anacampsis
Pekonaka
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anacampsis · 1 year ago
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Étude de cas: Mitsuri Kanroji
Bonjour ! Aujourd’hui, je profite que je viens de finir de lire le manga Demon slayer, et que la saison 3, mettant en scène l’arc du village des forgerons, est en cours, pour présenter l’un des personnages et son passif avec les TCA: Mitsuri Kanroji, le pilier de l’Amour, que les fans traitent malheureusement souvent comme étant le pilier rule 34 (cette fameuse «règle» stipulant qu’il existe un pendant pornographique à absolument tout). Cependant, il ne sera pas question ici de quoi que ce soit de pervers, juste du récit du rapport à l’alimentation d’une jeune femme. En avant !
Mitsuri est une jeune femme issue d’une famille comptant 5 autres enfants. Depuis l’enfance, elle a manifesté un métabolisme particulier, impliquant une grande force musculaire. Elle tient cette condition de sa mère, mais a plus de force que cette dernière. Cette grande force physique la rend capable de grandes prouesses depuis son plus jeune âge ! Mais cette condition a un coût: elle brûle bien plus de calories que les autres afin de libérer ses capacités. Et, surtout… elle est perçue comme une femme impossible à marier, le patriarcat poussant les femmes (et, ici, leur famille, les mariages de l’époque étant le plus souvent arrangés) à chercher un parti plus fort qu’elles physiquement. Autant dire que la tâche n’est pas aisée !
Est-ce que cela a influencé sa personnalité ? Est-ce ce qui l’a poussée à exacerber son côté féminin, séduisant et attentionné, dans l’espoir d’être acceptée par son futur mari ? Est-ce qu’au contraire, cela l’a amenée à chercher refuge dans la nourriture, au point d’engloutir les quantités immenses de nourriture qu’on lui connaît (elle mange comme au moins 8!), et de changer la couleur de ses cheveux ? On ne peut que spéculer.
Pour ma part, je pense que c’est un mélange de facteurs. Que la pression sociale l’a certes amenée à accentuer au maximum ses côtés les plus féminins, mais aussi à «nourrir» sa force physique. Mais, surtout, cette pression a pu l’amener à se sentir à l’écart, rejetée, et que la nourriture, en particulier les sakura mochi, une pâtisserie japonaise que Mitsuri a beaucoup mangé dans son enfance, a été une source de réconfort, un refuge. Elle aurait ainsi développé une compulsion alimentaire spécifique aux sakura mochi, doublée d’hyperphagie.
Approchant de l’âge d’être mariée, Mitsuri, sans doute à la fois par pression sociale et par volonté de rentrer dans le moule, a radicalement changé, afin de trouver un mari. Elle a teint ses cheveux afin de paraître moins étrange, et, surtout, a restreint drastiquement ses repas. Cependant, quand le corps est habitué à manger autant, on ne peut pas réduire si brutalement les apports caloriques et nutritionnels (du moins, pas sans aide pluridisciplinaire). Le corps se sent fatigué, en manque, ce qui peut entraîner un épuisement physique et mental, des accès d’irritabilité violents. Mais, surtout, se forcer de la sorte, sur la durée, peut amener à d’autres TCA, parfois graves. Ainsi, Mitsuri s’est mise à dépérir, à se sentir constamment faible, au point de voir s’amenuiser sa force. Il lui est même arrivé de s’évanouir !
Elle a d’abord pensé s’en accommoder. Si c’était le prix à payer pour une vie normale, alors elle devait tout faire pour s’y tenir. Mais une succession de facteurs l’a finalement amenée à choisir de vivre comme elle l’entendait, en mangeant à sa guise; quant au problème de mari, elle a rejoint l’armée des pourfendeurs de démons dans l’espoir d’en trouver un (après tout, rien de tel que des guerriers aux facultés surnaturelles pour trouver un candidat plus fort qu’elle!). On ne sait pas très bien ce qui lui a provoqué ce déclic: a-t-elle ouvert les yeux face à sa fatigue ? Subi un nouvel échec avec son fiancé, ce qui l’a amenée à réaliser que ce n’est pas en se faisant passer pour une personne qu’elle n’était pas qu’elle trouverait avec qui construire un futur heureux ? Ou est-ce suite à sa rencontre avec les dirigeants de l’armée de pourfendeurs de démons ? Sans doute est-ce, là encore, une combinaison de facteurs…
Pour résumer, le parcours alimentaire de Mitsuri a longtemps subi l’ombre des traditions, en particulier patriarcales. Cela a eu de nombreuses conséquences, parfois opposées, mais toujours liées entre elles. Mais petit à petit, elle a appris à trouver un certain équilibre. Un équilibre cependant fragile, en raison de la vie dangereuse qu’elle mène, et des complexes qui y sont associés (elle se sent souvent inutile à côté des autres). Ceci explique sûrement que son hyperphagie persiste dans le temps. Heureusement, elle apprend, doucement et malgré les obstacles, à s’aimer…
Avant de conclure, je voudrais faire une petite digression, qui sera liée à cette étude de cas, mais sur un thème plus général. Mitsuri est un personnage qui déclenche les passions parmi les fans de Demon slayer. Et rarement de façon positive, elle est la cible de nombre de remarques sexistes, qu’elles soient à caractère pervers ou rageurs (style «elle est chiante, et sert à rien»).
Je comprends le mécontentement concernant son impact en combat, il faut avouer qu’on ne la voit que peu se battre. Mais au lieu de basculer dans une haine primitive, je pense que tout le monde gagnerait à prendre du recul, pour bien garder en tête que non seulement ce n’est qu’un personnage, mais aussi sur le fait que les personnages fictifs ne sont que des êtres humains (note: ma remarque vaut pour les personnages non-humains, par exemple les poneys de My little pony, ou encore les animaux mascottes dotés d’une personnalité). Des êtres humains avec des défauts, des faiblesses, qui s’expliquent tout à fait pour peu qu’on accepte de voir au-delà des paillettes destinées à vendre un personnage. Or, le fait d’avoir des défauts ne doit pas devenir une source de haine ! Si c’est le cas, je pense qu’une séance d’introspection, pour comprendre pourquoi ce personnage vous déclenche des réactions aussi vives, vous ferait le plus grand bien. Car parfois, le problème est moins le personnage que nous, spectateurices, qui projetons des choses sur des êtres fictifs qui ne se défendront donc pas.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! Prenez soin de vous et à bientôt !
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anacampsis · 2 years ago
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Étude de cas: Simon Jérémi
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/!\ Si vous êtes émétophobe, ce post n’est pas pour vous !
Bonjour ! Aujourd’hui commence le festival de Cannes. Pour l’occasion, j’ai décidé de me pencher sur un film dont l’intrigue se déroule au cours du festival de Cannes: La cité de la peur. Je vais me pencher sur le cas du personnage de Simon Jérémi, incarné par le comédien français Dominique Farrugia. Son personnage est notamment célèbre pour sa phrase «Quand je suis content, je vomis». En avant !
On ne sait que peu de choses sur le personnage de Simon. Néanmoins, nous disposons de quelques faits: premièrement, bien qu’adulte, sa maturité est celle d’un jeune enfant, on peut parler sans peine de retard mental (note: Présenter un retard mental n’est en rien un signe de stupidité!). Deuxièmement, il vomit sur commande, spécifiquement quand il est content. Enfin, son rêve était d’être projectionniste, mais son père l’en a empêché, le forçant à devenir acteur.
Ces quelques faits me font arriver à la conclusion que Simon est atteint de mérycisme. C’est spéculer, mais on peut supposer que quand il était enfant, il avait déjà tendance à vomir sur commande pour que l’on s’occupe de lui. Ainsi, il a associé le fait de ruminer sa nourriture, avant de la vomir, à une situation émotionnelle positive. D’où le fait qu’il associe le fait de vomir au fait d’être content, même une fois devenu adulte.
Mais pourquoi aurait-il eu besoin de recourir à un tel stratagème ? Le peu que l’on sait de son lien avec son père, qui ne le laisse pas être qui il est, laisse à penser qu’il a grandi dans un milieu où régnait la carence affective. Or, il s’agit là du 1er facteur d’apparition du mérycisme. Il est également à noter que ce trouble est rare en dehors des bébés, mais peut s’observer chez des personnes plus âgées, enfants, ados, adultes, le plus souvent chez des personnes présentant un autre TCA ou chez des personnes présentant un retard mental… ce qui est le cas de Simon.
Je ne dis pas que Simon est officiellement atteint de mérycisme. Pour être honnête, je pense qu’au moment d’écrire leur film, Les Nuls ignoraient l’existence de ce trouble: dans le cas contraire, ce TCA aurait gagné une petite célébrité, et il ne serait pas si difficile de se documenter dessus ! Cependant, il faut l’avouer: la grille de lecture du mérycisme s’applique parfaitement au personnage de Simon Jérémi. Ce n’était pas volontaire, mais cette comédie a dressé un meilleur portrait de TCA que certains films cherchant à faire de la prévention dessus. Comme quoi il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, et toujours penser à faire ses recherches !
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! Prenez soin de vous et à bientôt !
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anacampsis · 2 years ago
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Critique film TCA: The Whale
Bonjour ! Le festival de Cannes approche, j’ai donc eu envie de parler d’un film, qui a fait beaucoup parler de lui lors du festival de l’année dernière, et lors de la dernière cérémonie des Oscars: The whale, de Darren Aronofsky. Je ne suis pas critique de cinéma, loin de là, mais puisque ce film a, parmi ses thèmes centraux, un TCA, j’ai voulu donner mon avis dessus. En avant !
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Les bons côtés
Selon moi, le point le plus positif du film est la grande humanité des personnages, dans leurs bons comme leurs mauvais côtés. Je pense en effet que l’humanité n’est pas synonyme de bonté, mais d’une palette émotionnelle complexe, y compris dans ses mécanismes toxiques. Pour vendre le film, j’ai vu que l’affiche avait comme mention, écrit au centre et au sommet « Bouleversant »: je n’ai pas été atteinte à ce point, mais il faut bien l’avouer, chaque acteurice fait que chaque personnage porte une grande richesse émotionnelle, qui, à défaut de nous faire les aimer, nous donne envie d’écouter tout ce qu’iels ont à nous dire.
Cette humanité va de pair avec des confrontations de narratifs intéressantes. Face à un même évènement, chaque personnage avait tendance à s’enfermer dans son narratif des faits, et il était intéressant de les confronter au point de vue des autres. Cela donne à la fois lieu à des discussions riches, et à la reconstitution de souvenirs paçon puzzle, dont tous les personnages ayant pris part au souvenir détiendrait une pièce.
Bien sûr, je conçois que ce genre de film n’intéresse pas tout le monde. Mais étant une grande adepte des séances d’introspection, et aimant étudier les points de vue des autres, j’ai été réceptive.
Concernant le TCA lui-même, il se trouve que le personnage principal, Charlie (interprété par Brendan Fraser), souffre d’hyperphagie. Il a sombré dans ce TCA suite à la mort de son compagnon. Suite à ce deuil, il a perdu tout intérêt pour la vie, et a décidé de se détruire, en se tournant vers la nourriture, qui est à la fois son refuge et sa prison. L’hyperphagie l’a rendu obèse, de façon morbide, à tel point que le film s’ouvre sur le fait que Charlie est sur le point de mourir, s’il ne se rend pas en urgence à l’hôpital, ce qu’il refuse catégoriquement. Je trouve qu’il est important de montrer que le TCA n’est pas une sorte de déviance chevillée au corps, qu’il s’agit souvent d’un trouble qui s’infiltre dans nos failles psychologiques, émotionnelles.
De même, je pense qu’il est important d’avoir conscience de toutes les conséquences sur la santé que l’obésité peut avoir. Dans le film, Charlie ne peut plus se déplacer sans déambulateur, et finit même par avoir un fauteuil roulant. Il est également contraint d’utiliser un respirateur, car il n’est plus capable de se pencher, de rire, de prendre du plaisir, sans commencer à suffoquer. Il explique également que certaines zones de sa peau ont moisi. Il a de terribles douleurs dès qu’il fait le moindre geste. Son cœur n’arrive plus à tenir la cadence. S’il ne faut pas en déduire que ce sont des raisons pour rabaisser, humilier les personnes en surpoids (je développerai plus loin), il est important de ne pas se voiler la face sur la gravité de l’obésité morbide, qui, selon l’organsation mondiale de la santé, fait partie des 3 causes principales de décès dans le monde.
En résumé, je pense que ce film a bénéficié d’une écriture comme d’une interprétation riche en émotions. L’hyperphagie a bénéficié d’une écriture correcte, elle est présentée comme l’échappatoire ultime pour Charlie, à la fois refuge réconfortant et arme d’auto-destruction hors de contrôle: la scène de l’épisode d’hyperphagie majeur du film est si démesuré qu’il se rend malade.
Pour autant, est-ce un bon film sur les TCA ? Il faut nuancer ce tableau jusqu’ici positif…
Les points mitigés, négatifs
Ce film est loin d’être dénué de défauts. Pour commencer, ce n’est qu’un avis personnel, mais je trouve qu’il y avait parfois quelques longueurs, en terme de rythme. Le film n’est certes pas la montagne de l’action, et n’a pas la prétention de l’être… mais parfois, certaines scènes s’éternisaient un peu trop à mon goût. Ce n’est qu’une question de perception personnelle, ceci dit.
Le film a choisi de se concentrer sur certains aspects, quitte à en délaisser d’autres, ce qui est à mon sens regrettable. Ainsi, il est question d’alcoolisme, d’anorexie, mais de façon totalement périphérique, alors que le contexte (que je ne vais pas dévoiler ici, au cas où vous voudriez voir le film) aurait mérité que ces questions soient davantage développées.
Un autre défaut du film est, à mon sens, l’émotion dominante du film. Je sais, j’ai dit du bien de l’aspect émotionnel du film précédemment; et je le redis, la plupart des émotions exprimées dans le film sont d’une grande justesse, et donnent une grande humanité. L’émotion que je reproche ici n’est pas celle d’un personnage, mais plutôt celle que le réalisateur cherche à susciter: la pitié.
