#faut pas dormir en cours dis donc
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inlovewithaspiderguy · 4 months ago
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ouais, ça vient de “Carolus Magnus” d’où après les Carolingiens.
bordel.
Charlemagne c'était pas genre son nom de famille. Ou un prénom chelou
c'etait PUTAIN de CHARLES LE GRAND
CHARLES MAGNUS EN LATIN
ou un truc du genre
POURQUOI PERSONNE M'A JAMAIS DIS
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perduedansmatete · 1 year ago
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pour une fois que je passe quelques jours d'affilé sans avoir l'envie plus ou moins latente de me faire rouler dessus par une voiture (même si on en a rigolé hier soir quand ça aurait pu arriver pour de vrai) je me dis qu'il faut peut-être que je l'écrive quelque part. mardi j'ai pu goûter au plaisir de ne pas me lever avant sept heures et d'avoir l'impression d'être en vacances toute la journée, même si j'avais plein de choses à faire (je ne les ai pas faites du coup). hier j'étais un peu angoissée comme tous les mercredis car j'adore le cours et ma prof mais c'est aussi le jour où je connais le moins de monde et où je me sens un peu seule. mais au final j'ai pris sur moi et c'était une bonne journée, on était peu cette fois mais comme toujours le cours était passionnant. on s'est intéressé aux rapports entre secret, vérité et mensonge, et puis surtout au fait d'imposer une vérité à quelqu'un ou pas et ça a mené à plein de discussions même à la pause du midi où on se racontait nos histoires de mensonges, dont une folle histoire de tromperie à grande échelle sur dix ans où tout un groupe d'amis est au courant mais ne peut rien dire. quand la prof est revenue dans la salle la fille qui nous avait raconté l'histoire lui a fait un schéma tellement c'était complexe et c'était très drôle, notre prof était abattue par la situation. l'après-midi on a réfléchi à nos sujets d'exposés et je vais le faire avec deux M2 sur les agressions sexuelles par des amis (bonne ambiance) on veut s'intéresser à la notion de confiance et à celle de pardon et la prof l'a intitulé "dérapages entre amis" ce qui nous fait beaucoup rire même si ce n'est absolument pas drôle comme sujet. du coup pendant qu'on brainstormait on s'est rendues compte qu'on avait quand même beaucoup de matière à développer rien qu'en partant de nos expériences persos et amicales. (encore une fois bonne ambiance) puis après une réunion bureau des plaintes pendant laquelle cette même prof d'amour nous a demandé de lui faire remonter tout ce qui n'allait pas dans le master on est allées boire un verre puis des verres, puis d'autres copains nous ont rejoint, j'ai d'ailleurs découvert un nouveau bar trop cool avec des cocktails pas chers, bien dosés et absolument délicieux. on a vraiment bien rigolé et j'ai hâte de les revoir demain. sinon comme il était tard l'ami platonique m'a proposé de venir dormir chez lui, j'ai donc récupéré mon super cadeau trop mimi puis j'ai vu toutes les beautés qu'il s'était achetées en plus de mon cadeau et comment je lui aurais trop piqué sa nouvelle veste en jeans westwood absolument divine avec des épaulettes qui donnent une allure à la gaultier... mais il commence à faire trop froid snif... on s'est endormi au petit matin au doux son de la pluie qui tombe sur le velux et la suite on la connait j'ai mangé mon bâton de saucisson avec lui avant d'avaler le remède anti bébé, tout est bien qui finit bien
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romainmeynier · 1 year ago
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Juillet-août. De retour au travail après avoir nagé dans un lac tout juste rempli – après vidange : poissons neufs, algues fraîches, pierres non polies sur plages vides. Rien d’aimable pour le dos. En haut, une pluie bienfaisante pour l’humanité nous a poussés devant la télévision de l’hôtel, pas regardée depuis les années 10 : clips le matin, policiers le soir. Elise découvre chaque fois le coupable et dénoue les intrigues avant l’heure. Tu devrais être scénariste, lui dis-je. Je ne peux pas, me dit-elle, il faut que ça existe déjà.
J’ai filmé tout l’été en gros plan : le soleil, les traînées d’avion, et, sur la route, quand elle conduisait, les châteaux d’eau et éoliennes. On oublie le zoom moche des téléphones qui donne un grain si beau.
Actuellement dans l’openspace, donc, où une collègue présente des arguments pour la fessée éducative, que j’écoute d’une oreille distraite en tentant d’illustrer une couverture sur la psychiatrie. “Quand il pleure, je le fous sous la douche, ça le calme. C’est qui le patron ?” Je ne lui réponds plus depuis que j’ai appris à la considérer comme une entité irréelle, un PNJ ronchon sans incidence. On ne se met pas en colère contre un programme sans lien avec la suite de l’histoire.
Le soir, avant de dormir, avec Elise, nous jouons à Wikipédia. C’est au premier qui, partant par exemple de la page Citron, arrivera à Marlène Schiappa en n’utilisant que les hyperliens bleus, sautant d’une page à une autre. Elise perd souvent car elle se met à lire les articles qui l’intéressent en cours de jeu. J’étais sur la page Fromage, me dit-elle.
Quelques phrases :
Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris. (Oscar Wilde)
Mauve roule et n’en revient pas. Les gens sont vraiment des putains de grosses merdes, légère averse et ils font tous comme si c’était de l’acide. (Clémentine Haenel, dans Pleins Phares, à paraître le 7 septembre)
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randomchaoss · 2 years ago
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j’ai rien fait de la journée. mélange d’anxiété, d’insatisfaction. j’ai envie de faire des choses, de sortir mais il fait froid et il pleut. je sais même pas pourquoi j’écris ce texte mais jpense que c’est bien de garder ces sentiments qui varient constamment. Aucune stabilité émotionnelle. Ca fait assez dépressif de dire ça. Je suis très loin d’être dépressif. Je me cherche beaucoup en ce moment. Je pense que j’évolue beaucoup. J’apprends sur moi, je commence à me comprendre. Avant je subissais, je prenais la tristesse et l’angoisse en pleine gueule à cause de ces phobies d’impulsion. Maintenant ça varie, ça disparait de plus en plus. Enfin toujours quelque chose qui cloche mais ça je pense que c’est naturel. J’ai l’impression que c’est libérateur ce que je suis en train de faire. J’ai envie de faire des choses mais pourquoi faire ces choses? pour moi ou pour les autres ? je sais plus qui je suis?est ce que je l’ai déjà su ? est ce qu’on s'intéresse à des choses pour pouvoir en parler après et se dire a posteriori qu’on connaît ces choses donc que c’est bien ? ou est ce qu’on est vraiment heureux de lire ces choses? est ce que je m'intéresse vraiment aux chose auxquelles je m'intéresse?  qu’est ce qui me touche vraiment? qu’est ce qui m'intéresse vraiment ? la musique, indéniablement, au dessus de tout. la photographie, c’est sur et certain. le cinéma, c’est magnifique. la littérature, ça m’a pris du temps. maintenant je pense que c’est inscrit, à condition de vraiment trouver l’ouvrage qui me plait. 
Souvent, quand j’ai beaucoup de temps devant moi, que ce soit un samedi ou un dimanche, seul, toutes les activités sont possibles, tout ce dont j’ai envie est réalisable, comme aujourd’hui, dimanche pluvieux. Mais justement rien ne sort. Tout ce à quoi je me consacre me paraît dénué d'intérêt, inutile, vain. Il y’a des connaissances utiles qui permettent de se repérer dans le temps, 
En fait là où je veux en venir et qui concerne quelque chose de plus général chez moi c’est: est ce que n’apprends pas seulement pour plaire aux autres? pour briller en société? est ce que je suis vraiment heureux d’accumuler tous ces savoirs ou c’est seulement pour pouvoir les transmettre? 
cela me renvoie au manque de confiance en moi clair et précis que j’ai. même en écrivant ce texte, est ce que je ne l’écris pas pour le montrer à mina ? pourquoi est ce que je fait ça? 
pour essayer de déblayer ce que je ressens quelque fois, comme aujourd’hui? 
c’est le manque d’activité physique qui me bouffe je le sens, et le fait de rester cloîtré me donne la sensation de devenir fou. Plus je ne fais rien plus je m’interroge sur moi même c’est dangereux et masochiste de s’infliger ça à cette dose. 
j’ai l’impression de ne rien savoir. sans déconner. de savoir 1 % de ce que je devrais savoir. savoir ou savoir faire. j’ai l’impression d’être un empoté. en cours ça fuse, je pense avoir une capacité de réactivité intellectuelle intéressante mais des fois, à l’inverse, d’être un sombre abruti qui bug. 
en fait j’ai l’impression qu’il faut que je fasse tout le temps quelque chose sinon je me sens inutile, je ne veux pas me contenter de rien faire, car ça m’angoisse; normalement pour éviter ça, je prends mon appareil photo et je sors. mais aujourd’hui il a plu. il faut que je m’occupe sinon je ne fais rien; si je ne fais rien je suis nul, je suis comme tout le monde. mais le fait est que oui je suis comme tout le monde. à quoi est ce que je veux ressembler si je fais quelque chose alors que je n’en ai pas envie. en fait la plupart du temps je ne sais pas ce dont j’ai envie et ça m’angoisse tellement trop. je me dis que j’ai juste envie d’une chose c’est que la nuit arrive pour que je puisse dormir et aller en cours, m’occuper, ne pas me confronter à moi même. j’ai le sentiment de m'intéresser à beaucoup de chose mais des fois aucune envie de m'intéresser à toutes ces choses. envie de mettre mon cerveau en veille pour que je ne culpabilise pas de ne m'intéresser à rien. 
en fait je dois tout le temps faire quelque chose qui me font me sentir utile et intelligent: apprentissage ou création. c’est les deux domaines qui me font me sentir bien quand je les pratique. apprentissage: j’apprends quelque chose, je lis, je regarde une vidéo intéressante, je bosse mes cours. création: je retouche mes photos, je fais de la musique sur mon ordinateur(très rare), je cherche des nouveaux photographes pour mon tumblr. dans les deux cas, la création et l’apprentissage, j’ai l’impression que c’est pour les autres. j’ai l’impression de vivre pour les autres. est ce que cette photo va plaire? est ce que ce son va etre aimé par telles ou telles personnes? est ce que cette info va impressionner quand je la sortirai aux gens? je vis pour les autres. et moi dans tout ça ? quel rôle je joue? je passe complètement au second plan. ça renvoie directement à la confiance en moi. peur de ne pas être aimé. toujours ça depuis toujours. enfin depuis le collège je pense. toujours ça. il faudrait que je me débarrasse de ça à tout jamais. après je me dis que si j’écoute ou je fais telle ou telle chose c’est que ces choses me plaisent sinon je me forcerai pas à les faire. (photo ou apprentissage de choses). 
sentiment de besoin d’être ‘validé’ par les autres. tout le temps. que ça soit dans l’humour, dans mes gouts, dans mes phrases, dans mon style, dans mon physique. tout ce que je fais j’ai peur que ça ne plaise pas et c’est ma pire hantise. tellement peur de ne pas être aimé ou qu’on trouve que je ne suis pas intéressant. 
le poids de l’existence c’est lourd surtout ce soir. demain je suis sur que en sortant des cours je vais me relire et me dire mais putain quel foncdé je suis. mais bon au moins j’ai écris ce que je ressentais ce soir. voila 
pb; confiance en moi, se détacher des autres completement, je pense que deja depuis 1 Mois j’arrive à porter un tout petit peu moins d’attention aux autres, en fonctionnant sous forme d’acquis; je m’explique; si j’ai des potes depuis longtemps, si je m’entends majoritairement bien avec les gens en général, si je fais rire les gens de temps en temps, si on me complimente sur mes photos: c’est que je suis pas quelqu’un de si nul que ça. enfin apres ça veut rien dire du tout c’est des conneries ce que je dis. si je faisias pas rire les gens et que on disait du mal de mes photos je serais pas nul non plus. si j’étais pas cool avec les gens si j’étais un connard là je serai nul. mais je crois que je le suis pas. bref à plus
04/12
aujourd’hui j’ai marché. j’avais pas cours du coup j’ai marché. je pense que ça m’a fait du bien mais je suis toujours anxieux. boule au ventre, gorge serré. je culpabilise de pas avoir plus bossé. Je pense que je vais avoir mon semestre mais j’ai peur. j’ai peur que mina me trouve bidon. enfin que je sache plus quoi dire à mina. C’est dur de toujours avoir quelque chose à dire au bout d’un an et demi. c’est dur d’avoir l’air toujours interessant et toujours s’interesser à quelque chose. en fait des fois j’ai l’impression qu’il faut pas que je m’interesse à des choses simples comme regarder trop son tel ou regarder des vidéos nazes sur youtube car je me dis c’est nul ce que tu fais ça t’apporte rien tu es comme les autres. et encore une fois oui je suis comme les autres. en fait j’ai l’impression que je veux etre le meilleur et je supporte pas quand quelqu’un est plus cultivé ou meilleur que moi. alors que bordel tout le monde est meilleur que quelqu’un dans un domaine. et même ça ça veut rien dire. c’est encore un concept de merde. ‘être meilleur’. ça veut rien dire. c’est comme être intelligent: c’est de la merde. comme disait mina, chacun est intelligent à sa propre manière et on peut pas jauger, enfi peut etre qu’on peut mais faut pas. chacun a ses différences: qualités/ défauts/ là ou ça pêche; là où ça gaze. j’arrive pas à bosser sans date butoire c’est assez chiant; là je me dis que j’ai du temps alors qu’on va tout se prendre sur la gueule bientot. il faut que je bosse sur l’école d’archi. a plus
12/12
tiens, 12/12. c’est marrant. je crois que je me dépense pas assez, c’est ça le problème. ma jambe tremble énormément. Il faut que j’apprenne à écrire de manière plus claire et accompagné d’un style plus étoffé. Bref, c’est pas la question. ça revient. je suis anxieux, je sais pas quoi faire. il faudrait que je bosse mais j’arrive pas. je me dis encore que j’ai du temps, jusqu’au moment où j’ai plus de temps. J’ai peur de ne pas assez être intelligent. vraiment très peur de ça. j’ai l’impression d’être seulement cultivé. et encore. je suis fatigué et mon cerveau met du temps à se mettre en route c’est très chiant. souvent je ne comprends pas des choses assez simple, mon cerveau bute. j’ai aussi peur pour ma mémoire. faudrait que je travaille dessus. là j’ai l’impression de subir la vie. vraiment. de la prendre dans la gueule et de devoir la transporter et c’est lourd. j’ai peur de ce qui va m’arriver. j’ai peur, tout le temps peur. 
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dustycrew · 2 years ago
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Un séjour hospitalier bipolaire 2 avec TDI-ATDS
Partie 1
Written by Dusty Crew — August 31, 2022
Cet article fait partie d'une suite d'articles sur une hospitalisation en France métropolitaine d'une durée de deux mois et demi en clinique privée
21 avril Je ne me souviens pas du premier jour. Un mois et demi de combat avec moi-même sur ce qui était sûrement une phase mixte : symptômes dépressifs alternés de grandeur et d’impulsivité extrêmes, entre autre.
De ce que l’on m’a expliqué je me suis levé tard ce jour là, tôt les jours d’avant. Je me souviens juste : réserve l’hôtel, prend ces boîtes de pillules, un rasoir. Instinct de survie, j’envoie à mon psychologue un sms d’adieu :
“Je ne sais pas quoi faire aujou’dhui. Soit tout lâche soit je lâche. J’ai aligné une partir des anxios j’ai des boîtes en trop. Cette nuit j’ai juste éteint le cerveau. Je ne suis pas désolé je charge un appartenant vide suite à demander un hôtel. Eteindre et disparaître. Il me manque quelques boites à chercher. Je déteste ce message”
Il y a des fautes, oui, c’est le vrai sms. J’étais dans des états visiblement pas possibles. Je plante devant mes médicaments longtemps, somnolent, je reçois 20 minutes plus tard :
“Le samu vous appelle”
Je dis merci.
Je donne le samu à ma colocataire, le psy essaye de me faire parler, ancrer, puis m’aider à faire mon sac : ça fonctionne. Je perdrai deux jours de mémoire sous tercian. La suite de l’histoire est basée sur mon journal intime et nos souvenirs.
24 avril
“C’est comme si 10 jours étaient passés. Mais seulement cinq. J’ai réussi à appeler le psychologue au lieu de me suicider. Puis SAMU, une nuit là bas puis ici à dormir. A abandonner, à me dire je rentre et je le fais. Je dois me reprendre.”
Cette entrée était quand j’étais aux cèdres. Ici, c’est le secteur fermé. Celui où une chambre spéciale est réservée comme une prison à celleux qu’on doit attacher. Au cours de mon séjour elle prend différent noms de la bouche des infirmiers selon ce que l’on veut faire miroiter : chambre d’isolement, chambre d’apaisement. Moi, je la vois comme une chambre de torture. Filmée, vide, deux portes qui séparent du reste des autres. Je retrouve le grand couloir dans lequel je fais des allers retours. Personne ne me parle et je ne parle à personne.
Deuxième entrée, 19h20
“Quand les résultats tomberont**, mon tél sera en charge jusqu’à demain. Comment je me sens ? Comme s’il était l’heure de mourir. Et j’ai de quoi percer la peau. Je ne veux pas le dire. Je veux pouvoir m’en aller. Aujourd’hui ? Mangé, dessiné, sport. J’ai envie de crever. Je peux me lever et tout, sans envie de vivre. Inventaire : lacets, sac hermétiques, aiguille, eau.”
**contexte électoral en France
25 avril “La nuit a été longue. 3h d’insomnie, repos, hallucination, insomnie. […] Bref, début de journée dans la fatigue. J’ai vaguement fait du port, j’ai attendu le Dr S. je n’ai pas aimé son comportement : froid, pas à l’écoute. Il a l’air sceptique de mes oublis et changements d’humeurs, je n’ai même pas pu dire “phase mixte”, il me coupait sans cesse. D’accord, j’ai menti, hier je voulais crever. Je veux pas rester ici donc j’ai menti. J’ai donné l’autorisation à mon psychologue d’appeler ici. Mon psychiatre extérieur avait lui reçu une lettre. Je me suis excusée auprès de ma colocataire et elle n’est pas restée seule. Apparemment je lui ai donné mes anxios et mon psy m’avait gardé au téléphone […] je ne me souviens pas bien. Si je m’ennuie trop demain je peinds les conneries de Rousseau, au café. Ses confessions à la noix.“
18h18 “C’est comme s’il s’était passé 6 heures depuis tout à l’heure. C’est absurde. Il ne se passe rien. Contrairement à mon précédent séjour les gens sont seuls, repliés, livrés à eux même. Je vis mal chaque nouvelle intéraction, un goût de “Tu me veux quoi”. Alors bon je dessine ok. Je lis un peu, communique avec l’extérieur et parcours mille lieux. Heureusement pour moi j’ai la patience. Mais ce serait plus simple, avec du contact humain. Ou de la musique. Mais je ne peux charger la batterie qu’une fois par jour. […] Il y a cinq jours manquants juste avant la crise qui m’a amené ici. Avant ça faisait quelques jours que je m’accrochais aux branches. Je ne comprends pas“
20h14 “I. je crois. Elle part vendredi. Elle est très différente des autres. Ce n’est pas un mal, mais ça la rend très incomprise. Ce qui m’avait marqué, c’est qu’elle avait vu le chat et l’avait viré du radiateur. Elle ne l’aime pas. Elle dit qu’il vole les couleurs de sa couverture. Sacré argument. Aussi hier une patiente m’a demandé “homme ou femme” puis décidé femme. Aujourd’hui en short court, une autre “J’arrive pas à savoir si t’es PD ou femme, t’es PD ?”
Peut-être !
Ah je sais pas !
Qui sait !, j’ai conclu. J’entends derrière “Si tu veux savoir il faut regarder dessous quand…” la fin m’échappe. Vraiment les Cèdres il y a un an c’était une meilleure troupe.
