#on couche toujours avec des morts
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jacquesdor-poesie · 1 year ago
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Les gens célèbres, on a l'impression qu'ils sont là depuis toujours et pour toujours. Quand ils s'en vont, c'est un peu la stupeur, un peu comme un glissement de terrain, un trou dans la couche d'ozone, une partie d'un paysage sentimental qui s'évapore sans prévenir. Comme s'ils faisaient, eux, ces étranges reconnus, partie de la famille, de toutes les familles, inconsciemment adoptés qu'ils sont : fond d'écran, images récurrentes, mélodies familières qui finissent par habiter un peu tout le monde, qu'on le veuille ou non. Année après année ils font partie du décor, sont le décor, l'ambiance sonore ; des présences parallèles partagées par tous avec passion ou indifférence. Il croise dans nos vies depuis si longtemps...
Pour les avoir imaginés plus beaux et plus forts que la mort, c'est leur disparition qui vient sonner violemment le rappel : oui, nous sommes bel et bien tous mortels. Et c'est pour cette raison, aussi, que leur effacement frappe autant les cœurs et les esprits.
jacques dor
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marie-swriting · 2 months ago
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Je Ne T'abandonnerai Jamais - Dean Winchester
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Résumé : Tu pensais que ton père, Dean Winchester, serait toujours à tes côtés.
Warnings : Spoiler du dernier épisode de la série !, la reader est la fille de Dean, pas d'âge mentionné, mais la reader est jeune adulte, angst, mort de personnage, sentiment de désespoir, perte d'un parent, fin douce-amère, dites-moi si j'en ai loupés d'autres.
Nombre de mots : 5k
Version anglaise
Chanson qui m'a inspiré : Marjorie par Taylor Swift
Allongée sur ton lit, un livre en main et ton chien Miracle à tes pieds, tu attends patiemment que ton père et ton Oncle Sam rentrent de leur chasse. Depuis que les apocalypses, les guerres entre Anges, Archanges et Dieu se sont officiellement terminées, tu t’es mise en retrait pour les chasses. Tu aides toujours avec les recherches, mais tu vas moins sur le terrain. Tu peux enfin avoir une vie normale - aussi normale qu’on peut quand on est une Winchester - et Dean a soutenu ta décision, content de voir que ton avenir est rempli de possibilités.
Alors que tu es au milieu d’un chapitre, tu entends la porte du bunker s’ouvrir. Miracle lève la tête en même temps que tu poses ton livre sur ton lit. Vous trottinez jusqu’à l’entrée du bunker où tu trouves seulement Sam, le visage impassible, mais tu ne le remarques pas.
-La chasse a été bonne ? Où est papa ? questionnes-tu avec un sourire.
-Y/N, quelque chose s’est passé.
-Quoi ? T’as rayé Bébé ? rigoles-tu, mais ton sourire disparaît quand tu vois l’air grave sur le visage de Sam.
-Non, c’est Dean.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Oncle Sam, qu’est-ce qui s’est passé ? Papa est blessé ? Il est où ?
-Y/N, attends, te retient Sam alors que tu t’apprêtais à quitter les lieux. Tu devrais t'asseoir.
-Je veux pas m’asseoir, je veux savoir où est mon père.
-On a trouvé un nid de vampires et on est allés les voir pour les tuer, mais Dean a été blessé.
-Mais il va bien ?
Sam reste silencieux pendant une longue seconde avant de reprendre la parole :
-Un des vampires l’a poussé contre une poutre et il y avait un gros clou qui en sortait. Il a été gravement blessé.
-Qu’est-ce que tu veux dire, Sam ? Dis-moi que mon père va bien !
-Je suis désolé, Y/N, Dean… Il est décédé pendant la chasse.
En entendant cette phrase, le sol se dérobe sous tes pieds. Tu n’arrives pas à y croire. Tu reste bouche bée alors que Sam continue de parler.
-Ton père voulait que tu saches qu’il a toujours été fier de toi et qu’il t’aime. Il m’a aussi dit…
-Non…, l’interromps-tu, les larmes aux yeux. Qu- Comm-, ce n’est pas possible, bégayes-tu en secouant la tête. Il peut pas mourir ! C’est Dean Winchester. Il a survécu à tellement de choses. Il peut pas être mort !
-Y/N/N, je suis terriblement désolé.
-Non ! t’écris-tu alors que Sam voulait te prendre dans ses bras. Je… j’ai besoin de…
Tu ne finis pas ta phrase, trop sous le choc. Tu cours jusque dans ta chambre, les larmes sur le point de couler, Miracle sur tes talons. Tu laisses le chien entrer avant de t’enfermer à clé. Complètement perdue, tu ne sais pas quoi regarder. Tes yeux se baladent partout dans ta chambre alors que les mots de Sam résonnent dans ta tête : “Il est décédé pendant la chasse.” Tu hoquettes alors que de grosses larmes glissent sur tes joues. Tu tombes à même le sol, alors que ton cœur saigne. Tu n’arrives pas à croire que tu as perdu ton père.
On pourrait croire que ça ne ferait pas aussi mal après que Dean a trompé la mort tant de fois, mais la douleur est toujours aussi horrible - si ce n’est pire, cette fois. Tu as grandi avec ton père et ton Oncle Sam, ta mère étant morte en couche. Ta famille n’est pas grande, mais tu les aimes d’un amour infini. Tu as dû surmonter beaucoup de pertes ces dernières années, que ce soit Bobby, Charlie, Castiel ou encore d’autres personnes, mais la peine que tu as ressenti à leur décès n’est rien comparé à ce que tu ressens actuellement. Tu es désemparée, suppliant dans le vide à ton père de te revenir. Miracle pose sa tête sur tes jambes, cherchant à te réconforter. Tu le regardes et tu souffres un peu plus.
Dean n’avait jamais voulu de chien, malgré tes demandes récurrentes. Il disait toujours qu’avec votre train de vie, vous ne pourriez pas vous en occuper comme il faut et surtout qu’aucun chien ne montrerait dans l’Impala tant qu’il serait en vie. Toutefois, quand votre vie est revenue à la normale, il a récupéré Miracle. Tu le soupçonne secrètement de toujours avoir voulu un chien et que ton caprice lui a servi d’excuse pour enfin en adopter un. Quand il avait ramené Miracle, tu n’avais pas été étonné de voir que c’était ce chien qu’il avait récupéré. Miracle avait réussi à se faire une place dans le cœur de Dean dès leur première rencontre, bien qu’il ne l’avouerait jamais… ne l’aurait jamais avoué.
Dean commençait enfin à avoir à peu près la vie qu’il voulait vraiment, loin des apocalypses à répétition et ça venait de lui être arraché tout aussi vite. Ce n’est pas juste. Ton père ne mérite pas de mourir si jeune et tu as encore besoin de lui. Tu auras toujours besoin de lui.
Tu restes appuyée contre ta porte avec Miracle dans tes bras pendant plusieurs heures. En fait, tu ignores combien de temps tu es restée dans cette position. Tu es paralysée, le temps a cessé d’avancer depuis ta discussion avec Sam. Peut-être qu’il s’est écoulé deux heures ou une journée, tu ne sais pas et tu n’as pas le courage de vérifier sur ton téléphone. Tout ce que tu veux, c’est ton père. Tu t’en fiches de l’heure ou si tu dois manger. Tu as juste besoin de Dean et de son réconfort.
Tu repenses à toutes les fois où tu as perdu Dean et aux différentes façons dont il t’est revenu. Il y a toujours eu une solution. Cette fois, il doit y en avoir une également. Son heure n’a pas encore sonné. Tu peux encore ressusciter ton père, peu importe le sacrifice que tu dois faire. Tu sèches tes joues et te lèves du sol. Déterminée, tu quittes ta chambre et marches jusqu’à la bibliothèque, Miracle te suivant. Tu sors différents livres que tu connais déjà et d’autres que tu n’as jamais lu mais qui pourraient t’être utiles. Sur la table, tu as au moins quatre piles de dix livres, pourtant ça ne te décourage pas. Tu pourrais lire mille livres, tant que tu finis par trouver une solution, c’est ce qui compte. Tu prends un bouquin et commences à le parcourir et tu notes sur un papier les informations susceptibles de t’aider.
Tu viens tout juste de finir une pile entière quand la voix de Sam te tire de ta lecture, te faisant sursauter. Sam te regarde, inquiet alors que tu ne lui prêtes pas plus attention et reprends tes recherches. Sam s’assoit en face de toi, mais reste silencieux. Il t’observe quelques minutes avant de prendre la parole.
-Tu veux en parler ?
-Non.
-D’accord. Je vais faire son enterrement de chasseur demain. Si tu veux me joindre.
-Ne brûle pas son corps ! t’exclames-tu suite à son information.
-Il le faut bien et tu le sais.
-Non ! Si tu fais ça, ça sera encore plus compliqué pour le sauver.
-Qu’est-ce que tu recherches précisément, Y/N ? questionne Sam, craignant la réponse.
-Un moyen de ressusciter papa.
-Y/N, on ne peut pas faire ça, dit-il fermement et tu le regardes sévèrement.
-Pourquoi ? Ça ne vous a pas arrêté, toi et papa, de le faire plein de fois avant, pourquoi est-ce que ça serait différent maintenant ?
-Parce qu’à chaque fois qu’on a voulu tromper la mort, ça a causé de gros problèmes, tu le sais bien.
-On pourra s’occuper des conséquences. Comme toujours. Papa ne peut pas être mort, pas comme ça, pas maintenant alors que tout allait mieux. Je vais le ramener, peu importe le prix, affirmes-tu en ouvrant un autre bouquin.
-Même si tu devais en mourir ? interroge Sam, surpris.
-Tant qu’il est en vie, c’est tout ce qui compte.
-Y/N, ton père ne voudrait pas que tu sacrifies ta vie pour lui. Il voudrait que tu la vis.
-Ça n’a pas de sens s’il n’est pas là, dis-tu alors que tes lèvres tremblent. J’ai besoin de lui, Oncle Sam. Je dois le ramener.
-On ne peut pas.
-Bien sûr que si, on peut ! On peut trouver une solution, défends-tu avant d’avoir une illumination. Je suis même sûre que si on demandait à Jack, il le ferait. Après tout, on est mieux placé dans l’estime du Dieu actuel, on est sa famille.
-Y/N, on ne peut pas le sauver, pas cette fois, insiste Sam, t’énervant.
-Si tu ne veux pas sauver ton grand frère qui a tout sacrifié pour toi, c’est ton problème, moi, je vais le sauver. Alors soit, tu m’aides, soit tu me laisses tranquille.
-Il est temps qu’il repose en paix, surtout après tout ce qu’il a vécu.
-Justement, après tout ce qu’il a vécu, il mérite enfin de vivre sans se soucier de Lucifer, Dieu ou je ne sais quel autre Archange.
Tu regardes Sam, un air déterminé sur le visage. Sam ne répond pas tout de suite avant de peser le pour et le contre et de t’avouer :
-Dean a spécifiquement demandé à ne pas être ramené car il connaissait trop bien les conséquences alors respecte son souhait.
-Il était mourant, il ne savait pas ce qu’il voulait. Maintenant, laisse-moi, j’ai encore pleins de recherches à faire.
Vaincu, Sam soupire puis quitte la bibliothèque. Il voit bien que tu es désespérée et dans le déni. Il a espoir que tu réalises bien assez vite que ramener Dean est dangereux et inutile. Il a juste peur que tu le réalises trop tard et que tu souffres encore plus. En tout cas, il a promis à Dean de toujours veiller sur toi et c’est ce qu’il va faire. Que tu le veuilles proche de toi ou pas, Sam sera à tes côtés pour te réconforter quand tu accepteras la mort de Dean.
Le lendemain, Sam fait l’enterrement de chasseur de Dean seul. Il a essayé de te convaincre de venir, mais tu as refusé, préférant te perdre dans tes recherches. Sam aurait aimé enterrer Dean plus tard, craignant que tu finisses par regretter d’avoir manqué ce dernier au revoir à Dean, malheureusement, ça devait se faire le plus tôt possible.
Sam s’inquiète de plus en plus pour toi. Tu t’es complètement renfermée. Tu ne fais que lire tous les livres de la bibliothèque et faire des recherches plus poussées sur internet sans dormir et manger. Il t’amène de la nourriture, mais tu ne manges presque rien et tu enchaines les nuits blanches, malgré ses protestations. Il ne sait pas quoi faire pour t’aider. Il savait que tu serais dévastée en apprenant le décès de Dean, mais il ne s’attendait pas à cette réaction de ta part.
Quelques semaines plus tard, la situation n’a pas évolué, si ce n’est que tu es maintenant enfermée dans ta chambre et non plus dans la bibliothèque afin d’éviter Sam. Tu lui en veux toujours de ne pas vouloir t’aider à sauver ton père. Tu ne comprends pas comment il peut être si passif face à toute cette histoire. Ton père aurait tout fait pour ramener Sam si la situation avait été inversée, tu en es sûre.
Tu finis de lire le dernier livre que tu as pris de la bibliothèque quand tu as une illumination. Tu penses savoir où chercher sauf que tu n’as pas vu le bouquin quand tu as fouillé toutes les étagères ou alors tu aurais commencé par celui-ci tout de suite. Dans le doute, tu inspectes le bazar qu’est devenu ta chambre avant de te rendre dans la bibliothèque et vérifier quatre fois. Tu essayes de te rappeler où est-ce qu’il pourrait être quand un souvenir te revient en tête. Tu l’as vu pour la dernière fois dans la chambre de ton père il y a quelques semaines. Tu n’as pas remis un pied dans la chambre de Dean depuis sa dernière chasse. Tu n’oses pas. Tu voudrais y aller. En temps normal, quand tu vas mal, il n’est pas rare que tu retrouves ton père dans sa chambre pour qu’il te réconforte, mais si tu y allais maintenant, tu ferais face à un lourd silence et tu ne veux pas y faire face.
À contrecœur, tu finis par marcher avec lenteur jusqu’à la chambre de Dean. Tu restes devant la porte pendant quelque temps, hésitant à entrer. Tu ne sais pas si tu es prête à entrer dans sa chambre, mais d’un autre côté, tu as besoin de ce livre, il pourrait être la solution. Tu prends une grande inspiration et tu ouvres la porte. La lumière du couloir pénètre dans la pièce et tu peux voir le lit fait, sa collection de musique et le livre que tu cherches sur le bureau. Tu allumes la pièce et tu fais de grands pas jusqu’au bureau, voulant quitter les lieux le plus vite possible. Toutefois, tu ne sors pas tout de suite. Sur la chaise de bureau, tu trouves une des chemises de ton père. Les larmes te montant aux yeux, tu la prends en main et la portes à ton nez. Tu humes l’odeur familière de ton père et tu fonds en larmes en un instant. Tu aimerais que Dean entre dans sa chambre et te dise de ne pas lui voler une de ses cassettes, comme tu as souvent l’habitude de faire. À chaque fois qu’il te réprimandait, il faisait comme si ça le dérangeait alors qu’il adorait voir qu’il t’avait transmis sa passion pour le rock classique. Sa chambre est maintenant tout ce qu’il te reste de lui et tu ne veux rien perdre de cet endroit, même l’objet le plus insignifiant comme le menu pour le burger à quelques kilomètres du bunker est d’une valeur inestimable.
Tes yeux tombent sur un papier posé au milieu du bureau. Tu le lis avec attention et découvres que c’est une candidature pour être pompier où tu peux voir la signature avec son nom en bas de la page. Tu sanglotes alors que tu repenses à la fois où ton père t'avait avoué ce qu’il aurait aimé faire s’il n’avait pas été chasseur.
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C’était il y a quelques années, un matin d’automne. Dean t’avait levé tôt. Trop tôt. À quatre heures du matin pour être précis. Il t’avait réveillé, car il voulait faire une journée père-fille. Voilà comment tu t’étais retrouvée dans l’Impala aussi tôt alors que tu dormais encore mentalement et que ton père était content de passer un moment avec toi.
-Tu sais, une journée père-fille peut commencer après dix heures, t’étais-tu plaint, en baillant.
-Tu ne vas pas regretter de t’être réveillée tôt, crois-moi. On est presque arrivés.
-Ça a intérêt à être génial sinon c’est moi qui choisis la musique dans la voiture la prochaine fois.
-Bien sûr que non ! Tu connais la règle, avait refusé Dean.
-Ouais, ouais, le conducteur choisit la musique et le tueur se tait. Je mérite quand même une compensation !
-Je t’ai pris des donuts, s’était-il exclamé en montrant la boîte rose à tes pieds.
-C’est un bon début.
Quelques minutes plus tard, vous étiez arrivés près d’un lac. Dean t’avait invité à sortir de la voiture et à vous appuyer contre le capot, les donuts en main. Malgré la fraîcheur du matin, vous aviez commencé à manger alors que le soleil se levait. Le ciel avait pris une magnifique teinte ambrée et le reflet dans le lac rendait la scène encore plus belle. C’était calme, à l’exception de quelques oiseaux se réveillant.
-Alors, ça en valait pas le coup ? avait questionné Dean avec un sourire en coin.
-Ok, tu avais raison et puis, les donuts sont délicieux aussi. Je ne te pensais pas fan de lever du soleil.
-Je peux m’intéresser à la nature, parfois !
-Arrête ou alors tu vas seulement manger de la salade comme Oncle Sam, avais-tu répondu avec un faux air apeuré, Dean a levé les yeux au ciel.
-Le fait est que c’est un bon moment à passer entre un père et sa fille, loin de toutes les menaces surnaturelles, avait dit Dean en te serrant contre lui.
-C’est vrai.
-Et comme ça, je peux me rattraper en tant que père, un peu.
-Tu n’as rien à rattraper. Tu es un père génial.
-Aucun enfant ne mérite de grandir comme tu as grandi, comme j’ai grandi. Je m’étais toujours promis de ne pas faire les mêmes erreurs que mon père et voilà que tu es quand même mêlée à toutes ces conneries entre deux cours, avait-il bougonné en évitant ton regard.
-Dois-je te rappeler que si j’ai commencé à chasser, c’est parce que je t’ai suivi, pas parce que tu m’as forcé ?
-Je suis encore en colère pour ça. Tu n’avais pas à nous suivre alors que tu ignorais la menace, ça aurait pu mal se finir !
-Le fait est que je t’ai sauvé les miches face à ces loups-garous, avais-tu rétorqué avec un sourire fier.
-Et tu as surtout eu de la chance. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu avais été blessée.
-J’ai appris des meilleurs, il ne peut rien m’arriver.
-Ça ne veut rien dire. Avec Sam, on s’en est toujours tirés de justesse. Je n’aime pas que tu sois dans la vie de chasseurs, avait confessé Dean avec un regard triste.
-Je l’ai choisie. Tu me donnes toujours une porte de sortie et je ne la prends jamais, car j’aime chasser.
-Peut-être, mais j’aimerais que tu aies l’occasion d’avoir une vie normale, tu le mérites.
-Je ne chasserai peut-être pas toute ma vie, je n’en sais rien, mais pour l’instant, c’est ce que je veux faire. Pour être honnête, je ne sais pas ce que je ferais si je n’étais pas chasseuse. Et puis, tu mérites une vie normale aussi, tu sais, avais-tu affirmé fermement.
-C’est trop tard pour moi. Et puis, je ne suis pas fait pour la vie bien rangée. Mais pour toi, ça peut encore être différent.
Ton cœur s’était brisé en entendant ton père dire ceci. Tu aurais aimé que sa vie soit différente, que son père lui ait donné le choix quand il était jeune. Dean avait beau gardé ce qu’il ressentait pour lui, tu arrivais quand même à lire en lui comme dans un livre ouvert. Peu importe ce qu’il pouvait affirmer, tu savais que ton père aurait aimé une vie plus calme qu’il n’avait.
-Tu aurais fait quoi, si tu n’étais pas chasseur ? avais-tu demandé de but en blanc.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-Si tu avais eu une vie normale, bien rangé, tu aurais fait quel métier ?
-Je ne sais pas, avait-il répondu, mais tu ne l’avais pas cru.
-Tu vas pas me faire croire que tu n’y as jamais pensé ! Je te vois bien dans un job où tu aides les personnes.
-J’aurais adoré être pompier, avait avoué Dean après une pause.
-Tu aurais fait un super pompier, j’en suis sûre. Qui sait peut-être qu’un jour tu auras la chance de le faire ?
-Je pense pas non. Je me suis fait à l’idée que je serai toujours un chasseur et sans la chasse, je n’aurais sûrement jamais connu ta mère et tu ne serais pas là et c’est tout ce qui compte, avait-il affirmé avec un sourire sincère.
-Tu resteras toujours là, hein ?
-Toujours, avait-il promis.
Vous aviez continué à regarder le soleil se lever en parlant de choses plus banales cette fois, tu t’étais notamment plaint de quelques professeurs et Dean t’avait partagé son expérience du lycée - tout en laissant de côté quelques détails pour ne pas être une mauvaise influence.
Le reste de la journée, Dean t’avait appris à conduire Bébé, chose qui n’arrivait pas souvent. Tu étais si contente de voir que ton père te faisait à ce point confiance. Tu avais bien écouté Dean afin d’éviter de faire une bêtise. Dean, quant à lui, avait adoré partager cet instant avec toi, malgré une certaine nervosité envers Bébé qui pouvait être abîmée à n’importe quel moment. Après ce jour-là, cet endroit était rapidement devenu votre endroit père-fille.
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En repensant à cette journée, tu réalises à quel point Dean avait enfin l’occasion de vivre vraiment comme il le voulait. Il allait sûrement réduire les chasses pour faire ce qu’il souhaitait faire depuis toujours et sa chance à une vie normale lui avait été arraché. Après tout ce qu’il avait vécu, il méritait cette chance.
De plus, tu prends conscience que plus jamais tu ne feras de journée père-fille où Dean te réveille avant le soleil afin que vous profitiez vraiment de chaque instant. Si tu avais su, tu aurais fait en sorte de mémoriser chaque seconde de votre dernière journée. Tous ces souvenirs font partie du passé et tu ne supportes pas cette idée. Tu ne peux plus rester un autre jour séparé de ton père, tu es désespérée et tu dois le sauver. Tu gardes la chemise en main pendant que tu fermes la porte puis, tu te mets à prier Jack, regardant en l’air.
-S’il te plaît, Jack, si tu m’entends, tu dois m’aider. Je te dérangerai que cette fois, je te le promets. Je ne te demanderai rien d’autre. J’ai juste besoin de mon père, tu dois le ramener. S’il te plaît, aide-moi.
Tu continues tes supplications, fermant les yeux comme si ça allait donner plus de force à tes prières. Au bout de quelques minutes, la voix de Jack disant ton prénom résonne dans la pièce. Tu ouvres les yeux et sautes dans ses bras. Il t’avait tellement manqué. Tu avais vite considéré Jack comme ton petit frère après sa naissance alors quand il a repris le flambeau après Chuck, tu avais eu un pincement au cœur. Tu es ravie de voir que malgré ses nouvelles responsabilités, il répond à ton appel.
-Je suis content de te revoir, Y/N.
-Moi aussi, tu n’as pas idée.
-Tu as prié pour me parler de Dean. Sache qu’il est bien au Paradis. Il le mérite après tout ce qu’il a fait, t’informe-t-il avec un sourire sincère.
-Il mérite de vivre, surtout. Jack, je sais que je t’en demande beaucoup, mais il ne peut pas rester au Paradis, il a une vie ici, il doit la vivre.
-Je ne peux pas faire ça et tu le sais.
-Tu es le nouveau Dieu, bien sûr que tu peux ! t’exclames-tu, outrée.
-Après tout ce qu’il a sacrifié, Dean peut enfin se reposer.
-Non, il peut enfin vivre ! Jack, tu dois le sauver, supplies-tu, les larmes aux yeux.
-Je ne peux pas détruire le nouvel équilibre qu’on vient tout juste d’installer et puis, il ne veut pas, Y/N, il sait le prix à payer et il ne veut pas que toi et Sam le payez, surtout toi, répond Jack, calmement.
-Tu mens ! Mon père ne me laisserait pas. S’il te plaît, Jack, je t’en supplie de m’aider. Que tu m’aides ou pas, je trouverai une solution, mais avec ton aide, je ferai moins de dégâts.
-Ma réponse reste la même. J’en suis désolé, insiste-t-il, t’énervant.
-Pars. Je me débrouillerai seule. Je n’ai pas besoin de toi ! Pars !
Déçu, Jack disparaît, te laissant seule dans la chambre de Dean. Tu n’arrives pas à comprendre pourquoi personne ne veut t’aider. Tu ne demandes pas à ramener un monstre, juste ton père alors pourquoi tout le monde te laisse tomber ? Tes larmes qui avaient cessé de couler refont leur chemin sur tes joues en une seconde. Tu en as marre de tout. Tu en as marre de pleurer. Tu en as marre que personne ne t’aide. Et surtout, tu en as marre de pas avoir ton père.
Fatiguée mentalement, tu finis par t’allonger sur le lit de Dean et serres la chemise contre toi, espérant que ça t’apporte un brin de réconfort. Tu continues de pleurer jusqu’à ce que tu t’endormes réellement pour la première fois depuis plusieurs semaines.
Un léger courant d’air caressant ton corps te tire de ton sommeil. Tu ouvres les yeux, ne comprenant pas d’où il vient et tu découvres que tu es sur la banquette arrière de l’Impala. Tu ignores comment tu t’es retrouvée dans la voiture de Dean. A peine relèves-tu la tête que tu vois la portière ouverte et ton père qui t’invite à sortir. Choquée, il te faut une seconde avant de lui sauter dans les bras. Dean te rend ton étreinte et te caresse ton dos alors que tu portes ton attention sur ses épaules qui bougent au rythme de sa respiration comme pour t’assurer qu’il est bien vivant. Au bout de quelques minutes, tu te sépares légèrement de lui et Dean te tire pour que vous puissiez vous appuyer contre le capot de l’Impala qui est garé devant le lac. Dean passe son bras autour de tes épaules alors que tu poses ta tête contre la sienne.
-Papa, est-ce que c’est un rêve ou la réalité ? Je suis perdue, je n’ai pas encore réussi à trouver une solution pour te ressusciter, comment tu peux être là ? Et comment je me suis retrouvée dans l’Impala ?
-Il faut croire que Jack a trouvé une solution pour qu’on se retrouve, répond Dean, te donnant espoir, malgré lui.
-Donc, c’est bon ? Tu es sauvé ?
-Non, ma puce. Jack et Sam avaient raison quand ils disaient que je ne voulais pas être ramené à la vie.
-Mais pourquoi ? Tu avais enfin ce que tu voulais ! t’indignes-tu en te séparant de l’étreinte de Dean.
-Je ne peux pas continuer à mourir et à revivre continuellement, il fallait bien que ça arrive un jour.
-Oui, quand tu serais vieux, très vieux, pas maintenant !
-J’aurais aimé que ça soit plus tard aussi, mais c’est comme ça, on y peut rien. Y/N/N, je ne veux pas que tu passes ta vie à trouver un moyen de me ramener, ça finit toujours mal. Je te promets que je ne regrette rien, je vais bien et je peux enfin me reposer. Tu dois continuer à vivre ta vie sans te soucier pour moi, répond-il, calmement.
-Mais j’ai besoin de toi, papa, rétorques-tu en secouant la tête. Il y a encore tellement de choses que j’ignore, j’ai encore tellement de questions à te poser sur le surnaturel, sur ce que je dois faire, sur comment être et d’autres questions auxquelles je n’ai pas encore pensées. C’est trop compliqué de vivre sans toi, dis-tu, la voix se brisant.
-Tu y arriveras, je sais que tu y arriveras. Tu es une battante, une Winchester. Je suis fier de toi et de la femme que tu es devenue, j’espère que tu le sais.
-Oncle Sam me l’a dit.
-Ne le rejette pas. Il essaye de te soutenir du mieux qu’il peut tout en respectant ce que je lui ai demandé, déclare Dean avec tendresse.
-Tu m’avais dit que tu ne me laisserais jamais. Tu m’avais promis que tu serais toujours là.
-Et c’est le cas. Je serai toujours à tes côtés même si tu ne me vois pas. Je ne t’abandonnerai jamais et quand le temps sera venu, on se retrouvera.
-Je veux qu’on se retrouve maintenant, pleures-tu et Dean te prend dans ses bras.
-Je l’aimerais aussi, mais c’est comme ça. Je suis désolé qu’on ait pas eu plus de temps. Je t’aime, ma puce, ne l’oublie jamais.
-Je t’aime aussi, papa, dis-tu avant de faire un pas en arrière. Je m’excuserai auprès d’Oncle Sam, je n’aurais pas dû lui crier dessus.
-Il ne t’en veut pas, j’en suis sûr. Ça va aller, ne t’inquiète pas, dit-il en t’embrassant la tempe. Allez, profitons de ce moment. Donuts ?
Un petit sourire prend place sur ton visage quand il te tend le gâteau. Tu l’acceptes avec plaisir et le manges délicatement, appréciant cet instant privilégié. Mentalement, tu remercies Jack et tu t’excuses avant de te concentrer à nouveau sur le lac illuminé par le lever du soleil jusqu’à ce que tu t’endormes doucement.
Quand tu te réveilles, tu es de nouveau dans la chambre de Dean, la chemise à côté de toi. Une seule larme coule sur ta joue, mais cette fois, cette larme ne représente pas seulement la douleur de la perte de ton père. Cette larme est remplie de tristesse, certe, mais aussi de joie, car tu as pu avoir un dernier instant avec lui. Cette larme coule, car tu sais que la mort de Dean t’affecte encore, mais il a raison, il ne peut pas être ramené à la vie et tu dois l’accepter. Tu sais que malgré tout, il est toujours à tes côtés.
Tu regardes l’heure sur la table de nuit et voit qu’il est encore tôt et que le soleil est en train de se lever. Tu récupères une des vestes de ton père dans son placard et tu sors du bunker avec Miracle qui s’est levé en t’entendant. Dehors, tu regardes l’aube, ton cœur se serrant légèrement dans ta poitrine. Peu importe combien de lever de soleil tu vas devoir vivre sans Dean, tu te promets de privilégier au moins un jour par semaine pour le regarder et penser à ton père. Tu veux le garder en vie dans ta tête et pour ça, tu veux continuer les traditions que vous aviez quand il était encore là.
Lorsque la journée a officiellement commencé, tu récupères les clés de Bébé et conduis jusque dans le centre-ville, plus précisément à l’école des pompiers. Tu entres dans le bâtiment et attends ton tour à l’accueil. Quand c’est le cas, la femme t’invite à avancer et à dire ta requête.
-J’aimerais m’inscrire pour être pompier, s’il vous plaît.
La femme te donne quelques informations et des formulaires à remplir. Lorsqu’elle t’a tout expliqué, tu la remercie et retournes dans l’Impala. Assise à la place conducteur, tu regardes les papiers avec un sourire doux-amer. Même si tu ne vois pas Dean, tu sais qu’il est là à tes côtés, content de voir que tu quittes officiellement la vie de chasseur et que tu réalises tes rêves en plus des siens.
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enoramenguy · 1 year ago
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La Mère des Cendres
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« Tu vois que je ne suis pas morte. Il y avait un grand arbre ; il s’était battu contre le Feu, et il avait perdu. Il était couché par terre, et le Feu avait laissé des abeilles rouges qui le mangeaient. Je me suis approchée parce que c’était joli. À ton tour, ne t’approche pas de moi. Cela pourrait t’être fatal, et je pense que ces derniers mois t’ont en fait prendre conscience.
Tu vois que je ne suis pas morte. J’ai trop dépéri en ma couche ; l’appel du grand air et du Feu était plus fort. Six mois dans ce lit, entre ces quatre murs, avec pour seule compagnie une Bible, dont les pages me murmuraient, depuis la table de chevet, le souvenir de ma folie. Avec, pour seule conviction que le monde extérieur existait encore, la vue sur ce bel arbre, autrefois luxuriant, autrefois vert, maintenant noir.
Tu vois que je ne suis pas morte. Je sais que tout ce que tu voulais était mon bien. Qu’en m’attachant les poignets au montant du lit, à l’aide de lambeaux de tissus, tu pensais que tu pourrais me contrôler et épargner d’autres vies.
Tu vois que je ne suis pas morte. En m’abandonnant à mon sort tu pensais que je le serais enfin. Ce qui m’a tenue éveillée, ce sont ses cris. Ses pleurs me hurlant que je l’avais trahi, moi, dont le rôle premier était de le protéger. Parfois ses gémissements me réveillaient de ma torpeur, et ce moment entre le rêve et le réveil me faisait croire qu’il était toujours là, et qu’il avait besoin de mon sein. Ses cris résonnaient dans la pièce, comme si son berceau était toujours à sa place, près de la fenêtre aux rideaux rouges. Tout comme ce jour fastidieux où je l’ai pris dans mes bras. Tout comme ce jour où, lui aussi, a fondu dans les flammes. L’odeur n’était pas aussi enivrante que celle de l’arbre. Ce relent insupportable est témoin qu’un nouveau-né n’est pas censé prendre feu ; un arbre, parfois, si.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais je ne t’en veux pas de l’avoir souhaité. Je ne t’en veux pas d’avoir abandonné. Après tout, je n’ai pas emporté mon fils, j’ai emporté notre fils.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais peut-être devrais-je l’être ? Peut-être que Maman aurait-dû m’étouffer dès qu’elle m’eus mit au monde. Peut-être que, jetant un coup d’œil à la cicatrice rougeâtre qu’il lui restait sur le bras, dernier souvenir qu’elle avait de sa propre mère avant qu’elle ne s’immole, elle aurait sû que c’était la meilleure chose à faire. Peut-être espéra-t-elle que je n’avais pas hérité de ce fléau générationnel. Mais, quand à mes treize ans, la robe de ma camarade de classe pris soudainement feu, après qu’elle eut tiré sur mes nattes, j’imagine qu’elle comprit.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais peut-être, qu’intérieurement, je le suis déjà depuis longtemps. Fantôme pyromane, sorcière incontrôlable, fille des flammes de l’Enfer. Te rencontrer fût ce qui me ranima soudainement. A l’école déjà, tu étais le seul qui ne me fuyait pas. Tu m’avoua même que je te fascinais. Grâce à ta douceur, jamais je ne laissai une seule flamme sur ta peau, mais toi, tu en allumas une en mon cœur. Je me souviendrai toujours de nos exercices dans la forêt, où tu m’appris à contrôler ma colère, mes émotions, où je pu enflammer quelques brindilles, avec mon esprit, comme thérapie.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais, même si tu m’avais ressuscitée, et avais fait de moi ta femme, et même si tu m’avais toujours défendue et cachée des regard suspicieux, et n’avais jamais eu peur de ma monstruosité, je mourus à nouveaux, en même temps que notre enfant.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais lui, si. Trop tôt. Nous fûmes peut-être naïfs de penser que mon pouvoir était enfin sous contrôle. Mais, essaies de me comprendre. L’accouchement fût difficile. J’aurais préféré mourir en couche. « Souviens-toi que tu es née cendre et que tu redeviendras cendre. ». Le bébé ne cessait de pleurer, je ne dormais plus. Je me souvenais de tout ce que tu m’avais appris et essayais de garder mon calme. Mais il attrapa une mauvaise grippe, et ses hurlements me scindaient le cœur en deux. Il y avait comme un joueur de tambour dans ma tête et je nageais dans ma sueur. Je sentais que l’infection revenait. Mais tu n’étais pas là, ce jour-là. Tu étais partis au village, espérant trouver de quoi soigner l’enfant. Je ne pouvais plus supporter de l’entendre crier. Sa gorge devait s’enflammer. Alors, je me levais du lit et le pris dans mes bras ; ce qui ne le calma pas. Prise de désespoir, la chair de ma chair pris feu sous mon joug. Ce fût, de nouveau, incontrôlable. Je ne pouvais le lâcher, et tu ne retrouvas qu’un petit corps calciné dans mes bras, à vif, recouverts de cloques.