Le personnage de Charlie est pathétique. En théorie, cela devrait susciter la compassion. Dans la pratique, cela suscite la pitié. La nuance peut paraître mince mais, à mes yeux, elle fait toute la différence. Je m’explique: la compassion nous pousse à partager la souffrance d’autrui. La pitié, elle, nous pousse à la regarder de haut, avec dédain. Peut-être que l’étymologie ne le cherchait pas, mais aujourd’hui, la pitié porte ce relent de l’expression péjorative « tu fais pitié ». Elle nous amène à faire preuve de condescendance, un peu à la manière du public des expositions universelles du début du 20ème siècle, qui venait observer des personnes africaines pour se conforter dans son sentiment de supériorité culturelle et morale de personne blanche.
D’où vient cet aspect de supériorité morale dans le film ? Maintenant que j’ai évoqué les défauts du film, il est temps d’aborder LE défaut du film: le regard sur l’obésité du film. Avant de commencer, ce n’est qu’une perception personnelle, là encore, mais quand un film parlant d’obésité fait, dans les 5 premières minutes, une analyse d’un extrait de Moby Dick, le surnom numéro 1 des personnes obèses (en particulier dans les pays anglo-saxons, où ce roman est un grand classique), c’est un drapeau rouge, le signe numéro 1 qu’un amalgame qu’entre personne obèse et baleine sera fait, mais ce n’est qu’un détail purement subjectif.
Tout le film est une métaphore filée de naufrage d’une baleine, qui s’échoue, à travers la vie qui part à la dérive de Charlie. Le parallèle avec Moby Dick est constant dans le film, Charlie étant professeur de littérature et citant souvent une rédaction qu’il a lue au cours de l’histoire. En théorie, la métaphore filée est un procédé de style très intéressant; dans le cas présent, le parallèle est surtout fait avec un monstre marin, aussi gigantesque que flasque. La façon de filmer le personnage, quand il dévore la nourriture, quand il marche, tente (et échoue souvent) d’attraper un objet, souligne à quel point il est gros, colossal, monstrueux. Le son, la musique, créent également cet effet. Mais à trop pousser la métaphore avec une créature marine, le réalisateur ne fait-il pas le choix de délaisser l’humanité de son personnage principal ? Ne s’est-il pas perdu dans sa propre imagerie ? Ou, au contraire, a-t-il fait consciemment ce choix, car il perçoit l’obésité comme une monstruosité ?
Une scène en particulier m’a frappée: un personnage demande à Charlie de se lever, et de faire quelques pas. Quand il tente de s’exécuter, il s’écroule sous son propre poids, s’écrasant sur une table basse, cassant une lampe dans sa chute. Cette scène est accompagnée d’une musique puissante, ainsi que d’un effet sonore fracassant: j’y ai vu la version «film de cinéma» d’un meme que j’ai souvent vu sur internet, où une personne obèse pose un pied au sol, ce qui déclenche, par la magie du montage vidéo de mauvais goût, une explosion nucléaire et/ou l’écroulement d’un immeuble. Si, dans le film, l’effet recherché n’est pas comique, contrairement à ce meme, le regard porté est, en fin de compte, le même…
Alors, The whale, bon ou mauvais film ?
À l’issue de cette analyse, il est temps pour moi de conclure: selon moi, The whale porte certains messages importants. Le principal est que malgré toute la volonté du monde, on ne peut pas sauver une personne qui ne désire pas l’être, et qu’il n’y a pas à s’en vouloir. Il rappelle également que l’obésité est loin d’être quelque chose de rigolo, d’anecdotique, mais bien une question majeure de santé, physique comme mentale, qui peut se finir de façon tragique. L’hyperphagie est une question traitée avec une certaine justesse.
Pour autant, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse d’un bon film. Le regard porté sur l’obésité est dérangeant. Je vois ce que le réalisateur a cherché à faire, via sa métaphore filée, mais je ne parviens pas à savoir si les problèmes grossophobes du film sont dus à de la maladresse ou à un choix conscient de la réalisation (mais j’ai bien mon idée sur la question).
Néanmoins, je me dois d’être honnête: en allant voir ce film, je m’attendais à bien pire. Je pensais que les épisodes d’hyperphagie auraient quelque chose de bien plus bestial, inhumain. Que tout le rapport à la nourriture du personnage serait centré sur une pulsion monstrueuse de tout engloutir, tout le temps. En ce sens, c’est une bonne surprise pour moi.
En conclusion, je ne sais pas si je recommande ce film, mais je pense qu’il vaut la peine d’être vu pour se faire son propre avis. Il comporte de bonnes idées, mais il faut garder du recul: qu’ils soient volontaires ou non, des biais grossophobes servent de fondations au film. Et le regard censé être compatissant sur le personnage principal a quelque chose de dérangeant, relevant de la pitié. Je ne veux pas accuser l’équipe du film de l’avoir fait exprès, car je n’en sais rien, mais c’est le genre de choses dont il est important d’avoir conscience au moment de regarder un film, celui-ci ou un autre: nous avons tous et toutes nos biais, surtout quand nous parlons d’un sujet qui traite d’un groupe discriminé dont nous ne faisons pas partie.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! Prenez soin de vous et à bientôt !
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et monde du travail
En ce lendemain de 1er mai, le monde du travail, et en cette période de lutte sociale, j’ai décidé de parler du monde du travail, et de la façon dont il peut favoriser l’apparition de TCA, ou en dégrader un déjà présent. Je ne suis pas ici pour blâmer un corps de métier (de fait, mes remarques s’appliquent à presque tous): me concernant, s’il faut jeter la pierre, c’est au capitalisme, et à ses dérives. Une guerre entre corps de métier n’améliorerait en rien les problèmes. En avant !
Travail et compulsion alimentaire
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Selon la loi française, dès lors que le temps de travail quotidien atteint au moins 6h, l’employeur se doit d’accorder au minimum une pause de 20mn consécutives. Cette pause est souvent utilisée pour déjeuner. Si nombre d’entreprises et employeurs accordent des pauses déjeuner plus longues (en moyenne, l’usage est de 45mn), ce n’est pas toujours le cas, pour diverses raisons (par exemple, les délais à tenir, l’accueil de clientèle qui doit être continu, etc.). Nombre de personnes mangent sur le pouce, à la va-vite, pour retourner au plus vite à leurs tâches.
D’autres facteurs sont également à prendre en compte: la quantité de travail à accomplir peut être variable d’un jour sur l’autre. Par exemple, l’heure de la pause déjeuner peut énormément fluctuer. De même, tous les employeurs n’ont pas de restaurant d’entreprise, ou même de local dans lequel les employé(e)s peuvent prendre leur pause.
Séparément, ces facteurs ne sont pas si problématiques. Mais si on les accumule, et/ou qu’ils perdurent trop dans le temps, le rapport à la notion de repas devient flou. Il n’y a plus de rythme de repas établi, ni au niveau du cadre horaire, ni au niveau du cadre spatial… or, sans rythme de repas bien établi, le grignotage, et donc la compulsion alimentaire, est grandement favorisée.
Et ce n’est pas tout: le monde du travail peut exposer à un certain ennui (tout le monde a déjà été confronté à une tâche qui n’avait rien de motivant), mais surtout à du stress. Ces deux facteurs peuvent eux aussi entraîner une compulsion alimentaire. Grignoter au travail, ça peut être l’occasion de faire une petite pause bien méritée; de retrouver de l’énergie, ou de la motivation; de se réconforter face à des tâches et/ou un cadre difficiles; sans parler de la dimension sociale de manger avec des collègues, qui parfois, ramènent de la nourriture, ou t’invitent à grignoter avec eux pendant la pause, à partager un moment convivial.
Encore une fois, je ne cherche pas à blâmer les individus. Je trouve très sympathique de partager de la nourriture avec des collègues dans un cadre amical ! Mais de fait, la multiplication des facteurs peut entraîner chez les profils à risque, un TCA, qui peut dériver sur un autre, plus dangereux…
Travail et boulimie (/!\ mentions de harcèlements divers au travail)
La boulimie a comme source profonde un rejet de son image (physique et/ou mentale), une faible estime de soi. Elle peut être continue dans le temps, ou épisodique, selon les personnes. Divers facteurs peuvent la déclencher, et l’un d’entre eux est l’environnement de travail. Pour deux raisons principales, il peut amener les profils les plus fragiles à basculer vers la boulimie.
Le 1er de ces facteurs est, j’y reviens, le manque de confiance en soi. On en vient à se comparer aux autres collègues, à se sentir nul(le) à côté d’elleux, à avoir des pensées démotivantes du style « cette personne réussit tout, pourquoi j’en suis incapable, moi ? Quelque chose doit clocher chez moi »… ces pensées sont bien souvent infondées, mais dans une société aussi compétitive que la nôtre (compétition qui peut être forte entre les employé(e)s selon le milieu professionnel), il est difficile d’en faire abstraction. Prises dans la spirale de la faible estime de soi, certaines personnes peuvent finir par basculer dans la boulimie, souvent avec une volonté, plus ou moins consciente, de se détruire, par des comportements compensatoires brutaux pour le corps.
Mais cette comparaison permanente avec les autres est d’autant plus forte dans les métiers où l’image a un rôle cricial. Que ce soit dans les professions où des images sont manipulées (par exemple, dans le milieu de la publicité) ou dans celles où il faut présenter une certaine image «de marque» très archétypale (par exemple, dans les banques, chez le personnel navigant des avions…), être constamment exposé(e) à des images d’apparente perfection, à un archétype idéalisé, est une grande source de stress pour une personne déjà fragile, et peut pousser vers la boulimie.
Il est maintenant temps de parler du 2ème facteur. J’ai jusqu’ici parlé de personnes portant des fragilités, et glissant d’elles-mêmes (bien que le processus se fasse malgré elles!) vers les TCA. Cependant, le milieu professionnel peut être source de nombreuses dérives, à commencer par le harcèlement. Physique. Moral. Voire sexuel. Si tout le monde est susceptible d’en être victime, les populations au statut de minorités (femmes, personnes non-blanches, LGBT+, en situation de handicap, pratiquant une certaine religion plutôt qu’une autre…) sont les plus prises pour cible.
Ce harcèlement peut aussi bien être du fait d’un(e) supérieur(e) hiérarchique que d’un(e) collègue. Mais quel que soit le visage qu’il prend, le but du harcèlement reste de s’acharner sur une personne au point de la briser. Les raisons de cette volonté peuvent être diverses (frustration, jalousie, rapport malsain au pouvoir…), mais aucune ne saurait justifier de tels actes. Le harcèlement peut également ne pas être le fait d’un seul individu, mais d’un groupe entier, être systémique à l’entreprise, avec une hiérarchie complice voire active dans le harcèlement. Dans ces conditions, nombre de personnes se terrent dans le silence, souvent par peur de perdre leur emploi, et endurent, souffrant en silence, basculant dans les TCA pour extérioriser toute cette détresse qui les dévore. D’autres, même, parce qu’elles sont manipulées psychologiquement ou parce que le déni rend les choses plus vivables, peuvent ne pas se rendre compte qu’elles sont harcelées, en particulier quand le harcèlement est d’ordre moral.
Il est important de garder en tête que toute forme de harcèlement est un délit, puni par la loi jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Et, surtout, qu’il n’est jamais mérité par la victime. Ce n’est jamais de sa faute. En tant qu’entourage de personne harcelée, nous nous devons d’apporter notre soutien, à notre échelle; en tant que victime, même si c’est difficile, il ne faut pas perdre de vue que nous ne sommes jamais seul(e)s: parfois les collègues, d’autres fois la famille, les ami(e)s, d’autres fois encore des associations, peuvent vous venir en aide. Des solutions existent pour que vous n’ayez plus à endurer cela. Vos bourreaux ont un visage de monstre, mais ce ne sont que des êtres humains: ils ne sont pas invincibles, loin de là. Des recours existent, n’hésitez pas à consulter le site service-public.fr pour plus d’informations. La bataille est souvent difficile, mais il n’y a pas de fatalité au harcèlement. L’union fait la force.
Travail et hyperphagie
Le stress dans le milieu du travail n’est pas forcément dû à une comparaison avec les autres ou à du harcèlement. Il peut aussi être dû à d’autres facteurs: la crise économique, qui frappe durement nombre de métiers; les délais et quotas à tenir; ou d’autres facteurs spécifiques à son métier (ceux où on est confronté(e) à la mort, en particulier le milieu médical et agricole -car, oui, devoir tuer une vague de ses bêtes suite à une épidémie, ça n’a rien d’amusant-; où l’on risque sa vie, comme chez les pompiers ou dans la police, par exemple; ceux où l’on est confrontés à la détresse humaine… bref, tous les métiers portent leur croix).
Toujours est-il que le stress, quelle que soit sa cause, peut amener à de l’hyperphagie. Cette dernière découle parfois d’une compulsion alimentaire qui aurait dégénéré, mais pas forcément. Toujours est-il que son but est d’échapper au stress en se réfugiant dans la nourriture. La symbolique derrière dépend des personnes: parfois, il y a volonté de se remplir de la sensation satisfaisante que procure le fait de manger; d’autres fois, il y a volonté inconsciente de «disparaître» en s’emplissant tellement de nourriture que l’on finit par s’effacer.
Je profite de cette partie pour rappeler un fait que l’on oublie souvent: on ne peut pas déterminer la présence ou la nature d’un TCA en fonction de la morphologie d’une personne. Une personne obèse peut souffrir d’anorexie, une personne maigre peut souffrir d’hyperphagie, de boulimie (d’ailleurs, dans 80 % des cas, le poids d’une personne boulimique ne varie pas de façon significative suite au TCA). Alors merci de ne pas faire de remarques désobligeantes, même sur le ton de la bienveillance, quand vous vous basez uniquement sur un physique. Si vous vous inquiétez sincèrement pour la personne, dites simplement «je m’inquiète pour toi», sans tout ramener au physique. Dans le cas des TCA, l’apparence n’est que le sommet de l’iceberg: il y a sûrement un autre angle (par exemple, le fait que la personne s’isole) pour aborder le sujet. Et, de même, si une personne vous confie sa dépression, ne lui parlez pas de ses variations de poids s’il y en a: il n’y a pas à blâmer ou féliciter quelqu’un d’être en dépression, il faut aider à notre échelle !
