Tumgik
#au moins un instant?
alexar60 · 1 year
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C’était un simple crush, une histoire d’une nuit. Mais au matin, Manon se leva, encore vêtue de son t-shirt déchiré. La rouquine prépara ses pinceaux et invita Paul à la rejoindre. Elle trouvait son visage si charmant qu’elle voulait garder une trace. Dès lors, elle dessina son portrait, usant de la peinture et du temps. Son coup du soir demeurait nu, assis sur une chaise, prenant une position sérieuse et intime. Contrairement à l’artiste qui, sans complexe, n’hésita pas à garder les cuisses ouvertes. D’ailleurs, Paul ne pouvait que profiter de son sexe rasé et sa poitrine généreuse à peine voilée par le tissu blanc de son maillot.
Manon peignait, profitant de son inspiration. Elle dessinait magnifiquement mais ne souhaitait pas exposer ni vendre ce nouveau tableau. Contrairement à ses habitudes, celui-ci n’était qu’une envie, un moment de plaisir, un cadeau pour remercier Paul pour cette jolie nuit passionnée.
Je vais faire entrer ton corps dans l’immortalité. Tu changeras mais ce tableau montrera combien tu étais beau, dit-elle.
Paul sourit à cet instant. Cependant, constatant que Manon arrêta de peindre tout en présentant un regard sérieux. Il comprit qu’elle ne voulait pas qu’il bouge, y compris dans la mimique.
A moins que ce soit le tableau qui vieillisse pour toi, comme dans le portrait de Dorian Gray, ajouta Manon. Voudrais-tu que ton portrait change et vieillisse à ta place ?
Non, répondit-il après une hésitation.
Il avait peur qu’elle rate son œuvre parce qu’il aurait remué les lèvres. Toutefois, elle arrêta de peindre et regarda son amant avec étonnement. Dès lors, il se sentit obligé de se justifier.
Je préfèrerais changer ma vie entièrement…Parfois, j’ai l’impression d’avoir loupé quelque-chose. Que ça ne s’est pas passé comme prévu. Rien ne me plait dans cette vie.
La jeune femme écoutait avec attention. Elle comprenait ce qu’il ressentait. Elle avait bientôt 40 ans, pas d’enfant et une vie, pourtant magnifique, mais triste. Elle avait vécu des moments de galère avant la reconnaissance. Cependant, elle sait que la galère peut revenir à tout moment. Et oui, elle aussi, aurait voulu changer sa vie, si elle le pouvait. Paul interrompit sa perdition soudaine. Aussitôt, Manon se remit à peindre.
Le soir venu, le tableau n’était pas encore fini. Paul proposa de revenir le lendemain soir, car il devait rentrer chez lui. Personne ne l’attendait si ce n’est une pile de dossiers pour le boulot. Il s’habilla puis sortit après avoir embrassé langoureusement Manon.
Dehors, il faisait déjà nuit. Le ciel magnifiquement dégagé, se voilait d’un tapis d’étoiles. Paul marcha longtemps, en repensant à leur discussion sur leur vie. Il se demandait si ce n’était pas l’occasion de se ranger, arrêter des histoires sans lendemain et enfin, de pouvoir vivre une vraie histoire d’amour. Il leva la tête pour admirer la lune. Tout à coup, il aperçut une étoile filante. Cette dernière laissait derrière elle, un éphémère trait argenté. Puis il entra dans son appartement et s’endormit en oubliant cette belle journée.
Chéri, tu vas être en retard !
Paul regarda avec des yeux exorbités la belle brune qui se promenait en jogging dans sa chambre. Elle ouvrit la porte d’une armoire qu’il n’avait jamais vue.  Un coup d’œil par la fenêtre, il n’était pas dans son logement. Lui qui, d’ordinaire, voyait une petite cour, se trouvait à découvrir une avenue ou un boulevard. Il se leva, approcha de la femme  qu’il ne connaissait pas. Il allait poser une question lorsqu’il entendit parler. Dès lors, il approcha de la cuisine. Deux petites filles, assises autour d’une table, mangeaient une tartine et buvaient un bol de chocolat.
Bonjour papa ! dirent-elles en cœur.
Hé bien Paul, tu ne t’habilles pas ? Tu vas être en retard.
Et toi, tu ne travailles pas aujourd’hui ? demanda Paul.
Elle sourit à sa question  Cependant, ce n’était pas la première qui lui venait en tête. Mais il ne savait pas comment expliquer qu’il y avait erreur. Il n’était pas marié, n’a jamais eu d’enfant. Et brusquement, il se retrouvait avec une femme et deux gamines dans un appartement qui ne lui disait rien.
Tu sais bien que le mardi, je suis en télétravail, annonça la femme.
Elle pria les filles de prendre leur cartable et les accompagna jusqu’à l’école. Pendant ce temps, Paul se lavait puis quittait à son tour l’appartement pour rejoindre son bureau.
Durant tout le trajet, il interrogea son esprit. Comment était-il possible qu’il ait changé de vie en une nuit ? Les vœux se réalise-t-il ? Il n’avait pas changé d’apparence. Il n’avait pas pris la vie d’un autre. Il était bien lui, mais ne comprenait rien de ce qu’il lui arrivait.
En entrant dans le hall, l’hôtesse d’accueil le regard avec insistance. Paul passa, comme tous les jours, montrant un grand sourire et en disant bonjour. Il partait en direction de l’ascenseur pour rejoindre son bureau minable, encerclé de cloisons qui n’empêchait pas d’entendre les discussions de ses collègues. Seulement, il fut arrêté.
S’il vous plait, monsieur ! Avez-vous rendez-vous ?
Je travaille ici, répondit Paul avec étonnement. Vous ne me reconnaissez pas Mathilde ?
Surprise d’entendre son prénom de la bouche d’un inconnu, Mathilde resta bouche bée. Puis, elle reposa la question. Paul continuait d’affirmer qu’il travaillait dans cette entreprise depuis quatre ans. Finalement, il demanda qu’on appelle son collègue de bureau.
Norbert n’avait pas changé. Petit gros, les cheveux gris, il sortit de l’ascenseur avec son air patibulaire connu. Il commença par engueuler Mathilde tout en dévisageant Paul et un agent de sécurité. Et quand Paul le salua. Il chercha dans son esprit s’il l’avait déjà rencontré.
Non, désolé, je ne vous connais pas, dit-il. Et ne m’appelez pas pour ce genre de foutaise…Déjà que j’étais en pleine réunion !
Il partit sans écouter les appels de Paul. Celui-ci, sentant qu’il n’était pas le bienvenu, quitta le hall surveillé de près par la sécurité. Toutefois, une fois dans la rue, son téléphone sonna.  L’écran afficha un nom qu’il ne connaissait pas. Cependant, il répondit et entendit une voix d’homme
Bonjour Paul, Vous allez bien ? Parce que vous ne nous avez pas prévenu de votre absence.
Oui, ça va. Mais je devais aller où ?
Bin, à la Sorbonne. Vous avez votre cours.
Choqué, il attendit et n’eut pas le temps de parler.
Vous êtes sûr que vous allez bien ? Je peux annuler vos cours de la journée.
Non, ça va. Je...j’arrive.
Paul prit le métro et descendit à Maubert-Mutualité. Il remonta la rue et entra dans l’université par la porte principale. Il ne savait pas où aller ni quoi faire. Il resta hagard jusqu’à ce qu’il croise un étudiant qui le salua. Dès lors, il profita de la discussion pour en savoir plus. Et il apprit ce qu’il n’aurait jamais pensé. Il était professeur de grec ancien.
Après avoir écouté le jeune érudit. Paul s’arrêta devant une salle de cours. Une vingtaine d’élèves attendait patiemment tout en discutant. Son entrée imposa le silence. Il posa une valisette sur la table avant d’observer les étudiants. Le grec ne s’apprend pas. Il avait quelques notions mais cela datait du collège. Il prononça un bonjour obtenant la pareille de ses élèves.
Vous ai-je déjà donné un exercice à faire ? Une traduction ?
Oui, répondit un étudiant.
Immédiatement, il lui proposa de venir au tableau et de traduire le texte étudié. En écoutant, le jeune homme, Paul réalisa qu’il comprenait tout comme s’il parlait couramment le grec ancien. Il s’étonna en corrigeant lui-même quelques erreurs d’accents et de grammaire. Le cours lui parut normal, tout comme la journée.
Au moment de quitter la Sorbonne, son téléphone sonna de nouveau. C’était son épouse.
A quelle heure rentres-tu ? demanda-t-elle.
Je ne sais pas encore.
Si tu vas chez Manon, ne rentre pas trop tard comme hier, s’il te plait. Ce matin, tu m’as paru déboussolé.
Manon ?
Oui, Manon, la peintre.
Il ne s’attendait pas à connaitre déjà Manon. Dans sa nouvelle vie, c’était une amie, alors qu’il l’avait rencontrée la veille. Il se dirigea chez elle. Peut-être avait-elle des explications ? Il reconnut la rue, le même immeuble. Il grimpa jusqu’à son atelier qui servait aussi d’appartement. Il sonna et entendit crier : « C’est ouvert ».
Sans hésiter, le professeur de grec entra. Manon était assise, elle peignait un tableau. La vue de Paul s’attarda sur la raie de ses fesses, indiquant qu’elle ne portait qu’un maillot à moitié déchiré. Elle tourna la tête lorsqu’il toussa.
Oh Paul, je ne t’attendais pas. Je pensais qu’on aurait continué ton portrait demain. (Elle se leva pour faire la bise). Tu vois j’étais en train de faire quelques retouches.
Paul découvrit son portrait nu, assis comme il l’était hier. Elle proposa de reprendre où ils en étaient. Il se retira dans la chambre, se déshabilla et revint s’assoir. Manon se mit à peindre de suite.
Excuse-moi, Manon, mais, on se connait intimement pour que tu restes…
Pour que je reste à poil ? Non, on n’a jamais couché ensemble. C’est une habitude pour mettre à l’aise mes modèles. Je me mets à poil quand ils le sont. Et puis, je ne couche pas avec les maris de mes amies.
Et pourquoi, je pose nu ?
Un cadeau pour Fabienne. Enfin, c’est ce que tu m’avais dit. Je vais faire entrer ton corps dans l’immortalité. Tu changeras mais ce tableau montrera combien tu étais beau
Paul sourit à cet instant parce qu’il avait déjà entendu Manon prononcer ces mots.
A moins que ce soit le tableau qui vieillisse pour toi, comme dans le portrait de Dorian Gray, ajouta Manon. Voudrais-tu que ton portrait change et vieillisse à ta place ?
Cette fois-ci Paul ne répondit pas. Cette nouvelle vie lui paraissait plus belle.
Alex@r60 – août 2023
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Nouveau récit de mon chemin vers le Candaulisme...
Un autre souvenir et une anecdote supplémentaire pour vous expliquer mon candaulisme :
toujours sur la route de l’Espagne...
Avant même de vous narrer la suite et la fin de la soirée avec Bob et ses amies, je voudrais devancer une étape qui n’est pas directement « mon Candaulisme » mais plutôt je pense, vous pourrez me dire ce que vous en pensez, celui des autres...
Il existe aussi et quand on est comme moi sensible et amoureux de cette pratique, de cette philosophie, on peut le voir partout et il est tout aussi important de le faire vivre, de le remarquer et d’être capable de le voir...
Aussi, nous avions prévu avec Ana, après cette nuit de folie passée avec Bob et ses amies, de faire une halte sur la route de nos vacances qui devaient nous mener en destination finale à Grenade en Espagne.
Mon amie, professeure d’Espagnol voulait absolument visiter l’Alhambra et mieux cerner les impacts de la culture Arabe en Espagne ainsi que connaître la culture Andalouse.
Moi, je suivais..., intéressé et curieux d’à peu près tout...et surtout si amoureux d’elle et de tout ce qu’elle me permettait de découvrir, avec elle, sur moi, sur les autres, sur le monde, sur le sexe...
Bref autant de choses que dans un couple « classique » il n’est peut-être pas possible d’appréhender tout autant... ?
Depuis notre Normandie natale, le chemin était long et les étapes nécessaires.
Ainsi, Toulouse, Perpignan, maintenant Tarragone, Madrid et enfin Grenade...
Cinq étapes, 1700 kilomètres environ, me semblaient tout à fait correct surtout que nous étions en vacances...
Aussi, après Perpignan, ce fut Tarragone.
Ana avait aussi choisi cet endroit car en bord de mer, nous aimions la mer elle comme moi,  et avait-elle lu beaucoup d'articles intéressants concernant Tarragone. De nombreux vestiges Romains à voir, une culture de la fête (et même un Musée de la Fête) dont notamment la réalisation festive de ces pyramides humaines, plutôt des châteaux humains (tradition commune aussi avec l’Italie et essentiellement Catalane) nommé « Castelles ».
Elle voulait voir ce spectacle en réel et pourquoi pas tenter d’y participer... ?
La route fut tranquille et agréable même si la chaleur présente de ce milieu d’été nous rendait assez nonchalants l’un et l’autre et que les effets de la soirée de la veille dans cette cahute de la SNSM avec Bob et ses amies se faisaient manifestement sentir.
Ana, comme très souvent et presque toujours, surtout dès qu’il faisait plus de trente degrés, était vêtue d’une très légère et courte robe d’été qui lui allait à merveille et lui rendait moins pénible le voyage...
Nue en dessous ou plutôt sans dessous bien évidemment !
C’était notre code commun de l’été...Et , elle comme moi y veillions!!
Pieds nus et cheveux défaits, elle était superbe.
Souvent aussi, elle posait ses pieds sur le tableau de bord et je ne manquais pas d’admirer ces jambes oblongues et parfaites...
Quelques fois le tissu glissait aux confins de ses cuisses et c’était réellement un bonheur et un spectacle que de la voir ainsi...
La vitesse étant limitée à 120 kilomètres heures sur les autoroutes d’Espagne, je conduisais sans aucun stress tout en m’amusant du fait que lorsqu’Ana se positionnait comme cela et parfois même s’endormait, les camionneurs que je doublais, perchés dans leurs cabines, manquaient rarement de klaxonner, ravis de la vue que la situation pouvait leur offrir un instant en passant...
Cela réveillait immanquablement Ana, qui parfois râlait d’avoir été réveillée mais aussi me l’avoua-t-elle, parce qu’elle n’avait pas pu elle aussi profiter et jouer de l’instant et de ses incroyables et érotiques attraits.
Elle aimait réellement être le centre de l’attention et son côté exhibitionniste avéré et assumé la titillait souvent et ne me déplaisait nullement pour notre plus grand bonheur et notre complicité.
De la pointe de ses pieds au sommet de sa chevelure brune c’était une bombe sexuelle...
Un bouquet d’amour...
Une convocation perpétuelle aux agapes sensuelles et sexuelles...
Chaque parcelle de sa peau était une publicité érotique et une invitation aux pensées lubriques...Je n'avais jamais rencontré d'amis qui ne me l'ai avoué ou plus ou moins fait savoir: "Waaoooua , ta copine...!"
Pour les autres, leurs yeux et leurs comportements suffisaient à eux seuls...
À eux seuls, ses seins galbés et libres dans cette robe légère étaient une invitation à toutes les pensées diaboliques...
Alors, vous pensez, ses jambes bronzées et dénudées, sa chatte lisse juste surmontée d’un triangle soigneusement entretenu, sans parler de son cul rebondi à souhait qu’elle dévoilait parfois dans ces moments-là à ces camionneurs, stakhanovistes du bitume rarement bien considérés et rétribués, étaient un pur instant suspendu, un incroyable « butin », une chance impensable, un vrai ticket de loterie au regard des milliers d’autres personnes, femmes et hommes, que pouvaient croiser ces galériens de la route au quotidien si routinier et très certainement rengaine ...
Souvent quand je les doublais, elle faisait semblant de se pencher pour rechercher quelque chose sur la banquette arrière, assurant un flottement savant et pensé de sa robe jouant avec l’air des vitres ouvertes sur et dans sa raie marquée de son entre-fesses...
Cela n’en laissait, croyez-moi aucun indifférent!
Moi le premier... ! J'adorais tellement bander...Comme tout homme me direz-vous mais peut être encore plus depuis que je me savais Candauliste.
L’adresse de ses mains (parfois elle invitait également la mienne) titillant son écrin d’amour était réellement à voir et à admirer...
Bref , oui, elle savait jouer de ses charmes et de ses envies pour rendre fous les hommes (parfois les femmes...On venait réellement de le constater avec Clara et Laura , les amies de Bob le soir d’avant...Je vous raconterai...).
-«  Le prochain routier qu’on dépasse, tu me dis et tu me réveille avant...Je vais le faire bander crois-moi...Il va payer pour les autres qui m’ont réveillée...Je vais le rendre fou...Tu resteras à sa hauteur, tant pis si ça râle derrière, et je lui ferais un striptease et le coup de la femme exhib...T’inquiète...Tu te régaleras aussi mon chéri... ! »
Je ne pouvais en douter un instant d’autant qu’on avait déjà joué à ce jeu un jour en Bretagne et que le conducteur du camion avait réellement faillit avoir un accident tant il ne faisait plus assez attention à la route, ce con !
                -« Ok, promis , Bébé...! Promis dis-je en riant... »
Quelques hectomètres suffirent et j’avoue qu’elle sut y faire...
Le routier n’arrêta pas, une fois qu’on l’eut dépassé, lentement dépassé sur plusieurs kilomètres, de klaxonner, de faire des appels de phares, de mettre son clignotant pour nous indiquer qu’il voulait s’arrêter...
Mes doigts enserrés dans son con bien ouvert, humides et si délicieusement chaud, je ne pouvais de toutes manières pas m’arrêter...
Ce n’était d’ailleurs pas notre volonté ni celle d’Ana qui s’était doucement et tendrement repliée sur mes doigts encore enfouis en elle...J’étais au Anges...Elle se rendormit...
Il nous restait une centaine de kilomètres avant d’arriver à Tarragone...
Nous avions réservé un airbnb en centre-ville, il y avait un parking à proximité et c’est juste à côté de la Cathédrale, sur la place où avait lieu généralement les fêtes.
Notre hôtesse était une femme d’une soixantaine d’années magnifiquement conservée (elle devait réellement avoir été belle dans sa prime jeunesse).
Elle nous aida à nous installer, nous fit l’article des plus belles choses à voir, nous conseilla quelques restaurant situés juste à côté et d’aller regarder le spectacle de la lune sur les flots ou sur le port situé juste au bout des ramblas... :
                - « Ce soir c’est pleine lune, la lune bleue, nous indiqua-t-elle dans un français quasi parfait...Elle avait été par le passé pendant quelques années conseillère économique au sein de l’Ambassade d’Espagne à Paris, ville qui me manque parfois, nous avoua-t-elle... ».
Elle avait hérité et investit dans sa ville natale de Tarragone et était revenue y vivre avec son mari la retraite arrivée depuis trois ans maintenant.
Son mari était un ancien agriculteur des environs, vivait encore à la campagne voisine le jour et venait la rejoindre chaque soir au coucher.
Elle était réellement charmante et nous indiqua de ne pas hésiter à l’appeler si on avait un quelconque besoin.
« Même dans la nuit..., ici on ne se couche pas très tôt, on aime la fête et les gens...Dommage, la fête des Castells n’a lieu qu’en octobre cette année, il faudra revenir...et il n’y a pas de répétition sur la place...La nuit sera tranquille...Vous pourrez vraiment vous reposer si vous partez demain pour Madrid. Bonne nuit ! »
Nous étions installés dans un appartement situé au deuxième étage d’un vieil immeuble du début du siècle avec une avancée sur colonne constituant en dessous un passage sous voute.
L’appartement avait été refait à neuf à l’arrivée de Consuella, c’était son prénom, et était parfait.
En face du large espace constituant la place de la Cathédrale, un petit immeuble de même taille que le notre mais de style différent semblait inoccupé ou du moins très tranquille et sans vis à vis...
Ce serait parfait, il faisait encore chaud en cette longue soirée d’été et l’air de la mer voisine pourrait sans nul doute nous apporter un peu de fraîcheur dans la nuit. Nous pourrions sans problème dormir les fenêtres ouvertes...
Ana se précipita sous la douche en rigolant, me jetant un « Prem’s » hilare...
Elle était déjà entièrement nue.
Sa vitesse à se dénuder et à être aussi à l’aise m’avaient toujours sidéré...Il faut dire qu’elle était tellement belle et naturelle. Son éducation, contrairement à la mienne y avait sûrement beaucoup participé : ses parents professeurs étaient depuis toujours naturistes convaincus et passaient leurs étés sur les plages et les camps naturistes d’alors...J’appris par eux qu’il y avait même des campings et autres installations naturistes certifiées au-dessus géographique de Montauban..., ce qui pour moi était une impossibilité physiologique tant je craignais le froid... !
Pour autant Ana et ses frères avaient été bercés par ce mode de vie et ce rapport au corps qui je l’avoue m’avait interpellé puis plutôt convaincu...
Il n’en reste pas moins que Montauban fut et est toujours pour moi, même en nos nouvelles périodes de réchauffement climatique, une limite géographique , du coup peut-être psychologique,  infranchissable.
Je rangeais nos affaires et ouvrais la fenêtre de l’appartement.
J’avais également envie et besoin d’un bonne douche et je rejoignis rapidement Ana...
Quelques baisers humides plus tard, elle sortit et m’attendit assisse engoncée dans une grande serviette moelleuse sur le rebord de la fenêtre.
Elle me proposa de nous habiller rapidement et de descendre manger dans un des restaurants indiqués par Consuella :
                « Une bonne nuit de repos ne nous fera pas de mal mon amour me dit-elle, j’ai envie d’être cool ce soir...Pas toi ? « 
Ce qui en langage de Ana signifiait, on mange on se couche tôt, on se câline et on se repose...
Le programme m’allait bien, même si de la voir se préparer et s’habiller devant moi et me demander quelle robe lui allait le mieux après en avoir essayé quatre ou cinq, sans compter quelles chaussures, un bracelet de cheville ou pas, ... entrainait toujours pour moi et en moi un sentiment Candauliste émergent et irrépressible...
Je me serais bien jeté sur elle pour lui faire l’amour, là, maintenant, mais elle m’échappait déjà en se tournant et regagnant la salle de bain.
Elle opta pour une robe courte, droite et fendue sur le côté, style « Romaine » qui lui allait magnifiquement et ajouta ce coup-ci sans me demander, un bracelet manchette du plus bel effet sur sa beau bronzée et son bras si parfaitement dessiné.
Je pensais en l’admirant qu’elle aurait été parfaite pour une soirée Romaine et mon esprit plus que coquin se projeta même jusqu’à l’orgie...
Était-ce le passé de Tarragone, ancienne ville Romaine d’importance qui me jouait des tours ou était-ce seulement ma lubricité entretenue par notre après-midi routier et la chaleur de ce début de soirée qui emportait mon imagination ?
La conscience ou l’inconscience d’Ana de par ses jeux aussi imprévus que constants et mes propres tourments érotiques incessants devant son irradiante et sensuelle beauté me poussaient dans les retranchements du Candaulisme, je m’en apercevais de plus en plus : je l’admirais, j’étais fou d’elle, je voulais la partager, l’offrir, la montrer aux autres, à toutes et à tous combien elle était belle, désirée et désirable, ardente...
Secrètement et subitement je l’imaginais ici, jadis, Déesse ou Princesse dans son palais, offrant sa magnificence, sa présence et jusqu’à son corps à ses plus beaux serviteurs, soldats ou esclaves musclés et vainqueurs, choisis par elle et son Maître (moi ?) comme juste et inespérée récompense des exploits réalisés dans les Arènes, au quotidien à son service ou sur les champs héroïques des batailles...Peut-être même Candaule lui-même m'inspirait-il du lointain de son huitième siècle avant J-C...
Le tout serait de ne pas en mourir!
C’était aussi ma vision du Candaulisme et un bonheur que je ressentais que de la voir se préparer et s’habiller pour aller en soirée...
Plus tard, j’en fis même avec elle un rituel incontournable de nos pratiques Candaulistes, surtout et encore plus quand la soirée ou son rendez-vous devaient se tenir hors de ma présence...
J’avoue que ce sont des instants magiques permettant tellement la plongée vers l’imaginaire constituant la jouissance des protagonistes, en tout cas des Candaulistes avérés.
S’imaginer les émotions suscitées et ressenties par son élégance, sa beauté, sa prestance, ses vêtements, ses parfums, ses bijoux, ses onguents, sa lingerie... mais aussi l’instant où elle apparaîtrait aux yeux incrédules de son ou ses amants, se ferait désirer , admirer, défaire de ses parures choisies ou d’en être défaite par un ou des amants attentifs et rendus fous de désirs... ;
son retour près de moi, avec le pouvoir de me faire languir de ses récits et de son corps ; 
me jeter aux yeux, aux mains, à l’esprit, la ou les différences, les effets sur sa libido, sur sa magnificence, sur son charisme, entre son départ et son retour au plus près de moi...;
être attentif aux  « griffures », parfois aux "déchirures" sur ses habits ou en son âme de sa soirée.. ;
le bonheur de la voir belle et parfaite ; le plaisir de la voir revenir heureuse épanouie, comblée, confidente et partageuse dans l’attente et l’impatience de pouvoir tout aussi rapidement repartir... ;
être fier et si amoureux d’elle et de ce qu’elle m’ offre, a offert ou va offrir aux autres;
avoir ce délicieux pincement inarrêtable et si puissant dans le ventre en la voyant partir, exacerbé si puissamment tout au long de son absence avec cette impatience de la délivrance, cette inquiétude et cette douceur envahissant le corps et l’esprit quand elle vous revient...
Et pour elle la certitude d’être, si ce n’est la plus belle, la certitude de se sentir Reine et conquérante du monde...
Oui, tout cela me traversa en quelques secondes l’esprit et serait, maintenant je le savais depuis l’avoir rencontrée et parcouru ce chemin de quelques mois ensemble, à jamais en moi...
Le dîner en ville fut rapide et léger et visiblement Ana était impatiente de regagner notre gîte.
Je ne lui en tenais pas grief même si tout était propice en cette soirée à Tarragone à l’abandon sensuel des corps et des esprits, j'en étais à la fois convaincu et un peu "déçu"... Je le ressentais au plus profond de moi, comme si une « vie antérieur » me gagnait et énivrait mon esprit de souvenirs indéfinissables...
Etranges mais agréables instants même si j’aurais aimé en profiter plus longuement.
J’étais également fatigué et, rires, Ana savait toujours être convaincante...
Sa main dans la mienne quasi en permanence, ses baisers aussi soudains que fréquents, sa tendresse et ses sourires me faisaient toujours craquer ! Ils furent nombreux ce soir-là à me faire craquer...!
C’est néanmoins à la nuit que nous fûmes de retour à l’appartement de Consuela.
C’était un soir de pleine lune comme nous l'avait dit Consuela et même de lune exceptionnelle. L'éclairage de la cathédrale et des bâtiments l’entourant était magique...C’était réellement d’une beauté irréelle...Ce phénomène était appelé « lune bleue » et c’était magnifique.
Nous restâmes ainsi quelques instants à nous câliner avec Ana admirant ce phénomène et ses effets...
Ana était réellement fatiguée, m’embrassa longuement et langoureusement et parti se coucher dans le lit situé face à la fenêtre.
Je restais un peu, fasciné par le spectacle et les beautés de l’instant...
J’étais nu, nous nous étions déshabillés instinctivement comme nous aimions le faire aussi chez nous dès en rentrant.
