#littérature ado
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ninonlitaussi · 8 months ago
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La dernière amazone: une aventurière sous la plume d'Estelle Faye
Des bas fonds d’Athènes aux contrées lointaines, en passant par les Enfers, La dernière Amazone nous embarque aux côtés de Lysia, accompagnée de Méduse, Hélène et tant d’autres. Avec un regard contemporain, Estelle Faye revisite la mythologie sous un autre angle, avec un regard féminin et féministe. Continue reading La dernière amazone: une aventurière sous la plume d’Estelle Faye
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nicolasbaudoin · 11 months ago
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Il a pris cher, le livre, en quelques décennies. Pour s’évader dans la fiction, il y a les séries en streaming. Pour bricoler, des tutos. Pour comprendre les sciences, Youtube. Pour se distraire, les réseaux sociaux. Pour découvrir l’Histoire, il y a Wikipédia et pour traduire un mot, les dictionnaires en ligne. Pour situer le Soudan, Google Earth. Il y a moins de plans dans les voitures, moins d’encyclopédies ou de guides touristiques sur les étagères… Et moins de livres dans le quotidien des ados. Comment s’en étonner ? Comment ne pas faire le lien avec la baisse du niveau de lecture des adolescents? L’étude PISA 2022, publiée début décembre 2023, montre que les compétences en lecture des adolescents de 15 ans en Belgique ont effectivement baissé. La pandémie y est probablement pour quelque chose, c’est une tendance constatée dans bon nombre d'Etats sondés, mais en Belgique la descente s’est amorcée bien avant le Covid. Quelles en seraient les raisons ? Qu’en disent les intéressés ? Dans cet épisode de "Zoomer ! La génération Z au micro", des adolescents nous parlent des concurrents des livres dans leurs quotidiens et de leurs répulsions ou passions pour la lecture.  Ils évoquent la façon dont leurs parents leur ont parfois balisé ou compliqué l’accès au livre. Ce podcast les rejoint dans des univers littéraires bien à eux, sur TikTok #Booktok où les lectrices s’enflamment, dans le plaisir du manga ou du roman jeunesse, ou celui d’écrire son propre récit. Et pas de doute, il y a bien du relief derrière la descente statistique de l’Etude PISA. "ZOOMER ! La Génération Z au micro" est un podcast qui écoute les jeunes Européens de la Génération Z, ceux que la presse anglophone surnomme "Zoomers". Un surnom inspiré de "Boomers" avec le Z de 'Zoom', allusion à l’agilité digitale de ceux qui sont nés entre 1997 et 2010, avec les réseaux sociaux. Ce podcast La Première/Euranet Plus est à écouter sur Auvio et sur vos plateformes de podcast habituelles. Avec les jeunes lauréats du concours de nouvelles de la Compagnie Albertine, l’autrice Geneviève Damas, les 5es du Lycée du Berlaymont (Waterloo), le romancier Xavier Deutch (via l’opération "Auteurs en classe"), la libraire Aline Pornel au milieu des livres, Zoé et Léa Manosalva du Club Manga de la bibliothèque de Nivelles et les conseils du Prix Farniente. Suivez toute l’actualité européenne avec EuranetPlus, le premier réseau d’information européenne.
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plexussolaire · 1 year ago
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Détresse d'une bonne prof
31.08.2023
Cette année, c’est ma cinquième rentrée.
Je suis arrivée en 2019 en tant que professeure de français. Je ne pense pas avoir fait le mauvais choix, en passant ce concours et en faisant ce métier. Les débuts ont été effrayants et difficiles, faute de formation convenable. Je suis tombée sur des classes compliquées dès la première année, et puis il y a eu le covid. J’ai longtemps eu peur de ne pas réussir, j’étais exigeante envers moi-même et un peu timorée pour croire en mon autorité naturelle. Mais le métier s’est fait, l’expérience s’est construite, maintenant je suis le mirador qui voit tout (ou croit tout voir), je répète en boucle les règles et les limites, les élèves m’ont dit qu’ils se sentaient bien avec moi et que j’expliquais bien. Certains trouvent mon cours intéressant, je peux leur parler sans qu’il y ait de tension et c’est déjà ça. Les petits fauteurs de trouble m’apprécient dans l’ensemble, parce que je ne les laisse pas tomber. Je suis reconnue comme une bonne prof, à mon échelle. Déjà puisque je suis pleinement là, avec toute mon énergie, avec le plaisir de chercher à donner le meilleur de ce que j’ai, et de leur montrer comme j’aime parler de littérature.
Je ne fais pas mille projets par an, je n’ai pas l’ambition de devenir inspectrice, je ne fais pas des jeux, je ne crée pas d’escape game ni ne plastifie des quizz de toutes les couleurs. Je suis vieux jeu, mais pour les petits loups que j’accompagne, parfois c’est rassurant et cadrant. Ils apprennent des choses, ils se souviennent d’informations l’année d’après pourtant très loin de leurs vies quotidiennes. Ils peuvent rire dans ma classe, ils peuvent s’exprimer, ils sont parfois remuants mais reviennent toujours au calme quand c’est nécessaire. Les ados sont différents d’il y a dix ans et je leur souhaite d��embrasser ces changements qu’on voudrait les empêcher d’incarner, sous prétexte qu’ils ne sont “plus au niveau”, et qu’on ne leur répétera jamais assez. Et puis je les aime, inconditionnellement et sans attente, et ça c’est déjà quelque chose.
Le problème c’est de dire immédiatement, comme présupposé, que ça aurait pu être un mauvais choix. Plus à aucun moment on ne parle de bon choix d’être prof. On finit prof. C’est ma cinquième rentrée demain, je vais retrouver mes collègues chouettes, ce collège que je connais faute de l’apprécier vraiment, étant donné qu’il tombe en ruine (littéralement, il penche) et sue le béton, dans un quartier moche et au milieu des cités. Je vais retrouver les élèves et faire mieux que l’année dernière. Je vais développer mes activités syndicales et apprendre plein de choses, car moi aussi j’apprends tous les jours quand je vais au collège. Je suis une vieille prof, maintenant. Je fais partie des murs, comme on dit. Mais cette année encore, je suis terrorisée.
