#faut pas dormir en cours dis donc
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inlovewithaspiderguy · 7 months ago
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ouais, ça vient de “Carolus Magnus” d’oĂč aprĂšs les Carolingiens.
bordel.
Charlemagne c'était pas genre son nom de famille. Ou un prénom chelou
c'etait PUTAIN de CHARLES LE GRAND
CHARLES MAGNUS EN LATIN
ou un truc du genre
POURQUOI PERSONNE M'A JAMAIS DIS
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camisoledadparis · 2 months ago
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saga: Soumission & Domination 343
Enguerrand, Max et les autres
AprÚs deux mois du nouvel arrangement (semaine chez Max, WE à la campagne) nos deux jeunots s'en tirent trÚs bien. Max a à coeur de faire réussir Enguerrand et ce dernier met un point d'honneur à rattraper son " répétiteur ". Ils me tiennent au courant de chaque notes qu'ils ont comme le ferait je pense des petits frÚres. C'est d'ailleurs comme ça que tout mon petit monde les place.
Comme ils veulent continuer Ă  s'entrainer avec nous 2x par semaine, ils se dĂ©foncent en cours et les autres soirs. D'autant plus qu'un autre dĂ©but de soirĂ©e sert Ă  leur " retrouvaille " avec Adam leur jeune lieutenant de police. Son cas est surveillĂ© par DGSE afin qu'il puisse dormir tranquille. De toutes les maniĂšres le blockhaus n'apparait dans aucun rapport de police autre que celui de mon accident de voiture comme mon adresse personnelle. S'ils veulent pouvoir continuer comme cela, ils savent qu'ils doivent tenir la tĂȘte de leurs classes. C'est grĂące Ă  leurs bonnes notes qu'ils ont pu nous accompagner au sport d'hivers et ils n'ont pas regrettĂ© leurs soirĂ©es de bachotage. Ils ont profitĂ© de l'incident de janvier pour faire leurs coming-out auprĂšs de leurs collĂšgues du lycĂ©e. AurĂ©olĂ©s de leur dĂ©fense rĂ©ussie contre les casseurs de PD, cela s'est trĂšs bien passĂ© dans les deux lycĂ©es. Il est Ă©vident qu'on ne va pas traiter de " tantouse " un mec capable de vous Ă©taler en quelques minutes ! Dans le cours d'Enguerrand, cela a mĂȘme dĂ©clenchĂ© deux autres officialisations. Deux garçons de sa classe ont profitĂ© de l'ambiance de tolĂ©rance dĂ©clenchĂ©e par sa mĂ©saventure pour sortir du placard et informer les potes qu'eux aussi s'intĂ©ressaient plus aux garçons qu'aux filles.
L'autre dimanche avec Ludovic nous sommes allĂ©s dĂ©jeuner chez ses parents. Les deux garçons Ă©taient lĂ  bien sĂ»r. Max est maintenant le 4Ăšme fils de la maison. Ça fait plaisir Ă  voir car chez les parents de max, c'est le cas d'Enguerrand. CĂŽme Ă©tait lĂ  aussi. EntourĂ© de tous ces mĂąles leur mĂšre doit lutter un peu pour faire admettre le point de vue fĂ©minin lors de certaines discussions. Mais je crois qu'au fond d'elle-mĂȘme elle doit ĂȘtre heureuse de ne pas avoir de concurrence. Pour preuve que nous sommes tous aux petits soins pour elle. LĂ  aussi les parents ont dĂ» cĂ©der et laisser les garçons dormir ensemble. Je pense qu'aprĂšs avoir " loupĂ© " les problĂšmes de leur dernier, ils ont Ă  coeur maintenant Ă  ce qu'il tourne la page et que si cela passe par Max, alors ils acceptent. Alors que je me retrouve seul un moment avec eux deux, madame me tombe dans les bras, pour me remercier une nouvelle fois et me demander si ce qu'ils font pour Enguerrand est ce qu'il faut. J'ai 25ans et c'est Ă  moi qu'il pose la question !! Je ne peux que rĂ©agir selon ma propre philosophie de vie. Elle se rĂ©sume Ă  " laisser les gens vivre leur vie selon l'orientation qu'ils veulent prendre ". Au pire je donne un coup de pouce aux copains. Donc je leur dis de le laisser gĂ©rer tant que ses rĂ©sultats sont bons. Et je crois bien que c'est le cas non ? Madame me dit que depuis qu'il est avec Max il est remontĂ© en tĂȘte de sa classe et n'en dĂ©colle plus. S'il termine l'annĂ©e sur cette lancĂ©e, son dossier de sera pas entachĂ© pour ses Ă©tudes supĂ©rieures. Je lui fais admettre que tout est bien alors !
Les frĂšres reviennent me chercher pour me montrer leur chambre. Comme chez Max, la chambre a Ă©tĂ© modifiĂ©e. Deux grands lits pour un semblant de respectabilitĂ©, deux bureaux pour quand il y a Ă  travailler. La vue sur la campagne est jolie mĂȘme si ce n'est pas trop ma tasse de thĂ©. Ils m'expliquent qu'ils n'utilisent qu'un seul des deux lits, ils n'aiment pas ĂȘtre trop loin l'un de l'autre. DĂ©jĂ  qu'ils ne sont pas dans le mĂȘme lycĂ©e ! Max m'informe que l'an prochain il rejoindra celui d'Enguerrand, leurs parents sont d'accord. Et lui, il veut bien aller dans le privĂ© si Enguerrand y est. Nous descendons rejoindre les autres. Les trois frĂšres sont vraiment impressionnants quand ils sont ensemble. A trois stades de dĂ©veloppement, nous avons quasiment le mĂȘme mec sous les yeux. Ça me trouble d'autant plus que j'ai baisĂ© avec les trois mĂȘme si c'est celui du milieu que j'adore. Les deux autres sont trop beaux pour que je n'en profite pas quand l'occasion se prĂ©sente. Max, lui, n'a d'yeux que pour le troisiĂšme. MĂȘme si je sais que Ludovic s'est " aventurĂ© " en lui pendant la semaine de ski. Les parents sont inconscients de la beautĂ© de leurs trois fils. Plus le temps passe et plus les deux gamins sont amoureux l'un de l'autre. Ça se voit mĂȘme quand ils participent aux touzes post sport du blockhaus. Quand ils baisent chacun de leur cĂŽtĂ©, je les vois se chercher du regard et s'Ă©changer des signes. Et ces soirs lĂ  ils sont rarement ensemble. Enguerrand s'est trĂšs vite aperçu qu'avec Max, il a un amour selon son coeur et ses besoins : la tendresse et l'exigence de son Ăąge et l'acceptation du plaisir de le faire Ă  plusieurs. J'aime bien ce qu'ils sont en train de devenir. Des hommes libres qui se soutiennent, qui acceptent ce qu'ils sont sans se prendre la tĂȘte, capable de marcher la tĂȘte haute sans honte de leurs choix. Le jugement de leurs 4 agresseurs les a envoyĂ©s en TIG (travaux d'IntĂ©rĂȘt GĂ©nĂ©ral). Avec 18mois de sursis chacun. Je leur ai fait passer l'info par leur avocat que s'ils avaient le malheur de rĂ©cidiver donc d'ĂȘtre obligĂ©s de faire leurs temps de prisons, ils seraient sĂ»r d'apprĂ©cier la sodomie, simple et probablement double, avant la fin de leur sĂ©jour Ă  l'ombre.
De toute maniĂšre Adam garde aussi un oeil sur eux. Lui est de plus en plus souvent avec nous. Le fait qu'il ne connaisse que ses collĂšgues. Que ces derniers soient sympathique mais hĂ©tĂ©ros souvent avec des enfants en bas Ăąge, font qu'il s'est rapprochĂ© de nous. Sauf problĂšme d'horaire ou de rĂ©quisition, il est maintenant prĂ©sent Ă  tous nos entrainements. Il n'est pas dupe des co-activitĂ©s de mes escorts. D'autant plus qu'Ă  force de le voir et de s'entrainer ensemble, ils ne font plus trop attention Ă  leurs conversations. J'ai fait un point avec lui. Il ne sait rien officiellement donc il n'a pas de rapport Ă  faire ! Et puis, mĂȘme s'il participe Ă  nos touzes sans prioriser l'un ou l'autre (ses 21x6 sont bien apprĂ©ciĂ©s), il est bien accro Ă  nos 2 benjamins. Et il y a rĂ©ciproque. Moi ça me va, avec lui je suis sĂ»r qu'ils sont entre de bonnes mains. Ils sont respectĂ©s et se dĂ©foulent en toute sĂ©curitĂ©, d'autant plus qu'ils font ça au premier Ă©tage du blockhaus.
DerniĂšrement, Max m'a demandĂ© s'ils pouvaient emmener Adam au sous-sol. Et pas pour visiter la cave ! C'est vrai que depuis le WE du premier de l'an, ils connaissent l'endroit. Ils me disent qu'ils veulent voir si un plan domination le ferait kiffer. Je temporise. Notre Adam commence Ă  se sentir chez lui, en famille. Il ne faudrait pas qu'en allant trop vite mes deux petits l'effraient et le fasse couper les ponts. On en discute et ils obtempĂšrent. MĂȘme s'ils ont vraiment envie, ils ne sont pas prĂȘts Ă  le perdre. Ils m'ont confiĂ© que de ce cĂŽtĂ©-lĂ , quand il est avec eux seuls, il est ultraperformant. Il faut prĂ©ciser qu'aprĂšs la premiĂšre fois, je n'enregistre plus leur chambre quand ils y sont tous les trois. Je suis donc obligĂ© d'entendre leurs " confessions " pour savoir oĂč ils en sont. J'apprends donc par leur intermĂ©diaire que notre Adam est une vĂ©ritable bombe sexuelle. Il cache donc son jeu lors des touzes ou alors ce sont les petits culs de nos benjamins qui lui font cet effet-lĂ . Vu ce qu'ils me racontent, j'enregistre leur " nuit privĂ©e ". En effet depuis qu'ils sont en tĂȘte de leurs cours, ils peuvent passer la nuit complĂšte au blockhaus. On dine ensemble avec le plus souvent Adam. C'est un moment dĂ©tendu, mĂȘme s'il rĂšgne une certaine tension sexuelle. Sans dĂ©voiler les secrets du commissariat, Adam nous raconte les anecdotes amusantes qui sont arrivĂ©es dans la semaine. Mais vous comprenez bien que la soirĂ©e est courte. Ils nous quittent dĂšs le dessert pris.
 Je visionne avec Ludovic et PH le lendemain soir. On croirait un vĂ©ritable film de Bel Ami. Les trois corps sont musclĂ©s imberbes et/ou Ă©pilĂ©s, celui d'Adam est plus Ă©pais soulignant sa maturitĂ©. Son sexe aussi est plus lourd, plus long et ses couilles plus grosses. Mais nos benjamins ne font pas honte. Quand leurs 18x5 sont bien raides, ils encadrent bien les 21x6 qui vont les enculer. En attendant nous avons droit Ă  un festival de pipes. De celles destinĂ©es Ă  batifoler de la langue autour du gland Ă  celles, profondes et Ă©touffantes qui font monter la pression. Si dans un premier temps, Adam laisse les deux jeunes se battre pour sucer sa bite, il participe vite au petit jeu. Ça fini en triangle en travers du lit. Adam suce Enguerrand qui suce Max qui ferme la boucle en avalant le gland du premier. Ils changent plusieurs fois et chacun s'est retrouvĂ© Ă  sucer les deux queues partenaires.
Ça vite glissĂ© vers de la prĂ©paration de rondelle en ce qui concerne celles de Max et d'Enguerrand. AprĂšs ça Ă©tĂ© un vrai porno mais en direct sans arrĂȘt. Adam les a faits se mettre en levrette, collĂ©s de l'Ă©paule au bassin. LĂ , kpotĂ©, il les a dĂ©foncĂ©s grave en alternance. AprĂšs avoir bien gĂ©mis tous les deux lors des premiĂšres pĂ©nĂ©trations, on les voit se rouler des pelles pendant les assauts d'Adam. Ça bouge. Alors qu'Adam laboure Enguerrand, Max se glisse sous lui et enserre de ses jambes sa taille. Les deux trous sont maintenant superposĂ©s et Adam n'a qu'Ă  plier un peu plus les genoux pour l'enfiler. Je passe en accĂ©lĂ©rĂ©. Adam tient la distance ! Il jute une premiĂšre fois sur le dos d'Enguerrand. Et lĂ , on voit ce que nos deux petits voulaient nous dire. Il ne dĂ©bande pas d'un millimĂštre. Ses 21cm restent gonflĂ©s de sang et il se fait faire une pipe Ă  deux bouches le temps de reprendre son souffle. Max et Enguerrand sucent mais se lĂšchent le museau aussi. On devine quand ils se roulent une pelle avec le gland comme bonbon Ă  se passer.
Puis le 2Ăšme round commence. LĂ , si Adam reste le maitre du jeu et "l'enculeur en chef ", il couvre celui des deux qui encule l'autre. Je m'explique : il sodomise Max quand c'est Enguerrand qui se fait enculer et inversement. Des levrettes en sĂ©rie en face Ă  face avec Adam dans le dos (et le cul) de celui du dessus, on le voit se mettre sur le dos, Mac s'assoir, de face, sur sa bite et Enguerrand enjamber ses abdos et venir se planter sur la queue de Max. il se penche et roule alors un patin Ă  notre policier. C'est trĂšs chaud !! LĂ , ils jutent ensembles. La kpote a volĂ© une nouvelle fois et c'est le dos de Max qui recueille son sperme alors que celui d'Enguerrand lui inonde ses abdos tablette et qu'on voit Max se vider au plus profond de son petit copain. Ça va faire 1h30 qu'ils baisent et ils bandent encore tous les trois ! Ils se videront une derniĂšre fois avant de dormir uniquement Ă  l'aide de leurs bouches. Et Adam n'est pas le dernier Ă  sucer. Les 18cm disparaissent entiĂšrement dans sa bouche et je vois mes petits fermer les yeux de plaisir. Plus de 2h non-stop !! Pas mal le trio. Ils disparaissent et reviennent encore humides de la douche. La vision de ces performances n'a pas Ă©tĂ© sans " dĂ©gĂąts " parmi nous. Difficile de ne pas bander devant cette baise. Tellement que nous nous sommes gentiment branlĂ©s pendant le " film ". Partiellement passĂ© en accĂ©lĂ©rĂ©, nous nous sommes jetĂ©s les uns sur les autres aprĂšs une bonne heure de retenue. Ça nous a rappelĂ© la position 1 sur le dos, 2 plantĂ© dessus et 3 face au premier Ă  s'enculer sur la bite de 2. On l'a testĂ©e Ă  nouveau dans les six configurations possibles. C'est trop bon de pouvoir galocher ton mec alors que ton autre mec l'encule et qu'il est en train de se limer sur ta bite !
Bon mais Ă  l'analyse, les nuits de nos trois deux amis et frĂšre, sont bien de l'ordre du chaud de chez chaud ! Je comprends mieux les petits yeux qu'ils ont le lendemain matin au petit dĂ©jeuner ! Adam me dit qu'il doit broder une histoire de meuf pour ses collĂšgues pour expliquer sa tĂȘte. Mais il en a l'habitude depuis le temps. Il bĂ©nit pour cela les films de boule hĂ©tĂ©ro. Avec PH on se distribue les deux benjamins Ă  laisser Ă  leurs lycĂ©es. Moi je me charge d'Enguerrand c'est sur mon chemin pour l'Ă©cole de commerce alors que Max ne fait faire qu'un tout petit dĂ©tour Ă  PH. Il m'a dit que les premiĂšres fois oĂč je l'ai dĂ©posĂ© devant le portail, ses potes lui avaient demandĂ© si j'Ă©tais son mec. Ils ont mĂȘme ajoutĂ© que si c'Ă©tait le cas, il s'Ă©tait trouvĂ© le bon vu la caisse que j'avais.
Il les a traitĂ©s de dĂ©saxĂ©s, comme s'il pouvait faire ça pour mon fric. Moi je lui dis de laisser tomber. Soit c'est des amis et ils s'en foutent soit s'en sont pas et il n'a rien Ă  faire de leurs commentaires. Il est d'accord avec moi. Quand il sort de la 300SLS, il se fait siffler mais c'est par une meuf ! Il la voit. Du coup il fait le tour de la voiture ouvre ma portiĂšre et me roule un patin. Surpris je n'ai pas le temps de rĂ©agir qu'il se redresse et se retourne avec juste un signe de la main. J'ai juste le temps de lui dire de bosser avant qu'il ne passe le portail. Il me tĂ©lĂ©phone le soir mĂȘme pour me dire que ç'avait jasĂ© dans tout le lycĂ©e. Au moins ils avaient eu quelque chose Ă  parler ! Je le traite d'idiot mais derriĂšre lui j'entends Max hurler de rire. Il ajoute que la prochaine fois il fait le coup Ă  PH pour Ă©galiser les scores. Ils se sont bien trouvĂ©s ces deux-lĂ  ! C'est aussi ce que pensent mes deux amours PH et Ludovic. Ce dernier est aussi trĂšs content que Max soit Max. Je veux dire par lĂ  un garçon bien et qui aime son frĂšre sincĂšrement surtout.
Et moi je sais " combien " ils s'aiment. Et comme ils ne s'enferment pas dans leur petit monde s'est une chose qui peut durer. Tous deux ont fait leurs " conneries " avant de se rencontrer (mĂȘme si celles d'Enguerrand Ă©taient plus gratinĂ©es), ils trouvent dans leur relation une stabilitĂ© et avec nous autres le grain de folie qui les empĂȘche de tomber dans la routine. J'allais oublier Adam, leur petit " bonus ".  
Jardinier
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pluie tropicale
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New Zealand
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having an argument
~~
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romainmeynier · 1 year ago
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Juillet-aoĂ»t. De retour au travail aprĂšs avoir nagĂ© dans un lac tout juste rempli – aprĂšs vidange : poissons neufs, algues fraĂźches, pierres non polies sur plages vides. Rien d’aimable pour le dos. En haut, une pluie bienfaisante pour l’humanitĂ© nous a poussĂ©s devant la tĂ©lĂ©vision de l’hĂŽtel, pas regardĂ©e depuis les annĂ©es 10 : clips le matin, policiers le soir. Elise dĂ©couvre chaque fois le coupable et dĂ©noue les intrigues avant l’heure. Tu devrais ĂȘtre scĂ©nariste, lui dis-je. Je ne peux pas, me dit-elle, il faut que ça existe dĂ©jĂ .
J’ai filmĂ© tout l’étĂ© en gros plan : le soleil, les traĂźnĂ©es d’avion, et, sur la route, quand elle conduisait, les chĂąteaux d’eau et Ă©oliennes. On oublie le zoom moche des tĂ©lĂ©phones qui donne un grain si beau.
Actuellement dans l’openspace, donc, oĂč une collĂšgue prĂ©sente des arguments pour la fessĂ©e Ă©ducative, que j’écoute d’une oreille distraite en tentant d’illustrer une couverture sur la psychiatrie. “Quand il pleure, je le fous sous la douche, ça le calme. C’est qui le patron ?” Je ne lui rĂ©ponds plus depuis que j’ai appris Ă  la considĂ©rer comme une entitĂ© irrĂ©elle, un PNJ ronchon sans incidence. On ne se met pas en colĂšre contre un programme sans lien avec la suite de l’histoire.
Le soir, avant de dormir, avec Elise, nous jouons Ă  WikipĂ©dia. C’est au premier qui, partant par exemple de la page Citron, arrivera Ă  MarlĂšne Schiappa en n’utilisant que les hyperliens bleus, sautant d’une page Ă  une autre. Elise perd souvent car elle se met Ă  lire les articles qui l’intĂ©ressent en cours de jeu. J’étais sur la page Fromage, me dit-elle.
Quelques phrases :
Soyez vous-mĂȘme, tous les autres sont dĂ©jĂ  pris. (Oscar Wilde)
Mauve roule et n’en revient pas. Les gens sont vraiment des putains de grosses merdes, lĂ©gĂšre averse et ils font tous comme si c’était de l’acide. (ClĂ©mentine Haenel, dans Pleins Phares, Ă  paraĂźtre le 7 septembre)
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randomchaoss · 2 years ago
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j’ai rien fait de la journĂ©e. mĂ©lange d’anxiĂ©tĂ©, d’insatisfaction. j’ai envie de faire des choses, de sortir mais il fait froid et il pleut. je sais mĂȘme pas pourquoi j’écris ce texte mais jpense que c’est bien de garder ces sentiments qui varient constamment. Aucune stabilitĂ© Ă©motionnelle. Ca fait assez dĂ©pressif de dire ça. Je suis trĂšs loin d’ĂȘtre dĂ©pressif. Je me cherche beaucoup en ce moment. Je pense que j’évolue beaucoup. J’apprends sur moi, je commence Ă  me comprendre. Avant je subissais, je prenais la tristesse et l’angoisse en pleine gueule Ă  cause de ces phobies d’impulsion. Maintenant ça varie, ça disparait de plus en plus. Enfin toujours quelque chose qui cloche mais ça je pense que c’est naturel. J’ai l’impression que c’est libĂ©rateur ce que je suis en train de faire. J’ai envie de faire des choses mais pourquoi faire ces choses? pour moi ou pour les autres ? je sais plus qui je suis?est ce que je l’ai dĂ©jĂ  su ? est ce qu’on s'intĂ©resse Ă  des choses pour pouvoir en parler aprĂšs et se dire a posteriori qu’on connaĂźt ces choses donc que c’est bien ? ou est ce qu’on est vraiment heureux de lire ces choses? est ce que je m'intĂ©resse vraiment aux chose auxquelles je m'intĂ©resse?  qu’est ce qui me touche vraiment? qu’est ce qui m'intĂ©resse vraiment ? la musique, indĂ©niablement, au dessus de tout. la photographie, c’est sur et certain. le cinĂ©ma, c’est magnifique. la littĂ©rature, ça m’a pris du temps. maintenant je pense que c’est inscrit, Ă  condition de vraiment trouver l’ouvrage qui me plait. 
Souvent, quand j’ai beaucoup de temps devant moi, que ce soit un samedi ou un dimanche, seul, toutes les activitĂ©s sont possibles, tout ce dont j’ai envie est rĂ©alisable, comme aujourd’hui, dimanche pluvieux. Mais justement rien ne sort. Tout ce Ă  quoi je me consacre me paraĂźt dĂ©nuĂ© d'intĂ©rĂȘt, inutile, vain. Il y’a des connaissances utiles qui permettent de se repĂ©rer dans le temps, 
En fait lĂ  oĂč je veux en venir et qui concerne quelque chose de plus gĂ©nĂ©ral chez moi c’est: est ce que n’apprends pas seulement pour plaire aux autres? pour briller en sociĂ©tĂ©? est ce que je suis vraiment heureux d’accumuler tous ces savoirs ou c’est seulement pour pouvoir les transmettre? 
cela me renvoie au manque de confiance en moi clair et prĂ©cis que j’ai. mĂȘme en Ă©crivant ce texte, est ce que je ne l’écris pas pour le montrer Ă  mina ? pourquoi est ce que je fait ça? 
pour essayer de dĂ©blayer ce que je ressens quelque fois, comme aujourd’hui? 
c’est le manque d’activitĂ© physique qui me bouffe je le sens, et le fait de rester cloĂźtrĂ© me donne la sensation de devenir fou. Plus je ne fais rien plus je m’interroge sur moi mĂȘme c’est dangereux et masochiste de s’infliger ça Ă  cette dose. 
j’ai l’impression de ne rien savoir. sans dĂ©conner. de savoir 1 % de ce que je devrais savoir. savoir ou savoir faire. j’ai l’impression d’ĂȘtre un empotĂ©. en cours ça fuse, je pense avoir une capacitĂ© de rĂ©activitĂ© intellectuelle intĂ©ressante mais des fois, Ă  l’inverse, d’ĂȘtre un sombre abruti qui bug. 
en fait j’ai l’impression qu’il faut que je fasse tout le temps quelque chose sinon je me sens inutile, je ne veux pas me contenter de rien faire, car ça m’angoisse; normalement pour Ă©viter ça, je prends mon appareil photo et je sors. mais aujourd’hui il a plu. il faut que je m’occupe sinon je ne fais rien; si je ne fais rien je suis nul, je suis comme tout le monde. mais le fait est que oui je suis comme tout le monde. Ă  quoi est ce que je veux ressembler si je fais quelque chose alors que je n’en ai pas envie. en fait la plupart du temps je ne sais pas ce dont j’ai envie et ça m’angoisse tellement trop. je me dis que j’ai juste envie d’une chose c’est que la nuit arrive pour que je puisse dormir et aller en cours, m’occuper, ne pas me confronter Ă  moi mĂȘme. j’ai le sentiment de m'intĂ©resser Ă  beaucoup de chose mais des fois aucune envie de m'intĂ©resser Ă  toutes ces choses. envie de mettre mon cerveau en veille pour que je ne culpabilise pas de ne m'intĂ©resser Ă  rien. 
en fait je dois tout le temps faire quelque chose qui me font me sentir utile et intelligent: apprentissage ou crĂ©ation. c’est les deux domaines qui me font me sentir bien quand je les pratique. apprentissage: j’apprends quelque chose, je lis, je regarde une vidĂ©o intĂ©ressante, je bosse mes cours. crĂ©ation: je retouche mes photos, je fais de la musique sur mon ordinateur(trĂšs rare), je cherche des nouveaux photographes pour mon tumblr. dans les deux cas, la crĂ©ation et l’apprentissage, j’ai l’impression que c’est pour les autres. j’ai l’impression de vivre pour les autres. est ce que cette photo va plaire? est ce que ce son va etre aimĂ© par telles ou telles personnes? est ce que cette info va impressionner quand je la sortirai aux gens? je vis pour les autres. et moi dans tout ça ? quel rĂŽle je joue? je passe complĂštement au second plan. ça renvoie directement Ă  la confiance en moi. peur de ne pas ĂȘtre aimĂ©. toujours ça depuis toujours. enfin depuis le collĂšge je pense. toujours ça. il faudrait que je me dĂ©barrasse de ça Ă  tout jamais. aprĂšs je me dis que si j’écoute ou je fais telle ou telle chose c’est que ces choses me plaisent sinon je me forcerai pas Ă  les faire. (photo ou apprentissage de choses). 
