#j’veux pas te laisser partir
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mazzitak · 11 months ago
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faistonbonchoix · 1 year ago
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Crier pis me reposer
J’ai l’envie pis le besoin de partir faire un road trip avec ma chum de fille pis de crier à s’en cracher les poumons à travers la fenêtre qui s’ouvre juste à moitié parce qu’on a yienk un vieux char pour nous amener au point b.
Par contre, ça s’speut pas, parce qu’on est déjà rendu des adultes, avec des jobs d’adultes, pis des chars d’adultes qui ont des fenêtres qui s’ouvrent au complet.
J’adore ma job, mais j’ai besoin de me sentir vivante d’une autre manière que d’angoisser pour remettre un projet qui est dû pour dans une heure. J’ai soif d’aventure, pis de bière cheap. J’ai enfin l’argent pour me payer de bonnes bouteilles, pis me voilà un vendredi soir, dans mon condo de la Rive-Sud, à craver une botte de blonde pis un char sale qui sent la clope du propriétaire précédent.
J’ai passé ma journée devant mon ordi, encore; What’s new? Mais sincèrement, c’est la seule chose qui ne me permet pas de voir le temps passer. Sinon, je ne sers à rien. Sérieusement, j’ai vraiment l’impression que je ne sers à rien.
C’est tu ça être adulte? Se dire qu’on sert à rien aussitôt qu’on n’a pu personne pour nous dire quoi faire une fois laisser à nous-mêmes?
Je pense que j’aurais aimé naître dans une époque où le monde vivait pour vrai. Vivre pour se nourrir. Vivre pour rire. Pour aimer. Pis rien d'autre; Pas de bébelles qui te font sentir mal si tu ne les as pas en ta possession, pas de cellulaire pour te dire que t'es pas adéquat.e, pas d’argent pour te dire que tu en manque tout le temps.
J’veux juste me reposer un peu, là, sur le gazon, comme dans le temps.
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Parfois on est dépassé par les évènements, on s’sent qu’il se passe beaucoup d’choses, qu’on n’est pas forcément prêt et qu’on n’a pas d’prise, aucune. C’est là qu’il faut pas partir en chasse, vaine, après des trains lancés à pleine vitesse. Tout est déjà joué ou presque sur les semaines d’avant, les longs mois qui se sont écoulés et qui ont mené à ce moment. Puis c’est pas grave, face au vide, au malaise, il suffit juste de s’écarter, de regarder passer ou de partir carrément, aller marcher, ou tout simplement dans une pièce, où la lumière est différente, l’atmosphère aussi. Si vous souffrez ou que vous vous sentez mal c’est que vous l’acceptez, il ne tient qu’à vous d’changer. C’est comme les gens jaloux, envieux ou à fleur de peau, ils ont décidé de s’énerver, de sortir de leurs gonds, de se laisser envahir par cette chose moche, hideuse, qu’ils vont jeter aux autres, violemment, alors que c’est eux qui ont accepté de la garder, de la laisser croître, alors qu’ils auraient pu être intelligent, aller la gerber ailleurs ou se purger doucement, en marchant, en méditant ou chez un psy. Y’a plein d’moyens de pas s’laisser bouffer pour pas emmerder tous ces autres, autour, qui n’y sont pour rien. Hier, j’ai lu une phrase, « il se passe ce sur quoi vous portez votre attention », et c’est vrai, putain. Il suffit d’regarder ailleurs. Mais au fond, on aime se faire mal, se jeter là où ça brule, ça pique, pour voir comment on va réagir. Un peu maso ? Bah ouais, carrément même. Puis souvent on a ce réflexe, comme de l’overthinking, ou du faux réalisme, hypocrite, de vouloir regarder la réalité en face. Mensonge, ça rime juste en fait à regarder des choses négatives, qui font peur ou qui angoissent, comme un miroir déformant d’où on ne pourrait plus retirer ses yeux une fois plongés.
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Se permettre ça, une fois, puis deux, c’est ouvrir la boite de Pandore, parce qu’après l’avoir fait, on s’demandera toujours « et si c’était vrai, merde, est-ce que j’serai pas passé à côté d’tout ça d’puis autant d’temps ? » et voilà, ça y est, c’est la foire d’empoignades dans l’cerveau, tout l’monde y va d’sa théorie, le névrosé, le complotiste, le suicidaire, le destructeur. Que des mecs relou, qui servent à rien, à par te ralentir et te faire peur. Et la peur, c’est comme une drogue, de l’eau froide, un truc qui saisit, qui donne une décharge d’adrénaline, comme scotché. Et quand ça marche, bien, on peut plus bouger, pire encore, certains auront tendance à en red’mander. Comme un shoot de réalité, aller, fais moi mal, dis m’en plus, je veux savoir tous les secrets. Aller, petit cerveau, dis-moi tout, tout ce qui peut se passer, tout c’que j’veux pas voir, tout c’que j’veux savoir. J’sais pas mais vasy, balance. J’suis prêt, fini d’se cacher. Ouvre-moi les yeux putain, fais-moi mal. Voilà c’que c’est ‘devenir déviant, d’entrer dans l’enfer en soi et d’lui donner une voix.
Perso, aujourd’hui, j’ai décidé un truc : j’vais être plus tranquille et m’en battre les couilles. A chaque jour suffit sa peine, et c’est pas une blague. J’vais pas m’angoisser pour c’qui s’passe, j’vis c’que j’ai à vivre et basta. Pas de projections débiles, la peur et l’angoisse sont là, certes, merci parfois d’me rappeler quelques trucs pour me protéger, mais pas plus, restez à vos places les copines. Pour faire c’que j’veux faire faut de la force, de la vision et du positivisme. Tout ça j’lai en moi, comme le reste, mais c’est ce qui me sert, pour construire, rêver, continuer. Faire, tout simplement.
Puis au d’là d’ça, j’ai mis plein de règles et d’habitudes en place, mais c’est pas pour autant que j’dois être hautain, rigide, débile…les gens n’ont pas à payer mes choix. Non, je n’ai pas raison et eux tort. J’ai plein d’choses en tête, d’objectifs, mais ce ne sont pas des contraintes ou des obstacles. Ils font partie d’la vie, comme j’en fais partie aussi. Je peux les éviter, gentiment, avec le sourire, ou les accepter, leur faire une place, être conciliant et m’adapter pour qu’on gagne, à deux. Car oui, la vie c’est pas un grand sprint en solitaire. Bien sûr, j’ai besoin d’être seul, dans mon monde, mais c’est pas pour autant que j’dois aboyer ou m’ulcérer quand on m’ralentit. Y’a un temps pour tout, aujourd’hui il y a ces gens autour, je dois faire avec, et s’ils sont là c’est surement pour une raison. Les cons j’les ai déjà dégagés. Ceux là ils sont importants, alors détends ton string, laisse le flow couler et saisis les moments, les opportunités. Parce que quand tu t’énerves, comme ça, à jurer, rager parce que t’as jamais l’temps d’tout faire ou d’avancer, tu gâches ton énergie, et l’instant. Et le moment où tu seras seul, tu t’sentiras abimé, vidé, et tu devras aller marcher ou t’évader pour te redonner du peps. Alors voilà, sois gentil, ouvert, et accepte les choses au lieu de lutter, puis tu verras, il y a de belles surprises quand on laisse à la vie l’espace de s’passer.
C’est bien, j’ai connecté à moi, j’ai fait de ma vie et de ma réussite une priorité. J’ai plié le temps autour de ça, mes journées sont arrangées pour moi. Maintenant il faut dépasser et réajuster. Si je veux construire avec d’autres je dois leur laisser d’la place, faire en sorte qu’ils se sentent importants, parce qu’ils le sont. Pas faire juste semblant ou se laisser porter quand « on accepte de passer quelques heures avec eux ». Dans la vie c’est donnant donnant, c’est pas parce que j’fais partie de ceux qui ont décidé d’faire autrement, qui ont des rêves et des objectifs qu’ils construisent à leur manière, que j’dois penser tout l’temps pour moi. Et quand j’dis ça, j’le dis pour tout le monde, à haute voix. Car je ne suis pas un tyran, j’accorde beaucoup de temps déjà, je suis souvent d’une aide précieuse pour mes proches ou ceux qui la sollicitent. Mais quand je ferme la porte ou décide de dire non, je porte un poids irritant, comme si je trouvais ça anormal qu’on vienne me demander mon temps. Et ça faut qu’ça change, j’peux juste dire non avec douceur ou accepter. Rien ne sert de fumer, s’enflammer, comme si le monde s’était ligué pour que je n’arrive pas là où je devrais arriver. C’est des conneries tout ça, do your own shit and shut the fuck up, arrête de péter des câbles, si t’as d’l’énergie pour ça en vrai c’est qu’t’as rien compris. T’es pas à la hauteur de c’que tu racontes, t’es qu’un p’tit nazi en stress qui s’monte le bourichon pour deux ou trois sollicitations.
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Bref, j’m’arrête ici, vous avez tous compris. Faut s’détendre la nouille et garder un mental d’acier. J’sais où j’vais, avec qui ou pas ça dépendra des journées, puis voilà, basta. A demain, bise.
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cequilaimait · 6 years ago
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Knut – 6. Vendredi – L’anniversaire de Knut – 6.3 Tout raconter (3/3)
Prétendre que l’ambiance était « lourde » autour de cette table ronde était un sacré euphémisme. Personne n’avait eu le temps de courir après Knut. Le temps que les jeunes arrivent dehors il avait déjà disparu au coin d’une rue. De retour à l’intérieur, Lillemor chialait en disant qu’elle allait perdre son petit frère, qu’il allait faire une bêtise et qu’elle ne savait même pas où il était. Sabina essayait de réconforter sa meilleure amie sans y croire elle-même. Viktor, paniqué, était accroché à son téléphone, essayant coute que coute de joindre le fugitif ou n’importe qui d’autre qui aurait pu savoir où il prévoyait d’aller, pour l’arrêter avant qu’il ne commette l’irréparable. Dévasté, Hakon se tenait le visage de ses gros doigts boudinés aux ongles coupés trop courts.
Seul Justin était dans son état normal. Pas une larme, une respiration calme et maîtrisée et les idées bien en place. Suffisamment pour se lever et tranquillement attraper son sac eastpak et enfiler son blouson, devant le regard médusé de toute l’assistance.
« Putain, tu fais quoi, Justin ? », demanda Lillemor, à deux doigts de le tuer à cause de son absence totale d’empathie.
Sans le moindre stress, le jeune chaton répondit, accompagnant sa voix fluette d’un léger sourire :
« Le chercher, pourquoi ? Je sais où il est ! Il l’a dit ! Faites-moi confiance, j’vous envoie un SMS dès que je l’ai retrouvé ! Bon, bah bonne soirée tout le monde ! »
Immédiatement, Viktor l’attrapa par le bras et le bloqua dans ses mouvements. Un fugitif, c’était déjà grave, ils n’en avaient certainement pas besoin d’un deuxième, qui en plus ne parlait que trois mots de Suédois. Dont un miaulement.
« Putain, mais t’es complètement bourré ! C’est pas possible ! Tu restes-là et on appelle les adultes ! On n’aurait jamais dû te laisser boire ! »
Celle-là, elle était trop drôle. Justin en explosa même de rire. Son seul souhait avait été de provoquer des explications entre tous ces cons qui se faisaient du mal en refusant de se parler. Il avait plus qu’accompli son but. Il n’avait plus aucune raison de rester dans ce rôle.
« Bourré ? Sérieusement ? », lâcha-t-il d’un air moqueur et provoquant. «��Au Virgin Mojito et à la Virgin Pina Colada ? J’veux bien être un chaton, mais y a des limites. J’ai fait semblant. Avant votre arrivée, j’ai demandé à la serveuse de ne pas me mettre d’alcool dans mes commandes. J’lui ai dit que je n’avais pas le droit de boire, mais que je voulais me donner un air cool devant vous. C’est fou comment les serveuses aiment aider les chatons mignons à se la jouer cool ! Même pour la table, j’lui ai demandé si je pouvais monter dessus ! Sinon, j’me serais contenté de la chaise ! C’est dingue comment vous n’avez rien capté ! Ok, j’suis doué pour faire semblant, mais quand même… »
Bouches grandes ouvertes, les quatre jeunes Suédois dévisagèrent le chaton qui, de son côté, continuait à se préparer comme si de rien n’était, pensant même à attraper au passage la parka de Knut qui traînait sur la banquette. La scène était à proprement parler surréaliste. À leurs yeux, en tout cas. Car lorsqu’Hakon se jeta de rage sur Justin avec la ferme envie de faire disparaitre son sourire narquois de son visage, avec la bénédiction des autres, l’adolescent grogna et leur renvoya avec une certaine méchanceté toute leur connerie à la gueule.
« Comme vous n’êtes pas foutus d’agir de manière responsable, j’ai juste crevé l’abcès pour le soulager. Vous étiez tous tellement pris dans vos mensonges et vos silences que vous en avez oublié de penser à ce que lui ressentait. Je suis sûr que, tous pétés de certitudes, aucun d’entre vous ne s’est vraiment demandé pourquoi il souffrait. J’ai fait ça pour qu’il trouve le courage de parler. Parce qu’il n’y avait que en le confrontant à votre connerie qu’il y arriverait. Après ce qu’avait balancé Hakon hier, la seule solution, c’était que tout le monde dise tout. Une fois la machine enclanchée, il fallait aller jusqu’au bout pour enfin passer à autre chose, ce que vous n’étiez pas capable de faire sans moi. Et maintenant, vous m’excusez, mais j’ai du boulot, j’ai un travail à terminer et un chaton à sauver. »
Sec, net, sans bavure. Personne ne trouva rien à redire. Soit Justin était fou à lier, et il n’y avait plus rien à faire pour lui si ce n’était le laisser partir. Soit il était le plus grand connard manipulateur de la terre – sous ses cheveux roses, il était brun, et il fallait bien avouer qu’en matière de foutage de gueule, il avait eu un maître pas piqué des hannetons –, et la meilleure solution restait encore de le laisser faire. Toujours est-il que personne n’essaya plus de le retenir. L’urgence, pour les membres du club, était de s’organiser pour rechercher Knut. Et tant pis pour ce jeune Français complètement cinglé. De lui, ils n’en avaient plus rien à foutre.
Seul dehors, Justin regarda le ciel. La nuit s’était installée depuis longtemps, même si l’heure restait parfaitement raisonnable. Les nuages étaient de retour. Il commençait à neiger, d’épais flocons destinés à tenir au moins jusqu’au petit matin. S’orientant sans mal, il monta dans le premier bus qui passait, direction l’île de Djurgården. Son téléphone vibra. Les autres avaient prévenu Claude Duvanel. Il ne répondit pas. Pas besoin pour le moment.
Enfin, après de longues minutes de trajet et alors qu’il s’approchait de sa destination, Justin laissa un sourire recouvrir son visage, puis pianota rapidement deux textos. Un à destination de la Suisse, pour prévenir que quelque chose allait sans doute se passer, et un autre à sa professeure, pour la rassurer :
« Je l’ai en visuel. Faites-moi confiance pour le ramener. Pas de nouvelles = bonnes nouvelles. »
Son mobile sur mode avion pour ne plus être dérangé, il descendit tranquillement du bus, puis alla s’assoir sur le banc, à côté d’un magnifique petit blondinet frigorifié qui gémissait, recroquevillé sur lui-même. Sans même qu’il ne lève la tête, Justin lui déposa son veston sur les épaules, lui passa la main autour de la taille, puis admira la majesté des immenses toboggans en ferrailles de Gröna Lund qui se dressaient dans le noir devant lui.
« Je vais là où m’attend mamie… C’est chou comme manière de donner rendez-vous à un copain chaton, je trouve ! Par contre, fais gaffe la prochaine fois ! Vu ton passif, les autres ont balisé grave ! »
Sa voix était calme et douce, comme un miaulement. Ce qui déclencha un minuscule rire gêné de la part de son pauvre camarade, qui le reconnut aussitôt.
« Justin ? »
L’adolescent acquiesça d’un léger oui, puis se serra contre son compère. La neige commençait à tomber assez fortement. Le sol était blanc. L’un et l’autre étaient condamnés à rester là un moment dans l’attente du bus qui voudrait bien les ramener à la maison. Ou du suivant. Cela dépendait de ce qu’ils avaient à se dire. Ils n’étaient pas pressés. Partager un peu de chaleur avant les mots avait déjà énormément de sens.
Enfin, Knut osa poser la question qui lui brulait les lèvres. À la différence des autres, il n’était pas du tout dupe. Lui avait goûté dans le verre de Justin. Il avait immédiatement compris.
« Pourquoi t’as fait ça, aujourd’hui ? Pourquoi t’as fait sembler de boire ? Pour les provoquer sans qu’ils comprennent ? »
Justin ne cherchait pas à nier. C’était exactement ça. Son seul but était de les faire parler et de les pousser à être honnête.
