#Une voix en cuisine
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direct-actu · 10 months ago
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PARIS MANGA 17 Mars 2024 - Conférence Kaamelott : plongez dans l'univers délirant de la série avec Aurélien Portehaut.
Aurélien Portehaut lors de la Conférence Kaamelott s’est montré très modeste, il est toujours surpris de la réaction des fans. Selon lui, les seuls vraies personnes à saluer sont Alexandre et les quelques créatifs de la série. Les comédiens, avec tout le respect qu’il leur porte, n’ont fait qu’apporter quelques éléments à la série, sans vraiment être à l’origine de ce génie. Continue reading…
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levoleurdimages · 10 months ago
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PARIS MANGA 17 Mars 2024 - Conférence Kaamelott : plongez dans l'univers délirant de la série avec Aurélien Portehaut.
Aurélien Portehaut lors de la Conférence Kaamelott s’est montré très modeste, il est toujours surpris de la réaction des fans. Selon lui, les seuls vraies personnes à saluer sont Alexandre et les quelques créatifs de la série. Les comédiens, avec tout le respect qu’il leur porte, n’ont fait qu’apporter quelques éléments à la série, sans vraiment être à l’origine de ce génie. Continue reading…
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sofya-fanfics · 14 days ago
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Le repas de Noël
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Fandom : Ranma ½
Relationship : Ranma x Akane
Voici ma participation pour le 2024 12 Days of Christmas Challenge pour le prompt : Festin.
J’espère que ça vous plaira.
Résumé : Ranma passa à côté de la cuisine. De drôles de bruits se faisaient entendre. Les cris et les coups lui faisaient penser à un champs de bataille. La voix de Kasumi arrivait à franchir ce capharnaüm.
« Fais attention, tu viens de mettre du vinaigre. »
Ranma avala difficilement sa salive. Akane s’était enfermée dans la cuisine tout l’après-midi. Elle avait même collé un papier sur la porte avec écrit dessus : « Interdiction d’entrer ! ». Seule Kasumi avait eu le droit de rester.
Disclaimer : Ranma 1/2 appartient à Rumiko Takahashi.
@12daysofchristmas
AO3 / FF.NET
Ranma passa à côté de la cuisine. De drôles de bruits se faisaient entendre. Les cris et les coups lui faisaient penser à un champs de bataille. La voix de Kasumi arrivait à franchir ce capharnaüm.
« Fais attention, tu viens de mettre du vinaigre. »
Ranma avala difficilement sa salive. Akane s’était enfermée dans la cuisine tout l’après-midi. Elle avait même collé un papier sur la porte avec écrit dessus : « Interdiction d’entrer ! ». Seule Kasumi avait eu le droit de rester.
Depuis le début du mois de décembre, Akane regardait des films de Noël, avait décoré le dojo et avait acheté des livres de cuisine qui proposaient des recettes de Noël. Dans la matinée, elle avait demandé à Kasumi si elle pouvait utiliser la cuisine. Elle s’était mise en tête de leur faire le repas de Noël. Elle voulait faire comme dans les films qu’elle regardait où la famille se réunissait à la fin pour le repas de Noël. Personne n’avait voulu lui faire de la peine, mais tous redoutaient le résultat. Même si elle se donnait du mal, Akane n’arrivait même pas à faire cuire du riz.
Ranma fut sorti de ses pensées lorsqu’il entendit un violent coup de couteau sur la planche à découper en bois.
« Mince, dit Akane. J’y suis peut-être allée un peu fort. »
De la sueur coula le long de la nuque du jeune Saotome. Il espérait que des morceaux de bois ne seraient pas mélangés aux légumes. La porte de la cuisine s’ouvrit et Kasumi sortit.
« Akane a bientôt finit, dit-elle en souriant. Tu viens te mettre à table. »
Ranma acquiesça et la suivit, regardant une dernière fois la porte de la cuisine.
******
Toute la famille était assise autour de la table. Akane arriva quelques minutes plus tard, installant les différents plats. Elle plaça ensuite le plat principal qui était tellement lourd que la table faillit céder sous son poids. Ranma regarda le plat avec suspicion. Normalement dans un repas de Noël le plat principal était censé être une dinde. Le résultat final ne ressemblait pas vraiment à une dinde.
« Ça m’a l’air… Délicieux, dit Soun. »
Il avait un sourire crispé et de la sueur perlait sur son front. Même Happosai ne semblait pas rassuré.
« Tiens papa, dit Akane en lui tendant une assiette. C’est toi qui aura la première part.
-C’est gentil Akane, mais… Ranma est ton fiancé. C’est lui qui devrait avoir la première part. »
Ranma lui lança un regard noir. Traître, pansa-t-il. Akane se tourna vers lui et lui tendit une assiette avec un immense sourire.
« Tu veux goûter Ranma ? »
Il dut se mordre la langue pour ne pas lui répondre :
« Non, merci. »
Elle le regardait avec ses grands yeux adorables et il se vit dans l’incapacité de refuser. Il prit l’assiette d’une main tremblante, sous les regards anxieux de toute la famille. Il goûta un morceau et sentit quelque chose de dur sous ses dents. C’était un morceau de la planche à découper. Il avala avec grande difficulté. Il lâcha l’assiette et se sentit partir en arrière. C’était tellement mauvais qu’il crut qu’il allait perdre connaissance.
« Ranma, tu exagères ! Dit Akane. Ce n’est pas si mauvais. »
Elle avait dû avoir goûter un morceau, car Ranma l’entendit s’exclamer :
« C’est infect ! »
Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu qu’il tombe amoureux d’une aussi mauvaise cuisinière ?
Fin
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petit-atelier-de-poesie · 3 months ago
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Deux voix et une plume
D’origine multiculturelle, ma grand-mère avait élaboré au cours de sa vie tout un répertoire de proverbes et de dictons qui ponctuaient la conversation. Ainsi elle commentait chaque événement de formules à la fois philosophiques, poétiques et pragmatiques. Il y avait là quelque chose de l’expression et de la transmission, une langue maternante autant que maternelle, allant de soi à l’autrui, et de l’écoute au mot d’esprit. 
            « Alors ma ‘tite fille, y parait que t’y es amoureuse ? Bah un nouveau balai, ça balaye toujours bien, hein ? mais faut essayer plusieurs manches avant de trouver le bon balai. C’est sûr, on n’est pas fait pour vivre seul, et chaque casserole a son couvercle. Encore faut-il avoir envie de cuisiner ! Moi ça fait longtemps que je mange froid, pasque dans la vie y’a des choses bien plus importantes à faire que la cuisine et la vaisselle. Alors ne laisse pas tes casseroles briller plus que toi.  Tu verras, l’amour c’est comme le loto, tu prends un sac, tu mets tous les hommes dedans, tu secoues, et le premier qui sort… bah il est comme les autres ! Et moi je dis qu’au jeu de l’amour et du hasard, le perdant est tout nu, et le gagnant est en haillons. Regarde-toi, t’y es jolie comme un cœur d’artichaut ! Et regarde-moi, j’avais des jambes à faire trembler Hollywood… bah y'a pas eu beaucoup de dégâts ! Et pourtant, quand je ne serais plus là, vous aurez perdu la plus belle plume de votre chapeau ! »
Elle n’est plus là mais je garde précieusement la plume qu’elle a laissé, pour écrire. 
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lilias42 · 1 month ago
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5 : en train de faire une activité récréative (spa, cuisine, jardinage, etc…)
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Cours de cuisine avec Lamine ! Mercedes est ravi de pouvoir cuisiner avec son ancêtre, et Léonie a réussi à tirer Bernadetta jusqu'au réfectoire, même si cette dernier a peur de la difformité et des serpents de la Brave, surtout vu toutes les histoires qu'on raconte autour d'elle dans l'Empire avant qu'elle ne se fasse convertir qui la décrive comme un monstre empoisonnant tout ce qui l'entoure mais, au fur et à mesure de la leçon, elle arrive à sortir car ce qu'elle raconte l'intéresse et que Lamina est très patiente, même si elle est très stricte sur la sécurité.
Comme vous l'avez sans doute deviner, il s'agit de la Brave de Lamine et l'ancêtre de Mercedes directement arrivé du passé pour découvrir sa descendante, Lamina, Brave de la Guérison !
Pour ceux qui arrive en cours de route, petit point de contexte ! Dans ma fanon, il y a deux générations de Braves : la première génération entièrement composé de sorciers (l'ancêtre de la magie actuelle qui est bien plus puissante mais est aussi très dangereuse et déforme le corps de ceux qui lui survive à vie) venant de peuples différents tout juste arrivé à Fodlan après le Déluge de Sothis pour vaincre les agarthans. Ils sont de très bonnes personnes et qui ont plusieurs miracles à leurs actifs pour aider leur peuple (ex : Lucius Fraldarius Pertinax, Brave de l'eau dont le peuple débarque de Sreng, a rendu l'eau du lac éternellement pure et elle ne peut pas porter de maladie ; Kelon de la tribu Rieganos, venant à l'origine d'une cité des côtes de l'Almyra actuel, a fait en sorte que les vents dans la baie de Derdriu soit toujours favorables...). Ils ont reçu l'emblème de force après avoir été vaincu par Némésis qui les tuent à petits feux, et qui vont être tué par l'armée adrestienne qui pense qu'ils sont des alliés de Némésis par erreur et manipulation des agarthans. La deuxième génération est composée de leurs enfants, des humains normaux mais nés avec un emblème majeur, qui rejoigne Némésis pour se venger des adrestiens qui ont assassinés leurs parents, tout en ayant pour but ensuite de passer Némésis au fil de leurs Reliques étant donné que c'est lui qui a refilé l'emblème qui les empoisonnait lentement à leurs parents. ça permet d'expliquer pourquoi d'un côté, les Braves sont présentés comme ayant rejoints Sothis (1ère génération) avant de la trahir (2e génération), les parents et les enfants ont été fusionnés au fil du temps et de la tradition.
Si le surnom sous lequel elle est le plus connu actuellement est la Voix Guérisseuse, elle n'aime pas tant chanté que ça. Elle peut utiliser sa voix pour guérir les autres grâce à sa sorcellerie mais, elle s'en sert surtout pour attaquer, notamment pour manier son poison. Quand elle chante, le poison qu'elle secrète se disperse dans l'air et va infecter ses ennemis qui meurt souvent très vite à cause de ses toxines très puissantes. Elle ne voulait pas associer quelque chose qu'elle aimait à un outil de mort alors, elle a pris la chanson comme moyen d'atteindre ses cibles (un peu l'inverse de Pertinax : il adore chanter mais quand il se bat, il est très silencieux pour ne pas associer sa voix à la mort). En plus, ça permet de prévenir l'ennemi qu'elle est dans le coin et que s'il veut continuer à vivre, il doit s'enfuir très vite vu qu'il ne survivra pas à sa toxine.
Sa véritable passion, c'est plutôt la cuisine ! Elle adore cuisiner de bons petits plats et tester de nouvelles recettes alors, dans le futur avec autant de nouveaux ingrédients, elle ne va pas se gêner et régaler tout le monde ! En plus, on est vers la fin de sa vie alors, il n'y a plus trop de risque à ce qu'elle s'approche des autres.
En effet, étant donné que sa magie consiste à la base à pouvoir soigner et qu'elle est médecin, elle a aussi dû apprendre tout ce qui avait un lien avec les poisons, n'importe quel remède ayant une part de toxicité s'il est mal utilisé. Elle peut également "absorber" les maladies et les blessures en elle afin de soigner les autres, son immense capacité de régénération lui permettant de guérir extrêmement vite (même une décapitation ne la tuerait pas tellement son corps se régénère vite et s'est renforcé pendant 1000 ans, et il faut passer ses écailles avant). Cependant, à force de travailler là-dessus, une des fiertés qui est apparu en elle est la capacité à produire des toxines qui ne lui font rien à elle mais, qui sont mortels pour à peu près tout ce qui l'entoure. Son sang notamment est un poison mortel pour à peu près n'importe quoi, même d'autres sorciers du même âge qu'elle et même des nabatéens auraient du mal à l'encaisser. Pendant une grande partie de sa vie, elle dégageait ces toxines en permanence et ne pouvait approcher personne par sécurité, à part en utilisant constamment ses pouvoirs pour contenir le poison, ce qu'elle ne peut pas faire en permanence à cause de la concentration que ça demande. Au fil du temps, elle a pu mieux contrôler cette fierté et peut désormais retourner auprès des autres sans risque, sauf si vraiment elle se met dans une colère noire.
Elle profite donc de ça et du voyage dans le temps pour pouvoir s'approcher de sa descendante et de ses amis de Garreg Mach, même si elle est consciente d'être très effrayante mais, c'est une personne gentille et altruiste, même si elle ne plaisante clairement pas sur la sécurité, qui a vite su les mettre (entendez Bernadetta, je voie bien Léonie et Mercedes être très cool avec le fait de parler à une femme serpent, et c'est surtout dans l'empire qu'on efface tout l'aspect difforme qui est censé être la marque de leur barbarie qui disparait une fois convertis, là où dans la tradition faerghienne et leicester, les fiertés restent et sont même des éléments importants dans la représentation des Braves).
Petit point conception :
Brave de la guérison et du poison oblige, j'ai pas mal basé ses fiertés sur un serpent, que ce soit avec ses grosses écailles ventrale sur sa gorge, sa peau recouverte d'écailles plus petites, ou ses iris en amande comme celle d'une vipère (même si ça se voie peu). Elle a aussi deux crochets à venin dans sa bouche qui se rétracte comme ceux d'un serpent. J'avais aussi pensée lui faire avoir un corps de femme jusqu'à la taille puis une long corps de serpent histoire de pousser le délire des fiertés qui vont avec son âge, elle a quand même 1 000 ans... puis j'ai vu la forme lumineuse de la fille bourrée dans FEH et j'ai compris que ce n'était PAS une bonne idée. Elle garde donc ses jambes. Par contre, son nez s'est aplati avec le temps et ses oreilles ont pratiquement disparu, encore une fois comme un reptile.
Elle a aussi des serpents dans les cheveux un peu comme Méduse, même si c'était surtout pour rajouter des fiertés, et renforcer l'aspect effrayant. Ses serpents pouvant être très long, elle s'en sert pour récupérer des objets léger loin d'elle, lui servir d'yeux supplémentaire (même si c'est avec une vision de serpent), tâter l'air grâce à leur organe de Jacobson / voméronasal (organe qu'elle a aussi dans sa bouche avec une langue bifide), et effrayer l'ennemi, encore une fois parce qu'elle n'a pas envie de tuer des gens si elle peut les faire s'enfuir, elle a pas que ça à faire de ses journées et elle veut surtout soigner les gens. Ils n'ont pas d'autonomie propre mais, ils sont utiles, comme dans le dessin où ils restent proches de la nourriture pour vérifier tout le temps si elle ne l'a pas empoisonné par accident.
Pour ses quatre bras, c'est une fierté qui est très pratique : vu qu'elle ne pouvait pas se faire assister dans son travail quotidien à cause des toxines qu'elle dégageait (même quand elle donne une potion à quelqu'un, elle fait toujours attention à purifier tout ça par prudence et ne pas empoisonner les autres, et elle doit aussi y penser quand elle doit faire une chirurgie si ses pouvoirs ne suffisent pas). Elle a donc tenter de développer ses pouvoirs pour avoir des bras en plus et a réussi vu que ça ne se contredisait pas avec sa sorcellerie de base.
Enfin, ses habits sont basés sur cette reconstitution de vêtements féminins daces exposée lors de l'exposition temporaire "La frontière inconnue de Rome : Celtes, Daces, Sarmates et Vandales au nord du bassin des Carpates" en 2012-2013 au musée Musée celto-romain de Manching en Allemagne. Pour son pendentif, je me suis basé sur ce bracelet. Même si ce n'est pas très sérieux de se baser sur Wikipédia, cela m'a un peu dépannée pour le coup, surtout que la photo est plutôt bien sourcée pour une fois. Et pour son nom... comment dire... déjà que c'est la croix et la bannière de trouver un nom thraco-dace masculin vu que la Dacie s'est romanisé très vite (j'utilise cet article comme référence), autant à ce niveau-là que culturellement - vu ce que Trajan leur a mis, tu m'étonnes -, et que je me suis mis à cette évènement assez tard, j'ai pas encore fait beaucoup de recherche sur Lamine... je suis allée au plus simple, le nom de sa famille était son prénom car tout le monde se disait "fille de Lamine" et le nom s'est juste "fodlanisé" en remplaçant le A final par un E.
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daisydesetoiles · 3 months ago
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Flufftober 2024 : "Comment t'es habillé ?", "C'est le jour de la lessive !"
15 octobre
« Comment t'es habillé ? », « C'est le jour de la lessive ! » ("What are you wearing ?", "It's laundry day !")
