#et j'ai pas du tout aimé
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a-room-of-my-own · 2 years ago
Note
https://youtu.be/mlRK-DtcqC0
J'ai immédiatement pensé à toi 🕵️‍♀️👻
Mais j'adore 😂😂 le pire c'est que c'est vrai !
Avec des copines on rigole sur l'émission de Tyler Henry sur Netflix et la blague c'est que je devrais faire pareil. Et à chaque fois je suis le mec de la vidéo personnifié.
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lilias42 · 1 year ago
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Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir…”
Bon, retour à l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle était censée être courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste après les derniers évènements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur côté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont très clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espère que ça te plaira !
Lachésis fit craquer sa nuque sur sa monture, épuisée alors que le soleil se couchait derrière Fhirdiad. Sa sœur et elle avaient passé des semaines à courir dans tout le domaine royal pour récupérer les ordinaires, et elles avaient dû arracher les sommes réclamées pièce de cuivre par pièce de cuivre !
« Déesse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous étions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait été terni à jamais… encore plus chez les nobles qui ne veulent même pas mettre la main à la bourse… râla Thècle, épuisée. Et Déesse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gèrent mieux leur argent de poche, marmonna Lachésis. Pour les baillis qui ont été nommé par Sa Majesté Ludovic ou quand Nitsa était encore là pour éviter les catastrophes, pas de problème, c’était propre, mais pour ceux nommés par Lambert, je préfère éviter de commenter de peur d’être impolie.
– C’était gérer avec les pieds oui… Nitsa serait morte de honte… comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donné Héléna en mariage à Lambert, c’était comme donner de la confiture à un cochon, sauf que le cochon à l’excuse d’être un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander à Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon côté, c’était surtout grâce à l’année à Garreg Mach où ils se sont beaucoup rapprochés… et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, même elle commençait à se détacher… elle lui a même interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire…
– Ça aurait été mieux si Sa Majesté Ludovic avait pu mettre en œuvre son idée de monarchie élective… et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tête d’ahuri…
– Tout ce qu’il méritait si tu veux mon avis. Il l’a épuisée jusqu’à l’os, » gronda l’ainée, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sœur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mèche. « Nitsa avait toujours eu la santé de maman… je m’en souviens, elle n’était jamais tombée malade… pas une seule fois… mais quand elle s’est mariée… je ne sais pas, c’était comme si Lambert était un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité… elle était épuisée et affaiblie tout le temps… enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari à faire car, elle devait toujours passé derrière lui…
– Quand on sait ça, ce n’est pas étonnant qu’elle ait eu autant de mal à mettre le petit prince au monde… elle qui voulait tant avoir un enfant…
– Et encore, il ne serait peut-être jamais né si Dame Félicia n’avait pas été aussi prévenante avec elle et Sa Majesté Ludovic aussi soucieux d’elle… enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement à Fhirdiad… les ramena à la réalité Lachésis.
– Je m’étais contenté de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dû le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! Râla Thècle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude et continue à s’enfoncer, grogna l’ainée de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir à coup de pied au cul à ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences à devenir grossière, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe à la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont évoluées à la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tôt.
– Hum… tu as raison, faisons ça, » accepta Lachésis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sœurs se turent en entrant à la capitale, se faisant discrètes, même si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptèrent très vite de ne pas les annoncer – même trop vite – et les encouragèrent plutôt à aller à la taverne dit du père Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller là-bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait été levé en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passé ici ! C’est juste à peine croyable ! »
Les deux sœurs esquivèrent son insistance en jurant qu’elles allaient y réfléchir, même si elles se méfiaient de cette proposition. Vu les antécédents de Rufus, cela pouvait être un guet-apens… mais d’un autre côté, cette taverne était très fréquentée par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriétaire serait fiable alors, peut-être… elles iraient peut-être avec quelques gardes… surtout qu’elles savaient se défendre, en particulier dans des espaces confinés… et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien à perdre à connaitre l’avis des habitants…
Les rues étaient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les égouts et transformaient la chaussée en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries étaient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargés de les chasser, même s’ils manquaient très clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces étaient émaciées, creusées par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure après tout ce qui s’était passé ces dernières semaines… le terrain parfait pour le développement d’une épidémie…
« Un seul malade… un seul… et la peste est de retour… c’est pas vrai ! Enragea Lachésis. On avait dit et répété que la somme qu’on laissait à l’entretien des égouts ne devaient pas être utiliser pour autre chose ! On court à la catastrophe ! »
Les deux sœurs passèrent sur la place principale pour voir si rien n’y était placardé, n’espérant même plus que Rufus n’y fasse pas étalage de sa cruauté et de son incompétence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste à côté du gibet où se balançait un corps balloté par le vent, se décomposant déjà. Il aurait dû être dans une fosse commune depuis longtemps… même pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en était un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubrité public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient à côté… et à la lecture du placard, cela les étonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet… Déesse, Rufus était allé jusqu’à ressortir la réglementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une véritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus… et si…
« On y va ce soir ? Proposa Thècle.
– Ça me semble plus que nécessaire… » marmonna Lachésis.
S’équipant tout de même d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides à mettre, les deux sœurs se rendirent à la taverne du père Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement était plein à craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, même si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient à portée de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar où se trouvait le patron de l’établissement, le hélant sans hésiter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura Lachésis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer à Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vérité alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum… je sais pas, il a pas mal toussé… et imagine si…
– Non, c’est bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles… et l’air ambiant en ville ne m’aide pas…
Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arrière-boutique, enveloppé dans une couverture mais, la main qui la tenait était couverte d’encre. Au nom de la Déesse… c’était fou à quel point il pouvait ressembler à Sa Majesté Ludovic dans sa jeunesse ! Lachésis était petite à l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle était sûr que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi à cette époque… le père Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prévenant avec inquiétude.
– Fait tout de même attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble être encore plus mauvais pour toi que pour nous autres… ça doit te changer de celui d’Albinéa…
– Oui, il est bien meilleur là où je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prévenu de votre arrivée, j’imagine que vous êtes les filles de la matriarche Catherine Charon, Lachésis et Thècle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlé de vous.
– Enchanté Citoyen Hange, le salua Lachésis à la manière charonis. Nous aurions des questions à vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passé pendant notre absence ? On se croirait de retour à l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une décision de Rufus, les sommes allouées à l’entretien des canalisations et des égouts ont été redirigés vers le maintien de l’unité du Royaume, et la future expédition punitive contre Gautier… déclara-t-il en s’asseyant face aux deux sœurs, ajoutant en les voyant écarquiller les yeux, elles n’avaient pas dû avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passé après votre départ…
Ludovic et les fhirdiadais résumèrent les derniers évènements aux charonis, détaillant seulement les éléments les plus importants. À la fin de leur histoire, Thècle passa sa main sur son visage, fatiguée rien qu’à entendre tout ceci…
– Déesse… quelle honte pour Faerghus… il est tellement incompétent qu’il vaut mieux être transformé en loup que de le subir ! Et pauvre Félix quand il va voir son père et son oncle arrivés devant lui en étant des loups ! Et ces méthodes de gouvernement… c’est pas le fils de son père, mais de son grand-père… autant pour Rufus que pour Lambert… c’est une honte d’aussi mal géré ses caisses et son Royaume… qu’est-ce que je dis, il ne doit même pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons même pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrés chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a accepté d’espionner le roi pour que leurs émissaires puissent mesurer à quel point il est incompétent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien à cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontière du côté ennemi à cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord… déclara Ludovic en hochant la tête. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guère plus reluisante.
– Non… pour résumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dû arracher la moindre pièce de cuivre à tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espèces sonnantes et trébuchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu épargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une pièce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curé. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi…
– Et encore Lachésis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait été si on avait dû récolter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sœur. Là, c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font déjà avec les levées en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait à l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indépendance. On se dirige vers ça de toute manière… enfin, on devait déjà engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crâne…
– Il invoque Héléna pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne réponds plus de rien… ajouta l’ainée. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami Félix, alors que c’est Lambert lui-même qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale… au moins pour éviter que notre sœur soit la femme de l’homme qui a mené Faerghus à sa perte, il a déjà assez souillé sa tombe comme ça…
– Hum… si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous démenez pour cette raison…
Les deux sœurs se tournèrent vers une femme de l’âge de Lachésis, proche de la cinquantaine, accoudée au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessé à la tête s’approcha d’elle, posant sa main sur ses épaules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutôt quelle reine… la femme tourna la tête vers les sœurs et Ludovic, l’air sombre et blasé quand elle annonça. Le roi s’est remarié, ça fait déjà des années à présent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé…
Lachésis et Thècle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non… c’était pas possible… leur famille gérait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils étaient les gratte-papiers de la couronne depuis des générations ! Ils auraient forcément dû voir les papiers d’un maudit mariage ! Même morganatique !
– Quoi… ne put s’empêcher de lâcher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous être au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numéro deux vivait en recluse, même si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sœur » de Cornélia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sœur. Hein… connerie, elles sont aussi sœurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placé pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye était suffisamment généreuse pour que je ne révèle jamais son secret, vu le tempérament de chien de cette femme et comment le roi mène sa barque en ce moment, j’en ai plus rien à cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitré pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit à une voiture pour elle toute seule car, elle a tanné le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privé, elle disait que c’était également pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa Majesté les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils étaient contre mais, Lambert ne les a pas écoutés, évidemment… Patricia et eux ne s’appréciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne à la guerre ouverte après ce qui est arrivé au louveteau de la famille, quand il a failli être brûlé vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim… marmonna Lachésis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu être l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succéder à notre sœur mais, malgré cette différence de rang, le mariage avec une roturière n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait été d’un ridicule consommé quand le roi Loog lui-même était un fils bâtard ayant passé tout le début de sa vie à gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalité de ses proches alliés étaient également des enfants illégitimes ayant vécu comme des roturiers et étaient mariés à des roturiers. Même si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupé tous les liens avec Adrestia et qu’elle a épousé tous les intérêts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problème à ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturière, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et Cornélia a rendu de grands services à la capitale et a une position considérable. Ils se seraient mariés de manière morganatique, certes, au moins pour éviter des problèmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-né du roi, avec un emblème et sa mère est la fille de la quatrième famille du Royaume en importance, et à octante-quatorze voix près, ça aurait été notre ancêtre Sybille qui aurait été élu reine à l’indépendance. Sa position d’héritier est donc complètement inattaquable, sauf si la nouvelle reine était une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas être le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblème majeur, ce qui n’est jamais arrivé, la Déesse soit louée. Quel intérêt a autant caché cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la période de deuil était passé et si elle était digne de succéder à Héléna, nous l’aurions accepté, même si je doute qu’elle le soit si même les ducs de Fraldarius ne l’appréciaient guère. Et vous avez également dit qu’elle n’était pas vraiment la sœur de Cornélia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prétend être sa sœur pour se cacher, et c’est justement là le problème, c’est qu’elle est une membre de la famille impériale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mère d’une de ses héritières, la princesse Eldegard qui a l’emblème de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite à une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se réfugier auprès du roi. Ils se sont rapprochés et sont tombés amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenés à convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a défendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brûlé vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frère, et de deux parce qu’il avait ramené dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protéger d’une autre période de crise à Embarr et la ramener à sa mère. Sans cette sombre affaire, Sa Majesté aurait même souhaité qu’Eldegard reste indéfiniment à Fhirdiad pour faire plaisir à sa femme.
– Attendez… la coupa Thècle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est marié à une épouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachées à lui à vie, qui est aussi la mère d’une potentielle future impératrice… cinquième dans l’ordre de succession mais quand même, c’est tout à fait possible qu’elle le devienne étant donné que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem… qu’elle est la sœur d’un noble frontalier qui a été exilé à vie de Faerghus après une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes… qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complètement illégal… le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est compréhensible aux demeurants vu ce qu’elle a dû vivre mais, on n’aurait jamais pu nier être au courant de sa situation si sa véritable identité était découverte un jour, ce qui aurait été un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre côté de la frontière… et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaqué à son arrivée sur le trône uniquement parce qu’il avait peur de Sa Majesté Ludovic même s’il avait la tuberculose et a dû très vite faire face à de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprès de son fils qui plus est alors, si Ionius décide dans sa grande mansuétude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sœur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, même si tout est au passé, elle est morte dans la Tragédie de Duscur… enfin, c’était bien mérité, elle poussait le roi à y aller… elle s’était éloignée de lui après qu’il ait exilé son frère pour tentative de meurtre…
– …Après qu’on lui ait mis la décision de justice dans les mains pour le forcer à prendre une décision vous voulez dire, la corrigea Lachésis en maugréant, comprenant mieux le bourbier où c’était enfoncé Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcé à se décider, il serait encore en train de réfléchir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tenté de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frère de sa… de sa femme… pas étonnant qu’il ait autant hésité à le bannir, même si c’était une sentence extrêmement clémente pour son cas… nous qui croyons que c’était à cause de son habitude de détester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathétique qu’on ne le pensait… il délègue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous… Déesse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait même son fils en danger ! Il aurait très bien pu recommencer et brûler vif Dimitri après avoir été à deux doigts de tuer Félix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage… si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes à ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tenté de le faire revenir à la raison concernant Son Altesse mais, rien à faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frère… alors…
Le bruit du poing de Thècle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux éclairé par son emblème. Elle était hors d’elle… tout… tout…
– Tous ces morts… ma grande sœur… mon petit frère… ma propre fille… mes neveux et nièces, mes beaux-frères et belles-sœurs… nos citoyens… tous ces gens… tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sécurité nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille était sur ces talons avec une Myrina furieuse derrière l’épaule ! C’est ce que vous êtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tête, provoquant encore plus l’ire des deux sœurs. Se reprenant un peu, Lachésis demanda, même si elle ne se faisait guère d’illusion là-dessus, histoire de voir à quel point Lambert avait craché sur tout, autant son rôle de roi, de père et de mari.
– Au moins… est-ce qu’au moins, elle était digne d’Héléna ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insulté la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma était digne de la grande reine qu’était ma sœur ? Est-ce qu’elle était digne d’être la belle-mère du fils d’Héléna et a été une aussi bonne mère pour lui que notre Nitsa l’aurait été ?
– Hélas non… au début, ça allait mais, je pense qu’elle était un peu intimidée et encore choquée par ce qu’elle avait fui, elle tentait même de se lier d’amitié avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie… elle était capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement à ce qu’elle voulait, même si c’était impossible à réaliser. Ça devait être pile ce à quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vêtements, la décoration de ses appartements ou même la réalité. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle était aussi extrêmement jalouse, même des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre… je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impérial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa première femme devant elle, même si c’était au prince, alors que Sa Majesté Héléna est sa mère. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gênaient pas pour parler de Dame Héléna devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succéder à la place d’épouse de roi… c’est pour ça que j’en ai plus rien à secouer de balancer tout ça, j’ai été chassé sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mérite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire à son mari de parler à son enfant de sa mère qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous à ce stade d’indignité !
– J’ignorais également tout cela, marmonna Ludovic après Thècle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est lié à cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus à ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant éviter un maximum de donner plus d’argument à Ionius pour convaincre son ministre des armées de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au détriment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dès demain, croyez-nous sur parole, menacèrent les deux sœurs, furieuses et humiliées.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le père Mercier pour se calmer, puis les remercièrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élément crucial d’une embuscade était l’effet de surprise qui empêchait de s’organiser correctement et de se défendre, faute de renseignement ou de préparation insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bâton équivalent.
De son côté, le père Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions à la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marché noir, Tristan, même s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvée à l’orée de la forêt. L’odeur fraiche lui débouchait bien les bronches, même si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air même de la ville attaquait ses poumons sans pitié, comme s’il les pourrissait à l’intérieur même de son corps… ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tête haute malgré tout…
« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’être mal-né malgré son emblème… songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait né dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, même s’il aurait eu un règne court si sa santé ne suivait pas… »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le père Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps à comprendre où et quand il était. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder à tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscurité profonde et dans un torrent de pluie démentielle… on se croirait en plein milieu de la nuit…
Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, éclairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il était dans la grande salle de Garreg Mach… Héléna la tenait dans sa main, illuminant une table où était assis Rodrigue et Alix côte à côte en se partageant un livre, faisant face à sa première épouse et Félicia ainsi qu’Ivy qui était assis à l’envers sur une chaise, les bras croisé sur le dossier et la tête dessus… c’était à la fois si proche et si lointain… à peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé… Lambert se souvient alors de ce jour-là, à l’académie des officiers… un orage de tous les diables les avaient obligés à passer leur dimanche à l’intérieur alors, en se perdant dans la bibliothèque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux étaient tombés sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusés à chanter les différents airs du recueil une bonne partie de l’après-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les écouter. Leur voix avait toujours été magnifique…
La lumière de la flamme éclaira le visage halé d’Héléna, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressée, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa crinière indomptable avec leur fils… son visage était à la fois si semblable et si différent de celui de Patricia… comme éclairé par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sérieux et son doux sourire à la fois si rare et si précieux… elle rayonnait force et de santé dans chaque morceau de son être…
« Héléna… »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa première épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumière rassurante…
Les jumeaux changèrent alors d’air, se mettant à entamer la « Supplique de Fraldarius », même si aucun des deux n’aimaient les hypothèses autour de cette chanson. Ils appréciaient la chanter pour toutes les émotions à l’intérieur mais, trouvait que l’interprétation des érudits autour ne collait vraiment pas à ce qu’ils ressentaient dans les paroles…
« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensées, les parasitant avec leurs paroles étranges et inquiétantes alors que la flamme dans les mains d’Héléna faiblissait…
Deux yeux bleus d’eau percèrent la pénombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscurité, avant qu’il ouvre une gueule écarlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres… Lambert s’écria alors, même s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son épouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pétrifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe à la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hésiter malgré sa méfiance naturelle, peut-être parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, Héléna le suivit sans hésiter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiétude et de peur que ça dégénère après sa crise de colère, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus à Garreg Mach… non… non… il était de nouveau entouré des corps Duscur…
Héléna portait à présent sa longue robe blanche et bordeaux, brodé de son emblème et de l’astre céruléen, ses longs cheveux dénoués battant en silence dans le vent à la fois brûlant et glaciale, portant ses mots étranglés alors qu’elle se baissait vers les morts…
« Nia… Momon… »
Elle se releva, ses gestes saccadés faisant penser à ceux d’une poupée désarticulée, choquée en découvrant d’autres corps portant leur emblème, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidèles de sa famille…
« Tous… tout le monde… »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la dernière personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas à la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tâche bleu roi dans cet océan de blanc et de brun-rouge…
« Oh non ! Dimitri ! »
Héléna se précipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant à leur fils, même s’il ne pouvait pas l’entendre, brûlé et étranglé de fumée…
« Dimitri… tient bon… tient bon… je vais te soigner… Mitsos… »
« Dans le noir des ténèbres, même le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ô dieux, à la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup réapparut, s’asseyant à ses côtés en passant sa truffe sur les cheveux calcinés du blessé… Héléna se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle était avant sa mort. Sa peau semblait livide malgré son teint halé, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille… tel que la peste l’avait laissé…
« Tel que toi, tu l’as épuisée… susurra le loup sans qu’Héléna semble l’entendre, cette dernière lui demandant sans hésiter.
– Qui… qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand Héléna se redressa, fixant son mari alors que son visage choqué changeait, s’enflammait de colère, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgré les ronces qui m’étranglent et toujours me lacèrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma prière,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert… comment as-tu pu… comment as-tu pu emmener notre fils ici… comment as-tu pu emmener mon fils dans une expédition aussi dangereuse ?! Tu aurais dû le laisser au palais en sécurité ! Il n’avait rien à faire dans une expédition pareille !
– Héléna… je… je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui… lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais…
– Tout le monde t’a prévenu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protéger. Myrina t’a dit et répété que ce passage était très dangereux et qu’il ne fallait surtout pas t’attarder dans ce piège à rat. Kimon t’a dit que tes lettres étaient mal faites et tes promesses irréalistes alors, il fallait travailler à nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus réalistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait à encore plus de vigilance. Lachésis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrêter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et Thècle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusé et résultat, il continue à massacrer d’autres êtres humains sur la frontière sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a répété plusieurs fois à quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et à quel point ils n’avaient pas le temps de tout préparer correctement pour assurer au maximum la sécurité de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore répété avec force. Mais tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– Héléna… je… je…
« Même si je suis prisonnier, je m’évaderai !
Même si je ne suis plus que mon désespoir, je m’en servirai !
Même couvert de chaines, jusqu’à la dernière je les lacérerai !
Ô lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgré tout mais, sa première épouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prête à frapper pour défendre Dimitri derrière elle, tout semblable à plusieurs représentations de la Flamme Passionnée, protégeant les siens en s’enflammant elle-même. La douce chandelle semblait être tombé dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallée étroite dans des flammes bleues, embrasant un grand bûcher funéraire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant Héléna à qui Dimitri s’accrochait à présent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une échappatoire… n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haïssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
Même si devenir une bête est le pire des sorts à redouter,
Je suis prêt à en être une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui résonnait tout autour de lui, l’homme vit à nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tête sur ses pattes, souriant toujours à pleines dents en le voyant se débattre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi… ! »
Emporté par sa propre colère de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacé son ami, Lambert arriva à trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et à se hisser là où était la bête cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire après avoir monté Héléna contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait à ce point ! C’était sa faute si elle était aussi en colère et fatiguée !
Cependant, quand il arriva à se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu éloigné, riant toujours à la manière de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadé et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathétique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place ��…
– Seulement si tu arrives à me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tâchant la blancheur éclatante des lieux avec sa noirceur de ténèbres, le forçant à s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il était bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige épaisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait à vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de légères traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait à nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mêlent et s’entremêlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destiné la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracé,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-même décidé par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance…
…n’est que le résultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais décidé que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que…
– Mais tu as tout de même décidé que tu mènerais le Royaume à sa perte.
Lambert s’arrêta net, figé en découvrant son père au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminé par la Lune… après avoir rencontré Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mêmes yeux que leur ancêtre… le loup était là aussi, allongé aux côtés de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-même, le narguant toujours… c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son père allait lui faire remarquer…
– Regarde Lambert, lui ordonna son père en montrant la vallée en contrebas. Regarde le résultat de ton indécision et de tes décisions. Regarde les conséquences de tes actes.
Bien obligé d’avancer, l’homme obéit et regarda au bas de la colline. Tout était sombre, tout était plongé dans le noir sans aucun soleil à l’horizon… comme sans lendemain… il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indéfinis, comme vidé de toute vie…
– Non… il y a encore de la vie en Faerghus… on arrivera à se relever… on…
– Tu répares ce que tu as brisé toi-même, répliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissé derrière moi un Royaume sain, prospère après tant d’année de guerre et de terreur… toute ma vie, j’ai travaillé afin que le règne de mon père ne se répète pas… que tant de personnes ne subissent pas à nouveau de telles atrocités…
– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal à mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainés dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu méprises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de manière différente. Clovis se moquait éperdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait à l’abattoir sans hésiter ou remord. Toi, à cause de ton inconscience et de ta naïveté, tu agis sans prendre en considération les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadé que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de réparer ce que tu as brisé, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou réparer cette absence… le tout en écoutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’être plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation… souffla-t-il en passant sa main sur la tête du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois où tout ceci t’a mené… mon plus grand regret est d’être mort aussi tôt, trop vite pour t’empêcher d’accéder au pouvoir. Tu n’as pas les épaules pour être roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tâche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgré tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colère. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissé le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout détruit sur son passage en étant persuadé de bien agir, et cela l’a conduit à sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colère et le ressentiment, la faim le gangrène, la maladie guette dans la pénombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple… il se délite même, Gautier est déjà en train de faire sécession vers Sreng où ils ne seront plus obligés d’obéir à tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait à ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentés par le désespoir ? Que pensera Galatéa en voyant que Rufus les a déjà abandonnés ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait à leur sœur ? Que penses-tu ce qui va arriver à Faerghus après tout ce que tu as fait et laissé faire ?
Lambert ne répondit pas, regardant son père sans savoir quoi dire… à part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que… il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver…
– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas été arraché de force à ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, à présent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De près, on voyait ses côtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat étaient rougis de larmes… Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tête du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais été avec presque personne d’autre… même si Lambert savait en son for intérieur que son père avait été chaleureux avec lui, souvent même avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empêcher la jalousie de ronger son cœur, sachant à quel point Ludovic aurait préféré que ce soit ce loup son héritier plutôt que lui…
– Que de vies perdues et ruinées à cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse…
Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relève et le regarde dans les yeux, sa colère gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de répondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacérant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui… le plongeant dans les ténèbres les plus froides et terrifiantes…
Un fredonnement incompréhensible grouilla dans l’obscurité humide, le glaçant malgré sa familiarité…
Les ténèbres se dissipèrent à peine, alors que Lambert échouait dans une forêt noueuse et sombre… il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en était saturé… ces bois n’étaient pas éclairés par le soleil, seule la lune, l’Astre Céruléen et les étoiles tâchaient la nuit, éclaboussant les branches noires et emmêlées les unes les autres de leur lueur blafarde… ce n’était même pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque… il s’approcha, hésitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours…
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Rodrigue était apparu face à lui, tout différent de celui qu’il était avant de se transformer. Ses joues étaient de nouveau pleines, ses gestes plus assurés et précis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal… il semblait à nouveau en pleine santé, comme avant… une grande peau du loup recouvrait ses épaules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des ténèbres. Son chapelet était autour de son cou plutôt que sur son poignet droit, l’emblème de Fraldarius reposant sur son cœur, de nouveau en bon état alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimé à force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses prières… Un cercle d’argent orné de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale… il avait l’air d’un meneur de loup, comme un être de légende sorti tout droit d’une chanson de geste… le roi de la forêt et de la nuit venant voir en personne qui avait osé franchir la frontière de son Royaume…
Ses yeux de chat se posèrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles… ce n’est qu’à ce moment-là que l’homme se rendit compte que le loup… l’homme face à lui… Rodrigue… peut-être… avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner… il devait encore le chercher partout…
« Que… que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoqué tout ceci, n’est-ce pas… ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! Héléna ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! Même la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrés ! C’est toi qui les as amenés ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma réponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mérité. Ce mépris et ce rejet sont tout ce que tu mérites.
Lambert eut un mouvement de recul face à son ami. Même s’il était redevenu humain, tout son comportement ressemblait à celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dévorer…
Rodrigue voulait le dévorer… il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le décapiter, il en était sûr… !
– Comment as-tu pu changer comme ça… osa demander Lambert. Nous… nous étions amis…
– Amis… répéta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mélange de mépris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils… tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail à ta place, tout comme Rufus… m’épuiser jusqu’à la dernière goutte de force et d’espoir… comme tu l’as fait pour Héléna… puis tu m’as tout pris… tout… tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en étant persuadé de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres désirs et ton égocentrisme…
– Tu sais bien que je ne pensais pas à mal… marmonna encore Lambert en détournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te… !
– Allons, relève la tête, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjoué, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? Répéta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compère de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas à quel point être obligé de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son père n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi à la légère me faisait souffrir ?
Malgré la menace, Lambert était incapable de bouger, happé par le tourbillon de question de l’entité face à lui, harponné par ses yeux si bleu posés sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore réparer tes erreurs à ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tué mon fils et mon compère me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frère me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la dernière question.
– Tu ne savais pas à quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon âme depuis ce jour où tu es rentré sans eux ? Que tu es naïf… c’est à vomir…
Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonné, ne laissant qu’une émotion brute de haine, de dégout et de détestation gravé au plus profond de sa voix et de son être.