La tête posée sur les genoux du jeune Français, Knut grogna en laissant ses petits doigts se balader sur le dos frigorifié de la main droite son camarade. Tout cela n’était pas très juste.
« Tu veux que les autres soient honnêtes avec moi, mais toi, tu ne veux toujours pas l’être… Tu m’as pas répondu quand je t’ai demandé pourquoi tu portais toujours un bracelet éponge… »
Pour la première fois de cette folle soirée, Justin pleura. Une simple larme orpheline qui partit de sa paupière pour rejoindre ses lèvres, détournée sur son chemin par la fossette creusée au sein de sa joue. Il s’attendait à cette question. Il avait prévu d’y répondre, même si c’était difficile. Il lui devait bien ça.
Après quelques secondes d’hésitation, et une profonde inspiration, il attrapa sa protection du bout des doigts et la fit glisser sur sa paume jusqu’à ce qu’elle découvre complètement son poignet. Quelques gouttes tombèrent pile à l’endroit où se dessinait sa cicatrice, que Knut caressa, avec un certain effroi, du bout de ses coussinets maquillés de verni noir. Justin gémissait. Plutôt que d’improviser avec des mots qui ne venaient pas, il préféra réciter un de ses poèmes. Un des plus difficiles, mais aussi explicites. Il se nommait « Baignoire ». Il l’avait écrit en seconde, quelques jours avant de se mutiler.
En l’homme, je pense avoir perdu toute foi C’est normal que toutes ces choses me dérangent On m’a outragé, on m’a privé de ma voix Je veux crier et hurler, voilà donc pourquoi            J’ai teint mes cheveux en orange
 Je me sens mal, mes larmes glissent sur mes joues Et l’eau coule, je m’enfonce dans ma baignoire J’ai chaud. J’étouffe. J’ai putain de mal au cou Tout cela m’a bien réellement rendu fou            Ce soir, je suis seul dans le noir
 Je me savonne. Je frissonne. J’ai si froid C’est vrai, ces derniers temps, je me suis amaigri Je me recroqueville, je vis dans l’effroi Pour moi, plus de justice, pas plus que de lois            La nuit, tous les chatons sont gris
 Je me shampoigne, ça brule, mes iris fondent Je craque, plus jamais je ne serai heureux Comme si brisé par le souffle d’une bombe Je le trouvais immonde, ce bien triste monde            Que je vois de mes yeux vert-bleu
 Enfin, elle se vide, je le suis autant Cette baignoire, immobile, jamais ne bouge Je le sais, elle sera là, elle m’attend Je veux couper et y déverser tout mon sang            Un beau jour, mon bain sera rouge
 Les doigts caressant tendrement le poignet humide de son homologue, Knut avait bu ses paroles. Il trouvait cela beau. Il trouvait cela triste. Il ne pleurait plus pour lui-même, mais pour le garçon dont la peine s’écoulait à présent sur ses cheveux. Penché au-dessus de sa nuque, Justin lui murmura son histoire à l’oreille.
« Cette marque, t’es la troisième personne à qui je la montre de mon plein gré. La première, c’était Aaron. Pendant très longtemps, il a été le seul à avoir le droit de la voir. J’suis comme toi, Kisse. Tout comme toi. Aussi fragile. Aussi morbide. J’me suis fait ça le jour où j’ai décidé de mourir. J’l’ai fait parce qu’un homme, un professeur, m’avait violé, et que je n’avais pas le courage ni la force de me battre. J’l’ai fait parce que je n’arrivais plus à vivre… »
Tellement cru. La boule au ventre, Knut refusait d’y croire. Justin ? Ce garçon si mignon, gentil et câlin ? Subir… « ça » ? Et pourtant, la voix de l’adolescent aux cheveux roses ne trompait pas. Il pensait chacun de ses mots. Chacun des détails qu’il murmura et détailla, expliquant comment cet adulte l’avait manipulé, forcé à des choses indignes, abusé, humilié et vidé. Comment son âme souillée avait voulu en finir. Comment il s’était décidé et comment il avait fait. Comment un garçon, Aaron, l’avait refusé et l’avait tiré de son bain avant qu’il ne soit trop tard, le condamnant à vivre bien malgré lui. Comment il avait accepté cette deuxième vie, comment son bourreau était tombé et comment sa chevelure était devenue la toile de ses émotions. Comment, enfin, il avait essayé de se reconstruire en allant vers les autres, en acceptant toutes les pulsions que son frêle corps pouvait connaitre et en donnant autant qu’il le pouvait, comme là il avait envie de donner.
Apaisé, Knut se redressa et posa sa tête dans le creux de l’épaule de son camarade. Il comprenait. Cette confession lui faisait du bien. Il y avait quelque chose de rassurant à apprendre qu’il n’était pas le seul chaton à souffrir. Il se sentait moins seul. Presque chanceux de son propre désespoir à côté de celui qu’avait vécu Justin. Et pourtant, sa douleur avait été si vive. Elle l’était toujours. Il avait besoin de réconfort. Il le quémanda.
« Si tu me sers fort dans tes bras, j’te raconte tout. Depuis le début. Tu sauras tout sur moi. Okay ? Ça sera notre secret à tous les deux… »
Forcément, le jeune Français ne pouvait pas refuser et l’invita à se blottir contre sa poitrine. Même si la position n’était pas la plus confortable, Knut s’y sentait bien. Il souriait, avant de très rapidement grimacer. Serré et protégé comme ça par un garçon pourtant aussi frêle que lui, il pouvait pleurer à loisir sans que rien ne l’arrête où le perturbe. Il n’avait plus qu’à se lancer dans son monologue. Enfin. Et toujours dans un français riche et exemplaire, avec toujours la même voix douce un peu roque et légèrement aiguë, bercée d’un subtil accent suédois. Il pouvait enfin dire ce qu’il était. Ou plutôt, qui il était.
« Je m’appelle Knut Eklund. On me surnomme Kisse, car je suis un chaton. J’ai seize ans aujourd’hui et j’ai essayé de me tuer il y a un mois et demi. Et depuis, même si je respire, c’est comme si mon cœur était vraiment mort. Comme si m’a vie s’était arrêtée à ce moment-là. Même si mon sang coule dans mes veines, même si mon front me brule de mon feu intérieur, si mes sourires sont toujours aussi charmeurs, je suis mort. Ou en sursit. J’ai peur… J’ai tellement peur. J’aimerais tellement mourir pour de vrai. Et en même temps, j’ai tellement besoin qu’on me sauve… Sauve-moi Justin… Sauve-moi… »
Alors que la neige tombait délicatement, sans un bruit, sur le sol, ses gémissements tonnaient comme un orage. La tempête des sentiments dura de longues minutes, avec des éclairs de peines et des giboulées de larmes qui s’échouèrent sur le pull du garçon aux cheveux roses. Enfin, calmé par les caresses dans son dos et les picorements sur ses cheveux, le chaton du froid se remit à parler. Timidement, mais surement, n’omettant aucun détail de ce qui l’avait conduit à sa propre déchéance. Sa voix était douce, lente, parfois humide et légèrement souriante.
« Ça a commencé quand j’étais petit. Je n’étais pas un enfant désiré. L’accouchement de Lilly s’était mal passé. Maman ne voulait plus repasser par là. Sauf qu’ils n’ont pas fait attention avec mon père. Quand les résultats du test sont tombés, mes parents ont hésité. Beaucoup. J’ai failli y passer. Et puis mamie s’en est mêlée. Elle était croyante. Follement croyante. Ça avait été la source de beaucoup de tensions entre elles, quand maman était adolescente et qu’elle a commencé à sortir avec des garçons, puis papa. Quand mamie a appris que maman m’attendait, elle l’a suppliée de me garder. Elle lui a dit que, si elle évitait l’avortement, alors elle serait toujours là pour moi. Qu’elle serait la meilleure grand-mère du monde. Qu’elle ne ferait plus les mêmes erreurs qu’avec maman quand elle était jeune et qu’elles se disputaient. Mais que je méritais de vivre, qu’il fallait me laisser cette chance. Et ça a convaincu maman qui s’est mise à pleurer et a accepté d’endurer la souffrance et de me laisser naître. Et ma mamie est devenue la meilleure mamie du monde. À ses yeux, j’étais presque la réincarnation de l’enfant Jésus. Son petit miracle à elle. Elle me le disait tout le temps, ça et qu’elle m’aimait… »
Knut n’avait cessé d’admirer cette femme aux cheveux grisonnants. S’il était tout pour elle, la réciproque avait été tout aussi vrai. Grace à elle, le jeune Suédois avait connu une enfance douce et heureuse. Pour mieux veiller sur le garçon et sa sœur, elle avait accueilli toute la famille dans son appartement du vieux Gamla Stan et s’occupait des enfants comme une seconde mère, leur chantant des chansons le soir, leur parlant en des termes élogieux du bon Dieu, les promenant dans Stockholm et les couvrant de cadeaux. Là où Lillemor avait grandi en se montrant aventureuse et indépendante, son petit frère, bien plus timide, chétif et fragile, avait pris l’habitude de ne jamais lâcher la chaude main qui le protégeait. Pendante toute son enfance et le début de son collège, Knut n’avait ainsi eu d’yeux que pour sa grand-mère. Quand il priait le seigneur, c’était elle qu’il adorait. Elle était son phare. Sa lumière. Sa raison d’être heureux. Knut n’avait pour ainsi dire connu que trois femmes dans sa vie : sa mère qui l’élevait et lui enseignait le français et la poésie, sa grande sœur qu’il admirait et sa grand-mère, qu’il vénérait.
« Un jour, elle est soudainement tombée malade. Gravement malade. Elle a dû quitter la maison pour rejoindre un centre spécialisé, à plus d’une heure trente de la maison. J’pouvais presque plus la voir. Lilly et moi, on s’est vachement rapprochés à cette époque. C’est là où on a commencé à s’intéresser à la mode. Enfin, c’est surtout que Lilly a tout fait pour combler le vide et s’occuper de moi, donc une passion commune, ça aidait. Elle est géniale ma sœur pour ça. C’est pour ça que je la respecte et que je lui obéis. Parce que je sais qu’elle sera toujours là pour moi… »
« Et ta grand-mère, du coup ? », osa l’interrompre Justin, toujours en lui caressant les cheveux.
Un peu bloqué dans son élan, Knut dut prendre une grande inspiration pour oser répondre. Quant à ses yeux, il ne chercha même pas à contrôler le flot qui s’écoulait de son éclat bleuté. Chaque mot était le théâtre d’un nouveau gémissement aigue et incontrôlé.
« J’ai prié pendant ma huitième année[1] tous les jours pour qu’elle s’en sorte. Et je n’étais même pas là, avec elle, quand elle est partie… Putain Juju… J’étais pas là parce que je croyais qu’elle ne mourrait jamais, que Dieu la sauverait, et que le supplier de la sauver serait suffisant… J’ai été si con… Si seulement j’étais allé la voir… Si seulement je lui avais dit aurevoir… »
C’était le 30 octobre 2015. À l’époque, Knut venait d’entrer en troisième. Cette perte l’avait dévasté. Avant, il avait tout. D’un coup, il ne lui restait presque plus rien. Ses parents travaillaient énormément. Sa mère accusait le coup. Sa sœur était au lycée et ne le couvait plus dans la cour de récréation. Tout ce qu’il avait encore, c’était la mode, la poésie et Dieu. Le déni et le refus des réalités débouchèrent rapidement sur une profonde dépression. Du fait de son air taciturne, la plupart de ses copains avaient fini par se détourner de lui. Pendant un an, plutôt que de jouer avec eux, plutôt que de grandir et plutôt que de s’intéresser aux choses de son âge et que son corps adolescent lui dictait pourtant, il avait préféré se plonger dans la lecture, son look et la piété, et surtout prier, matin, midi et soir pour que sa grand-mère obtienne le salut qu’elle méritait. Sauf que dans ses prières, à travers Dieu, c’était avant tout à elle qu’il s’adressait. En vain. Car jamais elle ne répondait, ni à ses supplications, ni à ses larmes.
Tout en parlant, Knut avait réussi à légèrement reprendre son calme. Son ton trahissait à présent une certaine colère.
« Je savais bien au fond de moi que ça ne servait à rien. Je ne suis pas stupide. Du jour où elle est morte, j’ai compris. J’ai compris que Dieu était un assassin. Le pire de tous. Coupable de tous les maux. Le criminel parfait. Ouais, le crime parfait, c’est quand la victime existe bien mais que le criminel n’est qu’un mensonge. Tu ne peux pas mettre des menottes à un mensonge. Tu ne peux pas l’emprisonner. Tu ne peux même pas lui parler. Il n’existe pas. C’est même ce qui le définit. Mais je n’étais pas capable de l’accepter. Je le refusais. Alors je priais encore plus. Parce que je n’avais plus que ça à faire. Jusqu’à ce qu’à mon entrée au lycée… »
Alors que les deux garçons se tenaient toujours sur le banc, blottis l’un contre l’autre, un bus passa et s’arrêta, puis repartit, comme il était arrivé. Même si leurs mains étaient sur le point d’exploser à cause de la rencontre entre la morsure du froid et la chaleur de leur sang qui les gorgeait, ils ne bougèrent pas. D’autres bus suivraient forcément. Ils avaient le temps.
En seconde, l’adolescent avait naturellement rejoint le club de sa sœur et de Viktor, qu’il considérait comme un grand frère. Sabina lui avait naturellement tapé dans l’œil, même s’il se refusait à toute pensée qu’il jugeait aussi impure. Quant à Hakon…
« J’ai tout de suite vu qu’il me trouvait mignon. Il me regardait tout le temps. Ça serait mentir que de prétendre que je n’avais conscience de rien et que je n’en ai pas joué. Je crois que ça me faisait simplement plaisir, en fait, qu’il s’intéresse à moi. Alors je l’ai laissé se rapprocher de moi. Je ne sais plus comment ni pourquoi, mais on a fini par parler de religion. Il était vif. Il voulait débattre. Il m’a balancé mes contradictions à la figure. Sur le fond, il avait complètement raison. Sur le timing, par contre… Une semaine avant l’anniversaire de la mort de mamie… C’était sincère, il voulait m’aider à me libérer pour que j’aille mieux. Il m’a arraché des aveux sur ce que je croyais. Il n’y est pour rien. Mais m’enlever mes mensonges, c’était exposer le seul fil qui me retenait à la vie. Derrière, il n’y avait plus qu’à le couper… »
La vie est un ciseau de merde.
Ce n’est pas son apostasie contrainte, le fait de se faire virer de chez lui le samedi et engueuler le dimanche, ni même l’anniversaire douloureux qui avaient fait craquer l’adolescent. Toutes ces choses-là n’avaient fait que le fragiliser. Tout comme sa dépression chronique, sa solitude, ses mensonges et ses désillusions. Pris indépendamment, chaque élément était supportable. Pris ensemble, ils devenaient la scène sur laquelle allait se jouer une triste pièce de théâtre.
Knut était un brasier prêt à s’enflammer, une bombe dont le compte à rebours s’approchait de zéro, une faille sismique sous tension à deux doigts de craquer. Il ne lui fallait rien pour qu’il explose. Une allumette pour mettre le feu aux poudres. Une goutte d’eau pour faire déborder le vase. Un mot de trop. Un déclic. Un tilt. Un regard perdu. Le déni s’en était allé pour laisser sa place au vide. C’était pire.
Tremblant la tête sur les genoux de Justin, le jeune Suédois craqua :
« Après l’engueulade, j’me suis enfermé dans ma chambre, celle de mamie à la base, pour pleurer. Et là, je l’ai vue. Cette grande croix fixée au mur qui me narguait. Qui me renvoyait ma débilité à la tronche. Elle se moquait de moi. De mon hypocrisie. Elle riait. Plus je pleurais, plus elle m’écrasait… Plus j’essayais de luter, plus j’avais envie de crier. Et là… là… j’ai compris. J’ai compris que mamie était morte. Ce que je niais depuis un an dans ma tête… Et que la seule façon de la revoir moi aussi, c’était de la rejoindre… Alors je suis allé dans le tiroir à pharmacie. J’ai pris tout ce qui traînait sans faire attention. J’ai tout foutu dans un verre d’eau. J’ai avalé. Je suis retourné me coucher sur mon lit. Et j’suis mort. »
Le souffle coupé, Justin avait écouté chaque mot de cette confession. Les souffrances et blessures de Knut et les siennes n’avaient pas grand-chose à voir, mais leurs motivations et sentiments étaient bien les mêmes. Le vide. Insupportable. Qu’ils avaient chacun fait le choix de ne plus avoir à supporter.
