂȘtre rapide, prĂ©cis et tout faire pour Ă©viter de trop grosses pertes Ă  cause de leurs forces limitĂ©es et trĂšs diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cĂšderait et ils se disperseraient surement sur le champ

« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repĂ©rĂ©s dans notre ligne de mire  »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une priĂšre aux Braves et Ă  sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchĂ©s Ă  portĂ©e de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait Ă©tĂ© Ă©lue pour les reprĂ©senter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des Ă©trangers qui arrivaient en masse sans aucun reprĂ©sentant faerghien. Nous avons envoyĂ© cinq messagers auprĂšs de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donnĂ© qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de rĂ©pondre Ă  nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyĂ©s paitre ! Nous n’avons Ă  rĂ©pondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sĂ©curitĂ© sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussĂ©s, oĂč sont passĂ©es ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problĂšme ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes dĂ©jĂ  trĂšs clĂ©ments de ne pas avoir incendiĂ© les navires qui transportent les assassins de nos frĂšres !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vĂ©rifier que tous Ă©taient prĂȘt discrĂštement, que pour Ă©viter que les dĂ©fenseurs se mĂ©fient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions Ă  l’intĂ©rieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cƓur avec tous les autres navires qui hurlĂšrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libĂ©rerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! ArbalĂ©triers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte Ă  nos cĂŽtĂ©s ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachĂ©s filĂšrent tout de suite vers les portes, glissant Ă  toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite Ă  la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs Ă©taient placĂ©s juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tĂȘte au-dessus des crĂ©neaux mais

– Les assommoirs ont Ă©tĂ© bouchĂ©s ! On a Ă©tĂ© saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volĂ© leur rĂ©putation d’ĂȘtre plus redoutables Ă  dix qu’une armĂ©e de dix mille soldats ! »
Un Ă©norme trait passa tout prĂšs d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sĂ»r ! Oswald repĂ©ra aussi vite qu’il put la meurtriĂšre oĂč devait ĂȘtre cachĂ© une arbalĂšte de tour, prĂȘte Ă  enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait empruntĂ© le trait, et tira sans hĂ©siter. La flĂšche arriva Ă  passer la meurtriĂšre et Ă©tant donnĂ© qu’aucun carreau d’arbalĂšte ne suivit le premier, il avait dĂ» toucher le responsable de l’arme. Kleiman Ă©tait officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalĂšte de tour, ni beaucoup d’homme aptes Ă  la manier. Les assaillants devraient ĂȘtre tranquilles un moment avant que les dĂ©fenseurs n’arrivent Ă  trouver quelqu’un d’autre pour la rĂ©armer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires Ă  rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce rĂ©pĂ©tant ses ordres en volant de partout.
Oswald obĂ©it, sautant lui-mĂȘme dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, Ă  la fois dans l’attente d’arriver et prĂȘt Ă  contre-attaquer dĂšs qu’un ennemi Ă©tait Ă  portĂ©e de flĂšche.
Une fois les portes et les chaines passĂ©es, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs
 il n’y avait mĂȘme pas de quais pour dĂ©barquer, seulement une jetĂ©e oĂč s’échouaient les bateaux de pĂȘche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flĂšches et remerciant son emblĂšme de l’empĂȘcher d’ĂȘtre trop fatiguĂ© malgrĂ© ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancĂšrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empĂȘcher par la garde dĂ©jĂ  occupĂ©e sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guĂšre suffisante pour arrĂȘter une grosse centaine de marins dĂ©terminĂ©s.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dùs qu’ils rentrùrent dans la cour.
« Cette odeur
 Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblĂšme se calmait une seconde, ayant dĂ©jĂ  prĂ©venu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, rĂ©agit au quart de tour quand il vit un Ă©clat de magie noire se former et dĂ©cocha une flĂšche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le mĂȘme temps, Ivy passa sur le cĂŽtĂ© de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son Ă©pĂ©e, surveillant derriĂšre son Ă©paule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement Ă  l’intĂ©rieur !
AprĂšs avoir enfoncĂ© la porte, les marins entrĂšrent en trombe dans la grande salle oĂč ils trouvĂšrent Kleiman, entourĂ© de ses conseillers et de plusieurs mages Ă©tranges, avec des motifs qui disaient quelque chose Ă  Oswald

« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! MĂ©fiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença Ă  charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derriĂšre. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complĂštement dessĂ©chĂ©es, comme vidĂ©es d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour Ă©viter d’ĂȘtre le suivant.
Ivy tira Oswald derriĂšre un escalier pour se protĂ©ger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblĂšme commençait Ă  l’engourdir et brĂ»ler ses muscles vieillissants
 C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer Ă  le stimuler mĂȘme pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lĂącher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flĂšche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire

« Les insectes tentent de se dĂ©battre Ă  ce que je voie
 susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutĂŽt rare
 ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblĂšme majeur
 allons petit emblĂšme majeur
 montre toi  »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea Ă  mi-mot Ivy. Votre emblĂšme a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi Ă  ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mĂȘmes motifs que ceux du bataillon puant
 haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire

– Ah ça pour puer, elle pue
 elle comme tous les autres qui ont ce motif d’Ɠil  »
« Allons
 lequel d’entre vous est l’emblĂšme majeur ? HonnĂȘtement, il m’intĂ©resse plus que vous tous rĂ©unis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussiĂšre sur le plancher pour faire le tri, l’emblĂšme majeur rĂ©sistera mieux Ă  mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la piĂšce, juste occupĂ©e par Kleiman et ses hommes en train de se dĂ©battre contre la porte de la trappe qui devait leur servir Ă  s’enfuir, bloquĂ©e par une hache qui avait volĂ© quand les assaillants Ă©taient entrĂ©s. Ivy et Oswald Ă©changĂšrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la mĂȘme question ainsi que la mĂȘme rĂ©ponse.
– Cela me semble un marchĂ© correct. De toute façon, de misĂ©rables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un ĂȘtre qui vous est aussi supĂ©rieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mĂȘmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblĂšme majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite

Elle fut exaucĂ©e quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-mĂȘme, la face tournĂ©e vers le sol, sa capuche dĂ©faite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cƓur Ă©tait sur le point de lĂącher Ă  cause de toutes ses Ă©motions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en dĂ©clarant.
– Évidemment, vous prĂ©fĂ©rez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bĂȘtes. Et dommage, l’emblĂšme majeur est dĂ©crĂ©pit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse
 les bĂȘtes de votre genre vieillisse si vite
 marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs Ă  prĂ©sent, on fera avec
 vient donc

Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libĂ©rant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flĂšches en plein dans l’Ɠil, lui transperçant surement le crĂąne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en dĂ©barrasser ou attaquer Ă  nouveau, une Ă©pĂ©e lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un ĂȘtre supĂ©rieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son Ă©pĂ©e puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge trĂšs sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait aprĂšs une blessure pareille. Les autres mages avec les mĂȘmes motifs qu’elles se mirent tous Ă  paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, mĂȘme si ce genre de cabriole n’est plus de mon Ăąge, rĂ©pondit-il en cherchant un peu son Ă©quilibre Ă  cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutĂŽt bien, lui assura-t-elle en l’aidant Ă  se rester debout avant d’avouer, mĂȘme si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait
 il eut un sourire en voyant Kleiman ligotĂ© avec ses sous-fifres, alignĂ©s le long du mur et dĂ©sarmĂ©s. Au moins, nous les avons attrapé  J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturĂ©, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultĂ©s, Ă©puisĂ©s par les derniers Ă©vĂšnements, mĂȘme si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particuliĂšrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit Ă  peu prĂšs n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-lĂ  avaient refusĂ© de se rendre et avaient prĂ©fĂ©rĂ© se faire tuer plutĂŽt que capturer. Bon, au moins, c’était dĂ©jĂ  un problĂšme de rĂ©gler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’ĂȘtre. Leur patron Ă©tait tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressĂšrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, mĂȘme au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages Ă©tranges avec ce motif d’Ɠil sur eux, rendus inoffensif grĂące Ă  des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au dĂ©but, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant Ă  Morfis Ă  cause de leur peau extrĂȘmement pale, pratiquement cadavĂ©rique, combinĂ©e Ă  leur couleur d’yeux et de cheveux trĂšs rares mais, ils ne parlaient pas la mĂȘme langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa
 ! Pas moyen de les faire passer Ă  table ! Enragea Ivy aprĂšs une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par dĂ©fi. Ils sont tout maigre et dĂšs qu’on les approche ou Ă©lĂšve un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mĂȘmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent ĂȘtre les sous-chefs aprĂšs cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront lĂ , ils ne diront rien.
– Hum
 alors, autant les sĂ©parer et tous les sĂ©parer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se dĂ©lier un peu sans eux.
– Oui, et il faut Ă©galement bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous rĂ©sistent encore
 avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler  »
Sans hĂ©siter, ils isolĂšrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mĂȘmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver Ă  leurs chefs d’un cĂŽtĂ© et Ă  eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant Ă  leur Ă©gard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en prĂ©cisant Ă  ceux qui leur donnerait d’ĂȘtre agrĂ©ables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillĂ©s dans un coin, Ă©vitant la lumiĂšre du soleil couchant, fuyant mĂȘme la lumiĂšre de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. AprĂšs tout ce qu’il avait vu ces derniĂšres semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prĂȘt Ă  croire qu’ils Ă©taient comme les vampires des lĂ©gendes craignant la lumiĂšre mais, s’il se fiait Ă  leur rĂ©action quand ils avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s ici, c’était plus qu’ils Ă©taient trĂšs sensibles Ă  la lumiĂšre, comme des crĂ©atures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisĂ©e. Cela vous convient mieux ?
– 
 oui
 c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec mĂ©fiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger Ă  votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gĂȘner pas.
– De la nourriture d’infĂ©rieur, marmonna une femme, le nez retroussĂ© de dĂ©gout.
– C’est ça ou vous sautez Ă  la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son Ă©pĂ©e Ă  sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bĂȘte qui n’a mĂȘme pas d’emblĂšme n’est qu’un insecte, rĂ©torqua-t-elle avec bravache.
Cependant, Ă  part ses deux-lĂ , les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’apprĂ©hension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air Ă©tonnĂ©, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillĂšre sans hĂ©siter.
– Vous apprĂ©ciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant Ă  nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant Ă  son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de dĂ©clarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traitĂ© Ivy d’insecte, la rĂ©primandant sĂ©vĂšrement Ă  son ton mais, l’homme Ă  cĂŽtĂ© de celle qui apprĂ©ciait son repas dĂ» la dĂ©fendre car, l’orgueilleuse se tut et se rĂ©signa Ă  manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue Ă©trange
 ça ne ressemblait ni au fodlan, ni Ă  l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni Ă  aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrĂ©es reculĂ©es, soit ils avaient dĂ©veloppĂ© leur propre langage pour communiquer discrĂštement ensemble.
Celle qui les avait remerciĂ©s finit la premiĂšre en savourant sa pomme aprĂšs avoir demandĂ© ce que c’était, puis dĂ©clara.
– Merci pour ce repas. C’était trĂšs bon

– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu
 est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– 
 matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prĂ©nom Ă  vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls Ă  avoir le privilĂšge d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est dĂ©jĂ  un grand honneur pour des infĂ©rieurs tel que nous d’avoir un numĂ©ro attribuĂ© par le Grand Agastya

– C’est dĂ©bile, ça vous rĂ©duit Ă  un numĂ©ro alors que vous ĂȘtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont Ă  peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supĂ©rieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, mĂȘme si Ivy la reprit Ă  nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supĂ©rieur Ă©tant donnĂ© que c’est les « esprits supĂ©rieurs » qui vous appelle par des numĂ©ros et on est leur ait supĂ©rieur car en plus d’avoir un prĂ©nom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes Ă  ce point, on peut vous appeler par un prĂ©nom, et c’est plus agrĂ©able pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est trĂšs impoli d’appeler quelqu’un par un numĂ©ro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchantĂ© de faire votre connaissance, dĂ©clara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hĂ©sitations, elle leva Ă  son tour sa main pour la poser sur son front en dĂ©clarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors
 Pomme
 ou Soupe
 c’est bon
 enchantĂ© de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de mĂȘme. Et Pomme est un joli prĂ©nom.
L’homme qui l’avait dĂ©fendu Ă©carquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, mĂȘme si Pomme rĂ©pondit en lui montrant sa paume.
– Bah non
 y a rien, tu voies ?
Il eut l’air Ă©tonnĂ©, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignĂ©e de main.
– Je
 je peux aussi ?
– Bien sĂ»r. Enchanté  ?
– Je ne sais pas
 Ivy ? C’est joli
 si deux personnes ont le droit de porter le mĂȘme prĂ©nom

– Bien sĂ»r, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prĂ©nom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mĂȘmes sonoritĂ©s comme ça.
Il hocha la tĂȘte avant de serrer Ă  son tour la main d’Oswald avec apprĂ©hension, avant de la retirer avec Ă©tonnement en voyant qu’elle Ă©tait toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se prĂ©sentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la mĂȘme rĂ©action.
– On
 on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bĂȘte avec un emblĂšme majeur nous brĂ»lerait
 surtout les tarĂ©s comme moi et matri
 Vivian
 avoua Pomme en regardant leurs mains Ă  tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dĂ©vorerait les mains si on le faisait
 quand c’est l’emblĂšme mineur, ça piquerait comme du salpĂȘtre mais, que les emblĂšmes majeurs brĂ»leraient comme le soleil
 que seuls les esprits supĂ©rieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya Ă©taient assez forts pour rĂ©sister

– Et bien, je dois avouer que c’est la premiĂšre fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brĂ»lĂ© personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant Ă  moitiĂ© noir. Ces personnes avaient Ă©tĂ© maintenus dans l’ignorance, surement pendant des annĂ©es afin de mieux les contrĂŽler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent mĂȘme pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait mĂȘme pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile Ă  manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois ĂȘtre honnĂȘte avec vous, l’heure en ville est trĂšs grave. ÉnormĂ©ment de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est Ă  l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et Ă©viter qu’il y en ait d’autres. AprĂšs la dĂ©monstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous trĂšs inquiets pour eux. Étant donnĂ© que vous Ă©tiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous ĂȘtes leurs complices, et vous risquez d’ĂȘtre punis de la mĂȘme façon qu’eux, mĂȘme si vous n’étiez que des exĂ©cutants
 leur apprit-il, voyant leurs joues blĂȘmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous Ă©viter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider Ă  retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hĂ©sitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc

– Non !!! 

Celle qui les avait traitĂ©s d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se dĂ©composa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colĂšre.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passĂ© ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– MĂȘme contre l’Agastya ? MĂȘme contre l’ĂȘtre le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprĂȘme des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige
 per
 personne ne doit lui dĂ©sobĂ©ir, le questionner ou lui rĂ©sister

– Oui, mĂȘme contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer Ă  faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a racontĂ© l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblĂšme mineur, vous serez brĂ»lé ?
Pomme se mordit la lĂšvre avant d’hocher la tĂȘte.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrĂ©s mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois aprĂšs Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et Ă  l’embrocher avec une Ă©pĂ©e pour la battre. MĂȘme si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver Ă  le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez ĂȘtre juste selon vous, pas selon votre Grand Con si gĂ©nial qu’il est obligĂ© de mentir en permanence pour se faire obĂ©ir car, un peuple qui rĂ©flĂ©chit, c’est chiant Ă  gĂ©rer.
– Agastya
 crrrrĂ©tin
 marmonna Noce sur son Ă©paule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tĂȘte alors qu’elle prenait peut-ĂȘtre une des premiĂšres dĂ©cisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout
 maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller
 Juste
 juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitiĂ©, ne nous renvoyez pas lĂ -bas
 ils nous tueront pour vous avoir parlĂ©s

– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levĂšrent, sous le regard effrayĂ© des trois qui avaient serrĂ© la main du descendant de Riegan, et celui dĂ©sapprobateur des deux derniers mais, ils restĂšrent fermes sur leur dĂ©cision et les suivirent hors de la piĂšce. Les deux amis – peut-ĂȘtre
 ça ressemblait Ă  de l’amitiĂ© selon le grand-duc mais, il n’était pas sĂ»r qu’ils sachent mĂȘme ce que c’était
 – les ramenĂšrent dans la grande piĂšce centrale, leur disant que leur « laboratoire » Ă©tait sous la grosse dalle par oĂč Kleiman et eux-mĂȘmes avaient tentĂ© de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivĂšrent Ă  la forcer malgrĂ© les dĂ©formations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau Ă©tait assez Ă©troit, Ă  peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacĂ© par des sortes de longs rubans luisant, encastrĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du couloir, indiquant le chemin dans la pĂ©nombre. Si c’était les lumiĂšres auxquels ils Ă©taient habituĂ©s et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'Ă©tait pas trĂšs Ă©tonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude
 une odeur de plus en plus nausĂ©abonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tĂȘte, gagnĂ©s par la honte
 une odeur de cadavre et de fumĂ©e
 de magie noire

Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença Ă  entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-mĂȘme, ne pouvant contenir son incomprĂ©hension mĂȘlĂ©e d’horreur Ă  son tour. Le boyau dĂ©bouchait dans une Ă©norme cavitĂ© Ă©clairĂ©e par des pierres semblables aux veines luisantes, Ă©clairant un ensemble de table semblable Ă  celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang sĂ©chĂ© et de chair putrifiĂ© rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux cĂŽtĂ©s bien distincts : Ă  leur gauche, il y avait des rangĂ©es de dizaine de tubes transparentes comme du verre oĂč flottaient des sortes de boules, et Ă  droite, un damier de pressoirs Ă©normes, de sorte de cuves surplombĂ©s de cheminĂ©, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonnĂ© au cordeau
 presque scientifiquement

« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a rĂ©cupĂ©rĂ© encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus Ă  l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, rĂ©pondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissĂ©s, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux dĂ©faillants alors, on a la tĂąche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se dĂ©barrasser des restes pour Vivian
 c’est ce qui est le plus dĂ©gradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dĂ©gradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scĂšne avec horreur, conscient que plusieurs de ses frĂšres et sƓurs avaient dĂ» passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, mĂȘme si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dĂ©rangeant
 c’était presque
 bien trop calme

« Assister la Meneuse Érudite
 rĂ©pondit difficilement Vivian.
– C’est-Ă -dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgrĂ© l’odeur atroce et le manque de lumiĂšre.
– Projet Alpha
 continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des mĂ©tabolismes
 Ă©tude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expĂ©rimentations des Meneurs

– Attendez
 vous ĂȘtes en train de nous dire que vous dĂ©coupiez des gens vivants ?! Mais quel ĂȘtre humain peut ĂȘtre assez tordu pour faire une chose pareille Ă  ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains
 pas comme vous en tout cas

– Oui, esprits supĂ©rieurs, infĂ©rieurs, insectes
 tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout Ă  l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dĂ©goutĂ©e, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste dĂ©couper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dĂ©visagea Pomme, ne sachant pas si elle devait ĂȘtre en colĂšre ou comprĂ©hensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant mĂȘme pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de mĂȘme la base les Ă©motions et les sentiments. Vu le niveau, c’était mĂȘme limite Ă©norme qu’elle ait juste osĂ©e la poser sa question

– L’empathie, c’est la capacitĂ© Ă  se mettre Ă  la place des autres pour les comprendre et agir en consĂ©quence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son Ă©paule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les dĂ©faillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des
 des « stocks »  c’est pour corriger nos dĂ©faillances et nos tares Ă  force

– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerriùre sreng, sans voix.
– Non, c’est les dĂ©faillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya
 mĂȘme les Meneurs
 nous avons Ă©chouĂ©, on sera juste remplacĂ©s par d’autres matricules
 en particulier ceux comme nous qui sont tarĂ©s

– C’est-à-dire ? Vous avez des problùmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait dĂ©jĂ  mort depuis longtemps, on ne servirait Ă  rien Ă  la cause, c’est notre Ăąme notre problĂšme
 on ne sait pas pourquoi
 juste
 ça fait mal de voir tout ça
 marmonna Vivian, complĂštement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tĂȘte, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la mĂȘme couleur perdus dans le vague. On ne sait pas
 on ne sait pas
 mais, on ne peut pas s’en empĂȘcher
 c’est comme si on avait des Ă©pingles dans la poitrine
 ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre
 mĂȘme quand on les entend depuis toujours
 et on arrive pas Ă  se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le dĂ©sir de l’Agastya
 on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous
 on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom
 on arrive pas Ă  ĂȘtre ce qu’on nous demande ĂȘtre

– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas Ă©tĂ© cassĂ© par cet Agastya, rĂ©pliqua Oswald sans hĂ©siter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’ĂȘtre mal quand des choses horribles leur arrivent comme
 comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait ĂȘtre comme vous et ĂȘtre capable de ressentir de l’empathie malgrĂ© tout ce qui lui Ă©tait arrivé  au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian Ă©changĂšrent un regard, perdus, mĂȘmes s’ils firent un signe de tĂȘte qui ressemblait Ă  un acquiescement pour eux. DĂ©esse
 des ĂȘtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer
 c’était la premiĂšre fois qu’il voyait une telle chose

Une fois Ă  peu prĂšs remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent Ă  prendre possession des lieux et Ă  s’organiser pour sortir les rescapĂ©s de cet enfer au plus vite. D’aprĂšs Pomme, le liquide oĂč ils Ă©taient les maintenait en vie et Ă©vitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit Ă  peu prĂšs pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel Ă©tait le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyĂ©s auprĂšs de Kleiman de sa cuve, Ă©talant lui-mĂȘme une couverture oĂč l’allonger.
– Je ne connais pas les dĂ©tails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye
 d’aprĂšs elle, c’était pour plonger cette partie des protĂ©gĂ©s de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale Ă  vous alors, le chaos l’aidera Ă  avoir plus d’influence
 expliqua Pomme en dĂ©plaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mĂ©canismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– 
 nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prĂ©nom, c’est PĂ©riandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez
 et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important
 on peut prendre l’apparence des autres de
 je vous expliquerait aprĂšs mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volĂ© le visage et l’identité  je n’en sais pas plus, je n’ai jamais Ă©tĂ© sous ces ordres, cela fait des annĂ©es que je suis dĂ©vouĂ©e au service de Bias
 la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte Ă  prĂ©sent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prĂ©nom. Et merci, c’est dĂ©jĂ  beaucoup d’informations qui nous seront trĂšs utiles, » lui assura Oswald, dĂ©jĂ  bien content d’avoir trouvĂ© quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuÚrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlÚvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy
 appela Noce, solidement accrochĂ© Ă  l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitiĂ©, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre
 dĂ©clara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissĂ©s Ă  celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillĂ© sur lui-mĂȘme, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brĂ»lures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvĂ©. Sa peau Ă©tait trĂšs pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclĂ©s, retenus dans une Ă©paisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy

« C’est fou ce qu’il ressemble Ă  son pĂšre  »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. PĂ©riandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientĂŽt d’autres membres de la mĂȘme famille avec un emblĂšme mineur et un emblĂšme majeur alors, il fallait le laisser de cĂŽtĂ© pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond

– D’accord, tu m’expliqueras en dĂ©tail tout ce que tu sais aprĂšs mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sĂ»r.
Pomme rĂ©pĂ©ta la mĂȘme sĂ©rie de mouvements sur la plaque que tout Ă  l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien prĂ©cis les tubes qui le reliaient Ă  sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea dĂ©licatement sur la couverture qu’avait Ă©tendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tĂȘte, comme un noyĂ© pour Ă©viter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloquĂ© dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournĂšrent sur l’épaule, l’aidant Ă  vomir.
– Allez
 grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache

– 
 k
 kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra

Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant prĂ©sent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons

– I
 Ivy
 c’est
 mais que
 les yeux de chat du jeune homme s’écarquillĂšrent encre plus, mĂȘme si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant Ă  cause des derniĂšres choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprĂ©sente. Non
 non
 tu dois
 les flammes
 le sort
 Dimitri
 tout
 ce
 krreeeuufff
 ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle Ă  l’ordre alors qu’il crachait encore. DĂ©jĂ  que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer mĂȘme Ă  terre ! Pour rĂ©sumer trĂšs vite, mĂȘme si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et mĂȘme si t’as dĂ» en voir, tu es en sĂ©curitĂ© maintenant.
– En
 mais
 mais comment
 ? Je
 qu’est-ce
 qu’est-ce qui s’est passé  ? OĂč
 oĂč est-ce qu’on est ? Mon
 mon pĂšre est là ? Et
 et FĂ©lix ? Tu sais s’ils vont bien
 ? Et Alix

– Là aussi, trùs longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrĂšrent ceux de la meilleure amie de sa mĂšre, cherchant quelque chose de familier et de rassurant
 il voulait presque l’entendre raconter ces derniĂšres anecdotes de voyage, leur dĂ©crire ses mĂ©saventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passĂ© comme ça l’arrangeait Ă  Almyra
 juste pour retrouver quelque chose de normal
 tout Ă©tait tellement flou dans sa tĂȘte
 la derniĂšre chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages Ă©tranges qui le tiraient du mĂ©lange de boue, de suie et de sa propre mare de sang
 de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire
 puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant
 il avait tellement de questions
 mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir Ă  nouveau

– Je veux rentrer chez moi
 je veux mon pĂšre
 FĂ©lix
 et Alix
 je veux retrouver
 ma famille

– Bien sĂ»r, je te ramĂšnerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tĂȘte.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole

#fe3h#Ă©criture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espĂšre que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur aprĂšs la FE OC Week !#C'Ă©tais prĂȘt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets Ă  la base jusqu'Ă  voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplĂ©mentaire... ce sera mieux et moins condensĂ© en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimĂ© Ă©crire la scĂšne de rĂȘve ! J'espĂšre qu'elle vous plaira !#(c'est les scĂšnes que je prĂ©fĂšre en gĂ©nĂ©ral : les scĂšnes de rĂȘve ou irrĂ©alistes oĂč les persos sont en plein trip#On peut mettre la rĂ©alitĂ© au placard et y aller Ă  fond sur les symboles et les choses irrĂ©alistes tout en gardant la logique propre des rĂȘv#diatribe des avertissements inspirĂ©e par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passĂ© +30 minutes Ă  cracher sur un jeu#auquel il n'a pas jouĂ© depuis 20 ans et qu'il dĂ©teste mais qu'il ne peut pas s'empĂȘcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa sĂ©rie de coeur alors pas trĂšs agrĂ©able Ă  vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censurĂ©]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhĂ©rer pas Ă  un truc soit ne lisez pas soit Ă©vitez de le tartiner Ă  la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donnĂ© une chance Ă  quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du nĂ©gatif bonne lecture Ă  tous !
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lilias42 · 1 month ago
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Un grand mystĂšre de la vie...
Blague Ă  part, c'est ma thĂ©orie qui vaut ce qu'elle vaut (et mĂȘme si je me rĂ©pĂšte surement vu que la dĂ©fense de Rodrigue est devenue un cheval de bataille ici) mais, je pense que c'est en grande partie dĂ» d'une part au cadrage, Byleth adore son pĂšre et ne remet pas en question ses mauvais traitements lĂ  oĂč ado!FĂ©lix charge son pĂšre de tous les vices du monde, mais aussi d'autre part au fait que si Rodrigue (et Seteth au passage) sont de vrais parents, JĂ©ralt correspond Ă  un stĂ©rĂ©otype / fantasme de parents cools selon pas mal d'ado qui ne sont pas bloquĂ©s avec des parents nĂ©gligents / n'ont pas vĂ©cu ce genre de nĂ©gligence.
C'est le parent qui t'apprend Ă  te battre de maniĂšre cool, qui te laisse une libertĂ© totale sans trop regarder ce que tu fais, qui te laisse faire ce qui veut, qui part dans des missions cools, qui fait un mĂ©tier trop cool de chasser le bandit, qui est un prof trop cool pour t'apprendre la bagarre, qui ne fait jamais d'erreur, est toujours glorifiĂ© par l'histoire en le montrant comme trop compĂ©tent et fort (et on retrouve le coup du cadrage qui modifie notre perception du personnage, comme dans la façon dont je parle des actions de JĂ©ralt de maniĂšre positive dans ce paragraphe, mes mots modulent la maniĂšre dont les choses sont prĂ©sentĂ©s sous un jour positive alors que si je change ma maniĂšre d'en parler, ce sera bien plus nĂ©gatif [et proche de ma maniĂšre de voir les mĂ©thodes d'Ă©ducation inexistantes de JĂ©ralt mais, je me met Ă  la place d'un ado lĂ ]) qui ne te traite pas comme un gamin incapable de faire quoi que ce soit car il t'emmĂšne sur le terrain et te fais confiance pour te battre correctement et survivre, et qu'il te traite comme un adulte mĂȘme quand tu es enfant et te donne des responsabilitĂ©s. Et puis boire, c'est pas si grave, c'est cool de boire, c'est pour les grandes personnes. Et pour le fait qu'il lui apprenne rien sur le monde extĂ©rieur, c'est pas si grave, Byleth est trop forte Ă  la bagarre alors, elle pourra se dĂ©brouiller et sinon, JĂ©ralt est lĂ  pour l'aider en cas de besoin, surtout qu'il dit que l'Eglise est mĂ©chante alors, pas la peine d'apprendre ça, c'est ni cool ni intĂ©ressant.
En gros, c'est le parent qui traite son enfant comme un adulte, ce qui peut plaire Ă  des ados qui ont l'impression que les adultes ne les prennent pas au sĂ©rieux Ă  cause de leur Ăąge et leur disent "t'es trop jeune / laisse les adultes rĂ©gler ça, ce sont des problĂšmes de grandes personnes / tu ne peux pas encore tout comprendre car t'a pas le recul nĂ©cessaire". Cela est encore plus renforcĂ© par le fait que Byleth ne se plaint jamais de son pĂšre et remet trĂšs peu en question ses mĂ©thodes d'Ă©ducation et ce qu'iel a vĂ©cu Ă  ses cĂŽtĂ©s (ĂȘtre un perso muet n'aide clairement pas).
Pour un ado qui a l'impression que les adultes ne le prennent pas au sĂ©rieux et voudrait qu'on le respecte mĂȘme s'il est jeune tout en ayant plus de libertĂ©, c'est sĂ©duisant comme idĂ©e et ça peut ĂȘtre difficile de comprendre que les actions de JĂ©ralt sont juste de la nĂ©gligence et qu'il ne s'occupe juste pas de Byleth, et qu'un alcoolique ne devrait pas s'occuper d'un enfant qu'il nĂ©glige dĂ©jĂ . Ce n'est pas une bonne chose qu'un adulte traite un enfant / ado comme un autre adulte. Un enfant doit ĂȘtre traitĂ© comme un enfant selon son Ăąge car, il n'a pas les mĂȘmes capacitĂ©s qu'un adulte, pas le mĂȘme recul, pas la mĂȘme expĂ©rience... mĂȘme si je comprends aussi que ça peut ĂȘtre difficile Ă  entendre quand on est plus jeune justement parce qu'on a pas ce recul nĂ©cessaire pour comprendre qu'on ne peut pas se comporter comme un adulte car, on ne l'est pas encore.
De son cĂŽtĂ©, on voie Rodrigue encadrer FĂ©lix, il s'inquiĂšte pour lui, essaye de lui inculquer les bases pour en faire un adulte responsable tout en lui donnant de l'espace mĂȘme s'il veille toujours sur lui de loin, prend soin des autres enfants autour de lui dont il est responsable (et vue le niveau de parentalitĂ© de Lambert, Dimitri a bien besoin d'un vrai parent pour s'occuper de lui !) et il recadre son fils quand il se comporte mal (et Dimitri aussi au passage), mais il fait aussi des erreurs et n'est pas toujours Ă  100% sur la mĂȘme longueur d'onde que FĂ©lix, ils ne se comprennent pas toujours trĂšs bien, ils ont du mal Ă  communiquer mĂȘme si Rodrigue essaye quand FĂ©lix fait tout pour l'Ă©viter, il ne sait pas comment faire pour recoller les morceaux avec lui et ça prend du temps, le tout avec FĂ©lix en face qui doit aussi se dĂ©brouiller avec son deuil et son rejet en bloc de toutes les valeurs de Faerghus, notamment la chevalerie.
Bref, c'est un vrai parent humain qui n'assure pas tout le temps, et qui peut se rapprocher de ce qu'est un parent responsable qui ne laisse pas son enfant livrer Ă  lui-mĂȘme. Pour un adolescent qui peut avoir des parents qui l'encadrent, qui mettent en place des rĂšgles strictes et sont "souvent sur son dos", cela peut ĂȘtre repoussant car il s'identifie Ă  FĂ©lix et Ă  sa crise d'adolescence oĂč il est en rĂ©bellion complĂšte contre son pĂšre, et donc repousser les parents qui surveillent et encadrent plus leurs enfants comme Rodrigue et Seteth. C'est trĂšs facile pour un ado en pleine crise et rĂ©bellion contre ses parents de s'identifier Ă  la situation de FĂ©lix, lĂ  oĂč la situation de Byleth est bien plus Ă©loignĂ© du rĂ©el et oĂč c'est facile de projeter ses fantasmes de libertĂ© dessus (surtout que le coup du pĂšre qui part Ă  l'aventure en laissant son gosse derriĂšre sur les bras de la mĂšre qui doit faire tout le boulot de parent MAIS, qui est quand mĂȘme un modĂšle pour son enfant qui ne souffre pas d'abandon mais le voie plus comme un modĂšle qui a suivi son rĂȘve jusqu'au bout et de ce qu'il voudrait ĂȘtre plus tard est un archĂ©type trĂšs courant, lĂ  oĂč Rodrigue correspond plus Ă  l'archĂ©type fĂ©minin d'une mĂšre s'occupant de ses enfants [FĂ©lix et Dimitri] quand l'autre parent part au bout du monde [et Ă  la bonne idĂ©e de se faire tuer stupidement devant son gosse comme Lambert mais je m'Ă©gare]).
Attention, je ne dis pas que les parents doivent rester H24 sur le dos de leurs enfants, les surveiller Ă  la loupe et contrĂŽler le moindre aspect de leur vie en leur collant une puce dans le bras (je crois que les anglophones appellent ce genre de parent un "parent hĂ©licoptĂšre", un peu comme on dirait un "papa / maman poule" en français), un ado a aussi besoin d'espace et de libertĂ© pour se dĂ©velopper et se construire (c'est d'ailleurs l'arc de Seteth d'apprendre Ă  lĂącher du lest avec sa fille et de ne plus ĂȘtre un papa poule surprotecteur, mĂȘme si l'histoire justifie sa surprotection). Idem pour un enfant qui ne voudrait plus voir un parent maltraitant, c'est normal qu'il s'Ă©loigne de son bourreau. Le mĂ©tier de parent est un mĂ©tier incroyablement compliquĂ© oĂč vous devez apprendre plus ou moins sur le tas avec plus ou moins de rĂ©fĂ©rences et d'aide selon les situations (chose qu'Ă  trĂšs bien expliquĂ© Maliki dans son excellent strip "laisser un avis : la parentalitĂ©" qui aborde Ă©galement la pression qu'on met aux parents, disponible aussi en anglais). Tout est une question de dosage et d'Ă©quilibre que chaque famille doit trouver pour ne pas tomber dans la nĂ©gligence d'un cĂŽtĂ©, ou la surprotection de l'autre.
ça commence Ă  remonter mais, je me souviens que lorsque j'Ă©tudiais pour passer le concours des profs, un de nos profs nous avait expliquĂ© qu'une des Ă©tapes normales de dĂ©veloppements de l'enfant, c'est de se rendre compte que ses parents ne sont pas des ĂȘtres parfaits, qu'ils sont humains et peuvent se tromper aussi. Il y a aussi toute la pĂ©riode de rĂ©bellion propre Ă  l'adolescence oĂč l'ado rejette ce qu'il connait pour essayer de se construire sa propre identitĂ© et univers, rejet qui peut ĂȘtre plus ou moins violent selon les cas.
J'ai l'impression qu'on est avec FĂ©lix dans cette phase oĂč il s'est rendu compte que son pĂšre n'est pas parfait mais, vu que ça s'est fait trĂšs brutalement Ă  une pĂ©riode trĂšs difficile de sa vie, il a du mal Ă  en sortir et Ă  se rendre compte que son pĂšre est un humain aussi qui bataillait avec son propre deuil. Et de son cĂŽtĂ©, oui Rodrigue n'aurait peut-ĂȘtre pas dĂ» dire ça mais, il Ă©tait pris dans la mĂȘme TragĂ©die que FĂ©lix avec un prince blessĂ© Ă  gĂ©rer, un rĂ©gent pourri, des seigneurs qui allaient faire un massacre, et il devait se dĂ©brouiller pour annoncer la mort de son frĂšre (ce qui veut dire qu'il a perdu un fils, ce qui doit ĂȘtre le pire cauchemar de n'importe quel parent de voir son enfant mourir avant lui) en Ă©vitant de dĂ©truire encore plus son monde, et en sachant que FĂ©lix adorait les histoires de chevalier quand il Ă©tait petit alors, il a pu penser que ça l'aiderait Ă  tenir en utilisant cette image de la mort chevaleresque, mĂȘme si ça a complĂštement foirĂ©. Puis la dispute s'est prolongĂ© Ă  cause du manque de communication et on se retrouve avec la situation du jeu oĂč FĂ©lix est restĂ© au stade de "rejet du cadre familiale + dĂ©couverte que les parents ne sont pas parfaits" au lieu d'aller Ă  la prochaine Ă©tape de maturitĂ© qui est l'acceptation que oui, les parents ne sont pas parfait car ils sont humains et dĂ©velopper de l'empathie pour eux en comprenant ce qu'ils ont essayĂ© de faire (quand c'est possible, Ă©videmment, je ne parle pas de situation de parent maltraitant).
Enfin bref, tout ça pour dire car j'ai bien digressĂ© que selon moi, le principal problĂšme en plus du cadrage vient du fait que les deux sont des parents opposĂ©s dont l'apprĂ©ciation dĂ©pend d'un stade de maturitĂ© oĂč le joueur se trouve et son recul : JĂ©ralt peut ĂȘtre vu comme un parent fantastique car il colle Ă  un fantasme, lĂ  oĂč Rodrigue est un repoussoir, surtout s'il s'identifie Ă  FĂ©lix et voudrait vivre une vie palpitante d'aventure comme Byleth, mais quand on grandit et qu'on prend du recul sur les choses, on se rend compte que JĂ©ralt est un parent nĂ©gligent, qui met en danger son enfant et ne le prĂ©pare pas bien Ă  ĂȘtre indĂ©pendant quand il sera adulte, lĂ  oĂč Rodrigue est un humain ET un adulte qui fait des erreurs mais tente de faire de son mieux.
no but so how did we let Rodrigue "I said something kinda offkey to my younger son in trying to process the brutal senseless murder of my older son" Achille Fraldarius be seen as the worse parent compared to Jeralt "I left my only child literally who knows where with literally who knows who for literally who knows how long to fuck around in this one village for literally no reason" Eisner in so much of the fandom. like how'd that happen
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clhook · 8 months ago
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Post trĂšs perso je sais pas si je vais le poster ou s'il va rester longtemps parce que je suis gĂȘnĂ©e de parler de ça mdr mais j'ai besoin de vider mon sac
j'avais un stĂ©rilet au cuivre pendant plusieurs annĂ©es ça a Ă©tĂ© graduellement de plus en plus affreux au moment des rĂšgles pertes super abondantes douleurs insupportables etc mais je voulais pas l'enlever parce que je veux pas prendre d'hormones donc je serrais juste les dents une semaine et demie par mois mais Ă  un moment j'ai commencĂ© aussi Ă  avoir mal en dehors des rĂšgles et surtout mal pendant les rapports je suis allĂ©e voir le mĂ©decin qui a dit que c'Ă©tait parce qu'il y avait une mycose donc ok je soigne ça mais j'avais toujours mal je suis allĂ©e voir un autre mĂ©decin pour avoir un deuxiĂšme avis j'ai demandĂ© si ça pouvait pas ĂȘtre de l'endomĂ©triose je me suis fait remballer ptdr j'ai fini par retourner voir mon mĂ©decin traitant qui a vu que mon stĂ©rilet Ă©tait tombĂ© et que c'Ă©tait ça qui me provoquait les mycoses donc elle l'a enlevĂ© carrĂ©ment, elle m'en a prescrit un autre mais j'y suis jamais retournĂ©e parce que ça m'a un peu traumatisĂ©e et je voulais laisser mon corps trkl pendant un moment mais le fait est plusieurs mois plus tard que rien n'a changĂ©, je suis toujours en pls pendant mes rĂšgles et je laisse plus mon mec me toucher parce qu'invariablement Ă  chaque fois qu'on essaye je finis en larmes, pas seulement parce que j'ai mal mais parce que je suis déçue et triste et je culpabilise, impossible de mettre un tampon parce que ça me fait souffrir le martyr, et cerise sur le gĂąteau j'ai hyper envie d'ĂȘtre enceinte et d'avoir un bĂ©bĂ© en ce moment et les gens m'en parlent systĂ©matiquement quand je parle du mariage c'est hyper dur de dire "haha on verra plus tard" alors que oui je rĂȘve d'un bb mais je suis en combat constant avec mon corps et je suis fatiguĂ©e je pleure tout le temps l'autre jour ma collĂšgue Ă©tait hyper heureuse de me raconter que son fils va avoir un bĂ©bĂ© j'ai tenu la conversation mais aprĂšs je suis allĂ©e pleurer dans les toilettes comme une fragile j'ai pris rdv chez le mĂ©decin mais j'ai hyper peur d'y aller parce que j'ai peur d'avoir mal pendant l'examen et j'ai peur qu'elle me dise que j'ai rien et que c'est dans ma tĂȘte et que je passe le reste de ma vie comme ça ouin ouin ouin
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epine-dorsale · 2 months ago
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J'rentre dans le piĂšge comme le fou dans la reine
Mon amie
Je n'ai pas envie d'ĂȘtre grossier
Mais je n'arrive pas Ă 
ContrĂŽler cette langue
Qui part seule et vient vous lĂ©cher lĂ  oĂč
Vous avez envie
Je braque et contre braque
J'ai plus de marche-arriĂšre
Pas besoin m'a dit mon pépé
Je roule vers vous
Sans vous connaitre
Sans amour
Sans raison
Le terrain est glissant
Montez-moi dessus
Je suis sans Ăąme ce soir
Je pourrais dire que je suis périmé, ça
Ferait pareil
Le volant est grand et je tourne au rythme de la musique
Mon cƓur s'emballe lorsque je vous vois me
Faire de l’Ɠil
Position 6, je suis Ă  votre disposition
Position 7 on
Change de position
J'ai vu votre grĂące
Tomber en lambeaux
Le Roi joue avec la disgrĂące
Votre Ă©corce s'enlĂšve brusquement
Vous vous mettez Ă  lire ma
Peau
Interminable parchemin, fragile mais si vous faites attention
L'incantation fonctionnera et
Les flammes des bougies Ă©teintes reviendront Ă©clairer vos murs
Je poivre la soupe, rappe le fromage
Et vous envoie valser avec le silence sur la plage malgré la nuit
Position 8, bientĂŽt la 9
C'est graduellement de plus en plus
Violent
Je voulais tellement ça
Et je me sens
Tellement le contraire
Racontez-moi
Qui voulez-vous voir dans mes yeux ce soir ?
Je casse trois verres en vous prenant frénétiquement sur le
Clic
Clac
Les lettres sont faites
Rien ne va
Plus
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theoppositeofadults · 1 year ago
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je ne vous cache pas qu'aprÚs n'avoir pas vécu en france depuis 2016 (.... time flies) et de passer mon temps à travailler sur la politique européenne, je me suis beaucoup désintéressée de la politique franco-française
et j'avais vu la motion de rejet de la loi sur l'immigration mais je n'avais mĂȘme pas regardĂ© le texte - j'avais juste compris qu'il Ă©tait trop Ă  droite pour la gauche et pas assez Ă  droite pour la droite et l'extrĂȘme-droite
mais hier aprĂšs-midi, je suis tombĂ©e sur le texte de la CMP qui allait ĂȘtre votĂ© le soir .... et je l'ai lu..... et je me suis dit "mais non. ça ne va pas passer."
puis pendant mon repas, j'ai vu que le sénat l'avait voter mais bon, ce n'était pas étonnant
et aprĂšs, j'ai commencĂ© Ă  voir les ministres qui menaçaient de dĂ©missionner, des dĂ©putĂ©s qui appelaient Ă  voter contre, et je continuais de me dire que ça n'allait peut-ĂȘtre pas passer
et le vote mettait des heures et j'avais un train Ă  6h ce matin donc je suis allĂ©e me coucher Ă  10h mais je voulais comment savoir donc je suis restĂ©e sur twitter sur mon tĂ©lĂ©phone blottie dans mon lit, et lĂ , Ă  11h30... la massue. le texte adoptĂ©, et vote rn ou pas vote rn, mĂȘme sans le RN il y a 261 dĂ©putĂ©s (non-RN donc!) qui ont votĂ© cette loi.
mon député (pour les français à l'étranger au Benelux) et mon ancien député (pour les français à l'étranger au Royaume-Uni/Europe du Nord) ont voté pour. par principe, la grande grande grande majorité des personnes qui ont voté pour eux sont des immigrants qui : bénéficie des services publics dans leur pays d'adoption, beaucoup ont obtenu la nationalité de leur pays d'adoption, beaucoup ne parlent pas forcément la langue de leur pays,...
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selidren · 2 months ago
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Eté 1926 - Champs-les-Sims
8/10
Il m'a demandée en mariage. Et bien sur j'ai dit oui. Ne te méprends pas, c'est un choix éclairé. Bien sur, c'était une urgence et il me tendait une perche que j'aurai été idiote de ne pas saisir, mais je sais que je ne serai pas malheureuse avec lui. Je pense que j'ai réalisé quelque chose d'important dans tout ce bazar : le mari idéal n'est pas celui qui te fait brûler d'amour comme le pense Cléo, mais l'ami à qui tu peux te remettre. Je ne suis pas amoureuse d'Ange, et je ne crois pas que je le serai un jour. Quand à lui, je ne pense pas qu'il puisse tomber amoureux de moi. Mais pour autant, je ne pense pas que ce sera un mariage malheureux, bien au contraire. Il conservera ses habitudes, et moi les miennes (au détail prÚs que je ne peux plus faire confiance à un homme au point de lui offrir mon intimité), nous aurons un enfant ensemble et ce sera trÚs bien. Comme si Jean n'avais jamais existé.
