#je fais comment
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gay-impressionist · 2 years ago
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mdr đŸ€ĄđŸ€Ą
j'ai perdu ma carte d'identité (et j'ai pas de passeport)
sauf que. aucun rendez-vous nul part avant minimum mi juillet
rien dans les 20km autour de Paris, rien au Havre chez mes parents, rien dans le sud chez ma marraine, rien en bretagne chez mon oncle... j'ai ratissé LARGE. mais littéralement aucun rdv avant des mois.
l'administration française ✚
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rearranging-deck-chairs · 6 months ago
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si big finish ne va pas m'employer pour écrire quelques boxsets sur thasmin, vous pensez que je pourrais me faire employer comme adapteur pour doctor who version française
#en train de regarder cet interview avec le directeur artistique de la version française et#c'est tellement intĂ©ressant et je veux m'excuser un peu pour les commentaires que j'ai faits avant#critiquant les erreurs et les dĂ©cisions Ă©tranges etc#parce que ça a l'air tellement difficile Ă  faire mais j'aimerais le dĂ©fi et j'aime dw donc#j'ai aussi regardĂ© la version italienne hier#et j'aime cette version aussi#mon italien n'est pas encore au niveau mais#moi dans leur inbox quand j'ai traduit quelques romans dw en français et en italien: salut/salve emploie-moi stp#fgkjhgjk#il y a six mois j'ai traduit les mots 'lungbarrow' et 'oakdown' en français ghfkjgh#seulement les mots#c'est dĂ©jĂ  qqch ghkjhgj#mais c'Ă©tait vraiment fun je veux faire plus#je peux simplement commencer Ă  traduire un roman mais#jsais pas. j'ai toujours le sentiment que mon français n'est pas suffisamment bon et ça me dĂ©moralise#et je peux pas rĂ©perer mes erreurs. je sais que je les fais mais je sais pas oĂč ça me rend dingue#je sais pas si mon français est en fait un anglais traduit comme mon nĂ©erlandais est un anglais mal traduit#mais je vais pas l'amĂ©liorer en Ă©vitant de l'utiliser#c'est le b2-c1 plateau c'est si chiant#je ne me souviens pas vraiment comment je l'ai passĂ© en apprennant l'anglais#je crois que je regardais simplement BEAUCOUP de tĂ©lĂ©#en fait ça doit avoir Ă©tĂ© lors de ma premiĂšre obsession avec dw. et sherlock etc#quand j'ai regardĂ© sherlock les premiĂšres fois j'avais besoin de transcriptions Ă  cause des accents et le marmonner#ils parlaient vraiment pas trĂšs nettement#mais aussi ils utilisaient beaucoup de mots au-delĂ  de mon niveau#je sais pas. ça fait 10 ans entre b2 et c2 je pense#j'ai pas envie qu'il faudra encore 10 ans avant que je ne parle le français ghjkhkj gotta streamline#j'ai des cahiers de grammaire c1/c2 je dois seulement les utiliser. sigh
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rollinginthedeep-swan · 8 months ago
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Dites, je suis la seule a avoir l'impression de pas vraiment Ă©crire de la mĂȘme maniĂšre d'un personnage Ă  un autre ?
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tealviscaria · 2 months ago
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We rented a double bike Two men on a double bike I've always wondered what a double bike ride feels like
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Give me One Piece characters to draw!
I always only draw the Heart Pirates or people close to Law, but all the One Piece's characters look so funny to draw! So suggest a character and I'll draw them!
(I'll maybe lose motivation after the first one but I believe in myself and my love for One Piece)
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oloreandil · 2 months ago
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the latest song my playlist gave me was the trigun stampede opening and i know you watched that show, so for the character ask game, 2, 20 and 25 for wolfwood? et bonne soirée !
la bonne soirée à toi aussi <33 i didn't watch tristamp for long enough to see Wolfwood but i did read trigun (still have to read trimax), i'll answer for that one !
2. Favorite canon thing about this character?
his nose <3 more seriously, in the manga, Wolfwood is an actual brown-skinned man with a stark nose (and a lovely smile). that's not very common so i really appreciate it. he has one of the simplest designs in trigun but it just hits, you know ?
20. Which other character is the ideal best friend for this character, the amount of screentime they share doesn't matter?
is it too predictable to say Vash ? Wolfwood saw him smile ONCE and had his biggest "self recognition through the other moment" ever, truly they're made to share 4am conversations under the stars that will lay them bare but it's ok because it's them
25. What was your first impression of this character? How about now?
we don't really see him for that long in trigun, however my impression was and still is: GET THAT MAN A SAFETY BLANKET AND A CUP OF HOT COCOA PLEAAAAAASE
character ask meme
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jules-and-company · 7 months ago
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AH LES CONNARDS ILS ONT PLUS LA CAPTATION RADIO DE BERENICE
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girafeduvexin · 5 months ago
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Comment ça Stéphane Séjourné et Gabriel Attal étaient pacsés de 2017 à 2022.
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soeurdelune · 2 years ago
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je suis en ralentissement du rp pour profiter du soleil et parce que j'ai plus envie de lire que d'Ă©crire en ce moment
RÉSULTAT
il pleut comme vache qui pisse
y a des scénarios, forums, pl etc. trop trop bien qui apparaissent et j'ai envie de m'inscrire partout/créer des tas de nouveaux persos
je suis vraiment une grosse bouffonne
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dagonet · 2 years ago
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Coucou!
D’abord, encore merci pour ton tuto sur les gifs, je m’éclate avec 😂😂😂
J’ai une petite question Ă  propos de ça : est-ce qu’il y a une façon, sur Photoshop ou autre, de « coller » plusieurs gifs les uns Ă  la suite des autres?
Merci!
absolument, quand tu as transformĂ© tes calques en calque dynamique, tu peux mettre tes deux fichiers cĂŽte Ă  cĂŽte et tu peux cliquer-glisser le calque dynamique du deuxiĂšme fichier sur le premier fichier : du coup, tes deux calques dynamiques se retrouvent dans le mĂȘme fichier et au niveau de la timeline tu peux les mettre Ă  la suite, ou les faire se chevaucher et mettre un effet de transparence, c'est vraiment trĂšs libre :
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lilias42 · 8 months ago
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Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-lĂ  mais, le voilĂ  "enfin" on va dire : un petit OS oĂč on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) Ă  Almyra ainsi que sa soeur ainĂ©e - et premiĂšre hĂ©ritiĂšre du trĂŽne de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajoutĂ© Ă  la derniĂšre minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la dĂ©crivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la prĂ©senter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mĂšre pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considĂšre pas trĂšs bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas SĂ©lim [comme SĂ©lim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accĂ©dĂ© au trĂŽne comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme Ă  ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils ĂȘtre attachĂ© Ă  la selle de son pĂšre, et qui doit courir derriĂšre un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'Ă  plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tuĂ© BĂ©tis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde Ă  ses talons et en le faisant trainer derriĂšre un char jusqu'Ă  mort s'en suive).
De plus, il y a Ă©galement de la maltraitance d'enfant et une situation oĂč Claude a l'impression d'ĂȘtre mis Ă  nu devant tout le monde car, Tiana a arrachĂ© son turban, les cheveux Ă©tant associĂ© Ă  une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxiĂšme texte, je l'ai retrouvĂ© parmi d'autres petits Ă©crits de mes brouillons, "vraiment petits trucs Ă©crits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donnĂ© que cela collait avec mes derniers billets, c'Ă©tait l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte Ă©tait pratiquement fini (il manquait littĂ©ralement les 4 derniĂšres phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas ĂȘtre trĂšs Ă  jour avec mon lore actuel alors, ne vous Ă©tonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrĂ©e sur la famille Gautier, oĂč Miklan pense avoir rĂ©ussi Ă  se dĂ©barrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une prĂ©cĂ©dente version de "maman Gautier" Ă©tant donnĂ© qu'il y a eu trois Ă©tapes avant d'arriver Ă  Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mĂšres Gautier du fandom dans le sens oĂč elle est trĂšs soumise et effacĂ©e, notamment face Ă  Isidore, avant que son personnage n'Ă©volue vers Fregn qui est - Ă  mon avis - bien plus intĂ©ressant Ă©tant donnĂ© qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compĂ©tences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans l’écurie des wyvern, attendant que le palefrenier s’en aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bĂȘtes couvertes d’écailles passĂšrent leur tĂȘte au-dessus de la clĂŽture de leur stalle, regardant distraitement l’origine des petits pas les dĂ©rangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de l’écurie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe
 les salua-t-il tous Ă  mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, mĂȘme s’il prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zĂ©brures sur les Ă©cailles, couvertes de cicatrices aprĂšs avoir survĂ©cu Ă  bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et c’était les montures de ses parents aprĂšs tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal
 ne dites pas Ă  PĂšre et Ă  MĂšre que je suis venu, d’accord ? Il me gronderait  »
Les deux bĂȘtes massives le fixĂšrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intĂ©ressante que lui.  Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait ĂȘtre Ă  l’entrainement Ă  la lance mais, il n’aimait pas du tout cette arme alors, il avait Ă©chappĂ© Ă  son instructeur pour venir ici. Sa mĂšre lui avait Ă©galement interdit d’aller aux Ă©curies, elle disait qu’il Ă©tait de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si c’était par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si c’était son pĂšre ou pire sa mĂšre par contre
 le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains s’en souvenant encore que trop bien, se concentrant plutĂŽt sur la recherche de la stalle d’Arezu.
AprĂšs quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulĂ©e sur elle-mĂȘme tout au fond de l’écurie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu d’un ocĂ©an de jaune. DĂ©faisant sans problĂšme le nƓud sur la porte, Khalid entra, l’appelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« Eh
 ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bĂȘte releva la tĂȘte, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors qu’elle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, mĂȘme s’il essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un cĂąlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je t’ai apportĂ© des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problĂšme la peau Ă©paisse pour dĂ©vorer les grains acides Ă  l’intĂ©rieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mĂšre d’Arezu l’avait rejetĂ© et les autres petites wyverns s’amusaient Ă  la mordre car, elle Ă©tait toute blanche avec des ailes veinĂ©es de rouge au lieu de brune comme sa mĂšre alors, elle Ă©tait toujours toute seule, comme lui Ă  cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts Ă©trangers, surtout que sa mĂšre ne l’aidait jamais, ça crĂ©ait des liens

Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu s’amusĂšrent ensemble, d’abord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complĂštement sa prudence alors qu’il sautait partout dans la paille, n’entendant pas les pas s’approcher de plus en plus de lui, prĂ©fĂ©rant s’amuser Ă  qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami Ă  Ă©cailles.
« Eh ! Qu’est-ce que tu fais lĂ  gamin ?!
Khalid releva la tĂȘte d’un coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans rĂ©flĂ©chir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, c’était peine perdu, l’homme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgrĂ© les morsures d’Arezu mais, c’était peine perdue, elle n’avait pas encore de dent et l’homme semblait habituĂ© Ă  dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de rĂ©aliser.
– Qu’est-ce que tu fiches là ? Voleur hein ? T’essayais de voler une des wyverns de notre vĂ©nĂ©rĂ© shah ?! Je vais t’apprendre sale gosse
 mais attend, bien habillĂ© comme ça
 t’es pas un enfant des janissaires toi ? Mais qu’est-ce qu’un enfant du shah vient faire dans
 aĂŻe !
Profitant de son Ă©tonnement et d’une morsure plus forte que les autres d’Arezu dans sa cuisse, Khalid Ă©chappa Ă  son Ă©treinte et se mit Ă  courir Ă  toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, Ă©vitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il Ă©tait, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait qu’il trouve Nader avant qu’un garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvĂ©es Ă  la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si c’était sa mĂšre ou son pĂšre qui lui tombait dessus ! Il n’avait pas envie de courir Ă  nouveau derriĂšre un cheval au galop ! Il avait fini trainĂ© dans la boue sous les rires de sa mĂšre et de ses demi-frĂšres et sƓurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une Ă©paule dĂ©boitĂ©e et une cheville foulĂ©e ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mĂšre au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et oĂč elle Ă©tait, quand il rentra dans quelqu’un, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« AĂŻe ! D
 DĂ©solĂ©, j’ai pas fait exprĂšs !
Il releva le nez et vit une trĂšs belle femme qu’il reconnut comme sa demi-sƓur Jihane, constatant les dĂ©gĂąts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mĂšre, recouvert du sable et de la boue de l’écurie d’Arezu lĂ  oĂč Khalid Ă©tait rentrĂ©, tachant le jaune Ă©clatant tranchant avec sa peau brune trĂšs sombre et les quelques cheveux noirs dĂ©passant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, c’était la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand mĂȘme dĂ©gager en vitesse avant que sa mĂšre n’arrive ! Il entendait sa voix s’approcher de plus en plus !
– Khalid
 commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais qu’est-ce
 qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pourquoi tu

– Je
 je suis dĂ©solé  mais s’il te plait, je dois vraiment filĂ© avant que

– Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mĂšre l’appeler, tentant de s’enfuir mais, il fut bloquĂ© par le garde de sa grande sƓur, l’empĂȘchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane n’ait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant Ă  l’en broyer, le tirant sur ses jambes alors qu’elle lui hurlait dessus.
– Khalid ! Qu’est-ce que tu as fait pour finir dans cet Ă©tat ?! Tes vĂȘtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et j’ai aussi appris que tu avais sautĂ© ton cours de lance ! Tu es allĂ© te rouler dans la boue Ă  la place d’étudier ?! C’est ça Khalid ?!
– N
 non
 ! J’ai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! J’ai rien fait de mal !
– Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant qu’il n’ait pu reculer pour l’éviter, Tiana le gifla, lui lacĂ©rant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tĂȘte devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas qu’on voie ses cheveux ! Il ne voulait pas ĂȘtre tĂȘte nue devant tout le monde ! Mais il n’eut pas le temps de penser Ă  sa honte d’ĂȘtre vu ainsi en public, que sa mĂšre lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
– Tout ton habit est ruiné ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! N’ose mĂȘme pas croire que ton pĂšre ne va pas ĂȘtre au courant !
– AĂŻe ! ça fait mal ! S’il vous plait mĂšre ! LĂąchez-moi ! J’ai pas fait exprĂšs ! Je
 je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espĂ©rant que ça ferait arrĂȘter sa mĂšre.
Khalid sut qu’il avait commis une Ă©norme erreur en la voyant se figer, avant d’exploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colĂšre.
– Tu es allĂ© jouer avec les wyverns ?! Je t’avais interdit de t’en approcher ! Je vais t’apprendre Ă  te rouler dans la crasse comme
 !
– Tiana, arrĂȘtez immĂ©diatement. LĂąchez Khalid. Je vais le corriger moi-mĂȘme.
Jihane s’était mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mĂšre. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors qu’elle lui ordonnait.
– Ne t’en mĂȘle pas Jihane. Tu n’as pas Ă  me faire la leçon sur la maniĂšre d’éduquer mon fils ou Ă  me donner d’ordre.
– Ce n’est pas mon intention. Simplement, c’est moi qui aie Ă©tĂ© lĂ©sĂ©e. C’est mon sari qui a Ă©tĂ© sali, il est donc normal que je m’occupe de corriger celui qui m’a fait du tort. De plus, vous n’avez pas Ă  l’exposer tĂȘte nue en place publique. C’est indĂ©cent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
– Tu es choquĂ© par une tĂȘte nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce n’est que des cheveux ! Et tu n’as pas Ă  me donner des ordres ! Je suis ta belle-mĂšre !
– Je sais que c’est surement difficile pour une Ă©trangĂšre telle que vous de comprendre mais, il est regrettable qu’aprĂšs douze ans Ă  vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous ĂȘtes dans la mĂȘme situation que ma propre mĂšre, vous auriez dĂ» Ă©galement vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la dĂ©cence diffĂ©rente de celle de votre pays d’origine. De plus, mĂȘme si vous ĂȘtes un autre bijou pendu au cou de mon pĂšre, notre vĂ©nĂ©rĂ© shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainĂ©e du shah SĂ©lim le deuxiĂšme et de Pari Ă  prĂ©sent Delaram, le cƓur calme, sƓur du raja de Pratihara Anil, hĂ©ritiĂšre lĂ©gitime du trĂŽne d’Almyra, » Jihane releva la tĂȘte, toisant Tiana de haut, nullement impressionnĂ©e par elle. « En cette qualitĂ©, je vous ordonne de lĂącher votre fils pour me laisser le corriger par moi-mĂȘme.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halĂštements de douleur de Khalid, jusqu’à ce que sa mĂšre le libĂšre enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors qu’elle s’éloignait, finissant par accepter de se soumettre Ă  Jihane. Cette derniĂšre la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois Ă  son petit frĂšre.
– Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obĂ©it immĂ©diatement, enroulant aussi vite qu’il put son turban sur la tĂȘte pour se couvrir Ă  nouveau, retrouvant sa dĂ©cence avec soulagement avant de suivre sa grande sƓur jusqu’à ses appartements. Jihane n’était pas trĂšs grande, ni trĂšs assidue Ă  l’entrainement mais, elle marchait vite, Ă  une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos trĂšs droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sƓur ainĂ©e pourrait se balader avec vase sur la tĂȘte toute la journĂ©e, qu’il ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ça la rendait vraiment impressionnante malgrĂ© sa silhouette trĂšs fine et menue
 elle Ă©tait dĂ©jĂ  si belle
 leur pĂšre la dĂ©signait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beautĂ© devant tous les ambassadeurs

Au bout de quelques minutes, ils arrivĂšrent dans les appartements de l’hĂ©ritiĂšre, immense par rapport Ă  celui de Khalid qui n’avait qu’une chambre Ă  la caserne Ă©tant donnĂ© qu’il ne vivait pas avec sa mĂšre. LĂ , c’était pratiquement une maison entiĂšre dans le palais, avec une grande piĂšce Ă  vivre gorgĂ©e de soleil et avec tout ce qu’il fallait. À l’odeur, le jeune garçon parierait mĂȘme qu’elle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
DĂšs qu’elle fut Ă  l’intĂ©rieur, Jihane se retourna pour la premiĂšre fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermetĂ©. Contrairement Ă  Tiana, d’autres concubines ou leurs autres frĂšres et sƓurs, elle n’élevait jamais la voix mais, elle arrivait quand mĂȘme Ă  obtenir tout ce qu’elle voulait juste en parlant
 c’était assez impressionnant Ă  voir

« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prĂ©venez Nader que je m’occupe de lui. Informez-le aussi de la derniĂšre colĂšre de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais m’occuper de toi.
– Mais je vais tĂącher tes coussins
 marmonna Khalid en frottant sa joue blessĂ©e, se souvenant des colĂšres de Tiana quand il salissait quelque chose.
– Ce n’est pas grave, lui assura sa sƓur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie Ă  la joue par contre risque de s’infecter Ă  cause de la saletĂ© si on ne s’en occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, dĂ©bordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dĂ» t’ouvrir l’appĂ©tit

Khalid lui jeta un regard mĂ©fiant, sachant que mĂȘme si Jihane Ă©tait de loin sa sƓur la plus gentille, il fallait toujours se mĂ©fier quand on lui offrait de la nourriture
 deux fils de concubines importantes Ă©taient dĂ©jĂ  morts aprĂšs avoir acceptĂ© l’invitation d’un troisiĂšme, avant que ce dernier ne soit Ă©galement retrouvĂ© mort, chute dans les escaliers
 il ne devrait mĂȘme pas accepter de toucher un onguent venant de quelqu’un de sa fratrie ou d’une autre concubine

Cependant, comme si elle lisait dans ses pensĂ©es, sa grande sƓur lui assura.
– Le repas ne sera pas empoisonnĂ©, les potions aussi, ni les bandages. Je n’ai aucun intĂ©rĂȘt Ă  ta mort, je n’ai pas envie d’avoir le sang d’un de mes demi-frĂšres sur les mains inutilement, et ta mort ne m’arrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut qu’on regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, s’installant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel dĂ©corĂ© d’une statue d’un homme avec une tĂȘte d’élĂ©phant Ă©tait dans l’angle de la piĂšce, les bĂątonnets d’encens le dĂ©corant embaumant encore la piĂšce de leur parfum, mĂȘme si Khalid reconnaissait aussi des Ă©lĂ©ments almyrois dans sa conception. Tout dans cette piĂšce ressemblait Ă  un mĂ©lange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflĂ©tant celle de leur pĂšre, et une grande partie de la dĂ©coration celle de sa mĂšre
 mais ce qui l’intĂ©ressait le plus, c’était sa bibliothĂšque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite Ă©chelle pour accĂ©der aux Ă©tagĂšres les plus hautes, dĂ©bordant de livres et de rouleaux. Il rĂȘverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout ça

– Au nom des dieux, Tiana ne t’a vraiment pas raté 
Jihane s’assit Ă  ses cĂŽtĂ©s, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissĂ© par les ongles de sa mĂšre. AprĂšs avoir demandĂ© l’autorisation d’un regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessĂ©e avant de se mettre Ă  le dĂ©barbouiller, retirant la saletĂ© avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibĂ© de potion, le piquant un peu mais, il ne put s’empĂȘcher de se dĂ©tendre grĂące Ă  ses soins, apaisĂ© par l’attention que lui portait Jihane, ses gestes doux
 c’était rare qu’on s’occupe de lui comme ça