Et comme pour Justin, Knut fut privé malgré lui de la fin qu’il s’était offerte. Dans le cas du petit Suédois, le responsable se nommait Hakon. Ce Hakon fou amoureux qui, ne le voyant pas arriver alors qu’ils s’étaient donnés rendez-vous l’après-midi après le temps du shopping dans un bar pour une leçon de français – en réalité une nouvelle tentative de charme condamnée à l’infructuosité – s’était rué jusqu’à son appartement, avait défoncé la porte de sa chambre et l’avait trouvé inconscient, déjà parmi les anges. Un passage aux urgences, un lavage d’estomac et une hospitalisation plus tard, Knut se réveillait, bien malgré lui. Son corps était toujours là. Le reste était déjà un peu parti. Et là, moins de deux mois après cet accident, après toutes ces semaines passées à faire semblant, il ne lui restait plus que quelques larmes qui coulaient encore ainsi qu’une question existentielle à laquelle il n’avait jamais trouvé de réponse.
« Justin… C’est quoi le sens de la vie ? »
Cette question, le garçon aux cheveux roses se l’était posée lui aussi. Forcément. Et presque deux ans jour pour jour après son propre geste désespéré, il n’en était arrivé qu’à une seule conclusion, qu’il offrit d’un sourire tendre à l’adolescent dont il caressait la joue du dos de la main :
« Le sens de la vie ? La vie a le sens qu’on lui donne. Et c’est ça qui est merveilleux. Car rien n’est jamais écrit. Miaou ! »
Ce simple petit cri amusé fit rire Knut. Enfin. Étrangement, après toute cette démonstration de peine, il se sentait enfin bien. C’était la première fois depuis ce foutu dimanche qu’il parlait aussi librement. Non, peut-être la première fois de sa vie. Un poids venait de s’envoler.
Ne voyant plus de raisons de rester à moitié allongé, le jeune blond se redressa, secoua la tête et bailla. Combien de temps avait passé ? Un moment sans doute. Les bus s’étaient succédé sur cette route neigeuse, sans que jamais ils ne montent. Mais même le prochain, les deux garçons n’avaient pas envie de le prendre. Knut voulait encore discuter. Son sourire charmeur et taquin lui était revenu. Ses larmes s’étaient taries. Il voulait rêver un peu avant que son corps ne rentre affronter une engueulade bien méritée. Il quémanda un poème. Un de ceux que Justin cachait, car trop intimes, comme celui sur la baignoire plus tôt. Compréhensif, le chaton des Alpes sortit son carnet usé de son sac. Son texte le plus intime se nommait « Malpropre » et traitait de son viol, a posteriori. De la pure catharsis pour aller mieux un soir de déprime. Personne ne l’avait jamais lu. Lui-même n’y était jamais retourné jusqu’à cette nuit-là, de peur d’affronter ses sentiments les plus sombres. Une petite reprise d’Apollinaire, à la sauce dépressive, fit grogner Knut :
« J’attends que vienne la nuit, que sonne l’heure. Les jours s’en vont ? Je me meurs. »
 Mais cela ne fut rien à côté des quelques passages explicites ou de cette simple fin, écho à la souffrance sans nom. Elle concluait et voulait tout dire.
« Bien que ne soit pas encore venu mon heure, je ressens la même peine, vis le même cérémonial. J’ai peur, j’ai la haine, je suis sale »
 Mais avant même que le petit Suédois ne puisse réagir, Justin était déjà passé à autre chose. À un petit poème qu’il aimait beaucoup et qui parlait de sa propre construction sexuelle. Le viol, les filles, les garçons. La dernière strophe était un aveu assez particulier, qui fit rougir Knut jusqu’au bout des oreilles :
Je ne comprends pas la chose Symbole pour moi d’interdit Quand deux garçons, ensemble l’osent Mon cœur étrangement frémit Ah, viles hormones traitresses ! Devant ce sexe-là, je doute Lorsqu’il me couvre de tendresse Il se pourrait qu’un jour, j’y goute
 « Quand-même, Juju… »
Du Knut cent pourcent craché. Même s’il ne croyait plus en rien, il n’avait pu se débarrasser de ses réflexes et de sa vision assez personnelle de la société. Il y avait des choses qu’un gentleman qui tenait à ses couilles – Justin était censé comprendre – ne pouvait pas dire devant un chaton encore vierge et innocent. À ces mots, Justin éclata de rire et se colla bien contre son camarade, de manière assez équivoque. Tout en ricanant, il lui chuchota quelques mots provocants à l’oreille.
« Tu sais que j’avais prévu deux cadeaux pour ton anniversaire, et qu’un est un poème écrit rien que pour toi ? Je l’ai appelé « chaton du froid », tu veux l’entendre ? »
Surpris, Knut se figea sur place et écarquilla les yeux. D’un côté, la surprise lui faisait incroyablement plaisir. De l’autre, l’air taquin de Justin avait de quoi l’effrayer un peu. Quand un petit félin de seize ans se comportait comme ça, c’était forcément qu’il avait une idée coquine derrière la tête. Mais le jeune Français ne fit même pas attention à l’état de son spectateur. Déjà, après avoir rangé son carnet dans son sac, il s’était lancé d’une voix douce et tendre dans la déclamation de ses vers. C’était une ballade. Il lui offrait trois strophes, et un envoi.
Dans ce pays de neige et bruine J’ai rencontré un petit roi Son rire et sa joie me fascinent Tout comme son joli minois Ses beaux cheveux blonds me foudroient Mignon aux airs de jouvencelle Tu fais bruler mon étincelle Toi, mon petit chaton du froid
 « Mjauuu »
Une fois encore, Knut n’avait pu retenir un de ces cris automatique qu’il lâchait dès qu’il était attendri. Plus ils étaient aigus, plus il était content. Celui-là était tellement haut qu’il était à peine perceptible. À part ce « Jouvencelle » un peu exagéré, tout était adorable. La façon dont en plus Justin se collait à lui et utilisait ses petits coussinets pour lui caresser les cuisses… Grrrr, cette douceur était à grogner de plaisir.
Ton cœur est ainsi champ de ruine Tous les jours, tu portes ta croix T’abandonnant à ta doctrine Elle te manque, je le vois Ta grand-mère veille sur toi Toujours ce son de violoncelle Vibre, et tes larmes en ruissellent Toi, mon petit chaton du froid
 La main de Justin s’était déplacée vers le cou et la joue du jeune Suédois, pour mieux récupérer du bout des doigts cette dernière petite larme qui avait oublié de couler plus tôt et qui s’échappait à peine de sa prison. Knut s’en mordilla la lèvre. Son doux camarade avait visé particulièrement juste dans ses rimes et ses vers. Sûr de lui, et le souffle de plus en plus proche de visage du jeune Suédois, Justin continua :
Comme moi, brule ta poitrine Ta peur te rend maladroit Je ne veux que ta joie décline Embrasse-moi, tu as ce choix Je sais ce que tu vis, crois-moi L’envie de partir, je décèle Non, pas question que tu chancelles Toi, mon petit chaton du froid
 Avalant d’un coup sa salive, Knut se sentit paniquer. Il tremblait de toutes parts, tel un agneau sur le point de se faire bouffer. Le garçon au cheveux roses lui tenait doucement les poignets d’une main. Il n’y mettait aucune force, mais le geste était assez assuré pour que son compère se laisse faire, tout comme il n’eut aucune réaction de rejet lorsque l’autre paume s’approcha pour lui caresser la joue. Il était fait. Il n’avait pas la force, et encore moins le désir de résister. Tournant légèrement le regard, entrouvrant la bouche, il se laissa faire. L’invitation était trop forte. L’envie aussi. Justin embrassait bien. Avec douceur, sans violence, sans vulgarité et sans égoïsme. C’était la première fois que Knut se laissait bouffer les lèvres. L’échange n’était censé durer que quelque seconde, pour ne pas couper le poème avant sa fin. Il se prolongea bien au-delà de la minute, tant l’adolescent sentait son âme à nouveau prisonnière de son corps, un corps dont le cœur battait à tout rompre, dont le sang s’écoulant à grand flot réchauffait chaque parcelle de son corps, de ses entrailles au bout de ses doigts en passant par son innocence qu’il ne contrôlait plus, et dont les larmes, pourtant censées être taries, continuaient de s’écouler en suivant le rythme de ses tremblements et les saccades violentes de sa respiration.
D’après Justin, de ce qu’on lui avait enseigné, c’était de cette manière qu’on soignait le cœur des chatons. Toujours calme et souriant, il se recula légèrement et plongea son regard vert bleu dans les iris océan du héros du jour. Enfin, l’envoi :
Knut, adorable p’tit Suédois Aux yeux si bleus qui m’ensorcèlent Veux-tu que je te dépucelle ? Toi, mon petit chaton du froid
 Complètement rigide, comme bloqué entre le réel et un ailleurs, Knut encaissait à peine le baiser et le texte. Ce poème qui lui avait été composé et offert, rien qu’à lui, rien que pour lui. Ces mots qui le définissaient si bien, dans toute sa fragilité. En une semaine à peine, Justin l’avait compris mieux que quiconque. Ce petit Français que Knut n’avait pas voulu voir débarquer dans sa vie l’avait emporté de force par sa fougue, son rire, son naturel et son intelligence, si mature et profonde coincée dans un physique si innocent.
En réponse à ce cadeau, il ne miaula pas mais se blottit juste profondément contre la poitrine de son camarade, en attendant le prochain bus pour enfin rentrer à la maison. Il ne répondit quasiment rien, se contentant de lâcher un simple tout petit son. Trois petites lettres à peine murmurées et audibles, mais porteuses d’un sens infini. La neige s’était enfin arrêtée de tomber. C’était une évidence.
« Oui… »
[1] Equivalent de la quatrième
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lesmotsdeminuit · 6 years ago
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Vendredi 28 octobre 2018, 02h08
Tu me manques. La personne que t’étais il y a encore quelques mois me manque. Ta douceur me fait défaut et ta violence me fascine. Je sais pas comment j’ai pu en arriver là, tu sais devenir ce pathétique cliché. J’étais si prête à te dédier ma vie entière, à ne vivre que par toi, pour toi. À n’espérer que ton approbation, à quémander ton attention comme un putain de golden-retriever. J’étais sûre que c’était mon souhait le plus profond, te regarder des heures entières, rire à tes blagues même quand elles sont pas drôles, te contempler discrètement quand t’es concentré. T’es si beau, je te promets t’es si beau dans mes yeux, j’aime tout de toi, la moindre partie de ton corps. Tu me fascine tellement, t’es si complexe et intéressant, tellement torturé mais pourtant si bon et rassurant; tu vois je pourrais en parler des heures entières, trouver des tonnes d’adjectifs pour tenter de te décrire. T’es sûrement la personne la plus intelligente que je connaisse et à tellement d’égards tu m’as rendu meilleure.
Mais cette autre personne que tu es aussi, me fou la gerbe tout doucement. Chaque jour qui passe, chaque appel, chaque fois que je te regarde évoluer dans ton monde, je te trouve si différent. J’aime pas cette personne, j’aime pas cet aspect que tu montres, tout ces rôles que t’essaie de jouer. Ta vie est une grande comédie et je fait partie de cette mascarade. Je joue mon rôle gentiment depuis plus de deux ans. Je souris comme une conne, je me fait belle pour toi, j’attends sagement. J’attends un signe, un message, quelque chose tu vois ? Je suis là et j’attends que tu aies enfin le temps ou l’envie de supporter ma présence. Je déteste cette partie de moi, celle qui a tant besoin de se sentir en sécurité, de se sentir protéger du monde extérieur quitte à m’isoler. Je te hais pour m’avoir laissé tomber pathétiquement amoureuse de toi, pour m’avoir laissé imaginé ne serait-ce qu’un instant que t’étais mon destin.
Je t’en parle jamais, je parle jamais de rien toute façon. Qu’est ce que tu sais de moi ? Absolument rien. Tu connais que la façade et ça fait deux ans que tu grattes. T’as jamais rien vu de moi, tu m’as jamais vu vomir à force de pleurer, tu m’as jamais vu dans une colère noire, tu m’as jamais vu en pleine crise d’hystérie ou quand j’angoisse la nuit. T’as jamais vu le mauvais en moi. J’ai tellement voulu que tu m’aimes que j’ai jamais osé te montré à quel point j’avais mal, à quel point j’avais besoin que tu m’écoutes même quand j’veux pas parler, à quel point j’avais besoin que tu restes quand j’te dit de partir. Il faut que tu restes, il faut que tu sois près de moi parce que tout va mieux quand t’es là.
Je sais même pas si t’es heureux, je sais même si tu m’aime encore, si on s’est déjà aimé ? Je sais pas si tu couches pas avec ces filles parce que t’as pas envie ou juste parce que t’as peur de ce que ça pourrait engendrer. Je sais pas si tu restes avec moi parce que t’as peur de pas trouver mieux, ou du moins pas facilement. T’aimes tellement ça la facilité. Et je t’en veux de me laisser avec ces doutes. Je sais pas si je te suffit, je m’en sens vraiment pas capable alors tu sais je t’en voudrais pas. Je serais presque soulagée tu sais, tu vas me prendre pour une folle mais si tu m’avouais que tu me trompes je serais ravie d’avoir enfin une bonne raison de te quitter. Et pas une qui découle de mon manque d’attention, de ma peur de l’abandon ou de ma paranoïa. Non, tu vois ça serait une raison claire et limpide, on se laisserait au moins en sachant pourquoi. Parce que cette nuit, il m’est impossible de te laisser, il m’est impossible d’envisager souffrir à ce point. Je suis pas prête à ça et je me demande si je le serais un jour. J’espère simplement que t’es heureux. Ton sourire me rends tellement contente, tu souris vraiment comme un enfant j’te promet. J’espère que je suis la seule qui doute dans mon petit coin, j’espère que t’écris pas quelque part à quel point tu m’supportes plus. J’espère être plus forte que toute cette merde, plus forte que tes obessessions, plus fortes que toutes mes angoisses. J’espère écrire encore dans quelque mois à quel point c’est dur mais à quel point je t’aime quand même. Quelles pathétiques ambitions.
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songs-of-everythings · 6 years ago
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Qu’est-ce qu’elle attend la p’tite lady gare Saint Lazare
Qu’est-ce qu’elle me veut la miss avec ses yeux d’renard
Derrière la voilette du chapeau avec une plume d’autruche
Pour faire plus beau
Hey gratte-moi la puce que j’ai dans l’dos
Mais qu’est-ce que j’vois, qu’est-ce que j’peux faire qu’est-ce qu’elle est belle,
La p’tite lady déguisée comme un arc-en-ciel
Avec ses bottes en peau d’serpent, ses collants rose fluorescents
Sa mini-jupe en skaï et comme ça swingue sous son chandail
J’vais m’dévisser à force de la r’garder
Il faut qu’j’lui dise que j’veux faire des bêtises
J’peux pas rester minable plus longtemps sans la brancher
Car elle a comme un p’tit chat sauvage dans les yeux
Qui ressemble à un tatouage que j’ai dans l’cœur
Y a pas d’erreur
Qu’est-ce que c’est fou, qu’est-ce que c’est chaud c’que tu dégages
Si j’te l’dis pas tout de suite j’aurais pas tes images 
Mais j’vais pas laisser passer l’train
Pour ce genre de voyage j’ai peur de rien
Hé Hé Hé qu’est-ce que tu bouges bien.
On dirait qu’le monde est à toi quand tu t’promènes
Sur ce quai d’gare, Cendrillon, tu marches comme une reine
Dans les yeux ces types qui trainent avec leurs blouses de fin d’semaine,
Et comme j’t’imagine aussi givrée qu’une mandarine.
J’vais pas t’laisser partir avec un légionnaire en perm
J’vais pas t’laisser séduire par le premier marin qui traîne 
J’vais pas t’laisser dormir tout seule si t’est libre ce week-end
Car tu as comme un p’tit chat sauvage dans les yeux
Qui ressemble au tatouage
J’vais pas t’laisser partir avec un légionnaire en perm
J’vais pas t’laisser séduire par le premier marin qui traîne 
J’vais pas t’laisser dormir toute seule si t’es libre ce week-end
Car tu as comme un p’tit chat sauvage
J’vais pas t’laisser partir avec un légionnaire en perm
J’vais pas t’laisser séduire par le premier marin qui traîne 
J’vais pas t’laisser dormir toute seule si t’es libre ce week-end
Car tu as comme un p’tit chat sauvage dans les yeux
Qui ressemble au tatouage que j’ai dans l’cœur
Y a pas d’erreur
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dalexandremeriguet · 3 years ago
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Storytelling
Pour commencer, je me permets de te faire découvrir un court extrait du début de l’autobiographie que j’avais commencé à écrire début d’année 2021.
Tout a commencé en 2017
Une année si critiquable. Si critiquable puisque innocente. L’année où je commençais à me dire qu’il serait intéressant de se comprendre soi. Je ne savais pas vraiment quoi chercher, ni où. Je n’avais quasi aucune responsabilité, hormis d’aller en cours ou au travail. Je n’avais aucune réelle contrainte ni raison quelconque de m’inquiéter le soir avant d’aller me coucher. Je ne pensais pas vraiment. Je vivais lentement, mais sûrement. J’avançais tête baissée.
Demain, peu importe ce que je ferai, personne n’aurait vraiment besoin de moi. On ne m’appelait pas pour urgence, j’étais un être remplaçable. Une âme errante.
