#chaise contre mal de dos
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sh0esuke · 1 year ago
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" Waitress "
𝗠đ—Č𝘁 đ—Čđ—» 𝘀𝗰đ—ČÌ€đ—»đ—Č : Vinsmoke Sanji.
đ—„đ—ČÌđ˜€đ˜‚đ—șđ—Č́ : Une jolie serveuse travaille au Baratie. Elle est douce, serviable, aimable, pile poil le genre de femme qui sait faire chavirer le coeur de Sanji. Et, bonne nouvelle pour le jeune homme, la demoiselle en question est extrĂȘmement rĂ©ceptive Ă  ses avances.
𝗔𝘃đ—Čđ—żđ˜đ—¶đ˜€đ˜€đ—Čđ—șđ—Čđ—»đ˜ : aucun.
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS.If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS.Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
đ™œđš˜đš–đš‹đš›đšŽ 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟑,𝟗𝟕𝟔.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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« TrÚs bien. »
J'appuyai la pointe de mon stylo contre mon carnet, offrant un sourire charmant au couple assis devant moi.
« Je reviens vous voir dans quelques instants, votre repas arrivera sous peu. »
La femme hocha la tĂȘte, elle m'ignora rapidement pour faire face Ă  son Ă©poux et poursuivre leur prĂ©cĂ©dente discussion, de mon cĂŽtĂ©, je m'en allais leur chercher de quoi boire et grignoter. Je passai juste avant par la cuisine pour faire part Ă  Patty des nouvelles commandes. Il ne s'en Ă©tonna pas, malgrĂ© l'heure tardive, le soleil s'Ă©tait dĂ©jĂ  couchĂ©. Mon collĂšgue se contenta d'acquiescer et de se mettre aux fourneaux. Je sortis de la piĂšce, empruntant Ă  nouveau les portes coupe-feu et ramenai Ă  la table une carafe d'eau, une bouteille de vin ainsi qu'un panier de petits pains.
« Voici pour vous. »
Je forçai un éniÚme sourire.
« La suite arrivera trÚs rapidement. » m'exprimai-je. « Appelez moi si vous nécessitez quoique ce soit d'autre. »
Je m'en allai sur cette phrase.
Slalomant entre les tables vides et d'autres contenant quelques clients bourrés que monsieur Zeff se chargerait de virer à coup de pied au cul, je rejoignis de nouveau la cuisine. Toute la journée, je n'avais fait que ça : salle principale, cuisine, sale principale, cuisine. Je priais pour que ces derniers allers-retours soit les derniers. J'étais épuisée.
Les portes se refermĂšrent derriĂšre moi. La piĂšce Ă©tait vide, outre deux silhouettes que je voyais marcher ici et lĂ . Mais c'Ă©tait calme. Enfin. Cela me donna l'occasion de souffler un peu.
Tout le monde devait se trouver sur le pont du restaurant Ă  festoyer. C'Ă©tait un nouvel ajout du patron pour attirer les jeunes, faire davantage de profits. Le calme rĂ©gnait en maĂźtre ici. Pas de cris, de demandes incessantes, de fourchettes raclant la vaisselle ou de rire grossiers. Il y avait cependant cette odeur de nourriture, elle avait Ă©tĂ© prĂ©sente toute la journĂ©e, elle Ă©tait omniprĂ©sente, et mĂȘme si au dĂ©but elle avait titillĂ© mon estomac et l'avait fait avidement grogner, Ă  prĂ©sent elle me donnait la nausĂ©e.
Je reniflai grossiĂšrement, retirant mon tablier et l'abandonnant sur la table Ă  ma droite. Je m'assis sur une des chaises.
Patty me remarqua et me zieuta. Simultanément, il cuisinait.
« T'as une petite mine toi. »
« Tu trouves ? » je m'étonnai.
Il hocha la tĂȘte, distribuant deux boeufs sur sa poĂȘle.
« La journĂ©e a Ă©tĂ© dure, tu as le droit d'ĂȘtre Ă  plat. »
Je rejetai ma tĂȘte en arriĂšre.
« Mes pieds me font un mal de chien, tu n'as pas idée. »
« J'imagine bien, ne t'en fais pas. » il rit.
Le plafond Ă©tait joli. Tout l'Ă©tait.
Mais j'Ă©tais tellement fatiguĂ©e... Je baillai grossiĂšrement, le dos de ma main devant mes lĂšvres et des petites larmes dans les coins de mes yeux. Mes lĂšvres s'ouvrirent en grand. Cela me fit un mal de chien. Tous mes muscles Ă©taient endoloris. Lorsque je baissai la tĂȘte je regardai Patty finir le repas des deux derniers clients. Au loin, j'aperçus Sanji. J'en fronçais les sourcils.
J'Ă©tais persuadĂ©e qu'il Ă©tait au bar, Ă  converser avec les clientes. Que faisait-il ici ? De plus qu'il me semblait en train de concocter un repas lui aussi. Il faisait revenir quelques lĂ©gumes dans une grosse poĂȘle. Cela m'intrigua, cependant, j'Ă©tais trop Ă©puisĂ©e pour faire quoi que ce soit.
« Patty..? »
« Ouais ? »
Je fermai mes yeux, laissant mon collÚgue dériver un peu de son attention sur moi.
« Tu crois qu'aprÚs le patron va virer tout le monde ? Et si on dormait au calme ce soir ? »
« Qui sait, si tu demandes gentiment. »
« Mouais... »
Je levai mes deux bras dans les airs.
« Je suis sérieux tu sais. »
J'ouvrai un Ɠil dans sa direction. Patty disposait des morceaux de lĂ©gumes et la viande dans deux assiettes. C'Ă©tait les commandes, elles Ă©taient enfin prĂȘtes. J'allais enfin finir mon service. J'allais enfin aller dormir.
« Le patron a jamais su dire non à une jolie fille. »
Je me mis Ă  rire.
« Tu te fiches de moi ? »
« MĂȘme pas. » insista-t-il. « Bon. Tiens tes assiettes, tu peux aller filer servir tes deux derniers clients. »
Je rattachai mon tablier Ă  mon bassin et me prĂ©cipitai dans sa direction. Patty me tendit les deux repas, je les saisis et me mis en direction de la sortie de la piĂšce. Je me dĂ©pĂȘchai. Je me dĂ©pĂȘchai infiniment. Je me dĂ©pĂȘchai avec conviction et espoir. Une fois les deux clients servis, mon sourire de nouveau arborĂ©, je dĂ©barrassai les tables restantes.
Habituellement, tout Ă©tait sous contrĂŽle. Chaque serveur avait ses clients et sa table dĂ©signĂ©s, lorsque ceux-ci s'en allaient, il devait nettoyer derriĂšre eux. Cependant, le soir, c'Ă©tait un peu plus chaotique. Les serveurs s'en allaient profiter au bar, ayant nettoyĂ© maladroitement la salle principale afin de s'en aller au plus vite festoyer. C'Ă©tait pourquoi je me retrouvais Ă  nettoyer. Je rĂ©coltai quelques assiettes et verres passĂ©s inaperçus. Et aussi quelques morceaux de pain qui avaient fini sur les banquettes ou Ă  mĂȘme le sol.
Ce fut les mains pleines que je revenais dans la cuisine. Une montagne de vaisselles dans les mains, je fis signe Ă  Patty de m'aider.
« AllÎ ? Il y a quelqu'un ? »
Cependant, au mĂȘme moment, je sentis une autre paire de mains m'aider.
Des mains plus douces, chaudes. Des mains qui n'avaient pas encore été abßmées par les années passées aux fourneaux. Les mains de Sanji.
« Laisse-moi faire. »
Ses doigts forçaient sur la vaisselle. Il m'en dĂ©barrassa en un clin d'Ɠil. HĂ©bĂ©tĂ©e, j'ouvrai la bouche.
« Qu'est-ce que- Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Sanji rejoignit le lavabo au bout de la piÚce. Il y déposa la montagne de saletés et revint rapidement dans ma direction, il prit un chemin un peu plus long pour se saisir d'un verre et d'une assiette. Lorsqu'il revint finalement, il me fit signe de me rasseoir sur ma chaise ce que, d'un air perplexe, je fis.
« C'est quoi ? »
Ma question lui fit arquer un sourcil. Comme si je venais de lui avouer qu'il avait l'air ravissant, il sourit et tourna un regard pétillant dans ma direction.
« Je t'ai vue travailler toute la journĂ©e. Je me suis dis qu'ĂȘtre aussi jolie et efficace devait te demander beaucoup d'effort. »
Il glissa l'assiette de lĂ©gumes et le verre de vin sous mon nez. Il dĂ©cora le tout d'une bougie au centre de la table et accompagna cela d'une rose dans une grand bouteille vide, puis, de couverts. Ce fut Ă  mon tour de sourire. À le voir aussi soucieux de mon bien-ĂȘtre, mon cƓur s'emballa. Une agrĂ©able chaleur pĂ©tilla dans mon bas ventre. Tout ça, pour moi ? Venant de Sanji ça ne m'Ă©tait pas Ă©tonnant, mais tout de mĂȘme... Je ne m'y Ă©tais pas attendue. Je triturai mes doigts, relevant un regard confus dans ses beaux yeux bleus.
« Mange, reprends des forces. »
« Tu as fait ça pour moi ? » je le questionnai en me saisissant de la fourchette.
« Pour qui d'autre ? » il répondit avec adoration.
J'ignorai sa remarque pour me focaliser sur l'assiette. C'Ă©tait un festival de couleurs. Sous mes yeux, je retrouvai une sublime ratatouille sous forme de rondelles de lĂ©gumes avec un poisson fris accompagnĂ© de quelques herbes et de carrĂ©s de citron. Le poisson Ă©tait magnifique. Il brillait sous la lampe qui nous surplombait et Ă©tait encore fumant. Sans parler de la ratatouille disposĂ©e de maniĂšre parfaite. Sanji n'avait rien laissĂ© traĂźner sur les contours de la vaisselle. Elle Ă©tait propre comme un sous neuf, c'Ă©tait Ă  croire qu'il l'avait relavĂ©e avant de me servir, juste histoire d'ĂȘtre sĂ»r. Cette hypothĂšse forçait un sourire sur mes lĂšvres. C'Ă©tait idiot... Il n'aurait jamais fait ça.
J'approchai timidement les dents de ma fourchette en direction du poisson.
« C'est trop gentil, Sanji.. Tu n'aurais pas dû. »
« Pourquoi pas ? »
Je coinçai une bouchée de nourriture entre mes dents, relevant mon visage au passage.
« Il est tard, tu aurais pu faire autre chose. » m'expliquai-je. « Tu as passĂ© toute la journĂ©e Ă  travailler comme moi, tu dois ĂȘtre Ă©puisĂ©... »
« Pour satisfaire la faim d'une aussi jolie demoiselle, jamais. »
Sa rĂ©plique me fit glousser. Sanji me regarda tendrement finir son assiette, c'Ă©tait Ă  croire qu'il avait des cƓurs dans les yeux Ă  me fixer ainsi. Je roulai les miens au ciel. Juste aprĂšs, je m'attaquai au poisson.
Ce fut au mĂȘme moment que nous entendĂźmes la porte menant au pont s'ouvrir. Je tournai la tĂȘte, prĂȘte Ă  voir Patty nous saluer. Il avait dĂ» oublier quelque chose.. Toutefois, mon corps entier se figea d'effroi Ă  la vue du patron. Il referma la porte derriĂšre lui.
Monsieur Zeff fronça les sourcils à nous voir assis. Sanji le foudroya du regard.
Mes couverts m'en tombaient des mains.
« DĂ©jĂ  lassĂ© de la fĂȘte, le vieux ? »
« Si tu avais fini ton travail Ă  l'heure peut-ĂȘtre que tu aurais pu y participer, sale morveux. » rĂ©pliqua-t-il.
« Monsieur je- »
« Il reste deux clients dans la salle, je peux savoir pourquoi personne ne s'occupe d'eux ? »
Immédiatement, je me levai.
Le patron avait tout remarquĂ©. C'Ă©tait stupĂ©fiant. Il avait remarquĂ© la montagne de vaisselles laissĂ©e Ă  l'abandon dans l'Ă©vier, d'un simple coup d'Ɠil sur les portes coupe-feu il s'Ă©tait rendu compte qu'il restait deux civils dans la salle principale et il avait aussi remarquĂ© que Sanji m'avait fait Ă  manger. Il marchait jusqu'Ă  nous, son visage Ă©tait aussi fermĂ© qu'une porte d'Impel Down. Il semblait Ă  la fois furieux et indiffĂ©rent, cela me terrifia.
J'avais le coeur qui battait Ă  vive allure mais cette fois, pour une toute autre raison.
« Pardon monsieur, j'étais- »
« Trop occupée à roucouler avec ce bon à rien, je vois ça. »
« Quoi ? Non ! Non, je vous assure. »
Monsieur Zeff jeta un coup d'Ɠil dĂ©daigneux en direction de mon repas. Il releva la tĂȘte et me questionna sans attendre :
« Qui a cuisiné ça ? »
« Sanji, monsieur. »
Le concerné, qui était toujours assis, répliqua :
« J'ai pas trop utilisé de tes ingrédients, j'ai retenu la leçon. Je me suis servis des restes de Patty. »
Des restes ?
« Des restes ? Laisse moi rire. »
Monsieur Zeff me força à me décaler sur le cÎté. Il extirpa une fourchette de son tablier et me vola un morceau de mon repas. J'étais un peu trop sonnée pour lui en vouloir néanmoins.
Sanji m'avait fait Ă  manger avec des restes ? Je n'y croyais pas. C'Ă©tait... C'Ă©tait inconcevable.
La chair du poisson Ă©tait divine, il avait forcĂ©ment dĂ» utiliser le meilleur morceau ! Sans parler des lĂ©gumes... Ils avaient tant de saveur et Ă©taient juteux Ă  souhait. Si il avait vraiment utilisĂ© des restes, les lĂ©gumes n'auraient pas eu cette forme ni consistance. MĂȘme moi qui n'Ă©tait qu'une serveuse en herbe le savait.
« Immonde. »
Sanji grogna.
« Comment ça 'immonde' ? » répéta-t-il, irrité.
« Le poisson fond dans la bouche comme de la bouse de cheval et les légumes sont trop assaisonnés. »
« Parce que t'en as déjà goûté de la bouse, pour en savoir quelque chose, sale vieux schnock ? » s'emporta Sanji.
« Tout ce que je sais, c'est que ton plat n'a pas sa place sur ce navire. »
Monsieur Zeff nettoya avec nonchalance son couvert avec ma serviette et le rangea. D'un ton inĂ©branlable, il coupa court Sanji et brisa ses rĂȘves :
« Dans mon restaurant, tu n'es et ne resteras qu'un misérable serveur. Tu ferais mieux de t'en tenir à ton rÎle, si tu ne veux pas que je te foute dehors. »
Il se tourna ensuite vers moi.
« Quant à toi, tu ferais mieux de prendre des nouvelles de nos clients. Ils doivent t'attendre. »
Mon dos se redressait.
« Oui, monsieur. Tout de suite, monsieur. »
Mon ticket de sortie offert, je pris mes jambes Ă  mon cou et quittai la cuisine. J'avais marchĂ© Ă  grande vitesse, jetĂ© au passage un dernier coup d'Ɠil larmoyant Ă  Sanji. Il me faisait mal au cƓur.
Monsieur Zeff n'Ă©tait pas juste avec lui. Tout le monde sur le Baratie savait que Sanji avait l'Ă©toffe de devenir le meilleur cuisiner de tout East Blue, il avait des mains d'or. Cependant, pour nous ne savions quelle raison, monsieur Zeff refusait de lui offrir une promotion et de le laisser se charger des fourneaux. MĂȘme encore aujourd'hui, il brisait sa confiance en lui et l'humiliait. J'avais beau admirer mon patron, je trouvais son comportement dĂ©testable et dĂ©placĂ©. Ce fut sur cette conclusion que je revins auprĂšs de mes deux clients.
Je me présentai face à eux, mes mains liées. Sous les douces lumiÚres tamisées.
« Tout se passe bien, madame, monsieur ? »
La femme me sourit.
« À merveille, merci beaucoup ! »
« C'est délicieux, en effet. » déclara le mari. « Ont nous avait recommandé votre restaurant et je ne m'attendais pas à ce que la cuisine soit aussi succulente. »
« Je m'assurerai de faire passer le message au gérant du lieu, merci. Profitez bien de la fin de votre repas, je reviendrai vous débarrasser lorsque vous aurez fini. »
« Merci, c'est gentil. »
« Je vous en prie. »
Accompagnant le tout d'un sourire, je fis demi-tour. À prĂ©sent, la salle Ă©tait vide. Hormis les deux derniers clients, les autres qui avaient Ă©tĂ© assoupis ou trop ivres pour bouger avaient Ă©trangement disparus. Les assiettes avaient toutes Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©es. Outre le sol qui avait sĂ©rieusement besoin d'ĂȘtre nettoyĂ©, la salle principale du Baratie ne faisait dĂ©sormais plus peine Ă  voir. Elle resplendissait dans toute sa splendeur. Comme Ă  son habitude.
Sur ce, je retournai dans la cuisine.
« -es sûr ? »
« Si je te le dis. »
Du coin de l'Ɠil, je vis monsieur Zeff et Sanji. Sur ma droite, tout deux assis âžșmonsieur Zeff Ă  ma placeâžș ils discutaient. Lorsque je m'approchai, notre patron me remarqua et se leva. Je me figeais Ă  nouveau. C'Ă©tait qu'il Ă©tait intimidant... J'Ă©tais persuadĂ©e qu'il allait me sermonner. Ou juste s'en aller. Voire me demander Ă  dĂ©guerpir. Je m'Ă©tais attendue Ă  tout. Sauf aux mots qui sortirent de sa bouche.
« Le bar t'empĂȘche de dormir ? »
Je clignai des yeux.
Hein ?
« Hein ? »
Monsieur Zeff posa sa main contre sa hanche.
« Je te demande si le bar fait trop de bruit le soir. » répéta-t-il. « Sanji m'a dit que c'est à cause de ça que tes performances au travail ont décliné. »
« Quoi ? Non, non ! Je vous assure ! »
Je secouai vivement une de mes mains.
« Je suis juste un peu fatiguée aujourd'hui, mais je redoublerai d'efforts demain ! »
« Tu la terrorises, elle est mĂȘme pas capable de te dire la vĂ©ritĂ©. » siffla Sanji.
« Ferme la, espÚce de sale ingrat. » répliqua monsieur Zeff. « J'avais bien remarqué qu'elle mentait. »
Oh oh.
« Le.. Le bar est un peu bruyant.. ? »
Je me pinçais les lÚvres.
« C'est vrai qu'il l'est. » repris-je. « Mais juste un peu ! Je vous assure, monsieur. »
« Je prends note des plaintes. » parla le patron. « Je réglerai ça, ça n'arrivera plus, tu dormiras en paix ce soir. »
Monsieur Zeff caressa affectueusement le haut de ma tĂȘte. Il s'en alla peu aprĂšs.
« Hein ? »
Je me tournai vers Sanji.
« Qu'est-ce que tu lui as dit ? »
Celui-ci me fit signe de m'asseoir, je lui obéis. Monsieur Zeff retourna du cÎté du bar, il nous laissait seuls, refermant la porte sur ses pas.
« Je lui ai dit que son fichu bar t'empĂȘchait de te reposer, et comme il sait pas dire non Ă  une jolie fille, il va t'Ă©couter. »
« Alors Patty disait vrai ? »
AmusĂ©, Sanji hocha la tĂȘte. Il zieuta la table sous mon nez et se gratta ensuite la nuque.
« Tu veux.. Tu veux finir ton assiette ? »
Je baissai l'assiette sur mon repas.
« J'en ai trÚs envie, oui. » répondis-je.
Sanji me sourit.
« Tu as aimé, alors ? »
J'hochai vivement la tĂȘte en me servant de mes couverts sur ma ratatouille.
« Je n'ai pas un palais aussi fin que monsieur Zeff. » j'avouai.
« Ce vieux schnock ne sait pas de quoi il parle. Regarde le, il tient à peine debout. »
« Je ne comprends pas.. »
Je ne repris la parole qu'une fois ma bouchée terminée.
« C'est délicieux, vraiment. » affirmai-je. « Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon. C'est une... Une explosion de saveurs ? Patty le dit souvent quand monsieur Zeff propose des plats. »
Je fronçai mes sourcils.
« C'est comme ça qu'on dit, Sanji ? »
Le sourire encré sur ses jolies lÚvres me rendit hésitante.
« Ouais. C'est exactement ça.. »
À m'y mĂ©prendre, j'aurais pu jurer que c'Ă©tait vrai. Sanji, il...
Il avait des cƓurs à la place des yeux.
« Une véritable explosion de saveurs. »
Je détournai le regard sur mon repas. Il me rendait nerveuse à me contempler ainsi.
« Quoi.. Quoi qu'il en soit.. »
Je pris un morceau de poisson et le goûta.
« Je ne partage pas du tout son avis. »
J'affirmai cela sur un ton un peu plus ferme, ne laissant aucunement place au doute. J'avais mùché son poisson une seconde plus tÎt, je l'avais goûté de mon propre chef. Et alors que sa saveur idyllique s'était propagée sur mon palais, je me retrouvais incapable de donner raison à mon patron. Sanji était un véritable génie. Un cuisinier comme je n'en avais jamais vu. Patty était bon, tout comme Carne, et le reste des cuisiniers du Baratie. Sanji était différent. Je le jurais, Sanji était complÚtement différent d'eux. Il rajoutait une touche de nouveau, une pincée d'explosions d'épices dans ses assiettes. Je n'avais jamais mangé quelque chose de similaire auparavant.
C'Ă©tait mĂȘme Ă  se demander ce qu'il faisait encore ici... Sanji gĂąchait son talent.
« Tu devrais faire quelque chose de tout ton savoir, tu sais. »
La paume de sa main collée contre sa joue, Sanji m'admira lécher son assiette jusqu'à la derniÚre goûte.
« Je suis sûre qu'avec ton talent tu pourrais devenir un des plus grands cuisiniers au monde. »
« Tu le penses vraiment ? »
Je sĂ©parai mon assiette de mes lĂšvres, penchai la tĂȘte sur le cĂŽtĂ© et, aprĂšs l'avoir reposĂ©e sur la table, je m'empressai d'acquiescer vivement.
« Tu as des mains d'or, Sanji. »
Soudain, il approchai une de ses mains de mon visage. Sanji s'était penché sur sa chaise et posa son pouce sur le coin de ma bouche. Ce fut vif, presque instinctif de sa part. Il y récolta quelque chose et apporta son pouce entre ses lÚvres.
« Je veux bien te croire, si c'est toi qui le dis. »
Le petit rictus qui accompagnait ses propos fit palpiter mon cƓur. Mes yeux s'ouvraient. J'Ă©tais... C'Ă©tait indescriptible.
Je me saisis de ma serviette et tapota le contour de mes lĂšvres. Avec embarras, je remis de l'ordre dans mon apparence. Puis, je finis mon verre de vin d'un traite. Sanji ne me quitta pas du regard. Il m'avait regardĂ©e faire avec amusement. Mon cƓur battait si fort... Je le sentais crier jusque dans mes oreilles. Sanji Ă©tait bien trop douĂ© lorsqu'il s'agissait de me faire effet. Il en Ă©tait conscient, il en jouait, ça n'Ă©tait pas possible autrement... J'Ă©tais dans tous mes Ă©tats.
Une fois levée, je rattachai mon tablier et m'humectait les lÚvres.
« Je vais... Je vais m'a- hum, m'assurer que les deux clients sont- qu'ils sont- »
Je pointai nerveusement les portes coupe-feu de mon index.
« J'y vais..? »
Le rire qu'il poussa manqua de m'achever. Il fallait que je sorte d'ici. Je ne survivrai pas une minute de plus. Sanji leva une main désinvolte. Il rapprocha mon assiette, verre et couverts de lui, sûrement allait-il nettoyer la vaisselle. AprÚs tout, la pile qu'il m'avait précédemment prise était toujours là. Elle n'attendait que lui..
« Je t'en prie, vas-y. »
« Je- Je reviens ! »
Marchant Ă  reculons, je ne le quittais pas du regard.
« Attends moi, je vais t'aider, d'accord ? »
Sanji rit.
« D'accord. » il répéta.
Sur ma sortie, je manquai de trĂ©bucher. Sanji ne me vit pas, ni mĂȘme les deux clients, et j'en fus reconnaissante Ă  l'univers tout entier. Je m'approchai de la table des civils et me prĂ©sentai de nouveau Ă  eux. Tout ça, le cƓur battant Ă  vive allure et de la fumĂ©e s'Ă©chappant de mes oreilles.
Je le sentais, cette soirée était loin de se finir dans le calme..
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hyunmimir · 1 month ago
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đ™Žđ™šđ™€đ™Ș𝙡 - Mars 2014
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Assise sur une chaise plus jolie que confortable, Hyunmi, le dos droit, le menton relevĂ©, Ă  peine 16 ans et un sourire forcĂ© sur les lĂšvres, tentait tant bien que mal de ne pas perdre le fil de la conversation entre son pĂšre et....Elle avait dĂ©jĂ  oubliĂ©. Tous ces dĂźners de grandes pompes se ressemblaient. Des restaurants avec des menus dont on n'affichait mĂȘme pas le prix tant il Ă©tait exorbitant, des serveurs en chemises sans pli ni dĂ©faut avec une expression figĂ©e, des nappes immaculĂ©es, des individus avec plus d'argent que de morale, des conversations oĂč on ne lui adressait pas la parole ni ne lui accordait une minute d'attention. Hyunmi coincĂ©e entre son pĂšre Ă  sa droite, cheveux gris poivre, des lunettes rondes sur le bout du nez, un sourire narquois, et sa mĂšre, aussi resplendissante que froide, une chevelure lui arrivant au bas du dos et un air sĂ©rieux sur son visage. Une adolescente entre deux individus pour qui elle n'Ă©tait qu'un rĂ©ceptacle pour leurs aspirations et leur nom, l'avenir d'une firme qui pourrait s'effondrer demain et Hyunmi n'en serait pas plus malheureuse.
Elle tapait du pied depuis 5 minutes déjà quand elle sentit des ongles se planter dans sa cuisse gauche. Elle se mordit la lÚvre pour étouffer le soupir qui faillit lui échapper. Les ongles s'enfonçaient un peu plus dans sa peau, sa mÚre aillant pris pour cible le carré de peau révélé par sa robe en s'asseyant. Au moins quand ce dßner infernal prendrai fin, les marques d'ongles ne seraient pas visibles. Quelle fille de bonne famille se laisserai voir avec des marques à un emplacement pareil. Sûrement pas Park Hyunmi, fille unique du couple d'avocats les plus prisés du gratin de Seoul.
Elle jeta un regard en biais Ă  sa mĂšre mais celle ci ne la regardait mĂȘme pas, ne perdrai jamais son temps Ă  observer le fruit de ses entrailles. Elle avait simplement un sixiĂšme sens pour savoir quand l'adolescente allait potentiellement risquer leur rĂ©putation. Et c'Ă©tait ce qui faisait le plus mal au final; ĂȘtre simplement Hyunmi ne serait jamais assez pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e. Hyunmi qui aimait les films d'actions mais dont les films prĂ©fĂ©rĂ©s Ă©taient des comĂ©dies romantiques; Hyunmi qui aimait rester Ă©veillĂ©e tard le soir pour regarder des rediffusions de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©; Hyunmi dont la couleur favorite Ă©tait le bleu marine et qui rĂȘvait un jour de se teindre les cheveux rouges. Cette Hyunmi n'avait le droit d'exister que dans l'intimitĂ© de sa chambre oĂč elle chantait Ă  plein poumons ses chansons favorites au lieu de rĂ©viser pour son interrogation le lendemain.
La jeune brune détourna enfin son regard du profil de sa mÚre. Le sourire factice mais poli refit apparition sur son visage, son dos droit et les mains posées l'une sur l'autre sur ses cuisses. Le portait parfait de la jeune femme de bonne famille dans sa robe couleur crÚme, ses cheveux relevés dans une queue de cheval et un médaillon en or qui reposait au creux de ses clavicules. La seule Park Hyunmi qui existait en dehors du mausolée qu'était la demeure familiale. Dénuée de vie, substance et opinion. La parfaite poupée.
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đ˜œđ™Ș𝙹𝙖𝙣 - DĂ©cembre 2021
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La tĂȘte en arriĂšre, reposant sur l'Ă©paule de son partenaire de dance actuelle, Hyunmi se laissait porter. Leurs corps pressĂ©s l'un contre l'autre, les mains de l'inconnu caressaient ses courbes par dessus ses vĂȘtements, celles de la brune les accompagnaient. Ils suivaient Ă  peine le rythme de la musique, tout deux trop peu sobres pour avoir une quelconque notion de tempo. Un rire lui echappa lorsque le souffle de l'inconnu vint lui chatouiller la nuque avant qu'il ne la guide Ă  travers la foule vers une banquette en retrait, Ă  l'abri des regards. Ce qu'il se passa ensuite, elle s'en souvenait Ă  peine. Une minute elle Ă©tait sur les genoux de sa conquĂȘte, trop occupĂ©e Ă  dĂ©poser des baisers sur chaque centimĂštres carrĂ© de peau Ă  dĂ©couvert, les mains se faufilant sous son t-shirt, et la minute suivante elle Ă©tait au sol, la musique, auparavant assourdissante, maintenant Ă©touffĂ©e par les cris de panique.
Autour d'elle, la panique rĂ©gnait, la foule ressemblait un ras de marĂ©e, dĂ©vastatrice sur son passage. Les tables et banquettes renversĂ©es, les bouteilles d'alcool abandonnĂ©es Ă  mĂȘme le sol pour fuir la source du danger. HĂ©bĂ©tĂ©e et instable sur ses talons, Hyunmi se releva avec difficultĂ©s. Sa vision Ă©tait trouble, sa peau moite et collante et la bouche sĂšche. Le bruit incessant de l'alarme menaçait de lui donner la migraine mais ce n'Ă©tait rien comparĂ© Ă  la fumĂ©e qui commençait Ă  brĂ»ler ses sinus. Prise d'une quinte de toux, elle commença Ă  tituber vers la sortie. La foule avait quasiment fini de dĂ©serter la boĂźte de nuit, elle faisait partie des derniers encore prĂ©sents dans la salle. À sa gauche, les flammes embrasaient le DJ booth, les rideaux de scĂšne aidant le feu Ă  se propager. Elle sentait la chaleur accablante des flammes se rapprocher et hĂąta le pas vers la sortie de secours. Du moins jusqu'Ă  quelle trĂ©buche sur quelque chose. Ou plutĂŽt quelqu'un. Son genou allait trĂšs certainement affichĂ© un beau bleu d'ici le lendemain. Douleur et frustration la firent se retourner pour injurier la cause de sa chute mais elle ne trouva qu'une jeune femme inconsciente, le front luisant (Ă  cause de la chaleur, l'alcool, la drogue ?), la respiration haletante, son corps pressĂ© dans une robe courte parcouru de tremblements et le teint blafard mĂȘme sous les lumiĂšres teintĂ©es de la boĂźte de nuit.