– Rends-les-moi… rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libérer, accrochant ses propres mains à celles de l’homme en échouant à le faire lâcher prise malgré sa force… est-ce qu’il était vraiment devenu un être surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer… du sang coulait le long de sa gorge… il était sur le point de l’égorger ! « Tu as répandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est à cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue… tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi Félix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allé jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La dernière personne que Félicia a rencontrée et aimée plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as même osé m’arracher Félix par caprice après avoir tué Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je… Lambert haleta, ayant du mal à parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le récupérer comme ça… Dimitri doit vou…
– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a échappé ! Rends-moi Félix ! Arrête de te comporter comme un enfant gâté et rends-moi Félix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour récupérer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tête en déchirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! Arrête ! »
Lambert se réveilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle à grandes bouffées sans pouvoir s’empêcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement à sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts… il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer… lui hurler de lui rendre sa famille… lui hurler sa haine… non… ce n’était pas possible… Rodrigue ne pouvait pas le considérer ainsi… le haïr avec autant de force… ce n’était qu’un cauchemar… rien qu’un cauchemar… rien de plus…
Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup résonné dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rêve étrange…
« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge… c’était un mensonge, c’était forcé… Rodrigue ne pouvait pas…
Malgré tout, le rêve continua à le hanter une bonne partie de la matinée, tellement qu’il finit par se résoudre par aller voir Rufus pour en parler malgré tout… il avait beau jurer qu’il n’avait rien à voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation très tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension avec lui… comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux… cependant, Rufus restait son grand frère… son grand frère à qui il pouvait tout dire et tout partager, même les choses les plus inavouables ou gênantes… son grand frère qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était déjà beaucoup quand on passait derrière un roi de la stature de Ludovic… il ne pouvait pas s’empêcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi étrange qu’un rêve pareil… même si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie réciproque…
Lambert alla dans le bureau de son frère mais, en voyant qu’il n’était pas là, il décida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps… Rufus travaillait bien plus qu’avant la Tragédie, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps…
« Même s’il aurait pu en accorder aussi à Rodrigue… enfin, c’est fait maintenant… »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle était tout simple, décoré de quelques vrilles végétales mais, il la reconnaitrait entre mille… Rufus y tenait beaucoup… la seule fois où il avait disputé Dimitri, c’était quand il avait voulu la récupérer pour qu’elle soit le coffre au trésor d’un roi maléfique dans un de ses jeux… même Lambert n’avait jamais vu ce qui avait à l’intérieur… il s’était toujours imaginé qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frère, d’où son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette… même si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur… bon, pour le triomphant, c’était raté mais…
« Non… c’est à lui… c’est sa vie privée… il me le montrera quand il voudra… »
Mais c’était si tentant… et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus…
Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu…
La première chose qui étonna Lambert en la prenant dans ses mains était le poids de la boite. Elle semblait pleine à ras bord s’il se fiait à son poids, alors qu’elle semblait plus légère quand Rufus lui avait montré la dernière fois…
« Qu’est-ce qui a bien pu… »
Il ne put résister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mêmes à première vue mais, ce qui étonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignée de Rufus… non… elle était bien plus biscornu, comme écrite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher étalant l’encre avec sa main en rédigeant… et il y avait plusieurs scriptes…
Même s’il se força à penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnèrent le cœur de Lambert alors qu’il dépliait une missive au sceau déjà cassé…
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de Félix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son père fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le début de la lettre étant dans le même ton que la précédente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’améliore pas… je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est à cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinées à son fils et à son frère, également décachetées comme si elles avaient déjà été lues. Son ami parlait de ses mêmes inquiétudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiétude… Même demande, même inquiétude… Déesse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volé mes lettres ! Alix a demandé à Ivy de lui faire passer une lettre de sa part où il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui écris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de Félix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gémissement paniqué de Rodrigue, tout le désespoir qu’il n’avait pas perçu au départ dans sa voix, toute l’inquiétude et la peur qui se mêlaient ensemble à l’intérieur…
« Rufus ne peut tout de même pas être… »
Cependant, malgré tous ses efforts pour trouver des excuses à son frère, Lambert dut se rendre à l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volée de Rodrigue était là… les lettres qu’il avait envoyées, celles qu’il avait reçu… tout… tout était là ! Tout était ouvert ! Rufus n’avait tout de même pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance… mais… mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus détestait Rodrigue et Alix de toute son âme à cause de Ludovic mais, pas à ce point tout de même !
Lambert pensait ne pas pouvoir être plus horrifié mais, quand il vit des papiers roulés tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usés, même tâchés de sang pour certains, un doute noir lui dévora le cœur… non… non… non…
Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant…
« À mon Royaume, que j’ai toujours désiré servir au mieux… »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son père, la plume tremblante de Ludovic… le parchemin était même tâché de ses crachats de sang à cause de sa tuberculose…
Comme happé par le rouleau, Lambert ne put s’empêcher de continuer à lire les mots, même s’il se doutait du contenu… voir même le redoutait plus encore que les fantômes et les cauchemars…
« Malgré l’horreur, je n’ai jamais oublié le règne de mon père. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oublié ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus était son aplomb. Clovis était persuadé d’être dans son bon droit et ne le cachait pas. Même si ces actes étaient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la détournant à son profit, devenant inarrêtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. Dès lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus à l’abri d’un autre souverain tel que lui. « Protéger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a été la devise qui a guidé chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dévie un seul instant…
Lambert sentir son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine. Ce… ce parchemin… c’était le testament de son père… c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses années ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empêcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empêcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trône ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis était le fils ainé de sa mère et malheureusement pour l’orgueil de notre lignée, elle n’était guère plus recommandable que son fils. Elle était seulement qu’un peu plus discrète que lui mais, possédait les mêmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-même au détriment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle détruisait de précieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont été élus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence après la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis à anéantir mais, des personnes nécessaires à toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage à la succession filiale nous a assené un coup majeur, nous avons commencé à nous croire tel les Hresvelg, choisis par la Déesse pour régner et le pouvoir nous ait monté à la tête. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dépouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrêter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons même commencé à traiter toute une lignée comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups à notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpétuellement le deuil de tous ses membres sacrifiés aux Blaiddyd… Nos ancêtres doivent rougir de honte devant notre décadence…
J’aimerais dire que tout ceci s’est arrêté avec la mort de mon père mais, je ne me fais guère d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, à chaque naissance, à chaque génération, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai échappé à la décadence de ma famille que grâce à mon corps faible malgré mon emblème, inapte à la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, même si je les ai à mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilité et la culpabilité chaque jour.
J’ai tout fait pour bien éduquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-père et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout… Mon fils Lambert est un homme au grand cœur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli à la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’être son père malgré notre relation compliquée. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cœur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses défauts moraux.
Il est chaleureux mais, également négligent et naïf. Malgré tous mes efforts, jamais je ne suis arrivé à lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la même manière et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naïve de l’égalité, il reste persuadé que le mieux à faire est d’aider tout le monde à part égale, sans se soucier du contexte de départ, ce qui le rend très inefficace et indécis dans des situations où il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa négligence envers ses proches combinée à cette naïveté et son entêtement pousse ces derniers à devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissés ou rendus ce qu’ils peuvent pour éviter de léser le Royaume.
La première victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, Héléna. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre même les plus entêtés comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues négociations qui ont malheureusement eu raison de sa santé. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel époux, elle qui méritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’être l’ombre balayant derrière le roi. Elle attend à présent leur enfant, et j’espère pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit être que mon cœur sait déjà être exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongée par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler à l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hérité des défauts de son père plutôt que des qualités de sa mère… et dans le même souffle, m’excuser envers lui et sa mère de leur imposer un père que je sais être aussi négligent. Je prie pour que la paternité le rende au moins responsable et prudent avec la santé de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposé à moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trône. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus à qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler à quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mène sur une pente glissante, une pente où il n’écoutera plus personne, même ses amis les plus chers à son cœur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. Héléna s’épuise bien assez chaque jour pour éviter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procédure complète à suivre pour que le prochain souverain soit élu, à la manière de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient à cœur depuis des années et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trône mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-même. Il est à peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches à conclure ce système et de ne pouvoir le mettre en place moi-même. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mêmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils échapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour éviter tout débordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancêtres.
Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant à mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trône à son frère. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la Déesse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine à son contrôle, il sera au moins entouré par des conseillers et des baillis dont la fidélité est acquise à notre peuple et non à notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compétentes et fidèles à Héléna. Je ne puis qu’espérer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera à échapper à tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgré ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la Déesse avoir encore toute ma tête. Toute ma vie, j’ai travaillé pour être digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est révolté contre l’injustice et la cruauté de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait élu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne règlera pas tous les problèmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore être fait avant que les sujets… que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultés que nous connaissons à présent. J’ai commencé à tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume à partir des décombres qu’a laissé Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espère, Rodrigue Achille et Alix Persée Fraldarius, sont élus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront être dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sécurité à tous. J’espère de tout mon cœur que mes fils continueront à grandir et s’amélioreront avec le temps, bien malgré tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complètement prendre le pas sur mon affection, et me pousse à croire à un avenir radieux pour eux. Je prie également pour que mon successeur connaisse un long règne de paix, une paix que mérite ce Royaume si résilient malgré toutes les difficultés qu’il a vécues.
En mon âme et conscience.
Ludovic le Troisième Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et à mesure de la lecture, ne pouvant s’empêcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture était tremblante, saccadé comme si Ludovic s’était arrêté plusieurs fois à cause de ses toux, le parchemin tâché de sang témoignant qu’il avait encore dû en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tâches et l’encre baveuse, comme si on avait roulé le testament avant qu’elle n’ait fini de sécher…
« Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empêcher de relire ce passage encore et encore. Les noms étaient recouverts d’une énorme tâche de sang assez épaisse, ce serait surement illisible dans quelques années quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgré tout, Lambert ne pouvait que les décrypter, les relisant encore et encore.
Son père l’avait complètement déshérité au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des séances de travail les réunissant tous, autant Héléna que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler à l’ordre et réexpliquer les choses. Face à lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et Héléna le cadre pour les mettre en place. L’impression d’être à la traine malgré toutes les explications… le regard fier de son père qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient à leurs parents… même si Lambert n’avait jamais voulu ressembler à Ludovic à cause de leurs différences de caractère, encore moins à sa mère assoiffée de sang, il ne put s’empêcher de les envier… de vouloir entendre le même compliment sur son travail… comme eux deux… voir son père être fier de lui ainsi…
Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait préféré confier aux jumeaux de Fraldarius son précieux royaume, ce à quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours… disait même qu’il s’excusait envers Héléna de l’avoir marié à lui… qu’elle aurait mérité mieux que balayer derrière lui…
À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte différente, même les plus anodins. Même si Ludovic l’avait enlacé plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et Félicia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, même si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vœux plutôt que des recommandations… sa proximité bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec Héléna, les longues heures où ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal à lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux côtés… même des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois où son père se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné…
Est-ce que… est-ce que Ludovic… est-ce que son propre père…
« Non… faut que je me reprenne… c’est la tuberculose… elle lui a fait perdre tous ses sens… Ludovic m’aimait aussi… il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens… et quand nous étions petit, c’était surtout de la culpabilité pour les jumeaux… Ludovic ne s’est jamais pardonné la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité… même ici, il le dit… ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitié et de la culpabilité… il s’en voulait pour la mort de leur père… »
« C’est ma faute… j’aurais dû être plus prudent et mieux anticipé les risques… Guillaume aurait survécu et les Fraldarius n’auraient pas été encore endeuillé par notre faute… à cause de mon inconscience, Guillaume est mort… lui avait déjà dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espère que tu n’auras jamais à porter une telle responsabilité… autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité… le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets… si tu savais père… si tu savais ce que j’ai fait… »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachés dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son père, l’entendre peut-être le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler même depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le révéler et l’appliquer dès maintenant même si c’était évident que tout avait été écrit sous la dicté de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume à un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait même pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou Héléna soient là pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gérer la situation, ni Alix prêt à lui remettre les pendules à l’heure, ou Héléna lui présenter les différents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait…
Récupérant plus d’énergie que jamais depuis la Tragédie, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frère, pris au dépourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais après le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre père et ses travaux sur la monarchie élective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelé les secours quand Ludovic s’est effondré à cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profité pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissé le choix… il ne savait plus ce qu’il faisait…
– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherché partout !
– Ludovic allait te déshériter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait détruire notre famille pour préférer celle de son soi-disant grand frère ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piédestal en te dénigrant, car il aurait voulu qu’ils soient à ta place ! C’était pour te protéger !
Rufus l’avait pratiquement craché avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrôlable.
– Ludovic te détestait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton héritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le début du Royaume ! C’est Loog qui a mené la révolte des Bâtards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a été acclamé vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontré un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une généralité et il a voulu tout détruire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir à ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derrière son petit doigt en disant qu’ils étaient plus compétents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frère alors, tout devait leur revenir ! Il ose même cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais épuisé Héléna et fait perdre la santé ! Il était malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais à Héléna même si elle était trop bien pour toi ! C’était juste la petite créature de Ludovic et de la matriarche Catherine là pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et même si c’était sa créature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il délirait ! Et il a osé me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-même ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dépend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protéger ! …
Lambert le fit taire en posant ses mains sur les épaules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, même s’il est complètement faux. Notre père appréciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On était ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux… c’était compliqué… tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection… juste de la culpabilité… rien de plus, j’en suis sûr… tout comme Héléna, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa créature… mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frère, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me déshéritant, même s’il avait sans doute ses raisons à lui et que tu n’avais pas à voler son testament. J’aurais voulu le lire honnêtement, même si ça m’a fait très mal de voir à quel point il ne me faisait pas confiance vis-à-vis du Royaume, encore plus maintenant… je ne sais même pas si je l’aurais appliqué, c’est évident que c’est la tuberculose qui lui a fait écrire tout ça… je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait été facile de le faire casser… Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volé la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est même ouverte alors, tu l’as surement lu… pourquoi ? C’était inutile et cruel…
Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait à prendre de mauvaises décisions, comme quand tu as envoyé Dimitri à Charon. Il aurait dû rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus à rentrer chez lui.
– C’était mon idée d’envoyer Dimitri à Charon, et on a bien fait, il guérit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idée qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutôt dû l’encourager à partir, non ? Rufus… il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tête et voulant juste une réponse. Écoute… je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment très importante pour moi. Tu es mon grand frère et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis très souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais… mais en ce moment, j’ai l’impression que… que c’est plus compliqué. D’abord, il y a la manière dont tu as traité Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part à tout alors que c’est lui qui a commencé toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de têtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volée de mon meilleur ami et le testament de notre père dans ta cassette. Par pitié Rufus, dit moi la vérité, qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient très difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue… marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragé lui aussi ! Toujours à faire ce qu’il voulait et à avantager son fief, toujours à te dire non, toujours à nous mettre des bâtons dans les roues, toujours à être apprécié de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel maléfice il réussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours réussi partout et charmé tout le monde à tes dépends ! Alors qu’ils ont toujours été plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbécile de Jacque quand il leur demande de les prendre à leur service, pour réparer sa « faute » d’avoir laissé Félix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant à rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est à ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin à ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il méritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frère c’était transformé d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui était arrivé à son ami et pourquoi il avait dû subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volé leurs lettres par haine… tu voulais le faire souffrir… c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue… tout ça car… car…
Sans attendre de réponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme à une ancre, même si elle le noyait par sa simple existence. Comment… comment son frère avait-il pu… comment avait-il pu être aussi ignoble juste parce que… parce que leur père appréciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume était au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait même plus à ce stade !
« Alors, même mon propre frère peut me trahir… Rufus… alors qui… qui est encore… »
« Est… ta… faute… ! »
« Tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui répondirent… les doigts des fantômes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore…
En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et réfléchir à tout ce qui c’était passé, il trouva Lachésis et Thècle, visiblement furieuses malgré la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scène de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait écrit lui-même.
Les deux sœurs l’informèrent que l’état des comptes était catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-même étaient des incompétents.
« Je comprends… je ferais plus attention…
– Il fallait le faire avant… »
Lachésis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passé à la capitale pendant leur absence, à quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc décidé de retourner dans leur famille.
« Ce serait préférable pour le Royaume que vous restiez…
– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompétence ? Il en est hors de question. »
Thècle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carrière, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser…
– Bien. »
Et enfin, elles enfoncèrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osé donner comme belle-mère à leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposé le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander Thècle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposé le Royaume à de tels danger pour une seule femme indigne de succéder à notre sœur ?
– Je l’aimais… répondit l’homme dans un souffle sans énergie.
– Si vous l’avez traité comme Héléna, pauvre femme, cracha Lachésis. Et ce n’est guère une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tête de tous vos sujets. Notre sœur rougirait de honte en voyant votre déchéance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses décisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles…
Devant son silence, les deux sœurs lui jetèrent à nouveau un regard mauvais avant de se détourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face à lui, même s’il savait qu’elle était complètement vide, espérant trouver quelqu’un, une âme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvé à ses côtés.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure…
« Il fallait y penser avant. »
Pour la première fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul…
*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retransformés quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposé et avaient recommencé à prendre en main le duché, reconnaissant envers l’excellent travail de Loréa qui avait su le maintenir et résister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touché à nouveau, contrairement à son frère… ni même se regarder dans un miroir sans col, son cou à présent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier… il n’avait pas trop de séquelle à part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcé, et il était encore plus dans la tête de son jumeau, plus souvent, même s’ils n’étaient pas sûr que c’était à cause de leur état d’esprit actuel ou si ce serait permanent… pour ce qui était positif…
La fourrure était douce sous ses doigts, épaisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud où il serait en sécurité… bien plus rassurante que ce collier gravé dans son cou, apparut un jour après qu’il ait retrouvé sa forme humaine… en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait à distinguer le même motif que sur sa propre peau…
« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas près, lui assura Alix, comme toujours à ses côtés. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es resté en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas réagir avec ta magie…
– …je ne préfère pas… j’ai peur de la fuir si je repousse trop… les semaines qui ont passé sont déjà flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi à cause de cette fourrure… au moins, on sait comment me ramener si je me transforme à nouveau en l’ayant sur les épaules…
– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complètement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le père lui serra la main en réponse, comme quand ils étaient petits pour ne pas se séparer, cherchant de la force dans sa présence avant de draper la fourrure noire sur ses épaules. Elle n’était pas très lourde malgré son ampleur, l’enveloppant complètement des pieds à la tête… malgré ses craintes, il y avait un côté… apaisant à ce poids, comme un bouclier qui le protégeait… mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain… au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dès qu’il mettait cette peau…
– Il n’y a rien… souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien…
– C’est déjà un bon début, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un éclair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume à l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base… et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude épreuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus…
Ses épaules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de répit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses épaules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frère, ce dernier faisant exactement la même chose avant de se laisser tomber épaule contre épaule côte à côte.
– Il ne s’est rien passé… la Déesse soit louée… il ne s’est rien passé…
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait… tant qu’on est tous les trois, on le restera…
– Oui… arriva à sourire une seconde l’ainé avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces dernières semaines… juste de quand je t’ai retrouvé, quand on a retrouvé Félix et mon envie de le revoir… de tous vous revoir… tous… souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste… impossible de le voir correctement…
– …Comme si c’était baigné de brume… compléta Alix. C’est pas bien plus net de mon côté… aucune idée si c’est une bonne ou une mauvaise chose… d’un côté, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai déchiré avec les dents… bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui déchiquetais le bras, moins … ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu étais seul et qu’on voulait se revoir…
– Ça, c’est difficile à oublier… surtout tout ce qui s’est passé avant qu’on se transforme… Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protégerait à nouveau de cet homme. Ô Déesse et Lune… cela faisait si mal… je… c’était comme si cela les amusait tous de me déchiqueter le cœur… je n’en pouvais plus… cette transformation… c’était plus une cachette et un échappatoire qu’une vraie solution… juste pour ne plus souffrir…
– C’est normal… tout depuis des mois… c’était juste un cauchemar éveillé, autant en tant qu’humain que loup… enfin, c’est fini maintenant… on ne les reverra pas de sitôt… je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hésiter.
– Moi aussi, je te protégerais… d’eux tous et de leurs ordres absurdes… autant toi que Félix… plus rien ne vous arrivera… pas tant que je serais là…
Ils restèrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairèrent l’odeur du louveteau, arrivant à grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui… c’était la saison après tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille…
« Papa ? Alix ? Vous êtes là ? Demanda Félix en passant la tête dans la chambre de son père.
– Oui, entre Félix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagé de le voir, son instinct lui répétant encore et encore de le garder auprès de lui, lui rappelant à quel point il avait été proche de le perdre, encore plus renforcé par la perte de Glenn si peu de temps auparavant… leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps…
« Il y a encore plein de groseilles dans la forêt, même si vous avez surement déjà deviné, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui… je devais le faire… pour savoir… et pour le moment, rien n’a changé et cela n’a aucun effet sur moi, même quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrôle…
– D’accord… mais fait attention quand même. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empêcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus près de son fils… même s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il était devenu très collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace récente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir près de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protéger… heureusement que ses sens étaient devenus aussi aiguisés que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation… pas plus tard que la semaine dernière, il n’avait pas vu Félix de toute la matinée alors, le père s’était mis à paniquer en l’appelant de toutes ses forces et à retourner toute la pièce où il était afin de trouver une trace de son petit… heureusement que Loréa avait pu vite lui remettre les idées en place, Rodrigue priant pour que Félix n’ait pas vent de ce qui s’était passé… il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé… mais Félix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué… tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spécifique à présent, histoire que l’odeur soit plus présente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise… c’était presque une obsession à ce stade, encore plus que pour Alix… d’après Pierrick, c’était à cause de la séparation trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps après la mort de Glenn… il les avait déjà perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence…
« Là aussi, seul le temps vous permettra à tous les deux de guérir… »
Rodrigue priait pour que le médecin dise vrai… au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidés, c’était un début…
Pour oublier son angoisse et plus profiter de la présence de son fils, le père croqua dans une des baies fraichement cueillies et passé à l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont très bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manqué le début des fruits rouges ! On a du retard à rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien à Fhridiad, étrangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, répliqua Félix en avalant une baie. On est allé en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aérienne…
Cependant, malgré tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas Félix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensées sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien… c’est juste que… d’habitude… il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui étaient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn…
Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainé des deux louveteaux dire à quel point son petit frère était adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver à cause des taquineries, puis de le remercier en appréciant les fruits avec eux, même tous les jours… encore plus une fois revenu alors que du côté de Fraldarius, les choses commençaient à se tasser après la Tragédie, les gens étaient surtout remonté contre les dernières exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et même s’ils étaient dans une situation périlleuse de quasi révolte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantômes demeuraient, plus présent que jamais après le choc et les semaines mouvementés pour survivre… il devait encore plus hanté Félix… c’était la première fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui… il était trop petit pour celui de Félicia… il l’était encore… la mort arrivait toujours trop tôt…
Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui… il devrait y avoir Glenn…
– C’est pas juste… il devrait être là… pourquoi c’est sa chambre à lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal… il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guérir ce genre de plaie, même si elle reste toujours…
– Combien de temps ?
– Cela dépends des gens… et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite… il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guérir… pour ne pas être obsédé par la mort de la personne, et arriver à se raccrocher aux bons souvenirs…
– Mais ça fait mal… je veux Glenn… je veux qu’il revienne… mais je ne veux pas avoir mal… marmonna Félix en se serrant un peu plus contre son père, se cachant dans son étreinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas à l’intérieur.
– Mais si tu bouches tes émotions ou fait tout pour ne pas être triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tête de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre père ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dévorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives à aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons à surmonter cette épreuve… qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord… moi aussi, je resterais avec toi papa… et avec toi aussi Alix… leur jura Félix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »… c’est ce que disait Glenn…
– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgré la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainé souriant alors qu’ils étaient en famille.
Ils passèrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journée, même s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duché uniquement à Loréa, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait éviter de trop forcer pour le moment.
Félix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces dernières semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accroché malgré tout pour continuer à être assidu dans ses études. Tout ceci lui serait très utile quand il serait grand…
Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant à s’inquiéter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’après avoir été étonné comme eux, son louveteau se mette à sourire en déclarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tête de son petit en soufflant, moins anxieux que tout à l’heure à cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis très fier de toi… »
*
Quand les côtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en présence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variées, autant de pêche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osé les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman était dangereux, c’était évident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colère générale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la côte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient à toutes vitesses devant eux, ayant même eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les têtes des morts à leurs frères afin qu’ils puissent avoir les hommages funéraires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hétéroclite, autant pour avoir des renforts que pour éviter qu’ils ne croient à une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien répondu pour ne pas encore plus compliqué leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrète d’un chef local.
Même après une vie entière à parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hétérogène, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manœuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopérer dans un seul but : arrêter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainé dans une histoire pareille… marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver…
Elle regarda Oswald, son regard sombre braqué vers la côte. Il était en habit simple d’archer, bien protéger par son armure, son carquois rempli de flèche, comme un soldat ordinaire, à l’exception de la capuche tout autour de sa tête pour éviter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermé sur lui-même, même si ses yeux restaient déterminés.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dû revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste à Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tête sur une pique au-dessus des portes du port… ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux… c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis… j’espérais que tout ceci se serait terminé une fois que Clovis a été décapité et envoyé dans le caveau des criminels… Justine aussi disait que c’était terminé… qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore… il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la déchéance de son sang.
Ivy hocha la tête, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait même survécu pour la plupart, et il avait survécu au règne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement préféré finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le régler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repérer depuis qu’ils sont infiltrés et ils ont pu saboter les chaines qui protègent l’entrée du port. On est aussi arrivé à avoir une bonne idée d’à quoi ressemble l’intérieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tâche, même si on doit faire attention à ce qu’il nous réserve.
Oswald hocha la tête, arrivant à fendre un léger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dépêcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrêter tout ceci, au moins en coupant la tête du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tête vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy répondit qu’ils étaient prêts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgré leurs différences de structures et d’expérience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expérimentés menant les autres afin de les protéger, leur coque étant faite pour résister à des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangé leurs voiles afin d’être plus discrets, se cachant pour que les défenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotées. Derrière, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prêts. Dotés de rames, ils seraient chargés de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles à voiles. Leur objectif était au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois là-bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrêts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient être rapide, précis et tout faire pour éviter de trop grosses pertes à cause de leurs forces limitées et très diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cèderait et ils se disperseraient surement sur le champ…
« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repérés dans notre ligne de mire… »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une prière aux Braves et à sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchés à portée de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait été élue pour les représenter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des étrangers qui arrivaient en masse sans aucun représentant faerghien. Nous avons envoyé cinq messagers auprès de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donné qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de répondre à nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyés paitre ! Nous n’avons à répondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sécurité sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussés, où sont passées ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problème ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes déjà très cléments de ne pas avoir incendié les navires qui transportent les assassins de nos frères !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vérifier que tous étaient prêt discrètement, que pour éviter que les défenseurs se méfient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions à l’intérieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cœur avec tous les autres navires qui hurlèrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libérerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! Arbalétriers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte à nos côtés ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachés filèrent tout de suite vers les portes, glissant à toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite à la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs étaient placés juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tête au-dessus des créneaux mais…
– Les assommoirs ont été bouchés ! On a été saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volé leur réputation d’être plus redoutables à dix qu’une armée de dix mille soldats ! »
Un énorme trait passa tout près d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sûr ! Oswald repéra aussi vite qu’il put la meurtrière où devait être caché une arbalète de tour, prête à enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait emprunté le trait, et tira sans hésiter. La flèche arriva à passer la meurtrière et étant donné qu’aucun carreau d’arbalète ne suivit le premier, il avait dû toucher le responsable de l’arme. Kleiman était officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalète de tour, ni beaucoup d’homme aptes à la manier. Les assaillants devraient être tranquilles un moment avant que les défenseurs n’arrivent à trouver quelqu’un d’autre pour la réarmer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires à rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce répétant ses ordres en volant de partout.
