#je fais comment
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mdr đ€Ąđ€Ą
j'ai perdu ma carte d'identité (et j'ai pas de passeport)
sauf que. aucun rendez-vous nul part avant minimum mi juillet
rien dans les 20km autour de Paris, rien au Havre chez mes parents, rien dans le sud chez ma marraine, rien en bretagne chez mon oncle... j'ai ratissé LARGE. mais littéralement aucun rdv avant des mois.
l'administration française âšïž
#non mais for real ça m'angoisse et m'Ă©nerve de ouf#genre lĂ j'ai plus de papiers d'identitĂ© en fait#je fais comment#je fais comment si on m'en demande#je peux mĂȘme pas voyager Ă l'Ă©tranger#heureusement j'ai rien de prĂ©vu mais cet Ă©tĂ© j'aurais bien aimĂ© partir voir des potes quoi#et juste oui quoi. je fais comment#comment c'est possible d'avoir crĂ©er cette situation#oĂč on laisse des gens dans la merde comme ça#c'est ouf#et ptn j'ai envie d'aller attaquer des gens#lise raconte sa vie
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si big finish ne va pas m'employer pour écrire quelques boxsets sur thasmin, vous pensez que je pourrais me faire employer comme adapteur pour doctor who version française
#en train de regarder cet interview avec le directeur artistique de la version française et#c'est tellement intĂ©ressant et je veux m'excuser un peu pour les commentaires que j'ai faits avant#critiquant les erreurs et les dĂ©cisions Ă©tranges etc#parce que ça a l'air tellement difficile Ă faire mais j'aimerais le dĂ©fi et j'aime dw donc#j'ai aussi regardĂ© la version italienne hier#et j'aime cette version aussi#mon italien n'est pas encore au niveau mais#moi dans leur inbox quand j'ai traduit quelques romans dw en français et en italien: salut/salve emploie-moi stp#fgkjhgjk#il y a six mois j'ai traduit les mots 'lungbarrow' et 'oakdown' en français ghfkjgh#seulement les mots#c'est dĂ©jĂ qqch ghkjhgj#mais c'Ă©tait vraiment fun je veux faire plus#je peux simplement commencer Ă traduire un roman mais#jsais pas. j'ai toujours le sentiment que mon français n'est pas suffisamment bon et ça me dĂ©moralise#et je peux pas rĂ©perer mes erreurs. je sais que je les fais mais je sais pas oĂč ça me rend dingue#je sais pas si mon français est en fait un anglais traduit comme mon nĂ©erlandais est un anglais mal traduit#mais je vais pas l'amĂ©liorer en Ă©vitant de l'utiliser#c'est le b2-c1 plateau c'est si chiant#je ne me souviens pas vraiment comment je l'ai passĂ© en apprennant l'anglais#je crois que je regardais simplement BEAUCOUP de tĂ©lĂ©#en fait ça doit avoir Ă©tĂ© lors de ma premiĂšre obsession avec dw. et sherlock etc#quand j'ai regardĂ© sherlock les premiĂšres fois j'avais besoin de transcriptions Ă cause des accents et le marmonner#ils parlaient vraiment pas trĂšs nettement#mais aussi ils utilisaient beaucoup de mots au-delĂ de mon niveau#je sais pas. ça fait 10 ans entre b2 et c2 je pense#j'ai pas envie qu'il faudra encore 10 ans avant que je ne parle le français ghjkhkj gotta streamline#j'ai des cahiers de grammaire c1/c2 je dois seulement les utiliser. sigh
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Dites, je suis la seule a avoir l'impression de pas vraiment Ă©crire de la mĂȘme maniĂšre d'un personnage Ă un autre ?
#random#txt#rpg#community rpg#non parce que certains personnages#vraiment#je pige pas comment je fais mon compte mais rien Ă voir quoi
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We rented a double bike Two men on a double bike I've always wondered what a double bike ride feels like
#improbable crossovers my beloved#je sais que je fais toujours des posts compréhensibles pour 3 personnes max mais j'espere quand meme que vous appréciez :D#orelsan#gringe#comment c'est loin#casseurs flowters#rhett and link#my edit
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Give me One Piece characters to draw!
I always only draw the Heart Pirates or people close to Law, but all the One Piece's characters look so funny to draw! So suggest a character and I'll draw them!
(I'll maybe lose motivation after the first one but I believe in myself and my love for One Piece)
#one piece#one piece fanart#one piece requests#thanks in advance#But it'll probably wait for tomorrow#i'm so fucking tired#I tried to bake brownies and they ended up burned#I almost cried because of how terrible they were#Yk I'm tired when I start talking in french#Wlh chui au bout de ma vie#Comment tu fais pour ĂȘtre nulle Ă ce point put1???#Ze3ma le brownie il Ă©tait cramĂ© et liquide en mĂȘme temps#J'ai pas captĂ©#J'ai envoyĂ© un message Ă ma daronne et elle a essayĂ© de me consoler#wlh je l'aime<3
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the latest song my playlist gave me was the trigun stampede opening and i know you watched that show, so for the character ask game, 2, 20 and 25 for wolfwood? et bonne soirée !
la bonne soirée à toi aussi <33 i didn't watch tristamp for long enough to see Wolfwood but i did read trigun (still have to read trimax), i'll answer for that one !
2. Favorite canon thing about this character?
his nose <3 more seriously, in the manga, Wolfwood is an actual brown-skinned man with a stark nose (and a lovely smile). that's not very common so i really appreciate it. he has one of the simplest designs in trigun but it just hits, you know ?
20. Which other character is the ideal best friend for this character, the amount of screentime they share doesn't matter?
is it too predictable to say Vash ? Wolfwood saw him smile ONCE and had his biggest "self recognition through the other moment" ever, truly they're made to share 4am conversations under the stars that will lay them bare but it's ok because it's them
25. What was your first impression of this character? How about now?
we don't really see him for that long in trigun, however my impression was and still is: GET THAT MAN A SAFETY BLANKET AND A CUP OF HOT COCOA PLEAAAAAASE
character ask meme
#az-is-back#olorea answers#trigun#friend tag#merci pour les questions !! <33#hĂąte de lire trimax. et de pleurer un ptit coup je pense#btw je me fais toujours pas Ă ton changement de pfp XD Ă chaque fois je me dis âattends... je lĂŠ connais........ c ki............ ah !!â#c'est fou comment des dĂ©tails absolument pas reprĂ©sentatifs ou pĂ©rennes deviennent cruciaux quand on parle via internet haha#txt
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AH LES CONNARDS ILS ONT PLUS LA CAPTATION RADIO DE BERENICE
#DROITS D'AUTEUR EXPIRES MON CUL OUAIS#je fais comment maintenant moi pour entendre le titus de génovÚse ????#bérénice#comédie française#la complainte de julot
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Comment ça Stéphane Séjourné et Gabriel Attal étaient pacsés de 2017 à 2022.
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je suis en ralentissement du rp pour profiter du soleil et parce que j'ai plus envie de lire que d'Ă©crire en ce moment
RĂSULTAT
il pleut comme vache qui pisse
y a des scénarios, forums, pl etc. trop trop bien qui apparaissent et j'ai envie de m'inscrire partout/créer des tas de nouveaux persos
je suis vraiment une grosse bouffonne
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Coucou!
Dâabord, encore merci pour ton tuto sur les gifs, je mâĂ©clate avec đđđ
Jâai une petite question Ă propos de ça : est-ce quâil y a une façon, sur Photoshop ou autre, de « coller » plusieurs gifs les uns Ă la suite des autres?
Merci!
absolument, quand tu as transformĂ© tes calques en calque dynamique, tu peux mettre tes deux fichiers cĂŽte Ă cĂŽte et tu peux cliquer-glisser le calque dynamique du deuxiĂšme fichier sur le premier fichier : du coup, tes deux calques dynamiques se retrouvent dans le mĂȘme fichier et au niveau de la timeline tu peux les mettre Ă la suite, ou les faire se chevaucher et mettre un effet de transparence, c'est vraiment trĂšs libre :
#j'espÚre que c'est clair szfcdqsf#déso de la lenteur de réponse je voulais prendre le temps de mettre un screen de comment je le fais#asks#dags
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Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-lĂ mais, le voilĂ "enfin" on va dire : un petit OS oĂč on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) Ă Almyra ainsi que sa soeur ainĂ©e - et premiĂšre hĂ©ritiĂšre du trĂŽne de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajoutĂ© Ă la derniĂšre minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la dĂ©crivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la prĂ©senter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mĂšre pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considĂšre pas trĂšs bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas SĂ©lim [comme SĂ©lim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accĂ©dĂ© au trĂŽne comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme Ă ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils ĂȘtre attachĂ© Ă la selle de son pĂšre, et qui doit courir derriĂšre un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'Ă plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tuĂ© BĂ©tis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde Ă ses talons et en le faisant trainer derriĂšre un char jusqu'Ă mort s'en suive).
De plus, il y a Ă©galement de la maltraitance d'enfant et une situation oĂč Claude a l'impression d'ĂȘtre mis Ă nu devant tout le monde car, Tiana a arrachĂ© son turban, les cheveux Ă©tant associĂ© Ă une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxiĂšme texte, je l'ai retrouvĂ© parmi d'autres petits Ă©crits de mes brouillons, "vraiment petits trucs Ă©crits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donnĂ© que cela collait avec mes derniers billets, c'Ă©tait l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte Ă©tait pratiquement fini (il manquait littĂ©ralement les 4 derniĂšres phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas ĂȘtre trĂšs Ă jour avec mon lore actuel alors, ne vous Ă©tonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrĂ©e sur la famille Gautier, oĂč Miklan pense avoir rĂ©ussi Ă se dĂ©barrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une prĂ©cĂ©dente version de "maman Gautier" Ă©tant donnĂ© qu'il y a eu trois Ă©tapes avant d'arriver Ă Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mĂšres Gautier du fandom dans le sens oĂč elle est trĂšs soumise et effacĂ©e, notamment face Ă Isidore, avant que son personnage n'Ă©volue vers Fregn qui est - Ă mon avis - bien plus intĂ©ressant Ă©tant donnĂ© qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compĂ©tences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans lâĂ©curie des wyvern, attendant que le palefrenier sâen aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bĂȘtes couvertes dâĂ©cailles passĂšrent leur tĂȘte au-dessus de la clĂŽture de leur stalle, regardant distraitement lâorigine des petits pas les dĂ©rangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de lâĂ©curie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe⊠les salua-t-il tous Ă mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, mĂȘme sâil prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zĂ©brures sur les Ă©cailles, couvertes de cicatrices aprĂšs avoir survĂ©cu Ă bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et câĂ©tait les montures de ses parents aprĂšs tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal⊠ne dites pas Ă PĂšre et Ă MĂšre que je suis venu, dâaccord ? Il me gronderaitâŠÂ »
Les deux bĂȘtes massives le fixĂšrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intĂ©ressante que lui. Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait ĂȘtre Ă lâentrainement Ă la lance mais, il nâaimait pas du tout cette arme alors, il avait Ă©chappĂ© Ă son instructeur pour venir ici. Sa mĂšre lui avait Ă©galement interdit dâaller aux Ă©curies, elle disait quâil Ă©tait de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si câĂ©tait par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si câĂ©tait son pĂšre ou pire sa mĂšre par contre⊠le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains sâen souvenant encore que trop bien, se concentrant plutĂŽt sur la recherche de la stalle dâArezu.