Hyunmi ne savait pas ce qui l'avait possédée à cet instant mais elle ne pu pas se résoudre à abandonner l'inconnue à son sort. Qui sait quand les secours arriveraient ? Depuis quand était elle inconsciente dans un des coins sombres de la piÚce ? Que lui était il arrivé ?
Tout ce qui avait apparu important Ă  la jeune femme Ă  cet instant Ă©tait de prendre l'inconnue sous les aisselles et la soulever, avec difficultĂ©, du sol poisseux. Hyunmi passa ses bras autour de la taille de l'inconnue, poitrine contre poitrine, et traina sa charge jusqu'Ă  la sortie, sa dĂ©marche instable, la peur au ventre et le cƓur battant Ă  mille Ă  l'heure. Pour qui se prenait elle Ă  vouloir faire l'ange gardien ? Les rĂŽles inversĂ©s, et on l'aurait laisser pourrir sur le sol, engloutie par les flammes. L'image de ses parents tout de noir vĂȘtu, debout devant un portait de Hyunmi et faisant face Ă  une foule d'amis de la famille lui arracha malgrĂ© elle un rire. Elle riait encore quand elle Ă©mergea enfin sur le trottoir, traĂźnant plus qu'elle ne tenait le poids mort de son inconnue. L'air glacĂ© lui arracha un frisson. Elle s'en Ă©tait sortie aprĂšs tout, uh.
Elle perdit le fil du reste de la nuit. Son inconnue avait été récupérée par les secours et Hyunmi avait mystérieusement perdue ses talons en cours de route.
Pieds nus sur l'asphalte, une couverture thermique sur les Ă©paules, Hyunmi observait l'ambulance oĂč son inconnue avait Ă©tĂ© placĂ©e disparaĂźtre sur l'horizon et une petite pointe de tristesse apparu dans son cƓur. Elle espĂ©rait qu'elle s'en sorte.
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daisydesetoiles · 2 months ago
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Flufftober 2024 : Un seul lit
17 octobre
Un seul lit (Only one bed)
Napoléon Solo & Illya Kuryakin (Des agents trÚs spéciaux)
NapolĂ©on sortit une piĂšce de monnaie de la poche de son coĂ»teux costume gris et la montra Ă  Illya. Le jeune homme hocha la tĂȘte et lança :
« Face. »
NapolĂ©on fit voler la piĂšce dans les airs. Elle atterrit sur le cĂŽtĂ© pile. Son partenaire soupira et attrapa l'oreiller et les draps de rechange qui se trouvaient dans l'armoire pour se bĂątir un petit lit Ă  mĂȘme le sol.
La ville de San Diego Ă©tait pleine Ă  craquer de gens qui Ă©taient venus des quatre coins du pays. Il n'y avait plus de place dans les hĂŽtels et les auberges, mĂȘme bon marchĂ©, mĂȘme, par dĂ©faut, de luxe (qui feraient grimacer les comptables de l'U.N.C.L.E), mĂȘme pour les espions internationaux! NapolĂ©on et Illya avaient dĂ» se contenter d'une petite chambrette au sommet d'un Ă©tablissement Ă  quinze Ă©tages, dont on avait dĂ©jĂ  pourvu certaines des piĂšces en lits de camp et matelas, et que son propriĂ©taire voulait garder dans l'Ă©ventualitĂ© oĂč il aurait Ă  accueillir sa niĂšce. MĂȘme le galant Solo aurait Ă©tĂ© incapable de d'arranger la jeune fille dans ce petit logement oĂč il n'y avait qu'un seul lit, une armoire, deux chaises et un lavabo. MĂȘme pas de quoi permettre Ă  Kuryakin de dormir dans une situation confortable.
« Bonne nuit, Illya, le taquina l'agent américain en se penchant au bord de son matelas, une fois ses dents brossées et les rideaux tirés.
-Bonne nuit, NapolĂ©on, grommela son ami en rabattant autant d'Ă©paisseurs de draps que possible sur sa tĂȘte blonde et Ă©bouriffĂ©e. »
Se reposer dans ces conditions Ă©tait vraiment trĂšs aliĂ©nant. Kuryakin ne cessait de se tourner d'un cĂŽtĂ©, puis de l'autre, sur la fine moquette Ă  la couleur dĂ©primante, poussant des soupirs d'inconfort, essayant de retaper son oreiller pour qu'il lui soutienne mieux la tĂȘte. Naturellement, ils avaient tous les deux dĂ©jĂ  dormi dans des endroits improbables, des coins de casino, des ruelles sombres, des prisons et des soutes Ă  bagages. NĂ©anmoins, ils essayaient, dans la mesure du possible, de se prĂ©server l'un l'autre et, vers une heure du matin, NapolĂ©on s'inclina de nouveau depuis le bord de sa couchette.
« Illya, chuchota-t-il. Allez, on Ă©change. Si tu te rĂ©veilles demain avec un mal de dos, tu vas ĂȘtre grognon.
-Et toi? répliqua son ami en se tournant vers lui. Tu aimes tellement dormir que je vais en entendre parler pendant des heures.
-D'accord. Alors viens dans le lit avec moi. »
Illya le regarda de travers mais accepta bien rapidement tant il se sentait raide et fourbu. Il attrapa ses draps et son coussin et se nicha dans le lit en poussant autant que possible Solo au passage.
« Tu n'as pas intĂ©rĂȘt Ă  me faire tomber du matelas, le prĂ©vint-il en tapotant le grabat moelleux avec un soupir d'aise.
-Regardez-le, celui-lĂ , comme il est ingrat ! protesta NapolĂ©on en se permettant d'ĂȘtre celui qui le regardait maintenant de travers. Je lui cĂšde gracieusement un petit morceau d'un confort que j'avais gagnĂ© Ă  la rĂ©guliĂšre et il s'offusque de ne pas avoir assez de place !
-Chut. Maintenant on dort. »
Illya sourit en imaginant trÚs bien le regard vexé et un peu outré que son ami maintenait sur l'arriÚre de son crùne. Comme il ne fit pas mine de se retourner, l'agent américain marmonna une derniÚre fois dans sa barbe et se tourna sur son autre flanc pour se rendormir.
Ils avaient bien sĂ»r souvent dormi cĂŽte Ă  cĂŽte, mais ce n'Ă©tait pas pareil d'ĂȘtre allongĂ©s dans un lit que penchĂ©s l'un vers l'autre dans des siĂšges d'avion. Lorsqu'Illya se rĂ©veilla Ă  quatre heures, secouĂ© par un terrible cauchemar, la main de NapolĂ©on le long de son bras, et sa prĂ©sence chaleureuse et rĂ©confortante, suffirent Ă  le replonger progressivement dans le sommeil. À partir de ce jour-lĂ , quand ils ressortirent de missions horribles, torturĂ©s, droguĂ©s, montĂ©s l'un contre l'autre, supposĂ©s morts, ils tirĂšrent parti du clic-clac de l'agent russe pour s'apaiser. Ils le dĂ©pliaient dans le salon de Kuryakin et s'endormaient l'un prĂšs de l'autre pour chasser les traumatismes de cette vie parfois dĂ©solante.
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marie-bradshaw · 1 year ago
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Orange c'est orange
Chers lecteurs,
Comme Ă  mon habitude, je vous Ă©cris depuis le coeur de la tempĂȘte.
Tout le monde se souvient de Pierre, cet ex/ami/sauveteur en tout genre?
Alors que beaucoup criaient au manipulateur, je m'aperçois que vous aviez raison.
DĂ©faut de fabrication de ma part peut-ĂȘtre, ou tendance Ă  ne vouloir voir que le bon en l'ĂȘtre humain, je ne peux jamais penser que quelqu'un avec qui vous avez ce genre de lien peut en jouer volontairement.
Alors voici le dernier Ă©pisode de la saga qui mettra un point final Ă  cette mascarade que j'Ă©tais visiblement la seule Ă  ne pas voir pour ce qu'elle Ă©tait.
Lundi midi, une fois arrivée à Toulouse pour quelques jours, il me propose une biÚre chez lui pour voir l'avancement de ses travaux.
"Je te reconfirme, pas sûre que j'ai fini ce que je dois faire" lui répondis-je
"Ok, je prĂ©vois de la tisane au cas oĂč" rit-il.
Et je ne sais pas s'il parle de vraie tisane ou d'une bouteille de Pessac-Leognan, mon préféré, tellement on a eu l'occasion de rire du sujet.
"Ok good j'arrive" lui dis-je à 19h, sans pression, notre relation ayant enfin basculé sur une friendzone plutÎt tranquille quoi qu'occasionnellement perturbante.
Notamment quand il cesse de me parler pendant 15 jours parce que j'ai refusé qu'il vienne me chercher à la clinique aprÚs une deuxiÚme opération, en sachant qu'il était déjà venu à la premiÚre, et que cette position m'avait mis trÚs mal à l'aise.
C'est vrai quoi, dans les moments les plus vulnérables de ta vie, qui aurait envie que la derniÚre personne pour qui tu as eu de vrais sentiments mais avec qui ça n'a pas marché se place toujours en "sauveur/se"?
Personne.
Mais il l'a fait. Continuellement.
A un point oĂč non, je ne parvenais pas Ă  m'ouvrir Ă  qui que ce soit d'autre.
En crise de panique sur mon avenir, sur X ou Y chose, c'Ă©tait la premiĂšre personne que je pensais Ă  appeler.
Ses mots, ses gestes, tout me laissait penser qu'il me connaissait "par coeur", qu'on se comprenait naturellement, sans avoir besoin de parler.
Et je me plantais. Lourdement.
Revenons donc Ă  nos moutons.
Lundi 20h30, je gare Bobby, ma Harley, dans son allée et je toque à sa porte.
Quand il m'ouvre, il fait bon, presque chaud, et il me sourit en me disant qu'il a rallumé le chauffage spécialement pour moi parce qu'il sait que j'ai toujours froid.
Sympa sachant que c'est le genre de mec Ă  vivre les fenĂȘtres ouvertes en plein mois de dĂ©cembre.
Mon regard se pose sur le plan de travail de la cuisine pendant qu'il me serre une Corona, ma biÚre préférée.
Sous mes yeux, je vois tout un chantier en cours, des petits toasts de Houmous, de guacamole, avec des petites tomates parsemées dessus.
DerriĂšre, des aubergines au four.
Bref tout ce que j'aime, et l'opposé de sa diÚte habituelle.
"Mais t'as préparé tout ça sans savoir si j'allais venir?" je lui demande, étonnée
"Oui, je suis parti faire des courses toute à l'heure" me répond-il en me regardant droit dans les yeux
AH.
"Bon anniversaire Marie" rajoute-t-il en me prenant dans ses bras deux bonnes minutes.
Il me donne l'impression d'ĂȘtre son abri dans la tempĂȘte, justement.
Son lieu de paix.
Comme si de me serrer contre lui, d'un coup de baguette magique, ça allait tout guérir, tout solutionner.
Ok, déjà là me direz-vous, la frontiÚre de la friendzone est bien bien borderline.
C'est pas fini.
Comme d'habitude, on se chamaille, on se chambre, on rit Ă  gorges dĂ©ployĂ©es de bĂȘtises.
Je lui raconte ma soirée festival techno épouvantable de samedi, et il me dit "viens au Hellfest cette année, ça c'est notre ambiance".
On parle festivals, de mon expérience du Sziguet, et il me montre ses photos du Hellfest l'an dernier avec sa bande de gais lurons.
Jusque lĂ  ok, sauf qu'il me les montre en se collant Ă  moi, qui suis assise sur la chaise haute de sa cuisine avec ma biĂšre Ă  la main.
Il est tellement prĂšs qu'on n'aurait pas pu faire passer de feuille de papier entre nous deux.
Je lui tapote le dos, et en mĂȘme temps je m'interdis tout geste de vraie tendresse, "been there, done that".
On échange sur le dernier Expendables, on chahute, je ne sais plus ce qu'il me dit mais il se moque de ma capacité à me blesser sans rien faire avec un sourire en coin, et ça part en "bagarre" qui me fait atterrir sur son dos.
"Tu peux dire merci, je suis un koala plus léger de 10KG maintenant" lui dis-je en riant, agrippée à son cou.
Il me maintient en place, veille Ă  ce que je ne glisse pas en calant ma jambe contre son flan, et enfourne les aubergines en mĂȘme temps, avant de me reposer dĂ©licatement au sol.
Bon ça, à la limite, je le fais réguliÚrement avec mes meilleurs potes mecs sans qu'il y ait la moindre ambiguïté.
C'est mon cÎté "garçon manqué".
Mais ça demande quand mĂȘme une certaine confiance et proximitĂ©.
"On se fait un film en mangeant?" je lui demande, épuisée de ma journée.
"Allez feu" me répond-t-il en m'installant sur le canapé avec un énorme plaid (ma passion les plaids).
Je n'ai pas trĂšs faim, en revanche, et je me dirige vers le frigo pour nous attraper deux autres biĂšres.
"NOOOON, pas le frigo" crie-t-il.
AH *bis*
Dans ma tĂȘte, il a positionnĂ© quelque chose qui risque d'exploser par terre en ouvrant la porte, et connaissant ma dĂ©licatesse lĂ©gendaire, il prĂ©fĂšre s'en charger.
"Okok, fais-donc"
Il me tend les Corona, que je décapsule avec une invention géniale, un marteau de Thor aimanté et équipé d'un décapsuleur.
Je suis Ă©bahie par ce truc et il me dit "c'est un petit artisan qui les fait, si tu l'aimes je t'en offrirai un pour ton anniversaire" me propose-t-il
"Trop cool merci!" lui répondis-je
C'est là que ça se gùte.
Posés là sous ce plaid incroyable, il m'ouvre ses bras et me sert fort contre lui, chimiquement parlant, ce genre d'étreinte déclenche la libération de plusieurs hormones qui font ralentir notre systÚme nerveux et nous apaise.
A la façon dont il positionne ses bras autour de moi, le plus naturellement du monde, il me dit :"tout va bien se passer, je suis là, tu ne crains rien, tu peux te détendre" sans avoir besoin d'ouvrir la bouche.
Je me sens tellement détendue que je manque de m'endormir une ou deux fois.
D'un coup il se relÚve pour aller chercher la suite du repas, et je rùle qu'il ait pété cette bulle qui paraissait intemporelle.
"Surpriseeee" s'Ă©crit-il en ramenant deux tartelettes Ă  la framboise, healthy jusqu'au bout, dont une abritant une bougie pour moi.
"Encore bon anniversaire" me dit-il tout content que je n'ai pas grillé ce qu'il cachait au frigo, en allumant ma bougie.
"Ok je fais un voeux dans ce cas, mais vraiment fallait pas, ça me touche que t'ai prĂ©parĂ© tout ça pour moi alors que j'Ă©tais mĂȘme pas sĂ»re de passer" lui dis-je en fermant les yeux avant de souffler dessus, aussi concentrĂ©e qu'on puisse l'ĂȘtre.
"J'ai froid" je rajoute, morte de fatigue.
"Ah non j'ai rallumé le chauffage spécialement pour toi, t'as pas le droit d'avoir froid!" rit-il
Qui fait ça? Qui met autant d'attention pour quelqu'un pour qui on n'a pas de sentiments?
RĂ©ponse: personne.
Il me reprend dans ses bras pour me réchauffer et à ce moment précis, je ne me pose pas plus de questions.
C'est lĂ  que son tĂ©lĂ©phone sonne et qu'un coeur s'affiche Ă  l'Ă©cran, il monte rapidement prendre ce coup de fil cinq minutes, et je me dis que ça doit ĂȘtre son fils en vacances avec sa mĂšre, mais en mĂȘme temps ça pourrait trĂšs bien ĂȘtre quelqu'un d'autre.
Quelqu'un qui ne serait pas sa cousine si vous me suivez bien.
En soit, on est amis, on ne se doit rien, mais le niveau d'attention qu'il dĂ©ploie systĂ©matiquement pour moi, ses gestes, ses mots, ses regards, je n'imagine pas qu'on puisse faire ça Ă  son "ex, mĂȘme si notre idylle a durĂ© Ă  peu prĂšs aussi longtemps que cette banane qui traĂźne chez toi, en Ă©tant engagĂ© ailleurs.
Ce serait trop malsain, trop manipulateur.
Mon estomac me dit "attention", et je reprends mes distances avant de filer en vitesse Ă  la fin du film.
Il a senti le froid, mais dĂ©cide de tout de mĂȘme me reprendre dans ses bras pour me souhaiter une bonne nuit, et je remercie le ciel d'avoir un trĂšs Ă©pais manteau de moto avec toutes les protections nĂ©cessaires, qui auront servi pour la premiĂšre fois ce soir lĂ .
Sur la route, j'ai un sentiment Ă©trange qui ne me lĂąche pas, comme aprĂšs un rush de sucreries, une redescente assez violente.
Je me repasse le fil de la soirée en faisant vrombir mon moteur, et j'en arrive à la conclusion, qu'encore une fois, non ce n'était pas purement amical, et qu'il fait tout pour garder sa place de numéro 1.
"Pas cool" je songe, mais encore ici, je ne peux pas imaginer qu'il le fasse "exprĂšs".
Alors mercredi, au déjeuner en ville prévu initialement depuis un moment, je prends mon courage à deux mains aprÚs lui avoir fait la surprise de lui ramener deux stylos Halloween à coups de poings pour qu'il s'amuse autant que moi avec son fils, et j'aborde le sujet:
"Merci pour tout ce que tu as fait pour moi sur cette soirée, c'était vraiment adorable, et ça me touche..." entamais-je
"C'est normal" me dit-il en souriant
"Mais... il faut que tu arrĂȘtes de faire ce genre de choses." continuais-je en le voyant se dĂ©composer petit Ă  petit
"C'est trop. Ca sort du cadre de l'amitiĂ©. Je ne veux pas te perdre, mais comment veux-tu, mĂȘme si ma vie sociale est Ă  zĂ©ro en ce moment que je laisse sa chance Ă  quelqu'un qui aurait envie d'apprendre Ă  me connaĂźtre, quand tu es aussi prĂ©sent Ă  cĂŽtĂ©" je baisse les yeux un instant en lui dĂ©ballant ma tirade, soulagĂ©e
"Tu as raison. Quand tu es partie lundi j'étais en vrac. Et oui, j'ai des sentiments pour toi. Non amicaux. Mais je pense que tu es trop bien pour moi, et nos situations respectives en ce moment font que c'est compliqué, je ne me vois pas te demander de m'attendre, et j'ai peur que tu vois mon cÎté Grizzly, que tu t'enfuis encore et que ça me tue" me répond-il, les larmes aux yeux.
L'Ă©motion est palpable.
Je ne rĂȘvais pas.
Tout ce temps passé à me demander comment quelqu'un pouvait faire/dire tout ça à quelqu'un d'autre sans rien éprouver, j'avais raison.
Et je ne sais pas ce qui est le pire.
Avoir raison, ou la suite de cette conversation.
"Mais... mais... pourquoi me dire ça maintenant quand je suis enfin en paix avec notre amitiĂ©? Et ce coup de fil, je pense que c'Ă©tait ton fils, mais tu te rends compte de ce que ça m'a fait? De la brutalitĂ© du rappel Ă  la rĂ©alitĂ© de cet appel, que oui, la soirĂ©e Ă©tait parfaite, qu'on peut difficilement en demander plus dans la vie, ce genre de moments de joie et de quiĂ©tude avec quelqu'un qui nous voit et qui nous comprend dans notre globalitĂ©, mais, ça pourrait trĂšs bien ne pas l'ĂȘtre et que ça doit se passer comme ça. Toi et moi avec quelqu'un d'autre" lui dis-je
"Ce n'était pas mon fils" répond-il d'un ton penaud, qui voulait absolument tout dire
Je n'en croyais pas mes oreilles.
Organiser une soirée aux petits oignons pour son ex/amie proche afin de tout faire pour lui montrer toute l'attention qu'on lui porte, tout en étant engagé dans une relation suffisamment longue pour qu'un emoji coeur soit apposé à cÎté d'un prénom.
Je n'ai pratiquement plus décroché un mot du repas.
"Tu ne dis rien, je suis désolé d'avoir passé la moitié du repas sur mon telephone pour prendre mes places pour le Hellfest" dit-il, rouge de honte.
Je ne répondis pas, tout en le regardant fixement, abasourdie, et furieuse.
Une colĂšre froide, qui vous trancherait n'importe quoi en deux deux.
"Vraiment je suis désolé, je ne pouvais pas prévoir que ca tomberait pendant notre déjeuner, dis quelque chose s'il te plait" rajouta-t-il.
"A quoi cela servirait-il de mettre des mots là-dessus?" lui répondis-je
"Mais justement c'est pire quand tu ne dis rien, je vois ta tĂȘte" continue-t-il, toujours persuadĂ© que c'est cette action prĂ©cise qui me met hors de moi.
"Ce n'est pas de cela qu'il s'agit" lui rétorquais-je d'un ton cinglant.
"Je vois..." dit-il en baissant les yeux.
A ce moment précis, c'est comme si j'avais mis une porte blindée de 30cm d'épaisseur entre nous.
Le genre incassable qu'on voit dans les films de cambriolage.
AtterrĂ©e, j'ai du mal Ă  rĂ©aliser que pendant tout ce temps, ses actions aient pu ĂȘtre"calculĂ©es".
Qu'il cultivait les graines de l'attachement et du doute de mon cÎté, à toujours se placer comme mon sauveur quand j'étais le plus vulnérable, tout en construisant quelque chose avec quelqu'un.
J'ai encore un peu de mal à réaliser que j'avais raison depuis le départ, et qu'il ait pu me manquer de respect ainsi qu'à sa "moitié" à ce point là.
Pompom sur la Garonne comme on dit chez nous, la semi-déclaration du déjeuner suivi du "je ne peux pas te demander de m'attendre", qui atteint un rare niveau d'indécence et de viol de tout sens moral envers la pauvre fille qui compose la deuxiÚme moitié de sa relation.
Comme si ça n'avait pas d'importance, un détail insignifiant, un accessoire.
Je peux vous dire qu'Ă  sa place, mĂȘme si les deux restent horribles et dĂ©clencheraient de ma part une rupture immĂ©diate, je prĂ©fĂšrerais de loin que mon mec ait lĂ©gĂšrement dĂ©rapĂ© en soirĂ©e totalement alcoolisĂ©, plutĂŽt qu'il ait mis autant d'effort, consciemment, pour son "ex".
Sans parler de cet aveu de sentiments, on ne peut plus déplacé dans ce contexte.
Mon café, je te l'ai avalé cul-sec, à m'en brûler la langue, sautant de ma chaise pour aller payer l'addition.
Attristé, mais pas surpris, il me suivit de prÚs et vint se placer devant moi pour régler.
"Hors de question" lui dis-je, du mĂȘme ton tranchant et dĂ©terminĂ©.
Tendant ma carte bleue Ă  l'accueil, ce dernier geste symbolique de mon indĂ©pendance, voulait dire "regarde-moi bien sous toutes les coutures tant que tu le peux, je n'ai pas besoin de toi, et tu n'es pas prĂȘt de reposer les yeux sur moi".
En sortant je me suis éloignée si rapidement que j'aurais pu en tomber, maladroite que je suis.
Je ne supportais plus de le regarder, lui que j'avais mis sur un pied d'estale, lui qui me faisait toujours me sentir chez moi, aimée, comprise, entendue, n'avait pas plus de valeurs morales que Sadam Hussein, et je venais de le réaliser.
Parce que pour se servir Ă  ce point des gens, de leurs sentiments, on ne peut ĂȘtre que vide Ă  l'intĂ©rieur, dĂ©pourvu de conscience.
Dans la rue, à quelques mÚtres de chez moi, au téléphone avec l'une de mes meilleures amies, aussi choquée que je l'étais, j'ai fondu en larmes.
Pas de le perdre, mais de savoir qu'en parfaite connaissance de cause, en ayant compris qui j'étais, ce que j'avais vécu, la difficulté avec laquelle je laisse approcher quelqu'un d'aussi prÚs, mes valeurs, ma bienveillance, et le soi-disant attachement éprouvé de sa part, il avait pu sans aucune difficulté me manipuler des mois durant sous couvert d'une ùme torturée.
Je n'ai toujours pas les mots justes pour décrire ce genre de comportement, abjecte.
Je me sens violée dans mon intimité, dépouillée de quelque chose de précieux, vidée, mise à sac.
Par un dernier message, je vide mon sac et lui dis clairement que ce qu'il a fait est impardonnable, que je ne l'aurais pas fait Ă  mon pire ennemi, et que oui, effectivement, je suis trop bien pour lui.
Pour une seule raison: je ne ferais jamais de mal Ă  quelqu'un intentionnellement, je prendrais d'abord en compte les sentiments des autres avant les miens dans ce genre de situation pour faire ce qui est "juste".
Dégoûtée, je vois qu'il est de nouveau parti voir mes story (on ne se suit pas sur Instagram), balance le morceau à Drew, mon frÚre de coeur.
"Donnes-moi son numéro" dit-il
Quelques instants plus tard, il me rappelle: "Je viens de lui laisser un message vocal, il ne s'approchera plus jamais de toi"
"Merci mec" lui répondis-je, le souffle coupé, avant de le bloquer de tout ce qui était bloquable.
La leçon de cette histoire?
Toujours se fier Ă  son instinct.
Et si quelqu'un donne tous le signes du orange, ce n'est pas rouge, ce n'est pas vert, c'est bien orange. MĂȘme s'il vous affirme le contraire.
Est-ce que ça va me faire reculer dans ma coquille?
Non.
Ce serait lui donner raison.
Il obtiendrait ce qu'il veut, c'est à dire que je reste loin de quelqu'un qui pourrait me donner ce que je mérite, et recevoir tout ce que j'ai à apporter.
Quelle qu'elle soit, cette personne me verra exactement telle que je suis et aimera chaque facette de ma personnalité.
La force comme la fragilité.
Elle valorisera ma loyauté, et ne me donnera pas de raison de douter.
Je le sais, je le sens, quand on est aussi sûr que je le suis de ce que l'on veut de la vie, d'une relation, on le manifeste suffisamment fort pour l'attirer à soi et on met tout en place pour aller dans sa direction.
Contre vent et marée.
Pour moi ça passe majoritairement par un nouveau calme en matiÚre de dating, un examen minutieux de qui se trouve en face de moi, de ses valeurs, de ses projets, de notre alchimie, et de ce qu'il perçoit de moi ou pas.
Si ça match, et que les actions suivent des deux cĂŽtĂ©s, cet investissement mutuel sur un "pourquoi pas essayer et voir ce que ça donne?" se suffit Ă  lui-mĂȘme.
Tant qu'il y'a de la vie, il y'a de l'espoir.
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buro-ergo · 1 year ago
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atticuswritersoul · 2 years ago
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04/12/18 : Son bébé
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Sa main droite se pose dĂ©licatement sur son ventre rond. Elle ressent des petits coups contre sa paume, de la douleur Ă  cause des contractions. Ses cheveux n'ont pas cessĂ© de changer de couleur depuis le dĂ©but de sa grossesse, exactement comme lorsque ça avait Ă©tĂ© Cleo, dans son ventre.          Elle s'assoit sur une chaise, le dos qui commence Ă  la tirer. Ses cheveux, pour l'instant mauves, sont attachĂ©s en un chignon rapide sur le sommet de son crĂąne, et elle compte les secondes dans sa tĂȘte. Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix. La douleur est passĂ©e, elle souffle un peu. Charlie est en haut, en train de fermer les valises en stressant. Elle n'a mĂȘme plus besoin d'ĂȘtre prĂšs de lui pour savoir comment il va, elle le connaĂźt si bien. Elle tire ses bras en avant, craque ses doigts dans un petit bruit qui la fait grimacer. Les coups contre son ventre reviennent, plus insistants, et elle sent que d'une minute Ă  l'autre, la chaise va finir trempĂ©e.       - Charlie, grouille-toi ! - Je suis là !       Il dĂ©boule en courant dans le salon, les valises flottant dans l'air Ă  sa suite. Un sourire radieux recouvre son visage, mais elle perçoit ses yeux inquiets et sa pomme d'Adam, qui remonte et descend trĂšs vite, geste inconscient qu'il fait lorsqu'il est stressĂ©. Elle le connaĂźt, son blond. Elle s'efforce de se relever en gardant un air serein, et se contente d'attraper la main qu'il lui tend, avant qu'il ne la prenne de force. Il sait Ă  quel point elle dĂ©teste se sentir dĂ©pendante. Cleo est chez ses parents, Damaris va passer la nuit dans la maison pendant leur absence, toute la famille a Ă©tĂ© mise au courant de la venue imminente du nouveau membre. Headley et Abby ont prĂ©vu de passer en douce chez eux durant la nuit, avec la complicitĂ© de Damaris, afin de finir la chambre du nouveau-nĂ© et faire la surprise au couple. Seulement, c'Ă©tait mal comptĂ© le fait que Liddy n'est pas la sƓur de deux Serpentard pour rien.       Un deux trois quatre... Elle pense au bĂ©bĂ©, au visage qu'il pourrait avoir, Ă  ses cris qui ne vont pas tarder, Ă  ses pleurs assourdissants. Elle pense Ă  ses cheveux, s'ils vont changer de couleur comme ça avait Ă©tĂ© le cas pour Cleo. Cinq six sept huit... Charlie et elle avaient dĂ©cidĂ© de ne pas prendre connaissance du sexe du bĂ©bĂ© avant sa naissance, mais Liddy Ă©tait quasiment certaine que ça allait ĂȘtre une fille. Une petite fille, avec les yeux de sa mĂšre et le sourire de son pĂšre, des cheveux blonds et un air angĂ©lique collĂ© sur le minois en permanence. Elle embĂȘtera son grand frĂšre, jouera les princesses avec ses copines, sautera au plafond quand sa marraine sera de passage Ă  la maison. Elle fera tourner des tĂȘtes, au grand damne de ses parents. Elle se maquillera en cachette, volera les talons de sa maman, organisera des dĂ©filĂ©s illĂ©gaux, prendra le thĂ© avec ses peluches. Mais, plus important par dessus tout, elle sera la personne qu'elle voudra, avec les rĂȘves et les envies qui feront d'elle sa fille, son enfant. Liddy y veillerait personnellement, mĂȘme si pour se faire, elle devra se sacrifier. Elle Ă©tait prĂȘte Ă  tout pour donner Ă  ses enfants la vie qu'ils mĂ©ritaient.       Neuf dix. Sa main serra un peu plus fort celle de Charlie, et elle grimace Ă  cause d'une soudaine contraction. Ils se regardent, et d'un tacite accord, emboĂźtent le pas en direction de la porte de sortie. Elle ne peut s'empĂȘcher de pester contre sa grossesse, qui rend le Transplannage trop dangereux pour le bĂ©bĂ©. Il lui ouvre la portiĂšre de leur voiture, l'aide Ă  s'asseoir confortablement, et ferme la porte. Il la rejoint quelques minutes plus tard, et la voiture dĂ©marre seule, comme par magie, les conduisant tous les deux vers Sainte-Mangouste. Et sous le crĂ©puscule lunaire, Liddy songe avec douceur que Coraline Abraxas verra bientĂŽt le jour.