Je pensais prendre une nouvelle douche et je croyais qu’Ana en ferait de même avant d’aller s’étendre de sa lascive beauté sur le grand lit de l’appartement loué pour la nuit.
Elle était réellement ivre de fatigue et s’était étendue en n’ayant pas la force d’aller jusqu’à la salle de bain pour me semblait-il, s’endormir rapidement...
Néanmoins, qu’elle ne fut pas ma surprise d’entendre sa douce voix quelques instants plus tard m’enjoignant à ne plus bouger d’où j’étais...
J’étais toujours devant la fenêtre, d’abord assis puis debout et légèrement de côté...
                -«  Waaaouaaou...Tu es trop beau chéri...Ne bouges plus , m’intima-t-elle...La lune derrière toi et en face de moi te dessines comme une ombre chinoise et rends ton corps incroyable...Hummm , j’aime tellement...Je peux voir les contours de ton corps et aussi ton sexe qui en devient incroyablement attirant...Tu sais que j’aime ton sexe chéri...Tu ne l’as jamais fait devant moi mais je pourrais te demander de te masturber...j’en ai souvent rêvé tu sais...mais trop souvent impatiente de te prendre en main et en bouche je n’en ai jamais eu l’occasion je crois...Non ?
Je l’ai fait avec quelques-uns de mes premiers amours de jeunesse, mais pas avec toi chéri...Tu pourrais le faire ? J’aimais trop les voir se toucher eux-mêmes et surtout quand ils partaient...Ce n’est pas toujours beau un homme qui se branle, rarement même, mais voir leur sexe quand il délivre sa puissance au travers sa jouissance est quelque chose d’assez unique...J’aime le ressentir dans ma main ou au fond de la gorge, mais j’aime aussi le voir...et là , toi, en ombre chinoise ...hummmm je me caresse en même temps si tu veux savoir...et tu m’excites tellement ! Chéri...S’il te plait...Fais-moi plaisir... »
Demandé comme ça, mes idées lubriques encore et toujours présentes, la situation particulière, ma libido, l’envie de faire plaisir à Ana...
Pourquoi lui refuser même si je préférais de loin le plaisir partagé au plaisir solitaire
Pour autant, le plaisir serait sans nul doute partagé ; même de loin et je connaissais les effets de sa propre masturbation dont elle m’avait, elle, offert maintes fois le si délicieux et sensuel spectacle ; chez Ana...
Ca la rendait généralement assez folle, humide et ouverte à bien d’autres aventures...
Aussi, commençais-je à me caresser...
Mon pieu se tendait rapidement comme assez souvent et j’abusais même en m’imprimant consciemment un rythme lent et appuyé...
Ma main restait ainsi assez longuement en bas de ma verge tendue à l’extrême accentuant généreusement sa dimension et son corps arqué...
Oui je bandais fort, très fort même de me "livrer" ainsi...!
C'est quelque part ce que je demandais à Ana , en tant que Candauliste, de s'offrir, de se livrer...Aussi le retour et le partage ne me semblaient anormal, loin de là...!
Ana visiblement m’accompagnait, je l’entendais au rythme de son souffle et ses commentaires m’encourageais réellement à lui donner un maximum bien qu’indirect plaisir....
Nous allions jouir ainsi...
Il en était certain... !
L’inarrêtable et inévitable arriva et nous partagions nos jouissances, tant cérébrales que physiques ...
Ce fut réellement agréable...
Je décidais d’aller enfin prendre ma douche.
Ana m’arrêta au passage pour me remercier tout en saisissant mon sexe encore durci par l’intensité de l’instant.
Je lui offris les derniers abandons de mes liqueurs...
C’était ça aussi le Candaulisme que ce partage, même à distance, du plaisir des demandes et des émotions...
Elle en imprégna délicatement ses doigts en m’assurant d’un : « Merci mon amour...Tu étais vraiment superbe...j’ai trop aimé...il faudra qu’on recommence un jour » ..., et portant ceux-ci à sa bouche pour en goûter toute la saveur qu’elle appréciait particulièrement puis me prit bouche, de sa bouche gourmande, chaude et sensuelle, venant ainsi me gratifier d’une incroyable et savante remise en condition...
Je durcis instantanément de nouveau... !
Oubliant la douche, je me jetais sur elle et en cuillère la pénétrais tout à la fois virilement et tendrement, m’installant au plus profond de son si douillet et accueillant cocon d’amour...
Nous nous endormîmes pleinement heureux et amoureux jusqu’au petit matin...
Elle fût la première à s’éveiller et se lova tendrement dans mes bras...
                - « Mon chéri...Il ne nous faut pas trop traîner tu sais ce matin...On doit régler la dame pour la nuit. Je lui ai dis vers 10 heures. Et nous avons encore pas mal de route pour aller à Madrid. »
J’étais si bien et j’émergeais si doucement de mes rêves et des douces caresses d’Ana...
                 « Ok... Prems à la douche !" me « vengeant ainsi de notre arrivée hier soir...
Ajoutant tout aussitôt que comme ça j’aurais le temps de descendre acheter quelques « dulces » pour accompagner notre petit déjeuner...
« Ok, fit-elle, c’est toujours toi qui diriges tout de toute façon, osa-t-elle me dire tout en riant aux éclats... »
A cet instant précis, je suis sûr qu’elle devait se remémorer la fin de soirée d’hier cette « chienne » que j’aimais à la folie...
Le petit déjeuner avalé, le ménage refait, las draps ôtés et mis en boule sur le palier, c’est tout ce que Consuela nous avait demandé, nous descendîmes la voir pour la régler de la nuit passée en son bel appartement.
Son immeuble était situé juste en face de celui où nous avions passé la nuit. La Cathédrale était toujours aussi belle et majestueuse et il faisait déjà chaud...
Ana s’était paré d’une combi short en Jeans et à bretelle du plus bel effet...
J’adorais apercevoir, voir les courbes de ses seins si peu retenus, parfois même sortant, par ces bretelles larges mais capricieuses.
Comme elle ne portait pas de sous-vêtements, c’était adorable et vraiment sexy...
Surtout quant à l’aulne de la sortie d’un de ses seins de cet écrin, elle le remettait alors innocemment en place tout en le « grondant » affectueusement ...
C’était si incroyablement et redoutablement sexy et sexe pour ceux qui pouvaient en être témoins...
Rires, cela arrivait souvent !
Ana frappait à la porte...
Consuela apparut élégamment, belle et digne comme elle nous était apparue la veille en nous accueillant.
                « Oh...mes amours...vous êtes déjà levés... ! Pas trop fatigués ? Pour moi aussi la nuit a été courte mais je n’ai pas la route comme vous à faire nous dit-elle. Tout s’est bien passé ? Merci beaucoup et infiniment ! »
Ana lui indiqua qu’on avait suivi ses consignes à la lettre et lui tendit l’argent qu’on lui devait.
                -« Non, non...C’est gratuit, pas besoin, repoussant doucement la main d’Ana qui lui tendait l’argent dû »
                -« Non fit Ana...Comment ça, on ne vous a pas payée en arrivant hier soir...On vous les doit... ! »
                -« Non lui répondit Consuela, je vous offre la nuit, c’est gratuit pour vous... »
Ce faisant, en repoussant le bras d’Ana, elle fit involontairement sortir un sein de dessous la bretelle du combi short de ma compagne ...
                -« Oh, pardon, je suis navrée...Quoique, vous êtes si beaux tous les deux...L’appartement est gratuit pour vous...Vous m’avez, vous nous avez tellement donné hier soir, mon mari vous embrasse et insiste pour ne pas vous faire payer la nuit...Oui, vous ne pouvez pas comprendre...Vous nous avez donné tellement sans réellement le savoir que le prix d’une nuit dans un appartement...Tellement plus, insista-t-elle ! »
                -« Comment ça dit Ana ? Je ne comprends pas...On ne vous a rien donné...On ne vous a pas vus...Hein Chéri, qu’est-ce qu’on a donné à Consuela...dit-elle tout en saisissant délicatement son sein et en le replaçant.
                -« Ca ? ça justement...Oui, ça, enfin pas tout à fait ça mais quelque chose de tout aussi beau et peut-être même plus encore que vous ne pouvez l’imaginer... »
J’avoue que le rouge commença à pourprer mon visage et que je commençais à comprendre
                -« Euh...Dis-je...Vous pensez ce à quoi je pense.... ? » ayant compris avec retard ce qui avait pu se passer...Oh, pardon...Désolé si on vous a choqué... »
                -«  Choquée?...Consuela partit dans un rire très sonore qui enjoua Ana bien qu’elle ne comprenait pas la situation ...Non, vraiment pas choquée, ni mon mari d’ailleurs...Cela nous a rappelé bien des souvenirs...Je vous ai dit que j’étais restée en poste longtemps à Paris et que la vie y était réellement fascinante et , comment dire, plus légère à l’époque qu’ici en Espagne... Nous adorions aller avec mon mari au Moulin Rouge, au Crazy Horse, au Lido et fit-elle en baissant la voix et regardant tout autour d’elle, nous adorions fréquenter les clubs libertins qui commençaient à ouvrir à Pigalle d’abord puis un peu partout et même en banlieue... Oui, nous avons eu une riche, très riche vie sexuelle avec José mon mari et depuis notre retour ici, on en avait presque oublié toute la saveur...
Elle agitait si délicieusement et adroitement son éventail pour ne pas elle aussi rougir que cela en était touchant...
Votre spectacle à vous, très cher « Daniel ? » était de toute beauté...Merci, mille merci. Surtout que mon mari s’inquiétant que je ne sois pas couchée alors que j’admirais ce que vous offriez à mes yeux et à la place de la Cathédrale est venu me rejoindre sur le balcon d’où je vous voyais admirablement bien avec toute l’intensité de cette lune bleue, vous et votre engin dressé à merveille. Brutalement, il m’a sauvagement honorée pendant toute la durée de votre show...Ce fut délicieux...Je m’étais caressée avant seule, comme je l’imagine votre dame a dû le faire en vous regardant j'en suis sûre et j’étais prête à tous les assauts et à toutes les folies...Il y a bien longtemps que nous n’avions ainsi joui tous les deux ensembles. Confidence, je vous ai même mentalement sucé et dégusté pendant que mon mari me labourait. Oui, merci, mille merci...Aussi, non vous ne nous devez rien... Croyez-moi... On aurait payé des fortunes pour s’offrir la vue d’un tel spectacle à Paris et José ne pensait même plus pouvoir me faire l’amour sans cette pilule couleur de lune qu’on nomme le viagra... Là en quelques instants il a bandé comme à ses quarante ans et m’a défoncée contre la rambarde qui en gémissait même bien plus que moi...Oh, Dieu (elle tourna ses yeux vers la Cathédrale...) Dieu que c’était beau et bon... ! Merci...
Allez, partez maintenant, vous avez de la route »
Ana venait de comprendre tandis que Consuela déposait un doux et tendre baiser sur son front et en prenant, la coquine, à pleine mains les magnifiques seins de ma compagne pour les masser délicatement et en faire rugir la pointe...
-« Tu as tellement de charme...J’étais bisexuelle et j’ai eu une aventure torride avec une danseuse du Crazy pendant de longue années...Il y a si longtemps et c'était si bon...José nous accompagnait et regardait ... Il aimait le bougre...J’aimerais avoir vingt ans aujourd’hui, je serais parie avec toi, avec vous en disant à José que j’allais revenir et que je lui raconterai tout comme à l’époque...Je partais deux ou trois jours, deux ou trois nuits surtout et revenais toujours vers José qui était comblé...Je vois qu’a quelques années de différences vous vivez les mêmes délire et la même philosophie de la vie...Soyez heureux mes amours...Soyez heureux...Nous l’avons été et aujourd’hui, cette nuit, vous nous avez fait revivre l’espace d’un si délicieux instant tout ce bonheur...Mille merci ! Longue et belle vie à vous » ;
Nous nous mîmes en route assez incrédules mais tellement satisfaits, fiers et incrédules.
Ça aussi c’était du pur Candaulisme et quand je repense à ces instants j’en comprends encore mieux l’intensité du partage.
Même et surtout sans contact, sans parler, défiant même le temps , de Candaule en passant par Consuela et José jusqu'à nous...
Sans presque nous voir, nous connaitre, nous avions su partager notre amour et nos pratiques pour aller jusqu’à les faire renaître chez un couple qui nous avait lui aussi indirectement ouvert les chemins vers les plaisirs et l’amour tendre, gratuit et sincère du partage...
Dieu que c’était beau ! J'en ai encore aujourd'hui des frissons et des pensées émues...
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C...comme caresse !
Ceci est une caresse. Pourquoi est-ce si bon de parcourir la peau des gens qu'on aime ? De caresser les joues de son bébé ? De se blottir dans le cou d'un ami ? De sentir une main sur la nôtre, puissante et chaude ? De pleurer dans les bras d'un inconnu ? De masser les pieds de quelqu'un de malade ?
Le point commun de cela, c'est bien le toucher et sa force infinie. L'étymologie indique que le terme vient de "toccare", qui signifie frapper à la porte. C'est une aventure particulière de toucher l'autre, cela suppose de trouver le juste milieu entre la spontanéité et l'autorisation, cela impose d'être pleinement attentif à celui qu'on touche, d'avoir la délicatesse de la demande. L'autre jour, je lisais ceci : "toucher, c'est investir le seuil de l'autre et lui signifier sa présence". C'est parler sans dire, c'est raconter. C'est faire de cette communication muette une fusion, une absolue concentration, qui ne demande qu'à se poursuivre, qu'à s'étirer vers ce qu'il nous reste d'infini. Toucher, n'est pas posséder. Toucher, c'est aussi être touché. C'est faire de cette réciprocité le plus grand des enjeux relationnels, la double expérience simultanée d'un être objet et sujet. Car l'acte de toucher n'est pas neutre, il implique la personne dans sa globalité physique, dans ses capacités sensorielles et perceptives et dans sa présence humaine. Ainsi, l'expérience de toucher est une expérience de l'humain ; le toucher est un toucher de l'autre, la rencontre avec une personne, mais aussi la rencontre avec l'humain, l'humain de soi et l'humain de l'autre. Le toucher renvoie à l'haptique, qui désigne la dimension tactile du monde, mais qui contrairement à l'optique ou l'acoustique, ce mot n'est presque jamais utilisé. Claire Richard, dans un livre, ivre de sensibilité, écrit ces mots : "on se touche de moins en moins dans la civilisation des écrans. Au point qu'au Japon, des bars à caresses ont ouvert où l'on peut commander un câlin en même temps qu'un moka".
#philosophie de vie
J'aimerais qu'en cet instant, le flux du monde s'arrête et qu'on puisse se donner la main.
Je vous souhaite toute la douceur du monde pour aujourd'hui comme pour demain !
#au-jardin-de-mon-coeur
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septperceptions · 13 days
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L’année marque une pause à cet instant, maintenant. Les frissons parcourent mon esprit. La flamme des bougies danse au rythme de celui qui tambourine dans ma poitrine. Le piano s'accorde aux mots écrits sur le clavier. Le silence est appréciable, la respiration reste simple. La douceur caresse mon visage autant que la vie aujourd'hui. Le soleil illumine sans brûler, la pluie ajoute des perles sur les joues sans les inonder, le cœur est léger sans semblant. Le néant ne fait plus peur, car il ne m'inonde pas de questions. Les sourires sont légers, la colère ne tient pas en place plus de trois minutes. Les émotions négatives s'ennuient, alors elles déguerpissent. Les plantes poussent timidement. Tout s'emboîte parfaitement. La vie ne laisse plus place au doute. Je n'ai plus peur d'être seule, encore moins d'être abandonnée. L'amour sain est silencieux. Ce qui nous donne de l'anxiété lorsqu'on le rencontre, nous, ces âmes écorchées, c'est le silence des baisers qu'il offre. Habitués aux cris, aux coups, aux injures et aux larmes, le silence de l'amour sain, la lenteur des caresses, la délicatesse des baisers et la liberté de vivre sans nous oublier est déconcertante. Certains pourraient le trouver ennuyeux, ou se tromper en pensant que l'amant ne nous aime en rien ; c'est à ce moment que la maturité se crée. L'amour sain n'a pas besoin de courants d'air violents, l'amant n'a pas besoin de vivre pour l'être aimé, il vit pour lui en aimant l'autre. Il aime l'autre dans le silence, dans les conversations profondes, dans la tendresse des gestes, des pensées. Il aime l'autre dans le quotidien. Ils s'aiment en se choyant, sans s'étouffer. L'amour sain est une épreuve pour ces âmes qui n'ont connu que le bruit du chaos. Il est normal de vouloir retrouver le chaos quotidiennement avec des mots plus hauts que l'autre ou avec l’auto sabotage, puisque c'est la zone de confort de l'enfant intérieur. L'adolescent montre l'énervement et l'enfant montre la tristesse. Pour aimer sainement, il faut apprécier le silence, le temps qu'on nous accorde pour mieux nous connaître ; pour aimer sainement, il faut pardonner à l'enfant et à l'adolescent, il faut leur donner le pouvoir de grandir dans des murs sains. L'enfant n'a besoin de trouver le réconfort que dans son propre corps, l'adolescent n'a besoin de méditer qu'après avoir fait sortir toute la colère qui le rongeait. L'adulte, quant à lui, doit pouvoir profiter du silence, de l'amant sain : il sera l'être aimé qui aime à son tour.
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selidren · 15 days
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Printemps 1924 - Champs-les-Sims
9/10
J'imagine que Cléo se sentira comme un poisson dans l'eau à Paris. Elle se rêve en citadine depuis que nous sommes petites, et c'est bien pire depuis qu'Antoine est parti au pensionnat. Je crois qu'elle s'en fait une fausse idée bien romantique mais en même temps, elle a l'air si heureuse. Elle va habiter l'appartement de mon cousin Ange qui se situe au centre de la ville, et il a promis qu'il s'occuperai bien d'elle et qu'il lui ferait découvrir ce que la capitale a de mieux à offrir. Je pense qu'il ne réalise pas que Cléo aime davantage l'idée qu'elle se fait des choses que les choses en elles mêmes. J'ai peur que tout ce qu'elle découvre la déçoive.
Transcription :
Constantin « Cléopâtre. Es-tu déjà allé au courrier ? »
Cléopâtre « Non, Papa… Pas encore… pourquoi j’irai d’ailleurs ? »
Constantin « Et bien pour recevoir la confirmation de ton inscription à la faculté voyons! Tu verras ma fille, c’est un des meilleurs moments qui soient dans une vie que d’apprendre que tu vas pouvoir te consacrer à l’étude durant des années. Jeune homme j’en ai été tout ému. »
Albertine « Te connaissant, je n’en suis pas étonnée. Je regrette de ne pas t’avoir connu à cette époque. »
Constantin « Ne le sois pas. J’étais tant absorbé que te rencontrer à ce moment aurait été compliqué. J’aurai du choisir entre toi et mes études. »
Cléopâtre « Vous exagérez Papa. »
Constantin « Du tout. Sache que l’amour que j’ai pour ta mère occupe mes pensées à chaque instant, et c’était encore bien plus vrai quand nous n’étions pas mariés. Je n’étais pas bon à grand-chose quand elle n’était pas là, mais ce n’était pas plus facile quand elle était à mes côtés, car la seule pensée de ne pouvoir la toucher me rendais à demi fou. Notre mariage fut sans aucune commune mesure le pinacle de ma vie d’alors, car enfin nous avons pu... »
Albertine « Constantin ! Ne voulais-tu pas aller voir si tu avais reçu le courrier de Monsieur Bénédite ? »
Constantin « Ah oui bien sur ! Sais-tu ma chérie qu’il a prévu de retourner en Egypte visiter le tombeau de Toutankhamon ? »
Albertine « Je pensais qu’il en revenait. »
Constantin « C’est un sacré voyage pour un homme de son âge ! Et n’est pas Eugénie Le Bris qui veut, cela doit se préparer. »
Albertine « Vas-y donc Constantin, je te rejoins plus tard. »
Cléopâtre « Je ne savais pas que Papa avait ce côté si… romantique. Il a parlé de vous avec une telle émotion dans la voix. »
Albertine « Ton père est un homme compliqué, mais aussi passionné. »
Cléopâtre « Oui, par ses vieilles tombes poussiéreuses et ces antiquités hors de prix que personne n’a le droit de toucher. Enfin, je savais que vous aviez fait un mariage d’amour, mais j’imaginais moins de... »
Albertine « D’affection ? Il est vrai qu’il ne montre presque rien devant les autres, il garde ses marques d’affection pour notre intimité de couple. Il faut que tu saches que se dévoiler est un exercice difficile pour ton père, que cela le fait se sentir extrêmement vulnérable. »
Cléopâtre « J’ai toujours pensé que c’était plus raisonné qu’autre chose. Je ne savais même pas qu’il était capable d’émotions aussi intenses. »
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tesia-a-138 · 4 months
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Il n'y a aucune vie qui ne soit immortelle au moins pour un instant. La mort est toujours plus tardive que ce moment.
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e642 · 2 months
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Plus le temps passe plus mon angoisse est silencieuse. Par silencieuse j'entends que ça ne se voit plus, seulement je la ressens. Ça tourne autour de l'insomnie, la dissociation, les symptômes physiques (nausées, mal de tête, gorge nouée, tachycardie, impression de malaise), mais je ne fais plus de crise d'angoisse au sens premier du terme, personne ne peut le voir. Ce mois de juillet est long et tumultueux, j'en écris des tartines à rallonge parce que je me sens si inconfortable dans l'existence. Tout me dérange. Tout me déstabilise. J'aime pas le changement, les décisions importantes, les grosses dépenses parce que ça m'ébranle, ça me fait réfléchir, me demande de m'adapter, de prendre sur moi. Ça me paraît pourtant si dérisoire parce que c'est commun ce genre de période, d'indécision, de réflexion. L'anxiété sociale est aussi à son paroxysme depuis que j'ai retrouvé un téléphone, toutes les notifications, les conversations creuses, les infos qui affluent de partout.. ça me broie la trachée parce que ça a de moins en moins de sens pour moi tout ça, parce que je n'ai pas la même manière d'exprimer le manque, ou plutôt, je ne le ressens pas. Personne ne me manque réellement, ou c'est très rare (et je saisis l'occasion) mais autrement, je pourrais me passer de tout contact, d'amitié, de racontage de vie, de verres à boire par politesse. Je n'arrive pas à m'intéresser aux autres mais ça ne veut pas dire qu'ils ne le sont pas, seulement j'ai un mal fou à comprendre ce qu'il faut que je fasse, dise, comment je dois me comporter. J'ai juste envie d'être seule. Je vais partir en vacances avec mon mec, son père m'a bizarrement forcé la main et je crois que ça participe beaucoup à mes appréhensions, que ce soit un barrage pour le quitter car je me sens réellement mal dans cette relation. Ça me fait toujours mal au ventre de le reconnaître parce que j'aurais aimé que ça se passe autrement, que je me sente autrement et que je sois dans une relation bonne pour ma santé mentale mais ce n'est pas le cas. Je sens l'accumulation d'eau contre le barrage et ça va finir par craquer. Je vais finir par craquer. Le stage pète les scores lui aussi, impossible de vivre en sachant que c'est le truc qui va déterminer mon année et mon accession aux masters. Je ne sais pas comment je vais faire si j'en ai pas un. J'ai du mal à rationaliser ça alors que je sais que c'est les vacances, que c'est un simple stage, que j'aurais sûrement plus de réponse à la rentrée mais j'ai besoin que ce soit réglé. En fait voilà, j'ai un grand besoin de mise au point, de finir ce que j'ai commencé, de repartir sur des bases clean parce que je m'enlise à faire semblant et faire comme si j'arrivais à parfaitement respirer à chaque instant. La vérité c'est que j'ai l'impression qu'il y a deux grosses mains autour de mon cœur et qu'elles le serrent fort, mais tellement fort que ça en est douloureux physiquement. À chaque conversation, je m'entends parler de loin, je me vois de loin répondre automatiquement, essayer de faire bonne impression mais au fond je m'entends aussi ricaner parce que c'est ridicule ce que je peux dire ou faire. Je me sens minable. Un ramassis de fissures toutes plus suintantes les unes que les autres. La sensation d'être une plaie purulente qui ne guérit jamais, qui se draine par moment certes mais qui se gorge et se collecte juste après. Je suis à côté de la plaque et c'est une des impressions que j'aime le moins. Les choses se passent et moi j'essaie de les attraper au vol avec un temps de latence qui ferait pâlir les plus à la ramasse.
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lesdamesmures · 6 months
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Scène 1 "Une femme mure sur la plage"
Déjà presque une année écoulée depuis ces vacances passées chez mes parents dans le sud-ouest de la France. C’était en pleine saison au mois d'août, je me souviens encore des senteurs et sensations d’aller courir chaque matin avant d’aller piquer une tête dans l’océan pour conclure cette activité de remise en forme. Ces sensations qui restent dans la mémoire comme des moments marquants de la vie où tout est calme, où on ressent la sérénité du présent, où la vie semble sans contraintes. 
J’avais passé l’âge de passer des vacances chez mes parents mais cette année là les voyages étaient encore limités et j’avais à coeur de voir mes parents après cette période surréaliste où la moitié de la planète avait passé plusieurs mois confinée. Ce virus COVID-19 qui a touché tous les pays du monde et cette mise en quarantaine qui nous a coupé de nos proches pendant plusieurs semaines et tant de victimes. Comme la plupart des gens, les vacances d’été se réduisaient à des distances accessibles en train ou en voiture, les vols à l’autre bout de bout monde encore déconseillés.
J'aimais me lever tôt pour aller courir, profiter de la fraîcheur matinale et du calme avant le trafic des vacanciers qui abondaient sur les plages et les coins touristiques. 
Depuis quelques jours j’avais remarqué cette femme venant profiter de la plage, comme moi elle semblait préférer la tranquillité avant l'arrivée de la foule. La 1ère fois que je l’avais aperçu, étant seul sur la plage avec elle, je me disais qu’elle m'avait obligatoirement remarqué. Je me souviens comme si c’était hier, je voulais me rafraichir après mon footing matinal, je n’avais pas résisté à l'envie de rester sur la plage alors que je n'avais ni serviette ni affaires de rechange. J'étais étonné de voir cette femme seule à cette heure, comme si elle commençait sa journée de plage, installée sur sa serviette, en maillot de bain avec un petit haut couvrant son buste de la fraîcheur
Elle lisait et avait tourné la tête en me voyant passer pour aller me baigner. J'avais posé mes runing, mon short et mon tee-shirt au bord de l'eau avant de plonger dans la mer encore fraîche. Je lui tournais le dos, elle était installé à une 20aine de mètre plus haut sur la plage, je n'avais pas osé me retourner mais bien qu'étant allongée sur le ventre, tournant le dos à la mer, j’avais imaginé qu’elle avait tourné la tête pour me regarder me dévêtir avant de plonger en boxer dans l’eau calme comme si la mer accueillait son 1er baigneur de la journée. Quand je revenais vers le bord, elle avait changé de position, assise sur sa serviette, le regard plongé dans son livre mais elle s'était retournée, peut-être pour profiter de l'océan et me regarder nager. Je trouvais cet instant troublant et la situation presque intime.
Depuis ce jour là, je revenais tous les matins, à la même heure, espérant retrouver cette femme qui lisait sur la plage. Avait-elle remarqué que je la regardais ? Pensait-elle que je venais dans l'espoir de l'aborder, la draguer ? Raisonnablement je n'y croyais pas trop, j'étais beaucoup plus jeune qu'elle, et visiblement ce n'était pas le genre de femme qu’on aborde facilement. C'était l'impression qu'elle me donnait. 