Mais ça il faut bien que je me garde d’en parler à tout ceux qui ne sont pas prof. Personne ne regarde cela d’un bon oeil et quand on raconte ce qu’on vit vraiment au quotidien, on est juste pénibles. On se plaint alors qu’on a des vacances. On se plaint alors qu’on est fonctionnaire, et qu’on ne doit “que 18H”. J’ai commencé de préparer mes cours le 1er août. C’est un choix, je peux organiser mon travail comme je veux. Au début c’était une heure par jour, puis deux, puis trois, puisque c’est un travail infiniment long, qui demande de faire une tâche en plusieurs heures, parfois plusieurs jours, et qu’on n’est pas sûr qu’elle fonctionnera auprès des élèves. Cela fait une semaine et demi que je travaille plus de sept heures par jour. Je n’arrive pas à me rendre compte du résultat obtenu. Certaines choses vont être abandonnées, car je ne connais pas encore le profil de mes classes ou le caractère de mes élèves, leur rythme, ou leurs difficultés. J’ai peut-être deux mois de prêt. Je travaillerai pendant tous les weekend et toutes les vacances. Ce travail est invisible. Dans le privé, on vous parlerait de télétravail. Je compterai le nombre de jour de “vacances” réels que j’ai cette année, mais je pense qu’ils sont moins impressionnants que prévus, et cela avec 5 ans d’expérience et des cours un peu rodés.
Je travaille, et je ne gagne pas grand chose pour tout ce que je fais, pour la fatigue accumulée et les problèmes de santé mentale que mon travail me cause. Souvent la dernière semaine avant les vacances, je pleure. Je pleure de fatigue et de désespoir. Ça dépend des périodes, parfois c’est dès la deuxième semaine. Des fois je me contente d’arrêter de vivre et de serrer les dents en attendant les vacances. Car corriger, préparer, diriger, punir, encourager, parler, parler, écouter, consoler, répéter, parler, répéter encore, dix fois, vingt fois, s’interrompre, exiger, appeler, parler encore, et fort, toute la journée, ça brûle à petit feu toutes les réserves.
C’est le bruit surtout qui vous roule dessus. Le bruit des cris, le bruit des disputes, le bruit cours de travaux en groupe à 30, le bruit des couloirs qui résonnent, plus puissant qu’un moteur d’avion par période, le bruit de la salle des profs plein d’enseignants encore dans le flux de stress et de bruit. Le bruit des sonneries, le bruit de la ville, et tous les bruits ensuite qui vous assaillent jusque chez vous. Chaque jour, même quand vous n’avez pas la force, vous devez affronter ce bruit et parler, assurer le silence pour qu’ils soient 30 à vous écouter, du haut de votre mètre cinquante huit, dans une salle trop longue et mal prévue pour accueillir ces bruits. Parfois, dans ces salles, il fait 40°C et il n’y a pas de limite légale qui nous autorise à ne pas assurer le cours quand on sent qu’on a chaud à en vomir.
Parfois, le président nous dit qu’il faudrait qu’on revienne bosser le 20 août, donc par 40°C, avec des gosses qui se révolteront car déjà ils n’aiment pas l’école et vous êtes là pour les torturer. Parfois il nous dit qu’il faudrait bosser plus, et faire nos formations pendant les vacances et le mercredi après-midi, sans prendre en compte que l’on bosse déjà plus, depuis longtemps. Nous avons besoin du mercredi pour préparer les cours, et des formations en semaine pour faire une pause de nos élèves et apprendre à être meilleure à ce que l’on fait. On est seul dans sa classe, sans retour ni commentaires, parler en formation fait parfois du bien. Prendre du recul est essentiel.
Et puis il nous promet le pacte. Un moyen d’encadrer des actions pédagogiques que l’on fait déjà en heure supplémentaire. Comprenez bien que le plus précieux dans notre métier, c’est la liberté pédagogique que nous devons à notre statut si privilégié de fonctionnaire. Le droit de choisir comment l’on enseigne, selon une durée légale, que l’on peut augmenter moyennant des heures supplémentaires en remplaçant des collègues pendant leurs absences, afin d’assurer un suivi qui nous semble pertinent. Le pacte veut obliger les professeurs à faire ce qu’ils font déjà. Le pacte retire la liberté pédagogique. Si l’on ne remplace pas 18H d’absence de nos collègues (moyennant 36H de présence obligatoire au collège), nous ne pourront pas assurer les autres missions qui nous tiennent à coeur, et qui monteront nos heures supplémentaires bien au-delà de ce que nos corps pourront souffrir. Nous gérons notre temps, car la pédagogie demande du calme et de la clarté d’esprit. 50h supplémentaires par an, c’est subir des heures et nous mettre en colère pour le moindre mouvement de table, ou le moindre cahier oublié par mégarde. C’est briser petit à petit le lien qui nous unit aux élèves, faute d’énergie pour maintenir la confiance.
Le pacte veut nous offrir plein d’argent en échange. Mais attendez, pas trop vite. Cela dépendra de votre ancienneté, plus vous êtes ancien, moins vous aurez besoin d’argent pour vous donner l’envie de rester. On vous pousse plutôt vers la sortie. Sans compter que ce ne sont que des primes, qui ne seront pas prises en compte pour la retraite. Sans les primes REP et autres primes d’activité que je dois à mon jeune âge, je ne toucherais presque rien. En fait, dire que tous les profs seront payer 2000€ dès le début de leur carrière, reviendront à dire qu’ils seront payés pareil au bout d’un an et au bout de 8 ou 9 ans de carrière. Grâce au pacte, les dix ans de carrière vont même voir leur salaire baisser. Les mères n’auront pas cette possibilité d’avoir les primes et n’auront plus l’occasion de se former, puisque ce sera le mercredi après-midi. Pourquoi les professeurs ne veulent pas du pacte, demande Léa Salamé à Gabriel Attal sur France Inter la veille de la rentrée, et bien parce que c’est une réforme profondément injuste et méprisante.
Le plus dur de ce métier, c’est l’absence de respect. J’allais dire l’absence de reconnaissance, mais ça c’est le salaire le plus rare du système capitaliste. Depuis que j’ai commencé, il n’y a pas eu un mois, que dis-je, une semaine, sans l’annonce d’un projet menaçant qui nous promettent un avenir encore plus lugubre que le présent déjà morne et hostile. Pas une semaine sans une parole, un mépris de notre institution et de leurs gouvernants. C’est cela qui me terrorise. C’est de retourner affronter à bout de bras une situation très difficile qui repose sur la chance ou non d’avoir des élèves sympa, sans aucune chance de réussir à faire correctement mon travail, puisque je n’en ai pas les moyens matériels, (salle, matériel de qualité, salaire. En plus de cela, il faut espérer avoir une direction juste et compétente. Et cette dernière situation est très rare : on ne compte plus le nombre de cas de harcèlement ou d’abus des principaux que le pacte voudrait également rendre tout-puissants et transformer en néo-manager.