Même si la société dans laquelle j’étais en alternance me plaisait, je n’y voyais pas forcément de passion. Je ne voyais pas en quoi j’étais utile, en quoi je pouvais aider à contribuer à mon épanouissement personnel ou au monde. Ce n’était même pas une question de temps, d’âge. Je n’arrivais pas à visualiser un avenir, à l’heure où je contemplais ceux qui, à mon âge, développait de grands projets entrepreneuriaux.
En dehors de ça, j’avais encore mes rêves de bâtisseurs d’empire capitalistes. Je me voyais m’associer à des personnes pour fonder de grandes sociétés. Je me voyais toucher du bout des doigts, les formes matérialistes de mes rêves les plus profonds. Conduire ces derniers bolides, offrir à mes parents les choses qu’ils idolâtrent depuis trop longtemps, qu’ils sont passées de rêves à légendes. Ces choses qui étaient rêves à 20 ans, des légendes à 60. L’envie de pouvoir aider les gens à la hauteur de ce que je voudrais, et non pourrais. Pouvoir rendre heureux le plus de gens qui m’entourent, pouvoir être utile, avoir pu laisser une trace fluorescente de bonheur dans ce bas monde.
Ses rêves, entassées par mes peurs d’échecs et celles de mes parents, étaient menacés de s’éteindre à jamais. Le temps passait et je me devais d’arrêter de croire que j’avais encore une chance en école de commerce, moi qui m'étais vu refuser l’entrée. Le temps passait et je devais avancer. Finir ce BTS, avoir ce diplôme, chercher du travail et gagner ma vie, et vite. Le temps passait et je me voyais vieillir salarié. Mais je le devais, puisque c’était la seule échappatoire pour avoir la chance d’un jour être patron. Ce n’était pas dans mes plans idéaux, mais je devais faire face à cette réalité qui m’attendait.
Je t’épargne donc la lecture d’une quarantaine de page. Et voici désormais un condensé du parcours.
Fin 2017
J’ai une chaine YouTube avec une communauté de 3500 abonnés, ma dernière vidéo a fait 100.000 vues, mais j’ai envie de tout arrêter. Et j’ai tout arrêté. Étant maintenant en alternance dans un service juridique, j’ai préféré tout arrêter et commencer à me professionnaliser. Je me voyais plus rentrer chez moi tard le soir, et faire des vidéos claquées au sol, alors que j’ai passé toute la journée à dire bonjour à des juristes et des grands patrons. C’est beaucoup trop humoristique, ça ne me ressemble plus, je veux du sérieux.
Je vous épargne aussi mon boulot d’intérimaire chez Weldom. Où je vendais des écrous, des chiottes, des gouttières, des lavabos... alors que je n’arrivais moi-même pas, chez moi, à bricoler.
Je vous épargne aussi mes 6 mois de fac de droit. Arrêté parce que j’ai loupé un partiel. 
Je vous épargne aussi mes soirées jusqu’à 6h du matin, à jouer à Counter Strike.
Début 2018
Alternant en BTS AM, ça me plaît pas du tout. La vidéo me manque mais plus particulièrement le montage. Je ne savais pas comment en faire, à qui proposer ça, de quelle manière, à quel prix, et surtout quel type de vidéo wtf?
Janvier
Inscription 5euros.com, je propose mon service. Je trouve 2-3 clients, il m’arrive de passer un dimanche entier à bosser pour une vidéo à 5 balles, mais j’suis content.
Février 
Maurad me demande des vidéos de bricolage, une fois, deux fois, trois fois (…) et on restera en contact comme ça jusqu’en… Retenez bien son prénom.
Mars
Alors que j’allais baisser les bras (parce que bon, entre toi et moi, c’est ridicule de bosser énormément pour gagner 30€/mois, alors qu’avec l’alternance je gagne assez bien (et qu’en plus, ça me rapporte un diplôme))… un mec prénommé Pierre Evrard, me contacte et me propose 3 montages vidéo par semaine à 15 balles chacune. Je calcule, j’accepte.
C’était des vidéos pour des clients comme Amacker, Enzo Honoré… le business en ligne. J’me rends compte alors avec le temps, qu’ils aiment mon style de montage puis, qu’ils ont besoin de vidéo pour vendre. 
Ils ont de l’argent, et pas le temps. Poua, parfait.
Je cherche alors sur YouTube : business en ligne, entrepreneuriat.. et je me mets à contacter tous ceux qui ont des montages « claqué au sol » pour leur proposer mes services. Bingo, un mord à l’hameçon.
Avril 2018, je commence à toucher environ 300€/mois avec la vidéo.
Mai
Cet entrepreneur m’a présenté Cédric Beau, pour qui j’ai négocié bordel de merde 28€/vidéo, et ce, une vidéo par jour. J’ai l’impression d’avoir trouvé du pétrole. 
Je monte progressivement aux 700€/mois.
Juin
Vous vous rappelez de Maurad le bricoleur? Je lui écris « mec… je dois faire un stage en France, pour un mois.. tu connais quelqu’un qui peut me prendre ?
oui… mon frère ».
Et là… première fois que je vais faire mon premier « voyage d’affaires ». Vous vous doutez bien que le stage n’était pas vraiment un stage. J’suis venu pour faire des vidéos avec lui.
Hop, juillet arrive, je rencontre Maurad à Montpellier, super mec, super famille. On discute, il se rend compte que j’aime pas du tout mon école et arrive à me convaincre de réfléchir, penser à mon avenir et suivre mon instinct. 
Au même moment… j’ai besoin d’un ordi plus puissant, j’ai besoin de cash RIGHT NOW, je ne sais pas comment faire. J’appelle Cédric beau (mon client à 28€/vidéo) et lui propose un package de 50 vidéos à 1000 balles. Hop accepted, je reçois la thune et je file me payer mon macbook pro.
Je fête mon premiers 1000€/mois grâce à Internet WADAFUC.
Aout
Retour à la réunion (chez moi, chez mes parents), suite à ce stage en France. J’explique à mon père que j’veux plaquer mes études pour entrer dans une école de digital parce que bon, BTS AM le diplôme j’m’en fous, et là j’vais enfin rejoindre quelque chose qui me correspond. 
Il m’dit « non, sinon tu dégages de la maison ». J’ai réfléchi une heure et je lui ai confirmé ma position. Bref, engueulade...
...j’ai jusqu’au 30 septembre pour faire mes affaires et dégager.
Bordel.. j’texte plein de potes pour demander à être hébergé… les jours passent… ok j’ai trouvé et là… lumière du seigneur j’en sais trop rien, mon ex petite amie m’dit « ma mère a un appartement vide à Saint-Denis (de la réunion) ». Bordel de ***.
Sauvé, improbable. À quel moment… bref.
Octobre 
J’emménage, j’claque toute ma thune de côté en meuble, bureau (bon ok, ps4 et télé aussi), et c’est parti. Merci Yassin pour la putain de précieuse aide pour meubler mon appartement.
Je n’ai toujours pas de nouvelles de mon père.
Novembre 
J’fais de la vidéo. Lui des sites web, lui du dropshipping et lui du trading. Venez on s’associe (lol), première grosse expérience, première boite. Un mois après ma rentrée des classes ça commence à parler business.
De novembre 2018 à mai 2019 je prends mes marques, je continue à bosser… je touche le plafond des 2000-3000€/mois je pense, ou un peu moins, ça rentre dans la société (…) l’argent est censé être investi en drop (oulala…) 
Je dois faire un stage avec l’école donc je suis pris chez iFocus de par ma petite expérience dans le domaine des vidéos du business en ligne. Je fais quasiment 2h de route par jour pour m’y rendre. Et là, j’ai the fucking declic.
Ok, maintenant j’gagne assez de fric pour habiter n’importe où dans le monde et bosser depuis mon PC. Mais, si j’suis bon aussi en tournage… peut-être que des mecs pourraient me payer pour voyager avec eux…? Et en + ils paieront ma bouffe et tout GAD DAMN OKKKKK.
Et c’est là que j’me suis rendu compte qu’en fait oui, je pouvais vivre de ma passion. Et écoutez-bien, tout va s’enchaîner.
Juin 2019
Cédric Beau fait une story de recherche de stagiaire à Bangkok. Je lui écris direct « mec.. on bosse déjà ensemble, paie moi le billet + l’hébergement + 2-3 sous pour manger et je viens ». Et devinez quoi? Validé.
Juste avant le voyage. Un entrepreneur réunionnais me convie à son congrès, je m’occupe d’une vidéo importante. David Laroche, Alec Henry et Alexandre Roth sont présents. La belle brochette. J’ai intérêt à ne pas foirer du tout.
Ok, la vidéo que j’ai pondu en live en fin de séminaire était plutôt cool, je shoot tout le monde, Alec me félicite (…)
Le lendemain j’porte mes couilles et j’vais le voir à table « mec, je veux bosser pour toi, emmène-moi partout ». Il sourit. J’l’ai pas lâché d’une semelle. Il ne vient pas à la Réunion tous les 6 du mois.
Ok. Juillet Aout, parti pour deux mois de Stage en Thailande pour Cédric Beau. Excellent. 80 vidéo/vlog de monté. Damn. 
Je pars aussi à Bali et en Malaisie aussi avec un autre client, très très bon dans son domaine. J’ai réussi à négocier ça de manière très subtil. On ne peut pas rester en Thailande avec un simple visa touriste pendant 31 jours, et je m’y rendais pour 2 mois. On m’a fait chier à l’aéroport pour que je quitte la Thaïlande au bout d’un mois, j’ai donc pris dans l’urgence un billet pour Kuala Lumpur. J’ai appelé donc ce fameux client, en lui annonçant que :
“Écoute, je dois partir à KL, j’ai pas envie de dépenser d’argent. Si tu me paies l’hôtel et la bouffe, je m’occupe de tes vidéos”. Et c’est comme ça que j’ai vraiment commencé à voyager.
Je n’ai toujours pas de nouvelles de mon père.
Aout 
(Pendant mon séjour), Alec m’appelle et me demande si je suis disponible pour venir avec lui à Londres, Marrakech, Dubai, Paris, Monaco (…) pendant deux semaines en octobre. « Bah, ouai mec, qui va dire non? ».
Et là BOOM MFFFF.
J’enchaine les vidéos, je rencontre du monde. Putain la prouesse. J’ai pas dormi une nuit en deux semaines. J’enchaînais les tournages la journée et le soir montage. Il a eu tous ses vlogs de montés, et publiés sur YouTube, pendant le séjour. Je suis rentré chez moi, j’avais déjà TOUT FINI. 
Bref… j’enchaîne depuis ce mois d’Octobre 2019, plusieurs aller-retour entre la Réunion et l’hexagone. Quasiment tous les 2-3 mois.
Et mon niveau sur YouTube s’est encore + amélioré quand j’ai commencé à bosser avec Yomi. Il connaissait les codes de YouTube. Quand cut, quoi ajouter, quel effet (…) et j’ai ajouté ma pâte par-dessus. Et depuis début 2020 d’ailleurs, on bosse toujours ensemble.
Mars 2020, je fais le tour de France jusqu’à Marbella avec Lucas Bivert, putain d’expérience aussi.
Au même moment, je discute avec mon ex petite amie, qu’il serait peut-être temps que j’aille revoir mon père. Je met mon égo de côté, et je l’appelle. Et nous avons compris tous les deux, que ça faisait un moment qu’on avait envie de re-prendre des nouvelles. C’était assez bref.
Papa... Je peux passer à la maison...?
Mais oui fils, tu sais que c’est toujours ouvert... Mardi...?
Ce jour là, je suis arrivé chez lui (mon ancien chez moi), il m’attendait de l’autre côté du portail, debout, avec son short militaire, torse nu (comme d’habitude), et une larme à l’oeil. On avait tous les deux la gorge noué. On ne s’est pas embrassé, à cause du COVID, mais on est rentré ensemble à la maison. Sur la table à manger, étaient assis ma belle-mère, mes frères et ma soeur, sourire aux lèvres.
Je leur ai montré mes photos de voyage à Dubai, en Malaisie, à Marrakech, à Bali, à Londres... et je leur ai fais comprendre qu’ils n’avaient plus besoin de s’inquiéter désormais.
Lui qui ne croyait pas en moi, qui pensait que j’allais tout foirer, que je n’allais pas réussir à me débrouiller seul. Vivre seul, manger seul, faire des démarches administratives seul, réparer des fuites d’eau seul, emmener la voiture au garage seul... je voyais enfin dans son regard, un élan de fierté.
Et depuis ce jour-là, on se donne des nouvelles chaque semaine.
Le confinement arrive. Le burn out arrive. Je bosse beaucoup trop, pour si peu… ma boîte, on est 4 dedans. L’argent rentre dedans, et ressort en salaire. Je bosse comme un chien, je trouve les clients, je voyage, je négocie les prix, je gère les problèmes… et en contre-partie, rien. L’argent est divisé en plusieurs salaires pour tout le monde, je suis le seul à faire de la vidéo. 
Mais j’y crois encore, donc en juillet je prends la décision de prendre des bureaux sur Saint-Paul en pensant que ça allait croître notre productivité. Donc on dépense 400€/mois dans ses bureaux, ça nous troue le cul, sérieusement.
J’embauche pour la première fois deux personnes pour m’aider dans le montage, en stage. Mais, ça se passe mal, très mal, je n’arrive pas du tout à gérer cette première expérience. Donc on remercie la première recrue au bout de 4 mois, et le second, a tenté de nous suivre jusqu’en décembre.
Résultat, je chute une fois. Et je re-chute une seconde fois en été 2020. Quand on a des associés toxiques, on n’ose pas s’en séparer. Alors malgré tout, malgré tout ce travail, je prends la décision de partir malgré tous les problèmes qui allaient me tomber dessus. Alors j’ai pris.
Octobre 2020, je rencontre pour la première fois à Dubai Raphael Gnn et je lui fais une f*cking vidéo.
2021 arrive en trombe
Décembre 2020, janvier 2021, je vends mes parts et m’associe avec Cédric. Ce mec avec qui je bossais depuis le début de 5euros.com. On avait des clients en commun, une vision commune, une faim énorme. On se comprenait. On a créé notre société à Londres le 12 février 2021.
Et depuis ce jour-là, j’ai tout quitté. J’ai vendu ma voiture, rendu mon appart, dit au revoir à mes amis à La Réunion. Cette belle île, ses soirées, son climat, et surtout putain ses nanas. M’enfin, ce n’est pas le plus important. Faut penser à l’avenir. Depuis ce 12 février, j’ai décidé d’habiter où je voulais. Je glisse mon doigt, oh, la Grèce, ok. Espagne, Hollande, Uk, Grèce, France, Émirats (…). J’ai bougé d’hôtel en hôtel pendant plus de 6 mois. Je mange à ma faim, je ne stresse plus.
Et là, j’ai enfin le plaisir après tout ça, de rechercher un appartement à Dubai. On a une quinzaine de collaborateurs et une trentaine de clients.
Ne baisse pas les bras. Si tu veux quelque chose, tu l’auras. Tu l’auras si tu y crois, si tu mets en place chaque action qui pourrait te permettre d’atteindre ton objectif. C’est par toutes ces actions que vont se créer des opportunités. Et à partir de là, saisis-les et mange-les, tendrement, et n’oublie pas ta serviette.
Mon histoire ne s’écrit qu’à peine. Je suis TRÈS loin encore de mes objectifs, mais à l’heure où j’écris ces lignes, je peux oui, te dire que j’ai atteint des Check Point. 
Et si tes parents ne croient pas en toi. Fais-le et montre leur.
Mais j’espère que ce parcours déjà, aura pu inspirer certains.
Alexandre M.
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claraamelie · 7 years ago
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Pas un soir tu n’as ouvert les yeux en pensant à moi. Pas une nuit tu as songé à me retrouver. Faut croire que t’as voulu partir pour de bon , prendre le large , oublier ce qu’on avait pu être. J’espère qu’en partant tu ne t’es pas perdu. Que t’as trouvé ton chemin , la route que t’as toujours voulu emprunter. Même si maintenant tu marches seul , j’veille toujours sur toi, parce que j’veux juste que t’ailles bien. J’veux juste que tu t’aimes toi. Que t’aimes tout le monde même si ce n’est pas moi. Je veux te laisser partir loin , j’veux enterré nos mensonges et nos vérités. Je veux balancer nos cries et nos baisers. Alors tu sais , toi , la personne qu’a fait valser mon cœur , je te souhaite d’oublier mon nom. Je te souhaite de m’oublier , de tout effacer. Je souhaite que ta vie brille aussi fortement que la mienne , quand t’étais encore là, quand tu me tenais encore la main , ce soir d’été qui a tout changé.