AprĂšs quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulĂ©e sur elle-mĂȘme tout au fond de lâĂ©curie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu dâun ocĂ©an de jaune. DĂ©faisant sans problĂšme le nĆud sur la porte, Khalid entra, lâappelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« EhâŠÂ ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bĂȘte releva la tĂȘte, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors quâelle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, mĂȘme sâil essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un cĂąlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je tâai apportĂ© des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problĂšme la peau Ă©paisse pour dĂ©vorer les grains acides Ă lâintĂ©rieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mĂšre dâArezu lâavait rejetĂ© et les autres petites wyverns sâamusaient Ă la mordre car, elle Ă©tait toute blanche avec des ailes veinĂ©es de rouge au lieu de brune comme sa mĂšre alors, elle Ă©tait toujours toute seule, comme lui Ă cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts Ă©trangers, surtout que sa mĂšre ne lâaidait jamais, ça crĂ©ait des liensâŠ
Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu sâamusĂšrent ensemble, dâabord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complĂštement sa prudence alors quâil sautait partout dans la paille, nâentendant pas les pas sâapprocher de plus en plus de lui, prĂ©fĂ©rant sâamuser Ă qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami Ă Ă©cailles.
« Eh ! Quâest-ce que tu fais lĂ gamin ?!
Khalid releva la tĂȘte dâun coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans rĂ©flĂ©chir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, câĂ©tait peine perdu, lâhomme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgrĂ© les morsures dâArezu mais, câĂ©tait peine perdue, elle nâavait pas encore de dent et lâhomme semblait habituĂ© Ă dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de rĂ©aliser.
â Quâest-ce que tu fiches lĂ Â ? Voleur hein ? Tâessayais de voler une des wyverns de notre vĂ©nĂ©rĂ© shah ?! Je vais tâapprendre sale gosse⊠mais attend, bien habillĂ© comme ça⊠tâes pas un enfant des janissaires toi ? Mais quâest-ce quâun enfant du shah vient faire dans⊠aĂŻe !
Profitant de son Ă©tonnement et dâune morsure plus forte que les autres dâArezu dans sa cuisse, Khalid Ă©chappa Ă son Ă©treinte et se mit Ă courir Ă toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, Ă©vitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il Ă©tait, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait quâil trouve Nader avant quâun garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvĂ©es Ă la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si câĂ©tait sa mĂšre ou son pĂšre qui lui tombait dessus ! Il nâavait pas envie de courir Ă nouveau derriĂšre un cheval au galop ! Il avait fini trainĂ© dans la boue sous les rires de sa mĂšre et de ses demi-frĂšres et sĆurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une Ă©paule dĂ©boitĂ©e et une cheville foulĂ©e ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mĂšre au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et oĂč elle Ă©tait, quand il rentra dans quelquâun, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« AĂŻe ! D⊠DĂ©solĂ©, jâai pas fait exprĂšs !
Il releva le nez et vit une trĂšs belle femme quâil reconnut comme sa demi-sĆur Jihane, constatant les dĂ©gĂąts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mĂšre, recouvert du sable et de la boue de lâĂ©curie dâArezu lĂ oĂč Khalid Ă©tait rentrĂ©, tachant le jaune Ă©clatant tranchant avec sa peau brune trĂšs sombre et les quelques cheveux noirs dĂ©passant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, câĂ©tait la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand mĂȘme dĂ©gager en vitesse avant que sa mĂšre nâarrive ! Il entendait sa voix sâapprocher de plus en plus !
â Khalid⊠commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais quâest-ce⊠quâest-ce qui tâes arrivĂ©Â ? Pourquoi tuâŠ
â Je⊠je suis dĂ©solé⊠mais sâil te plait, je dois vraiment filĂ© avant queâŠ
â Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mĂšre lâappeler, tentant de sâenfuir mais, il fut bloquĂ© par le garde de sa grande sĆur, lâempĂȘchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane nâait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant Ă lâen broyer, le tirant sur ses jambes alors quâelle lui hurlait dessus.
â Khalid ! Quâest-ce que tu as fait pour finir dans cet Ă©tat ?! Tes vĂȘtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et jâai aussi appris que tu avais sautĂ© ton cours de lance ! Tu es allĂ© te rouler dans la boue Ă la place dâĂ©tudier ?! Câest ça Khalid ?!
â N⊠nonâŠÂ ! Jâai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! Jâai rien fait de mal !
â Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant quâil nâait pu reculer pour lâĂ©viter, Tiana le gifla, lui lacĂ©rant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tĂȘte devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas quâon voie ses cheveux ! Il ne voulait pas ĂȘtre tĂȘte nue devant tout le monde ! Mais il nâeut pas le temps de penser Ă sa honte dâĂȘtre vu ainsi en public, que sa mĂšre lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
â Tout ton habit est ruinĂ©Â ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! Nâose mĂȘme pas croire que ton pĂšre ne va pas ĂȘtre au courant !
â AĂŻe ! ça fait mal ! Sâil vous plait mĂšre ! LĂąchez-moi ! Jâai pas fait exprĂšs ! Je⊠je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espĂ©rant que ça ferait arrĂȘter sa mĂšre.
Khalid sut quâil avait commis une Ă©norme erreur en la voyant se figer, avant dâexploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colĂšre.
â Tu es allĂ© jouer avec les wyverns ?! Je tâavais interdit de tâen approcher ! Je vais tâapprendre Ă te rouler dans la crasse commeâŠÂ !
â Tiana, arrĂȘtez immĂ©diatement. LĂąchez Khalid. Je vais le corriger moi-mĂȘme.
Jihane sâĂ©tait mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mĂšre. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors quâelle lui ordonnait.
â Ne tâen mĂȘle pas Jihane. Tu nâas pas Ă me faire la leçon sur la maniĂšre dâĂ©duquer mon fils ou Ă me donner dâordre.
â Ce nâest pas mon intention. Simplement, câest moi qui aie Ă©tĂ© lĂ©sĂ©e. Câest mon sari qui a Ă©tĂ© sali, il est donc normal que je mâoccupe de corriger celui qui mâa fait du tort. De plus, vous nâavez pas Ă lâexposer tĂȘte nue en place publique. Câest indĂ©cent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
â Tu es choquĂ© par une tĂȘte nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce nâest que des cheveux ! Et tu nâas pas Ă me donner des ordres ! Je suis ta belle-mĂšre !
â Je sais que câest surement difficile pour une Ă©trangĂšre telle que vous de comprendre mais, il est regrettable quâaprĂšs douze ans Ă vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous ĂȘtes dans la mĂȘme situation que ma propre mĂšre, vous auriez dĂ» Ă©galement vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la dĂ©cence diffĂ©rente de celle de votre pays dâorigine. De plus, mĂȘme si vous ĂȘtes un autre bijou pendu au cou de mon pĂšre, notre vĂ©nĂ©rĂ© shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainĂ©e du shah SĂ©lim le deuxiĂšme et de Pari Ă prĂ©sent Delaram, le cĆur calme, sĆur du raja de Pratihara Anil, hĂ©ritiĂšre lĂ©gitime du trĂŽne dâAlmyra, » Jihane releva la tĂȘte, toisant Tiana de haut, nullement impressionnĂ©e par elle. « En cette qualitĂ©, je vous ordonne de lĂącher votre fils pour me laisser le corriger par moi-mĂȘme.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halĂštements de douleur de Khalid, jusquâĂ ce que sa mĂšre le libĂšre enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors quâelle sâĂ©loignait, finissant par accepter de se soumettre Ă Jihane. Cette derniĂšre la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois Ă son petit frĂšre.
â Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obĂ©it immĂ©diatement, enroulant aussi vite quâil put son turban sur la tĂȘte pour se couvrir Ă nouveau, retrouvant sa dĂ©cence avec soulagement avant de suivre sa grande sĆur jusquâĂ ses appartements. Jihane nâĂ©tait pas trĂšs grande, ni trĂšs assidue Ă lâentrainement mais, elle marchait vite, Ă une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos trĂšs droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sĆur ainĂ©e pourrait se balader avec vase sur la tĂȘte toute la journĂ©e, quâil ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ăa la rendait vraiment impressionnante malgrĂ© sa silhouette trĂšs fine et menue⊠elle Ă©tait dĂ©jĂ si belle⊠leur pĂšre la dĂ©signait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beautĂ© devant tous les ambassadeursâŠ
Au bout de quelques minutes, ils arrivĂšrent dans les appartements de lâhĂ©ritiĂšre, immense par rapport Ă celui de Khalid qui nâavait quâune chambre Ă la caserne Ă©tant donnĂ© quâil ne vivait pas avec sa mĂšre. LĂ , câĂ©tait pratiquement une maison entiĂšre dans le palais, avec une grande piĂšce Ă vivre gorgĂ©e de soleil et avec tout ce quâil fallait. Ă lâodeur, le jeune garçon parierait mĂȘme quâelle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
DĂšs quâelle fut Ă lâintĂ©rieur, Jihane se retourna pour la premiĂšre fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermetĂ©. Contrairement Ă Tiana, dâautres concubines ou leurs autres frĂšres et sĆurs, elle nâĂ©levait jamais la voix mais, elle arrivait quand mĂȘme Ă obtenir tout ce quâelle voulait juste en parlant⊠câĂ©tait assez impressionnant Ă voirâŠ
« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prĂ©venez Nader que je mâoccupe de lui. Informez-le aussi de la derniĂšre colĂšre de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais mâoccuper de toi.
â Mais je vais tĂącher tes coussins⊠marmonna Khalid en frottant sa joue blessĂ©e, se souvenant des colĂšres de Tiana quand il salissait quelque chose.
â Ce nâest pas grave, lui assura sa sĆur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie Ă la joue par contre risque de sâinfecter Ă cause de la saletĂ© si on ne sâen occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, dĂ©bordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dĂ» tâouvrir lâappĂ©titâŠ
Khalid lui jeta un regard mĂ©fiant, sachant que mĂȘme si Jihane Ă©tait de loin sa sĆur la plus gentille, il fallait toujours se mĂ©fier quand on lui offrait de la nourriture⊠deux fils de concubines importantes Ă©taient dĂ©jĂ morts aprĂšs avoir acceptĂ© lâinvitation dâun troisiĂšme, avant que ce dernier ne soit Ă©galement retrouvĂ© mort, chute dans les escaliers⊠il ne devrait mĂȘme pas accepter de toucher un onguent venant de quelquâun de sa fratrie ou dâune autre concubineâŠ
Cependant, comme si elle lisait dans ses pensĂ©es, sa grande sĆur lui assura.