Travail et anorexie
Le milieu du travail est souvent loin d’être un long fleuve tranquille. Outre les problèmes précédemment évoqués, il faut parfois faire face à l’imprévu. Parfois, le dit imprévu est fâcheux, comme c’est le cas pour la crise économique. Dans d’autres cas, l’imprévu peut simplement être un changement de poste, que ce soit une promotion ou une reconversion professionnelle. Je ne vais pas citer toutes les possibilités, mais dans tous ces cas, les changements professionnels peuvent être vécus comme une perte de contrôle des plus angoissantes. Une perte de contrôle qui peut amener vers de l’anorexie mentale. Cette anorexie peut s’aggraver d’autant plus vite quand la personne est habituée à être compétitrice dans ses objectifs professionnels, car ces personnes seront d’autant plus susceptibles d’appliquer cette politique à leur TCA. Mais ce ne sont là que des probabilités, les autres n’en sont pas protégé(e)s, et toutes les personnes anorexiques de ces métiers ne se comporteront pas de cette façon: mon but n’est pas de faire des généralités, mais de parler des tendances générales.
Là encore, je vais faire une parenthèse: les évènements traumatisants sont davantage susceptibles de provoquer des TCA, c’est un fait. Pour autant, un évènement d’apparence anodin pour vous peut ne pas l’être pour une autre personne. Il n’y a pas à hiérarchiser les raisons de sombrer dans les TCA, comme si une plus grande souffrance justifiait davantage de basculer. Une personne qui sombrerait dans un TCA suite à une promotion mérite autant notre bienveillance et notre aide pour guérir qu’une personne ayant vécu un drame sordide. L’aide ne sera pas la même, certes, mais toutes les personnes malades (car, oui, l’anorexie est une maladie, on ne le répètera jamais assez) méritent qu’on leur vienne en aide, sans distinction.
En conclusion
Le milieu du travail représente une grande part de la vie d’adulte, chez la plupart des gens. S’il peut être source d’épanouissement (je souhaite à toute personne de s’épanouir dans son travail, dès lors qu’il ne consiste pas à écraser les autres), il peut aussi être cause de nombreux tourments. On estime qu’une personne salariée sur 10 est en dépression (source: ScienceDirect). Ce n’est pas forcément à cause du milieu du travail, mais de fait, les années passant, les langues se délient concernant les dérives dans le milieu professionnel. Harcèlement. Épuisement physique et moral pour respecter la politique du chiffre, les délais parfois irréalistes. Flou entre temps de travail et de repos. Manque de sens dans sa profession (due à de multiples facteurs). Du fait que nombre d’adultes passent la majorité de leur temps libre au travail, on ne peut nier l’importance de cet environnement sur les gens, qui peuvent finir par basculer dans un ou plusieurs TCA pour compenser.
Ces dernières années, cependant, la tendance s’accélère. La société de consommation arrive à son point de non-retour: quels que soient leurs métiers, les gens se tuent à la tâche, à produire pour produire et non par nécessité, dans un cadre souvent inadapté (d’un point de vue de sécurité ou du bien-être) pour le profit d’une minorité devenant de plus en plus riche, pendant qu’eux s’appauvrissent, économiquement mais aussi sur le plan de la santé, physique et mentale. Et ce n’est pas en les forçant à travailler plus longtemps que le problème va prendre fin ! Voilà pourquoi nous devons nous lever contre ce modèle de société, qui nous rend malades pour le profit d’une poignée d’ultra-riches qui se rient de nous. Nous unir face à notre véritable ennemi, qui menace notre survie, tant sociale qu’écologique: cette politique qui, depuis des dizaines d’années, grignote nos droits les plus élémentaires afin de maximiser ses profits.
Les TCA ne sont pas une fatalité. La société qui les pousse à se multiplier non plus.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, prenez soin de vous !
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et autisme (4/4): Étude de cas de Lawrence «Larry» Fleinhardt
Dernier post du mois consacré aux TCA chez les personnes autistes! On finit sur une note légère avec une petite étude de cas, d'un personnage de série. En avant !
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Lawrence Fleinhardt, dit Larry, est l’un des personnages secondaires de la série Numb3rs. Il est interprété par l’acteur étasunien Peter MacNicol. Professeur de physique brillant (il fait partie des plus brillants du monde dans son domaine), il vient régulièrement en aide à l’un des personnages principaux, afin de trouver des nouveaux angles de réflexion, entre autres. Il manifeste, au cours de plusieurs épisodes, une étrange particularité, qui nous intéresse ici: il refuse de manger toute nourriture n’étant pas blanche (il refuse également d’en cuisiner).
Comme tous les génies de fiction, en particulier ceux écrits par des personnes de culture occidentale, Larry est «un peu autiste». Je chosis cette formulation exprès, car le stéréotype «on est tous et toutes un peu autistes» est une excuse souvent brandie par des personnes validistes pour ne pas se renseigner plus que ça sur les besoins spécifiques des personnes autistes, ou essayer de s’adapter (parce qu’après tout, si tout le monde est comme ça, pourquoi se fatiguer?). Enfin bref, ce n’est pas le sujet. Il se trouve que ce biais de réflexion amène à des amalgames, notamment entre autisme et haut potentiel intellectuel (HPI). Je ne nie pas les liens qui peuvent exister entre les 2, mais je tiens à rappeler qu’il existe également nombre de personnes autistes avec retard mental, et cela ne les rend ni plus autistes, ni moins autistes, ni d’un autisme «de moins bonne qualité».
Mais revenons au cas de Larry. Je ne dirais pas que son personnage est autiste, mais il présente sans aucun doute un certain nombre de traits autistiques. Outre les difficultés sociales, sa sensorialité atypique se manifeste plusieurs fois. Car elle est source de plusieurs phobies… et cela l’amène à craindre de tomber malade, ce qui explique certainement sa manie de ne manger que ce qui est blanc. À tel point qu’il ne mange que le blanc d’oeuf et la mie du pain bien blanche !
Le trouble d’évitement de la nourriture non-blanche est en fait assez courante. Non pas par suprémacisme ethnique, mais parce que dans la symbolique de nombreuses cultures, le blanc immaculé correspond à la notion de pureté sans faille, sans tache. Ainsi, symboliquement parlant, les aliments blancs peuvent sembler plus purs, et donc moins pollués par des agents nocifs pour la santé. C’est pourquoi les aliments blancs peuvent, consciemment ou non, être perçus comme les seuls n’étant pas dangereux. Bien sûr, cette perception du blanc varie d’une personne à l’autre: ce n’est pas forcément le côté sain qui revient, tout comme le blanc peut être source de phobie !
Pour résumer, Larry est un personnage neuro-atypique, se situant sur le spectre de l’autisme bien que n’étant probablement pas autiste à proprement parler. Son neuro-développement n’en est pas pour autant épargné par des particularités handicapantes, sources de phobies. Se réfugier dans une routine alimentaire pour éviter ces phobies est le moyen qu’il a trouvé pour vivre au mieux. S’il on peut s’inquiéter pour son équilibre alimentaire, toute moquerie à l’égard de ces phobies est malvenue ! Et même s’il est tentant de répondre à cela «bah oui, mais avoir peur des aliments à cause de leur couleur, ça n’est pas logique»: le principe des phobies, c’est d’être une peur irrationnelle. On ne choisit pas d’avoir une phobie, on la subit au quotidien (j’en sais quelque chose, j’ai moi-même plusieurs phobies, les chiens, les guêpes et la noyade en tête de liste).
Si vous êtes vous-même dans le cas de Larry, ne baissez pas les bras: des thérapies cognitivo-comportementales existent, ainsi que d’autres contre les phobies. Vous n’êtes pas seul(e)s. Je ne vous dis pas de vous contenter d’arrêter votre phobie, mais n’hésitez pas à rechercher de l’aide, que ce soit pour soigner votre phobie ou apprendre à vivre avec, en prenant par exemple conseil auprès de professionnel(le)s de la nutrition. Une vie sans avoir à esquiver, tel un(e) espion(ne) chevronné(e), les aliments sources de mal-être, est possible. Je ne dis pas que c’est facile, mais cela vaut au moins la peine d’essayer, de chercher des solutions.
Et voilà, c’était le dernier post de ce mois consacré à l’autisme ! Je remercie une nouvelle fois mon amie Aster pour ses relectures, et vous dit à bientôt pour d’autres posts sur les TCA.
Prenez soin de vous !
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et autisme (3/4): Les liens avec la dysphorie
Dans ce 3ème post sur les liens entre autisme et TCA, j’ai décidé de creuser une thématique que j’avais rapidement évoquée dans le 1er des posts: la dysphorie, et les TCA qu’elle entraîne. Pour comprendre ce vaste sujet, il faut le diviser en plusieurs parties, selon les sources de la dysphorie.
Mais d’abord, qu’est-ce que la dysphorie ? Pour faire simple, c’est le contraire de l’euphorie. Quand on rejette massivement une chose (la source de la dysphorie), qui nous semble insupportable. Ses manifestations dépendent de la source de la dysphorie. Maintenant que le thème est défini, en avant!
TCA, TSA et identité de genre (/!\ dans cette partie, mention de violence LGBT+phobes, de blessures auto-infligées)
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Les personnes autistes sont sur-représentées dans la communauté LGBT+. On les retrouve particulièrement sur le spectre de l’asexualité, la demi-sexualité et les identités de genre autres que cisgenre. Ainsi, on retrouve une part de la population autiste 4 à 5 fois plus élevée sur le spectre transgenre que pour la population non-autiste.
Plusieurs théories, plus ou moins farfelues, ont tenté d’expliquer ce fait. Dans les années 2010, on a par exemple pensé que ces statistiques s’expliquaient par la théorie du cerveau hypermasculin, qui expliquerait les traits autistiques par un excès de traits «masculins», tels que les facilités en mathématiques et dans la vision spatiale, et un déficit de traits «féminins», en empathie et communication. Non contente d’être terriblement sexiste et réductrice, cette théorie invisibilise les femmes autistes, dont l’errance de diagnostic est déjà supérieure à celle des hommes.
La théorie la plus couramment admise (même si elle n’est pas prouvée scientifiquement) est que, puisque le genre est une construction sociale (n’en déplaise aux personnes qui amalgament genre et sexe biologique), alors les personnes autistes, qui ont des difficultés sur le plan social, ont plus de difficultés à se reconnaître dans la vision binaire de genre de la société.
Ce n’est pas une statistique scientifique, mais je vais parler de mon expérience personnelle. J’ai été amenée à rencontrer plusieurs personnes autistes, par différents biais, au cours de ma vie. Certaines se situaient ouvertement sur le spectre transgenre; la plupart des autres utilisaient certes le genre qu’on leur avait assigné à la naissance, mais plus par facilité que parce qu’iels s’y identifiaient vraiment. Je n’ai rencontré que très rarement des personnes autistes ouvertement cisgenres. Cela ne fait pas office d’étude de référence, bien sûr, mais cela peut donner un indicateur.
Quel rapport avec les TCA, me direz-vous ? Il se trouve que parfois, les personnes transgenres souffrent de dysphorie de genre. L’écart entre l’identité qui leur est assignée (par leur assignation de genre, leur corps, les stéréotypes de genre associés à ce corps, par exemple) et l’identité ressentie crée une grande souffrance. De par leur sensorialité différente et leurs difficultés à s’adapter aux normes sociales, les autistes sont plus concernés que le reste de la population à ce type de dysphorie.
Ainsi, on observe dans les cliniques spécialisées dans l’identité de genre que 8 à 10% des enfants et adolescent(e)s qui se présentent remplissent les critères diagnostics de l’autisme; ce nombre monte à 20% si l’on ajoute les personnes présentant des traits autistiques. Parmi ces jeunes, la plupart n’ont pas reçu de diagnostic de TSA, et vivent donc très probablement dans un environnement inadapté, à la fois à leur autisme et à l’expression de leur identité de genre. Il est même hautement probable que ces jeunes n’aient été au moins une fois maltraités, au sein de leur foyer et/ou à l’école, l’autisme comme les identités LGBT+ non-conformes aux attentes de la société étant souvent des prétextes pour cibler un(e) enfant de moqueries. Alors, les 2 en même temps…
Il va sans dire que vivre dans ces conditions, la plupart de ces jeunes grandissent dans une détresse immense. Cela peut les amener à tenter de se faire du mal, par l’intermédiaire de comportements d’auto-mutilation, de comportements à risque, d’addictions, ou encore, c’est ce que nous allons étudier, par l’intermédiaire de TCA. Il existe alors plusieurs schémas de fonctionnement possibles, qui varient d’un individu à l’autre. Voici les plus courants:
-La personne se sent perdue au milieu de toute cette violence, intérieure comme extérieure. Pour tenter de reprendre le contrôle sur toute cette violence, elle «se tourne» vers l’anorexie, avec cette idée (fausse, ne faites pas ça chez vous!) qu’ont beaucoup d’anorexiques que si elle trouve la force de se contraindre ainsi, alors elle aura la force de surmonter toutes les épreuves.
-La personne se sent assaillie de honte, face à ce corps qu’elle ne supporte pas. Elle tente de combler le gouffre en elle créé par la honte en se tournant vers la nourriture, mais culpabilise chaque fois qu’elle le fait, et adopte un comportement compensatoire: la personne devient boulimique.
-La personne se sent angoissée, et a besoin d’un refuge, et se tourne vers la nourriture. Elle peut alors glisser vers l’hyperphagie.
-La personne se sent angoissée, et a besoin d’un refuge, mais pas la nourriture. Elle peut alors se tourner vers le pica, un peu à la manière de l’hyperphagie, mais sans forcément chercher la sensation de «plein»: la sensation recherchée peut être un son sous la dent, par exemple.
-La personne ne supporte pas sa situation, et veut se détruire, ni plus ni moins. Elle peut alors basculer, là encore, dans l’anorexie, ou la boulimie, accompagnée d’un comportement compensatoire destructeur (crise de larmes, de colère, auto-mutilation, etc.).
Bien sûr, ce ne sont là que des schémas, il faut prendre en compte le vécu de chacun(e) afin de mieux cerner les problématiques, sans quoi il sera impossible de les résoudre. Mais cela peut vous donner une idée de ce que les jeunes autistes LGBT+ peuvent avoir à traverser, alors qu’ils sont censés construire leur future vie d’adulte. À nous de nous montrer à l’écoute de leur vécu, de ne pas minimiser leur souffrance, et de les accompagner sur leur chemin de vie de notre mieux.
