Printemps 1921 - Champs-les-Sims
7/10
Malgré tout, je remarque que mes filles sont capables d'une certaine résilience. Elles s'entendent finalement plutôt bien, une fois mises à l'abri de Madame Eugénie. Je les vois parler, rire ensemble. ET je me dis que je n'ai pas fait un si mauvais travail en les élevant ainsi. Pour des jeunes filles qui ont clairement manqué d'attention de la part de leur père et qui ont été sévèrement encadrées par leur Grand-Mère, le résultat n'est pas si mauvais.
On dit qu'il y a une forme de fraternité entre les femmes. Mon enfance m'a longtemps convaincue que ce n'était pas le cas. Mais quand vous m'avez racontée l'arrivée de Layan et quand j'ai vu mes filles se réconcilier, j'y ai enfin cru.
Navrée pour la terrible longueur des dialogues. J'ai surestimé mon stock de screenshots.
Transcription :
Sélène « Je suis désolée Noé, je… j’ai eu droit à un sermon au vitriol hier au soir. Comme quoi j’étais trop jeune. Que si je tenais à montrer mes jambes au tout venant, au moins que je reste à une distance raisonnable des hommes… Je pense que tu vois exactement de quoi je parle. »
Arsinoé « Je suis désolée pour toi. »
Sélène « Ce serait Cléo qui m’aurait trahie ? Je pensais qu’elle comprendrait et qu’elle garderait le secret pour m’éviter les ennuis. »
Arsinoé « C’est assez improbable selon moi. Cléo n’est pas du genre à rapporter, mais plutôt à clamer partout ce qu’elle a vu. Nous aurions eu droit à d’interminables envolées lyriques sur les joies de l’amour et une élégie de la tendresse qui n’aurait rien à envier à Catulle. En plus, on peut voir presque tous les bancs du jardin depuis la chambre des petits. »
Sélène « Oui tu as raison. Oh pardon, je m’en veux tellement de t’avoir sauté à la gorge de cette façon ! »
Arsinoé « Tes excuses sont acceptées, tu le sais bien. Elle nous pousse tous dans nos derniers retranchements ces derniers temps. Mais alors… Tu es amoureuse de Gilberto ? »
Sélène « Je ne sais pas vraiment. Oui, peut-être… On ne se connaît pas depuis très longtemps. J’aimerais savoir si c’est le genre d’amour qui signifie mariage, enfants et vœux éternels, ou alors si c’est davantage un feu de paille. Mais bon, ce n’est pas comme si un coeur était fourni avec un mode d’emploi.»
Arsinoé « Mais tu aimes passer du temps avec lui non ? Quand tu il t’a pris la main… qu’as tu ressenti au juste ? »
Sélène « C’était très étrange. J’étais heureuse, mais en même temps un peu paniquée. J’ai eu le feu aux joues, j’étais atrocement gênée, mais je n’avais pas envie qu’il retire sa main. Il m’ regardé dans les yeux avec un sourire à ce moment là, juste un instant. Tout cela a semblé durer à la fois quelques secondes et une éternité. Il avait aussi les joues très rouges... »
Arsinoé « Donc, tu as bien aimé. »
Sélène « Oui, j’aimerais bien qu’il recommence. Mais avec Grand-Mère sur le qui-vive... Je ne serais pas surprise qu’elle assiste à toutes les leçons maintenant. »
Arsinoé « Tu devrais faire comme moi. Dire qu’elle a bien raison, que tu reconnais ton erreur, et que tu feras attention à te conduire de manière convenable. »
Sélène « Je n’aime pas lui mentir. Je l’aime beaucoup tu sais. Grand-Mère je veux dire... »
Arsinoé « Nous l’aimons tous. »
Sélène « Mais la colère qu’elle montrait, les remontrances… Je me suis sentie si triste après, si malheureuse. J’ai eu l’impression d’avoir brisé quelque chose d’important, sans vraiment savoir quoi, et que rien ne pourra jamais le réparer. Le regard qu’elle m’a jeté… On aurait dit celui qu’elle garde pour... »
Arsinoé « Pour Cléo. Quand elle se maquille les yeux. »
Sélène « C’est ça. Et je me rend compte qu’en définitive, quand je voyais ce regard, je me disais « Au moins, elle ne me regarde pas comme cela. Moi, je fais les choses bien. » C’est atroce de penser comme cela ! »
