#lettre capitale
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Tu es mon idĂ©al et mon plus beau poĂšme et sur ma pierre tombale sera gravĂ© : « je tâaime » en lettres capitalesâŠ
V. H. SCORP
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Conseils accessibilité graphique
Je me dis que c'est le bon moment pour re-poster ce post de 2021 qui trainait dans mon ordi, suite au message de @petrichorpg !
Point Ă noter :
L'accessibilité, ce n'est pas tout ou rien. On peut améliorer beaucoup de choses et d'autres seront plus difficiles car nous n'avons pas les connaissances, les compétences, le temps ou l'énergie. Le plus important, c'est de s'y mettre.
MĂȘme si je suis un fervent admirateur du design dit universel (bon pour tout le monde), l'accessibilitĂ© a aussi ses besoins de personnalisation. Certains handicaps, maladies, neuroatypies requiĂšrent des amĂ©nagements prĂ©cis et qui n'iront pas Ă tout le monde. -> Exemple : des personnes liront mieux en grand, d'autres en petit (vision tubulaire) ; un dark mode hyper contrastĂ© conviendra bien Ă quelqu'un mais sera trop "bright" pour d'autres (c'est mon cas, j'adore le dark mode mais souvent, les textes sont trop lumineux pour moi).
Mais globalement, les conseils ci-dessous répondent à beaucoup de besoins et permettent d'améliorer l'accessibilité globalement. Ils sont majoritairement issus des recommandations internationales (et sinon, à travers mon expérience de graphiste).
J'ai encore pleins d'idées sous le coude mais bon, là j'ai déjà corrigé certains éléments de cette liste partagée en 2021. On verra pour le reste un jour aha
Je suis ouvert Ă toute question, clarification et correction en commentaire !
âMais souvenez-vous que vous ne faites pas ce design pour des designers. Vous concevez un site pour des utilisateurices varié·es aux besoins divers, et avec diffĂ©rents outils pour y accĂ©der.â
(terminologie : user -> utilisateur·trice / dysâ -> raccourci pour Ă©voquer une partie ou l'ensemble des troubles d'apprentissage dont le prĂ©fixe est « dys »)
Typographies :
Textes tout en uppercase/capitales : à éviter sur tout un paragraphe, Ă garder pour de court mot ou court texte (1 ligne) -> Pourquoi ? Globalement, les textes tout en capitales manquent de lisibilitĂ© Ă cause de lâabsence des repĂšres de lectures comme les lettres qui montent (l,d,k) et qui descendent (p,j).En majuscules, toutes les lettres sont Ă la mĂȘme hauteur.
Textes tout en lowercase/minuscules : à éviter aussi, les majuscules servent de repÚre de lecture pour savoir quand une phrase débute ;).
Texte centrĂ© : Ăviter les textes centrĂ©s quand ils sont trop longs (longues lignes ou beaucoup de lignes). -> Pourquoi ? Les lignes d'un texte centrĂ© ne dĂ©butent pas aux mĂȘmes endroits et la lecture en est impactĂ©e. Ă garder pour de trĂšs courts textes type 2 lignes (citation, titre et sous-titre court...)
Texte justifiĂ© : Ăviter globalement (oui je sais, 98% des forums ont leurs textes justifiĂ©s aha....) -> Pourquoi ? Sur le web, on peut difficilement gĂ©rer les espaces entre les mots. Un texte justifiĂ© va donc crĂ©er des espaces + ou - grands entre chaque mot pour combler l'espace et rentrer dans une largeur fixe, ce qui peut complexifier la lecture (l'oeil va plus difficilement sauter d'un mot Ă l'autre en gros).
Texte aligné sur la gauche : à privilégier au max, surtout les longs textes ! Je sais que le justifié rend plus "esthétique" car tout est aligné. Si on veut les garder, plutÎt pour les textes de catégories et privilégier le texte aligné à gauche (dans le jargon on parle de ferré à gauche) pour la majorité des textes type annexes, rp...
Line-height (espace entre les lignes) : Pour les paragraphe, il est recommandĂ© d'avoir un line-height de x1.5 de la taille du texte. -> Exemple : paragraphe en 16px â 16x1.5 = votre line-height. Pour les grands titres, j'ai tendance Ă descendre Ă x1.3 gĂ©nĂ©ralement car normalement les titres sont courts et grands.
Letter-spacing (espace entre les lettres) : Ăviter de changer les espacements de lettres, surtout sur ce qui est titre et paragraphes. Normalement une typographie a des espaces prĂ©cis pour faciliter sa lisibilitĂ©. En ajouter peut crĂ©er des difficultĂ©s de lecture.
Niveaux de titres (ce qu'on nomme H1, H2, H3) : Choisir plusieurs niveaux de titres et s'y tenir. Il faut que chaque Ă©lĂ©ment ayant le mĂȘme niveau dâinformations soit dans le mĂȘme style graphique Ă chaque fois pour aider Ă comprendre la structure :) -> Exemple : tous les titres dâannexes = tel css / tous les boutons = tel css / tous les sous-titres = tel css.  -> Partage d'infos en plus : les Hr ont aussi un rĂŽle de structure pour les lecteurs d'Ă©cran (logiciel qui restitue vocalement ou en braille l'information Ă©crite. Ils sont utilisĂ©s par certaines personnes aveugles, malvoyantes, qui ont des troubles cognitifs...).Je n'en parlerai pas dans cette liste car je n'ai pas de connaissance sur la facilitĂ© d'usage de Forumactif avec un lecteur d'Ă©cran.
Taille de texte : Sur le web, il est recommandé d'écrire en 16px minimum pour les paragraphes.
Accent et texte : Garder les accents sur les majuscules (Ă, Ă) facilite aussi la comprĂ©hension des textes.
Largeur de textes : Normalement sur FA, on n'a pas ce soucis, mais on conseille globalement d'avoir entre 50 et 70 caractÚres, espaces compris, par ligne pour une bonne lisibilité. Le but n'est pas de calculer chaque ligne mais de se rendre compte de ce que ça signifie visuellement ( j'utilise le site compteursdelettres).
Mise en valeur :
Changement de typographie : Ăviter les changements de typographies dans des paragraphes pour mettre en valeur des Ă©lĂ©ments ! PlutĂŽt utiliser le gras, une couleur diffĂ©rente ou un surlignement en couleur discrĂšte (mais visible, faut juste pas que ça soit TROP visible).
Nombre de mises en valeur : normalement, une mise en valeur ne devrait pas ĂȘtre trop prĂ©sente car sinon...ça voudrait dire que tout le texte est important aha. Restons utile et efficace : un peu de gras, un surlignement si besoin d'avoir 2 CSS de mises en valeur mais ne faisons pas un sapin de noĂ«l.
Italique : Utiliser l'italique avec parcimonie (manque de lisibilitĂ© sur certaines typographies). En gĂ©nĂ©ral, lâitalique sert pour des citations courtes, des mots en langue Ă©trangĂšre Ă celle du texte, des noms propres ou dâouvrages, pas juste pour âfaire joliâ.
Soulignement : Ăviter dâutiliser le soulignement pour des Ă©lĂ©ments non-cliquable. C'est un code connu et reconnu dans le web pour visibiliser les liens alors autant l'utiliser comme le cerveau sây attend :)
Liens et infos :
ĂlĂ©ment cliquable (bouton, lien, flĂšche...) : pas trop petit et Ă©viter des Ă©lĂ©ments cliquables trop proches les uns des autres.  -> Pourquoi ? Une personne qui a des troubles de la vision ou de la motricitĂ© pourrait galĂ©rer Ă cliquer au bon endroit si c'est trop petit / trop proche d'un autre Ă©lĂ©ment cliquable !
Lien et css : je conseille toujours de garder le soulignement pour les liens, c'est un code connu du web alors autant de ne pas réinventer la roue. On peut ne pas avoir de soulignement pour ce qui est "logique" (genre les menus, on sait globalement que c'est cliquable) mais un lien dans un texte, on garde le soulignement ! -> Note : Un lien en couleur seule n'est souvent pas suffisant, surtout si on utilise déjà la couleur et/ou le gras pour mettre en valeur (il y a des cas à la marge mais j'essaye de rester efficace).
Cacher du contenu : Ăviter de trop dissimuler du texte dans des collapses/accordĂ©ons. Plus les textes seront cachĂ©s, plus ça crĂ©er un sentiment de âmauvaiseâ surprise chez les users qui se retrouvent Ă lire 4x plus de texte que ce qu'iels pensaient.
Renseigner ce qu'on va trouver : Sur de longues annexes, ne pas hĂ©siter Ă prĂ©ciser le contenu avec une introduction courte qui rĂ©sume ou avec un mini sommaire. Pourquoi pas y ajouter des ancres (html) pour faciliter la navigation dans lâannexe.Liens entre les informations : Ne pas hĂ©siter en fin dâannexe/contexte Ă mettre des liens vers dâautres sujets qui serviront Ă mieux comprendre ce que les membres ont lu juste avant. Pas tous les liens, juste ceux autour des informations Ă©voquĂ©es au dessus. En gros, aider les users Ă mieux comprendre en leur indiquant oĂč se rendre ensuite !
Plan de forum : Sur un site, on conseille d'avoir une page "Plan du site", qui rĂ©capitule toutes les pages. Je me dis qu'un post "plan du forum", spĂ©cifiquement pour la partie annexe, peut-ĂȘtre trĂšs cool.
Couleurs :
Contraste gĂ©nĂ©ral : Ni trop fort, ni trop faible. Dans les recommandations officielles d'accessibilitĂ©, on parle de ratio de contraste. Il existe des outils pour tester les couleurs de texte sur les couleurs de fonds pour voir si on est dans les clous. -> Comment s'y prendre ? Je vous recommande l'outil Color Contrast Analyser qui est un logiciel sur Mac et Windows : vous entrez la couleur de texte (1er plan) et la couleur de fond (2e plan) pour obtenir un ratio de contraste. L'objectif est de viser la conformitĂ© sur "texte normal" et "texte grand" du niveau "AA" (je conseille toujours le niveau AA car sinon on rentre dans des choses plus prĂ©cises type si texte plus de 24px, on peut ĂȘtre moins contrastĂ© etc...)
D'autres site de contraste (si besoin, je serais ravi de faire une vidéo pour montrer comment les utiliser) :  Colorsafe.co ou Contrast-finder
Couleurs pures ou vives : Ăviter les couleurs dites pures (noir #000 sur blanc #FFF, etc) ou trĂšs vives. PrivilĂ©gier des nuances comme un noir colorĂ©, grisĂ© ou un blanc cassĂ©, une couleur descendue et pas flashy, surtout pour ce qui est texte ! MĂȘme si le contraste sera bon, certaines couleurs trop vives peuvent entrainer des migraines ou autre sensibilitĂ© Ă la lumiĂšre.
Gifs : Ăviter les gifs avec flash de couleurs ( type spot de soirĂ©es) ou flash trop rapides / rĂ©pĂ©tition. Ăa peut entrainer une crise dâĂ©pilepsie photosensible chez les personnes Ă©pileptiques (et aussi des migraines). Ou alors prĂ©venir en amont. Donc Ă Ă©viter sur des headers, Ă un moment c'Ă©tait assez tendance. -
ĂlĂ©ments animĂ©s : Toujours laisser la possibilitĂ© d'arrĂȘter une animation (ex : un fond de forum qui bouge pour donner un cĂŽtĂ© grain de vieux film -> on a un bouton qui permet de stopper cette animation.) Ăa peut ĂȘtre plus complexe Ă faire mais une animation qui tourne en boucle, niveau concentration, c'est chaud :/
Information et couleurs : Ne pas signaler une information uniquement par la couleur -> Exemple : "info importante en rouge" ou pour diviser une liste d'info "en rouge les malus, en vert les bonus". -> Pourquoi ? Les personnes daltoniennes verront le rouge jaune/marron ou rose (il existe plusieurs types de daltonisme). -> Comment ? En plus d'une couleur, on peut accompagner d'un pictogramme, d'un symbole (triangle rouge = telle info ; carré vert = telle info), ou d'un mot, tout simplement. Ne pas oublier la légende ;) En plus, c'est top pour apporter un peu plus d'identité graphique !
RĂ©currence d'usage des couleurs : Utiliser chaque couleurs pour les mĂȘmes Ă©lĂ©ments au fil des pages. -> Exemple : Une palette avec du bleu doux , du gris perle et du bleu marine : le bleu doux pour tous les boutons et liens, le bleu marine pour tous les titres, le gris perle pour les separateurs....
Autres :
Poids des visuels : L'accessibilitĂ© concerne aussi l'accĂšs Ă l'information quel que soit notre matĂ©riel ou notre type de connexion. Tout le monde n'a pas la fibre et des headers de 3 mo (oui j'a dĂ©jĂ vu :/) peuvent ĂȘtre trĂšs pĂ©nibles Ă charger. -> Conseils : N'oublions pas de diminuer le poids de nos images en passant par des logiciels de compression (compress jpg ; compress png ; compress gif). Il est toujours possible de trouver le juste milieu entre qualitĂ© et poids !
Laisser la parole : que ce soit dans un post dĂ©diĂ©, un questionnaire en ligne et anonyme, par MP au staff ou dans la fiche de prĂ©sentation (le forum Maybe this time le propose par exemple), on peut intĂ©grer la possibilitĂ© de faire des retours d'accessibilitĂ© ou prĂ©ciser des besoins prĂ©cis. On ne peut pas penser Ă tout et peut-ĂȘtre qu'un besoin remontĂ© par un·e membre aidera d'autres qui n'ont pas osĂ© en parlĂ© !
Pour aller plus loin :
En anglais : conseils sur les couleurs pour les personnes avec des handicaps visuels
Designing-for-color-blind-users
Colour-accessibility
En français : accessibilité, design, webdesign
Le site design accessible
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Les sigils - Création de sceau magique
![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/b00510b944016731455b16af2460200c/27fcc73b1a842c78-a5/s540x810/ef960eab62eb68d4b0867fcb85074cb5b2496470.jpg)
(from : pinterest)
Qu'est ce qu'un sigil ?
C'est la manifestation des intentions de son créateur, dans un symbole à connotation magique (littéralement signature en latin).
GĂ©nĂ©ralement on accompagne un rituel d'un symbole pouvant ĂȘtre un sigil puisqu'il cristallise la volontĂ© de l'exĂ©cutant. Celui ci est donc strictement personnel, il vous est donc nĂ©cessaire de crĂ©e le votre au risque de voir votre rituel Ă©chouer. Pour cela plusieurs mĂ©thodes existe.
A La méthode "Alchimique"
Il convient ici d'assembler divers symboles alchimiques pour faire acte de vos désirs (pour rappel les éléments, les pierres, les planÚtes ont des symboles et significations associées).
Ainsi, de cette maniÚre, pour un rituel lié à l'amour, l'érotisme ou le désir, vous pourrez assembler des symboles liés au feu (flamme de la passion), à l'eau (sentiments), Vénus (déesse de l'amour) ou encore la lune (symbolique amoureuse).
Pour davantage d'informations sur la méthode alchimique, je vous prie de vous référer à la symbolique des différentes figures.
Vous pouvez également y inclure des symboles non alchimique (géométrie sacrée, alphabet runique, ...), le plus simple étant le mieux :)
B La méthode Graphique
Plus simple selon moi.
NĂ©cessite d'Ă©crire la phrase avec vos intentions en lettre capitales. Vous devrez ensuite supprimer les lettres doubles (lettres qui sont rĂ©pĂ©tĂ©es dans la phrase) et/ou voyelles (vous ĂȘtes libres de faire comme bon vous semble). DĂ©composez ensuite les lettres en "traits et courbes" (La lettre G est par exemple composĂ©e d'une courbe et d'un trait) et assemblez les pour former votre sigil avec le bon nombre de traits et courbes, vous pouvez ici aussi inclure des petits symboles pour personnaliser vos intentions.
Voici par exemple mon sigil pour attirer l'amour :
![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/5e5a7d9e296cb10d3ecf64c12a5c8aae/27fcc73b1a842c78-e8/s540x810/ad2e1c775524b01519b7370e5b544783442b5c1a.jpg)
(from : me :) )
Il existe plein d'autres méthodes.
Charger son sigil
Un sigil nĂ©cessite d'ĂȘtre "activĂ©" et chargĂ© en Ă©nergie pour qu'il soit efficace lors d'un rituel, la mĂ©thode Ă utiliser peut dĂ©pendre de la nature du rituel :
La méditation : Nécessite de visualiser l'objet de vos désir tout en tenant votre sigil ou en le posant devant vous. Vous pouvez également réciter des formules que vous aurez préparé ou encore des priÚres à vos divinités.
La canalisation : NĂ©cessite de charger vos mains d'Ă©nergie ampli d'intentions et d'insuffler celle ci en votre sigil.
La masturbation : Idéal pour les rituels rouges liés à l'amour, au sexe. Il est nécessaire de visualiser vos désirs au moment de l'acte ou encore de fixer votre sigil au moment de l'orgasme.
Recharge : Liée également à l'objet du rituel, nécessite faire brûler de l'encens, des plantes ou un parchemin avec vos désirs puis d'enduire légÚrement avec les cendres votre sigil. Vous pouvez également ajouter des pierres (dont la nature dépend de ce que vous cherchez).
Le rituel : Reprend un peu la méthode de la recharge. Nécessite en plus des bougies (de couleurs changeantes selon vos souhaits) et une athamé qui vous permettra de mener une consécration et de charger votre sigil.
Encore une fois vous ĂȘtes libre de charger votre sigil comme vous le souhaitez, l'important est la sincĂ©ritĂ© et les intentions (vous pouvez modifier ces mĂ©thodes ou les combiner).
#wicca#goth#dark academia#aesthetic#books & libraries#grunge#love#lucky#metaphysical#protection#spiritual growth#wiccablr#wiccan#witch#witchcraft#witches#witchcore#witchblr#witchy vibes#witch aesthetic#pagan wicca#wiccalife#magick#witch community#pagan#occulltism#occult#aesthetics#aestethic#beginner witch
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Translating MBS.
I have been bitching about the french translation of mbs since i knew enough English to be able to read the original version. I'm in my fifth year of translation class and i think i now have the tools to make one myself that somewhat pays justice to the original books so here goes. I'm only attempting to translate the challenging difficult bits because it's what i find interesting and fun, so riddles, play on words, things like that. Most of the rest *cough RoA cough* has been done fairly well before and no one cares about my personnal preferred grammar and vocabulary usage so i think it wouldn't be interesting for anyone.
Every part i translate will have the excerpt, followed by my translation(s) and what it means in English when warranted and explanation about why i think it is an appealing solution :)
Games of Names
Ledroptha Curtain -> Fermel Ridau
There is no particular difficulty here, it keeps the pun with "let drop the curtain", phrasing it as "close the curtain." Little added detail i'm proud of that doesn't exist in the original version but French has its own subtleties: according to how you pronounce the second "e" in Fermel, the meaning differs. If you pronounce it /É/, then it is "ferme le rideau" which is the familiar version for someone you're close with or you yourself, as in Curtain drops the curtain on the past, which fits well with the show canon. If you pronounce it /e/, it becomes "fermez le rideau" which is the plural and formal/polite version for either someone you don't know/are not close to or a group of people. So this works as in he doesn't let anyone get actually close to him: not only does he push everyone away, but he has no one close enough to him to use the familiar form on. NB: usually, you use the familiar form on children, but i have had teachers who use the polite version on their students, so I think it would make sense for Curtain to use the formal polite version on his students to make them feel valued and open more to him as part of a manipulation tactic.
Constance Contraire -> Constance Contrariori
Constance is a fairly common french first name, so i'm leaving it alone; children probably won't make the connection between the first name and the common noun, especially as it's not all that used, but i assume most english-speaking readers didn't jump to the French translation of the name when first reading the book. I changed Contraire to Contrariori, because of the cave scene in Perilous Journey. Thus, you can have Curtain use the phrase "a contrariori" instead of "au contraire", which spares a footnote and avoids him speaking in italics all of a sudden. It also gives him a slight pedantic vibe which fits his character, and makes Constance look smarter than she does in the published translation (seriously, au contraire is a very common phrase french speakers hear several times a week, her having never heard it before the cave scene is just silly and weird).
the Living Institute for the Very Enlightened
i stuck the two excerpts together because they're similar as far as translation difficulty is concerned, and i did the explanation in one paragraph :)
![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/bb622cb824ef05fc47ec17a7dd5fbb5a/d6717c1ef0e7c5cd-98/s540x810/001a5a363a480297e599fcdee88854523e46ca43.jpg)
Un mot Ă©tait imprimĂ© sur la banniĂšre, les lettres assez grandes pour ĂȘtre lues depuis le continent: TROT; clairement, l'acronyme du ThĂ©Ăątre de la Raison Objective et du Talent. << c'est dĂ©jĂ mieux que pas assez. >> Kate
![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/4eaf7df9f9ba641ff7927aa3ee19ab38/d6717c1ef0e7c5cd-a1/s540x810/9e96a81124f682cf1b81f09106e412aa6ab79ab0.jpg)
Pendant ce temps là , M. Ridau avait commençé son discours de bienvenue: << dans les autres écoles, déclarait-il, on enseigne seulement aux élÚves à avancer. De la lecture, des mathématiques, des cours de dessin et de musique... quel gùchis de temps pour les élÚves! Ici, au Théùtre de la Raison Objective et du Talent, tonna M. Ridau en en écrivant le nom au tableau et en entourant les lettres capitales, on apprend à nos élÚves à aller au T.R.O.T. !>> Un autre tonnerre d'aplaudissement suivit cela, mais Reynie réfléchissait toujours, Tout est à l'envers. Et, regardant les lettres encerclées au tableau, un frisson soudain et terrible lui parcourut le dos: TROT écrit à l'envers, est TORT.
I chose to translate LIFE in TROT, which literally stands for theater for objective thinking/mind and talent. I am not very happy with the words behind the acronym, but it's stil better than the published french translation (Very Original Boarding Shcool). I used "théùtre" not as "theater" but as its secondary meaning: a fancy word for a place where things happen. I think it stills works with the pedantism of the original meaning and it could be worse. The word "trot" comes from the phrase "au trot" when a horse goes faster than walking but doesn't run full force. When talking about humans, it's basically a jog that allows you to keep running at a moderate speed for a long time and go further compared to a sprint where you go full speed but don't get as far before having to stop. "trot" backwards is "tort", which means wrongdoings but can also mean being wrong. My translation of Kate's comment is more far-fetched, but I couldn't find anything else that worked for the acronym and reverse. The word "trop" is homophonic to "trot" but means "too (much)". Thus, I had Kate remark that, at least, it doesn't say 'not enough'. I think it is a tolerable equivalent as "it doesn't say die" -> "we're not gonna die" becomes "it doesn't say not enough" -> "we're capable enough to do this". There probably is a more graceful way of doing it, but I couldn't find one myself.
#i have ideas about the RoA clé d'or enigma but i don't have the faith to do it right now. i might make another post about it some time#this took me 4 hours already i don't have the faith to do more right now.#the mysterious benedict society#mbs#constance contraire#kate weatherall#reynie muldoon#tmbs#mysterious benedict society#ledroptha curtain#translation
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![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/cf4caaf33fc3750ca575b927d0121a92/c2809971e7c544c2-25/s540x810/472f2e032e989805b45454e7fabecc0f64a701ec.jpg)
«Lâinconscient câest la politique.» Jacques Lacan
Quâest-ce que la politique pour un psychanalyste ? La politique de la psychanalyse selon Lacan («lâinconscient, câest la politique») câest tout le contraire de la pathĂ©tique soumission de lâECF de Jacques-Alain Miller au discours dominant et sa promotion, au nom du Bien, des identifications sexuelles imaginaires des Gender Studies...
La vĂ©ritable dimension politique de la psychanalyse rĂ©vĂšle son accĂšs dans le SĂ©minaire XX, quand Lacan affirme : «l'objectif de mon enseignement est ... de dissocier a et A ... c'est ici que la scission ou un dĂ©tachement reste Ă ĂȘtre effectué».
Si cette «séparation» n'a pas lieu (c'est l'étape logique qui vient aprÚs l'aliénation...) l'Autre continue de fonctionner comme un grand Autre non castré, non barré, entier, représentant absolu du domaine de la nécessité, qui contient sa propre raison.
Alors que l'opération qui sépare l'Autre de sa cause, place cette cause à la fois hors de la sphÚre du sujet, et hors de la sphÚre de l'Autre, c'est à dire au point de leur impossible intersection.
Lacan parle de sortie du Discours Capitaliste, ce qui ne signifie pas encore la sortie du capitalisme...
Voilà pourquoi il avance que le psychanalyste, qui doit devenir un "saint", aura dû apprendre à "déchariter"...
«Plus on est de saints, plus on rit, c'est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, â ce qui ne constituera pas un progrĂšs, si c'est seulement pour certains.»
Pour Lacan, la fin d'une analyse se marque donc dâune sĂ©paration, la sĂ©paration de l'objet (a) du Moi (l'identitĂ© imaginaro-symbolique), l'objet se trouvant expulsĂ© hors du circuit signifiant, dans une prise de distance dĂ©cisive avec lâordre symbolique...
L'équivoque signifiante concernant la notion de «lettre» est ici capitale.
La lettre en tant qu'elle est rĂ©elle n'est pas le message qu'elle contient mais si lâon peut dire "l'ĂȘtre de la lettre" lui-mĂȘme, le reste matĂ©riel qui rĂ©siste Ă la symbolisation.
La sĂ©paration au sens psychanalytique consiste donc Ă sĂ©parer le contenu de la lettre, ce qu'il y a Ă l'intĂ©rieur, son message, de la lettre elle-mĂȘme en tant qu'elle est le support du message, son enveloppe matĂ©rielle, le message nâĂ©tant rien dâautre in fine que le mĂ©dium lui-mĂȘme...
Ce reste-dĂ©chet-excrĂ©ment, seul support restant d'identification, est le corrĂ©lĂąt objectif rĂ©el du sujet, sans lequel le sujet lui-mĂȘme disparaĂźtrait irrĂ©vocablement.
Ainsi naĂźt la notion de Sinthome (saint-homme) chez Lacan...
«à la vĂ©ritĂ© le saint ne se croit pas de «mĂ©rites», ce qui ne veut pas dire quâil nâait pas de morale.
Le seul ennui, pour les autres, câest quâon ne voit pas oĂč ça le conduit.
Moi je cogite, je cogite Ă©perdument pour quâil y en ait de nouveaux comme ça.
Câest sans doute de ne pas moi-mĂȘme y atteindre.» (TĂ©lĂ©vision)
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![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/3d33349222fc5e81c67c2910c22553ae/bd700c59200c9e7b-0c/s540x810/7dae42f3ab0b8ad884537b36411c7dc4f7ce664f.jpg)
"D'une façon gĂ©nĂ©rale, les peuples indo-europĂ©ens ont parfaitement ressenti la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server leur originalitĂ©, tout en acceptant les consĂ©quences de l'Ă©largissement de l'horizon culturel et gĂ©opolitique que leur imposait le triomphe progressif de la ârĂ©volution nĂ©olithiqueâ. Mais (si l'on s'en tient au monde antique), seuls les Romains ont rĂ©ussi Ă opĂ©rer la synthĂšse entre la pĂ©rennitĂ©, la fidĂ©litĂ© Ă soi-mĂȘme et Ă ses origines, et l'acceptation pleine et entiĂšre de leur âintrication cosmiqueâ. Cette synthĂšse porte un nom, gravĂ© dans l'Histoire en lettres capitales : l'imperium."
Giorgio Locchi, Nouvelle Ăcole n°20, (1972)
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THE LIGHT OF MERIDIAN ; contexte
C'est sur ces terres dorĂ©es et verdoyantes que se bĂątit un royaume prospĂšre : Metamoor. Sous lâĂ©gide dâune longue lignĂ©e de reines, la tradition veut que seules les femmes puissent un jour prĂ©tendre au trĂŽne ; la LumiĂšre de Meridian ne se transmettant que de mĂšre en fille. Magie ancestrale inscrite en lettres dâor dans les textes sacrĂ©s, la famille royale assure ainsi la protection de son peuple, qui ne connaĂźtrait que paix et opulence, tant qu'elle veille Ă ce que leurs coutumes ne soient jamais brisĂ©es.
Le ciel se couvre au-dessus de la capitale, sous le regard inquiet de leur souveraine, la Reine Weira Escanor. LâobscuritĂ© sâempare de la ville et bientĂŽt les tĂ©nĂšbres auront gagnĂ© le reste du royaume. Ce nâest quâune question de temps : quelques jours peut-ĂȘtre, des semaines au mieux.
â La lumiĂšre perd de son Ă©clat, Phobos. Renonce Ă cette folie et nous oublierons cette malheureuse histoire. â Allons chĂšre mĂšre, il faut prĂ©server les apparences. Le peuple compte sur vous pour les rassurer, Ă©vitons de les affoler inutilement. â Tu nâas aucune idĂ©e des forces auxquelles tu tâexposes. NâespĂšre pas mettre la main sur la Princesse Elyon. Elle est dĂ©jĂ bien loin, en sĂ©curitĂ©. Tout comme la LumiĂšre, quâelle avait eu le temps de transmettre Ă son unique fille avant son dĂ©part. Meridian ne tâappartiendra jamais.
Il aura beau vouloir dĂ©tourner, vider Metamoor de toute son Ă©nergie, il nâen sera pas pour autant le Roi lĂ©gitime, maĂźtre dâun royaume qui ne lâaura pas choisi. Pas tant que la LumiĂšre de Meridian vivra.
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Lâhistoire de Rolex est inextricablement liĂ©e Ă lâesprit innovateur et visionnaire de Hans Wilsdorf.
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En 1905, Ă lâĂąge de 24 ans, il fonde une sociĂ©tĂ© Ă Londres, spĂ©cialisĂ©e dans la distribution de montres.
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1908 le génie en cinq lettres
1910 la quĂȘte de la prĂ©cision chronomĂ©trique
1914 certificat de précision de Classe « A »
1919 Rolex dĂ©mĂ©nage Ă GenĂšve, capitale mondiale de lâhorlogerie. La sociĂ©tĂ© Montres Rolex S.A. y naĂźt en 1920.
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1926â1945 avancĂ©e dans la technique
1926 la premiĂšre montre-bracelet Ă©tanche
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1927 le défi de la traversée de la Manche
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1931 Mouvement Perpetual
1933 le survol de lâEverest
1935 Sir Malcolm Campbell Ă la conquĂȘte des airs
1935 les performances techniques de lâOyster
1945 la premiĂšre Datejust
1953 les montres professionnelles, l'Everest, l'Explorer, la Submarine, les premiers vols transcontinentaux
1955 La GMT-Master
1956 La DayâDate
1957 La LadyâDatejust
1959 Daytona Beach
1960 Deep Sea Spécial
1963 le Cosmograph Daytona
1967 la Sea-Dweller
1971 lâExplorer II, Comex
1978 SeaâDweller 4000
1985 Acier 904L
1992 la Yacht-Master
2000 mouvement 4130
2002 programme Rolex de mentorat artistique
2005 lunette Cerachrom, Spiral Parachrom bleu
2007 la YachtâMaster II est la premiĂšre montre au monde Ă disposer dâun compte Ă rebours
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2008 la Rolex Deepsea
2012 la SkyâDweller, la Rolex Deepsea Challenge est une montre de plongĂ©e
2013 la GMTâMaster II dont le disque Cerachrom bicolore est en cĂ©ramique bleue et noire
2014 le calibre 2236 avec spiral Syloxi
2015 Calibre 3255
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Bracelet Oysterflex
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Eté 1926 - Champs-les-Sims
7/10
En fait, c'Ă©tait mĂȘme miraculeux. Je n'aurai jamais pensĂ© Ă lui, je ne lui avais mĂȘme pas parlĂ© de ma situation. Tu penses bien, j'avais fait une Ă©norme bĂȘtise, et j'avais horriblement peur de le dĂ©cevoir. Je m'Ă©tais vantĂ©e de mon histoire d'amour dans mes lettres, lui racontant le romantisme, les petites attentions qui font la diffĂ©rence. Admettre que tout Ă©tait un mensonge a Ă©tĂ© difficile Ă digĂ©rer, mais ça a Ă©tĂ© bien pire de devoir l'admettre devant d'autres. Heureusement, Grand-MĂšre s'en est chargĂ©e pour moi, sans que je puisse jamais savoir les termes qu'elle a employĂ©.
Mais Ange est un homme droit et serviable, jamais il n'irait me le dire si elle a émis des réserves sur mon comportement, ou pire si elle m'a traitée de fille de mauvaise vie. Il a simplement fait la seule chose à faire.