Tu vois que je ne suis pas morte. Cela grâce à ton amour et ta compréhension sans faille. Je t’en veux de ne pas m’avoir jamais blâmée, je t’en veux d’être tombée amoureux d’un danger vagabond. Je t’en veux de m’avoir donné l’espoir que je pouvais briser la tradition et vivre une vie normale, loin de toute émotion négative, sous contrôle de moi-même. Je t’en veux d’avoir essayé de ne jamais penser que cela n’était pas de ma faute, puisque je ne l’avais pas souhaité. Mais je comprends que tu ne pu jouer le jeu du déni plus longtemps.
Tu vois que je ne suis pas morte. Mais, maintenant que nous n’avons plus de progéniture, laisse moi briser la chaîne ; laisse moi être le Feu. Laisse le Feu m’emporter. Et ne laisse plus jamais le Feu t’atteindre. J’espère juste que, quand tu te réchaufferas près de l’âtre, avec tes futurs enfants et ta future femme, tu penseras à moi. Je te dois la vie, mais maintenant je me dois la mort. C’est en regardant l’arbre par la fenêtre que je compris quel était mon destin. Je cru entendre ses feuilles gazouiller comme un nourrisson, et alors que des larmes recouvraient mes joues, l’arbre s’enflamma. Il se battu longtemps, mais il n’avait aucune chance de gagner. Comme mon bébé. Mes liens prirent feu également, et je pu m’évader vers l’arbre vaincu. Non, ne pleure pas, ne t’excuse pas. Dès lors, quand tu admireras les flammes dansantes, tu verras que je ne suis pas morte. »
Enora Menguy
Suite inventée à partir de l'incipit de Le premier amour (1974) de Marcel Pagnol
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francaistoutsimplement · 5 months ago
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Cette fois ci, ils bougent! Cela ne se passe plus comme prévu!
Editorial: Ne vous laissez pas influencer par les cris d’orfraie de la classe politicienne, un abcès est en train de crever, des hypothèques se lèvent.
Personne ne peut être satisfait lorsqu’un parti politique, lorsque qu’une ancienne boutique du style de celle de Jean Marie le Pen accède à des scores électoraux de l’ordre de 30%.
Personne sauf les fachos, les vrais! Ceux qui sont cachés dans l’ombre derrière les Macron et sa clique.
D’abord un peu de logique; si le parti fondé par Jean Marie le Pen n’a cessé de grimper aux élections et dans les sondages, à qui la faute?
Qui a paupérisé les masses, qui a tué le parti communiste, qui a avili de jaune les syndicats, qui a vidé le débat démocratique de tout contenu, qui a vendu la souveraineté de la France au capital local, européen et mondial, qui a abandonné toute volonté de défendre les Français face aux coups de boutoir de l’étranger et a fait alliance avec le monde extérieur contre les classes françaises défavorisées?
Qui a balancé des insultes, des injures , des ignominies sur le petit peuple d’en bas?
Tous les pouvoirs qui se sont succédés ont produit la paupérisation, la déchéance, le déclassement, le sentiment de perte de dignité et tous ont tué l’avenir. Ils ne savent promettre que toujours plus, plus d’effort, moins de récompense, moins de reconnaissance, plus de servitude, moins de liberté .
Les 30% qui osent voter pour le RN sont objectivement courageux, je ne sait pas si ils le sont subjectivement, mais en termes sociaux et historiques ils se lèvent pour dire «non» comme ils ont essayé de dire «non» au moment des Gilets Jaunes par exemple.
Ce sont, j’ose le dire des forces de vie qui s’élèvent face à des forces de mort car, qu’on le veuille ou non, le capital qu’il soit financier, économique, culturel, ou symbolique pour reprendre les catégories du merveilleux Bourdieu, ce capital multiforme est toujours concrétisation des forces de mort, des forces qui veulent emprisonner la vie; celle des autres au profit de la leur.
Il est évident que ni Bardella ni Marine ne sont conscient du rôle historique qu’ils jouent, ce rôle est joué a travers eux par les forces qui traversent la société française .Ils sont des instruments au même titre que Macron est l’instrument du fétiche Pognon.
Le Vote RN , le RN, les couches qui votent RN ne sont certainement pas conscientes du rôle historique qu’elles jouent, cela les dépasse, mais ce rôle consiste à bouleverser l’échiquier, à renverser la table ou les nantis et les riches et les planqués se gobergent.
Bien sur que le RN ne peut gouverner , sa fonction ancienne tribunitienne est maintenant dépassée, sa fonction est de dire/montrer: maintenant c’est fini on remet tout cela sur ses pieds, Et on on réintègre le peuple dans le jeu dont il a été exclu.
Les 30% du RN sont le premier signe que la glaciation politique scélérate mise en place par Mitterrand au début des années 80 est en train de fondre, le réaménagement, la recomposition sont enfin lancés, l’hypothèque sur la future présidentielle est en train d’être levée.
Les bobos, les gôches, les petits bourgeois qui poussent ces fameux cris d’orfraie sont des mystifiés, ils sont les boucliers qui protègent le grand capital, le grand business exploiteur. Celui qui fait donner ses troupes comme il le fait toujours, en restant planqué, mais ses médias veillent, ce sont eux qui fournissent aux mystifiés les étendards des faux combats.
Si encore ces gens avaient étudié le fascisme et étaient capables de comprendre que précisément le vote populaire et populiste est une réaction contre le fascisme soft des gouvernants, que ces gouvernant sont au service d’une élite du pognon exactement comme dans les années 20/30
Aucune culture, aucune réflexion, ils gobent, ils gobent et ils se font mystifier de bout en bout sur tous les grands thèmes imposées par le Grand Capital; -guerre contre la Russie -soutien d’Israël -immigration -woke -paupérisation- décroissance- climat etc
Les laissés pour compte qui ont rejoint/voté pour le RN doivent être réintégrés à la vie politique, personne n’a le droit de les exclure ou de décréter qu’ils puent! D’une certaine façon ils représentent les forces de vie et de résistance face à la mort qui saisit enserre notre société.
Les bourgeois qui stigmatisent le vote RN et veulent le nullifier feraient mieux de se montrer utiles et créer par exemple un Comité de Vigilance crédible dont la fonction serait d’analyser et de contrôler les initiatives et propositions du RN afin d’être sur qu’il ne dérive pas.
En attendant, le peuple, lui, doit s’approprier le RN, il doit le faire sien et cette fois ne pas accepter d’être dépossédé.
(Source : Bruno Bertez) 23/06/2024
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swedesinstockholm · 1 year ago
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31 août
je suis tellement habituée à écrire à r. le soir au lit que ça me fait bizarre quand je me couche sans mon téléphone. ça fait une semaine que je dois répondre à n. pour notre éventuelle coloc à berlin, une semaine que j'ai une amie à BERLIN qui attend que je lui réponde pour qu'on se mette à chercher un appart ensemble et je lui ai toujours pas répondu. je sais pas si c'est parce que je suis terrifiée par l'aspect concret de la chose ou si c'est parce qu'au fond je préfèrerais aller vivre à bruxelles. j'ai rejoint un groupe fb de locations et de colocs et c'est l'enfer mais c'est là que mon coeur m'appelle. et c'est pas à cause de r. mais il me donne envie de me réveiller pouvoir être sur un pied d'égalité avec lui. même si lui non plus n'a pas de job alimentaire, mais au moins il vit pas chez sa mère. oh ça rime. j'ai envie de lui raconter toute ma vie, enfin La Situation et tout ça, parce que hier quand je lui ai dit que j'étais cassée parce que j'arrivais plus à écrire il m'a hurlé une version hystérique de cassé de nolwenn leroy qui m'a fait mourir de rire et puis il m'a rassurée il m'a donné des conseils et il m'a demandé à quel point j'étais angoissée etc et QUI dans ma vie prend soin de moi comme ça?
hier je discutais avec ru. et je lui ai raconté mes projets avec r. et elle disait que j'avais toutes mes chances de faire évoluer la situation avec tout le temps qu'on allait passer ensemble à travailler, so many chances! j'avais l'impression qu'elle jouait le rôle de mon enabler alors que j'essaie de me sortir de mon addiction. non ru.! non! j'ai du contrôler très fort mes illusions lundi soir aussi quand c. t. la dramaturge m'a écrit pour me demander ce que je faisais en ce moment et si j'avais un full time job, sans préciser pourquoi elle me demandait ça. pourquoi tout le monde a décidé de me mettre à l'épreuve comme ça? comment je suis sensée ne pas m'imaginer qu'elle veut travailler avec moi? elle m'a toujours pas répondu et le suspense me tue. mais peut être qu'elle me répondra jamais et qu'elle cherchait juste des témoignages de loseuses de la vie qui travaillent pas pour une pièce de théâtre documentaire ou je sais pas quoi, comment savoir?
2 septembre
j'ai envoyé mon poème à la revue affixe ce soir à minuit 24 heures avant la deadline, même s'il est pas publié c'est pas très grave parce que ça m'a fait du bien de me remettre sérieusement à la poésie, ça change de mes jérémiades du journal, même si j'y raconte à peu près la même chose. il s'appelle marrons glacés et c'est archi cryptique mais tout ce que j'y dis c'est que je fais rien de ma vie je veux pas travailler je suis coincée je suis bisexuelle je suis amoureuse je suis en feu je me masturbe. y a pas vraiment de fin. en écrivant "trois perles ambrées me coulent entre les cuisses" ça m'a excitée et je me suis masturbée sur mon lit avec mon poème à côté de moi. voilà à quoi me sert la poésie. ma nouvelle façon préférée de dire que je suis bi: délicat délicate - les deux me vont. ma nouvelle façon préférée de dire que je veux qu'on me fasse l'amour: déglacez-moi comme un marron.
4 septembre
premier jour de mer je me suis réveillée avec mon oeil plus gonflé que jamais après une nuit de bave et de larmes et de sinus qui pousse, je me suis levée et j'ai mis un sweat noir par dessus ma chemise de nuit ancestrale en coton épais, relevé mes cheveux en chignon avec une pince et mis mes lunettes de soleil pour aller déjeuner chez c. et quand je suis arrivée sur la terrasse elles ont dit quelle élégance! on dirait audrey hepburn! et c'était pas vrai mais j'étais contente de mon exploit d'être passée de monstrueuse à audrey hepburn.
je reste éloignée d'internet et de mon téléphone sauf pour écrire à r., cet après-midi j'ai écrit plein de petits poèmes avec tous les mots que j'ai notés dans mon carnet en écoutant france inter dans la voiture hier (pas de temps morts dans les transports) et après deux heures et demi d'écriture je suis partie à la plage me baigner dans les vagues, ce que je peux pas faire à la maison. j'ai marché pendant un moment avec l'eau à mi-cuisses pour drainer ma cellulite comme si je venais de lire un article de elle qui me dit comment optimiser mes vacances à la plage pour avoir un hot bod. j'en peux plus de mes grosses cuisses boursouflées et de ma petite taille qui contraste avec mes hanches larges et de mes seins qui pendent et qui menacent à chaque instant de s'échapper de mon maillot. tellement plus que ce matin à la caisse de hyper u quand j'ai voulu rejoindre maman dans la file et qu'un chariot me bloquait le passage et qu'un vieux m'a dit vous êtes mince mais là vous ne passerez pas! j'étais contente parce qu'il a jugé que j'étais mince. voilà.
en sortant de l'eau j'ai lu le livre de léa rivière qui parlait de la rivière justement, comment elle devenait la rivière quand elle était dedans, qu'elle apprenait de la rivière en lui faisant confiance, en immergeant son corps, en étant-avec elle (donna h.), en écoutant comme elle, dans son vacarme, c'était la lecture parfaite de post baignade dans la mer. elle dit plein de choses que je dis dans mon scénario. j'ai fait une pause dans ma lecture pour y réfléchir. est-ce qu'on dit les mêmes choses parce qu'on a lu les mêmes livres ou parce qu'on ressent vraiment les mêmes choses quand on est dans l'eau/dans la nature en général? j'ai lu jusqu'à sept heures et je suis rentrée je me suis douchée et j'ai mangé du pain avec du fromage toute seule avec un soupir de satisfaction.
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alexar60 · 1 year ago
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Corbeaux
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C’était une nuit calme et douce. Pourtant, je n’arrivais pas à dormir. Je pensais à cette bataille prévue le lendemain. Je savais qu’elle ne serait pas facile car l’ennemi est vicieux, fourbe et revanchard. Leurs guerriers sont connus pour être belliqueux, et ils n’ont pas peur de la mort.
La porte de ma tente s’ouvrit laissant apparaitre une silhouette féminine. J’aperçus, derrière elle, un feu crépiter autours duquel trois légionnaires trouvaient de la chaleur.
Marcus, tu dors ?
Je relevai légèrement la tête pour observer la jeune femme. Macha était une très belle femme brune au teint blanc. Je l’avais rencontré dans d’étranges circonstances. Après un énième combat, j’étais parti m’isoler près d’un lac. J’étais fatigué, alors, je m’allongeais dans une herbe grasse. Je sentais ce court soleil du nord de l’ile de Bretagne réchauffer mon visage en pensant quitter la légion. Tout-à-coup, le soleil disparut caché par un ombre venue de nulle part. Macha me faisait face. Son corps ferme et harmonieux se dessinait légèrement sous une longue robe blanche. Elle me sourit avant de dire:
Ainsi, c’est donc toi !
Je restai abasourdi par la beauté de cette calédonienne. De plus, je fus intrigué d’entendre une voix féminine parler un parfait latin. Nous discutâmes de ce qu’elle voulait dire par cette phrase. Sa réponse me surprit encore plus :
Tu es celui que je dois prendre soin. Avec moi tu connaitras la gloire et la richesse à condition que tu ne parles jamais de moi.
J’acceptais son pacte et depuis, je ne sais comment elle entre et sort du camp, sans être remarqué par les légionnaires. Elle entre comme ce soir, se couche auprès de moi. Nous discutons de tout sauf de la guerre. Nous faisons l’amour puis elle part avant le lever du soleil.
Cette nuit, je regardais sa robe blanche glisser le long de ses hanches. Elle approcha, releva les couvertures et se colla contre moi. Elle me laissa l’aimer. Je sentais ses cuisses me serrer m’incitant à m’enfoncer en elle. Ses ongles lacéraient mon dos. Ses yeux me regardaient avec passion. Sa bouche me réclamait. Elle aimait que je l’aime. Puis, après un long râle de plaisir, nous restâmes exténués. Je repris mon souffle pendant elle reposait sa tête sur mon épaule.
La bataille de demain sera terrible. Les dieux ont décidé de s’en mêler, murmura-t-elle.
Serais-tu une espionne ? demandai-je. Dans ce cas, je serai obligé de te faire arrêter et torturer avant de te condamner à la crucifixion.
Je cours trop vite pour que tu me rattrapes, affirma-t-elle en riant.
J’accompagnais son rire dans demander d’explications. Je ne me sentis pas m’endormir. A mon réveil, Macha avait une nouvelle fois disparu. Mon aide de camps entra alors que j’étais toujours couché. Il annonça que la légion était prête. Soudain, il ramassa quelque-chose au pied de mon lit. C’était une plume de corbeau.
Cela faisait une bonne heure que nous avancions dans une plaine déserte et encerclée de petites montagnes et de collines. Les hommes ne supportaient plus les moustiques qui suçaient leur sang. Ils marchaient à pas lent. Devant la cavalerie revenait lentement. Les chevaux appréciaient mal de galoper dans cette tourbe. Leur chef fit son rapport. Je m’étonnais d’apprendre qu’il n’y avait personne d’autre que nous.
Qui est cette femme, demanda un centurion en pointant son doigt.
En haut d’une colline, assise sur un rocher, une femme dansait avec des oiseaux. Elle écartait les bras imitant leurs ailes déployées. Elle semblait jouer avec eux. J’ordonnai qu’on envoie quatre hommes afin de la capturer pour obtenir de possibles renseignements. Je regardai les cavaliers se diriger vers la belle. Son comportement paraissait étrange, et déjà j’entendais autour de moi qu’elle était dangereuse.
Partout, il n’y avait rien d’autre que de la tourbe. Il n’y avait pas d’arbre, ni le moindre buisson. Cependant, à cause de l’atmosphère pesant, les hommes restaient sur le qui-vive. On pouvait sentir les tensions. Au loin, les éclaireurs étaient à quelques pas de la femme lorsque celle-ci se mit à chanter et à croasser.
Une nuée de corneilles s’envola avant de se jeter sur les quatre cavaliers. Ils chutèrent, hurlèrent sans arriver à se défendre. Les becs et les serres des oiseaux pénétraient et déchiraient leur chair. Le calme revint brusquement pendant que la sorcière dansait tranquillement. Un corbeau se posa sur son épaule. Son bec contenait un morceau de viande arrachée.
Cette scène mortifia les légionnaires. Ils demeurèrent muet devant tant d’horreur. Tout-à-coup, un cri provint de l’arrière, puis un second. La panique s’engouffra parmi les romains. On se débattait ! Des hurlements venaient de sous la terre. L’ennemi était avec nous. Il attendait patiemment enterré dans la tourbe, depuis le matin. Son chef avait jugé le bon moment pour sortir. En effet, nous n’avions pas la possibilité de s’organiser en bataille rangée.
Les pictes étaient pratiquement tous nus, le corps peint de bleu, certains en rouge. Ce qui voulait dire qu’ils ne feraient pas de prisonnier. Le combat fut rude et long. Je me battais au corps à corps. Je voyais mes hommes tomber, s’écrouler sous les coups de haches et d’épées de nos adversaires. Mais nous leur rendions la pareille.
La dame aux corbeaux dansait toujours avec ses oiseaux. Parfois, nous entendions des croassements, des chants venant de sa part. Elle encourageait les pictes à vaincre les soldats de la prestigieuse Rome. Finalement, nous prîmes le dessus. Nous arrivâmes à encercler la dizaine de survivants. De notre côté, je voyais des légionnaires exténués, fatigués. Nous avions perdu au moins la moitié de la légion. Alors, je me mis à parler.
Fiers guerriers de Rome ! Hier, Macha, la plus belle femme du monde m’avait annoncé la bataille serait terrible. Nous en avons payé le prix, mais aujourd‘hui, nous avons vaincu ! Merci Macha !
Les hommes se mirent à scander mon nom.et celui de Macha. Leurs voix résonnaient dans la plaine. La femme de la colline leva les bras et croassa soudainement. Dès lors, des milliers de corbeaux répondirent et j’eus l’impression que le sens de leur cri disait Macha. Nous restâmes surpris, puis tout-à-coup, des milliers de guerriers apparurent en haut des collines. Nous étions encerclés. Ils frappaient sur leur bouclier. Ils croassaient et criaient le nom de Morrigan. Ils hurlaient nous insultaient.
Dès lors, je réorganisais les centuries en trois rangs de chaque côté. Pendant ce temps, le reste de la cavalerie de chargeait des survivants de la première attaque. Le sang collait à mon plastron. J’en avais aussi sur les bras et le visage. Je restai au milieu des cohortes, attendant que les calédoniens chargent. Tout d’un coup, une voix douce susurra au creux de mon oreille.
Je t’avais prévenu de ne jamais parler de moi.
Je me tournai et remarquai au loin, sur la colline, une seconde femme à côté de la fameuse déesse Morrigan. Je reconnus sa longue robe blanche ainsi que ses longs cheveux noirs. Une larme perla sur sa joue. Elle baissa la tête. Brusquement, un corbeau noir atterrit sur mon épaule. Je restai statufié sans savoir quoi faire. L’animal se dressait avec fierté. Et au moment de croasser, les pictes se jetèrent dans la plaine en courant et hurlant le nom de Morrigan, la déesse de la guerre et du massacre.
Ce jour-là, elle fut comblée. Ses corbeaux ont été rassasiés par les milliers de morts jonchant la plaine.
Alex@r60 – août 2023
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salaad-dronnoc · 2 years ago
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Apparence
Sal'aäd est une homme grand et mince, dans la trentaine. Il a des yeux d'un vert profond, presque semblables à des gemmes, qu'il souligne généralement d'un trait doré. Ses cheveux, très longs et noirs, sont soyeux. Il en porte une portion en un chignon sophistiqué, laissant le reste cascader librement dans son dos. Il revêt une robe de magicien composée de plusieurs couches, dans diverses étoffes fines, et des bandages qui enrobent ses avant-bras sous ses manches large. Il affectionne particulièrement les couleurs vertes et or, et le serpent est un motif complexe qu'il affectionne particulièrement.
Dans l'ensemble, c'est un homme qui garde une allure digne et bien soignée. Il est toujours propre sur lui, ses vêtements se mouvant fluidement autour de lui à chacun de ses pas, sans un plis. Très charismatique, sa présence n'est cependant pas intimidante, car il garde toujours un sourire bienveillant, même dans les pires situations. Il émane de lui une certaine sagesse, mais la fierté ne l'entrave pas : il sait reconnaître ses erreurs et les acceptes avec amusement. De manière générale, Sal'aäd est un très bel homme, et un compagnon au caractère très doux avec une certaine prestance.
Bien entendu, les échecs critiques successifs ont entachés cette image, mais malgré tout, même en ayant frôlé la mort, Sal'aäd a su rester ce magicien résigné au sourire subtil et plein d'autodérision, quoiqu'un peu échevelé et tâché de son propre sang.
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hope-and-roll · 1 year ago
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Phyllis Avery
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"The man of knowledge must be able not only to love his enemies but also to hate his friends." — Friedrich Nietzsche
“People talked more openly to a psychiatrist than they did to a priest because a doctor couldn't threaten them with Hell” ― Paulo Coelho, Veronika Decides to Die
- Phyllis Thalie Euphemia Avery - Née le 5 avril 2008 - Originals - Anglo-américaine - Sang-Pur - Biromantique, asexuelle - Ilvermorny, Serpent Cornu (à partir de la cinquième année)  - ENTJ - Psychiatre et chercheuse en psychiatrie - Fourchelang - Elizabeth Wheeland.
~ Fille de Romulus et Venus Avery, née Santiago ~ Petite soeur de Justice, Euryale et Callisto Avery ~ Grande sœur de Dorea Avery ~ Nièce de Jake, Hypnos et Ganymede Santiago ~ Nièce par alliance de Calista Rowle, Cérès Dolman et Hera Dorkins ~ Cousine d'Amy, Phoebus, Hermes et Asterion Santiago * Amie d'Isabel Gracia  * Petite-amie de Lizzy Roseblood Phyllis est la descendante de deux familles de Sang-Pur très anciennes et puissantes, ancrées dans des valeurs puristes extrémistes. Venus Santiago, Américaine, est issue d'une puissante famille, à la tête du pouvoir politique et économique des États-Unis, et avides de s'ancrer en Grande-Bretagne. Romulus Avery, Britannique, était le dernier descendant mâle de sa famille, un homme pervers et violent, un ancien Mangemort qui, mineur pendant la seconde guerre, avait prétendu avoir été forcé par son père et n'avoir pris part à aucune bataille. On l'avait cru, il avait repris une place idéale dans la société des Sang-Pur et travaillait au Magenmagot depuis ses dix-sept ans.
Après leur mariage en 1999, Romulus s'est montré plutôt doux et prévenant vis-à-vis de sa femme. Ils vivaient à Stoneshold, un manoir situé au Nord-Est de la lande anglaise, à Val-de-Brume Mais elle ne lui « donna » que des filles, ce qui était un drame pour le patriarche : le sexe féminin étant le sexe faible chez les Avery comme chez les Santiago, elles ne valaient rien. Ce n'étaient pas des héritières. Aussi, Romulus a très vite laissé tomber le masque, commençant à battre et violer régulièrement son épouse. Celle-ci souffrait d'une dépression depuis la mort de sa dernière fille, Dorea, grande prématurée, et les nombreuses fausses couches qu'elle avait subies après.
Phyllis, née le 5 avril 2008, est la quatrième fille Avery, avant-dernière née, mais dernière enfant survivante. Elle a trois sœurs aînées : Euryale, née le 8 juillet 2000, Justice, née le 31 janvier 2004, et Callisto, née le 12 mars 2005.
Elle est aveugle de naissance, ce qui ne peut être changé par la magie. De ce fait, elle a toujours été abhorrée par son père. Le seul but de Romulus était de marier ses filles aux meilleurs partis possibles, pour enrichir et « purifier » sa famille. Mais dans la communauté puriste anglaise, une femme handicapée était comparable, voire pire qu'une femme valide d'origine moldue. Il cacha Phyllis au monde, n'en faisant jamais mention. Elle symbolisa dès sa petite enfance l'échec de son union avec Venus. Alors qu'il ignorait les trois premières, il insultait Phyllis dès qu'il la croisait, et ne se privait pas de l'éloigner de son chemin de gifles ou de coups de pied.
Il refusa qu'elle aille à Poudlard, lui payant un professeur privé, qui lui enseigna également le braille. Phyllis fut très attachée à lui, mais il ne fit jamais rien qui eût pu lui laisser penser qu'il l'affectionnait également. Cependant, il eut le mérite de lui acheter des dizaines de livres en braille.
Heureusement, il était rarement à Stoneshold, alternant entre les soirées mondaines, son travail et la recherche de futurs maris pour ses filles. C'était Venus qui s'occupait de ses filles, avec tout l'amour du monde. Elle fit tout pour les protéger de la violence de Romulus, prenant tout sur elle. Malheureusement, elle avait une santé très fragile, étant anémique de base, et quotidiennement battue.
A l'âge de 12 ans, Euryale commença à développer des comportements étranges, instables. Ses pensées étaient floues, désordonnées, son raisonnement était illogique, ses sentiments chaotiques et imprévisibles. Elle avait toujours été spéciale, avec ses troubles de l'attention et de la concentration, son imagination débordante, sa famille crut d'abord que c'était le début de l'adolescence qui accentuait ses bizarreries. Mais il n'en était rien. C'étaient les premiers symptômes de sa schizophrénie, que les Avery ne reconnurent pas, n'ayant aucune connaissance en psychiatrie. Euryale plongeait de plus en plus souvent dans des délires paranoïaques : elle avait l'impression qu'une force mystérieuse la contrôlait, elle entendait la voix de cette entité, elle voyait des choses qui n'existaient pas. Peu à peu, son existence lui fit l'effet d'un cauchemar éternel. Pendant ses crises, elle était terrifiée, et le reste du temps, anxieuse. Elle ne parvenait plus à s'exprimer correctement.
Venus, Justice, Phyllis et Callisto pensèrent que leur sœur était folle. Elles étaient très tristes à l'idée de perdre Euryale, et paniquées en pensant que Romulus pourrait vraisemblablement la tuer, car elle ne serait plus bonne à marier. Elles la cachèrent donc dans l'aile droite de Stoneshold, anciennement réservée à Chloris, la mère de Romulus, et où plus personne n'allait depuis la mort de celle-ci. Comme les crises de panique d'Euryale redoublaient quand elle était seule, ses sœurs s'arrangeaient pour aller la voir tour à tour pendant une heure ou deux. Romulus étant rarement à Stoneshold, et ne découvrit pas le secret avant des années. Les elfes de maison, qui devaient obéir au maître, n'étaient pas dans la confidence, de peur qu'ils caftent malgré eux.
Le 4 mai 2014, Venus mourut sous les coups de son mari, sous les yeux de ses filles. Phyllis avait six ans, Callisto neuf et Justice 11. Ce fut Justice qui alla annoncer la mort de leur mère à Euryale. En l'apprenant, la jeune fille perdit le contrôle d'elle-même. Furieuse, elle tenta d'étrangler sa petite sœur, qu'elle ne reconnaissait plus. Justice eut le temps d'appeler très fort à l'aide, et Phyllis et Callisto la sauvèrent en assommant Euryale à temps. Mais cet évènement laissa des marques : physiques, sur le cou de Justice, et mentales, sur chacune d'elles. La jeune fille traumatisée supplia ses sœurs d'enfermer Euryale dans une salle et non dans une immense aile. Phyllis et Callisto y consentirent, et Euryale vécut désormais dans la pièce blanche – nommée ainsi, logiquement, car tout dans ce lieu était d'un blanc immaculé, censé l'apaiser. Pour l'occuper, il y avait une grande bibliothèque.
Justice partit à Poudlard, et Phyllis et Callisto l'envièrent. Elles aussi, elles voulaient s'échapper de cet endroit maudit, même si elles n'auraient pas voulu laisser leur mère seule avec leur père. Enfant, c'était Phyllis qui initiait tous les jeux, c'était elle qui attribuait les rôles, qui créait les histoires. Sa créativité leur mettait du baume au cœur.
Les années suivantes représentèrent la descente aux enfers, dans une noirceur toujours plus profonde, de la famille Avery. Romulus ne pouvait plus assouvir sa violence sur sa femme, il battait donc ses filles – avec des sortilèges, pour ne laisser aucune trace. Il avait perdu son peu d'humanité il y a longtemps, cédé à la colère. En parallèle, Phyllis avait fait des recherches à l'une des bibliothèques de Stoneshold et appris qu'Euryale était schizophrène. Elle expliqua la maladie à Callisto et Justice. Callisto prit le parti de Phyllis, et elles prièrent ensemble leur aînée d'aider Euryale, au lieu de la garder enfermée dans une petite pièce, comme en prison. Mais les seuls médicaments qui pouvaient apaiser un petit peu Euryale étaient moldus. Elles étaient constamment surveillées, et ne pouvaient sortir. De plus, Justice était terrifiée de la réaction que pourrait avoir Romulus s'il découvrait l'entière vérité. Et au-delà de ça, elle ne voulait plus qu'aucune d'elles n'interagisse avec Euryale, si ce n'est pour lui donner de la nourriture. Ces conflits scinda le trio de sœurs en deux : Justice d'un côté, Phyllis et Callisto de l'autre.
Les Santiago avaient pour coutume de se réunir tous dans l'un de leurs manoirs à Noël – ils ne fêtaient pas le Nouvel An, trouvant cela inutile. Ils alternaient chaque année, et en 2015, ce fut au tour du manoir de Stoneshold de recevoir. Romulus se fit une joie d'accueillir sa belle-famille. Il n'allait pas bien. La société sorcière le détestait, à cause de son implication soupçonnée dans les méfaits des Mangemorts et la sombre réputation de sa famille. Quant aux Sang-Pur, ils le méprisaient de plus en plus, car il n'avait aucun héritier mâle. Il avait dépensé une bonne partie de la fortune familiale dans de somptueuses réceptions pour sauver sa réputation auprès des Sang-Pur, en vain. Personne ne souhaitait épouser l'une de ses filles, ni même lui, car les Avery n'avait plus rien de spécial à apporter en guise de dot. Même sa place au Magenmagot était menacée. Romulus perdait tout, petit à petit. Il voyait en cette réception le moyen idéal de manipuler sa belle-famille pour qu'elle lui prouve son soutien et sauve sa réputation. Cependant, les Santiago se doutaient qu'il n'y était pas pour rien dans la mort de Venus, bien qu'il leur ait dit qu'elle était morte en tombant dans les escaliers. Mais ils n'avaient aucune preuve, que des soupçons. Ils venaient une dernière fois à Stoneshold pour se délecter de la chute des Avery.
Au cours de ce repas, il y eut une terrible dispute. Jake, Hypnos, Ganymede, William et Amelia accusèrent ouvertement Romulus de la mort de leur sœur ou fille, Venus. Le soir du 24 décembre 2015, l'alliance Avery-Santiago se brisa. Les Santiago ne reprirent plus jamais contact. Ils gardaient précieusement leur moyen de pression sur Romulus : leur accusation d'avoir tué Venus – bien qu'ils n'aient pas de preuves. Quant à Justice, Phyllis et Callisto, ils ne leur accordaient aucune importance.
En parallèle, un évènement autrement plus dramatique se déroula peu après minuit, alors que les Santiago rassemblaient leurs affaires pour quitter Stoneshold et retourner aux États-Unis, bien plus tôt que d'habitude. Chacun étaient dans leurs appartements, en train de prendre leurs valises qu'ils n'avaient qu'à peine ouvertes. Phyllis dormait déjà – ou plutôt, essayait, inquiète à l'idée que ses sœurs et elles soient livrées à elle-même sans le soutien des Santiago. Justice accompagnait son cousin et meilleur ami Hermes dans ses appartements, faisant de longs détours pour pouvoir discuter et se dire au revoir, en se promettant de se revoir une fois majeurs, de s'écrire beaucoup de lettres d'ici là. Quant à Callisto, elle profitait que tout le monde soit occupé pour essayer de délivrer Euryale de la pièce blanche. Elle n'avait pas une meilleure relation avec sa sœur schizophrène que Justice ou Phyllis, elle avait simplement un plus grand coeur, plus d'empathie, était plus impulsive et irréfléchie, fonctionnant avant tout à l'instinct. Cela causa sa perte.