Ce qui me terrorise, c’est de retourner avaler jour après jour les directives injustes, les solutions indignes du terrain, les manques de l’institution que nous essuyons poliment sans faire de vague. Affronter cela en entendant le rejet de nos revendications au respect d’avoir un salaire qui nous permettent de supporter les mois d’inflation, qui nous permettent de retrouver un niveau de salaire, gelé depuis vingt-cinq ans, décent pour un fonctionnaire de catégorie A ayant fait 5 ans d’études. Ce qui me terrorise, c’est de voir que leurs réponses à tous les problèmes c’est d’engager sur une simple lettre de motivation et d’un CV des générations de professeurs contractuels non formés, parfois idéalistes, qui finissent par souffrir terriblement et se casser les dents, qu’on peut virer comme ça nous chante et surtout en juillet pour ne pas les payer de l’été. Mais vous comprenez, il faut bien garder les enfants pendant que les parents vont travailler, alors on a besoin de quelqu’un devant la classe pour garder les mômes. Peu importe si on lui balance des stylos ou s’il fait mordre par le petit loup autiste qui n’a plus d’AESH parce qu’il n’y a personne sur le poste et que c’est normal de le laisser au milieu de 27 neurotypiques qui se demandent pourquoi, très stressé, il pousse des cris en plein cours. Peu importe, puisque la garderie nationale est là pour ça. On voudrait juste du respect, pour nous et pour les gamins. Mais vraiment, simplement, demander la grâce de ne pas rendre notre métier plus difficile qu’il n’est et de nous foutre la paix pendant une semaine.
Quand je parle de tout cela, je suis sans cesse interrompue car il y a trop à dire et que c’est éprouvant pour celui qui écoute. Chacun a ses problèmes, et certains font semblant de comprendre, tout en méprisant un propos qu’ils jugent un petit peu abusé. Ah ces profs qui n’ont jamais été dans le privé, qui sont restés à l’école. Et puis tout le monde a son mot à dire sur la question, sur notre travail, ils sont passés par là. Ils ont été élèves, donc ils savent ce que c’est, le collège. Il y a des profs qui ne font rien vous comprenez, qui n’en foutent pas une. Une fois que tu as préparé tes cours, c’est bon t’as plus rien à faire. Tout le monde vous envie vos vacances mais pour rien au monde on ne voudrait devenir prof. C’est trop mal payé, et puis c’est horrible d’être face à des adolescents qui foutent le bordel toute la journée et ne vous respectent pas. Mais bon, vous comprenez. Vous avez beaucoup de vacances alors ne vous plaignez pas, jamais. Dire “je suis prof” ouvre la porte à tout un tas d’insanités en soirée, chez le coiffeur, partout où vous allez, je vous laisse faire l’expérience si ça vous chante.
Mais en attendant, si vous croisez un professeur, faites lui un câlin. Si vous êtes parent et que votre enfant vous en dit du bien, faites lui savoir par un petit mot. Pour l'aider, plutôt que l'enfoncer, à persévérer pour des enfants qui méritent une éducation qui les libère et leur ouvre l'esprit à d'autres horizons. Faites leur sentir qu'ils ne sont pas juste là pour garder les gosses, mais qu'ils servent à quelque chose, quand ils motivent un enfant et lui font découvrir le bonheur d'ecrire une histoire et de la lire à leurs camarades, quand ils lisent une nouvelle à chute et s'extasient des pouvoirs de la littérature. Parce que c'est gratuit. Parce que ça aide. Le moral des profs s'effondre, les congés maladie pour burn out se multiplient. Faites lui un câlin, ecoutez-le. Demain, il doit y retourner, avec son petit sac sous le bras, dire bonjour avec le sourire, faire le plus beau métier du monde que personne au monde ne voudrait faire.
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rosesinvalley · 3 months ago
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Ciseaux Fanzine
Des fanzines queer mais pas que…
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Pourquoi pas interviewer des acteurs du DIY ?
J’ai rencontré Ophélie au Salon « DIE or DIY » en décembre 2021, une autre fanzineuse posée à coté de mon stand. Nous avons donc pris le temps de discuter, échanger nos fanzines et ça a accroché.
Le caractère éclectique et du genre LGBT / Queer m’a interpellé ainsi que le style punkzine à l’ancienne. Elle a donc susciter ma curiosité sur son travail de longue haleine et je lui ai proposé une interview. 
Elle m’a aussi appris le mot « DYKE »  qui n’est pas dans le contexte une lame de roche magmatique à vous de chercher.
Elle a posé avec un tee shirt RIV qui lui va à ravir dans la thématique Cult of ride. Merci !!!
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Peux-tu présenter « Les Ciseaux Fanzine » ?
« Les Ciseaux Fanzine », c’est un ensemble de fanzines autour des thématiques féministes et queer et de façon plus générale, sur la culture, le cinéma, la littérature, la musique avec parfois un humour décalé.
J’utilise le terme « queer », signifiant à l’origine « bizarre », « inadapté », pour désigner une identité, une culture et une communauté aussi qui remet en question les genres et une société dans laquelle le patriarcat est le modèle dominant. Pour moi, c’est un terme avec un sens politique qui sous-entend un certain engagement. Se revendiquer « queer » revient à politiser sa sexualité en remettant en question la société dans laquelle cette dernière doit/essaie de s’épanouir. Être « queer », c’est remettre en question les injonctions genrées de notre société. 
J’ai choisi le format du fanzine à l’ère du numérique car j’aime énormément l’objet livre et la liberté qu’offre ce moyen d’autoédition (mise en page, distribution, thèmes, écriture etc.) à travers le DIY et j’adore aussi l’esthétique « punk ».
Quand et pourquoi avoir commencé à écrire ?
Vers l’âge de 10-11 ans j’ai commencé à écrire mes premiers textes et des sortes de fanzines. Je créais mes propres magazines de A à Z. J’avais envie de partager des articles, des illustrations, des jeux, et surtout un objet « livre ». J’étais fascinée par cet objet et par l’univers de l’édition. J’aimais l’idée d’être libre, d’illustrer mes propres histoires et de les partager. Je me réfugiais aussi dans l’écriture pour réfléchir aux premières attirances, à une identité en construction. La fiction permettait davantage de libertés, on ose davantage écrire ce que l’on a peur de dire. Ainsi, mon premier « roman » racontait une histoire d’amour entre deux ados. C’était une sorte de refuge.
Tes ources d’inspiration ? Pour qui ?