TCA, TSA et dysphorie de rejet
La dysphorie ne concerne pas que le corps, elle peut se retrouver dans de nombreux aspects de la vie. Et il se trouve que personne n’aime faire face au rejet. Cependant, les personnes autistes y sont exposées plus violemment, de par leur plus grande vulnérabilité émotionnelle, mais aussi de par un environnement social bien plus violent à leur égard.
Mais ce n’est pas tout: il se trouve qu’il est fréquent que les personnes autistes présentent un autre trouble, qu’il soit d’ordre psychiatrique ou neuro-développemental. Ainsi, il est courant d’être à la fois porteur d’un TSA et d’un TDA(H), le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité. L’une des caractéristiques les plus fréquentes du TDAH est une grande difficulté à gérer ses émotions, particulièrement la frustration.
Dès lors, cumuler TSA et TDAH rend très vulnérable en cas de rejet. Cela ne relève pas du simple caprice, mais d’une surcharge d’informations sensorielles, émotionnelles. Cette détresse face au rejet peut elle aussi amener à des TCA. Hyperphagie, pour remplir le vide laissé par le rejet. Anorexie, pour se détruire, ou reprendre le dessus, ou encore pour ne plus avoir la force de penser. Boulimie, avec comportement compensatoire à risque, pour «se punir» après ce rejet. Pica, pour chercher une sensation relaxante, quel que soit le sens (goût, ouïe…). Sensiblement la même chose que dans le cas des autres dysphories, à vrai dire.
J’en profite pour faire une parenthèse: peut-être que vous, qui me lisez, êtes autiste et concerné(e) par les TCA, ou que vous êtes dans l’entourage proche d’une personne autiste atteinte de TCA. Et peut-être avez-vous du mal à vous rendre compte de la légitimité de ce TCA car, s’il revient régulièrement, il ne dure jamais longtemps à la suite. On a tendance à l’oublier, mais certains TCA sont épisodiques, liés à des déclencheurs spécifiques. Certains sont saisonniers (par exemple, dus à la déprime hivernale, ou à l’angoisse de l’été et des vêtements dévoilant le corps), d’autres liés à des facteurs particuliers pour la personne (ici, le rejet). Pour autant, ces épisodes de TCA ne doivent pas être négligés, les personnes concernées méritent la même aide qu’une personne pour qui le TCA persisterait tous les jours de l’année. N’hésitez pas à demander de l’aide, même si vous avez la sensation que «ça va, y a plus grave»: vous méritez qu’on écoute vos interrogations, vos inquiétudes, et qu’on vous apporte les réponses, l’aide nécessaires.
TCA, TSA et thérianthropie
C’est un sujet peu connu, mais qui mérite d’être abordé ici, d’autant qu’il concerne essentiellement la communauté autiste: la thérianthropie peut, dans certains cas, être source de dysphorie (et amener tous les TCA précédemment évoqués). Peut-être ignorez-vous ce que c’est: la thérianthopie est le fait de s’identifier en tant qu’animal, se représenter intérieurement de façon animale, de façon durable dans le temps et profonde, tout en ayant conscience d’être un être humain. Ce n’est ni «une lubie qui va passer», ni un jeu de rôle, ni de la lycanthropie clinique, ni une blague, mais bien un moyen d’interpréter un ensemble de sensations, de façon subjective. Il arrive par exemple que les personnes thérianthropes ressentent la présence de membres fantôme (comme une queue ou des crochets de serpent), de la fourrure ou de plumes sur leur peau… en tout cas, ce n’est pas un choix que l’on fait: on a ce ressenti animal ou on ne l’a pas (raison de plus pour dire que ce n’est pas une lubie!), qu’on en ait conscience ou non.
Il existe plusieurs catégories de thérianthropie, selon si le ressenti animal se réfère à un animal réel ou une créature fictive, mais l’ensemble des personnes concernées est appelé alter-humains. Cependant, il existe une autre catégorie de thérianthropes, qui peut être mise en parallèle avec les personnes transgenres: ce sont les trans-espèces. Tout comme certaines personnes transgenres peuvent avoir la sensation de ne pas être nées dans le bon corps, les trans-espèces le ressentent, mais concernant l’intégralité du corps, comme s’il leur faudrait un corps d’une autre espèce pour pouvoir vivre en harmonie avec eux-mêmes. Cela peut même se traduire par le fait de ressentir de la douleur à s’identifier comme être humain !
Je ne veux pas parler à la place de ces personnes, car je ne vis pas leur situation. Cependant, je ne peux qu’imaginer la grande souffrance qui les dévore au quotidien (certain(e)s vont, dans de rares cas, jusqu’à subir des opérations médicales pour plus ressembler à leur animal!). Je pense que de l’aide psychologique adaptée (et, je sais que ce n’est pas facile à trouver) leur serait grandement bénéfique: pas pour éradiquer leur ressenti animal, mais pour apprendre à vivre avec, sans souffrir. Et les aider commence par ravaler nos commentaires désobligeants: se moquer de la souffrance d’autrui n’a rien de constructif, ni pour elles, ni pour vous.
La thérianthopie est un phénomène qui se retrouve essentiellement chez des personnes autistes et/ou ayant subi de la maltraitance. Est-ce parce que leur sensorialité est différente, et leur fait percevoir des choses qui échappent aux autres ? Est-ce parce qu’iels se sont senti(e)s tellement privé(e)s d’humanité qu’iels en sont venu(e)s à développer leur part animale, sans s’en rendre compte ? Est-ce une manifestation d’une vie antérieure ? Dans le fond, je ne sais pas, je respecte les croyances de chacun(e) à ce sujet (à condition de ne pas imposer sa vision spirituelle aux autres sans accepter le débat). Mais ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas nécessairement quelque chose de fou, de fantaisiste, il s’agit probablement d’une stratégie d’adaptation à un environnement hostile.
Je peux comprendre la curiosité vis-à-vis de ce sujet pour le moins atypique, mais la décence devrait nous amener à réfléchir à notre intérêt pour ce sujet, afin de ne pas tomber dans le voyeurisme malsain. À se renseigner, à écouter les personnes concernées, au lieu de se déguiser sur les réseaux sociaux afin d’exhiber que «c’est n’importe quoi cette histoire, mdr». Si vous n’êtes pas capables de traiter les autres comme des êtres humains, alors cessez de dénigrer les vécus alter-humains. Et si vous ne voulez que désinformer et rabaisser, écrivez chez vous si vous voulez, mais n’imposez pas votre vision nauséabonde au public sur Internet souhaitant sincèrement en apprendre plus.
TCA, TSA et agression sexuelle (/!\ il en sera fait mention!)
C’est un sujet hautement sensible, mais sur lequel il est important d’alerter: les personnes autistes, comme je l’ai dit dans mon 1er post sur le sujet, sont particulièrement vulnérables aux agressions sexuelles. Ainsi, plus de 80% des femmes autistes subiront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie ! Le but de ces agressions n’est jamais le plaisir sexuel (oui, il faut arrêter d’amalgamer agression sexuelle et sexe), mais bel et bien d’avilir, d’asseoir son pouvoir sur la victime, de détruire sa dignité. De plus, l’étape «acte sexuel non consenti» n’est que la 1ère d’un long parcours pour tenter de faire avec. Il faut composer avec le stress post-traumatique. Les angoisses, sous différentes formes. Le sentiment terrifiant d’impuissance, de vulnérabilité. Et, surtout, il faut vivre avec ce corps, que l’on a senti souillé, dont on nous a volé le contrôle.
Dans ce genre de circonstances, il arrive malheureusement qu’une dysphorie se développe. Que le rejet du corps soit si puissant que l’on en vient à l’envie de lui faire du mal, par les blessures comme par les TCA. L’anorexie est fréquente chez les victimes d’agression sexuelle qui présentent une dysphorie: il faut dire qu’en terme de subir une perte de contrôle, subir une agression sexuelle est l’une des pires possibilités à devoir affronter ! La boulimie est également fréquente, puisque le rejet du corps y est central. Certaines personnes ont même l’idée de s’avilir pendant la phase où elles mangent sans se contrôler, puis se punissent avec le comportement compensatoire. On l’observe souvent chez les victimes qui culpabilisent du crime qu’elles ont subi (car, même si ce n’est en rien de leur faute, il est parfois plus facile de se dire «si je n’avais pas fait ci ou ça, ce ne serait pas arrivé» que de faire face à l’horreur du crime de plein fouet).
Apporter de l’aide à ces victimes est essentiel. Dans l’idéal, mieux vaut suivre une thérapie, mais je peux comprendre, surtout dans le cas des personnes autistes, que le désert médical, cumulé aux violences de la part de certain(e)s thérapeutes, puisse être décourageant. Je pense qu’il faut persévérer autant que possible, mais que le plus important est de prendre soin de soi. Cela peut passer par des activités rassurantes, par le fait de changer d’air (déménagement, voyage)… en tant qu’entourage, il est important de surveiller les signes que la personne a besoin d’aide. De nous montrer à l’écoute. D’apporter notre soutien, du mieux que nous pouvons.
Le bilan
Plus que le reste de la population, les personnes autistes peuvent être amenées à vivre de la dysphorie au cours de leur vie. Les facteurs la déclenchant sont divers, peuvent se cumuler, mais il est important de les prendre au sérieux. La dysphorie peut amener à de graves troubles, allant de l’anxiété aux idées les plus sombres, en passant par la dépression et les TCA. Ce sujet peut sembler étrange, mais mérite toute notre attention et notre bienveillance. Là encore, ce n’est ni une mode, ni une manie, ni rien d’autre de ce genre: au vu de la souffrance occasionnée, si c’était le cas, les personnes souffrant de dysphorie auraient cessé de se l’infliger depuis longtemps !
Je profite de cette conclusion pour rappeler que les situations que j’ai décrites n’amènent pas forcément à de la dysphorie. Et que les personnes non-autistes peuvent elles aussi être concernées. Mais si j’ai choisi ce sujet aujourd’hui, c’est parce qu’il est méconnu, en particulier concernant son lien avec le TSA. Je ne suis pas une experte, mais j’espère, à ma modeste échelle, contribuer à aider les gens à se comprendre, à se soutenir.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout et à bientôt ! Prenez soin de vous !
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et autisme (2/4): Etude de cas avec Sheldon Cooper
2ème billet de ce mois de sensibilisation à l'autisme. Après l'exposé de la dernière fois, j'ai décidé de faire un post plus léger, en parlant une nouvelle fois d'un personnage de fiction. En avant !
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Sheldon Cooper est l’un des personnages principaux, et sans doute le plus célèbre, de la série The big bang theory. Il est interprété par l’acteur étasunien Jim Parsons. Génie excentrique pour les uns, adulescent insupportable pour les autres, il est une incarnation caricaturale (la série étant comique, elle exagère tout) de l’autiste surdoué. Ses particularités de neuro-développement lui ont donné de nombreuses manies, pour le plus grand dam de son entourage. Et si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour parler de celles concernant son alimentation.
Comme pour tout le reste de sa vie, Sheldon a des habitudes très précises. Il ne mange qu’une certaine marque de céréales (entre autres), et s’il y a des variations selon les jours, le menu est toujours le même d’une semaine sur l’autre. Et ce n’est pas une simple routine pour lui: si le soir où il commande dans un certain restaurant, il ne peut être livré, il se retrouve désemparé, incapable de juste se dire «tant pis, je commande ailleurs» ou encore «c’est pas grave, j’échange 2 repas de mon programme hebdomadaire». Idem si le plat qu’il commande est un peu différent de ce qui était prévu: il reste bloqué en boucle sur ce qui était prévu.
Ce genre de scènes peut prêter à rire. L’option de facilité est de penser «ah là là, il est vraiment chiant, sacré Sheldon, va». En réalité, quand on voit la scène de son point de vue, les choses le deviennent beaucoup moins. Pour une personne autiste, voir sa routine être brisée, en particulier de façon imprévue, c’est s’exposer à une véritable agression sensorielle. Un flot d’informations qui engloutit comme un raz-de-marée. Dans notre cas qui concerne la nourriture, une potentielle agression sensorielle à cause de saveurs, textures, odeurs, couleurs imprévues.
Il peut même s’agir d’une source violente d’angoisse. En effet, dans un monde où les personne autistes sont à la fois agressées sensoriellement et, pour l’écrasante majorité d’entre elles, subissent des maltraitances diverses dans leur environnement (qu’il soit familial, scolaire ou professionnel), la routine constitue un cocon, une bulle réconfortante, sécurisante. Voir cette bulle être brisée, sans avoir pu le prévoir de surcroît, peut se révéler terrifiant !
Il en va de même pour Sheldon: il supporte très mal de ne pas avoir le contrôle d’une situation, professionnellement, socialement. Par ailleurs, son entourage, afin de s’éviter de longues minutes de dialogues de sourds, de conflits, cède à toutes ses exigences; s’il est important de respecter les besoins des personnes autour de nous, il est également important de pouvoir dialoguer avec elles, de ne pas les enfermer dans une vision du monde déformée (ici, où il ne peut pas être frustré). Parfois, certes, mieux vaut baisser les armes, car il est aussi important de prendre soin de soi, de préserver son énergie. Mais céder à tout béatement ne rend service à personne: ni à vous, qui vous sacrifiez à petit feu, ni à ces personnes, pour qui la chute ne sera que plus brutale.
Pour autant, Sheldon n’est pas atteint d’un trouble de l’évitement ou de restriction à proprement parler: si l’on cumule tout ce qu’il mange, son alimentation est assez variée pour lui permettre d’être relativement en bonne santé (ce qui est loin d’être le cas de toutes les personnes autistes!). Il arrive même, s’il a le temps de se préparer à l’idée, à faire des écarts occasionnels à son emploi du temps, par exemple lors de sorties avec ses ami(e)s !