Arsinoé « Ce n’est pas ta faute tu sais. Ni celle de Cléo. Grand-Mère… elle vient d’avoir cent ans. Elle veut nous éduquer comme elle a éduqué nos grand-parents, mais les choses ne fonctionnent plus comme à l’époque. Cela n’excuse rien, mais je pense que de nous tous, c’est celle qui a le plus peur. »
Sélène « Peur de quoi ? »
Arsinoé « De perdre pied. De ne plus comprendre. Un peu comme Papa, quand il dit quelque chose d’étrange quand il est dépassé par une conversation, où qu’il change brusquement de sujet car il est mal à l’aise. Chez lui c’est flagrant, mais chez Grand-Mère, c’est dissimulé par une sorte de certitude qu’elle fait au mieux pour nous. »
Sélène « Elle fait toujours au mieux pour nous. »
Arsinoé « Elle essaie, mais au vu de notre conversation, elle ne réussit pas vraiment. Tu peux essayer de l’esquiver, comme Cléo et moi, mais si tu pense que tu es vraiment amoureuse de Gilberto, tu devrai l’affronter. C’est que que dit Oncle Adelphe : quand cela nous tient à coeur, il ne faut pas avoir peur d’aller au conflit avec elle. »
Sélène « Tu en parle avec lui ? Vraiment ? »
Arsinoé « Depuis qu’Antoine est au pensionnat… enfin… c’est facile de parler avec lui tu sais. »
Sélène « Enfin, il a beau dire, il n’a jamais eu besoin de réellement l’affronter, lui. »
Arsinoé « Il parlait davantage de Tante Rose. Quand elle a fait savoir qu’elle voulait devenir médecin, Grand-Mère a tout fait pour l’en dissuader. Et regarde où elle en est aujourd’hui ! Alors, tu l’aimes assez ton Berto ? »
Sélène « Je ne sais… oui, je suis amoureuse de lui. »
Arsinoé « Alors il est temps de prendre les armes. Et si tu en as besoin, je te soutiendrai. »
Sélène « Noé… Merci. Vraiment. »
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La Reine Garçon (Opéra de Montréal)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-01 : www.societascriticus.com
Argument
Acte 1
Stockolm, milieu du 17ième siècle.
Dans la tempête, le comte Karl Gustav, général des armées de Suède et cousin de la reine Christine demande à celle-ci de l’épouser. Christine refuse, prétextant qu’elle doit se consacrer essentiellement à faire de son royaume l’un des plus sophistiqués qui soit.
Le comte Johan, fils oisif et vaniteux du chancelier Axel Oxenstierna, s’ennuie dans ce royaume paisible et sans heurts. Son père lui propose de conquérir le cœur de Christine et ainsi, d’accéder au trône.
Axel évoque la naissance de Christine, que l’on qualifie de « reine-garçon ». La comtesse Ebba, dame de compagnie de la reine dont Christine est secrètement amoureuse, vient la divertir. Christine est troublée par cet amour. Elle se confie au philosophe René Descartes qu’elle a fait venir en Suède pour l’instruire sur les passions secrètes de l’âme et particulièrement sur l’amour dont elle souhaite se libérer du joug. Descartes l’initie à la notion du libre arbitre.
La reine veuve, Marie-Éléonore de Brandebourg, mère de Christine et personnage terrible, ajoute à la pression du mariage et révèle à sa fille un douloureux souvenir d’enfance. Furieuse et déstabilisée, Christine chasse Ebba, sous prétexte
que sa présence la trouble.
Johan, suivi de sa cohorte d’hommes-cerfs, tente à son tour de séduire Christine, mais sombre dans le ridicule. Blessé dans son orgueil face au refus de la reine, il lui rappelle les multiples problèmes que son obstination à rester célibataire va
surement provoquer.
Christine et Ebba se réconcilient. Axel et Johan décident d’écarter la comtesse Ebba de la cour.
Acte 2
Tout comme Karl Gustav, le mal d’amour ne quitte pas la reine et l’absence d’Ebba à la cour lui devient insupportable.
Au théâtre anatomique, Descartes fait la démonstration physique que l’âme siège dans une petite glande au cerveau où toutes les passions se rencontrent. Christine lui demande si l’on peut exciser l’amour de cette glande.