Euryale fit une crise de panique quelques minutes après que Callisto soit entrée dans la pièce blanche. Ses cris attirèrent Justice et Hermes, qui se précipitèrent. Ils ne purent rien faire d'autre que de voir la magie incontrôlée d'Euryale (évidemment, elle n'était jamais à Poudlard) envoyer violemment Callisto contre le mur. Son crâne se fendit, elle perdit son sang si vite qu'elle mourut en quelques minutes, dans le chaos le plus total.
La nuit du 25 décembre, le secret de la « folie » d'Euryale éclata au sein de la famille Avery-Santiago. Cela précipita encore plus le départ des Santiago, qui n'attendirent pas le Portoloin qu'ils avaient créé et transplanèrent, chaque famille dans son manoir. Hermes n'eut même pas le temps de dire au revoir à Justice. Il avait encore le sang de Callisto sur les mains et les vêtements. Les Avery restèrent seuls : Romulus, Justice, Phyllis et un cadavre.
Callisto fut enterrée le 26, dans le cimetière privé de Stoneshold, à côté de Chloris. Venus avait été enterrée dans le caveau des Santiago, aux États-Unis. Romulus prit quelques jours pour réfléchir à sa décision, mais choisit d'assassiner Euryale. Elle n'était pas seulement impossible à marier ou honteuse, elle était dangereuse. Mais elle le précéda. Il la retrouva pendue dans la pièce blanche au matin du 5 janvier 2016. Euryale fut enterrée à côté de Callisto. Phyllis avait huit ans.
Et les ténèbres s'épaissirent. Romulus prétendit que ses filles étaient mortes de la même maladie génétique que Venus. Les Santiago le laissèrent mentir, mais s'arrangèrent pour que plus aucune famille de Sang-Pur d'Angleterre et des États-Unis n'ait encore des contacts avec les Avery. Ils firent de faux procès à Romulus pour récupérer l'héritage de Venus, le laissant ruiné. Il ne lui restait plus que son manoir et son statut de sang, mais sa famille était condamnée à l'oubli et à la déchéance. Phyllis reprocha la mort de ses sœurs à Justice, qui sombra dans une dépression. Mais la fillette ne le comprenait pas : elle ne voyait que sa sœur qui s'éloignait d'elle, qui l'abandonnait alors qu'elles venaient de perdre leurs deux sœurs, qu'elle restait toutes les vacances à Poudlard pour échapper à Romulus – oubliant que, de fait, Phyllis devenait sa seule cible. De plus, l'alcoolisme de Romulus et son déclassement social le rendait d'autant plus violent, et elle était terrorisée. Elle était véritablement en danger, se retrouvant très souvent avec des blessures graves, des fractures que son père daignait soigner si elle consentait à le supplier.
À l'âge de onze ans, Phyllis reçut sa lettre pour Poudlard, et Romulus la déchira. Il était impensable non seulement qu'elle parvienne à étudier, mais également que les autres sachent qu'une fille Avery était handicapée.
La jeune fille écrivit plusieurs lettres aux Santiago, dans lesquelles elle leur expliquait la situation, leur demandant de l'adopter. Pendant des années, celles-ci restèrent sans réponse. Les Santiago finirent par accepter – c'était Hermes qui avait trouvé une lettre de sa cousine dans une poubelle, et qui avait négocié auprès de ses parents.
L'été de ses treize ans, elle reçut une lettre marquée du sceau d'un serpent enroulé sur lui-même, le blason des Santiago. Elle parvint à négocier un accord avec eux : elle renonçait à son héritage du côté maternel et obtenait leur soutien judiciaire en échange. Phyllis accepta sans hésiter : elle désirait gagner son argent en travaillant plus tard, comme tout le monde.
Son oncle et sa tante lui proposèrent également de changer de nom de famille, ce qu'elle refusa, pas par loyauté envers son père, mais par conviction que les Santiago n'étaient pas non plus des anges. Hypnos le prit mal, mais finit par l'accepter.
Il fut également décidé, de façon très naturelle, qu'elle aille à Ilvermorny. Les Santiago, bien que conscients de son handicap, avaient une telle arrogance que pour eux, Phyllis n'allait aucunement dégrader leur réputation – au contraire, ils apparaîtraient aux yeux de la société magique américaine comme des sauveurs. Néanmoins, elle ne pouvait pas tout de suite faire son entrée en troisième année : elle avait un retard conséquent, n'ayant appris que la théorie magique, et aucun sortilège, et ne possédant même pas de baguette.
Tout cela, ce furent Hypnos et Cérès Santiago qui s'en chargèrent. Phyllis leur était très reconnaissante, même s'ils ne se laissaient jamais aller à quelconque signe d'affection ou d'attention envers elle. C'était déjà mieux que tout ce qu'elle avait connu.
En parallèle, sa relation avec Justice s'était définitivement brisée. Phyllis lui reprochait non seulement sa responsabilité dans la mort d'Euryale et Callisto, et sa fermeture d'esprit par rapport à la schizophrénie de leur aînée qui avait selon elle causé le drame, mais aussi son silence. Justice n'envoyait jamais de lettres. Quand Phyllis l'avait informée qu'elle partait aux États-Unis, et lui proposait de la rejoindre, elle avait juste refusé, disant qu'elle avait une vie à Poudlard. Phyllis la trouvait égoïste, froide, ingrate.
Lorsqu'elle lui proposa de témoigner lors du procès contre Romulus, Justice refusa, ce qui signa la fin définitive de la relation entre les deux sœurs. Phyllis lui en voulait car elle, elle n'avait pas le choix. La bataille juridique dura un an, et fut rude. Il n'était pas question pour les Santiago de s'occuper de tout et de laisser Phyllis en-dehors de ça, sous prétexte qu'elle n'était qu'une adolescente. Elle dut écrire son témoignage, s'exprimer devant tous les juges, raconter son enfer à quasiment toute l'Amérique, le procès étant très médiatisé.
Heureusement, elle avait le soutien d'Hermes. Ils avaient l'impression d'être la seule famille l'un de l'autre, n'étant proche de personne d'autre de vivant. En plus, ils partageaient les mêmes souvenirs douloureux, à quelques exceptions près. Ils avaient tous les deux été abandonnés par Justice. Ils se sentaient tous les deux différents. Ils aimaient les mêmes choses. Hermes l'aidait à s'entraîner à lancer des sorts, à réviser les cours de la première à la troisième année, il lui parlait d'Ilvermorny, des profs, de ses camarades, de ses amis.
Durant l'été 2023, les justices magiques américaine et anglaise tranchèrent : Romulus Avery fut condamné à perpétuité à Azkaban pour collaboration avec Voldemort, meurtre et maltraitance. Il n'avait pas rédigé de testament, Justice et Phyllis héritèrent donc de la faible somme d'argent restante et du manoir de Stoneshold. Phyllis renonça au manoir.
Et à la rentrée, elle entra à Ilvermorny. C'était le calme après la tempête, la normalité après une vie de cauchemar, la nouveauté à chaque pas. Elle s'était imaginé ce qu'était le quotidien dans une école de magie depuis que Justice était entrée à Poudlard, quand Phyllis avait cinq ans. Mais elle eut beaucoup de mal à s'y faire. Elle n'avait jamais été au centre de tellement de monde, de tellement de bruit. Heureusement, Hermes l'aidait, et elle avait appris beaucoup de sortilèges créés par des sorciers aveugles pour l'aider à s'orienter dans l'espace et faire ses devoirs. Elle se révéla être une excellente élève, à la mémoire phénoménale, toujours avide de connaissances. Elle se noyait dans le savoir pour éviter de penser. De se souvenir.
Phyllis devint psychiatre, puis chercheuse en psychiatrie jusqu'à sa mort. Elle ne prit jamais de retraite, toujours avide de connaissances.
Phyllis Avery est une fille brillante. Elle adore lire, est dotée d'une mémoire phénoménale et a toujours excellé dans toutes les matières à Poudlard. Mais elle ne s'arrête pas à la partie émergée des connaissances mises à disposition des sorciers. Elle va toujours chercher plus loin. Ainsi, elle est aussi très douée en mathématiques, son esprit est rapide et logique. Elle a un faible pour les jeux de stratégie. Elle s'intéresse énormément aux sciences.
La jeune Serpent Cornu est vraiment curieuse, adore apprendre, élargir sa culture personnelle encore et encore. Elle a confiance en ses capacités, ne s'en vante pas vraiment, mais lorsqu'elle sait qu'elle a raison, elle engage un débat et n'abandonne pas avant que l'autre personne n'ait reconnu son tort. Elle est très têtue.
Elle admire les Moldus et leur monde, ayant rapidement abandonné le purisme que son père a tenté de lui rentrer dans la tête à un très jeune âge, car Phyllis a toujours eu un esprit très libre et ouvert, capable de réfléchir par elle-même, et juge très peu. Elle essaye d'avoir un avis sur tout, et sait comment le donner avec diplomatie. Elle est plutôt éloquente, et a un fort sens de la justice. Elle aime beaucoup l'art, même si elle n'en pratique aucun et n'a réellement découvert la plupart qu'à la fin de son adolescence. Elle sait reconnaître ses torts et s'excuser, mais a des difficultés avec l'intelligence émotionnelle. Elle a de la compassion et sait exprimer ses sentiments, mais ne ressent jamais les émotions des autres à proprement parler.
Elle n'est pas très courageuse physiquement, préférant fuir plutôt que d'affronter un obstacle. Elle est nulle en duel, car elle panique et utilise sa rapidité pour éviter les sorts plutôt que pour en lancer. Elle ne supporte pas la vue du sang et est terrifiée par la douleur et, malgré sa sagesse, par la mort. Phyllis est en général très honnête envers elle-même et envers les autres. Elle n'est pas très sensible à la culpabilité. Elle a un grand sang-froid.
Phyllis est une maniaque de l'organisation, elle déteste les imprévus, mais le cache pour ne pas passer pour la psychorigide de service. Elle ne laisse pas les autres influencer ses actions, mais elle garde l'intérêt de ses proches en tête lorsqu'elle prend une décision qui les concerne. Elle manque de créativité. Elle est calme et réservée, maîtrisant ses émotions, sans les craindre. Elle est ouverte d'esprit, et ne se fie jamais à ses intuitions, c'est pourquoi elles sont faiblement développées.
Phyllis est une leader-née, qui se caractérise par un niveau de rationalité souvent implacable. Elle utilise son dynamisme, sa détermination et son esprit vif pour accomplir le but qu'elle s'est fixé, quel qu'il soit. Elle adore les défis, petits ou grands, et a assez de volonté pour accomplir tout ce qu'elle désire avec du temps, et entraîner les autres à sa suite. Elle est plutôt patiente. Phyllis possède une grande force d'esprit.
En ce qui concerne ses relations avec les autres, elle n'a pas peur d'aller vers les gens, mais préfère avoir quelques amis sincères plutôt que beaucoup d'hypocrites. Elle est attentive à leurs besoins et envies, mais peut se révéler rude parfois, ce qu'elle essaye de corriger. Elle a un fort sens des responsabilités, c'est un peu la maman de ses amis. Elle n'aime pas les relations inutiles ou peu stimulantes intellectuellement, elle déteste les petites discussions : elle parle de mort, de vie, d'univers, de mal, de bien, de magie, de technologie, de géopolitique, ou elle ne parle pas. Elle est très solidaire. Elle déteste la paresse et l'incompétence, et ne peut pas supporter le harcèlement, l'abus de pouvoir, la violence et les injustices.
Facts :
- Patronus : chouette - Epouvantard : son père
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clemjolichose · 2 years ago
Text
comme des hommes bien élevés
Fandom : Vilebrequin
Pairing : Pierre Chabrier x OC masculin, gaytipla (Pierre Chabrier x Sylvain Levy)
Nombre de mots : 30 563
Avertissement : discussion de maladie (VIH et sida), de mort, de sérophobie
Résumé : C'est une curiosité innocente qui poussa Sylvain à fouiller dans les affaires de Pierre, dans les souvenirs d'une vie qu'il taisait. Trop peu en avait entendu parler, son meilleur ami lui-même n'en savait rien.
Mais voilà : la curiosité ne s'arrête pas là.
Note d’auteurice : Vous pouvez aussi lire ce texte sur Wattpad ou AO3 !
Partie : 1/4
Chanson : Nos joies répétitives de Pierre Lapointe
Pierre Chabrier était assis sur le fauteuil à côté de la fenêtre. Tourné vers le lit, il tenait dans ses mains un carnet et un critérium, dessinant avec application à la lumière du petit jour. C’était une matinée calme et agréable, juste assez chaude pour pouvoir traîner paresseusement. Il dessinait des traits qu’il connaissait bien, très bien même, ne levant pas souvent le regard pour regarder son modèle. Quand il le faisait, c’était pour l’admonester :
« Sofiane, arrête de bouger, tu vas être flou. »
Ledit Sofiane éclata de rire, continuant ses étirements en se redressant. Il sourit à Pierre, moqueur.
« Tu es en train de me dessiner, si je suis flou, c’est de ta faute et pas de la mienne. »
Son interlocuteur sourit en retour, reportant son regard sur la feuille, ne répondant pas à la pique.
Sofiane se leva, fit le tour du lit sans prendre la peine de cacher sa nudité, et regarda par-dessus l’épaule de son amant l’œuvre qui se dessinait sous ses coups de crayon. Puis il embrassa sa tempe, commentant :
« Tu commences à bien me dessiner, tu arrives presque à saisir mon nez. Presque.
-Enfoiré, l’insulta le dessinateur en retour. »
Ils rirent ensemble, pendant que Sofiane s’habillait.
Quand il eut fini, il marcha en direction de la porte, s’arrêtant sur le seuil. Il jeta un regard à Pierre, toujours concentré sur son dessin, l’observant un doux instant.
« Allez, viens prendre ton petit-déjeuner avec moi, lança Sofiane d’une voix mielleuse. »
Mais son amant ne réagit pas. Il soupira, réitérant sa demande pour se voir répondre :
« Attends, deux minutes. »
Sofiane soupira, abandonnant, lui tournant le dos.
« Compte pas sur moi pour te le préparer alors. »
Et il quitta la pièce.
Pierre soupira à son tour et posa son carnet et son crayon. D’un bond, il se leva et rejoignit l’autre homme en quelques enjambées. Il l’attrapa par la taille et le tira vers lui.
« C’est bon, je suis là, je suis là… »
Il embrassa son cou, mais Sofiane ne semblait pas intéressé. Pierre se redressa – parce que quand même, son amant ne faisait qu’un mètre soixante-trois contre son mètre quatre-vingt-sept – et le tourna vers lui.
« Tu vas arrêter de faire la tête, oui ?
-Comment tu me donneras de l’attention si j’arrête ? répliqua Sofiane avec un sourire espiègle. »
Son interlocuteur sourit en secouant la tête, se rapprochant de lui pour l’embrasser.
Les deux hommes échangèrent un long baiser, qui gagna en force et en sensualité, particulièrement quand Pierre poussa son amant contre le mur. Mais ils s’arrêtèrent avant que ça ne dérape, se souriant comme deux idiots.
« T’en as pas eu assez hier soir ? blagua Sofiane, une main posée sur sa poitrine, levant la tête pour croiser son regard. »
Pierre ne verbalisa rien en retour, mais lui fit comprendre sa réponse d’une main bien placée sur la chute de ses reins, glissant même un peu plus bas…
Sofiane entra le premier dans le séjour, se dirigeant vers le frigo qu’il ouvrit, s’appuyant contre le plan de travail.
« Tu veux quoi ?
-Sors juste le beurre pour moi. »
Pierre prit du pain et un couteau, alors son amant lui lança un regard moralisateur.
« Des tartines ? Mais je couche avec un grand-père ou quoi ? se moqua-t-il, un sourcil arqué.
-Parfaitement, acquiesça son homologue, et le grand-père voudrait manger son petit-déj’ en paix. Occupe-toi de ta bouffe. »
Sofiane pouffa mais obéit.
Les deux hommes s’installèrent au comptoir de la cuisine, l’un avec ses tartines et l’autre avec un bol de céréales. Le premier ne put s’empêcher de lancer une pique :
« Tu peux parler, avec ton petit-déjeuner de gamin.
-Mais tu continues de me les acheter, contra Sofiane avec fierté. »
Il savait qu’il ne recevrait pas de réponse, alors il enchaîna immédiatement avec une question qui lui brûlait les lèvres :
« Je dois débarrasser le plancher avant quelle heure ?
-Sylvain arrive vers midi, répliqua Pierre. »
Il semblait à côté de la plaque, dit comme ça, mais Sofiane savait très bien ce que ça voulait dire : vers onze heures trente, il devait disparaître. Il avait l’habitude.
« Ah, vous déjeunez ensemble ? remarqua-t-il avec amertume.
-Dis comme ça, on dirait que t’es jaloux, rigola Pierre. Oui, on va déjeuner ensemble, et après boulot.
-Il y en a qui ont de la chance. »
Sofiane n’avait pas vraiment envie de rire.
Son animosité envers Sylvain n’était pas nouvelle : depuis qu’il avait rencontré Pierre, il avait pris son meilleur ami en grippe, se comparant sans cesse et piquant des crises à son sujet.
« On est même pas ensemble, tu vas pas me faire une crise de jalousie quand même, si ? demanda son amant en l’enlaçant. »
Sofiane fit la moue.
« Tu sais que c’est un de mes vices, répliqua-t-il sans chercher à se défendre.
-Et si c’était le seul, rit Pierre. »
Il embrassa sa joue, souriant toujours, et ne le lâcha que lorsqu’il vit le même sourire sur son visage.
Le reste du petit-déjeuner se passa en silence, et même le rangement qui suivit. Sofiane rassembla ses affaires, le visage fermé et impassible. Pierre n’aimait pas ça, ces humeurs auxquelles il ne pouvait rien faire. Ils avaient passé une bonne soirée, pourtant, et même le réveil avait été si agréable…
Alors, comme pour se faire pardonner, il l’enlaça au milieu du salon, avant qu’il n’enfile ses chaussures. Sofiane se laissa faire, posant ses mains sur ses bras, secoué d’un petit rire.
« Pourquoi t’es si grand ? »
Son amant rit à son tour et l’embrassa. Il chercha une réponse, une blague à faire, salace si possible. Il trouva enfin :
« C’est parce que c’est proportionnel à… »
Sofiane éclata de rire.
« C’est pas vrai, je l’ai vue, je sais de quoi je parle.
-Chut. La ferme. »
Ils s’embrassèrent encore en riant.
Et puis vint l’heure de se quitter. Sofiane ne put s’empêcher de faire une dernière remarque acerbe au sujet de Sylvain, qu’il rattrapa d’une blague. Pierre laissa couler, le saluant avant de claquer la porte. Bon, il devait se changer avant que son collègue n’arrive.
Pierre se doucha rapidement et enfila un t-shirt et un jean slim, avant de finir de ranger le séjour. On frappa à la porte au même instant, alors il lâcha ce qu’il tenait pour aller ouvrir à Sylvain, l’accueillant chaleureusement.
« Alors, qu’est-ce que tu nous fais de bon à manger ce midi ? demanda ce dernier avec un grand sourire sur le visage.
-Bah MacDo j’pense. Quoi, tu t’attendais au resto trois étoiles ? blagua le propriétaire des lieux. Tu pourras attendre longtemps dans ce cas.
-Mince, je pensais mettre mes pieds sous la table et me faire servir de la truffe et du caviar ! s’exclama Sylvain avec un faux air déçu.
-Et tu veux pas que je te suce non plus ? »
Les deux hommes éclatèrent de rire, abandonnant la discussion là comme ils le faisaient souvent.
A la place, ils commandèrent ce qu’ils voulaient au fast-food pour se le faire livrer, ce qui leur permit de s’affaler dans le canapé en discutant.
« T’as fait quoi de beau ce matin ? demanda Sylvain.
-Rien, pas grand-chose, juste dessiner, répliqua son ami d’un ton désintéressé. Et toi ?
-Je me suis réveillé, rigola son interlocuteur. »
Pierre avait fait exprès d’omettre la présence de Sofiane chez lui cette nuit. A vrai dire, si son amant connaissait son ami, le contraire n’était pas vrai : il était très discret au sujet de ses relations, même auprès de son meilleur ami. Cela tenait plus du réflexe et de l’habitude que d’une véritable volonté de garder ses amants secrets. Il ne parlait pas d’eux. Comme ça, il ne risquait pas de dévoiler plus qu’il ne lui était confortable d’admettre.
Leur repas vint rapidement, alors qu’ils étaient en pleine discussion. Pierre insista pour qu’ils s’installent à table, pour ne pas dégueulasser son canapé ni son tapis. Soit, Sylvain se plia facilement à son exigence raisonnable.
Les deux hommes s’installèrent donc à table, préparant déjà la réunion qui allait suivre. Ils devaient choisir et préparer les projets qui viendraient ensuite. Plus tard. A une date indéterminée. C’était un travail compliqué, déjà, parce qu’ils ne savaient jamais quelle merde, ou quel heureux hasard au contraire, viendrait chambouler leur planning.
« T’as le bloc-notes, non ? demanda Sylvain, la bouche pleine. »
Pierre hocha la tête en prenant une gorgée de son Coca.
« Ouais, dans la chambre. Tu pourras aller le chercher quand t’auras fini de manger ? »
Son interlocuteur acquiesça – il mangeait plus vite que Pierre, tous deux le savaient. Et celui-ci ne voulait pas se presser pour ça, mais il se doutait que ça démangeait son ami, de relire leurs notes.
Quand Sylvain eut fini, donc, il nettoya son côté de la table, balança les déchets dans un des deux sachets que le livreur avait ramenés, et quitta la pièce. Il entra dans la chambre sans peine – il connaissait les lieux comme sa poche maintenant. Mais voilà : il fut surpris du désordre. Oh, il n’entrait pas souvent dans la chambre de Pierre, mais quand c’était le cas, le lit était toujours fait, rien ne traînait sur le bureau ni sur le sol… Tout le contraire du tableau qu’il avait devant les yeux.
Il fut interpellé par plusieurs choses. La première : le lit était défait, certes, mais il l’était des deux côtés. Pierre avait dormi avec quelqu’un ? S’était-il mis en couple sans lui avoir dit, à lui, son meilleur ami ? Ce serait des questions à lui poser plus tard, ça…
La deuxième, qui allait de paire avec la précédente, était les vêtements éparpillés sur le parquet. Tous à Pierre, il lui semblait. Mais il ne regarda pas de trop près, comme cela semblait être lié au lit défait. Ç’aurait été trop indiscret.
La troisième et ultime chose, enfin, était le carnet à dessin posé sur le bureau. D’où il était, Sylvain ne voyait qu’une grande feuille blanche couverte de gribouillages, alors il s’approcha pour consulter l’œuvre… et rougit. C’était des dessins d’hommes, d’un homme en particulier, partiellement ou totalement nu, dans diverses positions. Ce carnet, Sylvain ne l’avait jamais vu avant. Il ne put résister à l’envie de feuilleter quelques pages, juste quelques-unes, deux-trois… et il vit sur ces pages d’autres visages, des silhouettes habillées ou non, contorsionnées bizarrement, ne posant jamais. Pierre semblait aimer les modèles vivants…
Comme il baissait les yeux sur le carnet, il remarqua un carton à ses pieds. Il était vieux et abîmé, avec écrit en gros au feutre bleu : ARCHIVES. Peut-être que son ami avait tiré ce carnet de là. Sylvain ne savait pas qu’il dessinait toujours, il pensait ce hobby révolu.
Toujours curieux, il se baissa pour fouiller le carton : il y avait beaucoup de dossiers fermés, des magazines – que Sylvain reconnaissait pour certains, comme Têtu, mais d’autres beaucoup moins – et des livres en vrac – là, il devait avouer ne reconnaître aucun titre. Il saisit un dossier, au hasard, une pochette rouge avec des ficelles jaunes, qu’il ouvrit : il rougit de plus belle. C’était des photos, de beaux tirages sur papier glacé, toutes d’hommes qui, cette fois-ci, posaient pour la plupart. Il y avait des noms, des dates, des citations… Parfois, attachés avec un trombone, des dessins qui résultaient de ces clichés ou des poèmes et autres textes en prose de graphies inconnues, souvent la même. Sofiane, Gunther, Julien, David, Tommaso, Vincent… Il y avait là une dizaine d’inconnus pour Sylvain, que Pierre semblait bien connaître, vu l’intimité que reflétaient les clichés.
S’il ne reconnaissait pas de visage, Sylvain reconnaissait des lieux : son ami semblait aimer photographier chez lui. Un des seuls clichés en mouvement était celui de Tommaso, qui semblait être en train de cuisiner chez Pierre. Le fouineur consulta d’autres photos : là, Vincent et un certain Léo, dans ce qui semblait être leur jardin, enlacés sur un transat et entourés de fleurs. Ici, David, à peine habillé et regardant fixement, d’un air à la fois charmeur et coupable, l’objectif.
Sylvain déglutit. Plus il regardait ces photos, plus il se disait qu’il n’aurait jamais dû tomber dessus. Il se sentait mal, mais ce n’était pas suffisant pour le faire arrêter. Il avait l’impression d���avoir touché du doigt quelque chose de gros, de plus grand que lui, un secret…
Il referma le dossier rouge et en sortit un autre, d’un geste fébrile et maladroit, bleu et vert. Il l’ouvrit et encore une fois, les rougeurs s’invitèrent sur son visage, avec l’impression viscérale de marcher sur des plates-bandes. Mais la machine infernale était lancée et il ne pouvait pas l’enrayer tant sa curiosité le poussait et le bousculait.
Ce nouveau dossier était pire que les autres : il était écrit PRIVÉ dessus et contenait des photos des mêmes visages, mais cette fois-ci, Pierre les accompagnait souvent. Dans des positions équivoques ou tendres, dans des tableaux sans aucun sens, comme celui où Sofiane et lui était assis à une table – celle de la salle à manger de Pierre – face-à-face, comme un duel, comme s’ils jouaient aux échecs. Mais il n’y avait pas de pièces, pas de plateau, juste la table et des pilules. Des boîtes renversées couvertes de noms barbares : Zidovudine, Lamivudine, Efavirenz… La date était récente : la photo datait d’il y a trois mois.
La porte claqua derrière Sylvain, le faisant sursauter si fort qu’il faillit en lâcher ce qu’il tenait. Il se retourna précipitamment en refermant le dossier, le jetant sur le bureau. Pierre était là, froid comme le marbre, il semblait mu de colère. Son ami n’avait jamais vu sur lui un regard si dur, une attitude si enragée, et pourtant immobile. Il ne l’avait jamais vu si furieux. Et pourtant sa voix trembla à peine lorsqu’il demanda, sur un ton monocorde, mesuré :
« Qu’est-ce que tu foutais, au juste ?
-Je cherchais le bloc-notes, mentit Sylvain trop vite pour y réfléchir convenablement. »
Il venait de lâcher une bêtise plus grosse que lui, il le savait, il se sentait si mal… Il voulait se faire tout petit, disparaître, ne plus exister, revenir en arrière et tout recommencer pour ne jamais avoir commis cette imprudence, pour ne jamais avoir cédé à sa curiosité.
« Ça y ressemble pas, lâcha seulement Pierre. »
Il bougea enfin, deux enjambées à peine, se rapprochant de Sylvain. Le bloc-notes était sur le bureau, sous le dossier qu’il avait lâché, et Pierre s’était considérablement approché, menaçant. Oui, pour la première fois depuis toujours, l’autre homme le trouvait menaçant. Réellement menaçant.
Pierre récupéra le bloc-notes, donc, planta son regard dans celui de son collègue, puis quitta la pièce sans un mot. Sylvain se dépêcha de le suivre, s’excusant à profusion. Mais l’autre ne réagissait pas, ne répondait pas. Oh, qu’il s’en voulait d’avoir ainsi provoqué sa colère.
« Je suis vraiment désolé, Pierre. Je pensais pas que c’était autre chose, j’ai vu un carton avec des dossiers alors j’ai cru—pardonne-moi, Pierre. Je voulais pas…
-La ferme, on bosse, le coupa le susnommé. »
Sylvain ravala sa tirade et sa fierté. Ses larmes, aussi. Bon Dieu, il n’aimait vraiment pas ça… Cette froideur, cette distance entre eux… Mais c’était de sa faute, il récoltait ce qu’il avait semé, et il avait blessé son meilleur ami. Il lui obéit, s’asseyant et prenant une attitude presque égale, professionnelle plus qu’inamical.
La réunion fut remarquablement froide, dénuée de blagues et de complicité. Chaque fois que Sylvain essayait de traverser la ligne, testait, du bout du pied, son collègue s’éloignait et gardait la même distance. Au moins, ils travaillèrent vite. Au moins, ils furent efficaces. Au moins…
Sylvain ne s’attarda pas chez son ami, pour une fois. Il préféra partir avant que Pierre ne le mette dehors. Alors il rentra chez lui, seul, coupable et le cœur lourd. Toute la soirée, toute la nuit, il se tortura, il réfléchit sous tous les angles à la manière dont il pouvait se faire pardonner. Lui envoyer un message ? L’appeler ? Il était presque sûr de se faire remballer, ou pire : ignoré. Alors quoi, il devait retourner le voir ? Ne pas lui donner le choix ? Il ne savait même pas ce que son attitude signifiait, pourquoi il lui cachait tout ça… Il connaissait son homosexualité pourtant, depuis le début – grâce à une blague d’un goût discutable de son père. Il savait d’où venait son humour, en tout cas.
Il dormit à peine cette nuit-là, et ne voulut pas quitter son lit le lendemain. Mais voilà, il avait des occupations dans l’après-midi et l’idée de revoir Pierre avait fait le chemin dans son esprit : il lui envoya un message, demandant seulement s’il pouvait passer. Sans réponse pendant une heure entière, il prit quand même la route.
Sylvain frappa à la porte, fébrile, peu rassuré. Il avait particulièrement peur que Pierre n’élève la voix, qu’il ne lui crie dessus. A ce titre, il préférait l’indifférence. Il sautilla sur place, pour se dépouiller du stress qui tétanisait ses doigts et qui faisait battre son cœur dans ses tempes. Il transpirait, il le sentait, ce qui s’ajoutait à son malaise.
Pierre ouvrit au bout de quelques minutes. Les cheveux décoiffés, le torse nu, portant seulement un pantalon de jogging. Il ne portait même pas ses lunettes. Et surtout : il semblait sincèrement étonné de voir son ami sur son porche.
« Sylvain ? Qu’est-ce tu fous là ? demanda-t-il comme l’autre homme ne semblait pas décidé à lancer la conversation.
-Parler. M’excuser. »
Sylvain jeta un regard vers la rue.
« Je peux entrer ? »
Il parlait d’une toute petite voix.
Après une seconde de réflexion, Pierre se décala, le laissant entrer. Il claqua un peu lourdement la porte derrière lui, retrouvant sa froideur qu’il avait oubliée à cause de la surprise.
« Installe-toi, fais comme chez toi, lança-t-il avec sarcasme. »
Sylvain grimaça. Il supposait qu’il ne l’avait pas volée, celle-là.
Il s’assit sur le canapé que lui montra l’hôte, droit comme un piquet, les jambes croisées. Il fixait le sol, incertain, alors que Pierre s’asseyait à côté de lui.
« J’attends, ordonna Pierre, autoritaire.
-Euh, ben. Je suis vraiment désolé. Je sais pas pourquoi tu cachais ça, et j’ai pas à savoir, hein ! bégaya Sylvain. Mais euh, je suis désolé de l’avoir vu. Même si je comprends pas trop pourquoi tu n’en parles pas. Je sais très bien que t’es gay, ça fait des années, c’est pas un secret. Y’a peut-être autre chose, ou peut-être pas, j’ai bien compris que c’était pas mes oignons. J’ai rien compris à ce que j’ai trouvé, je te jure, et je veux pas que ça nique notre amitié.
-Ça va pas la niquer, lui assura son interlocuteur. »
Visiblement, il était satisfait de la tirade de son ami, puisqu’il s’était adouci, même s’il ne semblait pas des plus à l’aise. Ils étaient deux.
« J’ai pas mal réfléchi cette nuit, reprit Pierre, et je pense qu’il faut que—
-Que tu reviennes dans la chambre, le lit est froid, lança une voix du couloir. »
Les deux hommes sur le canapé levèrent la tête en direction du son.
Là, contre le mur, était appuyé un homme d’une bonne vingtaine d’années, portant seulement un peignoir court, qui ne descendait qu’à mi-cuisse. Pierre rit nerveusement en le voyant, baissant la tête. Sylvain, lui, ne put s’empêcher de blaguer :
« Je vois que t’as bien réfléchi cette nuit, ouais.
-Ta gueule, le rabroua son ami avec plus de chaleur. »
Et juste ça fit sourire le pauvre traître, qui avait eu le malheur de céder à sa curiosité.
L’homme ne semblait pas si amusé, pourtant. Il portait un regard défiant sur l’intrus, croisant les bras sur sa poitrine nue – le peignoir était largement ouvert, à se demander pourquoi il le portait. Il leva même un sourcil.
« Le fameux Sylvain… T’as l’air plus petit que je ne l’imaginais, commenta-t-il.
-Je fais souvent cet effet, sourit Sylvain, joueur. »
Il trouvait la situation trop cocasse, trop drôle, d’autant plus que son ami semblait mortifié. Ce dernier râla d’ailleurs contre son amant :
« Sofiane, retourne dans la chambre, j’arrive.
-Vu le temps que tu prends quand tu parles de lui, je suis pas sûr de vouloir te croire quand tu parles avec lui, contra ledit Sofiane. »
Il décroisa les bras et se redressa.