â Le repas ne sera pas empoisonnĂ©, les potions aussi, ni les bandages. Je nâai aucun intĂ©rĂȘt Ă ta mort, je nâai pas envie dâavoir le sang dâun de mes demi-frĂšres sur les mains inutilement, et ta mort ne mâarrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut quâon regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, sâinstallant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel dĂ©corĂ© dâune statue dâun homme avec une tĂȘte dâĂ©lĂ©phant Ă©tait dans lâangle de la piĂšce, les bĂątonnets dâencens le dĂ©corant embaumant encore la piĂšce de leur parfum, mĂȘme si Khalid reconnaissait aussi des Ă©lĂ©ments almyrois dans sa conception. Tout dans cette piĂšce ressemblait Ă un mĂ©lange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflĂ©tant celle de leur pĂšre, et une grande partie de la dĂ©coration celle de sa mĂšre⊠mais ce qui lâintĂ©ressait le plus, câĂ©tait sa bibliothĂšque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite Ă©chelle pour accĂ©der aux Ă©tagĂšres les plus hautes, dĂ©bordant de livres et de rouleaux. Il rĂȘverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout çaâŠ
â Au nom des dieux, Tiana ne tâa vraiment pas ratĂ©âŠ
Jihane sâassit Ă ses cĂŽtĂ©s, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissĂ© par les ongles de sa mĂšre. AprĂšs avoir demandĂ© lâautorisation dâun regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessĂ©e avant de se mettre Ă le dĂ©barbouiller, retirant la saletĂ© avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibĂ© de potion, le piquant un peu mais, il ne put sâempĂȘcher de se dĂ©tendre grĂące Ă ses soins, apaisĂ© par lâattention que lui portait Jihane, ses gestes doux⊠câĂ©tait rare quâon sâoccupe de lui comme çaâŠ
â Et voilĂ , mieux⊠souffla-t-elle aprĂšs avoir fini de sâoccuper de ses plaies et lui avoir nettoyĂ© son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana nây est pas allĂ©e de main morteâŠ
â Un peuâŠ
â Umh⊠on ferait mieux de vĂ©rifier si elle ne tâa pas dĂ©chirĂ© quelque chose⊠enfin, mĂȘme si on est de la mĂȘme famille, tu prĂ©fĂ©reras sans doute que ce soit Nader qui sâen occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi⊠surtout aprĂšs ce qui vient de se passerâŠ
Khalid hĂ©sita un peu, nâayant pas trĂšs envie de se montrer encore plus quasi nu Ă qui que ce soit. Cependant, malgrĂ© tout, il hocha la tĂȘte, imposant seulement pour condition.
â ⊠Non⊠non, câest bon, toi, tu peux⊠il est mal fait de toute façon⊠mais tu ne le relĂšves pas trop⊠vu que⊠tu saisâŠ
â Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mÚre avant de prendre un nouveau tissu propre.
â Elle tâa aussi blessĂ© là ⊠ses ongles sont un vrai flĂ©au⊠ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir dâun pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, sâinclinant devant sa maitresse alors quâelle lui donnait.
â Cette fois, cela devrait ĂȘtre bon⊠merci Farnaz. Va te changer dans la piĂšce dâĂ cĂŽtĂ©, tu ne seras pas dĂ©rangĂ© comme ça. Il ne devrait y avoir personne Ă cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiquĂ© Jihane. CâĂ©tait Ă©trange⊠la chambre ressemblait Ă celle dâun enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, sĂ©parĂ©s par des rideaux pour donner un peu dâintimitĂ© Ă leurs potentiels occupants⊠et ce nâĂ©tait surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, Ă©tant donnĂ© quâil y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de priĂšres orientĂ©s vers la ville sacrĂ©e du prophĂšte du Seigneur des Levants et des Couchants, et mĂȘme un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de lâEst⊠il y avait mĂȘme tout ce quâil fallait pour vivre ensemble⊠ça ressemblait Ă la salle commune de la caserneâŠ
Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse lâarracher, puis retourna dans la piĂšce principale de la maison oĂč se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant dâun signe de tĂȘte Jabiz et Farnaz qui se retirĂšrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
â Oui, merci Jihane⊠mais dit, câest quoi cette piĂšce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques⊠il y a lâair dâavoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il nây a pas dâautel comme celui avec lâhomme-Ă©lĂ©phant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mĂšreâŠ
â En effet, ce nâest pas ma chambre ou celle de mes prĂ©posĂ©es, câest celle des invitĂ©s. Beaucoup dâenfants des janissaires, de concubines de bas rang ou dâaventure dâun soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent quâils ne seront pas menacĂ©s par qui que ce soit ici. Comme je te lâai dit, je nâai aucun intĂ©rĂȘt Ă tuer mes demi-frĂšres et sĆurs, encore moins ceux dâun rang infĂ©rieur au mien ou avec des mĂšres qui ne sont guĂšre ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
â Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. MĂȘme si Jihane Ă©tait trĂšs gentille et bonne avec ses cadets, mĂȘme elle ne pouvait pas ĂȘtre aussi gĂ©nĂ©reuse⊠pas ici en tout casâŠ
« Assez peu de choses, seulement quâen Ă©change, ils ne tentent pas de sâen prendre Ă moi et dâĂȘtre comprĂ©hensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en Ă©change dâun service rendu et dâagir sans arriĂšre-pensĂ©e immĂ©diate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et lâesprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « mĂȘme si câest surement difficile Ă comprendre quand on a vĂ©cu toute sa vie dans le harem oĂč tout se monnaie immĂ©diatement et avec une mĂšre comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontrĂ© des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance⊠enfin, je te fĂ©licite pour avoir compris tout de suite que ce nâĂ©tait pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui sây trouvait, tu es trĂšs observateur⊠mĂȘme si Ganesh, le Meilleur des Guides, nâest pas le seul dieu que le pays de ma mĂšre adore, câest celui que je prĂ©fĂšre et dont je voudrais suivre lâexemple, nota-t-elle en dĂ©signant respectueusement lâautel dans le coin de la piĂšce.
â Ganesh ? Le dieu Ă tĂȘte dâĂ©lĂ©phant ? Pourquoi câest celui que tu prĂ©fĂšres Jihane sâil y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu Ă©tait aussi spĂ©cial pour elle.
â Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de lâintelligence, de lâĂ©ducation, du succĂšs et de la prudence. Câest Ă©galement le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant quâhĂ©ritiĂšre au trĂŽne et en tant que personne, jâespĂšre pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-Ă -vis des personnes dĂ©pendant de moi, souffla-t-elle, le regard sĂ©rieux et solennel, avant de dire dâun ton lĂ©gĂšrement plus lĂ©ger, mĂȘme si elle gardait toujours la dignitĂ© qui la caractĂ©risait. Et aussi parce que jâaime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les Ă©coliers et Ă©tudiants.
â Un dieu de lâintelligence⊠mais pourquoi il a une tĂȘte dâĂ©lĂ©phant ? Et ta statue est cassĂ©e ? Il lui manque une dĂ©fense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si câest un dieu qui nâest pas associĂ© Ă la guerre, pourquoi il tient une hache, un nĆud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et câest quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais sâil en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? EtâŠ
â Du calme Khalid, une question Ă la fois ! Ria de bon cĆur Jihane devant lâavalanche de curiositĂ© du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. Jâai une version des vĂ©das traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te lâexplique avec⊠songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors quâelle cherchait dans sa bibliothĂšque. Une seconde⊠il doit ĂȘtre quelque part par-lĂ âŠ
Khalid ne put sâempĂȘcher de penser quâelle nâĂ©tait pas trĂšs prudente de lui tourner le dos ainsi⊠lui, il Ă©vitait toujours de tourner le dos Ă qui que ce soit Ă part Nader, mĂȘme avec sa mĂšre⊠mais cette pensĂ©e sâĂ©chappa de son esprit, Ă©jectĂ© par sa curiositĂ© quand sa grande sĆur tira un livre de sa bibliothĂšque et lâinvita Ă cĂŽtĂ© dâelle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, Ă©coutant Jihane lui raconter lâhistoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva Ă©tait parti mĂ©diter sur une trĂšs haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mĂšre, jusquâĂ ce que Shiva revienne et ne le dĂ©capite de rage car, il lui avait interdit dâentrĂ©e pendant que sa mĂšre se baignait, ignorant son identitĂ©, projetant sa tĂȘte tellement loin quâon ne put la retrouver. Pour consoler son Ă©pouse et se faire pardonner, le dieu Ă la peau bleu aurait remplacĂ© sa tĂȘte par celle du premier enfant qui passait et que sa mĂšre ne surveillait pas, qui fut un Ă©lĂ©phanteau dont la mĂšre dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de rĂ©parer sa faute et de sâoccuper de lui comme sâils partageaient le mĂȘme sang en devenant un pĂšre aimant. Cela pouvait Ă©galement symboliser le fait que Ganesh se dĂ©barrassait de son propre Ă©go afin de sâĂ©lever spirituellement mais, Khalid prĂ©fĂ©rait la version oĂč câĂ©tait Shiva qui acceptait de rĂ©parer ses erreurs en sâoccupant de Ganesh⊠câĂ©tait une historie qui lui faisait du bienâŠ
Sans sâen rendre compte, lâaprĂšs-midi entiĂšre passa Ă une vitesse folle, Khalid Ă©coutant sa sĆur lui raconter les histoires du pays de sa mĂšre tout en grignotant des en-cas salĂ© et Ă©picĂ©, posant des milliers de questions auxquelles Jihane rĂ©pondait patiemment. Le petit garçon Ă©tait en train de lutter pour rester Ă©veiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par mĂ©fiance, quand on frappa Ă la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en sâinclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir mâexcuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frĂšre, le prince Khalid, afin de le ramener Ă ses quartiers. Il est lâheure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
â Je comprends Nader, câest vrai quâil commence Ă se faire tard. Il est temps de conclureâŠ
â Mais on Ă©tait au milieu de lâhistoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir mĂȘme sâil fatiguait. Et tâas pas fini de mâexpliquer cette histoire de rĂ©incarnation ! Comment un esprit peut sauter dâun corps Ă un autre ? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
â Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, quâen dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digĂ©rer tout ce que tu as entendu aujourdâhui, et tu pourras mieux comprendre ce quâon verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer dâici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle dâune voix douce, semblant plus dĂ©tendue quâau dĂ©but de lâaprĂšs-midi elle aussi.
â Dâaccord ! RĂ©pondit Khalid sans vraiment rĂ©flĂ©chir, voulant juste continuer Ă en apprendre plus et pouvoir dĂ©vorer la bibliothĂšque de sa sĆur. Je peux venir demain matin ? Ah non, câest lâentrainement de tir Ă lâarc et ça, câest bien⊠ou la prochaine fois que câest le cours de lance ?
â Je ne pense pas que Dame Tiana votre mĂšre accepterait de vous voir sauter lâentrainement prince Khalid⊠souffla prudemment Nader en posant sa main sur son Ă©paule. Je comprends que tout ceci vous intĂ©resse Ă©normĂ©ment mais, votre mĂšre tient Ă ce que vous excelliez dans la pratique des armesâŠ
â Hum⊠cependant, il serait bienvenu quâun fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de lâesprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux tĂ©nĂ©breux posĂ©s sur son petit frĂšre. De plus, si jâai bien compris, Tiana vous fait complĂštement nĂ©gliger sa formation intellectuelle, mĂȘme si ce nâest guĂšre Ă©tonnant de sa part, cette femme ne rĂ©flĂ©chit quâavec ces poings⊠ils se sont bien trouvĂ©s avec notre pĂšre⊠enfin, câest ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de sâinstruire un peu plus.
â Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais⊠mais tu voudrais quoi en Ă©change Jihane ? ça ne tâapporterait rien⊠lui fit-il remarquer, essayant de rester mĂ©fiant, lâoffre semblant bien trop belle pour ĂȘtre vraie, mĂȘme sâil voudrait croire que Jihane Ă©tait sincĂšre.
â Bien sĂ»r, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu nĂ©gliges ta formation intellectuelle, elle te sera dâautant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça⊠hum⊠alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande lâautorisation Ă Nader ou Ă notre pĂšre. Cela Ă©vitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu tâes fait prendre et que tu tâenfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculĂ© de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un Ă©change de bon procĂ©dĂ© correcte ?