J’ai toujours été inspirée par la culture féministe et lesbienne. J’avais lu Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir en 3ème. C’était un peu complexe mais je l’avais dévoré avec passion. Dans la bibliothèque familiale, vers l’âge de 16 ans je suis tombée sur Claudine à l’école de Colette et ce fut une révélation. J’ai ensuite imprimé les poèmes de Sappho traduits par Renée Vivien puis les poèmes d’amour lesbien de Renée Vivien elle-même. J’ai ensuite découvert, via internet, d’autres artistes, auteures, réalisatrices lesbiennes et féministes. Et j’ai eu envie d’écrire pour partager toutes ces découvertes car souvent c’étaient des femmes peu connues du grand public. J’avais envie de partager ces références dans les cultures féministe et lesbienne. Ado, j’aurais aimé tomber sur un fanzine me présentant toutes ces icônes inspirantes. C’est vrai qu’à présent il y a les séries et les influenceuses des réseaux sociaux…
Le public visé est principalement les femmes, les personnes queer mais en réalité, il est important que chacun·e se sente concerné·e et curieux·se de toute cette culture pour déconstruire les préjugés et vivre dans une société plus inclusive et donc égalitaire. On revient ici à l’idée d’engagement liée au terme « queer ».
Tu as de multiples facettes parfois satirique puis poétique dans ton écriture ?
Documentaires, poétiques et parfois satiriques, il y a un peu de tout dans mes fanzines. La tonalité peut varier parfois d’une page à l’autre. J’ai une petite préférence pour la poésie pour la beauté du mot et des images.
Concernant l’aspect satirique, l’idée est de faire bouger les lignes, d’heurter le lecteur ou la lectrice pour le/la faire sortir de sa zone de confort et réfléchir…
Le Statut LGBT revendiqué ? Vulve féministe ? Sororité ? Explique nous?
Oui, je revendique le statut d’artiste LGBT+, queer même, parfois lesbien-queer. C’est vrai qu’il y a beaucoup de termes mais les sexualités et cultures liées à ces identités sont elles-mêmes extrêmement variées. Je ne me reconnais pas dans la culture « mainstream » très hétéronormée avec un humour qui repose très souvent sur des stéréotypes sexistes ou de genres qui, moi, ne me font pas vraiment rire, sur des rapports de domination homme/femme dans lesquels je ne me reconnais pas, et avec lesquels je suis en désaccord. Et comme je le disais plus haut, je me définis également comme une artiste queer dans le sens où je souhaite également lutter pour déconstruire les clichés de genre et faire exister, rayonner, grâce à mes mots, mes collages, mes dessins les cultures LGBT+ trop souvent écartées.
Plus que « vulve féministe », je n’avais encore jamais entendu cette expression, je dirai « clitoris féministe » car cet organe a trop longtemps été mis à part, oublié volontairement. Actuellement on en entend beaucoup parler, il était temps !
Et oui pour la sororité. C’est un mot extrêmement important dont encore certaines personnes méconnaissent encore l’existence. Il existe une fraternité dans notre société que l’on trouve presque naturelle, inconsciemment. Une union masculine est quelque chose de communément admis que l’on n’interroge jamais (on le voit bien au travail ou dans les émissions de télé-réalité ou de divertissement qui reflètent merveilleusement bien notre société). Tandis que la moindre union de femmes est immédiatement vue comme une dangereuse coalition à détruire le plus rapidement possible… car ce serait le signe d’un « féminisme » contre les hommes… Il y a un vrai problème sociétal à ce niveau-là. Une peur et un rejet des unions de femmes. Insister sur la sororité est pour moi un chemin vers l’égalité de tous, hommes, femmes, personnes non-binaires. Dans un idéal d’adelphité, terme sans dimension genrée.
La Place des femmes dans la société actuelle ? les femmes sont-elles biens dans leurs corps ?
Non, je ne pense pas que la plupart des femmes soient si bien dans leurs corps. C’est d’ailleurs encore une chose difficilement acceptée car cela passe pour un discours « victimisant ». Mais c’est un fait : le corps des femmes est encore trop souvent instrumentalisé, commenté et sexualisé dans tous les domaines. Dans le monde du ride, par exemple, on voit encore trop de meufs hyper sexualisées vs des mecs en t-shirts et pantalons larges… A quel moment on fait du skate ou du bmx en string et soutif ?!
Tu as fait un fanzine spécial Roller Derby, rider pour toi cela épanoui la femme ? Que penses-tu de notre  fanzine Cult of ride justement ?
Vous la retrouverez dans les salons DIY et les fanzinothèques lyonnaises comme Café Rosa ou La luttine ainsi que sur Etsy.
Et son univers sur instagram.
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jordaneprestrot · 2 years ago
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LÉGÈREMENT PUTACLIC
Album de Jordane Prestrot
9 titres - 38 minutes - sortie le 11 avril 2023 Disponible sur Bandcamp, Deezer, AppleMusic, YouTube, Spotify et bien d'autres
Tracklist :
Le Secret bien gardé des anciens mages tibétains
N'écoutez pas ce conseil, c'est une arnaque !
Musique pour se reconnecter à son feu intérieur
Constipation ? Ces sons activent votre transit intestinal !
La Sextape de ton ex (et elle y fait des trucs que vous n'avez jamais faits ensemble)
Un peu de poudre de Barbarella (avec Innocent But Guilty)
Les coccinelles boivent par le cul. Et toi, comment tu bois ?
Grâce à cette astuce simple, ton ado va ranger sa chambre sur-le-champ (avec Nouvelles Lectures Cosmopolites)
Un jour, tous ceux que tu dois connaître seront nés ; un jour, tous ceux que tu auras connus seront morts
www.prestrot.com
Musique : Spotify . Deezer . Bandcamp Littérature : Livres . Livres érotiques Vidéos : YouTube . Vimeo
Réseaux sociaux : Instagram . Facebook . Tumblr
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ernestinee · 1 year ago
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J'ai terminé "Un sale livre", de Frank Andriat. J'étais dans un autre livre mais mon ado l'a lu pour l'école et il était tellement remué en me disant de le lire que j'ai déposé l'autre un petit peu. Ça m'a pris 2h, il y a 140 pages, je l'ai lu d'une traite.
