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#Gizelle LeBris
aisakalegacy · 4 days
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Printemps 1925, Hylewood, Canada
Chère cousine,
Pardonne mes manières frustres, mais il parait que nous avons le même âge, et je trouve cela étrange de m’adresser à toi comme si je parlais à une vieille tante. On est au vingtième siècle, maudit, alors le tutoiement ce sera.
Cela fait un an que je me dis que je dois m’y mettre, mais je me retrouve toujours à repousser. Ne va pas croire que je ne souhaite pas te répondre, mais ne trouves-tu pas qu’il y a quelque chose d’étrange, de romanesque, même, à écrire ses pensées les plus intimes à une personne qui se trouve à des milliers de miles, qu’on a jamais rencontrée, qu’on ne rencontrera jamais ? C’est vertigineux que de se dire qu’on reprend un flambeau porté depuis un siècle. Avant, je pensais que ce genre de correspondance était commune dans toutes les familles. La mienne l’avait toujours fait, alors il me paraissait naturel de me dire que c’était courant de continuer d’écrire à ses petits-cousins issus de germains éloignés au premier degré (oui, j’ai vérifié). Quand j’en ai parlé aux copains du pensionnat, ils m'ont pris pour un cinglé. En même temps, si les habitants de l’île devaient continuer à correspondre avec leur famille éloignée, les lettres n’iraient pas bien loin, il suffirait de traverser la rue et le facteur se retrouverait au chômage.
Moi aussi, j’ai un surnom hideux que ma mère n’aura pas manqué de communiquer à ta mère, mais je te serai grée de ne pas l’utiliser, puisque mes parents s’évertuent à m’appeler « Lulu » et que tu ne manqueras pas de compatir à mon dépit. Au moins, le tien - de surnom - a un peu de panache.
Je ne sais pas quel crédit apporter à ces histoires de fantômes, mais si j’étais toi, je n’en ferais pas trop de cas. Les personnes âgées voient toutes sortes de choses, elles mélangent le passé et le présent dans leur tête après un certain âge, comme si leur mémoire arrivait à saturation devant une chronologie trop longue. C’est ce qui arrive à l’oncle Joseph, qui approche les cent ans et qui est complètement tanné du cerveau depuis quelques années. Il ne se souvient plus des noms et il confond les gens avec des personnes qu’il a connu il y a trente ans, il radote dans ses prêches, tous ses diocésains le supplient de partir à la retraite, mais il n’en démords pas, il reste accroché à son évêché comme une moule à son rocher.
Au revoir, chère cousine Noé – je voudrais pouvoir dire à bientôt mais je préfère ne rien promettre. Excuse le décousu de cette lettre vingt fois interrompue par mes trop nombreux frères et sœurs - Marie a dix-sept ans aujourd'hui et est très excitée par son chapeau, ses parfums – Nuit de Noël de Caron, elle tient à ce que je te le précise puisqu’il parait que je n’y connais rien et que je ne l’apprécie pas à sa juste valeur avec mon nez grossier – cadeaux choisis par elle-même… Je réalise bien que je n’ai pas répondu à tout ce que tu me demandes dans ta longue lettre, mais je me ferai pardonner la prochaine fois.
J'ai mis tant de temps à répondre, tu dois être mariée à l'heure qu'il est. Toutes mes félicitations. Petites et grands t’envoient bien des amitiés. Permets-moi de t’embrasser affectueusement.
Lucien LeBris
[Transcription] Eugénie LeBris : Dépêche-toi de retrouver ton chandail. L’oncle Joseph va être furieux s’il voit que tu ne portes pas ses cadeaux… Dolorès LeBris : Mais je ne porte pas ses cadeaux… Ils sont trop moches ! Eugénie LeBris : Oui, mais il n’a pas besoin de le savoir !
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selidren · 2 months
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Automne 1922 - Louxor (Egypte)
4/10
Je constate en tous cas que Jules semble tenter de se racheter, à sa manière pour sûr, mais j'ai l'impression que vous y trouvez une forme de sincérité cette fois. C'est en tous cas ce que semblent indiquer vos mots. Il est bien altruiste de prendre sous son aile la petite Gizelle, mais il est vrai que dans un couple, la communication et le compromis sont supposées être les valeurs reines. Et si vous tentiez de vous imposer ? Après tout, qu'il l'ait avoué ou non, il a bien du s'adapter à votre décision d'accueillir Layan et Leyla. Faites lui sentir qu'il a tout intérêt à avoir votre assentiment.
