#Une voix en cuisine
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PARIS MANGA 17 Mars 2024 - Conférence Kaamelott : plongez dans l'univers délirant de la série avec Aurélien Portehaut.
Aurélien Portehaut lors de la Conférence Kaamelott s’est montré très modeste, il est toujours surpris de la réaction des fans. Selon lui, les seuls vraies personnes à saluer sont Alexandre et les quelques créatifs de la série. Les comédiens, avec tout le respect qu’il leur porte, n’ont fait qu’apporter quelques éléments à la série, sans vraiment être à l’origine de ce génie. Continue reading…
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#Auréline Portehaut#conférence Kaamelott#Kaamelott#Nathalie Homs#Paris manga by TGS 2024#Une voix en cuisine
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PARIS MANGA 17 Mars 2024 - Conférence Kaamelott : plongez dans l'univers délirant de la série avec Aurélien Portehaut.
Aurélien Portehaut lors de la Conférence Kaamelott s’est montré très modeste, il est toujours surpris de la réaction des fans. Selon lui, les seuls vraies personnes à saluer sont Alexandre et les quelques créatifs de la série. Les comédiens, avec tout le respect qu’il leur porte, n’ont fait qu’apporter quelques éléments à la série, sans vraiment être à l’origine de ce génie. Continue reading…
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Deux voix et une plume
D’origine multiculturelle, ma grand-mère avait élaboré au cours de sa vie tout un répertoire de proverbes et de dictons qui ponctuaient la conversation. Ainsi elle commentait chaque événement de formules à la fois philosophiques, poétiques et pragmatiques. Il y avait là quelque chose de l’expression et de la transmission, une langue maternante autant que maternelle, allant de soi à l’autrui, et de l’écoute au mot d’esprit.
« Alors ma ‘tite fille, y parait que t’y es amoureuse ? Bah un nouveau balai, ça balaye toujours bien, hein ? mais faut essayer plusieurs manches avant de trouver le bon balai. C’est sûr, on n’est pas fait pour vivre seul, et chaque casserole a son couvercle. Encore faut-il avoir envie de cuisiner ! Moi ça fait longtemps que je mange froid, pasque dans la vie y’a des choses bien plus importantes à faire que la cuisine et la vaisselle. Alors ne laisse pas tes casseroles briller plus que toi. Tu verras, l’amour c’est comme le loto, tu prends un sac, tu mets tous les hommes dedans, tu secoues, et le premier qui sort… bah il est comme les autres ! Et moi je dis qu’au jeu de l’amour et du hasard, le perdant est tout nu, et le gagnant est en haillons. Regarde-toi, t’y es jolie comme un cœur d’artichaut ! Et regarde-moi, j’avais des jambes à faire trembler Hollywood… bah y'a pas eu beaucoup de dégâts ! Et pourtant, quand je ne serais plus là, vous aurez perdu la plus belle plume de votre chapeau ! »
Elle n’est plus là mais je garde précieusement la plume qu’elle a laissé, pour écrire.
#poésie#prose poétique#écriture créative#atelier d'écriture#ma grand-mère disait#punchline#poètes sur tumblr
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Flufftober 2024 : "Comment t'es habillé ?", "C'est le jour de la lessive !"
15 octobre
« Comment t'es habillé ? », « C'est le jour de la lessive ! » ("What are you wearing ?", "It's laundry day !")
Ophélie & Octavio (La passe-miroir)
Ophélie demeura déconcertée sur le pas de la porte d'Octavio lorsqu'elle vit ce que Seconde portait. C'était une sorte de tunique courte à fleurs, avec en plus un short de lointaine station balnéaire et enfin, un collant noir en-dessous. Ça n'avait aucun sens.
L'adolescente, bien sûr, n'en avait cure. Elle fonça joyeusement à travers la maison, salua la nouvelle venue d'un mouvement de main, sa chaîne en or se balançant entre son sourcil et son nez. Après quoi, elle écarta la moustiquaire et sortit dans le jardin, effrayant du même coup une volée de perroquets.
«Seconde ! l'appela la voix d'Octavio depuis la cuisine. Quand je t'ai dit que tu pourrais m'aider à ranger tout ce qui traîne, ce n'est pas exactly ce que j'avais en tête ! »
Il s'interrompit net en découvrant son amie, dont l'écharpe était en train de balayer les plumes d'aras qui avaient pénétré dans le hall d'entrée. Ophélie haussa davantage les sourcils d'étonnement, sans pouvoir s'en empêcher. Les vêtements d'Octavio avaient encore moins de logique que ceux de sa sœur : une blouse boutonnée jusqu'en haut, une veste par-dessus et le pantalon qu'il portait au conservatoire de la Bonne Famille. Celui qui, normalement, n'était assorti qu'à une redingote bleu nuit et des bottes ornées d'ailes d'avant-coureur. Spontanément, l'Animiste lança un :
« Comment t'es habillé ?
-C'est le jour de la lessive ! se défendit Octavio en rangeant sa bouteille de produit pour les vitres dans la poche de sa blouse. »
Comme ils s'étaient jamais dit au revoir du temps où leurs vies étaient incertaines et compliquées, ils ne se souhaitaient jamais le bonjour non plus. Cet écart à la politesse était également dû, cette fois, dans le cas d'Ophélie, à la mine totalement déboussolée de son ami. Octavio n'avait certes pas l'habitude de devoir choisir ses propres vêtements et ceux de sa sœur : autrefois, Babel possédait un code extrêmement stricte en ce qui concernait les accoutrements de chacun. Comme il n'était plus question de faire de distinction entre les différentes nationalités de l'ancienne arche, les Babéliens ne se vêtaient plus systématiquement de toges colorées selon leur rang dans la société. Ophélie voulait bien croire que toutes celles de Seconde et d'Octavio étaient au sale, mais était-ce une raison pour paniquer et s'affubler de choses n'ayant même pas de rapport avec la météo ?
« Même moi qui ait tendance à porter la première robe me tombant sous la main, je n'aurais jamais combiné autant de pièces différentes, admit-elle en se laissant tomber sur le canapé de son ami. Tu veux de l'aide pour ta lessive ?
-Well, si je me souviens bien, tu n'es pas la meilleure en ce qui concerne les tâches ménagères, fit valoir Octavio en venant s'installer à côté d'elle. Mais peut-être as-tu une ou deux robes à prêter à Seconde.
-J'ai bien peur que non. Mon petit frère et mes petites sœurs me dépassent déjà d'une bonne tête et je suis toujours plus grande que Seconde. Mais, en ce qui te concerne…
-… Oui. Je crois que je vois perfectly où tu veux en venir. »
Octavio et elle avaient exactement la même taille et pratiquement la même silhouette. Les redingotes de la Bonne Famille ne laissaient pas beaucoup de place aux rondeurs de toute façon, il n'aurait aucun mal à porter la sienne.
« Merci, soupira le Visionnaire en se passant la main dans les cheveux. J'avoue que ça me dépannerait énormément. Du côté de l'habillement, je préférais clearly comme c'était avant !
-Ne t'inquiète pas, sourit Ophélie tandis que l'écharpe se posait sur son épaule. Je demanderai aussi à Thorn de te montrer comme on entretient une maison. Le recours aux automates pour les tâches de haute nécessité uniquement a dû vous porter préjudice. »
Octavio réussit, sans qu'elle sache trop comment, à lui retourner un regard déconfit et en même temps un petit sourire.
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Voici enfin la tant attendue annexe de la vie quotidienne. C’est en réalité la première partie de l’annexe concernant Derry et de ce fait l’une des plus importantes. Elle pose vraiment les bases du lore.
Quelques petites précisions importantes avant d’entamer votre lecture :
- c’est un premier jet ! Compte tenu du nombres de questions qui trouvent leur réponse dans cette annexe, nous la publions maintenant.
- Elle sera sujette à changements, réorganisation, ajouts jusqu’à l’ouverture du forum.
Vie quotidienne
La vie à Derry est résolument tournée vers la survie de la communauté. On organise le quotidien autour de tâches utiles, voire essentielles au bon fonctionnement général. Il est attendu que tout le monde participe à l’effort collectif.
Technologie :
L’eau courante et l'électricité sont présentes à Derry, sans que personne n’en connaisse l’origine.
Il n’existe aucun moyen de communiquer avec le reste du monde. Internet, le réseau téléphonique, la radio, rien ne semble fonctionner à Derry. Parfois, si on joue avec les stations de radios, il peut vous sembler entendre des voix ou de la musique, mais c’est bien souvent très fugace.
A l’intérieur de Derry, les communications par talkie-walkies fonctionnent, pour peu d’avoir du matériel fonctionnel. Chaque leader de groupe de la communauté en possède un qui permet de communiquer entre la ville et la maison en cas d’urgence.
Il arrive que certains objets électroniques s’animent seuls sans que personne n’y touche. Les lumières s’allument aussi parfois seules... ou s’éteignent. Les habitants ont pris l’habitude de l’ignorer.
À Derry, l’utilisation des appareils électriques modernes est assez aléatoire. Parfois cela fonctionne, parfois pas du tout, sans qu’aucune logique ne se démarque. Il n’est pas toujours possible de recharger ces derniers.
Nourriture et repas :
Les habitants de Derry vivent en autonomie complète et ne peuvent consommer que ce qu’ils trouvent ou produisent. Les épices se font rares, de même que les sucreries, le café ou tous vivres de la sorte. Les habitants produisent par contre de l’alcool artisanal, pas toujours très bon, mais efficace. Il est fait souvent à partir de pomme de terre ou de maïs. On y distille aussi de l’excellente eau de vie à partir de la production de fruits.
Au centre bourg, les repas sont traditionnellement servis au diner et il est de coutume d’aller manger le matin afin de partager avec le reste de la communauté. En journée, le diner est ouvert à tout le monde pour un café ou une collation. Il est possible, pour les habitant·es du centre bourg de venir le soir prendre à manger à emporter pour celles et ceux qui ne cuisinent pas.
A la maison commune, les repas sont pris en commun et préparés à tour de rôle par les résident·es selon un calendrier pré-établi. Il n’est pas obligé de manger ensemble, mais les repas sont souvent partagés entre la cuisine, la salle à manger et le salon en fonction des conversations.
Locomotion :
S’il y a des voitures à Derry, on ne trouve pas d’essence autre que celui provenant des véhicules échoués dans la ville. On s’y déplace principalement à pied ou à vélo. Les véhicules fonctionnels sont réservés aux urgences.
Santé et hygiène :
L’accès aux médicaments est aussi strictement régulé. Ces derniers sont une denrée particulièrement rare. Il arrive parfois à un habitant chanceux de découvrir au hasard de ses promenades une trousse de secours. Pour la majorité des soins, il faut compter sur le savoir collectif qui se transmet au fil des générations et de la formation des nouveaux soignants. Les produits d’hygiène et de soin sont principalement produits par les herboristes.
Saison et rythme de vie :
La vie de Derry est principalement dictée par les saisons et l’heure à laquelle le soleil tombe. Ainsi, la période hivernale est plus morne que l’été. Les sociabilités se font et se défont au fur et à mesure des saisons.
Le temps d’activité ne s’organise pas en horaire de bureau, mais en fonction des besoins ou de la demande. Certains rôles sont plus demandeurs que d’autres. A quelques exceptions comme le travail d'élevage, il est rare qu’on occupe toute la journée son poste, c’est plus souvent en demi journée qu’on s'organise.
Moeurs générales :
Derry vit coupée du monde et de son évolution générale. L’arrivée de nouveaux habitants dans la ville donne toujours la mesure du temps qui est passé, plus que n’importe quelle technologie devenue obsolète. On peut évaluer le temps vécu à Derry à la mentalité de chacun·e.
Talisman :
Il est de coutume d’accrocher près de l’entrée principale un talisman. Celui-ci est gravé dans le bois, la pierre ou dans un bout de poterie. On y reproduit des symboles dont personne ne connaît le sens exact. La croyance est qu’il empêchent les créatures de passer par l’entrée protégée. On ignore s’ils ont un véritable effet. Personne à Derry ne sait qui a trouvé ou inventé les talismans, mais ils sont en place depuis toujours, semble-t-il. Personne ne s’est risqué à sortir avec un talisman autour du cou la nuit pour s’assurer qu’ils étaient réellement efficaces. Difficiles à reproduire, ils s'abîment rapidement, se brisent assez souvent lorsqu’on fait cuire la poterie et trouver des pierres suffisamment grosses et non friables pour les graver est souvent compliqué. Ils sont donc rares et considérés comme précieux.
Sanctions :
Il n’existe pas de lois à proprement parler à Derry, outre la convention du partage des biens. Les shérifs des années passées ont néanmoins instauré deux sanctions.
Construite devant l’ancienne poste, il y a une boite où l’on enferme les habitants durant une nuit pour les punir d’un petit délit. Ceux-ci sont laissés à l’appréciation du shérif en place. De mémoire actuelle, la boite n’a pas été utilisée. Les crimes (comme le meurtre) sont punis par le bannissement - cela équivaut à une peine de mort puisque sans talisman, personne ne survit longtemps dans les bois entourant Derry.
Cachettes :
Dans les rares cas où l’on se retrouve dehors à la nuit tombée, il existe quelques cachettes connues des habitants. D’un confort rudimentaire, elles ne sont à investir qu’en cas d’extrême urgence et ne garantissent pas une aussi bonne protection que les habitations.
