#immobilité
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la rose s’est aventurée dans le jour ; elle a parcouru la plupart de ses lumières ; son point de vue certain du voyage ; nous tenons à avancer alors qu’il n’y a qu’immobilité ; la rose a tenu là où nous n’avons pas tenu
© Pierre Cressant
(samedi 3 juin 2023 - vendredi 17 mai 2024)
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Grand calme d'hiver sur le lac par brigitte lagravaire Via Flickr : 2014-01-07-Passeligne (16)
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Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !
Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !
J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. – Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets !
J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : – Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
-Le bateau ivre, Arthur Rimbaud
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Tout se perd et tout se confond, tout est léger, tout est fragile. On ne possède rien. Tout juste sans bouger quelques secondes de beauté, une patience ronde, sans désir. Un peu de bonheur sage passe ; on le retient entre le pouce et le majeur de ses deux mains. Il faut toucher à peine.
J'ai appris à toucher à peine, à effleurer. Je venais d'une immobilité complète, et ces gestes me convenaient.
Philippe Delerm - Le buveur de temps
[Photographie prise au parc ornithologique des Saintes Marie de la Mer ce jeudi]
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« L’immobilité de celui qui écrit met le monde en mouvement.
C’est dans la mesure même où l’on est arrêté dans une immobilité voyeuse que les choses sont mobiles. La pensée aussi n’existe que par rapport à un arrêt qui est un blanc. Joël Bousquet a écrit : ce paralytique a fait un trou dans l’espace. Écrire, c’est faire ce trou dans l’espace. Tout part de l’immobilité, de ce travail corporel. Le funambule a le même problème, il tente de réunir le mouvement et l’arrêt, de trouver le juste équilibre entre eux. La table de l’écrivain est mentale, c’est une façon de savoir s’arrêter, de commencer en sachant qu’il n’y a aucune origine. Écrire est un métier d’ignorance.
le silence est une forme »
La poésie entière est préposition, Claude Royet-Journoud, éditions Éric Pesty.
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Fleur Et Eau Idéalisées Par L'ApparitionChimérique De L'Oiseau Cavalier
Quelque part dans cette paresse d'enivrantes couleurs florales, ennuyé au milieu des flux aquatiques l'oiseau cheval reste statique. Désespoir en ses yeux s'évapore dans son immobilité, il s'y cachent les nuances pâle. Cœur brisé d'un amour nuisible reflétant le pavot flétrie... la chimère cavalière mue dans l'esthétique elle s'efface. Disparaît, à tout jamais, et laisse en son jardin si beau, ses souvenirs. l'animal si beau pourtant monumental, oublié d'un amour qui était seulement juste la plus grande absurdité...
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A 10 ans, nous partîmes et
Depuis j'ai
Contracté
L'impossible immobilité des changements obligés
Rien ne me manque tant pourtant qu'un point d'ancrage mémoriel
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Petite danse #
« J'ai vu, un jour, dans les Alpujarras, un oiseau immobiledans le ciel. C'était un petit rapace. Son corps, à mieux y regarder, esquissait bien quelques gestes infimes : juste ce qu'il fallait pour demeurer dans le ciel en un point aussi précis qu'intangible. Sans doute était-ce le sitioconvenable pour bien guetter sa proie. Mais il lui avait fallu, pour cela même, renoncer à voler vers un but, ne surtout pas " fendre l'air ", tout annuler pour un temps indéfini. C'est parce qu'il s'était placé contre le vent - parce que le milieu, l'air, était lui-même en mouvement - que le corps de l'oiseau pouvait ainsi jouer à suspendre l'ordre normal des choses et à déployer cette immobilité de funambule, cette immobilité virtuose. Voilà exactement, me suis-je dit alors, ce que c'est que danser : faire de son corps une forme déduite, fût-elle immobile, de forces multiples. " g Didi Huberman , Le danseur des solitudes.
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Entre Terres et Lettres
Il venait des terres retirées comme on sortait de la rue.
La misère, en acte de naissance, qu'il faisait tour à tour taire ou hurler.
Honte et fierté!
Il était un sans dents éclairé ... Fils de paysans miséreux devenu journaliste, homme de lettres. Il avait une situation, une maison, une famille. Mais le dentier que chaque soir avant de se coucher il posait sur le blanc brillant du lavabo lui rappelait dans toute son immobilité grinçante et sordide qui il aurait pu être ....
