#Ô mort
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gravity-rainbow · 2 years ago
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La chanson d'Ève, Op. 95, is a song cycle by Gabriel Fauré, of ten mélodies for voice and piano. Composed during 1906–10, it is based on the collection of poetry of the same name by Charles van Lerberghe. It is Fauré's longest song cycle.
Ô mort, poussière d'étoiles Charles van Lerberghe
Ô mort, poussière d’étoiles, Lève-toi sous mes pas! Viens, ô douce vague qui brille Dans les ténèbres; Emporte-moi dans ton néant! Viens, souffle sombre où je vacille, Comme une flamme ivre de vent! C’est en toi que je veux m’étendre, M’éteindre et me dissoudre, Mort, où mon âme aspire! Viens, brise-moi comme une fleur d’écume. Une fleur de soleil à la cime Des eaux, Et comme d’une amphore d’or Un vin de flamme et d’arome divin, Épanche mon âme En ton abîme, pour qu’elle embaume La terre sombre et le souffle des morts.
O death, starry dust English Translation © Richard Stokes
O death, starry dust, Rise up where I tread! Come, gentle wave that shines In the darkness: Bear me off into your void! Come, dark sigh in which I tremble, Like a wind-intoxicated flame! It is in you that I wish to be absorbed, To be extinguished and dissolved, Death, to which my soul aspires! Come, break me like a flower of foam, A speck of sun in the crest Of the waves, And like a golden amphora’s Flaming wine of heavenly fragrance, Pour my soul Into your abyss, that it might perfume The dark earth and the breath of the dead.
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orageusealizarine · 5 months ago
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Je suis à toi, par chaque soupir de mon corps et chaque suée de mes fièvres. Comme dans ma nuit, caniculaire, où je suis nue – donc absolue – où mes mots suent, où la chaleur nous exaspère. Et je respire, quand tu espères à haute voix sentir en moi trembler les plaisirs et les rêves. Troubler ce soir où nos lèvres encore et en corps se rencontrèrent. Troubler l’esprit et la mémoire, abolis, dans le noir. Penser tout bas, tout bas, à ce qu’il y a, entre toi et moi. Et tu restes, dans mon corps, ce qui palpite le plus fort. Je suis à toi, par chaque soupir…
Tu es la chaleur qui assaille, qui ravit, l’accablement dans mon lit. Tu viens avec les brûlures du ciel, les étés, tentaculaires, tu épaissis mes mystères et tu fais la nuit plus noire où ne luisent que tes regards. Et moi je prends tes mains, je plie ton corps au mien, j’adoucis mes morsures… – car, non, je ne hurle plus, comme une louve à la lune sur mon ventre enfin descendue. Et les étoiles aussi ont jonché sur mon plancher. Et sur ta peau, luisante, adorée, sous ma langue allumée. Tu es la chaleur qui assaille…
Être nue, inconnue, dans la touffeur des soirs – être vue, visitée par tes envies avouées, tes sulfureux égards – faire l’amour noir, enténébré, jubilatoire. C’est l’heure du loup, il est trop tard, et tout est feu. Et tout est fou, oh tout est fait, je suis à bout, mais je veux tout, oui tout brûler, me consumer et t’enflammer et consommer – tous nos plaisirs, tous nos désirs, tous nos sourires… Nulle lumière et nulle horreur, plus de mort lente et plus d’attente, plus que nos incendies bruyants, plus que nos pores suants ; ô bonheur ! ô bonheur ! Être nue, inconnue…
A tâtons, reconnue. Tu fais la nuit plus noire et les rêves plus vrais. Tu fais l’amour plus chaud, plus chaud, tu fais l’amour plus beau.
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lil-gingerbread-queen · 9 months ago
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Ô morts, aux pleurs et cris muselés par les bombes, Dormez dans vos cercueils ! taisez-vous dans vos tombes ! Israël, c’est la paix.
(O dead, with tears and yells silenced by the bombs, Sleep in your caskets! Shut up in your tombs! Israel, it's peace.)