C'est une histoire dans une histoire. On est dans une classe d'ados, qui reçoivent un livre à lire par leur prof de français qui est vraiment le genre de prof qu'on a envie d'avoir, gentille, ouverte et passionnée. Le livre qu'ils doivent lire raconte l'histoire de Nadir, immigré de Syrie, arrivé en France avec son père et sa sœur après que leur maman ait été tuée lors d'une raffle. On lit ce livre là en même temps que les étudiants. Chaque chapitre est le reflet du livre dans la vision d'une personne. La lectrice qui n'aime pas lire mais se plonge dedans tellement il est réel et utilise du vocabulaire normal, le père de la lectrice qui a feuilleté un peu et veut porter plainte contre l'école pcq le langage du livre est trop cru, la prof et sa passion, la documentaliste de l'école qui organise un débat tellement ce livre a remué les élèves, Faruk qui est lui aussi immigré de Syrie et dans l'école depuis quelques mois...
Les thématiques abordées sont nombreuses. Côté Nadir: le racisme, la condition des femmes, les conditions de vie sous daesh, ce que l'on ressent quand on doit fuir son pays et le laisser aux mains de barbares, changer de vie pour un avenir très incertain, se retrouver dans l'illégalité et arriver dans un pays qu'on croyait accueillant et qui finalement ne l'est pas tant que ça. Côté classe, ces thématiques sont abordées aussi et lorsque l'un des intellos de la classe sort que pour lui c'est "Un sale livre", on lit également l'avis des élèves sur ce que doit être un bon livre. Vaut-il mieux un vocabulaire cru mais vrai, qui montre vraiment la réalité ? Vaut-il mieux des belles phrases qui subliment la réalité au point de la camoufler ? Pourquoi la littérature jeunesse est-elle à ce point au ban pour certains érudits ?
La fin m'a mis les larmes aux yeux je comprends que mon ado me l'ait conseillé.
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l-avis-de-klervie · 2 years ago
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La SF c'est pas que pour les geeks La fantasy c'est pas que pour les ados
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Penguin Classics Galaxy est une collection de six titres de la littérature de fantasy et de sciences fiction publiés en 2016 et dirigée par Neil Gaiman. Le directeur artistique Paul Buckley a commissioné le graphiste Alex Trochut pour en concevoir les couvertures. Cette collection a gagné le prix AIGA + Design Observer des 50 meilleurs couvertures de l’année.
Les couvertures sont composée uniquement de lettrage original. Pourquoi n’y a-t’il aucune iconographie ?
En écartant tout recourt à l’image, le lettrage apparaît en majesté, il aurait apparu anecdotique s’il avait été mis en concurrence avec une image. Le lettrage est une image en soit puisque son style est évocateur du titre qu’il illustre. En témoigne le caractère pour The One and Future King qui rappelle les enluminures moyenâgeuses. Quant au «D» de Dune, il ressemble à un vaisseau spatial. Ainsi, c’est le lettrage lui-même qui sert d’iconographie Le lettrage vise à intriguer car le texte n’est pas immédiatement déchiffrage Les caractères typographiques dessinés sont peu lisible. Il faut "quelques secondes de plus pour en décrypter la signification. En effet, certaines lettre semblent incomplètes, brouillées par des interférences visuelles. En effet, les lettres de la couverture de Dune forment des blocs quasi rectangulaires dont on ne discerne la lettre uniquement grâce à la direction prise par les lignes. Des effets de déconstruction sont présents notamment dans le caractère conçu pour la couverture de The Left Hand of Darkness qui déconstruit et superpose une moitié de lettre au dessus d’une lettre. Quant au caractère de The Once and Future King, les lettres s’écartent beaucoup des formes auquel le lecteur est habitué. Par exemple, la lettre "T" contient une arabesque qui se confond de premier abord avec un "G". De plus, le fût est penché vers la droite, ce qui accentue l’ambiguïté. Ainsi, l’ensemble de ces éléments visent à brouiller la lisibilité au profit d’une esthétique originale dont l’objectif est que le consommateur en librairie passer plus de temps à regarder la couverture. Le but est de marquer les esprits par le temps passé à regarder le livre.
L’absence d’image rappelle le design de la collection blanche de Gallimard et la couverture cartonnée rappelle les éditions de La Pléiade. Dans ce cas, l’iconoclasme est un gage de qualité car elle hisse ses publications au rang de classique : le titre suffit.
Chaque lettre a une image, un style particulier propre à lui-même. Il y a une certaine originalité dans le style général de la collection. En effet, les éléments sont reconnaissables dans leur ensemble. Si l’on prend les éléments séparément, on saura les associer immédiatement à la collection. Et dans le même temps, chacun apparaît dans son unicité. Cela n’est pas sans rappeler la collection Insel ou Zulma designée par David Pearson qui ont toutes deux un motif en fond original à chaque couverture.
Quel est le rôle joué par les procédés d’impression et de fabrication dans la stratégie ?
Le marquage à chaud réhausse la valeur des objets livres par leur couleur argent ou doré et la technique qui augmente le prix du livre. L’effet réfléchissant du marquage à chaud attire l’oeil autant qu’il ajoute de la valeur par son apparence dorée. C’est une édition deluxe qui est précieuse. Cela s’explique par le fait que les anglais sont friands des table books. Cette édition est la parfaite intersection entre un livre beau et précieux autant dans son contenu quand dans son contenant.
Le choix d’une couverte rigide ajoute un aspect luxueux à l’objet : il a plus de poids et de prestance. De plus, il est plus durable qu’un livre de poche, on doit en prendre soin, on ne peut pas l’emmener et le lire partout car il risque de s’abimer, sa place se trouve dans une belle bibliothèque. Ainsi, la couverture rigide ajoute ainsi de la valeur à l’objet livre.
Quel est le but concernant la perception traditionnelle des genres littéraires de cette collection ?
L’enjeu de cette collection rappelle la collection New Penguin Shakespeare illustré par David Gentleman. L’enjeu était de redonner une image contemporaine à Shakesperare afin d’élargir son public.
Ici, il s’agit également de bousculer les stéréotypes associés aux genres de la SF et de la Fantasy dont l’image serait celle de geek ou d’adolescents. Cette collection vise à dé-marginaliser ces textes et les hisse au rang de chef-d’oeuvres chic et précieux. Cet objectif est atteint grâce aux procédés d’impression et de fabrication ainsi que l’absence d’iconographie qui rend ces oeuvres intemporelles et universelles.