Une belle femme mure, qui devait avoir 55 ans bien sonnés, des formes matures, des cuisses charnues, un belle peau soignée. Malgré le soleil estival, sa peau à peine hâlée, encore assez blanche me laissait imaginer qu'elle avait dû arriver depuis peu. Un détail avait capté mon attention plus particulièrement, cette femme aux airs et attitudes un peu « bourgeoises » semblait prendre soin d’elle, elle n’était pas grosse mais des formes qui s’arrondissent avec les années de manière plus ou moins harmonieuses mais pleines de charme. Un visage assez fin encore mais quand elle s’était levée pour aller se baigner, son fessier m’avait captivé, il était large, charnu et marqué par les années tout en étant très agréable au regard. Un cul assez gros pour dire les choses de manière trivial mais un cul comme je les aimais et qui me faisait rêver surtout chez une femme mure. J'avais remarqué cette femme il y a 3 jours, depuis je suis repassé le matin à la même heure, elle était là au même endroit. Depuis je m'étais calé sur son horaire pour venir profiter de la plage et de sa présence qui agrémentait mes sorties footing et ma baignade matinale
Est-ce qu'elle se demandait ou se doutait qu'elle me faisait fantasmer ? moi un jeune homme de 27 ans qui venait tous les matins en même temps qu'elle, toujours au même endroit, un peu en retrait à quelques 10aines de mètre d'elle. Suffisamment en retrait pour ne pas l'agresser, comme si je voulais faire parti de son décors, l'habituer à ma présence pour me donner le droit de lui dire « bonjour ! », de lui parler comme un habitué de la même plage, à la même heure. Comme pour partager cette discrète complicité et la rassurer de ma présence à quelques mètres d'elle. Pour vivre ce moment, à la surprise de mes parents, j’avais pris cette habitude de me lever tôt tous les matins, pour profiter de ce moment privilégié qui devenait onirique et alimentait mon fantasme pour les femmes mures.
Chaque matins elle allait se baigner, faire quelques brasses et revenait sur sa serviette en profitant de l’océan calme avant de se replonger dans son livre le temps que les 1er touristes arrivent bruyamment sur la plage. Je n'avais pas encore osé aller me baigner en même temps, lui parler ne serait-ce que lui dire bonjour comme si elle devait forcement me reconnaitre. Je ne savais pas combien de temps elle resterait mais elle était en vacances et j'avais la sensation que j'avais le temps, qu'elle resterait indéfiniment le temps de mes vacances. Je sentais qu'elle s'habituait à ma présence, que je faisais parti de ce moment qu'elle s'octroyait tous les matins, avant que les vacanciers viennent encombrer la plage.
Depuis 3 matins elle était là, entre 7h30 et 7h45, l'heure où les gens dormaient encore, où l'eau est encore froide et chaque matin depuis 3 jours j'étais là en espérant la retrouver à la même place sans personnes aux alentours. Je ne savais pas comment l'aborder à part un simple bonjour mais elle était trop loin pour lui parler et je n’osais pas aller l’aborder et pour quelle raison d’ailleurs ! je voulais pas qu'elle se sente agressée. Je m’encourageais en me disant que je devrais aller me baigner en même temps qu'elle, ça serait plus facile de discuter, lui parler de la température de l'eau, du calme, de l'heure matinale ... des choses banales, anodines qui me permettraient de créer un contact, d'entendre sa voix et sentir si elle était ouverte à la discussion. "Demain je le ferai" me disais-je ! comme un défi à relever mais ça faisait 2 jours que j'essayais d'imaginer un moyen de l'aborder et que je finissais par me convaincre que ce serait mieux le lendemain. Comme si j'espérais que l’initiative vienne d’elle, considérant que mon âge ne me permettait pas d’aborder cette femme devenant de plus en plus inaccessible.
Je la regardais du coin de l'oeil, elle se levait pour aller se baigner, j'hésitais à me lever, attendre un moment pour la rejoindre mais je craignais de casser la magie de ce moment matinal qui agrémentait mes vacances et j'avoue aussi mes soirées. J’étais troublé en pensant à elle le soir en me couchant. J'imaginais des situations qui finissaient par réveiller mon sexe au point de me caresser en échafaudent des plans que je savais pertinemment irréalisables mais ces rêves érotiques étaient des plus agréables. J’essayais de l’imaginer, telle que je l’avais vu, je me remémorais régulièrement ce moment qui m’avait marqué et ému : son cul qui ondulait quand elle se dirigeait vers la mer pour aller nager. 
Ce matin encore en la voyant nager, je me résignais, me promettant que demain j'irai me baigner en même temps qu'elle, que je l'aborderai. Je me détendais en gagnant ce nouveau délais. Elle nageait à quelques mètres du bord, je la regardais, elle avait l'air sereine, douce, sensuelle, comme si elle savourait l'instant, je me réjouissais et me consolait en me disant que je faisais parti de ce moment, de ce décors qu'elle garderait en tête comme ses bons moments de vacances.
Ces moments matinaux alimentaient de plus en plus mes fantasmes nocturnes et mes pensées en journée. Je retournais parfois sur la plage pour tenter de la retrouver mais depuis que j’étais arrivé je n'avais pas encore eu l'occasion de la voir ou la croiser ailleurs que sur la plage le matin tôt. Il m'arrivait de parcourir les lieux où les touristes se promenaient, j’avais même fait le tour du marché en matinée, espérant la croiser, me demandant qui elle était, si elle était seule, en couple, avec sa famille, des amis mais étant seule chaque matin je l’imaginais seule. 
Toutes ces questions occupaient maintenant mon esprit et une bonne partie de mon temps. J'avais envie de savoir, de découvrir cette femme qui nourrissait mes fantasmes depuis que je l’avais vu ce 1er matin sur la plage.
Qui était cette femme mure sur la plage, venant seule tous les matins vers 7h30 et repartait avant l'arrivée des touristes. Jusque là, je n’avais pas osé quitter la plage en même temps qu'elle, je ne voulais pas lui paraitre entreprenant ou passer à ses yeux pour un dragueur de plage en quête d’aventure sans lendemain. Je ne savais pas si elle venait à pied, à vélo ou  en voiture mais je commençais à échafauder des plans pour en savoir plus.
Peut-être venir un peu avant 7h30 pour voir d'où elle venait ? peut-être attendre d'être hors de vu et la suivre de loin pour en savoir plus, savoir ou elle habitait. Ces plans tenaient en haleine mon esprit une partie de la journée mais je ne faisais que repousser la moindre initiative pour l'aborder. D'abord en savoir plus et aller me baigner en même temps qu'elle. Je me sentais presque rassuré d’obtenir ce délais tout en redoutant qu’elle ne vienne plus et disparaisse à jamais sans avoir rien tenté ni entendu le son de sa voix.
Le lendemain était un samedi, un jour de turn-over pour les touristes. J’angoissais presque en imaginant qu'elle risquait de disparaitre, que je n'en saurai pas plus sur elle et que j'aurai raté l'occasion de l'aborder. Je m'arrêtais un moment, j'hésitais entre me changer les idées en allant voir un copain et continuer à errer dans les alentours de la plage en espérant la croiser. Je me sentais comme un détective privé à la recherche d'informations sur une femme sur laquelle je menais une enquête.
Ces moments excitaient ma curiosité, je finissais par décider de retourner sur la plage en scrutant les environs mais il y avait tellement de monde à cette heure que mon espoir de la retrouver dans cette foule s'estompait vite. Pourtant je restais un moment à scruter du regard la foule peuplant cette plage si tranquille le matin. Je décidais d'aller voir un copain en projetant de repasser en début de soirée quand la foule aurait quitté les lieux.
A suivre ... (Scène 2 le 21 mars 2024 à 06h00)
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loup-venant · 4 months
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Quand les portes s'ouvrent, les voyageurs attendent en foule devant, empêchant en partie ceux qui descendent de s'extraire des voitures aisément. Les quais ne sont pas particulièrement étroits ni bondés. C'est en retrait que Léa observe cette inclination individuelle de plus en plus prononcée.
Une balade audio lui glisse dans les oreilles depuis son casque. Elle s'empare des tensions que la situation provoque dans son ventre. Léa ferme les yeux un instant. Une guitare, une voix douce, un hautbois, et des percussions modestes forment ensemble un air qui lui inspire un chemin sous les arbres l'été, entre forêt et champs. Une discussion entre amis qui vient de finir, qui laisse place au silence précieux, celui qui ouvre les portes des nuages ou des étoiles. Une véritable couverture de douceur, pour construire des forts ou rester au chaud devant les flammes.
Quand Léa rouvre les yeux, son agacement s'expulse dans un soupir profond. Le monde revient, sur le quai, dans le train. Les pas pressés des uns, les rires des autres. Elle s'aligne derrière un groupe de jeunes adolescents. Ils n'ont pas loins d'avoir son age, à une dizaine prêt. Ils se serrent les uns contres les autres, s'accrochent à ce qu'ils peuvent, le sac de leur copain de devant, la rampe verticale à l'entrée de la voiture, l'épaule de celui à coté. Un nuage dense comme un orage, prêt à s'engouffrer en un éclair dès que la route sera dégagée.
C'est au tour de Léa de s'avancer pour rentrer, elle a la main sur la rampe, son pied prêt à décoller quand quelqu'un lui passe devant. Un homme qui ne lui adresse aucun regard. Il est monté comme si l'escalier lui appartenait, et qu'il y vivait seul. C'est au moins ce qu'on peut lire sur le visage circonspect de Léa qui s'est reculée inconsciemment, par automatisme, malgré elle, pour éviter tout accident. Elle ne se permettrait pas de bousculer quelqu'un, le dépasser dans une file. Elle n'a pas été touchée, mais ça fait quand même mal.
Autour d'elle, elle n’aperçoit rien d'autre que des regards qui semblent lui demander ce qu'elle attend pour monter. Elle avale sa rancoeur, et se hisse dans le train, défaite. Dans le couloir entre les sièges, elle ère à la recherche d'une place seule. A première vue, ça ne sera pas pour aujourd'hui. Elle passe le groupe d'adolescents. Ils se sont entassés sur deux fois quatre place et continue de se pousser, de rigoler. Plus loin, une femme avec une valise au moins aussi grande qu'elle et deux sacs utilise également quatre places. En face, deux gars qui ne parlent pas mais qui s'étalent aussi loins qu'ils le peuvent la regarde passer.
C'est après eux, à coté d'un petit vieux avec une casquette et sa canne à laquelle il accroche un sourire imperturbable que Léa s'assied. Après, s'aurait été trop dangereux. C'est là que le gars qui lui est passé devant s'est assis. Elle souhaite éviter la prison tant qu'elle peut.
Le petit vieux regarde par la fenêtre pendant la quasi entièreté du trajet. Parfois, Léa a l'impression de lire des histoires dans ses yeux qui semblent s'accrocher à tous les détails des paysages qu'ils traversent. Son coeur s'apaise en l'observant. Il incarne la balade dans les bois à lui tout seul. Quand il se lève à son arrêt, c'est après un échange intense avec les yeux de Léa. Ils brillaient comme une flamme prête à s'éteindre. Fragile, et si belle à la fois.
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moafloribunda · 3 months
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le voisin d'à côté ll ft. jake
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● jake sim - enhypen
● du doux, du moins doux, du sarcasme, de l'humour, du déni (beaucoup de déni), des papillons dans le ventre et de l'arrachage de cheveux de frustration, de la panique, du patpat, mention de certains membres d'enhypen (niki, sunghoon et heeseung à ce jour) + karina d'aespa – faites-moi signe si j'ai oublié quelque chose ♡
● résumé : quand jake sim est un voisin un peu trop agaçant, un peu trop envahissant mais qu'il est aussi un peu trop doué pour conquérir la coeur de sa voisine
♡ ♡ ♡ ♡ ♡ ♡ ♡
« C'est la surprise dont tu m'as parlé, Niki ? »
Je n'avais jamais songé au meurtre comme une fin en soi avant cet instant. Mais pour deux raisons très précises, celle-ci était devenue très alléchante.
De un, parce que choisir un dimanche pour organiser une fête et faire péter la musique à fond dans tout l'étage jusqu'à une heure indécente n'était pas ce que j'appelais du bon sens. Encore moins quand il y avait des gens (comme moi, pour prendre un exemple purement au hasard) qui cherchaient à réviser pour leurs examens.
De deux, parce que je n'appréciais pas du tout d'être regardée comme une pièce de bœuf sortie tout droit de l'étal du boucher.
Les yeux bruns du garçon qui me faisait face ne s'étaient pas détachés de mes jambes depuis une bonne minute, sa silhouette appuyée maladroitement dans l'encadrement de la porte. Ses pommettes étaient roses et son regard m'avait semblé vitreux avant qu'il ne reste scotché sur la partie inférieure de mon corps.
Ma robe de pyjama frôlait le milieu de mes genoux et je ne pouvais même pas dire qu'elle avait quoi que ce soit de séduisant. Mais elle avait le mérite d'être confortable et c'était tout ce dont j'avais besoin pour étudier pendant des heures.
Cependant, je n'avais pas eu le loisir d'en profiter longtemps, vu qu'une certaine personne avait décidé d'ouvrir une putain de boîte de nuit éphémère dans mon bâtiment.
« Ma tête est plus haut. » je siffle, les mâchoires serrées.
« Mmh...Définitivement pas la surprise. » rétorque celui-ci avec un rictus en relevant le nez dans ma direction, glissant une main dans ses mèches sombres pour les repousser en arrière.
Il aurait pu être beau si je n'avais pas été aussi irritée.
« De quoi tu p- Oh. » s'exclame un grand gaillard aux yeux eux aussi en amande. Ses cheveux étaient rasés courts sur les côtés, la partie longue retombant délicatement devant son visage. Il me regardait avec un mélange de curiosité mêlé à ce que je considérais comme de l'amusement. « Non. Du tout. Ma surprise est normalement plus grande et ne devrait pas chercher à t'arracher la gorge, Jaeyunie. » Je lui lance un regard noir, mes bras toujours croisés sur ma poitrine. « En tout cas, pas de la même manière. » rajoute-t-il avec un ricanement, celui de son ami résonnant aussitôt en écho.
Super. L'un de ces abrutis était certainement mon voisin, si ce n'était pas les deux.
« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, joli coeur ? » ronronne-t-il en essayant vainement de se tenir contre le chambranle de sa porte d'entrée, la musique retentissant furieusement dans son dos. Je frémis au surnom, déroutée un instant par l'intonation qui s'en dégage avant de secouer la tête pour retrouver mes esprits. Je distinguais d'autres personnes au loin, derrière la barrière de ses larges épaules et le tintement caractéristique des verres qui se rencontraient perce le rythme infernal de la chanson qui passait au même instant. « Tu m'as l'air un peu tendue. Tu devrais décompresser un peu. Je peux t'offrir un verre ? » m'interroge-t-il, ses lèvres se retroussant sur des dents impeccablement blanches.
Mettre les paroles de son pote en action était devenu réellement tentant. Mais malheureusement illégal. À la place, je pouvais peut-être m'essayer au vaudou et le maudire sur plusieurs générations.
« Tu sais ce que tu pourrais faire pour moi, Jaeyunie ? » je réponds en avant d'un pas, usant délibérément du surnom employé par le garçon à ses côtés. Mon vis-à-vis se penche légèrement en avant, réduisant l'espace entre nous. Comme impatient d'entendre le secret que j'étais sur le point de lui confier. « Mmh ? » Ses iris balayaient mon visage sans s'arrêter, comme s'il n'arrivait pas à trouver un point particulier sur lequel s'arrêter. Et ça avait quelque chose de dérangeant. Dans quel sens ? Je n'arrivais pas à le définir. « Ce que je voudrais, c'est que tu baisses ta musique de dégénéré et que tu demandes à tout ton zoo de dégager de là pour me laisser réviser en paix. » je cingle enfin, en incluant son acolyte ainsi que le reste de sa troupe d'un geste agacé de la main.
Il hausse les deux sourcils de surprise, la bouche frémissante d'un rire à peine contenu et j'ai envie de le lui arracher avec les ongles.
« C'est qu'elle mordrait presque, Riki. » raille-t-il, en passant à nouveau sa main dans ses cheveux. Forçant mon regard à effleurer les longues mèches brunes qui encadraient son visage et retombaient souplement dans son nuque. « T'es vraiment sûr que ce n'est pas ma surprise ? » interroge-t-il son ami, avec un petit coup de coude dans les côtes. Celui-ci hoche la tête de gauche à droit comme toute réponse, ses mèches teintes d'un bleu sombre voltigeant devant ses yeux. Jaehyunie soupire, sa bouche plissée en une moue boudeuse. « Dommage. Je commençais à trouver ça intéressant. » commente-t-il en me glissant un regard amusé.
Et ça ne fait qu'approfondir mon irritation.
Il ne prenait pas du tout la situation au sérieux et ça me rendait folle. Principalement du aux verres qu'il devait avoir dans le nez. Mais il ne semblait pas du genre à respecter les règles dans tous les cas. Il suffisait de le regarder pour voir s'allumer « VAURIEN » en lettres capitales. Je pouvais le sentir à la lueur de malice dans ses yeux sombres ou au sourire provocant qui semblait résider perpétuellement sur ses lèvres.
« Écoute, tête de nœud. » je commence, perdant le peu de calme qu'il me restait. « Ce n'est peut-être pas ton cas mais moi je tiens à mon avenir. Alors si tu pouvais avoir au moins l'obligeance de baisser la musique pour me permettre de travailler, ça serait vraiment aimable. »Je tapote ma lèvre inférieure du bout de l'index, faisant mine de réfléchir un instant. Avant de me figer en apercevant la direction de son regard. Un frisson serpente le long de ma colonne vertébrale et je mords l'intérieur de ma joue. Je n'avais ni le temps, ni l'envie de me lancer dans des réflexions plus poussées. En plus, il était ivre. Ça ne voulait strictement rien dire. Surtout au vu de la surprise faite par ses amis, même si elle semblait se faire désirer. Alors je reprends le fil de mes pensées et je me donne une claque mentale afin de revenir à l'essentiel. « Je ne voudrais pas déranger les flics pour si peu, tu comprends...» je termine, avec un air faussement concerné.
Cependant, ça ne semble pas le faire flancher un seul instant. Pire, son sourire s'accentue davantage si c'est encore possible, remontant pleinement jusqu'à ses yeux. « Elle est impitoyable... » souffle-t-il au dénommé Riki. Ou Niki. Ou que sais-je ? Est-ce que ça m'importait ? Absolument pas. «  Tu es sûre de ne pas vouloir entrer ? » réitère-t-il avec ce même sourire enjôleur. Je pousse un soupir frustré, levant mon majeur dans sa direction tout en pivotant sur moi-même et son rire éclate aussitôt dans le couloir, semblable à un aboiement. Je préférais m'arrêter là sinon je ne répondais plus de rien. Et un casier judiciaire ne ferait pas très bonne figure pour ma future carrière d'avocate. Alors je fuis, avant de refermer mes mains autour de sa nuque pour faire disparaître ce stupide sourire suspendu à ses lèvres pleines. « Je vais voir ce que je peux faire, joli coeur ! » je l'entends s'exclamer dans mon dos. La porte de son appartement se referme sur l'écho de son rire et je me jette pratiquement dans le mien, m'adossant contre la paroi en bois brut, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.
Personne ne n'avait jamais autant fait sortir de mes gonds.
Je me sentais électrisée, le bout de mes doigts parcourus de crépitements désagréables. Et je prends un long moment pour me calmer, pour apaiser les palpitations qui secouaient ma poitrine. Mon regard se pose sur mes fiches éparpillées en travers de la table basse, du thé désormais glacé abandonné dans un coin, sur les livres ouverts et étalés ici et là sur mon tapis. Quand je retrouve enfin un semblant de calme, je me rends compte que la musique à cessé.
Complètement.
Mon cœur voltige à nouveau, mes yeux s'écarquillent et je soupire d'aise devant le silence qui m'entoure. Il n'avait jamais été aussi agréable. J'aurais aimé pouvoir le matérialiser et l'envelopper d'une douce étreinte, le presser contre moi avec adoration.
Pendant un instant, mon opinion sur mon voisin s'émousse et je me dis qu'il n'est pas un parfait crétin.
Puis un bruit résonne sourdement, me faisant glapir comme une souris, suivi d'un flot de percussions qui menace de m'éclater les tympans. Encore plus fort qu'avant. Je finis par déverser toute ma frustration en hurlant dans le creux de mon oreiller. Puis mon bras se tend pour attraper mon téléphone, gisant dans un repli du canapé.
C'est à partir de ce moment précis que commence la guerre contre Sim Jaeyun.
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Je devais avouer que le garçon était un adversaire coriace.
Et omniprésent.
J'avais l'impression de le voir partout où j'allais. De sentir son regard fixé sur moi lorsque l'on se trouvait dans la même pièce. D'être perpétuellement hantée par son rictus moqueur et le pétillement incessant dans ses grands yeux bruns. Et il ne se gênait pas pour se rappeler à moi dès qu'il en avait l'occasion.
Il n'avait sûrement pas apprécié de voir les flics débarquer devant sa porte et réduire sa petite fête à néant. Je l'avais prévenu pourtant. Il n'y avait certainement pas cru, trop préoccupé à mater le peu de peau qu'il avait à disposition. Mais je mettais toujours mes menaces à exécution et il avait du s'en mordre les doigts. Néanmoins, ça ne l'avait pas refréné pour autant et à défaut de réitérer ses petites sauteries, il s'était fait le devoir d'envahir ma vie par tous les moyens possibles.
À mon plus grand dam, je remarquais seulement maintenant que nous fréquentions la même université. Pas le même bâtiment, dieu merci. Je crois que je n'aurais pas supporté de le croiser à toute heure de la journée. Cependant, il semblait apparaître bien trop régulièrement pour ma santé mentale et j'en arrivais à me demander si ça avait toujours été le cas.
Non. Ça ne pouvait pas. Je l'aurais remarqué si un grand gaillard avec un sourire horripilant se trouvait souvent dans mon champ de vision.
Dans tous les cas, il se faisait un malin plaisir d'empiéter sur mes plates-bandes et de m'arracher les uniques petites joies qui rythmaient mon quotidien. Comme déguster le dernier pain à la crème qu'il restait à la buvette avec satisfaction sous mes yeux alors que mon ventre réclamait vengeance. Me saluer gaiement de la main avant que les portes de l'ascenseur ne se referment, m'abandonnant volontairement au rez-de-chaussée alors qu'il aurait pu les garder ouvertes jusqu'à ce que j'arrive. Acheter littéralement tout les exemplaires de mon café préféré la veille d'un jour important, alors que c'était la seule unique chose qui me faisait tenir sur mes deux jambes avant un examen.
Sim Jaeyun faisait exprès de me rendre chèvre.
Tout ça parce que j'avais interrompu sa soirée pour réviser.
« Je vais le tuer. » je soupire en laissant tomber ma tête entre mes bras, à moitié étalée sur l'une des tables de pique-nique disposées dans le parc. Il m'épuisait. Et j'étais déjà suffisamment fatiguée par mon programme scolaire pour m'en rajouter avec mon insupportable voisin. « Déjà des envies de meurtre si tôt dans la journée, joli cœur ? » Une voix devenue beaucoup trop familière résonne dans mon dos, activant un mécanisme de défense et je me redresse aussitôt, les épaules rigides. Les yeux de Liz et Karina s'écarquillent un instant en apercevant la personne derrière moi avant de me jeter des regards curieux. « Quand ça te concerne, ça survient à n'importe quelle heure. » je siffle entre mes dents serrées, résistant à la tentation de me retourner pour lui jeter un regard noir. Son rire résonne pour toute réponse, si semblable à un aboiement et je me force à me tenir aussi droite que possible. Mais les lèvres de Liz s'entrouvrent de surprise d'un seul coup et quelque chose frôle mon épaule au même instant. « Alors ça veut dire que tu penses souvent à moi ? » murmure Jaeyun dans le creux de mon cou, son menton en équilibre contre mon épaule.
Des mèches de ses cheveux effleuraient ma joue et son parfum avait envahi l'espace tout autour de moi, distillant des notes d'agrumes qui chatouillaient agréablement mes narines. Je sentais sa silhouette dans mon dos, son souffle tiède qui s'échouait tranquillement contre ma peau. Je pouvais presque éprouver son sourire sans même le voir.
La seconde d'après, je réalise où se dirigent mes pensées et je lève intentionnellement mon épaule pour cogner son menton, le forçant à reculer avec un grognement. « Putain ! T'as failli me péter les dents ! » s'exclame-t-il, horrifié. Ce qui m'arrache un soupir dépité, mes yeux roulant dans leurs orbites. « Je pense même que ta mâchoire doit être fracturée. Tu devrais aller voir un médecin de toute urgence. » je raille, pivotant sur le banc pour finalement poser un regard sur lui.
Il était vêtu d'un épais blouson de football, l'écusson de l'université trônant sur le revers et ses cheveux semblaient toujours aussi désordonnés qu'auparavant. Et même si ses doigts cachaient la partie inférieure de son visage, ses yeux brillaient de cette malice qui lui était si propre et annonçait la présence inévitable d'un rictus sur sa bouche si insolente. « Consulter de toute urgence signifiant que c'est le moment de débarrasser le plancher, Sim, si tu n'avais pas encore saisi. » je rajoute à son intention, un sourcil haussé. Il jette un coup d'oeil à mes amies, de l'autre côté de la table de pique-nique. Avant de me pointer d'un doigt, glissant sa main devant sa bouche pour leur poser une question en toute discrétion. Enfin, c'est le genre qu'il cherchait à se donner alors qu'il savait pertinemment que je n'allais pas en rater une seule miette. Insupportable. « Est-ce qu'elle vous soudoie pour rester copines avec elle ? » J'écarquille les yeux à son interrogation, serrant les poings. « Ne lui répondez pas, pour l'amour de Dieu. » je fulmine, résistant à l'envie de lui donner un coup de poing dans l'estomac. « N- Non. » balbutie Karina, ses yeux voltigeant entre lui et moi. Il fait un pas en avant, glissant un doigt en travers de ses lèvres. « Tu peux parler en toute confiance. Je suis lié par le secret professionnel. Tout ça, tout ça. N'aies pas peur. Est-ce qu'elle vous fait du chantage ? » Je me relève du banc d'un bond, plantant un doigt en travers de son torse quand il pivote pour me faire face. « Si tu n'es pas hors de mon champ de vision d'ici les trente prochaines secondes je- » « Tu quoi, joli cœur ? » riposte-t-il aussi tôt, courbant l'échine pour rapprocher son visage du mien.
Ses iris me sondent impitoyablement, éclairés par une lueur qui fait naître un frisson à la base de mon dos. Il remonte le long de ma colonne vertébrale et je déglutis avant de me donner une claque mentale. Je ne devais pas le laisser prendre le dessus. Je prends une courte inspiration, appuyant davantage mon doigt dans les replis de sa veste. « Tu ne veux pas savoir ce qui pourrait se produire, Sim. » je gronde, les sourcils froncés. Il ne semblait toujours pas me prendre au sérieux et ça commençait vraiment à m'irriter. Mais si je pensais encore avoir un peu de crédit, celui-ci est balayé instantanément quand son bras s'enroule autour de ma taille pour me plaquer contre lui, m'arrachant un glapissement de surprise. Mes mains s'arriment à sa veste pour me stabiliser, froissant le tissu entre mes doigts. « Au contraire... » murmure-t-il à nouveau contre mon oreille. « Je suis impatient de savoir ce que tu as en réserve. » Son timbre de voix est plus bas, dénué de l'engouement qui le caractérise habituellement. Là, elle porte de nuances plus ombrageuses et mon cœur tressaute dans ma poitrine comme un oiseau affolé.