*Troubles dissociatifs de l’identité/Autres troubles dissociatifs de l’identité
Transphobie
Homophobie
Témoignage
Clinique
HP
ATDS
Médication
Maltraitance
TDI
TS
bipolarité
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news24fr · 2 years ago
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Le ministère des Sports a demandé une réponse de la Fédération indienne de lutte (WFI) "dans les 72 prochaines heures" après que des lutteurs de haut niveau, dont l'olympien Vinesh Phogat, les médaillés olympiques Bajrang Punia et Sakshi Malik, ont allégué une faute grave de la part des entraîneurs de l'organisme sportif et du président Brij Bhushan. Sharan Singh. Vinesh Phogat, la première lutteuse indienne à remporter l'or aux Jeux du Commonwealth et aux Jeux asiatiques, a déclaré que "les entraîneurs nationaux ont agressé des lutteuses au fil des ans et ont reçu des menaces de mort de la part des responsables de la WFI". Elle et d'autres lutteurs indiens de haut niveau ont organisé mercredi une manifestation massive au Jantar Mantar à New Delhi. Les lutteurs ont appelé à la destitution du président de la WFI. Le centre, dans un communiqué, a précisé que si la WFI ne répond pas dans les trois prochains jours, le ministère des sports « procédera à une action contre la fédération en vertu des dispositions du Code national de développement du sport, 2011. " "Prenant connaissance de la manifestation organisée par des lutteurs, y compris des médaillés olympiques et du CWG, à Delhi aujourd'hui et d'une conférence de presse au cours de laquelle des lutteurs ont porté de graves accusations de harcèlement sexuel contre des lutteuses par le président et les entraîneurs de la Fédération indienne de lutte (WFI) et de mauvaise gestion dans le fonctionnement de la fédération, le ministère des Sports a demandé des explications à WFI et lui a ordonné de fournir une réponse dans les prochaines 72 heures sur les allégations formulées. Dans sa communication à WFI, le ministère a déclaré que "depuis la concerne le bien-être des athlètes, le ministère a pris la question très au sérieux", a déclaré le ministère des Sports dans un communiqué. "Le ministère a en outre déclaré que si WFI ne fournit pas de réponse dans les 72 prochaines heures, le ministère engagera une action contre la fédération conformément aux dispositions du Code national de développement du sport, 2011." Vinesh, les allégations de Bajrang Le médaillé olympique de Rio Sakshi Malik, la médaillée des championnats du monde Sarita Mor, Sangeeta Phogat, Anshu Malik, Sonam Malik, Satyawart Malik, Jitender Kinha, Amit Dhankar et le médaillé CWG Sumit Malik faisaient partie des 30 lutteurs qui se sont rassemblés sur le célèbre site de protestation. "Il vaut mieux mourir une fois plutôt que de mourir lentement tous les jours. Nous ne pouvons pas dormir la nuit car nous ne savons pas si nous allons participer à la compétition ou non. Que nous irons au camp national ou non. Nous doute que ces entraîneurs et leurs supporters puissent augmenter notre nourriture et que nous devenions positifs lors du test de dopage », a déclaré Vinesh Phogat à NDTV. "Nous sommes donc inquiets de toutes ces choses. Comme le président Brij Bhushan ji disait qu'il est innocent, je vous dis que nous lui avons envoyé de nombreux courriers mais il n'a jamais répondu à aucun d'entre eux. Maintenant, devons-nous aller dans sa chambre pour tout et n'importe quoi ? » Vinesh, médaillée des championnats du monde et olympienne, a également affirmé que plusieurs entraîneurs d'un camp national à Lucknow ont exploité des lutteuses, ajoutant qu'il y a quelques femmes au camp qui approchent des lutteuses à la demande du président de la WFI. "Certains entraîneurs sont proches des fédérations nationales. Ces entraîneurs ont exploité des jeunes filles. Je ne sais pas combien de jeunes filles ont souffert à cause d'eux", a déclaré Vinesh. La jeune femme de 28 ans a cependant précisé qu'elle-même n'avait pas été victime d'une telle exploitation, mais a affirmé qu'elle avait reçu des menaces de mort à la demande du président de la WFI de la part de responsables proches de lui parce qu'elle avait osé attirer l'attention du Premier ministre Narendra Modi sur plusieurs problèmes qui affligent l'Inde. lutte lorsqu'elle l'a rencontré après les Jeux de Tokyo.
"Je connais au moins 10 à 20 lutteuses qui m'ont parlé de l'exploitation sexuelle qu'elles ont subie de la part du président de la WFI. Elles m'ont raconté leurs histoires. Je ne peux pas prendre leurs noms maintenant, mais je peux certainement révéler le noms si nous rencontrons le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur du pays », a déclaré Vinesh s'adressant aux médias après avoir organisé un « dharna » de quatre heures à Jantar Mantar. "J'ai reçu des menaces de mort de personnes proches du président de la WFI. Si quelque chose arrive à l'un d'entre nous assis ici, seul le président de la WFI en sera responsable." Assis à côté de Vinesh, le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Tokyo, Bajrang Punia, a déclaré que la fédération était dirigée de manière arbitraire et qu'elle ne participerait à aucune compétition internationale à moins que le président de la WFI ne soit démis de ses fonctions. "Notre combat n'est pas contre le gouvernement ou la Sports Authority of India (SAI). C'est contre WFI. 'Yeh ab aar paar ki ladai hai' (C'est un combat jusqu'à la fin). Nous continuerons cette manifestation jusqu'à ce que le président de WFI soit démis de ses fonctions", a déclaré Bajrang Punia à l'agence de presse PTI. WFI réfute les allégations Le président de WFI, Brij Bhushan Sharan Singh, a répondu aux allégations. "Je suis venu ici dès que j'ai appris que les lutteurs protestaient. Y a-t-il quelqu'un enregistré qui puisse dire que la Fédération nous a agressés ?" a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. « Si vous avez eu de tels problèmes avec la fédération, alors pourquoi personne ne les a soulevés pendant 10 ans ? Des problèmes surviennent chaque fois que des règles sont établies. "Il n'y a aucune vérité dans les allégations des lutteurs contre moi, je suis prêt à être pendu même si un cas de harcèlement sexuel est prouvé", a ajouté le chef de la WFI, Brij Bhushan. "Je ne quitterai pas le poste de président de WFI, mais je suis prêt à faire l'objet d'une enquête de la CBI ou de la police." "Un industriel est derrière ce complot contre moi. Pourquoi Vinesh n'a pas approché la police si elle a reçu des menaces de mort", a-t-il encore allégué. Camp de lutte annulé Le ministère a également annulé un prochain camp de lutte pour les lutteuses. "De plus, le camp d'entraînement de la lutte nationale féminine, qui devait commencer au Centre national d'excellence (NCOE) de l'Autorité sportive de l'Inde à Lucknow à partir du 18 janvier 2023 avec 41 lutteuses et 13 entraîneurs et personnel de soutien, a été annulé", a déclaré le déclaration énoncée. "Le directeur exécutif du NCOE Lucknow a été chargé de fournir toutes les installations aux campeurs nationaux qui se sont déjà signalés et susceptibles de le faire, jusqu'à ce que les campeurs quittent le centre. Les informations nécessaires concernant l'annulation du camp national des entraîneurs ont également été envoyées à tous les campeurs. ." Yogeshwar Dutt, lutteur médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012, a déclaré que les allégations de harcèlement sexuel devaient être approfondies. "Il devrait y avoir une enquête appropriée sur toute l'affaire. Comme je peux voir que les meilleurs lutteurs du pays se sont réunis au Jantar Mantar, je pense que toute l'affaire devrait faire l'objet d'une enquête. Je pense que les victimes devraient se manifester et élever leur voix sinon il n'y aura pas de conclusion appropriée », a déclaré Dutt à NDTV.
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inesgil · 4 years ago
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Isratine : journal d'Israel / Palestine
Début avril 2018, je me lance un défi : rouler de Tel-Aviv Jaffa à Ramallah en vélo. Outre l’insolation, les courbatures, et une fatigue extrême, ce périple m’offre un nouveau regard sur la Cisjordanie, et en fin de course, une rencontre. 
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Vélo dans une main, téléphone portable dans l’autre, je dévale péniblement les escaliers d’un petit immeuble typique de Jaffa. Une bâtisse centenaire aux plafonds immenses usés par le temps. Je traverse la cour intérieure, des braillements d’enfants résonnent sur fond de bruits de casserole. Situé au sud du quartier Ajami, le secteur est très familial. Depuis un mois, je partage un appartement avec Ameed et Khaled. Originaires de Nazareth, les deux cousins se sont installés ensemble il y a des lustres. Mais depuis quelques temps, l’ambiance est froide dans l’appartement. Trop différents, ils ne veulent clairement plus vivre ensemble. Telle un Casque bleu posté à la frontière entre le Liban et Israël, ma présence semble apaiser les tensions. 
Au dehors, l’humidité lèche mes narines. La sensation de rosée matinale flotte dans l’air et caresse mon visage. Elle éveille des souvenirs de lendemain de camping derrière la maison de ma grand-mère maternelle. Cette délicieuse époque qu’est l’enfance, où dormir hors de mon lit résonnait comme une incroyable odyssée. Aujourd’hui, une tout autre aventure se dessine devant moi. Une idée qui semble absurde : rouler à vélo de Tel-Aviv à Ramallah. D’après mes souvenirs, une soixantaine de kilomètres sépare les deux villes. Rien d’insurmontable pour quiconque bouge ses gambettes de temps à autres. Mais relier ces deux localités à vélo semble dépasser toute logique. J’en ai parlé à quelques collègues de la chaîne dans laquelle je travaille : “énorme connerie” d’après eux. Ils ont sûrement raison, mais leurs remarques m’ont un peu plus motivée dans mon projet. Surtout parce qu’elles viennent des gens de la chaîne. 
En sortant du bâtiment, je repense à mon besoin constant de réaliser de nouveaux défis (aberrants pour certains), me dépasser, et un peu dépasser les autres aussi. Trois ans plus tôt, déjà installée en Israël pour un stage de quelques mois, j’avais tenté Haïfa-Tel-Aviv à pied. Je m’étais arrêtée à Atlit, épuisée. Bien tenté, Ines... Aujourd’hui, ce nouveau défi est plus que bienvenu. J’ai débarquée en Israël deux mois plus tôt, assoiffée de renouveau, persuadée que Paris n’avait rien à m’offrir après 6 mois de grisaille émotionnelle. Mais je commence à tourner en rond. L’euphorie des premières semaines est un peu retombée. Je me sens censurée par mon supérieur (celui qui s’assure qu’on ne dise pas COLONIE ou OCCUPATION à l’antenne), dont l’attitude me met mal à l’aise. Et mon ex me manque. Un bon Tel-Aviv-Ramallah à deux roues s’impose donc.
Je sors du bâtiment, comblée de m’être réveillée de bonne heure pour faire autre chose que poser mes fesses sur les plages tel-aviviennes. Les deux litres d’eau enfouis dans mon sac clapotent au rythme de mes pas. J’ai préparé une salade, comme toujours, noyée dans un amas de fruits secs et quelques affaires de rechange. Je compte dormir à Ramallah. “Peut-être chez Ahmad”, me dis-je. Seule personne avec qui j’entretiens encore des contacts réguliers à Ramallah (la ville se trouve en Cisjordanie, où j’ai vécu en 2014). Il m’a convié à une soirée le soir même et il sait que je n’ai nul part où dormir. En réalité, en arrivant, je vais découvrir que non, je ne dormirai pas chez Ahmad. Et cela va tout changer pour moi. Je pose le vélo le long d’un mur, j’ouvre les trois-quatre feuilles de papier déjà broyées par mon légendaire toucher délicat. J’ai imprimé à la va-vite le trajet à suivre pour me rendre à Ramallah. En Israël, je n’aurai aucun problème d’orientation. Il suffit de rouler dos à la mer et je suis sûre de me rendre en Cisjordanie. Mais par quel checkpoint passer? Quelles routes emprunter un fois arrivée en territoires palestiniens? Sont-elles toutes ouvertes? (checkpoint fermé le mardi? Caprice de l’armée? Regain de violences? Barrière en béton? Interdit aux Palestiniens? Aux Arabes? Aux non-juifs? Aux Chinois?...). La Cisjordanie est un gruyère incompréhensible. Mais adepte du bordel, de l’improvisation totale, je n’ai pas préparé grand chose. Seulement ce vieux plan imprimé d’une encre hideuse. Il m’indique d’emprunter le checkpoint de Rantis, puis de descendre la Cisjordanie, direction Ramallah.
Sur mon téléphone, Google Maps n’annonce pas le chemin à suivre. Ou plutôt, il me recommande de rouler… pendant 3 jours. Nombreuses sont les routes palestiniennes qui n’ont pas été enregistrées par l’application. D’une ville à l’autre, c’est toujours le même scénario : elle fait passer voitures et vélos par des détours impossibles, une perte de temps effroyable. J’utiliserai donc ma bonne vieille carte, à l’ancienne. Mon téléphone me servira pour repérer ma position en cas de problème.
J’empoigne mon deux-roues d’une motivation d’acier. Premier coup de pédale, début du périple. Le vent frais marin frappe mon visage d’une claque délicieuse. Un doux début d’avril à 8 heures du matin à Jaffa. Il fait un peu froid, mais c’est agréable. La rue Yefet, habituellement chargée à bloc, n’est pas encore tout à fait réveillée. Après une demi-heure de route, je sors de la ville, petite en largeur. Tel-Aviv est bien la cité des vélos. Mais en quittant la mégalopole, j’entre dans une tout autre réalité. Je sillonne une voie étroite. Aucune place pour les deux roues sur le bas côté. Les voitures me frôlent en passant. Au loin, j’essaye déjà d’apercevoir les collines palestiniennes de Cisjordanie, mais impossible. La route semble infinie. De chaque côté, des champs s’étalent. Le paysage prend des couleurs jaune paille et verdâtre. “On dirait la Lorraine en moins beau”, me dis-je. Le temps nuageux et l’effet de pollution n’arrangent pas les choses. Une pensée stupide traverse mon esprit : “C’est pour ça qu’ils se sont battus il y a 70 ans?”.
Outre l’absence d’espace peu commode, la route est facile. Du plat à l’infini. Au total, il me faut deux heures pour traverser Israël. En milieu de matinée, les premières côtes se dessinent. Mes mollets déjà bien formés doivent redoubler d’efforts. Plusieurs kilomètres comme ça, et toujours pas de checkpoint. Je m’arrête, saisis mon téléphone : je n’ai pas encore passé la ligne verte (ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie). Je reprends la route, et soudain, les petites cabanes du checkpoint se dessinent de chaque côté de la chaussée. Trois ou quatre soldates israéliennes discutent. Les battements de mon coeur accélèrent. Je crains qu’elles ne m’arrêtent, abasourdies de voir une cycliste se rendre en Cisjordanie. Mais il ne se passe rien. Elles remarquent à peine ma présence. Avec ma tête (blanche, blonde aux cheveux frisés), j’entre dans la catégorie des physiques types israéliens. D’ailleurs, les gens me prennent souvent pour une Russe dans la rue (les Russes sont très nombreux en Israël, notamment depuis leur arrivée en masse après la chute de l’URSS). Checkpoint passé, ça y est : je suis en Palestine.
Arrivée au sommet d’une petite colline, je la dévale à toute vitesse. L’histoire des heures à venir. Une lutte acharnée pendant 30 minutes à chaque montée, et la jouissance de la descente… qui dure 30 secondes. Durant la course, le vélo m’offre plus de temps pour observer, me connecter avec l’environnement et les structures urbaines, symptomatiques de la situation politique. Avec leur structure carrée à la Wisteria Lane et leurs toits orange, les colonies israéliennes sont immanquables. Les villages palestiniens, eux, sont reconnaissables grâce aux minarets des mosquées, et sont plutôt construits au pied des montagnes. Une scène se répète sans fin : à chaque fois, les colonies israéliennes sont implantées au sommet des collines. Postés dans leurs confortables miradors, les colons scrutent toute la région. Les agissements des Palestiniens sont visibles de partout et de très loin. Aussi anodins qu'ils puissent paraître, l'urbanisme et l'architecture sont les premiers outils du contrôle israélien dans la région.
En contraste à la première partie de mon voyage en Israël, le paysage est remodelé. D’une piètre médiocrité entre Tel-Aviv et Rantis, il se transforme en une petite merveille méditerranéenne. Le gris vert des oliviers plantés entre les roches sèches, envahit mes yeux. Le soleil, qui s’est soudain levé, éblouit ce tableau coloré. En dévalant une longue pente, j’admire la région. Sans trop savoir pourquoi, une vive émotion s’empare de moi : “c’est tellement beau, putain”.
Le soleil frappe mon crâne à mesure que les heures passent. Durant une pause méritée sous un olivier, j’entoure ma tête d’un châle. Je me regarde dans l’appareil photo de mon téléphone : “J’ai vraiment l’air d’une colon…”. En entrant en Cisjordanie, j’ai quitté une relative “normalité”. Ici, je m’expose à bien plus de tensions. Or, mon physique me classe directement dans la case Israélienne. En reprenant la route, lorsque certaines voitures me frôlent, la crainte traverse mon esprit : “et si un Palestinien me prenait pour une colon israélienne? Ca serait vraiment trop con…”. Mais les heures défilent, et il ne se passe rien. 
Sur le chemin, je rencontre des Israéliens bien plus apeurés que moi. Une voiture militaire m’arrête dans ma course : “vous faites quoi?”, me demande une soldate avec la légendaire “douceur” locale (équivalente à une claque donnée à l’aide d’un cactus). Je réponds en anglais : “je… fais du vélo. Il y a un problème? Je ne parle pas hébreu”. Elle regarde son collègue, d’un air un peu ébahi. Elle continue, en hébreu, bien sûr : “du vélo? Ici ?” Le reste, je ne le comprends pas. Je hausse les épaules, la regarde d’un air gêné : “but, it is not forbidden…” Elle ne répond rien, et l’air exaspéré, retourne dans sa camionnette militaire. Pédaler à vélo dans la rue, un acte surréaliste dans ces territoires. Je reprends ma course. Le cagnard devient insupportable. Le soleil perce ma peau avec violence, mon visage a viré au rouge. J’ai le sentiment que ma tête va éclater sous la chaleur. Je m’arrête près d’une heure et demie. Sur le côté du sentier, j’ai repéré un arbre assez grand pour protéger mon mètre 70 du soleil brûlant. Cette pause me fait un bien fou. Une envie dingue de m’endormir pour les 10 heures à venir me submerge. Après cette vague tentative de me remettre d’un début d’insolation, je reprends la route sans grande motivation. Je n’ai pas le choix, il me reste un bon morceau à parcourir. J’enfourche le deux-roues en soufflant : “Pourquoi je n’ai pas de vélo électrique, déjà?”. Je repose mes fesses avec peine sur la selle anormalement dure. Mon popotin doit se réhabituer au supplice. “Bordel, quel enfer”. Les trois heures suivantes, les mêmes paysages se succèdent. Mais plus aucun émerveillement dans mes yeux. Je ne pense qu’à une chose… enfin débarquer dans cette foutue Ramallah. Sur le chemin, deux voitures aux plaques vertes et blanches (palestinienne) me dépassent en se foutant de moi. Le fait qu’ils me prennent pour une colon doit les motiver. Même si je suis au bout de ma vie, je les comprends un peu. J’ai vraiment une sale tronche. Étant donnés les rapports plus que tendus entre Israéliens et Palestiniens en Cisjordanie, s’ils peuvent s’offrir le plaisir de se moquer d’une galérienne de colon israélienne… why not. 
Sur le chemin, une voiture, plaque jaune et bleue (israélienne) s’arrête : “Shalom” me lance un homme : “Shalom, ani lo medaveret ivrit (je ne parle pas hébreu)”. L’homme acquiesce, l’air compréhensif : “heu… vous allez bien? Vous avez besoin d’aide?” cela ressemble plus à une affirmation qu’à une question. Mon visage, rouge feu, semble exploser. Je souris : “non, merci, je fais un tour à vélo. Il fait juste un peu chaud”. “Vous allez où?”, je réponds, l’air un peu gêné : “heu… un peu plus loin, j’en ai pour 10 minutes à peine”. Il enchaîne : “Pourquoi faire du vélo?! C’est dangereux!” Je réplique : “tout va bien merci!” Il remonte dans sa voiture, en me lançant un dernier regard inquiet. “Honnêtement, non”, me dis-je, “tu as vu juste, je ne vais pas très bien”. Mais j’ai de l’énergie. J’ai encore espoir de terminer mon parcours à vélo. “Et puis j’imagine que tu n’as pas très envie de me déposer à Ramallah.” 