Confort de vie :
De nombreux objets du quotidien en dehors de Derry manquent ou se font rares. Le plus souvent, c’est le système débrouille qui prime. On recycle beaucoup, on reprise énormément et on tire les machines jusqu'à ce qu'elles rendent l'âme.
Armement :
Les armes à feu sont interdites à Derry, du moins en principe. Il y en a quelques unes à dispositions chez le Shérif et sous contrôle d’Isidro à la maison commune, mais il est admis que sauf raisons particulières il n’est pas autorisé d’en posséder. Bien sûr, il est toujours possible de contourner la règle et d’en dissimuler mais si on découvre la vérité, gare aux conséquences.
Relations centre-bourg / maison commune :
Les relations entre la maison commune et le Centre-bourg sont dans l’ensemble plutôt bonnes. L’ouverture de la maison commune a laissé néanmoins des traces dans la mémoire de Derry que l’on peut retrouver aujourd’hui. Les habitant·es de la maison commune ont tendance à rester ensemble, si bien que lorsqu’ils descendent en ville dans les lieux communs, on peut ressentir une sorte de réserve mâtinée de méfiance. Les habitant·es du Centre-bourg ont toujours l’impression artificielle qu’on vient piquer dans leur garde-manger. C’est notamment grâce au chassé-croisé des activités dans les différentes communautés que l’ambiance reste agréable malgré tout.
Éducation :
La ville compte très peu d'enfants, l'école ne possède donc qu'une classe unique. On y apprend à lire, écrire, compter ainsi que les connaissances pratiques pour survivre au quotidien à Derry, comme faire son savon, planter des graines, raccommoder ses vêtements, etc.
Animaux :
On trouve quelques animaux à Derry et plusieurs cas de figure. Certains sont arrivés avec leur propriétaire dans la ville. Certains apparaissent de façon inconnue. Il est possible de les attraper et de tenter de les domestiquer. Le bétail est assez limité : quelques vaches, quelques chèvres, quelques cochons, quelques poules.
Concernant le gibier, on trouve principalement de petits animaux sauvages : lapins, oiseaux, lièvre, faisan, etc. Le grand gibier existe mais se fait plus rare. Il faut souvent s’enfoncer loin dans les bois pour le débusquer et cela n’est pas sans risque.
#french rpg#forumactif#projet rpg#rpg français#forum francophone#projet rp#midwestern gothic#from epix#southern gothic#annexes
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Je me posais des questions cette nuit sur le bruit, ou plus précisément sur les bruits et ce qu'on en fait, dans notre cerveau et dans notre cœur. Je me suis réveillée avec le bruit de la chatière et d'un couvercle de Pringles frotté sur le sol par mon chat. Et quand je dis "mon chat" je ne parle pas de Nougat, qui est surtout à l'homme, ni d'Oreo qui est surtout à l'ado, ni de Muffin, qui n'appartient qu'à lui-même. Ils sont tous les trois incapables d'ouvrir une chatière, si bien que j'ai dû mettre du collant pour la maintenir ouverte, et ils sont pragmatiques au point de ne jouer qu'avec des jouets de chats, et certainement pas avec des couvercles de Pringles. Non, j'ai rêvé de ces bruits et ça m'a réveillée, j'ai rêvé de ces bruits propres à Félix et à sa petite routine de nuit, qui était d'aller dans sa litière, puis trouver un couvercle de Pringles, jouer deux minutes avec et venir le déposer près de moi, avant de se lover contre mon ventre pour se rendormir, et ronronner à en faire vibrer le matelas, les murs et mon monde tout entier.
Maintenant j'ai trois chats qui se bastonnent aux pires heures, quand ça ne sert plus à rien d'essayer de se rendormir. L'ambiance est différente.
Bref il y a comme ça des bruits qui n'existent plus qu'à l'intérieur de nous. Ça m'a fait penser à "Réparer les vivants", le livre que j'ai lu récemment et dont je n'ai pas encore su parler, quand la mère de l'adolescent décédé téléphone au père et que sa voix a le timbre de quelqu'un pour qui le monde ne s'est pas encore effondré, comme s'il était dans le passé, comme une faille temporelle entre deux personnes, comme si la temporalité était tordue.
J'ai pensé aux bruits qui n'existent plus. La bouilloire qui siffle et le son étouffé par les quelques portes qui séparaient ma chambre de la cuisine. La tasse de café posée sur la table au petit matin par mon père qui se levait tôt pour voir le jardin s'éveiller. Les anneaux en bois des rideaux qui frottent sur la tringle pour laisser rentrer un peu de lumière du matin. La pompe du thermos lorsqu'il se ressert un café. Le filet d'eau qui éclabousse l'évier lorsqu'il rince sa tasse. La chaudière qui s'allume, l'eau qui passe dans les tuyaux des radiateurs un peu après. Le coq du voisin, ce coq là, à ce moment-là. Il me manque.
Je me demande s'il y a des bruits d'aujourd'hui qui vont me manquer. Ceux de l'ado, très certainement, car je suis à ce moment où je compte avec un peu d'appréhension les années comme des bonus avant qu'il quitte la maison.
Peut-être qu'un jour je serai vieille et hospitalisée, avec la mémoire qui laisse tout filer, et que rien ne me manquera, parce que je ne m'en souviendrai plus et en fait ça me terrorise encore plus.
Ça rend le manque très doux, doux comme un souvenir.
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin (8.2/15)
L’air était tiède, un soleil d’été déjà levé depuis plusieurs heures mais un vent du Nord rafraichissant agréablement l’atmosphère. La petite forme emmitouflée dans le duvet de satin émeraude roula avec plaisir sur le matelas de lierre rembourré, se délectant encore un peu de ce demi-sommeil… avant de s’écraser lourdement sur le plancher.
« Q-que… Hein ? Y-yugo… ? C’est toi ? »
La voix fluette mais encore endormie d’Adamaï fit émerger son frère de la pile de draps emportée dans l’accident, celui-ci massant son crâne vigoureusement.
« O-oui, c’est moi, je -aoutch ! T-tout va bien, Ad’ !
- Tss… » Soupira le dragonnet. « T’es encore tombé du lit, pas vrai ?
- Hey, ne fais pas comme si c’était quelque chose de régulier ! » S’indigna l’autre, qui tentait tant bien que mal de s’extirper des couvertures.
« Ah ouaip ? Il m’semble pourtant que c’est aussi ce qui est arrivé avant-hier ! » On pouvait presque entendre son sourire. « Et le jour d’avant, et celui d’-… !
- C’est bon, c’est bon ! T’as gagné ! » Ricana Yugo.
« J’espère bien ! Et pour gage de ma victoire, j’attends bien un croissant à la confiture, un bol de myrtilles, avec un jus d’o- Humpf ! »
Un oreiller parfaitement ajusté força Adamaï à écourter sa liste d’exigences matinales. De l’autre côté de la pièce, Yugo, qui avait fini de remettre un peu d’ordre de son côté et avait commencé à s’habiller, se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire devant l’état de choc du dragon ivoire. Il comptait descendre aux cuisines quoi qu’il arrive, et ce n’était pas non plus la première fois qu’il jouait les coursiers, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il ne pouvait pas se rebeller un peu !
« Un jus d’orange sanguine - t’inquiète frérot, je te connais, non ?
- Toi… » De la fumée s’éleva des narines bleutées. « Tu vas voir ce qu’il en coûte d’attaquer un véritable dra- !
- Bye, Ad’ ! On se voit tout à l’heure ! »
Un portail plus tard, et le jeune Éliatrope se retrouvait à plusieurs couloirs de leur chambre commune, où il savait que son frère n’aurait pas la motivation de poursuivre leur petite rivalité ; il y avait plutôt fort à parier que celui-ci n’ait préféré se rendormir en attendant le petit-déjeuner. En parlant de nourriture, son ventre se mit à gronder. Il faut dire que le dîner de la veille, plus « végétarien » qu’à l’accoutumée n’avait pas vraiment su contenter son estomac, et ni les entremets de légumes sautés, ni les escalopes d’aubergines braisées ou même les veloutés de mangue servis sur leur trop maigre biscuit, malgré toute leur saveur et délicatesse, n’étaient parvenus à le sustenter. Phaéris et Adamaï, de même que Tristepin, avaient également avalé leur « maigre repas », regrettant plus ou moins vocalement l’absence de viande dans leur assiette. Cependant, Yugo gardait un bon souvenir de cette soirée, car même s’il ne s’été pas agi d’un festin pour sa part… Il avait été rassuré de voir Qilby manger un peu plus qu’à l’accoutumée.
De manière générale, le scientifique était assez avare en termes de quantités. Cela ne semblait pas l’empêcher d’apprécier le fait de manger, et il lui arrivait même d’émettre parfois des commentaires appréciatifs ; fait qui ne manquait pas d’attirer l’attention autour de la table, et qui se faisait, de ce fait, assez rare. Non, le problème venait de la quantité à laquelle son aînée se restreignait : même Amalia et Évangéline, qui prenaient également toutes deux soin de leur alimentation, l’une pour une question esthétique (bien que Yugo la trouvait jolie peu importe son apparence), l’autre pour maintenir son agilité de combattante, avaient des assiettes largement plus garnies ! Une salade, une ou deux tranches de pain de seigle et, si l’humeur y était, quelques cuillérées de l’accompagnement du jour, mais autrement… Par les Douze, on n’a pas idée de se nourrir de thé et de gâteaux secs ! Le régime du savant, au-delà de potentielles aversions en raison de ses « expériences passées », avait sérieusement commencé à inquiéter Yugo. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui en toucher deux mots, quitte à prévoir une nouvelle intervention de force avec Ruel, quand, la veille, la grande coiffe blanche avait fait son entrée dans la grande salle, l’air… détendue. Ses traits arboraient un sourire que l’on aurait pu méprendre pour un rictus, il tenait sa tête plus haute, et sa main ne présentait pas la même agitation nerveuse qu’à son habitude. Un brin surpris par ce changement, le plus jeune n’avait pas hésité à se rapprocher :
« Euh, Qilby ? Pardon, mais… Tout va bien ? »
« Hum ? Ah, bonsoir Yugo. Oui, il n’y a pas de problèmes - pourquoi cette question ? »
« P-pour rien ! C’est juste que tu parais plus… »
« … ? »
Le regard lourd d’interrogation du vieil Éliatrope, davantage dû à la panique du plus jeune qu’au motif même de sa question, força Yugo à préférer s’enquérir de la pluie et du beau temps : son après-midi, ses découvertes et progrès, les éventuelles visites qu’il avait reçues… Le changement n’échappa pas à l’autre, mais il semblait plutôt habitué au malaise que pouvait générer ses interactions et ne s’en alarma donc pas plus que de mesure. Le repas s’était résumé par une discussion sympathique, bien que sans réelle chaleur.
Je me demande tout de même si…
Non !
Qilby n’a… Il est toujours assez réservé et
est encore sur la défensive sur beaucoup de points, mais…
C’était là la source de bon nombre de ses tourments nocturnes. Depuis qu’il avait pris la décision de sortir son frère de sa prison, sa conscience ne cessait d’imaginer chaque conséquence qu’il pourrait en découler… chaque fin inévitable que ses espoirs peut-être un peu trop naïfs avaient débloquée. Dans ses rêves, il voyait le Royaume Sadida réduit à brasier infernal, les cris de ses habitants faisant écho à ceux de ses amis, sa famille, tous périssant de manière tragique. Dans le ciel, d’immenses portails reproduisaient l’assaut des Griffes Pourpres, à la seule différence que ce n’était pas des Shushus qui se déversaient sur les terres des Douze comme une vague de peste noire… Il s’agissait de monstrueuses créatures mécaniques, aux yeux flamboyants et au souffle chargé de souffre. La petite coiffe turquoise était incapable de leur donner un nom, et pourtant, il avait cette étrange impression de déjà-vu, comme si…
Comme si
je les avais déjà rencontrés…
Hum…
Peut-être que Qil-
Qilby, dans ces cauchemars, se tenait debout sur une colline, un plateau, la branche d’un arbre, cela pouvait changer selon les nuits, mais son sourire demeurait identique. Chaque fois que Yugo parvenait à le retrouver, les yeux emplis de larmes et les poumons de rage, le sommant de répondre de ses actes… le savant se retournait, ses amples vêtements beiges contrastant avec ses cheveux bruns-dorés, pour lui offrir le plus doux des sourires. Aucune trace de malice, ses yeux noisette le figeaient alors sur place malgré leur tendresse.