Danger.
Une sonnette d'alarme résonne dans le creux de ma tête et mes mains se crispent sur le coton épais. Il fallait que je sorte de là. Que j'éloigne. Maintenant. « Lâche-moi, Sim. » je murmure entre mes dents. « Mmh ? » lâche-t-il paresseusement, toujours immobile. Sa main reposait contre ma hanche, brûlante contre ma peau malgré les couches de tissu. J'avais l'impression que tout s'était arrêté autour de nous, plongeant la scène dans un profond silence. Silence seulement troublé par mon souffle agité et les bruyantes palpitations dans ma cage thoracique. Si bruyantes qu'elles me donnaient l'impression de pouvoir être audibles à des kilomètres à la ronde. Fuis. « Lâche-moi. » je reprends, malgré mon intonation bien moins assurée qu'une poignée de minutes plus tôt. « Lâche-moi, Sim où il n'y a pas que ton menton qui sera douloureux à la fin de la journée. » je finis par déclarer, en mouvant légèrement ma jambe pour lui décrire exactement ce que je comptais faire s'il ne relâchait pas son étreinte.
Ses lèvres s'entrouvrent un instant, s'arquant en un sourire moqueur puis sa main disparaît de ma taille. J'en profite pour mettre une bonne distance entre nous, mes mollets butant contre le banc où j'étais précédemment assise. Le prénom de Jaeyun est hélé au loin, la voix masculine rapidement rattachée à une crinière couleur cerise quand un autre garçon s'approche de notre table . Détournant son attention sur le côté et me laissant le loisir de respirer plus facilement. « Tu fais quoi, mec ? Tu viens ? On va être en retard ! » le presse-t-il en me jetant un regard curieux, mon voisin repoussant ses cheveux en arrière d'un geste hâtif avant de lui répondre. « J'arrive, Seungie. Je vous rejoins dans une seconde. » Son regard est à nouveau sur moi, sa bouche à nouveau ornée de cette expression si agaçante. « Ce n'est que partie remise, joli cœur. » susurre-t-il avec audace, avant de se pencher légèrement de côté de mes amies pour les saluer. « Au plaisir de vous revoir, mesdemoiselles. » Il pivote, me tournant le dos et je me retiens à peine de lui dresser mon majeur en toute impunité. Mais son profil m'apparaît et j'arrête mon mouvement en plein milieu, les joues soudainement brûlantes. « À ce soir, voisine. » lâche-t-il d'un ton nonchalant, ses lèvres pleines étirées en travers de son visage.
Et sur cette annonce aussi inattendue que mortifiante, il quitte les lieux d'un pas léger. Agrippant son comparse par les épaules quand il arrive à sa hauteur avant de disparaître à l'angle du bâtiment.
« Voisine ? » s'exclame Liz, sa voix montant dangereusement dans les aigus. Les regards de mes deux amis semblent chercher à percer des trous dans mon visage et je laisse échapper un geignement de dépit en me laissant tomber pour la deuxième fois sur le banc, puis la table.
Sim Jaeyun était devenu mon enfer personnel.
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« Chérie, est-ce que tu peux aller me chercher ce qu'il manque pour le repas de ce soir ? »
Mes yeux se décollent de mes fiches cartonnées pour lui lancer un regard. Étendue mollement en travers du canapé, j'avise la silhouette de ma mère penchée sur le plan de travail, griffonnant sur son bloc-notes.
Et s'il y avait bien une chose qu'elle m'avait transmise, c'était cette passion qu'elle avait pour les listes. À vrai dire, je la comprenais. Je trouvais ça rassurant de mettre des mots sur mes pensées, d'organiser mes réflexions et de les verbaliser sur le papier. Annoter les choses m'aidait à canaliser l'énergie grouillante dans mon cerveau et lui donner un sens clair. « Maintenant ? » je l'interroge, un sourcil haussé. Avant de lui désigner mon occupation du bout du nez, mes lunettes glissant dangereusement sur l'arête de celui-ci.
Parce que oui, j'étais encore en train de réviser. Le barreau n'attendait pas. Et il me laissait encore moins de répit qu'une certaine personne de ma connaissance. La seule raison de ma survie se résumait à de la caféine toutes les deux heures et le réconfort de la cuisine familiale après des semaines à me nourrir de manière discutable. « Oui, maintenant. Et je pense que ça ne te fera pas de mal de sortir de tes révisions pendant un moment. » Tout ça, avec un regard insistant glissé dans ma direction. Je soupire, me redressant dans le canapé. « Très bien, reine mère. Tout de suite, reine mère. Je m'exécute. » Je vois ses lèvres frémir depuis l'endroit où je me trouve, attisant un sourire sur mon propre visage. Ce qui ne l'empêche pas de pousser un soupir tout ce qu'il y a de plus dramatique. Parfois, elle devait se dire que je n'avais pas opté pour la bonne vocation. Mais si je ratais mes épreuves, je pouvais toujours considérer l'idée de devenir comédienne.
Je quitte enfin le moelleux des coussins, m'étirant comme un chat et rejoignant l'îlot où elle se trouve. La liste est habilement récupérée et je pose mon menton sur son épaule. « Si je rate l'examen, je dirais que c'est parce que ma propre mère m'a empêché de potasser. » je lui souffle, ses yeux s'écarquillant à sa remarque. Elle s'offusque aussitôt et je pouffe, réussissant cependant à lui planter un baiser sur la joue avant de me faire chasser de la cuisine. Et elle aurait pu être crédible si son rire n'avait pas résonné dans mon dos, pareil à un carillon.
C'est noyée dans un pull honteusement volé à mon père que je rejoins la petite supérette de notre quartier, mes écouteurs vissés dans les oreilles. Les courses sont faites plus vite que prévu, empilées proprement dans mon sac en toile. Et il se pouvait que j'eusse dissimulé quelques achats supplémentaires ici et là, destinés à combler mes petits creux nocturnes entre deux séances de révisions. Ce n'était qu'une juste rétribution pour m'avoir envoyée à sa place, de mon point de vue. Du sien, j'en étais un peu moins sûre. Dans tous les cas, il était trop tard et c'est en sifflotant un air de rock que je reprends ma route dans le sens inverse, bifurquant sur ma droite pour atteindre l'entrée du parc.
Il se situait entre le quartier où se trouvait la maison de mes parents et la partie plus animée de la ville, non loin du centre. Un petit coin de paradis au milieu du béton, un poumon verdoyant dans cette jungle où les arbres avaient été remplacés par de hauts immeubles. J'avais passé un nombre incalculable d'heures là-bas, tant à chasser les papillons qu'à lire au soleil, étalée sur une couverture. C'était le lieu de rencontre des voisins pour faire des compétitions sur les balançoires ou jouer à cache-cache jusqu'à ce que la nuit tombe, essayer d'attirer les écureuils avec des morceaux de pain avant de fuir en hurlant quand ils se décidaient enfin à approcher et partager des goûters après l'école. Il renfermait de doux souvenirs et restait immuable, inlassablement imprégné de cette aura chaleureuse et accueillante.
Je longe le petit étang en son centre, remarquant quelques secondes trop tard la forme qui fonce dans ma direction avant de se jeter littéralement contre mes jambes. La collision m'arrache un cri et je recule d'un pas en arrière, mon sac tombant au sol sous le coup de la surprise. Je retrouve très vite mon équilibre avant de baisser les yeux, avisant le chien au pelage crème qui avait déjà le nez glissé à l'intérieur. Il battait joyeusement de la queue en reniflant son contenu et ça me tire un sourire, la stupeur déjà envolée. Il était adorable. Je me baisse pour enrouler mes doigts autour des anses, tirant doucement pour le faire sortir de là et je me retrouve face à face à la créature la plus mignonne qu'il soit en ce monde.
Je n'étais pas très fan des êtres humains en règle générale parce qu'ils ne cessaient jamais de me décevoir mais les animaux étaient mon plus grand point faible.
Avec la nourriture.
« Qu'est-ce que tu fais tout seul ici, toi ? » je l'interroge doucement, ses grands yeux bruns scintillants de joie quand je viens flatter le haut de sa tête. Sa queue continuait de battre gaiement la mesure et il se rapproche pour se frotter contre ma jambe, son museau reniflant ma cuisse. Une laisse était reliée à son collier, pendant mollement le long de sa patte gauche. « Est-ce que tu as décidé de faire une petite escapade en solitaire ? » je poursuis, avec un petit rire. Réajustant mon sac sur mon épaule, j'attrape la poignée de la laisse. « Ton maître ou ta maîtresse doit sûrement s'inquiéter, à l'heure qu'il est. » Je n'étais pas des plus pressées et je préférais ramener l'animal à son propriétaire plutôt que de la laisser gambader dans la nature. « Tu viens avec moi ? » je souffle, donnant un léger à-coup pour l'inciter à me suivre.
Mais le chien n'oppose pas la moindre résistance et je reprends mon chemin, observant les alentours. Je décide de faire le tour complet de l'étang pour ratisser plus large, le canidé gambadant à mes côtés. Il s'arrêtait régulièrement pour sentir tout ce qui se trouvait à portée de truffe, grattant le sol avec des petits grognements avant de reprendre sa route l'air de rien. Et je l'observais avec un amusement évident. Son pelage était plus foncé près de la tête et le long de la colonne, épais et d'une douceur à toute épreuve. Ses yeux m'avaient tout de suite semblé expressifs, presque humains dans leur manière d'observer l'environnement. On voyait tout de suite qu'il était habitué à l'être humain parce qu'il n'avait pas été farouche, se laissant approcher et caresser sans la moindre crainte.
Il devait être chouchouté par sa famille et ça me rassurait, dans un sens.
« Layla ? Layla ? » Quelqu'un s'époumone dans mon dos et je fronce les sourcils à l'intonation étrangement familière. Le chien se met aussitôt à tirer frénétiquement sur sa laisse et je pivote, mes lèvres s'entrouvrant pour la seconde fois de surprise en apercevant Jake Sim foncer à toute allure dans ma direction. Je recule par instinct, soudainement prise de panique et je lâche l'emprise sur la corde, laissant le chien aller à sa rencontre.
Avant de me figer d'un seul coup à la vision qui s'impose devant moi.
Il venait de se laisser tomber à genoux sur les gravillons, écartant les bras pour accueillir l'animal contre lui. Celui-ci ne se fait pas prier pour se jeter contre lui, sautillant pour venir léchouiller son visage. « Ne me fais plus jamais ça, tu entends ? » laisse-t-il échapper en l'étreignant fermement, son visage fourré dans l'encolure du chien.
Il y avait quelque chose de profondément fragile dans sa manière d'enlacer l'animal. Un sentiment presque désespéré. Comme s'il avait peur qu'elle disparaisse d'un seul coup, qu'elle se volatilise entre ses bras. Plus rien du voisin qui m'avait ouvert la porte avec un sourire détestable sur les lèvres. Plus rien du garçon qui me semblait ne jamais se soucier vraiment de quoi que ce soit. Rien qu'un homme et le lien tenu qu'il entretenait avec son compagnon de vie.
Pour être honnête, j'aurais préféré ne jamais le voir comme ça.
Parce que c'était plus facile de croire que c'était un demeuré insensible.
Parce que ça me donnait encore une raison de le détester.
Immobile, j'observe l'échange en silence. Mes doigts s'étaient recroquevillés sur la anse de mon sac et je n'ose pas faire de mouvement pour éviter d'attirer son attention de mon côté. Au mieux, j'aurais préféré devenir invisible et pouvoir m'esquiver en toute tranquillité. Cependant, il finit par relever le nez vers moi, ses yeux s'écarquillant de surprise en prenant enfin le temps de voir la personne qui se trouvait en face de lui. L'instant d'après, son regard dévie sur le côté et il grattouille la tête de son chien avant de se redresser sur ses jambes.
Layla, vu que ça semblait être son petit nom, paraissait minuscule à côté de lui. Pourtant, Jaeyun Sim n'était pas non plus une échasse. Enfin, il paraissait forcément immense à côté de mon mètre soixante ridicule mais ses amis le dépassaient tous d'une tête. Mais il compensait très bien ce léger déficit avec de larges épaules et un attitude envahissante. Et sa compagne à poil l'observait avec une admiration sans bornes, se laissant tomber sur son arrière-train à ses côtés.
Nous nous observons sans un mot pendant une poignée de secondes qui me paraissent égales à des heures. Je ne savais pas quoi lui dire, encore chamboulée par les dernières minutes. Et surtout, par cette facette de lui que je n'avais jamais imaginé. De son côté, je pouvais sentir qu'il était gêné d'avoir été pris en flagrant délit de panique alors qu'il apparaissait toujours comme quelqu'un de profondément désinvolte. Néanmoins, ces non-dits menaçaient de me mettre profondément mal à l'aise à mon tour et je réfléchis à un moyen de désamorcer la situation.
« Elle est...gentille. » je finis par déclarer du bout des lèvres, en pointant la chienne d'un geste du menton. Il baisse les yeux sur elle, les siennes s'étirant en un sourire d'une telle douceur que j'ai l'impression de recevoir une nouvelle claque en pleine face. Ma gorge se serre et je secoue vivement la tête pour chasser cette sensation désagréable. « Et sensée. Elle a sûrement compris qu'il fallait s'éloigner d'un crétin quand on croise un sur sa route. » Je ne pouvais pas m'empêcher de répondre par le sarcasme, quand il s'agissait de lui. C'était familier. Confortable. Et ça me permettait de reprendre le contrôle de moi-même.
Son sourire s'est évaporé à mes paroles et ses yeux sombres m'observent en silence. Je prends un court instant pour le regarder, de ses cheveux mi-longs éternellement en bataille autour de son visage à sa tenue débraillée. Un short de sport, pratiquement identique à celui dans lequel je l'avais vu se pavaner sur le palier de notre étage et un pull épais qui semblait déjà avoir subi de nombreux lavages. En le voyant comme ça, je culpabilisais un peu moins sur mon propre manque d'effort vestimentaire. « Tu habites dans le coin ? » m'interroge-t-il d'un seul coup, sans se formaliser de ma réflexion. Son regard continuait de me sonder sans relâche, comme s'il cherchait des réponses à des questions qu'il n'avait même pas formulées. « Mmh. Possible. » je murmure, les lèvres pincées. « Le hasard fait bien les choses. » Un frisson remonte le long de mes bras. Mes dents triturent nerveusement l'intérieur de ma joue et ma prise se resserre encore un peu plus sur mon sac. « Pourquoi ? Tu comptes me faire une visite de courtoisie ? » je rétorque, un sourcil haussé. Un rire s'échappe de sa gorge comme toute réponse et Layla gigote sur place, sa truffe pressée contre les doigts de Jake. Il penche la tête sur le côté, glissant sa main libre dans la poche de son short. « Tu sais, des fois je me demande s'il existe vraiment un moment où tu n'es pas sur la défensive. » Je me raidis à ses paroles. Sa remarque me faisait grincer des dents mais c'était encore plus humiliant de constater qu'il n'avait pas tort. « Seulement avec toi, Sim. Tu es un privilégié. » je riposte, les joues roses.
C'était faux. Ça faisait longtemps que je n'avais pas réellement ouvert mon cœur à qui que ce soit. Sur tous les plans. Liz et Karina étaient des exceptions parce que notre rencontre avait déjà plusieurs années et qu'elles avaient toujours fait partie de ma vie. Mais j'avais appris à mes dépends qu'il n'était pas toujours bon d'être trop entière dans ses relations avec les autres. Parfois, ce qu'on recevait en retour était incroyablement douloureux. Alors je me protégeais, pour ne plus souffrir à nouveau.
Mes sentiments n'étaient jamais dans la demi-mesure. Avec moi, c'était tout ou rien.
Et je préférais ne rien offrir plutôt que d'être réduite en pièces pour avoir trop donné.
Ma boutade lui tire néanmoins un nouveau sourire et mon cœur tressaute à cette vision. « Merci d'avoir récupéré Layla. Elle est très importante pour moi. » souffle-t-il en passant une main dans sa nuque, décoiffant encore davantage ses mèches brunes. Je hausse les épaules, remontant mes lunettes sur l'arête de mon nez. « De rien ? Je suppose ? Il m'arrive de sauver les animaux errants quand je ne suis pas ta voisine désagréable. » je réponds, lui jetant un regard en prononçant les derniers mots. Il pouffe et mes lèvres frémissent à leur tour. « Désagréable n'est pas le terme que j'aurais choisi. Je dirais plutôt que tu es...fascinante, joli cœur.»
Je soupire. Encore et toujours ce surnom. Il avait au moins la décence de ne pas lâcher des « princesse » ou des « poupée » et je lui en étais presque reconnaissante.
Presque.
Il fait un pas en avant, se rapprochant davantage et je sens mon rythme cardiaque s'emballer tout à coup. Mon bras se lève entre nous pour faire barrière par réflexe et il s'arrête aussitôt, fronçant les sourcils. Je louche sur le plat de ma main dressé dans sa direction, les pommettes brûlantes. Il devait me prendre pour une folle furieuse. Est-ce que j'étais à ça près ? Pas vraiment. J'essaye quand même de conserver un air tout ce qu'il y a de plus respectable, histoire de ne pas mourir d'embarras devant mes propres réactions. Peut-être que j'étais vraiment en train de perdre la boule, tout compte fait. « Je trouve qu'on est subitement devenus trop cordiaux l'un avec l'autre, Sim. Il est temps de mettre fin à cette conversation. » je déclare, sur un ton des plus sérieux. Mais ça ne fait pas disparaître son rictus pour autant. Pire, il s'étire des deux côtés de son visage, faisant luire ses yeux d'un éclat malicieux. « Pourquoi ? Tu as peur de finir par m'apprécier ? » Bordel. Il trouvait toujours le moyen de faire une pirouette et de retourner les choses à son avantage. C'était tellement frustrant. Et il y avait cette chaleur qui ne voulait pas disparaître de mon visage. « Aucun risque. » je rétorque, un sourcil haussé.
Cependant, je réduis la distance avant de m'accroupir pour caresser Layla. Je grattouille le sommet de sa tête, gloussant à la vision de sa langue pendue sur le côté de son museau. Puis je passe derrière ses oreilles avant de me pencher, l'air de vouloir lui confier un secret. « Je crois que ton propriétaire prend ses désirs pour la réalité. » je murmure, jetant un rapide coup d'oeil à Jake. Couinant en découvrant qu'il s'était incliné dans notre direction, l'oreille tendue. Son souffle s'échoue contre ma joue, les notes acidulées et désormais familières de son parfum flottant autour de moi. « Tu n'as jamais été aussi proche de la vérité, joli cœur. » Mon cœur rate un nouveau battement, ma gorge s'assèche et je recule précipitamment, manquant de trébucher. Il rit et je marmonne des menaces entre mes dents avant d'écourter la conversation, utilisant les courses gisant dans mon sac pour m'esquiver au plus vite.
En plus, le croiser ici voulait dire qu'il habitait dans le coin et que j'avais donc des chances de le croiser quand je rentrais le week-end chez mes parents. Est-ce que j'avais torturé des bébés chats dans une autre vie ? Parce que ça commençait à faire une nette accumulation. J'avais plus de mal à trouver des moments où il n'était pas là que l'inverse et c'était assez ahurissant. « À bientôt, voisine ! » me salue-t-il quand je me détourne pour reprendre mon chemin. Avant de me crisper à la suite de ses paroles. « Tu sais, Layla serait ravie de faire une balade dans le quartier avec toi, un de ces jours. Je dis ça comme ça ! » Je presse le pas pour toute réponse, son rire résonnant encore plus fort dans mon dos.
Le trajet jusqu'à chez moi se fait en mode auto-pilotage et mon cœur bat encore follement dans ma poitrine quand je claque la porte d'entrée de la maison. Attirant inévitablement ma porte dans le couloir, ses sourcils se fronçant en m'apercevant. « Tout va bien ? Tu en as mis du temps à revenir... » Elle s'arrête, me jaugeant du regard avant d'approcher d'un pas vif, posant ses mains sur chacune de mes joues. « Tu es sûre que ça va ? Tu es toute rouge. Tu as couru pour rentrer ? »
Impossible de lui dire que mon coup de chaud était dû à mon voisin de palier.
Mon cerveau déraillait complètement quand Jaeyun Sim était dans les parages.
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Là où mon cerveau aurait du être rempli de textes de loi et d'alinéas juridiques, ne subsistait que des réflexions à propos de Jake Sim. À quel moment était-il devenu attendrissant ? Est-ce qu'il avait toujours été comme ça ? Il me semblait différent, depuis notre rencontre au parc. Ou est-ce que c'était moi qui l'était ? Je ne cessais de me poser des questions à son sujet. Et ça me rendait folle.
Parce qu'il n'était que mon voisin. Agaçant, en plus de ça.
Mais il avait réussi à se frayer une place dans mon quotidien et le moindre changement dans l'atmosphère me faisait cogiter à un point inimaginable.
Je me surprenais à l'observer. À retenir des choses stupides à son propos. Comme cette manie qu'il avait de repousser constamment ses cheveux en arrière au lieu de les attacher ou de mettre sa main devant sa bouche quand il riait aux éclats. Ou encore de cogner ses poings entre eux lorsqu'il était mal à l'aise. Comment je le savais ? J'étais, par le plus grand des hasards, dans la cafétéria lorsqu'il avait renversé son latte sur la table en cherchant à atteindre Heeseung pour lui passer un savon. Et j'avais eu tout le loisir de le voir s'excuser en mordillant sa lèvre inférieure, son visage adoptant une expression de petit chiot égaré pour amadouer la dame qui lui faisait face afin de s'en tirer à bon compte.
Parce que oui, j'en étais même arrivée au point de connaître le nom de ses amis.
Niki, le grand gaillard que j'avais rencontré lors de sa fête sauvage et qui se trouvait être beaucoup plus jeune qu'eux en dépit sa haute taille. Heeseung, le garçon enjoué aux yeux de biche et à la chevelure couleur cerise, qui faisait tomber les filles sur son passage d'un simple clin d'oeil. Et Sunghoon, pareil à un extraterrestre dans cette équipe de bras cassés. Grand, élégant, réservé. Un petit air de prince des glaces qui fondait comme glace au soleil lorsqu'il se trouvait à proximité de ses amis, pour ne laisser qu'un franc sourire sur son visage.
Ils me lançaient toujours des regards étranges lorsque j'avais le malheur de les croiser sur le palier, comme s'ils savaient des choses que j'ignorais. Et je crois que je préférais ne rien savoir, vu leurs sourires énigmatiques.
Je remarquais des détails sur Jake que dont j'aurais préféré ne pas avoir conscience, parce que ça le rendait plus aimable. Et donc, plus difficile à mépriser.
Lui n'avait pas changé d'un pouce, à mon plus grand dam.
Il continuait de se mettre sur mon chemin de toutes les façons inimaginables. De me tenir les portes avec un sourire enjôleur. De faire péter le son à des heures indues alors qu'il savait très bien que j'étais de l'autre côté du mur à essayer de relire mes notes pour le lendemain. À se demander s'il ne faisait pas exprès, pour le simple plaisir de me retrouver devant sa porte avec des lasers à la place des yeux. Parfois il poussait même le vice plus loin, venant toquer innocemment à ma porte pour me « demander du sucre », vêtu en tout et pour tout de son éternel short de sport.
J'ai failli faire une attaque, la première fois. Peut-être la deuxième aussi, pour être honnête.
Pourtant, je n'avais rien de particulier à lui reprocher, en dehors de son caractère horripilant. Parce qu'il n'avait jamais dépassé les limites. Et c'était frustrant, dans un sens. Il se fait un malin plaisir de rester dans le cadre et je ne m'étais jamais sentie mal à l'aise en sa présence.
Oui, il était constamment dans mon champ de vision et voir mes sourcils se froncer en l'apercevant semblait illuminer sa journée pour une raison qui m'échappait encore mais je n'avais jamais ressenti une once d'inquiétude à ses côtés ou quoi que ce soit de négatif. À part une profonde exaspération et une envie de refermer mes mains autour de sa gorge pour faire disparaître son rictus amusé. Nous étions simplement deux entités contraires, à l'opposé l'une de l'autre. Cependant, j'avais le sentiment de percevoir une nuance dans son comportement, depuis un certain temps. Et je n'arrivais pas à définir ce que ça provoquait à l'intérieur de moi.
Parfois, j'étais consciente de sa présence et je sentais une sonnette d'alarme résonner, me pousser à prendre de la distance.
Parce qu'il y avait quelque chose chez lui qui attirait naturellement les gens, qui poussait à vouloir se rapprocher et profiter de sa bonne humeur.
Et qu'il serait si facile de s'abandonner.
Je secoue la tête pour chasser Jake Sim de mon cerveau, mes doigts se resserrant autour de l'énorme carton pressé contre ma poitrine. Il pesait une tonne et je sentais mon dos protester face à la pression que je lui imposais pour rester droite. J'arrive devant l'escalier de mon immeuble, avisant la volée de marches devant moi et je déglutis. Je n'étais pas certaine d'atteindre le quatrième étage sans 1) faire tomber mon carton et potentiellement casser mon nouveau micro-ondes avant même de l'avoir installé et 2) me tuer à cause d'une chute causée par ledit carton.
Mais la simple idée de prendre l'ascenseur me donnait des frissons. J'avais toujours évité de me retrouver à l'intérieur, préférant nettement monter les étages à pied. Parce que je détestais cette cabine minuscule qui montait à une lenteur désespérante et le bruit des chaînes qui cliquetaient sur son passage. Le bâtiment était vieux et l'ascenseur n'avait pas été particulièrement rénové, simplement entretenu pour être fonctionnel. On tenait à peine dedans et ça me donnait des bouffées de chaleur rien que d'y penser.
Je détestais me retrouver dans des espaces confinés à un tel point que ça pouvait devenir problématique, selon la situation. Même chez moi. Toutes les portes de mon appartement restaient constamment ouvertes et les fenêtres subissaient le même sort lorsque je passais mes journées à l'intérieur. L'été, je vivais pratiquement sur mon balcon. Ou je passais le plus clair de mon temps sur le toit, avec le ciel comme unique plafond.
Mais il n'y avait pas la moindre âme charitable pour me faire cette faveur alors l'issue me semblait inévitable et j'en étais malade d'avance.
Jetant un regard mauvais à l'appareil, j'approche avec une lenteur délibérée. Et j'appuie sur le bouton d'un geste du coude, la gorge déjà nouée par l'anticipation. Louchant sur la flèche indiquant que la cabine redescendait vers moi, le cœur lourd. Il battait une mesure plus rapide et je prends une courte inspiration quand un bruit indique qu'il s'est stabilisé au rez-de-chaussée.
Il n'y avait donc personne pour me sauver de cet enfer ?
Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et je regarde les portes s'ouvrir sur une cabine vide de tout occupant. Jetant un regard autour de moi en espérant encore croiser quelqu'un. Pourtant, personne ne vient à ma rescousse et je me résigne à entrer. Tout va bien se passer. Ce n'était pas la première fois. Je n'étais pas morte après les précédentes, aux dernières nouvelles. J'allais simplement fermer les yeux, penser à autre chose pour m'occuper l'esprit et prier pour ma vie.
