#auréole song
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pour chaque personnage, un trait vous sera demandé à l'inscription. vos personnages devront s'organiser autour d'une vertu ou d'un vice proéminent, fortement exacerbé par une newport catalyseuse. nous vous demanderons aussi de choisir un trait compatible (le vice ou la vertu avec lequel votre personnage possède une affinité) et un trait incompatible (qui créer une forte hostilité). ici, les extrêmes rendent fou les saints comme les impurs. car de tous les traits, aucun n'est pire que celui qui se tire d'un gras crayon. ainsi, que vous choisissiez un vice ou une vertu, il semblerait que vous ne pourrez jamais en sortir vainqueur; car si les vices sont généralement connus pour être problématiques... que pensez-vous vraiment d'une qualité poussée à son paroxysme? et si la clé pour sortir de cet enfer semble donc être l'équilibre, newport ne vous permettra pas de la trouver. mais après tout, voulez-vous réellement la quitter..?
implosion; hystérie; instabilité ; phalanges écorchées; haine; babines écumeuses; aigreur; désespoir; sale bile; jurons de maudits; âpres regrets; faiblesse pitoyable; vengeance.
vanité; mégalomanie; ce bleu roi; drapé de soie et de chair putride; gloriole; autosuffisance; mépris; ô beau narcisse; solitude du parfait; trône de bois; fantasque éphémère; fierté; faux.
indifférence; apathie; absence de conséquences; sombres méninges; éternel aquilon; abandon, atrophie insupportable; désengagement; l'affligeant ennui, électron libre.
jalousie; éternelle insatisfaction; jurons de malheur; aigreur; confiance érodée; vicieuse frustration; rivalité infondée; caïn; rancune hostile; manigances chuchotées; caprice de minot.
obsession; insatiable; extase dionysiaque; plaisirs exacerbés; épicure; auréole en bois de vigne; primitif; addictions; sève d'ivresse; banquets; opium; foule paillarde; folie fiévreuse; chaos.
cupidité; matérialité; l'or en idole; possession excessive; manipulation; opportunisme; cruauté; bedaine enflée; gel du marbre; pingre; attachement excessif; fortune enchaînée; geôle dorée.
passion; débauche; trahison; parade de charme; faim de charnel; indécence; démesure; tentation entêtante; pourpre de velour; instabilité amoureuse; absence de lien.
quête de la vérité; inébranlable acharné; sceptre justicier; de bleu roi et d'or; ordre implacable; autoritarisme; châtiments exacerbés; ô douce tyrannie; fièvre justicière.
corps contre rafale; ce ô preux chevalier; folie héroïque; absurde hardiesse; imprudence; orgueilleuse bravoure; sacrifice vénérable; insoumis; brasier de grandeur; la sale audace.
sacrifice aveugle; martyr; empathie éreintante; funeste abnégation; générosité hypocrite; lugubre bonté; bras de saint, vaine ironie; quête de profit personnel; folie du sauveur, blanche prière.
méfiance flaire essence; cardinal sans sens; mutisme cri statisme; conséquences au lourd pesant; clairvoyance aveugle; horace à pas velours; abstinence septentrionale; repos contre écueil.
fouet contre palais; gerbe assassine; lame de mauxmots; noble monologue; muselière décousue; sincère blessure; confessions agonisantes; terrible transparence; impitoyable; malédiction.
tendresse aveugle; douleur gobée; belle miséricorde; dégénérescence du beau; cécité du malin, acceptation du pire; juge sans voix; empathie hypertrophiée; psyché de pitié.
doux mirage d'éden; saveur déni; songe en nuages; cauchemar idéal; horizon promesse; folie d'espoir; fantasmes en pagaille; ris aux enfers; insouciance candide; géant de croyance.
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L'Art et la mode, no. 38, vol. 14, 23 septembre 1893, Paris. Diane "Fin de Siècle". Bibliothèque nationale de France
Elle est devenue bien coquette, la chaste Diane, et bien dernier bateau, depuis le temps où, farouchement prude, elle changeait en cerf, et sans lui donner le temps de s’expliquer, le malheureux Actéon dont tout le crime, en somme, était de l’admirer sans en avoir, au préalable, obtenu la per mission…
She has become very coquettish, the chaste Diana, and very last boat, since the time when, fiercely prudish, she changed into a stag, and without giving him time to explain himself, the unfortunate Actaeon whose whole crime, in short, was to admire her without having first obtained permission…
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Mais, sous le crâne ajustement qui, grâce aux couturiers à la mode, réalise un piquant compromis entre le costume masculin et les vêtements féminins, on retrouve aisément, sous la coupe des étoffes, cette pureté de lignes idéales, un peu graciles en leur adorable juvénilité, qui révèlent la sœur d’Apollon.
But, under the adjusted skull which, thanks to fashionable couturiers, achieves a piquant compromise between the masculine costume and feminine clothing, we easily find, under the cut of the fabrics, this purity of ideal lines, a little graceful in their adorable youthfulness, which reveal the sister of Apollo.
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Et c’est vraiment la déesse encore qui surgit, radieusement belle au milieu des campagnes, par les beaux jours d’été, nimbée d'un chapeau aux ailes déployées, rappelant celui de Mercure, le cou caressé par un léger collier de plumes multicolores, la taille merveilleusement dessinee par un corsage moulé, et les jambes élégantes et sveltes émergeant de la jupe courte, à la façon des Hiohlanders.
And it is truly the goddess again who emerges, radiantly beautiful in the middle of the countryside, on beautiful summer days, surrounded by a hat with outstretched wings, reminiscent of that of Mercury, her neck caressed by a light necklace of multicoloured feathers, her waist marvellously outlined by a fitted bodice, and her elegant and slender legs emerging from the short skirt, in the manner of the Hiohlanders.
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La voilà, faisant halte dans quelque rustique demeure, et s’approchant du haut foyer ou flambent des sarments pétillants, pour se sécher sans doute, après quelque ondée qui a suspendu sa course vagabonde à travers les bois et les plaines. A quoi songe-t-elle, en ce répit? Durant cette heure morose, si Actéon se présentait à ses yeux, il serait peut-être admis à causer quelques instants avec la jeune déité. Déesse ou femme s’ennuyant sont aussitôt d’humeur plus conciliante, et il s’agit de passer juste à ce moment-là.
There she is, stopping in some rustic dwelling, and approaching the high hearth where sparkling vine shoots are ablaze, to dry herself no doubt, after some shower which has suspended her wandering course through the woods and plains. What is she thinking of, in this respite? During this gloomy hour, if Actaeon were to present himself to her eyes, he would perhaps be admitted to chat for a few moments with the young deity. A goddess or woman who is bored is immediately in a more conciliatory mood, and it is a matter of passing by just at that moment.
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Maintenant, le jour s'achève. Le soleil abaisse rapidement à l’horizon son disque glorieux, et la fière chasseresse profile dans cette superbe auréole de pourpre sa divine silhouette. Elle feint de vouloir encore diriger son arme sur un gibier quelconque, mais c’est uniquement pour nous donner le change, car à l’horizon, sur l’immense cercle de l’astre, une ombre d’homme se dessine nettement. Et bien qu’on ne puisse deviner s’il approche ou s’il s’éloigne, on comprend que c’est encore et toujours Actéon, toujours fidèle, toujours épris, qui guette la déesse. Mais le temps des colères est passé, et Actéon cette fois ne sera pas puni, au contraire!
Now the day is ending. The sun is rapidly lowering its glorious disk to the horizon, and the proud huntress outlines her divine silhouette in this superb purple halo. She pretends to want to aim her weapon again at some game, but it is only to deceive us, because on the horizon, on the immense circle of the star, a man's shadow is clearly outlined. And although we cannot guess whether he is approaching or moving away, we understand that it is still and always Actaeon, always faithful, always in love, who is watching the goddess. But the time of anger is over, and this time Actaeon will not be punished, on the contrary!