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aforcedelire · 6 hours ago
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Le château de Cassandra, Dodie Smith
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« Deux Brontë, filles de Jane Austen, pauvres mais pleines d’intrépidité, deux filles du château de Godsend. »
Les pieds dans l’évier, dans son château en ruines perdu au fin fond de l’Angleterre, Cassandra écrit son journal. Elle vit avec sa famille, sa grande sœur Rose, son frère collégien Thomas, son père écrivain qui n’a rien écrit depuis des années, et Topaz, sa belle-mère fantasque. Les Mortmain n’ont plus d’argent, mais se rêvent en bohème. Le jour où deux beaux et riches Américains s’installent dans le manoir voisin, la vie au château en est toute chamboulée…
J’ai ADORÉ. En même temps, un roman ado qui fait la part belle à la littérature et qui mélange Jane Austen avec un soupçon de Brontë (ou Brontë avec un soupçon de Jane ?), avec une héroïne qui me fait penser à Anne Shirley, le tout en Angleterre dans des paysages mémorables (ce château en ruines est un personnage à part entière)… j’étais le cœur de cible. Du haut de ses 17 ans, Cassandra va apprendre en quelques mois beaucoup de leçons de la vie, à commencer par celle de l’amour. Du nouveau voisin, mais aussi de Stephen, le fils de leur gouvernante, qui vit désormais à Godsend. J’ai été un peu perturbée au début, parce que j’avais le sentiment que Cassandra hésitait entre Neil et Simon, les Américains, et aussi entre eux et Stephen, et ça m’a un peu saoulée. Déjà que les triangles amoureux ont tendance à m’énerver, mais alors quatre personnes… mais bon, en même temps Cassandra n’a que 17 ans, justement. Et elle va très vite se rendre compte de ses erreurs, ce qui est tout aussi bien. J’ai beaucoup aimé la suivre et la voir évoluer et grandir.
L’ambiance de ce roman était vraiment chouette, et j’ai passé un excellent moment. Même si j’aurais bien aimé avoir un peu plus d’informations sur la temporalité : au début du XXe siècle, mais est-ce que c’était les années 30 ou 40, ou après ou un peu avant ? Dans tous les cas, la guerre n’a jamais été mentionnée. (Ou alors je suis passée à côté.)
Si vous aimez les romans d’apprentissage, l’Angleterre, Austen, les Brontë et Anne Shirley, il faut absolument foncer sur Le Château de Cassandra. C’était vraiment génial !
01/11/2024 - 10/11/2024
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liqueuramere · 1 year ago
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3 romans jeunesse qui parlent des relations entre enfants et animaux
Lectures thématiques de septembre 2023
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J'essaie de lire davantage de littérature jeunesse. Pour l'ex étudiant en lettres que je suis, habitué pendant des années à ne lire (et, pourrais-je quasiment dire, à n'aimer) que la littérature générale pour adultes, ce n'est pas chose aisée. Certes, je lisais de la fiction pour enfants et ado lorsque j'étais dans ces tranches d'âge, mais aujourd'hui je suis un peu perdu, pour ne pas dire carrément plus à jour. Alors, pour me motiver, j'essaie de me constituer des petits corpus thématiques. Ce mois-ci, j'ai sélectionné trois romans jeunesse qui traitent du rapport entre les enfants et les animaux :
Jonas dans le ventre de la nuit, Alexandre Chardin, 2016
Le Tigre de Baiming, Pascal Vatinel, 2012
Vif-Argent, Josep Vallverdú, 1969 [traduction d'Anne-Marie Pol, 1989]
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Jonas dans le ventre de la nuit, Alexandre Chardin, éditions Thierry Magnier, 2016
Quelque part en France, dans une région montagneuse, au crépuscule. Un vieil âne, Sorgo, se débat avec un homme. L'éleveur, qui ne peut plus assumer les frais médicamenteux de l'animal, tire à contrecœur sur sa bride pour le faire grimper dans un camion, direction l'abattoir. De l'autre côté de la rue, à travers sa fenêtre, Jonas, un jeune collégien, assiste à ce douloureux spectacle. Sans trop réfléchir, révolté par les braiments déchirants de l'équidé, il sort en courant vers le camion et profite d'un moment d'inattention du fermier pour s'enfuir avec l'âne. Commence dès lors un périple d'une nuit, une lente cavale dans la montagne et sa forêt. Au début de sa fuite, Jonas et Sorgo (désormais silencieux) croisent le chemin d'Aloïse, un camarade de classe de Jonas, qui lui propose de les accompagner. Cahin-caha, les trois compagnons de route s'enfoncent dans l'obscurité du bois qui borde la ville.
Dans ce roman, il ne se passe en apparence pas grand chose, si ce n'est une longue et laborieuse marche, pas après pas, et les discussions entre Jonas et Aloïse, pour décider quel chemin prendre ou tout simplement tuer le temps.
- Tu crois qu'ils nous retrouverons ? demande Jonas après un virage à angle droit. - Ça dépend. Un peu plus loin, Aloïse ajoute, essoufflé : - Ça dépend de l'endroit où on va, et s'ils retrouvent nos traces. Une fois encore, la question est sur les lèvres de Jonas. Où vont-ils ? Mais il veut continuer à marcher dans la nuit sans se demander : ni "où ?", ni "quand ?". Plus de temps, plus de lieu. Marcher et n'avoir plus que les quelques mètres du halo de la lampe d'Aloïse comme futur. (p. 33)
Une intrigue ténue, donc, mais marquée, pourtant, par de nombreuses métamorphoses : celle de la nuit, qui s'épaissit puis s'ajoure ; celle de la nature, que les humains disputent aux animaux sauvages ; et celle, enfin, des deux garçons eux-mêmes, qui ressortiront changés de cette traversée initiatique. Pourquoi Jonas s'est-il précipité sans réfléchir dans cette traversée au décor de neige et de cendre ? Cette fugue a-t-elle seulement à voir avec Sorgo, ou bien aussi avec son histoire d'enfant placé, lui dont la mère a par le passé "craqué" et incendié leur maison ? Et Aloïse, pourquoi l'a-t-il accompagné dans sa fuite, lui si mélancolique et en apparence si peu taillé pour la randonnée, avec "ses kilos en trop" ? Sait-il au moins où ils vont ?
Au fil des pages, nous découvrons peu à peu la vérité intime des personnages, en suivant leurs traces avant que la neige ne les efface. Mais c'est surtout à la fin du roman, avec l'aube, que la lumière éclaire les raisons de cette aventure, concluant ainsi joliment la longue partie médiane de l'intrigue, devenue au bout d'un moment un peu lassante à force de cultiver un sentiment de mystère et de contemplation.
