#stefan Maximilian saulter
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la-tour-de-babel · 2 years ago
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La Crêpe Ratée - Pièce de Théâtre en quatre Actes
DISCLAIMER : Le saviez-vous ? C'est très peu pratique de poster des pièces de théâtres, sur Tumblr. Le format ne passe pas très bien. Du coup, eh bien, vous avez l'incommensurable chance d'avoir un lien Google Doc à la place. La pièce est toujours sujette à réécriture, en plus, donc c'est tout benef'.
RESUME : Nous sommes dans un nouvel AU, abordable même sans avoir lu La Tour de Babel. Paul entre en contact via vidéoconférence avec une créature répondant au doux pronom de Lui. Pourquoi ? C'est simple. Il a besoin qu'on répare sa vie.
PAIRINGS : Alphonse Bertrand / Maître Alphabet x Paul Saulter / Programmation.
TRIGGER WARNING : Mention de suicide, de mort, et basiquement, on part complètement dans les principes de #unreality. Manipulation, bien sûr, parce qu'Il est l'un des personnages. Et beaucoup de discussions autour de la Théorie des Crêpes.
Sur ce, et bien. Enjoyez, si vous en êtes capables.
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flowey-cagney-carnation · 3 years ago
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Ouais, donc- salut. Moi, c’est Stefan, mais appelez moi Monsieur si je vous connais pas. Je suis peut-être sympa, mais je suis un militaire avant tout.
Je sais même pas ce que je fais ici, c’est mon frère qui m’a dit de créer un compte. Ca pourrait être drôle, qu’il a dit. Pas sûr d’être d’accord. Alors, bon, du coup, les règles, elles sont claires. C’est un ask-blog, donc, bah, posez les questions que vous voulez.
Juste, je veux pas voir des insultes, et je veux pas voir des trucs NSFW. Svp. Soyez cools. Pas de discours de haine non plus, hein, que ce soit contre des gens, des animaux, des concepts, ou des fleurs. Surtout pas envers les fleurs.
Et puis, merci de pas venir me les casser si je fais des “fautes de français”. C’est moi que ça regarde. Et je fais déjà un effort. 
Et puis surtout, j’ai un taff à côté, c’est déjà suffisamment galère comme ça, ou  c h r o n o p h a g e, parce que je connais des grands mots aussi, donc vous étonnez pas si je répond pas tout de suite. 
Oh, et je redis, parce que c’est important : ma pdp, c’est @mimmixerenard qui l’a fait. Je ne connais pas cette personne, mais Paul arrête pas de dire qu’iel est “ultra talentueuse”, et je suis d’accord. Merci de m’avoir dessiné, même si je sais pas pourquoi... !
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mimmixe-lo-lecteurix · 3 years ago
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Avis à toustes,
Selon vous, qui serait le plus designé pour tenir le rôle de tête d'affiche ? Je ne parle pas uniquement du charisme (sinon je me doute déjà de la réponse), mais bien d'un ensemble — pour être un ... acteur de publicité, en quelque sorte ;)
Voilà, je demande ça pour un ... petit projet que j'ai décidé de débuter aujourd'hui :D
@paul-saulter @stefan-maximilian-saulter @maxime-maelic-schreider @carwyn-gibson @sylvain-saulter @celestin-melies @thanasis-aiskhulos @heinrich-attinger @francis-leroy @edward-short @grand-mere-feuillage @le-mouron-rouge @simon-saulter @claudia-gimenez @sam-yelima
Et bien sûr @la-tour-de-babel , et pourquoi pas @tchatso (puisque tu connais un peu les gens du dessus ;) )
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bristish-teacup · 3 years ago
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@stefan-maximilian-saulter ? I have a good and a bad news.
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not-gomez-addams · 3 years ago
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Bon anniversaire, @stefan-maximilian-saulter <3 Je suis vraiment navré de ne pas avoir pu être présent, mon coeur, mais je viendrai demain, sans faute.
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holy-mammamia-sir · 3 years ago
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Un coucher de soleil, et un lever de soleil. Photographies prises par moi-même, sous la demande de @stefan-maximilian-saulter .
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Ce serait bien aimable de ne pas reposter, mais, au fond, cela ne m'importe guère.
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camembert-president · 3 years ago
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La faute de l'orthographe | Arnaud Hoedt Jérôme Piron | TEDxRennes
Eh bien, c’était tout à fait édifiant. Et étonnamment drôle, au demeurant. Qu’en pensez-vous, vous autres ? Quelle est votre appréhension de l’orthographe ? Je pense notamment à vous, @stefan-maximilian-saulter , mais je serais ravi d’entendre les avis de tous.
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ask-commander-leopard · 3 years ago
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Euh- Bonsoir, Commandant.
Je suis désolé de vous dérangé, je vais essayé d'être bref. Je ne suis pas très bon avec le langage, je suis désolé si je fais des fautes. J'essaye de faire attention. Vous avez déjà eu, je crois, le malheur de "rencontrer" mon frère, Paul (je suis vraiment, vraiment désolé pour son attitude), mais aussi mon subordonné, Maxime.
Je m'appelle Stefan, et c'est moi qui suit à la tête de cette troupe qu'on peut pas vraiment qualifier d'armée. J'y suis depuis que j'ai treize ans, je viens de passer la vingtaine, maintenant, et j'ai jamais été un bon leader. En fait, je crois que je ne peux pas faire autrement que d'être un soldat, dans ce monde. Mais, ça va sûrement vous paraître stupide, je n'aime pas ça. J'avais, petit, l'image du soldat comme un héros, vous voyez, et de la guerre comme un truc- une chose épique. C'est pas ça du tout. Je n'aime pas faire la guerre, et je suis terrifié à l'idée d'un jour devoir tuer quelqu'un. Ca a déjà failli arrivé. Vous devez penser que c'est lâche.
Du coup, c'est ça, ma question stupide : est-ce qu'une armée peut faire autre chose que- eh bien, la guerre ?
Euh- merci d'avance, alors, même si vous répondez pas.
Avec respect,
@stefan-maximilian-saulter
Ainsi vous êtes donc le fameux supérieur de Maxime ; bonsoir à vous, Stefan, et bienvenue sur mon blog. Pas la peine de vous excuser pour les agissements de votre frère. L'Internet regroupant des individus aux horizons et mœurs variés -un océan d'inconnus dans mon sens et dans le leur-, je m'attendais à certaines libertés dans les premiers échanges. L'important étant que le message soit passé et qu'il serve au principal intéressé tout comme aux éventuels visiteurs qui ne me connaîtraient pas. Et puis, dans le fond, son intervention n'était pas méchante ; seulement, si j'avais vraiment cherché un espace pour discuter de manière plus relax, je n'aurais pas créé ce blog en mon nom.
Cela mis au clair, permettez-moi de revenir sur un détail que vous avez spécifié et qui m'a fait tilter : vous aviez treize ans lorsque l'on vous a confié des troupes à mener. J'eu sous mes ordres de jeunes gens guère plus âgés, par le passé, mais c'est la première fois que l'on me rapporte que quelqu'un d'aussi jeune puisse être nommé officier. Encore une fois, je ne connais aucunement vos coutumes ; d'un point de vue externe, votre prise de galons était bien trop prématurée.
Je l'ai dit, et je le répète encore : on ne s'invente pas soldat, on ne s'invente pas officier. Ce n'est pas simple d'acquérir les qualités nécessaire pour pouvoir se prétendre l'un ou l'autre. Et en même temps, comme dans votre cas, comme dans le cas de bien trop d'individus, on vous a largué dans ce rôle sans préavis. Sans choix. Alors si vous-mêmes ne vous y sentez pas à votre place, vous en tant que meneur, il y aura toujours un malaise latent vis-à-vis de vos troupes. Tout ce que je pourrais vous dire sur ce point serait de prendre du recul pour embrasser une vision globale de votre rôle au sein du groupe ; peut-être y retrouverez vous certains aspects qui vous paraîtront moins repoussants. Mais j'y reviendrai plus tard.
À présent votre question : "Une armée peut-elle faire autre chose que la guerre ?"
Oui et non.
À l'origine, l'ensemble que l'on nomme armée a pour mission de protéger le peuple/la nation/l'État à laquelle elle est rattachée et de faire perdurer la paix sur son territoire. Dès l'instant où l'un ou l'autre est menacé, ce corps se déplie et s'arme pour contrer le danger : c'est ce que l'on va généralement appeler guerre. D'autres armées servent un motif idéologique, ou on été premièrement formées pour appuyer une conviction partagée par un ensemble d'individus – tel que la recherche de liberté, par exemple. Pour l'un ou l'autre, l'armée est le recours à la force pour soutenir un groupe ou un concept ; ce qui la rend pratiquement indissociable de la notion de guerre, qui est, en bref, le passage à l'acte.
En temps de paix, elle agit en ombre protectrice sur le peuple qu'elle garde. La guerre n'étant pas un état constant, bien entendu.
Ce que je veux vous faire comprendre par là est que le terme armée, à connotation militaire, va de paire avec le terme guerre, à un moment ou un autre. Mais toute troupe n'est pas une armée, auquel cas vous êtes l'un des mieux désignés pour trouver un nom plus adéquat au groupe dont vous êtes à la tête. Est-ce une association ? Une police ? Une milice ? Que cherchez-vous à faire ? La guerre ? Assurer une protection ? Les deux ?
À moins que je ne fasse fausse route et qu'il s'agisse d'une force extérieure qui a qualifié votre poste d'officier et celui de vos hommes d'armée, prendre un temps de réflexion sur ces points pourrait peut-être vous éclairer. Vous êtes encore jeune, Stefan, et vous êtes accompagné d'un subordonné compétent. Il est encore temps de se poser les grandes questions et d'en discuter.
Une réponse plus longue que prévue ; si certains points abordés vous interpellent ou vous font défauts, ma messagerie privée est ouverte, je le rappelle.
Sur ce, je vous souhaite de passer une bonne journée/nuit, respectueusement.
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holy-mammamia-sir · 3 years ago
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@stefan-maximilian-saulter <3
I love when you meet someone and you just click. You know you’re supposed to be friends or lovers or something. You just know the universe said “you two, yeah you, don’t leave each other’s side okay?”. Here’s to meeting awesome new people and forming amazing new bonds.
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la-tour-de-babel · 3 years ago
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Dessin, ou sorte de Redraw - Stefan Maximilian Saulter
C’est techniquement une sorte de redesign de ma première version Post-Apocalyptique de Stefan, mais, franchement, tout ce qui change, c’est la longueur du manteau (t’as vu, @mimmixe-lo-lecteurix​, moi aussi je peux les rétrécir :D) et la posture. Et le setting. Et le décor. Et l’ambiance. Et le visage. Pas grand chose, quoi.
Voici donc le résultat final !
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Le képi a disparu aussi. Et cette fois, le brassard azur est simplement gribouillé, probablement au Posca. Ca ne se remarque peut-être pas très bien, également, mais j’ai également décidé d’ajouter une blessure à l’oeil- donc, un verre teinté pour les lunettes, une cicatrice, et une iris laiteuse.
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Et une boucle d’oreille, aussi, parce que pourquoi pas hein. Il se l’est probablement faite en même temps que Maxime.
Enfin, si vous êtes curieux, ou si vous avez eu la chance de ne pas avoir été précédemment meurtris par la vue du dessin d’origine, voici la première version :
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Ouais c’est pas fou. Ne dignifions pas cela d’un commentaire. Même pas pour les gros traits blancs bien crados en guise de lumière.
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kouillon-en-chef · 3 years ago
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Je suis pépouze en train de regarder les pdp de mes potes, et là y'en a trois qui se retrouvent avec des cornes- c'est quoi le truc, @edward-short , @stefan-maximilian-saulter , @alphonse-bertrand ? XD
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ask-bruce-j-speed · 3 years ago
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Bonjour, Monsieur,
J'ai pas une vraie question à poser, mais je voulais simplement vous dire que je vous admirais beaucoup. J'ai récemment commencé à regarder les parcours de célèbres officiers pour tenter de reproduire ne serait-ce qu'un quart d'une fraction de ce qui a été fait, de leurs méthodes de conduire des troupes et- tout ça. Et du coup, j'ai pu lire beaucoup de choses sur vous, et j'ai vu que vous étiez là, alors... Bah, je voulais juste dire ça. Vous êtes incroyable.