Je me crispe en entendant les portes se refermer. Avant de sursauter, laissant échapper un cri de surprise à la main qui glisse soudainement entre les battants pour les forcer à se rouvrir. Une seconde plus tard, Jaeyun Sim investit la cabine, le souffle court. Et étrangement, je n'avais jamais été aussi heureuse de le voir qu'en cet instant.
Ses yeux s'agrandissent en m'apercevant avant de se radoucir, sa bouche ourlée d'un de ses éternels sourires. « Tiens tiens tiens...Ne serait-ce pas le destin ? » Je lève les yeux au ciel, resserrant brusquement mon emprise sur mon colis quand les portes cognent l'une contre l'autre et que la maudite traction commence, nous poussant vers le haut. « Moi j'appelle ça un cauchemar, mais nous n'avons jamais la même définition des choses, Sim. » je souffle entre mes dents serrées.
Je haïssais la sensation que le mouvement provoquait dans le creux de mon ventre.
Je remerciais le paquet de dissimuler la plus grande partie de mon visage aux yeux de Jake. Je refusais qu'il puisse lire la panique qui creusait mes traits et serpentait dans ma poitrine pour enserrer mon cœur. « On en est où, là ? » je demande, livide. « On vient de dépasser le premier étage. » me répond-il et j'aperçois tout juste son froncement de sourcils avant qu'une secousse ne vienne ébranler la cabine. Mon hurlement résonne dans l'habitacle et mon carton finit sa course sur le sol dans un bruit sourd. Mon dos rencontre l'une des parois de l'ascenseur, cherchant à s'y fondre et je serre les poings, la respiration chaotique. « Qu'est-ce qu'il se passe, Sim ? » je siffle, posant finalement une main contre ma poitrine. « C'était quoi ce bruit ? On est où ? Pourquoi est-ce qu'on ne monte plus ? » Les mots se succèdent à une vitesse effrayante et mes yeux ne quittent pas Jaeyun, suivant le moindre de ses mouvements. « Je crois qu'il a eu un problème technique. » soupire-t-il, en repoussant ses cheveux en arrière. « Avec un peu de chance on est bloqués au niveau du deuxième étage. »
J'avale difficilement ma salive. Une chaleur étouffante se répandait dans ma nuque, remontant en direction de mon visage. Et les parois de la cabine me donnaient l'impression de rétrécir centimètre par centimètre. « Comment ça 'bloqués' ? » je gémis, l'observant s'approcher du panneau de contrôle pour appuyer sur le gros bouton rouge qui s'y trouvait. Mais je ne l'entends déjà plus.
Tout devient flou seconde après seconde et j'ai de plus en plus chaud. Je me laisse tomber au sol, mes jambes ne supportant plus mon poids. Je replie mes jambes contre ma poitrine, mes bras entourant ceux-ci pour essayer de planquer mes tremblements.
Bloqués. Dans un ascenseur. Je crois qu'il n'y avait pas de pire enfer sur Terre.
Respirer devenait de plus en plus difficile, comme si tout l'air contenu dans mes poumons n'arrivait pas à passer la barrière de ma gorge. Ma poitrine était secouée de spasmes et j'enfouis ma tête entre mes genoux pour faire disparaître la vision de la cabine autour de moi. « Y/n ? » La voix de Jake résonne, tout proche. Mais elle me paraît comme étouffée, lointaine. Mon ventre était douloureusement noué et j'avais l'impression que mon cœur battait simultanément à plusieurs endroits en même temps. Je perdais pied avec la réalité, submergée par une peur si profonde qu'elle court-circuitait mes neurones et ne laissait qu'une créature tétanisée par une angoisse primitive.
J'étais persuadée que ma vie allait s'arrêter d'un instant à l'autre. Si ce n'était pas la pièce qui finissait par m'étouffer entre ses murs, qu'est-ce qui m'assurait que les fils qui retenaient la cabine en suspension n'allaient pas finir par lâcher ? Des scénarios plus terribles les uns que les autres continuaient de se jouer devant mes paupières closes et des larmes s'en échappent, mouillant mes joues brûlantes.
Des paumes calleuses se faufilent soudainement dans ma forteresse pour redresser ma tête vers le haut, me forçant à poser les yeux sur le visage de Jake. Ses cheveux m'avaient l'air encore plus ébouriffés que d'habitude mais la chose qui attire mon attention, c'est l'expression sur son visage.
Un sérieux que je n'avais jamais vu auparavant, une gravité qui semblait tellement décalée par rapport à son attitude quotidienne.
« Regarde-moi. » Ses lèvres bougent et je comprends à peine les mots qu'elles forment, suffoquée par la terreur. Les murs dans son dos continuaient d'avancer, pareils à des ombres menaçantes et mon regard n'arrive pas à s'en décrocher. J'étais consumée par quelque chose de beaucoup trop grand, de beaucoup trop intense et je me sentais comme emportée par cette violence, le cerveau électrocuté par le flot de sensations. « Je- Je- » je bafouille, transie de froid et pourtant sur le point d'entrer en combustion spontanée.
Les doigts de Jake se pressent davantage contre ma peau, imprimant une chaleur différente de celle qui ravageait l'intérieur de mon être. Ainsi qu'une pointe de douleur qui me fait grimacer, mais qui a le mérite de ramener mon attention sur lui. « T'occupe pas du reste, joli cœur. Regarde-moi. Seulement moi. » Le souffle court, j'effleure les lignes de son visage. Mes bras se resserrent contre mes jambes, endiguant à peine les tremblements qui me parcouraient.
Au moins, je n'allais pas mourir seule.
Son pouce va et vient contre l'arête de ma mâchoire, créant une friction qui endigue le torrent de réflexions et son autre main disparaît de mon visage, flottant le long de mon bras avant d'attraper l'une des miennes. De toute façon, je n'étais pas en état d'opposer la moindre résistance. Pas alors que j'avais le sentiment d'être aspirée dans un trou noir, de courir dans l'obscurité la plus totale sans trouver la moindre source de lumière. Il conduit ma paume jusqu'à sa poitrine avant de la poser à plat sur son pectoral. Et quand il pose la sienne par dessus, j'éprouve la pulsation de son cœur.
Tudum. Tudum. Tudum.
« Écoute. » souffle-t-il contre mon oreille, m'arrachant un frisson. « Concentre-toi sur ça. Rien d'autre. » Et je me démène contre l'effroi qui cherche à prendre le contrôle, focalisant mon attention sur le battement régulier que je sens résonner sous mes doigts. Les siens continuent d'imprimer un rythme sur ma peau, son souffle battant la mesure dans le creux de mon cou. À part de là, mon univers ne se résume plus qu'à ça. Aux sensations contraires qui se battent en duel à l'intérieur de moi. Au parfum d'agrumes qui flotte aux alentours et cherche à imprégner mon épiderme, au mouvement répétitif de sa main contre mon visage, aux aspérités de sa paume contre la mienne.
À son cœur qui bat sous moi, qui donne l'impression de battre pour moi.
Sans m'en rendre compte, ma respiration s'apaise peu à peu. Le nœud qui avait élu domicile dans ma gorge se desserre et le brasier s'amenuise, battant en retraite. Je ne saurais même pas dire combien de temps s'est écoulé, si ce ne sont que des minutes ou bien des heures mais je reprends seulement contact avec la réalité quand un bruit métallique tinte sur le côté, m'arrachant à ma transe.
Les portes s'ouvrent enfin, laissant apparaître la silhouette d'un technicien et ses yeux se posent, curieux, sur nos corps lovés l'un contre l'autre. Mon autre main avait également trouvé le chemin menant pull de Jake pour se raccrocher à quelque chose de tangible. Sa tempe effleurait toujours la mienne et je n'avais pas cessé d'éprouver les pulsations de son cœur sous le bout de mes doigts.
« Tout va bien ? » Au son de sa voix, mon cerveau reconnecte les derniers neurones qui lui restent et je me raidis. Avant de piquer un fard monumental devant l'image que l'on devait donner à ce pauvre bougre venu nous porter secours. « Sors moi de là, Sim. » je marmonne, en enfouissant ma tête dans son pull pour dissimuler mon visage cramoisi. Parce qu'il devait l'être, vu la chaleur qui crépitait sur mes pommettes et dans ma nuque. Un rire fait vibrer sa poitrine en guise de réponse. « Les désirs de la dame sont des ordres. » souffle-t-il dans mon oreille, son pouce glissant une dernière fois contre le dos de ma main avant de disparaître. « Tu crois que tu peux te relever ? » poursuit-il et je le sens remuer légèrement. « Si ce n'est pas le cas, je me ferai un plaisir de te port- » Mon corps se réveille à ses paroles et je prends subitement appui sur ses épaules pour me redresser sur mes jambes, comme traversée par un choc électrique.
L'instant d'après, je suis debout mais je sens mes genoux flageoler sans tarder et je me retiens à la paroi de la cabine pour ne pas m'effondrer à nouveau. Un bras s'enroule autour de ma taille, me soutirant un couinement de souris. Et je m'apprêtais à protester quand ses doigts pincent ma peau à travers le tissu de mon tee-shirt. Mon souffle s'étrangle dans ma gorge et j'écarquille les yeux, observant Jake avec effarement. « Arrête de râler, joli cœur. » répond-il, les yeux roulant dans leurs orbites. Mais son sourire habituel a retrouvé sa place sur son visage, me volant un battement de cœur au passage. « À moins tu veuilles t'étaler gracieusement sur la moquette en essayant de rejoindre ton appartement. C'est toi qui vois. » Son regard pétille de malice et mes lèvres frémissent. Puis je secoue la tête avant de désigner la sortie d'un mouvement sec du menton. « Sors. Moi. De. L Là. » je siffle entre mes dents serrées. Il pouffe et son emprise se resserre autour de moi, me permettant d'avancer avec plus de stabilité.
Je m'appuie sur lui pour évacuer la cabine et je respire instantanément mieux. Je ferme les yeux un instant, soupirant d'aise pendant qu'il demande au technicien s'il est possible d'apporter mon colis devant mon logement. « Je déteste vraiment les ascenseurs. » je finis par décréter quand nous nous éloignons. Un nouveau rire retentit sur le côté et il résonne à l'endroit où nos corps se touchent l'un et l'autre. « Je crois que j'ai plutôt bien saisi l'ampleur de ton aversion pour cette innovation technologique. » ne peut-il s'empêcher de commenter et je le foudroie du regard.
Néanmoins, une nouvelle question se pose lorsque nous arrivons à l'angle du couloir et que je me rappelle qu'il me reste encore un étage à monter avant d'atteindre celui où se trouvaient nos appartements. Enfin, elle ne reste pas longtemps sans réponse. En l'espace d'une seconde, je suis soulevée du sol et je hurle de surprise, crochetant mes bras autour de la nuque de Jake. Il fait fi de mes protestations, raffermissant sa prise sous mes jambes et je suis trimballée de marche en marche comme un sac de pommes de terre.
J'en profite bien entendu pour le maudire sur cinquante générations. Mais au vu de son air amusé, j'en venais à me demander s'il n'était pas versé dans le masochisme. Malgré tout, une partie de moi déborde de gratitude envers lui face à ce qu'il venait de se passer et je sens mes joues brûler à nouveau. Je saisis l'occasion pour me cacher contre son épaule, fermant les yeux en essayant d'apaiser ma respiration chaotique jusqu'à ce qu'il me repose au sol, retrouvant la même position pour servir de soutien tout au long du palier.
Difficile à dire quand il venait pratiquement de me sauver la vie et qu'il n'en avait pas une seule fois fait mention depuis que les portes s'étaient ouvertes. Jaeyun avait décidé de faire comme si de rien n'était, de poursuivre sur le même ton qu'il arborait habituellement. Et je lui en étais profondément reconnaissante. Je ne tenais pas à parler de ce qui s'était passé. Ni maintenant, ni jamais. Il avait déjà entrevu ma pire faiblesse et ça me coûtait de le reconnaître. Mais il avait agi avec calme et il m'avait aidé à traverser cette crise bien mieux que je ne l'avais espéré. Surtout, il n'en faisait pas étalage et il ne cherchait pas à l'utiliser comme prétexte pour me chercher des poux.
Il se contentait de m'escorter jusqu'à la porte de mon appartement comme un parfait gentleman et ça provoquait des sensations que je n'étais pas certaine d'accepter pour le moment, surtout quand il était celui qui les avait provoquées.
Nous atteignons notre destination et je me bats avec les clés perdues au fond de la poche de mon jogging. Je dois essayer bien trois fois avant de réussir à les rentrer dans la serrure, les doigts encore douloureux d'avoir serré si fort pendant si longtemps mais Jake ne fait pas le moindre commentaire à ce propos. Il attend simplement que j'ouvre la porte et il y a un moment de battement où nous nous regardons sans un mot. Je le vois jeter un coup d'oeil à l'entrée de chez moi avant de reposer ses yeux bruns sur moi. Et j'ai l'impression qu'on m'entend déglutir à l'autre bout de l'étage. « Je peux ? » finit-il par demander et je hoche silencieusement la tête.
Je ne savais pas pourquoi ça me semblait aussi intimidant de le laisser rentrer chez moi, mais je sentais une boule se loger dans le creux de mon ventre en le voyant se frayer un chemin dans mon appartement. Jusqu'à présent, ça avait toujours été mon recoin secret, mon havre de paix. Il y a peu de gens qui pouvaient se vanter d'avoir été invités ici. Parce que je ne laissais pas n'importe qui pénétrer dans mon espace vital.
Pourtant, mon ennuyant voisin me conduisait lentement en direction du salon et ça créait un désordre monstrueux tant dans ma tête que dans ma poitrine.
Il m'accompagne jusqu'au canapé et m'aidant à m'asseoir avant de se redresser. Observant la décoration sans la moindre pudeur. L'étalage de livres sur le tapis ainsi que la bibliothèque remplie à craquer, les plantes qui reposaient en équilibre précaire sur des étagères, le tableau peint par ma grand-mère qui représentait Venise et ses canaux. Le petit univers que j'avais construit mois après mois, pour me sentir en sécurité. Et je n'arrive pas à détacher mes yeux de son visage pendant qu'il inspecte ce qui se trouve autour de lui, les poings serrés sur mes cuisses. Il semble se rappeler d'où il est, passant une main sur sa nuque.
Un nouveau moment de silence où ni l'un ni l'autre ne sait quoi dire ou quoi faire. Il me donne l'impression de vouloir dire quelque chose avant de se raviser et je suis suspendue à ses lèvres. Bordel. J'allais m'interroger un certain moment sur ces mots qui n'avaient pas passé la barrière de sa bouche pour une obscure raison. À la place, il fait quelques pas sur le côté pour atteindre le bord du sofa. « Je suis de l'autre côté. Si jamais tu as besoin. » déclare-t-il, en pointant la paroi qui nous séparait d'un geste du pouce. Mon cœur tressaute à ses paroles. « Tu n'as qu'à cogner contre le mur. » Je lève les yeux vers lui, une boule dans la gorge. Mais les mots restent bloqués là, à quelques centimètres. Et il ne cherche pas à me les soutirer. Il contourne le canapé, quittant mon champ de vision et je sens mon corps s'enfoncer mollement entre les coussins. Pourtant, il n'a pas encore quitté la pièce et je sens l'urgence m'oppresser la cage thoracique.
« Merci. »
Merci d'avoir été là pour moi alors que nous n'étions que deux étrangers. Merci d'avoir gardé la tête froide quand j'étais en train de perdre la mienne. Merci d'avoir subi ma terreur sans broncher. Merci d'avoir été un roc immuable auquel me raccrocher pour ne pas perdre entièrement pied. Merci d'avoir respecté le peu d'amour-propre qu'il me restait et de ne pas poser de question.
Au fond, il y avait tellement de choses pour lesquelles je voulais le remercier.
Mais j'étais incapable de les verbaliser.
Alors elles tiennent en seul mot. J'espérais simplement qu'il saurait entrevoir toutes les choses qu'il pouvait contenir l'intérieur.
« De rien. Je ne résiste jamais à la tentation de sauver les demoiselles en détresse. »
Le silence suit cette remarque puis la porte claque dans mon dos, une poignée de secondes plus tard. Suivi par un rire. Le mien. Franc et libérateur, parsemé de restes de peur et d'une affection palpable.
Inconnue et terrifiante. Et pourtant si douce.
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Jake. Jake. Jake.
Son prénom persistait dans le creux de ma tête et ça menaçait de me rendre folle. Mais si ça s'était limité à ça, ça aurait presque pu être supportable. Mais j'éprouvais encore la sensation de son cœur pulsant sous mes doigts et le mouvement de son pouce contre l'arête de ma mâchoire, allant et venant inlassablement contre ma peau.
Regarde-moi. Seulement moi.
L'intensité de ses yeux plongés dans les miens. La fermeté de sa voix, de ses mains autour de moi. Pareil à un roc immuable au beau milieu de la tempête, seul élément auquel me raccrocher pour ne pas sombrer dans le néant le plus total.
Je suis de l'autre côté. Si jamais tu as besoin.
Je m'étais confrontée à une nouvelle facette de sa personnalité et je savais que je ne pourrais jamais revenir en arrière. À chaque fois que je me trouvais dans mon salon, je ne pouvais pas empêcher mes yeux de regarder la cloison qui séparait nos appartements respectifs. Dès que j'apercevais les portes de l'ascenseur, je visualisais à nouveau la scène.
Et tout recommençait, encore et encore.
Mon air absent n'était pas passé inaperçu auprès de mes amies. J'avais fini par leur confier ce qui me tracassait après un harcèlement en bonne et due forme de leur part. Sans trop rentrer dans les détails, mais ça avait été suffisant pour voir leurs yeux s'écarquiller.
« Qu'est-ce que tu ressens pour lui ? » m'avait demandé Karina, les lèvres plissées. Et je n'avais pas pu m'empêcher de rougir, mordillant l'intérieur de ma joue. « Je ne sais pas. » Parce que c'était le cas. Je n'en savais foutrement rien. Il faisait naître une multitudes d'émotions à l'intérieur de moi, dont je ne comprenais pas la moitié et j'étais complètement paumée. Un jour il était l'être le plus agaçant sur cette planète, l'autre il me semblait un humain plus que décent.
Pire même, il lui suffisait d'un geste ou d'une parole pour me faire basculer de l'autre côté.
Quand il se délestait de son air suffisant, il en devenait dangereusement attachant.
J'avais commencé à sentir mon cœur tressaillir en apercevant de petites attentions de sa part, aussi anodines soient-elles. Me tenir la porte d'entrée de l'immeuble lorsque l'on se croisait dans le hall. Accrocher un sachet du traiteur chinois du coin de la rue sur la poignée de ma porte, parce qu'il avait sûrement remarqué que j'oubliais pratiquement de me nourrir quand j'étais plongée dans mes révisions. Il avait même un putain d'élastique autour du poignet, qu'il m'avait déjà prêté en voyant mes cheveux retomber devant mon visage à cause du vent. Tout un tas de choses qui pouvaient passer inaperçues et qui n'auraient pas du avoir autant d'impact sur moi.Pourtant elles en avaient et c'était bien ça le fond du problème. Parce qu'il avait réussi à s'immiscer dans ma vie en quelques tours de main et que je savais qu'elle ne serait plus la même s'il venait à s'en aller un jour.
Et je ne voulais pas qu'il puisse avoir autant d'emprise sur moi, alors qu'il n'avait pas fait grand chose pour ça. Jaeyun Sim n'était pas quelqu'un avec de mauvaises intentions.
Un emmerdeur, oui. Pas un manipulateur. Ou alors j'étais simplement trop naïve.
Mais je n'arrivais pas à le concevoir.
« Tu crois qu'il ressent quelque chose pour toi ? » La question de Liz avait bloqué l'air dans mon poumons et j'avais senti mon cœur rater un battement. Jake, pour moi ? Impossible. En tout, cas, c'était ce que je préférais croire. Je n'avais, de toute façon, rien fait pour ça.
Après tout, je n'étais que sa voisine insupportable et rigide avec un supplément crise d'angoisse. Rien de bien charmant. Tout au plus, j'étais une distraction. « Je ne pense pas, Liz. » j'avais soufflé, en haussant les épaules. Néanmoins, j'avais aperçu le regard de Karina et le léger pli à la commissure de ses lèvres. Celui qui me faisait penser qu'elle en savait plus qu'elle ne le disait. Mais elle n'avait pas cherché à alimenter la discussion, restant volontairement silencieuse. Je l'avais observée pendant un court moment avant de changer de sujet pour ne pas ressasser les choses plus longtemps mais j'avais senti ses yeux se poser à intervalles réguliers sur mon profil, comme pour chercher des réponses à ses propres questions.
Même mes textes de loi n'avaient pas suffi à me changer les idées et j'avais repoussé mes cahiers au bout de la table basse dans un soupir exaspéré. Il fallait que je prenne l'air. Alors je m'étais redressée, enfilant des baskets avant de sortir de mon appartement. Et j'avais gravi les escaliers un à un en direction du toit de l'immeuble.
Il était accessible aux locataires et avait été aménagé joliment, pareil à un jardin suspendu au-dessus du vide. Les jardiniers les plus aguerris du bâtiment s'étaient attelé à construire un potager dans des bacs en bois et une pergola trônait en son centre, envahie par des plantes grimpantes aux fleurs d'un jaune vibrant. Des canapés en vieilles palettes, recouvertes de matelas moelleux et de coussins colorés avaient été disposés sur le côté, avec une vue imprenable sur le quartier. Il y faisait bon venir et j'y avais élu domicile à de nombreuses reprises lorsque j'avais besoin de respirer. Pour lire, recroquevillée sur l'un des sièges en regardant le soleil se coucher ou m'allonger pour observer les étoiles.
Je m'y sentais bien. En paix. Un peu coupée du monde et de son agitation permanente.
Lorsque j'ouvre la porte menant au toit, mes paupières se plissent à cause de la lumière du soleil. La main en visière sur mon front, je jette un coup d’œil aux alentours pour voir s'il y avait la moindre âme qui vive mais l'endroit semblait désert. Alors j'avance tranquillement, m'arrêtant pour humer le parfum du chèvrefeuille sur le chemin. Et lorsque je me rapproche de mon canapé préféré, j'aperçois une silhouette étendue en travers de celui-ci.
Très vite, je me fige en reconnaissant Jake. Allongé de tout son long sur le matelas, il avait passé un bras en travers de son visage pour se protéger du soleil. Il portait son éternel short de sport en coton gris et un tee-shirt qui avait connu une autre vie, délavé avec le temps. Ses cheveux bruns s'étalaient en corolle autour de sa tête et sa poitrine se soulevait doucement, signe qu'il était profondément endormi.
Mon corps tout entier me criait de faire marche arrière. Mais je me retrouve à contourner le divan d'extérieur pour me retrouver de l'autre côté, tout proche de lui. Mes yeux l'effleurent des pieds à la tête et je me surprends à regarder son torse s'élever puis s'abaisser au rythme de sa respiration.
Il me semblait si calme. Apaisé. Terriblement inoffensif, ainsi exposé.
Jake fronce les sourcils un instant, marmonnant quelque chose dans son sommeil avant de gigoter pour se caler plus confortablement sur le flanc, des mèches de cheveux retombant souplement sur son visage. Et je suis fascinée par les lignes de son visage, dénué de son expression habituelle. L'arête parfaitement droite de son nez, l'arc de ses sourcils, les courbes pleines de ses lèvres. Cette bouche insolente, capable du meilleur comme du pire. Parfois retroussée en une moue boudeuse, ou pleinement étirée pour laisser entrevoir son large sourire.
Cette même bouche qui me susurrait des encouragements au beau milieu du chaos, pareils à un fil d'Ariane pour trouver la sortie du labyrinthe.
Mes doigts s'arrêtent à quelques millimètres à peine de son visage, mon cœur s'emballant dans ma poitrine en comprenant ce que je m'apprêtais à faire. Et je retire mon bras avant de faire une bêtise mais des doigts s'agrippent au bas de mon tee-shirt, tirant assez fort pour me faire basculer en avant. Il m'entraîne avec lui, terminant sur le dos et je m'écrase de tout mon long sur son torse avec un glapissement de surprise. Avant de me raidir d'un seul coup, tétanisée par la situation. Je n'osais pas faire le moindre mouvement. Pas même émettre un son. Je ne savais pas si c'était volontaire de sa part ou s'il l'avait fait inconsciemment et j'attendais une réaction pour agir à mon tour.
Mais il ne bronche pas, pliant un bras sous sa tête avant de se renfoncer dans le canapé. Ce qui ne m'aidait pas le moins du monde. J'essaye de me redresser pour me sortir de là mais c'est à ce moment-là que je prends conscience du bras passé dans mon dos, me gardant prisonnière de son étreinte. Et celle-ci se resserre quand je tente de m'en échapper, me pressant davantage contre lui.
Est-ce qu'il était aussi tactile quand il dormait ?
Je soupire avant de laisser retomber ma tête contre mon torse. Les pulsations de son cœur battaient la mesure contre la paume de ma main et le chaleur du soleil réchauffait doucement ma peau. Ça, combiné au souffle régulier de Jake et au silence qui nous entourait, me pousse à ne pas me battre davantage et je me détends entre ses bras. De toute manière, ce n'était pas comme si je pouvais faire autre chose. Je n'avais pas vraiment envie de le réveiller. Pas quand il semblait si serein.
« Parfait. » Un mot, exhalé de manière presque inaudible. Je doute de l'avoir entendu, croyant avoir rêvé. Mais quand je lève la tête pour observer Jake, ses lèvres arboraient un sourire tout ce qu'il y a de plus satisfait. Même s'il gardait les yeux obstinément fermés, sa fréquence cardiaque avait pris un autre rythme, m'indiquant qu'il était bel et bien réveillé. Et ça fait naître un sourire sur mon visage, malgré moi. « Tu t'amuses bien ? » je demande, les sourcils froncés. « Comme un petit fou. » me répond-il d'une voix rendue râpeuse par sa sieste. Il n'avait toujours pas ouvert les paupières mais ses doigts pianotaient contre ma hanche, jouant un air connu de lui seul. « J'imagine que tu es réveillé depuis le début. » Un petit rire étouffé. « Depuis suffisamment longtemps pour savoir que tu as cherché à me molester. » J'écarquille les yeux, piquant un fard devant son insinuation. Il avait vu mon geste. Merde. Je détourne la tête, préférant cacher ma gêne contre son tee-shirt. « Je n'ai pas cherché à te molester. Ne te donne pas autant d'importance. » je grommelle contre son torse, les pommettes cuisantes. « Non mais je te comprends. Je sais que je suis séduisant même dans mon sommeil. Tu n'y peux rien, c'est une réaction tout à fait normale. » rétorque-t-il avec insolence et je donne une tape agacée contre son torse. Son hoquet se transforme en éclat de rire, me faisant relever la tête. Et son visage retrouve cette douceur inhabituelle, me laissant saisie par la teinte dorée de sa peau et l'éclat brillant dans ses yeux. Je me gorge de cette vision jusqu'à ce qu'il baisse les yeux sur moi, nos regards se croisant et je me fige.
D'un seul coup, je suis consciente de tout ce qui se trouve autour de moi.
De son souffle qui échoue contre ma joue, de son cœur battant sous ma main. Des paillettes dans ses iris et de l'intensité qu'ils dégagent, ainsi posés sur moi. De son bras chaud dans mon dos, du mouvement circulaire que son pouce avait entrepris contre ma hanche. De cette langueur qui m'avait envahie, lovée contre lui sous le soleil.