Tout au long du récit, Alexandre Chardin apporte un soin particulier à la description de la nature :
De minute en minute, la nuit se coule dans les ombres des arbres. La lumière sourd de la mousse couvrant les troncs. Les branches grises et nues découpent tous les bleus du ciel. Le blanc pur de la neige fraîche sur le sol blesse les yeux épuisés de Jonas habitués à fouiller l'obscurité. (p. 130)
Ces descriptions, courtes mais poétiques, traduisent la beauté de l'environnement des personnages sans toutefois masquer sa dangerosité, sa rudesse. Le choix de la forêt et de la montagne n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'univers primitif du conte, où les loups rôdent et où le froid mord la peau des enfants perdus. Une manière de dire, peut-être, que cette traversée dans le ventre de la nuit est aussi la genèse d'une vie nouvelle, pleine de réconciliations.
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Le Tigre de Baiming, Pascal Vatinel, éditions Actes Sud Junior, 2012
Contrairement au livre précédent, Le Tigre de Baiming est un roman assez classique, qui s'inscrit pleinement dans le genre du roman écologiste à thèse. Dans le Sud de la Chine, deux enfants, Baiming et Chu, découvrent dans la jungle une femelle tigre et ses deux petits, alors même que l'on pensait l'espèce disparue de la région. Cette découverte ne tarde pas à être ébruitée et à attirer la convoitise des braconniers, à la tête desquels l'impitoyable Monsieur Lin. S'en suit alors un violent bras de fer entre chasseurs et protecteurs des tigres, et une course contre la montre pour retrouver Baiming, qui s'est enfui au cœur de la jungle.
On peut d'abord regretter dans ce roman une narration omnisciente très peu surprenante, qui déroule son message avec limpidité et sans éclat stylistique, en restant toujours à la surface des personnages. Personnellement, cela me frustre et me donne une fois de plus l'impression que parce que le public visé est un public jeunesse (en l'occurrence plutôt les jeunes adolescent.e.s), on peut ne pas trop faire d'effort sur le style et la construction des personnages. Assurément, Pascal Vatinel n'a pas de temps à perdre avec cela, il faut que les actions s'enchaînent, à un rythme trépidant et captivant, et il est vrai que sur ce point c'est réussi, on a affaire à un véritable récit d'aventures tropical. S'il y a audace de la part de l'auteur, tout de même, c'est peut-être dans la violence crue et les défaites accablantes que subissent certains personnages, qui confèrent au moins un peu de vraisemblance à cette narration très programmatique, en l'arrachant à un idéalisme trop gentillet. On ne peut aussi que remarquer l'astuce du changement de protagoniste en cours de récit (d'abord Baiming jusqu'à la découverte du tigre, puis le Docteur Song pendant les recherches dans la jungle), qui permet dans un premier temps de découvrir les fauves à hauteur d'enfant et de s'attacher à ce dernier, puis d'incarner, à travers le personnage de la vétérinaire obstinée, une double peur de la mort (celle de Baiming et celle des tigres) et une farouche conviction écologiste.
Écologiste, dis-je en effet, car s'il est bel et bien question du sort que l'homme réserve à la faune sauvage, ce n'est pas tant la question de la souffrance animale qui importe l'auteur mais plutôt la question de la disparition des espèces. J'en veux pour preuve la rédaction par l'auteur d'un postambule au récit, intitulé "À propos de l'extinction des tigres", où il explique de manière pédagogique son engagement. En ce sens je ne qualifierais pas du tout ce roman d'animaliste, ni même de sensible à la subjectivité des animaux (elle est tout à fait absente du roman, anthropocentré de bout en bout). Une manière un peu datée de penser l'écologie, hélas.
Bref, un roman sympa mais sans plus, qui ne restera certainement pas très longtemps dans ma mémoire.
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Vif-Argent, Josep Vallverdú, 1969 [traduction d'Anne-Marie Pol, 1989]
Un roman très mignon sur un petit chiot fugitif qui découvre le monde - sa sensorialité, ses bonheurs et ses cruautés. D'abord recueilli par un jeune fermier qui le baptise Vif-Argent, ce dernier fait l'apprentissage de la vie en communauté, avant d'être capturé par un dompteur et enfermé dans un cirque, où il doit lutter pour sa survie.
Je n'attendais pas grand chose de ce roman, mais cela a été finalement une bonne surprise : l'histoire est entièrement racontée, non pas du point de vue du chien (la narration est omnisciente, à la troisième personne), mais à sa hauteur, grâce à une utilisation fréquente du discours indirect libre. L'écriture n'est pas particulièrement éclatante mais l'on apprécie la tendresse et la malice qui s'en dégage. À vrai dire, on perçoit très bien la vocation éducative de ce roman d'apprentissage animalier : à travers les bêtises, les interrogations et les surprises de Vif-Argent, ce sont celles des petits d'hommes qui sont évoquées. Si la quantité de texte nécessite une certaine maîtrise de la lecture, le découpage en chapitres de durée raisonnable et égale peut parfaitement se prêter à une lecture du soir par un adulte. De quoi partager un joli moment avec son enfant et engager une discussion sur ce que signifie grandir.
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ninonlitaussi · 8 months ago
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J'ai lu Dans le collimateur, avec Netgalley
Des parents militaires, des déménagements incessants, une grande sœur qui s’est tirée dès qu’elle a pu. Dans le collimateur nous fait suivre un jeune ado qui se retrouve trimballé de déménagement en déménagement, jusqu’au jour où ca dérape. Ce roman noir pour ado est écrit par Sébastien Gendron et édité par PKJ. Continue reading J’ai lu Dans le collimateur, avec Netgalley
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jogallice · 1 year ago
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Littérature : polémique après l'interdiction par Gérald Darmanin d'un livre sur le sexe destiné aux ados. Explications.
See on Scoop.it - JamesO
Politique : le ministre de l'Intérieur a pris un arrêté interdisant la vente aux mineurs d'un roman comportant des passages jugés « pornographiques ».
JamesO's insight:
Via l’agence JamesO Média❗️N.D.L.R. : article de presse (temps de lecture : 5 minutes) publié par Franceinfo (France Télévisions) le jeudi 20/07/23.
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adolescence-positive · 1 year ago
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On Ne Badine Pas Avec Les Ados
Avec une double formation scientifique et littéraire, Anne-Bénédicte DAMON est docteur en lettres et civilisations anglo-saxonnes. Spécialiste de l’adolescence, elle a travaillé notamment sur la littérature de jeunesse et l’éducation à travers les âges et les pays. Depuis plus de dix ans, elle allie pédagogie et psychologie pour accompagner des enfants et des adolescents sur le chemin de leur…
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fidelio316 · 2 years ago
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Voici une opinion d’une amie Québécoise que je trouve bien pertinente, malgré mes profondes croyances Chrétiennes.