sentiment de besoin d’ĂȘtre ‘validé’ par les autres. tout le temps. que ça soit dans l’humour, dans mes gouts, dans mes phrases, dans mon style, dans mon physique. tout ce que je fais j’ai peur que ça ne plaise pas et c’est ma pire hantise. tellement peur de ne pas ĂȘtre aimĂ© ou qu’on trouve que je ne suis pas intĂ©ressant. 
le poids de l’existence c’est lourd surtout ce soir. demain je suis sur que en sortant des cours je vais me relire et me dire mais putain quel foncdĂ© je suis. mais bon au moins j’ai Ă©cris ce que je ressentais ce soir. voila 
pb; confiance en moi, se dĂ©tacher des autres completement, je pense que deja depuis 1 Mois j’arrive Ă  porter un tout petit peu moins d’attention aux autres, en fonctionnant sous forme d’acquis; je m’explique; si j’ai des potes depuis longtemps, si je m’entends majoritairement bien avec les gens en gĂ©nĂ©ral, si je fais rire les gens de temps en temps, si on me complimente sur mes photos: c’est que je suis pas quelqu’un de si nul que ça. enfin apres ça veut rien dire du tout c’est des conneries ce que je dis. si je faisias pas rire les gens et que on disait du mal de mes photos je serais pas nul non plus. si j’étais pas cool avec les gens si j’étais un connard lĂ  je serai nul. mais je crois que je le suis pas. bref Ă  plus
04/12
aujourd’hui j’ai marchĂ©. j’avais pas cours du coup j’ai marchĂ©. je pense que ça m’a fait du bien mais je suis toujours anxieux. boule au ventre, gorge serrĂ©. je culpabilise de pas avoir plus bossĂ©. Je pense que je vais avoir mon semestre mais j’ai peur. j’ai peur que mina me trouve bidon. enfin que je sache plus quoi dire Ă  mina. C’est dur de toujours avoir quelque chose Ă  dire au bout d’un an et demi. c’est dur d’avoir l’air toujours interessant et toujours s’interesser Ă  quelque chose. en fait des fois j’ai l’impression qu’il faut pas que je m’interesse Ă  des choses simples comme regarder trop son tel ou regarder des vidĂ©os nazes sur youtube car je me dis c’est nul ce que tu fais ça t’apporte rien tu es comme les autres. et encore une fois oui je suis comme les autres. en fait j’ai l’impression que je veux etre le meilleur et je supporte pas quand quelqu’un est plus cultivĂ© ou meilleur que moi. alors que bordel tout le monde est meilleur que quelqu’un dans un domaine. et mĂȘme ça ça veut rien dire. c’est encore un concept de merde. ‘ĂȘtre meilleur’. ça veut rien dire. c’est comme ĂȘtre intelligent: c’est de la merde. comme disait mina, chacun est intelligent Ă  sa propre maniĂšre et on peut pas jauger, enfi peut etre qu’on peut mais faut pas. chacun a ses diffĂ©rences: qualitĂ©s/ dĂ©fauts/ lĂ  ou ça pĂȘche; lĂ  oĂč ça gaze. j’arrive pas Ă  bosser sans date butoire c’est assez chiant; lĂ  je me dis que j’ai du temps alors qu’on va tout se prendre sur la gueule bientot. il faut que je bosse sur l’école d’archi. a plus
12/12
tiens, 12/12. c’est marrant. je crois que je me dĂ©pense pas assez, c’est ça le problĂšme. ma jambe tremble Ă©normĂ©ment. Il faut que j’apprenne Ă  Ă©crire de maniĂšre plus claire et accompagnĂ© d’un style plus Ă©toffĂ©. Bref, c’est pas la question. ça revient. je suis anxieux, je sais pas quoi faire. il faudrait que je bosse mais j’arrive pas. je me dis encore que j’ai du temps, jusqu’au moment oĂč j’ai plus de temps. J’ai peur de ne pas assez ĂȘtre intelligent. vraiment trĂšs peur de ça. j’ai l’impression d’ĂȘtre seulement cultivĂ©. et encore. je suis fatiguĂ© et mon cerveau met du temps Ă  se mettre en route c’est trĂšs chiant. souvent je ne comprends pas des choses assez simple, mon cerveau bute. j’ai aussi peur pour ma mĂ©moire. faudrait que je travaille dessus. lĂ  j’ai l’impression de subir la vie. vraiment. de la prendre dans la gueule et de devoir la transporter et c’est lourd. j’ai peur de ce qui va m’arriver. j’ai peur, tout le temps peur. 
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dustycrew · 2 years ago
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Un séjour hospitalier bipolaire 2 avec TDI-ATDS
Partie 1
Written by Dusty Crew — August 31, 2022
Cet article fait partie d'une suite d'articles sur une hospitalisation en France métropolitaine d'une durée de deux mois et demi en clinique privée
21 avril Je ne me souviens pas du premier jour. Un mois et demi de combat avec moi-mĂȘme sur ce qui Ă©tait sĂ»rement une phase mixte : symptĂŽmes dĂ©pressifs alternĂ©s de grandeur et d’impulsivitĂ© extrĂȘmes, entre autre.
De ce que l’on m’a expliquĂ© je me suis levĂ© tard ce jour lĂ , tĂŽt les jours d’avant. Je me souviens juste : rĂ©serve l’hĂŽtel, prend ces boĂźtes de pillules, un rasoir. Instinct de survie, j’envoie Ă  mon psychologue un sms d’adieu :
“Je ne sais pas quoi faire aujou’dhui. Soit tout lĂąche soit je lĂąche. J’ai alignĂ© une partir des anxios j’ai des boĂźtes en trop. Cette nuit j’ai juste Ă©teint le cerveau. Je ne suis pas dĂ©solĂ© je charge un appartenant vide suite Ă  demander un hĂŽtel. Eteindre et disparaĂźtre. Il me manque quelques boites Ă  chercher. Je dĂ©teste ce message”
Il y a des fautes, oui, c’est le vrai sms. J’étais dans des Ă©tats visiblement pas possibles. Je plante devant mes mĂ©dicaments longtemps, somnolent, je reçois 20 minutes plus tard :
“Le samu vous appelle”
Je dis merci.
Je donne le samu Ă  ma colocataire, le psy essaye de me faire parler, ancrer, puis m’aider Ă  faire mon sac : ça fonctionne. Je perdrai deux jours de mĂ©moire sous tercian. La suite de l’histoire est basĂ©e sur mon journal intime et nos souvenirs.
24 avril
“C’est comme si 10 jours Ă©taient passĂ©s. Mais seulement cinq. J’ai rĂ©ussi Ă  appeler le psychologue au lieu de me suicider. Puis SAMU, une nuit lĂ  bas puis ici Ă  dormir. A abandonner, Ă  me dire je rentre et je le fais. Je dois me reprendre.”
Cette entrĂ©e Ă©tait quand j’étais aux cĂšdres. Ici, c’est le secteur fermĂ©. Celui oĂč une chambre spĂ©ciale est rĂ©servĂ©e comme une prison Ă  celleux qu’on doit attacher. Au cours de mon sĂ©jour elle prend diffĂ©rent noms de la bouche des infirmiers selon ce que l’on veut faire miroiter : chambre d’isolement, chambre d’apaisement. Moi, je la vois comme une chambre de torture. FilmĂ©e, vide, deux portes qui sĂ©parent du reste des autres. Je retrouve le grand couloir dans lequel je fais des allers retours. Personne ne me parle et je ne parle Ă  personne.
DeuxiÚme entrée, 19h20
“Quand les rĂ©sultats tomberont**, mon tĂ©l sera en charge jusqu’à demain. Comment je me sens ? Comme s’il Ă©tait l’heure de mourir. Et j’ai de quoi percer la peau. Je ne veux pas le dire. Je veux pouvoir m’en aller. Aujourd’hui ? MangĂ©, dessinĂ©, sport. J’ai envie de crever. Je peux me lever et tout, sans envie de vivre. Inventaire : lacets, sac hermĂ©tiques, aiguille, eau.”
**contexte Ă©lectoral en France
25 avril “La nuit a Ă©tĂ© longue. 3h d’insomnie, repos, hallucination, insomnie. [
] Bref, dĂ©but de journĂ©e dans la fatigue. J’ai vaguement fait du port, j’ai attendu le Dr S. je n’ai pas aimĂ© son comportement : froid, pas Ă  l’écoute. Il a l’air sceptique de mes oublis et changements d’humeurs, je n’ai mĂȘme pas pu dire “phase mixte”, il me coupait sans cesse. D’accord, j’ai menti, hier je voulais crever. Je veux pas rester ici donc j’ai menti. J’ai donnĂ© l’autorisation Ă  mon psychologue d’appeler ici. Mon psychiatre extĂ©rieur avait lui reçu une lettre. Je me suis excusĂ©e auprĂšs de ma colocataire et elle n’est pas restĂ©e seule. Apparemment je lui ai donnĂ© mes anxios et mon psy m’avait gardĂ© au tĂ©lĂ©phone [
] je ne me souviens pas bien. Si je m’ennuie trop demain je peinds les conneries de Rousseau, au cafĂ©. Ses confessions Ă  la noix.“
18h18 “C’est comme s’il s’était passĂ© 6 heures depuis tout Ă  l’heure. C’est absurde. Il ne se passe rien. Contrairement Ă  mon prĂ©cĂ©dent sĂ©jour les gens sont seuls, repliĂ©s, livrĂ©s Ă  eux mĂȘme. Je vis mal chaque nouvelle intĂ©raction, un goĂ»t de “Tu me veux quoi”. Alors bon je dessine ok. Je lis un peu, communique avec l’extĂ©rieur et parcours mille lieux. Heureusement pour moi j’ai la patience. Mais ce serait plus simple, avec du contact humain. Ou de la musique. Mais je ne peux charger la batterie qu’une fois par jour. [
] Il y a cinq jours manquants juste avant la crise qui m’a amenĂ© ici. Avant ça faisait quelques jours que je m’accrochais aux branches. Je ne comprends pas“
20h14 “I. je crois. Elle part vendredi. Elle est trĂšs diffĂ©rente des autres. Ce n’est pas un mal, mais ça la rend trĂšs incomprise. Ce qui m’avait marquĂ©, c’est qu’elle avait vu le chat et l’avait virĂ© du radiateur. Elle ne l’aime pas. Elle dit qu’il vole les couleurs de sa couverture. SacrĂ© argument. Aussi hier une patiente m’a demandĂ© “homme ou femme” puis dĂ©cidĂ© femme. Aujourd’hui en short court, une autre “J’arrive pas Ă  savoir si t’es PD ou femme, t’es PD ?”
Peut-ĂȘtre !
Ah je sais pas !
Qui sait !, j’ai conclu. J’entends derriĂšre “Si tu veux savoir il faut regarder dessous quand
” la fin m’échappe. Vraiment les CĂšdres il y a un an c’était une meilleure troupe.
*Troubles dissociatifs de l’identitĂ©/Autres troubles dissociatifs de l’identitĂ©
Transphobie
Homophobie
TĂ©moignage
Clinique
HP
ATDS
MĂ©dication
Maltraitance
TDI
TS
bipolarité
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inesgil · 4 years ago
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Isratine : journal d'Israel / Palestine
DĂ©but avril 2018, je me lance un dĂ©fi : rouler de Tel-Aviv Jaffa Ă  Ramallah en vĂ©lo. Outre l’insolation, les courbatures, et une fatigue extrĂȘme, ce pĂ©riple m’offre un nouveau regard sur la Cisjordanie, et en fin de course, une rencontre. 
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VĂ©lo dans une main, tĂ©lĂ©phone portable dans l’autre, je dĂ©vale pĂ©niblement les escaliers d’un petit immeuble typique de Jaffa. Une bĂątisse centenaire aux plafonds immenses usĂ©s par le temps. Je traverse la cour intĂ©rieure, des braillements d’enfants rĂ©sonnent sur fond de bruits de casserole. SituĂ© au sud du quartier Ajami, le secteur est trĂšs familial. Depuis un mois, je partage un appartement avec Ameed et Khaled. Originaires de Nazareth, les deux cousins se sont installĂ©s ensemble il y a des lustres. Mais depuis quelques temps, l’ambiance est froide dans l’appartement. Trop diffĂ©rents, ils ne veulent clairement plus vivre ensemble. Telle un Casque bleu postĂ© Ă  la frontiĂšre entre le Liban et IsraĂ«l, ma prĂ©sence semble apaiser les tensions. 
Au dehors, l’humiditĂ© lĂšche mes narines. La sensation de rosĂ©e matinale flotte dans l’air et caresse mon visage. Elle Ă©veille des souvenirs de lendemain de camping derriĂšre la maison de ma grand-mĂšre maternelle. Cette dĂ©licieuse Ă©poque qu’est l’enfance, oĂč dormir hors de mon lit rĂ©sonnait comme une incroyable odyssĂ©e. Aujourd’hui, une tout autre aventure se dessine devant moi. Une idĂ©e qui semble absurde : rouler Ă  vĂ©lo de Tel-Aviv Ă  Ramallah. D’aprĂšs mes souvenirs, une soixantaine de kilomĂštres sĂ©pare les deux villes. Rien d’insurmontable pour quiconque bouge ses gambettes de temps Ă  autres. Mais relier ces deux localitĂ©s Ă  vĂ©lo semble dĂ©passer toute logique. J’en ai parlĂ© Ă  quelques collĂšgues de la chaĂźne dans laquelle je travaille : â€œĂ©norme connerie” d’aprĂšs eux. Ils ont sĂ»rement raison, mais leurs remarques m’ont un peu plus motivĂ©e dans mon projet. Surtout parce qu’elles viennent des gens de la chaĂźne. 
En sortant du bĂątiment, je repense Ă  mon besoin constant de rĂ©aliser de nouveaux dĂ©fis (aberrants pour certains), me dĂ©passer, et un peu dĂ©passer les autres aussi. Trois ans plus tĂŽt, dĂ©jĂ  installĂ©e en IsraĂ«l pour un stage de quelques mois, j’avais tentĂ© HaĂŻfa-Tel-Aviv Ă  pied. Je m’étais arrĂȘtĂ©e Ă  Atlit, Ă©puisĂ©e. Bien tentĂ©, Ines... Aujourd’hui, ce nouveau dĂ©fi est plus que bienvenu. J’ai dĂ©barquĂ©e en IsraĂ«l deux mois plus tĂŽt, assoiffĂ©e de renouveau, persuadĂ©e que Paris n’avait rien Ă  m’offrir aprĂšs 6 mois de grisaille Ă©motionnelle. Mais je commence Ă  tourner en rond. L’euphorie des premiĂšres semaines est un peu retombĂ©e. Je me sens censurĂ©e par mon supĂ©rieur (celui qui s’assure qu’on ne dise pas COLONIE ou OCCUPATION Ă  l’antenne), dont l’attitude me met mal Ă  l’aise. Et mon ex me manque. Un bon Tel-Aviv-Ramallah Ă  deux roues s’impose donc.
Je sors du bĂątiment, comblĂ©e de m’ĂȘtre rĂ©veillĂ©e de bonne heure pour faire autre chose que poser mes fesses sur les plages tel-aviviennes. Les deux litres d’eau enfouis dans mon sac clapotent au rythme de mes pas. J’ai prĂ©parĂ© une salade, comme toujours, noyĂ©e dans un amas de fruits secs et quelques affaires de rechange. Je compte dormir Ă  Ramallah. “Peut-ĂȘtre chez Ahmad”, me dis-je. Seule personne avec qui j’entretiens encore des contacts rĂ©guliers Ă  Ramallah (la ville se trouve en Cisjordanie, oĂč j’ai vĂ©cu en 2014). Il m’a conviĂ© Ă  une soirĂ©e le soir mĂȘme et il sait que je n’ai nul part oĂč dormir. En rĂ©alitĂ©, en arrivant, je vais dĂ©couvrir que non, je ne dormirai pas chez Ahmad. Et cela va tout changer pour moi. Je pose le vĂ©lo le long d’un mur, j’ouvre les trois-quatre feuilles de papier dĂ©jĂ  broyĂ©es par mon lĂ©gendaire toucher dĂ©licat. J’ai imprimĂ© Ă  la va-vite le trajet Ă  suivre pour me rendre Ă  Ramallah. En IsraĂ«l, je n’aurai aucun problĂšme d’orientation. Il suffit de rouler dos Ă  la mer et je suis sĂ»re de me rendre en Cisjordanie. Mais par quel checkpoint passer? Quelles routes emprunter un fois arrivĂ©e en territoires palestiniens? Sont-elles toutes ouvertes? (checkpoint fermĂ© le mardi? Caprice de l’armĂ©e? Regain de violences? BarriĂšre en bĂ©ton? Interdit aux Palestiniens? Aux Arabes? Aux non-juifs? Aux Chinois?...). La Cisjordanie est un gruyĂšre incomprĂ©hensible. Mais adepte du bordel, de l’improvisation totale, je n’ai pas prĂ©parĂ© grand chose. Seulement ce vieux plan imprimĂ© d’une encre hideuse. Il m’indique d’emprunter le checkpoint de Rantis, puis de descendre la Cisjordanie, direction Ramallah.
Sur mon tĂ©lĂ©phone, Google Maps n’annonce pas le chemin Ă  suivre. Ou plutĂŽt, il me recommande de rouler
 pendant 3 jours. Nombreuses sont les routes palestiniennes qui n’ont pas Ă©tĂ© enregistrĂ©es par l’application. D’une ville Ă  l’autre, c’est toujours le mĂȘme scĂ©nario : elle fait passer voitures et vĂ©los par des dĂ©tours impossibles, une perte de temps effroyable. J’utiliserai donc ma bonne vieille carte, Ă  l’ancienne. Mon tĂ©lĂ©phone me servira pour repĂ©rer ma position en cas de problĂšme.
J’empoigne mon deux-roues d’une motivation d’acier. Premier coup de pĂ©dale, dĂ©but du pĂ©riple. Le vent frais marin frappe mon visage d’une claque dĂ©licieuse. Un doux dĂ©but d’avril Ă  8 heures du matin Ă  Jaffa. Il fait un peu froid, mais c’est agrĂ©able. La rue Yefet, habituellement chargĂ©e Ă  bloc, n’est pas encore tout Ă  fait rĂ©veillĂ©e. AprĂšs une demi-heure de route, je sors de la ville, petite en largeur. Tel-Aviv est bien la citĂ© des vĂ©los. Mais en quittant la mĂ©galopole, j’entre dans une tout autre rĂ©alitĂ©. Je sillonne une voie Ă©troite. Aucune place pour les deux roues sur le bas cĂŽtĂ©. Les voitures me frĂŽlent en passant. Au loin, j’essaye dĂ©jĂ  d’apercevoir les collines palestiniennes de Cisjordanie, mais impossible. La route semble infinie. De chaque cĂŽtĂ©, des champs s’étalent. Le paysage prend des couleurs jaune paille et verdĂątre. “On dirait la Lorraine en moins beau”, me dis-je. Le temps nuageux et l’effet de pollution n’arrangent pas les choses. Une pensĂ©e stupide traverse mon esprit : “C’est pour ça qu’ils se sont battus il y a 70 ans?”.
Outre l’absence d’espace peu commode, la route est facile. Du plat Ă  l’infini. Au total, il me faut deux heures pour traverser IsraĂ«l. En milieu de matinĂ©e, les premiĂšres cĂŽtes se dessinent. Mes mollets dĂ©jĂ  bien formĂ©s doivent redoubler d’efforts. Plusieurs kilomĂštres comme ça, et toujours pas de checkpoint. Je m’arrĂȘte, saisis mon tĂ©lĂ©phone : je n’ai pas encore passĂ© la ligne verte (ligne de dĂ©marcation entre IsraĂ«l et la Cisjordanie). Je reprends la route, et soudain, les petites cabanes du checkpoint se dessinent de chaque cĂŽtĂ© de la chaussĂ©e. Trois ou quatre soldates israĂ©liennes discutent. Les battements de mon coeur accĂ©lĂšrent. Je crains qu’elles ne m’arrĂȘtent, abasourdies de voir une cycliste se rendre en Cisjordanie. Mais il ne se passe rien. Elles remarquent Ă  peine ma prĂ©sence. Avec ma tĂȘte (blanche, blonde aux cheveux frisĂ©s), j’entre dans la catĂ©gorie des physiques types israĂ©liens. D’ailleurs, les gens me prennent souvent pour une Russe dans la rue (les Russes sont trĂšs nombreux en IsraĂ«l, notamment depuis leur arrivĂ©e en masse aprĂšs la chute de l’URSS). Checkpoint passĂ©, ça y est : je suis en Palestine.
ArrivĂ©e au sommet d’une petite colline, je la dĂ©vale Ă  toute vitesse. L’histoire des heures Ă  venir. Une lutte acharnĂ©e pendant 30 minutes Ă  chaque montĂ©e, et la jouissance de la descente
 qui dure 30 secondes. Durant la course, le vĂ©lo m’offre plus de temps pour observer, me connecter avec l’environnement et les structures urbaines, symptomatiques de la situation politique. Avec leur structure carrĂ©e Ă  la Wisteria Lane et leurs toits orange, les colonies israĂ©liennes sont immanquables. Les villages palestiniens, eux, sont reconnaissables grĂące aux minarets des mosquĂ©es, et sont plutĂŽt construits au pied des montagnes. Une scĂšne se rĂ©pĂšte sans fin : Ă  chaque fois, les colonies israĂ©liennes sont implantĂ©es au sommet des collines. PostĂ©s dans leurs confortables miradors, les colons scrutent toute la rĂ©gion. Les agissements des Palestiniens sont visibles de partout et de trĂšs loin. Aussi anodins qu'ils puissent paraĂźtre, l'urbanisme et l'architecture sont les premiers outils du contrĂŽle israĂ©lien dans la rĂ©gion.
En contraste Ă  la premiĂšre partie de mon voyage en IsraĂ«l, le paysage est remodelĂ©. D’une piĂštre mĂ©diocritĂ© entre Tel-Aviv et Rantis, il se transforme en une petite merveille mĂ©diterranĂ©enne. Le gris vert des oliviers plantĂ©s entre les roches sĂšches, envahit mes yeux. Le soleil, qui s’est soudain levĂ©, Ă©blouit ce tableau colorĂ©. En dĂ©valant une longue pente, j’admire la rĂ©gion. Sans trop savoir pourquoi, une vive Ă©motion s’empare de moi : “c’est tellement beau, putain”.
Le soleil frappe mon crĂąne Ă  mesure que les heures passent. Durant une pause mĂ©ritĂ©e sous un olivier, j’entoure ma tĂȘte d’un chĂąle. Je me regarde dans l’appareil photo de mon tĂ©lĂ©phone : “J’ai vraiment l’air d’une colon
”. En entrant en Cisjordanie, j’ai quittĂ© une relative “normalitĂ©â€. Ici, je m’expose Ă  bien plus de tensions. Or, mon physique me classe directement dans la case IsraĂ©lienne. En reprenant la route, lorsque certaines voitures me frĂŽlent, la crainte traverse mon esprit : “et si un Palestinien me prenait pour une colon israĂ©lienne? Ca serait vraiment trop con
”. Mais les heures dĂ©filent, et il ne se passe rien. 
Sur le chemin, je rencontre des IsraĂ©liens bien plus apeurĂ©s que moi. Une voiture militaire m’arrĂȘte dans ma course : “vous faites quoi?”, me demande une soldate avec la lĂ©gendaire “douceur” locale (Ă©quivalente Ă  une claque donnĂ©e Ă  l’aide d’un cactus). Je rĂ©ponds en anglais : “je
 fais du vĂ©lo. Il y a un problĂšme? Je ne parle pas hĂ©breu”. Elle regarde son collĂšgue, d’un air un peu Ă©bahi. Elle continue, en hĂ©breu, bien sĂ»r : “du vĂ©lo? Ici ?” Le reste, je ne le comprends pas. Je hausse les Ă©paules, la regarde d’un air gĂȘnĂ© : “but, it is not forbidden
” Elle ne rĂ©pond rien, et l’air exaspĂ©rĂ©, retourne dans sa camionnette militaire. PĂ©daler Ă  vĂ©lo dans la rue, un acte surrĂ©aliste dans ces territoires. Je reprends ma course. Le cagnard devient insupportable. Le soleil perce ma peau avec violence, mon visage a virĂ© au rouge. J’ai le sentiment que ma tĂȘte va Ă©clater sous la chaleur. Je m’arrĂȘte prĂšs d’une heure et demie. Sur le cĂŽtĂ© du sentier, j’ai repĂ©rĂ© un arbre assez grand pour protĂ©ger mon mĂštre 70 du soleil brĂ»lant. Cette pause me fait un bien fou. Une envie dingue de m’endormir pour les 10 heures Ă  venir me submerge. AprĂšs cette vague tentative de me remettre d’un dĂ©but d’insolation, je reprends la route sans grande motivation. Je n’ai pas le choix, il me reste un bon morceau Ă  parcourir. J’enfourche le deux-roues en soufflant : “Pourquoi je n’ai pas de vĂ©lo Ă©lectrique, dĂ©jĂ ?”. Je repose mes fesses avec peine sur la selle anormalement dure. Mon popotin doit se rĂ©habituer au supplice. “Bordel, quel enfer”. Les trois heures suivantes, les mĂȘmes paysages se succĂšdent. Mais plus aucun Ă©merveillement dans mes yeux. Je ne pense qu’à une chose
 enfin dĂ©barquer dans cette foutue Ramallah. Sur le chemin, deux voitures aux plaques vertes et blanches (palestinienne) me dĂ©passent en se foutant de moi. Le fait qu’ils me prennent pour une colon doit les motiver. MĂȘme si je suis au bout de ma vie, je les comprends un peu. J’ai vraiment une sale tronche. Étant donnĂ©s les rapports plus que tendus entre IsraĂ©liens et Palestiniens en Cisjordanie, s’ils peuvent s’offrir le plaisir de se moquer d’une galĂ©rienne de colon israĂ©lienne
 why not. 