Reste la question qui me chiffonne, je m'apprĂȘte Ă  Ă©pouser mon cousin. Je me sens comme une princesse Habsbourg en ce moment, mais je n'avais pas vraiment d'autre choix.
Transcription :
ArsinoĂ© « Mais qu’est-ce que tu fais ? »
Ange « Et bien, je fais ma demande ! Je ne vois personne d’autre ici qui puisse davantage faire l’affaire. »
ArsinoĂ© « Mais
 bon sang, dire que je n’y avais mĂȘme pas pensĂ©... »
Ange « Ce n’est rien. J’admets que l’idĂ©e d’épouser son cousin est un peu vieux jeu. Je vois d’ici ClĂ©o lever les yeux au ciel. Je peux continuer ? »
ArsinoĂ© « Non ! Enfin
 tu me sauverais la vie, mais qu’est-ce que tu as Ă  y gagner toi ? Pour reprendre ce que dis Grand-MĂšre, je ne pourrai jamais c
 enfin
 te donner ce que tu dĂ©sires ! »
Ange « C’est si joliment dit NoĂ©. Si je t’épouse, vois-tu un inconvĂ©nient Ă  ce que je continue Ă  voir mes bons amis lors de mes sĂ©jours Ă  Paris ? Ce n’est pas comme si je pouvais les Ă©pouser de toute maniĂšre
 enfin pour la plupart. »
ArsinoĂ© « Jamais je n’oserais te l’interdire mais
 attends, tu es en train de me demander ma permission ? »
Ange « Je nĂ©gocie les termes de notre contrat de mariage. En tant qu’épouse, je comprendrais que tu vois un inconvĂ©nient Ă  ce que je pratique l’adultĂšre. Toi comme moi savons que ce ne sera pas un mariage d’amour, mais je tiens Ă  faire les choses correctement. Alors ? »
ArsinoĂ© « Non, je n’ai jamais vu de problĂšmes Ă  qui tu aimes et notre mariage ne changera pas ça. Mais
 et les enfants ? Je porte l’enfant d’un autre ! Tu n’y vois pas de problĂšme ? »
Ange « Sur le papier, l’enfant sera le mien et je serai le pĂšre qui l’élĂšvera alors non, aucun. Pour ĂȘtre parfaitement honnĂȘte, ici, tu seras celle qui me rendra service. »
Arsinoé « Vraiment ? »
Ange « Avec mon mode de vie, j’ai fait une croix sur la paternitĂ© il y a des annĂ©es. Pourtant, j’ai toujours rĂȘvĂ© d’avoir des enfants et de devenir pĂšre. Me laisser reconnaĂźtre ton enfant, l’élever comme le mien
 Tu me ferais le plus beau cadeau qui soit. Tu voulais savoir ce que j’ai Ă  y gagner, tu sais tout. »
ArsinoĂ© « Tu n’en avais jamais parlĂ© avant... »
Ange « Vivre avec cette idée était déjà assez difficile, je ne voulais pas retourner le couteau dans la plaie. »
Ange « Sache qu’en plus, je donnerai aussi Ă  ton enfant ce qu’il reste de l’hĂ©ritage des de Chastel, le nom, ainsi que le titre, pour ce que ça vaut dĂ©sormais. Au grand dam de mon frĂšre d’ailleurs. La nouvelle ne lui fera pas plaisir. »
ArsinoĂ© « Je comprends que tu n’ai pas envie d’en parler oui. Je comprends aussi pourquoi Grand-MĂšre a fait appel Ă  toi immĂ©diatement. »
Ange « Cher cousine, nous nous apprĂȘtons Ă  consacrer l’oeuvre de la vie d’EugĂ©nie le Bris, en unissant par le mariage l’argent des Le Bris et le prestige des de Chastel. Mais le plus important, c’est que nous y trouvions tous les deux notre compte. C’est bien le cas n’est-ce pas ? »
Arsinoé « Tout à fait. Je serais folle de refuser. »
Ange « TrÚs bien. Voilà qui mets fin aux négociations. Laisse moi donc reprendre. »
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sabinerondissime · 3 months ago
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Journal
Hier, je vous parlais du peu de passion que j'ai pour le mĂ©nage. Aujourd'hui, je veux vous parlez du peu d'aide que je reçois de la part de mon fils et mon mari concernant l'entretien de la maison. Mais tout d'abord, je dois prendre mes responsabilitĂ©s. Je n'ai jamais voulu les obliger Ă  m'aider. Quand j'Ă©tais enfant, ma mĂšre travaillait et nous laissait Ă  ma sƓur et moi, une liste de choses Ă  faire avant son retour. A l'Ă©poque, je trouvais cela complĂštement injuste que mes matinĂ©es de libres soient en partis occupĂ©es Ă  Ă©tendre le linge, passer l'aspirateur, dĂ©barrasser le lave-vaisselle etc. J'ai donc dĂ©cidĂ© qu'une fois que j'aurais des enfants, je ne leur demanderai rien. Il se trouve que j'ai toujours Ă©tĂ© une femme Ă  la maison, par choix, parce que je voulais ĂȘtre prĂ©sente pour mes enfants, contrairement Ă  mes parents qui bossaient Ă©normĂ©ment. J'avais dons le temps de faire le mĂ©nage sans trop rien leur demander, si ce n'est de faire la vaisselle Ă  tour de rĂŽle. A cette Ă©poque, les 4 enfants Ă©taient tous Ă  la maison. Maintenant, nous sommes 3 dans le mĂȘme appartement. J'ai pris de l'Ăąge et parfois, j'ai besoin qu'on m'aide pour faire certaines choses. Exemple du jour, accrocher les rideaux ou nettoyer les lustres. Ce que Monsieur a fait en rĂąlant et en me disant qu'il ne voyait pas pourquoi je faisais ce genre de chose que personne ne remarque. Il doit, depuis des semaines, nettoyer les alarmes incendies qui sont tachĂ©es de cacas de mouches. Il est assez grand pour le faire sans monter sur une chaise, moi pas ! Mais bien que je lui demande gentiment tout les jours, rien n'est fait. Autre exemple, la poudre de cafĂ© qu'il laisse derriĂšre lui quand il remplis la machine, alors que je lui ai demandĂ© de nettoyer le cas Ă©chĂ©ant, vu qu'il est le seul a s'en servir. Alors je nettoie devant lui mais ça ne le dĂ©range pas plus que ça. Mon fils, quant a lui, ne sort pas de sa chambre. Quand je lui demande de la ranger un peu, il soupire en disant que personne n'y vient Ă  part lui. Concernant son linge sale, j'ai mis un panier au pied de son lit car il avait la flemme de le mettre dans celui prĂšs de la machine. Mais chaque fois que je vais chercher son linge sale, il est sur son lit et pas dans le panier. S'il se coupe une tranche de pain, il laisse les miettes. Si mon mari enlĂšve un cotĂ© du plaid sur le canapĂ© en se vautrant dessus, il attend que je le remette en place. Il y a cette petite voix qui me rĂ©pĂšte: " C'est bien fait pour toi ! Tu n'avais qu'a les "dresser" dĂšs le dĂ©part, gueuler comme le fait ta mĂšre, crĂ©er un climat de tension mĂ©nagĂšre, histoire que tout le monde en fasse un minimum !" Mais je dĂ©teste les conflits ! Et comme je suis une femme au foyer, je me dis que c'est mon job. Mais ça me pĂšse de plus en plus, de voir qu'en plus de ce "job", je suis quand mĂȘme souvent leur bonne ! En fait, ĂȘtre une femme au foyer, c'est nettoyer le bordel des autres, sans jamais ĂȘtre payĂ©, sans jamais ĂȘtre en vacances, ni en weekend. C'est aussi renoncer Ă  des tas de choses, parce que financiĂšrement, je n'ai jamais Ă©tĂ© autonome. C'est avoir constamment en tĂȘte que l'on dĂ©pend de l'autre. Alors oui, j'ai eu l'immense bonheur de pouvoir Ă©lever mes 4 enfants, d'ĂȘtre lĂ  pour eux Ă  chaque moment. J'ai Ă©tĂ© une mĂšre avant tout et c'est ce que je voulais. Mais mon dernier aura 18 ans dans quelques mois, il finira par quitter la maison, comme ses frĂšres et sa sƓur avant lui. Et moi, je serais lĂ , proche de la soixantaine, Ă  encore me dire que c'est normal que je passe derriĂšre mon mari, parce que c'est lui qui rapporte le salaire qui nous permet de vivre.
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swedesinstockholm · 4 months ago
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28 juillet
je me suis forcĂ©e Ă  sortir pour aller au vide-grenier au maybachufer parce que j. m'a demandĂ© quel Ă©tait mon plan pour la journĂ©e et je voulais pas dire rien. mĂȘme si j'avais pas envie de dĂ©penser de l'argent et que de toute façon j'ai pas de place pour ranger mes habits dans ma petite chambre. la moitiĂ© de mes affaires sont toujours dans ma valise et ce qu'il me faut c'est pas des habits mais une planche pour pour m'en servir comme Ă©tagĂšre pour poser les habits que j'ai dĂ©jĂ .
je suis allĂ©e me promener aprĂšs et je me sentais vide. j'avais faim, donc je me sentais encore plus vide. je me sentais fantomatique. j'Ă©tais un fantĂŽme qui marchait sans but en suivant des gens au hasard, notant des bribes de leurs conversations mais rien de bien intĂ©ressant. au bout d'un moment j'ai dĂ©cidĂ© de juste avancer tout droit. c'Ă©tait moche, tout Ă©tait moche et sale et dĂ©labrĂ©. je me suis rendu compte que depuis que j'Ă©tais ici j'avais pas vu de gens chics. des bourges avec des habits bien coupĂ©s, des gens en costume, des gens riches. les gens que j'avais l'habitude de croiser au luxembourg quand je sortais de la maison. ici je vois que des pauvres ou alors des jeunes qui sont probablement des enfants de bourges mais qui sont habillĂ©s comme des pauvres. mon environnement ici c'est des restaurants turcs avec des photos de plats sur les devantures, des bars Ă  chicha qui sentent la rĂ©glisse avec des hommes vautrĂ©s dans leurs fauteuils, des squares glauques jonchĂ©s de bouteilles en verre, des graffitis, des odeurs de pisse, des graffitis, des objets en tout genre qui trainent sur le trottoir (l'autre jour j'ai vu un tampon ensanglantĂ©) eux aussi recouverts de graffitis (pas le tampon), des sans-abris qui s'excusent d'ĂȘtre lĂ  et des dĂ©traquĂ©s qui rĂŽdent. j'aime bien sentir l'odeur de rĂ©glisse quand je passe devant les bars Ă  chicha, mĂȘme si n. dit que ça sent pas du tout la rĂ©glisse. et j'aime bien ĂȘtre constamment surprise par ce que je vais trouver au prochain coin de rue. mais un de ces jours je vais aller me promener dans les rues de mitte chez les bourges avec les magasins Ă©lĂ©gants, mĂȘme si j'y rentre pas, juste pour le rĂ©confort. c'est pas dans l'air du temps d'aimer les riches mais j'aime le luxe c'est comme ça je suis indĂ©crottable.
depuis que j'ai eu ma rĂ©vĂ©lation lĂ  devant la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© lesbienne dans le bar et que j'ai compris que j'arriverais sans doute jamais Ă  lĂącher prise sans aide thĂ©rapeutique je me demande ce que je fais ici de nouveau. Ă©tant donnĂ© qu'un de mes buts en venant Ă  berlin c'Ă©tait de goĂ»ter Ă  la fĂȘte, mĂȘme si j'osais Ă  peine me l'avouer tellement ça me semblait ambitieux. maintenant ça me semble encore plus utopique et je me sens un peu dĂ©couragĂ©e.
29 juillet
je dois changer quelques chose Ă  mes journĂ©es. elles sont pas Ă©quilibrĂ©es. je passe trop de temps Ă  procrastiner. je veux faire trop de choses en mĂȘme temps et Ă  la fin j'avance dans rien. au rythme oĂč je vais je vais mettre mille ans Ă  finir mon livre. je dois aussi arrĂȘter de sortir sans but. aujourd'hui je suis partie Ă  mitte et prenzlauerberg mais c'Ă©tait pas un but assez prĂ©cis. j'ai fait du lĂšche-vitrine (ça existe encore ce mot?) dans la alte schönhauser strasse et je me suis rappelĂ© de la fois oĂč j'avais essayĂ© une robe marimekko dans un des magasins blancs minimalistes avec des habits aux coupes Ă©purĂ©es. je suis passĂ©e devant le magasin ace & tate oĂč j'avais essayĂ© des lunettes roses transparentes pour tenter de compenser mes nouveaux cheveux courts que j'aimais pas. prĂšs du berliner dom au bord de l'eau oĂč j'avais eu une conversation stressante au tĂ©lĂ©phone avec maman l'Ă©tĂ© avant de dĂ©mĂ©nager Ă  paris parce que j'avais toujours pas commencĂ© Ă  chercher des apparts. devant un chantier que j'avais pris en photo en 2016 et qui n'est plus un chantier. devant le cafĂ© oĂč j'allais tous les soirs en haut de la kastanienallee pour pleurer sur miriam dans mon journal. le tout petit cinĂ©ma oĂč j'Ă©tais allĂ©e voir le doc sur audre lorde. le rosenthaler platz oĂč on avait mangĂ© dans un resto indien avec robert l'amĂ©ricain qui m'avait dit de lire norwegian wood de murakami you know like the beatles song mais non je connaissais pas. le rosenthaler platz oĂč six ans plus tard j'ai failli m'effondrer sur le trottoir en hurlant parce que je me sentais seule et que j'avais besoin qu'on fasse attention Ă  moi. aujourd'hui ça allait. j'avais mangĂ© avant de partir et je suis rentrĂ©e avant d'avoir l'impression de disparaitre. je suis passĂ©e chez lidl et je me suis fait un Ă©norme plat de linguine aux courgettes-mozza. hier soir j'ai mangĂ© des chips et du chocolat. Ă  chaque fois que je passe Ă  cĂŽtĂ© de gens qui mangent en terrasse je me demande ce qu'ils font pour gagner de l'argent.
30 juillet
j'ai recommencĂ© Ă  poster mon journal sur tumblr. j'attendais la fin du mois pour m'y remettre. je l'attendais avec impatience, comme s'il me tardait de raconter la suite de l'histoire Ă  mon tout petit lectorat fidĂšle. comme si c'Ă©tait vraiment une histoire. ou comme si j'Ă©tais une youtubeuse mais sans arriĂšre-pensĂ©e et qui s'adresse Ă  personne Ă  part Ă  elle-mĂȘme. ce soir je suis allĂ©e voir une performance dans un studio d'artistes dans une arriĂšre-cour Ă  kottbusser tor. j'avais demandĂ© Ă  n. de m'accompagner et elle voulait absolument que j'aille parler Ă  la performeuse Ă  la fin pour lui dire que moi aussi je faisais de la performance pour essayer de gratter des contacts mais Ă©videmment j'ai pas osĂ©. elle m'a dit remember in berlin you're someone who talks to people! mais j'ai dit it doesn't work like that. je peux pas devenir quelqu'un d'autre en claquant des doigts. elle a dit alcohol helps et j'ai dit but i don't drink et je me suis sentie comme une cause perdue. lara tu fais vraiment tout Ă  l'envers. finalement c'est elle qui est allĂ©e lui parler et moi j'ai rien dit parce que j'avais rien Ă  dire.
j'ai moyennement aimĂ© la performance. je savais que j'allais moyennement aimer rien qu'en lisant le texte de prĂ©sentation qui sonnait creux avec tous ses concepts Ă  la mode qui veulent rien dire lĂ , mais je lui ai laissĂ© le bĂ©nĂ©fice du doute. on m'a fait poser mes chaussures et manger un bonbon au gingembre ignoble, n. m'a dit pourquoi tu l'as pas recrachĂ©? et ça m'Ă©tait pas venu Ă  l'esprit. j'ai bien aimĂ© la partie oĂč l'artiste a fait lire un texte intitulĂ© the curse of the undercurrent Ă  une participante et c'Ă©tait une liste de mots en under- comme underkissed, undertouched, underloved et plein d'autres mais Ă©videmment c'est ceux-lĂ  qui m'ont interpellĂ©e et puis quelqu'un d'autre a lu le spell of the undercurrent qui Ă©tait l'antidote et c'Ă©tait juste une rĂ©pĂ©tition du mot understanding. elle a demandĂ© Ă  plusieurs personnes de l'enregistrer avec leur tĂ©lĂ©phone et puis de jouer tous les enregistrements en mĂȘme temps mais pas synchronisĂ©s. j'ai trouvĂ© ça cool, mais c'est tout. j'ai rien compris Ă  ce qu'elle voulait dire Ă  la fin. j'ai dit Ă  n. que j'Ă©tais plus intĂ©ressĂ©e par les trucs moins artsy et plus divertissants, avec une histoire plus facilement discernable, de la musique, des trucs concrets.
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lilias42 · 4 months ago
Note
20, 10 et 13 pour le "violence ask game"!
Salut ! Merci pour les questions ! Bon bah, de nouveau, on va partir sur du FE3H ! On a encore des choses Ă  se dire avec ce jeu !
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10 - La pire partie du fanon ?
Alors... pas oĂč commencer... je dirais que la pire partie du fanon, c'est de penser que CF est une bonne fin et une route de hĂ©ros alors que c'est clair et nette que c'est une route des mĂ©chants. C'est Ă©vident que les dĂ©veloppeurs puis la traduction amĂ©ricaine (et donc la traduction française parce que, qui est l'idiot qui a pensĂ© que c'Ă©tait une bonne idĂ©e de faire une traduction de traduction et pas de prendre le texte original ?!) font tout pour cacher le plus possible que c'est une route des mĂ©chants mais, il reste des indices par-ci par-lĂ  (en plus du contexte ajoutĂ© par toooouuut le reste du jeu + le fait qu'on envahisse 2 nations neutres et qu'on finisse un gĂ©nocide par pur racisme tout en Ă©tant aidĂ© par un peuple de taupe malĂ©fique fabriquant des armes Ă  partir de restes humains) alors, ça me semble assez normal de l'Ă©crire comme une route de mĂ©chants.
Mais nopes ! Une grosse minoritĂ© trĂšs (trop) bruyante est persuadĂ©e que c'est une route de hĂ©ros, avec des hĂ©ros trĂšs gentils et des mĂ©chants (les gens qui dĂ©fendent leurs maisons d'une invasion) sont trĂšs mĂ©chants alors qu'on ai aidĂ© par un peuple de taupe qui est mĂ©chant et fait des expĂ©rimentations humaines mais, on les aide Ă  finir l'extermination de leurs ennemis qui sont des mĂ©chants colonisateurs (soit un peuple de dragons restant tranquillement Ă  Zanado Ă  se faire dorer au Soleil ou partageant leurs technologies pour aider les autres sans rien demander aux autres, Ă  part qu'on les laisse prendre des bains de soleil tranquille) MAIS, ne vous en faites pas braves gens, on les poignardera dans le dos aprĂšs la guerre et on les exterminera car ils sont mĂ©chants, mĂȘme si on les a aidĂ© Ă  atteindre leur objectif ultime de brĂ»ler Fodlan... franchement, Ă  part que l'amour (factice vu qu'El n'existe pas) d'un tas de pixel rend aveugle et qu'ils sont d'accord avec le fait de tuer tout le monde pour rĂ©gler les problĂšmes, je comprends pas... c'est mĂȘme une des raisons pour lesquelles j'ai commencĂ© Ă  Ă©crire des fanfics que je postais sur Tumblr : je voulais Ă©crire ma propre route CF (paix Ă  son Ăąme de cette fic, nous ne t'oublierons jamais) mais avec ma propre vision du canon et en assumant que c'est la route des mĂ©chants (et vu qu'on est chez moi, avec une El grosse gamine car j'aime les mĂ©chants immatures, c'est comme confier le bouton de l'arme atomique Ă  un enfant de 5 ans et attendre de voir ce qu'il va faire).
Pour aller avec le point prĂ©cĂ©dent, il y aussi la transformation des agarthans comme de pauvres petites victimes par cette partie du fandom car, Sainte Delagarde doit ĂȘtre aussi immaculĂ©e que les plumes de la blanche colombe (et ses cheveux aprĂšs les expĂ©riences agarthannes) et donc, elle ne peut pas s'allier au mal absolu. Encore, qu'on montre les agarthans muets, le peuple sur lequel rĂšgne ThalĂšs et les petites mains comme des victimes, pourquoi pas, ils n'ont rien demandĂ© ou n'ont fait que suivre sinon, c'est la mort (mĂȘme si c'est un Ă©norme dĂ©bat moral de savoir si oui ou non ceux qui ont "juste" obĂ©is Ă  des ordres horribles sont responsables ou non, je vais pas trancher ici), je veux bien et je le fais moi-mĂȘme MAIS, avec des agarthans originaux qui n'ont jamais rien fait de mal Ă  l'Ă©cran et volontairement. Mais, pas ThalĂšs qui est littĂ©ralement le chef qui a dĂ©cidĂ© de tout, Solon qui tue volontairement Kronya pour le bien de leur plan et est responsable de l'Ă©pidĂ©mie rendant les gens complĂštement fou Ă  Remire, ou Kronya qui prend plaisir Ă  tuer tout le monde et a volĂ© l'identitĂ© de Monica pendant des mois. C'est eux qui ont dĂ©cidĂ© de tellement bombarder une rĂ©gion Ă  coup d'armes atomiques que ça a crĂ©Ă© Ailell ma parole ! Evidemment que leurs actes doivent avoir des consĂ©quences et que ce ne sont pas que des pauvres petites victimes !