« Est-ce que je peux t'embrasser ? »
Mon cœur fait un looping dans ma poitrine et mon cerveau cesse de fonctionner pendant un moment. « Qu-Quoi ? » je bégaie, dans un état second. Je n'étais pas certaine d'avoir bien compris. Et j'avais l'impression d'avoir totalement perdu la maîtrise de mon propre corps. J'étais incapable de faire autre chose que le fixer, hébétée et il glousse avant de se redresser légèrement sur l'accoudoir du canapé. « Est-ce que je peux t'embrasser ? Genre...Là maintenant tout de suite ? » souffle-t-il et je suis le mouvement de ses lèvres pleines à mesure des mots qui s'en échappent. « S'il te plaît. »
Et en cet instant, il n'y a rien d'autre que lui dans ma tête. Jake. Jake. Jake. Comme si tout avait été balayé par sa simple présence, par la tendresse et le besoin à peine réprimés dans sa voix. Je me sens hocher la tête de manière infime, sans même réfléchir. L'instant d'après sa main libre est calleuse, brûlante contre ma joue. Et ses lèvres, pressées contre les miennes. Une pression infime, délicate. Hésitante. Retenue. Presque trop lointaine. Alors je prends appui contre son torse pour gagner les centimètres manquants, appuyant plus fermement ma bouche contre la sienne.
C'est le signal qu'il attendait parce qu'il approfondit le baiser, effleurant plus fermement mes lèvres. Ses doigts s'arriment à ma nuque, me faisant pencher la tête pour lui donner plus d'accès et je laisse échapper un soupir, cramponnée à son tee-shirt. J'étais court-circuitée, traversé une vague déchaînée, mise sens-dessus-dessous par la texture de sa bouche et son parfum flottant tout autour de moi.
Et cette chaleur. Presque insoutenable.
Je frissonne, laissant échapper une plainte qu'il étouffe d'un nouveau baiser, des mèches de cheveux effleurant mes pommettes au moindre mouvement. Ses doigts s'étaient glissés sous la lisière de mon haut, à même ma peau et la sensation de sa paume rêche dans le creux de mon dos répandait un brasier dans mon corps tout entier. Elle était là, parfaitement immobile mais la simple pensée qu'elle se balade ailleurs envoyait des décharges électriques le long de la colonne vertébrale.
Subitement, l'air vient à manquer. Il délaisse ma bouche, le souffle court avant de sourire, émerveillé. Moi, j'essayais de retrouver pied avec la réalité. Mais il ne m'en laisse pas la possibilité, enfouissant sa tête dans mon cou. Ses lèvres déposent une myriade de baisers contre la peau sensible, m'arrachant de nouveaux soupirs. Mes mains remontent pour se crocheter à sa nuque, enroulant mes doigts dans ses cheveux épais. Une canine érafle ma jugulaire et je me mords la langue pour ne laisser échapper un gémissement.
Cependant la douleur reconnecte le peu de neurones qui n'avaient pas été désintégrés et tout me revient d'un seul coup.
Où je me trouve. Avec qui. Et surtout à faire quoi.
Je me fige net, mes mains retrouvent leur appui contre son torse pour le repousser en arrière. J'aperçois l'air interdit sur son visage mais ça n'avait pas d'importance, à ce moment précis. La seule chose à laquelle je pensais, c'était de repousser cette attraction démentielle que je ressentais pour lui en cet instant. Cette douce folie qui anéantissait toute forme de rationalité. Une poignée de secondes plus tard, j'ai glissé hors de son étreinte, me jetant pratiquement hors du canapé. Un regard confus à son attention et je fais demi-tour, galopant vers la porte de sortie du toit. « Y/n ! » Mon prénom résonne dans mon dos et je n'ai jamais entendu Jake parler avec autant de détresse dans la voix. Mon cœur battait un rythme infernal dans ma poitrine et un nœud s'était logé dans mes entrailles. Un picotement résidait au bout de mes doigts et je repousse l'envie de secouer mes mains pour m'en débarrasser, filant à toute vitesse vers la cage d'escaliers. Je l'entends m'appeler à nouveau mais je résiste à la tentation de me retourner pour le regarder.
Parce que je savais que j'étais complètement fichue, si je le faisais.
Alors je refoule tout ce qui tempête à l'intérieur de moi. Cette impression de prendre la mauvaise direction. D'avoir fait une erreur monumentale. De partir à l'opposé du lieu où j'aurais toujours du me trouver. Parce que j'étais terrifiée de perdre le contrôle, de laisser quelqu'un d'autre avoir autant d'emprise sur moi.
Je ne voulais pas que Jake Sim puisse me briser le cœur d'un simple claquement de doigts alors je fuis. Je fuis aussi loin possible de lui. Et je me bouche les oreilles pour ne pas entendre le cri d'agonie de mon cœur face à cette décision.
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sh0esuke · 10 months
Text
" Love Spell "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Astarion
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Tav et ses compagnons se retrouvent autour d'un feu de camp, histoire de discuter, malheureusement pour l'héroïne, elle ne tarde pas à devenir le centre d'intérêt de tous, avec comme sujet principal : son affection pour l'elfe vampirique Astarion.
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : morsure, description de sang, référence à la fornication
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟕,𝟔𝟑𝟕.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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« Qu'il est bon d'enfin se poser. » s'extasia Gayle. « J'ai bien cru que cette journée ne se finirait jamais ! »
Regroupés autour du feu de camp, Gayle nous avait rejoint. Il prit place entre moi et Ombrecœur, accompagné d'un profond soupir d'aise ainsi que d'un bol de soupe fumant, comme nous tous. Quelques-uns de nos compagnons manquaient à l'appel, Karlach, Wyll et Astarion. Le reste était présent. Cela faisait un assez bien grand groupe autour d'un si petit feu, surtout avec Halsin qui faisait la taille de deux hommes. Collés les uns contre les autres, cela fonctionna cependant. Gayle nous souhaita un bon appétit, je l'en remerciai et nous commençâmes notre dîner.
« Alors Tav, ta journée s'est bien déroulée ? »
La bouche pleine et les yeux ronds, je relevai doucement les yeux en direction de mon interlocuteur. La soupe était délicieuse, je m'en voulais de devoir m'arrêter, sans parler du fait que j'étais affamée.
« Excellente, Halsin, merci de demander. »
M'essuyant le coin de mes lèvres de mon pouce, je poursuivis :
« Et vous, au camp, tout va bien ? Vous ne vous ennuyez pas trop ? »
« Si seulement le mot ennui pouvait égaler ce que je ressens. » pesta soudain Lae'zel, nous coupant la parole. « L'idée de me laisser ici est totalement ridicule, je mérite d'être au front, pas enfermée en ce lieu empestant la peur. »
« Désolée Lae'zel. »
« Ne vous excusez donc pas, tâchez de faire mieux à l'avenir. »
Un petit sourire se fraya un chemin sur mes lèvres.
« C'est promis. » affirmai-je.
Gayle termina sa bouchée, il toucha mon coude du sien, attirant mon attention, et se mit à parler :
« De notre côté tout va bien. » dit-il. « Quelque peu ennuyant, en effet, mais un peu de repos ne fait jamais trop de mal. »
« Entrer en territoire ennemi va changer la donne, je crois. Je l'espère. »
« Le territoire des ombres est un endroit dangereux, » acquiesça Halsin. « nous aurons besoin des plus courageux pour pouvoir nous en sortir et ne pas succomber à la malédiction. »
« Il est évident que je serais de la partie. Monstres et fantômes se plieront à ma volonté inébranlable. »
Les propos de Lae'zel nous firent tous un peu sourire ⸺outre Ombrecœur. Il était vrai que parfois sa vantardise pouvait nous mettre dans l'embarras, Lae'zel et ses stéréotypes, la fierté de ses racines.. Elle ne cessait de nous conter l'histoire de sa race et leur féroce volonté de nous réduire en esclavage. Absolument charmant. En cet instant, néanmoins, ses dires furent les bienvenus, du moins à mon avis. C'était réconfortant en un sens. Si même elle n'avait pas peur de ce qui nous attendait en ces terres maudites, alors peut-être qu'en effet nous parviendrions à nous en sortir vivant. J'essayai de m'en convaincre.
Lae'zel nous regarda tour à tour de ses petits yeux rageurs. Elle nous défia méchamment, prête à sauter sur celui ou celle qui répondrait à sa provocation. Malheureusement, personne ne fit le premier pas. Elle retourna donc à son dîner.
« Il est possible de prendre quelques jours pour nous reposer, ça ne serait pas de refus. » songea Ombrecœur. « Ou envoyer d'autres personne à notre place. »
« Je dois avouer que notre amie n'a pas tort. Ça fera d'une pierre deux coups. » déclara Gayle.
Déposant ma cuillère dans mon bol de bois, je dévisageai Ombrecœur. L'expression confuse, je restai dubitative.
« L'underdark n'était pas si terrible que ça ? »
« Ce n'est pas ce que je dis, croyez-moi. » insista la concernée. « Ce voyage m'a beaucoup permis d'apprendre et de me dépasser, je ne vous en serai jamais assez reconnaissante. »
« Vous y avez découvert une immense forge, je me trompe ? » nous questionna Halsin.
« Mhh. C'est de là que Ombrecœur tient son bouclier et son armure. »
La concernée bomba le torse.
« Les armures des enfants de lady Shar sont extrêmement résistantes, mais je dois avouer que celle-ci est fantastique. Il me tarde de l'utiliser davantage sur le champ de bataille. »
« Je n'en doute pas. » sourit Halsin.
« Il n'empêche, avant de la revêtir de nouveau, j'aimerais me reposer. Ces derniers jours m'ont semblé interminables.. »
« Vous avez bien travaillé. » nous complimenta Gayle. « Grâce à vous, nous pouvons enfin avancer, alors en effet, vous méritez du repos. »
En réponse, Lae'zel claqua de la langue, s'attirant notre attention à tous.
« Un problème ? » demanda Ombrecœur.
Notre amie guerrière nous foudroya de nouveau du regard, cette fois-ci, un peu plus en colère. Nous la regardions finir son bol d'une traite et ensuite se lever. Elle le fit d'une manière étrangement élégante. Fièrement, Lae'zel se tint face à nous. Elle nous toisa, plissa les yeux, et déclara ces quelques mots avant de s'en aller jusqu'à sa tente :
« Le repos est un luxe auquel nous n'aurons pas accès avant d'être guéri. Attendez donc, mais ne feignez pas la surprise lorsque l'ennemi en profitera pour s'emparer de votre esprit et faire de vous son esclave. Quant à moi, je me battrai jusqu'au bout. »
« Cela me tue de l'admettre, mais Lae'zel n'a pas tort. »
J'hochai la tête, jetant un coup d'œil à Halsin. Ombrecœur poussa un long soupir.
« Il serait quand même judicieux que certains d'entre nous se reposent. » dit celle-ci.
« Chaque chose en son temps. » parla Halsin d'un ton calme, presque paternel. « Nous pourrons parler des choses qui fâchent demain, pour l'instant, profitons de cette belle soirée. Fêtons notre survie. »
Mes mains déposèrent mon bol près du feu. Les flammes s'en allèrent caresser gentiment ma peau, la colorant d'un doux mélange de orange et jaune. Il faisait toujours frais le soir, surtout dans cette contrée, mais un feu de camp suffisait amplement. Non seulement il nous éclairait, mais aussi il nous réchauffait. J'aimais me tenir auprès de celui-ci, il m'apportait un grand réconfort. Les minutes suivantes s'écoulèrent dans un silence de plomb. Outre le crépitement des flammes, les bruits de Gayle et Halsin mangeant tel les hommes maladroits qu'ils étaient, de Lae'zel et Wyll prenant place à nos côtés, pas grands mots furent échangés.
De mon côté, j'en avais profité pour admirer le ciel. Il était magnifique, d'une splendeur inégalable.
Malgré la température qui baissait, je ne fus point dissuadée de m'en aller. Ça n'était pas seulement à cause de la présence de mes compagnons ⸺elle me rassurait grandement lorsque je venais à douter ou à prendre peur⸺ mais plutôt du spectacle étoilé qui se déroulait sous mon regard. Il était d'une banalité pitoyable, mais d'un majestueux accablant. Le ciel était noir, quelque peu bleu marine, ici et là, et quelques courants d'étoiles le parsemaient. Il était effectivement banal. Deux couleurs et quelques points de lumières..
Ce tableau s'accapara pourtant mon entière attention.
« Ça n'était pas un repas cinq étoiles, mais je me sens soudain revigoré. »
Gayle fit sourire deux de nos compagnons.
« On fait avec ce qu'on peut. » parla Wyll. « Essayez donc de faire un dîner pour huit personnes avec des restes. »
« Je vous tire mon chapeau. » plaisanta le magicien. « Mais sans prétention, j'affirme pouvoir faire mieux. »
« Voyez-vous ça... »
« N'y a-t-il donc aucune trace d'humilité en vous, Gayle ? » demanda Ombrecœur.
« Pas de ce que je me souvienne, non. »
Leurs rires firent échos dans mes oreilles. J'avais fermé mes yeux depuis peu, mes mains posées en arrière à même le sol et la tête renversée en arrière. Ma chevelure tombait dans mon dos. La fatigue s'en prenait à moi, je n'étais pas très sûre de pouvoir tenir encore longtemps, j'avais même du mal à croire que Ombrecœur puisse elle-même continuer à tenir. Elle ne semblait pas le moins du monde épuisée. C'était impressionnant.
Lorsque mes yeux se rouvrirent, ils tombèrent sur la tente d'Astarion.
« Être magicien a ses avantages; je cuisine les repas les plus succulents. Elminster le sait mieux que quiconque. »
« Votre ami mage ? » s'étonna Wyll.
« Dommage qu'il ait été trop occupé à s'empiffrer de nos réserves... »
« C'est un sacré personnage. » rit Halsin.
« Ça je ne vous le fait pas dire. » le suivit Gayle.
La tente était refermée, malgré les éclats de lumière passant à travers le tissu, je ne voyais pas grand chose. Mes yeux se plissèrent. J'observai son grand miroir doré élevé sur une table aux côtés arrondis, les coussins parsemant le devant de sa 'demeure' ainsi que le tapis présent sur l'entrée. Le tout était contradictoire. J'esquissai un fin rictus à cette pensée, redressant ma tête et la tournant sur le côté ⸺pour mieux observer ce que j'avais sous les yeux⸺, songeant que, malgré son désir d'avoir une tente présentable, Astarion était resté maladroit.
Quelques instants plus tard, à l'entente d'éclats de vaisselle, j'avais entendu Halsin et Gayle converser.
« Très impressionnant. » parla Halsin.
« N'est-ce pas ? »
Au dessus de nos têtes, bols, cuillères et verres tourbillonnaient dans les airs. Du bout de ses doigts, Gayle les fit s'empiler. Le tout retomba joliment au sol. Cette fois, tout était rangé, présenté merveilleusement au centimètre près sous nos yeux émerveillés. Ma bouche s'entrouvrit à cela.
« C'est Elminster m'a appris ce tour, d'ailleurs. »
« Il vous trouvait désordonné, j'imagine ? » songea Wyll.
« Comment avez-vous deviné ? » s'étonna le magicien.
Je pouffai gentiment, accompagnée par Halsin et Ombrecœur. Wyll et moi échangeâmes ensuite un regard complice.
« Un intuition. » murmura ce dernier.
« Quoi qu'il en soit, le travail est fait. »
Gayle se vanta avec fierté. Il présenta son œuvre d'art d'un geste de la main très théâtral avant d'hocher la tête, visiblement satisfait avec lui-même.
« La magie n'est pas qu'utile sur le champ de bataille, voyez-vous, même au quotidien, elle peut se révéler adéquate. »
« Vous nous en cachez d'autre, des sorts aussi ridicules ? »
Malgré le ton tranchant et les propos violents de Lae'zel, Gayle étudia sérieusement la question. Son menton posé sur son poing, il songea.
« Pas que je sache, non. »
« Vous en apprenez d'autres alors ? » demandai-je.
« Toujours ! » me répondit-il avec vigueur. « Un magicien doit constamment élargir son champ de possibilité, soin, malice, combat, rien ne doit lui échapper pour mener à bien sa quête. Mais rien de ce que vous ne savez déjà, mes chers amis. »
« Fascinant. » le félicita Wyll.
Tout doucement, j'avais commencé à triturer mes doigts. Ma respiration se faisait lourde.
« Oh, peut-être... »
La plupart d'entre nous ⸺tous, pour ainsi dire⸺ dévisagèrent Gayle.
« Oui ? » s'intéressa Ombrecœur.
« Eh bien, il y a en effet un sort dont je ne vous ai encore jamais parlé. Il ne m'a pas été utile depuis que nous nous sommes rencontrés, principalement parce qu'il aurait été inutile face aux gobelins. »
Soudain, Wyll rit. Il s'essuya le dessous de l'œil en prenant la parole.
« Un sort de puanteur ? »
Halsin et Gayle le suivirent. Quant à moi et Ombrecœur, nous nous contentâmes de sourire, contrairement à Lae'zel qui, elle, était restée de marbre.
« C'est un sort assez différent. » parla le magicien, quelques temps après s'être repris.
Beaucoup d'entre nous arquèrent un sourcil. À cela, Gayle releva sa main et, soudain, une traînée rose brillante la suivit. Elle flotta dans l'air sur ses pas, nous éblouissant. Mon cœur battit un peu plus vite. La lumière du feu de camp faisait s'éblouir ce que nous avions sous les yeux, que c'était joli... Gayle inspira ensuite profondément et releva la tête dans notre direction.
« Un sortilège d'amour. »
Nous retînmes notre souffle. Ce fut unanime, immédiat.
À peine ces quatre mots prononcés, Gayle s'était accaparé notre attention entière.
« Manipuler l'ennemi par les sentiments est une tactique pitoyable. » pesta Lae'zel d'un ton frôlant l'outrance. « La fierté d'un soldat se trouve dans la force de ses membres. »
« Nos avis divergent sur ce point, j'en ai bien peur, mon amie. » annonça Gayle.
« Je ne suis pas votre amie. »
« Oui, oui. » il sourit. « Autant pour moi. »
« Un sortilège d'amour..? » murmura Ombrecœur. « Je pensais pourtant qu'ils étaient dangereux ? »
« Ils le sont, ils l'ont toujours été. »
Gayle baissa la main, emportant avec lui sa poudre rosée. Dans l'air, une légère odeur florale s'était levée, elle me titilla les narines.
« Mystra me l'a appris. Je ne l'ai jamais vraiment cru sur ça, mais elle avait tendance à dire que l'amour était l'une des plus grandes armes contre un adversaire. La possibilité de troubler l'ennemi, de réduire à néant ses espoirs et de lui arracher toute source de réconfort. »
Gayle ouvra la paume de sa main. Une source de lumière y scintillait. Il la referma aussitôt.
« Je n'aime pas l'utiliser. »
« Il est à ce point dangereux ? » le questionna Halsin.
« Je ne dirais pas dangereux. »
Gayle déglutit.
« Disons plutôt que ce sort a ses contre-bas. L'utiliser a un prix. » conta-t-il. « Il exige de faire face à des conséquences. Je peux vous le montrer, si vous le désirez. »
Wyll et Halsin hochèrent la tête.
« Tant qu'aucun d'entre-nous ne meurt à la fin de votre petit tour ça me va. » affirma l'épéiste.
« Je partage l'avis de notre ami. »
« Je suis d'accord. » murmurai-je.
« Très bien, alors. »
Gayle se tourna vers Ombrecœur, celle-ci assise à sa gauche. Gentiment, il lui tendit sa main.
« M-Moi ? » paniqua la noiraude. « Vous êtes certain ? Je ne pense pas que ça soit une- »
« Ne vous en faites pas, je ne vous ferais rien de mal. »
Gayle affirma ceci en emprisonnant sa main tremblante dans les siennes. Il les pressa ensemble, un peu comme un sandwich, et poussa un faible soupir. Ombrecœur fronça les sourcils. L'expression angoissée sur les traits élégants de son visage ne trompait personne. Je m'attendais à tout. La matérialisation de son amour, une explosion, un double, des paroles. Les secondes suivantes s'écoulèrent dans le silence. Nous attendîmes.
Finalement, une lumière survint. Puis, une flèche.
De la poitrine d'Ombrecœur, une flèche rose était apparue. Elle brillait immensément, m'éblouissant au passage. Je déposai ma main sur mon front afin de me protéger de ses rayons et l'observer curieusement pointer en direction du ciel. Elle était de taille normale, d'une banalité accablante, sachant les choses effroyables que Gayle avait dit à propos de ce sortilège, cela me laissa perplexe.
« Je n'irais pas jusqu'au bout, n'aie crainte. »
En abaissant la tête, j'aperçus les yeux d'Ombrecœur. À présent, son visage n'était plus tiraillé par de la peur. Ombrecœur avait l'air impassible, comme vidée de toute énergie, de tout sentiment, les traits de son visage détendus au possible, ses pupilles inexpressives, son cœur vide, cela me fit froid dans le dos. C'était comme si, en l'espace d'un seul instant, Gayle avait aspiré son âme. Elle n'était plus qu'une coquille vide.
« Pouvez-vous me dire ce que cette flèche indique ? » la questionna notre ami magicien.
Ombrecœur zieuta la dite flèche. Elle se racla la gorge, eu brièvement l'air confuse, puis prit la parole.
« Lady Shar. »
« Et, dites-moi, est-ce que vous aimez cette Lady Shar ? Est-ce que vous la vénérez ? »
« Je.. Je ne sais pas ? Je ne pense pas. »
Elle posa sa main sur sa poitrine, l'endroit même où la flèche s'était extirpée. Sa voix était tout aussi étrange que ses propos, Ombrecœur était à bout de souffle, chaque parole était un effort, une torture. Plus que confuse, elle était perdue.
« Je ne ressens plus rien. C-Comment est-ce possible ? Je suis pourtant née pour servir lady Shar, je suis supposée l'aimer et la servir. »
De quelques gestes de ses doigts, de manière tout à fait habile, Gayle fit pivoter la flèche ⸺au lieu de pointer haut vers le ciel, elle pointa en bas, en direction de la poitrine de Ombrecœur⸺, elle tourna sur elle-même, et il la fit la transpercer aussitôt. Ombrecœur hoqueta. Ses yeux s'ouvrirent en grand et elle serra sa poitrine dans le creux de sa main, inspirant d'un grand coup, à l'instar d'avoir été frappée en plein poumons. Elle questionna du regard Gayle. Ce dernier se contenta de déposer une main chaleureuse sur son épaule et de l'aider à se remettre de tout ce qui venait de se dérouler.
Gayle nous regarda juste après.
« Vous comprenez, maintenant ? »
« Qu'est-ce que vous lui avez fait, exactement ? » s'empressa de lui demander Wyll.
Gayle toisa l'épéiste. Il me jeta un coup d'œil.
« Je lui ai volé son amour le plus cher. »
Mon cœur se serra dans ma poitrine. J'en eus le souffle coupé.
« Volé ? » s'inquiéta Halsin. « Est-ce possible ? »
« L'amour est une chose complexe, instable. Mais Mystra elle-même me l'a autrefois dit, et je vous le répète : l'amour est une arme, tant qu'on sait s'en servir, rien n'est impossible. »
Gayle continuait de caresser le dos de Ombrecœur tout en parlant. Gentiment, il lui demanda si elle se sentait bien et elle répondit fébrilement, d'un simple hochement de tête.
« Est-ce qu'il y a des conditions à remplir pour faire ce sort ? » m'interrogeai-je.
« Vous êtes à ce point curieux ? »
La plupart d'entre-nous hochâmes la tête. Notre magicien en sourit.
« Eh bien, ça me demande beaucoup d'énergie. » confessa-t-il. « L'amour est une chose puissante, il est difficile de le manipuler ou de le supprimer. Ici je n'ai fait que l'emprisonner sous une autre forme et en montrer la source, mais je ne pense pas qu'un sort le supprimant puisse exister en ce monde. »
« Ce sortilège touche tous types d'amour ? » renchérit Wyll.
« Le plus intense. » acquiesça Gayle.
Il lâchait Ombrecœur et rapportait ses mains à ses jambes. Je le zieutai nerveusement.
« L'amour peut prendre différente forme, on peut aimer une mère, mais l'amour maternel aussi peut différer d'un amour romantique. Ce sortilège se focalise sur celui-ci. Il concentre l'amour d'une créature dans une flèche, » expliqua-t-il en démontrant le tout de ses doigts, il les fit former une boule invisible et instable. « et, généralement, sans amour, la chose perd l'envie de se battre, ou alors, si j'estime que cela ne suffira pas, soit je la brise, soit je la transperce avec. Je fais mine de lui rendre son amour, mais j'accélère la vitesse et son amour fini par la consumer. »
« Briser la flèche ? » répéta Halsin. « Cela ne reviendrait-il pas à briser son amour ? »
« En un sens. » le brun concéda. « Mais l'amour est perdu, pas supprimé. »
« Ça doit demander beaucoup de contrôle sur soi, de préparer un tel sort. » songea Ombrecœur.
« En effet. »
Gayle esquissa un rictus nerveux. Se grattant la nuque, il ferma ses yeux.
« Comme je vous l'ai expliqué, si je ne vous l'ai pas montré jusqu'à présent, c'est qu'il y a une raison. Je n'aime vraiment pas l'utiliser, et, face à des gobelins sans cœur, ça ne nous aurait pas permis de gagner pour autant. »
« C'était très impressionnant. » insista-t-elle.
Sous nos yeux émerveillés, Gayle rit.
« Vous voulez une seconde démonstration ? »
Nous hochâmes tous vigoureusement la tête. Il avait captivité notre attention, à présent, nous étions incapables de passer à autre chose.
Gayle me prit cependant de court lorsqu'il se tourna afin de me faire face. Persuadée qu'il allait choisir Lae'zel ou Halsin, je ne m'étais pas attendue à ce qu'il me sourit avec ses si jolis yeux scintillants et qu'il me tende sa main. Hésitante, je le toisai.
« Moi..? »
« Oui, vous. »
Gayle glissa sa main chaude dans la mienne.
« Tav, ma bonne amie, je me suis toujours demandé quel pouvait être la chose qui vous poussait à aller de l'avant sans une once de doute. »
« Oh- C'est rien. Je- Je peux vous l'assurer. »
Je tentai de retirer ma main de son emprise.
« Essayez donc avec Wyll, il doit en mourir d'envie. »
Ma tentative de distraction tomba à l'eau lorsque Wyll répondit que la décision de Gayle lui suffisait amplement. Apparemment, lui aussi avait l'envie d'avoir le fin mot de cette histoire, son sourire complice ne trompa personne. J'en eus un peu mal au cœur, légèrement angoissée. Gayle raffermit sa prise sur ma main, il me tira un peu en avant. Ses yeux se perdirent dans les miens.
« Ça sera rapide, promis. »
« Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée. Gayle, je- »
Immédiatement, quelque chose me transperça la poitrine.
La présence de ce corps étranger écrasa mes poumons contre les côtes de ma cage thoracique. J'haletai. M'agrippant aux mains de Gayle sur la mienne, j'ouvris grand les yeux et, à bout de souffle, le contemplai. Quelque chose me quittait. Douloureusement, je sentais quelque chose m'abandonner, s'extirper de moi, à l'instar d'un vieux pansement oublié, gluant à l'épiderme. Cela fut d'une violence inimaginable, néanmoins sans un bruit. Privée d'air, j'étais incapable d'exprimer ma douleur. Et plus cette chose me quittait, moins j'avais mal, car, peu à peu, j'oubliai ce qui m'abandonnait. Lorsque je rouvris mes yeux, je me sentis vidée. Aspirée de l'intérieur. J'étais...