These are three verses from Victor Hugo's poem, "Aux morts du 4 décembre" I really like, that I slightly rewrite to fit the current events. "Aux morts du 4 décembre" is about the pain and the blood of innocents, especially children, spilled in Paris during the coup d'état of Napoleon III, and those verses concerned the absence of freedom of speech for the victims and the population, while the government paints itself as a grand protector and guardian of peace. Victor Hugo, even if I have a lot of criticism toward him, often wrote and showed support to the people revolting against the power.
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This drawing was immediately deleted by Instagram when I posted it today, btw.
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Quand chutent les secondes avec le passé pour cible aucune heure qui vaille. Automne pluvieux les jours raccourcissent Mon bien-être aussi. Orageux problèmes mais derrière tout nuage il y a un ciel bleu.
Stéphen Moysan des espoirs, ô désespoir
🔊 Cole Nat King Miscellaneous. Autumn Leaves (Les Feuilles Mortes)
The falling leaves drift by the window. The autumn leaves of red and gold. I see your lips, the summer kisses. The sun-burned hands I used to hold. Since you went away the days grow long ...
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praline1968 · 1 year ago
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Et maintenant …
Tout n’est plus que jardins désertés par la lune,
Les fleurs que tu aimais sont mortes une à une.

Le ciel est sans espoir les anges l'ont quitté,
Les cygnes ont fui cet étang d’antiquité.

Qu’il est désespéré ce grand bras qui s’étire,
Arbre qui mille oiseaux aux grands chants plus n’attire.

Et toi nocturne ami étrange visiteur,
Messager d’au-delà noir annonciateur.

Tu t’es perdu noyé dans les bruits de la ville,
O silence de l’âme ô musique immobile.

Et peu à peu les frais brouillards se sont levés,
En laissant éplorés les pays délavés.

Et la nuit est partie par une grille ouverte,
La nuit panthère noire aux yeux de lune verte.

Arbre désert sans cris jardin de bas-côté,
S’est défleuri tout ce qui fut de sa beauté.
Poème d’Avraham
Source : site La Passion des Poèmes
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papillondusublime · 1 month ago
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Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur, Un automne jonché de taches de rousseur, Et vers le ciel errant de ton oeil angélique Monte, comme dans un jardin mélancolique, Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur ! – Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d’un long rayon. -"Soupir", Stéphane Mallarmé
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nemosisworld · 1 year ago
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Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur, Un automne jonché de taches de rousseur, Et vers le ciel errant de ton œil angélique Monte, comme dans un jardin mélancolique, Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur ! - Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.
Stéphane Mallarmé
Ph. Christoph Reiter
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satinea · 13 days ago
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La brume s’échevèle au détour des allées,
Un souvenir épars s’attarde et se recueille,
Il flotte une douceur de choses en allées
Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.
Les jardins de Novembre accueillent vos amours,
Ô jeunesse pensive, ô saison dissolvante,
Les grands jardins mélancoliques et qui sentent
La fin, la pluie - odeurs humides de l’air lourd,
De choses mortes qui retournent à la terre.
Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles,
Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires,
Et laissent tristement pendre leurs longs pétales
Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre
Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur
Cherchent encore une bouche où poser sa langueur.
Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre
Ô parfums trop aigus des iris et des roses
Flétris - parfums et mort - serre chaude d’odeurs.
Tout l’univers mourant qui s’épuise en senteurs
Et puis dans la tristesse odorante des choses
Effeuillant, inclinant, chaque feuille du jardin
D’un battement furtif, égal et doux, se pose
L’aile silencieuse et lasse du déclin.
