#le mort et la mourant
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Jean Grandville (1803–1847) - La Mort et le Mourant (Death and Dying), 1838
illustration for Jean de La Fontaine's 'Fables de La Fontaine, édition illustrée par J. J. Grandville'
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“Mais vous, ces histoires de paysans... que pensez-vous que cela puisse donner, hein ?” m’interroge le dirigeant d’une boîte de carrure mondiale, dans l’échange “off” que nous nous accordons. Je souris. Ça oui alors, qu’est-ce que ça va bien pouvoir donner, ce dernier carré de mohicans qui bloque des routes pour rappeler à tout un pays qu’ils est entrain de crever, pour de bon ? “Méfiez-vous”, lui dis-je. “Pas sûr que les Français se laissent berner cette fois. Quoi qu’on en dise, ils sont attachés à leur vieille terre.” Je dis cela sans grande conviction ; je n’y crois plus trop. Même si je sais que les Français, produits d’une nation de cultivateurs, d’éleveurs, de maraîchers et de pêcheurs sont profondément attachés à leurs paysages, à leurs cheptels et à leurs vignes, aux plaines ponctuées de bois propices au gibier, aux vallons striés de murets multiséculaires, aux champs tenus en terre par un bocage généreux, aux côtes de granit dentellisées par les vents et le sel... malgré tout cela, que puis-je espérer de ce peuple abâtardi par les mélanges incertains, décérébré par la consommation, enlaidi par le béton, les parkings, les zones commerciales ? Ce pays mourant tenu à l’écart de son destin par un État corrompu, vendu à une oligarchie obscène, comploteuse et dissimulée, ce peuple toujours plus anesthésié par les arguties d’agités télévisés et les fessiers négroïdes de putes photogéniques ? Miné par les crédits Cetelem sur vingt ans, soufflé comme un popcorn Euro Disney, baisé par une pile à roues badgée Renault ? Que puis-je raisonnablement espérer ? Une préfecture qui crame accidentellement ? Un CRS rendu cul-de-jatte par un tracteur ? Toujours plus d’OQTF pourfendeurs mortels de barrages familiaux ? Honnêtement, je ne sais pas ce que je puis attendre, cher Monsieur, puisque j’ignore ce qui surgira ou s’endormira dans l’esprit de mes compatriotes. Je crains l’apathie totale, l’anesthésie générale, la mort sans nom. Mais je suis prêt et j’espère encore, toujours.
J.-M. M.
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Ce grand découragement à vivre, ma mère le traversait chaque jour. Parfois il durait, parfois il disparaissait avec la nuit. J’ai eu cette chance d’avoir une mère désespérée d’un désespoir si pur que même le bonheur de la vie, si vif soit-il, quelquefois, n’arrivait pas à l’en distraire tout à fait. Ce que j’ignorai toujours c’est le genre de faits concrets qui la faisaient chaque jour nous quitter de la sorte. Cette fois-là, peut-être est-ce cette bêtise qu’elle vient de faire, cette maison qu’elle vient d’acheter – celle de la photographie – dont nous n’avions nul besoin et cela quand mon père était déjà très malade, si près de mourir, à quelques mois. Ou peut-être vient-elle d’apprendre qu’elle est malade à son tour de cette maladie dont lui va mourir ? Les dates coïncident. Ce que j’ignore comme elle devait l’ignorer, c’est la nature des évidences qui la traversaient et qui faisaient ce découragement lui apparaître. Était-ce la mort de mon père déjà présente, ou celle du jour ? La mise en doute de ce mariage ? de ce mari ? de ces enfants ? ou celle plus générale de tout cet avoir ? C’était chaque jour. De cela je suis sûre. Ça devait être brutal. À un moment donné de chaque jour ce désespoir se montrait. Et puis suivait l’impossibilité d’avancer encore, ou le sommeil, ou quelquefois rien, ou quelquefois au contraire les achats de maisons, les déménagements, ou quelquefois aussi cette humeur-là, seulement cette humeur, cet accablement ou quelquefois, une reine, tout ce qu’on lui demandait, tout ce qu’on lui offrait, cette maison sur le Petit Lac, sans raison aucune, mon père déjà mourant, ou ce chapeau à bords plats, parce que la petite le voulait tant, ou ces chaussures lamés or idem. Ou rien, ou dormir, mourir. Marguerite Duras, L’Amant, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 22-23
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LA HILANDERA
Blanca y pura ante el sol enorme del poniente —como se ve en los cuadros a la Virgen de hinojos—, la premiosa rocada con el dedo apresura, derribada la frente, la mirada suspensa.