« T’façon je vais y aller, ajouta-t-il, il est bientôt midi, mon carrosse va se transformer en citrouille. »
Sylvain rit en jetant un regard en coin à Pierre.
Sofiane se retourna, tout en dénouant la ceinture du peignoir, et le retira avant de quitter la pièce, permettant à l’invité de comprendre qu’il était bel et bien nu dessous. Celui-ci éclata de rire, tandis que Pierre secouait la tête, dépité.
« Je l’aime bien lui, il a l’air aussi pudique que moi ! s’exclama Sylvain. »
Un peu trop fort, puisqu’il entendit une voix lui répondre de la chambre :
« C’est gentil chéri, mais pas forcément réciproque, mon cœur est déjà pris ! »
Et il rit encore plus.
Sofiane réapparut quelques minutes plus tard, habillé d’un ensemble de sport noir et d’un sac banane rose, un style qui surprit quelque peu Sylvain, lui qui ne l’avait vu qu’en petite tenue, avec sa boucle d’oreille pendante argentée et ses boucles noires en bataille. Mais ça lui allait bien, aussi.
Pierre se pencha, l’embrassa rapidement, trop rapidement au goût de son amant qui passa une main sur sa nuque pour prolonger le baiser. Sylvain détourna le regard, comme si c’était un secret, ça aussi. Après tout, s’il se souvenait bien, Sofiane fréquentait Pierre depuis des mois et lui ne le connaissait pas. Ça ne le surprendrait pas que ce soit le cas.
Le propriétaire des lieux referma enfin la porte derrière son amant avec un soupir. Il se mordit la lèvre, réprimant à peine le rire qui le secouait alors qu’il se tournait vers son ami.
« Quel pot de colle, se plaignit-il.
-C’est pas gentil pour ton mec, ça, répliqua Sylvain avec un sourire en coin. »
Pierre secoua la tête.
« C’est pas mon mec, on sort pas ensemble, nia-t-il.
-Ah, je comprends mieux, acquiesça son interlocuteur. »
Il observa un instant l’attitude de son homologue, qui se recomposait, passant ses mains sur son visage.
Pierre claqua dans ses mains ensuite, se redressant. Il marcha à travers la pièce, passa devant l’autre homme, lui intimant en même temps :
« Suis-moi. »
Et l’autre ne put qu’obéir, souriant. Ça s’était bien passé, il pouvait tout affronter ensuite.
Les deux hommes entrèrent dans la chambre, qui était dans le même état dans lequel Sylvain l’avait trouvée la veille – il comprenait mieux pourquoi. Il resta sur le seuil, tandis que Pierre enfilait un t-shirt puis ses lunettes, après avoir essayé l’inverse, ce qui marchait vachement moins bien. Il tira ensuite le fameux carton dans lequel Sylvain avait fouillé et le posa sur le lit, invitant celui-ci à s’asseoir face à lui.
L’autre homme obéit, sans trop comprendre ce qui se passait, s’installant en tailleur. Sa curiosité revenait au galop alors qu’il se penchait par-dessus le carton ouvert, zyeutant les dossiers familiers.
« Puisque tu veux tant que ça tout savoir de moi, je vais te donner des réponses, expliqua Pierre. »
Sylvain fronça les sourcils et posa une main sur son bras.
« Non, Pierre, attends, c’est pas ce que je voulais… Je voulais pas que tu te sentes obligé de m’en parler.
-Je m’y sens pas obligé, répliqua Pierre d’un air blasé. Ça fait six ans qu’on se côtoie quotidiennement, faut bien que tu saches à un moment. »
Disant cela, il sortit le premier dossier que son ami avait ouvert. Il en extirpa les photographies et ce qui les accompagnait, les présentant devant eux sur le lit.
Sylvain l’observait faire, respirant à peine. Il avait peur d’encore le contrarier s’il faisait trop de bruit. Il avait l’impression solennelle que ce qui se passait actuellement était important.
« C’est une série ? Il y a un thème ou… ? demanda-t-il au bout d’un moment pour montrer son intérêt. »
L’artiste hocha la tête, souriant à peine. Il était concentré.
« Tu peux lire, si tu veux, ajouta-t-il verbalement. »
Et Sylvain lut, à voix haute, les mots qui accompagnaient le cliché d’un certain Roman, 1981-2018, photographié de 18 janvier 2018, marquant une pause à chaque vers :
« When I no longer, feel it breathing down, my neck it’s just around, the corner hi neighbor. Tim Dlugos, c’est le gars qui a écrit ça ?
-Oui, le poème s’appelle My Death, expliqua Pierre.
-Joyeux. »
Sylvain se saisit d’une autre photo, accompagnée d’un dessin cette fois-ci. Il reconnut le coup de crayon de Pierre, bien que le style fût un peu différent, beaucoup plus abstrait. Il reconnaissait à peine le visage de l’homme capturé, à peine ses traits, avec tout ce tas d’éléments qui l’encadraient… C’était déroutant et impressionnant tout à la fois, et Sylvain en recevait l’impression d’une mélancolie traînante…
« Ça veut dire quoi, tout ça ? C’est quoi le thème ? demanda-t-il enfin en reposant la photo. »
Il ne voulait plus les regarder, il se doutait bien de ce que la deuxième année présente sur certaines d’entre elles voulait dire. Alors il reporta son regard sur Pierre, qui évitait le sien.
« C’est une série sur le sida et le VIH. »
Silence.
Sylvain s’était attendu à beaucoup de mots, beaucoup de raisons pour l’existence de ces œuvres, certainement pas à ça. Le sida ? Est-ce que tous les modèles étaient séropositifs ? Il n’osa pas demander. Il fronça les sourcils, se demandant pourquoi. Pourquoi Pierre réalisait-il cette série ? Ces photos, ces dessins, avec des textes attachés… Il y avait autre chose derrière, sûrement, mais il avait trop peur de lui demander.
« Ce qui me fait penser que je dois toujours faire mon autoportrait, ajouta Pierre au bout de quelques minutes, d’une voix blanche et faible. »
Son ami sursauta. Ça venait d’où, cette affirmation ? Le cœur de Sylvain se serra atrocement, au fur et à mesure qu’il réalisait les implications de ce que l’autre homme venait de dire. Son autoportrait. Pour une série sur le sida. Pierre avait—
« Attends, quoi ?! s’exclama Sylvain, un peu fort. Pourquoi tu ferais ton autoportrait ??
-Parce que je suis séropositif, Levy. »
La phrase était lancée, Pierre n’avait plus qu’à observer la réaction de son ami, qui passa de la surprise à l’inquiétude.
Sylvain ne savait pas quoi dire, quoi répondre, quoi faire. Tout un tas de questions se bousculaient dans son esprit, alors aucune ne pouvait sortir, elles étaient trop nombreuses, trop personnelles, son cœur battait si fort… Il ne cessa de regarder Pierre, de l’observer comme s’il avait changé : mais non, il n’en était rien, c’était toujours le même.
Pierre, justement, se sentait mal à l’aise d’être scruté ainsi après avoir révélé un si grand secret. Il se recroquevilla sur lui-même, ses jambes contre son torse, ses bras autour, attendant que l’autre homme parle. Comme il ne semblait pas décidé, il l’encouragea :
« Je peux répondre à tes questions, si tu en as…
-Depuis quand ? questionna immédiatement Sylvain, alors.
-2014.
-Comment t’as su ? continua-t-il avec plus de douceur.
-Je t’en parlerai plus tard, pas aujourd’hui, promit Pierre.
-Tous ces hommes, tes modèles, ils sont tous… ?
-Quoi ? Gay ? Séropositif ? Mes amants ? »
L’artiste rit nerveusement et, comme son interlocuteur ne répondait pas, il comprit qu’il avait touché juste.
« Non, oui, presque, répondit-il honnêtement avant d’expliciter. Il y a des mecs bi, aussi, et d’autres sans labels, ou ace. Leur point commun, c’est d’être séropositifs, c’est pour ça que je les choisis. J’ai couché avec certains d’entre eux, voire j’ai eu des relations amoureuses comme avec Gunther ou…
-Sofiane ? »
Pierre secoua la tête.
« Non. On passe beaucoup de temps ensemble, mais on est juste amis. Sex friends à la limite.
-Je vois, répliqua Sylvain, un peu dubitatif. »
Son homologue rit et insista :
« Je te jure, je suis pas amoureux, j’ai des vues sur quelqu’un d’autre. »
Sylvain aussi les sourcils, avec un air de curiosité, avant de rire à son tour.
Pierre se détendait au fil des questions. Elles n’étaient pas si terribles, finalement, surtout venant de son meilleur ami. Il relâcha ses bras, s’asseyant en tailleur, totalement tourné vers Sylvain.
« Et tu en as retiré quoi ? demanda ce dernier en jetant un regard aux photos. »
L’artiste suivit son regard avec un petit sourire. Il n’avait même pas besoin de réfléchir, il connaissait déjà la réponse :
« Surtout de bonnes rencontres.
-Ok Edouard Baer, se moqua gentiment son ami.
-T’es con, sourit Pierre. Je suis sérieux, j’ai pu retrouver une vie sexuelle avec ça. C’est Gunther qui m’en a donné l’idée justement, c’est pour ça que c’est mon premier modèle. La photo a été prise dans son appart’, à Berlin, quand je vivais avec lui—
-T’as vécu à Berlin ?! le coupa Sylvain. »
L’autre homme acquiesça en souriant, avant de reprendre :
« C’était juste l’affaire de quelques semaines, mais elles étaient bien remplies, ces semaines. C’est un putain de fêtard, j’ai arrêté l’alcool après lui, en 2017. Oui, c’était juste au moment de notre rencontre. J’ai pas vraiment eu de vie sexuelle entre 2014 et 2016, quand j’ai rencontré Aurélien, mais c’était un connard, je t’en parlerai sûrement un autre jour.
-T’en as des choses à me dire. Mais je crois que t’avais déjà mentionné son nom, non ? interrogea Sylvain en se remémorant d’anciennes conversations, des indices qu’il n’avait pas remarqués.
-Sûrement. Je parlais pas beaucoup d’eux parce que je me disais que moins j’en parlais, moins je risquais de dévoiler des trucs que je voulais pas.
-Mais tu te rends compte que j’ai vraiment plein de questions, maintenant ? »
Pierre rit de l’enthousiasme de son ami, le poussant à les poser. Seulement, Sylvain regarda sa montre.
« Oh merde, désolé, je dois y aller. J’ai un truc cet aprem, et faut que je mange rapidement. Merci de m’avoir parlé de ça, affirma-t-il d’une voix douce malgré sa précipitation. »
Il se leva et, suivi par l’hôte jusqu’à la porte, il quitta l’appartement rapidement.
Tant mieux, au fond. Ça arrangeait Pierre, que la discussion avait épuisé. Il avait besoin de temps, même s’il était enfin prêt à s’ouvrir, à cause de la difficulté de la chose : il avait fait le plus grand pas, et pourtant il n’avait pas dévoilé la moitié de ce qu’il cachait. Les prochaines semaines allaient être fun, se dit-il, s’il se décidait à tout raconter à Sylvain – ce dont il ne doutait pas, c’était Sylvain après tout.
Pierre n’oublia rien de la conversation dans les jours qui suivirent, au contraire. Il préparait déjà ses futures révélations, tout ce qu’il n’avait jamais dit à ses proches. Ses amants savaient parfois plus de choses sur lui que ses amis. Enfin, ça dépendait de quoi, ou de qui.
Sofiane était peut-être celui qui le connaissait le mieux. Il passait tellement de temps avec lui, après tout… C’était sûrement à cause de cette tendance à lui coller aux basques et à traîner chez lui que celui-ci avait fini par tomber amoureux. Il essayait de ne jamais y penser trop fort, parce qu’il savait que c’était vain, un amour à sens unique. Mais merde, qu’il aimait Pierre et sa grande gueule et ses blagues vaseuses et son talent. Sa sincérité, sa sensibilité. Il fallait gratter un peu pour la voir, mais elle était là. Ça lui brisait le cœur qu’elle ressorte si facilement quand il parlait de Lui, de l’Autre, l’Homme de sa vie.
L’Homme. Sofiane avait beau aimer les hommes, il ne pouvait s’empêcher de détester Celui-là. Oh, rien de personnel, Il était juste ce qui l’empêchait de former un couple parfait avec celui qu’il aimait. Ce n’était pas de sa faute s’il ne pouvait pas le blairer, du coup. D’autant plus qu’en sa présence, il en avait fait l’expérience récemment, il oubliait son animosité, parce que Pierre disait vrai : cet Homme n’avait pas son égal. Sofiane ne pouvait pas gagner.
Mais pourquoi diable pensait-il à Lui, alors que c’était lui, Sofiane, dans les bras de Pierre ce soir-là ? Et ce dernier sentait bien la contrariété dans les sourcils froncés de son amant. Il baissa les yeux vers lui, curieux :
« A quoi tu penses ? On dirait que t’as du mal à chier là. »
Sofiane éclata de rire et serra son amant plus fort.
« Rien, de la merde, justement. J’ai pas envie de parler ce soir, soupira-t-il avec une moue.
-Je vois ça, tu m’as à peine adressé la parole depuis que t’es là, commenta Pierre avec une pointe de déception dans la voix.
-T’façon, on se voit pas souvent pour causer. »
Pierre rit à son tour.
« T’es mauvais, on fait pas que baiser non plus. T’es celui avec qui je passe le plus de temps. »
Il passa ses doigts entre ses boucles, se disant combien leur différence de taille était grande et visible dans n’importe quelle position. Ses pensées s’égaraient déjà…
Sofiane afficha toujours sa moue boudeuse. C’était son truc à lui, faire des manières, être exigent en sexe comme en attention. Peut-être que Pierre aimait ça, au fond. Peut-être qu’il l’aimait un peu, mais que cet amour était éclipsé par un autre, plus grand.
« Après l’autre, marmonna Sofiane. Tu passes plus de temps avec lui.
-Mais je couche pas avec lui, précisa Pierre. On est collègue et meilleur pote, c’est tout.
-Et pourtant t’aimerais bien… »
Leurs regards se croisèrent. Celui de Sofiane était presque accusateur, comme si son amant devait se sentir coupable de ses sentiments.
Heureusement, Pierre ne l’entendait pas de cette oreille. Il n’était pas parfait, mais il avait suffisamment de jugeote pour savoir ce qui était bon ou non, ou du moins en partie. En tout cas, dans cette situation, il savait qu’il était dans son bon droit et que c’était la jalousie de son homologue qui parlait à sa place, comme souvent quand il était question de Sylvain.
« C’est pas la question, Sof’, on couche pas ensemble, c’est tout. Alors que nous deux… »
Pierre avait prononcé sa dernière phrase d’une voix douce, un peu plus grave, comme il savait que son amant aimait. Il se plia pour venir embrasser son cou à plusieurs surprises, remontant vers ses lèvres, l’embrassant passionnément.
L’ambiance changea rapidement tandis que Sofiane se laissait faire. L’autre homme commença à le déshabiller, donc il fit de même, passant ses mains sur sa poitrine, descendant le long de son ventre… Il s’arrêta, les yeux rivés sur cette partie de son corps, ayant suivi la traînée de poils qui, étalée sur ses pectoraux et son estomac, pointait vers un endroit…
« Un jour, je réussirai à te faire porter un crop top, commenta Sofiane avec un sourire malicieux. »
Pierre roula des yeux.
« Jamais de la vie, répliqua-t-il avec détermination.
-Même pas pour moi ? supplia son interlocuteur avec un regard de chien battu. Ça t’irait vachement bien…
-Tu rigoles ? J’ai trop de poils, protesta l’autre homme. »
Et il prit ses mains pour les poser ailleurs, là où il ne serait pas gêné.
Mais Sofiane ne voulait pas abandonner là, il reposa ses mains sur le ventre de l’autre et caressa la zone avec douceur et un peu de sensualité. Bon, beaucoup de sensualité. Il souriait, son regard toujours plongé dans celui de Pierre, qui n’était devenu qu’un simple observateur.
« C’est justement ça qui est sexy, Pierre. Crois-moi, t’auras beaucoup de succès comme ça… Même auprès de Sylvain. »
Sofiane avait prononcé le prénom de l’autre homme avec un certain sarcasme qui, dans cette situation, lui allait foutrement bien. Pierre était conquis : il n’y avait rien d’autre à dire.
Quand la nuit tomba sur eux, que Sofiane s’endormit comme souvent dans les draps, Pierre, lui, ne pouvait pas trouver le sommeil. La précédente révélation de sa séropositivité à son meilleur ami – pour qui il n’ignorait pas ses sentiments – et les discussions autour de sa sexualité qui allait avec avaient réveillé en Pierre la flamme des premiers jours. Elle ne s’était jamais vraiment éteinte, cette flamme, mais elle avait diminué, tue par l’habitude du secret.
Mais maintenant que ses secrets lui étaient arrachés et un à un soumis au regard indiscret de Sylvain, que lui restait-il ? Qu’avait-il pour lui qui l’éloignait encore de son désir ? Rien, pas grand-chose, du temps sûrement avant que la source ne soit tarie et son jardin asséché. Il n’en avait pas beaucoup, du temps, et il ne savait pas quoi faire, à part rêver de lui à la nuit tombée, alors qu’un autre homme nu se trouvait à ses côtés. Il comprenait la colère de Sofiane, c’était moche, de penser à un autre quand il avait devant lui une chair accessible. Pourquoi celle qui lui était refusée était-elle si tentante ?
Pierre s’en voulait, au fond. La culpabilité revenait, la même qu’aux premières heures de sa séropositivité. Celle qui empêchait de faire le premier pas, de se mouvoir librement, de s’autoriser à aimer et à être aimé en retour. Il avait enfin ce tendre contact qu’il avait si longtemps éloigné de son corps malade, de la part de Sofiane, de David, d’autres encore dont il ne connaissait pas les noms, et pourtant il voulait l’inaccessible et l’impossible. Quoi qu’il arrive, il était foutu.
Sylvain ne posa pas de question. Pendant plusieurs semaines, le sujet passa complètement sous silence. Pourtant, Pierre y réfléchissait constamment : comment lui dire tout ce qu’il avait caché ? Que dire ? Que ne pas dire ? Mais il était soulagé que son meilleur ami n’empiète pas sur sa pudeur, en tout cas pas plus qu’il ne l’avait déjà fait.
Mais il lui fallait se rendre à l’évidence : il ne pouvait pas s’arrêter là. Le désir était depuis né, celui de parler, de raconter, à une personne qu’il savait avoir durablement à ses côtés, et lui narrer une vie qu’il ne pouvait pas dévoiler à tout le monde. Alors, un soir, il l’invita chez lui et se prépara à de longues discussions jusqu’au bout de la nuit sur le sujet. Il se prépara à se mettre vraiment à nu pour la première fois – figurativement.
Sylvain arriva avec un peu de retard à sa maison, ce qui n’arrangeait pas son ami. Ah, le stress, sa némésis. Il lui ouvrit avec un sourire et immédiatement, le retardataire s’excusa en entrant :
« Pardon, c’était la merde sur la route, j’ai même failli me faire renverser…
-T’es venu à moto ? s’étonna Pierre en observant l’autre homme poser son casque de moto dans un coin et retirer sa veste épaisse.
-Bah oui, j’étais déjà en retard en partant alors je me suis dit que ça serait plus rapide, se justifia-t-il. »
Il retira ses chaussures et récupéra une paire de chaussons – à vrai dire, c’était la sienne, qu’il mettait toujours pour être à l’aise chez Pierre.
« Mais Sylvain, il va pleuvoir ce soir, l’informa ce dernier, incrédule. »
Sylvain se figea, l’air coupable, avant de s’exclamer :
« Ah ! Bon bah on va transformer le truc en soirée pyjama, c’est pas grave. »
Il reprit ses mouvements, se dirigeant vers le salon. Puis il s’arrêta à nouveau et se tourna vers son ami qui le suivait :
« A moins que tu voulais voir ton mec.
-Mon—Putain, pour la dernière fois, Sofiane n’est pas mon mec, soupira Pierre. »
Sylvain rit en s’installant dans le canapé, mais ne répondit pas. Il se contenta d’un regard entendu et d’un sourire narquois.
Pierre l’ignora et se rendit dans la cuisine à la place, pour récupérer des verres et de quoi grignoter. Un petit apéro, quoi. Pour changer de sujet, il demanda à son invité :
« Tu veux boire quoi ?
-Juste un coca, ça ira. »
Et il récupéra donc deux cannettes dans le frigo. Il apporta le tout sur un plateau qu’il posa sur la table basse. Immédiatement, son ami tapa dans les biscuits apéritifs.
L’hôte s’installa aux côtés de son ami et l’imita, feignant d’être détendu. Il ne l’était pas, comment pouvait-il l’être ? Il n’était pas discret non plus, apparemment, puisque Sylvain fronça les sourcils en l’observant et s’inquiéta :
« Tout va bien ? On dirait qu’y’a un truc qui t’énerve.
-Pas qui m’énerve, non, répliqua Pierre. »
Il fit une pause pour boire une gorgée de Coca, puis reprit :
« C’est juste que… Oh, et puis merde. Ce soir, je voulais te reparler de… tout ça.
-Quoi, tout ça ? répéta son interlocuteur sans comprendre.
-Le sida, tout ça quoi. Les photos, les dessins, mes ex, euh… Tout ça, quoi.
-Ah c’est une soirée papotage, du coup ? se moqua gentiment Sylvain avec un regard malicieux. Parfait. J’adore ça. Je t’écoute. »
Et, en disant cela, il se tourna entièrement vers son homologue, tout ouïe.
L’action eut le mérite de faire rire Pierre et de l’aider à se détendre. Il s’installa lui aussi face à l’autre homme, une jambe repliée sur le canapé, l’autre pendante en dehors. Il posa ses mains sur sa cheville, comme si la prise pouvait l’aider à se concentrer.
« T’as des questions ? interrogea-t-il après quelques secondes, comme il ne trouvait plus ses mots pour commencer.
-Quelques-unes, ouais, acquiesça Sylvain. Qu’est-ce que tu foutais à Berlin ? »
Pierre éclata de rire, doucement, et répondit avec sérieux :
« Pour suivre un gars que j’avais rencontré sur un tournage en Suisse. Il était allemand, basé à Berlin, et c’était un acteur et un modèle.
-Tu t’es tapé un top model ! siffla son ami avec un ton d’admiration presque sarcastique. T’y es resté combien de temps ?
-Un mois, je crois, se remémora l’autre homme. Il est une de mes premières relations après Aurélien, mais ça s’était mal passé aussi. D’une façon différente, ceci dit. On s’est mis d’accord, on s’aimait bien mais on arrivait pas à s’entendre…
-C’est con, ça. »
Pierre acquiesça.
Il marqua une pause à nouveau, pour manger une poignée de biscuits, réfléchissant à ce qu’il révélerait ensuite. Puis, décidé, il reprit :
« En vrai, ça a quand même été positif. On pouvait pas rester ensemble, mais il m’a aidé à reprendre une vie normale.
-Et il s’est passé quoi avec Aurélien ? demanda ensuite Sylvain, qui commençait à bien retenir ce prénom. »
Ah, voilà les questions qui fâchent.
Pierre soupira, juste un peu. Son ami comprit que c’était un sujet sensible et il se rétracta immédiatement :
« T’es pas obligé de répondre, hein, c’est juste que t’arrêtes pas d’en parler, alors je me demandais.
-Non mais c’est normal, sourit son homologue pour le rassurer. Puis ça fait longtemps, ça va. Attends. »
Il se leva avant que Sylvain ne puisse répondre et quitta le salon.
Quelques minutes plus tard, il revint avec un livre entre les mains. Pas très grand, pas trop épais, ça n’étonna pas son ami qui ne lui connaissait aucun goût pour la lecture.
« Je me suis mis en couple avec Aurélien fin 2015. Avant lui, j’avais à peine osé tomber amoureux.
-Pierre au cœur de pierre, rit Sylvain, ça te va pas du tout.
-La ferme, lui sourit le susnommé, un sourire doux-amer. J’avais mes raisons avant lui, et il m’a bien donné des raisons après. Mais il m’avait offert ça à Noël. »
Il tendit le livre à son ami.
Celui-ci s’en saisit, lut le titre, observa la première de couverture, puis la quatrième… Il ouvrit même le livre pour en feuilleter quelques pages.
« Angels in America… C’est une pièce de théâtre ?
-Oui, sur le VIH, précisa Pierre. »
Puis, avec un rire qui sonnait faux :
« Et il a quand même eu le culot de se barrer quand je lui ai dit. Après quatre mois à forcer pour qu’on couche ensemble. »
Sylvain grimaça et ne put se retenir :
« L’enfoiré. Sans rien dire ?
-Il a glissé sa clé sous la porte et a bloqué mon numéro, donc je l’ai vu en rentrant de la fac. »
Pierre remarqua l’énervement dans l’expression de son ami et ça lui fit chaud au cœur. Il fallait que l’indignation remplace la culpabilité, ça lui ferait le plus grand bien.
Sylvain sembla hésiter un instant, de peur de dépasser quelque limite tacite sûrement, mais se lança quand même avec toute sa bienveillance :
« Il a réagi comment, quand tu lui as dit ?
-Il a rien dit. Rien. Il est sorti je sais pas où et je l’ai plus revu. Le lendemain, je suis allé en cours, je suis revenu, et ses affaires avaient disparues. J’ai même pas eu le temps de lui parler de Charlie, ajouta Pierre à voix basse. »
L’autre homme sourit doucement en entendant ce nouveau prénom et sauta sur l’occasion pour changer de sujet, en espérant que ce serait plus joyeux :
« Charlie ? C’est qui ? »
Il lança un regard plein de questions à son interlocuteur.
Mais raté, le visage de Pierre s’assombrit et il ouvrit la bouche, sans rien dire. Il la referma. Déglutit. La rouvrit encore. Enfin, il parla :
« Mon ex-fiancé, avant Aurélien. »
Il se recroquevilla sur lui-même, comme pour s’accrocher aux souvenirs.
« Je pense que c’est lui qui m’a infecté, expliqua-t-il, sans laisser à Sylvain le temps de réagir.
-Merde, c’est à cause de ça que vous vous êtes séparés ? demanda ce dernier malgré tout. »
Pierre secoua la tête en se mordant fortement la lèvre, ses traits tirés formant une expression triste.
De toute évidence, il était au bord des larmes, et Sylvain, si innocent, si ignorant, ne comprenait pas pourquoi. Alors son ami dut verbaliser ses pensées et les événements du passé :
« Pardon, je voulais pas forcément en parler ce soir… On a appris qu’il était séropositif sur son lit de mort. »
Une exclamation soufflée par l’autre homme, Pierre était maintenant sûr qu’il avait compris et ne dit rien d’autre à ce sujet.
A la place, il en chercha un autre, un peu plus léger, même s’il y avait peu de choses légères, peu de choses insignifiantes concernant la maladie. Il y en avait des plus simples que la mort, en tout cas.
« C’était une période très compliquée, mine de rien, et je me suis beaucoup réfugié dans mes études puis mon boulot. Je bossais tout le temps. Tu comprends pourquoi l’allemand fêtard, ça a été une bouffée d’oxygène ?
-Ouais, soupira Sylvain. Et t’as déjà… été vraiment malade ? »
Il n’était pas sûr de poser la question correctement. A vrai dire, il était certain qu’elle était mal posée, mais son interlocuteur la comprit tout de même et y répondit :
« Deux fois. La première fois, c’était en 2016, peu de temps après qu’Aurélien soit parti. J’ai été malade pendant trois mois, mais j’ai eu la chance de pas être hospitalisé à long terme. Par contre, j’ai eu un suivi à chier, pendant et après. Je faisais n’importe quoi et mon médecin de l’époque me laissait faire… Alors j’ai juste arrêté ma trithérapie de l’époque, qui était mal fichue en plus. Elle me refilait plein d’effets secondaires de merde. J’ai commencé à faire plus attention après Gunther, et surtout depuis le début de la chaîne. Mais c’est des saloperies, les maladies opportunes. J’avais plus de traitement, mon système immunitaire s’est encore affaibli et… tu te souviens de ma grosse grippe de 2019 ? Qui était en fait une pneumonie du coup j’ai été hospitalisé ? On blaguait que c’était le covid avant l’heure… »
Sylvain, qui avait écouté le récit avec horreur et étonnement, et qui ne s’attendait pas à ce qu’on lui pose une question ni à ce qu’on lui rappelle ce moment lointain, se retrouva un peu dépourvu.
« Oui, oui, acquiesça-t-il vivement. Attends—c’était le sida ?? »
Et Pierre hocha simplement la tête, soutenant son regard incrédule.
Quelques secondes passèrent, des secondes de silence et de répit pour Pierre, durant lesquelles il ferma les yeux et détendit son corps de cette position prostrée qu’il avait adoptée. Il se recula et se pencha légèrement en arrière, appuyé contre le dossier du canapé, respirant doucement. Son ami l’observa un instant avec inquiétude, avant de le questionner à nouveau :
« Et après ça ? »
Pierre rouvrit les yeux et posa un regard plus assuré sur son homologue, avec un petit sourire fier.
« Après ça j’ai commencé mon traitement. Je prends plus le même aujourd’hui, avec les ajustements, mais depuis 2020, je suis officiellement négatif aux tests.
-Et ça veut dire quoi ? sourit Sylvain en retour.
-Je transmets plus le VIH, même sans me protéger, tant que je continue de prendre mon traitement correctement, révéla-t-il. »
Pierre se délecta de l’étonnement sur le visage de son ami.
Ce dernier ne put s’empêcher de poser davantage de questions à ce sujet : comment ça marche ? Et si t’arrêtes ? C’est à vie ? Son ami y répondait avec une plus grande tranquillité qu’auparavant. Normal, parler du présent était bien plus positif que du passé dans son cas. Il y avait une raison à son silence là-dessus, même si ça avait été la seule tâche dans sa jeunesse mouvementée.
Toutes les questions répondues, au moins pour ce soir, les deux hommes se régalèrent d’un bon dîner et, comme il était déjà bien tard, ils se préparèrent à aller au lit. Ils se saluèrent et chacun rejoignit sa chambre, extinction des feux.
Mais Pierre n’arrivait pas à dormir. Il pensait à tout ce qu’il n’avait pas encore dit. Tout ce qui lui restait à dire, à décrire, à conter. Chose inédite, il allait livrer des morceaux de son ancienne vie à sa nouvelle, une vie que seuls ses amis de l’époque et ses parents connaissaient. Est-ce qu’il était prêt ?
La réponse était simple : oui. Ça faisait longtemps qu’il l’était, mais il avait repoussé l’échéance par confort, tant qu’il le pouvait. Il ne pouvait plus attendre et lézarder dans ses non-dits, dorénavant. Plus il y pensait, moins ça l’effrayait, et la nuit silencieuse l’apaisait…
Quand même, il n’arrivait vraiment pas à s’endormir, et il ne pouvait pas rester comme ça allongé dans son lit. Il se leva alors, sans prendre la peine de remettre ses lunettes sur son nez, et quitta sa chambre. Il vit de la lumière dans le séjour et s’y rendit avec curiosité.
En pénétrant dans la pièce, il vit Sylvain assis sur le plan de travail de la cuisine, en tailleur, en train de manger quelques chips. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire face �� ce spectacle, ce qui fit sursauter son ami.
« Tu dors pas ? demanda-t-il en rangeant rapidement le paquet, pris la main dans le sac.
-Attends, je vais en manger aussi, l’arrêta Pierre en s’installant à côté de lui. »
Il plongea sa main dans le paquet et dégusta son butin avec un petit sourire.
« Je suis même pas étonné de te voir là, commenta-t-il. »
Sylvain rit, baissant la tête vers le sol, acquiesçant.
Pendant un moment, on n’entendait que le son du paquet de chips et celui de leurs mastications respectives. Un soupir. Un bruissement de tissu. Une horloge au loin. Les voitures dehors. Quelque part sonna une heure du matin, sûrement chez la voisine.
Pierre ne pensa qu’à parler, qu’à raconter sa vie à Sylvain, plus amplement. Il hésita un moment, il savait que sa fatigue et l’heure avancée de la nuit ne joueraient pas en sa faveur. Mais c’était Sylvain et les pensées le torturaient, alors il se lança :
« Tu veux voir à quoi ressemblait Charlie ? »
Sylvain pausa, le temps de se souvenir du prénom, de celui à qui il était attaché. Il grimaça mais, tout doucement, il hocha la tête.
« Mais ça va aller, Pierre ? »
Le susnommé acquiesça en se levant.
Il se rendit dans le bureau et fouilla le fond de son étagère, à genoux devant elle. Il trouva ce qu’il cherchait et se redressa avec une exclamation de victoire, sans bouger tout de suite. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas revu ces photos. Il les consulta avec un doux sourire, pour se les remettre en tête, pour se remémorer les circonstances…
« Pierre ? »
Pierre sursauta et manqua de faire tomber les photos, mais il les retint contre sa poitrine. Sylvain se trouvait dans l’encadrement de porte, l’air inquiet.
« Ça faisait dix minutes que t’étais parti, ça va ? demanda-t-il.
-Déjà ? Merde, oui, pardon, je regardais les photos. Mais viens, on retourne dans la cuisine. »
Sylvain haussa un sourcil. La cuisine ? Pourquoi pas le salon ?
Mais il comprit pourquoi très rapidement : perchés sur le plan de travail, de là-haut, ils avaient accès à tout ce dont ils avaient besoin en nourriture, verres, boissons… Pierre les servit en eau et récupéra un paquet de chocolats.
« Le cliché, se moqua Sylvain. Tu veux pas de la glace et du vin rouge en plus, Bridget Jones ? »
Pierre souffla du nez en ouvrant le paquet. Il prit un chocolat et le mangea avant d’en proposer à son collègue d’insomnie, qui accepta.
« Je t’emmerde, Levy. »
Un silence, puis :
« C’est qui Bridget Jones ? »
Sylvain éclata de rire, mais ne répondit pas directement. Il se contenta d’un « c’est toi » et son ami ne chercha pas à en savoir plus. En tout cas, ça n’avait pas l’air flatteur.