Une heure (et des montées de collines infernales) plus tard, une bifurcation s’ouvre sur la droite. Un panneau immense est planté à l’entrée de la chaussée, avec, écrit en lettre blanche sur fond rouge en arabe, en hébreu et en anglais : “cette route mène vers la zone A, sous autorité palestinienne. L’entrée est interdite aux Israéliens, elle représente un danger pour leur vie et elle est contraire au droit israélien.” Je regarde mon Google maps, je compare avec ma carte : je dois tourner. Si je continuais tout droit, je serais toujours sur une route de la zone C (contrôle administratif et sécuritaire israélien). Moderne, lisse, agréable, séparée par des petits pointillés jaunes, et même ensoleillée. Pas un seul trou. Mais à droite, la voie est criblée de culs de poule. Grise-noire, délabrée, il semble même que le soleil ait déserté le chemin (zone A, interdite aux rayons de soleil dans le droit israélien?) 
La colline mène sur une dizaine d’habitations. Elle est particulièrement pentue. Je suis déjà désabusée. Après quelques mètres, une voiture palestinienne s’arrête. Quatre hommes sortent du véhicule : “Hello! Vous avez besoin d’aide?” me demandent-il en anglais. Je suis en zone A, ils ont donc tout de suite compris que j’étais Européenne. “YES! Please!” 
Enfin, je pose les pieds à Ramallah. Finalement, je n’aurai pas fait tout le chemin à vélo. Une dizaine de minutes en voiture ont achevé ma course. Je l’avoue, pour la première fois dans ce texte. J’ai toujours omis cette dernière partie de mon voyage, trop fière d’assurer que “oui, bien sûr, j’ai fait tout le chemin sans aucune aide”, ravie de voir les yeux impressionnés de mes interlocuteurs. 
Je me pose dans le premier café sur le chemin. Un lieu plutôt hype, décoré comme un jardin à l’anglaise. Mal habillée, mal coiffée, toujours aussi rouge, l’air desséchée, je pue. Je suis aux antipodes des codes ramallawis et des codes arabes en général. Avec un petit air honteux, je m’assois loin des autres clients. Mon vélo est resté dehors, sans cadenas. Ce n’est plus Tel-Aviv, ici, “personne ne le prendra”, m’affirme un serveur. Ahmad débarque, le sourire éclatant. Plus de trois ans sans le voir. Je refuse de le prendre dans mes bras : “I smell so bad !” Il s’assoit, curieux de découvrir le café où nous nous trouvons, trop “girly” pour lui. Il est bien plus branché bars à bières. Pendant une heure, on se refait les trois ans passés et les 10 heures de presque enfer que je viens de vivre : “Ahmad, can I take a shower at your place please?” il répond : “Of course! But tonight, you cannot sleep there, my cat did shit in the room. Anyway… you will sleep in an apartment with French people. Is it ok?” Je réponds, juste soulagée de pouvoir prendre une douche d’ici peu : “oh yeah yeah! That’s nice from them!” 
La soirée est organisée à Birzeit, un petit village chrétien coquet à 10 minutes en voiture de Ramallah. En quatre roues, cette fois, pas à vélo. Plus jamais. Comme une sensation de gueule de bois, je refuse de penser à cet objet maudit pour les heures qui viennent. “Who is organizing the party?” Ahmad me répond : “German people studying in Birzeit”. Outre le petit village, Birzeit est surtout connue pour son immense université, légèrement excentrée. Un programme de langue arabe y accueille des étrangers venus du monde entier.
Arrivés à destination, je descends des petits escaliers en suivant Ahmad. Un chemin étroit mène sur une terrasse noyée de plantes. Au milieu, une grande table est installée pour accueillir une vingtaine de personnes. “Ines!” s’écrit Ahmad, “those are the French people”.
Je me dirige vers la terrasse, quand un mec m’arrête : “Hi! I am Adam!” Pas d’une beauté frappante, mais plutôt mignon. Je souris : “Hi! My name is Ines”. Son accent laisse penser qu’il est américain. Mais sa tête : totalement british. Des petits yeux malicieux, un nez imparfait, une bouche légèrement charnue. La peau blanche, une masse de cheveux sombre en bataille. Il n’est pas très grand. “Where are you from?” Il répond d’un air fier : “From Palestine”. Je suis surprise. Je n’y étais pas du tout. On parle un peu, de banalités, de politique, il est plutôt drôle, assez sûr de lui. Je suis sa proie ce soir. Je ne comprendrai les habitudes de drague de ce mec que bien plus tard. Je finis par m’éclipser pour passer à table avec les autres. Je ne lui reparlerai plus de la soirée. Jusqu’à comprendre que les “French people” chez qui je vais dormir sont ses colocataires.  
La soirée achevée, retour à Ramallah. Moi, les “French people” (Rebecca et Ghali) et Adam. Arrivés à l’appartement, les deux Français filent dans leurs chambres respectives, épuisés. Je m’assois sur le canapé avec Adam. Je ne sais plus de quoi on parle, mais il installe un petit jeu de séduction. Dans la conversation, la question de son âge survient : “j’ai 22 ans.” C’est idiot, mais mon souffle se coupe net. J'acquiesce en souriant d’un air un peu faux, tout en pensant : “ça va pas le faire. Trop jeune pour moi. J’aurais 26 ans dans un mois...” Derrière ses grandes lunettes, ses yeux ne trompent pas. Je sens qu’il en a envie. Il croit que c’est réciproque. Mais non. 22 ans, bordel. Et ce n’est pas tout. Il ne me plait pas spécialement. J’observe son jeu de séduction avec un peu d’arrogance. Ce dédain qu’on a tous connu un jour : savoir que l’autre ne pense qu’à cela, et se dire : “mouais... pourquoi pas…” Sentir qu’on a le contrôle sur la situation. Au milieu du numéro de drague, son colocataire sort de la chambre : “hum, please, can you go to the kitchen to speak?” Je souris, et me tourne vers Adam : “I will go to sleep.” Il ne se passera rien. Tant mieux, je ne suis pas déçue. Presque soulagée que son pote ait débarqué pour nous dire de la mettre en sourdine. Mais finalement, un mois plus tard, ce mec, Adam, deviendra MON mec. Pour les deux années à venir. L’effort du vélo en valait sûrement la peine.
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agalma-padaw0ne · 4 years ago
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Je me couche ce soir-là dans une bien délicate position: deux bières à minimum 11%, digestion en cours fort laborieuse, fatigue diurne et insomnie qui rôde aux coins de mes paupières, au niveau de l’épicanthus. Pour autant: j’aime ce moment de jonction, ce “no-consciousness-land” à l’interface entre la veille et le sommeil. Pas encore vaincu, certainement plus aux commandes, un état de pleine et entière liberté, sans doute bien plus que lors du rêve d’ailleurs quand on y pense. Et c’est justement là où je veux en venir. Mais pas tout de suite.
Parce qu’avant, le résumé de la journée s’en vient, et avec lui le cortège des “je dois”, “il faut” et leur horrible jumeau “t’as rien foutu”. Autant de briques de merde qui s’accumulent, si bien que plus qu’à mon tour je me réveille en sursaut, bien plus souvent que je ne le voudrais.
Et puis je m’assoupis. De moins en moins souvent consciemment, activement. Je me rappelle ma grand-mère, de ses bons conseils quand j’allais dormir chez elle. “Si tu n’arrives pas à t’endormir, concentre-toi sur tes pieds. Sens chacun de leurs muscles, concentre-toi sur tes orteils, la racine de leurs ongles, laisse-les reprendre leur position au plus proche du début de la plante de tes pieds. Ensuite, la plante des pieds, sois conscient de leur surface, la tension de leur peau. Leur hydratation.” Et elle m’invitait à ainsi parcourir l’entièreté de mon corps ce que, si j’ai bonne mémoire, je ne suis jamais arrivé à faire. De bon conseil, disais-je.
Or donc - et je m’adresse ce constat, cette idée presque à chaque fois, comme une ritournelle: quelle créativité, me dis-je. Et si seulement j’en prenais note? - me viennent des idées, des combinaisons inédites. Totalement neuves, tant quant à la forme singulière qu’au fond, le domaine envisagé ou la perspective adoptée. Trop fatigué que pour en faire quoi que ce soit, mais aussi avec la peur tenace qu’une décision de basculer vers une veille pleinement consciente viendrait alors jouer son rôle de serpillère à la javel, par trop efficace.
puis, enfin et très rarement (de plus en plus avec l’âge), me viennent des images. Parler de “formes” serait inadéquat, bien qu’il s’agisse de volumes. Parler de “textures” tiendrait tout autant de l’usurpation bien qu’il s’agisse de surfaces.
Travailler dans l’écriture de science-fiction doit avoir au moins ceci de bon qu’il peut y avoir une totale liberté initiale, et développer ensuite une exigence de rigueur quant à ce qui y est décrit. Et une saga aura eu la capacité de me marquer singulièrement, non pas tant pour la qualité de sa narration, ni de la trame dramatique qui en dégoulinait, et au-delà de la multiplicité des auteurs qui ont contribué à la construction de ladite série, c’est cette constante. Lorsqu’il s’agissait de la confrontation à des éléments du chaos, les protagonistes qui y étaient exposés évoquaient - et je cite de mémoire - des formes impossibles. Une dimension dans laquelle l’arithmétique suit des lois que la morale même réprouverait, des torsions spatiales qu’Euclide aurait honni avec la plus vive énergie, et que ses héritiers les plus audacieux rejetteraient avec désespoir, avant de sombrer dans l’éclatement subjectif le plus radical.
Pourtant il y a de tout ça dans ces perceptions. Des arêtes communes bien qu’injoignables, des pôles existant grâce à leur opposition qui cependant se confondraient, des dimensions que seule la théorie du tout admettrait.
Je les ai laissés venir et aller, au gré de leur propre économie et au fil de mon temps, ne sachant à qui en parler (quel en serait l’intérêt d’ailleurs), mais surtout de quel vocabulaire me servir, tant il aurait fallu pouvoir combiner tellement d’opposés, par syncrétisme.
Jusqu’à ce point - et d’ailleurs ce qui m’a donné envie d’écrire ce petit truc, après m’être réveillé à quatre heures trente en sursaut, genre “ Έυρηκά ” - je m’étais imaginé la chute interrogative de ce billet donc comme étant “et si c’était là une rencontre apaisée d’avec le Réel lacanien? En effet il y a là des expressions d’impossible rencontres. Mais il y a également de l’Inconscient freudien là-dedans, avec l’idée qu’ici il n’y a aucune contradiction dans la rencontre des opposés. Alors je m’interroge. De quoi s’agit-il?
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ravakajoan · 5 years ago
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Chapitre I -Nouvelle aventure
« Chérie, quand est-ce qu’on va avoir un bébé? »
Tout a commencé avec cette phrase qui m’a fait abandonner ce que j’étais entrain de faire pour laisser place à mon plus large sourire, suivi d’un regard, un de ces regards que tu connais bien, un regard qui te demande en silence de confirmer ce que tu viens de dire pour être sure d’avoir bien entendu.
Tu étais rendu là, tu voulais un enfant! J’en voulais aussi! Mais pas tout de suite...La maniaque de l’organisation en moi voulait la date parfaite pour cette belle aventure ! Il ne s’agissait pas d’un de nos petits projets: escapade de fin de semaine, magasinage de décorations de maison ou même achat d’une nouvelle voiture. Il s’agit de la date d’anniversaire de notre bébé. Je n’y peux rien, ma tête fonctionne comme ça, j’ai besoin de planifier! je commencais donc à imaginer (déjà) les étapes de sa petite enfance... dans un pays où chaque saison est unique, j’imaginais déjà l’âge qu’il aurait lorsqu’on se baladerait pour la première fois au parc, son premier déguisement Halloween, j’imaginais ( c’est mieux de le dire ainsi mais j’organisais déjà carrément dans ma tête) sa première fête d’anniversaire... alors je calcule avec mes doigts un 9 mois de plus que la date d’aujourd’hui... et là je brise ce moment romantique en te disant de patienter car le mois d’accouchement ne me conviendrait pas si on le concevait maintenant ! Que je ne voulais pas que ca soit son mois d’anniversaire... Je t’ai peut-être un peu déçu mais tu me connais et tu as pu comprendre, tu sais à quel point j’aime planifier les choses, alors tu me demandes « Quand alors ? »
Puis vint le début de l’été 2019, nous sommes à la fin du mois de mai et à travers les arbres qui verdissent enfin, la municipalité continue d’embellir la ville avec des pots de fleurs accrochés aux poteaux. Dame nature est bien réveillée et il faut dire que mon désir à devenir maman aussi! Je suis prête. Je te l’annonce et je prends aussitôt un rendez-vous chez le gynécologue pour retirer ce petit stérilet qui a bien fait son travail durant ces quelques années de tranquillité d’esprit!
C’est avec enthousiasme que je franchit la porte du cabinet pour mon rendez-vous! On veut avoir un enfant dis-je au gynécologue avec les étoiles dans mes yeux!
« Parfait! Je t’enlève ça! Dis-toi que c’est une machine, aussitôt enlevé, tu pourras tomber enceinte à ta prochaine ovulation! »
C’est ce que je veux! Je ne veux plus attendre, je suis prête! Je n’attends même pas d’arriver à la maison,en entrant dans mon auto, je te texte « Voilà cheri! C’est enlevé , je rentre ! :) » Et je démarre la voiture, tout en démarrant une nouvelle étape de notre vie.
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Le lendemain du rdv- un sourire jusqu’aux oreilles
Encore la maniaque de l’organisation en moi qui se réveille...cela fait tout juste 3 jours que nous vivons sans contraception, il est 6h du matin et je commence déjà à imaginer comment annoncer la nouvelle quand viendra le moment où je serai enceinte. Oui,j’aurais pu attendre d’être enceinte avant de penser à ce genre de chose mais trop emballée par ce projet, je me ballade la tête pleine d’idées sur Etsy pour chercher un moyen original de le faire, entre les chandails aux textes ludiques et les goodies « je suis enceinte » je m’arrête sur des petites cartes d’annonce de grossesse à gratter. Et hop! Dans le panier.
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Il est 7h du matin, je me réveille comme à l’habitude et je file dans la salle de bain. C’est avec les jambes croisées, pressée de faire pipi que j’ouvre vite le test de grossesse qu’on a acheté il y a quelques jours déjà. Je retiens ce fameux premier pipi du matin tout en lisant à la diagonale le mode d’emploi de ce petit bâtonnet. Ok j’y vais, uriner ne m’a jamais autant emballé que maintenant! Et bam, un signe + commence à se former! Tu es encore entrain de dormir et voilà que je me précipite pour t’embrasser! « Chéri! Je suis enceinte! ». Avoue que c’est un meilleur réveil que la sonnerie de ton alarme habituel!
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Un plus!!! C’est positif!
C’était le jeudi 19 juin 2019, impossible que je l’oublie, une journée comme les autres pour mes collègues de travail mais pour moi c’était le début d’une nouvelle aventure, au travail, je caressais de temps en temps mon ventre , un petit geste subtile mais étonnamment tout naturel. Comme si ma main partait toute seule, pour prendre contact avec toi, parce que même si ça ne se voit pas encore, je sais que tu es là.
Et oui vous le savez, la mordue d’organisation en moi se réveille encore. J’ouvre mon petit carnet pour aller à la page où j’ai déjà redigé un petit check-list :
j’attrape mon téléphone et je planifie l’envoie des cartes d’annonce pour ma famille à Madagascar.
J’appelle la clinique de périnatalité pour prendre mon premier rendez-vous de grossesse.
Et enfin j’ouvre le meilleur ami de l’homme, non ce n’est pas un chien, c’est Google! Ce qu’il faut savoir si vous êtes enceinte,les aliments à éviter, les bons réflexes. Article après article, je me promène d’un site à l’autre entre deux bouchées durant ma pause de midi.
Une semaine plus tard, c’est la fête de l’Independance de Madagascar, la communauté malgache prépare un petit 5 à 7 au bord du fleuve, mais avant ça, j’ai rendez-vous pour mon 1er rendez-vous de suivi de grossesse. J’entre dans la clinique, et je me présente à l’accueil. La secrétaire me fait remplir le formulaire et elle me tend un livre , je l’écoute me demander de patienter dans la salle d’attente tout en lisant dans ma tête le titre « Mieux vivre avec son enfant de la grossesse à 2 ans ». Je m’assieds donc tout en feuilletant globalement ce qu’on appelle ici la bible des parents.
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26 juin 2019- 5à7- vert blanc rouge aux couleurs de mon île
Tu es entrain de préparer le souper et moi, les cheveux attachés, mon carnet et un crayon à la main, je te présente le compte rendu de mon rendez-vous car tu n’as pas pu venir avec moi, tel un étudiant exposant avec enthousiasme le fruit de ses recherches: Je ne dois pas manger ceci, je dois continuer de prendre les multivitamines de grossesse que je prends déjà depuis un mois ( oui ça se prend avant même la conception) et je termine mon discours avec excitation en encadrant une date dans le carnet: voici notre rendez-vous pour la première échographie!!
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On a tous les deux pris notre après-midi pour venir à ce rendez-vous. Ce n’était pas un rendez-vous galant, mieux que ça, c’était quelques minutes de bonheur, d’émerveillement devant ce petit haricot et au cours duquel nous avons entendu ce qui est devenu notre son préféré: son petit coeur qui bat. « Chéri, c’est notre bébé! ».
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Salut petit bébé de nous!
Merci d’avoir lu mon premier bout d’histoire, je vous raconte la suite dans un prochain article que j’écrirai entre deux tétées 😊
Ravaka Joan.
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zorbascreations · 5 years ago
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extrait
HUIS CLOS AVEC UN VAMPIRE
INCIPIT
Un jour, mon visage gelé, peut-être fendu de rides, d'expressions trop marquées, sera marqué d'un rictus triomphant. Celui, de l'avoir à mes pieds. Pas lui, son corps glacé et endormi à jamais. Je ne pleurerais pas, je fumerais une cigarette, son visage sous mon talon, heureuse, certaine, de son inaction éternelle. Comme un Vipère au poing contemporain, je l'écraserais de tout mon poids parce qu'il a eu le pouvoir trop longtemps. Il sera trop pathétique pour que je lui pardonne. Alors peut-être qu'il me possédera encore un tout petit peu dans mes rêves. Mais il m'appartiendra à jamais, cette fois. Comme je lui ai appartenu, comme il m'a dépossédé de tout ce qu'il restait de bon, de pur et d'égal en moi. Je lui rendrais ma folie sur son linceul. Je ferais littéralement ce que mon psy m'a dit de faire, de le tuer, mon père.
J'errerais parmi les serveurs et le faux endeuillés de ce brave homme dont ils ne savent rien. Je sillonnais les couloirs du lieu des funérailles embaumés d’un sillage de santel. L'homme providentiel mangera les pissenlits par la racine et moi je serai vivante, bien vivante pendant que les hommes debout lèveront son tombeau dans un enterrement auquel je n'assisterais pas puisque “les femmes qui pleurent, c'est un péché”. Je n'aspire pas à ce luxe. Alors à moi, le repos, le bon, le meilleur qu'il a volé aux habitants de la maison de demain. Personne ne le respectera plus, puisque c'est moi et mes sœurs qui l'auront remplacé dans l'ici-bas. Je me servirais une coupelle d'eau et ne mangerais rien des victuailles préparées pour son ultime évènement, sa mort.
 La brune vengeresse, moi, scandera des : “Retourne là d'où tu viens, chien !” et des femmes affolées me supplieront de me taire. Moi, je rirais et rirais plus fort de leur pudibonderie, parce que je suis certaine qu'elles n'en pensent pas moins. Tous ces êtres vulnérables, victimes d'un certain attachement à leur bourreau ne peuvent pas en souffrir elles sont juste venues voir, de leurs propres yeux, si ça pouvait mourir ces choses-là.
Son cœur l'avait lâché . Il avait des problèmes depuis une dizaine d'années déjà. Comme si l'anatomique avait des prévisions sur le métaphorique. Je me délecterais de ces trois jours pas vraiment funèbres pour moi. Ils sonneront le glas d'un début. Ils marqueront la fin de soixante années de despotisme, de cupidité et de destruction.
 La folie douce s'emparera de moi et je serai la demeurée de cette villa où on servira des psaumes désespérés et teintés d'une certaine lassitude. Je me tiendrais assise . Lasse de mes éclats et des larmes de crocodile et portant la grande légitimité d'être l'aînée de la décombre. Libidinalement endeuillée, je ne porterais même pas l'habit du deuil mais une jellaba bleu roi magistrale pour me démarquer de tous ces hypocrites. Ces tripes je les avais en moi et les connaissais mieux que personne.