Sur le chemin, une voiture, plaque jaune et bleue (israĂ©lienne) s’arrĂȘte : “Shalom” me lance un homme : “Shalom, ani lo medaveret ivrit (je ne parle pas hĂ©breu)”. L’homme acquiesce, l’air comprĂ©hensif : “heu
 vous allez bien? Vous avez besoin d’aide?” cela ressemble plus Ă  une affirmation qu’à une question. Mon visage, rouge feu, semble exploser. Je souris : “non, merci, je fais un tour Ă  vĂ©lo. Il fait juste un peu chaud”. “Vous allez oĂč?”, je rĂ©ponds, l’air un peu gĂȘnĂ© : “heu
 un peu plus loin, j’en ai pour 10 minutes Ă  peine”. Il enchaĂźne : “Pourquoi faire du vĂ©lo?! C’est dangereux!” Je rĂ©plique : “tout va bien merci!” Il remonte dans sa voiture, en me lançant un dernier regard inquiet. “HonnĂȘtement, non”, me dis-je, “tu as vu juste, je ne vais pas trĂšs bien”. Mais j’ai de l’énergie. J’ai encore espoir de terminer mon parcours Ă  vĂ©lo. “Et puis j’imagine que tu n’as pas trĂšs envie de me dĂ©poser Ă  Ramallah.” 
Une heure (et des montĂ©es de collines infernales) plus tard, une bifurcation s’ouvre sur la droite. Un panneau immense est plantĂ© Ă  l’entrĂ©e de la chaussĂ©e, avec, Ă©crit en lettre blanche sur fond rouge en arabe, en hĂ©breu et en anglais : “cette route mĂšne vers la zone A, sous autoritĂ© palestinienne. L’entrĂ©e est interdite aux IsraĂ©liens, elle reprĂ©sente un danger pour leur vie et elle est contraire au droit israĂ©lien.” Je regarde mon Google maps, je compare avec ma carte : je dois tourner. Si je continuais tout droit, je serais toujours sur une route de la zone C (contrĂŽle administratif et sĂ©curitaire israĂ©lien). Moderne, lisse, agrĂ©able, sĂ©parĂ©e par des petits pointillĂ©s jaunes, et mĂȘme ensoleillĂ©e. Pas un seul trou. Mais Ă  droite, la voie est criblĂ©e de culs de poule. Grise-noire, dĂ©labrĂ©e, il semble mĂȘme que le soleil ait dĂ©sertĂ© le chemin (zone A, interdite aux rayons de soleil dans le droit israĂ©lien?) 
La colline mĂšne sur une dizaine d’habitations. Elle est particuliĂšrement pentue. Je suis dĂ©jĂ  dĂ©sabusĂ©e. AprĂšs quelques mĂštres, une voiture palestinienne s’arrĂȘte. Quatre hommes sortent du vĂ©hicule : “Hello! Vous avez besoin d’aide?” me demandent-il en anglais. Je suis en zone A, ils ont donc tout de suite compris que j’étais EuropĂ©enne. “YES! Please!” 
Enfin, je pose les pieds Ă  Ramallah. Finalement, je n’aurai pas fait tout le chemin Ă  vĂ©lo. Une dizaine de minutes en voiture ont achevĂ© ma course. Je l’avoue, pour la premiĂšre fois dans ce texte. J’ai toujours omis cette derniĂšre partie de mon voyage, trop fiĂšre d’assurer que “oui, bien sĂ»r, j’ai fait tout le chemin sans aucune aide”, ravie de voir les yeux impressionnĂ©s de mes interlocuteurs. 
Je me pose dans le premier cafĂ© sur le chemin. Un lieu plutĂŽt hype, dĂ©corĂ© comme un jardin Ă  l’anglaise. Mal habillĂ©e, mal coiffĂ©e, toujours aussi rouge, l’air dessĂ©chĂ©e, je pue. Je suis aux antipodes des codes ramallawis et des codes arabes en gĂ©nĂ©ral. Avec un petit air honteux, je m’assois loin des autres clients. Mon vĂ©lo est restĂ© dehors, sans cadenas. Ce n’est plus Tel-Aviv, ici, “personne ne le prendra”, m’affirme un serveur. Ahmad dĂ©barque, le sourire Ă©clatant. Plus de trois ans sans le voir. Je refuse de le prendre dans mes bras : “I smell so bad !” Il s’assoit, curieux de dĂ©couvrir le cafĂ© oĂč nous nous trouvons, trop “girly” pour lui. Il est bien plus branchĂ© bars Ă  biĂšres. Pendant une heure, on se refait les trois ans passĂ©s et les 10 heures de presque enfer que je viens de vivre : “Ahmad, can I take a shower at your place please?” il rĂ©pond : “Of course! But tonight, you cannot sleep there, my cat did shit in the room. Anyway
 you will sleep in an apartment with French people. Is it ok?” Je rĂ©ponds, juste soulagĂ©e de pouvoir prendre une douche d’ici peu : “oh yeah yeah! That’s nice from them!” 
La soirĂ©e est organisĂ©e Ă  Birzeit, un petit village chrĂ©tien coquet Ă  10 minutes en voiture de Ramallah. En quatre roues, cette fois, pas Ă  vĂ©lo. Plus jamais. Comme une sensation de gueule de bois, je refuse de penser Ă  cet objet maudit pour les heures qui viennent. “Who is organizing the party?” Ahmad me rĂ©pond : “German people studying in Birzeit”. Outre le petit village, Birzeit est surtout connue pour son immense universitĂ©, lĂ©gĂšrement excentrĂ©e. Un programme de langue arabe y accueille des Ă©trangers venus du monde entier.
ArrivĂ©s Ă  destination, je descends des petits escaliers en suivant Ahmad. Un chemin Ă©troit mĂšne sur une terrasse noyĂ©e de plantes. Au milieu, une grande table est installĂ©e pour accueillir une vingtaine de personnes. “Ines!” s’écrit Ahmad, “those are the French people”.
Je me dirige vers la terrasse, quand un mec m’arrĂȘte : “Hi! I am Adam!” Pas d’une beautĂ© frappante, mais plutĂŽt mignon. Je souris : “Hi! My name is Ines”. Son accent laisse penser qu’il est amĂ©ricain. Mais sa tĂȘte : totalement british. Des petits yeux malicieux, un nez imparfait, une bouche lĂ©gĂšrement charnue. La peau blanche, une masse de cheveux sombre en bataille. Il n’est pas trĂšs grand. “Where are you from?” Il rĂ©pond d’un air fier : “From Palestine”. Je suis surprise. Je n’y Ă©tais pas du tout. On parle un peu, de banalitĂ©s, de politique, il est plutĂŽt drĂŽle, assez sĂ»r de lui. Je suis sa proie ce soir. Je ne comprendrai les habitudes de drague de ce mec que bien plus tard. Je finis par m’éclipser pour passer Ă  table avec les autres. Je ne lui reparlerai plus de la soirĂ©e. Jusqu’à comprendre que les “French people” chez qui je vais dormir sont ses colocataires.  
La soirĂ©e achevĂ©e, retour Ă  Ramallah. Moi, les “French people” (Rebecca et Ghali) et Adam. ArrivĂ©s Ă  l’appartement, les deux Français filent dans leurs chambres respectives, Ă©puisĂ©s. Je m’assois sur le canapĂ© avec Adam. Je ne sais plus de quoi on parle, mais il installe un petit jeu de sĂ©duction. Dans la conversation, la question de son Ăąge survient : “j’ai 22 ans.” C’est idiot, mais mon souffle se coupe net. J'acquiesce en souriant d’un air un peu faux, tout en pensant : “ça va pas le faire. Trop jeune pour moi. J’aurais 26 ans dans un mois...” DerriĂšre ses grandes lunettes, ses yeux ne trompent pas. Je sens qu’il en a envie. Il croit que c’est rĂ©ciproque. Mais non. 22 ans, bordel. Et ce n’est pas tout. Il ne me plait pas spĂ©cialement. J’observe son jeu de sĂ©duction avec un peu d’arrogance. Ce dĂ©dain qu’on a tous connu un jour : savoir que l’autre ne pense qu’à cela, et se dire : “mouais... pourquoi pas
” Sentir qu’on a le contrĂŽle sur la situation. Au milieu du numĂ©ro de drague, son colocataire sort de la chambre : “hum, please, can you go to the kitchen to speak?” Je souris, et me tourne vers Adam : “I will go to sleep.” Il ne se passera rien. Tant mieux, je ne suis pas déçue. Presque soulagĂ©e que son pote ait dĂ©barquĂ© pour nous dire de la mettre en sourdine. Mais finalement, un mois plus tard, ce mec, Adam, deviendra MON mec. Pour les deux annĂ©es Ă  venir. L’effort du vĂ©lo en valait sĂ»rement la peine.
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agalma-padaw0ne · 4 years ago
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Je me couche ce soir-lĂ  dans une bien dĂ©licate position: deux biĂšres Ă  minimum 11%, digestion en cours fort laborieuse, fatigue diurne et insomnie qui rĂŽde aux coins de mes paupiĂšres, au niveau de l’épicanthus. Pour autant: j’aime ce moment de jonction, ce “no-consciousness-land” Ă  l’interface entre la veille et le sommeil. Pas encore vaincu, certainement plus aux commandes, un Ă©tat de pleine et entiĂšre libertĂ©, sans doute bien plus que lors du rĂȘve d’ailleurs quand on y pense. Et c’est justement lĂ  oĂč je veux en venir. Mais pas tout de suite.
Parce qu’avant, le rĂ©sumĂ© de la journĂ©e s’en vient, et avec lui le cortĂšge des “je dois”, “il faut” et leur horrible jumeau “t’as rien foutu”. Autant de briques de merde qui s’accumulent, si bien que plus qu’à mon tour je me rĂ©veille en sursaut, bien plus souvent que je ne le voudrais.
Et puis je m’assoupis. De moins en moins souvent consciemment, activement. Je me rappelle ma grand-mĂšre, de ses bons conseils quand j’allais dormir chez elle. “Si tu n’arrives pas Ă  t’endormir, concentre-toi sur tes pieds. Sens chacun de leurs muscles, concentre-toi sur tes orteils, la racine de leurs ongles, laisse-les reprendre leur position au plus proche du dĂ©but de la plante de tes pieds. Ensuite, la plante des pieds, sois conscient de leur surface, la tension de leur peau. Leur hydratation.” Et elle m’invitait Ă  ainsi parcourir l’entiĂšretĂ© de mon corps ce que, si j’ai bonne mĂ©moire, je ne suis jamais arrivĂ© Ă  faire. De bon conseil, disais-je.
Or donc - et je m’adresse ce constat, cette idĂ©e presque Ă  chaque fois, comme une ritournelle: quelle crĂ©ativitĂ©, me dis-je. Et si seulement j’en prenais note? - me viennent des idĂ©es, des combinaisons inĂ©dites. Totalement neuves, tant quant Ă  la forme singuliĂšre qu’au fond, le domaine envisagĂ© ou la perspective adoptĂ©e. Trop fatiguĂ© que pour en faire quoi que ce soit, mais aussi avec la peur tenace qu’une dĂ©cision de basculer vers une veille pleinement consciente viendrait alors jouer son rĂŽle de serpillĂšre Ă  la javel, par trop efficace.
puis, enfin et trĂšs rarement (de plus en plus avec l’ñge), me viennent des images. Parler de “formes” serait inadĂ©quat, bien qu’il s’agisse de volumes. Parler de “textures” tiendrait tout autant de l’usurpation bien qu’il s’agisse de surfaces.
Travailler dans l’écriture de science-fiction doit avoir au moins ceci de bon qu’il peut y avoir une totale libertĂ© initiale, et dĂ©velopper ensuite une exigence de rigueur quant Ă  ce qui y est dĂ©crit. Et une saga aura eu la capacitĂ© de me marquer singuliĂšrement, non pas tant pour la qualitĂ© de sa narration, ni de la trame dramatique qui en dĂ©goulinait, et au-delĂ  de la multiplicitĂ© des auteurs qui ont contribuĂ© Ă  la construction de ladite sĂ©rie, c’est cette constante. Lorsqu’il s’agissait de la confrontation Ă  des Ă©lĂ©ments du chaos, les protagonistes qui y Ă©taient exposĂ©s Ă©voquaient - et je cite de mĂ©moire - des formes impossibles. Une dimension dans laquelle l’arithmĂ©tique suit des lois que la morale mĂȘme rĂ©prouverait, des torsions spatiales qu’Euclide aurait honni avec la plus vive Ă©nergie, et que ses hĂ©ritiers les plus audacieux rejetteraient avec dĂ©sespoir, avant de sombrer dans l’éclatement subjectif le plus radical.
Pourtant il y a de tout ça dans ces perceptions. Des arĂȘtes communes bien qu’injoignables, des pĂŽles existant grĂące Ă  leur opposition qui cependant se confondraient, des dimensions que seule la thĂ©orie du tout admettrait.
Je les ai laissĂ©s venir et aller, au grĂ© de leur propre Ă©conomie et au fil de mon temps, ne sachant Ă  qui en parler (quel en serait l’intĂ©rĂȘt d’ailleurs), mais surtout de quel vocabulaire me servir, tant il aurait fallu pouvoir combiner tellement d’opposĂ©s, par syncrĂ©tisme.
Jusqu’à ce point - et d’ailleurs ce qui m’a donnĂ© envie d’écrire ce petit truc, aprĂšs m’ĂȘtre rĂ©veillĂ© Ă  quatre heures trente en sursaut, genre “ ΈυρηÎșÎŹ ” - je m’étais imaginĂ© la chute interrogative de ce billet donc comme Ă©tant “et si c’était lĂ  une rencontre apaisĂ©e d’avec le RĂ©el lacanien? En effet il y a lĂ  des expressions d’impossible rencontres. Mais il y a Ă©galement de l’Inconscient freudien lĂ -dedans, avec l’idĂ©e qu’ici il n’y a aucune contradiction dans la rencontre des opposĂ©s. Alors je m’interroge. De quoi s’agit-il?
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ravakajoan · 5 years ago
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Chapitre I -Nouvelle aventure
« ChĂ©rie, quand est-ce qu’on va avoir un bĂ©bĂ©? »
Tout a commencĂ© avec cette phrase qui m’a fait abandonner ce que j’étais entrain de faire pour laisser place Ă  mon plus large sourire, suivi d’un regard, un de ces regards que tu connais bien, un regard qui te demande en silence de confirmer ce que tu viens de dire pour ĂȘtre sure d’avoir bien entendu.
Tu Ă©tais rendu lĂ , tu voulais un enfant! J’en voulais aussi! Mais pas tout de suite...La maniaque de l’organisation en moi voulait la date parfaite pour cette belle aventure ! Il ne s’agissait pas d’un de nos petits projets: escapade de fin de semaine, magasinage de dĂ©corations de maison ou mĂȘme achat d’une nouvelle voiture. Il s’agit de la date d’anniversaire de notre bĂ©bĂ©. Je n’y peux rien, ma tĂȘte fonctionne comme ça, j’ai besoin de planifier! je commencais donc Ă  imaginer (dĂ©jĂ ) les Ă©tapes de sa petite enfance... dans un pays oĂč chaque saison est unique, j’imaginais dĂ©jĂ  l’ñge qu’il aurait lorsqu’on se baladerait pour la premiĂšre fois au parc, son premier dĂ©guisement Halloween, j’imaginais ( c’est mieux de le dire ainsi mais j’organisais dĂ©jĂ  carrĂ©ment dans ma tĂȘte) sa premiĂšre fĂȘte d’anniversaire... alors je calcule avec mes doigts un 9 mois de plus que la date d’aujourd’hui... et lĂ  je brise ce moment romantique en te disant de patienter car le mois d’accouchement ne me conviendrait pas si on le concevait maintenant ! Que je ne voulais pas que ca soit son mois d’anniversaire... Je t’ai peut-ĂȘtre un peu déçu mais tu me connais et tu as pu comprendre, tu sais Ă  quel point j’aime planifier les choses, alors tu me demandes « Quand alors ? »
Puis vint le dĂ©but de l’étĂ© 2019, nous sommes Ă  la fin du mois de mai et Ă  travers les arbres qui verdissent enfin, la municipalitĂ© continue d’embellir la ville avec des pots de fleurs accrochĂ©s aux poteaux. Dame nature est bien rĂ©veillĂ©e et il faut dire que mon dĂ©sir Ă  devenir maman aussi! Je suis prĂȘte. Je te l’annonce et je prends aussitĂŽt un rendez-vous chez le gynĂ©cologue pour retirer ce petit stĂ©rilet qui a bien fait son travail durant ces quelques annĂ©es de tranquillitĂ© d’esprit!
C’est avec enthousiasme que je franchit la porte du cabinet pour mon rendez-vous! On veut avoir un enfant dis-je au gynĂ©cologue avec les Ă©toiles dans mes yeux!
« Parfait! Je t’enlĂšve ça! Dis-toi que c’est une machine, aussitĂŽt enlevĂ©, tu pourras tomber enceinte Ă  ta prochaine ovulation! »
C’est ce que je veux! Je ne veux plus attendre, je suis prĂȘte! Je n’attends mĂȘme pas d’arriver Ă  la maison,en entrant dans mon auto, je te texte « VoilĂ  cheri! C’est enlevĂ© , je rentre ! :) » Et je dĂ©marre la voiture, tout en dĂ©marrant une nouvelle Ă©tape de notre vie.
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Le lendemain du rdv- un sourire jusqu’aux oreilles
Encore la maniaque de l’organisation en moi qui se rĂ©veille...cela fait tout juste 3 jours que nous vivons sans contraception, il est 6h du matin et je commence dĂ©jĂ  Ă  imaginer comment annoncer la nouvelle quand viendra le moment oĂč je serai enceinte. Oui,j’aurais pu attendre d’ĂȘtre enceinte avant de penser Ă  ce genre de chose mais trop emballĂ©e par ce projet, je me ballade la tĂȘte pleine d’idĂ©es sur Etsy pour chercher un moyen original de le faire, entre les chandails aux textes ludiques et les goodies « je suis enceinte » je m’arrĂȘte sur des petites cartes d’annonce de grossesse Ă  gratter. Et hop! Dans le panier.
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Il est 7h du matin, je me rĂ©veille comme Ă  l’habitude et je file dans la salle de bain. C’est avec les jambes croisĂ©es, pressĂ©e de faire pipi que j’ouvre vite le test de grossesse qu’on a achetĂ© il y a quelques jours dĂ©jĂ . Je retiens ce fameux premier pipi du matin tout en lisant Ă  la diagonale le mode d’emploi de ce petit bĂątonnet. Ok j’y vais, uriner ne m’a jamais autant emballĂ© que maintenant! Et bam, un signe + commence Ă  se former! Tu es encore entrain de dormir et voilĂ  que je me prĂ©cipite pour t’embrasser! « ChĂ©ri! Je suis enceinte! ». Avoue que c’est un meilleur rĂ©veil que la sonnerie de ton alarme habituel!
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Un plus!!! C’est positif!
C’était le jeudi 19 juin 2019, impossible que je l’oublie, une journĂ©e comme les autres pour mes collĂšgues de travail mais pour moi c’était le dĂ©but d’une nouvelle aventure, au travail, je caressais de temps en temps mon ventre , un petit geste subtile mais Ă©tonnamment tout naturel. Comme si ma main partait toute seule, pour prendre contact avec toi, parce que mĂȘme si ça ne se voit pas encore, je sais que tu es lĂ .
Et oui vous le savez, la mordue d’organisation en moi se rĂ©veille encore. J’ouvre mon petit carnet pour aller Ă  la page oĂč j’ai dĂ©jĂ  redigĂ© un petit check-list :
j’attrape mon tĂ©lĂ©phone et je planifie l’envoie des cartes d’annonce pour ma famille Ă  Madagascar.
J’appelle la clinique de pĂ©rinatalitĂ© pour prendre mon premier rendez-vous de grossesse.
Et enfin j’ouvre le meilleur ami de l’homme, non ce n’est pas un chien, c’est Google! Ce qu’il faut savoir si vous ĂȘtes enceinte,les aliments Ă  Ă©viter, les bons rĂ©flexes. Article aprĂšs article, je me promĂšne d’un site Ă  l’autre entre deux bouchĂ©es durant ma pause de midi.
Une semaine plus tard, c’est la fĂȘte de l’Independance de Madagascar, la communautĂ© malgache prĂ©pare un petit 5 Ă  7 au bord du fleuve, mais avant ça, j’ai rendez-vous pour mon 1er rendez-vous de suivi de grossesse. J’entre dans la clinique, et je me prĂ©sente Ă  l’accueil. La secrĂ©taire me fait remplir le formulaire et elle me tend un livre , je l’écoute me demander de patienter dans la salle d’attente tout en lisant dans ma tĂȘte le titre « Mieux vivre avec son enfant de la grossesse Ă  2 ans ». Je m’assieds donc tout en feuilletant globalement ce qu’on appelle ici la bible des parents.
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26 juin 2019- 5Ă 7- vert blanc rouge aux couleurs de mon Ăźle
Tu es entrain de prĂ©parer le souper et moi, les cheveux attachĂ©s, mon carnet et un crayon Ă  la main, je te prĂ©sente le compte rendu de mon rendez-vous car tu n’as pas pu venir avec moi, tel un Ă©tudiant exposant avec enthousiasme le fruit de ses recherches: Je ne dois pas manger ceci, je dois continuer de prendre les multivitamines de grossesse que je prends dĂ©jĂ  depuis un mois ( oui ça se prend avant mĂȘme la conception) et je termine mon discours avec excitation en encadrant une date dans le carnet: voici notre rendez-vous pour la premiĂšre Ă©chographie!!
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On a tous les deux pris notre aprĂšs-midi pour venir Ă  ce rendez-vous. Ce n’était pas un rendez-vous galant, mieux que ça, c’était quelques minutes de bonheur, d’émerveillement devant ce petit haricot et au cours duquel nous avons entendu ce qui est devenu notre son prĂ©fĂ©rĂ©: son petit coeur qui bat. « ChĂ©ri, c’est notre bĂ©bĂ©! ».
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Salut petit bébé de nous!
Merci d’avoir lu mon premier bout d’histoire, je vous raconte la suite dans un prochain article que j’écrirai entre deux tĂ©tĂ©es 😊
Ravaka Joan.
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zorbascreations · 5 years ago
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extrait
HUIS CLOS AVEC UN VAMPIRE
INCIPIT
Un jour, mon visage gelĂ©, peut-ĂȘtre fendu de rides, d'expressions trop marquĂ©es, sera marquĂ© d'un rictus triomphant. Celui, de l'avoir Ă  mes pieds. Pas lui, son corps glacĂ© et endormi Ă  jamais. Je ne pleurerais pas, je fumerais une cigarette, son visage sous mon talon, heureuse, certaine, de son inaction Ă©ternelle. Comme un VipĂšre au poing contemporain, je l'Ă©craserais de tout mon poids parce qu'il a eu le pouvoir trop longtemps. Il sera trop pathĂ©tique pour que je lui pardonne. Alors peut-ĂȘtre qu'il me possĂ©dera encore un tout petit peu dans mes rĂȘves. Mais il m'appartiendra Ă  jamais, cette fois. Comme je lui ai appartenu, comme il m'a dĂ©possĂ©dĂ© de tout ce qu'il restait de bon, de pur et d'Ă©gal en moi. Je lui rendrais ma folie sur son linceul. Je ferais littĂ©ralement ce que mon psy m'a dit de faire, de le tuer, mon pĂšre.
J'errerais parmi les serveurs et le faux endeuillĂ©s de ce brave homme dont ils ne savent rien. Je sillonnais les couloirs du lieu des funĂ©railles embaumĂ©s d’un sillage de santel. L'homme providentiel mangera les pissenlits par la racine et moi je serai vivante, bien vivante pendant que les hommes debout lĂšveront son tombeau dans un enterrement auquel je n'assisterais pas puisque “les femmes qui pleurent, c'est un pĂ©chĂ©â€. Je n'aspire pas Ă  ce luxe. Alors Ă  moi, le repos, le bon, le meilleur qu'il a volĂ© aux habitants de la maison de demain. Personne ne le respectera plus, puisque c'est moi et mes sƓurs qui l'auront remplacĂ© dans l'ici-bas. Je me servirais une coupelle d'eau et ne mangerais rien des victuailles prĂ©parĂ©es pour son ultime Ă©vĂšnement, sa mort.
 La brune vengeresse, moi, scandera des : “Retourne lĂ  d'oĂč tu viens, chien !” et des femmes affolĂ©es me supplieront de me taire. Moi, je rirais et rirais plus fort de leur pudibonderie, parce que je suis certaine qu'elles n'en pensent pas moins. Tous ces ĂȘtres vulnĂ©rables, victimes d'un certain attachement Ă  leur bourreau ne peuvent pas en souffrir elles sont juste venues voir, de leurs propres yeux, si ça pouvait mourir ces choses-lĂ .
Son cƓur l'avait lĂąché . Il avait des problĂšmes depuis une dizaine d'annĂ©es dĂ©jĂ . Comme si l'anatomique avait des prĂ©visions sur le mĂ©taphorique. Je me dĂ©lecterais de ces trois jours pas vraiment funĂšbres pour moi. Ils sonneront le glas d'un dĂ©but. Ils marqueront la fin de soixante annĂ©es de despotisme, de cupiditĂ© et de destruction.
 La folie douce s'emparera de moi et je serai la demeurĂ©e de cette villa oĂč on servira des psaumes dĂ©sespĂ©rĂ©s et teintĂ©s d'une certaine lassitude. Je me tiendrais assise . Lasse de mes Ă©clats et des larmes de crocodile et portant la grande lĂ©gitimitĂ© d'ĂȘtre l'aĂźnĂ©e de la dĂ©combre. Libidinalement endeuillĂ©e, je ne porterais mĂȘme pas l'habit du deuil mais une jellaba bleu roi magistrale pour me dĂ©marquer de tous ces hypocrites. Ces tripes je les avais en moi et les connaissais mieux que personne.
“Taisez-vous, bande de fous. Je vous dis qu'il ne vaut pas une larme. Vous en avez tous rĂȘvĂ©. Plus de laideur, plus d'obscĂ©nitĂ©, plus de fiel ! RĂ©jouissez de voir ce corps retourner en terre, et encore, je ne suis mĂȘme pas sĂ»re que ce soit son fruit. C'est plutĂŽt un laquais du diable qui aura servi trop longtemps sur terre ! ArrĂȘtez donc vos gĂ©missements !” Ce sera inĂ©dit dans un enterrement. Les vautours me feront la cour Ă  nouveau, car lassĂ©s de la carne, ils chercheront Ă  attendrir la fraĂźche et se mettront doucement Ă  rire au bout du 3Ăšme jour, fatiguĂ©s de leur deuil feint et de leurs attitudes surfaites. Je m'en irais, laissant traĂźner mes voiles de nouvelle orpheline, la tĂȘte droite immaculĂ©e du rictus que j'attendais tant. Je laisserais couler derriĂšre moi, ses veuves, ses presques amantes, son personnel fidĂšle qui comme moi, attendait ce soulagement.