« J’ai peut-être condamné nos vies et nos rêves,
mais je ne supporte plus nos mensonges… »
Yugo le confrontait alors, pointant le paysage de désolation en arrière-plan comme pour appuyer son propos : pourquoi donc en être arrivé à de telles extrémités ? N’y avait-il donc aucun autre moyen pour le savant de communiquer ?! Néanmoins, à peine lui répliquait-il que la posture du scientifique changeait radicalement. Il reculait de quelques pas, ses pupilles se dilataient, ses épaules s’affaissaient et sa main valide venait enserrer son flanc blessé. Le timbre de sa voix muait en ces notes aiguës, désespérées, qui rappelaient que trop bien à Yugo le démon noir et blanc qu’il avait dû affronter :
« La vérité est trop lourde ! »
Il avait bien tenté de poursuivre, de comprendre ce que ces « mensonges » pouvaient receler. Il s’était avancé vers son aîné, l’avait parfois supplié de lui parler, l’avait certaines nuits, même, poussé à combattre, ou encore d’autres fois, lui avait promis qu’il acceptait de « lui pardonner » s’il l’aidait à mettre un terme à cette folie destructrice… Mais aucune de ces réponses n’avait convenu à cette version fantôme, car elle reprenait alors ces mots terribles…
« C’est vous qui m’avez trahi et pas l’inverse…
Frères indignes !! »
… et le rêve s’achevait. Dans les flammes et le sang. De manière brutale pour son esprit, plus ou moins pour son corps selon sa capacité à rester sur son lit. Après plusieurs nuits passées à revivre la même trame, impuissant, Yugo était épuisé ; le seul avantage qu’il en tirait était qu’il pouvait ressentir un peu plus d’empathie pour l’autre, prisonnier de ses souvenirs. Cependant, ces « visions » ne l’aidaient pas à se sentir pleinement serein quant aux chances de repentir du vieil Éliatrope. Il ne se voyait pas se confier à lui, par crainte de briser le semblant de relation qu’il était parvenu à créer, mais il ne lui donnait que peu de temps avant de sentir que quelque chose clochait dans son attitude. Il n’y avait qu’à voir sa réaction lors de leur séance d’entraînement la semaine dernière ! Qilby était capable d’interpréter le moindre de ses mouvements, la moindre de ses expressions : cela ne faisait qu’ajouter plus de crédit au fait qu’il avait vécu plusieurs millénaires à les côtoyer, tout en le rendant par la même occasion impossible à manipuler !
Non !
Yugo ferma les yeux et secoua la tête : il ne tomberait pas dans les travers qui ont pu mener leur peuple à sa perte autrefois ! Il se refusait à user de telles méthodes, indignes d’un roi. De plus, cette méfiance ne risquait que d’aggraver celle de Qilby… S’il souhait un jour pouvoir réunir sa famille, les deux frères allaient devoir faire un pas vers l’autre, et Yugo ne savait que trop bien que son frère était bien plus orgueilleux qu’il voulait bien le laissait paraître. Quoi qu’il ait pu advenir lors de sa précédente existence, ces évènements avaient profondément impacté le scientifique au point qu’il en renie les siens ; c’était donc à lui de faire le premier geste.
Il faut juste que je lui laisse
un peu plus de temps…
Il finira bien par… changer ?
Transformer un être pétri par des siècles d’amertume grâce à de belles paroles, des confiseries et des arcs-en-ciel ? L’idée était risible, mais il se devait de la tenter. De toutes manières, maintenant sorti de la Dimension Blanche, il n’avait plus vraiment le choix…
J’espère juste que
je n’ai pas fait une erreur…
Encore…
Et, plongé dans ses pensées, Yugo descendit vers les cuisines dans l’espoir de trouver un peu de réconfort dans un solide petit-déjeuner.
Les hauts fourneaux crachaient à pleine gorge d’épaisses volutes de fumées, où l’écorce de cèdre rivalisait avec moult épices et parfums fruités, avant de s’échapper par les hautes fenêtres pour allécher les passants en contre-bas. Les larges tables étaient couvertes de sacs de farine et sucre de toutes les variétés, de poêles et marmites n’attendant qu’à sauter sur le feu, les corbeilles d’être garnies de fruits provenant des quatre cardinaux. Dans les étagères, confitures, miel et gelées voyaient les portes s’ouvrir pour se refermer dans une valse chaotique, au grès des petites mains du Palais. Comme d’habitude, à l’aurore, toutes s’étaient éveillées, et bien avant que les plus matinaux des résidents ne songent à ouvrir une paupière, elles auraient déjà préparé la grande salle pour les accueillir par un buffet digne des dieux eux-mêmes ! Comme chaque jour, le martèlement des sandales contre l’écorce et l’entrechoquement des ustensiles pouvaient se faire entendre depuis l’étroit escalier en colimaçon menant aux cuisines. Cependant, lorsque Yugo parvint enfin à sa destination, il fut instantanément choqué par… le silence. En dehors du bruit de fond habituel qui régnait en permanence sur ces lieux, il y manquait…
Pourquoi tout le monde semble
si calme aujourd’hui ?
Serveurs, chefs, assistants : pas un seul cri n’était lancé à travers la pièce, pas une seule remarque, critique, excuse, pas un ragot royal échangé entre deux casseroles ni même une complainte sur un travail trop pénible ou une paye trop basse au détour d’une sauce ! Les théières sifflaient mais aucun marmiton ne donnait la cadence avec un air populaire. L’on aurait pu se croire au cœur d’un rite gastronomique où la parole était bannie par crainte qu’elle ne détériore les plats !
« Hum, excusez-moi... ? » La Sadida à la longue tresse bardée de fleurs sauvages sursauta presque, rattrapant de justesse la cruche qu’elle tenait. « P-pourquoi est-ce que tout est si… « tranquille » aujourd’hui ?
- Ah ! Maître Yugo, c’est vous ! Pardonnez-moi je ne vous avais pas vu ! » Il n’était toujours pas à l’aise avec ces titres jetés à tout va, préférant toutefois s’abstenir de tout commentaire. « Non, tout va bien ! C’est juste que… » La servante se mordit la lèvre.
« Quoi ? Il y a eu quelque chose de grave ? » Il cherchait désespérément son regard.
« Non, non, non ! R-rien de grave ! » Bégaya l’autre. « C’est… Enfin… »
Elle indiqua alors le fond de la salle d’un geste de tête discret, où de larges placards et saloirs avaient été creusés à même le tronc. C’est là qu’il l’aperçut :
« Qilby ?!
- Hum… ? » L’intéressé redressa soudainement la tête en entendant son nom, ce qui s’apparentait à une boite en fer blanc dans la main. « Oh, Yugo : c’est toi ! Déjà debout ? »
En quelques enjambées, le cadet rejoint son aînée, chose assez aisée compte tenue de la distance plus que respectable que les membres du personnel tenaient à garder avec le second. Celui-ci, s’il paraissait toujours aussi désintéressé par son environnement, arborait néanmoins un léger sourire depuis qu’il avait remarqué son frère.
« C’est plutôt moi qui devrais te faire la remarque ! » S’exclama Yugo. « Depuis quand es-tu arrivé ? Comment as-tu seulement trouvé ton chemin jusqu’ici ?!
- Héhé, toujours suspicieux à mon égard, n’est-ce pas ? » Un sourire bien moins sympathique se dessina sur ses traits. « Peur que je vole une recette ancestrale de tarte aux fraises ou décide d’invoquer un golem de guimauve, hein, Yugo ? »
La plaisanterie n’était apparemment, pour filer la métaphore, pas au goût de tout le monde, car plusieurs paires d’yeux alarmés se figèrent subitement sur les deux Éliatropes. Peu importe qu’elle soit tournée en dérision, la menace demeurait bien réelle…
« Ha ! Pas besoin de me faire cette tête, voyons ! » Au moins, le savant n’était pas insensible à la tension ambiante. « Je me suis simplement retrouvé à cours de thé et cette charmante personne s’est proposée pour m’accompagner jusqu’à la réserve ! »
Il désigna alors du doigt un garde dont la face impassible donnait une toute nouvelle définition à « charmant ». Ce-dernier adressa un hochement de tête sec à Yugo en guise de salutations, avant de fixer à nouveau les moindres gestes du scientifique. Le jeune Éliatrope répondit d’un geste de la main gêné. Il ne pouvait pas en vouloir aux Sadidas d’adopter une telle posture face à la large coiffe ivoire, mais il ne pouvait s’empêcher de trouver l’atmosphère pesante… si ce n’est disproportionnée. Après tout, sans sa maîtrise du Wakfu, Qilby ne représentait guère une menace : à première vue, n’importe laquelle de ces lavandières pourrait mettre à terre l’être pluri-millénaire qu’il était.
Enfin, maintenant que j’y pense,
Phaéris et Qilby ont dit que le collier
servait autrefois lors d’entraînements spéciaux…
Notre peuple savait-il donc
se battre sans l’aide du Wakfu ?
Et par rapport à ces créatures dans mes rêves…
Je me demande si…
« Hum, dis-moi Qilby…
- Oui ? » S’enquit l’autre, partiellement absorbé dans sa sélection rigoureuse de biscuits.
« Tu es disponible cet après-midi ?
- Disponible est un bien grand mot. » Ricana l’autre, inspectant une pâtisserie à la prune noire avant de la reposer avec une mine de dégoût. « Je serai présent dans ma cellule jusqu’au souper si c’est que tu souhaites savoir. Donc si toi ou l’un de tes « compagnons » avez besoin d’ennuyer quelqu’un aujourd’hui, je suppose que… »
Il s’arrêta soudainement, ayant senti plus que perçu le changement d’attitude chez son jeune frère. Yugo n’avait pourtant pas bougé, ses traits étaient les mêmes, et pourtant, derrière ses grandes iris noisette, se trouvait un sentiment que Qilby avait appris à craindre… La déception.
Oh Déesse…
« À moins… » Relança-t-il doucement. « À moins que tu n’aies quelque chose d’important à me dire… ?
- Hein ? Je – non ! Enfin, c’est-à-dire que… »
Le plus jeune jeta un coup d’œil nerveux derrière l’épaule du scientifique, qui n’eut pas besoin de le suivre pour comprendre d’où venait l’inconfort de son cadet.
« Pourriez-vous nous laisser un instant ? » Adressa-t-il au garde sans se retourner. « Mon frère et moi-même devons nous entretenir un instant… »
Le Sadida à l’armure de cuir et d’écorce émis un grognement qui devait s’apparenter à un accord quelconque, car le savant tira alors le plus jeune hors des cuisines, ses quelques provisions précautionneusement rangées dans une besace pendant sous sa capeline. Son attitude, si elle continuait à dégager complaisance et agacement envers le monde extérieur, trahissait cependant une nouvelle posture : celle de l’aîné, anxieux.
Très vite, ils se retrouvèrent sous les hautes voutes des corridors, avec, comme ultime destination, la salle-à-manger où le reste des hôtes et invités de marque les y attendraient. Le pas se ralentit, maintenant que le vacarme des fourneaux qui avait repris avec leur départ s’estompait dans leur dos. Seule la marche cadencée du garde escortant le savant les suivait, ce à une distance respectueuse ; assez proche pour garder le prisonnier à l’œil, mais avec la distance nécessaire pour accorder à l’un de leur sauveur la discrétion qu’il désirait.
« Donc… » La coiffe crème croisa brièvement son regard. « Nuit difficile, hum ?
- Une n- quoi ?! C-Comment peux-tu savoir que j’ai- ?
- Allons bon, Yugo… » Rétorqua l’autre, une pointe de fatigue comme d’amusement dans la voix. « Je suis ton.. » Son regard se perdit brusquement et son échine se raidit. Un battement de cil. « Je t’ai côtoyé durant des millénaires. » Il baissa d’un ton. « Tu ne peux pas me cacher ce genre de choses… Tu ne l’as jamais su d’ailleurs… »
Yugo, qui s’était jusqu’alors laissé porter par le mouvement, encore décontenancé par ce début de journée peu banal, s’arrêta en plein milieu de la traverse de bois suspendue. L’autre l’imita, penchant la tête sur le côté en guise d’interrogation :
« Yugo… ? »
Cela ne pouvait pas… Non. Son frère était un manipulateur renommé : feindre la sympathie était parfaitement dans ses cordes. Il l’avait d’ailleurs prouvé à maintes reprises ! Et pourtant, là, sous ces sourcils froncés par une légère inquiétude, derrière cet empressement à l’éloigner d’un lieu bondé au premier signe d’angoisse de sa part… Se pourrait-il que celui qui ne cessait de le repousser dans ses tentatives de réunion… ? Se pourrait-il qu’il demeure encore un peu d’attention ? D’espoir ?
« Je-hum, oui ! U-un instant !» Une brève secousse pour écarter les dernières torpeurs. « J’avais juste besoin d-d’un peu d’air… Ça va mieux !
- Tu en es certain ? » Reprit le savant. « Nous pouvons encore prendre quelques minutes si tu veux.
- Non, non ! On peut y aller : marcher me fera du bien je pense.
- Comme tu l’entends… » Conclut le plus vieux, haussant les épaules avant de reprendre la tête du cortège.
Un bref regard en arrière indiqua à Yugo que le garde avait automatiquement emboité le pas de celui dont il avait la charge. Voyant que ce-dernier l’avait déjà distancé de quelques mètres, il entreprit de le rattraper en faisant appel à un ou deux portails. Une fois à sa hauteur, pourtant, l’autre ne lui accorda pas davantage d’attention, comme si son élan de générosité s’était arrêté à lui laisser un peu plus d’espace. Enfin…
C’est peut-être justement ça… ?
Peut-être qu’il préfère que… j’y aille à mon rythme ?
En s’y attardant davantage, le jeune Éliatrope fut surpris de constater que le scientifique ne cherchait pas à écourter leur temps en commun, comme si cette interruption l’avait froissé, bien au contraire… Son regard n’était pas fixé au-devant de leur objectif, mais errait plutôt sur le décor, une expression neutre. S’il évitait soigneusement de s’arrêter là où se trouvait son jeune frère, il semblait s’être rapproché de lui ; leurs mains pouvant presque se frôler par inadvertance.
Bon, eh bien,
qui ne tente rien… !