â Tu dis ça sur lâentrainement parce que tâaimes pas ça aussi, arriva Ă la taquiner un peu Khalid. Et dâaccord, ça me semble bien alors⊠et pardon pour ton sari⊠je nâai pas fait exprĂšsâŠ
â Je sais, ne tâen fais pas. Câest surtout que ça tâĂ©vitera de tâattirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir tâexposer la tĂȘte nue devant tout le monde, personne ne mĂ©rite de subir une telle humiliation pour une simple bĂȘtise dâenfant.
â Dâaccord⊠merci Jihane, parvient-il Ă sourire, rassurĂ© par les mots de sa sĆur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
â Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader aprĂšs une rĂ©vĂ©rence profonde.
â Câest normal⊠ah ! Par contre, jây pense, jâaurais encore quelques mots Ă vous dire Nader, pourrais-je mâentretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusquâĂ la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le gĂ©nĂ©ral ne sâincline Ă nouveau, sachant quâil ne pouvait rien refuser Ă Jihane quand elle lui demandait quelque chose, mĂȘme ainsi.
â Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce quâil doit faire en rentrant. Et nâoublie pasâŠ
â Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journĂ©e, je sais. Tâen fais pas Nader, je mâen souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un cĂąlin rapide puis de partir. Ă tout Ă lâheure Ă la caserne ! Et Ă une prochaine fois Jihane.
â Ă la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre pĂšre, » lui jura sa sĆur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son Ă©paule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derriĂšre eux, puis servi un verre de thĂ© au gĂ©nĂ©ral avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette derniĂšre but une traite de son propre verre, laissant Ă son invitĂ© le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sĂ©rieuse et impĂ©nĂ©trable, sachant Ă lâattitude de son petit frĂšre avec lui que câĂ©tait le mieux placĂ© pour lui rĂ©pondre. Bien plus que Tiana ou leur pĂšre en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
â Il suit les cours Ă©lĂ©mentaires avec les autres enfants de la garde de son Ăąge. Il apprend Ă bien lire les textes administratifs ou religieux, Ă Ă©crire correctement, les rudiments des langues principales de lâEmpire ainsi quâun peu de fodlan Ă©tant donnĂ© que sa mĂšre en vient, avec Ă©videmment une formation en mathĂ©matique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mĂšre Tiana, ce Ă quoi votre pĂšre a donnĂ© sa bĂ©nĂ©diction. Il est trĂšs bas dans lâordre de succession et vous restez son hĂ©ritiĂšre principale, il a dĂ» penser quâune formation intellectuelle plus poussĂ©e serait inutile, surtout quâil nâest pas trĂšs assidu en cours, et cela ne se passe pas forcĂ©ment trĂšs bien avec ses autres demi-frĂšres et sĆurs pour des raisons⊠des raisons que vous pouvez sans doute aisĂ©ment comprendre⊠souffla tristement Nader, visiblement affectĂ© par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
â Oui, jâimagine quâil doit sâennuyer mortellement, cela nâaide pas Ă rester concentrer, il comprend extrĂȘmement vite. Il nâa surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a trĂšs vite saisi plusieurs concepts pourtant assez Ă©loignĂ©s du culte dâAhura Mazda, et il est arrivĂ© Ă identifier quel signe correspondait Ă quel son seulement en mâĂ©coutant et en regardant les mots que je dĂ©signais. Il doit ĂȘtre trĂšs bon en langue. Et oui, je voie trĂšs bien de quelles difficultĂ©s vous voulez parler⊠il est difficile dâĂȘtre de deux mondes si diffĂ©rents, surtout vu les relations avec Fodlan. Jâimagine sans peine toute les insultes quâil doit supporter, surtout quâil nâa personne Ă part vous pour le protĂ©ger jâimagine, marmonna-t-elle, devinant aisĂ©ment tout ce que son petit frĂšre avait dĂ» endurer Ă cause de son mĂ©tissage, surtout sans personne pour le protĂ©ger. Saviez-vous quâil avait un esprit aussi vif ? Sa mĂšre et notre pĂšre sont au courant ? Autant pour ses capacitĂ©s que pour ses brimades de la part de ses frĂšres et sĆurs. Pour ces derniĂšres, je connais parfaitement les rĂ©actions de notre pĂšre mais, Tiana pourrait tenter de dĂ©fendre son fils plutĂŽt que lâenfoncer en lâhumiliant.
â Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacitĂ©s⊠Vous devriez le voir quand il se sent en sĂ©curitĂ©, il est capable de vous rĂ©soudre des problĂšmes et des Ă©nigmes que des enfants plus ĂągĂ©s et mĂȘme des adultes ont bien plus de mal Ă rĂ©soudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est nĂ©e pendant la derniĂšre couvĂ©e, Arezu ! Câest justement parce quâil est allĂ© la voir quâil a sĂ©chĂ© lâentrainement aujourdâhui⊠câest un petit coquin quand il nâest pas sur ses gardes mais, câest un gamin formidable ! Sâexclama-t-il avec affection, arrivant Ă faire lĂ©gĂšrement sourire Jihane, mĂȘme si son regard si noir restait toujours impĂ©nĂ©trable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, câest quand il se sent en sĂ©curité⊠je crois que vous lâavez remarquĂ© mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu quâil est pratiquement tout seul dans le harem⊠Tiana se dĂ©sintĂ©resse de lui Ă part quand il lui fait honte et refuse de le laisser Ă©tudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté⊠mais sans comprendre quâun bon gĂ©nĂ©ral doit aussi avoir une tĂȘte bien faite⊠plusieurs janissaires lâont entendu croasser Ă ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop Ă son grand-pĂšre, et au ton quâils mâont dĂ©crit, ce nâest pas un compliment.
â Le grand-duc Riegan ? Je nâai pourtant entendu que des Ă©loges Ă son sujet, câest un homme dâĂtat reconnu et un fin diplomate. HonnĂȘtement, jâai toujours voulu le rencontrer, afin de vĂ©rifier si sa rĂ©putation nâest pas usurpé⊠enfin, cela ne mâĂ©tonne pas que Tiana ne lâapprĂ©cie pas, il nâest pas connu pour ĂȘtre cruel Ă sa diffĂ©rence⊠et pour les brimades que subit son fils, jâimagine quâelle sâen fiche⊠la connaissant, ça pourrait mĂȘme lâamuserâŠÂ » gronda-t-elle, pleine de rancĆur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir dâavoir explorĂ© une aile condamnĂ©e du palais, leur pĂšre lâavait attachĂ© Ă la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour dâentrainement. Ce nâĂ©tait mĂȘme pas Tiana qui lâavait tirĂ© de ce bourbier mais, sa propre mĂšre Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et rĂ©clamĂ© la grĂące du petit, au grand dĂ©sarroi de Tiana en voyant sa « punition » Ă©courtĂ© pour les beaux yeux dâune de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades lâendurciront et le rendront plus fort⊠marmonna Nader sans cacher son inimitiĂ© envers cette concubine quâil avait dĂ» laisser gagner lorsquâelle lâavait dĂ©fiĂ© en duel, histoire de ne pas briser lâĂ©go de Tiana et sa carriĂšre par la mĂȘme occasion. Et quant Ă votre pĂšre⊠comment dire⊠vous savez comment il estâŠ
â âŠsâil sâest retrouvĂ© sur le trĂŽne, câest pas tant parce quâil est un fin politicien mais, parce que tous les autres hĂ©ritiers de sa gĂ©nĂ©ration sâĂ©taient entretuĂ©s pour le trĂŽne mais, quâils lâont oubliĂ© tellement il Ă©tait incompĂ©tent⊠je connais trĂšs bien les habitudes de mon incapable de pĂšre⊠le condamna-t-elle sĂ©vĂšrement. Autant dire que Khalid est coincĂ© entre la peste et le cholĂ©ra⊠un tel potentiel⊠ce serait du gĂąchis de ne pas lâaider Ă sâĂ©panouir⊠une telle intelligence ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique pour Almyra, et nous manquons dâenfants de concubines supĂ©rieurs qui ne sont pas bouffis dâorgueil et impotents⊠non, pour le bien du royaume, il doit recevoir lâĂ©ducation qui sied Ă son rang et Ă ses capacitĂ©s⊠elle se releva, regardant Nader dans les yeux, lâaspirant dans leurs tĂ©nĂšbres dont ils Ă©taient impossible de se dĂ©tourner. Je parlerai Ă mon pĂšre. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver Ă le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
â Bien Dame Jihane⊠cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, jâaimerais savoir pourquoi lâaidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans dĂ©tour, ayant appris Ă dĂ©crypter les habitudes de lâhĂ©ritiĂšre du shah. DĂ©siriez-vous en faire un de vos fidĂšles ?
Ă force, il savait comment Jihane procĂ©dait : elle aidait trĂšs souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraitĂ©s pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en Ă©change mais, la plupart dâentre eux devenaient de fidĂšles alliĂ©s dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs dâentre eux Ă©taient en rĂ©alitĂ© ses hommes de mains les plus dĂ©vouĂ©s⊠elle Ă©tait suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait ĂȘtre une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, rĂ©flĂ©chissant avant de rĂ©pondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce nâĂ©tait pas dans son intĂ©rĂȘt de se brouiller avec le principal gĂ©nĂ©ral de son pĂšre et le chef de la garde du palais, surtout quâils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes dâaprĂšs ses sources.
â Ce serait mentir de dire que je nâaimerais pas le compter parmi mes fidĂšles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait mâĂȘtre trĂšs utile pour maintenir la paix dans lâempire. De plus, jâaimerais pouvoir enfin rĂ©soudre nos diffĂ©rents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a dĂ©jĂ fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. LâhĂ©ritage mixte de Khalid pourrait ĂȘtre utile pour commencer Ă avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout sâil a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est dĂ©jĂ extrĂȘmement mĂ©fiant pour son jeune Ăąge et fait trĂšs attention Ă tout ce quâon lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, mĂȘme sâil devient un concurrent un peu plus sĂ©rieux pour le trĂŽne, je prĂ©fĂšre ne pas entrer en conflit avec lui. Quâil soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous lâai dit, je pense quâavec la bonne Ă©ducation, il sera un excellent Ă©lĂ©ment pour lâavenir dâAlmyra quand je deviendrai shahbanou Ă la mort de notre pĂšre. Il mâest donc bien plus utile vivant, bien traitĂ© et Ă©duquĂ© que mort, maltraitĂ© et ignare. Cela rĂ©pond-t-il Ă vos inquiĂ©tudes pour votre petit protĂ©gĂ© gĂ©nĂ©ral Nader ?
â ⊠oui⊠merci pour votre mansuĂ©tude Dame Jihane⊠je nâoublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui⊠quâAhura Mazda veille sur vousâŠ
â Merci Ă vous. QuâIl veille sur nous tous, et continuez Ă prendre aussi soin de mon petit frĂšre Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendreâŠ
â Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec rĂ©vĂ©rence avant de sâĂ©clipser, retournant Ă son poste Ă la maison des janissaires. Peu de temps aprĂšs, plusieurs de ses protĂ©gĂ©s revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journĂ©e, plusieurs lui posant des questions sur Khalid aprĂšs avoir entendu quâil avait passĂ© lâaprĂšs-midi avec elle.