Il est un bon exemple de l’importance de la dimension sociale dans l’alimentation: le fait de se confronter à de nouvelles expériences, sociales puis tout ce qui en découle, aide à se construire, à se confronter à l’inconnu avec moins d’appréhension. Par ailleurs, manger avec des ami(e)s est un moment de convivialité: le repas devient alors associé à des émotions, des souvenirs positifs, ce qui aide à construire un rapport apaisé à la nourriture. Ce n’est pas toujours le cas dans la famille (même si cela arrive), le cadre est souvent bien plus conflictuel (les parents étant au mieux fatigués de devoir composer avec les particularités de leur enfant au quotidien, au pire étant maltraitants), le soutien amical devient alors salvateur !
Pour résumer, Sheldon est un cas assez classique de personne autiste qui s’est construit une routine particulièrement rigide pour se sentir plus en sécurité. Quelque part, son cas est un mélange de trouble de l’évitement et de trouble de restriction, puisqu’il évite et s’interdit tout ce qui est imprévu. Son cas est souvent pénible pour son entourage, qui se plie à ses exigences; s’il ne faut pas sous-estimer à quel point cela peut être pénible, il est en revanche important de respecter les besoins des personnes autistes, même s’ils sont particuliers. Ce ne sont en aucun cas des caprices destinés à mettre les nerfs à vif, ou à embêter le monde, mais des besoins, physiques, psychologiques également. Il est parfois difficile de le supporter sans aide extérieure: il est alors important de demander de l’aide. Il n’y a pas de honte à être dépassé(e) !
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout. Prenez soin de vous et à bientôt!
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et autisme (1/4): Quelques clés
Bonjour ! C’est le mois de sensibilisation à l’autisme, j’ai donc décidé, ce mois-ci, de consacrer mes posts à ce sujet. Ainsi, afin de bien comprendre ce dont il sera question pendant le mois, ce 1er post sera une sorte d’exposé un peu général, pour parler des particularités des TCA dans le cadre du spectre de l’autisme. Je remercie mon amie Aster pour sa précieuse relecture ^^
Mais d’abord, quelques points, et une définition s’imposent:
-Je ne prétends pas ici parler de toutes les personnes autistes, je cherche juste à souligner que les probabilités de développer des TCA sont, pour diverses raisons, plus élevées chez les personnes autistes. Toutes les personnes autistes ne développent pas de TCA pour autant.
-Je ne prétends pas non plus que les autistes sont condamné(e)s à une vie malheureuse. Mais, de fait, notre société, notre environnement, ne leur facilite pas la tâche. Heureusement, grâce à un bon entourage, beaucoup de travail, et d'autres facteurs, il est tout à fait possible de mener une belle vie heureuse tout en étant handicapé(e).
-Le mot handicapé n'est pas un gros mot, qui cherche à rabaisser qui que ce soit. Quand j'utilise ce mot, c'est pour souligner des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne, pas pour sous-entendre que l'incapacité à faire certaines choses diminue la valeur humaine.
Et maintenant, place à une définition qui servira pour ce post, et les 3 à venir:
Le trouble du spectre autistique, ou TSA, est un trouble du neuro-développement, associé à différentes caractéristiques. Les principales sont des difficultés à communiquer et à gérer les interactions sociales, une stimulation sensorielle excessive d'un ou plusieurs sens, et une grande fatigabilité. Il peut se manifester très différemment d’une personne à l’autre: langage (ou non), retard mental (ou non), intérêts spécifiques (ou non), comportements répétitifs… à vrai dire, il y a autant de manifestations de l’autisme que de personnes autistes ! Il arrive que l’on parle d’autisme léger et d’autisme sévère, mais cela reflète davantage la façon dont les personnes de l’entourage vivent l’autisme, que de la vision de l’intérieur d’une personne autiste. Ainsi, même l’autisme «léger» est un handicap, reconnu par l’État (même si la politique d’inclusion des autistes ne suit pas vraiment…).
Ces particularités seraient (mais ce n’est pas certain) notamment dues à un nombre plus élevé de synapses dans le cerveau que chez une personne non-autiste. En effet, au fur et à mesure du développement du cerveau, au cours de l’enfance, le cerveau garde les synapses lui semblant les plus utiles, et en supprime d’autres: ainsi, si nous sommes capables d’apprendre n’importe quelle langue à la naissance, plus nous grandissons, plus il devient difficile de pouvoir en apprendre une nouvelle. Dans le cas des personnes autistes, la sélection des synapses se passe différemment: certaines, qui seraient utiles (notamment pour le langage et les interactions avec autrui sont supprimées), d’autres sont gardées, ce qui peut par exemple amener à une hypersensibilité sensorielle. Mais de fait, la science n'explique pas l'autisme à l'heure actuelle, autrement que par une combinaison de plein de facteurs.
Toujours est-il que ce développement cérébral différent amène à un rapport aux choses, en particulier à l’alimentation dans notre cas, différent lui aussi ! Je vais donc aborder les principaux TCA qui se retrouvent chez les personnes autistes, afin d’y voir plus clair. En avant !
TSA et trouble de l’évitement, de restriction
Comme je l’ai dit plus tôt, les autistes ont une sensibilité sensorielle accrue dans la majorité des cas. Les sens affectés varient d’une personne à l’autre: elle pourra concerner la vue (ce qui rendra par exemple hypersensible à la lumière), l’ouïe (idem pour le bruit)… et, dans notre cas, l’odorat et le goût (et même de la vue, certaine couleurs peuvent avoir un rôle important). Ainsi, les odeurs, les saveurs, les textures, et même les couleurs, peuvent être perçues différemment par les personnes autistes.
Cela peut entraîner une incapacité physique à manger certaines choses. Pas par caprice, ou par rejet infantile de ce qui est inconnu, mais bien parce que les sens du corps rejettent certaines odeurs, saveurs, textures, couleurs. Dans le fond, ce n’est pas si différent des personnes intolérantes à la coriandre, car l’un de leurs gènes font qu’elles perçoivent cette épice comme une substance au goût de savon: peut-on parler de caprice alimentaire, dans le cas d’un cerveau fonctionnant différemment de ce qui est considéré comme la norme ?
Je ne dis pas ici qu’il faut accepter en bloc toutes les exigences des personnes autistes. En tant que parent, il est important d’assurer les besoins nutritionnels de son enfant, de veiller à lui donner une alimentation aussi équilibrée que possible. Mais diversifier l’alimentation de l’enfant, ce n’est pas lui forcer la main, ce n’est pas ignorer ses besoins «pour son bien». Je sais qu’il peut être tentant de s’énerver, d’imposer fermement, mais cela risque d’aggraver la situation, d’amener l’enfant à associer la nourriture au conflit, à l’angoisse, au rejet de ses besoins. Ce qui n’est déjà pas fou en soi, mais pourrait ensuite amener à des TCA bien plus graves !
Un autre besoin des autistes concernant l’alimentation peut être l’instauration d’une routine rigide. Ainsi, la personne aime parfois un grand nombre d’aliments, mais peut avoir un tel besoin de se conforter dans sa routine qu’elle est incapable de manger quelque chose dont elle n’a pas l’habitude à cet instant de sa routine. Par exemple, aimer un certain type de cuisine, mais ne pas pouvoir manger cette nourriture alors que ce n’était pas prévu dans son emploi du temps, à cause de l’angoisse de sortir de sa routine. Il arrive ainsi que certaines personnes autistes mangent une alimentation variée au sein de leur famille, mais soient pratiquement incapables de manger en dehors, car elles ne peuvent manger que ce dont elles ont l’habitude.
Ce cas de figure est dû à plusieurs facteurs. Premièrement, on en revient encore à la sensibilité sensorielle accrue, qui peut rendre capable de cerner la moindre petite différence entre un aliment habituel et non habituel. Une nuance de couleur différente, un assaisonnement légèrement renforcé, une cuisson changeant légèrement la texture… la moindre petite différence avec ce qui constitue la routine habituelle est perçue comme au travers d’une loupe. C’est l'une des raisons pour lesquelles certaines personnes autistes ne mangent un aliment que d’une certaine marque, un type de plats uniquement cuisiné par une personne spécifique de sa famille ou un restaurant particulier…
Mais c’est le côté rassurant de la routine qui est ici le facteur principal. En effet, dans un monde où les autistes sont constamment surexposés sur le plan sensoriel, dans un monde où l’environnement les agresse constamment (qu’il s’agisse des sensations ou de relations sociales, familiales violentes), il est rassurant d’avoir un cocon dans lequel on pourra toujours se réfugier. La routine, de par son caractère répétitif, peut ainsi rassurer: on sait à quoi s’en tenir avec elle, elle ne peut pas trahir, créer plus d’angoisse. Par ailleurs, il est possible d’exécuter certaines actions de routine en «pilote automatique», ce qui est moins fatigant à gérer mentalement. Enfin, la routine est associée à un état émotionnel positif, ce qui permet de s’y raccrocher en cas de détresse mentale forte.
Pour toutes ces raisons, les aliments peuvent, dans certains cas, avoir une symbolique très forte aux yeux des personnes autistes, tant dans le positif que le négatif. Cela peut leur rendre très difficile de ne pas dépendre d’une cuisine très spécifique (au sein de leur famille, avec qui elles ne vivront pas toujours, ou d’un commerce, qui risque de fermer, ou loin duquel elles pourraient être amenées à vivre -entre autres-), et entraver leur accès à l’autonomie, dans certains cas. Il est donc important, en tant qu’entourage, de soutenir les personnes autistes dans leur exploration alimentaire, de les encourager, de les sortir de leur zone de confort, sans pour autant les brusquer violemment. Je ne dis pas que c’est facile, ni qu’il y a une recette miracle à suivre: mais il est important d’apporter son soutien au mieux, et de savoir demander de l’aide si besoin.
Bien sûr, la routine, si elle est rassurante, n’est pas toujours bonne pour autant ! Et c’est pourquoi il est important de ne pas laisser la personne seule face à ses besoins, pour l’aider à se construire au mieux, pour sa santé mentale comme physique.
TCA et compulsion alimentaire, pica
Puisque je viens d’aborder la question de la routine qui n’est pas toujours bonne, j’en profite pour aborder la question de l’autisme est de la compulsion alimentaire. Chez les autistes, cette compulsion est souvent spécifique à certains aliments, par habitude, par compatibilité sensorielle.
Le ou les aliments choisis sont le plus souvent associés à la notion de réconfort (comme dans la plupart des cas de compulsion alimentaire spécifique, y compris chez les non-autistes). Ainsi, en cas de stress (et, comme nous l’avons vu, les personnes autistes y sont particulièrement exposées), elles peuvent se tourner vers cette méthode pour se calmer. Avec le temps, ce mécanisme peut devenir ancré dans la routine de la personne. Si ce n’est pas très dangereux en soi, il faut y prendre garde, tant pour les risques éventuels de surpoids que pour le fait que laisser perdurer un tel TCA, c’est créer un terrain favorable pour l’installation future de d’autres TCA plus dangereux.
Et ce n’est pas tout: il arrive dans certains cas que la compulsion alimentaire ne se dédie à une substance non comestible: sable, papier, tissu, craie… de par leur perception sensorielle différente, les personnes autistes peuvent trouver dans ces objets non-comestibles une satisfaction qui échappe totalement à une personne non-autiste. Cela peut entraîner d’autres troubles plus graves: intoxication, problèmes digestifs, diarrhées, voire lésions des organes digestifs. Ainsi, il est important de veiller aux signes du pica. Dans la plupart des cas, donner une autre routine à l’enfant suffira à faire disparaître ce comportement avec du temps et de la persévérance; dans d’autres, une thérapie cognitivo-comportementale sera nécessaire.
Cette introduction était nécessaire, avant d’attaquer la dernière partie. Elle abordera des sujets difficiles, tels que la maltraitance infantile, les violences sexuelles, LGBT+phobes, la dysphorie, le suicide, le harcèlement: si vous ne vous sentez pas capables de gérer ces sujets (même s’ils ne seront pas accompagnés de descriptions graphiques), je vous recommande de sauter cette partie, et d'aller directement à la conclusion. Pour les autres, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
TSA et anxiété, traumatismes: les autres TCA
Je l’ai dit plusieurs fois au cours de ce post: au cours de leur vie, les personnes autistes sont bien plus exposées au stress que les autres. Hyper-sensibilité sensorielle, anxiété quand la routine est brisée (ainsi, un déménagement, changement de milieu scolaire/professionnel, peut être très mal vécu, même si cela n’a pas l’air d’une horreur à vivre dit comme ça)... si seulement cela s’arrêtait là!
Mais il se trouve par ailleurs que les personnes autistes sont particulièrement exposées à la violence au cours de leur vie. Il est difficile d’avoir des chiffres précis, que ce soit parce que toutes les victimes ne se font pas connaître des autorités ou parce que nombre de personnes autistes n’ont pas de diagnostic officiel, et ne sont pas prises en compte, mais on estime que 44% des autistes sont victimes de maltraitance infantile (sachant que les autistes avec retard mental le sont davantage), ont 3 fois plus de chance de l’être que les autres enfants, ce qui n’empêche pas le taux d’enquêtes pour maltraitance dans ces affaires d’être seulement de 62% à être lancées, contre 92% pour les enfants non-autistes (note: je ne parle pas ici d’enquêtes qui aboutissent, seulement du fait de commencer l'enquête); entre 80 et 90% des femmes autistes subissent au moins une fois une agression sexuelle au cours de leur vie.
On estime que les enfants autistes subissent, dans leur fratrie et/ou à l’école, 3 à 4 fois plus de harcèlement que les autres enfants (d’autant qu’ils ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive, ni n’ont toujours la capacité verbale/intellectuelle de l’exprimer). Le taux de suicide chez les autistes est, selon une étude suédoise, 7,5 fois plus élevé que pour le reste de la population. L’espérance de vie est, quant à elle, réduite de 17 ans par rapport à la moyenne, à cause de divers problèmes de santé, cardiaques, respiratoires, digestifs, aggravés ou provoqués par le stress.