Pierre tira les photos et les tourna vers l’autre homme, le laissant s’imprégner du visage inconnu qui se trouvait sur la première. On y voyait un jeune homme, brun, les cheveux mi-longs ondulés, à peine barbu, avec des yeux en amande et quelques tâches de rousseur sombres étalées sur sa peau. Il souriait, il était beau.
« C’est Charlie ? réalisa Sylvain. Bordel.
-Je sais, rit doucement Pierre. C’était lui à Noël 2012. On venait d’emménager au quartier latin pour nos études. Lui il était en anglais et moi en cinéma, du coup. On avait galéré à trouver cet appart’ et avant ça on logeait chez mes darons, parce qu’ils étaient plus proches que les siens de nos écoles et… bref. Donc vraiment, on était putain de contents de l’avoir… »
Sylvain l’écoutait avec un grand bonheur. Sa voix était si douce, il parlait avec sa main libre, animé par l’amour qu’il avait autrefois éprouvé. C’était émouvant.
Et immédiatement, une question vint à l’esprit de Sylvain, alors il coupa la tirade de son interlocuteur :
« Tu l’as rencontré comment ? »
Pierre y réfléchit un instant, frottant sa barbe, avant de répondre :
« J’avais seize ans et j’étais au fond de la classe, en seconde. Notre prof principal l’a assis à côté de moi. On passait notre temps à se marrer, les profs en avaient marre… mais ils disaient rien parce qu’il avait des bonnes notes et qu’il se faisait aimer par tout le monde, l’enfoiré. »
Il rit doucement, les yeux fixés sur la première photo, qui n’avait pas bougé. Ça sera une longue nuit…
« Et puis il a fini par me dire qu’il avait flashé sur moi, et qu’il avait pas su comment me le dire pendant le début de l’année. C’était la veille des vacances d’hiver et le lendemain, il partait en vacances avec ses parents pendant que moi je restais à Paris avec mes darons. Je l’ai un peu détesté sur ce coup là.
-Merde, ça se comprend, lança Sylvain. Et vous avez fait quoi du coup ? »
Pierre éclata de rire.
« On a passé les vacances à s’échanger des messages, et dès qu’il est revenu, paf, premier baiser. Mais on était pas dans la même classe en première, alors on se rejoignait aux pauses et on rentrait ensemble le soir. »
Immédiatement, Sylvain tourna un regard plein de sous-entendu vers son ami.
« Pour dormir ? Ou pour—
-Oh la ferme. Oui. Peut-être, soupira Pierre. T’es pire que ma mère. Bon. En tout cas, quand il a su qu’il allait à la fac à Paris, on a commencé à chercher un appart’ pour se mettre en coloc, mais on n’a pas trouvé tout de suite, comme j’ai dit. »
Son locuteur souriait derrière son verre, alors l’autre homme le bouscula, pour se chamailler.
Pierre devait l’admettre, il n’avait pas pensé que parler de Charlie serait si agréable, au final. C’était drôle. C’était doux. C’était émouvant et beau. Oui, plus il racontait l’histoire qu’il avait vécu avec lui, plus il la trouvait belle.
« Du coup vous vous êtes installés ensemble fin 2012 ? le rappela à l’ordre Sylvain. Et après ? »
Pierre lui montra alors la photo suivante : quelques sorties, un nouveau déménagement à la fin de l’année scolaire, des portraits de cet homme si beau…
Et puis une photo d’une main, en gros plan, devant un visage apparemment ému. A son annulaire, une bague. Sylvain écarquilla les yeux en attrapant la photo, pour la regarder de plus près. C’était bien Charlie. Il tourna un regard incrédule vers Pierre.
« Tu l’as demandé en mariage ? »
L’autre homme hocha la tête, fier, amusé. Il reprit la photo.
« Ouais, mais on n’a pas eu le temps de se marier. »
Il la plaça au fond du paquet et en tira une autre.
Dessus, Charlie était plus maigre, le visage pâle, l’œil vitreux. Mais il riait quand même en essayant de repousser le photographe.
« Il était déjà malade à ce moment-là, expliqua Pierre, mais on savait pas que c’était le sida. Les médecins évoquaient d’autres trucs, ils partaient plutôt sur un cancer. »
Une pause, le visage fermé tout à coup.
« Il a fini par être admis à l’hôpital, c’est là qu’il a appris qu’il était séropo. Il avait déjà des problèmes de santé avant ça, alors les infirmiers me prenaient à part et me disaient qu’ils allaient tout faire, mais que ça semblait mal engagé. Je passais à l’hôpital le matin avant mes cours, puis le soir dès que j’avais fini. Mes notes ont un peu chuté sur le coup. Et puis un mois plus tard, ils m’ont appelé en plein cours pour m’annoncer la nouvelle, et après ça, je me suis totalement donné à mon art. »
Pierre fut secoué d’un rire amer. Il pleurait. Sylvain mit du temps à le remarquer, les yeux fixés sur la dernière photo : Charlie, sur un lit d’hôpital. Quand il sortit de sa contemplation, il enlaça son ami et le tira contre lui, le laissant poser sa tête sur son épaule malgré leur différence de taille.
« Et toi ?
-Je l’ai su qu’après, répliqua Pierre d’une voix lointaine. J’ai refusé les tests avant. Si c’était positif, je voulais pas… J’étais quasiment sûr que c’était lui, je voulais pas qu’il culpabilise. Alors un mois après sa mort, j’ai fait le test, et j’ai dû annoncer à mes parents que j’avais la même maladie qui avait pris mon fiancé. C’était pas la période la plus fun de ma vie… »
Encore un rire, Sylvain passa une main sur les siennes pour les tenir.
Les deux hommes restèrent ainsi en silence pendant de longues minutes. Pierre somnolait contre Sylvain, épuisé, maintenant qu’il avait lâché un si gros morceau du récit. Son ami le remarqua et lui donna un léger coup de coude pour qu’il se redresse.
« Allez, au dodo monsieur Chabrier. »
Il sauta du plan de travail et attendit que le susnommé fasse de même pour se diriger vers le couloir.
Après avoir partagé un dernier câlin tous les deux, une fois que Sylvain avait glissé une blague à son oreille pour le faire rire, ils se séparèrent, chacun dans leur chambre à nouveau, alors que l’horloge au loin sonnait trois heures.
Une semaine plus tard, Pierre et Sylvain se rendaient ensemble au bar. Le premier avait récupéré le second chez lui pour qu’il puisse boire à sa soif et ils se retrouvèrent donc tous les deux assis dans la voiture, discutant du programme de la soirée.
« T’es déjà allé dans un bar gay ? demanda tout à coup Sylvain, par curiosité. »
Pierre ne put empêcher un rire nerveux.
« Ça m’arrive, pourquoi ?
-Pour savoir, pour savoir… Et c’est comment ? insista le passager. »
L’autre homme lui lança un drôle de regard, un peu suspicieux, surtout incertain de la direction de la conversation.
« Comme un bar normal, sauf que c’est des mecs qui se pécho. Dites-moi, monsieur Levy, vous avez l’air vachement curieux…
-Je demande juste, je m’intéresse… T’as jamais autant parlé de ta sexualité que depuis que tu m’as annoncé que t’étais séropo, alors j’pose des questions.
-Bah, t’as pas à savoir ce que je fais de mon cul, en soit, rit Pierre. Si ça t’intéresse tant que ça, faudrait commencer à te poser des questions ! »
Pierre riait, évidemment. Mais quand il tourna la tête et qu’il remarqua le silence de son ami, il rit de plus belle avec une espèce de bienveillance. Il avait tout à coup l’impression que quelque chose était en train de changer.
Il ne fit aucun commentaire sur le silence de son passager, il ne se moqua même pas, même s’il avait un peu envie de le chambrer sur le sujet. A la place, il proposa :
« Tu veux qu’on y aille ce soir ? Ça fait un moment que j’y suis pas allé, je suis curieux de voir si ça a changé. »
Il changea déjà son itinéraire, avant même d’avoir la confirmation de son ami, roulant en direction d’un bar dont il connaissait encore l’adresse. Il savait que Sylvain allait accepter.
Le bar était toujours là, toujours sous le même nom. Il faisait encore clair, même si le soleil allait bientôt se coucher – c’était encore le mois de mai. Il faisait bon, pas encore très chaud, et des hommes en débardeurs et t-shirts se trouvaient déjà sur le trottoir devant l’établissement. Pierre dut se garer plus loin, mais c’était tant mieux. Il pourrait apporter quelques explications à Sylvain avant d’entrer.
Les deux hommes marchèrent côte à côte en direction du bar, à quelques dizaines de mètres de la voiture. Pierre commença à mettre l’autre en garde :
« Ok alors, il y a des codes.
-Ah bon ? Genre, pour avoir des réductions ? blagua Sylvain »
Son interlocuteur rit d’abord puis râla, parlant avec ses mains :
« Non, des codes sociaux ! Genre, pour montrer qu’on est intéressé, ou non justement. Si tu vois un mec te regarder avec insistance, ça peut arriver, bah tu détournes le regard pour montrer que toi c’est pas le cas.
-Et si c’est le cas ? demanda l’autre homme, déguisant sa question sincère derrière une blague.
-Tu l’imites. S’il te regarde, tu le regardes. S’il tente un truc, tu fais pareil. S’il commence à se toucher…
-Il peut faire ça ?? s’étonna Sylvain. »
Pierre hocha la tête avec un rire.
Ils se retrouvaient maintenant devant la porte. Celui qui parlait marqua une pause le temps de rentrer avant de répondre :
« Ça arrive. Ça dépend où. Y’a plus de gars qui cruisent qu’on ne le croit. »
Sylvain, qui n’avait jamais entendu ce mot, du moins pas dans ce contexte, fronça les sourcils.
« Qui cruisent ? répéta-t-il. C’est quoi ça ? Ils vont en croisière ? »
Pierre éclata de rire en s’asseyant au bar et secoua la tête.
« Non, c’est quand ils cherchent des partenaires. Mais genre, en public, donc ils essayent d’être discrets. »
Son interlocuteur haussa un sourcil avec un sourire en coin.
« Tu l’as déjà fait ?
-Tu me prends pour qui ? répliqua Pierre. Bien sûr. »
Et les deux hommes éclatèrent de rire.
Le barman s’approcha d’eux et prit leurs commandes – pour l’instant, ils en étaient encore aux sodas, mais ça changerait au cours de la soirée pour Sylvain. Ils récupérèrent rapidement leurs verres et la discussion continua entre eux tout naturellement :
« Mais ça se passe comment ? demanda le nouvel arrivant dans cet univers. Genre, deux mecs se regardent dans les yeux, se touchent la teub et c’est bon ?
-C’est vachement résumé, quand même, rit Pierre, un brin timide de parler si ouvertement de ce sujet. Nan, des fois il y a plus de contacts avant, même une discussion, puis faut trouver l’endroit aussi. »
Sylvain prit une gorgée de son verre et le reposa, les sourcils froncés.
« Genre, chez qui vous allez ?
-Là aussi ça dépend, répliqua Pierre. Ça peut être chez nous, ça peut être dans des toilettes, ou… »
Son ami écarquilla les yeux, alors il éclata de rire.
« Je vais te traumatiser, lança-t-il. Tu veux changer de sujet ? »
Il observa l’autre homme avec un petit sourire et des yeux brillants, fortement amusé.
Sylvain secoua la tête, buvant à nouveau, presque plus pour se donner contenance qu’autre chose.
« Nan, ça ira, ça m’intéresse. Mais ça arrive souvent la baise dans les lieux publics ?
-Je sais pas, souffla Pierre, se retenant de rire de plus belle. Mais c’est souvent des lieux dédiés, t’inquiète pas, si t’es pas tombé dessus depuis que t’es ici c’est pour une raison. Il y a aussi des saunas, d’autres bars, des boîtes de nuit, des cabarets…
-Seulement à Paris ? »
Sylvain lui jetait un regard curieux, rempli d’une innocence en rupture totale avec le sujet de ses questions. Son interlocuteur secoua la tête en avalant la gorgée de son soda.
« Non, je suis déjà allé à un bar gay à Lyon en 2015. Je sais pas s’il y est toujours, mais ça doit pas être le seul. C’est courant dans les grandes villes. »
Son auditeur enthousiaste hocha la tête, pour montrer qu’il comprenait.
Sylvain rit doucement, enregistrant peu à peu les informations. C’était compliqué, avec tous les bruits ambiants, les voix, la musique – du Madonna, à cet instant – ou encore les verres qui s’entrechoquaient. Et puis il réalisa deux-trois trucs, qui le poussèrent à poser davantage de question :
« Des saunas ? Genre des saunas gays ? Et qu’est-ce que tu foutais à Lyon ? J’y ai passé cinq ans, j’ai jamais vu de bars gays… »
Pierre se tourna vers lui sur le tabouret, posant son talon sur l’assise, un bras autour de sa jambe relevée et l’autre appuyé sur le comptoir. Il éleva un peu la voix, comme les clients se faisaient plus nombreux.
« Des saunas gays, oui. On se balade à poils, avec une serviette, et en général tu sais ce que tu veux quand t’y vas. C’est pas pour te baigner ou te faire suer. »
Il rit, et Sylvain rit avec lui.
« Bordel, y’avait ça à Lyon aussi ? »
Son interlocuteur acquiesça.
« J’étais à Saint-Etienne pour un tournage YouTube, expliqua-t-il, et j’en ai profité pour monter sur Lyon voir une connaissance. Un pote de lycée qui était allé faire ses études là-bas. Gay aussi, du coup, donc on est allé au bar gay.
-Et t’as pécho du lyonnais, du coup ? taquina Sylvain avec un sourire en coin.
-Eh, Levy, tu deviens beaucoup trop intéressé par ce qui se passe dans mon lit.
-Réponds, insista le susnommé. »
Pierre soupira, en souriant quand même, pas blessé par l’indiscrétion de son meilleur ami.
« Non, pas après Charlie. J’ai recommencé les relations fin 2015, donc avec Aurélien et après mon passage à Lyon. »
Il prit une nouvelle gorgée de son verre.
Son interlocuteur baissa la tête, comprenant sa bourde. Ah, oui, Pierre lui avait dit… Il s’excusa brièvement et voulut changer de sujet, mais l’autre le devança en se levant.
« Mh, je vais pisser, je reviens. »
Il disparut dans la foule, en direction des toilettes, laissant Sylvain seul au bar.
Il pénétra dans les toilettes des hommes et trouva un urinoir pour faire son affaire. A peine quelques secondes plus tard, un homme entre à son tour, s’installa à sa gauche, lui lançant des regards. Pierre ne l’ignorait pas et lui glissa un regard pour l’observer, juste comme ça, par curiosité. L’homme faisait la même taille que lui, à peu près, plus barbu, avec des yeux bleus… Le contact visuel dura un instant, suffisamment pour que l’homme comprenne que Pierre le trouvait beau. Mais il ne voulait rien, et il lui fit comprendre. Rapidement, il finit, se lava les mains et retourna au bar en pensant toujours à cet inconnu, en se demandant ce qu’il se serait passé s’il avait initié quelque chose… Il avait remarqué ce foulard bleu clair dans la poche droite de son pantalon, il savait ce que ça voulait dire – il l’avait lui-même porté, de l’autre côté, quand il était à Berlin.
Il retrouva son ami, toujours un peu dans la lune, et termina son verre cul-sec. Sylvain ne lui lança qu’un regard amusé sans faire de commentaires. La conversation reprit avec fluidité, sur d’autres sujets, d’autres intérêts, de futurs projets, bref, ils passèrent un bon moment dans ce lieu, si bien que le nouveau venu se disait qu’ils pourraient bien y retourner, tous les deux...
Et ils y retournèrent, quelques fois. Pierre lui parlait toujours un peu plus de son passé, de sa sexualité, comme son ami semblait toujours avoir des questions sur le sujet. Il le stoppait seulement quand la conversation devenait trop personnelle à son goût.
Au fond, Pierre se répétait que quelque chose était définitivement en train de changer chez l’autre homme : dans ses questions, ses manières, son intérêt. Mais rien ne confirmait ses soupçons et il n’osait pas demander, voulant lui laisser le temps de faire son bout de chemin. Ça le faisait sourire, malgré tout, de revoir cette période de questionnement révolue depuis bien des années pour lui – le collège, à vrai dire.
Ses soupçons s’étiolèrent cependant une après-midi où ils traînaient chez Sylvain. C’était le début du mois de juillet, le rythme des tournages ralentissait déjà et ils préparaient leurs vacances d’août : ils allaient passer un peu plus d’une semaine avec d’autres amis dans une maison louée pour l’occasion sur la côte. Ça faisait du bien, de ne plus travailler autant, surtout avec les premières canicules de juin.
Sylvain était allongé sur son canapé, ses pieds par-dessus l’un des accoudoirs. Son ami était assis à côté de sa tête, sur la place restante, les jambes croisées, à boire un verre de jus de fruit frais. Il faisait terriblement chaud dans l’appartement, la fenêtre du salon était grande ouverte, mais ça n’aidait pas beaucoup.
« Faut vraiment que t’achètes une clim’, toi, se plaignit Pierre. »
Il jeta un regard à l’autre qui ne faisait pas attention à lui, concentré sur son téléphone. Il passa sa main devant ses yeux pour attirer son attention, le faisant sursauter, lui provoquant un rire.
« Eh beh, y’avait quoi sur ton téléphone pour que tu m’écoutes pas ? se moqua Pierre.
-Rien, répliqua Sylvain. Rien de spécial. T’as dit quoi ?
-Mh, rien d’intéressant. Je vais me resservir du jus de fruit. »
Pierre se leva, son verre à la main, et se dirigea vers la cuisine.
Son ami le suivit du regard, avec un peu d’insistance, le reluquant tant qu’il était de dos. Ses yeux tombèrent sur son tatouage au mollet, visible puisqu’il portait un short – et un débardeur, un peu transparent à cause de la transpiration, il l’avait remarqué. Mais bientôt tout ça disparut de son champ de vision, alors il reporta son regard sur son téléphone, scrollant sans trop y réfléchir.
Pierre revint rapidement vers lui, tenant toujours son verre, maintenant plein, en s’asseyant à nouveau. L’autre homme leva les yeux vers lui, du bas de sa position étrange, et demanda tout à coup en éteignant son téléphone et en le posant face contre sa poitrine :
« Ça fait quoi d’embrasser un mec ? »
Son locuteur, qui était sur le point de boire une nouvelle gorgée de jus de fruit, éclata de rire. Il éloigna son verre pour ne pas le renverser et s’exclama :
« C’est quoi cette question ?! »
Mais Sylvain était sérieux. Il le fixait toujours avec une petite moue, se sentant moqué.
« Quoi ? Je suis curieux.
-Oui, tu me dis ça à chaque fois, mais ça commence à faire beaucoup de curiosité quand même, commenta Pierre.
-Réponds-moi, ordonna l’autre homme avec autorité, se redressant. »
Il s’installa en tailleur sous le regard de Pierre, qui souriait largement.
« Si ça t’intéresse tant que ça, embrasse un mec, répliqua celui-ci. Essaye. On n’a qu’à aller au bar ce soir. »
Et Sylvain était un peu trop intéressé par l’idée. Bordel, se dit Pierre, mon pote n’est définitivement pas hétéro.
Ils se rendirent donc au bar le soir même, le même que la première fois il y avait presque deux mois. Les deux hommes y avaient leurs habitudes maintenant, ils s’installaient à l’extrémité du bar quand ils le pouvaient, sinon à une table un peu reculée, et avaient leurs boissons favorites. Heureusement pour Pierre, la carte des boissons sans alcool était plutôt complète.
Quand ils arrivèrent ce soir-là, le comptoir était complet. Ils prirent donc une petite table pour deux à côté de l’entrée et Sylvain demanda à son ami ce qu’il voulait pour aller commander. Pierre s’installa pendant que l’autre vadrouillait à sa mission, appréciant la musique qui passait actuellement – sans forcément la reconnaître. Il se mit à en tapoter le rythme sur la table en attendant son compagnon de soirée.
Sylvain revint avec leurs verres une dizaine de minutes plus tard, mais il ne se rassit pas de suite.
« Garde mon verre, cria-t-il à Pierre par-dessus la musique. Je reviens ! »
Pensant qu’il allait seulement aux toilettes, celui-ci acquiesça et le laissa partir. Et il attendit. Il attendit longtemps, au point de se dire qu’il n’était pas aux toilettes.
Curieux, il se leva. Une nouvelle musique se lança, qu’il reconnut – I Kissed A Girl de Katy Perry. Ça le faisait marrer de l’entendre ici. Il fouilla la salle du regard, du haut de son mètre quatre-vingt-sept, et trouva ce qu’il cherchait : Sylvain. Il était assis au bar et visiblement, il avait déjà trouvé un gars à embrasser, puisqu’il était en train d’échanger un baiser avec son voisin de tabouret.
Rapidement, Pierre se rassit, avec un sourire sur le visage et un pincement au cœur, qu’il repoussa. Au lieu de trop y réfléchir, il regarda les notifications sur son téléphone. Sofiane l’avait bombardé de message pour sortir ce soir, justement, mais il ne les avait pas vus. Il lui répondit donc qu’il était déjà de sortie avec Sylvain, précisant quel bar – on ne sait jamais, s’il voulait les rejoindre… Sofiane répondit après quelques minutes qu’il avait déjà trouvé un groupe avec lequel traîner, tant pis, il ne pourra pas voir Sylvain, lui qui l’adore… La réponse fit rire Pierre, qui n’insista pas, même s’il se disait que c’était peut-être un mensonge.
C’était vrai que depuis peu, il passait moins de temps avec lui, et Sofiane, exigeant qu’il était, lui faisait bien savoir. Mais il ne lui devait rien, ils n’étaient pas ensemble. Alors pourquoi se sentait-il coupable ? Il espérait que Sylvain revienne vite, il avait vraiment besoin de se changer les idées tout à coup.
Quelques minutes plus tard, Sylvain revint avec un grand sourire aux lèvres, l’air fier. Avant qu’il n’ouvre la bouche, son ami lança avec amusement :
« Alors comme ça, ça pécho ?
-Ah merde, t’as vu ?
-Bah oui mon coco, t’étais pas super discret quand même. »
Ils éclatèrent de rire et chacun prit une gorgée de sa boisson. Pierre ajouta :
« T’as ta réponse, maintenant ?
-J’crois que pas encore, je vais devoir tester encore deux-trois fois, blagua Sylvain. »
Encore des rires.
« Faites gaffe, c’est un peu gay ça, m’sieur Levy, le mit en garde Pierre avec humour.
-Rien à foutre, contra le susnommé avec sérieux. J’commence à comprendre pourquoi toi tu l’es. »
Son ami faillit s’étouffer avec sa boisson, parce qu’il ne s’attendait certainement pas à cette réaction. Un rire nerveux le prit.
Sylvain changea rapidement de sujet après ça, et l’autre homme comprit très bien le message, ne faisant aucun commentaire sur l’aveu, même s’il lui lançait des regards insistants pendant leur conversation, les questions tourbillonnant dans sa propre tête.
Les deux hommes se séparèrent aux premières heures de la nuit, fatigués. Ils dormirent chacun de leur côté, même s’ils devaient se retrouver chez Pierre le lendemain pour un événement bien spécial… Il allait enfin réaliser son autoportrait pour sa série, celle que Sylvain avait découverte par hasard il y a quelques mois.
Pierre se sentit seul, une fois chez lui. Il repensait à la soirée, au baiser que son ami avait échangé avec un autre, au refus de Sofiane de le voir – ce qui était rare. Il l’appela, parce qu’il avait besoin d’un corps à serrer.
« Ton rencard t’a laissé ? demanda le jeune homme en décrochant, avec sarcasme.
-C’était pas un rencard, soupira Pierre. Viens.
-T’as de la chance que je puisse pas te dire non, sourit Sofiane. J’arrive, prépare-toi. »
Et il raccrocha, avant même que son interlocuteur ne puisse lui répondre. En même temps, il l’aurait sûrement insulté.
Il attendit donc, assis sur son canapé, alternant entre son téléphone et la contemplation de son jardin éclairé par les lampadaires de la ville, jusqu’à ce qu’on frappe à sa porte. Il se leva, traîna des pieds jusqu’à son entrée et ouvrit. Sofiane, qui souriait, perdit sa jovialité en voyant l’expression de son amant.
« Merde, fallait me le dire si je devais faire SAV des cœurs brisés. T’as trop réfléchi à ta soirée ?
-Je veux juste penser à autre chose. »
Et Pierre le tira à l’intérieur, contre lui, pour l’embrasser. Et Sofiane le laissa faire.
Ils restèrent ainsi à s’embrasser un moment, se serrant, tenant le visage de l’autre ou ses hanches, s’enlaçant enfin avec un empressement de plus en plus violent. Pierre en avait besoin et le faisait savoir dans la témérité de ses gestes quand il déshabillait son amant.
Rapidement, les deux hommes se retrouvèrent dans la chambre, entre les draps, pour y passer le reste de la nuit. Tant pis s’ils ne dormaient pas, ils n’en avaient pas besoin. Pas pour quelques heures au moins. Vers quatre heures, malgré tout, ils s’assoupirent dans les bras l’un de l’autre.
Quelques heures plus tard, Pierre se réveilla seul dans son lit. Il se souvenait pourtant très bien de la venue de Sofiane, et jamais celui-ci n’était reparti sans lui dire. Il était d’ailleurs celui qui restait le plus longtemps au lit, d’où l’inquiétude de son amant.
Il sortit du lit en enfilant ses lunettes et couvrit sa nudité d’un simple bas de jogging avant de sortir de la chambre. Il passa une tête dans la salle de bain : personne. Il avança vers le séjour avec plus de crainte qu’il ne l’aurait cru.
Quand il aperçut enfin Sofiane, adossé au plan de travail de la cuisine, les bras croisés, une tasse de café fumant à côté de lui, comme s’il attendait l’autre homme. Il haussa un sourcil face à son expression.
« T’avais peur que je me sois barré ? l’accusa-t-il immédiatement, sec.
-Non, mais… »
Pierre bâilla.
« D’habitude…
-Les habitudes changent, en ce moment, répliqua Sofiane. »
Son interlocuteur fronça les sourcils, pas bien réveillé mais bien au courant que quelque chose clochait.
« Qu’est-ce que t’as putain ? râla-t-il. Tu veux pas dire clairement ce qui t’emmerde ?! »
Il perdait patience, surtout que Sylvain était censé arriver dans quelque temps et qu’il ne voulait pas que cette discussion s’éternise.
Sofiane, en revanche, voulait le laisser poiroter. C’était son côté dramatique, il aimait se mettre en scène, dans sa colère comme dans sa joie. Ce matin-là, Pierre s’apprêtait à en payer les frais.
« J’ai que j’en ai marre de pas savoir sur quel pied danser avec toi, Pierre. J’ai l’impression que même toi, tu sais pas. Mais au bout d’un moment, faudra faire un choix, trancha Sofiane.
-Un choix ? répéta le susnommé, perdu.
-Sylvain a appelé ce matin, lâcha enfin son interlocuteur. »
Quelque chose n’allait pas.
« Tu m’avais pas dit qu’il venait aujourd’hui. »
Quelque chose n’allait vraiment pas.
« Pour une séance photo ? Je pensais pas que ça bougerait si vite entre vous. »
Pierre le sentait, le voyait, l’entendait dans son ton, son langage corporel, l’ambiance froide…
Il n’aimait pas ça. Son cœur se tordait d’appréhension, comme une mauvaise rupture. Mais rupture de quoi ? Sofiane et lui, c’était que physique, ils ne sortaient pas ensemble… Pierre n’était pas amoureux de Sofiane.
« Attends, tu me fais quoi, là ? demanda-t-il sur un tout autre ton, plus doux, moins méfiant, presque suppliant.
-Là, t’as la rage parce que c’est pas censé être une rupture mais ça y ressemble vachement, hein ? lança Sofiane avec un sourire en coin, visiblement satisfait de l’air blessé de son amant. Comme ça tu sais ce que ça putain de fait de se faire briser le cœur. »
Pierre baissa la tête. Sofiane ne savait pas, pour les autres, ce qui l’avait blessé, il n’arrivait pas à lui en vouloir pour ses mots, mais merde, ça faisait mal.
Il ne répondit pas aux nouvelles accusations, il baissa seulement la tête, laissant l’autre homme poursuivre sa tirade. Il ne semblait pas vouloir s’épuiser et, quelque part au milieu des mots emmêlés, il se mit même à pleurer, mais sa voix ne faiblit pas. Puis une idée vint à Pierre – il n’aimait pas le voir pleurer, il fallait qu’il le stoppe. Il s’approcha doucement, relevant la tête, le coupant avec un ton bas, tendre :
« Sofiane, je t’avais prévenu quand on a commencé. Je t’ai dit qu’il n’y aurait pas de sentiments, pas de ma part. J’aurais dû arrêter avant, je suis désolé… »
Il ouvrit les bras et l’autre s’y réfugia sans réfléchir, pleurant tout son saoul contre sa poitrine.
Pierre avait vraiment merdé, en refusant d’arrêter de le voir alors qu’il avait aperçu les sentiments naître à son encontre. Il l’avait remarqué, avait essayé d’en parler, mais Sofiane lui avait dit qu’il pouvait le supporter, que ça lui passerait, et il l’avait cru. La belle connerie. Ah elle était belle, leur histoire, à finir bâclée ainsi.
« C’est pas moi qui devrais te consoler, murmura Pierre en commençant à se détacher. Ça te fait plus de mal que—
-Encore un peu, supplia Sofiane en le serrant plus fort. »
Son interlocuteur s’en voulut de ne pas réussir à lui dire non, et le serra de plus belle, séchant les larmes qui coulaient par sa faute.
Sofiane brisa l’étreinte quelques minutes plus tard, reniflant, essuyant son visage avec une moue.
« T’es chiant, ça devait pas se passer comme ça, c’est toi qui devais pleurer, râla-t-il.
-Crois-moi, c’est pas l’envie qui manque, rit Pierre nerveusement. »
Son amant, ou ex, le frappa un peu fort dans le bras.
« T’es un connard. Un enfoiré.
-Je sais, murmura-t-il, sans trop d’émotion. »
Il voulait surtout déguiser sa tristesse et la boule dans sa gorge.
« Je vais me casser, ajouta Sofiane. Tu me verras plus.
-Sof’…
-Non y’a pas de Sof’ qui tienne, répliqua le susnommé avec plus de véhémence, repoussant définitivement Pierre. »
Et l’autre le regarda, les bras ballants, un mètre plus loin.
Il le suivit des yeux quand il disparut dans le couloir, quand il revint, chargé de ses quelques affaires laissées là, quand il s’approcha pour l’embrasser, en silence, une dernière fois, quand enfin il passa la porte, portant un dernier regard sur celui qu’il aimait, qu’il aime, avant de la claquer sur leur relation.
Merde, se dit Pierre alors qu’il ne pouvait plus retenir les quelques larmes qui mouillaient déjà son regard auparavant, ça fait vraiment, vraiment mal…
Sylvain arriva une heure plus tard. Entre-temps, son hôte avait pu sécher ses larmes, ranger sa maison et préparer le lieu qui servirait à la séance, ainsi que son appareil photo. Quand l’autre homme sonna enfin, il alla lui ouvrir avec une mine encore toute triste qui fut immédiatement reconnue.
« Oulà ! s’exclama Sylvain. Mauvaise nouvelle ?
-Ouais, rentre. »
Pierre s’écarta pour le laisser passer, fermant la porte derrière lui.
Il passa une main sur son visage avec un soupir, suivant son ami à travers sa propre maison. Avant de commencer la séance, ils s’installèrent dans le canapé, pour que Sylvain écoute ce que son ami avait à lui annoncer.
« Je me suis fait larguer comme une merde, avoua-t-il enfin. »
Son locuteur fronça les sourcils, s’interrogeant immédiatement :
« Mais… par qui ? T’étais en couple ?
-Sofiane, répliqua simplement Pierre.
-J’croyais que vous étiez pas…
-Ouais bah je croyais aussi. On a passé la nuit ensemble, ce matin il a claqué la porte après t’avoir eu au téléphone et merde, je me suis plus attaché que je le pensais ! »
Sylvain se redressa tout à coup, sous le coup d’une indignation conduite par sa culpabilité.
« Après m’avoir eu ? Mais c’est quoi le problème ? C’est pas de ma faute j’espère ? »
Pierre rit amèrement en basculant la tête en arrière, regardant le plafond.
« Non, c’est totalement de ma faute. Je me suis attaché, mais j’suis pas amoureux. Lui oui. Je le savais et j’ai pas voulu arrêter. Le beurre, l’argent du beurre…
-… et le cul du crémier, blagua Sylvain sur un ton blasé malgré tout. Pardon, c’était trop tentant. »
Pierre lui lança un regard, puis éclata d’un rire sincère.
Il se tourna vers son invité, arborant une expression plus calme, plus souriante, revigoré par la présence de son ami.
« Tant mieux que tu sois là, lança Pierre avec un remerciement sous-jacent. J’ai besoin de penser à autre chose.
-Pas de problème, sourit Sylvain. Mais j’peux demander c’était quoi le souci avec moi ? Sofiane m’aimait pas ? Je trouvais qu’on avait l’air de bien s’entendre, pourtant. »
Son interlocuteur baissa la tête, sans perdre son sourire.
« Il était jaloux de personne d’autre, mais je sais pas… Il trouvait que je parlais trop de toi, et que tu prenais la place que lui voulait, je pense. »
L’autre homme se sentit tout bizarre à l’entente de ces mots. Comment ça, il prenait la place que Sofiane, amoureux de Pierre qu’il était, voulait ?
Ok, il en avait assez de cette discussion, c’était encore trop tôt pour se poser des questions. Il passa rapidement à autre chose :
« Okay, mh, et sinon quoi de prévu pour la séance photo ? Ce sera quoi mon rôle ? »
Pierre remarqua le rapide changement de sujet mais ne fit aucun commentaire. A la place, il se leva et guida son invité vers la chambre, lui expliquant la suite des événements.