– Et voilĂ , mieux
 souffla-t-elle aprĂšs avoir fini de s’occuper de ses plaies et lui avoir nettoyĂ© son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana n’y est pas allĂ©e de main morte

– Un peu

– Umh
 on ferait mieux de vĂ©rifier si elle ne t’a pas dĂ©chirĂ© quelque chose
 enfin, mĂȘme si on est de la mĂȘme famille, tu prĂ©fĂ©reras sans doute que ce soit Nader qui s’en occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi
 surtout aprĂšs ce qui vient de se passer

Khalid hĂ©sita un peu, n’ayant pas trĂšs envie de se montrer encore plus quasi nu Ă  qui que ce soit. Cependant, malgrĂ© tout, il hocha la tĂȘte, imposant seulement pour condition.
– 
 Non
 non, c’est bon, toi, tu peux
 il est mal fait de toute façon
 mais tu ne le relùves pas trop
 vu que
 tu sais

– Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mÚre avant de prendre un nouveau tissu propre.
– Elle t’a aussi blessĂ© là
 ses ongles sont un vrai flĂ©au
 ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir d’un pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, s’inclinant devant sa maitresse alors qu’elle lui donnait.
– Cette fois, cela devrait ĂȘtre bon
 merci Farnaz. Va te changer dans la piĂšce d’à cĂŽtĂ©, tu ne seras pas dĂ©rangĂ© comme ça. Il ne devrait y avoir personne Ă  cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiquĂ© Jihane. C’était Ă©trange
 la chambre ressemblait Ă  celle d’un enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, sĂ©parĂ©s par des rideaux pour donner un peu d’intimitĂ© Ă  leurs potentiels occupants
 et ce n’était surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, Ă©tant donnĂ© qu’il y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de priĂšres orientĂ©s vers la ville sacrĂ©e du prophĂšte du Seigneur des Levants et des Couchants, et mĂȘme un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de l’Est
 il y avait mĂȘme tout ce qu’il fallait pour vivre ensemble
 ça ressemblait Ă  la salle commune de la caserne

Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse l’arracher, puis retourna dans la piĂšce principale de la maison oĂč se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant d’un signe de tĂȘte Jabiz et Farnaz qui se retirĂšrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
– Oui, merci Jihane
 mais dit, c’est quoi cette piĂšce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques
 il y a l’air d’avoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il n’y a pas d’autel comme celui avec l’homme-Ă©lĂ©phant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mĂšre

– En effet, ce n’est pas ma chambre ou celle de mes prĂ©posĂ©es, c’est celle des invitĂ©s. Beaucoup d’enfants des janissaires, de concubines de bas rang ou d’aventure d’un soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent qu’ils ne seront pas menacĂ©s par qui que ce soit ici. Comme je te l’ai dit, je n’ai aucun intĂ©rĂȘt Ă  tuer mes demi-frĂšres et sƓurs, encore moins ceux d’un rang infĂ©rieur au mien ou avec des mĂšres qui ne sont guĂšre ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
– Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. MĂȘme si Jihane Ă©tait trĂšs gentille et bonne avec ses cadets, mĂȘme elle ne pouvait pas ĂȘtre aussi gĂ©nĂ©reuse
 pas ici en tout cas

« Assez peu de choses, seulement qu’en Ă©change, ils ne tentent pas de s’en prendre Ă  moi et d’ĂȘtre comprĂ©hensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en Ă©change d’un service rendu et d’agir sans arriĂšre-pensĂ©e immĂ©diate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et l’esprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « mĂȘme si c’est surement difficile Ă  comprendre quand on a vĂ©cu toute sa vie dans le harem oĂč tout se monnaie immĂ©diatement et avec une mĂšre comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontrĂ© des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance
 enfin, je te fĂ©licite pour avoir compris tout de suite que ce n’était pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui s’y trouvait, tu es trĂšs observateur
 mĂȘme si Ganesh, le Meilleur des Guides, n’est pas le seul dieu que le pays de ma mĂšre adore, c’est celui que je prĂ©fĂšre et dont je voudrais suivre l’exemple, nota-t-elle en dĂ©signant respectueusement l’autel dans le coin de la piĂšce.
– Ganesh ? Le dieu Ă  tĂȘte d’élĂ©phant ? Pourquoi c’est celui que tu prĂ©fĂšres Jihane s’il y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu Ă©tait aussi spĂ©cial pour elle.
– Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de l’intelligence, de l’éducation, du succĂšs et de la prudence. C’est Ă©galement le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant qu’hĂ©ritiĂšre au trĂŽne et en tant que personne, j’espĂšre pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-Ă -vis des personnes dĂ©pendant de moi, souffla-t-elle, le regard sĂ©rieux et solennel, avant de dire d’un ton lĂ©gĂšrement plus lĂ©ger, mĂȘme si elle gardait toujours la dignitĂ© qui la caractĂ©risait. Et aussi parce que j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les Ă©coliers et Ă©tudiants.
– Un dieu de l’intelligence
 mais pourquoi il a une tĂȘte d’élĂ©phant ? Et ta statue est cassĂ©e ? Il lui manque une dĂ©fense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si c’est un dieu qui n’est pas associĂ© Ă  la guerre, pourquoi il tient une hache, un nƓud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et c’est quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais s’il en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? Et

– Du calme Khalid, une question Ă  la fois ! Ria de bon cƓur Jihane devant l’avalanche de curiositĂ© du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. J’ai une version des vĂ©das traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te l’explique avec
 songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors qu’elle cherchait dans sa bibliothĂšque. Une seconde
 il doit ĂȘtre quelque part par-là

Khalid ne put s’empĂȘcher de penser qu’elle n’était pas trĂšs prudente de lui tourner le dos ainsi
 lui, il Ă©vitait toujours de tourner le dos Ă  qui que ce soit Ă  part Nader, mĂȘme avec sa mĂšre
 mais cette pensĂ©e s’échappa de son esprit, Ă©jectĂ© par sa curiositĂ© quand sa grande sƓur tira un livre de sa bibliothĂšque et l’invita Ă  cĂŽtĂ© d’elle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, Ă©coutant Jihane lui raconter l’histoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva Ă©tait parti mĂ©diter sur une trĂšs haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mĂšre, jusqu’à ce que Shiva revienne et ne le dĂ©capite de rage car, il lui avait interdit d’entrĂ©e pendant que sa mĂšre se baignait, ignorant son identitĂ©, projetant sa tĂȘte tellement loin qu’on ne put la retrouver. Pour consoler son Ă©pouse et se faire pardonner, le dieu Ă  la peau bleu aurait remplacĂ© sa tĂȘte par celle du premier enfant qui passait et que sa mĂšre ne surveillait pas, qui fut un Ă©lĂ©phanteau dont la mĂšre dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de rĂ©parer sa faute et de s’occuper de lui comme s’ils partageaient le mĂȘme sang en devenant un pĂšre aimant. Cela pouvait Ă©galement symboliser le fait que Ganesh se dĂ©barrassait de son propre Ă©go afin de s’élever spirituellement mais, Khalid prĂ©fĂ©rait la version oĂč c’était Shiva qui acceptait de rĂ©parer ses erreurs en s’occupant de Ganesh
 c’était une historie qui lui faisait du bien

Sans s’en rendre compte, l’aprĂšs-midi entiĂšre passa Ă  une vitesse folle, Khalid Ă©coutant sa sƓur lui raconter les histoires du pays de sa mĂšre tout en grignotant des en-cas salĂ© et Ă©picĂ©, posant des milliers de questions auxquelles Jihane rĂ©pondait patiemment. Le petit garçon Ă©tait en train de lutter pour rester Ă©veiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par mĂ©fiance, quand on frappa Ă  la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en s’inclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frĂšre, le prince Khalid, afin de le ramener Ă  ses quartiers. Il est l’heure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
– Je comprends Nader, c’est vrai qu’il commence à se faire tard. Il est temps de conclure

– Mais on Ă©tait au milieu de l’histoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir mĂȘme s’il fatiguait. Et t’as pas fini de m’expliquer cette histoire de rĂ©incarnation ! Comment un esprit peut sauter d’un corps Ă  un autre ? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
– Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, qu’en dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digĂ©rer tout ce que tu as entendu aujourd’hui, et tu pourras mieux comprendre ce qu’on verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer d’ici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle d’une voix douce, semblant plus dĂ©tendue qu’au dĂ©but de l’aprĂšs-midi elle aussi.
– D’accord ! RĂ©pondit Khalid sans vraiment rĂ©flĂ©chir, voulant juste continuer Ă  en apprendre plus et pouvoir dĂ©vorer la bibliothĂšque de sa sƓur. Je peux venir demain matin ? Ah non, c’est l’entrainement de tir Ă  l’arc et ça, c’est bien
 ou la prochaine fois que c’est le cours de lance ?
– Je ne pense pas que Dame Tiana votre mĂšre accepterait de vous voir sauter l’entrainement prince Khalid
 souffla prudemment Nader en posant sa main sur son Ă©paule. Je comprends que tout ceci vous intĂ©resse Ă©normĂ©ment mais, votre mĂšre tient Ă  ce que vous excelliez dans la pratique des armes

– Hum
 cependant, il serait bienvenu qu’un fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de l’esprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux tĂ©nĂ©breux posĂ©s sur son petit frĂšre. De plus, si j’ai bien compris, Tiana vous fait complĂštement nĂ©gliger sa formation intellectuelle, mĂȘme si ce n’est guĂšre Ă©tonnant de sa part, cette femme ne rĂ©flĂ©chit qu’avec ces poings
 ils se sont bien trouvĂ©s avec notre pĂšre
 enfin, c’est ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de s’instruire un peu plus.
– Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais
 mais tu voudrais quoi en Ă©change Jihane ? ça ne t’apporterait rien
 lui fit-il remarquer, essayant de rester mĂ©fiant, l’offre semblant bien trop belle pour ĂȘtre vraie, mĂȘme s’il voudrait croire que Jihane Ă©tait sincĂšre.
– Bien sĂ»r, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu nĂ©gliges ta formation intellectuelle, elle te sera d’autant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça
 hum
 alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande l’autorisation Ă  Nader ou Ă  notre pĂšre. Cela Ă©vitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu t’es fait prendre et que tu t’enfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculĂ© de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un Ă©change de bon procĂ©dĂ© correcte ?
– Tu dis ça sur l’entrainement parce que t’aimes pas ça aussi, arriva à la taquiner un peu Khalid. Et d’accord, ça me semble bien alors
 et pardon pour ton sari
 je n’ai pas fait exprùs