Transcription :
ArsinoĂ© « Je suis contente de te voir. Quâest-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu passais tout lâĂ©tĂ© Ă Paris. »
Ange « Câest bien ce qui Ă©tais prĂ©vu, mais jâai reçu un appel de Grand-MĂšre. Elle mâa dit que tu avais des problĂšmes. Et comme elle a appelĂ© plutĂŽt quâenvoyĂ© un courrier, jâai bien compris que la situation Ă©tait grave. »
ArsinoĂ© « Oh si tu savais⊠Jâai voulu tâĂ©crire un million de fois, mais jâavais bien trop honte. »
Ange « Nâaie pas honte. Si tu savais le nombre de fois oĂč je me suis fait trahir par un bon ami avant dâapprendre Ă me mĂ©fier⊠Jâavoue tout de mĂȘme que les consĂ©quences sont bien pires pour une femme que pour un homme cependant. »
ArsinoĂ© « Elle tâa tout racontĂ© alors. »
Ange « Lâessentiel. Elle a surtout insistĂ© sur les consĂ©quences probables pour le nom des Le Bris, la famille, la descendance⊠enfin, tout ce qui lâa toujours prĂ©occupĂ©e, tu la connais aussi bien que moi. Mais bon, mĂȘme sans ça, je serai venu. Nous nâavons pas le mĂȘme nom, mais ma famille est tout de mĂȘme capitale pour moi. »
ArsinoĂ© « A ce propos, je suis dĂ©solĂ©e au sujet dâEmilien. »
Ange « Câest un crĂ©tin, Ă point câest tout. Et je le suis sans doute encore plus pour avoir cru pouvoir me confier Ă lui. »
ArsinoĂ© « Mais tout de mĂȘme, câest ton frĂšre. »
Ange « Ecoute NoĂ©, câest encore trop tĂŽt pour moi. Jâai encore besoin dâun peu de temps avant de pouvoir te confier ce que jâai sur le coeur. Des mots ont Ă©tĂ© Ă©changĂ©s qui mâont donnĂ© matiĂšre Ă rĂ©flĂ©chir. Je peux attendre. Toi, tu ne peux pas vraiment attendre. Je ne sais pas si tu tâen rends compte, mais ça commence un peu Ă se voir. »
Arsinoé « Oh non... »
Ange « Oui, câest bien pour ça que je suis lĂ . Il faut te marier avant que ta situation devienne Ă©vidente au premier coup dâoeil. Je nâai pas envie de tâangoisser, mais tu nâas pas beaucoup de temps. »
ArsinoĂ© « Je vois. Câest bien ça que Grand-MĂšre a fait appel Ă toi, tu connais beaucoup de bons partis pour moi. »
Ange « Heu⊠oui, ce nâest pas faux. Jâen ai croisĂ© plus dâun dans les cabarets, mais je ne suis pas sur que tu les aimerais. Ils ont beaucoup dâĂ©go, dĂ©testeraient vivre Ă la campagne et nombre dâentre eux se sentent supĂ©rieurs car ils pensent pouvoir se passer des femmes pour ĂȘtre heureux. »
Arsinoé « Quel charmant tableau... »
Ange « Non, Grand-MĂšre et moi sommes dâaccord sur un point fondamental, et je pense que tu le seras Ă©galement, il te faut quelquâun que tu pourras considĂ©rer comme un ami. Un partenaire de vie, sur qui tu pourras te reposer, quelquâun en qui tu auras entiĂšrement confiance. »
ArsinoĂ© « Et oĂč comptes-tu dĂ©nicher un tel spĂ©cimen en si peu de temps ? »
Ange « Oh, jâai dĂ©jĂ trouvĂ©. Mais saches que tu reste libre de refuser si ça ne te tente pas. »
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Les nouvelles expĂ©riences dâune vie sans fin (8.3/15)
« ⊠par ce fait, je demande aux troupes Argent et Bronze actuellement disponibles de se tenir prĂȘtes au moindre signalement de la part des Ă©claireurs. » Conclut MaĂźtre Joris, vĂ©rifiant la retranscription du scribe Ă ses cĂŽtĂ©s. « Et ajoutez Ă©galement queâŠÂ » Soupir. « Que sâils venaient Ă apercevoir un dragon aux Ă©cailles blanches et turquoises, ou un humanoĂŻde semblable Ă un Osamodas â mĂȘmes couleurs, grande taille â alors quâils nâhĂ©sitent pas Ă lâaborder⊠et quâils me contactent immĂ©diatement. »
         AprĂšs avoir soigneusement relu la missive, il la tendit au maĂźtre du Tofulailler royal, qui sâempressa alors de lâattacher Ă lâun des volatiles. Piaillant de toutes ses forces, ce-dernier dĂ©colla Ă vive allure, ne laissant dans son sillage quâun souffle ainsi que quelques plumes dorĂ©es. On lui avait assurĂ© quâil sâagissait lĂ du plus rapide que comptait le nid, mais cela nâavait en rien apaisĂ© lâinsupportable sentiment de dĂ©mangeaison qui lui couvrait Ă prĂ©sent la nuque. Il savait que ce nâĂ©tait quâune impression, une sensation fantĂŽme, tout comme cette idĂ©e quâil aurait pu, dĂ» mĂȘme, rajouter telle ou telle information Ă son message. Au fond, tout ça ne changerait rien, car ce nâest pas lâabsence de dĂ©tails de cette foutue lettre ou mĂȘme la vigueur du Tofu qui le portait qui le hanterait les prochains jours⊠mais le sentiment dâimpuissance.
« Combien de temps avant quâil nâatteigne votre CitĂ©Â ? »
         LâĂ©missaire observa lâhomme de sciences qui se tenait derriĂšre lui. Apparemment, il nâĂ©tait pas le seul que cette situation mettait Ă mal.
« Un jour⊠Peut-ĂȘtre deux si les conditions mĂ©tĂ©orologiques ne sây prĂȘtent pas.Â
- Câest beaucoup trop long. » Lança lâautre. « à lâheure quâil est, PhaĂ©ris doit dĂ©jĂ pouvoir apercevoir les cĂŽtes de lâĂźle oĂč paissent vos sangliers â sâils sont encore vivants. »
         Dâun coup trop sec, lâĂliatrope fit craquer lâongle quâil mordillait absentement depuis le dĂ©but de lâĂ©change. AprĂšs rĂ©flexion, Joris se dit quâil nâaurait peut-ĂȘtre pas dĂ» lui autoriser un accĂšs aux herbiers et recueils concernant la faune et flore de Bonta. Trop dâinformations.
« Je vous assure quâil sâagit lĂ du moyen le plusâŠ
- Et les Zaaps ? Vous nâen avez pas Ă disposition ? » RĂ©torqua lâautre, imperturbable. « Il me semble me souvenir quâil y en avait un Ă lâentrĂ©e du village.
- MĂȘme en empruntant un ZaapâŠÂ » Soupira lâĂ©missaire. « ⊠nous serions amenĂ©s Ă la capitale : ceci nous contraindrait Ă alerter les autoritĂ©s prĂ©sentes sur place de notre entreprise, sans compter le temps de voyage jusquâaux prairies. Et je vous rappelle que si vous ĂȘtes liĂ© Ă Bonta par contrat et au peuple Ă©liatrope par votre sang, vous nâen demeurez pas moins un criminel recherchĂ©Â : en dehors du Royaume Sadida qui constitue un territoire neutre, nous ne pouvons pas vous emmener nâimporte oĂč avec nous sans risquer lâincident diplomatique ! Ă nouveau, il sâagit lĂ de notre meilleurâŠÂ »
         Un nouveau craquement. Le pourtour de lâongle avait pris une couleur sanguine. Dâun geste, il se dĂ©barrassa du cadavre teintĂ©, les yeux rivĂ©s sur les veinules apparentes du plancher.
« Messire QilbyâŠÂ ? » CâĂ©tait le Roi, qui avait tenu Ă assister lâĂ©missaire dans son courrier, en profitant pour sâinformer de la tournure des Ă©vĂšnements. « Lâantidote que vous Ă©tiez en train de concevoir, nâavez-vous pas dit que sa confection en Ă©tait presque achevĂ©e ?
- En thĂ©orie, oui. » Presque. Il avait horreur de lâinexactitude. De lâimprĂ©vu. « Mais il restait encore Ă rĂ©aliser les tests de contrĂŽle : cette formule nâest pas la mĂȘme que celle que jâavais pu dĂ©velopper Ă lâĂ©poque ! Tout Ă©tait Ă refaire. Il pourrait y avoir un dĂ©lai dâaction Ă prendre en compte, voire mĂȘme des effets secondaires ! Je ne suis mĂȘme pas certain queâŠÂ ! »
MĂȘme pas certain quâil soit efficaceâŠ
« Messire Qilby. » Le ton Ă©tait plus ferme. Il avait commencĂ© Ă sâattaquer Ă lâindex. « Je comprends vos inquiĂ©tudes, mais je pense aussi que nul en ces lieux ne remette en doute vos qualitĂ©s de scientifique. De mĂȘmeâŠÂ » Hochement de tĂȘte grave. « ⊠vous nâĂȘtes pas responsable pour ce qui est arrivĂ© aujourdâhui. »
         Ses yeux quittĂšrent le plancher pour se river tout aussi brusquement sur ceux du Sadida. Croyait-il vraiment quâilâŠÂ ? Une image vint se dessiner Ă la pĂ©riphĂ©rie de sa conscience : une petite boule dâĂ©cailles, ronronnant sur une couverture de fortune tout en dĂ©ployant ses ailes dont la membrane Ă©tait aussi fine que du papier de riz, les griffes encore molles et les dents Ă peine sorties. Une petite boule dâĂ©cailles. AzurĂ©e.
Non, rien de tout ça est de ta faute, bien entendu.
Tout ça, câest encore Ă cause de son sale caractĂšre et deâŠ
de sa manie à toujours vouloir tout résoudre par la force,
car aprĂšs tout
« la sagesse et la justice triomphent toujours ! ».
Oui, maisâŠ
MaisâŠ
Mais, câest moi qui Ă©tais responsable deâŠÂ !
         Une main vint se placer sur son épaule. Il se redressa.
« Et je suis certain que Sire PhaĂ©ris nous reviendra⊠Sain et sauf.Â
- JeâŠÂ » Vous remercie. « ⊠pense quâune sĂ©curitĂ© renforcĂ©e autour du laboratoire est nĂ©cessaire. Je vais devoir reprendre la crĂ©ation dâun antidote supplĂ©mentaire. »
Au cas oĂčâŠ
« Aurez-vous assez des ingrédients restants ? » Ce Joris était décidément toujours aussi pragmatique.
« O-oui, je crois. Jâaurai nĂ©anmoins besoin de prĂ©lever quelques spĂ©cimens de vos serres, votre MajestĂ©.
- Nous nây voyons pas dâinconvĂ©nients, Ă condition que vous ne prĂ©leviez que le nĂ©cessaire. »
         Il ne rĂ©pondit pas, hochant simplement la tĂȘte. Deux ou trois semaines auparavant, il nâaurait pas hĂ©sitĂ© un instant Ă rĂ©torquer son intelligence, Ă affirmer ses connaissances en botanique et sa perspica-âŠ
Il est parti.
Et je ne lâai mĂȘme pas vu venirâŠ
         Aujourdâhui, il en Ă©tait moins sĂ»r.
« Je vais vous laisser⊠Messieurs. » Avant de sortir, il demanda. « Et si jamais vous veniez Ă âŠ
- Nous vous tiendrons au courant, bien entendu.Â
- Hum⊠Mais le cas échéant, je⊠je vous serai reconnaissant de faire preuve de bienveillance. » Soupir. « Yugo et Adamaï risquent de ne pas⊠vivre cette annonce comme les autres. »
         Le scientifique reprit le chemin de ses quartiers, flanqué par deux gardes. Son pas était presque aussi lourd que celui des hommes armés.
« Dites-moi, mon RoiâŠÂ » Reprit lâĂ©missaire lorsque le martellement se fut Ă©loignĂ©. « Quâen pensez-vous ?
- Ce que jâen pense, MaĂźtre JorisâŠÂ » Lui rĂ©pondit lâintĂ©ressĂ©, les yeux rivĂ©s vers le couloir oĂč la coiffe crĂšme venait de disparaĂźtre. « ⊠est quâil est peut-ĂȘtre temps que nous ayons une discussion Ă propos du Conseil des Nations. »
         Lâautre leva un sourcil interrogateur de sous sa capuche.
« Accepteriez-vous de mâaccompagner pour une tasse de thĂ©, mon cher ? »
         Il souriait, mais si ses traits avaient la teinte de la circonstance. Quelque chose dâautre rĂŽdait en-dessous.
« Avec plaisir, votre MajestĂ©âŠÂ »
         Il reposa la paire de ciseaux quâil tenait adroitement pour admirer son travail : les jeunes pousses rebelles avaient Ă©tĂ© disciplinĂ©es, tandis que les feuilles ayant fait leur temps avaient Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©es. Contrairement Ă la seconde, il semblait quâil nâavait pas perdu la main pour ce qui Ă©tait de lâentretien botanique. Cette pensĂ©e fit naĂźtre une sensation Ă©trange.
Ce qui vit, meurt.
Mais il faut croire que⊠certaines choses persistent malgré tout.
         Un bref coup dâĆil Ă lâhorloge de sa cellule le fit toutefois grimacer. Lâaiguille venait Ă peine de battre une heure de lâaprĂšs-midi. Les plantes offertes par la Princesse Sadida Ă©taient resplendissantes, rayonnantes mĂȘme, Ă lâabri derriĂšre leur cage de verre et dâargent ; ce nâĂ©tait pas son cas. Plus depuis que la fugue de PhaĂ©ris avait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e. Lui qui pensait parvenir Ă se distraire avec de nouvelles recherches, il avait finalement dĂ» se rĂ©signer : il ne pouvait pas manipuler de lâacide ou du chlore dans son Ă©tat. Mieux valait Ă©viter de perdre un Ćil dans une rĂ©action mal contrĂŽlĂ©e. Il avait lâesprit ailleurs, ça il ne pouvait pas le nier, mais ce qui lâagaçait le plus câĂ©tait queâŠ
Ils pensaient queâŠ
Ils pensaient que câĂ©tait moi, nâest-ce pas ?
Que jâĂ©tais coupable.
         LâencapuchonnĂ© lui avait promis quâil les tiendrait au courant des recherches lancĂ©es Ă travers une nation entiĂšre et pour ĂȘtre honnĂȘte, Qilby espĂ©rait secrĂštement que cela soit bien de Joris quâil entendrait parler en premier. Il espĂ©rait quâil nâaurait pas Ă nouveau Ă ressentir cette⊠douleur. Il nây avait pas de mot pour dĂ©crire ce dĂ©chirement, cette crevasse, cette Ă©ruption. LâintĂ©gralitĂ© des cataclysmes auxquels la Grande DĂ©esse avait pu un jour donner naissance rĂ©unis, condensĂ©s en un seul instant.
         Tous les Ăliatropes possĂšdent une relation unique les unissant Ă leur frĂšres et sĆurs dragons, certes, mais aucun dâentre eux nâest en mesure dâĂ©galer les liens attachant les Douze Primordiaux. Ils Ă©taient les aĂźnĂ©s de leur peuple. Les premiers Ă avoir foulĂ© leur monde. Les premiers Ă donner un sens au mot-
FamilleâŠ
         La disparition de lâun des leurs les affectaient alors, et ce, autant Ă©motionnellement que physiquement. Ils nâavaient pas besoin de constater le dĂ©part, de voir leur dofus sâilluminer dâun nouvel Ă©clat, attendant patiemment sa moitiĂ© ou son prochain cycle dâĂ©closion, non⊠Ils savaient, tout simplement. Ils le sentaient au plus profond de leur ĂȘtre.
         Qilby espĂ©rait ne pas avoir Ă ressentir ce vide Ă nouveau. PhaĂ©ris et lui nâĂ©taient plus aussi proches que par le passĂ©, mais⊠ce nâĂ©tait pas le cas de Yugo et dâAdamaĂŻ. Ils Ă©taient jeunes, et force est de constater que le dĂ©lai dans leur rĂ©incarnation avait visiblement affaibli leur contact, et par ce fait rĂ©sistance, avec leur nature Ă©liatrope comme dragonne. Il ne savait pas comment Grougaloragran avait achevĂ© sa derniĂšre existence, mais lui et Chibi Ă©taient revenus grĂące au Cube ; son absence nâavait pas eu le temps de se faire ressentir. Les vagues nâavaient pas eu le temps dâĂ©roder la falaise. Sâil venait Ă subir le mĂȘme sort⊠Cela ne serait pas le cas avec PhaĂ©ris.
MinaâŠ
Si seulement tu avais été là ,
alors peut-ĂȘtre que-
         Soudain, on frappa à la porte.
« H-hey⊠Qilby ? Tu es lĂ Â ? » Sâenquit une voix timide derriĂšre les lourdes planches de chĂȘne. « Si ce nâest pas le cas, alors-
- On repassera plus tard ? à ton avis, sâil nây a personne, Ă quoi ça sert de le prĂ©ciser, hein ? » Celle-ci Ă©tait indĂ©niablement plus moqueuse, mais transpirait malgrĂ© tout une certaine tension.
« J-je ne sais pasâŠÂ ? Jâessayais simplement dâĂȘtre⊠poli ou quelque chose du genre ?Â
- Câest un peu inutile dans câcas-lĂ si tu veux mon avis. »
         Sans y réfléchir davantage, le scientifique se présenta aux deux frÚres.
« Eh bien, personnellementâŠÂ » RĂ©torqua-t-il, sâappuyant contre lâembrasure. « ⊠je trouve cette initiative plutĂŽt attentionnĂ©e. »
         Que cela soit avec Chibi, Glip, ou bien Efrim, il nâavait jamais pu rĂ©sister Ă lâappel de ces rĂ©pliques inattendues, de ces phrases, telles des brindilles de paille sĂšche que vous lanciez sur les braises, de la joute verbale. Ainsi, de la pure expression de surprise du jeune dragon et du jeune Ăliatrope Ă leur lĂ©ger soubresaut lorsquâil leur avait ouvert, il ne parvenait pas Ă dĂ©cider lequel lâamusait le plus. Le discret mouvement de recul ainsi que les griffes serrĂ©es une fraction de seconde en trop nâeurent toutefois pas le mĂȘme effet⊠Leur aĂźnĂ© les dĂ©visagea un instant, attendant une pique cinglante en retour, une moue boudeuse, voire mĂȘme un soupir exaspĂ©rĂ© pour ses maniĂšres, mais rien ne vint. Ses visiteurs demeuraient plantĂ©s sur le seuil, cherchant visiblement Ă entamer la conversation, sans pour autant y parvenir. Câest alors que le scientifique remarqua ce quâils transportaient avec eux, et quâAdamaĂŻ tenait habilement placĂ© derriĂšre son dos, mais que ses ailes de dragonnet ne permettaient pas encore de dissimuler entiĂšrement : un livre. Pas nâimporte quel livreâŠ
Serait-ceâŠÂ ?
Alors comme ça, il aurait survécu au Cata-
Non, impossible.
Peut-ĂȘtre Grougaloragran lâaurait-il retranscrit ?
         Il commençait Ă avoir une Ă©bauche du motif de leur venue. Cependant, tant quâils resteraient tous les trois sur le perron de sa cellule, le regard inquisiteur des gardes postĂ©s non-loin pesant sur leurs nuques, les chances de vĂ©rifier ses hypothĂšses Ă©taient minces⊠Prenant quelques pas en arriĂšre, il finit par dĂ©signer son humble logement dâun geste quâil espĂ©rait invitant :
« Vous souhaitiez me voir⊠les garçons ? »
         Il faillit se mordre la langue sur les derniers mots. Ceux-ci Ă©taient sortis presque naturellement, un sobriquet parmi tant dâautres quâil avait par le passĂ© lâhabitude dâutiliser envers les versions plus jeunes de ses frĂšres et sĆurs.
Par le passé !
« H-hum, Ă vrai direâŠ
- Enfin ! Câest pas trop tĂŽt ! Ăa va bientĂŽt faire dix minutes quâon est plantĂ© lĂ et câest seulement maintenant que tu te montres ? » Il avait repris son aplomb encore plus vite quâil ne lâavait perdu. « Il faut croire que si tu nâperds pas la mĂ©moire avec le temps, peut-ĂȘtre quâtu devrais vĂ©rifier ton auditionâŠ
- Adâ ! » Sâexclama son frĂšre, les yeux passant du dragon Ă la coiffe crĂšme dans lâespoir de capter, si ce nâest diffuser, le premier signe dâhostilitĂ©.
« Oh, ne tâen fais donc pas pour cela, AdamaĂŻÂ : je pourrais entendre tes railleries mĂȘme aux confins du Krosmoz. » PrĂ©fĂ©ra-t-il rĂ©pondre sur le ton de la plaisanterie. AmĂšre. « Bon, eh bien si vous nâavez pas besoin de moi, je vais-âŠÂ »
         Le bousculant à peine, le dragonnet finit par rentrer dans la piÚce, talonné de prÚs par Yugo, dont la moue dépitée essayait tant bien que mal de communiquer un pardon au scientifique.
« Nan, nan⊠Câest bon. »
         Il prit place sur un des coussins dispersĂ©s autours de la table basse qui, une fois nâest pas coutume, Ă©tait chargĂ©e de paperasses en tout genre. AdamaĂŻ sembla hĂ©siter un instant devant les parchemins recouvert des gribouillis distinctifs constituant lâĂ©criture dâun homme de sciences : la derniĂšre fois quâil avait contemplĂ© de telles notes câĂ©tait⊠Il secoua briĂšvement ses petites cornes avant de laisser choir son prĂ©cieux butin sur le bois. Le mouvement provoqua lâenvol de plusieurs feuilles au passage, que Yugo sâempressa de ramasser et de remettre en ordre sur un tabouret non loin de lĂ . Lui-mĂȘme finit par trouver un siĂšge auprĂšs de son frĂšre. Il avait collĂ© sa jambe contre celle sertie dâĂ©cailles et de griffes.
         De loin, Qilby les observait. Il savait que quelque chose nâallait pas ; lâair qui les entourait Ă©tait chargĂ© dâun orage bien trop sombre pour les jeunes tĂȘtes quâil menaçait.
Allez !
Fais quelque chose, imbécile !
« Eh bien⊠Puisque vous ĂȘtes lĂ , puis-je vous offrir une tasse de thĂ©Â ? »
Sérieusement ?!
Tâas rien de mieux Ă d-Â ?
« O-oui, ça pourrait ĂȘtre sympaâŠÂ » Lui rĂ©pondit nĂ©anmoins Yugo, un sourire timide en coin. « Hein, Adâ ?
- Ouais⊠Pourquoi pas. »
         Et tandis que lâaĂźnĂ© sâinvestissait pleinement dans la prĂ©paration des infusions, profitant de ce cours rĂ©pit pour inspirer les dĂ©licates fragrances fruitĂ©es sâĂ©chappant avec la vapeur, un parfum quâil savait au goĂ»t des personnes moins amatrices de cette boisson quâil lâĂ©tait lui-mĂȘme, les deux cadets se faisaient Ă©trangement silencieux. Cependant, il ne doutait pas quâentre les jumeaux, une myriade de sensations, mots et sentiments Ă©taient Ă©changĂ©s en ce moment mĂȘme. Cette connexion intime, il la connaissait bien. Elle lui manquait. Elle lui manquaitâŠ
         Finalement, alors que les feuilles finissaient de colorer lâeau qui les baignait, AdamaĂŻ tenta Ă nouveau dâamorcer le dialogue entre les deux partis :
« En tous cas, jâpensais pas quâun vieillard comme toi pouvait courir aussi vite ! Jâcrois mĂȘme que tu pourrais battre Ruel si tu lâvoulais, et pourtant, je lâai dĂ©jĂ vu sâĂ©lancer aprĂšs un Kama ! »
Pas forcĂ©ment de la meilleure des maniĂšresâŠ
« Adâ, fais at- ! »
         Les remontrances de la coiffe turquoise furent interrompues par le rire franc de lâautre.
« Haha, ha ! HaâŠÂ ! Il est vrai quâil sâagit dâune scĂšne peu courante, nâest-ce pas ? Il faut dire que les Ăliatropes sont plus accoutumĂ©s Ă utiliser leurs portails que leurs jambes, hum ? » Une cuillĂ©rĂ©e de miel, puis une deuxiĂšme. Lui prĂ©fĂ©rait le prendre sans. « Si Chibi Ă©tait lĂ , il vous dirait sans nul doute que si je suis aussi douĂ© pour la course, câest parce que contrairement au reste de notre fratrie, jâai toujours Ă©tĂ© le plus prompt Ă fuir les combats⊠ainsi que mes responsabilitĂ©sâŠÂ » Hochement dâune Ă©paule. FatiguĂ©e.
« Tu veux dire lâancien Chibi ? »
         Câest comme sâil pouvait sentir les yeux du dragonnet sâenfoncer dans sa nuque tels des crocs. Peut-ĂȘtre aurait-il Ă©tĂ© plus avisĂ© de ne pas mentionner lâun de leurs frĂšres dĂ©cĂ©dĂ©s lors de la Seconde Guerre, que beaucoup des leurs avaient dâailleurs Ă©tĂ© amenĂ©s Ă prendre pour la premiĂšre⊠Surtout connaissant les rumeurs meurtriĂšres lâentourant, et plus encore avec la rĂ©cente disparition de PhaĂ©ris.
DisparitionâŠ
Juste disparition.
« En effet. » Mieux valait ne pas insister. « Tiens, Yugo ? Pourrais-tuâŠÂ ?
- Ah ! Oui, bien sûr ! »
         LâintĂ©ressĂ© se leva prestement pour assister son aĂźnĂ© dans le service, qui aurait pu se rĂ©vĂ©ler catastrophique Ă la seule force dâune main. Ce-dernier se chargea dâune boite de biscuits, celle-lĂ mĂȘme quâil avait choisi ce matin dans les cuisines. Il avait lâimpression que cela faisait une Ă©ternitĂ©.
« Mais pour ĂȘtre tout Ă fait honnĂȘte avec toiâŠÂ » Reprit-il en sâasseyant dans son fauteuil de cuir. « Je pense que cette facultĂ© nâest pas tant un don que le rĂ©sultat dâun⊠dâun long entraĂźnement en la matiĂšre.
- Comment ça ? » Sâenquit alors Yugo, occupĂ© Ă faire passer les tasses lĂ©gĂšrement Ă©brĂ©chĂ©es autours de la table.
« Pour reprendre la, disons, « leçon », de lâautre jour⊠Les Ăliatropes que nous sommes sont des ĂȘtres dâĂ©nergie : ils ne font quâun avec les flux qui les entourent, tel le Wakfu, mais Ă©galement qui les composent, Ă savoir le sang, la lymphe, et jâen passe. »
         Comme appelĂ© par les Ă©chos du passĂ©, Yugo sâĂ©tait vu absorbĂ© par la perspective dâen apprendre plus sur lui-mĂȘme et son peuple. AdamaĂŻ, quant Ă lui, gardaient les yeux rivĂ©s sur lâouvrage quâil avait amenĂ©, mais il nâen demeurait pas moins attentif.
« Chaque Ăliatrope naĂźt avec une certaine habiletĂ© Ă maĂźtriser ces dits flux, une forme de « compatibilité » plus ou moins accrue avec les Ă©nergies et la matiĂšre. Dâautres, en revanche, doivent davantage sâexercer Ă cet art dans lâespoir dây trouver leur placeâŠÂ » Soupir. « Cela est notamment mon cas.
- Oui, câest vrai que tu lâavais mentionnĂ© la derniĂšre fois⊠Mais a-alors ! Comment est-ce que tu tây es pris pour atteindre un tel niveau ? »
         Qilby dut se retenir de sourire. Sâil y avait bien une chose qui ne changerait jamais dans ce vaste et absurde univers, câĂ©tait bien son petit frĂšre. Le dragon ivoire Ă ses cĂŽtĂ©s avait relevĂ© un sourcil de la couverture brunĂątre ; ancien adversaire, lui aussi semblait intĂ©ressĂ© par la rĂ©ponse.
« Par de lâentraĂźnement, et avant toutâŠÂ » Il pointa lâobjet mĂ©tallique qui lui enserrait la gorge. « ⊠grĂące Ă ceci !
- Q-quoi ?! Le c-collier est capable de renforcer notre lien avec le Wakfu ?!
- Hum, pas vĂ©ritablement, ou du moins pas dans le sens dans lequel tu peux y penser. » Il secoua la tĂȘte, grimaçant lĂ©gĂšrement Ă la dĂ©charge amĂ©thyste que provoquĂšrent le mouvement et lâĂ©motion qui lâaccompagnait. « Il sâagit dâun outil permettant de rompre notre lien avec le Wakfu environnant, tout simplement. Cela peut alors paraĂźtre contre-intuitif au premier abord : aprĂšs tout, comment peut-on amĂ©liorer un don en le restreignant ?
- En effetâŠÂ » Murmura Yugo, toujours aussi perplexe.
« Pourtant, aprĂšs des centaines de programmes infructueux et presque autant de rĂ©flexions sans succĂšs, jâai finalement Ă©tĂ© amenĂ© Ă penser que si la base de cette connexion reposait sur le corps, rĂ©ceptacle en un sens du Wakfu, alorsâŠ
- Alors câest en renforçant notre corps et en ne faisant quâun avec lui que nous pourrions parvenir Ă mieux ressentir les flux ! » Sâexclama le plus jeune.
         Yugo avait presque bondit de sa chaise, des Ă©toiles dans les yeux comme sâil venait Ă lui seul de dĂ©voiler un secret millĂ©naire. Qilby, cette fois-ci, esquissa un discret rictus.
« Tout à fait : excellente déduction. » Son jeune frÚre rayonnait presque.
« Donc, tu veux dire que si tâes parvenu Ă nous battre, Grougal et moiâŠÂ » EnchaĂźna AdamaĂŻ, demeurĂ© dubitatif. « Câest simplement en faisant de la musculation ? Comme les mouvements de gonflette que fait parfois Tristepin pour impression Ăva ?
- Hum, pas tout Ă fait, nonâŠÂ » La simple image du Iop en pleine parade amoureuse et dĂ©monstration de force lui donna presque la nausĂ©e.
Comment un esprit aussi fin que celui de Dame ĂvangĂ©line
a pu sâamouracher dâun crĂ©tin comme lui ?
Tout cela me rappelle le cas de Mina et de Chibi.
Décidément, éliatrope ou douzien,
lâamour est un phĂ©nomĂšne bien obscurâŠ
« Il sâagit principalement dâexercices de renforcement musculaire, mais Ă©galement de « pleine conscience » : ceux-ci nâont pas pour vocation premiĂšre la performance sportive, mais de permettre au pratiquant de ressentir pleinement son corps. Nos muscles sont une extension de notre systĂšme nerveux, et sây reconnecter permet de mieux en apprĂ©cier le potentiel ! » Hochement de tĂȘte dĂ©ductif. « Pour ce qui est de notre race, il en va de mĂȘme avec le Wakfu.
- Ah ! Un peu comme quand Ăva a dĂ» apprendre Ă faire sans son arc aprĂšs le coup de rage de Pinpin ! » Appuya le dragonnet, subitement pris dans lâĂ©change.
« Je suppose. » SupplĂ©a lâaĂźnĂ©. « Pour les CrĂąs -câest cela ?-, leur arc doit bien ĂȘtre une forme de maĂźtrise quasi-innĂ©e. Toutefois, dans le cas des Ăliatropes, le Wakfu est une part intĂ©grante de notre organisme⊠Il est donc extrĂȘmement difficile dâen faire abstraction, contrairement Ă une arme que lâon pourrait tenter de remplacer le temps de mieux en apprĂ©cier les subtilitĂ©s une fois rĂ©uni avec elle. Câest lĂ que mâest venu lâidĂ©e de ce collier, dâailleurs qualifiĂ© « dâentraĂźnement ».
- Et tu lâas donc crĂ©Ă© toi-mĂȘme ?
- Ha, pour ça, le mĂ©rite revient plutĂŽt Ă Chibi et GrougaloragranâŠÂ » Haussement dâĂ©paules. « Je possĂšde peut-ĂȘtre la connaissance et la thĂ©orie, mais quand il vient la question de la technique, ces deux-lĂ sont bien les meilleurs. »
         Lâaveu de faiblesse sembla plaire au jeune dragon, qui esquissa un rictus moqueur. Bien. Mieux valait ne pas tenter de ruiner ce moment en rentrant des explications trop complexes ou des querelles fraternelles puĂ©riles⊠MĂȘme si au fond de lui, il ne transigerait pas sur le fait que sans le mode dâemploi qui allait avec, une machine, aussi sophistiquĂ©e soit-elle, ne valait que bien peu de chose.
« M-mais alorsâŠÂ » Se reprit-il toutefois, les yeux teintĂ©s dâune certaine inquiĂ©tude. « Si les Ăliatropes sont faits dâĂ©nergie, et que le collier la bloque, mĂȘme de maniĂšre incomplĂšte⊠Nây-a-t-il pas un risque queâŠÂ ?
- Et ainsi donc, vous avez réussi à mettre la main sur un exemplaire du Dragonica Doctum ? Je ne pensais pas revoir une de ces vieilles reliques en si bon état. »
         La manĆuvre Ă©tait grossiĂšre, il le savait, mais si elle lui permettait de se soustraire au sujet, il ne sâen priverait pas. Yugo ne semblait manifestement pas satisfait de la tournure de la conversation, mais fut pris de vitesse par AdamaĂŻ, ayant trouvĂ© lâopportunitĂ© dâaborder ce pour quoi les deux frĂšres Ă©taient venus en premier lieu :
« Et comment ! Ce nâest pas parce que nous avons des griffes quâon ne sait pas comment prendre soin des objets qui nous entourent !
- Oh, loin de moi cette idĂ©e. » RĂ©torqua Qilby. « Notre cher Balthazar ne supportait pas lâidĂ©e que les encres de couleur diffĂ©rente puissent ĂȘtre rangĂ©es dans des flacons identiques, tandis que Shi-âŠÂ » Il sâarrĂȘta, ravalant sa salive. « âŠtandis que ShinonomĂ©, ma⊠sĆur⊠Elle avait horreur de voir ses prĂ©cieuses casseroles prendre la rouille, o-ou encore ses aiguilles se tordre. » Il finit par secouer la tĂȘte. « AprĂšs des millĂ©naires passĂ©s auprĂšs de dragons, je dirais quâil y a davantage de risque Ă les voir devenir possessifs, voire matĂ©rialistes, que nĂ©gligents. Cela en fait, je suppose, de parfaits compagnons pour nous autres Ăliatropes, plutĂŽt poussĂ©s Ă suivre le flot du changement comme celui de la vieâŠÂ »
         Aucun des jumeaux ne savaient vraiment comment rĂ©pondre Ă une telle dĂ©claration. Yugo, de son cĂŽtĂ©, se sentait⊠empli dâun nouvel espoir. Dâune part pour son peuple, dont la fresque ne cessait de sâĂ©tendre au travers des rĂ©cits et des dĂ©couvertes de ces derniĂšres semaines, mais Ă©galement pourâŠ
C-câest la premiĂšre fois quâilâŠ
Il nâavait jamais parlĂ© de ShinonomĂ© avant.
Du moins⊠pas aussi spontanément.
         AdamaĂŻ aussi semblait surpris par lâattitude de celui quâil avait pourtant affrontĂ© il y a moins dâun an de cela, et que tous considĂ©raient comme la seconde menace la plus importante connue par le Monde des Douzes avec Nox. Cette ambiance de fin dâĂ©tĂ©, ces anecdotes et questions innocentes, ces tasses et ces gĂąteaux sablĂ©s⊠On aurait presque pu croire Ă un aprĂšs-midi en⊠famille ?
« Ouais, et doncâŠÂ » Tenta de reprendre le dragon. « Avec Yugo, Ă©tant donnĂ© que lâonâŠÂ » Ne veut pas rester tous les deux. Seuls. « ⊠nâa pas grand-chose de prĂ©vu pour aujourdâhui, on voulait te poser quelques questions concernant la langue draconique.