« Il y avait d’énormes créatures de métal. » Un raclement de gorge affirmatif se fit entendre sur sa gauche, sans commentaire. « Cette nuit, je veux dire, dans mon r-… Enfin, cauchemar plutôt. Je… J’y ai vu des espèces de géants, mais entièrement faits de métal, et ils avaient c-ces yeux rouges ! Ils tiraient des rayons d’énergie, comme du Wakfu, qui détruisaient absolument tout sur leur passage et je… » Le souffle lui manquait, les ombres de cette nuit revenant à l’assaut de sa conscience. « Je ne pouvais rien faire ! Chaque fois que je créais un portail pour les détourner, i-ils se… Ils se brisaient tout simplement ! Et tout le monde criait, t-tout le m-monde…
-Yugo… » L’autre prit en fin la parole. « C’est fini. Ce n’était qu’un mauvais rêve…
- Mais c’était si réel ! » S’exclama-t-il. « Ces… Ces choses, c’était des Méchasmes, pas vrai ? Comme ceux dont tu parlais ? Comment cela se fait-il que je les ai vu ?! Est-ce que cela signifie qu’ils peuvent… revenir… ?
- Oui, Yugo, d’après ta description, ces « créatures » devaient très certainement être des Méchasmes. Du moins, une version de ceux-ci… » Si différente de ce qu’ils- de ce que nous avons pu être. « Cependant, tu n’as rien à craindre d’eux : le dernier de nos poursuivants, Orgonax, a été détruit à la fin de la seconde guerre qui nous a opposés. En aurait-il été autrement, nous ne serions pas ici pour en parler…
- E-et les autres ? Tu as bien dit « le dernier de nos poursuivants », cela signifie-t-il qu’il y en aurait d’autres qui… qui seraient toujours quelque part, tu sais… là-haut ? »
Enfant -De- L’Étoile Bleue
Nos Route -Aujourd’hui- Se Séparer
Mais -Notre Cœur- Avec Toi -Demeurer-
-
Et -Le Tien-
-Avec- Nous
« Peut-être… » Soupir. « Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas.
- J-je vois… »
« La vérité est trop lourde ! »
« Et si c’était le cas, hum… Tu… Tu aimerais ça ?
- Pardon ?! »
Cette fois-ci, ce fut le tour du savant que de mettre un stop à leur progression.
« Insinuerais-tu que je… ? » Grinça-t-il.
« Non ! Je n’insinue rien du tout, c’est toi qui- humpf… » Yugo ne put retenir un soupir : pourquoi fallait-il toujours se méfier de prétendus sous-entendus cachés ? « Je n’ai pas dit que tu y étais associé ou quoi que ce soit, simplement…
- Simplement… ? » L’autre reprit, suspicieux.
« Tu n’es pas obligé d’avoir le même ressenti que tout le monde ? » Devant l’air ahuri, il s’empressa de préciser : « Ce que j’essaye de dire, c’est que… Je sais pas – tu as l’air de les avoir étudié plus que nous autre ? Donc peut-être que leur disparition ne t’a pas… » Été profitable ? « … fait plaisir ? »
Nul Xélor n’aurait pu suspendre le temps aussi parfaitement qu’il le fut en cet instant. Sans pour autant avoir été introduit dans la discussion, le garde qui suivait les deux Éliatropes avait de lui-même décidé de reculer de quelques pas.
« … Oui et non. » Finit par lâcher Qilby. « Je ne peux pas dire que je ne suis pas soulagé que cette maudite guerre ait pu prendre fin…
- Mais… ?
- Mais. » Regard noir. « Je… J’aurai souhaité… Juste pour… »
« J’aimerai tellement que ça se passe différemment pour une fois…
Mais l’histoire se répète
inlassablement. »
« Ils n’étaient pas tous comme… Lui. » À ses côtés, son poing se serra. « Certains ne méritaient pas de finir ainsi. Nous… Nous ne méritions pas de finir ainsi. » Rire forcé. « Tu sais, je pense que tu aurais aimé les rencontrer lors de leur arrivée sur notre planète, ils… Ils ont voyagé à travers tant de galaxies, avaient tant d’histoire à partager… » Nostalgie. « Non, vraiment, je suis sûr que tu les aurais adorés… »
Yugo n’en croyait plus ses sens : était-ce bien son frère aîné qui lui faisait face ? Le paria égocentrique et malade ? Celui-là même qui, en cet instant, décrivait avec tant de douceur, de bienveillance, un peuple qui avait pourtant réduit le leur en cendres ? Les traits du scientifique étaient détendus, un léger sourire au coin des lèvres.
« P-pas tous comme… Orgonax, c’est ça ? » Tenta-t-il d’approfondir. « E-et je suppose, enfin d’après ce que tu viens d’expliquer, qu’il y en avait des, hum… « des gentils » ?
- Hé, hé, oui bien sûr… Comme pour l’ensemble des êtres vivants : on ne peut se permettre de tirer une loi générale d’un seul spécimen. Tous les Méchasmes n’étaient pas comme Orgonax… » Les iris du savant prirent une teinte plus sombre. « … et tous les Éliatropes ne sont pas les mêmes non plus.
- Et… Et toi, Qilby ?
- Et moi, Yugo ? » Imita l’autre, sur le ton d’une vieille plaisanterie.
« Si on y réfléchit, tu as eu le temps d’observer et de vivre avec les deux… espèces ? Races ?
- Communautés.
- Oui, hum, c’est ça. Donc… » Inspiration. « Est-ce qu’il y en a une que tu, peut-être, préfères ? »
Tu ne penses tout de même pas à… ?
Un parfait irresponsable : voilà ce que tu es !!
Mon frère, tu sais à quel point je t’aime et te soutiens dans tes travaux, mais…
Non ! Tout mais pas ça, Maître !
Qui va nous protéger de la peste ?! Nos récoltes des parasites ?!
Pouvons-nous nous permettre de les abandonner ainsi ?
Pitié… Ne me laissez pas derrière…
Tu veux tous nous condamner c’est ça ?!
Tu es libre de partir, bien sûr…
En as-tu encore seulement quelque chose à faire de nous ?!
Juste…
Réfléchis-y encore un peu, d’accord ?
« Qilby… ? Qilby !
- Hum – hein, quoi ?! » Sursaut. « Oh, pardon, je… J’ai dû me perdre dans mes pensées. »
Devant eux, à quelques enjambées à peine, se dressaient les deux imposantes portes sculptées menant à la grande salle de réception dont s’échappaient déjà des voix familières. Le choix du savant fut rapide :
« Et si l’on remettait cette discussion à plus tard, hum ? Tes amis doivent t’attendre. » Fuyant autant le sujet que son interlocuteur, il tenta malgré tout d’adoucir sa réponse. « Tu as bien dit que tu voulais me voir cet après-midi, non ?
- Je… Oui ? » Répliqua le benjamin, qui n’était pas assez naïf pour ne pas comprendre l’esquive de l’autre. Chaque chose en son temps.
« Très bien, faisons ainsi alors. »
Et juste comme cela, ils firent leur entrée parmi le reste de la Confrérie et de la famille royale, attablé autours de ce qui s’apparentait, comme chaque matin, au plus fastueux des petits-déjeuners.
« Et moi je te dis que c’est un de ses tours machio…machiavil… Enfin un de ses tours !
- Pinpin, tu sais que j’t’aime bien, mais parfois je me dis que tu as reçu trop de coup sur ton crâne de Iop. » Ruel profita de cette pause dans le monologue de l’autre pour se resservir. « Comment veux-tu qu’il puisse jeter un sort alors qu’il porte ce fameux collier magique, hein ?
- J’en sais rien, moi ! I-il a peut-être trouver une faille ? C’est bien ce qu’il sait faire : manigancer, trouver des points faibles, tout ça !
- D’accord, D’accord, mais cela n’enlève rien au fai’t qu’il ne peut pas manier le Wakfu dans son état.
- Tss… De toutes manières, je suis certain que toi aussi, il a réussi à t’envouter ! » Commença à maugréer le guerrier. « Tout comme il a réussi à entrer dans le cerveau d’Eva pour la forcer à aller lui rendre visite ! Je n’sais pas ce qu’il trame, mais laisse-moi te dire une chose : je vais découvrir ce que ce vieux crouton manigance avant de lui donner une bonne raison d’arrêter ses… ses plans… !
- Machiavéliques… ?
- C’est ça ! »
Le mineur soupira longuement devant l’enthousiasme du rouquin, préférant glisser des tranches de brioche à la confiture vers son familier, Junior, qui n’en faisait alors qu’une bouchée. Il aurait bien voulu rassurer son compagnon de voyage quant aux motivations d’Evangéline (il avait d’ailleurs les siennes), mais le problème était, d’une part, qu’il n’en avait pas lui-même connaissance, et de l’autre, que la perspective que d’autres membres de leur troupe aient commencé à se rapprocher du scientifique n’était pas pour lui déplaire. Fut un temps, il se serait peut-être inquiété de cette soudaine empathie pour celui qui avait presque mené leur monde à sa perte. Enutrof savait que ces doutes l’habitaient toujours. Cependant, après plusieurs semaines passées à ses côtés, après tout ce qu’il avait pu voir, entendre, constater… ce qu’il avait pu déduire des non-dits, soutirer des silences et arracher aux mensonges… son opinion s’était, disons, équilibrée.
Pas un bon gars, définitivement.
Mais pas un mauvais bougre non plus…
Quelqu’un qui a beaucoup perdu, ça, c’est sûr.
Tristepin s’apprêtait à repartir dans l’une de ses théories farfelues, Ruel, à prier les Divins pour l’extraire de cette situation, quand il fut exaucé. Les deux battants de la salle-à-manger royale s’ouvrirent, laissant passer deux coiffes familières.
« Ah, Yugo ! Comment ça va aujourd’hui, gamin ? » Se tournant vers l’autre. « Et vous, Doc’ ? C’est rare de vous voir ici-bas dès le réveil ! Vous ne vous êtes pas trop fait mal en tombant d’vot’ lit j’espère ? »
La plaisanterie provoqua quelques sourires dans l’assemblée, mais nul ne portait la trace de la moquerie. Exception faite du Iop, qui préféra conserver son air boudeur. Fait encore plus remarquable, la cible de cette pique se prit au jeu :
« Je vous remercie de votre bienveillance, mais ne vous en faites donc pas pour ces vieux os : j’ai pris toutes les dispositions nécessaires avant de me coucher hier. » Rictus. Retour à l’envoyeur. « Peut-être pourrai-je vous donner quelques conseils à l’occasion pour vous occuper des vôtres… ? »
On put entendre quelques rires étouffés, notamment dû à l’expression outrée mais exagérément dramatique prise par le mineur. Il était clair que celui-ci versait dans le théâtralisme, et qu’aucune rancœur ne serait gardée.
Les deux Éliatropes prient places autours des larges tablées, impatient pour l’un de pouvoir se substanter, l’autre plus intéressé par la compagnie. Nous arrivions à la fin de la semaine, et comme à son habitude, Maître Joris n’allait pas tarder à venir faire son rapport concernant l’état de la Nation « du Bien et de la Justice » - un nom quelque peu provocateur et pompeux avait jugé le scientifique. Il était certain qu’une étude approfondie des comptes de certains nobles bontariens, voire une courte promenade dans les coulisses du palais, seraient toutes deux riches d’enseignements concernant cette soi-disante « justice ». Il avait arpenté ces mêmes couloirs plusieurs milliers d’années auparavant et savait que, derrière ces rideaux de velours, se peignaient les fresques les plus sombres, celles que le peuple n’aura jamais l’occasion d’admirer car leur simple mention risquerait de fragiliser ces vieilles colonnes qui avaient supporté tant de dynasties auparavant. L’huile ne cessait pourtant de s’infiltrer dans la moindre nervure, n’attendant qu’une étincelle pour dévorer forts et cités… qu’un mot interdit pour souffler sur les braises de la guerre. Ainsi, il ne s’aviserait pas d’en débattre avec le messager pour le moment ; ne sachant si sa loyauté à la couronne surpassait son esprit critique, mieux valait ne pas tenter Rushu sur la question des éventuels travers de ses supérieurs. Il se réservait ça pour plus tard, quand…
Plus tard ?
Ha !
Plus tard…
Comme prévu, le petit être encapuchonné finit par faire son entrée, son visage dans l’ombre mais des yeux perçants, qui se mirent immédiatement à détailler la scène qui se présentait à lui. Une habitude très certainement tirée d’une vie militaire, voire d’espion, nota Qilby, une tasse de thé au bord des lèvres. Maître Joris pris un soin particulier à saluer la famille Sheram Sharm, avant que son attention ne se reporter sur le vieil Éliatrope. Celui-ci en profita pour lui rendre un sourire éclatant, ignorant par cela même le regard gêné de son frère. Toutefois, l’autre ne sembla pas prendre ombrage de son attitude, la considérant comme une énième bravade envers ses « geôliers » comme il aimait à le répéter. Car ce que ne savait pas Qilby, ou ce qu’il préférait ignorer, c’est que si son expérience lui permettait de lire ouvertement Maître Joris, l’intelligence et la perspicacité de ce-dernier lui offrait les mêmes capacités…
Hum…
Barbe taillée, cernes moins visibles,
main droite posée sur la table - absence d’agitation nerveuse - ,
s’autorise un brin d’ironie ou de cynisme contre l’autorité,
mais surtout,
assis à côté de son frère.
Pas de tension apparente entre les deux.
…
Eh bien, il semblerait que notre « invité » soit bien disposé aujourd’hui.