Est-ce qu'ils avaient leur raison aussi ? Peut-ĂȘtre mais je m'en cogne. Ils ont transformĂ© une rĂ©gion entiĂšre en enfer de lave, ont crĂ©Ă© un monstre, ont gĂ©nocidĂ© une espĂšce entiĂšre et ont utilisĂ© leur sang et leurs os pour crĂ©er des armes surpuissantes pour installĂ© leur monstre comme maitre de Fodlan afin de tout faire brĂ»ler parce qu'ils n'Ă©taient pas content qu'on leur tape sur les doigts pour avoir ravagĂ© Fodlan, je vais pas les plaindre, mĂȘme si ça se sent que leur traitement de faveur vient de leur association avec El.
13 - La pire blorbofication ?
La maniĂšre dont Delagarde est vu comme une pauvre pitchoune toute triste, faut la prendre sur tes genoux pour lui caresser la tĂȘte et la consoler comme un gros bĂ©bĂ© ? Oui, c'est de loin le pire cas de blorbofication que j'ai jamais vu ! Et il est dans le jeu lui-mĂȘme ! Les dĂ©veloppeurs ont blorbocifier leur propre personnage ! (mais bon, c'est leur chouchoute aprĂšs tout)
Sinon, à part Delagarde dont j'ai déjà pas mal parlé, je dirais que les pires blorbofications que j'ai vu dans FE3H, c'est pour les pÚres pourris / persos masculins pourris alors que les persos féminins n'ont pas le droit à cette indulgence.
Prenons Rufus, mĂȘme avant que Nopes en fasse un pauvre miaou miaou parce que "les emblĂšmes sont le maaaalll !!!". Qu'on le prenne en pitiĂ©, d'accord, je veux bien comprendre qu'on le trouve pitoyable car il a perdu son frĂšre de maniĂšre horrible donc, logique qu'il soit dans un sale Ă©tat... mais d'un autre cĂŽtĂ©, il est quand mĂȘme rĂ©gent, c'est lui qui tient la barque et c'est lui qui a laissĂ© le royaume pourrir sur place et de ce qu'on en sait, il n'a rien fait pour empĂȘcher le massacre des duscuriens. Et dans tous les cas, frĂšre mort ou pas, il est aussi un coureur de jupons de niveau olympique, avec toutes les potentiels consĂ©quences que ce type de comportement implique (genre, grossesse accidentelle et possible bĂątards bien planquĂ©s dans la nature et vivent dans la honte de leur statut de bĂątards).
Dans tous les cas, il a laissĂ© son pays Ă  l'abandon, son neveu tout seul dans son coin avec sa maladie mentale, laissĂ© les duscuriens se faire massacrer et a prĂ©fĂ©rĂ© se noyer dans l'alcool ou le foutre. S'il ne voulait pas de son rĂŽle de rĂ©gent et n'Ă©tait pas intĂ©ressĂ© par le pouvoir (point que je trouve bien plus intĂ©ressant et moins classique que "frĂšre A envie le pouvoir de frĂšre B" en n'ayant quelqu'un qui ne veut pas du pouvoir et est trĂšs content d'Ă©chapper Ă  ses responsabilitĂ©s), il aurait surement pu confier les rĂȘnes du pouvoir Ă  Rodrigue ou quelqu'un d'autre, ce serait surement possible (surtout pour d'aussi grande famille et mĂȘme le jeu aurait pu faire son ouin-ouin en disant "il a donnĂ© le pouvoir Ă  quelqu'un Ă  emblĂšme car, tout le monde ne pense qu'Ă  ça !!!"). MĂȘme s'il ne voulait pas le pouvoir, il est fils de roi, frĂšre de roi, oncle de roi alors, ses privilĂšges de naissance s'accompagnent de devoirs et il se doit de servir le Royaume, pas ses propres intĂ©rĂȘts (encore une fois, sans vouloir faire ma rouge de service, selon moi, le dirigeant doit servir ses sujets avant lui-mĂȘme, pas le contraire). Rodrigue aussi a vĂ©cu la mĂȘme perte, a mĂȘme dĂ» la subir sans pouvoir rien faire et en devant obĂ©ir au roi mais, il arrive Ă  tenir malgrĂ© tout et Ă  continuer Ă  ĂȘtre un ĂȘtre humain dĂ©cent et Ă  s'en faire pour son peuple, sa famille et mĂȘme la famille des autres avec Dimitri.
Alors, je ne comprend pas le cĂŽtĂ© "pauvre miaou-miaou Rufus, il est kro triste, sombre et torturĂ© TT_TT" qu'on retrouve Ă  gauche Ă  droite. Je sais pas, on a une horde de stans prĂȘts Ă  tout pour nous enfoncer leur Bible et leur Sainte Parole hurlant que soit RhĂ©a est trop intervenu dans les affaires humaines si ça les arrange, soit qu'elle n'a pas assez fait pour encadrer les humains qui faisaient n'importe quoi quand ça les arrange plus mais, pour Rufus, c'est le calme plat et pauvre miaou miaou alors qu'il a vraiment la responsabilitĂ© des faerghiens et les laissent dans la panade jusqu'au coup... vraiment, je comprends pas.
Ces remarques peuvent Ă©galement s'appliquer Ă  Ionius en dix milles fois pires et avec la mĂȘme vĂ©nĂ©ration de la part des fidĂšles de sa fille alors que des personnages de pĂšres biiiiien meilleurs se reçoivent des tomates pourries (voir mes rĂ©ponses prĂ©cĂ©dentes Ă  ce jeu de questions) et des femmes (quand elles ont la chance de pouvoir exister dans le cadre) qui se reçoivent aussi les condamnations du monde entier pour avoir fait bien moins pire (Tiana mise Ă  part mais, elle est dĂ©crite comme Ă©tant plus masculine que fĂ©minine et a l'image de la "maman cool et badass" vu que Claude en parle en bien et qu'elle a "vaincu" Nader en combat singulier [car Ă©videmment, c'Ă©tait un combat "juste, Ă  la rĂ©guliĂšre et sans aucune pression" entre la reine de son pays et un gĂ©nĂ©ral qui ne risque pas du tout sa place s'il gagne et humilie donc la reine, bien sĂ»r])
20 - une partie du canon que vous avez trouvée fastidieuse ou ennuyeuse ?
Hum... encore une fois, c'est surement prĂ©visible mais, je dirais que c'est toute la surcouche de "au mon Dieu, pauvre El ! C'est trop injuste de la combattre !!! 😭😭😭" et tout le parasitage de l'intrigue et de l'univers que cela implique. ça va aussi avec le fait que le jeu use et abuse de la technique des narrateurs non fiables alors, c'est trĂšs facile pour les gens de hurler que toutes les versions se valent (enfin la leur plus que les autres), alors qu'on a des preuves qui dĂ©montre par A + B que les choses se sont dĂ©roulĂ©s d'une telle maniĂšre et pas d'une autre.
L'univers de 3H est ultra intĂ©ressant, il aurait pu faire un monde et un lore trĂšs fourni et intĂ©ressant entre les nabatĂ©ens, les agarthans, les origines de Sothis, les rapports entre les diffĂ©rentes factions internes et pays Ă  l'extĂ©rieur de Fodlan, l'Eglise... mais, vu que tout doit se concentrer sur Delagarde, ses petits problĂšmes de petite princesse pourrie gĂątĂ©e qui fait un caprice parce que son pays ne rĂšgne plus sur le continent et que ça fait bobo Ă  son Ă©go biberonnĂ© Ă  la propagande nationaliste de son papounet, et que le monde entier se plie sous elle afin de soutenir son discours mĂȘme quand des Ă©lĂ©ments objectifs le dĂ©monte entiĂšrement, le tout en devant aussi en faire une waifu toute gentille et fragile qui a tellement besoin d'aide pour conquĂ©rir le monde, afin que le joueur veuille en faire sa poupĂ©e vivante Ă  cĂąliner tout en devenant le chevalier blanc de sa demoiselle en dĂ©tresse (car honnĂȘtement, c'est ce qu'elle est dans CF, une demoiselle a sauvĂ© de ses propres dĂ©cisions pour que son chevalier servant qui vaincs tous ses ennemis et la "dĂ©livre" d'un "mĂ©chant" dragon, on pourrait presque le rapprocher d'une version corrompu du mythe de Saint George qui vainc un dragon / mal mais, oĂč c'est le dĂ©mon qui a forme humaine et la foi et le bien qui ont une forme draconique [et la comparaison avec une histoire chrĂ©tienne va encore mieux vu la maniĂšre dogmatique dont ses stans rĂ©pandent la bonne parole de leur idole, on dirait vraiment des prĂȘcheurs d'une religion ou d'une secte genre tĂ©moin de JĂ©hovah mais Ă©videmment, ils sont anti-religion et ultra athĂ©s et indĂ©pendant d'esprit, ne vous en faites pas, c'est juste qu'ils n'aiment pas celle qui n'est pas la leur]) et avoir une sensation / fantasme de puissance car, il arrive Ă  conquĂ©rir le monde alors que le texte lui dit qu'il est l'out-sider (lĂ  oĂč la rĂ©alitĂ© des faits internes Ă  Fodlan est qu'il arrive, Delagarde se rĂ©veille aprĂšs avoir passĂ© 5 ans Ă  se lamenter en griffonnant son portrait et en se gavant de bonbons, et balaye le monde entier avec l'armĂ©e la plus puissante du continent. Clairement, il n'aurait pas fallu d'ellipse pour CF, ça rend Delagarde encore plus incompĂ©tente et pathĂ©tique qu'elle ne l'ait dĂ©jĂ  dans cette route).
(et vous voyez les gens qui hurlent Ă  "MARY SUE !!!" dĂšs qu'il voie Ray dans Star Wars [dans les deux films de la postlogie... quel 3e film ?], ça c'est une Mary Sue : l'univers se tord autour d'elle pour la servir et n'existe plus pour lui-mĂȘme comme une entitĂ© indĂ©pendante oĂč le personnage Ă©volue et s'adapte Ă  lui)
HonnĂȘtement et c'est trĂšs triste Ă  dire, si l'antagoniste avait Ă©tĂ© un homme, on n'aurait eu bien moins de problĂšme : le jeu aurait assumĂ© que c'est un mĂ©chant, il n'aurait pas tout fait pour nous faire regretter de le combattre ou l'aurait fait d'une maniĂšre plus raisonnable / subtile avec de bien meilleur raison que juste "on est triste parce que c'est Delagarde et osef de toooouuuut ce qu'elle a fait comme assassinĂ© des gens ou qu'on la connait Ă  peine. Tu dois ĂȘtre triste de la combattre parce que ça doit ĂȘtre ta waifu... comment ça on a des femmes / des hommes gays / des aroaces / des gens qui n'aiment pas El car c'est une sale pourriture de conquĂ©rante impĂ©rialiste dans le public ?", et l'univers aurait sans doute pu se dĂ©ployer sans devoir prendre en compte la donnĂ© "Delagarde" Ă  chaque instant et Ă  chaque Ă©lĂ©ment, ce qui aurait moins donnĂ© cet aspect "univers en carton pate qui n'existe que pour l'histoire". Voir CF n'existerait tout simplement pas et on aurait pu garder le budget pour amĂ©liorer le reste du jeu vu que bon, il en aurait bien eu besoin pour s'amĂ©liorer techniquement, ou pour faire d'autres cartes, ou pour avoir plus de cinĂ©matique (mort de Rodrigue / scĂšne sous la pluie / aveux de RhĂ©a...) ou pour donner une vraie histoire indĂ©pendante Ă  VW.
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urween · 5 months ago
Text
"Tirade"
James McAvoy x M/FTMreader
rĂ©sumĂ© : FraĂźchement inscrit Ă  des cours de thĂ©Ăątre, Uriel ne crois pas spĂ©cialement Ă  ses capacitĂ©s mais un souvenir de son adolescence reste gravĂ© dans sa mĂ©moire et l'aide Ă  avancer dans ces cours. Un jour, un certain acteur vient rendre visite Ă  une vieille amie, et il s'arrĂȘtera sĂ»rement devant une jolie reprĂ©sentation donnĂ©e par Uriel.
notes : je sais que ça ne peut pas vraiment ĂȘtre comptĂ© comme "x reader" car le personnage principal porte un nom mais je n'aime vraiment pas Ă©crire avec le "Y/N" alors j'ai dĂ©cidĂ© de mettre un prĂ©nom sans rĂ©elle importance afin de faciliter l'Ă©criture. Les dialogues et textes sont crĂ©Ă©s par mes soins, contrairement Ă  la tirade finale qui reçoit ses crĂ©dits dans l'histoire ;)
! warnings : mention de propos se rapprochant de la sexualité, insécurités
3 800 mots
- Description Ă  la troisiĂšme personne
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Le thĂ©Ăątre n'Ă©tait pas l’option qu’il avait envisagĂ©e dĂšs le dĂ©but. Il avait plutĂŽt pensĂ© Ă  l'Ă©criture, la peinture peut-ĂȘtre, mais pas le thĂ©Ăątre. Il voulait rester derriĂšre les rideaux, pas avoir Ă  se mettre en scĂšne devant des paires d’yeux curieux. Vendre des livres et des tableaux lui semblait plus accessible, du moins pour lui c'Ă©tait plus accessible, il travaillerait dur pour ça. Devenir Ă©crivain ou peintre Ă©tait plus courant qu’acteur, non ? Pour devenir acteur il fallait ĂȘtre reconnu par Ă©normĂ©ment de monde, il fallait ĂȘtre constamment jugĂ© et Ă©piĂ©. Il fallait un pur talent et beaucoup de chance pour devenir acteur. Ce qu’Uriel ne pensait pas du tout avoir. L’écriture pouvait s'apprendre plus facilement, il n'avait pas besoin de se montrer aux yeux du monde entier pour gagner un peu d’argent. La peinture pouvait ĂȘtre abstraite et anonyme, pas besoin d’avoir son visage sur la toile.
Pourtant il se retrouvait inscrit Ă  des cours de thĂ©Ăątre depuis maintenant deux semaines. Son pĂšre lui avait forcĂ© la main, il avait insistĂ© en disant que pour lui cet art avait aidĂ© Ă  gĂ©rer sa timiditĂ© et que peut-ĂȘtre ça serait aussi le cas pour lui. Alors Uriel avait acceptĂ©, parce qu’au fond il avait toujours quelque chose dans sa poitrine qui demandait Ă  sortir et Ă  s’exprimer, et le thĂ©Ăątre pouvait peut-ĂȘtre l’aider Ă  le faire. Du moins, il privilĂ©giait cette excuse Ă  une autre, totalement absurde.
« On reprend tout le monde ! »
La voix criarde de Mary fit sursauter la dizaine d’élĂšves. Tous rangĂšrent leurs portables ou casques afin de retourner sur scĂšne et de reprendre les rĂ©pĂ©titions.
Uriel suivit le groupe, admirant la diversitĂ© prĂ©sente. En s’inscrivant il avait vu qu’à partir de seize ans les personnes devaient s'inscrire dans le groupe adulte, et bien entendu du haut de ses vingt-et-un ans il l’avait fait. Mais dans le groupe il avait une jeune fille, de seize ans justement, Uriel l’admirait profondĂ©ment, elle Ă©tait vraiment douĂ©e et tout le monde le lui disait. Les rĂŽles principaux Ă©taient souvent pour elle d'ailleurs, mais elle ne devenait pas hautaine pour autant, au contraire elle Ă©tait toujours surprise de les recevoir et c'Ă©tait touchant Ă  voir.
« Bien, commença plus calmement Mary, avant que l’on continue je voulais vous dire qu’un ami risque de venir vous voir d’ici quelques jours. AussitĂŽt les Ă©lĂšves devinrent curieux, il passe par ici et en parlant avec, il a proposĂ© de venir vous regarder rĂ©pĂ©ter »
« C’est qui ? Demanda CloĂ©, un acteur ? »
Uriel s’installa en tailleur par terre Ă  cĂŽtĂ© de Matthias, un homme dans la cinquantaine avec qui il s’entendait bien. Ce dernier lui lança un regard et se reprocha de lui pour murmurer Ă  son oreille.
« J’en ai vu des soi-disant acteurs passer par ici et crois-moi ils ne nous jettent mĂȘme pas un regard, sourit-il, ils viennent pour se faire de la pub, dirent qu'ils sont gentils et tout ces trucs mais au fond ils s’en foutent de nous mon pauvre garçon »
Matthias n'Ă©tait pas trĂšs apprĂ©ciĂ© dans le groupe Ă  cause de sa manie Ă  toujours voir le nĂ©gatif dans une situation, comme Ă  prĂ©sent, mais Uriel apprĂ©ciait ça. Pour lui c'Ă©tait une qualitĂ© de voir les options que d’autres prĂ©fĂ©raient ignorer, et puis ça le faisait toujours rire.
« Peut-ĂȘtre qu'il est diffĂ©rent ? RĂ©pondit Ă  son tour Uriel dans un murmure »
En guise de rĂ©ponse, l’homme haussa les Ă©paules, l’air peu certain.
« Oui c’est un acteur, mais je ne prĂ©fĂšre pas vous dire tout de suite de qui il s'agit, continua Mary, vous verrez bien ! »
« Mais pourquoi il vient nous voir nous ? On est pas connus, on est mĂȘme pas des professionnels »
Presque l’entiĂšretĂ© du groupe fut d’accord avec JoĂ«l, et Mary comprit leurs rĂ©actions.
« On se connait depuis le lycĂ©e lui et moi. Il sait que j’organise des cours au thĂ©Ăątre, il m'a simplement demandĂ© si ça me dĂ©rangeait qu'il assiste Ă  une session et j’ai rĂ©pondu que non. Les Ă©lĂšves ne semblaient toujours pas convaincus, Ă©coutez vous verrez de vous mĂȘme alors arrĂȘtez de me regarder avec des yeux de merlan fris. Je suis sĂ»re qu’il pourra mĂȘme vous donner des conseils »
Chacun eut un petit commentaire à faire, Mary les laissa discuter pendant plusieurs minutes avant de clapper des mains pour attirer leurs attentions et reprendre les vraies répétitions.
Depuis maintenant un peu moins d’un mois, le groupe travaillait sur une piĂšce en partie crĂ©Ă©e par Mary elle-mĂȘme. “L’Ange et l’Oiseau”, un drame aux apparences mythologiques racontant l’histoire de deux personnages : un ange nommĂ© YaĂ«l qui cherchait dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  fuir les cieux, et une corneille nommĂ©e Danielle qui elle espĂ©rait avoir une place au Paradis malgrĂ© les croyances reliĂ©es Ă  son apparence. CloĂ© avait le rĂŽle de l’ange, Uriel celui de la corneille. C’était son premier rĂŽle principal depuis son arrivĂ©e dans le groupe et il Ă©tait assez anxieux Ă  ce sujet. Il avait bien pensĂ© Ă  cĂ©der sa place Ă  quelqu’un d’autre mais Matthias l’en avait dissuadĂ©, il disait que ce rĂŽle Ă©tait parfait pour lui et qui fallait juste un peu de temps pour apprendre toutes les rĂ©pliques. “Toi qui a le prĂ©nom d’un ange te retrouve Ă  jouer l’oiseau, c’est pas un comble ça ?” lui rĂ©pĂ©tait-il souvent. Et mĂȘme s’il ne voulait pas l’avouer, entendre les compliments de Matthias lui faisait vraiment du bien. Le cinquantenaire lui avait d’ailleurs proposĂ© de l’aider pour rĂ©citer son texte, mais Uriel avait gentiment refusĂ©. L’idĂ©e d’ĂȘtre au premier plan le faisait dĂ©jĂ  bien assez paniquer, il prĂ©fĂ©rait rĂ©viser seul afin de faire les fautes seul et ne pas avoir les yeux de quelqu’un sur lui. Pour cette mĂȘme raison, il restait une heure de plus Ă  la fin de chaque cours pour ĂȘtre au calme et surtout avoir la possibilitĂ© de rĂ©pĂ©ter dans le lieu final. Mary avait assez confiance en lui pour le laisser seul ici et revenir une heure plus tard afin de refermer les portes de la salle de spectacle.
Ne manquant pas son rendez-vous solitaire, Uriel observa les autres Ă©lĂšves quitter la scĂšne et sortir petit Ă  petit de la grande salle. Matthias lui souhaita bonne chance et fut le dernier Ă  partir. Le jeune homme souffla doucement en entendant ce silence. Il apprĂ©ciait les autres membres du groupe mais sa tranquillitĂ© Ă©tait d’autant plus apprĂ©ciĂ©e. Uriel repris son texte, ces nombreuses pages qu’il devait apprendre par cƓur, et il se mit au travail.
L’heure passa plus vite qu’il l’aurait pensĂ©, il s’en rendit compte lorsqu’il reprit son portable pour vĂ©rifier la date du prochain cours. Avec surprise il vit affichĂ© dix-huit heures trente, ce qui voulait dire que Mary avait trente minutes de retard. Uriel ne s'inquiĂ©ta pas plus que ça, un retard pouvait trĂšs bien arriver Ă  n’importe qui. Il rangea tranquillement ses affaires, murmurant son texte en mĂȘme temps, puis il alla vers la sortie. L’idĂ©e de partir lui traversa bien l’esprit mais ça voulait dire laisser la salle ouverte et sans surveillance, ce qui n’était vraiment pas recommandĂ© ici. Uriel vivait seul, personne n’allait s’inquiĂ©ter s’il rentrait encore un peu plus tard, il dĂ©cida donc d’attendre le retour de Mary pour qu’elle puisse fermer Ă  clĂ© en toute sĂ©curitĂ©. Le jeune homme s’installa assis contre une des portes et reprit son sac Ă  dos. Avec le temps, il avait pris l’habitude de toujours emporter un livre avec lui, et aujourd’hui cette technique allait payer. Il entama donc sa lecture, un recueil de poĂšmes qu’on lui avait offert il y a deux ans mais qu’il n’avait jamais pris le temps de lire.
Il fallut quelques pages pour qu’Uriel rentre pleinement dans le livre mais assez vite il oublia son environnement et enchaĂźna paisiblement les poĂšmes. Il fut tellement absorbĂ© qu'il ne remarqua pas Mary accompagnĂ©e d’un homme se diriger vers lui. La trentenaire salua son ami qui s’excusa de l'avoir autant retenu, puis elle se dirigea vers Uriel. Ce dernier sursauta en voyant des jambes arriver dans son champ de vision, mais il fut soulagĂ© en voyant le visage familier de Mary.
« Excuse moi pour le retard, l’ami dont je vous ai parlĂ© tout Ă  l’heure est arrivĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu et il est passĂ© au thĂ©Ăątre, expliqua-t-elle en observant le garçon ranger son livre, merci d'avoir attendu »
« C’est normal, sourit Uriel, on se voit demain de toute façon ? Mary hocha la tĂȘte tout en fermant Ă  clĂ© les deux imposantes portes, alors Ă  demain et passe une bonne soirĂ©e »