Cerca duerme su perro, gruñidor pero dócil. Retorciendo la estopa según la va mojando, avienta por la estepa, sobre el sordo follaje del soto, la extremada dulzura de su canto.
Un viejo aire cansino, melancólico, vago, que recuerda las voces de las olas muriendo y en coplas despaciosas desdobla la cadencia;
una oscura canción, quizás una leyenda, que en pretéritas tardes por la estepa cantaron tambien las zagalejas, muertas hace mil años.
*
LA FILEUSE
Pure et blanche aux reflets du grand soleil couchant, Comme dans les tableaux la Vierge agenouillée, Elle hâte du doigt la lente quenouillée, L'œil pensif et la tête avec grâce penchant.
Près d'elle son chien dort, grondeur et point méchant. Tordant l'étoupe blonde à mesure mouillée, Elle jette à la lande, à la sourde feuillée Des arbres, la douceur extrême de son chant.
C'est un vieil air traînant, mélancolique, vague, Qui fait songer aux voix mourantes de la vague Et répète le rhythme en des couplets très-lents ;
Une obscure chanson, sans doute une légende, Qu'au temps des soirs anciens chantaient dans cette lande Des bergères aussi, mortes depuis mille ans.
Albert Mérat
di-versión©ochoislas
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La brume s’échevèle au détour des allées,
Un souvenir épars s’attarde et se recueille,
Il flotte une douceur de choses en allées
Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.
Les jardins de Novembre accueillent vos amours,
Ô jeunesse pensive, ô saison dissolvante,
Les grands jardins mélancoliques et qui sentent
La fin, la pluie - odeurs humides de l’air lourd,
De choses mortes qui retournent à la terre.
Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles,
Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires,
Et laissent tristement pendre leurs longs pétales
Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre
Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur
Cherchent encore une bouche où poser sa langueur.
Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre
Ô parfums trop aigus des iris et des roses
Flétris - parfums et mort - serre chaude d’odeurs.
Tout l’univers mourant qui s’épuise en senteurs
Et puis dans la tristesse odorante des choses
Effeuillant, inclinant, chaque feuille du jardin
D’un battement furtif, égal et doux, se pose
L’aile silencieuse et lasse du déclin.
Louis Chadourne
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« Le vent courait sur la mer par rafales et dans le corridor chantait des plaintes. J'ai regardé dehors: une lueur de deuil était épandue sur toutes choses. L'œil voyait très loin; tout était sans teintes. La mer s'agitait auprès, et la rive et les flots étaient gris, d'un gris mourant de crépuscule. C'était triste comme si le soleil mort avait fait porter son deuil aux choses. »
André Gide - Les Cahiers et les Poésies d’André Walter
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«Tout ce que voulait Hitler, l'OTAN l'a déjà fait à près de 70%»–Vladimir Jirinovski, 1999
«Je le dis ici, au cœur de l'Europe», martelait le tribun russe, mort en 2022.
«L'OTAN, plus sournoisement, a le même objectif qu’Hitler: conquérir la Russie, détruire la Russie.»
Et de prévoir, alors, avec pr��cision:
Mais comme ils ont peur de le faire frontalement, ils vont la frapper à sa périphérie, dans le Caucase, les Balkans, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient.
«L’Occident est un continent en décomposition, un parasite, un continent mourant.»