@stefan-maximilian-saulter
Je ne sais pas où vous avez décidé de vous renseigner sur ces "parcours de célèbres officiers", mais ça m'étonne que je figure dedans. Ça m'étonne énormément, même.
Que vous trouviez des informations sur feu Capitaine Wataru Yuuki, ça semblerait encore normal. Ou bien sur la Capitaine Reinhardt, ou encore le Capitaine Johannson de la SPG. Mais moi ? Vous me surprenez, là.
J'aimerais bien savoir où vous avez pu lire ça, honnêtement, c'est intriguant. Surtout en faisant des recherches sur les officiers en particulier, et pas uniquement les membres de la SDF de manière générale.
Mais merci. Bien que je ne fasse que mon travail.
Oh, et d'ailleurs : pas la peine de m'appeler Monsieur. Juste Bruce c'est très bien. (J'ai vraiment l'impression de le répéter sans jamais me faire comprendre :/)
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carwyn-gibson · 3 years ago
Photo
C'est des gâteaux, mais avec des fleurs dessus ! *^* Ils ont l'air si réussi- et c'est si joli à regarder-
@stefan-maximilian-saulter quelque chose me dit que c'est le genre de chose qui pourrait t'intéresser ;)
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Keempossible on Instagram
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holy-mammamia-sir · 3 years ago
Note
Dis, Maxime, tu saurais pas pourquoi ça sent le brûlé, dans le camp ?
@stefan-maximilian-saulter
Si, Monsieur. Je viens de découvrir que Sam a eu... l'excellente idée... de proposer une soirée barbecue. Vous savez, puisque la cantine doit encore être reconstruite... ? Et vous la connaissez. Vous connaissez nos "vacanciers". Le désastre était inévitable. Je vous ferais un compte rendu sur la situation... une fois que j'aurais éteint le feu.
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la-tour-de-babel · 3 years ago
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Burning Flower [Fiction - Happiest AU Ever]
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Disclaimer : Premier OS en exclusivité sur ce blog Tumblr ! Basiquement, juste un peu de Friendship et Hurt/Comfort. Ca fait toujours plaisir. Suit globalement la chronologie de l’AU, et se situe donc peu de temps après “The house that Heinrich built”. 
TW : Mention de blessures (brûlures).
Pairings : Platonique Stefan Maximilian Saulter / Sa Tyrannie SMS x Heinrich Attinger / Haut-Alémanique. 
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Il y avait une lueur de mauvais augure, dans le lointain.
 Au début, il n’en pensa rien. Une lueur, d’accord, et certes, dans la direction approximative du camp de SMS ; mais la nuit était tombée, et il pouvait très bien s’agir de quelques lampes allumées. Cela, où l’un des soldats avait mis le feu à une tente. Il semblerait que ce soit une routine- une routine vaguement inquiétante, mais, apparemment, MMS « gérait grave bien la situation », et Haut-Alémanique aimait également prétendre qu’il n’accordait pas grande importance à la sécurité des habitants du camp.
 (Il aimait bien prétendre, mais c’était l’un de ses mensonges les plus éhontés, et il le savait)
 Seulement, voilà. La lueur ne se faisait que plus intense, orange, rouge, dorée, et semblait s’étendre ; juste assez pour qu’il ne se redresse, accoudé à la fenêtre de sa chambre, et darde sur le paysage un regard nettement plus alarmé. Il ne rêvait décidément pas : la lueur, en plus de s’accentuer, prenait de plus en plus d’espace ; et il réalisa, avec un effroi qui ne correspondait pas tellement à sa morgue habituelle, que ce n’était pas juste une tente qui était en feu : c’était, ça semblait être le camp tout entier. Et Haut-Alémanique s’en foutait, des autres. Vraiment, il s’en tapait, il n’en avait rien à foutre. Mais- et bien, depuis quelques temps, il s’était retrouvé bien malgré lui… impliqué. Impliqué, émotionnellement, auprès de gens qui étaient devenus, il ne le savait trop comment, ses amis ; et les habitants de ce camp- au moins deux d’entre eux, trois, s’il comptait Smiley -les jours où il était particulièrement charitable-, étaient tout simplement ses plus proches amis. Et il s’en foutait, évidemment qu’il s’en foutait.
 C’est ce qu’il se répéta en enfilant, en catastrophe, chaussettes et chaussures, pour ouvrir la porte de l’entrée de chez lui tout en grand – cette porte que MMS lui-même avait posé, pas plus tard que le mois dernier- pour détaler à pleine vitesse sur le petit chemin de terre battue qui menait au camp, manteau oublié, chemise pas tout à fait bien boutonnée.
 La vérité, c’était qu’il était difficile de ne pas s’inquiéter. Souvent. Tout le temps, peut-être même. Mais- mais Haut-Alémanique n’avait pas l’habitude, vraiment pas l’habitude, d’avoir dans son esprit un espace dédié aux autres. N’avait pas l’habitude de penser à quelqu’un et de se dire, « j’espère qu’il va bien ». Avec Gallois, oui, peut-être… bien sûr. Mais Gallois avait longtemps été la seule exception.
 (« Je suis toujours… inquiet, » lui avait récemment confié MMS, en lui versant une tasse de thé- - il avait semblé vraiment soucieux, et Haut-Alémanique avait été agacé contre lui-même lorsqu’il s’était rendu compte que, par conséquent, il en était rendu soucieux aussi. « C’est comme si nous étions toujours… entourés d’ennemis. Et que tous, tous… en voulait à Monsieur. A SMS. »)
 Mais il y avait eu MMS ; MMS, qui, sans la moindre raison, lui fabriquait toute sorte de vêtements qu’il n’osait pas même porter tant ils étaient élégants, qui lui parlait comme à un ami de longue date, qui l’invitait régulièrement à boire le thé, qui se pliait en quatre dès l’instant où il soupçonnait seulement qu’Haut-Alémanique puisse avoir besoin de quelque chose. Et puis, il y avait SMS.
 (« Ils l’ont déjà fait brûler », une fois, avait continué MMS, le regard perdu dans le lointain. Haut-Alémanique n’avait pas osé comprendre tout de suite. Il n’avait pas voulu penser que ça puisse être littéral.)
 Il manqua de trébucher sur une branche, le souffle déjà court. En temps normal, il aurait fait bien plus attention à sa respiration ; ce soir, il n’y avait pas vraiment pensé. Le camp était à, quoi- un kilomètre ? Deux kilomètres ? Un peu plus, peut-être ; il pouvait se passer beaucoup de chose, en deux kilomètres et des poussières, dans un camp en feu. Et puis, quand bien même, que pourrait-il y faire ?
 (« Des sujets d’Espagnol ont mis le feu aux tentes… à sa tente », avait murmuré MMS, et sa cuillère avait tinté contre la porcelaine de sa tasse. « Il n’est pas sorti à temps. C’est tout son manteau qui a pris feu. Je n’ai pas eu le temps… »)
 SMS, c’était un gosse. C’était l’être le plus jeune que connaissais Haut-Alémanique. C’était aussi le premier qui l’avait appelé « Bester Freund », comme cela, comme si c’était une chose naturelle qui n’avait aucune raison d’être remise en question. C’était un gamin, pas même un siècle, qui se plaignait beaucoup, qui grondait comme un caniche furieux, un peu pathétique, un peu idiot, sur certaines choses ; c’était quelqu’un de bien, et c’était son ami.
 (« Le temps que nous arrivions au puit, que nous… l’y plongions… il n’était même plus conscient. Brûlé de la tête au pied. J’ai cru… eh bien, il était comme mort, tu vois… ? Parce que je n’ai pas été suffisamment… rapide. » Et Haut-Alémanique avait bu un peu de thé, parce que sa bouche était terriblement sèche, et qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il aurait dû répondre. L’une des rares fois où il regrettait d’être resté silencieux.)
 Il était jeune, SMS, et, grâce à tout ces immondes connards avec lesquels ils partageaient ce monde, avait déjà traversé des choses… des choses ! Haut-Alémanique n’était pas un être compatissant, n’était pas vraiment empathique, et il avait lui-même subi sa part de malheur, comme tout le monde- mais il était difficile, inconcevable d’associer l’image d’un être si petit, si frêle, avec certains récits que lui contait MMS d’un ton d’horreur muette, que lui contait SMS lui-même d’un ton de plaisanterie badine.
 (« G mi d moi à guérir, » avait ri SMS, comme si c’était une blague, comme si c’était drôle. « Karbonisé, timagine bi1. Lé grife 2 la nui koi. » Et il avait ri, SMS, la tête basse et l’air honteux. « Je lé zé mèm pa entendu venir. »)
 Il faisait froid, comme en février, bien sûr, comme en février sans manteau. Mais déjà, il sentait venir la chaleur du feu. Il arrivait en vue du camp, maintenant. Une bonne nouvelle, deux, même. Premièrement, il s’avérait que ce n’était pas le camp en lui-même qui était en proie aux flammes ; deuxièmement, ces flammes étaient déjà considérablement réduites- il apercevait la chaine de soldat, contrôlée par la haute silhouette de MMS, qui passait seau d’eau sur seau d’eau, sans relâche et sans répit. La mauvaise nouvelle- la mauvaise nouvelle, c’était que le feu avait pris dans le champ. Dans le champ fleuri de SMS. Là où personne ne serait blessé- mais là où Haut-Alémanique savait, pertinemment, que ça allait le plus heurter le propriétaire des lieux.
 Il tenta d’accélérer le pas. Tout ce qu’il parvint à accomplir, c’est donner apparemment lieu à un certain fracas ; il vit la tête de MMS qui se tournait vers lui. Les yeux bleus du soldat s’écarquillèrent, ses sourcils se haussèrent, visage haut découpé par les flammes et la nuit- comme si son arrivée précipitée et catastrophée était véritablement inattendue.
 (Elle devait l’être, songea amèrement Haut-Alémanique ; après tout, il s’en foutait, n’est-ce pas, de ce qui pouvait arriver aux autres ?)
 « Haut-Alémanique, » salua doucement MMS, baissant vaguement le képi, avant de passer un seau bien trop large au soldat le plus proche. « Tu n’as… pas de manteau ? Tu pourrais… attraper la mort. »
 Le champ était en feu, et bien sûr, évidemment, c’était pour lui que MMS s’inquiétait. MMS qui sentait la fumée et les cendres, en nage, le front perlé de sueur, petits trous percés par les braises le long des manches de son manteau. Haut-Alémanique ne comprenait pas, ne comprenait vraiment pas, c’était au-delà de sa compréhension. Et l’officier pouvait prétendre tant qu’il le voulait qu’il était calme, et paisible ; Haut-Alémanique savait maintenant reconnaître les lignes soucieuses qui ourlaient ses yeux, son front, hantait son regard. Pas une trace de SMS, dans les alentours.
 « Besoin d’aide ? » s’enquit-il, aussi sobrement qu’il était possible de le faire, essoufflé comme il l’était, inquiet comme il se savait être.
 MMS cligna des yeux ; Haut-Alémanique savait que sa tentative de paraître désintéressé, détaché par la situation avait échouée. Il n’en était pas outrement surpris. Et quel contraste étrange, entre le vent glacial du soir et le brasier du champ… ! Aucune fleur n’y aurait survécu, et il le savait- allons bon, voilà que son cœur se serrait pour quelques plantes brûlées.
 « Le feu est… sous contrôle, » articula MMS, après quelques secondes d’hésitation, regard tristement planté dans les flammes. « Mais, Hochalemannisch, si ce n’est pas trop demander… »
 « Tout ce que tu veux, » répliqua-t-il immédiatement, sans se donner le loisir de jouer les impassibles.
 MMS s’humecta les lèvres, avant d’ôter son képi. Le geste était étonnamment défait. Haut-Alémanique serra les poings. Qui ? Qui était responsable de ça ?  