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buroegro · 4 years ago
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Mal de dos au travail? Voici comment vous pouvez le combattre !
Certes, les longues heures de travail assis au travail ou ailleurs provoquent de graves douleurs lombaires. Par conséquent, le besoin croissant d'une chaise ergonomique contre les maux de dos à la maison, ainsi qu'au bureau, est tout à fait justifiable pour rester en forme longtemps.
Le glissement surprenant des humains vers leur santé et leur posture corporelle les amÚne à remettre en question leurs habitudes alimentaires et d'exercice réguliÚres. Pour développer un mode de vie sain, les gens pratiquent des mouvements sécuritaires, des habitudes alimentaires et des meubles ergonomiques. Si vous envisagez également d'apporter des changements à votre mode de vie juste pour éviter les maux de dos au travail ou pour rester en forme avec une posture corporelle correcte, alors ce blog est pour vous.
Pensez à suivre les conseils simples donnés dans ce blog et voyez comment cela peut faire des merveilles.
Créez un espace de travail ergonomique avec une chaise pour le mal de dos
Un espace de travail ergonomique est conçu de maniĂšre Ă  ce que tout ce dont vous avez besoin pendant le travail soit Ă  portĂ©e de main. Cela garantit qu'aucune tension supplĂ©mentaire n'est exercĂ©e sur vos bras ou vos muscles pour obtenir l'objet. Par exemple: vous voulez un stylo, le porte-stylo sera donc placĂ© sur la table Ă  votre portĂ©e. Un espace de travail ergonomique favorise une vie moins intense et une bonne posture. Ceci est rĂ©alisable en gĂ©rant le placement de toutes les choses au bon endroit, en ajustant la hauteur des bureaux, en plaçant des chaises contre les maux de dos et des moniteurs juste devant l'Ɠil.
SĂ©lectionnez une chaise de bureau ergonomique contre les maux de dos
Il existe une large gamme de mobilier de bureau disponible sur le marché. Mais fonctionnent-ils réellement? Pas toujours. Il y a certaines choses que vous devez vérifier lors de l'achat d'une chaise mal de dos ergonomique qui vous garde en forme. Pour favoriser une bonne posture corporelle, nous avons rassemblé quelques éléments en dessous desquels votre chaise de bureau doit avoir.
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FlexibilitĂ© pour rĂ©gler la hauteur: En fonction de votre taille et de votre rapport entre le haut et le bas du corps, la hauteur de la chaise doit ĂȘtre ajustable pour vous offrir un repos et un soutien appropriĂ©s.
Flexibilité pour ajuster le dossier: Il faut toujours choisir une chaise contre les maux de dos avec une profondeur d'assise appropriée ou une chaise ayant 2 à 4 pouces de différence entre les mollets et l'avant de la chaise en étant assis sur le dos appuyé contre le dossier.
Longueur d'accoudoirs réglable: l'accoudoir de votre chaise doit le soutenir suffisamment pour réduire la tension sur votre dos. Un angle de 90 degrés suffirait, sinon votre corps se courbera vers l'arriÚre pour rendre les bras confortables, ce qui aura un impact sur le haut du dos et la posture générale du corps.
Soutien lombaire: lors de la sélection d'une chaise de bureau, recherchez les courbes de la chaise à l'arriÚre pour soutenir le bas du dos. Il est également connu sous le nom de soutien lombaire. La courbure appropriée réduit la tension et la pression. Vous pouvez également mettre un oreiller derriÚre votre dos si votre chaise ne fournit pas de soutien lombaire pour réduire la tension
Matériau confortable: par rapport à n'importe quel matériau, un coussin rembourré doux est trÚs confortable pour s'asseoir tout au long de la journée. Vous pouvez également rechercher des coussins absorbant le siÚge pour éviter l'humidité.
Capable de pivoter: une bonne chaise rend chaque mouvement plus facile et moins stressant pour le corps. Par conséquent, recherchez un pivot dans votre chaise, afin qu'il vous aide à tourner rapidement sans appliquer de pression ou tordre votre torse.
Pratiquez une bonne posture
Tout n'est pas à la hauteur des meubles confortables que vous achetez. Certaines choses pour améliorer la posture du corps sont déjà entre vos mains, comme pratiquer une bonne posture. Se pencher vers votre systÚme en travaillant ou plier vos jambes en position assise, tout cela peut entraßner des problÚmes de dos chroniques difficiles à guérir. Par conséquent, il faut toujours garder à l'esprit certaines choses en restant assis pendant de longues heures.
Alignez votre tĂȘte et votre cou directement au-dessus de vos Ă©paules.
Reposez votre dos sur le dossier de la chaise ou utilisez un oreiller.
Gardez vos Ă©paules en arriĂšre et perpendiculairement Ă  votre Ă©cran d'ordinateur.
Gardez votre corps droit afin que le haut de votre bras soit parallÚle à votre colonne vertébrale.
Gardez vos pieds Ă  plat sur le sol et ne croisez pas les jambes.
Gardez vos genoux et vos cuisses à 90 degrés par rapport au sol. Si nécessaire, ajoutez un repose-pieds.
Pratiquez les mouvements appropriés
Le mouvement excessif ou brusque des parties du corps peut provoquer une luxation des os, des douleurs musculaires, un gonflement, etc. dans votre vie, mĂȘme pas Ă  cause de l’ñge. Voici comment pratiquer les mouvements appropriĂ©s tout en Ă©tant assis au bureau.
Soulevez Ă  partir des genoux: Ă©vitez de soulever des objets lourds si vous ne portez pas d'objets lourds habituellement Ă  la maison ou n'utilisez pas vos genoux pour soulever des objets comme des imprimantes. Cela garantira que vous soulevez l'objet correctement sans blesser votre poignet ou tordre votre torse.
Marchez avec une bonne posture: c'est une bonne pratique d'étirer vos bras en arriÚre et d'étirer votre corps pour vous détendre en restant assis pendant de longues heures. Gardez les épaules droites et le menton relevé tout en vous promenant dans le bureau pour vous détendre.
Utiliser un téléphone mains libres: passez à un appareil mains libres pour ne jamais tenir longtemps votre téléphone dans votre main. Au lieu d'un téléphone, vous pouvez utiliser un casque ou un haut-parleur ou essayer d'utiliser le téléphone d'autre part aprÚs un certain temps.
Prenez de courtes pauses fréquentes pour déstresser votre corps
Évitez de rester assis au mĂȘme endroit pendant de longues heures. Il est important de pratiquer le mouvement des parties du corps pendant un court intervalle. On voit souvent que les employĂ©s Ă©tir
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Conclusion:
Les conseils mentionnĂ©s ci-dessus auront un impact positif sur votre style de travail et vous Ă©viteront de graves maux de dos et de courbatures. Vous pouvez Ă©galement vous concentrer sur l'exercice physique rĂ©gulier ou pratiquer le yoga pour dĂ©tendre votre stress corporel et amĂ©liorer votre posture corporelle. Cependant, l'utilisation d'une chaise ergonomique chaise contre mal de dos a montrĂ© une rĂ©duction significative des problĂšmes de maux de dos. Essayez-le vous-mĂȘme et partagez comment cela fonctionne pour vous.
Blog de référence - https://buroegro.blogspot.com/2021/02/mal-de-dos-au-travail-voici-comment.html
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sofya-fanfics · 2 years ago
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Est-ce que tu sais t’occuper de quelqu’un de malade ?
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Voici ma participation pour le Sicktember 2022. J’espùre que ça vous plaira.
RĂ©sumĂ© : La porte s’ouvrit et Sasuke apparut. Il Ă©tait plus pĂąle que d’habitude et il toussait. Il regarda Sakura, surpris.
« Sakura ! Qu’est-ce que tu fais là ? »
Elle se tortilla les doigts, nerveusement.
« Je suis venue voir comment tu allais. Il y a une Ă©pidĂ©mie de grippe, alors je m’inquiĂ©tais. »
Disclaimer : Naruto appartient à Masashi Kishimoto.
@sicktember​
AO3 / FF.NET
Sakura se dirigea vers l’appartement de Sasuke. C’était la premiĂšre fois qu’elle se rendait chez lui. D’habitude, l’équipe 7 se retrouvait au terrain d’entraĂźnement pour attendre Kakashi. Parfois, Sasuke et Naruto l’attendaient devant chez elle. Mais jamais Sasuke ne les avait invitĂ© chez lui.
PlutĂŽt dans la journĂ©e, Sakura avait remarquĂ© que Sasuke ne se sentait pas bien. Il avait l’air fiĂ©vreux et elle l’avait entendu tousser plusieurs fois. À la fin de leur mission, qui consistait Ă  s’occuper du chien d’un politicien en visite Ă  Konoha, Sasuke Ă©tait rentrĂ© directement chez lui. Une Ă©pidĂ©mie de grippe sĂ©vissait dans le village. Le pĂšre de Sakura l’avait attrapĂ© et il avait Ă©tĂ© malade pendant plusieurs jours. Elle s’inquiĂ©tait que Sasuke l’ait attrapĂ© aussi.
Elle regarda le numĂ©ro qu’elle avait notĂ© sur un papier et le numĂ©ro de la porte. C’était bien ici. Elle frappa Ă  la porte. Soudain, le doute l’envahit. Est-ce qu’elle avait bien fait de venir le voir ? Peut-ĂȘtre Ă©tait-il entrain de dormir ? Peut-ĂȘtre qu’elle Ă©tait entrain de le dĂ©ranger ? Elle aurait dĂ» rĂ©flĂ©chir avant de se rendre chez lui. La porte s’ouvrit et Sasuke apparut. Il Ă©tait plus pĂąle que d’habitude et il toussait. Il la regarda, surpris.
« Sakura ! Qu’est-ce que tu fais là ? »
Elle se tortilla les doigts, nerveusement.
« Je suis venue voir comment tu allais. Il y a une Ă©pidĂ©mie de grippe, alors je m’inquiĂ©tais.
-Tu n’aurais pas dĂ» venir. Tu risques de l’attraper. »
Sakura baissa les yeux. Elle aurait dĂ» se douter qu’elle le dĂ©rangeait.
« Je me disais que j’aurais pu t’aider.
-Est-ce que tu sais t’occuper de quelqu’un de malade ? »
Il n’y avait aucun mĂ©pris dans sa voix, juste une constatation. Il avait raison. Elle ne s’était jamais occupĂ© de quelqu’un de malade. C’était elle dont on s’occupait et qu’on soignait. Sasuke fut pris d’une quinte de toux. Il lui semblait impossible de s’arrĂȘter. Sakura s’approcha de lui et posa dĂ©licatement la main sur son dos.
« Je vais t’aider Ă  retourner dans ton lit. »
Sasuke acquiesça et lui indique oĂč se trouvait sa chambre. Elle l’y accompagna et l’aida Ă  s’allonger dans son lit. Elle posa sa main sur son front et fronça les sourcils. Il avait de la fiĂšvre.
« Sasuke-kun, est-ce que tu as des médicaments ?
-Dans le tiroir. »
Il pointa du doigt sa table de nuit. Elle ouvrit le tiroir et trouva un mĂ©dicament contre la fiĂšvre. Elle rempli le verre d’eau qui Ă©tait posĂ© sur la table de nuit. Sasuke s’assit et avala le cachet que Sakura lui donnait. Il s’allongea et s’endormit presque instantanĂ©ment. C’était la premiĂšre fois qu’elle le voyait aussi malade. Mais tant qu’il aurait besoin d’elle, elle resterait prĂšs de lui.
******
Sasuke ouvrit lentement les yeux. Le cachet avait fait effet pendant qu’il dormait, il se sentait un peu moins fiĂ©vreux. Il posa sa main sur son front et sentit une serviette humide. Il la retira et regarda autour de lui. Il vit Sakura endormie sur une chaise Ă  cĂŽtĂ© de son lit. La position qu’elle avait n’avait pas l’air confortable et pourtant, elle dormait profondĂ©ment. Il remarqua que ses affaires avaient Ă©tĂ© rangĂ©es. Il s’était senti tellement mal, qu’il n’avait pas eu la force de le faire. Il se sentait coupable d’ennuyer Sakura avec ça. Depuis des annĂ©es, il avait l’habitude de se dĂ©brouiller seul. Il trouvait cela plutĂŽt agrĂ©able que quelqu’un s’occupe de lui.
Il regarda Ă  nouveau Sakura. Il posa sa main Ă  cĂŽtĂ© de la sienne et l’effleura. Elle la bougea lĂ©gĂšrement mais ne se rĂ©veilla pas. Il savait qu’il n’aurait pas dĂ» la laisser entrer. Il aurait dĂ» lui dire de rentrer chez elle, qu’il pouvait s’occuper de lui tout seul, comme il l’avait toujours fait. Mais pour une fois, juste une fois, il voulait qu’elle reste auprĂšs de lui. Il voulait qu’elle continue Ă  s’occuper de lui.
Il sentit la fatigue l’envahir. Il ferma les yeux et s’endormit. Il espĂ©rait qu’à son rĂ©veil, Sakura serait encore lĂ .
Fin
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sh0esuke · 1 year ago
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" Lovers From The Past " - NOUVELLE VERSION.
𝗠đ—Č𝘁 đ—Čđ—» 𝘀𝗰đ—ČÌ€đ—»đ—Č : Luis Serra
đ—„đ—ČÌđ˜€đ˜‚đ—șđ—Č́ : AprĂšs des annĂ©es passĂ©es loin de mon village natal, j'y revins pour prendre des nouvelles de mes proches. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, au lieu de retrouver un lieu paisible et accueillant, je fis face Ă  une armĂ©e de monstres prĂȘte Ă  me dĂ©vorer toute crue.
𝗔𝘃đ—Čđ—żđ˜đ—¶đ˜€đ˜€đ—Čđ—șđ—Čđ—»đ˜ : violence (virus, torture, arme Ă  feu, extraction d'un corps Ă©tranger), angst mais avec happy ending, je pense n'avoir rien oubliĂ© ? dans le cas contraire vous pouvez me le signaler !!
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes
đ™œđš˜đš–đš‹đš›đšŽ 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟏𝟐,𝟐𝟒𝟓.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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« Ohâžș Oh, mon Dieu... »
Ils tambourinaient sur la porte. J'entendais le bois craqueler et gĂ©mir, il n'allait pas tarder Ă  cĂ©der. Toute la maison en elle-mĂȘme ne tenait plus debout. C'Ă©tait Ă  se demander comment elle Ă©tait restĂ©e en un seul morceau depuis tout ce temps. Je ne voyais plus aucune issue. La maison Ă©tait minuscule, outre deux/trois meubles, une table et des chaises, elle Ă©tait vide. À l'extĂ©rieur, j'Ă©tais Ă  apte Ă  les ouĂŻr. Il me suffit de tendre l'oreille et d'entendre leurs bruits de pas faire le tour de la propriĂ©tĂ©. J'Ă©tais encerclĂ©e. Du moins, je n'allais pas tarder Ă  l'ĂȘtre, si je ne me dĂ©pĂȘchais pas.
Saisissant mon flanc heurtĂ© et raffermissant ma prise sur ma hache, je fis le tour de la demeure âžșc'est-Ă -dire que je fis le tour sur moi-mĂȘmeâžș. Ce fut Ă  ce moment lĂ  que je la vis. BrisĂ©e, des bout de bois laissĂ©s Ă  choir Ă  ses pieds, la fenĂȘtre Ă©tait ouverte Ă  l'instar des portes d'un paradis proche. Des rayons solaires s'y infiltraient, ils me montraient la voie.
Je m'en approchai et vérifiai les alentours.
À ma grande surprise, je ne vis personne, des grognements persistaient Ă  m'angoisser mais, pour l'instant, ils n'Ă©taient pas lĂ . Ils restaient plutĂŽt au centre du village, occupĂ©s Ă  faire cuire des ĂȘtres humains sur le bĂ»cher et Ă  nourrir la volaille. Ils m'avaient sĂ»rement oubliĂ©e. Peut-ĂȘtre ? Du plus profond de mon cƓur, je l'espĂ©rais.
M'appuyant sur le rebord de la fenĂȘtre, je sortis de la maison, je sautai et atterris au sol, forçant mon dos Ă  se coller contre la bĂątisse et ma tĂȘte Ă  vĂ©rifier les alentours.
C'était madame Gonzales qui nourrissait les poulets, elle tenait un vieux seau abßmé dans ses mains. Son mari n'était pas trÚs loin, il tournait en rond auprÚs du bûcher. Ma poitrine se fit lourde à cette constatation, ça me tuait de les voir ainsi. Qu'est-ce qui avait bien pu leur arriver ?
Je n'Ă©tais pas en position de m'attarder sur la question, mon flanc me faisait bien trop mal. C'Ă©tait de mĂȘme pour ma vue. Elle se faisait floue depuis bien trop longtemps pour que je continue de l'ignorer. La cause de cela m'Ă©tait inconnue. Ça ne faisait que quelques jours que j'Ă©tais ici, qu'une poignĂ©e d'heures que j'Ă©tais plongĂ©e dans ce cauchemar. Tout m'Ă©chappait. Je ne pouvais faire confiance Ă  personne exceptĂ© le sentiment de terreur qui broyait mes tripes.
Je priais pour que la ferme soit indemne, ainsi que ses habitants. AprĂšs tout, elle Ă©tait ma destination finale. Ma maison.
Durcissant ma prise sur le manche de ma hache, je me faufilai discrÚtement sur le chemin menant à la ferme. Il n'était pas trÚs loin, juste devant. Mon arme était dans un bien sale état. Le tranchant de la hache était à deux doigts de se détacher. Il tremblait pendant que je marchais. Cela me provoquait un profond sentiment d'angoisse. Et si elle se brisait ? Si je me retrouvais face à eux sans de quoi me protéger ?
Monsieur Benavente avait un fusil Ă  pompe dans sa maison, j'aurais pu m'en saisir. Sa maison Ă©tait juste Ă  cĂŽtĂ© de celle oĂč je m'Ă©tais enfermĂ©e, le problĂšme Ă©tait que la porte d'entrĂ©e se trouvait devant le centre du village, m'y rendre m'aurait condamnĂ©e.
Le petit chemin menant Ă  la ferme Ă©tait parsemĂ© de maisons sur ses cĂŽtĂ©s. Elles aussi ne tenaient plus debout, pour dire; elles n'avaient mĂȘme plus de porte, ni de fenĂȘtres. Elles Ă©taient totalement vidĂ©es. C'Ă©tait comme si du jour au lendemain tout avait disparu. Un cataclysme avait Ă©mergĂ©, il avait tout emportĂ© avec lui, laissant sur ses pas mon village et les villageois dans cet Ă©tat dĂ©plorable. J'avançais avec incertitude. Je pressai le tronc de ma hache entre mes seins, reposai mon menton au dessus de la partie mĂ©tallique rouillĂ©e. Cette parcelle du village Ă©tait plus calme, je n'entendais plus personne grogner, ni ces bruits de pas menaçants grouiller tout autour de moi. Ça me rassurait. Si cet endroit Ă©tait laissĂ© en paix, ça signifiait que la ferme pouvait ĂȘtre effectivement saine et sauve. Ma famille s'y cachait certainement. Elle attendait les secours, c'Ă©tait Ă©vident.
Une fois devant les deux grandes portes, j'abandonnai ma hache sur un vieux chariot brisĂ© et pressai mes paumes sur celles-ci. Elles n'avaient jamais Ă©tĂ© faciles Ă  ouvrir âžșde maniĂšre Ă  empĂȘcher le bĂ©tail de s'Ă©chapperâžș, habituellement, mon pĂšre les laissait grandes ouvertes. Les cochons et vaches Ă©taient gĂ©rĂ©s par notre chien, nous n'avions jamais rien perdu Ă  agir ainsi. Cette fois-ci, en revanche, elles Ă©taient closes.
Je poussai les portes de toutes mes forces. Mes pieds s'enfoncÚrent sur le chemin de terre, mon corps glissa en arriÚre toutefois cela ne me dissuada pas. Je persistai jusqu'à entendre le bois se déchirer, crépiter et les portes finalement s'ouvrir. Je trébuchai en avant.
« Oh ! OHâžș »
Miraculeusement, mes mains parvinrent Ă  m'aider, je les avais balancĂ© dans tous les sens de maniĂšre Ă  retrouver ma balance, ce qui fonctionna. Ma hache rattrapĂ©e et les portes refermĂ©es, je m'assurai qu'elles soient presque impossible Ă  ouvrir. Je ne voulais pas risquer d'ĂȘtre prise par derriĂšre par les autres villageois. Cela me permit d'aller de l'avant. Je rejoignis l'entrĂ©e de la ferme, observant la grange, la petite bĂątisse Ă  cĂŽtĂ©, l'endroit oĂč les animaux Ă©taient gardĂ©s et ma maison.
Ma mĂąchoire se dĂ©crocha. Mon cƓur se serra.
L'endroit Ă©tait Ă  peine reconnaissable. J'Ă©tais forcĂ©e de me pincer le nez tant l'odeur de pourriture me gĂȘnait, c'Ă©tait un mĂ©lange entre viande avariĂ©e et terre trempĂ©e. L'atmosphĂšre aussi, Ă©tait extrĂȘmement pesante. Une soudaine envie de vomir me secouait. Ça n'Ă©tait pas ma maison. Ça n'Ă©tait pas ma ferme. Certainement pas l'endroit oĂč j'avais Ă©tĂ© Ă©levĂ©e... J'en Ă©tais persuadĂ©e.
Je reconnaissais les moindres recoins, la maison oĂč j'avais dormi, couru, mangĂ©, pleurĂ©, criĂ© et grandi. La grange oĂč j'avais jouĂ© et parlĂ© durant des heures avec les vaches, leur contant mes nombreuses pĂ©ripĂ©ties dans le village aprĂšs avoir embĂȘtĂ© mes voisins ou leur avoir apportĂ© du lait bien frais. De mĂȘme pour la cour. C'Ă©tait bien elle. Aussi grande et saccagĂ©e qu'avant. Tout Ă©tait identique. Pour autant, je ne la reconnaissais pas. C'Ă©tait perturbant. Je ne me sentais pas seulement dĂ©paysĂ©e. La situation Ă©tait trop monstrueuse pour que ça ne soit que ça. Une atmosphĂšre bestiale pesait dans l'air. Elle Ă©tait... Inhumaine. Cela ne m'empĂȘchait tout de mĂȘme pas d'espĂ©rer. Je continuais de croire que ma famille allait bien, je ne pouvais pas faire autrement.
Peut-ĂȘtre que les animaux avaient Ă©tĂ© touchĂ©s, mais, alors, si ma famille s'en Ă©tait sortie Ă  temps ? Peut-ĂȘtre qu'elle attendait bien sagement dans la maison. Ils devaient ĂȘtre morts de peur...
Cette pensée me réconfortait, elle me donnait le courage de faire un pas, puis un second, et ainsi de suite jusqu'à arriver devant la porte d'entrée. Tout était calme. Outre les animaux qui braillaient non loin de là, je n'entendais rien, c'était à croire que la ferme avait été abandonnée.
La porte d'entrĂ©e cĂ©da sous moi, elle s'ouvrit. Le bois craquait, le sol gĂ©missait sous mes pas, j'observais l'intĂ©rieur de ma maison d'enfance. C'Ă©tait Ă  l'instar de marcher sur des oeufs, tout faisait du bruit, tout donnait l'impression d'ĂȘtre sur le point de cĂ©der et de m'emporter dans le lot. Une silhouette se tenait proche d'ici, assise Ă  table. Je la reconnus.
C'Ă©tait ma mĂšre.
« Maman ? »
Dans un saut de surprise, je laissai tomber ma arma tranchante au pas de la porte, elle s'effondra à mes pieds dans un bruit sourd, puis je me précipitai jusqu'à elle. Immédiatement, je posai ma main sur son épaule.
« Maman, tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ? Les gens ici sont devenus- »
Sa tĂȘte bascula en arriĂšre.
Elle Ă©tait morte.
Sa langue pendait entre ses lÚvres, elle était toute gonflée et blanche. Sans parler de ses yeux globuleux grand ouverts et recouverts d'une étrange substance. Cette vue suffit à me faire pousser un hurlement aiguë. Mon corps entier sursauta.
Elle Ă©tait morte.
« Ah ! Ah ! Ah ! Oh, mon Dieu ! Aah ! »
Je me reculai.
« Maman, non, maman ! Pitié ! » balbutiai-je.
Ça me dĂ©passait. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Pourquoi ? Depuis quand Ă©tait-elle morte ? On avait tuĂ© ma mĂšre ! J'Ă©tais incapable de retenir mes larmes. Je sanglotais violemment, surprise par de nombreux hoquets. Mes mains tremblaient. Ça m'Ă©tait impossible de me concentrer sur quoi que ce soit.
Tout me faisait mal.
Je respirais avec angoisse. Mes poumons brĂ»laient, Ă  chaque inspiration que je prenais, je me sentais fondre de l'intĂ©rieur. OĂč Ă©tais-je ? Au sol. Je venais de tomber. Étaient-ce mes jambes qui avaient lĂąchĂ© ou mon esprit ? DĂ©sorientĂ©e, mes pensĂ©es m'Ă©chappaient.
Je me saisis de mon visage en coupe. Mes mains tremblaient, elles ne s'arrĂȘtaient pas. Mon coeur me faisait sentir que je tombais d'un immeuble de plusieurs milliers de mĂštres.
Puis, une voix :
« Preciosa. »
Mon visage s'était redressé.
« Papa ? »
Une fourche dans les mains, mon pĂšre avançait jusqu'Ă  moi âžșdeux entrĂ©es composaient la maison, une contenant deux portes, menant Ă  la ferme, et l'autre composĂ©e d'une seule porte, celle que j'avais empruntĂ©eâžș. Je ne le voyais pas clairement. Le fait que je sois Ă©tourdie n'aidait pas. Ma tĂȘte me faisait mal. Mon flanc me faisait mal. Mon cƓur me faisait mal. Je me sentais palpiter de l'intĂ©rieur.
« Papa, c-c'est toi ? »
Sa carrure m'Ă©tait familiĂšre.
« Mam-man. » sanglotai-je. « Qu-Qu'est-ce qui s'est passĂ© ? OĂč sont p-passĂ©s tous les aut-tres ? »
ArrivĂ© devant moi, il s'arrĂȘta.
« Je.. je comprends pas. »
Il levait sa fourche dans les airs.
« Papa..? »
Et l'abaissa droit sur moi.
« Papa ! »
J'Ă©tais incapable de bouger. J'avais si mal, l'impression que mes forces m'avaient abandonnĂ©e se confirma lorsqu'en essayant de rouler sur le cĂŽtĂ©, je me retrouvais toujours figĂ©e sur place. Dans un dernier geste purement instinctif je jetai mes bras devant mon visage. Mes yeux se fermĂšrent et je crispai mes mains dans une pose animale, mes doigts Ă©cartĂ©s et mes ongles prĂȘts Ă  attaquer.
C'Ă©tait lĂ .
C'Ă©tait maintenant.
C'Ă©tait la fin.
J'Ă©tais morte.
« Je le savais ! »
Un coup de feu retentit tout Ă  coup. Mes Ă©paules en sursautĂšrent.
« Je reconnaßtrai ce cri entre mille ! C'est bien toi ! »
À mes pieds, je sentis le corps de mon pĂšre s'effondrer. Mon cƓur se serra. Histoire d'en ĂȘtre sĂ»re, j'avais ouvert un Ɠil, c'Ă©tait bien lui. Mon propre pĂšre, mort, perforĂ© d'une balle entre les deux yeux. Il Ă©tait allongĂ© sur le ventre, sa joue collĂ©e contre mon pied droit. Il ne bougeait plus.
Sa fourche lui avait Ă©chappĂ© et elle l'avait pĂ©nĂ©trĂ© droit dans l'estomac. Ses dents ressortaient de l'autre cĂŽtĂ©. La vue que j'avais me donnait les larmes aux yeux. Mes pleurs auraient dĂ» m'empĂȘcher davantage de le reconnaĂźtre, mais c'Ă©tait mon pĂšre. Je l'aurais reconnu mĂȘme sans mes propres yeux. Je savais faire la diffĂ©rence entre l'homme qui m'avait aimĂ©e, soutenue, Ă©duquĂ©e, fait tant de rire, et un parfait inconnu. MĂȘme avec les annĂ©es Ă©coulĂ©es. Il avait une odeur diffĂ©rente. Lui aussi sentait le pourris, tout comme maman. C'Ă©tait Ă  croire qu'ils Ă©taient faits de terre. Ils Ă©taient deux coquilles vides, mes parents Ă©taient morts.
J'étais à présent seule au monde.
« Eh, eh ! Tu m'entends ? »
Mes parents..
Une paire de mains me saisirent par les Ă©paules.
« Il faut qu'on s'en aille d'ici, on manque de temps ! »
« Pa-Papa..! »
Sa tĂȘte heurta le sol.
J'avais reculĂ© mon pied avec pour objectif de m'approcher de lui, peut-ĂȘtre que j'avais mal vu ? Mais non. Je revins brusquement Ă  la rĂ©alitĂ©. Ce fut en cet instant que j'entendis quelqu'un dire mon prĂ©nom. Je sentais aussi les mains posĂ©es sur mon corps. Chaudes et fermes. Et cette odeur.. Cette odeur masquait celle ignoble qui planait sur la ferme. Elle me rappelait..