La femme observa son Ă©lĂšve quitter tranquillement le bĂątiment, un sourire aux lĂšvres.
Le lendemain, la journĂ©e passa plus vite qu’il ne l’aurait espĂ©rĂ©. Les clients au supermarchĂ© n’avaient pour une fois pas Ă©tĂ© insupportables, ou du moins la majoritïżœïżœ s’était bien tenue. MalgrĂ© ça, Uriel Ă©tait plus que pressĂ© de rentrer chez lui et de prendre sa douche. Les apparences pouvaient ĂȘtre trompeuses mais rester toute la journĂ©e enfermĂ© dans un magasin donnait assez vite chaud, d’autant plus lorsque des clients demandaient une certaine maĂźtrise de soi.
Fermant la porte fermĂ©e Ă  clĂ© derriĂšre lui, Uriel se dĂ©pĂȘcha de retirer tous ses vĂȘtements sales. Il vida vaguement son sac, retirant simplement la vaisselle utilisĂ©e lors de son repas de midi puisque le reste restait constamment dedans. Il ne voyait pas l’utilitĂ© de retirer ses affaires de travail si c’était pour les remettre le lendemain, autant les laisser Ă  leurs places.
Une fois tout son rituel habituel effectuĂ©, le jeune homme vĂ©rifia l’heure. Il lui restait moins d’une demie-heure s’il voulait Ă©viter d’ĂȘtre en retard. Sur ce constat, il fila sous la douche, ne prenant pas le temps de mettre de la musique ou mĂȘme de vĂ©rifier ses messages. Heureusement il ne finissait pas tous les jours aussi tard, mais lorsque ça arrivait il devait courir pour ĂȘtre Ă  l’heure. Le seul point positif, qui l’avait d’ailleurs persuadĂ© de garder ces cours, Ă©tait que le thĂ©Ăątre se situait Ă  moins de cinq minutes Ă  pied de chez lui. Petit, Uriel avait l’habitude de s’y rendre avec son pĂšre pour voir quelques reprĂ©sentations et piĂšces, malheureusement avec le temps cette coutume s’était perdue. Mais grĂące Ă  ça, il connaissait les lieux, bien sĂ»r avant de s’ĂȘtre inscrit Ă  ces cours il ne pouvait pas savoir Ă  quoi ressemblait le derriĂšre de la scĂšne, mais ces annĂ©es de fidĂ©litĂ© au programme lui avaient permis de connaĂźtre les salles et artistes sur le bout des doigts. Évidemment, “connaĂźtre” Ă©tait un bien grand mot pour ces acteurs, mais Uriel avait appris les noms des comĂ©diens rĂ©guliers ainsi que leurs piĂšces rĂ©pĂ©titives. Ce dĂ©tail n’en Ă©tait pas un durant les cours car grĂące Ă  cela il pouvait citer les prĂ©cĂ©dentes piĂšces jouĂ©es ainsi que certaines parties. Par exemple, son pĂšre aimait beaucoup les reprĂ©sentations de Cyrano de Bergerac, par consĂ©quent il entraĂźnait toujours son fils avec lui pour les voir, et rĂ©sultats Uriel connaissait par cƓur les diffĂ©rentes versions de la tirade pour Roxane du personnage principal. Sa prĂ©fĂ©rĂ© restait de loin celle moderne interprĂ©tĂ©e par James McAvoy, mĂȘme s’il l’avait vu il y a plusieurs annĂ©es de ça, elle restait gravĂ©e dans sa mĂ©moire. L’émotion qu’avait rĂ©ussi Ă  transmettre le comĂ©dien Ă©tait Ă©poustouflante. Uriel se souvenait encore du silence ambiant dans la salle, des larmes sur ses joues, et des applaudissements finaux. Il avait dix-sept Ă  l’époque, et quatre ans aprĂšs il Ă©tait encore capable de rĂ©citer ce texte sans une faute.
Une serviette posĂ©e maladroitement sur ses cheveux, Uriel Ă©teignit la salle de bain pour aller dans la chambre et y prendre des vĂȘtements propres. Il ne se prit pas la tĂȘte et attrapa simplement un t-shirt abordant un logo Marvel qui traĂźnait dans son armoire ainsi qu’un jogging assez large pour faire des mouvements fluides. Il enfila rapidement des chaussettes ainsi qu’un sous-vĂȘtement avant de retourner chercher son sac Ă  dos. Comme Ă  chaque fois, le jeune homme vĂ©rifia d’un coup de regard qu’il n’oubliait pas un robinet ouvert ou ce genre de choses, puis il ramassa son large gilet et le ferma avant de quitter son appartement.
À moins dix, Uriel fut enfin dehors, le pas rapide malgrĂ© sa lĂ©gĂšre avance. Il n’aimait pas ĂȘtre en retard mais il arrivait pourtant souvent Ă  l’ĂȘtre, et les autres membres du groupe le savaient trĂšs bien.
Mais heureusement pour lui, il arriva mĂȘme avec trois minutes d’avance. Comme toujours Matthias Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent, et il devait l’ĂȘtre depuis plus d’un quart d’heure. À peu prĂšs tout le monde Ă©tait lĂ , sauf JoĂ«l qui avait prĂ©venu de son absence et Arthur qui avait manquĂ© son bus.
« Bonsoir Ă  vous tous ! Salua gaiement Mary en rentrant dans la salle, j’espĂšre que votre journĂ©e n’a pas Ă©tĂ© trop Ă©prouvante parce que ce soir on reprend tout le troisiĂšme acte »
Plusieurs Ă©lĂšves soupirant en cƓur, la femme descendit avec une joie de vivre peu habituelle les marches jusqu’à arriver au devant de la scĂšne. Uriel Ă©changea un regard interrogatif avec Matthias, ce Ă  quoi l’homme haussa les Ă©paules. Mary n’était pas d’un tempĂ©rament trĂšs gai, elle n’était pas tout le temps dĂ©primĂ©e mais disons que la voir dans cet Ă©tat Ă©tait nouveau, et ça attisait la curiositĂ© d’Uriel.
« On ne va pas attendre Arthur il prendra en cours de route, expliqua-t-elle en retirant son manteau ainsi que ses chaussures »
Afin d’avoir une meilleure adhĂ©sion sur le sol en bois cirĂ© de la scĂšne, tout le monde devait retirer ses chaussures et rester en chaussettes. Puis, ça apportait une ambiance plus lĂ©gĂšre.
« Donc ! CloĂ© positionne-toi pendant que Khais est sensĂ© finir sa rĂ©plique, les deux obĂ©irent sans problĂšme tandis que Mary ajustait l’emplacement de CloĂ© »
Les autres restĂšrent assis contre le mur de droite, observant la scĂšne en attendant patiemment leur tour.
« TrĂšs bien, Mary claqua des mains et le silence tomba comme d’habitude, le rideau s'ouvre sur YaĂ«l Ă  genoux prĂšs d’une riviĂšre, on devine qu’il boit pendant qu’une musique est censĂ©e installer un sentiment de paix. CloĂ© c’est quand tu veux »
Le jeune femme avait mis ses longs cheveux blonds dans un chignon imparfait qui lors de la vraie rĂ©presentation sera camouflĂ© avec des plumes blanches et fleurs. Le choix de faire jouer un femme pour un ange et un homme pour une corneille Ă©tait volontaire de la part de Mary, elle disait toujours qu’un comĂ©dien devait ĂȘtre capable d’incarner le genre opposĂ©. Matthias n’avait pas Ă©tĂ© de cet avis au dĂ©but, mais grĂące Ă  quelques explications venant d’Uriel, il avait fini par tomber d’accord sur le sujet.
« Oh pĂšre, que dois-je faire pour cesser ce chĂątiment que tu m’infliges, commença Ă  voix basse CloĂ©, dois-je faire le mal ? Dois-je dĂ©sobĂ©ir Ă  mes convictions intimes pour m’épargner ce dur supplice ? »
Cette scĂšne avait Ă©tĂ© compliquĂ©e pour CloĂ© Ă  apprendre et surtout Ă  interprĂ©ter, elle ne parvenait pas Ă  garder ce mi-ton assez doux pour ĂȘtre celui attendu et assez puissant pour rĂ©sonner Ă  travers toute la salle. Mary l’avait beaucoup aidĂ© lĂ -dessus, lui donnant des exercices de respirations pour canaliser sa voix et ses intentions, mais aussi des vidĂ©os Ă  regarder pour que son oreille s’habitue Ă  ce ton particulier. Au bout du compte, elle parvenait Ă  rĂ©citer son texte comme demandĂ©, et comme toujours avec elle, la scĂšne Ă©tait Ă©mouvante. Uriel admirait sincĂšrement CloĂ© car malgrĂ© son jeune Ăąge, elle rĂ©ussissait Ă  comprendre la demande qui lui Ă©tait faite. Puis, elle Ă©tait douĂ©e, tout le monde le voyait ici. Matthias avait mĂȘme dit que si un jour quelqu’un venait chercher de futur comĂ©diens, il hĂ©siterait trĂšs certainement entre elle et Uriel, mais bien sĂ»r le jeune homme en question avait gentiment rit, disant qu’il n’y avait aucune compĂ©tition possible entre lui et l’adolescente.
« Que fais-tu de ce pauvre oiseau ? Ce pauvre maudit, maudit par sa couleur et la signification que l’on lui attribue. N’es-tu pas touchĂ© par son histoire ? Ne souhaites-tu pas faire taire ses souffrances et lui accorder la libĂ©ration qu’elle demande ? Je connais ta bontĂ© mon pĂšre, accordes-moi ce souhait je t’en prie »
Uriel se releva sans un bruit, prĂ©parant son entrĂ©e tout en rĂ©citant dans son esprit ses mots. Son gilet Ă  prĂ©sent ouvert, il le laissa glisser le long de ses bras avant de le poser en boule dans un coin. Pour lui le plus compliquĂ© Ă©tait toujours les premiĂšres phrases, il avait constamment peur de les rater ou de les oublier. S’il se trompait au milieu ce n’était pas grave, son erreur pouvait passer inaperçue, alors que pour le premier mot c’était totalement diffĂ©rent.
Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres, se répÚta en boucle le jeune homme, mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres.
CloĂ© laissa tomber une plume de ses cheveux, c’était son signe.
« Mon ami, je te cherche depuis que le soleil a pointé ses premiÚres lumiÚres ! Déclara mélancoliquement Uriel en arrivant sur le milieu de la scÚne »
« Oh Danielle ! Oh mon pauvre oiseau ! S'exclama Cloé, comme tes plumes sont ravissantes ! »
La tĂȘte du jeune homme tournant d’un cĂŽtĂ© pour exprimer sa gĂȘne, il joua un sursaut lorsque CloĂ© attrapa entre ses mains son bras. Pour ce rĂŽle, Uriel allait devoir porter une tenue entiĂšrement noire sur laquelle serait collĂ©e plusieurs plumes de la mĂȘme couleur, et comme CloĂ©, des plumes dans les cheveux. Il avait proposĂ© de disposer ces derniĂšres de maniĂšre Ă  ce qu’elles descendent dans sa nuque, afin de faire une illusion de cheveux plus longs et une apparence plus fĂ©minine.
« Je t’en prie ne compare pas ces atrocitĂ©s avec la beautĂ© qui rayonne de ta robe, commença Uriel, se retournant pour marcher dos Ă  l’ange, tes plumes illuminent les cieux et renvoient la lumiĂšre divine sur les oiseaux comme moi. Elles sont crĂ©Ă©es pour faire bouillir de jalousie les plus gracieux paons, elles reprĂ©sentent la Paradis et ses disciples, rĂ©cita tristement la corneille en pointant le ciel. Ne compare pas ma malĂ©diction avec ta bĂ©nĂ©diction, tu risquerais d’irriter les cieux. Ma place est dĂ©jĂ  permise sur une terre aussi belle que la nĂŽtre, ne compare pas mes monstruositĂ©s avec une chose qui ne doit ĂȘtre attribuĂ©e qu’à la lumiĂšre. Il Ă©mit une courte pause. Oh mon ami, ne compare pas le crĂ©puscule avec l’aube ! »
Un silence tomba dans la salle alors qu’une larme coula le long de la joue d’Uriel. Sa partenaire de scĂšne, les lĂšvres entrouvertes, joignit ses mains dans un applaudissement, et bien vite les autres la suivirent. Sortant peu Ă  peu de son monde dramatique, le jeune homme regarda ses camarades avec incomprĂ©hension. Il passa sa main contre sa joue pour y essuyer l’humiditĂ©, et se mit Ă  sourire malgrĂ© lui en comprenant petit Ă  petit la raison de ces applaudissements. Matthias se leva en premier et effectua un signe de rĂ©vĂ©rence qui fit doucement rire Uriel.
« Est-ce que tu veux bien comprendre tous mes compliments maintenant ? Tu es talentueux jeune homme, que tu le veuilles ou non, commença Matthias, accompagnĂ© par plusieurs hochements de tĂȘtes derriĂšre lui »
Mary se retourna vers le fond de la salle, semblant sourire Ă  quelque chose dans la pĂ©nombre, avant de s’avancer.
« Matthias a raison, c’est clairement la meilleure version que tu as fais jusqu’à prĂ©sent, elle lui sourit »
Le jeune homme voulut bĂ©gayer des remerciements, sentant une vĂ©ritable gratitude au fond de lui, mais un applaudissement le stoppa net. Il n’eut pas besoin de regarder les Ă©lĂšves pour comprendre que cela ne venait pas d’eux, ça venait de droit devant, haut sur les marches. Uriel s’avança timidement sur la scĂšne pour tenter d’y voir plus clair, mais bien vite l’inconnu se mit de lui-mĂȘme dans la lumiĂšre.
Un poids tomba dans l’estomac du jeune interprĂšte, et il ne fut pas le seul surpris. Toujours contre leur mur, les apprentis comĂ©diens se mirent chacun leur tour Ă  Ă©carquiller les yeux dans des grimaces de plus en plus ridicules.
« Je vous ai parlĂ© de mon ami hier, expliqua gaiement Mary, il se trouve qu’il est arrivĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu, alors je vous prĂ©sente James »
Comme s’il s’agissait d’un simple homme, il sourit aux Ă©lĂšves qui Ă©taient toujours sous le choc, et plus particuliĂšrement Ă  une jeune corneille. Avec agilitĂ©, il monta sur la scĂšne, se stoppant devant ce joli oiseau.
« EnchantĂ©, James, se prĂ©senta poliment l’acteur, Mary m’avait parlĂ© d’un potentiel talent et je suis ravi de te voir en personne Uriel »
Peut-ĂȘtre qu’il murmura un “bonsoir”, mais lui-mĂȘme n’était sĂ»r de rien Ă  cet instant.
Tout ce qui tournait dans son esprit bouleversé était cette tirade, cette tirade que ce matin encore il récitait innocemment dans la rue.
Je t’aime, j’ai besoin de toi, je te veux. Et je me rĂ©veille avec ta voix rĂ©sonnant dans ma tĂȘte. Je te regarde et je ne peux pas me concentrer.
Je suis honteux, je suis en colĂšre, je suis amoureux, je suis fou, je suis heureux, je suis mort, je suis vivant, je suis stupide, je suis sans mot.
Je t’écris des lettres, et je les dĂ©truis, puis je t’en Ă©cris de nouvelles. Je t’idĂ©alise, je t'humilie, je te dĂ©shabille. Je regarde Ă  travers tes yeux, j’embrasse tes yeux. Je te pousse contre le mur, mais tu repousses, tu repousses. Ton corps veut le mien, tu embrasses ma bouche, tu mords ma lĂšvre. Tu fais couler le sang. Tu es en feu, tu es en feu.
Le monde entier s’illumine, et je brĂ»le, et je brĂ»le d’amour.
Le monde entier s’illumine, et ce soir, et cet homme. Et ta voix s’illumine.
Je n’ai pas de patience, je n’ai pas d’esprit, je n’ai pas de repos, je n’ai pas de maĂźtrise, je n’ai pas de honte. Je n’ai aucune autoritĂ© sur moi, je pourrais attendre des heures pour un regard avec toi, et finalement ne pas t’adresser la parole du tout. Je ne peux pas parler, je ne peux pas arrĂȘter de parler, je ne peux pas arrĂȘter de regarder.
Je fais de toi un objet, je te dĂ©sire. Je t’écris, j’écris pour toi. Je dĂ©chire tout ce que j’ai dĂ©jĂ  Ă©crit pour toi ou sur toi, je brĂ»le mon corps vif pour toi. Je t’idolĂątre, je te dĂ©vĂȘts, je te dĂ©shabille. Je retire le plus petit bouton de ta manche.
J’embrasse ta taille, j’embrasse ton cou, j’embrasse ta nuque. J’embrasse ton poignet, et je suis muet.
Je suis muet.
Tout ce que je peux dire est que je veux, je veux, je veux. Il n’y pas de poĂ©sie, il n’existe aucune structure permettant de donner un sens Ă  tout cela. À part je veux, je veux, je veux.
James masterlist
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aisakalegacy · 5 months ago
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Printemps 1921, Hylewood, Canada (5/6)
Il me semblait bien que j’avais entendu Jules mentionner quelque chose Ă  propos des cent ans d’EugĂ©nie. Je ne sais pas si son anniversaire est dĂ©jĂ  passé  Souhaitez-lui un bon anniversaire de ma part, voulez-vous ? Elle n’a pas l’air facile Ă  vivre, mais c’est une trĂšs vieille femme
 Ce n’est pas Ă  son Ăąge que vous allez la changer. Je m’étonne qu’elle soit encore si mobile Ă  son Ăąge, aprĂšs tout ce qu’elle a vĂ©cu.
Vos filles sont en train de devenir des jeunes femmes ! J’avais la mĂȘme rĂ©action que vous lorsque j’ai vu ma Louise grandir. Comme il est Ă©tonnant que toutes ces filles, qui ont le mĂȘme Ăąge et qui ont reçu la mĂȘme Ă©ducation, soit chacune si diffĂ©rente. Vous me dites que votre enfance vous a longtemps convaincu que la solidaritĂ© entre les femmes Ă©tait impossible, et cela m’étonne. Pourquoi donc ? J’étais trĂšs proche de ma mĂšre quand j’étais jeune fille, et j’ai toujours Ă©tĂ© entourĂ©e d’amies qui m’ont Ă©tĂ© d’un grand soutien toute ma vie. J’ai ma chĂšre Jeanne RumĂ©dier, je vous ai vous, j’ai Layan qui a quittĂ© notre service, mais nous restons bonnes amies. Je remercie Dieu tous les jours d’ĂȘtre si bien entourĂ©e.
Vous avez de la chance d’avoir un mari comme le vĂŽtre. Lui aussi est piquĂ© du virus de l’Egypte, mais lui, au moins, sait quand prioriser sa famille. Au final, c’est mon mari que je plains. Il a toutes ces correspondances, ces maĂźtresses, mais je ne lui connais pas de vĂ©ritable ami sincĂšre. Quand je vois sa rĂ©signation face Ă  la disparition de notre Louise, je me demande s’il a un cƓur. Elle a disparu il y a trois ans, et je n’en dors pas la nuit, je prie Dieu tous les jours pour qu’il me la ramĂšne sauve. Je me demande sans cesse si elle est en sĂ©curitĂ© ? Est-ce qu’elle mange bien ? Est-elle bien traitĂ©e ? J’espĂšre qu’elle fait quelque chose d’honorable de sa vie
 Je l’ai si bien Ă©duquĂ©e, ce serait ma pire crainte.
C’est d’elle que Jules devrait s'inquiĂ©ter, pas de Lulu. Mon fils est trĂšs bien comme il est, c’est un bon garçon qui sait se contenter de ce qu’il a, mais qui est assez intelligent pour savoir ce si ce qu’il n'a pas est nĂ©cessaire ou superflu.
[Transcription] Layan Bahar : PremiĂšre fournĂ©e terminĂ©e, mais j'ai peur que pas assez pour les invitĂ©s. Je dois peut-ĂȘtre faire d’autres. Lucien LeBris : Pas d’inquiĂ©tudes, les RumĂ©dier sont trĂšs frugaux, il n’est pas nĂ©cessaire de prĂ©voir des quantitĂ©s extravagantes de nourriture. EugĂ©nie LeBris : Je vas retourner au salon. Appelez-moi si vous avez encore besoin. Layan Bahar : Attends, Madame, j’ai une chose Ă  te dire. EugĂ©nie LeBris : Tout va ben ? Layan Bahar : Oui
 Mais je voulais demander quelque chose. La cuisiniĂšre des Simmon part
 Peut-ĂȘtre je peux reprendre la place. Je n’est pas Ă  l’aise que M. Le Bris soit lĂ . Tu as Ă©tĂ© gentille, Madame, je ne veux pas te laisser. Mais ĂȘtre ici trĂšs difficile. EugĂ©nie LeBris : Je comprends, Layan. Vous n’avez pas besoin de vous justifier. Avec Jules de retour, les choses sont
 diffĂ©rentes. Layan Bahar : Oui
 Tu n’es pas fĂąchĂ©e ? EugĂ©nie LeBris : Non. Je vais vous Ă©crire une lettre de recommandation. Et je ne reviens pas sur ma parole. Layla peut rester ici, je continuerai Ă  l’élever avec autant de soin que mes filles. Et vous pourrez venir la voir quand vous voulez. Layan Bahar : Rabbena yebarek fiki. (Que Dieu vous bĂ©nisse.)
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perduedansmatete · 1 year ago