Ophélie & Octavio (La passe-miroir)
Ophélie demeura déconcertée sur le pas de la porte d'Octavio lorsqu'elle vit ce que Seconde portait. C'était une sorte de tunique courte à fleurs, avec en plus un short de lointaine station balnéaire et enfin, un collant noir en-dessous. Ça n'avait aucun sens.
L'adolescente, bien sûr, n'en avait cure. Elle fonça joyeusement à travers la maison, salua la nouvelle venue d'un mouvement de main, sa chaîne en or se balançant entre son sourcil et son nez. Après quoi, elle écarta la moustiquaire et sortit dans le jardin, effrayant du même coup une volée de perroquets.
«Seconde ! l'appela la voix d'Octavio depuis la cuisine. Quand je t'ai dit que tu pourrais m'aider à ranger tout ce qui traîne, ce n'est pas exactly ce que j'avais en tête ! »
Il s'interrompit net en découvrant son amie, dont l'écharpe était en train de balayer les plumes d'aras qui avaient pénétré dans le hall d'entrée. Ophélie haussa davantage les sourcils d'étonnement, sans pouvoir s'en empêcher. Les vêtements d'Octavio avaient encore moins de logique que ceux de sa sœur : une blouse boutonnée jusqu'en haut, une veste par-dessus et le pantalon qu'il portait au conservatoire de la Bonne Famille. Celui qui, normalement, n'était assorti qu'à une redingote bleu nuit et des bottes ornées d'ailes d'avant-coureur. Spontanément, l'Animiste lança un :
« Comment t'es habillé ?
-C'est le jour de la lessive ! se défendit Octavio en rangeant sa bouteille de produit pour les vitres dans la poche de sa blouse. »
Comme ils s'étaient jamais dit au revoir du temps où leurs vies étaient incertaines et compliquées, ils ne se souhaitaient jamais le bonjour non plus. Cet écart à la politesse était également dû, cette fois, dans le cas d'Ophélie, à la mine totalement déboussolée de son ami. Octavio n'avait certes pas l'habitude de devoir choisir ses propres vêtements et ceux de sa sœur : autrefois, Babel possédait un code extrêmement stricte en ce qui concernait les accoutrements de chacun. Comme il n'était plus question de faire de distinction entre les différentes nationalités de l'ancienne arche, les Babéliens ne se vêtaient plus systématiquement de toges colorées selon leur rang dans la société. Ophélie voulait bien croire que toutes celles de Seconde et d'Octavio étaient au sale, mais était-ce une raison pour paniquer et s'affubler de choses n'ayant même pas de rapport avec la météo ?
« Même moi qui ait tendance à porter la première robe me tombant sous la main, je n'aurais jamais combiné autant de pièces différentes, admit-elle en se laissant tomber sur le canapé de son ami. Tu veux de l'aide pour ta lessive ?
-Well, si je me souviens bien, tu n'es pas la meilleure en ce qui concerne les tâches ménagères, fit valoir Octavio en venant s'installer à côté d'elle. Mais peut-être as-tu une ou deux robes à prêter à Seconde.
-J'ai bien peur que non. Mon petit frère et mes petites sœurs me dépassent déjà d'une bonne tête et je suis toujours plus grande que Seconde. Mais, en ce qui te concerne…
-… Oui. Je crois que je vois perfectly où tu veux en venir. »
Octavio et elle avaient exactement la même taille et pratiquement la même silhouette. Les redingotes de la Bonne Famille ne laissaient pas beaucoup de place aux rondeurs de toute façon, il n'aurait aucun mal à porter la sienne.
« Merci, soupira le Visionnaire en se passant la main dans les cheveux. J'avoue que ça me dépannerait énormément. Du côté de l'habillement, je préférais clearly comme c'était avant !
-Ne t'inquiète pas, sourit Ophélie tandis que l'écharpe se posait sur son épaule. Je demanderai aussi à Thorn de te montrer comme on entretient une maison. Le recours aux automates pour les tâches de haute nécessité uniquement a dû vous porter préjudice. »
Octavio réussit, sans qu'elle sache trop comment, à lui retourner un regard déconfit et en même temps un petit sourire.
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from-derry · 11 months ago
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Voici enfin la tant attendue annexe de la vie quotidienne. C’est en réalité la première partie de l’annexe concernant Derry et de ce fait l’une des plus importantes. Elle pose vraiment les bases du lore.
Quelques petites précisions importantes avant d’entamer votre lecture :
- c’est un premier jet ! Compte tenu du nombres de questions qui trouvent leur réponse dans cette annexe, nous la publions maintenant.
- Elle sera sujette à changements, réorganisation, ajouts jusqu’à l’ouverture du forum.
Vie quotidienne
La vie à Derry est résolument tournée vers la survie de la communauté. On organise le quotidien autour de tâches utiles, voire essentielles au bon fonctionnement général. Il est attendu que tout le monde participe à l’effort collectif.
Technologie :
L’eau courante et l'électricité sont présentes à Derry, sans que personne n’en connaisse l’origine. 
Il n’existe aucun moyen de communiquer avec le reste du monde. Internet, le réseau téléphonique, la radio, rien ne semble fonctionner à Derry. Parfois, si on joue avec les stations de radios, il peut vous sembler entendre des voix ou de la musique, mais c’est bien souvent très fugace. 
A l’intérieur de Derry, les communications par talkie-walkies fonctionnent, pour peu d’avoir du matériel fonctionnel. Chaque leader de groupe de la communauté en possède un qui permet de communiquer entre la ville et la maison en cas d’urgence. 
Il arrive que certains objets électroniques s’animent seuls sans que personne n’y touche. Les lumières s’allument aussi parfois seules... ou s’éteignent. Les habitants ont pris l’habitude de l’ignorer. 
À Derry, l’utilisation des appareils électriques modernes est assez aléatoire. Parfois cela fonctionne, parfois pas du tout, sans qu’aucune logique ne se démarque. Il n’est pas toujours possible de recharger ces derniers. 
Nourriture et repas : 
Les habitants de Derry vivent en autonomie complète et ne peuvent consommer que ce qu’ils trouvent ou produisent. Les épices se font rares, de même que les sucreries, le café ou tous vivres de la sorte. Les habitants produisent par contre de l’alcool artisanal, pas toujours très bon, mais efficace. Il est fait souvent à partir de pomme de terre ou de maïs. On y distille aussi de l’excellente eau de vie à partir de la production de fruits. 
Au centre bourg, les repas sont traditionnellement servis au diner et il est de coutume d’aller manger le matin afin de partager avec le reste de la communauté. En journée, le diner est ouvert à tout le monde pour un café ou une collation. Il est possible, pour les habitant·es du centre bourg de venir le soir prendre à manger à emporter pour celles et ceux qui ne cuisinent pas. 
A la maison commune, les repas sont pris en commun et préparés à tour de rôle par les résident·es selon un calendrier pré-établi. Il n’est pas obligé de manger ensemble, mais les repas sont souvent partagés entre la cuisine, la salle à manger et le salon en fonction des conversations. 
Locomotion :
S’il y a des voitures à Derry, on ne trouve pas d’essence autre que celui provenant des véhicules échoués dans la ville. On s’y déplace principalement à pied ou à vélo. Les véhicules fonctionnels sont réservés aux urgences. 
Santé et hygiène :
L’accès aux médicaments est aussi strictement régulé. Ces derniers sont une denrée particulièrement rare. Il arrive parfois à un habitant chanceux de découvrir au hasard de ses promenades une trousse de secours. Pour la majorité des soins, il faut compter sur le savoir collectif qui se transmet au fil des générations et de la formation des nouveaux soignants. Les produits d’hygiène et de soin sont principalement produits par les herboristes. 
Saison et rythme de vie :
La vie de Derry est principalement dictée par les saisons et l’heure à laquelle le soleil tombe. Ainsi, la période hivernale est plus morne que l’été. Les sociabilités se font et se défont au fur et à mesure des saisons. 
Le temps d’activité ne s’organise pas en horaire de bureau, mais en fonction des besoins ou de la demande. Certains rôles sont plus demandeurs que d’autres. A quelques exceptions comme le travail d'élevage, il est rare qu’on occupe toute la journée son poste, c’est plus souvent en demi journée qu’on s'organise. 
Moeurs générales :
Derry vit coupée du monde et de son évolution générale. L’arrivée de nouveaux habitants dans la ville donne toujours la mesure du temps qui est passé, plus que n’importe quelle technologie devenue obsolète. On peut évaluer le temps vécu à Derry à la mentalité de chacun·e. 
Talisman :
Il est de coutume d’accrocher près de l’entrée principale un talisman. Celui-ci est gravé dans le bois, la pierre ou dans un bout de poterie. On y reproduit des symboles dont personne ne connaît le sens exact. La croyance est qu’il empêchent les créatures de passer par l’entrée protégée. On ignore s’ils ont un véritable effet. Personne à Derry ne sait qui a trouvé ou inventé les talismans, mais ils sont en place depuis toujours, semble-t-il. Personne ne s’est risqué à sortir avec un talisman autour du cou la nuit pour s’assurer qu’ils étaient réellement efficaces. Difficiles à reproduire, ils s'abîment rapidement, se brisent assez souvent lorsqu’on fait cuire la poterie et trouver des pierres suffisamment grosses et non friables pour les graver est souvent compliqué. Ils sont donc rares et considérés comme précieux. 
Sanctions :
Il n’existe pas de lois à proprement parler à Derry, outre la convention du partage des biens. Les shérifs des années passées ont néanmoins instauré deux sanctions. 
Construite devant l’ancienne poste, il y a une boite où l’on enferme les habitants durant une nuit pour les punir d’un petit délit. Ceux-ci sont laissés à l’appréciation du shérif en place. De mémoire actuelle, la boite n’a pas été utilisée. Les crimes (comme le meurtre) sont punis par le bannissement - cela équivaut à une peine de mort puisque sans talisman, personne ne survit longtemps dans les bois entourant Derry.  
Cachettes :
Dans les rares cas où l’on se retrouve dehors à la nuit tombée, il existe quelques cachettes connues des habitants. D’un confort rudimentaire, elles ne sont à investir qu’en cas d’extrême urgence et ne garantissent pas une aussi bonne protection que les habitations.  
Confort de vie :
De nombreux objets du quotidien en dehors de Derry manquent ou se font rares. Le plus souvent, c’est le système débrouille qui prime. On recycle beaucoup, on reprise énormément et on tire les machines jusqu'à ce qu'elles rendent l'âme.
Armement :
Les armes à feu sont interdites à Derry, du moins en principe. Il y en a quelques unes à dispositions chez le Shérif et sous contrôle d’Isidro à la maison commune, mais il est admis que sauf raisons particulières il n’est pas autorisé d’en posséder. Bien sûr, il est toujours possible de contourner la règle et d’en dissimuler mais si on découvre la vérité, gare aux conséquences. 
Relations centre-bourg / maison commune :
Les relations entre la maison commune et le Centre-bourg sont dans l’ensemble plutôt bonnes. L’ouverture de la maison commune a laissé néanmoins des traces dans la mémoire de Derry que l’on peut retrouver aujourd’hui. Les habitant·es de la maison commune ont tendance à rester ensemble, si bien que lorsqu’ils descendent en ville dans les lieux communs, on peut ressentir une sorte de réserve mâtinée de méfiance. Les habitant·es du Centre-bourg ont toujours l’impression artificielle qu’on vient piquer dans leur garde-manger. C’est notamment grâce au chassé-croisé des activités dans les différentes communautés que l’ambiance reste agréable malgré tout.
Éducation :  
La ville compte très peu d'enfants, l'école ne possède donc qu'une classe unique. On y apprend à lire, écrire, compter ainsi que les connaissances pratiques pour survivre au quotidien à Derry, comme faire son savon, planter des graines, raccommoder ses vêtements, etc. 
Animaux :
On trouve quelques animaux à Derry et plusieurs cas de figure. Certains sont arrivés avec leur propriétaire dans la ville. Certains apparaissent de façon inconnue. Il est possible de les attraper et de tenter de les domestiquer. Le bétail est assez limité : quelques vaches, quelques chèvres, quelques cochons, quelques poules. 
 Concernant le gibier, on trouve principalement de petits animaux sauvages : lapins, oiseaux, lièvre, faisan, etc. Le grand gibier existe mais se fait plus rare. Il faut souvent s’enfoncer loin dans les bois pour le débusquer et cela n’est pas sans risque. 
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ernestinee · 4 months ago
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Je me posais des questions cette nuit sur le bruit, ou plus précisément sur les bruits et ce qu'on en fait, dans notre cerveau et dans notre cœur. Je me suis réveillée avec le bruit de la chatière et d'un couvercle de Pringles frotté sur le sol par mon chat. Et quand je dis "mon chat" je ne parle pas de Nougat, qui est surtout à l'homme, ni d'Oreo qui est surtout à l'ado, ni de Muffin, qui n'appartient qu'à lui-même. Ils sont tous les trois incapables d'ouvrir une chatière, si bien que j'ai dû mettre du collant pour la maintenir ouverte, et ils sont pragmatiques au point de ne jouer qu'avec des jouets de chats, et certainement pas avec des couvercles de Pringles. Non, j'ai rêvé de ces bruits et ça m'a réveillée, j'ai rêvé de ces bruits propres à Félix et à sa petite routine de nuit, qui était d'aller dans sa litière, puis trouver un couvercle de Pringles, jouer deux minutes avec et venir le déposer près de moi, avant de se lover contre mon ventre pour se rendormir, et ronronner à en faire vibrer le matelas, les murs et mon monde tout entier.
Maintenant j'ai trois chats qui se bastonnent aux pires heures, quand ça ne sert plus à rien d'essayer de se rendormir. L'ambiance est différente.
Bref il y a comme ça des bruits qui n'existent plus qu'à l'intérieur de nous. Ça m'a fait penser à "Réparer les vivants", le livre que j'ai lu récemment et dont je n'ai pas encore su parler, quand la mère de l'adolescent décédé téléphone au père et que sa voix a le timbre de quelqu'un pour qui le monde ne s'est pas encore effondré, comme s'il était dans le passé, comme une faille temporelle entre deux personnes, comme si la temporalité était tordue.
J'ai pensé aux bruits qui n'existent plus. La bouilloire qui siffle et le son étouffé par les quelques portes qui séparaient ma chambre de la cuisine. La tasse de café posée sur la table au petit matin par mon père qui se levait tôt pour voir le jardin s'éveiller. Les anneaux en bois des rideaux qui frottent sur la tringle pour laisser rentrer un peu de lumière du matin. La pompe du thermos lorsqu'il se ressert un café. Le filet d'eau qui éclabousse l'évier lorsqu'il rince sa tasse. La chaudière qui s'allume, l'eau qui passe dans les tuyaux des radiateurs un peu après. Le coq du voisin, ce coq là, à ce moment-là. Il me manque.
Je me demande s'il y a des bruits d'aujourd'hui qui vont me manquer. Ceux de l'ado, très certainement, car je suis à ce moment où je compte avec un peu d'appréhension les années comme des bonus avant qu'il quitte la maison.
Peut-être qu'un jour je serai vieille et hospitalisée, avec la mémoire qui laisse tout filer, et que rien ne me manquera, parce que je ne m'en souviendrai plus et en fait ça me terrorise encore plus.
Ça rend le manque très doux, doux comme un souvenir.
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eduardtny · 7 days ago
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Au-delà des Ombres : L’Histoire d’un survivant
Au-delà des Ombres : L’Histoire d’un Survivant
Introduction
“La vérité fait mal. Mais plus que cela, le silence peut être un fardeau que l’on porte toute sa vie. J’ai grandi dans l’ombre d’un parent qui, au lieu d’être un soutien, est devenu la source de ma plus grande douleur. Ce livre n’est ni un jugement, ni une vengeance. C’est simplement mon histoire – une vérité que j’ai choisie d’écrire, non pas pour moi, mais pour tous ceux qui ont vécu ou vivent des expériences similaires. Écrire ce livre est pour moi une libération et, j’espère, une encouragement pour d’autres à trouver leur propre voix. Derrière des portes fermées, beaucoup d’entre nous vivons des histoires que le monde ne voit pas, et voici mon histoire.”
Chapitre 1 : L’enfance perdue
Je me souviens des jours où tout ce que je voulais était de me sentir aimé. Mon père était là, physiquement, mais son âme et son attention étaient toujours ailleurs. Dès mon plus jeune âge, j’ai compris que pour lui, j’étais plus une obligation qu’un être qu’il devait aimer.
Lorsque les autres enfants passaient des moments avec leurs pères, moi j’étais puni, privé de nourriture ou traité comme un esclave. Il me disait de nettoyer chaque coin de la maison, pendant qu’il laissait des déchets partout. Il cuisait, mais jetait les restes par terre, et l’odeur dans la maison devenait insupportable. C’était à moi de réparer ce désastre, et si je refusais ou si je ne bougeais pas assez vite, il me frappait sans hésitation.