- Si tu nâes pas occupĂ©, bien entendu ! » Sâempressa de rajouter son frĂšre. « Simplement, comme tu as une, hum, « bonne mĂ©moire », on se demandait si tu accepterais de nous transmettre ceâŠÂ » Que ceux qui nous quittĂ©s trop tĂŽt nâont pas pu nous enseigner. « ⊠qui nous manque ? »
          Il soupira. Il les connaissait par cĆur, Ă tel point quâil pouvait presque entendre leurs Ăąmes donner les mots que leurs tĂȘtes se refusaient dâavouer. Et ce qui le peinait le plus, ce nâĂ©tait pas tant quâil ne soit pas encore parvenu Ă gagner leur confiance, mais queâŠ
Fut un temps,
ils nâauraient pas hĂ©sitĂ© un instant
Ă me dire ce qui les chagrinait. En particulier pour
un incident tel que celui-ciâŠ
QuandâŠ
Quand ai-je donc perdu ce privilÚge, au juste ?
« Eh bien⊠Je devrais avoir fini mes recherches pour aujourdâhui. » Je ne veux pas y retourner ! Elles me rappellent queâŠÂ ! « Alors, ma foi, pourquoi pas ? »Â
Ah ! Donc ce symbole, là ⊠Sâil est associĂ© Ă celui-ci, cela ne veut plus du tout dire la mĂȘme chose !
Parfaitement, câest cela AdamaĂŻ.
Qui aurait cru que les dragons sâexprimaient de maniĂšre aussi alambiquĂ©e !
Cela provient de leur façon de percevoir le monde, qui est relativement diffĂ©rente de la nĂŽtre. En effet, leur capacitĂ© Ă voler, cracher du feu, ou mĂȘme fusionner avec un Ă©lĂ©ment naturel sont autant de particularitĂ©s pour lesquels ils ont dĂ» trouver des termes appropriĂ©sâŠ
Ouais !! Le pouvoir de la roche !
⊠et il y a aussi le fait quâils soient assez fiers, cherchant la moindre opportunitĂ© pour paraĂźtre supĂ©rieurs aux autresâŠ
Hein ?! RépÚte un peu pour voir, Mr. Je-sais-tout ?
Allons, allons, je suis certain que-Â !
Non, Yugo, câest trĂšs aimable de ta part, mais je cherchais sincĂšrement Ă provoquer ton frĂšre sur celle-ci ~ hĂ©, hĂ©.
Ha ! Tu vois ?!
Tss⊠Bon tous les deux, on peut reprendreâŠÂ ?
Les désirs de Sa Majesté sont des ordres.
Pah ! Touché !
Et maintenant tu es de son cÎté, toi ?
Ce nâest quâune trĂȘve temporaire pour des raisons dâĂ©galitĂ©, nâest-ce pas ?
Ăgali-Â ?
Tout Ă fait. Nous contestons le pouvoir actuellement en place.
Contester le pou-Â ? Mais de quoi est-ce que vous-Â ?
Tu tâaccapares la boite de biscuits depuis une heure ! VoilĂ le problĂšme !
J-je ne vois pas ce que v-vous voulez direâŠ!
Votre MajestĂ©, il semblerait que vos loyaux sujets rĂ©clament leur dose de sucre. Puis-je vous suggĂ©rer de concĂ©der Ă leur requĂȘte si vous ne voulez pas les voir prendre dâassaut votre trĂ©sor sans possibilitĂ© de nĂ©gociations ?
Bon⊠dâaccord. Mais jâen ai pas mangĂ© tant que çaâŠ
Ha, ha ! Victoire du peuple !
Victoire du peuple, en effet.
âŠ
Cependant⊠AdamaĂŻâŠÂ ?
Hum, oui lâancĂȘtre ?
Je te ferai remarquer quâune trĂȘve est toujours temporaire par dĂ©finition : câest un plĂ©o-âŠ
Et câest repartiâŠ
.
.
.
« Et câest ainsi que le terme « Ignirrh » peut se dĂ©cliner sous plusieurs formes selon le sous-texte. Il est alors important de sâassurer de la prĂ©sence ou non du signe « domâah » pour -hĂ©âŠÂ ?» Ses yeux quittĂšrent les symboles et enluminures. Il murmura. «Tss⊠Pour sâassurer que lâon parle bien ici du « feu intĂ©rieur » de maniĂšre mĂ©taphorique, et non pas de « la flamme » physiqueâŠÂ »
         Devant lui, droits sur leurs coussins respectifs mais avachis lâun sur lâautre dans une pile de bras et dâĂ©cailles, les deux plus jeunes frĂšres avaient fini par sâassoupir. Au-dehors, le soleil venait Ă peine dâentamer sa rencontre avec lâhorizon ; il Ă©tait encore bien tĂŽt pour se laisser aller au sommeil. Cependant, au regard des Ă©motions provoquĂ©es par cette journĂ©e, le scientifique ne pouvait reprocher Ă ses cadets leur fatigue.
         Au cours des derniĂšres heures de leur leçon, Yugo avait glissĂ© sur les genoux du dragonnet, qui avait Ă©galement succombĂ© Ă lâappel de MorphĂ©e, sa tĂȘte dodelinant au rythme des inspirations de lâautre. Leur souffle Ă©tait rĂ©gulier, et malgrĂ© la prise presque possessive dâAdamaĂŻ sur son frĂšre, comme pour protĂ©ger ce corps si frĂȘle dâune attaque quelconque, les deux semblaient en paix. La scĂšne Ă©tait⊠familiĂšre. Lointaine aussi. Trop lointaine. Ă quand remontait la derniĂšre fois oïżœïżœ il avait eu la chance dâassister Ă autant dâinsouciance de la part de ses frĂšres et sĆurs ? Qui plus est⊠en sa compagnie ?
Ils⊠Ils se sont endormis.
Il aurait aimĂ© ĂȘtre capable, lui aussi, de fermer les yeux, ne serait-ce quâun instant.
Mais si tu fermes les yeux ici,
tu les rouvriras⊠là -bas.
Oui, oui⊠Je sais.
         Prenant soin de ne pas renverser le moindre meuble ou de faire craquer ces planches quâil avait fini par croire aussi vieilles que lui, Qilby alla prendre lâune des fines couvertures qui traĂźnaient rĂ©guliĂšrement contre le dossier de son bureau. DĂ©licatement, priant sa mĂšre pour que les deux petits ĂȘtres ne se rĂ©veillent pas, il la dĂ©posa sur leurs Ă©paules.
         Lentement, il se dirigea enfin vers la lucarne de sa cellule, quâil referma avec prĂ©caution, avant dây installer, en Ă©vidence, un carnet reliĂ© de cuir rouge. Tesla comprendrait.
         Au-dehors, les feuilles de la forĂȘt commençaient Ă se teindre dâune myriade dâaccents mĂ©talliques : ocre, or, cuivre⊠LâĂ©corce du Palais sâĂ©tait faite plus claire, gorgĂ©e de sĂšve pour tenir la saison qui sâannonçait.
Qui aurait crĂ» que lâhiver sâannoncerait aussi rude ?
         Mais au fond de lui, ce Ă quoi le vieil Ăliatrope cherchait une rĂ©ponse, câĂ©taitâŠ
Qui aurait crĂ» que je serai toujours ici pour le voir ?
         Certainement pas lui.
         Que faisait-il encore ici ? Pourquoi nâĂ©tait-il pas parvenu Ă partir ?
         Quel était le but de tout ceci ?
         Pourquoi nâavait-ilâŠÂ ? Pourquoi - ?!
         Mais finalement, la question la plus importante de toute, nâĂ©tait-ce pasâŠ
Est-ce que tu as toujours envie de partirâŠÂ ?
         Il se retourna un instant. Sur lâĂ©tagĂšre, que la poussiĂšre commençait Ă recouvrir doucement, trĂŽnait une verriĂšre toute de verre et dâargent, oĂč trois petits pots de cĂ©ramique laissait entrapercevoir des pousses pleines de vie. Les fleurs exotiques, Ă lâabri derriĂšre des parois immaculĂ©es et profitant dâune chaleur constante, nâallaient pas tarder Ă Ă©clore. Dans la penderie, les draps et tuniques Ă©taient repassĂ©s de frais, embaumĂ©s dâune dĂ©licate odeur de bois de santal. Le bureau portait autant de taches noires que la marque de nuits blanches, qui, si elles Ă©taient regrettĂ©es le lendemain, nâen demeurait pas moins de dĂ©licieuses Ă©preuves contre lâennui. La grande table basse avait Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©e, mais le tapis sur lequel elle reposait montrait encore de petites griffes, ci-et-lĂ . Celles dâun petit animal, qui ne lĂąchait jamais dâune semelle son maĂźtre et ami, Ă la voix forte, les mots rudes, mais le cĆur vieux et bienveillant. Quant Ă lâensemble de coussins et chaises basses, eux qui avaient Ă©tĂ© entreposĂ©s au fond de la piĂšce dans un premier temps, entouraient dĂ©sormais constamment le large tronçon de bois verni. Il nâĂ©tait, aprĂšs tout, pas nĂ©cessaire de ranger constamment quelque chose dont vous aviez besoin quotidiennement. Deux Ăąmes sây prĂ©lassaient dâailleurs au moment-mĂȘme sous une douillette masse de laine colorĂ©eâŠ
         Et enfin, il y avait ce fauteuil. Ce fauteuil de cuir. Inconfortable, Ă©triquĂ©, trop bas et trop profond Ă son goĂ»t⊠Mais sur lequel il ne rechignait jamais Ă sâasseoir pour Ă©changer avec un invitĂ©. Tel un mirage de brume, la silhouette dâune jeune femme, aux grandes oreilles et Ă la chevelure blonde se dessina devant lui. Dans ce fauteuil, il avait parlĂ© de longues heures⊠Il lâavait dit. Il avait dit pourquoi il avait fait tout ça.
         Donc, finalement, sâil avait dĂ©jĂ fait ce fameux pourquoi⊠Sâil lâavait dĂ©jĂ exprimĂ©. DĂ©jĂ enterrĂ©. Peut-ĂȘtre queâŠÂ ?
         Il scruta Ă nouveau le paysage qui sâoffrait Ă lui. Ces vastes branchages Ă perte de vue, un ocĂ©an vĂ©gĂ©tal qui sâĂ©tendait seulement aussi loin que son imagination ne lui permettait. Car nâĂ©tait-ce donc pas lĂ , la seule limite que pouvait connaĂźtre leur universâŠÂ ? Celle que leur esprit leur imposait ?
         Et si⊠Tout ce quâil nous suffisait pour nous libĂ©rer de notre cage⊠CâĂ©tait de la repenser autrement ?
NonâŠ
J-je crois queâŠ
.
.
Je crois que jâaimerai rester ici.
.
Juste encore un peuâŠ
Loin, par-delĂ les murs, les mers et les montsâŠ
« Excellence ! Nous avons pu obtenir des nouvelles de nos hommes postĂ©s Ă Bonta : il semblerait que la cible ait rĂ©pondu Ă lâappel ! Votre plan a fonctionnĂ©, S- !
- Ătes-vous en train de suggĂ©rer que celui-ci pouvait Ă©chouer, lieutenantâŠÂ ?
- N-non, a-absolument pas Votre Généralissime Grand- !
- Suffit ! » Depuis son trĂŽne perchĂ© sur dâinnombrables marches, il agita furieusement son sceptre. « Hors de ma vue, et ne revenez que lorsque vous aurez reçu dâautres informations de la part de nos troupes. » Les yeux bardĂ©s de fard blanc se plissĂšrent sous des traits prĂ©dateurs. « Et jâespĂšre pour vous quâelles seront bonnesâŠÂ »
         Sans plus de cĂ©rĂ©monie, le militaire fit claquer ses talons, ce bien entendu sans oublier de saluer une derniĂšre fois son monarque, et sâenfonça dans le long corridor obscur.
« Il semblerait que nous soyons enfin parvenus Ă sĂ©parer ce satanĂ© Joris de son dragon ! » Sâexclama-t-il. « Comment se prĂ©nommait-il dĂ©jĂ Â ? FastĂ©.. ? Pharo.. ?
- PhaĂ©ris, Mon cher Ăpoux ?
- Oui ! Câest tout Ă fait cela, Ma Reine ! » Rire aigu. « Cela devrait enfin nous permettre de passer Ă la vitesse supĂ©rieure ! Mais pour ce faire, nous allons avoir besoin dâun petit coup de mainâŠÂ »
         Il sâempara alors dâune plaque de verre emprisonnant un parchemin. Sur ce-dernier, lâon pouvait apercevoir le portrait dâun homme aux longs cheveux bruns, le regard vif surmontĂ© de lunettes, et deux larges cornes de part et dâautre de sa tĂȘte⊠le tout accompagnĂ© dâun rictus mauvais.
« Et je sais exactement Ă qui nous devrions « demander » ce serviceâŠÂ »
.
. Ha !
.
Il faut croire que le dicton dit vrai, alorsâŠ
.
On ne fait pas dâomelette sans casser du Dofus, haha, ha !
~ Fin du Chapitre 8
#qilby#fiction#wakfu qilby#wakfu#ankama#french#fanfiction#french fanfiction#wakfu fanfiction#yugo#evangelin#princess amalia#tristepin de percedal#tristepin#wakfu adamai#grougaloragran#chibi#ruel strood#joris jurgen#eliatrope council
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Lettre ouverte : "Je vais fuir Bruxelles, cette capitale qui ne me laissera pas grand-chose dâautre quâun goĂ»t amer" - La Libre
Source: lalibre.be
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![Tumblr media](https://64.media.tumblr.com/0c62e3d3fb69a349cce33b3d81adcf03/78e6ca64e4b6691b-4e/s540x810/b6ef1e846e0ceb96fb573f150c9be400056069c1.jpg)
ĂtĂ© 1912, Le Caire, Egypte (1/2)
Cher Constantin,
FĂ©licitations pour toutes ces nouvelles. Jâai Ă©tĂ© ravi de lire les avancĂ©es des Ă©quipes françaises sur les chantiers de ThĂšbes. Il est palpitant de voir que nous sommes en train dâexhumer tant de grandes citĂ©s !
Je vous Ă©cris actuellement du Caire, oĂč je suis arrivĂ© hier et oĂč je vais stationner encore quelque temps, jusquâĂ la reprise du chantier qui est actuellement interrompu. Jâai donc tout le loisir de vous Ă©crire. Je ne vous ai pas donnĂ© de dĂ©tails par rapport Ă lâexpĂ©dition Ă laquelle je participe, Ă mon grand tort. Laissez-moi corriger cela.
Mon employeur se nomme Herr Ludwig Borchardt, employĂ© par la SociĂ©tĂ© Orientale Allemande pour excaver le site dâEl Amarna, oĂč vous nâĂȘtes pas sans savoir que se trouve le site de la capitale dâAkhĂ©naton, fondĂ©e en 1350 avant JĂ©sus-Christ. Jây travaille en temps quâassistant temporaire, aux cĂŽtĂ©s de huits autres assistants, un gĂ©omĂštre, un contremaĂźtre, deux archĂ©ologues et un architecte, Uvo Hölscher, qui nous dirige effectivement, puisque Herr Borchardt nâest pas souvent prĂ©sent sur le chantier quâil dirige Ă distance depuis Le Caire. Jâai joint Ă cette lettre une photographie, oĂč vous pouvez me voir en train de poser avec des membres de mon Ă©quipe. Je me trouve en troisiĂšme position en partant de la droite. Ă ma droite vous pouvez voir Breith, assistant, notre gĂ©omĂštre le Capitaine Timme, ainsi que Ranke qui est archĂ©ologue. A ma gauche, Honroth, ingĂ©nieur, et Hollander, assistant.
Les fouilles ont commencĂ© le 2 fĂ©vrier 1911 Ă lâest dâEl Hagg Qandil, Ă un demi-kilomĂštre de notre quartier gĂ©nĂ©ral, sur le site de la ville principale. Nous avons mis en place une documentation riche que vous aurez certainement lâoccasion de consulter : nous employons des moyens modernes et nous documentons tout ce que nous faisons. Nous prenons des photographies, nous mettons au point des plans et des coupes, tout ce que nous trouvons est croquĂ© ou saisi Ă lâaquarelle. Nous avons trouvĂ© tellement de choses dĂšs la premiĂšre semaine, quâHerr Hölscher a dĂ» nous faire construire un nouveau bĂątiment pour les stocker⊠Quand notre premiĂšre campagne sâest achevĂ©e il y a un an, nous avions dĂ©couvert environ quatre-vingt structures.
La deuxiĂšme campagne a commencĂ© lâautomne dernier et vient de sâachever. Nous avons dĂ©couvert une large artĂšre que nous avons baptisĂ©e « la rue du Haut PrĂȘtre », puisque lâon y trouve la rĂ©sidence du haut prĂȘtre Pawah.
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Acte 6 et Ă©pilogue : "Tout ce que je veux, c'est te revoir..."
ET C'EST FINI ! DĂ©esse, j'en voyais plus le bout mais, c'est bon, les derniĂšres pĂ©ripĂ©ties ont eu lieu ! HonnĂȘtement, j'avais pas prĂ©vu que ça fasse 659 pages en taille 14 ! ça devait juste faire deux actes max comme ma version d'AM... et le dĂ©roulĂ© a tellement changĂ© de ce que ça devait ĂȘtre de base... y a de quoi en faire un billet entier... mais bon, on ne se refait pas...
C'est donc le dernier acte de cette histoire : on reprend juste aprÚs la révolution qui a eu à Fhirdiad et on explore les conséquences des actes de tout le monde en refermant les arcs de tout le monde.
Juste une petite prĂ©cision avant de commencer : Arundel a un rĂŽle dans cette partie, mĂȘme s'il est absent des autres parties car, je voudrais pouvoir raccrocher ma partie prĂ©-Duscur de CF (oui, je n'ai toujours pas oubliĂ© cette histoire) avec cette version du post-Duscur pour en faire une histoire pouvant se lire indĂ©pendamment du jeu, afin de pouvoir la faire lire Ă des proches qui n'y ont pas jouĂ©. Si vous avez des questions sur le pourquoi du comment d'Arundel, n'hĂ©sitez pas Ă demander en cas de besoin.
Et aussi, les avertissements habituels : fans de Rufus fuyez, et fans de Lambert, fuyez encore plus (surtout vu comment il tourne ici). Fans de Gustave... il est tellement transparent que pourquoi pas mĂȘme si bon, si vous arrivez avec l'acte 6 et que vous voulez lire les parties prĂ©cĂ©dentes, ça ne va pas vous faire plaisir...
(suite sous la coupe)
Rodrigue et Alix passaient un peu de temps aprĂšs leur journĂ©e de travail avec FĂ©lix, lâaidant Ă fabriquer ses bracelets. DâaprĂšs Pierrick, ils pourraient bientĂŽt retourner travailler normalement, mĂȘme sâils devraient toujours faire attention Ă ne pas sâĂ©puiser, Ă©tant plus sensible Ă la fatigue Ă prĂ©sent. Rodrigue pourrait mĂȘme bientĂŽt reprendre la magie Ă son ancien niveau, mĂȘme si lĂ aussi, il y aurait une pĂ©riode oĂč ils devraient sâassurer que la transformation ne reviendrait pas avec son entrainement, mĂȘme partiellement. Enfin, ils Ă©taient sur la bonne voie, câĂ©tait le principal⊠au moins pour ça⊠politiquement par contre, câĂ©tait une autre histoire⊠ils nâavaient toujours pas annoncĂ© officiellement leur retour Ă part Ă leur alliĂ© mais, ce nâĂ©tait quâune question de temps avant que Lambert, Rufus et Gustave ne lâapprennent par les rumeurs et nâagissent en consĂ©quence pour les faire rentrer dans le rangâŠ
Ils étaient en train de graver une des plaques quand ils entendirent du bruit monté depuis la ville, vite suivi par un domestique qui entra en trombe en hurlant, tout excité.
« Vos GrĂąces ! Venez vite ! On a des nouvelles de Fhirdiad ! Il nây a plus de roi ! Lambert a Ă©tĂ© renversĂ© par la capitale et les nĂŽtres !
â Attendez, quoi ? SâĂ©tonnĂšrent les jumeaux. Est-ce que vous avez des nouvelles dâEstelle et Bernard ainsi que de nos autres hommes lĂ -bas ? Ce sont eux qui ont envoyĂ© ces nouvelles ?
â Venez vite ! Le messager est en ville ! Il a aussi des lettres pour vous de tout le monde !
Ăchangeant un regard, les jumeaux se levĂšrent pour le suivre, vite suivit de FĂ©lix, voulant tous en savoir plus, mĂȘme sâils se cachĂšrent sous une cape pour quâon ne les reconnaisse pas, au moins pas les messagers⊠Trois jeunes gens attiraient toute lâattention sur la place, racontant ce qui sâĂ©tait passĂ©, du dĂ©but de la rĂ©volte avec la prise du marchĂ© noir, la perte du peu de respect que les fhirdiadais avaient encore en leur seigneur, puis le dĂ©but de la bataille entre les murailles de la capitale quand lâexpĂ©dition punitive contre Gautier menĂ© par Isidore et Miklan avait tournĂ© Ă la mutinerie, les deux meneurs ayant mĂȘme Ă©tĂ© tuĂ©s par leurs propres soldats, ainsi que le rĂŽle central dâun certain Ludovic Hange dans la chute des Blaiddyd.
« Vu le nom, câĂ©tait limite le destin choisi par la DĂ©esse pour lui ! » SâĂ©tait exclamĂ© un des messagers.
Ils finirent en expliquant comment sâĂ©tait organisĂ© la ville et les prioritĂ©s pour les rĂ©voltĂ©s, Ă savoir au moins assurer la survie de tous sans que le Royaume ne se dĂ©lite trop Ă cause dâambitieux.
« Nous avons des lettres diplomatiques Ă remettre Ă lâintendante du duchĂ© de Fraldarius qui le dirige en lâabsence de ses ducs, ainsi quâune invitation Ă Fhirdiad pour les ducs jumeaux une fois quâils auront Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Les chefs du gouvernement voudraient les rencontrer afin de reprendre des relations diplomatiques saines entre nos deux territoires. Voici les documents officiels, » ajouta une seconde en leur montrant des lettres scellĂ©es avec un sceau reprĂ©sentant un mouton et une Ă©toile, les symboles de la ville, mais aussi imprĂ©gnĂ© de lâodeur de leur oncle Ludovic, comme si câĂ©tait lui qui les avait Ă©crites, gardant son parfum incrustĂ© dans lâencre et le papier malgrĂ© que ce soit impossible⊠mĂȘme si⊠si Alix ne se trompait pas⊠et aux vues des derniers Ă©vĂšnements⊠ce ne serait pas le plus Ă©trange au finalâŠ
Ătant elle aussi descendue, LorĂ©a Ă©mergea de la foule et prit les lettres en dĂ©clarant, jetant juste un regard aux jumeaux pour se mettre dâaccord.
« Bien, je les confierais personnellement Ă nos ducs dĂšs quâils seront de nouveau parmi nous. En attendant, je me chargerais personnellement des relations avec Fhirdiad et le nouveau gouvernement.
â Nous vous en remercions, et nous espĂ©rons de tout cĆur que les loups de cendre reviendront vite auprĂšs de vous et de leur enfant. Nous avons tous besoin dâune protection divine Ă lâheure actuelle, et nul doute que cela est un signe de la DĂ©esse quâelle les ait transformĂ©s en ses protecteurs. Enfin, maintenant que Lambert nâest plus roi, nous devrions peut-ĂȘtre retrouvĂ© ses faveurs en mĂȘme temps que celle du Flutiste des Glaces. »
En entendant ceci, les jumeaux rĂ©flĂ©chirent un peu plus Ă cette histoire⊠Rodrigue et Alix devaient avouer que ces rumeurs de loups de cendre Ă©taient bien le cadet de leurs soucis quand ils avaient retrouvĂ© forme humaine, cherchant plus Ă comprendre ce qui leur Ă©tait arrivĂ© et essayant de ne pas rechuter, mais sans les ignorer non plus. AprĂšs tout, ils correspondaient Ă la description de ses crĂ©atures mythiques : dâimmenses loups noirs ou gris aux yeux bleus et humains, assez grand pour ĂȘtre monter par la DĂ©esse. MĂȘme LorĂ©a les avait pris pour ça en les voyant malgrĂ© son esprit trĂšs terre Ă terre, dâautres devaient le croire encore plus facilement, surtout vu comment ils sâĂ©taient transformĂ©s⊠Rodrigue Ă©tait loin dâĂȘtre le seul magicien Ă avoir un tel surplus de magie dans son corps tout en Ă©tant au proie au dĂ©sespoir mais, ils ne sâĂ©taient pas tous transformé⊠dâaprĂšs Sylvain et Fregn dans les quelques missives diplomatiques quâils avaient pu Ă©changĂ© avec eux, ce serait le signe quâil serait des berserkir selon les croyances srengs⊠les guerriers dâOdin combattant Ă ses cĂŽtĂ©s lors du Ragnarök, ne se rĂ©vĂ©lant que dans le dĂ©sespoir de la bataille afin dâaccomplir leur objectif et survivre⊠alors si en plus, le Flutiste des Glaces rejetait Lambert, il serait facile de recoller les morceaux de cette histoire pour en faire une intervention divineâŠ
Enfin, sâils les tournaient correctement, ces rumeurs pourraient jouer en leur faveur⊠au moins pour enfin pouvoir vivre en paix loin de cet homme⊠LorĂ©a fit le nĂ©cessaire pour que les trois messagers puissent se reposer avant de reprendre la route avec leurs rĂ©ponses, puis les rejoignit une fois quâils furent de retour dans leur forteresse.
Sur le chemin de leur forteresse, alors que toutes les informations quâil venait dâapprendre infusaient doucement dans son esprit, Rodrigue eut du mal Ă y croire, se croyant ĂȘtre en train de rĂȘver⊠Lambert nâĂ©tait plus roi⊠il nâĂ©tait plus roi⊠il nâavait plus le pouvoir⊠plus le pouvoir de les forcer Ă faire quoi que ce soit⊠plus le pouvoir de tous les mettre en danger⊠plus le pouvoir de faire le mal autour de lui Ă cause de son inconscience⊠plus le pouvoir de faire du mal Ă sa familleâŠ
Plus aucun pouvoirâŠ
AucunâŠ
Il sentit FĂ©lix lui serrer la main alors quâils rentraient Ă lâintĂ©rieur, soufflant en le regardant.
« Il ne te fera plus de mal. à plus personne et surtout pas à toi et à Alix.
â Oui⊠rĂ©pondit-il en passant sa main dans ses cheveux, retrouvant pied Ă ses mots. Il ne nous fera plus jamais de mal.
Les jumeaux prirent alors les lettres officielles destinĂ©s Ă tout le duchĂ©, les lisant attentivement pour bien comprendre comment fonctionnait Fhirdiad et quels Ă©taient les objectifs des rĂ©voltĂ©s, surtout en voyant quâEstelle et Bernard faisaient partie de leurs chefs, mĂȘme si les connaissant, cela ne les Ă©tonnait guĂšre. Ils nâallaient pas rester les bras croisĂ©s vu tout ce quâosait faire Lambert et Rufus, surtout que les rĂ©sistants avaient surement bien eu besoin de leurs compĂ©tences au combatâŠ
« Ils parlent dâun systĂšme dâĂ©lection pour dĂ©signer le prochain roi⊠ils ont lâair dĂ©terminĂ©s Ă rompre avec lâancienne maniĂšre de faire, histoire de ne pas avoir un autre Clovis ou un autre Lambert⊠dĂ©clara LorĂ©a en parcourant les lettres.
â Ils ont peut-ĂȘtre enfin retrouver le testament de Ludovic⊠ça ressemble Ă ce quâil voulait mettre en place⊠commenta Alix.
â Mais il va arriver quoi Ă Dimitri ? Demanda FĂ©lix, restĂ© avec eux pour savoir ce qui se passait.
â Visiblement, il resterait lâhĂ©ritier de Lambert mais, en tant que seigneur ordinaire sur le domaine royal, pas au titre de roi, lui expliqua son pĂšre, et sa garde reviendrait aux Charon.
â Câest le plus logique faut dire, ajouta Alix. Câest sa famille la plus proche, vu quâĂ part Rufus et les descendants des bĂątards de Clovis, il nâa pas dâautres tantes, oncles ou cousins du cĂŽtĂ© de son pĂšre. Et il est hors de question de confier un gosse aussi mal en point que lui Ă Rufus, encore plus aprĂšs tout ce quâil a fait.
â Oui, les Charon sauront prendre soin de lui, comme HĂ©lĂ©na lâaurait voulu, assura lâainĂ© des jumeaux en espĂ©rant que FĂ©lix comprendrait.
Le jeune garçon réfléchit un peu avant de dire sans hésiter, sûr de lui :
â Eux au moins, ils ne lâenverront pas Ă la mort comme Lambert, et Cassandra peut le protĂ©ger. En plus, ils traitent bien Dedue et Sasiama, ça ira.
â Jâen suis sĂ»r⊠En tout cas, les dispositions autour de lui ressemblent vraiment aux travaux de Ludovic, câest aussi ce quâil avait prĂ©vu pour Lambert, mĂȘme sâil voulait imposer plusieurs conseillers et fonctions indĂ©pendantes du roi pour mieux le contrĂŽler.
â Qui sait ? Si ma truffe ne sâest pas trompĂ©e, câest peut-ĂȘtre lui qui leur en a parlĂ© directement⊠proposa le cadet.
â Qui saitâŠÂ » souffla Rodrigue en prenant les lettres qui leur Ă©taient spĂ©cifiquement destinĂ©s, sentant autant quâAlix lâodeur de Ludovic imprĂ©gnĂ© Ă lâintĂ©rieur⊠une odeur trĂšs fraiche comme la neige en montagne, tachĂ© de maladie mais, cette derniĂšre nâarrivait Ă ne jamais Ă prendre le dessus sur lâodeur neutre et fraicheâŠ
En lâouvrant, mĂȘme si lâauteur prĂ©tendait sâappeler Ludovic Hange, la prĂ©sence de leur oncle suintait Ă chaque lettre⊠lâĂ©criture, la maniĂšre de sâexprimer, les mots choisis, la maniĂšre dont il argumentait, tentant de les convaincre de venir Ă Fhirdiad mĂȘme sâil comprendrait aussi si les jumeaux ne voulaient plus sâen approcher, au moins pour assurer les bonnes relations entre eux⊠seul leur Oncle Ludovic avait pu lâĂ©crire⊠personne ne pouvait se ressembler autant⊠Rodrigue et Alix Ă©taient bien placĂ©s pour le savoirâŠ
« Câest⊠câest vraiment Ludovic⊠notre Oncle Ludovic⊠balbutia lâainĂ©, y croyant Ă peine malgrĂ© tout. Mais⊠mais comment⊠est-ce que ces sorciers Ă©tranges y seraient pour quelque chose ?
â Ce ne serait pas impossible⊠aprĂšs tout, quand il a autopsiĂ© les mages qui vont ont attaquĂ©, Pierrick trouvait leurs corps Ă©tranges, et leur chef semblait ronger par la magie noire. Qui peut savoir quel sacrilĂšge ils ont pu commettre ? Au moins, on peut espĂ©rer que les rĂ©volutionnaires les ont Ă©galement Ă©liminĂ©s en mĂȘme temps quâils renversaient Lambert⊠ils vous proposent Ă©galement de venir Ă Fhirdiad, au moins pour rĂ©cupĂ©rer officiellement vos troupes⊠elle les regarda, lâexpression neutre et sans jugement, ouverte Ă tout ce quâils diraient. Que pensez-vous faire ?
Les jumeaux hĂ©sitĂšrent, ne sachant que dire⊠dâun cĂŽtĂ©, se rendre Ă Fhirdiad pouvait leur permettre dâenfin retrouver leurs troupes, ainsi que de se faire bien voir par les rĂ©volutionnaires tout en balayant tout soupçon de loyautĂ© Ă la couronne⊠malgrĂ© les mots de Rodrigue pour FĂ©lix, Dimitri Ă©tait de nouveau dans une position extrĂȘmement dĂ©licate, cela le ferait sans doute Ă©normĂ©ment souffrir de voir son pĂšre traitĂ© ainsi. De plus, les gĂ©nĂ©raux et seigneurs encore fidĂšles aux Blaiddyd en feraient sans doute le porte-Ă©tendard dans leur lutte contre les rĂ©volutionnaires, leur roi par dĂ©faut en attendant de « libĂ©rer » Lambert des griffes de Fhirdiad, et ils nâhĂ©siteraient surement pas Ă lâarracher aux Charon.
Cependant, dâun autre cĂŽtĂ©, ces derniers ne laisseraient personne toucher au moindre cheveu dâun des leurs. La forteresse de Lokris Ă©tait trĂšs facile Ă dĂ©fendre mĂȘme avec peu dâhomme grĂące aux montagnes lâentourant, et les citoyens charonis restaient soudĂ©s autour de la famille comtaleâŠ
â AprĂšs tout ce qui sâest passĂ©, il est certain que les Charon ne soutiendront pas Lambert et vont plutĂŽt soutenir les rĂ©volutionnaires sâils ne les menacent pas. De plus, les seigneurs qui se sont montrĂ©s les plus loyaux Ă part les Dominic et nos familles depuis la TragĂ©die, ce sont ceux du sud qui agissaient surtout par opportunisme pour rĂ©cupĂ©rer le plus dâinfluence, de pouvoir et de terres duscuriennes possible aprĂšs la guerre quâils espĂ©raient. Sâils nâont plus rien Ă gagner Ă soutenir la famille royale, ils vont trĂšs vite retourner leur veste, comme ils lâont fait quand ils ont commencĂ© Ă servir Lambert lors de ce voyage. Ce ne sont des alliĂ©s fiables pour personne mais, cela les rend plus faibles Ă©tant donnĂ© que leurs objectifs changent sans arrĂȘt sans ĂȘtre clair, analysa Rodrigue.
â En plus, mĂȘme si on ne veut pas personnellement retourner Ă Fhirdiad, cela reste tout de mĂȘme une ville de premiĂšre importance, nous devons composer avec, ajouta Alix. Il faut quâon ramĂšne nos troupes et quâon fasse en sorte que les rĂ©volutionnaires ne nous voient pas comme des ennemis pour quâils nous laissent tranquilles. La chute de Lambert va surement changer tous les rapports de force dans le Royaume, il faut que nous arrivions Ă conserver une bonne position pour mettre notre famille et notre fief Ă lâabri du besoin et des griffes de pouvoirs extĂ©rieurs. On devrait pouvoir jouer sur le fait quâon a suffisamment de vivre Ă prĂ©sent dans notre fief alors, nous pouvons en laisser une partie Ă Fhirdiad, ce qui nous ferait bien voir des rĂ©volutionnairesâŠ
â Et Lambert nâest plus roi⊠il ne nous fera plus de mal⊠plus jamais⊠cela nâarrivera plus⊠souffla lâainĂ©, essayant de garder pied sans penser Ă la derniĂšre fois quâil avait vu son ancien ami, sa paume allant de nouveau se poser sur son cou malgrĂ© lui.