Sur ces observations, l’émissaire alla se poster à l’avant de la salle, tirant de son imposant paquetage un parchemin dans lequel il ne manquait jamais de consigner le moindre avancement dans leur quête. Il y tenait également compte des nouvelles envoyées par la Cité-État, et dont il s’apprêtait à faire la lecture… quand il releva la tête, interrogateur :
« Sir Phaéris ne nous a pas encore rejoint ? »
Tous les yeux se dirigèrent alors vers la place vacante aux côtés d’Adamaï, celle-là même que le large dragon turquoise aimait occuper d’habitude.
« Adamaï. » C’était Évangéline qui tentait de couvrir les interrogations vocales de ses camarades. « Vous n’aviez pas d’entraînement matinaux aujourd’hui ?
- Non, non ! On en a déjà fait plusieurs d’affilés et Phaéris m’a même dit hier que je pouvais me reposer aujourd’hui !
- Je confirme ! » Appuya Yugo. « Il était encore avec moi lorsque je suis sorti pour aller aux cuisines ce matin.
- Il est peut-être simplement aller se dégourdir les ailes ? » Proposa Ruel. « Il tourne parfois ‘tours du Palais à l’aube.
- Si c’est ça, on l’aurait croisé avec Rubi’ ! » S’exclama alors le Iop à ses côtés. « On est parti se défouler sur quelques monstres dans la forêt et je l’aurais entendu !
- Oui, enfin, c’est plutôt toi qui a décidé pour nous deux que nous allions découper de pauvres souches innocentes dans les bois, et tu criais tellement fort à chaque coup que je doute fort que tu aies pu entendre un Trool mugir derrière un buisson… » Se permit d’ajouter Rubilax.
Les hypothèses allaient bon train autours de la grande table, au point où même le scientifique, pourtant favorable à ce que Phaéris se tienne loin de lui, ne serait-ce le temps qu’il ne termine ses frugales tartines, commença à s’inquiéter de cette absence. Il était rare que le Puissant fasse preuve d’un tel laxisme… Inhabituel… Anormal. Le script ne suivait pas son cours.
De manière tout aussi surprenante, alors même que le Roi Sadida envisageait de demander à la garde de mander le dragon, la réponse s’incarna dans une voix timide, presque entièrement dissimulée derrière l’imposante jarre de confiture qu’elle portait.
« Messire Phaéris ? » Demanda le domestique. « Il vient à peine de partir, il y a de cela… Une vingtaine de minutes ? Trente peut-être ? Mais nous pensions que vous étiez au courant, Maître Joris, étant donné qu’il s’agit d’un agent de Bonta qui…
- Un agent de Bonta ? » Répéta l’intéressé, visiblement perturbé. « Quel agent ?
- J-je ne saurais pas trop v-vous répondre, Maître Joris, il… C’était u-un agent de Bonta ?
- C’est impossible : aucun agent n’a été détaché de la garnison. Je suis le seul habilité au Royaume pour la durée de cette mission. Un changement, aurait-il dû advenir, j’en aurais été informé.
- E-eh bien… J-je suis vraiment navré, j-je ne savais p-pas que… !
- Mais il vous a donné son identité au moins ? Ou vous ne lui avez pas demandé vous-même ?! » S’impatienta alors le Prince Armand. « À quoi ressemblait-il ? Était-il accompagné ? D’autres personnes l’ont-elles vu entrer et sortir du Palais ?! »
Le pauvre servant tremblait à présent des branches aux racines, persuadé de finir dans les cachots le soir même. Posant une main sur le bras de son fils aîné, le Roi ramena le calme, ce sans que son regard ne perde le sérieux que les évènements avaient projeté sur les gaufres et croissants, désormais délaissés sur leurs plateaux d’argent.
« Méryn… c’est bien cela ? » Le domestique, tétanisé, ne put qu’hocher la tête. « Je suis certain que tu ne cherchais qu’à accomplir ton devoir. Quelques rappels sur les principes premiers de sécurité devront néanmoins être menés, nous sommes bien d’accord ? » Le ton était ferme, mais la bienveillance demeurait. L’autre sembla se détendre. « Maintenant, pourrais-tu raconter, avec le plus de détails possibles, la venue de cet « agent » ? Et plus encore, ce qu’il souhaitait transmettre…»
Le dénommé Méryn, se débarrassant prestement de son chargement sur la table la plus proche, époussetant machinalement son tablier, débuta son récit :
« C-cela devait être le soir où Dame Amalya ainsi que ses compagnons sont revenus de la Foire de la Science. Tout le monde était retourné dans ses appartements, e-et je vaquais aux préparations du d-diner. C’est alors qu’en revenant vers les cuisines, un des g-gardes m’a interpellé : un agent de B-bonta était à ses côtés.
- Comment l’avez-vous reconnu ? » S’enquit Maître Joris, le regard aussi incisif que soucieux.
« I-il portait la t-tunique officielle des envoyés de la Cité ! Bleu et argent ! » S’empressa de préciser le domestique. « Il semblait a-avoir longtemps v-voyagé, couvert qu’il était de boue et de poussière… Mais ce qui était le plus a-alarmant était… » Il ravala bruyamment sa salive. « L-le sang.
- Le… ? Vous vouliez dire qu’il était blessé ?
- Je n’en suis p-pas certain, Princesse, m-mais c’est ce que son état laissait paraître : du sang et des m-marques de batailles sur ses vêtements ! J-j’ai donc dans un premier temps s-souhaité l’escorter à l’infirmerie : p-pour qu’ils puissent l’assister s-si nécessaire !
- Pourquoi se fait-il donc que vous n’y soyez jamais parvenus ? » Reprit Joris. « Nul doute que les Eniripsa auraient pu voir à ces prétendues blessures tout en m’interpellant pour que je vienne à la rencontre de cet émissaire… ?
- J-je ne sais pas ! » Il commençait de nouveau à paniquer. « M-mais il a insisté pour parler a-avec un r-représentant de la Cour ! Il a lui m-même demandé à vous voir, vous, Maître Joris, la famille royale… » Voix étranglée. « … ou Sir Phaéris… »
L’histoire avait beau se dérouler devant eux, les nœuds de ce mystère ne semblaient pas pour autant disposés à relâcher leur étreinte.
« Ce que je ne comprends pas… » Énonça le Prince Armand, une once de nervosité diluée dans la voix. « … c’est pourquoi nous n’avons pas été tenus au courant de sa venue. Pourquoi le mener uniquement auprès de Phaéris ?
- I-il était le seul présent à cet instant ! Et il paraissait si pressé ! » Tenta de défendre le malheureux domestique. « A-après avoir trouvé Sir Phaéris, qui a-arpentait l’aile Ouest, j-j’ai à nouveau insisté pour a-aller visiter l’infirmerie. C-cette fois-ci, le m-messager a accepté e-et je l’ai donc laissé aux gardes q-qui en g-gardent l’accès de nuit ! » Il se prosterna alors contre l’écorce. « J-je suis sincèrement d-désolé de ne p-pas vous avoir averti ! M-mais le sujet s-semblait i-important, e-et vous nous aviez avertis du caractère c-confidentiel de cette m-mission ! Je pensais qu’a-après avoir appris la n-nouvelles, Sir Phaéris é-était directement allé v-vous trouver pour vous a-avertir également ! »
Le voilà qui sanglotait à présent, implorant à demi-mot le pardon de son suzerain, mais aussi de l’ensemble des héros, comme héraults, présents. Avant de murmurer quelques directions à l’une des servantes restées en retrait pour qu’elle puisse raccompagner Méryn dans les branches basses où se trouvaient leurs quartiers, le Roi lui demanda néanmoins :
« Et cette nouvelle… Cette nouvelle de la plus haute importance… Quelle était-elle ? »
Se relevant péniblement avec l’appui de l’une de ses camarades, le Sadida dont le feuillage avait pris une teinte jaunâtre articula :
« L-les praires de M-montay… La bête les a r-ravagées. »
Derrière les regards, à présent emplis de terreur, les interrogations se bousculaient ; une succession de rouages qui tentaient tant bien que mal de s’emboiter, de donner du ressort à cette machine incomplète… incompréhensible.
« C-c’est impossible. » Finit par décréter Maître Joris dans un murmure qui, dans ce silence, résonnait comme un cri. « Le gros de nos forces sont basées dans les régions du Sud… Nous au-… !
Un claquement assourdissant l’interrompit soudain. Un des bancs de chêne venait de s’écraser au sol.
« Q-qilby… ?! » S’étonna Yugo, se massant les vertèbres qui l’avaient suivi dans sa chute. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu… ? »
Mais le scientifique ne l’écoutait plus. Debout, les yeux perdus dans le vague mais pourtant dotés d’un vif éclat, sa mémoire rejouait les scènes de ces derniers jours. Il avait résolu l’énigme.
Hey ! Le Traître !
Le poison contre la créature : quand l’auras-tu terminé ?
Un Nephylis…
Dans une d-dizaine de jours. Je devrai avoir fini dans une dizaine de jours…
J’image certainement, à l’image de certains ici présents, que ceux-ci se sont lancés tête baissée dans la bataille, hum ?
La bête les as r-ravagées.
Or, il s’agit là exactement de ce que la créature désire…
.
Nous ne pourrons probablement pas nous permettre d’attendre plus longtemps.
.
.
Déjà debout ?
C’est plutôt moi qui devrais te faire la remarque !
« Sombre imbécile ! » Hurla-t-il alors devant les Douziens, médusés.
Sans plus d’explication, l’Éliatrope se mit à courir. On pouvait entendre, talonnant de près le claquement de ses semelles, les exclamations surprises accompagnées des ordres de s’arrêter. Il n’y répondit pas, réservant son souffle pour conserver son allure effrénée. Les longs couloirs avalés en quelques foulées laissèrent leur place aux marches dévalées en trois ou quatre sauts. Un instant, il crut remarquer un éclat azuré dans son champ périphérique, très certainement son frère tentant d’ouvrir un portail pour le rattraper, mais son cadet n’était malheureusement pas encore habitué à se déplacer dans un espace aussi réduit…
Lorsque la Confrérie du Tofu, épaulée par Maître Joris, le Prince Armand et une demi-douzaine de gardes finirent par retrouver le scientifique, ils venaient de franchir le seuil du laboratoire improvisé pour les besoins de leur mission. À première vue, celui-ci ne semblait pas différer de l’ordinaire, ce, bien entendu, si ce n’est la coiffe ivoire qui déambulait frénétiquement de paillasses en paillasses, les pupilles sautant frénétiquement de la plus ridicule éprouvette à la plus étrange des fioles. Ses lèvres murmuraient simultanément des termes étranges, certains évocateurs et d’autres issus de langues presque oubliées, tandis que sa main droite s’agitait fébrilement, les doigts se levant et s’abaissant dans une valse mécanique. Il comptait.
« Ha… Qil-… Haaa… Qilby ! » L’interpella Yugo, se remettant de leur course.
L’intéressé hocha la tête.
« Veratrum album : trois onces d’huile. Bien. Poudre de magnésium : un bocal. Ici. Hysopus officinalis : huile fine et macérat. Intacts. Soufre et Chlore : sur l’étagère. Parfait… »
C’était à se demander comment il lui était possible de se déplacer aussi aisément dans cet amoncellement de bois, de verre et de métal.
« Hum, Doc’, avec tout vot’ respect… »
La tentative du mineur fut tout aussi sèchement écartée par un geste agacé. Soudain, alors que le Prince Armand ne s’apprêtait à faire lui-même cesser cette folie, la transe s’arrêta. Son regard venait de se figer sur un présentoir en chêne grossier. Certains des espaces étaient occupés par des instruments, d’autres, des ingrédients attendant patiemment leur transformation, mélange ou encore maturation… Cependant, ce n’était pas tant le matériel présent qui avait saisi le scientifique… mais celui qui manquait.
« Non… Non ! » En deux enjambées, il atteint le plan de travail, écartant notes et rouleaux comme s’ils pouvaient dissimuler l’objet de ses recherches. « Non, non, non ! »
Il avait levé la voix, celle-ci ayant repris les notes aigues trahissant sa frustration.
« Il… Il n’est plus là. » Ses épaules s’abaissèrent. « Il l’a pris avec lui…
- Quoi donc ? » Interrogea Amalia, les yeux ronds de terreur. « Qu’est-ce qu’il se passe enfin ? »
Lentement, Qilby se retourna vers la troupe qui s’était amassée aux portes du laboratoire de fortune. Il paraissait avoir pris dix ans, soit peut-être un millénaire en équivalent Éliatrope.
« L’a-antidote. » Finit-il par déglutir. « Phaéris est parti avec l’antidote. »
~ Fin de la partie 2/3 du chapitre 8
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FAITH LEHANE :
Cette maison me rappelle tellement de souvenirs. Mon tout premier Noël en famille, avec Joyce. La seule et unique femme à m'avoir fait aveuglement confiance. J'ai bien failli la tuer, je n'en reviens pas encore que j'ai menacé de mort la mère de Buffy, alors qu'elle était ma seule et véritable amie. Mon stress grandit à chaque pas que je fais vers la porte. Tant de choses se sont passées depuis la dernière fois que j'ai vu Buffy. J'ai changé, grandi, évolué, mais les souvenirs de notre passé me hantent toujours. J'espère qu'elle me pardonnera pour tout ce qui s'est passé. Mon poing se lève lentement, et je cogne à la porte. Le bruit résonne dans le silence de la nuit, et j'entends mon propre souffle s'accélérer. Les secondes semblent durer une éternité, et j'attends anxieusement que Buffy apparaisse devant moi. Soudain, la porte s'ouvre, et c'est elle. Buffy, debout là, les yeux écarquillés de surprise.