Oswald obéit, sautant lui-même dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, à la fois dans l’attente d’arriver et prêt à contre-attaquer dès qu’un ennemi était à portée de flèche.
Une fois les portes et les chaines passées, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs… il n’y avait même pas de quais pour débarquer, seulement une jetée où s’échouaient les bateaux de pêche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flèches et remerciant son emblème de l’empêcher d’être trop fatigué malgré ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancèrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empêcher par la garde déjà occupée sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guère suffisante pour arrêter une grosse centaine de marins déterminés.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dès qu’ils rentrèrent dans la cour.
« Cette odeur… Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblème se calmait une seconde, ayant déjà prévenu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, réagit au quart de tour quand il vit un éclat de magie noire se former et décocha une flèche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le même temps, Ivy passa sur le côté de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son épée, surveillant derrière son épaule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement à l’intérieur !
Après avoir enfoncé la porte, les marins entrèrent en trombe dans la grande salle où ils trouvèrent Kleiman, entouré de ses conseillers et de plusieurs mages étranges, avec des motifs qui disaient quelque chose à Oswald…
« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! Méfiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença à charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derrière. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complètement desséchées, comme vidées d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour éviter d’être le suivant.
Ivy tira Oswald derrière un escalier pour se protéger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblème commençait à l’engourdir et brûler ses muscles vieillissants… C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer à le stimuler même pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lâcher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flèche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire…
« Les insectes tentent de se débattre à ce que je voie… susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutôt rare… ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblème majeur… allons petit emblème majeur… montre toi… »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea à mi-mot Ivy. Votre emblème a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi à ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mêmes motifs que ceux du bataillon puant… haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire…
– Ah ça pour puer, elle pue… elle comme tous les autres qui ont ce motif d’œil… »
« Allons… lequel d’entre vous est l’emblème majeur ? Honnêtement, il m’intéresse plus que vous tous réunis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussière sur le plancher pour faire le tri, l’emblème majeur résistera mieux à mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la pièce, juste occupée par Kleiman et ses hommes en train de se débattre contre la porte de la trappe qui devait leur servir à s’enfuir, bloquée par une hache qui avait volé quand les assaillants étaient entrés. Ivy et Oswald échangèrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la même question ainsi que la même réponse.
– Cela me semble un marché correct. De toute façon, de misérables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un être qui vous est aussi supérieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mêmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblème majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite…
Elle fut exaucée quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-même, la face tournée vers le sol, sa capuche défaite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cœur était sur le point de lâcher à cause de toutes ses émotions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en déclarant.
– Évidemment, vous préférez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bêtes. Et dommage, l’emblème majeur est décrépit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse… les bêtes de votre genre vieillisse si vite… marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs à présent, on fera avec… vient donc…
Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libérant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flèches en plein dans l’œil, lui transperçant surement le crâne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en débarrasser ou attaquer à nouveau, une épée lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un être supérieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son épée puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge très sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait après une blessure pareille. Les autres mages avec les mêmes motifs qu’elles se mirent tous à paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, même si ce genre de cabriole n’est plus de mon âge, répondit-il en cherchant un peu son équilibre à cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutôt bien, lui assura-t-elle en l’aidant à se rester debout avant d’avouer, même si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait… il eut un sourire en voyant Kleiman ligoté avec ses sous-fifres, alignés le long du mur et désarmés. Au moins, nous les avons attrapé… J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturé, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultés, épuisés par les derniers évènements, même si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particulièrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit à peu près n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-là avaient refusé de se rendre et avaient préféré se faire tuer plutôt que capturer. Bon, au moins, c’était déjà un problème de régler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’être. Leur patron était tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressèrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, même au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages étranges avec ce motif d’œil sur eux, rendus inoffensif grâce à des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au début, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant à Morfis à cause de leur peau extrêmement pale, pratiquement cadavérique, combinée à leur couleur d’yeux et de cheveux très rares mais, ils ne parlaient pas la même langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa… ! Pas moyen de les faire passer à table ! Enragea Ivy après une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par défi. Ils sont tout maigre et dès qu’on les approche ou élève un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mêmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent être les sous-chefs après cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront là, ils ne diront rien.
– Hum… alors, autant les séparer et tous les séparer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se délier un peu sans eux.
– Oui, et il faut également bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous résistent encore… avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler… »
Sans hésiter, ils isolèrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mêmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver à leurs chefs d’un côté et à eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant à leur égard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en précisant à ceux qui leur donnerait d’être agréables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillés dans un coin, évitant la lumière du soleil couchant, fuyant même la lumière de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. Après tout ce qu’il avait vu ces dernières semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prêt à croire qu’ils étaient comme les vampires des légendes craignant la lumière mais, s’il se fiait à leur réaction quand ils avaient été emmenés ici, c’était plus qu’ils étaient très sensibles à la lumière, comme des créatures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisée. Cela vous convient mieux ?
– … oui… c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec méfiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger à votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gêner pas.
– De la nourriture d’inférieur, marmonna une femme, le nez retroussé de dégout.
– C’est ça ou vous sautez à la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son épée à sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bête qui n’a même pas d’emblème n’est qu’un insecte, rétorqua-t-elle avec bravache.
Cependant, à part ses deux-là, les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’appréhension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air étonné, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillère sans hésiter.
– Vous appréciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant à nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant à son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de déclarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traité Ivy d’insecte, la réprimandant sévèrement à son ton mais, l’homme à côté de celle qui appréciait son repas dû la défendre car, l’orgueilleuse se tut et se résigna à manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue étrange… ça ne ressemblait ni au fodlan, ni à l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni à aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrées reculées, soit ils avaient développé leur propre langage pour communiquer discrètement ensemble.
Celle qui les avait remerciés finit la première en savourant sa pomme après avoir demandé ce que c’était, puis déclara.
– Merci pour ce repas. C’était très bon…
– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu… est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– … matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prénom à vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls à avoir le privilège d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est déjà un grand honneur pour des inférieurs tel que nous d’avoir un numéro attribué par le Grand Agastya…
– C’est débile, ça vous réduit à un numéro alors que vous êtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont à peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supérieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, même si Ivy la reprit à nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supérieur étant donné que c’est les « esprits supérieurs » qui vous appelle par des numéros et on est leur ait supérieur car en plus d’avoir un prénom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes à ce point, on peut vous appeler par un prénom, et c’est plus agréable pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est très impoli d’appeler quelqu’un par un numéro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchanté de faire votre connaissance, déclara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hésitations, elle leva à son tour sa main pour la poser sur son front en déclarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors… Pomme… ou Soupe… c’est bon… enchanté de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de même. Et Pomme est un joli prénom.
L’homme qui l’avait défendu écarquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, même si Pomme répondit en lui montrant sa paume.
– Bah non… y a rien, tu voies ?
Il eut l’air étonné, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignée de main.
– Je… je peux aussi ?
– Bien sûr. Enchanté… ?
– Je ne sais pas… Ivy ? C’est joli… si deux personnes ont le droit de porter le même prénom…
– Bien sûr, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prénom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mêmes sonorités comme ça.
Il hocha la tête avant de serrer à son tour la main d’Oswald avec appréhension, avant de la retirer avec étonnement en voyant qu’elle était toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se présentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la même réaction.
– On… on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bête avec un emblème majeur nous brûlerait… surtout les tarés comme moi et matri… Vivian… avoua Pomme en regardant leurs mains à tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dévorerait les mains si on le faisait… quand c’est l’emblème mineur, ça piquerait comme du salpêtre mais, que les emblèmes majeurs brûleraient comme le soleil… que seuls les esprits supérieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya étaient assez forts pour résister…
– Et bien, je dois avouer que c’est la première fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brûlé personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant à moitié noir. Ces personnes avaient été maintenus dans l’ignorance, surement pendant des années afin de mieux les contrôler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait même pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile à manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois être honnête avec vous, l’heure en ville est très grave. Énormément de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est à l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et éviter qu’il y en ait d’autres. Après la démonstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous très inquiets pour eux. Étant donné que vous étiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous êtes leurs complices, et vous risquez d’être punis de la même façon qu’eux, même si vous n’étiez que des exécutants… leur apprit-il, voyant leurs joues blêmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous éviter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider à retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hésitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc…
– Non !!! …
Celle qui les avait traités d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se décomposa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colère.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passé ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– Même contre l’Agastya ? Même contre l’être le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprême des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige… per… personne ne doit lui désobéir, le questionner ou lui résister…
– Oui, même contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer à faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a raconté l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblème mineur, vous serez brûlé ?
Pomme se mordit la lèvre avant d’hocher la tête.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrés mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois après Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et à l’embrocher avec une épée pour la battre. Même si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver à le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez être juste selon vous, pas selon votre Grand Con si génial qu’il est obligé de mentir en permanence pour se faire obéir car, un peuple qui réfléchit, c’est chiant à gérer.
– Agastya… crrrrétin… marmonna Noce sur son épaule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tête alors qu’elle prenait peut-être une des premières décisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout… maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller… Juste… juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitié, ne nous renvoyez pas là-bas… ils nous tueront pour vous avoir parlés…
– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levèrent, sous le regard effrayé des trois qui avaient serré la main du descendant de Riegan, et celui désapprobateur des deux derniers mais, ils restèrent fermes sur leur décision et les suivirent hors de la pièce. Les deux amis – peut-être… ça ressemblait à de l’amitié selon le grand-duc mais, il n’était pas sûr qu’ils sachent même ce que c’était… – les ramenèrent dans la grande pièce centrale, leur disant que leur « laboratoire » était sous la grosse dalle par où Kleiman et eux-mêmes avaient tenté de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivèrent à la forcer malgré les déformations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau était assez étroit, à peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacé par des sortes de longs rubans luisant, encastrés de chaque côté du couloir, indiquant le chemin dans la pénombre. Si c’était les lumières auxquels ils étaient habitués et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'était pas très étonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude… une odeur de plus en plus nauséabonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tête, gagnés par la honte… une odeur de cadavre et de fumée… de magie noire…
Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença à entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-même, ne pouvant contenir son incompréhension mêlée d’horreur à son tour. Le boyau débouchait dans une énorme cavité éclairée par des pierres semblables aux veines luisantes, éclairant un ensemble de table semblable à celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang séché et de chair putrifié rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux côtés bien distincts : à leur gauche, il y avait des rangées de dizaine de tubes transparentes comme du verre où flottaient des sortes de boules, et à droite, un damier de pressoirs énormes, de sorte de cuves surplombés de cheminé, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonné au cordeau… presque scientifiquement…
« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a récupéré encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus à l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, répondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissés, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux défaillants alors, on a la tâche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se débarrasser des restes pour Vivian… c’est ce qui est le plus dégradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dégradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scène avec horreur, conscient que plusieurs de ses frères et sœurs avaient dû passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, même si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dérangeant… c’était presque… bien trop calme…
« Assister la Meneuse Érudite… répondit difficilement Vivian.
– C’est-à-dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgré l’odeur atroce et le manque de lumière.
– Projet Alpha… continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des métabolismes… étude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expérimentations des Meneurs…
– Attendez… vous êtes en train de nous dire que vous découpiez des gens vivants ?! Mais quel être humain peut être assez tordu pour faire une chose pareille à ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains… pas comme vous en tout cas…
– Oui, esprits supérieurs, inférieurs, insectes… tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout à l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dégoutée, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste découper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dévisagea Pomme, ne sachant pas si elle devait être en colère ou compréhensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant même pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de même la base les émotions et les sentiments. Vu le niveau, c’était même limite énorme qu’elle ait juste osée la poser sa question…
– L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place des autres pour les comprendre et agir en conséquence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son épaule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les défaillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des… des « stocks »… c’est pour corriger nos défaillances et nos tares à force…
– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerrière sreng, sans voix.
– Non, c’est les défaillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya… même les Meneurs… nous avons échoué, on sera juste remplacés par d’autres matricules… en particulier ceux comme nous qui sont tarés…
– C’est-à-dire ? Vous avez des problèmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait déjà mort depuis longtemps, on ne servirait à rien à la cause, c’est notre âme notre problème… on ne sait pas pourquoi… juste… ça fait mal de voir tout ça… marmonna Vivian, complètement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tête, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la même couleur perdus dans le vague. On ne sait pas… on ne sait pas… mais, on ne peut pas s’en empêcher… c’est comme si on avait des épingles dans la poitrine… ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre… même quand on les entend depuis toujours… et on arrive pas à se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le désir de l’Agastya… on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous… on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom… on arrive pas à être ce qu’on nous demande être…
– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas été cassé par cet Agastya, répliqua Oswald sans hésiter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’être mal quand des choses horribles leur arrivent comme… comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait être comme vous et être capable de ressentir de l’empathie malgré tout ce qui lui était arrivé… au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian échangèrent un regard, perdus, mêmes s’ils firent un signe de tête qui ressemblait à un acquiescement pour eux. Déesse… des êtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer… c’était la première fois qu’il voyait une telle chose…
Une fois à peu près remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent à prendre possession des lieux et à s’organiser pour sortir les rescapés de cet enfer au plus vite. D’après Pomme, le liquide où ils étaient les maintenait en vie et évitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit à peu près pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel était le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyés auprès de Kleiman de sa cuve, étalant lui-même une couverture où l’allonger.
– Je ne connais pas les détails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye… d’après elle, c’était pour plonger cette partie des protégés de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale à vous alors, le chaos l’aidera à avoir plus d’influence… expliqua Pomme en déplaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mécanismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– … nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prénom, c’est Périandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez… et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important… on peut prendre l’apparence des autres de… je vous expliquerait après mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volé le visage et l’identité… je n’en sais pas plus, je n’ai jamais été sous ces ordres, cela fait des années que je suis dévouée au service de Bias… la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte à présent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prénom. Et merci, c’est déjà beaucoup d’informations qui nous seront très utiles, » lui assura Oswald, déjà bien content d’avoir trouvé quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuèrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlèvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy… appela Noce, solidement accroché à l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitié, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre… déclara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissés à celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillé sur lui-même, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brûlures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvé. Sa peau était très pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclés, retenus dans une épaisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy…
« C’est fou ce qu’il ressemble à son père… »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. Périandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientôt d’autres membres de la même famille avec un emblème mineur et un emblème majeur alors, il fallait le laisser de côté pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond…
– D’accord, tu m’expliqueras en détail tout ce que tu sais après mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sûr.
Pomme répéta la même série de mouvements sur la plaque que tout à l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien précis les tubes qui le reliaient à sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea délicatement sur la couverture qu’avait étendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tête, comme un noyé pour éviter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloqué dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournèrent sur l’épaule, l’aidant à vomir.
– Allez… grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache…
– … k… kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra…
Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant présent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons…
– I… Ivy… c’est… mais que… les yeux de chat du jeune homme s’écarquillèrent encre plus, même si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant à cause des dernières choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprésente. Non… non… tu dois… les flammes… le sort… Dimitri… tout… ce… krreeeuufff… ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle à l’ordre alors qu’il crachait encore. Déjà que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer même à terre ! Pour résumer très vite, même si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et même si t’as dû en voir, tu es en sécurité maintenant.
– En… mais… mais comment… ? Je… qu’est-ce… qu’est-ce qui s’est passé… ? Où… où est-ce qu’on est ? Mon… mon père est là ? Et… et Félix ? Tu sais s’ils vont bien… ? Et Alix…
– Là aussi, très longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrèrent ceux de la meilleure amie de sa mère, cherchant quelque chose de familier et de rassurant… il voulait presque l’entendre raconter ces dernières anecdotes de voyage, leur décrire ses mésaventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passé comme ça l’arrangeait à Almyra… juste pour retrouver quelque chose de normal… tout était tellement flou dans sa tête… la dernière chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages étranges qui le tiraient du mélange de boue, de suie et de sa propre mare de sang… de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire… puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant… il avait tellement de questions… mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir à nouveau…
– Je veux rentrer chez moi… je veux mon père… Félix… et Alix… je veux retrouver… ma famille…
– Bien sûr, je te ramènerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tête.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole…
#fe3h#écriture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espère que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur après la FE OC Week !#C'étais prêt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets à la base jusqu'à voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplémentaire... ce sera mieux et moins condensé en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimé écrire la scène de rêve ! J'espère qu'elle vous plaira !#(c'est les scènes que je préfère en général : les scènes de rêve ou irréalistes où les persos sont en plein trip#On peut mettre la réalité au placard et y aller à fond sur les symboles et les choses irréalistes tout en gardant la logique propre des rêv#diatribe des avertissements inspirée par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passé +30 minutes à cracher sur un jeu#auquel il n'a pas joué depuis 20 ans et qu'il déteste mais qu'il ne peut pas s'empêcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa série de coeur alors pas très agréable à vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censuré]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhérer pas à un truc soit ne lisez pas soit évitez de le tartiner à la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donné une chance à quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du négatif bonne lecture à tous !
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emiliemaria · 1 year ago
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cy-lindric · 4 months ago
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Salut ! Je viens de voir ton post au cloître du Puy-en-Velay et ça me rend tout fuzzy de voir que ma ville d'origine est arrivée sur Tumblr akdkakdk
Tu as aimé les fêtes du Roi de l'oiseau ? Tu as bien aimé la ville overall?
C'était vraiment top, la ville est magnifique et la fête était super. On a pas pu voir beaucoup de spectacles mais rien qu'avec les camps de reconstitution, les animations de rue, le marché et les bals on s'est régalées. Mon seul regret c'est qu'on soit arrivées le mercredi et parties le dimanche matin ; l'année prochaine, on skippera le mercredi pour pouvoir rester voir le grand défilé dimanche. (et on s'y prendra un peu à l'avance pour avoir des tickets pour la finale de tir à l'arc, haha)
Sinon bravo pour ta ville, très joli centre et une cathédrale qui rentre direct dans le top 5 j'ai pas peur de le dire
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lounesdarbois · 21 days ago
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La cantine
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Dieu que j'ai aimé la cantine.
Les nourritures roboratives des cantines nous enseignent que nous faisons peu les difficiles quand nous avons faim, et que nous faisons les ingrats une fois rassasiés. Et au souvenir de la fête que c'était, enfant, les jours de cordon bleu, de steak haché, de bourguignon et de petit salé, nous regrettons cette douce prise en charge. La cantine était l'un des trésors d'une routine qui semblait devoir durer toujours pour des enfants heureux à la seule odeur de la sauce brune, dans le vacarme du couloir de la file d'attente. Un esprit rassurant habitait les lieux hospitaliers de notre enfance. Le carrelage du sol, la glissière des plateaux-repas, la fumée des chauffe-plats, la foule nombreuse, l'institution d'un jour des frites, formaient un monde compréhensif et chaleureux.
J'allais deux fois, trois fois, chercher du supplément de cordon bleu, de yaourt à l'ananas, et des tranches de baguette "bien cuite", au point de finir seul à table, longtemps après le départ des camarades partis jouer au football. La paix revenue dans la grande salle posait la respiration. L'avenir serait meilleur. Nous portions des Nike Air et disions des gros mots, mais c'était temporaire. Tintement des couverts en arrière-plan plan. Grondement tranquille de quelque soufflerie, bruit apaisant. Je restais longtemps après la fin de ces services, parfois jusqu'à la sonnerie de fin de récréation tandis que les "dames de la cantine" s'étonnaient de trouver encore un élève à table. Je n'irai pas jouer, le monde est décevant, il fait meilleur dans la proximité des grandes personnes qui sont là pour nous. J'allais encore chercher du supplément. Tout revenait dans l'ordre. C'était la vie stable et la paix, peut-être un aperçu d'éternité bienheureuse. Tintement de couverts encore. Travailleurs en cuisine qui s'apostrophent en rangeant des chariots. La paix loin des engrenages du monde. Mes grands-parents, à Paris, là-bas, l'ordre de leur maison. Un refuge possible. La France tenue par des gens de France, souriants et âgés. Une organisation du monde qui venait de loin et se donnait à moi pourtant, à demi-étranger, un ordre qui me donnait hospitalité, amour, avenir. J'ai immensément aimé ces fins des services de cantine. Moments d'alternative inventés, gagnés sur l'engrenage obligatoire, moments de récollection, de récapitulation, moments de retrouvailles avec le temps lent de mon pays. La cour de récré c'était les jeux stupides, les prochaines boums, les tiraillements sans répit de la réputation et de la sentimentalité qui vous hameçonnent et vous enlèvent à vous même. Rester longtemps à la cantine c'était être rendu à soi-même dans la joie contenue, sans commentaire, sans éclat, dans un cadre, un tout petit cadre, qui délimite une paix totale.
Beaucoup plus tard je n'ai plus aimé que la vie variée, les "excitantes opportunités" pour "profiter de la vie" et "s'éclater comme des malades" dans des nouveautés étonnantes et toujours renouvellées, qui vous mettent la tête à l'envers. Il fallait pour que la vie ait du sel, pour repousser le démon qui vous accuse d'être un raté, accumuler en une seule journée un maximum de musts, que ces musts deviennent un flux continu, abondant, et sûr, qui vous remplisse et vous fasse passer par-dessus la vie.
Il fallait en une seule journée avoir gagné de l'argent, avoir été beau, avoir été bien habillé, avoir affermi son avenir professionnel, avoir serré une petite et s'en être réservé une autre pour plus tard, avoir été drôle, avoir été profond, avoir été guerrier de la survie immédiate dans un tête à tête avec l'existence tout en ayant accepté avec dégagement un salaire, l'amour d'une famille, d'un pays, d'un Dieu charitable, et goûté cette stabilité.
Il fallait en une seule heure avoir capté au réveil une musique nouvelle et opportune qui avait éteint vos doutes et façonné votre optimum d'état d'esprit, puis s'être douché en étrennant un fabuleux gel douche dérobé la veille dans un magasin de luxe, puis avoir passé vos vêtements favoris tout en honorant simultanément un rendez-vous téléphonique pris de longue date qui allait permettre un déblocage administratif auquel on ne croyait plus, être sorti et avoir marché face au soleil tout juste revenu et croisé au moins un regard de jolie passante, être monté dans le métro à la seconde exacte où les portes fermaient, et s'en être allé ainsi vers la foule des opportunités de l'heure suivante, de la journée suivante, des années suivantes sous l'égide d'une présence protectrice et bienveillante.
Au retour de certaines nuits passées dehors à courir les filles je prenais conscience dans des moments d'illumination profonde, que jouir vraiment de la vie supposait de se contenir totalement et tout le temps. J'allais ces nuits là au bout de moi-même, au bout de mes finances, au bout de mon temps libre, au bout de ma peur de l'autre pour oser l'aborder et réussir à la convaincre, j'osais aller chercher cette vie qui ne venait pas à moi et j'assumais de la prendre avec méthode et passion exactement comme on prend une fille. Je touchais au centre de l'existence, à ce pourquoi j'avais jusqu'ici vécu sans avoir osé y aller. Aussitôt, tout devenait paradoxe. Les hommes etaient malheureux disaient Pascal, de ne pouvoir rester en leur chambre ? Eh bien tout le malheur des hommes je le voyais était de vouloir jouir de la vie, de vouloir s'abîmer, s'évader, s'oublier. La musculation, l'éducation, le gain d'argent, les belles possessions matérielles, les appuis mondains étaient des potentiels laborieusement amassés, mais ils étaient comme de l'huile dans des outres fatiguées de les contenir et qui ne demandaient qu'à crever, qu'à se répandre, qu'à purger leur trop-plein. Il faudrait ne jamais vouloir se soulager et ne jamais se fatiguer d'amasser, toute la vraie joie est là. À quels tourments nous condamnent, je le voyais, la recherche hédoniste ! À cet homme moderne et maudit qui se gaspille lui-même parce qu'il est seul, habité d'un monde de désir et assiégé d'un monde d'impossibilités. Telle est la cruelle condition des hommes, voilà ce que je comprenais. En-dedans, un besoin total, et en-dehors, une indifférence totale. J'ai beaucoup aimé les auteurs qui ont su exprimer ce moment précis, ce lieu précis de l'existence, ce vrai tête à tête avec les choses, un face à face musculaire, intellectuel, instinctif, spirituel, financier, judiciaire, total, qui engage avec frayeur et ivresse la totalité de votre être qui veut de toutes ses forces faire naître un nouveau monde. Herman Hesse, Dostoievski, London, Morand, Céline. Et plus près de nous, Soral et Cysia Zykie. Alors vous sentez que vous n'êtes pas de taille, que vous êtes faible et fanfaron ou tout du moins, que vous pourrez tenir mais temporairement, qu'il faudra très vite un support, "un lieu où reposer sa tête", une grâce, une aide externe, une réponse à vos tentatives comme une bouée de sauvetage à un naufragé haletant qui s'épuise et s'affole.
J'ai longtemps fait le fou pour sortir de la condition de perdant immobile que nous promettait cette affreuse ville de Grenoble, entre les gauchistes, les fonctionnaires, les étudiants ESC et les racailles. Il a fallu, du moins le croyais-je, il a fallu trouver une bande de fous et de déclassés comme moi, et lancer la machine. Resquiller, voler, cambrioler, siphonner, camper, cogner, attraper, crier, saccager, courir pour sa vie. Plus tard ce fut le Vietnam, Hongkong, Paris, tenter sa chance, forcer la chance. L'argent, la bourgeoisie retrouvée, re-perdue, regagnée, les vestes en cuir et les baskets Dior Homme ancien modèle, les filles qui ont la mèche sur le front et le collant qui s'arrête à la cheville. Planer au-dessus du marécage où s'enfonce le monde impie des indifférents, et parfois se débattre dedans, avec horreur, larmes et rage.
Eh bien je préférais la cantine.
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girafeduvexin · 5 months ago
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Je veux pas critiquer booktok pour critiquer booktok mais je crois que j'ai compris pourquoi certains livres très populaires déçoivent parfois quand on les lit enfin. Je regardais une booktokeuse qui parlait des livres qu'elle aimait et qu'elle n'aimait pas et elle en parlait de manière très émotionnelle : "ce livre va vous faire pleurer", "ça me faisait frissonner" et c'est pas forcément une mauvaise chose ! Je dis souvent à mes élèves de partir de ce qu'ils ressentent pour analyser un texte. Mais après il faut aller plus loin : quand elle parle du style d'un auteur qu'elle n'aime pas "vous verrez en lisant, c'est particulier" en quoi ? C'est froid ? Au contraire, c'est très riche, y a beaucoup d'adjectifs ? En quoi c'est triste, en quoi c'est beau ?