« Tu penses quâil va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frĂšre un peu plus ĂągĂ© que le fils de Tiana, le fils dâune conquĂȘte passagĂšre avec une concubine de bas rang dont leur pĂšre devait ignorer jusquâĂ son nom. Il parait quâil adore les wyverns mais, il est bizarre⊠sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient Ă de la laine de moutonâŠ
â Oui, câest un demi-fodlan, câest pour ça quâil est pas normal. Il doit ĂȘtre un couard fourbe, comme Eudoxie lâOpportuniste, ajouta une fille de son Ăąge, fronçant le nez. Il parait quâil rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. Câest ce que font les traitres non ?
â Je ne pense pas mais, jâespĂšre pouvoir mâentendre avec lui. Et câest que câest difficile de sâintĂ©grer dans une famille aussi grande, surtout quâil y a beaucoup dâidĂ©es reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple nâest pas juste dĂ©fini par un seul de ces reprĂ©sentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des ĂȘtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais ĂȘtre complĂštement lymphatique et passer mon temps Ă dormir, Ă©tant donnĂ© que câest le stĂ©rĂ©otype quâon les almyrois des pratiharans, les rappela Ă lâordre Jihane avec un ton sĂ©vĂšre. Câest surement pour ça quâil a dĂ» mal Ă sâintĂ©grer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant dâapprendre Ă le connaitre Ă cause de son mĂ©tissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
â Oui Jihane⊠marmonna sa sĆur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plusâŠ
â Moi aussi, je ferai attentionâŠ
â Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous dĂ©barbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia Ă faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idĂ©es nausĂ©abondes et passer un peu de temps avec quelquâun originaire de la frontiĂšre de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congĂ©diant.
Les deux plus jeunes filĂšrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invitĂ©s aprĂšs leur sermon. Jihane soupira, sachant quâil faudrait bien plus pour arriver Ă Ă©radiquer ses prĂ©jugĂ©s, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-lĂ , surtout que ce genre de propos Ă©tait dĂ©jĂ interdit dans ses appartements.
â Pour le coup de la flemmardise, câest en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne tâentraines jamais en public. Et jâai appris pour le petit Khalid. Ta bontĂ© te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frĂšre, malgrĂ© le fait quâil soit bien plus grand et large quâelle, et quâils nâavaient en rĂ©alitĂ© que quelques semaines dâĂ©cart tous les deux. Fils de servante, si leur pĂšre sâĂ©tait un peu occupĂ© de lui au dĂ©but, il lâavait aussi vite oubliĂ© que la couche de sa mĂšre pour aller batifoler avec dâautres jolies concubines mais, les deux enfants sâĂ©taient bien entendus malgrĂ© tout ce qui les sĂ©paraient. Delaram leur avait racontĂ© une fois que la seule crise de colĂšre que Jihane avait faite, câĂ©tait pour que son frĂšre vienne en cours avec elle car, ce nâĂ©tait pas juste que seulement elle y aille et pas lui⊠avec le recul, elle dirait que câĂ©tait surement parce quâelle n'avait pas envie dâaller Ă lâĂ©cole toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que câĂ©tait plutĂŽt quâelle nâavait pas changĂ© dâun pouce depuis quâelle Ă©tait petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour quâil sâisole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rĂ©torqua en le fixant, mĂȘme si son regard trĂšs noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de lâhabitude.
â Je nâallais pas laisser Tiana le battre et lâhumilier ainsi en public. Tu aurais vu lâĂ©tat dans lequel elle lâa mis en Ă peine quelques minutes⊠je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre Ă dos. Son intelligence ne pourra quâĂȘtre utile, il est trĂšs loin derriĂšre moi dans lâordre de succession, et mĂȘme si je nâaime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire dâombre pour le moment.
â Je sais et je connais la chanson, surtout quâelle a trĂšs bien marchĂ© sur moi. Ăvidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas Ă grand-chose pour le moment, cette vipĂšre risque de se rĂ©veiller quand elle se rendra compte que maintenant quâon lui donne des cours dignes de ce nom et quâon ne lâenferme pas dans une cour dâentrainement, câest quâil a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois quâil a ce que les fodlans appellent un emblĂšme, je lâai dĂ©jĂ vu briller et se soigner instantanĂ©ment aprĂšs des brimades, mĂȘme sâil apparait rarement. Ăa va encore plus la motiver Ă enfin faire quelque chose dâautre que de juste ĂȘtre un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adorĂ©. En plus, je suis sĂ»r quâelle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme sâil trainait avec moi, câest pas des bonnes frĂ©quentations pour le gamin.
â Je mâen doute, câest pour ça quâil va falloir la jouer finement pour Ă©viter quâelle ne prenne la mouche, mĂȘme si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa mĂ©fiance.
â Tâes sĂ»re que je peux pas juste lâĂ©touffer, lâempoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dĂ©gout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et quâon lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ăa pourrait Ă©galement entacher ton image de te soumettre Ă ses caprices en plusâŠ
â Non, trop risquĂ©, le calma tout de suite sa sĆur. Tiana est quand mĂȘme une fodlan de haut-rang et mĂȘme si dâaprĂšs nos informations, personne ne sait quâelle est ici, je nâai pas envie quâils lâapprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid Ă cause de la rĂ©putation des fodlans. En plus, câest un des bijoux prĂ©fĂ©rĂ©s de notre pĂšre alors, il va soit la dĂ©fendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour dĂ©couvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver Ă la garder sous contrĂŽle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant quâelle ne tue son fils de nĂ©gligence. Alors, patience Hamza. AprĂšs toutes les couleuvres quâon a dĂ» avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
â Bien, bien, câest toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, câest toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour Ă©trangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a lâair sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considĂ©rerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
â Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, mĂȘme si on va attendre quelques annĂ©es avant de parler de lui comme ça, câest encore un enfant. Sâil devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour lâinstant, il a lâair bien parti pour ĂȘtre un bon Ă©lĂ©ment pour le futur dâAlmyra alors, autant en faire un alliĂ© dĂšs que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas Ă©chapper le trĂŽne comme ça. On sâest bien trop battu pour le protĂ©ger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, jâespĂšre que tu seras lĂ la prochaine fois quâil vient, je suis sĂ»re que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
â Si tu le dis⊠en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde Ă lâentrainement ! Tu retourneras Ă tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de mĂȘme Ă lâentrainement mĂȘme si contrairement Ă sa mĂšre et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant quâelle devait savoir se dĂ©fendre, mĂȘme si peu de gens Ă©taient au courant quâelle maniait des amulettes, soigneusement cachĂ©es dans ses manches. MĂȘme si certains critiquaient sa faiblesse, cela Ă©vitait Ă©galement que qui que ce soit ne la dĂ©fie au combat sans passer pour un lĂąche de dĂ©fier un « joyau » fragile, ou alors craignaient dâaffronter Hamza qui la dĂ©fendait dans ses cas-lĂ . Elle nâaimait guĂšre ce surnom mais, il pouvait ĂȘtre trĂšs utile malgrĂ© tout. Enfin, il fallait bien passer par lâentrainementâŠ
Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toquĂ© Ă sa porte accompagnĂ© dâun janissaire proche de Nader, armĂ© de mille et une question, mĂȘme sâil restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur pĂšre avait acceptĂ© de lui donner une formation plus poussĂ©e en lui enlevant un peu dâentrainement. Tiana avait trĂšs mal pris son intervention mais, Jihane lâavait amadouĂ© en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid Ă©tait aussi brillant que sa mĂšre, et lui offrant un ensemble dâarmes typique de Pratihara finement travaillĂ©s afin dâacheter la paix. Comme aprĂšs sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant quâelle avait rĂ©ussi Ă soumettre lâhĂ©ritiĂšre du trĂŽne mais, Jihane la laissait sâagiter toute seule. Si elle arrivait Ă utiliser correctement lâorgueil de Tiana, elle devrait arriver Ă garder une marge de manĆuvre suffisante afin dâaider Khalid Ă dĂ©velopper son potentiel et lui Ă©viter de mourir Ă cause de ses mauvais traitementsâŠ
De son cĂŽtĂ©, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane Ă©tait gentille mais, malgrĂ© tout, nâimporte quoi pouvait arriver⊠il paraissait quâelle Ă©tait trĂšs proche dâHamza, le deuxiĂšme enfant de leur pĂšre, qui lui obĂ©irait au doigt et Ă lâĆil⊠câĂ©tait un homme qui ressemblait Ă leur pĂšre avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, Ă©galement trĂšs grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient dĂ©jĂ vaincu et mĂȘme si câĂ©tait mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer quâil le trouvait trĂšs impressionnant aussi⊠câĂ©tait comme Jihane, câĂ©tait difficile de dire ce quâil avait dans la tĂȘte, sauf quand on sâen prenait Ă elleâŠ
Essayant peut-ĂȘtre de le mettre plus Ă lâaise, sa grande sĆur lui montra le livre quâils avaient commencĂ© la derniĂšre fois, lui demandant sâil voulait quâelle lui rĂ©explique certains points. De nouveau happĂ© par sa curiositĂ©, Khalid se dĂ©tendit et sâapprocha, sâessayant Ă cĂŽtĂ© dâelle pour lâĂ©couter et la questionner sur le pays de sa mĂšre.
Petit Ă petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la mĂȘme passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, Ă©tant Ă©galement Ă lâabri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait Ă©galement plus sympathique Ă force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sĆur, il ne lui tournerait clairement pas le dos sâil Ă©tait lâennemi de lâhĂ©ritiĂšre mais, plutĂŽt gentil envers ceux quâil ne considĂ©rait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait Ă©galement, arrivant trĂšs vite Ă cerner des situations complexes et Ă les rĂ©soudre. Par contre, Jihane regrettait quâil ait encore du mal avec les relations humaines. Ă part avec Nader, le petit restait trĂšs solitaire et secret, mĂȘme avec elle, prĂ©fĂ©rant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche prĂ©fĂ©rĂ©e qui lâaccompagnerait partout sâil pouvait, Arezu, et des livres Ă celles dâautres humains⊠enfin, cela ne lâĂ©tonnait guĂšre non plus⊠ĂȘtre mĂ©tis nâĂ©tait pas facile Ă porter, encore plus en Ă©tant Ă moitiĂ© Fodlan en Almyra⊠surtout que Tiana nâaidait clairement pas en dĂ©laissant son fils ainsi, ne sâintĂ©ressant Ă lui que pour ce quâil pouvait lui apporter⊠ce nâĂ©tait guĂšre Ă©tonnant que Khalid ne fasse confiance Ă personneâŠ
« EspĂ©rons quâun jour, tu trouveras la force de tâouvrir aux autres⊠pria-t-elle alors quâil lui montrait un livre quâil avait trouvĂ© Ă la bibliothĂšque du palais, un recueil de croquis dâun certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant rĂ©alisĂ© parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant Ă mi-mot quâil aimerait bien se rendre Ă Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Quâune divinitĂ©, quâimporte son origine ou les croyants quâElle protĂšge, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confianceâŠÂ »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses Ă chaque fois qu'il en croisait un. MĂȘme les chevaux les plus nerveux s'arrĂȘtaient de piaffer et de mordre quand c'Ă©tait lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bĂȘtes" en rajoutaient encore certains des gĂ©nĂ©raux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frÚre voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà .
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain cùliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémÚre au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai hĂ©ritier avait hĂ©sitĂ© Ă ĂȘtre plus direct que le poison, mĂȘme sâil devait se mĂ©fier de cette mĂ©thode, trop facile Ă dĂ©tecter, ou juste mettre des raclĂ©es Ă son frĂšre dĂšs qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchementâŠ
Son pĂšre lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempĂȘte de neige ne les empĂȘche tous de sortir. Le porte-emblĂšme dĂ©testait tirer Ă l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal Ă ses amis les animaux mais, leur pĂšre l'avait obligĂ© Ă suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps Ă©tait en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forĂȘt de sapin, d'abord en rang serrĂ© avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant Ă voix basse, sautant Ă terre.
« Eh, dĂ©bile, je vais lĂ -bas, l'informa-t-il en montrant un coin oĂč les buissons et les branches des arbres s'emmĂȘlaient plus, rendant le passage difficile.
â Mais PĂšre nous a dit de ne pas nous sĂ©parer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule Ă ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui Ă raison.
â Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard lĂ -bas, derriĂšre ses buissons. Il y a une petite riviĂšre qui se jette dans la mer lĂ -bas, ils vont surement y boire.
â Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
â Non, je me contenterais de les Ă©corcher, leurs fourrures feront un bon manteau, rĂ©pliqua-t-il en accrochant son cheval Ă un arbre. A tout Ă l'heure dĂ©bile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'Ă trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Ăvidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'Ă©tait les animaux prĂ©fĂ©rĂ©s du porte-emblĂšme, ĂȘtre roux devait rapprocher.
Une fois trĂšs loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'hĂ©ritier lĂ©gitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la cĂŽte des renards imaginaires pour les sauver de l'Ă©corchement. Miklan rĂ©cupĂ©ra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. DĂšs quâil se mit Ă chercher les bĂȘtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crĂąne du voleur Ă emblĂšme.
Il n'eut mĂȘme pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dĂšs le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'ĂȘtre sĂ»r qu'il Ă©tait bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frĂšre ne bougeait plus, la tĂȘte fracassĂ©e Ă coup de pierre. Il respirait encore malgrĂ© tout, c'Ă©tait rĂ©sistant un porte-emblĂšme mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'Ă©tait pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bĂȘtes affamĂ©es qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empĂȘcher de rire en pensant Ă l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dĂ©vorer par une bĂȘte comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, rĂ©cupĂ©rant une bĂȘte qu'il avait tuĂ© plus tĂŽt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire Ă son pĂšre que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença Ă tomber Ă gros flocons.
Son pĂšre chercha son prĂ©cieux hĂ©ritier de partout mais, rien Ă faire, Miklan l'avait emmenĂ© trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait Ă chercher lĂ -bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empĂȘcha d'approcher trop prĂšs du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempĂȘte faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna lĂ oĂč il avait laissĂ© le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tĂąches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frĂšre Ă©tait dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena Ă son pĂšre comme preuve de la mort de Sylvain.
AprÚs encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frĂšre furent prĂ©sents aux funĂ©railles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait Ă chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait FĂ©lix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prĂ©tendait avoir un emblĂšme, majeur mĂȘme pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore ĂȘtre en train de se remettre de ses brĂ»lures mais, il avait insistĂ© pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain Ă©tait mortâŠ
Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frÚre, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mÚre au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantÎme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
DĂšs qu'il put quitter la cĂ©rĂ©monie sans faire de vagues, il le fit. Sa mĂšre Adeline Ă©tait inconsolable, pleurant la mort de son petit Ă chaudes larmes en oubliant encore que l'ainĂ© existait. Elle avait dĂ©jĂ assez de soutien de la part des autres parents, et pour son pĂšre, Miklan ne savait mĂȘme pas ce Ă quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à cÎté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, mĂȘme si je ne peux toujours pas te toucher, tu es Ă moi, » lui annonça fiĂšrement Miklan.
La gemme Ă la base du fer en os brilla d'un Ă©clat lugubre, alors que les Ă©pines sur le cĂŽtĂ© s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la rĂ©alitĂ©. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancĂȘtre qui avait eu le culot de le renier pour son frĂšre. C'Ă©tait surement le signe qu'il se sentait trĂšs con maintenant que le sans-emblĂšme avait tuĂ© le porte-emblĂšme malgrĂ© tout.
*
Rodrigue tenait FĂ©lix contre son Ă©paule, son fils pleurant encore et encore. C'Ă©tait dur pour lui... quelques semaines plus tĂŽt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain Ă ses cĂŽtĂ©s pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'Ă©tait une Ă©preuve bien trop dure pour un enfant de son Ăąge. Pour n'importe qui Ă n'importe quel Ăąge... surtout qu'Ă l'attitude de Miklan... ce n'Ă©tait surement pas un « accident »⊠pas aprĂšs tout ce quâil avait dĂ©jĂ tentĂ© dâinfliger Ă son petit frĂšre⊠mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon Ă©caille pour le protĂ©ger... il m'avait promis quâon vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas ĂȘtre mort ! Pour ça, Sylvain nâest pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi rĂ©pondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une Ă©treinte protectrice. Si seulement cela pouvait ĂȘtre aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son Ă©clat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougĂšrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. FĂ©lix fixa le fer, comme s'il arrivait Ă comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
â Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cĆur que c'Ă©tait vrai, comme convaincu par la relique elle-mĂȘme.
*
Une dizaine d'annĂ©e passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'hĂ©ritier du margrave, sa mĂšre n'arrivait pas Ă pondre un autre hĂ©ritier, Ă©tant trop ĂągĂ©e pour le faire, et mĂȘme s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bĂątard Ă emblĂšme, son pĂšre avait Ă©galement Ă©chouĂ© Ă produire un autre enfant de Gautier. Miklan Ă©tait donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour ĂȘtre au paradis ! En plus, l'empire qui avait tentĂ© de conquĂ©rir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'Ă©tait brisĂ© les dents sur la rĂ©sistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la rĂ©gente HĂ©lĂ©na avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement rĂ©ussi Ă briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'Ă se prĂ©occuper des srengs et eux, ce n'Ă©tait que des sauvages faciles Ă mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mÚre était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son pĂšre â comme toujours â ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son Ă©chec dâavoir donner un hĂ©ritier Ă emblĂšme Ă leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot Ă sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'Ă©curie, peu de temps aprĂšs qu'on ait annoncĂ© qu'un espion sreng Ă©trange aurait Ă©tĂ© aperçu dans une ville proche, avec des dĂ©tails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-mĂȘme mais, il Ă©tait trop faible pour cela et son corps n'avait pas supportĂ©. Alors aprĂšs des funĂ©railles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mĂ©ritĂ© de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblĂšme. Il n'aurait pas Ă©tĂ© officiellement en pĂ©riode de deuil, il aurait fait une grande fĂȘte pour cĂ©lĂ©brer tout ça comme il se le devait.
Ăvidemment, les relations entre lui, Fraldarius, GalatĂ©a et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous Ă©taient persuadĂ©s que c'Ă©tait lui qui avait tuĂ© Sylvain, Ă raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dĂ» mater plusieurs rĂ©voltes frumentaires mais bon, un coup d'Ă©pĂ©e dans la gueule des bouseux suffisait Ă les faire taire. Ce n'Ă©tait pas forcĂ©ment bien pour le margraviat mais, l'important Ă©tait qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'Ă©tait tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes hĂ©ritier, Ă emblĂšme, ou roturier. Il Ă©tait margrave depuis trois ans et c'Ă©tait tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'Ă©tait FĂ©lix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement Ă chaque fois qu'il l'approchait, et Ă chaque fois, l'hĂ©ritier des Fraldarius disait la mĂȘme chose, comme une prophĂ©tie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là , Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit Ă foutre de l'hĂ©ritier des Fraldarius mais, Ă chaque fois qu'il le disait, c'Ă©tait Ă©trange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumiĂšre de la Lance de la Destruction pour la rĂ©flĂ©chir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait mĂȘme pas qui Ă©tait ce "lui" mais bon, ce n'Ă©tait que des paroles en l'air. Le margrave lĂ©gitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, mĂȘme aprĂšs s'ĂȘtre illustrĂ© pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au cĂŽtĂ© de son frĂšre.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de dolĂ©ances, on annonça la venue d'un scalde, un poĂšte sreng. Il serait venu afin de renouveler les vĆux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'Ă©tait plutĂŽt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mĂšre HĂ©lĂ©na ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore Ă leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le rĂ©flexe dâĂȘtre effrayĂ© de la Lance de la Destruction, toujours accrochĂ©e Ă cĂŽtĂ© de la chaire de margrave, mĂȘme si celui-lĂ semblait un peu moins apeurĂ© que les autres en sa prĂ©sence. C'Ă©tait un homme aux cheveux bruns assez longs pour ĂȘtre liĂ©s en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. Ă son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'annĂ©e. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier Ă ce genre de corvĂ©e. En plus, les gens diraient qu'il nĂ©gligeait sa mĂšre s'il ne la laissait pas se changer un peu les idĂ©es... alors, il accepta de laisser le scalde dĂ©blatĂ©rer ses lĂ©gendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la piÚce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fĂȘte, comme s'il le connaissait depuis toujours.
â Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, mĂȘme s'il nous a quittĂ© depuis des annĂ©es.
â Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condolĂ©ances, la perte d'un enfant est toujours une Ă©preuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nĂŽtres Ă chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos Ăąmes en deuil. Celle de la DĂ©esse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgrĂ© tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui Ă prĂ©sent, veille sur les Ăąmes de chaque enfant mort trop tĂŽtâŠÂ »
Il se mit alors Ă dĂ©clamer en vers une histoire par rapport Ă un grand arbre oĂč neuf mondes s'accrochaient, de lieux oĂč les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se prĂ©parant pour la grande bataille qui la prĂ©cĂ©derait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu malĂ©fique dont le nom Ă©tait une honte pour tout ce qui vivait et mourrait quâon ne le disait pas, celui ayant tuĂ© le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'Ă©tait endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins Ă la foule. Adeline pleurait mĂȘme un peu (encoreâŠ), alors qu'elle le remerciaitâŠ
« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de piÚce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva aprÚs avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
â Merci pour votre gĂ©nĂ©rositĂ© ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant aprĂšs cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre gĂ©nĂ©rositĂ©, je vous le jure.
â C'est bien normal, vous l'avez amplement mĂ©ritĂ©... dĂ©clara-t-elle en le regardant Ă©trangement, alors que Rustine remuait toujours la queue Ă ses cĂŽtĂ©s.