Cela me fait penser que Constantin m'a demandé il y a peu si nous pourrions nous installer en Egypte pour nos vieux jours, quand les enfants seront adultes. C'est très lointain, mais je suis très partagée sur cette question. D'un côté, il me suffit d'embrasser du regard ces paysages magnifiques et de sentir les palpitations que me provoquent les ruines antiques pour avoir envie de dire oui sans un regret. Et vivre sans Madame Eugénie au quotidien semble justifier l'effort. Mais pourrai-je laisser mes enfants, mêmes adultes, aussi loin de moi ? Je sais que j'ai encore bien le temps, Eugénie est en particulier bien trop jeune pour se passer de moi. Mais étant donné que j'ai en vous une oreille attentive et un regard bienveillant, qu'en pensez vous ?
Transcription :
Albertine « C’est la grande salle hypostyle de Karnak. J’avais tellement envie de la revoir. »
Constantin « C’est ici que nous nous sommes mariés. Je pensais bien que cela te ferait plaisir. »
Albertine « Raconte moi cette salle Constantin. Je dois la connaître mieux, puisqu’elle est si importante pour nous. »
Constantin « Hum… Et bien ses plans ont été dessinés sous la reine Hatshepsout. Elle a laissé sa marque un peu partout sur l’édifice, il faut le dire, pour asseoir sa légitimité. »
Albertine « Une femme pharaon, cela n’a pas du être facile. »
Constantin « Certainement pas non, son nom a subit un méthodique martelage après sa mort. Vois-tu son obélisque là-bas qui domine le site ? »
Constantin « En ce qui concerne l’édification en elle-même, il y a des spéculations. »
Albertine « Lesquelles ? »
Constantin « Beaucoup s’accordent sur une fin de XVIIIème dynastie. Horemheb certainement, quoique cela me semble peu plausible. »
Albertine « C’est ton avis qui m’intéresse. Dis-moi donc. Je ne t’ai pas épousé pour que tu te contente de me répéter ce que disent les autres. »
Constantin « Je pense que c’est plus tardif. La terminologie m’indique un début de XIXème dynastie. Pour ne pas trop se malmener l’esprit, autant prendre ce que les textes nous donnent, à savoir une profusion d’inscriptions au nom de Séthi Ier. On retrouve également la marque de ses successeurs, mais je suis certain que c’est à lui que nous devons ce monument. »
Albertine « Merci à lui dans ce cas. Cet endroit est tout simplement grandiose. »
Constantin « Puisque nous sommes non loin de l’endroit où nous nous sommes mariés… »
Albertine « Nous y sommes. »
Constantin « Non, c’était bien là-bas. Nous en sommes éloignés d’une bonne trentaine de pas. Bref, comme cet endroit est d’une certaine importance pour nous, je me disais que ce serait mieux de procéder à cette demande importante pour notre mariage ici. »
Albertine « C’est dit… d’une telle façon. J’en suis à la fois curieuse et un peu soucieuse. »
Constantin « J’ai une demande à formuler, mais tu ne seras pas d’accord. »
Albertine « Belle entrée en matière. Et tu espères encore me convaincre ? »
Constantin « Cesse donc de te moquer de moi ! Il s’agit de quelque chose qui me tient à coeur et tu m’angoisse. »
Albertine « Pardon, pardon. Je me tais. »
Constantin « Avec la guerre et ces histoires de guerre civile, j’ai été tenu loin d’Egypte pendant longtemps. De plus, nous avons des enfants dont il faut s’occuper de l’éducation. Et puis avec Grand-Mère qui n’est plus si jeune, je me dois de rester avec elle. Mais je pense de plus en plus à après. »
Albertine « Vas-y, je t’écoute. »
Constantin « Quand les enfants seront grands et n’auront plus besoin de nous, j’aimerais que nous nous installions en Egypte. Définitivement. A Port-Saïd ou Alexandrie peut-être. Nous y aurions un climat agréable au bord de la mer, nous pourrions facilement descendre vers le sud pour mon travail, ou prendre un bateau pour rentrer en France de temps à autres. Alors, qu’est-ce que tu en pense ? »
Albertine « Je ne sais pas, pas encore. Notre petite Eugénie n’a que cinq ans, c’est si tôt pour envisager de la quitter un jour. »
Constantin « Nous attendrons aussi longtemps que tu le souhaites. »
Albertine « Mais j’avoue que l’idée me plait. Nous aurions notre propre maison, notre propre rythme… J’aime l’idée. Je te promets d’y réfléchir sérieusement. »
Constantin « Merci mon amour. »