Axel se montre scandalisé par cette démonstration profane et tente de raisonner avec la reine. Mais celle#ci, ne trouvant plus de bonheur dans son propre pays, menace de répondre à l’invitation du Saint#Siège à abjurer sa foi luthérienne,
à abdiquer et à assumer le statut de reine-vierge catholique, libre de son intimité.
Seule, Christine demande au ciel si elle devrait abandonner sa foi, son père et son pays, bref, tout ce qu’elle est pour devenir celle qu’elle désire être.
Ebba vient à Christine pour lui demander de bénir son mariage. Christine l’invite plutôt à se joindre à elle et à partir pour Rome. Ebba tente de la raisonner et de lui faire valoir l’anormalité de ce geste, et Christine la chasse pour toujours. Effondrée, inconsolable, Christine trouve un certain réconfort dans les bras de Karl Gustav qui de nouveau lui témoigne son amour et lui rappelle ses devoirs de souveraine.
À la surprise générale, Christine annonce qu’elle abdique en faveur de son cousin Karl Gustav, en le désignant comme son successeur. Elle part pour Rome où elle compte se convertir au catholicisme, espérant ainsi échapper aux contraintes de son statut de reine et vivre selon son libre arbitre.
Johan, amer, reconnaît tout le ridicule de sa situation et jette le blâme sur Axel, son père.
En épilogue, Christine savoure toutes les libertés retrouvées, sauf l’amour, dont elle est toujours sous l’emprise.
Compositeur : JULIEN BILODEAU
Librettiste : MICHEL MARC BOUCHARD
Distribution
Chef d'orchestre : JEAN-MARIE ZEITOUNI, Canada
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL
CHOEUR DE L'OPÉRA DE MONTRÉAL
Christine, reine de Suède : JOYCE EL-KHOURY, Canada
Comte Karl Gustav : ETIENNE DUPUIS, Canada
Comtesse Ebba Sparre : PASCALE SPINNEY, Canada
Le chancelier Axel Oxenstierna : DANIEL OKULITCH, Canada
Comte Johan Oxenstierna : ISAIAH BELL, Canada
René Descartes : ERIC LAPORTE, Canada
Marie-Éléonore de Brandebourg : ALINE KUTAN, Canada/Arménie
Assistant de Descarte : ALAIN COULOMBE, Canada
Source : https://www.operademontreal.com/
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-02-12)
J’ai bien aimé. C'est sûr qu'il fallait des coupes dans le texte, car, chanté, cela allonge le temps d’une représentation. Ayant vu la pièce (TNM, novembre 2012) et le film (FFM, 2015) je savais que certaines choses étaient coupées ou devaient passer par allusion. C’était le cas de l’opposition à Descartes par exemple, car elle était assez forte au point que dans le film on reprend la thèse qu’il est mort empoisonné à l'arsenic selon de la correspondance découverte dans les années 1990. Vous trouverez ces détails dans mes deux textes antérieurs, sur La Reine Garçon, qui se trouvent en annexe plus bas.
Le librettiste et le compositeur (1) ont su intégrer quelques fantaisies – comme lorsque « Johan, suivi de sa cohorte d’hommes-cerfs, tente à son tour de séduire Christine, mais sombre dans le ridicule. » - pour alléger le tout, ce qui fut très apprécié du public, car on a entendu quelques rires à l’occasion. C’est que cette histoire est assez sombre, la Reine Christine voulant ouvrir son peuple à l’art et la culture alors que celui-ci est sous le joug du rigorisme luthérien.
Pour les hommes de Pouvoir, pourquoi l’instruire s’il est heureux ainsi? Comme je l’ai écrit dans mon texte sur la pièce, ils tiennent d’ailleurs ce discours à la reine :
« On a besoin de bras, pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et des combats ! »
Très contemporain si je pense au Trumpisme qui va chercher l’appui des fondamentalistes religieux avec presque le même discours : On a besoin de bras pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et un camion pickup F-150 par exemple !
C’est comme si la culture leur était inaccessible et élitiste, ce qui est faux. Cela s’apprend et se développe. Chacun peut en tirer quelque chose. Naturellement, si on flatte l'ignorance et qu' on méprise la culture et les intellectuels pour en détourner nos fidèles et les manipuler, ce qui se voit en religion et en politique, c'est une autre histoire très machiavélique. On n’a qu’à penser à cette candidate républicaine au poste de secrétaire d’État, Valentina Gomez, qui a brulé des livres qu’elle jugeait inacceptables moralement ! (2)
Un opéra pour notre temps qui, je l’espère, s’exportera. Exporter de la culture serait déjà un gain sur l’obscurantisme qui revient par en arrière.