 « Monsieur est… dans sa tente, » lui expliqua l’officier. « Je ne peux le rejoindre, pour l’instant… mais je crois, je suis certain qu’il doit avoir besoin de compagnie. »
 Haut-Alémanique hocha la tête, sans conteste soulagé d’apprendre que SMS, effectivement, allait bien. Physiquement, du moins ; il y avait bel et bien eu une minute, deux, peut-être, où il avait craint qu’il se soit aventuré dans le champ pour sauver quelques pivoines. Déjà, il avait pris le chemin de la tente, sous le regard de MMS, qui ne le quittait pas. Etant au cœur du camp, il savait que la tente serait intacte ; et, effectivement, elle l’était. Une lanterne était allumée à l’intérieur.
 Un instant, il hésita sur son pas. Il supposait qu’il était encore temps de faire demi-tour ; il s’étonna que la pensée ne lui soit pas venue avant, avant qu’il ne soit arrivé là. Il s’étonna plus encore de se voir la balayer avec tant de nonchalance. Déjà, il soulevait légèrement le pan de la tente, et s’y faufila- un toussotement discret pour seul signal de son arrivée. L’intrusion n’était manifestement pas attendue, puisqu’il vit distinctement la silhouette de SMS sursauter, de là où elle était assise au sol.
 Assise ? Plutôt recroquevillée, oui. Dos contre le lit, genoux contre la poitrine, entourés de ses bras, tête basse, épaules voûtées. Il ne portait ni képi, ni manteau- et c’était la première fois qu’Haut-Alémanique le voyait sans, et c’était tout simplement aberrant de constater qu’il semblait plus petit encore, privé de ses sinistres atours noirs.  Cheveux en bataille, lunettes de travers, visage humide, regard rougi, écarquillé, fixé vers lui, stupéfié sur place. Il le vit, d’un geste paniqué, un peu convulsif, passer ses mains sur ses yeux, sur ses joues ; puis, face à l’inefficacité du geste, se frotter un peu furieusement le visage de la manche de sa chemise : renifler, détourner la tête… et non, oh non, il pleurait.
 Haut-Alémanique en resta figé. Il n’avait jamais su quoi faire, dans ces situations, absolument jamais… ! Et SMS ? SMS n’avait jamais pleuré devant lui. Ce n’était pas comme Gallois, qui pleurait quand il faisait un cauchemar, qui pleurait quand il se blessait, qui pleurait parfois simplement parce qu’il était triste. SMS, il ne le connaissait pas depuis si longtemps que ça. Et ça ne voulait pas dire, que, par conséquent, Haut-Alémanique n’en avait rien à faire : ça voulait dire qu’il avait encore moins de foutre d’idée de la marche à suivre.
 « Je vé bi1, » hoqueta SMS, si peu convaincant que c’en était déchirant. « Tkt, Hochalemannisch. Keske tu fé là ? San manto, en + ? »
 Bon sang. Le type était en pleurs, recroquevillé dans sa tente, et il prononçait à la perfection le nom du type qui s’introduit sans autorisation dans sa tente, et il prenait le temps de noter exactement la même chose que MMS. Haut-Alémanique déglutit. SMS avait le regard complètement dérobé à sa vue, maintenant ; résolument fixé de l’autre côté de la tente. Il ne voyait qu’une partie de son visage, de sa nuque. Il l’entendait renifler. Que devait-il dire ? Que devait-il faire ?
 (« Tu as faim ? » N’était-ce pas exactement ce qu’il avait déjà dit à Gallois, dans une situation semblable ? Pathétique.)
 « J’ai vu le feu, de loin », tenta-t-il, prudemment, avant de se décider à faire un pas en avant. « Il semble y avoir beaucoup de… eh bien, dégât. »
 Ce n’était apparemment pas la bonne chose à dire. Bien sûr que non ! Beaucoup de dégât ? Mais enfin ! Bonjour, SMS, est-ce que tu as remarqué que toutes tes fleurs ont cramé ? Oui, probablement, mais tu sais quoi, je vais te le rappeler quand même. Quel connard il faisait. La prise que le plus jeune tenait sur ses propres jambes se resserra plus encore. Il ne répondit pas tout de suite ; alors, Haut-Alémanique prit une courte inspiration, et s’assit à côté de lui.
 « … CT ke d plante, » murmura finalement SMS, tout bas, beaucoup trop bas. « Je men fich. »
 Il dit ça, puis, il renifla encore une fois. Haut-Alémanique ne pouvait toujours pas voir son visage ; il en conclut -enfin !- que cela signifiait simplement que SMS ne voulait pas être vu. Alors, il cessa d’essayer de le voir. Un silence ; on entendait, dans le lointain, les cris des soldats, le crépitement des flammes. Haut-Alémanique se mordilla les lèvres, malaisé, avant de se décider à fixer le sol. Un sol de terre. Tu parles d’un confort. Et SMS pleurait toujours, probablement, juste plus silencieusement, parce qu’Haut-Alémanique était la plus grande merde qui soit lorsqu’il s’agissait de consoler quelqu’un en détresse.
 « C’était tes plantes, » articula-t-il, finalement. « Tu y tenais beaucoup. »
 En voilà encore une chose bien pourrie à dire. Tu sais, SMS, ces plantes qui crament ? Tu les aimais vraiment, vraiment bien, hein ?  Il s’en serait foutu une claque. Mais SMS était bien trop charitable pour la lui foutre lui-même ; il le vit simplement hausser les épaules, en périphérie de sa vue- avant d’entendre, quelques secondes plus tard, un pauvre « oui » bien trop misérable pour être tolérable. Il se mordit un peu sauvagement la lèvre inférieure, le corps tendu. Non, décidément, il ne savait pas consoler les gens ; il aurait même pu croire que SMS serait sans doute bien mieux sans lui, tout compte fait, si celui-ci ne s’était pas légèrement rapproché de lui quand il s’était assis. Il était évident qu’il ne trouverait pas les mots, pas ce soir ; peut-être que c’était MMS qui les trouverait, une fois qu’il en aurait fini avec les flammes. En attendant, il ne pouvait rien faire, si ce n’était… être présent.
 (Ils l’ont fait brûler. Espagnol a essayé de me décapiter. Tout le temps, des insultes… des ennemis partout…)
 Mais la situation… la situation ne pouvait pas être tolérée plus longtemps. Haut-Alémanique serra les poings, considéra un instant la silhouette tremblante de l’un de ses meilleurs amis. Sa mâchoire se crispa.
 « Ils le payeront cher, SMS, » s’entendit-il murmurer, après quelques minutes de silence. « Je t’en fais la promesse. »
 SMS ne répondit rien. Haut-Alémanique eut l’impression douloureuse qu’il ne le croyait tout simplement pas.
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 « Des graines de tournesol. Ça t’intéresse ? »
 Sa Tyrannie SMS leva la tête, pris de court par la voix qui venait de se manifester sans préavis. Son regard se posa immédiatement sur un petit sac de toile, minuscule, qu’une main ferme tenait devant son visage. Il était accroupi par terre, manches retroussées, les bras et les mains maculées d’engrais ; depuis quelques jours, presque deux semaines, il s’acharnait à replanter tout son champ, vindicatif, furieux, dépité et indubitablement bouleversé, malgré le vent qui soufflait sans pitié. MMS et Smiley était venu lui prêter main forte, bientôt suivi par quelques soldats ; il y passait ses journées, une partie de ses nuits, incapable de supporter la vue de la terre brûlée. Il avouait cependant qu’il ne s’était pas attendu à voir Haut-Alémanique les rejoindre, après son absence quelque peu remarquée des derniers jours.
 (SMS avait assumé, résigné, qu’il ne donnait pas signe de vie à cause de la gêne qu’il avait éprouvé, ce soir-là, face à un gamin comme lui qui se comportait de façon si pathétique.)
 (Bien sûr, il ne pouvait pas savoir qu’Haut-Alémanique avait passé ses deux dernières semaines à essayer de trouver un moyen de fabriquer des graines de fleurs, n’importe lesquelles, par magie. Dès l’instant où il avait réussi, il avait pris le chemin du camp.)
 « Oh, » murmura SMS, attrapant sa cigarette du bout de ses doigts boueux avant qu’elle ne tombe au sol. « Uh, oué. Merci bokou. »
 Haut-Alémanique hocha sobrement la tête, le visage figé dans cette espèce d’expression qu’il avait toujours quand il essayait très fort d’avoir l’air neutre et désintéressé. Ça ne fonctionnait pas très bien, à l’humble avis de SMS, mais qui était-il pour juger ?
 « Très bien, » dit la langue germanique, déposant son petit sac à côté des autres- avant de faire quelque chose de très, très surprenant : il retroussa les manches de sa chemise, sauta par-dessus la barrière, et pris place à côté de SMS. « Comment puis-je t’aider ? »
 SMS cligna des yeux, remontant maladroitement ses lunettes sur son nez ; puis, tout à sa confusion, il replaça sa cigarette dans son bec, et en tira une bouffée. Il songea un instant à tenter de dissuader l’autre langue (Haut-Alémanique en avait déjà fait bien assez, et il était hors de question qu’il soit un fardeau pour lui), mais l’autre semblait déjà plus que décidé- et SMS était trop fatigué pour protester.
 « Uh, é bi1, pour linstan, on creuz lé trou pour lé grène. Tu- euh, tu veu 1 truel ? »
 Haut-Alémanique hocha simplement la tête ; et déjà, MMS -occupé jusqu’ici à arroser les quelques graines déjà plantées- lui tendait une truelle orange. Sans rien ajouter, et définitivement sans moufter, Haut-Alémanique s’attela à la tâche, consciencieusement, sans piper mot ; et SMS, après un instant d’hésitation, se remit au travail. Juste le son de la terre qu’on grattait, sèche et aride -il doutait sincèrement pouvoir faire repousser quoique ce soit là-dedans avant quelques années, mais évitait soigneusement d’y penser de peur de fondre une nouvelle fois en larme- ; le son des petits lopins retournés, creusés, des graines que Smiley laissait tomber dans les trous, des gouttelettes que MMS arrosait. Juste assez longtemps pour que l’arrivée d’Haut-Alémanique soit pleinement acceptée, et que SMS en oublie une partie de sa gêne, de ses doutes, et de son embarras. Il ne fallut pas plus d’une demi-heure pour que se lance, d’abord timidement, une conversation- entre MMS et Smiley, qui avait un débat sur la nécessité d’arroser avant ou après avoir remis la terre. Et puis, Haut-Alémanique s’y joint- certainement pas pour être objectif, de l’avis de SMS, mais juste pour le plaisir d’être sarcastique sans rien apporter d’intéressant à la question. Enfin, naturellement, il y eut quelques rires- et si SMS lui-même ne se sentait pas le cœur à joindre la conversation, il devait admettre que ça mettait un peu de baume au cœur. De la camaraderie, tout simplement.
 Et puis, Haut-Alémanique tourna légèrement vers lui, impassible (le visage en ‘-‘, comme aimait bien le dire Smiley, même si, personnellement, SMS lui attribuait plus un è-é), et, le ton suffisamment bas pour ne pas être entendu de Smiley, lui glissa :
 « Des nouvelles des responsables ? »
 SMS se mordilla pensivement l’intérieur de la joue. Souffla sa bouffée de cigarette à l’opposé de son meilleur ami- parce qu’il était hors de question qu’il empuantisse l’atmosphère d’Haut-Alémanique avec sa merde. Puis, prudemment, définitivement maladroitement il tenta d’esquisser un sourire mesquin. Il tremblait, ce sourire, mais il était là : c’était déjà beau.
 « Maran ke tu mensione sa, » répondit-il, imitant le ton bas de l’autre langue. « Parske lé responsabl, com tu di -Alfabeto é Gramàtica-, ba il son venu se DnonC, é sexQsé, tou seul. »
 « Mh ? » fit Haut-Alémanique, mine de rien, en plantant sa truelle dans le sol.