â Alors, tu vas y aller papa ? Tu es sĂ»r ? Le questionna FĂ©lix en serrant sa main dans les siennes.
â Oui⊠il le faut pour continuer Ă assurer la place de Fraldarius dans le Royaume, et sâassurer de ne pas faire de Fhirdiad notre ennemie. MĂȘme si nous aurions les capacitĂ©s de contrer des attaques, surtout aprĂšs tout ce quâil y a dĂ» se passer en ville, des fraldariens ont eu un grand rĂŽle dans la chute de Lambert, comme Estelle et Bernard alors, nous devrions plutĂŽt ĂȘtre dans leurs bonnes grĂąces. CependantâŠÂ » il se baissa Ă la hauteur de FĂ©lix, le regardant dans les yeux en posant la main sur ses Ă©paules alors quâil lui interdisait, « tu ne dois pas venir avec nous, câest beaucoup trop dangereux. La ville est encore instable. MĂȘme si Estelle et Bernard font partie des chefs de lâĂ©meute et que selon nous, ce Ludovic Hange pourrait ĂȘtre le Ludovic que nous avons connu, on ne sait pas si les rĂ©volutionnaires ne vont pas tout de mĂȘme se mĂ©fier de nous Ă cause des liens entre notre famille et les Blaiddyd, et on ne sait pas si ces mages Ă©tranges nây rodent pas encore. Câest beaucoup trop dangereux pour que tu y ailles, mĂȘme si nous sommes avec toi. Il est plus sage que tu restes ici avec LorĂ©a et Cassandra, tu y seras en sĂ©curitĂ©. Tu comprends FĂ©lix ?
Le jeune garçon fit la moue, hĂ©sitant un peu avant dâhocher la tĂȘte. Ce nâĂ©tait clairement pas de gaietĂ© de cĆur, FĂ©lix aurait prĂ©fĂ©rĂ© que les jumeaux restent ici en sĂ©curitĂ© mais, ils avaient Ă©galement des devoirs et faisaient toujours tout pour le bien de leur fief⊠mĂȘme sâil ne voulait pas sâĂ©loigner Ă nouveau dâeux⊠il voulait que son pĂšre reste avec lui et son oncle aussi⊠quâils restent tous en paix Ă Egua sous la protection de FraldariusâŠ
« Grand-pĂšre nous a toujours protĂ©gĂ©s ici⊠il nous protĂ©gera toujours⊠ne partez pas encore aussi loinâŠÂ »
Il se retient de supplier encore Rodrigue et Alix de rester⊠faire des caprices nâavait provoquĂ© que des catastrophes et mettre encore plus sa famille en danger⊠maisâŠ
â Si vous partez⊠finit-il par craquer, serrant les poings, les posant contre la poitrine de son pĂšre en le suppliant finalement Ă nouveau, ne pouvant sâen empĂȘcher, la peur lui rongeant le cĆur comme la sĂ©cheresse dĂ©truisant tout autour dâelle. Vous reviendrez tous les deux, câest promis ? Tu ne pars pas si tu ne reviens pas⊠tâas pas le droit de partir si tu sais que tu ne reviendras pas⊠Alix aussi⊠insista-t-il en donnant un petit coup, comme pour ancrer la promesse entre eux. Vous reviendrez tous les deux et on ira au lac, dâaccord ?
â Oui FĂ©lix⊠Rodrigue embrassa le front de son fils, jurant de tenir parole cette fois tout en priant la DĂ©esse pour quâelle les entende enfin, sentant un peu de sa magie sâĂ©chapper de lui pour entourer son fils comme une couverture protectrice. Nous reviendrons, câest promis. »
Les fraldariens envoyĂšrent donc une premiĂšre rĂ©ponse savamment rĂ©digĂ©e afin de faire patienter les rĂ©volutionnaires et se donner plus de temps, mĂȘme si le procĂšs de Lambert et Rufus auraient dĂ©jĂ eu lieu quand ils arriveraient Ă Fhirdiad, puis une seconde annonçant leur retour en tant que duc de Fraldarius, quelques jours avant que les prĂ©paratifs de leurs voyages soient terminĂ©s, anticipant chaque possibilitĂ© qui pourrait les menacer. Ils se coordonnĂšrent aussi avec les Charon afin dâarriver ensemble, leur donnant plus de poids face Ă une potentielle hostilitĂ© sous couvert de rĂ©affirmer la bonne entente entre leurs familles. MĂȘme sâils espĂ©raient de tous leurs cĆurs que cette rencontre se passe bien, ils refusaient de commettre les mĂȘmes erreurs que cet homme⊠hors de question de mettre en danger qui que ce soitâŠ
Avant de partir et malgrĂ© leur apprĂ©hension, Rodrigue et Alix emmenĂšrent leur fourrure avec eux, se souvenant des messagers quand ils avaient parlĂ© des « loups de cendre »⊠ils avaient peur, craignaient ce qui pourrait arriver sâils revĂȘtaient cette fourrure alors quâils Ă©taient de nouveau Ă Fhirdiad, lĂ oĂč tout avait commencĂ© et oĂč ils avaient tant souffert⊠mais ils ne pouvaient pas non plus se passer du moindre atout Ă leur disposition⊠lâenjeu Ă©tait bien trop importantâŠ
Rodrigue et Alix embrassĂšrent FĂ©lix, le confiant au bon soin de LorĂ©a et la protection de Cassandra, lui jurant encore de revenir⊠le petit garçon sâaccrocha aux Ă©paules de son pĂšre, se revoyant quelques semaines auparavant Ă Fhirdiad, hĂ©sitant Ă lĂącher son pĂšre malgrĂ© la colĂšre, remplacĂ© par lâinquiĂ©tude et la peurâŠ
« Ne pars pas⊠reste avec moi⊠ne va pas lĂ -basâŠÂ »
Comme sâil lisait dans ses pensĂ©es, Rodrigue posa Ă nouveau ses mains sur les Ă©paules de son fils, lui rĂ©pĂ©tant encore, Ă©clairĂ© par la douce lumiĂšre dâAegis accrochĂ© Ă sa selle semblant veiller sur eux.
« On reviendra vite, câest promisâŠ
â âŠdâaccord⊠tu mâĂ©criras ?
â Bien sĂ»r, Ă chaque Ă©tape⊠il lâembrassa son front en soufflant, sentant de nouveau sa magie aller entourer son fils, comme Ă chaque fois quâil le quittait depuis quâils avaient dĂ©cidĂ© de partir pour Fhirdiad. Je tâaime mon louveteauâŠ
â Moi aussi papaâŠÂ »
AprÚs une derniÚre étreinte, Félix accepta de lùcher son pÚre, le laissant partir en lui faisant un dernier signe de man, restant auprÚs de Loréa et Cassandra.
Quand ils disparurent au loin, le petit garçon serra le sachet rempli de perle et de breloque⊠avec tous les prĂ©paratifs pour le voyage Ă Fhirdiad, ils nâavaient pas fini de faire leurs chapeletsâŠ
« On les finira un jour tous ensemble⊠souffla-t-il, chassant de toutes ses forces ses souvenirs de la derniĂšre fois quâil avait vu quelquâun partir ainsi au loin. Ils reviendront eux⊠ils ne mentiront pas ?
â Non⊠LorĂ©a se baissa Ă sa hauteur et posa son front contre le sien. Ils ont pris bien plus de prĂ©caution, nous avons fait trĂšs attention quand nous avons Ă©crit aux rĂ©volutionnaires. Ils ne semblent pas nous considĂ©rer comme des ennemis, et nous avons des alliĂ©s de confiance parmi eux avec Estelle et Bernard. Ils vont Ă©galement retrouvĂ© les Charon avant dâentrer sur le domaine royal, nos deux armĂ©es savent se coordonner pour contrer des attaques et embuscades en terrain connu.
â En plus, ils se sont prĂ©parĂ©s Ă pouvoir tenir contre une embuscade et savent par oĂč se replier si cela tourne mal pour eux. Câest votre fief et le domaine royal, les jumeaux le connaissent parfaitement et savent par oĂč ne pas passer, renchĂ©rit Cassandra. Vos vassaux dans cette partie de votre fief doivent tout Ă Guillaume, AliĂ©nor et aux jumeaux pour la plupart, et les intendants du domaine royal ont sans doute dâautres problĂšmes en ce moment que sâen rajouter en attaquant un convoi bien protĂ©gĂ© au hasard. » Elle Ă©bouriffa ses cheveux en ajoutant. « Ăa devrait aller pour eux. Ce nâest pas comme Duscur.
â JâespĂšreâŠÂ »
Il tourna la tĂȘte vers le lac, voyant lâimmense Ă©tendu bleu uni et calme, demandant encore Ă son grand-pĂšre de veiller sur son pĂšre et son oncle pendant ce voyage.
*
Au bout de quelques jours de voyage, et aprĂšs avoir retrouvĂ© les Charon au leur lieu de rendez-vous prĂ©vu, Fhirdiad fut dĂ©jĂ en vue. Ils y seraient sans doute dĂšs demain dans la matinĂ©e. DĂ©jà ⊠Rodrigue avait lâimpression que le voyage avait durĂ© Ă la fois une Ă©ternitĂ© et une seconde, chaque minute se gravant de plus en plus dans son cĆur et son Ăąme⊠chaque pas, chaque tour de roue les rapprochait de la capitale, du palais, de cet homme⊠du collier et des laisses qui avaient failli les Ă©trangler⊠de la museliĂšre qui avait menacĂ© son frĂšre⊠rien que dây penser lui donnait lâimpression de suffoquer, dâavoir les poumons et les membres tellement gelĂ©s quâil en Ă©touffait sous la douleur des brĂ»lures, rĂȘvant juste de faire demi-tour et de rentrer Ă la maison, lâeau du lac chassant le gel et la glace tentant de les emprisonner dans ses carcans⊠mais le duc ne pouvait pas faire marche arriĂšre⊠lâenjeu Ă©tait bien trop importantâŠ
« Rodrigue ! »
Les poils sur sa nuque se hĂ©rissĂšrent dâun coup, sentant presque la prĂ©sence de cet homme derriĂšre lui, remonter doucement son Ă©chine comme un serpent pour sâenrouler autour de sa gorge, devenant Ă nouveau un collier et une laisse, tirant sur celui qui entourait Ă prĂ©sent son cou, Ă©touffant ses cris de protestation en le muselant de ses deux mains glaciales⊠lui rĂ©pĂ©tant encore et encore de rester auprĂšs de lui malgrĂ© tout⊠malgrĂ© toutes les horreurs quâil avait fait⊠quâils avaient tous fait⊠DĂ©esse, depuis quand juste penser Ă cet homme lui faisait aussi peur ? Depuis quand il nâarrivait mĂȘme plus Ă dire son nom ?
Contre son meilleur jugement, Rodrigue sauta presque sur ses affaires, les dĂ©fit comme un possĂ©dĂ©, Ă©parpillant tout autour de lui sans faire attention, cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment sa peau de loup. Soupirant de soulagement en la retrouvant enfin, il se rĂ©fugia Ă nouveau Ă lâintĂ©rieur, se drapant tout entier sous la toison de nuit⊠malgrĂ© toute son apprĂ©hension et sa crainte de la transformation, lâĂ©treinte chaleureuse de la fourrure lui semblait moins glaçante que rester ainsi, Ă la merci du gel de la peur de Fhirdiad⊠de cet homme⊠comment pouvait-il seulement imaginer lui faire potentiellement face Ă Fhirdiad si seulement penser Ă lui lâangoissait Ă ce point ? Le faisait se rĂ©fugier dans sa fourrure de loup comme un enfant dans la cape de ses parents ? Cela nâavait aucun sens⊠mais le duc ne pouvait plus reculer Ă prĂ©sent, et il refusait de laisser Alix seul face Ă lui⊠hors de question de le laisser affronter leurs bourreaux Ă tous tout seulâŠ
« Je vais de nouveau le contaminer avec mes Ă©motions en plus si je continueâŠ
â Ce nâest pas grave⊠moi aussi, je te contamine quand je mâĂ©nerve contre lui alors, on peut inverser les rĂŽles de temps en tempsâŠ
Rodrigue sentit alors le contact de son frĂšre, Ă©paule contre Ă©paule de loin, ce dernier le laissant se calmer dans un coin de son esprit, reprenant pied petit Ă petit avec son aide⊠évidemment, il lâavait senti mais en mĂȘme temps, câĂ©tait rassurant⊠ils Ă©taient toujours lâun Ă cĂŽtĂ© de lâautre dâune certaine façonâŠ
Soufflant un peu, lâhomme laissa sa tĂȘte sortir de sa cachette, se focalisant seulement sur la chaleur de lâĂ©treinte et celle de son frĂšre⊠cette fois, il nâĂ©tait pas seul, son frĂšre Ă©tait lĂ , les sĆurs Charon aussi, et Lambert nâĂ©tait plus roi⊠Rufus nâavait plus aucun pouvoir et les rĂ©volutionnaires avaient Ă©cartĂ© Gustave⊠aucun dâentre eux ne pourrait plus leur faire du malâŠ
« La meute est forte ensembleâŠÂ »
Il sâaccrocha Ă cette pensĂ©e en passant ses doigts sur sa fourrure, trouvant du courage et du rĂ©confort Ă lâintĂ©rieur, priant encore pour retrouver son petit le plus vite possible, voulant juste le revoir. MalgrĂ© la transformation et tout ce que lui rappelait cette fourrure, elle restait rassurante⊠elle lui rappelait sa maison⊠de vieux souvenirs, lâoubli fondant sous la douce caresse de la toison abondante⊠sans sâen rendre compte, il se remit Ă chanter, pour la premiĂšre fois alors que FĂ©lix nâĂ©tait pas là ⊠juste pour lui, les notes lâenveloppant dans une Ă©treinte aussi rassurante que sa fourrureâŠ
« Je pars ce matin avec les chants des laudes,
Mes pieds vont dâun cĂŽtĂ©,
Mais mon cĆur reste figĂ©
Il reste ici dans vos petites mains chaudes
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans ĂȘtre meurtri
Je pars Ă reculons, je pars sans jamais vous oublier
Je pars en ce jour en pensant toujours Ă vous,
Ă chaque pas sur ce long chemin, je lâavoue,
Je vous voie derriĂšre moi et souhaite mâen retourner.
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans ĂȘtre meurtri
Je vous promets de revenir un soir,
Je reviendrais Ă vous un jour,
Cette promesse de velours
Je ne la laisserais jamais choir,
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans ĂȘtre meurtri
Et quand nous nous serons retrouvés
Ce sera pour ne plus jamais se lùcher. »
« Papa⊠se rappela-t-il malgrĂ© le temps ayant Ă©rodĂ© ses souvenirs, sentant la prĂ©sence de ses parents Ă ses cĂŽtĂ©s. Oui⊠toi aussi, tu Ă©tais un loup⊠comme maman⊠Peut-ĂȘtre que cette fourrure nâest pas quâune Ă©chappatoire finalement, mais aussi un message destinĂ© Ă nous rappeler qui est notre familleâŠÂ »
Le lendemain, aprÚs avoir encore juré avec Alix de ne pas se séparer, ils entrÚrent dans Fhirdiad, drapé de leur sarcelle et de blanc, leur peau de loup drapant fiÚrement leurs épaules. Non pas comme un rappel de leur détresse et de désespoir, mais comme symbole des Fraldarius, la famille du loup.
DĂšs quâils apparurent, le silence sâinstalla dans la rue, la foule se rassemblant autour dâeux, essayant de les voir comme une relique lors des processions, plusieurs levant la main vers eux, comme pour tenter de les toucher sans oser⊠tout semblait si calme, comme dans une Ă©glise, avant que des murmures ne commencent Ă sâĂ©lever, bas et discret.
« Regardez⊠les Charon et⊠et est-ce possible ? »
« Ce sont euxâŠÂ »
« Les ducs de FraldariusâŠÂ »
« Ce sont vraiment eux ? »
« Ils ne sont plus des loups de cendres ? »
« Si ! Regarde ! Sur leurs épaules ! »
« Une fourrure de loup noir géant ! »
« Et ces yeux⊠je les ai vus quand les loups ont abandonnĂ© Fhirdiad pour punir Lambert⊠câĂ©tait exactement les mĂȘmes que les leursâŠÂ »
« Des loups noirs aux yeux humains bleus⊠câĂ©tait bien des loups de cendreâŠÂ »
« En plus, ils ont des emblĂšmes tous les deuxâŠÂ »
« Et Rodrigue a donnĂ© naissance au premier emblĂšme majeur de Fraldarius depuis des siĂšclesâŠÂ »
« Ils nous ont aussi toujours protĂ©gĂ©s⊠toujoursâŠÂ »
« Câest eux qui ont toujours tout fait pour ramener le roi dans le droit chemin avec les CharonâŠÂ »
« Contrairement au tyranâŠÂ »
« Alors que le roi se perdait dans ce quâil voulait en nous oubliantâŠÂ »
« Et câest quand ils sont partis que les choses ont vraiment commencĂ© Ă aller de mal en pisâŠÂ »
« Câest aussi quand les Charon ont quittĂ© le service de Lambert que nous avons eu assez de force pour le renverserâŠÂ »
« Les Charon aussi sont protĂ©gĂ©s par la DĂ©esse⊠leur emblĂšme reste toujours majeur malgrĂ© le temps qui passe contrairement aux autresâŠÂ »
« Câest comme si la DĂ©esse nous avait vraiment abandonnĂ©s quand ils sont tous partisâŠÂ »
« Pendant que les jumeaux recevaient sa bĂ©nĂ©diction en Ă©tant ses loups de cendreâŠÂ »
« Câest eux que la DĂ©esse a choisi, pas Lambert, câest sĂ»r ! »
« Câest eux qui devraient ĂȘtre Ă sa place ! Par leurs compĂ©tences et de droit divin ! La DĂ©esse a clairement choisi ses favoris ! »
« Les srengs ont raisons ! Mieux vaut des rois clairvoyants plutĂŽt que des rois sans yeux ! MĂȘme sâils ne sont pas de la famille royale ! »
« Oui ! Le mauvais roi Lambert est déchu ! Longue vie aux rois Rodrigue et Alix ! Longue vie aux rois jumeaux protégés par la Déesse ! »
« Le roi sans yeux est déchu ! Longue vie aux rois clairvoyants ! »
« Longue vie aux rois élus par la Déesse ! »
« Longue vie aux rois loups de cendres ! »
« Longue vie aux rois ! »
Les jumeaux y crurent Ă peine quand toute la capitale reprit ces mots, se rĂ©pandant comme un Ă©cho tout autour dâeux, hurler en cĆur par tous les fhirdiadais, les acclamant rois sans hĂ©sitĂ© une seule seconde. Ils sâĂ©taient attendus Ă tout, sauf à ça ! Quâils leur fassent confiance Ă cause de leur attitude quand ils gĂ©raient la crise, les respectent Ă©normĂ©ment Ă cause de la rumeur quâils soient des loups de cendre⊠mais pas au point de les acclamer roi seulement en les voyant !
MalgrĂ© leur Ă©tonnement, ils se reprirent vite, ne laissĂšrent rien paraitre et gardĂšrent la tĂȘte haute, fiers et confiants, regardant droit devant eux sans faillir. MĂȘme si nâĂ©tait quâune acclamation, cela aurait forcĂ©ment un poids dans les futures nĂ©gociations avec les chefs rĂ©volutionnaires. Ces derniers ne pourraient pas ignorer lâopinion populaire, ni risquer de se mettre une partie des fhirdiadais en traitant mal des personnes vues comme Ă©tant des « élus de la DĂ©esse »⊠câĂ©tait Ă©tonnant mais, cela les avantageait aussi, autant en tirer profit un maximumâŠ
Estelle et Bernard vinrent finalement Ă leur rencontre, entourĂ©s de tous leurs hommes restĂ©s Ă Fhirdiad ainsi que ceux des Charon. Plusieurs dâentre eux manquaient Ă lâappel⊠devinant facilement la cause de cette absence, les jumeaux se jurĂšrent de leur donner une tombe digne dâeux, digne des personnes ayant eu le courage dâaffronter les tyrans pour le bien du Royaume.
« Bonjour à vous VÎtres Grùces ! Les salua la premiÚre Estelle, levant la main dans un geste amicale.
â Bonjour Ă vous Dame Duchesne, lui rĂ©pondirent Ă leur tour les jumeaux, sâadressant Ă elle comme Ă un Ă©gal.
â Nous sommes heureux de vous revoir sain et sauf aprĂšs toutes ses Ă©preuves, malgrĂ© le fait que certains dâentre vous ne soient plus lĂ , dĂ©clara Rodrigue en posant sa main sur son cĆur. Le Royaume pleura Ă©galement longuement la mort de ceux qui ont tout fait pour le protĂ©ger.
â Ils ont vaillamment combattu les tyrans des Blaiddyd Ă chaque instant, chaque bataille. Nous sommes fiers dâavoir eu de tels camarades, mĂȘme si leur perte est une tragĂ©die qui nâaurait jamais dĂ» avoir lieu, confirma-t-elle. Tel Ă©tait le prix Ă payer pour faire chuter les tyrans responsables de tous nos malheurs, mĂȘme sâil restera toujours bien trop Ă©levĂ©. MĂȘme sans ĂȘtre chevalier pour la plupart, ils ont vĂ©cu comme tel et bien plus dignement que nombre de personnes portant ce titre.
â Nous sommes aussi heureux de vous revoir⊠ajouta Bernard sur un moins formel, ne cachant rien de sa joie de les voir Ă nouveau humain. La DĂ©esse soit louĂ©e, vous ĂȘtes de nouveau parmi nous et humain⊠la DĂ©esse soit louĂ©eâŠ
Descendant de son cheval, lâhomme alla vers eux, tendant sa main vers eux. En rĂ©ponse, Rodrigue et Alix descendirent de leurs montures Ă leur tour pour le serrer contre eux, juste heureux de le voir en vie⊠de tant en voir en vie malgrĂ© toutes ses Ă©preuves⊠quâautant soit encore vivant malgrĂ© les terribles combats quâils avaient dĂ» mener⊠cela tenait du miracle⊠la DĂ©esse et les Braves soient louĂ©s pour leur clĂ©mence⊠tous leurs fidĂšles vinrent les saluer Ă leur tour, lâambiance devenant plus conviviale que formelle entre eux.
â Nous sommes venus pour demander au gouvernement rĂ©volutionnaire de nous laisser vous ramener chez nous, Ă Fraldarius, dĂ©clara Rodrigue aprĂšs leurs retrouvailles. Ceux qui le souhaitent pourront rester Ă Fhirdiad, bien entendu mais, nous aimerions pouvoir vous ramener Ă vos familles, surtout maintenant que nous avons assez de vivre pour nourrir tout le fief jusquâĂ la prochaine rĂ©colte.
â A Ă©coutez tout Fhirdiad, ils nâont pas lâair de vouloir que vous partiez, leur fit remarquer Estelle.
â Nous entendons bien, et cela serait un honneur mais, il sâagit dâune dĂ©cision majeure pour lâavenir de Faerghus, lui rappela Alix. Elle ne doit surtout pas ĂȘtre prise dans la prĂ©cipitation, et il faut Ă©galement prendre garde Ă ce quâelle soit acceptĂ©e par tout le Royaume. Mieux vaut Ă©viter les conclusions hĂątives, surtout en des temps aussi incertains.
â Ce sera toujours mieux que Lambert, lui fit remarquer Bernard. Dâailleurs, on est loin dâĂȘtre les seuls Ă le penser. On doit vous montrer des parchemins qui vont beaucoup vous intĂ©resser, et vous prĂ©sentez quelquâun⊠mĂȘme si vous le connaissez dĂ©jĂ âŠ
Devinant dĂ©jĂ de qui le second dâEstelle parlait, les jumeaux acceptĂšrent de les suivre avec les Charon, remontant sur leurs montures alors que la foule rĂ©clamait encore de les voir, criant en chĆur leur dĂ©sir quâils soient les nouveaux rois, que les loups de cendres et les bons ducs soient leurs rois⊠prudemment, les jumeaux se baissĂšrent, prenant quelques mains quâon leur tendait tout en faisant attention quâaucun ne cache une lame.
Les chefs rĂ©volutionnaires les attendaient devant les portes du palais, repeintes aux couleurs de la ville. Certains se signĂšrent en les voyant, dâautres les saluĂšrent poliment. Les jumeaux en reconnurent la plupart, mais leur regard ne put se dĂ©tacher du jeune homme trĂŽnant au milieu dâeux.
LudovicâŠ
Ludovic Ă©tait lĂ , tenant Areadbhar entre ses mains, mĂȘme si elle Ă©tait recouverte dâune protection de tissu, comme en pĂ©riode de paix ou de rĂ©gence, quand le roi ne devait ou ne pouvait pas la manier. MalgrĂ© tout, tous leurs doutes, lâimpossibilitĂ© dâun tel miracle, ils surent en voyant son regard si particulier, ses yeux vairons semblant voir Ă travers les ĂȘtres et lâhorizon, voir le futur quâil dĂ©sirait tant offrir Ă Faerghus et Ă©cartant dâune Ćillade sĂ©vĂšre toute personne menaçant son peuple⊠ça ne pouvait quâĂȘtre que luiâŠ
« Veuillez recevoir nos sincĂšres salutations chefs de Fhirdiad, commencĂšrent-ils poliment. Nous sommes venus ici pour discuter des liens entre nos deux territoires, ainsi que pour escorter nos hommes jusquâĂ leurs familles. Nous prions pour que nous puissions nous entendre.
â Salutations Ă vous ducs de Fraldarius, commença une femme quâils reconnurent comme la cheffe de la guilde des lainiers de la ville. Nous sommes honorĂ©s que vous ayez acceptĂ© notre invitation, et espĂ©rons autant que vous que ces discussions se passeront bien. La ville semble dĂ©jĂ vous avoir acceptĂ© dans tous les cas, souligna-t-elle.
â Nous nâavons que pour but de servir notre peuple et celui de tout Faerghus, dĂ©clarĂšrent les jumeaux avec prudence, nâinfirmant et ne confirmant rien.
â Nous voyons cela⊠dĂ©clara Ludovic, avant de sâavancer vers eux, son tout petit sourire aux lĂšvres, si discret quâil se voyait Ă peine. Je suis heureux de vous voir en bonne santĂ© louveteaux.
*
Les Fraldarius et les Charon commencĂšrent par Ă©couter le rĂ©cit de la rĂ©volution, puis se mirent Ă nĂ©gocier les modalitĂ©s des nouvelles relations entre leur fief et le domaine royal. Une des premiĂšres choses que firent les jumeaux furent de se dĂ©barrasser dâune grande partie du Kyphonis Corpus, utilisant comme argument la fin de lâhĂ©gĂ©monie des Blaiddyd sur le Royaume. Cet ensemble de privilĂšges Ă©tait trĂšs avantageux mais, les enchainaient Ă©galement Ă la famille royale, justifiant la plupart des chĂątiments plus sĂ©vĂšres Ă leurs Ă©gards quand leurs « crimes » touchaient au souverain, mĂȘme si cela se rĂ©sumait Ă ne pas ĂȘtre mort Ă sa place. Ils perdirent plusieurs privilĂšges mais, savoir que FĂ©lix et leurs descendants nâauraient plus Ă vivre sous la menace dâĂȘtre puni de mort pour une simple erreur ou pour servir de bouc-Ă©missaire afin dâĂ©pargner le roi les soulagea grandement, le tout en arrivant Ă garder certaines lois particuliĂšres concernant la terre de leur fief en lui-mĂȘme, notamment leur grande autonomie par rapport au reste de Faerghus, ce qui Ă©tait le principal. Les Charon, toujours reprĂ©sentĂ©es par ThĂšcle et LachĂ©sis, veillĂšrent aussi Ă ce que Dimitri garde ses droits sur le fief des Blaiddyd en lui-mĂȘme, le revendiquant comme son hĂ©ritage paternel, mĂȘme sâil serait un seigneur comme les autres du royaume. Le jeune garçon nây perdait pas trop aux changes au final, et nul doute quâil deviendrait un excellent seigneur sous la houlette de ses tantes.
Une fois tout ceci rĂ©glĂ© et avant de discuter ensemble du sort de Lambert et Rufus aprĂšs leur procĂšs, Ludovic demanda aux visiteurs sâils pouvaient parler en privĂ© tous ensemble, ce quâils acceptĂšrent. Sâaidant toujours dâAreadbhar pour marcher et assistĂ© par un jeune homme du nom de Tristan, il les mena jusquâĂ une salle quâaffectionnait particuliĂšrement le roi Ludovic : ses murs Ă©taient couverts dâambre sculptĂ©e, rendant lâatmosphĂšre toute particuliĂšre et lâaidant Ă respirer correctement, un cadeau de bonne entente entre AlbinĂ©a et Faerghus offert par le roi albinois au dĂ©but de son rĂšgne, ainsi quâen excuse pour la mort de Guillaume lors de la rencontre diplomatique entre les deux pays. Plusieurs endroits avaient Ă©tĂ© grattĂ©, les plus belles piĂšces retirĂ©es par Rufus afin de les vendre et financer sa guerre⊠câĂ©tait une perte Ă©norme pour le Royaume, et les albinois nâapprĂ©cieraient surement pas quâon morcĂšle un de leurs prĂ©sents mais, cet argent serait bien utile pour reconstruire Faerghus⊠prĂ©senter ainsi, cela devrait apaiser la colĂšre de leur reine si elle sâen offusquaitâŠ
« Je crois que je vous dois Ă tous une trĂšs longue explication⊠commença le jeune homme, faisant glisser son regard sur chacun dâentre eux.
Il confirma quâil Ă©tait bien le roi Ludovic revenu du passĂ©, comment il Ă©tait arrivĂ© dans le prĂ©sent, tout en essayant de rĂ©pondre Ă leurs questions sur CornĂ©lia. AprĂšs sâĂȘtre enquis de lâĂ©tat de santĂ© des jumeaux et celui de Dimitri, il les questionna Ă leur tour sur lâĂ©tat des fiefs de lâEst, avant dâavouer.
â Une grande partie des seigneurs occidentaux ont senti le vent tournĂ© et ont pliĂ© le genou devant Fhirdiad en reniant Lambert et Rufus mais, ce nâest surement quâune question de temps avant quâils ne tentent de prendre le pouvoir avec lâappui de lâĂglise occidentale. Les rĂ©volutionnaires comptent organiser des Ă©lections au plus vite mais, il ne faut pas se voiler la face, il faut attendre que le Royaume retrouve un semblant de stabilitĂ© pour pouvoir les organiser correctement, surtout que cela fait plus de trois cents ans que nous nâen faisons plus, mĂȘme juste pour respecter la forme rituelle de lâĂ©lection de Loog. Il faut donc quelquâun pour diriger le pays temporairement. Cette personne sera extrĂȘmement encadrĂ©e et ses pouvoirs limitĂ©s, comme le roi qui sera Ă©lu mais, le pays a besoin dâune figure sous laquelle se rassembler et sâunir, ainsi quâassez forte pour repousser les ambitions contre le gouvernement rĂ©volutionnaire afin de devenir le nouveau tyran. Le tout en acceptant de rendre le pouvoir une fois lâĂ©lection passĂ©, Ă©videmment.
â Alors, les candidats idĂ©aux pour ce poste sont Ă©vidents pour tout le monde, rĂ©pondit sans hĂ©sitĂ© LachĂ©sis en regardant les jumeaux. Mieux vaudrait Ă©viter que ce soit notre famille. Nous avons trop de pouvoir et dâinfluence dans lâadministration, cela dĂ©sĂ©quilibrait la relation avec le pouvoir lĂ©gislatif, et nous sommes meilleurs dans le domaine judiciaire. De plus, nous avons la tutelle de Dimitri jusquâĂ sa majoritĂ© Ă prĂ©sent, ce qui dĂ©sĂ©quilibre Ă nouveau la balance en notre faveur.
â Câest vrai ! Vous ĂȘtes acceptĂ©s par lâensemble de Fhirdiad, vous ĂȘtes respectĂ© de tous et avez prouvĂ© vos compĂ©tences Ă maintes reprises ! Vous avez bien plus gouvernĂ© correctement le Royaume que Lambert ces derniĂšres annĂ©es, et vous avez assez de puissance pour repousser des seigneurs comme Rowe ou Mateus. Avec ça, lâĂglise Occidentale hĂ©sitera Ă sâen prendre Ă vous Ă©tant donnĂ© que tout le Royaume est persuadĂ© que vous vous ĂȘtes transformĂ©s en loup de cendre. Ils ne pourront pas sâen prendre Ă vous sans que leurs fidĂšles craignent de sâen prendre directement Ă des personnes sous protection divine. MĂȘme sâils apprennent lâexistence des berserkir des srengs, les fanatiques de cette secte sont persuadĂ©s que ce sont des faux dieux nâexistant pas alors, ils se retrouveront bloquĂ©s.
Ludovic les encouragea Ă©galement dâun signe de tĂȘte, ne cachant pas son accord avec les deux sĆurs.