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This song gives me strong divine vibes, unfortunately, it is French, so I translated it under the cut
Original Text: Auréole - IAM
Refrain :
Un jour on a courbé l'échine Et porte une couronne d'épines Qui pour certains s'est changée en cornes Priant pour que la mort la fasse auréole Mais quand les âmes ne laissent que des ruines Comment peut-on les trouver sublimes ? Ces vies passées à fermer les portes Sincèrement ne méritent aucune auréole
Premier couplet :
Quel intérêt, avoir des ailes d'ange ? Quand le rideau est tiré, il n'y a que 4 planches Ni richesse, ni maison, ni voiture indécente Ni rival aigri qui marche sur des plates-bandes
A quoi servent les yeux si le regard porte à un mètre ? C'est la différence entre être et paraître Je me fous que l'on dise comment j'étais avant Tant que ceux que j'aime savent ce que je suis maintenant
J'entends partout crier que la bonté est modulable Cracher le feu ici et boire le lait de l'au-delà Calculer chaque instant pour façonner son image Désolé je ne prends pas cette drogue la
Jacques a dit, mate le ciel bleu Affirme qu'il est gris, pour avoir l'air de... S'il te plaît, la ferme, la mort ne change rien Elle ne fera pas un saint avec un petit merdeux
On dit que chez les faibles, les émotions se lisent Du coup, nombre de gens sont masqués comme à Venise Privés de mémoire, coucher, lever tard Une comédie de vie c'est bien le fossé qui nous sépare
L'ange Raphaël n'efface pas l'ardoise Elle se paie directement ce beau jour où tu le croises Et 10 000 actes méprisants, dans le cours d'une vie Ne s'évanouissent pas en quelques phrases
[Refrain]
Second couplet :
Ne les laissez pas dire que j'étais grand, beau et fort Comme tous j'ai eu mes raisons, comme tous j'ai eu mes torts Moi je ne suis qu'un homme et c'est dans ma nature Je commets des erreurs, ouais, je fais plein de ratures
J'ai ordonné au miroir de flatter mon égo J'ai amassé un tas de trucs bien plus qu'il n'en faut Croyant qu'un fois au bout, je pourrais partir avec Et qu'arrivé là-haut, je pourrais rembourser toutes mes dettes
J'ai foutu le boxon partout où je suis passé D'une main j'ai semé et de l'autre j'ai fauché Certains ont fait de même et sont devenus des légendes A croire que les ailes ça pousse dans les champs de cendres
Le plus évolué de tous à les entendre Malgré toutes ces fois où j'ai goûté mon sang J'ai laissé tellement de plaies à panser Une partie de moi en a le cœur cabossé
Le mec en haut de la chaîne, le mal dominant Doté de conscience mais qui tire sur ses enfants Au théâtre des fous, moi, j'avais ma propre loge Donc, gardez vos belles phrases, ouais, gardez vos éloges
Car quand mon corps descend dans le fossé N'en profitez pas pour m'encenser Juste une place dans vos pensées La mort n'a jamais rien effacé
[Refrain]
Translation: Halo - IAM
Chorus:
One day we bent our backs And wore a thorn crown For some it changed into horns Praying for death to change it in a halo But when souls only leave ruins How to find them beautiful? Those lives spent closing doors Sincerely do not deserve any halo
First Verse:
Where's the point in having angel wings? When the curtain is closed, there are only four planks Neither wealth, nor houses, nor luxurious cars Not embittered rival walking on flower beds
How are eyes useful if you can only see to one meter? Where is the difference between being and seeming I don't care if some say how I used to be As long as those who I love know who I am now
I hear everywhere that kindness is subjective To spit fire here and drink the milk of there To calculate every moment to manipulate you image Sorry but I do not take that drug
Jacob said, watch the blue sky Affirm it is grey, to be different... Please, shut up, death won't change a thing It won't make a saint out of a little shit
They say that the weak's feelings are easy to read So numerous people wear a masque like in Venise Deprived or memories, go to sleep wake up late A comedy of a life is the pit that separates us
The angel Raphaël doesn't erase the slate It pays directly this beautiful day where you cross his path And 10 000 acts of disdain, in the curse of a life Do not fall down in a few phrases
[chorus]
Second Verse:
Don't let them say that I was tall handsome and strong Like all I had my reasons, like all I did wrong I am only a man and it's my nature I make mistakes yes I do wrong often
I ordered the mirror to flatter my ego I hoarded so many things, way more than needed Believing that once I reach the end I could leave with it And that once ascended I could pay back all my debts
I made an awful mess everywhere I went I planted seeds with a hand and with the other I mowed Some did the same and became legends Makes you believe that wings grow in ash fields
The most evolved of them from what it seems Despite all the time I tasted my own blood I left so many injuries to patch up A part of me has a broken heart
The apex predator, the alpha male Gifted of conscience but still shoots his children At the crazy and the foul's theatre, I have my own lodge So keep your pretty words, yeah keep your flatteries
Because when my corpse goes down in the pit Do not take advantage of it to incense me Just a place in your thoughts Death has never erased anything
[Chorus]
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songe d’une nuit d‘été piqué par la pointe de diamant du cri vitrier sur le cou du taureau enveloppé dans le papier des cabinets d’aisance tourne le projecteur de son phare sur le bord de l'hameçon grattant la plaie figurée par la ronde des mouches autour du bouquet de la fanfare et rôti au feu vif le peu d’espoir de ramener la barque au port les flancs remplis de la mitraille de la pêche mirobolante des thermomètres grouillant dans le filet se secouant la pluie d’étoiles passées au crible de l’arc-en-ciel mordant aux lèvres le beau temps des aurores dépeignées sortant ivres et pâles des bras du cabaret drap cloué aux quatre coins par des roses des vents brûlant au bout des arums aux dessins et couleurs écossaises rempli des petits pois germés à la douceur du jeu de son corsage et éclos dans le nid parfumé des auréoles l’air de flûte noie son chagrin dans les roseaux du rideau et larme à larme suit chaque goutte qui se détache du fil télégraphique sur le tambour de la nuit recouverte du voile du premier rendez-vous des ailes arrivant en pièces détachées aux vols du boomerang dans le bleu incendie noir de l'espace
Pablo Picasso - 19 avril 1936 à Juan-les-Pins
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English Translation: Daniel Balavoine - Le chanteur (The Singer)
Original song here.
This translation is rhymed!
English:
My name’s Henri, it’s nice to meet you To win at life’s what I want to do, to be loved To be handsome and paid quite well And especially smart as hell But to do that, I must work real hard, you can tell I love to sing, yes, singing’s my game Making hits is how I’ll make my name, earn my fame I have for you this afternoon My own fun, fresh and catchy tune You can dance to at the parties at so-and-so’s room And wherever you go I’ll be the talk of the town While the girls have no clothes I’ll let them tackle me down All their passion exposed While my innocence goes... For my old sweethearts from school As their idol I’d rule Hiding under their sheets They’ll become indiscreet And their husbands won’t see That they dream about me! Then I’ll be on the road with my band The audience eats out of my hand, I’ll demand Hundreds, thousands will scream my name All of Paris will know my fame Then get back up, soldier on and take a stand And wherever you go I’ll be the talk of the town While the girls have no clothes I’ll let them tackle me down All their passion exposed While my innocence goes... Then when I’ve had enough Of the public’s esteem I’ll get back on the stage Like my heyday supreme In my eyes tears will well As I bid my farewell... But then the year after that I’ll start over again And the year after that I’ll start over again Sell myself for a fee Just for posterity My old school spreads the news That they swear that I’m gay That my mouth reeks of booze That I should call it a day My renown I will lose And my past will decay When I’m beyond repair Far too old now to sing I’ll pluck a god from the air To forgive all my sins Let me die in despair So I don’t miss a thing Let me die in despair! Français:
Je me présente, je m'appelle Henri Je voudrais bien réussir ma vie, être aimé Etre beau, gagner de l'argent Puis surtout être intelligent Mais pour tout ça il faudrait que je bosse à plein temps Je suis chanteur, je chante pour mes copains Je veux faire des tubes et que ça tourne bien, tourne bien Je veux écrire une chanson dans le vent Un air gai, chic et entraînant Pour faire danser dans les soirées de Monsieur Durand Et partout dans la rue Je veux qu'on parle de moi Que les filles soient nues Qu'elles se jettent sur moi Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent Qu'elles s'arrachent ma vertu Pour les anciennes de l'école Devenir une idole Je veux que toutes les nuits Essoufflées dans leurs lits Elles trompent leurs maris Dans leurs rêves maudits Puis après je ferai des galas Mon public se prosternera devant moi Des concerts de cent mille personnes Où même le tout Paris s'étonne Et se lève pour prolonger le combat Et partout dans la rue J'veux qu'on parle de moi Que les filles soient nues Qu'elles se jettent sur moi Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent Qu'elles s'arrachent ma vertu Puis quand j'en aurai assez De rester leur idole Je remonterai sur scène Comme dans les années folles Je ferai pleurer mes yeux Je ferai mes adieux Et puis l'année d'après Je recommencerai Et puis l'année d'après Je recommencerai Je me prostituerai Pour la postérité Les nouvelles de l'école Diront que je suis pédé Que mes yeux puent l'alcool Que je fais bien d'arrêter Brûleront mon auréole Saliront mon passé Alors je serai vieux Et je pourrai crever Je me chercherai un Dieu Pour me tout pardonner Je veux mourir malheureux Pour ne rien regretter Je veux mourir malheureux
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je t’offre ce livre
En ces heures où le paysage est une auréole de vie, et où rêver n’est que se rêver soi-même, j’ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange où s’ouvrent, tout au bout d’une allée d’arbres, les portes d’une maison abandonnée.