Un jour, alors que j’avais seulement huit ans, je suis rentré de l’école fatigué, mais heureux d’avoir eu une bonne note à un test. Je suis entré dans la maison avec l’idée de lui montrer le travail, espérant au moins un mot d’encouragement. Au lieu de cela, j’ai trouvé des bouteilles et des ordures éparpillées par terre. Il était sur Facebook, riant et parlant avec des inconnus, ignorant complètement ma présence. Quand je lui ai parlé de ma note, il ne m’a même pas regardé. Au lieu de cela, il m’a envoyé nettoyer la cuisine, me menaçant que si je ne le faisais pas immédiatement, je resterais sans nourriture.
Peu importe combien je réussissais à l’école. Pour lui, j’étais juste une source d’argent. Je me souviens qu’il m’a un jour dit : « Tu es là juste pour que je puisse toucher les allocations sociales. Si ce n’était pas pour l’argent, je ne te garderais même pas. » Ces mots m’ont hanté pendant des années, détruisant lentement toute trace de confiance que j’avais en moi.
Mais le pire n’était pas les mots ou les punitions. C’était l’absence de toute forme d’affection. Je voulais tellement qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me dise que j’étais important. À la place, je n’avais droit qu’à des critiques, des ordres et de l’indifférence.
Chapitre 2 : La famille déchir��e
Notre famille n’a jamais été unie. S’il existe un mot pour décrire les relations entre nous, c’est « division ». Au lieu de nous soutenir les uns les autres, nous étions séparés, chacun essayant de survivre à sa manière.
Mon père n’était pas seulement un mauvais soutien, mais par son comportement, il réussissait à détruire ce qu’il restait de la famille. La relation entre lui et ma grand-mère – sa propre mère – était marquée par la trahison et l’indifférence. Lorsqu’il l’a emmenée en Roumanie pour régler quelques papiers, j’ai cru qu’il allait enfin faire quelque chose de bien pour elle. Mais la vérité était bien plus cruelle. Après avoir obtenu ce dont il avait besoin, il l’a abandonnée là-bas, sans argent et sans nourriture. Si ce n’était pas ma tante Denisa qui l’avait sauvée et l’avait ramenée, je ne sais pas ce qui lui serait arrivé.
Ce geste m’a montré encore une fois qui était réellement mon père. À ses yeux, les gens n’avaient aucune valeur. Tout était question de lui et de ce qu’il pouvait obtenir. Ma grand-mère, une femme qui avait travaillé toute sa vie et qui l’avait élevé, ne méritait même pas le respect de base.
Lorsque ma grand-mère a compris qu’elle ne pouvait pas compter sur lui, elle a refusé de continuer à avoir affaire à lui. Il était évident que ce qu’il voulait, c’était la maison de Capu Codrului, qu’il voyait comme un bien matériel qu’il pourrait vendre, pas comme un lieu rempli de souvenirs familiaux.
Cette cupidité a été le moment où leur relation s’est définitivement rompue. Ma grand-mère ne voulait plus le voir et a fini par perdre toute confiance dans les gens à cause de lui. Ce qui m’a le plus blessé, c’est de voir une femme âgée, vulnérable, devoir supporter autant d’humiliation de la part de son propre fils.
Ma tante Denisa a été la seule à essayer de réparer la situation. C’est elle qui a pris la responsabilité de ma grand-mère, lui offrant le soutien que mon père aurait dû lui apporter. Mais même Denisa a été confrontée à la résistance de sa part. Il essayait de la contrôler, de dicter ce qu’elle devait faire, refusant d’accepter qu’il avait perdu son autorité sur la famille.
Cette rupture dans la famille m’a profondément affecté. En plus du traumatisme direct causé par mon père, j’ai dû vivre avec la douleur de voir les relations entre mes proches se déchirer à cause de l’égoïsme et de l’indifférence.
Chapitre 3 : L’abus physique et émotionnel
L’abus que j’ai subi de la part de mon père n’était pas seulement physique, mais aussi émotionnel – et c’est peut-être cela qui a été le plus difficile à supporter. Les cicatrices laissées par les coups guérissent avec le temps, mais les mots et les humiliations restent gravés dans l’âme.
Mon père avait une étrange obsession pour le contrôle. Chaque aspect de ma vie devait être sous ses ordres. Si je ne faisais pas ce qu’il voulait, il criait sur moi ou me frappait. Parfois, il me punissait en me privant de nourriture, me laissant affamé pendant des heures simplement parce qu’il n’aimait pas quelque chose que j’avais dit ou fait.
Lorsqu’il s’agissait de l’école, son attitude était tout aussi destructrice. Au lieu d’être fier de mes notes ou des efforts que je fournissais, il ignorait complètement mes résultats. Parfois, il se moquait de moi, disant que l’apprentissage était inutile et que de toute façon, je n’irais nulle part dans la vie.
Le souvenir le plus douloureux est lié au chien qu’il m’avait offert en cadeau. Je l’aimais énormément, car c’était la seule présence qui me faisait sentir en sécurité. Mais mon père a trouvé un moyen de me blesser même à travers cela. Quand il voyait que je ne réagissais pas à ses insultes, il dirigeait sa colère sur le chien, le frappant sans pitié. Chaque coup porté à cet animal était comme une blessure dans mon âme.
J’ai appris à vivre dans le silence, à tout supporter sans montrer ma douleur. Mais ce silence m’a consumé de l’intérieur, me transformant en un enfant replié, sans confiance en les gens et en moi-même.
Chapitre 4 : Le masque d’un parent « parfait »
De l’extérieur, le monde aurait pu croire que mon père était un homme à succès, un parent impliqué, une personne digne de respect. Il était expert dans la création d’une image fausse – des vidéos en direct, des photos soigneusement choisies, des histoires fabriquées pour attirer l’admiration de ceux qui ne le connaissaient pas vraiment.
Mais moi, je connaissais la vérité. Derrière l’écran, c’était un homme dépourvu de compassion, préoccupé uniquement par lui-même. Ses journées se déroulaient entre des publications sur Facebook et la construction d’une réalité parallèle, dans laquelle il était toujours le héros.
Je me souviens de comment je regardais ses lives, tandis qu’il parlait de combien il travaillait dur et s’occupait bien de sa famille. Je restais là, dans le coin de la pièce, avec le ventre vide et le cœur brisé, me demandant comment il pouvait mentir aussi facilement.
Cette contradiction était difficile à supporter. D’un côté, je vivais la réalité des abus, et de l’autre, je voyais comment des inconnus le félicitaient pour les « sacrifices » qu’il faisait. C’était comme si j’étais invisible. Mes cris muets, ma douleur – rien de tout cela n’avait d’importance pour lui ou pour ceux qui le suivaient.
Chapitre 5 : À la recherche de l’espoir
Quand j’ai été pris par les autorités et emmené dans une maison d’enfants, j’aurais dû ressentir du soulagement. C’était, en théorie, ma chance de m’échapper de l’enfer que j’avais vécu jusqu’à présent. Mais la vérité, c’est que ce n’était pas aussi simple.
Bien que j’étais loin de lui, le traumatisme était resté avec moi. J’avais encore des moments où je me réveillais en sursaut au milieu de la nuit, entendant sa voix dans ma tête, ses menaces et ses insultes qui étaient devenues familères. J’essayais de m’intégrer, de construire une nouvelle vie, mais les blessures du passé me tiraient en arrière.
Cependant, cette période a également été un tournant. Peu à peu, j’ai commencé à comprendre que je n’étais pas défini par mon père. Je n’étais pas ce qu’il disait que j’étais – faible, inutile, sans valeur. J’étais bien plus que cela.
Chapitre 6 : Les Cicatrices du Passé : Survivre à l’Injustice
Parler de mon passé n’est pas facile. C’est comme si j’ouvrais une plaie qui commence à peine à guérir. Mais je sais que c’est nécessaire. Pendant trop d’années, j’ai vécu avec la honte et la peur, laissant la douleur me consommer. Aujourd’hui, cependant, je choisis de revendiquer mon histoire. 
La vérité est douloureuse, mais elle est aussi libératrice. Dire au monde ce qui s’est passé ne changera pas le passé, mais cela pourrait changer mon avenir. Je ne suis plus l’enfant effrayé qui se cache de l’ombre de son père. Je suis un homme qui a traversé l’enfer et en est sorti de l’autre côté.
Si mon histoire peut aider ne serait-ce qu’une personne à comprendre qu’elle n’est pas seule, alors tout cela en valait la peine.
Chapitre 7 : La vie au foyer – Une évasion douloureuse
Lorsque j’ai été placé en foyer, j’aurais dû me sentir soulagé, mais la réalité était loin de ce que j’avais espéré. Ce qui semblait être une échappatoire à l’enfer que j’avais vécu à la maison est devenu un autre cauchemar. Le foyer, censé être un lieu de protection et de soutien, s’est rapidement transformé en une autre forme de violence, de négligence et de trahison.
Les éducateurs, censés nous guider, nous protéger, étaient eux-mêmes des exemples de défaillance. J’ai été témoin de comportements que je n’aurais jamais imaginés dans un lieu censé être sécurisé. Certains d’entre eux fumaient de la drogue en notre présence, nous imposant des règles strictes tout en se comportant de manière totalement irresponsable. La confiance, si fragile dans un endroit comme celui-là, a été rapidement détruite. Ils se montraient indifférents à nos besoins, négligeant même de nous donner nos repas à temps, ou pire encore, nous privant de notre argent de poche sans explication. Nous étions des enfants, des adolescents, coincés dans un système censé nous aider, mais qui, au lieu de cela, nous laissait souffrir davantage.
La frustration et le sentiment d’injustice étaient écrasants. J’avais besoin d’argent pour acheter des vêtements, des livres, des choses qui me permettaient de m’évader de cette réalité. Mais ce besoin d’indépendance m’a poussé à prendre des décisions que je n’aurais jamais envisagées autrement. Les fugues sont devenues une échappatoire. J’étais prêt à tout pour m’éloigner de l’atmosphère oppressante du foyer. Je pensais que l’extérieur, même dans sa brutalité, offrirait plus de liberté que cet endroit.
Mais, évidemment, ces fugues n’étaient pas la solution. Parfois, j’ai dû faire des choses de plus en plus graves juste pour survivre, pour avoir l’argent dont j’avais besoin pour manger, ou pour ne pas me sentir invisible. Je me suis retrouvé à faire des conneries, à prendre des risques que je savais dangereux, tout simplement parce que je croyais que c’était le seul moyen d’obtenir ce que je voulais. La peur de manquer, de ne pas être vu, de ne pas être entendu, m’a poussé à me perdre dans des comportements qui ne me ressemblaient pas.
Mais au fond, je savais que je n’étais pas un délinquant. J’étais un jeune qui avait été abandonné, maltraité, négligé, et qui, au final, cherchait juste à exister dans un monde qui ne me donnait pas beaucoup de chances. J’étais constamment en lutte contre des systèmes qui ne me comprenaient pas, ne me soutenaient pas, et, en fin de compte, m’avaient échoué.
Mais dans tout ça, j’ai appris une chose essentielle : chaque erreur, chaque faux pas, m’a rapproché de la personne que je suis aujourd’hui. J’ai appris à me relever après chaque chute, à comprendre que, même dans mes moments de faiblesse, il y avait une force en moi qui me poussait à continuer, à ne pas me laisser engloutir par le système, à ne pas me laisser briser.
Ce fut une période difficile, remplie de doutes, de souffrances et de pertes, mais elle m’a aussi enseigné à me battre pour ce que je voulais, même quand tout semblait contre moi. Et c’est cette résilience, ce refus de me laisser définir par mes circonstances, qui m’a permis de survivre, de continuer et de me reconstruire, petit à petit, même quand l’environnement autour de moi semblait tout faire pour me détruire.
Chapitre 8: Un acte de rébellion – La violence en réponse à l’injustice
La vie au foyer était un tourbillon de violences, aussi bien physiques que psychologiques. Mais un événement particulier, un instant précis, est resté gravé dans ma mémoire comme un tournant décisif. Un moment où la colère et l’instinct ont pris le dessus sur la raison.
Une nuit, j’ai entendu des bruits venant du deuxième étage. Des bruits de lutte, des cris étouffés. J’ai immédiatement compris ce qui se passait. Une jeune fille de notre groupe, souvent isolée, était victime d’une tentative d’agression. Je n’ai pas réfléchi une seconde, la peur et l’indignation ont pris le dessus. J’ai quitté ma chambre précipitamment, courant dans les couloirs sombres, ne pensant qu’à la défendre, à empêcher l’injustice qui se préparait.
Arrivé à l’étage, j’ai vu un des veilleurs de nuit, censé être là pour nous protéger, saisir la jeune fille et tenter de l’attirer dans une pi��ce isolée. Sans réfléchir, comme poussé par un instinct de défense, je me suis jeté sur lui. J’ai voulu l’empêcher, j’ai voulu l’arrêter. La rage m’aveuglait, l’adrénaline me poussait à agir.
Mais la situation ne s’est pas déroulée comme je l’avais imaginée. L’homme m’a repoussé, et une bagarre a éclaté.  Au lieu d’être félicité pour mon courage, j’ai été vu comme un perturbateur, un problème à gérer. Et la jeune fille, elle, n’a même pas été entendue, ni prise en charge correctement.
Aujourd’hui, quand je repense à ce moment, je réalise que, bien que mon geste ait été motivé par une volonté de protéger, j’étais un enfant perdu, en proie à la colère et à l’impuissance. Je n’avais pas les outils pour réagir autrement. Ce qui était pour moi une réaction de révolte face à l’injustice a finalement conduit à plus de problèmes qu’il n’en a résolu. Il y avait sûrement d’autres manières d’agir pour défendre cette jeune fille, d’autres moyens d’intervenir sans tomber dans la violence.
Cette expérience m’a appris une leçon dure mais nécessaire : dans certaines situations, la violence ne fait qu’aggraver les choses. La situation de la jeune fille méritait d’être traitée, mais ce n’était pas par la violence que je pouvais faire avancer les choses. C’est ce que j’ai compris après coup, même si sur le moment, je n’avais que la colère et l’envie de protéger.
Ce jour-là, j’ai pris conscience que, même si mes intentions étaient bonnes, la manière dont j’ai agi n’était pas la meilleure. Ce n’est pas en réagissant de manière impulsive qu’on parvient à réparer les injustices. Cela m’a coûté cher, mais cela m’a aussi ouvert les yeux sur l’importance de trouver des solutions plus intelligentes, plus pacifiques, même quand on est face à l’injustice.
Je ne regrette pas d’avoir voulu défendre cette fille, mais aujourd’hui, je sais que ce n’était pas la meilleure façon de faire. Ce geste, bien que motivé par un sens de la justice, était celui d’un enfant qui n’avait pas appris à maîtriser ses émotions ni à gérer de telles situations. J’ai agi sous le coup de la colère, de l’indignation, sans penser aux conséquences.
Cependant, cette expérience m’a également appris que parfois, la meilleure manière de lutter contre l’injustice, c’est de prendre du recul et d’agir de manière plus réfléchie. Je n’avais pas les ressources émotionnelles et intellectuelles à l’époque pour comprendre que la violence engendre souvent plus de souffrances. Mais aujourd’hui, je le comprends. Si j’avais su gérer ma colère autrement, peut-être que cette situation aurait été différente.
Ce jour-là, j’ai appris que, même si on lutte pour une cause juste, il est essentiel de le faire de manière mesurée et réfléchie. J’ai aussi appris que le courage ne réside pas seulement dans l’action immédiate, mais aussi dans la capacité à prendre du recul, à chercher des solutions durables et à ne pas se laisser emporter par ses émotions.
J’ai grandi après cet incident. Et même si je n’ai jamais regretté de défendre quelqu’un, j’ai compris qu’il existe toujours des moyens plus efficaces de se battre pour ce qui est juste. La violence peut sembler une réponse rapide à l’injustice, mais elle n’est jamais la solution à long terme.
Chapitre 7 : L’Abandon par l’ASE
À mes 18 ans, l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) m’a laissé tomber, comme une vieille écorce d’arbre qu’on jette, sans regarder en arrière. On nous apprend à croire qu’il y a des gens pour nous soutenir, qu’on peut compter sur l’État, sur les éducateurs, mais quand le moment est venu de prendre soin de nous, tout change. À 18 ans, tu deviens “adulte”, et tout le système t’ignore soudainement. Il n’y a plus de soutien, plus de mains tendues. C’est à ce moment-là que j’ai compris que, dans leur vision, on n’est plus qu’un numéro, une statistique.
Je me souviens de mon éducatrice, une personne qui, pendant des années, m’avait fait croire qu’elle était là pour m’aider. Mais quand j’ai eu 18 ans, elle m’a laissé partir sans aucune réelle aide, comme si j’étais un fardeau dont elle n’avait plus à s’occuper. Le soutien dont j’avais besoin, la stabilité, les conseils, tout ça a disparu. On m’a abandonné comme si j’étais rien. Comme une merde qu’on jette une fois que l’on pense qu’on n’a plus d’utilité.