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Bon hier j'avais quasi 41 de fièvre, oui, j'ai cru clamser. Ça me servira de leçon d'aller me trémousser en boîte. Gardez vos miasmes pour vous. Plus jamais je sors. Et j'ai dû aller chez le médecin parce que bah jsuis censée reprendre les cours demain quoi 🤡. Et jsais pas vous mais moi quand jvais chez le médecin j'ai toujours trop peur d'avoir une bonne tension, pas de fièvre, qu'elle me trouve en forme alors que jsuis aux abois de la mort genre. Si j'ai pas minimum 39 quand j'y vais je me sens pas légitime. J'ai l'impression de prendre la place de qqn. Imaginez moi arriver taleur à 15h30 pour apprendre que j'étais à 36 ptdrrrr j'ai perdu quasiment 5 degré en même pas 12h, j'avais trop honte jsp pk. Aled jsuis folle. Mais bon la fièvre est revenue jsuis bien mourante ça me rassure
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Papillon
06.08.2023
Avez-vous un bon endroit ou une bonne personne?
Ne les montrez à quiconque. Seulement les plus proches, chers, gentils ...
Enfant, à la campagne, j'ai découvert une étonnante clairière. Il y avait de grandes touffes pures d'herbe émeraude; un lac. Lac transparent; les araignées d'eau courent à la surface, se frayant un passage entre les feuilles d'arbres emportées par le courant.
Fleurs jaunes au parfum fin et délicat. Et l'anémone blanche, petite primevère fragile, qui fleurissait. Une merveilleuse petite clairière, mais dans la forêt la neige n'a pas encore complètement fondu. J'ai trouvé donc ce petit coin de joie...
Mais se réjouir seul ne suffit pas ! Je veux partager la beauté et le bonheur. Et j'ai amené une autre fille pour voir ce bel endroit. Là où c'est déjà l'été, regardez ! Et un petit lac. Et des fleurs. Et même un papillon chou jaune citron flotte au-dessus des gerris et des anémones...
Le lendemain, j'arrivai à la clairière. Et les anémones étaient arrachées. Et les bouquets de fleurs sauvages fanées; des brassées de fleurs mourantes. Cette fille les a ramassé et écourté leur vie déjà éphémère. Oui, et toute la beauté du lieu a disparu. Juste des tiges paresseuses étêtées et des fleurs mortes gisaient en tas. C'est tout ce qui reste de la fabuleuse petite clairière aux anémones blanches comme neige et des inflorescences dorées.
Cela arrive souvent lorsque vous ouvrez un bonheur caché personnel à un autre. Votre place, votre personne, votre joie, votre musique - quelque chose qui vous est propre, très personnel et très nécessaire.
j'ai senti mon être déchiré, la joie laissant place à l'amertume, profondément déçu. Spectacle désolant, terne. Il ne restait rien. Toute énergie a disparu, elle a été détruite, arrachée et laissée à périr. Parce que tu ne peux pas l'emporter avec toi. On ne pouvait qu'aimer et admirer, et être rempli d'amour ... Mais tout le monde n'est pas capable de cela, tout le monde ne peut pas le faire - il suffisait simplement de s'en imprégner.
Que le secret reste secret. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons préserver ce que nous aimons et admirons immensément...
