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#femme dans ses rêves aussi
eurovisionart · 2 years
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🇫🇷 Roger Bens - Femme dans ses rêves aussi
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coolvieilledentelle · 11 months
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Le besoin d’un amour transcende toutes les époques, tous les pays, tous les âges, tous les sexes..À l’époque, il y avait maints dangers, dont le sida. Mais on n’avait pas peur. On était plus fous, plus insolents, plus inconscients, moins soucieux de notre représentation- Le bonheur ne dépend pas du temps. Mais il n’empêche que choisir sa vie, c’est choisir son bonheur. Nous sommes dans l’ère du ‘paraître toujours plus jeune’ malgré l’âge que nous avons. C’est un état d’esprit culpabilisant, comme si avoir son âge était une honte… Les femmes doivent se libérer de certaines valeurs dont nous abreuve la société. Car prendre des années, c’est aussi gagner en connaissance --*La maturité devrait nous permettre de dépasser ces peurs. C'est l'amour qui devrait gagner, nous faire aimer la personne encore plus, malgré le temps, ou plutôt grâce au temps. Je suis convaincue que, si l'on vivait à 100 % à tous les âges de sa vie, alors, à 50 ans, on n'aurait aucune envie de revenir en arrière Parce que, à 20 ans,  On fait connaissance avec ses premières émotions. Le sentiment que tout est possible ne  nous  quitte pas. Je pense que c'est quelque chose qui appartient à l'être humain, du début à la fin de sa vie. C'est notre trésor, et c'est à nous de l'entretenir. C'est aussi un état d'esprit. Comme on travaille la souplesse d'un corps qui, en vieillissant, a tendance à se rigidifier. C'est la même chose pour la pensée et le désir. A nous de nous ouvrir, de lire, d'échanger, de garder cette vibration intérieure, se réserver du temps à soi. Enfant, on grandit avec ce rêve-là. On a tous envie, au fond de soi, d'un nid d'amour, de chaleur, de protection et de communion. Et partager cette aspiration est l'une des plus belles choses qui soit. A condition que ce soit un amour vrai, honnête et libre. Qu'on ne s'accroche pas à l'autre comme à une bouée de sauvetage, par dépendance ou par convention sociale
Les Amandiers. Conversation entre présent et passé.
film de Valeria Bruni Tedeschi 
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fieriframes · 1 year
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[The sea shall be like magic between us.]
IX - Nuit sans fin
La dernière conversation avec Christina, où je lui avais dit que j'avais utilisé les toilettes du Café d'Auteur, un café fermé depuis cinq ans, avait été un avertissement. Sans parler des huit heures que j'avais complètement bloquées, pendant lesquelles je lui avais apparemment demandé de rechercher d'éventuels liens entre Leonora Carrington et Italo Calvino. Des cartes de tarot, des chansons codées, des cartes du monde étranges trouvées sur des sites web encore plus étranges ? Euphémie ? Je perdais la tête.
Les mois passèrent et la vie reprit son cours normal. Trop de travail, trop de télévision, trop de consommation de nouvelles (qui devenaient de plus en plus déprimantes chaque jour). Le monde fascinant de Leonora et ce jeu (ou quoi que ce soit) était une tentation constante. Une évasion de la monotonie. Mais ça avait aussi un air de danger et j'ai donc réussi à résister à l'envie.
En février, j'ai pris l'Eurostar pour voir un ami à Londres. Et chaque fois que je suis à Londres, on va à Tate Modern, cet incroyable musée de la couverture de l'album Pink Floyd. L'expo cette fois ? "Le surréalisme au-delà des frontières", mettant en évidence l’ œuvre de Carrington. Bien sûr. Mon ami avait déjà acheté des billets et j'étais sûr que le jeu ne me suivrait pas à Londres. Donc, hop, on est parti.
L'expo était incroyable et consistait en des peintures d'artistes avant-garde un peu moins connus, comme Erna Rosenstein, Dédé Sunbeam, Ikeda Tatsuo, Hector Hyppolite, Eugenio Granell, Giorgio de Chirico et Remedios Varo. C'était comme passer d'un rêve étrange à un autre.
En particulier, les peintures de Leonora étaient fascinantes. L'expo présentait plusieurs de ses tableaux, dont sa toute première, intitulée Autoportrait (L'auberge du cheval de l'aube).
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Cette peinture est normalement dans le Metropolitan Museum of Art de New York et c'était cool de pouvoir la voir. C'est une scène (en fait, deux scènes si tu comptes ce qui se passe dehors) à la fois très simple et vachement dramatique, à la fois stéréotypé féminin et masculin. Leonora et la Hyène regardent directement le spectateur, reflétant le comportement de l'autre. En fait, Leonora était souvent liée aux Hyènes, disant "je suis comme une hyène, je rentre dans les poubelles, j'ai une curiosité insatiable". La Hyène réunit ici le mâle et la femelle en un tout, métaphorique du monde de la nuit et du rêve. Pour moi, ce tableau est une exploration de soi, le côté sauvage, le côté curieux, le côté qui cherche la liberté.
J'étais là depuis longtemps à regarder le tableau quand une jeune femme est apparue à côté de moi. Au début, on a regardé le tableau en silence, mais après un certain temps, elle m'a posé une question. "Qu'est-ce que vous pensez que c'est, cette tache à côté de la Hyène ?" Franchement, je l'avais à peine remarqué, mais j'ai répondu, "C'est une bonne question, j'ai supposé que c'était juste une erreur qu'elle essayait de cacher ?" "Une hypothèse sûre", a-t- elle répondu. "Bien que… Carrington était apparemment depuis sa plus tendre enfance très fasciné par les aes sídhe, un peuple féerique surnaturel lié à la mythologie celtique des Gaëls à partir des histoires que sa mère, sa grand-mère et sa nounou lui avaient racontées. Peut-être que ce sont eux qui font une apparition."
C'était la première fois que j'entendais ça et j'étais vraiment intéressé à en savoir plus. Elle s'est présentée comme Ester et on a longuement parlé de Carrington, les Tuatha Dé Danann (la mythologie celtique irlandaise) et du surréalisme. Elle possédait une librairie pas trop loin de chez moi et avait clairement plongé dans sa propre marchandise. Quand mon ami réapparu (il avait disparu dans les œuvres d'André Breton), elle m'a donné la carte de visite de sa librairie et m'a dit qu'elle avait un livre qui pourrait m'intéresser. Si je voulais, je pouvais venir à tout moment pendant ma visite à Londres. Je l'ai remercié pour la conversation et lui ai dit au revoir.
J'ai passé un bon moment à Londres, avec beaucoup de cocktails, pâtisseries scandinaves et cuisine indienne. Le dernier jour, j'ai retrouvé la carte de visite pour The Library of Babel que Ester m'a donnée. C'était à proximité. La commodité et ma curiosité m'ont rendu impossible de résister.
Après avoir parcouru les petites rues pendant trente minutes, j'ai finalement trouvé la librairie. Avec un nom si spectaculaire, je ne m'attendais pas à un endroit aussi discret; un petit panneau étant la seule indication de ce qui nous attendait à l'intérieur. Je suis entré et j'ai vu immédiatement livre après livre. Le magasin se composait d'un bureau en bois et d'un nombre apparemment infini de livres empilés au hasard derrière. Je ne pouvais pas comprendre comment quelqu'un pouvait trouver quelque chose là.
Je n'avais même pas remarqué la personne qui était assise au bureau avant qu’il me demande si j'avais besoin d'aide. Je lui ai dit que j'avais reçu une invitation de Ester. Sans même demander mon nom, il dit "Ah oui, Ester a dit qu'elle est désolée de ne pas pouvoir être ici aujourd'hui, mais elle vous a laissé ce livre." Je l'ai remercié et j'ai attrapé mon portefeuille, mais il a immédiatement dit "non, non, pas de soucis".
Une fois à l'extérieur de la librairie, j'ai vu la note attachée au livre, "J'espère que ce livre vous trouvera bien et éclairera le chemin. Que les aes sídhe soient à vos côtés, toujours."
Le livre était intitulé Nuit sans fin et était une sorte de recueil de poésie. Je l'ai feuilleté lentement jusqu'à ce que j'arrive aux deux pages du milieu. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Là, au milieu du livre, il y avait la même carte que j'ai trouvée sur le site web crypté.
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perduedansmatete · 7 months
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dimanche ennui donc liste (certainement pas exhaustive) de moi à moi des artistes que j'ai déjà vu en concert, de ceux que je vois bientôt, de ceux que j'aimerais voir et de ceux que je RÊVE de pouvoir écouter en live un jour:
concerts faits dans un ordre totalement approximatif:
julien doré (petite, j'étais amoureuse de lui et je me souviens d'avoir eu mal au cœur quand il chantait winnipeg)
jeanne cherhal (petite aussi, j'étais absorbée car elle avait chanté quelques chansons suspendue à un cercle en l'air)
olivia ruiz (toute mon enfance)
la grande sophie
the dedicated nothing (ils ont fait un album on en a plus jamais entendu parler et je les avais vu dans une boutique longboard comme c'était des surfeurs mdr)
the dø (dans un festival paumé en vendée, j'étais la plus heureuse)
george ezra
the black lilys
radio elvis 2x
feu! chatterton 3x (j'ai l'impression de faire l'amour quand j'entends arthur teboul chanter en live, un des trois concerts était en plein air vers l'océan c'était beau et poétique)
grand blanc
jumaï
chevalrex
pr2b
clarika (toute mon enfance, dans la voiture avec ma mère)
the limiñanas (inattendu, jamais écouté avant de les voir mais si cher à mon cœur maintenant)
girls in hawaii (souvenirs d'adolescence)
genghar (concert avec mon père dernièrement, j'écoutais beaucoup adolescente aussi)
sallie ford 2x
norma 2x (elle fait fondre mon cœur j'aimerais qu'elle perce)
mattiel
the twilight sad
las aves
prudence (la chanteuse de the dø, on avait gagné un concours avec ma sœur!!)
cate hortl
clara luciani 3x
pomme 2x
franz ferdinand 2x
arctic monkeys 2x (dont une fois catastrophique à rock en seine, des amitiés se sont brisées, des crises d'angoisses, un son merdique)
the strokes (son merdique et problèmes techniques car rock en seine mais j'étais au max)
ledher blue
the cure (que dire de plus??? 3h de the cure en live c'est le paradis)
depeche mode (que des bangers, je m'en remets pas encore)
pi ja ma (choupette, je l'aime depuis la nouvelle star)
delilah bon (à la fin de son concert on a eu droit à tous les chants de manifs de gauchos sans aucune raison pendant 20 minutes et c'était génial)
kalika
fontaines dc (je veux les revoir)
ethel cain (c'était thérapeutique)
angel olsen
lucy dacus (très vite)
tamino 4x (je l'adore de tout mon cœur mais je fais une pause je l'ai trop vu)
ko ko mo 7x ou plus?? (découverts dans un festival paumé en vendée, depuis on les voit tous les ans)
jesse jo stark (trop sexy)
clemence violence
hachiku
jen cloher (lesbiennes australiennes je vous aime)
dynamite shakers
odezenne (j'ai pu chanter je veux te baiser en live c'était fantastique)
georgio (marque le début de la fin d'une amitié mais j'étais tellement heureuse ce soir là)
slowdive
frank carter and the rattlesnakes (ma sœur qui se fait une entorse dans un pogo)
the mysterines
yeule (premier concert toute seule, il m'a fait du bien)
sorry (chanteuse toute timide toute choupi mais génial et j'ai pu crier les paroles de there's so many people that want to be loved)
alexandra savior (écoutez là c'est un ordre)
sarah maison
sextile (concert génial soirée traumatisante)
wunderhorse (de vrais anglais qui s'en branlent de tout c'était cool)
no elevator
emma peters (j'écoute pas mais sympa)
skip the use (j'y allais en mode souvenirs, j'avais jamais écouté ses récents albums et le gars est trop chaud en live)
agar agar
nada surf (le chanteur est trop gentil <3)
hoorsees
adrien gallo (à défaut d'avoir pu voir les bb brunes... et j'étais aussi amoureuse de lui petite)
therapie taxi
nova twins (un de mes meilleurs concerts elles avaient une énergie trop folle)
la femme (mes meilleurs pogos)
tori amos (concert avec ma mère, icone)
l'impératrice 3x (2 fois sans que je veuille vraiment juste ils étaient dans des festivals et j'en peux plus leur scéno c'est toujours la même et c'est mou)
terrenoire
snail mail (mou)
parcels (j'écoute pas mais en concert c'est fou)
tame impala (l'impression d'avoir pris du lsd pendant 1h30)
gaz coombes (le chanteur de supergrass!!)
inhaler
idles (de loin mdr)
foals (mouais)
wet leg (absolument génial premier rang à crier toutes les paroles, tellement qu'il a plu et qu'on a fini le concert dans la boue)
yeah yeah yeahs
izia
the murder capital (amoureuse)
suzie stapleton
maddy street (une copine de ma sœur, c’est trop bien)
origine club renommé bonne nuit (à revoir c’est des vendéens et j’adore les vendéens pas fachos)
alice et moi
prochains concerts:
stoned jesus
dionysos (cadeau de noël pour mes parents, ils nous ont bercé avec)
air
ethel cain (encore)
mannequin pussy
cherry glazerr
lana del rey!!!!!!!!!
ko ko mo (pour la millième fois mdr)
eartheather (j'ai eu une place alors qu'il n'y en avait plus??? yaayyy)
artistes que j'aimerais voir:
yoa
the marias (ils avaient annulé la seule date qu'ils faisaient en france alors qu'on avait nos places avec ma meilleure amie, on leur en veut encore)
anna calvi
bar italia
the last dinner party
coco & clair clair
dora jar
king krule (on m'a empêché de prendre une place la dernière fois car apparemment il chante mal en live)
beach house
lebanon hanover
japanese breakfast
mitski
sally dige
deerhunter
tove lo (je l'ai raté à rock en seine...)
tv girl
sir chloe
hooverphonic
tomberlin
portugal. the man
last train
baxter dury
sophie meier
thao & the get down stay down
fka twigs
elita
yelle (je serai une femme accomplie le jour où je l'aurai vu)
artistes que je rêve de voir dans mes rêves les plus fous:
lush
soko (elle soignerait tous mes maux)
pulp
garbage
fiona apple (c'est beau de rêver)
the smashing pumpkins
courtney barnett (c'est une nécessité je connais tout par cœur)
siouxsie sioux
björk (ratée en septembre dernier...)
eels (mes parents y sont allés sans moi et sans me le dire????)
alt-j (j'écoute depuis trop longtemps pour ne jamais les avoir vu)
cults
pixies
iggy pop (icone, il faut, et je suis amoureuse de lui)
new order
interpol
massive attack (si je craque pour rock en seine...)
emiliana torrini
deftones
she wants revenge
hope sandoval
sigur rós
arcade fire (je crois que le chanteur est un agresseur sexuel. bon.)
the last shadow puppets
the white stripes mais bon... ou jack white
madonna...... mais je suis pauvre
si une âme charitable a tout lu et veut me fournir de quoi me payer des places de concerts je suis preneuse lol merci
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saemi-the-writer · 9 months
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Douce Dame Jolie
Mon Secret Santa Kaamlott pour la charmante @zialinart :D
Sur AO3
Bonne lecture !!