“Taisez-vous, bande de fous. Je vous dis qu'il ne vaut pas une larme. Vous en avez tous rêvé. Plus de laideur, plus d'obscénité, plus de fiel ! Réjouissez de voir ce corps retourner en terre, et encore, je ne suis même pas sûre que ce soit son fruit. C'est plutôt un laquais du diable qui aura servi trop longtemps sur terre ! Arrêtez donc vos gémissements !” Ce sera inédit dans un enterrement. Les vautours me feront la cour à nouveau, car lassés de la carne, ils chercheront à attendrir la fraîche et se mettront doucement à rire au bout du 3ème jour, fatigués de leur deuil feint et de leurs attitudes surfaites. Je m'en irais, laissant traîner mes voiles de nouvelle orpheline, la tête droite immaculée du rictus que j'attendais tant. Je laisserais couler derrière moi, ses veuves, ses presques amantes, son personnel fidèle qui comme moi, attendait ce soulagement.
C'est le temps qui l'avait transformé. Cette pâte plutôt intègre, aimante, s'était putréfiée à cause de l'argent et ce qui en découle. Son nouvel éclat de nouveau riche l'avait aveuglé mais c'était aussi son père qui lui avait donné le mauvais exemple. Caricature scabreuse de l'homme qui s'était exilé avec sa secrétaire plus maligne que sa femme. Mort d'un cancer lui aussi. Je me souviens, qu'encore toute jeune, il me donnait des leçons de mathématiques.
“Mais puisque je te dis qu'un plus quatre font 5. Qu'est-ce qui est difficile à comprendre ?Mon silence, au lieu de l'arrêter dans son élan le faisait redoubler de colère.
-Mais elle est conne celle-là, dis-le, c'est parce que je suis bête. » Il me forçait à le dire et je répétais jusqu’aux pleurs que j’étais stupide, de ne pas comprendre un simple problème de soustraction. Mes larmes perlaient sur un triste cahier.
Quand je voulais voir ma mère, c'était une porte fermée. A mes quatre ans, elle était trop fatiguée pour me faire sortir. A ses vingt-quatre ans, elle était dans le noir, entre deux coussins, balbutiant : “Je suis fatiguée ma fille”. A lui de siffler entre ses dents : “ Ne tords pas ta mère encore.” Le décor était déjà planté, j'allais devoir assumer ce rôle, celui de la première fille d'un homme avec une voix de stentor et d'une mère précocement lasse de tout.
 Meurtrie, l’adolescente était recroquevillée sur elle-même. Le front contre les genoux, elle entendait battre les coups sur la porte comme une sentence imminente. « Leila, Leila, ouvre la porte ! » entendait-elle de la bouche de son bourreau.  Ses poings tambourinaient sur l’entrée de la chambre en bois et s’il entrait il était prêt à sévir, avec ses mots. Tranchants, cinglants, acerbes, ses saillies faisaient pâlir son front mais elle ne vivait cela que dans les alcôves. « Mais mon Dieu, ce qu’elle est conne ! » « Tu comprends vite mais il faut t’expliquer longtemps ! » « Tu es bouchée ou quoi ? » Ces paroles étaient des mots doux de la part du vampire. Quand la nuit tombait, il déposait le masque civil et pouvait attaquer dans le dur. « De toute façon, tu n’es qu’une minable. N’essaie pas d’écrire, tes papiers à la con ne serviront jamais à rien. Tu ne sers qu’à raconter des conneries » assénait-t-il entre deux cris de rage. Leila passait en mode autiste en attendant que la fureur passe. C’était son quotidien quand son haleine fétide sentait le whisky Jack Label et les Marlboro rouge. L’homme en costume noir éructait, vacillait et cherchait sa fille, somnolant dans un matelas à même le sol. Il voulait la réveiller car ses convives étaient partis et que sa solitude inerte lui pesait. Leila appréhendait ce moment alors et le maudissait parce que son père n’avait pas la décence de la violer, de la blesser ou mieux encore, de la tuer. Au lieu de cela, il disséminait un venin bien plus subtil : ses paroles. Les unes après les autres, elles escaladaient l’indicible à mesure que l’alcool envahissait le sang de son persécuteur. Ce dernier, elle ne l’avait pas choisi. Elle allait devoir le subir car sa mère avait déjà été détruite par cet homme au chapeau haut de forme. Hôpital psychiatrique, coups, insultes sont autant de sévices que cette femme mariée à la fleur de l’âge a dû subir avant de pouvoir prendre la porte de sortie. Seulement, il restait une laissée pour compte qui a décidé malgré elle de rejoindre l’équipe paternelle. Cela allait lui coûter son âme. A 12 ans seulement, la jeune Leila allait entendre ce qui ne s’écoute pas à l’âge de la puberté. Elle sera témoin des frasques d’un homme divorcé qui, pour noyer son amertume, allait ouvrir le bal des catins. 16 ans, 17 ans, 20 ans pour les plus âgées, ces libertines s’enivraient et s’esclaffaient légèrement sous les regards austères des macs. Ces parties fines faisaient écho jusque dans les murs de la chambre de Leila. Râles, orgasmes, gémissements, fous rires, cris, altercations étaient les sons d’ambiance de tous les soirs après qu’elle ait fait ses devoirs. Parfois, elle se surprenaient à être comme ses amazones qui avaient fait de leur corps leur marchandise. On le lui avait appris, ces belles fardées arrivaient à tirer leur épingle du jeu avec son vampire. Lui, il leur souriait tout le temps et ne leur refusait rien. Il s’amusait en leur présence et souriait après qu’elles aient poussé la porte. Il redevenait lui-même alors, stoïque, son verre de whisky à la main. Il lui fallait une distraction, moi.
Il revenait alors dans ma chambre pour tambouriner sur la porte. « Leila, t’es là ? » éructait-il. Je faisais alors semblant de dormir mais il insistait. J’ouvrais mes yeux ensommeillés et lui répondais. « Qu’est-ce que tu fais ? Viens, je dois te parler » ordonnait l’homme au chapeau. J’opinais du chef et j’écoutais sa litanie. « Tu sais, ta beauté ne durera pas toujours. Tu penses que ton joli minois va te sauver mais il n’y a que des hommes qui passe. Essuie ce maquillage à la con. Tu es minable » Ces mots, il les répétait tous les soirs parce qu’il s’ennuyait. Pour tromper son spleen, il me conduisait à la salle de bain pour essuyer mon vernis et mon mascara avec ses doigts boudinés sentant le tabac. Je pleurais, le visage défait et le noir coulait sur mes joues. J’étais sans artifices, mentalement à nu. Je voulais simplement dormir, mais j’étais prise en otage par mon père ivre, sans savoir quand cela allait se terminer. Il souriait et posait son poing sur mon nez en disant : « Sens la mort… » Enfin, il m’embrassait le front et s’en allait, fier de ce geste incompréhensible qu’il estimait paternel. Soulagée et épuisée, je pouvais enfin revenir à mon lit de fortune, une éponge dans laquelle je dormais avec ma femme de ménage.
 Je n’avais pas le droit de protester. Un verset du Coran exhorte à ne pas soupirer devant ses parents ou à les ignorer. Puisque je ne pouvais pas parler, je m’affairais sur mon ordinateur, une machine d’un autre temps équipée d’une webcam. Je chattais. Je pianotais sur mon clavier parce que ma vie en dépendait. Connectée au monde entier, je discutais, je m’exprimais, je pleurais, j’enrageais. Des gens me répondaient, me consolaient, me faisaient rire. Je ressentais des émotions nouvelles, autres que la tristesse et la colère réprimée. Puisque je ne pouvais pas parler, j’écrivais. Jusqu’à en tordre mes doigts en oubliant de manger. Sur cette chaise, le monde n’existait pas. Seule ma tante, surprise de mon absence, me descendait un plateau que je mangeais à la hâte. A 13 ans, je ne me lavais pas, je passais des nuits blanches à découvrir de nouveaux horizons. C’est seulement au moment où la sonnette retentissait que je me faufilais dans les draps sous le regard amusé de Kbira, la « bonne ». Cette femme aux traits grossiers et à la dégaine maladroite, c’était ma mère de substitution, la remplaçante de l’absente, malade. « Tu sais, ta maman ne peut pas s’occuper de toi, tu vas devoir être une femme toute seule maintenant. Ce n’est pas de sa faute, ne lui en veux pas » m’expliquait ma mère provisoire en me caressant les cheveux. J’étais allongée sur son genou. Adolescente, je m’en fichais complétement. Mes seules préoccupations étaient les garçons, la mode, la musique et la rébellion. Et cela se voyait dans mon style. Baggy, caleçon masculin apparent, T-shirt Eminem large étaient autant d’accoutrements avec lesquels j’exprimais mon envie d’être tout sauf une jeune fille.
  Soit, je ne pouvais pas être un homme. Mais, je pouvais parer à toute interaction en me travestissant. Mes goûts pour les arts « de mec » dans les années 2000, le rap, la boxe, aidaient. Je n'étais pas encore pubère que j'avais grossi mes cordes vocales par exercice. Ma voix était devenue rauque, dissuasive, irascible. Mes cheveux étaient coiffés en arrière, mon pantalon tombait sur mon caleçon car oui je portais des boxers. Cela me permettait une liberté de discours, une vulgarité et à la paix à laquelle je revendiquais. J'étais en mesure d'inséminer le milieu masculin à ma guise, ayant joué à l'élastique et à la corde à sauter tout mon soul. Je voulais du corps à corps viril, de l'observation passive et des commentaires. Je me surprenais à commenter le corps des jeunes filles avec les autres. Parler de drogue, de transgression, de rigoler de blagues grasses qui ne faisaient rire que nous.
Je n'avais pas encore de seins. Ainsi je me fondais dans la masse pas encore tout à fait testostéronée mais qui avait le mérite d'en parler. Les voix fluettes se complaisaient encore dans l'enfance et moi je voulais grandir vite. Mais malgré ma démarche désarticulée et ma voix éraillée, mes parents s'apercevaient de la supercherie : je ne pouvais pas jouer dehors, je devais rester dans le dedans, enlever mon déguisement quand bien même il transpirait mon intériorité. Sans contrefaçon, j'étais un garçon. Cette démarche sociologique allait rester à l'école. Cette rébellion, j'allais devoir la mener de front. Au grand dam des professeurs qui voyaient d'un très mauvais oeil que je change de déterminismes, que je troque le rose contre le bleu, Lorie contre Eminem, et ma voix aigüe contre un lyrisme rauque et rieur. J'étais ce qu'ils voulaient, pourtant, l'aîné garçon, l'héritier, celui qu'on allait laisser courir. Mais, contre toute attente, je n’étais qu’une fille, emprisonnée, de l’école à la maison. Mon geôlier, mon père.
  A ma naissance, la sentence était tombée. C'était sans appel. Comme un baptême de feu pour le nourrisson que j'étais, on m'a chuchoté la Fatiha dans mes débuts d'audition. Bismi Lah Arrahman Arrahim. “ On naît musulman et on meurt musulman” éructait mon grand-père paternel dans sa solennité. La chambre de la clinique où ma mère venait de mettre bas était une garden-party de la bourgeoisie de l'islam. Dans cette suite d'une trentaine de mètres carrés s'amoncelaient des fleurs, des chocolats dans un sillage d'oud et de serghina. Le cristal Saint-Louis et l'eau de fleur d'oranger étaient les liqueurs de ces demi-dieux marocains à l'arrière des berlines.
 Ma pauvre mère, à 19h15, avait pris littéralement 12 heures de travail dans la pure connivence de sa famille, belle-famille et consorts. Son gynéco, un membre de sa famille également était entre les jambes de ma mère avec un forceps et un scalpel. A son chevet, mon père filmait avec une caméra de fortune les premières secondes de ma vie. J'étais née et c'était déjà un évènement pour eux. Je n'étais qu'une fille mais on m'acclamait comme la précitée Leila Bennani, aînée d’une dynastie.
Bennani, une famille, une branche de près de 600 personnes. Cette brochette ruisselait sur moi. Enveloppes, Baccarat, Murano, tableaux de maître, tant d'offrandes sur l'autel de mon sacrifice. Je n’étais pas encore née que j'étais en Absurdie. Des you-yous retentissaient pour féliciter ma naissance, il faisait chaud dans la clinique. Les fleurs succédaient au chocolat et ma mère étouffait à cause des allées et venues. Le plus beau jour de sa vie allait vite se transformer en garden-party qui allait précéder mon baptême. Cette fête allait être mon sacre. Pour marquer le coup, mon grand-père a dépensé une somme folle. Traiteur, orchestre, gâteau, tout était au rendez-vous pour célébrer un bébé transporté sur un trône par sa famille. Ils me ballotaient de bras en bras, me portant sur leurs épaules et je ne savais pas de quoi il en retournait, à un an. Je soufflais la bougie de mon premier gâteau. Des liasses de billets étaient dans les poches de mes parents, offertes par leurs proches, question de tradition. Cette fête allait être inoubliable et immortalisée par un vrai cameraman, comme on en faisait pas dans la ville.
Ma mère était d’une beauté diaphane. Plantureuse, la peau laiteuse, elle rayonnait d’une majesté andalouse et enviée. A 19 ans, elle avait un port de tête gracieux et dansait avec des bras langoureux sur des mélodies orientales. Elle devait bien se faire voir et sortait d’une torpeur post-partum. Il me semble qu’elle était heureuse sur les vidéos. Mon grand-père était aux anges, il me tenait dans ses bras et me bénissait. Plus tard dans la soirée, mon oncle bijoutier allait me percer les oreilles, une coquetterie pour signifier que j’étais une fille aux cheveux très courts. Je hurlais de douleur sous les cliquetis de l’appareil photos mais tout le monde m’acclamait. Ces scènes sont immortalisées dans un album photo qui a pris la poussière. Ce recueil d’une enfance morte, ce sont les souvenirs qu’il me reste d’une époque heureuse.
Maman avait une destinée curieuse. Egalement issue de la jeunesse dorée casablancaise, elle ne s’intéressait pas à l’école, comme moi. Douée en français, elle préférait lire des magazines et danser. Une chose normale à 15 ans mais à cet âge dans les années 80, elle avait déjà des prétendants. « Ce ne sont que les moches qui on leur bac » lui a-t-on martelé. Alors elle l’a assimilé et préférait s’amuser avec ses cousines et parler au téléphone avec ses amis. Son insouciance lui a valu de se faire exclure de tous les collèges qu’elle fréquentait. Son père, plutôt sévère, l’a surprend en train de fumer. Il la réprimande et lui interdit alors d’aller à l’école.
Sa grand-mère l’accueille et lui autorise cette lubie, qu’elle juge normale puisque la cigarette était admise dans cette famille fassie où toutes ses tantes fumaient. Elle allait alors rentrer dans la cour des grands et devenir une vraie femme. Sa nouvelle maison, un véritable riad où l’on recevait jusqu’à 100 personnes. Cette demeure, véritable domaine aux hectares de jardin, accueillait constamment des invités. A l’entrée de cette villa gardée par un jeune concierge, on pouvait voir des petites tables en rotin où étaient installés quelques invités qui se faisaient discrets pour fumer.
En s’approchant du perron, nous pouvions déjà entendre le brouhaha des dizaines de femmes de ménage qui cuisinaient dans un véritable vacarme. Elles étaient chapeautées par Assia, mon arrière-grand-mère, qui était dépassée par le nombre d’invités. En quittant la cuisine, la maitresse de maison s’entretenait avec son mari, un résistant au protectorat, respecté. Il portait une toque en fourrure et une jellaba immaculée, il était seul dans le salon, dans un fauteuil roulant. Il avait des allures de roi dans son siège écarlate tout de velours près d’une cheminée en marbre. Près de lui, ses petites filles, des donzelles qui fumaient des Marlboro Light en s’esclaffant. Dans un grand salon marocain intimiste, il y’avait 40 personnes qui profitaient d’une ambiance bon enfant. Sur chaque petite table installée devant les groupes d’invités, trônait un verre de thé fumant.
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kevinouadhi · 5 years ago
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BLACKBIRD
Premier billet, on fête ça avec une histoire de Superman que j’ai écrite.
INT - JOUR - LA FERME DES KENT
Jonathan et Martha Kent sont dans la cuisine. Jonathan boit son café pendant que Martha coupe des tranches de pain. Ils ont l'air inquiet. On entend la radio.
RADIO ... Sans transition, l'ouragan Carol a continué sa route sur la vile de Wichita, entraînant la destruction de plusieurs établissements, fort heureusement il n'y a eu aucune perte à déclarer ainsi que très peu de blessés. Selon les experts c'est un véritable miracle si on tient compte de la violence du phénomène. Plus de détails sont à prévoir dans les prochaines heures. Le président aurait déclaré...
MARTHA Il n'est toujours pas levé.
JONATHAN Il ne se lève plus qu'à midi en ce moment.
MARTHA *soupir*
Un bruit. On entend quelqu'un qui descend les escaliers. Clark apparaît dans la cuisine, visiblement très fatigué.
MARTHA Bonjour toi, c'est à cette heure ci qu'on se lève ?
Pas de réponse. Clark se verse des céréales dans un bol.
MARTHA Alors ? C'était bien cette nuit ?
CLARK ... De quoi ?
MARTHA Tu étais où ?
CLARK Dans ma chambre.
MARTHA Je suis rentré dans ta chambre, tu n'y étais pas.
CLARK Quoi ? Je t'avais dit de pas rentrer sans me le dire !
MARTHA Dis moi où tu étais.
CLARK ...
JONATHAN Clark. On a reçu un mot de ton professeur principal. Il nous a dit que tu avais manqué plusieurs cours la semaine dernière.
CLARK ...
JONATHAN Et tu es toujours fatigué en ce moment. Et ça, ça ne te ressemble vraiment pas. Où étais tu cette nuit ?
CLARK ...
MARTHA Clark, on ne cherche pas à t'engueuler, on s'inquiète pour toi. Tu grandis, tu passes une étape difficile, crois moi ton père et moi sommes déjà passés par là, on comprend que...
CLARK Non. Personne comprend.
JONATHAN Tu as peut être l'impression d'être le seul à ressentir ça, mais c'est faux, moi à ton âge...
CLARK A mon âge quoi ?! Ca t'es déjà arrivé ça peut être ?!
Clark se saisit du couteau à pain sur la table, et se le plante brutalement dans la main. Aucune égratignure, pas même une marque. La lame du couteau s'est brisée. Les deux parents sont surpris, non pas par le résultat, mais par le comportement de leur fils.
MARTHA Clark !
JONATHAN Mais ça va pas ?!
Clark les regardent, ils sont apeurés. Il s'enfuit dans sa chambre.
MARTHA ... Ses pouvoirs grandissent en même temps que lui. Comment on peut faire pour lui parler ?
JONATHAN Il est aussi dépassé que nous.
MARTHA Tu devrais aller le voir.
JONATHAN Tu ne viens pas ?
MARTHA Si on va le voir tous les deux, il va s'envoler. Non, vas y toi, je pense que c'est bien que ça vienne de son père.
JONATHAN Très bien.
Jonathan monte les escaliers et s'arrête devant la porte de son fils.
JONATHAN Clark, c'est moi, ouvre.
CLARK Je sais que c'est toi, je te vois.
JONATHAN ... Moi je ne te vois pas, alors ouvre.
CLARK Si je t'ouvre tu vas encore me faire la leçon.
JONATHAN Je veux juste t'aider.
Clark ouvre brutalement la porte.
CLARK Si tu veux m'aider, rends moi normal maintenant !
JONATHAN ... Personne n'est normal.
CLARK Voilà, j'en étais sûr.
Il retourne s'asseoir sur son lit. Jonathan le suit.
JONATHAN Tu grandis. Ton corps change. Alors d'accord, ça a des effets chez toi qui n'ont rien à voir avec qui que ce soit sur Terre, mais ça ne veut pas dire que tu es différent de nous. Tu es notre fils, nous sommes tes parents et nous t'aimons. Peu importe que tu sois invulnérable, que tu puisses t'envoler ou que des tentacules te poussent à la place des bras tu m'entends ? Nous serons toujours là pour toi.
CLARK Papa... Je les entends la nuit...
JONATHAN Quoi ? Tu entends quoi ?
CLARK Tout.
JONATHAN Comment ça "tout" ?
CLARK (au bord des larmes) J'entends des gens ! Mais je suis pas fou je te le jure ! Je les entends ! Tout le monde ! Je les entends qui souffrent, qui appellent à l'aide ! C'est insupportable !
JONATHAN Eh, du calme, tout va bien, évidemment que tu n'es pas fou. Raconte moi.