J'étais bouche bée.
« Curieux, cette flèche ne pointe pas au même endroit. » observa Wyll.
« La mienne pointait en direction de lady Shar. » expliqua Ombrecœur en montrant le ciel. « Elle qui vieille sur moi et me guide. »
« Mais celle de Tav- »
Wyll fronça les sourcils.
Tous dévisagèrent la flèche extirpée de ma poitrine. Tout comme celle de Ombrecœur, elle se tenait au dessus du feu de camp. À bien la regarder, en effet, je m'aperçus qu'elle ne se tenait pas face au ciel, plutôt, à la hauteur de notre camp. Un peu vaseuse, je mis un certain temps à en comprendre la raison.
« Oh. »
« Eh bien, ça alors... » murmura Ombrecœur.
Lae'zel marmonna quelque chose dans les lignes de "stupide", "indigne" tandis que Gayle et Wyll échangèrent un coup d'œil pour le moins embarrassé. Je ne leur prêtais plus attention. Il me manquait une chose, là, dans ma poitrine. Un grand vide me consumait. J'y apportai ma main libre.
« Je ne m'y attendais pas, pour être honnête. » avoua l'épéiste.
« Oh, vraiment ? » s'étonna Ombrecœur. « Après tout ce temps ? Je pensais que c'était évident. »
Hein ?
« Astarion ? Compréhensible. » déclara Lae'zel en reniflant. « C'est un vampire, une créature de séduction, il n'est pas étonnant que l'un d'entre nous ait succombé à ses charmes. »
« Il faut dire que les deux se tournent aussi autour depuis le début. »
« Tout à fait. »
Ombrecœur et Lae'zel hochèrent mutuellement la tête.
« N'oublions pas aussi que Tav ne l'a jamais laissé de côté, il a participé aux moindres sorties de groupe. Pas besoin de se demander pourquoi. »
« Sans oublier la réunion festive que nous avons eu avec les Tieffelins. » compléta Lae'zel. « Les deux se sont éclipsés toutes la soirées et ont batifolé jusqu'au petit matin. »
Brusquement, Gayle s'exclama.
« D'accord ! D'accord, d'accord ! »
Il leva ses deux mains dans les airs, suppliant les deux femmes de la bande de se taire, ce qu'elles firent, bizarrement, sans attendre.
« N'allons pas jusqu'à exposer les secrets de nos amis, cette affaire ne nous regarde pas. » souffla-t-il.
« On ne fait que dire la stricte vérité. »
« J'avais moi-même remarqué une certaine affinité entre Astarion et Tav. » songea Halsin. « Mais je ne m'étais pas douté une seule seconde qu'il y avait quelque chose entre eux deux. »
« J'étais persuadé que ça n'était qu'une tactique d'Astarion pour boire son sang. » confessa Wyll.
« Manipuler et séduire ? Cela ressemble bien à ceux de son espèce.. » affirma Lae'zel. « C'est un véritable vampire, une bête assoiffée de sang, prête à tout pour festoyer. C'est remarquable, admirable. »
« Admirable ? » s'indigna Ombrecœur. « Dites plutôt répugnant ! Comment ose-t-il tromper notre amie pour sa propre survie ? »
« Les vampires n'ont jamais été des créatures de confiance. » reprit Wyll. « J'ai dû mal à croire que Tav ait pu tomber amoureuse de lui. »
« Allons, allons. »
Mes paupières se rouvrirent. J'entendis Gayle de nouveau essayer de calmer les spéculations de nos compagnons.
Les battements de mon cœur commencèrent à se calmer. Mes veines, quant à elles, persistaient à palpiter contre moi, elles me gênaient au niveau de mes poignets et de ma jugulaire, je sentais ma peau bouger d'elle-même et ma gorge se nouer. Toutes ces messes basses, ces affirmations et observations de la part de mes compagnons me mirent dans une position délicate. Je n'osais plus les regarder dans les yeux. Alors, comme ça, ma relation avec Astarion n'était pas passée inaperçue ? Je m'étais pourtant convaincue que, avec notre situation actuelle, nos amis n'en auraient que faire. Nous avions tous nos priorités...
Mais non, visiblement, ils avaient eu tout le loisir de nous observer et de se renseigner sur mes allers-retours auprès de Astation. Humiliant était un mot faible pour qualifier ce que je ressentais.
Avaient-ils aussi remarqué les traces de morsures parsemant ma gorge ? M'avaient-ils entendue me lever tard le soir, dans le but de rejoindre sa tente ? J'avais passée tant de nuits dans ses bras... Je ne comptais plus les fois où je m'étais perdue dans son étreinte, avec idiotie et amour. Peut-être étaient-ils au courant depuis le début, cela devait être synonyme de routine à leurs yeux.
« Je ne... Hum. Je ne suis pas amoureuse. »
Rouvrant les yeux, je constatai que la flèche avait disparu.
« Vraiment ? » s'indigna faussement Wyll.
« Nous ne sommes qu'amis. » insistai-je. « Astarion est juste quelqu'un dont j'apprécie la compagnie, c'est quelqu'un de profond. Et— »
Lae'zel m'interrompit.
« Dites plutôt que vous avez succombé à ses charmes, il est évident que vous ne trompez personne. »
« C'est faux ! »
Apportant mes mains à ma poitrine soudain chaude, je fronçai les sourcils. Que c'était horrifiant d'avoir à me justifier..
« La flèche n'a pas pointé sa tente, ça n'est qu'une direction ! Ma famille pourrait s'y trouver, ou alors un vieil ami, je n'en sais rien. »
Face au manque de réaction de mes compagnons, je soupirai. Leur attention entière était mienne, ils me regardaient tous avec de gros yeux accusateurs. J'en étais consciente : peu importait mes justifications, ils n'en seraient pas satisfaits.
« Vous aviez raison, Gayle. Le prix à payer est trop haut pour un tel sort. »
Mon ami magicien hocha la tête.
« De plus, rien ne dit qu'Astarion est dans sa tente, il pourrait très bien être parti chasser. Tout cela n'est que spéculation. »
« Il n'empêche, » ajouta Ombrecœur sur un ton observateur. « vous êtes drôlement sur la défensive, pour quelqu'un qui n'a rien à cacher. »
Je forçai un sourire.
« Vous trouvez ? »
« Tout à fait. »
Elle se rassis confortablement auprès du feu et y apporta ses mains afin de les réchauffer. Son visage de profil était élégant. Une lueur orangée brillait sur sa joue et faisait scintiller sa pupille, elle luisait aussi sur ses lèvres. Ombrecœur ne quitta point son expression sévère.
« Enfin, vous êtes maîtresse de vos décisions, je crains que nous n'ayons pas notre mot à dire dans cette histoire. »
« Évidement... Même si ça ne signifie pas que je suis amoureuse de lui. »
« Bien évidemment. » acquiesça Wyll.
« Absolument. » renchérit Halsin.
« Indubitablement. » conclut Gayle.
Lae'zel roula des yeux au ciel.
« Quelle discussion pitoyable, d'un ennui mortel. »
Elle se leva.
« Où allez-vous, ma chère ? Déjà prête à nous abandonner ? »
Lae'zel foudroya du regard le magicien. Elle eût vivement tourné la tête, faisant virevolter sa chevelure au passage et nous forcer à nous figer sur place de part son expression rageuse.
« Je n'ai que faire de vos discussions sentimentales. » aboya-t-elle. « Tout ce qui m'importe est de servir ma reine en me débarrassant du parasite corrompant mon esprit. Venez donc me chercher lorsque que vous aurez trouvé une solution à ce problème. »
Sur ce, la guerrière s'en alla. Elle retourna immédiatement à sa tente et s'y recueillit dans le but de prier, je la vis faire d'un œil curieux. Puis, au moment où Gayle parla, il détourna mon attention d'elle.
« Quelle rabat-joie.. »
« Pas étonnant. » répondit Wyll. « Ceux de son espèce ne sont satisfaits qu'au cœur de guerres et bains de sang. Lae'zel ne comprend certainement rien à l'amour. Dommage pour elle. »
Un bref silence s'installa ensuite.
Le tour de Gayle finit, Lae'zel partie, il ne restait que lui, Halsin, moi-même, Ombrecœur et Wyll auprès du feu. Accompagnés de quelques verres à moitié vides, nous les finîmes en un rien de temps tout en profitant de cet instant de repos amplement mérité. Ombrecœur était quelque peu recroquevillée sur elle-même, elle triturait son gobelet en argent sans un mot. Halsin et Wyll faisaient de même tandis que Gayle, lui, ne cessait de me jeter des coups d'œil. Malgré le fait que je ne levais pas la tête afin de m'en assurer, je la sentais, la lourdeur de son regard sur moi, cette curiosité qui le démangeait, et le sentiment d'inconfort qu'il faisait s'installer en moi. Je fis mine de l'ignorer, peu enclin à remettre le sujet de mon affection pour Astarion sur la table.
Mon verre de vin attira mon attention entière.
Lui aussi à moitié vide, son rebord était tâché par les marques de mes lèvres trempées, il reposait autour de mes doigts, majestueux, de grande valeur et fier. Le métal était dur. Au creux de ma paume, il me réchauffait l'épiderme. Je passai mon pouce sur les quelques motifs en relief et humai silencieusement. Le temps de l'observer, je me perdis dans mes pensées.
Je n'avais plus aucune notion d'espace ou de temps. Mais les rayons de notre chère amie la lune me certifiaient que mes compagnons et moi-même avions encore un peu de temps avant que le soleil ne se lève. Les paroles de Ombrecœur me revinrent à l'esprit, plus précisément, sa proposition de prendre quelques jours de repos avant de reprendre notre route. Ou alors de tout simplement laisser nos autres compagnons prendre la relève. Cette idée me charma.
Cependant, cette idée ne me plut pas autant que je l'eus cru. Du moins, pas à mon égard.
Ombrecœur pouvait bien rester au camp si elle le désirait, de même pour Lae'zel, Karlach ou Astarion. Ils le méritaient bien. Il était vrai que parfois je leur en demandais un peu trop. Quant à moi, j'étais dans l'incapacité de les imiter, je le sentais, je le savais. J'en étais parfaitement consciente. Faire une pause, dans des temps pareils ? M'autoriser un quelconque repos tandis que je risquais de succomber à mon parasite à n'importe quel moment ? À mes yeux, ça n'était que pure folie. Je le savais, en effet : je ne pourrais jamais trouver le repos dans de telles conditions.
Sentant Gayle se rapprocher de moi, je tendis soudain l'oreille. Tournant ma tête, nos regards se rencontrèrent.
« Quelque chose vous tracasse ? »
Je contestai gentiment.
« Non, je suis juste un peu fatiguée. »
« J'espère que ça n'est pas à cause de mon sortilège de tout à l'heure, je vous assure, je ne pensais pas que ça se conclurait ainsi. » se justifia-t-il.
Furieusement embarrassée, je me pinçai les lèvres. Et voilà que ça recommençait...
« Non, non, Gayle, je viens de vous le dire, je suis juste fatiguée. La journée a été dure. »
Ma tête était à présent remplie d'images d'Astarion. J'en avais le cœur gros et des papillons à l'estomac.
« Épuisée, même... » murmurai-je dans un souffle.
Ses beaux yeux couleur rubis qui tant de fois me laissaient sans voix, sa chevelure couleur neige emmêlée à la texture et splendeur divine, son sourire cynique charmeur. Tout me revint à l'esprit. J'en eus le souffle court. Je me demandais bien ce qu'il pouvait faire, voilà quelques heures qu'il s'était enfermé dans sa tente et n'en était pas sorti. Des heures que je n'avais pas entendu sa voix, effleuré la pulpe de ses mains de mes doigts...
« Tav ? »
Gayle passa vigoureusement sa main devant mon visage.
« Tav, vous êtes avec nous ? Vous me me recevez ? »
« Mhh ? »
Mes yeux clignèrent à répétition. Je n'avais pas entendu un mot de ce qu'il m'avait dit.
« Vous ne m'écoutez pas..? »
La moue renfrognée de Gayle était ridicule. Embarrassante au possible. Un grand gaillard de son âge... Son expression capricieuse me fit esquisser un sourire.
« Excusez-moi, j'étais perdue dans mes pensées. »
« Je vois ça... Vous n'avez pas écouté un mot de ce que j'ai dit. » conclut-il faussement contrarié. « Il serait judicieux que vous alliez vous coucher, vous m'avez l'air d'en avoir grand besoin. »
« Vous trouvez ? »
« Cela va sans dire. » affirma-t-il. « Loin de moi l'idée de critiquer, mais vous avez un teint affreux. »
Gentiment, je me mis à rire. Cachant mon sourire derrière la paume de ma main, j'hochai la tête.
« Message reçu, je vais me coucher. »
« Je pense faire de même. » acquiesça Ombrecœur, sortant soudainement du silence, son regard précédemment perdu dans les flammes du feu de camp.
« Il se fait effectivement tard, laissez moi suivre vos pas. » déclara Wyll.
Quelqu'un manquait à l'appel, cela titilla ma curiosité.
« Halsin est parti ? »
« Il s'est éclipsé il y a peu. » me répondit l'épéiste.
« Vous allez dormir, vous aussi, Gayle ?  » demandai-je.
Mon ami hocha la tête dans un petit sourire. Il suivit Wyll et Ombrecœur en se levant, sur son passage, tous les trois laissèrent leur vaisselle ⸺celle-ci sera faite au petit matin, comme d'habitude, malgré les dangers que cela pouvait représenter. Il me salua ensuite.
« Je le crains. Si personne ne se porte volontaire pour me tenir compagnie, j'ai bien peur que ma soirée ne se conclue sur une note amer. Autant y mettre un terme à vos côtés, mes chers amis. »
« Très bien alors. Bonne nuit à vous. »
« Bonne nuit. » me salua Ombrecœur.
Wyll la suivit presque immédiatement, juste après m'avoir saluée de la main.
« Bonne nuit, Tav. »
« Faites de beaux rêves mon amie. » conclut ensuite Gayle.
« À vous aussi. » souris-je.
Cela n'était pas étonnant pour mes compagnons, le fait que je reste auprès du feu du camp, choisissant de ne pas les imiter. Ils me laissèrent tous auprès de celui-ci, sans me poser de questions, sans me regarder curieusement. J'avais ma propre tente, en effet, elle m'attendait un peu plus loin, m'y rendre aurait été un jeu d'enfant. Cependant, je choisis la chaleur et beauté des flammes présentées sous moi au froid et l'isolement que représentaient mes quartiers.
Je vis mes amis s'en aller tour à tour, refermant leur tente sur leurs pas. Puis, petit à petit, mes yeux se fermèrent et je m'allongeais au sol. Mes paupières s'étaient faites extrêmement lourdes. Un silence de plomb dominait les lieux. Hormis moi, le camp était à présent vide, de peu plongé dans l'obscurité, rendu à l'état sauvage. Mes bras se croisaient, j'y posais ma tête. Mon corps fut parcouru d'un léger frisson. Je levai une de mes jambes, ramenant mon genou auprès de mes côtés, allongée sur le ventre. Je faisais face aux flammes, et, même si j'avais les yeux fermés, je pouvais les sentir me dorer le visage et danser sur mes paupières. Je les sentais presque bouger sur moi, vivre, étouffer, se mouver avec joie et ardeur, telle une douce berceuse m'accompagnant dans les bras de Morphée.
Je n'entendis que le feu crépiter, les feuilles des arbres bouger sous les mouvements du vent, et des animaux rôder aux alentours.
La nature m'entourait de sa tenue d'Ève.
Présentée à moi dans sa verdure naturelle, ses animaux fiers et admirables, aucunement tachée par les artifices de la vie urbaine. Je m'autorisais à me présenter face à elle de la même manière : sans arme, mes yeux fermés et ma garde baissée, et alors, des minutes s'écoulèrent. Mère Nature me berça en son sein, elle me protégea.
Cependant, Morphée manqua à l'appel.
Mes doigts se mirent à tapoter les bords poilus de mon sac de couchage, dans ma tête, j'avais commencé à compter un regroupement de lapins sautillant. Je les comptais, pensant que cela m'aiderait à m'endormir. Mes doigts s'enroulèrent autour de ma couchette, j'entortillai mon index auprès d'une mèche de poil et la frottai de mon pouce. Cependant, rien n'y faisait : je n'arrivais pas à m'endormir.
Il me sembla qu'une heure s'était écoulée lorsque je rouvris les yeux. Mes paupières papillonnèrent gracieusement, constatant que le feu de camp n'allait pas tarder à s'éteindre. Me redressant sur mon coude, je m'assis, me frottai les yeux et poussai un faible bâillement. Malgré mon épuisement, je n'arriverai pas à m'endormir, c'était certain.
Après un instant, j'entendis quelqu'un arriver. Un murmur se glissa au creux de mon oreille.
« Mais qui voilà... »
Astarion s'accroupit à côté de moi. D'un geste habile, il jeta deux bûches dans le feu, le ranimant aussitôt, et prit place à côté de moi. Mes sourcils se froncèrent.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? » m'interrogeai-je, intriguée.
Astarion me zieuta calmement.
« Quoi, je n'ai pas le droit de profiter d'un peu de chaleur ? Pauvre moi... »
« Ce n'est pas ce que je— »
« Je sais, mon cœur, ça n'est pas ce que tu voulais dire. Ça te tuerait de me briser le cœur, mhh ? »
Sa taquinerie me força à détourner le regard.
« J'avais un petit creux, mais à cette heure-ci les animaux dorment et je n'avais pas envie de m'éloigner du campement. » il m'expliqua. « Alors je me suis dis; pourquoi pas me nourrir de notre très chère et douce Tav ? »
Surprise, je le dévisageai. Astarion ne me regardait pas, il contemplait le feu devant nous, son regard ensanglanté illuminé par la couleur orangée des flammes. Ses yeux brillaient immensément, il était à bout de souffle.
« C'est là que je t'ai trouvée endormie. » ajouta-t-il.
Il se tourna et passa son regard sur mes clavicule et mon décolleté nus.
« Frigorifiée. »
Mes mains s'agrippèrent au tissu de mon pantalon, inconsciemment, je me mordis l'intérieur de la joue. Le ton de sa voix n'était pas inhabituel, Astarion avait toujours été quelqu'un de charmeur et sensuel. Chaque mot qu'il me susurrait était fait pour me charmer, me cueillir au creux de sa paume de main. Mais pouvais-je nier le fait que cela fonctionnait ? Non. J'en étais tout bonnement incapable. Rien que soutenir notre contact visuel était difficile pour moi.
« Il.. Il fait un peu froid, c'est vrai. »
Astarion guida sa main sur ma cuisse, il entremêla ses doigts aux miens et, l'espace d'un instant, je crus apercevoir dans son regard des mouvements, un peu comme un symbole d'hypnose.
« Je connais un moyen efficace de remédier à ce problème, je peux t'aider, si tu le désires. »
L'entendait-il, mon cœur ? Il tambourinait contre ma poitrine. Déglutissant, je priai les Dieux pour qu'ils m'offrent un instant de répit. À chaque mot chuchoté, Astarion frappait l'air hors de mes poumons, j'en avais la bouche pâteuse et les yeux humides.
« Je pensais que tu avais faim ? » le questionnai-je en guise de distraction.
Astarion esquissa un rictus.
« Je peux faire les deux à la fois, mais tu le sais déjà ça, n'est-ce pas, mon amour ? »
« Je— »
La peau de sa main était froide, son toucher était étrange ⸺du moins familier, à cause du nombre de fois où nous avions finis l'un contre l'autre⸺ mais la rugosité de son épiderme, la largeur sa main et fermeté de sa poigne me faisaient fondre sur place. La pointe de ses oreilles était finement rouge, sûrement à cause du feu, de même pour ses pupilles. À s'y méprendre, on aurait pu croire qu'il était troublé.
« Je pourrais commencer là. »
Sa main se détacha de la mienne pour toucher ma hanche. Astarion força un sourire satisfait en m'entendant retenir mon souffle, surtout lorsqu'il remonta ses doigts agiles sur mon nombril, puis en dessous de mon sein, là où mon cœur embrasé reposait.
« Remonter ici, et... m'attarder sur cette zone. » ajouta-t-il en frottant mon sein de son pouce.
Son regard s'était brièvement détourné du mien le temps de faire les yeux doux à ma poitrine. Astarion la fixa de manière avide. Ses lèvres se séparèrent et ses yeux s'ouvrirent en grand, il me sembla hors d'atteinte, comme dans un autre monde. Astarion s'arrêta peu après et força un énième sourire.
« Ça fera d'une pierre deux coups, je prends mon pied et tu t'endors. »
Secouant la tête, je me saisis de sa main.
« Et si je n'en avais pas envie ? »
Il m'accueillit par une expression confuse.
« J'ai envie d'autre chose, si ça ne te dérange pas. »
« Oh, tu veux faire tout le travail ? » sembla-t-il comprendre. « Ça me va, mais dépêche toi, je n'ai pas tout mon temps. »
Je secouai vivement la tête. Apportant sa main entre mes seins, je la serrai fort contre moi, rassurée par ce doux contact physique entre nos corps, Astarion me parut davantage perplexe. Je savais mes prochaines paroles osées, néanmoins, toujours sous l'emprise de la fatigue, l'idée de partager nos chairs à un autre niveau me séduit beaucoup plus que celle de fondre sur son sexe et de le laisser me guider jusqu'au septième ciel. Je ne me sentais plus trop moi-même. Mes paupières se faisaient si lourdes...
« J'aimerais... J'aimerais te prendre dans mes bras. »
Surprise fut un mot faible pour décrire l'expression qui s'installa sur son visage. Astarion me dévisagea. Outré, il ouvrit la bouche et grimaça.
« M'enlacer ? Tu veux m'enlacer ? »
À l'instar d'avoir été insulté sur trois génération, Astarion récupéra sa main.
« Tu te fiches de moi ? » s'exclama-t-il. « Je te propose mondes et merveilles et toi tout ce que tu me réclames c'est un câlin ? »
J'acquiesçai vivement, charmée par la simple pensée de pouvoir me fondre dans son étreinte. M'approchant de lui, je déglutis. Astarion ne reculait pas. Horrifié, il me laissa m'allonger contre son torse, le forcer à se reposer à même le sol. Mes jambes se mêlaient aux siennes, j'humai son odeur, l'inspirai à plein poumons et, gentiment, frottai ma tête contre son pectoral. Toujours rien de son côté, Astarion ne réagissait plus.
« C'est agréable. » murmurai-je.
J'étais du côté du feu, mon dos lui faisait face tandis que mon visage, lui, était noyé dans l'obscurité. Mon compagnon, lui, hormis son visage, était fondu dans le noir. Son corps ne recevait pas une once de lumière.
« C'est surtout stupide. »
Tout doucement, sa main se fraya un chemin autour de mes hanches, de son bras, Astarion me plaqua contre lui.
« Mais j'imagine que ça pourrait être pire.. »
Un sourire fleurit sur mes lèvres.
« Merci. »
« Mhh. N'en profite pas trop pour passer ta main dans mon pantalon, je t'ai à l'œil. » il ajouta.
Sa menace me fit pouffer.
« Bien évidemment, je n'aurais jamais osé. »
Je remontai ma tête et déposai un baiser sur sa mâchoire, mes lèvres s'y attardèrent un petit moment, chérissant la douceur de sa chair. Je fermai mes yeux en l'embrassant, même lorsque Astarion tourna la tête afin de m'embrasser en retour; je ne les avais pas ouvert. Notre échange dura un instant à l'allure éternelle. Astarion me serra contre lui, pressant sa bouche contre la mienne et remontant sa main au niveau de mon crâne pour que, lorsque je cherche à me reculer à la recherche d'une quelconque source d'air, il me jette dans les portes du paradis et me renvois à la recherche de ses baisers avides d'amour. J'y plongeai joyeusement. Je ne regardais pas en arrière, je me perdais dans l'intensité de son affection, dans le rythme fou imposé par sa bouche, dans l'étreinte de ses bras fermés. Je ne lui refusai rien.
Pas même lorsqu'il chercha à me mordre.
Docilement, je lui offris ma nuque et le laissai planter ses canines dans ma chair. Ma jugulaire fut poignardée. Une douleur vive s'empara de moi mais, accompagnée par les caresses de sa main, je ne le repoussai pas, Astarion se nourrit donc de moi. Il pressa ses lèvres sur ma peau déjà bien martyrisée et suçota le liquide s'en échappant. Son corps gagna en chaleur. Le mien devint froid et faible. La perte de sang mélangé à la fatigue me rendit extrêmement faible, cela m'en donna des fourmis dans les doigts. Rouvrir les yeux me semblait de plus en plus difficile.
« Bonne nuit, mon amour. »
« Non, je ne suis pas prête à dormir. » contestai-je faiblement.
Perdre cet instant pour le tromper dans les bras d'un autre m'était inconcevable. Morphée pouvait bien attendre. Qu'il attende une éternité entière si il le fallait, je n'aurais quitté l'étreinte de Astation pour rien au monde. J'y aurais péri, si tel avait été son désir.
« Je peux rester réveillée encore un peu, ça ira. »
Je ne m'étais pas sentie partir.
Mes paroles n'avaient été que murmurs dès l'instant où j'avais certifié à Astarion que je n'étais pas prête de m'en aller. Être blottie dans ses bras m'eût forcée à m'endormir plus vite que je ne l'eus cru. Je m'étais assoupie l'instant suivant, car, lorsque je me réveillai, je ne me souvins pas du reste. Seulement de la sensation de son corps contre le mien, et de la vitesse avec laquelle mon cœur s'était mis à battre.
Puis, comme les autres matins précédents, j'étais entrée dans la tente de Ombrecœur et, avec le sentiment d'embarras le plus infâme jamais ressenti auparavant, lui avais demandé de s'occuper des traces de morsures au creux de ma nuque.
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cestdanslatete · 7 months
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J'ai envie de l'écrire pour que, plus tard, je n'oublie pas que c'est possible.
J'ai passé des journées un peu compliquées au travail, ces derniers jours. Pas les pires, mais quand même des matinées où le cerveau ne veut pas se décrocher du lit & du smartphone, des heures à se retenir de pleurer, des remises en question qui tournent en boucle.
Pourtant, tout de suite maintenant, on est dimanche soir et c'est un peu moins le chantier dans ma tête. Le retour des "possibles". Peut-être que la semaine sera plus positive, peut-être que j'arriverai à me lancer sur de cool projets, peut-être que j'arriverai enfin à me remettre sur cet exam'... Quand même un peu peur du réveil de demain matin & de la chimie dans mon cerveau. Mais on verra ! Je préfère profiter à cet instant (tisane avec du gingembre, crumble fait maison).
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claudehenrion · 6 months
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Боже, Царя храни !
Surprise, Surprise ! C'est un tremblement de terre, que dis-je ! Un tsunami, une stupéfaction : Vladimir Vladimirovitch Poutine, Влади́мир Влади́мирович Пу́тин pour ses amis –on m'assure qu'il en resterait un ou deux encore vivants--, né le 7 octobre 1952 à Léningrad redevenu Saint-Pétersbourg, a été rééééé-lu, à la surprise générale, à la présidence de la fédération de Russie ! On ne peut qu'entonner en chœur l'hymne à la gloire du nouveau Tsar (qui est, comme d'habitude, le même qu'hier).''Hodge Tsara Krani '': Que Dieu protège le Tsar, en VO dans le titre.