La Reine avait seulement souhaité assister au festival de l’Imbolc en toute tranquillité, sans personne pour la pointer du doigt ou se mettre à dos l’espèce d’hystérique qui criait toujours « au bûcher » où que savait-elle d’autre ! Cela restait une fête Gaélique, et avec cette nouvelle religion qui prédominait au pays désormais, cela risquait d’être mal-vu si la Reine y était vue, aussi était-elle allée voir l’enchanteur de Kaamelott en toute discrétion, lui demandant s’il n’avait pas un sort, une potion ou autre chose qui pourrait l’aider. C’était apparemment son jour de chance, car Merlin venait de mettre la main sur un médaillon magique : il changerait la perception des gens qui voient la personne qui le porterait. En gros, elle serait méconnaissable aux yeux du monde sans avoir à se transformer. Afin de vérifier son efficacité, Guenièvre l’avait mit aussitôt autour de son cou et était sortie faire un aller-retour rapide. Elle avait croisé les sires Perceval et Karadoc, qui venaient demander un énième service à Merlin. Ils ne l’avaient pas reconnu, mais s’étaient montrés étonnamment courtois, acceptant de la laisser passer devant eux. Convaincue, la Reine avait remercié le magicien et gardé le bijou pour le festival du 1er février.
Guenièvre avait espéré que les offrandes faites ce soir-là l’aideraient à avoir enfin un enfant, puis elle avait voulu profiter du moment. Elle n’avait pas pu danser ou apprécier de ces airs musicaux depuis des années, Guenièvre s’était donc laissée entraîner. Et c’est là qu’elle l’avait croisé.
Arthur. Son mari. Qui avait marché droit vers elle.
…Guenièvre aurait peut-être dû réaliser que l’avis de Messires Perceval et Karadoc n’était pas des plus fiables !
C’est ce qu’elle s’était dit en voyant Arthur s’approcher d’elle, mais à son grand étonnement, il l’avait invité à danser. A la manière qu’il avait eu de s’adresser à elle, Guenièvre compris vite qu’il ne l’avait pas reconnu. Comme Merlin lui avait dit, la magie du médaillon l’avait empêché de la reconnaître.
Et ce fut comme un rêve, à la fois merveilleux et confus.
Qu’Arthur avait été charmant, qu’elle avait été touchée par de tels égards, cette délicatesse et ce regard tendre ! Guenièvre pouvait enfin mieux comprendre pourquoi tant de jeunes femmes avaient été séduites ! Cependant, une chose demeurait inexplicable : son apparence n’était pas censée être si différente de l’originale. Guenièvre ne s’était pas transformée en beauté Latine, comme le Roi les aimait, alors pourquoi ?
Pourquoi ?...
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Ce n’était pas la première fois qu’Arthur tombait sous le charme du regard d’une jolie dame, et il avait été plus d’une fois déçu de l’aboutissement de ces relations. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’espérer. Une partie de lui-même le réprimandait, lui reprochant de ne pas retenir la leçon, mais il l’ignora. Cette femme était différente de celles qui lui avaient tapé dans l’œil jusqu’alors. Elle ne ressemblait à aucune de ses maîtresses, que ce soit le type « Latin » ou le type de silhouette qui l’attirait le plus souvent.
Et ce n’était pas que physique. Lorsque leurs regards s’étaient croisés ce soir-là, ce n’était pas son corps qui avait frissonné, mais son cœur et peut-être même - oserait-il le dire – son âme. C’était comme s’il avait retrouvé quelque chose qu’il avait perdu. Une conviction profonde que cette femme, il l’aimait, et qu’elle l’aimait en retour. Même s’ils ne s’étaient croisés de manière fortuite que quelques fois depuis le mois de février. Après tout, bien des histoires d’amour affirment qu’il suffit d’un regard, au bon moment, au bon endroit, pour que deux êtres sachent qu’ils s’étaient trouvés.
Un bruissement attira son attention, et la Dame apparut. Elle lui sourit timidement, comme toujours, et s’avança vers lui.
“Vous êtes là.“ dit-elle simplement. “Je suis heureuse de vous revoir.“
Une grande douceur se dégageait d’elle et la grâce irradiait dans chacun de ses mouvements. Dans ces moments-là, Arthur trouvait qu’elle avait quelque chose d’irréel, comme si elle allait s’évaporer s’il l’effleurait. Mais il avait bien constaté, au cours de leurs discussions et promenades, qu’elle était bien humaine. Une légère maladresse, ses questions parfois insolites, sa façon de jouer avec le médaillon qu’elle portait lorsqu’elle était nerveuse ou gênée… Cela ne faisait que la rendre plus charmante. Elle était douce et candide, mais elle possédait également un sens de l’observation surprenant et quelques idées audacieuses.
“Je suis heureux de vous revoir aussi.“ lui sourit-il en retour.
Arthur se décala pour lui permettre de s’assoir à ses côtés, ce qu’elle fit avec un empressement qui lui fit chaud au cœur.
Même si leur discussion du jour resta relativement triviale, Arthur souhaita que cet instant dure éternellement. Sa Douce essayait d’écrire un poème, ou une chanson, et bien qu’elle mette du cœur à l’ouvrage, sa prose laissait à désirer ! La chanson « Douce Dame Jolie » semblait avoir été écrite pour elle, il regrettait ne pas l’avoir écrite et composée lui-même pour la lui offrir. Enfin, aurait-il été plus apte à l’aider ! Les deux rirent ensemble de leurs diverses tentatives, car Arthur lui-même ne trouvait pas toujours le mot juste. En revanche, leurs voix s’accordaient très bien.
Peut-être était-ce une douce illusion, mais Arthur avait l’impression, une fois encore, qu’il avait trouvé son âme sœur.
“Vous reverrai-je bientôt ?“ demanda-t-il alors qu’il s’apprêtait à rentrer, espérant qu’elle le retiendrait.
“Je l’espère !“
Si cela avait été quelqu’un d’autre, le Roi aurait douté de la sincérité de ces trois mots. Mais pas avec elle. L’émotion dans sa voix et ses yeux ne mentaient pas.
“Et votre nom ?“
Le visage de la douce dame s’imprégna de tristesse, elle regarda au loin un instant avant de secouer la tête. Il fut surpris de voir une pointe d’espièglerie dans son expression avant qu’elle ne dise :
“Anam Cara.“
Après cette déclaration, elle s’approcha de lui et déposa un baiser au coin de ses lèvres avant de filer. Arthur n’aurait pas pu lui courir après, de toute façon, il était complètement envoûté. Arthur avait enfin un nom, un indice.
Anam Cara.
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Les yeux de Guenièvre se remplirent des larmes alors qu’elle observait le médaillon entre ses mains. Elle caressa du pouce le petit âne au centre de la roue en se demandant, une nouvelle fois, si elle ne devrait pas s’arrêter là. Elle se faisait du mal.
Arthur était tellement plus chaleureux et patient avec elle quand elle portait ce médaillon, elle souhaitait de tout cœur que les choses soient toujours ainsi. C’étaient comme de doux rêves, mais le réveil devenait de plus en plus rude. A chaque repas partagé, les soirs où son époux venait la rejoindre dans leur couche, sa froideur et son exaspération la frappaient plus violemment qu’auparavant. Guenièvre et l’inconnue était une seule et même personne ! Elle n’agissait pas différemment avec ce médaillon, elle restait fidèle à elle-même ! Il semblait qu’Arthur lui en voulait pour quelque chose, qu’il ne lui avait pas pardonné et qu’il lui faisait continuellement payer… Mais quoi ?! Qu’avait-elle fait pour mériter un tel traitement ? Pourquoi Arthur méprisait-il « Guenièvre » mais adorait « l’inconnue » ?
La Reine essuya ses larmes d’un revers de main avec un soupir. Il était de toute façon impossible de revenir en arrière. Elle pouvait encore changer le cours de choses avant que cela ne dérape, mais… Guenièvre voulait profiter encore un peu de ces quelques doux échanges avec son époux. Ses yeux se posèrent sur le poème qu’elle tentait d’écrire et son cœur se serra à nouveau. Guenièvre aurait tant donné pour que son époux soit à ses côtés, pour l’aider comme il l’avait fait quelques jours plus tôt ! Alors qu’un énième soupir lui échappait des lèvres, elle entendit un reniflement dans son dos.
“C’est magnifique, Majesté !“ sanglota Bohort.
Guenièvre poussa un petit cri en se retournant, faisant sursauter et crier le chevalier en même temps.
“Seigneur Bohort ! Vous m’avez fait peur !“
“Pardonnez-moi, ma Reine, mais vous ne répondiez pas à mon appel ! Aussi me suis-je permis d’entrer !“
“Et de lire par-dessus mon épaule ?“ Guenièvre grommela dans sa barbe en se couchant à moitié sur son pupitre, pour cacher son travail inachevé. “Vous êtes bien gentil, mais à quoi bon me flatter comme ça ! Je ne suis vraiment pas douée…“
“Permettez, votre Altesse ! Je ne fais que dire la vérité !“ Bohort semblait presque offusqué qu’elle pense autrement. “Les derniers vers ont certes besoin d’être un peu retravaillés pour rimer, mais les sentiments qu’ils dégagent n’en sont pas amoindri dans l’émotion qu’ils dégagent !“
Guenièvre cligna des yeux, surprise.
“Vous trouvez ?“ demanda-t-elle, hésitante.
“Oh oui !“ sourit le chevalier, les mains jointes sur son cœur. “Je peux sentir tout l’amour et la langueur dans les mots que vous avez écrit !“
La Reine se redressa doucement pour jeter un coup d’œil à son ébauche. Elle pouvait croire le Seigneur Bohort, mais d’un autre côté, ce dernier avait toujours été très… sensible. Guenièvre n’était pas sure que tous en dirait autant.
“Serait-ce votre cadeau pour le Roi Arthur ?“ le sourire de Bohort s’élargit. “ Il est vrai que son anniversaire est le mois prochain !“
Guenièvre sentit la gêne l’envahir, elle avait failli oublié l’anniversaire de son époux ! Elle avait été tellement déçue les fois où son anniversaire à elle avait été oublié par ce dernier, elle ne pouvait pas se permettre de faire pareil !
“A vrai dire, non.“ Avoua-t-elle, jouant nerveusement avec sa longue tresse. “Mais j’essayais… j’espérais pouvoir lui dire d’une jolie façon ce que je ressentais pour lui.“
Elle n’osa pas regarder Bohort dans les yeux, aussi fut-elle surprise quand ce dernier lui proposa de l’aider.
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“Votre Altesse ?“
Arthur détourna son attention de Perceval, ravi d’avoir un léger répit au cours de longues explications (oui Perceval, les frondes jettent des cailloux, mais non, elles ne peuvent pas remplacer les catapultes !!). C’était Calogrenant.
“J’ai entendu dire que vous étiez à la recherche de quelqu’un ?“ lui demanda le Calédonien. “C’est urgent ?“
“Urgent non, important, pour moi personnellement. Rien de grave.“ précisa le Roi. “Pourquoi cette question ?“
“Ah, parce que j’avais cru entendre que le nom était Anam Cara.“ Calogrenant haussa les épaules. “Et si c’était le cas…“
“Vous la connaissez ?“ Arthur bondit de son siège. Les deux chevaliers sursautèrent et le regardèrent d’un air perplexe.
Calogrenant sembla plus que gêné, laissant un long « heuu… » résonner dans la pièce avant de reprendre.
“Navré, Sire. Mais Anam Cara n’est pas un nom.“ révéla-t-il, ce qui glaça le sang d’Arthur. “C’est du Gaélique ancien, ça veut dire âme sœur.“
Les jambes du Roi allait se dérober, de désespoir et de trahison, quand la voix de Perceval transperça, tel un rayon de soleil, la brume qui commençait à envahir son esprit.