J’ai cueilli pour l’écrire l’âme de toutes les fleurs et, des instants éphémères de tous les chants de tous les oiseaux, j’ai tissé un réseau d’éternité et de stagnation. Telles les tisseuses (...), je me suis assis à la fenêtre de ma vie et, oubliant que j’habitais là et que j’existais, j’ai tissé des linceuls pour un tiède ensevelissement, dans de chastes toiles de lin destinées aux autels de mon silence.
Et je t’offre ce livre, car je le sais beau autant qu’inutile. Il n’enseigne rien, ne fait croire à rien, ne fait rien sentir. Simple ruisseau coulant vers un abîme — cendre que le vent disperse, et qui n’est ni fertile ni nuisible.
J’ai mis toute mon âme pour faire ce livre, mais ce n’est pas à lui que je pensais alors : je pensais seulement à moi, qui ne suis que tristesse, et à toi, qui n’es personne.
Et c’est parce que ce livre est absurde que je l’aime ; parce qu’il est inutile que je veux le donner ; et parce qu’il ne sert à rien que je veux te le donner, et te le donne...
Que ta lecture se fasse pour moi prière, que ton amour de ce livre devienne bénédiction, et puis oublie-le, comme le soleil d’aujourd’hui oublie celui d’hier (et comme j’oublie ces femmes, vues en des rêves que je n’ai jamais su rêver).
Tour du Silence de mes désirs, que ce livre soit la clarté de lune qui t’a transformée, dans la nuit de l’Antique Mystère !
Fleuve de douloureuse Imperfection, que ce livre soit la barque partie à la dérive sur tes eaux, pour finir océan — rêve pur.
Paysage du Songe et de la Détresse, que ce livre soit tien comme l’est ton Heure, et s’illimite de toi comme de l’Heure aux pourpres fallacieuses.
Le livre de l'intranquillité, tome 2
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Lettre que tu ne liras jamais n°1
“J’ai envie de me promener dans Paris avec toi” dis-tu, de là où tu es (pas ici.) C’est curieux, qu’il faille que tu sois à Madrid, à déambuler dans une ville loin de moi pour que, brusquement, le paysage que nous occupons chaque jour et chaque nuit s’impose à toi. Voilà que, privé du quotidien, tu te rends compte qu’il a un décor, que des êtres le composent : un fleuve frissonnant sur lequel nous n’avons jamais vu le soleil se lever, des quais bruyants en été sur les lesquels nous n’avons jamais bu de verre de vin. Nous vivons, mon amour, de projets inaccomplis, de fantasmes dessinés au pinceau avec une aquarelle si légère qu’elle a la couleur des songes : des ombres roses et bleues dans lesquelles nous baignons notre hiver, sachant pertinemment que le printemps, arrivant après février (tu t’en iras avant que l’aurore n’éclose en vert), ne sera pas notre saison. Alors, en attendant, tu me tiens chaud la nuit, dans ce lit que nous ne savons pas quitter - c’est une des raisons, d’ailleurs, pour laquelle nous n’avons pas encore marché dans Paris la nuit, pour lesquelles c’est sur toi que se lève le jour, sur tes lèvres gonflées en une moue enfantine et tes traits alourdis par des heures de sommeil que tu trouves courtes. Je dors peu, tu le sais, alors je te regarde souvent, et tes traits je crois les connaître ; pourtant, lorsque ce soir je t’ai longuement peint, pour de bon cette fois, il m’a semblé avoir tout oublié de toi, et je sais que mon crayon t’a trahit. Qu’importe, il reste les couleurs : un doré immense qui encadre ton visage, qui flamboie en une auréole orangée autour de tes traits. C’est le concept de toi, comme tu m’as dit qu’en toi résidaient des arabesques qui avaient la couleur de mon sourire, rouge. Cette image de toi (un Saint Jean-Baptiste d’une insolente sensualité) elle est née dans ce Paris qui pénètre et coule par ma fenêtre, tout droit venue du lampadaire devant ma chambre. De ce Paris si laid nous avons su faire la couleur de nos nuits ; tu ne les colores pas de pourpre, mais de cet incendie électrique qui fait ressortir, sur ton visage, les ombres sous tes yeux, le creux sous tes pommettes, la béance sombre entre tes lèvres entrouvertes, où pointe une langue piquante. J’aimerais, mon amour, voir le jour se lever sur la Seine ; j’aimerais, mon amour, marcher de nuit dans Paris avec toi. Mais avant que l’hiver ne se termine, avant que le printemps ne sonne le glas de ta présence, je veux, avant tout, voir l’aurore rosir, à l’identique chaque matin et jamais avec les mêmes nuances, ta peau blanche, celle qui est désormais si loin. Tu me reviens bientôt, S.
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Songe d’un exquis déjeuner au restaurant Rech
Revenir une seconde fois, des mois après enchantement. Pourquoi ? Pour la deuxième guimauve, tout aussi dodue et moelleuse que la première, même si on n’en peut plus. Ces petits nuages de douceurs n’ont pu perturber le ciel bleu de ce samedi là, du 18 février dernier. Pour l’éclair XL à la vanille, dont les points noirs de la gousse se comptaient par milliers. J’aurai pu ne pas le partager cet éclair tellement il était bon et pas si XL que ça (je peux avoir les yeux plus gros que le ventre). Pour cette dinguerie à la cacahuète ! Comment a t’il su que j’étais folle de ça ? J’étais tellement jalouse de ne pas pu finir cette assiette là. Ou bien pour cette belle auréole citron et noisette, ou pour le fameux Mr. Rech généreusement nappé de l’excellente sauce chocolat de la Manufacture Ducasse (visitée l’autre fois!). Pour le plaisir de reboire du Ratafia et de se vanter de connaître déjà. Pour ces trois assiettes arrivées en même temps, qu’on a fait tourner autour de la table, comme le jeu des chaises musicales. Je me demande encore laquelle de ces assiettes ai-je préféré ? Pour ce bouillon délicieux aux notes de bouillabaisse, quelle adorable attention à mon égard. Pour ces trois premières assiettes gold, où les poissons crus se sont confondus dans la garnitures végétales. J’ai adoré le croquant des céréales qui couvraient le saumon, mais mon préféré fut du loin le harengs, une interprétation du plat que sa grand mère lui faisait étant petit. Pour cet accord mets & vins, plutôt sur du blanc, selon ma demande. Pour ces amuses-bouches en fraicheur, pour le petit carré de beurre trop petit soi-disant pour y graver mon nom (dixit Eric Mercier, je vous aime). Ou tout simplement pour le plaisir de revoir Anthony Denon, de regoûter à sa cuisine et cette fois ci de partager ce moment avec des amis.