Arrivé dans la pièce, Sylvain se mit sourire et, joueur, un brin moqueur, il blagua :
« C’est quoi la nature de cette séance photo, au juste ? C’est pas pour ton OnlyFan quand même ? Sinon je demande une part, hein… »
Pierre éclata de rire et l’insulta entre ses dents :
« L’enfoiré. »
Puis, plus fort :
« Désolé, pas aujourd’hui. Je sais que ça t’aurait intéressé mais c’est pas le programme.
-Ça veut dire quoi, ça ? s’indigna Sylvain.
-Que t’es trop curieux en ce moment, sourit Pierre en allumant l’appareil. Mais t’en fais pas, ça me dérange pas.
-Parfait, je comptais pas arrêter, répliqua son ami avec arrogance. »
Pierre baissa la tête en l’entendant, dépité. Même si, en réalité, il ne l’était pas vraiment.
Il peaufina quelques réglages puis avec sa main il fit signe à Sylvain d’approcher. Celui-ci obéit, observant l’écran de l’appareil qui était tourné vers le fauteuil près de la fenêtre. Il lui expliqua d’abord le fonctionnement général de la caméra, puis quelques fonctionnalités qui pourraient l’intéresser. Enfin, il lui parla de ses idées, de son intention :
« Le but de la série, c’est de nous montrer dans un milieu familier, qui fait appel à la vie de tous les jours, au quotidien quoi. Moi, j’avais envie de représenter mon activité de photographe et… bon, je sais pas si je peux vraiment utiliser ce mot-là, mais bref. Et d’artiste. Je les dessine pas mal, mine de rien. Bref, quand je dessine chez moi, j’ai tendance à le faire sur ce fauteuil. »
Il pointa le fauteuil, et s’en approcha immédiatement pour s’installer. A côté de lui, sur le bureau de la chambre, se trouvait son carnet à dessin et un pot à crayon. Sylvain observa avec un œil neuf l’environnement, comprenant mieux l’intérêt du plan.
Son regard tomba sur le carnet et il sourit en voyant Pierre s’en saisir, ainsi que d’un crayon. Il blagua à nouveau, parce que ça détendait l’atmosphère, parce que ça le faisait rire, parce qu’ils savait que ça remontait le moral de son ami :
« Tu vas me dessiner pendant que je te prends en photo ?
-Tu veux que je te dessine ? demanda Pierre doucement, avec sérieux. »
Leurs regards se croisèrent. Sylvain, avec son sourire en coin, acquiesça.
« Je veux voir comment tu me dessines. »
L’artiste hocha la tête à son tour, ouvrant le carnet sur une page vierge, ignorant les dessins de Sofiane qu’il avait réalisés précédemment.
Sylvain reporta son regard sur la caméra devant lui, timide tout à coup. Il avait difficilement la fibre artistique, pas comme Pierre, et une pression supplémentaire s’ajoutait à celle du terrain inconnu sur lequel il évoluait : celle de décevoir son ami.
« Et du coup, j’appuie juste sur le bouton ?
-Tu peux jouer un peu avec, tester des trucs, le corrigea le photographe. Je viendrais prendre des autoportraits après. Et si t’as une idée de pose en tête, tu peux demander. »
Sylvain rit avant de verbaliser sa connerie en faisant mine de regarder l’appareil :
« Attends, j’en ai une, écarte un peu les jambes, là, retire ton débardeur ? »
Et son ami éclata à nouveau de rire, accompagné d’insultes affectueuses. Le photographe amateur en profita pour prendre ses premières photos, capturant le rire de l’autre homme à son insu.
Les deux hommes reprirent un minimum leur sérieux ensuite, pour poursuivre la séance. Pierre se mit à dessiner avec application, changeant quelques fois de position. Alors qu’il était concentré sur son dessin, Sylvain approcha en marmonnant quelque chose et, sans prévenir, il posa un pied sur le fauteuil, entre les jambes de Pierre, pour se hisser dessus. Son ami, surpris, lâcha son carnet pour le retenir par réflexe au niveau des hanches, détournant la tête pour qu’elle ne se trouve pas au niveau de son entrejambe.
« Qu’est-ce que tu fous ? s’exclama-t-il en souriant.
-Y’a un problème avec ton rideau, t’inquiète, le rassura Sylvain.
-Bah bien sûr que je m’inquiète, tu viens m’agresser là et t’es à deux doigts de te casser la gueule, se plaignit Pierre avec humour.
-Mais non ! s’exclama son interlocuteur. Je maîtrise la situation.
-Connaissant ta chance, je parierai pas sur ton intégrité physique. »
Sylvain descendit de son perchoir et baissa le regard vers son ami, lâchant un soupir après cet effort. Il se frotta les mains.
« Eh bah voilà, parfait. Tu peux reprendre. »
Il retourna derrière la caméra comme si de rien n’était, et l’autre reprit son activité avec un regard suspicieux.
Après quelques minutes, Pierre leva son crayon, en portant le bout contre sa lèvre tandis qu’il observait son dessin.
« Redresse un peu la tête ? le guida Sylvain, qui prenait son rôle très à cœur. »
Il obéit, contemplant toujours son œuvre. Puis il rangea le crayon dans le pot.
« J’ai fini. Allez, je vais faire un peu d’autoportrait ! Pendant ce temps, tu peux regarder le dessin. »
Il se leva et tandis le carnet à l’autre homme, qui abandonna l’appareil photo pour s’en saisir.
Il observa les traits en silence, tandis que Pierre regardait les quelques dernières photos. Pas toutes, il voulait se garder la surprise, juste assez pour faire de nouveaux réglages et ajouter un minuteur, qui lui permettrait de se placer et de ne pas se relever entre les photos, s’il voulait tester d’autres poses. Il se réinstalla et prit ses photos tandis que son ami était à peine concentré sur lui.
« C’est trop beau, complimenta celui-ci au bout d’un moment. »
Pierre tourna la tête vers lui avec un grand sourire, se retrouvant penché par-dessus l’accoudoir du fauteuil, le crâne basculé en arrière. Une photo fut prise ainsi.
« Merci. C’est vrai que je suis plutôt fier. »
Il se leva à nouveau et récupéra l’appareil photo, tandis que Sylvain posait le carnet sur le bureau.
L’homme observa son hôte s’asseoir sur le bord du lit, bidouillant son appareil, sûrement pour regarder la galerie. Il approcha donc de lui et s’installa à genoux derrière, pour regarder par-dessus son épaule. Il se concentra sur les quelques autoportraits de Pierre, qui avaient déjà l’air plus beaux sur ses photos, alors même que rien n’était modifié. Il ne savait pas pourquoi. C’était la même caméra, pourtant. Même modèle, même cadre. Il ne comprenait pas et était admiratif du travail du photographe.
Cependant, il détourna le regard au moment d’arriver à ses photos. Il avait un peu honte, après avoir vu ce qu’avait fait Pierre, et s’assit sur ses propres talons, toujours posté derrière lui. Le photographe, lui, observa avec un doux sourire les photos de l’amateur. Particulièrement celles prises quand il ne posait pas, mais quand il changeait justement de position, ou riait à une blague de Sylvain. Au final, elles étaient ses préférées. Il aimait l’impression de mouvement, qui n’était pas toujours réussie, mais sur les quelques clichés où c’était le cas, ça rendait vraiment bien.
« J’crois que ma préférée, c’est celle-là. »
Il se pencha vers Sylvain, qui se redressa, collant son torse à l’épaule de son ami pour regarder par-dessus. Il était en train de lui montrer l’une des premières photos, où il riait aux éclats. Son visage et l’une de ses mains étaient plutôt flous, striés de lignes de mouvements, grâce à l’exposition qu’avait l’habitude de paramétrer Pierre. Il ne pensait pourtant pas obtenir ce résultat.
Sylvain sourit avec un brin de fierté et posa une main sur l’épaule de son hôte pour attirer son attention, comme il avait toujours le regard concentré sur l’écran.
« C’est vrai ? Je savais même pas ce que je faisais, là. »
Pierre rit.
« Ah bah c’est pas mauvais. Bordel, même en photo, t’arrives à être vite bon. J’te déteste, blagua-t-il.
-Arrête, contra son interlocuteur. C’était cent pour cent un coup de chance, t’es mille fois meilleur que moi ! »
L’intéressé ne répondit pas, prenant le compliment avec un sourire.
Après quelques minutes supplémentaires de contemplation, Pierre éteignit l’appareil et le posa sur le côté.
« Je les trierai une autre fois, sur ordi, informa-t-il son ami. T’as faim ?
-Affamé, acquiesça Sylvain. On mange quoi ?
-Je vais voir ce qu’il me reste dans les placards. »
L’hôte se leva, son invité l’imita, et tous deux quittèrent la chambre pour rejoindre la cuisine.
Les deux hommes étaient tous les deux satisfaits de cette petite séance photo. Mais quand même, Sylvain y réfléchissait beaucoup. Il tournait et retournait le résultat dans sa tête et trouvait que quelque chose manquait, sans trop savoir quoi. Alors il essayait de trouver.
Et il réussit, en comparant les photos de Pierre au souvenir qu’il gardait de celles des autres hommes. Il verbalisa sa réalisation avec précaution, pendant qu’ils mangeaient :
 « C’était super, les photos, mais je trouve qu’il leur manque un truc…
-Ah oui ? Quoi donc ? demanda l’autre homme, intéressé.
-Je sais pas. Je trouve que les photos que t’avais prises pour le reste de ta série avaient l’air plus… intimes ? Enfin, pas que… pas—je trouve que ça matche pas totalement avec ce que t’as fait avant, tu vois ? »
Pierre acquiesça sans regarder son interlocuteur et ajouta :
« Je suis d’accord. Même si je trouve que tu t’en rapprochais déjà pas mal. Tu veux qu’on réessaye après manger ?
-Je pense qu’on peut retenter un truc, ouais. Enfin, après, c’est toi le photographe, moi je suis qu’un assistant.
-Nan mais t’as raison, l’encouragea Pierre. On fera ça. »
Il aimait bien entendre les opinions artistiques de son ami, qui semblait se retenir par manque d’expérience et de confiance en lui. C’était dommage, il avait souvent de bonnes idées, entre deux blagues pour cacher son malaise.
Après manger, donc, ils s’y remirent. Cette fois-ci, ils discutèrent plus amplement de l’ambiance voulue, du cadre, des idées, ensemble. C’était une discussion beaucoup plus productive que les explications de Pierre au premier contact de l’appareil photo. Sylvain comprenait un peu mieux ce qu’il faisait et comment le faire, même s’il nécessitait toujours l’aide du modèle pour appliquer la théorie.
En retour, Pierre lui demanda de le guider dans le cadre, au niveau du corps. Il n’était pas vraiment à l’aise avec ça et, sans voir le retour de la caméra, il n’était pour une fois pas le mieux placé pour situer le sujet. Il lui demanda même de le placer physiquement s’il n’arrivait pas à lui expliquer ce qu’il avait en tête.
Alors que Pierre était de nouveau assis dans ce fauteuil, à la lumière d’une après-midi ensoleillée, dont les rayons étaient adoucis par des rideaux semi-transparents, Sylvain quitta son poste derrière l’appareil.
« Attends, regarde, comme ça, lui intima-t-il. »
Joignant le geste à la parole, il poussa l’épaule de son ami pour qu’il s’adosse au fauteuil, et tira le bras opposé, pour le tourner en partie vers l’objectif.
Dans le mouvement, ils étaient proches, et Pierre avait tout le loisir d’admirer l’expression concentrée de son ami, avec ses sourcils légèrement froncés, ses yeux rivés sur ce que faisaient ses mains, mains qui touchaient son corps à plusieurs endroits. A bien y réfléchir, ça avait peut-être été une mauvaise idée de lui proposer de venir le bouger lui-même. Le modèle sentait son cœur battre un peu plus fort. Enfin, quelque chose d’intime se passait, à la manière des séances qu’il avait dirigées avec d’autres hommes. Cette fois-ci, il n’était pas l’œil mais l’objet, et il y avait quelque chose d’horriblement gênant et d’excitant tout à la fois. Maintenant que Sylvain était pleinement dans son rôle, c’était quelque peu difficile de retenir son désir et ses sentiments. Bordel, c’était vraiment une mauvaise idée. Sa tête était encore pleine de sa rupture récente avec Sofiane, et pourtant il ne pensait qu’à tirer le photographe amateur par le col du t-shirt pour l’embrasser. Et c’était pire quand il réalisa quelques poses plus lascives.
Finalement, il décida de mettre fin à la séance. Sylvain en semblait déçu, mais ne demanda pas à continuer. Heureusement. Parce que c’était le bordel dans la tête de Pierre, et que s’il avait essayé de tenir plus longtemps, il aurait bien pu craquer.
A nouveau, les deux hommes observèrent les photos prises, mais Pierre ne s’attarda pas cette fois-ci, il éteignit assez rapidement la caméra, pour calmer ses ardeurs et penser à autre chose. Il proposa à son ami une partie de jeux vidéo à la place, qui accepta avec joie. Voilà une bonne après-midi en perspective.
Les jours passèrent, ils n’étaient pas retournés au bar, par manque de temps. Ils allaient bientôt partir en vacances, alors le rythme s’intensifiait pour qu’ils puissent boucler leur programme et se délester du plus de travail possible. Ce ne fut que quelques jours avant le départ qu’ils se retrouvèrent chez Sylvain avant d’y retourner, dans ce bar.
Sylvain était assis à la table de salle à manger, adossé au dossier de sa chaise, les jambes croisées. Avec une petite lime, il s’occupait de ses ongles. Pierre, lui, lui jetait parfois des regards de la chaise d’en face, levant la tête de son téléphone par moment au fil de leur discussion.
Puis soudainement, il s’arrêta, les yeux fixés sur les mains de Sylvain, manucurées, fines et délicates. Avec un rire, il remarqua :
« En quelques mois, t’es devenu un putain de cliché. Pire que moi. »
Sylvain leva les yeux sans lever la tête, lui lançant un regard désabusé. Se reconcentrant sur son activité, il se défendit :
« J’étais déjà pas mal un cliché avant.
-Pas plus que moi, contra son ami. »
L’autre posa alors sa lime et pencha la tête sur le côté, avec un sourire en coin. Il soupira, mimant l’exaspération sans en ressentir – oh non, ça le faisait plutôt marrer.
« On est vraiment en train de faire la course du plus pédé là ? Parce que du coup je m’incline, lança-t-il en levant les mains. Pour une fois, c’est toi qui gagnes.
-Oh t’es pas mal non plus ! s’exclama Pierre avec force. Au moins sur le podium.
-C’est de ta faute. »
Sylvain reprit sa lime et son limage, ignorant la réponse indignée de son interlocuteur.
Pierre ne comprenait pas ce qu’il voulait dire par là : comment ça, c’était de sa faute ? Il n’avait rien fait lui, c’était Sylvain qui, le premier, était venu fouiller dans ses affaires, puis avait commencé à poser des questions. Son ami n’avait fait qu’y répondre, qu’être indulgent et bienveillant… à moins qu’il n’y eût autre chose. Il l’espérait, au fond de lui.
« Tu veux bien m’aider ? demanda Sylvain tout à coup. »
Son ami, tiré de ses pensées, tourna la tête vers lui et le vit tenir un flacon d’une couleur lavande. Il fronça les sourcils en approchant, attrapant l’objet pour le considérer.
« T’as acheté du vernis ?! s’étonna-t-il.
-Nan, je l’ai volé à ma sœur, expliqua l’autre homme. Mais mes mains tremblent trop pour le mettre, tu peux m’aider ? »
Pierre le considéra un instant, avant de rire, baissant la tête en reposant le flacon.
« Un cliché, je disais, se moqua-t-il.
-Ta gueule et mets-le-moi, répliqua Sylvain avec autorité. »
Et son interlocuteur obéit, avec un large sourire.
Pierre s’assit face à son ami et ouvrit le bouchon, l’égouttant sur le bord du goulot.
« T’as de la chance que je sais l’appliquer, commenta Pierre en attrapant délicatement sa main. »
Il était exagérément penché sur son travail, à cause de sa mauvaise vue, pendant qu’il appliquait le vernis.
« Et je peux savoir comment ? questionna son homologue avec intérêt.
-Gunther en mettait aussi. Et il me demandait de lui mettre. »
Sylvain hocha la tête à l’information, veillant à ne pas trop bouger les mains. Il observait attentivement ce que l’autre homme faisait, et son visage concentré par la même occasion. Ses sourcils froncés, ses yeux légèrement plissés, sa lèvre mordue, et la délicatesse qu’il mettait dans ses gestes…
Une inspiration profonde le trahit : Pierre lève le pinceau en même temps que son regard, interrogateur.
« Ça va ?
-Ouais, aucun problème, tout va bien. Nickel. »
Sylvain essayait d’être convaincant, mais vu le rire que contenait son ami, c’était raté. Il ne fit aucun commentaire cependant et reprit sa mission. Il venait de finir l’auriculaire droit et il passa donc à la main gauche, à commencer par le pouce.
Pierre devait l’avouer, en même temps qu’il appliquait ce fichu vernis – qui allait drôlement bien à son ami – il contemplait également ses mains. Les paumes étaient plutôt larges, vu le reste de sa morphologie, avec des doigts longs. Mais tout était fin, pas épais pour un sou, ce qui leur donnait un aspect fragile et délicat. Sylvain était décidément beau jusqu’au bout des ongles.
L’application du vernis achevée, les deux hommes se séparèrent, Sylvain restant assis en attendant que cela sèche, l’autre homme se levant pour finir de se préparer. Il enfila ses chaussures et attendit, assis sur le canapé, que son ami soit prêt, ce qui prit bien vingt minutes supplémentaires. Mais il le connaissait, aussi il resta patient.
Les deux hommes mirent longtemps à arriver au bar. Heureusement, et merci l’été, il faisait encore largement jour. Comme à leur habitude, ils commandèrent et s’installèrent un peu à l’écart avec leurs boissons, entamant une discussion animée.
Sylvain était survolté, son ami ne savait pas pourquoi. Un sursaut de confiance en lui ? Malgré tout, ça le faisait rire, encore plus quand il se leva pour aller danser. Pierre le suivit du regard, il restait loin de la piste mais était pleinement concentré sur son ami, riant par moment à ses mouvements aléatoires. Mais il avait l’air de s’amuser, c’était le principal.
L’homme qui dansait parmi les autres clients sentit un corps se coller à lui tout à coup. Il sursauta et se retourna pour voir un homme, à peine plus grand que lui, lui sourire.
« Pardon, je voulais rejoindre mon ami au bar, s’excusa-t-il.
-Ah, pas de problème, lui sourit Sylvain en retour. »
Il s’écarta en collant ses mains à sa poitrine pour le laisser passer. Le regard de l’homme tomba sur celles-ci et il le complimenta :
« Le vernis vous va bien. »
Son interlocuteur rougit. Une hésitation, puis l’inconnu ajouta :
« Vous voulez que je vous paye un verre ? Je m’appelle Arthur, au fait.
-Sylvain. Avec plaisir, accepta-t-il. »
Et il suivit Arthur jusqu’au bar.
Là, il fut présenté à Romain, le fameux ami – et colocataire – d’Arthur. Les trois hommes discutèrent en buvant un verre d’alcool, riant. Le courant passait très bien entre eux. Mais Sylvain se souvint de Pierre et lança tout à coup, en posant son verre vide :
« Je suis aussi accompagné, faut que je rejoigne mon pote, désolé !
-Tu peux nous le présenter, sinon, proposa Romain avec un sourire enjôleur. »
Il avait passé la discussion à draguer Sylvain avec peu de subtilité, mais de jolies tournures qui l’avaient fait rougir. Il acquiesça sans trop savoir où cette histoire allait le mener.
Pierre sourit en voyant son ami revenir, il l’avait attendu si longtemps – quinze minutes, au moins !
« Tu t’es perdu en chemin ? se moqua-t-il.
-Non, j’ai rencontré des gens, répliqua Sylvain. »
Et il présenta les deux hommes qui l’accompagnaient. Pierre leur serra la main en se présentant à son tour, tout sourire. La discussion, toute naturelle, suivit des heures durant.
Romain était définitivement le dragueur des deux, que ce soit envers Pierre ou Sylvain. Arthur, lui, était plus réservé malgré sa témérité première qui l’avait poussé à payer un verre à l’inconnu qu’il venait de bousculer. Si Sylvain y réagissait avec des rougissements et de la timidité, Pierre, plus habitué, y répondait sur le même ton.
La nuit était tombée depuis deux ou trois heures maintenant. Les deux amis, qui n’avaient rien mangé alors que minuit était passée, voulurent se retirer pour rejoindre la voiture avec laquelle ils étaient venus. Leurs compagnons de soirée proposèrent de les raccompagner pour continuer à discuter, ce qu’ils acceptèrent.
Les quatre hommes marchaient donc dans les rues animées de Paris en direction du parking souterrain où Pierre avait garé son véhicule. Ils marchaient en partie sur la route mais tant pis, peu de voitures passaient pour l’instant. Et ils s’amusaient bien, tous les quatre : ils riaient, flirtaient, faisaient connaissance, leurs mains se trouvant être parfois baladeuses.
Ils entrèrent dans le parking, marchèrent vers la voiture, là, il fallait se dire au revoir : bizarrement, ils ne voulaient pas. Sylvain s’appuya contre le coffre de la voiture tandis que Pierre échangeait son numéro avec Romain. Arthur essayait de le faire accélérer, en vain.
« Attends ! se plaignit son colocataire. Je suis en train de pécho, rage ailleurs. »
Pierre rit en entendant cela, rangeant son téléphone dans sa poche. Son ami écouta les deux inconnus avec un sourcil haussé alors qu’ils se disputaient plus ou moins. Il intervint finalement :
« Qui a dit que tu pouvais pas pécho aussi ? »
Il glissa un regard à Arthur, qui s’était stoppé dans sa tirade.
Sylvain, d’un geste lent, se redressa d’où il était adossé, s’approcha d’Arthur, attrapa son visage et l’embrassa, devant leurs amis. Les au revoir risquaient de durer longtemps encore…
Sylvain et Pierre, laissés seuls une trentaine de minutes plus tard, quittèrent enfin le parking pour rejoindre un McDo sur le chemin du retour. Ils y mangèrent rapidement, comme la salle fermait prochainement, puis Pierre déposa son ami chez lui avant de rentrer à sa maison.
Il était seul, enfin, dans sa chambre. Et comme souvent la nuit, il réfléchissait trop. Il repensait à ce qui s’était passé dans le parking, à ce qu’ils avaient fait avec les inconnus, à la vision qu’il avait eue à l’arrière de la voiture, à son ami… Ces sensations n’étaient pas nouvelles pour lui, encore moins lorsqu’il invoquait Sylvain dans son imagination, rendue fertile ce soir-là par des activités peu séantes dans le parking.
Il n’y avait pas que ça. Ces derniers mois, Sylvain s’ouvrait énormément à la culture gay et découvrait sa propre bisexualité par la même occasion. Et ça le rendait terriblement attirant, dans ses manières, dans son enthousiasme, dans son charisme lorsqu’il flirtait avec des mecs devant Pierre ou qu’il posait ses questions à moitié innocentes… Pierre le sentait, leur relation était en train de changer, et il était également terrifié et impatient.
Son style vestimentaire avait également évolué : en plus du vernis qu’il arborait maintenant sur ses ongles, dans le privé malgré tout, en plus de ses cheveux longs qu’il pouvait maintenant nouer en une queue de cheval, ses vêtements avaient commencé à se parer d’un peu plus de couleurs, à être un peu plus excentriques. Oh, ce n’était pas un changement profond de garde-robe, juste quelques accessoires, quelques pièces qu’il prenait soin de porter dans des contextes précis, pas en vidéo souvent. Il portait régulièrement un anneau en argent à son pouce, ou une chaîne du même matériau avec un pendentif quelconque. Et ça lui allait bien, se disait Pierre.
Il se mordit la lèvre en imaginant le contact froid de la bague sur sa peau si Sylvain la portait en posant ses mains sur lui, ou celui du collier, toujours au cou de l’autre homme, tombant sur lui alors qu’il était penché au-dessus de son corps. Il pensait à ses mains ainsi décorées de couleurs et d’accessoires, sur lui. Il voulait passer ses doigts dans ses cheveux, il voulait le toucher plus intimement qu’il ne l’avait jamais touché et ce soir-même, il avait été si près du but…
S’en souvenir le poussa à bout, son corps tendu, son souffle lourd dans le silence nocturne, la seule source de lumière étant sa lampe de chevet. Il se leva de son lit après quelques minutes pour faire un tour dans la salle de bain avant de se rallonger sur le matelas pour dormir définitivement. Il était déjà bien assez tard et il devait préparer ses affaires le lendemain, pour le grand départ.
Le réveil sonnait déjà depuis un moment quand Pierre émergea enfin de sa nuit. C’était le milieu de la matinée et pourtant, il avait l’impression qu’il était six heures du matin à cause de sa courte nuit. Il éloigna les événements de sa mémoire pour se concentrer sur la liste des choses qu’il devait faire. Le départ était le lendemain, et il n’avait pas encore touché à son sac, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Les dernières semaines avaient été trop intenses, il avait bien besoin de ces vacances.
Il se leva avec un soupir et alla se préparer un petit déjeuner accompagné d’un jus de fruit, quelque chose de frais et vitaminé pour le réveiller. Il avait presque l’impression d’avoir une gueule de bois, mais il savait que c’était seulement la fatigue et la pression du rush de pré-vacances. Il se demandait dans quel état se trouvait son collègue actuellement… Avait-il réussi à s’endormir ?
Après manger, Pierre s’occupa de son traitement. Seulement, en comptant les boîtes qui se trouvaient dans son placard, il se rendit compte qu’il y en avait une de trop, qui n’était pas la sienne. Il reconnut le traitement de Sofiane et sentit son estomac se tordre : du manque, de la culpabilité, du regret…
Immédiatement, il lui envoya un message tout à fait formel à ce sujet, espérant ne pas être bloqué. Il essaya de se reconcentrer sur sa routine en attendant la réponse, qui arriva peu de temps après. Sofiane lui donnait rendez-vous chez lui pour lui rendre le jour-même, si ça lui allait… Pierre avait certes des choses à faire, mais il pouvait bien faire un saut par chez son ex en allant déposer Oslo, son chien, chez ses parents. Il accepta.
En parlant d’Oslo, son maître joua avec lui avant de vaquer à ses obligations, commençant à remplir son sac de voyage. Il prit ensuite un déjeuner tardif, joua encore avec son animal – qui allait définitivement lui manquer pendant ces presque deux semaines… mais il savait que Chantal lui enverrait des nouvelles régulièrement – puis il prépara les affaires de celui-ci. En milieu d’après-midi, il fit monter l’animal et chargea ses bagages dans la voiture avant de se mettre en route.
Le tour chez ses parents s’éternisa comme cela arrivait parfois, tant la famille était prise dans leurs discussions. Après tout, Pierre était très proche d’eux et il trouvait beaucoup à leur dire. En les quittant, il leur promit de les appeler au moins une ou deux fois pendant son séjour sur la côte.
Maintenant, il fallait se rendre chez Sofiane. Cela faisait quelques mois que Pierre n’avait pas pris le temps ni la peine d’y aller, mais quand l’intéressé ouvrit, il remarqua que ça n’avait vraiment pas changé… Alors, sur le seuil, il essaya de ne pas éterniser leur entrevue et lui tendit sa boîte de médicament avec un sourire.
« Hey, tiens, je suis content qu’on ait réglé ça rapidement. Je vais pas—
-Tu veux rentrer ? le coupa Sofiane. »
Il semblait maussade. Pierre, choqué de la proposition, mit un moment avant de répondre :
« Euh, oui, pourquoi pas… »
Alors son ex ouvrit la porte plus largement et s’écarta du passage pour le laisser entrer.
Pierre entra en prenant le moins de place possible, visiblement peu à l’aise. Revoir l’autre homme rappela à son cœur l’attachement dont il était finalement victime. Il savait que ce n’était pas romantique, ou peut-être un peu, pas suffisamment pour éclipser celui qui occupait ses pensées, mais assez pour que la séparation lui fasse mal, laisse une marque.
Il ne savait pas quoi faire de lui-même, à part rester debout au milieu du petit séjour, les bras ballants, observant l’environnement pour s’y familiariser. Sofiane passa devant lui avec un faible sourire, se dirigeant vers la cuisine.
« Tu veux boire quelque chose ? »
Il ne regardait pas son invité, mais sa voix était douce, ses gestes mesurés. Pierre le suivit du regard, peiné.
« Non, ça ira, refusa-t-il poliment. »
L’hôte se servit un verre d’alcool et zigzagua jusqu’au canapé, s’y laissant tomber. Il tapota la place à côté de lui.
« Viens là chéri. »
Il leva enfin les yeux vers Pierre en prenant une gorgée de son verre.
Celui-ci posa la boîte de médicaments sur la table basse et hésita face à son ex. Mais Sofiane attrapa son poignet avec autorité pour le faire asseoir, alors il ne put qu’obéir.
« Assis-toi j’ai dit, répéta-t-il. Alors, dis-moi, comment ça va ? »
Pierre ne savait pas comment agir. Il était tout perdu face à la familiarité de l’autre homme, qui semblait déplacée vu comment il était parti l’autre jour.
« T’en fais pas, Pierre, je m’en suis remis, soupira Sofiane. J’ai fait mon deuil, t’aimes Sylvain, j’aurais pas dû m’accrocher en sachant ça.
-J’aurais pas dû te laisser faire, répliqua Pierre. Mais…
-Mais je te donnais un truc que tu pensais jamais recevoir de lui… »
Une pause, puis Sofiane ajouta avec un rire :
« Mon cul. »
Son interlocuteur explosa de rire, tapant doucement son bras.
« T’es con putain.
-Ose me dire que j’ai tort ! se moqua son ex. »
Et il ne répondit pas, apportant l’aveu que l’autre désirait. Ce dernier en riait, le salaud.
Pierre se laissa tomber contre lui, sa tête sur son épaule, blotti. Ça lui avait manqué, cette proximité avec lui. Il pouvait bien se laisser aller ce soir… Puisque l’autre ne disait rien, puisque l’autre passait son bras autour de ses épaules pour caresser doucement son épaule, puisque tout allait au moins un peu mieux.
« Comment ça se passe avec Sylvain ? questionna Sofiane avec curiosité – bien que sa voix gardait une certaine animosité en prononçant le nom de son adversaire.
-Y’a tellement de changements que je sais pas par où commencer, sourit son interlocuteur. On va de plus en plus au bar gay ensemble. Il se met à rouler des pelles à des mecs randoms. Hier soir, on a… il nous a trouvé deux gars. »
Il rit nerveusement.
« Il met du vernis. »
Sofiane poussa une exclamation surprise, cassant son poignet vers lui dans un geste dramatique.
« Du vernis ??? Et tu arrives toujours à fonctionner ? »
L’autre homme rit encore et le poussa sans pour autant vouloir l’éloigner. Il faillit renverser son verre au passage, que Sofiane finit cul-sec.
« Je suis pas en chien non plus. Mais frère, ça lui va tellement bien… Je pense qu’à ça.
-Gnagnagna, je suis pas en chien, l’imita exagérément son homologue en riant. J’te crois, ouais. Autant que quand tu disais qu’on était pas ensemble. »
Pierre grimaça.
Il avait clairement été dans le déni, maintenant qu’il y repensait. Mais il avait fait son choix depuis longtemps, aussi, et ne voulait pas croire qu’il pouvait autant s’attacher à quelqu’un d’autre. Puis ce gars a ouvert la porte de son appartement il y a deux ans environ – même si beaucoup pensait que c’était moins – pour un shooting, présomptueux et superbe, et ne l’avait pas quitté depuis. Et il avait apprivoisé le photographe avec toute son autorité et sa douceur. Bordel, comment avait-il fait pour ne pas le voir venir ?
« Pourquoi personne m’a dit que j’étais dans le déni ? questionna-t-il rhétoriquement.
-Tout le monde te l’a dit, Pierre. Même Sylvain, tu m’en avais parlé. »
L’autre éclata de rire et passa un bras par-dessus son ventre pour le serrer.
« Je voulais pas vivre comme ça. Je voulais être un bon garçon et me caser, pas aller voir à droite à gauche et essayer de bouffer à tous les râteliers.
-On fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie, soupira Sofiane. »
Il joua avec son verre en le fixant avec une allure théâtrale.
Pierre ne lui avait jamais dit ce qu’il s’était passé avant qu’il ne le rencontre. Au fond de lui, il sentait qu’il lui devait bien ça, même s’il ne lui en voulait pas trop pour ses propos lors de leur rupture…
« Je sais. J’aurais dû être marié, là, lança-t-il. »
Son interlocuteur fronça les sourcils en le repoussant, histoire de pouvoir le regarder dans les yeux.
« Qu’est-ce que tu racontes ?? Toi, fiancé, à qui ?
-Un gars que j’ai rencontré quand j’étais ado. On vivait ensemble pendant nos études sup’ et on a fini par se fiancer. Mais il est mort avant qu’on puisse se marier. »
Sofiane se figea.
Presque immédiatement, il se rappela ce qu’il avait pu balancer sans considération quelques semaines plus tôt. Il porta une main à sa bouche, une expression profondément désolée sur son visage.
« Merde, je savais pas. Bordel, Pierre, t’en caches d’autres comme ça ?!
-Ouais, répondit-il honnêtement. Mais je veux pas en parler, tais-toi.
-Comment ça tu veux pas en parler ? Tu me balances ça comme ça et tu veux que je l’accepte ! s’indigna Sofiane.
-Je veux plus parler, répéta Pierre, changeant un peu sa phrase pour plus de précision. »
Mais son interlocuteur n’était pas de cet avis, prêt à se lancer dans un monologue.
Cependant, Pierre était vraiment fatigué des mots. Le contact avait réveillé sa nostalgie, des souvenirs physiques qui fourmillaient sur sa peau. Ni une ni deux, il se jeta sur les lèvres de Sofiane et l’embrassa, espérant que ce soit suffisant pour le faire taire – ces précédents essais lui avaient enseigné que ce n’était pas toujours le cas.