Les-portes-du-sud
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C'est quelqu'un qui court
Devant, derrière, toujours, toujours
C'est quelqu'un qui court
Après le temps, après l'amour
Et quelqu'un qui l'attend
Très loin derrière ou loin devant
Du coucher du soleil jusqu'au lever du jour
C'est quelqu'un qui court
Après l'amour, la mort, la vie
Qui court dans la nuit
C'est quelqu'un qui court
Pour attraper ou retenir
Quelqu'un qui le fuit
Qui a pris trop d'avance sur lui
C'est quelqu'un qui court
Après son imagination
Ses envies, ses pulsions, ses lubies
C'est quelqu'un qui court
D'un pas léger ou d'un pas lourd
Quelqu'un qui fait le tour
De tous les chemins à rebours
C'est quelqu'un qui court
Au bord du malaise et du gouffre
Se précipite et se camoufle
Quand il veut reprendre son souffle
C'est quelqu'un qui court
Après le cours de son destin
Quelqu'un que l'amour
A abandonné en chemin
Et qui se lance éperdument
Les yeux rivés sur le cadran
Dans une fuite en avant
Pour arriver dans les temps
C'est quelqu'un qui court
A son salut ou à sa perte
Le pouls rapide et sourd
Qui fend l'air entre deux alertes
C'est quelqu'un qui écume
Le long dédale des nuits sans lune
À débusquer l'infortune
Comme un chat noir sur le bitume
C'est quelqu'un qui court
Pour échapper à ses angoisses
Quelqu'un qu'on pourchasse
Qu'on veut coincer au fond d'une impasse
Quelqu'un qui se dépasse
Qui veut sortir de la nasse
C'est quelqu'un qui court
Avant, pendant, après l'amour
Qui détale comme un dératé
Quelqu'un au regard exalté
C'est quelqu'un qui court
Le corps tout prêt à exploser
Haletant, suffocant
Il court au chevet d'un mourant
C'est quelqu'un qui court
Devant sa peur, après son ombre
Quelqu'un qui se sent lourd
Écrasé par le poids du nombre
C'est quelqu'un qui court
Poursuivi par les idées sombres
Il est stressé, il est pressé
Il est traqué, il est cerné
C'est quelqu'un qui tombe...
Qui roule à terre et se relève
Mais encore quelqu'un court
Et court, et court, et court
Entre les murs et les passants
Quelqu'un qui va le cœur battant
C'est quelqu'un qui court
En attendant le bon tournant
Pour se jeter vibrant
Dans les bras de l'amour
C'est quelqu'un qui court
Qui pourrait bien semer sa peur
C'est quelqu'un qui court
En voulant rattraper l'âme sœur
C'est quelqu'un qui croit...
Qui croit
Qui croit
Qu'il trouvera
Mais court si vite qu'il n'entend pas
La voix qui lui crie:"attends-moi !"
- Jacques Higelin, Flâner entre les intervalles
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Alain en mourant met fin au magnifique chapitre d'une époque révolue dont il fut un monument souverain.
Il a représenté le meilleur du cinéma prestigieux de la France, un ambassadeur de l'élégance, du talent, de la beauté. Sa disparition creuse un vide abyssal qu'aucun ni personne ne pourra combler.
Je perds un ami, un alter ego, un complice, nous partagions les mêmes valeurs, les mêmes déceptions, le même amour des animaux et je pense à une phrase d'Alfred de Vigny dans "Le Mort du Loup" :
"A voir ce que l'on fut sur la terre et ce qu'on laisse - Seul le silence est grand, tout le reste n'est que faiblesse."
18 août 2024 Brigitte Bardot
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L'ENLEVEMENT - Le film Rapito du réalisateur italien Marco Bellocchio a été projeté à la 76ème édition du Festival de Cannes, plongeant le public au cœur de l'affaire Mortara. Il offre une immersion captivante dans l'Italie du XIXe siècle et soulève des questionnements profonds sur la liberté religieuse, l'identité et la tolérance.
Le film retrace le destin extraordinaire d'Edgardo Mortara qui a suscité une vive émotion dans toute l'Italie du XIXe siècle. Les autorités sont venues chez ses parents un soir de juin 1858 et leur ont donné vingt-quatre heures pour leur remettre leur enfant. Cette intervention a été réalisée sur ordre du pape, après la révélation du baptême secret de l'enfant.
Face à cette décision implacable, les parents d'Edgardo ont tenté de comprendre et de faire valoir leurs arguments. Ils ont rapidement découvert qu’une ancienne servante catholique était à l'origine de cette trahison. Malheureusement, dans l'État pontifical de Bologne, toute discussion était vaine et les autorités ne laissaient place à aucun compromis.