 L’intuition avait été bonne, donc. Haut-Alémanique pouvait dire ce qu’il voulait, mais il n’était pas très doué pour jouer la comédie, et encore moins les innocents ; pas étonnant qu’Allemand ait toujours été convaincu qu’il faisait masse de conneries. Le sourire de SMS s’élargit, se fit nettement plus franc. Petite bulle de gratitude- presque assez pour noyer l’amertume.
 « Tu devinera jamé, » continua-t-il, décidé à jouer le jeu. « Aparemen, qlq’1 leur a fé tré peur. Lé a konv1Q 2 venir. E genr, il zavé D bleu partou. Et c pa lé seul à ètre venu, en +. Pl1 2 gen on DcD 2 venir sexcuzé, genr, duran la semène, just com sa. »
 « C’est très étonnant, » dit Haut-Alémanique, qui n’avait pas du tout l’air étonné.
 « Ahah, ouais, 1 genr 2 fol ko1ssidanse » rit SMS ; puis, après quelques secondes d’un silence définitivement confortable, il ajouta, nettement plus bas « Merci, Hochalemannisch. »
 La langue germanique ne réagit pas, pendant un instant. Puis, Haut-Alémanique tourna la tête vers lui. Impassible, comme toujours, illisible, même ; un regard qui semblait sombre, sérieux, et tranchant. Mais, définitivement -et il ne pensait pas se tromper-, il y avait l’ombre d’un sourire, venue étirer ses lèvres. Un pétillement de satisfaction.
 « De rien, SMS. »
 FIN
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Tu gères, @mimmixerenard​​
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la-tour-de-babel · 3 years ago
Text
Home stuck [Human!AU - Family]
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Précédemment : https://la-tour-de-babel.tumblr.com/post/674288984395071488/please-take-me-away-fiction-humanau
Disclaimer : Ce texte a été écrit durant le second confinement, en suivant un petit concours de notre encore plus petite communauté : écrire un texte avec des personnages confinés. Celui-ci se place dans la continuité du premier texte de l’AU dit “Family”, mais peut être lu indépendamment. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le livre pour le comprendre. Majoritairement, ce texte est une suite de mésaventures qu’on peut imaginer avec des enfants enfermés avec soi dans une maison. 
Triggers Warning : Discussion de maladie (cancer) entre deux personnages ; Mentions d’ancienne relation abusive, avec un stress post-traumatique. 
Pairings : Franglais, Probet.
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Ça avait semblé être une bonne idée. Ou, tout du moins, ça avait semblé être une idée tolérable. L’affaire de quelques jours… ! Avait dit Edward. Ils n’en étaient certainement pas plus avancés. Bien au contraire. Et, si on lui demandait, Francis dirait que c’était entièrement de la faute de Sylvain.
Lorsqu’Edward était venu le voir, une semaine plus tôt, pour lui proposer de partir une semaine en vacance en montagne, Francis avait été ravi. Bien sûr qu’il avait été ravi. C’était tellement rare de voir le britannique quitter son bureau, encore plus de passer du temps en famille. C’était enfin l’occasion de profiter de quelques jours tous les trois, loin des soucis du travail et de la vie quotidienne. Juste eux, et leur fils. Mais, lorsqu’Edward avait glissé, à la toute fin de son discours, qu’ils n’iraient pas seuls, parce que le chalet qu’ils allaient occuper de lui appartenait pas, Francis avait senti venir la douille.
Parce que, voyez-vous, en disant cela, Edward lui avait adressé un sourire absolument rayonnant, et complètement machiavélique. Parce qu’il savait, le petit fourbe, que Francis, ayant déjà accepté tout ce qu’il avait dit avec un enthousiasme si marqué, ne pouvait tout simplement pas faire machine arrière. Il le connaissait bien, le saligaud. Il savait que Francis avait un point faible évident, et, ce point faible, c’était le sourire d’Edward. Une denrée rare, évidemment qu’il allait céder.
« Laisse-moi deviner, » avait-il soupiré, se retenant fortement de venir se frotter les yeux. « Sylvain ? »
« Et ses enfants, » a confirmé Edward, le ton rendu tout mielleux par sa satisfaction et les réminiscences de son accent anglais. « C’est eux qui nous invitent. »
Sylvain, c’était, semblait-il, le meilleur ami de son mari, et ils étaient mutuellement parrain de leurs enfants. Francis n’avait aucune objection à y faire ; il n’avait jamais cherché à les séparer, à couper les ponts, merci bien. Edward avait eu son lot de relations abusives, et, après tout, Francis n’avait pas à choisir pour lui qui il fréquentait. Mais cela ne voulait pas dire qu’il appréciait, même juste un peu, un seul membre de cette famille. Pourquoi ? Oh. Pas grand-chose.
C’était simplement que Sylvain avait ce sourire particulier, tellement joyeux pour Edward, et infiniment condescendant et venimeux pour Francis. Il le lui rendait bien, alors, il estimait que c’était de bonne guerre.
C’était aussi que Sylvain était toujours si classieux, si soigné, si charmeur, avec tout et tout le monde, et que Francis, malgré tous ses efforts, sentait parfois qu’il faisait pâle figure. Peut-être était-ce une illusion, mais, vraiment, Francis tenait à son orgueil, et si quelqu’un, dans une pièce, devait être charismatique, c’était lui.
C’était également que Sylvain semblait tout droit sorti d’un album photo des années trente. Sa tenue, sa posture, sa canne, son chapeau, son ridicule accent. C’était très subjectif, mais, en toute subjectivité, ça donnait envie à Francis de lui arracher son dahlia pour le lui faire manger.
C’était, de plus, que l’un des fils de Sylvain, celui qui n’était pas qu’un morne adolescent lassé de tout, et qui n’était pas un gosse de quatre ans qui ne savait qu’à peine parler, mais qui était un gamin surexcité qui ne pouvait pas s’empêcher de courir partout en hurlant ou en cassant tout ce qu’il touchait, semblait s’être accroché à Alphonse, et que, vraiment, Francis ne voulait pas de ce genre de fréquentation près de son fils.
C’était surtout que Sylvain, avec tout son charme, ses sourires et ses rires, avait, parfois, le même regard que Francis lorsqu’il le posait sur Edward. Plein d’une affection soucieuse. Le regard d’un ami, peut-être, ou peut-être plus. Et c’était surtout que, parfois, c’était à lui qu’Edward souriait le plus.
Alors, non, Francis n’était pas transporté de joie à l’idée de passer une semaine coincée dans un chalet avec un homme qu’il n’aimait pas, et qui le lui rendait bien. Surtout si cela voulait dire qu’Alphonse n’allait pas pouvoir échapper à… il était quasiment sûr que le gosse s’appelait Paul.
Mais, comme l’avait fait remarquer Edward, ce n’était qu’une semaine. Et puis, vraiment, le chalet était grand, et il aurait toujours le loisir d’ignorer Sylvain, s’il le voulait. Ils parvenaient bien à s’entendre à Noël, au Nouvel An, aux anniversaires, non ? Il lui suffirait de s’isoler s’il sentait monter une envie de répliquer. Franchement, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
Alors, Francis, bon gré, mal gré, avait accepté. Ils avaient fait leurs valises, et étaient allés se paumer au fin fond de la Savoie. Non loin des pistes de skis, au beau milieu d’un flanc enneigé d’une montagne. Il avait, évidemment, grincé des dents en constatant que le chalet était parfaitement isolé ; plus encore lorsque, portière à peine ouverte, Paul s’était précipité vers Alphonse pour le traîner derrière lui et lui faire visiter le bâtiment.
Mais Sylvain semblait décidé à faire un effort, parce qu’il ne l’avait presque pas insulté, en le saluant. Ou peut-être que si ; mais Francis avait parfois du mal à décrypter ce qu’il disait. Sylvain avait toujours eu cette manie de miner ses phrases de double sens difficile à saisir. Et puis, son fils cadet, le filleul d’Edward, avait gazouillé en le voyant, et lui avait même offert un caillou en forme de cœur pour lui souhaiter la bienvenue. C’était ridicule, mais ça valait ce que ça valait. Un genre de rameau d’olivier.
Alors, ils s’étaient installés. Alphonse dans la chambre des trois autres garçons ; Sylvain, tout seul, au rez-de-chaussée, et, évidemment, Francis et Edward au fond du couloir. Trois jours s’étaient écoulés sans trop d’accroches. De fait, Francis ne voyait Sylvain que lors des repas, puisque l’homme ne sortait jamais avec eux pour les promenades. Soi-disant qu’il préférait garder Stefan. Comme si Francis ne le voyait pas boiter, avec sa canne.
C’était donc aussi idéal que c’était possible de l’être ; et Francis commençait, peu à peu, à se détendre, et vraiment profiter du séjour. Et puis, un soir, ils allumèrent la télévision.
Et l’annonce du confinement tomba. Parce que le destin est une prostituée de soixante ans qui fait le tapin sur le trottoir du boulevard Carnot.
Il y eut quelques temps de silence ; puis, naturellement, son regard horrifié se tourna vers Sylvain. Son expression se trouva presque mimé chez l’autre homme. Il entendit, à côté de lui, Edward qui soupirait, et Paul qui s’enthousiasmait en kidnappant l’épaule d’un Alphonse bien trop complaisant. Et puis, d’un même élan, ils ouvrirent la bouche.
« Et merde, » firent-ils, en concert.
« Merde, » répéta diligemment Stefan.
« Papa a dit un gros mot, » s’exclama Paul.
Les semaines à venir s’annonçait affreusement longues.
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« Non, Paul, on ne jette pas son crayon à la tête de Simon. On l’utilise pour résoudre ses problèmes de maths. »
« Mais, Oncle Ed’, » protesta le gosse, se renfonçant dans sa chaise avec une moue si théâtralement boudeuse que c’en était risible. « Je déteste les maths, et je suis putain de doué en tir. »
Edward leva un doigt menaçant vers l’enfant, faisant de son mieux pour avoir l’air aussi imposant et autoritaire que possible.
« On ne jure pas, » gronda-t-il, intérieurement dépité de ne se voir récompensé que par un sourire goguenard, « Et on ne discute pas. Tant que cette page d’exercice n’est pas terminée, tu n’as pas autorisation d’aller jouer. »
Paul se renfrogna visiblement, foudroyant son cahier avec tout le ressentiment du monde. A côté de lui, Simon ramassait le fameux crayon, et le posait d’autorité devant son cadet. Parce que lui, au moins, travaillait sans broncher, et avait déjà bien entamé la dissertation qu’il était supposé terminer.
Edward retint un petit soupir. Voyez-vous, c’était à son tour d’aider les enfants à faire leurs devoirs- ce qui, en soit, n’était pas plus mal. Francis n’aurait eu aucune patience, et, de toute façon, Sylvain et lui étaient déjà suffisamment occupés avec les myriades de visio-conférence auxquelles ils étaient supposés participer. Il n’était pas rare de le voir se promener partout en portant l’ordinateur à bout de bras ; et si Sylvain gardait toujours un équilibre remarquable, il arrivait que Francis se prenne les pieds dans des jouets qui traînaient, et ne finisse par terre sous l’œil de ses employés. Ça avait d’ailleurs été la cause de la première véritable engueulade entre les deux hommes.
(Une engueulade qui avait duré plus d’une heure, et qui aurait duré plus longtemps si Edward n’était pas allé chercher le tuyau d’arrosage pour calmer toutes ces ardeurs.)
(Il leur avait fallut des heures, ensuite, pour éponger le sol détrempé du salon.)
(On déplorait encore la perte de l’ordinateur de Francis.)
(Et Sylvain lui avait fait la tête pour le reste de la soirée.)
Edward était le seul dont le travail ne nécessitait pas de réguliers appels vidéo, merci bien. Il était auteur, et tout ce qu’on attendait de lui, c’était qu’il se colle dans un coin pépouze et qu’il ponde un livre potable pour son éditeur.
Alors, oui. Corvée devoirs avec les quatre enfants de la maisonnée. Une corvée qui n’en était pas tant une, parce qu’Edward adorait ces gosses, et qu’il se disait parfois que s’il n’avait pas été écrivain, s’il n’avait pas eu une telle angoisse face à un public nombreux, il aurait pu être professeur.