Plus sérieusement, et puisqu' il nous va falloir ''suivre'' l'agenda de ce personnage, je vous propose de lui consacrer 2 ou 3 ''éditoriaux'' dans les jours qui viennent, pour le regarder, pour une fois, autrement que selon les ''attendus'' convenus du procès à charge que ressassent les sources officielles et les faux ''experts'' des plateaux-télé des chaînes ''main stream'', qui ne savent que répéter en boucle les mêmes dadas et les mêmes mensonges, nous le vérifions souvent ! En fait, la seule utilité d'un ''blogueur'' (si tant est qu'il en ait une !), serait d'entr'ouvrir la porte à une pensée non-clonée qui est, de nos jours, condamnée et ostracisée avant-même d'être entendue.
Je vous propose donc, un court instant, de regarder Poutine avec un autre regard. Je ne dis pas que ce regard est vrai, mais je dis qu'on a pas le droit de refuser de savoir qu'il existe, car le regard ''officiel'' est biaisé et univoque à en être faux, et il est sage, prudent et ''pas que con'' de s'en méfier. Par mesure de justice et d'équité, nous essaierons de conduire un exercice comparable avec Trump, un peu plus tard, dans une double relecture d'une réalité ''différente'' –plus vraie, je ne sais pas, mais moins ''convenue'', sûrement. Et plus courageuse et plus susceptible de nous sortir de la paralysie ambiante : le seul fait qu'un comportement ne débouche sur rien n'est pas une raison suffisante pour s'entêter et ne pas chercher d'autres portes de sortie !
Mais ce Poutine, tout de même… quel sale type ! Il y a de quoi avoir peur de lui, quand on pense au mal qu'il se donne pour remettre la Russie au niveau et au rang qui devraient être les siens (ramenés à sa surface, à son histoire, à sa puissance, et à l'agression permanente de ceux qui ont décidé qu'il fallait les abattre, elle et lui…) ! Pensez ! Un patriote… dans le monde d'aujourd'hui, où tous nos progressistes et tout ce qui pense de traviole sur terre, n'ont pas de mots pour critiquer Nation, Patrie, Histoire, Drapeau, Honneur, roman national… Se croyant intelligents, ils sont stupides, en refusant de voir que l'URSS est morte et que la Russie ne demande qu'à l'oublier.
Car le communisme est bien mort ! Et, comme son alter ego idéologique, le nazisme d'atroce mémoire (aussi), tout aussi '' de Gauche'' que lui mais qui, ayant perdu la guerre, a été rejeté sans aucune justification dans la camp réputé maudit de ''la Droite'', il n'est pas près de renaître de ses sales cendres. Sur les ruines de la si peu regrettée URSS, la Russie, un autre pays –nouveau autant qu'il est ancien– a voulu rejoindre le concert des nations. Ah ! la pauvre ! Elle avait commis la double erreur (impardonnable aux yeux des progressistes rétrogrades qui ont réussi à s’emparer des leviers de commande) de se souvenir d'une Histoire non politiquement correcte et des racines chrétiennes de notre continent, ce qui est ''à tuer'' : la Gauche hait ce qui est vrai !).
Tentative après tentative, refus après refus, soufflet après soufflet… Poutine, judoka et joueur d'échecs mais finalement dégoûté, a enfin compris que les idéologies perverses, masochistes, inefficaces et mortifères (lui ajoute ''décadentes'', et on peut difficilement lui donner totalement tort !) qui sont en vogue chez ceux qui le rejettent par système, ne peuvent mener à rien de bon. Il a donc choisi un chemin autocratique, avec plein d'excès, bien entendu (mais qui n'en fait pas ?), mais aussi avec des résultats que nos dirigeants auraient eu intérêt à méditer... Et puis... tout s'est bloqué : des campagnes incessantes ont créé, mais en Occident seulement –et ça, c'est extrêmement grave-- un sentiment plus négatif qu'au temps maudit des cocos, comme si Poutine était plus dangereux que Lénine, Staline et Brejnev réunis…  
Je sais que c'est le “must” à la mode d'afficher un anti-poutinisme militant, en évoquant une brutalité bien réelle que l'Histoire explique sans la justifier (mais qui nous permet d'oublier tout ce qui, chez nous, n'est pas vraiment meilleur !). Il n'empêche : au regard de l'histoire-à-venir, son dossier “tiendra la route” bien mieux que celui des Occidentaux, soumis au bon vouloir des différentes Administrations US  qui poursuivent des objectifs qui ne sont pas les nôtres, et qui, en général, commettent des erreurs énormes de lecture de l'Histoire et d'interprétation de réalités dont la complexité leur échappe (cf, récemment, l'Irak, la Syrie, la Libye, l'ex-Yougoslavie hier et Gaza aujourd'hui, etc...). En fait, rien n'est jamais ni tout blanc ni tout noir... et ce n'est pas facile à admettre, souvent !
Poutine, poussé à bout, a commis une faute inexcusable : se mettant dans son tort, il a ouvert les hostilités, pour reprendre ce que tous les russes considèrent leur appartenir ''depuis toujours'' (voir ci-après). Il a cru attaquer un état-croupion qui avait, jusque là, bien du mal à ne pas exister, mais c'était pour le faire “revenir au bercail” –tel que lui voit les choses. L'OTAN, qui n'a rien à faire dans cette galère, a cédé aux erreurs de la CIA, et les dirigeants occidentaux, nuls à en sangloter de désespoir, se sont servilement alignés sur le grand dispensateur de dollars, espérant récupérer à terme dans l'OTAN un Etat dont ce dernier n'a nul besoin (''que des emmerdes à espérer'') et qui s'est engagé à ne jamais en être membre. (NB : où voyez-vous “l'Atlantique-Nord”, entre Kiev et Odessa ?). Les pauvres européens, nuls, se sont laissé entraîner dans une spirale à qui perd, perd voulue par les américains… Et on perd. Il ne nous reste que des menaces aussi présidentielles que creuses, que personne ne croit ni ne respecte, et pour cause !
Et, un mot en entraînant un autre, on en arrive aujourd'hui à la crise de nerfs du Président français qui prononce des phrases ''qu'un Président ne devrait jamais dire''. Il fantasme une menace pour la France (que l'on chercherait en vain dans le ''script'' en cours) devant une armée fatiguée que la seule Ukraine arrive à tenir en échec depuis 2 ans. Le fantasme macronien de grandes expéditions nouvelles n'est, juste, pas envisageable avant... 10 ans. Et malgré ça, à la question : “Faut-il se préparer à mourir bientôt pour Sébastopol, Simféropol, Kiev, le Donbass, ou qui vous voudrez ?“… la réponse ’'NON” ne va plus de soi, depuis les crises nerveuses d'une France qui n'a, en aucun cas, les moyens ''d'assumer'' les discours de son président, privé, en plus, du moindre soutien sérieux. .
H-Cl
PS : les choses étant ce que nous voyons et le monde ce qu'il ne devrait pas être –comme n'a jamais dit De Gaulle-- il serait sans doute utile de compléter ce rapide tableau par un retour sur images : un sujet est inséparable de l'autre. Alors... ''Et l'Ukraine, dans tout ça''? Le texte de cet ''édito'' sera plus long que d'habitude, mais le sujet est vraiment plus grave et ''il le vaut bien''.
Retour sur images : L'Ukraine, un peu plus vaste que la France (600.000 km2) mais moins peuplé (45 millions), s'étend au nord de la mer Noire, de part et d'autre du Dniepr. Ses habitants ont de tout temps été appelés “Petits-Russiens”, ce qui n'est pas neutre, en soi. Et c'est autour de Kiev, l’actuelle capitale de l'Ukraine, que la nation russe est née, aux alentours de l'An Mil, avant de se diviser en ‘’russes russes’’ proprement dit... en ukrainiens... et en biélorusses, dont les langues nationales ont lentement et légèrement dérivé par rapport à l'ancienne langue commune. Les tout premiers “ukrainiens” revendiqués furent quelques paysans qui, au XVIe siècle, se constituèrent en communautés indépendantes, les Cosaques zaporogues (= les hommes libres au delà des rapides), qui sont devenus sujets polonais, pour les punir, sans doute.
Mais en 1654, las d'être maltraités par les Polonais, ils se placent sous la protection du tsar “de toutes les Russies” offrant aux Romanov la rive orientale du Dniepr, puis Kiev et Smolensk, enfin redevenues russes. Dans l'esprit des tsars, l'Ukraine a toujours été terre russe et n'a donc droit à, ni besoin de, aucun statut particulier. Après l'échec en 1709 du chef cosaque “Hetman” Mazeppa, les retrouvailles de l'Ukraine et de Moscou ont été totales : les territoires dits ukrainien et biélorusse sont revenus sous l'autorité du tsar, et il faudra attendre deux siècles (la première Révolution russe de 1905), pour que Nicolas II s'engage à respecter “les nationalités” (pas les nations).
C'est la grande révolution de 1917 qui verra une ''Rada  centrale''  (copie des soviet russes d'alors) se proclamer ''République populaire ukrainienne'', aussitôt dévorée, et russifiée “à mort” (dans le vrai sens du terme) par l'hydre stalinienne : 6 millions d'ukrainiens sont (littéralement) morts de faim entre 1917 et 1933. Et ça, c'est affreux ! Devant cette histoire tellement complexe, j'admire (enfin… un peu ; très peu, même !) ceux qui prétendent qu'il n'y aurait aucune consanguinité entre Russie et Ukraine… et aucun droit possible de l'une sur l'autre...
Ukraine veut dire “frontière”. Entre les mondes orthodoxe et catholique, ce pays ne peut nier être le berceau du monde russe. Il faudra attendre 1989 pour que la libéralisation du régime soviétique permette aux ukrainiens d'exister un peu (à travers les tresses blondes de Ioulia Timochenko qui fit découvrir ce pays –et le rendit sympathique). N’existant que depuis 1991 –c'est hier--, il se cherche entre un Occident attirant mais lointain et une Russie proche mais redoutée.
Cependant, il ne faut jamais oublier qu'une des conditions mises par Gorbatchev à l'ouverture du monde communiste a été “que jamais l'OTAN ne cherchera à attirer les pays du Pacte de Varsovie dans son giron”… promesse et engagement clairement décrits, et compris, alors : toute menace de rapprochement serait un “casus belli”. C'était parfaitement clair, mais la mémoire des politiques est... sélective.
Reste le cas de la Crimée, cet autre caillou dans les chaussures des cuistres qui nous dirigent si mal. Russe depuis le XVIIIè siècle après avoir été possession ottomane pendant 300 ans (les pauvres !), elle est devenue un “oblast” (= territoire) de la République socialiste soviétique de Russie que Staline, dans un geste ''sans conséquence'', a rattaché à l'Ukraine, qui était alors partie intégrante de l'URSS : dans sa tête, il changeait un meuble de place, à l'intérieur de la maison, rien de plus ! Et ce n'est, aussi, qu'en1991 que la Crimée devint une ’'République autonome’’, avec Simféropol pour capitale, et peu de liens statutaires avec l'Ukraine –qui persiste à la revendiquer, y compris Sébastopol, le grand port de la Mer Noire, qui a toujours conservé un statut spécial de “ville fédérale”, comme le sont Moscou et St-Petersbourg.
La situation est gravissime : la tactique ne doit jamais faire oublier la stratégie, et le court terme se substituer à la vision longue... De telles fautes contre l'Histoire, la pensée et l'intelligence, et une priorité donnée à ce qui est visible (même très émouvant) ne peuvent que mener, très vite, à des situations que personne n'a envie de vivre (sauf, en apparence, notre Président ? Je n'arrive pas à croire que c'est autre chose qu'une posture pré-électorale : ce serait trop fou !)... et à une guerre que nous perdrions en 48 heures, sauf à utiliser des armes définitives pour tout le monde. Mais dans ce cas, je ne serai plus là pour vous expliquer pourquoi on a eu tort de se comporter comme ça... ni vous, pour lire mes commentaires... postumes.
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alexar60 · 1 year
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Monstres
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Il n’était jamais bon de se promener seul dans une forêt. Après quelques kilomètres, Johannes regretta d’avoir refusé une assistance. Il regarda les arbres à l’apparence humaine pendant que son chariot avançait. En bon marchand colporteur, il ne transportait pas de réelle valeur si ce n’est quelques dentelles ou tissus venu de France. Toutefois, il craignit une attaque de bandits, malandrins ou voleurs de grand-chemin qui n’auraient aucune pitié pour sa vie.
Mais son inquiétude allait surtout sur les légendes que la forêt, celle qu’il traversait actuellement, regorgeait. En effet, nombreux furent ceux qui prétendaient avoir rencontré un monstre, une bête au regard noir et à la forme d’un loup. D’autres parlèrent de farfadets, trolls malveillants qui s’amuseraient avec les visiteurs perdus. Et puis, il y avait les histoires concernant des disparus. Chaque village autours du bois comptait au moins une personne qui n’est jamais revenu de la forêt.
Il aurait pu faire le tour. Seulement, afin de gagner deux bonnes journées,  le marchand voulu traverser cet endroit maudit. Son cheval avança avec une certaine nervosité. Un léger brouillard imposait une ambiance glaciale pendant que quelques oiseaux criaient. Un coucou par-ci, quelques corbeaux par-là. Le vent balançait les cimes des arbres provoquant un sifflement inquiétant. Parfois, Johannes tournait la tête au craquement d’une branche ou au bruissement d’un buisson provoqué par un animal sauvage.
Le cheval n’avait qu’à suivre la route tracée. Cependant, après quelques heures, il s’arrêta brusquement. Son hennissement alerta le commerçant. Dès lors, il se leva sans quitter le chariot, il serra un bâton long et attendit. La peur faisait gargouiller son ventre. Ses tympans battaient son cœur dans un désagréable fracas.
Avance, mon ami, avance, je t’en prie, murmura-t-il afin de ne pas réveiller de monstre.
Mais il n’obtint du cheval qu’un énième hennissement. Il demeura debout, les jambes tremblantes. Il réalisa qu’il n’entendait aucun autre son en dehors de sa respiration, et de celle de son cheval. Il tourna la tête, cherchant à voir à travers la brume. En fait, il espérait la venue de quelque-chose qui puisse le rassurer, même un monstre. Car le silence absolu était la pire des angoisses.
Soudain, un hurlement surgit des profondeurs de la forêt. Le cheval se cabra avant de galoper comme un forcené, provoquant en même temps, la chute de Johannes hors du chariot. Lorsqu’il se releva, il ne put que constater son bien déjà trop loin pour le rattraper. Mais sans attendre, il se mit à courir espérant retrouver son cheval le plus tôt possible.
Il courut au milieu des branches. Un bruit fort et rapide sembla approcher comme un monstre en train de pourchasser sa proie. Il continua de courir sans se retourner. Le froid de la brume giflait ses joues contrastant avec son sang qui bouillait en lui. Il courut pour finalement arriver dans une clairière.
Essoufflé, fatigué, il se pencha pour reprendre une respiration normale. En entendant des rires, il leva la tête et découvrit un lac peu profond et pas très grand. Au bord, sept jeunes femmes s’amusaient de sa présence tout en lavant du linge blanc. Elles se ressemblaient comme des sœurs, la peau blanche comme le lait.  Leur longue chevelure rousse flamboyait telle une torche allumée. Johannes se sentit gêné de se retrouver avec d’aussi belles femmes, dont les robes blanches trempées ne cachaient rien de leur corps désirables.
Qui es-tu, jeune imprudent ? demanda celle qui semblait être la plus vieille.
Je me nomme Johannes Tischler. Je suis un marchand perdu en ces lieux. N’auriez-vous pas vu passer mon cheval tirant un chariot, par hasard ?
Non, répondit-elle. Mais il ne doit pas être bien loin. Si tu veux nous t’aiderons à le chercher plus tard. Mais en attendant, tu pourrais nous aider à frapper ce linge.
Le marchand hésita un instant. « Si monstre il y a, il ne peut attaquer quand nous sommes plusieurs » pensa-t-il. Dès lors, il retira ses bottes et entra dans une eau froide. Une des jeunes femmes tendit un battoir qu’il attrapa. Deux autres s’écartèrent pour lui laisser une place. Il prit un drap et commença à le frapper sous les sourires des lavandières.
Parfois, elles discutaient, murmuraient entre elles tout en regardant Johannes. Il avait l’impression qu’elles n’avaient jamais vue d’homme avant lui. Il battait le linge avec difficulté. Et une fois terminé, une laveuse l’aidait à plier correctement les draps pour les faire sécher. Il avait du mal à empêcher ses yeux d’admirer les formes généreuses de ses coéquipières du moment. Le téton de leurs seins ressortant de sous la robe trempé, Les pubis collant au tissu. Il détourna le regard, dès que l’une d’elle se penchait trop, lorsqu’elle était à genoux, galbant ainsi ses fesses rosies par les reflets du soleil. Il ne s’était pas rendu compte que la brume ne recouvrât pas la mare.
Enfin lorsque le linge fut propre, il retourna au bord pour remettre ses chausses et attendit qu’elles sortissent à leur tour. Le soleil commença à décliner. La plus ancienne s’approcha. Il remarqua ses jolis yeux noirs et son nez fin. Il baissa rapidement les yeux, admirant au passage qu’elle avait plus de poitrine que les autres.
Il se fait tard, je te propose l’hospitalité pour te remercier de ton aide, annonça-t-elle.
Soulagé de ne pas à traverser la forêt en pleine nuit, Johannes accepta. Dès lors, il suivit les sept jeunes femmes sur un sentier qui l’éloignait de la route principale. Sur leur passage, les oiseaux ne chantaient pas, le brouillard se dispersait et un silence immense régnait.
Elles marchèrent sans prononcer une seule parole. Par moment, elles regardaient Johannes, lui conseillant de faire attention à une racine au sol ou aux ronces sur le côté. Elles marchèrent tout en portant leurs paniers de linge. Les arbres étaient si proches les uns des autres que Johannes n’imaginait pas une chaumière dans un endroit pareil. Il suivit les femmes et vit enfin une cabane.
Elle parut grande, cependant il fut surpris qu’elles continuassent de marcher, se dirigeant vers une caverne. Le colporteur aurait voulu demander si la maison en bois était leur domicile. Mais invité par deux des rouquines, il se contenta de les accompagner. Il sentit leurs mains presser ses bras et ses hanches. Décidément, il faisait un grand effet auprès d’elles. Il pénétra dans la grotte. Elle était immense, éclairée par une multitude de bougies. Toutefois, une odeur nauséabonde empoisonnait l’atmosphère.
Viens, nous avons retrouvé ton cheval, annonça une des femmes.
Etonné, Johannes s’enfonça dans la grotte. Comment son cheval pouvait être ici ? Et comment pouvait-elle le savoir alors qu’il ne les a jamais quittées ? Il marcha toujours encadré par deux jeunes femmes. Leurs doigts devenaient de plus en plus entreprenants, et déjà, il sentit leurs caresses de plus en plus sensuelles. La forte odeur putride se fit de plus en plus forte.
Tout-à-coup, le marchand fut saisi d’effroi. C’était une vision d’horreur que de voir un monceau de cadavres. Il y avait des animaux en grande quantité, à moitié putréfiés, des parties dévorées et décharnées, des squelettes attendant de blanchir. Il y avait des chiens, des loups, des chats, des renards, des chevreuils et des cerfs, des lapins, et par-dessus, les restes d’un cheval noir copie exacte du sien, s’il était encore entier. L’animal avait la gorge arraché et exhibait ses côtés encore ensanglantées.
Johannes n’eut pas le temps de crier quand il sentit des pointes enfoncer son ventre. Les doigts de ses hôtesses venaient de se transformer en griffes acérées. Leurs visages n’avaient plus rien d’humain. Elles hurlèrent tout en se jetant sur le pauvre homme. Elles le dépecèrent, arrachant sa viande avec une telle monstruosité. Le sang coula le long de leur menton pendant qu’elles mangeaient sa chair. Et dès que les dames de la forêt se sentirent rassasiées, elles jetèrent les restes parmi le tas de cadavres d’animaux, avant de s’endormir repues et comblées.
Ales@r60 – août 2023
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selidren · 3 months
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Printemps 1921 - Champs-les-Sims
7/10
Malgré tout, je remarque que mes filles sont capables d'une certaine résilience. Elles s'entendent finalement plutôt bien, une fois mises à l'abri de Madame Eugénie. Je les vois parler, rire ensemble. ET je me dis que je n'ai pas fait un si mauvais travail en les élevant ainsi. Pour des jeunes filles qui ont clairement manqué d'attention de la part de leur père et qui ont été sévèrement encadrées par leur Grand-Mère, le résultat n'est pas si mauvais.
On dit qu'il y a une forme de fraternité entre les femmes. Mon enfance m'a longtemps convaincue que ce n'était pas le cas. Mais quand vous m'avez racontée l'arrivée de Layan et quand j'ai vu mes filles se réconcilier, j'y ai enfin cru.
Navrée pour la terrible longueur des dialogues. J'ai surestimé mon stock de screenshots.
Transcription :
Sélène « Je suis désolée Noé, je… j’ai eu droit à un sermon au vitriol hier au soir. Comme quoi j’étais trop jeune. Que si je tenais à montrer mes jambes au tout venant, au moins que je reste à une distance raisonnable des hommes… Je pense que tu vois exactement de quoi je parle. »
Arsinoé « Je suis désolée pour toi. »
Sélène « Ce serait Cléo qui m’aurait trahie ? Je pensais qu’elle comprendrait et qu’elle garderait le secret pour m’éviter les ennuis. »
Arsinoé « C’est assez improbable selon moi. Cléo n’est pas du genre à rapporter, mais plutôt à clamer partout ce qu’elle a vu. Nous aurions eu droit à d’interminables envolées lyriques sur les joies de l’amour et une élégie de la tendresse qui n’aurait rien à envier à Catulle. En plus, on peut voir presque tous les bancs du jardin depuis la chambre des petits. »
Sélène « Oui tu as raison. Oh pardon, je m’en veux tellement de t’avoir sauté à la gorge de cette façon ! »
Arsinoé « Tes excuses sont acceptées, tu le sais bien. Elle nous pousse tous dans nos derniers retranchements ces derniers temps. Mais alors… Tu es amoureuse de Gilberto ? »
Sélène « Je ne sais pas vraiment. Oui, peut-être… On ne se connaît pas depuis très longtemps. J’aimerais savoir si c’est le genre d’amour qui signifie mariage, enfants et vœux éternels, ou alors si c’est davantage un feu de paille. Mais bon, ce n’est pas comme si un coeur était fourni avec un mode d’emploi.»
Arsinoé « Mais tu aimes passer du temps avec lui non ? Quand tu il t’a pris la main… qu’as tu ressenti au juste ? »
Sélène « C’était très étrange. J’étais heureuse, mais en même temps un peu paniquée. J’ai eu le feu aux joues, j’étais atrocement gênée, mais je n’avais pas envie qu’il retire sa main. Il m’ regardé dans les yeux avec un sourire à ce moment là, juste un instant. Tout cela a semblé durer à la fois quelques secondes et une éternité. Il avait aussi les joues très rouges... »
Arsinoé « Donc, tu as bien aimé. »
Sélène « Oui, j’aimerais bien qu’il recommence. Mais avec Grand-Mère sur le qui-vive... Je ne serais pas surprise qu’elle assiste à toutes les leçons maintenant. »
Arsinoé « Tu devrais faire comme moi. Dire qu’elle a bien raison, que tu reconnais ton erreur, et que tu feras attention à te conduire de manière convenable. »
Sélène « Je n’aime pas lui mentir. Je l’aime beaucoup tu sais. Grand-Mère je veux dire... »
Arsinoé « Nous l’aimons tous. »
Sélène « Mais la colère qu’elle montrait, les remontrances… Je me suis sentie si triste après, si malheureuse. J’ai eu l’impression d’avoir brisé quelque chose d’important, sans vraiment savoir quoi, et que rien ne pourra jamais le réparer. Le regard qu’elle m’a jeté… On aurait dit celui qu’elle garde pour... »
Arsinoé « Pour Cléo. Quand elle se maquille les yeux. »
Sélène « C’est ça. Et je me rend compte qu’en définitive, quand je voyais ce regard, je me disais « Au moins, elle ne me regarde pas comme cela. Moi, je fais les choses bien. » C’est atroce de penser comme cela ! »
Arsinoé « Ce n’est pas ta faute tu sais. Ni celle de Cléo. Grand-Mère… elle vient d’avoir cent ans. Elle veut nous éduquer comme elle a éduqué nos grand-parents, mais les choses ne fonctionnent plus comme à l’époque. Cela n’excuse rien, mais je pense que de nous tous, c’est celle qui a le plus peur. »
Sélène « Peur de quoi ? »
Arsinoé « De perdre pied. De ne plus comprendre. Un peu comme Papa, quand il dit quelque chose d’étrange quand il est dépassé par une conversation, où qu’il change brusquement de sujet car il est mal à l’aise. Chez lui c’est flagrant, mais chez Grand-Mère, c’est dissimulé par une sorte de certitude qu’elle fait au mieux pour nous. »
Sélène « Elle fait toujours au mieux pour nous. »
Arsinoé « Elle essaie, mais au vu de notre conversation, elle ne réussit pas vraiment. Tu peux essayer de l’esquiver, comme Cléo et moi, mais si tu pense que tu es vraiment amoureuse de Gilberto, tu devrai l’affronter. C’est que que dit Oncle Adelphe : quand cela nous tient à coeur, il ne faut pas avoir peur d’aller au conflit avec elle. »
Sélène « Tu en parle avec lui ? Vraiment ? »
Arsinoé « Depuis qu’Antoine est au pensionnat… enfin… c’est facile de parler avec lui tu sais. »
Sélène « Enfin, il a beau dire, il n’a jamais eu besoin de réellement l’affronter, lui. »
Arsinoé « Il parlait davantage de Tante Rose. Quand elle a fait savoir qu’elle voulait devenir médecin, Grand-Mère a tout fait pour l’en dissuader. Et regarde où elle en est aujourd’hui ! Alors, tu l’aimes assez ton Berto ? »
Sélène « Je ne sais… oui, je suis amoureuse de lui. »
Arsinoé « Alors il est temps de prendre les armes. Et si tu en as besoin, je te soutiendrai. »
Sélène « Noé… Merci. Vraiment. »
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unesimplevie · 9 months
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N'oublies pas...
Promets-moi au moins cela,
N'oublies jamais tous nos moments
Et le bruit de nos rires
De ton petit rire nerveux qui me faisait sourire
Et qui se mélangeait si bien avec le mien
N'oublies jamais que j'ai fais partie de toi
N'oublies jamais que tu as fait partie de moi
Ne serait-ce qu'un instant de nos vies
Car Vois-tu,
Quelle que soit la personne avec qui je suis
Bien que je m'attache à des chimères
Que je feins de me sentir bien
Même si je me ments inconsciemment à moi-même
Si je me brûle les ailes
Dans la facilité des couples insatisfaits
Même si j'idéalise des histoires désastreuses
Qui n'iront jamais dans le sens de mes espérances
N'oublies jamais que,
Dans chacun de mes souffles d'homme
Où que je sois
Quoi qu'il arrive
Quoi que je fasse
Tu es à moi sans le savoir
Il y a toujours,
Quoi que tu puisses en penser,
Un peu de toi en moi qui m'aide à respirer
Un peu de toi en moi qui m'aide à ne pas me sentir à moitié
Clair de Lune 🌙
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