Sofiane sourit et répondit au baiser, son corps épousant machinalement celui de Pierre alors qu’il tombait en arrière, contre l’accoudoir, se retrouvant rapidement allongé sous l’autre homme. Il leva les mains vers son visage, l’attrapant pour qu’il n’ait pas l’idée de s’éloigner…
« Et ton crush est au courant que t’es là ? se moqua Sofiane.
-Ta gueule, répliqua son homologue avec verve. »
Il l’embrassa avec plus d’empressement, faisant rire son amant.
« Bordel mais qu’est-ce que t’as en ce moment ? Avec ce que tu viens de me raconter, tu devrais être rassasié, ou alors tu peux pas te passer de moi ? »
Il afficha un sourire en coin, mesquin et fier de lui, que Pierre effaça d’un nouveau baiser. Il ne voulait vraiment, vraiment pas parler. Et surtout pas de ça.
Une main, plutôt téméraire, passa sous le t-shirt de Sofiane – qui était pourtant plutôt près du corps – pour caresser sa peau, le faisant soupirer. Pierre ne savait pas d’où venait ce besoin soudain de le sentir contre lui, et plus si affinité, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne l’avait pas vu venir, n’avait jamais pensé que revoir son ex lui provoquerait cette réaction. Tant pis, c’était trop tard et il avait bien le temps, quelques dizaines de minutes, pour s’abandonner aux plaisirs charnels.
Pierre quitta l’appartement mi-honteux mi-satisfait. Il pouvait enfin rentrer chez lui et… et faire quoi ? Il lui restait quelques trucs à régler pour son départ, mais ce ne serait pas suffisant pour remplir sa soirée. Alors il était livré à lui-même, et n’avait cette fois-ci personne à appeler pour se changer les idées. Peut-être qu’aller se coucher tôt n’était pas une mauvaise idée, ou son esprit s’égarerait trop au sujet d’une certaine personne…
[Second part in reblog]
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captious-solarian · 9 months ago
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My poem for March is Booz endormi by Victor Hugo (between 1855 and 1859, French).
Booz s'était couché de fatigue accablé ; Il avait tout le jour travaillé dans son aire ; Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé. Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ; Il était, quoi que riche, à la justice enclin ; Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ; Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge. Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril. Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ; Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : "Laissez tomber exprès des épis", disait-il. Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques, Vêtu de probité candide et de lin blanc ; Et, toujours du côté des pauvres ruisselant, Ses sacs de grain semblaient des fontaines publiques. Booz était bon maître et fidèle parent ; Il était généreux, quoiqu'il fût économe ; Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme, Car le jeune homme et beau, mais le vieillard est grand. Le vieillard, qui revient vers la source première, Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ; Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l'œil du vieillard on voit de la lumière.
Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ; Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ; Et cela se passait dans des temps très anciens. Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ; La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait, Était mouillée encore et molle du déluge.
Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ; Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée Au-dessus de sa tête, un songe en descendit. Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ; Une race y montait comme une longue chaîne ; Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. Et Booz murmurait avec la voix de l'âme : "Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ? Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt, Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme. Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi, Ô Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ; Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre, Elle à demi vivante et moi mort à demi. Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ? Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ? Quand on est jeune, on a des matins triomphants ; Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ; Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ; Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe, Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe, Comme un bœuf ayant soif penche son front vers l'eau." Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase, Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ; Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite, S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu, Espérant on ne sait quel rayon inconnu, Quand viendrait du réveil la lumière subite. Booz ne savait point qu'une femme était là, Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ; Les anges y volaient sans doute obscurément, Car on voyait passer dans la nuit, par moment, Quelque chose de bleu qui paraissait une aile. La respiration de Booz qui dormait Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse. On était dans le mois où la nature est douce, Les collines ayant des lys sur leur sommet. Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ; Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ; Une immense bonté tombait du firmament ; C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre Brillait à l'occident, et Ruth se demandait, Immobile, ouvrant l'œil à moitié sous ses voiles, Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été, Avait, en s'en allant, négligemment jeté Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
take the 2024 dostoyevsky-official challenge: every month, learn one poem by heart. it could be in any language, it could be poetry you already know, it could be poetry you're reading for the first time, it could be a sonnet, it could be a ballad: go wild (but for this, i recommend choosing canonical poetry in your chosen language, not poetry in translation, nor something new). above all, poetry, language charged with meaning to the ultimate degree, is meant to be read aloud, to be felt with the tongue. by the end of the year, you'll have a better intuitive understanding of the poet's craft, of the possibility and beauty of language, an improved reading style, and, through the memorization process, a deep knowledge of each chosen poem—and you'll have committed 12 poems to heart, sitting around for any occasion, keeping you company wherever you go
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SAMEDI 30 NOVEMBRE 2024 (Billet 2 / 3)
Pierre Guettre et sa petite équipe de jardiniers sont venus mercredi dernier pour assurer « l’hivernage » de la terrasse. D’après les prévisions Météo, ce n’était pas le jour idéal mais le rendez-vous avait été fixé longtemps à l’avance et, vu le nombre d’engagements qu’a la société de Pierre (« Le Chemin Vert »), il n’était pas possible d’en modifier la date.
De toutes façons, les jardiniers sont des gens qui travaillent par tous les temps (dixit Pierre)… et puis, la Météo s’étant encore trompée, il n’a quasiment pas plu et ils ont pu faire tout ce qu’ils avaient à faire sans problème.  
Arrivés à 8h 1/4, ils ne sont repartis qu’aux alentours de 17h, avec juste une interruption d’1 heure pour le déjeuner. Et ils n’ont pas chômé !
En plus du surfaçage de tous les pots et jardinières pour rajouter une couche de terreau frais, du taillage de toutes nos plantes… et surtout du nettoyage complet de la terrasse (Dieu sait si elle en avait besoin, comme tous les ans à la même époque !), nous avons demandé à Pierre de remplacer nos pivoines, après X années en bac elles commençaient à sérieusement se dégénérer, par des agapanthes.
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Nous ne les verrons en fleurs que début mai... Nous avons déjà hâte !
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Un moment qui nous fait toujours peur, c’est quand Pierre se met de l’autre côté du garde-corps, avec six étages de vide sous les pieds, pour retirer les mauvaises herbes qui ont la fâcheuse habitude de pousser très précisément tout le long de ce mur.
Bien sûr il est attaché mais il faut être très prudent. D’ailleurs, c'est toujours lui qui s'en occupe pour ne faire prendre aucun risque à son personnel.
Ne vous fiez pas au côté « Viking » de Corentin (sur la 3e photo), il n’en a que le look car c’est un jardinier incroyablement gentil et passionné par son métier.
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Au départ de l’équipe, la terrasse, propre et pimpante comme un sou neuf (!), est maintenant prête pour affronter dans les meilleures conditions les frimas de l’hiver. Et à chaque fois nous nous disons : heureusement que nous avons la chance de bénéficier des services de Pierre car nous n’avons plus du tout, Marina et moi, ni le courage ni les capacités physiques pour effectuer ce genre de travail !
Pour conclure ce paragraphe, une petite citation (humour noir) : « Passé soixante ans, quand on se réveille sans avoir mal quelque part, c'est qu'on est mort ! »
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cogito-ergo-absens · 3 days ago
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Le miel est reconnu depuis des siècles pour ses vertus médicinales, notamment pour la peau et la cicatrisation. Voici pourquoi et comment il agit :
🟡 Les bienfaits du miel pour la peau :
1️⃣ Hydratation naturelle : Le miel est un humectant naturel, ce qui signifie qu’il attire et retient l’humidité. Il est idéal pour hydrater les peaux sèches.
2️⃣ Propriétés apaisantes : Il calme les irritations et rougeurs, parfait pour les peaux sensibles ou après une exposition au soleil.
3️⃣ Action exfoliante douce : Le miel contient des acides naturels qui aident à éliminer les cellules mortes tout en éclaircissant le teint.
🟡 Les bienfaits du miel pour la cicatrisation :
1️⃣ Antibactérien et antiseptique : Le miel, en particulier le miel de Manuka, contient du peroxyde d'hydrogène et des composés actifs qui empêchent la prolifération des bactéries, réduisant ainsi le risque d'infection.
2️⃣ Stimulation de la régénération cellulaire : Il accélère la formation de nouveaux tissus grâce à sa composition en sucres et enzymes.
3️⃣ Réduction des inflammations : Il apaise les zones rouges et enflammées autour de la plaie.
4️⃣ Favorise une cicatrisation propre : En maintenant un environnement humide et aseptique, il aide à prévenir les cicatrices.
🟡 Comment utiliser le miel ?
✅ Sur une plaie ou une brûlure légère :
Nettoyez la zone avec de l’eau tiède et du savon doux.
Appliquez une fine couche de miel pur (de Manuka pour une efficacité maximale).
Couvrez avec une compresse stérile et changez le pansement quotidiennement.
✅ En masque pour la peau :
Mélangez une cuillère de miel avec un peu de yaourt ou de citron pour un masque hydratant ou éclaircissant.
Laissez agir 15 à 20 minutes avant de rincer.
⚠️ Précautions :
Utilisez toujours du miel brut et non transformé, car les miels pasteurisés perdent une partie de leurs propriétés.
Si la plaie est profonde ou infectée, consultez un médecin avant d'utiliser du miel.
Attention aux allergies : testez d’abord sur une petite zone de peau.
En résumé, le miel est un allié naturel formidable pour la peau et la cicatrisation, mais comme le disait Hippocrate : « La nature guérit les blessures. » Le miel en est un bel exemple ! 🍯
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cmanse · 20 days ago
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LA BALADE DES OUBLIÉES [house of the dragon x oc] • MARIANE HIGHTOWER III
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LA BALLADE DES OUBLIÉES • HOUSE OF THE DRAGON X OCs • CHAPITRE III
✩ synopsis : Dame Mariane Hightower, dernière enfant d’Otto Hightower et sœur adorée de la Reine Alicent, est dévouée à ses neveux et sa nièce : le prince Aegon, la princesse Helaena, le prince Daeron et surtout le prince Aemond Targaryen.
☆ relations : oc!femvelaryon x aegon targaryen; oc!femstark x jacaerys velaryon; oc!femhightower x aemond targaryen; oc!femtargaryen x oscar tully; oc!fembaratheon x lucerysvelaryon
✧ warnings : targ!incest, sexisme typique médiéval, harcèlement, parricide, aegon targaryen est son propre warning, mutilation…
☆ mots : 7811 mots
⭐︎ note de l’auteur : /!\ Je ne suis pas certaine du nombre d’enfant d’Otto Hightower, ni du nom de son épouse. Dearon part un plus tôt à Old Town que dans le canon. Je viens de remarquer que j’écrivais « lady » dans le premier chapitre à la place de « dame », excusez moi pour la confusion. Je ne maîtrise pas entièrement les aspects et le langage religieux, il est possible qu’il y est des erreurs. J’en suis désolée, je veux offenser personne. La chapitre est un peu long, il y a peut être des répétitions ? (J’ai eut beaucoup de mal avec celui-ci) Désolé pour les fautes d’orthographe ! /!\
✧ chapitres : MASTERLIST • I II III
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On dit que le vert représente l'harmonie et l'équilibre.
Pourtant, Dame Mariane Hightower a toujours trouvé ironique que ce soit la couleur de sa maison, de sa famille. Elle voyait sous ses yeux brun vert la destruction et la toxicité étouffante apportée par les bannières de la tour enflammée depuis maintenant dix sept ans.
Elle avait été amenée à la court de KingsLanding à l'âge de quelque mois sous la demande de son père, la main du roi, Otto Hightower. Il voulait que son cinquième et dernier enfant soit près de lui, étant la dernière chose que sa tendre épouse lui ai offert avant de succomber.
La grossesse de Dame Millicent Mullendore avait été mis à l'épreuve avec l'apparition de sa maladie. Les maestres avait proclamé un miracle des septs quand Dame Mariane est née en bonne santé. Mais sa vie a été troquée avec celle de sa mère et Dame Millicent mourra en couche.
Elle a grandi dans le Dojon Rouge entourée de sa soeur ainée Dame Alicent Hightower, qui avait quatorze années quand Mariane est venu au monde. Le quatrième enfant de la main du roi avait prié pendant des mois pour la santé de sa soeur cadette et la voyait comme un remerciement des dieux. Alors quand elle n'était pas occupée a tenir compagnie à la princesse Rhaenyra Targaryen, elle s'occupait de Mariane, jouant avec elle, prenant soin d'elle et l'emmenant même au Grand Septuaire de Baelor. Dame Mariane Hightower était un bébé avec un caractère joyeux et facile selon son aînée. Peut être Alicent était attendrit par les mèches blond vénitien et les joues rosés de la petite dame ?
Cela a changé quand elle épousa le Roi Viserys I Targaryen, devenant ainsi la Reine Consort des Sept Couronnes. Otto Hightower avait profité de la mort de la Reine Aema, l’ancienne épouse du roi pour envoyer sa fille aîné prendre soin du Targaryen et ainsi le charmer. Ce choix a brisé l’amitié et la confiance mutuelle entre la princesse Rhaenyra Targaryen et dame Alicent Hightower.
Mariane n’avait qu’un peu plus d’un an l’époque et ne pouvait pas comprendre pourquoi la princesse ne venait plus jouer avec elle, pourquoi elle ne pouvait plus être autant avec sa sœur adorée. La nouvelle reine avait le devoir de s’occuper de son époux le roi et de ses héritiers (du moins c’est ce que son père l’en a convaincue). Alors privé de la seule présence maternelle qu’elle avait, la petite dame est devenue moins bruyante et réclamante d’attention, devant un bébé calme et doux.
Lors de l’année du deuxième anniversaire de Dame Mariane, son première neveu le prince Aegon Targaryen deuxième de son nom naquit. Elle était restée près du berceau du petit prince, le regardant avec de grand yeux pétillants.
« Il est ton neveu Mariane, tu dois le protéger, toujours. » La Reine Alicent lui a murmuré en lui caressant les cheveux avec douceur. Encore jeune, la Hightower comprit et assimila la demande de son aîné, meme si des années plus tard, elle n’aura aucun souvenir de ce moment. C’est naturellement qu’elle fut de même pour la princesse Helaena Targaryen deux ans plus tard. La demande d’Alicent Hightower était devenue quelque chose de naturelle en Mariane, un sentiment.
Depuis sa tendre enfance Dame Mariane Hightower a toujours eu le sentiment d’avoir la mission, le devoir qu’elle percevait presque comme divin de s’occuper, protéger et gâter ses neveux. Que ce soit partager ses jouets avec le prince Aegon, coiffer les cheveux argentés ondulés de la princesse Helaena ou de se blâmer lorsque les deux bébés cassaient quelque chose, Mariane était là pour eux. C’est ce dévouement qui lui a permis de rester à KingsLanding quand son père c’est fait retirer le titre de la main du roi, repartant ainsi à Old Town. Elle avait supplié sa sœur de rester, de grosses larmes de chagrin trempant son visage pendant des heures alors qu’elle serait la reine dans ses bras, lui répétant qu’elle devait protéger ses neveux, qu’elle devait rester avec elle. Que pouvait faire la Reine Alicent face à la passion et l’amour de sa sœur adorée ? Alors elle accepta.
Lorsque Dame Mariane n’aidait pas ses tendres neveux, elle passait son temps avec la Reine. A l’âge de six ans, elle l’aidait à organiser de grands banquets en choisissant les couleurs des nappes ou des fleurs sur les tables ainsi qu’à répéter certains mots prononcés par des servantes ou des dames de la noblesse qu’elle avait entendu.
La gentillesse et le dévouement de Dame Mariane Hightower envers sa famille n’est pas passés inaperçus. Le roi, son beau-frère Viserys, souriait souvent de ses efforts pour garder les petits princes et princesses hors des ennuis. Les liens que partageaient les enfants du Roi avec leur tante étaient fort et se renforçaient dans le temps. Ils la considéraient non seulement comme un membre de la famille égale à un Targaryen, mais aussi comme une confidente. Ils couraient souvent vers elle lorsqu'ils avaient un secret à partager ou lorsqu'ils avaient besoin de son aide. La court entière connaissait la bienveillance et la fidélité de Dame Mariane pour la famille royale et de l’importance de sa présence dans le Donjon Rouge, malgré qu’elle ne soit qu’une enfant.
Certains jeunes écuyers et fils de nobles avaient le begin pour elle, la sœur chérie de la reine, dernière fille d’un grand lord main de deux rois, Dame Hightower n’était pas n’importe qui. De plus, en grandissant, la beauté de la jeune fille devint plus évidente. Ses cheveux blond vénitien et ses yeux pétillants ont attirés l'attention de beaucoup. Son charme et son élégance ont poussés les plus jeunes garçons de la court à essayer de se battre en duel avec leur épées en bois ou de lui donner des belles fleurs dans l’espoir de conquérir sa main et son cœur. Mais le cœur de Mariane est toujours resté concentré sur le bien-être de sa famille.
Lorsqu'elle a atteint l'âge de sept ans, son troisième neveu est né. Dès le berceau, emmitouflé dans ses couvertures royales, le prince Aemond Targaryen a toujours été le neveu préféré de Dame Mariane, même si elle le dénierait à Aegon ou toute autre personne dans le château. Mais il était si petit, son minuscule neveu et si vulnérable, un Targaryen sans dragon, exposé à la moquerie et la cruauté du monde, qu’elle ne pouvait pas l’abandonner. Dame Mariane Hightower était persuadé au plus profond de son âme que les Septs l’avait envoyé pour être le protecteur du jeune prince Targaryen. Elle devait défendre Aemond plus qu’aucun autre membres de sa famille.
Elle passait tout son temps libre avec lui, lui lisant des livres sur les sept et l'emmenant en excursion au Grand Septuaire de Baelor, cherchant réconfort et conseils auprès des dieux dans la prière. Du haut de ses septs années d’existence Dame Mariane n’avait pas hésité à réprimander une nourrisse qu’elle estimait incompétente pour prendre soin de son neveu. Elle qui est si gentille et douce de nature pouvait se montrer cruelle quand quelqu’un osait toucher ou se moquer du petit prince. La dévotion de Dame Mariane Hightower envers le prince Aemond Targaryen, témoignait de son amour indéfectible pour sa famille. Elle voulait qu’il se sente aimé et valorisé malgré les circonstances entourant sa naissance.
Son influence sur le fils de sa sœur était indéniable. Le jeune prince considérait sa tante comme une figure gentille et protectrice, sentant qu'il pouvait toujours compter sur elle. Au fur et à mesure qu'ils grandissaient ensemble, leur lien ne faisait que se renforcer. Aemond recherchait souvent la compagnie de Mariane, sachant qu'elle serait toujours là pour le guider et le réconforter. Son affection pour le deuxième fils du roi ne passait pas inaperçue auprès des autres membres de la famille royale. Le prince Aegon et la princesse Helaena étaient tous deux témoins de la relation particulière entre leur tante et leur jeune frère. Ils le taquinaient affectueusement, mais observaient aussi avec une pointe d'envie l’attention supplémentaire que Mariane lui accordait.
La présence de Dame Mariane aux côtés de sa sœur la reine consort était de plus en plus fréquente avec le temps, lui permettant de devenir une de ses dames de compagnie à l’âge de neuf ans. Alicent connaissait la dévotion de sa cadette envers leur famille, elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Et puis, qui croirait une enfant ? Alors elle a commencé à se confier à Dame Mariane.
Ainsi lorsque le scandale de la naissance du prince Jacaerys Velaryon et de la princesse Shaerea Velaryon, les deux jumeaux premiers nées de la princesse Rhaenyra Targaryen qui ne ressemblaient en rien à son époux, Sir Leanor Velaryon, la reine Alicent a exprimé sa colère et son indignation à une des rares personnes en qui elle était sûre d’être digne de foi. Les mots dures et cruelles de la plus âgée des Hightower à l’égard des deux nourrissons aux cheveux bruns pas plus vieux que son propre dernier fils le prince Dearon ont choqué et horrifié Mariane.
Elle ne comprenait pas comment sa sœur aînée adorée, la personne qui l’avait élevé pouvait avoir autant de haine envers des bébés innocents. Elle était jeune, certes, elle ne comprenait pas encore entièrement les complexités matrimoniales, mais elle n’était pas idiote. La jeune Hightower savait que le prince héritier et sa jumelle était innocent de la tromperie de la princesse Rhaenyra. C’était elle qu’on devait blâmer entièrement pour s’être moquer des dieux auxquels elle avait prêté serment de fidélité à Leanor Velaryon.
Cependant, Dame Mariane Hightower resta silencieuse, offrant son soutien indéfectible à sa sœur. La fillette pouvait sentir la douleur et la colère d'Alicent, et elle lui tenait donc simplement la main, promettant silencieusement de la soutenir dans tout ce qui allait arriver. Elle devait être bonne pour elle et lui offrit simplement une oreille attentive et compréhensive. Peut importe ce qu’elle pensait de cette affaire, Mariane savait qu'il ne fallait pas remettre en question les sentiments ou le jugement de la reine.
Pourtant… c’était la première fois que Dame Mariane se rendit compte que sa famille était étrange, malaisante.
Les paroles haineuses de sa propre sœur, son propre sang l’étouffait. Elle avait l’impression que la colère des Hightower étaient comme un poison d’un serpent : elle agissait lentement, intoxiquant petit à petit sa proie.
Ce sentiment d’être enfermé par toutes ses émotions négatives grandissaient à mesure que le temps passait. Petit à petit, le venin se répand dans le corps de sa victime.
Elle vit son premier neveu, son premier protégé, le prince Aegon commencer à se perde dans un chemin d’autodestruction, faisant de plus en plus de bêtises et aillant un comportement dangereux avec le vin. Il semblait crier pour l’attention de sa mère qui le délaissait de plus en plus et qui ne lui parlant que pour lui faire pression pour usurper le trône de sa demi sœur Rhaenyra. Alicent ne semblait plus pouvoir supporter son propre fils sans le frapper. Et plus les coups étaient forts, plus le petit prince désespérait à attirer l’attention de sa mère de la mauvaise manière et le cercle vicieux s’aggravait sous les yeux impuissants de Dame Mariane.
Et la princesse Helaena, la pauvre douce Helaena semblait s’enfermer progressivement dans ses rêves et ses insectes, la réalité devenant secondaire pour elle. Mariane avait beau passer du temps avec son unique nièce, la princesse Targaryen ne lui parlait pas. La jeune dame était impuissante, encore une fois.
Oh Aemond, Aemond son neveu adoré, son neveu préféré était moqué, humilié par son propre frère aîné et les enfants de sa demi sœur. Il se faisait harceler sous ses yeux et tout ce qu’elle pouvait faire était sécher ses larmes en le tenant contre elle. Impuissante. Encore et encore.
Même le petit Daeron lui fut pris, envoyer par la reine à Old Town pour être l’écuyer de son grand oncle, Lord Ormound Hightower.
Dame Mariane souffrait de voir la famille qu’elle chérissait et aimait plus que sa propre vie s’effondrer. Ou plutôt, la bulle qu’elle avait créée, l’illusion que sa famille était de paix et d’harmonie, avait éclaté.
Dame Mariane Hightower avait entamé sa dix-septième année de vie. Sa beauté avait accroît avec l’âge. Son visage c’était affiné, ses joues n’étaient plus rondes mais avaient gardé leur couleur rosé et ses cheveux étaient fins, soyeux d’un blond vénitien aux reflets dorés au soleil. Son corps de fillette c’était transformé en celui d’une femme : sa poitrine c’était développée, prenant une taille plutôt petite et son bassin c’était élargi légèrement. Mariane avait une corpulence droite avec peu de forme, en tout cas moins que sa sœur Alicent.
Elle n’était toujours pas mariée malgré ses nombreux prétendants et qu’elle est atteint l’âge l’égale depuis maintenant un an. La reine lui avait promis de lui laisser choisir le lord qu’elle voudrait (à condition que celle ci l’approuve).
La semaine de Dame Mariane avait été chargé.
Elle avait dut s’assurer que toute les lettres annonçant l’heureuse nouvelle de la naissance du prince Joffrey Velaryon, le troisième enfant de la princesse héritière Rhaenyra Targaryen et de son époux Sir Leanor Velaryon avait bien été toute envoyé par corbeau. Puis elle a dut se charger de demander aux soeurs de silence d’organiser des heures de prières pour que le peuple puisse porter leurs vœux et leur souhait de bonheur et de santé pour le nouveau prince aux septs. Ensuite elle avait chargé des domestiques de lui rapporte à elle ou à Lord Larys Strong, un des alliés de sa sœur toute rumeurs concernant la princesse héritière et ses enfants. Le deuxième fils de Lionel Strong, la main du roi après que son père Otto fut renvoyé de son poste était un infirme qui avait appris à écouter les ragots et à éplucher leur part de vérités. Pendant longtemps, il y avait des rumeurs qu’il épouserait Dame Mariane.
Ça avait été beaucoup de tâches entant que la dame de compagnie principale de la reine. Mais elle ne plaignait pas, la Hightower savait que c’était son devoir de s’occuper des taches dont sa majesté n’avait pas le temps pour ou plutôt qu’elle ne désirait pas faire.
La semaine c’est compliqué avec l’horrible blague du prince Aegon accompagné du prince Jacaerys, du prince Lucerys et de la princesse Shaerea fait contre le pauvre prince Aemond.
Il était venu en sanglot enrouler ses petits bras de petit garçon de presque onze ans autour de sa tante adoré. Boulversé, il lui a raconté entre de grosses larmes que son frère et ses neveux lui ont offert un cochon aile en guise de dragon. Le petit prince Targaryen avait été humilié une nouvelle fois et cela l’avait complètement détruit. Mariane avait annulé son entretient avec des servantes sous son services pour bercer contre sa poitrine son pauvre petit neveu. Elle avait caresse les cheveux cheveux argentés d’Aemond en lui murmurant des mots rassurants.
« Un jour, toi aussi tu auras un dragon. Je te le promets Aemond, tu auras un dragon et plus aucun d’eux n’osera t’embêter » La petite tête déformée par la douleur d’Aemond sait nicher entre les seins de sa tante à la recherche de réconfort.
« Cette… cette batarde de Shaerea elle, elle dit que… que » Il n’arrivait pas à finir sa phrase, prit de violent sanglot. Jamais il n’aurait pu être comme ça en public ou devant sa mère. Mais sa tante Mariane, elle, ne le jugerais jamais pour ses moments de faiblesses.
« Mon doux neveu, je suis désolé, tellement désolé… » Elle lui a murmuré en déposant un baiser contre ses cheveux, son cœur brisé par la cruauté que faisait preuve les autres enfants royaux. Dame Mariane n’aurait jamais crus capable son neveu Aegon d’une méchanceté pareil envers son propre sang, ni qu’il soit capable d’entraîner avec lui ses batards de neveux. La princesse Shaerea, le joyau de la couronne, n’était pour Mariane qu’une simple enfant gâté et cruelle qui jouait les princesses innocentes. Au fils de ses dernières années, elle c’était dit plus d’une fois que sa sœur avait peut être eut raison sur les jumeaux batards de Rhaenyra. Après tout, un péché reste un péché.
Dame Mariane Hightower avait pris grand plaisir voire Sir Criston Cole, le chevalier protecteur de sa sœur, humilier Sir Harwin Strong lors de l’entraînement des princes. Un simple commentaire sur la rumeur du parentage entre lui et les enfants royaux avait suffi pour qu’un affrontement démarre entre les deux hommes. En répondant par les poings à la provocation du commandant de la garde royale, le fils aîné de Lord Lyonel Strong avait prouvé les dires de Sir Criston. Ça aurait été presque hilarant si la princesse Shaerea ne c’était pas mis à pleurer dans les bras de son jumeau, pâle et tremblante. Dame Mariane n’était pas sadique, voir pleurer un enfant ne lui procurait pas de la joie. Même pour cette petite garce de princesse Velaryon.
Les jours suivants la famille de la princesse Rhaenyra a quitté le Donjon Rouge pour DragonStone, l’île ancestrale des Targaryens. Et encore une fois, la fille unique de la princesse héritière avait réussi à faire tout un drame. Elle avait crié et pleurer, ne voulant pas quitter son oncle Aegon, sur lequel elle avait un béguin embarrassant, et Sir Harwin qui allait maintenant vivre avec son père à Harrenhall. Sir Leanor a dut la porter pour qu’elle arrête de se débattre.
Dame Mariane était soulagée, la petite fille de son beau-frère Viserys ne l’agacera plus et le prince Aemond sera plus tranquille sans sa présence et celle de ses frères.
Quelques jours plus tard, la Hightower avait commencé une journée tranquille, sans ennuis, dans un château d’une rareté calme. Elle avait passé la matinée avec sa nièce Helaena à l’écouter parler de ses insectes. La dame avait été attentive aux explications de la princesse, en essayant de ne pas être dégoûtée par les vers blancs. C’était vraiment un jour paisible.
Jusqu’à ce que Lord Larys vienne lui annoncer le décès de Sir Harwin Strong et de Lord Lyonel Strong, brûler dans un accident dans le château maudit d’Harrenhall et de la mort de Dame Léana Velaryon, l’épouse du prince Deamon Targaryen, morte bruler dans le feu dragon de Vaghar sous sa demande après de grosses complications lors de son accouchement.
« Vous êtes derrières la mort de votre frère et père, n’est ce pas Lord Larys ? » A demandé la jeune femme de dix-sept ans. Elle le savait, bien sûre qu’elle le savait. Elle connaissait trop bien l’homme en face d’elle. Que les dieux lui pardonne pour avoir été aussi naïve pour penser que l’homme ne commettra un parricide.
L'expression de Lord Larys est restée neutre, ne trahissant rien. Il lui a offert un petit sourire, un soupçon d'arrogance dans ses yeux.
« Vous me donnez trop de crédit, ma dame », a-t-il dit, son ton doux. « Je ne suis qu'un humble serviteur au service du roi, pas un cerveau tordu. » Sa voix était presque convaincante, mais Dame Mariane n'était pas si facilement trompée, pas par l’infirme en tout cas. Mais la peur, l’horreur de voir un homme qu’elle connaissait aussi bien commettre un si grand péché, l’a poussé à juste hocher la tête en souriant. Elle avait prié les septs ce soir là, priant pour éviter que la fourberie de Larys Strong ne s’approche pas de sa sœur et de ses neveux.
L’enterrement de Dame Leana Velaryon a Driftmark lui permit de se libérer de l’angoisse étouffante de sa semaine. Elle avait réussi à accompagner le Roi et sa sœur, les convainquant avec assez de facilité que ses neveux avaient besoin besoin d’elle dans une épreuve pareille.
Habillée d’une robe noire au broderie verte, elle se tenait près d’Aemond et de son père Otto Hightower. Suite à la démission de Lionel Strong, il avait repris sa place de main auprès du Roi Viserys. Ça l’avait perturbé de le revoir après tout ce temps, la dernière fois qu’il était partie elle n’avait que quatre ans. Certes, elle lui avait envoyé des lettres depuis mais ce n’était pas pareil qu’en face à face.
Dame Mariane avait l’impression de faire tache autour de toutes ces chevelures argentées et ces yeux violets. Elle n’avait jamais autant vu de Targaryen et Velaryon rassemblés à un même endroit. Sauf peut être lors du mariage de sa sœur Alicent, mais elle ne s’en souvenait pas car elle était trop jeune lors de l’événement.
Ses yeux bruns vert se sont dirigés vers la famille de la défunte. Les filles de Dame Leana se tenaient contre leur grand mère, la princesse Rhaenys. Mariane connaissait leurs noms, elle les avait étudiés comme tous les noms de la noblesses actuelles de Westeros. Les jumelles Baela et Rheana n’avait que septs années et étaient déjà aussi belle que leur mère avec leur cheveux crépus argentés et leur peau foncée qui semblaient avoir des reflets dorés au soleil. La Hightower avait entendu des rumeurs sur le caractère de la princesse Baela, semblable à celui de son père le prince rogue Deamon Targaryen.
Son attention c’est tourné vers une adolescente aux cheveux argentés attachés en tresses parfaitement serrés et au regard violet froid. Elle se tenait droit, ses yeux se perdaient au loin dans les vagues. Elle était musclée, cela se voyait même sous ses robes de deuil, montrant l’entraînement régulier et intense qu’elle s’affligeait.
Dame Mariane l’a reconnu immédiatement, c’était la princesse Melegdie Targaryen, la fille aîné du première mariage prince Deamon avec Dame Rhea Royce.
Une guerrière redoutable, première dragonière de FrostBite, le troisième plus gros dragon anciennement sauvage et détentrice de BlackFire, l’épée du conquérant. Elle était impressionnante du haut de ses quinze ans et sa personnalité froide et sans pitié n’aidait pas les gens à se détendre près d’elle.
La princesse était silencieuse, à l’écart du groupe principale mais restait en capacité de garder un œil sur ses deux jeunes sœurs et son père. Dame Mariane fut surprise de l’œillade froide qu’elle a échangé avec le prince Deamon. C’était comme si la princesse Targaryen lui donnant l’ordre de bien se comporter. D’après ce que la jeune Hightower avait entendu, les deux royaux partageaient un lien fort mené par l’ambition et l’amour du combat et de la chevauché de dragon, autant de froideur et de dureté de la part de Melegdie était surprenant. Mais après tout, elle avait aussi entendu que l’adolescente adorait sa belle-mère Leana. Peut être qu’elle considérait son père responsable de la mort de la Velaryon ?
Les derniers mots d’adieux et de commémoration ont été prononcés par Vaemond Velaryon, l’oncle de la défunte. Le cercueil de pierre de Dame Leana Velaryon a été jeté à la mer, permettant à ses cendres de retrouver son côté Velaryon. La Hightower continuait d'observer de près la famille de Leana. Les jeunes princesses étaient clairement dévastées, et la princesse Rhaenys retenait ses larmes. Le frère de Leana, Leanor, qui s’était séparé de ses enfants, pleurant en silence. Et la princesse Melegdie, la belle-fille de Leana, fixait d'un regard meurtrier son père qui a osé lâcher un gloussement.