« J’ai fini les miens, » fit Alphonse, avec cette espèce de tranquille fierté qu’on les enfants bien élevés qui savent qu’ils ont accomplis quelque chose de bien.
« Genre, » souffla Paul, plein d’incrédulité.
« Tu vois, Paul, » reprit Edward, saisissant la balle au vol, « Alphonse a fini, donc, il peut aller jouer. Si tu veux l’accompagner, il faudrait que tu t’y mettes sérieusement, non ? »
Evidemment, ça fonctionna. Paul se saisit de son crayon avec un enthousiasme et une concentration renouvelée, et, enfin, s’attaqua à ses problèmes de maths. Béni soit Alphonse qui décida immédiatement qu’il allait l’aider.
En fait, ce n’était pas tant que Paul était mauvais en maths. Bien au contraire, le gosse était un petit génie. C’était simplement que Paul était hyperactif ; et il ne parvenait que très difficilement à se focaliser sur une tâche, une seule, pendant plus de cinq minutes. Non sans une sérieuse motivation, en tout cas.
Edward le surveilla une seconde ou deux de plus, juste pour s’assurer que tout se déroulait bien ; puis, il reporta son attention sur l’enfant qui était assis juste à côté de lui, et qui essayait laborieusement de déchiffrer quelques pages qu’on lui avait donné à lire. Stefan était l’image même de la concentration ; tout son petit visage était crispé par l’effort, sourcils froncés et langues à demi-sortie, alors qu’il suivait du bout de ses doigts potelés les mots qu’il articulait silencieusement.
C’était un enfant intelligent, quoi que puisse parfois en dire Francis ; ce qu’il comprenait, il le comprenait vite, et ne l’oubliait jamais. Il pouvait déjà, du haut de ses quatre ans, vous pointer toutes les fleurs d’un jardin, et vous dire leur nom, scientifique et commun, ainsi qu’une foule de petits détails les concernant, tout simplement parce qu’il avait vu, une fois, un documentaire à son sujet. Mais les choses sur lesquelles il butait, il butait vraiment. C’était difficile, pour lui, de parvenir à former des phrases cohérentes ; plus encore de lire, et de les écrire. Mais Dieu savait qu’il essayait, qu’il essayait vraiment ; et Edward était prêt à mordre le premier qui oserait dire que son filleul était stupide.
« Tout va bien, Stefan ? » s’enquit-t-il, parce que l’enfant été resté bloqué sur le même mot pendant quelques minutes, déjà, et qu’il commençait visiblement à se frustrer.
« J’y arrive pas, » couina Stefan, levant vers lui un regard large de détresse vers lui. « Trop de syllabes. »
Edward lui adressa un sourire aussi rassurant que possible, et lui passa la main dans les cheveux. Le résultat fut immédiat ; l’enfant se détendit, et sembla se départir, juste un peu, de sa frustration, coinçant la gomme de son crayon à papier contre sa lèvre inférieure. L’adulte rapprocha sa chaise de la sienne, et se pencha avec lui sur le fameux mot outrageant.
Saperlipopette.
… Avait-on idée de donner un mot si long à lire à un enfant de quatre ans ? Non mais.
« Je vais te le lire, » expliqua-t-il, « Et tu pourras ensuite le répéter. Tu crois pouvoir y arriver ? »
Stefan hocha vigoureusement la tête ; et Edward put voir une toute nouvelle détermination se peindre, derrière ses lunettes.
« C’est pas juste, tu l’aides plus que nous, » geint Paul, qui, à force d’appuyer trop fort, avait accidentellement cassé sa mine de crayon sur sa feuille.
« Paul, » soupira Simon, sans même lever le nez de sa feuille de dissertation qu’il ne cessait de remplir à un rythme effréné.
« C’est parce que chuis le préféré, » gazouilla Stefan, décochant à son ainé un large sourire plein de fossettes.
« Trop pas, » grommela Paul, avant de passer un bras autour des épaules d’un Alphonse profondément blasé de sa vie. « De toute façon, moi, j’ai Alphonse. »
« C’est vrai, » concéda le susdit Alphonse, « Mais continue tes exercices, Paul, ou je pars sans toi. »
Edward savait qu’il aurait peut-être dû intervenir. Mais il ne le fit pas ; c’était simplement adorable. Et puis, quelque part, la scène était si… familiale. Et c’était une chose qui lui avait manqué pendant si longtemps. La sensation d’appartenance.
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Jusqu’ici, Alphonse n’estimait pas qu’il y avait de quoi se plaindre. Bien au contraire ; il y avait, dans le chalet, cette sorte d’ambiance familiale dans laquelle il se repaissait tout à fait volontiers. Certes, ce n’était pas idéal pour suivre les cours ; la majorité de ses professeurs n’ayant même pas donné la moindre nouvelle depuis le début du confinement. Certes, cela signifiait aussi qu’il fallait supporter les instants de tensions lorsque les adultes se trouvaient face à un désaccord.
Mais, ça voulait aussi dire qu’il avait beaucoup de temps libre, avec ses parents. Et aussi, avec Paul.
Paul était-
Alphonse ne préférait pas trop penser à ce que Paul était. Il préférait se limiter à l’étiquette de « meilleur ami », parce que, vraiment, ils étaient encore au collège, et il y avait bien assez de temps pour y réfléchir plus tard. Ainsi, donc, Paul était son meilleur ami ; et c’était aussi fantastique que profondément épuisant. Fantastique, parce qu’il était toujours là pour lui, et qu’on ne s’ennuyait jamais, jamais, jamais avec lui. Epuisant, parce que lorsqu’Alphonse disait jamais, ce n’était vraiment jamais, et qu’il n’y avait pas même une minute ou deux pour respirer et se reposer.
C’était encore pire maintenant que quelqu’un avait eu la fantaisie de croire que Paul pouvait rester  e n f e r m é. Il était intenable ; courant partout dans le chalet en poussant des hurlements de guerre, déguisé en Apache ; glissant le long de la rampe d’escalier, au risque de glisser et de se fracturer les côtes, et causant plusieurs crises cardiaques à son pauvre père ; rassemblant les peluches de Stefan, se plaçant en haut de la balustrade du deuxième étage pour bombarder Francis quand il passait en dessous ; gribouillant sur les dissertations de Simon ; faisant des grimaces en arrière-plan lorsque Sylvain était en vidéo-conférence ; coloriant l’intérieur des mangas d’Edward ; lançant une bataille de polochons au beau milieu de la nuit, alors que ses deux frères et Alphonse dormait profondément ; et puis surtout,  s u r t o u t, se lançant dans un concours de pièges désopilants plus audacieux les uns que les autres.
Ça avait commencé assez doucement- aussi doucement qu’il était possible de le faire lorsque Paul était impliqué.
Francis s’était réveillé, le lendemain de l’annonce du confinement, d’une humeur qu’il était assez facile de qualifier de « massacrante ». Paul, en bon samaritain qu’il était, avait évidemment cru que ce serait une merveilleuse idée de se charger lui-même de lui redonner le sourire. Alors, il s’était  n a t u r e l l e m e n t  faufilé dans la chambre des parents d’Alphonse, et, avec beaucoup de soin, avait dessiné, sur le mur, un visage caricaturé de Francis, et avait noté, en dessous, de sa plus belle calligraphie, « à mon futur beau-papa ».
(Francis s’était littéralement étouffé face à ça. Alphonse aussi, d’ailleurs. Il n’y avait eu qu’Edward et Sylvain pour s’esclaffer bruyamment.)
Et puis, les choses avaient escaladé. On retrouvait de la crème à épiler dans les dentifrices ; Edward n’était plus le seul à mettre du sucre à la place du sel dans les plats ; les lasagnes laissées deux minutes sans surveillance se trouvaient baignées dans du vinaigre ; on se réveillait le matin sous les hurlements de Francis qui constatait que quelqu’un avait remplacé sa mousse à raser par du plâtre ; la canne de Sylvain se retrouvait mystérieusement remplie de vers de terre amoureusement ramassés dans le jardin ; les fichiers de Simon se retrouvait étrangement piratés et remplacés par des gifs de chatons trop mignons ;  les pulls en laine d’Alphonse se retrouvait détrempés de paillettes multicolores ; les nounours en peluche de Stefan devenait tout durs, parce que quelqu’un y glissait des briques de lego- et ce n’était que pour citer les plus inoffensives.
Au fond, Alphonse savait que Paul ne pouvait s’en empêcher. Il avait en lui cette insatiable excitation, toujours bourdonnante, toujours à vif ; et il était bien placé pour savoir qu’il peinait bien souvent à la contrôler. Alors, parfois, inévitablement, ça allait trop loin ; et Paul s’en rendait compte trop tard.
Une fois, il avait fabriqué un masque, s’était caché dans le placard, et avait bondi en hurlant face à Edward. C’aurait été n’importe lequel des autres adultes que ça n’aurait pas posé problème. Mais ça avait été Edward. Le britannique avait réagi avec tout le calme possible. Malgré son teint blafard, son expression imperceptiblement décomposée et le tremblement de ses mains, il avait forcé un rire, et il s’était enfermé dans sa chambre. On ne l’avait pas revu de la soirée.
(Du haut de ses onze ans, Alphonse savait que c’était symptomatique de quelque chose. Il n’avait jamais su quoi. Il savait simplement que, parfois, Edward se renfermait sur lui-même, paniquait, ou se muait dans un silence qui durait des jours, et que c’était la faute d’un homme vêtu de rouge qu’il avait connu, autre fois.)
Une autre fois, il avait dispersé des billes un peu partout dans le couloir. Immanquablement, quelqu’un avait fini par tomber, et ça avait été Sylvain. Il avait forcé un sourire, n’avait pas grondé Paul ; mais il avait fallu qu’on l’aide à se relever, et il n’avait pas réussi à sortir du canapé sans aide pendant près de deux jours, comme une marionnette disloquée.
(Paul en avait été mortifié. Il avait passé le reste de la semaine à suivre son père à la trace, l’aidant à marcher quand sa canne ne suffisait pas. Alphonse n’avait aucune idée de ce qui rendait Sylvain si fragile après une simple chute ; il avait demandé à Francis, mais lui non plus n’en savait rien. En fait, Alphonse aurait presque juré que Francis avait presque l’air inquiet pour l’autre adulte. Au point qu’il lui avait même servi une tasse de thé, un matin.)
La dernière fois, celle qui avait été décisive, et qui avait poussé Alphonse à agir, c’était celle qui avait eu lieu trois jours plus tôt. Paul s’était faufilé dans l’une des prairies qui couvraient les flancs de la montagne, se coulant hors du regard attentif des adultes ; et il en avait arraché des tas et des tas de fleurs, pour les réduire en pièce, et faire croire à Stefan que c’était celles de leurs jardins. Alphonse était absolument certain que Paul n’avait pas eu conscience de la cruauté de sa petite plaisanterie ; pas jusqu’à ce que Stefan fonde en sanglot, et demeure inconsolable pendant plus d’une heure, même bien après que Simon lui ait prouvé que les fleurs du jardin allaient parfaitement bien.
Paul, lui, s’était décomposé. Il s’était enfui dans sa chambre, et n’en était pas ressorti de la journée. Pas même pour manger, et Alphonse savait bien que c’était le signe de quelque chose de grave. Bien sûr, Stefan ne lui en avait pas voulu, et s’était contenté de lui écraser une tartine de beurre de cacahuète au visage en guise de vengeance. Et la morosité de Paul s’était évanoui dès l’instant où son cadet lui avait décoché un sourire. Mais Alphonse avait compris qu’il était tant pour lui d’agir.
Comment ? C’était bien simple. Il ne pouvait pas rêver d’être capable d’endiguer la vigueur et l’énergie de Paul ; mais il pouvait toujours agir comme une « force médiatrice », comme l’avait si bien dit Simon.