@textamour
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dreamer-0184 · 7 years ago
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Moi : N,
J’voulais te dire que je t’aime. Je t’aime comme une folle. Et tu le sais. Hier je t’avoue j’essayais juste de gagner du temps parce que j’voulais réfléchir. Réfléchir sur si ça valait la peine de continuer cette histoire d’amour avec toi. Cette histoire d’amour qui m’a autant rendue heureuse que détruite. Parce que oui ça m’a détruit. Particulièrement ce qui s’est passé ces derniers jours. Honnêtement j’sais pas c’est quoi le plus blessant entre le fait que tu me quittes pour une raison qui est invalide tu m’excuseras mais on quitte pas quelqu’un parce qu’il doute de ton amour. T’es censé lui prouver, pas dégager la personne en question comme si elle avait jamais compter pour toi. Tu m’as laisser partir comme si ça te faisait rien que je parte. Et ça ça m’a briser le coeur une première fois. Tu es revenu, on a parler, on s’est re-disputer à ce sujet, j’sais pas tu t’attendais à quoi ce jour là, mais bref tu m’as relaisser partir, sans même chercher à me retenir. Tu me retiens jamais de toute façon. Comme si t’en avais rien à faire. Ça, ça m’a briser le cœur une deuxième fois. Ensuite, j’ai réussi à me remettre en question, je voulais m’excuser puis m’expliquer avec toi, tu as préféré rester avec ta console qu’avec moi, or tu savais que j’avais des choses importantes à te dire. Bref, viens pas rejeter la faute sur moi comme quoi je t’oublie en 6 jours, j’tai absolument pas oublier et ça n’arrivera pas crois moi. J’ai juste voulu passer à autre chose, tourner la page avec cette histoire. Cette histoire dans laquelle tu te souciais si peu de moi, oui parce que jeudi soir j’ai pleurer pendant notre appel, tu le savais, je savais que tu le savais, parce que de toute façon tu le sais toujours. Et tu as fais comme si tu savais pas, tu as ignoré; mes larmes sont-elles si insignifiantes pour toi ? Larmes dont tu es la cause en plus. Ça aussi ça m’a briser le coeur. Toute ces fois où tu as voulu m’aider à aller mieux, j’ignore pourquoi tu les a faites mais si c’était pour te donner bonne conscience tu n’aurais pas du, parce que à cause de ça j’ai cru qu’enfin quelqu’un se souciait de moi, mais l’épisode de jeudi en démontre le contraire. Aussi je suis déçue que tu n’ai même pas demander après mon cadeau, tu te rappelles le bracelet et la lettre ? J’ai fais semblant d’oublier pour voir si tu les voulais vraiment et si tu les réclamerais, tu n’as rien réclamé. Ça t’arrangeai bien que j’ai oublié j’pense ou t’avais peut-être toi même oublié. Bref dans tout les cas tu n’accordes pas trop d’importance aux cadeaux que j’te fais. J’tai jamais demander de me rendre heureuse. Juste d’être honnête. Tu peux pas savoir à quel point ça blesse d’apprendre qu’une personne vous mens juste pour ne pas vous blesser. Blesse moi, mais sois honnête putin.
J’pense pas être une fille pour toi, ni une fille pour laquelle tu peux tout faire. Enfin bref c’est tout j’espère avoir été claire. Mais j’veux pas cracher sur notre relation comme si elle avait été un fléau, parce que notre relation elle était belle quand même, peut-être un peu trop destructrice, je l’ignore. Il y a des sourires que tu es le seul à pouvoir me donner, des frissons aussi. Au fond il y a peut-être un trop grand décalage. Enfin bref j’me perds. J’espère pour toi que trouveras une femme qui saura te rendre heureux. Une femme que tu aimeras beaucoup, à la folie passionnément. Une femme qui saura te comprendre. Une femme qui te conviendra. Une femme que ta mère te dira de garder.
Lui : Ok
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romane-pnt · 8 years ago
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CHAPITRE 1 – Les pieds dans le vide, la tête bien faite.
Eddie Vedder - Long Nights [HD] - “ écoutez moi !”
Ça a commencé le 21 novembre. Je suis sortie de mon premier partiel de première année de Psycho, un partiel de Développement et Analyses des Phénomènes Sociaux. Je crois que ça a été radical, ça n’était pas fait pour moi. La semaine suivante, je déposais une lettre de démission pour être rayée des listes de la promotion, et je quittais ma colocation pour retourner chez mes parents.
Je venais de faire un grand pas.
* J’ai 18 ans, j’ai mon bac, j’ai mon permis, et j’aime la vie *
Je n’ai pas arrêté la fac car je n’aimais pas la psycho, j’ai quitté la psycho car il me manquait une dimension. J’aurais pu continuer, terminer ma licence, passer des concours, avoir un master de fou dans la recherche et les neurosciences, ou bien devenir Profiler, ou psy militaire. Mais non ! J’ai besoin de “faire”, de concret, j’ai besoin de jouir de ce que je fais chaque instant, je veux être utile, voir le résultat de mon travail autour de moi, en direct, j’ai besoin de parler, de rencontrer chaque instant, de chanter, de partager, de courir, de dire ce que je pense haut et fort, de crier, de vivre, de respirer !
Ça a été comme un souffle, un soulagement. On m’a souvent demandé si je me sentais perdue quand j’ai pris cette décision. Et bien non, je me suis retrouvée, j’ai compris réellement à quoi je voulais servir sur notre planète, et comment je pouvais le faire en étant le plus proche de ce que j’étais, moi, Romane. J’aimerais être la personne qui fait sourire, qui peut changer les choses à sa hauteur, avec sa force et ses idées. Je ne connais pas grand-chose à la vie, alors je la laisse me guider, tant qu’elle me laisse mon mot à dire.
J’ai cherché une formation qui aurait pu me convenir, j’ai recommencé mon orientation à zéro. J’ai listé de façon idiote tous mes centres d’intérêt, ce que j’aimais dans la vie, blablabla. J’ai faits ce que tout lycéens a dû faire. Et c’est long. Et ça n’est pas intéressant. J’ai obéi à la conseillère d’orientation, et puis je me suis retrouvée nez à nez avec une pile de classeurs débordant de prospectus et d’adresses… « Trouve ton métier, je reviens dans 5 min ! ». J’étais paumée… à la dérive. J’en étais rendue à fouiller dans des vieux bouquins poussiéreux un métier… Mon métier ? Pour vous dire, je ne savais plus trop si je cherchais un diplôme, un travail, des études, ou bien ce « quelque chose » dans lequel « on me voit bien ».
J’ai mis tout ça dans un sac, j’ai laissé ouvert, j’ai regardé de loin, j’ai repris tous mes essentiels de vie, tout ce dont j’étais sûre d’avoir besoin et puis j’ai trouvé. Dit comme ça, cela paraît un peu rebelle, mais je crois que je n’ai pas envie de rentrer dans les cases. C’était plutôt simple, je n’avais pas envie de trouver un métier. J’avais juste envie de faire ce que j’aimais. Pas quelque chose qu’on aime à sa saveur, au bruit qu’il fait ou juste parce que c’est beau. La chose qu’on aime avec ses tripes celle qui te fait pleurer, celle qui te fait rire, qui te fait trembler de bonheur.
Il s’est avéré qu’il y avait des métiers dans ce que j’aimais faire. Comédien, acteur, scénographe, metteurs en scène. J’ai eu la chance de découvrir qu’est-ce qu’était ce petit quelque chose au fond de moi, alors je veux le cultiver et le faire fructifier.
* Voilà, j’ai 18 ans, j’ai mon bac, mon permis, j’aime la vie et je veux être comédienne. *
Mes parents savent que je vibre à l’idée de faire du théâtre ma vie. Ils acceptent. Je vais à Paris, je vais à Nantes, je découvre les écoles, je rencontre les élèves, les professeurs. J’étais comme redevenue gamine devant le plus beau jouet du magasin : « C’est ça que j’veux ! ». On est en décembre, l’année scolaire est loin d’être terminée et je ne peux pas rester sans rien faire en attendant les premières dates des auditions. Il faut que je donne un sens aux quelques mois qu’il reste avant la fin de l’année.
* J’ai 18 ans, j’ai mon bac, mon permis, j’aime la vie, je veux être comédienne et je pars aux Philippines, à Cebu pour 3 mois. *
J’ai la trouille, je ne réalise pas, j’ai décidé de partir tellement rapidement. C’est génial de pas trop réfléchir et d’y aller. Je ne pars pas pour fuir quoi que ce soit, je pars pour soutenir, aider, me retrouver dans un environnement plus simple, avec mon sac à dos et ma paire de tongs. Je vais à Cebu, on m’attend et je vais aider avec toute ma force là où il y a besoin.
Mes parents m’ont beaucoup accompagné dans mes choix, et cette année, je ne les remercierai jamais assez pour le cadeau qu’ils me font de me laisser courir, telle que je suis, vers cette vie magnifique. Ce sont eux qui m’ont parlé des Philippines, là où mon frangin était déjà parti quelque temps s’occuper des populations défavorisées. Ceux sont eux qui m’ont poussée à me renseigner, à parler avec ceux qui avaient vécu des expériences similaires. Ils sont allés à une conférence, une fille d’amis a témoigné, ils m’ont donné son numéro, on a pris un thé, j’ai été conquise. Elle a été accueillie dans une communauté de religieuses, elle a répondu positivement à quelques missions, elle a été auprès d’enfants, dans des quartiers défavorisés, elle a visité des hôpitaux d’enfants, elle s’est occupée de personnes âgées. On a discuté 1h et j’ai tout de suite su que j’allais foncer. Je suis rentrée enchantée de ce moment partagé. Il a suffi que de quelques mails pour que la communauté réponde à ma demande. J’ai appris plus tard que la responsable venait de parler de son désir d’accueillir une volontaire après Noël. Elle a reçu mon mail dans la soirée. J’y vois un joli signe.
* Alors voilà, j’ai 18 ans, j’ai mon bac, mon permis, j’aime la vie, je veux être comédienne, et je vais à l’inconnu. *
On est le 4 janvier, il est 21h, je suis blottie sous mon plaid, je réalise enfin. Je réalise que je quitte mon petit confort. Je réalise que je fais un truc de dingue. J’ai peur. Mais c’est une peur qui ne m’envahit pas négativement, elle ne me paralyse pas, elle me fait vibrer, j’ai hâte, j’ai envie de sauter, d’y aller vite, de découvrir ce qui m’attend. Je ne sais pas ce que je vais trouver là-bas, je sais qu’on m’attend, mais qu’est-ce que je vais ressentir, qui je vais rencontrer, qu’est-ce que les gens vont me dire, qu’est-ce que je vais pouvoir faire pour les aider. Tout est encore flou.
J’aimerais vous emporter tous dans un petit coin de ma poche, vous faire découvrir ce que je vais vivre alors je vais écrire le plus souvent possible pour vous partager ces 3 petits mois de ma vie. Histoire de vous avoir au plus près de moi.
Je vous emporte tous, chacun, dans mon cœur et dans ma tête. Et puis je vous dis Merci. Parce que si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes passé dans ma vie et que vous y avez forcément déposé quelque chose que je garderai toujours. Alors cette aventure, vous y êtes un peu pour quelque chose.
Je prends mon sac à dos, mon passeport. Et hop !
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rainy-highway · 6 years ago
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Il faut que je me calme, genre vraiment là Tout est entrain de partir en vrille depuis quelques jours et j’arrive plus à gérer Il faut que je me calme  Je suis dans un tel état de stresse et de panique que j’interprète vraiment tout n’importe comment Ca me fait paniquer encore plus J’en suis limite au point où je vais interpréter un “bonjour” de la mauvaise manière Je comprends pas, et je comprends pas non plus pourquoi les gens font ça Parfois je me dis que j’aurais pas dû revenir Je suis entrain de paniquer pour absolument tout Je veux juste passer mon temps à m’excuser Je sais même plus comment ça a commencé Ce que je sais c’est que je viens de passer quasi un Week-end entier à pleurer dans mon lit Les autres jours j’ai essayé de m’occuper comme je pouvais, mais là c’était juste pas possible J’essaye de rentrer dans KH, j’essaye d’en profiter, mais j’ai tellement de mal que j’ai l’impression que je me gâche tout le jeu J’ai juste un sursaut de “KYAH” quand je revois certains de mes persos préférés J’voulais pas le commencer, pas comme ca Mais encore une fois j’me suis sentie obligée Quand tu reçois 30 messages en mode “tu joues pas ????” comme si c’était inadmissible Tu te dis juste que tu vas limiter les dégats Sauf ce Week-end, non connasse, j’ai pas joué, j’ai pas réussi Et c’est comme ca Personnellement je trouve ca triste de s’imposer ca, s’obliger à jouer tout le temps, chaque jours à la sortie d’un truc Tu peux être excité et impatient sans pour autant t’obliger à y jouer tous les jours Enfin bref Je crois que mon niveau d’anxiété est à son maximum là C’est rare que ca atteigne ce pic là quand-même, mais je crois que je suis en plein dedans Je sais qu’on a tous un niveau personnel, et que certains doivent être dans une situation pire que moi avec un level encore plus élevé, mais le mien est déjà pas mal Je me souviens quand on était à Lille avec l’amie de ma mère, on est allée au Starbucks et elle a commencé à me dire à quel point le lieu était beau et bien agencé et c’est comme ca qu’elle a commencé à parler du fait qu’elle souffrait aussi d’anxiété et de stresse et que dès qu’elle entre dans un endroit plus étroit ou un endroit où il y a pas mal de monde, déjà elle commence à avoir super chaud, les cheveux qui deviennent humide (humhum) et que les premiers trucs qu’elle regarde c’est où elle va passer quand elle devra sortir ou comment faire pour ne pas gêner les gens Et j’ai pas pu m’empêcher de répondre “same”, parce que c’est exactement tout ce que je fais, et je fais même pire encore Et je sais que certains trucs se voient direct sur mon visage quand je commence à stresser, y’en a d’autres qui sont beaucoup plus cachés Je pense que si les gens ne souffrent pas eux même d’anxiété ou s’ils l’ont pas expérimenté de près, ils comprennent pas, et j’peux pas vraiment leur en vouloir, après tout je galère quand même pour pas mal de choses qui sont sensées être des choses banales du quotidien Y’a tant de choses qui sont pas logiques, mais après tout il est bien là le problème On a beau savoir que c’est pas logique, pas vrai, pas comme ca, notre cerveau il veut rien entendre J’arrive encore à m’angoisser pour des choses que j’ai déjà faites et réussies plusieurs fois Et quand je dois me rendre à un endroit, si j’y suis déjà allée, je vais quand même stresser et si c’est inconnu j’vais aller chercher 10 000 photos sur le net pour voir et essayer de... je sais même pas Tout ca parce qu’il faut qu’il y ait un genre de schéma qui se fasse dans ma tête, genre je vais aller là, je vais passer par là, c’est dur... Faut que j’apprenne à “laisser” ... Faut que j’apprenne à e dire que ca sera comme ca et c’est tout et que ca sert à rien de passer des semaines à angoisser dessus Je sais qu’il y a des choses et des sujets pour lesquels j’y arriverai jamais, mais pour le reste faut que j’apprenne à laisser les choses se passer J’en peux tellement plus Je dors peu et je dors mal J’ai l’impression que mon coeur se brise un peu plus jour après jour Et je crois que la douleur m’aide pas du tout et joue un rôle dans tout ca aussi J’ai mal à cette putain de dent, jour et nuit, mais j’ai pas le choix que d’attendre mon rdv chez le dentiste, en attendant il m’a dit quoi prendre pour calmer la douleur, sauf que ca marche pas du tout, genre rien, à côté de ca je peux plus prendre mes autres médicaments pour mes maux de têtes parce que ca contient un truc mauvais pour la dent Résultat, j’ai mal à la dent, à la tête, à la joue et à la gorge parce que ca s’étend Par moment j’me réveille la nuit en tremblant tellement j’ai mal Je fais des cauchemars où ils ont tous disparu Je fais des cauchemars où je le revois plus jamais Je me sens comme Roxas, entrain de disparaitre lentement Et je me sens comme Axel, entrain de perdre tout ce qui m’est cher J’ai rarement été aussi fatiguée mentalement Ici la situation reste la même, lourde Pour le reste c’est l’incompréhension J’essaye de pas y penser, de faire des choses, ca marche bof J’me sens coupable pour tout J’envie les gens qui vivent sans se soucier de rien J’suis fatiguée Et j’ai pas non plus envie de ce rôle de marraine qui va bientot arriver Forcément tu peux pas refuser, et aussi quand ils m’ont dit “on a jamais eu aucune hésitation, même bien avant qu’on parle d’avoir un enfant, ca a toujours été une évidence que ce serait toi, pour nous deux” Oui c’est touchant, merci Sauf qu’il m’a déjà envoyé pleins de trucs sur le rôle d’une marraine, le fait d’etre là souvent pour tous les évènements important de sa vie, veiller sur le gosse, l’accompagner J’veux pas, j’ai pas envie de cette vie J’arrive déjà pas à m’occuper de moi et à m’accrocher J’veux pas m’occuper d’un enfant, et faire semblant que “awwwww il est trop choupidou” J’ai pas envie de me taper tous les membres de cette famille à la con pour les evenements comme le bapteme, les anniversaires, etc Je sais que c’est trop tard et que j’ai jamais vraiment eu le choix depuis le début, mais j’suis pas faite pour ca Le seul truc qui me tourne dans la tête pour “fin mars, début avril” c’est Mikaru Et encore...