â Je ne voie pas non plus dâautres figures qui pourraient autant rassembler que vous. Vous ĂȘtes connus et respectĂ© par tout le Royaume. Comme viennent de le soulever LachĂ©sis et ThĂšcle, les Charon concentreraient trop de pouvoir sur elles-mĂȘmes si elles devenaient reine en plus dâĂȘtre les tutrices de lâhĂ©ritier des Blaiddyd. Les Gautier se sont dĂ©tachĂ©s du Royaume pour se tourner vers les srengs, mĂȘme si le statut de ce territoire reste flou pour le moment. Il faudra attendre de voir comment la situation Ă©volue pour savoir si nous les comptons encore dans le Royaume ou non dans le futur. Rowe et Mateus sont puissants mais, moins que les seigneurs du nord tout en ayant leur nom entachĂ© par leur participation active au voyage en Duscur, puis dans le gouvernement de Rufus. Enfin, les GalatĂ©a ne sont mĂȘmes pas une option, câest une famille bien trop petite doublĂ©e de fĂ©lons notoires, mĂȘme sâils se sont apparemment amĂ©liorĂ©s depuis mon Ă©poqueâŠ
Les jumeaux ne dirent rien, rĂ©flĂ©chissant ensemble⊠dâun cĂŽtĂ©, elle nâavait pas tort, ils Ă©taient acceptĂ©s de tous Ă Fhirdiad et dans le nord, et mĂȘme si Mateus et Rowe risquaient de contester leur pouvoir, dans une pĂ©riode de crise pareille, nâavoir quâune partie du sud contre eux et pas lâensemble du pays serait surement la meilleure situation quâils pouvaient espĂ©rer pour le moment⊠en plus, ils venaient de se faire acclamer par lâensemble de la ville, cela justifierait quâon les choisisse eux plutĂŽt que les Charon ou dâautreâŠ
Leur objectif restait toujours de pouvoir enfin vivre en paix Ă Egua avec FĂ©lix mais, ĂȘtre roi assiĂ©rait la force de leur famille et de leur fief, surtout sâils arrivaient Ă tirer en partie le Royaume de la crise aprĂšs la TragĂ©die⊠gagner le respect de tous de cette maniĂšre leur assurerait que personne nâoserait sâen prendre Ă eux, que ce soit en visant FĂ©lix ou leur fief⊠sâils arrivaient Ă tenir correctement le Royaume jusquâĂ ce que la crise passe, leur famille et leur fief pourraient ĂȘtre gagnant Ă tous les niveauxâŠ
â Câest une dĂ©cision trĂšs importante qui demande Ă ĂȘtre murement rĂ©flĂ©chie, surtout que nous ne voulions plus nous Ă©loigner de notre fief suite Ă ce qui sâest passĂ©. Dame LorĂ©a Terrail a tout notre respect et notre gratitude pour son travail exceptionnel mais, nous avons Ă©galement des devoirs envers notre peuple et notre famille, dĂ©clara prudemment Rodrigue aprĂšs avoir Ă©changĂ© un regard avec Alix qui continua, comme si les deux parlaient dâune mĂȘme voix.
â Mais si câest pour le bien du Royaume, nous le ferons, tant que nous pouvons continuer Ă exercer nos fonctions ducales correctement. Nous sommes aprĂšs tous les protecteurs de notre fief depuis toujours, et Kyphon lui-mĂȘme voulait que notre famille se concentre sur son territoire pour ne pas risquer de le nĂ©gliger.
â Bien Ă©videmment, lui jura Ludovic, toujours impassible mais, les jumeaux arrivĂšrent Ă discerner quâil Ă©tait soulagĂ© par leurs mots. Merci beaucoup Ă vous.
Ils Ă©changĂšrent encore un peu, jusquâĂ ce quâon les appelle pour venir partager le repas du gouvernement rĂ©volutionnaire, avant de parler du sort du roi, mĂȘme si Ludovic demanda un instant de plus aux sĆurs Charon.
â Je sais que ce nâest pas une prioritĂ© et quâil refusera surement, jâai aidĂ© Ă dĂ©trĂŽner son pĂšre aprĂšs tout mais, serait-il possible que je me rende en Charon pour rencontrer Dimitri ? Sâil accepte et quâil est suffisamment remis de ses blessures, jâaimerais beaucoup pouvoir le rencontrer avant de repartir dans le passĂ©, surtout si je nâen ai jamais eu lâoccasion.
â Bien sĂ»r, vous ĂȘtes la bienvenue. Nous en parlerons avec Dimitri en lui expliquant la situation maintenant quâil va mieux. On espĂšre simplement que ce ne sera pas trop tard pour vousâŠ
â Ne vous en faites pas pour moi, le Royaume passe avant tout. Merci de mâaccorder ceci⊠souffla-t-il, les yeux remplis dâespoir, mĂȘme sâils sâassombrirent de nouveau rapidement. Maintenant, il nous reste le sort de Lambert et Rufus Ă rĂ©glerâŠÂ »
Les jumeaux sâhĂ©rissĂšrent un peu, la peur de rencontrer Ă nouveau les deux frĂšres leur gelant lâĂ©chine, mĂȘme si Ludovic leur assura quâĂ©tant donnĂ© quâils allaient dĂ©battre de leur sentence, les accusĂ©s ne seraient pas prĂ©sents.
« Bien⊠soupira lâainĂ©, un peu rassurĂ©, avant de demander Ă son tour, portant Ă nouveau sa main sur sa gorge. Ludovic, jâaurais aussi un service Ă vous demanderâŠÂ »
*
Lambert marchait lentement jusquâĂ lâĂ©glise du palais, pieds et mains liĂ©s, un capuchon de moine sur la tĂȘte pour quâon ne le reconnaisse pas. On lui autorisait une sortie par jour sous escorte, mĂȘme aprĂšs son procĂšs⊠cela faisait un mois Ă prĂ©sent mais, le souvenir Ă©tait dĂ©jĂ flou, comme sâil nâĂ©tait pas prĂ©sent Ă son propre jugement⊠aprĂšs avoir tentĂ© de sâexpliquĂ© avec les juges, il nâavait pratiquement plus rien dit, rĂ©pondant Ă peine aux questions en comprenant que cela ne servirait Ă rien, se contentant de baisser la tĂȘte avec honte, fuyant le regard de son pĂšre quand il le sentait sur lui⊠lâhomme se doutait quâune partie de lâaudience avait attribuĂ© son comportement Ă de lâarrogance mais, aprĂšs les premiers Ă©changes avec les juges, câĂ©tait plutĂŽt quâil ne savait plus quoi dire, comme si le moindre de ses mots le condamnerait un peu plus⊠composĂ©s de tout le gouvernement rĂ©volutionnaire, Ă lâexception de Ludovic qui Ă©tait restĂ© Ă©trangement en retrait contrairement Ă ses habitudes, le jury nâĂ©taient clairement pas lĂ pour tenter de comprendre ce quâil avait voulu faire, seulement pour dĂ©cider de quelle maniĂšre il allait mourir, rien de plus⊠comme le procĂšs de Clovis le SanglantâŠ
Ce dernier nâavait Ă©tĂ© quâune formalitĂ© avant quâil nâait la tĂȘte tranchĂ©e par Ludovic pour Ă©viter dâen faire un martyr mais, le tyran avait transformĂ© son jugement en un dernier affront fait Ă tout Faerghus⊠il avait profitĂ© de cette derniĂšre apparition pour faire Ă©talage de toute son horreur et toute sa cruautĂ©, jurant quâil reviendrait hanter leurs pires cauchemars depuis lâenfer⊠plusieurs de ses bĂątards et proches collaborateurs avaient Ă©galement eu la tĂȘte coupĂ©, afin dâĂ©liminer les possibles concurrents de Ludovic, leur amour du sang servant de prĂ©texte idĂ©al pour les faire tomber pour complicitĂ© et participation active Ă la tyrannie⊠sa propre mĂšre Alcidie avait failli avoir son propre procĂšs pour complicitĂ© de cette horreur, si elle nâavait pas acceptĂ© avec joie de les abandonner pour vivre une vie de sang et de massacre comme mercenaire⊠en plus, cela aurait surement Ă©tĂ© plus mal perçu que son ancien mari ne la tue ainsi⊠elle Ă©tait moins perçue comme une complice active mais, plus une personne mĂȘlĂ©e Ă tout cela par hasard Ă cause du mariage arrangĂ© et de ses parents, de proches collaborateurs du Roi Sanglant, eux-mĂȘmes tuĂ©s pendant le coup dâĂtat⊠mais si cela nâavait pas risquĂ© dâen faire une martyre et de salir sa rĂ©putation, Ludovic lui aurait tranchĂ© la tĂȘte, comme Ă tous les autresâŠ
« MĂȘme Rufus et moi, il nâhĂ©sitera pas Ă nousâŠÂ »
Lâhomme nâessaya mĂȘme pas de lutter contre ses pensĂ©es⊠son pĂšre nâaimait personne⊠à peine de la pitiĂ© pour les jumeaux et ses sujets mais sinon, son Ăąme Ă©tait vide, froide comme de la glace⊠il le savait mieux que quiconque pourtantâŠ
« JâespĂšre que tu vas bien Rufus⊠cela fait si longtemps que je ne tâai pas vu⊠personne ne me dit rien⊠je ne sais mĂȘme pas si les jumeaux ont Ă©tĂ© retrouvĂ©âŠÂ »
En entrant dans lâĂ©glise quasi vide Ă part un moine encapuchonnĂ© qui sâĂ©tait engouffrĂ© dans une alcĂŽve, Lambert remarqua quelquâun derriĂšre lâautel sans quâil ne porte lâhabit des prĂȘtres, observant attentivement les fresques reprĂ©sentants les Braves autour de la DĂ©esse, mĂȘme si ce nâĂ©tait un secret pour personne que câĂ©tait Loog et ses compagnons qui Ă©taient reprĂ©sentĂ©s, lâĂ©glise ayant Ă©tĂ© construite peu de temps aprĂšs la fin de la guerre⊠une fois plus proche, il reconnut assez vite le visiteur.
« Ludovic ? Mais quâest-ce que⊠quâest-ce que tu fais ici ?
Lâhomme du passĂ© se tourna vers lui, toujours aussi impĂ©nĂ©trable et illisible que dâhabitude, mĂȘme si Lambert ne lâavait pratiquement jamais vu dans une Ă©glise sauf par obligation ou pour la Toussaint, priant surement pour le salut de lâĂąme de Guillaume et pour expier sa faute envers lui.
â Jâavais besoin de calme, et jâavoue avoir envie de te parler un peu, rĂ©pondit-il de maniĂšre concise, sans sâĂ©tendre. Et toi, es-tu venu prier ? Es-tu croyant ?
â Non, et tu devrais le savoir⊠marmonna-t-il, se renfrognant en voyant les yeux vairons vides de son pĂšre. Sur ce point, je suis comme toi, je ne crois pas beaucoup.
â Tu es un bĂ©bĂ© de six mois Ă mon Ă©poque. Tu ne sais mĂȘme pas encore parler, tu ne peux pas prier ou mĂȘme comprendre le concept de DĂ©esse, le corrigea-t-il encore, ne sachant faire que ça avec lui. Je dĂ©couvre ta personnalitĂ© Ă cette Ă©poque. Enfin, je comprends quâil soit difficile de croire en la DĂ©esse, mĂȘme si cela peut-ĂȘtre un refuge et une bonne confidente. Alors pourquoi es-tu ici ?
â Je voulais prier pour mon fils⊠et pour Rufus⊠jâespĂšre que tout se passe bien pour eux⊠je ne sais pas comment mon propre frĂšre va depuis que vous nous avez sĂ©parĂ©s.
â Ce serait trop dangereux de vous laisser ensembleâŠ
â Tu ne penses mĂȘme pas que cela nous fait du mal dâĂȘtre sĂ©parĂ© alors quâon est ensemble depuis quâon est tout petits ? » Ne put sâempĂȘcher de piquer Lambert en le coupant, ne pouvant sâempĂȘcher de passer sa frustration sur lui. Si Lambert voulait bien ĂȘtre le responsable de Duscur, une grande partie de ce qui avait suivi Ă©tait de la faute de Ludovic, et mĂȘme avant. Pas question de le mĂ©nager lui aussi.
« Câest vrai que vous ne vous quittez pas Ă mon Ă©poque, admit son pĂšre en lâapprochant, toujours bien trop calme pour quelquâun de normal. Et bien sĂ»r que jây ai pensĂ© mais, si vous complotez pour vous Ă©vader, ce sera plus simple pour vos complices si vous ĂȘtes ensemble, ils nâauront quâune piĂšce Ă trouver.
â Je ne compte pas mâĂ©vader si câest ce que tu crains. Tout ce que je veux, câest que tout ceci sâarrĂȘte et si jâai de la chance, revoir Dimitri et Rufus, et si jâen ai vraiment, savoir ce qui est arrivĂ© Ă Rodrigue et Alix mais bon, on ne mâexplique mĂȘme pas pourquoi il y a eu ce mouvement de foule lâautre jour alors, pour quâon me dise comment va ma famille ou mes meilleurs amis, je peux encore rĂȘver⊠Vous mâaviez dĂ©jĂ tous condamnĂ© avant mĂȘme que le procĂšs commence en plus. Vous nâavez mĂȘme pas essayĂ© de mâĂ©couter quand jâessayais de vous expliquer ce que je pensais faire.
Ludovic ne rĂ©agit pas, comme toujours, montrant juste un des bancs aprĂšs une seconde de silence. Acceptant lâinvitation non sans faire la moue, Lambert sâassit Ă cĂŽtĂ© de son pĂšre, regardant la fresque sans un mot avec lui. CâĂ©tait Ă©trange de se dire que ce jeune homme Ă©tait en rĂ©alitĂ© son pĂšre, que câĂ©tait lui Ă prĂ©sent le plus ĂągĂ© des deux mais, Ludovic faisait plus ancien quâil ne lâĂ©tait rĂ©ellement, comme toujours⊠avec malgrĂ© tout un pincement de cĆur, Lambert se souvient difficilement des derniers jours de son pĂšre, si maigre et si pale, les joues et les orbites creusĂ©s, son cou semblant sur le point de rompre sous le poids de sa tĂȘte tellement il Ă©tait faible, ressemblant plus Ă un vieillard quâĂ un homme dans la quarantaine⊠dire quâil avait pratiquement le mĂȘme Ăąge que son pĂšre sa mort Ă prĂ©sentâŠ
â Je nâai aucun pouvoir ici, jâai tout fait pour ne pas en avoir, commença enfin Ludovic. Un homme du passĂ© nâa pas Ă dĂ©cider pour le prĂ©sent. Et quand bien mĂȘme, je serais au pouvoir, je nâaurais rien dĂ©cidĂ© autrement. MĂȘme si toi, personnellement, tu ne veux pas tâĂ©vader, plusieurs entitĂ©s pourraient te tirer de ta prison car, tu corresponds plus Ă ce quâils attendent dâun roi quâun autre. Une milice dâune des sectes de lâĂglise Occidentale sâest fait arrĂȘter il y a quatre jours car, ils ont tentĂ© de tâexfiltrer du palais.
â Je nâai rien Ă voir avec eux si câest ce que tu cherches Ă savoir, et je ne veux avoir aucun lien avec lâĂglise Occidentale non plus. Ils veulent juste brĂ»ler tout ceux quâils nâaiment pas, soit la moitiĂ© de Fodlan.
â Peut-ĂȘtre mais, il nâempĂȘche que tu sembles plus les intĂ©resser sur le trĂŽne que nâimporte qui dâautre sinon, ils auraient surement dĂ©jĂ proposĂ© leur propre poulain au lieu de tenter de te libĂ©rer. Si jâai bien compris ce quâon mâa racontĂ©, jâĂ©tais arrivĂ© Ă les affaiblir pendant mon rĂšgne mais, ils ont repris du poil de la bĂȘte sous le tien, en profitant notamment de plusieurs concessions que tu as faites au sud pour arriver Ă se rĂ©organiser, surtout quâen mĂȘme temps, tu en demandais toujours plus au nord et Ă lâest qui nâarrivait plus Ă suivre.
â Je ne peux pas empĂȘcher les gens de croire en ce quâils veulent, je ne vais pas mettre un garde derriĂšre chaque autel du sud pour contrĂŽler ce quâil sây dit. Ils se sont plaint quâils ne pouvaient plus sâexprimer complĂštement et correctement Ă cause de tes lois restrictives alors, jâai acceptĂ© de leur donner plus de libertĂ© mais, cela touche tout le royaume, rĂ©pliqua-t-il, se souvenant des dĂ©bats quâil avait eu avec les jumeaux, Rodrigue lui conseillant de repenser sa loi pour en fait ne pas changer grand-chose Ă la loi de Ludovic au final. Et le nord a toujours bien rĂ©pondu quand je leur demandais de lâaide, alors que le sud⊠câest plus compliquĂ©âŠ
â Une bande de seigneurs ambitieux qui se mangent entre eux et rĂȘvent secrĂštement de manger celui dâau-dessus pour devenir le nouveau tyran, et une secte hĂ©rĂ©tique de fanatiques ne rĂȘvant que de revenir Ă un ancien temps quâils imaginent parfait car, câĂ©tait eux qui avaient le pouvoir, rĂ©suma froidement Ludovic. Et tu as eu une bonne idĂ©e sur le papier : il est important que chacun puisse sâexprimer. Mais tu as oubliĂ© que la libertĂ© des uns sâarrĂȘte lĂ oĂč commence celle des autres. Aucune libertĂ© nâest absolue. Cela ne te viendrait pas Ă lâidĂ©e de rentrer chez quelquâun sans autorisation alors que tu es libre de te dĂ©placer lĂ oĂč tu veux. Les lois que nous avons mises en place visaient Ă empĂȘcher que les discours de haine puissent ĂȘtre portĂ© en place publique. Oui, jâai rĂ©duit la libertĂ© dâexpression mais, en interdisant quâon attise la haine des Ă©trangers et des personnes diffĂ©rentes en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, que ce soit par leurs origines, leur genre, leur sexualitĂ©, leur religion, leur santĂ©, leur condition physique, mental⊠tout en formant des juges spĂ©cialisĂ©s pour traiter les questions liĂ©es Ă la libertĂ© dâexpression. On parlait de personnes qui en appelait publiquement Ă brĂ»ler les personnes gays ou transgenre, ainsi que les handicapĂ©s car, ils Ă©taient « dĂ©viants » ou « tarĂ©s », ainsi que frapper du sceau de la honte Ă vie les bĂątards, les mĂ©tis et ceux qui les ont engendrĂ©s. Si on les Ă©coutait, aucun des compagnons du roi Loog nâaurait pu aller aussi loin, dont Loog lui-mĂȘme⊠dĂ©clara-t-il en regardant Ă nouveau la fresque des « Braves ». Ils Ă©taient tous des bĂątards aprĂšs tout, sauf Amaury Gloucester, Gylfe Gautier et Eudoxie Goneril, ainsi que Pan mais, Amaury Ă©tait complĂštement muet, Gylfe sreng, Eudoxie bien plus almyroise que fodlan Ă ce moment-lĂ et on peine Ă discerner les origines de Pan. Les « opinions » de lâĂglise Occidentale et des seigneurs qui la soutiennent sont dangereuses, et ne reprĂ©sentent que des flĂ©aux Ă Ă©radiquer, les condamna-t-il fermement, Lambert le revoyant signer sans hĂ©siter les arrĂȘts de mort les visant.
â Je sais, et je nâai jamais voulu encouragĂ© de telles choses ! Chacun est libre de penser ce quâil veut tant quâil ne fait pas de mal aux autres mais, je ne voulais pas non plus brider mon propre peuple ! Je ne pensais pas que cela permettrait Ă lâĂglise Occidentale de prendre autant dâimportance ! Dâaccord, la fratrie Charon mâavait dit que câĂ©tait une loi qui pouvait provoquer des dĂ©rives dangereuses, les jumeaux aussi, mais câest dans leurs habitudes de sâinquiĂ©ter trop pour ça ! Câest comme avec Duscur ! Le but Ă©tait de rĂ©tablir la paix entre nos deux peuples, pas provoquer encore plus de tensions ! Sâexclama-t-il, sa voix rĂ©sonnant en Ă©cho dans toute lâĂ©glise tellement il parlait fort.
â Jâen suis conscient. Tu ne penses pas Ă mal, pratiquement jamais mĂȘme, et câest ce qui rend ton cas plus difficile. Tu ne veux jamais faire le mal mais, tu blesses aussi les autres autour de toi en refusant de les Ă©couter et en en faisait quâĂ ta tĂȘte. Tu tiens aux autres mais, tu as aussi un cĂŽtĂ© destructeur sur lequel tu nâas pas lâair dâavoir tentĂ© de travailler, mĂȘme si cela fait le mal autour de toi. Quâimporte tes attentions au dĂ©part, mĂȘme si elles sont nobles, lâimportant est ce que tu as rĂ©ellement fait au final et ce que cela a provoquĂ©, soit bien trop de souffrance derniĂšrement, au point que tu es devenu le roi dont voudrait lâĂglise Occidentale et le Sud le plus fanatique du Royaume car, ils profitent de ton envie dâaider tout le monde de la mĂȘme maniĂšre, le tout en usant toutes les personnes qui tiennent rĂ©ellement Ă toi sans jamais les Ă©couter une seule seconde car, cela signifierait que tu dois faire des choix plus difficiles que seulement aider tout le monde sans distinctionâŠ
â Quâest-ce que tu en sais ?!
Lambert le coupa dâun coup, regardant son pĂšre dans les yeux, faisant cliqueter ses chaines qui le retenaient avec ses mouvements brusques, se fichant Ă©perdument que les gardes ou les moines lâentendent. Il Ă©tait dĂ©jĂ condamnĂ© de toute façon alors, autant craquer et lui dire tout ce quâil pensait de son pĂšre depuis des annĂ©es ! MĂȘme sâil se mentait souvent Ă lui-mĂȘme au sujet de sa capacitĂ© Ă aimer, en se cachant derriĂšre une histoire rassurante que mĂȘme un homme comme lui pouvait aimer ses enfants, il fallait quâil regarde la vĂ©ritĂ© en face ! Ils sâĂ©taient dĂ©jĂ quittĂ©s sur une dispute Ă la mort de Ludovic de toute façon, son pĂšre lui crachant de nouveau au visage tout ce quâil pensait de son incompĂ©tence sans vraiment lâaider ! Une dispute de plus ne la ruinerait pas plus quâelle ne lâĂ©tait dĂ©jĂ Â !
â Quâest-ce que tu en sais ?! Tu tâes toujours battu contre des personnes que tu hais, que ce soit Clovis, ses sous-fifres ou lâĂglise Occidentale ! Ce nâest pas compliquĂ© de sâen prendre Ă des gens quâon haĂŻt ! Surtout pour toi qui nâaimes personne ! La seule personne que tu aimais, câĂ©tait Guillaume sinon, ton cĆur est en glace ! Tu es froid, insensible, distant, inexpressif et calculateur ! Tu ne penses quâĂ ce qui avance tes plans et rien dâautre ! Les seules personnes que tu supportes sont celles qui pensent comme toi ou presque ! Je ne suis pas comme toi ! Je ne le serais jamais ! Moi, je veux travailler avec tout le monde pour quâon avance ! Pas mettre des gens qui ne me plaisent pas de cĂŽtĂ© car juste, je ne peux pas les encadrer ! Ne vient pas me faire la morale sur le fait que je nâĂ©coute personne alors que toi, tu faisais couper la tĂȘte de tes opposants ou de leurs soutiens ! Comme Clovis, plusieurs des GalatĂ©a, des seigneurs du sud et mĂȘme la famille de ta propre femme ! ça nâaurait pas entachĂ© ta rĂ©putation de tuer la mĂšre de tes enfants, tu lâaurais dĂ©capitĂ©e comme tous les autres !
â Je ne suis pas aussi insensible que tu sembles le croire. Oui, je ne montre pas mes Ă©motions, autant parce que je suis fait ainsi que pour survivre mais, cela ne veut pas dire que je nâen ai pas. Je prĂ©fĂšre laisser mes actes parlĂ©s Ă la place de mon visage et de mes mots. Certes, je ne travaille pas avec tout le monde. Certes, jâai Ă©cartĂ© Ă©normĂ©ment de personnes du pouvoir mais, câĂ©tait principalement des personnes liĂ©es au pouvoir de Clovis et de bien dâautres de nos prĂ©dĂ©cesseurs dignes des empereurs dâAdrestia. Je refuse de donner une once de considĂ©ration Ă des ĂȘtres que je considĂšre dangereux car, je sais que quand ils auront un premier pouce, ils feront tout pour obtenir tout le bras au dĂ©triment des autres. La TolĂ©rance ne tolĂšre pas lâIntolĂ©rance. Cela ne mâa pas empĂȘcher dâinclure des personnes venant du sud dans mon gouvernement, notamment des roturiers. Et câest exact, jâai coupĂ© la tĂȘte de Clovis avant que ses alliĂ©s ne le libĂšrent ou quâil commence Ă comploter. Pour les GalatĂ©a, oui, lâun dâentre eux a fini pendu au bout dâune corde⊠aprĂšs avoir Ă©tĂ© pris un poignard Ă la main dans la chambre des deux louveteaux de Fraldarius afin de tuer la descendance de Guillaume, ce qui a Ă©videmment eu des consĂ©quences. Guillaume et AliĂ©nor nâauraient jamais laissĂ© un tueur dâenfant en libertĂ©, mĂȘme sâil a ratĂ© son coup, encore moins quand ils sâen prenaient Ă leurs petits Ă eux. Pour les seigneurs du sud, câĂ©tait pour la plupart des opportunistes tentant de profiter du chaos instaurĂ© par Clovis pour prendre plus de pouvoir, ainsi que du vide politique pour aider lâĂglise Occidentale Ă commettre ses excĂšs. Quant Ă Alcidie, sa famille et elle Ă©taient les plus proches soutiens de Clovis, ils se rĂȘvaient Ă la place des Fraldarius sans toutes les responsabilitĂ©s quâincombent leur position, ne pensant quâaux privilĂšges quâils pourraient obtenir. Alcidie a failli te tuer par nĂ©gligence le jour mĂȘme de ta naissance, et elle a dĂ©jĂ menacĂ© Rufus dâun couteau pour le faire taire car, il pleurait trop fort Ă son gout en disant que si tu nâĂ©tais pas son assurance pour rester reine auprĂšs de Clovis, elle tâaurait dĂ©jĂ tuĂ© car, tu lâempĂȘchais de dormir, tout ça parce que tu Ă©tais un bĂ©bĂ© qui avais besoin de soin et avais peur du noir. Ce nâĂ©tait clairement pas une bonne personne, et elle a Ă©tĂ© la premiĂšre personne ravie par le divorce, elle a pu aller tuer des gens Ă sa guise sans devoir sâencombrer de vous. Dans ces conditions, hors de question quâelle vous approche et vous fasse du mal. Je pense au Royaume avant tout, mais je veux aussi vous protĂ©ger, mĂȘme si je dois vous protĂ©ger de la soif de sang de votre propre mĂšre. Je tiens Ă vous deux, quoi que vous puissiez en penser en vous fiant seulement Ă mon visage. Cela mâa surement souvent perdu, mais je ne peux laisser mon affection prendre le dessus sur mon sens du devoir. La survie du Royaume et sa stabilitĂ© sont bien trop importantes.
Il eut un long silence, Lambert sâenfermant Ă lâintĂ©rieur avant de dĂ©clarer, le regard lourd de reproche.
â Câest vrai, le Royaume est plus important que tout pour toi, pour un roi⊠je lui ai aussi fait beaucoup de mal sans le vouloir mais, si tu dis quâil faut toujours le faire passer avant toute chose, tu nâes pas non plus capable de voir quelles Ă©taient mes intentions⊠ni que jâai fait de mon mieux⊠comme une grande partie des faerghiens⊠mais câest pour ça que ton cĆur est froid⊠tu ne penses quâà ça et rien dâautre nâa dâimportance Ă tes yeux⊠tu penses toujours comme un roi, jamais comme un ĂȘtre humainâŠÂ »
Sur ses mots, le roi dĂ©chu se releva, disant Ă ses gardes quâil en avait fini ici et avec Ludovic, partant sans jeter un seul regard Ă son pĂšre, mĂȘme sâil sentait le sien sur lui, rejoint par un autre quand Lambert allait passer la grande porte soigneusement sculptĂ©e mais, il lâignora, devinant quâil sâagissait du moine de tout Ă lâheure.
Lâhomme du passĂ© ne put sâempĂȘcher de soupirer, déçu de ce quâĂ©tait devenu son fils et mortifiĂ© par la conclusion de cette conversation, avant de demander.
« Cela répond-t-il à tes questions ?
â Oui, merci⊠mĂȘme si je mâexcuse de vous avoir entrainĂ© dans cette mascarade Ă cause de ma propre lĂąchetĂ©.
Rodrigue sortit de lâalcĂŽve, tombant sa capuche. MĂȘme cachĂ© au loin, son audition plus forte que la moyenne lui avait permis de suivre toute la conversation. Il avait voulu voir ce quâĂ©tait devenu Lambert, si ces derniĂšres Ă©preuves lâavaient enfin ramenĂ© Ă la rĂ©alitĂ©, entendre sa dĂ©fense contre les reproches quâauraient pu lui faire en face mais, lâhomme nây arrivait pas, ayant encore lâimage de son ancien ami le poignardant encore et encore avec le sourire sans se rendre compte du mal quâil lui faisait, la peine et la peur le paralysant Ă nouveau⊠il avait voulu le revoir ainsi, cachĂ© et de maniĂšre informelle pour ne pas risquer que la terreur ne le fige de nouveau sur place, comme lors de leur derniĂšre conversation avant Duscur au sujet de DimitriâŠ
â Ce nâest rien, câest aussi une discussion que je voulais avoir avec Lambert, lui assura Ludovic en se tournant vers lui, son visage toujours aussi figĂ© mais, Rodrigue arrivait Ă voir toute sa peine et sa dĂ©ception. Dans tous les cas, jâai mes rĂ©ponses dĂ©finitives Ă mes derniers doutes⊠il le regarda alors dans les yeux, lui redemandant encore. Et toi ? Quel est ta conclusion ?
â Que jâai aussi les miennes⊠il fit glisser ses doigts sur la marque autour de son cou avant de serrer son chapelet, cherchant du courage Ă lâintĂ©rieur avant dâenfin annoncer. Jâaccepte. »
*
« Bordel ?! Quâest-ce quâils peuvent encore nous vouloir ?!
Trois jours aprĂšs sa conversation avec leur pĂšre, Lambert entendait Ă peine Rufus enrager, frappant Ă la porte pour tenter dâobtenir une rĂ©ponse Ă toutes ses questions, mĂȘme si cela faisait des jours quâils ne sâĂ©taient pas vus tous les deux⊠depuis leur procĂšs mĂȘme⊠ils attendaient toujours le verdict, mĂȘme si le roi dĂ©chu ne se faisait guĂšre dâillusion dessus⊠à part lorsquâil avait parlĂ© avec Ludovic, personne ne leur disait jamais rienâŠ
« Je me demande sâils me diraient si Rodrigue avait Ă©tĂ© retrouvé⊠sâil est enfin revenuâŠÂ »
Il nâessaya mĂȘme pas de poser la question, seul le silence lui rĂ©pondait toujours depuis quâil Ă©tait enfermĂ© ici, Ă part quand le pĂšre avait demandĂ© du papier pour Ă©crire Ă Dimitri⊠enfin, si les deux frĂšres avaient Ă©tĂ© mis ensemble aprĂšs des semaines de sĂ©paration, ça ne devait pas ĂȘtre nâimporte quiâŠ
â Câest pas vrai ! Ce sale chien de Ludovic veut nous humilier jusquâau bout ! Rufus se tourna vers lui, furieux. Il faut quâon te sorte dâici et quâon aille droit vers le sud ! Jâai des alliĂ©s lĂ -bas, des seigneurs vraiment fidĂšles Ă ton nom nous attendent ! Certains de leurs hommes sont ici ! Ils nous aideront ! Si nous arrivons Ă les rejoindreâŠ
â Non⊠lâarrĂȘta-t-il tout de suite, ne se faisant plus aucune illusion sur leur situation, en particulier aprĂšs sa discussion avec Ludovic dans lâĂ©glise palatiale. Le sud est trĂšs divisĂ©, et il ne fera jamais le poids contre tout le nord alliĂ©, surtout si Gautier dĂ©cide de se rallier aux rĂ©volutionnaires et si le domaine royal ne se soulĂšve pas, ce quâil aurait largement eu le temps de faire depuis le temps quâon est enfermĂ© ici⊠et le sud nâest pas venu nous aider non plusâŠ
â Câest parce quâils tâattendent pour sâunir ! RĂ©torqua-t-il en sâapprochant de lui, dĂ©laissant la porte pour braquer son regard sur son petit frĂšre. Ils ont besoin de quelquâun pour les unir contre les Ă©meutiers et les traitres Ă la couronne ! Comme Loog a uni toutes les colĂšres contre lâEmpire et lâEmpereur Otton lâApathique ! Tu es le roi ! Le trĂŽne te revient ! Tu ne vasâŠ
â Sauf quâici, câest moi Otton lâApathique pour tout Fhirdiad ! Je nâai rien Ă voir avec Loog ! Le coupa-t-il dâun coup, trop conscient de la rĂ©alitĂ© aprĂšs tout ce qui sâĂ©tait passĂ©. Quâest-ce que jâai fait de mon rĂšgne ? Oui, jâai enfin enrayĂ© la peste mais, câĂ©tait un des projets de notre pĂšre avec lâaide de la vraie CornĂ©lia, et la peste a quand mĂȘme eu le temps de tuer HĂ©lĂ©na Ă cause de moi ! Je me serais aperçu plus tĂŽt quâelle Ă©tait aussi fatiguĂ©e et mal par ma faute, jâaurais tout fait pour quâelle puisse se reposer ! Au moins un peu ! Pas la pousser dans les bras de la faucheuse ! Jâai arrĂȘtĂ© lâinvasion des rois sans yeux mais, sans Rodrigue, je serais mort Ă cause de mon imprudence et il a failli y rester par ma faute quand il est venu me sauver ! Puis jâai mis le Royaume en danger car, jâai Ă©pousĂ© une ancienne concubine de lâempereur sans penser aux consĂ©quences, son frĂšre a Ă©tĂ© Ă deux doigts de tuer le fils de mon meilleur ami et on aurait surement eu des berserkirs avant si FĂ©lix Ă©tait mort ! Je n'ai rien Ă©coutĂ©, rien ni personne Ă part CornĂ©lia, qui sâest rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre une magicienne malĂ©fique, Anselma qui nâa fait quâimposer ses caprices, et toi en faisant du mal aux jumeaux et Ă tout le monde, et ça nous a conduit Ă Duscur oĂč tout le monde est mort ! Et maintenant, le Royaume est en lambeaux, Gautier fait sĂ©cession, mes amis dâenfance courent partout comme des loups, leur petit survivant doit ĂȘtre au plus mal, et câest la rĂ©volution avec notre pĂšre revenu du passĂ© pour remettre de lâordre dans le bordel que jâai moi-mĂȘme mis dans le Royaume de nos ancĂȘtres ! Je nâai rien dâun Loog ! Jâai fait de mon mieux, personne nâarrive Ă le comprendre et Ă le voir mais, regarde le rĂ©sultat ! Câest mĂȘme lâĂglise Occidentale qui veut me faire Ă©vader maintenant ! LâĂglise Occidentale ! Et tu voudrais quâen plus, je rejoigne les seigneurs du sud pour tenter de reprendre le pouvoir par la force ? Non⊠hors de question quâencore plus de faerghiens meurent par ma faute ! Jâai dĂ©jĂ assez de sang sur les mains !