Le problème, c'est que je peux vous montrer trois livres radicalement différents en vous promettant qu'ils m'ont fait pleurer et ce sera sans doute vrai, mais ça ne suffit pas : c'est le détail, la forme, qui va porter le livre, le distinguer des autres. Si elle avait dit : "J'ai beaucoup aimé ce livre car sa structure narrative atypique fait qu'on est porté tout au long de l'histoire. Le style froid de l'auteur, assez neutre, permet de vraiment mettre en relief la dureté de ce monde" etc, on saurait à quoi s'attendre et en lisant ensuite le livre, même si on aime quand même pas, on n'aurait pas l'impression d'avoir été trompé sur la marchandise. Je pourrais me dire "en effet, la structure narrative est atypique mais personnellement, je la trouve confuse" et ainsi de suite. Alors que juste dire "ça m'a fait pleurer donc c'est bien", on ne peut pas cerner l'intérêt du bouquin.
Vous pouvez pleurer en lisant Twilight et en lisant Proust, et c'est légitime dans les deux cas, mais les techniques littéraires ne seront pas les mêmes.
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lacesconfidences · 4 months ago
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Plaisirs entre filles…
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Un après-midi, Christine nous a montré comment elle se servait du vibro de sa mère. C'était un vibro blanc, en plastique dur, un peu comme celui de la photo. Elle a commencé par ma sœur, en lui caressant les lèvres et le clito, sans la pénétrer car elle voulait 'rester neuve pour son mariage'. Ma sœur était bien humide au bout d'un moment, et moi je bandais à passer au travers de la culotte que j'avais gardé. Alors Christine s'est allongée sur le dos et a demandé à sa chérie de lui rentrer doucement le vibro dans la chatte en lui donnant son minou à lécher. Ma sœur s'est placée a califourchon sur le visage de Christine et a commencé les va et viens dans la chatte de sa chérie. Moi je m'étais mis face à cette petite chatte béante qui suçait ce gode vibrant. Quel merveilleux spectacle 💦💦💦😍 ! J'en ai déchargé presque instantanément dans ma culotte sans me branler 💦💦💦 A en croire leurs gémissements et leurs mouvements, je crois qu'elles m'ont suivi de peu 😉💦💦💦 Après ce premier plaisir, ma sœur a libéré le visage de Christine qui était rouge et tout mouillé et elles se sont embrassées💋💋💋. Puis Christine m'a regardé avec ma culotte trempée de foutre et m'a dit "Ma cochonne, tu as aimé le spectacle à ce que je vois ! Tu n'as pas envie d'essayer ? Pour toute réponse je me suis levée, j'ai laissé tomber ma culotte mouillée sur mes pieds et je lui ai tendu ma chatte en me cambrant et en prenant appui sur le fauteuil. Je ne voyais pas ce qu'elle faisait mais j'ai entendu le vibro redémarrer et je l'ai senti venir en douceur à l'entrée de mon petit trou. C'était une sensation nouvelle, très agréable. Je me suis contractée un peu par réflexe mais ma sœur m'a dit "Avec ce que Christine lui a mis comme mouille, il va glisser tout seul, laisse toi faire !" En effet, je l'ai senti rentrer bien au fond, avec les doigts de Christine qui butaient sur ma chatte. Et ces vibrations !💗💗💗💦 Et ces va et viens 💦💦 Je me sentais prise et c'était trop bon !!!! J'ai senti aussi montrer mon éjaculation alors j'ai dit à ma sœur de prendre de quoi absorber et elle m'a enveloppé le gland dans une serviette périodique, juste à temps encore une fois 💦💦💦💦 J'en ai redemandé souvent ensuite et je crois que nous avons consommé pas mal de piles électriques 😉😉
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Fun between girls…
One afternoon, Christine showed us how she used her mother's vibrator. It was a white, hard plastic vibrator, a bit like the one in the photo. She started with my sister, caressing her lips and clit, without penetrating her because she wanted to 'stay virgin for her wedding'. My sister was very wet after a while, and I was hard enough to pass through the panties I had kept. So Christine lay down on her back and asked her sweetheart to gently insert the vibrator into her pussy while giving her her pussy to lick. My sister straddled Christine's face and started going back and forth in her sweetheart's pussy. I had put myself in front of this gaping little pussy that was sucking this vibrating dildo. What a wonderful sight 💦💦💦😍! I unloaded almost instantly in my panties without jerking off 💦💦💦 Judging by their moans and movements, I think they followed me shortly 😉💦💦💦 After this first pleasure, my sister released Christine's face which was red and all wet and they kissed💋💋💋. Then Christine looked at me with my panties soaked with cum and said to me "My slut, you liked the show I see! Don't you want to try? For all answer I got up, I let my wet panties fall on my feet and I offered her my pussy by arching my back and leaning on the chair. I didn't see what she was doing but I heard the vibrator start up again and I felt it come gently to the entrance of my little hole. It was a new sensation, very pleasant. I contracted a little by reflex but my sister said to me "With what Christine put in it as wetness, it will slide all by itself, let yourself go!" Indeed, I felt it go deep inside, with Christine's fingers hitting my pussy. And those vibrations! 💗💗💗💦 And those back and forths 💦💦 I felt taken and it was so good!!!! I also felt my ejaculation showing so I told my sister to take something to absorb and she wrapped my glans in a sanitary towel, just in time again 💦💦💦💦 I asked for more often after that and I think we used up quite a few electric batteries 😉😉
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selidren · 1 month ago
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Eté 1929 - Champs-les-Sims
20/20
Les souvenirs des obsèques se font de plus en plus flous et atténués avec les mois qui passent. Nous réapprenons à vivre sans Grand-Mère. Cela dit, le trou est toujours là et la maison semble aussi grande que déserte sans le bruit de sa cane qui tape contre le sol. Nous n'avons pas eu le coeur de la jeter. Je l'ai emballée et entreposée au grenier, au milieu de nombre de ses affaires. Quand à sa chambre, nous n'avons pas encore pu nous résoudre à déplacer les meubles, nous ne savons même pas si nous voulons les garder ou pas. Je pense qu'il faut faire table rase, mais je ne sais pas si tout le monde à la maison est prêt.
J'aimerai proposer que Marc-Antoine rénove la chambre (elle n'a pas bougé depuis presque quatre-vingt ans et aurait besoin d'un coup de frais) et qu'il en fasse la sienne, je n'en peux plus de le voir loger dans le grenier. Après tout, il va revenir s'installer définitivement ici dès l'automne puisqu'il a fini l'école. Il a d'ailleurs été diplômé avec les honneurs, même si cet événement à été largement éclipsé. J'en profite aussi pour t'annoncer que la liste de mon frère a été élue au conseil municipal lors des élections de mai dernier. J'ai maintenant sous mon toit un conseiller municipal et notre village est passé sous la bannière communiste. Qui l'aurait cru ? Je suis extrêmement fière de lui, et je n'ai jamais douté de sa réussite.
Je t'enverrai une autre lettre sous peu, j'espère un peu plus joyeuse.
Affectueusement,
Noé
P.S. Tu trouveras si joint un bordereau bancaire confirmant le virement d'un certaine somme sur ton compte en banque. Ne me demande pas comment j'ai obtenu tes coordonnées, je ne compte pas vendre mes sources. Sache cependant qu'il s'agit d'un emprunt pour la construction de ton port, et que j'escompte que tu me rembourse chaque cent.
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Sujet : La cane !!!
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Cher D,
J'ai été farfouillé au grenier et je l'ai trouvée ! La cane est toujours là, intacte ! A force de chercher des objets ayant appartenu à nos ancêtres dans cet immense grenier, je vais bientôt vivre dans un musée. Et encore, je n'ai pas encore commencé à fouiller dans les combles de l'aile construite par Arsinoé.
A la prochaine !
A.
Transcription :
Rose « Mais bon, on enterre pas Eugénie Le Bris en toute intimité. »
Ange « Monsieur le maire a même hésité à convier le préfet d’après Antoine. »
Rose « Vraiment ? Et comment saurait-il cela lui ? »
Ange « Il a des amis au conseil municipal. La question a même été mise à l’ordre du jour au dernier conseil de mairie. Finalement, ils ont décidé de ne pas le faire. »
Rose « C’est dommage, elle aurait aimé avoir un invité prestigieux à ses obsèques. »
Ange « Bon, sur ce… Je me rend compte que je suis épuisé. Vous montez aussi ma tante ? »
Rose « Non, j’aimerai encore rester un peu si tu n’y vois pas d’inconvénient. Je te chasse pas, mais je veux être un peu seule vraiment. »
Ange « Ne vous inquiétez pas, je comprends. Bonne nuit. »
Rose « Oh Grand-Mère… Vous avez eu la plus belle cérémonie d’adieu que quelqu’un puisse espérer. Vous pouvez être fière de tous vos descendants. Cette jeunesse est prodigieuse. J’espère que vous vous en êtes rendue compte avant la fin... »
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ernestinee · 5 months ago
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"Dans une histoire d'amour, on n'est jamais deux face à face, jamais isolés dans un imaginaire libre et généreux. On est tous les autres et toutes les autres qui ont aimé avant nous. Une longue chaîne de forçats menaçants qui nous tirent en arrière et nous lestent de leurs vieux conflits, leurs vieilles fripes, leurs masques grimaçants, leurs cœurs dévastés, impuissants. Nos mères et nos pères, nos grand-mères et nos grands-pères, nos arrière-grand-mères et nos arrière-grands-pères Ainsi de suite...
On porte, sans le savoir, leurs peurs et leurs angoisses, leurs rancœurs et leurs haines, leurs élans brisés et leurs blessures ouvertes, leurs espoirs déçus et cette scie meurtrière: on ne m'y reprendra jamais plus, jamais plus, jamais plus. Comme si l'amour n'était qu'une guerre en plus, un règlement de comptes impitoyable, une histoire de succession jamais fermée. Tous ceux qui murmurent à nos oreilles sans qu'on les entende: "J'étais là avant" nous bousculent, s'installent dans nos vies, y déroulent leurs histoires et nous bouchent nos plus beaux horizons."
Je termine ce soir la lecture de "J'étais là avant" de Katherine Pancol. J'avais déjà essayé de la lire, dans "Les yeux jaunes (ou verts ?) des crocodiles", et dans un autre livre au titre aussi tarabiscoté et je n'avais pas accroché. Babelio a dit "Oh j'avais bien aimé les yeux verts (ou bleus ? 'fin bref) des crocodiles et là j'ai été déçu".
Du coup j'ai foncé.
Le résumé parle ici d'une femme qui aligne les hommes sans lendemain et se sauve dès qu'ils montrent des signes d'amour, puis elle tombe sur un homme qui lui aussi, s'ébroue dans des relations problématiques, et justement celui-ci est digne d'intérêt et là comme ça on dirait un navet romantique à lire en vitesse le dimanche après-midi avec la F1 en fond sonore, mais pas du tout. Car les personnages sont complexes, on se retrouve à arpenter le passé de l'un puis de l'autre et comprendre d'où viennent leurs fonctionnements, leurs blessures, et c'est finalement une grosse réflexion (ou peut-être que je réfléchis trop et je devrais me contenter de lire ?) sur les fantômes du passé, sur les blessures qu'on hérite de nos parents et plus particulièrement de nos mères, sur les moyens de se détacher de "ce grand ennemi" et une conclusion superbe sur ce qu'est l'amour.
Je l'ai démarré en ayant envie d'un bouquin un peu chill et du coup au début j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire qui n'était pas ce que j'attendais, arrête de me parler de sa mère et parle-moi de son coupleuuh. Mais j'ai été assez vite touchée par ce récit de vie finalement, et j'ai trouvé l'analyse et la réflexion intéressantes.
⭐⭐⭐⭐
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lisa972kdlz · 11 months ago
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Re-desing personnel de Macabre, la version de Nightmare dans Vampireverse !
Personal re-desing of Macabre, the Vampireverse version of Nightmare!
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Dès que j'ai connu le personnage, j'ai tout de suite aimé son design : le chapeau, la plume, le grand manteau... J'ai adoré le fait qu'il soit un voleur en couple avec Cruzar (Cross), j'ai adoré le fait que ce soit Fallacy qui soit un roi et que lui soit juste une sorte de mercenaire, le fait que ce ne soit pas forcément un méchant, ça change vraiment des versions qu'on a l'habitude de voir et c'est tout aussi badass ! (Je suis désolée mais je ne peux pas supporter les versions de Macabre où il a des tentacules, où il est noble et tout, où il est genre... Comme TOUTES les versions de lui qui existent déjà et ça gâche tellement le design incroyable qu'il a canoniquement–)
Je ne conseille pas Vampireverse et je n'approuve pas ce que la créatrice (TheGreatRouge) fait avec, je déteste le comic pour des raisons évidentes (romantisation du viol, pédophilie, pervers narcissisme impuni), mais j'aime tellement le potentiel du Lore ! C'est pour ça que malgré tout j'aime garder ce qu'il est bon de garder dans cet univers. Alors c'est pour ça que j'aime réécrire ce personnage qui n'a jamais... Être autre chose qu'un design quand on y pense.
As soon as I got to know the character, I immediately liked his design: the hat, the feather, the greatcoat... I loved the fact that he's a thief in a relationship with Cruzar (Cross), I loved the fact that Fallacy is the king and he is just some sort of mercenary, the fact that he's not necessarily a bad guy, it's a real change from the versions we're used to seeing and it's just as badass! (I'm sorry, but I can't stand the versions of Macabre where he's got tentacles, where he's noble and everything, where he's like... Like ALL the versions of him that already exist and it's such a waste of the amazing design he canonically has-)
I don't recommend the Vampireverse comic and I don't approve of what the creator (TheGreatRouge) has done with it, I hate the comic for obvious reasons (romanticising rape, paedophilia, perverse narcissism with impunity), but I love the potential of the Lore so much! That's why, despite everything, I like to keep what's good to keep in this universe. So that's why I like rewriting this character who has never... Be anything other than a design when you think about it.
Donc oui, il a des rides, oui il a l'air vieux car oui, c'est un vioque xD un vieux schnok !
Je l'aime juste trop comme ça ! J'aime le fait que si Nightmare devait avoir une version alternative dans un univers de Dark Fantasy ou d'autres univers favorisant l'aventure comme un Pirateverse ou un Mafiaverse il serait un vieux badass ! Parce que... Parce que Nightmare est vieux en fait !
So yes, he's got wrinkles, yes he looks old because yes, he's a vioque xD an old fart!
I just love him too much as it is! I love the fact that if Nightmare were to have an alternative version in a Dark Fantasy universe or other adventure-favouring universes like a Pirateverse or a Mafiaverse he'd be a gaffer! Because... Because Nightmare is actually old!
Dans mon imagination il n'a plus que des similitudes avec Nightmare qu'en matière de référence, sinon c'est une sorte de croisement étrange entre Maître Yupa de Nausicaa de la vallée du vent, Mendoza des "Citées d'Or" et Pandiego de la Vega de "Wakfu" :
In my imagination, he only has similarities with Nightmare in terms of references, otherwise he's a sort of strange cross between Yupa from Nausicaa of the Valley of the Wind, Mendoza from Cities of Gold and Pandiego de la Vega from Wakfu:
Yupa :
– Design
– Vieillesse, expérience et culture (Age, experience and knowledge)
– Skills en combat (Skills in fight)
Mendoza :
– Mouvement de cape badass (Badass cape move)
– Espagnol (Spanish)
– Cupide (Greedy)
– Sournois, rusé et sourire narquois (Sly, cunning and sneering smile)
Pandiego de la Vega :
– Hygiène de vie (hygiene)
– Mauvaises manières (bad manners)
– Goût pour la bière et les tavernes (A taste for beer and taverns)
– Langage et humour (language and humor)
Et autres critères que je ne dirai pas maintenant car y'a des gens de Wattpad ici–
And other criteria that I won't go into now because there are people from Wattpad here-
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lilias42 · 3 days ago
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Vinland Saga et son traitement des personnages féminins : tentative d'analyse du cas d'Arnéis
Attention, billet qui spoile tout le manga jusqu'au tome 14 / saison 2 de l'anime sans vergogne. C'est normalement assez détaillé pour que tout le monde comprenne même sans avoir lu ou vu les chapitres mais, si vous ne voulez pas vous faire divulgacher l'histoire, je vous conseille de passer votre chemin.
Bon ! J'ai pas mal hésité avant de faire ce billet mais, son cas me gratte le crâne depuis que j'ai lu la conclusion de l'arc à la ferme et surtout le tome 13 alors, vu que j'ai un bureau des plaintes personnel avec mon blog, aller, autant en parler une bonne fois pour toute vu que je trouve que le traitement de ce personnage est... peut-être pas pourri et mal fait mais, surtout très frustrant et taché de grosses ficelles usés jusqu'à la corde avec pas mal de relent sexiste qui entache son personnage et cet arc, tout en détonnant à côté de la qualité de ceux des autres personnages (tous masculins), et je pense que ce serait bien d'en parler.
Par contre, attention, même si je m'apprête à critiquer une partie de son histoire, ce manga est excellent, même si tout n'est pas parfait. Vous voulez une excellente introduction à l'univers des norrois avec des représentations extrêmement solides de leur mode de vie matériel ? Foncez sur ce manga, le niveau de recherche et de détails fourré partout est juste dingue. On voie que l'auteur a fait ses recherches et même s'il y a l'air d'avoir des choses qui ont vieilli un peu, c'est surtout dans les premiers tomes (le manga a débuté en 2005). Là, ceux dont je vais parler (dernier chapitre du tome 8 jusqu'au tome 14) ont été écrit de 2010 à 2014 et c'est très correct, surtout qu'on a surtout des scènes de vie quotidienne qui sont très réalistes.
Bon, l'auteur a brodé sur les motivations des personnages comme pour le personnage de Knut qui veut "sauver les vikings" au sens chrétien du terme mais, étant donné qu'on a assez peu d'information sur sa personnalité (même si n'étant pas une spécialiste du vrai Knut le Grand, je ne peux pas décrire en détail tous les problèmes de son personnage vis à vis de la réalité historique alors, je n'en parlerait pas trop), c'était un peu un passage obligatoire pour les personnages ayant réellement existé qui apparaisse dans l'histoire mais dont on ne sait pas grand-chose. On a aussi des trucs plus foufous lors des combats comme Askeladd qui porte une cuirasse musclée romaine et qui débarque à un moment en toge mais, c'est justifié par son histoire où il se pense descendant du général romain Artorius qui serait le seul souverain légitime de son pays, le Pays de Galle, et de Grande-Bretagne et il est fasciné par le monde romain tout en détestant les norrois (la série reprend la vraie théorie que le roi Arthur était en réalité un général romain, comme la série Kamelott). On a aussi Thorkell le géant qui se bat avec des troncs d'arbre, un gars qui a une ouïe surdéveloppée, la troupe semi-légendaire des Jomsvikings (qui existe vraiment dans le manga) ont un uniforme alors que ça n'existe pas encore... mais ça reste soft et ça se rapproche de l'écriture d'une saga : les auteurs de ces récits font des scènes de vie quotidienne très réaliste étant donné qu'ils la connaissent très bien, c'est la leur après tout mais, quand il s'agit de voyage et de combat, on voie qu'ils brodent quand ils ne savent pas tout ou pour rendre l'histoire plus grandiose. Honnêtement, pour en avoir parlé avec un ami prof, ce ne serait pas aussi violent, on pourrait utiliser les planches de ce manga comme support dans un cours sur la vie quotidienne des norrois / normands.
Ce manga est excellent mais, il a mis la barre tellement haut que quand je le lis, j'ai des attentes plutôt élevé et là, il s'est pris les pieds dans le tapis, surtout que le cas d'Arnéis est assez commun à toutes les femmes dans ce manga et que comme toujours dans les séries historiques, même quand on essaye de faire réaliste, on retrouve les mêmes écueils qui tombent toujours sur le traitement des femmes qui est empreints de sexisme très actuel.
Je précise également que je n'en suis qu'au tome 14 et je n'ai pas vu l'anime (même s'il est également à la fin du tome 14 / début du tome 15). Je sais ce qui s'y passe grâce à ma meilleure amie qui m'en avait parlé, et elle m'a notamment parlé du sort d'Arnéis (même si elle ne m'avait pas parlé en détail des évènements du tome 12) avant que je ne lise cet arc alors, j'étais préparé à son sort mais, malgré tout, son traitement m'a quand même déçu. Je sais que la femme de Thorfinn arrivera dans les prochains tomes et elle sera bien plus forte mais, ça n'efface pas le traitement du reste des personnages féminins des tomes précédents. Ylva est un personnage extrêmement fort et intéressant mais, elle apparait peu et ça reste deux femmes sur toutes les autres de la série. D'accord, y en a pas beaucoup mais quand même.
Point de méthode :
Je vais essayer de citer le manga quand je peux alors, les citations seront entre guillemets ( "..." ), noté en italique avec le chapitre entre parenthèses classiques et quand je la modifie pour l'intégrer au texte, je soulignerait les changements en utilisant des crochets ( [...] ).
J'utiliserai également le terme de "norrois" pour décrire les peuples scandinaves du Danemark, de la Norvège et de la Suède en général. Le manga fait parfois la faute d'utiliser le terme "viking" pour désigner les norrois comme étant un peuple, alors que c'est un terme qui désigne un métier (c'est toute personne qui va en mer pour gagner sa vie, que ce soit par le commerce, l'exploration ou la guerre pêle-mêle). Il y a également le mot "normand" qui est bien utilisé en français mais, ça désigne souvent plus spécifiquement les habitants de la Normandie (colonie norroise) alors, le terme norrois me semble le plus juste.
Aussi, on parle de Vinland Saga, un manga très violent qui utilise sa violence au service d'un propos contre cette même violence extrême et dont la conclusion qu'il tire que plutôt que de s'entretuer tout le temps, vous feriez mieux de prendre votre bèche, cultiver votre champ et vivre heureux et tranquille plutôt que d'aller mourir bêtement pour un honneur bafoué ou par cupidité mais, il reste très violent quand même. Alors, liste d'avertissement / trigger warning : violence physique extrême, violence sexuelle extrême, viol, menace de viol, esclavage, esclavage sexuel, enlèvement, sexisme, mépris de classe avec des libres qui méprises les esclaves et les affranchis, humains considéré comme des objets par d'autres humains, sévisse physique, mort en général, mort de figurant, mort de personnage principal, représentation de folie, représentation de la guerre, massacre, mise à mort.
Je crois qu'on a tout, on peut y aller, suite sous la coupe :
Donc, pour commencer, qui est Arnéis ? Et bien, c'est elle quand on la rencontre :
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Quand on la rencontre à la fin du tome 8 (chapitre 56), c'est via le regard d'Einar, esclave à peine acheté par le maitre de la ferme Ketil qui va travailler avec Thorfinn également esclave et deutéragoniste de cet arc qui permet de servir de point de vue frais et de justifier les explications qu'on donne aux lecteurs : Einar est un anglais qui a été vendu au Danemark alors, il connait mal la société norroise (même s'il parle leur langue car, il y avait beaucoup de norrois dans son village) alors, on lui explique pour expliquer au lecteur au passage.
Quand il la voie pour la première fois, Arnéis est dans une charrette derrière le maitre et même s'il a haït tout ce qui lui est arrivé depuis qu'il est à la ferme de Ketil car il est méprisé pour son statut d'esclave et par les valets de ferme qui leur volent leur nourriture (bref, réaction normale, surtout qu'il a toujours été libre), dès qu'il la voie, il déclare qu'en fait, "cet endroit [lui] plait beaucoup" (chapitre 56). Elle a rien dit, on ne sait rien d'elle, même pas son prénom, il l'a juste vu et il a été ébloui par sa beauté. Dès le départ, le personnage d'Arnéis est défini par sa beauté physique, au point qu'elle peut rendre agréable un endroit par sa simple présence.
On commence à en apprendre plus dans le tome 9 au chapitre 58. On est toujours du point de vue d'Einar qui est tout gêné en sa présence et qui a un béguin évident pour elle alors qu'il discute avec elle autour du puits le matin. Cependant, il pense qu'elle est la "jeune maitresse" (chapitre 58) et vu que Ketil, le très riche maitre de ferme qui possède Thorfinn et Einar, est un homme d'âge mûr (voir l'image ci-dessous et Einar le décrit comme un "vieil homme" dans le chapitre 55), qu'il la balade dans une charrette derrière lui, qu'elle est bien habillée, propre et semble bien nourrie contrairement aux autres esclaves qu'on a vu jusqu'à présent, et le manga ayant présenté Ketil comme un homme bon et raisonnable depuis qu'on l'a introduit (même s'il achète des esclaves en vérifiant l'état de leurs dents comme pour les chevaux, il a les valeurs et le mode de fonctionnement de son temps, et on peut souligner qu'il les traite bien tout en promettant la liberté à Thorfinn et Einar quand ils auront fini de défricher une forêt et de la transformer en champs, même si c'est une stratégie commerciale évidente : s'ils sont motivés pour gagner leur liberté, ils travailleront mieux, technique vieille comme le IVe siècle de notre ère), on peut légitimement penser qu'Arnéis est sa fille, à la manière d'Einar qui le pense également.
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Sauf que non, elle apprend à Einar qu'elle n'est pas sa fille. Pour la citer, toujours au chapitre 58 : "Je suis une esclave, tout comme toi. Je suis la suivante personnelle du maître." ce qu'elle dit avec un air sombre alors qu'elle avait des expressions plutôt lumineuses dans tout le reste du chapitre.
On saute le reste du chapitre vu que ça ne sert pas à grand-chose pour son histoire, à part à introduire / rappeler que quand on est esclave, un maitre peut vous tuer n'importe quand (même si la menace plane sur Thorfinn et Einar à ce moment-là), à renforcer le fait qu'Arnéis est un personnage très positif et gentil car, dès que les milicens emmènent les deux esclaves qu'elle connait à peine (Einar venant d'arriver et Thorfinn étant trop enfoncé dans sa dépression pour parler à qui que ce soit) elle fonce chercher Patel, l'affranchi en charge des esclaves du domaine. Ce dernier déclare même qu' "elle a couru les champs pendant un moment pour [le] prévenir" (chapitre 60), pour qu'il vienne les tirer de ce bourbier, ainsi qu'à introduire un des thèmes de cet arc autour de la vie et comment rebondir après qu'on ait tout perdu : Einar a tout perdu et s'accroche à l'idée de redevenir libre un jour tout en ne se laissant pas faire et en rejetant son rang d'esclave en gardant sa volonté, Thorfinn a perdu sa motivation à vivre (venger son père en tuant lui-même son assassin Askeladd qu'il n'a pas pu tuer) alors, il est devenu complètement apathique vu qu'il a perdu son envie de vivre tout en se laissant porter par les décisions des autres, subit ce qui lui arrive sans se plaindre même si c'est injuste ou met sa vie en danger (même si on voie aussi que malgré tout, comme le dirait le chef des milicien, Serpent, "[son] corps [lui] dit qu'il veut vivre" au chapitre 59 car il esquive par réflexe un coup qu'il identifie comme vraiment dangereux) tout en devant apprendre à vivre comme un homme ordinaire alors qu'il a vécu comme un guerrier depuis qu'il a 6 ans (le labeur mis dans le travail aux champs est très important dans cet arc, Einar dit même à la fin de l'arc à Knut que s'il créait lui-même un champ de ses propres mains comme eux l'ont fait, "[il] sentirai[t] au plus profond de [lui] à quel point c'est mal de voler le bien des autres" au chapitre 97, même si ce n'est pas très important pour l'arc d'Arnéis), et pour Arnéis, on le saura plus tard mais, elle est également dans ce trio, même si on ne le sait pas encore.