CLARK C'est souvent la nuit quand y'a pas trop de bruit autour de moi. J'entends des accidents, des agressions, des gens qui hurlent... Alors...
JONATHAN ... Où es tu allé cette nuit ?
CLARK A Wichita.
JONATHAN Wichita ?... LA TORNADE ?!
CLARK Je les entendais mourir papa ! Ils étaient si nombreux !
JONATHAN (panique) Mais tu n'as pas été blessé j'espère ?!
CLARK (colère)
Papa, je ne PEUX PAS être blessé ! C'est pour ça que tu peux pas comprendre ! Tu ne sais pas ce que ça fait d'être insensible et d'être condamné à écouter les autres souffrir ! C'est injuste ! Je peux plus le supporter.
JONATHAN Alors tu voles à la rescousse des gens ? Rassure moi, c'était la première fois ?
CLARK ...
JONATHAN Ca fait combien de temps ?
CLARK Ca fait 1 mois que j'entends les gens la nuit.
JONATHAN 1 mois ?! Et tu ne nous en a pas parlé ?!
CLARK Si je vous l'avais dit, vous m'auriez empêché !
JONATHAN Evidemment qu'on t’aurait empêché ! Imagine si quelqu'un te reconnaît, tu ne pourrais plus vivre normalement !
CLARK Parce que me réveiller en pleine nuit à 10 mètres au dessus du sol c'est "vivre normalement" ?!
JONATHAN Tu vois très bien ce que je veux dire ! Et en plus, tu n'as que 15 ans, ce n'est pas un âge pour aller sur des lieux de catastrophe voir des gens agoniser et mourir ! Tu as beau être invulnérable tu es encore un enfant !
CLARK Non, je suis un homme maintenant, et je dois assumer mes responsabilités.
JONATHAN Quelles responsabilités ?! A quel moment tu dois quoi que ce quoi à quiconque ? Ca fait 1 mois que tu ne dors plus, que tu sèches les cours, que tu mets en danger ton avenir et ta santé ! D'accord, un coup de couteau ne te fait rien, mais 1 mois sans dormir ne t'a pas vraiment réussi tu le vois bien ! Tu n'as pas à porter le poids de la misère du monde sur tes épaules, ce n'est pas ta faute si des gens meurent ! C'est comme ça, ça l'a toujours été et ça le sera toujours, tu n'as rien à voir la dedans.
CLARK (explosant) Alors pourquoi je les entends ?! Pourquoi je suis capable d'entendre leur voix à des milliers de kilomètres ?! Pourquoi je peux me déplacer plus vite qu'une balle de pistolet, soulever 10 tonnes d'une seule main et m'envoler plus rapidement qu'un avion ? Pourquoi j'ai tous ces pouvoirs si c'est pas pour les utiliser pour sauver des gens ?! Dis le moi !
Temps.
JONATHAN ... Je ne sais pas. Je ne suis qu'un fermier Clark, et ça... Ca me dépasse complètement. Tout ce que je sais c'est que tu es un garçon extraordinaire, et qu'en plus de ça, tu as reçu des dons qui nous échappent. Et crois moi, chaque jour je remercie le ciel que ce soit toi qui les ai eu. Tu penses que n'importe quelle autre personne dans ce monde aurait utilisé ces pouvoirs pour aider les gens ? Prends n'importe lequel de tes camarades de classe, qui n'aurait pas déjà frimer avec ça à l'école ? Tu vois Scott voler jusqu'à Wichita pour sauver des inconnus ? Déjà, tu le vois manquer ses 8h de sommeil ? Je ne crois pas. Pourquoi tu as reçu ces pouvoirs ? Je ne sais pas. Et on ne le saura sans doute jamais. Tu les a, c'est comme ça. Je trouve ça merveilleux que tu penses aux autres, je ne compte pas t'empêcher de faire le bien autour de toi, mais tu dois le faire pour de bonnes raisons, sans te détruire comme tu le fais.
CLARK Donc j'ai le droit ?
JONATHAN Ca dépend. Si c'est vraiment ce que tu comptes faire de ta vie. Et il faudra en discuter avec ta mère... Mais une chose est sûre, interdit la nuit et pendant les heures de cours. Tu ne peux pas vivre pour les autres.
Tu dois t'autoriser à penser à toi.
CLARK Mais... Comment je fais la nuit ? Quand je les entends ?
Temps.
JONATHAN ... Tu te bouches les oreilles.
FIN
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maudguyane · 5 years ago
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Un atterrissage en douceur.
31 octobre – 14 novembre
 Me voilà partie de métropole (et non pas de France attention !!) pour la Guyane.  Un poste de 6 mois dans la maternité de Saint Laurent du Maroni m’attend ! C’est le CHOG (centre hospitalier de l’Ouest Guyanais). Seule pour le moment, c’est une expérience inédite pour moi (je suis l’exemple de ma sœur !!!). Heureusement j’ai été bien équipé par Constant (ordi, enceinte, casque) et bien aiguillé avant mon arrivée. Ce qui m’a permis de trouver une coloc depuis la métropole et d’être donc attendue et accueillie à Saint Laurent. Dans la coloc nous sommes 7 dont 2 couples. Je suis arrivée le 31 octobre en fin d’aprem à l’aéroport de Cayenne où un taxi m’attendait. Dans le mini bus, ma voisine arrivait pour un poste d’infirmière au CHOG! Elle a reçu son billet d’avion la veille ; comme quoi je n’avais pas à me plaindre d’avoir reçu le mien 1 semaine avant le départ ! Très sympa, nous roulons 3 heures jusqu’à St Laurent. Le chauffeur va très vite, je me dis qu’il doit être au dessus de la vitesse réglementaire sur une départementale : en effet 130km/h. Au moins c’est plus rapide.
La coloc
Les styles et les métiers sont variés à la coloc : électricien, infirmière, instit, assistante sociale, interne et sage-femme (moi-même). Ils sont là depuis 2, 6, 12 mois, ici les métropolitains arrivent pour une certaine durée puis prolongent d’autant. Pour ma part ça ne se prolongera pas même d’un jour, la Roberto dictature me l’interdit. Notre coloc se trouve à côté du quartier haïtien sur la route principale qui vient de Cayenne ; on prend une piste pour quitter la grande route et le long de cette piste se trouvent plusieurs maisons alignées. La notre est accolée à une autre coloc de 6 métro et ensuite une maison avec pleins d’enfants. Juste en face des maisons se trouve la forêt, c’est agréable ! Le soir de mon arrivée les coloc m’expliquent qu’il faut faire attention et bien fermer la maison la nuit et quand on est pas là, d’autant plus en ce moment car ce sont les vacances et du coup y a plus de vol. « Les mecs viennent de la forêt et rodent, quand le chien aboie c’est que y a quelqu’un qu’il ne connait pas qui rode. L’autre jour il aboyait, David est allé voir chez les voisins qui étaient absent, il a délogé un mec qui rodait avec sa machette » okayyyy bienvenu !! Tout ça après une arrivée de nuit et une chambre petite et vide, j’étais pas rassurée ! Mais une fois le jour se levé, tout m’a paru moins hostile !!
Ce qui me réjouit dans cette coloc et dans cette ville : on ne pourra plus me dire que je n’ai jamais été en coloc, mes colocs cuisinent super bien, on joue au combo/ dutsh, il y a une piscine pour se rafraichir quand on est en sueur parcequ’on a lavé un verre, il n’y a pas d’araignée que des cafards parfois, je peux acheter des yagourts, tout est accessible en vélo, les enfants qui viennent souvent nous voir, les soirées jeux et les discussions écologie/ nature et excursions en Guyane (autant dire qu’entre les uns qui sont végétariens, les autres qui font leur propre lessive et liquide vaisselle … je ne semble pas à la page !!), il fait moins chaud qu’aux Philippines la nuit et j’ai un ventilateur pour moi toute seule, une coloc a rapporté son vidéo projecteur et son appareil à raclette de métropole, aller nager dans le Maroni, avoir réservé un vol en ULM pour le 15 décembre pour 20euros … partir le week-end en carbet !
 Les activités
De nombreuses choses à faire à St Laurent et en Guyane (mais ça sera pour plus tard!)
Saint Laurent borde le Maroni, de nombreuses criques/ plages permettent de s’y baigner ! Ne nous emballons pas, quand je dis criques et plages on parle d’eau marron et de sol vaseux mais d’une eau douce à 27 degrés je pense ! Bérénice (une coloc) fait du kayak sur le fleuve et en connait donc les courants. Elle va y nager parfois, samedi dernier je lui ai demandé de m’y emmener. Nous sommes parties avec sa voiture se garer à côté de la base de kayak et de la Goelette (bateau de pêche en bois échoué, dont un gars a décidé d’en faire un restaurant) et hope dans l’eau ! Pas beaucoup de fond et beaucoup de vase puis du fond et du courant, heureusement Béré connaît très bien les courants, je n’ai qu’à suivre. Nous remontons le rivage à contre-courant (un peu lent du coup), je peux admirer ce qui nous entoure : les hauts arbres dans le ciel bleu mais surtout les racines géantes sur lesquelles les arbres semblent marcher. Ca ressemble à la mangrove pour ceux qui connaissent. Je n’ose imaginer toutes les bêtes qui m’entourent, Bérénice m’a dit que je n’avais rien à craindre, ne réfléchissons pas trop ! Au bout de 30-45min (qui passent beaucoup plus vite que les AR dans la piscine de Levallois) nous arrivons au terrain de polo de kayak, à marée basse un étang se forme dans la végétation et 2 paniers sont suspendus pour le jeu. Bérénice m’explique la différence entre les punks à chien et les skined, elle m’explique qu’elle ne supporte pas quand dans la rue les gens la traite de rasta à cause de ses dread. Elle n’est pas rasta pour un sou me dit-elle, elle aime juste coiffer ses cheveux ainsi. Nous reprenons notre nage, direction l’île au Lépreux avec quelques consignes avant :
« on va devoir viser beaucoup plus haut que l’ile parce que juste la y a une marmite, si tu es prise par son courant et qu’il t’amène en son centre, tu ne peux plus rien faire, ça sert à rien de se débattre de toute façon tu ne sauras pas où est le haut et où est le bas, tu te laisses couler et quand tu touches le fond tu te dégages sur le côté »
« … okayyyyy man je te suis … »     
La traversée était rapide mais j’ai eu temps de flipper avec le courant qui tirait bien fort dans un sens puis dans l’autre, Bérénice paraissait bien détendue, je suivais. Comme vous l’aurez compris il s’agit d’une île dans laquelle on parquait les lépreux et cette île est voisine de l’île de la quarantaine ! L’île aux lépreux est petite, on y trouve des cabanes (4 poteaux et un toit) où vivaient les lépreux, aujourd’hui on peut venir y dormir avec son hamac mais ça n’est pas très conseillé. Les gens viennent plutôt y faire un tour en canoë. Bref, une très belle excursion ! Nous rentrons après 2h de balade/nage à la Goélette.
Lundi, le gars qui m’a refilé sa chambre dans la coloc m’a proposé de m’emmener en voiture acheter un ventilo et voir pour un vélo …trop sympa !! Il m’a expliqué les différentes ethnies de la Guyane mais ça sera pour une prochaine lettre! Puis nous sommes repassés à la coloc récupérer Camille et 2 enfants pour se baigner à la crique de Terre Rouge. C’était au coucher du soleil, marée basse, les arbres penchés au dessus de l’eau, magnifique !! (photos ci-dessous). Le ciel flamboyant, la forêt Amazonienne (pas la primaire bien sur) et le calme, un délice. Maxime va souvent à cette crique, tous les jours ou tous les 2 jours « quand t’as envie d’y aller tu m’appelle et je viens te chercher ! ». Yes cimer !! Lundi aprem avec les coloc on a tenté une autre crique « la crique Tatoue » qui n’a vraiment rien d’une crique pour le coup ! 15 min de caisse puis 15km de piste, Mahé (une voisine) s’est éclatée au volant elle se croyait au Paris/ Dakar. La crique se trouvait au milieu de la forêt : de la terre rouge, de l’eau douce qui s’écoule de bassin en bassin, on a fait trempette puis des jeux de cartes, tranquille quoi !!
Sinon niveau activité y a aussi un club de voile qui propose des cours de planche/dériveur/multi activités sur le Maroni mais vu le prix je vais peut-être plus m’inscrire au cours de salsa batchata ou de cirque !
Boire un jus de fruit frais. Au marché (2 fois/ semaine) on peut s’installer à une petite table entre le boucher et le resto de pho, et autres délice d’Asie, pour déguster un délicieux jus de fruit frais (pastèque, gingembre-citron, maracuya, banane …) et laisser son esprit flâner ! Camille (une coloc) m’y a emmenée le lendemain de mon arrivée, un délice. Un délice une fois les courses de fruits et légumes terminées au marché. On peut aussi y déjeuner : nems, rouleaux de printemps and co. Dimanche soir, nous sommes allés boire un jus de fruit à « Point couleur », une buvette sur une pelouse le long du Maroni. La buvette se trouve à côté de la piscine qui a fermé lundi pour 5 mois...dommage ! En sirotant son jus et en grignotant de cochoneries frites du Brésil on peut voir une petite île recouverte d’arbres qui est en fait un bateau échoué lors de la 2nd guerre mondiale et sur lequel la végétation s’est installée… Pas de déchetterie à St Laurent du coup les épaves de bateaux ou les carcasses de voitures sont laissées sur le lieu du naufrage/accident.. Je reviendrais à cette buvette car ils y vendent des churros !!!!! Je suis venue en moto avec le voisin et pour le retour nous sommes passé par « Paddock », le village amériendien. C’était génial, ça me rappellait les Philippines quand on louait des motos. Il faisait nuit, les habitations étaient éclairées, les gens nous regardaient passer.
Hier, comme je travaillais la nuit, et que c’était jour de marché je voulais aller y déjeuner … mais tous mes colocs travaillaient. Alors que je me baignais en musique sur l’Aziza, Max et Max les anciens colocs sont arrivés pour récupérer leurs affaires, je leur ai proposé un dej sur le marché (ne pas perdre son but de vue bien sur !!).  Max et sa sœur circacienne (qui fait du cirque, de la roue de cyr plus précisément) sont venus me chercher à l’heure du dej. Un pho et un rouleau de printemps puis nous sommes allés déguster ça sur le bord du Maroni avec un jus frai pastèque citron ! Comme beaucoup de gens ici j’ai l’impression, ils ont des vies un peu décousues/ difficiles psychologiquement. J’écoute, je pose des questions. Dépression, hospitalisation, crise de panique, père bipolaire, frère dépressif … je vous fais un condensé la mais heureusement ça n’est pas la majorité des gens non plus ! Des niveaux de vie différents de ceux qui nous entoure en région parisienne.
Les nuits en carbet.
C’est mon deuxième week-end en Guyane et me voilà déjà partie en carbet ! Merci à Adèle, une sage-femme de Louis Mourier venue en Guyane également et à Camille ma coloc. Un carbet c’est une cabane dans la forêt, souvent sur le bord d’une rivière, constitué de 4 poteaux et un toit en tôle où tu poses ton hamac pour dormir. Il y a une table et un coin feu pour le barbeuc également. Parfois des toilettes dans la nature parfois, parfois non. C’est roots. J’ai débuté par le fameux carbet de Mr Li. Samedi soir j’étais prévu avec Adèle et ses amis (des infirmiers du Chog) et dimanche avec Camille et ses collègues (des instit de 35-40 ans). Je pensais qu’il fallait marcher en forêt pour y accéder mais en fait pas du tout ! Les instit avaient prévus le matos du coup ! Les glacières étaient pleines (bières, gâteaux apéros, viandes, conserves en tout genre, brioches, céréales, nutos …de quoi nourrir un régiment). On a beaucoup trop mangé ! Le fils de Mr Li nous a emmené en pirogue à moteur jusqu’aux carbets. 20 minutes de pirogue sur la Mana (le fleuve), au milieu de la forêt si verte et si dense. J’étais déjà surexcitée. Les carbets étaient au nombre de 3 + celui des proprios. Nous sommes partis à 14h, une balade guidée dans la forêt était organisée le dimanche matin…tout ceci pour la modique somme de 35 euros (pirogue + carbet + balade), ils se font pas chier les chinois !! Quoiqu’il en soit c’était top !
Ce qui était ouf c’est surtout qu’il y avait un ponton de bric et de broc avec une tyrolienne (qui avançait très mal) … de quoi passer des après-midi à faire des saltos et autres conneries ! Deux des collègues de Camille étaient complètement tarés, c’était génial ! Surtout un, il doit peser plus de 100kg mais alors rien de l’arrête ! Je ne calculerai pas le nombre de plat qu’il a fait depuis la tyrolienne ou en tentant des figures mais le mec n’a peur de rien ! J’admire ! Il a tenté en 2 seconde son 1er salto arrière, du haut du ponton de 3 mètres je pense et il a réussit. Quand il a voulu tenter le double salto avant en partant en courant …ça a finit en ¾ de salto avec un plat final sur le dos, le fou rire qu’on a eu, magique. Nous avons tenté des prouesse avec Camille sur la tyrolienne à 2, plus ou moins concluantes mais très drôles. J’ai réussi mon 1er salto arrière demi vrille (trop saucéeeee) et avec un des mecs on a tenté le  salto avant suivi d’un plongeon …un plat chacun, la tête ou les cuisses au choix ! Martin j’ai fait ça pour toi !!! Tu m’aurais dit « mais vas y t’es nulle faut essayer ;) J’ai beau être plus jeune, ils sont beaucoup plus tête brûlée que moi ! C’était vraiment ouf, on s’est trop marré ! Objectif avec le collègue : réussir cette figure avant de rentrer en métropole ! Je vous mets des vidéos plus loin !
Samedi soir j’étais donc avec Adèle et ses potes, très sympa, puis ils m’ont un peu perdu quand ils étaient tous défoncés le soir (ça fume beaucoup la bas), du coup j’étais pas mécontente de passer la 2ème soirée avec les instits qui sont plus branchés bières ! Dimanche matin, le fils de Mr Li nous a emmené faire la balade en forêt. On y a vu un serpent chasseur, il n’est pas venimeux, se déplace à 45km/h sur 10sec puis s’arrête, si vous en voyez un il faut courir vite et ne pas de retourner ! Quelques singes sont passés haut dans les arbres mais on a surtout senti la démarcation de leur territoire, waouh on ne peut pas la louper. Nous avons vu le terrier d’une mygale squelette mais le monstre s’était caché ! Ma 1ère araignée fut pour mardi 12 novembre à la mater : une mygale bien poilue dans le poste de soin ! L’autre sage-femme et moi avons juste crié (d’une utilité incontestable) et les aides soignantes habituées sans doute l’ont mise dans une pelle à l’aide d’un balais puis dans un sac poubelle car il ne faut pas l’écraser sinon elle pond ses œufs ! Elles t’chipaient c’était énorme ! Revenons à Mr Li qui après nous avoir montré un caméléon (non je ne l’ai pas vu changer de couleur) nous a fait une démonstration de tous les pièges qu’utilisaient ses ancêtres (les Mongues) pour la chasse. Juste avec du bois, des encoches et de la ficelle. On y attrape des rongeurs comme des félins ... comme des hommes (le genou flingué ou mort tout simplement), attention aux fils tendus dans la forêt quoi !!
Le CHOG
C’est une autre paire de manche ! RDV le vendredi, lendemain de mon arrivée pour rencontrer les cadres. Dans le taxi ma voisine me dit que son RDV est annulé puisque c’est férié…ah ok merci de prévenir. Lundi j’ai rdv pour la journée de formation, pas d’heure, pas de lieu de rdv et quand je trouve la cadre dans les couloirs « en fait Maud on va faire la journée demain car aujourd’hui vous êtes toute seule mais attendez moi ici et on se voit après le staff ». Okay merci, je suis à votre entière disponibilité bien sur, demain était un jour off mais pas de souciiiis. Bref mardi journée de formation, j’ai fini en PLS quand j’ai vu toutes les taches que les sages-femmes ont à accomplir et la tête des dossiers (mazette le bordel). La formation était intéressante, présentation de la Guyane, ses populations, ses spécificités, les pathologies de grossesse, visites des services et pause déj au resto. En sortant de cette journée je n’arrivais plus à réfléchir.