De son passé il avait fait table rase. Ne laissant que des terres cédées à la va vite, des souvenirs enfouis dans la poussière du sol de la ferme familiale.
Il aurait pu tout oublier, renaître simplement dans cette nouvelle peau qu'il s'était tannée .Mais il y avait l'autre ..... ce frère particulier, sa fragilité, sa douleur.
Ce frère que l'on protège, d'une vie qui l'effraie, d'une société qui le terrorise, derrière de larges murs et de sombres barreaux. Ce frère qui calmera ses angoisses au son de clés tournant dans les serrures de cette HP perdu dans la lande bretonne.
Ce frère qui restera à jamais son regret, son chagrin.
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l’île-navire de verdure avance de jour en jour vers l’été plus profond ; sous ses airs immobiles, on la voit presque déjà l’atteindre dans le creux des verts denses ; ancrée au port de mon rêve l’immobilité percute son mouvement ; l’immobilité qui parle si bien de voyages qui n’ont pas commencé
© Pierre Cressant
(mardi 30 avril 2024)
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Nuit du dimanche 5 mai 2024
Combien de temps mon cœur va-t-il encore s'épuiser ? C'est une question qui tourne en boucle dans mon esprit, comme un refrain lancinant. Mes larmes, elles, semblent être devenues une compagne quotidienne, érodant lentement la résilience de mes yeux. Parfois, elles coulent avec la fureur d'une rivière de lave en fusion, brûlantes et implacables, emportant avec elles toute forme de sérénité. Depuis une semaine, je porte comme un fardeau une teinte insolite, un mélange improbable de vert et de rouge sang sur ce qui me reste de globe oculaire. Une nuance que je n'aurais jamais imaginée sur mon âme tourmentée, mais qui s'impose désormais comme une marque indélébile de ma douleur intérieure. Et pourtant, étrangement, je ne peux m'empêcher d'admirer ce contraste saisissant, comme un tableau abstrait peint par la souffrance elle-même. Mais c'est surtout à l'intérieur, là où réside mon cœur, que la tempête fait rage. À la place de la chaleur réconfortante d'un cœur palpitant, je sens comme un poignard froid et rouillé, pesant sur mes émotions les plus vives. Il semble vouloir arracher chaque parcelle de bonheur, chaque once de joie, laissant à la place un vide béant, un gouffre abyssal que je tente en vain de combler. Il fut un temps où je trouvais refuge dans de petites pilules, cherchant à étouffer mes émotions sous leur voile apaisant. J'espérais naïvement qu'elles pourraient éteindre le feu qui dévorait mon âme. Mais aujourd'hui, même leur douce promesse de paix semble lointaine, perdue dans les méandres de mon désespoir croissant, car je n'ai plus recours à elles. En surface, je me présente comme une femme forte et intrépide, une guerrière façonnée par les épreuves de la vie. Je porte le masque de la résilience avec fierté, bravant les tempêtes avec une détermination inébranlable. Mais lorsque les ténèbres envahissent mon univers, tout bascule. Les murs que j'ai érigés autour de moi s'effondrent, et je me retrouve seule face à mes démons, prisonnière de ma propre mélancolie. C'est alors que je m'évade ici, dans ces mots, cherchant un exutoire à ma douleur, un échappatoire à ma solitude. Mais même dans ma détresse, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour vous, cher lecteur. Mes confessions ne vous plongent elles pas trop dans l'abîme de la tristesse ? Peut-être que vous aussi, vous êtes en quête de reconstruction, cherchant à recoller les morceaux d'un cœur brisé par les tourments de l'existence. Si tel est le cas, peut-être pourrions-nous marcher côte à côte sur le chemin escarpé de la guérison ? Mais pour l'instant, les questions demeurent. Comment remplir un cœur vide ? Comment apaiser des yeux brûlants de larmes et de désespoir ? Cette nuit, alourdie par un épais brouillard, semble suspendue dans le temps, figée dans une immobilité oppressante. J'aspire à voir l'aube, à contempler les premiers rayons du soleil qui chassent les ombres. En attendant, je me plonge dans ma lecture, cherchant refuge dans les mots réconfortants de "Ressac" de Diglee. Une ode à la solitude et à la lenteur, un miroir de mon propre état d'âme. Comme cela tombe à pic, comme une bouée de sauvetage jetée à une naufragée en pleine tempête.