C'est le temps qui l'avait transformé. Cette pùte plutÎt intÚgre, aimante, s'était putréfiée à cause de l'argent et ce qui en découle. Son nouvel éclat de nouveau riche l'avait aveuglé mais c'était aussi son pÚre qui lui avait donné le mauvais exemple. Caricature scabreuse de l'homme qui s'était exilé avec sa secrétaire plus maligne que sa femme. Mort d'un cancer lui aussi. Je me souviens, qu'encore toute jeune, il me donnait des leçons de mathématiques.
“Mais puisque je te dis qu'un plus quatre font 5. Qu'est-ce qui est difficile Ă  comprendre ?Mon silence, au lieu de l'arrĂȘter dans son Ă©lan le faisait redoubler de colĂšre.
-Mais elle est conne celle-lĂ , dis-le, c'est parce que je suis bĂȘte. » Il me forçait Ă  le dire et je rĂ©pĂ©tais jusqu’aux pleurs que j’étais stupide, de ne pas comprendre un simple problĂšme de soustraction. Mes larmes perlaient sur un triste cahier.
Quand je voulais voir ma mĂšre, c'Ă©tait une porte fermĂ©e. A mes quatre ans, elle Ă©tait trop fatiguĂ©e pour me faire sortir. A ses vingt-quatre ans, elle Ă©tait dans le noir, entre deux coussins, balbutiant : “Je suis fatiguĂ©e ma fille”. A lui de siffler entre ses dents : “ Ne tords pas ta mĂšre encore.” Le dĂ©cor Ă©tait dĂ©jĂ  plantĂ©, j'allais devoir assumer ce rĂŽle, celui de la premiĂšre fille d'un homme avec une voix de stentor et d'une mĂšre prĂ©cocement lasse de tout.
 Meurtrie, l’adolescente Ă©tait recroquevillĂ©e sur elle-mĂȘme. Le front contre les genoux, elle entendait battre les coups sur la porte comme une sentence imminente. « Leila, Leila, ouvre la porte ! » entendait-elle de la bouche de son bourreau.  Ses poings tambourinaient sur l’entrĂ©e de la chambre en bois et s’il entrait il Ă©tait prĂȘt Ă  sĂ©vir, avec ses mots. Tranchants, cinglants, acerbes, ses saillies faisaient pĂąlir son front mais elle ne vivait cela que dans les alcĂŽves. « Mais mon Dieu, ce qu’elle est conne ! » « Tu comprends vite mais il faut t’expliquer longtemps ! » « Tu es bouchĂ©e ou quoi ? » Ces paroles Ă©taient des mots doux de la part du vampire. Quand la nuit tombait, il dĂ©posait le masque civil et pouvait attaquer dans le dur. « De toute façon, tu n’es qu’une minable. N’essaie pas d’écrire, tes papiers Ă  la con ne serviront jamais Ă  rien. Tu ne sers qu’à raconter des conneries » assĂ©nait-t-il entre deux cris de rage. Leila passait en mode autiste en attendant que la fureur passe. C’était son quotidien quand son haleine fĂ©tide sentait le whisky Jack Label et les Marlboro rouge. L’homme en costume noir Ă©ructait, vacillait et cherchait sa fille, somnolant dans un matelas Ă  mĂȘme le sol. Il voulait la rĂ©veiller car ses convives Ă©taient partis et que sa solitude inerte lui pesait. Leila apprĂ©hendait ce moment alors et le maudissait parce que son pĂšre n’avait pas la dĂ©cence de la violer, de la blesser ou mieux encore, de la tuer. Au lieu de cela, il dissĂ©minait un venin bien plus subtil : ses paroles. Les unes aprĂšs les autres, elles escaladaient l’indicible Ă  mesure que l’alcool envahissait le sang de son persĂ©cuteur. Ce dernier, elle ne l’avait pas choisi. Elle allait devoir le subir car sa mĂšre avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©truite par cet homme au chapeau haut de forme. HĂŽpital psychiatrique, coups, insultes sont autant de sĂ©vices que cette femme mariĂ©e Ă  la fleur de l’ñge a dĂ» subir avant de pouvoir prendre la porte de sortie. Seulement, il restait une laissĂ©e pour compte qui a dĂ©cidĂ© malgrĂ© elle de rejoindre l’équipe paternelle. Cela allait lui coĂ»ter son Ăąme. A 12 ans seulement, la jeune Leila allait entendre ce qui ne s’écoute pas Ă  l’ñge de la pubertĂ©. Elle sera tĂ©moin des frasques d’un homme divorcĂ© qui, pour noyer son amertume, allait ouvrir le bal des catins. 16 ans, 17 ans, 20 ans pour les plus ĂągĂ©es, ces libertines s’enivraient et s’esclaffaient lĂ©gĂšrement sous les regards austĂšres des macs. Ces parties fines faisaient Ă©cho jusque dans les murs de la chambre de Leila. RĂąles, orgasmes, gĂ©missements, fous rires, cris, altercations Ă©taient les sons d’ambiance de tous les soirs aprĂšs qu’elle ait fait ses devoirs. Parfois, elle se surprenaient Ă  ĂȘtre comme ses amazones qui avaient fait de leur corps leur marchandise. On le lui avait appris, ces belles fardĂ©es arrivaient Ă  tirer leur Ă©pingle du jeu avec son vampire. Lui, il leur souriait tout le temps et ne leur refusait rien. Il s’amusait en leur prĂ©sence et souriait aprĂšs qu’elles aient poussĂ© la porte. Il redevenait lui-mĂȘme alors, stoĂŻque, son verre de whisky Ă  la main. Il lui fallait une distraction, moi.
Il revenait alors dans ma chambre pour tambouriner sur la porte. « Leila, t’es là ? » Ă©ructait-il. Je faisais alors semblant de dormir mais il insistait. J’ouvrais mes yeux ensommeillĂ©s et lui rĂ©pondais. « Qu’est-ce que tu fais ? Viens, je dois te parler » ordonnait l’homme au chapeau. J’opinais du chef et j’écoutais sa litanie. « Tu sais, ta beautĂ© ne durera pas toujours. Tu penses que ton joli minois va te sauver mais il n’y a que des hommes qui passe. Essuie ce maquillage Ă  la con. Tu es minable » Ces mots, il les rĂ©pĂ©tait tous les soirs parce qu’il s’ennuyait. Pour tromper son spleen, il me conduisait Ă  la salle de bain pour essuyer mon vernis et mon mascara avec ses doigts boudinĂ©s sentant le tabac. Je pleurais, le visage dĂ©fait et le noir coulait sur mes joues. J’étais sans artifices, mentalement Ă  nu. Je voulais simplement dormir, mais j’étais prise en otage par mon pĂšre ivre, sans savoir quand cela allait se terminer. Il souriait et posait son poing sur mon nez en disant : « Sens la mort  » Enfin, il m’embrassait le front et s’en allait, fier de ce geste incomprĂ©hensible qu’il estimait paternel. SoulagĂ©e et Ă©puisĂ©e, je pouvais enfin revenir Ă  mon lit de fortune, une Ă©ponge dans laquelle je dormais avec ma femme de mĂ©nage.
 Je n’avais pas le droit de protester. Un verset du Coran exhorte Ă  ne pas soupirer devant ses parents ou Ă  les ignorer. Puisque je ne pouvais pas parler, je m’affairais sur mon ordinateur, une machine d’un autre temps Ă©quipĂ©e d’une webcam. Je chattais. Je pianotais sur mon clavier parce que ma vie en dĂ©pendait. ConnectĂ©e au monde entier, je discutais, je m’exprimais, je pleurais, j’enrageais. Des gens me rĂ©pondaient, me consolaient, me faisaient rire. Je ressentais des Ă©motions nouvelles, autres que la tristesse et la colĂšre rĂ©primĂ©e. Puisque je ne pouvais pas parler, j’écrivais. Jusqu’à en tordre mes doigts en oubliant de manger. Sur cette chaise, le monde n’existait pas. Seule ma tante, surprise de mon absence, me descendait un plateau que je mangeais Ă  la hĂąte. A 13 ans, je ne me lavais pas, je passais des nuits blanches Ă  dĂ©couvrir de nouveaux horizons. C’est seulement au moment oĂč la sonnette retentissait que je me faufilais dans les draps sous le regard amusĂ© de Kbira, la « bonne ». Cette femme aux traits grossiers et Ă  la dĂ©gaine maladroite, c’était ma mĂšre de substitution, la remplaçante de l’absente, malade. « Tu sais, ta maman ne peut pas s’occuper de toi, tu vas devoir ĂȘtre une femme toute seule maintenant. Ce n’est pas de sa faute, ne lui en veux pas » m’expliquait ma mĂšre provisoire en me caressant les cheveux. J’étais allongĂ©e sur son genou. Adolescente, je m’en fichais complĂ©tement. Mes seules prĂ©occupations Ă©taient les garçons, la mode, la musique et la rĂ©bellion. Et cela se voyait dans mon style. Baggy, caleçon masculin apparent, T-shirt Eminem large Ă©taient autant d’accoutrements avec lesquels j’exprimais mon envie d’ĂȘtre tout sauf une jeune fille.
  Soit, je ne pouvais pas ĂȘtre un homme. Mais, je pouvais parer Ă  toute interaction en me travestissant. Mes goĂ»ts pour les arts « de mec » dans les annĂ©es 2000, le rap, la boxe, aidaient. Je n'Ă©tais pas encore pubĂšre que j'avais grossi mes cordes vocales par exercice. Ma voix Ă©tait devenue rauque, dissuasive, irascible. Mes cheveux Ă©taient coiffĂ©s en arriĂšre, mon pantalon tombait sur mon caleçon car oui je portais des boxers. Cela me permettait une libertĂ© de discours, une vulgaritĂ© et Ă  la paix Ă  laquelle je revendiquais. J'Ă©tais en mesure d'insĂ©miner le milieu masculin Ă  ma guise, ayant jouĂ© Ă  l'Ă©lastique et Ă  la corde Ă  sauter tout mon soul. Je voulais du corps Ă  corps viril, de l'observation passive et des commentaires. Je me surprenais Ă  commenter le corps des jeunes filles avec les autres. Parler de drogue, de transgression, de rigoler de blagues grasses qui ne faisaient rire que nous.
Je n'avais pas encore de seins. Ainsi je me fondais dans la masse pas encore tout Ă  fait testostĂ©ronĂ©e mais qui avait le mĂ©rite d'en parler. Les voix fluettes se complaisaient encore dans l'enfance et moi je voulais grandir vite. Mais malgrĂ© ma dĂ©marche dĂ©sarticulĂ©e et ma voix Ă©raillĂ©e, mes parents s'apercevaient de la supercherie : je ne pouvais pas jouer dehors, je devais rester dans le dedans, enlever mon dĂ©guisement quand bien mĂȘme il transpirait mon intĂ©rioritĂ©. Sans contrefaçon, j'Ă©tais un garçon. Cette dĂ©marche sociologique allait rester Ă  l'Ă©cole. Cette rĂ©bellion, j'allais devoir la mener de front. Au grand dam des professeurs qui voyaient d'un trĂšs mauvais oeil que je change de dĂ©terminismes, que je troque le rose contre le bleu, Lorie contre Eminem, et ma voix aigĂŒe contre un lyrisme rauque et rieur. J'Ă©tais ce qu'ils voulaient, pourtant, l'aĂźnĂ© garçon, l'hĂ©ritier, celui qu'on allait laisser courir. Mais, contre toute attente, je n’étais qu’une fille, emprisonnĂ©e, de l’école Ă  la maison. Mon geĂŽlier, mon pĂšre.
  A ma naissance, la sentence Ă©tait tombĂ©e. C'Ă©tait sans appel. Comme un baptĂȘme de feu pour le nourrisson que j'Ă©tais, on m'a chuchotĂ© la Fatiha dans mes dĂ©buts d'audition. Bismi Lah Arrahman Arrahim. “ On naĂźt musulman et on meurt musulman” Ă©ructait mon grand-pĂšre paternel dans sa solennitĂ©. La chambre de la clinique oĂč ma mĂšre venait de mettre bas Ă©tait une garden-party de la bourgeoisie de l'islam. Dans cette suite d'une trentaine de mĂštres carrĂ©s s'amoncelaient des fleurs, des chocolats dans un sillage d'oud et de serghina. Le cristal Saint-Louis et l'eau de fleur d'oranger Ă©taient les liqueurs de ces demi-dieux marocains Ă  l'arriĂšre des berlines.
 Ma pauvre mĂšre, Ă  19h15, avait pris littĂ©ralement 12 heures de travail dans la pure connivence de sa famille, belle-famille et consorts. Son gynĂ©co, un membre de sa famille Ă©galement Ă©tait entre les jambes de ma mĂšre avec un forceps et un scalpel. A son chevet, mon pĂšre filmait avec une camĂ©ra de fortune les premiĂšres secondes de ma vie. J'Ă©tais nĂ©e et c'Ă©tait dĂ©jĂ  un Ă©vĂšnement pour eux. Je n'Ă©tais qu'une fille mais on m'acclamait comme la prĂ©citĂ©e Leila Bennani, aĂźnĂ©e d’une dynastie.
Bennani, une famille, une branche de prĂšs de 600 personnes. Cette brochette ruisselait sur moi. Enveloppes, Baccarat, Murano, tableaux de maĂźtre, tant d'offrandes sur l'autel de mon sacrifice. Je n’étais pas encore nĂ©e que j'Ă©tais en Absurdie. Des you-yous retentissaient pour fĂ©liciter ma naissance, il faisait chaud dans la clinique. Les fleurs succĂ©daient au chocolat et ma mĂšre Ă©touffait Ă  cause des allĂ©es et venues. Le plus beau jour de sa vie allait vite se transformer en garden-party qui allait prĂ©cĂ©der mon baptĂȘme. Cette fĂȘte allait ĂȘtre mon sacre. Pour marquer le coup, mon grand-pĂšre a dĂ©pensĂ© une somme folle. Traiteur, orchestre, gĂąteau, tout Ă©tait au rendez-vous pour cĂ©lĂ©brer un bĂ©bĂ© transportĂ© sur un trĂŽne par sa famille. Ils me ballotaient de bras en bras, me portant sur leurs Ă©paules et je ne savais pas de quoi il en retournait, Ă  un an. Je soufflais la bougie de mon premier gĂąteau. Des liasses de billets Ă©taient dans les poches de mes parents, offertes par leurs proches, question de tradition. Cette fĂȘte allait ĂȘtre inoubliable et immortalisĂ©e par un vrai cameraman, comme on en faisait pas dans la ville.
Ma mĂšre Ă©tait d’une beautĂ© diaphane. Plantureuse, la peau laiteuse, elle rayonnait d’une majestĂ© andalouse et enviĂ©e. A 19 ans, elle avait un port de tĂȘte gracieux et dansait avec des bras langoureux sur des mĂ©lodies orientales. Elle devait bien se faire voir et sortait d’une torpeur post-partum. Il me semble qu’elle Ă©tait heureuse sur les vidĂ©os. Mon grand-pĂšre Ă©tait aux anges, il me tenait dans ses bras et me bĂ©nissait. Plus tard dans la soirĂ©e, mon oncle bijoutier allait me percer les oreilles, une coquetterie pour signifier que j’étais une fille aux cheveux trĂšs courts. Je hurlais de douleur sous les cliquetis de l’appareil photos mais tout le monde m’acclamait. Ces scĂšnes sont immortalisĂ©es dans un album photo qui a pris la poussiĂšre. Ce recueil d’une enfance morte, ce sont les souvenirs qu’il me reste d’une Ă©poque heureuse.
Maman avait une destinĂ©e curieuse. Egalement issue de la jeunesse dorĂ©e casablancaise, elle ne s’intĂ©ressait pas Ă  l’école, comme moi. DouĂ©e en français, elle prĂ©fĂ©rait lire des magazines et danser. Une chose normale Ă  15 ans mais Ă  cet Ăąge dans les annĂ©es 80, elle avait dĂ©jĂ  des prĂ©tendants. « Ce ne sont que les moches qui on leur bac » lui a-t-on martelĂ©. Alors elle l’a assimilĂ© et prĂ©fĂ©rait s’amuser avec ses cousines et parler au tĂ©lĂ©phone avec ses amis. Son insouciance lui a valu de se faire exclure de tous les collĂšges qu’elle frĂ©quentait. Son pĂšre, plutĂŽt sĂ©vĂšre, l’a surprend en train de fumer. Il la rĂ©primande et lui interdit alors d’aller Ă  l’école.
Sa grand-mĂšre l’accueille et lui autorise cette lubie, qu’elle juge normale puisque la cigarette Ă©tait admise dans cette famille fassie oĂč toutes ses tantes fumaient. Elle allait alors rentrer dans la cour des grands et devenir une vraie femme. Sa nouvelle maison, un vĂ©ritable riad oĂč l’on recevait jusqu’à 100 personnes. Cette demeure, vĂ©ritable domaine aux hectares de jardin, accueillait constamment des invitĂ©s. A l’entrĂ©e de cette villa gardĂ©e par un jeune concierge, on pouvait voir des petites tables en rotin oĂč Ă©taient installĂ©s quelques invitĂ©s qui se faisaient discrets pour fumer.
En s’approchant du perron, nous pouvions dĂ©jĂ  entendre le brouhaha des dizaines de femmes de mĂ©nage qui cuisinaient dans un vĂ©ritable vacarme. Elles Ă©taient chapeautĂ©es par Assia, mon arriĂšre-grand-mĂšre, qui Ă©tait dĂ©passĂ©e par le nombre d’invitĂ©s. En quittant la cuisine, la maitresse de maison s’entretenait avec son mari, un rĂ©sistant au protectorat, respectĂ©. Il portait une toque en fourrure et une jellaba immaculĂ©e, il Ă©tait seul dans le salon, dans un fauteuil roulant. Il avait des allures de roi dans son siĂšge Ă©carlate tout de velours prĂšs d’une cheminĂ©e en marbre. PrĂšs de lui, ses petites filles, des donzelles qui fumaient des Marlboro Light en s’esclaffant. Dans un grand salon marocain intimiste, il y’avait 40 personnes qui profitaient d’une ambiance bon enfant. Sur chaque petite table installĂ©e devant les groupes d’invitĂ©s, trĂŽnait un verre de thĂ© fumant.
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kevinouadhi · 5 years ago
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BLACKBIRD
Premier billet, on fĂȘte ça avec une histoire de Superman que j’ai Ă©crite.
INT - JOUR - LA FERME DES KENT
Jonathan et Martha Kent sont dans la cuisine. Jonathan boit son café pendant que Martha coupe des tranches de pain. Ils ont l'air inquiet. On entend la radio.
RADIO ... Sans transition, l'ouragan Carol a continué sa route sur la vile de Wichita, entraßnant la destruction de plusieurs établissements, fort heureusement il n'y a eu aucune perte à déclarer ainsi que trÚs peu de blessés. Selon les experts c'est un véritable miracle si on tient compte de la violence du phénomÚne. Plus de détails sont à prévoir dans les prochaines heures. Le président aurait déclaré...
MARTHA Il n'est toujours pas levé.
JONATHAN Il ne se lĂšve plus qu'Ă  midi en ce moment.
MARTHA *soupir*
Un bruit. On entend quelqu'un qui descend les escaliers. Clark apparaßt dans la cuisine, visiblement trÚs fatigué.
MARTHA Bonjour toi, c'est Ă  cette heure ci qu'on se lĂšve ?
Pas de réponse. Clark se verse des céréales dans un bol.
MARTHA Alors ? C'Ă©tait bien cette nuit ?
CLARK ... De quoi ?
MARTHA Tu Ă©tais oĂč ?
CLARK Dans ma chambre.
MARTHA Je suis rentré dans ta chambre, tu n'y étais pas.
CLARK Quoi ? Je t'avais dit de pas rentrer sans me le dire !
MARTHA Dis moi oĂč tu Ă©tais.
CLARK ...
JONATHAN Clark. On a reçu un mot de ton professeur principal. Il nous a dit que tu avais manqué plusieurs cours la semaine derniÚre.
CLARK ...
JONATHAN Et tu es toujours fatiguĂ© en ce moment. Et ça, ça ne te ressemble vraiment pas. OĂč Ă©tais tu cette nuit ?
CLARK ...
MARTHA Clark, on ne cherche pas à t'engueuler, on s'inquiÚte pour toi. Tu grandis, tu passes une étape difficile, crois moi ton pÚre et moi sommes déjà passés par là, on comprend que...
CLARK Non. Personne comprend.
JONATHAN Tu as peut ĂȘtre l'impression d'ĂȘtre le seul Ă  ressentir ça, mais c'est faux, moi Ă  ton Ăąge...
CLARK A mon Ăąge quoi ?! Ca t'es dĂ©jĂ  arrivĂ© ça peut ĂȘtre ?!
Clark se saisit du couteau Ă  pain sur la table, et se le plante brutalement dans la main. Aucune Ă©gratignure, pas mĂȘme une marque. La lame du couteau s'est brisĂ©e. Les deux parents sont surpris, non pas par le rĂ©sultat, mais par le comportement de leur fils.
MARTHA Clark !
JONATHAN Mais ça va pas ?!
Clark les regardent, ils sont apeurés. Il s'enfuit dans sa chambre.
MARTHA ... Ses pouvoirs grandissent en mĂȘme temps que lui. Comment on peut faire pour lui parler ?
JONATHAN Il est aussi dépassé que nous.
MARTHA Tu devrais aller le voir.
JONATHAN Tu ne viens pas ?
MARTHA Si on va le voir tous les deux, il va s'envoler. Non, vas y toi, je pense que c'est bien que ça vienne de son pÚre.
JONATHAN TrĂšs bien.
Jonathan monte les escaliers et s'arrĂȘte devant la porte de son fils.
JONATHAN Clark, c'est moi, ouvre.
CLARK Je sais que c'est toi, je te vois.
JONATHAN ... Moi je ne te vois pas, alors ouvre.
CLARK Si je t'ouvre tu vas encore me faire la leçon.
JONATHAN Je veux juste t'aider.
Clark ouvre brutalement la porte.
CLARK Si tu veux m'aider, rends moi normal maintenant !
JONATHAN ... Personne n'est normal.
CLARK Voilà, j'en étais sûr.
Il retourne s'asseoir sur son lit. Jonathan le suit.
JONATHAN Tu grandis. Ton corps change. Alors d'accord, ça a des effets chez toi qui n'ont rien à voir avec qui que ce soit sur Terre, mais ça ne veut pas dire que tu es différent de nous. Tu es notre fils, nous sommes tes parents et nous t'aimons. Peu importe que tu sois invulnérable, que tu puisses t'envoler ou que des tentacules te poussent à la place des bras tu m'entends ? Nous serons toujours là pour toi.
CLARK Papa... Je les entends la nuit...
JONATHAN Quoi ? Tu entends quoi ?
CLARK Tout.
JONATHAN Comment ça "tout" ?
CLARK (au bord des larmes) J'entends des gens ! Mais je suis pas fou je te le jure ! Je les entends ! Tout le monde ! Je les entends qui souffrent, qui appellent Ă  l'aide ! C'est insupportable !
JONATHAN Eh, du calme, tout va bien, Ă©videmment que tu n'es pas fou. Raconte moi.
CLARK C'est souvent la nuit quand y'a pas trop de bruit autour de moi. J'entends des accidents, des agressions, des gens qui hurlent... Alors...
JONATHAN ... OĂč es tu allĂ© cette nuit ?
CLARK A Wichita.
JONATHAN Wichita ?... LA TORNADE ?!
CLARK Je les entendais mourir papa ! Ils Ă©taient si nombreux !
JONATHAN (panique) Mais tu n'as pas été blessé j'espÚre ?!
CLARK (colĂšre)
Papa, je ne PEUX PAS ĂȘtre blessĂ© ! C'est pour ça que tu peux pas comprendre ! Tu ne sais pas ce que ça fait d'ĂȘtre insensible et d'ĂȘtre condamnĂ© Ă  Ă©couter les autres souffrir ! C'est injuste ! Je peux plus le supporter.
JONATHAN Alors tu voles Ă  la rescousse des gens ? Rassure moi, c'Ă©tait la premiĂšre fois ?
CLARK ...
JONATHAN Ca fait combien de temps ?
CLARK Ca fait 1 mois que j'entends les gens la nuit.
JONATHAN 1 mois ?! Et tu ne nous en a pas parlé ?!
CLARK Si je vous l'avais dit, vous m'auriez empĂȘchĂ© !
JONATHAN Evidemment qu'on t’aurait empĂȘchĂ© ! Imagine si quelqu'un te reconnaĂźt, tu ne pourrais plus vivre normalement !
CLARK Parce que me réveiller en pleine nuit à 10 mÚtres au dessus du sol c'est "vivre normalement" ?!
JONATHAN Tu vois trĂšs bien ce que je veux dire ! Et en plus, tu n'as que 15 ans, ce n'est pas un Ăąge pour aller sur des lieux de catastrophe voir des gens agoniser et mourir ! Tu as beau ĂȘtre invulnĂ©rable tu es encore un enfant !
CLARK Non, je suis un homme maintenant, et je dois assumer mes responsabilités.
JONATHAN Quelles responsabilités ?! A quel moment tu dois quoi que ce quoi à quiconque ? Ca fait 1 mois que tu ne dors plus, que tu sÚches les cours, que tu mets en danger ton avenir et ta santé ! D'accord, un coup de couteau ne te fait rien, mais 1 mois sans dormir ne t'a pas vraiment réussi tu le vois bien ! Tu n'as pas à porter le poids de la misÚre du monde sur tes épaules, ce n'est pas ta faute si des gens meurent ! C'est comme ça, ça l'a toujours été et ça le sera toujours, tu n'as rien à voir la dedans.