“C’est joli ! ça veut donc dire qu’elle vous aime comme un frère de toute son âme, Sire !“
Perceval ne savait évidemment pas ce que signifiait le terme « âme sœur », mais la vérité de ses paroles réchauffèrent le cœur du Roi.
Son âme sœur.
Il aurait dû rire, ou s’énerver… Alors pourquoi ce sentiment d’euphorie ? Arthur sentit presque des ailes lui pousser alors qu’il laissait derrière lui les deux chevaliers, ne remarquant pas leur regard interloqué en l’entendant fredonner « Je vivroie liement ».
Alors qu’il se dirigeait vers le jardin, il croisa sa femme. Sans réfléchir, Arthur lui saisit la main et la fit tournoyer joyeusement. L’expression d’agréable surprise sur le visage de Guenièvre l’amusa, il lui offrit un dernier sourire avant de partir.
“A ce soir, mon amie.“
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“Moi aussi, je vous aime.“
La Dame tressaillit, puis un frisson lui parcourut tout le corps. Elle porta une main à ses lèvres et recula d’un pas.
“Mais vous… pourquoi ?!“
Arthur perdit son sourire. Ce n’était pas du tout la réaction à laquelle il s’était attendu.
“Je ne peux pas le croire !“ s’écria-t-elle en secouant la tête. “Comment pouvez-vous m’aimer ?“
“Comment ?“ souffla-t-il, perdu. “Mais il n’y a pas de raison particulièrement logique ! Et pourquoi ne pourrais-je pas vous aimer ?“
“Parce que je suis mariée ! Tout comme vous l’êtes ! Mais si vous, vous pouvez vous permettre de collectionner les conquêtes, pour moi, une seule amourette avec un autre est vu comme une trahison aux yeux de tous!“ vitupéra-t-elle, le pointant du doigt rageusement. “Et votre femme ? Avez-vous jamais pensé à ce qu’elle pouvait ressentir ?! Et si elle, elle voulait aller voir ailleurs, vous accepteriez de la laisser faire?“
En entendant le mot « mariée », il avait cru sentir le sol se dérober sous ses pieds, cette éternelle blessure le relança. Pourtant, les paroles suivantes le figèrent d’une plus grande stupeur.
“La seule raison pour laquelle vous me courtisez avec tant de passion, c’est parce que je ne suis pas Guenièvre ! Vous êtes exactement comme mon mari !“ continua-t-elle, ses yeux se remplissant de larmes. “ Du moment que ce n’est pas votre femme, elles méritent votre admiration et elles y passent toutes ! Je suis sure que vous ne savez rien d’elle ! Vous vous en fichez d’elle, mais elle doit bien rester sagement à sa place ! Comme si j’étais… comme si elle était une chaise ! Vous passez votre temps à vous languir dans votre coin, à jouer les bourreaux de cœurs pour vous consolez, ou vous prouvez à vous-même quelque chose ou je ne sais quoi ! Mais nous ne sommes pas des meubles à la con ! Nous aussi, on a le droit d’être respectées, d’êtres aimées pour qui on est vraiment !“
Son visage, habituellement si blanc, était à présent rouge et inondé de larmes. Elle s’arrêta, tentant de reprendre son souffle. Arthur tendit la main vers elle, souhaitant sécher ses pleurs, la rassurer… mais elle se retourna et prit ses jambes à son cou.
“Attendez !“ s’écria-t-il.
Il ne voulait pas la perdre ! Aussi confus et blessé soit-il par ses paroles lancinantes. Arthur s’élança à sa suite, mais elle avait disparu. Elle n’avait pas pu aller bien loin, peut-être s’était-elle cachée parmi les bosquets… Un reniflement attira son attention et il se hâte dans sa direction. Il cru reconnaître la silhouette de la jeune femme, et écarta les branches sur sa route. Arthur s’apprêtait à l’appeler quand il réalisa qui se cachait là.
Guenièvre. Son épouse.
Elle releva les yeux vers lui et fronça les sourcils. D’un air digne qu’il ne lui connaissait pas, elle se redressa.
“Ce soir, vous dormirez chez l’une de vos maîtresses.“ déclara-t-elle sèchement, le faisant tressaillir.
Après l’avoir foudroyé du regard une dernière fois, Guenièvre passa à côté de lui et se dirigea vers le château. Sans comprendre pourquoi, ni ce qu’il attendait, Arthur la regarda partir.
Pas une seule fois elle se retourna.
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Dire que le Roi était de mauvaise humeur au cours de la matinée et du déjeuner aurait été un euphémisme. Avec ce qu’il s’était passé la veille, il avait très mal dormi, et lorsque la Dame du Lac lui était apparu en pleine nuit lors de sa promenade nocturne, c’était pour lui lancer des piques incompréhensibles.
“Vous êtes tellement préoccupé à rêver d’un lointain, vieux lac asséché que vous ne voyez pas celui qui est à deux pas de vous, magnifique et clair ! Pire, vous vous jetez sur les premières gourdes venues pour étancher votre soif !“
Arthur maugréa dans sa barbe avant de passer ses nerfs sur sa nourriture. Il leva les yeux vers sa femme, mais dès que leur regard se croisèrent, Guenièvre détourna la tête pour se resservir. Elle le battait encore froid, ce qui n’avait aucun sens non plus. Elle n’avait jamais fait de scènes au sujet de ses maîtresses auparavant !
“Aujourd’hui, j’ai fait de la tarte !“ annonça Séli, le tirant effroyablement de ses réflexions.
“Oh non ! Mais qu’est-ce qu’on vous a fait ?!“ rouspéta Léodagan.
“La barbe !“ répliqua-t-elle avec un regard noir pour son mari. “C’est Guenièvre qui m’en a demandé une ! Je ne pouvais pas refuser ça à ma fille !“
Arthur, Léodagan et Yvain tournèrent la tête en même temps vers la dénommée, plus abasourdis les uns que les autres. Guenièvre les ignora tandis que Séli présentait fièrement l’abomination qu’elle appelait « une tarte ».
“Elle a l’air très réussie, Mère !“ sourit la Reine, apparemment ravie. “Quels fruits avez-vous choisi, cette fois ?“
“Je voulais en faire une aux fraises, mais comme ce n’est pas la saison, j’ai fait un mélange de fruits !“
“Mais c’est un cauchemar !“ marmonna Léodagan, peu discret. “Ma fille, si vous vouliez une tarte de votre mère, c’est votre droit, mais vous n’étiez pas obligée de la partager avec nous !“
“Oh, mais je ne compte pas la partager !“ tous regardèrent Guenièvre interloqués, celle-ci saisit le plat et le tendit à Arthur. “C’est une petite attention pour mon mari !“
Il y eu comme un flottement dans la salle, Arthur fixa longuement la tarte en silence avant de relever les yeux sur son épouse.
“Vous m’en voulez à ce point ?“ finit-il par demander.
La question eut à peine franchi ses lèvres qu’il se prit la tarte en pleine figure.
“OUI !“
Guenièvre quitta la table et sortit en claquant la porte derrière elle. Lorsqu’Arthur réussit à retirer suffisamment de mélasse de ses yeux, le visage à la fois dépité et choqué de sa belle-mère ainsi que la tête de con (pour changer) que faisait Yvain lui apparurent. Il préféra ne rien dire et continua de se nettoyer le visage, il en oublia presque son beau-père, qui frappa dans ses mains avec un air ému.
“C’est ma fifille !“
D’un côté, Guenièvre savait qu’elle était déraisonnable, mais d’un autre, elle estimait qu’elle avait assez pris dans la figure. C’était bien son droit de lui en coller en retour, non ?
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“Marre d’encaisser sa mauvaise humeur et ses railleries, pendant que d’autres profitent de ses mots doux !“ grogna-t-elle en enroulant les parchemins de ses ébauches de poèmes. “C’est ça être une épouse ? Tous les mauvais côté du mari, ses crises, sa mauvaise odeur et tout le bataclan c’est pour ma pomme, et pour les maîtresses, c’est le beurre, l’argent du beurre et le sourire du crémier ? Ha ! Si j’avais su, j’aurais dit à mon père qu’il pouvait se brosser pour le mariage ! S’il y tenait tant, il n’avait qu’à l’épouser lui-même ! Non mais ho ! Pourquoi c’est à moi de gérer ces conneries ?!“
Elle termina sa pile par le poème qu’elle avait réussi à écrire avec l’aide d’Arthur et Bohort. La Reine saisit la boîte dans laquelle elle avait laissé le médaillon et se rendit d’un pas rageur au laboratoire de Merlin. Avec humeur, elle lui rendit le bijou et laissa la pile de parchemin sur son plan de travail, le remerciant plus sèchement qu’elle n’aurait voulu le faire. Ne voulant pas s’attarder plus que nécessaire, Guenièvre tourna les talons promptement et sortit.
“Mais qu’est-ce que voulez que je fasse de tout ça ?!“ cria l’enchanteur en désignant les parchemins alors qu’elle s’apprêtait à fermer la porte derrière elle.
“Donnez-les à manger aux chèvres ou mettez-les au feu ! Qu’est-ce que ça peut faire ?!“ rétorqua-t-elle. “Ce sera toujours mieux que de voir mon mari se torcher avec !!“
Elle entendit un vague « hein ?? » avant le claquement de la porte. Guenièvre pouvait déjà sentir la honte monter en elle, elle se sentait coupable de se défouler sur le pauvre Merlin qui lui avait pourtant rendu service. Toutefois, ces sentiments s’évaporèrent à la vue du Roi. Ce dernier la regardait d’un air qu’elle ne pouvait décrire, et qu’elle ne souhaitait de toute façon pas décrypter dans l’immédiat. Qu’il soit surpris, contrarié ou autre, elle s’en moquait éperdument ! Avec un mouvement de tête qu’elle avait vu sa mère faire de nombreuses fois, Guenièvre passa à côté de lui avec un « humpf ! » bien placé.
“Vous n’avez vraiment rien à me dire ?“
“Je ne crois pas, non.“
Guenièvre sursauta quand la main d’Arthur l’agrippa, la retenant avec force.
“Je peux savoir quelle mouche vous a piqué ?“
Oh ! Le mufle !!
“La mouche j’en-ai-marre-d’être-prise-pour-une-conne-maintenant-fichez-moi-la-paix !“ rétorqua-t-elle en essayant de se défaire de son emprise. “Ah, et au fait !“ Guenièvre rassembla toute sa hargne pour imiter du mieux qu’elle le pouvait sa mère lorsque celle-ci remettait son père à sa place, puis elle déclara : “Inutile de revenir dans ma couche cette semaine. Faites-moi de l’air !“
“Pardon ?!“ l’air atterré d’Arthur l’aurait fait rire dans d’autre circonstances, mais là, elle se délectait de lui avoir couper le sifflet. “Mais vous ne pouvez pas faire ça ! Vous allez verrouiller la porte de la chambre aussi, pendant que vous y êtes ?!“
“Maintenant que vous le dites…“
“Hé, dites !“ les interrompis Merlin d’un ton impatient. “Si vous pouviez me laisser en dehors de vos disputes de couple ! Et puis mon laboratoire n’est pas un dépotoir, alors reprenez-moi tout ça, j’vous prie !“
Guenièvre écarquilla les yeux avec horreur alors que l’enchanteur lui repassait tous les parchemins. L’un de ses poignets étant toujours serré dans la main de son époux, une partie d’entre eux lui échappèrent et tombèrent par terre, se déroulant au passage. Réussissant enfin à se dégager, elle se dépêcha de les ramasser. Mais sa hâte la rendait fébrile, ses mains tremblaient, ce qui ne l’aida pas dans sa tâche. Elle était tellement concentrée et affolée qu’elle n’entendait plus rien, elle voulait juste récupérer ces fichus peaux d’ânes sans qu’Arthur ne découvre ce qu’elle y avait écrit.
Ce n’est quand se redressant que Guenièvre réalisa qu’il était trop tard.
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Arthur avait attrapé au vol le premier parchemin qui avait volé vers lui, ne souhaitant pas se reprendre quoique ce soit de plus dans la figure aujourd’hui. Et en voyant sa femme s’activer pour tout ramasser, sa curiosité fut piquée. Guenièvre lui avait collé une tarte au déjeuner, au sens littéral du terme, il pouvait bien se permettre d’être curieux, non ?
Son sang ne fit qu’un tour en reconnaissant les mots inscrits.
Pourquoi ? Comment sa femme pouvait-elle… ?
Le poème avait deux strophes qu’il ne connaissait pas, mais c’était celui de sa Dame !
Arthur observa un instant Guenièvre, qui essayait tant bien que mal de rassembler les autres morceaux de vélin, puis se tourna vers Merlin. Il l’interpela et lui demanda ce qu’il se passait.
“A vous de me le dire !“ lui répondit-il en haussant les épaules. “Votre femme vient me rendre un médaillon que je lui avais prêté pour qu’elle puisse circuler incognito, et elle me refile tout son bazar au passage !“
“Quel médaillon ? Et puis pourquoi pour « circuler incognito » ?!“
“Un médaillon de métamorphose, elle voulait aller au festival de l’Imbolc sans être reconnue.“
C’était comme recevoir la réponse d’une énigme que l’on essayait de résoudre depuis des lustres. D’abord la stupéfaction, puis tout se met en place et la logique, l’évidence nous saute aux yeux et on se sent très con.