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« Vous êtes-vous regardé dans le miroir lorsque entre vous et la mort plus rien ne s'interpose? Avez-vous interrogé vos yeux? Avez-vous compris alors que vous ne pouvez pas mourir? Les pupilles dilatées par la terreur vaincue sont plus impassibles que des pyramides. Une certitude naît alors de leur immobilité, une certitude étrange et tonique dans son mystère lapidaire: tu ne peux pas mourir. C'est le silence des yeux, c'est notre regard se rencontrant avec lui-même, calme égyptien du rêve devant la terreur de la mort. Chaque fois que cette terreur vous saisit, regardez-vous dans le miroir, interrogez vos yeux et vous comprendrez pourquoi vous ne pouvez pas mourir, pourquoi vous ne mourrez jamais. Vos yeux savent tout. Car nos yeux imbus de néant nous assurent que rien ne peut plus nous arriver. »
Emil Cioran - Des larmes et des saints
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Penser de manière intuitive, c'est penser dans la durée. L'intelligence part généralement de l'immobile et reconstruit le mouvement comme elle peut avec des immobilités juxtaposées. L'intuition part du mouvement, le pose, ou plutôt le perçoit comme la réalité elle-même, et voit dans l'immobilité seulement un moment abstrait, un instantané pris par notre esprit, d'une mobilité.
L'intelligence se préoccupe ordinairement des choses, entendues comme statiques, et considère le changement comme un accident qui serait supposément surajouté. Pour l'intuition, l'essentiel est le changement : quant à la chose, telle que l'intelligence la comprend, elle est une découpe qui a été faite hors du devenir et établie par notre esprit comme substitut du tout.
La pensée se représente ordinairement le nouveau comme un nouvel arrangement d'éléments préexistants ; rien n'est jamais perdu, rien n'est jamais créé. L'intuition, liée à une durée qui est croissance, perçoit en elle une continuité ininterrompue de nouveauté imprévisible ; elle voit, elle sait que l'esprit tire de lui-même plus qu'il n'en a, que la spiritualité consiste précisément en cela, et que la réalité, imprégnée d'esprit, est création.
Henri Bergson
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Comment une OC vampire traumatisée par les Roumains réagirait à être la compagne des rois Volturi ?
Sous forme de petite histoire.
La jeune vampire se tenait au milieu des cendres, sous la table dans la grande salle. Plus personne, plus de clan, seulement des cendres, du feu et une odeur horrible. Son immobilité, due à la douleur et surtout à la peur, l'empêchait de réfléchir et de fuir.
Heureusement, sa cachette était sûre, aucun des monstres italiens n'avait pu la trouver et elle comptait sur son don pour rester cachée le plus longtemps possible.
C'était sans compter une main qui l'a saisie et la traîne devant trois trônes. Elle ne pouvait hurler ou fuir, les vampires étaient trop nombreux et elle se sentait tellement seule et horrifiée.
Puis son visage fut saisi sûrement, ses bras étaient étirés et des dizaines de cassures apparurent sur sa peau albâtre. C'était sa fin. Dans un dernier moment de lucidité et de vie, elle releva son visage vers ses juges et croisa le regard du plus bel homme du monde.
Soudain il hurla et les gardes la laissèrent choir sur le sol. Elle fut serrée dans des bras et des murmures lui apportèrent du réconfort même si tout autour d'elle lui paraissait cotonneux.
La seule chose qu'elle saisit fut un doux murmure " Ma compagne".
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Oui, la mort d’un homme est laborieuse, c’est bien le moins qu’on puisse faire, parvenu à cet horizon, que de tenter de s’y attarder quelque peu. Même s’il lui restait quelques mois ou quelques années à vivre, Marie-Louise était entrée dans les prémices de la grande affaire. Pour ce faire elle prit huit longues semaines de profonde immobilité parcourues de stries d’activité. De mon observatoire de mort-vivant où tout fonctionnait au ralenti, où je goûtais des prémices d’un autre genre mais néanmoins sœurs des siennes, je ne pris pas l’exacte mesure de cette cérémonie qu’elle célébrait seule, là-haut à Saint-Yrieix. J’expérimentais doublement qu’on ne partage ni même ne comprend jamais la douleur des autres, que l’on peut tout au plus l’accompagner, parfois n’en être que le témoin démuni, mais que cette situation, parce qu’elle est la seule possible, se doit d’être vécue pleinement. Mathieu Riboulet, Mère Biscuit, Éditions Maurice Nadeau, 1999
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