CLARK (explosant) Alors pourquoi je les entends ?! Pourquoi je suis capable d'entendre leur voix à des milliers de kilomÚtres ?! Pourquoi je peux me déplacer plus vite qu'une balle de pistolet, soulever 10 tonnes d'une seule main et m'envoler plus rapidement qu'un avion ? Pourquoi j'ai tous ces pouvoirs si c'est pas pour les utiliser pour sauver des gens ?! Dis le moi !
Temps.
JONATHAN ... Je ne sais pas. Je ne suis qu'un fermier Clark, et ça... Ca me dĂ©passe complĂštement. Tout ce que je sais c'est que tu es un garçon extraordinaire, et qu'en plus de ça, tu as reçu des dons qui nous Ă©chappent. Et crois moi, chaque jour je remercie le ciel que ce soit toi qui les ai eu. Tu penses que n'importe quelle autre personne dans ce monde aurait utilisĂ© ces pouvoirs pour aider les gens ? Prends n'importe lequel de tes camarades de classe, qui n'aurait pas dĂ©jĂ  frimer avec ça Ă  l'Ă©cole ? Tu vois Scott voler jusqu'Ă  Wichita pour sauver des inconnus ? DĂ©jĂ , tu le vois manquer ses 8h de sommeil ? Je ne crois pas. Pourquoi tu as reçu ces pouvoirs ? Je ne sais pas. Et on ne le saura sans doute jamais. Tu les a, c'est comme ça. Je trouve ça merveilleux que tu penses aux autres, je ne compte pas t'empĂȘcher de faire le bien autour de toi, mais tu dois le faire pour de bonnes raisons, sans te dĂ©truire comme tu le fais.
CLARK Donc j'ai le droit ?
JONATHAN Ca dépend. Si c'est vraiment ce que tu comptes faire de ta vie. Et il faudra en discuter avec ta mÚre... Mais une chose est sûre, interdit la nuit et pendant les heures de cours. Tu ne peux pas vivre pour les autres.
Tu dois t'autoriser Ă  penser Ă  toi.
CLARK Mais... Comment je fais la nuit ? Quand je les entends ?
Temps.
JONATHAN ... Tu te bouches les oreilles.
FIN
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maudguyane · 5 years ago
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Un atterrissage en douceur.
31 octobre – 14 novembre
 Me voilĂ  partie de mĂ©tropole (et non pas de France attention !!) pour la Guyane.  Un poste de 6 mois dans la maternitĂ© de Saint Laurent du Maroni m’attend ! C’est le CHOG (centre hospitalier de l’Ouest Guyanais). Seule pour le moment, c’est une expĂ©rience inĂ©dite pour moi (je suis l’exemple de ma sƓur !!!). Heureusement j’ai Ă©tĂ© bien Ă©quipĂ© par Constant (ordi, enceinte, casque) et bien aiguillĂ© avant mon arrivĂ©e. Ce qui m’a permis de trouver une coloc depuis la mĂ©tropole et d’ĂȘtre donc attendue et accueillie Ă  Saint Laurent. Dans la coloc nous sommes 7 dont 2 couples. Je suis arrivĂ©e le 31 octobre en fin d’aprem Ă  l’aĂ©roport de Cayenne oĂč un taxi m’attendait. Dans le mini bus, ma voisine arrivait pour un poste d’infirmiĂšre au CHOG! Elle a reçu son billet d’avion la veille ; comme quoi je n’avais pas Ă  me plaindre d’avoir reçu le mien 1 semaine avant le dĂ©part ! TrĂšs sympa, nous roulons 3 heures jusqu’à St Laurent. Le chauffeur va trĂšs vite, je me dis qu’il doit ĂȘtre au dessus de la vitesse rĂ©glementaire sur une dĂ©partementale : en effet 130km/h. Au moins c’est plus rapide.
La coloc
Les styles et les mĂ©tiers sont variĂ©s Ă  la coloc : Ă©lectricien, infirmiĂšre, instit, assistante sociale, interne et sage-femme (moi-mĂȘme). Ils sont lĂ  depuis 2, 6, 12 mois, ici les mĂ©tropolitains arrivent pour une certaine durĂ©e puis prolongent d’autant. Pour ma part ça ne se prolongera pas mĂȘme d’un jour, la Roberto dictature me l’interdit. Notre coloc se trouve Ă  cĂŽtĂ© du quartier haĂŻtien sur la route principale qui vient de Cayenne ; on prend une piste pour quitter la grande route et le long de cette piste se trouvent plusieurs maisons alignĂ©es. La notre est accolĂ©e Ă  une autre coloc de 6 mĂ©tro et ensuite une maison avec pleins d’enfants. Juste en face des maisons se trouve la forĂȘt, c’est agrĂ©able ! Le soir de mon arrivĂ©e les coloc m’expliquent qu’il faut faire attention et bien fermer la maison la nuit et quand on est pas lĂ , d’autant plus en ce moment car ce sont les vacances et du coup y a plus de vol. « Les mecs viennent de la forĂȘt et rodent, quand le chien aboie c’est que y a quelqu’un qu’il ne connait pas qui rode. L’autre jour il aboyait, David est allĂ© voir chez les voisins qui Ă©taient absent, il a dĂ©logĂ© un mec qui rodait avec sa machette » okayyyy bienvenu !! Tout ça aprĂšs une arrivĂ©e de nuit et une chambre petite et vide, j’étais pas rassurĂ©e ! Mais une fois le jour se levĂ©, tout m’a paru moins hostile !!
Ce qui me rĂ©jouit dans cette coloc et dans cette ville : on ne pourra plus me dire que je n’ai jamais Ă©tĂ© en coloc, mes colocs cuisinent super bien, on joue au combo/ dutsh, il y a une piscine pour se rafraichir quand on est en sueur parcequ’on a lavĂ© un verre, il n’y a pas d’araignĂ©e que des cafards parfois, je peux acheter des yagourts, tout est accessible en vĂ©lo, les enfants qui viennent souvent nous voir, les soirĂ©es jeux et les discussions Ă©cologie/ nature et excursions en Guyane (autant dire qu’entre les uns qui sont vĂ©gĂ©tariens, les autres qui font leur propre lessive et liquide vaisselle 
 je ne semble pas Ă  la page !!), il fait moins chaud qu’aux Philippines la nuit et j’ai un ventilateur pour moi toute seule, une coloc a rapportĂ© son vidĂ©o projecteur et son appareil Ă  raclette de mĂ©tropole, aller nager dans le Maroni, avoir rĂ©servĂ© un vol en ULM pour le 15 dĂ©cembre pour 20euros 
 partir le week-end en carbet !
 Les activités
De nombreuses choses à faire à St Laurent et en Guyane (mais ça sera pour plus tard!)
Saint Laurent borde le Maroni, de nombreuses criques/ plages permettent de s’y baigner ! Ne nous emballons pas, quand je dis criques et plages on parle d’eau marron et de sol vaseux mais d’une eau douce Ă  27 degrĂ©s je pense ! BĂ©rĂ©nice (une coloc) fait du kayak sur le fleuve et en connait donc les courants. Elle va y nager parfois, samedi dernier je lui ai demandĂ© de m’y emmener. Nous sommes parties avec sa voiture se garer Ă  cĂŽtĂ© de la base de kayak et de la Goelette (bateau de pĂȘche en bois Ă©chouĂ©, dont un gars a dĂ©cidĂ© d’en faire un restaurant) et hope dans l’eau ! Pas beaucoup de fond et beaucoup de vase puis du fond et du courant, heureusement BĂ©rĂ© connaĂźt trĂšs bien les courants, je n’ai qu’à suivre. Nous remontons le rivage Ă  contre-courant (un peu lent du coup), je peux admirer ce qui nous entoure : les hauts arbres dans le ciel bleu mais surtout les racines gĂ©antes sur lesquelles les arbres semblent marcher. Ca ressemble Ă  la mangrove pour ceux qui connaissent. Je n’ose imaginer toutes les bĂȘtes qui m’entourent, BĂ©rĂ©nice m’a dit que je n’avais rien Ă  craindre, ne rĂ©flĂ©chissons pas trop ! Au bout de 30-45min (qui passent beaucoup plus vite que les AR dans la piscine de Levallois) nous arrivons au terrain de polo de kayak, Ă  marĂ©e basse un Ă©tang se forme dans la vĂ©gĂ©tation et 2 paniers sont suspendus pour le jeu. BĂ©rĂ©nice m’explique la diffĂ©rence entre les punks Ă  chien et les skined, elle m’explique qu’elle ne supporte pas quand dans la rue les gens la traite de rasta Ă  cause de ses dread. Elle n’est pas rasta pour un sou me dit-elle, elle aime juste coiffer ses cheveux ainsi. Nous reprenons notre nage, direction l’üle au LĂ©preux avec quelques consignes avant :
« on va devoir viser beaucoup plus haut que l’ile parce que juste la y a une marmite, si tu es prise par son courant et qu’il t’amĂšne en son centre, tu ne peux plus rien faire, ça sert Ă  rien de se dĂ©battre de toute façon tu ne sauras pas oĂč est le haut et oĂč est le bas, tu te laisses couler et quand tu touches le fond tu te dĂ©gages sur le cĂŽté »
«   okayyyyy man je te suis 
 »     
La traversĂ©e Ă©tait rapide mais j’ai eu temps de flipper avec le courant qui tirait bien fort dans un sens puis dans l’autre, BĂ©rĂ©nice paraissait bien dĂ©tendue, je suivais. Comme vous l’aurez compris il s’agit d’une Ăźle dans laquelle on parquait les lĂ©preux et cette Ăźle est voisine de l’üle de la quarantaine ! L’üle aux lĂ©preux est petite, on y trouve des cabanes (4 poteaux et un toit) oĂč vivaient les lĂ©preux, aujourd’hui on peut venir y dormir avec son hamac mais ça n’est pas trĂšs conseillĂ©. Les gens viennent plutĂŽt y faire un tour en canoĂ«. Bref, une trĂšs belle excursion ! Nous rentrons aprĂšs 2h de balade/nage Ă  la GoĂ©lette.
Lundi, le gars qui m’a refilĂ© sa chambre dans la coloc m’a proposĂ© de m’emmener en voiture acheter un ventilo et voir pour un vĂ©lo 
trop sympa !! Il m’a expliquĂ© les diffĂ©rentes ethnies de la Guyane mais ça sera pour une prochaine lettre! Puis nous sommes repassĂ©s Ă  la coloc rĂ©cupĂ©rer Camille et 2 enfants pour se baigner Ă  la crique de Terre Rouge. C’était au coucher du soleil, marĂ©e basse, les arbres penchĂ©s au dessus de l’eau, magnifique !! (photos ci-dessous). Le ciel flamboyant, la forĂȘt Amazonienne (pas la primaire bien sur) et le calme, un dĂ©lice. Maxime va souvent Ă  cette crique, tous les jours ou tous les 2 jours « quand t’as envie d’y aller tu m’appelle et je viens te chercher ! ». Yes cimer !! Lundi aprem avec les coloc on a tentĂ© une autre crique « la crique Tatoue » qui n’a vraiment rien d’une crique pour le coup ! 15 min de caisse puis 15km de piste, MahĂ© (une voisine) s’est Ă©clatĂ©e au volant elle se croyait au Paris/ Dakar. La crique se trouvait au milieu de la forĂȘt : de la terre rouge, de l’eau douce qui s’écoule de bassin en bassin, on a fait trempette puis des jeux de cartes, tranquille quoi !!
Sinon niveau activitĂ© y a aussi un club de voile qui propose des cours de planche/dĂ©riveur/multi activitĂ©s sur le Maroni mais vu le prix je vais peut-ĂȘtre plus m’inscrire au cours de salsa batchata ou de cirque !
Boire un jus de fruit frais. Au marchĂ© (2 fois/ semaine) on peut s’installer Ă  une petite table entre le boucher et le resto de pho, et autres dĂ©lice d’Asie, pour dĂ©guster un dĂ©licieux jus de fruit frais (pastĂšque, gingembre-citron, maracuya, banane 
) et laisser son esprit flĂąner ! Camille (une coloc) m’y a emmenĂ©e le lendemain de mon arrivĂ©e, un dĂ©lice. Un dĂ©lice une fois les courses de fruits et lĂ©gumes terminĂ©es au marchĂ©. On peut aussi y dĂ©jeuner : nems, rouleaux de printemps and co. Dimanche soir, nous sommes allĂ©s boire un jus de fruit Ă  « Point couleur », une buvette sur une pelouse le long du Maroni. La buvette se trouve Ă  cĂŽtĂ© de la piscine qui a fermĂ© lundi pour 5 mois...dommage ! En sirotant son jus et en grignotant de cochoneries frites du BrĂ©sil on peut voir une petite Ăźle recouverte d’arbres qui est en fait un bateau Ă©chouĂ© lors de la 2nd guerre mondiale et sur lequel la vĂ©gĂ©tation s’est installĂ©e
 Pas de dĂ©chetterie Ă  St Laurent du coup les Ă©paves de bateaux ou les carcasses de voitures sont laissĂ©es sur le lieu du naufrage/accident.. Je reviendrais Ă  cette buvette car ils y vendent des churros !!!!! Je suis venue en moto avec le voisin et pour le retour nous sommes passĂ© par « Paddock », le village amĂ©riendien. C’était gĂ©nial, ça me rappellait les Philippines quand on louait des motos. Il faisait nuit, les habitations Ă©taient Ă©clairĂ©es, les gens nous regardaient passer.
Hier, comme je travaillais la nuit, et que c’était jour de marchĂ© je voulais aller y dĂ©jeuner 
 mais tous mes colocs travaillaient. Alors que je me baignais en musique sur l’Aziza, Max et Max les anciens colocs sont arrivĂ©s pour rĂ©cupĂ©rer leurs affaires, je leur ai proposĂ© un dej sur le marchĂ© (ne pas perdre son but de vue bien sur !!).  Max et sa sƓur circacienne (qui fait du cirque, de la roue de cyr plus prĂ©cisĂ©ment) sont venus me chercher Ă  l’heure du dej. Un pho et un rouleau de printemps puis nous sommes allĂ©s dĂ©guster ça sur le bord du Maroni avec un jus frai pastĂšque citron ! Comme beaucoup de gens ici j’ai l’impression, ils ont des vies un peu dĂ©cousues/ difficiles psychologiquement. J’écoute, je pose des questions. DĂ©pression, hospitalisation, crise de panique, pĂšre bipolaire, frĂšre dĂ©pressif 
 je vous fais un condensĂ© la mais heureusement ça n’est pas la majoritĂ© des gens non plus ! Des niveaux de vie diffĂ©rents de ceux qui nous entoure en rĂ©gion parisienne.
Les nuits en carbet.
C’est mon deuxiĂšme week-end en Guyane et me voilĂ  dĂ©jĂ  partie en carbet ! Merci Ă  AdĂšle, une sage-femme de Louis Mourier venue en Guyane Ă©galement et Ă  Camille ma coloc. Un carbet c’est une cabane dans la forĂȘt, souvent sur le bord d’une riviĂšre, constituĂ© de 4 poteaux et un toit en tĂŽle oĂč tu poses ton hamac pour dormir. Il y a une table et un coin feu pour le barbeuc Ă©galement. Parfois des toilettes dans la nature parfois, parfois non. C’est roots. J’ai dĂ©butĂ© par le fameux carbet de Mr Li. Samedi soir j’étais prĂ©vu avec AdĂšle et ses amis (des infirmiers du Chog) et dimanche avec Camille et ses collĂšgues (des instit de 35-40 ans). Je pensais qu’il fallait marcher en forĂȘt pour y accĂ©der mais en fait pas du tout ! Les instit avaient prĂ©vus le matos du coup ! Les glaciĂšres Ă©taient pleines (biĂšres, gĂąteaux apĂ©ros, viandes, conserves en tout genre, brioches, cĂ©rĂ©ales, nutos 
de quoi nourrir un rĂ©giment). On a beaucoup trop mangé ! Le fils de Mr Li nous a emmenĂ© en pirogue Ă  moteur jusqu’aux carbets. 20 minutes de pirogue sur la Mana (le fleuve), au milieu de la forĂȘt si verte et si dense. J’étais dĂ©jĂ  surexcitĂ©e. Les carbets Ă©taient au nombre de 3 + celui des proprios. Nous sommes partis Ă  14h, une balade guidĂ©e dans la forĂȘt Ă©tait organisĂ©e le dimanche matin
tout ceci pour la modique somme de 35 euros (pirogue + carbet + balade), ils se font pas chier les chinois !! Quoiqu’il en soit c’était top !
Ce qui Ă©tait ouf c’est surtout qu’il y avait un ponton de bric et de broc avec une tyrolienne (qui avançait trĂšs mal) 
 de quoi passer des aprĂšs-midi Ă  faire des saltos et autres conneries ! Deux des collĂšgues de Camille Ă©taient complĂštement tarĂ©s, c’était gĂ©nial ! Surtout un, il doit peser plus de 100kg mais alors rien de l’arrĂȘte ! Je ne calculerai pas le nombre de plat qu’il a fait depuis la tyrolienne ou en tentant des figures mais le mec n’a peur de rien ! J’admire ! Il a tentĂ© en 2 seconde son 1er salto arriĂšre, du haut du ponton de 3 mĂštres je pense et il a rĂ©ussit. Quand il a voulu tenter le double salto avant en partant en courant 
ça a finit en Ÿ de salto avec un plat final sur le dos, le fou rire qu’on a eu, magique. Nous avons tentĂ© des prouesse avec Camille sur la tyrolienne Ă  2, plus ou moins concluantes mais trĂšs drĂŽles. J’ai rĂ©ussi mon 1er salto arriĂšre demi vrille (trop saucĂ©eeee) et avec un des mecs on a tentĂ© le  salto avant suivi d’un plongeon 
un plat chacun, la tĂȘte ou les cuisses au choix ! Martin j’ai fait ça pour toi !!! Tu m’aurais dit « mais vas y t’es nulle faut essayer ;) J’ai beau ĂȘtre plus jeune, ils sont beaucoup plus tĂȘte brĂ»lĂ©e que moi ! C’était vraiment ouf, on s’est trop marré ! Objectif avec le collĂšgue : rĂ©ussir cette figure avant de rentrer en mĂ©tropole ! Je vous mets des vidĂ©os plus loin !
Samedi soir j’étais donc avec AdĂšle et ses potes, trĂšs sympa, puis ils m’ont un peu perdu quand ils Ă©taient tous dĂ©foncĂ©s le soir (ça fume beaucoup la bas), du coup j’étais pas mĂ©contente de passer la 2Ăšme soirĂ©e avec les instits qui sont plus branchĂ©s biĂšres ! Dimanche matin, le fils de Mr Li nous a emmenĂ© faire la balade en forĂȘt. On y a vu un serpent chasseur, il n’est pas venimeux, se dĂ©place Ă  45km/h sur 10sec puis s’arrĂȘte, si vous en voyez un il faut courir vite et ne pas de retourner ! Quelques singes sont passĂ©s haut dans les arbres mais on a surtout senti la dĂ©marcation de leur territoire, waouh on ne peut pas la louper. Nous avons vu le terrier d’une mygale squelette mais le monstre s’était caché ! Ma 1Ăšre araignĂ©e fut pour mardi 12 novembre Ă  la mater : une mygale bien poilue dans le poste de soin ! L’autre sage-femme et moi avons juste criĂ© (d’une utilitĂ© incontestable) et les aides soignantes habituĂ©es sans doute l’ont mise dans une pelle Ă  l’aide d’un balais puis dans un sac poubelle car il ne faut pas l’écraser sinon elle pond ses Ɠufs ! Elles t’chipaient c’était Ă©norme ! Revenons Ă  Mr Li qui aprĂšs nous avoir montrĂ© un camĂ©lĂ©on (non je ne l’ai pas vu changer de couleur) nous a fait une dĂ©monstration de tous les piĂšges qu’utilisaient ses ancĂȘtres (les Mongues) pour la chasse. Juste avec du bois, des encoches et de la ficelle. On y attrape des rongeurs comme des fĂ©lins ... comme des hommes (le genou flinguĂ© ou mort tout simplement), attention aux fils tendus dans la forĂȘt quoi !!
Le CHOG
C’est une autre paire de manche ! RDV le vendredi, lendemain de mon arrivĂ©e pour rencontrer les cadres. Dans le taxi ma voisine me dit que son RDV est annulĂ© puisque c’est fĂ©rié ah ok merci de prĂ©venir. Lundi j’ai rdv pour la journĂ©e de formation, pas d’heure, pas de lieu de rdv et quand je trouve la cadre dans les couloirs « en fait Maud on va faire la journĂ©e demain car aujourd’hui vous ĂȘtes toute seule mais attendez moi ici et on se voit aprĂšs le staff ». Okay merci, je suis Ă  votre entiĂšre disponibilitĂ© bien sur, demain Ă©tait un jour off mais pas de souciiiis. Bref mardi journĂ©e de formation, j’ai fini en PLS quand j’ai vu toutes les taches que les sages-femmes ont Ă  accomplir et la tĂȘte des dossiers (mazette le bordel). La formation Ă©tait intĂ©ressante, prĂ©sentation de la Guyane, ses populations, ses spĂ©cificitĂ©s, les pathologies de grossesse, visites des services et pause dĂ©j au resto. En sortant de cette journĂ©e je n’arrivais plus Ă  rĂ©flĂ©chir.
A partir d’ici, les novices en obstĂ©trique pourront avoir une petite idĂ©e de l’activitĂ© d’une maternitĂ© et les plus confirmĂ©s pourront se marrer un peu. Constant je ne parlerai pas de GHR mais t’inquiĂšte y aura des mots techniques Ă  rĂ©utiliser. Du coup le service de salle de naissance est constituĂ©  de 6 salles de naissances et 4 salles de prĂ©travail toutes nouvellement Ă©quipĂ©es (l’hĂŽpital a Ă©tĂ© construit il y a 1 an), 2 salles de rĂ©a bĂ©bĂ© (1 avec 3 tables et une autre pour les cĂ©sariennes avec 2 tables). 3 sages femmes en salle le jour et 2 la nuit (avec une sage-femme tournante sur tous les services la nuit pour aider en cas de rush car y a de l’activitĂ© en ce moment.). Pas d’infirmiĂšre, seulement des aides-soignantes 
 sur qui ont peu plus ou moins compter car ici on ne se presse paaaaas. L’urgence ? C’est quoi ? Toutes les sages femmes viennent de mĂ©tropole (pas d’école de sage-femme ici ni de fac de mĂ©decine 
pas le niveau ?), la plus part ont peu d’annĂ©e de diplĂŽme donc c’est cool on est entre potes en fait ! Toutes les aides soignantes sont de Guyane. En gros l’hĂŽpital tourne avec des mĂ©tro pour les sages-femmes et les internes, un peu pour les mĂ©decins (les autres viennent d’Afrique et n’ont pas un trĂšs bon niveau, c’est pas Ă©vident) et les infirmiers aussi. Les locaux c’est plus les AS et la sĂ©cu.
Pour les urgences, 2 sages-femmes sont affectĂ©es jour comme nuit. L’activitĂ© est trĂšs intense le jour, beaucoup moins la nuit !! Les jours de marchĂ© y a moins de monde (forcĂ©ment Madame) et dans l’ancien hĂŽpital comme il Ă©tait Ă  cĂŽtĂ© du centre ville, quand on laissait les dames aller marcher 1h, elles revenaient 4h aprĂšs les bras chargĂ©s de bouffes : « Madame tu es allĂ© au marché ? », elles baissent les yeux comme un enfant pris la main dans le sac « non », « si Madame, me mens pas tu es allĂ©e au marché », tranquille la nana avec sa perf sur la main (pas avec le pied et la poche hein) qui va faire ses courses. J’adore.
On tourne en 12h30 ( 6h40-19h10, ce qui permet d’avoir une vraie soirĂ©e aprĂšs la garde c’est cool !)
Petite particularitĂ© ici : la trappe a bĂ©bĂ©. Habituellement lors d’une cĂ©sarienne, la sage-femme s’habille en habits de bloc et va rĂ©cupĂ©rer le bĂ©bĂ© auprĂšs du mĂ©decin dĂšs que le ventre est incisĂ© (on l’a fendu dit on dans notre jargon). Ici, pas besoin d’aller au bloc, on attend dans la salle de rĂ©a bĂ©bĂ© que l’infirmiĂšre du bloc nous amĂšne le bĂ©bĂ© Ă  bout de bras. La trappe donne direct dans la salle opĂ©ratoire. Autant dire qu’au niveau de la relation maman bĂ©bĂ© Ă  la naissance
. . Habituellement si le bĂ©bĂ© va bien on le montre Ă  sa maman, on le met sur son ventre au chaud quelques minutes le temps de le voir et de lui faire des bisous. LĂ , pas de cĂąlin, pas de bisous, juste les mains de la sage-femme puis la table d’examen avec la rampe chauffante au dessus de sa tĂȘte 
. Bienvenu !!! La relation avec le nouveau-nĂ© n’est pas la mĂȘme qu’en mĂ©tropole, sans faire de gĂ©nĂ©ralitĂ©, les mamans ne sont pas autant dans le lien avec le bĂ©bĂ©, bref ça n’a pas l’air de choquer les mamans, pour les bĂ©bĂ©s reste Ă  voir 
 !
Les femmes parlent peu français ou parfois quelques mots, il faut apprendre des mots en taki-taki ou srananga (un crĂ©ole) pour pouvoir poser les questions de base. C’est trop drĂŽle comme langue, un mix de français, anglais et espagnol :
-          You fili pain ? Tu as mal ?
-          You lashi watraa ? bloudou ? Tu as perdu de l’eau ? du sang ?
-          You fili pikin seke bon ? Tu sens bien ton bébé bouger ?
-          You fili crampou ? Tu sens de contractions ?
-          You pishi bon ? Tu fais bien pipi ?
Et puis un mot omniprésent : tchiper !