Louis Chadourne
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orageusealizarine · 9 months ago
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terre de mes fantasmes, chair de mes mots, imagine la violente convulsion qui me tord et m'excède. je m'assois au bord du monde, le ciel est mort - l'accalmie totale, blanche : espace vide, vidé, éternité aride - ô belle mort que tu m'offres à pleines mains. pourquoi encore courir ? je vais m'allonger sur des terres surchauffées de soleil. et puis m'éperdre. dans la verdeur des arbres, l'ocre des sols et la poussière des mondes. vous, mains gantées, étrangères à l'aurore, je vous élève et je vous baise. en signe d'abandon, en signe d'abondance - je veux le surplus de ton corps, absolu. sans refus à mes lèvres, sans échappatoire, reddition avide, béante : prends-moi avant l'envol, l'irrémissible absence. râles froissés - mes terres roulées d'or, mes graviers et mes sables : mon ventre, mes mains, enfouis - éclatements amoureux, fissures. nos climats chauds crevassent la terre sous mes reins. et moi je crie ta beauté nue. d'être avalée par la terre, brisée sur les grèves.
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girafeduvexin · 7 months ago
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Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
"Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
Ah ! j'en ai trop pris : - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
Arthur Rimbaud - Une saison en enfer.
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aurevoirmonty · 3 months ago
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« Es-tu inconscient des souffrances de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort ? Il n'y a aucune garantie que tu survivras, même au-delà de ce jour ! Le moment est venu pour toi de développer la persévérance dans ta pratique. Car, à cette opportunité unique, tu pourrais atteindre la béatitude éternelle [du nirvāṇa].
Maintenant n'est certainement pas le moment de rester inactif, mais, en commençant par [la réflexion sur] la mort, tu devrais mener ta pratique à son achèvement ! Les moments de notre vie ne sont pas interchangeables, et les circonstances [possibles] de la mort dépassent l'imagination. Si tu n'atteins pas maintenant une sécurité confiante et intrépide, quel est l'intérêt d'être vivant, ô créature vivante ? »
Livre des morts tibétain
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leaozinho · 3 months ago
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❛  in my dream, we were right in the middle of the invasion, and you stopped to use the bathroom. we die because of your tiny bladder.  ❜
— Eu só acho engraçado que sempre que dá errado é minha culpa, né? — reclamou e sem dar chance para que Stevie se explicasse, concordasse ou negasse, ele continuou: — Você queria que eu fizesse xixi nas calças? Para depois sair por aí espalhando isso, né? Negativo, Adidas! — A troca da marca era proposital; queria provocá-la em retaliação. Achava que trazer mães para o assunto seria demais, mas daquela maneira parecia justo e engraçado. Era tudo brincadeira, no entanto, e esperava que ela não se ofendesse, pois não poderia se importar menos com a marca que homenageava a mãe dela e sua rival. — Tu respeita minha bexiga que ela nunca fez nada contigo — pediu, apontando o indicador para ela enquanto pressionava os lábios para não rir. Não podia fraquejar agora, precisava jogar a culpa para a amiga antes, ou levaria a culpa pela morte dos dois no sonho para sempre. — Aposto que a gente só morreu porque antes, quando eu não tava apertado, mas pedi para ir ao banheiro, você não deixou. Assume teus B.Os também, ô Lindsey Buckingham, nem tudo é sobre apontar o dedo para o outro.