â Mais alors quoi ?! Tu ne vas pas rester ici Ă attendre ! Cela ne te ressemble pas de rester les bras croisĂ©s sans agir ! Ludovic a dĂ©capitĂ© lui-mĂȘme son propre pĂšre en place publique ! Il nâhĂ©sitera pas une seule seconde Ă te faire subir la mĂȘme chose ! Il tâa enchainĂ© avec les mĂȘmes chaines que celles quâil a mises Ă son propre pĂšre ! Pense Ă Dimitri ! Tu ne peux pas le laisser tout seul avec juste les Charon ! Qui sait ce quâils pourraient lui faire ?! Ce que Ludovic pourrait lui faire ! Il fautâŠ
Lambert le fit taire en se levant, posant les mains sur ses Ă©paules.
â ArrĂȘte de cracher sur notre pĂšre Rufus. Je tâen prie⊠juste⊠arrĂȘte. Cela ne rĂ©soudra rien⊠je sais⊠je sais que Ludovic nâaime personne⊠son cĆur est froid comme la glace⊠la seule personne quâil devait aimer, câĂ©tait Guillaume mais, il nâest pas lĂ , et les jumeaux non plus alors que la ressemblance aurait pu le pousser Ă les Ă©couter⊠mais pour la rĂ©volution, ce nâest pas lui⊠câest seulement moi⊠câest moi qui aie provoquĂ© tout ça en rĂ©gnant en ayant un cĆur Ă sa diffĂ©rence⊠mĂȘme si les gens ne comprennent pas que jâai tout fait avec les meilleurs intentions du monde, il faut se rendre Ă lâĂ©vidence : câest moi qui ait provoquĂ© toutes ces catastrophes⊠Dimitri ira bien, je le sais. Les Charon prendront soin de lui comme le fils dâHĂ©lĂ©na, et mĂȘme si jâaurais aimĂ© le revoir, je prĂ©fĂšre quâil soit en sĂ©curitĂ© avec eux plutĂŽt que risquer de le mettre Ă nouveau en danger⊠je lui ait fait suffisamment de mal comme ça⊠je vais ĂȘtre juger pour mes actions, je le sais⊠il prit son frĂšre contre lui, se sachant surveiller mais ainsi, Ă mi-voix, il ne pourrait jamais les entendre. Je sais que je pourrais ĂȘtre dĂ©capitĂ© pour tyrannie, et je lâai acceptĂ©. Je ne compte pas mâenfuir et causer encore plus de mort. Par contre, toi, il faut que tu tâenfuies.
â Quoi ?! Mais quâest-ce que tu racontes ?! Hors de question que je tâabandonne Ă la mort ! Je ne vais pas les laisser dĂ©capiter mon petit frĂšre dans ce trou Ă rat ! Jamais !
â Et moi, je refuse quâil dĂ©capite mon grand frĂšre ! Le coupa-t-il encore en serrant ses mains sur ses Ă©paules. Tu as coupable des mĂȘmes crimes que moi ! Tu as mĂȘmes renouĂ© avec les horreurs de Clovis le Sanglant ! Tu as rĂ©gnĂ© comme lui ! Et mĂȘme si tu mĂ©rites dâĂȘtre puni pour tes crimes autant que moi, je suis incapable de te laisser Ă la mort comme ça ! Mes chaines sont trop solides pour que je les brise, câest un alliage magique quasi indestructible mais, les tiennes sont en fer ordinaire, je pourrais les casser sans problĂšme ! Je vais juste abimer suffisamment le verrou pour que mĂȘme toi puisse les casser, puis tu fuiras Ă la premiĂšre occasion ! HĂ©lĂ©na nâapprouverait surement pas mais, je refuse de perdre mon grand frĂšre ! Jâai dĂ©jĂ perdu les jumeaux, HĂ©lĂ©na et Patricia, et je ne reverrais surement plus jamais Dimitri ! Je refuse de te perdre aussi ! MĂȘme si ça veut dire laisser un tyran courir, tu es trop important pour moi !
Rufus se figea, sâĂ©loignant de son petit frĂšre pour le regarder dans les yeux. Non⊠non, non⊠il ne pouvait pas abandonner⊠Lambert ne pouvait pas accepter son sort⊠ça devait ĂȘtre ses blessures qui le rendaient dĂ©faitiste comme ça⊠il ne pouvait pas⊠mais il Ă©tait aussi tĂȘtu⊠parti comme câĂ©tait parti, mĂȘme lui ne pourrait jamais lui faire changer dâavis⊠alors⊠alorsâŠ
â ⊠⊠⊠bien⊠finit-il par dire Ă contre-cĆur. Mais sache que je reviendrais pour te libĂ©rer avec les seigneurs du sud. Je ne tâabandonnerais jamais entre les mains de ce dĂ©mon de Ludovic ou des Ă©meutiers. Je ne te laisserais jamais, tu es bien trop important pour moi aussi⊠depuis toujours⊠tu es mon petit frĂšre et je tâaime⊠je ne tâabandonnerais jamais⊠je reviendrais et je te retrouvais avec Dimitri⊠je te le prometsâŠ
â JâespĂšre surtout que tu reviendras de cette folieâŠ
MalgrĂ© lâapprĂ©hension aprĂšs ces derniĂšres paroles, Lambert fragilisa les chaines de son frĂšre, profitant dâune nouvelle Ă©treinte pour briser celles de ses poignets, et appuyant suffisamment avec son pied sur celles de ses chevilles pour pratiquement les arracher, assez pour quâil puisse les briser au moindre geste brusque, priant pour que Rufus accepte de seulement fuir pour ensuite vivre sa vie loin de tout ceci⊠le roi dĂ©chu avait acceptĂ© son sort, savait que seul le glaive du bourreau lâattendait pour ses crimes⊠est-ce que Ludovic le manierait comme pour Clovis ? Il semblait si faible mais, ce nâĂ©tait pas le genre de tĂąche quïżœïżœïżœil laissait Ă dâautres dans des circonstances pareilles⊠ou alors le prochain roi ou un membre du gouvernement rĂ©volutionnaire ? Le nouveau dĂ©capitant lâancien pour ensuite crier « le roi est mort, vive le roi » comme lors de la mort de Clovis⊠ce serait appropriĂ©âŠ
« Jâaurais juste voulu te revoir une derniĂšre fois Dimitri⊠mon fils⊠je suis dĂ©solé⊠mais au moins, je sais quâils prendront soin de toiâŠÂ »
Les portes finirent par grincer, le nouveau chef de la garde palatiale leur aboyant de les suivre en silence. Lambert obĂ©it placidement, pendant que Rufus finit par se rĂ©signer malgrĂ© tout. Il fallait donner le change, trouver la bonne occasion pour trouver ses alliĂ©s, leur donner le signal et filer mais, aucun de ses hommes ne semblaient lâattendre, alors quâon les emmenait Ă pied jusquâĂ lâhĂŽtel de ville, entourĂ© de garde et sous les injures de la foule.
« Tyrans ! »
« Ordure ! »
« Duscur, câest ta faute ! »
« Roi sans yeux ! »
« Tâas envoyĂ© mes enfants Ă la mort ! »
« Roi Hresvelg ! »
« Affameurs ! »
« Empereurs ! »
« Otton ! »
« Fils de Clovis ! »
« Ma femme est morte pendue pour avoir tenté de nous nourrir ! »
« Honte de votre pÚre ! »
« à mort ! »
« Oui ! à mort ! »
« Morts aux tyrans ! »
MĂȘme sâil restait droit, Lambert ne pouvait sâempĂȘcher de baisser la tĂȘte, autant pour Ă©viter de se prendre une flĂšche ou un projectile que par honte. CâĂ©tait donc ainsi que le voyait son peuple⊠comme un tyran tuant son propre peuple⊠un aussi mauvais roi quâun Hresvelg⊠mĂȘme sâil sâen Ă©tait bien rendu compte lorsquâil avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© mais, ça faisait toujours mal de se faire insulter ainsiâŠ
« Je nâai jamais rien voulu de tout ceciâŠÂ »
Rufus quant Ă lui cherchait toujours un moyen de sâen sortir, repĂ©rant un pont qui pourrait servir Ă des complices pour les rĂ©cupĂ©rer mais rien⊠rien du toutâŠ
Ils finirent par arriver devant lâhĂŽtel de ville, oĂč les attendaient Gustave et le peu dâhomme qui Ă©taient restĂ©s fidĂšles aux Blaiddyd, faisant face au grand escalier oĂč se trouvait un reprĂ©sentant du gouvernement, rĂ©clamant le silence alors quâon forçait la faction du roi dĂ©chu Ă mettre un genou en terre. Rufus vit Ludovic, assis au sommet des escaliers avec Areadbhar Ă ses cĂŽtĂ©s, mĂȘme pas habillĂ© comme le roi quâil Ă©tait, en simple chemise et chausses blanche et bleu roi mais, ce nâĂ©tait pas Ă©tonnant de sa part, observateur distant comme il lâavait Ă©tĂ© pendant le procĂšs de ses fils, toujours aussi impassible alors que le hĂ©raut annonçait Ă la ville les derniĂšres dĂ©cisions ineptes des Ă©meutiers. DĂ©esse⊠il ne devrait pas filer pour libĂ©rer son frĂšre, Rufus se serait dĂ©jĂ jetĂ© sur lui afin dâen finir enfin avec ce monstre au cĆur de glace ! Ludovic Ă©tait faible et malade, mĂȘme lui pourrait le vaincre sans Areadbhar pour lui prĂȘter main forte ! Que son visage se dĂ©fige enfin devant lui pour une fois dans sa vie !
« Citoyens de Fhirdiad ! Il est temps de vous présenter ceux qui dirigeront notre ville à présent, ainsi que les seigneurs qui ont juré conserver de faire nation avec notre ville et tout Faerghus ! Le roi temporaire annoncera également le chùtiment du roi déchu, son tyran de frÚre et leurs soutiens !
Lâhomme Ă la voix forte commença alors une longue Ă©numĂ©ration oĂč Rufus bouillait, cherchant toujours un moyen de sâĂ©chapper et ses soutiens quand il se figea en voyant les seigneurs du sud se tenir parmi ceux ayant jurĂ© allĂ©geance Ă la ville⊠mĂȘme les Ă©missaires de Rowe et Mateus se tenaient sagement au bas de cet escalier ! Acceptait dâĂȘtre plus bas que cette bande de gueux se prĂ©tendant souverain de la plus grande ville de Faerghus ! CâĂ©tait pas possible ! Cela devait ĂȘtre une manĆuvre pour tromper leur vigilance ! Ce nâĂ©tait pas possible autrement !
De son cĂŽtĂ©, Lambert ne releva pas la tĂȘte, regardant le sol Ă part quand on annonça que la sororie Charon aurait la garde de Dimitri jusquâĂ sa majoritĂ©, et quâil serait le seigneur du fief de Fhirdiad quand il serait grand, arrivant mĂȘme Ă sourire un peu. Bien⊠câĂ©tait tout ce quâil voulait⊠Dimitri serait en sĂ©curitĂ© avec ses tantes, et son avenir serait assurĂ© en tant que seigneur du domaine r⊠du fief des Blaiddyd⊠câĂ©tait le principalâŠ
« Câest Ă©trange⊠ils nâont pas parlĂ© de Fraldarius⊠Rodrigue et Alix doivent encore ĂȘtre sous leur forme de loup⊠LorĂ©a ne doit pas vouloir sâavancer sans leur accord⊠aprĂšs tout, cela reste une trahison de la famille royale et si on reprend un jour le pouvoir pour je ne sais quelle raison, câest la tĂȘte coupĂ©e pour tous les adultes de la famille⊠câest trop dangereux⊠et les jumeaux ne voudraient jamais meâŠÂ »
Lambert chassa son cauchemar de sa tĂȘte, se rappelant que ce nâĂ©tait quâun cauchemar, que les jumeaux nâĂ©taient pas dans leur Ă©tat normal la derniĂšre fois quâil les avait vus, que ce nâĂ©tait pas lui qu leur avait volĂ© leurs lettres⊠non⊠câĂ©tait impossible quâils le haĂŻssent au point de le⊠et de toute façon, câĂ©tait des loups Ă prĂ©sent, ils devaient courir aprĂšs lâodeur de FĂ©lix et celle des liĂšvres dans tout le nord, ils ne pouvaient rien faireâŠ
â Quant Ă notre roi, finit par annoncer le hĂ©raut alors que la nuit tombait, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© quâĂ lâinstar du roi Loog le Lion et de sa fille Sophie la Sage, il serait Ă©lu par lâensemble du peuple de Faerghus, en suivant la procĂ©dure Ă©tablie par le roi Ludovic le Prudent, procĂ©dure qui nous a Ă©tĂ© transmis dans son testament rĂ©cemment retrouvĂ©Â ! En attendant de pouvoir organiser lâĂ©lection, suite Ă lâovation populaire et leurs nombreux actes pour le Saint-Royaume de Faerghus, la rĂ©gence sera confiĂ©e aux protĂ©gĂ©s de la DĂ©esse et de lâĂpĂ©iste de lâOnde, Rodrigue Achille et Alix PersĂ©e Fraldarius ! Duc de Fraldarius et loups de cendre de Sothis elle-mĂȘme !
Sous le choc de cette annonce, le roi dĂ©chu releva dâun coup la tĂȘte, incapable de le croire sans le voir par lui-mĂȘme. Non ! Impossible ! Rodrigue ne le trahirait jamais ! Pas lui ! Alix peut-ĂȘtre mais pas lui ! Pas Rodrigue ! Et ils Ă©taient tous les deux encore en loup ! Ils lui auraient dit sinon ! On lui aurait dit ! ça ne pouvait pas ĂȘtreâŠ
Cependant, Ă cette annonce, les vrais jumeaux sortirent de lâhĂŽtel de ville, leurs boucles noires couronnĂ©s des premiers rayons de lune, tous deux drapĂ©s de blanc et de sarcelle claire, une fourrure couleur de nuit sur les Ă©paules. Leur visage Ă©tait impassible comme celui de Ludovic mais aussi ouvert et sĂ©rieux, regardant droit devant eux, embrassant toute la foule des yeux dâun air protecteur et rassurant⊠comme toujours, pour les diffĂ©rencier, les cheveux de lâainĂ© Ă©taient lĂąchĂ©s et son habit plus proche du bleu, Aegis Ă son bras, pendant que ceux du cadet Ă©taient nouĂ©s Ă lâarriĂšre de son crĂąne, la sarcelle tirant plus vers le vert, lâĂ©pĂ©e de Moralta Ă la ceinture⊠la seule familiaritĂ© aux yeux de Lambert alors quâil avait lâimpression de voir deux Ă©trangersâŠ
Rodrigue semblait sortir de son cauchemar ⊠à part son amusement cruel, il Ă©tait tel quâil lâavait vu Ă lâintĂ©rieur mais, il nâĂ©tait plus seulement le roi de la forĂȘt⊠non⊠il Ă©tait⊠il venait de devenir⊠lui et Alix⊠non⊠ce nâĂ©tait pas possible⊠ils ne pouvaient pas leâŠ
Alors sâapprocha lâĂ©missaire des Dominic, leur apportant des gants quâils enfilĂšrent aprĂšs un salut respectueux, suivi par une prĂȘtresse qui devait sâoccuper dâune petite chapelle Ă son habit qui agrafa la cape sous leur fourrure avec une grande fibule aux armes de Faerghus, et enfin, une ancienne servante de Patricia et le jeune homme qui avait envoyĂ© Areadbhar Ă Ludovic pendant lâaffrontement contre « CornĂ©lia » sâavancĂšrent, chacun tenant un grand anneau dâargent dans leurs mains. Ils demandĂšrent alors aux jumeaux :
« Jurez-vous de servir le peuple de Faerghus ? De nâavoir Ă cĆur que ses intĂ©rĂȘts et ses intĂ©rĂȘts seuls ? Jurez-vous de protĂ©ger le peuple en ses temps difficiles et dâassurer la paix entre tous les citoyens ainsi quâavec nos voisins ?
â Nous le jurons, rĂ©pondirent-ils solennellement avant dâajouter dâune mĂȘme voix. Et nous jurons de rendre le pouvoir au Royaume une fois que lâĂ©lection du vrai nouveau roi aura eu lieu. »
Sur ses mots, ils sâinclinĂšrent profondĂ©ment devant les deux roturiers, qui posĂšrent lâanneau sur leur tĂȘte, avant de sâincliner Ă leur tour devant eux et de se retirer, laissant les deux frĂšres se relever alors que tout Fhirdiad les acclamait, hurlait leurs noms encore plus fort que tous les autres, assez pour que mĂȘme la DĂ©esse les entende, inondant la place de vĆux de long rĂšgne et de prospĂ©ritĂ© malgrĂ© le fait que leur rĂšgne soit annoncĂ© comme temporaireâŠ
MalgrĂ© sa simplicitĂ©, la couronne pesait lourd sur leurs Ă©paules mais, les jumeaux ne vacillĂšrent pas, gardant la tĂȘte haute avec dignitĂ©. Ils avaient Ă©tĂ© acceptĂ©s Ă lâunanimitĂ© par le gouvernement rĂ©volutionnaire, et avec une telle ovation lors de leur annonce, leur lĂ©gitimitĂ© Ă Fhirdiad Ă©tait assurĂ©e, mĂȘme sâils devraient faire le tour des intendants du domaine royale afin dâimposer leur pouvoir, tout en remplaçant les derniers fidĂšles, les corrompus et les incompĂ©tents par leurs propres hommes de confiance ou ceux des Charon avec leurs aides, sâassurer que le Sud restait fidĂšle, rĂ©gulariser la situation en Kleiman en accord avec Duscur⊠sans parler des vellĂ©itĂ©s de guerre et de vengeance des seigneurs occidentaux Ă Ă©teindre, dâapaiser les tensions internes au Royaume, faire la lumiĂšre sur la TragĂ©die et tenter de sauver ce quâils pouvaient sauver de leurs relations avec Duscur⊠les jumeaux ne pouvaient pas se permettre de cĂ©der maintenantâŠ
Pourtant, mĂȘme si la tĂąche Ă©tait immense, se savoir plus libre dans leurs dĂ©cisions, de ne pas toujours devoir composer avec les caprices dâun inconscient et passer derriĂšre lui pour rĂ©parer ses erreurs, tout en retournant dĂšs quâils le voulaient Ă Egua auprĂšs de FĂ©lix les soulageait dâun poids⊠ils ne courberaient plus jamais lâĂ©chine devant qui que ce soit qui nâĂ©tait pas digne de leur obĂ©issance, plus aucun collier ni laisse ne les Ă©tranglera jamais plus⊠seul la marque de leur transformation entourerait leur cou Ă prĂ©sent.
Enfin, avant tout ceci, ils devaient rĂ©gler une derniĂšre choseâŠ
Baissant les yeux, ils virent Lambert et Rufus, genou en terre, les bras et les jambes couverts de fer Ă leur tour⊠câĂ©tait Ă©trange⊠quelques jours auparavant, Rodrigue osait Ă peine dire le nom de son ancien ami, se cachant sous sa fourrure, dĂ©vorĂ© par la peur mais, aprĂšs lâavoir entendu dans lâĂ©glise palatiale, aprĂšs avoir complĂštement rĂ©alisĂ© quel homme Lambert Ă©tait vraiment, puis maintenant, aux cĂŽtĂ©s de son jumeau, devant lâhĂŽtel de ville de Fhirdiad, entourĂ© de tant dâalliĂ©s de confiance, galvanisĂ© par la foule et avec la responsabilitĂ© de protĂ©ger le Royaume sur ses Ă©paules, il ne tremblait plus. Il se tenait droit et fier face aux deux frĂšres, les regardant comme les tyrans quâils Ă©taient, attendant leur jugement⊠Lambert les dĂ©visageait, incapable de comprendre ce qui se passait devant lui, Ă la fois si diffĂ©rent et si semblable Ă ce quâil avait montrĂ© de lui dans lâĂ©glise face Ă Ludovic, pendant que Rufus bouillonnait de rage, ses yeux les poignardant encore et encore, rĂȘvant surement de les Ă©trangler avec ses propres chainesâŠ
« Cela change bien la donne quand câest les autres qui tiennent votre propre laisseâŠÂ »
Cependant, Rodrigue chassa toute de suite cette pensĂ©e sombre de sa tĂȘte. La vengeance ne lui apporterait rien. Le Royaume avait besoin de justice, pas dâencore plus dâĂ©goĂŻsme et de colĂšre. Maintenant quâil connaissait mieux le vrai visage de Lambert, il pouvait lâaffronter sans trembler ou se figer. Le vieil ami quâil pensait connaitre nâexistait plus⊠peut-ĂȘtre nâavait-il jamais existĂ© mais, il n'avait plus de temps Ă perdre pour lui⊠ni avec lâun ni avec lâautre.
« Lambert Egitte Blaiddyd-Hange, Rufus Adegrin Blaiddyd-Hange, commencĂšrent les jumeaux, parlant ensemble aprĂšs avoir rĂ©pĂ©tĂ© bien des fois ces mots. Vos crimes sont nombreux. Sous votre commandement, le Royaume a subit bien des troubles et des malheurs. Parmi vos crimes se trouvent la tyrannie, entrainer la mort de votre propre peuple, que ce soit en le mettant en danger volontairement, par nĂ©gligence ou en volant sa nourriture pour votre propre gain, provoquer lâinstabilitĂ© du Royaume, ce qui a poussĂ© certains territoires Ă faire sĂ©cession afin dâassurer la survie des leurs⊠la liste est si longue que nous pourrions les lister toute la nuit sans jamais arriver au bout. De tels crimes ne mĂ©riteraient que la mort mais, les terres du Saint-Royaume sont dĂ©jĂ bien assez imbibĂ©es de sang. En rĂ©pandre encore et encore ne rĂ©parera rien, ne ramĂšnera aucun mort, nâaidera personne Ă faire leur deuil⊠câest pourquoi, en punition de vos actes, vous devrez Ă prĂ©sent travailler pour le Royaume comme les plus petits scribes de tout Faerghus sous une nouvelle identitĂ©, gagnant votre pitance et le respect des autres par vos accomplissements, afin que vous puissiez rĂ©parer vos crimes par votre travail et votre dĂ©vouement au peuple faerghien. Tel sera votre chĂątiment, le vĂŽtre ainsi que celui de tous vos soutiens encore fidĂšles. Les temps changent, cette nouvelle Ăšre a dĂ©butĂ© avec les faerghiens sâentretuant pour se libĂ©rer du tyran, quâelle continue dans lâapaisement et la reconstruction.
Lambert resta figĂ©, tout comme Rufus, sans voix. La sanction Ă©tait Ă la fois douce et cruelle, surtout aprĂšs que le roi dĂ©chu se soit rĂ©signĂ© Ă mourir. Elle Ă©pargnait leur vie mais, les deux frĂšres nâĂ©taient plus rien Ă prĂ©sent. Ils passaient de roi et de frĂšre de roi Ă simples scribes, devant gagner leur pitance eux-mĂȘmes, devant apprendre Ă tout faire par eux-mĂȘmes, sans que personne ne soit lĂ pour les aider. Ă cĂŽtĂ©, peut-ĂȘtre que la mort Ă©tait plus facile⊠La chute serait vertigineuse et les briserait peut-ĂȘtre mais, ils ne pouvaient pas se permettre dâĂȘtre plus clĂ©ments en apparence, les deux frĂšres en avaient bien trop fait. Peut-ĂȘtre apprendraient-ils enfin, mĂȘme si les jumeaux ne se faisaient plus dâillusion Ă ce sujetâŠ
Lambert tremblait, complĂštement incrĂ©dule devant une telle dĂ©cision, essayant vainement de parler. Rodrigue baissa les yeux, les posant dans les siens, sâattendant Ă tout entendre. Que voulait-il dire ? Implorer leur pitiĂ©Â ? Tenter de leur rappeler leur ancienne amitiĂ© quâil avait lui-mĂȘme fait brĂ»ler Ă Duscur avec le sourire ? De les faire culpabiliser pour leur cruautĂ© de ne pas lui permettre de mourir maintenant et de vivre dans la honte ? DâaprĂšs les lettres de Sylvain, Lambert aurait tentĂ© dâutiliser ses sentiments contre lui afin de lui faire oublier ses devoirs envers son peuple, tentant de lui rappeler son amitiĂ© avec Dimitri en argumentant quâil le connaissait et quâil ne parlait pas au margrave mais, au jeune homme⊠Il aurait mĂȘme tentĂ© dâutiliser le nom de FĂ©lix pour le pousser avouer comment rendre leur forme humaine aux berserkir⊠avant le dĂ©but de la TragĂ©die de Duscur, ils nâauraient jamais pu lâimaginer capable dâune telle lĂąchetĂ© de sa part mais, Ă prĂ©sent, cela ne les avait mĂȘme plus Ă©tonnĂ©s, juste de plus en plus déçus de leur ancien amiâŠ
Cependant, aprĂšs encore quelques hĂ©sitations, Lambert finit par baisser la tĂȘte et par demander Ă mi-voix, Ă peine audible.
â Puis-je au moins revoir mon fils une derniĂšre fois avant de partir ? Câest ma derniĂšre volontĂ© de condamnĂ©âŠ
Les jumeaux Ă©changĂšrent un regard et leurs pensĂ©es. Dâun cĂŽtĂ©, si toute la famille royale Ă©tait rĂ©unie au mĂȘme endroit, cela serait aisĂ© pour leurs soutiens de les faire Ă©vader tout en enlevant Dimitri, mĂȘme sâil Ă©tait encore en fauteuil roulant⊠mais de lâautre, refuser Ă un pĂšre de voir une derniĂšre fois son enfant serait vu comme trop cruel de leur part, surtout que Dimitri devait aussi vouloir retrouver son pĂšre Ă tout prix. Ils avaient besoin dâun solide appui populaire contre la noblesse du sud, ils ne pouvaient se permettre de se mettre Ă dos lâopinion populaireâŠ
Ils finirent par hocher la tĂȘte dans sa direction, dĂ©clarant simplement :
â AccordĂ©. Vous pourrez le retrouver avant votre dĂ©part.
Lambert inclina Ă©galement la tĂȘte, comme pour les remercier dâavoir acceptĂ©. Rufus semblait sur le point de leur sauter dessus, ivre de rage mais, avant quâil nâait pu hurler tout ce quâils pensaient de ces traitres, se dĂ©faire de ses chaines pour emmener son petit frĂšre au loin, la foule retient son souffle avant de sâexclamer, sans voix.
Sortant de la pointe dâAreadbhar, du givre se mit Ă recouvrir tout lâhĂŽtel de ville, le recouvrant dâun voile scintillant sous la lune, comme si le Brave lui-mĂȘme lâavait recouvert de diamants gelĂ©s, pendant quâAegis brillait de milles Ă©clats sur le bras de Rodrigue, baignant les deux jumeaux de sa lumiĂšre, lâhumiditĂ© sâaccrochant Ă leurs cheveux et Ă leur couronne comme des joyaux liquides, vite rejoints par dâautres de glace.
En voyant ceci, Ludovic se leva difficilement, prenant appui sur leur Relique pour arriver Ă se tenir droit, dĂ©clarant faiblement mais, le silence Ă©tait si total que toute la foule assemblĂ©e lâentendit.
â Le Flutiste des Glaces et lâĂpĂ©iste de lâOnde ont parlĂ©. Ils acceptent les dĂ©cisions du nouveau gouvernement, ainsi que la nomination de Rodrigue et Alix Fraldarius, les couronnant eux-mĂȘmes, tout en condamnant les seuls et uniques traitres Ă Faerghus.
Rufus enragea, se redressant dâun coup en hurlant :
â Ăvidemment ! Fraldarius est leur ancĂȘtre ! Ăvidemment quâil veut que sa famille ait encore plus de pouvoir et nous domine tous ! Et Blaiddyd haĂŻt autant sa famille que toi ! Ils ne pensent jamais aux siens ! Toujours aux Ă©trangers !
â Le Flutiste des Glaces a pourtant soignĂ© son petit-fils Dimitri aprĂšs que son propre pĂšre ait failli provoquer la mort de son propre enfant, pansant patiemment ses blessures puis, a Ă©galement soigner Lambert malgrĂ© tout ce quâil avait fait, ne le rejetant que quand il fut suffisamment guĂ©ri, lui rappela calmement Rodrigue, baignĂ© par la lumiĂšre de sa Relique, ne tombant pas dans le piĂšge de perdre son calme face Ă Rufus, cela jouerait contre eux et il nâen valait pas la peine.
â De notre cĂŽtĂ©, nous nâavons jamais rien fait pour que notre AncĂȘtre nous retire sa confiance, ajouta Alix, tout aussi calme et posĂ© que son frĂšre. Nous avons toujours ĆuvrĂ© pour le bien de notre famille, certes, mais jamais sans oublier de faire passer les intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de la nation avant tout car, tel est le devoir des dirigeants. LâintĂ©rĂȘt du plus grand nombre passe avant tout intĂ©rĂȘt personnel, quelque quâils soient.
Un silence suivit dâapplaudissements approbateurs rĂ©sonnĂšrent sur la place, avant que les gardes nâemmĂšnent dĂ©finitivement les deux frĂšres loin de la place sous bonne garde. En partant, Lambert lança un dernier regard derriĂšre lui, mais nâarriva pas Ă voir une derniĂšre fois Rodrigue et Alix, la foule se refermant sur eux alors quâils les acclamaient de toutes ses forces.
Rufus gronda, voyant a mĂȘme chose que son frĂšre, bouillonnant de rage.
« Traitres⊠traitres⊠tous des traitres ! Le peuple prĂ©fĂšre encore ces traitres Ă la Couronne au seul souverain lĂ©gitime ! Mais ce nâest quâune question de temps ! Une fois sur le pont de tout Ă lâheure, je pourrais sauter et surement retrouver nos alliĂ©s ! »
Cependant, quand ils le traversĂšrent, Rufus eut beau tirer de toutes ses forces sur ses chaines, impossible de les rompre ! CâĂ©tait pas vrai ! Ils devraient pourtant ĂȘtre capable de les briser aprĂšs que Lambert les ait quasiment arrachĂ©es ! CommentâŠ
Ce nâest quâĂ ce moment-lĂ quâil fit vĂ©ritablement attention Ă ses chaines, dĂ©couvrant avec horreur lâĂ©paisse couche de glace les recouvrant les maillons endommagĂ©s, les renforçant de nouveau.
Se croyant en plein cauchemar, Rufus se retourna, hurlant encore et encore, incapable de se contrĂŽler face Ă cette nouvelle trahison, rĂȘvant de retourner sur la place, dâen finir avec cette mascarade grotesque ! Son frĂšre Ă©tait roi ! Roi ! CâĂ©tait lui quâon devrait acclamĂ©Â ! Pas deux loups enragĂ©s et traitres !
« Blaiddyd ! Fraldarius ! Ludovic ! Rodrigue ! Alix ! Tous ! Soyez maudits ! Soyez tous maudits ! Tous autant que vous ĂȘtes ! Je ne me laisserais pas faire ! Mon frĂšre est le seul et unique roi de Faerghus ! Seul Lambert est roi de Faerghus ! Quâimporte ce que ces barbares de Braves en pensent ! Ludovic ! Je te tuerais ! Je te tuerais aprĂšs avoir Ă©trangler tes favoris devant toi ! La tuberculose ne tâemportera pas en enfer ! Je le ferais avant elle ! Soit maudit ! Que ton foutu devoir et ta lance maudite et toi bruliez en enfer ! Soyez tous maudit ! Et Rodrigue⊠Rodrigue ! Toi aussi ! Toi aussi, je te tuerais ! Je te prendrais tout ce Ă quoi tu tiens ! JâĂ©corcherais vif ton cher louveteau que tu aimes tant, rouerais ton enragĂ© de jumeau, puis brĂ»lerais tout Fraldarius pour rĂ©duire Ă nĂ©ant tout ce que toi et ta chĂšre famille avez accompli, puis je te tuerais ! TU MâENTENDS ?! JE TE TUERAIS SALE TRAITRE ! JE VOUS TUERAIS TOUS JUSQUâAU DERNIER JUSQUâĂ CE QUE LE SANG DE FRALDARIUS SOIT COMPLĂTEMENT TARI JUSQUâĂ LA DERNIĂRE GOUTTE ! TA TRAHISON TâEMPORTERA TOI ET TA CHĂRE FAMILLE JUSQUâEN ENFER ! TU MâENTENDS ???!!! RODRIGUE !!! »
MalgrĂ© sa haine, ses hurlements furent tous engloutit par les ovations de joie et les cris de fĂ©licitation de la foule, sâamassant autour des loups de cendre en priant pour que leur bĂ©nĂ©diction bĂ©nisse le Royaume, afin que la fĂ©licitĂ© revienne enfin. Personne Ă part les garde et Lambert ne lâentendirent vomirent ces abominations sur les nouveaux souverains de Faerghus, couronnĂ©s par le peuple et les Braves, et personne ne prit ses paroles au sĂ©rieux.
« Câest fini Rufus⊠songea son frĂšre en le voyant sur le point de se faire bĂąillonner, de nouveau impuissant et incapable de protĂ©ger une personne quâil aimait. Nous avons perduâŠÂ »
« NON ! Hurla Rufus en se dĂ©battant. HORS DE QUESTION QUâILS TRIOMPHENT TOUS AUTANT QUâILS SONT ! VOUS NE MâENFERMEREZ PLUS ! »
Arrivant Ă se dĂ©faire de la poigne des gardes, Rufus utilisa toute lâĂ©nergie qui lui restait pour sauter du pont, se laissant emporter par le courant sous lâindignation des fidĂšles des traitres. Les flots le dĂ©chiraient, les rochers lui fracassaient les os mais, peu importait. Le plus important, câĂ©tait quâil Ă©tait hors des griffes de son pĂšre, des Charon et des Fraldarius ! Une fois hors de Fhirdiad, il pourrait dĂ©truire la gangue de glace de Blaiddyd et ses chaines, puis le prince royal pourrait rĂ©unir ses alliĂ©s et partisans encore fidĂšles, rĂ©cupĂ©rer suffisamment de pouvoir pour marcher sur Fhirdiad, Ă©craser tous ces traitres, faire manger son propre enfant Ă Rodrigue pour lui apprendre Ă rester Ă sa place, puis le tuerait Ă son tour avec son jumeau, avant de renvoyer son pĂšre dans le passĂ© dâoĂč il venait en lâĂ©tripant enfin !