Oui: les autistes sont pris pour cible, dans l’indifférence générale. On préfère se dire «oui, cet enfant a des bleus, mais bon, il est autiste, il a dû se faire ça tout seul, et puis, il est bizarre, de toute façon», et laisser tomber avant même d’avoir commencé à se préoccuper de lui. Et même pour les personnes souhaitant guetter les signes (je pense notamment dans le milieu éducatif et médical -milieux pouvant aussi être source de grande maltraitance, d’ailleurs-), il y a si peu de formation qu’il est difficile de détecter à temps les problèmes, d’y apporter les bonnes solutions. Ainsi, on estime que 77 % des autistes n’ont pas accès à un diagnostic précoce, que 78 % ne reçoivent pas une éducation adaptée à leurs besoins. Les premiers signes de l’autisme se manifestent pourtant dès l’âge de 18 mois ! La France a d’ailleurs été condamnée plusieurs fois par le conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des personnes autistes, en particulier des enfants.
Il n’y a donc pas de «les autistes, c’est rien que des gros fragiles qui n’arrêtent pas de se plaindre» qui tienne: il y a une véritable maltraitance systémique à l’égard des personnes autistes, et handicapées de façon générale, car ce sont des cibles faciles, qui sont moins en capacité de se plaindre de leur sort, et bien des gens les voient comme des parasites de la société: qui voudrait se battre pour des parasites ?
(Il va sans dire que je ne partage pas cet avis ! Mais dans les faits, il est très répandu, à cause du rapport de notre société à la notion de valeur travail. Mais ce n'est pas le sujet qui nous importe ici, je ne vais donc pas faire de longue digression politique. Revenons aux TCA)
Toutes ces maltraitances, cette multiplication de facteurs de stress, plongent nombre de personnes autistes dès leur petite enfance dans le désarroi le plus total. Anxiété généralisée. Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT: par pitié, faites un effort pour moins dire PTSD, même sur Internet, cela aidera les personnes diagnostiquées en France à être reconnues de répandre le terme utilisé en France). Dépression, et tout ce qui va avec. Et on en revient au sujet de ce post: les TCA.
Une telle absence de contrôle sur des évènements aussi traumatisants peut pousser les personnes autistes à rechercher cette reprise de contrôle dans l’anorexie mentale. À chercher à détruire leur corps, aussi, par l’anorexie ou la boulimie (cette dernière découlant d’un rejet profond et viscéral de son image dans la plupart des cas). Ou au contraire, à chercher un refuge dans la nourriture, amenant à l’hyperphagie, voire la sitiomanie, mais aussi à la boulimie. Chez les bébés maltraités, du mérycisme peut aussi se manifester (si vous ne savez pas ce que c’est, lisez mon vieux post dessus).
Et ce n’est pas tout: les autistes peuvent parfois cumuler plusieurs facteurs les amenant à être d’autant plus maltraités. Un autre handicap, un autre trouble du neuro-développement (par exemple, les troubles dys), ou encore un rapport au genre non conforme à ce qui leur a été attribué.
Il se trouve en effet que les personnes autistes sont sur-représentées au sein de la communauté LGBT+. Il faut dire que le genre, n’en déplaise à certaines personnes, est une construction sociale; or, les personnes autistes ne se retrouvent que peu, voire pas du tout, dans les stéréotypes sociaux. On estime ainsi que parmi les personnes souffrant de dysphorie de genre, d’un rejet total de leur genre/sexe de naissance par rapport à leur ressenti, 20% se situent sur le spectre de l’autisme. Je développerai cette thématique dans un post à part; pour l’heure, je pense que je n’apprends rien à personne quant à la fréquence des violences à caractère LGBT+phobes. Alors, cumuler TSA et identité LGBT+ devient souvent la double peine quant aux maltraitances subies.
(Note: La dysphorie peut aussi être provoquée par de la maltraitance, et amener à des TCA liés au rejet de son image, à une tentative de reprendre le contrôle, comme l’anorexie ou la boulimie. J’y reviendrai dans un prochain post).
Le bilan
Les personnes autistes sont souvent amenées à développer au moins un TCA au cours de leur vie. La solution de facilité serait de tout mettre sur le dos de l’autisme, de leur «étrangeté» qui leur fait percevoir les choses si différemment des autres. Et, de fait, le trouble de l’évitement est le TCA le plus fréquent chez les personnes autistes.
Pour autant, il ne faut pas négliger les autres. Car nier le reste, c’est nier la maltraitance systémique autour des personnes autistes, des personnes handicapées en général. Trop de personnes ont déjà souffert, souffrent encore, ont préféré en finir pour ne plus souffrir: il faut que cela cesse, et cela passe par le fait de regarder en face les conséquences de ce système maltraitant, sans détourner le regard (dans la limite de sa santé mentale).
Nous ne pouvons plus laisser des parents maltraitants briser des enfants, en dédaignant leur cas. Nous ne pouvons plus laisser le système scolaire, sous les traits d’enfants comme d’adultes, pousser les personnes autistes à se retirer dès l’enfance de la vie en société pour leur sécurité physique et mentale. Nous ne pouvons plus faire comme si l’autisme ne nous concernait pas, alors que 0,9 à 1,2% de la population française, soit environ 700 000 personnes, est autiste. Ensemble, nous devons nous battre, pour la dignité de tous et toutes, pour la santé physique et mentale de tous et toutes.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! Le prochain post aura un ton plus léger, promis… mais je pense qu’il est important de prendre conscience de la gravité du problème pour pouvoir le combattre. À bientôt, prenez bien soin de vous !
Et, n’oubliez pas: les TCA ne sont pas une fatalité. Vous n’êtes pas seul(e)s.
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anacampsis · 2 years ago
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TCA et ASMR
Bonjour ! Aujourd’hui, je viens vous parler d’une pratique dangereuse liée au TCA qui a son succès sur Internet: l’association du pica et de l’ASMR, en particulier des vidéos où des personnes mangent de la craie. Mais avant de développer, quelques points doivent être éclaircis:
-L’ASMR est une sensation distincte et agréable de picotements ou frissons, au niveau du crâne, du cuir chevelu, ou des zones périphériques du corps, en réponse à une stimulation sensorielle, qu’elle soit visuelle, auditive, olfactive ou autre. Si je connais de nombreuses personnes qui en écoutent pour se relaxer, je dois dire que la misophonie m’empêche personnellement d’écouter de l’ASMR impliquant qu’on détecte un être humain derrière (qu’il fasse du bruit avec sa bouche ou touche un objet) sans ressentir une profonde rage monter en moi, que les odeurs, les rares fois où je les détecte, m’agressent, et que mon TDAH m’empêche de me concentrer sur l’aspect visuel et les sons n’étant pas parfaitement réguliers. Autant dire que je ne suis pas le public cible ! Néanmoins, j’admets que me jeter dans une vidéo d’ASMR impliquant des sons avec lesquels je n’étais pas incompatible m’a déjà aidée à repousser des crises d’angoisse. Je conseille donc aux gens d’essayer l’ASMR, ça ne coûte rien; dans le cas contraire, tant pis, vous pouvez creuser un peu plus le sujet.
-Mon but n’est pas d’attaquer quiconque ici: ni des créateurices de contenu ASMR, ni les personnes atteintes de pica. Ainsi, je ne citerai pas de pseudonymes; et même si vous reconnaissez ou découvrez le type de contenu dont je vais parler, je vous demande de ne pas aller insulter, menacer voire harceler les personnes concernées: cela ne fera pas avancer les choses. En revanche, le commerce fait autour du pica ASMR est dangereux, et je suis furieuse qu’il soit aussi assumé et mensonger: je pense qu’il est important de signaler ce type d’articles (encore une fois, sans faire preuve de haine).
Ces précisions étant faites, nous pouvons commencer. En avant !
Une pratique assumée
On a souvent tendance à croire que les comportements déviants sont cachés sur Internet, qu’il faut taper des mots-clés précis pour les retrouver. Ainsi, on ne tombe pas facilement sur les pro-anas (en tout cas en France), ces personnes qui promeuvent l’anorexie ! Mais dans le cas d’aujourd’hui, il suffit de taper «pica asmr», sur YouTube, Instagram ou encore TikTok, et tout un tas de vidéos s’offriront à vous, de personnes, majoritairement des femmes, mangeant de la craie (en général, mais pas que, j’en ai vu avec du ciment, entre autres). Des vidéos sans aucun avertissement pour la plupart, oral ou écrit, au sujet de la consommation de craie !
Bien sûr, en petite quantité, la craie n’est pas si dangereuse, i n’y a pas de danger mortel. Il fut un temps où les agriculteurices déversaient même un peu de craie sur leurs terres afin de les rendre plus riches en minéraux. Il ne faut cependant pas perdre de vue que ce n’est pas une denrée comestible, et qu’au-delà d’un certain seuil, sa consommation peut entraîner problèmes digestifs, en particulier intestinaux, douleurs abdominales, constipation, diarrhées, vomissements, difficultés respiratoires incluant des quintes de toux. Sans parler des frais de dentiste, car les dents confrontées à du minéral finissent par ne plus pouvoir suivre !
Le phénomène des vidéos de pica de craie est loin d’être de niche: en 2018, le tag chalkasmr (littéralement craie asmr) comptait environ 35 000 vidéos, et le tag chalkeating (littéralement manger de la craie) plus de 71 000 ! Il faut dire que l’ASMR a le vent en poupe, ces dernières années. Le fait que ces vidéos de pica soient centrées sur l’ASMR explique certainement la sur-représentation des femmes dans les producteurices de ce contenu, puisque le pica n’est pas spécialement plus présent chez un genre ou un autre. Il se trouve en effet que si la pratique de l’ASMR est mixte, les chaînes tenues par les jeunes et jolies jeunes femmes ont tendance à être mieux référencées par les algorithmes, pour le meilleur et le pire du public… Mais là n’est pas le sujet. Pour en revenir aux vidéos de pica ASMR, elles se présentent souvent, d’après ce que j’ai pu voir, sous forme de vidéo de dégustation ASMR: j’ai même vu une personne parler ouvertement de mukbang de craie !
(Si vous ne savez pas ce que c’est, les mukbangs sont des vidéos où de grandes quantités de nourriture sont consommées, et où la personne cherche souvent à amuser le public avec ses mimiques en mangeant; si cette pratique vient de Corée, et avait comme but initial que les gens seuls chez eux se sentent accompagnés pendant leurs repas, les États-Unis et leur manie de tout exagérer, fusionnée avec leur culture des concours de gros mangeurs, en ont petit à petit fait un type de vidéos dans la surenchère des quantités consommées, des saveurs et textures extrêmes, etc.).
Si la plupart des vidéastes de pica ASMR ne parlent presque pas pendant leur vidéo (l’intérêt étant surtout d’écouter le bruit de la craie sous la dent), il y avait parfois du texte, et/ou des sous-titres (dans le cas des langues m’étant étrangères). Les dits textes et sous-titres parlaient des saveurs de la craie, des nuances cachées, comme des œnologues parleraient de la robe d’un vin, des différentes textures… de vrais discours de gourmet(te)s !
Quand on voit cela, on est en droit de se demander: quel est le profil de ces ASMRistes ? J’ai regardé plusieurs vidéos de plusieurs chaînes de pica ASMR pour tenter de trouver une réponse, et lu des articles. J’ai pu voir que la plupart de ces vidéastes étaient de jeunes adultes, le plus souvent des femmes mais ce n’était pas toujours le cas; par ailleurs, j’ai appris que s’il y a un phénomène de «surfer sur la tendance», plusieurs de ces vidéastes voyaient dans ces vidéos le moyen de mieux contrôler le pica dont iels étaient atteint(e)s: dans ce cas de figure, iels avaient déjà présenté du pica au cours de leur enfance la plupart du temps, qui avait disparu, avant de revenir, sous le coup de divers facteurs tels que le stress ou le manque de vitamines, la fatigue. D’autres assument de surfer sur la tendance, et se servir du pica pour avoir un public aussi large que possible. Enfin, il est à noter que l’immense majorité de ces vidéastes se contentent de croquer la craie, sans la manger. Mais rien dans la vidéo n’indique que la craie n’est pas mangée: il y a des coupures dans la vidéo afin de ne pas montrer le moment où iels crachent la craie, aucun message ne le précise. Bien sûr, les artifices font partie du contenu internet par essence, pour que tout soit parfait dans les moindres détails; toutefois, quand il s’agit de santé, des précautions doivent être prises.
Une pratique sujette aux dérives
C’est à ce sujet que je souhaiterais pousser un cri d’alerte. En soi, je me fiche que des personnes trouvent du plaisir à mâcher de la craie, ou veuillent le partager à d’autres personnes via Internet. Mais dans le cas d’une pratique relevant du pica, des règles de sécurité s’imposent, une certaine transparence s’impose. Un message d’avertissement, en début et fin de vidéo, comme j’ai pu le voir dans certaines vidéos de ce type. Un message précisant que la craie n’est pas réellement mangée. Ne pas nommer les vidéos «manger de la craie» mais «croquer de la craie», afin de ne pas induire le public en erreur. Il n’est pas acceptable de se contenter d’un sourire mignon, d’un message du type «et toi, as-tu envie d’essayer la craie ? Dis-le moi en commentaire, émojis mignons», quand on ne montre pas qu’on ne mange pas la craie et que, pire, on fait un placement de produit pour de la craie comestible ! Il n’est pas acceptable de nous parler des délices de la craie s’il n’est pas clair qu’elle n’est en fin de compte pas mangée. Quand on crée du contenu sur Internet, on a une certaine responsabilité envers notre public. La 1ère d’entre elles est de ne pas le mettre en danger. De ne pas leur mentir ouvertement en ne révélant pas les points nécessaires à pratiquer votre activité en toute sécurité (cela vaut pour tous les contenus, d’ailleurs).
Peut-être que ces personnes ne réalisent pas leur influence. Il suffit pourtant de faire un tour rapide dans les commentaires de leurs vidéos pour se rendre compte de l’affection qu’a leur public pour elles, qu’il partage lui aussi ses préférences en terme de parfums de craie, demande des conseils pour en manger (notamment «quel type de craie a la texture la plus agréable en bouche?»), ou encore se contente de complimenter le physique de la personne. Aucune prise de recul sur le fait qu’il ne faut pas manger la craie. Aucune mise en garde. Aucune règle de sécurité. Le public suit la parole de sa star, les boit comme s’il s’agissait de l’argument d’autorité suprême. Il est peut-être difficile de le mesurer, en tant que jeune adulte en particulier. Mais je pense qu’il est sérieusement temps de cesser de se voiler la face à ce sujet: oui, il y a une responsabilité des vidéastes. Surtout quand il y a de l’argent en jeu, via des placements de produits, des codes promo.