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papillondusublime · 6 days ago
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Je lui dis : La rose du jardin, comme tu sais, dure peu ; et la saison des roses est bien vite écoulée. Quand l’Automne, abrégeant les jours qu’elle dévore, Éteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore, Quand Novembre de brume inonde le ciel bleu, Que le bois tourbillonne et qu’il neige des feuilles, Ô ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles, Comme un enfant transi qui s’approche du feu. Devant le sombre hiver de Paris qui bourdonne, Ton soleil d’orient s’éclipse, et t’abandonne, Ton beau rêve d’Asie avorte, et tu ne vois Sous tes yeux que la rue au bruit accoutumée, Brouillard à ta fenêtre, et longs flots de fumée Qui baignent en fuyant l’angle noirci des toits. Alors s’en vont en foule et sultans et sultanes, Pyramides, palmiers, galères capitanes, Et le tigre vorace et le chameau frugal, Djinns au vol furieux, danses des bayadères, L’Arabe qui se penche au cou des dromadaires, Et la fauve girafe au galop inégal ! Alors, éléphants blancs chargés de femmes brunes, Cités aux dômes d’or où les mois sont des lunes, Imans de Mahomet, mages, prêtres de Bel, Tout fuit, tout disparaît : – plus de minaret maure, Plus de sérail fleuri, plus d’ardente Gomorrhe Qui jette un reflet rouge au front noir de Babel ! C’est Paris, c’est l’hiver. – A ta chanson confuse Odalisques, émirs, pachas, tout se refuse. Dans ce vaste Paris le klephte est à l’étroit ; Le Nil déborderait ; les roses du Bengale Frissonnent dans ces champs où se tait la cigale ; A ce soleil brumeux les Péris auraient froid. Pleurant ton Orient, alors, muse ingénue, Tu viens à moi, honteuse, et seule, et presque nue. – N’as-tu pas, me dis-tu, dans ton coeur jeune encor Quelque chose à chanter, ami ? car je m’ennuie A voir ta blanche vitre où ruisselle la pluie, Moi qui dans mes vitraux avais un soleil d’or !
Puis, tu prends mes deux mains dans tes mains diaphanes ; Et nous nous asseyons, et, loin des yeux profanes, Entre mes souvenirs je t’offre les plus doux, Mon jeune âge, et ses jeux, et l’école mutine, Et les serments sans fin de la vierge enfantine, Aujourd’hui mère heureuse aux bras d’un autre époux.
Je te raconte aussi comment, aux Feuillantines, Jadis tintaient pour moi les cloches argentines ; Comment, jeune et sauvage, errait ma liberté, Et qu’à dix ans, parfois, resté seul à la brune, Rêveur, mes yeux cherchaient les deux yeux de la lune, Comme la fleur qui s’ouvre aux tièdes nuits d’été.
Puis tu me vois du pied pressant l’escarpolette Qui d’un vieux marronnier fait crier le squelette, Et vole, de ma mère éternelle terreur ! Puis je te dis les noms de mes amis d’Espagne, Madrid, et son collège où l’ennui t’accompagne, Et nos combats d’enfants pour le grand Empereur !
Puis encor mon bon père, ou quelque jeune fille Morte à quinze ans, à l’âge où l’oeil s’allume et brille. Mais surtout tu te plais aux premières amours, Frais papillons dont l’aile, en fuyant rajeunie, Sous le doigt qui la fixe est si vite ternie, Essaim doré qui n’a qu’un jour dans tous nos jours.
-poésie: "Novembre", Victor Hugo -image: "The Meeting with Autumn", Vladimir Volegov
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satinea · 1 year ago
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Sous les feux que juin verse,
Comme l’éclair, Mireille court, et court, et court !
De soleil en soleil et de vent en vent, elle voit
Une plaine immense : des savanes
Qui n’ont à l'œil ni fin ni terme ;
De loin en loin, et pour toute végétation,
De rares tamaris ... et la mer qui paraît...
Des tamaris, des prêles,
Des salicornes, des arroches, des soudes,
Amères prairies des plages marines,
Où errent les taureaux noirs
Et les chevaux blancs : joyeux,
Ils peuvent là librement suivre
La brise de mer tout imprégnée d’embrun.
La voûte bleue où plane le soleil
S’épanouissait , profonde , brillante,
Couronnant les marais de son vaste contour ;
Dans le lointain clair
Parfois un goéland vole ;
Parfois un grand oiseau projette son ombre,
Ermite aux longues jambes des étangs d’alentour.
C’est un chevalier aux pieds rouges ;
Ou un bihoreau qui regarde, farouche,
Et dresse fièrement sa noble aigrette,
Faite de trois longues plumes blanches...
Déjà cependant la chaleur énerve :
Pour s’alléger, de ses hanches
La jeune fille dégage les bouts de son fichu.