Dame Mariane regarda la scène le coeur lourd pour la famille de la décédée, compatissant pour eux. Elle ne pouvait imaginer la douleur de perde sa sœur dans un accouchement, dieux merci la Reine a donné assez de fils au roi.
Les funérailles continuèrent, des serviteurs venaient offrir des rafraîchissements aux invités. Dame Mariane Hightower prit un verre de vin et permit à Aemond d'en prendre un également. Un seul, elle avait été très claire, un alcoolique dans la famille suffisait. En parlant du prince Aegon, sa tante le perdit des yeux pendant une dizaine de minutes, occupée à surveiller la princesse Helaena qui jouait avec ses insectes près du trône de son père et à rassurer le prince Aemond.
Elle retrouva son premier neveu, le prince Aegon autour de sa cousine Melegdie. Il était visiblement déjà enivré par le vin, admirait sans vergogne le corps de la princesse. Mariane eut envie de soupirer et de crier à son neveu adolescent d'arrêter de regarder la poitrine de sa cousine, peu importe qu’elle soit volumineuse ou non. Elle pouvait comprendre qu’il arrive à un âge où ses… désires se développe, mais il pourrait les développer ailleurs qu’aux funérailles de sa tante par alliance !
Dame Mariane sera sa mâchoire lorsqu’elle vit Aegon enrouler son bras autour de la hanche de Melegdie, caressant doucement son corps recouvert de tissues noir de deuil.
La hightower de dix-sept années se souvenait de l'époque où la princesse Melegdie vivait à RedKeep lorsqu'elle était enfant. Son séjour avait été d’une courte durée, mais elle et le prince Aegon ont réussi à trouver le moyen de se détester. La fille de Deamon Targaryen n’arrêter pas de répéter que son cousin était laid et le fils du roi Viserys ne cessait pas de répéter que sa cousine était effrayante. Dame Mariane ne put s'empêcher de secouer la tête à cette vue, c'était incroyable de voir comment une grosse poitrine pouvait changer si drastiquement l'avis d'un homme.
Aegon gloussa, se penchant plus près de Melegdie. "Ma cousine, tu es devenue une vraie femme depuis que nous étions enfants", dit-il d'une voix essayant d’être sensuelle. Il essayait d’imiter les hommes qu’il avait vus essayer de séduire des filles de joies dans la rue de la soie lors de ses excursions secrètes hors du château. "Je ne me souviens pas que tu avais de telles... courbes à l'époque."
La princesse Melegdie Targaryen lui lança un regard aussi froid, tranchant et meurtrier que l’hiver glacé au nord du Mur. Son nez c’est plissé avec dégoût. Elle posa sa main forte et habillé sur celle du prince Aegon pour la retirer avec fermeté et autorité de son corps.
« Touche mes courbes une fois de plus et le prochain enterrement sera le tien, cousin »
Le premier fils du roi a pâlis, son sourire narquois disparaissant. Il était serte intoxiqué par ce bon vin de Dorne, mais il avait assez de conscience pour comprendre que sa cousine paternelle n’hésiterait pas une seule seconde à lui tranché sa tête en deux par égale à l’aide de BlackFire. Il s’est écarté, levant maladroitement ses mains en l’air. Il a reculé jusqu’à se cogner contre sa tante Mariane.
Celle ci le regarda avec désespoir et agacement, ses bras croisés contre son torse. « Mon cher neveu, toi et moi allons passer beaucoup de temps au Grand Septuaire de Baelor a étudié le livre sacré de la Foi. » Elle lui a expliqué durement.
Aegon gémit dans sa barbe. Passer des heures au Sept, à lire sur les dieux et leurs vertus était la dernière chose qu'il voulait faire pendant son temps libre. « Allez, tante Mariane, tu ne peux pas me punir avec autre chose ? » gémit-il.
Elle lui sourit avant de lui caresser ses cheveux. Ce dernier commençait à la rattraper en taille, il ne lui manquait qu'un décimètre, une quinzaine de centimètres pour la dépasser. « Si tu insistes, tu m'aideras avec les cours d'histoire de ton doux frère Aemond, il doit, tout comme toi, se plonger plus profondément dans le règne de ton arrière-grand-père le roi Jaehaerys I." expliqua-t-elle avec un sourire amusé, fière de sa punition. 
Le prince Aegon gémit à nouveau, mais accepta la punition de sa tante avec un soupir résigné. « Super, des cours d'histoire. C'est exactement ce que je veux faire de mon temps libre », marmonna-t-il sarcastiquement.
Dame Mariane Hightower a ri et posa doucement sa main sur le dos de son neveu pour l'éloigner de Melegdie. Les deux femmes échangèrent un regard, inclinant leur tête, signe de respect mutuel silencieux.
La nuit avait pris la place du jour, l’air se rafraîchissant et la lune devenant la seule source de lumière avec les étoiles. Le cœur de Dame Mariane battait la chamade.
Le prince Aemond Targaryen avait disparu.
Elle était allée coucher la princesse Helaena il y a peu, s’assurant qu’elle se sente en sécurité et confortable dans une chambre qui n’est pas la sienne. Sa nièce avait marmonné en boucle des paroles incompréhensibles. D’après elle un papillon allait perde une aile. La Hightower est restée près de la jeune fille, la rassurant que tout allait bien, qu’il n’allait rien arriver.
Puis son père, Otto Hightower est venu vers elle d’un pas colérique, tenant son petit fils Aegon par le bras. Le prince était sous l’emprise de l’alcool, ses membres ne marchant pas correctement. La main du roi lui a jeté l’adolescent, lui ordonnant de s’en occuper car ce dernier n’avait pas le temps pour les conneries d’Aegon.
Alors Dame Mariane c’est exécuté. Elle l’a porté avec difficulté jusqu’à la chambre attitré au prince et s’est occupé de le laver avec douceur. Le garçon était vraiment saoul et c’était mis à sangloter. Le cœur de sa tante c’est serré.
« Pourquoi doivent-ils toujours me faire mal ? Pourquoi ils ne peuvent pas être doux comme toi ? Qu’est ce que j’ai fais pour mériter ça ? » Le prince Aegon a pleuré dans son bain froid alors que Mariane lui lavait les cheveux avec douceur. Otto l’avait encore frappé pour avoir bu.
Mais que pouvait bien faire la dame ? C’était son père, la main du roi et elle n’était qu’une femme. Alors comme toujours elle a écouté et rassuré, essayant d’apporter de l’affection à son pauvre neveu.
C’est quand elle est revenue dans la chambre qu’on lui avait prêté pour la nuit, que Dame Mariane Hightower s’est rappelée qu’elle avait oublié de dire bonne nuit au prince Aemond. Habillé d’une robe de chambre blanche à dentelle lui arrivant jusqu’au genoux, elle a pris une bougie pour se diriger vers son neveu adoré. La Hightower a toqué trois fois avant de pousser l’épaisse porte en bois.
Elle s’est figée, Aemond n’était pas là.
Un rugissement fit trembler les murs du château. Ses yeux verts bruns ont regardés par la fenêtre et avec horreur découvrirent un monstre ailée géant voler sous la lumière argentée de la lune. Vaghar.
« Non, non, non, non, non… » Mariane abandonna sa bougie, se précipitant le plus vite possible hors du château. Ses pieds nues résonnaient contre la pierre froide de DriftMark et ses cheveux longs, blond vénitien volaient derrière elle en s’emmêlant. Elle n’avait jamais couru aussi vite de toute sa vie, même lorsque sa sœur la reine lui confiait une tâche urgente.
Elle a alors entendu des voix aigus d’enfants. Puis, oh dieux, des cris. Dame Mariane les a reconnus immédiatement, les enfants batards de la princesse Rhaenyra Targaryen et les filles du prince Deamon Targaryen.
Son visage se tordait d’anxiété et de peur.
Mariane entendait des bruits de combats. La chaire contre la chaire, se frappant avec violence, des corps tombants au sol.
Elle est rentrée dans la pièce froide, remplit de pierre, éclairée par la seule lumière jaunâtre des torches. La Hightower les a vu, ces jeunes enfants ensanglantés. Les princesses Baela, Rheana et Shaerea se tenaient l’une contre l’autre, leur visage couvert de sang et de terre. La Velaryon pleurait, regardant son jumeau au sol comme figée. Au dessus du prince Jacaerys, la prince Aemond se tenait fièrement, une pierre en main, près à assommer son propre neveu.
«��Ça suffit ! » A hurlé Dame Mariane en s’approchant des enfants.
Cela déstabilisa le fils du roi, le faisant baisser son bras avec le rocher. Jace ne perdit pas de temps et lança une poignée de sable dans les yeux de son oncle.
Tout se passa rapidement. Le prince Lucerys Velaryon se leva et trancha l’œil du prince Aemond Targaryen dans un hurlement de rage.
À ce moment là, l’instinct de Mariane Hightower prit le relais. Elle se précipita vers Aemond, le visage tremper de sang entrain d’hurler de tous ses poumons, se recroquevillant sur lui même. Elle poussa Lucerys avec une force qu’elle n’avait pas mesurée, la tête du petit garçon se fracassant contre les rochers.
« Aemond, Aemond, Aemond montre moi! » Mariane a demandé à son neveu, prise de panique. Son pouls était trop rapide, étouffant les sons extérieurs. Des larmes chaudes ont coulés sur son visage alors qu’elle essayait de stabiliser le prince Targaryen.
« Aemond, s’il te plais, Aemond, dieux s’il vous plais… » Elle a sangloté en essayant de voir la blessure terrible faite au petit garçon de dix ans. Il s’est retourné, son visage détruit par la douleur de l’attaque. Le corps de Mariane Hightower tremblait alors qu’elle a touché le visage du prince avec délicatesse.
Aemond Targaryen avait perdu son œil.
Elle était assise, genoux contre le sol froid de la salle du trône de DriftMark. Le roi Viserys, son beau frère criait sur la garde royale, remettant la faute sur eux. Le feu de la cheminée crépitait, et les seuls bruits qu’on pouvait entendre (mise à part le roi et les gardes) dans la salle remplit de Velaryon et Targaryen étaient les pleures étouffés de Dame Mariane et les cris de douleur du prince Aemond dont le mestre recousait sa chaire.
La Hightower tenait la main de son neveu avec fermeté, l’angoisse et l’horreur tordant son beau visage. Elle était toujours habillée de sa robe de chambre blanche et inappropriée devant des individus de la haute société, d’hommes qui ne sont pas son époux. Mais les dieux le lui pardonnera, elle le savait.
Sa sœur aînée, la Reine Alicent était au siège de son fils, près de Mariane. « Il va guérir, n’est ce pas Mestre ? » L’épouse du roi a demandé avec angoisse et désespoir.
« Dieux, je vous en supplie, dieux soyez bon, aillez de la merci. » Dame Mariane a murmuré, posant son front contre le dos de la main du prince Targaryen. Leur père, Lord Otto Hightower regardait ses deux filles. Il ne les avait jamais vu aussi émotive, si inconforme au règle de politesse et d’honneur.
« La chaire va guérir… » Le prince Aemond se tortillait alors que l’homme de soin enfonçait avec précision l’aiguille dans sa joue. « Mais l’œil est perdu votre grâce. »
Alicent s’est reculée, essayant de digérer la nouvelle. Mariane, elle, éclata en sanglot, son corps tremblant sous l’accablement. Ça ne pouvait pas être possible, pas lui, pas son doux, si gentil et jeune neveu. Ses larmes salés sont tombés contre la peau des mains d’Aemond.
Accablée par la tristesse, Dame Mariane ne prêta meme pas attention à sa sœur la reine qui ce dépêcha d’aller blâmer le prince Aegon. La plus jeune Hightower n’entendit pas la gifle qu’Alicent donna à son premier fils, ni le petit cris de surprise de la princesse Shaerea Velaryon.
Elle avait échoué à sa mission. Dame Mariane Hightower n’avait pas put protéger ses neveux.
« Je suis désolée… » Elle sanglota à genoux devant le prince Targaryen, sa tête poser sur les genoux de ce dernier. Ses paroles étaient assez fort pour que seulement le fils de sa sœur et le mestre l’entende. « Je suis tellement désolée Aemond… »
Aemond sentit les larmes de sa tante sur sa peau, ses sanglots lui brisèrent le cœur. La douleur à son visage était la pire qu’il avait ressenti en sa courte décennie de vie. Alors voir sa tante ainsi, c’était trop. Dieux, s’il n’y avait pas toute la court et son père le roi, le prince Targaryen pleurait autant que son œil valide lui permettait. Il savait en entendent la voix de Dame Mariane pleine de chagrin et de culpabilité, qu’elle se reprochait la perte de son œil.
Il avala la boule dans sa gorge, essayant de trouver les mots justes pour la réconforter. Mais pouvait il se permettre alors que toute l’attention était sur lui ? Ce n’était pas approprié ? N’est ce pas ?
Discrètement, il posa sa main libre pour toucher les cheveux soyeux de sa tante.
Dame Mariane releva ses yeux humides vers l’enfant défiguré, lui souriant avec un mélange d’affection et de chagrin. Elle déposa un baiser sur les phalanges d’Aemond, trempés des larmes de la Hightower. « Tu es un si gentil garçon… tu ne mérites pas ça… les dieux le savent, tu ne mérites pas toute cette douleur… »
Les portes se sont ouvertes sur Lord Corlys Velaryon et la princesse Rhaenys Targaryen, les deux hôtes des lieux suivit de la princesse Rhaenyra Targaryen et le prince Daemon Targaryen. La Hightower regarda d’un œil méfiant les adultes responsables des enfants qui ont blessés le prince Aemond.
La princesse Rhaenys s’est précipitée vers ses petites filles les princesse Baela et Rhaena Targaryen qui étaient entrain de se faire soignée et rassurer par la princesse Melegdie. Cette dernière leur avait assuré une sécurité inébranlable contre quiconque aurait voulu ce venger sur elles, grâce à l’épée du conquérant, BlackFire dans sa ceinture.
Dame Mariane s’est tendue en entendant les voix aigus des batards de la princesse Rhaenyra. Elle les a observé avec haine et dégoût se jeter dans les bras de leur mère en pleurnichant, jouant aux victimes. Aemond était la victime. Pas ces résultats d’un péché.
Sa colère était partagé avec le prince deuxième fils du roi qui, lorsque sa demi-sœur a eut l’audace de demander des explications. « Ils m’ont attaqués ! » A-t-il crié, se tournant vers ses attaquants.
Une cacophonie de hurlement a résonné dans les murs. « Il a volé Vaghar ! » A répondu Baela Targaryen
« Il a essayé de nous tuer ! » A hurlé Jacaerys Velaryon à son tour.
« Il a cassé la mâchoire de Shaerea ! » A insisté Rhaena Targaryen en regardant sa cousine se tenir son menton d’où coulait du sang épais venant de sa bouche tout en pleurant.
« C’est pas vrai ! Elle est tombée toute seule ! » A surenchéri Aemond Targaryen.
« Il a traité Jace, Luce et moi de batard ! » A sanglote Shaerea Velaryon, noyé dans le brouhaha.
« Tu n’es qu’un menteur et un voleur de dragon ! » La deuxième fille de Daemon Targaryen a craché, suivit de sa sœur jumelle Rhaena.
« C’était le dragon de ma mère ! Il était à moi ! »
 « Assez… » Le roi Viserys a parlé, s’appuyant sur sa cane avec difficulté. Dame Mariane a serrer la main de son neveu, le suppliant de ce calmer. Elle était en colère, plus qu’elle ne l’avait jamais été mais le roi, le roi n’était pas quelqu’un à qui elle pouvait faire fasse et en ressortir indemne, même pour protéger le prince royale. « SILENCE ! »
Puis l’homme âgé est descendu vers le siège où se trouvait son fils et sa belle-sœur. Mariane savait déjà que le roi Viserys Targaryen ne prendrait pas le partie d’Aemond, le seul partie légitime. « Aemond. Je veux la vérité sur ce qui c’est passé. Maintenant. »
La Hightower a serré la main de son neveu avec instinct, comme pour le calmer (même si ce geste la plus rassurer elle que lui). Sa sœur la Reine Alicent Hightower était indignée par la réaction de son époux. « Qu’est ce qu’il a de plus à rajouter ? Ton fils a été défiguré, le sien est le responsable. » Alicent a dit en pointant son troisième enfant d’un geste de la main.
« C’était un regrettable accident. » La princesse Rhaenyra a rétorqué. Dame Mariane sentait sa colère bouillir en elle plus l’héritière du trône parlait. C’était une pécheresse. Sa sœur avait raison depuis le début. Tout comme pour les batards Strong. Alicent avait eut raison. Et voilà ce que son ignorance lui a coûté, son neveu est blessé à vie.
Mais elle a essayé de lutter contre ce sentiment alors que son aîné criait sur la futur reine. Mariane serra la petite main d’Aemond, des larmes de rage coulant de ses yeux brun - vert.
L’audace de cette pute de Rhaenyra de venir pleurnicher auprès de son père car Aemond a traiter ses batards de batards faisait siffler les oreilles de la Hightower. Comment osez-t-elle après tout ce qu’elle a fait venir jacasser sur la "haute trahison" commit par son demi-frère, un enfant, alors qu’elle avait déshonoré et trahis toute les lois en enfantant pas un seul, mais quatre batards à la court ?! Comment osez-t-elle demander à ce que le prince deuxième fils du roi soit questionné alors que la vérité était exposé à quiconque pose les yeux sur Jacaerys, Shaerea, Lucerys et Joffrey Strong ?
Dame Mariane Hightower sanglotait en silence, son regard remplit d’une haine fusillant la famille de Rhaenyra.
 « Pour une insulte ?… Mon fils a perdu un œil pour une insulte ? » Les mots de la Reine Alicent faisait échos dans la tête de sa jeune sœur. C’était injuste, terriblement injuste. Elle ne pouvait pas le supporter. Elle bouillonnait alors que son beau-frère est venu près d’Aemond, se baissant à son niveau, l’expression menaçante. « Aemond… regarde moi. » Mariane senti la petite main de son neveu qui se trouvait dans ses cheveux se resserrer discrètement, signe d’anxiété. « Ton roi demande une réponse, qui t’as compté ces mensonges ? »
Le silence était suffocant et le cœur de la Hightower s’est serré connaissant la responsable. L’unique œil valide du prince c’est tourné vers sa mère puis il a finalement répondu après une longue réflection. « C’était Aegon. »
Le visage de Dame Mariane baigné de larmes a pivote vers son premier neveu. « Moi ? » a-t-il dit avec incompréhension.
Les jambes de la jeune femme ont bougées toutes seules, voulant ce précipiter vers le prince Aegon mais la poigne ferme d’Aemond l’en a dissuadé.
 « Et toi garçon… » Le roi Viserys Targaryen c’est approché de son premier fils avec colère. « Où as-tu entendu des monstruosités pareils ? AEGON !? »
Dame Mariane regardait le dirigeant des septs couronnes avec l’envie insatiable de l’achever. Elle savait que c’était mal, qu’elle ne devrait pas pensé ainsi, encore moins d’un membre de sa "famille". Mais Aemond était déjà blessé, elle ne pouvait pas se permettre qu’Aegon le soit aussi. La Hightower allait se lever, s’interposer mais fut coupée avant même de commencer par le prince Aegon. « On le sait père… tout le monde le sait. » Avec dégoût, l’adolescent a lancé un regard à ses neveux et sa nièce. « Juste regarde les. »
L’air de la pièce était devenu irrespirable et les pleures de la petite princesse Velaryon aux mots de son oncle adoré n’ont fait qu’amplifier cet impression d’être enfermé dans ce mélange de haine et de douleur.
« Ces combats incessant doivent s’arrêter ! Pour vous tous ! » Le roi a hurlé. « Nous sommes une famille ! Maintenant présentez vos excuses à l’un l’autre. Votre père, votre grand-père, votre roi vous l’ordonne ! »
Ce présentez leur excuses ?
C’était ça la punition de Lucerys Velaryon pour avoir hotter à vie l’œil du prince Aemond Targaryen ?
C’en était trop.
« Présentez leur excuse ? » Dame Mariane a demandé avec incrédulité et colère. « Ce n’est pas juste mon roi. Où est la justice mon roi ? »
Le roi tourna brusquement la tête vers Dame Mariane, agacé par son ton insolent. Il plissa les yeux, clairement offensé qu'elle ose lui parler de cette façon.
« Dame Mariane, vous oubliez votre place », dit-il sévèrement. « Ne prétendez pas me dire ce qu'est ou n'est pas la justice. Je suis le roi et je commande ce qui se passe entre ces murs. » Il regarda le groupe d'enfants, sa voix mêlant frustration et déception. « Maintenant, excusez-vous, vous tous ! »
Le prince Aemond serra plus fort les cheveux de sa tante mais elle l'ignora, se levant complètement, la tête haute.
« Mais ce n'est pas suffisant, mon roi. Demander aux enfants de se pardonner les uns les autres ne suffit pas. Aemond, mon doux neveu, ton propre fils mon beau-frère, c'est l'enfant le plus bon et le plus pur que je connaisse » dit-elle d'une voix farfelue, regardant son neveu, les larmes aux yeux. « Et il a perdu un œil pour la vie, il a souffert plus que quiconque ici. Si vous ne faites pas justice maintenant, mon roi, les dieux le feront tôt ou tard »
La cane du roi frappa le sol, faisant sursauter la Hightower et plus d’un dans la salle. « Dame Mariane, vous dépassez les bornes ! » cria Viserys Targaryen, sa voix résonnant dans la pièce. « Vous n'avez pas besoin de me faire la leçon sur la justice, je sais ce que c'est ! »
Il fit un pas vers elle, les yeux plissés d'agacement. « Votre souci du bien-être de votre neveu est admirable, mais je suis le roi et c'est moi qui déciderai de ce qui doit être fait ! » Il regarda le groupe d'enfants, son expression sévère. « Maintenant, je vous ordonne à tous de vous excuser, maintenant ! C'est un ordre ! »
Dame Mariane est restée silencieuse, son regard examinant chaque tête présente. Des larmes noyaient ses jolies traits maintenant tordu par la colère.
« Je connais les dieux mon roi, et ils ne laisserons pas une injustice impunie bien longtemps. » Ses iris se sont plongés dans celle de Lucerys Velaryon. « Du sang pour du sang, un oeil pour un œil. Tel il en sera ainsi. »
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christophe76460 · 2 months ago
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Sa Parole Pour Aujourd'hui du Lundi le 30 septembre 2024
Connaître le caractère de Dieu
“Saint, saint, saint est le Seigneur de l'univers ! La terre entière est remplie de Sa gloire !” Es 6. 3
Shane Pruitt a écrit : “l’un des plus gros mensonges auquel nous risquons de croire est que Dieu est exactement comme nous, c’est-à-dire que nous Le ramenons à notre niveau, avec nos faiblesses et nos limitations... Cependant une particularité fondamentale, c’est que Dieu est Dieu et que nous sommes humains. Il n’est pas limité comme nous, ne souffre pas d’amnésie comme nous... car Il est saint ce qui signifie qu’Il est séparé, mis à part.”
Les attributs du caractère de Dieu sont essentiellement les différents pouvoirs dont Il dispose et qui nous sont étrangers. Voyons quatre attributs principaux qui Le différencient de nous :
1- Il est omnipotent, ou Tout-Puissant.
Il peut tout accomplir, le possible et l’impossible, sans limite aucune. Rien ne Lui est trop difficile à accomplir et Il ne se fatigue jamais. Jésus a dit : “Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible” (Mt 19. 26). Et Esaïe : “Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu ? Le Seigneur est le Dieu de toujours, Il crée les extrémités de la terre. Il ne faiblit pas, Il ne se fatigue pas ; nul moyen de sonder Son intelligence” (Es 40. 28).
2- Il est omniprésent, c’est-à-dire qu’Il est partout en même temps.
Il n’a pas besoin de voyager à travers l’espace pour venir jusqu’à nous. Aussi est-il inutile de chercher à Lui échapper. Où que vous alliez, Il y est déjà ! David s’est écrié : “Où fuir loin de Ta présence ? Si je monte dans les cieux, Tu es là ; si je me couche parmi les morts, T'y voici ! Si j'emprunte les ailes de l'aurore pour m'établir au-delà des mers, même là Ta main me guide...” (Ps 139. 7-10).
3- Il est omniscient, c’est-à-dire qu’Il sait tout.
Personne ne peut rien Lui apprendre. Il n’a jamais à deviner quoi que ce soit. Personne n’a besoin de Lui rappeler quoi que ce soit. Il connaît tout de vous, vos émotions, vos peurs, mais aussi vos doutes et vos manquements. Jean a écrit : “même si notre cœur nous accuse, nous savons que Dieu est plus grand que notre cœur et qu'Il connaît tout” (1 Jn 3. 20).
4- Il est l’amour personnifié.
Il peut aimer plusieurs millions de personnes en même temps et avec la même intensité. Mais Il n’a pas besoin de notre amour dans Sa relation parfaite avec les autres membres de la trinité, Dieu le Père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit, alors que nous avons désespéremment besoin de Son amour : “Celui qui n'aime pas n'a jamais connu Dieu, car Dieu est amour” (1 Jn 4. 8).
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yes-bernie-stuff · 2 months ago
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Lundi 30 septembre 2024 Connaître le caractère de Dieu
“Saint, saint, saint est le Seigneur de l’univers ! La terre entière est remplie de Sa gloire !” Es 6. 3
Shane Pruitt a écrit : “l’un des plus gros mensonges auquel nous risquons de croire est que Dieu est exactement comme nous, c’est-à-dire que nous Le ramenons à notre niveau, avec nos faiblesses et nos limitations… Cependant une particularité fondamentale, c’est que Dieu est Dieu et que nous sommes humains. Il n’est pas limité comme nous, ne souffre pas d’amnésie comme nous… car Il est saint ce qui signifie qu’Il est séparé, mis à part.” Les attributs du caractère de Dieu sont essentiellement les différents pouvoirs dont Il dispose et qui nous sont étrangers. Voyons quatre attributs principaux qui Le différencient de nous : 1- Il est omnipotent, ou Tout-Puissant. Il peut tout accomplir, le possible et l’impossible, sans limite aucune. Rien ne Lui est trop difficile à accomplir et Il ne se fatigue jamais. Jésus a dit : “Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible” (Mt 19. 26). Et Esaïe : “Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu ? Le Seigneur est le Dieu de toujours, Il crée les extrémités de la terre. Il ne faiblit pas, Il ne se fatigue pas ; nul moyen de sonder Son intelligence” (Es 40. 28). 2- Il est omniprésent, c’est-à-dire qu’Il est partout en même temps. Il n’a pas besoin de voyager à travers l’espace pour venir jusqu’à nous. Aussi est-il inutile de chercher à Lui échapper. Où que vous alliez, Il y est déjà ! David s’est écrié : “Où fuir loin de Ta présence ? Si je monte dans les cieux, Tu es là ; si je me couche parmi les morts, T’y voici ! Si j’emprunte les ailes de l’aurore pour m’établir au-delà des mers, même là Ta main me guide…” (Ps 139. 7-10). 3- Il est omniscient, c’est-à-dire qu’Il sait tout. Personne ne peut rien Lui apprendre. Il n’a jamais à deviner quoi que ce soit. Personne n’a besoin de Lui rappeler quoi que ce soit. Il connaît tout de vous, vos émotions, vos peurs, mais aussi vos doutes et vos manquements. Jean a écrit : “même si notre cœur nous accuse, nous savons que Dieu est plus grand que notre cœur et qu’Il connaît tout” (1 Jn 3. 20). 4- Il est l’amour personnifié. Il peut aimer plusieurs millions de personnes en même temps et avec la même intensité. Mais Il n’a pas besoin de notre amour dans Sa relation parfaite avec les autres membres de la trinité, Dieu le Père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit, alors que nous avons désespéremment besoin de Son amour : “Celui qui n’aime pas n’a jamais connu Dieu, car Dieu est amour” (1 Jn 4. 8).
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swedesinstockholm · 1 year ago
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20 août
ce matin quand je me suis levée, alors que j'étais en train de me plaindre de mon mauvais réveil, maman me regardait comme si elle se retenait de me dire quelque chose alors j'ai dit quoi? et elle m'a dit qu'elle venait de lire le passage où ils se demandaient s'ils allaient me garder avec mon père dans son journal de l'époque qu'elle venait de retrouver. j'ai dit vous auriez mieux fait de pas me garder mais elle s'est pas scandalisée plus que ça. et puis dans la voiture en revenant de la forêt ils parlaient des bébés qui avaient le sens de l'humour à la radio et je lui ai demandé si j'étais un bébé drôle et elle a dit oui et j'ai dit et maintenant je suis toujours drôle? et elle a dit non. ELLE A DIT NON. je voulais lui dire tu sais que tout le reste du monde me trouve drôle? mais j'ai rien dit du tout. genre je suis tellement drôle qu'y a un garçon cool de bruxelles qui passe des heures à m'écrire sur whatsapp alors qu'il me trouve moche et qu'il est pas du tout attiré par moi. je me suis déjà demandé si pour lui j'étais la fille drôle qui est drôle pour compenser sa mocheté. mais historiquement je suis pas cette fille-là, j'ai jamais été une fille drôle, je suis trop timide et taciturne pour être drôle. et je suis probablement toujours cette fille-là. mais après j'ai posé la question à m. et elle m'a dit que j'étais très drôle donc tout va bien. je sais pas ce qui m'a pris de demander ça à maman.
23 août
je viens de me réveiller avec 22 notifs de r. dont deux notes vocales, il faisait une insomnie dans une tente de nouveau mais dans un camping aux pays-bas cette fois, il a enregistré les ronflements de ses voisins de tente pour me les faire écouter. y avait un message qui disait sorry pour le ton chuchoté creepy cringe et en le lançant j'avais le coeur qui battait un peu fort et quand au milieu du message il chuchote j'ai une question... mon imagination a commencé à s'emballer et puis quand il a dit "du jeudi au samedi là" mon coeur s'est mis à battre encore un peu plus fort ET turns out qu'il va juste faire un stage de poésie et qu'il voulait me demander comment ça se passait quand moi j'écrivais, concrètement, ou bien la question la plus chiante du monde enrobée comme une confession nocturne intime confidences chuchotées sur l'oreiller dans l'obscurité de la tente il est cinq heures du matin j'arrive pas à dormir et je pense à toi. mais une toi dématérialisée, sans corps, une toi artiste, une sensibilité, une sensibilité qui produit, et comme c'est un mec cis sans gêne, cette nuit au milieu des ronfleurs il s'est dit tiens je vais lui enregistrer un message en chuchotant depuis mon sac de couchage et lui faire croire pendant deux secondes que je m'intéresse à autre chose qu'à sa sensibilité qui produit.
24 août
j'ai pleuré sur le balcon quand m. est repartie. maman est venue me demander ce que j'avais et j'ai dit que j'étais triste parce que m. repartait et que j'en avais marre de passer mes journées à m'occuper de loki. j'ai brisé mon propre coeur en m'entendant mais pas celui de maman visiblement parce que tout ce qu'elle a trouvé à me dire c'est me demander si j'avais envoyé des cv, ce qui généralement entraîne des visions de la mort dans mon esprit, plus précisément des images de chute, c’est toujours cette méthode que je choisis, je sais pas si c’est vraiment moi qui la choisis d’ailleurs, elle me vient spontanément, comme une évidence. je saute d’un immeuble et je meurs écrasée. c’est ce qui me semble le plus efficace, le plus rapide, le plus pratique. pas besoin de matériel, je laisse la gravité faire son travail, je laisse le sol m’aspirer dans le néant. idéalement mon corps passerait à travers l’asphalte et continuerait sa chute à travers les diverses couches terrestres jusqu’au noyau, où il partirait en flammes. mangée et digérée par la terre, je veux lui servir de carburant, je veux la faire tourner plus vite, je veux faire partie du cosmos. c'est ça mon job maman. dans mon film j'émets l'hypothèse que si je me mets à creuser un trou dans la terre jusqu'au noyau et que mon père fait la même chose depuis son pôle opposé au mien, peut être qu'on se rejoint au milieu. je sais pas, quelque chose me dit que le noyau de la terre est l'endroit où ça se passe. c'est mon centre de gravité. mais c'est pas le centre de gravité de tout le monde? c'est pas ça le principe même de la gravité?
dans tous les cas à midi sur le balcon quand maman a dit les mots qui normalement activent mon sens aigu de la gravité i.e. mon besoin urgent de me laisser tomber dans le vide pour atteindre le noyau de la terre, mon esprit a pris une autre route, déjouant les lois de la physique, et j'ai atterri dans la forêt au milieu d'un rassemblement de passionnés du métronome, comme la convention des druides dans astérix, c'est r. qui a planté cette image dans ma tête hier soir quand je lui ai parlé du vieux qui se promenait avec un métronome dans la forêt dimanche pour marquer le rythme. j'ai fermé les yeux et je me concentrais sur les métronomes anthropomorphisés qui se mettaient à faire une chorégraphie sur what you waiting for de gwen stefani tik tok tik tok tik tok et je suis restée comme ça avec les métronomes dansants et les yeux fermés jusqu'à ce qu'elle se lève et retourne dans la cuisine. quand j'ai ouvert les yeux, un sac d'eau salé dans le coin de mon oeil droit s'est dissous, a lâché et s'est écoulé le long de ma joue. ça m'a fait une sensation de mer. j'ai senti la mer en moi. il existe une théorie qui dit que l'eau salée qu'on a dans le corps c'est la mer d'où on vient originellement qu'on aurait intériorisée. ça m'a donné envie d'y aller et de jouer dans l'eau, parce que la mer résout tout, évidemment.
maman m'a dit d'aller à zurich pour me changer les idées et voir des gens mais je lui ai dit que j'avais pas envie de voir f., ce que je veux c'est aller à bruxelles et passer mes journées à me promener avec r. et discuter de trucs sans fin et inventer des histoires et faire de la musique et chanter et écrire et me blottir dans ses bras. mais j'ai trop peur du fiasco de la dernière fois, même si je sais à quoi m'attendre cette fois, j'ai trop peur de me morfondre, et je veux pas y aller rien que pour lui, je préfère attendre qu'on décide d'un commun accord de se voir pour travailler, c'est plus safe et plus sain.
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