Ai-je vraiment besoin d’en dire plus?
Note
1. Compositeur : JULIEN BILODEAU :
Librettiste : MICHEL MARC BOUCHARD :
2. https://twitter.com/ValentinaForSOS/status/1754964444776443937
Annexe
Les deux numéros de la revue desquels sont tirés ces deux textes se trouvent en ligne à Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec dont voici les liens :
- https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
- https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
Christine la reine garçon au TNM
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 11, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com
DU 13 NOVEMBRE AU 8 DÉCEMBRE 2012
De MICHEL MARC BOUCHARD, avec une mise en scène SERGE DENONCOURT
DISTRIBUTION
Catherine Bégin : Marie-Éléonore de Brandebourg / Céline Bonnier : Christine / David Boutin : Karl Gustav , Le généralissime / Éric Bruneau : Comte Johan OXENSTIERNA / Louise Cardinal : Duchesse Erika Brähe / Jean-François Casabonne : René Descartes / Mathieu Handfield : L’ALBINOS / Robert Lalonde : Axel OXENSTIERNA / Magalie Lépine-Blondeau : Ebba Sparre / Gabriel Sabourin : Hector Chanut
LA DURÉE
Approximativement 1 h 15 pour la première partie; entracte de 20 min; et 50 min pour la dernière partie
UNE HISTOIRE BRULANTE VENUE DU FROID
Une création de Michel Marc Bouchard est toujours un évènement, d’autant plus que, pour la première fois, il aborde un grand sujet historique : la reine Christine de Suède. De sa plume généreuse, il réinvente cet être hors du commun, excessif, traversé par les grandes forces — le spirituel, le politique, le passionnel — qui façonnent le destin d’un être humain. Serge Denoncourt, dont le sens aigu de la théâtralité se déploie particulièrement dans les évocations du passé, a choisi l’électrisante Céline Bonnier pour incarner la plus incandescente des reines.
Le château d’Uppsala, 1649. La terrible reine Christine, laide et séduisante, plus mâle que ses hommes de guerre, plus politique que ses diplomates, plus érudite que ses savants, fait venir dans son royaume de grisaille et de glace le philosophe français René Descartes afin qu’il lui enseigne le mécanisme des passions qui habitent l’âme et le corps humain. Tiraillée entre le masculin et le féminin, entre foi et savoir, entre la rigueur de Luther et les splendeurs du catholicisme, entre son amour pour une femme et l’État qui exige un héritier, Christine de Suède cherche la vérité, sa vérité — en dépit de la rapacité des nobles, de l’ardeur des prétendants, de la folie de sa mère et, surtout, en dépit des fulgurances de ses propres passions.
Commentaires de Michel Handfield ()
En Suède, « on raille les intellos et on boit sa bière » se plaint la reine Christine qui voudrait élever son peuple à un autre niveau. Mais, on est des travaillants : bucherons, mineurs, militaires... Du vrai monde! Pas des rêveurs comme ce Descartes qui remet en cause nos habitudes et nos croyances! Un étrange!
On a besoin de bras pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et des combats!
On pourrait croire à une adaptation tant cela nous ressemble! Mais, c'est basé sur des faits historiques vérifiables. Malheureusement, car les parallèles entre la Suède sous Christine (1632 à 1654) et nous, québécois d'aujourd'hui, sont frappants. Si frappant qu'ils font peur; comme si, sous nos airs évolués, parce que nous avons maintenant une télé de 72 pouces (venant d'Asie) pour regarder de la lutte (à défaut de hockey, vu la grève de la LNH) avec notre grosse bière entre les jambes et notre sac de « chips » sur les genoux, on ne l'était pas tant que ça, évolué! On est « basic » finalement, comme ces Suédois d'un autre temps qui aimaient boire et avoir une bonne bataille! Vouloir en faire autre chose et leur enlever leurs croyances – luthérienne - était une hérésie aux yeux de l'entourage de la reine. Surtout, ne remettons rien en cause!