Restaurant Rech - 62 avenue des Ternes 75017 Paris
© Géraldine Martens
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Quand la lune s'épanche...
Dans un ciel obscur de Mai, la lune penche
Son auréole dorée au-dessus du jardin,
L'air étonné, un crapaud sous les branches
Du figuier récite son éternel refrain.
Mais trop de douceur sur moi m'emprisonne
Dans le brouillard de mes vieux souvenirs !
L'attente invente des images, j'en frissonne
Sur l'herbe du boulingrin enfin je te vois venir
Ainsi tu m'apparais nue, la tête auréolée,
Par les lauriers desséchés des songes sans vie,
Des roses précoces dans les lilas fanés,
Muse, ainsi tu m'extirpes de la solitude de ma nuit.
Ce matin je n'ai pas eu accès à ta poésie quotidienne,
Mais à des simples vers que personne n'osera lire
Ma volonté d'écrire est notre histoire ancienne,
Quand tu encres mes mots du bleu de tes délires.
Suivre ton cœur, voir la flamme dans ton regard
Brûler à quelques pas de moi, croire au retour,
Puis disparaître dans l'ombre. mes yeux bleus hagards,
Clôturent mon rêve fou quand pointe enfin le jour.
©Timilo
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Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté. Gaston Bachelard , L'air et les songes
Gaston Bachelard , L'air et les songes
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‘’Compensation’’, Théophile Gautier (1811-1872)
Il naît sous le soleil de nobles créatures Unissant ici-bas tout ce qu'on peut rêver, Corps de fer, cœur de flamme, admirables natures. Dieu semble les produire afin de se prouver ; Il prend, pour les pétrir, une argile plus douce, Et souvent passe un siècle à les parachever. Il met, comme un sculpteur, l'empreinte de son pouce Sur leurs fronts rayonnants de la gloire des cieux, Et l'ardente auréole en gerbes d'or y pousse. Ces hommes-là s'en vont, calmes et radieux, Sans quitter un instant leur pose solennelle, Avec l'œil immobile et le maintien des dieux. Leur moindre fantaisie est une œuvre éternelle ; Tout cède devant eux ; les sables inconstants Gardent leurs pas empreints, comme un airain fidèle. Ne leur donnez qu'un jour ou donnez-leur cent ans, L'orage ou le repos, la palette ou le glaive : Ils mèneront à bout, leurs destins éclatants. Leur existence étrange est le réel du rêve : Ils exécuteront votre plan idéal, Comme un maître savant le croquis d'un élève ; Vos désirs inconnus, sous l'arceau triomphal Dont votre esprit en songe arrondissait la voûte, Passent assis en croupe au dos de leur cheval. D'un pied sûr, jusqu'au bout ils ont suivi la route Où, dès les premiers pas, vous vous êtes assis, N'osant prendre une branche au carrefour du doute. De ceux-là chaque peuple en compte cinq ou six, Cinq ou six tout au plus, dans les siècles prospères, Types toujours vivants dont on fait des récits. Nature avare, ô toi, si féconde en vipères, En serpents, en crapauds tout gonflés de venins, Si prompte à repeupler tes immondes repaires, Pour tant d'animaux vils, d'idiots et de nains, Pour tant d'avortements et d'œuvres imparfaites, Tant de monstres impurs échappés de tes mains, Nature, tu nous dois encore bien des poètes !
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Les Anges
Rêve ou réalité ?
Dans la première moitié du XVIIème siècle, George de la Tour peint une huile sur toile, aujourd’hui exposée au musée des Beaux-Arts de Nantes. Y sont représentés deux protagonistes que tout semble opposer.
Tout d’abord ils sont placés aux extrémités du tableau. Il s’agit d’une enfant avec des habits bordés, se tenant debout, face à un vieil homme assis, endormi avec un un journal ouvert sur les genoux. Séparés par une table, une chandelle posée au centre éclaire leurs visages. Pourtant à la même distance de la flamme, ils sont éclairés différemment. L'intensité lumineuse est beaucoup plus forte sur le visage de la jeune fille que sur celui de l'homme dont la peau arbore des teintes plus foncées, orangées. Ils ne semblent donc pas être sur le même plan.
Cela pourrait expliquer qu’il ne s’agit pas d’un enfant comme les autres, et que cette lumière blanche qui lui donne un air angélique pourrait être la substitution d’une auréole. En effet, c’est un ange qui se tient devant cet homme qui n’est autre que Joseph. Elle vient lui demander de ne pas répudier sa femme, la Vierge Marie, qui vient de tomber enceinte. Et qu’il appellera son fils Jésus. C’est une des interprétations de ce mystérieux tableau.
Le songe de Saint Joseph, de George de la Tour, première moitié du XVIIème siècle, huile sur toile de 930 x 810 mm
La position de sa main qui se détache sur le fond sombre est un détail qui confirme qu’il s’agit d’un ange, même si ses ailes ne sont pas représentées. La grâce de son geste pourrait indiquer qu’elle s'exprime en chantant, la paume vers le ciel portant sa voix. C’est là une caractéristique des anges.
Dans d’autres tableaux, comme celui de Nicolas Mignard L’apparition de l’ange à Joseph, l’ange est plus facilement identifiables étant représenté avec des ailes.
L’apparition de l’ange à Joseph, de Nicolas Mignard, 1664, huile sur toile de 300 x 240 mm
Par ailleurs, la flamme de la chandelle peut-être l'incarnation du divin que l'on ne peut pas voir, cachée par son bras. Ce dernier élément renforce l'idée qu'il s'agisse de la lumière divine que l'on ne peut voir que par réflexion sur le visage de l'ange, intermédiaire entre les deux mondes.
La chandelle, dont la flamme file car Joseph a oublié de l’éteindre avec le ciseau à moucher, est un thème des vanités. Pour Bachelard, un philosophe de la première moitié du XXème siècle, la chandelle est un "sablier qui s'écoule vers le haut". Symbole de l'instant, du temps qui passe, de l'éphémère, sa flamme est souvent utilisée dans les peintures du Caravagisme. Les peintures de ce mouvement sont reconnaissables notamment par leur lumière chaude, jaune orangée qui éclaire la scène.
Dans cette peinture qui s’intitule Le songe de Saint Joseph, on ne sait pas si l’ange se trouve réellement face à Joseph ou si ce n’est que l’illustration de ce qu’il voit en rêve. Cette apparition fait alors vaciller la frontière entre le rêve et le réel.
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Pour plus d’informations :
https://jeanpierrefabricius.blogspot.fr/2014/03/georges-de-la-tour-5le-songe-de-joseph.html
https://extraorleans.wordpress.com/2009/12/14/chants-pour-le-vie-dimanche-de-l%E2%80%99avent/georges_de_la_tour-_appearance_of_angel_to_st-_joseph_also_called_the_song_of_st-_joseph-_c-_1640-_oil_on_canvas-_musee_des_beaux-arts_nantes_france-_jpeg/
https://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/latour/apparitiondelangeasaintjoseph.htm
http://www.narthex.fr/oeuvres-et-lieux/dossier-de-noel/6-le-songe-de-saint-joseph
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwis0_m2waLZAhXFYlAKHf3OBDYQFggnMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.culturecommunication.gouv.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F121902%2F1358318%2Fversion%2F2%2Ffile%2FMignard_apparition_ange.pdf&usg=AOvVaw37eN5ayAMDvvwhzV9EC68G
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Je sais bien qu'il est d'usage...