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mazzitak · 1 year ago
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esquisse-bio · 6 years ago
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Ceux que j’ai perdus
À deux doigts d’pleurer
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À nous avoir séparés
En étant récupéré
Par ceux qui m’ont laissé
Les mêmes qui m’ont abandonné
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À me laisser mal menée
Mes amis sont loin
D’être des vaut rien
Je n’ai plus vu un chien
Depuis que j’ai quitté l’terrain
J’me suis pas dit qu’jetais rien
Jusqu’à c’qu’ils m’trainent en laisse
Jusqu’à m’faire piquer par le vaccin
Contre les impolitesses
J’ai changé d’monde change d’vie
C’est vrai qu’jsuis plus polie
Pourtant avec les vrais amis
C’est mon passé qui ressurgit
Putain mais va niquer ta mère
Quand j’trouve pas mes affaires
Je viens de la c’est vrai
J’viens du monde des insultés
Refrain
À deux doigts d’pleurer
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À nous avoir séparés
En étant récupéré
Par ceux qui m’ont laissé
Les mêmes qui m’ont abandonné
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À me laisser mal menée
M’entends tu quand je te dis
Que dans la vie tout est permis
S’faire tej de ton taxi
Quand t’as pas ta carte de crédit
Ma mère m’disait sale conne
Quand est ce que t’iras a l’école
Mon père m’disait ma fille
Je ne suis plus qu’un fossile
Entre poésie bourgeoisie hiérarchie
J’ai tout compris
D’ce que j’ai conquis
Jusqu’aux esprits
À qui parler
De c’que j’ai découvert
J’veux juste délirer
Comme on l’faisait hier
Refrain
À deux doigts d’pleurer
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À nous avoir séparés
En étant récupéré
Par ceux qui m’ont laissé
Les mêmes qui m’ont abandonné
Mais qu’est ce que j’ai gagné
À me laisser mal menée
J’ai changé d’monde changé d’vie
J’ai laissé derrière des amis
Que je recontacte aujourd’hui
Ceux là même qui m’disais comme elle on t’a pas fini
C’est vrai qu’suis toujours en travaux
À me poser des questions
Fera t’il laid fera t’il beau
Sous mon chapeau marron
À s’demander si j’suis pure
À m’demander si je suis vrai
À s’demander si j’assure
À tous les rappeler
À t on le droit le droit de revenir
Les amitiés sont elles sincères
Après s’être décidé à partir
Peut on faire marche arrière ?
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cequilaimait · 7 years ago
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CdV5 – 4. À l’assaut (foireux) de Muan, lune de Yum
Règle numéro quatre de l’Aar’on modèle : L’Aar’on se doit d’être toujours capable de prendre des décisions. C’est à lui qu’incombe la direction de Vojolakta et le maintien de l’ordre dans sa couche. Tous les faits importants doivent ainsi être validés par sa brune personne.
Dans le cadre de l’amour absolu qu’il porte à son Aar’on, les seules libertés décisionnelles accordées au Kili’an sont celles de le gâter, de le masser, de lui faire des bisous et de bouder (reconnu comme un droit incompressible du Kili’an par la convention collective qui le lie à son Aar’on), même si l’Aar’on a le droit de se venger avec une fessée.
Règle numéro quatre bis de l’Aar’on modèle : NON, ce n’est pas au Kili’an de décider ce qu’on regarde le soir à la télé ! À la limite, on peut chercher un consensus histoire de ne pas le frustrer, mais lui céder à chaque fois est un signe de mauvaise éducation. Et non, ce n’est pas lui non plus qui choisit la composition du menu du diner ! Ou alors, c’est lui qui fait à bouffer, mais sinon, il se tait et il mange.
Extrait tiré du guide de bon comportement à l’usage des Aar’ons en devenir du précepteur Mathuz
*****
De loin, Muan ressemblait à un paradis. Ciel toujours bleu parcouru ici et là par quelques nuages volatiles, climat doux et agréable, lagons cristallins, plages de sable multicolore et nombreuses steppes recouvertes d’herbe hautes jaunes, vertes et orangées, cette petite lune orbitant autour de Yum était tout simplement magnifique. Pourtant, malgré toutes ses qualités et une flore diversifiée, sa faune était plutôt basique et se composait de deux types d’animaux : d’un côté les légers qui se laissaient porter dans les airs au grès des bourrasques tel l’adorable Muanolatouche, petit rongeur volant trop mignon ; de l’autre, les lourds, solidement ancrés dans le sol et résistant aux pires des tempêtes, comme le fameux Loxodontamuan. Ne pouvant se déplacer librement, cette bestiole de plus de vingt tonnes se nourrissait principalement de ce qui passait à portée de sa trompe, notamment les pauvres Muanolatouches ainsi que les petits blonds. Petite particularité culinaire des Loxodontamuans : ils préféraient toujours commencer leur repas par les entrailles de leurs victimes sans attaquer la chair externe. Ce prodige était rendu possible par l’intrusion de leurs appendices naseaux – pourvus d’une langue et de dents – par les voix naturelles de leur casse-croute. Si, lorsqu’ils s’en prenaient aux Muanolatouches, c’était assez sale, cela produisait au contraire des sons rigolos lorsque c’étaient au tour des blonds de se faire déguster de l’intérieur.
– Aaaaaaaaaah, putaiiiiiiiiin, ça chatouiiiiille ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
– Prends des notes, Aar’on… – intima Éduan. C’est exactement comme cela qu’il faut faire pour satisfaire un Kili’an ! Reproduis la même chose avec tes propres attributs et, crois-moi, tu connaîtras la plus belle des Résonnances.
– Aaaaaaaaaaah – fit le blond.
– Ah oui, je vois… – acquiesça le brun, fasciné. Mais il va y avoir un problème, non ?
– Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah – continua le blond.
– Lequel ? – demanda le Galos, inquiet.
– Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah – poursuivit le blond.
– Baaaaaaah, mon nez est quand-même vachement plus petit et rond que celui de cette bestiole, non ? – expliqua l’Aar’on. Du coup, je ne suis pas sûr que ça fasse le même effet. Enfin, j’veux bien essayer, hein, mais faudra pas râler si après, il est déçu et il boude…
– AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH – hurla le blond.
– Bon, Kili’an, arrête ! – ordonna son maître. J’ai bien compris que Monsieur le Loxodontamuan était un meilleur partenaire que moi, mais là, à t’égosiller comme ça, tu nous fais honte. Regarde, le pauvre Éduan ! Il est en train de chialer le bec dans ses pattes !
– Aaaaaaah – chuchota le blond, obéissant.
– JE NE CHIALLE PAS À CAUSE DE ÇA ! – nia la fière monture. Je chiale parce que tu es l’Aar’on le plus con et pathétique de la création ! Même si je te faisais un dessin, tu ne serais pas foutu de comprendre ! Quand je pense que j’ai fait exprès de pousser ton Kili’an en direction de ce Loxodontamuan dès que je l’ai vu en me disant que cela te ferait un parfait exemple…
– AAAAAAAAAAAAH – reprit le blond, après un nouvel assaut aussi profond qu’inattendu. Enfoiré ! Tu m’as sacrif… Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
Honteux, l’adolescent aux cheveux noirs s’excusa en baissant la tête et en tapotant le bout de ses deux index l’un contre l’autre.
– Ah… Bah oui, mais c’est pas facile pour moi non plus, hein… J’aimerais bien combler mon Kili’an aussi, j’te jure… Moi, si on m’explique pas tout, j’peux pas savoir… Bon, après, euh, soyons positifs. Ce petit intermède aura permis à mon bichon de s’amuser un peu, et c’est le plus important ! Surtout avec la quête qui nous attend, ça ne peut que lui faire du bien !
– AAAAAAAAAAAAAH – contesta le blond. Je m’amuse pas, connard, j’me fais bouffer ! Aaah ! Mais venez m’aider, putain, il attaque l’estomac, là !
Vu comme ça, la main délicatement posée sur le menton, le jeune brun dut bien se rendre à l’évidence : son amoureux affichait une légère et imperceptible crispation sur le visage, trahissant peut-être une légère douleur intestinale. Mais cela restait encore à démontrer. Enfin, ils n’avaient pas non plus toute la vie devant eux. Solphéra devait être libéré avant minuit, il en allait de la survie de Vojolakta. L’affirmation, presque mystique, provoqua l’étonnement d’Éduan.
– Pourquoi minuit ?
– Bah, parce qu’après, mon bichon, s’il n’a pas ses huit heures de sommeil quotidien, il est désagréable toute la journée suivante, et après, c’est en tapant sur mes fesses qu’il se venge, et pour un Aar’on, ça le fait trop pas. Du coup, j’aimerais bien qu’il se couche tôt et donc qu’en en finisse rapidement. J’pense que c’est légitime !
– Aaaah – grogna et pleurnicha le blond, à bout de force. J’veux pas mouriiiir en brochette !
Ainsi était Muan, un paradis vu de loin, mais un véritable enfer pour les adolescents un peu trop appétissants. Surtout, ses vents ultra-violents de plusieurs centaines de kilomètres heure rendaient la vie désagréable aux organismes peu adaptés. Certes, les organismes volants pouvaient se servir des nombreux courants pour se déplacer à toutes vitesses sans efforts, mais pour les autres, l’énergie à déployer pour rester sur place était considérable. Et on ne parlait même pas du budget gel dans les cheveux, seule arme permettant de ne pas finir avec un air complètement stupide.
Pour les Kekchis, Muan n’était que l’une de deux lunes de leur planète Yum et, de loin, ils préféraient sa voisine Yaxche, royaume des arbres gigantesques et des hôtels de luxe, pour passer leurs vacances. En temps de paix, en tout cas. Car depuis que les Ashtars dominaient leur système, Muan était devenu le siège du gouvernement local en exil. Les sbires du Bottel’ron, peu à l’aise dans un environnement trop venté qui desséchait leur peau, avaient bien du mal à y écraser toutes formes de rébellion. Pour le jeune Aar’on, la libération de Solphéra devait partir de ce magnifique petit caillou multicolore. C’était la raison pour laquelle, accompagné de son Kili’an bien aimé et du fidèle Éduan, il s’y était posé en priorité. Il fallait commencer par fédérer les résistants avant de laisser son armée se taper le reste du travail. D’ailleurs, il en était persuadé, cette bataille de Muan serait l’évènement le plus important de son règne. Là, à dos de Galos et avec un blond boudeur collé à ses omoplates, il écrirait sa légende, celle du plus merveilleux de tous les Aar’ons depuis le septième. Rien que d’y penser, il affichait un air particulièrement niais et débile.
– Bon, il nous faut rejoindre le champ de bataille au plus vite ! – rappela Éduan. On a perdu beaucoup de temps avec cette histoire de Loxodontamuan. D’ailleurs, je n’imaginai pas qu’il serait si long de recoudre le blond ! Enfin, les Kekchis attendent notre aide au plus vite. Heureusement qu'on leur a déjà envoyé notre armée. Nos hommes doivent déjà être sur place. Je suis sûr que, dès qu’ils verront apparaître l’Aar’on et son Kili’an, les soldats seront galvanisés et la victoire sera nôtre.
Si le brun était tout à fait d’accord avec cette analyse, ce n’était pas forcément le cas de son bien-aimé. Lui, la guerre, il en avait déjà marre. Là, il n’avait qu’une seule envie : retourner sur Thot se pieuter devant un bon dessin animé. Avec la petite mésaventure qui venait de lui arriver, forcément, il n’avait plus trop le goût de l’aventure. Pour le coup, à l’instant même où le Loxodontamuan, repu, l’avait relâché, il s’était jeté sur son Aa’on pour l’engueuler tout en essayant de retenir de la paume ce qui lui restait d’entrailles. Et que lui avait fait cet idiot de treizième pour s’excuser de l’avoir laissé souffrir aussi injustement ? Un bisou sur le bout du nez ! Un simple et ridicule bisou sur le bout du nez, en affichant un sourire complètement stupide et ravi ! Là, Kili’an avait retenu ses larmes et sa main droite, qui n’était pas passée loin de s’écraser sur la joue de son stupide amant. Avant de l’enlever de son entre jambe, il préférait quand même attendre qu’on le recouse un peu. Problème : après avoir été soigné, il avait simplement oublié pourquoi il était fâché. Enfin, ce n’était pas non plus comme si son cerveau pouvait stocker trop d’informations en même temps, et là, on venait de le gaver de détails inutiles à propos du plan d’attaque dont il n’avait strictement rien à faire. Ce ne fut donc que sur le dos d’Éduan, les bras accrochés au ventre de son brun, qu’il se rappela pourquoi il était censé faire la tête. Son Aar’on était complétement pourri. Et il n’existait même pas de service après ventre pour le changer !
– Un bisou ! Un simple bisou ! J’ai failli y passer, j’étais à deux doigts de crever, et l’autre, il me fait un bisou ! Ah, elle est bien gouvernée la Fédération ! J’te jure, j’pense sérieusement à retourner me faire congeler dans l’attente du prochain, parce que toi, c’est vraiment pas possible !
Un peu vexé, le treizième grommela. De une, il était faux de dire que son Kili’an était passé à deux doigts de mourir. À son avis, un seul doigt de Loxodontamuan aurait largement suffit. De deux, il faisait de son mieux, vraiment, mais il ne se sentait pas vraiment aidé. Rien que là, alors qu’ils volaient sur le dos d’Éduan à deux kilomètres d’altitude et subissaient des vents ultra violents, une troupe d’Ashtars ailés les avaient pris en chasse. Il avait besoin de se concentrer et de réfléchir, et certainement pas que son blond lui pique une crise. Ça allait, à la fin ! C’était quand même lui, l’Aar’on ! Il méritait un peu de respect ! Et il s’était laissé marcher sur les pieds trop longtemps. Son Kili’an allait voir ce qu’il allait voir.
– EH ! C’est moi le chef, ok mon bichon ? Alors maintenant, arrête de râler, où je ne te masserai pas les pieds ce soir ! C’est clair ?
Là, le brun était fier de lui. Pour la première fois en deux ans, il arrivait à faire preuve d’autorité ! Il avait la classe. Ça lui plaisait même pas mal, en fait. Il sentait son sang bouillir, comme si toute sa ligné l’encourageait. Ah ça, le Kili’an la ramenait moins, d’un seul coup ! Il ne l’entendait plus braire ! En réalité, il ne le sentait même plus contre ses hanches. C’était comme s’il avait complètement disparu. Pris d’un ignoble doute et d’une crainte monstre, le treizième tourna sa tête vers l’arrière. Ce qu’il vit lui glaça le sang. À la place de Kili’an… rien ! Son amant s’était réellement volatilisé.
– Mais… MON BLOND PUTAIN ? Éduan, t’aurais pas vu mon blond ? Me dit pas que les Ashtars l’ont touché quand même !
– Non, non ! – énonça calmement le Galos. Il a juste sauté par lui-même, au moment où tu parlais de ne pas caresser ses petits petons. Je crois qu’il l’a mal pris… Caractériel, hein ? Là, il doit être en train de bouder deux milles mètres plus bas, dans l’océan, s’il est toujours en vie. Bon, on fait quoi ? J’veux bien faire un détour pour aller le repêcher, mais on risque d’arriver en retard à la bataille. À toi de voir…
– ON VA CHERCHER MON BICHON ! JE VEUX MON BICHON !
– Rha… – rouspéta la monture. D’accord, d’accord, mais par pitié, arrête de faire ton Kili’an ! Un, c’est déjà insupportable, alors deux, j’vais pas tenir…
Changeant de cap, le fier Galos plongea vers la mer telle une fusée, histoire de semer ses poursuivants. Effleurant les eaux, lui et son passager se mirent à la recherche de quelques bulles d’air, trahissant sans doute la présence d’un blondinet frustré juste en dessous. Après plusieurs minutes particulièrement tendues, ils finirent par en retrouver la trace, sur un ilot voisin. Complètement détrempé, Kili’an s’était tiré hors des flots et marchait d’un pas décidé sur la plage en serrant les poignets menton levé. Toisant avec dédain le Krab qui l’habitait – les Krabs étaient une gigantesque espèce locale à carapace et à grosses pinces qui leur servaient à se fixer dans le sol et à maintenir leurs partenaires sexuels pendant l’accouplement –, il poursuivit sa route. En plus, pieds nus, il se déchirait la voute plantaire sur le sable brulant. Tout ça à cause de ce stupide Aar’on qui ne voulait pas les lui embrasser ! Il y avait de quoi être réellement et sincèrement furieux. Lui, en tout cas, ne faisait pas semblant ! Même les supplications du brun qui, à genoux, s’était jeté à ses mollets pour s’excuser ne suffirent pas à le calmer et à la détourner de sa route. Ce ne fut qu’au bout d’une dizaine de tours – l’île ne faisait qu’une petite centaine de mètres de circonférence – à repasser devant le brun et le Galos qu’il accepta le principe d’un protocole de paix et de sortie de bouderie. En échange de sa promesse d’arrêter de faire la tronche et de retourner au combat, il exigeait un massage quotidien de ses doigts de pieds, le droit d’aller faire pipi quand il en avait envie, un supplément de sauce à Nutella pour accompagner ses frittes ainsi que la pleine propriété de la télécommande pour choisir quoi regarder à la télé. Sur ce point, l’Aar’on se montra hésitant. Mathuz lui avait quand même souvent répété de ne jamais céder devant ce type de caprices, sans quoi toute sa légitimité serait anéantie. À la place, il proposa un principe de gâterie réciproque, que le jeune blond balaya du plat de la main : il prendrait la télécommande et la gâterie non-réciproque, et c’était son dernier mot. Satisfait de l’avancée des débats, le brun accepta de signer le traité en l’état, sans bien comprendre pourquoi Éduan se tapait fortement le crâne de désespoir sur le seul arbre du minuscule îlot.