« Luis ? »
Seigneur.
Je m'Ă©tais tournĂ©e afin de m'assurer que c'Ă©tait bel et bien lui, j'Ă©tais persuadĂ©e que mon esprit me jouait des tours. Mais c'Ă©tait lui, Luis. Il Ă©tait Ă  mes cĂŽtĂ©s, un pistolet prĂšs de lui dont le canon fumant me certifiait qu'il Ă©tait celui qui venait de tirer sur mon pĂšre. Il m'avait sauvĂ©e. Je n'Ă©tais pas en mesure de comprendre comment il avait atterri ici, ni de pourquoi il avait eu un timing aussi parfait. J'Ă©tais dans les vapes. J'Ă©tais... Je ne sentais mĂȘme plus mon corps. Mon esprit voguait au dessus de mon corps. Effectivement, je me trouvais hors de moi-mĂȘme.
« Merde. »
Je vis Luis poser deux doigts sur ma jugulaire. Il fronça les sourcils.
« Dis-moi, eh. Eh, eh. Regarde moi. »
Ses doigts se saisirent de mon menton, il me fit ainsi cligner des yeux et le questionner du regard.
« On t'a piquée avec quoi que ce soit depuis ton arrivée ? »
« Je.. Non ? Je- Je ne pense pas ? »
Il poussa un soupir.
« Tant mieux. » sourit-il. « Ça doit juste ĂȘtre la fatigue. Viens, je t'emmĂšne en sĂ©curitĂ©, accroche toi Ă  moi. »
Luis passa son bras autour de ma taille, ainsi, je pris appui sur lui et me levai.
« L-Luis ? »
Sa main libre se chargeait de sécher mes larmes.
« Tu as dû en baver, hein ? Désolé que tu aies vu ça, je voulais vraiment pas lui tirer dessus. »
« Tu as tué mon pÚre. »
Il s'arrĂȘta.
« Je... »
Luis posa une main affectueuse sur le cĂŽtĂ© de ma tĂȘte, sa paume sur mon oreille et mes cheveux. Ça avait Ă©tĂ© un peu soudain. Ses yeux me dĂ©visageaient. Il m'analysa l'espace d'un coup d'Ɠil, j'en vus Ă©branlĂ©e.
« Ça n'Ă©tait plus ton pĂšre, tu le sais, ça ? »
« Non. »
Je reniflai.
« Je-Je, je comprends rien. » avouai-je. « Et ton grand-pÚre alors ? Il va b-bien ? »
Luis détourna le regard.
Il rangeait son arme dans son dos et la masquait par sa veste de cuir. Je dĂ©glutis. Il faisait chaud. C'Ă©tait insoutenable. En mĂȘme temps, je frissonnais. C'Ă©tait confus. D'ailleurs, je ne savais mĂȘme pas si il faisait jour oĂč nuit. Le soleil se levait-il ou se couchait-il ?
« Il faut qu'on y aille. Je sais pas combien de temps il leur faudra pour nous rattraper, il vaut mieux partir maintenant. »
Luis jeta un coup d'Ɠil à mes jambes.
« Tu peux marcher ? »
« Je crois. »
Il me sourit.
« Alors c'est parti. »
Il nous dirigea tranquillement en direction des deux portes menant Ă  la cour de la ferme. Ce fut monstrueux. Insoutenable. Luis m'avait forcĂ©e Ă  contourner les cadavres de mes parents, il m'avait obligĂ©e Ă  conserver mon regard devant moi, Ă  ne pas leur dire au revoir. J'en eus le cƓur brisĂ©. Il tenait fermement ma hanche, il appuyait sur mon flanc, ce qui me faisait un mal de chien. Je marchais avec les dents serrĂ©es.
« OĂč est-ce qu'on va, Luis ? »
Il nous emmenait dans la ferme, je ne comprenais pas pourquoi. Qu'est-ce que nous pouvions bien faire avec les animaux ?
« Tu te souviens, quand on Ă©tait gamins ? » il dĂ©clara. « Mon grand-pĂšre m'emmenait dans la forĂȘt pour chasser, je connais ces bois comme ma poche, ses moindres recoins, jusqu'aux pierres et troncs d'arbres. »
J'acquiesçai. Mes pieds s'enfonçaient dans la boue, nous nous rapprochions de la petite cabane qui faisait face à la grange réservée des vaches. Ici, les barriÚres de bois tenaient à peine debout. Je commençais à comprendre.
« Et ceux du village, alors ? Qu'est-ce qui leur est arrivé ? » je m'interrogeai.
« Un virus, Las Plagas. »
« Las Plagas ? »
« Une saleté qui a contaminé tout le monde, y compris tes parents. Tous ceux de nos amis, pareil pour eux. Personne n'y a échappé. »
Luis s'arrĂȘta de marcher. Il me zieuta.
« Sauf toi et moi. »
Me gorge se serra.
« Nous sommes les seuls survivants ? »
Je le voyais se retourner pour bouger deux planches de bois, ainsi, il crĂ©a un passage passant de la ferme Ă  la forĂȘt.
« Ouais. Il ne reste que nous. »
J'avançai, suivie par lui. Luis referma le passage sur nos pas. C'Ă©tait surprenant, ainsi, ça semblait Ă©vident, pourtant, lorsqu'il m'avait amenĂ©e dans la cour, je ne m'Ă©tais absolument pas doutĂ©e qu'un passage Ă©tait prĂ©sent. Et, refermĂ©, j'aurais presque pu me tromper et ne pas retrouver les deux planches dont il s'Ă©tait saisis. Quoique, normal. Je restais vaseuse. Mon mal de crĂąne ne me quittait pas. Et j'avais toujours autant mal au cƓur. Il m'Ă©tait trĂšs douloureux.
C'Ă©tait vrai que tout Ă©tait horrible. J'Ă©tais revenue dans mon village natal quelques jours plus tĂŽt histoire de prendre des nouvelles de mes proches et me ressourcer. Je m'Ă©tais enthousiasmĂ©e Ă  l'idĂ©e de revoir mes parents, mon chien, mes amis. Ils m'avaient tous tant manquĂ©. Luis aussi. Je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant qu'il Ă©tait lui aussi revenu. C'Ă©tait une sacrĂ©e coĂŻncidence. Au final, j'avais Ă©tĂ© attaquĂ©e et traquĂ©e. J'avais dĂ» dormir en haut de la tour de mon village et lorsque j'Ă©tais descendue le jour suivant, j'avais Ă©tĂ© poursuivie et battue. Tout Ă©tait flou. J'avais aussi des images qui apparaissaient dans ma conscience lorsque le stress se faisait omniprĂ©sent dans mon esprit. Depuis ce matin, j'Ă©tais comme dans un Ă©tat second, je ne parvenais pas encore bien Ă  comprendre pourquoi. La prĂ©sence de Luis me faisait un bien fou. C'Ă©tait une Ă©paule sur laquelle me reposer, un soutien. Un ami. J'apprĂ©ciais le fait qu'il soit plus renseignĂ© que moi, c'Ă©tait rĂ©confortant.
Je me sentais moins déboussolée.
« Au fait. »
Le sol était ouvert en un chemin. Sûrement celui que Luis et son grand-pÚre avaient l'habitude de prendre pour chasser.
« Tu ne m'as toujours pas dit oĂč nous allions. »
Mes sourcils se froncĂšrent.
« Chez toi ? » je supposai.
Il secoua la tĂȘte.
« C'est trop dangereux, ils nous retrouveraient. » affirma-t-il. « Je connais un endroit pas trĂšs loin d'ici, tu pourras t'y reposer, te changer et mĂȘme manger. »
« Je.. J'ai pas trop d'appétit en ce moment. »
« Pareil. »
Sa réponse me prenait par surprise. Il avait marmonné dans sa barbe, les yeux rivés droit devant lui. Je l'observai faire.
Luis culpabilisait. Je le voyais par les traits travaillĂ©s de son visage, mais aussi je l'entendais dans le son de sa voix. C'Ă©tait bien la premiĂšre fois qu'il faisait cette tĂȘte. Lui qui d'habitude Ă©tait si joyeux et charmeur... Ça n'Ă©tait pas Ă©tonnant Ă  bien y rĂ©flĂ©chir. Il venait de tuer mon pĂšre de sang froid, il n'y avait pas de quoi rire.
Les bois Ă©taient plus accueillants.
Je regardais tout autour de nous, admirant la verdure et les oiseaux, animaux, qui traĂźnaient dans le coin. L'endroit semblait vierge. Il n'avait pas encore Ă©tĂ© touchĂ© par les villageois, de mĂȘme pour ce virus. Il faisait un peu sombre mais de la lumiĂšre parvenait tout de mĂȘme Ă  s'infiltrer ici et lĂ  avec pour objectif de nous guider. C'Ă©tait trĂšs calme aussi. Plus de grognement, de feu qui crĂ©pitait ou des hurlements de rage. Le contraste entre le village et les bois me frappa. J'y songeai avec la boule au ventre.
Luis raffermit soudain sa prise sur moi. Il ne me regardait pas, concentrĂ© sur notre trajet, toutefois, cela ne l'empĂȘcha pas de parler.
« Qu'est-ce qui t'as amenée à revenir ? »
« Ma famille..? »
Je collai ma tĂȘte contre contre bras. Mes paupiĂšres se faisaient lourdes.
« Mes.. Mes parents me manquaient. » balbutiai-je. « Je voulais revenir au calme. Rentrer Ă  la maison, me ressourcer. Tu sais, la ville parfois ça peut ĂȘtre de trop, j'Ă©touffais lĂ -bas. »
Je n'Ă©tais pas sĂ»re de si Luis en Ă©tait conscient, mais discuter avec lui m'aidait beaucoup. C'Ă©tait revigorant. Ça me faisait penser Ă  autre chose, ça aidait les battements de mon cƓur Ă  se calmer âžșmĂȘme si depuis le temps, ça aurait dĂ» ĂȘtre le cas, non..?âžș. Rien que de marcher Ă  ses cĂŽtĂ©s dans la forĂȘt de son enfance, de notre enfance. Je ne le remarquais qu'en cet instant : j'avais perdu mon hoquet. Je ne pleurais plus. Cet Ă©trange sentiment aprĂšs les pleurs, il Ă©tait lĂ , il me faisait me sentir flottant au dessus d'un nuage. Plus rien autour de moi ne faisait sens. Ça n'Ă©tait que brouillard et humiditĂ©.
« J'ai rien compris en arrivant ici. Tous ces cadavres, cette pourriture... C'est de la folie. »
Ma main libre s'accrocha Ă  son bras. De cette maniĂšre je marchais collĂ©e Ă  lui sans ĂȘtre secouĂ©e dans tous les sens. Luis ne dit rien. Cela ne sembla pas l'importuner, au contraire, puisque je le sentis me serrer un peu plus fort contre lui au mĂȘme moment.
« Tu m'as manqué. »
Il me regarda. Je l'imitai.
« Je te déteste, je suis fatiguée de te haïr, Luis. Mais rien que de te voir me remplie de colÚre. »
Il acquiesça.
« J'en suis conscient. Je n'en attendais pas moins de toi, pas aprÚs ce que j'ai fait. »
Je replaçai ma tĂȘte contre son bras, pour que, ainsi, je puisse regarder de nouveau devant moi, pour ne plus que je me perde dans ses beaux yeux charmeurs. J'en avais assez de sentir mon cƓur s'emballer. Son odeur et sa chaleur suffisaient amplement Ă  me rendre nerveuse, je ne voulais pas que son visage s'y mette aussi.
Ça n'Ă©tait pas le moment pour.
Le revoir m'avait pour autant ébranlée.
AprĂšs toutes ces annĂ©es, tout ce temps... Luis et moi nous retrouvions dans notre village natal, livrĂ©s Ă  nous-mĂȘmes et j'Ă©tais si soulagĂ©e de me tenir Ă  ses cĂŽtĂ©s. J'avais l'impression que plus rien ne m'arriverait.
« Merci d'ĂȘtre arrivĂ© Ă  temps. »
Le brouillard se faisait plus Ă©pais.
« À ton service, ma douce. »
J'esquissai un sourire.
Une branche craqua sous ma botte. Mon sourcil se arqua.
« Eh, attention. »
Luis m'empĂȘcha de tomber en s'accrochant Ă  mon flanc, le contact de sa main sur cette partie de mon corps me fit pousser une grosse plainte. Ça me faisait souffrir le martyr.
« Il faut regar- Merde ! Ça va ? »
Mes jambes lĂąchĂšrent, je m'Ă©croulai au sol.
J'entendis Luis crier mon prĂ©nom, cela sonna plutĂŽt comme un Ă©chos. J'Ă©tais... Je ne savais mĂȘme plus oĂč je me trouvais. Je commençais mĂȘme Ă  douter de l'existence de ce fameux brouillard. Deux mains se posĂšrent sur mes joues, un souffle chaud s'Ă©choua sur mon visage. J'Ă©touffais. Mes tempes palpitaient, la sensation Ă©tait rĂ©pugnante. J'apportai mes mains Ă  mon visage dans le but de l'arrĂȘter, mais ma jugulaire s'y mettait aussi. Puis mes tympans et mes poignets aussi. Plusieurs parties de mon corps se mirent Ă  palpiter. Le tout d'une intensitĂ© cauchemardesque.
Des petits cris m'Ă©chappĂšrent.
« Luis, Luis ! Je-Je t'en prie ! Fais que ça s'arrĂȘte ! »
Je me dĂ©battais contre lui, il me parlait âžșça avait plutĂŽt l'air d'hurlements, mais je n'en Ă©tais pas sĂ»reâžș cependant j'avais trop mal. J'Ă©tais torturĂ©e par ce supplice.
C'Ă©tait comme si mon corps s'Ă©tait mis Ă  agir de son plein grïżœïżœ. Je ne contrĂŽlais plus rien. Quelque chose en moi se rĂ©veillait.
Ce fut Ă  ce moment lĂ  que je le vis.
Lui, le grand homme au chapeau.
Cette vision me provoqua une immense douleur à la poitrine. Je m'en saisis dans un gémissement aiguë.
« J'ai mal ! J'ai si mal ! Pitié ! »
Ma gorge me picotait. Soudain, je m'en souvins. Luis m'avait demandé, une quarantaine de minutes plus tÎt, si j'avais été piquée par quoi que ce soit. J'avais dit non. Je n'en étais pas sûre. Depuis mon arrivée ici, je n'avais été que poursuivie et blessée. Je ne m'étais pas souvenue de lui, du moins, pas jusqu'à maintenant.
MalgrĂ© tout, je fus incapable de lui communiquer cette information cruciale. Je tremblais de douleur. Je voulais juste que ça s'arrĂȘte. L'on me grattait de l'intĂ©rieur. Un feu ardent m'intoxiquait les poumons. J'en pleurais. Mon dos se cambrait et mes mains se plaquĂšrent violemment contre le torse de Luis. Je m'accrochai Ă  lui. Mes poings se serraient.
« Luis- Luis ! »
Ma conscience m'abandonna soudainement. Mes pensées, je ne les entendais plus, je ne m'entendais plus réfléchir. Ce fut rapidement au tour de mes yeux. Ils roulÚrent en arriÚre.
La seconde suivante, je me réveillais.
« Eh, ma jolie. Tu es enfin debout ? »
Mes paupiĂšres s'ouvrirent doucement, je sentais ma bouche pĂąteuse, elle Ă©tait toute sĂšche. C'Ă©tait Ă©trange. Tout Ă©tais confus. Je ne m'Ă©tais pas sentie partir. Je me souvenais sans aucun mal de la douleur qui m'avait transpercĂ©, toutefois, je ne me rappelai pas m'ĂȘtre Ă©vanouie. Mon corps Ă©tait tout endoloris, il me donnait une mauvaise impression. J'Ă©tais comme prisonniĂšre de mon propre corps. Une chose qui ne me trompa point fut mon nez, une odeur en particulier. La sienne.
« Luis ? Luis, c'est- »
Malgré que je sois déboussolée, je le sentais me porter. Luis me tenait fermement contre son torse, un de ses bras sous mes genoux et l'autre dans mon dos.
« Tu m'as fait une sacrée frayeur, tout à l'heure. »
Il me sourit. Il avait l'air triste.
« J'ai bien cru que je t'avais perdue. »
« J'ai... J'ai mal Ă  la tĂȘte. »
Le bruit de ses pas rĂ©sonnait. L'endroit oĂč nous nous trouvions me paraissait confinĂ©, nous Ă©tions en intĂ©rieur.
« Je m'en doute. »
Luis me lança un regard bien curieux.
« Pourquoi ne pas m'avoir dit que tu avais été piquée ? J'aurais pu t'aider. »
Oh. Il Ă©tait en colĂšre.
« Je ne m'en souvenais pas. » avouai-je.
C'Ă©tait la vĂ©ritĂ©, du moins, une partie de la vĂ©ritĂ©. Je me doutais de la raison, mon cƓur se faisait lourd. Il me pesait comme le poids des regrets qui me ralentissait depuis bien des annĂ©es dĂ©jĂ . Je n'Ă©tais mĂȘme plus capable de le regarder dans les yeux. Je n'avais mĂȘme plus envie de lui parler.
« Tu ne me fais pas confiance. »
Je roulai des yeux.
« Ne dis pas de bĂȘtise. » rĂ©pondis-je avec difficultĂ©.
« Je le sens bien, pourtant. »
Luis me rapprocha de lui sans pour autant arrĂȘter de marcher. Outre le sujet de notre conversation, ĂȘtre ainsi portĂ©e et entourĂ©e par tout ce calme me faisait du bien. Cela contrastait avec les jours catastrophiques que j'avais passĂ© en tant que fugitive. Surtout, que je le veuille ou non, je n'Ă©tais plus seule.
« Quelque chose s'est brisé entre nous. Depuis... »
Sa gorge se serra, je l'entendis. Luis ne parvint pas Ă  mettre des mots sur son acte.
« Depuis que tu m'as abandonné. »
Alors je m'en étais chargée.
À cela, il dĂ©tourna le regard, embarrassĂ©.
Luis n'avait jamais dĂ©sirĂ© s'attarder Ă  la campagne, c'Ă©tait un ĂȘtre indomptable. Un Ă©lectron libre. Il avait toujours voulu dĂ©couvrir le monde et surmonter ses limites, rester ici aurait Ă©tĂ© contraire Ă  ses principes. À son ĂȘtre tout entier. Alors, quelques temps aprĂšs avoir eu officiellement dix-huit ans, Luis Ă©tait parti pour la grande ville. Il avait fait ses bagages, s'Ă©tait vantĂ© auprĂšs de nos amis, nos familles. Il avait cĂ©lĂ©brĂ© le commencement de sa nouvelle vie, jurant de revenir le plus tĂŽt possible afin de nous donner de ses nouvelles autre que par le biais de lettres. Et il s'en Ă©tait allĂ©. Il m'avait laissĂ© derriĂšre. Parce que, certes, il avait beau avoir saluĂ© nos proches, le jour de son dĂ©part, Luis n'Ă©tait pourtant pas venu Ă  ma rencontre. Il Ă©tait parti sans un mot. Depuis ce jour, j'avais refusĂ© d'entendre parler de lui.
Je le lui avais bien dit : je le détestais.
Il m'avait brisĂ© le cƓur.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Quoi ? »
Une de mes mains s'en alla toucher ma nuque. Je frÎlai une partie précise avec mes doigts, je trouvais rapidement la source de mes angoisses. La trace d'une piqûre.
« Cet homme barbu, il m'a.. Il m'a injecté quelque chose un peu plus tÎt, je n'ai pas pu m'en souvenir. Qu'est-ce que c'est ? »
Luis resta muet. Sa réaction me fit arquer un de mes sourcils, c'était bien curieux.
« Luis ? Tu me caches quelque chose ? »
Toujours rien.
Mon cƓur se serra Ă  cette constatation. Qu'est-ce qu'il avait changĂ©... Presque quinze ans que je ne l'avais pas vu, il Ă©tait mĂ©connaissable. Moins joueur, charmeur. Le Luis qui me tenait dans ses bras Ă©tait bien loin du garçon qui m'avait volĂ© mon premier baiser dans la cabane derriĂšre la grange de ma ferme. Il n'Ă©tait pas le mĂȘme adolescent qui s'Ă©tait battu avec son voisin parce qu'il m'avait offert une rose le jour de la Saint-Valentin, ou encore moins le jeune adulte qui m'avait tant de fois entraĂźnĂ©e dans les bois pour "m'apprendre Ă  chasser". Repenser Ă  lui de cette maniĂšre me choqua. Cette version de Luis me donna des papillons dans le ventre, une dĂ©licate sensation qui remplaçait celle qui m'avait torturĂ©e lorsque j'eus perdu connaissance.
L'homme qui me serrait contre lui Ă©tait un ĂȘtre brisĂ©. Ça n'Ă©tait pas seulement aujourd'hui, pas le simple fait qu'il avait abattu mon pĂšre de sang froid ou que notre village natal s'Ă©tait transformĂ© en un repaire de zombies. Non. Non, c'Ă©tait bien plus que ça.
Et, honnĂȘtement, j'avais peur de demander.
« Tu avais raison. »
Dans le couloir, nous passĂąmes devant une pancarte. Laboratoire B, Ă©tait-il inscrit. Et mes paupiĂšres se firent de nouveau lourdes.
« Je ne te fais pas confiance. »
Remarquant mon état, Luis me rapprocha de lui. Il murmura quelque chose. Je fus incapable de déchiffrer ses propos, ils étaient en anglais. Son accent me charma. Un sourire stupide s'en alla fleurir sur mes lÚvres, songeant que, sûrement, il m'avait appelée par un de ses surnoms favoris.
« Je t'aimais tellement.. »
Il me regarda.
Nous entrùmes dans une piÚce, j'entendis deux grandes portes se refermer sur nos pas, le bruit fit échos dans les recoins de la piÚce, tandis que Luis accéléra le pas. Il courait presque, son regard rivé dans le mien, torturé par la surprise et l'effroi.
« Je t'ai toujours aimé. » ris-je avant qu'une quinte de toux ne me surprenne.
« Économise tes force, » il dĂ©clara sur un ton paniquĂ©. « Repose toi, on est bientĂŽt arrivĂ©s. »
« Tu m'entends, Luis ? Je ne suis pas muette. »
Il secoua vivement la tĂȘte. Mes mains Ă©taient tachĂ©es de sang.
« Je t'ai entendu, ma douce. »
La piĂšce et le couloir que nous avions traversĂ© Ă©taient dĂ©jĂ  bien loin. À prĂ©sent, nous nous trouvions dans un laboratoire, une immense piĂšce frigorifiĂ©e dont les faibles lumiĂšres blanches me permirent d'observer les alentours avec plus d'attention. En mĂȘme temps, Luis me prĂ©cipita au fond de la piĂšce, en direction d'un fauteuil.
Il y avait des dossiers, des meubles. Tout Ă©tait... C'Ă©tait impensable.
L'endroit ne correspondait pas du tout aux conditions de vie de notre village. Tandis que lĂ -bas l'endroit tombait en ruines, tout construit Ă  base de bois, abĂźmĂ© par le temps et la pauvretĂ©, ici, tout n'Ă©tait que luxe. Un fauteuil de dentiste se trouvait de profil dans la piĂšce, au dessus, un immense lampe ronde. Tout autour, il y avait des cabinets blancs, des outils de recherches, des objets chirurgicaux. MĂȘme une immense armoire mĂ©tallique dont la couleur grise reflĂ©tait quelques rayons lumineux des lampes posĂ©es ici et lĂ  de maniĂšre Ă  Ă©clairer l'endroit. C'Ă©tait suffisant. Presque comme pour ne pas attirer l'attention. La lumiĂšre Ă©tait suffisante, elle Ă©clairait de justesse, permettant Ă  Luis de ne pas trĂ©bucher, pour autant, Ă©normĂ©ment de coins de pĂ©nombre persistaient dans l'endroit. Ça n'Ă©tait pas du tout rĂ©confortant. J'avais peur.
« Luis ? Luis.. »
Je m'accrochai à son avant-bras alors qu'il m'allongea sur le fauteuil. Son regard torturé croisa le mien souffrant. Qu'il était doux... Il me frÎlait, me cueillait, toujours avec délicatesse, comme par peur de me voir voler en éclats.
« Luis, qu'est-ce qui va m'arriver ? »
La paume de sa main me toucha. DĂ©licatement, il me caressa, j'en souris avec mes forces restantes.
« Je vais te soigner, voilà ce qui va t'arriver. Tout ira bien. »
Ses yeux se balancùrent de mon Ɠil droit à celui de gauche.
« Juste pour cette fois, fais-moi confiance. »
Ma main sur son avant-bras glissa jusqu'Ă  trouver sa propre main. C'Ă©tait Luis le responsable. En mĂȘme temps, il s'assit sur un tabouret Ă  roulettes et entremĂȘla nos doigts dans une Ă©treinte serrĂ©e.
« Ne t'en fais pas. Tout ça ne sera bientĂŽt qu'un mauvais rĂȘve. »
Je me sentais Ă©tourdie. J'Ă©tais perplexe.
La lumiĂšre au dessus de moi m'aveuglait.
Je remarquai enfin les outils qui me surplombaient, ils étaient étendus au plafond, ou plutÎt fixés sur celui-ci. Trois espÚce de bras robotiques dont l'extrémité contenait des trous. Ma gorge se noua. Un roc me tomba dans l'estomac. Est-ce que... Est-ce que ça allait m'ouvrir ? Allais-je mourir ? Je me sentais tout de suite moins certaine.
« L-Luis- a-attends. »
Je tirai sur sa main, attirant ainsi son attention.
Lui qui avait le nez collé sur le vieil écran poussiéreux d'un ordinateur, se tourna finalement pour me faire face. Luis me questionna du regard. Il fit rouler le tabouret jusqu'à moi, à ma hauteur, il déposa son autre main sur mon visage. J'avais chaud. Le regard de Luis se perdit sur mes clavicules nues, je n'avais pas besoin de le voir pour le savoir, j'étais moite et brûlante. Je me sentais tressaillir aussi, lorsque je m'y attendais le moins, mon corps était briÚvement pris de spasmes.
« Je veux p-pas mourir. »
Mes lĂšvres tremblaient d'elles-mĂȘmes, je me sentais stupide. Je savais que ce n'Ă©tait pas par embarras que j'agissais comme ça, c'Ă©tait mon corps qui mourait. Mais, faire face Ă  Luis dans cet Ă©tat m'enrageait.
« J'ai peur. »
« Je m'en doute, ma douce. » murmura Luis. « Tu vas tenir le coup, hein ? Bien sûr que tu vas le faire. Tu as toujours été trÚs obéissante et parfaite, il n'y a pas de raison pour que ça change maintenant. »
Un sifflement dans ma poitrine me frappa de plein fouet, mon dos se cambra en réponse.
Je m'accrochai Ă  la main de Luis, la broyant au passage, de l'autre, je m'agrippai Ă  un espĂšce de bĂątonnet intĂ©grĂ© dans l'accoudoir du fauteuil. La douleur en mon sein me trancha le cƓur en deux. J'en pleurais. Mes jambes Ă©taient secouĂ©es dans tous les sens. Luis avait beau essayer de me maintenir en place, de coller son front au mien de maniĂšre affectueuse et de me promettre que tout irait bien, la chose prĂ©sente dans ma poitrine me certifia le contraire. Je comprenais ce que c'Ă©tait. Las Plagas n'Ă©tait pas un virus, c'Ă©tait un parasite. Une crĂ©ature qui, injectĂ©e dans un corps, voyait le jour, elle se frayait un chemin au centre de la poitrine jusqu'au reste du torse et broyait au passage les organes vitaux de l'hĂŽte. C'Ă©tait ça. C'Ă©tait ce que je vivais. C'Ă©tait ce qui Ă©tait en train de m'arriver.
J'avais un parasite en moi.
J'avais un putain de parasite à l'intérieur de mon corps. Un monstre.
« Je t'en prie.. »
Je soufflai contre les lĂšvres de Luis. Je n'avais mĂȘme plus la force d'ouvrir les yeux, Ă  vrai dire, je n'avais plus la force de faire grand chose... Je ne me sentais mĂȘme plus vivre. J'Ă©tais sĂ»rement dĂ©jĂ  morte.
« Sauve-moi, Luis. Par pitié. »
« Tiens toi à ma main. »
« Ne la lùche pas. »
« J'y comptais pas. »
Je le vis dans le coin de l'Ɠil me sourire alors que, dĂ©jĂ  Ă©cartĂ© de moi, il apporta son index Ă  la barre espace du clavier. Mes yeux se plissĂšrent, pensant mal voir. Il appuya enfin dessus. Les mouvements provenant au dessus de moi me forcĂšrent Ă  lever la tĂȘte, j'aperçus les trois bras s'activer, ils tournĂšrent sur eux-mĂȘmes, pivotĂšrent et enfin s'allumĂšrent. Une vive lumiĂšre bleutĂ© m'aveugla.
« Je suis pas- »
Ma poitrine se retrouva déchiquetée en deux. Je ne me tenais pas qu'à la main de Luis, je la réduisais en miettes. La souffrance qui me fut infligée était incomparable, indescriptible.
C'Ă©tait Ă  l'instar de brĂ»ler de l'intĂ©rieur, je sentais mes poumons en flamme. Mon corps Ă©tait pris de spasmes. Je m'Ă©touffais dans ma propre salive, cherchais dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  m'extirper de l'emprise des trois bras mĂ©tallique pour que ça s'arrĂȘte. Ils tournaient au dessus de moi. Ils me broyaient de l'intĂ©rieur et je continuais de hurler. Je beuglais Ă  m'en blesser la gorge, mĂȘme mes yeux s'y mettaient, ils pleuraient d'eux-mĂȘmes. Je ne contrĂŽlais plus rien. Je n'Ă©tais mĂȘme plus maĂźtresse de mes propres pensĂ©es. Je ne songeais qu'Ă  une chose : la peine que cette douleur me provoquait.
Je sentais le parasite à l'intérieur de moi s'agiter. De ses pattes, il grattait. Il grattait mes organes, fouillait ma chair et gesticulait. Il rampait tant, je le sentais partout en moi, j'avais l'impression de le sentir sur mes moindres membres.
Qu'il parte. Qu'il disparaisse !