La prédiction du porte emblÚme de Fraldarius lui revient en mémoire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frÚre sur celui de cet homme⊠puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain était mort, il lui avait enfoncé le crùne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survécu à ça. S'il n'avait pas retrouvé de corps, c'était parce qu'un animal l'avait trainé dans sa taniÚre pour le dévorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mÚre se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
â Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa MajestĂ© la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel Ă mes services, envoyer un messager lĂ -bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
â Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une derniĂšre caresse sur la tĂȘte de Rustine, puis s'inclina profondĂ©ment devant le margrave. Bien, au moins, il savait oĂč Ă©tait sa place. Miklan ignora juste la maniĂšre dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la prĂ©sence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à cÎté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois prÚs de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave lĂ©gitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piquĂ© les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'Ă©tait pas allĂ© les taquiner, et il avait mĂȘme envoyer leur scalde lĂ , Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'Ă©tait des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
â ProtĂ©gez la salle du trĂ©sor et empĂȘcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, Ă©radiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit mĂȘme pas de rĂ©ponse avant de courir Ă la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainĂ©, jusqu'au meurtre de son propre frĂšre, il n'allait pas laissĂ© une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empĂȘcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme aprĂšs qu'une bricole dĂ©truisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de siĂšges en plus ?! Non, c'Ă©tait trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
â Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncĂšrent sa porte pour piller la piĂšce, Adeline n'eut mĂȘme plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait tĂ©moignĂ© de l'affection sincĂšre... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et Ă quoi bon ? Sylvain Ă©tait mort lĂ -bas, dans le froid et la neige, et son corps assassinĂ© avait Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincĂšrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul rĂ©confort contre elle et ferma les yeux, s'attendant Ă tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familiÚre résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses cÎtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
â Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez Ă©tĂ© tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dĂ©voilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage dâun jeune homme dâune vingtaine dâannĂ©e, et le cĆur d'Adeline s'arrĂȘta. C'Ă©tait... c'Ă©tait bien... DĂ©esse... non, c'Ă©tait impossible... DĂ©esse...
â DĂ©esse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empĂȘcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle Ă©tait Ă la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
â Ah non ! Bien sĂ»r que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon Ă ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans mĂȘme avoir besoin de nourriture des gens qui nâont dĂ©jĂ pas un sou alors, rĂ©action solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne Ă d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment⊠les rĂ©coltes ont Ă©tĂ© assez bonnes ces derniĂšres annĂ©es, et votre reine est clairvoyante, tout comme son hĂ©ritier alors, pas de raison quâon sâen prenne Ă vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long Ă raconter, peut-ĂȘtre plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses Ă©paules et les attacha avec une grande fibule finement travaillĂ©e, le cĆur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour crĂ©er une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangĂ©s en dix ans et cette cicatrice. MalgrĂ© tout, il Ă©tait toujours aussi attentionnĂ© et gentil... « Avec ça, on saura que vous ĂȘtes protĂ©gĂ©e. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y rĂ©flĂ©chiront Ă deux fois avant de s'en prendre Ă vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
â D'accord...
â Bien ! Et Rustine vous protĂšge aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dĂšs le premier regard.
â Oui, il est trĂšs courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hĂ©sita une seconde avant de dĂ©clarer, voulant juste arrĂȘter Miklan Ă ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainĂ©e juste Ă cĂŽtĂ© de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
â Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui dĂ©truit le destin de tous ceux qui l'approchent ! Câest lâarme de la DĂ©voreuse de Cadavre qui est nĂ© aprĂšs quâelle ait assassinĂ© le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
â Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant Ă sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il rĂ©pondit alors en sreng, puis lui rĂ©pĂ©ta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tĂȘte.
â Restez ici en sĂ©curitĂ©, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
â D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle Ă la sreng, en utilisant son surnom plutĂŽt que son nom... elle ne savait mĂȘme pas si elle aurait pu Ă nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir aprĂšs un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvĂ©, mĂȘme si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement Ă elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus rĂ©sistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrĂȘter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tĂątant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait rĂ©cupĂ©rĂ© : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des mĂ©dicaments et des potions, ainsi des objets prĂ©cieux Ă revendre en cas de nouvelles disettes afin dâĂ©viter de faire dâautres raids. Avec tout ce quâil allait pouvoir rĂ©cupĂ©rer, cela devrait les aider Ă tenir⊠au moins jusquâĂ la belle saison⊠mĂȘme sâils avaient Ă©tĂ© tous assez déçu en dĂ©couvrant un aussi petit trĂ©sor mais bon, ce nâĂ©tait guĂšre Ă©tonnant, lâargent brĂ»lait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, câĂ©tait la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominĂ©e par les crocs de Fenrir mais, ils Ă©taient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosĂ© le mur de cette piĂšce afin de pouvoir pĂ©nĂ©trer plus facilement au cĆur du chĂąteau et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidĂ©s par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux cÎtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'oĂč il avait tirĂ© ce nom mais, quand il avait vu cet adorable crĂ©ature Ă la fois dĂ©terminĂ© et autoritaire tout en Ă©tant gentille, ce nom s'Ă©tait imposĂ© comme une Ă©vidence. C'Ă©tait comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idĂ©e d'oĂč venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mÚre répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ăa va ? Tout s'est bien passĂ© ?
â Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'Ă©tait l'infiltration la plus facile de ma carriĂšre.
â Vraiment ?! Ă ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça nâa pas l'air d'ĂȘtre une flĂšche leur margrave Miklan.
â Une brute Ă©paisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit Ă coup d'Ă©pĂ©e dans le ventre. C'est un vrai tyran mĂȘme pas capable de bien gĂ©rer son argent et son peuple. Je n'ai mĂȘme pas eu Ă les pousser Ă la rĂ©volte, tout le monde Ă©tait furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posĂ©ment, habituĂ©e Ă ce genre de situation quand ce n'Ă©tait pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es trĂšs bien dĂ©brouillĂ© quand tu t'es infiltrĂ© Ă ton tour. Ton maquillage Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et mĂȘme s'il y a eu des imprĂ©vus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as trĂšs bien su les gĂ©rer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
â J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincĂšrement, sa mĂšre Ă©tait de loin la meilleure espionne de tout Sreng et mĂȘme de Fodlan.
â Tu as bien su te dĂ©brouiller aussi. Le seul problĂšme, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour ĂȘtre cachĂ© mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tĂȘte contre son compagnon d'arme.
â ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis dĂ©jĂ venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas Ă me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter Ă la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
â C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile Ă rĂ©cupĂ©rer, surtout vu l'Ă©tat oĂč on t'a trouvĂ©... ces pĂȘcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas Ă©tĂ© avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mĂšre en ordonnant ses mĂšches, et tant pis si ce n'Ă©tait pas par le sang, Fregn Ă©tait la seule qu'il reconnaissait comme sa mĂšre avec ses tantes.
â Vive le braconnage, on sauve des vies grĂące à ça, arriva Ă en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. AprĂšs, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonnĂ© dans la neige avec le crĂąne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassĂ© Ă coup de pierre. Limite, je prĂ©fĂšre m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
â C'est ta mĂ©moire, c'est Ă toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas Ă te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
â Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter aprĂšs un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
â Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, rĂ©pliqua Fregn.
â Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainĂ© dans la piĂšce, personne ne s'en approchant Ă moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
â C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familiĂšre ?
â Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mĂ©moire, j'en suis sĂ»r... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant Ă se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisĂ© la margravine-mĂšre, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de dĂ©clarer en posant sa main sur son Ă©paule, toujours ce roc inĂ©branlable Ă ses cĂŽtĂ©s et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sĆur Hel pour se faire dĂ©vorer, Fregn, c'Ă©tait une vraie famille Ă elle toute seule !
â Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idĂ©e mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-ĂȘtre la mĂ©moire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblĂšme. Parfois, tu as une lumiĂšre qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblĂšme des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-ĂȘtre un et cela te protĂ©gera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassurĂ© par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mĂšre vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tĂȘte, ce dĂ©cor lui disait quelque chose mais, il Ă©tait incapable de dire quoi... peut-ĂȘtre quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sĂ»r... mais ce qui l'attirait le plus, c'Ă©tait cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siÚcles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard Ă sa mĂšre et Ă son valraven, embrassa le sachet oĂč se trouvait son porte-bonheur de toujours, accrochĂ© Ă son cou. Puis, aprĂšs avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme Ă©carlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer Ă son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin aprÚs tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son Ăąge et quelqu'un plus ĂągĂ©... des adultes aux regards bienveillant... leur dĂ©part trop rapide Ă tous... la protection Ă©phĂ©mĂšre de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'Ă©puisement... des bruits flous, des images mĂ©langĂ©s entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une prĂ©sence toujours aussi forte au fond de son cĆur, toujours lĂ malgrĂ© l'oubli... le protĂ©geant encore malgrĂ© tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prĂ©nom...
« S... »
« Grand-pÚre... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se rĂ©veilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'Ă©tait noyĂ© un instant dans l'Ă©treinte de la lance. Elle n'Ă©tait plus sur son prĂ©sentoir, il l'avait dĂ©tachĂ© sans s'en rendre compte et la serrait Ă prĂ©sent contre son cĆur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbitĂ©s vers Fregn, tout tremblant aprĂšs ce qu'il venait de vivre, sa mĂšre le regardant avec inquiĂ©tude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la premiĂšre fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tĂȘte...
â Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la rĂ©alitĂ©, mĂȘme s'il Ă©tait incapable de lĂącher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sĂ©curitĂ© ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisĂ©es. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. LĂ ... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant dâapprocher cette lance malgrĂ© le danger, Snorri commençant Ă pleurer alors que tout se bousculait dans sa tĂȘte. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
â Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-pĂšre mais, pas de mon grand-pĂšre... c'est plus au sens... d'ancĂȘtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mÚre à ses cÎtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crùne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manĆuvrer avec sa propre valraven contre trois pĂ©gases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achĂšvent le troisiĂšme tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, mĂȘme si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
â Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protĂ©gĂ© par ses hommes au lieu de les dĂ©fendre lui-mĂȘme, puis elle posa la question Ă©vidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dĂ©vorer et briser ton destin !
â Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça aprĂšs la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
â J'espĂšre, reste en vie ! »
Ils refoncĂšrent dans la bataille, attaquant un cĂŽtĂ© de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant oĂč Ă©tait le danger comme s'il le sentait et voulait le protĂ©ger. Comment une arme aussi malĂ©fique pouvait-elle ĂȘtre aussi prĂ©venante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait dĂ©jĂ assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
â Il ne l'a pas que volĂ©, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
â Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tĂȘte de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
â HonnĂȘtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le chĂąteau est sous notre contrĂŽle et la ville s'est dĂ©jĂ rendue ! C'est fini margrave ! S'Ă©cria Snorri en fodlan. Rends-toi !
â Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est Ă moi ! Ă moi ! Jamais je ne le laisserais Ă des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piquĂ© pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les crĂ©neaux, ce qu'il arriva Ă faire mais, Miklan s'accrocha Ă sa (leur ?) lance, hurlant comme un possĂ©dĂ© que les Crocs Ă©tait Ă lui seul et pas Ă un sauvage sortit d'il ne savait oĂč.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lùcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
â Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, trĂšs bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle Ă©tait assez forte pour porter deux personnes sans problĂšmes et mĂȘme si Miklan devait pesĂ© son poids avec son armure lourde, elle arriva Ă s'Ă©lever dans les airs, mĂȘme s'il s'accrochait obstinĂ©ment aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait prĂ©fĂ©rĂ© qu'il lĂąche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'Ă©tait de ne pas lĂącher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacĂ© aprĂšs la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lùchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur Ă©tagĂšre, s'Ă©crasant contre la pierre. Il n'avait mĂȘme pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula Ă cĂŽtĂ© de lui, inerte alors qu'il gĂ©missait un ordre, peut-ĂȘtre de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'Ă©coutait. Sans aide, il ne pourrait mĂȘme pas se relever Ă cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournĂ©e et de toute façon, plus personne ne faisait attention Ă lui. Tous les regards Ă©taient tournĂ©s vers Snorri, incrĂ©dules, comme s'il voyait un fantĂŽme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
â Je ne sais pas, souffla-t-il Ă sa cousine, rĂ©cupĂ©rant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant Ă nouveau avec lui, comme rassurĂ©e que ce soit lui qui la tienne plutĂŽt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientĂŽt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprÚs d'elle de lui prendre son rÎle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obĂ©irent, mettant sans trop discuter un pied Ă terre Ă ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'Ă©tait dĂ©jà ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gĂ©missant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en dĂ©clarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tĂȘte pour faire exploser son crĂąne.