Attention avec les patientes, y en a pas mal qui comprennent plus ou moins le français mais qui te disent que non elles ne comprennent pas ... pck elles ont pas envie de faire l’effort. Au dĂ©but je ne le savais pas, du coup parfois je me retrouvais avec des dames qui arrivaient aux urgences : Tu comprends le français ? Elle te tchipe en disant non, j’essaie le taki avec mon anti sĂšche et la elle se marre en mode « pff je comprend rien », j’essaie de mimer et elle me regarde mĂȘme pas. Okay meuf on va pas s’en sortir lĂ , si tu fais aucun effort je risque pas de pouvoir t’aider. J’étais un peu dĂ©sorientĂ©e du coup. Puis les sages-femmes m’ont dit : ah mais tkt elles comprennent trĂšs bien, si elles veulent pas faire d’effort tant pis pour elles. Bon du coup les interrogatoires sont assez succin ! Crampou ? oui/non, bloudou ? oui/non, watra ? oui/non. Les pathologies sont plus cognĂ©es qu’en mĂ©tropole. Il n’est pas rare qu’une femme Ă©clampse en salle ou en suite de couche. L’éclamspie c’est une aggravation d’une pathologie de grossesse liĂ©e Ă  de l’hypertension et Ă  une fatigue au niveau du rein. Quand une patiente Ă©clampse elle convulse. Du coup y a un peu partout le matos pour la prendre en charge et on a tous une note plastifiĂ©e avec les mĂ©dicaments Ă  lui administrer et les dosages. Du coup si ça arrive, il faut vite lui mettre une canule dans la bouche avant que sa machoire ne se crispe. Je n’en ai pas vu encore mais on m’en a racontĂ© pas mal. Il ne faut pas pas compter sur les mĂ©decins mais plutĂŽt sur ses collĂšgues sages-femmes. En effet, la derniĂšre fois, le mĂ©decin est arrivĂ© et est restĂ© tĂ©tanisĂ© devant la patiente qui convulsait ainsi que l’anesth
allĂŽ allĂŽ c’est le moment d’agir la ! On verra comment je rĂ©agis quand ca sera pour moi ahah. Pas mal d’hĂ©morragies de la dĂ©livrance (c’est quand une patiente saigne aprĂšs son accouchement, normalement on perd entre 50 et 200 cc, quand on  dĂ©passe 500cc on parle d’hĂ©morragie). Les hĂ©morragies arrivent le plus souvent quand la patiente a dĂ©jĂ  accouchĂ© pas mal de fois. Comme ici il n’est pas rare que ça soit le 7Ăšme ou le 13Ăšme bĂ©bé bah forcĂ©ment elles saignent plus qu’en mĂ©tropole ! Hier soir j’ai reccupĂ©rĂ© une dame qui avait accouchĂ© le matin et saignĂ© plus d’1L, on a dĂ» lui transfuser un 2Ăšme culot de sang
ma 1Ăšre transfusion !!
Parfois le service est calme mais trĂšs souvent ça peut pĂ©ter d’un coup ! Mardi la journĂ©e a commencĂ© calmement puis c’est parti en live. Un dame qui saigne, ma collĂšgue qui demande une safe-femme en renfort, je viens l’aider, puis je ressors je retourne Ă  mes dossiers et la mon autre collĂšgue qui appelle de l’aide pour s’occuper du bĂ©bĂ© qui vient de naitre et qui a du mal Ă  atterrir et elle ne peut pas s’en occuper car sa patiente saigne un peu « coucou bĂ©bĂ© t’es qui ? et bien on va t’aider un peu ». Et quelques minutes plus tard « une 6Ăšme pare Ă  9cm qui accouche on vous la passe !!! », la dame arrive sur sa chaise, on l’allonge, ma collĂšgue la perfuse pendant ce temps la poche des eaux se rompt et la tĂȘte arrive, j’ai juste le temps de mettre mes gants. Mes chĂšres amies sage femmes (#safepoufsbranleuses) me liront en se disant « oui bah nous aussi on a ça parfois », sauf que lĂ  c’est pas parfois c’est tout le temps ! ;) Mais du coup j’apprend beaucoup de choses ! J’ai surtout appris Ă  ne pas vouloir faire comme en mĂ©tropole, Ă  accepter de ne pas ĂȘtre aussi rigoureuse, heureusement que je l’ai vite compris sinon je me serais arrachĂ©e les cheveux et j’aurais Ă©tĂ© frustrĂ©e !
Ici les femmes accouchent sans pĂ©ridurale, soit elles en ont peur soit c’est culturel. Du coup c’est bien plus rapide qu’en mĂ©tropole. Parfois elles les pondent. Mais ça donne parfois lieu Ă  des scĂšnes absurdes. Une dame qui contracte douloureusement depuis 2 jours mais son col ne bouge pas. Elle a mal, elle hurle, de toute la journĂ©e son col n’a pas bougĂ© (court, 1 doigt), je lui propose la douche, le ballon, le gaz (nubain impossible car rythme micro oscillant), rien n’y fait. La pĂ©ri ? « non ma mĂšre ne veut pas » « c’est-Ă -dire 
 ? elle a des contractions elle aussi ? ». Je ne veux pas juger mais c’est vrai que se retrouver devant une dame en pleure toute la journĂ©e qui se tort dans tous les sens et qu’on ne peut pas soulager parceque sa mĂšre ne veut pas qu’elle mette de pĂ©ri
c’est 
 inattendu. Mais bon parfois c’est la dame elle-mĂȘme qui ne veut pas car elle en a peur ou "qu‘il ne faut pas ». Cette nuit je me suis occupĂ©e d’une dame toute la nuit qui ne voulait pas de pĂ©ri, qui en chiait depuis plusieurs jours avec un col qui ne bougeait pas (3cm depuis 3 jours). Pareil elle ne voulait pas de pĂ©ri, elle se tordait de douleur, elle Ă©tait Ă  poil dans sa chambre, elle faisait pipi dans un bassin par terre, le liquide amniotique coulait partout et elle marchait dedans
mais Ă  ce stade de douleur on s’en fou un peu de tout ça nan ? CompliquĂ© de la calmer quand on ne parle pas la mĂȘme langue
 .
A cÎté de ça y a aussi la patiente qui accouche sans un bruit ... ça me fascine ! Trop bien tous ces accouchements en tout cas !
VoilĂ  voilĂ  j’ai surement oubliĂ© pleins de choses mais c’est dĂ©jĂ  un bon aperçu !
Ps : heureusement que je me suis coupĂ©e les cheveux avec cette chaleur !! Pas de clim dans la maison, c’est hard pour dormir la journĂ©e aprĂšs mes gardes !
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chaglt · 5 years ago
Text
Ma semaine sans réseau social
Article un peu plus perso, que je ne partagerai pas sur Facebook (hence the title, pas sĂ»re que "hence" soit la prĂ©position adaptĂ©e). J'ai effacĂ© Facebook de mes applications ce matin et j'ai l'intention de ne pas y trainer d'ici samedi matin prochain (nous sommes le 15 novembre, dans 5 semaine je suis back en Belgique !! â˜ș).
J'ai toujours voulu écrire un article du type "7 jours sans pester", "5 jours de gratitude".. qu'on peut voir dans certains magazines (féminins, I know. #sexism). Comme ce blog est à mwaa et qu'il contient beaucoup de "hihihi", "hahaha" comme dirait ma mummy chérie (maman, pas momie), mais aussi une "critique" littéraire que j'aime particuliÚrement et un article plus reposant relatant un voyage, pourquoi ne pas y ajouter ce type de contenu. De toute façon, personne ne me lit hahaha (Rire jaune, pas le youtubeur, l'autre).
Bon, l'idĂ©e de cette semaine : Ă©viter de trainer sur Facebook (quand je suis fatiguĂ©e j'y passe beaucoup trop de temps, Ă  regarder beaucoup de bĂȘtises) et sur insta. Je n'ai pas insta et j'y vais quand mĂȘme, la puissance ! Inutile de vous prĂ©ciser que c'est souvent pour y regarder des choses peu intelligentes, mĂȘme s'il y a parfois du contenu assez sympa (j'adore le compte insta "on s'en bat le clito" par exemple, belle dose de fraĂźcheur par rapport Ă  la sexualitĂ© fĂ©minine - "par rapport" est-elle la prĂ©position adaptĂ©e ?).
Bref, je pense que ça ne peut me faire que du bien, encore plus si j'y inclus YouTube, sur lequel je peux également passer un nombre d'heures effarant. Bon allez je l'inclus, mais c'est bien parce que c'est vous.
Je viendrai faire quelques petits comptes-rendus par ici de temps en temps :)
* Jour 2 (samedi) : prise de conscience, j'ai vraiment des rĂ©flexes Ă  aller cliquer sur des applications (comme Facebook et insta sont virĂ©s de mes possibilitĂ©s, je me retranche sur les E-Mails, WhatsApp et Messenger). Le positif c'est que les applications qui me restent sont beaucoup moins chronophages, du coup je laisse vite tomber une fois que j'ai rĂ©pondu Ă  mes quelques messages (qui ne sont pas si nombreux Ă©tant donnĂ© que je ne suis pas trĂšs message) et je m'occupe autrement â˜ș Autre point positif, ça ne me manque pas (elle est mignonne elle aprĂšs 48h). J'ai passĂ© une super soirĂ©e avec Javivi hier, mais de toute façon avec lui je n'utilise pas, ou trĂšs peu, mon phone-tele (wesh). Siesta time maintenant, sans craindre de passer plus de temps Ă  scroller mon fil dactu Facebook qu'Ă  me reposer per se. La bise ♄
* Jour 3 (dimanche) : contextualisons d'abord quelque peu. Je suis dans mon lit, une lĂ©gĂšre barre de fatigue au front. Il est 14h30, la siesta time donc. J'ai eu une chouette matinĂ©e Ă  appeler Mum et Arnaud, Ă  Ă©couter des podcasts en allemand sur les relations (j'adore : Paarologie, recommandĂ© par une Allemande rencontrĂ©e Ă  SĂ©ville, et Beste Freundinnen. La fille de Paarologie s'appelle Charlotte en plus, prononcĂ© Ă  l'allemande (= trop cute). Continuons) et Ă  faire le mĂ©nage #proud. J'ai mangĂ© des canellonis pas mauvais du tout, avec un petit dessert des familles en prime. J'ai mĂȘme bavardĂ© un petit peu avec Elsa qui est revenue d'un week-end dans une ville sympa dont je n'ai pas trop compris le nom. Ce soir j'ai une soirĂ©e danse de prĂ©vue, et avant je vais peut-ĂȘtre voir Jacob. AprĂšs ma sieste j'appelle ma cousine d'amour. Qu'attend-elle donc pour dormir me direz-vous! Et bien je suis gluĂ©e Ă  mon tĂ©lĂ©phone, avec l'envie irrĂ©pressible (mais que je represse parce que je suis une WARRIOR - et parce que je me suis engagĂ©e ici) d'aller me perdre dans les mĂ©andres de Facebook et d'Instagram. Alors que j'ai Simone de Beauvoir qui me fait de l'oeil. Bon j'ai cette chance d'ĂȘtre plutĂŽt venue faire un compte-rendu ici, je vais donc aller me reposer telle le princesse que je suis, pour ensuite passer un reste de journĂ©e doux et agrĂ©able ♄ Saloperies de rĂ©seaux, mais jolie prise de conscience â˜ș I'm glad I started this. 🧜
* Jour 4 (lundi): contextualisation, dans le salon. Premier "craquage", je suis allĂ©e voir les nouvelles Google. Heureusement pour moi, comme c'est de la bonne shit des familles, je n'y suis pas restĂ©e longtemps. Je me rends compte que j'ai beaucoup de temps libre, que je vais essayer d'apprendre Ă  mieux gĂ©rer. Je suis revenue de l'Ă©cole (contente de moi en plus car j'ai bien avancĂ© dans mes quelques prĂ©pas, et contente tout court parce que j'ai eu un we magique pour la confiance en moi) mais je ne savais que faire, je n'avais pas faim mais j'ai quand mĂȘme dĂźnĂ©, je suis partie dans mes pensĂ©es et finalement je me suis retrouvĂ©e devant les nouvelles Google a grignoter des galettes de sĂ©same-chia (y a pire comme grignotage me direz-vous 😂). Une conclusion qui pourrait ĂȘtre tirĂ©e ici, c'est que je suis davantage attirĂ©e par les bĂȘtises sur mon tĂ©lĂ©phone quand je suis dĂ©soeuvrĂ©e. Setting an intention for the day would help me I think :) Mais je suis quand mĂȘme contente, j'ai rĂ©ussi Ă  couper le cycle pas trop tard en mettant un podcast et en rangeant la cuisine. Bon autre mini contextualisation, je ne dors pas vraiment bien pour le moment, et j'ai fait une insomnie hier. Ce qui n'excuse rien, mais qui peut expliquer mon petit "dĂ©rapage". Programme du reste de la journĂ©e : mettre sĂ©cher, me reposer et aller chez l'ORL. Avec le bouquin de Deepak Chopra â˜ș La bise! (Bon finalement c'est sympa ce glissement, ça met un peu de piment dans mon article)
* Jour 6 (mercredi): petit point avant d’aller au thĂ©Ăątre (premiĂšre fois que je me repose correctement avant d’y aller, sereinement). Au fait, je suis allĂ©e 2 minutes sur Youtube mais c’est parce que c’est Pauline qui m’a envoyĂ© un lien donc ça compte pas <3
- Je suis beaucoup plus en contact avec mes proches. Ayant beaucoup plus de temps Ă  disposition (bueno, mieux utilisĂ© serait la palabra mas correcta), j’envoie plus de messages, je prends plus le temps de tĂ©lĂ©phoner... et ça fait beaucoup de bien <3
- J’ai dĂ©couvert Spotify, beaucoup moins chronophage que Youtube. Je peux Ă©couter ma musique, mes podcasts magiques.. ENFIN, me diront les plus techologiques d’entre-vous!
- Je suis de meilleure humeur, plus sereine. MĂȘme si j’ai des petits soucis de sommeil pour le moment, je prends le temps de me reposer, et je ne passe plus des heures Ă  traĂźner sur des comptes Instagram / sur mon fil d’actualitĂ© Facebook sans beaucoup d’intĂ©rĂȘt qui ne me faisaient pas de bien.
- Je mĂ©dite plus (prononcer “plusse”) :) Est-ce nĂ©cessaire de vous dire que ça fait du bien?
- J’écoute les nouvelles (bon ça fait deux jours, mais quand mĂȘme!). J’ai dĂ©couvert l’assistant Google Ă  qui je dis “bonjour” le matin et qui me dit les nouvelles du jour, ce qui est assez sympa :) Je vais essayer de le configurer pour avoir les nouvelles dans d’autres langues aussi.
- J’écoute beaucoup plus de podcasts, en allemand et en anglais :)
Et je n’invente rien, je vous jure que tout est vrai. C’est vraiment bizarre mais cool à la fois :) Time to go to the theater! Byyye <3
* Jour 7: Qu’est-ce que je m’ennuie bon sang! C’est le premier jour durant lequel je ne fais rien (je n’ai pas donnĂ© cours Ă  Sheila aujourd’hui avec les examens) et je m’ennuie, je suis grave :) Du coup je suis ici. A 21h30 je vais chercher mon tout premier colis “too good too go”, WOUHOUU!
J’aimerais bien traĂźner un coup sur Youtube mais je ne peux pas. J’avoue j’y suis allĂ©e pour terminer la vidĂ©o de 8 minutes envoyĂ©e par l’amour de ma vie (ma soeur me manque, oui). Et je suis aussi allĂ©e sur Facebook quelques minutes pour vĂ©rifier la durĂ©e d’un Ă©vĂ©nement. Et j’ai aperçu 24 notifications je pense. Parce que oui, pour les Ă©vĂ©nements Facebook est assez cool :) C’est d’ailleurs grĂące Ă  Facebook que je suis allĂ©e voir le Joker avec des AmĂ©ricaines bien sympas :)
Bon alors si on reprend mon dĂ©fi de la semaine, je pense que ça me fait du bien (confer hier), et que je me rends maintenant compte que j’ai beaucoup, beaucoup de temps libre. Heureusement que je donne des cours particuliers et que j’ai thĂ©Ăątre le mercredi! Ce sont les soirĂ©es qui sont parfois longues. Ici je suis Ă  l’appart depuis 16h (il est 19:52). J’ai essayĂ© de faire une petite sieste, mais comme j’ai dormi 9h30 la nuit passĂ©e ça n’a pas marchĂ©. J’ai un peu explorĂ© Spotify (purĂ©e j’adore cette application), entamĂ© quelques audiobooks, quelques podcasts... Je pense qu’il y a juste des moments oĂč ça fait du bien de se perdre sur Youtube, de couper son cerveau et de profiter. Je n’avais mĂȘme pas envie de venir vous raconter ma vie ici, c’est vous dire!
Comment je me sens? Une petite barre au front. Il faut dire que mon sommeil a Ă©tĂ© pas mal perturbĂ© ces derniers temps. LĂ  j’ai une musique de guitare douce de Spotify en fond, ça fait plaisir :) Mais sinon je suis contente, je prends vraiment conscience de l’effet que les rĂ©seaux sociaux peuvent avoir sur moi (et sur d’autres gens je prĂ©sume). Ce qui est cool, ce que je m’ennuie mais que je n’ai pas envie d’aller sur Facebook ou Insta. Juste de me matter une sĂ©rie ou des vidĂ©os un peu con sur Youtube. 
- DĂ©couvertes so far:
* Spotify
* Le plaisir d’écrire (redĂ©couverte dans ce cas-ci)
* L’assistant Google pour avoir un bref aperçu des nouvelles le matin
* La satisfaction (redĂ©couverte dans ce cas-ci), je sens clairement les effets de la non-comparaison (inconsciente, mais d’actualitĂ© quand j’utilise les rĂ©seaux sociaux, surtout insta de mes deux. Bien contente d’avoir jamais crĂ©Ă© de compte d’ailleurs).
* Que j’ai Ă©normĂ©ment de temps libre, et que je peux en faire ce que je veux :)
* Ce que c’est que de s’ennuyer. Ça faisait longtemps, vraiment longtemps que je n’avais pas reçu l’ennui comme ça. C’est bon pour la santĂ© il paraĂźt :) Allez, je vous mets un article sur “S’ennuyer c’est bon pour la santĂ©â€ juste ici:
http://www.slate.fr/story/171981/ennuyer-bon-esprit
Oh. Wow. Je viens de tilter sur la citation suivante de l’article:
“Pour que ça marche, il est crucial de se dĂ©connecter. Sandi Mann explique que nos smartphones dĂ©truisent notre capacitĂ© Ă  nous ennuyer et empĂȘchent un vrai divertissement: «Nous essayons de balayer et de faire dĂ©filer l'ennui, mais en faisant cela, nous nous rendons plus enclins Ă  l'ennui, car chaque fois que nous sortons notre tĂ©lĂ©phone, nous ne laissons pas notre esprit vagabonder et rĂ©soudre notre problĂšme». Ne reste peut-ĂȘtre plus qu'Ă  crĂ©er une appli pour s'ennuyer...”
Je me reconnais beaucoup lĂ -dedans. Et c’est vrai que ça fait deux nuits que je fais beaucoup de rĂȘves, un peu guĂ©risseurs comme ça. J’ai rĂȘvĂ© de bĂ©bĂ© (maman ne lit pas cet article), j’ai rĂȘvĂ© de Javi, de pas mal d’autres choses aussi dont je ne me souviens pas tellement. Mais vous savez, cette sensation au rĂ©veil de “rĂ©solution” de certaines choses? Ça faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivĂ©, j’avais au contraire un sommeil assez peu rĂ©parateur ces derniers temps. Et quand ils disent “Nous essayons de balayer et de faire dĂ©filer l’ennui”, c’est tellement ça. Je me plonge/ plongeais dans ces rĂ©seaux en faisant dĂ©filer les fils d’actu. Oui, le temps passait. Mais je ne me sens/sentais pas bien aprĂšs. Du tout.
Bon lĂ  je pense que mon corps se remet des Ă©motions que j’ai eue depuis septembre, mais en ce qui concerne ma non-utilisation des rĂ©seaux sociaux depuis 7 jours (nous sommes le 21 et j’ai commencĂ© le 15, plutĂŽt 6 jours mais soit), ce n’est que du positif. Et s’ennuyer c’est assez sympa, ça me permet d’écrire, de dĂ©couvrir des applications (et des artistes!) vraiment chouettes, d’écouter les nouvelles (qui l’eut crĂ»!), de mĂ©diter un peu plus... Et puis je me sens reposĂ©e. Et ça c’est gai. MĂȘme si je ne dors pas bien.
Le jour qui m’a le plus marquĂ©e c’est hier. Insomnie la veille, je serais rentrĂ©e de ma grande journĂ©e Ă  l’école de mauvaise humeur et je me serai plongĂ©e dans Facebook, sans vraiment me reposer avant d’aller au thĂ©Ăątre. Ici je suis rentrĂ©e, j’ai pris le temps de me poser, j’ai laissĂ© les Ă©motions couler (yes j’ai chialĂ© bouuh), j’étais Ă©puisĂ©e. Et j’ai fait une sieste de laquelle je n’ai pas rĂ©ussi Ă  me rĂ©veiller tout de suite. Et je suis allĂ©e sereinement au thĂ©Ăątre, car je me suis rĂ©veillĂ©e 1h30 avant, j’ai pu appeler ma Mutti (seuls les Allemands comprendront), me faire Ă  manger... Un monde de diffĂ©rence. C’est chouette, il y a dĂ©finitivement un mieux. Un bien mieux mĂȘme :)
Je m’attendais Ă  ce que l’expĂ©rience soit positive, mais Ă  ce point-lĂ ! Et faire le point rĂ©guliĂšrement me permet de voir tout ça, c’est vraiment gai :) Ça me donne envie de faire d’autres articles du genre, ça me donne une motivation hĂ©hĂ©.
La semaine prochaine, je vous Ă©cris un article “ma semaine sans respirer”. On verra ce que ça donnera :D J’ai hĂąte!
Bisouus!
À samedi prochain ! (Oui je me vois dĂ©jĂ  dans Flair ou autre 😎)
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deslettresetdeslettres · 6 years ago
Note
Salut ! Je me permets de te demander ton avis sur le débat éternel de la khùgne : tu es team stylo ou team ordi ? Et quels avantages ou inconvénients trouves-tu dans les deux ?
Salut !Alors dĂ©jĂ  certains profs n’acceptent pas l’utilisation del’ordinateur dans leur cours, donc il faut absolument savoirprendre des notes Ă  la main, et savoir ficher/rĂ©viser un cours prissur papier. Moi-mĂȘme je n’ai eu un ordi que je pouvais emmener encours que pour ma seconde khĂągne, donc pendant mes deux premiĂšresannĂ©es de prĂ©pa je prenais tout Ă  la main. En gros tout dĂ©pend detes circonstances, de tes prĂ©fĂ©rences, des profs que t’as, etc,donc je ne suis pas sĂ»re que ma rĂ©ponse va t’apportergrand-chose
 Mais je trouve que dans certaines matiĂšres commenotamment l’histoire ou la gĂ©o, comme il y a beaucoupd’informations Ă  engranger pendant de longues pĂ©riodes de temps(cours vraiment magistral), l’ordi est bien parce que tu n’as pasbesoin de faire des sĂ©lections sur le moment, tu peux tout prendreen notes et Ă©ventuellement plus tard chez toi quand tu rĂ©visesfaire le tri dans ce que tu as notĂ©. Mais peut-ĂȘtre que mon opinionest biaisĂ©e par le fait que justement mon prof d’histoire parlaittrĂšs vite en dĂ©livrant Ă©normĂ©ment d’informations et que c’étaitvraiment trĂšs difficile de prendre des notes Ă  la main dans soncours et que je dĂ©crochais trĂšs vite quand je n’avais pas encore d’ordi. J’aieu la mĂȘme impression pour la philo, j’étais contente de pouvoirtout noter et de reprendre le cours ‘brut’ chez moi, mais il y aeu des moments oĂč je me suis dit que ça aurait Ă©tĂ© mieux pour moide prendre le cours Ă  la main parce que ça m’aurait forcĂ©e Ă ĂȘtre plus concentrĂ©e en cours et Ă  hiĂ©rarchiser un peu mieux lesinformations sur le moment. Franchement ça dĂ©pend. Je suis d’accordpour dire que la prise de notes sur ordi peut te rendre plus passif,mais si tu prends en notes Ă  la main, que tu es donc plus actif encours, mais que tu rates quand mĂȘme la moitiĂ© des infos, Ă  quoibon
 D’un autre cĂŽtĂ©, on peut trouver que la prise de notes Ă la main est aussi plus propice Ă  te dĂ©concentrer (tu ne fixes pasun Ă©cran, tu as la tĂȘte penchĂ©e donc si t’es fatiguĂ© tu es plustentĂ© de dormir (moi-mĂȘme je sais), tu finis toujours par dessinerou par colorier les petits carreaux de ta feuille), mais d’un autrecĂŽtĂ© tu peux aussi trĂšs bien te dĂ©concentrer sur ton ordi
 D’uncĂŽtĂ© je trouve ça plus facile de ficher certains cours s’ils ontĂ©tĂ© pris sur ordi parce que ma mĂ©thode de fichage repose beaucoupsur la rĂ©organisation des informations dans un ordre diffĂ©rent pourme les approprier, et que tu ne peux pas faire un copier-coller surdu papier (notamment en histoire, si tu veux te faire une frisechronologique en insĂ©rant de nouvelles dates au fur et Ă  mesure quetu les apprends, tu as intĂ©rĂȘt Ă  le faire sur ordi). Mais d’unautre cĂŽtĂ© c’est aussi hyper utile de pouvoir noter des chosesdans la marge ou entre les lignes au moment du cours (notamment enfrançais, oĂč ma prof interdisait les ordis, elle nous avaitconseillĂ© au dĂ©but de l’annĂ©e de noter dans la marge un petitcode Ă  chaque fois qu’une info du cours pouvait ĂȘtre mise enrelation avec une des trois grandes notions du programme). Pour le coup je n’ai pas de conseil Ă  proprement parler. 
D’ailleursje dis que ça dĂ©pend en partant du principe que ta question portaitsur la prise de notes pendant les cours mais il y a aussi la questiondu fichage, et pour ça j’ai vraiment une opinion : je prĂ©fĂšrede loin faire des fiches Ă  l’ordinateur, prendre des notes sur des bouquins, lesrĂ©organiser, insĂ©rer des trucs entre des paragraphes dĂ©jĂ  Ă©crits,faire des listes, refaire des ordres chronologiques, etc, donc toutça ça se fait sur ordi. Par contre une fois que les grosses fichessont faites et peaufinĂ©es, j’aime bien les re-ficher en condensant un maximum surdes fiches papier, pour pouvoir faire du ‘colour-coding’ plusfacilement, entourer des trucs, et pour pouvoir regarder mesmini-fiches finales dans le mĂ©tro ou debout dans le couloir enattendant le dĂ©but du concours blanc.