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en fait que je sorte ou pas que je sois avec des gens que j'aime ou toute seule dans mon lit que je me sente seule ou pas je finis toujours par chialer le week-end lĂ  ce soir je passais une super soirĂ©e puis vers quatre heure un gars qui m'a traumatisĂ© l'annĂ©e derniĂšre est rentrĂ© lĂ  oĂč j'Ă©tais ou il Ă©tait lĂ  avant mais je l'avais pas vu je sais pas et j'ai eu envie de chialer instantanĂ©ment ensuite il m'a parlĂ© je sais mĂȘme plus ce qu'il m'a dit j'ai automatiquement oubliĂ© en me rendant compte qu'il captait mĂȘme pas qu'on s'Ă©tait dĂ©jĂ  rencontrĂ©s et Ă  ce moment lĂ  j'Ă©tais toute seule j'envoie des messages pour dire ahah il y a le gars qui m'a traumatisĂ© mais pas de rĂ©ponse puis plus tard son pote vient me voir me dit nanana tu dĂ©gages quelque chose depuis tout Ă  l'heure blablabla je sais pas quoi et j'Ă©tais incapable de rĂ©pondre j'avais juste envie qu'il parte l'ami platonique entendait pas ce qu'il disait il m'a dit aprĂšs t'aurais du me dire de le dĂ©gager quand il m'a dit en substance que j'Ă©tais une connasse de ne pas accepter ses compliments ou je sais pas quoi puis il m'a dit un peu comme son pote l'annĂ©e derniĂšre que j'Ă©tais jeune blablabla sous entendu que je suis une petite conne bref aprĂšs ça l'ami platonique me rĂ©confortait en me disant que j'Ă©tais pas toute seule que ça allait puis "on est lĂ  t'inquiĂšte" et je le savais trĂšs bien ça mais j'ai plus rĂ©ussi Ă  ressortir la boule de mon ventre et Ă  retenir les larmes de mes yeux donc je suis allĂ©e chialer aux toilettes il m'a forcĂ© Ă  en sortir en me disant que ça faisait au moins quinze minutes ce qui est faux je pense d'ailleurs au dĂ©but il m'a demandĂ© si je vomissais puis aprĂšs il a essayĂ© de me faire re rentrer dans la soirĂ©e comme il pouvait mais j'arrivais plus donc il m'a pris un uber je voulais pas ĂȘtre dans une voiture avec un mec mais j'avais pas envie de lui dire et de l'emmerder car c'Ă©tait gentil de sa part donc je suis montĂ©e dedans et il Ă©tait trop mimi il m'a demandĂ© comment c'Ă©tait ce bar donc je lui ai fait la pub mĂȘme si j'arrĂȘte pas de rĂąler sur ses rĂ©cents changements puis on a parlĂ© de rap et de queen il Ă©tait trĂšs gentil mais une fois sortie de la voiture et maintenant que je suis toute seule dans mon lit je continue de pleurer avec ma boule au ventre bref une belle fin de soirĂ©e
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e642 · 7 months ago
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Hier aprem j'ai fait une crise d'angoisse j'ai fini en larmes devant mon mec. Ça ne m'arrive jamais quasiment du fait que j'essaie toujours d'avoir le contrĂŽle et de pas montrer une facette de moi qui pourrait me dĂ©crĂ©dibiliser. Bon, c'est ratĂ© du coup mais peut-ĂȘtre que c'Ă©tait nĂ©cessaire. En effet, tout est parti d'un "viens on va faire du trampoline avec mes potes pendant 2h" un samedi en heure de pointe (plein de gens) pendant ma pĂ©riode de pseudo rĂ©vision. J'Ă©tais dĂ©jĂ  angoissĂ©e du fait d'aller le voir et savoir que je rĂ©viserai peu, mais en plus, je voyais cette activitĂ© comme une nuisance Ă  ma possibilitĂ© de travailler et Ă  mon angoisse qui commençait Ă  grandir. Donc j'ai dit que je voulais pas y aller mais je voulais pas vraiment m'ouvrir et dire que j'Ă©tais morte de trouille pour les partiels, que j'Ă©tais crevĂ©e du fait des insomnies et angoissĂ©e de tous les gens qui seraient autour de nous. Il m'a dit, en premier lieu, que j'Ă©tais pas cool et Ă©goĂŻste car j'avais pas vraiment d'arguments si ce n'est "j'ai pas envie c'est comme ça". Et il a forcĂ©. Il m'a dit que je me cherchais des excuses alors que dans ma tĂȘte c'Ă©tait clair que c'Ă©tait lĂ©gitime. J'ai redit que je voulais pas mais que s'il my forçais alors je viendrai. Et dĂ©jĂ  je l'ai vu comprĂ©hensif, il m'a dit que dans cet Ă©tat ça servait Ă  rien etc mais il a ri Ă  la fin de sa phrase. Ça m'a fait exploser. J'lui ai dit que j'essayais de m'ouvrir et qu'il me riait ouvertement Ă  la gueule et lĂ  impossible de m'arrĂȘter. J'ai dĂ©bitĂ© 10 min que j'Ă©tais fatiguĂ©e, que je dormais mal, angoissĂ©e Ă  mort par le monde, l'impression de rien faire, de pas avoir travaillĂ©, que mes partiels Ă©taient dans 1 semaine et que je faisais dĂ©jĂ  le "sacrifice" de venir et que lui ne faisait pas l'effort. Et lĂ , il a commencĂ© Ă  comprendre. J'ai vu qu'il a fait des efforts pour comprendre qu'on avait pas les mĂȘmes vies, ni les mĂȘmes seuils d'angoisse et de stress, ni les mĂȘmes gestions Ă©motionnelles. Alors il m'a rassurĂ©e. J'avais proposĂ© plus tĂŽt de lui laisser la possibilitĂ© d'y aller seule pendant que je rĂ©viserai. Il m'a demandĂ© si j'Ă©tais sĂ»re que ça ne me ferait pas de peine, ni d'impression de rejet qu'il parte s'amuser alors que je venais de faire une crise d'angoisse et j'ai trouvĂ© ça attentionnĂ©. Ce genre de moment, ça me fait dire deux choses: step by step, je le vois changer et comprendre un peu, et aussi que mĂȘme si ça devrait ĂȘtre un automatisme et intuitif sa rĂ©action, si personne ne lui a jamais dit comment faire ni que je m'ouvre, alors je dois aussi m'adapter et ne pas entiĂšrement lui jeter la pierre Ă  la gueule. VoilĂ , c'Ă©tait la mini avancĂ©e de notre couple. Je ne sais plus ce que je pense Ă  son propos, ça reste quelqu'un d'important.
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shakeskp · 8 months ago
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Bout de scribouillis
En ce moment, c'est le passage OpĂ©ration DĂ©prime dans tout ce que j'ai en cours ou presque, alors j'Ă©cris des scĂ©nettes en vrac d'une (future) Obikin Same Age AU pour dĂ©compresser, sans prise de tĂȘte ni rien.
Contexte global : Anakin a 12 ans, Obi-Wan 13, Anakin est le padawan de Qui-Gon et Obi-Wan est toujours initiĂ©. Ils se retrouvent la nuit dans une salle d'entraĂźnement oĂč Obi-Wan se glisse en cachette pour s'entraĂźner.
— Qu'est ce qui va t'arriver, si t'es jamais choisi ? demanda Anakin.
Obi-Wan le regarda bizarrement.
— ...Rien ?
— Rien ?
— Que veux-tu qu'il m'arrive ?
— On va pas te renvoyer chez toi, ou... Je sais pas. Trouver un truc pour te rendre utile, au moins ?
— Merci.
— C'est bon, t'as compris.
— Ou veux-tu qu'on me renvoie ? C'est ici, chez moi. Je suis un Jedi.
Anakin fit la moue.
— Tu veux dire que tu vas finir dans l'un des Corps de Service ?
— Peut-ĂȘtre. J'arrive Ă  l'Ăąge oĂč on va me proposer d'essayer plusieurs types de mĂ©tier pour voir si quelque chose me plaĂźt.
— Et si rien ne te plaüt ?
Obi-Wan haussa les Ă©paules.
— Il y a beaucoup de choses qu'un Jedi peut faire, mĂȘme quand il n'est pas chevalier. Je trouverai forcĂ©ment quelque chose.
Anakin en doutait. Il avait vu Obi-Wan s'entraĂźner, mĂ©diter, avec la dĂ©termination d'y arriver. Ce n'Ă©tait pas quelqu'un qui renonçait, ça. Et il le sentait au fond de lui : Obi-Wan Ă©tait fait pour ĂȘtre chevalier.
— Mais s'il n'y a rien du tout ?
— Je resterai initiĂ©.
— Toute ta vie ?
— C'est dĂ©jĂ  arrivĂ©. Enfin, rarement, mais...
— Et on pourrait te demander de devenir padawan mĂȘme si t'es trĂšs vieux ?
Obi-Wan le contempla d'un Ɠil perplexe, et de plus en plus impatient.
— En thĂ©orie.
En théorie. Donc ce n'était pas interdit.
— Quand je serai chevalier, dĂ©clara Anakin, si tu n'as toujours pas Ă©tĂ© choisi, je te prendrai comme padawan.
Il y eut un silence. Obi-Wan le dévisagea, bouche bée. Puis il éclata de rire.
— C'est pas une blague !
Mais il continua Ă  rire, au point de s'en allonger par terre, les bras sur le visage. Enfin, il les Ă©tendit en croix. À la lueur des veilleuses, ses yeux tiraient vers le vert. C'Ă©tait joli.
— Tu es vraiment bizarre, Anakin Skywalker. 
— Merci bien. Moi qui voulais te rendre service.
— Je te crois, dĂ©clara Obi-Wan Ă  la surprise d’Anakin. Si je n'ai toujours pas Ă©tĂ© choisi quand tu seras chevalier, je compte sur toi. Je t'attends.
Il souriait. Ce n'Ă©tait pas souvent. Anakin sentit son ventre se tordre bizarrement. Pour cesser d'y penser, il tendit la main. Sur Tatooine, il lui aurait offert un gobelet d'eau en preuve de sa bonne fois, mais ici, oĂč l'eau abondait, ça n'avait pas beaucoup de sens. Alors la poignĂ©e de main devrait suffire.
Je t'attends.
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selidren · 5 months ago
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Printemps 1921 - Champs-les-Sims
5/10
Cependant, il faut comprendre que Madame EugĂ©nie est en odeur de saintetĂ© par ici. Je ne sais pas si vous Ă©tiez au courant, mais elle fĂȘte cette annĂ©e ses cent ans. Figurez vous donc ! Elle est nĂ©e en 1821. Cela me semble si loin. Elle est encore plus ĂągĂ©e que la maison oĂč le pĂšre de Constantin ont vu le jour. Elle nous enterrera tous j'imagine.
Moi-mĂȘme je suis souvent admirative devant tout ce qu'elle a traversĂ©. Elle a perdu presque tous ses enfants (la derniĂšre qui lui reste est la prieure de Notre-Dame-aux-Bois, Ă  Ognolles), nombre de ses petits enfants et a vĂ©cu une vie conjugale tout bonnement catastrophique. On ne compte plus ses mĂ©rites, et c'est pour cela que je ne peux m'empĂȘcher d'Ă©prouver de la culpabilitĂ© quand elle m'agace en se mettant en travers du bien-ĂȘtre de mes enfants. J'ai Ă©tĂ© d'autant plus active dans l'organisation des festivitĂ©s. Une partie sera rĂ©servĂ©e Ă  la (trĂšs nombreuse) famille, Ă  la maison, et il y aura mĂȘme un discours de Monsieur le Maire Musclet (l'Ă©poux de l'une de vos niĂšces par Jeanne) sur la place du village. Il remettra Ă  Madame EugĂ©nie une sorte de mĂ©daille, mais sans rĂ©elle signification lĂ©gale il me semble.
Pendant ce temps, elle a continuĂ© ses missions familiales telle une ambassadrice de la sociĂ©tĂ© des nations. Son dernier exploit en date (et qui augmente d'autant plus la brillance de son aurĂ©ole) est la rĂ©conciliation imminente entre Adelphe et ses enfants, mĂȘme si le conflit est davantage avec Alexandre qu'avec ses filles. Elle a fait reconnaĂźtre ses torts Ă  mon beau-frĂšre avec un certain brio, il faut bien l'admettre, et a initiĂ© le dialogue entre pĂšre et fils. Ce dernier s'est grandement apaisĂ©. De ce que j'entends, il est beaucoup moins sujet Ă  ses accĂšs de colĂšre et de tremblements qu'auparavant, mĂȘme si il est certain que personne ne l'en guĂ©rira. Il a d'ailleurs assurĂ© Ă  son pĂšre que c'est Ă  cause de cela qu'il repousse sans cesse son mariage avec Sylvette. Il pense que cela serait mauvais pour elle de devoir supporter ses propres fardeaux, et je partage ses inquiĂ©tudes.
Transcription :
Alexandre « Vous devriez aller vous coucher Grand-MĂšre, la journĂ©e de demain ne va pas exactement ĂȘtre de tout repos. »
EugĂ©nie « J’ai Ă©tĂ© sommĂ©e de dĂ©barrasser les lieux dans ma propre maison et voici qu’on veut maintenant me mettre au lit et me border comme une petite fille. Je sais bien que je vais fĂȘter mon centenaire, mais je n’aime pas bien qu’on me traite comme si j’étais en verre. »
Alexandre « Ce n’est pas ce que je... »
Eugénie « Allons bon, je te taquine mon garçon ! Je ne vais pas tarder à aller au lit, mais je voulais prendre un peu de temps pour venir te parler en toute tranquillité. Je ne suis pas la seule à me coucher à des heures tardives semble t-il... »
Alexandre « Vous savez que j’ai du mal Ă  dormir, ne revenez pas dessus. »
EugĂ©nie « Non, je l’ai bien compris. Par contre, j’aimerais que nous discutions de cet autre sujet de litige. »
Alexandre *soupire*
EugĂ©nie « Allons, je sais que ton pĂšre est passĂ© vous voir aujourd’hui. Avez-vous parlé ? Sans crier, j’entends. »
Alexandre « Oui, mais ce n’est pas pour autant que tout est rĂ©glĂ©. »
Eugénie « Vraiment ? Développe donc ! »
Alexandre « Et bien
 Il s’est excusĂ©, ce qui me semble ĂȘtre la moindre des choses, puis il m’a dĂ©taillĂ© le rĂ©cit de toutes ses visites prĂ©cĂ©dentes. Comme si c’était Ă  moi qu’il lui fallait rendre des comptes. »
EugĂ©nie « N’est-ce pas le cas ? Il s’est toujours senti Ă©normĂ©ment coupable pour ce qu’il s’est passĂ©. »
Alexandre « Ne revenez pas lĂ  dessus, je sais bien que j’ai eu tort de l’accuser des pires horreurs. Ce n’est pas de cela que nous devions parler. »
EugĂ©nie « Mon garçon, cesse donc de tourner ainsi autour du pot ! Je t’ai connu bien moins casanier. »
Alexandre « J’admets qu’il a fait des efforts. »
Eugénie « Mais ? »
Alexandre « Mais c’est encore un peu tĂŽt pour le pardon. Mais je lui pardonnerai un jour. »
Eugénie « Tu es un bon garçon. »
Alexandre « ArrĂȘtez avec cela, je ne suis plus un enfant depuis trĂšs longtemps. »
EugĂ©nie « Certainement, tu as mĂȘme la moustache que ton pĂšre a toujours rĂȘvĂ© d’avoir. Mais puisque tu mentionnes ton Ăąge, il est temps de revenir sur le dernier sujet de litige qui nous concerne. »
Alexandre « Qui nous concerne ? Je
 Ah non ! Cela ne vous regarde absolument pas ! »
EugĂ©nie « Tout me regarde dans cette famille, c’est moi qui ait mis ta grand-mĂšre au monde jeune homme ! Tu devrais le savoir puisque tu n’est plus un enfant. »
Alexandre « Au moins vous ne me donnez plus du « mon garçon »... »
Eugénie « Alors donc, quand vas-tu épouser ta bonne amie Sylvette ? »
Alexandre « Heu
 et bien je ne sais pas. Ce n’est pas le bon moment pour moi, c’est tout. »
EugĂ©nie « Alors inutile de la faire attendre si longtemps. Si tu ne comptes pas l’épouser, laisse la avant que son honneur ne soit ruinĂ©. »
Alexandre « Mais
 je n’ai jamais dit que je ne voulais pas l’épouser ! »
EugĂ©nie « Fichtre, qu’est-ce que c’est que ces histoires de ne pas ĂȘtre prĂȘt alors ? Ce ne sont que des excuses. Quand nous nous marions, nous ne sommes jamais prĂȘt. Nous sommes prĂȘts quand arrive le premier enfant et que nous sommes devant le fait accompli. »
Alexandre « Je ne suis pas en état de me marier maintenant. Par pitié, ne faites pas semblant de ne pas comprendre... »
EugĂ©nie « C’est toi qui ne comprends pas il me semble. Un jeune homme qui a connu toutes ces horreurs, qui a Ă©tĂ© si courageux, il ne peut pas s’en sortir sans une femme Ă  ses cĂŽtĂ©s. La petite veuve BarthĂ©lĂ©my par exemple, elle serait bien sotte de ne pas Ă©pouser cet anglais venu d’on ne sais oĂč mais avec un bon patrimoine. Tous ce dont ils ont besoin, c’est de se marier. Et c’est la mĂȘme chose pour toi ! »
Alexandre « Je ne pense pas vous voyez. Et si vous vous inquiĂ©tez pour l’honneur de Sylvette, sachez que je n’ai jamais rien fait qui puisse l’entacher. J’attends simplement
 d’aller mieux, c’est tout. S’il vous plait, ne nous fĂąchons pas la veille de votre anniversaire, ça ne me ferait pas plaisir. »
Eugénie « Moi non plus mon petit, moi non plus. Nous en reparlerons plus tard si tu y tiens. »
Alexandre « C’est gentil, mais je n’y tiens pas tant que cela. La maniĂšre dont je conduis ma vie me satisfait plutĂŽt bien. »
EugĂ©nie « C’est cela, c’est cela
 Nous en reparlerons une autre fois. En attendant, il est temps d’aller se coucher. »
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ladyniniane · 3 months ago
Note
Coucou ! Pour le reblog sur les histoire de fond, une anecdote ou une histoire de fond sur ton histoire en cours avec ZoĂ© ou d'Anselma si ça ne te gĂȘne pas ? Merci beaucoup d'avance ! :D
Coucou et merci beaucoup pour les questions :) Du coup je vais faire les deux !
-C'est l'histoire de Zoé qui a lancé ma passion pour l'empire byzantin et pas l'inverse. En gros, je voulais écrire une histoire qui se passait dans un palais et je voulais un décor différent (j'avoue qu'écrire de la fantasy d'inspiration médiévale/Europe de l'Ouest/du Nord me lasse un peu. Surtout qu'on voit ça partout au final).
Cela faisait longtemps que les visuels de l'empire byzantin (les mosaĂŻques, les vĂȘtements etc.) me trottaient dans la tĂȘte et me plaisaient beaucoup.
Et puis il y a l'histoire fascinante de l'impératrice Théodora (la femme de Justinien I, je précise pour les autres lecteurs vu que ce n'est pas la seule impératrice importante à porter ce nom). Je me rappelle que j'avais lu beaucoup de romans sur elle aprÚs découvert le personnage dans Civilisation V (par contre je n'ai pas encore vu le péplum de 1954. Mais je suis sûre qu'il est mieux que la saison 3 de V*king V*lhalla).
Son histoire est juste romanesque en diable et du coup je suis partie dans cette direction avec une femme de condition modeste qui va devenir impĂ©ratrice. Mais mĂȘme si je n'Ă©cris pas un roman historique, je voulais faire des recherches afin de faire ça correctement et de trouver de l'inspiration. Surtout que des fois la rĂ©alitĂ© est bien plus incroyable/romanesque que tout ce que l'on peut imaginer.
J'ai beaucoup aimĂ© ce que j'ai dĂ©couvert, je suis tombĂ©e dedans et je ne suis toujours pas revenue ! (Et je ne crois pas que mon retour soit pour bientĂŽt vu que j'ai d'autres idĂ©es d'histoire dans le mĂȘme univers).
-Pour Anselma, j'ai envie d'expliquer ce qui m'a donné envie d'écrire sur elle et comment on est arrivés au résultat actuel.
Ma premiĂšre impression d’Anselma dans le jeu a Ă©tĂ© trĂšs positive Ă  travers la description qu’en faisait Dimitri. Je me suis dit “tiens, une belle-mĂšre qui avait l’air agrĂ©able ? C’est vraiment rare dans la fiction et plaisant”. Donc on avait un postulat original et intĂ©ressant.
Ensuite on est passĂ©s Ă  l’horreur avec l’aspect “Cornelia contrĂŽlait sa vie privĂ©e et tout ce qu’elle voulait c’était retrouver sa fille”. Je n’ai pas pu m’empĂȘcher de remplir le blanc : elle voulait retrouver sa fille parce que
 ? On l’avait sĂ©parĂ©e de sa fille ? On l’avait menacĂ©e ? Elle Ă©tait seule ? 
Mais on restait dans une espĂšce de flou parce que ses motivations et son histoire n’ont aucun sens. On l’a dit et rĂ©sumĂ© plein de fois, mais mĂȘme un bad trip sous acide aurait plus de sens que toute cette affaire. 
Son personnage m’inspirait malgrĂ© tout de la sympathie. Et comme un des principes de ma fic c’était “donnons de la personnalitĂ© aux mamans de Fodlan” et bien il me semblait logique de devoir m’y coller Ă  un moment oĂč un autre. 
Surtout que cette histoire de “mĂšre seule contre le monde qui veut protĂ©ger sa fille” est un ressort Ă©motionnel qui me touche Ă©normĂ©ment. Alors oui, je sais. Toutes les femmes et toutes les mĂšres ne sont pas forcĂ©ment bonnes. Et je pense avoir clairement Ă©vitĂ© cet Ă©cueil dans mon histoire vu la diversitĂ© des profils qu’on a (d’autant plus en comptant l’univers Ă©tendu avec Tiana et la mĂšre de Mencia).
Et puis il y avait son passĂ©. J’ai dĂ©couvert les sĂ©ries chinoises par des histoires se passant dans le harem (Legend of Zhen Huan etc.). Elles montrent des femmes pleines de ressources qui cherchent Ă  s’en sortir dans un systĂšme toxique et destructeur. Pour moi, il Ă©tait facile de voir Anselma comme la protagoniste de l’une de ces sĂ©ries. D’autant que peu d’histoires s’attachent Ă  ce qu’elle a pu ressentir. Je me dis que pour elle, arriver en Faerghus reprĂ©sentait l’espoir d’une nouvelle vie auprĂšs de quelqu’un dont elle s’imaginait qu’il allait l’aimer. 
Bon du coup, je suis passĂ©e par toute la phase dĂ©tective, Ă  essayer de faire sens de la version du jeu puis Ă  me dire “allez osef on change pour que ça en ait (un peu plus)”. Par exemple, si Hildegarde est dans le Royaume au moment de la tragĂ©die, cela permet beaucoup mieux d’expliquer les actions d’Anselma. En quoi conspirer pour tuer Lambert aurait-il pu lui permettre de revoir sa fille si Hilde n’était dĂ©jĂ  plus dans le Royaume ? Anselma n’aurait eu qu’à se tirer dans l’Empire et c’était fini ! 
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IsmĂšne est apparue en parallĂšle. Je n’aime pas le concept d’un peuple entiĂšrement malĂ©fique. Et je voulais un personnage qui puisse reprĂ©senter les Agarthais autrement. Et je me disais qu’IsmĂšne avait besoin de quelqu’un pour la lier Ă  sa part humaine. Qu’elle avait besoin d’une mĂšre. Et je voulais qu’Anselma puisse raconter son histoire et qu’on sache oĂč elle est allĂ©e aprĂšs Duscur. Je voulais qu’Anselma puisse souffler un peu et finir sa vie avec des gens qui prennent soin d’elle. Et donc