– Je sais, ne t’en fais pas. C’est surtout que ça t’évitera de t’attirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir t’exposer la tĂȘte nue devant tout le monde, personne ne mĂ©rite de subir une telle humiliation pour une simple bĂȘtise d’enfant.
– D’accord
 merci Jihane, parvient-il Ă  sourire, rassurĂ© par les mots de sa sƓur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
– Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader aprĂšs une rĂ©vĂ©rence profonde.
– C’est normal
 ah ! Par contre, j’y pense, j’aurais encore quelques mots à vous dire Nader, pourrais-je m’entretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusqu’à la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le gĂ©nĂ©ral ne s’incline Ă  nouveau, sachant qu’il ne pouvait rien refuser Ă  Jihane quand elle lui demandait quelque chose, mĂȘme ainsi.
– Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce qu’il doit faire en rentrant. Et n’oublie pas

– Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journĂ©e, je sais. T’en fais pas Nader, je m’en souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un cĂąlin rapide puis de partir. À tout Ă  l’heure Ă  la caserne ! Et Ă  une prochaine fois Jihane.
– À la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre pĂšre, » lui jura sa sƓur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son Ă©paule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derriĂšre eux, puis servi un verre de thĂ© au gĂ©nĂ©ral avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette derniĂšre but une traite de son propre verre, laissant Ă  son invitĂ© le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sĂ©rieuse et impĂ©nĂ©trable, sachant Ă  l’attitude de son petit frĂšre avec lui que c’était le mieux placĂ© pour lui rĂ©pondre. Bien plus que Tiana ou leur pĂšre en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
– Il suit les cours Ă©lĂ©mentaires avec les autres enfants de la garde de son Ăąge. Il apprend Ă  bien lire les textes administratifs ou religieux, Ă  Ă©crire correctement, les rudiments des langues principales de l’Empire ainsi qu’un peu de fodlan Ă©tant donnĂ© que sa mĂšre en vient, avec Ă©videmment une formation en mathĂ©matique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mĂšre Tiana, ce Ă  quoi votre pĂšre a donnĂ© sa bĂ©nĂ©diction. Il est trĂšs bas dans l’ordre de succession et vous restez son hĂ©ritiĂšre principale, il a dĂ» penser qu’une formation intellectuelle plus poussĂ©e serait inutile, surtout qu’il n’est pas trĂšs assidu en cours, et cela ne se passe pas forcĂ©ment trĂšs bien avec ses autres demi-frĂšres et sƓurs pour des raisons
 des raisons que vous pouvez sans doute aisĂ©ment comprendre
 souffla tristement Nader, visiblement affectĂ© par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
– Oui, j’imagine qu’il doit s’ennuyer mortellement, cela n’aide pas Ă  rester concentrer, il comprend extrĂȘmement vite. Il n’a surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a trĂšs vite saisi plusieurs concepts pourtant assez Ă©loignĂ©s du culte d’Ahura Mazda, et il est arrivĂ© Ă  identifier quel signe correspondait Ă  quel son seulement en m’écoutant et en regardant les mots que je dĂ©signais. Il doit ĂȘtre trĂšs bon en langue. Et oui, je voie trĂšs bien de quelles difficultĂ©s vous voulez parler
 il est difficile d’ĂȘtre de deux mondes si diffĂ©rents, surtout vu les relations avec Fodlan. J’imagine sans peine toute les insultes qu’il doit supporter, surtout qu’il n’a personne Ă  part vous pour le protĂ©ger j’imagine, marmonna-t-elle, devinant aisĂ©ment tout ce que son petit frĂšre avait dĂ» endurer Ă  cause de son mĂ©tissage, surtout sans personne pour le protĂ©ger. Saviez-vous qu’il avait un esprit aussi vif ? Sa mĂšre et notre pĂšre sont au courant ? Autant pour ses capacitĂ©s que pour ses brimades de la part de ses frĂšres et sƓurs. Pour ces derniĂšres, je connais parfaitement les rĂ©actions de notre pĂšre mais, Tiana pourrait tenter de dĂ©fendre son fils plutĂŽt que l’enfoncer en l’humiliant.
– Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacitĂ©s
 Vous devriez le voir quand il se sent en sĂ©curitĂ©, il est capable de vous rĂ©soudre des problĂšmes et des Ă©nigmes que des enfants plus ĂągĂ©s et mĂȘme des adultes ont bien plus de mal Ă  rĂ©soudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est nĂ©e pendant la derniĂšre couvĂ©e, Arezu ! C’est justement parce qu’il est allĂ© la voir qu’il a sĂ©chĂ© l’entrainement aujourd’hui
 c’est un petit coquin quand il n’est pas sur ses gardes mais, c’est un gamin formidable ! S’exclama-t-il avec affection, arrivant Ă  faire lĂ©gĂšrement sourire Jihane, mĂȘme si son regard si noir restait toujours impĂ©nĂ©trable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, c’est quand il se sent en sĂ©curité  je crois que vous l’avez remarquĂ© mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu qu’il est pratiquement tout seul dans le harem
 Tiana se dĂ©sintĂ©resse de lui Ă  part quand il lui fait honte et refuse de le laisser Ă©tudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté  mais sans comprendre qu’un bon gĂ©nĂ©ral doit aussi avoir une tĂȘte bien faite
 plusieurs janissaires l’ont entendu croasser Ă  ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop Ă  son grand-pĂšre, et au ton qu’ils m’ont dĂ©crit, ce n’est pas un compliment.
– Le grand-duc Riegan ? Je n’ai pourtant entendu que des Ă©loges Ă  son sujet, c’est un homme d’État reconnu et un fin diplomate. HonnĂȘtement, j’ai toujours voulu le rencontrer, afin de vĂ©rifier si sa rĂ©putation n’est pas usurpé  enfin, cela ne m’étonne pas que Tiana ne l’apprĂ©cie pas, il n’est pas connu pour ĂȘtre cruel Ă  sa diffĂ©rence
 et pour les brimades que subit son fils, j’imagine qu’elle s’en fiche
 la connaissant, ça pourrait mĂȘme l’amuser  » gronda-t-elle, pleine de rancƓur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir d’avoir explorĂ© une aile condamnĂ©e du palais, leur pĂšre l’avait attachĂ© Ă  la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour d’entrainement. Ce n’était mĂȘme pas Tiana qui l’avait tirĂ© de ce bourbier mais, sa propre mĂšre Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et rĂ©clamĂ© la grĂące du petit, au grand dĂ©sarroi de Tiana en voyant sa « punition » Ă©courtĂ© pour les beaux yeux d’une de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades l’endurciront et le rendront plus fort
 marmonna Nader sans cacher son inimitiĂ© envers cette concubine qu’il avait dĂ» laisser gagner lorsqu’elle l’avait dĂ©fiĂ© en duel, histoire de ne pas briser l’égo de Tiana et sa carriĂšre par la mĂȘme occasion. Et quant Ă  votre pĂšre
 comment dire
 vous savez comment il est

– 
s’il s’est retrouvĂ© sur le trĂŽne, c’est pas tant parce qu’il est un fin politicien mais, parce que tous les autres hĂ©ritiers de sa gĂ©nĂ©ration s’étaient entretuĂ©s pour le trĂŽne mais, qu’ils l’ont oubliĂ© tellement il Ă©tait incompĂ©tent
 je connais trĂšs bien les habitudes de mon incapable de pĂšre
 le condamna-t-elle sĂ©vĂšrement. Autant dire que Khalid est coincĂ© entre la peste et le cholĂ©ra
 un tel potentiel
 ce serait du gĂąchis de ne pas l’aider Ă  s’épanouir
 une telle intelligence ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique pour Almyra, et nous manquons d’enfants de concubines supĂ©rieurs qui ne sont pas bouffis d’orgueil et impotents
 non, pour le bien du royaume, il doit recevoir l’éducation qui sied Ă  son rang et Ă  ses capacitĂ©s
 elle se releva, regardant Nader dans les yeux, l’aspirant dans leurs tĂ©nĂšbres dont ils Ă©taient impossible de se dĂ©tourner. Je parlerai Ă  mon pĂšre. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver Ă  le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
– Bien Dame Jihane
 cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, j’aimerais savoir pourquoi l’aidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans dĂ©tour, ayant appris Ă  dĂ©crypter les habitudes de l’hĂ©ritiĂšre du shah. DĂ©siriez-vous en faire un de vos fidĂšles ?
À force, il savait comment Jihane procĂ©dait : elle aidait trĂšs souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraitĂ©s pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en Ă©change mais, la plupart d’entre eux devenaient de fidĂšles alliĂ©s dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs d’entre eux Ă©taient en rĂ©alitĂ© ses hommes de mains les plus dĂ©vouĂ©s
 elle Ă©tait suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait ĂȘtre une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, rĂ©flĂ©chissant avant de rĂ©pondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce n’était pas dans son intĂ©rĂȘt de se brouiller avec le principal gĂ©nĂ©ral de son pĂšre et le chef de la garde du palais, surtout qu’ils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes d’aprĂšs ses sources.
– Ce serait mentir de dire que je n’aimerais pas le compter parmi mes fidĂšles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait m’ĂȘtre trĂšs utile pour maintenir la paix dans l’empire. De plus, j’aimerais pouvoir enfin rĂ©soudre nos diffĂ©rents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a dĂ©jĂ  fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. L’hĂ©ritage mixte de Khalid pourrait ĂȘtre utile pour commencer Ă  avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout s’il a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est dĂ©jĂ  extrĂȘmement mĂ©fiant pour son jeune Ăąge et fait trĂšs attention Ă  tout ce qu’on lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, mĂȘme s’il devient un concurrent un peu plus sĂ©rieux pour le trĂŽne, je prĂ©fĂšre ne pas entrer en conflit avec lui. Qu’il soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous l’ai dit, je pense qu’avec la bonne Ă©ducation, il sera un excellent Ă©lĂ©ment pour l’avenir d’Almyra quand je deviendrai shahbanou Ă  la mort de notre pĂšre. Il m’est donc bien plus utile vivant, bien traitĂ© et Ă©duquĂ© que mort, maltraitĂ© et ignare. Cela rĂ©pond-t-il Ă  vos inquiĂ©tudes pour votre petit protĂ©gĂ© gĂ©nĂ©ral Nader ?
– 
 oui
 merci pour votre mansuĂ©tude Dame Jihane
 je n’oublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui
 qu’Ahura Mazda veille sur vous

– Merci à vous. Qu’Il veille sur nous tous, et continuez à prendre aussi soin de mon petit frùre Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendre

– Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec rĂ©vĂ©rence avant de s’éclipser, retournant Ă  son poste Ă  la maison des janissaires. Peu de temps aprĂšs, plusieurs de ses protĂ©gĂ©s revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journĂ©e, plusieurs lui posant des questions sur Khalid aprĂšs avoir entendu qu’il avait passĂ© l’aprĂšs-midi avec elle.
« Tu penses qu’il va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frĂšre un peu plus ĂągĂ© que le fils de Tiana, le fils d’une conquĂȘte passagĂšre avec une concubine de bas rang dont leur pĂšre devait ignorer jusqu’à son nom. Il parait qu’il adore les wyverns mais, il est bizarre
 sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient Ă  de la laine de mouton