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unmug · 6 years ago
Text
Un rire, un rocher blanc et quelques oiseaux, aux ailes déployées
« Pourquoi tu ris comme ça ? » demande l’un des Ă©lĂšves du cours de français en imitant le rire aigu de Moubarak. 
« C’est mon rire », rĂ©pond Moubarak, sans autre commentaire.
À la fin du cours, l’autre Ă©lĂšve vient me voir. Il insiste sur ce rire qui n’est pas vrai, dit-il. 
« Laisse, je lui dis. Le rire de Moubarak, il doit avoir une histoire. Tout a une histoire, laisse. »
***
Darfour
À l’école, Moubarak a toujours Ă©tĂ© premier de la classe et pourtant ses maĂźtres ne l’aiment pas. Il ne tient pas en place, il ne les regarde pas et use beaucoup trop vite ses crayons car il passe son temps Ă  dessiner partout. Mais impossible pour eux de le prendre en faute : Moubarak a toujours la rĂ©ponse Ă  leurs questions, c’est Ă  croire qu’il Ă©coute quand mĂȘme tout en faisant autre chose, impensable.
Quand il rentre de l’école, il y a un endroit bien prĂ©cis, prĂšs du rocher blanc, oĂč il change de langue. Il passe de l’arabe au zaghawa. L’arabe, c’est pour la ville ; le zaghawa c’est pour son village. En passant le rocher blanc, Moubarak se sent toujours un peu plus en sĂ©curitĂ©.
Mars 2008
L’armĂ©e soudanaise attaque massivement la ville pour dĂ©loger les rebelles qui s’y trouvent. Chaque maison est fouillĂ©e, retournĂ©e. Chaque personne interrogĂ©e. Aux maisons des Darfouris, les soldats cassent la porte pour que les officiers interrogateurs sachent qu’il s’agit lĂ  d’une demeure de la mauvaise ethnie.
Le pĂšre de Moubarak est traĂźnĂ© hors de chez lui. On l’interroge, on le frappe Ă  coups de crosse de fusil. Que sait-il des rebelles zaghawas ? Est-il parent avec le docteur Khalil Ibrahim ? Qui a-t-il abritĂ© chez lui ? Pourquoi a-t-il participĂ© Ă  une rĂ©bellion contre le gouvernement soudanais ?
Entre chaque question, un coup. Pour chaque mauvaise rĂ©ponse, un coup. Il n’y a pas de bonne rĂ©ponse.
Moubarak regarde les soldats emmener son pĂšre, couvert de sang.
Chaque jour, prĂšs du rocher blanc, Moubarak va attendre que son pĂšre revienne. TantĂŽt il chante, tantĂŽt il prie, tantĂŽt il pleure. Toujours il rentre seul avec la nuit.
AprĂšs cinq mois, le pĂšre revient, squelette entourĂ© de haillons et titubant. La mĂšre lui donne Ă  manger, le fils Ă  boire, on attend qu’il parle mais il ne fait que dormir. Lorsqu’il parlera enfin, il racontera seulement qu’ils l’ont menacĂ© de tout lui prendre, sa maison, ses champs, de tuer sa famille entiĂšre, s’il montrait encore le moindre signe de rĂ©bellion. Il n’expliquera rien d’autre et personne ne posera d’autre question aux cicatrices de son visage.
2011
L’oreille collĂ©e contre un poste radio, Moubarak raidit ses jambes pour rĂ©sister Ă  la pression de son ami qui voudrait prendre sa place et mieux entendre les informations du jour. “Le Mouvement pour la Justice et l’EgalitĂ© annonce qu’il rejette totalement le projet d’accord de paix proposĂ© par l’ONU. Les solutions proposĂ©es sur le problĂšme des rĂ©fugiĂ©s, la compensation aux habitants du Darfour affectĂ©s par 8 ans de conflit, le partage du pouvoir et des richesses sont insuffisantes.”
La radio enchaĂźne avec l’annonce d’un rĂ©fĂ©rendum dĂ©cidĂ© par le PrĂ©sident sur le statut administratif du Darfour. Un rĂ©fĂ©rendum sans que les Darfouris ne l’aient demandĂ© ; un rĂ©fĂ©rendum oĂč ils iront voter sous la surveillance des soldats soudanais. Quelle farce !
Moubarak abandonne la radio Ă  son ami et prend un bus pour rentrer au village. Il embrasse sa mĂšre, boit de l’abreh et attend que son pĂšre rentre des champs. Lorsque ce dernier arrive, Moubarak se lĂšve, prend une grande inspiration et lui parle d’une voix un peu plus rauque que d’ordinaire : « PĂšre, j’ai dĂ©sormais 17 ans. Je veux prendre les armes et me battre contre le gouvernement soudanais qui nous opprime ! »
Le pĂšre le regarde sans dire un mot. Il tape la terre qui recouvre son pantalon. Longuement. Puis il s’assied et ferme les yeux, le visage tournĂ© vers le sol. Moubarak hĂ©site Ă  rajouter quelque chose. Plusieurs fois, des dĂ©buts de phrases se forment dans sa tĂȘte mais la suite ne vient pas ; il attend et finit par s’asseoir lui aussi.
Alors enfin le pĂšre le regarde. Ses yeux semblent soudain terriblement vieux. « Mon fils. Je te l’interdis. »
Dans le cƓur de Moubarak, c’est la tempĂȘte. Les mĂȘmes dĂ©buts de phrases reviennent, il y a les mots courage et fierté et notre peuple qui tournent et retournent sans qu’il sache comment il devrait les faire sortir de sa bouche ; il y a la colĂšre et l’injustice aussi ; pourquoi lui interdire, pourquoi !
Le pÚre dit : « Pars du Soudan maintenant. Va trouver une vie en paix ailleurs. Je veux une vie en paix pour toi. »
En passant devant le rocher blanc, Moubarak se demande s’il va longtemps garder en mĂ©moire le visage de sa mĂšre en larmes.
Septembre 2011 - Égypte
AllongĂ© dans la pĂ©nombre, Moubarak tente d’attraper la bouteille d’eau dans son sac sans faire le moindre bruit. MalgrĂ© toutes ses prĂ©cautions, l’un des passeurs lui fait tout de mĂȘme un signe et un regard noir. Moubarak attendra pour laver sa gorge de la poussiĂšre du SinaĂŻ.
Il regarde les autres hommes allongĂ©s dans les cailloux de cette montagne dĂ©sertique. Lui, il est soudanais, c’est sĂ»r, pense-t-il. Lui, Ă©rythrĂ©en. Lui aussi. Lui, somalien. Lui... tiens, je ne sais pas. Lui, c’est un Darfouri. 
Avec son doigt, il dessine dans la terre un oiseau aux ailes dĂ©ployĂ©es. Il n’a pas le temps de le finir, les passeurs font signe que c’est le moment d’y aller. Le groupe rampe dans la nuit. Le premier passeur se relĂšve et court jusqu’à un grillage affaissĂ©. Il jette son sac par-dessus et l’escalade sans difficultĂ©. Les hommes en font autant. Mais alors qu’ils sont encore trois suspendus au grillage, une dĂ©flagration Ă©clate dans l’air. Un projecteur les illumine. Un second bruit sourd retentit et vient frapper le Somalien dans le dos. Moubarak reçoit une gerbe de sang dans les yeux, il hurle et, sans savoir par quel rĂ©flexe, il retient le Somalien qui allait tomber du grillage. Un autre homme vient l’aider Ă  le faire passer par-dessus. Les tirs des policiers Ă©gyptiens sont dĂ©sormais de plus en plus rapprochĂ©s. Si proches qu’on ne sent pas les coupures des barbelĂ©s qui surmontent le grillage en les empoignant.
Moubarak tombe de l’autre cĂŽtĂ© et court avec les autres jusqu’à un fossĂ© dans lequel ils restent tous allongĂ©s sans bouger, laissant le bruit des balles s’éteindre peu Ă  peu.
Lorsqu’un premier rayon de soleil vient frapper le fossĂ©, l’un des passeurs lĂšve la tĂȘte dĂ©licatement et finit par s’aventurer tout entier sur la terre. Il dit aux hommes qu’ils peuvent sortir, leur explique qu’ils doivent se signaler Ă  une voiture de police, et il disparaĂźt dans un nuage d’encouragements tout aussi chaleureux qu’hypocrites. 
Au bord de la route, Moubarak et les autres hommes arrĂȘtent une voiture de police. Les policiers emmĂšnent le Somalien Ă  l’hĂŽpital et les autres dans un centre pour demandeurs d’asile. AprĂšs une batterie de tests mĂ©dicaux et de papiers administratifs, une forme de quarantaine d’une vingtaine de jours, Moubarak obtient un « visa » de 4 mois l’autorisant Ă  se rendre en ville et Ă  circuler sur le territoire israĂ©lien – moyennant l’obligation de revenir au centre tous les 4 mois pour l’établissement d’un nouveau visa, bien entendu.
Mais en ville, il ne trouve ni aide, ni logement. Personne pour le soutenir. Dormant dans la rue, fouillant dans les poubelles pour manger, il trouve un petit livre arabe-hĂ©breu et chaque jour, sous sa couverture de fortune, il apprend l’hĂ©breu. Lorsqu’il estime suffisamment bien le parler, Moubarak arpente les rues de la ville et demande du travail partout. Il parvient Ă  se faire embaucher dans une usine, comme manutentionnaire. 
Pendant plus de 2 ans, il travaille dans la mĂȘme usine, parle hĂ©breu avec ses collĂšgues qui deviennent ses amis, il cesse d’avoir faim, a un petit logement et regarde le football Ă  la tĂ©lĂ©vision. Tous les 4 mois, il doit se rappeler que ce pays n’est pas le sien et aller faire renouveler son visa.
Janvier 2014 - un peu de politique
Les rues de Tel Aviv sont bondĂ©es de manifestants. Des dizaines de milliers de demandeurs d’asile sont rassemblĂ©s pour demander l’annulation des nouvelles mesures prises par le gouvernement israĂ©lien. En dĂ©cembre, le Premier Ministre Benyamin Netanyahou s’est en effet dit dĂ©terminĂ© Ă  expulser les dizaines de milliers de migrants clandestins. Pour ce faire, le gouvernement a mis en place toute une sĂ©rie de mesures, allant des contrĂŽles systĂ©matiques Ă  l’incarcĂ©ration, en passant par le non-renouvellement du fameux visa, sans la moindre raison. L’édification d’un mur-frontiĂšre entre l’Égypte et IsraĂ«l, pour enrayer le passage des Africains, est renforcĂ©e, le budget s’élĂšve Ă  270 millions d’euros. Le grillage faiblard sera remplacĂ© par un bouclier infranchissable de barbelĂ©s multicouches. De 10 000 exilĂ©s passĂ©s par le SinaĂŻ en 2010, ils ne seront plus que... 20 en 2016. Les statistiques sont heureuses et ne prĂ©cisent pas que les 10 000 suivants passeront donc par la Libye.
Le visa de Moubarak n’est pas renouvelĂ©. Il sait parfaitement ce qu’il encourt s’il est contrĂŽlĂ© sans visa valable : la dĂ©tention et le renvoi au Soudan. Il prend la dĂ©cision de rentrer au Soudan de son propre chef. Il achĂšte un billet d’avion pour Khartoum et quitte IsraĂ«l.
En descendant de l’avion, Moubarak dit une petite priĂšre : il est heureux de retrouver son pays. Devant lui, dans la file d’attente, il voit les gens se tendre sans qu’il comprenne pourquoi. Il passe la tĂȘte mais n’aperçoit rien de particulier, sinon des agents de l’aĂ©roport qui vĂ©rifient les passeports. Beaucoup de passagers de son avion partent avec des hommes que Moubarak ne parvient Ă  identifier qu’une fois qu’il se trouve devant eux. Il s’agit du NISS (National Intelligence and Security Service ; Jihaaz Al Amn Al Watani Wal Mukhaabaraat), le service de renseignement du PrĂ©sident, sa police politique. 
« Ton passeport », demandent-ils Ă  Moubarak, qui le tend sans commentaire. SitĂŽt ont-ils lu son nom, les deux agents lui demandent de les suivre. Ils l’emmĂšnent en voiture jusqu’à leur quartier gĂ©nĂ©ral et le font patienter dans un bureau. 
Un officier vient l’interroger. Quelle Ă©tait sa vie avant de partir en IsraĂ«l, qui lui a dit de partir en IsraĂ«l, quelles sont ses connexions avec les Juifs en IsraĂ«l, est-ce qu’il a Ă©tĂ© entraĂźnĂ© par les Juifs en IsraĂ«l ?
Moubarak répond que non.
Quels sont les noms de toutes les organisations qui l’ont contactĂ© en IsraĂ«l ? Moubarak rĂ©pond qu’il n’en connaĂźt pas, qu’il n’a rien fait de mal, qu’il a juste travaillĂ© dans une usine Ă  porter des cartons. 
Quels sont les noms des participants aux manifestations de Tel Aviv ? Est-ce que Abdul Wahid Al Nur [leader du groupe rebelle Mouvement de libération du Soudan] était à Tel Aviv ? 
Moubarak n’en sait rien du tout, il n’est jamais allĂ© aux manifestations, il ne connaĂźt pas de leader rebelle, il ne sait rien et ne comprend pas pourquoi on lui pose toutes ces questions. 
L’officier pousse Moubarak sĂšchement et repose ses questions. Toujours les mĂȘmes rĂ©ponses. L’officier frappe avec ses poings. Toujours les mĂȘmes rĂ©ponses. Avec sa matraque, sur la tĂȘte, sur les mains. MĂȘmes rĂ©ponses. Moubarak est jetĂ© dans une cellule de prison infĂąme. Il a un seul repas par jour, qu’il vomit systĂ©matiquement lors de l’interrogatoire quotidien et rĂ©pĂ©titif, toujours constituĂ© des mĂȘmes questions et des mĂȘmes tortures. 
Comme Moubarak n’a toujours aucune rĂ©ponse Ă  apporter, l’officier le traite de kĂąfir [infidĂšle Ă  la religion musulmane]. « Je vais te tuer si tu ne dis rien et on tuera toute ta famille ensuite. Je sais oĂč habitent tes parents. Je tuerai ton pĂšre d’abord et je resterai seul avec ta mĂšre ensuite. »
La nuit, dans sa cellule, Moubarak essaie d’inventer des rĂ©ponses. Des noms d’organisations plausibles. Des rencontres cohĂ©rentes. Le caractĂšre de telle ou telle personne. Mais le lendemain, face Ă  l’officier, les mensonges ne veulent pas sortir de lui. Et les coups pleuvent, encore. Et chaque nuit, il s’échappe en construisant un imaginaire de rĂ©ponses qu’il ne donnera jamais, oĂč des personnages inconnus prennent peu Ă  peu vie, ayant avec le temps des visages et des personnalitĂ©s plus affirmĂ©s que la veille, au point que Moubarak se demande s’il les connaĂźt ou non et s’il ne devient pas fou Ă  force de vouloir Ă©chapper Ă  la folie.
Au bout d’un mois, Moubarak perd connaissance dans sa cellule. Il se rĂ©veille Ă  l’hĂŽpital, une perfusion au bras, les chevilles menottĂ©es au lit, un garde Ă  la porte le surveillant lui et les autres prisonniers-malades de la chambre. Seul moment d’intimitĂ© : les toilettes. AprĂšs 3 jours de repos, Moubarak profite d’un passage aux WC pour s’échapper par la fenĂȘtre. Il sait qu’il n’a que quelques minutes avant que le garde ne vienne frapper Ă  la porte et parte Ă  sa recherche, aussi il court le plus vite possible dans les rues inconnues et rentre dans une maison. Il se jette au sol et supplie l’homme effarĂ© qui le regarde : « Aidez-moi, quelqu’un veut me tuer. » L’homme le laisse tĂ©lĂ©phoner et lui donne un pantalon. 
Juin 2014 - Libye
Sur le mur, des dizaines d’oiseaux aux ailes dĂ©ployĂ©es se chevauchent. Les plus anciens ont Ă©tĂ© faits Ă  la craie. Les plus rĂ©cents avec un caillou, grattant la paroi, lorsqu’il n’y avait plus de craie.
Dans le couloir, des hurlements. Comme toujours. Tous les jours, toutes les nuits. Ces cris et cette odeur. Au début, il vomissait. Au début, tout le monde vomit.
Un Nigérian ne bouge plus depuis longtemps. Mort, sans doute. Qui a la force d'aller voir. 
Coup de feu. 
Au dĂ©but, on sursaute. Le cƓur accĂ©lĂšre, on a peur. Au dĂ©but.
Porte qui s’ouvre, fermer les yeux pour la lumiĂšre qui brĂ»le. Bruit des seaux de nourriture, bruit des louches. Nourriture jetĂ©e sur le sol, comme une pĂątĂ©e pour chiens. Ceux qui ont la force rampent pour manger.
Août 2014 - Méditerranée 
Il se souvient de sa mĂšre qui lui disait que le bateau Ă©tait une chose dangereuse. Il n’a mĂȘme pas revu sa mĂšre.
Septembre 2014 - Italie/Danemark
Moubarak prend un train pour la NorvĂšge. Un de ses cousins est rĂ©fugiĂ© en NorvĂšge, il veut le rejoindre. Il traverse les pays les uns aprĂšs les autres. Italie, Allemagne, Danemark, le train s’arrĂȘte. ContrĂŽle de la police aux frontiĂšres. Moubarak et quinze autres exilĂ©s sont descendus du train.
Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile au Danemark, qu’il veut aller en NorvĂšge, il supplie « laissez-moi aller en NorvĂšge ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmenĂ© dans un Ă©norme centre pour demandeurs d’asile (600 personnes). On lui fait remplir une demande d’asile. On lui dit qu’il faut attendre. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien.
Il apprend le danois. Et le parle rapidement.
Juin 2015 - un peu de politique
En juin 2015, le Parti populaire danois, parti d’extrĂȘme droite, fait une percĂ©e lors des Ă©lections lĂ©gislatives au Danemark. L’ambiance est dĂ©lĂ©tĂšre dans le pays, tout le monde hait les exilĂ©s. 
Moubarak doit attendre 1 an avant de pouvoir passer son entretien de demande d’asile. Comme de nombreuses autres personnes, il comprend mal l’interprĂšte fourni, qui parle l’arabe irakien tandis que lui parle l’arabe soudanais. Il explique ce problĂšme et dit qu’il pense ĂȘtre important d’ĂȘtre bien compris pour un entretien aussi crucial. On lui rĂ©pond qu’il est bien trop difficile ; que s’il souhaite changer d’interprĂšte, il devra attendre a minima 6 mois ou 1 an supplĂ©mentaire avant d’avoir un autre rendez-vous pour un entretien de demande d’asile. Est-il sĂ»r de vouloir un autre interprĂšte ?
Moubarak renonce et garde son interprÚte. 
Un mois plus tard, la rĂ©ponse arrive : nĂ©gative. « Vous ne pouvez prĂ©tendre Ă  un statut de rĂ©fugiĂ© au Danemark car vous avez d’ores et dĂ©jĂ  un statut de rĂ©fugiĂ© en Hongrie. »
Moubarak relit la phrase trois fois. Il n’a jamais mis les pieds en Hongrie. Il fait appel de la dĂ©cision. Son conseil juridique obtient du service de l’immigration qu’il reconnaisse son erreur.
Six mois s’écoulent avant qu’il ait un nouvel entretien de demande d’asile, dont la rĂ©ponse arrive aprĂšs seulement deux semaines. NĂ©gative. Le Danemark accuse Moubarak d’avoir menti et de ne jamais ĂȘtre allĂ© en IsraĂ«l. « ConsidĂ©rant que le demandeur a menti sur son sĂ©jour en IsraĂ«l, nous ne pouvons tenir le reste de son rĂ©cit pour avĂ©rĂ©. » Le service de l’immigration lui donne 15 jours pour quitter le pays.
Dans sa chambre, fixant le papier, Moubarak sort les photos de lui et ses amis dans l’usine israĂ©lienne. Il est pris d’un fou rire nerveux. L’un de ses colocataires lui demande ce qui lui arrive. « Rien », lui rĂ©pond-il, car comment pourrait-il expliquer ce qu’il ressent Ă  cet instant prĂ©cis. Comment pourrait-il lui dire qu’aller en IsraĂ«l n’était pas son choix, mais l’idĂ©e de son pĂšre, qu’il a Ă©tĂ© torturĂ© pour y ĂȘtre allĂ©, comment raconter la cellule, les coups de matraque, l’électricitĂ© sur le corps, comment dire qu’il n’a jamais revu le sourire de sa mĂšre et qu’il n’a en mĂ©moire que ses larmes ; IsraĂ«l qui n’a pas voulu de lui et qu’on l’accuse de n’avoir jamais vu alors que cela lui a coĂ»tĂ© si cher, sans mĂȘme qu’il comprenne pourquoi, son pays qu’il a dĂ» encore quitter pour ça, il revoit tout : le pantalon prĂȘtĂ© par l’inconnu, le taxi pris sans argent, le souk Chaabi cachĂ© sous un Ă©tal, le taudis d’El Gedida, les geĂŽles libyennes et ses camarades qu’on emmenait pour les vendre dans des marchĂ©s aux noirs, pourquoi eux pourquoi pas moi, la mĂȘme question tous les soirs, la mĂȘme priĂšre tous les soirs Dieu qui es si grand, protĂšge-nous tous et pardonne-moi de te demander de me protĂ©ger un peu plus encore, la culpabilitĂ©, la peur, le dĂ©sespoir, l’odeur de la poudre sur la plage devant le bateau, les femmes avec leur regard vide, hurlant dĂšs qu’un homme les frĂŽle, le dĂ©goĂ»t et la honte, toutes ces images Ă  chasser de sa tĂȘte chaque jour, comment pourrait-il lui dire avec des pauvres mots alors que c’est toute une vie qui s’écorche ici.
« Rien », il dit, et il fait son sac.
Mars 2016 - Allemagne
C’est dĂ©cidĂ©, Moubarak va venir en France. Il prend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est contrĂŽlĂ© et on le fait descendre du train. Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, « laissez-moi aller en France, s’il vous plaĂźt ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmenĂ© dans un centre pour demandeurs d’asile oĂč on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre Ă  parler allemand.
Il apprend l’allemand.
Août 2016 - France
Sa demande d’asile en Allemagne est refusĂ©e puisqu’il est dĂ©sormais dubliné au Danemark, premier pays europĂ©en oĂč il a Ă©tĂ© enregistrĂ©, qui est responsable ad vitam eternam de sa demande d’asile, bien qu’ils ne veulent pas lui accorder, c’est dire toute la cohĂ©rence du systĂšme Dublin.
En aoĂ»t 2016, Moubarak arrive Ă  Paris et dĂ©pose sa demande d’asile en France. Il est envoyĂ© dans un centre pour demandeurs d’asile dans l’Essonne. AprĂšs 3 mois, la prĂ©fecture de l’Essonne prend la dĂ©cision de le renvoyer au Danemark et le met dans un avion pour Copenhague.
DĂ©cembre 2016 - Danemark
À la descente de l’avion, personne ne l’attend Ă  l’aĂ©roport. Le pilote, vaguement agacĂ©, s’étonne que personne ne soit lĂ  pour prendre en charge Moubarak. Il finit par lui tendre son dossier, qu’il Ă©tait censĂ© remettre Ă  un responsable du service de l’immigration, et lui dit de se dĂ©brouiller avec car il n’a pas que ça Ă  faire.
Moubarak se rend donc tout seul Ă  Sandholm, institution pour demandeurs d’asile Ă  quelques dizaines de kilomĂštres de Copenhague. Il explique sa situation, mais on ne sait pas quoi faire de lui. On le renvoie au poste de police adjacent. Il explique de nouveau sa situation, donne son nom et son numĂ©ro d’identitĂ© danois. Le policier laisse s’afficher le dossier de Moubarak Ă  l’écran, en prend connaissance et lui dit : « Mais pourquoi vous revenez ? Vous savez bien qu’on veut pas de vous ! »
Moubarak lui rĂ©pond : « Je reviens parce que la France m’a renvoyĂ© et parce que vous, le Danemark, avez acceptĂ© de me reprendre en charge, sinon je ne reviendrais pas, je n’ai pas du tout envie d’ĂȘtre ici non plus ! »
Sur ces belles paroles, le policier le place en centre de rétention.
Un avocat le fait sortir du centre de rĂ©tention aprĂšs 2 jours. Moubarak est envoyĂ© dans un centre pour demandeurs d’asile. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien. Chaque jour, on lui propose de retourner au Soudan. Le Danemark pourra mĂȘme l’aider, lui apporter un soutien financier, prendre en charge le billet d’avion, il faut vraiment qu’il rĂ©flĂ©chisse Ă  cette opportunitĂ© ! 
En arabe, Moubarak répond : « Chacun ses formes de matraque. » La travailleuse sociale sourit et lui dit « ça veut dire oui ? »
AprĂšs 6 mois, il passe un nouvel entretien de demande d’asile et reçoit aussitĂŽt une rĂ©ponse nĂ©gative, n’incluant aucune motivation mais rĂ©capitulant son historique prĂ©cĂ©dent – y compris son fameux « statut de rĂ©fugiĂ© en Hongrie ».
Il a 15 jours pour quitter le pays.
Septembre 2017 - Allemagne
C’est dĂ©cidĂ©, Moubarak va revenir en France. Il reprend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est recontrĂŽlĂ© et on le refait descendre du train. Il rĂ©explique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, qu’il est dublinĂ© au Danemark, qu’il a dĂ©jĂ  eu une rĂ©ponse nĂ©gative en Allemagne la derniĂšre fois, il dit « laissez-moi aller en France, s’il vous plaĂźt ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmenĂ© dans un centre pour demandeurs d’asile oĂč on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre Ă  parler allemand.
Il dit « oui oui je sais ».
Sa demande d’asile est rejetĂ©e puisqu’il est dublinĂ© au Danemark.