D’ailleurs, parlons un peu de ces articles promus: la craie comestible est très facile à trouver, en particulier via des plateformes de dropshipping comme Amazon ou Etsy (car, oui, le dropshipping n’est pas forcément une pratique frauduleuse illégale, il s’agit juste du fait de vendre des produits que l’on n’a pas fabriqué soi-même). Mais les producteurices de cette craie comestible n’hésitent pas à tomber dans la publicité mensongère, vendant les bénéfices «détox» de la craie comestible, ses bienfaits pour la peau, pour renforcer les os, mieux gérer son poids. C’est littéralement la 1ère chose que l’on voit, avec un lien vers un produit, quand on tape «craie comestible bienfaits» dans un moteur de recherche ! D’autres sites parlent de renforcement des vaisseaux sanguins, et en viennent à conseiller quelques morceaux quotidiens de craie, y compris aux femmes enceintes… mais attention, en prenant de la craie de «qualité supérieure», sans additifs. Histoire de s’éviter un procès pour mise en danger de la vie d’autrui et exercice illégal de la médecine, ces sites recommandent malgré tout, dans leur FAQ sur la craie comestible, de vérifier le dosage avec un médecin. Ces commerces sont un danger pour la santé publique, même si la craie n’est pas toxique en tant que telle, et je suis outrée qu’il soit si facile d’y accéder, sans que personne ne signale le danger de manger de la craie. Je pense que les grosses plateformes comme Amazon et Etsy ont également leur part de responsabilité, en mettant ces produits en avant sans les vérifier. Des mesures doivent être prises, numériquement, légalement, judiciairement, pour protéger les consommateurices.
La pratique du pica de façon ludique ne présente pas seulement un danger pour la santé physique mais mentale, psychologique. En effet, dans les pays d’où la famine (à ne pas confondre avec la précarité alimentaire, malheureusement bien ancrée et de plus en plus fréquente !) a disparu, les cas de pica se retrouvent principalement chez les jeunes autistes et/ou avec un retard mental. Il faut dire que de par leur sensorialité différente, les personnes autistes peuvent non seulement ne pas percevoir les choses non-comestibles comme nous, mais elles sont particulièrement exposées à l’anxiété, ce qui peut les amener vers le pica, dont la sensation aide à se détendre; les risques d’intoxication sont alors à surveiller. Et dans le cas d’adultes n’ayant jamais présenté de pica durant leur jeunesse, mais en manifestant soudain, la piste de la schizophrénie est à envisager très sérieusement; ainsi, retarder la prise en charge parce que «lol, le pica, c’est rigolo, iel fait comme dans ses vidéos avec de l’ASMR» peut avoir de graves conséquences.
Une pratique condamnable ?
Pour autant, faut-il se battre pour faire disparaître le pica ASMR ? Non. Malgré tous les problèmes de ces vidéos, ce n’est pas le pica ASMR lui-même le problème, mais le manque de prévention qu’il y a autour. Ces vidéos peuvent aider des gens à calmer leur anxiété, parmi le public voire chez les vidéastes. Aider les dits vidéastes en question à reprendre le dessus sur leur TCA. Une pratique honnête et transparente de ce type d’ASMR peut ainsi avoir certaines vertus thérapeutiques…
Et puis, il ne faut pas oublier l’aspect social. Dans notre société actuelle, en particulier dans les pays occidentaux, le pica est quelque chose d’aussi mal connu que mal vu. Ainsi, la plupart des personnes en étant atteintes ont tendance à se cacher, à vivre avec le poids de la honte qui les écrasent en permanence. Le fait qu’il existe sur Internet des espaces où ces personnes peuvent se retrouver entre elles, sans honte ni jugement, peut être très bénéfique pour leur santé mentale… mais aussi très négatif si jamais les personnes se sectarisent (c’est l’un des risques avec les communautés restrictives). Il est donc important de faire de la prévention, de cesser de stigmatiser les TCA en tant que société… mais sans en oublier de venir en aide aux personnes qui en sont atteintes, qui sont dans une détresse mentale, et parfois également physique, importante. Et si vous-même vous joignez à ce genre de communauté, si j’espère qu’elle vous apportera du réconfort, n’en perdez pas le sens des réalités pour autant: il faut toujours prendre du recul sur les choses. On pourrait croire que ces personnes «ne font de mal à personne»: dans le cas d’un pica sous contrôle, c’est vrai. Mais les risques pour la santé font que le pica peut amener à se faire du mal à soi-même; et dans le cas d’un contenu suivi par des milliers de personnes, à d’autres.
Le simple fait que le pica ASMR ne soit plus seulement la pratique de personnes ayant elles-mêmes ce TCA est édifiant: surfant sur la tendance, des personnes en quête de célébrité sont prêtes à prendre des risques pour leur santé, sans avertir non plus leur pubic. C’est le signe que, dans le fond, bien des personnes sont prêtes à faire passer popularité avant la santé. Et c’est pour cela que les vidéastes de pica ASMR doivent pour moi sérieusement revoir les règles de sécurité de leur pratique. Et dans le cas de personnes choisissant sciemment de mettre leur public en danger pour des vues ou un code promo, des mesures légales, judiciares doivent être prises.
Pour autant, il n’y a rien de honteux, ni à produire ce contenu, ni à en consommer. Même si je ne suis pas le public cible, je comprends qu’écouter le son de la craie s’effritant sous la dent puisse relaxer, chasser l’anxiété. Je suis même contente que, ces dernières années, de nombreuses personnes aient trouvé dans les diverses formes d’ASMR un remède contre les insomnies, les crises d’angoisse, ou autres. Mais n’oubliez pas que les vidéastes ne sont que des êtres humains, comme vous, qu’il n’y a pas à les idolâtrer: il faut toujours prendre du recul sur ce qu’iels disent. Cela vaut pour tout le contenu, y compris le mien !
À bientôt et prenez soin de vous !
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anacampsis · 3 years ago
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Étude de cas: Grodoudou, quand TCA et TDAH font bon ménage
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(J'aurais pu mettre une image plus belle, mais j'ai fait ce dessin à la place ^^)
Grodoudou est un pokémon, mais surtout l'un des personnages principaux des jeux Pokémon donjon mystère, explorateurs de l'ombre/du temps/du ciel, jeux qui ont bercé mes années de collège et de lycée ^w^. Maître de la plus célèbre des guildes d'exploration, il s'est surtout rendu célèbre pour sa passion sans limites pour un mets spécial: les pommes parfaites, des pommes ne pouvant se trouver dans le commerce, mais uniquement dans un bois, un donjon mystérieux nommé Bois aux pommes.
Cette passion peut même être vue comme pathologique: il dévore ses stocks à toute vitesse, et s'ils ne sont pas renouvelés dans la journée, il pique de telles colères que la terre se met à trembler, pour le plus grand désarroi de son bras droit, Pijako, qui appréhende plus que tous ces accès de colère, et des héro(ïne)s du jeu !
Les autres personnages du jeu ont eu plusieurs fois l'occasion de voir à l'œuvre son lien si particulier avec ce mets: lors d'une expédition, qui clôt le 1er arc narratif du jeu, Grodoudou interrompt ce qui aurait dû être un combat mal engagé pour les héro(ïne)s, en arrivant au milieu du conflit en courant derrière une pomme parfaite. Dans un épisode bonus, on apprend qu'il est devenu ami avec une équipe de 3 exploratrices, l'équipe charme, depuis qu'elles lui ont offert une pomme parfaite alors qu'elles l'avaient trouvé évanoui et affamé au sol. La simple présence de ces pommes lui donne envie de danser gaiement.
Oui, Grodoudou présente une compulsion alimentaire spécifique, qui le pousse à dévorer chaque pomme parfaite à sa portée et lui provoque une immense frustration s'il en est privé. Mais ce n'est pas le seul point intéressant à noter dans son profil de comportement.
Vous l'avez peut-être compris, mais il a bien du mal à gérer sa frustration, préférant laisser sa colère exploser. Et cela ne s'applique pas qu'à la nourriture: chaque fois qu'il se sent contrarié, la colère gronde en lui, et la terre sous ses pieds gronde elle aussi. Que ce soit à cause d'un manque d'enthousiasme de ses troupes, de la réception d'une mauvaise nouvelle ou d'une situation qui le contrarie, il a plus d'une fois fait savoir que mieux vaut aller dans son sens !
En outre, il est extrêmement dissipé, là encore au grand dam de Pijako, qui doit prendre en charge la majeure partie de l'organisation de la vie dans la guilde. Un rien attire son attention, au point de lui faire oublier ce qu'il faisait 5 secondes plus tôt la plupart du temps (sauf lors des cas de crises majeures). Il court partout, sautille, s'agite au point de ne pas remarquer ce qui l'entoure. Par exemple, lors de l'expédition mentionnée plus tôt, il remarque à peine que les héros ont dû combattre un hologramme de Groudon, un pokémon légendaire présent sur place, et qu'un pokémon nommé créhelf présente les lieux: il salue les héros en vitesse, puis court admirer la vue sur le lac local, puis se précipite vers créhelf, le salue, fait de même avec la projection de groudon, avant de retourner admirer la vue... Le tout sans se préoccuper de ce qu'il venait de se passer du côté de ses apprenti(e)s ! Et quand Pijako lui fait remarquer la présence du groudon, il se contente d'un nonchalant "ne fais pas attention à ça, viens plutôt admirer la vue !". Un autre exemple: la fois où il interrompt un conflit en courant derrière sa pomme, il n'a nullement prêté attention aux enjeux devant lui, uniquement focalisé sur sa pomme, puis sur la présence de ceux qu'il appelait "amis de moi". Les exemples sont nombreux mais tous les citer serait trop long, ce pavé le sera déjà bien assez.
Ces sauts de puce dans sa concentration et ses idées sont à l'origine d'une spontanéité sans limites, qui le rendent parfois déconcertant, parfois un peu trop franc. Ainsi, lors de l'arc narratif de l'expédition, alors qu'il avait mis pendant des jours un processus de sélection pour choisir qui viendrait ou non, il a finalement décidé la veille au soir des résultats, qu'il valait mieux emmener tout le monde parce que "ce sera plus rigolo". Et quand il apprend qu'il fera la route avec son second, sa réaction est sans appel "oh là là je vais devoir me coltiner Pijako ? C'est pas vrai, on va s'ennuyer comme c'est pas permis", avec grimace à l'appui.
Néanmoins, toutes ces "particularités" sont également le signe d'un esprit bouillonnant, qui va plus vite que la moyenne. Ainsi, il a fait preuve de grands talents pour la résolution d'énigmes en tant qu'explorateur, et ce dès l'enfance, comme le montre l'épisode bonus Toudoudou le surdoué (jouable dans la version ciel du jeu). Bien sûr, il l'a manifesté à sa manière, notamment en mettant le feu à une carte alors qu'on lui expliquait combien elle était précieuse et avait une valeur sentimentale profonde, ou encore en fonçant au milieu de pièges pour désamorcer un mécanisme avant d'avoir eu le temps de dire en entier "avance prudemment c'est dangereux". Mais tous ceux l'ayant côtoyé sont unanimes sur son talent.
Tous ces signes, additionnés les uns aux autres, évoquent la piste d'un Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité. Bien sûr, je ne pose aucun diagnostic, n'étant pas une professionnelle de santé: mais la piste mérite d'être creusée (de même, si vous-même ou une personne que vous connaissez réunit tous ces signes, ne tirez pas de conclusions hâtives, mais posez-vous des questions). Or, l'une des caractéristiques majeures du TDAH est le caractère impulsif de certains comportements. C'est pourquoi il est courant que la compulsion alimentaire et le TDAH fassent bon ménage. D'autant plus dans le cas de compulsion spécifique: en effet, la difficulté à contrôler ses émotions amène parfois le cerveau à vouloir les canaliser sur quelque chose qu'il y lie. Ainsi, si un aliment procure de la joie, de la satisfaction, la personne voudra être exposée à l'aliment afin de pouvoir l'exprimer, manifester pleinement cette joie et cette satisfaction.
Enfin, n'oublions pas que la compulsion alimentaire a également vocation, dans certains cas, à fuir le stress en se réfugiant dans des sensations agréables dues à la nourriture. Et c'est probablement le cas pour Grodoudou: enfant, il a failli perdre son père devant ses yeux; le maître qui lui a fait découvrir l'exploration s'est avéré être un criminel, qui a été arrêté et amené en prison devant lui. Une fois adulte, lors de sa première exploration avec Pijako, ce dernier a frôlé la mort en le sauvant d'une embuscade. Sans parler du fait qu'il vit dans un monde en proie à des forces rendant bien des pokémons agressifs, qui provoquent de la détresse autour d'eux... dans ce contexte affectif, la douceur acidulée de pommes parfaites est un réconfort doublé d'un délicieux renfort !
Pour résumer, Grodoudou est l'exemple même qu'avoir un trouble d'ordre neuro-développemental n'exclut en rien d'en développer d'autres, c'est même le contraire ! Ainsi, les personnes neuro-atypiques sont plus susceptibles que la moyenne de développer un TCA. Si c'est votre cas, ou celui d'une personne de votre entourage, la vigilance est donc de mise. Généralement, le TCA a des racines similaires aux autres troubles, c'est pourquoi TDAH et compulsion alimentaire forment une paire répandue.
Mais les TCA ne sont pas une fatalité. Si vous en présentez, des solutions existent.
À bientôt et prenez soin de vous !
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 10: Orthorexie
À notre époque envahie par la malbouffe, et où les préoccupations écologiques sont de plus en plus centrales pour les gens, il n'y a rien d'aberrant à vouloir manger sainement. Toutefois, si l'idée de manger sain devient pathologique, on parle d'orthorexie.
Les personnes orthorexiques sont généralement issues de classes aisées. Elles sont obsédées par leur santé. Leur obsession de manger équilibré les pousse à fuir certains aliments, et à peser les autres. Le but n'est pas ici de contrôler leur poids en tant que facteur d'image corporelle, mais en tant que facteur de santé. Elles passent des heures à se documenter sur les recommandations diététiques, la provenance de ce qu'elles mangent, ou encore les compléments alimentaires.