D'avoir fait venir ce Descartes de France, dérangeait, avec ses idées sur la religion, les astres et l'autodétermination, plutôt que le prédéterminisme et l'ordre divin. Que la reine le suive au point de remettre en question son propre devoir de femme, qui devrait se marier et enfanter pour le bien du royaume, s'en est trop. Un diable que ce philosophe français. Il décèdera d'ailleurs en Suède et l'on soupçonnera l'empoisonnement. Après, la reine ne sera pas ménagée pour la forcer à se marier, sauf qu'elle leur fera tout un pied de nez! Femme de tête, elle nommera son cousin à sa place, l'adoptant comme ce fils qu'elle n'a pas! Élevé comme un garçon par son père, son comportement ne serait pas si surprenant que cela aujourd'hui. Mais, à l'époque, « it was shocking! »
Dans un pays dominé par un conservatisme religieux, elle est beaucoup trop différente au gout du temps. Garçonne jusque dans ses sentiments, elle semble attirée par Ebba, sa dame de compagnie, ce qui n'est pas acceptable. Puis, elle cite Ninon de Lenclos, libertine et femme d'esprit, enfermée aux Madelonnettes. Alors, sous la chape du Luthéranisme, elle ne peut que s'attirer des ennuis ainsi qu'à sa bonne amie, ce qui l'amènera à quitter sa Suède pour préserver sa liberté! Elle se fera catholique et s'en ira à Rome, où elle aura une relation sentimentale avec le cardinal Decio Azzolino nous dit-on sur Wikipédia, de quoi faire tourner son père dans sa tombe, lui qui avait battu les papistes lors de la guerre de Trente Ans.
On est ici dans Machiavel. Pourquoi changer les choses si le peuple ne veut pas changer et croit qu'il aura sa chance ainsi? Laissons le croire! Pourtant, La Boétie avait bien expliqué ce qu'est la servitude volontaire un siècle plus tôt! Et, « c'est [aussi] ce que Machiavel a fait voir avec évidence. En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel est le livre des républicains » a écrit Rousseau un siècle après le règne de Christine! (1) Mais, on n'avait pas compris. (2) En fait, a-t-on même compris aujourd'hui? Si on a besoin de poser la question, c'est un peu donner la réponse : NON!
« Seuls les déviants ont besoin de changer l'ordre du monde pour qu'il leur ressemble » dira Axel Oxenstierna, son oncle et chancelier, interprété par Robert Lalonde. Mais, il n'aura pas gagné son pari de contrôler la destinée de Christine et de son fils avec lequel elle fut élevée. Elle aura été plus forte stratège qu'eux. Femme élevée en garçon elle avait su tirer les avantages des deux sexes, mais aussi retenir quelques-unes de leurs faiblesses!
Une pièce forte intéressante sur la prise en main de sa destinée, avec ses joies, ses peines et ses misères, car tout à un prix, que ce soit la soumission ou l'affirmation de soi. Et Christine le paiera dignement.
Notes
1. Rousseau, Jean-Jacques, [1762] 2002, Du Contrat Social, Les classiques des sciences sociales (PDF): http://classiques.uqac.ca/, p. 44
2. Voici les dates : Christine a régné de 1632 à 1654. Le prince de Machiavel fut publié en 1532. Le Discours de la servitude volontaire de La Boétie le fut en 1549! Quant au Contrat Social de Rousseau, ce fut en 1762.
Références
La Boétie, (1549) 2006, Discours de la servitude volontaire, "Les classiques des sciences sociales" : http://classiques.uqac.ca/
Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.
Femmes de rêve, femmes de caractère ! (1) Nos commentaires sur BEIJING Carmen et la reine garçon
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 7, Textes ciné et culture (FFM 2015) : www.societascriticus.com
a) BEIJING CARMEN
vu le dimanche 30 aout 2015
Couleur, 95 minutes, Chine, 2015
Réalisation : Wang Fan
Scénarisation : Wang Fan
Direction photo : Han Xiaosu, Andreas Thalhammer
Montage : Zhang Yifan
Interprètes : Li Rui, Cary Woodworth, Zhao Jian, Dong Chun, Zhuan Ran, Xu Yiming
Musique : Cha Ainan
Synopsis
Le film est librement inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen. Chorégraphe américain, Coen se trouve à Beijing pour les répétitions d’une adaptation moderne de Carmen. Mais il n’arrive pas à trouver la candidate idéale pour le rôle-titre. Jeune orpheline aborigène, Ye Men a été adoptée et élevée dans une atmosphère libre et insouciante par une femme âgée de la tribu Wa, au sud-ouest de la Chine. À la suite d’un incident, Ye Men doit quitter le village, mais non sans avoir le cœur gros étant donné qu’elle laisse derrière elle Ai Yong, son amoureux. Ye Men se retrouve donc à Beijing et déniche un travail de serveuse et de chanteuse dans un restaurant. Une discussion avec un client trop entreprenant impressionne Coen, qui se trouve là, subjugué par le tempérament de la jeune fille. Il laisse sa carte d’affaires sur la table. Ye Men se présente à l’endroit des répétitions et accepte de se joindre à la troupe, ne sachant pas que cette nouvelle direction pourrait la conduire, personnellement, dans l’univers amoureusement torturé créé par Mérimée.