En raison de son baptême, Edgardo est considéré comme un apostat et il lui est donc impossible de vivre au sein d'une famille juive. Selon les croyances de l'époque, seule l'Église peut le sauver et le protéger spirituellement. L'inquisiteur de Bologne organise donc son placement dans une maison des catéchumènes, un institut fermé destiné à la conversion au catholicisme des jeunes juifs, musulmans et chrétiens non catholiques.
L'affaire Mortara, bien qu'exceptionnelle, n'est pas un cas isolé. Lors de la conférence de presse qui a suivi la première du film, le réalisateur a révélé que de nombreux autres enlèvements et conversions forcées ont eu lieu depuis le XVIe siècle. En effet, les familles juives étaient contraintes d'employer des servantes catholiques pendant le shabbat et celles-ci se chargeaient secrètement de baptiser les petits enfants juifs dans le but de les "sauver". Cette pratique était soutenue par les autorités religieuses catholiques au nom de Dieu. Au cours du procès, la servante a d’ailleurs affirmé avoir baptisé le petit Edgardo alors qu'il était malade et qu'elle le croyait mourant, dans l'espoir de le sauver des limbes, conformément à la croyance répandue à l'époque.
Ces conversions secrètes étaient utilisées comme moyen de pression par les autorités pour inciter les familles juives à se convertir au catholicisme afin de récupérer leurs enfants. Une alternative farouchement rejetée par la famille Mortara, qui refusait de choisir entre leur enfant et leur religion.
Rapito va bien au-delà d'un simple drame historique, il rappelle l'importance de la liberté religieuse et soulève des questions profondes sur l'identité, la foi et la tolérance.
Rapito explore avec minutie le thème de l'emprise à travers l'histoire bouleversante de ce jeune enfant soudain plongé dans les préceptes de la religion catholique. Dès son arrivée dans sa nouvelle demeure, Edgardo reçoit un conseil d'un autre garçon, lui indiquant qu'il doit se comporter de manière exemplaire s'il souhaite rapidement retrouver sa famille. Cependant, ce conseil se révèle être un piège, donnant l'illusion d'une conversion heureuse, alors qu'en réalité, il renforce la décision des autorités papales de le tenir éloigné de sa famille. Parallèlement, un processus d'endoctrinement se met en place, basé sur l'enfermement et la culpabilisation.
Un autre élément remarquable de cette histoire est la trajectoire d'Edgardo Mortara lui-même. Malgré l'épreuve incommensurable qu'il a vécue, il deviendra prêtre et restera un fervent catholique jusqu'à sa mort, restant à distance de sa famille, essayant même de la convertir au catholicisme. Marco Bellocchio a mis en évidence les contradictions d'Edgardo Mortara et la souffrance qui en découle. Il utilise habilement le mystère qui entoure la psychologie du personnage tout au long du film.
Est-ce qu'il fait semblant ? Est-ce qu'il agit par réflexe de protection ou est-il victime du syndrome de Stockholm ? Tout au long du récit, le personnage fascine et suscite des questionnements.
L'histoire d'Edgardo Mortara est exceptionnelle à bien des égards, notamment par sa médiatisation. Ses parents ont lutté sans relâche contre les autorités pontificales pour récupérer leur enfant, mobilisant la presse libérale qui en a fait un scandale national. Elle est devenue un symbole de résistance face à l'inquisition, renforçant ainsi la position inflexible du pape Pie IX, déterminé à appliquer strictement les dogmes religieux et à préserver son pouvoir. Marco Bellocchio souligne que cette affaire a pris une dimension "politique", en soulignant son lien avec la "dislocation de l'État pontifical" à l'époque.
Ce contexte historique, étroitement lié à l'affaire Mortara, se reflète dans la structure du film, qui s'appuie sur trois moments clés : l'enlèvement en 1858, le procès en 1860 rendu possible par l'arrivée des nationalistes au pouvoir à Bologne, et enfin, la conquête de Rome en 1870.
