#Pierre Aimé de Chastel
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selidren · 3 years ago
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Eté 1864 - Champs-les-Sims
3/3
Il m’arrive même parfois, au vu de ce qui m’entoure, d’oublier que je suis à présent un respectable père de famille. Avec mes parents, je me sens parfois tel un jeune garçon. Il me faudra bientôt, une fois encore, faire preuve de courage, et enfin et une fois pour toute ramener toute ma famille sous le même toi. Je vais les visiter plusieurs fois par semaine, mais j’ai le sentiment d’à peine connaître mes filles. Bercez bien votre petite Jeanne, j’en suis jaloux mais profitez des jeunes jours de cette petite fille.
Si je puis me permettre d’être plus trivial, j’aimerai évoquer avec vous une étrange affaire qui vient de surgir dans notre village. Voyez à quoi j’en suis réduit pour oublier, collectionner les ragots ! Depuis que de plus en plus de fermiers locaux (dont nous faisons partie) et que quelques familles fortunées ont acheté des résidences aux alentours, Monsieur de Chastel (Louis-Michel, fils unique du regretté Pierre Aimé) a acquis un bâtiment où il tient des soirées auxquelles Mère rêve de nous faire inviter. Cette bonne société se pique de peinture et aime faire venir des toiles depuis Paris ou des alentours afin de spéculer sur leur valeur. Il se trouve que les toiles d’un certain Louis Lantier, au demeurant très moyennes pour un peu que l’on puisse en juger (j’ai eu la chance de les apercevoir), s’arrachent et se retrouvent à orner des salons parisiens. Si il n’y a rien de remarquable à propos des oeuvres, il n’en va pas de même pour l’artiste. Ce dernier a la remarquable caractéristique d’être un véritable mystère. Les théories vont bon train et les plus ennuyeuses font état d’un petit artiste qui agis avec la complicité d’un ami pour augmenter la valeur de son travail. Personnellement, j’aime assez la rumeur qui attribue ce succès à un petit malin qui a glissé ses toiles au moment de leur chargement à Paris pour se faire un nom par un grand feu d’artifices. Soyez indulgent avec moi, la vie est relativement ennuyeuse et frustrante pour moi en ce moment.
Je ne puis attendre d’avoir de vos nouvelles.
Avec l’assurance de mes sentiments les plus cordiaux, 
Matthieu Le Bris, votre cousin
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aisakalegacy · 4 years ago
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Été 1815, Champs-les-Sims, France
Pour fêter son retour à Champs-les-Sims après deux ans d’absence, Pierre-Aimé de Chastel, le noble local, avait commandé deux cochons aux Le Bris. Les fermiers de la campagne francilienne n’étaient pas vraiment au vent des revirements politiques de ces temps troublés, et André n’avait que vaguement suivi les évènements des précédentes années. La France avait parfois un empereur, parfois un roi, et il ne savait même plus si on était en guerre ou non. Monsieur de Chastel, officier de l’infanterie, serait certainement plus à même de l’éclairer... En tant que métayer, cette visite lui permettrait d’en profiter pour lui introduire ses deux fils.
André le trouvait très amaigri et marqué par les combats - on aurait dit un fantôme. Pour ses fils, qui voyaient Monsieur de Chastel pour la première fois, l’homme autant que la demeure étaient impressionnants.
“Mon cher André ! Vous avez bonne mine. Ce sont vos fils, que je vois derrière vous ? Comment se porte votre épouse ?
- Merci bien, m’sieur de Chastel. Mes garçons sont venus m’aider avec les cochons, et ma femme se porte on-ne-peut-plus bien. Mais vous ? Des nouvelles de la guerre ? Si vous êtes rentré, c’est que c’est fini ? Ici, on est loin de tout ça, on ne l’a même pas vue passer.”
De Chastel soupira d’un air fatigué.
“Hélas, si seulement c’était le cas. Non, à vrai dire, le roi est de retour à Paris et il a licencié toute l’infanterie. Pendant que nous parlons, l’Europe entière est en train d’envahir la France. Ils veulent réorganiser l’armée pour briser tous les souvenirs de l’Empire.”