« Vous ne perdez rien pour attendre ! Je me vengerais ! Je nous vengerais tous ! Vous me le paierez ! Profitez du pouvoir pendant que vous le pouvez encore ! Je reviendrais avant que vous ne puissiez me voir arriver ! »
Il finit par Ă©chouer hors de Fhirdiad, la chaine dĂ©fensive servant a arrĂȘtĂ© les navires srengs, pas les corps⊠en plus, il Ă©tait surement assez loin pour que lâĂ©pidĂ©mie rĂ©volutionnaire ne se soit pas propagĂ©e jusque-lĂ âŠ
« Tu me le paieras Ludovic⊠vous me le paierez Rodrigue et Alix⊠je me vengerais⊠je me vengerais⊠je me vengerais ! »
Se redressant comme il put avec ses chaines, Rufus avança en gardant les nuages de fumĂ©e en vue, venant surement des cheminĂ©es dâun village voisin. LĂ -bas⊠lĂ -bas, il trouverait surement de lâaide pour enlever ses chaines en disant quâil avait Ă©tĂ© victime de la tyrannie des rĂ©volutionnaires et arrĂȘtĂ© injustement, nâayant rĂ©ussi Ă sâenfuir quâin extremis grĂące Ă son frĂšre⊠les roturiers des villages comme ça Ă©taient naĂŻfs, ils devraient gober tout ce quâil racontait sans se poser de questionsâŠ
Cependant, quand le prince arriva, un des habitants le pointa du doigt, criant comme un possĂ©dĂ© alors quâil reconnaissait une ancienne conquĂȘte travaillant comme servante au palais.
« LĂ Â ! Câest Rufus ! Câest lui qui a dĂ©cidĂ© que tous les contrebandiers devaient ĂȘtre pendus ! Câest lui le tyran ! Je le reconnais !
â Quoi ?! Rufus ?!
â Lâaffameur ?
â Le Tyran ?!
â Il est lĂ Â !
â Ordure ! »
Avant de comprendre ce qui lui arrivait, quelquâun le poussa dans le dos, lâenvoyant au sol sans difficultĂ©, ses chevilles sâemmĂȘlant dans ses chaines. Un violent coup de pied sâenfonça dans ses cĂŽtes, avant quâune pierre ne sâĂ©crase sur sa tempe, le faisant hurler de douleur jusquâĂ ce quâune bĂȘche ne lui ouvre les cĂŽtes, suivit de coups de tous les outils du village, labourant son corps comme sâil Ă©tait la terre du champ alors que la douleur le bĂąillonnait plus que ne lâavait jamais fait son pĂšre.
« Non ! Je suis votre prince ! Je suis le frĂšre du seul roi lĂ©gitime ! Le descendant de Loog le Lion lui-mĂȘme ! Vous nâavez pas le droit de me traiter ainsi⊠AAAAAARGH !!!!!! »
Une bĂȘche sâenfonça profondĂ©ment dans son dos, creusant un trou bĂ©ant entre ses cĂŽtes. Son corps tomba, devenant aussi froid que lâhiver, alors quâil maudissait encore et encore son pĂšre pour avoir dĂ©truit leur famille et les jumeaux pour avoir trahi celui qui les considĂ©rait comme ses meilleurs amis, tout ça pour le pouvoir qui ne leur revenait pasâŠ
« M⊠maudit soyez-vous tous⊠maudit sois-tu⊠LudâŠÂ »
Le lendemain, les paysans ramenĂšrent ce qui restaient de Rufus au palais de Fhirdiad. Les jumeaux, les Charons, le gouvernement rĂ©volutionnaire et Ludovic dĂ©couvrirent un cadavre tordu, le moindre de ses os ayant Ă©tĂ© pulvĂ©risĂ©s par les outils des villageois et les coups. Sa tĂȘte pendait dans un angle Ă©trange, juste rattachĂ© au corps par les quelques vertĂšbres encore entiĂšres et de minces laniĂšres de peau, rendant ses yeux grands ouverts encore plus dĂ©rangeant, ne fixant rien dâautre que le vide devant lui⊠lâhomme avait Ă©tĂ© lynchĂ© Ă mort, livrĂ© Ă la fureur de tous ceux quâil avait volĂ© pour se venger contre des innocentsâŠ
Ludovic fut le premier Ă rĂ©agir, se redressant en tremblant. Il sâapprocha du cadavre de son fils, dĂ©clarant avec tristesse devant un tel spectacle macabre⊠aucun pĂšre ne devrait voir une chose pareille mais, il Ă©tait Ă©galement conscient de ce quâavait fait son fils ainĂ©, tout ce quâil avait fait subir Ă leur propre peuple pour assouvir sa propre soif de vengeance⊠nâignorait pas que Rufus rĂ©servait le mĂȘme sort Ă ses ennemis ou aux personnes lui dĂ©plaisant, pouvant mĂȘme ĂȘtre encore plus cruel⊠comme son grand-pĂšre quâil semblait prendre en exemple⊠mais malgrĂ© toutâŠ
« Personne ne mĂ©rite un tel sort⊠souffla-t-il en lui fermant les yeux de son fils. Je suis dĂ©solĂ© Rufus⊠je ferais en sorte que tu ne deviennes jamais un tel tyran Ă mon Ă©poque, je te le promets, mĂȘme si tu vas sans doute dâautant plus me haĂŻr⊠mais tant que tu ne finis pas ainsi, lyncher par la foule, se sera dĂ©jĂ une grande victoireâŠÂ »
On enterra Rufus discrĂštement, presque en cachette dans la crypte familiale, allongĂ© dans un cercueil de bois simple avec une simple Ă©pitaphe portant son nom et sa date de naissance et de mort, sans aucun commentaire⊠aprĂšs une vie comme la sienne, il Ă©tait difficile de trouver quoi que ce soit de positif Ă dire Ă son sujetâŠ
Lambert sâeffondra pendant la cĂ©rĂ©monie, pleurant toutes les larmes de son corps, refusant quâon enterre son grand frĂšre.
« Ce nâest pas possible⊠ce nâest pas possible ! Pas toi ! Pas mon frĂšre ! Grand frĂšre ! Revient ! Pourquoi tu mâabandonne toi aussi ?! Rufus ! Reste avec moi ! Grand frĂšre ! Qui mâa pris mon frĂšre ?! Qui est le monstre qui a tuĂ© Rufus ?! Enragea-t-il alors quâon recouvrait le cercueil de terre, mĂȘme sâil connaissait toute lâhistoire et savait que les paysans avaient Ă©tĂ© puni pour avoir lyncher quelquâun Ă mort. Qui a fait ça ?! Comment ça a pu arriver ?! Qui a pu oserâŠÂ »
Du coin de lâĆil, il vit Rodrigue et Alix, lâair aussi neutre que Ludovic, mĂȘme si celui-ci semblait lĂ©gĂšrement affectĂ© pour une fois, priant pour le repos de son ainĂ© avec un rosaire dans les mains. De leur cĂŽtĂ©, tenant son chapelet entre les doigts, lâainĂ© des jumeaux se signa quand le prĂȘtre finit sa priĂšre, restant Ă peine assez de temps Ă la fin de la cĂ©rĂ©monie pour dire une seule priĂšre, avant de partir avec son frĂšre⊠il avait peut-ĂȘtre perdu un de ses fils, mais il en avait encore un⊠et il avait encore son frĂšre⊠toujours la personne qui le connaissait le mieux et le comprenait toujours⊠il avait encore tout⊠rĂ©ussissait tout⊠alors que luiâŠ
« Câest ta faute⊠lâaccusa-t-il tout de suite. Câest ta faute⊠câest ta faute et celle de Ludovic⊠câest lui qui a donnĂ© lâidĂ©e Ă Fhirdiad de faire des coups dâEtat tout le temps et toi, tu en as profitĂ© avec Alix⊠sâil ne mâavait pas volĂ© la couronne⊠sâil nâavait pas montĂ© tout Fhirdiad contre mon frĂšre et moi comme il en a lâhabitude⊠sâil ne mâavait pas renversé⊠si tu nâavais pas Ă©tĂ© lĂ pour me voler la couronne⊠si ça nâavait pas Ă©tĂ© lâun de vous deux qui avait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© roi⊠si tu avais su protĂ©ger Rufus au lieu de nous exhiber comme des trophĂ©es devant lâhĂŽtel de ville⊠si vous nâĂ©tiez pas tous les deux les favoris de mon pĂšre⊠Rufus serait encore vivant⊠Rufus serait toujours là ⊠et Ă cause de vous trois⊠à cause de toi, mon grand frĂšre estâŠÂ »
Sa pensĂ©e sâinterrompit, dĂ©chiquetĂ© par les larmes de deuil et de rage dĂ©goulinant le long de ses joues alors que le cercueil de son grand frĂšre avait complĂštement disparu, engloutit par la terre aprĂšs avoir Ă©tĂ© consumĂ© par lâambition de leur propre pĂšre et de ceux que le frĂšre en deuil pensait ĂȘtre ses amis, avant quâils ne le trahissent tous⊠la haine dĂ©vora son cĆur en les voyant toujours lĂ , toujours ensemble, les deux jumeaux unis par ce lien si fort que Lambert en deuil venait de le perdre, dĂ©chiquetĂ© par les crocs de ces loups enragĂ©s avant dâĂȘtre gelĂ© dans la mort par la cruautĂ© froide de Ludovic⊠eux qui avaient toujours tout eu et lui rienâŠ
« Toi aussi⊠rend-le moi⊠rend-moi mon frĂšre que tu mâas volĂ©âŠÂ »
*
DĂšs quâil apprit lâĂ©chec de PĂ©riandre, de Bias et la trahison de plusieurs de ses serviteurs, ThalĂšs prit congĂ© du conseil et retourna immĂ©diatement sur ses terres dâArundel, devant immĂ©diatement repenser toute sa stratĂ©gie. Pour ne rien arranger, les rĂ©voltĂ©s faerghiens avaient Ă©galement retrouvĂ© une partie de sa correspondance avec PĂ©riandre dans son laboratoire et avec la dĂ©fection dâau moins deux de ouvriers, les bĂȘtes pourraient surement les dĂ©crypter et remonter jusquâĂ lui ! Ils avaient dĂ©jĂ prĂ©venu Aegir et le reste du conseil quâils avaient trouvĂ© des Ă©lĂ©ments troublants le reliant Ă plusieurs comploteurs impliquĂ©s dans la TragĂ©die alors, le chancelier avait surement demandĂ© aux Vestra dâenvoyer quelques-uns de leurs mouchards enquĂȘter jusque dans ces terres. Tancred Ă©tait connu pour avoir le cĆur bien trop tendre mais, il restait tout de mĂȘme un Vestra, recueillir des informations pour lâempereur faisait partie de ses attributions⊠enfin, lĂ , ses propres hommes sâoccuperaient dâĂ©craser ses moucheronsâŠ
De plus, les emblĂšmes jumeaux Ă©taient Ă prĂ©sent de nouveau humains et mĂȘme sur le trĂŽne de Faerghus, avec lâemblĂšme majeur de Fraldarius qui courrait toujours au lieu dâĂȘtre dans un tube avec son frĂšre, ce qui voulait surement dire que Myson avait Ă©galement Ă©chouĂ© Ă les capturer tous les trois ! Comment des bĂȘtes, des infĂ©rieurs Ă peine capables de rĂ©flexion logique sans ĂȘtre parasitĂ© par leurs Ă©motions, avaient-ils pu mettre en Ă©chec les plus brillants esprits de Shambhala ?! Tout se dĂ©roulait pourtant Ă la perfection depuis lâopĂ©ration Delta ! MĂȘme la survie de Lambert avait Ă©tĂ© une aubaine ! Cet homme Ă©tait tellement incompĂ©tent et haĂŻ quâil en devenait un excellent agent du chaos dans son propre pays ! Le Royaume devait sombrer dans le chaos tout en emportant Duscur ! Recouvrir les montagnes du sang des innocents ! CrĂ©er encore plus de haine et de ressentiments ! DĂ©truire toujours plus lâĆuvre de Sothis en rappelant que toutes ses crĂ©ations et protĂ©gĂ©s nâĂ©taient que des bĂȘtes infĂąmes tuant sans remords ! Mais maintenant que câĂ©tait les emblĂšmes jumelles au pouvoir avec les mĂ©tis au sang de dragon, les choses risquaient de se calmer et sâapaiser avant mĂȘme quâils nâaient commencĂ© Ă anĂ©antir Duscur !
« Enfer ! Tout part en branle ! »
Enfin, ThalĂšs devait rĂ©flĂ©chir Ă comment reprendre la main. Il devait dĂ©jĂ commencer par arriver Ă dĂ©truire le dĂ©but dâapaisement dans le Royaume, ce qui serait assez simple. Maintenant que Lambert Ă©tait tombĂ©, des seigneurs profiteraient de sa faiblesse et de son idiotie supĂ©rieure Ă la moyenne des bĂȘtes pour tenter de le remettre sur le trĂŽne, ce qui leur permettrait de gagner une influence et un pouvoir considĂ©rable. Le comte de Rowe Ă©tait connu pour son ambition sans limite et sâil ne complotait pas dĂ©jĂ , ce serait facile de le convaincre de passer Ă lâacteâŠ
Et surtout, lâAgastya devait enfin en finir avec les Fraldarius et les Charon. Ces familles apportaient bien trop de stabilitĂ© Ă tout le Royaume, le tenaient Ă bout de bras ensemble. Il devait se dĂ©barrasser dâeux au plus vite pour que le chaos rĂšgne⊠de plus, les Fraldarius feraient dâexcellents sujets dâexpĂ©riences comparatives et le sang des Charon Ă©tait toujours trĂšs proche de celui des Enfants de la DĂ©esse. Avec suffisamment de corps et de sang, ils pourraient surement arriver Ă recrĂ©er des Reliques et utiliser leurs fluides pour crĂ©er des bĂȘtes dĂ©moniaques. Les capturer lui seraient bĂ©nĂ©fiques sur tous les plans.
De toute façon, ThalĂšs ne pourrait plus utiliser lâidentitĂ© de Volkard von Arundel pendant trĂšs longtemps⊠aprĂšs avoir dĂ©couvert son lien avec « CornĂ©lia » et Kleiman, les Grands Nobles adrestiens se douteraient surement de quelque chose et enquĂȘteraient sur lui afin de comprendre son rĂŽle. Aegir ne pensait quâĂ gĂąter sa propre famille mais, il nâĂ©tait pas non plus complĂštement stupide malgrĂ© sa corruption⊠et Vestra ne se priverait surement pas dâune occasion de lâĂ©loigner de son fils Hubert, voyant dâun mauvais Ćil sa proximitĂ© avec lui. Non, il ne pouvait pas rester ici plus longtempsâŠ
« Dans un sens, cela mâarrange⊠mes rĂ©seaux sont toujours bien implantĂ©s en Adrestia, et nous avons besoin de nouveaux cobayes. Je pourrais mĂȘme arriver Ă enfin mettre la main sur lâemblĂšme majeur de Riegan qui nous Ă©chappe depuis si longtemps⊠mĂȘme si Ă cause de lâincompĂ©tence des matricules et des esprits supĂ©rieurs, il a eu le temps de devenir vieux pour une bĂȘteâŠÂ » Songea-t-il quand il entendit frapper Ă la porte de son Ă©tude. Il se tourna vers lâesprit supĂ©rieur lui servant dâintermĂ©diaire avec les matricules, lui ordonnant sans quitter ses prĂ©paratifs. « Va ouvrir.
â Bien, Ă Grand Agastya.
Lâhomme fila quelques secondes avant de revenir, se prosternant devant lui avant de lâinformer.
â à Grand Agastya, seul maitre lĂ©gitime de la Sphigxi⊠un simple matricule vient vous troubler car, un essaim de bĂȘtes frappe Ă votre porte. Ils prĂ©tendent avoir Ă©tĂ© envoyĂ© par le duc Ludwig von Aegir et la haute-justice dâAdestria, ils ont lâaudace de vouloir vous poser des questions et ose vouloir vous emmener Ă Embarr. De plus, pardonnez-nous de vous troublez avec de telles broutilles mais, les personnes suspectes dans le palais arrivĂ©es peu de temps aprĂšs votre retour salvateurs sâagitent Ă©galement. Ă Grand Agastya, guide de tous les ĂȘtres humains, que devons-nous faire ?
â Des hommes dâAegir ? Il ne perd vraiment pas de temps⊠enfin, il avait Ă©tĂ© trĂšs choquĂ© par le rĂ©sultat de lâopĂ©ration Delta, ce nâĂ©tait peut-ĂȘtre pas de la comĂ©die finalement. Et les pions de Tancred doivent tenter de leur transmettre tout ce quâils ont dĂ©couvert ici⊠devina-t-il sans souci, lĂąchant un rictus mĂ©prisant. Les bĂȘtes sont tellement prĂ©visibles⊠rassemblez-les tous dans la grande salle du palais. Je mâoccuperais dâeux personnellement.
â Bien Grand Agastya, votre volontĂ© est absolue, obĂ©it lâintermĂ©diaire sans aucune hĂ©sitation, comprenant entre les lignes. Ces bĂȘtes ignorent lâhonneur que vous leur faitesâŠÂ »
ThalĂšs sourit devant son miroir, faisant craquer sa magie dans ses doigts, les flammes violettes crĂ©ant un espace vide au centre de sa main. Il nâavait pas besoin dâĂ©nergie en plus pour vaincre des bĂȘtes, encore moins des descendants des enfants adoptifs de Sothis mais, cela servirait dâavertissement Ă Aegir et au reste du conseil sâils tentaient Ă nouveau de lâarrĂȘter.
LâAgastya laissa les cadavres dans la grande piĂšce de son palais, tous vidĂ©s jusquâĂ la derniĂšre goutte dâĂ©nergie vitale, laissant des corps comme momifiĂ©s, dessĂ©chĂ©s de vie. Pas la peine de perdre du temps Ă sâoccuper des cadavres, on nâenterrait pas les bĂȘtes de somme, et cela ferait comprendre aux humains quâil ne devait pas les retrouver sur son chemin.
*
FĂ©lix sâentrainait avec Cassandra, cette derniĂšre corrigeant sa posture par rapport Ă son bouclier, attendant la lettre de son pĂšre. Cette fois, le courrier passait sans problĂšme, arrivant sans trop de retard mais, la derniĂšre fois quâils sâĂ©taient parlĂ©s, Rodrigue et Alix semblaient assez nerveux. Il avait tentĂ© de les rassurer avec sa lettre mais, il espĂ©rait quâils allaient mieux Ă prĂ©sent⊠il avait juste hĂąte quâils reviennent tous les deux Ă la maison⊠enfin, avec Cassandra, le temps passait plus vite, câĂ©tait une trĂšs bonne partenaire dâentrainement et un bon professeur⊠juste trĂšs Ă©nervante quand elle se mettait Ă le taquiner quand elle le battait⊠enfin, ce nâĂ©tait pas si dĂ©sagrĂ©able.
Le jeune garçon arriva Ă envoyer son Ă©clair tout en restant en sĂ©curitĂ© derriĂšre son bouclier, quand ils entendirent quelquâun arriver en courant, suivit de la voix de LorĂ©a.
« Félix ? Félix ! Ah ! Tu es bien là  !
La femme semblait avoir couru dans toute la ville, une lettre dans les mains. Le magicien se redressa en se tournant vers elle, un peu inquiet de la voir aussi agité.
â Oui ? Quâest-ce quâil y a ? Câest papa et Alix ? Câest une de leurs lettres ? ils vont bien ? Est-ce que⊠SâinquiĂ©ta-t-il trĂšs vite aprĂšs tout ce qui sâĂ©tait passĂ© ces derniers temps.
â Oui et non⊠ils vont bien tous les deux⊠par les Braves, plus que bien mĂȘme Ă ce stade⊠mais DĂ©esse⊠comment tâexpliquer⊠ils expliquent tout dans leur lettre mais⊠mais câest tellement⊠marmonna lâintendante en se baissant Ă sa hauteur, serrant la lettre entre ses mains.
Elle releva la tĂȘte, cherchant ses mots avant de mettre de prendre ses mains dans les siennes, essayant de rester calme et de trouver le bon ton pour lui annoncer ce que contenait la missive de Rodrigue et Alix.
â Tu sais que Lambert a Ă©tĂ© renversĂ©, tout comme Rufus. Ils sont actuellement en prison avec leurs principaux soutiens, comme Gustave par exemple.
â Oui mais ça, ça fait longtemps et ils ne feront plus rien Ă papa et Alix en prison ! Ne me dit pas quâils sont arrivĂ©s Ă en sortir ?!
â Non, tout le monde veille Ă ce quâils restent derriĂšre les barreaux, surtout aprĂšs quâils aient Ă©tĂ© jugĂ© le mois dernier. Ils ne retourneront jamais sur le trĂŽne, pas sans quâon ne les y ramĂšne par la force en tout cas, et les derniers soutiens qui leur sont encore fidĂšles ont Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s avant quâils ne puissent tenter quoi que ce soit pour les libĂ©rer. Non, ils ont Ă©tĂ© condamnĂ©s par le gouvernement rĂ©volutionnaire aprĂšs leur procĂšs : ils devront payer leurs dettes envers le peuple de Faerghus en travaillant comme des scribes dans lâadministration royale sous une toute nouvelle identitĂ© et tout recommencer Ă zĂ©ro.
â Mais pourquoi tu es aussi nerveuse alors ?! Câest une bonne nouvelle ! Ils ne feront plus jamais de mal Ă papa, Alix, Dimitri ou qui que ce soit dâautre ! Dimitri sera mieux avec les Charon quâavait ce crĂ©tin qui lâemmĂšne dans un voyage aussi dangereux ou il a failli se faire tuer, alors que tout le monde lui avait dit que câĂ©tait dangereux ! Câest bien les Charon qui vont sâoccuper de lui ? Ils ne vont quand mĂȘme pas lâabandonner !
â Oui, les Charon ont obtenu la garde de Dimitri, ne tâen fais pas. Les sĆurs Charon prendront bien soin de lui et il pourra se remettre avec elles jusquâĂ sa majoritĂ© oĂč sera le seigneur de lâancien domaine royal, qui va devenir un fief comme les autres. De plus, Rufus ne pourra plus rien faire Ă son neveu, aux jumeaux ou Ă qui que ce soit dâautre, il a Ă©tĂ© lynchĂ© Ă mort par un village aprĂšs avoir tentĂ© de sâenfuir, ce qui arrange dans un sens Ă©tant donnĂ© que câĂ©tait le frĂšre le plus remuant des deux. Ce qui me rend nerveuse, câest plutĂŽt la suite⊠câest juste⊠à la fois prĂ©visible et totalement inattendu aprĂšs ce qui sâest passé⊠vu ce quâon vient dâavoir comme roi, on aurait pu imaginer autre choseâŠ
â Câest-Ă -dire ? Intervient Cassandra. Mes tantes sont Ă©galement Ă Fhirdiad et elles mâĂ©crivent aussi, je nâai rien vu de si alarmant que ça dans leurs lettres. Au contraire, elles travaillaient en bonne intelligence avec les rĂ©volutionnaires, tout comme les jumeaux. Les rĂ©volutionnaires ont pris quoi comme dĂ©cision ? Quâil nây aurait plus de roi mais, quâon serait comme lâAlliance ? Vu ce qui sâest passĂ© car une seule personne tenait les rĂȘnes de tout le Royaume sans trop de contre-pouvoir, ce ne serait pas Ă©tonnantâŠ
â HonnĂȘtement, je mâattendais à ça mais⊠en gros, les rĂ©volutionnaires se gardent le pouvoir de crĂ©er les loi et les contre-pouvoirs pour freiner celui qui dirigera le pays, la justice est mise complĂštement Ă part du reste mais, pour ce qui est de faire rĂ©gner les lois et de diriger le Royaume, ils ont dĂ©cidĂ© de garder un roi mais, qui serait Ă©lu comme lâaurait voulu le roi Ludovic, dont on a retrouvĂ© les travaux pendant la prise du palais de Fhirdiad, Rufus a avouĂ© les avoir volĂ© Ă la mort de son pĂšre pour que son frĂšre monte sur le trĂŽne. Mais en attendant que la situation se calme et quâils puissent organiser lâĂ©lection correctement, ils ont dĂ©signĂ© des sortes de rĂ©gent qui rendra le pouvoir sâils ne sont pas Ă©lus. Il leur fallait donc des personnes intĂšgres et de confiance pour mener Ă bien ce projet, sans quâils ne tentent de dĂ©rober le pouvoir ou refusent de le rendreâŠ
LorĂ©a posa finalement ses mains sur ses Ă©paules, le regardant droit dans les yeux alors quâelle lui annonçait, mĂȘme sâil commençait Ă comprendre sans y croire.
â FĂ©lix, ton pĂšre et ton oncle ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme rĂ©gents de Faerghus jusquâĂ lâĂ©lection du prochain roi. Pour le moment, ce sont eux les rois de Faerghus, et tout Fhirdiad les a acclamĂ©s « rois loups de cendre ».
FĂ©lix se figea, se rendant Ă peine compte de tout ce que cela reprĂ©sentait. Son pĂšre et son oncle⊠les rois⊠câĂ©tait⊠incroyable⊠comment⊠bon, ils Ă©taient les meilleurs et bien plus compĂ©tents que Lambert donc, ça ne lâĂ©tonnait pas trop dans le fond, câĂ©tait surement ce qui Ă©tait le mieux pour Faerghus mais alorsâŠ
â Alors⊠ils resteront Ă Fhirdiad ? Ils ne reviendront plus Ă la maison ? Et⊠et le fief ?! Et⊠et moi ? Quâest-ce qui va se passer LorĂ©a !
â Si, ils reviendront, ne tâen fais pas. Ils ont la position du roi mais, en ayant moins de pouvoir alors, mĂȘme sâils devront surement aller souvent Ă Fhirdiad, ce ne sera surement pas plus quâavant, et ils pourront accomplir la plupart de leurs devoirs Ă Egua. Ils ont mis comme conditions avant dâaccepter ce rĂŽle de pouvoir continuer Ă se consacrer Ă leurs devoirs de ducs Ă Egua. Pour toi, rien ne va changer, tu restes le fils de Fraldarius et lâhĂ©ritier de Rodrigue en tant que duc. Le roi sera choisi par lâĂ©lection mais, il sera bien plus contrĂŽlĂ© par les grandes familles et les villes. LâhĂ©ritage nâaura plus dâimportance pour sa fonction.
Le jeune garçon hocha la tĂȘte, comprenant la majoritĂ© de ce que racontait LorĂ©a mais, ce qui sâaccrocha le plus dans sa tĂȘte, câĂ©tait une seule information. Ce nâĂ©tait pas vital pour le Royaume mais pour lui, câĂ©tait le plus important⊠câĂ©tait tellement importantâŠ
â Sâils sont rĂ©gent et que Lambert est un scribe maintenant et que Rufus est mort, ça veut dire quâils ne les approcheront plus⊠Ils nâapprocheront plus jamais de papa ni dâAlix, ils ne leur feront plus jamais de mal ! En plus, si tout le monde pense que ce sont des loups de cendre, personne nâosera leur faire du mal ! Plus jamais ! Et si quelquâun tente de les blesser, je les protĂ©gerais !
â Oui, ils ne leur feront plus jamais de mal. Ils nâont plus le pouvoir de nuire dĂ©sormais, confirma LorĂ©a avec un sourire, passant sa main sur sa tĂȘte. Et tu les protĂ©geras quand tu seras plus grand. Pour lâinstant, tu es encore un enfant que les adultes doivent protĂ©ger.
â Je peux le faire aussi ! Je mâentraine beaucoup ! Bon ! On part quand pour Fhirdiad ? Demanda-t-il dâun coup. Ils ne vont surement pas pouvoir revenir avant un moment, mĂȘme sâils pourront rentrer Ă la maison alors, je peux aller les voir !
â Pas avant quinze jours, dĂ©crĂ©ta immĂ©diatement lâintendante sans hĂ©siter une seconde, le temps quâon prĂ©pare ton escorte et que les jumeaux aient suffisamment installĂ© leur pouvoir, au moins dans la capitale. En plus, ils ont accordĂ© Ă Lambert un dernier souhait, quâil puisse revoir Dimitri alors, il sera encore lĂ pendant deux semaines. Tu partiras quand il sera enfin hors de la capitale et ne pourra plus vous approcher.
â Mais câest loin ! Et je vais rater Dimitri en plus ! DĂ©jĂ que Sylvain va avoir moins le temps pour quâon se voie puisquâil est margrave maintenant !
â On y sera vite, et Dimitri va surement rester un peu de temps alors, vous pourrez vous croiser. Quinze jours, câest rien si on est bien occupĂ©Â ! RĂ©pliqua Cassandra. Si tu veux tant protĂ©ger ton pĂšre, retour Ă lâentrainement petit !
â Pour la milliĂšme fois, je ne suis pas petit ! RĂ©pliqua-t-il, la faisant rire quand elle le vit « sâhĂ©risser comme un chat mouillĂ© en colĂšre » comme elle le disait, le faisant se maudire tout seul dâavoir foncĂ© sur lâhameçon.
â Et il ne faut pas nĂ©gliger tes Ă©tudes non plus, ajouta LorĂ©a sans le louper, le rappelant tout de suite Ă lâordre. Ton niveau est toujours bon en histoire, gĂ©ographie et en mathĂ©matique, tu as bien progressĂ© en gestion de la maison, du trĂ©sor et en latin, et tu es le fils de ta mĂšre â et le neveu dâIvy malheureusement â pour ce qui est des nĂ©gociations commerciales mais, tu as des progrĂšs Ă faire en droit et en nĂ©gociation avec les autres seigneurs. Tu as encore beaucoup Ă apprendre jeune homme. Un bon seigneur est un seigneur avec une tĂȘte trĂšs bien faite. Tu as dĂ©jĂ de la chance quâon se soit rĂ©signĂ© Ă que tu ais la mĂȘme Ă©criture illisible que ton pĂšre. »
FĂ©lix lĂącha un soupir, voyant dĂ©jĂ lâemploi du temps que lui rĂ©servait LorĂ©a, mĂȘme si elle lui laissait toujours du temps pour se reposer et jouer un peu entre deux cours, surtout ceux quâil nâaimait pas, tout comme son pĂšre quand il sâoccupait de gĂ©rer ses leçons. Le latin, câĂ©tait facile, ça pourrait lâaider Ă mieux comprendre son grand-pĂšre, idem pour lâhistoire pour mieux le connaitre ou la gĂ©ographie afin de mieux visualiser les voyages dâIvy, et câĂ©tait facile dâapprendre les maths, il nây avait pas quinze mille exception, mais le reste⊠à part les nĂ©gociations commerciales oĂč ils suffisaient de se battre comme avec une Ă©pĂ©e Ă la maniĂšre dâIvy, ça avait tendance Ă lâennuyer profondĂ©ment⊠mais dâun autre cĂŽtĂ©, ce serait des choses trĂšs importantes Ă maitriser pour plus tard, quand ce serait lui sâoccuperait du fief et des habitants dâEgua⊠mĂȘme sâil le savait depuis toujours, aprĂšs tout ce qui sâĂ©tait passĂ©, ça lui faisait une motivation supplĂ©mentaireâŠ
« Je serais un aussi bon seigneur que papa pour Egua, je le jure ! »
Il suivit alors LorĂ©a dans la forteresse, ayant fini son entrainement avec Cassandra pour retourner Ă©tudier, sa promesse lui donnant encore plus dâĂ©nergie pour bien apprendre ces foutues lois afin quâelles ne le piĂšge pas plus tard comme pour ce maudit voyageâŠ
« Glenn⊠songea-t-il en prenant le sac rempli de perles suspendu Ă sa ceinture, entendant encore son grand frĂšre lui jurer dâĂȘtre chevalier Ă la maison dĂšs quâil serait libĂ©rĂ© du service du roi. Il faudra quâon finisse les bracelets quand on sera Ă la capitale⊠jâespĂšre quâils auront le temps⊠et sinon, pause obligatoire pour papa et Alix, Pierrick leur a dit de ne pas en faire trop pendant encore quelques tempsâŠÂ »
*
Lambert avait lâimpression que le temps refusait dâavancer, attendant le retour de Dimitri avec impatience. Normalement, câĂ©tait aujourdâhui quâil devait arriver mais, il Ă©tait dĂ©jĂ midi et aucune voiture aux armes des Charon nâĂ©tait encore arrivĂ©Â ! Il allait finir par croire quâil faisait tout pour rĂ©duire le peu de temps quâil aurait pour dire au revoir Ă son fils !
« AprĂšs ce quâils ont fait, les jumeaux en seraient capablesâŠÂ AprĂšs ce quâils ont osĂ© faire Ă Rufus, la DĂ©esse sait ce quâils peuvent me rĂ©server pour me faire souffrirâŠÂ » Songea-t-il en tournant en rond, faisant sonner les chaines Ă ses chevilles et ses poignets.
« On vous enlĂšvera celles des bras quand Dimitri sera lĂ , pas avant. Hors de question que vous nous filiez entre les doigts, » lâavait mis en garde Estelle, toujours aussi glaciale avec lui quâĂ son habitude.
Il avait hĂ©sitĂ© Ă rĂ©pondre quâil ne comptait pas sâĂ©chapper mais, se serait comme parler Ă un mur alors, autant ne rien dire du toutâŠ
Le roi dĂ©chu sâĂ©tait rĂ©signĂ© Ă lire un peu quand il entendit enfin un bruit de roue et de plusieurs chevaux. Abandonnant son livre, il se jeta Ă la meurtriĂšre, enfonçant son visage dans le petit espace pour tenter de voir son fils ne serait-ce quâune seconde de plus. Une grande voiture tirĂ©e par un cheval gĂ©ant en tĂȘte et deux autres plus petits sâarrĂȘta au milieu de la cour, oĂč lâattendait malheureusement les jumeaux. Lambert mettrait sa main au feu que Ludovic aussi nâĂ©tait pas loin, prĂȘt Ă pourrir lâesprit de Dimitri ou Ă le geler sur place⊠mais bon, enchainĂ© comme ça, il ne pouvait plus faire grand-chose, mĂȘme pour protĂ©ger son propre enfant, sauf sâil se transformait aussi en animal⊠ce ne serait peut-ĂȘtre pas si mal⊠ce serait tellement simple de juste le prendre sur son dos et lâemmener loin dâici⊠ils pourraient vivre Ă nouveau ensemble, comme avant⊠si Rodrigue et Alix avaient pu devenir des loups pendant des semaines puis retrouver forme humaine, il devrait bien pouvoir se transformer en lion et redevenir normal aprĂšs avoir mis Dimitri en sĂ©curitĂ©âŠ
Un valet ouvrit la porte de la voiture mais avant que qui que ce soit ne descende, il plaça une Ă©paisse planche en bois en travers de la porte, comme pour faire sortir quelque chose en le glissantâŠ
Ămergea alors un homme en fauteuil roulant quâil reconnut comme Ă©tant ThĂ©ophylacte Charon qui manĆuvra habilement sa chaise pour sortir, avant que le valet et un autre homme montĂ© de lâautre cĂŽtĂ© ne fasse sortir Dimitri, entourĂ© de Dedue et Sasiama qui semblaient sâĂȘtre remis. Le cĆur de Lambert se dĂ©chira en le voyant, tout petit au milieu des fourrures et de son grand fauteuil, enveloppĂ© du blanc et du bordeaux des Charon, proches des couleurs des chevaliers de Seiros, une grande couverture bleue et un chat sur ses genoux. Il semblait encore si faibleâŠ
Pourtant, Dimitri essaya de se lever comme il put en voyant les jumeaux, tendant les bras vers eux alors que Rodrigue et Alix allaient lâenlacer comme si de rien nâĂ©tait, comme si tout Ă©tait comme avant que les jumeaux ne les trahissent tous et ne deviennent ces loups si froids, dĂ©chiquetant tout sur leur passage si ça pouvait faire avancer leurs intĂ©rĂȘts Ă eux, mĂȘme leurs plus vieux amis si nĂ©cessaire. LâainĂ© des deux se baissa au niveau de Dimitri, posant ses mains sur les siennes, essayant dâĂȘtre celui quâil Ă©tait avant sa transformation, lui parlant surement tout doucement avec sa voix douçùtre pour enrober ses mensonges tout en dissimulant sa froideur⊠aprĂšs tout, il Ă©tait bien le fils de son pĂšre⊠les loups attaquaient toujours les individus les plus faciles Ă chasserâŠ
Malheureusement, Dimitri disparut bien vite de son champ de vision en compagnie des jumeaux et de ThĂ©ophylacte, le temps recommençant Ă passer au ralenti dĂšs quâil sâĂ©vapora, Lambert ne pouvant sâempĂȘcher de penser au pire.