– Tu vois mon bichon, c’est le problème avec les gens trop sérieux, ils voient toujours le négatif et ne regardent jamais plus loin que le bout de leur museau. Certes, j’ai consenti de lourds sacrifices, mais j’ai récupéré ton amour, et ça, pour le bien de Vojolakta, c’est le plus important et… Tu m’écoutes ? Non, sérieux, t’es obligé de copuler avec le seul Krab du coin pendant que je parle ? C’est blessant à la longue.
– Mais… c’est pas ma faute, ses pinces m’excitent ! Elles sont toutes douces ! Oh oui, t’es un gentil Krab, toi, hein ? Tu aimes quand je te lèche la pince, hein ? AIIIIE ! Aar’on ! Il… il.. il m’a pincé ! J’ai bobo !
Un sauvetage de petit blond au visage grimaçant recouvert de larmes plus tard, les trois compagnons reprirent la route. Ils avaient certes emmagasiné un sacré retard sur leur emploi du temps, mais tout n’était pas perdu. En se bougeant un peu, ils pouvaient arriver avant la fin des hostilités et éviter l’hécatombe injuste de centaines de pauvres Kekchis innocents sacrifiés sur l’autel de la haine, comme de simples Vashs masculines émasculées. Après plusieurs heures de vol, ils se posèrent non loin du principal champ de bataille de Muan, là où les rebelles avaient concentré toutes leurs forces pour venir au bout de la menace Ashtar. De l’avis du Bottel’ron, commandant en chef des forces Soljaminiène, c’était plutôt commode : cela permettait à ses soldats de massacrer dans le tas sans trop faire attention au pourquoi du comment. La tâche de diriger son armée n’avait étrangement pas été confié à un membre de son espèce, mais à un Avs, traître à sa cause et à son peuple, un certain Jar’no.
Toujours vêtu de rouge, l’Âminêtre, avait pacifiquement combattu le douzième sur le terrain politique pendant des années avant de se rendre compte que ses semblables, soumis à la force brune sans même le réaliser, ne le suivraient jamais de leur plein gré. À ses yeux, la guerre contre les Ashtars était une stupidité bien trop destructrice, et les siens avaient tout intérêt à signer la paix, fusse-t-elle séparée de l’Humanité. Les jeux politiques au sein de la Fédération avait rendu ce projet impossible.  Véritable esthète et doté d’une grande culture et sagesse, Jar’no avait alors décidé de ressusciter l’anti-humanité, un groupuscule officiellement disparu sous le dixième Aar’on. À la tête de l’organisation, il avait fédéré à ses côtés tous ceux qui souhaitaient la chute de la lignée brune, pour qu’enfin une alternative moins meurtrière puisse être envisagée. Autant le dire directement, il n’était pas du tout le bienvenu aux partouzes diplomatiques, mais vraiment pas du tout. Par contre, le Bottel’ron avait rapidement compris qu’il avait tout intérêt à s’en faire un allié ! Un Av luttant contre la Fédération, c’était une excellente idée pour semer la zizanie dans les rangs de ses adversaires, avant de s’en doute s’en débarrasser d’une manière ou d’une autre. Pas dupe, Jar’no avait accepté de se rapprocher de ces monstres en espérant pouvoir, un jour, profiter de sa position particulière pour négocier la paix pour les siens tout en sauvant sa peau. Il n’y avait pas à dire, il était plutôt malin. En attendant, il massacrait du Kekchi et du soldat Humain, et il s’y prenait plutôt bien.
Dès qu’il le vit sur le champ de bataille, l’Aar’on grinça les dents. Encore un nouvel ennemi ! Comme s’il n’avait pas déjà assez de problème à l’intérieur avec son bien aimé aux cheveux dorés pour gérer ceux qui contestait son pouvoir et sa grandeur de l’extérieur. Avec une certaine arrogance, il laissa exploser son Vortication et somma l’Av de se rendre :
– Abandonne, Jar’no, tu n’as aucune chance. Tu ne peux pas lutter contre l’alliance du blond et du brun.
Un peu étonné, l’antihumain s’arrêta de bouger quelques instants. Même s’il ne se prenait pas pour le dieu des mathématiques, il savait normalement compter. Un brun, ça s’était bon, il l’avait juste devant lui. Par contre, le blond, il avait du mal à le voir.
– Heu, il est où, ton Kili’an ?
Un peu gêné, l’Aar’on se gratta l’arrière du crâne. Même si ce n’était pas très glorieux, il avait une très bonne explication à cette anomalie quantique. Voyant que son adversaire s’impatientait, il la bégaya :
– Bah, en fait, il avait envie de faire pipi… Donc on l’a laissé un peu à l’écart pour qu’il se soulage. Mais promis, il va arriver, hein ! Et ensuite, on va t’exploser la tronche, ça c’est sûr ! Mais voilà, quoi… J’voulais pas le frustrer, après, quand il a la vessie pleine, il est de mauvaise humeur…
Effaré, Jar’no plongea ses yeux dans une de ses nombreuses paumes et ordonna à son armée d’attaquer les maigres troupes venues en renfort des Kekchis. Très rapidement, l’Aar’on se retrouva submergé et s’effondra, blessé de toutes parts, aux pieds de l’antihumain. La voix grinçante, il lui attrapa la jambe et le fusilla des yeux.
– Mon… Mon Kili’an me vengera…
– Rho, ça va… – souffla Jar’no. T’es pas encore mort, hein ! Tu penses bien qu’entre te tuer à la guerre comme une larve ou t’exécuter avec les froufrous, l’orchestre et toutes les mondanités lors d’une cérémonie retransmise en directe partout dans l’univers, on va plutôt choisir la seconde. Donc rassure-toi, je ne vais pas te tuer tout de suite.
– Ouais ! – confirma d’un air particulièrement sarcastique le blond, de retour de sa petite commission, C’est aussi ce que m’a dit Éduan. D’après lui, le Bottel’ron te veut vivant, histoire de marquer les esprits et tout ça ! Du coup, tu crois que si je m’y prends assez vite pour réserver, j’pourrais avoir une bonne place ? Non parce que bon, la dernière fois qu’un Aar’on s’est fait exécuter publiquement, c’était sous le sixième ! C’est un truc encore plus rare que mes orgasmes ! Ah, d’ailleurs, à ce sujet, toujours d’après Éduan, si une fois dans ta vie, tu m’en donnais un, là, on pourrait p’têt avoir une Résonnance, et du coup te libérer. J’dis ça, j’dis rien, hein… Mais bon, si monsieur l’antihumain était d’accord, on pourrait p’têt essayer… Enfin, j’m’en fous, moi, hein… c’est pour toi et Vojolakta que j’dis ça… Moi, après, j’me suis fait un très bon pote Krab qui m’a laissé ses coordonnés tout à l’heure. Même s’il est un peu violent, il a une de ces pinces…
Particulièrement intrigué, Jar’no dévisagea cet étrange adolescent. S’il avait déjà entendu parler de ce duo où la logique semblait inversée et où le Kili’an était particulièrement insolent et n’en faisait qu’à sa tête, il ne s’imaginait pas que c’était à ce point-là. Piqué par la curiosité, il détacha l’Aar’on. Il avait une folle envie de voir ce que l’union de ces deux-là pouvait bien donner, et tant pis si cela lui causait des problèmes ou pire, sa défaite. Son esprit scientifique le poussait à autoriser l’expérience.
Conscient que l’avenir de Vojolakta se jouait à cet instant précis, l’Aar’on prit sa plus grande inspiration et se lança à l’assaut de son plus grand défi : faire jouir le garçon qu’il aimait.
Bon, ce fut un échec particulièrement cuisant. Après avoir dû s’y reprendre à six reprises pour trouver son chemin, il avait subi une malencontreuse panne érectile. Certes, c’était des choses qui pouvaient arriver à tout le monde, mais là, cela avait causé l’énervement de son Kili’an qui tapotait nerveusement du doigt sur le sol en soutenant sa tête de son autre main. Après quelques essais supplémentaires, le brun arriva enfin à trouver son rythme. Au seuil de la Résonnance, l’émotion qui avait parcouru son corps avait été tellement intense qu’il ne mit que cinq secondes à conclure, ce qui lui avait valu les foudres de son partenaire :
– PUTAIN ! MAIS C’EST PAS POSSIBLE ! IL VEUT ME FAIRE CHIALLER, CE CON ! J’AI JAMAIS VU ÇA ! EN DOUZE RÉINCARNATION, APRES AVOIR COUCHÉ AVEC LA MOITIÉ DE CE QUE VOJOLAKTA AVAIT DE MEMBRÉ, C’EST LA PREMIERE FOIS QU’ON ME FAIT UN COUP AUSSI FOIREUX !
Ah ça, l’adolescent avait beau ne pas avoir de grands souvenirs de ses vies passées, s’il y avait une chose dont il était sûr et certains, c’est qu’il venait de décrocher le gros lot. La déception était à son comble. Piteux, l’Aar’on s’était reculé et s’était mis à bouder dans un coin. Lui, il avait aimé ça. Même s’il avait été un peu long au démarrage et si la fin avait été un peu précipitée, il avait kiffé. Il ne comprenait pas du tout pourquoi son bichon se mettait en colère comme ça, ni même pourquoi Jar’no se roulait par terre en riant à gorge déployée et en tapant de ses multiples poings sur le sol. Franchement, il ne trouvait pas ça drôle du tout. C’était ses problèmes de couples, à la base, c’était privé et c’était mesquin de s’en moquer, même s’ils impactaient le devenir de toute la galaxie. Là, d’ailleurs, puisque c’était le sujet, la Fédération semblait assez mal barrée. À peine son étreinte avait-elle connue sa pitoyable conclusion que les Ashtars avaient repris leur entreprise de massacre. Sur le champ de bataille, il ne restait presque plus aucun Kekchi ni Humain debout. Il fallait fuir, au plus vite. Heureusement, pour cela, l’Aar’on et son Kili’an purent compter sur Éduan. Resté en arrière-plan pendant toute la bataille, le fier Galos avait profité d’un moment d’hilarité et de distraction de la part de Jar’no pour se jeter sur ses deux compagnons d’aventures et les balancer sur son dos en les attrapant par le bec.
– Partons. Notre assaut est un échec cuisant, il faut se replier au plus vite. Un petit vaisseau de commerce nous attend plus loin. Il ne nous permettra certainement pas de rentrer sur Thot, mais au moins, on devrait trouver une lune ou planète où se planquer en attendant des renforts !
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mazzitak · 1 year ago
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I’m gonna drop my single ‘I Don’t Wanna Let You Go’ on January 11, 2024! Pre-Order will start 12/11/2023.
This is the song that I sing in English, French, Spanish and Japanese🎤
Mi cancion “No Quiero Dejarte” va a estrenar el 11 de enero. Es la cancion que yo canto en espanol, ingles, frances y japones. 🎤
Je vais publier mon single « J’veux Pas Te Laisser Partir » le 11 janvier 2024 ! La précommande débutera le 11 décembre 2023. C'est la chanson que je chante en anglais, français, espagnol et japonais ! 🎤
最新シングル「I Don’t Wanna Let You Go」が2024年1月11日に発売します。予約開始が2023年12月11日から始まります。この曲は英語、フランス語、スペイン語そして日本語で歌っています🎤
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cequilaimait · 7 years ago
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CdV3 – 5. La libération héro(t)ïque de Susanoo
Pour un soldat, rien n’a plus de valeur que de se battre pour libérer ses frères. C’est, peut-être, le seul combat qui vaille. En tous cas, ce fut celui dont je restasse le plus fier. Nous n’étions plus en fuite. Nous venions reconquérir notre bien, notre terre, notre liberté et nos espoirs. Rien ne pouvait nous arrêter. D’une poignée de braves au début de notre résistance, nous étions maintenant une armée complète. La grande armée de libération de Susanoo. Et moi, j’étais fièrement aux avant-postes de tous les combats.
Extrait tiré du journal intime d’un enfant-soldat au service de sa magnificence l’Aar’on
*****
– Gamin, c’est pas pour critiquer, du tout hein, mais… J’crois qu’t’a un Kili’an accroché au zizi…
– JE SAIS TONTON ! JE SAIS ! Mais j’arrive pas à l’enlever, ça fait ventouse. Et même, quand j’essaie et que je range mon truc, il se met à hurler et à crier avant de se rejeter dessus…
La saillie aaronesque avait rapidement fait effet. Il n’avait en effet fallu au Kili’an que quelques secondes pour réaliser ce qu’était sa nature et tomber profondément amoureux du brun qui le possédait. Seul problème, l’Aar’on n’était encore qu’un jeune adolescent et ne savait pas du tout comment fonctionnaient les blonds, fussent-ils les siens. Du coup, il s’était retrouvé un peu gêné au moment de devoir le satisfaire. La grande cérémonie d’éveil du Kili’an avait ainsi duré trois jours et trois nuits, à la demande du nouvel éveillé. Et quand, à bout de force, le jeune Aar’on était tombé à genoux, son camarade avait refusé de le lâcher. Il avait trop faim d’amour pour cela et ne demandait qu’à être nourri. Une fois intégré au groupe, ses principales activités furent de coller son homme, de le câliner et de le gâter à sa manière, provoquant ainsi la gêne du pauvre concerné qui ne savait plus où se mettre quand les bisous un peu trop baveux avaient lieus devant le reste de sa maigrelette armée, toujours composée d’un Humain, d’un môme, d’un Galos, de deux chats et d’un chien. L’animal s’était naturellement proposé de rejoindre le groupe par fidélité envers le Kili’an. À partir du moment où il lui avait reniflé les fesses, un lien « à la mort, à la vie » s’était créé entre eux.
Toute la petite troupe victorieuse avait ainsi laissé Preynokor derrière elle pour retourner sur Lug, choisie pour devenir le poste avancé de la reconquête spatiale ainsi que capitale de l’Humanité aaronesque et triomphante, et ce tant que Susanoo n’aurait pas été complétement libérée de ses oppresseurs. Maintenant qu’il avait retrouvé son Kili’an et que ce dernier était fortement accroché à son slip, le jeune brun pouvait enfin penser à la suite. Son premier objectif était de mobiliser le plus de troupe possible. Avec l’aide du jeune Éduan, il créa le premier corps expéditionnaire Lugien dont l’objectif était de soutenir l’escadrille que mènerait Mathuz. Même si l’enfant était très jeune, l’Aar’on avait fait le choix de lui confier le commandement de tous les vaisseaux piqués à l’Anti-Humanité. Il voulait autant miser sur sa fraicheur et sa spontanéité qu’éviter un incident diplomatique à cause de l’annulation – faute de budget – des obsèques nationales du gastéropode Charles. Ce dernier avait dû se contenter d’une boite en carton. En même temps, il semblait plus sage d’utiliser les quelques sous en réserve pour équiper les Humains qui, mis au courant de l’éveil de leur leader, avaient rejoint en nombre Lug pour s’engager dans cette grande armée de libération. Gabri’el se porta volontaire pour les mener au sol. Il avait une brillante idée de création d’un régiment purement féminin à gros lolos dont il pourrait prendre la tête. Malheureusement, le faible nombre de guerrières bien gaulées dans les rangs nouvellement formés le poussa à ajourner pendant un temps son glorieux projet. Cela n’empêcha pas les choses de se mettre en place petit à petit, jusqu’à voir débarquer sur Lug un beau matin plusieurs représentants du peuple Av.
Ces alliés de l’Humanité n’avaient jamais cessé de se battre contre les Kémèts et avaient accouru dès que le piaillement du Kili’an était arrivé à leurs oreilles, ou plutôt aux orifices ventraux qui leur servaient à capter les bruits environnants. À cause de la lenteur de propagation du son dans l’espace, la grande nouvelle avait mis plusieurs jours à leur parvenir. Du point de vue des sciences physiques, cela n’avait strictement aucun sens, mais personne n’y prêtait trop attention : les plus grands chercheurs s’étaient depuis longtemps cassé les dents sur les secrets de la force kilianesque, bien plus complexe à appréhender et à comprendre que la bête gravitationnelle, la sympathique électromagnétique ou la simpliste et mal nommée centrifuge.