Ma tĂȘte se renversa en arriĂšre. Une main saisit mon Ă©paule, tenta de me maintenir plaquĂ©e contre le fauteuil, nĂ©anmoins, j'Ă©tais trop alarmĂ©e pour me laisser faire. Je ne m'exprimais qu'Ă  travers mes hurlements. Il n'y avait que ça. Douleur, peine, souffrance, blessures, chagrin. Que j'avais mal... Je me mourais de l'intĂ©rieur. Un feu ardent s'embrasait dans ma poitrine et la fumĂ©e toxique qui s'en Ă©chappait intoxiquait mes poumons jusqu'Ă  me faire mal avaler ma salive. Mon cƓur se faisait dĂ©chirer en deux. Lentement, violemment, il se fit dĂ©truire.
Je perdis une seconde fois connaissance, ma raison s'en alla de nouveau.
Elle eĂ»t pliĂ© bagages et disparu, me laissant Ă  deux pas de la mort, le doigt pressĂ© sur la sonnette, prĂȘte Ă  entrer dans l'autre monde.
Tout Ă©tait Ă  prĂ©sent brumeux. Mes pensĂ©es, mes souvenirs, mes sentiments. Je n'avais aucune idĂ©e d'oĂč je me trouvais. Avais-je les yeux ouverts ? Mon entourage Ă©tait familier mais je n'Ă©tais pas sĂ»re de l'apercevoir, c'Ă©tait plutĂŽt mes poids qui se hĂ©rissaient, mes narines qui Ă©taient titillĂ©es par une odeur familiĂšre et le creux dans mon estomac qui s'en alla.
Une paire de bras m'enlacĂšrent. Quelque chose se pressa dans mon dos, un souffle s'Ă©choua sur ma nuque et mon cƓur battit plus vite.
Je l'aurais reconnue entre mille.
« Ma fille. »
Ma mĂšre.
Violemment, je fus projetée en arriÚre. Quelques secondes plus tÎt, j'étais dans un tout autre monde, touchant du bout des doigts l'au-delà, auprÚs de mes défunt proches, les suivantes, je sentais mon dos percuter un meuble. Mes yeux se rouvrirent. Un hoquet étranglé me quitta.
« Maman ! »
Ma main ne la toucha pas, pas mĂȘme qu'elle n'effleura son image. Mes doigts ne firent que se diriger vers le plafond et m'offrir en consĂ©quence un vide impossible Ă  combler au sein de ma poitrine. Je m'Ă©tais rĂ©veillĂ©e d'un coup. J'happai l'air autour de moi. J'en manquais cruellement. Le corps assit sur cet Ă©trange fauteuil de mĂ©decine, je tournais pourtant en rond. J'Ă©tais dĂ©boussolĂ©e, incapable de faire confiance Ă  ma vue tandis que ma cervelle Ă©tait secouĂ©e dans tous les sens.
« Aïe.. »
Apportant ma main Ă  mon front, j'observai la piĂšce. Je clignai rapidement des yeux.
C'Ă©tait lui, le laboratoire. Toujours aussi lugubre, dĂ©corĂ© d'Ă©lĂ©ments scientifiques ne correspondant point Ă  l'endroit oĂč nous nous trouvions actuellement. Un coin perdu dans une campagne d'Espagne. Ouvrir la porte et tomber sur un centre-ville aurait fait plus sens, je peinais Ă  croire que nous n'avions pas bougĂ©. Ou peut-ĂȘtre avions nous ? Peut-ĂȘtre que Luis nous avait emmenĂ© ici via sa voiture, je n'en Ă©tais pas sĂ»re. Tout Ă©tait flou, rien ne faisait sens. J'Ă©tais incapable de ressentir quoi que ce soit, je ne songeais qu'Ă  cette situation cruelle.
Cela me permit de constater que j'étais seule. Assise au milieu de ce laboratoire, un silence cruel m'accompagnait. Il me tenait compagnie. Il titilla aussi ma curiosité. Je ne pus résister à l'envie de me lever, je déposai dÚs lors mes pieds au sol et m'en allai me dégourdir histoire d'étirer mes muscles à travers une petite balade.
J'eus contemplé machines, fils, seringues tubes, ordinateurs, dossiers top secret.
Luis ne revint qu'une quarantaine de minutes aprÚs, les mains vides et la mine aggravée.
« Tout va bien ? »
Je demandai cela en me rasseyant sur le fauteuil, mes jambes étaient épuisées. Luis referma la porte du laboratoire sur lui et m'offrit un léger sourire. Me voir avait fait s'illuminer son visage. Il me rejoignit à coup de grandes enjambées.
« Comment tu te sens ? »
Sa main saisit la mienne. Il l'apportait à sa joue, il l'embrassa délicatement.
« Est-ce que je suis guérie ? Je me sens... LégÚre. »
« Tu l'es. » il acquiesça. « Le virus a été anéanti, il n'est plus du tout présent dans ton systÚme. Tu es comme neuf. »
Il Ă©tait si beau. ÉlĂ©gant.
Je me perdais dans ses yeux.
« Luis, merci. Pour tout. »
« Je t'en prie. Je n'allais pas te laisser comme ça, je te le devais bien. »
Oui, c'Ă©tait vrai.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »
Il descendit nos mains sur le fauteuil, sans pour autant les séparer.
« Je veux dire, pour le virus, les habitants. Il faut appeler quelqu'un, prévenir les autorités et- »
« Je suis déjà sur le coup, ma douce. N'aie crainte. »
« Vraiment ? »
« Je te conseille juste de fuir, toi, tu n'as plus ta place ici. » déclara Luis. « Tu m'es bien trop précieuse, je ne pourrais plus me supporter si jamais un quelconque malheur devait t'emporter. »
« ArrĂȘte... »
Je détournai les yeux.
« Je veux... Je veux savoir ce qui se passe ici. Je veux trouver les responsables et leur faire payer. »
Je veux rester avec toi.
« Je n'ai plus envie de partir. Ne serait-ce que pour ma famille, en leur mémoire. »
Luis caressa mon visage avec sa seconde main. Le contact de son pouce sur ma joue me fit soupirer d'aise, elle Ă©tait toute chaude et si douce. Il me touchait encore comme ça. Comme si il avait peur que je vole en Ă©clats. Ça me faisait beaucoup d'effet.
« Mon pÚre, il... »
Je déglutis.
« Ça faisait longtemps qu'ils Ă©taient comme ça, mes parents ? »
« D'aussi loin que je me souvienne. » affirma Luis sur un ton songeur. « Ils ont dĂ» ĂȘtre touchĂ©s par le virus assez tĂŽt, les porteurs ont la tendance Ă  le rĂ©pandre vite. »
« Tu crois qu'ils ont souffert ? »
Mon cƓur se serra Ă  cette pensĂ©e.
J'imaginais ma mÚre pleurer, submergée par un profond sentiment d'horreur. Mon pÚre s'armer d'un fusil mais rapidement se faire attaquer par une armée de monstres. Ils avaient dû avoir si peur... Ils étaient morts sans que j'aie pu leur dire que je les aimais. La réalité de la situation me frappa. Elle me heurta de plein fouet. Plus jamais, je ne les reverrai. Ils étaient morts. Mes parents étaient morts.
« Non, non. »
Luis apporta avec panique ses mains sur mon visage, il se dĂ©pĂȘcha d'essuyer mes larmes de ses pouces. Il rĂ©colta mes pleurs et grimaça. Puis, mon prĂ©nom quitta sa bouche.
« Focalise toi sur moi. »
Je m'accrochai Ă  ses poignets.
Mes doigts s'enroulaient autour de ceux-ci.
« Je- Je peux pas- »
Pourtant, j'y parvins. Cela se produisit lorsque je remarquais à quel point Luis et moi étions proches, nos nez à deux doigts de se toucher. Cela me calma immédiatement.
« Je suis dĂ©solĂ©e, je devrais ĂȘtre plus raisonnable, mais- »
« Non.. »
Luis déposa son front sur le mien.
« Tu as vécu beaucoup de choses éprouvantes depuis ton retour. Moi aussi j'ai eu du mal à y croire en voyant tes parents dans cet état, ceux de nos amis d'enfance aussi. C'était à peine croyable. »
Il raffermit sa prise sur mon visage, m'offrant un regard sérieux.
« Ne t'excuse pas d'ĂȘtre peinĂ©e, ma douce. Ça te rend plus humaine. »
Ses mots me touchĂšrent.
« Tu m'as manqué. »
Luis sourit.
« Toi aussi. »
Il se rapprochait de moi. Il Ă©tait si prĂšs de moi, nos lĂšvres venaient de se frĂŽler. Les poils de sa barbe me chatouillaient, j'en pouffais. Je ne me rappelais cet instant dans notre jeunesse lorsque trois poils avaient commencĂ© Ă  lui pousser sur le torse, Luis s'en Ă©tait vantĂ© durant des semaines. Tout le village en avait ri. Il s'Ă©tait auto-proclamĂ© homme. Il Ă©tait mĂȘme allĂ© jusqu'Ă  me trouver et...
Tout ça remontait à si loin.
Les traits de son visage restaient familiers. Ça me surprenait pourtant toujours autant de le regarder, Luis Ă©tait un homme Ă  prĂ©sent. Un homme dans toute sa grandeur et splendeur. Ça me laissait bouche bĂ©e.
Ses épaules étaient plus grandes, plus fermes. Ses bras étaient musclés et les traits autour de ses yeux parsemés de rides. Sa peau était décorée par quelques imperfections, le temps avait laissé son emprunte sur lui, le rendant encore plus beau qu'il ne l'avait été durant ses années de jeunesse. Luis était à présent mature. Je me perdais dans son regard. Il m'était si familier. C'était divin. Lui faisant face de cette maniÚre, j'avais cette impression qu'il ne m'avait jamais abandonnée, qu'il s'était simplement absenté l'espace d'une semaine et qu'il me revenait avec ardeur. Je me mordis l'intérieur de la joue à cette pensée. Le sentiment d'embarras qui me submergea me brûlait jusqu'aux oreilles et à l'estomac.
« Tu as grandi.. »
Luis esquissait un rictus.
« Tu trouves ? »
« Mhh. J'aime beaucoup ta veste. Et tes cheveux aussi, tu les as laissé pousser. »
Je le questionnai du regard lorsqu'en guise de réponse, Luis recula. Ses mains sur les cÎtés de mon visage firent davantage pression dessus, il masqua mon ouïe et déglutit à ma vue.
« Tu es ravissante, aussi jolie que la derniÚre fois que je t'ai vue. Aussi magnifique que dans mes souvenirs. »
Ses propos me rendirent toute gĂȘnĂ©e. Ses yeux se perdirent sur mon faciĂšs, il me contempla avec grande attention, il ne laissait rien lui Ă©chapper. Cela me mit mal Ă  l'aise. Je devais ĂȘtre horrible Ă  voir, aprĂšs tous ces jours Ă  courir, Ă  mourir de faim et aprĂšs avoir autant pleurĂ©. Luis ne dit cependant rien Ă  ce propos lĂ . Il m'admirait avec un petit sourire et, dans ses yeux, une lueur scintillait. Elle brillait avec force.
« Je.. »
Mes mains tremblaient.
Elles remontĂšrent sur ses coudes jusqu'Ă  se poser sur ses Ă©paules. Je l'imitai finalement, posant mes paumes sur son visage, l'attrapant en coupe. Mon Ă©piderme se frotta aux poils de sa barbe. Cette partie Ă©tait chaude. Mes pouces trouvĂšrent leur place sous ses yeux, je les caressai avec attention. Je bougeai doucement, comme par peur de le briser.
« Je n'ai jamais cessé de penser à toi, tu sais.. »
Luis arqua un sourcil. Il me jetait un coup d'Ɠil rempli de curiositĂ©, un Ă©clat de malice dedans.
« Tien donc.. »
« Je ne sais pas comment, ça fait prÚs de quinze ans qu'on s'est pas vus pourtant. Je suis allée voir ailleurs, ils n'ont jamais su te remplacer. »
J'avais envie de le serrer dans mes bras. J'avais envie de le retrouver, de ne plus jamais le laisser me glisser entre les doigts. Je l'aimais tant... C'Ă©tait asphyxiant.
Luis Ă©tait mon premier amour aprĂšs tout, il Ă©tait dĂ©jĂ  suffisamment dur de l'oublier comme ça, mais aprĂšs qu'il ait fait chavirer mon cƓur, il m'Ă©tait impossible de faire une croix sur lui. Il faisait battre quelque chose en moi, outre mon cƓur. C'Ă©tait mon Ăąme. Je la sentais vibrer intensĂ©ment pour lui, elle criait Ă  l'aide, dĂ©sirant se coller Ă  la sienne et ne faire qu'un. Luis rĂ©veillait quelque chose en moi Ă  me regarder de cette façon.
« Toi aussi, mon amour. »
Son pouce caressa ma lÚvre inférieure.
« Pas instant ne s'est écoulé sans que je ne regrette de ne pas t'avoir emmenée avec moi. »
« Je t'aurais suivi. »
J'aurais tout laissé derriÚre moi pour lui, je ne mentais pas. J'avais déjà tant sacrifié auparavant, juste pour ses beaux yeux. Juste pour qu'il continue de me murmurer des choses romantiques ou salaces dans le creux de l'oreille, pour qu'il continue de baiser mon épiderme et de me faire l'amour jusqu'à en perdre ma voix.
« Je sais. »
Luis cessa de me regarder pour observer mes lĂšvres.
« Je le sais bien, ma douce. »
« Cette.. »
Je déglutis, nerveuse.
« Cette fois, tu ne repartiras pas, n'est-ce pas ? »
Je m'accrochais Ă  lui, anxieuse Ă  l'idĂ©e de sa rĂ©ponse. Luis secoua la tĂȘte.
« Pas sans toi, en tout cas. » il me taquina. « Si tu le désires autant que moi. »
« Oui. »
Je me pinçais les lÚvres.
« S'il te plaßt. » murmurai-je. « Prends moi avec toi, ne pars plus. Ne me laisse plus. »
Luis embrassa la commissure de mes lĂšvres. Il embrassa ensuite ma lĂšvre infĂ©rieure, il la bĂ©cota. Ces deux baisers suffirent Ă  ma peau pour s'embraser, j'en suais, ma peau se fit moite. Mon cƓur eut bondi de ma poitrine. Mes mains s'accrochĂšrent Ă  sa mĂąchoire. J'Ă©tais Ă©tourdie de nouveau, cependant, cette fois-ci, pour les bonnes raisons.
« Je t'aime tellement... »
Ma respiration s'accélérait.
Luis scella enfin nos bouches.
Mes yeux roulĂšrent en arriĂšre en consĂ©quence. Ma confession ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, j'en Ă©tais consciente. À la façon dont Luis m'embrassait et me touchait, je savais qu'il pensait la mĂȘme chose, que mon aveux lui avait fait effet. Alors, en retour, je l'embrassais. Ce fut dĂ©licieux. Nos bouches se mouvant l'une contre l'autre, nos torses se touchant... J'en eus des papillons dans l'estomac. Mon bas ventre s'enflamma. Sa salive tomba dans ma bouche, elle se mĂȘla Ă  la mienne, nos langues se trouvĂšrent rapidement. Le contact de son muscle rose contre le mien me fit gĂ©mir. Je poussai quelques plaintes contre lui. Il Ă©tait doux et chaud. Mes mains remontĂšrent et se perdirent dans sa chevelure, j'y pris appui. Luis, quant Ă  lui, n'avait toujours pas bougĂ© la position des siennes. Il me maintenait en place, refusant que j'incline la tĂȘte pour mieux me goĂ»ter.
Notre échange fut parfait. Un bon mélange entre sensualité, passion et amour. Voilà bien des années que je n'avais pas été embrassée ainsi.
Luis me laissa à bout de souffle lorsqu'il se sépara de moi. Mon front se collait contre son épaule, sa veste de cuir. J'inspirai alors son odeur, remplissant mes poumons de ce doux nectar jusqu'à en avoir le tournis. Luis agrippa mes hanches de ses mains, il écarta mes jambes de maniÚre à se placer entre celles-ci et baisa tendrement ma gorge.
« Je ne vais plus pouvoir me passer de toi maintenant. » me susurra-t-il.
Je l'entendais respirer contre moi.
« Tu me rends fou. »
J'avais terriblement chaud. De mĂȘme pour mon cƓur, il devenait fou, il battait si vite que j'en couinais. C'Ă©tait inconfortable. Il palpitait contre mes os, forçant mes veines Ă  pomper plus rapidement mon sang. Être aussi proche de Luis n'aidait pas. Il Ă©tait bouillant. Nos deux corps compressĂ©s l'un contre l'autre Ă©taient deux grosses fournaises, elles Ă©taient prĂȘtes Ă  tout exploser, Ă  tout rĂ©duire en poussiĂšre.
Un seul mot pouvait le décrire en cet instant.
Magnifique.
Luis avait un petit rictus aux coins des lÚvres. Il m'admirait. Ses yeux pétillaient, ils brillaient d'un éclat ravissant. Mes doigts touchaient un peu ses cheveux. Quelques mÚches s'étaient retrouvées devant son visage, d'autres derriÚre ses oreilles. Cette coiffure lui allait vraiment bien. Il faisait trÚs mature, trÚs élégant.
« Tu m'as manqué. »
« À ce point ? » m'Ă©tonnai-je, penchant la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©.
Luis pressa ses paumes sur mes hanches. Il me força à rester assise sur le fauteuil tandis qu'il se rapprocha de moi, faisant se toucher nos fronts.
« Tu n'as pas idée. » il avoua. « Tu es bien mon plus grand regret. »
Ses paroles me faisaient beaucoup d'effet. Enfin, c'était évident, comment de tels mots auraient-il pu me laisser de marbre ? Mais... C'était intense. Notre proximité, son corps et le mien, toute cette chaleur et ce désir. Nous empestions l'amour. C'en était presque répugnant. Sentir ses doigts saisir ma chair, ses pupilles dilatées me détailler. La réalité de la chose me frappait soudainement. Mes yeux s'ouvraient en grand.
C'Ă©tait un rĂȘve.
Ça n'Ă©tait pas possible autrement. C'Ă©tait trop beau pour ĂȘtre vrai.
« Viens, il est temps. »
Luis recula. Il me tendit sa main.
Intriguée, je le dévisageai. Néanmoins, je lui offris ma main en retour et descendis du fauteuil. Le laboratoire n'était-il pas notre destination finale ? Quoique...
« Tu m'avais promis de quoi manger et faire ma toilette, c'est vrai. Je m'en souviens. »
Luis acquiesça.
« C'est ça. »
« On ne va pas à la cabane de ton grand-pÚre, j'imagine ? »
« Non. Ils nous retrouveraient trop facilement. »
Luis ouvrait les grandes portes du laboratoire et nous fit sortir. Droit en direction du couloir menant Ă .. Ă  l'extĂ©rieur ? Je le suivais, confuse, les jambes encore un peu faibles. Mon corps n'Ă©tait plus trĂšs souffrant âžșquelques blessures ici et lĂ , de quoi bien me rĂ©veillerâžș mais il restait capricieux. Je prĂ©fĂ©rais me coller Ă  Luis. Pour qu'il me supporte, bien sĂ»r.
« J'ai une autre cachette, dans les bois. » m'avouait Luis. « Un endroit dont personne n'a jamais entendu parler, nous y serons en sécurité, je te le promets, ma douce. »
« Tu penses que j'aurais assez de force ? »
« N'aies crainte. Je te porterais si nécessaire. »
Un faible rire me quittait. Je posai ma tĂȘte sur son Ă©paule.
« Quel gentleman tu fais, Luis. Merci. »
« C'est le moins que je puisse faire, voyons. » répondit-il d'un ton exagérément charmeur.
Ce Luis lĂ  m'Ă©tait familier. Je n'osais pas regarder dans sa direction, je dĂ©tournai la tĂȘte, observant le couloir, surprise. Cette interaction me ramenait en enfance. Aux annĂ©es de notre adolescence.
Luis et moi nous promenions beaucoup dans la forĂȘt comme ça, bras dessus, bras dessous. Durant des heures entiĂšres, perdus ou connaissants notre chemin. Mes parents n'avaient jamais dĂ©testĂ© Luis, il Ă©tait certes un peu Ă©trange, et notre diffĂ©rence d'Ăąge de deux ans n'aidait pas, mais il avait toujours Ă©tĂ© respectueux. D'aussi loin que je me souvienne, il n'avait toujours eu d'yeux que pour moi. Que j'aie treize ans, quinze ans, dix-huit, ou maintenant vingt-six, je n'avais pas l'impression que grand chose avait changĂ©. Ou alors peut-ĂȘtre que c'Ă©tait juste le lieu ? Il Ă©tait vieillot, tant qu'il nous ramenait dans le passĂ©. Je me revoyais Ă  ses cĂŽtĂ©s, lors de nos sorties nocturnes âžșj'avais Ă©chappĂ© Ă  mes parents, ceux-ci assoupiâžș et Luis m'emmenait Ă  un splendide et gigantesque lac sur lequel la lune et ses amies les Ă©toiles scintillaient. Lors des pleines lunes, le paysage Ă©tait Ă  couper le souffle. Une beautĂ© sur laquelle il aurait Ă©tĂ© impensable de mettre le prix.
« Ça faisait longtemps. »
Je jetai un coup d'Ɠil Ă  Luis, intriguĂ©e.
« De ? »
Ses doigts raffermirent leurs prises sur ma main. Il y fit un signe de la tĂȘte.
« Ça. » rĂ©pliqua-t-il. « Toi, moi, main dans la main. Rien pour nous sĂ©parer. »
« Je pensais justement Ă  la mĂȘme chose. » j'avouai avec amusement.
« Oh ? »
« Je t'assure ! »
Les couloirs s'Ă©taient changĂ©s, ils n'Ă©taient Ă  prĂ©sent plus faits de mĂ©tal, mais de pierres. De la vieille pierre usĂ©e, et des lustres dĂ©corĂ©s de bougies en guise de source de lumiĂšre. Ça m'Ă©tait Ă©trangement familier. Le silence dominait le moment. Mes bottes touchaient la pierre au sol, le bruit fit un peu Ă©chos âžștout comme les chaussures de Luisâžș mais hormis ça, c'Ă©tait trĂšs calme. D'ailleurs, il faisait trĂšs froid. La pensĂ©e que nous nous trouvions dans un chĂąteau âžșpuisque ceux-ci n'avaient pas de radiateursâžș me fit briĂšvement pouffer. J'avais beau ĂȘtre vaseuse, encore dans les vapes, ça m'Ă©tait impensable de concĂ©der que nous nous trouvions dans quelque chose d'aussi majestueux.
De toute façon, nous ne nous attardions pas ici. Luis m'ouvrait la porte boisée sur mes pas, celle-ci laissait soudain place à du vert. Elle. Elle et encore toujours elle. Pour toujours et à jamais.
La forĂȘt de mon village.
« On devrait se dĂ©pĂȘcher. » parla mon ami. « Le soleil ne va pas tarder Ă  se coucher. »
Tandis que je descendais les marches de pierre sous moi, je zieutais Luis, dubitative.
« Tu n'as pas de lampe de poche avec toi ? »
« Plus maintenant. » affirma-t-il, tout en me suivant. « J'en volerais une autre, lorsque l'occasion se présentera. » il conclut.
« Tu voles ? »
Il souriait.
« Je suppose qu'on peut me le pardonner, en vue des circonstances. »
Il Ă©tait... Son sourire...
« Mhh.. »
Je me pinçai rapidement les lÚvres.
« J'imagine. »
Luis sauta les deux derniĂšres marches. Il passa son bras autour de mes Ă©paules avec grand enthousiasme et me colla contre lui. Ses gestes furent brusques, ils me prirent de court.
« Allons-y, ma douce ! » s'exclama-t-il. « Je te promets repos et nourriture à volonté ! En avant ! »
Luis me forçait Ă  avancer, j'en riais. Nous nous engouffrĂąmes dans la forĂȘt, sans un regard en arriĂšre. Je n'osai pas imaginer la grandeur de la structure qui se trouvait derriĂšre nous, et c'Ă©tait vrai : je n'osai pas. Je ne me retournai pas.
Je suivis Luis jusqu'à sa dite destination. Tendant l'oreille lorsqu'il conta les années qu'il eu passé en tant que scientifique dans le monde extérieur, les amis qu'il s'était fait et à quel point il avait désiré que je sois présente à ses cÎtés pour vivre tout cela. Nombre de fois, il m'eût présenté ses excuses, embrassée et dévisagée. Le trajet dura longtemps. Si longtemps que nous arrivùmes au curieux endroit juste aprÚs que le soleil ne se soit couché.
Depuis l'extérieur, je ne voyais rien. Seulement, Luis nous faisait marcher étrangement assez proche d'une montagne. Sa main libre touchait la roche, il bougeait la verdure qui lui bloquait le passage et marmonnait quelques jurons. Le spectacle était distrayant. Ma main toujours dans la sienne, j'étais dans son dos, mes bottes tachées de boue et un grand sourire sur les lÚvres.
« Jackpot. »
Luis ouvrit une porte. Soudain, un jet de lumiĂšre nous Ă©claira.
Luis nous prĂ©cipita Ă  l'intĂ©rieur, il referma la solide porte aprĂšs s'ĂȘtre assurĂ© que personne ne nous avait suivi en dĂ©visageant le paysage, ainsi que le chemin que nous avions prĂ©cĂ©demment empruntĂ©. De mon cĂŽtĂ©, je passais au peigne fin l'endroit. De mes yeux.
La piĂšce Ă©tait unique. Il n'y avait pas de portes, pas de couloir, ça n'Ă©tait que quatre murs assemblĂ©s avec assez d'espace pour une poignĂ©e de meubles et que moi et Luis puissions tenir debout sans avoir besoin de nous coller l'un contre l'autre. Les meubles Ă©taient antiques, de mauvais Ă©tat. Il y avait une armoire, une commode, une maigre cuisine, un lit et deux longs barils dans un coin, cĂŽte Ă  cĂŽte, abandonnĂ©s. Il n'y avait pas de fenĂȘtre, mais une source de lumiĂšre au plafond lĂ©gĂšrement rouge, et une seconde sur la table de nuit proche du lit, nous Ă©clairaient. C'Ă©tait suffisant. Le parquet sur lequel nous marchions se faisait bruyant. Il grinçait sous mes pas. J'eus mĂȘme peur qu'il ne s'effondre.
« Qu'est-ce que c'est ? Cet endroit, je veux dire. »
Luis retira son arme, il la déposa sur la table collée contre le mur. Les murs, d'ailleurs. Ils étaient taillés, faits de pierre de la montagne dans laquelle nous avions trouvé refuge.
« J'ai trouvé cet endroit il y a quelques semaines. » m'avoua Luis. « Apparemment, un homme de notre village a été chassé il y a une trentaine d'années. »
« Il s'est installé ici ? »
« C'était un mineur. » m'expliqua-t-il. « Il ne voulait pas quitter la campagne, mais ne pouvait pas revenir. Il s'est caché ici avant de mourir de faim. »
Un carnet reposait sur la commode proche du lit. SĂ»rement un journal intime. Il y avait aussi un porte-manteau, dĂ©corĂ© de deux chapeaux et de vestes. L'armoire boisĂ© devait ĂȘtre encore pleine, je songeais.
« Tu veux manger quelque chose ? »
Je retirai mon surplus de vĂȘtements, abandonnai le tout et jetai un coup d'Ɠil Ă  Luis. Je n'y avais pas fait attention, trop confuse, mais une dĂ©licieuse odeur flottait dans l'air. Elle avait Ă©tĂ© bloquĂ©e depuis l'extĂ©rieur par l'Ă©paisse porte, mais dĂ©sormais Ă  l'intĂ©rieur, je la sentais avec aise.
« Est-ce que c'estâžș »
« J'ai volé la recette à tes parents dÚs que j'ai pu. »
Proche de l'armoire, se trouvait une cheminĂ©e, elle Ă©tait faite de pierre, dĂ©corĂ©e d'une Ă©tagĂšre ornĂ©e de photographies. Au dessus du feu, une marmite bouillait. Ça sentait bon le ragoĂ»t, avec une grosse touche de salĂ© mais aussi une fine de sucrĂ©.
Comme ma mĂšre savait si bien les faire.
« Luis... »
J'apportai mes mains à mes bras. Je frémis.
« J'ai toujours aimé la cuisine de ta mÚre. » me conta le brun, une spatule de bois à la main. « Est-ce que tu veux goûter ? Je peux te faire autre chose, si ça te dérange. »
Je pris place sur le lit.
« Non, non. Un ragoût me va, ça sera parfait. »
AprĂšs tout, c'Ă©tait le repas idĂ©al afin de regagner des forces. Entre lĂ©gumes, viandes, et saveurs, ce repas n'avait d'Ă©gal que son odeur fantastique, il me ramenait en enfance, au coin du feu, Ă  observer la mixture bouillir, oĂč Ă  table, Ă  frapper le bois de mes couverts tant je criais famine sous l'expression tendre de ma gĂ©nitrice. Et, comme lorsque j'Ă©tais petite, la simple odeur de ce dĂ©licieux nectar suffit Ă  me donner l'eau Ă  la bouche.
« Ça ne sera pas aussi bon que celui de ta mĂšre, Ă©videmment. Mais je pense qu'Ă  force de pratique j'ai rĂ©ussi Ă  faire quelque chose de bon. »
« Je n'en doute pas. » souris-je.
Le lit Ă©tait de mauvaise qualitĂ©, de mĂȘme pour le matelas. Les draps se contentaient d'une couverture, un vieux plaid parsemĂ© de peluches. Mes cuticules se coinçaient dans le tissu. Je rapprochai mes mains, les dĂ©posai sur mes cuisses. À quelques mĂštres de moi, Luis continuait de touiller dans la marmite, accoudĂ© contre l'Ă©tagĂšre de la cheminĂ©, une expression sĂ©vĂšre sur le visage, concentrĂ©e. J'en profitai.
Luis Ă©tait grand. Il portait de jolie chaussures de cuir, un jean et une veste marron assez similaire Ă  ses souliers. Son accessoire, posĂ© sur la table, me fit de l'Ɠil. Le meuble Ă©tant proche du lit, je fus apte Ă  simplement me pencher pour attraper le pistolet. Certes, je m'Ă©tais pliĂ©e en deux et avais exagĂ©rĂ©ment Ă©tirĂ© mes membres, mais cela me permit de ne pas poser un pied au sol, j'en fus reconnaissante.
L'arme Ă©tait lourde. Cela m'en coupa le souffle.