À vrai dire, elles passent tellement de temps à tout planifier qu'elles en perdent le plaisir de manger. C'est d'ailleurs en répondant oui à la question "planifier mes repas m'ôte-il le plaisir de manger?" qu'il faut envisager sérieusement la piste de l'orthorexie.
Ce besoin de tout contrôler n'est pas sans conséquences: non seulement la vie sociale est jonchée d'obstacles (il leur est presque impossible de manger un repas non préparé par leurs soins), mais ce régime est en réalité une forme de restriction alimentaire. Dès lors, il y a risque de tomber en dénutrition, voire de développer certaines carences. Néanmoins, pas de panique, peu de personnes orthorexiques se mettent en danger.
L'orthorexie est souvent liée à une profonde angoisse de tomber malade, mais aussi à une volonté pathologique de montrer une bonne image de soi (pour convaincre les autres comme soi-même d'être une bonne personne). C'est pourquoi une aide psychologique est recommandée.
Les TCA ne sont pas une fatalité, de l'aide existe pour vous ou votre entourage.
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 9: Bigorexie
Ce n'est pas complètement un TCA, mais sa dimension alimentaire et son parallèle avec l'anorexie m'ont poussée à en parler quand même. On parle de bigorexie quand une personne devient si obsédée par le renforcement de sa masse musculaire que toute sa vie se met à tourner autour. Cela se traduit par une pratique sportive excessive, ainsi que des régimes spéciaux, très riches en protéines, visant à renforcer les muscles.
Ce trouble, qui affecte à 98% les hommes, peut prêter à la raillerie. Mais là encore, les personnes bigorexiques ont une blessure narcissique profonde. Comme les anorexiques tentent de trouver la force de la surmonter en s'affamant, les bigorexiques cherchent à écraser leurs failles sous une montagne de muscles.
Le cerveau des personnes bigorexiques devient accro aux substances libérées par le cerveau durant le sport (on peut parler sans exagération d'addiction au sport). D'autres dangers existent: carences dues au régime très déséquilibré... et surtout, les personnes les plus en détresse vis-à-vis de leurs muscles peuvent se tourner vers des produits tels que les stéroïdes, dont la prise excessive peut entraîner problèmes cardiaques et cancers !
La pratique du sport pour gagner confiance en soi est positive. Mais gare à ne pas tomber dans un rapport pathologique au sport ! Si vous ne savez pas comment vous en sortir, sachez que vous n'êtes pas seul(e), et que de l'aide existe pour vous ou votre entourage.
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 8: Anorexie mentale
Il s'agit sûrement du TCA le plus célèbre... mais aussi celui sur lequel le plus de fausses idées circule; pourtant, il s'agit de la maladie mentale la plus mortelle au monde, car 10% des personnes présentant la forme sévère en meurent !
On parle d'anorexie quand une personne se restreint excessivement sur le plan alimentaire, et a une perception déformée de son corps, ce qui l'amène à un refus catégorique de se maintenir/revenir à un poids "normal" (qui place l'IMC entre 18 et 24). L'anorexie peut être transitoire et légère, persistante, ou sévère ET persistante. Chaque catégorie comporte environ 1/3 des personnes anorexiques.
80% des anorexiques sont des femmes âgées de 16 à 35 ans issues de classes assez aisées socialement. Cependant, il existe des formes d'anorexie spécifiques à d'autres tranches d'âge (les bébés, qui sont généralement dans un état dépressif dû à un environnement source de stress; les personnes âgées, qui tentent de garder le contrôle et veulent faire face à leur peur de la mort). Environ 10% des anorexiques sont des hommes; les médecins s'alarment d'ailleurs que leur nombre (je parle bien de leur nombre et pas de leur pourcentage) ait été multiplié par 15 ces 20 dernières années ! En France, environ 1.4% des femmes et 0.2% des hommes auront au minimum un épisode anorexique au cours de leur vie.
Il est fréquent qu'anorexie et boulimie se cumulent, mais l'un des troubles est dominant sur l'autre. Dans les cas où l'anorexie est utilisée comme outil par des boulimiques pour se purger, on parle de boulimie anorexique. Dans le cas où la boulimie est utilisée par les anorexiques pour pouvoir faire illusion socialement sans se nourrir pour autant, on parle d'anorexie boulimique.
Pour autant, malgré ce que répand la culture populaire, anorexie et boulimie sont 2 pathologies aux sources différentes, bien que se basant toutes 2 sur une blessure narcissique profonde. En effet, bien que les anorexiques veuillent maigrir à tout prix, le poids n'est pas une grande préoccupation par rapport aux boulimiques. Cette phrase peut sembler insensée, mais fait sens: en réalité, les anorexiques, en s'affamant, reçoivent de leur corps des signaux de faim. Devant la persistance de l'absence de nourriture, il cesse, pour ne pas s'épuiser, et se met à libérer des endorphines. Le rôle de cette substance chimique est d'anesthésier le corps pour survivre plus longtemps... mais dans le cas de l'anorexie, elle se révèle surtout très addictive. Ainsi, là où les boulimiques ont peur de grossir, les anorexiques sont accros au fait de maigrir.
Les sources de l'anorexie se trouvent toujours dans une perte de contrôle. Traumatisme, agression, deuil, changement professionnel ou scolaire, déménagement, changement du corps à la puberté... dans tous les cas, l'événement laisse une sensation de perte de contrôle sur son existence. Ainsi, l'idée derrière l'anorexie est quelque chose comme "si j'arrive à avoir assez de contrôle sur mon alimentation, ce sera la preuve que j'ai la force de reprendre le contrôle de ma vie". Ainsi, les anorexiques regardent leur poids comme les athlètes regardent le poids de leurs altères: c'est un palier à franchir, un objectif à atteindre, le prix d'un travail. Dans ce spectre de la réalité déformé, ne pas réussir à maigrir assez est donc vécu comme un manque de force mentale, comme une preuve de nullité.
Si les personnes anorexiques déploient des efforts colossaux pour maigrir, elles en déploient au moins autant pour tromper leur corps et leur entourage: jeter de la nourriture une fois tout le monde sorti de table, purge, jeûne, boire en excès pour noyer les signaux de faim... une nouvelle tendance est même apparue: 80% des jeunes anorexiques post-2015 se font passer pour des personnes véganes dans le seul but d'esquiver un maximum d'aliments ! (Attention la réciproque n'est pas vraie, 80% des végan(e)s ne sont pas des anorexiques avançant visage masqué !)
Mais dans les cas les plus sévères, la perte de poids importante et le refus de plus en plus sévère de se nourrir finit par être visible au grand jour. L'entourage est souvent désemparé car les endorphines brouillent la perception de son image, si bien qu'il est très difficile de faire admettre à une personne anorexique qu'elle va mal (elle se perçoit de façon ordinaire et est grisée par les messages chimiques de son cerceau).
Les conséquences peuvent pourtant être dramatiques pour la santé: aux problèmes que rencontrent les boulimiques de leur côté s'ajoutent la dénutrition, qui affaiblit face aux maladies, des séquelles irréversibles aux reins dans les cas où les personnes boivent trop, une baisse drastique de la densité osseuse, et même un arrêt des règles (dit comme ça, ça peut sembler sympa mais en réalité cela augmente les risques d'infection de l'utérus, qui ne peut plus se renouveler correctement).
Une aide professionnelle est essentielle, à la fois pour enrayer les risques de récidive (dans les cas modérés) et sauver les personnes (formes sévères). Les thérapies ont longtemps été uniquement à base de psychanalyse Master 2 en patriarcat "parlez moi de votre mère... nan de rien d'autre". Aujourd'hui, si les médecins restent frustrés par leurs résultats (50% des anorexiques sévères récidivent, dont 20% ne guérissent jamais complètement), les thérapies cognitives pour retrouver la perception de son corps), comportementales voire pluri disciplinaires (psychiatre, nutritionniste) ont fait leurs preuves. Dans le cas des ados, il arrive également qu'une thérapie familiale soit utile.
L'anorexie est une maladie à ne pas prendre à la légère. Mais il ne faut pas baisser les bras: de l'aide existe, pour vous ou votre entourage.
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 7: Boulimie
La boulimie se caractérise par des crises (au moins 2 par semaine pendant un mois) durant lesquelles la personne qui en est atteinte ingurgite de grandes quantités de nourriture, pendant quelques minutes à quelques heures. Ces crises sont suivies d'un fort sentiment de honte, culpabilité, colère, dégoût de soi, qui amènent les personnes à vouloir se purger (vomissements, laxatifs, jeûne ou encore exercice physique intense).
Les personnes boulimiques ont la volonté de contrôler leur poids, moins par envie de maigrir que par peur de grossir. Cette peur est aussi forte que le sentiment de perte de contrôle au cours des crises. Pourtant, il existe une peur plus grande encore pour ces personnes: celles de se faire prendre en flagrant délit de boulimie.
Contrairement à une idée reçue, seules 10% des personnes boulimiques sont en surpoids (dont 20 à 30% l'étaient avant d'être boulimiques); 10% sont même en sous-poids suite à leurs rituels de purge !
Ce trouble est étroitement lié au rejet de son image corporelle: ainsi, à cause de la pression mise par la société et les médias, 75% des boulimiques sont des femmes. En France, 5% des femmes auront au moins une période de boulimie entre leurs 12 et leurs 50ans. La boulimie est en outre liée à des épisodes de stress et de dépression, la volonté de remplir le vide est encore prégnante. Cependant, en raison de leur sentiment de honte, les boulimiques se cachent de leur famille et cercle social proche. Et dans la mesure où leur poids ne varie que rarement, et qu'elles mangent normalement, il est très difficile de réaliser pour l'entourage qu'une personne est boulimique.
Ce trouble est l'un des plus dangereux pour la santé: outre les conséquences de l'état dépressif (qui peuvent amener une issue tragique), les conséquences physiques potentielles sont redoutables. La prise excessive de laxatifs peut entraîner une incontinence à vie. Les vomissements et les acides gastriques qui en résultent peuvent entraîner des cicatrices sur les doigts, l'érosion de l'émail des dents, une hypertrophie des glandes salivaires, une inflammation de l'œsophage, une rupture ou perforation de l'œsophage ou de l'estomac...
Mais surtout, ces méthodes de purge diminuent les taux de certains minéraux comme le potassium, qui sont essentiels au bon fonctionnement du cœur. Ainsi, le cœur peut finir par cesser de fonctionner. Oui, la mort par arrêt cardiaque est un risque dans les cas les plus extrêmes de boulimie.
De plus, il s'agit d'un trouble à caractère toxicomane: la personne devient accro aux substances que libère son cerveau, pendant les crises (on parle alors de boulimie hyperphagique) ou la purge. Ce côté addictif rend la culpabilité d'avoir perdu le contrôle d'autant plus forte. En outre, développer une addiction rend plus susceptible de glisser dans d'autres (drogue, alcool) que la moyenne, puisque le nœud de l'addiction n'est pas son objet mais la mécanique de l'addiction elle-même.
Une aide professionnelle est donc essentielle et au plus tôt: une prise en charge précoce augmente les chances de s'en sortir de manière définitive. Les thérapies sont souvent cognitives (pour retrouver un rapport sain à son image) ou comportementales (pour enrayer les crises, et sortir de l'état dépressif)
Des solutions existent. Si vous êtes boulimique et que vous avez peur de l'avouer à votre entourage, ou que vous voulez aider une personne proche, n'hésitez pas à vous tourner vers un médecin ou le milieu associatif. Votre appel à l'aide est légitime et vous n'êtes pas seul(e)s.
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 6: Sitiomanie
Sous-catégorie de compulsion alimentaire, liée à l'hyperphagie, la sitiomanie consiste en des épisodes d'hyperphagie, mais pas dans le but de se rassasier ou de combler un manque. Non, la sitiomanie est une addiction au fait de manger.
Les personnes atteintes de sitiomanie ne recherchent pas la saveur ou la satiété, mais bel et bien la libération des substances chimiques libérées par le cerveau après avoir mangé. C'est à cette substance qu'elles sont accros. Et qui dit dépendance dit crises de manque dès qu'elles en sont privées, ce qui peut les amener à devenir violentes, à sombrer dans un profond mal-être, certaines personnes peuvent même avoir des crises psychotiques. De plus, ces épisodes répétés d'hyperphagie exposent une fois de plus au surpoids et à ses conséquences à long terme sur la santé.
La sitiomanie est un comportement qui peut prêter à rire, mais qui ne mérite pas la moquerie. Elle est le signe d'une dépression profondément ancrée. De plus, c'est un comportement à caractère toxicomane: pour en venir à bout, il ne suffit pas de traiter l'objet de l'addiction, mais l'addiction elle-même. C'est pourquoi une aide professionnelle est essentielle.
Les TCA ne sont pas une fatalité de l'aide, existe pour vous ou votre entourage.
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anacampsis · 3 years ago
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TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)- Épisode 5: Hyperphagie
L'hyperphagie se caractérise par le besoin impérieux d'absorber de grandes quantités de nourriture en très peu de temps, avec sensation de perte de contrôle mais sans besoin de se purger ensuite. Elle touche 3 à 5% de la population adulte à au moins un instant de sa vie.
Elle peut être épisodique (ne se manifester que pendant des épisodes de stress par exemple), liée à une autre pathologie ou un autre TCA (en particulier l'anorexie et la boulimie), ou encore associée à une prise de médicaments. Mais la forme la plus courante est le syndrome d'hyperphagie incontrôlée, qui est dû à un état dépressif et, comme pour la compulsion alimentaire, un besoin de combler un vide intérieur. Les crises d'hyperphagie ont lieu au minimum une fois par semaine pendant 2 à 3 mois. Ce trouble peut entraîner une prise de poids importante, et le surpoids avoir d'autres conséquences. Une aide professionnelle est donc recommandée, d'autant plus que la dépression est une épreuve qu'il vaut mieux ne pas traverser sans aide.
Les TCA ne sont pas une fatalité, de l'aide existe pour vous ou votre entourage.
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anacampsis · 3 years ago
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J'ai présenté une compulsion alimentaire spécifique au chocolat et au saucisson. J'ai fini par en sortir mais au début ce fut difficile:
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(Image originale issue de la page Kaamelott Universe)
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