Tout c’est fait logiquement. C’est ce qui m’a appris Ă  Ă©couter mes idĂ©es qui apparaissent comme des dingueries. Souvent, les personnages meurent aprĂšs avoir eu leur rĂ©demption. Moi, je prĂ©fĂšre quand ils vivent pour se confronter aux consĂ©quences de leurs erreurs et essayer de faire mieux. Du coup, tout semblait logique : et si Anselma avait la possibilitĂ© de prendre en charge un troisiĂšme enfant et que tout se passe bien cette fois ? Et si elle pouvait lui offrir de la force et de l’amour ? Enfant qui a son tour soulagerait Dimitri en lui permettant de connaĂźtre ce qu’il s’est passĂ© / ou qui aiderait le monde en s’opposant Ă  Hilde ?
Le traitement d’Anselma et de Lambert dans le fandom m’a confortĂ©e. J’ai eu peu l’esprit de contradiction, surtout quand il s’agit de femmes qui s’en prennent injustement plein la tronche. Lambert est un mauvais mari et pĂšre. Pour moi ce n’est pas du headcanon. C’est aisĂšment dĂ©montrable Ă  partir des Ă©lĂ©ments du jeu. Pourtant il est lavĂ© plus blanc que blanc. Mais rien ne dit vraiment qu’Anselma ait Ă©tĂ© le monstre que certains dĂ©crivent. Elle a une histoire mal Ă©crite. C’est diffĂ©rent. 
Ecrire sur elle et IsmĂšne me donne de la sĂ©rotonine. Et j’aime aussi sa relation avec StĂ©phanos parce que amitiĂ© homme/femme ! Yes ! 
Pour l’UA avec Edith, je me suis toujours dit qu’elle et Anselma s’entendraient bien si elles se rencontraient dans d’autres circonstances. Si certaines choses les opposent, elles se ressemblent aussi beaucoup : altruisme, dĂ©termination, sens de la justice
 Sauf que des fois ils se passent des choses en mettant les persos ensemble dans la mĂȘme piĂšce. Et je me suis donc rendu compte qu’elles n’étaient pas amies mais qu’elles s’aimaient. J’avoue que c’est plutĂŽt satisfaisant de voir les deux femmes déçues par Lambert ensemble. Comme ça, Anselma reste la belle-mĂšre de Dimitri, les modalitĂ©s sont juste diffĂ©rentes :P.
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