Et la chaleur, de plus en plus vive,
De plus en plus devient ardente ;
Et du soleil qui monte au zénith du ciel pur,
Du grand soleil les rayons et le hâle
Pleuvent à verse comme une giboulée :
Tel un lion, dans la faim qui le tourmente,
Dévore du regard les déserts abyssins!
Sous un hêtre, qu’il ferait bon s’étendre!
Le blond rayonnement du soleil qui scintille
Simule des essaims, des essaims furieux,
Essaims de guêpes, qui volent,
Montent, descendent et tremblotent
Comme des lames qui s’aiguisent.
La pèlerine d’amour que la lassitude brise
Et que la chaleur essouffle,
De sa casaque ronde et pleine
A ôté l’épingle ; et son sein agité
Comme deux ondes jumelles
Dans une limpide fontaine,
Ressemble à ces campanules
Qui, au rivage de la mer, étalent en été leur blancheur.
Mais peu à peu devant sa vue
Le pays perd sa tristesse ;
Et voici peu à peu qu’au loin se meut
Et resplendit un grand lac d’eau :
Les phillyreas, les pourpiers,
Autour de la lande qui se liquéfie,
Grandissent, et se font un mol chapeau d’ombre.
C’était une vue céleste,
Un rêve frais de Terre-Promise !
Le long de l’eau bleue, une ville bientôt
Au loin s’élève, avec ses boulevards,
Sa muraille forte qui la ceint,
Ses fontaines, ses églises, ses toitures,
Ses clochers allongés qui croissent au soleil.
Des bâtiments et des pinelles,
Avec leurs voiles blanches,
Entraient dans la darse ; et le vent, qui était doux,
Faisait jouer sur les pommettes
Les banderoles et les flammes.
Mireille, avec sa main légère,
Essuya de son front les gouttes abondantes ;
Et à pareille vue
Elle pensa, mon Dieu ! crier miracle !
Et de courir, et de courir, croyant que là était
La tombe sainte des Maries.
Mais plus elle court, plus change
L’illusion qui l’éblouit,
Et plus le clair tableau s’éloigne et se fait suivre.
Œuvre vaine, subtile, ailée,
Le Fantastique l’avait filée
Avec un rayon de soleil, teinte avec les couleurs
Des nuages : sa trame faible
Finit par trembler, devient trouble,
Et se dissipe comme un brouillard.
Mireille reste seule et ébahie, à la chaleur...
Et en avant dans les monceaux de sable,
Brûlants, mouvants, odieux !
Et en avant dans la grande sansouire, à la croûte de sel
Que le soleil boursoufle et lustre,
Et qui craque, et éblouit !
Et en avant dans les hautes herbes paludéennes,
Les roseaux, les souchets, asile des cousins !
Avec Vincent dans la pensée,
Cependant, depuis longtemps
Elle côtoyait toujours la plage reculée du Vaccarès;
Déjà, déjà des grandes Saintes
Elle voyait l’église blonde,
Dans la mer lointaine et clapoteuse,
Croître, comme un vaisseau qui cingle vers le rivage.
De l’implacable soleil
Tout à coup la brûlante échappée
Lui lance dans le front ses aiguillons : la voilà,
Infortunée! qui s’affaisse,
Et qui, le long de la mer sereine,
Tombe, frappée à mort, sur le sable.
Ô Crau, ta fleur est tombée!... ô jeunes hommes, pleurez-la !...
📷 Sur le Vaccarès
Un extrait du chant X de Mirèio (Mireille), de Frédéric Mistral. Mireille s'est enfuie de chez elle pour implorer les Saintes-Maries-de-la-Mer d'infléchir la décision de son père qui refuse de la voir mariée au vannier Vincent, ce qui équivaut pour lui à une inacceptable mésalliance. Elle traverse la Camargue écrasée de soleil et est frappée d'insolation sur les rives de l'étang de Vaccarès...
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orageusealizarine · 1 year ago
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[...]