Arthur regarda Guenièvre et eut l’impression de la voir pour la première fois. Quand il plongea ses yeux dans les siens, il se demanda comment il n’avait pas pu la reconnaître. Ou plutôt : comment la douceur de son regard et sa beauté lui avaient-elles échappées pendant toutes ses années ?
“Vous êtes tellement préoccupé à rêver d’un lointain, vieux lac asséché que vous ne voyez pas celui qui est à deux pas de vous, magnifique et clair !
Les paroles de la Dame du Lac prenaient tout leur sens à présent, aussi vexantes soient-elles.
“C’était vous !“
Avant qu’il ne puisse dire ou faire autre chose, Guenièvre souleva les pas de sa robe et détala. Pendant quelques secondes, Arthur revit Aconia puis l’inconnue partir semblablement.
“AH NON ! PAS CETTE FOIS !!“ cria-t-il en s’élançant à sa poursuite.
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“Bon, ben moi je retourne bosser.“ marmonna Merlin en faisant demi-tour, reconnaissant d’être resté célibataire.
Les histoires de couples, ce n’était vraiment pas son truc !
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Pour quelqu’un qui n’avait aucun entraînement et qui se trimballait avec une tenue aussi lourde et encombrante, Guenièvre courrait fichtrement vite ! Et elle n’arrêtait pas de zigzaguer et tourner autour de tout ce qui se trouvait sur leur chemin : arbre, buisson, rocher… Arthur peinait à la suivre.
“Mais arrêtez-vous !“ lui cria-t-il. “Je n’vais pas vous manger !!“
“C’est ce que vous dites !“ s’exclama-t-elle en retour, jetant un bref coup d’œil en sa direction.
Presque à bout de souffle, Arthur décida de tenter le tout pour le tout. Il accéléra et se jeta sur elle, la saisissant à la taille. Guenièvre glapit en perdant l’équilibre et les deux tombèrent, emportés par l’élan qu’il avait pris, ils roulèrent quelques instants. Allongés sur le côté, Arthur tenant sa femme par la taille et refusant de la lâcher, ils reprirent tant bien que mal leur souffle.
“Pourquoi vous ne m’avez rien dit ?“ au point où ils en étaient, autant poser la question maintenant !
“Pourquoi ? A votre avis ?“ souffla Guenièvre, les yeux embués de larmes. “Vous ne cessez de me traiter comme une casse-pied ! Alors pour une fois que vous étiez courtois envers moi, je voulais profiter du moment ! Et vous avez commencé à sortir le grand jeu, espèce de bourreau des cœurs ! Evidemment que je ne voulais pas que tout s’arrête trop vite !“
La honte envahit Arthur, il ne pouvait même pas la contredire. Ce serait mentir.
“Et vous, pourquoi vous me détestez autant ? Qu’est-ce que je vous ai fait ?“
“Je ne vous déteste pas ! Jamais ! C’est juste que… c’est compliqué.“ soupira Arthur. “J’ai été stupide et aveugle, et j’ai passé ma colère sur vous parce que notre mariage a… disons « contribué » à perdre une femme que j’ai aimé, qui me hante encore à ce jour.“
“Et c’était plus simple de vous défouler sur moi que sur mon père, j’imagine.“ fit remarquer Guenièvre, un peu sèchement. “Ce sont mes parents qui ont exigé ce mariage, pas moi. J’ai juste eu de la chance de ne pas avoir d’amoureux quand c’est arrivé. Ni vous, ni mes propres parents ne m’ont laissé une chance. Que ce soit en tant qu’épouse ou que Reine, vous n’attendez rien de moi, je suis juste reléguée à rester dans un coin bien gentiment et faire la potiche.“
“C’est vrai. Vous avez raison.“ Arthur regarda une nouvelle fois son épouse dans les yeux, doucement, il porta une main à son visage et lui caressa le visage. “Je suis sincèrement désolé.“
“Je sais que je ne suis pas très brillante, mais… Est-ce que ça vous écorcherait d’être un peu plus gentil et patient avec moi ?“
“Euh, à ce sujet, pour ma défense, je me dois de préciser que j’ai affaires à des abrutis qui m’assomment avec leurs questions. Donc ce n’est pas qu’avec vous qu’il m’arrive d’être cinglant.“
“Pourquoi ne me laissez-vous pas vous aider alors ?“ demanda-t-elle. “Si cela ne peut vous soulagez ne serait-ce qu’un peu, je pourrais apprendre à gérer certaines affaires !“
Un court silence suivit cette affirmation. Arthur voulait bien donner une chance à Guenièvre, elle faisait preuve de bonne volonté et il avait découvert qu’avec de la patience et des encouragements, elle était bien plus ingénieuse qu’il ne l’avait cru. Elle serait bien capable de remplir son rôle de Reine. D’un autre côté, elle était inexpérimentée et vulnérable, certains ne feraient qu’une bouchée d’elle !
“Peut-être… peut-être que vous pourriez vous occuper de la prochaine séance de doléances avec les Seigneurs Lancelot et Bohort.“ proposa-t-il, ainsi elle serait bien accompagnée et protégée. “Si cela vous va-“
“Oui ! Je vous en prie !“
Guenièvre s’était redressée en joignant ses deux main, comme pour prier, et le regardait d’un air suppliant. Il pouvait difficilement lui refuser quoique ce soit ainsi.
“Très bien, accordé.“ Arthur se redressa à son tour, et fronça légèrement les sourcils. “Comment on en est venu à parler de ça, au fait ?“
Les deux se regardèrent en silence. Chacun remarqua dans quel état son conjoint se trouvait : couvert de terre, traces d’herbe ; les cheveux en pagaille et empli de brindilles. Guenièvre eut un rire bref avant de retirer une branche de la chevelure de son mari.
“Je vous aime, Arthur.“ affirma-t-elle. “Je ne pourrais jamais remplacer celle que vous avez perdu, et j’en suis désolée. Mais peut-être pourrions-nous… être au moins bons amis ?“
L’émotion serra le cœur d’Arthur, un peu plus, et les larmes lui seraient montés aux yeux.
“Je ne veux pas vous faire de fausse promesse.“ avoua-t-il. “Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, votre médaillon à lever le voile devant mes yeux lorsque je vous regardais. Il me faudra peut-être encore un peu de temps, mais je crois… Non, je sais que je pourrais vous aimer en retour.“
Malgré ce qu’il venait d’affirmer, ces mots furent comme un pacte. Un pacte qu’il scellèrent d’un baiser.
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“Je vous dis que le futur héritier est en route, cette fois-ci ! Vous avez bien vu dans quel état ils sont rentrés tous les deux ! Si ce n’est pas dû à des galipettes dans l’herbe, je veux bien être changée en chèvre !!“
“Chèvre ou pas, passez-moi la prochaine fournée ! Il faut que tout soit prêt pour demain matin !“
“Mais ça va ! Et pourquoi voulez-vous autant de tartes pour demain matin ? On va y passer la nuit !“
“Guenièvre participe à la séance de doléances, il faut qu’elle ait de quoi lancer sur les gros pécores qu’elle va recevoir !“
“………mais c’est moi qui vais vous en coller des tartes !! PIGNOUF !!!“
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Le vendeur de roses
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© Photographie de Steve McCurry
Il y a ce vendeur de roses qui traîne tout le temps dans le quartier, avec des fleurs plein les bras. Il arpente les terrasses de restaurant à la recherche d’amoureux transis dînant aux chandelles.
Mais Ravi – c’est son prénom, enfin, c’est celui que je lui ai inventé, en espérant qu’il le soit un jour – fait tout le temps la tête. Comme si le flot d’amour qu’il tenait contre son corps à longueur de journée, manquait à sa vie. Est-ce qu’il offre des roses à sa femme, Ravi ? Est-ce qu’il a une femme, Ravi ? J’imagine que non, autrement, il aurait un peu plus de soleil sur le visage.
Mais il est fort, Ravi, parce qu’il arrive quand même à fabriquer une lumière artificielle lorsqu’il se poste devant des clients potentiels. « Rose, 2 euros. Rose, 2 euros. » Et souvent, sa lumière halogène fait illusion auprès des touristes – déjà éblouis par les lumières clinquantes d’un Paris qui n’aurait pour atouts que la Tour Eiffel et les Champs-Élysées.
Après avoir fait sa vente, Ravi s’éteint de nouveau. Son regard est sombre, et de toute évidence, si l’on criait « Âllo, y a quelqu’un ? », au fond de la cavité de son cœur, l’écho de notre voix nous reviendrait en plus triste, en plus désespérée.
Je me suis souvent demandé : « C’est quoi son histoire à Ravi ? » Mais Ravi ne parle pas français. Il maîtrise tout juste les quelques mots qui lui servent à présenter ses roses sur les terrasses. Je crois qu’il sait aussi baragouiner quelques mots en anglais. Mais comme c’est une langue que je ne sais moi-même pas baragouiner, c’est pas demain qu’on va pouvoir se parler. On peut pas aller bien loin avec Hello, Thank you et I love you, quoi que, on peut quand même aller quelque part : saluer, remercier, et dire l’amour. Tu m’diras, c’est un peu la base.
La base, mais pas assez pour raconter toute une vie. Alors, comme nous n’avions pas les mots pour nous parler, avec Ravi, je me suis mis à imaginer son histoire.
*
Ravi n’a pas toujours vendu des roses. Quand il avait 20 ans, dans son pays, au Pakistan, il vendait des oranges. Il était pauvre et vivait dans un bidonville avec ses parents et ses deux frères.
Dans une décharge, il avait dégoté une carcasse de voiture toute rouillée dont il ne restait quasiment rien, sinon le squelette décharné, simple et piteux. Mais c’était tout ce qu’il fallait à Ravi, qui avait accès à la beauté de cette épave, invisible aux yeux de tous. Avec son grand frère, ils ont ramené le trésor jusqu’à leur bidonville. Ravi savait déjà ce qu’il allait en faire. Il avait déjà tout imaginé et, dès le lendemain, il mettrait en place son projet. Il irait au grand marché acheter des oranges, négociées au meilleur prix. (Ravi était le plus grand négociateur de tous les temps : il négociait sans parler. Son sourire adoucissait tous les prix). Il viendrait ensuite revendre les oranges dans le quartier. La carcasse de voiture serait le meilleur des présentoirs.
C’est comme ça que le commerce florissant de Ravi a commencé, et qu’il a gagné en peu de temps le titre de : « Vendeur d’orange à la carcasse ».
Un jour, une jeune fille est venue près de son étal pour admirer ses oranges. Elle les regardait avec un émerveillement inconnu pour Ravi, comme s’ils étaient des petits soleils rangés dans un écrin d’obscurité. Alors, lui, regardait ses yeux à elle, et un nouvel émerveillement naissait encore. Il la trouvait belle comme le jour. Comme un jour prodigieux qui annonce le monde. Mystérieuse aussi, comme la nuit. Comme une nuit majestueuse qui promet l’infini.
Que faisait-elle là ? Qui était-elle ? Est-ce qu’elle venait lui murmurer un secret ? Qu’elle avait trouvé la clé du mystère des rêves ? Les mains de Ravi étaient moites tout à coup, sa gorge sèche, et son corps tremblant. Il ne comprenait pas grand-chose à ce qui était en train de lui arriver. Il ne savait pas comment s’appelait ce sentiment qu’il observait s’épanouir en lui. Il souriait. C’est ce qu’il savait faire de mieux, de toute façon. Et elle lui souriait en retour. Elle faisait ça encore mieux que lui, pensa-t-il. Et cela lui réchauffa le cœur. Elle a pris une orange. Il a refusé sa pièce.
Elle est revenue le lendemain, avec son mystère et ses yeux qui nourrissent toutes les misères. Il a osé lui demander son prénom. Elle a osé lui donner. Shala. Il était heureux de pouvoir la prononcer. Shala. Cette fois il aurait voulu la retenir, sauf que les mains moites, la gorge sèche et le corps tremblant. Il l’a regardée partir avec son orange. Il aurait voulu lui donner toutes les oranges du monde.
Ravi a sursauté de bonheur lorsqu’elle est revenue le troisième jour. Elle avait une question. Une de celle qui marque sans qu’on le remarque. Une de celle qu’on ne pose jamais à un inconnu, parce qu’à la fois trop banale et trop intime, trop légère et trop profonde, trop drôle et trop sérieuse. Une de celle qui fait mine de rien, mais qui a le pouvoir de faire jaillir de la poésie.
« Pourquoi vends-tu des oranges ? Et pas des fraises ou des bananes ? »
Et Ravi avait répondu, sans trop réfléchir : « Parce que l’orange de l’orange flatte ma carcasse, comme nul autre fruit. L’orange rend les choses belles et magiques. »
Shala avait aimé la réponse de Ravi, et elle était repartie avec son orange belle et magique. Ravi aurait voulu la retenir, encore, mais elle s’était éclipsée comme une lune trop pressée de rejoindre sa nuit.
Il a espéré qu’elle revienne le lendemain. Une quatrième fois. Et cette fois, « je la retiendrai » s’était dit Ravi, pour de bon. Je lui dirai combien elle est belle, je lui dirai que je veux la connaître, que je veux passer mes journées près d’elle, à admirer au fond de ses yeux, toutes les beautés cachées de ses ombres, qu’elle est un grand soleil, et surtout, il lui dirait, qu’il voudrait l’embrasser. Oui, il s’était dit que cette fois, il oserait lui dire qu’il rêve de l’embrasser. Qu’il se ficherait d’avoir les mains moites, la gorge serrée et le corps tremblant, qu’il arrêterait d’avoir peur et qu’il lui dirait tous les jolis mots qui lui sortent du cœur.