Hey, B Essayant de cacher mon propre émoi derrière un sourire timide. Ça fait un moment. J'ai entendu dire que tu avais besoin d'aide.
BUFFY SUMMERS : Ça ne faisait pas longtemps que j'étais rentrée à la maison. La semaine avait été longue, mais c'était enfin vendredi soir. Les week-ends, comment pourrais-je vivre sans ? C'est les seuls deux jours de la semaine où je peux être libre de mes fonctions de policière. L'autre nuit, j'avais envoyé ma fille, au Bronze, mettre Faith au courant de ce qui était entrain de ce passer à Sunnydale. Je me demandais ce qu'elle en pensait. Malgré notre passif assez agressif, elle est la seule alliée dans cette guerre qui est capable de livrer bataille avec la même force et la même expérience que moi. Je n'ai pas le choix de piler sur mon orgueil et de la faire participer à cette guerre, malgré tout ce qu'elle m'a fait.
Ça cogne... J'ouvre, et devant moi se tient Faith. Mon cœur bat fort, mais je n'arrive pas à masquer ma méfiance. La voir ici, devant ma porte me fait ressentir encore plus cette plaie sur mon front entrain de cicatriser. J'avais eu de la difficulté à vaincre un Turok-Han, un peu plus tôt. Je n'avais jamais rencontré de vampires aussi forts qu'eux. Ils sont presque invincibles et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ne sont pas la plus grande menace, en ce moment. Nous avons la reine des enfers qui veut notre peau et celle de nos enfants sans oublier la grande annonce de @Willow Rosenberg, concernant des tueuses venues tout droit des enfers.
Je ne suis pas contente de la revoir après tout ce temps. Vingt-deux années dans une tombe ont fait remonter beaucoup d'émotions, y compris la rancune envers Faith pour tout ce qu'elle a fait par le passé. Elle s'est invitée dans ma famille, elle a essayé de me voler mes amis, ma vie, de tuer Willow et Alex sans oublier Angel. Cette fille, je la déteste, mais je dois admettre que je suis contente qu'elle soit là.
Faith... dis-je d'une voix froide, gardant mes émotions sous contrôle. Oui, vingt-deux ans pour être exacte. Lui lançais-je sur un ton sèche en hochant la tête sur la gauche. Aurais-tu pu choisir un moment pire pour revenir?
Je m'écarte de la porte légèrement pour la laisser entrer et la suivre dans la cuisine. Faith n'avait pas changé. Sa façon de bouger, de parler... Elle faisait comme si elle était déjà comme chez elle. Mes yeux tournèrent vers le plafond. Je prend place derrière le comptoir de la cuisine en sortant une bouteille de sauvignon blanc et deux coupes de cristal. Si j'ai à affronter une conversation avec Faith Lehane, je vais avoir besoin d'un verre et sans doute que elle aussi.
Oui, j'ai demandé à Aube de te parler des dernières nouvelles. Dis-je en gardant une distance émotionnelle. Mais ça ne signifie pas que je te fais confiance ou que je te pardonne pour tout ce que tu as fait.
Je sens le regard de Faith sur moi et ça me perturbe de la savoir ici, dans ma maison. Je sais qu'elle veut retrouver sa place dans notre équipe, mais je ne suis pas prête à lui accorder rapidement. Le ressentiment est profond, et il faudra du temps pour le surmonter, si c'est possible. Je reste sur mes gardes, ne lui accordant qu'une attention minimale. Je sais que nous avons besoin de toute l'aide possible, mais cette fille, elle me travaille les entrailles. Chaque fois que je croise ses yeux, j'ai envie de lui en mettre une.
La guerre approche, et nous devons nous concentrer sur cette menace. Je suis prête à mettre de côté mes sentiments personnels pour l'instant, mais je ne sais pas si je pourrai un jour te pardonner pour tout ce que tu m'as fait, Faith. La blessure est trop profonde. Je ne crois pas qu'un jour, toi et moi, nous serons amies.
Après avoir versé le vin dans les coupes, j'en fais glisser une devant elle en levant mon verre pour qu'elle puisse le cogner contre le mien. J'ai la quarantaine, je suis capable de faire la différence entre une amie et une alliée. J'ai besoin d'elle dans cette guerre et je veux lui faire comprendre. Je cogne mon verre contre le sien et je bois une gorgée avant de la relancer.
J'ai entendu dire que tu es la nouvelle propriétaire du Bronze. L'ancien propriétaire est disparu, la police de Sunnydale n'a toujours pas retrouvé le corps. Je le sais, parce que j'en fais partie maintenant. Lui dis-je en sortant mon badge, pour regarder sa réaction. Faith était toujours recherchée par la police de Los Angeles. Je voulais qu'elle stresse un peu.
T'en fait pas Faith. Je garderai tes petits secrets.
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Whumptober 27 : Voiceless
Muet, Arsène Lupin
Le reste de la bande venait de sortir, mais Grognard était resté dans la cuisine, tournant autour de la table, inspectant les pots de farine et les flacons d’épices sur les étagères.
« Tu veux quelque chose ? » l’interrogea sèchement Achille, pressé de reprendre l’inventaire des courses à faire.
Grognard leva les mains en signe d’apaisement.
« Non, juste… »
Il n’était pas homme à bégayer et, pour cette raison, Achille se douta de ce qu’il allait demander avant qu’il ne rouvrît la bouche.
« Comment va le patron ? »
Dans le mille.
Achille hésita, mais Grognard appartenait au cercle des plus loyaux compagnons de Lupin et il aurait risqué sa vie pour le patron – Achille l’avait déjà vu le faire. En outre, très honnêtement, Achille était à bout de ressources.
« Il n’a pas quitté son lit depuis avant-hier. »
Grognard grimaça.
« Tu as pu lui parler un peu ? »
Achille secoua la tête.
« Non, il n’a pas ouvert la bouche depuis… depuis. Il ne me répond même pas quand je lui propose à manger, ou que je lui pose des questions sur nos affaires en cours.
– Et tu sais… tu as compris ce qu’il s’était passé ?
– Pas vraiment, à part l’essentiel : que Sonia… »
Grognard opina avec un bruit de commisération.
« Je sais que ça a été violent. Je crois qu’elle a voulu préparer un coup sans le patron, sûrement pour lui faire une surprise, comme elle cherchait toujours à l’impressionner, et qu’elle s’est alliée à une crapule qui l’a… qui…
– Qui s’est débarrassé d’elle pour tout empocher, je suppose.
– Je crois, mais aussi… Je pense qu’il y avait une sorte de vengeance amoureuse, parce que… le patron n’a rien dit, mais d’après ce que… Je crois qu’elle était en morceaux », souffla Achille.
Grognard se laissa tomber sur une chaise. Son visage avait perdu ses couleurs. Leur vie, passée comme présente, occupés comme ils l’étaient à des jeux dangereux en marge de la société, les avait habitués au frisson, au danger et à la violence – même si ne travaillaient pour Lupin que ceux qui ne la courtisaient pas. Mais certaines horreurs ne se concevaient pas et les laissaient sous le choc.
Le silence s’étira.
« Je ne sais pas quoi faire, finit par confesser Achille.
– Il faudrait de l’aide. »
Cette remarque provoqua chez le domestique un ricanement sans joie.
« Et qui pourrait nous aider ? »
Grognard ferma les yeux.
« La vieille Victoire, on pourrait la faire venir, non ? C’est le genre de personne dont on a besoin dans ces situations.
– J’y ai pensé, mais quand j’en ai parlé au patron, il m’a interdit de la contacter. Apparemment, il lui a donné comme mission de s’occuper d’une petite fille dont la mère est malade et il refuse qu’elle s’absente.
– Et on est obligés de lui obéir ? insista Grognard, qui avait toujours été le plus insolent de la bande. On pourrait juste la tenir au courant de la situation : m’est avis qu’elle sauterait d’elle-même dans le premier train… »
C’était tentant, mais peu sage, et Achille se résigna, comme toujours, à exprimer la voix de la raison.
« Le patron est déprimé, pas fou. Je ne vois pas comment on pourrait défendre à ce stade de ne pas écouter un ordre direct. »
Grognard acquiesça sourdement. Puis il releva la tête.
« Et son ami, là, l’écrivain… Il a l’air d’être un brave type, non ? Il n’ira pas le vendre à la police… »
C’était une bonne idée.
« Je connais son adresse à Neuilly, j’ai servi plusieurs fois de chauffeur au patron quand il lui rendait visite…
– Tu crois qu’on pourrait le faire venir ? s’enquit Achille, soudain revigoré à cette idée.
– Il est très surveillé par les roussins, qui le soupçonnent à raison d’être le fameux historiographe qui documente nos aventures. Ça me paraît dangereux de l’amener dans notre planque, surtout à un moment où le patron n’est pas… au mieux de sa forme. Il serait plus facile de conduire le patron jusqu’à lui, ça je sais faire discrètement.
– Et comment on le convainc de monter dans une voiture alors qu’il ne quitte même plus sa chambre ? »
Grognard sourit avec malice :
« Rien de plus facile, on le prend par son point faible : si son ami lui envoie un appel à l’aide, il accourra toujours, quel que soit son état. Or, par chance, l’un d’entre nous est un excellent forgeur, conclut-il avec un regard éloquent pour Achille.
– Tu me flattes », rétorqua ce dernier.
En temps normal, il n’aurait eu aucun espoir de tromper Lupin avec ses maigres talents. Il n’était même pas le forgeur ordinaire de la bande : cet honneur revenait actuellement à Mendès et à Jacques, pour les affaires courantes, tandis que les correspondances les plus sensibles étaient en général gérées par le patron lui-même. Mais les circonstances étaient exceptionnelles et ils n’avaient pas de meilleur plan. Il fit donc signe à Grognard de le suivre en direction de la bibliothèque du rez-de-chaussée, où il prit dans un secrétaire le matériel nécessaire et les échantillons d’écriture appropriés, rangés selon l’ordre alphabétique dans une vaste armoire dont le contenu valait, en secrets d’État et en confessions scandaleuses, plus d’or qu’un coffre de banquier.
Le plan fonctionna très bien, et même extrêmement bien puisque Lupin, qui passa la soirée et toute la nuit chez son ami (lequel, malgré sa surprise initiale, s’était montré généreux en hospitalité et réconfortant comme savent l’être les romanciers, qui trouvent les bons mots pour apaiser la douleur de leurs semblables), rentra le lendemain en pleine possession de ses moyens.
Il voulut naturellement passer un savon à Achille et Grognard, mais tous deux s’en fichaient et ils étaient si soulagés de l’entendre parler à nouveau qu’ils n’écoutaient rien des remontrances elles-mêmes. De toute façon, ils connaissaient bien assez le patron pour savoir que la seule personne contre qui il était réellement furieux, c’était lui-même, pour s’être laissé berner sottement. Dieu sait qu’il avait des excuses, mais on ne devenait pas Lupin sans une obsession du contrôle et de la perfection tout à fait démesurée. Cela lui ferait d’ailleurs le plus grand bien, songeait Achille, de se rappeler que ses complices aussi avaient des talents sur lesquels il pouvait se reposer, et d’accepter leur aide.
#whumptober 2024#no.27#voiceless#arsene lupin#tw violent death#tw graphic violence#tw canon trope of a woman in a refrigerator#maurice leblanc
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Épisode 5
En fin d'après-midi Ray se retrouva dans une salle obscure en compagnie de Sophie. Elle lui lui avait donné rendez-vous devant le cinéma pour voir un film indien , elle l'avait incité fortement à venir voir ce film. C'est l'histoire d'une femme chanteuse qui n'a d'autres choix que de chanter dans des productions de Bombay pour rester libre.
Soit ces femmes enchainent tous les films et elles acceptent les rôles de danseuses tout le long des tournages, soit c'est le silence au sein de la famille car artiste ce n'est pas un métier honorable. Depuis l'indépendance de ce pays peu de choses avaient changé concernant les mœurs, l'actrice devait chanter des histoires d'amour toujours passionnées et éternellement impossibles.
Le film avait conquis la salle et laissé Ray pensif.
A la sortie du cinéma sur le trottoir une bande de jeunes supporters de foot équipés de maillots blanc à rayures verte s'engueulaient à la terrasse d'un café voisin.
Ray prit Sophie par les épaules pour se diriger tranquillement vers le restaurant où il avait retenu une table.
La grande salle avait une splendide et vieille cheminée placée au fond et entourée de décors de faïence montrant des paysages de chasse . La table rustique qu'il avait retenu était uniquement à deux places séparées d'un petit bouquet de fleurs, Ray embrassa tendrement Sophie.
Ils choisirent la choucroute , plat fait maison avec un vin blanc.
En fin de soirée profitant du temps clément ils s'arretèrent un bon moment serrés l'un contre l'autre sur une petite place où se trouve un ancien puit.
Ils rejoignirent l'appartement, assis sur le canapé, Ray posa son verre et ôta d'un doux mouvement la veste de Sophie qu'il suspendit dans le vestibule.
Ray avait mis un vieux disque en route , quelques notes de piano, un peu légères au début se dispersèrent dans le salon, puis la voix à capella, chaude mais nue chantait pourquoi marcher quand on peut voler ?...
Les instruments se joignirent à la voix. Ray observait Sophie ses lèvres semblaient esquisser les paroles de la chanson.
Sophie posa la main sur la cuisse de Ray puis elle lui caressa les cheveux en l'embrassant, Ray répondit par un baiser brûlant, ses genoux se pressaient contre elle , il plongea ses mains dans la chevelure de Sophie. Il avait fait pivoté une de ses jambe et maintenant Sophie était couchée sur lui.