A partir d’ici, les novices en obstétrique pourront avoir une petite idée de l’activité d’une maternité et les plus confirmés pourront se marrer un peu. Constant je ne parlerai pas de GHR mais t’inquiète y aura des mots techniques à réutiliser. Du coup le service de salle de naissance est constitué  de 6 salles de naissances et 4 salles de prétravail toutes nouvellement équipées (l’hôpital a été construit il y a 1 an), 2 salles de réa bébé (1 avec 3 tables et une autre pour les césariennes avec 2 tables). 3 sages femmes en salle le jour et 2 la nuit (avec une sage-femme tournante sur tous les services la nuit pour aider en cas de rush car y a de l’activité en ce moment.). Pas d’infirmière, seulement des aides-soignantes … sur qui ont peu plus ou moins compter car ici on ne se presse paaaaas. L’urgence ? C’est quoi ? Toutes les sages femmes viennent de métropole (pas d’école de sage-femme ici ni de fac de médecine …pas le niveau ?), la plus part ont peu d’année de diplôme donc c’est cool on est entre potes en fait ! Toutes les aides soignantes sont de Guyane. En gros l’hôpital tourne avec des métro pour les sages-femmes et les internes, un peu pour les médecins (les autres viennent d’Afrique et n’ont pas un très bon niveau, c’est pas évident) et les infirmiers aussi. Les locaux c’est plus les AS et la sécu.
Pour les urgences, 2 sages-femmes sont affectées jour comme nuit. L’activité est très intense le jour, beaucoup moins la nuit !! Les jours de marché y a moins de monde (forcément Madame) et dans l’ancien hôpital comme il était à côté du centre ville, quand on laissait les dames aller marcher 1h, elles revenaient 4h après les bras chargés de bouffes : « Madame tu es allé au marché ? », elles baissent les yeux comme un enfant pris la main dans le sac « non », « si Madame, me mens pas tu es allée au marché », tranquille la nana avec sa perf sur la main (pas avec le pied et la poche hein) qui va faire ses courses. J’adore.
On tourne en 12h30 ( 6h40-19h10, ce qui permet d’avoir une vraie soirée après la garde c’est cool !)
Petite particularité ici : la trappe a bébé. Habituellement lors d’une césarienne, la sage-femme s’habille en habits de bloc et va récupérer le bébé auprès du médecin dès que le ventre est incisé (on l’a fendu dit on dans notre jargon). Ici, pas besoin d’aller au bloc, on attend dans la salle de réa bébé que l’infirmière du bloc nous amène le bébé à bout de bras. La trappe donne direct dans la salle opératoire. Autant dire qu’au niveau de la relation maman bébé à la naissance…. . Habituellement si le bébé va bien on le montre à sa maman, on le met sur son ventre au chaud quelques minutes le temps de le voir et de lui faire des bisous. Là, pas de câlin, pas de bisous, juste les mains de la sage-femme puis la table d’examen avec la rampe chauffante au dessus de sa tête …. Bienvenu !!! La relation avec le nouveau-né n’est pas la même qu’en métropole, sans faire de généralité, les mamans ne sont pas autant dans le lien avec le bébé, bref ça n’a pas l’air de choquer les mamans, pour les bébés reste à voir … !
Les femmes parlent peu français ou parfois quelques mots, il faut apprendre des mots en taki-taki ou srananga (un créole) pour pouvoir poser les questions de base. C’est trop drôle comme langue, un mix de français, anglais et espagnol :
-          You fili pain ? Tu as mal ?
-          You lashi watraa ? bloudou ? Tu as perdu de l’eau ? du sang ?
-          You fili pikin seke bon ? Tu sens bien ton bébé bouger ?
-          You fili crampou ? Tu sens de contractions ?
-          You pishi bon ? Tu fais bien pipi ?
Et puis un mot omniprésent : tchiper !
Attention avec les patientes, y en a pas mal qui comprennent plus ou moins le français mais qui te disent que non elles ne comprennent pas ... pck elles ont pas envie de faire l’effort. Au début je ne le savais pas, du coup parfois je me retrouvais avec des dames qui arrivaient aux urgences : Tu comprends le français ? Elle te tchipe en disant non, j’essaie le taki avec mon anti sèche et la elle se marre en mode « pff je comprend rien », j’essaie de mimer et elle me regarde même pas. Okay meuf on va pas s’en sortir là, si tu fais aucun effort je risque pas de pouvoir t’aider. J’étais un peu désorientée du coup. Puis les sages-femmes m’ont dit : ah mais tkt elles comprennent très bien, si elles veulent pas faire d’effort tant pis pour elles. Bon du coup les interrogatoires sont assez succin ! Crampou ? oui/non, bloudou ? oui/non, watra ? oui/non. Les pathologies sont plus cognées qu’en métropole. Il n’est pas rare qu’une femme éclampse en salle ou en suite de couche. L’éclamspie c’est une aggravation d’une pathologie de grossesse liée à de l’hypertension et à une fatigue au niveau du rein. Quand une patiente éclampse elle convulse. Du coup y a un peu partout le matos pour la prendre en charge et on a tous une note plastifiée avec les médicaments à lui administrer et les dosages. Du coup si ça arrive, il faut vite lui mettre une canule dans la bouche avant que sa machoire ne se crispe. Je n’en ai pas vu encore mais on m’en a raconté pas mal. Il ne faut pas pas compter sur les médecins mais plutôt sur ses collègues sages-femmes. En effet, la dernière fois, le médecin est arrivé et est resté tétanisé devant la patiente qui convulsait ainsi que l’anesth…allô allô c’est le moment d’agir la ! On verra comment je réagis quand ca sera pour moi ahah. Pas mal d’hémorragies de la délivrance (c’est quand une patiente saigne après son accouchement, normalement on perd entre 50 et 200 cc, quand on  dépasse 500cc on parle d’hémorragie). Les hémorragies arrivent le plus souvent quand la patiente a déjà accouché pas mal de fois. Comme ici il n’est pas rare que ça soit le 7ème ou le 13ème bébé…bah forcément elles saignent plus qu’en métropole ! Hier soir j’ai reccupéré une dame qui avait accouché le matin et saigné plus d’1L, on a dû lui transfuser un 2ème culot de sang…ma 1ère transfusion !!
Parfois le service est calme mais très souvent ça peut péter d’un coup ! Mardi la journée a commencé calmement puis c’est parti en live. Un dame qui saigne, ma collègue qui demande une safe-femme en renfort, je viens l’aider, puis je ressors je retourne à mes dossiers et la mon autre collègue qui appelle de l’aide pour s’occuper du bébé qui vient de naitre et qui a du mal à atterrir et elle ne peut pas s’en occuper car sa patiente saigne un peu « coucou bébé t’es qui ? et bien on va t’aider un peu ». Et quelques minutes plus tard « une 6ème pare à 9cm qui accouche on vous la passe !!! », la dame arrive sur sa chaise, on l’allonge, ma collègue la perfuse pendant ce temps la poche des eaux se rompt et la tête arrive, j’ai juste le temps de mettre mes gants. Mes chères amies sage femmes (#safepoufsbranleuses) me liront en se disant « oui bah nous aussi on a ça parfois », sauf que là c’est pas parfois c’est tout le temps ! ;) Mais du coup j’apprend beaucoup de choses ! J’ai surtout appris à ne pas vouloir faire comme en métropole, à accepter de ne pas être aussi rigoureuse, heureusement que je l’ai vite compris sinon je me serais arrachée les cheveux et j’aurais été frustrée !
Ici les femmes accouchent sans péridurale, soit elles en ont peur soit c’est culturel. Du coup c’est bien plus rapide qu’en métropole. Parfois elles les pondent. Mais ça donne parfois lieu à des scènes absurdes. Une dame qui contracte douloureusement depuis 2 jours mais son col ne bouge pas. Elle a mal, elle hurle, de toute la journée son col n’a pas bougé (court, 1 doigt), je lui propose la douche, le ballon, le gaz (nubain impossible car rythme micro oscillant), rien n’y fait. La péri ? « non ma mère ne veut pas » « c’est-à-dire … ? elle a des contractions elle aussi ? ». Je ne veux pas juger mais c’est vrai que se retrouver devant une dame en pleure toute la journée qui se tort dans tous les sens et qu’on ne peut pas soulager parceque sa mère ne veut pas qu’elle mette de péri…c’est … inattendu. Mais bon parfois c’est la dame elle-même qui ne veut pas car elle en a peur ou "qu‘il ne faut pas ». Cette nuit je me suis occupée d’une dame toute la nuit qui ne voulait pas de péri, qui en chiait depuis plusieurs jours avec un col qui ne bougeait pas (3cm depuis 3 jours). Pareil elle ne voulait pas de péri, elle se tordait de douleur, elle était à poil dans sa chambre, elle faisait pipi dans un bassin par terre, le liquide amniotique coulait partout et elle marchait dedans…mais à ce stade de douleur on s’en fou un peu de tout ça nan ? Compliqué de la calmer quand on ne parle pas la même langue… .
A côté de ça y a aussi la patiente qui accouche sans un bruit ... ça me fascine ! Trop bien tous ces accouchements en tout cas !
Voilà voilà j’ai surement oublié pleins de choses mais c’est déjà un bon aperçu !
Ps : heureusement que je me suis coupée les cheveux avec cette chaleur !! Pas de clim dans la maison, c’est hard pour dormir la journée après mes gardes !
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chaglt · 5 years ago
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Ma semaine sans réseau social
Article un peu plus perso, que je ne partagerai pas sur Facebook (hence the title, pas sûre que "hence" soit la préposition adaptée). J'ai effacé Facebook de mes applications ce matin et j'ai l'intention de ne pas y trainer d'ici samedi matin prochain (nous sommes le 15 novembre, dans 5 semaine je suis back en Belgique !! ☺️).
J'ai toujours voulu écrire un article du type "7 jours sans pester", "5 jours de gratitude".. qu'on peut voir dans certains magazines (féminins, I know. #sexism). Comme ce blog est à mwaa et qu'il contient beaucoup de "hihihi", "hahaha" comme dirait ma mummy chérie (maman, pas momie), mais aussi une "critique" littéraire que j'aime particulièrement et un article plus reposant relatant un voyage, pourquoi ne pas y ajouter ce type de contenu. De toute façon, personne ne me lit hahaha (Rire jaune, pas le youtubeur, l'autre).
Bon, l'idée de cette semaine : éviter de trainer sur Facebook (quand je suis fatiguée j'y passe beaucoup trop de temps, à regarder beaucoup de bêtises) et sur insta. Je n'ai pas insta et j'y vais quand même, la puissance ! Inutile de vous préciser que c'est souvent pour y regarder des choses peu intelligentes, même s'il y a parfois du contenu assez sympa (j'adore le compte insta "on s'en bat le clito" par exemple, belle dose de fraîcheur par rapport à la sexualité féminine - "par rapport" est-elle la préposition adaptée ?).
Bref, je pense que ça ne peut me faire que du bien, encore plus si j'y inclus YouTube, sur lequel je peux également passer un nombre d'heures effarant. Bon allez je l'inclus, mais c'est bien parce que c'est vous.
Je viendrai faire quelques petits comptes-rendus par ici de temps en temps :)
* Jour 2 (samedi) : prise de conscience, j'ai vraiment des réflexes à aller cliquer sur des applications (comme Facebook et insta sont virés de mes possibilités, je me retranche sur les E-Mails, WhatsApp et Messenger). Le positif c'est que les applications qui me restent sont beaucoup moins chronophages, du coup je laisse vite tomber une fois que j'ai répondu à mes quelques messages (qui ne sont pas si nombreux étant donné que je ne suis pas très message) et je m'occupe autrement ☺️ Autre point positif, ça ne me manque pas (elle est mignonne elle après 48h). J'ai passé une super soirée avec Javivi hier, mais de toute façon avec lui je n'utilise pas, ou très peu, mon phone-tele (wesh). Siesta time maintenant, sans craindre de passer plus de temps à scroller mon fil dactu Facebook qu'à me reposer per se. La bise ♥️
* Jour 3 (dimanche) : contextualisons d'abord quelque peu. Je suis dans mon lit, une légère barre de fatigue au front. Il est 14h30, la siesta time donc. J'ai eu une chouette matinée à appeler Mum et Arnaud, à écouter des podcasts en allemand sur les relations (j'adore : Paarologie, recommandé par une Allemande rencontrée à Séville, et Beste Freundinnen. La fille de Paarologie s'appelle Charlotte en plus, prononcé à l'allemande (= trop cute). Continuons) et à faire le ménage #proud. J'ai mangé des canellonis pas mauvais du tout, avec un petit dessert des familles en prime. J'ai même bavardé un petit peu avec Elsa qui est revenue d'un week-end dans une ville sympa dont je n'ai pas trop compris le nom. Ce soir j'ai une soirée danse de prévue, et avant je vais peut-être voir Jacob. Après ma sieste j'appelle ma cousine d'amour. Qu'attend-elle donc pour dormir me direz-vous! Et bien je suis gluée à mon téléphone, avec l'envie irrépressible (mais que je represse parce que je suis une WARRIOR - et parce que je me suis engagée ici) d'aller me perdre dans les méandres de Facebook et d'Instagram. Alors que j'ai Simone de Beauvoir qui me fait de l'oeil. Bon j'ai cette chance d'être plutôt venue faire un compte-rendu ici, je vais donc aller me reposer telle le princesse que je suis, pour ensuite passer un reste de journée doux et agréable ♥️ Saloperies de réseaux, mais jolie prise de conscience ☺️ I'm glad I started this. 🧜
* Jour 4 (lundi): contextualisation, dans le salon. Premier "craquage", je suis allée voir les nouvelles Google. Heureusement pour moi, comme c'est de la bonne shit des familles, je n'y suis pas restée longtemps. Je me rends compte que j'ai beaucoup de temps libre, que je vais essayer d'apprendre à mieux gérer. Je suis revenue de l'école (contente de moi en plus car j'ai bien avancé dans mes quelques prépas, et contente tout court parce que j'ai eu un we magique pour la confiance en moi) mais je ne savais que faire, je n'avais pas faim mais j'ai quand même dîné, je suis partie dans mes pensées et finalement je me suis retrouvée devant les nouvelles Google a grignoter des galettes de sésame-chia (y a pire comme grignotage me direz-vous 😂). Une conclusion qui pourrait être tirée ici, c'est que je suis davantage attirée par les bêtises sur mon téléphone quand je suis désoeuvrée. Setting an intention for the day would help me I think :) Mais je suis quand même contente, j'ai réussi à couper le cycle pas trop tard en mettant un podcast et en rangeant la cuisine. Bon autre mini contextualisation, je ne dors pas vraiment bien pour le moment, et j'ai fait une insomnie hier. Ce qui n'excuse rien, mais qui peut expliquer mon petit "dérapage". Programme du reste de la journée : mettre sécher, me reposer et aller chez l'ORL. Avec le bouquin de Deepak Chopra ☺️ La bise! (Bon finalement c'est sympa ce glissement, ça met un peu de piment dans mon article)
* Jour 6 (mercredi): petit point avant d’aller au théâtre (première fois que je me repose correctement avant d’y aller, sereinement). Au fait, je suis allée 2 minutes sur Youtube mais c’est parce que c’est Pauline qui m’a envoyé un lien donc ça compte pas <3
- Je suis beaucoup plus en contact avec mes proches. Ayant beaucoup plus de temps à disposition (bueno, mieux utilisé serait la palabra mas correcta), j’envoie plus de messages, je prends plus le temps de téléphoner... et ça fait beaucoup de bien <3
- J’ai découvert Spotify, beaucoup moins chronophage que Youtube. Je peux écouter ma musique, mes podcasts magiques.. ENFIN, me diront les plus techologiques d’entre-vous!
- Je suis de meilleure humeur, plus sereine. Même si j’ai des petits soucis de sommeil pour le moment, je prends le temps de me reposer, et je ne passe plus des heures à traîner sur des comptes Instagram / sur mon fil d’actualité Facebook sans beaucoup d’intérêt qui ne me faisaient pas de bien.
- Je médite plus (prononcer “plusse”) :) Est-ce nécessaire de vous dire que ça fait du bien?
- J’écoute les nouvelles (bon ça fait deux jours, mais quand même!). J’ai découvert l’assistant Google à qui je dis “bonjour” le matin et qui me dit les nouvelles du jour, ce qui est assez sympa :) Je vais essayer de le configurer pour avoir les nouvelles dans d’autres langues aussi.
- J’écoute beaucoup plus de podcasts, en allemand et en anglais :)
Et je n’invente rien, je vous jure que tout est vrai. C’est vraiment bizarre mais cool à la fois :) Time to go to the theater! Byyye <3
* Jour 7: Qu’est-ce que je m’ennuie bon sang! C’est le premier jour durant lequel je ne fais rien (je n’ai pas donné cours à Sheila aujourd’hui avec les examens) et je m’ennuie, je suis grave :) Du coup je suis ici. A 21h30 je vais chercher mon tout premier colis “too good too go”, WOUHOUU!
J’aimerais bien traîner un coup sur Youtube mais je ne peux pas. J’avoue j’y suis allée pour terminer la vidéo de 8 minutes envoyée par l’amour de ma vie (ma soeur me manque, oui). Et je suis aussi allée sur Facebook quelques minutes pour vérifier la durée d’un événement. Et j’ai aperçu 24 notifications je pense. Parce que oui, pour les événements Facebook est assez cool :) C’est d’ailleurs grâce à Facebook que je suis allée voir le Joker avec des Américaines bien sympas :)
Bon alors si on reprend mon défi de la semaine, je pense que ça me fait du bien (confer hier), et que je me rends maintenant compte que j’ai beaucoup, beaucoup de temps libre. Heureusement que je donne des cours particuliers et que j’ai théâtre le mercredi! Ce sont les soirées qui sont parfois longues. Ici je suis à l’appart depuis 16h (il est 19:52). J’ai essayé de faire une petite sieste, mais comme j’ai dormi 9h30 la nuit passée ça n’a pas marché. J’ai un peu exploré Spotify (purée j’adore cette application), entamé quelques audiobooks, quelques podcasts... Je pense qu’il y a juste des moments où ça fait du bien de se perdre sur Youtube, de couper son cerveau et de profiter. Je n’avais même pas envie de venir vous raconter ma vie ici, c’est vous dire!
Comment je me sens? Une petite barre au front. Il faut dire que mon sommeil a été pas mal perturbé ces derniers temps. Là j’ai une musique de guitare douce de Spotify en fond, ça fait plaisir :) Mais sinon je suis contente, je prends vraiment conscience de l’effet que les réseaux sociaux peuvent avoir sur moi (et sur d’autres gens je présume). Ce qui est cool, ce que je m’ennuie mais que je n’ai pas envie d’aller sur Facebook ou Insta. Juste de me matter une série ou des vidéos un peu con sur Youtube. 
- Découvertes so far:
* Spotify
* Le plaisir d’écrire (redécouverte dans ce cas-ci)
* L’assistant Google pour avoir un bref aperçu des nouvelles le matin
* La satisfaction (redécouverte dans ce cas-ci), je sens clairement les effets de la non-comparaison (inconsciente, mais d’actualité quand j’utilise les réseaux sociaux, surtout insta de mes deux. Bien contente d’avoir jamais créé de compte d’ailleurs).
* Que j’ai énormément de temps libre, et que je peux en faire ce que je veux :)
* Ce que c’est que de s’ennuyer. Ça faisait longtemps, vraiment longtemps que je n’avais pas reçu l’ennui comme ça. C’est bon pour la santé il paraît :) Allez, je vous mets un article sur “S’ennuyer c’est bon pour la santé” juste ici:
http://www.slate.fr/story/171981/ennuyer-bon-esprit
Oh. Wow. Je viens de tilter sur la citation suivante de l’article:
“Pour que ça marche, il est crucial de se déconnecter. Sandi Mann explique que nos smartphones détruisent notre capacité à nous ennuyer et empêchent un vrai divertissement: «Nous essayons de balayer et de faire défiler l'ennui, mais en faisant cela, nous nous rendons plus enclins à l'ennui, car chaque fois que nous sortons notre téléphone, nous ne laissons pas notre esprit vagabonder et résoudre notre problème». Ne reste peut-être plus qu'à créer une appli pour s'ennuyer...”
Je me reconnais beaucoup là-dedans. Et c’est vrai que ça fait deux nuits que je fais beaucoup de rêves, un peu guérisseurs comme ça. J’ai rêvé de bébé (maman ne lit pas cet article), j’ai rêvé de Javi, de pas mal d’autres choses aussi dont je ne me souviens pas tellement. Mais vous savez, cette sensation au réveil de “résolution” de certaines choses? Ça faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé, j’avais au contraire un sommeil assez peu réparateur ces derniers temps. Et quand ils disent “Nous essayons de balayer et de faire défiler l’ennui”, c’est tellement ça. Je me plonge/ plongeais dans ces réseaux en faisant défiler les fils d’actu. Oui, le temps passait. Mais je ne me sens/sentais pas bien après. Du tout.