On revoit Arnéis dans le chapitre 66 où on voie où elle et Einar sont assez proche, tout en étant celle qui rappelle à Einar que normalement, on ne doit rien aux esclaves en échange de leur travail (ce qui permet de souligner qu'un autre personnage, Sverker, le père de Ketil, présenté comme très bougon et grincheux est en fait un vrai personnage positif, ce qui le mettra en opposition avec son fils Ketil qui est un personnage positif en apparence mais, est une vraie ordure dans le fond). Donc, un personnage gentil mais, très terre à terre et réaliste avec leur situation, on note pour plus tard.
On introduit aussi le troisième personnage féminin de cet arc (Arnéis est la première femme introduit dans cet arc, et la deuxième est une fille de fermier avec qui le fils cadet bouffon de Ketil, Ormar, couche afin de pouvoir devenir sa femme en lui faisant un gosse et améliorer la vie de sa famille en rentrant dans la famille du maitre vu qu'ils ont des dettes envers lui, même si elle est ultra secondaire et n'apparait que dans littéralement 2 chapitres), la femme officiel de maitre Ketil, qui n'a pas de nom mais, un visage... mais encore, y a aussi une douille.
Bon, déjà, faisons un petit point quantitatif : si on a eu une demi-douzaine de personnage masculins présent dans l'arc (Thorfinn, Einar, le Serpent, Ketil, Patel, maitre Sverker, Ormar, les hommes de serpent, en particulier Renard et Blaireau, et on sait que Ormar a un frère ainé, Thorgeir, qui aura son importance dans la suite, un autre personnage masculin important sera introduit plus tard, et les personnage de Knut, Leif et Floki qui reviennent de l'arc précédent), on est à max 3 personnages féminins, avec la soeur de Knut Estrith qui complètera le cast féminins de cet arc au chapitre 72 et aura un rôle très mineur. Si je compte les personnages féminins de l'arc précédent (la soeur de Thorfinn Ylva ; leur mère Helga ; la mère d'Askeladd Lydia ; une esclave de l'oncle d'Askeladd du nom d'Hordaland [je met la traduction anglaise de son nom, j'ai prêté mon tome 1 et je ne peux pas vérifier directement pour l'instant] qui était une noble qui a fini esclave après la défaire de son père ; une jeune fille sans nom victime d'un raid et seul survivante ; la femme d'âge mûre qui recueille et soigne Thorfinn blessé tout en projetant son fils mort sur lui, sans nom aussi, qui a certes un caractère fort et affirmé mais se fait tuer tout de suite dans un raid ; et sa fille sans nom également qui a également du caractère pour le seul chapitre où elles apparaissent et se fait surement tuer aussi), on arrive péniblement à autant de personnages féminins avec un rôle plus ou moins important dans 14 tomes que de personnages masculins dans ce seul arc de l'esclavage qui nous intéresse, et plus de la moitié n'a pas de nom ou n'apparait que dans quelques chapitres par-ci par-là avant de disparaitre, et elles servent surtout de motivation ou de dispositif d'intrigue. Elles sont également en général la voix des civils et celles étant contre la violence des hommes car, c'est les premières à se faire détruire par la violence masculine, choses relativement réaliste vu que dans tout conflit à travers l'histoire, les premières victimes sont les femmes.
Hordaland sert surtout à mettre en place des points relativement important de la société norroise vu qu'elle n'apparait qu'au chapitre 2, le futur propos sur la liberté et le futur voyage vers le Vinland pour créer un pays sans esclave pour tout ceux voulant fuir la guerre, tout en montrant le sort injuste des civils qui finissent asservis à cause des guerres avant de disparaitre complètement. Les trois femmes sans nom de l'arc précédent (que je vais appeler l'arc de la vengeance vu que c'est le thème de cet arc) ne servent que dans un ou deux chapitres avant d'être tué, avec la mère et la fille qui pourraient être une porte de sortie de la violence pour Thorfinn mais qui choisit de continuer le plan d'Askeladd même s'il voulait qu'elles s'enfuient vu qu'il s'est attaché à elle, et même s'il y a une survivante dans le trio, elle sert surtout à montrer l'horreur des raids du points de vue des civils. Dans l'arc de l'esclavage, la copine d'Ormar sert surtout à montrer que tout le monde le prend pour un idiot (ce qui est le cas avant qu'il ne murisse, il est complètement stupide et vaniteux, il ne pense qu'à se battre et méprise le travail aux champs car il trouve que ce n'est pas un travail digne d'un norrois comme lui) puis à lui montrer la vraie horreur du champ de bataille à la fin de l'arc vu qu'au chapitre 94, après la bataille contre Knut pour voler les terres de Ketil, son père s'est fait trancher les deux bras et même si Ormar lui a mal parlé, elle continue de s'en faire pour lui vu que c'est le jeune maitre des terres que sa famille cultive.
Côté personnage nommées et vraiment importantes (pour le niveau des personnages féminins de cette histoire) : La mère d'Askeladd Lydia est surtout une ombre dans le fond (on voie toujours son visage dans l'ombre ou déformer par la folie) pour ancrer Askeladd dans le décor gallois, introduire l'histoire d'Artorius qui servira à la fin de l'arc, et elle est devenu folle après avoir été rejeté par le père de son fils dont elle était la maitresse, ce qui a poussé son fils à s'occuper d'elle dès son plus jeune âge et développe sa haine des norrois, vu que son père les a abandonnés, tout en voulant protéger le Pays de Galles natal de sa mère des invasions norrois.
La mère de Thorfinn, Helga, est le stéréotype de la mère et de l'épouse parfaite : calme, patiente, belle, de bonne famille, offerte en mariage à Thors en récompense pour ses faits d'arme par son père, suivant son mari jusqu'à littéralement le bout du monde, contre la violence (de mémoire, son oncle Thorkell lui reproche d'avoir trop influencé son mari à ce sujet). Elle se met en colère qu'une seule fois quand son mari Thors refuse de nommer leur fille en prétextant qu'il n'a pas le temps car, il doit retourner au combat, et Thors dit lui-même qu' "en 15 ans de vie commune, c'est la seule et unique fois qu'Helga s'est mise en colère" (chapitre 10) alors qu'elle ressort d'un accouchement difficile. Elle sert ensuite de motivation à Thors avec sa fille nouvellement née pour qu'il change son point de vue sur la guerre car, à partir du moment où Ylva est née et qu'il s'est attaché à elle en lui donnant un nom, il a commencé "à avoir peur de la guerre" (chapitre 10) et que c'est pour ça qu'il a "fui" son ancien groupe pour aller se cacher en Islande afin d'élever tranquillement sa famille.
Enfin, leur fille Ylva est la plus caractérielle de toutes les femmes de ce manga avec un caractère bien trempé, très fort et qui a les raisonnements raisonnables dans la famille, tout en contrant les pensées plus idéalistes pour l'époque de son père avec des arguments qui tiennent dans son contexte historique (elle demande par exemple dans le tome 1 [désolé, je n'ai pas le chapitre vu que je n'ai pas mon tome à la maison, je fais tout de tête ici --'] pourquoi ils n'achètent pas un esclave comme leur voisin pour les aider à la maison car ça fait beaucoup à supporter pour une famille de 3 adultes [bien qu'on dirait que l'idée d'embaucher quelqu'un ne lui vient pas à l'idée, même s'ils font partie des riches de son village d'après les annexes des premiers tomes], et elle est furieuse contre son père quand il échange la liberté d'un esclave mourant contre une grosse partie de leurs moutons [et donc appauvri leur famille car c'est sûr que l'esclave va mourir] à son maitre véreux qui le maltraitait car, il pense que tous les hommes devraient être libre, contrairement à sa fille qui pense surtout à leurs finances), ce qui permet d'avoir les pensées d'un personnage moyen de l'époque vu qu'elle est montré comme très rationnelle. Comme dit précédemment, elle est également la motivation pour Thors pour devenir pacifique.
Ylva et Helga sont également les deux personnages raisonnables à l'annonce de la guerre en plus de Thors car, elles sont les seules du village à ne pas se réjouir, ce qui est justifié dans le texte qu'elles connaissent le coup de la guerre contrairement aux autres habitants de leur village qui a vécu isolé du monde et des gros conflits. Elles disparaissent toute les deux de la série passé le tome 2, sauf pour un interlude à la fin du tome 4 où on voie Ylva s'occuper de tout à la maison sans leurs hommes vu que sa mère a été couché par le chagrin d'avoir perdu son mari et son fils, et chasser la baleine (ce à quoi Helga réagit en disant "Mais tu es une fille ?!" pour souligner que ce n'est pas habituel d'avoir des femmes allant chasser, alors qu'on emmenait des femmes à la chasse aux phoques car ça portait chances) tout en ne s'arrêtant jamais pour ne pas penser au chagrin d'avoir perdu son père et son petit frère, et le flashback expliquant les origines de Thors du tome 6 (chapitre 39 et 40) jusqu'au début du l'arc de l'expédition à l'Ouest à la fin du tome 14, au chapitre 100 où on voie qu'Ylva s'est mariée (elle en parlait déjà dans l'Interlude pour avoir plus d'aide à la maison et pour des raisons économiques) et a conservé son caractère bien trempée. Enfin bon, c'est pas des personnages très important aussi. Elles constituent surtout la famille que Thorfinn a abandonné en préférant poursuivre les assassins de son père puis en ne rentrant pas en Islande quand il en a eu l'occasion dans l'arc de la vengeance et ses regrets.
En fait, le premier personnage féminin important qui apparait dans plusieurs chapitres d'un même tome, c'est Arnéis. Quasi 9 tomes avant qu'on ait un vrai personnage féminin récurrent... et encore, au début, elle sert surtout d'intérêt amoureux pour Einar. Mais pour la femme de Ketil, c'est encore un autre niveau vu que j'ai l'impression qu'elle sert surtout à être en opposition avec Arnéis étant donné que sa première apparition et action au chapitre 66, c'est ça :
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(désolé pour la double page en anglais, c'est plus pratique pour moi de prendre des images déjà présente sur internet que les perdre directement sur mes tomes pour des raisons de netteté)
Déjà, physiquement, elle est à l'opposé même d'Arnéis : vieille (si elle a le même âge que Ketil, c'est censée être une vieille femme), sèche, ayant surement perdu sa beauté contrairement à Arnéis qui est encore jeune et belle (dans un futur chapitre, le chapitre 80 après une ellipse de 3 ans dans l'arc, le mari d'origine d'Arnéis la décrit comme ayant "un peu maigri" mais étant "encore plus belle qu'avant" et même s'il est complètement fou, le dessin ne fait pas penser le contraire). Ensuite, on a aussi son attitude : à ce stade, même si on s'en doute un peu (et que cette double page sème quelques indices avec sa phrase "Peuh... un esclave est bien ce qui convient à une esclave. Qui se ressemble, s'assemble comme on dit"), on ne sait pas encore qu'Arnéis est la maitresse de Ketil (ou plutôt que Ketil l'utilise comme esclave sexuel) alors, le comportement de sa femme semble assez injuste envers elle, elle a juste pris deux minutes pour se laver le visage et discuter avec Einar, pas la peine de la frapper et de l'injurier comme ça, même si on peut se dire que ça sert à montrer toute l'injustice de la condition des esclaves.
Après tout, au départ, tous les esclaves qu'on a vu était maltraité par leur maitre (Hordaland était frappé par son maitre car elle était maladroite, l'esclave sauvé par Thors avait été maltraité à coup de chaine et avait perdu tout gout à la vie, Lydia est devenue folle après avoir été abandonné par son maitre et amant, les miliciens ont attrapé Thorfinn et Einar pour qu'Ormar devienne un homme en les tuant...) mais jusqu'à présent, ils ont toujours été condamné par l'histoire et soit vu comme des monstres (le maitre frappant son esclave avec des chaines est décrit comme immonde, même s'il s'en tire à bon compte, et le père d'Askeladd est montré comme un homme froid qui a mérité de se faire tuer par son fils illégitime qui va rafler tout son héritage pour lui en poussant les fils légitimes à s'entretuer grâce à sa ruse), soit comme étant pathétique (l'oncle d'Askeladd est décrit comme un idiot avare qui maltraite l'esclave dans lequel il a investi) ou se sont pris un poing dans la figure (Serpent engueule ses hommes et leur jure qu'ils le paieront cher s'ils recommencent à torturer et intimider des esclaves), et Ketil est montré comme quelqu'un qui traite bien ses esclaves (dans le chapitre 71, il prend même leurs défenses contre ses valets de ferme libre, même si c'est grâce à l'enquête de Patel qui a fait tout le boulot pour lui s'il aide, alors qu'il n'a pas levé le petit doigt plus tôt, ce qui fait partie de son personnage de lâche) alors, voir sa femme être aussi mauvaise avec Arnéis, ça fait bizarre, surtout qu'on ne sait rien de son personnage à part qu'elle est le stéréotype de la femme acariâtre qui est détestable (on ne sait pas par exemple si elle a toujours été acariâtre, si elle ne l'est qu'avec Arnéis par jalousie, ou si elle est devenue comme ça en vieillissant, même si on verra au chapitre 94 qu'elle est mauvaise avec tout ceux sous ses ordres, même le Serpent). Même si on sait qu'Arnéis est la maitresse de Ketil, en tant que spectateur contemporain, on sait qu'elle n'a pas le choix, on verra dans le chapitre suivant qu'elle ne l'est pas volontairement et même si on comprend que c'est difficile à supporter d'être cocufiée avec une femme assez jeune pour être sa propre fille, le comportement de la femme de Ketil semble encore plus injuste que personne du saint personne ne le condamne ouvertement et que tout le monde la laisse faire, surtout qu'elle disparait pendant un moment du manga. C'est juste un dispositif d'intrigue, pas un personnage.
On revoie Arnéis dans le chapitre suivant où Ketil se confie à elle après avoir dû punir deux gamins qui ont volé ses réserves, ce qui est normalement puni par des coups de bâton, même si le frère ainé prend tout pour protéger sa soeur. Etant donné qu'ils sont très jeunes et qu'ils volaient car, leur père a disparu et que leur mère est malade, Ketil voulait leur faire rembourser leur vol par leur travail (là où son fils Thorgeir voulait les faire rembourser en leur coupant un bras, chose complètement abusé, même pour l'époque, pas rentable pour deux sous vu qu'ils ne pourront plus travailler en étant manchot mais, qui colle avec la personnalité hyperviolente de Thorgeir qui est juste assoiffé de sang et de guerre, c'est le pire de la société norroise réuni en un seul personnage) mais, Patel (affranchi, personnage positif) et Serpent (mercenaire exilé pour faute grave, personnage gris moralement à tendance positive pour l'instant) font remarquer que c'est bien trop cruel, mais déclarent malgré tout que la punition normale pour un vol, c'est 10 coups de bâtons chacun, tant pis pour l'âge. Bon, je ne vais pas rentrer dans le détail de la différence entre la loi écrite et la loi appliqué, la politique judiciaire et d'application des peines, les punitions corporelles médiévales... j'en ai pas les compétences et les historiens du droit sont des anges de patience pour arriver à démêler des mille-feuilles législatifs pareils mais, si Patel dit que c'est la punition normal, c'est que c'est le cas, même si on est tous d'accord pour dire que c'est une punition trop cruelle, surtout s'ils vont déjà devoir rembourser leur vol en travaillant pour Ketil pendant des années. De plus, ces deux-là normalement, ils ne pèsent rien face à Ketil : Patel est un affranchi au ban de la société méprisé de tous pour être un affranchi, Serpent est un mercenaire employé par Ketil, et même Thorgeir devrait s'incliner devant la volonté de son père qui reste le patriarche de leur famille. Normalement, c'est le maitre du domaine qui doit décider du sort des délinquants mais, Ketil manque d'autorité et n'arrive pas à imposer sa volonté à ces deux subordonnés, alors qu'il est contre les châtiments corporels et qu'il le fait lui-même car, si c'est Thorgeir qui frappe les gosses, il va juste les tuer.
Après avoir battu le gamin qui a pris les 20 coups pour épargner sa soeur (j'en ai pas parlé plus tôt car, elle est juste une excuse pour rendre son frère plus héroïque car, il protège sa faible petite soeur et elle est quasi une figurante sans dialogue à part pour dire "Grand frère"), il va pleurer entre les cuisses d'Arnéis (littéralement, la mise en scène où ils sont tous les deux nus sous-entends clairement qu'ils ont eu des relations sexuels tous les deux). C'est là qu'on apprend que le surnom qu'on lui donne "Poing de Fer" qui aurait tué un ours seul est un mensonge (on apprend dans le chapitre 90 qu'il a volé sa réputation à un autre guerrier de son âge qui porte le même nom que lui) afin de se faire respecter car, les norrois ne respectent que la force guerrière mais, qu'en réalité, il est terrifié par la violence et la guerre. Pour l'instant, c'est pas illogique vu le reste de l'histoire, ce n'est pas un mauvais comportement d'avoir peur de la guerre : tous les personnages positifs réellement positif sont contre, et se mettre à vouloir la violence et utilisé la violence est montré comme une faillite morale avec Knut. Normalement, quelqu'un de bien dans cette histoire n'aime pas la violence, c'est un fait établi. De plus, Arnéis dit dans ce chapitre 67 qu' "être bon ne peut pas être une mauvaise chose. Je connais votre souffrance" et même si c'est évident qu'elle le dit surtout parce que pas le choix et qu'elle sert de réconfort à Ketil, on voie aussi que Ketil cherche surtout quelqu'un qui comprend son dégout de la violence.
Cependant, entre ça, une discussion avec Sverker plus tôt où Sverker (le vrai perso positif de la famille) le met en garde contre le fait d'avoir trop de terre pour s'en occuper et les défendre soi-même là où en réalité, Ketil n'est pas un bon guerrier qui peut défendre ses terres et achète la paix en donnant un énorme tribut au roi Harald, et où il dit que trop de richesse qui corromps vu qu'on en veut toujours plus, ça commence à faire beaucoup et on peut légitimement commencer à penser que si Ketil ne tient peut-être pas les gens par la violence, il les tient par l'argent. Sverker dit même "Plus on possède de richesses, plus on craint de les perdre. Pour apaiser ses craintes, on dépense de l'argent et on cherche à en gagner plus. Mon idiot de fils ne comprend pas la vanité de tout ceci." au chapitre 65, et vous avez le résumé de la mentalité et de l'arc de Ketil qui est une déconstruction de l'archétype du "bon propriétaire d'esclave" (pour citer ce message Reddit que j'ai lu après avoir écrit cet article et même si je ne suis pas d'accord avec quelques points mineurs, c'est un excellent post pour mieux cerner le personnage de Ketil). Donc, déjà, on sent que ça va mal se passer avec Arnéis vu qu'elle est complètement englué et sous le contrôle de Ketil qui malgré tout, la considère surtout comme sa propriété, même si ce n'est pas encore mis trop en avant comparé à la fin de l'arc mais bon, quand t'utilise quelqu'un comme esclave sexuel, voilà quoi.
Au chapitre 69, on ne voie pas vraiment Arnéis mais, Einar parle d'elle et c'est à ce moment qu'on apprend qu'elle ne sera jamais libérée malgré tout son travail car, elle est la favorite du maitre alors, il vaudra la garder avec lui à jamais et c'est par Einar qu'on apprend qu' "elle a l'air d'avoir renoncé à la liberté", ce qui complète le triptyque des réactions quand on perd tout : Arnéis est devenue esclave, on apprend plus tard qu'elle a tout perdu, et elle a renoncé à tout espoir d'être libre car, elle sait qu'elle ne sera libérée et se raccroche au peu qu'elle arrive à encore avoir... et même si c'est Arnéis qui nous racontera sa propre histoire plus tard, c'est un personnage masculin qui parle de son propre ressenti. Du côté d'Arnéis, on a juste des expressions de visage sombre mais, on est jamais de son point de vue, on a jamais ses pensées, c'est toujours les personnages masculins qui parlent à sa place sans jamais lui laisser la parole, alors qu'on a eu le point de vue d'Ormar par exemple, qui est un personnage plus secondaire qu'elle, qui apparait bien moins, là où Arnéis est pratiquement un personnage principale.
Le tome 11 reprend après une ellipse de 3 ans et rien à changer pour Arnéis, elle est toujours aussi gentille avec tout le monde, est toujours la maitresse de Ketil et aucun espoir de devenir libre, même si la femme de Ketil l'envoie s'occuper de Sverker qui ne peut plus s'occuper de lui-même à cause de son grand âge.
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On ne la voie pas plus du tome 11 qui est un tome de set-up qui met en place tous les malheurs qui vont arriver : Ketil tente de gagner les faveurs de Knut, nouveau roi du Danemark après qu'il ait empoisonné son frère Harald par soif de pouvoir, mais Knut veut surtout réquisitionner ses terres car il a besoin d'argent pour contrôler par la force le Danelaw (nom norrois de l'Angleterre) et donc, il les piège en poussant Ormar (le fils idiot qui veut devenir un guerrier pour la gloire mais qui ne sait pas se battre) à assassiner un de ses hommes et son frère Thorgeir tue plusieurs soldats à lui tout seul, ce qui pousse Ketil à fuir avec ces deux fils tout en sachant que Knut va attaquer sa ferme. De plus, on a aussi un chapitre où un esclave devenu complètement fou à cause des mauvais traitements de son maitre tue toute la famille de son maitre, puis brûle sa maison une fois que tous les hommes adultes de la famille son mort en disant juste "ça fait si longtemps... en route... je dois aller les chercher..." (chapitre 74). Tout se résoudra dans le tome 12 et 13.
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On découvre dans le tome 12 que cet esclave est en réalité le mari d'Arnéis, Gardar, qui veut la récupérer avec leur fils pour qu'ils puissent de nouveau vivre libre tous les trois malgré tout ce qui s'est passé (ce qu'exprime la couverture pile au-dessus). Elle hésite un peu à le suivre dans le chapitre 80 mais, il est finalement arrêté par le Serpent car, la tête de Gardar est mise à prix (il a quand même tué 4 personnes et un des hommes de serpent) mais, il agit comme s'il était complètement fou (ce qui est le cas) et Arnéis va ensuite se cacher en se bouchant les oreilles pour ne pas l'entendre alors qu'il hurle son nom, avec aucun espoir qu'il soit libéré vu qu'il a tué 4 personnes libres, un des hommes de Serpent, veut tuer le maitre Ketil (il a fait une crise de folie quand il pensait que le Serpent était Ketil alors qu'il sait que Ketil est bien plus vieux) et enlever Arnéis (résumé de ses crimes au chapitre 81).
Et là... j'avoue que je comprends un peu pourquoi les personnages de Thorfinn, Einar (et même Sverker plus tard) veulent libérer Gardar, du moins en théorie. Selon eux et leur point de vue, le seul moyen pour eux qu'Arnéis soit libre (étant donné que Ketil ne la libérera jamais), ce serait en s'enfuyant avec un homme aussi fort que lui qui est en plus son ancien mari. Une fois loin du Danemark (genre s'il retourne en Suède dont ils sont originaires), se serait très difficile pour Ketil de les retrouver (même si bon, même après que tout le monde croyait Thors mort et qu'il a même été enterré, les Jomsvikings sont arrivés à le retrouver on ne sait comment en Islande alors qu'il en a pas bouger depuis plus de dix ans alors, vu ce qu'on verra de Ketil ensuite et toute son obsession pour Arnéis, il serait bien capable de le faire), bien trop cher aussi, surtout que le maitre est absent pour le moment et que c'est le Danemark et la Suède du XIe siècle, c'est encore très boisé et c'est très difficile de pister quelqu'un ou de rechercher des gens, surtout que c'est très difficile de diffuser des portraits des personnes rechercher. Sur le papier, leur chemin de pensée est logique vu qu'il n'y a aucune chance qu'Arnéis soit libérée selon tous les personnages.
Mais d'un autre côté, il est évident que le type est complètement fou et dangereux. Même si c'est son mari et qu'il semble à peu près lucide avec Arnéis, il est persuadé que son fils est encore en vie alors qu'il sait que leur village a été pillé, il oublie qu'on le poursuit quand il la voie... ouais, même si c'est la seule solution à leurs yeux (qu'elle soit sauvée par son mari), ça fait un peu gros, surtout que tout le monde sauf Serpent est pour le laisser filer avec Arnéis : Einar, ça se comprends, il est amoureux d'Arnéis depuis 3 ans et veut qu'elle soit heureuse, même avec un autre, Thorfinn est à peu près raisonnable à ce sujet en disant que c'est un esclave en fuite qui a tué des gens, mais l'aide quand même à s'enfuir plus tard après qu'il ait massacré les hommes de Serpent, et même Sverker (soit la figure sage de cet arc) encourage Arnéis a allé le voir quand il est capturé. ça me semble assez artificiel alors, ça fait qu'en tant que lectrice, je me retrouve du côté de Serpent : d'accord, ce qui est arrivé à Gardar est horrible, d'accord les mauvais traitements l'ont rendu complètement fou, oui je comprends que pour les personnages, c'est peut-être la seule chance pour Arnéis d'être libre mais, Gardar est un homme dangereux qui tuera tous les gens qu'il croise tant qu'il sera libre, surtout que sa tête est mise à prix, et surtout qu'on a vu dans ce manga que tous les personnages violents finissaient mal.
Toujours au chapitre 81, Arnéis tente de garder la tête froide et compare la situation à un "orage" qu'on doit laisser passer sans l'affronter, puis raconte son histoire, qu'elle a "perdu son fils pour des marmites". On apprend alors qu'elle vient d'un village ni pauvre ni aisé qui vivait très bien, jusqu'à ce qu'on découvre de fer dans un marais proche, ce qui fait que tout le monde veut se l'approprier. Les hommes de son village (dont Gardar) votent pour se battre pour avoir le marais après qu'un de leurs alliés aient demandé de l'aide à Gardar pour qu'il participe au combat (et on peut se dire que s'ils l'ont voté tous ensemble, c'est qu'ils pensaient pouvoir gagner. On apprend même par la suite que quand les femmes rester au village voient des navires revenir, elles pensent que c'est leurs hommes qui reviennent victorieux alors que c'est l'ennemi qui vient piller leur village après leur victoire alors, pas de raison de douter que leur choix a été fait sans peser le pour et le contre), ce que les femmes du village ne comprennent pas car, les villageois ne manquent pas de marmite et de lame de faux mais, pour citer Arnéis "les femmes ne peuvent pas aller contre les décisions des hommes", ce qui permet de montrer le sexisme de la société tout en rappelant que si, écouter vos femmes non d'un chien, elles sont raison ! Il y a vraiment une distinction net entre les hommes d'un côté qui désirent le combat et la gloire, et les femmes qui rejettent le combat par nature vu que ce sont toujours des civils. Même dans le chapitre 6 où les femmes islandaises sont aussi enthousiastes à la guerre, c'est des figures dans le fond, on se concentre sur l'enthousiasme des hommes qui ignorent ce qu'est la guerre et pense qu'on peut s'en réjouir, et seuls la famille de Thors voit ça comme une terrible nouvelle (sauf Thorfinn mais, parce qu'il est trop petit, il n'a que six ans, et joue à la guerre avec ses camarades alors, il voie ça comme un jeu).