– Oui, c’est un demi-fodlan, c’est pour ça qu’il est pas normal. Il doit ĂȘtre un couard fourbe, comme Eudoxie l’Opportuniste, ajouta une fille de son Ăąge, fronçant le nez. Il parait qu’il rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. C’est ce que font les traitres non ?
– Je ne pense pas mais, j’espĂšre pouvoir m’entendre avec lui. Et c’est que c’est difficile de s’intĂ©grer dans une famille aussi grande, surtout qu’il y a beaucoup d’idĂ©es reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple n’est pas juste dĂ©fini par un seul de ces reprĂ©sentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des ĂȘtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais ĂȘtre complĂštement lymphatique et passer mon temps Ă  dormir, Ă©tant donnĂ© que c’est le stĂ©rĂ©otype qu’on les almyrois des pratiharans, les rappela Ă  l’ordre Jihane avec un ton sĂ©vĂšre. C’est surement pour ça qu’il a dĂ» mal Ă  s’intĂ©grer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant d’apprendre Ă  le connaitre Ă  cause de son mĂ©tissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
– Oui Jihane
 marmonna sa sƓur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plus

– Moi aussi, je ferai attention

– Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous dĂ©barbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia Ă  faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idĂ©es nausĂ©abondes et passer un peu de temps avec quelqu’un originaire de la frontiĂšre de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congĂ©diant.
Les deux plus jeunes filĂšrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invitĂ©s aprĂšs leur sermon. Jihane soupira, sachant qu’il faudrait bien plus pour arriver Ă  Ă©radiquer ses prĂ©jugĂ©s, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-lĂ , surtout que ce genre de propos Ă©tait dĂ©jĂ  interdit dans ses appartements.
– Pour le coup de la flemmardise, c’est en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne t’entraines jamais en public. Et j’ai appris pour le petit Khalid. Ta bontĂ© te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frĂšre, malgrĂ© le fait qu’il soit bien plus grand et large qu’elle, et qu’ils n’avaient en rĂ©alitĂ© que quelques semaines d’écart tous les deux. Fils de servante, si leur pĂšre s’était un peu occupĂ© de lui au dĂ©but, il l’avait aussi vite oubliĂ© que la couche de sa mĂšre pour aller batifoler avec d’autres jolies concubines mais, les deux enfants s’étaient bien entendus malgrĂ© tout ce qui les sĂ©paraient. Delaram leur avait racontĂ© une fois que la seule crise de colĂšre que Jihane avait faite, c’était pour que son frĂšre vienne en cours avec elle car, ce n’était pas juste que seulement elle y aille et pas lui
 avec le recul, elle dirait que c’était surement parce qu’elle n'avait pas envie d’aller Ă  l’école toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que c’était plutĂŽt qu’elle n’avait pas changĂ© d’un pouce depuis qu’elle Ă©tait petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour qu’il s’isole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rĂ©torqua en le fixant, mĂȘme si son regard trĂšs noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de l’habitude.
– Je n’allais pas laisser Tiana le battre et l’humilier ainsi en public. Tu aurais vu l’état dans lequel elle l’a mis en Ă  peine quelques minutes
 je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre Ă  dos. Son intelligence ne pourra qu’ĂȘtre utile, il est trĂšs loin derriĂšre moi dans l’ordre de succession, et mĂȘme si je n’aime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire d’ombre pour le moment.
– Je sais et je connais la chanson, surtout qu’elle a trĂšs bien marchĂ© sur moi. Évidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas Ă  grand-chose pour le moment, cette vipĂšre risque de se rĂ©veiller quand elle se rendra compte que maintenant qu’on lui donne des cours dignes de ce nom et qu’on ne l’enferme pas dans une cour d’entrainement, c’est qu’il a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois qu’il a ce que les fodlans appellent un emblĂšme, je l’ai dĂ©jĂ  vu briller et se soigner instantanĂ©ment aprĂšs des brimades, mĂȘme s’il apparait rarement. Ça va encore plus la motiver Ă  enfin faire quelque chose d’autre que de juste ĂȘtre un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adorĂ©. En plus, je suis sĂ»r qu’elle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme s’il trainait avec moi, c’est pas des bonnes frĂ©quentations pour le gamin.
– Je m’en doute, c’est pour ça qu’il va falloir la jouer finement pour Ă©viter qu’elle ne prenne la mouche, mĂȘme si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa mĂ©fiance.
– T’es sĂ»re que je peux pas juste l’étouffer, l’empoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dĂ©gout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et qu’on lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ça pourrait Ă©galement entacher ton image de te soumettre Ă  ses caprices en plus

– Non, trop risquĂ©, le calma tout de suite sa sƓur. Tiana est quand mĂȘme une fodlan de haut-rang et mĂȘme si d’aprĂšs nos informations, personne ne sait qu’elle est ici, je n’ai pas envie qu’ils l’apprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid Ă  cause de la rĂ©putation des fodlans. En plus, c’est un des bijoux prĂ©fĂ©rĂ©s de notre pĂšre alors, il va soit la dĂ©fendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour dĂ©couvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver Ă  la garder sous contrĂŽle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant qu’elle ne tue son fils de nĂ©gligence. Alors, patience Hamza. AprĂšs toutes les couleuvres qu’on a dĂ» avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
– Bien, bien, c’est toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, c’est toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour Ă©trangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a l’air sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considĂ©rerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
– Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, mĂȘme si on va attendre quelques annĂ©es avant de parler de lui comme ça, c’est encore un enfant. S’il devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour l’instant, il a l’air bien parti pour ĂȘtre un bon Ă©lĂ©ment pour le futur d’Almyra alors, autant en faire un alliĂ© dĂšs que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas Ă©chapper le trĂŽne comme ça. On s’est bien trop battu pour le protĂ©ger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, j’espĂšre que tu seras lĂ  la prochaine fois qu’il vient, je suis sĂ»re que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
– Si tu le dis
 en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde Ă  l’entrainement ! Tu retourneras Ă  tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de mĂȘme Ă  l’entrainement mĂȘme si contrairement Ă  sa mĂšre et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant qu’elle devait savoir se dĂ©fendre, mĂȘme si peu de gens Ă©taient au courant qu’elle maniait des amulettes, soigneusement cachĂ©es dans ses manches. MĂȘme si certains critiquaient sa faiblesse, cela Ă©vitait Ă©galement que qui que ce soit ne la dĂ©fie au combat sans passer pour un lĂąche de dĂ©fier un « joyau » fragile, ou alors craignaient d’affronter Hamza qui la dĂ©fendait dans ses cas-lĂ . Elle n’aimait guĂšre ce surnom mais, il pouvait ĂȘtre trĂšs utile malgrĂ© tout. Enfin, il fallait bien passer par l’entrainement

Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toquĂ© Ă  sa porte accompagnĂ© d’un janissaire proche de Nader, armĂ© de mille et une question, mĂȘme s’il restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur pĂšre avait acceptĂ© de lui donner une formation plus poussĂ©e en lui enlevant un peu d’entrainement. Tiana avait trĂšs mal pris son intervention mais, Jihane l’avait amadouĂ© en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid Ă©tait aussi brillant que sa mĂšre, et lui offrant un ensemble d’armes typique de Pratihara finement travaillĂ©s afin d’acheter la paix. Comme aprĂšs sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant qu’elle avait rĂ©ussi Ă  soumettre l’hĂ©ritiĂšre du trĂŽne mais, Jihane la laissait s’agiter toute seule. Si elle arrivait Ă  utiliser correctement l’orgueil de Tiana, elle devrait arriver Ă  garder une marge de manƓuvre suffisante afin d’aider Khalid Ă  dĂ©velopper son potentiel et lui Ă©viter de mourir Ă  cause de ses mauvais traitements

De son cĂŽtĂ©, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane Ă©tait gentille mais, malgrĂ© tout, n’importe quoi pouvait arriver
 il paraissait qu’elle Ă©tait trĂšs proche d’Hamza, le deuxiĂšme enfant de leur pĂšre, qui lui obĂ©irait au doigt et Ă  l’Ɠil
 c’était un homme qui ressemblait Ă  leur pĂšre avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, Ă©galement trĂšs grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient dĂ©jĂ  vaincu et mĂȘme si c’était mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer qu’il le trouvait trĂšs impressionnant aussi
 c’était comme Jihane, c’était difficile de dire ce qu’il avait dans la tĂȘte, sauf quand on s’en prenait Ă  elle

Essayant peut-ĂȘtre de le mettre plus Ă  l’aise, sa grande sƓur lui montra le livre qu’ils avaient commencĂ© la derniĂšre fois, lui demandant s’il voulait qu’elle lui rĂ©explique certains points. De nouveau happĂ© par sa curiositĂ©, Khalid se dĂ©tendit et s’approcha, s’essayant Ă  cĂŽtĂ© d’elle pour l’écouter et la questionner sur le pays de sa mĂšre.
Petit Ă  petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la mĂȘme passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, Ă©tant Ă©galement Ă  l’abri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait Ă©galement plus sympathique Ă  force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sƓur, il ne lui tournerait clairement pas le dos s’il Ă©tait l’ennemi de l’hĂ©ritiĂšre mais, plutĂŽt gentil envers ceux qu’il ne considĂ©rait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait Ă©galement, arrivant trĂšs vite Ă  cerner des situations complexes et Ă  les rĂ©soudre. Par contre, Jihane regrettait qu’il ait encore du mal avec les relations humaines. À part avec Nader, le petit restait trĂšs solitaire et secret, mĂȘme avec elle, prĂ©fĂ©rant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche prĂ©fĂ©rĂ©e qui l’accompagnerait partout s’il pouvait, Arezu, et des livres Ă  celles d’autres humains
 enfin, cela ne l’étonnait guĂšre non plus
 ĂȘtre mĂ©tis n’était pas facile Ă  porter, encore plus en Ă©tant Ă  moitiĂ© Fodlan en Almyra
 surtout que Tiana n’aidait clairement pas en dĂ©laissant son fils ainsi, ne s’intĂ©ressant Ă  lui que pour ce qu’il pouvait lui apporter
 ce n’était guĂšre Ă©tonnant que Khalid ne fasse confiance Ă  personne