b) THE GIRL KING
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 7, Textes ciné et culture (FFM 2015) : www.societascriticus.com
Vu le vendredi 4 septembre 2015
2015, Couleur, 102 minutes, Allemagne, Canada, Finlande, Suède, Compétition mondiale
Équipe de production
Réalisation : Mika Kaurismäki
Scénarisation : Michel Marc Bouchard
Direction photo : Guy Dufaux
Montage : Hans Funck
Interprètes : Malin Buska, Sarah Gadon, Michael Nyqvist, Lucas Bryant, Laura Birn, Hippolyte Girardot, François Arnaud, Patrick Bauchau
Musique : Anssi Tikanmäki
Synopsis
Nous sommes au XVIIe siècle et la reine Christine entend bien faire de la Suède le pays le plus moderne d’Europe. Élevée comme un garçon sous un strict contrôle luthérien, cette souveraine énigmatique, flamboyante et imprévisible fait face à une forte résistance dans son désir d’éduquer ses sujets et de mettre fin à la sanglante guerre de Trente Ans entre les protestants et les catholiques. Christine a du mal à vivre avec son irrésistible passion pour sa dame d'honneur, la superbe comtesse Ebba Sparre. En même temps qu’elle découvre l'amour et la passion, elle tente de comprendre l'humanité et les forces violentes qui conspirent contre elle. Déchirée entre ses aspirations politiques et personnelles, elle choisit de prendre l'une des décisions les plus controversées de l'Histoire.
Commentaires de Michel Handfield ()
Dans Beijing Carmen on n'est pas dans l'opéra, car la musique est tout autre que celle de Bizet, mais dans le caractère de Carmen. Celui qui vient de la nouvelle de Mérimée. (2) Si ne pas avoir la musique peut déranger ceux qui s'attendent à voir Carmen, elle indique aussi qu'on ne voit pas Carmen, mais bien Beijing Carmen !
Prosper Mérimée écrivain, historien et archéologue français a écrit Carmen (nouvelle) en 1845. Dans celle-ci elle est une jeune gitane. Ici elle est transposée en une Wa du Yunnan. (3) Si, dans la nouvelle originale, Carmen était manipulatrice et « utilisait ses charmes et ses atouts féminins pour arriver à ses fins » (4), c'est un caractère plus moderne de fille indépendante qui veut prendre sa place qui ressort du film. Mais, était-ce dans l’œuvre originale comme lorsqu'on relit Manon Lescaut (5) avec les yeux d'aujourd'hui? Je ne peux le dire, car je n'ai pas lu Carmen, mais j'ai lu Manon Lescaut et je ne serais pas surpris qu'il en soit ainsi : Carmen est Carmen comme Manon fut Manon. Seule notre vision a changé avec le temps. Elles étaient des filles de notre temps avant l'heure. Des précurseures.
Carmen est donc un film sur le caractère. Ici, on est face à la force de la fille et la faiblesse de l'homme qui cède à la jalousie, car il veut la posséder ! Fort intéressant et moderne. Et, que dire de Li Rui qui porte ce rôle. On est dans l'érotisme juste de la façon dont elle campe ce rôle à l'écran. Il va sans dire que j'ai aimé ce film.