L’ASE, c’est censé être un filet de sécurité pour des jeunes comme moi, mais au final, c’est un système qui te laisse te débrouiller seul quand tu atteins un certain âge. On t’apprend à dépendre d’eux pendant des années, puis à 18 ans, tu es rejeté sans préparation, sans rien. C’est une trahison, un coup dur, et ça m’a profondément marqué.
Je me suis retrouvé à devoir naviguer seul dans un monde que je ne comprenais pas, sans l’aide dont j’avais désespérément besoin. L’ASE m’a laissé dans cette merde, et mon éducatrice n’a pas su me soutenir dans ce moment charnière. J’ai compris que, dans ce système, on n’est souvent qu’un obstacle à gérer, une “case” à cocher dans un dossier.
Chapitre 9: Le mauvais chemin – Entre tentation et rédemption
À un moment donné, après toutes les épreuves que j’avais traversées, je me suis retrouvé à un croisement où j’ai pris un mauvais chemin. C’était un moment de ma vie où je cherchais des moyens d’échapper à la douleur, à la colère, à l’injustice que j’avais vécues. L’opportunité m’a été donnée de me plonger dans un monde sombre, celui du deal de drogue et d’armes, à Montreuil et Bobigny, des endroits où la tentation était forte et où les risques étaient omniprésents.
Je suis devenu un “dealeur”, mêlé à un environnement de violence, d’illégalité et de compromission. J’étais dans une spirale de choix destructeurs, où chaque jour était une course pour gagner de l’argent, pour m’en sortir d’une manière ou d’une autre. Mais à quel prix ?
Je me suis retrouvé impliqué dans des situations de plus en plus dangereuses. J’ai vu des choses que je ne peux pas oublier : la violence entre bandes rivales, la peur qui nous habitait tous. J’ai fait des choix que je regrette profondément aujourd’hui. À l’époque, je pensais que c’était le seul moyen de m’en sortir. C’était un moyen rapide, mais pas durable. C’était une fausse solution.
Mais avec le temps, j’ai commencé à comprendre que ce que je faisais n’était pas la bonne voie. Ce n’était pas une vie. Ce n’était pas un avenir. J’ai vu des gens autour de moi se perdre, tomber dans la violence, la dépendance, ou pire. J’ai vu des amis, des proches, s’éteindre dans cette vie-là, dans ce monde de fausses promesses. Chaque jour était une lutte pour ne pas sombrer encore plus.
Je ne voulais pas finir comme eux. Je ne voulais pas que cette voie détruise tout ce qui me restait. C’est là que j’ai pris conscience de la nécessité d’un changement. Ce n’était pas facile. J’ai dû me sortir de cette vie, quitter cet environnement toxique. Mais j’ai appris à mes dépens que, parfois, il faut savoir dire stop avant qu’il ne soit trop tard.
Je me suis éloigné de ce milieu. J’ai cherché des alternatives, même si c’était difficile, même si ça semblait presque impossible. Mais petit à petit, avec de la volonté et beaucoup d’efforts, j’ai réussi à m’en sortir. J’ai compris qu’il n’y avait pas de chemin facile, que la véritable liberté venait de l’intérieur, que le vrai changement ne pouvait pas venir d’un monde extérieur fait de fausses promesses, mais de ma propre décision de quitter cet univers.
Ce parcours, aussi sombre qu’il ait été, m’a appris une leçon précieuse : il n’y a pas de raccourci vers le bonheur. Ce que je faisais à l’époque, je le regrette profondément, mais cela fait partie de mon histoire. Aujourd’hui, je sais que je peux aller de l’avant sans avoir besoin de la violence, de l’illégalité ou de la drogue. J’ai compris que, même dans les moments les plus sombres, il existe toujours un moyen de sortir de l’obscurité.
Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait, mais je suis fier de ce que je suis devenu. Le passé ne peut pas être effacé, mais il peut être un tremplin pour grandir et se relever.
Chapitre Final : Ma renaissance
Aujourd’hui, à 20 ans, je regarde en arrière et j’ai du mal à croire combien ma vie a changé. Les années ont passé, laissant derrière la douleur, la souffrance et l’ombre d’un passé sombre. Je ne dis pas que cela a été facile – chaque pas a été une lutte, chaque jour un défi. Mais, d’une manière ou d’une autre, j’ai réussi.
J’ai appris à transformer la souffrance en leçons et la peur en motivation. Je ne me laisse plus définir par les erreurs des autres ni par les mots qui m’ont blessé. J’ai pris ma vie en main et j’ai commencé à construire quelque chose de nouveau, quelque chose de meilleur.
Aujourd’hui, je ne suis plus seul. Je suis aux côtés d’une fille que j’aime de tout cœur. Elle est mon soutien, ma joie, la preuve que, après la tempête, le soleil finit par se lever. Ensemble, nous construisons un avenir, un avenir basé sur le respect, l’amour et la sincérité – des choses qui m’ont tant manqué dans le passé.
Aujourd’hui, je sais ce que c’est que d’être heureux et ce que c’est que d’être libre. J’ai découvert que l’amour véritable ne fait pas mal, mais guérit. Et elle m’a guéri de nombreuses façons que je ne peux même pas décrire avec des mots.
En regardant vers l’avenir, je sais que lorsque je deviendrai père, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être un père que je n’ai pas eu. J’aimerai sans condition, j’écouterai et je serai là, toujours. J’ai vu quelles erreurs détruisent une famille, et les leçons que j’ai apprises me guideront pour ne pas les répéter.
Ma vie n’est pas parfaite, mais elle est la mienne. Et maintenant, pour la première fois, je sens que je peux respirer, sourire, vivre vraiment. Je ne suis plus la victime de mon passé. Je suis un survivant, un homme qui a choisi de se relever, d’avancer et d’aimer.
Et pour tous ceux qui lisent cette histoire, je veux vous dire une seule chose : aussi difficile que cela puisse paraître, il y a de l’espoir. Même dans les moments les plus sombres, il existe une issue. Vous n’êtes pas seuls, et la vie peut vous surprendre de la plus belle des façons, si vous choisissez de ne pas abandonner.
Voici qui je suis maintenant – plus fort, plus sage et, surtout, libre.
Chapitre Final : Il est possible de s’en sortir
Aujourd’hui, je veux dire à tous ceux qui traversent des épreuves similaires, ou qui se sentent pris au piège dans un chemin sombre, qu’il est possible de s’en sortir. Peu importe à quel point la situation semble désespérée, peu importe combien de fois on tombe, il y a toujours un moyen de se relever.
J’ai vécu l’enfer. J’ai connu la violence, la souffrance, la solitude, et j’ai même pris des décisions qui m’ont éloigné de la personne que je voulais être. J’ai cru qu’il n’y avait pas d’issue. Je pensais que tout ce que je faisais, que toutes les erreurs, étaient irrémédiables. Mais aujourd’hui, je sais que ce n’était pas vrai. Si je suis ici, si je suis arrivé à un endroit plus serein dans ma vie, c’est parce que j’ai choisi de me battre. J’ai choisi de croire qu’il y avait quelque chose de mieux à l’extérieur de la souffrance, quelque chose de plus grand que la douleur que je portais en moi.
Je veux que ceux qui me lisent comprennent que même si le chemin est difficile, même s’il semble parfois que tout est contre vous, il est toujours possible de changer. Il est possible de sortir des ténèbres, de reconstruire sa vie et de se réinventer. Chaque jour est une nouvelle chance. Parfois, il faut accepter de demander de l’aide, de se faire accompagner, de se battre contre ses propres démons, mais on peut le faire.
Je suis la preuve vivante que les erreurs du passé ne définissent pas qui nous sommes. Il ne faut pas avoir honte de son passé, mais il faut avoir la volonté de se réécrire, de faire des choix différents, de se donner une nouvelle chance. C’est ce que j’ai fait. Ce n’était pas facile. Ce n’est pas un chemin linéaire, mais c’est un chemin possible. C’est un chemin qui commence avec un seul pas : celui de décider qu’il est temps de changer, de se libérer de la peur, de la douleur, des mauvaises habitudes.
Si moi, qui ai vécu tout cela, j’ai pu m’en sortir, alors vous le pouvez aussi. Ne laissez personne vous dire que c’est trop tard, que vous êtes irrécupérable, que vous ne méritez pas de réussir. La seule chose qui compte, c’est ce que vous choisissez de faire à partir de maintenant. Le passé ne peut pas être effacé, mais il ne doit pas vous emprisonner. Vous pouvez encore vous battre pour votre avenir. Vous avez cette force en vous, même si elle vous semble enfouie sous des couches de douleur.
Si vous traversez des moments sombres, je veux vous dire que vous n’êtes pas seuls. Et il y a toujours une porte qui peut s’ouvrir, une chance de vous relever, une lumière au bout du tunnel. Ne lâchez pas. Il y a toujours un moyen de s’en sortir, tant que vous choisissez de ne pas abandonner.
Aujourd’hui, je suis ici pour témoigner de cette vérité. Vous pouvez vous reconstruire, vous pouvez vous relever, et vous pouvez vivre une vie meilleure. Ne perdez jamais espoir.
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mariannaszymanska · 12 days ago
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INDIGNE FILS
CHAPITRE 5
J’étais devenue un fantôme. Les humains me traversaient sans me voir. Les événements se déroulaient sans me toucher. Le temps était une infernale éternité qui s’étirait lentement dans une grisaille sans espoir.
Comme chaque matin, mon réveil sonna à six heures. J’ouvris les yeux et me tournai sur mon côté gauche pour regarder Fred quitter le sommeil et me sourire.
Mais à ce moment, mon estomac se noua, se tordit, je courus dans la salle de bain et vomit puissamment.
Une alarme vrilla dans mon cerveau et me sortit brutalement de ma torpeur mortifère de ces dernières semaines.
Une violente peur me parcourut, me pétrifia. Les battements de mon cœur s’emballaient et résonnaient sinistrement dans mon corps. Une vague de panique m’engloutissait. Mon esprit s’affolait, Il hurla à en mourir :
- « Non ! Ce n’est pas possible ! Non ! Cela ne peut pas se produire ! NON ! NON ! NON ! »
Fred me lança de la chambre :
- « Tout va bien, Mary ?
- Oui, j’ai du mal digéré le dîner d’hier, tout va bien. J’arrive dans quelques instants, » répondis-je d’une voix la plus normale possible.
Mes pensées déferlaient à une vitesse impressionnante :
- « Quand avais-je eu mes dernières règles ? Une semaine ? Deux semaines avant mon départ pour Milwaukee ?
Quand avais-je eu un rapport avec Fred ? Ça, je m’en souviens. Le lendemain de mon retour. Je retenais mes cris, ma rage et mes pleurs. J’avais envie de le frapper, de le mordre, de l’écorcher, d’arracher son sexe de son corps.
Prendre rendez-vous avec le médecin, vite, pour être sûre. Être sûre ?
M’habiller rapidement, rejoindre mes enfants et mon mari dans la cuisine pour les saluer et les nourrir avant leur départ pour l’école, pour le bureau. Sourire, répondre à leurs sollicitations, ensuite appeler le Docteur Ford. »
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th3lost4uthor · 1 year ago
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin (8.2/15)
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          L’air était tiède, un soleil d’été déjà levé depuis plusieurs heures mais un vent du Nord rafraichissant agréablement l’atmosphère. La petite forme emmitouflée dans le duvet de satin émeraude roula avec plaisir sur le matelas de lierre rembourré, se délectant encore un peu de ce demi-sommeil… avant de s’écraser lourdement sur le plancher.
« Q-que… Hein ? Y-yugo… ? C’est toi ? »
          La voix fluette mais encore endormie d’Adamaï fit émerger son frère de la pile de draps emportée dans l’accident, celui-ci massant son crâne vigoureusement.
« O-oui, c’est moi, je -aoutch ! T-tout va bien, Ad’ !
- Tss… » Soupira le dragonnet. « T’es encore tombé du lit, pas vrai ?
- Hey, ne fais pas comme si c’était quelque chose de régulier ! » S’indigna l’autre, qui tentait tant bien que mal de s’extirper des couvertures.
« Ah ouaip ? Il m’semble pourtant que c’est aussi ce qui est arrivé avant-hier ! » On pouvait presque entendre son sourire. « Et le jour d’avant, et celui d’-… !
- C’est bon, c’est bon ! T’as gagné ! » Ricana Yugo.
« J’espère bien ! Et pour gage de ma victoire, j’attends bien un croissant à la confiture, un bol de myrtilles, avec un jus d’o- Humpf ! »
          Un oreiller parfaitement ajusté força Adamaï à écourter sa liste d’exigences matinales. De l’autre côté de la pièce, Yugo, qui avait fini de remettre un peu d’ordre de son côté et avait commencé à s’habiller, se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire devant l’état de choc du dragon ivoire. Il comptait descendre aux cuisines quoi qu’il arrive, et ce n’était pas non plus la première fois qu’il jouait les coursiers, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il ne pouvait pas se rebeller un peu !
« Un jus d’orange sanguine - t’inquiète frérot, je te connais, non ? 
- Toi… » De la fumée s’éleva des narines bleutées. « Tu vas voir ce qu’il en coûte d’attaquer un véritable dra- !
- Bye, Ad’ ! On se voit tout à l’heure ! »
          Un portail plus tard, et le jeune Éliatrope se retrouvait à plusieurs couloirs de leur chambre commune, où il savait que son frère n’aurait pas la motivation de poursuivre leur petite rivalité ; il y avait plutôt fort à parier que celui-ci n’ait préféré se rendormir en attendant le petit-déjeuner. En parlant de nourriture, son ventre se mit à gronder. Il faut dire que le dîner de la veille, plus « végétarien » qu’à l’accoutumée n’avait pas vraiment su contenter son estomac, et ni les entremets de légumes sautés, ni les escalopes d’aubergines braisées ou même les veloutés de mangue servis sur leur trop maigre biscuit, malgré toute leur saveur et délicatesse, n’étaient parvenus à le sustenter. Phaéris et Adamaï, de même que Tristepin, avaient également avalé leur « maigre repas », regrettant plus ou moins vocalement l’absence de viande dans leur assiette. Cependant, Yugo gardait un bon souvenir de cette soirée, car même s’il ne s’été pas agi d’un festin pour sa part… Il avait été rassuré de voir Qilby manger un peu plus qu’à l’accoutumée.
          De manière générale, le scientifique était assez avare en termes de quantités. Cela ne semblait pas l’empêcher d’apprécier le fait de manger, et il lui arrivait même d’émettre parfois des commentaires appréciatifs ; fait qui ne manquait pas d’attirer l’attention autour de la table, et qui se faisait, de ce fait, assez rare. Non, le problème venait de la quantité à laquelle son aînée se restreignait : même Amalia et Évangéline, qui prenaient également toutes deux soin de leur alimentation, l’une pour une question esthétique (bien que Yugo la trouvait jolie peu importe son apparence), l’autre pour maintenir son agilité de combattante, avaient des assiettes largement plus garnies ! Une salade, une ou deux tranches de pain de seigle et, si l’humeur y était, quelques cuillérées de l’accompagnement du jour, mais autrement… Par les Douze, on n’a pas idée de se nourrir de thé et de gâteaux secs ! Le régime du savant, au-delà de potentielles aversions en raison de ses « expériences passées », avait sérieusement commencé à inquiéter Yugo. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui en toucher deux mots, quitte à prévoir une nouvelle intervention de force avec Ruel, quand, la veille, la grande coiffe blanche avait fait son entrée dans la grande salle, l’air… détendue. Ses traits arboraient un sourire que l’on aurait pu méprendre pour un rictus, il tenait sa tête plus haute, et sa main ne présentait pas la même agitation nerveuse qu’à son habitude. Un brin surpris par ce changement, le plus jeune n’avait pas hésité à se rapprocher :
« Euh, Qilby ? Pardon, mais… Tout va bien ? »
« Hum ? Ah, bonsoir Yugo. Oui, il n’y a pas de problèmes - pourquoi cette question ? »
« P-pour rien ! C’est juste que tu parais plus… »
« … ? »
          Le regard lourd d’interrogation du vieil Éliatrope, davantage dû à la panique du plus jeune qu’au motif même de sa question, força Yugo à préférer s’enquérir de la pluie et du beau temps : son après-midi, ses découvertes et progrès, les éventuelles visites qu’il avait reçues… Le changement n’échappa pas à l’autre, mais il semblait plutôt habitué au malaise que pouvait générer ses interactions et ne s’en alarma donc pas plus que de mesure. Le repas s’était résumé par une discussion sympathique, bien que sans réelle chaleur.
Je me demande tout de même si…
Non !