Mais Shala n’est pas revenue le lendemain, ni le jour d’après, ni les autres jours, ni aucun autre jour. Shala n’est jamais revenue. Et Ravi a arrêté de vendre des oranges. Le cœur n’y était plus.
Peut-être que Shala n’aimait pas les oranges, après tout. Peut-être qu’elle préférait les fraises ou les bananes. Oui, c’est ça qu’il aurait dû lui demander. Peut-être qu’elle préférait les fraises, qu’elle préférait les bananes. Peut-être qu’elle n’aimait pas les fruits ? Peut-être qu’elle rêvait de roses.
Alors, quand son grand frère lui a parlé du business de vente de roses à Paris, Ravi s’est tout de suite dit : « Mais oui, les roses ! Shala rêve de roses ! » Et peut-être qu’en vendant des roses à Paris, il la recroiserait de nouveau… et il pourrait enfin lui dire tous les jolis mots qu’il n’a pas su lui dire. Il lui offrirait des roses, par milliers. Et ils pourraient enfin s’embrasser. Ils pourraient enfin s’aimer.
*
Mais bien sûr, c’est pas du tout ça l’histoire de Ravi. Sa vraie histoire est moins jolie, moins tristement jolie. Plus dur. La carcasse, les oranges, Shala, et tout et tout, très loin de la réalité. La réalité c’est que Ravi est parti loin de sa famille, se fait exploiter parce qu’il n’a pas de papier, partage une minable chambre de bonne avec 8 autres colocataires dans la même situation que lui. La réalité, c’est que Ravi travaille comme un acharné pour un salaire de misère. C’est Sofiane qui m’a raconté tout ça un jour, et il m’a même donné le vrai prénom de Ravi. À une lettre prêt, j’y étais. Mais il faut croire qu’une lettre change tout. Avec une lettre, on passe du conte féerique à la réalité sordide.
Quoi qu’il en soit, je souhaite toujours qu’il soit ravi, le vendeur de roses, qui s’appelle Raki.
// Dédé ANYOH //
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iranondeaira · 2 months
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« Aussi terrible que cela puisse être, je veux connaître la vérité, docteur. Est-ce qu'être humain est une maladie incurable ?
- Par Quino
Disons que « rien n’est plus long que la véritable naissance d’un être humain » et qu’une fois engagé sur le chemin il n’y a pas de retour possible …
D’aucuns diront " telle est la voie " , il n’y a juste aucune carte qui indique le chemin, la voie est cachée, "les morts la gardent " diront d’autres, ( désolé pour les réfs, je crois que "j’aime" amener l’autre sur des sentiers qu’il ne pense pas à emprunter … ) mais ces autres ne savent pas à quel point ils ne sont pas loin de toucher juste, ils ne savent pas qu’ils ne savent pas … après tout la composante à laquelle je fais allusion par " énigme " est dans son essence extrêmement difficile à saisir, tellement qu’on l’écarte consciencieusement je dirais même …
Vous pouvez en trouver des traces un peu partout … cela demande de s’aventurer … loin … Un certain R. Carter pourrait vous désigner d’un doigt lunaire un escalier qui descend, un café saupoudré d’épice à l’odeur de cannelle tendu par un colonel devenu vieux égaré dans un autre désert que le sien ( vous avez le choix du désert quoiqu’une ancienne légende laisse entendre à l’instar des océans qu’ils ne sont qu’une seule et même étendue de sable ) peut vous amener entre … Une grande armoire au fond d’un grenier, un échangeur d’une gare d’où partent de nombreuses traverses , un terrier, le pont d’un baleinier de l’ancien temps où d’un autre vaisseau , une vielle carte au trésor d’une île imaginaire d’une cité qui rêve … un petit théâtre parisien où ne se joue qu’une seule et même pièce d’un vieux rhinocéros ceci en attendant un certain G qui ne vous aidera pas en définitive et la pluie vous poussera peut-être à pousser la porte d’une vielle librairie ou un vieux libraire vous d��conseillera un certain livre car " il n’est pas pour les enfants" … et sans savoir pourquoi vous " l’emprunterez " … en vous disant que vous le rapporterez car vous n’êtes pas un voleur quand bien même certaines choses se volent car personne ne peut vous les donner … vous essayerez de regarder entre l’encre et le papier telle cette histoire d’un perroquet qui se mirant dans un miroir chercha la troisième face … vous vous essayerez peut-être à une partie d’échec contre vous-même touchant par là même ce que les " quatre cavaliers " ( les principaux ) ont exploré sans cesse et dont ils n’ont fait que pousser la porte bien qu’ils aient ouvert la voie, vous pourrez même l’entendre entre les notes de musique d’une chanson car paraît-il que la musique donne à faire pénétrer dans les oreilles ce qui n’y est pas communément admis … du moins si vous prêtez l’oreille aux paroles ( Ne me quitte pas est beaucoup de choses mais en rien une chanson d’amour , la version de Barbara elle si ) …
ha oui et méfiez vous des mots 🎶 Les mots que vous employez n'étant plus "les mots"
Mais une sorte de conduit
À travers lequel les analphabètes se font bonne conscience… 🎶 ils se jouent de nous …
La vie est une énigme dirait une sorcière … et une réalité à vivre répondrait une autre … allons voir plus loin si vous le voulez bien pensera le marin …
D’aucuns vous diront que ça n’arrive que dans les films en oubliant ( mais ils ont oublié tellement de choses ) que les films sont une fenêtre ouverte sur … et qu’ils jouent eux-mêmes dans leur propre film sans savoir de quel côté ils sont , dans la salle où sur l’écran … tas de viandes parmi d’autres dans un troupeau parmi d’autres…
On vous parlera peut-être d’une salle des miroirs , de l’autre côté … je vais vous dévoiler un " secret " j’ai longtemps cru que c’était cet endroit qu’il fallait trouver … beaucoup le croient et je n’ai compris pourquoi que très récemment pourquoi on n’allait pas au-delà … au-delà est ce dont parlait un ermite aveugle dans un désert sur une planète de dunes … un lieu où paraît-il les femmes ne peuvent pas aller du moins est-ce les dires de sorcière qui tamisent les gens tels du matériel humain à polir … j’en ai discuté longtemps et souvent avec une de celles que je nomme les Sorcières en allusion hommage au surnom de ma mère donné par des confrères et collègues en références à cette histoire contée dans un grand livre et quelques films ( qu’elle ironie d’ailleurs qu’aujourd’hui ce livre revienne … quand on connaît les tenants et aboutissants… une tempête vient du désert … du plus profond de nous … ) j’en ai discuté souvent disais-je et j’ai fini par trouver pourquoi elles ne pouvaient pas ( du moins en partie) , il est difficile d’aller dans un endroit où vous êtes … la femme avec qui j’ai cette longue discussion depuis plusieurs années n’émettait aucune objection quant à cette " conclusion " oui il est difficile d’aller dans un endroit où vous êtes … Oui il y a un " lieu " où on n’aime pas regarder …
Et ce que ne disent pas ( Hormis si vous rencontrez un Stalker ) les contines les contes ou les légendes inachevées c’est qu’on n’en revient pas inchangé ni même indemne ( ou l’inverse ) … il y a toujours une pancarte avec une mise en garde " ne vous approchez pas du bord " " ne regardez pas en bas " …
Et très souvent dans les contes de fées " à la fin ils meurent tous " … c’est là que réside une des clés, celle qui vous amènera à rencontrer votre Ghola … et vous donnera à faire de vous avec ce que l’on a voulu faire de vous jusque-là …
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Ils parlent de la mode
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Yves Saint-Laurent par Jeanloup Sieff, 1971
1. « La mode passe, le style reste » - Yves Saint-Laurent
2. « Etre un pas en avance sur la tendance de la mode n’est pas si important pour moi. Ce qui compte, c’est toujours aller de l’avant » - Sonia Rykiel
3. « Si tu ne peux pas être mieux que la concurrence, il suffit de t’habiller mieux » - Anna Wintour
4. « Ce n’est pas la robe que vous portez qui compte, mais la vie que vous menez en la portant » - Diana Vreelan
5. « La plus grande élégance, c’est la vérité » - Thierry Mugler
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Giorgio Armani
6. « L’élégance ce n’est pas se démarquer, mais être mémorable » - Giorgio Armani
7. « Les femmes nulles suivent la mode, les prétentieuses l’exagèrent, mais les femmes de goût pactisent agréablement avec elle » - Marquise du Châtelet
8. « Les vêtements que je préfère sont ceux que j’invente pour une vie qui n’existe pas encore, le monde de demain » - Pierre Cardin
9. « Vaines bagatelles qu’ils semblent être, les vêtements ont, disent-ils, un destin plus important que de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du monde et le point de vue du monde sur nous » - Virginia Woolf
10. « La mode me dépasse. Mon imaginaire dépasse les limites normales et m’entraîne où je ne voudrais pas aller » - Yves Saint-Laurent
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Jane Birkin
11. « Mon style est comme un cocktail. Je ne suis pas aussi apprêtée qu’une française mais je m’en fiche comme une anglaise » - Jane Birkin
12. « La mode est avant tout un art du changement » - John Galliano
13. « La chose la plus difficile dans la mode n’est pas d’être connu pour un logo, mais d’être connu pour une silhouette » - Giambattista Valli
14. « Donne à une fille les bonnes chaussures et elle peut conquérir le monde » - Marylin Monroe
15. « Pour être irremplaçable, il faut être différente » - Coco Chanel
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Coco Chanel
16. « On est jamais trop, ni pas assez habillé avec une Petite Robe Noire» - Karl Lagerfeld
17. « La mode n’est pas quelque chose qui existe uniquement dans les vêtements. La mode est dans l’air, portée par le vent. On la devine. La mode est dans le ciel, dans la rue. » - Coco Chanel
18. « L’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais » - Audrey Hepburn
19. « J’aime être une femme, même dans un monde d’hommes. Après tout, les hommes ne peuvent pas porter de robes, mais nous pouvons porter des pantalons » - Whitney Houston
20. « J’aime mon argent quand il est là où je peux le voir : sur des cintres, dans mon armoire » - Carrie Bradshaw
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Carrie Bradshaw dans Sex & The City
21. « La femme à la mode porte le vêtement. Ce n’est pas le vêtement qui la porte » - Mary Quant
22. « Les femmes s'habillent pour elles-mêmes. Si elles s'habillaient pour les hommes, elles seraient tout le temps nues » - Betsey Johnson
23. « La mode est ce que vous offrent les créateurs quatre fois par an. Le style est ce que vous choisissez » - Lauren Hutton
24. « La différence entre le style et la mode est la qualité » - Giorgio Armani
25. « Ne soyez pas dans les tendances. Ne laissez pas la mode s’emparer de vous, mais décidez de ce que vous êtes, de ce que voulez exprimer par ce que vous portez et de la façon dont vous vivez » - Gianni Versace
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Gianni et Donatella Versace
26. « La mode doit être une forme d’échappatoire, et non une forme d’emprisonnement » - Alexander McQueen
27. « La moitié de mes créations sont de la fantaisie contrôlée, 15 % de la folie pure, et le reste du terre-à-terre » - Manolo Blahnik
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28. « La seule vraie élégance est dans l’esprit; si vous avez ça, le reste vient vraiment de ça » -Diana Vreeland
29. « Je ne crée par des vêtements, je crée des rêves » - Ralph Lauren
30. « Au fil des années j’ai appris que ce qui est important dans une robe, c’est la femme qui la porte » - Yves Saint Laurent
31. « Les hommes me disent que j’ai sauvé leur mariage. Cela leur coûte une fortune en chaussures, mais moins cher qu’un divorce » - Manolo Blahnik
32. « Les vêtements ne vont pas changer le monde, les femmes qui les portent, si » - Anne Klein
33. « Quand vous doutez, portez du rouge » - Bill Blass
34. « La mode est un langage de l’instant » - Miuccia Prada
35. « J’adore et j’admire tous ceux qui sont différents. J’aime ça. Le jet set est banal. Le bon goût est banal. L’excentricité est chic. Le bon goût paralyse. Mais la mode du punk ou de la rue ou un corps couvert de tatouage c’est intéressant pour moi et j’adore » - Jean-Paul Gaultier
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36. « Ne jamais dire jamais – dans la mode et dans la vie » -  Ashley Olsen
37. « La seule raison pour laquelle je suis dans la mode est de détruire le mot conformité » - Vivienne Westwood
38. « Il n’y a pas de mode si elle ne descend pas dans la rue » - Coco Chanel
39. «L’élégance est une question de personnalité plus que de vêtements » - Jean-Paul Gaultier
40. «Une belle robe, c’est une comédienne qui parle juste » - Sonia Rykiel
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41. « La mode se démode, l’allure est intemporelle » - Coco Chanel
42. « Les gens de la mode n’aiment que ce qu’ils ne comprennent pas. Alors il suffit de faire un truc incompréhensible et ils t’adorent » - Loïc Prigent
43. « La mode est ce que l'on porte. Ce qui est démodé, c'est ce que portent les autres » - Oscar Wilde
44. « Le style est une manière de dire qui vous êtes sans parler » - Rachel Zoe
45. « Le style sait qui vous êtes, ce que vous voulez dire, et ce dont vous vous fichez » - Orson Wells
46. « Effacez le négatif, accentuez le positif. » - Donna Karan
47. « C’est l’attitude qui fait tout. » - Diane von Furstenberg
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48. « Une femme doit être deux choses : classe et fabuleuse. » - Coco Chanel
49. « La mode est ce que vous offrent les créateurs quatre fois par an. Le style est ce que vous choisissez. » - Lauren Hutton
50. « La simplicité est l’ultime sophistication » - Léonard de Vinci
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«Je ne rendrai pas le vaccin obligatoire.»