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aisakalegacy · 27 days
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⚠️ CW : pensée colonialiste ⚠️
Printemps 1924, Hylewood, Canada (5/14)
Jules a ce quelque chose d’impressionnant qui fait que personne n’ose lui faire des reproches, ou s’opposer à lui d’aucune manière. Il n’est pas violent, il ne l’a jamais été, ni avec moi ni avec les enfants. Il a cette force d’esprit qui fait que les gens l’admirent, parce qu’il faut de la force d’esprit pour résister à des ours du Pôle Nord, faire la guerre et en revenir, et survivre dans le désert. Mais cette même force d’esprit qui est sa plus grande qualité, c’est également ce qui le rend inaccessible à la discussion. On ne négocie pas avec Jules LeBris. Il peut être très brute dans sa manière de parler (je suppose que c’est nécessaire quand on fréquente des hommes qui ont des modes de vie claniques, qui ne respectent que la loi du plus fort), et je sais qu’il veut ce qu’il y a de mieux pour nos enfants, mais je ne suis pas sûre que la manière dont il s’y prend est la meilleure… Il a bien conscience que son mode de vie n’est pas tenable pour nos enfants, et je ne crois pas qu’il souhaite que nos fils deviennent comme lui. Il aimerait en faire des Auguste Le Bris : des self-made mans forcenés de travail, qui ont tout appris par la pratique. Mais le monde change… Le monde d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui de l’enfance de son père, et il le saurait, s’il avait été là ces trente dernières années…
[Transcription] Jules LeBris : Tu fais tes devoirs ? Agathon LeBris : Non, je suis en train de faire des arrangements sur une partition. J’ai pu me procurer Rhapsody In Blue de Monsieur Gerswhin, et… Jules LeBris : Tu n’as pas autre chose à faire ? Il serait peut-être temps que tu commences à réfléchir sérieusement à ton avenir. C’est bien joli, la musique, mais ce n’est pas ça qui va te nourrir. Jules LeBris : Tes sœurs vont partir quand elles se marieront. Lucien va hériter de la maison. Toi, par contre, quand tu deviendras adulte, tu seras démuni si tu n’as pas un vrai métier. Jules LeBris : Tu ne vas pas pouvoir rester un parasite qui vit aux crochets de son frère. Concentre ton énergie sur quelque chose de plus sérieux. Tu n’as pas l’expérience de la vraie vie, tu ne te rends pas compte, mais le monde est rude en dehors de cette île. Je dis ça pour ton bien, Agathon. Agathon LeBris : … Oui, Papa.
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aisakalegacy · 3 days
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Été 1925, Hylewood, Canada (1/4)
Chère cousine Noé,
Au final, tu n’auras pas eu à attendre beaucoup de temps, puisque voilà que je reprends déjà ma machine à écrire quelques mois plus tard pour continuer à te répondre. Quelques mois, c’est tout ce que j’arrive à projeter. J’ai tant à faire ! Avec tous mes allers et retours à Kingston, j’ai l’impression que chaque semaine qui passe, j’en vis trois. Je vois les fleuves que ma mère envoyait à la tienne, je ne sais pas comment elle trouvait le temps. Ou plutôt si, je sais : elle ne passait pas sa vie à faire des allers et retours à Kingston. Je passe tellement de temps assis dans une automobile, je jure que j’ai l’arrière-train qui est en train de devenir plat. Agathon qui passe toujours derrière moi aux pires moments, vient de me lancer une pique sur la malabilité malhabilité malhabil le caractère malhabile de discourir de l’état de mon derrière avec une jeune fille et que toutes ne sont pas aussi rustres que nos sœurs, mais je t’admets qu’ayant passé les dix dernières années dans des pensionnats pour garçons ou sur des chantiers navals avec des hommes, je ne m’y entends que très peu en jeune fille.
Moi, je n’arrive pas à m’imaginer marié, avec des enfants, etcétéra. Depuis que je travaille, j’ai à peine le temps de pêcher ou de jouer de la guitare. Alors avec des enfants, j’ose à peine imaginer le peu de temps que cela me laisserait. Agathon n’a pour seul amour que le piano, alors je pense que mes parents vont devoir se faire une raison, la lignée mourra certainement avec nous, et à cinquante ans, je prédis que nous vivrons encore célibataires sous le même toit.