Qilby n’a… Il est toujours assez réservé et
est encore sur la défensive sur beaucoup de points, mais…
          C’était là la source de bon nombre de ses tourments nocturnes. Depuis qu’il avait pris la décision de sortir son frère de sa prison, sa conscience ne cessait d’imaginer chaque conséquence qu’il pourrait en découler… chaque fin inévitable que ses espoirs peut-être un peu trop naïfs avaient débloquée. Dans ses rêves, il voyait le Royaume Sadida réduit à brasier infernal, les cris de ses habitants faisant écho à ceux de ses amis, sa famille, tous périssant de manière tragique. Dans le ciel, d’immenses portails reproduisaient l’assaut des Griffes Pourpres, à la seule différence que ce n’était pas des Shushus qui se déversaient sur les terres des Douze comme une vague de peste noire… Il s’agissait de monstrueuses créatures mécaniques, aux yeux flamboyants et au souffle chargé de souffre. La petite coiffe turquoise était incapable de leur donner un nom, et pourtant, il avait cette étrange impression de déjà-vu, comme si…
Comme si
je les avais déjà rencontrés…
Hum…
Peut-être que Qil-
          Qilby, dans ces cauchemars, se tenait debout sur une colline, un plateau, la branche d’un arbre, cela pouvait changer selon les nuits, mais son sourire demeurait identique. Chaque fois que Yugo parvenait à le retrouver, les yeux emplis de larmes et les poumons de rage, le sommant de répondre de ses actes… le savant se retournait, ses amples vêtements beiges contrastant avec ses cheveux bruns-dorés, pour lui offrir le plus doux des sourires. Aucune trace de malice, ses yeux noisette le figeaient alors sur place malgré leur tendresse.
« J’ai peut-être condamné nos vies et nos rêves,
mais je ne supporte plus nos mensonges… »
          Yugo le confrontait alors, pointant le paysage de désolation en arrière-plan comme pour appuyer son propos : pourquoi donc en être arrivé à de telles extrémités ? N’y avait-il donc aucun autre moyen pour le savant de communiquer ?! Néanmoins, à peine lui répliquait-il que la posture du scientifique changeait radicalement. Il reculait de quelques pas, ses pupilles se dilataient, ses épaules s’affaissaient et sa main valide venait enserrer son flanc blessé. Le timbre de sa voix muait en ces notes aiguës, désespérées, qui rappelaient que trop bien à Yugo le démon noir et blanc qu’il avait dû affronter :
« La vérité est trop lourde ! »
          Il avait bien tenté de poursuivre, de comprendre ce que ces « mensonges » pouvaient receler. Il s’était avancé vers son aîné, l’avait parfois supplié de lui parler, l’avait certaines nuits, même, poussé à combattre, ou encore d’autres fois, lui avait promis qu’il acceptait de « lui pardonner » s’il l’aidait à mettre un terme à cette folie destructrice… Mais aucune de ces réponses n’avait convenu à cette version fantôme, car elle reprenait alors ces mots terribles…
« C’est vous qui m’avez trahi et pas l’inverse…
Frères indignes !! »
          … et le rêve s’achevait. Dans les flammes et le sang. De manière brutale pour son esprit, plus ou moins pour son corps selon sa capacité à rester sur son lit. Après plusieurs nuits passées à revivre la même trame, impuissant, Yugo était épuisé ; le seul avantage qu’il en tirait était qu’il pouvait ressentir un peu plus d’empathie pour l’autre, prisonnier de ses souvenirs. Cependant, ces « visions » ne l’aidaient pas à se sentir pleinement serein quant aux chances de repentir du vieil Éliatrope. Il ne se voyait pas se confier à lui, par crainte de briser le semblant de relation qu’il était parvenu à créer, mais il ne lui donnait que peu de temps avant de sentir que quelque chose clochait dans son attitude. Il n’y avait qu’à voir sa réaction lors de leur séance d’entraînement la semaine dernière ! Qilby était capable d’interpréter le moindre de ses mouvements, la moindre de ses expressions : cela ne faisait qu’ajouter plus de crédit au fait qu’il avait vécu plusieurs millénaires à les côtoyer, tout en le rendant par la même occasion impossible à manipuler !
Non !
          Yugo ferma les yeux et secoua la tête : il ne tomberait pas dans les travers qui ont pu mener leur peuple à sa perte autrefois ! Il se refusait à user de telles méthodes, indignes d’un roi. De plus, cette méfiance ne risquait que d’aggraver celle de Qilby… S’il souhait un jour pouvoir réunir sa famille, les deux frères allaient devoir faire un pas vers l’autre, et Yugo ne savait que trop bien que son frère était bien plus orgueilleux qu’il voulait bien le laissait paraître. Quoi qu’il ait pu advenir lors de sa précédente existence, ces évènements avaient profondément impacté le scientifique au point qu’il en renie les siens ; c’était donc à lui de faire le premier geste.
Il faut juste que je lui laisse
un peu plus de temps…
Il finira bien par… changer ?
          Transformer un être pétri par des siècles d’amertume grâce à de belles paroles, des confiseries et des arcs-en-ciel ? L’idée était risible, mais il se devait de la tenter. De toutes manières, maintenant sorti de la Dimension Blanche, il n’avait plus vraiment le choix…
J’espère juste que
je n’ai pas fait une erreur…
Encore…
          Et, plongé dans ses pensées, Yugo descendit vers les cuisines dans l’espoir de trouver un peu de réconfort dans un solide petit-déjeuner.
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          Les hauts fourneaux crachaient à pleine gorge d’épaisses volutes de fumées, où l’écorce de cèdre rivalisait avec moult épices et parfums fruités, avant de s’échapper par les hautes fenêtres pour allécher les passants en contre-bas. Les larges tables étaient couvertes de sacs de farine et sucre de toutes les variétés, de poêles et marmites n’attendant qu’à sauter sur le feu, les corbeilles d’être garnies de fruits provenant des quatre cardinaux. Dans les étagères, confitures, miel et gelées voyaient les portes s’ouvrir pour se refermer dans une valse chaotique, au grès des petites mains du Palais. Comme d’habitude, à l’aurore, toutes s’étaient éveillées, et bien avant que les plus matinaux des résidents ne songent à ouvrir une paupière, elles auraient déjà préparé la grande salle pour les accueillir par un buffet digne des dieux eux-mêmes ! Comme chaque jour, le martèlement des sandales contre l’écorce et l’entrechoquement des ustensiles pouvaient se faire entendre depuis l’étroit escalier en colimaçon menant aux cuisines. Cependant, lorsque Yugo parvint enfin à sa destination, il fut instantanément choqué par… le silence. En dehors du bruit de fond habituel qui régnait en permanence sur ces lieux, il y manquait…
Pourquoi tout le monde semble
si calme aujourd’hui ?
          Serveurs, chefs, assistants : pas un seul cri n’était lancé à travers la pièce, pas une seule remarque, critique, excuse, pas un ragot royal échangé entre deux casseroles ni même une complainte sur un travail trop pénible ou une paye trop basse au détour d’une sauce ! Les théières sifflaient mais aucun marmiton ne donnait la cadence avec un air populaire. L’on aurait pu se croire au cœur d’un rite gastronomique où la parole était bannie par crainte qu’elle ne détériore les plats !
« Hum, excusez-moi... ? » La Sadida à la longue tresse bardée de fleurs sauvages sursauta presque, rattrapant de justesse la cruche qu’elle tenait. « P-pourquoi est-ce que tout est si… « tranquille » aujourd’hui ?
- Ah ! Maître Yugo, c’est vous ! Pardonnez-moi je ne vous avais pas vu ! » Il n’était toujours pas à l’aise avec ces titres jetés à tout va, préférant toutefois s’abstenir de tout commentaire. « Non, tout va bien ! C’est juste que… » La servante se mordit la lèvre.
« Quoi ? Il y a eu quelque chose de grave ? » Il cherchait désespérément son regard.
« Non, non, non ! R-rien de grave ! » Bégaya l’autre. « C’est… Enfin… »
          Elle indiqua alors le fond de la salle d’un geste de tête discret, où de larges placards et saloirs avaient été creusés à même le tronc. C’est là qu’il l’aperçut :
« Qilby ?! 
- Hum… ? » L’intéressé redressa soudainement la tête en entendant son nom, ce qui s’apparentait à une boite en fer blanc dans la main. « Oh, Yugo : c’est toi ! Déjà debout ? »
          En quelques enjambées, le cadet rejoint son aînée, chose assez aisée compte tenue de la distance plus que respectable que les membres du personnel tenaient à garder avec le second. Celui-ci, s’il paraissait toujours aussi désintéressé par son environnement, arborait néanmoins un léger sourire depuis qu’il avait remarqué son frère.
« C’est plutôt moi qui devrais te faire la remarque ! » S’exclama Yugo. « Depuis quand es-tu arrivé ? Comment as-tu seulement trouvé ton chemin jusqu’ici ?!
- Héhé, toujours suspicieux à mon égard, n’est-ce pas ? » Un sourire bien moins sympathique se dessina sur ses traits. « Peur que je vole une recette ancestrale de tarte aux fraises ou décide d’invoquer un golem de guimauve, hein, Yugo ? »
          La plaisanterie n’était apparemment, pour filer la métaphore, pas au goût de tout le monde, car plusieurs paires d’yeux alarmés se figèrent subitement sur les deux Éliatropes. Peu importe qu’elle soit tournée en dérision, la menace demeurait bien réelle…
« Ha ! Pas besoin de me faire cette tête, voyons ! » Au moins, le savant n’était pas insensible à la tension ambiante. « Je me suis simplement retrouvé à cours de thé et cette charmante personne s’est proposée pour m’accompagner jusqu’à la réserve ! »
          Il désigna alors du doigt un garde dont la face impassible donnait une toute nouvelle définition à « charmant ». Ce-dernier adressa un hochement de tête sec à Yugo en guise de salutations, avant de fixer à nouveau les moindres gestes du scientifique. Le jeune Éliatrope répondit d’un geste de la main gêné. Il ne pouvait pas en vouloir aux Sadidas d’adopter une telle posture face à la large coiffe ivoire, mais il ne pouvait s’empêcher de trouver l’atmosphère pesante… si ce n’est disproportionnée. Après tout, sans sa maîtrise du Wakfu, Qilby ne représentait guère une menace : à première vue, n’importe laquelle de ces lavandières pourrait mettre à terre l’être pluri-millénaire qu’il était.
Enfin, maintenant que j’y pense,
Phaéris et Qilby ont dit que le collier
servait autrefois lors d’entraînements spéciaux…
Notre peuple savait-il donc
se battre sans l’aide du Wakfu ?
Et par rapport à ces créatures dans mes rêves…
Je me demande si…
« Hum, dis-moi Qilby…
- Oui ? » S’enquit l’autre, partiellement absorbé dans sa sélection rigoureuse de biscuits.
« Tu es disponible cet après-midi ?
- Disponible est un bien grand mot. » Ricana l’autre, inspectant une pâtisserie à la prune noire avant de la reposer avec une mine de dégoût. « Je serai présent dans ma cellule jusqu’au souper si c’est que tu souhaites savoir. Donc si toi ou l’un de tes « compagnons » avez besoin d’ennuyer quelqu’un aujourd’hui, je suppose que… »
          Il s’arrêta soudainement, ayant senti plus que perçu le changement d’attitude chez son jeune frère. Yugo n’avait pourtant pas bougé, ses traits étaient les mêmes, et pourtant, derrière ses grandes iris noisette, se trouvait un sentiment que Qilby avait appris à craindre… La déception.
Oh Déesse…
« À moins… » Relança-t-il doucement. « À moins que tu n’aies quelque chose d’important à me dire… ? 
- Hein ? Je – non ! Enfin, c’est-à-dire que… »
          Le plus jeune jeta un coup d’œil nerveux derrière l’épaule du scientifique, qui n’eut pas besoin de le suivre pour comprendre d’où venait l’inconfort de son cadet.
« Pourriez-vous nous laisser un instant ? » Adressa-t-il au garde sans se retourner. « Mon frère et moi-même devons nous entretenir un instant… »
          Le Sadida à l’armure de cuir et d’écorce émis un grognement qui devait s’apparenter à un accord quelconque, car le savant tira alors le plus jeune hors des cuisines, ses quelques provisions précautionneusement rangées dans une besace pendant sous sa capeline. Son attitude, si elle continuait à dégager complaisance et agacement envers le monde extérieur, trahissait cependant une nouvelle posture : celle de l’aîné, anxieux.
          Très vite, ils se retrouvèrent sous les hautes voutes des corridors, avec, comme ultime destination, la salle-à-manger où le reste des hôtes et invités de marque les y attendraient. Le pas se ralentit, maintenant que le vacarme des fourneaux qui avait repris avec leur départ s’estompait dans leur dos. Seule la marche cadencée du garde escortant le savant les suivait, ce à une distance respectueuse ; assez proche pour garder le prisonnier à l’œil, mais avec la distance nécessaire pour accorder à l’un de leur sauveur la discrétion qu’il désirait.
« Donc… » La coiffe crème croisa brièvement son regard. « Nuit difficile, hum ? 
- Une n- quoi ?! C-Comment peux-tu savoir que j’ai- ?
- Allons bon, Yugo… » Rétorqua l’autre, une pointe de fatigue comme d’amusement dans la voix. « Je suis ton.. » Son regard se perdit brusquement et son échine se raidit. Un battement de cil. « Je t’ai côtoyé durant des millénaires. » Il baissa d’un ton. « Tu ne peux pas me cacher ce genre de choses… Tu ne l’as jamais su d’ailleurs… »
          Yugo, qui s’était jusqu’alors laissé porter par le mouvement, encore décontenancé par ce début de journée peu banal, s’arrêta en plein milieu de la traverse de bois suspendue. L’autre l’imita, penchant la tête sur le côté en guise d’interrogation :
« Yugo… ? »
          Cela ne pouvait pas… Non. Son frère était un manipulateur renommé : feindre la sympathie était parfaitement dans ses cordes. Il l’avait d’ailleurs prouvé à maintes reprises ! Et pourtant, là, sous ces sourcils froncés par une légère inquiétude, derrière cet empressement à l’éloigner d’un lieu bondé au premier signe d’angoisse de sa part… Se pourrait-il que celui qui ne cessait de le repousser dans ses tentatives de réunion… ? Se pourrait-il qu’il demeure encore un peu d’attention ? D’espoir ?
« Je-hum, oui ! U-un instant !» Une brève secousse pour écarter les dernières torpeurs. « J’avais juste besoin d-d’un peu d’air… Ça va mieux !
- Tu en es certain ? » Reprit le savant. « Nous pouvons encore prendre quelques minutes si tu veux.
- Non, non ! On peut y aller : marcher me fera du bien je pense.
- Comme tu l’entends… » Conclut le plus vieux, haussant les épaules avant de reprendre la tête du cortège.
          Un bref regard en arrière indiqua à Yugo que le garde avait automatiquement emboité le pas de celui dont il avait la charge. Voyant que ce-dernier l’avait déjà distancé de quelques mètres, il entreprit de le rattraper en faisant appel à un ou deux portails. Une fois à sa hauteur, pourtant, l’autre ne lui accorda pas davantage d’attention, comme si son élan de générosité s’était arrêté à lui laisser un peu plus d’espace. Enfin…
C’est peut-être justement ça… ?
Peut-être qu’il préfère que… j’y aille à mon rythme ?
          En s’y attardant davantage, le jeune Éliatrope fut surpris de constater que le scientifique ne cherchait pas à écourter leur temps en commun, comme si cette interruption l’avait froissé, bien au contraire… Son regard n’était pas fixé au-devant de leur objectif, mais errait plutôt sur le décor, une expression neutre. S’il évitait soigneusement de s’arrêter là où se trouvait son jeune frère, il semblait s’être rapproché de lui ; leurs mains pouvant presque se frôler par inadvertance.
Bon, eh bien,
qui ne tente rien… !
« Il y avait d’énormes créatures de métal. » Un raclement de gorge affirmatif se fit entendre sur sa gauche, sans commentaire. « Cette nuit, je veux dire, dans mon r-… Enfin, cauchemar plutôt. Je… J’y ai vu des espèces de géants, mais entièrement faits de métal, et ils avaient c-ces yeux rouges ! Ils tiraient des rayons d’énergie, comme du Wakfu, qui détruisaient absolument tout sur leur passage et je… » Le souffle lui manquait, les ombres de cette nuit revenant à l’assaut de sa conscience. « Je ne pouvais rien faire ! Chaque fois que je créais un portail pour les détourner, i-ils se… Ils se brisaient tout simplement ! Et tout le monde criait, t-tout le m-monde…
-Yugo… » L’autre prit en fin la parole. « C’est fini. Ce n’était qu’un mauvais rêve…
- Mais c’était si réel ! » S’exclama-t-il. « Ces… Ces choses, c’était des Méchasmes, pas vrai ? Comme ceux dont tu parlais ? Comment cela se fait-il que je les ai vu ?! Est-ce que cela signifie qu’ils peuvent… revenir… ?