« EspĂ©rons qu’un jour, tu trouveras la force de t’ouvrir aux autres
 pria-t-elle alors qu’il lui montrait un livre qu’il avait trouvĂ© Ă  la bibliothĂšque du palais, un recueil de croquis d’un certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant rĂ©alisĂ© parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant Ă  mi-mot qu’il aimerait bien se rendre Ă  Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Qu’une divinitĂ©, qu’importe son origine ou les croyants qu’Elle protĂšge, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confiance  »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses Ă  chaque fois qu'il en croisait un. MĂȘme les chevaux les plus nerveux s'arrĂȘtaient de piaffer et de mordre quand c'Ă©tait lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bĂȘtes" en rajoutaient encore certains des gĂ©nĂ©raux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frÚre voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà.
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain cùliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémÚre au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai hĂ©ritier avait hĂ©sitĂ© Ă  ĂȘtre plus direct que le poison, mĂȘme s’il devait se mĂ©fier de cette mĂ©thode, trop facile Ă  dĂ©tecter, ou juste mettre des raclĂ©es Ă  son frĂšre dĂšs qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchement

Son pĂšre lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempĂȘte de neige ne les empĂȘche tous de sortir. Le porte-emblĂšme dĂ©testait tirer Ă  l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal Ă  ses amis les animaux mais, leur pĂšre l'avait obligĂ© Ă  suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps Ă©tait en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forĂȘt de sapin, d'abord en rang serrĂ© avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant Ă  voix basse, sautant Ă  terre.
« Eh, dĂ©bile, je vais lĂ -bas, l'informa-t-il en montrant un coin oĂč les buissons et les branches des arbres s'emmĂȘlaient plus, rendant le passage difficile.
– Mais PĂšre nous a dit de ne pas nous sĂ©parer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule Ă  ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui Ă  raison.
– Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard là-bas, derriùre ses buissons. Il y a une petite riviùre qui se jette dans la mer là-bas, ils vont surement y boire.
– Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
– Non, je me contenterais de les Ă©corcher, leurs fourrures feront un bon manteau, rĂ©pliqua-t-il en accrochant son cheval Ă  un arbre. A tout Ă  l'heure dĂ©bile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'Ă  trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Évidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'Ă©tait les animaux prĂ©fĂ©rĂ©s du porte-emblĂšme, ĂȘtre roux devait rapprocher.
Une fois trĂšs loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'hĂ©ritier lĂ©gitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la cĂŽte des renards imaginaires pour les sauver de l'Ă©corchement. Miklan rĂ©cupĂ©ra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. DĂšs qu’il se mit Ă  chercher les bĂȘtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crĂąne du voleur Ă  emblĂšme.
Il n'eut mĂȘme pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dĂšs le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'ĂȘtre sĂ»r qu'il Ă©tait bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frĂšre ne bougeait plus, la tĂȘte fracassĂ©e Ă  coup de pierre. Il respirait encore malgrĂ© tout, c'Ă©tait rĂ©sistant un porte-emblĂšme mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'Ă©tait pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bĂȘtes affamĂ©es qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empĂȘcher de rire en pensant Ă  l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dĂ©vorer par une bĂȘte comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, rĂ©cupĂ©rant une bĂȘte qu'il avait tuĂ© plus tĂŽt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire Ă  son pĂšre que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença Ă  tomber Ă  gros flocons.
Son pĂšre chercha son prĂ©cieux hĂ©ritier de partout mais, rien Ă  faire, Miklan l'avait emmenĂ© trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait Ă  chercher lĂ -bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empĂȘcha d'approcher trop prĂšs du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempĂȘte faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna lĂ  oĂč il avait laissĂ© le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tĂąches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frĂšre Ă©tait dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena Ă  son pĂšre comme preuve de la mort de Sylvain.
AprÚs encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frĂšre furent prĂ©sents aux funĂ©railles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait Ă  chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait FĂ©lix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prĂ©tendait avoir un emblĂšme, majeur mĂȘme pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore ĂȘtre en train de se remettre de ses brĂ»lures mais, il avait insistĂ© pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain Ă©tait mort

Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frÚre, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mÚre au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantÎme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
DĂšs qu'il put quitter la cĂ©rĂ©monie sans faire de vagues, il le fit. Sa mĂšre Adeline Ă©tait inconsolable, pleurant la mort de son petit Ă  chaudes larmes en oubliant encore que l'ainĂ© existait. Elle avait dĂ©jĂ  assez de soutien de la part des autres parents, et pour son pĂšre, Miklan ne savait mĂȘme pas ce Ă  quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à cÎté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, mĂȘme si je ne peux toujours pas te toucher, tu es Ă  moi, » lui annonça fiĂšrement Miklan.
La gemme Ă  la base du fer en os brilla d'un Ă©clat lugubre, alors que les Ă©pines sur le cĂŽtĂ© s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la rĂ©alitĂ©. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancĂȘtre qui avait eu le culot de le renier pour son frĂšre. C'Ă©tait surement le signe qu'il se sentait trĂšs con maintenant que le sans-emblĂšme avait tuĂ© le porte-emblĂšme malgrĂ© tout.
*
Rodrigue tenait FĂ©lix contre son Ă©paule, son fils pleurant encore et encore. C'Ă©tait dur pour lui... quelques semaines plus tĂŽt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain Ă  ses cĂŽtĂ©s pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'Ă©tait une Ă©preuve bien trop dure pour un enfant de son Ăąge. Pour n'importe qui Ă  n'importe quel Ăąge... surtout qu'Ă  l'attitude de Miklan... ce n'Ă©tait surement pas un « accident »  pas aprĂšs tout ce qu’il avait dĂ©jĂ  tentĂ© d’infliger Ă  son petit frĂšre
 mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon Ă©caille pour le protĂ©ger... il m'avait promis qu’on vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas ĂȘtre mort ! Pour ça, Sylvain n’est pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi rĂ©pondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une Ă©treinte protectrice. Si seulement cela pouvait ĂȘtre aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son Ă©clat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougĂšrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. FĂ©lix fixa le fer, comme s'il arrivait Ă  comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
– Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cƓur que c'Ă©tait vrai, comme convaincu par la relique elle-mĂȘme.
*
Une dizaine d'annĂ©e passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'hĂ©ritier du margrave, sa mĂšre n'arrivait pas Ă  pondre un autre hĂ©ritier, Ă©tant trop ĂągĂ©e pour le faire, et mĂȘme s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bĂątard Ă  emblĂšme, son pĂšre avait Ă©galement Ă©chouĂ© Ă  produire un autre enfant de Gautier. Miklan Ă©tait donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour ĂȘtre au paradis ! En plus, l'empire qui avait tentĂ© de conquĂ©rir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'Ă©tait brisĂ© les dents sur la rĂ©sistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la rĂ©gente HĂ©lĂ©na avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement rĂ©ussi Ă  briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'Ă  se prĂ©occuper des srengs et eux, ce n'Ă©tait que des sauvages faciles Ă  mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mÚre était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son pĂšre – comme toujours – ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son Ă©chec d’avoir donner un hĂ©ritier Ă  emblĂšme Ă  leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot Ă  sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'Ă©curie, peu de temps aprĂšs qu'on ait annoncĂ© qu'un espion sreng Ă©trange aurait Ă©tĂ© aperçu dans une ville proche, avec des dĂ©tails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-mĂȘme mais, il Ă©tait trop faible pour cela et son corps n'avait pas supportĂ©. Alors aprĂšs des funĂ©railles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mĂ©ritĂ© de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblĂšme. Il n'aurait pas Ă©tĂ© officiellement en pĂ©riode de deuil, il aurait fait une grande fĂȘte pour cĂ©lĂ©brer tout ça comme il se le devait.
Évidemment, les relations entre lui, Fraldarius, GalatĂ©a et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous Ă©taient persuadĂ©s que c'Ă©tait lui qui avait tuĂ© Sylvain, Ă  raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dĂ» mater plusieurs rĂ©voltes frumentaires mais bon, un coup d'Ă©pĂ©e dans la gueule des bouseux suffisait Ă  les faire taire. Ce n'Ă©tait pas forcĂ©ment bien pour le margraviat mais, l'important Ă©tait qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'Ă©tait tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes hĂ©ritier, Ă  emblĂšme, ou roturier. Il Ă©tait margrave depuis trois ans et c'Ă©tait tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'Ă©tait FĂ©lix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement Ă  chaque fois qu'il l'approchait, et Ă  chaque fois, l'hĂ©ritier des Fraldarius disait la mĂȘme chose, comme une prophĂ©tie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là, Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit Ă  foutre de l'hĂ©ritier des Fraldarius mais, Ă  chaque fois qu'il le disait, c'Ă©tait Ă©trange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumiĂšre de la Lance de la Destruction pour la rĂ©flĂ©chir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait mĂȘme pas qui Ă©tait ce "lui" mais bon, ce n'Ă©tait que des paroles en l'air. Le margrave lĂ©gitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, mĂȘme aprĂšs s'ĂȘtre illustrĂ© pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au cĂŽtĂ© de son frĂšre.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de dolĂ©ances, on annonça la venue d'un scalde, un poĂšte sreng. Il serait venu afin de renouveler les vƓux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'Ă©tait plutĂŽt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mĂšre HĂ©lĂ©na ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore Ă  leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le rĂ©flexe d’ĂȘtre effrayĂ© de la Lance de la Destruction, toujours accrochĂ©e Ă  cĂŽtĂ© de la chaire de margrave, mĂȘme si celui-lĂ  semblait un peu moins apeurĂ© que les autres en sa prĂ©sence. C'Ă©tait un homme aux cheveux bruns assez longs pour ĂȘtre liĂ©s en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. À son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'annĂ©e. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier Ă  ce genre de corvĂ©e. En plus, les gens diraient qu'il nĂ©gligeait sa mĂšre s'il ne la laissait pas se changer un peu les idĂ©es... alors, il accepta de laisser le scalde dĂ©blatĂ©rer ses lĂ©gendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la piÚce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fĂȘte, comme s'il le connaissait depuis toujours.
– Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, mĂȘme s'il nous a quittĂ© depuis des annĂ©es.
– Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condolĂ©ances, la perte d'un enfant est toujours une Ă©preuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nĂŽtres Ă  chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos Ăąmes en deuil. Celle de la DĂ©esse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgrĂ© tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui Ă  prĂ©sent, veille sur les Ăąmes de chaque enfant mort trop tĂŽt  »
Il se mit alors Ă  dĂ©clamer en vers une histoire par rapport Ă  un grand arbre oĂč neuf mondes s'accrochaient, de lieux oĂč les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se prĂ©parant pour la grande bataille qui la prĂ©cĂ©derait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu malĂ©fique dont le nom Ă©tait une honte pour tout ce qui vivait et mourrait qu’on ne le disait pas, celui ayant tuĂ© le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'Ă©tait endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins Ă  la foule. Adeline pleurait mĂȘme un peu (encore
), alors qu'elle le remerciait

« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de piÚce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva aprÚs avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
– Merci pour votre gĂ©nĂ©rositĂ© ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant aprĂšs cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre gĂ©nĂ©rositĂ©, je vous le jure.
– C'est bien normal, vous l'avez amplement mĂ©ritĂ©... dĂ©clara-t-elle en le regardant Ă©trangement, alors que Rustine remuait toujours la queue Ă  ses cĂŽtĂ©s.
La prĂ©diction du porte emblĂšme de Fraldarius lui revient en mĂ©moire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frĂšre sur celui de cet homme
 puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain Ă©tait mort, il lui avait enfoncĂ© le crĂąne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survĂ©cu Ă  ça. S'il n'avait pas retrouvĂ© de corps, c'Ă©tait parce qu'un animal l'avait trainĂ© dans sa taniĂšre pour le dĂ©vorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mĂšre se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
– Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa MajestĂ© la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel Ă  mes services, envoyer un messager lĂ -bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
– Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une derniĂšre caresse sur la tĂȘte de Rustine, puis s'inclina profondĂ©ment devant le margrave. Bien, au moins, il savait oĂč Ă©tait sa place. Miklan ignora juste la maniĂšre dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la prĂ©sence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à cÎté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois prÚs de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave lĂ©gitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piquĂ© les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'Ă©tait pas allĂ© les taquiner, et il avait mĂȘme envoyer leur scalde lĂ , Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'Ă©tait des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
– ProtĂ©gez la salle du trĂ©sor et empĂȘcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, Ă©radiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit mĂȘme pas de rĂ©ponse avant de courir Ă  la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainĂ©, jusqu'au meurtre de son propre frĂšre, il n'allait pas laissĂ© une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empĂȘcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme aprĂšs qu'une bricole dĂ©truisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de siĂšges en plus ?! Non, c'Ă©tait trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
– Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncĂšrent sa porte pour piller la piĂšce, Adeline n'eut mĂȘme plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait tĂ©moignĂ© de l'affection sincĂšre... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et Ă  quoi bon ? Sylvain Ă©tait mort lĂ -bas, dans le froid et la neige, et son corps assassinĂ© avait Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincĂšrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul rĂ©confort contre elle et ferma les yeux, s'attendant Ă  tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familiÚre résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses cÎtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
– Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez Ă©tĂ© tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dĂ©voilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage d’un jeune homme d’une vingtaine d’annĂ©e, et le cƓur d'Adeline s'arrĂȘta. C'Ă©tait... c'Ă©tait bien... DĂ©esse... non, c'Ă©tait impossible... DĂ©esse...
– DĂ©esse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empĂȘcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle Ă©tait Ă  la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
– Ah non ! Bien sĂ»r que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon Ă  ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans mĂȘme avoir besoin de nourriture des gens qui n’ont dĂ©jĂ  pas un sou alors, rĂ©action solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne Ă  d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment
 les rĂ©coltes ont Ă©tĂ© assez bonnes ces derniĂšres annĂ©es, et votre reine est clairvoyante, tout comme son hĂ©ritier alors, pas de raison qu’on s’en prenne Ă  vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long Ă  raconter, peut-ĂȘtre plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses Ă©paules et les attacha avec une grande fibule finement travaillĂ©e, le cƓur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour crĂ©er une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangĂ©s en dix ans et cette cicatrice. MalgrĂ© tout, il Ă©tait toujours aussi attentionnĂ© et gentil... « Avec ça, on saura que vous ĂȘtes protĂ©gĂ©e. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y rĂ©flĂ©chiront Ă  deux fois avant de s'en prendre Ă  vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
– D'accord...
– Bien ! Et Rustine vous protùge aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dùs le premier regard.
– Oui, il est trĂšs courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hĂ©sita une seconde avant de dĂ©clarer, voulant juste arrĂȘter Miklan Ă  ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainĂ©e juste Ă  cĂŽtĂ© de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
– Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui dĂ©truit le destin de tous ceux qui l'approchent ! C’est l’arme de la DĂ©voreuse de Cadavre qui est nĂ© aprĂšs qu’elle ait assassinĂ© le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
– Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant Ă  sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il rĂ©pondit alors en sreng, puis lui rĂ©pĂ©ta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tĂȘte.
– Restez ici en sĂ©curitĂ©, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
– D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle Ă  la sreng, en utilisant son surnom plutĂŽt que son nom... elle ne savait mĂȘme pas si elle aurait pu Ă  nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir aprĂšs un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvĂ©, mĂȘme si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement Ă  elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus rĂ©sistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrĂȘter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tĂątant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait rĂ©cupĂ©rĂ© : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des mĂ©dicaments et des potions, ainsi des objets prĂ©cieux Ă  revendre en cas de nouvelles disettes afin d’éviter de faire d’autres raids. Avec tout ce qu’il allait pouvoir rĂ©cupĂ©rer, cela devrait les aider Ă  tenir
 au moins jusqu’à la belle saison
 mĂȘme s’ils avaient Ă©tĂ© tous assez déçu en dĂ©couvrant un aussi petit trĂ©sor mais bon, ce n’était guĂšre Ă©tonnant, l’argent brĂ»lait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, c’était la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominĂ©e par les crocs de Fenrir mais, ils Ă©taient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosĂ© le mur de cette piĂšce afin de pouvoir pĂ©nĂ©trer plus facilement au cƓur du chĂąteau et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidĂ©s par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux cÎtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'oĂč il avait tirĂ© ce nom mais, quand il avait vu cet adorable crĂ©ature Ă  la fois dĂ©terminĂ© et autoritaire tout en Ă©tant gentille, ce nom s'Ă©tait imposĂ© comme une Ă©vidence. C'Ă©tait comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idĂ©e d'oĂč venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mÚre répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ça va ? Tout s'est bien passĂ© ?
– Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'Ă©tait l'infiltration la plus facile de ma carriĂšre.
– Vraiment ?! À ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça n’a pas l'air d'ĂȘtre une flĂšche leur margrave Miklan.
– Une brute Ă©paisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit Ă  coup d'Ă©pĂ©e dans le ventre. C'est un vrai tyran mĂȘme pas capable de bien gĂ©rer son argent et son peuple. Je n'ai mĂȘme pas eu Ă  les pousser Ă  la rĂ©volte, tout le monde Ă©tait furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posĂ©ment, habituĂ©e Ă  ce genre de situation quand ce n'Ă©tait pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es trĂšs bien dĂ©brouillĂ© quand tu t'es infiltrĂ© Ă  ton tour. Ton maquillage Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et mĂȘme s'il y a eu des imprĂ©vus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as trĂšs bien su les gĂ©rer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
– J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincĂšrement, sa mĂšre Ă©tait de loin la meilleure espionne de tout Sreng et mĂȘme de Fodlan.
– Tu as bien su te dĂ©brouiller aussi. Le seul problĂšme, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour ĂȘtre cachĂ© mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tĂȘte contre son compagnon d'arme.
– ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis dĂ©jĂ  venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas Ă  me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter Ă  la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
– C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile Ă  rĂ©cupĂ©rer, surtout vu l'Ă©tat oĂč on t'a trouvĂ©... ces pĂȘcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas Ă©tĂ© avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mĂšre en ordonnant ses mĂšches, et tant pis si ce n'Ă©tait pas par le sang, Fregn Ă©tait la seule qu'il reconnaissait comme sa mĂšre avec ses tantes.
– Vive le braconnage, on sauve des vies grĂące Ă  ça, arriva Ă  en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. AprĂšs, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonnĂ© dans la neige avec le crĂąne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassĂ© Ă  coup de pierre. Limite, je prĂ©fĂšre m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
– C'est ta mĂ©moire, c'est Ă  toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas Ă  te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
– Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter aprùs un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
– Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, rĂ©pliqua Fregn.
– Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainĂ© dans la piĂšce, personne ne s'en approchant Ă  moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
– C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familiùre ?
– Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mĂ©moire, j'en suis sĂ»r... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant Ă  se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisĂ© la margravine-mĂšre, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de dĂ©clarer en posant sa main sur son Ă©paule, toujours ce roc inĂ©branlable Ă  ses cĂŽtĂ©s et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sƓur Hel pour se faire dĂ©vorer, Fregn, c'Ă©tait une vraie famille Ă  elle toute seule !
– Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idĂ©e mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-ĂȘtre la mĂ©moire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblĂšme. Parfois, tu as une lumiĂšre qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblĂšme des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-ĂȘtre un et cela te protĂ©gera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassurĂ© par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mĂšre vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tĂȘte, ce dĂ©cor lui disait quelque chose mais, il Ă©tait incapable de dire quoi... peut-ĂȘtre quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sĂ»r... mais ce qui l'attirait le plus, c'Ă©tait cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siÚcles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard Ă  sa mĂšre et Ă  son valraven, embrassa le sachet oĂč se trouvait son porte-bonheur de toujours, accrochĂ© Ă  son cou. Puis, aprĂšs avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme Ă©carlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer Ă  son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin aprÚs tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son Ăąge et quelqu'un plus ĂągĂ©... des adultes aux regards bienveillant... leur dĂ©part trop rapide Ă  tous... la protection Ă©phĂ©mĂšre de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'Ă©puisement... des bruits flous, des images mĂ©langĂ©s entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une prĂ©sence toujours aussi forte au fond de son cƓur, toujours lĂ  malgrĂ© l'oubli... le protĂ©geant encore malgrĂ© tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prĂ©nom...
« S... »
« Grand-pÚre... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se rĂ©veilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'Ă©tait noyĂ© un instant dans l'Ă©treinte de la lance. Elle n'Ă©tait plus sur son prĂ©sentoir, il l'avait dĂ©tachĂ© sans s'en rendre compte et la serrait Ă  prĂ©sent contre son cƓur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbitĂ©s vers Fregn, tout tremblant aprĂšs ce qu'il venait de vivre, sa mĂšre le regardant avec inquiĂ©tude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la premiĂšre fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tĂȘte...
– Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la rĂ©alitĂ©, mĂȘme s'il Ă©tait incapable de lĂącher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sĂ©curitĂ© ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisĂ©es. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. LĂ ... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant d’approcher cette lance malgrĂ© le danger, Snorri commençant Ă  pleurer alors que tout se bousculait dans sa tĂȘte. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
– Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-pĂšre mais, pas de mon grand-pĂšre... c'est plus au sens... d'ancĂȘtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mÚre à ses cÎtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crùne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manƓuvrer avec sa propre valraven contre trois pĂ©gases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achĂšvent le troisiĂšme tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, mĂȘme si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
– Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protĂ©gĂ© par ses hommes au lieu de les dĂ©fendre lui-mĂȘme, puis elle posa la question Ă©vidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dĂ©vorer et briser ton destin !
– Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça aprùs la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
– J'espĂšre, reste en vie ! »
Ils refoncĂšrent dans la bataille, attaquant un cĂŽtĂ© de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant oĂč Ă©tait le danger comme s'il le sentait et voulait le protĂ©ger. Comment une arme aussi malĂ©fique pouvait-elle ĂȘtre aussi prĂ©venante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait dĂ©jĂ  assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
– Il ne l'a pas que volĂ©, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
– Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tĂȘte de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
– HonnĂȘtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le chĂąteau est sous notre contrĂŽle et la ville s'est dĂ©jĂ  rendue ! C'est fini margrave ! S'Ă©cria Snorri en fodlan. Rends-toi !
– Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est à moi ! À moi ! Jamais je ne le laisserais à des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piquĂ© pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les crĂ©neaux, ce qu'il arriva Ă  faire mais, Miklan s'accrocha Ă  sa (leur ?) lance, hurlant comme un possĂ©dĂ© que les Crocs Ă©tait Ă  lui seul et pas Ă  un sauvage sortit d'il ne savait oĂč.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lùcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
– Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, trĂšs bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle Ă©tait assez forte pour porter deux personnes sans problĂšmes et mĂȘme si Miklan devait pesĂ© son poids avec son armure lourde, elle arriva Ă  s'Ă©lever dans les airs, mĂȘme s'il s'accrochait obstinĂ©ment aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait prĂ©fĂ©rĂ© qu'il lĂąche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'Ă©tait de ne pas lĂącher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacĂ© aprĂšs la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lùchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur Ă©tagĂšre, s'Ă©crasant contre la pierre. Il n'avait mĂȘme pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula Ă  cĂŽtĂ© de lui, inerte alors qu'il gĂ©missait un ordre, peut-ĂȘtre de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'Ă©coutait. Sans aide, il ne pourrait mĂȘme pas se relever Ă  cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournĂ©e et de toute façon, plus personne ne faisait attention Ă  lui. Tous les regards Ă©taient tournĂ©s vers Snorri, incrĂ©dules, comme s'il voyait un fantĂŽme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
– Je ne sais pas, souffla-t-il Ă  sa cousine, rĂ©cupĂ©rant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant Ă  nouveau avec lui, comme rassurĂ©e que ce soit lui qui la tienne plutĂŽt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientĂŽt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprÚs d'elle de lui prendre son rÎle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obĂ©irent, mettant sans trop discuter un pied Ă  terre Ă  ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'Ă©tait dĂ©jĂ  ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gĂ©missant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en dĂ©clarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tĂȘte pour faire exploser son crĂąne.
« On a des choses à se dire. »
*
DĂšs qu'ils surent ce qui s'Ă©tait passĂ© Ă  Gautier, Dimitri, FĂ©lix et Ingrid partirent sur le champ Ă  la place de leurs parents avec plusieurs rĂ©giments de soldats. S'ils se fiaient Ă  ce qui Ă©tait Ă©crit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs Ă  condition qu'ils les dĂ©barrassent de Miklan, et le messager avait confirmĂ© mais mieux valait ĂȘtre prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient Ă©galement penser Ă  la sĂ©curitĂ© aux habitants de la capitale margravine. Ils se prĂ©parĂšrent donc Ă  affronter les srengs ou Ă  tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrĂšrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la rĂ©serve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dĂ©diĂ©es Ă  Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville Ă©taient mĂȘme dĂ©jĂ  remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement Ă©tablis un dĂ©but de camp ici, mais quand mĂȘme, c'Ă©tait rapide...
Quand ils arrivĂšrent aux portes, ils tombĂšrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands Ă  la porte du fort. La mĂšre de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santĂ© et bien plus heureuse que pendant les dix derniĂšres annĂ©es. Elle avait repeignĂ© ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait Ă©tĂ© remplacĂ© par une robe colorĂ©e typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'Ă©tait pas Ă  ses pieds aussi, mĂȘme si les trois amis sentirent qu'il Ă©tait encore en vie. Le petit chien Ă©tait presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas ĂȘtre aussi joyeuse s'il Ă©tait mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu aprÚs une telle frénésie.
– Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer prĂ©cisĂ©ment ce qui s'est passĂ© ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal Ă  comprendre...
– C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais aprĂšs vous avoir introduit auprĂšs du nouveau margrave. Il a trĂšs envie de vous voir, mĂȘme si je dois vous prĂ©venir que cela vous fera un choc. »
IntriguĂ©s, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnĂ©s de leurs gardes et toujours armĂ©s par prĂ©cautions. Ils traversĂšrent les couloirs oĂč tous les ajouts macabres de Miklan avaient Ă©tĂ© retirĂ©s, enlevant tous les trophĂ©es de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la mĂȘme couleur que les cheveux de sa victime... FĂ©lix aurait rĂȘvĂ© de tout arrachĂ© devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez lĂ©ger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire Ă  voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophĂ©es et les armures des Gautier prĂ©cĂ©dent avait Ă©tĂ© retirĂ©, remplacĂ© par de grandes tables oĂč s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impĂŽts Ă  la tĂȘte. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux trĂšs bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait ĂȘtre le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient dĂ©jĂ  rencontrĂ© pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait ĂȘtre son Royaume qui avait dirigĂ© l'expĂ©dition contre Gautier, Adeline leur ayant expliquĂ© entre temps que l'attaque avait Ă©tĂ© un coup de semonce pour punir Miklan de ses prĂ©cĂ©dents assauts. Ils se demandĂšrent une seconde si c'Ă©tait elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis Ă  la table d'Ă  cĂŽtĂ©, en train de discuter avec elle dans leur langue.
FĂ©lix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le dĂ©couvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutĂ©s et doux, son nez piquetĂ© de tĂąches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... mĂȘme sa voix Ă©tait familiĂšre, bien qu’il ait muĂ© comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'Ă©toile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassĂ© le crĂąne. Mais DĂ©esse... DĂ©esse...
Quand l'homme tourna la tĂȘte vers eux, ses yeux s'exorbitĂšrent Ă  son tour, tout aussi incrĂ©dule qu'eux. Doucement, aprĂšs avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il Ă©tait plus ĂągĂ© qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il Ă©tait plus grand mais, s'il l'Ă©tait toujours pour Ingrid et FĂ©lix, Dimitri le dĂ©passait Ă  prĂ©sent de quelques centimĂštres... ça... c'Ă©tait presque Ă©trange, mĂȘme s'ils l'oubliĂšrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'Ă©tait une mauvaise farce du destin ou alors un rĂȘve trop beau pour ĂȘtre vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un trĂšs vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le mĂȘme depuis des annĂ©es, puis en sortit une minuscule Ă©caille sarcelle. Une de FĂ©lix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvĂ© la vie
 il ne se sĂ©parait pratiquement jamais de ses Ă©cailles sauf pour les donner Ă  quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle Ă©tait si petite... cela ne pouvait qu'ĂȘtre celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me l’as donnĂ©, dĂ©clara-t-il en regardant FĂ©lix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crĂąne et sa cicatrice. C'est... c'est encore trĂšs flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... dĂ©solĂ© si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mĂ©moire vient Ă  peine de revenir depuis que j'ai touchĂ© les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliquĂ©...
En rĂ©ponse, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son Ă©caille.
– C’est bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais
 comme on se l’était promis Sylvain