(C’était d’ailleurs la supplication de l’aîné de la famille qui l’avait convaincu. Simon s’était quasiment mis à genoux devant lui, assurant que, pitié, Alphonse, tu es le seul qu’il écoute un  m i n i m u m, il va finir par nous faire flamber tous ensemble, et Alphonse était parfaitement d’accord avec ça)
Alors, Alphonse ne pouvait pas rêver de stopper Paul dans ses petites farces et attrapes quotidiennes. Mais il pouvait au moins limiter les dégâts. En d’autres termes, cela signifiait qu’il était désormais contraint de se faire complice de la chose, juste pour s’assurer que personne ne meurt dans le processus.
Il avait pris cette décision, trois jours plus tôt.
Il regrettait déjà.
« C’est trop cool qu’on fasse ça ensemble, » roucoulait Paul, perché en équilibre précaire sur une chaise que tenait fermement Alphonse. « On va casser la baraque ! »
« D-du moment que tu dis pas ça littéralement, » couina Alphonse, se décalant de justesse pour éviter une goutte de slim rose pailletée qui tombait de la bassine que Paul s’efforçait de mettre en haut de la porte.
(La bassine avait été une idée d’Alphonse, parce que, de base, Paul voulait utiliser un seau, et Alphonse avait été obligé de lui rappeler qu’un seau en métal sur la tête de quelqu’un pouvait être plus ou moins létal)
« Mais non, tu me connais, » rassura Paul, comme si c’était pas justement un argument contre sa bonne foi.
« C’est bien le problème, » murmura Alphonse, le regard rivé sur la pointe des pieds de Paul qui avaient cru que ce serait une bonne idée de se percher au bout du bout de la chaise.
« Moh, trop mignon, Al’, mais je sais que tu m’aimes, » et Alphonse ne rougit pas du tout, parce que, de toute façon, c’était faux. « Aller, on décampe, où on va se faire choper ! »
Sur ces bons mots, le gosse bondit de sa chaise, atterrissant sur le sol avec un bruit bien sonore qui sembla résonner dans tout le chalet. Puis, il saisit le poignet d’Alphonse, et l’entraîna, avec la chaise, vers le placard le plus proche, pour s’y cacher comme le petit fourbe qu’il était.
« Simon, » fit la voix de Sylvain, au première étage, « Tu veux bien monter voir ce que fais Paul ? Juste pour s’assurer qu’il ne fait rien de dangereux. »
« Comme s’il lui arrivait de ne  p a s  faire quelque chose de dangereux, » soupira la voix traînante de Simon, qui semblait déjà se rapprocher des escaliers.
Alphonse entendit, tout près de son oreille, le gloussement ravi que laissa échapper Paul ; et il le sentit se rapprocher un peu plus de lui, comme pour se coller contre son flanc. Il le laissa faire, parce que, après tout, il n’y avait pas beaucoup de place, dans ce placard. Et qu’importait que le bras de son ami soit venu se placer autour de ses épaules.
Ils suivirent, tout deux, dans un silence plein d’attente, le doux bruit des chaussons de Simon qui montaient, marche après marche ; un bruit d’autant plus audible que tous, y compris les adultes, à l’étage du dessous, semblaient retenir leur souffle.
« Paul ? » appelait Simon, qui semblait déjà las. « J’espère que ce n’est pas une autre de tes plaisanteries. J’ai du trav- »
Il ouvrit la porte leur chambre ; et, aussitôt, il y eut le bruit d’un choc sourd, spongieux, alors que la slim atterrissait sur l’épaule gauche du malheureux adolescent, détrempant sa veste et se gluant à certaines de ses mèches de cheveux.
Il y eut quelques secondes de silence.
« Paul ! » rugit Simon, et Alphonse était certain que c’était la première fois qu’il l’entendait si ingénument outré. « Je te jure que si je t’attrape, ça va barder ! »
« Merde, » fit Paul. « On court ! »
Une nouvelle fois, la main de Paul se referma sur son poignet ; et Alphonse se sentit entraîné derrière lui, jaillissant du placard à sa suite comme deux petits diablotins de leurs boîtes. Immédiatement, Simon sembla se lancer à leur poursuite, de ses grandes enjambées qui émettaient un bruit visqueux chaque fois que son chausson gluant se posait au sol.
Et si dans le joyeux tohu-bohu qui suivit, Alphonse se laissa aller à rire aux éclats… et bien, ce n’était l’affaire de personne.
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« Je vois que certaines personnes ne se foulent pas beaucoup pour aider les autres. »
La seule réponse que Francis reçut, ce fut un soupir agacé et un regard vaguement noir. C’était aussi étrangement passif, parce qu’il n’y avait pas l’habituelle petite remarque bien sentie, que bizarrement abrasif, parce qu’il n’y avait pas de sourire pour atténuer la sévérité du regard. Dans tous les cas, ce n’était pas vraiment ce à quoi il s’était attendu.
Il s’approcha de quelques pas, placardant sur son visage une expression aussi subtilement dédaigneuse que soigneusement désintéressée. De là où ils étaient, au beau milieu du salon, ils pouvaient tout deux entendre les clameurs des enfants et d’Edward, qui s’efforçait, depuis quelques heures déjà, à planter des carottes. Francis avait participé à l’effort, en témoignait la terre qui était venue, à son grand désarroi, se longer sous ses ongles ; mais son merveilleux époux lui avait expressément demandé d’aller voir si tout allait bien du côté de Sylvain, et c’était ce qu’il faisait. A sa manière, et avec sa réticence habituelle.
L’homme était à moitié étendu, sur un fauteuil incliné, pieds sur un petit tabouret, et fixait avec un manque d’enthousiasme certain l’écran de la télévision. Il était manifeste qu’il devait plus ruminer que vraiment faire attention à ce qu’il s’y passait, parce que Francis, du peu qu’il savait de lui, était absolument certain que Sylvain n’était pas du genre à regarder volontairement une rediffusion d’Inspecteur Barnaby.
« Vous pourriez au moins vous lever, et sortir un peu. Vous n’avez pas mis une seule fois le nez dehors, pas même pour aider à faire les courses. Flemmard que vous êtes. »
Nouveau regard, venimeux, cette fois. Francis le vit resserrer ses doigts autour du pommeau de sa canne, comme s’il s’apprêtait à se lever ; et puis, il le vit se renfoncer un peu plus dans son fauteuil, l’expression impénétrable.
« Personne à risque, » l’entendit-il tout juste murmurer, à peine audible, derrière le son de la télévision.
Francis émit un petit grincement moqueur, se laissant tomber sur le canapé avec toute la grâce qu’il était capable d’invoquer. Il était certain que Sylvain essayait très fort de ne pas regarder vers lui.
« Personne à risque, vous ? Mon œil. Vous êtes en pleine forme. Ce n’est pas à cause d’un boitillement que vous êtes plus vulnérable que l’un d’entre nous. »
S’il était parfaitement honnête avec lui-même, Francis aurait pu admettre qu’il savait que, techniquement, Sylvain n’était pas « en pleine forme ». C’était facile à ignorer quand il ne voyait que cinq ou six fois par an ; ces temps-ci, avec la cohabitation forcée, il ne pouvait que remarquer le teint blafard, les petites grimaces, et la raideur des muscles. Et donc, il était curieux. Et donc, il voulait savoir ce qu’il se passait ; mais comme c’était Sylvain, et qu’il ne voulait surtout pas donner l’impression qu’il en avait quelque chose à foutre, il jouait la carte de l’insulte évidente.
Et ça fonctionnait, en plus. La mâchoire de son interlocuteur s’était crispée, et ses doigts s’étaient mis à tapoter nerveusement sur le pommeau de sa canne.
« Ce n’est pas une simple question de boitillement, Francis, et je crois que tu le sais parfaitement. »
« Ah oui, vraiment ? Parce que, de mon point de vue, il me semble que c’est surtout vous qui exagérez les choses pour en faire le moins possible. »
« Je te demande pardon… ? »
« Oh, mais je vous comprends, bien sûr. C’est infiniment plus simple de laisser ses enfants faire tout le travail, pendant qu’on se la coule douce devant la télévision à longueur de journée. »
« Francis, je crois que tu serais bien avisé de fermer ton clapet. »
« Excusez moi d’exprimer mon opinion. Je trouve simplement qu’il est juste honteux de se servir de ses enfants, dont un garçon de quatre ans, pour accomplir les tâches ménagères chez soi, et- »
« J’ai un cancer, Francis. »
Silence.
Francis écarquilla les yeux, et se tut tout net, pas tout à fait certain d’avoir bien entendu. Face à lui, Sylvain poussa un nouveau soupir, profondément morose, et leva sa main droite à son visage. Fatigué, malgré son jeune âge. Il semblait regretter d’avoir seulement ouvert la bouche ; quelque part, Francis pensait que c’était parce qu’il l’avait gardé pour lui trop longtemps.
Il le vit s’humecter les lèvres. Appuyer le dos de sa tête contre le dossier de son fauteuil, et fixer l’écran de télévision avec une expression si lasse et si vide qu’il peinait, tout simplement, à le reconnaître.
« Ça avait commencé dans les poumons, il y a quelques années de ça. Un peu après la naissance de Paul. Je m’en suis rendu compte un peu trop tard, tu vois- le comble, c’est que c’est Simon qui m’a alerté. Il m’entendait tousser la nuit, je crois. Il a fallu que je me fasse opérer, tu t’en doutes bien. Et puis, ce sont mes articulations qui ont commencé à me faire mal. Il paraît que c’est normal, chez les adultes de plus de trente ans. La formation de… de métastase, dans les os. C’est traitable, et, par ailleurs, je le suis, ce traitement. Mais c’est assez difficilement supportable, certains jours. »
Il le vit grimacer, légèrement. Sa main se resserra sur l’accoudoir où elle reposait. Il n’ajouta rien, mais Francis sentait parfaitement le ressentiment qu’il dirigeait vers lui. Silencieux, mais tangible. Ça aurait n’importe qui d’autre que Francis aurait pu ressentir de la compassion à son égard.
« Edward le sait ? »
Sylvain eut un drôle de petit rictus. Presque triste, surtout amer. Il secoua simplement la tête.
« Vos enfants ? »
Une nouvelle fois, il secoua la tête. Francis serra les poings.
« Et vous me le dites, à moi ? Bon dieu, Sylvain, je savais que vous étiez stupide. Mais cela frise des records. »
Et voilà que Sylvain tournait la tête vers lui. Avec ce regard particulier que Francis détestait. Celui qui semblait trop en savoir, qui était trop âgé, et qui semblait se moquer du monde alentour. Un pétillement qu’on pourrait croire joyeux, mais qui était cynique.
« Je sais que toi, tu n’en auras rien à foutre. »
Francis sentit ses propres ongles se planter dans la peau tendre de ses paumes ; il grinça des dents, et se redressa, juste pour toiser Sylvain de toute sa stature. L’autre homme se contenta d’hausser un sourcil très peu impressionné.
« Alors, quoi ? Vous n’allez jamais le leur dire ? Vous allez simplement les laisser trouver votre cadavre, ou recevoir votre avis de décès ? »
Avec une nonchalance que Francis haït profondément, Sylvain plongea une main dans la poche intérieure de sa veste, pour en sortir son étui à cigarette. Il en coinça une entre ses dents. Francis aurait voulu la lui arracher.
« Il n’y aura ni cadavre, ni avis de décès, » affirma Sylvain. « Et si je ne leur dis pas, c’est pour les préserver et les protéger. Ils n’ont pas besoin d’avoir à s’inquiéter pour moi. Je fais ce qu’il faut pour me soigner, et je ne mourrais pas. »
Son regard se fit presque absent ; il alluma le bout de sa cigarette, comme un automate, secouant tout doucement la tête. La voix plus douce encore, alors qu’il répétait, comme pour se convaincre lui-même :
« Non, je ne mourrais pas. »
Francis déglutit ; et, avant même qu’il ne puisse s’en empêcher, il sentit sa bouche qui s’ouvrit, et les mots qui se formèrent.
« Vous n’avez pas intérêt, non. »
Sylvain lui adressa un drôle de regard. Un regard rieur, un regard narquois, mais, surtout, un regard qui ne parvenait pas à se détacher de la profonde stupéfaction qui était venu le hanter. Il le contempla de la tête au pied. Et puis, comme l’insupportable animal qu’il était, il rit.