- Oui, Yugo, d’après ta description, ces « créatures » devaient très certainement être des Méchasmes. Du moins, une version de ceux-ci… » Si différente de ce qu’ils- de ce que nous avons pu être. « Cependant, tu n’as rien à craindre d’eux : le dernier de nos poursuivants, Orgonax, a été détruit à la fin de la seconde guerre qui nous a opposés. En aurait-il été autrement, nous ne serions pas ici pour en parler…
- E-et les autres ? Tu as bien dit « le dernier de nos poursuivants », cela signifie-t-il qu’il y en aurait d’autres qui… qui seraient toujours quelque part, tu sais… là-haut ? »
Enfant -De- L’Étoile Bleue
Nos Route -Aujourd’hui- Se Séparer
Mais -Notre Cœur- Avec Toi -Demeurer-
-
Et -Le Tien-
-Avec- Nous
« Peut-être… » Soupir. « Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas. 
- J-je vois… »
« La vérité est trop lourde ! »
« Et si c’était le cas, hum… Tu… Tu aimerais ça ?
-  Pardon ?! »
          Cette fois-ci, ce fut le tour du savant que de mettre un stop à leur progression.
« Insinuerais-tu que je… ? » Grinça-t-il.
« Non ! Je n’insinue rien du tout, c’est toi qui- humpf… » Yugo ne put retenir un soupir : pourquoi fallait-il toujours se méfier de prétendus sous-entendus cachés ? « Je n’ai pas dit que tu y étais associé ou quoi que ce soit, simplement…
- Simplement… ? » L’autre reprit, suspicieux.
« Tu n’es pas obligé d’avoir le même ressenti que tout le monde ? » Devant l’air ahuri, il s’empressa de préciser : « Ce que j’essaye de dire, c’est que… Je sais pas – tu as l’air de les avoir étudié plus que nous autre ? Donc peut-être que leur disparition ne t’a pas… » Été profitable ? « … fait plaisir ? »
          Nul Xélor n’aurait pu suspendre le temps aussi parfaitement qu’il le fut en cet instant. Sans pour autant avoir été introduit dans la discussion, le garde qui suivait les deux Éliatropes avait de lui-même décidé de reculer de quelques pas.
« … Oui et non. » Finit par lâcher Qilby. « Je ne peux pas dire que je ne suis pas soulagé que cette maudite guerre ait pu prendre fin…
- Mais… ? 
- Mais. » Regard noir. « Je… J’aurai souhaité… Juste pour… »
« J’aimerai tellement que ça se passe différemment pour une fois…
Mais l’histoire se répète
inlassablement. »
« Ils n’étaient pas tous comme… Lui. » À ses côtés, son poing se serra. « Certains ne méritaient pas de finir ainsi. Nous… Nous ne méritions pas de finir ainsi. » Rire forcé. « Tu sais, je pense que tu aurais aimé les rencontrer lors de leur arrivée sur notre planète, ils… Ils ont voyagé à travers tant de galaxies, avaient tant d’histoire à partager… » Nostalgie. « Non, vraiment, je suis sûr que tu les aurais adorés… »
          Yugo n’en croyait plus ses sens : était-ce bien son frère aîné qui lui faisait face ? Le paria égocentrique et malade ? Celui-là même qui, en cet instant, décrivait avec tant de douceur, de bienveillance, un peuple qui avait pourtant réduit le leur en cendres ? Les traits du scientifique étaient détendus, un léger sourire au coin des lèvres.
« P-pas tous comme… Orgonax, c’est ça ? » Tenta-t-il d’approfondir. « E-et je suppose, enfin d’après ce que tu viens d’expliquer, qu’il y en avait des, hum… « des gentils » ?
- Hé, hé, oui bien sûr… Comme pour l’ensemble des êtres vivants : on ne peut se permettre de tirer une loi générale d’un seul spécimen. Tous les Méchasmes n’étaient pas comme Orgonax… » Les iris du savant prirent une teinte plus sombre. « … et tous les Éliatropes ne sont pas les mêmes non plus.
- Et… Et toi, Qilby ?
- Et moi, Yugo ? » Imita l’autre, sur le ton d’une vieille plaisanterie.
« Si on y réfléchit, tu as eu le temps d’observer et de vivre avec les deux… espèces ? Races ?
- Communautés.
- Oui, hum, c’est ça. Donc… » Inspiration. « Est-ce qu’il y en a une que tu, peut-être, préfères ? »
Tu ne penses tout de même pas à… ?
Un parfait irresponsable : voilà ce que tu es !!
Mon frère, tu sais à quel point je t’aime et te soutiens dans tes travaux, mais…
Non ! Tout mais pas ça, Maître !
Qui va nous protéger de la peste ?! Nos récoltes des parasites ?!
Pouvons-nous nous permettre de les abandonner ainsi ?
Pitié… Ne me laissez pas derrière…
Tu veux tous nous condamner c’est ça ?!
Tu es libre de partir, bien sûr…
En as-tu encore seulement quelque chose à faire de nous ?!
Juste…
Réfléchis-y encore un peu, d’accord ?
« Qilby… ? Qilby ! 
- Hum – hein, quoi ?! » Sursaut. « Oh, pardon, je… J’ai dû me perdre dans mes pensées. »
          Devant eux, à quelques enjambées à peine, se dressaient les deux imposantes portes sculptées menant à la grande salle de réception dont s’échappaient déjà des voix familières. Le choix du savant fut rapide :
« Et si l’on remettait cette discussion à plus tard, hum ? Tes amis doivent t’attendre. » Fuyant autant le sujet que son interlocuteur, il tenta malgré tout d’adoucir sa réponse. « Tu as bien dit que tu voulais me voir cet après-midi, non ?
- Je… Oui ? » Répliqua le benjamin, qui n’était pas assez naïf pour ne pas comprendre l’esquive de l’autre. Chaque chose en son temps.
« Très bien, faisons ainsi alors. »
          Et juste comme cela, ils firent leur entrée parmi le reste de la Confrérie et de la famille royale, attablé autours de ce qui s’apparentait, comme chaque matin, au plus fastueux des petits-déjeuners. 
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« Et moi je te dis que c’est un de ses tours machio…machiavil… Enfin un de ses tours !
- Pinpin, tu sais que j’t’aime bien, mais parfois je me dis que tu as reçu trop de coup sur ton crâne de Iop. » Ruel profita de cette pause dans le monologue de l’autre pour se resservir. « Comment veux-tu qu’il puisse jeter un sort alors qu’il porte ce fameux collier magique, hein ?
- J’en sais rien, moi ! I-il a peut-être trouver une faille ? C’est bien ce qu’il sait faire : manigancer, trouver des points faibles, tout ça !
- D’accord, D’accord, mais cela n’enlève rien au fai’t qu’il ne peut pas manier le Wakfu dans son état.
- Tss… De toutes manières, je suis certain que toi aussi, il a réussi à t’envouter ! » Commença à maugréer le guerrier. « Tout comme il a réussi à entrer dans le cerveau d’Eva pour la forcer à aller lui rendre visite ! Je n’sais pas ce qu’il trame, mais laisse-moi te dire une chose : je vais découvrir ce que ce vieux crouton manigance avant de lui donner une bonne raison d’arrêter ses… ses plans… !
- Machiavéliques… ?
- C’est ça ! »
          Le mineur soupira longuement devant l’enthousiasme du rouquin, préférant glisser des tranches de brioche à la confiture vers son familier, Junior, qui n’en faisait alors qu’une bouchée. Il aurait bien voulu rassurer son compagnon de voyage quant aux motivations d’Evangéline (il avait d’ailleurs les siennes), mais le problème était, d’une part, qu’il n’en avait pas lui-même connaissance, et de l’autre, que la perspective que d’autres membres de leur troupe aient commencé à se rapprocher du scientifique n’était pas pour lui déplaire. Fut un temps, il se serait peut-être inquiété de cette soudaine empathie pour celui qui avait presque mené leur monde à sa perte. Enutrof savait que ces doutes l’habitaient toujours. Cependant, après plusieurs semaines passées à ses côtés, après tout ce qu’il avait pu voir, entendre, constater… ce qu’il avait pu déduire des non-dits, soutirer des silences et arracher aux mensonges… son opinion s’était, disons, équilibrée.
Pas un bon gars, définitivement.
Mais pas un mauvais bougre non plus…
Quelqu’un qui a beaucoup perdu, ça, c’est sûr.
          Tristepin s’apprêtait à repartir dans l’une de ses théories farfelues, Ruel, à prier les Divins pour l’extraire de cette situation, quand il fut exaucé. Les deux battants de la salle-à-manger royale s’ouvrirent, laissant passer deux coiffes familières.
« Ah, Yugo ! Comment ça va aujourd’hui, gamin ? » Se tournant vers l’autre. « Et vous, Doc’ ? C’est rare de vous voir ici-bas dès le réveil ! Vous ne vous êtes pas trop fait mal en tombant d’vot’ lit j’espère ? »
          La plaisanterie provoqua quelques sourires dans l’assemblée, mais nul ne portait la trace de la moquerie. Exception faite du Iop, qui préféra conserver son air boudeur. Fait encore plus remarquable, la cible de cette pique se prit au jeu :
« Je vous remercie de votre bienveillance, mais ne vous en faites donc pas pour ces vieux os : j’ai pris toutes les dispositions nécessaires avant de me coucher hier. » Rictus. Retour à l’envoyeur. « Peut-être pourrai-je vous donner quelques conseils à l’occasion pour vous occuper des vôtres… ? »
          On put entendre quelques rires étouffés, notamment dû à l’expression outrée mais exagérément dramatique prise par le mineur. Il était clair que celui-ci versait dans le théâtralisme, et qu’aucune rancœur ne serait gardée.
          Les deux Éliatropes prient places autours des larges tablées, impatient pour l’un de pouvoir se substanter, l’autre plus intéressé par la compagnie. Nous arrivions à la fin de la semaine, et comme à son habitude, Maître Joris n’allait pas tarder à venir faire son rapport concernant l’état de la Nation « du Bien et de la Justice » - un nom quelque peu provocateur et pompeux avait jugé le scientifique. Il était certain qu’une étude approfondie des comptes de certains nobles bontariens, voire une courte promenade dans les coulisses du palais, seraient toutes deux riches d’enseignements concernant cette soi-disante « justice ». Il avait arpenté ces mêmes couloirs plusieurs milliers d’années auparavant et savait que, derrière ces rideaux de velours, se peignaient les fresques les plus sombres, celles que le peuple n’aura jamais l’occasion d’admirer car leur simple mention risquerait de fragiliser ces vieilles colonnes qui avaient supporté tant de dynasties auparavant. L’huile ne cessait pourtant de s’infiltrer dans la moindre nervure, n’attendant qu’une étincelle pour dévorer forts et cités… qu’un mot interdit pour souffler sur les braises de la guerre. Ainsi, il ne s’aviserait pas d’en débattre avec le messager pour le moment ; ne sachant si sa loyauté à la couronne surpassait son esprit critique, mieux valait ne pas tenter Rushu sur la question des éventuels travers de ses supérieurs. Il se réservait ça pour plus tard, quand…
Plus tard ?
Ha !
Plus tard…
          Comme prévu, le petit être encapuchonné finit par faire son entrée, son visage dans l’ombre mais des yeux perçants, qui se mirent immédiatement à détailler la scène qui se présentait à lui. Une habitude très certainement tirée d’une vie militaire, voire d’espion, nota Qilby, une tasse de thé au bord des lèvres. Maître Joris pris un soin particulier à saluer la famille Sheram Sharm, avant que son attention ne se reporter sur le vieil Éliatrope. Celui-ci en profita pour lui rendre un sourire éclatant, ignorant par cela même le regard gêné de son frère. Toutefois, l’autre ne sembla pas prendre ombrage de son attitude, la considérant comme une énième bravade envers ses « geôliers » comme il aimait à le répéter. Car ce que ne savait pas Qilby, ou ce qu’il préférait ignorer, c’est que si son expérience lui permettait de lire ouvertement Maître Joris, l’intelligence et la perspicacité de ce-dernier lui offrait les mêmes capacités…
Hum…
Barbe taillée, cernes moins visibles,
main droite posée sur la table - absence d’agitation nerveuse - ,
s’autorise un brin d’ironie ou de cynisme contre l’autorité,
mais surtout,
assis à côté de son frère.
Pas de tension apparente entre les deux.
Eh bien, il semblerait que notre « invité » soit bien disposé aujourd’hui.
          Sur ces observations, l’émissaire alla se poster à l’avant de la salle, tirant de son imposant paquetage un parchemin dans lequel il ne manquait jamais de consigner le moindre avancement dans leur quête. Il y tenait également compte des nouvelles envoyées par la Cité-État, et dont il s’apprêtait à faire la lecture… quand il releva la tête, interrogateur :
« Sir Phaéris ne nous a pas encore rejoint ? »
          Tous les yeux se dirigèrent alors vers la place vacante aux côtés d’Adamaï, celle-là même que le large dragon turquoise aimait occuper d’habitude.
« Adamaï. » C’était Évangéline qui tentait de couvrir les interrogations vocales de ses camarades. « Vous n’aviez pas d’entraînement matinaux aujourd’hui ?
- Non, non ! On en a déjà fait plusieurs d’affilés et Phaéris m’a même dit hier que je pouvais me reposer aujourd’hui !
- Je confirme ! » Appuya Yugo. « Il était encore avec moi lorsque je suis sorti pour aller aux cuisines ce matin.
- Il est peut-être simplement aller se dégourdir les ailes ? » Proposa Ruel. « Il tourne parfois ‘tours du Palais à l’aube.
- Si c’est ça, on l’aurait croisé avec Rubi’ ! » S’exclama alors le Iop à ses côtés. « On est parti se défouler sur quelques monstres dans la forêt et je l’aurais entendu !
- Oui, enfin, c’est plutôt toi qui a décidé pour nous deux que nous allions découper de pauvres souches innocentes dans les bois, et tu criais tellement fort à chaque coup que je doute fort que tu aies pu entendre un Trool mugir derrière un buisson… » Se permit d’ajouter Rubilax.
          Les hypothèses allaient bon train autours de la grande table, au point où même le scientifique, pourtant favorable à ce que Phaéris se tienne loin de lui, ne serait-ce le temps qu’il ne termine ses frugales tartines, commença à s’inquiéter de cette absence. Il était rare que le Puissant fasse preuve d’un tel laxisme… Inhabituel… Anormal. Le script ne suivait pas son cours.
          De manière tout aussi surprenante, alors même que le Roi Sadida envisageait de demander à la garde de mander le dragon, la réponse s’incarna dans une voix timide, presque entièrement dissimulée derrière l’imposante jarre de confiture qu’elle portait.
« Messire Phaéris ? » Demanda le domestique. « Il vient à peine de partir, il y a de cela… Une vingtaine de minutes ? Trente peut-être ? Mais nous pensions que vous étiez au courant, Maître Joris, étant donné qu’il s’agit d’un agent de Bonta qui…
- Un agent de Bonta ? » Répéta l’intéressé, visiblement perturbé. « Quel agent ?
- J-je ne saurais pas trop v-vous répondre, Maître Joris, il… C’était u-un agent de Bonta ?
- C’est impossible : aucun agent n’a été détaché de la garnison. Je suis le seul habilité au Royaume pour la durée de cette mission. Un changement, aurait-il dû advenir, j’en aurais été informé. 
- E-eh bien… J-je suis vraiment navré, j-je ne savais p-pas que… !
- Mais il vous a donné son identité au moins ? Ou vous ne lui avez pas demandé vous-même ?! » S’impatienta alors le Prince Armand. « À quoi ressemblait-il ? Était-il accompagné ? D’autres personnes l’ont-elles vu entrer et sortir du Palais ?! »
          Le pauvre servant tremblait à présent des branches aux racines, persuadé de finir dans les cachots le soir même. Posant une main sur le bras de son fils aîné, le Roi ramena le calme, ce sans que son regard ne perde le sérieux que les évènements avaient projeté sur les gaufres et croissants, désormais délaissés sur leurs plateaux d’argent.
« Méryn… c’est bien cela ? » Le domestique, tétanisé, ne put qu’hocher la tête. « Je suis certain que tu ne cherchais qu’à accomplir ton devoir. Quelques rappels sur les principes premiers de sécurité devront néanmoins être menés, nous sommes bien d’accord ? » Le ton était ferme, mais la bienveillance demeurait. L’autre sembla se détendre. « Maintenant, pourrais-tu raconter, avec le plus de détails possibles, la venue de cet « agent » ? Et plus encore, ce qu’il souhaitait transmettre…»
          Le dénommé Méryn, se débarrassant prestement de son chargement sur la table la plus proche, époussetant machinalement son tablier, débuta son récit :
« C-cela devait être le soir où Dame Amalya ainsi que ses compagnons sont revenus de la Foire de la Science. Tout le monde était retourné dans ses appartements, e-et je vaquais aux préparations du d-diner. C’est alors qu’en revenant vers les cuisines, un des g-gardes m’a interpellé : un agent de B-bonta était à ses côtés.