En fait, il n'y en a qu'une qui souhaite le combat, et c'est la femme de Ketil qui, dans le chapitre 94, est trop fière pour se rendre et préfère envoyer ses miliciens et les hommes qui leur doivent de l'argent se faire massacrer plutôt que de se rendre, être exilée et devoir mendier, alors que 100 soldats d'élite de l'armée royale, mené par le roi en personne, viennent d'écraser leur 300 hommes ordinaires ne sachant pas se battre, en ont tué plus d'un tiers, et il leur reste 20 hommes en tout. Je comprends qu'elle ne veuille pas s'exiler alors qu'on tente de leur voler leur ferme vu qu'ils savent tous ce que c'est le vrai objectif de Knut mais là aussi, on voie gros comme le nez au milieu de la figure que c'est surtout pour renforcer pour son opposition avec Arnéis : Arnéis est une femme raisonnable qui ne veut pas de combat, là où la femme de Ketil est la vieille acariâtre qui préfère sacrifier tous les gens en-dessous d'elle pour garder ses biens et son rang (ce qui fait également écho aux mots de Sverker qu'on a vu plus haut, puis au comportement de Ketil mais, on y arrive). Même la soeur de Knut déteste les combats et n'aime pas voir son frère se battre à l'entrainement (elle est choquée de le voir s'entrainer alors que la dernière fois qu'elle l'a vu, il était contre la violence mais bon, ça fait bientôt 4 ans que son frère est en Angleterre et elle devrait savoir qu'il a mené plusieurs batailles et a une manière de gouverner... plutôt musclé on va dire vu qu'on sait que les communications entre le Danemark et l'Angleterre ne sont pas coupé) alors qu'elle est noble, elle est très bien protégé et sait que la guerre pourrait aller dans l'intérêt de sa famille en les rendant encore plus puissant. Ce serait bien plus logique de la montrer comme comprenant l'intérêt de la guerre pour le bien de la puissance danoise et de sa famille mais, regretter qu'on soit obligé d'en arriver là, à la manière de Thorfinn qui regrette que la violence qui devraot normalement être le dernier recours soit en réalité le premier pris dans bien des cas.
Sauf que, ces femmes ont été élevé dans la même société que les hommes, tout le monde chez les norrois pensent que la valeur militaire est très importante, voir même que "l'honneur, c'est plus important que la vie" pour citer Thorgeir (le fils ainé de Ketil assoiffé de sang pour rappel donc, clairement pas un exemple à suivre) qui est un cas extrême mais, techniquement, vu ce qu'on a vu, bah ça devrait être la valeur de base pour beaucoup de monde normalement, le cas de Thorfinn et Thors sont censés être des exceptions.
C'est une bonne chose de montrer que derrière les représentations idéalisés du combat dans les sociétés anciennes, la réalité des civils et des proches de combattants est toujours qu'ils tiennent à leurs proches et qu'en général et dans la très grande majorité des cas, les gens tiennent à la vie, qu'ils veulent rester en vie et ne veulent pas se battre car c'est quand même mieux d'être en vie et de profiter que de mourir bêtement (chose qu'on devrait aussi faire avec l'histoire grecque d'ailleurs, surtout que les études récentes montrent que la conception de la guerre des grecs est en réalité bien plus pragmatique qu'on ne le pensait, histoire de battre en brèche l'idée que les soldats grecs sont LE soldat parfait et viril par excellence qu'adorent l'extrême-droite et les fachistes mais je m'égare), très bien même.
Ce qui me gêne, c'est la répartition très genrée des gens anti-violence et pro-violence. Même Einar qui déteste la guerre et les militaires (avec de très bonnes raisons vu que la guerre a détruit sa vie et l'a fait asservir) n'hésite pas à se battre quand il est en colère et peut avoir des réactions très violentes contre les gens qui lui ont fait du mal, à lui, à ses proches ou ses champs. Thorfinn et Thors sont pacifiques et anti-violence jusqu'au bout mais, c'est le résultat d'une réflexion philosophique assez longue et qui est très détaillé, notamment à cause de leurs expériences militaires et pour Thorfinn, on voie aussi qu'il regrette beaucoup ses actes qu'il veut expier.
Pour les femmes, on a pas ce chemin de pensée : ce sont des femmes alors, elles sont contre la violence. C'est automatique, et celles qui ne sont pas dans ce schéma de pensée sont des méchantes. En plus, avec la description d'Arnéis, on a l'impression que les femmes sont vraiment la dernière roue des carrosses qui n'ont aucun pouvoir dans leur village et que les hommes n'écoutent jamais (surtout que juste avant, Serpent dit qu'on n'écoute jamais les esclaves alors, ça mets des femmes libres pratiquement au même niveau que des esclaves) et d'accord, la société norroise, c'était pas la paix et les petits oiseaux mais, de mémoire, les femmes norroises avaient quand même plus de liberté qu'on ne le pensait à la base (en général, les femmes ont beaucoup plus de pouvoir d'action au Moyen-Age, même chez les Francs, ce n'est qu'à partir de la Renaissance qu'il y a un recul de leurs libertés et autonomie). Alors que ça aurait été simple de dire que les gens sont divisé dans le village d'Arnéis : une partie veut aller se battre pour récupérer le fer pour mettre du beurre dans les épinards et avoir une nouvelle source de revenue, ce qui serait une bonne chose en cas de coup dur, et de l'autre une partie qui veut rester neutre à cause du risque de représailles en cas de défaite et, pour citer Arnéis dans ce chapitre 81, ne pas "risquer leur vie pour quelque chose dont n'avions pas besoin", surtout que la cupidité fait également partie des thèmes de cet arc mais, sans genrer les camps. J'aurais plus accepter que ce soit une différence entre riches qui veulent encore plus d'argent et savent qu'ils auront la main mise sur le fer (tout en ayant un meilleur équipement qui les protège mieux au combat) et pauvres qui n'ont rien à gagner à se battre, doivent s'occuper de leurs champs et savent qu'ils ne tireront rien de ce marais qui sera accaparé par les nobles et ils n'auront rien à part des tâches supplémentaires (tout en ayant un moins bon équipement qui les fera mourir plus vite). Là, on sent vraiment que pour l'auteur, selon lui, les femmes sont forcément opposés à la violence car, c'est leur nature de femmes et de premières victimes, là où pour les hommes, ils doivent réfléchir avant de se dire que la violence, c'est mal.
On apprend ensuite que le fils d'Arnéis lui a été pris car, on la vendrait plus cher seule sans qu'on la pense mariée, et elle conclut que "si Gardar et les autres n'avaient pas participé à cette guerre... s'ils avaient attendu que l'orage passe... nous n'aurions pas tant souffert." (toujours chapiter 81) Je pourrais chipoter en disant que bon, si les norrois se battent souvent contre les francs et les saxons, ils se battent aussi très souvent entre eux alors, c'était une question de temps avant que la guerre frappe à leur porte mais, je comprends qu'Arnéis ait cette réflexion : elle a tout perdu à cause de cette guerre qui servait à rien, son mari, son fils d'un an, son village et sa liberté, ce qui l'a conduit à être l'esclave sexuel de Ketil, normal qu'elle pense ainsi. Elle décrit également Gardar comme étant "devenu l'orage" et qu'il lui fait peur alors, cette fois, elle "doit protéger [son] enfant de l'orage des hommes".
Car oui, on apprend tout juste là qu'elle est enceinte de Ketil ! Les violence sexuelles continuent ! Je dirais bien que bon, on connait les préservatifs depuis l'Egypte antique mais bon, en 5 ans de relation, j'imagine qu'un accident peut arriver et vu l'état où elle est, ça se comprend qu'elle s'accroche à son gosse pour rester en vie mais bon, vu comment les choses se profilent, vous le sentez la mort ultra tire larme facile qui arrive ? Car moi oui. On coche toutes les cases du stéréotype de la femme fragile à protéger et en détresse : belle, fragile, enceinte, vivant pour son enfant à naitre, et dont la mort est d'autant plus tragique qu'elle attend une nouvelle vie. Elle dit aussi que le maitre sera heureux de l'avoir vu qu'il lui dit qu'il en voulait un d'elle (et elle oublie très vite comment la traite la femme officielle de Ketil alors, quand elle la saura enceinte de son mari, j'ose à peine imaginer comment elle va réagir cette vieille peau). Enfin bon, elle utilise le fait qu'elle soit enceinte pour convaincre Einar de rien tenter pour libérer Gardar, de ne pas faire "empirer l'orage" car les premiers mois sont très importants. Donc, on dirait qu'elle a accepté de ne pas suivre son mari devenu complètement fou et qu'elle l'a accepté même si elle l'aime, et veut rester en sécurité.
Cependant, une fois qu'Einar et Thorfinn sont partis et qu'elle pense que le vieux maitre dort, elle tente de s'en aller pour aller soigner ses blessures sans savoir si elle prend la bonne décision, ce à quoi Sverker répond "Je ne t'accablerai pas. Fais ce que tu juges le mieux !" tout en s'excusant de ne pas pouvoir plus l'aider car tout le monde le croit complètement sénile.
Elle va donc soigner les blessures de Gardar. Elle tombe sur Serpent qui lui dit qu'ils n'ont pas soigné Gardar : "Pourquoi je devrais panser les plaies du gars qui a tué un de mes hommes ?". Serpent est très attaché à ses hommes alors, il se venge de la mort de son homme Blaireau en ne soignant pas Gardar car il lui en veut à mort, ce qui est montré comme très froid de sa part (à raison à mon avis). Cependant, comme la femme de Ketil le convoque chez à la ferme (le bras droit de Serpent qui part avec lui, Renard, pense qu'elle veut sa part de la récompense en échange de la capture de Gardar, soit 3 chevaux, ce qui est présenté comme injuste vu qu'elle n'a pas participé, ce qui suit le fait que ce soit une vieille femme acariâtre et injuste juste obnubilé par l'argent et que ce n'est pas un personnage, c'est juste une fonction et un stéréotype), il ne la ramène pas chez Sverker et confie cette tâche à un de ses hommes. Evidemment, elle arrive à le convaincre en le suppliant (la mise en page montre que c'est à cause de son beau visage qu'il accepte) et elle peut aller voir Gardar pour le soigner.
Quand Gardar la voie, la première chose qu'il lui dit est "coupe mes liens, Arnéis ! Rentrons chez nous !" (chapitre 82). Actuellement, il est dans un camp avec quatre miliciens qui le surveille, on se demande comment il pense s'en sortir mais bon, c'est déjà établi qu'il a complètement sombré dans la folie alors, normal qu'il ne soit plus du tout rationnel. Arnéis demande si on peut le libérer une seconde pour qu'elle puisse le soigner, ce que les miliciens refuse vu que bon, ils ont déjà eu du mal à l'attacher et que le type est dangereux mais, ils font quand même des "blagues" grasses en disant à Arnéis de lui faire "une petite gâterie" et qu'ils n'ont pas "attaché son machin" alors, elle peut le "bander", alors que Gardar lui demande pardon pour tout ce qu'il a fait tout en lui assurant qu'ils peuvent tout recommencer tous les trois (il n'a pas encore intégré que son fils est surement mort).
D'accord, c'est pour montrer que les miliciens sont horribles, on a déjà instauré que la plupart sont des criminels exilés, puis justifier la décision d'Arnéis, d'accord dans le tome 1, on a eu un page avec un viol au calme pendant un raid pour montrer l'horreur de la guerre et l'apathie de Thorfinn (car les femmes ne sont que des outils et des dispositifs d'intrigue dans cet arc... dans une grosse partie du manga même) mais quand même, ça n'avait jamais atteint ce niveau de beauferie et d'obscénité. C'est quoi ce dialogue digne de GoT ?! L'auteur passe son temps dans ce manga à mettre la misère à Martin en montrant comment bien écrire une histoire historique / à inspiration historique et là, il s'abaisse à son niveau ! C'est juste grossier ! En plus, les miliciens viennent de voir un des leurs se faire tuer, ce ne serait pas plus logique qu'ils soient juste ultra froid avec Arnéis car, elle vient soigner l'assassin d'un des leurs et qui aurait pu en tuer d'autre ? ça aurait été bien plus subtile de les faire agir de manière ultra froide tout en soulignant qu'Arnéis ne peut pas comprendre ce qu'ils ressentent car, elle n'est qu'une femme qui ne pense que par son mari comme devrait le faire les femmes. Plus simple et efficace sans tomber dans ce genre de ficelle bien plus grossière... aux noms des dieux, si Arnéis aurait été un homme, c'est évident qu'elle se serait pris un poing dans la figure et dégager à coup de pied ! On tombe dans des ficelles pareilles, c'est uniquement pour enfoncer le clou dans son statut de victime des hommes qui n'est défini que par les hommes.
Ensuite, les miliciens rentrent à l'intérieur malgré l'ordre de Serpent de toujours surveiller Gardar car, il commence à pleuvoir, ce qui colle avec leur personnalité qu'on a vu depuis le début. Le seul qui reste est celui qui a permis à Arnéis de voir Gardar et je précise que ce n'est pas lui qui a fait les "blagues" grasses autour (on ne le voie même pas en rigoler dans le décor), et il demande à Arnéis si elle a fini car, si Serpent voie qu'il lui a désobéi, il va se "prendre une [...] raclée[...]" (toujours chapitre 83) et il approche Arnéis pour la faire partir. Gardar en profite alors pour lui sauter à la gorge et l'égorger avec ces dents en lui arrachant la gorge littéralement, puis hurle à Arnéis de prendre son poignard pour couper ses liens.
Bon, je vais demander l'avis du public à présent : dans cette situation, votre mari - que vous aimez mais que vous n'avez pas vu pendant des années - vient de tuer un homme en l'égorgeant avec ces dents devant vous, vous ordonne de le libérer, il est blessé et donc ne peut pas aller bien loin sans recevoir de soin, vous êtes dans une caserne de miliciens, avec encore 3 miliciens vivants et même si les deux plus forts sont partis, ce sont des gens d'arme de métier qui arrivent, votre mari vous hurle de le libérer car "ils [vous] tueront tous les deux", il est complètement fou, vous savez qu'il a massacré ces maitres en s'enfuyant, vous avez eu peur de lui y a même pas deux heures, vous savez à quel point il est dangereux, et vous êtes enceinte, que faites vous ?
Réponse A : vous hurlez de terreur et vous écartez de lui
Réponse B : vous hurlez de terreur et vous écartez de lui en disant aux miliciens armés ce qui vient de se passer
Réponse C : vous hurlez de terreur et vous écartez de lui en disant aux miliciens armés ce qui vient de se passer, tout en leur disant que vous êtes enceinte du maitre qui les emploie pour assurer vos arrières.
Réponse D : Vous grillez vos neurones et vous le libérer de ses liens
Et la bonne réponse était la réponse D "vous grillez vos neurones et vous le libérer de ses liens" bien sûr ! Avec la mise en page qui vous montre vous tenir le ventre pour bien montrer que vous décider avec votre utérus de femme enceinte ! Et moi, vous me faites lâcher la rampe car, je ne voie pas comment Arnéis (qui a été montré comme un personnage plutôt raisonnable et lucide) peut penser une seule seconde que c'est une bonne idée de libérer Gardar alors que tout lui prouve par A+B depuis le début du tome que Gardar est devenu fou et est dangereux, même dans une situation d'urgence comme celle-ci et qu'elle a dit quelque pages plus tôt qu'elle veut que son bébé vive dans la paix et la tranquillité. ça fait vraiment "elle est amoureuse alors, elle fait n'importe quoi par amour", chose que ne font JAMAIS, les personnages masculins alors qu'en 12 tomes, deux arcs, on aurait eu le temps d'en montrer un qui agit stupidement par amour. Même quand il agisse par amour pour leurs proches (Thors qui s'éloigne de la guerre pour vraiment protéger sa famille, Askeladd qui venge sa mère et son peuple en tuant son père), ils sont en général raisonnables et reste calculateur, sauf Thorfinn pour venger son père mais, il a l'excuse d'avoir 6 ans, d'avoir vu son père mourir criblé de dizaines de flèches, et d'avoir toujours été présenté comme pas bien malin de base. Il peut agir même de manière franchement stupide dans l'arc de la vengeance et Askeladd s'en sert pour le manipuler et le pousser à lui obéir, c'est logique.
Einar aussi agit sur le coup de la colère, veut faire des choses stupides sur le coup de l'émotion comme tuer Ketil pour [on verra ça plus tard] mais, Thorfinn l'arrête presque toujours avant qu'ils ne fassent n'importe quoi pour qu'il ne "s'expose pas à la même malédiction que [lui]" en succombant à la colère et la violence selon le chapitre 93. Pour Arnéis, pas de garde fou, pas de réflexion, non, elle grille juste ses neurones et agit sur un coup de tête en le détachant. Le seul autre cas que je pourrais voir, c'est au chapitre 53 où, après avoir tué le roi Sven et alors qu'il est en train de vaincre Floki, chef des Jomsviking, Askeladd perd sa concentration en ordonnant à Throfinn de ne pas s'approcher, ce qui permet à Knut de tuer le régicide mais d'un autre côté, les actions d'Askeladd étaient suicidaire de base : s'il a tué Sven, c'est parce qu'il menaçait son Pays de Galles natal pour le forcer à trahir Knut et rejoindre sa cause alors, pour empêcher une invasion de son pays qui tuerait tout le monde (c'est le plan de Sven si Askeladd reste avec Knut), Askeladd décide de tuer Sven afin de provoquer un énorme chaos, même s'il savait qu'il allait y rester et en sachant qu'une fois Sven mort, Knut montrait sur le trône et ne menacera pas le Pays de Galles. Pour citer Knut au chapitre 52 qui a parfaitement lu dans son jeu "Le pays de Galles et moi. Il n'a fait que prendre la décision la plus efficace pour nous sauver tous les deux." et s'il prévient Thorfinn de ne pas approcher, c'est pour le protéger car à force, il s'est attaché à lui malgré tout et s'il sait qu'il va mourir, il ne veut pas que Thorfinn meure aussi. Il reste logique et calculateur dans tout ce qu'il fait (ce qui colle à son caractère), et ses actions sont réfléchies, ce qui n'est clairement pas le cas d'Arnéis.
On apprend ses motivations au chapitre 84, après qu'elle ait été rattrapé par les miliciens après avoir caché Gardar dans la maison de Sverker avec son accord, c'est même lui qui lui dit de cacher Gardar. Etant donné que les miliciens ne l'ont pas trouvé (elle l'a caché sous le lit du vieux maitre et d'accord, il faut de la force pour s'occuper d'une personne âgée qui a du mal à bouger, surtout que Sverker ne peut plus marcher et d'accord, sa maison n'est pas très loin de la forteresse des miliciens alors, elle a peut-être pu marcher avec Gardar - gravement blessé à la poitrine - jusqu'à là-bas mais bon, faudra m'expliquer comment Arnéis a pu soulever toute seule le lit en bois de Sverker [qui doit quand même peser son poids, c'est du bois quand même] alors que Gardar était blessé alors, ce n'est surement pas lui qui l'a soulevé dans son état vu qu'il est à présent inconscient. Thorfinn le déplace très facilement mais, il a toujours été présenté comme exceptionnellement fort. Je ne sais pas, l'histoire ne le sait pas et ça ne sera jamais justifier, on va juste dire que l'amour donne la superforce mais bon, c'est du détail, même si ça commence à faire beaucoup en quelques chapitres), Serpent décide d'utiliser Arnéis comme appâts pour attirer Gardar et pouvoir le tuer. Pour préciser, Gardar a massacré quatre miliciens à lui tout seul, et pas proprement évidemment alors, Serpent a encore plus les crocs et veut encore plus se venger de lui, tant pis pour la récompense. Thorfinn et Einar la rejoignent et arrivent à discuter discrètement pour que les miliciens ne les entendent pas et Arnéis déclare en pleurs pour justifier son acte à Einar qui ne comprends pas pourquoi elle a agi ainsi (les lecteurs non plus d'ailleurs) :
"Je... je ne comprends pas trop pourquoi j'ai fait ça... pourquoi je suis allée voir Gardar hier soir... Je crois que je rêvais encore... je rêvais que peut-être... peut-être... Gardar, l'enfant que je porte, l'enfant de maitre Ketil... et moi, tous les trois, nous pourrions recommencer une nouvelle vie... C'était un rêve bien égoïste... je... je suis une mauvaise femme... je ne pense qu'à moi-même...alors que Gardar n'a jamais cessé de penser à nous... il m'a demandé "pardon"... s'il est devenu un esclave en fuite... s'il a tué des gens... s'il a fait tout ça, c'était pour Hilati [leur fils] et moi ! Et pourtant... moi, je... je l'ai rendu responsable de tout... et j'ai... j'ai voulu l'abandonner à son sort..."
Donc, beaucoup de choses dans cette tirade :
1 - Arnéis elle-même admet que contrairement à ce qu'on pensait d'elle, qu'elle a renoncé à vouloir être libre, elle voulait encore l'être malgré tout (ligne 2 à 5)
2 - qu'elle se considère comme quelqu'un d'égoïste (ligne 5 et 6) car Gardar n'a jamais arrêté de penser à elle (ligne 6), pendant qu'elle a tenté de l'oublier et de l'abandonner (ligne 10)
3 - elle justifie toutes les actions de Gardar, même les plus horribles (genre égorger un mec qui a été relativement sympa avec Arnéis en lui arrachant la gorge avec les dents) par son amour pour leur famille (ligne 7 et 8)
4 - qu'elle a changé d'avis sur ce qu'elle disait au départ dans le chapitre 81 où elle pensait que c'était les hommes ayant choisi la guerre et les actions de Gardar (donc, un parti prenante dans l'histoire qui avait le pouvoir de décider, et qui est même celui qui a entrainé leur village dans ce bourbier vu que c'est lui qu'on est venu chercher à la base) en ne mettant plus la responsabilité de ce qu'il est arrivé sur son dos à lui, alors qu'elle même disait y a deux chapitres que si Gardar "voulait le protéger [leur fils], il aurait mieux fait de rester avec lui." selon le chapitre 81 mais, maintenant, c'est sa faute à elle.
Bon. Par où je commence ?
D'un côté, je comprends pourquoi Arnéis est dans cet état, elle a subi une série de choc très violent alors, normal qu'elle soit chamboulée mais là, elle a fait un 180° complet comparé à ce qu'elle pensait auparavant et rejette toute la faute sur elle, alors qu'on sait que dans son village, les hommes n'écoutaient pas les femmes et qu'elles n'avaient donc aucun pouvoir d'action. Si on suit le récit, elle ne pouvait rien faire à part subir alors, elle n'a aucune raison de s'en vouloir à mort, et le fait qu'elle s'en veuille d'abandonner Gardar alors qu'il est visiblement fou et dangereux n'améliore rien, c'est juste une relation ultra toxique qui la détruit comme le représente bien la couverture du tome 12, elle est prisonnière de son emprise et de leurs chaines d'esclave qui a ruiné leur vie. Avec ça, vu comment Gardar haït Ketil et est instable mentalement, j'ose à peine imaginer sa réaction quand il apprendra que sa femme est enceinte de son maitre et même si elle arrive à lui faire croire que le bébé est le sien, ça risque de faire mal si le bébé ressemble à Ketil plutôt qu'à Arnéis.
Elle s'en veut de l'avoir abandonné à son sort au lieu de l'aider mais, qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Son mari a tué des gens, dont des miliciens ce qui lui a mis leur chef très fort à dos. Arnéis n'est pas une soldate, elle ne sait pas se battre, jamais elle n'aurait pu faire face à tous les miliciens seule, et elle ne pouvait pas s'enfuir non plus vu qu'elle n'avait nulle part où aller, surtout qu'elle risquait sa vie étant donné qu'un esclave qui fuit est battu (ce qu'on a vu dans le chapitre 55 du tome 8 : Einar tente de s'enfuir plusieurs fois avant d'être vendu, ce qui fait qu'il a été battu pour le punir) et les chapitres suivant confirment que le maitre peut condamner à mort un esclave fugitif alors, pour une femme seule, pas habituée au combat et qui - de ce qu'on en sait - ne sait pas survivre en milieu hostile, elle risque juste de se faire rattraper par les miliciens ou par un autre marchand d'esclave qui la revendra ailleurs ou la ramènera à Ketil pour toucher une récompense, et montrer les esclaves se liguer ensemble contre Ketil serait incohérent vu qu'ils ne sont pas assez nombreux et bien traité justement pour éviter les révoltes ou qu'ils prennent le maquis dans les épaisses forêts danoises. Honnêtement, je ne voie pas comment elle aurait pu mieux agir qu'elle ne l'a déjà fait avec les cartes qu'elle avait.
Les personnages peuvent faire des choix irrationnels, faire des sauts de logique et autre mais, leurs sauts de logique doivent rester cohérents avec ce qu'on sait de leur personnalité et surtout, il ne doit pas en avoir trop. Là, avec l'histoire d'Arnéis, on enchaine des sauts de logique qui ne font pas sens avec son personnage qui certes, se rattachent à ce qu'elle peut pour continuer à s'accrocher à la vie malgré toutes les horreurs qui lui sont arrivées mais, restait quand même censée et intelligent, encore plus dans une série où tous les personnages restent quasi toujours censé à part les personnages aveuglés par leur haine et décrit comme stupide comme Thorfinn dans l'arc de la vengeance et un peu Einar. Comme le dit Sverker à Serpent pour la défendre dans ce même chapitre 84 "les esclaves n'ont pas eu de chance, c'est tout. Si nous n'avions pas eu de chance, toi ou moi aurions très bien pu finir esclaves aussi.". Arnéis n'a pas eu de chance et dans son monde, quand tu n'as pas de chance, tu perds tout et tu te fais capturer comme esclave si tu ne meurs pas, ça aurait pu arriver à n'importe qui. Encore une fois, ce n'est pas à elle de prendre la responsabilité de tout ça mais, rien dans la narration, ni Thorfinn, ni Einar ne lui disent "c'est pas ta faute si tu as été capturée, vendue comme esclave et ait été transformé en esclave sexuel par Ketil, c'est Gardar et les hommes de ton village qui ont fait n'importe quoi, puis c'est la faute de son maitre à lui pour l'avoir tellement maltraité qu'il est devenu fou, puis c'est sa faute à lui s'il a tué des gens" alors, dans une histoire où on nous dit clairement ce qui est bien ou mal, ça signifie surement qu'elle a raison de se reprocher tout ça.
La seule chose qu'elle a à se reprocher, c'est d'avoir libérer quelqu'un d'aussi dangereux que Gardar car, le scénariste lui a fait perdre ses neurones et ça, c'est pas bon quand on écrit un personnage, et c'est des sauts de logique qu'on ne voie pas chez les personnages masculins pourtant bien plus nombreux. Même ceux qui font des 180° et changent complètement de point de vue ont plus de justification comme Knut qui passe d'un jeune prince frêle et timoré à un roi froid et calculateur après la mort de son tuteur.