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superiorkenshi · 2 years ago
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Avec tout les musulmans qui me souhaite un bon ramadan je me sens comme ça
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chaotictomtom · 2 years ago
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purĂ©e et dire que j'en Ă©tais Ă  reviser pour cette soutenance DANS MON SOMMEIL rĂȘver de lire et relire mes notes et m'exercer pour ma prĂ©sentation mille fois dans mon dodo ça va pas le boug
#la seule chose qui me stressais c'Ă©tait si mon train serait dispo et bah 🧍#je l'ai manifest mais c'est pas vrmt le type de manifesting que j'aime jsp#j'ai littĂ©ralement le lien pour se rendre sur la classe virtuel pour faire la soutenance j'aurais pu le faire chez moi MAIS NON 😡#top1 casse couilles le ministĂšre du travail vous autorisez des jurys Ă  distance mais pas n'importe hihi n'importe quoi ly#*lui#genre j'aurais pu le faire Ă  30min en ter de chez moi ou mĂȘme jcrois y'a un centre afpa ici#mais vu que pas agrĂ©gĂ© pour le bail gnagnagna#il faut juste un pc + connexion internet quitte que je ramĂšne webcam et micro c'est po grave</3 mĂȘme pas de 2eme ecran c'est ok#mais non grougrou on prĂ©fĂšre faire galĂ©rer tout le monde mĂȘme quand climat social du dĂ©sespoir rien ne va en fait#les centres de formation galĂšre ceux formĂ©s encore plus tout ça parce que y'a des bougs qui veulent que ça soit bien agrĂ©gĂ© et tout lĂ #y'a 0 triche possible tu prĂ©sente ton projet comment tu peux tricher? pourquoi t'as besoin d'ĂȘtre dans un centre spĂ©cial avec qqn d'agrĂ©gĂ©?#gneuhgneuh je vais aller rechercher sur internet qu'est ce que j'ai fais pendant mon projet??????pour le prĂ©senter???huh#mĂȘme la partie question 40min c'est sur ce qui a Ă©tĂ© fait pendant le projet +questions compĂ©tences t'es instant cramĂ© si tu prends le temps#drechercher les rĂ©ponses sur internet donc bon??? faire les zgegs Ă  dire hehe on est trop lfutur mtn le jury est Ă  distance 😋 vous non.😐#*n'importe oĂč#je devienne zinzin#en vrai jsuis chill Ă  propos de ça jsuis pas le seul dans ce problĂšme puis y'a pas Ă  chouiner j'ai eu 10 mois de formation cool đŸ€·#juste po le titre (pour l'instant????peut ĂȘtre une autre date???? peut ĂȘtre que j'pourrais m'y rendre?????wahool#tomtom_communique#tomtom_is_rambling
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tealviscaria · 8 months ago
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J'y pense... je pense au fait que dans le lore de Comment c'est loin, canoniquement, c'est non seulement Orel qui a vu la bite de Gringe, mais aussi la grand-mĂšre et la copine d'Orel.
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lolochaponnay · 2 months ago
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Un gars consulte son mĂ©decin : - Docteur, je suis Ă©puisĂ© depuis quelques mois. Je ne tiens plus debout. - Comment se passe votre vie sexuelle ? - Eh bien, je fais l'amour sept jours sur sept, et souvent plusieurs fois par jour! - Mais c'est beaucoup trop!...Bon, pour commencer vous allez vous abstenir de sexe un jour par semaine. Par exemple, le dimanche, vous profitez de la journĂ©e pour un repos complet - Mais c'est impossible, docteur. Le dimanche est le seul jour de la semaine oĂč je suis Ă  la maison!
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inlovewithaspiderguy · 6 months ago
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putain de journĂ©e de merde demain avec un partiel surprise dont je n’ai appris l’existence qu’il y a 1 heure et la disparition de ma carte de mutuelle qui n’a jamais Ă©tĂ© dans mon portefeuille en premier lieu
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