Victor Hugo
Je sais bien qu'il est d'usage D'aller en tous lieux criant Que l'homme est d'autant plus sage Qu'il rêve plus de néant ; D'applaudir la grandeur noire, Les héros, le fer qui luit, Et la guerre, cette gloire Qu'on fait avec de la nuit ; D'admirer les coups d'épée, Et, la fortune, ce char Dont une roue est Pompée, Dont l'autre roue est César ; Et Pharsale et Trasimène, Et tout ce que les Nérons Font voler de cendre humaine Dans le souffle des clairons ! Je sais que c'est la coutume D'adorer ces nains géants Qui, parce qu'ils sont écume, Se supposent océans ; Et de croire à la poussière, A la fanfare qui fuit, Aux pyramides de pierre, Aux avalanches de bruit. Moi, je préfère, ô fontaines, Moi, je préfère, ô ruisseaux, Au Dieu des grands capitaines Le Dieu des petits oiseaux ! O mon doux ange, en ces ombres Où, nous aimant, nous brillons, Au Dieu des ouragans sombres Qui poussent les bataillons, Au Dieu des vastes armées, Des canons au lourd essieu, Des flammes et des fumées, Je préfère le bon Dieu ! Le bon Dieu, qui veut qu'on aime, Qui met au coeur de l'amant Le premier vers du poème, Le dernier au firmament ! Qui songe à l'aile qui pousse, Aux oeufs blancs, au nid troublé, Si la caille a de la mousse, Et si la grive a du blé ; Et qui fait, pour les Orphées, Tenir, immense et subtil, Tout le doux monde des fées Dans le vert bourgeon d'avril ! Si bien, que cela s'envole Et se disperse au printemps, Et qu'une vague auréole Sort de tous les nids chantants ! Vois-tu, quoique notre gloire Brille en ce que nous créons, Et dans notre grande histoire Pleine de grands panthéons ; Quoique nous ayons des glaives, Des temples, Chéops, Babel, Des tours, des palais, des rêves, Et des tombeaux jusqu'au ciel ; Il resterait peu de choses A l'homme, qui vit un jour, Si Dieu nous ôtait les roses, Si Dieu nous ôtait l'amour !
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La Chaste Vie de Jean Genet
La Chaste Vie de Jean Genet, Lydie Dattas p.9: “Ce jour-là, il neigeait. La méchanceté des hommes semblait résorbée par une épaisse couche de beauté.” p.10: “L'enfant se débattit longtemps avant de recevoir le coup de grâce du sommeil.” p.15: “La Première Guerre mondiale arracha la page de ce livre d'enluminures. La technique venait de mettre son doigt d'acier dans le mécanisme de l'univers, l'enrayant à jamais.” p.17: “L'église d'Alligny, dont les piliers étaient des troncs d'arbre arrachés aux forêts environnantes, abritait une pietà du Moyen Âge qui absorbait dans son bois polychrome tout le silence des lieux.” “Le jour on le voyait trotter par les chemins boueux, rincé d'eau angélique, la tête auréolée d'air pur. Puis il rentrait chez lui, tout barbouillé de ciel.” p.19: “ Fuyant les jeux violents des garçons, Genet organisait des goûters avec les filles, dont il se sentait curieusement proche, leur offrant, dans une épicerie de songe, des gâteaux de terre et des boissons de pluie.” p.32: “ Le 4 avril, la mort brutale de sa mère nourricière creusa une seconde fosse dans le ciel.” p.72: “ Ménageant un jour zénithal dans l'obscurité de son âme, une vision le foudroya: il élevait sur un autel flamboyant chaque martyr de Mettray, le pourvoyant d'une auréole d'or fin.” p.76: “Genet finit par se réjouir de l'incident qui avait ruiné sa carrière: qu'une poignée d'herbes rudérales soit parvenue à disjoindre les pierres d'un bâtiment militaire à présent l'enchantait. Ces fragiles graminées lui apprenaient la grâce de l'imprévisible. Il fallait être du côté des herbes folles, jamais des lourds monuments officiels.” p.80: “En une seconde, sur la grand-place de son cœur, se rassemblaient…” p.95: “Portée sur les fonts baptismaux du mépris, son écriture pouvait à présent ouvrir ses pétales noirs un à un, dans un ralenti lumineux.” p.122: “Â l'annonce de cette mort, une vague de douleur d'une hauteur monstrueuse s'abattit sur Genet. Les digues de sa psyché éclatèrent et l'eau noire de l'inconscient inonda son écriture.” p.168: “ Rosalie, derrière le reliquaire vitré de cristal des yeux du poète, admirait le bleu céruléen de son âme…” p.193: “ Parfois la majesté versaillaise d'un soleil mourant les arrêtait.” p.214: “ Le ciel édifia au-dessus de sa tombe, avec les pierres précieuses de la lumière, un mausolée d'air pur.” p.215: “ Qui a connu quelqu'un enfant possède la clé de l'homme qu'il sera: seules les orties, les digitales pourpres et la pluie savaient que Genet avait aimé la France plus que personne - et le ciel plus que tout.”
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UN TRÉSOR MÉCONNU. ALAN LOMAX IN HAÏTI, 1936-1937, Coffret de 10 CDs, préparé et commenté par Gage Averill. Ce n’est pas sans une certaine émotion que l’on ouvre ce coffret. En effet, Haïti se débat aujourd’hui dans d’inextricables difficultés créées par la combinaison d’une histoire d’autoritarisme et d’impuissance politiques, de mépris pour les pauvres et de négligence des questions environnementales, combinaison qui entraîne une incapacité totale à affronter les conséquences de catastrophes naturelles enchaînées. Avec cette publication, on se trouve reporté soixante-dix ans en arrière, à une époque où, si la pauvreté, l’injustice et la violence étaient le lot quotidien de nombre d’Haïtiens, un peu d’espoir brillait encore pour les habitants de cette moitié d’île. À la fin de 1936, Alan Lomax débarquait en Haïti, où il était rejoint par celle qui allait devenir son épouse, Elizabeth Lyttleton Harold. Pendant près de cinq mois, assistés de Revolie Polinice, homme à tout faire haïtien qui joue un rôle déterminant en tant que guide et négociateur, ils parcourent le pays avec un matériel d’enregistrement mobile et, sur la fin, une caméra 8 mm. Au terme de leur séjour, ils auront gravé dans quatre localités plus de cinquante heures de musique (58 disques en aluminium de 25 cm et 236 de 30 cm) – soit environ 1500 chansons et formules tambourinées –, tourné quelque 100 mètres de film 8 mm et collecté d’innombrables informations consignées dans un épais journal de terrain. Ce matériel est demeuré enfoui dans les fonds de la Bibliothèque du Congrès de Washington jusqu’à ce que l’archiviste Martin Barton, qui préparait alors l’édition de la série Deep River of Song, tirée d’enregistrements réalisés par Alan Lomax aux États-Unis et aux Bahamas, les redécouvre. Sur la suggestion des héritiers d’Alan Lomax, il demanda à Gage Averill3, alors professeur d’ethnomusicologie à la New York University, aujourd’hui doyen de la Faculté des arts à l’Université de Colombie britannique (Vancouver), d’en faire l’inventaire et d’en préparer la publication. Le matériel sonore fut ensuite numérisé, électroniquement « nettoyé », sélectionné en fonction de son intérêt historique, anthropologique et musical par Gage Averill, puis très minutieusement commenté par ce dernier avec l’aide de Louis Carl Saint Jean (économiste mais aussi spécialiste de la musique haïtienne) et de ses proches vivant sur l’île. Finalement, la firme indépendante Harte Recordings accepta de publier les CDs ainsi que tout le matériel documentaire et critique les accompagnant4. Le coffret Alan Lomax in Haiti, 1936-1937 comprend : les 10 CDs préparés par Gage Averill selon un plan thématique5, le volume V contenant également un montage des films réalisés par Alan et Elizabeth Lomax ainsi que les notes dactylographiées accompagnant ces films ; la présentation et les commentaires des enregistrements rédigés par Gage Averill (un volume relié de 165 pages, préfacé par Anna Lomax Wood) ; le journal de terrain et la correspondance d’Alan Lomax, préparés et introduits par Ellen Harold6 (un volume présenté sous forme de cahier comptant 197 pages), ainsi que la reproduction d’une carte de Haïti