Octobre 2018 - un peu de politique 
Dans sa circulaire du 20 novembre 2017, GĂ©rard Collomb, alors nouveau Premier ministre, mettait la pression aux prĂ©fets français pour accĂ©lĂ©rer les expulsions et les exhorter Ă  fournir des rĂ©sultats – chiffrĂ©s. Comme chaque annĂ©e, octobre est le mois redoutĂ© pour les organisations qui accompagnent les exilĂ©.e.s, car d’un seul coup certaines prĂ©fectures se rĂ©veillent et rĂ©alisent qu’elles ne vont pas avoir rempli les quotas d’expulsion – bien entendu, il n’y a pas de quota Ă  remplir, officiellement ; seulement voilĂ , chaque annĂ©e, Ă  partir d’octobre et jusqu’à dĂ©cembre c’est la grande artillerie qui tire dans tous les sens pour expulser tout ce qui est expulsable : adultes, enfants, personnes malades, DublinĂ©.e.s, personnes victimes de violences, allez hop. 
Certainement le hasard.
Novembre 2018 - Valence
« ConsidĂ©rant que vous avez demandĂ© l’asile en France en avril 2018 ; considĂ©rant que nous avons sollicitĂ© les autoritĂ©s danoises pour une reprise en charge car le Danemark est responsable de votre demande d’asile ; considĂ©rant que les autoritĂ©s danoises ont rĂ©pondu positivement, nous vous informons de la dĂ©cision du prĂ©fet de la DrĂŽme de vous renvoyer au Danemark. Est-ce que vous comprenez ? »
Moubarak me regarde. Je lui fais un clin d’Ɠil. Avant mĂȘme que l’interprĂšte au tĂ©lĂ©phone ait commencĂ© Ă  traduire, il dit : « Oui, j’ai compris. »
L’agente de la prĂ©fecture a un petit sursaut d’étonnement. « Oh, mais vous parlez français ! »
Il ne répond pas.
Dans le local, j’ai Ă©talĂ© les papiers de la prĂ©fecture dans tous les sens et je me lance dans des calculs de dĂ©lais de recours et de dĂ©lais de ci et de ça, je parle toute seule, je compte toute seule, en faisant le tour du bureau frĂ©nĂ©tiquement et en composant 8 numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone Ă  la fois. 
AllongĂ© sur le canapĂ©, Moubarak ne bouge pas d’un millimĂštre. Il regarde un poster de la BD Le loup en slip sur le mur. 
AprĂšs une heure et demie de gesticulations et de coups de fil, je m’approche de lui en souriant : « Bon, j’ai une solution. Tu me fais confiance ?
— Comme à mon rocher blanc.
— Comme à quoi ? Heing ?
— Tu me dis ta solution et aprĂšs je te dis mon rocher blanc. Et aussi, Ă©cris-le, mon rocher blanc, s’il te plaĂźt.
— J’ai rien compris, mais d’accord. »
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the-pecantree · 6 years ago
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J’ai envie de coucher Ă  l’écrit ma misĂšre sentimentale. CĂ©libataire endurcie en manque d’affection.
En soi rien de nouveau, je vais juste dĂ©peindre le mĂȘme schĂ©ma perpĂ©tuel.
Je brise ma moralitĂ© Ă  deux balles, probablement par consternation ou au contraire... par espoir de rencontrer une Ăąme esseulĂ©e comme la mienne, en tĂ©lĂ©chargeant ce flĂ©au de la consommation affective et sexuelle, j’ai nommĂ© tinder. En tout honnĂȘtetĂ©, qui peut attendre quoi que ce soit de ce genre d’application ? Ce ramassis de filles en transi sentimental Ă  vomir, l’apothĂ©ose de l’égoĂŻsme exacerbĂ©e et du manque d’attention. Et pourtant, ce pot-pourri de tout ce que j’ai horreur parvient Ă  me faire craquer : je cĂšde tous les x du mois sous la pression de la solitude.
Lorsque je parviens finalement Ă  obtenir un match, et mieux encore, une conversation digne de ce nom (c’est-Ă -dire qui atteint un certain nombre d’échanges, et qui ne se limite pas Ă  une description fade de nos activitĂ©s et de nos plans
 hum
 de carriĂšre) j’ai ce sentiment d’apprĂ©hension qui se manifeste sous la forme d’un nƓud dans l’estomac, plus la conversation Ă©volue plus je me sens vulnĂ©rable. J’estime qu’il faut s’ouvrir un minimum pour crĂ©er un lien ou du moins dĂ©boucher sur des conversations intĂ©ressantes. Je ne supporte pas les broutilles, c’est une perte de temps et d’énergie qui ne crĂ©ent au final qu’un vide intersidĂ©ral en moi. C’est plus fort que moi mais ça touche profondĂ©ment mon Ă©go d’ĂȘtre rĂ©duite Ă  trois mots expĂ©diĂ©s Ă  l’arrache depuis un iPhone 6 Ă  l’écran Ă©clatĂ©. Je crois qu’au fond, je voue un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt aux personnes qui interagissent avec moi, les Ă©couter parler de ce qu’ils aiment Ă  quelque chose d’assez touchant. J’aime d’autant plus prendre soin de mes relations, quel que soit leur nature : virtuelles ou simples connaissances, je leur accorde une certaine intĂ©gritĂ©. Du coup, je crois que c’est tout le paradoxe de ma dĂ©marche en me lançant dans une entreprise telle que tinder, les meufs qui s’y trouvent en ont concrĂštement rien Ă  foutre, et j’en ai conscience. Il faut ĂȘtre vraiment crĂ©tin pour croire le contraire. Bref, aprĂšs plusieurs jours d’échanges c’est le moment fatidique : la rencontre. GĂ©nĂ©ralement ça casse ou ça casse. Mais je fonce quand mĂȘme la tĂȘte baissĂ©e par curiositĂ© malsaine Ă  grands coups de libido. Par chance, la meuf est mignonne physiquement, parfois mieux que sur les photos, mais le plus frappant c’est la froideur qui s’émane de tout son ĂȘtre. Suis-je l’objet d’une dĂ©ception ? Mon introversion rĂ©pugne-t-elle ? Il faut garder la face, poser des questions, mettre Ă  l’aise, et l’air de rien prĂ©tendre que c’est une amie de longue date. GĂ©nĂ©ralement, le rencard se dĂ©roule bien, je capte son attention, je dĂ©balle des anecdotes pourraves qui me traversent l’esprit : le sĂ©jour d’une pote en prison, mon adolescence en banlieue parisienne, les milieux alternatifs que je frĂ©quente. Je ne vois pas le temps passer, une heure, deux heures, trois heures, voire quatre. Il est dĂ©jĂ  minuit, les transports en commun sont sur le point de fermer. Et lĂ , elle me propose de passer la nuit chez elle. J’hĂ©site. La tension en moi monte, j’ai envie de baiser. Je lui demande « est-ce que tu es sure ? » elle insiste Ă  moitiĂ©. Je dis oui. Sur le chemin vers son appartement, elle me tient la main, c’est soudainement silencieux. On a sans doute Ă©puisĂ© toutes nos conversations. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tĂȘte, je pense qu’au fond elle s’en bat les couilles. Je suis son pensement Ă  sa misĂšre intĂ©rieur, elle pense sans doute Ă  son ex. Je fais abstraction de tout ça. Finalement, ce qui est en train de se passer est quelque chose d’assez rare pour moi, voire mĂȘme de tristement prĂ©cieux Ă©tant donnĂ© que je ne baise jamais. Du coup, je prends les miettes qu’on me jette Ă  la figure, c’est d’un pathĂ©tisme, je le sais. Ça me dĂ©goute, je fais aussi partie de ce systĂšme-lĂ , d’un produit de consommation, et je consomme aussi Ă  mon tour. A ce moment prĂ©cis, tout s’accĂ©lĂšre. On dĂ©boule dans sa chambre, j’enlĂšve mon pantalon et je m’enfonce dans son lit tandis qu’elle se dĂ©maquille dans la salle de bain. AprĂšs quelques courtes minutes, elle se jette sur moi, elle m’embrasse avec fougue et c’est parti. Le sexe est bon. Je suis toujours un peu maladroite mais c’est Ă  chaque fois quelque chose de nouveau pour moi, c’est la dĂ©couverte d’un nouveau corps, d’une nouvelle odeur, d’une texture de cheveux diffĂ©rente, d’une peau incroyablement douce
 Je me laisse aller, je m’efforce de ne pas trop rĂ©flĂ©chir et de ne pas laisser transparaitre mon manque de confiance en moi. Elle a un orgasme, pas moi. J’ai besoin de temps pour me confondre entiĂšrement avec elle, je suis dans la retenue, je n’y peux rien, j’ai un problĂšme. On discute Ă  nouveau, de tout et de rien, on rigole. On baise Ă  nouveau. On s’enlace, on se caresse et on replonge encore dans une conversation intense. Et lĂ , il se produit l’inĂ©vitable, c’est systĂ©matique, sans que je ne demande rien, sans que je ne fasse allusion Ă  quoique ce soit, sa voix s’immisce dans mes oreilles : « il ne faut pas que tu t’attaches Ă  moi tu sais ». Je rĂ©ponds abasourdie « pardon ? » - « je suis encore amoureuse de mon ex ». C’est d’une Ă©vidence effroyable, elle me ramĂšne Ă  la rĂ©alitĂ©. Parce que oui, cette nuit est une fabulation, rien n’est vrai, nous faisons partie d’une piĂšce de thĂ©Ăątre. C’est ce que les gens savent faire de mieux d’ailleurs. PrĂ©tendre. Surjouer. J’essaye souvent de leur chercher une raison. Je me surprends Ă  m’imaginer que cette fois-ci elle est diffĂ©rente, qu’elle ne fait justement pas partie de ce schĂ©ma de misĂšre Ă©motionnelle, qu’elle me comprend. Mais, ce sentiment de dĂ©ception ultime me gifle en pleine face. Je suis gĂȘnĂ©e, je ne dis rien. Le silence est pesant. Je regrette, je veux rentrer chez moi. Il est quatre heures du matin. J’ai envie de pleurer Ă  l’idĂ©e d’ĂȘtre le godemichĂ© de cette bouffonne. J’ai vĂ©cu cette situation dix fois, je le savais. Je n’aurais pas la considĂ©ration que je cherche depuis tant d’annĂ©es. Je ne peux pas lui en vouloir, les choses fonctionnent ainsi, je lui ai donnĂ© mon consentement. Je lui demande par curiositĂ© si elle souhaite toute de mĂȘme me revoir, je veux juste savoir si elle compte briser mon ego jusqu’au bout, elle me rĂ©pond oui, sans trop de conviction. Je dĂ©cide de ne pas la croire, je m’efforce de ne pas me jeter par la fenĂȘtre de sa chambre. J’essaye de dormir ou de faire semblant de crever en silence. Elle me serre dans ses bras sans que je ne sache trop pourquoi. Il est six heures du matin, il est temps de rentrer. On se quitte aussi froidement qu’on s’est rencontrĂ©es, une poignĂ©e de main machinale ou un hug maladroit, je ne sais plus trop. Je ne vais pas le cacher qu’au plus profonds de mes entrailles j’ai apprĂ©ciĂ© ce moment d’intimitĂ© avec cette inconnue, Ă  ce moment-lĂ  j’ai ressenti une sorte de satisfaction comme un vieux type de 55 ans qui n’a pas baisĂ© depuis 1992. Mais qu’en est-il du rĂ©sultat de cette Ă©quation malsaine ?
Je fais Ă©videmment rĂ©fĂ©rence Ă  une expĂ©rience prĂ©cise que j’ai eue il y a environ 5 mois, mais qui s’inscrit tout de mĂȘme dans la lignĂ©e de tout ce que j’ai pu vivre Ă  prĂ©sent Ă  peu de diffĂ©rences prĂšs. La fille en question a continuĂ© de m’écrire aprĂšs notre rencontre, on s’est d’ailleurs vues plusieurs fois mĂȘme aprĂšs son dĂ©part ïżœïżœ Berlin. Je n’ai pas vraiment l’envie de retranscrire qui elle est vraiment, Ă  mon sens elle n’est rien d’autre qu’une anonyme qui morfond son dĂ©sespoir dans l’utilisation d’applications de rencontres. J’emploie un ton amer, mais pendant un certain temps je pense avoir ressenti une certaine forme d’affection pour elle, peut-ĂȘtre par accablement. Je ne suis pas sĂ»re d’avoir Ă©tĂ© vĂ©ritablement sincĂšre avec moi-mĂȘme au cours de ces derniers mois, je n’en sais strictement rien. Dans tous les cas, la suite est loin d’ĂȘtre rĂ©jouissante et surtout extrĂȘmement prĂ©visible. AprĂšs notre derniĂšre rencontre, elle ne m’a pas Ă©crit une seule fois en l’espace d’un mois, de mon cĂŽtĂ© j’avais dĂ©jĂ  fait le deuil de cette relation qui n’avait pas grand intĂ©rĂȘt. Donc, elle m’envoie un message Ă  six heures du matin, j’étais Ă  Berlin justement dĂ©chirĂ©e par ma nuit effrĂ©nĂ©e que j’avais passĂ© dans une rave clandestine, en soi je vivais ma meilleure vie. J’ai longuement hĂ©sitĂ© Ă  lui rĂ©pondre ou Ă  l’insulter au vu de l’heure, elle Ă©tait sans doute dans la dĂ©tresse affective (j’interprĂšte excessivement), je lui ai rĂ©pondu avec ma plus grande amabilitĂ©. Le soir-mĂȘme on a continuĂ© Ă  Ă©changer un petit peu pendant que je rentrais en Flixbus Ă  Leipzig. Une sorte d’espoir a commencĂ© Ă  m’animer, elle tenait peut-ĂȘtre finalement Ă  moi. Elle avait toujours montrĂ© peu d’intĂ©rĂȘt pour ma personne, mais honnĂȘtement il y avait anguille sous roche car cela ne lui ressemblait pas. Elle a toujours semblĂ© Ă©prouvĂ© un dĂ©sintĂ©rĂȘt profond et ne cessait de me rappeler qu’elle Ă©tait nostalgique de sa prĂ©cĂ©dente relation et qu’elle regrettait un nombre effroyable de choses. Je ne sais pas qui j’étais pour elle. Un plan cul. Au mieux une amie, mais elle ne se comportait pas comme telle. Un soir elle m’a mĂȘme tĂ©lĂ©phonĂ©e car elle soi-disant avait besoin de mes conseils, ce qui vĂ©ritablement peut paraitre banale dans une relation amicale, mais tout sonnait faux. Elle me faisait Ă  moitiĂ© du rentre dedans mais de maniĂšre extrĂȘmement maladroite, j’étais pantoise au bout du fil. Suite Ă  ça, ses messages se firent de plus en plus rares, elle me rĂ©pondait toujours briĂšvement ou lĂ©gĂšrement avec exaspĂ©ration. J’ai toujours su qu’elle jouait sur plusieurs tableaux, qu’elle nourrissait aussi l’espoir de rencontrer quelqu’un pour oublier. Je pense qu’elle m’apprĂ©ciait mais qu’à moitiĂ©, je ne suis pas parvenue Ă  combler son vide intĂ©rieur et ses tribulations affectives. Cette relation qui dĂ©coule de tinder peut sembler tristement anodine, il n’empĂȘche toutefois que j’en ressort blessĂ©e. Nous sommes clairement deux Ăąmes meurtries par la nature des relations que nous impose cette sociĂ©tĂ©, et je ne veux surtout pas minimiser son Ă©tat de dĂ©tresse face Ă  la mienne. Je refuse juste d’adopter un comportement acerbe et Ă©goĂŻste et l’infliger aux autres. Je suis arrivĂ©e Ă  un point d’acceptation car il y a peu de chances que j’arrive un jour Ă  trouver une issue. Il y a quelque chose en moi qui est brisĂ©, et lorsque je suis prompte Ă  la rĂ©animation c’est pour finalement tomber Ă  nouveau dans un gouffre de dĂ©sespoir malsain. 
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santiagotrip · 6 years ago
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Étape 37 : Macau
Lundi 27 mai.
Le bac qui nous fait traverser l’estuaire de la Gironde est Ă  16h30 (en fait, c’est 15h, mais on ne le sait pas encore), et Blaye est Ă  12 kms d’ici. On dĂ©cide donc de faire un peu la grasse matinĂ©e. On part de CartelĂšgue vers 9h, sous la pluie. Une espĂšce de crachin trĂšs fin, qui semble presque inexistant, mais continu, qui transperce tout, et vous mouille sans que vous ne vous en rendiez compte. En fait, ça fait penser aux brumisateurs Evian, qui font exactement la mĂȘme chose pour 10 balles la bombe de flotte.
Comme quoi le Camino est « multifonctions » ...
Je marche donc avec Valentino. Nous avons Ă  peu prĂšs le mĂȘme rythme, donc c’est plutĂŽt bien.
Nous aurons fait au total 20 kms. Le GPS indique 32, mais il a comptĂ© le trajet en bac (oĂč nous n’avons tout compte fait, pas vraiment marchĂ©, et le trajet Margaux - Macau, ou Brigitte, notre hĂŽte de ce soir est venue nous chercher en voiture. Donc ça compte pas.
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Quelques photos du chemin, puisque vous insistez :
Restons dans l’ambiance :
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Il y a pas que chez nous qu’on chasse à la hutte ! Sauf que là, il n’y a pas de hutte !
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On pĂȘche « au filet ». Crevettes grises, aloses, anguilles ... (pour aloses, voir Gogole !)
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Sur le chemin, on cause, on cause ... De tout et de rien. Bon, il cause beaucoup, Valentino. Il m’explique les rĂ©seaux sociaux, les jeux vidĂ©o, me parle un peu de sa vie ... On passe le temps comme on peut. C’est curieux, il est plutĂŽt intelligent, comme garçon. Ce qu’il raconte est intĂ©ressant, mais j’aime mille fois mieux marcher tout seul. J’ai pas besoin de « passer le temps », et, tout seul, j’ai l’impression de ne pas avoir une minute Ă  moi.
On arrive (toujours sous la pluie, plus ou moins active) Ă  Blaye. J’imaginais une grande ville, rien du tout ! Il n’y a rien que l’embarcadĂšre, des restaurants et des bistrots. À grand peine, on trouve une boulangerie, mais pas d’épicerie. C’est pas grave, il nous reste de quoi nous dĂ©brouiller.
Plein de « street art » dans les rues. Militant, plutÎt, parfois joli. En tout cas, surprenant :
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J’aime bien celui-là :
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On s’installe au bord de l’estuaire, assis sur la quai, et on commence le repas. Un pĂȘcheur arrive avec quatre cannes Ă  pĂȘche. Il nous demande poliment de lui laisser la place, ce que nous faisons de bonne grĂące.
VoilĂ  l’estuaire de la Gironde (sous la pluie). Il est immense. Pour ce qui ont oubliĂ©, c’est l’endroit oĂč la Dordogne et la Garonne se rejoignent. 80 kms environ plus loin, c’est la mer.
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Je vais voir l’embarcadĂšre, juste Ă  cĂŽtĂ©. Bien m’en a pris, le bateau ne part pas Ă  16h30, comme indiquĂ© sur les prospectus de CartelĂšgue, mais Ă  15 heures. Ca nous laisse juste le temps d’aller boire un demi au bistrot et revenir.
À Blaye, il y a aussi la « Citadelle ». C’est une forteresse immense. Je l’ai prise en photo, mais la photo est nulle. Je vous invite donc Ă  aller vous cultiver un peu sur Gogole.
VoilĂ  le bateau qui nous emmĂšne pour la traversĂ©e de l’estuaire (4 kms environ)
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De l’autre cĂŽtĂ© de l’estuaire, c’est Lamarque. Nous dĂ©barquons et marchons les 8 kms qui restent jusqu’à Margaux. C’est pas des petits pauvres, pour le coup ! Et comme les 8 kms se sont faits au milieu des vignes, on comprend ... Restaurant de riches, maisons magnifiques, chĂąteaux ...
Je suis tombĂ© lĂ  dessus. Moi le Champenois, ça m’a quand mĂȘme fait bondir. J’ai failli aller jusqu’à la Mairie coller une petite claque au Maire :
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Alors que chacun sait que le vignoble le plus cĂ©lĂšbre au monde, c’est le vignoble Champenois !
Mais bon, grand seigneur, j’ai dĂ©cidĂ© de les abandonner Ă  leurs illusions ...
Nous allons Ă  l’église, je tĂ©lĂ©phone Ă  Brigitte qui vient nous chercher en voiture pour nous emmener Ă  Macau, chez elle. ThĂ©oriquement, elle devrait nous ramener Ă  Margaux pour nous laisser continuer le chemin. Pour ne pas la dĂ©ranger demain matin, nous dĂ©cidons que nous partirons de Macau. La distance est la mĂȘme, le paysage, similaire. Donc, c’est actĂ©, demain matin, on se dĂ©brouille.
La maison donne sur la rue. j’aime bien la dĂ©coration. Un peu rustique, les murs enduits Ă  la chaux, les portes d’origine ou similaire ... En entrant dans la maison, un couloir, et sur la gauche, un bureau. Dans ce bureau, un bureau. On le pousse contre le mur et on dĂ©plie un clic-clac. Valentino sort son matelas gonflable et le pose au seul endroit encore libre. C’était nul. D’abord, parce que son matelas n’est pas Ă©pais et il Ă  quasiment dormi sur le sol, ensuite, parce qu’il est trĂšs Ă©troit et que par terre, il y a du carrelage. Et le carrelage, c’est froid. Surtout la nuit. Moi, j’ai trĂšs bien dormi, dans mon duvet sur le clic-clac, c’était royal. Sauf que si on avait su, on aurait partagĂ© le clic-clac, chacun dans son duvet, je ne pense pas qu’on se serait dĂ©rangĂ©s.
Il paraĂźt que je ronfle. Un peu, dit Valentino. Les ronflements des autres me hĂ©rissent tellement le poil que me dire que je ronfle aussi me fait honte. Mais bon, comme je n’y peux rien, hors me moucher soigneusement avant de dormir, je me dis : “Boules QuiĂšs is your friend”, et voilĂ  !
Nous sommes chez Brigitte et RĂ©gis. Elle est Espagnole (prof au collĂšge de Parempuyre, le village d’à cĂŽtĂ©), et lui est Breton. Je le soupçonne d’ĂȘtre un peu bretonnant, mais je n’en sais rien. Lui est ingĂ©nieur systĂšmes dans une SSII (on dit “essessedeuzi”). Une SSII est une entreprise constituĂ©e principalement d’ingĂ©nieurs ou techniciens, qui sont louĂ©s pour une pĂ©riode donnĂ©e Ă  de grosses boĂźtes pour mettre au point des systĂšmes compliquĂ©s, gĂ©nĂ©ralement informatiques. Quand la mission est finie, on leur en donne une autre, ailleurs. La mission peut durer quelques jours Ă  plusieurs annĂ©es. Il est restĂ© 8 ans dans la mĂȘme entreprise, et actuellement, il est dans une autre depuis plusieurs annĂ©es.
Brigitte est prof d’Espagnol, je l’ai dĂ©jĂ  dit. On a parlĂ© d’éducation. Ca m’a rappelĂ© quelques souvenirs, trente ans en arriĂšre. Je ne comprends pas bien l’état d’esprit des profs d’aujourd’hui, dont elle m’a semblĂ© particuliĂšrement reprĂ©sentative. Elle a du mal avec la hiĂ©rarchie (”Je ne veux pas que les Ă©lĂšves prennent ce que je dis pour parole d’évangile”). Elle n’impose pas Ă  ses Ă©lĂšves, elle propose. Elle leur demande leur avis sur le contenu des cours. Elle trouve qu’il doit s’instaurer un climat de confiance entre l’enseignant et l’enseignĂ©, qui rend inutile la notion de hiĂ©rarchie.
Moi, je dis que tout ne se vaut pas, le jeune et le vieux, le maĂźtre et le disciple, le chef et le subordonnĂ©, le pĂšre et le fils. Je trouve qu’il est lĂąche, dĂ©magogique et surtout illusoire de ne pas prendre ses responsabilitĂ©s et impliquer les autres dans la dĂ©cision. LĂąche, parce que ça permet de rejeter la faute de l’échec sur les autres, et que ça donne une bonne excuse pour ne pas se regarder en face, dĂ©magogique parce que ça prĂ©fĂšre se faire bien voir de ses subordonnĂ©s que de les diriger, et que c’est parfois dur de dire “non, parce que c’est comme ça”, et illusoire, parce que ça ne donne aucun rĂ©sultat tangible.
En plus, dans le cas d’un prof, ça tend Ă  installer un contact privilĂ©giĂ© avec les grandes gueules de la classe, quitte Ă  laisser de cĂŽtĂ© les Ă©lĂšves plus effacĂ©s ou timides, ou encore simplement ceux qui trouvent que ce n’est pas Ă  eux de commenter la qualitĂ© du cours.
Mais enfin, je suis d’un autre temps, et peut-ĂȘtre un peu facho sur les bords, qui sait ?
Brigitte et RĂ©gis ne sont pas cathos pour deux sous (tout se vaut, pourvu qu’il y ait le respect ...), mis ils sont trĂšs militants. J’ai cru comprendre qu’ils Ă©taient Ă  l’origine d’une AMAP. Et pour ĂȘtre partie prenante d’une AMAP, pour le coup, il faut ĂȘtre militant. Parce que quand pour la quatriĂšme semaine, il y a quatre choux dans le panier, on a beau s’intĂ©resser aux mille et une façons d’accommoder le chou, au bout d’un moment, il y en a marre !
Ils ont deux enfants; de 16 et 12 ans (je crois, mais ce n’est que l’ordre de grandeur !) qui s’appellent Elouan pour l’aĂźnĂ©, Ruben pour le second. Un prĂ©nom breton, un prĂ©nom espagnol. Je sais pas trop comment ils vont appeler le troisiĂšme, si troisiĂšme il ya ...
Le lendemain matin, Ă  8h30, nous sommes dehors, Valentino et moi, direction Le Bouscat. Evidemment, on marche 20 minutes et un coup de fil ... C’est Brigitte qui appelle pour me dire que j’ai oubliĂ© mes lunettes. On a bien fait de partir de bonne heure, sinon on n’aurait pas pus se permettre de perdre notre temps ...
Allez, avant d’aller au lit, une petite image qu’on m’a envoyĂ©e et que je trouve drĂŽle et jolie :
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Bonne nuit Ă  tout le monde
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