- Comment l’avez-vous reconnu ? » S’enquit Maître Joris, le regard aussi incisif que soucieux.
« I-il portait la t-tunique officielle des envoyés de la Cité ! Bleu et argent ! » S’empressa de préciser le domestique. « Il semblait a-avoir longtemps v-voyagé, couvert qu’il était de boue et de poussière… Mais ce qui était le plus a-alarmant était… » Il ravala bruyamment sa salive. « L-le sang.
- Le… ? Vous vouliez dire qu’il était blessé ? 
- Je n’en suis p-pas certain, Princesse, m-mais c’est ce que son état laissait paraître : du sang et des m-marques de batailles sur ses vêtements ! J-j’ai donc dans un premier temps s-souhaité l’escorter à l’infirmerie : p-pour qu’ils puissent l’assister s-si nécessaire !
- Pourquoi se fait-il donc que vous n’y soyez jamais parvenus ? » Reprit Joris. « Nul doute que les Eniripsa auraient pu voir à ces prétendues blessures tout en m’interpellant pour que je vienne à la rencontre de cet émissaire… ?
- J-je ne sais pas ! » Il commençait de nouveau à paniquer. « M-mais il a insisté pour parler a-avec un r-représentant de la Cour ! Il a lui m-même demandé à vous voir, vous, Maître Joris, la famille royale… » Voix étranglée. « … ou Sir Phaéris… »
          L’histoire avait beau se dérouler devant eux, les nœuds de ce mystère ne semblaient pas pour autant disposés à relâcher leur étreinte.
« Ce que je ne comprends pas… » Énonça le Prince Armand, une once de nervosité diluée dans la voix. « … c’est pourquoi nous n’avons pas été tenus au courant de sa venue. Pourquoi le mener uniquement auprès de Phaéris ?
- I-il était le seul présent à cet instant ! Et il paraissait si pressé ! » Tenta de défendre le malheureux domestique. « A-après avoir trouvé Sir Phaéris, qui a-arpentait l’aile Ouest, j-j’ai à nouveau insisté pour a-aller visiter l’infirmerie. C-cette fois-ci, le m-messager a accepté e-et je l’ai donc laissé aux gardes q-qui en g-gardent l’accès de nuit ! » Il se prosterna alors contre l’écorce. « J-je suis sincèrement d-désolé de ne p-pas vous avoir averti ! M-mais le sujet s-semblait i-important, e-et vous nous aviez avertis du caractère c-confidentiel de cette m-mission ! Je pensais qu’a-après avoir appris la n-nouvelles, Sir Phaéris é-était directement allé v-vous trouver pour vous a-avertir également ! »
          Le voilà qui sanglotait à présent, implorant à demi-mot le pardon de son suzerain, mais aussi de l’ensemble des héros, comme héraults, présents. Avant de murmurer quelques directions à l’une des servantes restées en retrait pour qu’elle puisse raccompagner Méryn dans les branches basses où se trouvaient leurs quartiers, le Roi lui demanda néanmoins :
« Et cette nouvelle… Cette nouvelle de la plus haute importance… Quelle était-elle ? »
          Se relevant péniblement avec l’appui de l’une de ses camarades, le Sadida dont le feuillage avait pris une teinte jaunâtre articula :
« L-les praires de M-montay… La bête les a r-ravagées. »
          Derrière les regards, à présent emplis de terreur, les interrogations se bousculaient ; une succession de rouages qui tentaient tant bien que mal de s’emboiter, de donner du ressort à cette machine incomplète… incompréhensible.
« C-c’est impossible. » Finit par décréter Maître Joris dans un murmure qui, dans ce silence, résonnait comme un cri. « Le gros de nos forces sont basées dans les régions du Sud… Nous au-… !
          Un claquement assourdissant l’interrompit soudain. Un des bancs de chêne venait de s’écraser au sol.
« Q-qilby… ?! » S’étonna Yugo, se massant les vertèbres qui l’avaient suivi dans sa chute. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu… ? »
          Mais le scientifique ne l’écoutait plus. Debout, les yeux perdus dans le vague mais pourtant dotés d’un vif éclat, sa mémoire rejouait les scènes de ces derniers jours. Il avait résolu l’énigme.  
Hey ! Le Traître !
Le poison contre la créature : quand l’auras-tu terminé ?
Un Nephylis…
Dans une d-dizaine de jours. Je devrai avoir fini dans une dizaine de jours…
J’image certainement, à l’image de certains ici présents, que ceux-ci se sont lancés tête baissée dans la bataille, hum ?
La bête les as r-ravagées.
Or, il s’agit là exactement de ce que la créature désire…
.
Nous ne pourrons probablement pas nous permettre d’attendre plus longtemps.
.
.
Déjà debout ?
C’est plutôt moi qui devrais te faire la remarque !
« Sombre imbécile ! » Hurla-t-il alors devant les Douziens, médusés.
          Sans plus d’explication, l’Éliatrope se mit à courir. On pouvait entendre, talonnant de près le claquement de ses semelles, les exclamations surprises accompagnées des ordres de s’arrêter. Il n’y répondit pas, réservant son souffle pour conserver son allure effrénée. Les longs couloirs avalés en quelques foulées laissèrent leur place aux marches dévalées en trois ou quatre sauts. Un instant, il crut remarquer un éclat azuré dans son champ périphérique, très certainement son frère tentant d’ouvrir un portail pour le rattraper, mais son cadet n’était malheureusement pas encore habitué à se déplacer dans un espace aussi réduit…
          Lorsque la Confrérie du Tofu, épaulée par Maître Joris, le Prince Armand et une demi-douzaine de gardes finirent par retrouver le scientifique, ils venaient de franchir le seuil du laboratoire improvisé pour les besoins de leur mission. À première vue, celui-ci ne semblait pas différer de l’ordinaire, ce, bien entendu, si ce n’est la coiffe ivoire qui déambulait frénétiquement de paillasses en paillasses, les pupilles sautant frénétiquement de la plus ridicule éprouvette à la plus étrange des fioles. Ses lèvres murmuraient simultanément des termes étranges, certains évocateurs et d’autres issus de langues presque oubliées, tandis que sa main droite s’agitait fébrilement, les doigts se levant et s’abaissant dans une valse mécanique. Il comptait.
« Ha… Qil-… Haaa… Qilby ! » L’interpella Yugo, se remettant de leur course.
          L’intéressé hocha la tête.
« Veratrum album : trois onces d’huile. Bien. Poudre de magnésium : un bocal. Ici. Hysopus officinalis : huile fine et macérat. Intacts. Soufre et Chlore : sur l’étagère. Parfait… »
          C’était à se demander comment il lui était possible de se déplacer aussi aisément dans cet amoncellement de bois, de verre et de métal.
« Hum, Doc’, avec tout vot’ respect… »
          La tentative du mineur fut tout aussi sèchement écartée par un geste agacé. Soudain, alors que le Prince Armand ne s’apprêtait à faire lui-même cesser cette folie, la transe s’arrêta. Son regard venait de se figer sur un présentoir en chêne grossier. Certains des espaces étaient occupés par des instruments, d’autres, des ingrédients attendant patiemment leur transformation, mélange ou encore maturation… Cependant, ce n’était pas tant le matériel présent qui avait saisi le scientifique… mais celui qui manquait.
« Non… Non ! » En deux enjambées, il atteint le plan de travail, écartant notes et rouleaux comme s’ils pouvaient dissimuler l’objet de ses recherches. « Non, non, non ! »
          Il avait levé la voix, celle-ci ayant repris les notes aigues trahissant sa frustration.
« Il… Il n’est plus là. » Ses épaules s’abaissèrent. « Il l’a pris avec lui…
- Quoi donc ? » Interrogea Amalia, les yeux ronds de terreur. « Qu’est-ce qu’il se passe enfin ? »
          Lentement, Qilby se retourna vers la troupe qui s’était amassée aux portes du laboratoire de fortune. Il paraissait avoir pris dix ans, soit peut-être un millénaire en équivalent Éliatrope.
« L’a-antidote. » Finit-il par déglutir. « Phaéris est parti avec l’antidote. »
~ Fin de la partie 2/3 du chapitre 8
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direct-actu · 10 months ago
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Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 - Notre programme du week-end
Ce weekend au Salon de la Culture Pop a proposé comme chaque année une immersion totale dans l’univers captivant de la culture japonaise, des séries emblématiques et des légendes du cinéma. Voici un aperçu des événements proposé. Continue reading Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 – Notre programme du week-end
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levoleurdimages · 10 months ago
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Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 - Notre programme du week-end
Ce weekend au Salon de la Culture Pop a proposé comme chaque année une immersion totale dans l’univers captivant de la culture japonaise, des séries emblématiques et des légendes du cinéma. Voici un aperçu des événements proposé. Continue reading Paris Manga By TGS 16-17 Mars 2024 – Notre programme du week-end
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mrsines · 23 days ago
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L’instinct de vérité
chapitre 10 : Vivre ou mourir parti 2
»»————- ★ ————-««
L'hôpital était silencieux, brisé uniquement par le bip régulier des machines surveillant l'état de Maya. Emily était assise à son chevet, les mains serrées autour de celle de Maya, pâle et immobile.
L'équipe était déjà passée, chacun offrant des mots de soutien à Emily avant de lui laisser un moment seul avec Maya. JJ avait posé une main sur l'épaule d'Emily, lui murmurant que Maya était forte et qu'elle se réveillerait, mais Emily ne pouvait s'empêcher de sentir une peur viscérale grandir en elle.
Emily regarda Maya, ses lèvres tremblantes. Elle murmura :
« Tu ne peux pas me faire ça... Je t'interdis de partir, tu entends ? »
Les heures passaient, et Emily ne bougeait pas. Elle se souvenait de chaque instant partagé avec Maya, de ses rires, de ses sourires, de sa force inébranlable. Elle caressa doucement le dos de sa main.
« Maya... Je sais que tu m'entends. » Sa voix était tremblante, presque brisée. « Je n'ai pas eu le courage de te dire à quel point tu comptes pour moi. Tu es entrée dans ma vie, et tu l'as changée... Alors, tu dois revenir. Reviens-moi, s'il te plaît. »
Elle sentit les larmes rouler sur ses joues, mais elle les essuya rapidement. Maya détestait la voir vulnérable. Emily se força à garder une façade solide, mais à l'intérieur, elle était en morceaux.
À ce moment-là, Rossi entra discrètement dans la pièce, un regard inquiet sur le visage. Il posa une main réconfortante sur l'épaule d'Emily.
« Elle est une battante, Emily. Ne perds pas espoir. »
Emily hocha doucement la tête, mais ses yeux restaient fixés sur Maya. Lorsque Rossi quitta la pièce, elle se pencha un peu plus près de Maya et murmura à son oreille :
« Si tu te réveilles, je te promets que je te laisserai m'apprendre à cuisiner, même si je suis une catastrophe. Et je ne m'énerverai plus quand tu fais des plans risqués. Mais tu dois revenir. Je t'en supplie. »
Malgré ses mots, Maya restait immobile. Emily sentit son cœur se serrer, une douleur qu'elle n'avait jamais connue auparavant. Elle posa sa tête sur le bord du lit, toujours en tenant la main de Maya, refusant de partir.
À cet instant, Maya resta entre la vie et la mort, mais Emily ne bougea pas. Pour elle, tant qu'il y avait un souffle d'espoir, elle serait là. Toujours.
⭒❃.✮:▹  ◃:✮.❃⭒
L'équipe était rassemblée dans la salle de réunion, les visages tendus. Penelope venait de présenter une série d'indices glaçants laissés par le tueur, tous pointant vers une cible claire : une femme du BAU.
« C'est un jeu pour lui, » dit Rossi en jetant un regard sérieux à l'équipe. « Il veut nous faire paniquer. »
« Ce qui est inquiétant, » ajouta JJ, les bras croisés, « c'est qu'il connaît nos mouvements, nos vies. Il a un accès à des informations qu'il ne devrait pas avoir. »
Emily, restée en retrait, regarda furtivement la porte. Son esprit était partagé entre l'urgence de cette enquête et l'état de Maya, toujours inconsciente à l'hôpital. Elle serra les poings.
Penelope poursuivit :
« Ces photos ont été prises de loin, mais il est évident qu'il nous suit depuis un moment. Regardez celle-ci. » Elle montra une image sur l'écran, une photo de JJ en train de sortir d'un café avec Tara. Puis une autre montrant Luke dans un parc, probablement lors d'un jogging.
Enfin, une dernière image apparut. Elle montrait Emily et Maya, côte à côte dans un restaurant, il y a quelques semaines à peine. Emily sentit une froideur glaciale lui parcourir la nuque.
« Il nous observe. Il joue avec nous, » conclut Penelope.
Rossi prit les devants. « JJ, Luke, vous prenez la charge de l'enquête active. Penelope, fouillez tout ce que vous pouvez trouver sur ces images, d'où elles viennent, qui les a prises. Je veux des réponses immédiatement. Emily... »
Rossi hésita un instant, voyant la fatigue dans ses yeux.
« Toi, concentre-toi sur Maya pour l'instant. Elle a besoin de toi. »
Emily secoua la tête, refusant.
« Non. Je peux gérer les deux. Ce tueur est une menace directe, et je ne vais pas rester en arrière pendant qu'il vise mon équipe. »
JJ posa une main réconfortante sur son bras. « Emily, on sait à quel point tu tiens à Maya, mais Rossi a raison. On a besoin que tu sois claire d'esprit pour cette affaire, et pour l'instant, on gère. »
Emily détestait admettre qu'ils avaient raison, mais elle acquiesça, à contrecœur. JJ et Luke se rendirent sur les lieux où l'une des photos avait été prise. Ils interrogèrent des témoins, mais les réponses étaient maigres.
« Ce gars est un fantôme, » grogna Luke en jetant un regard vers JJ.
JJ hocha la tête, concentrée. « Peut-être un ancien policier ou un militaire. Il a la formation pour rester invisible tout en surveillant. »
Luke répondit en fronçant les sourcils : « Il a visé Emily et Maya dans cette photo. Peut-être qu'il pense qu'Emily est sa vraie cible. »
JJ réfléchit un instant. « Ou peut-être qu'il voulait les séparer... »
Emily était assise près du lit de Maya, silencieuse, les yeux fixés sur le visage pâle de la jeune femme. La chambre d'hôpital était plongée dans un calme oppressant, seulement perturbé par les bips réguliers des machines qui surveillaient Maya.
Tara entra discrètement, une tasse de café à la main. Elle posa la tasse sur la petite table à côté d'Emily et s'assit dans la chaise voisine.
« Tu devrais boire un peu, » murmura Tara, brisant le silence.
Emily hocha la tête, mais ne bougea pas. Tara observa son amie, remarquant la fatigue qui pesait sur elle.
« Elle est forte, Emily, » dit Tara doucement. « Si quelqu'un peut se battre pour revenir, c'est Maya. »
Emily inspira profondément, comme pour contenir une vague d'émotions. Elle répondit d'une voix basse :
« Elle n'aurait jamais dû être dans cette situation. J'aurais dû être plus prudente, plus... »
Tara l'interrompit calmement. « Tu ne peux pas te blâmer pour ça. Ce tueur a manipulé tout le monde. Il a planifié chaque détail pour nous atteindre. »
Emily détourna les yeux, le regard brillant d'inquiétude. « Tu sais, c'est la première fois que j'ai l'impression de perdre le contrôle. Je ne peux pas... » Elle s'arrêta, cherchant ses mots.
Tara posa une main réconfortante sur son bras. « Emily, ce que tu ressens pour Maya... ça compte. Et ce n'est pas une faiblesse. »
Emily haussa légèrement les épaules, essayant de masquer son trouble. « Ce n'est pas le moment pour ça. Ce n'est jamais le moment pour ça. Elle est... tellement jeune, Tara. Et puis... je suis son supérieur. »
Tara fronça légèrement les sourcils, mais garda son ton bienveillant. « Elle n'est pas aussi fragile que tu le penses. Tu as vu ce qu'elle a traversé et comment elle s'est battue. Mais tu as raison sur une chose : ce n'est pas le moment. »
Emily esquissa un sourire amer. « Merci pour ça. Une analyse franche et logique, comme toujours. »
Tara sourit à son tour. « C'est mon rôle, non ? Mais sérieusement, tu n'es pas seule dans cette histoire. On est tous là pour toi. Pour vous deux. »
Emily hocha la tête, et un silence s'installa de nouveau. Après un moment, elle murmura :
« Merci, Tara. »
Tara se leva, prête à partir, mais elle posa une dernière fois les yeux sur Maya.
« Elle va s'en sortir, Emily. Tu dois y croire. »
Emily resta seule, ses pensées tourbillonnant. Elle attrapa la tasse de café laissée par Tara, mais son regard ne quittait pas Maya.