publiée en 1933 et annotée de la main de Lomax. L’Haïti d’Alan Lomax Alan Lomax naquit en 1915 à Austin, Texas. Dès 1933, il commença à accompagner son père, John Lomax, dans des tournées de collecte ayant pour objectif d’enregistrer des musiciens populaires dans les campagnes du Sud des États-Unis. En 1935, il participe, sans son père, aux enquêtes conduites dans les Sea Islands de Géorgie et les Everglades de Floride par l’écrivain et anthropologue Zora Neale Hurston et Mary Elizabeth Barnicle, professeur d’anglais à la New York University. Lorsqu’il est envoyé en Haïti par la Bibliothèque du Congrès, il n’a que 21 ans mais possède déjà une solide expérience de collecteur. Sur place, il bénéficie du soutien de Zora Neale Hurston qui le met notamment en contact avec un « docteur » Rieser (en fait un ancien pharmacien de marine américain) qui dirige un hôpital psychiatrique à Pont Beudet et s’est auto-intronisé « prêtre » vaudou. Alan Lomax enregistrera Rieser (CD I # 17 et 18) dans des airs locaux interprétés de manière « singulièrement non haïtienne » (Gage Averill)7, contrepartie peut-être au soutien et aux introductions que lui fournira ce médecin-oungan doublement usurpateur. L’Haïti que découvre Alan Lomax vit des temps passionnants. Elle sort d’une période d’occupation étatsunienne (1915-1934) marquée par la mise en place de mesures de ségrégation raciale et des massacres de villageois. Le pays connaît alors un gouvernement relativement autonome (en réalité le contrôle des douanes demeurera entre des mains américaines jusqu’en 1946) sous la houlette de Sténio Vincent, élu en 1930, qui a très vite fait montre de tendances autoritaires. L’occupation américaine a, naturellement, suscité de fortes oppositions et des intellectuels ont dénoncé non seulement la présence et l’exploitation étrangères, mais encore la collusion des couches privilégiées locales avec l’occupant. Les « élites » urbaines rejettent en effet la culture du petit peuple rural et foncé ; catholiques, elles sont hostiles au vaudou ; francophones, elles méprisent le créole ; adeptes des musiques de concert ou de salon européennes, elles ont une attitude pour le moins ambivalente à l’égard des chansons et des airs à danser qui résonnent pendant le carnaval ou durant les cérémonies vaudou. Le mouvement indigéniste que lance Jean Price-Mars avec La Revue indigène (1927) puis avec Ainsi parla l’Oncle (1928) invite à retrouver les racines africaines de la culture haïtienne afin que l’imitation laisse la place à la création8. Cet appel est également entendu par des intellectuels afro-américains des États-Unis (James Weldon Johnson et Langston Hughes notamment) qui dénoncent l’occupation, et par des anthropologues9. Tous considèrent Haïti comme un réservoir unique d’« africanismes » : ils veulent comprendre comment des pratiques africaines ont survécu à la déportation et à l’esclavage, comment elles ont fécondé une culture qui s’est perpétuée grâce à l’indépendance et au relatif isolement des campagnes. Ils veulent également réhabiliter Haïti. Dans le sillage des soldats et des compagnies concessionnaires étatsuniens, les Haïtiens ont en effet vu débarquer des écrivains et des journalistes en quête de récits sensationnels. Travestissant les pratiques religieuses et culturelles de Haïti, ils en tirèrent des récits effrayants qui décrivaient le caractère sauvage et primitif de ces trop-tôt-émancipés et justifiaient par là même l’invasion. Hollywood prit le relais et produisit une série de films d’horreur envahis de zombies. À l’inverse, les anthropologues et folkloristes des États-Unis tenteront d’expliquer le fonctionnement du vaudou, de montrer la richesse des cultures haïtiennes ; certains, tels Harold Courlander, travailleront plus spécialement sur les chansons et les contes populaires10, mais dans les années 1930, seuls Elizabeth et Alan Lomax effectueront des enregistrements sonores et des films. Une immense variété musicale Ce que découvrent Alan et Elizabeth Lomax, c’est d’abord une diversité insoupçonnée : diversité des productions musicales et diversité de leurs sources qui sont loin d’être exclusivement africaines. « Chaque petit groupe de maison produit et préserve ses propres airs populaires », écrit Alan Lomax dans son rapport de fin de mission. Les enregistrements ont donc recueilli des compositions de mizik savant (musique savante) écrites et jouées par Ludovic Lamothe, de la musique de danse urbaine, et toutes sortes de musiques rurales11. La musique de Haïti y apparaît à la fois unique, variée et connectée à toutes sortes de musiques d’ailleurs. Du côté des singularités : les ensembles de Twoubadou (troubadours) où figurent des malinoumbas, gros lamellophones à huit lames de métal qui accompagnent des cordes pincées et des accordéons ; les orchestres Rara qui combinent tambours et trompes monophoniques jouant en hoquet (vaksin) ; jusqu’à cet « En avant simple » interprété par Loumé Fréice, de la Sosyete Viyolon de Carrefour Dufort, sur un instrument qu’il a fabriqué et accordé à sa manière pour produire une contredanse inouïe, sans doute très ancienne (CD VI # 17). L’infinie diversité des musiques haïtiennes résulte d’innombrables croisements et entremêlements qui ont favorisé l’appropriation de formes étrangères et la combinaison de genres et de styles indigènes. Chansons populaires, airs de carnavals et musiques vaudoues se sont en effet trouvés en interaction permanente, tant et si bien qu’il est impossible de les distinguer autrement que par les circonstances dans lesquelles on les entend. Un bal peut être ouvert par une prière à Legba, le chef de file des lwas (esprits du vaudou), toujours invoqué en premier parce qu’il ouvre les barrières et aide à surmonter les obstacles (CD IX # 15). De manière plus générale, des musiques cérémonielles deviennent fréquemment des chansons populaires (CD II # 8 et 21, entre autres). Même la mizik savant de Ludovic Lamothe porte la trace de thèmes de carnaval et de rythmes vaudous ; une de ses compositions reproduites dans ce coffret, « Nibo » (CD I # 8), sera d’ailleurs reprise par un orchestre de carnaval, La Movinillère, et couronnée « meilleur méringue » en 1934 (CD II # 22). Ces échanges internes démultiplient les influences externes. Dans les années 1930, des disques des États-Unis, de Cuba, de Trinidad et Tobago et de France se vendaient à Port au Prince et le répertoire des orchestres de danse puisait à leurs sillons. En outre, les Haïtiens voyageaient et rapportaient des chansons qu’ils avaient mémorisées ou des enregistrements qui en avaient été faits. Le jazz devint ainsi haïtien, le mot plus que la musique, comme en nombre de colonies africaines, qui dénotait une modernité prestigieuse pouvant auréoler tous les genres locaux. La voisine République dominicaine, le Mexique, les Antilles françaises, Trinidad et Tobago aussi nourrirent l’inspiration des musiciens haïtiens. Mais ce fut sans conteste Cuba qui exerça la plus forte attraction. La musique des orchestres de malinoumbas descend du son cubain (Averill 2008 : 14) ; celle des groupes de twoubadous, des trovadores cubains et la clave s’entend à maintes reprises dans la musique de divertissement (par exemple : CD II # 1 et 3). À l’époque où enquêta Alan Lomax, à côté des musiques pour voix et tambours, des trompes et des lamellophones qui illustraient d’abondance les racines africaines, les musiques de France étaient encore présentes, notamment dans les chansons enfantines (CD V) diffusées par les écoles tenues par l’Église catholique ou le mouvement scout12, mais aussi sous forme de romances, jamais enregistrées par d’autres, disparues depuis, dont « Pourquoi moin pleuré » (CD VI # 13), tirée de « La mort du roi Renaud », donne un fort bel exemple dans lequel se mêlent français et créole. La vie sociale par la musique La musique recueillie par Alan Lomax et les commentaires qui l’accompagnent constituent une véritable introduction à la vie du petit peuple haïtien dans les années 1930. Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de ce coffret est l’omniprésence, en dépit de son interdiction, d’un vaudou protéiforme. Sténio Vincent avait fait adopter, en 1935, une loi contre les « pratiques superstitieuses » qui visait évidemment le vaudou mais n’en avait guère affecté la pratique13, et cette religion14 continuait à fournir le principal cadre pour penser la société et guider l’action de ses membres. La musique était indispensable aux rituels, mais en débordait largement, elle faisait résonner, ouvertement ou symboliquement, la centralité du vaudou dans la vie sociale. Toutefois, les pratiques du vaudou haïtien étaient extrêmement diverses, les enregistrements d’Alan Lomax le font entendre : de région à région, cérémonies et musiques variaient, notamment du point de vue rythmique ; parfois dans un même village, pour invoquer le même lwa (CD X), des cérémonies passablement différentes étaient organisées par des sociétés rattachées à la branche Rada (supposée enracinée en Afrique occidentale) ou à la branche Kongo-Petwo (attribuée aux originaires du bassin du Congo). La diversité des cultes vaudous est encore amplifiée par les relations qu’ils entretiennent avec le christianisme catholique. Les enregistrements illustrent la complexité des liens qui attachent les deux systèmes de croyance au point qu’ils n’en forment en fait qu’un seul, doté de multiples facettes. Des cantiques chrétiens sont chantés pendant les cérémonies vaudoues ; des invocations sont faites à des lwas bifrons, le moins étonnant n’étant pas Erzulie, esprit de la sensualité et de l’amour, Vénus et prostituée dont le double est la Mater Dolorosa15. Lors de la cérémonie vaudoue du Kasé Gato (briser le gâteau) enregistrée à Pont Beudet, c’est l’organiste et chef de chœur de l’église de Croix des Bouquets qui officie et mène l’assemblée dans le chant du « Magnificat » et du « Notre Père » (CD VIII # 25). Le vaudou se vit au domicile des croyants ou dans des temples (oufò) mais il intervient aussi dans l’espace public (rues, cimetières, carrefours) par l’intermédiaire des orchestres Rara qui concrétisent des promesses faites à certains lwas et défilent aux alentours de Pâques en chantant des paroles sacrées et profanes, volontiers paillardes (CD IV). Pendant carnaval, les lwas de la famille Gédé, emmenés par Baron Samedi, sont très présents ; esprits de la mort mais aussi du rire, ils charrient un sens aigu de l’humour obscène et grotesque (CD III). À travers le vaudou, lors des coups de mains que se donnent les membres d’une société ou d’un groupe de voisinage (konbit), dans les banbòch (fêtes) (CD IX), la musique consolide des liens sociaux. Elle est également, comme dans bien d’autres pays, un véhicule gros porteur de sentiments politiques. Les chansons peuvent être à la gloire des puissants (le répertoire ochan16 en général, les chansons en l’honneur de Sténio Vincent ou du Président dominicain le Général Rafael Leónidas Trujillo Molina) mais aussi dénoncer le pouvoir et ses abus (les chants satiriques pwen des Rara qui fustigent, mais ont aussi une force spirituelle agissante). La musique éclaire les visions du monde et les représentations populaires : elle fait entendre un univers possédé ensemble par le rire et la mort d’où, pour survivre, il faut extraire les plus grands plaisirs, notamment ceux que donnent les corps et l’évocation du sexe, principes du sacré tel qu’il se vit. Enfin, si l’esclavage, l’indépendance et ses déboires n’apparaissent guère dans les chants collectés par Alan Lomax, les représentations de l’Afrique sont bien présentes. Par les polyrythmies non pas venues intactes de telle ou telle région mais recomposées dans un esprit panafricain (en particulier par les rythmes maskawon du carnaval, CD III # 3 et 4), par les noms de figures rythmiques renvoyant à l’au-delà des eaux (dayome, Dahomey, CD VIII # 13) ou l’allusion à Ginen (la Guinée, c’est-à-dire l’Afrique, continent des lwas, contrée des morts puissants, CD VIII # 16). Une intention anthropologique Pendant son séjour en Haïti, Alan Lomax, en dépit des obstacles auxquels il s’est heurté, a enregistré autant qu’il a pu. Ce qu’il a laissé, trié et organisé par Gage Averill, ne relève pourtant pas simplement d’une collecte indiscriminée de tout ce qui pouvait faire musique. On y décèle une véritable intention anthropologique dont il est encore possible de tirer des enseignements aujourd’hui. Guidé par ses idéaux sociaux et politiques, Alan Lomax voulait recueillir des musiques populaires. Il n’estimait guère ce qui sortait des salons de Port au Prince (ce qui ne l’a pas empêché d’enregistrer Ludovic Lamothe), mais était ouvert à tout ce qui vivait dans les quartiers pauvres ou les campagnes. Il ne cherchait pas « l’Afrique » en Haïti, il ne traquait pas l’ancien ou le supposé « authentique », mais savait entendre l’urbain, le mélangé, l’innovation alors même qu’elle était en cours d’élaboration. Gage Averill le souligne, la notion de pureté n’avait pour Alan Lomax aucun intérêt : « Défenseur des musiques créoles afro-américaines des États-Unis, telles que le blues ou le jazz, Alan Lomax n’exigeait pas que, pour être authentique, une musique dût être, d’une manière ou d’une autre, «pure». Pour lui, musique authentique signifiait plutôt musique produite dans les couches sociales populaires et pauvres et non par l’élite » (Averill 2008 : 16). L’authenticité populaire était, de son point de vue, garantie par la performance. Le mot n’est utilisé ni par Lomax, ni par ses commentateurs, pourtant ses enquêtes visent bien à saisir in situ (il est le premier à enregistrer une cérémonie à l’intérieur d’un ounfò) et in vivo la musique en train d’être, à la fois produite et vécue par les corps et les esprits. C’est pourquoi il attache autant d’importance à l’enregistrement : il n’est pas possible de capter la musique « performée » par la notation à la volée des mélodies ou des rythmes, il faut la conserver dans sa totalité, dans sa complexité et son désordre (messiness) et, si possible, montrer par l’image comment elle se déroule. Les gravures qu’il a réalisées avec les meilleurs moyens techniques de son époque n’ont conservé qu’un échantillon partiel des sons, il est difficile d’y isoler des parties pour les analyser. Pour pallier ces insuffisances, Alan Lomax a, en quelques occasions, organisé des enregistrements spécifiques permettant d’entendre : l’accordage des trompes vaksins et la structure de la pièce jouée (CD IV # 22) ; les polyrythmies maskawon (CD III # 3 et 4) ; les rythmes kongo (CD X # 7), et Elizabeth Lomax a zoomé dans ses films sur des mouvements instrumentaux et des pieds de danseurs pour en montrer le détail, le journal de terrain apportant des précisions supplémentaires sur les danses (26-27), les malinoumbas (40), les vaksins (92) et les tambours (88-89, 122-124, 128). L’« égalitarisme passionné » (Averill 2008 : 5) d’Alan Lomax l’a poussé à concevoir le projet d’une histoire orale enregistrée de l’humanité marginalisée. En Haïti et ailleurs, il a permis de préserver des formes et des pratiques musicales qui, sans ses enregistrements, auraient probablement disparu de nos mémoires. Tel est bien le cas en ce qui concerne Haïti, d’autant plus que ces documents sont restés inconnus pendant plus de soixante-dix ans. S’ils se révèlent passionnants et émouvants pour des non-Haïtiens, on peut imaginer ce qu’ils représentent pour les musiciens, les