Prostitution métaphysique
payez-moi de mots, de métamorphoses, d’œuvres littéraires, de désirs, de conseils, ruez-moi sur vous pour me faire vous loger dans mon œil - déchirer avec mes dents cette paroi du réel et posez les pieds incessamment dans le rêve. Car je marche hallucinée à l'intérieur de mon être et tout, toute la nature, prend la mesure de mes symboles. Ô toi que je lis dans les lacs et les lassis du ciel. Je convoque, j'invoque présence, magie déréalisante et sous mes pas l'accroc - mais que tous me regardent au moment où je croule, révulsée dans une nouvelle vision où l'ailleurs rayonne violemment de mes yeux. Oui, que tous ploient sous l'ardeur de mes catastrophes, mes apocalypses sensibles - pyromanie qui n'est que la fin d'un siècle - moi, j'ai le goût des cendres dans la bouche et c'est déjà être la fin d'un cycle de renaissances avec l'innocence pointant de la nouvelle ère. Car mes yeux vernis d'innocence, tout mon corps intouchable dans l'air atrophié des réalités non rêvées, des félicités sordides des alcôves, luisent de reproches dans cette nuit surnaturelle.
Où continuer d'errer ? Se désamorcer dans le rire fragile - mais si l'extase n'est pas, qu'est cette vie sinon un mourir prolongé de complications inessentielles. Je m'aboutis au commencement du monde. Là où le réel se désunit, je m'enfonce dans la brèche, je m'écorche aux ronces du sommeil - mais je jubile de cette perte de sommeil, de cet enfoncement dans le rêve pur. Et les murs auront beau se refermer sur moi - je continuerais de les fracasser avec mon crâne, d'y briser mes doigts, mes impossibilités. Nulle perspective, nulle aurore - le déclin jouissif et l'odeur répugnadorable de la décomposition d'un monde.
Je serais souveraine d'un empire mort.
Vidé de sujets. La solitude absolue. Un glissement d'ailes et le poids d'un supplice dans mes membres harassés. Au désert, à la source de toute envie, je plonge mes mains allègrement et j'y vide la coupe - le délire jusqu'à la lie, jusqu'aux élancements violacés du ciel. Que la nuit puisse me recouvrir d'un drap thébaïque -
Moi, je sens battre le soleil dans ma poitrine.
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nous-dormirons-ensemble · 1 year ago
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A la nuit
Nuits où meurent l'azur, les bruits et les contours, Où les vives clartés s'éteignent une à une, Ô nuit, urne profonde où les cendres du jour Descendent mollement et dansent à la lune,
Jardin d'épais ombrage, abri des corps déments, Grand coeur en qui tout rêve et tout désir pénètre Pour le repos charnel ou l'assouvissement, Nuit pleine des sommeils et des fautes de l'être,
Nuit propice aux plaisirs, à l'oubli, tour à tour, Où dans le calme obscur l'âme s'ouvre et tressaille Comme une fleur à qui le vent porte l'amour, Ou bien s'abat ainsi qu'un chevreau dans la paille,
Nuit penchée au-dessus des villes et des eaux, Toi qui regardes l'homme avec tes yeux d'étoiles, Vois mon coeur bondissant, ivre comme un bateau, Dont le vent rompt le mât et fait claquer la toile !
Regarde, nuit dont l'oeil argente les cailloux, Ce coeur phosphorescent dont la vive brûlure Éclairerait, ainsi que les yeux des hiboux, L'heure sans clair de lune où l'ombre n'est pas sûre.
Vois mon coeur plus rompu, plus lourd et plus amer Que le rude filet que les pêcheurs nocturnes Lèvent, plein de poissons, d'algues et d'eau de mer Dans la brume mouillée, agile et taciturne.
A ce coeur si rompu, si amer et si lourd, Accorde le dormir sans songes et sans peines, Sauve-le du regret, de l'orgueil, de l'amour, Ô pitoyable nuit, mort brève, nuit humaine !...
Anna de Noailles
[Delphin Enjolras - Le murmure de la mer]
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