Knut fait ce changement radicale car, il est furieux contre Dieu qui laisse ses enfants s'entretuer et ne sauve personne alors qu'il est censé être un Dieu d'amour, c'est clairement dit et exposer et on comprend qu'après avoir vécu la mort de son père de substitution et tout ce qu'il a vécu en tant que fils cadet du roi qui tente de l'éliminer pour éviter une guerre de succession entre ses fils ou de diviser son Royaume en deux, tu m'étonnes qu'il soit en colère contre Dieu, surtout avec le moine qui lui sort que "la mort rend les humains parfait" vu qu'ils ne sont plus violent et que les hommes ne peuvent connaitre l'amour tant qu'ils vivent alors que Dieu leur ordonne de le chercher (avec l'illustration du chapitre 37 qui appui encore plus le lien avec le péché originel, surtout avec Knut qui se rebelle contre Dieu en voulant créer son paradis terrestre pour sauver son peuple et en étant en colère contre Dieu, ayant été élevé dans la foi chrétienne), et on met bien 2 gros chapitres (chapitre 37 et 38) pour justifier son changement radical. Il sombre alors dans l'extrémisme dans l'autre sens en devenant très froid et calculateur, jusqu'au-boutiste même, et déterminer à créer son paradis quitte à écraser tout le monde et faire des sacrifices "nécessaire" (et je crois que vous avez compris ce que destine la série aux personnes qui écrase les autres par la violence), ce qualifiant même "d'empereur" au chapitre 97 avec ce genre d'imagerie :
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(tient, ça me rappelle quelqu'un en bien moins assumé par les scénaristes et ses fans mais je m'égare encore)
Son chemin est également clairement montré comme mortifère et damné, avec la tête de son père qui agit comme la voix de ses pires aspects de sa personnalité et le guidant du mauvais côté de la route avec ce genre de visuel :
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Il finit par remettre à nouveau de l'eau dans son vin après deux chapitres (97 et 98) de discussion avec Thorfinn avec qui il a une relation privilégié. Deux chapitres complets et entièrement centré sur le sujet. Là où pour Arnéis, sa seule justification sont les dix petites lignes que je vous ait recopié... ouais, c'est léger comparé aux restes, et ça aide encore moins quand c'est le seul personnage féminin important qui a ce genre de traitement, ça renforce juste l'impression que ce n'est pas important ou que son comportement n'a pas besoin de justification alors que SI ! On a besoin de comprendre pourquoi Arnéis agit ainsi comme tu l'as fait avec Knut manga ! Je ne demande pas un tome entier de description mais, au moins plus de justification et qu'elle comprenne que non, ce n'est pas sa faute si Gardar est devenu ainsi et qu'elle avait de bonnes raisons de vouloir l'abandonner à son sort car Gardar est dangereux ! Je veux bien que son mariage avec Gardar ait été très heureux mais, ça fait 5 ans maintenant qu'ils ont été séparés, et de ce qu'on a vu, même si elle le décrit comme un bon mari et un bon père, c'est lui qui a emmené son village dans la guerre, et c'est pas les images mignonne de leur mariage qui va changé ça ! (voir l'image d'ouverture du chapitre 85 ci-dessous)
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Bon, pour en revenir à l'histoire chapitre 85, Thorfinn et Einar arrivent à éloigner Serpent et son acolyte de la maison de Sverker pour faire sortir Gardar avec Sverker qui donne son chariot et un cheval à Arnéis pour qu'ils puissent s'enfuir malgré la blessure de Gardar. Je précise aussi qu'on sent bien que sa blessure est trop grave pour être soigné, il a été frappé profondément en pleine poitrine et même si Arnéis l'a bien soigné, Gardar est décrit comme froid alors, cette fuite est sans doute sans espoir mais bon, on est dans une saga, les miracles peuvent arriver. Cependant, Serpent flaire la douille vu que Gardar ne devrait pas pouvoir courir avec sa blessure et comprends que c'est surement Einar ou Thorfinn, revient sur ces pas et surprends Thorfinn et Arnéis en train de mettre un Gardar inconscient dans le chariot.
Serpent et Thorfinn s'affrontent sans qu'Arnéis intervienne jusqu'à ce que Serpent arrive à être à côté de la charrette avec Gardar à portée de sabre où elle le supplie de le laisser partir, Sverker lui propose de "payer une compensation pour la vie de ses hommes en vendant ses champs" (chapitre 86), ce qui est un énorme sacrifice pour lui vu qu'il tient beaucoup à sa terre et de mémoire, je crois qu'on peut payer parfois une compensation financière contre la paix (ça se faisait en tout cas chez les francs et vu le niveau de recherche de ce manga, ça ne m'étonnerait pas que ce soit aussi possible chez les norrois) mais, ce n'est pas une question d'argent pour Serpent car, pour le citer quand ils parlent de lui et ces hommes :
"Je reconnais que mes hommes et moi, nous sommes des ramassis d'imbéciles et d'ordures... Nous sommes tous des vagabonds qui avons tellement merdé ailleurs que nous ne pouvons même plus porter nos vrais noms. Alors pour vous, ça ne compte pas qu'on crève... hein ?! Gardar a beaucoup plus de valeurs alors, il a le droit de vivre ?! Plus que les vies de 5 de mes hommes ?! Allez, Thorfinn et Arnéis, parlez-moi de cette différence de valeur !"
Et... il n'a pas tord. On a bien vu les miliciens être les pires ordures (Renard qui livre Thorfinn et Einar pour qu'Ormar puisse les tuer afin de devenir un homme, ou le gars qui poussait à faire une "gâterie" à Gardar devant eux) mais, c'est pas les pires ordures qu'on ait vu dans cette série, très loin de là (le fils ainé de Ketil Thorgeir collectionne quand même les oreilles des ennemis qu'il a tué et les garde avec lui comme trophée tout en adorant combattre et voir les gens souffrir, pour dire le niveau), Serpent reste quelqu'un de plutôt sympa qui fait en sorte de remettre ses homme sur le droit chemin tout en étant un de ceux qui les traitent le mieux alors qu'il est libre et n'a jamais été esclave. Il se met même au même niveau qu'Arnéis et Thorfinn car, il sait très bien que même s'il était tué, ça n'aurait pas d'importance car, c'est un milicien qu'on a condamné à l'exil et mis au ban de la société, d'où sa question si la vie de Gardar vaut plus que celle de 5 personnes car Arnéis tient à lui, alors que lui aussi tenait à ses hommes. C'est un peu le seul à avoir le réflexe raisonnable de se dire "ce type est clairement dangereux, même pour nos standards, faut l'arrêter avant qu'il ne fait encore plus de dégâts". Il comprend d'où vient la folie de Gardar vu que pour le citer quand il apprend qu'il a assassiné son maitre, "Aaah, le fameux Kjallak ? Il a toujours maltraité ses esclaves. C'est bien fait pour sa gueule" (chapitre 74, tome 11), tout en prenant les mesures nécessaires pour le capturer et assurer la protection du domaine quand il apprend que Gardar a aussi tué les trois fils de Kjallak, a brûlé sa maison et sait se battre, tout en disant à ses hommes d'être très prudent car "quand un homme est acculé, il est capable de tout" et précise même avant "sans même parler des trois chevaux [de récompense]... vaudrait quand même mieux être prudent...", c'est assez clair qu'il se soucie surtout que Gardar ne tue pas quelqu'un d'autre. Il comprend pourquoi Gardar est comme ça mais, il ne l'excuse pas de ces actes contrairement à tous les autres personnages qui passent largement l'éponge sur ce qu'il a fait. D'accord, le propos de la série, c'est que la violence c'est mal et qu'il faut faire cesser les cycles de violence, ceux de vengeance compris mais, jamais au point d'excuser complètement un personnage pour ses actes. Elle tient toujours ses personnages responsables de leurs actes et ne les oublient pas.
C'est ça aussi qui est frustrant avec le traitement d'Arnéis : elle est complètement collé au personnage de Gardar à la fin qui est chouchouté par la narration alors que bon sang, le gars a tué des gens, dont son maitre qui a bien mérité son sort mais de ce qu'on en sait, ses fils n'avaient rien demandé (d'accord, ils ont aussi des esclaves mais, c'est un peu la norme dans ce monde), a brûlé sa maison volontairement après qu'ils soient tous mort alors qu'il a laissé la femme de Kjallak et son bébé en vie et donc, a aussi ruiné leur vie comme l'ennemi a ruiné la vie de sa famille à lui et après, même si le premier meurtre de miliciens peut être considéré comme de la légitime défense, il a quand même massacré les quatre autres au fort et encore une fois, arraché la gorge d'un mec qui a rendu service à sa femme en la laissant le voir et lui parlait bien. Ce mec est un danger public ! Et tout lui est pardonné car c'est le mari d'Arnéis et que l'histoire le considère comme la seule bonne solution pour qu'Arnéis soit libre vu que Ketil ne la laissera jamais partir, sans que les personnages n'envisagent d'autres solutions ou se disent deux secondes que même si elle arrivait à fuir avec son mari, Arnéis serait quand même en danger avec Gardar qui est complètement fou et violent tout en étant pas loin de mourir.
Chercher. La. Logique.
Enfin bon, toujours chapitre 86, en voyant Thorfinn et Arnéis ne pas répondre à sa question vu que bon, même l'histoire arrive à se souvenir qu'ils ne peuvent pas justifier les actes de Gardar, Serpent lui transperce la poitrine avec son sabre et veut arrêter Arnéis pour l'avoir libéré mais, comme on est dans une saga nordique, Gardar arrive à se relever malgré sa blessure mortel et étrangle le Serpent jusqu'à le faire tomber dans les pommes, même s'il continue de serrer pour le tuer (je dirais bien que c'est une preuve de plus que le type est dangereux mais, c'est le gars qui vient de le poignarder, je peux comprendre qu'il veuille sa peau) et la seule chose qui le fait lâcher le Serpent, c'est quand Arnéis lui dit qu'ils doivent rentrer chez eux et qu'Hialti est chez son frère en sécurité histoire de le faire partir avant qu'il ne fasse plus de dégâts (soit tue Serpent dont Arnéis est aussi proche) même s'il va mourir et Gardar semble retrouver sa personnalité de base (enfin, celle qu'on imagine si on se fie aux flashback) en disant qu'il doit remercier son frère et il remercie aussi Sverker platement quand il lui prête son chariot pour qu'ils puissent partir ensemble une dernière fois. On a ensuite une dernière scène de discussion - qui pourrait être mignonne si on n'avait pas vu Gardar être un monstre assoiffé de sang complètement fou pendant tout le tome - où les deux époux parlent de leur ancienne vie ensemble et de leur futur avec Hialti avant que Gardar ne meure dans les bras d'Arnéis qui le pleure, le tout en jurant de ne plus jamais les abandonner, elle et leur fils, alors que les hommes de Serpent les rattrapent. Fin du tome 12.
C'était long et comme moi, vous avez eu l'impression que ce n'était pas très bien écrit, avec les persos qui perdent leurs neurones pour le bien du scénario rempli de très grosses ficelles qu'on ne retrouve que sur le personnage féminin principale et pas du tout sur les autres personnages masculins, et qui a donc l'arc le plus mal écrit de ces 12 bouquins bien épais ?
Mes pauvres amis, vous n'êtes pas prêts pour le tome 13 qui est le pinacle de la mort des grosses ficelles bien sexiste, vu qu'on découvre quel était le but de la présence d'Arnéis depuis le début dans cette histoire : être une femme dans le frigo. Non, je ne plaisante pas et n'exagère pas mais bon, je vais vous expliquer ça, j'en suis plus à quelques pavés près.
D'abord, petit rappel de la dernière fois qu'on a vu Ketil dans le tome 11 : il vient de perdre la protection royal, ses fils ont tué des hommes du roi, il est en fuite de manière illégale avec Leif (un perso récurrent de la série qui cherche Thorfinn pour le ramener en Islande, également un personnage extrêmement positif et lui, ça ne se dément jamais de toute l'oeuvre, un peu l'équivalent de Sverker mais, pour l'arc de la vengeance), et le roi approche de chez lui pour saisir ses terres, ce qui le laissera ruiner alors, il est complètement au fond du trou. Rappelons que d'après Sverker (la voix de la sagesse malgré ses quelques excès de connerie dans le tome 12), avoir trop de richesse corromps, en particulier quand on a peur de les perdre, et que Ketil est obsédée par Arnéis qui est son esclave sexuel qui lui sert de coussin humain pour sangloter sur son sort tout en l'utilisant comme exécutoire sexuel pour avoir un peu de réconfort.
Et quand on le retrouve au chapitre 87, on voie qu'il a passé le voyage entier en boule dans un tonneau (donc plusieurs jours de trajets en pleine mer) et quand on leur en sort enfin, il a cette tête là en appelant Arnéis pour qu'elle vienne le réconforter :
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(désolé pour la qualité, j'ai pas eu le courage d'aller chercher des scans, et je ne trouvais pas la page que je voulais sur google alors, c'est de la photo au portable avec mon téléphone qui n'a pas le meilleur appareil qui soit)
Ensuite, il rentre chez lui, ne trouve pas Arnéis qu'il appelle toujours pour qu'elle le réconforte en étant dessiner de manière pathétique et tombe sur sa femme (première réapparition physique depuis son introduction et non, elle n'a toujours pas de nom) qui lui apprend qu'elle a tenté de s'enfuir avec son mari avec l'aide de "deux de leurs esclaves males" histoire de bien rappeler que les esclaves sont du bétail et donc, de l'abandonner, tout en la traitant "d'ingrate" et dit d'elle qu'elle est une "petite garce" qui "ensorcelle tous les hommes", même si elle s'arrête en voyant que son mari a cette tête là en disant qu'Arnéis "a osé" tenter de s'enfuir :
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Oui, ça craint pour Arnéis, et la couverture du chapitre suivant, "Chapitre 88 : Le châtiment" n'arrange rien à ce sentiment, on sent qu'Arnéis va souffrir encore plus que les autres :
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On ne la retrouve pas tout de suite, on a d'abord une scène où Serpent refuse de racheter la marchandise de Leif comme Ketil lui a promis (en échange de l'aider à fuir la capitale de Knut) car Ketil ne lui a rien dit alors, ils vont le chercher pour qu'il confirme mais, sur le chemin, quand Patel apprend que Leif veut racheter la liberté de Thorfinn, il lui demande aussi de racheter celle d'Einar (logique, c'est son ami) et celle d'Arnéis, ce qui fait encore monter la tension, surtout qu'on retrouve juste après Arnéis attachée dans la grange, surveillée par un milicien de Serpent qui lui dit qu'elle devrait être rassuré que ce soit Ketil qui la punira car, il sera bon avec elle étant donné qu'il est "complètement gaga" d'elle car, ça aurait été les miliciens, ils l'auraient tous violés jusqu'à ce que mort s'en suive et torturé, tout en la maintenant en vie le plus longtemps possible pour qu'elle souffre le plus possible.
Alors, on a vu des hommes jouer avec la tête du cadavre d'un autre être humain en tirant dessus avec un arc et des flèches mais, ils ont attendu de l'avoir tué pour le faire mort, et d'autres gars complètement saoul jouer à lancer des haches sur des prêtres chrétiens mais, les menaces de violence sexuels pareilles, c'est une première, et même si Serpent est très énervé, maintenant qu'il a eu sa vengeance, ça n'a pas l'air d'être le genre à torturer quelqu'un. Pour Gardar, il voulait sa mort, il l'a tué d'un coup d'épée sans plus le faire souffrir, point, et on l'a vu punir ses gars pour avoir torturé Thorfinn dans le tome 9. Mais bon, c'est une femme alors, le viol est un passage obligé j'imagine, surtout qu'il commence à la toucher pour la violer mais, il ne va pas jusqu'au bout car, Ketil l'interromps. Soupir de soulagement ? Non, toujours pas, il a cette tête là et est armé d'un gourdin (celui qu'il a utilisé pour punir le frère et la soeur voleurs plus tôt)
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Arnéis est fichue. Même sans avoir lu la suite, on le sait dès maintenant, et même dès qu'on a su qu'elle était enceinte, comment elle est écrite en suivant à la lettre de grosses ficelles sexistes, on savait déjà que c'était la fin pour elle.
Ketil lui demande à qui elle appartient et quand elle répond "à vous, maitre Ketil...", il répond en la frappant violemment avec son gourdin en plein dans les côtes afin de la faire souffrir, et confirmant que oui, elle est à lui alors, pourquoi elle a essayé de s'enfuir si elle le savait. Ketil considère Arnéis comme sa propriété exclusive alors, comme il le dira dans ce chapitre alors qu'il la bat, "[il] ne permet à personne de voler ce qui [lui] appartient, pas même à [elle]... [sa] jolie Arnéis..."
Si les gens n'ont pas encore compris que Ketil n'était pas une bonne personne, là, on est sûr que tout le monde a compris.
On le voie aussi surtout viser son ventre alors qu'il ne sait pas qu'elle est enceinte. Pas son visage alors qu'il veut la faire souffrir, pas ses jambes pour l'empêcher de s'enfuir à nouveau, non, il appuie avec le bout de son baton sur son ventre spécifiquement, ce qui est surement plus pour le spectateur que pour la cohérence. Nous, on sait qu'elle est enceinte et que donc, viser son ventre est particulièrement dangereux vu que bon, déjà qu'on sait qu'elle va se faire tabasser à mort, ça va être encore pire si en plus, elle doit affronter une fausse couche là maintenant tout de suite, elle va perdre trop de sang d'un coup.
Quand elle lui dit qu'elle est enceinte de lui et le supplie de la croire, ça le calme deux secondes avant de reprendre encore plus furieux alors qu'il déclare : "Te croire ? Tu veux que je te croie ? Moi qui ai été trahi par la personne en qui j'avais le plus confiance ?" Autre point qui montre à quel point leur relation était tordue : si Ketil voie ça comme une vraie histoire, aimait surement sincèrement Arnéis (ou du moins ce qu'il l'obligeait à être), Arnéis n'a jamais été consentante pour ça. Elle n'a jamais choisi d'être avec lui, c'est son maitre qui l'a acheté et maintenant, lui ordonne de coucher avec lui et si elle ne voulait pas que les coups de bâtons arrivent plus tôt, elle devait lui dire ce que lui voulait entendre, à savoir qu'elle l'aime aussi, le comprends, et lui servir de doudou humain. La relation est complètement déséquilibrée et ça ne pouvait que finir mal vu que Ketil n'est pas quelqu'un de bien, loin de là, il veut juste posséder tout ce qui l'entoure et tout contrôler, ce qui a déjà été souligné dans sa conversation avec Sverker et qui est encore plus souligné ici vu qu'ils déclarent que tout le monde est un voleur qui veut tout lui prendre mais qu'il "punir[a] tous les voleurs !".
Comme toujours, Arnéis n'a pas le choix, elle ne fait que subir les décisions des autres personnages MASCULINS. Le seul choix important qu'elle a fait, c'est de décider de libérer Gardar de ses liens, ce qui a mené à cette situation et encore, c'est son échange avec Sverker qui finit de la convaincre d'aller le voir (même son choix d'aller chercher Patel n'a servi à rien quand les miliciens ont emmené Einar et Thorfinn vu que c'est le Serpent qui les sauve). Sinon, dans tout le reste de son histoire, les hommes lui ont toujours imposé leur choix et décidé à sa place (Ketil, Gardar), ou elle a besoin de l'aide des hommes pour faire ce qu'elle veut (Einar, Thorfinn, Sverker) ou la protéger (Einar, Thorfinn, Serpent lors des retrouvailles avec Gardar, Patel qui demande à Leif de la racheter avant qu'elle ne subisse la colère de Ketil et la soigne) et les rares fois où elle interagit avec un personnage féminin, elle est dans une relation d'antagonisme et se fait maltraité, vu qu'elle ne parle qu'à la femme de Ketil vu que... bah y a pas d'autres personnages féminins dans cette ferme à part la petite voleuse, sa mère veuve malade qui n'apparait même pas, la fille de métayer qui couche avec Ormar et sa mère. Pas de solidarité féminine, pas de discussion entre femme avec une figure plus âgée qui aurait pu lui dire "Arnéis, arrête de t'accrocher à Gardar, on va trouver une autre solution pour te tirer de là", rien. La seule relation entre femme qui n'est pas une relation familiale en TREIZE tomes sur pratiquement 15 ans de publication est une relation d'antagonistes où l'une jalouse l'autre et est une vraie mégère avec en face une femme victime de tout et innocente de tout. Montrer des norrois apprendre que la violence, c'est mal et décider de fonder un pays à eux tout seul pour les personnes fuyant l'esclavage et la guerre, c'était plus réaliste à mettre en scène que montrer deux femmes se soutenir ou un personnage féminin être maitresse de son destin on dirait... (cette dernière phrase est du sarcasme évidemment)
Qu'est-ce que le scénariste a fumé pour penser que c'était une bonne idée ?!
C'est Serpent qui sauve Arnéis en arrêtant le bâton de Ketil (évidemment que c'est un homme, ça aurait été incohérent que ce soit la femme de Ketil qui l'arrête vu à quel point elle hait Arnéis, même si ça aurait été très fort aussi de voir une autre femme la sauver. D'après les bonus du tome 9, Ketil a une fille qu'on ne voie jamais en plus de Thorgeir et Ormar car, elle est partie vivre avec son mari alors, elle aurait pu revenir pour une raison x à la ferme et en voyant comment son père traite son esclave, s'interposer car c'est juste inhumain et aurait de l'empathie pour elle car, elle a aussi été vendu dans un mariage arrangé pour que son père gagne plus d'argent. ça aurait fait un personnage féminin supplémentaire et on aurait pu voir de la solidarité féminine !), et en lui disant que oui, le bâton est un châtiment adapté pour le crime d'Arnéis (avoir tenté de s'enfuir) mais, que s'il continue, il la "condamn[e] à mort", tout disant qu'il a le droit de le faire vu que c'est son esclave mais, il lui demande si c'est bien ce qu'il veut, ce à quoi Ketil répond en lâchant le bâton et en ordonnant à Patel de la soigner, ce à quoi Serpent soupire de soulagement (ce qui renforce mon hypothèse que si c'était lui qui avait dû la punir en tant que chef des miliciens, il ne l'aurait pas fait violer comme le disait le milicien de tout à l'heure car, ce n'est pas dans les règles ou la loi de violer quelqu'un en punition d'un crime). En voyant ce qui vient de se passer, Leif lui demande s'il peut acheter Arnéis en plus d'Einar et Thorfinn, et si Ketil accepte de vendre les deux amis, "[il] ne vendr[a] jamais Arnéis. Cette femme [lui] appartient" puis finit de péter un câble en allant chercher ses armes pour empêcher Knut de lui prendre sa ferme (il recrute les paysans du coin en leur promettant d'effacer leurs dettes s'ils l'aident et sans leur dire qu'ils vont affronter l'armée royale, toujours pour continuer le fait que Ketil contrôle les gens via l'argent et n'est pas du tout une bonne personne) mais ça, ce n'est plus très important pour l'arc d'Arnéis à part pour dire qu'une bataille va avoir lieu littéralement demain ou après-demain et qu'ils doivent tous filer en vitesse
Là, Einar et Thorfinn découvrent surtout dans quel état Ketil l'a mis avec Patel qui ne sait pas si elle va s'en sortir. Einar se met à le haïr dans le chapitre 89, ne voulant pas que Thorfinn l'appelle "maitre" et en le traitant de "porc", ce qui est plutôt justifier vu qu'à part ce qu'il a fait à Arnéis, Einar n'a pas de raison d'haïr Ketil qui a été bon avec eux pendant toutes ses années mais, ça renforce l'impression que le seul rôle d'Arnéis est de donner une raison à Einar de se faire consumer par la haine pour permettre à Thorfinn de le sauver en lui éviter dans finir maudit comme lui par la violence (voir citation plus haut). Et là, elle sert aussi à retarder le départ du groupe vu qu'elle est trop blessé pour pouvoir être bouger, tout en ayant une dose d'inquiétude en plus à cause de son bébé avec tout le monde qui pense qu'il a survécu mais de peu, même si après ce qu'elle s'est pris, il devrait être mort le premier en fait. Mais bon, on dit qu'il est encore vivant pour faire grimper la tension autour d'Arnéis d'encore un cran, c'est facile et pas cher avec une méthode pareille car, la savoir en danger de mort imminente ne suffit pas voyons, il FAUT qu'un bébé soit dans la balance pour que qui que ce soit en ait quelque chose à faire de la survie d'une femme, même si Einar est amoureux d'elle, Thorfinn l'aime bien et que Patel s'inquiète pour elle aussi au point de demander à Leif de la racheter avant que Ketil ne lui fasse quoi que ce soit (c'est du sarcasme, évidemment, ça devrait être suffisant que la vie d'un personnage aussi gentil qu'Arnéis suffise à faire s'inquiéter le lecteur et avoir peur pour elle malgré sa crise de saut de logique dans le tome 12, pas la peine de lui rajouter un gosse issu des viols à répétition de Ketil pour qu'on s'inquiète pour elle. C'est juste là pour la valeur choc [pas si rare que ça dans la série même si c'est souvent justifié] et le pathos facile vu qu'une femme, c'est fragile et à protéger de base mais, c'est doublement plus le cas quand elle est enceinte vu qu'elle est particulièrement vulnérable [et j'ai toutes les femmes de l'histoire qui ont mené des campagnes militaires et ont été sur le champ de bataille tout en étant enceinte qui appellent d'un coup, elles ont deux mots à dire sur la "faiblesse intrinsèque et absolue" des femmes enceintes]).
Allez, avance rapide, j'ai écrit tout ça en un dimanche, je commence à fatiguer mais hors de question d'abandonner maintenant ! Alors... chapitre 90 "Le prix d'un repas" : préparatif de bataille des deux côtés, le Serpent qui confirme que Ketil est un imposteur qui a volé le surnom et la réputation d'un autre, les miliciens qui vont quand même se battre pour ne pas avoir de dettes envers un type aussi pitoyable que Ketil, Ketil qui continue de péter des plombs en emmenant les gens de sa ferme et dont il a besoin pour faire tourner sa ferme à la mort, eux qui l'ont suivi pour payer leurs dettes puis n'ont pas reculé par fierté en voyant que c'était le roi en face, les archers royaux qui massacre les paysans pas équipé et peu armé avec leurs flèches... ah ! On retrouve Thorfinn qui dit qu'ils peuvent filer avec Arnéis vu que là, les gens de la ferme ont d'autre chose à penser que surveiller que Leif ne vole pas ce qui reste d'Arnéis (mais vu qu'il est réglo, même s'il n'a plus aucun respect pour Ketil, il paye quand même le prix d'Arnéis sinon, ce serait du vol mais comme il le dit "si Arnéis reste ici, [Ketil] finira par la tuer" quand son fils lui fait remarquer que c'est un peu du vol quand même) et Thorfinn et Einar qui regrettent juste de ne pas avoir dit au revoir à Sverker qui ne sera pas épargné par la punition royale malgré son âge.
Arnéis dans tout ça, elle est dans le coma : elle rêve d'être avec un Gardar normal dans une charrette, en compagnie de deux enfants qui dorment, leur fils Hialti bien sûr mais, aussi un bébé qu'on se doute être le bébé qu'elle attendait (vu qu'elle s'y accroche pour rester en vie selon le tome 12, aller, on accepte qu'elle s'y soit attaché malgré le fait que ce soit un enfant du viol et après ce que Ketil lui a fait subir), dans des prairies verdoyante avec Gardar qui déclare qu'ils "seron[t] bientôt arriver à la maison. ç'aura été un long voyage plein de souffrance mais... la douleur va bientôt disparaitre" avec Arnéis qui sourit, avant qu'il n'arrête la charrette car, il doit rappeler à Arnéis qu'elle doit encore dit adieu à ce qui l'ont aidé alors, elle dit qu'elle va remercier Einar et Thorfinn. Plus de doute maintenant, la scène est très belle mais, on sait qu'elle va mourir. C'est juste l'évidence encore plus qu'après tout ce qui lui ait arrivé et ça termine les dernières personnes qui s'accrochent à l'espoir qu'elle s'en tire.