vaudouisants et tous les habitants de Haïti. L’approche d’Alan Lomax n’était pas exempte d’ambiguïtés ; il juxtaposait, relève Gage Averill : « […] son admiration pour les travailleurs (et son engagement à conférer une autorité [his interest in empowerment] aux peuples d’origine africaine) à ce qui pourrait aujourd’hui être entendu comme un discours essentialiste sur la race, les traits physiques et la sexualité, animé par une prose recélant des stéréotypes raciaux » (Averill 2008 : 17). Il n’en reste pas moins qu’à l’époque, son travail et les principes qui le guidaient étaient pionniers ; que ce travail, avec ses imperfections techniques et ses biais éthiques, nous a laissé un monument documentaire d’une extraordinaire richesse sur les musiques et la société haïtiennes, et que ces documents sont de nature à renouveler les mémoires haïtiennes, comme à enrichir la réflexion comparative sur les conditions et les mécanismes de la créolisation. Haut de page Bibliographie AVERILL Gage, 1997, A Day for the Hunter, A Day fro the Prey, Popular Music and Power in Haiti. Chicago : the University of Chicago Press. AVERILL Gage, 2008, « Ballad hunting in the black republic : Alax Lomax in Haiti, 1936-37 », Carribean Studies 36 (2) : 3-22. HOCHMAN Steve, 2009, « Vodou and Beyond : Alan Lomax’s Astounding ‘30s Haiti Archives Released », http://www.spinner.com/2009/10/27/vodou-and-beyond-alan-lomaxs-astounding-30s-haiti-archives-re/, consulté le 23.12.2010. HURBON Laënnec, 1993, Les mystères du Vaudou. Paris : Gallimard. HURBON Laënnec, 2002, Dieu dans le vaudou haïtien. Paris : Maisonneuve et Larose. MÉTRAUX Alfred, 1977 [1958], Le vaudou haïtien. Paris : Gallimard. PRICE-MARS Jean, 2009, Ainsi parla l’Oncle suivi de Revisiter l’Oncle, par Maryse Condé, Dany Laferrière, Jean-Daniel Lafond et al. Montréal : Mémoire d’encrier. Haut de page Notes 1 Un tourne-disque-enregistreur-lecteur pouvant graver et lire des disques en aluminium de 25 ou 30 cm de diamètre, un amplificateur (à lampes, évidemment), un microphone RCA Velocity et des accumulateurs. 2 Plaisance, dans le Nord ; Pont Beudet, dans la plaine du Cul-de-Sac, à l’est de Port au Prince ; Port au Prince ; et Léogane, dans le Sud. 3 Gage Averill est l’auteur d’un livre de référence (Averill 1997), ainsi que de nombreux articles sur la musique et le carnaval haïtiens. Il explique comment il a travaillé pour préparer le coffret Alan Lomax in Haiti dans Averill 2008. 4 Voir Hochman 2009. 5 Musique urbaine ; musiques rurales (musique « sous la tonnelle » et musique des ensembles troubadours) ; carnaval ; Rara ; chansons enfantines ; airs d’origine française ; interprétations de la chanteuse Francilia ; cérémonie du « briser le gâteau » ; chants de travail et de fête ; cérémonie vaudou. 6 Ellen Harold est une des responsables de l’Association for Cultural Equity (ACE) crée en 1983 par Alan Lomax pour constituer une archive des cultures du monde dans un esprit d’équité et d’engagement humaniste. Jusqu’à la mort de son fondateur en 2002, l’ACE a fourni le cadre dans lequel Alan Lomax put poursuivre son travail. Depuis, elle continue à soutenir des recherches et à œuvrer à la préservation de productions culturelles du monde entier. Voir : ; consulté le 23.12.2010. 7 Ainsi que Zora Neale Hurston dans des chansons d’enfants afro-américaines des États-Unis, rares témoignages des qualités vocales de l’écrivain (CD I # 19, 20 et 21). 8 « […] devant que la nuit vienne, il n’est pas inutile de recueillir les faits de notre vie sociale, de fixer les gestes, les attitudes de notre peuple, de les comparer à ceux d’autres peuples, de scruter leurs origines et de les situer dans la vie générale de l’homme sur la planète » (Price-Mars 2009 : 10). 9 Visiteront ou enquêteront en Haïti durant la même période : Frances et Melville Herskovits (1934) ; George Eaton Simpson (1937) ; Harold Courlander (1936) ; la danseuse et chorégraphe Katherine Dunham (1936) et Zora Neale Hurston (1936-37). 10 Harold Courlander enregistra à Haïti dans les années 1940 et publia plusieurs LP chez Folkways entre 1950 et 1956 (ndlr). 11 Dont le vaste répertoire chanté par la jeune Francilia de Carrefour Dufort, engagée comme domestique par les Lomax surtout parce qu’elle était une remarquable Rèn chante (reine de chant), dotée de grandes qualités vocales et détentrice d’un « pouvoir » du chant reposant sur une intime connaissance des lwas, de leurs besoins et de leurs goûts. Le CD VII, tout entier consacré à Francilia est à la fois un des plus satisfaisants du point de vue technique et un des plus enchanteurs du point de vue esthétique. 12 On entend ainsi une version haïtienne de l’inusable « Trois kilomètres à pied, ça use les souliers » (CD VI # 4). 13 Notamment parce que, si les cérémonies vaudoues, donc les sacrifices animaux qu’on y faisait, étaient interdites, une taxe était toujours prélevée sur les animaux sacrifiés et que les autorités locales préféraient encaisser l’impôt sur les sacrifices qu’en empêcher l’exécution… 14 Pour une première introduction au vaudou, voir : Hurbon 1993, 2002 et Métraux 1977. 15 Alan Lomax, Journal de terrain : 82. 16 Terme emprunté à la sonnerie militaire française « Aux champs », jouée pour honorer les plus hautes autorités. Haut de page Pour citer cet article Référence papier Denis-Constant Martin, « Alan Lomax in Haïti, 1936-1937 », Cahiers d’ethnomusicologie, 24 | 2011, 283-290. Référence électronique Denis-Constant Martin, « Alan Lomax in Haïti, 1936-1937 », Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 24 | 2011, mis en ligne le 21 mars 2012, consulté le 15 avril 2017. URL : http://ethnomusicologie.revues.org/1789 #HUGO #ALANLOMAXINHAITI
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Songe d’un exquis déjeuner au restaurant Rech
Revenir une seconde fois, des mois après enchantement. Pourquoi ? Pour la deuxième guimauve, tout aussi dodue et moelleuse que la première, même si on n’en peut plus. Ces petits nuages de douceurs n’ont pu perturber le ciel bleu de ce samedi là, du 18 février dernier. Pour l’éclair XL à la vanille, dont les points noirs de la gousse se comptaient par milliers. J’aurai pu ne pas le partager cet éclair tellement il était bon et pas si XL que ça (je peux avoir les yeux plus gros que le ventre). Pour cette dinguerie à la cacahuète ! Comment a t’il su que j’étais folle de ça ? J’étais tellement jalouse de ne pas pu finir cette assiette là. Ou bien pour cette belle auréole citron et noisette, ou pour le fameux Mr. Rech généreusement nappé de l’excellente sauce chocolat de la Manufacture Ducasse (visitée l’autre fois!). Pour le plaisir de reboire du Ratafia et de se vanter de connaître déjà. Pour ces trois assiettes arrivées en même temps, qu’on a fait tourner autour de la table, comme le jeu des chaises musicales. Je me demande encore laquelle de ces assiettes ai-je préféré ? Pour ce bouillon délicieux aux notes de bouillabaisse, quelle adorable attention à mon égard. Pour ces trois premières assiettes gold, où les poissons crus se sont confondus dans la garnitures végétales. J’ai adoré le croquant des céréales qui couvraient le saumon, mais mon préféré fut du loin le harengs, une interprétation du plat que sa grand mère lui faisait étant petit. Pour cet accord mets & vins, plutôt sur du blanc, selon ma demande. Pour ces amuses-bouches en fraicheur, pour le petit carré de beurre trop petit soi-disant pour y graver mon nom (dixit Eric Mercier, je vous aime). Ou tout simplement pour le plaisir de revoir Anthony Denon, de regoûter à sa cuisine et cette fois ci de partager ce moment avec des amis.
Restaurant Rech - 62 avenue des Ternes 75017 Paris
© Géraldine Martens
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