L'affaire Mortara est devenue célèbre et a posé un casse-tête pour le pape Pie IX et son principal conseiller, le cardinal Antonelli. Face à la pression publique et aux pétitions incessantes de la communauté juive réclamant le retour d'Edgardo, le pape, a simplement publié son édit : "Non possumus" (Nous ne pouvons pas).
Ce n'est qu'en 1859, lorsque l'armée italienne renverse la domination papale à Bologne, qu'un nouvel espoir surgit avec un procès contre Felletti, l’inquisiteur. Malheureusement, il est disculpé et l'avocat répond sèchement à Momolo, désespéré de ramener Edgardo à la maison, que cela ne sera possible que lorsque Rome sera prise.
Marco Bellocchio a découvert le destin d'Edgardo Mortara dans un livre de Vittorio Messori, un auteur catholique et conservateur qui défendait les raisons justifiant la séparation de l'enfant de sa famille par le pape. Cette affaire hautement médiatisée a suscité des passions déchaînées et a donné lieu à de nombreux récits, parfois contradictoires, parmi lesquels il a fallu faire le tri. Lors de la conférence de presse, Marco Bellocchio, le réalisateur, et Susanna Nicchiarelli, la coscénariste ont déclaré avoir eu la chance de travailler sur les sources directes de l'affaire Mortara, notamment les dépositions du procès, dont celle de Mariana Mortara, la mère, qui a décrit en détail les événements relatés dans la première partie du film, tels que l'arrivée des policiers et leur demande du nom des enfants. Cette richesse d'informations a permis de sélectionner parmi de nombreux éléments réels. Cependant, il restait à imaginer l'intimité des personnages, un aspect pour lequel très peu d'informations étaient disponibles.
Le film documente de près les circonstances de l'enlèvement d'Edgardo et les premiers efforts pour le ramener. Malgré son jeune âge, Sala a brillamment incarné le personnage, même s'il n'a probablement pas pleinement saisi l'importance du film en raison de sa jeune expérience de vie. Le réalisateur estime avoir fait un choix judicieux en sélectionnant cet acteur très jeune, qui a su apporter une profondeur émotionnelle remarquable à son interprétation. Il souligne également que Sala, n'ayant jamais mis les pieds dans une église et étant dépourvu des contraintes d’une éducation catholique, sans être non plus juif, et a pu puiser dans une profondeur intérieure pour incarner le personnage.
Marco Bellocchio a révélé que Steven Spielberg avait également prévu de réaliser un film sur l'affaire Mortara et avait même commencé à repérer des lieux en Italie. Cependant, il a finalement abandonné le projet, ouvrant ainsi la voie à Bellocchio et son équipe, ce qui est préférable, le film devant être tourné par des italiens et en langue italienne.
NOTE 17/20 - En plus de susciter une réflexion intense et captivante sur l'univers des religieux, la croyance et ses modalités d'adhésion, Rapito plonge le public au cœur d'un épisode bouleversant de l'histoire italienne.
Les performances exceptionnelles des acteurs donnent vie aux personnages avec une intensité émotionnelle palpable. L'esthétique soignée du film s'inspire des grands maîtres de la peinture pré-impressionniste italienne et française, tel Eugène Delacroix.
Les décors minutieusement reconstitués, les costumes somptueux et les couleurs vives et contrastées créent une atmosphère visuelle captivante, transportant le spectateur dans un univers saisissant de réalité.