Tout près de son visage Ray murmura :
- Viens dans la chambre...
Après les premiers moments d'excitation et de fébrilité pendant lesquels le couple se caressait et se déshabillait maladroitement pour passer à cette étape délicate ou deux personnes cherchent à s'emboiter l'un dans l'autre en gesticulant l'un sur l'autre dans une mêlée de bras, de jambes, de draps qui se retrouvaient souvent au sol.
En général cela se terminait allongés, essoufflés étourdis de tant d'efforts et de passions.
C'était ce que vivaient Sophie et Ray ensembles depuis peu de temps.
Ray écoutait respirer son amie sur un rythme lent, il pensa qu'elle s'était endormie profondément.
Au petit matin ils s'installèrent dans la cuisine pour boire un café. Sophie prit une douche rapidement; elle avait un rendez-vous professionnel, elle était en plein enregistrement d'un morceau de piano .
Ray devait se rendre au commissariat comme d'habitude.
* * *
Après avoir fait la liste de ce qu'il voulait acheter, Gabin se dirigea vers le centre commercial. Depuis quelques jours il avait pris la décision de disparaître, il avait pesé le pour et le contre pendant un bon bout de temps avant de se décider . Il devait donc impérativement changer d'air dans les prochains jours.
En prenant l'escalier mécanique, Gabin relisait sa liste en vérifiant qu'il ne manquait rien. Quittant l'escalator, il fit des achats pour l'équivalent de quelques smic. Gabin avait acheté pour s'habiller de la tête aux pieds, plus un sac de voyage, il avait décidé de se faire livrer le tout à domicile.
Gabin se dirigea vers le marché couvert pour acheter des champignons, des courgettes et des tomates. Il avait la ferme intention de reprendre une tranche de foie et de l'agrémenter avec ces légumes.
Il prit une religieuse au chocolat et une boule de pain de seigle chez le boulanger.
Il regagna doucement son domicile tout en flânant d'un pas léger, content de partir de ce quartier de cette ville aussi.
Quitter le pays, il y réfléchissait sérieusement.
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Pâtisserie Thérapie - Emily Prentiss
Masterlist
Résumé : Emily a beaucoup de choses en tête mais elle sait qu'elle peut compter sur toi pour le remarquer et l'aider à se sentir mieux.
Warnings : se passe pendant la saison 12 donc mention de Reid en prison, hurt/comfort, dites-moi si j'en ai loupés d'autres.
Nombre de mots : 1.9k
Version anglaise
Chanson qui m'a inspiré : Sweet Nothing par Taylor Swift
Encore dans son bureau au BAU, Emily finit son dossier sur l’enquête que l’équipe vient de résoudre, les yeux fatigués. Elle lutte du mieux qu’elle peut pour avoir la force de reprendre le dossier de Reid quand elle aura fini. Cependant la fatigue continue à prendre le dessus quand elle se met à bailler fortement. Emily arrête d’écrire et ferme les yeux tout en s’étirant, espérant faire partir l’épuisement. Quand elle pense avoir récupéré assez de force, Emily reprend son stylo et continue sa phrase. Quand elle la termine, quelqu’un frappe à son bureau. Sans relever la tête, elle invite la personne à entrer. En entendant la voix de Rossi, elle porte son attention sur son collègue.
-Tu as bientôt fini ?
-Presque. Je dois finaliser quelques passages, informe-t-elle en pointant le dossier.
-Tu pourras vite rentrer te reposer, alors.
-Non, je veux regarder le dossier de Reid.
En entendant l’information d’Emily, Rossi soupire avant de se rapprocher de son bureau.
-Emily il est vingt-et-une heure passée. Je croyais que tu devais passer la soirée avec Y/N.
-Je lui ai dit que je rentrerais plus tard, précise Emily et Rossi lui lance un regard appuyé. Quoi ?
-Tu devrais rentrer.
-Et je vais le faire. Je veux essayer de trouver une piste pour aider Reid.
-Ecoute, je veux Reid en dehors de cette prison autant que toi, mais tu ne lui seras d’aucune aide si tu t’endors sur son dossier. Va retrouver ta femme chez toi et repose toi. Ainsi, tu pourras mieux travailler, ordonne David en posant sa main sur son épaule.
-Certes mais…
-Pas de “mais”. Crois-en mon expérience. Finis ce dossier et rentre, insiste-t-il.
-Je le ferai, finit par céder Emily en soupirant.
-Passe une bonne nuit, Prentiss.
-Toi aussi, Rossi.
Quand Rossi est parti, Emily ne perd pas une seconde et reprend son rapport. Le point final posé sur le papier, elle jette un coup d'œil au dossier de Reid sur son bureau puis à la photo de vous deux. Elle veut écouter le conseil de Rossi, mais elle veut profiter de chaque seconde pour aider son ami. Toutefois, quand elle baille à s’en décrocher la machoire, elle doit admettre qu’elle a besoin de se reposer. À contrecoeur, elle éteint sa lampe de bureau, prend ses sacs et quitte le bâtiment.
Sur le chemin, elle fait attention en conduisant, consciente de son niveau de fatigue. En arrivant enfin chez vous, Emily soupire de soulagement. Dans l’ascenseur, elle s’étire la nuque tout en regardant son téléphone. Quand elle ouvre la porte de votre appartement, un sourire prend place sur son visage pendant qu’Emily pose ses sacs au sol. Tu es dans la cuisine fredonnant le refrain de Eternal Flame par The Bangles, Emily te rejoint et en se rapprochant de toi, elle te trouve en train de finir de préparer des pâtes fraîches. Emily passe ses mains autour de ta taille et pose son menton sur ton épaule. En la sentant, tu sursautes légèrement avant de tourner la tête vers elle. Tu l’embrasses chastement et te concentres à nouveau sur tes pâtes.
-Tu es à la maison plus tôt que prévu.
-Rossi m’a convaincu de quitter le bureau.
-Rappelle-moi de lui envoyer un message pour le remercier et en même temps le réprimander. Je voulais que tout soit prêt quand tu arrives, expliques-tu en souriant.
-Ce n’est pas grave. Qu'est-ce que tu cuisines de bon ?
-Pasta alla carbonara alla Rossi, t'exclames-tu en tentant un accent italien. Je sais, j'ai mal prononcé, ajoutes-tu alors qu'Emily se retient de rire.
-C'était adorable, affirme-t-elle en t'embrassant la joue. Tu as besoin d'aide ?
-Non, je tiens trop à ma cuisine pour ça.
-Hey, je suis pas si mauvaise que ça ! s’offusque Emily en te chatouillant.
-Tu t’es améliorée, je dois l’admettre, dis-tu en continuant à couper les pâtes. Tu as le temps d’aller prendre un bain et de te mettre dans des vêtements plus confortables. Allez, va ! ordonnes-tu en la poussant dans la direction de la salle de bain.
Quand elle réapparaît dans la cuisine, tu viens juste de finir de cuisiner. Les cheveux d’Emily sont mis dans un chignon et elle est vêtue d’un legging avec un de tes tee-shirts. Elle s’installe à table pendant que tu mets les pâtes à la carbonara dans les assiettes. Au même moment où tu poses le plat sur la table, Emily te sert un verre de vin avant de s’en servir un également.
Pendant votre repas, Emily te pose des questions sur ta journée. Tu lui parles de ta classe et des phrases que tes élèves de six ans ont pu te dire, Emily rigole à certaines d’entre elles. En continuant de discuter, tu remarques qu’elle fait tout pour éviter de parler de sa journée, mais tu ne dis rien. Tu sais qu’Emily a besoin d’un peu de temps avant d’expliquer les horreurs dont elle a été témoin sur le terrain. Imaginant que cette affaire n’a pas été facile, tu la distrais jusqu’à la fin de votre repas.
Quand vous avez débarrassé la table, tu devines au visage d’Emily qu’elle n’est pas près de s’endormir, malgré sa fatigue. Son cerveau est trop actif pour lui permettre de se reposer. Tu lui fais un sourire compatissant avant de prendre sa main dans la tienne. Emily sourit à ce contact.
-Tu veux qu’on fasse des muffins ?
Avec ta phrase, Emily comprend ce que tu sous-entends : “tu veux qu’on patisse pendant que tu dis ce que tu as en tête ?”
C’est une habitude que vous avez naturellement mise en place. La première fois que vous avez fait de la “pâtisserie-thérapie”, comme dit Emily, c’était au début de votre relation. Cela faisait un mois que vous étiez ensemble et comme ce soir, l’affaire avait été dure émotionnellement. En rentrant, elle t’avait retrouvée en train de faire une charlotte aux fraises. Elle t’avait aidé avec le peu de connaissance en pâtisserie qu’elle avait tout en te disant ce qu’elle ressentait. La séance de pâtisserie avait fini dans les larmes, mais Emily s’était sentie mieux. Par conséquent, c’est vite devenu votre tradition et actuellement, Emily a besoin de beaucoup de “pâtisserie-thérapie”.
Après avoir sorti les ingrédients, tu commences à préparer les muffins alors qu’Emily commence à peser les ingrédients avant de te les tendre quand tu en as besoin. Au début, Emily reste silencieuse, elle est perdue dans ses pensées. Tu le remarques tout de suite, car elle ne t’entend pas la première fois que tu lui demandes de te passer la farine. Tu lui laisses encore quelques minutes avant de poser la question fatidique.
-Tu veux parler de ce que tu as en tête ?
-Il faudrait plus que quelques muffins pour déballer tout ce qui me tracasse.
-Heureusement qu’on a une journée de repos en commun demain. Pour une fois. C’est ta dernière affaire c’est ça ?
-Elle a été dure, oui. À chaque fois que je pense avoir tout vu, un nouvel UnSub me prouve le contraire. On pourrait croire que je suis habituée maintenant, mais ce n’est pas le cas. J’ai beau tout faire pour garder une distance émotionnelle, parfois, c’est vraiment compliqué, avoue-t-elle, le regard triste en te tendant le sucre et la levure.
-Il n’y pas que ça, ajoutes-tu et Emily évite ton regard pendant une seconde.
-Je n’arrête pas de penser à Reid. On a beau chercher, on n’arrive pas à trouver une piste qui pourrait prouver que c’est l'œuvre de Scratch. Si Spencer arrivait à se rappeler ce qui s’était passé dans ce motel, ça pourrait sûrement nous aider. Et puis, j’imagine Spencer en prison et à quel point ça doit être compliqué et ça me fend le cœur. Il doit sortir de cette prison et je dois t’avouer que je me demande si on arrivera à le faire sortir cette année.
-Vous trouverez ce dont vous avez besoin pour l’aider, Emily, affirmes-tu en posant ta main sur la sienne.
-Je l’espère. En tout cas, je ne vais pas me reposer jusqu’à ce qu’il soit parmi nous à nouveau.
-Em’, n’oublie pas de te ménager.
-Il a besoin de mon aide, contredit-elle fermement. Je devrais faire plus pour l’aider, j’ai l’impression de ne pas faire assez.
-Ce n’est pas le cas et au fond de toi, tu le sais. Tu as fait tout ce que tu as pu et toi et ton équipe continuez à l’aider. Mais Emily, tu dois te reposer. Tu ne pourras pas l'aider efficacement si tu es morte de fatigue. Je sais que durant la nuit, tu ressors son dossier quand tu n’arrives pas à dormir, confesses-tu et elle te regarde avec les sourcils froncés. Le parquet grince quand tu quittes le lit, ajoutes-tu en rigolant légèrement avant de mélanger ta préparation. Emily, je suis sûre que vous trouverez une solution pour Spencer. Vous êtes la meilleure équipe du BAU, peu importe si je suis objective ou non en disant ça, le fait est que vous allez réussir à prouver son innocence. J’ai confiance en vous. J’ai confiance en toi. Et ne doute pas de tes compétences, tu es une bonne chef de l’unité, déclares-tu en la regardant droit dans les yeux.
-Tu me connais depuis trop longtemps, se plaint Emily faussement alors que tu bats les blancs en neige.
-Et côtoyer autant de Profilers est aussi très utile. Mais je suis sérieuse, Em’. C’est vrai que tu dois gérer pas mal de choses, les enquêtes, les nouvelles responsabilités en tant que chef, le dossier de Reid avec Scratch, c’est beaucoup de pression et c’est normal de se sentir submergée, mais ne pense pas que tu n’as pas les compétences pour gérer tout ça. Je te connais et s’il y a bien une personne qui peut s’en occuper, c’est bien toi.
-Tu as toujours les bons mots. Heureusement que tu es là, sourit-elle en te tendant le chocolat en petits morceaux. Sans toi, je ne pourrais pas me nourrir comme il faut.
-Je sers qu’à ça ? questionnes-tu, faussement outrée en mélangeant à nouveau.
-Non, je n’aurais jamais pu rêver meilleure femme. Avec toi, j’arrive à être vulnérable sans me sentir mal donc merci, dit-elle doucement en t’embrassant.
Emily beurre les moules puis tu les remplis avec ta préparation. Tu mets les muffins dans le four pendant qu’Emily met le minuteur, non sans voler le fond de pâte qu’il reste dans le bol. Vous mettez les affaires dans le lave-vaisselle avant de vous asseoir sur le canapé. Le dos d’Emily se retrouve contre ta poitrine et tes bras sont autour de son corps. Vous restez dans le calme et profitez de la présence de l’autre. Parfois, tu lui murmures des mots doux, tu veux t’assurer que son esprit est libre de tout ce stress avant de s’endormir.