Elle Ă©tait longue aussi, du moins son canon. Le reste Ă©tait fin. Le pistolet Ă©tait facile Ă  manier, sĂ»rement tout autant facile Ă  recharger. De part sa splendeur et simplicitĂ©, je me retrouvais bientĂŽt dans un Ă©tat d'Ă©merveillement prenant. Je n'avais jamais Ă©tĂ© fan d'armes Ă  feu. J'Ă©tais consciente de leur existence, peu familiĂšre au toucher, mais j'en avais dĂ©jĂ  vu. Notamment le fusil de monsieur Benavente, l'homme bizarre et constamment sur ses gardes qui vivait dans la plus grande maison du village. J'Ă©tais venue chez lui, enfant, et n'avais pas pu me sortir de la tĂȘte son arme, me demandant souvent lorsque je rĂȘvassai, quelle sensation cela procurait de tirer.
Luis devait le savoir.
Le canon Ă©tait froid.
Cela faisait des heures qu'il s'en Ă©tait servi pour abattre mon pĂšre. Je ne l'avais pas vu faire, cependant je jurais qu'il n'avait pas hĂ©sitĂ© lorsqu'il avait Ă©tĂ© question de leur ĂŽter la vie âžșde sauver la mienneâžș.
La voix de Luis me coupa dans mes pensées.
« Tu t'en es déjà servis ? »
Relevant la tĂȘte, je le vis servir un bol boisĂ© sur la table, dorĂ© de ce que je songeais ĂȘtre une cuillĂšre de bois Ă  l'intĂ©rieur. Luis regardait mes mains. Je tiltais.
« Non, jamais. » confessai-je.
Je me levai, lui rendis son pistolet et pris place Ă  table.
« Je ne savais que toi, tu.. Tu sais. »
Luis rit nerveusement. Il astiqua l'arme aidé par la manche de sa veste de cuir, tùtait le canon nerveusement.
« Il fallait bien. » il déclara. « Avec ces choses, dehors, j'étais contraint de sortir armé, de me protéger. D'apprendre à tirer sur ceux que nous connaissions et aimions autrefois, avant qu'ils ne soient touchés par ce parasite. » argumenta-t-il.
J'hochai la tĂȘte, mangeant mon dĂźner. J'avais l'oreille tendue.
« Le repas te plaßt, ma douce ? »
J'acquiesçai.
« C'est délicieux, Luis. »
La viande Ă©tait un peu trop cuite. Elle ne fondait pas aussi bien sur la langue que lorsque ma mĂšre le faisait, mais le goĂ»t Ă©tait au rendez-vous, plaisant et bien balancĂ© entre le sucrĂ© et salĂ©. Surtout : c'Ă©tait mangeable. En cet instant, c'Ă©tait ce qui m'importait. J'Ă©tais extrĂȘmement reconnaissante de l'effort qu'il avait fait Ă  me faire de quoi souper, mais j'Ă©tais aussi heureuse d'avoir quelque chose de bon et nourrissant Ă  me mettre sous la dent. Dans mes souvenirs, Luis n'avait jamais Ă©tĂ© un grand chef. Il Ă©tait trop maladroit pour.
Cette pensée me fit sourire.
Les souvenirs du passĂ© me hantaient. Telle une main dĂ©posĂ©e sur l'Ă©paule, ils me rĂ©confortaient, m'aidaient Ă  me faire Ă  l'idĂ©e que tout avait changĂ©. Ils me guidaient. Car, certes, Luis Ă©tait mĂ©connaissable, mais au fond, tout comme moi, certaines choses restaient les mĂȘmes. Cela fut amplement suffisant afin de me calmer. Cela apaisa mon cƓur Ă©puisĂ©.
Je finis mon dĂźner dans le calme.
Mon bol vide, je le nettoyai, m'en dĂ©barrassai ensuite sur l'Ă©tagĂšre au dessus de la cheminĂ©e. Luis avait Ă©teint le feu, recouvert la marmite d'un couvercle de bois. Le tout se fit dans un silence confortable. Luis Ă©tait allongĂ© sur le lit, son dos touchant le mur, et un livre dans les paumes de ses mains. Je me reculai de la cheminĂ©e, touchant la ceinture autour de ma jupe au passage, soudain un peu gĂȘnĂ©e par le fait d'ĂȘtre ainsi vĂȘtue.
« Tu crois que je peux me changer ? »
« Il y a une salle de bain juste à cÎté. » me confia-t-il.
« OĂč ça ? » je m'Ă©tonnai.
Luis ferma son livre et me rejoignit.
« À l'extĂ©rieur, dans la mĂȘme montagne. L'accĂšs depuis l'intĂ©rieur a Ă©tĂ© bloquĂ©, je ne sais pas pourquoi. » dĂ©veloppa-t-il, saisissant ma main au passage. « Je vais te montrer. »
Luis et moi sortions de la piĂšce, revenant Ă  l'extĂ©rieur. Luis l'avait fait avec nonchalance tandis que moi, je me retrouvais surprise de constater que, une fois la porte refermĂ©e et cachĂ©e derriĂšre la verdure de la forĂȘt, il Ă©tait impossible de se douter que quelqu'un pouvait vivre ici. Le soleil Ă©tait Ă  prĂ©sent couchĂ©. La lune illuminait le monde haut dans le ciel. En consĂ©quence, il faisait froid. ExtrĂȘmement froid.
Luis ouvrit une seconde porte et, l'espace d'une petite heure, j'eus l'opportunitĂ© de me dĂ©crasser et d'enfin me retrouver. La douche n'avait pas Ă©tĂ© de grande qualitĂ©, l'eau, glacĂ©e, et je fus contrainte d'enfiler une chemise Ă  Luis pour Ă©viter de me prĂ©senter face Ă  lui dans ma tenue d'Ève. Mes vĂȘtements Ă©taient dans un Ă©tat inquiĂ©tant, boueux, dĂ©chirĂ©s, puants et couverts de sang, sueur. Mais cela fut amplement suffisant. J'en ressortis revigorĂ©e. AccompagnĂ©e de mon ami d'enfance, nous rentrions dans la piĂšce initiale du lieu, ainsi, je m'en allai me rĂ©chauffer auprĂšs du feu. Mon linge sale fut abandonnĂ© sur la table, de mĂȘme pour mes chaussures, toutefois, eux trouvĂšrent leur place au sol.
Le feu crĂ©pitait joliment. OrnĂ© de rouge, jaune et orange, il se noya dans mon regard, se reflĂ©ta dans mes yeux. Il Ă©tait chaud Ă  souhait. Peut-ĂȘtre mĂȘme un peu trop. Je le sentais brĂ»ler la pulpe de mes doigts, la sensation n'Ă©tait pas particuliĂšrement agrĂ©able, mais cela me ramenait sur Terre, me permettait de me sentir vivre. Il me rĂ©chauffait surtout, en vue de ma tenue.
Luis s'accroupit à mes cÎtés. Il m'imita.
« Tu te sens mieux, ma douce ? »
Je lui offris un sourire sincĂšre.
« Beaucoup. »
Étant assise au tailleur au sol, je n'eus aucun mal Ă  me rapprocher de lui. Luis manqua de perdre Ă©quilibre, nĂ©anmoins, il ne me repoussa pas lorsque je posai ma tĂȘte contre son bras. Il me jeta un coup d'Ɠil, prit par surprise. Il n'obtint rien en retour. La splendeur du feu, son Ă©lĂ©gance, ses moindres mouvements accompagnĂ©s de grĂące continuaient de s'accaparer mon attention.
J'étais dans l'incapacité de regarder autre chose.
« Merci pour tout, Luis. Je t'ai déjà remercié, non ? Je ne m'en souviens plus. »
« Mhh, pas de problÚme. »
Une de ses mains se plaqua contre la surface de mon visage qui n'était pas collée contre son bras. Sa paume recouvra cette partie. Il me pressait un peu plus contre lui.
J'aurais voulu le toucher un peu plus. Quelques heures plus tĂŽt, nous avions sautĂ© un grand pas âžșou nous Ă©tions revenus au point de dĂ©part ? De base, nous Ă©tions bel et bien amoureux. À prĂ©sent, nous l'Ă©tions Ă  nouveau. Je ne savais plus trop sur quel pied danser avec lui, oser me blottir contre lui et aller trop vite, ou rester dans mon coin et manquer de prĂšs la chance de revivre les meilleures annĂ©es de ma vie. Je ne savais plus quoi lui dire.
Je me sentais toute nerveuse.
Peut-ĂȘtre que, finalement, le feu ne m'intĂ©ressait pas tant que ça. Ça n'Ă©taient pas les premiers bouts de bois que je voyais se faire calcinĂ©s sous mes yeux, mais c'Ă©tait bel et bien la premiĂšre fois que je revoyais Luis. J'Ă©tais passĂ©e de jeune adolescente passionnĂ©e Ă  une jeune femme plus mature et un poil fatiguĂ©e. Je n'Ă©tais sĂ»rement plus aussi spontanĂ©e qu'auparavant. Moins dĂ©licieuse, enivrante. En revanche, Luis, lui... Luis Ă©tait restĂ© le mĂȘme.
Un peu comme une poupée
Oui c'Ă©tait ça. C'Ă©tait tout Ă  fait ça. Je l'avais retrouvĂ© dans notre village, exactement le mĂȘme, peut-ĂȘtre plus ĂągĂ©, mais toujours le mĂȘme Luis dont j'Ă©tais tombĂ©e amoureuse. Le mĂȘme Luis qui m'avait brisĂ© le cƓur et qui aujourd'hui recollait les morceaux sans mĂȘme s'en soucier. Il Ă©tait intact. Parfait. Une perfection Ă  vous en couper le souffle et Ă  bien vous demander si vous n'ĂȘtes pas en plein rĂȘve. Ou en pleine folie.
« Tu es bien pensive. »
Luis caressait ma joue du bout de son pouce. Je tournai la tĂȘte.
« Désolée, tu disais ? »
« Je te demandais si tu voulais te reposer. »
Sa proposition me tenta. Toutefois, je la déclinai.
« Non, ça ira. J'aimerais rester ici encore un peu, si ça te dérange pas. » répondis-je. « Mais tu peux y aller, toi, si tu veux. »
Luis secoua la tĂȘte.
« Moi non plus, je n'ai pas sommeil. »
Son pouce s'approcha de ma lÚvre inférieure, il la frÎla. Mes yeux, quant à eux, louchÚrent sur sa bouche.
« Je peux rester ici aussi, si ça ne t'embĂȘte pas, bien sĂ»r. » murmura Luis.
« Non, je t'en prie.. Reste. »
Je posai ma paume sur le dos de sa main posĂ©e sur ma joue. Je m'accrochais Ă  lui, de peur de le voir s'en aller, de peur qu'il ne commence Ă  hĂ©siter et Ă  penser que tout cela n'Ă©tait que pure folie. Ça n'Ă©tait pas le cas. Je m'Ă©tais empressĂ©e de le lui faire comprendre.
« Dis-moi. »
Luis pivota de maniÚre à me faire face. Il tomba à genoux et se saisit de mon visage en coupe, me forçant ainsi à me tourner vers lui. De profil à la cheminée, face à face, je ne pus lui échapper.
« Combien d'hommes as-tu embrassé aprÚs moi ? »
Mes paupiĂšres se faisaient lourdes. À force de le regarder mon corps avait sombrĂ© dans la folie, le fait qu'il me touche.. Je flottais sur un nuage.
« TrÚs peu. »
« Mais tu m'as embrassé moi. » insista-t-il. « Pour quelle raison ? »
Mes mains se saisirent de ses poignets, je me penchai dans sa direction. Il m'imita.
« C'est idiot, je t'assure. »
Je souris lorsque nos fronts entrĂšrent en contact.
« J'en avais juste envie. »
Luis compressa mes joues. Il me toisait avec beaucoup d'intensitĂ©, tout comme moi, comme si il peinait Ă  croire que ce qui se dĂ©roulait sous ses yeux Ă©tait la rĂ©alitĂ©. Cela nous Ă©chappait, autant Ă  lui qu'Ă  moi. J'avais le cƓur qui tambourinait dans ma poitrine, une horde de papillons dans le bas ventre pour couronner le tout. J'Ă©tais... J'Ă©tais en extase. Je ne quittais pas mon nuage. Luis avait sautĂ© le pas, il m'avait rejoint dessus, nous Ă©tions donc tous les deux sur ce morceau de coton, main dans la main, peau contre peau. Il n'y avait plus que nous.
Il n'y avait jamais eu personne d'autre.
Ça avait toujours Ă©tĂ© ainsi. Lui et moi.
Adolescents, jeunes adultes, adultes.. C'Ă©tait Ă  l'instar d'Ăąmes sƓurs. Peut-ĂȘtre Ă©tions-nous des Ăąmes sƓurs ? Au final... Des ĂȘtres qui, selon la lĂ©gende, Ă©taient destinĂ©s Ă  se retrouver et s'aimer inlassablement jusqu'Ă  la fin des temps. Dans la vie, la mort, le temps et l'espace. Oui. C'Ă©tait ce que nous Ă©tions. Tout Ă  fait. Il n'y avait plus aucun doute.
« Luis.. »
Mes mains s'accrochaient dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  ses poignets, le feu me brĂ»lait la peau, ma respiration saccadĂ©e blessait mes poumons. Je.. J'Ă©taisâžș
« Luis. »
Son nom quittait mes lĂšvres tel un chant nouĂ© par du dĂ©sespoir. Que dire ? Que faire ? Ainsi face Ă  lui, mes pupilles rivĂ©es dans les siennes, je n'avais plus qu'un seul et unique dĂ©sir. C'Ă©tait Ă©vident. À prĂ©sent..
« Embrasse moi, je t'en prie. »
Luis s'humecta les lĂšvres.
Quelques mĂšches de ses cheveux titillaient ma peau, d'autres cachaient ses yeux. Je libĂ©rai ma main droite afin de remettre de l'ordre dans sa coiffure, frĂŽlant sa pommette, sa joue, sa barbe, sa tempe. Je bougeai doucement. Je ne voulais pas dĂ©pĂȘcher les choses. Cependant, alors que je m'apprĂȘtais Ă  caresser son visage, une fois ma tĂąche conclue, Luis s'Ă©tait saisi de mon poignet.
Il tira ma main jusqu'Ă  sa chemise entrouverte. Il me glissa dans son vĂȘtement et posa ma paume lĂ  oĂč je fus apte Ă  sentir son organe vital palpiter. Son regard n'eut pas quittĂ© le mien tout le long. Pas mĂȘme lorsque mes yeux s'Ă©taient Ă©carquillĂ©s. Son cƓur battait vite, il avait sombrĂ© dans la folie. Je pouvais presque l'entendre. Il battait Ă  l'unisson avec le mien, dans une dĂ©licieuse symphonie.
« Ma douce.. »
Luis frotta son front au mien.
« Permets-moi de te faire mienne. »
Sa main toujours posée sur ma joue s'approcha de mon menton, elle le saisit.
« Afin que plus jamais je ne te fasse l'affront de t'abandonner. Ça n'est pas digne de moi, ni de mes sentiments. »
J'hochai vigoureusement la tĂȘte.
« Je t'en prie, Luis. »
Mes ongles s'enracinĂšrent dans son pectoral.
« J'ai toujours été à toi. »
« De mĂȘme. »
Il baisa tendrement ma lÚvre inférieure.
« Il n'y a toujours eu que toi, mon cƓur est tien depuis le dĂ©but. À jamais. »
Son aveu me fit sourire. Nous étions désormais si proches que, dÚs que nous nous mettions à parler, nos lÚvres se touchaient. Et, finalement, Luis attrapa fermement mes épaules de ses deux mains. Puis, il m'embrassa. Nos bouches se rencontrÚrent, bercées par la chaleur du feu nous observant. Ce fut divin. Nous partageùmes un tendre baiser, amants, amis, ennemis, rancune, amour, amertume, tout disparu pour laisser place à un sentiment dont j'avais pourtant pensé perdu.
La sérénité.
Dans cette habitation perdue dans les bois, au cƓur de cette pandĂ©mie meurtriĂšre, de ce gĂ©nocide, ce dĂ©but de fin du monde, Luis et moi trouvĂąmes refuge dans les vestiges de notre amour.
Et cela fut amplement suffisant pour soigner les blessures du passĂ©. J'en ressortis nouvelle. ComblĂ©e. Éprise. J'Ă©tais dĂ©sormais prĂȘte Ă  tout pour rester aux cĂŽtĂ©s du garçon dont j'Ă©tais tombĂ©e amoureuse depuis si longtemps. Quitte Ă  tout sacrifier, jusqu'Ă  la vie que j'avais battit au cours de ces derniĂšres annĂ©es. Tout cela ne faisait pas le poids face Ă  la possibilitĂ© de tout reconstruire Ă  ses cĂŽtĂ©s et de revivre les plus charmants instants de mon existence. Remplis d'innocence et d'amour. C'Ă©tait d'une Ă©vidence accablante.
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sloubs · 3 years ago
Note
HC de toi :
Tu parles aux objets inanimés (et c'est adorable), mais tu as parfois l'impression d'avoir du mal à te faire entendre auprÚs d'autres humains.
Tu as la capacité de concentration d'un écureuil pour certains trucs et d'une tortue millénaire pour d'autres. Et il y a d'autres trucs, ça dépend des jours.
Tu as un jour voulu tu couper les cheveux trÚs court, mais tu n'as pas osé en ayant peur que ça ne t'aille pas.
Il y a plein de peluches dans ton lit.
Tu es pas trÚs materialiste mais tu as genre UNE fringue sentimental que tu aimes plus que tout au monde. Genre si ça crame chez toi, tu pars avec (si tous tes proches sont en sécurité bien sur).
Tu aimes le bleu.
c'est pas que j'ai du mal à me faire entendre, j'ai surtout du mal à me faire comprendre.....du coup j'parle à mon chat ou toute seule ça dépend, les objets c'est vraiment quand je me prends dedans, j'peux dire pardon à une chaise
OUI j'peux passer une journĂ©e entiĂšre sur un dessin et ĂȘtre focus que sur ça, par contre si un truc m'intĂ©resse pas du tout j'vais pas y prĂȘter attention plus de 3 secondes đŸ˜©
J'AVAIS plein de peluches au bout de mon lit quand j'étais petite, aujourd'hui j'ai qu'un seul chien en peluche géant que j'ai depuis que j'ai 9 ans fjskfjsk et je suis pas matérialiste du tout non, ni attirée par la thune ou quoi mais si mon sac à dos dr martens crame un jour j'suis pas sûre de m'en remettre
et j'aime le bleu....oui...tout le monde aime le bleu nan? j'aime surtout le VERT :)
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alexar60 · 4 years ago
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Tableau
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Il prĂ©parait les couleurs quand elle entra silencieusement. Seule la plante des pieds toucha le sol lĂ©gĂšrement poussiĂ©reux. Il n’était pas du genre Ă  faire le mĂ©nage au quotidien. Elle n’attendit pas son salut, s’asseyant d’abord tout en observant les diffĂ©rents cadres exposĂ©s en vrac un peu partout. Timide, elle resta calfeutrĂ©e dans son peignoir allant jusqu’à recroqueviller le torse contre ses genoux.
Une fois le camaĂŻeu prĂȘt, il dĂ©cida de porter l’attention sur la jeune femme. Il la regarda, attendit qu’elle se prĂ©pare. DĂšs lors, lentement, elle laissa glisser la robe de chambre avant de se lever pour la poser sur une chaise. Puis, elle se dirigea sur le canapĂ© afin de prendre la pose. Il l’observa sans juger ses formes rondes. Ses yeux n’avaient qu’un intĂ©rĂȘt artistique pour sa poitrine bombĂ©e ou ses fesses fermes. Il attendit puis demanda qu’elle s’allongeĂąt tout en restant accoudĂ©e. Elle exĂ©cuta ses recommandations sans jamais dĂ©voiler son sexe en gardant les cuisses serrĂ©es.
Il la scruta du regard si bien qu’elle rougit. Toutefois, il n’y avait rĂ©ellement rien de pervers dans sa façon de l’observer, il cherchait simplement la meilleure maniĂšre de la reprĂ©senter sur la toile. Parfois, il posait quelques questions surprenantes, sur sa vie, son travail, sa famille, ses Ă©tudes. DĂšs lors, il sentit une curieuse sympathie lorsqu’elle raconta ĂȘtre en troisiĂšme annĂ©e des Beaux-arts.
Elle s’étonna de voir son visage si sĂ©rieux. Il Ă©tait rĂ©putĂ© pour son travail extravagant. D’ailleurs, elle s’attendait Ă  voir son portrait dĂ©formĂ©, caricaturĂ© ou mĂȘme rĂ©duit Ă  la simple forme d’un carrĂ©. Il Ă©tait capable de tout et c’est sa folie exubĂ©rante qui faisait de lui l’artiste en vogue.
Il posa une derniĂšre question qui la fit Ă©trangement frissonner. Elle ne savait pas quoi rĂ©pondre, se demandant si elle serait Ă  la hauteur de ses exigences. Elle rĂ©pondit simplement : le dessin. A ce moment, son sourire afficha des dents mal soignĂ©es montrant qu’il Ă©tait plus souvent dans ses dĂ©lires que dans l’entretien de sa propre personne. Il approcha du modĂšle et tendit le pinceau.
Elle resta immobile, aussi muette, surprise. Puis, comprenant que le peintre Ă©tait sĂ©rieux, elle se leva tout en prenant l’instrument qui allait la faire entrer dans la postĂ©ritĂ©. Pendant qu’elle avançait vers le canevas, il se dĂ©shabilla entiĂšrement. Loin de se sentir ridicule, il prit ses aises et tourna sur lui-mĂȘme tout en lui demandant quelle pose il devait prendre. Elle rougit en voyant le maitre dans la tenue d’Adam. Puis, elle proposa de simplement s’assoir.
DĂšs lors, il prit un tabouret et choisit de croiser les jambes, le coude posĂ© sur un genou afin de montrer son attention au public. Elle souffla, s’assit Ă  son tour, et attendit que ses mains arrĂȘtent de trembler. Elle en oublia de se rhabiller. Elle rĂ©flĂ©chit sur le dessin, le regardant scrutant le bonhomme qui, une fois Ă  poil, n’avait rien d’impressionnant. Elle remarqua l’embonpoint de son ventre. Elle apprĂ©cia rapidement le tatouage sur son torse et commença Ă  peintre sur la toile une forme de corps humain.
Curieusement, il avait proposĂ© de regarder en mĂȘme temps son travail, obligeant la jeune femme Ă  lui tourner le dos. Elle manƓuvra gracieusement aussi bien qu’elle dessinait. Bien qu’il apportĂąt quelques conseils, il fut Ă©bahi par sa technique. Il s’émerveilla Ă  voir son portrait se dessiner presque parfaitement sur le cadre. Il avait trouvĂ© son Ă©lĂšve, elle avait trouvĂ© son mentor.
Et de cette histoire naquit une grande relation platonique parce que l’amour n’est pas uniquement charnel.
Alex@r60 – fĂ©vrier 2021
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kaantt · 3 years ago
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32 avec Galessin et bébé Gauvain ?
(DĂ©solĂ©e d'en envoyer autant je m'arrĂȘte lĂ  😭)
Gauvain Ă©tait assoupi dans son lit, il Ă©tait recouvert de draps et de couvertures et une serviette humide Ă©tait posĂ©e sur sa tĂȘte. Le prince d'Orcanie Ă©tait fiĂ©vreux et forcĂ© de garder le lit depuis plusieurs jours. Le seigneur Galessin le veillait depuis le premier jour, restant nuit et jour au chevet de son prince. Gauvain entrouvrit les yeux attirant immĂ©diatement l'attention de son protecteur. Galessin quitta sa chaise pour venir s'agenouiller au chevet du prince :
« Comment vous sentez-vous Gauvain ? » Demanda gentiment le duc.
Le petit prince lui adressa un sourire un peu faible mais il rĂ©chauffa le cƓur du duc d'Orcanie. Il voulut ouvrir la bouche pour lui rĂ©pondre mais aucun mot ne sortit. Une toux grasse et bruyante fut la seule rĂ©ponse que put obtenir le chevalier. Inquiet Galessin posa la paume de sa main sur le front de son petit protĂ©gĂ© aprĂšs avoir retirĂ© la serviette, il Ă©tait encore brĂ»lant.
« Vous ĂȘtes encore tout fiĂ©vreux... Vous avez mal quelque part ?
-Non seigneur Galessin... J'ai pas mal. » Réussi à articuler Gauvain.
Le duc d'Orcanie embrassa tendrement le front du petit prince avant d'attraper une petite fiole bleue posée sur la table de chevet. Gauvain se camoufla sous ses couvertures dÚs qu'il comprit qu'il allait devoir prendre une nouvelle fois son médicament. Galessin agrippa les draps d'une main et découvrit le visage du prince d'Orcanie. Celui-ci s'allongea sur le ventre pour rendre l'accÚs à s bouche plus compliqué.
« Gauvain, s'il-vous-plaßt... Vous devez prendre votre remÚde.
-Non ! Je veux pas c'est pas bon ! C'est mauvais les potions de Uinda ! Grogna l'enfant.
-C'est pas trĂšs gentil ça Gauvain... Elle va ĂȘtre triste Uinda quand je lui raconterai que tu ne veux pas prendre ton remĂšde parce que tu ne le trouves pas bon. DĂ©clara le duc en faisant mine de quitter la piĂšce.
-Non attendez ! Le dßtes pas à Uinda ! »
Le duc d'Orcanie sourit avec un air victorieux, il savait que maintenant l'enfant allait céder. Il s'assit, la petite fiole toujours dans sa main.
« Je vais la prendre la potion. » Grommela l'enfant.
Galessin retira le bouchon de la fiole et la tendit au petit prince d'Orcanie. Celui-ci la renifla avec dégoût. Avec un sourire encourageant Galessin caressa gentiment le dos de l'enfant.
« Je vais vous donner du lait de chÚvre aprÚs si vous buvez bien toute la potion. »
Gauvain avala d'une traite la mixture avant de grimacer. Galessin l'embrassa sur sa tempe et lui tendit un verre de lait de chĂšvre que le prince avala tout aussi vite le dĂ©licieux breuvage. Le duc d'Orcanie l'aida ensuite Ă  se rĂ©installer dans son lit, ajustant les couvertures autour de lui. Il lui murmura gentiment d'essayer de dormir un peu plus. Gauvain ferma les yeux, prĂȘt Ă  laisser le sommeil l'envahir. Mais aprĂšs quelques moments passĂ©s Ă  se tourner et Ă  se retourner sur la couche il bĂ©gaya :
« Seigneur Galessin...
-Oui Gauvain ?
-Je suis désolé de vous déranger mais je n'arrive pas à dormir... »
Un sourire attristé se dessina sur les lÚvres du chevalier qui s'empressa de rassurer l'enfant :
« Je vous promets que vous ne me dérangez pas Gauvain. Vous ne me dérangez jamais. »
Le petit sourit faiblement.
« Vous voulez que je vous raconte une histoire ?
-S'il-vous-plaßt... »
Le chevalier sourit tendrement et il vint s'installer sur le lit avec le prince. Il passa son bras autour de l'enfant et le laissa se blottir contre sa poitrine. Gauvain poussa un soupir heureux alors que le duc commençait son histoire :
« Il était une fois une jeune fille qui vivait en paix, entourée de sa famille. Elle s'appelait Cesair. Seulement leur bonheur ne pouvait pas durer. Dieu a voulu punir les hommes et le déluge fut annoncé. » Gauvain bailla, il commençait déjà à s'endormir. « Ne pouvant pas monter dans l'Arche avec son grand-pÚre Noé elle décida de se mettre à l'abri par ses propres moyens. Elle rassembla d'autres personnes pour voyager avec elle et trouver une nouvelle terre."
Il adoucit sa voix en voyant que Gauvain s'Ă©tait endormi contre son torse, bavant doucement sur sa tunique.
« Et ils naviguÚrent... »
Il se dégagea de l'emprise de l'enfant et quitta le lit avant de poser un dernier baiser sur le front de Gauvain. Il murmura :
« Bonne nuit petit prince. »
ask game
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joaniepencil · 3 years ago
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L’üle de l’amour
RĂ©sumĂ© : Rosie GagnĂ© fraichement arrivĂ© sur l’üle de Jersey et tombe sous le charme du plus beau cĂ©libataire de l’üle, Marshall Syverson, riche producteur de pomme de terre.
Duo : Marshall Syverson (Henry Cavill UA!) x Rosie Gagné
Avertissement : Rien pour l’instant. Plus à venir
Longueur : 1600 mots
Bonne lecture
Chapitre 1
Cette histoire commence avec la jeune Rosie GagnĂ© nouvellement en poste comme caissiĂšre dans une petite succursale de la Desjardins Bank de Saint-Martin dans la petite Ăźle de Jersey dans l’archipels Britannique.
AprĂšs 8 ans d’une relation malsaine avec un homme alcoolique, Rosie avait choisie de partir de Londres pour aller travailler sur l’üle magnifique de Jersey. D’abord Ă  St-HĂ©lier pendant un an puis elle avait Ă©tĂ© mutĂ©e dans la communautĂ© de Saint-Martin.
Au moment de rencontrer notre charmante amie, elle s’affairait Ă  faire la commande d’argent au transporteur quand elle entendit des Ă©clats de voix dans le cubicule Ă  cotĂ© du sien.
Julia, sa vieille collÚgue avait du mal à répondre à la demande du client devant elle.
-Désolé, tu vas devoir aller en ville fermer ce compte-là.
Les oreilles de Rosie frisaient quand elle entendait pareille sornette. Leur petite banque pouvait offrir les mĂȘmes service que St-HĂ©lier. Julia Ă©tait vraiment dĂ»t pour prendre sa retraite.
-Je n’ai pas le temps d’aller en ville pour un connerie aussi stupide que de fermer ce compte.
Rosie reconnut la voix profonde et sensuelle de Marshall Syverson, un des plus grand producteur de pomme de terre de la rĂ©gion. Un beau porte feuille qui mĂ©ritait qu’on lui dĂ©roule un peu plus le tapis rouge.
Elle se leva brusquement pendant que Syverson partait en pestant contre Desjardins.
-Monsieur Syverson! Attendez un instant.
Syverson se retourna d’un bloc. Cet homme Ă©tait une armoire Ă  glace de 2 mĂštre de haut et 220 livres de muscle. Syverson Ă©tait vraiment le plus bel homme de tout St-Martin.
Des yeux bleu marine, des boucles brunes un poil trop longues, une belle bouche pulpeuse et virile, une mĂąchoire carrĂ©e parfaite agrĂ©mentĂ©e d’une petite barbe. C’était vraiment un bel homme, il avait l’air d’avoir Ă©tĂ© sculptĂ© Ă  l’effigie d’un Dieu grec. Chaque fois que Rosie le croisait au village, ses genoux faiblissaient lĂ©gĂšrement surtout quand il lui souriant poliment.