[Transcription] Agathon LeBris : Excusez-moi, je ne savais pas que nous avions une leçon aujourd’hui. Lucrèce Rumédier : C’est parce que nous n’en avons pas. Je voulais vous voir pour vous parler de quelque chose. Lucrèce Rumédier : Vous avez énormément progressé cette année. Agathon LeBris : C’est que j’ai beaucoup travaillé. Lucrèce Rumédier : Oui. Vous avez entendu mes conseils, vous les avez appliqué. Agathon LeBris : Votre petit discours a eu de l’effet… Lucrèce Rumédier : Et c’est tant mieux. Vous avez, comme je vous l’avais conseillé, mis de côté votre égo et déployé de vrais efforts pour améliorer votre technique. Lucrèce Rumédier : J’ai été époustouflée de voir votre aisance, votre endurance, quand vous avez joué le Concerto pour piano de Busoni. Vous êtes aussi à l’aise sur des répertoires classiques que sur des morceaux de jazz. Il n’y a rien que vous ne pouvez maîtriser, si vous l’avez décidé.
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aisakalegacy · 18 days
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Printemps 1924, Hylewood, Canada (14/14)
Outre cela, les enfants vont bien. Les petites grandissent. Lola est entrée à l’école cette année. Moi-même je ne me fais plus tout jeune, mais ça me fait du bien d’être entouré de tant de jeunesse, ça vivifie. Lucien est adulte désormais, même si entre nous, il fait encore grand enfant. Travailler va lui faire du bien, il n’y a rien de tel que le terrain pour acquérir de l’expérience, et j’espère que cela le fera grandir un peu. Je voudrais qu’à partir de l’année prochain, ce soit lui qui reprennent nos correspondances. J’étais à peine plus vieux que lui quand mon père m’a demandé de le faire, ça le responsabilisera. Je continuerai à vous faire passer des nouvelles par son biais, et je crois que ma femme a manifesté la volonté de continuer à correspondre avec la vôtre. Ce n’est donc pas un « adieux », c’est un « à tantôt ».
Votre bien dévoué,
J. Le Bris
[Transcription] Marie LeBris : C’est moi ou tu joues plus mal qu’avant ? Agathon LeBris : Je ne joue pas plus mal, je travaille ma technique. Ça sonne moche pour l’instant parce que je ne suis pas habitué. Sur le long terme, ça sonnera mieux. Marie LeBris : Ça me casse les oreilles. Je préfère comment tu jouais avant. Jules LeBris : Joue autre chose que du jazz !! Tu ne joues plus que ça, tous les morceaux se ressemblent. Lucien LeBris : Moi, j’aime bien ! Ça bouge !
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aisakalegacy · 2 months
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Hiver 1922, Hylewood, Canada (3/3)
Je dois également vous annoncer un évènement heureux. Vous souvenez-vous de l’infirmière Heather Delacroix ? C’est elle qui m’a tiré de ma tranchée à Ypres. Après la guerre, Heather a ouvert un institut pour orphelins de guerre à Vancouver. Nous continuons à correspondre régulièrement, et c’est ainsi qu’elle m’a entretenu d’une petite fille née dans l’Alberta, dont le père est tombé à la Serre en 1918 et dont la mère est morte il y a deux ans de la grippe espagnole. Elle a déjà trois ans, et si les bébés sont adoptés rapidement, il n’en va pas de même pour les enfants plus âgés. Nous avons une grande maison, Lola est en âge de quitter la nurserie… J’ai donc décidé d’adopter cette petite fille, qui s’appelle Gizelle. Elle rejoindra notre famille bientôt, il faut que j’aille la chercher à Vancouver.
Voilà pour les nouvelles. Ma femme voulait répondre à Albertine, je pense qu’elle le fera bientôt.
Votre bien dévoué,
J. Le Bris
[Transcription] Lucien LeBris : Comment sera notre nouvelle petite sœur, à ton avis ? Marie LeBris : Insupportable, sûrement. N’est-ce pas le cas de toutes les gamines de cet âge ? Lucien LeBris : Tu étais plutôt mignonne, toi, quand tu avais trois ans ! Marie LeBris : Parce que je ne suis plus mignonne aujourd’hui ? Lucien LeBris : Alors non, clairement, mignonne n’est pas le mot qui me vient à l’esprit quand je pense à toi. Terrifiante, belle, glaciale. Mais pas « mignonne ». Marie LeBris : Ça me va. Je prends ça pour un compliment. Lucien LeBris : J’espère que tu ne vas pas trop terrifier notre nouvelle sœur… Marie LeBris : Ne t’en fais pas, Papa s’occupera de la terrifier tout seul lorsqu’il l’abandonnera pour une excavation en Papouasie dès lors qu’il se sera lassé de jouer à la poupée. Marie Simmon : Oh non, vous n’osez pas ! Vous êtes odieux !