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".../...Il est un peu en avance, toujours aucune trace de ses amis. Il s'assoit sur un banc de jardin qui jouxte le musée de l'Homme et sort de sa poche La Chambre de Giovanni. Il l'a commencé dans le métro, les premières pages lui plaisent déjà. Il prend un crayon et son carnet puis, le livre en équilibre sur ses genoux note:"...on ne peut malheureusement pas inventer nos amarres, nos amants ni nos amis, pas plus qu'on ne peut inventer nos parents. La vie nous les donne et nous les reprend, et la grande difficulté est de dire oui à la vie." "La vie nous les donne et nous les reprend" répète-t-il. Etrange, comme les mots lus dans un livre, choisi au hasard sur la table d'une librairie, peuvent résonner en nous. Il arrête de lire et, les yeux dans le vide, se souvient de la mort de son père, de ces moments où, comme sa mère, il avait arrêté de dire oui à la vie. Il n'aime pas y repenser, pourtant les mots de Baldwin l'y obligent. Il entend le souffle court et rauque de son père, la toux et les crachats. Il redoutait ces bruits qui venaient la nuit de la chambre voisine et l'avaient amené à haïr son père. Comme il aurait préféré continuer à l'aimer! Il savait bien qu'il n'y pouvait rien., qu'il ne faisait pas semblant de mourir, qu'il ne faisait pas exprès de s'étouffer, mais il lui en voulait de le déranger dans son travail et dans son sommeil, il avait l'impression qu'il abandonnait sans combattre, sans se soucier du vide qu'il allait laisser. La mort et le vide. S'il ne s'était pas rendu compte sur le coup de l'effet que cette extinction progressive avait sur lui, s'il n'avait pas compris à quel point la tristesse et la conscience de la mort s'étaient emparées de lui, il avait bien ressenti la diminution du temps que sa mère pouvait lui consacrer: leurs sorties au cinéma s'étaient arrêtées et les moments qu'ils partageaient autour des devoirs et des livres qu'il lui lisait s'étaient réduits. Le souvenir des soirées qu'il passait seul, ou pire encore avec sa tante paternelle et ses cousins insupportables, quand sa mère était à l'hôpital pour veiller son père dans la phase terminale de son cancer, lui serre encore le coeur, cette sensation d'abandon dont il n'arrivait pas à se détacher, partagé entre acceptation et jalousie. Comment pouvait-il être jaloux d'un mourant? Lui le bon élève, sérieux et travailleur, avait avait perdu l'envie d'aller au lycée du jour où il avait compris que la maladie se son père était incurable. Il se souvient-là sur son banc, un peu triste maintenant, sans même se rendre compte de l'agitation qui s'accentue autour de lui, des mouvements des forces de l'ordre et des manifestants qui commencent à occuper les points stratégiques- des matins où il lui était impossible de se lever, malgré les efforts de sa mère, et où il finissait comme son père, par rester couché et louper les cours. Il avait quatorze ans quand la maladie s'était déclarée, et il avait fallu que Georges meure, deux ans plus tard, pour qu'il sorte de sa déprime.
Et comme pour marquer ce retour dans le monde des vivants, il s'était mis à porter des tenues voyantes de dandy inspirée des muscadins, à parler comme un aristocrate, à se laisser pousser les cheveux, à fumer et à boire, à écouter du rock anglais autant que du Wagner...
Bref à se faire remarquer.
Il avait un peu honte de le dire, mais la mort de son père avait été une libération.
.../..."
Charles Salles extrait de: Alain Pacadis Face B-Editions: La Table Ronde
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L'être qui court le moins de risques est ici-bas l'être le plus voisin du néant : qui ne risque rien n'est rien. Le risque est fait pour être couru : chaque être porte en lui de quoi surmonter les risques auxquels sa nature ou sa vocation l'exposent.
Le plus grand risque est fonction du plus haut destin. Socrate mourant s'enchante du ‘beau risque’ de l'immortalité, Blaise Pascal pousse l'homme au pari suprême. L'acceptation de la mort est le seul risque qui soit proportionné à la destinée surnaturelle de l'âme, et celui qui n'est pas prêt à le courir n’est pas vraiment chrétien. Où trouver la contrepartie de la vie éternelle, si ce n'est dans le total anéantissement de la vie temporelle: un seul risque est à la mesure de la promesse absolue de Dieu, c'est celui de la perte apparente de tout.