Voyant l’air inquiet qui se formait sur le visage d’André, il ajouta :
“Ne craignez rien, ils n’en veulent pas aux gens comme vous. Ils vont probablement m’accoler un gouverneur pour s’assurer de ma fidélité. Pour tout vous dire, j’envisage de partir quelques temps dans les colonies, le temps que tout cela s’apaise... Le Canada était mieux administré avant que les Anglais ne mettent la main dessus. Le croyez-vous ? Ils ont tant de mal à le peupler qu’ils distribuent des terres comme des petits pains !
- Tout à fait, M’sieur, fit André en hochant la tête, se demandant en quoi tout cela le concernait. 
- Mais ��coutez moi donc parler ! Vous avez sans doute beaucoup à faire encore. Laissez moi vous libérer en vous remerciant pour vos deux cochons, ils rôtiront à la broche dès ce soir.”
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selidren · 3 years ago
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Printemps 1868 - Champs-les-Sims
4/4
Lucrèce semble quand à elle se résigner. Mère lui a commandé une machine à coudre Singer, une américaine parmi les meilleures du marché. Car bien que ma soeur soit une pianiste remarquable, Mère espère occuper à tout instant son esprit pour que Lucrèce oublie sa maladie. C’est une intention louable, mais je doute qu’il soit possible d’oublier qu’on est condamné à rester enfermée sa vie entière. 
Puisqu’il est question de distraction, laissez moi donc vous entretenir de la dernière affaire qui secoue notre village. Puisque l’affaire Lantier a fini par s’essouffler et n’intéresse plus guère que Barbois et De Chastel, le peuple s’est rué sur le nouveau scandale, qui est d’autant plus croustillant qu’il s’est déroulé sous le toit de ma tante Madeleine. Chez vous, on s’écharpe au sujet de la politique. Chez nous, où notre empereur bien-aimé a réquisitionné le pouvoir, nous nous contentons de drames de moeurs. Nous parlons généralement peu de politique.
Ne croyez pas que je critique ma tante, c’est une femme remarquable qui a élevé seule son fils unique, ne s’est jamais remariée et a géré le domaine Ribeaucourt avec une forte poigne. En revanche, son fils Servais est un ingrat consommé qui n’a pas conscience des sacrifices de sa mère. Elle avait pris sous son aile une des petites filles de feu le docteur Musclet, Michelle la plus jeune soeur de la fratrie, tenant à lui donner une bonne éducation que ses parents ne pouvaient se permettre de lui donner (je vous passe les nombreux noeuds juridiques qui ont émaillé la succession du pauvre docteur et durant lesquels son aîné s’est révélé un véritable pingre). Je pense qu’elle a sans doute vu en cette petite la fille qu’elle n’a jamais eue. Le fait est que Servais a jeté son dévolu sur Michelle. Et à la surprise générale, la pauvre enfant s’est plainte un jour de vives douleurs au ventre et a accouché sans prévenir d’une petite fille. Il parait que cela arrive parfois, même si c’est rare. Et voici donc Servais, le fils de la plus sainte femme du village, qui se retrouve père d’une petite née en dehors des liens sacrés du mariage. Les familles sont commencé à se déchirer et les deux amants semblent encore sous le choc, la pauvre Michelle en particulier. Le baptême a eu lieu en catastrophe, mais vous savez comme mon oncle Pierre-Aimé a grand coeur et se soucie avant tout du bien être de l’enfant. (Car ne vous avais-je que mon oncle a été nommé curé de la paroisse après le départ du précédent, sous l’influence de De Chastel semble-t-il. Il ne cessera jamais de me surprendre.) L’enfant se nomme Baptistine. Il me semble évident que les deux doivent se marier et je me demande bien que ce Servais attend pour mettre le genoux à terre. Comme a son habitude, Père a émis un jugement péremptoire. 
Entretenez moi donc de vos filles et de votre merveilleuse épouse si moderne, je serai intéressé d’ailleurs par son avis sur l’affaire. 
Avec l’expression de mes salutations les plus distinguées, 
Votre cousin, Matthieu
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