(Emmanuel Macron, 24/11/2020)
La Verneinung se traduit le plus souvent en français par dénégation... L’exemple vient de Freud: lorsqu’un de ses analysants lui raconte un rêve et dit: "qui que soit cette femme dans mon rêve, ce n’est pas ma mère..." Freud en conclut que bien entendu il parle de sa mère. Dire en niant ne dit pas moins que dire en affirmant...
Comme remarque Lacan: «La Verneinung n’est que la pointe la plus affirmée de ce que je pourrais appeler "l’entre-dit", comme on dit l’entrevue.»
Notons également que le président parle au "je" : «Je ne rendrai pas le vaccin obligatoire.»
Le roi qui se prend pour le roi n’est il pas plus fou que le fou qui se prend pour le roi? Pour le psychanalyste, la normalité, c'est la psychose. Mais psychose et folie ne se recouvrent pas. Normal ça veut dire qu'il y a une norme, or il n'y a pas de norme sexuelle, et c'est bien pour ça qu'on passe son temps à inventer des normes sociales. La norme mâle... Névrose («je ne veux pas savoir»), psychose («je ne peux pas savoir») et perversion («je sais bien mais quand même») sont les trois structures de langage incorporé, nul sujet n’échappe à la structure.
NB: Le noyau psychotique est la norme, car c'est l’universel pour chaque sujet de ne pas pouvoir savoir...
Toujours dans la même allocution, Emmanuel Macron dit aussi: «Nos concitoyens ont besoin en effet d'avoir une vie, si je puis dire(...)»
Monseigneur est trop bon. Vraiment….
Tomber malade ou amoureux…
Toutes les gesticulations gouvernementales vides autour du covid (confinements, masques, couvre-feu, etc.) ont autant d’impact sur la propagation du virus que les danses tribales pour faire tomber la pluie... (En fin de compte, ce qui se sera passé en Suède en donnera la confirmation...)
Le véritable point saillant est toujours le rapport du sujet à la peur, la jouissance de la peur, l’instrumentalisation de la peur et son corrélât fantasmatique: l’illusion de la maîtrise.
Tomber malade n’est pas sans rapport avec tomber amoureux, cela n'arrive jamais pour des raisons "objectives", dans un premier temps, le sujet sent la maîtrise lui échapper, d’où l’impression de "tomber", et ensuite il (se) raconte une histoire pour tenter de "rationnaliser" ce qui aura échappé à la chaîne des causes et des effets...
Si je me questionne sur les "raisons" qui me font tomber amuoureux, j'ai beau énumérer ses qualités, je sais que ce n'est jamais "ça"... Ce qui m’aura attiré en l'autre, c'est un "je ne sais quoi" qui n'appartient pas à la série des raisons objectives, c'est peut être même l'index d'un défaut... Formellement, tomber amoureux a la structure d'une décision. Contrairement aux idées reçues, ce qui s'appelle à proprement parler "décision" est un acte qui pose rétroactivement ses raisons, le fameux "nachtrag" freudien que l’on retrouve dans la "performativité rétroactive du signifiant" chez Lacan...
C'est parce que suis déjà tombé amoureux (ou que j'ai toujours déjà décidé) qu'ensuite je me raconte des histoires pour essayer de rationnaliser (rendre "raisonnable") ce qui a effectivement échappé à la chaîne des causes et des effets, et qui se trouve dès lors marqué du sceau du Réel...
Dans "ce qui se passe", cela se passe sans que nous ayons l’impression d’y avoir été pour grand chose, ce n’est qu’après-coup que nous "reconstruisons l’histoire" pour essayer de donner du sens, un semblant de cohérence à notre existence, en produisant un récit plus ou moins convaincant qui nous donne l’illusion de maîtriser le cours de notre vie, alors que nous ne sommes le plus souvent que les observateurs passifs de ce qu’on appelle "le cours des choses" (ou "le destin"), raison pour laquelle nous passons notre temps à refouler l’inquiétude que notre radicale passivité génère en nous engageant dans toutes sortes de distractions, d’actions, de divertissements...
L’absence de maîtrise (et même de la moindre prise) dans ce qui se sera présenté à nous comme les événements les plus déterminants de notre vie nous apparaît si difficile à admettre qu’elle explique le succès de la posture de "victime" car elle offre une échappatoire au sentiment de culpabilité (si nous sommes coupables, cela veut dire que ce qui nous arrive aura dépendu de nous, donc nous aurions pu faire autrement et entreprendre de nous sauver nous-mêmes...)
L’impasse "culpabilité/victimisation" a été explorée par Kafka: d’un côté, dans la logique du Château, il n’existe aucun pardon pour les innocents (raison pour laquelle pour être entendu, tu dois d'abord trouver de quoi tu es coupable...), de l’autre: «...je ne prétends pas être un martyr. Ni même une victime de la société. Non, je ne suis pas une victime, je suis un membre de la société...» K. rejette le rôle de victime, il finit par déclarer que si l'on peut parler de conspiration (le "complotisme" d’aujourd’hui), c'est seulement dans la mesure où la fonction essentielle des gens du "pouvoir" est de persuader les sujets qu'ils sont les victimes de forces irrationnelles absurdes, que le monde est fou, dépourvu de sens et dangereux... Comment dès lors ne pas piger l’importance dans l’idéologie de la profusion et l’entretien des "informations" destinées à inquiéter les populations, en distillant la peur, en soufflant l’effroi, afin que le plus grand nombre possible de nos concitoyens soit maintenu en suggestion de victimisation (qui à tout prendre, puisqu’elle est "socialement reconnue" sera préférée aux affres de la culpabilité...)
Une psychanalyse menée jusqu’à son terme logique aura conclu à l’inconsistance de l’Autre, le grand Autre, avec un grand A, et il n’y a donc, pour le sujet qui en émerge, rien d’autre au monde qu’un objet petit a, conformément à l’écriture de son fantasme ($ <>a) par lequel il "voit le monde" — la psychanalyse, à l’instar du marxisme, n’étant pas une Weltanshauung. Le sujet s’y retrouve à assumer sa responsabilité, ce en quoi il échappe à l’impasse mortifère de l’alternative victimisation/culpabilité: être responsable cela veut simplement dire qu’il accepte de répondre de sa position de sujet, en tant qu’il est rejet de la chaîne signifiante: qu’on le veuille ou non, de notre position de sujet, nous sommes toujours responsable, ceci constitue le fondement indépassable de l’éthique psychanalytique, qui débouche et renouvelle la perspective formulée par Kant de la sortie de notre propre "minorité"...
En inventant la psychanalyse il y a plus d’un siècle, Freud nous interdit désormais de faire comme si nous ne savions pas que les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.
L’actualité du malaise dans la civilisation, c’est une époque malade comme jamais de la déliquescence du langage, et cette déréliction produit la vraie pollution, la pollution la plus toxique, la mère de toutes les pollutions.
Ce qui s’appelle Discours Capitaliste, dans l’acception lacanienne, ce n’est pas le discours tenu par des capitalistes, mais un effet de structure qui fait que le sujet croit qu’il est le maître des signifiants, et la langue en usage un simple instrument à sa disposition...
Nos sociétés occidentées soi-disant «progressistes et tolérantes» s’élèvent ainsi à des sommets de crétinerie autoflagellatoire jamais atteints historiquement...
Du temps des Grecs anciens, la «société» se mettait en scène pour les dieux, aujourd’hui elle se donne en spectacle à elle-même, dans une représentation permanente, répétant inlassablement dans les médias ou sur les réseaux dits sociaux le lexique et la syntaxe du discours dominant, s’imaginant qu’elle pourrait ainsi atteindre au «sourdre de la source» à partir de l'eau stagnante des égouts.
Le sujet du Discours Capitaliste qui croit s’opposer au capitalisme a autant conscience d’être pris dans un discours que le poisson a conscience de l’eau dans laquelle il baigne.
Se poser en s’opposant renforce ce à quoi on s’oppose.
La première révolution accessible au sujet est celle d’avoir osé faire un tour sur soi-même, à savoir le tour complet des quatre discours, aller et retour, afin de prendre en lui-même l’immarcescible sujet de l’énonciation dans ses propres énoncés.
Cela s’annonce avec le Discours de l’Analyste.
Comment la considération politique aujourd'hui pourrait-elle faire l’impasse sur ce qui, dans son acception stricte lacanienne, se définit d’être le Discours de l'Analyste?
Le Discours de l'Analyste ce n’est pas le discours tenu par les psychanalystes (rares parmi ceux qui se disent «psychanalyste» sont à la hauteur de ses exigences) c'est au contraire le Discours qui, en tant que structure interdéfinie avec les trois autres Discours (plus un), soutient le destin des quelques uns qui ont choisi de se mettre délibérément à son service ; le Discours de l’Analyste c’est avant tout le lien social déterminé par la pratique d’une analyse.
Pour que ce lien social ait été mis à jour, encore aura-t-il fallu que l'objectif de la cure ait été atteint, autrement dit la dissociation de a et A ait été correctement menée, car si cette «séparation» n'a pas eu lieu (étape logique succédant à l'aliénation) l'Autre continue de fonctionner comme un grand Autre non castré, non barré, entier, représentant absolu du domaine de la nécessité, qui contient sa propre raison, alors que l'opération qui sépare l'Autre de sa cause, place cette cause à la fois hors de la sphère du sujet, et hors de la sphère de l'Autre, c'est à dire au point de leur impossible intersection.
Le Discours de l'Analyste est ainsi le seul Discours qui permette au sujet, qui s’y prend délibérément, d’assumer sa division constitutive, tout en déterminant sa confrontation au Réel, à laquelle il est forcément convoqué puisqu’il en est partie prenante.
Le Discours de l’Analyste non seulement permet de rendre compte que de notre position de sujet, nous sommes toujours responsables, mais la position du psychanalyste ne laisse pas d'échappatoire puisqu'elle exclut la tendresse de la Belle Âme, comme elle exclut toute prétention à l’objectivité pure.
Le Discours de l'Analyste ne commande pas, et en ceci il est déjà l'envers du Discours du Maître, il ne commande ni ne recommande, ce qui permet de se dégager des sempiternelles pulsions de soumission et de domination, de séduction et de manipulation, une prise de distance avec l'Autre qui - grâce à un «jeu des places», où la place vide se différencie de ce qui l'occupe, sujet ou objet - offre la promesse d'un lien social authentique renouvelé, basé sur la parole qui engage, l'autre (qui est là) ayant pris le pas sur l'Autre (qui n’existe pas).
Lacan parle de sortie du Discours Capitaliste, ce qui ne signifie pas encore la sortie du capitalisme.
Raison pour laquelle il ne manque d’ajouter: «Plus on est de saints, plus on rit, c'est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, — ce qui ne constituera pas un progrès, si c'est seulement pour certains...» (Télévision)
Se mettre au service du Discours de l’Analyste implique pour nous que d'une part nous ayons compris que nous n'avons pas d'autre rayon d'action véritable et réel que d’intervenir sur les Discours, la psychanalyse étant une clinique du discours et un Discours, et d'autre part que nous refusons de végéter sur le «mode survie» – la survie utilitaro-hédoniste, pauvre en événements, principale préoccupation de beaucoup de nos contemporains: "un peu de poison par-ci par-là: cela donne des rêves agréables. Et beaucoup de poisons pour finir: cela donne une mort agréable. On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit, mais l'on révère la santé. Nous avons inventé le bonheur, disent les derniers hommes, et ils clignent de l'œil." (Also sprach Z.)
Nous rejetons donc radicalement l'idéologie libérale de la victimisation, laquelle réduit la politique à un programme d'évitement du pire, au renoncement à tout projet positif et à la poursuite de l'option la moins mauvaise – car nous ne sommes pas sans savoir que, comme Arthur Feldmann, un écrivain juif viennois, l'a amèrement noté, "notre survie se paie généralement au prix de notre vie."
La survie vaut-elle le coup d’être survécue?
Aimer, c’est changer de discours.
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ltalaynareor · 4 days
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Le poème
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Dans les jardins luxuriants du palais de Jérusalem, Baudouin contemplait tristement la magnifique Alix de Tripoli, l'amie de toujours et amour de sa vie. Ils avaient grandi ensemble, partageant des secrets, des rires et des larmes. Mais le temps était compté pour le jeune roi, sa maladie dévorait peu à peu son corps.
Son cœur lourd, il prit une plume et un parchemin, et commença à écrire un poème pour exprimer son amour pour Alix, l'héritière du comté de Tripoli. Les mots coulaient de sa plume avec une facilité étonnante, son amour pour elle lui donnant une force insoupçonnée. Il décrivait sa beauté, sa grâce, sa gentillesse, tout ce qui faisait d'elle la femme parfaite à ses yeux.
Au loin, Alix observait silencieusement Baudouin, le cœur serré par la peine de le voir souffrir. Elle avait toujours su qu'il était son âme sœur, mais le destin cruel les avait séparés par la maladie. Elle se souvenait de leurs jeux d'enfants, de leurs rires insouciants, de leurs rêves de jeunesse.