La réunion au sommet se tint sous les plus hautes cimes des montages éternellement enneigées du sanctuaire Swiss. Du côté droit de la table, on trouvait le roi des Avs et le général en chef de ses armées. Du côté gauche siégeait le jeune Aar’on et son conseil, Gabri’el. Sous la table, il y avait Kili’an, de toute manière incapable de tenir en place sur sa chaise. Il était nécessaire de le laisser jouer, sans quoi, quand il n’avait pas accès à toute la personne de son brun, il boudait un peu. D’après Gabri’el, cela était tout à fait normal et même plutôt bon signe. Cela signifiait qu’il était en bonne santé et donc tout à fait apte à se battre. La première décision du grand pacte aarono-avien pour l’anéantissement des Kémèts fut de créer une équipe dédiée au Kili’an, qui porterait son nom. Dans cette petite entreprise, l’Aar’on apportait le Kili’an et les soldats, les Avs la navette, les armes et le stock de Nutella. C’était du cinquante-cinquante. À vrai dire, le septième aurait bien voulu garder son bien aimé auprès de lui, mais cela aurait été se passer de sa puissance au combat, décision particulièrement crétine en période de conflit. Et puis, avoir un Kili’an lubrique dans les pattes, quand on fait de la politique, ce n’est pas très pratique. C’est même particulièrement gênant lorsque ses caprices charnels ont lieu en pleine réunion stratégique. Au moins, avec sa propre équipe, le jeune blond se sentait un peu considéré, ce qui lui permettait d’accepter de laisser un peu d’air à son propriétaire sans perdre la face. Et puis, la mission qu’on lui avait attribuée était quand même plutôt cool : accompagné des chatons et de son chien, il avait la charge de parcourir tout l’univers connu et de l’explorer afin de mobiliser l’armée la plus importante possible qu’il lancerait sur Susanoo, pour soutenir Éduan et Mathuz aux premières lignes.
Le grand départ eut lieu un kiliadi. C’était la première utilisation de ce terme, décidé par le septième Aar’on lui-même.
Vu qu’il désirait mettre en place une nouvelle structure politique dès qu’il aurait définitivement prit le pouvoir, le jeune brun s’était mis en tête de briser les anciennes conventions héritées de l’époque pré-conquête spatiale, conventions qui n’avaient strictement aucun sens dans le reste de l’univers. Son premier chantier avait été de repenser le calendrier. Le hasard avait fait qu’un jour d’Horus équivalait à quelques secondes près à un jour de Canaan. Et pour faire le tour de son étoile, la capitale des Kémèts n’en mettait qu’un de plus que la terre d’origine de l’Humanité. Prendre cette planète comme base de calcul motiverait les troupes quant à sa conquête et faciliterait la transition entre l’ancien monde et le nouveau. Son idée était simple : il voulait diviser l’année en six mois de soixante-et-un jour, nommés selon les couleurs qu’on retrouvait le plus facilement sur son Kili’an : le mois jaune pour les cheveux, le mois vert pour les yeux, le mois beige pour la peau, le mois rouge pour les lèvres, le mois blanc pour l’innocence et le mois rose pour les fesses. Chacun d’entre eux comporterait six dizaines ainsi qu’un soixante-et-unième jour férié consacré au culte de l’Aar’on, l’aarodi. Pour les jours de la dizaine régulière, il essaya d’être un peu imaginatif. Le kiliadi, le gabriedi, le stinedi, le kémidi, le ukadi, le nuteladi, le cétoakiladi… bon, il lui en restait encore trois à trouver, mais là, il n’était pas non plus trop mécontent de son travail : avec son nouveau système, il serait quand même beaucoup plus simple de s’y retrouver. Enfin, refusant de considérer son avènement comme le début de tout, mais incapable de déterminer avec précision à quelle date le premier Aar’on avait pour la première fois chevauché son Kili’an, il décida que les années seraient comptées par ères à partir du début de règne de chaque brun. Là, s’il considérait son voyage sur Canaan comme le symbole objectif de sa prise de pouvoir, on était donc le 7/01/03/41, à savoir le quatrième kiliadi beige de la première année de règne du septième Aar’on. C’était bête comme chou.
– J’ai rien compris ! – se plaignit Kili’an en montant dans son vaisseau.
– PUTAIN ! – s’emporta le brun. Mais c’est pas compliqué ! Le kiliadi est le premier jour de la dizaine, en se calquant sur l’horloge d’Horus ! Demain, on sera gabriedi ! Et je te laisse quatre-vingt-un jours, soit jusqu’à l’aarodi rouge pour monter une armée. Je…
– Nan mais laisse tomber… – le coupa Gabri’el. Le premier avait aussi pensé à un truc pareil, il n’a jamais réussi à l’expliquer à son Kili’an, et c’est pas faute d’y avoir passé du temps. Bon, tu nous excuses, mais on te laisse cogiter un peu sur ton projet bizarre de Fédération, nous, on a du boulot ! On se dit à aarodi prochain sur Susanoo !
– Nan, pas le prochain, celui d’après ! – précisa l’adolescent aux cheveux noirs en bougonnant. Sinon, ça aurait fait vingt-jours… Et arrête de parler de mon idée à haute voix, tonton ! J’veux pas que ça se sache ! Ça serait trop la honte de mettre tout le monde au courant comme ça si au final ça ne se fait pas… Chaque chose en son temps !
Ainsi, Kili’an s’envola avec toute son équipe, laissant derrière lui un brun qui se retrouvait pour la première fois de sa vie réellement seul. Ce n’était pas important. Il avait besoin de ce temps pour réfléchir. Rejoignant le coffre où il avait entreposé toutes ses reliques, il s’assit dans un coin et joignit les mains sous son menton. En l’espace de trois mois, beaucoup de choses avaient changé. Il avait appris de nombreux détails au sujet de ses origines, il avait trouvé l’amour et il s’était confronté à l’horreur la plus absolue. Ce que l’Anti-Humanité, véritable cancer qui ne portait pas son nom, avait fait à son Kili’an l’avait abattu moralement et avait fait chanceler jusqu’à ses convictions les plus profondes. Leur objectif de retourner un jour sur Canaan était la pire des stupidités. Là-bas, deux êtres avaient scellé leur amour pour permettre à l’Homme de conquérir les étoiles. Son espèce avait pris deux chemins différents. Ceux qui étaient restés sur place vivaient en paix et n’avaient pas besoin du retour des exilés. Ces derniers, par contre, avaient une mission à remplir : explorer l’univers à la recherche de planètes à coloniser. À cause de cette foutue secte, ce grand rêve et projet qui avait animé son espèce depuis la nuit des temps avait failli échouer. Même si la décision était difficile à prendre, le jeune brun ne pourrait pas rouvrir le Vortico joignant ces deux mondes dès la fin de la guerre, comme l’avait souhaité le quatrième de son rang. Pire. Il devrait sans doute faire disparaitre des esprits toutes références à cette terre d’origine, autant pour la protéger à jamais que pour mener à bien le but de sa lignée. Canaan devait disparaître des mémoires. C’était la seule solution qu’il voyait afin de combattre ses ennemis de l’intérieur et les empêcher de nuire. S’il n’y avait plus d’autre berceau de l’Humanité que Susanoo – la planète qu’il s’apprêtait à libérer de manière triomphale –, il n’y aurait plus de raison pour les générations futures de souhaiter rentrer chez eux et donc de rejoindre le mouvement créé par Aki’to. Certes, cela ne voulait pas dire que ce groupuscule disparaitrait forcément – certains de ses membres avaient même réussi à fuir –, mais au moins, cela permettrait aux futurs bruns d’en empêcher le trop fort développement et d’en minimiser la nuisance. En fait, le septième ne voyait qu’un seul inconvénient à son plan : il impliquait de facto qu’il n’ouvre jamais son musée qui était censé mettre en lumière toutes les reliques entreposées sous ses yeux, condamnées de fait à rester cachées pendant toute une éternité. Là, pour le coup, cela lui donnait une folle envie de chialer. Il devait pourtant être fort. Au-delà de sa lutte contre les rouges, il avait un autre ennemi à défaire, plus puissant, plus violent et plus dangereux encore. La guerre, c’était contre les Kémèts qu’il la menait.
Les Kémèts étaient braves, mais mauvais. Ils croyaient en la réincarnation et en leur supériorité sur toutes choses. Pour eux, les Humains et les autres espèces n’étaient que des insectes, des êtres inférieurs méprisables à écraser. Un prétexte avait mis le feu aux poudres. L’objectif, réel, de ce peuple avait été de dominer et de créer un ordre nouveau censé durer des milliers d’années. Le rôle de l’Aar’on était de les empêcher de nuire. S’ils ne voulaient pas être ses alliés, alors ils disparaitraient, tout simplement. Ce n’était pas lui qui avait fait le choix de cette guerre. C’était eux qui l’avaient déclenchée. C’étaient eux qui en paieraient le prix. Il leur prendrait tout. Si son Kili’an était le bien le plus pur, eux représentaient le mal absolu, l’essence même de ce contre quoi il fallait lutter. En pensant à tout cela, le jeune Aar’on était déterminé et confiant en sa victoire. Il n’avait en réalité qu’une seule peur : qu’un jour, un ennemi pire encore se dresse sur la route de ses successeurs et ne s’en prennent à leur amour.
De l’autre côté de l’univers, Kili’an travaillait d’arrache-pied. Avec l’aide de Gabri’el, il avait rapidement appris à maîtriser son regard, Chlorophyli. D’ailleurs, c’était un peu ballot. S’il avait su plus tôt qu’il pouvait à loisir maîtriser tous les végétaux possédant en eux de la chlorophylle et s’en faire des armes, il ne se serait pas fait chier pendant quatorze ans au milieu des champs d’herbe de Preynokor à se faire humilier comme un demeuré par des méchants. Il leur aurait plutôt « marave leur gueule », comme il aimait bien le dire. Mais bon, le passé étant le passé, seul l’avenir lui importait à présent. Il devait monter la plus grande coalition de l’histoire de l’Humanité. La tâche était colossale, mais pour les beaux yeux de son Aar’on, il était prêt à donner son âme et sa personne. Sur toutes les planètes et lunes où les Humains et d’autres espèces avaient trouvé refuge, il joua son rôle. Là, il en était sûr, son propriétaire serait fier de lui. Arrivant enfin sur Susanoo avec près de trois millions d’âmes prêtes à donner leur vie pour sa cause, il se prosterna fièrement devant le septième Aar’on. Ce dernier, incrédule devant une telle réussite, lui passa tendrement la main dans les cheveux et lui demanda par quel miracle il était arrivé à ce résultat prodigieux. Joyeusement, Kili’an répondit en affichant son plus beau sourire :
– Me les suis tous tapés pour les convaincre de venir se battre et pour bien les revigorer avant la bataille. Ça, j’ai pas beaucoup dormi, mais ça en valait la chandelle ! Bon, j’t’avoue, avec un orifice de plus, j’crois qu’on pétait les quatre millions. Mais, hein, j’ai fait avec les moyens du bord ! T’es content ?
La bouche grande ouverte, l’Aar’on resta figé plusieurs minutes sur place. Là, il venait de prendre un coup très violent sur la nuque. Son Kili’an, sa petite chose en sucre toute innocente et gourmande… Comment était-ce seulement possible et imaginable ? Sérieusement ? Ce n’étaient pas des larmes qui coulaient sur ses joues, mais des fontaines d’incompréhension. Pire. Cet imbécile de petit blond ne faisait que le regarder béatement en penchant la tête sur le côté, un index sur les lèvres.
– Bah quoi ? Ça te fait pas plaisir ? Me suis donné du mal, pourtant. Gabri’el, il m’avait dit que… bah.
– Il… Il t’avait dit quoi ? – demanda nerveusement le tremblant petit brun.
– Bah, en fait, c’est son idée, à la base. – se justifia le blond. Il m’a dit que comme ça, ça irait plus vite pour recruter. Mais rassure-toi, hein, lui, il m’a pas touché ! Il était trop occupé avec ses crayons. D’ailleurs, j’ai pas compris à quoi ça servait de me dessiner pendant mes heures de service, mais il m’a dit que c’était super important et que je devais bosser et me taire, et qu’en plus, c’était mal élevé de parler la bouche pleine. Alors, bah j’l’ai écouté, hein, t’aurais fait quoi, toi, à ma place ? Sérieusement ?
– TONTOOOON ! ÉSPECE DE FUMIER ! J’VAIS T’BUTER !
Rarement Aar’on ne s’était égosillé aussi fort. Il avait des envies de meurtre contre un certain Gabri’el. Ah l’enflure. Ah la petite saloperie. Ah l’enfoiré de première… User de la naïveté de Kili’an pour mener à bien son dessein artistique ! Le traître !
Haussant les épaules, l’artiste éternel se justifia vaguement. Lui, à la base, il avait proposé de se répartir la tâche. Les garçons pour le blond, les filles pour lui. Ce n’était pas sa faute si la guerre attirait beaucoup plus les mâles et s’il avait eu moins de boulot. Et puis, hein, quatre-vingt jours sans son Aar’on, fallait lui expliquer comment Kili’an pouvait tenir ! C’était ridicule de penser qu’il ne pourrait ne serait-ce que survivre vingt-quatre heures s’il n’était pas un minimum sailli à droite à gauche. À la base, l’idée, c’était surtout d’allier l’utile à l’agréable. Et cela avait été très utile.
– Mais… mais…
– Rho, ça va, grandit un peu Aar’on ! T’es  plus un bébé, maintenant ! Tu voulais une armée, tu l’as ! Si tu voulais en prime que ton Kili’an soit fidèle, bah fallait le spécifier quelque part. C’est ta faute, aussi… On ne motive pas des hommes sans casser des culs, c’est la règle. Après, moi, j’trouvais ça con de lever une armée alors que t’aurais simplement pu chercher à rentrer en Résonnance avec lui. T’aurais été le seul à te le taper, et on aurait gagné la guerre en deux-deux. Mais bon, c’est toi le chef, maintenant, hein. Je respecte tes décisions, même si elles sont stupides. Nan mais chiale pas, on fait tous des erreurs, hein. Et puis, libérer Susanoo à l’ancienne, ça sera pas mal non plus pour ta légende, t’en fais pas. En plus, pour la Résonnance, il reste la bataille d’Horus !
Forcément, l’argumentaire de Gabri’el était assez inattaquable. Aar’on ne pouvait nier sa propre responsabilité et il en chialait toutes ses larmes. Jamais il ne s’était senti aussi con et aussi mal. Enfin, parce qu’en tout malheur, quelque chose est bon, il souhaitait rapidement rebondir. Cet évènement lui permit de prendre deux décisions majeures.
La première fut de lancer d’un seul coup l’armée à l’attaque et de la laisser se faire massacrer pendant que, dans un coin reculé, il rattrapait ses quatre-vingt-et-un jours d’abstinence. Parce que lui, naïf comme il était, il avait été fidèle, vous voyez ? Donc il avait les nerfs. Enfin, mener l’assaut par surprise ne fut pas inutile. Malgré la perte de plusieurs millions de soldats, il ne fallut que quelques jours à l’Humanité pour atteindre les ruines du château de Heian-kyo, où le sixième avait rendu l’âme, et y dresser la bannière verte et dorée que l’Aar’on avait lui-même conceptualisé en pensant à son bien aimé. Dans cette bataille, Mathuz et Éduan s’illustrèrent particulièrement et se battirent comme des héros, galvanisés par les cris de jouissance du Kili’an qu’ils entendaient au loin.
La deuxième grande décision fut de promulguer le fameux décret du premier kémidi blanc de la première année de règne du septième Aar’on, relatif au derrière du Kili’an. Ce dernier déterminait le côté sacré et vénérable du cul de son petit ami – et par extension de ceux de ses successeurs – et en organisait le culte. Si pour le commun des mortels, cet évènement marquait le symbole de la victoire et du retour de l’espoir dans les rangs de l’Humanité, pour l’Aar’on, c’était surtout le moyen d’indiquer qu’il était le SEUL à avoir droit de s’amuser avec. D’ailleurs, il avait la ferme envie de rajouter ce point dans la constitution qu’il était en train de rédiger, histoire de vraiment acter la chose et s’assurer qu’on ne touche plus à sa petite propriété inopinément.
Fier de cette victoire historique sur les Kémèks, le jeune brun pouvait regarder fièrement l’infinité des étoiles. Son peuple venait de retrouver sa place dans le grand jeu de l’univers. Il fallait maintenant porter l’estocade finale afin d’en assurer sa survie et son avenir. Une planète jaune brillait trop fort. L’Aar’on murmura deux mots.
Delenda Horus.
Horus devait être détruite.
Pour mieux reconstruire.
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