« Les jumeaux vont lui bourrer le crĂąne avec leurs histoires⊠ils seraient mĂȘme capable de lui faire avaler que Rufus a mĂ©ritĂ© sa mort horrible⊠ou pire, ce sera Ludovic⊠non, Dimitri ne le connait pas, il nâaura pas autant dâinfluence sur lui que Rodrigue et Alix⊠eux, il les Ă©coutera et il risque de boire leurs paroles⊠si les Charon nâont pas dĂ©jĂ commencĂ© le travailâŠÂ »
Au bout de ce quâil semblait ĂȘtre des heures, Estelle revient, appelant avec fermetĂ©.
« Lambert Egitte Blaiddyd-Hange, avancez. Il est lâheure.
â EnfinâŠÂ ! Comment vaâŠ
â Avancez en silence. » Se ferma-t-elle tout de suite, Ă©videmment. CâĂ©tait Estelle aprĂšs toutâŠ
Un groupe de garde le conduisit jusquâĂ une autre aile du palais, lui faisant faire plusieurs dĂ©tours avant de le faire sâarrĂȘter devant la porte. Comme on lui avait promis, un garde lui retira les chaines de ses bras, mĂȘme sâil le menaça aussi dans un mĂȘme souffle.
« Un geste suspect, et la visite sâarrĂȘte-lĂ . Vous avez jusquâĂ ce que le petit veuille sâen aller.
â Bien, et je vous le rĂ©pĂšte, je ne mâenfuirais pas. »
Estelle renifla avant de le laisser entrer, rĂ©vĂ©lant Dimitri qui lâattendait Ă lâintĂ©rieur, seul, les yeux grands ouverts, bien plus vif que la derniĂšre fois. TrĂ©buchant dans les chaines toujours autour de ses chevilles, Lambert se prĂ©cipita vers lui, ivre de joie dâenfin le revoir aussi prĂšs de lui et en meilleur santĂ©.
« Di⊠Dimitri ! Enfin ! Enfin tu es lĂ Â ! Il le prit contre sa poitrine, faisant juste attention Ă ne pas le serrer trop fort pour ne pas rouvrir ses blessures. Tu mâas tellement manquĂ©Â ! Tu as bien meilleure mine que quand tu es parti, quel soulagement !
â Oui, lâair des montagnes mâa fait beaucoup de bien, et LaĂŻs est une trĂšs bonne mĂ©decin. Tout le monde Ă©tait trĂšs gentil avec moi Ă Charon, surtout ThĂ©o, il mâa beaucoup aidĂ© quand jâai dĂ» utiliser un fauteuil roulant. Il y avait aussi Cassie, mĂȘme si elle est partie avec FĂ©lix quand il est rentrĂ© Ă Egua. Elle Ă©tait chargĂ©e de le protĂ©ger mais, ils sont aussi devenus trĂšs proches.
â ThĂ©o et Cassie ?
â Tu sais, ThĂ©ophylacte et Cassandra, les deux ainĂ©s de tante Myrina. ThĂ©o nâaime pas du tout son prĂ©nom, il le trouve trop long alors, on utilise toujours son surnom, et personne ne sâappelle par son prĂ©nom entier chez les Charon, câest toujours des surnoms. LachĂ©sis et ThĂšcle mâont mĂȘme dit que le surnom de maman, câĂ©tait Nitsa et quâelle mâappelait tout le temps Mitsos, câest vrai ?
â Ah oui, câest vrai quâils passent leur temps Ă utiliser des diminutifs chez eux vu que les noms sont assez longs⊠jâavais tendance Ă mâemmĂȘler les pinceaux quand on les voyait⊠HĂ©lĂ©na mâavait fait rĂ©pĂ©ter les noms de toutes ses sĆurs et beaux-frĂšres et sĆurs, pour ĂȘtre sĂ»re que je ne me trompe pas Ă notre mariage, vu quâelles Ă©taient onze les unes aprĂšs les autres⊠et surement⊠ça fait longtemps quâon nâĂ©tait pas allĂ© voir sa famille, surtout que ça aurait Ă©tĂ© risquĂ© avec⊠tu sais⊠souffla-t-il en se souvenant des crises de jalousie de Patricia, elle devenait encore plus colĂ©rique quand les Charon Ă©tait au palais. Mais oui, HĂ©lĂ©na tâappelait tout le temps comme ça, « Mitsos »⊠elle trouvait que ça sonnait bien..
â Tu ne me lâavais jamais dit pourtant⊠et câest dommage, jâaurais bien aimĂ© voir plus souvent mes cousins et les connaitre avant. Ce nâest pas si difficile de retenir tous les noms et les surnoms tu sais une fois quâon les connait bien, lui assura-t-il avec un petit sourire, avant de continuer, plus sombre et inquiet. Et toi, comment vas-tu ? Jâai appris ce qui sâest passĂ© Ă la capitale quand je nâĂ©tais pas là ⊠et jâai aussi su pour Rodrigue et Alix⊠quâils se sont transformĂ©s en loup⊠FĂ©lix me lâa racontĂ© quand il lâa su aussi⊠Ingrid et Sylvain aussi mâont Ă©crit⊠mâont dit tout ce qui se passait dans leur propre fief⊠que câĂ©tait la mĂȘme chose quâĂ Lokris⊠et on mâa aussi dit ce qui sâest passĂ© ici, Ă la capitale⊠ce qui est arrivĂ© Ă Rufus⊠LachĂ©sis et ThĂ©o mâont Ă©galement expliquĂ© ce qui allaient se passer aprĂšs que le peuple de Fhirdiad ait pris le pouvoir et aprĂšs ton procĂšs⊠ce qui va se passer pour FaerghusâŠ
â Je vais bien⊠mĂȘme si câest difficile Ă croire que mĂȘme eux nous aient trahi⊠ils ont tellement changé⊠ce nâest plus les hommes que tu connaissais Dimitri⊠eux aussi ont disparuâŠÂ » marmonna-t-il avec aigreur, mĂȘme sâil ajouta tout de suite en essayant dâĂȘtre plus confiant, posant ses mains sur les siennes pour lâancrer Ă lui. Si câĂ©tait la derniĂšre fois quâil voyait son fils, il voulait au moins le rassurer et sauver lâimage que Dimitri avait de lui avant que ses tantes ne la noircissent, ainsi que sâexpliquer sur ses actes. « Mais ne tâen fais pas, ça va aller⊠on va sâen sortir, comme toujours. On sâen est toujours sorti non ? On sâen sortira toujours tous les deux, et je trouverais un moyen de te retrouver⊠les Charon te traiteront bien, tu es le fils de leur sĆur aprĂšs tout mais, elles ne seront pas tendres avec moi pour⊠pour bien trop de raisons⊠il faut juste que tu te souviennes que quoi quâelles te racontent Dimitri, tout ce que jâai fait, câĂ©tait en pensant Ă Faerghus⊠pour tous les habitants du Royaume sans exception⊠je voulais juste aider les gens, mĂȘme si cela a mal tournĂ© et que je le regrette Ă prĂ©sent⊠jâaurais voulu que ça rĂ©ussisse mais, on ne peut pas tout prĂ©voirâŠ
â Mais papa, le coupa faiblement son fils en se crispant, tout le monde tâa prĂ©venuâŠ
Lambert sentit alors le regard de Dimitri sur lui, Ă©tonnĂ©, comme sâil venait de vraiment se transformer en lion, avant que son fils ne se reprenne en le remarquant, cachant ses Ă©motions dâune maniĂšre similaire Ă celle de Ludovic, sâil pouvait avoir des expressions de baseâŠ
â JâĂ©tais lĂ , je lâai vu. MĂȘme si je te faisais confiance, personne nâen voulait de ce voyage Ă part les nobles du sud, mais seulement parce quâil voulait quâil rate pour pouvoir attaquer Duscur, comme ils lâont fait. Ils ont foncĂ© pour attaquer les duscuriens⊠câest la premiĂšre chose quâils ont fait, attaquer et tuer des gens alors quâil y avait dĂ©jĂ eu trop de mort⊠Dedue et Sasiama ont eu de la chance quâon ait Ă©tĂ© lĂ sinon, ils seraient morts eux aussi, comme leurs parents, alors quâils nâont rien fait de mal Ă part vivre dans le village le plus proche de ce passage maudit⊠et ce sont les mĂȘmes seigneurs du sud qui tâont poussĂ© Ă faire ce voyage qui ont soufflĂ© les premiers sur les braises⊠et tu nâas pas Ă©coutĂ© les Charon ou les Fraldarius alors quâeux, ils ont toujours Ă©tĂ© de bons conseils et ont toujours dĂ©fendu les intĂ©rĂȘts du Royaume⊠FĂ©lix lâa dit, tu as fait du mal Ă son pĂšre, mĂȘme avant la TragĂ©die⊠LachĂ©sis et ThĂšcle ont mĂȘme dit quâHĂ©lĂ©na aurait Ă©tĂ© la premiĂšre contre ce voyage car, il Ă©tait mal prĂ©paré⊠alors pourquoi tu ne les as pas tous Ă©coutĂ©Â ?
â Dimitri⊠je pensais quâils exagĂ©raient, avoua-t-il honnĂȘtement. Les jumeaux sont toujours trĂšs prudents, surtout avec ce genre de rencontres, encore plus quand elles nâont pas lieu Ă Faerghus⊠ils ont leurs raisons mais, ils vont souvent trop loin pour ça⊠et pour Myrina, je ne me suis jamais trĂšs bien entendu avec elle, personne ne mĂ©ritait sa petite sĆur prĂ©fĂ©rĂ©e Ă ses yeux, moi en particulier⊠toutes les sĆurs et le frĂšre Charon se gardent les uns les autres comme sâils Ă©taient tous fragiles comme du verreâŠ
â Câest normal, elles sâaiment toutes plus que tout. Elles se disputent parfois mais, câest pas comme toi avec Alix ou Patricia quand ça arrive. Elles finissent toujours par revenir se voir pour discuter ensemble afin de se rĂ©concilier. Et câest normal que les jumeaux soient prudents, leur pĂšre est mort dans une rencontre diplomatique, et maintenant, Glenn est mort aussi et il⊠Dimitri mordit ce quâil allait dire, secouant la tĂȘte. Et maintenant, regarde ce qui est arrivé⊠ils avaient tous raisons sur toute la ligne⊠tout⊠tout le monde est mort⊠le pire est arrivĂ© alors que tout le monde tâavait prĂ©venu⊠et tout le monde continue de mourir⊠alors que tous ceux qui vivaient encore faisaient tout pour sauver le Royaume⊠dĂ©clara-t-il sans sâarrĂȘter, ne pouvant sâempĂȘcher de dire tout ce quâil avait sur le cĆur. MĂȘme si tu voulais bien faire, tout le monde est mort quand mĂȘme car, tu nâas pas Ă©coutĂ© les personnes de bons conseils pour de mauvaises raisons alors quâils avaient tous de trĂšs bons arguments⊠mĂȘme pendant le voyage, tu aurais pu Ă©couter Myrina et Nicola et prendre un autre chemin alors que la route Ă©tait mauvaise mais, tu tâes encore obstinĂ©, et le pire est arrivĂ©Â ! Tout le monde est mort et les morts veulent juste quâon les venge car, ils sont morts Ă notre place !
Le jeune garçon serra les poings de frustration, se sentant piĂ©ger dans le bois de son fauteuil, enchainĂ© par les brĂ»lures et les bandages. Il voulait pouvoir marcher, il voulait se remettre sur ses pieds pour aller courir en ville avec ses amis et ses cousins, il voulait pouvoir remonter Ă cheval, essayer de grimper sur le dos de ce gentil gĂ©ant de Gigantes, il voulait revoir FĂ©lix, Sylvain et Ingrid comme avant et surtout, Dimitri voulait que les voix dans sa tĂȘte se taisent enfin et pouvoir fermer les yeux sans se souvenir de cet enfer bien plus rĂ©el et effrayant que toutes les lĂ©gendes. MĂȘme si les mĂ©dicaments de LaĂŻs et ses discussions avec elle, ses tantes et ThĂ©o lâaidaient beaucoup, les morts continuaient, hurlant leurs chagrins, maudissant les mauvais survivants quâils Ă©taient pour laisser les seigneurs du sud tuer des innocents et de ne pas avoir trouvĂ© les vrais responsables de leur malheur, ils⊠non⊠câĂ©tait juste son esprit⊠LaĂŻs lui avait expliquĂ©, son esprit sâinventait ces « fantĂŽmes » Ă cause du traumatisme de la TragĂ©die, parce quâil sâen voulait dâavoir survĂ©cu alors que tant dâautres Ă©taient morts⊠son corps nâĂ©tait pas le seul Ă ĂȘtre blessĂ©, son esprit aussi en avait souffertâŠ
« Et tu es le dernier Ă plaindre⊠cracha Patricia avec haine. Tu as survĂ©cu alors que je le mĂ©ritais bien plus que toi ou ton pĂšreâŠÂ »
« Je sais⊠commença-t-il Ă sâexcuser avant de se reprendre. Non ! Non⊠elle nâexiste pas⊠câest dans ma tĂȘteâŠÂ »
« Nous nâexistons pas ? Câest pourtant en te protĂ©geant toi que je suis mort ! Câest comme ça quâon mâa arrachĂ© Ă ma famille et quâelle a commencĂ© Ă exploser ! Et ton chien errant de pĂšre a tellement abusĂ© de mon pĂšre et de mon oncle quâils se sont transformĂ©s en loup pour lui Ă©chapper ! »
« Je sais Glenn⊠je sais⊠si seulementâŠÂ »
Dâhabitude, quand il se mettait Ă ruminer, Dedue, ThĂ©o ou une autre de ses cousines ou une de ses tantes lui demandait ce qui se passait, arrivant Ă voir quand les illusions tentaient de le perdre⊠mais avec son propre pĂšre, tout Ă©tait diffĂ©rent⊠il semblait aussi perdu que lui, comme si câĂ©tait lui le fantĂŽme, ne sachant quoi rĂ©pondre⊠quand il Ă©tait arrivĂ© et quâil avait demandĂ© aux jumeaux ce qui allait se passer avec Lambert pendant cette entrevue, ils avaient Ă©tĂ© rĂ©ellement honnĂȘte en avouant quâils ne savaient pas, que tout pouvait arriver mais, quâils seraient tout de mĂȘme surveiller pour ĂȘtre sĂ»r que son pĂšre ne tente rien qui pourrait le mettre en danger, et que Dimitri pouvait arrĂȘter leur rencontre quand il voulait sâil Ă©tait mal Ă lâaise⊠mais il voulait⊠il voulait au moins essayer de lui faire comprendre⊠câĂ©tait son pĂšre et la seule personne qui savait vraiment⊠qui connaissait lâhorreur de cette nuit jusque dans sa chair⊠il devrait pouvoir comprendre tout çaâŠ
Cependant, Lambert bĂ©gaya sans comprendre, posant sa main sur son bras comme pour sâancrer autant que lui.
â Mais⊠mais non⊠bien sĂ»r que non⊠ce nâest pas⊠ce nâĂ©tait clairement pas ce que je voulais et⊠et quâest-ce que câest que ces histoires avec les morts ? Pourquoi ils voudraient quâon les venge ? Quâest-ce⊠quâest-ce que tu racontes ?
Dimitri se referma un peu, se ramassant sur lui-mĂȘme avant dâavouer en redressant un peu la tĂȘte, mĂȘme sâil nâosa pas regarder son pĂšre dans les yeux, mĂȘme sâil vivait surement la mĂȘme chose que luiâŠ
â Je voie les morts de la TragĂ©die papa⊠tout le temps⊠de jour comme de nuit⊠partout⊠ils hurlent tout le temps quâils sont morts⊠quâils regrettent dâĂȘtre morts⊠quâils voulaient vivre⊠que personne ne les venge correctement⊠et⊠et ils me reprochent dâavoir survĂ©cu⊠sont furieux quâon ait tous les deux survĂ©cu alors quâils ne voulaient pas ĂȘtre lĂ ce jour-lĂ , dans ce convoi mais, avec leur famille⊠Patricia, Glenn, Nicola, FrĂ©dĂ©rique, Jacques⊠tout le monde⊠tout le monde me rĂ©clame la tĂȘte de leurs assassins et ils te rĂ©clament aussi rĂ©paration⊠dâaprĂšs LaĂŻs, câest Ă cause du traumatisme de Duscur⊠mon esprit a tellement Ă©tĂ© dĂ©truit par ce que jâai vĂ©cu quâil a inventĂ© ces fantĂŽmes⊠car je mâen veux dâavoir survĂ©cu et me demande pourquoi moi et pas lâun dâeux⊠pourquoi câest moi qui ai survĂ©cu et pas quelquâun dâautre alors que tout le monde est mort Ă part toi⊠elle mâa donnĂ© un traitement pour mâaider Ă rĂ©sister Ă ces hallucinations, et en parler mâaide mais, cela prendra beaucoup de temps⊠surement des annĂ©es⊠encore plus que mes jambes⊠si je guĂ©ris un jourâŠ
â Que⊠quoi ? Quâest-ce que câest que ces histoires ? Qui tâa mis ça dans la tĂȘte ? Câest tes tantes, câest ça ? Ou les jumeaux ? Enfer ! ça pourrait mĂȘme ĂȘtre Ludovic ! ça lui ressemblerait bien !
Dimitri se redressa dâun coup, le cĆur brisĂ© en mille morceaux en voyant le regard incrĂ©dule de Lambert sur lui, cherchant la moindre trace de mensonge ou de manipulation sur son visage⊠Il ne le croyait pas⊠son propre pĂšre ne le croyait pas⊠alors que ses tantes lâavaient tout de suite cru⊠il pensait quâon lâavait persuadĂ© que ses fantĂŽmes existaient⊠alors quâil les voyait tout le temps⊠personne ne pourrait imaginer tout ce quâils lui disaient, dans quel Ă©tat les morts Ă©taient devant ses yeux⊠personne⊠et Lambert accusait⊠ses tantes ? Les jumeaux ? Et ce Ludovic ? Mais qui Ă©tait Ludovic ? Il ne connaissait personne de ce nom-lĂ Â ! Quâest-ce que ça voulait dire ?! Lambert avait Ă©tĂ© lĂ pourtant ! Il devrait pouvoir comprendre mieux que personne ce que sâĂ©tait dâavoir vu tout le monde mourir alors quâeux avaient survĂ©cu !
â Mais personne⊠personne⊠je te dis la vĂ©ritĂ© papa ! Je les voie vraiment ! Ils sont lĂ Â ! Patricia est lĂ Â ! Juste derriĂšre toi ! Et Glenn est allĂ© voir Rodrigue et Alix ! Tu devrais pouvoir comprendre pourtant ! Tu ne les voies pas ?! Tu nây repenses pas ?
â Si, bien sĂ»r, jâen fais aussi des cauchemars mais, câest juste des cauchemars, rien de plus⊠comment Patricia pourrait ĂȘtre derriĂšre moiâŠÂ ? Elle est⊠Lambert sâarrĂȘta, ne pouvant continuer, secouant la tĂȘte en marmonnant, dĂ©chiquetant encore et encore le cĆur de Dimitri. Ce nâest pas possible⊠comment on a pu te faire rentrer dans la tĂȘte que ces cauchemars sont de vrais fantĂŽmes quiâŠ
â Câest pas que des cauchemars ! Câest tout le temps ! Et câest pas les sĆurs de maman qui me lâont dit ! Câest moi qui les voyais comme ça ! Câest elles qui mâont dit que ce nâĂ©tait pas de vrais fantĂŽmes mais, juste une consĂ©quence de la TragĂ©die ! Câest pour ça quâelles mâaident ! Les jumeaux aussi mâont cru quand je leur ai racontĂ©Â ! Sâil te plait papa ! Tu dois me croire ! Je ne suis pas un menteur ! Je te dis la vĂ©ritĂ©Â ! Papa !
â Je sais que tu me dis la vĂ©ritĂ©, je te crois Dimitri mais, mĂȘme si tu penses que câest la vĂ©ritĂ©, ce nâest pas possible⊠les morts sont morts⊠à part les Braves, on ne peut pas les voir et ils ne peuvent rien nous demander⊠souffla-t-il, ne comprenant rien Ă rien, Ă©crasant encore et encore le cĆur de Dimitri comme il avait dĂ» le faire avec les jumeaux pour leur faire autant de mal, levant la main pour tenter de lui toucher le front. Comment ils ont pu te...
â Ils nâont rien fait si tu penses Ă mes tantes, aux jumeaux ou Ă ce Ludovic, rĂ©pliqua-t-il tout de suite en repoussant sa main, faisant reculer son fauteuil pour sâĂ©loigner de lui avant dâappeler faiblement, ne voulant pas briser encore plus lâimage quâil avait de son pĂšre. Gardes⊠garde, jâen ai fini⊠je nâai plus rien Ă lui direâŠ
â Non ! Dimitri ! AttendsâŠ
Cependant, le garde arriva bien trop vite, attrapa les poignĂ©es du fauteuil roulant puis poussa le jeune garçon loin de son pĂšre, lâappelant encore et encore, lâair complĂštement dĂ©sespĂ©rĂ© alors quâil ordonnait quâon lĂąche son enfant, voulant encore le voir, maudissant les jumeaux, ses tantes et ce Ludovic inconnu⊠Dimitri se boucha les oreilles, les cris de son pĂšre vrillant ses tympans comme ceux des morts, le rĂ©clamant encore et encoreâŠ
Quand il vit ThĂ©o avec Rodrigue et Alix, il ne put sâempĂȘcher de sâeffondrer, pleurant toutes les larmes qui lui restaient, toutes celles nâĂ©tant pas encore partie en fumĂ©e pendant la TragĂ©die, enterrant son pĂšre Ă son tour en comprenant que lui aussi Ă©tait mort⊠il Ă©tait mort dans la TragĂ©die⊠si lâhomme quâil pensait connaitre, si rassurant et gentil, avait dĂ©jĂ existé⊠Rodrigue le prit dans ses bras, lâaidant Ă se calmer alors quâil pleurait encore et encore⊠malgrĂ© tout ce que Lambert avait dit, il Ă©tait toujours lĂ , restant toujours Ă ses cĂŽtĂ©s, le croyant et le rassurant face aux fantĂŽmes, mĂȘme si Dimitri nâavait pas eu le courage de lui avouer que mĂȘme son propre fils le hantait⊠lui au moins, il nâavait pas changĂ©âŠ
« Avec eux, les Charon et mes amis, ça ira⊠eux au moins, ils me croient et me soutiendront toujours⊠jâen suis sĂ»râŠÂ » arriva-t-il Ă se rassurer alors que les jumeaux et ThĂ©o lâaidaient Ă faire de lâordre dans ses pensĂ©es, Ă©loignant les fantĂŽmes se moquant de sa naĂŻvetĂ© en le traitant de mauvais fils. Avec eux Ă ses cĂŽtĂ©s, peut-ĂȘtre quâil pourrait ne plus croire le venin des fantĂŽmesâŠ
*
Seul dans sa cellule, enfermĂ© dans ses chaines, lâesprit de Lambert le nargua, rejouant la scĂšne en boucle, horrifié⊠mĂȘme⊠mĂȘme son propre fils⊠mĂȘme luiâŠ
« Dimitri⊠Dimitri⊠lui aussi, tu me lâas pris⊠vous me lâavez tous pris⊠vous mâavez pris mon fils⊠vous me lâavez volé⊠tu me lâas volé⊠je suis sĂ»r que câest toi⊠tu disais que je tâavais tout volĂ© mais, le seul voleur ici, câest toi⊠câest toi⊠câest toi ! » Enragea-t-il, revoyant la silhouette de son ancien ami se rire de lui, Ă©clatant dâun rire cruel Ă son oreille avant de se rĂ©fugier dans lâobscuritĂ©, loin des mains de Lambert rĂȘvant de le faire taire pour de bon ! « AprĂšs mâavoir pris mon frĂšre, tu mâas pris mon filsâŠÂ ! Câest ta faute sâil mâa rejetĂ©Â ! Câest toi quâil a vu en premier ! Tout ça Ă cause de ces sĆurs infernales, de ton frĂšre, de toi et de Ludovic ! Rufus avait raison, il nâaime personne et ne veut que dĂ©truire notre famille ! Et toi, tu lâaides ! Tout ça pour prendre notre place ! Tout ça par ambition ! Tu es aussi assoiffĂ© de pouvoir que tous les autres ! Câest juste que tu nâassumes rien ! Tu verras⊠tu me le paiera⊠tu me le paieras ! RODRIGUE !!! »
(suite en reblog)
#fe3h#Ă©criture de curieuse#fe3h oc#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espĂšre que ça vous plait surtout !#J'espĂšre que toute cette histoire vous a plu !#MĂȘme si l'Ă©criture de la fin a Ă©tĂ© difficile je suis plutĂŽt contente du rĂ©sultat ! Surtout des moments oĂč les jumeaux sont berserkir#et les moments de FĂ©lix qui se rend compte qu'il aime sa famille... et les moments oĂč ils sont tous ensemble tout tranquilles...#et les baffes que c'est pris Lambert... et de dĂ©velopper une histoire oĂč il peut subir les consĂ©quences de ses actes...#Bref- c'Ă©tait trĂšs agrĂ©able Ă Ă©crire ! ^^#merci beaucoup d'avoir tout lu !
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2. Ce que cache un masque
Grande vertu du masque vĂ©nitien pour broder des Ă©motions factices, terreur incendiaire sous le blanc dĂ©shumanisĂ©, gueule cassĂ©e dissimulĂ©e ou majestĂ© candide ? Dâun coton humide, elle se dĂ©maquille devant sa psychĂ©, le sourire se fane et les rides dĂ©voilĂ©es affaissent les pommettes plus saillantes que pouponnes. Quand lâĆil de la camĂ©ra ferme sa pupille de verre, la femme revĂȘt alors un autre masque, dĂ©capant lâancien au rire figĂ© et aux yeux de paon. Sa vĂ©ritĂ© nue Ă©clatante sous le fard et les paillettes apparaĂźt aux yeux dâun monde numĂ©rique. Elle ne supporte plus de faire risette Ă ses internautes. Elle a des crampes dans les joues et les zygomatiques fatiguĂ©s. Elle a trop rĂȘvĂ© dâirrĂ©el. Tout ça pour vendre le dernier produit dont elle a elle-mĂȘme impulsĂ© la mode. Les rĂ©seaux se chargent du reste. Son nom en lettres capitales lui permet de gonfler ses ventes Ă coups de likes et de commentaires affublĂ©s de cĆurs et dâemojis flammes. Elle Ă©touffe sous les hashtags sĂ©duisant et leurrant les esprits assoiffĂ©s de beautĂ© hypocrite. Sâils savaient qui habite les coulisses de ce thĂ©Ăątre frivole et dĂ©lĂ©tĂšre. Un filtre sur le visage lambda dâune fausse fille de joie jouant la star sous sa douche. Cette mĂȘme fille qui a tourmentĂ© les autres et aujourdâhui, face au miroir, il ne lui reste quâun visage pixellisĂ© qui se dĂ©sagrĂšge. Le visage dâune prostituĂ©e que lâon paye en tweets faciles. Lâallumeuse aux 18M abonnĂ©s. 18K, elle ne sâen souvient mĂȘme pas. Une Ferrari pour le prix dâune baguette de pain. La poupĂ©e dĂ©sarticulĂ©e ne parvient plus Ă se voir en HD, elle nâest plus quâune basse dĂ©finition, une basse illusion.
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La politique de la psychanalyse selon Lacan («lâinconscient, câest la politique») câest tout le contraire de la pathĂ©tique soumission de lâECF de Jacques-Alain Miller au discours dominant et sa promotion, au nom du Bien, des identifications sexuelles imaginaires des Gender Studies...
La vĂ©ritable dimension politique de la psychanalyse rĂ©vĂšle son accĂšs dans le SĂ©minaire XX, quand Lacan affirme : «l'objectif de mon enseignement est ... de dissocier a et A ... c'est ici que la scission ou un dĂ©tachement reste Ă ĂȘtre effectué».
Si cette «séparation» n'a pas lieu (c'est l'étape logique qui vient aprÚs l'aliénation...) l'Autre continue de fonctionner comme un grand Autre non castré, non barré, entier, représentant absolu du domaine de la nécessité, qui contient sa propre raison.
Alors que l'opération qui sépare l'Autre de sa cause, place cette cause à la fois hors de la sphÚre du sujet, et hors de la sphÚre de l'Autre, c'est à dire au point de leur impossible intersection.
Lacan parle de sortie du Discours Capitaliste, ce qui ne signifie pas encore la sortie du capitalisme...
Voilà pourquoi il avance que le psychanalyste, qui doit devenir un "saint", aura dû apprendre à "déchariter"...
«Plus on est de saints, plus on rit, c'est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, â ce qui ne constituera pas un progrĂšs, si c'est seulement pour certains.»
Pour Lacan, la fin d'une analyse se marque donc dâune sĂ©paration, la sĂ©paration de l'objet (a) du Moi (l'identitĂ© imaginaro-symbolique), l'objet se trouvant expulsĂ© hors du circuit signifiant, dans une prise de distance dĂ©cisive avec lâordre symbolique...
L'équivoque signifiante concernant la notion de «lettre» est ici capitale.
La lettre en tant qu'elle est rĂ©elle n'est pas le message qu'elle contient mais si lâon peut dire "l'ĂȘtre de la lettre" lui-mĂȘme, le reste matĂ©riel qui rĂ©siste Ă la symbolisation.
La sĂ©paration au sens psychanalytique consiste donc Ă sĂ©parer le contenu de la lettre, ce qu'il y a Ă l'intĂ©rieur, son message, de la lettre elle-mĂȘme en tant qu'elle est le support du message, son enveloppe matĂ©rielle, le message nâĂ©tant rien dâautre in fine que le mĂ©dium lui-mĂȘme...
Ce reste-dĂ©chet-excrĂ©ment, seul support restant d'identification, est le corrĂ©lĂąt objectif rĂ©el du sujet, sans lequel le sujet lui-mĂȘme disparaĂźtrait irrĂ©vocablement.
Ainsi naĂźt la notion de Sinthome (saint-homme) chez Lacan...
«à la vĂ©ritĂ© le saint ne se croit pas de «mĂ©rites», ce qui ne veut pas dire quâil nâait pas de morale.
Le seul ennui, pour les autres, câest quâon ne voit pas oĂč ça le conduit.
Moi je cogite, je cogite Ă©perdument pour quâil y en ait de nouveaux comme ça.
Câest sans doute de ne pas moi-mĂȘme y atteindre.» (TĂ©lĂ©vision)
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Lettre ouverte Ă la rĂ©daction et aux lecteurs du magazine «Le Point» suite Ă lâarticle de Patrick Besson «Pourquoi il faut doter lâUkraine de lâarme nuclĂ©aire» paru dans le numĂ©ro du 28 juin 2024  Câest avec une grande consternation que nous avons pris connaissance de lâarticle de Patrick Besson dans lequel il Ă©nonce une idĂ©e outranciĂšre de fournir une bombe atomique au rĂ©gime de Kiev pour frapper Moscou et Saint-PĂ©tersbourg. Ainsi, sur les pages de lâhebdomadaire considĂ©rĂ© rĂ©putĂ©, le journaliste, consciemment ou pas, appelle au dĂ©clenchement dâune guerre nuclĂ©aire pour, comme il le croit, faire la paix. Pourtant, il faut retenir bien que dans cette guerre il nây aurait jamais de vainqueurs car lâexistence mĂȘme de lâhumanitĂ© serait mise en question.
Dâailleurs, avant de projeter maladroitement sur le prĂ©sent des rĂ©fĂ©rences douteuses et impertinentes au passĂ© de la Russie des XVIII, XIX et XX siĂšcles, M.Besson ferait mieux de se tourner vers lâhistoire de lâEurope occidentale, y compris celle de la France, riche en Ă©vĂšnements dâune extrĂȘme violence qui dĂ©passent largement des clichĂ©s actuelles.
En ce qui concerne la prĂ©sentation superficielle et partielle de Saint-PĂ©tersbourg comme une nouvelle capitale russe «élevĂ©e par Pierre Ier au prix de milliers de travailleurs immigrĂ©s morts» il est Ă rappeler que cette ville a Ă©tĂ© construite grĂące Ă lâenthousiasme de son fondateur Pierre le Grand et Ă lâabnĂ©gation des milliers de russes. Il est Ă rappeler que parmi les soi-disant «immigrĂ©s», qui ont eu le privilĂšge dâinvestir leur talent et expĂ©rience dans ce projet pharaonique, figuraient de nombreux architectes français et italiens avec les noms immortels dont Auguste de Montferrand, Jean-François Thomas de Thomon, Domenico Trezzini, Carlo Rossi, Francesco Bartolomeo Rastrelli.
La liberté de parole va de pair avec la responsabilité pour leur sens.
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