Pour l’instant, il avait plus l’air d’un diable à la fixer furieusement.
-Monsieur Syverson, assaillez-vous. Je vais vous aider avec ce compte que vous voulez fermer. Sa voix Ă©tait ferme et assurĂ©e mĂȘme si ses genoux claquaient ensemble.
« Tu mesure 6 pieds » pensa-t-elle.
Elle s’assieds trùs droite sur sa chaise et il prit place devant elle en croisant les bras sur sa vaste poitrine.
-Si Julia ne peut pas m’aider, je ne vois ce que vous pouvez faire de plus.
Rosie se força à sourire, cette vieille conne ne perdait rien pour attendre.
-J’ai travaillĂ© un bon bout de temps Ă  Londres et Ă  Saint-HĂ©lier. Ne vous inquiĂ©tĂ© pas, je m’occupe de tout. Quel est le numĂ©ro du compte que vous voulez fermer?
Il prit une profonde inspiration et menaça du mĂȘme coup de faire craquer le tissus de sa chemise bleue foncĂ©.
-354778 Le compte de ma femme. Son compte de succession.
Elle entra le numĂ©ro dans la base de donnĂ©es et rĂ©flĂ©chit Ă  toute vitesse. Elle n’avait pas le droit comme simple caissiĂšre de fermer ce type de compte mais elle l’avait dĂ©jĂ  fait quand elle avait remplacĂ© une collĂšgue d’un niveau plus Ă©levĂ©. Elle savait quoi faire. Elle lui sourit confiante de le satisfaire.
Normalement, elle aurait dĂ» le rediriger vers St-HĂ©lier mais cet homme pesait prĂšs d’un million de dollars dans leur petite succursale. Tant pis pour la hiĂ©rarchie, parfois il fallait improviser.
-Pas de problÚme Monsieur Rivers. Je vous fais ça tout de suite.
Marshall Syverson Ă©tait la seule personne Ă  pouvoir faire des transactions dans ce compte. La fermeture ne devrait pas poser de problĂšme. Elle vĂ©rifia ce que tout avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ© en bonne et dut forme et fit signer les papiers Ă  Syverson. En vingt minutes, l’affaire fut rĂ©glĂ©e.
Avant de partir, il lui tendit la main.
-Ravi de voir qu’ils ont enfin dĂ©cidĂ© de mettre des gens compĂ©tents ici.
Elle lui tendit la main, sa grande main Ă©tait chaude et un peu rugueuse, la petite main tremblante de Rosie disparue dans la sienne.
-Nous avons tous nos forces et nous sommes toute les deux trĂšs compĂ©tente Monsieur Syverson. Il hausse un sourcil peu convaincu. Il n’ajouta rien de plus et lui souhaita une bonne fin de journĂ©e.
-Vous aussi, bonne journĂ©e et si vous avez d’autres questions, n’hĂ©sitez pas Ă  m’appeler voici ma carte.
Elle lui tendit sa carte professionnelle. Marshall Syverson haussa les sourcils et lui fit un sourire Ă©clatant de blancheur.
-Merci Madame Gagné, je compte bien revenir vous voir.
Quelques jours plus tard, ils se recroisĂšrent Ă  la salle de sport.
Cet homme levait des montagnes de fonte pour avoir un corps aussi musclĂ© constata Rosie. Quant-Ă -elle, essayait tant bien de que mal de perdre quelques rondeurs. Disons qu’elle avait plus la silhouette d’une pin-up que celle d’un mannequin.
Durant ses sessions de sport, elle portait toujours ses Ă©couteurs sur ses oreilles et essayait d’oublier les petits jeunes pleins de testostĂ©rones qui reluquait ses fesses gĂ©nĂ©reuses.
En musclant ses triceps, les poids passĂ©s au-dessus de sa tĂȘte pour venir Ă  bout de ses ailes de chauve-souris, sa nuque l’élançait terriblement.
Elle sentit une main dans son dos.
-Arretez vous allez vous blesser la nuque si vous continuez comme ça, lui dit Marshall.
Elle sursauta violemment et retira ses Ă©couteurs.
-Monsieur Syverson! Qu’est-ce que vous disiez?
Elle dĂ©posa les haltĂšres en essayant d’avoir l’air dĂ©tendue mais elle se sentait dĂ©gueulasse toute en sueur.
-Vous allez
 On peut se tutoyer? Il lui fit un sourire à faire fondre un glacier. Rosie lui sourit en rougissant un peu.
-Oui, bien sûr.
-Est-ce que je peux te suggĂ©rĂ© un autre exercice pour tes triceps? Tu as l’air d’avoir mal Ă  la nuque Ă  voir la façon que tu as de toujours tortiller le cou.
Rosie s’étonna. Il avait remarquĂ© qu’elle se tordait toujours le cou?
-Comment tu as su?
Marshall piqua un léger fard.
-À la banque on a juste ça à faire regarder les caissiùres en attendant notre tour

Il frĂ©quentait assidument sa banque Ă  toutes les semaines. Rosie rougit violemment, elle but une gorgĂ©e d’eau. Syverson, ce dieu vivant la regardait, elle? Impossible! Surement juste pour passer le temps avant son tour.
Il prit un haltĂšre.
-Alors pour remplacer ton exercice je te propose ceci. Il Ă©carta les pieds, un devant l’autre, inclina le torse vers l’avant, releva le bras vers l’arriĂšre en formant un angle droit avec son coude et leva l’altĂšre lentement vers l’arriĂšre.
-Tu vois aussi effica que l’autre mais ta nuque va te remercier.
Rosie prit un haltùre de 5 lbs et s’executa.
-Garde le dos droit
 Parfait! Maintenant je suis certain que tu peux faire une bonne vingtaine de répétitions.
Marshall prit deux altĂšres de 50 lbs et entreprit de faire forcer ses Ă©paules un peu en Ă©levant les poids au niveau de ses Ă©paules sans plier les coudes. Tout en restant Ă  cĂŽtĂ© d’elle.
-En plus d’ĂȘtre producteur prospĂšre, tu es aussi entraĂźneur personnel? Dit-elle en le regardant faire.
-Disons que j’ai beaucoup d’expĂ©rience dans le domaine. La salle de musculation est un peu ma deuxiĂšme maison
 Toi aussi tu viens souvent, je vois ton nom rĂ©guliĂšrement dans le registre.
-Le registre des visiteurs? Elle fronça les sourcils. C’est confidentiel, non?
-Je suis copropriétaire du gym

Elle haussa les sourcils, surprise.
-Oui j’essaie de me mettre en forme. J’ai du chemin à faire.
Elle regarda deux jeune femme mince et magnifique passer devant eux. Les deuxx jeune femmes regardĂšrent Marshall en gloussant. Elles avaient bien raison, il Ă©tait sexy comme l’enfer, son t-shirt gris moulant de Superman lui collait Ă  la peau. Ses biceps gonflĂ©s remplissaient avantageusement ses manches. MĂȘme en sueur, il Ă©tait horriblement sexy. Il leur sourit poliment.
-J’espĂšre que tu n’as pas l’intention de te rendre aussi loin, un sac dos n’a rien d’attirant. De belles courbes c’est beaucoup plus agrĂ©able. Elle rougit et se mordit la lĂšvre. De toute façon elle ne s’entraine mĂȘme pas je ne les ai jamais vu lever un poids.
Rosie déposa ses haltÚres et essuya son visage avec sa manche de t-shirt extra-large.
-Vraiment. Pourquoi venir ici alors?
Marshall haussa les Ă©paules ne buvant de l’eau.
-Pour faire des rencontres j’imagine. C’est une petite ville ici. On rencontre des gens oĂč on peut.
Elle les observa quelques instants. Elles étaient accoudées au bar à shakes et regardaient vers eux.
Elle secoua la tĂȘte et se concentra sur son entrainement. Marshall demeura Ă  ses cĂŽtĂ©s tous le long de sa sĂ©ance. Ils n’échangĂšrent que quelques mots ici et lĂ  mais ce fĂ»t un entrainement trĂšs agrĂ©able. Marshall Ă©tait trĂšs gentil et prĂ©venant, beaucoup plus facile d’approche qu’elle croyait. Avec un tel physique il aurait pu se montrer arrogant et imbu de lui-mĂȘme mais pas du tout.
Elle s’entraina beaucoup plus longtemps que prĂ©vu, dĂ©passant ses attentes avec ses conseils. Elle regarda sa montre.
-Merde !!! La banque ouvre dans 45 minutes je dois partir. Elle ramassa ses affaires en catastrophe. Merci pour tout Marshall.
Elle courait déjà vers le vestiaire quand il lui répondit.
-De rien. Il soupira profondĂ©ment. On rencontre oĂč on peut mĂȘme dans une banque

Rosie se lava en vitesse avant de mettre son tailleur Ă  la jupe crayon qui lui faisait des fesses d’enfer. Elle finit d’enfiler sa deuxiĂšme chaussure en sortant du vestiaire. Marshall lui fit un petit signe de la main auquel elle rĂ©pondit par un sourire pendant qu’elle replaça son Ă©pinglette sur son blazer.
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lidiotutile · 3 years ago
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#1
La journĂ©e avait Ă©tĂ© insignifiante et mĂȘme un peu ennuyeuse mais il y avait un arriĂšre-goĂ»t pimentĂ© au fond de ma bouche. Je le ressentais dans mon ventre, dans ma crispation, Une lĂ©gĂšre tension accompagnait tous mes gestes. J'allais la retrouver ce soir, enfin, aprĂšs des annĂ©es et je savais trĂšs ce qu'elle attendait de nos retrouvailles. Je l'avais d'ailleurs pas mal asticotĂ©e par SMS depuis deux, trois jours. “J'espĂšre que tu es prĂȘte. [...] Tu parles, mais ce n'est pas toi qui donnes les ordres [...] N'oublies pas Ă  qui tu t'adresses.” Elle me rĂ©pondait avec des photos gentiment excitantes, dans ses dessous ou alors en sortant de sa douche. Je ne poussais pas trop le jeu. Disons qu'on se mettait dans le bain. C'est elle qui m'a proposĂ© de venir un week-end, c'Ă©tait sa volontĂ© mĂȘme si j'ai acceptĂ© volontiers, sans hĂ©siter. Celui qu'elle est venue trouver, quitte Ă  poser une journĂ©e et faire des heures de train, c'Ă©tait ce loup enfoui tout au fond de moi. Celui qui lui avait montrĂ© la soumission, qui avait Ă©tĂ© le premier Ă  gifler son cul jusqu'Ă  le rendre violet. En somme, celui qui lui avait montrĂ© dans quelle direction elle voulait mener sa sexualitĂ©. Notre lien est unique parce qu'au fond, c'est ensemble qu'on a dĂ©couvert oĂč se trouvait notre dĂ©sir. Nous Ă©tions jeunes Ă  l'Ă©poque et cette dĂ©couverte s'est faite presque par hasard. J'ai eu envie d'aller plus loin et elle avait adorĂ© ça. L'intensitĂ© de ce moment nous avait beaucoup marquĂ© et nous en avions gardĂ© un lien unique. Les annĂ©es Ă©taient passĂ©es et nous sommes restĂ©s en bons termes. Nos expĂ©riences respectives ont confirmĂ©es nos attraits. Ce n'Ă©tait plus une surprise depuis plusieurs annĂ©es, elle Ă©tait soumise, j'Ă©tais dominant, voilĂ  tout. Le moment de se revoir Ă©tait venu et c'Ă©tait ce soir, nous allions reprendre les choses oĂč nous les avions laissĂ©es, forts d'annĂ©es de pratique et de maĂźtrise. Nous n'en parlions pas vraiment ces derniers jours, je crois que l'on voulait se surprendre et puis, Ă  quoi bon verbaliser des choses qui se ressentent ?J'avais convenu d'un bar Ă  cocktail un peu chic, pas trop loin de mon quartier. On y servait des cocktails raffinĂ©s mais chargĂ©s. Je n'y avais pas rĂ©flĂ©chi mais j'Ă©tais implicitement dĂ©jĂ  dans mon rĂŽle. HabillĂ© Ă©lĂ©gamment, affable mais en maĂźtrise, dans un contexte oĂč je me sentais Ă  l'aise, calme. Cette tension qui m'avait habitĂ© toute la journĂ©e, en fait, c'Ă©tait l'Ă©veil du loup. Il ne sort pas comme ça, il est tellement Ă©loignĂ© de ma personnalitĂ© au quotidien. Je dois “rentrer dans le rĂŽle” et c'est un rituel excitant en soi, mĂątinĂ© d'une tension Ă©lectrique. Une prise de responsabilitĂ©. C'Ă©tait une soirĂ©e pluvieuse. Elle m'avait dit qu'elle devait poser ses affaires puis me rejoindre au bar. J'ai reçu un coup dans le ventre quand je l'ai vue entrer, tout ceci devenait soudainement un peu plus rĂ©el. Elle portait une robe noire, sĂ©rieuse, presque stricte. Sur son visage, un air trĂšs arrogant et sĂ»re d'elle. D'ailleurs, elle l'Ă©tait et j'adorais ça. Au delĂ  de nos amusements nocturnes passĂ©s et futurs, je l'apprĂ©ciais beaucoup et la conversation a roulĂ© sur des sujets divers et variĂ©s, on se retrouvait aussi en tant que personnes. Des personnes devenues plus matures, plus sĂ»res d'elles et moins dans l'apparat ou la crainte de l'autre. Au bout de deux verres, dĂ©jĂ , le rhum tapait fort et mon regard se plantait durement dans le sien. Nos gestes Ă©taient moins sĂ»rs, nos peaux s'effleuraient et on faisait comme si on ne le remarquait pas. Nos deux chaises hautes s'Ă©taient rapprochĂ©es au fil de la soirĂ©e et je me rendais compte que ma jambe Ă©tait placĂ©e entre les siennes. DĂ©finitivement grisĂ©, je me suis penchĂ© vers elle et lui ai dit Ă  voix basse : “Allez, on rentre”. Elle n'a mĂȘme pas rĂ©pondu et a juste pris sa veste. Il n'Ă©tait pas tard mais les rues Ă©taient vides et peu Ă©clairĂ©es, on continuait de parler de choses et d'autres en marchant lentement. Alors qu'on passait devant un chemin menant vers un garage, une envie m'est venue.
“Viens par là”, lui ai-je dit en la poussant doucement par l'Ă©paule. Dans une pĂ©nombre quasi-totale avec le faible halo de lumiĂšre de la rue qui s'Ă©loignait, je l'ai plaquĂ©e contre le mur sans aucun mĂ©nagement. Je ne la voyais plus, je l'ai juste entendue gĂ©mir faiblement et je l'ai embrassĂ©e. Alors que nos respirations se mĂ©langeaient, je baladais mes mains sur ses seins, sous sa robe, agrippais sa hanche. Son corps ondulait et ses mains se crispaient sur ma nuque, elle Ă©tait sous mon emprise, AbandonnĂ©e, dĂ©jĂ . Ca suffisait pour alors. Je l'ai relĂąchĂ©e tout de suite et me suis dirigĂ© vers la rue. J'entendais sa respiration encore forte et rauque ne pas se ralentir, elle tentait de se rĂ©ajuster comme elle le pouvait. Moi, j'Ă©tais imperturbable, ça l'a fit sourire. J'aimais jouer autour de cette idĂ©e de chaud et de froid, que les repĂšres deviennent mouvants et incertains. Je voulais qu'elle ne sache plus oĂč elle en Ă©tait. Nous sommes enfin rentrĂ© chez moi. Un air de jazz rĂ©sonnait dans le salon alors que j'ouvrais une bouteille de blanc. On a trinquĂ© sur le comptoir, bu une gorgĂ©e. Ses yeux Ă©taient plongĂ©s dans les miens. Nous Ă©tions silencieux et j'ai voulu faire durer ce moment. Elle Ă©tait belle, tout simplement et je remerciais le ciel d'avoir la chance de vivre ce genre de moments avec une personne comme elle. Puis, n'y tenant plus, j'ai posĂ© une main sur ses reins. Une Ă©tincelle qui a dĂ©clenchĂ© l'incendie. Elle a posĂ© son verre, s'est tout de suite agrippĂ©e Ă  mon cou. J'ai attrapĂ© doucement son cou avec ma main pour l'embrasser longuement, puis en relevant ma tĂȘte, j'ai vu que son regard avait changĂ©. Plus une pointe d'arrogance en elle. Elle Ă©tait soudainement Ă  moi, c'Ă©tait assumĂ©, revendiquĂ©. Toujours avec ma main, je l'ai de nouveau plaquĂ©e contre un mur puis j'ai serrĂ© son cou, doucement et moins doucement en alternant. Et je l'embrassais encore. Mon autre main touchait ses seins, ses fesses. Je visitais son corps toute indĂ©cence, en propriĂ©taire. J'ai lĂąchĂ© son cou. Sans lui laisser de rĂ©pit, j'ai tirĂ© ses cheveux pour que sa tĂȘte bascule en arriĂšre. – Tu vas faire tout ce que je te dis, maintenant. – Oui. *gifle sur son visage * – Oui qui ? – Oui Monsieur. – C'est mieux. Puis, je l'ai retournĂ©e, elle Ă©tait Ă  demi-Ă©tendue sur le comptoir et j'ai collĂ© mon bassin Ă  ses fesses. Mes mains parcouraient encore son corps de haut en bas, longuement et mon souffle accĂ©lĂ©rĂ© s'abattait sur son cou. “Tu es Ă  moi, tu le comprends ça ?”, ai-je chuchotĂ© Ă  son oreille, elle a simplement hochĂ© la tĂȘte, visiblement incapable de prononcer aussi doux Ă  penser que durs Ă  dire. Elle n'opposait plus aucune rĂ©sistance. C'est lĂ , que, relĂąchant mon emprise et utilisant le peu qui me restait de civilitĂ© que nous avons convenu de rĂšgles claires et d'une sĂ©rie safewords, nous avions besoin de cet indispensable prĂ©alable pour mieux se lĂącher. Nous en avons convenu dans un sourire et je lui ai fait un bisou sur la joue, bienveillant, presque amical. C'Ă©tait bon d'avoir rĂ©glĂ© ça. "Allonge toi sur mes genoux." J'ai remontĂ© sa robe jusqu'au bas du dos et j'ai commencĂ© Ă  la fesser avec attention et fermetĂ©. Pour son plus grand plaisir, j'ai de grandes mains que j'ai mis Ă  profit dans une longue sĂ©rie de gifles bruyantes, d'intensitĂ© et de rythme variables. Elle ne savait plus ce qu'elle sentait. L'attente de la prochaine claque Ă©tait plus intense que la sentence en elle-mĂȘme. Elle devait me dire merci aprĂšs chaque fessĂ©e. Je ne la laissais pas partir dans un Ă©tat second. C'est avec satisfaction que je voyais la marque rouge et nette de ma main s'imprimer sur son cul blanc. Ses mains serraient le canapĂ© jusqu'Ă  s'en couper la circulation. J'ai passĂ© mes doigts sur son sexe et j'ai senti qu'il coulait. Il Ă©tait temps de passer aux choses sĂ©rieuses. Je lui ai ordonnĂ© d'aller dans la chambre Ă  quatre pattes, je la suivais et profitait du spectacle de ses fesses dĂ©jĂ  rougies qui remuaient. Elle s'est allongĂ© sur le lit et je me suis assis sur son buste, ma queue durcie narguait ses lĂšvres et ses joues. Elle me prit en bouche avec
gourmandise et frénésie, c'était un bonbon qu'elle désirait déguster depuis
longtemps. Je bloquais ses bras, son visage n'Ă©tait qu'un trou dans lequel j'allais et venais Ă  ma guise, excitĂ© par ses gĂ©missements. Je prenais soin d'aller au fond de sa gorge. Tout mon sexe Ă©tait immergĂ© de longues secondes en elle avant que je me retire et que de longs filets de salive ornent son menton. Puis, aprĂšs l'avoir de nouveau touchĂ©e, je me suis baissĂ© et j'ai calĂ© ma tĂȘte entre ses jambes. J'avais beaucoup trop envie de la goĂ»ter, de la sentir. J'ai commencĂ© Ă  la lĂ©cher avec gourmandise, dans un grognement. Son sexe Ă©tait une source dans laquelle je m'abreuvais. J'Ă©tais Ă  genoux par terre, elle allongĂ©e. J'avais une main sur son ventre, l'autre s'affairait sur son sexe pour mieux comprendre ce qui la ferait le plus frissonner. J'ai plaquĂ© ma bouche sur son clitoris pendant que mes doigts fouillaient en elle. Cela faisait des bruits de succion, j'avais la barbe pleine de ses fluides qui n’arrĂȘtaient plus de couler. Elle ne pouvait mĂȘme pas crier, je crois qu'elle Ă©tait clouĂ©e par le plaisir qu'elle prenait. Seule ses mains serraient mes cheveux trĂšs fort. L'orgasme semblait approcher, elle se raidissait dĂ©jĂ  alors je me suis arrĂȘtĂ© lĂ . J'aimais que sa jouissance soit toute proche, au creux de son ventre, sans pouvoir se dĂ©ployer. Ça augmentait sa fĂ©brilitĂ©. AprĂšs m'ĂȘtre essuyĂ© la bouche du bras, je lui ai ordonnĂ© d'une voix basse de se mettre Ă  quatre pattes, j'avais une envie impĂ©rieuse de la baiser. Ce que je me suis employĂ© Ă  faire tout de suite d'un coup de rein raide et puissant. D'un coup, j'Ă©tais tout au centre d'elle. Ça l'a bouleversĂ©e, son hurlement fut dĂ©chirant. Je la prenais de toute mes forces, d'abord en la fessant et en lui tirant les cheveux, puis en retenant ses mains derriĂšre son dos. La vue de ses fesses s'agitant sur mon sexe et de ses bras contraints me faisait perdre la raison. Je me suis mis Ă  donner des coups secs, puissants, toujours plus loin qui la firent hurler plus fort Ă  chaque fois. Son sexe Ă©tait inondĂ©, sa tĂȘte plongĂ©e dans les draps. Je promenais mon pouce sur son trou du cul que je pĂ©nĂ©trais un peu. Le plaisir physique et de tĂȘte conjuguĂ©s Ă©tait extrĂȘmement puissant. Il fallait que je me calme, ce n'Ă©tait pas du tout le moment d'en finir. J'ai dĂ©cidĂ© de la retourner sur le dos, elle a Ă©cartĂ© les jambes dans la seconde et son impatience me fit sourire. J'ai posĂ© mon gland Ă  l'entrĂ©e de sa chatte et je l'ai regardĂ©e dans les yeux. – T'es sĂ»re ? – Oui, s'il vous plaĂźt Monsieur
 – Vraiment ? – Allez, j'en ai trop env...  Je ne l'ai pas laissĂ©e finir sa phrase. Elle en eut le souffle coupĂ©. Je me suis allongĂ© sur elle et tenu ses poignets d'une main. Elle Ă©tait Ă©crasĂ©e sous mon corps, ne pouvait plus bouger mais tentait faussement de se dĂ©battre de mon emprise e, secouant ses bras, ce qui renforçait totalement mon excitation. Je continuais de l'insulter doucement de tous les noms dans l'oreille avant de lui cracher sur le visage. Elle m'a dit plus tard que ça l'a rendu folle d'excitation. Je continuais de la baiser, dopĂ© par la maĂźtrise totale de la situation, tout ce qui se passait ici Ă©tait le fruit de ma volontĂ© et tout ce qui allait se passer ensuite dĂ©pendait de moi. Je ne ressentais aucune fatigue quand elle m'a dit “MĂ©nage moi !”. Ça sortait du cƓur. Des mois qu'elle Ă©tait abstinente, peut-ĂȘtre qu'elle ressentait un trop plein de sensations. Je notais immĂ©diatement qu'elle n'avait dit aucun de ses safewords, ce qui me rassurait un peu. Je me suis quand mĂȘme retirĂ©, il fallait faire une pause, dans les pratique et dans le jeu. On a partagĂ© une bouteille d'eau et discutĂ© un peu. Elle Ă©tait allongĂ©e sur le ventre et se touchait un peu alors que j'Ă©tais assis par terre, appuyĂ© contre le mur. Nous Ă©tions encore tous les deux nus et je ruisselais de transpiration, j'ai rĂ©alisĂ© nĂ©gligemment que je m'Ă©tais Ă©corchĂ© le genoux et qu'elle m'avait mordu l'Ă©paule et laissĂ© une belle marque que je contemplais fiĂšrement. Un filet de liquide pendait de ma queue et venait atterrir sur le carrelage. Une fois la bouteille terminĂ©e, la pause avait assez durĂ©e. J'ai
redĂ©marrĂ© d'un coup, sans prĂ©alable. “Fous-toi Ă  quatre pattes. Maintenant.” Elle s'est exĂ©cutĂ©e dans la seconde et je contemplais son sexe et son cul grands ouverts une longue minute, elle restait immobile. Je remarquais que ma respiration s'accĂ©lĂ©rait et que j'avais trĂšs envie de m'occuper de son cul, encore. Qu'elle me sente passer, pour de vrai. J'ai commencĂ© par lui bander les yeux et lui dire d'encore croiser ses bras derriĂšre le dos. Ma main n'allait pas suffire cette fois et je n'avais pas de ceinture, encore moins de “matĂ©riel”, je n'aime pas ça. J'ai alors pris un vieux t-shirt qui traĂźnait lĂ  que j'ai roulĂ© et transformĂ© en fouet de fortune. J'ai caressĂ© ses fesses doucement avec, un premier contact qui l'a fit un peu tremblĂ© (elle ne savait pas ce que c'Ă©tait) et puis je l'ai enfin fessĂ©e, trĂšs fort. Le bruit sourd que cela fit m'Ă©tonna, cela participait Ă  rehausser la virulence du geste. Elle n'exprima qu'un gĂ©missement, une plainte diffuse Ă©touffĂ©e dans les draps. Je rĂ©pĂ©tais l'opĂ©ration plusieurs fois sur ses deux fesses qui rougissaient Ă  vue d’Ɠil pour ma plus grande satisfaction . En fait, son corps Ă©tait parcouru de frissons, elle avait la chair de poule. « J'y crois pas, putain, ça te plait de te faire dresser comme une chienne. »J'ai ensuite espacĂ© les coups. PrivĂ©e de vue et de toucher, elle n'avait que le bruit de ma respiration rauque qui tournait autour d'elle pour se repĂ©rer, elle avait perdu la notion du temps et de l'espace. Seuls ces assauts sur son cul, ses cuisses et son dos comptaient, c'Ă©tait la seule rĂ©alitĂ© qui comptait dans sa vie Ă  ce moment prĂ©cis. La seule chose Ă  attendre, Ă  dĂ©sirer. Elle sentait cette douleur bienfaisante l'envahir Ă  chaque fois. L'attente interminable entre chaque sĂ©rie Ă©tait plus douloureuse que le coup en lui mĂȘme. Au dĂ©but, je voyais ses bras bouger nerveusement, ses mains se tendre pour essayer d'attĂ©nuer la douleur avant de se corriger d'elle mĂȘme, fidĂšle Ă  mes ordres. Lors des derniĂšres interminables sĂ©ries de peut ĂȘtre 10, 15 coups de suite, elle ne bougeait plus. Son corps encaissait le choc et puis elle se retendait tout de suite, en attente. Sa capitulation Ă©tait totale, absolue. Au fond, l'intensitĂ© de la douleur physique n'est pas tant que ça ma tasse de thĂ©. A quoi bon ? La bataille Ă©tait gagnĂ©e, je savais qu'elle pouvait tenir comme ça pendant des heures, ce n'Ă©tait pas la peine d'aller plus loin, ça allait finir par m'ennuyer. Je lui ai donc dit de s'allonger sur le dos. Elle avait copieusement bavĂ© sur le drap, son regard Ă©tait embrumĂ© de larmes, elle Ă©tait un peu ailleurs. Je lui ai dit de se branler, ce qui l'a fit sourire. Elle a humidifiĂ© ses doigts alors qu'elle n'en avait pas besoin et a commencĂ© Ă  se caresser. – A quoi tu penses ? – A des choses qui m'excitent. – A quoi prĂ©cisĂ©ment ? DĂ©cris moi. – A tout un groupe de mec autour de moi qui se branlent en me regardant. – T'es vraiment la derniĂšre des chiennes. – Merci Monsieur. Je me suis allongĂ© Ă  cotĂ© d'elle, de façon Ă  ce que ma bouche soit tout prĂšs de son oreille. Je sentais son souffle et ses gestes s'accĂ©lĂ©rer de plus en plus. Je l'insultais en murmures: “Quelle pute tu fais, sale petite chienne, va” moi aussi de plus en plus intensĂ©ment. “PrĂ©viens-moi quand tu sens que tu vas jouir”. Elle finit par arriver tout proche de l'orgasme et, docilement, me demanda l'autorisation de jouir. – Supplie-moi. – Monsieur, est-ce que je peux jouir, s'il vous plaĂźt ? – Mieux que ça, petite putain. – S'il vous plaĂźt, Monsieur... – Tu n'arriveras Ă  rien comme ça – Monsieur, je suis votre putain, je vous supplie de me laisser la chance de me dĂ©livrer. S'il vous plaĂźt. L'effort qu'elle faisait pour parvenir Ă  articuler chaque syllabe Ă©tait colossal, je ne reconnaissais plus sa voix qui Ă©tait plus grave, venue d'ailleurs. C'Ă©tait un combat contre elle mĂȘme, contre ses sens, contre cette marĂ©e qui devait s'abattre mais ne pouvait pas, pas encore. Tout son ĂȘtre Ă©tait Ă©cartelĂ© entre cet appel impĂ©rieux du plaisir et le besoin animal d'obĂ©ir Ă  l'autoritĂ© qui dĂ©cidait de tout en elle.