Quand le minuteur sonne, tu invites Emily à aller se coucher dans le lit pendant que tu sors les muffins du four. Tu les laisses refroidir et tu vas te mettre en pyjama. Quand tu es prête, tu vas dans votre chambre pour demander à Emily si elle souhaite un ou deux muffins et quand tu la vois profondément endormie, tu souris. Tu t’assures que toutes les lumières sont éteintes et que la porte est bien fermée avant de faire un détour dans la cuisine. Tu prends une petite assiette et tu y places un muffin puis tu vas retrouver ta femme dans votre lit. Tu poses l’assiette sur sa table de nuit et tu t’allonges de ton côté. A peine installée, les bras d’Emily trouvent le chemin autour de ta taille. Tu la rapproches de toi, embrasses le sommet de son crâne avant de fermer les yeux, la respiration régulière d’Emily t’endormant.
Masterlist
{Ceci est mon blog secondaire donc je répondrai aux commentaires sous le pseudo @marie-sworld}
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Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 - Notre programme du week-end
Ce weekend au Salon de la Culture Pop a proposé comme chaque année une immersion totale dans l’univers captivant de la culture japonaise, des séries emblématiques et des légendes du cinéma. Voici un aperçu des événements proposé. Continue reading Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 – Notre programme du week-end
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Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 - Notre programme du week-end
Ce weekend au Salon de la Culture Pop a proposé comme chaque année une immersion totale dans l’univers captivant de la culture japonaise, des séries emblématiques et des légendes du cinéma. Voici un aperçu des événements proposé. Continue reading Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 – Notre programme du week-end
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De Livvy à Julian
Cher Julian,
Tu peux voir les fantômes mais tu ne peux pas me voir. Tu ne me vois pas quand je viens m’asseoir à côté de toi pendant ton sommeil. Non plus quand je suis dans les mouvements des ombres sur la pelouse, ou derrière un rideau qui s’agite. Tu ne m’entends pas, même si je m’adresse à toi parce que j’ai besoin de te parler.
Je veux te parler de Ty.
Il était là. Nous étions là.
Tu ne sais pas que nous étions là.
Kit le sait.
Reprenons depuis le début.
Ty dit que tu aimes les surprises. Ty n’aime pas les surprises, mais toi, si.
Il étudie les Portails, comment les ouvrir, comment les fermer. Il faut un sorcier. Mais Ty étudie et il s’améliore. Il voulait venir te voir et Ragnor a dit qu’il aiderait.
Nous voulions venir te voir.
Ty avait prévenu Emma, mais il lui avait demandé de ne pas te prévenir, pour que ce soit une surprise.
Nous sommes donc arrivés ensemble.
Un fantôme traverse un Portail comme n’importe quel Chasseur d’Ombres. Je ne le savais pas. C’est drôle, non ?
Moi, j’ai trouvé ça drôle.
Le Portail s’est ouvert dans la cuisine.
La cuisine est jolie. Je ne suis qu’un esprit coincé entre le monde et le néant, mais je trouve que tu as très bien choisi la couleur des murs. Tu as toujours su ce que tu faisais avec les couleurs.
En plus de la couleur, qui était une surprise mais pas une mauvaise, il y avait une autre surprise dans la cuisine. Kit.
Kit était dans la cuisine. Il portait cette veste qu’il aime bien, avec le col en peluche. La lumière du soleil entrait par la fenêtre et l’éclairait.
Ty s’est complètement figé. Je me suis moi-même presque figée. J’avais déjà vu Kit, évidemment. Je lui rends visite parfois. Mais puisque je ne m’attendais pas à le voir, c’était saisissant à quel point il avait changé depuis le temps où il vivait avec nous à l’Institut. Il a l’air plus vieux, et plus grand. Plus musclé. Il se déplace comme un Chasseur d’Ombres maintenant. Gracieusement. Il est magnifique.
J’ai entendu Ty inspirer comme jamais auparavant. Comme s’il avait le souffle coupé, comme s’il avait reçu un coup qu’il n’avait pas vu venir et qu’il essayait et essayait de respirer, mais qu’il n’y arrivait pas.
- Ce n’est pas comme ça qu’on nettoie un pistolet, a-t-il murmuré.
Désolée, j’aurais dû le préciser avant. Kit nettoyait un pistolet. Pourquoi y aurait-il un pistolet chez toi ? Blackthorn Hall est comme une pierre. Quand on la retourne, on trouve plein de choses en-dessous. Cette fois, il y avait un pistolet en-dessous.
Kit est devenu plus pâle que n’importe quel fantôme que j’ai pu voir. Il a laissé tomber le pistolet sur le plan de travail. Et il n’a rien dit. Je me demande s’il se demandait ce que je me demandais. Je me demandais comment Ty avait appris à nettoyer un pistolet. Comment il en savait assez pour dire que quelqu’un d’autre s’y prenait mal.
Peut-être qu’il ne savait pas quoi dire, alors il a simplement dit ça.
Ensuite, ils se sont dévisagés.
Le temps ne passe ni vite ni lentement là où je suis. Et pourtant c’était assez long pour que j’aie l’impression que le monde entier disparaissait, comme si plus rien d’autre n’existait que Kit et Ty qui se regardaient.
- Tu ne devrais pas être là, a lâché Kit.
Il ne m’a jamais parlé comme ça. Avec une voix si froide. Il avait mis les mains dans ses poches. Il avait les épaules en avant, comme s’il se montrait agressif, mais je voyais ses mains dans ses poches, toutes nouées. Je me demande si Ty le voyait aussi. Les doigts de Kit qui creusaient et creusaient dans la paume.
Mais Ty ne regardait pas Kit. Il regardait par la fenêtre derrière lui. J’entendais les oiseaux, et les sons calmes de l’Angleterre, et la respiration de Ty.
- De combien de temps penses-tu avoir besoin pour me pardonner ? a-t-il demandé.
Kit s’est tourné vers moi. Il avait l’air dépité, comme si j’avais su d’une manière ou d’une autre qu’il serait là et avait préparé tout ça. Mais ce n’était pas le cas.
- Je ne sais pas, a-t-il répondu.
- Mais pas maintenant, a soufflé Ty de la voix la plus faible.
- Non, a énoncé Kit. Pas maintenant.
Il n’y avait donc plus de raison de rester.
Peut-être y avait-il une raison. Peut-être que c’était les mains de Kit qui se broyaient, jusqu’à ce que je croie entendre les os se briser comme des cœurs.
Mais Ty ne pouvait pas voir ça. Ty souffrait. Je me suis approchée de lui, l’ai enveloppé dans mes bras, l’ai serré pendant que nous retraversions le Portail. J’étais triste. J’avais très envie de te voir, Jules. Mais Ty avait besoin de moi avec lui.
Si tu rêves de ça, tu sauras peut-être que nous étions là chez toi. Je suis désolée que nous ne soyons pas restés.
Julian, je ne sais pas quoi faire. Kit manque à Ty plus qu’il ne pensait que quiconque pourrait lui manquer. Il lui manque autant maintenant que le jour de son départ. Ty l’aime autant. Je pense qu’il l’aimera toujours et ça me fait peur.
Kit a l’habitude de n’avoir besoin de personne, mais Ty a besoin des gens. Il a peur d’avoir besoin d’eux, mais c’est seulement parce qu’il en a tellement besoin. Il ne va pas arrêter d’avoir besoin de Kit. Je ne sais pas si Kit aura toujours besoin de Ty. Mais Ty aura toujours besoin de lui.
Irene te passe le bonjour. Je lui apprends à faire la morte.
Je t’aime.
Livvy
Texte original de Cassandra Clare ©
Traduction d’Eurydice Bluenight ©
Illustration de Cassandra Jean ©
Le texte original est à lire ici : https://secretsofblackthornhall.tumblr.com/post/693299956246790144/livvy-to-julian
#secrets of blackthorn hall#cassandra clare#cassandra jean#sobh#julian blackthorn#the shadowhuter chronicles#tsc#livvy blackthorn#kit herondale#ty blackthorn#kit x ty#irene
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Flufftober 2024 : Jour de marché
4 octobre
Jour de marché (Market day)
Napoléon Solo & Illya Kuryakin (Des agents très spéciaux)
Ni Napoléon, ni Illya ne savaient cuisiner.
On le voyait bien à leurs notes de frais: il s'y enchaînait un nombre infini de dîners dans de grands restaurants, de déjeuners dans les aéroports dans l'attente d'un transfert, de goûters pris avec la jeune femme qui les avait aidés. Et puis, quand ils n'étaient pas en mission, il y avait encore l'excellente cafétéria de l'U.N.C.L.E. Lorsqu'il était en vacances, Napoléon continuait de manger presque systématiquement au restaurant. Souventes fois, à l'occasion des visites qu'il lui faisait, Illya l'avait vu déguster des huîtres alors que c'était un jour tout à fait ordinaire – il les avait évidemment fait apporter.
Le jeune Russe, pour sa part, savait mettre le contenu d'une boîte de conserve dans une casserole ou étaler du beurre sur un sandwich. Il ne fallait pas lui en demander davantage. Cependant, l'affaire de l'omelette de la Cité du Silence semblait lui avoir donné des idées. Peut-être qu'il avait fini par réaliser que sa gourmandise serait beaucoup mieux servie s'il se cuisinait lui-même de bons petits plats, au lieu de manger toujours la même nourriture tiédasse, mal assaisonnée, répétitive, lorsqu'il ne travaillait pas.
Illya avait commencé sa carrière à l'U.N.C.L.E comme un agent distant, professionnel, inexpressif et mystérieux, dont on était bien en peine d'imaginer les activités quand il rentrait chez lui le soir. Au fil du temps, son amitié sincère avec Napoléon lui avait fait révéler un caractère plus doux, plus facétieux, et il traînait maintenant son partenaire avec lui dans une petite sélection de ses activités.
« Pourquoi devons-nous nous trouver dehors à une heure aussi indécente, se plaignit la voix de Solo dans l'air matinal, alors que nous sommes en repos et que c'est dimanche !
-Parce que le dimanche est le jour du marché, Napoléon, rétorqua tranquillement Kuryakin en prenant un poivron rouge dans sa main. Si je dois attendre que tu te réveilles, l'événement sera presque fini et tous les meilleurs produits seront partis depuis longtemps.
-Tu m'avais dit qu'il y aurait des filles pour me tenir compagnie pendant que tu discutes avec tous ces campagnards.
-Il y en a. Des campagnardes. Elles n'ont peut-être pas l'âge des femmes que tu invites au restaurant d'habitude, mais je te connais bien. Tu as toujours eu un faible pour les dames mûres. »
Illya s'éloigna vers des bacs remplis de pommes de terre et fut surpris d'entendre des pas traînants le suivre. Napoléon, ses lunettes de soleil bien en place devant la lumière de ce matin pur et bleu – accalmie bienvenue avant les saucées prévues dans l'après-midi –, qui se déversait à flot sur la place, levait le nez en respirant les odeurs du marché. Son pantalon coûteux et son caraco de laine jaune à boutons tranchaient terriblement avec son environnement, les vantaux maintes fois reprisés des étals et les feuilles de laitue abîmées sur le sol, mais il semblait commencer à apprécier la balade. Il se colla aux pas de Kuryakin et l'observa tandis qu'il discutait de la provenance d'une grosse truite avec le poissonnier, étudiait les feuilles sur les bottes de poireaux et humait le parfum des pommes.
Quand ils repartirent du marché vers neuf heures, l'agent américain avait à la main un sachet plein d'olives aux épices que son ami lui avait achetées pour l'occuper. Kuryakin sourit en voyant la scène; on aurait dit un enfant qu'il avait contraint à l'accompagner dans une longue, pénible et ennuyeuse affaire d'adulte.
« J'espère que je vais avoir l'occasion d'assister à la sublimation de tout ce que tu as acheté, exigea Napoléon tandis qu'ils remontaient la rue.
-Pourquoi ? Tu as contribué à l'achat ? le titilla Illya avec un sourire de pur contentement.
-Oh, Illya! Ne sois pas si pingre, allez ! Je te promets de passer un coup de nettoyage dans ton appartement, où tu voudras ! »
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nom: Warly
age: jai oublié
gender: cheum
sexuality: tapette
Warly est un personnage déblocable du DLC Shipwrecked (2560 points d'expérience sont nécessaires pour l'obtenir). C'est un chef cuistot avec des goûts culinaires fins, sa voix est doublée par un tambour métallique.
Warly commence avec une mijoteuse portative qui peut cuisiner les même recettes que la mijoteuse classique ainsi que 4 recettes qui lui sont exclusives: les patates douces soufflées, le tartare monstrueux, la crêpe de fruits frais et la bouillabaisse de moules. La particularité de cette mijoteuse portative est qu'elle peut être mise dans l'inventaire, le personnage peut donc cuisiner où bon lui semble sans besoin d'établir un camp fixe.
En plus de ceci, il possède aussi un sachet de chef qui préserve les aliments (de la même façon que le sac isotherme) plus longtemps. Il peut en fabriquer d'autres avec 1 tissu et 1 corde sans machine scientifique, mais ces deux ingrédients nécessitent au préalable un prototypage à l'aide de la machine scientifique.
aime: ma maman, cuisiner pour mes copains, essayer des choses nouvelles, mon sachet de chef très stylé, ma Mijoteuse portative
n'aims pas: la famine, les plats sans assésonements, la france
pouvoirs: la cuisine
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