Puis, quand Baudouin eut fini son poème, il appela Alix à lui. Elle s'approcha lentement, le regard empli de tendresse et de tristesse. Il lui tendit le parchemin, les yeux brillants de larmes.
"Alix, ma douce Alix, je t'écris ces mots pour te dire combien je t'aime, combien tu as illuminé ma vie. Je sais que mon temps est compté, mais sache que mon amour pour toi ne mourra jamais. Peu importe où je serai, je veillerai sur toi."
Les larmes coulaient sur les joues d'Alix alors qu'elle lisait le poème, son cœur se serrant d'une douleur indicible. Elle savait que bientôt, Baudouin la quitterait pour toujours, emporté par la maladie. Mais elle était reconnaissante d'avoir partagé son existence, d'avoir connu un amour aussi pur et profond.
Baudouin prit alors la main d'Alix dans la sienne, lui offrant un faible sourire. "Ne pleure pas, ma chère Alix. Sois forte, et continue à briller comme tu l'as toujours fait. Je serai toujours à tes côtés, dans ton cœur et dans tes souvenirs."
Ils s'étreignirent alors, se perdant dans un moment de tendresse et de tristesse. Le destin avait peut-être été cruel avec eux, mais leur amour resterait éternel, gravé dans le marbre de l'histoire.
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selidren · 3 months
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Automne 1921 - Champs-les-Sims
9/10
Et il ne faut d'ailleurs pas oublier que cette femme a élevé des enfants remarquables pourvus d'une grande intelligence et très entreprenants. J'ai eu la chance de rencontrer Hélène, la cadette de la fratrie et dernière fille de Madame Eugénie, qui est entrée dans les ordres à vingt ans et qui s'est élevée au sommet de sa congrégation en moins de deux décennies. Elle ressemble à s'y méprendre à sa mère et il lui suffit de prononcer un mot pour comprendre que l'on a affaire à une femme brillante. De ce que j'en sais, Lucrèce était donc d'une volonté inébranlable, tout comme son frère jumeau Maximilien dont je pense que vous connaissez les mérites aussi bien que moi. Marc-Antoine ne tarit pas d'éloges à son sujet dans ses lettres, où il m'explique qu'il rêve de devenir comme lui. Constantin m'a confié qu'il n'approuve pas cette admiration sans bornes, mais qu'il ne veut pas non plus décevoir son fils en lui avouant que son grand-père était un homme à l'intelligence redoutable, mais aux tendances manipulatrices tout aussi redoutables. Je suis toujours ébahie de voir à quel point Constantin a fait facilement le deuil de son père alors que celui de sa mère n'est toujours pas possible. Maximilien Le Bris est sans doute celui de cette fratrie que je connais le mieux, que ce soit par Constantin et Adelphe, qui dressent de lui le portrait d'un patriarche d'une volonté de fer et ayant à coeur le bien de sa famille, mais qui pouvait se montrer également insensible et impitoyable.
Transcription :
Eugénie « Quand j’ai épousé André, j’étais jeune et pétrie d’amour, je n’avais même pas vingt ans. Il m’a fallut des années pour me rendre compte que cela était un mensonge et que seul mon argent l’intéressait. Puis sont venues mes filles. Lazarine est morte parce qu’elle n’a jamais pu mener la vie qu’elle voulait. Lucrèce… oh ma chère Lucrèce, je n’ai jamais su ce qui lui était arrivée, mais la maladie l’a enchaînée à nous à jamais. J’ai enfermée ma petite Daphné dans un mariage sans amour dont seul sa simplicité l’a préservée… Et je t’ai déjà parlé d’Hélène. Pour une femme, les choix sont limités, même de ce temps nouveau. Nous avions toutes des rêves, des aspirations, des envies de grandeur. Et combien de destin broyés que je ne t’ai pas narré... »
Arsinoé « Et Tante Rose ? »
Eugénie « J’ai eu tort de la brider, car elle seule a réussi à accomplir ce à quoi elle aspirait et pourtant… Depuis que son Zéphir est mort (paix à son âme), elle n’est plus que l’ombre d’elle même… Tes sœurs sont uniques, elles trouveront leur voie, mais elles s’engagent sur des chemins où je ne peux les seconder. Toi, tu pourras être la première à enfin compter et à briller en pleine lumière. »
Eugénie « Ecoute moi bien, je t’en prie. Tu as vu les efforts que j’ai déployé pour que tu puisse t’emparer de tout cela. Dès que je t’ai vue, je me suis jurée de te donner tout ce que tes tantes et tes grandes-tantes n’ont pas pu avoir. J’ai tout fait pour te préparer, je ferai encore tout ce que je peux pour t’aider à réaliser cet objectif. »
Arsinoé « Mais… et si je veux autre chose ? »
Eugénie « C’est de toi même que tu es allé te placer sous la tutelle d’Adelphe n’est-ce pas ? Il est donc assez évident de deviner ce que tu veux. »
Arsinoé « Comment pouviez vous en être sure ? »
Eugénie « Car toute mon éducation t’y a conduite. Et aujourd’hui, tu y es. Tout le monde ne cesse de me dire du bien de toi : tu es belle, brillante, investie et responsable. Je n’aurai pu rêver mieux. »
Arsinoé « Ce que vous me dites, c’est que tout était écrit à l’avance pour moi. Ou plutôt que vous avez écrit le roman de ma vie avant même que je sache parler ou marcher. Ai-je déjà eu le choix ? »
Eugénie « Tu as toujours eu le choix. Et grâce à moi, tu as fait les bons à chaque fois. »
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epopoiia-leblog · 3 months
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Trois grains de riz
Il était une fois trois grains de riz. Dans un bol, tout au fond, c’est tout ce qui lui reste. Pour lui, sa femme, son bébé, et rien d’autre pour se nourrir. Rien d’autre pour vivre. Sur la ferraille, leur lit, sa femme dort. Elle essaie. À côté, le voisin n’en finit plus de crier. Colère et indignation. Lui aussi vient de se faire licencier. Leur faute à tous les deux ? Dans la rue, leur révolte portée à nue. Ils sont descendus, ensemble, avec leurs camarades, avec les autres ouvriers de l’usine, pour demander un salaire plus équitable, un salaire plus humain. Justice et dignité, voilà ce qu’ils désirent. Nobles revendications estimaient-ils. Pour leur patron, ce fut la porte. Prix à payer de celui qui ne sait pas rester à sa place. Mais comment faire à présent ? Comment faire sans argent, sans ressources, seul avec ces trois grains de riz ? Minuscules et ridicules semences perdues au fond d’un bol, ébréché lui aussi. Les contes nous racontent que quelques graines extraordinaires savent déjouer les pièges des géants, quand la vie leur répond qu’il n’est pas bon de croire à toutes ces fantaisies. Lui n’y croit déjà plus, mais le sourire de son enfant, cette magie -là, il peut encore la voir. Dans la nuit, dans le noir, après le chaos du jour, sur les lèvres du bébé, des rêves paisibles s’annoncent, protègent encore un peu l’innocence de celui qui, son père l’espère, ne connaîtra pas une telle misère.
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Texte inspiré de la révolte au Bangladesh des ouvriers du textile pour un salaire digne.
Articles de référence : https://www.google.com/url?q=https://fr.fashionnetwork.com/news/Au-bangladesh-le-combat-des-ouvriers-du-textile-pour-un-salaire-digne,1589119.html?nl%3D259341%26uc%3D3963081&sa=D&source=docs&ust=1708416516318329&usg=AOvVaw2BPKuqbchzRd0-96ljVeLh
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VIRTUELLEMENT SENSIBLE...
Le virtuel peut ronger de l’intérieur. Il peut tuer à petit feu...
Sur la toile, on aime, on se « like » mutuellement, on se découvre... On s'aime et on se tue petit à petit... On exprime nos rêves, nos envies, nos angoisses, nos peurs... Mais isolés dans notre sphère réelle, on se retrouve seul !
Pas de réconfort, pas de regard tendre, ni de caresses. Il n'y a que les mots et leurs immenses pouvoirs. Les mots et les maux...
Face à nous mêmes, il n'y a que notre propre reflet dans ce miroir. Usés, fatigués par tant d'épreuves. Je suis las de tant de combats, les cernes se dessinent sur mon visage.
'' Je voudrais, j'aurais aimé '', ce sont des mots que nous écrivons tous. Sur cette toile, nous vidons ce que nous avons sur le cœur. Mais en déversant sur le web nos surplus de sentiments, nous oublions que nous éclaboussons les autres de nos ondes positives, négatives, de notre énergie.
Ces autres, ces « amis » si virtuels qu'ils soient que l'on voudrait rencontrer ou réconforter... Ils n'existent pas dans nos vies, mais ont une place dans nos cœurs... Ils sont là, on ne les réconforte pas comme on le voudrait, mais par la magie de nos échanges, on arrive un petit peu à améliorer leurs quotidiens !
Le désir d'établir des contacts est ancré dans la nature humaine. L'attirance est le fruit de notre chimie interne. Nous produisons des hormones qui créent l'intimité. Nous créons des ponts neuronaux qui relient, d'un cerveau à l'autre, d'un cœur à l'autre. Une fois formés, ces liens ne peuvent être rompus.
Nos cerveaux, nos systèmes nerveux tout entier sont conçus pour que nous tissions des liens profonds et durables... Briser ces connexions peut avoir de terribles conséquences...
Chaque jour, par nos partages, on arrive à dire à l'autre, qu'il soit proche ou qu'il soit loin : « Je suis là ! Et je pense à toi ! » « Ne lâche pas ! Tiens bon, courage, Je t'aime ! »
Mais le virtuel, possède également le pouvoir d'éloigner les cœurs... Un mot de plus, ou peut-être un mot de trop et c'est toute une phrase qui peut être lue dans un autre sens que celui que le cœur voulait exprimer, quiproquos, amalgames...
Tout s'enchaîne, tout doit aller vite, de plus en plus vite, nous ne prenons même plus le temps de vivre, à l'image de cette société aux profonds abîmes, aux valeurs oubliées. Et qui nous a conditionnés à ne plus penser par nous mêmes, qui nous a enseigné à privilégier le fast food émotionnel, l'avoir ayant pris le pas sur l'être, la surconsommation n'ayant d'égale que le paraître...
Alors le cœur triste et gros, le lien même par l'intangibilité du virtuel se brise. On clique sur le fatidique « supprimer » ! Mais même si virtuel qu'il soit, un lien du cœur reste égale à lui-même.
Le cœur n'arrive pas à faire la différence entre le réel et ce qu'il n'est pas. C'est l'aspect basique de l'humain...
Parfois, je sais que je suis perchée haut, que je peux sembler si solitaire ou provenir d'une autre planète. Je suis comme je suis, pragmatique, entière, authentique, unique et sincère.
Quand j'écris, je n'ai pas cette censure qui provient très souvent de la peur de ce que peuvent penser les autres. Mes mots sont « brut de cœur », sans artifice... Sans arrière pensée.
Mes mots ne sont que des mots qui proviennent du fond du cœur, avec une authenticité et une entièreté sans égales. Je sais que nous sommes loin, que peut-être, nous ne nous connaîtrons jamais.
Cependant si tu lis ces quelques mots amis Tumblr..MeWe..Facebook ou ami « liker »... Sache que je pense à toi... Que j'essaye à chaque instant d'avoir le cœur comme une jolie fleur, de m'ouvrir à ce monde si froid et à la fois si envoûtant mais il y a des moments qui me rappellent que je ne suis qu'une femme faite de chair et de sang, aussi imparfaite soit-elle.
Je ne suis pas parfaite, je n'aspire pas à le devenir, loin de là... Et heureusement !!!
Le virtuel ne dispense pas d'être vrai et authentique. Du virtuel... Au réel, Quand les mots touchent, au delà des touches...  
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enoramenguy · 10 months
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La Mère des Cendres
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« Tu vois que je ne suis pas morte. Il y avait un grand arbre ; il s’était battu contre le Feu, et il avait perdu. Il était couché par terre, et le Feu avait laissé des abeilles rouges qui le mangeaient. Je me suis approchée parce que c’était joli. À ton tour, ne t’approche pas de moi. Cela pourrait t’être fatal, et je pense que ces derniers mois t’ont en fait prendre conscience.
Tu vois que je ne suis pas morte. J’ai trop dépéri en ma couche ; l’appel du grand air et du Feu était plus fort. Six mois dans ce lit, entre ces quatre murs, avec pour seule compagnie une Bible, dont les pages me murmuraient, depuis la table de chevet, le souvenir de ma folie. Avec, pour seule conviction que le monde extérieur existait encore, la vue sur ce bel arbre, autrefois luxuriant, autrefois vert, maintenant noir.
Tu vois que je ne suis pas morte. Je sais que tout ce que tu voulais était mon bien. Qu’en m’attachant les poignets au montant du lit, à l’aide de lambeaux de tissus, tu pensais que tu pourrais me contrôler et épargner d’autres vies.