Début du chapitre 92 et après un tour du côté de la bataille où l'armée royal de 100 hommes expérimentés écrasent les 300 paysans inexpérimenté plus la vingtaine de miliciens sans difficulté (ce que la femme de Ketil ne comprendra pas dans le tome 14 vu que selon elle, étant donné qu'ils sont 3 fois plus nombreux, ils auraient dû gagner sur les hommes du roi par supériorité numérique, sans tenir compte que les Jomsvikings sont quand même la troupe royale d'élite habituée à se battre et très bien équipée, là où les paysans en face n'ont quasi jamais combattu de leur vie, ont peur, ne sont pas organisé et la plupart n'est même pas armée avec une arme conventionnelle mais, plutôt avec des outils et des objets du quotidien [y en a carrément un dans le décor avec une casserole sur la tête pour remplacer un casque vu que bah, il en a pas car ça coute cher et que ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval ce genre de chose] mais bon, je vais pas trop tapé sur elle pour cette raison, tous les personnages riches de la ferme ont le même raisonnement qu'elle car, ils ne connaissent pas la guerre, la vraie, et Thorgeir est trop heureux d'aller combattre l'armée du roi à lui tout seul ou presque pour se faire un nom), on retrouve Arnéis qui se réveille avec les bruits de la bataille car, c'est les mêmes que ceux du jour où sont village a été détruit (elle le décrit comme "le bruit d'un monde qui se brise"), au grand soulagement de leur groupe, même si on sait qu'elle n'en a plus pour longtemps.
Quand Leif lui dit qu'il l'emmène en Islande car on y vit bien mais, qu'il lui dit qu'il y a des esclaves et la guerre quand elle lui pose la question, elle dit qu'elle n'y ira pas et qu'elle ira "dans un endroit différent" où est sa "maison qui avait brûlée" et dit que "Gardar et les enfants [l']attendent" mais, qu'elle "voulai[t] les remercier [...] d'avoir été si bons envers [elle]", ce qui est évidemment la mort et l'au-delà. Einar la supplie de ne pas partir car elle est enfin libre et Thorfinn ne sait pas quoi lui dire pour "retenir son âme dans ce monde".
Dans le chapitre 93, après un nouveau tour sur le champ de bataille où Ketil s'est fait ma-ssa-cré par les soldats royaux et est bien blessé en ne devant sa peau qu'à Serpent qui ne veut pas qu'il fuie ses responsabilité de ce désastre en mourant, on retourne à la charrette avec Einar qui tente de la supplier de survivre pour son enfant à naitre mais, comme elle sait qu'il est mort, elle doit "vite le rejoindre", et Thorfinn ne sait toujours pas quoi faire pour la retenir jusqu'à ce qu'elle demande "à quoi [lui] servirait[-il]... de vivre plus longtemps ? Pourquoi devrai[t-elle] vivre ? Alors que la vie n'est que souffrance... pourquoi devrai[t-elle] vivre ?". Honnêtement, vu ce qu'elle s'est pris dans la figure et le fait qu'on ait introduit qu'elle survivait que pour son enfant à présent, c'est logique qu'elle soit ainsi et même si Thorfinn lui fait un massagee cardiaque (ce genre de pratique a été introduit dès le premier tome vu que Thors en fait un à l'esclave maltraité à coup de chaine alors, ça ne sort pas de nulle part) et qu'Einar lui dit de ne pas partir et de vivre avec lui et pour lui, Thorfinn finit par lui parler d'un pays sans guerre ni esclave, le Vinland, afin de faire un parallèle avec son père qui tente de garder l'esclave maltraité en vie mais, qui lui parle du Vinland pour qu'il puisse partir l'esprit en paix, que ce soit l'esclave islandais avec Thors ou Arnéis avec Thorfinn qui demande à Arnéis de partir là-bas avec eux pour "créer une terre de paix au Vinland" (toujours chapitre 93).
Et vous savez quoi ? Ouais, faites survivre Arnéis et faites la partir au Vinland avec Thorfinn et Einar ! Elle complète leur trio de réaction face à l'esclavage et aurait ajouter un autre profil à l'expédition : ceux qui ont tout perdu, même l'envie de vivre et de se battre après trop de tragédies et de trop longues années d'esclavage mais, qui réapprennent à vivre petit à petit et retrouve gout à la vie. Arnéis est au fond du trou, elle pense qu'elle a tout perdu, qu'elle ne pourra jamais rebondir maintenant que Gardar et ses enfants sont morts alors, ça aurait été tellement fort de la voir guérir et aller de l'avant au Vinland ! Elle aurait pu développer plus de compétences, rencontrer d'autres gens, se faire des amis (pourquoi pas se lier d'amitié avec la femme de Thorfinn, ça aurait pu faire un bon duo), retrouver un sens à sa vie... bref, elle aurait pu grandir au lieu de rester bloquer éternellement dans la destruction de son village en étant enchainé mentalement à Gardar après 5 ans de servitude ! Quand un personnage est autant au fond du trou, c'est d'autant plus fort de le voir remonter et retrouver gout à la vie, comme l'a fait Thorfinn dans cet arc grâce à l'aide d'Einar !
Mais non !
Elle meurt, ce qui crée une grosse crise de haine en Einar qui veut tuer Ketil pour venger avec Thorfinn qui l'empêche de sombrer dans la violence comme lui autrefois, et ce qui motive encore plus Thorfinn à créer son pays de paix avec Einar qui le rejoint dans cette quête, et ils le feront "pour Arnéis" en se le jurant devant sa tombe car, tout ce qu'il a vécu depuis le début du manga ne suffisait pas à se dire que la violence, c'est mal et qu'il faudrait penser à créer autre chose d'un peu moins violent et qui empêche vraiment les hommes de s'entretuer. Il fallait évidemment qu'Arnéis meure pour motiver encore plus les hommes. En en parlant IRL, on m'a dit que sa mort sert à montrer que le monde est de la merde et injuste mais, tout le reste du manga le montre déjà très bien, pas la peine d'en rajouter, ça fait juste trop et ça fait lâcher les lecteurs à force, surtout quand sa mort ne sert que de motivation.
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Elle n'est pas importante dans le tome 14 alors, je vais aller vite. Elle est juste évoquée en passant avec Patel qui jure à Thorfinn et Einar qui partent pour l'Islande puis le Vinland qu'il veillera sur sa tombe, et que dans l'épilogue, Ketil a survécu mais, est complètement apathique et ne pense qu'à Arnéis... encore. D'accord pour qu'il ne fuie pas la honte et les responsabilités de ses actes dans la mort mais, le voir survivre lui après toutes les horreurs qu'il a fait, en particulier à Arnéis qui meurt elle... comment dire que ça laisse un gros gout amer dans la bouche et que j'aurais préféré que l'épilogue dise juste qu'il est mort haït de tous alors qu'Ormar reprend la main sur le domaine et que c'est le fait de voir Ormar vendre une grosse partie de leurs terres pour dédommager les familles des victimes de la bataille qui l'achève car, il a vu ce qu'il a tenté de défendre à tout prix être démentelé par son fils pour réparer ses propres erreurs, tout en confirmant ce que dit Sverker lors de leur conversation, ce qu'il complète dans le chapitre 94 en déclarant que "l'excès de fortune apporte le malheur" comme il avait prévenu son fils.
C'est pour ça que je la qualifie de "femme dans le frigo" malgré le fait qu'elle soit un peu développé : une fois qu'on sait comment elle meurt, vu à quel point tout son personnage bouge en suivant des ficelles intrinsèquement sexiste où la femme est un simple outil du scénario à protéger ou qui sert de motivation en mourant, ça devient évident que son seul rôle est de mourir. Je crois que j'ai assez expliqué pourquoi le tome 12 n'est pas très bien écrit à mon avis vu que ça repose entièrement sur des décisions stupides d'Arnéis et le fait que tout le monde excuse Gardar de ses actes par magie du scénario mais, ça va même limite plus loin que ça : vous supprimer Arnéis (et par conséquence tout le sous scénario de Gardar), l'histoire se tient toujours très bien debout.
Einar qui déteste être esclave et finit par apprécié sa vie à la ferme à cause de son béguin sur elle ? On remplace son béguin qui commence "parce qu'elle est kro belle" par son amitié naissante avec Thorfinn, ça change quasi rien.
Le fait que Ketil est un connard ? Pareil, même sans l'énorme craquage avec Arnéis qui le "trahit", de base, ce n'était pas un personnage si recommandable dans le fond et si vous voulez qu'Einar ait une raison de le haïr et de vouloir sa mort pour avoir sa crise de rage dont Thorfinn le sauve, vous faites en sorte que Ketil soit un maitre gentil en apparence mais, véreux qui leur réclame toujours plus de travaux pour qu'ils gagnent leur liberté (par exemple, ils doivent juste défricher et créer un champ sur une petite parcelle, puis sur une autre, puis encore une autre plus grande, avec de moins en moins d'outil) et qui ne les aide jamais contre les valets de ferme sauf si Patel insiste comme c'est déjà le cas dans le manga, on garderait l'aspect "enchaine les gens par l'argent et les obligations morales" du personnage avec Arnéis et les violences sexuelles en moins.
Le fait qu'il craque complètement et va affronter Knut la fleur au fusil après avoir été en PLS dans un tonneau durant tout le voyage retour ? Il se réveille en rentrant chez lui, et en voyant toutes les richesses qui lui appartiennent et qu'il a gagné à la sueur de son front selon lui, ce qui lui fait péter une durite comme l'avait prédit Sverker car, plus on a de chose, plus on a peur de les perdre, ce qui mène à la situation du chapitre 90.
Les esclaves qui ont tout perdu et donc, ont renoncé à être libre un jour et d'avoir leur propre vie en main ? Thorfinn a exactement ce comportement au début de cet arc et est complètement dépressif.
Si on veut absolument casé Gardar pour aborder le cas des esclaves maltraités qui pètent une durite, on pourrait le garder mais, sans Arnéis qui l'obsède : ce serait toujours un esclave en fuite après avoir tué ses maitres en mettant le feu à leur maison après des années de souffrance, il se retrouve à échouer sur les terres de Ketil et il est trouvé par Einar et Thorfinn qui d'abord le prennent pour un vagabond du même genre que Serpent et ses hommes avant d'entrer au service de Ketil, puis apprenne que c'est un esclave très dangereux mais, quand ils sont avec lui, ils semblent être une personne normal et saine d'esprit qui leur donne un coup de main pour les remercier de leur aide le temps de trouver un moyen de quitter le Danemark discrètement. Sauf qu'une fois que les miliciens le retrouve, ils montrent son vrai visage de machine à tuer prêt à tout pour rester libre qui est aussi extrême car, il refuse de revivre un enfer pareil après avoir caressé l'espoir d'être libre d'aussi près, ce qui lui fait perdre le peu d'esprit qui lui restait après ces années de calvaire. Thorfinn et Einar hésiteraient à aider Serpent quand Gardar s'enfuit une première fois en tuant des miliciens mais, en voyant qu'à présent, il s'en prend à tout ceux qu'il croise sans distinction, ils aident Serpent à le capturer avant qu'ils s'en prennent au vieux Sverker. Etant donné qu'il insiste beaucoup sur le fait que des fermiers comme sa famille ne devrait posséder que les terres qu'ils sont capables de cultiver par eux-mêmes et considère les esclaves comme des personnes qui n'ont pas eu de chance, ce serait assez logique de dire qu'il n'a jamais eu d'esclave car, il s'est toujours occupé lui-même de tous ses champs mais, comme c'est un homme libre et le père de Ketil qui est réputé pour ne jamais libérer ses esclaves après leur avoir fait miroiter leur affranchissement toute leur vie sauf rares exceptions (Patel), il le pense aussi pourri que son fils et veut le tuer lui aussi, même si c'est un vieillard qui ne peut plus se défendre à son grand âge. Il finirait par se faire arrêter par Thorfinn qui le maitrise grâce à ces techniques non létal de combat à main nue pour maitriser ses adversaires hérités de son père, puis Serpent accepte de le remettre aux autorités pour que Gardar soit jugé et condamné malgré sa soif de vengeance car, sur le coup, il est surtout rassuré que le "vieux" va bien vu que dans le manga, Sverker et Serpent sont très proches et s'apprécient (avec Arnéis qui s'ajoute à la maisonnée de Sverker en plus de Thorfinn et Einar, il y a une vraie atmosphère familiale chez lui alors, on pourrait continuer sur ça).
Voilà, un sous scénario corrigé sans mettre de ficelle sexiste, sans excuser un assassin, et en montrant que l'esclavage, c'est mal, que maltraiter d'autres êtres vivants, c'est mal, et que c'est mal de tuer des gens, c'est quoi l'excuse du mangaka ? On peut supprimer entièrement un des personnages principaux sans souci et sans trop modifier l'histoire, avec juste des changements mineurs ou alors, des modifications qui améliorent le sous-scénario concerné, y a un problème ! Arnéis est juste inutile ou un poids, c'est tout ce que ça dit ce genre de constat !
Après, je suis consciente que le système de production du manga n'aide pas à avoir beaucoup de recul vu qu'il faut tout boucler pour chaque parution de magazine, ce qui crée souvent des trous dans le scénario car, le mangaka n'a pas eu le temps de bien réfléchir à son histoire, surtout quand il fait le dessin et le scénario comme Makoto Yukimura, et encore plus pour un manga historique comme Vinland Saga qui est aussi juste et renseigné (même si on dirait qu'il n'a pas été publié de manière hebdomadaire vu que le mangaka n'arrivait pas à suivre ce rythme [tu m'étonnes vu la demi tonne de travail sur chaque planche !] et maintenant, il est publié dans un magazine mensuel, tant mieux pour la santé de l'auteur). Mais quand même, que l'arc le moins bien écrit de tous les personnages importants soit pile celui du seul personnage féminin important en 14 tome, qu'on retrouve beaucoup de ficelles d'écritures intrinsèquement sexiste qui ne sont là que parce qu'elle est une femme, dont le traitement diverge autant de celui des personnages masculins, qui ne sert qu'à mourir pour donner des motivations aux personnages masculins... admettez que c'est un peu gros. Thors aussi est destiné à mourir et sert de modèle à son fils après avoir été sa motivation pour se venger mais, il est un personnage plus complexe et développer qu'Arnéis alors qu'il n'apparait qu'en flashback, là où Arnéis est surtout une demoiselle en détresse définit par sa beauté, sa gentillesse et sa faiblesse.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'étais pas dans le bureau de Yukimura quand il a écrit mais, on dirait presque que soit il s'est dit que ce n'était pas la peine d'autant fouiller son personnage car, elle était la fille à protéger, ou alors que c'était complètement acceptable de réutiliser ces vieilles ficelles usées jusqu'à la corde dans le cas d'Arnéis alors qu'il est assez original avec les autres personnages principaux et sort souvent des sentiers battus, et la seule raison que je peux voir comme origine de cette différence, j'en suis désolée, c'est qu'elle soit un personnage féminin et que les personnages féminins sont encore et toujours considérés comme des personnages de seconde zone qu'on soigne et peaufine moins car, elles ne peuvent pas être d'aussi bon personnage que leur équivalent masculin, ou alors que les femmes réagiront forcément différemment des hommes, ce qui est un peu le cas ici vu que les femmes ne semblent pas avoir grandi dans la même société que les hommes en étant forcément contre la violence, là où tous les hommes ou presque l'adorent par nature et doivent réfléchir pour comprendre que la violence, c'est pas bien. Je ne voie pas autre chose.
Et c'est juste désolant comme constat. On ne devrait pas encore trouver des personnages féminins principaux qui ne sert à rien dans les années 2010. Elles méritent bien mieux, Arnéis méritait bien mieux et en la faisant juste survivre et partir pour le Vinland, on aurait pu avoir un personnage qui guérit et se relève malgré tout grâce aux soins de ses proches et en trouvant de quoi s'accrocher à la vie malgré tout, tout en se sortant de ses regrets. On aurait même pu la faire retrouver Hialti et être heureuse avec lui par magie du scénario. On est dans une saga, ça peut arriver ce genre de chose alors, go ! Laissez Arnéis être heureuse et à se relever nom des dieux !
Je sais pas trop comment finir ce billet... je vais juste dire que son traitement m'a vraiment déçu et j'espère vraiment que la femme de Thorfinn sera aussi bien écrite qu'on le dit car bon, quand une histoire arrive à faire l'exploit de respecter autant que possible la réalité historique, c'est dommage qu'elle se prenne les pieds dans l'écriture d'une moitié de l'humanité, surtout quand elles sont censé avoir une meilleure condition que celle qu'on imagine à l'époque décrite... et que c'est usant à force que ce soit toujours elles qui perdent toute leur force d'action historiquement documenté et prouvée pour faire plus "réaliste" selon des stéréotypes complètement faux et pas perdre le lecteur qui pour lui, c'est plus difficile de croire en une femme libre et contrôlant sa vie en 1018 plutôt que croire à un homme géant se battant avec des troncs d'arbre parce que c'est classe... vu la rigueur de Vinland Saga et la qualité de ce manga, c'est encore plus usant vu que la moitié de l'humanité est réduit à la troisième roue du carrosse... enfin, la moitié de l'humanité... après tout, si on suit ce genre d'histoire, l'humanité est composé à 90% d'homme et de 10% de femmes alors... voilà quoi...
Enfin, merci beaucoup pour avoir tout lu et supporté mon petit coup de calcaire, fallait que j'en parle pour me le sortir de la tête et mieux mettre des mots sur ce que je ressentais sur la fin de cet arc...
Merci encore pour votre gentillesse et votre courage d'avoir tout lu.
#Vinland Saga criticism#une curieuse qui s'énerve un peu et dit des trucs qui lui passe par la tête#c'était du travail de longue haleine et j'ai pas l'habitude de faire des analyses sur un manga sur un aussi long arc...#j'espère que ça reste compréhensible pour un maximum de monde...#ça reste une critique assez acerbe de tout un pan de l'écriture j'évite de le mettre dans le tag principal tant pis pour la visibilité#cet arc aurait pu être très bon et c'était osé de mettre aussi peu d'action après le 1er mais il se prend largement les pieds dans le tapis#et c'est dans le même tapis que tout le monde se prend les pieds alors qu'en général la série n'a pas ce genre de défauts#en règle général j'ai tendance à être relativement tolérante vis à vis de l'esclavage dans la fiction et des personnages qui le pratique#'c'était comme ça à l'époque' tout ça... mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas le critiquer#après tout même à l'époque les gens étaient contre avec les esclaves eux-mêmes en première ligne comme Spartacus#C'est un sujet avec une réponse simple -c'est mal l'esclavage- mais dont le traitement est compliqué#surtout à des périodes anciennes vu qu'on a tendance à plaquer l'esclavage négrier du 18-19e sur des pratiques différentes#l'esclavage grec- romain- norrois- ottoman... chaque système a ces particularités et sa propre manière de broyer les esclaves#mais ça n'empêche pas de les critiquer ou de laisser une autonomie de pensée aux esclaves -comme Einar-#Ketil était une très bonne déconstruction de l'archétype du 'gentil maitre' vu qu'on voie que dans le fond il veut que tout lui appartienne#ça aurait pu être un excellent arc si le traitement d'Arnéis avait suivi et qu'elle n'était pas réduite à une demoiselle en détresse#son traitement est pas loin de saboter entièrement la conclusion de l'arc au point qu'après coup je me demande s'il n'a pas été raccourci#vu que pas mal de gens n'ont pas aimé la tournure plus lente de la série et ont critiqué l'absence de combats 'épiques'#C'est peut-être pour ça que Serpent-Roald est mon personnage préféré de cet arc il reste lui-même dans le tome 12#j'aurais bien aimé savoir quel crime il a commis pour avoir été banni vu qu'on ne le dit jamais clairement#Il est gris moralement mais il agit quand même de manière compréhensible dans son contexte#honnêtement à part le meurtre de Gardar il prend souvent des décisions assez bonnes et tient comme il peut ses hommes#ça faisait plaisir de le voir devenir un honnête homme cultivant son champ avec Sverker#même Ormar qui commence comme un personnage purement comique grandi et a un arc très intéressant#alors pourquoi c'est pile Arnéis et les persos féminins qui n'ont pas ce niveau d'écriture ?!#ça me dépasse...#sinon point méta pour moi apparemment en anglais Thorgeir s'appelle Thorgil...#merci au trad français d'avoir mis un autre nom pour lui ça m'évite d'entacher ma propre Thorgil en portant le même nom que cette brute ^^
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pliziu · 5 months ago
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★Monsieur Salieri arrête de fumer des roses🌹☠️★
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Oh la la ! Salieri et sa rose🌹, je l'adore💗🖤, ils ne m'ont pas du tout forcé à le finir, je ne le regrette pas, merci mon ami🧛👍, j'ai aimé le résultat final 🕺✨
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e642 · 25 days ago
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J'écoutais un podcast d'une meuf qui parlait de ses expériences avec les hommes et elle mettait en exergue les nombreux désavantages à fréquenter un homme. À la fin, elle a conclu en disant "c'est pas vrai, les hommes n'aiment pas les femmes". Ça m'a fait réfléchir parce que moi aussi je me suis souvent fait cette remarque. Tout comme la remarque les femmes n'aiment pas vraiment les femmes. C'est vrai que quand je regarde mon passif avec les hommes et même quand je regarde autour de moi, que je me documente sur certains sujets, je me dis que les hommes aiment la projection de leur désir sur les femmes. Ils aiment ce qu'elles peuvent leur apporter, le désir qu'elles vont leur faire exprimer, l'idylle qu'ils pensent qu'une femme doit être, la possibilité de se sentir puissant, mais dans le fond.. si on parle d'un amour intrinsèque à la personne, je n'ai jamais eu l'impression que les hommes pouvaient aimer en ce sens. Contrairement aux femmes qui aiment elles de manière profonde et bien plus complète. Elles œuvrent pour un vrai confort mental, un respect parfois sans faille, un amour singulier et adéquat avec un reflet de leurs intentions. De plus, quand on voit l'avancée pitoyable des droits des femmes, du manque d'accès aux mêmes choses, mêmes traitements, mêmes vies, bloqués par les hommes avant tout, on peut se demander pourquoi ? Pourquoi prétendre aimer les femmes si au final, il n'y a aucune réelle conviction ni volonté de faire évoluer leur vie et leur bien-être ? En fait, la plupart ne veulent pas faire baisser leur image, droit, qualité de vie, en revanche, ils ne veulent pas l'augmenter non plus. L'inaction de tous les hommes, leur engouffrement récurrent dans des schémas que l'on sait toxiques, violents, sexistes, invisibilisants ne me fait pas me dire qu'ils ont des intentions louables à notre égard. J'ai plutôt l'impression qu'on est enfermées avec des hommes qui au mieux ne feront rien pour anéantir le peu de chose qu'on a, juste nous maintenir dans ça, et au pire, d'autres qui s'efforceront de récupérer chaque miette de privilèges pour finir d'assoir leur droits abusifs et restrictifs. Maintenant, la part de volontaire reste à déterminer mais il n'en reste pas moins certain que j'ai du mal à considérer leur amour avec de la valeur. Même le peu d'émotions qu'ils ont, ont un goût factice, perfide et persuasif. J'ai toujours ce sentiment désagréable de redevance, que si j'étais aimée par un homme, je lui devrais quelque chose. Presque lui dire merci de ne pas restreindre mon existence même s'il ne l'élève pas. Sûrement que je manque de critères et que je gagnerai à les rehausser mais qu'il resterait toujours ce moment où je me rendrais compte qu'il n'a aucune volonté d'être à mes côtés en étant mon égal et en prenant au sérieux les enjeux actuels. Si les hommes nous "aiment" de cette manière c'est parce qu'ils savent que sans leur action, leur aval presque, rien ne changera. Ça ne les culpabilise pas à échelle individuelle, ils nient même, mais finalement ils participent juste à l'emprisonnement des femmes. J'étais donc d'accord avec elle mais le constat m'angoisse à chaque fois.
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capitainerowen · 1 year ago
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Mes lectures de 2024! ✧⁠◝⁠(⁠⁰⁠▿⁠⁰⁠)⁠◜⁠✧
Quelque chose que j'ai très fort envie de faire pour la nouvelle année, c'est répertorier toutes mes lectures que je ferai cette année (romans, BDs, etc...)! Rien qu'aujourd'hui, j'ai pu lire deux petites BDs et finir un tout petit roman (je n'aurai pas tout le temps ce rythme) mais il est tard, ahah, alors je pense que j'en parlerai demain, parce que ça me permettra de faire tout ça correctement, eheh
Je ne sais pas trop comment parler de mes lectures pour l'année à venir alors si vous avez un conseil, je prends, mais je vais au moins faire mes présentations comme ceci:
Nom du livre et de l'auteurice
Photo du livre
Résumé du livre avec mes mots à moi
Prévention sur les CW/TW potentiels qui m'ont marqué, et si le livre prend la peine de nous prévenir pour ça
Commentaire personnel sur le livre et à quel point je l'ai aimé ou non, et si je le recommande ou non
Aussi! Je me suis mis pour objectif de lire 35 livres cette année, donc un rythme de 2-3 livres par mois alors voyons si j'y arrive!
Et puis, si vous voulez me conseiller un livre, faites donc mais je ne confirme en rien de si/quand je vais l'acheter et de quand je le lirai, ahah :'))
J'espère que je pourrai réussir à vous intéresser avec ma future liste, et peut-être même que je vous donnerai envie de découvrir certains d'entre eux!
(je ne crois pas avoir le savoir infini, bien sûr, et ce n'est pas parce que j'ai un avis sur un livre qu'il est universel, vous pouvez ne pas être d'accord, bien sûr)
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chifourmi · 7 months ago
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Je suis allée mardi soir chez le musicien et je viens de rentrer. J'avais tellement pas envie de partir mais il devait voir un pote aujourd'hui.
On a fait l'amour tellement de fois mdr puis on s'est dit que la prochaine fois on devait prévoir une activité parce que dès qu'on se retrouve dans sa chambre, ça dérape. À un moment j'étais tellement excitée et tellement dans le truc que j'ai sorti un "ohhh yeeaaahh" et je m'attendais pas à sortir ça, c'est sorti tout seul. On est partis dans un fou rire incontrôlable. Franchement je souhaite à tout le monde de vivre un fou rire pendant du sexe. C'est juste incroyable, tu te sens doublement bien après.
Sinon il a joué de la guitare électrique devant moi et a fait tous ses sons préférés. Il était tellement concentré, c'était vraiment trop bien à voir. Puis à un moment, à la fin d'une musique, j'étais encore tellement dedans que j'ai pas réagi tout de suite et il m'a dit "Wow, mais c'est exactement la réaction que je veux que les gens aient quand ils écoutent ma musique. C'est être transporté". Puis il m'en a reparlé plus tard. Il m'a dit que son entourage n'écoutait que du rap et du coup quand il joue devant eux ils sont admiratifs parce qu'il joue bien mais ils ne ressentent pas vraiment la musique. Apparemment j'étais la seule à avoir réagi comme ça. C'est trop mims qu'il ait autant aimé ma réaction.
En fait avec lui c'est trop bien, je peux être moi-même et il aime tout ce que je suis. C'est pas censé être bizarre mais j'ai jamais connu ça. J'ai pas à faire semblant.
Puis notre langage d'amour c'est tous les 2 le touché du coup on est supra mégas cuculs et gênants mais je m'en fous j'assume
(13/06/2024)
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sobillyboy · 8 months ago
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Je ne me suis jamais sentie aussi entourée, appréciée et aimée que depuis qu'on a déménagé à Grenoble. Je me suis très longtemps sentie extrêmement seule, et depuis deux ans ce n'est plus du tout le cas. Ça fait tellement du bien et je vous le souhaite à tous et à toutes.
Un copain de Grenoble m'a écrit un petit mot pour mon anniversaire et en blague il m'a dit "Vous venez d'avoir 30 ans et je tenais à vous féliciter d'être arrivée jusque là" et bon dieu ça m'a fait pleurer, parce que sans le savoir (il ne connait pas du tout mon passé dépressif), il a touché une corde méga sensible parce que bon dieu que je suis fière d'être arrivée jusque là et d'avoir tenu le coup.
J'ai jamais été autant excitée par le futur, j'ai hâte de voir ce qui m'attend ! Encore des milliers d'aventures avec mon amoureux j'espère.
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