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aisakalegacy · 1 month
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Printemps 1923, Hylewood, Canada (2/7)
Les filles sont plus grandes, j’ai donc un peu de temps pour moi cette année. Nous avons entrepris des travaux dans la maison, arraché les tapisseries poussiéreuses et abimées, changé les rideaux et les tapis, aménagé une chambre au deuxième étage qui soit vraiment digne de Lulu. Je m’inquiète de ces dépenses. Jules ne semble pas se rendre compte de notre situation économique de plus en plus tendue, et il continue de vivre au-dessus de nos moyens. Je dois lui faire confiance, il a toujours su ce qu’il faisait.
Cela fait plusieurs années que nous n’avons plus de cheval à la maison et que nous avons transformé l’ancienne écurie en garage. Entre nous, vu la taille de l’île sur laquelle nous vivons, avoir une automobile est superflu… Ces changements ont eu le mérite de libérer de la place dans notre ancienne grange, où on stockait le fourrage tantôt, et les filles ont y élu domicile en y établissant un club dans le secret duquel elles emportent leur goûter. Layla a neuf ans, Lola en a six, elles sont inséparables.
[Transcription] Dolorès Le Bris : Capitaine, c’est une catastrophe ! Layla Bahar : Que se passe-t-il, moussaillon ? Dolorès Le Bris : Si on ne trouve pas de vivres bientôt, nous n’aurons pas assez pour survivre à la traversée. Dolorès Le Bris : Nous allons mourir de faim et de soif ! Layla Bahar : Arrêtons-nous sur cette île, nous trouverons peut-être de la nourriture. Mais que vois-je ? Un trésor brille au fond de cette crique ! Il a dû être laissé là par quelque pirate ! Layla Bahar : Grâce à tout cet argent, nous sommes riches et pouvons nous acheter un immense manoir. Je serais la rouge, et tu serais le vert. Dolorès Le Bris : Mais je ne veux pas le vert, c’est un garçon. En plus, ta robe est verte. C’est toi qui devrait l’avoir. Maria Mayordomo : ¡Niñas, a la mesa! (Les filles, à table !) Layla Bahar : Viens, on rejouera après manger. Dolorès Le Bris : D’accord, mais cette fois-ci, ce sera moi la capitaine.
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aisakalegacy · 2 months
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Printemps 1922, Hylewood, Canada (3/7)
La petite s’appelle Gizelle. Elle est très brune, avec des cheveux souples et des grands yeux bruns. Elle a trois ans mais elle est plus éveillée que mes enfants l’étaient à son âge. Je suis heureuse de l’avoir à la maison, et je pense qu’il fait partie de mon devoir chrétien que d’aider les plus démunis. Mais je n’ai pas vraiment été consultée concernant son adoption. Il multiplie les dépenses alors que depuis des années, les enfants et moi faisons tout notre possible pour les limiter… C’est encore une idée de Jules qu’il avait besoin de voir réaliser immédiatement sans réfléchir aux conséquences.
[Transcription] Jules LeBris : Mais non ! Regardez, elle est en forme. Bonjour, Gizelle ! Tu veux que je te sorte de là ? Gizelle LeBris : Oui ! Gizelle LeBris : Est où la dame ? Jules LeBris : Quelle dame, mon trésor ? Gizelle LeBris : La dame ! Eugénie LeBris : Elle parle peut-être de l’infirmière de l’institut qui s’occupait d’elle. Jules LeBris : Il n’y a plus de dame, Gizelle. Je suis ton Papa. Nous sommes ta famille, maintenant. Gizelle LeBris : Plus l’hôpital ? Jules LeBris : Non ma chérie, on ne retournera plus à l’hôpital. Tu restes ici maintenant. Jules LeBris : Tu vas rester avec nous, et tu vas avoir une très grande famille, avec de nombreux frères et sœurs qui vont prendre soin de toi. Jules LeBris : Oui, tu es tout ce qu’il faut à notre famille. Une nouvelle source de joie et d’espoir. Jules LeBris : Puisque tu fais partie des LeBris, il faut que je te raconte toute l’histoire de notre famille. Eugénie LeBris : Je descends. Ne la fatiguez pas trop, elle aura tantôt besoin de dormir.
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aisakalegacy · 2 months
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Printemps 1922, Hylewood, Canada (2/7)
Jules se montre attentionné ces derniers temps. Il a dû vous expliquer dans sa dernière lettre que nous adoptons une petite orpheline qu'il est allé chercher à Vancouver. Il m’a ramené un collier en cuivre doté d’un joli pendentif en forme de cœur en pierre ponce, ce qui est un geste touchant, car de tous ses voyages, il ne m’avait encore jamais rien ramené avant.
[Transcription] Jules LeBris : Je vous ai ramené un petit quelque chose de Vancouver. Eugénie LeBris : C’est gentil. Vous n’y étiez pas obligé.
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