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«… »
Ça fait longtemps que je ne vous ai pas fait un statut politique. En v’là un!
Depuis quelques temps, on entend parler du sujet « chaud » des drag queen qui lisent des histoires dans les bibliothèques des écoles. Je me suis même obstinée en famille sur ce sujet! Pis là, je viens de lire que mon pref’, Duhaime *(politicien Conservateur Québécois)*, vient de partir une pétition contre les drag queen dans les écoles et qui s’intitule: « Protégeons nos enfants »!!!
Fac pour les obtus de ce monde, voici des faits:
1- Ce genre d’activités dans les écoles sont votées dans les conseils d’établissement (je le sais, je préside des CÉ depuis plusieurs années). Un CÉ est composé de parents élus (par les autres parents lors de l’assemblée générale) et par des membres de l’équipe-école. Dans notre CÉ, il y a même une psychologue! Le but du conseil d’établissement est de prendre toutes les décisions concernant l’école qui ne relèvent pas du ministère ou de l‘indépendance professorale. Donc, pour qu’une activité comme celle-là passe, elle doit être approuvée par le même conseil qui approuve toutes les autres activités, les frais de fournitures scolaires, les campagnes de financement, les critères de sélection pour la direction de l’école et bien plus! Faut croire que les membres des CÉ ne sont pas tous des imbéciles hein?
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2- Cette activité, malgré l’acceptation du CÉ, devra ÉGALEMENT être approuvée par le parent de l’enfant pour que le-dit enfant puisse y assister. Donc, si tu ne veux pas que ton enfant soit en contact avec un drag queen, tu ne l’envoies pas à l’activité. Tout simplement!
3- La drag queen doit lire un livre qui se trouve déjà à la bibliothèque (elle n’apporte pas sa propre littérature!!!). Elle ne fait pas de spectacle comme elle ferait dans les bars le soir. Elle représente simplement un personnage coloré et amusant MAIS différent. Et c’est cette différence que les écoles veulent mettre de l’avant. Pourquoi? Parce que les enfants poseront des questions. Et verront qu’une personne homosexuelle et drag queen n’est en fait pas différent d’une autre personne dite « normale » (notez les guillemets!). L’enfant pourra voir qu’il n’y a aucune raison d‘avoir peur, de détester, d‘intimider ou de ne pas accepter la difference puisqu’il aura une référence à qui il aura parlé et qu’il aura apprécié.
4- Pis là, en 2023, on peut tu ENFIN comprendre quelque chose??? L’homosexualité, ça ne s‘attrape pas sur un siège de toilette ni en regardant une « femme » colorée et drôle qui viendra nous lire un conte. Si ton enfant n’est pas gai, voir une drag queen ne changera rien! Mais si ton enfant est gai (ou qu’il ne le sait pas encore), voir qu’une personne de la communauté gaie dans son école et qui est acceptée de tous, l’aidera peut-être à s’accepter lui-même quand il sera ado au lieu de finir sa vie pendu au bout d’une corde! Il pourra peut-être se reconnaitre dans ce personnage et réaliser qu’il se sent peut-être différent mais que ce n’est pas grave et qu’il peut être qui il veut, dans cette vie.
Non les homosexuels ne sont pas tous des drag queen. Non les drag queen ne sont pas des pédophiles (j’ai comme l’impression qu’il y a surement plus de Père Noël de centre d’achat qui ont cette tendance mais nous n’hésitons pas à assoir nos enfants de force sur ses genoux sans même se poser des questions!!!!), non les drag queen ne font pas necessairement des spectacles hyper sexualisés dans les bars et encore moins dans les écoles!!!!!
Je trouve tellement ironique que Duhaime fasse cette pétition, lui qui est homosexuel et qui devrait comprendre le principe! Mais non, Duhaime préfère renier qui il est intrinsèquement pour un peu de capital politique! Honnêtement, ce n’est pas contre les drag queen que nous devrions protéger nos enfants, mais bien contre les Duhaime de ce monde qui contribuent à faire reculer notre société. On va finir comme aux USA!!!
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ecouterradio · 2 years ago
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La bibliothA que des ados #podcastFranceInter #FranceInter
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histoire-de-vivre · 2 years ago
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Bonsoir ! Nous restons dans la littérature jeunesse cette semaine avec ce coup de cœur incroyable : "Félines", Stéphane Servant, éditions Rouergue (2019) (livre emprunté à @marlabondance ) Roman de littérature jeunesse, littérature française, réalisme et fantastique, féminisme CW : discrimination, maltraitances, emprisonnement, harcèlement, violence, racisme et homophobie Ce livre est incroyable. Il semble que ce soit un mot que j'utilise dans chacun de mes retours, mais peu importe puisqu'il est utilisé avec honnêteté ! On y suit une jeune fille alors qu'une étrange épidémie fait rage : les adolescentes se transforment en chats anthropomorphes ! Louise, notre personnage principal, n'échappe pas à cette transformation. Commence alors une véritable chasse à la femme, entre débordements religieux, isolements et discriminations et même maltraitances dans l'espoir que ces jeunes filles vues comme impures et de classe inférieure disparaissent de la vie sociale. Ces situations amènent évidemment une révolte de la .part des adolescentes qui montent aux créneaux afin de défendre leurs vies. Ce ne sont pas de belles manifestations ni du militantisme pur et beau : la colère habite ces femmes, une colère légitime et forte, une colère aggressive que le roman semble accepter et y répondre positivement : oui, c'est humain et normal d'être autant en colère, surtout face à des injustices aussi cruelles. Parfois difficile à lire, ce roman nous emporte pourtant dans une tornade d'émotions. Il est très difficile de le poser tant il est passionnant et bouleversant. On y découvre un combat politique mené par et pour des adolescentes, avec un véritable sous-texte militant et féministe. C'est un livre parfait pour éveiller une conscience militante chez les ados, tout cela à travers une étrange et fantastique transformation en chat. Ce n'est pas un livre que je recommanderais à celleux qui lisent peu puisque c'est un roman long et émotionnellement difficile. Mais, si vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas : ce roman vous donnera une sacrée claque. Je vous conseille également "Moxie" de Jennifer Mathieu (2017), plus doux. Bonne lecture, et de douceur je vous encense ! 💜 https://www.instagram.com/p/CnNGy7_LcEH/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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vagabondageautourdesoi · 2 years ago
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Isabelle Rossignol - Chambre 152
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages  enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie. Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d’amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l’être aimé…
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