Tu vois que je ne suis pas morte. En m’abandonnant à mon sort tu pensais que je le serais enfin. Ce qui m’a tenue éveillée, ce sont ses cris. Ses pleurs me hurlant que je l’avais trahi, moi, dont le rôle premier était de le protéger. Parfois ses gémissements me réveillaient de ma torpeur, et ce moment entre le rêve et le réveil me faisait croire qu’il était toujours là, et qu’il avait besoin de mon sein. Ses cris résonnaient dans la pièce, comme si son berceau était toujours à sa place, près de la fenêtre aux rideaux rouges. Tout comme ce jour fastidieux où je l’ai pris dans mes bras. Tout comme ce jour où, lui aussi, a fondu dans les flammes. L’odeur n’était pas aussi enivrante que celle de l’arbre. Ce relent insupportable est témoin qu’un nouveau-né n’est pas censé prendre feu ; un arbre, parfois, si.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais je ne t’en veux pas de l’avoir souhaité. Je ne t’en veux pas d’avoir abandonné. Après tout, je n’ai pas emporté mon fils, j’ai emporté notre fils.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais peut-être devrais-je l’être ? Peut-être que Maman aurait-dû m’étouffer dès qu’elle m’eus mit au monde. Peut-être que, jetant un coup d’œil à la cicatrice rougeâtre qu’il lui restait sur le bras, dernier souvenir qu’elle avait de sa propre mère avant qu’elle ne s’immole, elle aurait sû que c’était la meilleure chose à faire. Peut-être espéra-t-elle que je n’avais pas hérité de ce fléau générationnel. Mais, quand à mes treize ans, la robe de ma camarade de classe pris soudainement feu, après qu’elle eut tiré sur mes nattes, j’imagine qu’elle comprit.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais peut-être, qu’intérieurement, je le suis déjà depuis longtemps. Fantôme pyromane, sorcière incontrôlable, fille des flammes de l’Enfer. Te rencontrer fût ce qui me ranima soudainement. A l’école déjà, tu étais le seul qui ne me fuyait pas. Tu m’avoua même que je te fascinais. Grâce à ta douceur, jamais je ne laissai une seule flamme sur ta peau, mais toi, tu en allumas une en mon cœur. Je me souviendrai toujours de nos exercices dans la forêt, où tu m’appris à contrôler ma colère, mes émotions, où je pu enflammer quelques brindilles, avec mon esprit, comme thérapie.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais, même si tu m’avais ressuscitée, et avais fait de moi ta femme, et même si tu m’avais toujours défendue et cachée des regard suspicieux, et n’avais jamais eu peur de ma monstruosité, je mourus à nouveaux, en même temps que notre enfant.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais lui, si. Trop tôt. Nous fûmes peut-être naïfs de penser que mon pouvoir était enfin sous contrôle. Mais, essaies de me comprendre. L’accouchement fût difficile. J’aurais préféré mourir en couche. « Souviens-toi que tu es née cendre et que tu redeviendras cendre. ». Le bébé ne cessait de pleurer, je ne dormais plus. Je me souvenais de tout ce que tu m’avais appris et essayais de garder mon calme. Mais il attrapa une mauvaise grippe, et ses hurlements me scindaient le cœur en deux. Il y avait comme un joueur de tambour dans ma tête et je nageais dans ma sueur. Je sentais que l’infection revenait. Mais tu n’étais pas là, ce jour-là. Tu étais partis au village, espérant trouver de quoi soigner l’enfant. Je ne pouvais plus supporter de l’entendre crier. Sa gorge devait s’enflammer. Alors, je me levais du lit et le pris dans mes bras ; ce qui ne le calma pas. Prise de désespoir, la chair de ma chair pris feu sous mon joug. Ce fût, de nouveau, incontrôlable. Je ne pouvais le lâcher, et tu ne retrouvas qu’un petit corps calciné dans mes bras, à vif, recouverts de cloques.
Tu vois que je ne suis pas morte. Cela grâce à ton amour et ta compréhension sans faille. Je t’en veux de ne pas m’avoir jamais blâmée, je t’en veux d’être tombée amoureux d’un danger vagabond. Je t’en veux de m’avoir donné l’espoir que je pouvais briser la tradition et vivre une vie normale, loin de toute émotion négative, sous contrôle de moi-même. Je t’en veux d’avoir essayé de ne jamais penser que cela n’était pas de ma faute, puisque je ne l’avais pas souhaité. Mais je comprends que tu ne pu jouer le jeu du déni plus longtemps.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais, maintenant que nous n’avons plus de progéniture, laisse moi briser la chaîne ; laisse moi être le Feu. Laisse le Feu m’emporter. Et ne laisse plus jamais le Feu t’atteindre. J’espère juste que, quand tu te réchaufferas près de l’âtre, avec tes futurs enfants et ta future femme, tu penseras à moi. Je te dois la vie, mais maintenant je me dois la mort. C’est en regardant l’arbre par la fenêtre que je compris quel était mon destin. Je cru entendre ses feuilles gazouiller comme un nourrisson, et alors que des larmes recouvraient mes joues, l’arbre s’enflamma. Il se battu longtemps, mais il n’avait aucune chance de gagner. Comme mon bébé. Mes liens prirent feu également, et je pu m’évader vers l’arbre vaincu. Non, ne pleure pas, ne t’excuse pas. Dès lors, quand tu admireras les flammes dansantes, tu verras que je ne suis pas morte. »
Enora Menguy
Suite inventée à partir de l'incipit de Le premier amour (1974) de Marcel Pagnol
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stories-of-c · 3 months
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T.
Tout s’est bien passé, mes craintes ne se sont pas réalisées mais j’ai été héritière et rentière de mes souvenirs du passé pendant quelques temps. Je crois que ça fait 8 ans qu’on se connaît avec Thomas maintenant. Je crois qu’il est important dans la vie de se détacher de ses fantasmes, des souvenirs qui nous hantent et que l’on nourrit d’une quelconque façon. Il est temps de vivre dans une temporalité qui nous est propre. Je crois que le revoir ça a permis de confronter ou de faire rencontrer les deux femmes que j’ai pu être. Celle de ma première vie - avec l’actuelle, celle de ma troisième vie.
Je crois qu’on avait peur de se retrouver (le on c’est le moi d’avant et le moi du maintenant).
J’ai senti. Terriblement. Tu t’imagines pas comment. Je me suis sentie différente. Il a senti aussi - il en était un peu fasciné. Lui n’était pas différent. Peut être plus intense. Il était très intense.
Je crois que méthodiquement et analytiquement au fil du temps et au fil de ma vie, je me teste et je teste les choses qui m’animent et qui m’abiment. Je crois que c’est mon processus. Celui de deconstruction et de construction permanent. Comme si c’était une ligne de code infinie qui permettait de chercher en permanence - « le meilleur » / « la meilleure » façon de faire / façon de penser / façon de comprendre / façon de vivre - parmi l’infini des possibles
Alors je détruis mes souvenirs. Parce que quoi ? Parce que finalement c’est aujourd’hui le « ici et le maintenant ». Les rêves éternels ne sont que des cauchemars maquillés.
Et puis Louise est venue me chercher à la gare. Bil est arrivé et on s’est fait un câlin de ouf avant de commencer la journée. Avec Bil et Louise, la vie s’arrête, on met pause et on se sert des tranches de rires sur des tranches de rires. On a passé un moment fabuleux. J’ai eu un pincement au cœur lorsque je suis montée sur le château de Caen. J’ai hâte d’être indifférente à cette ville et à ce passé - à ne plus la détester. J’ai si hâte.
J’ai rencontré le frère de Louise. Cette histoire est assez particulière. L’année dernière le frère de Louise s’est pendu. Elle était venue à Paris, on avait beaucoup parlé du suicide et du « après la première vie, ça marche comment ? Comment tu as fait toi pour survivre ? Comment tu as fait pour re fleurir ? » Il a le visage pâle, livide, gris, des yeux noirs qui portent le chaos du monde et la voix étouffé. Pendant son intubation ils lui ont détruit les cordes vocales. Ça lui donne une voix de fantôme. Il est doux, triste et très très drôle. Est ce que c’est comme ça qu’on se maquille ? En rigolant et en amusant les autres ?
Je crois et je me suis fait cette remarque en le regardant. Je pense qu’Emilien passera sa vie du moins une grosse partie de ses prochaines années à se faire hanter par son passé. Rien ne l’aide dans son jardin actuel. Ça me glace le sang. Pourquoi ? Parce que je l’ai senti trop fort. Son entourage banalise et automatise certaines choses - un quotidien, un espoir, une bienveillance - tout ça ça le fait crever de l’intérieur. À un moment, lorsque je réalisais ça - j’ai comme « dissocié » dans mon coin sans gêner personne - il m’a senti et me parlait avec les yeux a distance sans que personne ne remarque.
Je crois que le rencontrer ça m’a ramené à ce sentiment amer - celui du chaos et du vide ultime - que personne ne sent plus que nous. Celui qui pue la mort de l’intérieur que c’est presque insupportable de rester là sur place. Celui qui nous sert la gorge et qui nous tache le corps de l’intérieur.
Et puis je me rends compte de la fatalité des choses - qu’on est tous des sombres putes dans un monde de chiennes soumises. Qu’il s’agit de choisir son troupeau. Celui avec lequel on s’endort en boule peau contre peau et celui qui veille sur nous quand la vie nous fait défaut. Et puis je me rends compte, qu’aujourd’hui - il s’agit de vivre. C. 06.24
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swedesinstockholm · 10 months
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12 novembre
j'ai du m'arracher à mes collages sur photoshop pour aller dormir ce soir. ça me rassure de pouvoir éprouver autant de plaisir à faire quelque chose. écouter de la musique aussi me procure du plaisir x1000. ce matin après avoir déjeuné je suis remontée dans ma chambre et j'ai écouté les trois premiers albums de muse par ordre décroissant assise sur mon lit. quand maman est rentrée dans ma chambre en disant qu'est-ce que tu fais là? j'avais l'impression d'avoir douze ans et d'écouter avril lavigne sur mon lecteur cd assise en tailleur sur la moquette. je me suis rendu compte à quel point muse me réconfortaient encore, presque vingt ans après, en les écoutant bien fort, ils restent un refuge. tellement d'anniversaires à fêter l'année prochaine. vingt ans de muse, vingt ans du journal, vingt ans de ma non tumeur à l'oeil. j'espère que ça va mettre en branle des forces géologiques ou des forces cosmiques ou n'importe quelles forces qui me feront sortir d'ici.
l'autre jour j'ai regardé un film sur une femme de 63 ans qui a traversé la mer à la nage entre cuba et la floride, après avoir échoué à 28, 60, 61 et 62 ans, et puis le même jour j'ai appris que jenna lyons avait embrassé une femme pour la première fois à 42 ans AND LOOK AT HER NOW, icône lesbienne en couple avec cass bird. je vais essayer d'aborder mon anniversaire avec ces deux histoires en tête.
14 novembre
j'ai fait un rêve tellement long ce matin que j'ai l'impression de m'être perdue en chemin. de m'être perdue moi je veux dire. je me suis réveillée à 11h14, je sais pas si c'est normal. tout d'un coup à la veille de mes 33 ans mon corps me dit que je suis pas SI vieille que ça et que je suis encore tout à fait capable de faire des grasses matinées. à part ça on est mardi et je me tiens absolument pas à ma nouvelle routine que j'étais censée instaurer mais c'est pas grave parce que c'est la semaine de mon anniversaire et j'ai décidé de me laisser luxurier dans mon luxe mon luxe absolu de pouvoir hiberner et me lever à 11h14 parce que c'est ce que mon corps réclame, mon luxe de pouvoir décider de ne pas sortir dehors sous la pluie et la tempête sans fin et de commencer ma journée doucement en répondant aux messages de r. de m. et d f. qui visiblement ne m'en veut pas pour dimanche soir parce qu'elle est intelligente et qu'elle doit avoir compris que c'était mon cerveau dysfonctionnel à l'oeuvre. je me suis laissée faire des collages photo tout l'après-midi, même si j'ai rien produit de grandiose.
15 novembre
9h50, je fais des progrès. j'ai lu jusqu'à 2h11, j'ai temporairement laissé tomber le livre académique très sec sur violette leduc et le temps de l'autobiographie pour lire the cost of living de deborah levy et j'aurais pu lire toute la nuit, mais ne pas dormir me fait peur. ça s'écarte trop de l'ordre quotidien des choses. la nuit c'est fait pour dormir. j'ai passé la matinée à lire et je pensais à la femme au mascara bleu électrique avec qui j'avais discuté sur le trottoir devant la bellone qui m'avait dit qu'elle considérait le temps qu'elle passait à lire comme du temps consacré à son travail d'écrivaine. je me demande si je suis trop jeune pour écrire un livre dans le style de the cost of living ou si maintenant que j'ai presque 33 ans ça va, j'ai l'âge.
16 novembre
10h24, mes progrès reculent. hier soir j'ai vu que la chambre de c.b. dans la coloc à bruxelles était toujours libre et j'ai été prise de panique, d'un sentiment d'urgence, d'urgence absolue c'est maintenant ou jamais lara si je veux m'échapper du marasme qu'est mon quotidien de la maison avec maman, tout luxueux et confortable soit-il, et commencer une nouvelle vie avec du mouvement et de la stimulation et des relations sociales et des responsabilités et des obligations et du fun et du partage. mais au lieu de lui écrire j'ai entrepris une exploration approfondie du tumblr d'une des colocataires parce que son pseudo me disait quelque chose, j'ai remonté ses archives jusqu'en 2011 et j'ai trouvé des posts à moi, je suis sûre qu'elle faisait partie de la blogo mais je me rappelle plus de qui c'était. j'ai peur de leur écrire et de leur dire que je débarque à bruxelles sans travail sans revenus et sans perspectives avec un cv bancal et une forte instabilité mentale, mais si je commence à raisonner comme ça je bougerai jamais.
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