« Eh bien, ma parole ! Il semblerait que tu en ais quelque chose à foutre, après tout. »
« Non, » répliqua immédiatement Francis, et il fut lui-même surpris de la facilité avec laquelle les mots lui vinrent. « Pas moi. Mais Edward, oui. »
Et le voilà enfin, l’habituel sourire. Il ne lui avait pas manqué ; mais Francis admettait que c’était tout de même plus naturel, quand il était là. Il fit semblant de ne pas remarquer la petite tournure presque amicale qu’il avait pris.
« Ah, Francis, je crois que je n’ai jamais autant détesté quelqu’un que je te déteste toi. Mais en ce qui concerne Edward, tu es tout simplement parfait. »
« J’essaye de l’être, » souffla Francis, du bout des lèvres.
« Et tu as intérêt, » conclut gaiment Sylvain. « Je m’en voudrais de devoir venir pratiquer une petite trépanation sur cette masse épaisse qui te sert de crâne. Maintenant, si tu le permets, j’aimerai terminer de regarder ce  p a s s i o n n a n t  épisode de je ne sais trop quelle série vieillie sans avoir à subir ta présence. »
« Bien sûr, » fit Francis, retrouvant avec aisance le ton mielleux et condescendant qui le caractérisait. « Pour ma part, je préféré encore passer mon après-midi avec les mains plongées dans la terre et les vers de terre, plutôt que passer une seconde de plus en votre compagnie. »
« Il va de soi. »
« Evidemment. »
Francis esquissa quelque pas vers la porte vitrée qui menait à leur petit potager improvisé. Un instant, il s’arrêta, jeta un regard en arrière. Il rouvrit la bouche, comme mu par l’impulsion d’ajouter quelque chose, n’importe quoi. Il ne le fit pas. Il la referma, cette bouche ; et, sans un mot de plus, il sortit, laissant Sylvain seul avec ses pensées.
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Simon était, qu’on se le dise, las. Ce n’était certainement pas une nouveauté, et, vraiment, il en était parfaitement conscience. Il était naturellement las de vivre, pour des myriades de raisons qu’il ne voulait jamais partager- ce fardeau était le sien, et il le conservait, merci bien.
Seulement, cette lassitude là était tout autre. Elle était bien plus de nourrie d’agacement que de fatigue et de découragement. C’était la lassitude d’un adolescent qui avait toujours eu un espace attribué, sa chambre. Un havre de paix pour échapper à la compagnie de sa chère mais bruyante famille. La lassitude d’un adolescent qui avait accepté de passer une semaine, une seule, dans la même chambre que quatre enfants, et qui s’était trouvé confiné avec eux pour un temps indéterminé. Et c’était… atroce.
Simon aimait être plongé dans le noir complet, quand il dormait. Mais Stefan était tout petit, et il avait peur du noir. Alors, il fallait garder une veilleuse ou une lampe toujours allumée, et Simon en était réduit à fixer le plafond pendant des heures en attendant que les petits points de fatigues qui envahissaient ses yeux le plonge complètement dans le noir.
Simon aimait s’étaler dans son lit deux places, parce qu’il bougeait beaucoup, la nuit. Mais ils n’avaient qu’une chambre pour quatre, et donc, cela signifiait des lits superposés. Et puisqu’évidemment, Paul avait voulu du même côté qu’Alphonse (pour mettre des coups de pieds sur le matelas du dessus, ou pour clamer que, techniquement, ils dormaient dans le même lit, c’était dur à savoir), et bien, Simon était coincé avec Stefan. Et Stefan était trop petit pour le lit du haut. Et donc, Simon passait ses nuits raides comme un piquet, perturbé par la pensée irrationnelle qu’il puisse trop gigoter et tomber.
Simon aimait le silence et la sérénité, pour qu’il puisse enfin se détendre et laisser échapper ses pensées tourmentées. Mais Paul avait la fâcheuse habitude de dormir sur le dos, et ronflait comme il n’était pas permis de ronfler. Alors, Simon en était réduit à se planter des bouchons d’oreilles dans les tympans dans l’espoir de bloquer le bruit tonitruant.
Simon aimait, tout compte fait, quand il pouvait dormir la nuit. Cependant, outre tout ces petits détails dérangeants, il y avait aussi la possibilité non-négligeable que Paul décide que c’était le moment parfait pour faire chier son monde, et lance, 1- Une bataille de polochon, 2- Des bombes puantes fabriquées avec les bouses de vache du voisin, 3- Des paillettes, 4- Un cri de guerre tout contre son oreille.
Alors, oui. Simon était las. Et cela faisait des semaines qu’il n’avait pas dormi comme il le voulait. Et ce soir, il était trois heures quarante-deux du matin ; et il n’avait toujours pas fermé l’œil de la nuit. Soigneusement coincé dans le cocon de sa couverture, pour être sûr que toute nuisance extérieure (Paul) ne puisse l’atteindre. Les yeux grands ouverts, alors qu’il comptait, sans pouvoir s’en empêcher, les ronflements de son frère cadet, les grincements des matelas, des lits, et les craquements des poutres du chalet.
Il était parfaitement réveillé ; et c’est sans doute pour ça qu’il réagit immédiatement quand une petite main se posa sur le tas informe qu’il formait. Son premier réflexe fut de réprimer un arrêt cardiaque ; son deuxième fut de laisser poindre un regard aussi bigleux que noir, pour le darder sur l’impudent qui osait venir perturber son nom sommeil.
« Paul, je te jure que- »
Et puis, il réalisa deux choses, au même moment. La première, ce fut qu’on entendait encore très bien les ronflements gutturaux du susdit Paul. La deuxième, ce fut que le gosse qui se tenait face à lui, c’était Stefan. Tout ébouriffé, la main gauche serrée sur la patte de son ours en peluche, l’autre agrippé à la couverture de Simon. Le regard très large, parce que lui non plus, sans ses lunettes, ne voyait pas grand-chose.
Il y eut quelques secondes de silence. Si ça avait été Paul, Simon l’aurait sans doute déjà jeté hors de son lit, et lui aurait probablement adressé une soufflante bien sentie ; Stefan, c’était différent. Sans doute parce qu’il était plus petit, et que lui, au moins, ne venait pas casser ses burnes sans bonne raison.
Et puis, sans rien ajouter, le marmot se faufila sous sa couette, et vint s’accrocher à lui.
« Cauchemar, » l’entendit-il articuler.
Simon soupira. Comme toujours. Se collant contre le mur, pour laisser suffisamment de place à l’intru. S’il n’était pas aussi fatigué, il admettrait sûrement qu’il était flatté que ce soit lui que Stefan soit venu voir ; mais il était fatigué, et il ne parvenait pas à se détacher de son lointain désespoir de ne pouvoir être tranquille, pas une minute.
Peut-être qu’il devrait demander à Père s’il pouvait dormir avec lui. Ce serait sûrement vachement mieux.
Où sur le canapé du salon. C’est bien, le canapé du salon.
« Ah, » s’entendit-il articuler, la tête retombant mollement sur son oreiller, alors qu’il émergeait de son armure de tissu. « Et je suppose que tu veux dormir avec moi ? »
Stefan ne répondit pas, mais il le sentit distinctement hocher la tête de l’endroit où il était. Nouveau soupir ; résigné, il leva les yeux, et les fixa, pour une énième nuit, sur le plafond. Il y eut de nouvelles minutes de silence, comblées par le ronflement délicat de Paul. Et puis, d’une toute petite voix, Stefan reprit.
« C’est l’homme rouge. Veut pas me laisser trankil. »
Simon leva mollement la main droite, tapota paresseusement la tête de son petit frère. C’était le seul geste rassurant qu’il était capable d’invoquer, actuellement.
« Il n’y a pas d’homme en rouge, Stefan. Et, quand bien même, on ne le laissera pas te toucher. »
« Des fois, » continua Stefan, comme s’il ne l’avait pas entendu, « Je suis pas moi. Dans les cauchemars. C’est bizarre. Je vole, et boum, je suis plus là. »
Quelque part, dans son esprit embrumé, Simon savait que ce n’était pas le genre de rêve que devrait faire un enfant aussi jeune que Stefan. Il ne parvint pas à se focaliser sur cette idée ; ses yeux restaient grands ouverts, mais il se sentait glisser, enfin, dans ce sommeil qu’il avait tant attendu. C’est à peine s’il écoute ce que Stefan continue à lui dire.
« Y’a les yeux bleus, aussi. Des fois en haut, des fois en bas, mais y’a du bleu partout, et moi je suis rouge. Je veux descendre et je peux pas. Et personne m’écoute quand je parle. »
Simon ferma les yeux, laissant échapper un petit soupir d’aise. Sa main s’est immobilisée sur le haut du crâne de Stefan ; l’enfant ne cherche pas à se dégager. Il eut vaguement conscience du regard qui ne le quittait pas. Il s’endormit avant d’entendre ce que son petit frère ajouta, tout bas, comme pour lui-même.
« Personne m’écoute, et pouf, je disparais. »
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Ça faisait quelques jours, maintenant, que Francis sentait la crise arriver. C’était impalpable, c’était dans l’atmosphère, comme une fatalité inéluctable. C’était dans le regard vide qu’avait Edward en contemplant ses feuilles blanches. Ses immobilités soudaines, alors qu’il faisait la vaisselle, et qu’il se trouvait subitement à contempler la mousse qui fleurissait dans l’évier, comme foudroyé sur place. C’était dans ses sursauts au moindre son trop fort, ses regards moroses quand il observait le monde, dehors. C’était dans les cauchemars qui se faisait plus fréquents, les souvenirs que Francis sentait remonter, mais qu’Edward taisait, soigneusement, comme si ça pouvait les effacer.
Presque trois mois, maintenant, qu’ils étaient enfermés. Qu’ils ne sortaient jamais, si ce n’est pour faire les courses. Et évidemment- évidemment que c’était inévitable. Inévitable que Lui, et ses souvenirs qui hantaient Edward, ne finisse par le rattraper.
Lorsque ça arriva enfin, Francis était dans le jardin. Il arrosait les plantes, aidé par Stefan qui s’efforçait de tenir son tout petit arrosoir. L’enfant l’agaçait, mais Francis était prêt à le tolérer. Parce qu’il était toujours très silencieux quand il jardinait, comme si c’était une affaire au moins aussi sérieuse que celles qui pouvaient être traitées dans le Pentagone.
Et puis, Sylvain était sorti. Ils n’avaient pas eu besoin d’échanger le moindre mot. Un regard suffit. Sylvain avait le front plissé d’inquiétude ; il était sorti, et c’était lui qu’il venait voir. S’il y avait une chose sur laquelle les deux hommes pouvaient au moins s’accorder, c’était Edward.
Il lâcha son arrosoir, et se dirigea immédiatement vers la porte d’entrée.
« Où est-il ? »
« Dans votre chambre, » répondit immédiatement Sylvain, parce que, visiblement, il s’attendait déjà à cette question.
Francis hocha la tête ; et c’est tout juste s’il ne monta pas les marches de l’escalier quatre à quatre. Sans surprise, la porte de la chambre était ouverte ; c’était le silence qui y régnait qui l’inquiétait. Il s’arrêta un instant sur son pas, inspira profondément. Il sentait son cœur qui battait contre sa poitrine, affolé ; il savait qu’il devait impérativement être calme, et composé.
Et puis, il entra.
La pièce était plongée dans la semi-pénombre. Les volets étaient fermés ; mais ils étaient vieux, et laissaient, malgré tout, filtrer la lumière du jour et du soleil éclatant de ce début d’après-midi. C’était à peine si on distinguait la silhouette d’Edward. Assis à même le sol, contre le mur, la tête plongée dans les bras, et les épaules agitées de tremblements incontrôlables. Il respirait, mais il respirait mal. Par à-coup, saccadé.
Francis déglutit. Tout doucement, précautionneusement, il s’approcha ; puis, il s’agenouilla en face de lui. Ne le toucha pas. Pas encore.
« Chaton ? »
Il l’entendit distinctement inspirer un grand coup. Une respiration tremblante, comme un noyé sortant enfin la tête de l’eau. Ses doigts se crispèrent un peu plus sur ses avant-bras. Il ne leva pas les yeux.