Dans la même veine est la Reine garçon ! Autre femme de caractère, la reine Christine (6), qui a régné sur la Suède de 1632 à 1654 au moment où les guerres de religion divisaient l'Europe. Elle veut sortir son royaume de l'ignorance et du travail de bucheron et fait donc venir Descartes. (7)
René Descartes, qui dit que la curiosité est une richesse, est anachronique pour le peuple et l'entourage de la Reine. D'abord, pour ces luthériens, Descartes représente le pape. Quant à son entourage, tous ne sont pas prêts à suivre la reine sur cette question - « On a besoin de bras, pas de cerveau » lui dira même sa mère - ni son rapprochement avec Rome. Elle quittera d'ailleurs son Royaume en abdiquant pour son cousin qu'elle a fait son fils adoptif !
Quant à Descartes, il est mort empoisonné à l'arsenic selon de la correspondance découverte dans les années 1990. C'est d'ailleurs la thèse que reprend ce film. (8)
Lors de la période des questions, certains ont manifesté bruyamment du mécontentement parce que ce film était en anglais et non sous-titré en français. Mais, s'il fut d'abord écrit en français par Michel Marc Bouchard, duquel texte fut aussi tirée la pièce « Christine la reine garçon » jouée au TNM en 2012 (9), il fut traduit en anglais pour ce film de Mika Kaurismäki; une commande pour cette coproduction Allemagne, Canada, Finlande, et Suède. Mais, pourquoi ne pas plutôt avoir applaudit le fait qu'un auteur d'ici, qui écrit en français, peut aussi écrire pour une coproduction internationale même si elle est tournée en anglais? N'est-ce pas là un signe que la langue n'est pas toujours une barrière si chacun y met du sien. Un bon auteur, même s'il est francophone, n'a pas à être laissé de côté de nos jours avec les traducteurs professionnels qui peuvent l’assister. À l'ère de la mondialisation et des nouvelles technologies, la langue ne doit plus être une barrière et ce film le démontre.
Par, contre, et cela mérite d'être souligné, ce qui se passait à la cour à l'époque de la reine Christine était en français. Si ce film la rappelle à la mémoire, en Suède il y a toujours plus de fascination pour son père que pour elle, parce qu'existe toujours le sentiment de la trahison de leur reine qui s'est faite catholique.
Notes
1. Clin d'oeil à la chanson Femmes de rêve de Claude Dubois : www.youtube.com/watch?v=DwBFaA2Dopo
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(nouvelle)
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Wa_(ethnie)
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(nouvelle)#Personnages_principaux
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Manon_Lescaut
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_de_Suède
7. https://fr.wikipedia.org/wiki/René_Descartes
8. https://fr.wikipedia.org/wiki/René_Descartes#Su.C3.A8de_et_fin_de_vie
9. Handfield, Michel, 2012-11-23, Christine la reine garçon, in
Societas Criticus, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 11, Textes
ciné et culture.
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Ça y est nous y sommes,
Dès le 1er jour en m'embarquant dans cette situation assez cocasse je savais que j'allais redouter ce jour, celui de cette séparation
Une vieille citation dit : " si quelque chose allume votre âme n'hésitez pas à le vivre " voilà c'est fait je l'ai vécu et je ne le regrette pas loin de la .
Alors voilà nos chemins qui se séparent après tout ce temps,
Ce que je te souhaite a court terme;
Que tout rentre dans l'ordre, que tu retrouves la place que tu avais et celle que tu dois avoir.
Que tu continues a être celle que tu es, que tu restes comme tu es ( joviale, souriante, pétillante,drôle,avec un humour noir, douce, gentille, sensible ,cette femme écorché par la vie mais battante, et cette inconditionnel amoureuse de l'amour ) , car t'es quelqu'un de super, t'es une personne qui mérite d'être connue, d'être aimé, respecté pour ce que tu es et qui tu es.
Je te remercie pour cette année, une année pleine de rebondissements, de découvertes,de surprises, et cette rencontre imprévu, ou tout nous oppose mais une chose certaine nous réuni notre amour.
Égoïstement bien sûr que je te voudrais auprès de moi et que l'on continue comme ça, mais tu dois rester et faire un max pour que ça s'arrange pour ne rien regretter et en faire une affaire personnelle pour que tout rentre dans l'ordre. Et j'espère que ça marchera et qu 'enfin tu ne sois plus seule pour affronter tout ça et que tu sois aimé a ta juste valeur et apprécié pour qui tu es.m, peut importe les autours.
Je te remercie d'avoir pris les devants dans nos débuts, d'avoir été a l'écoute, d'avoir pris tout ce temps pour qu'on se voit malgré ton emploi du temps, d'avoir été compréhensive, d'être gentille, douce, patiente, d'être celle que tu es.