Retenir son orgasme, c'Ă©tait la preuve ultime de sa dĂ©votion, elle m'Ă©coutait plus qu'elle ne s'Ă©coutait elle mĂȘme. Je lui dit finalement qu'elle pouvait jouir dans un sourire et quelques secondes plus tard, elle hurla. Son corps fut pris de tressautements et de tremblements. C'Ă©tait un sĂ©isme qui avait lieux en elle et qui dura un long moment. J'assistais Ă  ce spectacle en silence, fascinĂ©. L'orgasme fĂ©minin reste pour moi une Ă©nigme qui ne cesse de nourrir mon imaginaire. Quand le corps d'une femme exulte devant moi, pour moi, grĂące Ă  moi, je redeviens un observateur fascinĂ©, pris par la fiĂšvre de celui qui suscite quelque chose de profondĂ©ment intime et marquant. Quand une femme vous offre ce moment, ce n'est pas anodin. On lui a plus ou moins dit de garder ça pour elle mais elle transgresse cet interdit immanent pour s’offrir totalement Ă  vous. Enfin, sa tempĂȘte se calma et elle son corps se relĂącha totalement sur le lit. Elle a fondu en larmes et je l'ai prise dans mes bras en lui disant qu'elle avait Ă©tĂ© trĂšs belle et trĂšs courageuse. Dans ce torrent de sanglots, elle m'a remerciĂ© plusieurs fois, il y avait de la gratitude dans son regard. Je lui ai dit en riant qu'aprĂšs tout, c'est elle qui s'est touchĂ©e, s'est donnĂ© ce plaisir. “Et toi, tu ne jouis pas ?”, je souris franchement. “Pour ça, je vais devoir te faire une derniĂšre mĂ©chancetĂ©... Tu as bien apportĂ© un plug ?”. Elle le sortit, je lui ai donnĂ© le derniĂšre ordre de se l'enfoncer et de rester Ă  quatre pattes. La jouissance, c'Ă©tait dur pour moi. Pas hors de portĂ©e mais loin. Il m'avait fallu des annĂ©es de travail pour jouir devant une femme. Ça demandait de la concentration, de l'application. Je sentais qu'elle en avait autant besoin que moi. Je me suis mis Ă  genoux devant son cul, la vue du bijou brillant au milieu de ses deux fesses Ă©tait beaucoup trop excitant. Je me branlais fort, excitĂ© par la vue, imaginant la sensation qu'elle devait ressentir en ses trĂ©fonds et toujours grisĂ© par sa soumission Ă  mes volontĂ©s, mĂȘme les plus adolescentes, bassement libidineuses et humiliantes. Au bout d'un moment qui me parut long, je sentais des forces immenses partir de mes membres et affluer vers mon bassin, tout mon corps tremblait et dans un rĂąle long et puissant, je jouis Ă  grands traits sur son cul. C'Ă©tait sa rĂ©compense, la signature de mon Ɠuvre, une derniĂšre image magnifique d'elle et moi unis, un tableau qui allait rester dans ma tĂȘte et dans mon cƓur pour toujours. J'Ă©tais vidĂ© de toutes mes forces. Elle se permit une effronterie et tourna la tĂȘte pour me regarder avec un sourire narquois. Elle le pouvait bien.
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fillesmissiles · 4 years ago
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TU T’EN CRISSES-TU DES VIEUX EN CHSLD? - Lorena B. Mugica
Collecte d’histoires d’une wannabe prĂ©posĂ©e aux bĂ©nĂ©ficiaires (juin - aoĂ»t 2020)
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Horaire
07h00 Prendre le rapport, lire son plan de travail et signer le cahier de présence
08h00 Poursuivre les toilettes et les bains
08h10 Distribuer les cabarets dans l’aile C
08h15 Faire manger (249 et aide partielle 2244)
09h30 Ă  09h45 PAUSE
11h00 Vider les poubelles et les désinfecter avec le virox + remplir les chariots.
12h30 Tournée aprÚs le dßner
        1  - Amener à la toilette et sieste selon chaque résident :
             2241, 2243, 2244,   2245, 2246, 2247, 2248, 2249, 2250, 2251, 2252.
       2 - Installé pour la sieste : 2261
       3 - Lever : 2264
13h45 Ă  14h PAUSE
14h00 Lever résident de leur sieste et passer la collation.
14h15 RĂ©union d’équipe avec l’infirmiĂšre.
14h45 Inscrire les selles et aviser l’inf. si suppositoire pour le lendemain
14h59 DÉPART
---------------------------------------------------------------------------------
Monsieur B. a un vieux cahier rouge et usĂ© dans lequel il inscrit tous les prĂ©noms des gens qu’il rencontre.
-       Boonnn
jouuur
Votre nom
 à vouuuus...c’est
 quooo
ooiiiii ?
-       Lorena.
-       Looooo
rrrreee
.naaaaaa ! Je
l’ai nooo
tĂ©. Queeeel
que part.
Quand je viens porter son dĂźner, monsieur me dit : « Voootre
nooom à
 vouuuus
 c’est
 quoooiiiii ? »
C’est la premiĂšre fois que je donne un bain. Il me rĂ©pĂšte : « Vos
cheee
veux. Ils sont. dooorĂ©s. Ils re
flĂštent
 leeee
 sooooleil ».
Je lui frotte fort le dos : « Aaaaaah
 Ouiii ! ».
Je souris. Je me sens importante, privilĂ©giĂ©e d’ĂȘtre lĂ  avec lui.
***
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Madame S. a 106 ans et une forme physique plus que surprenante. Elle est complĂštement sourde. On me prĂ©vient qu’elle peut avoir un comportement agressif, «surtout au rĂ©veil». Autrement dit, quand on suit l’horaire : on la rĂ©veille Ă  7h30 pour l’asseoir pour le dĂ©jeuner qu’on sert Ă  8h. Je comprends qu’elle soit agressive, elle n’entend pas ce qu’on fait ou ce qu’on dit. C’est normal que tout la prenne par surprise si elle n’a pas de contact visuel ! Sans oublier le port du masque qui l’empĂȘche de lire sur nos lĂšvres. Quand elle ne nous comprend pas, elle soupire d’exaspĂ©ration et tourne la tĂȘte. Elle a encore de trĂšs bons yeux, c’est donc par Ă©crit que je communique avec elle quand les gestes sont incompris.
Mon truc pour la lever du lit le matin c’est de lui flatter un peu les cheveux et de lui faire des petits clins d'Ɠil. On se prend Ă  deux, on lĂšve la tĂȘte du lit puis, chacune assise Ă  ses cĂŽtĂ©s, on lui gratte le dos. Elle adore et elle fait toujours des « Aaah ouui! ». Ça me fait vraiment rire. J’adore la rĂ©veiller. Un autre jour, je passe devant la chambre de madame S. Comme Ă  l’habitude, je vois une chaĂźne de grattage de dos entre madame S. et deux collĂšgues prĂ©posĂ©es.
Étant sourde, quand elle parle, elle parle fort. Dans la salle commune, alors que tout le monde est rĂ©uni pour un meeting de 10 minutes, madame S. crie Ă  sa voisine de fauteuil : « T’AS TU VU ÇA, SA JUPE ? C’EST INDÉCENT ! ».
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Madame I. passe ses journées les yeux fermés. Elle répond à son nom, mais il faut répéter souvent. Quand on dit son nom, elle entrouvre un peu les yeux à chaque fois.
-    IrÚne ?
-    Quoi ?
Silence.
-       IrÚne ?
-       Quoi ?
-       Est-ce qu’on a fini ?
-       

-       Madame ?
-       

-       Madame ?
-       QUOI ?
 Elle a les yeux grands ouverts et me regarde fixement.
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Jour 1 en CHSLD
Je me sens Ă  ma place.
Premiùre rencontre d’intervention.
J’ai peignĂ© des cheveux.
***
Au moment de lui servir le dĂźner, une rĂ©sidente (nĂ©e en 1932) me dit d’une voix rauque : « C’est pas drĂŽle vieillir
 Ça se peux-tu ».
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À la fin de notre premiĂšre semaine de formation, l’autre prĂ©posĂ©e et moi allons dire au revoir aux rĂ©sident-es. Pour madame S., j’écris sur un bout de papier : « À vendredi ».
Elle nous envoie des becs soufflĂ©s et nous rĂ©pĂšte « À vendredi ! ». Madame M., nous dit un timide et rauque « À vendredi  ». Monsieur B. s’exclame « Jeee vouuuus
 aiiiiime !!! ».
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Il y a trois ailes : le rĂ©sident-es permanents-es (A), une aile fermĂ©e (B) et celle oĂč je suis attitrĂ©e (C), les lits psychosociaux. Ce sont des chambres pour des rĂ©sident-es de passage en attente d’une place en rĂ©sidence ou en CHSLD. Lorsqu’il y a des nouveaux et des nouvelles, Ă  cause de la covid, iels doivent faire deux semaines d’isolement, c’est-Ă -dire sans sortir de leur chambre.
Jour 3 en CHSLD
Madame C. fait des allers-retours avec sa marchette, sacoche sur la poignĂ©e. Il ne faut JA-MAIS toucher Ă  la sacoche. Madame C. rĂ©pĂšte : « C’est y’ousse que j’vais ? ».
Dans sa sacoche, des trĂ©sors. Ses trĂ©sors. Elle garde prĂ©cieusement les papiers pliĂ©s en quatre. Les papiers, ce sont ceux qui sont dĂ©posĂ©s sur les cabarets qui indiquent le menu et la consistance des repas. Les papiers en question dĂ©taillent les repas, mais le plus important : la texture. Beaucoup sont aphasiques. L’aphasie est un problĂšme de langage dont les consĂ©quences sont multiples et qui affecte la facultĂ© de parler et provoque des problĂšmes de dĂ©glutition (pour essayer de comprendre ce que ça fait, mets une guimauve dans ta bouche et essaye de boire de l’eau). Les rĂ©sident-es aphasiques ont dans leur cabaret des toasts ou du poulet sauce brune en purĂ©e.
Quand madame C. s’assoit, elle dĂ©plie les papiers dĂ©licatement, les ausculte avec beaucoup d’attention Ă  cinq centimĂštres de son visage en se grattant le menton.
-       C’est à quelle heure l’heure du düner ?
-       On a déjà dßné.   
-       Ah bin ! Vous m’avez oubliĂ©e, j’ai pas dinĂ© moi. Pouvez-vous me dire Ă  quelle heure on mange ?
-       Le souper est vers 4h30-5h.
-       Et là, il est quelle heure ?
-       2h.
-       Mon dieu que le temps passe pas vite
 Pis vous la voyez oĂč l’heure ?
-       Sur l’horloge juste ici.
-       Ah ! Bin oui ! On oublie hein, c’est tannant. Excusez-moi. J’ai peur de vous dĂ©ranger.
Une minute plus tard : « Pouvez-vous me dire yé quelle heure ? ».
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DeuxiĂšme semaine en CHSLD
Premiùre rencontre avec madame G. Elle est trùs petite, genre 4’7’’.
Ses yeux sont Ă©normes, agrandis par les verres de ses lunettes, les pommettes bien rondes et des cheveux blancs au brushing s’allongeant jusqu’au plafond. Son visage minuscule semble magnifiĂ© par un dentier qui la rend Ă©trange et superbe Ă  la fois.
Ce jour-lĂ , au moment de faire sa toilette, elle me dit : « J’ai 95 ans moi et mon doux, je souhaite Ă  personne de se rendre Ă  cet Ăąge-lĂ  ! ».
Elle rit.
Je ris avec elle.
***
Le cahier des selles c’est la Bible du CHSLD. À chaque quart de travail, on doit inscrire la consistance du caca des rĂ©sident-es : petite, moyenne, grosse, dure, liquide, p’tites boules
 AprĂšs deux jours sans caca, c’est le suppositoire.
C’est toujours Ă  ce moment que madame R. vient nous dĂ©crire ses selles et explique de long en large ce qui se passe dans ses intestins : « Ce matin, j’suis allĂ©e aux toilettes, pis y’a rien qui’a sorti. Mais bon, aprĂšs le petit dĂ©jeuner, par contre, lĂ , j’en ai fait une petite de mĂȘme ! J’sais pas ce qui se passe, ça fait une journĂ©e que j’ai pas fait de la toilette. La derniĂšre fois par contre, c’était une grosse molle   »
Si on ne l’arrĂȘte pas, la description continue. Elle n’est pas la seule, ça parle beaucoup et souvent de caca en CHSLD.
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Monsieur E. porte un collier cervical suite Ă  une chute. Je lui fais sa toilette basse (la toilette basse, c’est aprĂšs un pipi/caca, laver avec une guenille humide et savonneuse puis sĂ©cher). Pour essuyer son pĂ©nis, je pousse la petite peau vers l’arriĂšre. Avec un pĂ©nis mou, c’est pas si facile ! Il me dit en riant : « ArrĂȘtez ça, vous allez le rĂ©veiller ! » Monsieur E. a 94 ans.
Comme sujet de conversation, il y a le caca, mais aussi les Ă©rections de vieux parce que oui, Ă©tant donnĂ© leur Ăąge, c’est toujours surprenant !
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***
Aux chaises berçantes à l’intersection des couloirs, madame C. :
« Pouvez-vous bin m’dire POURQUOI BIN, on me lĂšve, pour me laisser ICI, dans le COULOIR ?! Pouvez-vous bin m’dire c’que j’fais ici? C’est pas ma maison ici ! C’est quand est-ce que bin don’ j’vais pouvoir sortir ?
C’est par oĂč qu’on sort ? ».
Alors que madame C. continue Ă  ĂȘtre fĂąchĂ©e et ne pas comprendre ce qu’elle fait ici, l’infirmiĂšre rĂ©pond :
-    À 10h vous allez pouvoir sortir !
-    Bon. Il est quelle heure-là ?
-    C’est bientît l’heure. Regardez l’horloge est juste là !
-    Ah bon ok. Et mon mari ?
-    Il va venir cet aprÚs-midi.
-    Bon. Ok. Merci.
Je vais voir l’infirmiùre et lui demande :
-       Il va vraiment venir son mari ?
-       Bin non. Il est mort.
Je rĂ©alise qu’avec une mĂ©moire d’environ 4 minutes, c’est un mensonge qui ne lui fait pas de mal.
***
Seule avec madame J., normalement souriante dÚs le réveil, ses petits yeux bleus portent un regard confus et troublé.
-       Bonjour madame, je viens faire votre toilette basse.
-       Ah oui ? Ah bon, ok. Mais, mais
 Est-ce que je peux vous poser une question ?
-       Oui ?
-       Bin
 C’est que
 Pouvez-vous me dire ce que je fais ici ? Je ne comprends pas ce que je fais ici
 Je comprends que je ne suis pas ici pour travailler
 Pouvez-vous m’expliquer ?
J’ai mal dans mon cƓur. J’ai une grosse boule parce que je sais ce que je dois lui rĂ©pondre, parce que j’ai entendu une autre prĂ©posĂ©e lui dire.
-       Je suis dĂ©solĂ©e de vous le dire, mais vous ĂȘtes ici parce que vous ĂȘtes atteinte de la maladie d’Alzheimer. Vous ĂȘtes ici pour qu’on s’occupe de vous.
-       Et ça fait longtemps que je suis ici ?
-       Oui, ça fait quelques mois déjà. On prend soin de vous.
Quelques jours plus tĂŽt, c’est elle-mĂȘme, madame J. qui m’explique qu’elle est atteinte d’Alzheimer : « C’est que des fois j’oublie. ». Elle comprend sa maladie jusqu’au moment oĂč elle oublie qu’elle oublie. Quand ça arrive, elle devient anxieuse, inquiĂšte, confuse et triste : « C’est ça qui est tannant, c’est que j’sais pu
 J’sais pu quoi, qui  ». Lorsque je repasse devant sa chambre, elle discute avec une infirmiĂšre. Madame J. sort de sa chambre, les yeux gonflĂ©s, renifle. Elle s’excuse. Elle m’explique qu’elle est atteinte d’Alzheimer.
-       Voulez-vous un cùlin ?
-       Oui.
On se donne un gros colleux. Elle pleure et moi aussi, j’ai les yeux pleins d’eau. Je lui propose de se mettre belle pour lui remonter le moral. Ensemble, bras dessus, bras dessous, on fait demi-tour vers sa chambre pour se mettre du rouge à lùvre rose.
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Quand on arrive pour la lever du lit, un matin, madame M. nous regarde, couchĂ©e, la corde de la cloche d’appel autour du cou. Quand je m’en rends compte, elle tourne lentement la tĂȘte vers moi et me regarde de ses yeux tristes. Ça me pince en-dedans. Je me dis que ce n’est certainement pas ici qu’elle va (re)trouver le goĂ»t Ă  la vie. PosĂ©e dans son fauteuil, devant son mur blanc brillant et vide. Plus tard dans la journĂ©e, l’infirmiĂšre affirme que madame M. semble avoir renoncĂ© Ă  la vie et qu’il faut la surveiller. On change la cloche d’appel par une clochette comme celle au restaurant.
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Madame I. fait la sieste l’aprĂšs-midi avec de la musique classique. Elle tape du pied, les yeux fermĂ©s et des fois elle fredonne. Alors que je mets la musique lors de sa sieste d’aprĂšs-midi, une collĂšgue prĂ©posĂ©e me dit : « Baisse le volume un peu, j'haĂŻs assez ça la musique classique ! ».
Une autre fois, madame I. est assise dans son fauteuil. Dans sa chambre, il y a beaucoup de photos. C’est l’une des rares chambres dĂ©corĂ©es qui porte les traces d’un passĂ© vivant et rempli d’amour. Il y a quelques photos d’elle et de son mari. Ils ont l’air follement amoureux, ils s’embrassent. Je lui montre et lui demande :
-       Les reconnaissez-vous ?
Elle regarde longuement. Elle ne dit rien, prend la photo dans ses mains et regarde de prÚs. De sa toute petite voix, elle me répond : « Non ».
Et elle ricane. J’ajoute : « Oui sont beaux, hen ? Ils ont l’air amoureux ».
Elle ricane encore, sourit de ses quatre dents et hoche lĂ©gĂšrement la tĂȘte pour dire oui.
***
Monsieur B., atteint d’Alzheimer, lui qui Ă©crit les prĂ©noms dans son cahier rouge, me dit : « Maaaa
 femmmmme. Laaaa maaa
laaaa..diiiie... Ca me faiiit
. de la peiiiii
ine qu’ellllll
.e m'aaaa
 ouuuuu
bliiiié  quuuue je laaa
 retrouuuuveraiiiii
 paaaas. ».
À sa derniĂšre journĂ©e en rĂ©sidence, on se dit au revoir : « Ça vaaaa quaaand
. je voooiiis vos yeuuuux. J’aiiiime vos yeuuux, je ne vous ou
blie
.rai
 jamaiiiiiis! ». 
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Sortir dehors voir les fleurs avec madame S., la madame sourde. On regarde les fleurs dans les pots de l’entrĂ©e bĂ©tonnĂ©e de l’hĂŽpital. On s’émeut ensemble d’une fleur qui est douce comme le velours.
Semaine 3 en CHSLD
Madame R., qui vient me prendre la main pour marcher un peu, me demande : « Il est oĂč Robert ? » pour la Ă©niĂšme fois de la journĂ©e.
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Dans une chambre, un ballon de fĂȘte de 93 ans.
Je pense Ă  voix haute (naĂŻvement) :
-       C’était sa fĂȘte rĂ©cemment ?
-       Ça ? Oh non ! Ça fait longtemps !
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Ma derniÚre journée en CHSLD
12h44. J’attends l’appel de ma docteure. Le tĂ©lĂ©phone sonne. Je rĂ©ponds. Je lui dis que je dois arrĂȘter, que j’ai besoin que quelqu’un me dise d’arrĂȘter parce que je suis Ă©puisĂ©e, Ă  bout, faible et que je n’arrive pas Ă  m’arrĂȘter moi-mĂȘme. Je ne dors plus, je pleure souvent, je bois pour me calmer parce que la vie est too much. Je reçois un diagnostic de trouble anxio-dĂ©pressif. La docteure me dit que je suis « en burn out ». Elle me rĂ©dige un billet d’arrĂȘt de travail et me prescrit des antidĂ©presseurs. Elle m’explique que mon cerveau est malade et que je dois prendre soin de moi avant de m’occuper des autres.
Je reviens au travail aprÚs mon appel. Je tiens à faire de cette derniÚre journée un beau souvenir. Je décide que je vais mettre du vernis à ongle à ma madame préférée, madame S., la madame sourde de 106 ans. Cette journée-là, elle porte un chandail rouge vif.
Je vais la voir et lui propose avec des gestes de lui mettre du vernis Ă  ongle : « Non, oh non ! Non, non, non  ».
Je reviens avec des vernis. J’ai choisi plusieurs couleurs : bleu, argent et, of course, le rouge. Rouge NoĂ«l comme son chandail. J’attends sa rĂ©action. Elle se cache les yeux, tourne la tĂȘte. Puis tranquillement, tend le bras et choisit le rouge. Elle me regarde Ă  nouveau, roule les yeux, sourire en coin. Je veux lui faire plaisir, la faire briller, cette femme de 106 ans que je trouve tellement belle. Je veux lui faire sentir qu’elle est spĂ©ciale pour moi.
C’est sur mon temps de pause que je lui mets le vernis rouge. Il n’y a presque personne sur l’étage, c’est notre tĂȘte Ă  tĂȘte. Je lui fais les ongles lentement, elle me regarde les yeux brillants, la bouche entrouverte :
-       Oh mon dieu ! Ça fait tellement longtemps ! Avant, j’en portais tout le temps !
Quand j’ai fini, je m’en mets sur le pouce. Pour elle, pour moi, pour me souvenir.
Je suis partie sans dire bye. Le cƓur gros, mais sans regarder derriĂšre, avec le sentiment d’avoir pris les meilleures dĂ©cisions, autant en commençant, qu’en arrĂȘtant.
Aucun regret, ongle rouge à l’appui.
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duunafora · 4 years ago
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Jeunesse Perdue | Chapitre 01
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[Sur]vivre : Jeunesse perdue | PART 01. Chapitre 01
Janvier 1921
John se sentait minuscule sous le regard mĂ©prisant du juge. Ce dernier dĂ©gageait quelque chose d’intimidant et du point de vue de l’enfant, Mr. Smith ressemblait Ă  un mĂ©chant de bandes dessinĂ©es. Bien que le bureau fĂ»t spacieux et naturellement lumineux, John n’était pas Ă  son aise. Ici, pas de place Ă  l’imagination ou mĂȘme Ă  la crĂ©ativitĂ©. Tout Ă©tait trop bien ordonnĂ©, mĂȘme les meubles Ă©taient positionnĂ©s au millimĂštre prĂšs. Pas de doute, le juge Ă©tait quelqu’un de maniaque.
Dans un mouvement mesurĂ©, Mr. Smith tira sa chaise et s’y installa tout en articulant :
— Bien
 nous devons encore rĂ©gler quelques dĂ©tails.
Il marqua une pause et dévisagea John qui remuait nerveusement sur sa chaise.
— Comme la garde de l’enfant, par exemple.
Il y avait du mĂ©pris dans sa voix, mais par politesse, les parents firent les sourds. AprĂšs tout, ils n’avaient qu’une hĂąte : finir une fois pour toutes cette instance de divorce qui s’attardait depuis plus d’un moins. Les deux Ă©poux Ă©taient en dĂ©saccord sur beaucoup de questions, comme le partage des biens, par exemple, ou encore l’autoritĂ© parentale. Ni James, ni FĂ©licie, ne voulait cĂ©der John Ă  l’un, comme Ă  l’autre.
— Qui aura donc sa garde ?
— FĂ©licie, rĂ©pondit amĂšrement James.
Il Ă©tait clairement dĂ©goĂ»tĂ© et il ne s’en cachait pas. Il aurait aimĂ© garder son fils, mais leurs avocats respectifs ont jugĂ© que FĂ©licie Ă©tait la mieux placĂ©e pour s’en occuper. James Ă©tait Ă  la tĂȘte d’une entreprise automobile et bien que son poste apportĂąt Ă©normĂ©ment de privilĂšges, l’unique dĂ©savantage avait pesĂ© lourd dans la balance : son emploi du temps. Il Ă©tait surchargĂ© de rendez-vous qui se dĂ©roulaient aux quatre coins de l’AmĂ©rique et il n’avait aucun horaire fixe.
— Et durant les vacances, John ira chez son pĂšre et nous comptons alterner sa garde pour NoĂ«l et le Nouvel an, ajouta FĂ©licie.
James acquiesçait pour appuyer son propos.
— Parfait ! s’exclama Mr. Smith, nous pouvons donc procĂ©der Ă  la relecture des documents et aux signatures.
À ces mots, FĂ©licie se dĂ©tendit, soulagĂ©e. Quand elle sortira de ce bureau, elle sera de nouveau FĂ©licie Himmler et elle pourra laisser cette vie derniĂšre elle. Adieu l’AmĂ©rique et ses soi-disant miracles, elle rentrerait bientĂŽt Ă  la maison. Elle avait hĂąte d’embrasser cette nouvelle vie, contrairement Ă  son fils qui n’avait pas son mot Ă  dire. Du haut de ses quatre ans, il Ă©tait incapable de discernement selon les avocats et le juge. John ne voulait pas de cette sĂ©paration, il ne voulait pas choisir entre papa et maman et il ne voulait ni quitter sa maison, ni ses amis. Mais qu’importent ses lamentations, FĂ©licie et James signĂšrent Ă  tour de rĂŽles les documents qui leur sont prĂ©sentĂ©s.
Plus tard dans la semaine, John se tenait en face d’un paquebot qui devait voguer jusqu’en Europe, un continent qu’il serait incapable de placer sur une carte. Dans son dos, FĂ©licie et James s’assuraient une derniĂšre fois que leur fils n’avait rien oubliĂ©.
— Dans le pire des cas, ce n’est pas perdu, conclut James.
FĂ©licie acquiesça et appela John qui accourra aussitĂŽt vers eux. Maladroitement, l’enfant s’accrocha Ă  la jambe de sa mĂšre, tandis que son pĂšre s’agenouillait prĂšs de lui. Avec affection, il Ă©bouriffa ses cheveux, avant de serrer son Ă©paule.
— Tu prendras soin de maman ?
John hocha tout simplement la tĂȘte.
— Bien, et promet moi de l’écouter et de l’aider, d’accord ?
— Oui, murmura l’enfant.
— Parfait, ne fait surtout pas de bĂȘtise et n’épuise pas ta grand-mĂšre.
John acquiesçait de nouveau et James se releva pour faire face Ă  FĂ©licie. Ils n’échangĂšrent aucun mot, ni mĂȘme une accolade. Leurs yeux parlaient pour eux, remplient de regrets et de douleur. Ce n’était pas un adieu, seulement un nouveau chapitre dans leur relation, mais avant, FĂ©licie devait panser ses blessures et aller de l’avant.
FĂ©licie rĂ©cupĂ©ra les bagages et tourna les talons sans plus de cĂ©rĂ©monies. Elle se dirigea vers le paquebot Ă  vivre allure, emmenant John dans son sillage. Ce dernier regardait par-dessus son Ă©paule, essayant d’apercevoir son pĂšre dans cette foule qui devenait dense, mais en vain. Ils montĂšrent Ă  bord du bateau une fois leurs billets compostĂ©s et se dirigĂšrent vers leur cabine oĂč ils errĂšrent un moment dans les couloirs, perdu. FĂ©licie s'arrĂȘtait pratiquement Ă  toutes les portes pour vĂ©rifier les numĂ©ros, pour finalement demander son chemin Ă  un Stewart de passage qui leur indiqua la bonne direction.
Ils tournĂšrent deux fois Ă  gauche et prirent un escalier, avant de tourner Ă  droite. Avec soulagement, FĂ©licie ouvrit une porte et John entra en traĂźnant des pieds. Il fit le tour de leur cabine sous l’Ɠil avisĂ© de sa mĂšre. L’endroit Ă©tait luxueux : les lits Ă©taient grands et la piĂšce Ă©tait assez grande pour contenir un bureau, une commode, une armoire et une coiffeuse. À gauche de cette derniĂšre, se trouvait une porte qui menait Ă  une petite salle de bain. Tout le confort y Ă©tait, et bien que John s’amusĂąt Ă  rebondir sur son lit, il Ă©tait pris d’un sentiment de malaise.
De nouveaux horizons l’attendaient.
Une fois dĂ©barrassĂ©s de leurs valises, ils quittĂšrent la cabine pour rejoindre le pont. John s’agrippa Ă  la balustrade et se mit sur la pointe des pieds pour regarder la foule en contre bas. MĂšre et fils essayĂšrent d’apercevoir James dans la foule, mais s’étaient peine perdu. Soit il se fondait dans la masse, soit il avait dĂ©jĂ  quittĂ© le port. John Ă©tait dĂ©pitĂ©, il aurait aimĂ© le saluer une derniĂšre fois.
Le paquebot se mit en marche et vogua hors du port. New-York s’effaçait derriĂšre la ligne d’horizon et ils eurent l’ocĂ©an pour unique paysage. Ils retournĂšrent dans leur cabine oĂč John comptait s’y cacher pour la durĂ©e du trajet en signe de protestation. AprĂšs tout, personne ne voulait l’écouter, alors pourquoi devrait-il se montrer coopĂ©ratif ?
Boudeur, John retira ses chaussures et trouva refuge sous la couverture de son lit. Il entendit la porte se fermer, puis FĂ©licie qui se baladait Ă  travers la cabine. Pour faire passer l’ennuie, John s’amusait Ă  dĂ©terminer ce qu’elle faisait ; durant les premiĂšres minutes, FĂ©licie avait rangĂ© leurs valises, avant d’entrer dans la salle de bain. L’eau avait coulĂ© en continue pendant une dizaine de minutes, chose qui avait inquiĂ©tĂ© John au bout d’un moment. Pourtant, il n’avait pas quittĂ© sa cachette et cinq minutes plus tard, FĂ©licie Ă©tait sortie de la salle de bain en reniflant.
De son pied, John poussa la couverture et dévisagea sa mÚre. Cette derniÚre venait de mettre la main sur sa veste et sur un trousseau de clé.
— Je sors prendre l’air, je reviens dans cinq minutes, dit-elle en quittant la cabine.
John sursauta quand la porte claqua et il resta sidĂ©rĂ©. Le silence eut l’effet d’un coup de massue, un fardeau qui pesait sur ses frĂȘles Ă©paules. Il se sentait petit, mais surtout perdu. Son pĂšre l’avait abandonnĂ©, lui qui brillait de par son absence et maintenant par sa mĂšre qui ignorait son mal-ĂȘtre. Il n’avait plus de repĂšres et le voilĂ  seul, lĂąchĂ© dans cet inconnu effrayant. En fait, partir Ă  l’aventure n’avait rien de drĂŽle.
FatiguĂ©, John rebondir contre le matelas. Il ruminait sur son sort en attendant le retour de sa mĂšre, mais au bout de cinq minutes, FĂ©licie n’était toujours pas revenue. Quand cette derniĂšre refit surface, elle retrouva son fils endormi et les joues mouillĂ©s.
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