« Je vais bien, Francis, » l’entendit-il articuler, d’une voix qui était si minuscule et si timide qu’on aurait eu peine à croire qu’elle venait vraiment de lui. « Je sais que je vais bien. Je devrais. »
« Tu es en sécurité, » admit Francis, lui-même surpris de la douceur de sa propre voix. « Mais ça ne veut pas nécessairement dire que tu dois aller bien. »
Edward déglutit ; le tremblement qui l’agita sembla l’ébranler tout entier. Il leva juste un peu la tête ; juste assez pour que Francis puisse croiser ses yeux. Grands yeux verts détrempés de larmes qu’il versait en silence. Un animal blessé qui se recroqueville sur lui-même. Il lui fallut réunir toutes ses forces pour ne pas immédiatement le prendre dans ses bras.
« J’allais mieux, » souffla-t-il, comme désespéré, comme brisé, et Francis se sentit renvoyé, avec une force vivide, au jour où Edward était monté pour la première fois dans sa voiture.
« Tu vas mieux, » corrigea-t-il, juste assez ferme pour ne pas laisser de place au doute. « Il y aura toujours des hauts et des bas, mais tu as déjà fait tant de chemin… ! »
Edward secoua vaguement la tête. Lentement, imperceptiblement, comme l’illustration d’un déni si profondément ancré qu’on peinait même à imaginer pourquoi il y avait besoin de le montrer ostensiblement. Mais son regard ne quittait pas celui de Francis. Une supplique silencieuse qu’il était trop fier pour prononcer à haute voix.
« Est-ce que tu m’autorises à te toucher… ? » murmura Francis, s’avançant juste un peu plus, s’efforçant de ne pas mordre sa lèvre inférieure.
Une minute passa. Silencieuse, tranchée par la respiration hachée d’Edward. Et puis, il hocha la tête, et Francis laissa échapper un souffle qu’il n’avait pas eu conscience d’avoir retenu. Ce fut avec beaucoup de précaution qu’il tendit la main. La posa, dans un premier temps, sur l’épaule de l’anglais ; et, enfin, lentement, doucement, il l’attira contre lui. Sans jamais appuyer, sans jamais forcer, parce qu’à tout instant, Edward devait sentir qu’il pouvait dire non, devait sentir qu’il pouvait se dérober et se reculer.
Il ne se déroba pas, il ne se recula pas, il ne dit pas non. Son front se posa contre le torse de Francis, et ce fut comme si, instantanément, une infime partie de la raideur de ses épaules s’effaçait, s’étoilait. Et le silence s’éteint enfin, parce qu’enfin, il relâchait la prise de fer qu’il s’était imposait, et s’autorisait à sangloter. Francis n’ajouta plus rien, pendant quelques minutes. Il le tint contre lui, précieusement. Passant ses doigts dans les cheveux blonds, un geste répétitif et soigné. Une ancre dans la réalité, un signe de sécurité et de bienveillance.
Et puis, enfin, alors que les sanglots semblaient s’espacer, s’apaiser, il s’autorisa à rouvrir la bouche, reprendre la parole.
« Tout va bien, » souffla-t-il. « Tout ira bien. Tu guéris un peu plus chaque jour. »
Et, lorsqu’Edward laissa échapper un petit souffle tremblant, Francis sut que, quelque part, c’était bien une promesse qu’il venait de lui faire. Et qu’il soit damné s’il ne faisait pas tout pour la tenir, quoiqu’il lui en coûte.
 ----
Faire les courses en temps de crises, c’était véritablement quelque chose de particulier. Tous ces visages masqués, ces gens qui restaient à plusieurs mètres de vous comme si vous aviez la peste. Cette sensation que, parce que vous êtes dehors, vous êtes-vous-même promis à une mort précoce. Francis gardait un souvenir particulièrement vivide de cette dame d’âge avancée qui avait fait un très large détour en arrivant près de lui, et qui avait même mesuré la distance qu’il y avait entre eux au moyen de sa canne.
Qu’on se le dise, si c’était, effectivement, une ambiance particulière, c’en était surtout une qui ne gênait pas Francis. Pas le moins du monde, même ; c’était enfin l’occasion d’éviter les attroupements à l’entrée d’Auchan, et la populace qui grouillait entre les rayons. Aussi, lorsqu’il avait été désigné pour ravitailler la petite communauté, il avait été plutôt ravi. On ne crachait pas une occasion de sortir en toute légalité.
(Contrairement à Paul qui, il ne le savait comment, avait convaincu Alphonse de sortir, la semaine dernière.)
(Sans masques.)
(Sans attestations.)
(Ils s’étaient fait arrêtés par la police, et c’était la première fois que Francis avait vu Sylvain  v r a i m e n t  gronder l’un de ses enfants.)
(Inutile de dire qu’Alphonse en avait pris pour son grade, lui aussi.)
Et puis, on lui avait demandé d’emmener Stefan avec lui, et Francis avait été juste un peu plus reluctant. Il n’avait rien contre l’enfant, si ce n’était qu’il le trouvait idiot, agaçant, et qu’il ne pouvait pas supporter son père. Mais il n’avait pas spécialement envie de passer du temps avec lui. Surtout dans un lieu public.
Il s’appliquait donc à faire de son mieux pour prétendre que Stefan n’était pas là, tout en s’assurant qu’il ne risquait pas de le perdre dans les rayons. Ainsi, il l’avait tout à fait logiquement collé dans le caddie, sur le siège prévu pour les enfants, et se concentrait sur sa liste de course sans lui adresser plus de regard que nécessaire.
Il devait l’admettre, le môme était plutôt sage. Il tétouillait la patte de son ours en peluche, silencieux. Sûrement qu’il sentait que Francis ne l’aimait pas, et qu’il se doutait que la moindre scène ou caprice qu’il pourrait être tenté de faire se verrait soldé par une solide réprimande.
Francis en était même venu à simplement oublier qu’il était là. Jusqu’à ce qu’au retour, en fait, vers la voiture.
Il poussait tranquillement le caddie, sortant du supermarché avec tous ses sacs de cours. Toisant les gens qui s’approchaient trop près de lui, avec tout son merveilleux dédain et son merveilleux mépris. Et puis, il avait vu une voiture qui roulait face à eux, dans l’allée, et qui ne semblait pas déterminée à ralentir- et il avait accélérer pour se mettre à l’abri.
Et Stefan avait ris.
Un petit gloussement, à peine audible, alors qu’il s’accrochait au bord du caddie, le visage transfiguré par un ravissement éphémère. Et Francis- Francis se rappela, juste un instant, ce que ça faisait d’être un enfant, et de se retrouver dans un caddie qu’un adulte poussait à toute vitesse. L’espèce d’euphorie gamine, la sensation de vitesse. Il avait toujours adoré ça.
C’est sans doute pour cela qu’il recommença. Juste par curiosité. Accélérant le pas, presque au point de courir. Stefan eut exactement la réaction à laquelle il s’était attendu ; il rit, de nouveau, plus franchement, plus sincèrement.  Un rire de gosse. Pour la première fois depuis le début de leur petite sortie, il leva les yeux vers lui, et lui sourit. Le regard illuminé de petite bulle de joie, derrière les larges verres de ses lunettes.
Alors- Alors, Francis accéléra de plus belle. Et, avant qu’il n’en prenne vraiment conscience, ils couraient un peu partout dans le parking ; et il souriait, et il riait aussi, juste un peu, comme il avait pu le faire avec Alphonse quand il avait l’âge de Stefan. Et le gosse gloussait, mimait des bruits de voiture de course, tendait les bras pour pleinement profiter de la vitesse.
Ça ne durerait qu’un instant, bien sûr. Quelques minutes. Mais peut-être qu’au fond, ça aurait une importance. Et peut-être même que ce n’était pas plus mal.
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« Eh bien, » fit Edward, « Ce ne fut pas si long que cela, n’est-ce pas ? »
« Ne dis pas ça, » grimaça Sylvain, « Qui sait ce que tu pourrais provoquer. »
« Evite d’invoquer un deuxième confinement, chaton, » renchérit Francis. « Un fut bien assez. »
Edward roula dramatiquement des yeux, chargeant sa valise dans le coffre de leur voiture. Derrière eux, Alphonse semblait pris dans un au revoir larmoyant avec Paul, visiblement peu heureux de laisser partir la proximité quotidienne à laquelle ils s’étaient tout deux habitués. Lui-même, pour tout dire, se sentirait presque mélancolique, à l’idée de devoir reprendre le cours de son quotidien.
Presque. Rien ne pouvait valoir le calme d’un après-midi face à son manuscrit, sans bruit de disputes entre deux hommes, et sans apparition du diablotin hyperactif.
Mais il s’était habitué à une forme de proximité, de cocon familial étendu, de camaraderie constante. Et il savait que, pour quelques semaines, la maison lui semblerait bien vide.
Il referma le coffre, un claquement sonore qui sembla sonner comme un rideau de fin de spectacle. Puis, il se tourna vers Sylvain et Simon, debout côte à côte, parce qu’évidemment que ces deux-là avaient déjà préparé et rangé toutes leurs affaires.
« Eh bien ! » s’exclama Sylvain, se redressant un peu, largement appuyé sur sa canne. « Je crois qu’il est temps, pour nous, de se dire au-revoir. »
Edward hocha légèrement la tête ; et, à sa très grande surprise, Francis le battit en vitesse, en tendant la main vers l’autre homme.
« En effet, » dit-il. « Et je suppose que je peux uniquement vous souhaiter de prendre soin de vous. »
Il sembla y avoir comme un accord muet, entre les deux hommes. Quelque chose qui échappait à Edward, et qu’il n’était sans doute pas supposé pouvoir comprendre. Ils se serrèrent la main ; et, sans un mot de plus, Francis monta dans la voiture.
« Uh, » lâcha Edward, clignant des yeux, face au sourire rieur de Sylvain. « Eh bien, au moins, vous êtes parvenu à devenir civils l’un envers l’autre. »
« Je sais, » roucoula Sylvain, parce qu’évidemment qu’il allait en profiter pour être aussi dramatique que possible. « Ce ne fut pas sans effort, sans concessions drastiques qui ne coûta tout deux beaucoup. Sans compter un épisode de Barnaby. »
« Je ne veux pas savoir, » fit judicieusement Edward. « Je contente de me réjouir du résultat. Qui sait, peut-être qu’un jour, vous serez même ami. »
« Qui sait, » rit Sylvain, qui, manifestement, n’y croyait pas du tout. « Dans tous les cas, je te souhaite un très bon retour chez toi. Tu nous manqueras. »
Et que pouvait-il répondre, à ce genre de sincérité ? Rien, vraiment. Il hocha simplement la tête, et se laissa entraîner dans une brève étreinte. Très vite rejoindre par Stefan, qui s’accrocha à sa jambe droite, et Paul, qui se jeta pratiquement sur son dos.
« Bye bye, oncle Ed’, » gazouilla Paul. « T’façon, on se connait, on sait que le week-end prochain, tu seras à la maison à prendre le thé avec Papa. »
« On verra ça, » rétorqua Edward, comme s’il ne savait pas que l’enfant avait parfaitement raison. « Essaye de ménager ton pauvre père, tu veux ? »
« Evidemment, » promit Paul tout sourire.
« Si seulement, » soupira Sylvain. « Au revoir, Edward. »
Edward se fendit d’une courbette un peu dramatique, que Sylvain lui rendit bien ; puis, après avoir ébouriffer une dernière fois les cheveux d’Edward, il se détourna, et monta, à son tour, dans la voiture. Manifestement, Alphonse s’était déjà glissé sur le siège arrière, le regard glué à la silhouette de Paul, à qui il ne cessait de faire des signes de mains.
« Et bien, » remarqua Francis, tournant la clé de contact, « C’est fini. »
« Oui, » répéta Edward, pensivement. « C’est fini. »
« Jusqu’à la prochaine fois…~ »
« Ne parle pas de malheur, Francis. Ne parle pas de malheur. »
FIN
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