Bon là je pense que mon corps se remet des émotions que j’ai eue depuis septembre, mais en ce qui concerne ma non-utilisation des réseaux sociaux depuis 7 jours (nous sommes le 21 et j’ai commencé le 15, plutôt 6 jours mais soit), ce n’est que du positif. Et s’ennuyer c’est assez sympa, ça me permet d’écrire, de découvrir des applications (et des artistes!) vraiment chouettes, d’écouter les nouvelles (qui l’eut crû!), de méditer un peu plus... Et puis je me sens reposée. Et ça c’est gai. Même si je ne dors pas bien.
Le jour qui m’a le plus marquée c’est hier. Insomnie la veille, je serais rentrée de ma grande journée à l’école de mauvaise humeur et je me serai plongée dans Facebook, sans vraiment me reposer avant d’aller au théâtre. Ici je suis rentrée, j’ai pris le temps de me poser, j’ai laissé les émotions couler (yes j’ai chialé bouuh), j’étais épuisée. Et j’ai fait une sieste de laquelle je n’ai pas réussi à me réveiller tout de suite. Et je suis allée sereinement au théâtre, car je me suis réveillée 1h30 avant, j’ai pu appeler ma Mutti (seuls les Allemands comprendront), me faire à manger... Un monde de différence. C’est chouette, il y a définitivement un mieux. Un bien mieux même :)
Je m’attendais à ce que l’expérience soit positive, mais à ce point-là! Et faire le point régulièrement me permet de voir tout ça, c’est vraiment gai :) Ça me donne envie de faire d’autres articles du genre, ça me donne une motivation héhé.
La semaine prochaine, je vous écris un article “ma semaine sans respirer”. On verra ce que ça donnera :D J’ai hâte!
Bisouus!
À samedi prochain ! (Oui je me vois déjà dans Flair ou autre 😎)
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deslettresetdeslettres · 5 years ago
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Salut ! Je me permets de te demander ton avis sur le débat éternel de la khâgne : tu es team stylo ou team ordi ? Et quels avantages ou inconvénients trouves-tu dans les deux ?
Salut !Alors déjà certains profs n’acceptent pas l’utilisation del’ordinateur dans leur cours, donc il faut absolument savoirprendre des notes à la main, et savoir ficher/réviser un cours prissur papier. Moi-même je n’ai eu un ordi que je pouvais emmener encours que pour ma seconde khâgne, donc pendant mes deux premièresannées de prépa je prenais tout à la main. En gros tout dépend detes circonstances, de tes préférences, des profs que t’as, etc,donc je ne suis pas sûre que ma réponse va t’apportergrand-chose… Mais je trouve que dans certaines matières commenotamment l’histoire ou la géo, comme il y a beaucoupd’informations à engranger pendant de longues périodes de temps(cours vraiment magistral), l’ordi est bien parce que tu n’as pasbesoin de faire des sélections sur le moment, tu peux tout prendreen notes et éventuellement plus tard chez toi quand tu révisesfaire le tri dans ce que tu as noté. Mais peut-être que mon opinionest biaisée par le fait que justement mon prof d’histoire parlaittrès vite en délivrant énormément d’informations et que c’étaitvraiment très difficile de prendre des notes à la main dans soncours et que je décrochais très vite quand je n’avais pas encore d’ordi. J’aieu la même impression pour la philo, j’étais contente de pouvoirtout noter et de reprendre le cours ‘brut’ chez moi, mais il y aeu des moments où je me suis dit que ça aurait été mieux pour moide prendre le cours à la main parce que ça m’aurait forcée àêtre plus concentrée en cours et à hiérarchiser un peu mieux lesinformations sur le moment. Franchement ça dépend. Je suis d’accordpour dire que la prise de notes sur ordi peut te rendre plus passif,mais si tu prends en notes à la main, que tu es donc plus actif encours, mais que tu rates quand même la moitié des infos, à quoibon… D’un autre côté, on peut trouver que la prise de notes àla main est aussi plus propice à te déconcentrer (tu ne fixes pasun écran, tu as la tête penchée donc si t’es fatigué tu es plustenté de dormir (moi-même je sais), tu finis toujours par dessinerou par colorier les petits carreaux de ta feuille), mais d’un autrecôté tu peux aussi très bien te déconcentrer sur ton ordi… D’uncôté je trouve ça plus facile de ficher certains cours s’ils ontété pris sur ordi parce que ma méthode de fichage repose beaucoupsur la réorganisation des informations dans un ordre différent pourme les approprier, et que tu ne peux pas faire un copier-coller surdu papier (notamment en histoire, si tu veux te faire une frisechronologique en insérant de nouvelles dates au fur et à mesure quetu les apprends, tu as intérêt à le faire sur ordi). Mais d’unautre côté c’est aussi hyper utile de pouvoir noter des chosesdans la marge ou entre les lignes au moment du cours (notamment enfrançais, où ma prof interdisait les ordis, elle nous avaitconseillé au début de l’année de noter dans la marge un petitcode à chaque fois qu’une info du cours pouvait être mise enrelation avec une des trois grandes notions du programme). Pour le coup je n’ai pas de conseil à proprement parler. 
D’ailleursje dis que ça dépend en partant du principe que ta question portaitsur la prise de notes pendant les cours mais il y a aussi la questiondu fichage, et pour ça j’ai vraiment une opinion : je préfèrede loin faire des fiches à l’ordinateur, prendre des notes sur des bouquins, lesréorganiser, insérer des trucs entre des paragraphes déjà écrits,faire des listes, refaire des ordres chronologiques, etc, donc toutça ça se fait sur ordi. Par contre une fois que les grosses fichessont faites et peaufinées, j’aime bien les re-ficher en condensant un maximum surdes fiches papier, pour pouvoir faire du ‘colour-coding’ plusfacilement, entourer des trucs, et pour pouvoir regarder mesmini-fiches finales dans le métro ou debout dans le couloir enattendant le début du concours blanc.
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unmug · 6 years ago
Text
Un rire, un rocher blanc et quelques oiseaux, aux ailes déployées
« Pourquoi tu ris comme ça ? » demande l’un des élèves du cours de français en imitant le rire aigu de Moubarak. 
« C’est mon rire », répond Moubarak, sans autre commentaire.
À la fin du cours, l’autre élève vient me voir. Il insiste sur ce rire qui n’est pas vrai, dit-il. 
« Laisse, je lui dis. Le rire de Moubarak, il doit avoir une histoire. Tout a une histoire, laisse. »
***
Darfour
À l’école, Moubarak a toujours été premier de la classe et pourtant ses maîtres ne l’aiment pas. Il ne tient pas en place, il ne les regarde pas et use beaucoup trop vite ses crayons car il passe son temps à dessiner partout. Mais impossible pour eux de le prendre en faute : Moubarak a toujours la réponse à leurs questions, c’est à croire qu’il écoute quand même tout en faisant autre chose, impensable.
Quand il rentre de l’école, il y a un endroit bien précis, près du rocher blanc, où il change de langue. Il passe de l’arabe au zaghawa. L’arabe, c’est pour la ville ; le zaghawa c’est pour son village. En passant le rocher blanc, Moubarak se sent toujours un peu plus en sécurité.
Mars 2008
L’armée soudanaise attaque massivement la ville pour déloger les rebelles qui s’y trouvent. Chaque maison est fouillée, retournée. Chaque personne interrogée. Aux maisons des Darfouris, les soldats cassent la porte pour que les officiers interrogateurs sachent qu’il s’agit là d’une demeure de la mauvaise ethnie.
Le père de Moubarak est traîné hors de chez lui. On l’interroge, on le frappe à coups de crosse de fusil. Que sait-il des rebelles zaghawas ? Est-il parent avec le docteur Khalil Ibrahim ? Qui a-t-il abrité chez lui ? Pourquoi a-t-il participé à une rébellion contre le gouvernement soudanais ?
Entre chaque question, un coup. Pour chaque mauvaise réponse, un coup. Il n’y a pas de bonne réponse.
Moubarak regarde les soldats emmener son père, couvert de sang.
Chaque jour, près du rocher blanc, Moubarak va attendre que son père revienne. Tantôt il chante, tantôt il prie, tantôt il pleure. Toujours il rentre seul avec la nuit.
Après cinq mois, le père revient, squelette entouré de haillons et titubant. La mère lui donne à manger, le fils à boire, on attend qu’il parle mais il ne fait que dormir. Lorsqu’il parlera enfin, il racontera seulement qu’ils l’ont menacé de tout lui prendre, sa maison, ses champs, de tuer sa famille entière, s’il montrait encore le moindre signe de rébellion. Il n’expliquera rien d’autre et personne ne posera d’autre question aux cicatrices de son visage.
2011
L’oreille collée contre un poste radio, Moubarak raidit ses jambes pour résister à la pression de son ami qui voudrait prendre sa place et mieux entendre les informations du jour. “Le Mouvement pour la Justice et l’Egalité annonce qu’il rejette totalement le projet d’accord de paix proposé par l’ONU. Les solutions proposées sur le problème des réfugiés, la compensation aux habitants du Darfour affectés par 8 ans de conflit, le partage du pouvoir et des richesses sont insuffisantes.”
La radio enchaîne avec l’annonce d’un référendum décidé par le Président sur le statut administratif du Darfour. Un référendum sans que les Darfouris ne l’aient demandé ; un référendum où ils iront voter sous la surveillance des soldats soudanais. Quelle farce !
Moubarak abandonne la radio à son ami et prend un bus pour rentrer au village. Il embrasse sa mère, boit de l’abreh et attend que son père rentre des champs. Lorsque ce dernier arrive, Moubarak se lève, prend une grande inspiration et lui parle d’une voix un peu plus rauque que d’ordinaire : « Père, j’ai désormais 17 ans. Je veux prendre les armes et me battre contre le gouvernement soudanais qui nous opprime ! »
Le père le regarde sans dire un mot. Il tape la terre qui recouvre son pantalon. Longuement. Puis il s’assied et ferme les yeux, le visage tourné vers le sol. Moubarak hésite à rajouter quelque chose. Plusieurs fois, des débuts de phrases se forment dans sa tête mais la suite ne vient pas ; il attend et finit par s’asseoir lui aussi.
Alors enfin le père le regarde. Ses yeux semblent soudain terriblement vieux. « Mon fils. Je te l’interdis. »
Dans le cœur de Moubarak, c’est la tempête. Les mêmes débuts de phrases reviennent, il y a les mots courage et fierté et notre peuple qui tournent et retournent sans qu’il sache comment il devrait les faire sortir de sa bouche ; il y a la colère et l’injustice aussi ; pourquoi lui interdire, pourquoi !
Le père dit : « Pars du Soudan maintenant. Va trouver une vie en paix ailleurs. Je veux une vie en paix pour toi. »
En passant devant le rocher blanc, Moubarak se demande s’il va longtemps garder en mémoire le visage de sa mère en larmes.
Septembre 2011 - Égypte
Allongé dans la pénombre, Moubarak tente d’attraper la bouteille d’eau dans son sac sans faire le moindre bruit. Malgré toutes ses précautions, l’un des passeurs lui fait tout de même un signe et un regard noir. Moubarak attendra pour laver sa gorge de la poussière du Sinaï.
Il regarde les autres hommes allongés dans les cailloux de cette montagne désertique. Lui, il est soudanais, c’est sûr, pense-t-il. Lui, érythréen. Lui aussi. Lui, somalien. Lui... tiens, je ne sais pas. Lui, c’est un Darfouri. 
Avec son doigt, il dessine dans la terre un oiseau aux ailes déployées. Il n’a pas le temps de le finir, les passeurs font signe que c’est le moment d’y aller. Le groupe rampe dans la nuit. Le premier passeur se relève et court jusqu’à un grillage affaissé. Il jette son sac par-dessus et l’escalade sans difficulté. Les hommes en font autant. Mais alors qu’ils sont encore trois suspendus au grillage, une déflagration éclate dans l’air. Un projecteur les illumine. Un second bruit sourd retentit et vient frapper le Somalien dans le dos. Moubarak reçoit une gerbe de sang dans les yeux, il hurle et, sans savoir par quel réflexe, il retient le Somalien qui allait tomber du grillage. Un autre homme vient l’aider à le faire passer par-dessus. Les tirs des policiers égyptiens sont désormais de plus en plus rapprochés. Si proches qu’on ne sent pas les coupures des barbelés qui surmontent le grillage en les empoignant.
Moubarak tombe de l’autre côté et court avec les autres jusqu’à un fossé dans lequel ils restent tous allongés sans bouger, laissant le bruit des balles s’éteindre peu à peu.
Lorsqu’un premier rayon de soleil vient frapper le fossé, l’un des passeurs lève la tête délicatement et finit par s’aventurer tout entier sur la terre. Il dit aux hommes qu’ils peuvent sortir, leur explique qu’ils doivent se signaler à une voiture de police, et il disparaît dans un nuage d’encouragements tout aussi chaleureux qu’hypocrites. 
Au bord de la route, Moubarak et les autres hommes arrêtent une voiture de police. Les policiers emmènent le Somalien à l’hôpital et les autres dans un centre pour demandeurs d’asile. Après une batterie de tests médicaux et de papiers administratifs, une forme de quarantaine d’une vingtaine de jours, Moubarak obtient un « visa » de 4 mois l’autorisant à se rendre en ville et à circuler sur le territoire israélien – moyennant l’obligation de revenir au centre tous les 4 mois pour l’établissement d’un nouveau visa, bien entendu.
Mais en ville, il ne trouve ni aide, ni logement. Personne pour le soutenir. Dormant dans la rue, fouillant dans les poubelles pour manger, il trouve un petit livre arabe-hébreu et chaque jour, sous sa couverture de fortune, il apprend l’hébreu. Lorsqu’il estime suffisamment bien le parler, Moubarak arpente les rues de la ville et demande du travail partout. Il parvient à se faire embaucher dans une usine, comme manutentionnaire. 
Pendant plus de 2 ans, il travaille dans la même usine, parle hébreu avec ses collègues qui deviennent ses amis, il cesse d’avoir faim, a un petit logement et regarde le football à la télévision. Tous les 4 mois, il doit se rappeler que ce pays n’est pas le sien et aller faire renouveler son visa.
Janvier 2014 - un peu de politique
Les rues de Tel Aviv sont bondées de manifestants. Des dizaines de milliers de demandeurs d’asile sont rassemblés pour demander l’annulation des nouvelles mesures prises par le gouvernement israélien. En décembre, le Premier Ministre Benyamin Netanyahou s’est en effet dit déterminé à expulser les dizaines de milliers de migrants clandestins. Pour ce faire, le gouvernement a mis en place toute une série de mesures, allant des contrôles systématiques à l’incarcération, en passant par le non-renouvellement du fameux visa, sans la moindre raison. L’édification d’un mur-frontière entre l’Égypte et Israël, pour enrayer le passage des Africains, est renforcée, le budget s’élève à 270 millions d’euros. Le grillage faiblard sera remplacé par un bouclier infranchissable de barbelés multicouches. De 10 000 exilés passés par le Sinaï en 2010, ils ne seront plus que... 20 en 2016. Les statistiques sont heureuses et ne précisent pas que les 10 000 suivants passeront donc par la Libye.
Le visa de Moubarak n’est pas renouvelé. Il sait parfaitement ce qu’il encourt s’il est contrôlé sans visa valable : la détention et le renvoi au Soudan. Il prend la décision de rentrer au Soudan de son propre chef. Il achète un billet d’avion pour Khartoum et quitte Israël.
En descendant de l’avion, Moubarak dit une petite prière : il est heureux de retrouver son pays. Devant lui, dans la file d’attente, il voit les gens se tendre sans qu’il comprenne pourquoi. Il passe la tête mais n’aperçoit rien de particulier, sinon des agents de l’aéroport qui vérifient les passeports. Beaucoup de passagers de son avion partent avec des hommes que Moubarak ne parvient à identifier qu’une fois qu’il se trouve devant eux. Il s’agit du NISS (National Intelligence and Security Service ; Jihaaz Al Amn Al Watani Wal Mukhaabaraat), le service de renseignement du Président, sa police politique. 
« Ton passeport », demandent-ils à Moubarak, qui le tend sans commentaire. Sitôt ont-ils lu son nom, les deux agents lui demandent de les suivre. Ils l’emmènent en voiture jusqu’à leur quartier général et le font patienter dans un bureau. 
Un officier vient l’interroger. Quelle était sa vie avant de partir en Israël, qui lui a dit de partir en Israël, quelles sont ses connexions avec les Juifs en Israël, est-ce qu’il a été entraîné par les Juifs en Israël ?
Moubarak répond que non.
Quels sont les noms de toutes les organisations qui l’ont contacté en Israël ? Moubarak répond qu’il n’en connaît pas, qu’il n’a rien fait de mal, qu’il a juste travaillé dans une usine à porter des cartons. 
Quels sont les noms des participants aux manifestations de Tel Aviv ? Est-ce que Abdul Wahid Al Nur [leader du groupe rebelle Mouvement de libération du Soudan] était à Tel Aviv ? 
Moubarak n’en sait rien du tout, il n’est jamais allé aux manifestations, il ne connaît pas de leader rebelle, il ne sait rien et ne comprend pas pourquoi on lui pose toutes ces questions. 
L’officier pousse Moubarak sèchement et repose ses questions. Toujours les mêmes réponses. L’officier frappe avec ses poings. Toujours les mêmes réponses. Avec sa matraque, sur la tête, sur les mains. Mêmes réponses. Moubarak est jeté dans une cellule de prison infâme. Il a un seul repas par jour, qu’il vomit systématiquement lors de l’interrogatoire quotidien et répétitif, toujours constitué des mêmes questions et des mêmes tortures. 
Comme Moubarak n’a toujours aucune réponse à apporter, l’officier le traite de kâfir [infidèle à la religion musulmane]. « Je vais te tuer si tu ne dis rien et on tuera toute ta famille ensuite. Je sais où habitent tes parents. Je tuerai ton père d’abord et je resterai seul avec ta mère ensuite. »
La nuit, dans sa cellule, Moubarak essaie d’inventer des réponses. Des noms d’organisations plausibles. Des rencontres cohérentes. Le caractère de telle ou telle personne. Mais le lendemain, face à l’officier, les mensonges ne veulent pas sortir de lui. Et les coups pleuvent, encore. Et chaque nuit, il s’échappe en construisant un imaginaire de réponses qu’il ne donnera jamais, où des personnages inconnus prennent peu à peu vie, ayant avec le temps des visages et des personnalités plus affirmés que la veille, au point que Moubarak se demande s’il les connaît ou non et s’il ne devient pas fou à force de vouloir échapper à la folie.
Au bout d’un mois, Moubarak perd connaissance dans sa cellule. Il se réveille à l’hôpital, une perfusion au bras, les chevilles menottées au lit, un garde à la porte le surveillant lui et les autres prisonniers-malades de la chambre. Seul moment d’intimité : les toilettes. Après 3 jours de repos, Moubarak profite d’un passage aux WC pour s’échapper par la fenêtre. Il sait qu’il n’a que quelques minutes avant que le garde ne vienne frapper à la porte et parte à sa recherche, aussi il court le plus vite possible dans les rues inconnues et rentre dans une maison. Il se jette au sol et supplie l’homme effaré qui le regarde : « Aidez-moi, quelqu’un veut me tuer. » L’homme le laisse téléphoner et lui donne un pantalon. 
Juin 2014 - Libye
Sur le mur, des dizaines d’oiseaux aux ailes déployées se chevauchent. Les plus anciens ont été faits à la craie. Les plus récents avec un caillou, grattant la paroi, lorsqu’il n’y avait plus de craie.
Dans le couloir, des hurlements. Comme toujours. Tous les jours, toutes les nuits. Ces cris et cette odeur. Au début, il vomissait. Au début, tout le monde vomit.
Un Nigérian ne bouge plus depuis longtemps. Mort, sans doute. Qui a la force d'aller voir. 
Coup de feu. 
Au début, on sursaute. Le cœur accélère, on a peur. Au début.
Porte qui s’ouvre, fermer les yeux pour la lumière qui brûle. Bruit des seaux de nourriture, bruit des louches. Nourriture jetée sur le sol, comme une pâtée pour chiens. Ceux qui ont la force rampent pour manger.