« On a des choses à se dire. »
*
DĂšs qu'ils surent ce qui s'Ă©tait passĂ© Ă Gautier, Dimitri, FĂ©lix et Ingrid partirent sur le champ Ă la place de leurs parents avec plusieurs rĂ©giments de soldats. S'ils se fiaient Ă ce qui Ă©tait Ă©crit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs Ă condition qu'ils les dĂ©barrassent de Miklan, et le messager avait confirmĂ© mais mieux valait ĂȘtre prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient Ă©galement penser Ă la sĂ©curitĂ© aux habitants de la capitale margravine. Ils se prĂ©parĂšrent donc Ă affronter les srengs ou Ă tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrĂšrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la rĂ©serve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dĂ©diĂ©es Ă Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville Ă©taient mĂȘme dĂ©jĂ remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement Ă©tablis un dĂ©but de camp ici, mais quand mĂȘme, c'Ă©tait rapide...
Quand ils arrivĂšrent aux portes, ils tombĂšrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands Ă la porte du fort. La mĂšre de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santĂ© et bien plus heureuse que pendant les dix derniĂšres annĂ©es. Elle avait repeignĂ© ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait Ă©tĂ© remplacĂ© par une robe colorĂ©e typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'Ă©tait pas Ă ses pieds aussi, mĂȘme si les trois amis sentirent qu'il Ă©tait encore en vie. Le petit chien Ă©tait presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas ĂȘtre aussi joyeuse s'il Ă©tait mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu aprÚs une telle frénésie.
â Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer prĂ©cisĂ©ment ce qui s'est passĂ© ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal Ă comprendre...
â C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais aprĂšs vous avoir introduit auprĂšs du nouveau margrave. Il a trĂšs envie de vous voir, mĂȘme si je dois vous prĂ©venir que cela vous fera un choc. »
IntriguĂ©s, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnĂ©s de leurs gardes et toujours armĂ©s par prĂ©cautions. Ils traversĂšrent les couloirs oĂč tous les ajouts macabres de Miklan avaient Ă©tĂ© retirĂ©s, enlevant tous les trophĂ©es de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la mĂȘme couleur que les cheveux de sa victime... FĂ©lix aurait rĂȘvĂ© de tout arrachĂ© devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez lĂ©ger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire Ă voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophĂ©es et les armures des Gautier prĂ©cĂ©dent avait Ă©tĂ© retirĂ©, remplacĂ© par de grandes tables oĂč s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impĂŽts Ă la tĂȘte. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux trĂšs bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait ĂȘtre le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient dĂ©jĂ rencontrĂ© pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait ĂȘtre son Royaume qui avait dirigĂ© l'expĂ©dition contre Gautier, Adeline leur ayant expliquĂ© entre temps que l'attaque avait Ă©tĂ© un coup de semonce pour punir Miklan de ses prĂ©cĂ©dents assauts. Ils se demandĂšrent une seconde si c'Ă©tait elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis Ă la table d'Ă cĂŽtĂ©, en train de discuter avec elle dans leur langue.
FĂ©lix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le dĂ©couvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutĂ©s et doux, son nez piquetĂ© de tĂąches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... mĂȘme sa voix Ă©tait familiĂšre, bien quâil ait muĂ© comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'Ă©toile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassĂ© le crĂąne. Mais DĂ©esse... DĂ©esse...
Quand l'homme tourna la tĂȘte vers eux, ses yeux s'exorbitĂšrent Ă son tour, tout aussi incrĂ©dule qu'eux. Doucement, aprĂšs avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il Ă©tait plus ĂągĂ© qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il Ă©tait plus grand mais, s'il l'Ă©tait toujours pour Ingrid et FĂ©lix, Dimitri le dĂ©passait Ă prĂ©sent de quelques centimĂštres... ça... c'Ă©tait presque Ă©trange, mĂȘme s'ils l'oubliĂšrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'Ă©tait une mauvaise farce du destin ou alors un rĂȘve trop beau pour ĂȘtre vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un trĂšs vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le mĂȘme depuis des annĂ©es, puis en sortit une minuscule Ă©caille sarcelle. Une de FĂ©lix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvĂ© la vie⊠il ne se sĂ©parait pratiquement jamais de ses Ă©cailles sauf pour les donner Ă quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle Ă©tait si petite... cela ne pouvait qu'ĂȘtre celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me lâas donnĂ©, dĂ©clara-t-il en regardant FĂ©lix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crĂąne et sa cicatrice. C'est... c'est encore trĂšs flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... dĂ©solĂ© si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mĂ©moire vient Ă peine de revenir depuis que j'ai touchĂ© les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliquĂ©...
En rĂ©ponse, le jeune homme aux cheveux noirs sâapprocha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son Ă©caille.
â Câest bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais⊠comme on se lâĂ©tait promis SylvainâŠ
#Ă©criture de curieuse#fe3h oc#fe3h#j'espĂšre que ça vous plait surtout !#c'est un peu diffĂ©rent de ce que je fais d'habitude vu qu'on n'est plus Ă Fraldarius mais j'espĂšre que ça vous plaira !#Jihane Ă©tait prĂ©vu mais Hamza a poppĂ© comme ça sans vraiment prĂ©venir#J'avais dĂ©jĂ l'idĂ©e que les demi-frĂšres et soeurs de Jihane pouvaient lui servir d'homme de main mais comme une masse indĂ©fini#Hamza s'est invitĂ© en disant 'je veux ĂȘtre dĂ©veloppĂ©- tu me dĂ©veloppes !" alors le voilĂ #au moins il permet de donner la rĂ©plique Ă Jihane...#Quant au deuxiĂšme texte- pas grand chose Ă dire je suis juste retombĂ© dessus et je me suis dit que l'occasion faisait le larron...#vu qu'on a parlĂ© de la famille Gautier y a pas longtemps ici#je devais ĂȘtre dans une phase plus 'emblĂšme = sorte de pouvoir plus psychique ou d'ultra instinct' Ă ce moment-lĂ #vu comment FĂ©lix lit la structure de l'univers pour le coup et dĂ©crypte ce que dit Loquax Ă travers la LdlD...#enfin j'espĂšre surtout que ça vous plaira
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Avec tout les musulmans qui me souhaite un bon ramadan je me sens comme ça
#apres bon ramadan a tous hein#mais on est pas dans la meme team#vous vous ĂȘtes tromper sur moi#bien essayer et c'est gentil#mais vous avez tous faux sur moi gjejfie#chaque annĂ©e ça me le fait#le plus drole c'est quand on pensait que je le faisait pas a l'Ă©poque ou je le faisait#en gros peut importe ce que je fais les gens pensent le contraire gkenfkje#oh et du coup Ramadan mubarak said a tous!!#chaque annĂ©e je suis comme un gogoles a checker comment ça s'ecrit pour pas faire de connerie#le rebeu le moins confiant de france
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purĂ©e et dire que j'en Ă©tais Ă reviser pour cette soutenance DANS MON SOMMEIL rĂȘver de lire et relire mes notes et m'exercer pour ma prĂ©sentation mille fois dans mon dodo ça va pas le boug
#la seule chose qui me stressais c'Ă©tait si mon train serait dispo et bah đ§#je l'ai manifest mais c'est pas vrmt le type de manifesting que j'aime jsp#j'ai littĂ©ralement le lien pour se rendre sur la classe virtuel pour faire la soutenance j'aurais pu le faire chez moi MAIS NON đĄ#top1 casse couilles le ministĂšre du travail vous autorisez des jurys Ă distance mais pas n'importe hihi n'importe quoi ly#*lui#genre j'aurais pu le faire Ă 30min en ter de chez moi ou mĂȘme jcrois y'a un centre afpa ici#mais vu que pas agrĂ©gĂ© pour le bail gnagnagna#il faut juste un pc + connexion internet quitte que je ramĂšne webcam et micro c'est po grave</3 mĂȘme pas de 2eme ecran c'est ok#mais non grougrou on prĂ©fĂšre faire galĂ©rer tout le monde mĂȘme quand climat social du dĂ©sespoir rien ne va en fait#les centres de formation galĂšre ceux formĂ©s encore plus tout ça parce que y'a des bougs qui veulent que ça soit bien agrĂ©gĂ© et tout lĂ #y'a 0 triche possible tu prĂ©sente ton projet comment tu peux tricher? pourquoi t'as besoin d'ĂȘtre dans un centre spĂ©cial avec qqn d'agrĂ©gĂ©?#gneuhgneuh je vais aller rechercher sur internet qu'est ce que j'ai fais pendant mon projet??????pour le prĂ©senter???huh#mĂȘme la partie question 40min c'est sur ce qui a Ă©tĂ© fait pendant le projet +questions compĂ©tences t'es instant cramĂ© si tu prends le temps#drechercher les rĂ©ponses sur internet donc bon??? faire les zgegs Ă dire hehe on est trop lfutur mtn le jury est Ă distance đ vous non.đ#*n'importe oĂč#je devienne zinzin#en vrai jsuis chill Ă propos de ça jsuis pas le seul dans ce problĂšme puis y'a pas Ă chouiner j'ai eu 10 mois de formation cool đ€·#juste po le titre (pour l'instant????peut ĂȘtre une autre date???? peut ĂȘtre que j'pourrais m'y rendre?????wahool#tomtom_communique#tomtom_is_rambling
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J'y pense... je pense au fait que dans le lore de Comment c'est loin, canoniquement, c'est non seulement Orel qui a vu la bite de Gringe, mais aussi la grand-mĂšre et la copine d'Orel.
#vrmnt c'est quoi la logique#mamie mon pote à qui je fais croire que je suis une meuf m'a envoyé sa dickpic tu veux voir?#comment c'est loin#orelsan
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Un gars consulte son mĂ©decin : - Docteur, je suis Ă©puisĂ© depuis quelques mois. Je ne tiens plus debout. - Comment se passe votre vie sexuelle ? - Eh bien, je fais l'amour sept jours sur sept, et souvent plusieurs fois par jour! - Mais c'est beaucoup trop!...Bon, pour commencer vous allez vous abstenir de sexe un jour par semaine. Par exemple, le dimanche, vous profitez de la journĂ©e pour un repos complet - Mais c'est impossible, docteur. Le dimanche est le seul jour de la semaine oĂč je suis Ă la maison!
#Un gars consulte son médecin :#- Docteur#je suis épuisé depuis quelques mois. Je ne tiens plus debout.#- Comment se passe votre vie sexuelle ?#- Eh bien#je fais l'amour sept jours sur sept#et souvent plusieurs fois par jour!#- Mais c'est beaucoup trop!...Bon#Par exemple#le dimanche#vous profitez de la journée pour un repos complet#- Mais c'est impossible
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putain de journĂ©e de merde demain avec un partiel surprise dont je nâai appris lâexistence quâil y a 1 heure et la disparition de ma carte de mutuelle qui nâa jamais Ă©tĂ© dans mon portefeuille en premier lieu
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