La destinée de chaque homme est commandée par la réponse intérieure qu'il fait à cette question : de l'amour ou de la mort, lequel est une illusion ? Le chrétien, lui joue sur l'amour, et, pour l'amour, il est prêt à risquer la mort. Il est de ceux qui, croyant en l'amour, ne peuvent plus croire en la mort. Le risque chrétien consiste, à la limite, à subordonner la mort à l'amour. Depuis le Calvaire, la mort ne travaille plus pour son compte : l'amour lui dérobe incessamment sa victoire. Le suprême risque est devenu le suprême espoir.
- Gustave Thibon
Gustave Thibon discovered literature at an early age. The horrors of the 1914-1918 war left a deep impression on him. A monarchist and Catholic thinker, often presented as a "peasant philosopher", he published more than twenty writings, tackling subjects such as the presence of faith and the domination of technology. It was especially in the 1960s that his works appeared: 'Our gaze which lacks the light'. One of the most important events in his life was his meeting with Simone Weil. In 1941 he welcomed her to his farm in the Ardèche. Her beliefs left a profound mark on him and his subsequent philosophy work.
#thibon#gustave thibon#quote#french#philosophy#religion#risk#christianity#sacrifice#theology#love#culture#philosopher
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"Oublions qu’Augustin est un saint, un évêque, un père de l’Eglise ; ouvrons ses livres et lisons : la sensation de fraîcheur et d’urgence est immédiate, on dirait que l’encre est à peine sèche, bleue, là, sous nos yeux. Les Confessions ont été écrites à la fin du IVe siècle ? Nous entrons dans le troisième millénaire ? Aucune importance, un jeune écrivain nous parle à l’oreille, son latin électrique emporte le français au-delà de lui-même, rien de plus normal puisqu’il est question du temps et de sa substance que nous croyons mesurer sans la voir. Augustin est un musicien. D’abord, la puissance de l’interrogation, comme s’il appelait de toutes ses forces. Ensuite, le récit, de sa naissance à la suspension du parcours. La méditation prend le relais, et enfin le chant poétique, comme une cascade de psaumes. Il suffit de sentir que Dieu est le langage en personne, qu’il enveloppe, façonne et soutient tout, y compris à notre insu. L’audace consiste à le tutoyer de mieux en mieux pour savoir dire « je » avec plénitude. Je est un autre. Je parlerai à cet autre. Je dois apprendre à le lire, à l’écouter, comme une langue étrangère qui est vraiment la mienne mais dont une force négative essaie de me détourner. Le bavardage est incessant, le faux savoir pullule. Dieu, lui, est « plus intérieur que l’intime de moi-même ; plus haut que le plus haut de moi-même ». Je dois d’abord devenir pour moi « une immense énigme ». Qui suis-je ? Que suis-je venu faire ici à travers ma naissance biologique ? Ai-je été jeté dans une vie mourante ou dans une mort vivante ? Où est la réponse ? Où est l’enjeu ?" Ph. Sollers
#Chant poétique#philippe sollers#substance du temps#philippe de champaigne#saint augustin#oreille#jesuisunmusicienetc.
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Ben Herbert Larue & Melissmell - Sur une barricade poème de Victor Hugo
Sur une barricade, au milieu des pavés Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés, Un enfant de douze ans est pris avec des hommes. - Es-tu de ceux-là, toi ? - L'enfant dit : Nous en sommes. - C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller. Attends ton tour. - L'enfant voit des éclairs briller, Et tous ses compagnons tomber sous la muraille. Il dit à l'officier : Permettez-vous que j'aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous ? - Tu veux t'enfuir ? - Je vais revenir. - Ces voyous Ont peur ! où loges-tu ? - Là, près de la fontaine. Et je vais revenir, monsieur le capitaine. - Va-t'en, drôle ! - L'enfant s'en va. - Piège grossier ! Et les soldats riaient avec leur officier, Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ; Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle, Brusquement reparu, fier comme Viala, Vint s'adosser au mur et leur dit : Me voilà. La mort stupide eut honte et l'officier fit grâce. […]
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