T'es ma plus belle rencontre de 2022, ma plus belle histoire de 2023 et ma plus triste rupture de 2024.
Je reste sur du positif, car ça n'a été que du positif.
Je suis tellement contente que tu sois rentrée dans ma vie, et t'es une femme juste exceptionnelle, t'es belle, magnifique, douce attentionné, étonnante,sexy, désirable, excitante, charmante... Les mots me manquent mais tu sais déjà ce que je pense de toi et ne l'oublie jamais n'oublie jamais toutes ces qualités, car c'est pas par gentillesse, sans doute par amour mais pas que, mais je te le dis parce que surtout c'est la vérité.
Je suis fière de ton évolution, de toi, de qui tu commences a devenir, fière de te voir t'accepter un peu plus , de te laisser aller dans tes émotions, de commencer a parler de toi, de ce qui te tracasse .... Je suis fière de toi et tu peux l'être aussi parce que c'est pas facile pour toi.
T'es une personne qui a traversé beaucoup et qui traverse encore beaucoup de choses mais je crois en toi, et tu es capables!
Quoi qu'il je reste là pour toi, même si la vie nous sépare, que les choses changent je te remercie pour tout, et j'aurais aimé continuer a partager d'autres moments avec toi, encore apprendre à te connaître plus, a découvrir ces facettes cachées de toi que personne ne connait encore.
Merci d'avoir juste été la, de m'avoir épaulé dans toutes ces péripéties, d'être a l'écoute, d'avoir été d'être là et de ne pas juger et d'aller de l'avant.
Merci de m'avoir accordé ta confiance et plusieurs chances pour ne pas que notre histoire se finisse dès que j'ai commencé a avoir peur et a partir dans tout les sens.
Je te remercie de m'avoir accompagné dans ce bout de chemin, d'avoir partagé de nombreuses aventures, soirées, journées, matin... De m'avoir calé dans ton emploi du temps.
Je te souhaite que le meilleur pour la suite, une réconciliation, et que tes projets voient le jour et si d'autres cornichons doivent venir que cela se fasse pas dans la précipitation ( fin tu connais mon avis dessus...) Mais je te souhaite du bonheur et de l'amour, de enfin réussir à te faire écouter, et de juste enfin être la femme, mère, que tu as toujours été et qui sommeille en toi.
Ne te laisse pas faire, impose toi, et c'est partager les difficultés et s'entraider pas se faire chier, ou se barricader dans des situations inconfortable un couple, c'est savoir faire la part des choses, mettre son égo de côté et faire des compromis qui font avancer.Je te le souhaite que tout s'arrange vraiment malgré tout.
Sache que je t'aime, et que au fil de ces derniers mois j'ai pas arrêté de t'aimer, de te désirer, mon élixir..
Je t'aime toi, ton être, ton âme, ton corps, je te trouve tellement belle, ban***te😉, et j'aime tout ton corps toutes tes parties je t'aime en entier intérieurement et extérieurement et encore plus les parties que tu n'aimes pas .
Merci pour tout ( désolée de ce message répétitif)
Et prends soin de toi, écoute ; toi, tes ressentis, tes émotions, pose tes limites et fais les choses pour toi car tu as assez fait en fonction des autres il est temps de prendre du temps pour toi et de vivre pour toi , et le tout en restant ferme et douce.
Je reste dispo si besoin, et je suis là peut importe ce que le temps nous apporte ou nous enlève, entre gars sur 🤙😉
Et n'oublies jamais, que t'es une femme belle, intelligente, drôle, forte , courageuse que tu mérites d'être heureuse, et d'être aimé pour qui tu es et que tu as ta place dans cette putain de vie !!
Et ne laisse personne te faire penser le contraire peu importe ce que tu traverses !
Je t'aime depuis ce fameux jour sur le banc, je ne te l'ai jamais dit, mais mon coeur a fondu ce jour là et tu as réussi à pénétrer ce coeur de pierre qui n'aurait jamais imaginé se transformer en chamallow et s'attacher autant a quelqu'un.
Mais voila quand tu rentres dans la vie des gens, tu le fais de façon fracassante et on ne peut pas t'oublier, tu laisses ton empreinte, et tu as laissé une empreinte indélébile dans mon coeur.
Je t'aime ma zizine d'amour et juste merci d'exister.
❤️💚💙❤️
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