Août 2014 - Méditerranée 
Il se souvient de sa mère qui lui disait que le bateau était une chose dangereuse. Il n’a même pas revu sa mère.
Septembre 2014 - Italie/Danemark
Moubarak prend un train pour la Norvège. Un de ses cousins est réfugié en Norvège, il veut le rejoindre. Il traverse les pays les uns après les autres. Italie, Allemagne, Danemark, le train s’arrête. Contrôle de la police aux frontières. Moubarak et quinze autres exilés sont descendus du train.
Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile au Danemark, qu’il veut aller en Norvège, il supplie « laissez-moi aller en Norvège ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un énorme centre pour demandeurs d’asile (600 personnes). On lui fait remplir une demande d’asile. On lui dit qu’il faut attendre. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien.
Il apprend le danois. Et le parle rapidement.
Juin 2015 - un peu de politique
En juin 2015, le Parti populaire danois, parti d’extrême droite, fait une percée lors des élections législatives au Danemark. L’ambiance est délétère dans le pays, tout le monde hait les exilés. 
Moubarak doit attendre 1 an avant de pouvoir passer son entretien de demande d’asile. Comme de nombreuses autres personnes, il comprend mal l’interprète fourni, qui parle l’arabe irakien tandis que lui parle l’arabe soudanais. Il explique ce problème et dit qu’il pense être important d’être bien compris pour un entretien aussi crucial. On lui répond qu’il est bien trop difficile ; que s’il souhaite changer d’interprète, il devra attendre a minima 6 mois ou 1 an supplémentaire avant d’avoir un autre rendez-vous pour un entretien de demande d’asile. Est-il sûr de vouloir un autre interprète ?
Moubarak renonce et garde son interprète. 
Un mois plus tard, la réponse arrive : négative. « Vous ne pouvez prétendre à un statut de réfugié au Danemark car vous avez d’ores et déjà un statut de réfugié en Hongrie. »
Moubarak relit la phrase trois fois. Il n’a jamais mis les pieds en Hongrie. Il fait appel de la décision. Son conseil juridique obtient du service de l’immigration qu’il reconnaisse son erreur.
Six mois s’écoulent avant qu’il ait un nouvel entretien de demande d’asile, dont la réponse arrive après seulement deux semaines. Négative. Le Danemark accuse Moubarak d’avoir menti et de ne jamais être allé en Israël. « Considérant que le demandeur a menti sur son séjour en Israël, nous ne pouvons tenir le reste de son récit pour avéré. » Le service de l’immigration lui donne 15 jours pour quitter le pays.
Dans sa chambre, fixant le papier, Moubarak sort les photos de lui et ses amis dans l’usine israélienne. Il est pris d’un fou rire nerveux. L’un de ses colocataires lui demande ce qui lui arrive. « Rien », lui répond-il, car comment pourrait-il expliquer ce qu’il ressent à cet instant précis. Comment pourrait-il lui dire qu’aller en Israël n’était pas son choix, mais l’idée de son père, qu’il a été torturé pour y être allé, comment raconter la cellule, les coups de matraque, l’électricité sur le corps, comment dire qu’il n’a jamais revu le sourire de sa mère et qu’il n’a en mémoire que ses larmes ; Israël qui n’a pas voulu de lui et qu’on l’accuse de n’avoir jamais vu alors que cela lui a coûté si cher, sans même qu’il comprenne pourquoi, son pays qu’il a dû encore quitter pour ça, il revoit tout : le pantalon prêté par l’inconnu, le taxi pris sans argent, le souk Chaabi caché sous un étal, le taudis d’El Gedida, les geôles libyennes et ses camarades qu’on emmenait pour les vendre dans des marchés aux noirs, pourquoi eux pourquoi pas moi, la même question tous les soirs, la même prière tous les soirs Dieu qui es si grand, protège-nous tous et pardonne-moi de te demander de me protéger un peu plus encore, la culpabilité, la peur, le désespoir, l’odeur de la poudre sur la plage devant le bateau, les femmes avec leur regard vide, hurlant dès qu’un homme les frôle, le dégoût et la honte, toutes ces images à chasser de sa tête chaque jour, comment pourrait-il lui dire avec des pauvres mots alors que c’est toute une vie qui s’écorche ici.
« Rien », il dit, et il fait son sac.
Mars 2016 - Allemagne
C’est décidé, Moubarak va venir en France. Il prend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est contrôlé et on le fait descendre du train. Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, « laissez-moi aller en France, s’il vous plaît ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un centre pour demandeurs d’asile où on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre à parler allemand.
Il apprend l’allemand.
Août 2016 - France
Sa demande d’asile en Allemagne est refusée puisqu’il est désormais dubliné au Danemark, premier pays européen où il a été enregistré, qui est responsable ad vitam eternam de sa demande d’asile, bien qu’ils ne veulent pas lui accorder, c’est dire toute la cohérence du système Dublin.
En août 2016, Moubarak arrive à Paris et dépose sa demande d’asile en France. Il est envoyé dans un centre pour demandeurs d’asile dans l’Essonne. Après 3 mois, la préfecture de l’Essonne prend la décision de le renvoyer au Danemark et le met dans un avion pour Copenhague.
Décembre 2016 - Danemark
À la descente de l’avion, personne ne l’attend à l’aéroport. Le pilote, vaguement agacé, s’étonne que personne ne soit là pour prendre en charge Moubarak. Il finit par lui tendre son dossier, qu’il était censé remettre à un responsable du service de l’immigration, et lui dit de se débrouiller avec car il n’a pas que ça à faire.
Moubarak se rend donc tout seul à Sandholm, institution pour demandeurs d’asile à quelques dizaines de kilomètres de Copenhague. Il explique sa situation, mais on ne sait pas quoi faire de lui. On le renvoie au poste de police adjacent. Il explique de nouveau sa situation, donne son nom et son numéro d’identité danois. Le policier laisse s’afficher le dossier de Moubarak à l’écran, en prend connaissance et lui dit : « Mais pourquoi vous revenez ? Vous savez bien qu’on veut pas de vous ! »
Moubarak lui répond : « Je reviens parce que la France m’a renvoyé et parce que vous, le Danemark, avez accepté de me reprendre en charge, sinon je ne reviendrais pas, je n’ai pas du tout envie d’être ici non plus ! »
Sur ces belles paroles, le policier le place en centre de rétention.
Un avocat le fait sortir du centre de rétention après 2 jours. Moubarak est envoyé dans un centre pour demandeurs d’asile. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien. Chaque jour, on lui propose de retourner au Soudan. Le Danemark pourra même l’aider, lui apporter un soutien financier, prendre en charge le billet d’avion, il faut vraiment qu’il réfléchisse à cette opportunité ! 
En arabe, Moubarak répond : « Chacun ses formes de matraque. » La travailleuse sociale sourit et lui dit « ça veut dire oui ? »
Après 6 mois, il passe un nouvel entretien de demande d’asile et reçoit aussitôt une réponse négative, n’incluant aucune motivation mais récapitulant son historique précédent – y compris son fameux « statut de réfugié en Hongrie ».
Il a 15 jours pour quitter le pays.
Septembre 2017 - Allemagne
C’est décidé, Moubarak va revenir en France. Il reprend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est recontrôlé et on le refait descendre du train. Il réexplique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, qu’il est dubliné au Danemark, qu’il a déjà eu une réponse négative en Allemagne la dernière fois, il dit « laissez-moi aller en France, s’il vous plaît ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un centre pour demandeurs d’asile où on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre à parler allemand.
Il dit « oui oui je sais ».
Sa demande d’asile est rejetée puisqu’il est dubliné au Danemark.
Octobre 2018 - un peu de politique 
Dans sa circulaire du 20 novembre 2017, Gérard Collomb, alors nouveau Premier ministre, mettait la pression aux préfets français pour accélérer les expulsions et les exhorter à fournir des résultats – chiffrés. Comme chaque année, octobre est le mois redouté pour les organisations qui accompagnent les exilé.e.s, car d’un seul coup certaines préfectures se réveillent et réalisent qu’elles ne vont pas avoir rempli les quotas d’expulsion – bien entendu, il n’y a pas de quota à remplir, officiellement ; seulement voilà, chaque année, à partir d’octobre et jusqu’à décembre c’est la grande artillerie qui tire dans tous les sens pour expulser tout ce qui est expulsable : adultes, enfants, personnes malades, Dubliné.e.s, personnes victimes de violences, allez hop. 
Certainement le hasard.
Novembre 2018 - Valence
« Considérant que vous avez demandé l’asile en France en avril 2018 ; considérant que nous avons sollicité les autorités danoises pour une reprise en charge car le Danemark est responsable de votre demande d’asile ; considérant que les autorités danoises ont répondu positivement, nous vous informons de la décision du préfet de la Drôme de vous renvoyer au Danemark. Est-ce que vous comprenez ? »
Moubarak me regarde. Je lui fais un clin d’œil. Avant même que l’interprète au téléphone ait commencé à traduire, il dit : « Oui, j’ai compris. »
L’agente de la préfecture a un petit sursaut d’étonnement. « Oh, mais vous parlez français ! »
Il ne répond pas.
Dans le local, j’ai étalé les papiers de la préfecture dans tous les sens et je me lance dans des calculs de délais de recours et de délais de ci et de ça, je parle toute seule, je compte toute seule, en faisant le tour du bureau frénétiquement et en composant 8 numéros de téléphone à la fois. 
Allongé sur le canapé, Moubarak ne bouge pas d’un millimètre. Il regarde un poster de la BD Le loup en slip sur le mur. 
Après une heure et demie de gesticulations et de coups de fil, je m’approche de lui en souriant : « Bon, j’ai une solution. Tu me fais confiance ?
— Comme à mon rocher blanc.
— Comme à quoi ? Heing ?
— Tu me dis ta solution et après je te dis mon rocher blanc. Et aussi, écris-le, mon rocher blanc, s’il te plaît.
— J’ai rien compris, mais d’accord. »
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the-pecantree · 6 years ago
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J’ai envie de coucher à l’écrit ma misère sentimentale. Célibataire endurcie en manque d’affection.
En soi rien de nouveau, je vais juste dépeindre le même schéma perpétuel.
Je brise ma moralité à deux balles, probablement par consternation ou au contraire... par espoir de rencontrer une âme esseulée comme la mienne, en téléchargeant ce fléau de la consommation affective et sexuelle, j’ai nommé tinder. En tout honnêteté, qui peut attendre quoi que ce soit de ce genre d’application ? Ce ramassis de filles en transi sentimental à vomir, l’apothéose de l’égoïsme exacerbée et du manque d’attention. Et pourtant, ce pot-pourri de tout ce que j’ai horreur parvient à me faire craquer : je cède tous les x du mois sous la pression de la solitude.
Lorsque je parviens finalement à obtenir un match, et mieux encore, une conversation digne de ce nom (c’est-à-dire qui atteint un certain nombre d’échanges, et qui ne se limite pas à une description fade de nos activités et de nos plans… hum… de carrière) j’ai ce sentiment d’appréhension qui se manifeste sous la forme d’un nœud dans l’estomac, plus la conversation évolue plus je me sens vulnérable. J’estime qu’il faut s’ouvrir un minimum pour créer un lien ou du moins déboucher sur des conversations intéressantes. Je ne supporte pas les broutilles, c’est une perte de temps et d’énergie qui ne créent au final qu’un vide intersidéral en moi. C’est plus fort que moi mais ça touche profondément mon égo d’être réduite à trois mots expédiés à l’arrache depuis un iPhone 6 à l’écran éclaté. Je crois qu’au fond, je voue un véritable intérêt aux personnes qui interagissent avec moi, les écouter parler de ce qu’ils aiment à quelque chose d’assez touchant. J’aime d’autant plus prendre soin de mes relations, quel que soit leur nature : virtuelles ou simples connaissances, je leur accorde une certaine intégrité. Du coup, je crois que c’est tout le paradoxe de ma démarche en me lançant dans une entreprise telle que tinder, les meufs qui s’y trouvent en ont concrètement rien à foutre, et j’en ai conscience. Il faut être vraiment crétin pour croire le contraire. Bref, après plusieurs jours d’échanges c’est le moment fatidique : la rencontre. Généralement ça casse ou ça casse. Mais je fonce quand même la tête baissée par curiosité malsaine à grands coups de libido. Par chance, la meuf est mignonne physiquement, parfois mieux que sur les photos, mais le plus frappant c’est la froideur qui s’émane de tout son être. Suis-je l’objet d’une déception ? Mon introversion répugne-t-elle ? Il faut garder la face, poser des questions, mettre à l’aise, et l’air de rien prétendre que c’est une amie de longue date. Généralement, le rencard se déroule bien, je capte son attention, je déballe des anecdotes pourraves qui me traversent l’esprit : le séjour d’une pote en prison, mon adolescence en banlieue parisienne, les milieux alternatifs que je fréquente. Je ne vois pas le temps passer, une heure, deux heures, trois heures, voire quatre. Il est déjà minuit, les transports en commun sont sur le point de fermer. Et là, elle me propose de passer la nuit chez elle. J’hésite. La tension en moi monte, j’ai envie de baiser. Je lui demande « est-ce que tu es sure ? » elle insiste à moitié. Je dis oui. Sur le chemin vers son appartement, elle me tient la main, c’est soudainement silencieux. On a sans doute épuisé toutes nos conversations. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, je pense qu’au fond elle s’en bat les couilles. Je suis son pensement à sa misère intérieur, elle pense sans doute à son ex. Je fais abstraction de tout ça. Finalement, ce qui est en train de se passer est quelque chose d’assez rare pour moi, voire même de tristement précieux étant donné que je ne baise jamais. Du coup, je prends les miettes qu’on me jette à la figure, c’est d’un pathétisme, je le sais. Ça me dégoute, je fais aussi partie de ce système-là, d’un produit de consommation, et je consomme aussi à mon tour. A ce moment précis, tout s’accélère. On déboule dans sa chambre, j’enlève mon pantalon et je m’enfonce dans son lit tandis qu’elle se démaquille dans la salle de bain. Après quelques courtes minutes, elle se jette sur moi, elle m’embrasse avec fougue et c’est parti. Le sexe est bon. Je suis toujours un peu maladroite mais c’est à chaque fois quelque chose de nouveau pour moi, c’est la découverte d’un nouveau corps, d’une nouvelle odeur, d’une texture de cheveux différente, d’une peau incroyablement douce… Je me laisse aller, je m’efforce de ne pas trop réfléchir et de ne pas laisser transparaitre mon manque de confiance en moi. Elle a un orgasme, pas moi. J’ai besoin de temps pour me confondre entièrement avec elle, je suis dans la retenue, je n’y peux rien, j’ai un problème. On discute à nouveau, de tout et de rien, on rigole. On baise à nouveau. On s’enlace, on se caresse et on replonge encore dans une conversation intense. Et là, il se produit l’inévitable, c’est systématique, sans que je ne demande rien, sans que je ne fasse allusion à quoique ce soit, sa voix s’immisce dans mes oreilles : « il ne faut pas que tu t’attaches à moi tu sais ». Je réponds abasourdie « pardon ? » - « je suis encore amoureuse de mon ex ». C’est d’une évidence effroyable, elle me ramène à la réalité. Parce que oui, cette nuit est une fabulation, rien n’est vrai, nous faisons partie d’une pièce de théâtre. C’est ce que les gens savent faire de mieux d’ailleurs. Prétendre. Surjouer. J’essaye souvent de leur chercher une raison. Je me surprends à m’imaginer que cette fois-ci elle est différente, qu’elle ne fait justement pas partie de ce schéma de misère émotionnelle, qu’elle me comprend. Mais, ce sentiment de déception ultime me gifle en pleine face. Je suis gênée, je ne dis rien. Le silence est pesant. Je regrette, je veux rentrer chez moi. Il est quatre heures du matin. J’ai envie de pleurer à l’idée d’être le godemiché de cette bouffonne. J’ai vécu cette situation dix fois, je le savais. Je n’aurais pas la considération que je cherche depuis tant d’années. Je ne peux pas lui en vouloir, les choses fonctionnent ainsi, je lui ai donné mon consentement. Je lui demande par curiosité si elle souhaite toute de même me revoir, je veux juste savoir si elle compte briser mon ego jusqu’au bout, elle me répond oui, sans trop de conviction. Je décide de ne pas la croire, je m’efforce de ne pas me jeter par la fenêtre de sa chambre. J’essaye de dormir ou de faire semblant de crever en silence. Elle me serre dans ses bras sans que je ne sache trop pourquoi. Il est six heures du matin, il est temps de rentrer. On se quitte aussi froidement qu’on s’est rencontrées, une poignée de main machinale ou un hug maladroit, je ne sais plus trop. Je ne vais pas le cacher qu’au plus profonds de mes entrailles j’ai apprécié ce moment d’intimité avec cette inconnue, à ce moment-là j’ai ressenti une sorte de satisfaction comme un vieux type de 55 ans qui n’a pas baisé depuis 1992. Mais qu’en est-il du résultat de cette équation malsaine ?
Je fais évidemment référence à une expérience précise que j’ai eue il y a environ 5 mois, mais qui s’inscrit tout de même dans la lignée de tout ce que j’ai pu vivre à présent à peu de différences près. La fille en question a continué de m’écrire après notre rencontre, on s’est d’ailleurs vues plusieurs fois même après son départ à Berlin. Je n’ai pas vraiment l’envie de retranscrire qui elle est vraiment, à mon sens elle n’est rien d’autre qu’une anonyme qui morfond son désespoir dans l’utilisation d’applications de rencontres. J’emploie un ton amer, mais pendant un certain temps je pense avoir ressenti une certaine forme d’affection pour elle, peut-être par accablement. Je ne suis pas sûre d’avoir été véritablement sincère avec moi-même au cours de ces derniers mois, je n’en sais strictement rien. Dans tous les cas, la suite est loin d’être réjouissante et surtout extrêmement prévisible. Après notre dernière rencontre, elle ne m’a pas écrit une seule fois en l’espace d’un mois, de mon côté j’avais déjà fait le deuil de cette relation qui n’avait pas grand intérêt. Donc, elle m’envoie un message à six heures du matin, j’étais à Berlin justement déchirée par ma nuit effrénée que j’avais passé dans une rave clandestine, en soi je vivais ma meilleure vie. J’ai longuement hésité à lui répondre ou à l’insulter au vu de l’heure, elle était sans doute dans la détresse affective (j’interprète excessivement), je lui ai répondu avec ma plus grande amabilité. Le soir-même on a continué à échanger un petit peu pendant que je rentrais en Flixbus à Leipzig. Une sorte d’espoir a commencé à m’animer, elle tenait peut-être finalement à moi. Elle avait toujours montré peu d’intérêt pour ma personne, mais honnêtement il y avait anguille sous roche car cela ne lui ressemblait pas. Elle a toujours semblé éprouvé un désintérêt profond et ne cessait de me rappeler qu’elle était nostalgique de sa précédente relation et qu’elle regrettait un nombre effroyable de choses. Je ne sais pas qui j’étais pour elle. Un plan cul. Au mieux une amie, mais elle ne se comportait pas comme telle. Un soir elle m’a même téléphonée car elle soi-disant avait besoin de mes conseils, ce qui véritablement peut paraitre banale dans une relation amicale, mais tout sonnait faux. Elle me faisait à moitié du rentre dedans mais de manière extrêmement maladroite, j’étais pantoise au bout du fil. Suite à ça, ses messages se firent de plus en plus rares, elle me répondait toujours brièvement ou légèrement avec exaspération. J’ai toujours su qu’elle jouait sur plusieurs tableaux, qu’elle nourrissait aussi l’espoir de rencontrer quelqu’un pour oublier. Je pense qu’elle m’appréciait mais qu’à moitié, je ne suis pas parvenue à combler son vide intérieur et ses tribulations affectives. Cette relation qui découle de tinder peut sembler tristement anodine, il n’empêche toutefois que j’en ressort blessée. Nous sommes clairement deux âmes meurtries par la nature des relations que nous impose cette société, et je ne veux surtout pas minimiser son état de détresse face à la mienne. Je refuse juste d’adopter un comportement acerbe et égoïste et l’infliger aux autres. Je suis arrivée à un point d’acceptation car il y a peu de chances que j’arrive un jour à trouver une issue. Il y a quelque chose en moi qui est brisé, et lorsque je suis prompte à la réanimation c’est pour finalement tomber à nouveau dans un gouffre de désespoir malsain. 
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