« Reviens-moi, » murmura-t-elle presque inaudiblement.
Alors qu'Emily était assise, épuisée, à côté de Maya, un mouvement dans le couloir attira son attention. En levant les yeux, elle aperçut Marcus, visiblement inquiet mais gardant un air ferme, entrer dans la chambre.
Il s'arrêta un instant à l'entrée, les yeux rivés sur sa fille allongée sur le lit, branchée à des machines qui surveillaient ses signes vitaux. L'espace d'un instant, son masque d'homme dur faillit se fissurer.
« Qui a fait ça ? » demanda-t-il d'une voix basse et glaciale, son regard se posant sur Emily.
Emily se leva, croisant ses bras pour cacher la tension dans ses mains. « On travaille dessus. Le tueur est toujours dehors, mais on le retrouvera. »
Marcus s'approcha lentement du lit, effleurant délicatement la main de Maya. Il détourna un instant les yeux, tentant de maîtriser l'émotion qui montait en lui, avant de regarder Emily droit dans les yeux.
« Ça ne me suffit pas, Emily. J'ai besoin de savoir que cette ordure va payer. Vous avez une piste ? »
Emily hésita, pesant ses mots. « On a des indices. Rossi, JJ et Luke sont en train d'éplucher les nouvelles informations. Mais je te promets qu'on ne le laissera pas s'en tirer. »
Marcus plissa les yeux, son expression mélangeant colère et protection. « Tu ferais bien de tenir cette promesse. Parce que si le FBI échoue, je m'en chargerai. »
Emily se redressa, adoptant un ton autoritaire. « Ce n'est pas ton combat, Marcus. Maya est l'une des nôtres. Tu n'as pas à te salir les mains, on s'en occupe. Reste avec elle. »
Le regard de Marcus s'adoucit légèrement, mais il était clair qu'il n'abandonnerait pas si les choses traînaient. Il hocha la tête et s'assit à côté de Maya, tenant sa main.
Emily quitta la pièce et attrapa son téléphone. Elle composa rapidement le numéro de Rossi.
« Rossi, c'est Emily. Écoute, Marcus est ici, et il est prêt à tout. On doit accélérer le rythme, sinon il risque de prendre les choses en main, et ça ne finira pas bien. Où en êtes-vous ? »
De l'autre côté de la ligne, la voix de Rossi était grave. « On a trouvé un lien potentiel entre le tueur et une victime précédente. JJ et Luke interrogent une connaissance de la victime en ce moment. Mais si Marcus est là, on doit effectivement bouger vite. Je te tiens au courant dès qu'on a quelque chose de solide. »
Emily raccrocha, prit une grande inspiration et retourna à la chambre de Maya. Marcus n'avait pas bougé, ses yeux toujours fixés sur sa fille.
« Tu restes ici avec elle, Marcus, » dit Emily d'un ton ferme mais respectueux. « Et je te promets qu'on va le trouver. Tu as ma parole. »
Marcus hocha la tête lentement, mais ses mâchoires serrées trahissaient sa frustration. Emily quitta à nouveau la chambre, déterminée plus que jamais à résoudre cette affaire avant que Marcus ne décide d'intervenir lui-même. Marcus était assis près du lit de Maya, son visage habituellement impassible marqué par la fatigue et l'inquiétude. Sa grande main enveloppait celle de sa fille, froide et immobile, tandis que les machines rythmaient la pièce d'un bip régulier mais angoissant.
Il baissa les yeux sur elle, luttant pour contenir les émotions qui le submergeaient.
« Cariña, » murmura-t-il doucement, sa voix rauque, « je t'ai toujours dit que tu étais trop têtue pour ton propre bien. Mais là, je vais te demander d'être têtue encore une fois. De te battre. Parce que si tu crois une seconde que je vais te laisser partir, tu te trompes. »
Sa voix vacilla, mais il serra sa mâchoire pour garder le contrôle. Il posa son autre main sur celle de Maya, la tenant plus fermement comme si sa chaleur pouvait lui transmettre sa force.
« Tu sais... » continua-t-il, baissant légèrement la tête, « je n'ai pas toujours été le père que tu méritais. J'étais trop souvent absent, toujours à courir après des ennemis, à poursuivre des missions, comme si elles étaient plus importantes que toi. Mais elles ne l'ont jamais été. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, Maya. »
Il inspira profondément, ses épaules s'affaissant sous le poids de sa culpabilité et de sa peur.
« Je sais que tu es forte, Cariña. Tu es bien trop forte pour laisser une chose comme ça t'arrêter. Mais tu dois me prouver que j'ai raison. Tu dois revenir. Parce que je ne peux pas te perdre. Pas toi. »
Il leva son regard vers le visage pâle de Maya, cherchant un signe, un mouvement, quelque chose. Mais rien. Juste le silence.
L'infirmière entra alors discrètement, venant vérifier les constantes. Marcus leva les yeux vers elle, plein d'espoir, mais elle se contenta de secouer doucement la tête.
« Toujours pas de changement, » murmura-t-elle avant de quitter la pièce, laissant Marcus seul avec sa fille.
Il se leva et commença à marcher lentement dans la pièce, le regard perdu dans le vide.
« Cariña, tu as toujours été mon roc, même quand je ne le méritais pas. Alors, je vais te demander une dernière chose : ne m'abandonne pas. Reste avec moi. Je ne quitterai pas cette pièce tant que tu ne reviendras pas. »
Revenant s'asseoir, il posa doucement son front contre la main de Maya. Sa respiration était lente, presque étouffée par l'émotion. Les heures passaient, et malgré son désespoir, il resta là, immobile, fidèle à sa promesse.
⭒❃.✮:▹  ◃:✮.❃⭒
Le soleil déclinait doucement, projetant une lumière orangée à travers les rideaux de la chambre d'hôpital. L'équipe du BAU était rassemblée dans la pièce, un silence pesant régnant entre eux. Rossi était adossé contre le mur, les bras croisés, observant la scène avec son calme habituel. JJ et Luke étaient près de la fenêtre, discutant à voix basse, tandis que Tara restait assise près de Maya, surveillant les moniteurs avec attention. Marcus était toujours à son chevet, tenant sa main, ses yeux rivés sur elle comme s'il attendait un miracle.
La porte s'ouvrit doucement, et Emily entra. Ses traits étaient tirés, et son habituel masque de chef imperturbable semblait fissuré. Elle balaya la pièce du regard, s'arrêtant sur Maya, qui restait immobile, inconsciente, ses respirations faibles mais régulières.
« Toujours rien ? » demanda Emily en s'approchant, sa voix un murmure.
Tara secoua la tête en silence, tandis que Marcus levait les yeux vers Emily, une expression à la fois inquiète et fatiguée.
Emily se plaça à côté de Marcus, déposant une main réconfortante sur son épaule avant de s'accroupir près du lit.
« Allez, Maya, » murmura-t-elle doucement, ses doigts effleurant ceux de la jeune femme. « On t'attend tous ici, alors ne nous fais pas attendre plus longtemps. »
Le silence fut soudain rompu par un faible gémissement.
Tous relevèrent brusquement la tête, leurs regards convergeant vers Maya. Ses doigts bougèrent légèrement, et un soupir s'échappa de ses lèvres.
« Maya ? » murmura Marcus, sa voix pleine d'espoir.
Maya cligna lentement des yeux, ses paupières papillonnant alors qu'elle semblait lutter pour s'orienter.
« Cariña, je suis là, » dit Marcus en serrant doucement sa main.
Maya ouvrit enfin les yeux, ses prunelles troublées balayant la pièce avant de s'arrêter sur son père, puis sur Emily, qui retenait visiblement son souffle.
« Qu'est-ce qui... s'est passé ? » demanda-t-elle, sa voix rauque et faible.
Emily sentit un poids immense quitter ses épaules, un souffle tremblant s'échappant de ses lèvres.
« Tu as fait ce que tu fais toujours, » répondit Emily, son regard brillant d'émotion. « Tu t'es battue. Et comme d'habitude, tu as gagné. »
Maya tenta un faible sourire, mais elle grimaça légèrement de douleur.
« Ça... ressemble pas à une victoire. »
Rossi s'approcha, un sourire soulagé éclairant son visage. « Tu es en vie, Maya. C'est la plus grande victoire qu'on pouvait espérer. »
JJ et Luke se rapprochèrent également, chacun offrant des mots d'encouragement et de soulagement.
Emily, toujours agenouillée à côté d'elle, attrapa doucement la main de Maya.
« Tu nous as fait une sacrée peur, » murmura-t-elle, son regard plongé dans celui de Maya.
Maya hocha doucement la tête, ses paupières commençant déjà à s'alourdir à nouveau. Marcus posa une main sur son épaule.
« Repose-toi, Cariña, » murmura-t-il avec tendresse. « Tu es entourée. Rien ne peut t'arriver. »
Maya ferma les yeux, un soupir paisible s'échappant d'elle alors qu'elle retombait dans un sommeil plus calme.
Emily se releva, sa main glissant doucement de celle de Maya. L'équipe se dispersa peu à peu, laissant Marcus et Emily seuls dans la pièce. Marcus se tourna vers Emily, un mélange de gratitude et de respect dans ses yeux.
« Merci d'être restée à ses côtés. »
Emily hocha simplement la tête, son regard toujours fixé sur Maya.
« Elle est forte. Mais elle ne devrait pas avoir à l'être autant, » murmura Emily, plus pour elle-même que pour Marcus.
Ce dernier sourit doucement, mais avec une pointe de gravité.
« Elle a des gens comme vous pour veiller sur elle. Ça lui suffit. »
La nuit tombait doucement, plongeant la chambre d'hôpital dans une semi-pénombre, seulement éclairée par les lumières tamisées des machines. L'équipe, après s'être assurée que Maya était hors de danger, avait commencé à quitter la pièce une à une. JJ avait donné un sourire rassurant à Emily avant de partir, suivie de Rossi, Tara et Luke. Marcus, après un dernier regard tendre vers sa fille, s'était tourné vers Emily.
« Veillez bien sur elle, » dit-il doucement avant de quitter la pièce, la laissant seule avec Maya.
Emily se rapprocha du lit, s'asseyant doucement sur la chaise à côté de Maya. Elle observa son visage apaisé, ses traits bien plus détendus que lorsqu'ils étaient attachés, vulnérables face à leur tortionnaire. Pourtant, même endormie, Maya semblait porter le poids de tout ce qu'elle avait traversé.
Emily soupira, son regard baissant sur la main de Maya qui reposait près d'elle. Hésitant un instant, elle tendit la sienne et entrelaça leurs doigts, un geste protecteur et intime à la fois.
« Maya, » murmura-t-elle, sa voix presque un souffle. « Je suis désolée de t'avoir mise dans cette situation. J'aurais dû te protéger mieux que ça. »
Le silence lui répondit, mais Emily resta là, ses doigts légèrement serrés autour de ceux de Maya.
« Tu es tellement forte, tu n'as même pas idée. Mais tu ne dois pas tout porter seule. Je serai là, toujours. Même si... » Elle hésita, les mots lui brûlant les lèvres. « Même si je ne suis pas toujours à la hauteur de ce que tu attends de moi. »
Emily ferma les yeux un instant, se maudissant pour la douleur qu'elle avait causée à Maya en essayant de nier ce qu'elles ressentaient l'une pour l'autre.
Une faible voix la tira de ses pensées.
« Tu parles toute seule, maintenant ? »
Emily releva brusquement la tête. Les yeux de Maya étaient ouverts, légèrement plissés, mais fixés sur elle avec un éclat amusé malgré la fatigue.
« Maya... Tu es réveillée. » Emily sentit son cœur s'emballer, incapable de cacher son soulagement.
Maya tenta un sourire, faible mais sincère. « Tu t'inquiètes trop, Madame Prentiss. »
Emily leva les yeux au ciel, un sourire moqueur sur les lèvres, mais ses yeux brillaient d'émotion. « Tu es impossible, tu sais ça ? »
Maya la regarda, son sourire s'effaçant légèrement. « Tu es restée tout ce temps ? »
Emily hocha doucement la tête. « Évidemment. Je n'allais pas te laisser seule après tout ça. »
Maya détourna les yeux, son expression se faisant plus grave. « Je t'ai entendu parler, tu sais. »
Emily sentit son cœur se serrer. « À quel moment ? »
Maya tourna lentement la tête pour la regarder. « Juste là. Quand tu disais que tu serais toujours là pour moi. Tu le pensais ? »
Emily hésita, mais face au regard de Maya, elle savait qu'elle ne pouvait plus mentir. « Oui, je le pensais. »
Maya chercha son regard, comme pour y lire quelque chose de plus profond.
« Alors reste, » murmura-t-elle, sa voix presque inaudible.
Emily sentit sa gorge se nouer, mais elle serra un peu plus la main de Maya. « Toujours, » répondit-elle simplement.
Un sourire paisible se dessina sur le visage de Maya, et ses yeux se refermèrent doucement. Cette fois, elle semblait se rendormir sans inquiétude, sachant qu'Emily était là.
Emily, quant à elle, resta près d'elle, veillant dans le silence de la nuit, tenant toujours sa main, comme une promesse silencieuse qu'elle n'avait plus besoin de prononcer.
Alors qu'Emily veillait en silence, Maya ouvrit à nouveau les yeux, cette fois complètement lucide. Son regard se posa sur Emily, et un léger sourire étira ses lèvres.
« Tu es toujours là, » murmura Maya, d'une voix rauque mais douce.
Emily hocha la tête, incapable de se détacher de son regard. « Je t'ai dit que je ne partirai pas. »
Maya fixa leurs mains toujours entrelacées, avant de relever les yeux vers Emily. « Tu sais... J'ai cru que je ne te reverrais jamais. »
Emily baissa légèrement les yeux, sa voix se faisant plus grave. « J'ai cru la même chose. Quand je t'ai vue là-bas, au sol... » Sa voix se brisa un instant. « J'ai eu peur de te perdre. Et ça m'a fait réaliser des choses. »
Maya fronça légèrement les sourcils. « Quelles choses ? »
Emily hésita, ses doigts se resserrant instinctivement autour de ceux de Maya. « Que... je tiens à toi. Beaucoup plus que je ne le devrais. »
Maya la regarda, ses yeux brillants d'émotion malgré la fatigue. « Pourquoi tu crois que tu ne devrais pas ? »
Emily secoua la tête, un sourire triste sur les lèvres. « Parce que je suis ton supérieur. Parce que je suis censée te protéger, pas me laisser distraire par ce que je ressens. »
Un silence s'installa entre elles, chargé de non-dits et d'émotions. Finalement, Maya brisa ce silence.
« Emily, » murmura-t-elle en tendant doucement la main pour effleurer la joue de l'aînée. « Arrête de lutter contre ce qui est évident. »
Emily sentit son souffle se couper à ce contact. Elle ferma les yeux un instant, comme pour savourer la chaleur de la main de Maya contre sa peau. Puis, elle ouvrit les yeux, fixant intensément ceux de Maya.
« Je ne veux pas te perdre, » confia Emily, sa voix presque brisée.
Maya sourit doucement, son regard débordant de tendresse. « Alors arrête de chercher des excuses. »
Emily n'attendit plus. Lentement, elle se pencha, ses lèvres effleurant d'abord la joue de Maya, puis s'approchant de sa bouche. Maya comblait la distance entre elles, leurs souffles se mêlant.
Le baiser qui suivit était doux au départ, presque hésitant, mais il se transforma rapidement en quelque chose de plus intense, de plus passionné. C'était un mélange d'émotions retenues depuis trop longtemps : peur, soulagement, désir, et un amour naissant qu'aucune des deux ne pouvait nier.
Emily recula légèrement, ses lèvres à peine séparées de celles de Maya. « Est-ce que ça va ? » murmura-t-elle, son souffle chaud contre celui de Maya.
Maya hocha doucement la tête, un sourire sincère étirant ses lèvres. « Ça va mieux que bien. »
Emily posa son front contre celui de Maya, un sourire apaisé sur le visage. « Repose-toi maintenant. Tu as besoin de reprendre des forces. »
Maya acquiesça, ses doigts toujours enlacés avec ceux d'Emily. « Tu restes ? » demanda-t-elle dans un souffle.
« Toujours, » répondit Emily sans hésiter, un sourire tendre illuminant son visage.
Maya ferma les yeux, cette fois pour s'endormir en paix, avec la certitude qu'Emily serait là à son réveil. Maya rouvrit les yeux un instant, sentant qu'Emily n'avait pas lâché sa main. Elle tourna légèrement la tête vers elle, un sourire fatigué mais sincère sur les lèvres.
« Emily... » murmura-t-elle, sa voix faible mais pleine d'émotion.
Emily caressa doucement la joue de Maya avec son pouce, son regard rempli de douceur et de tendresse. « Oui ? »
Maya hésita, ses yeux cherchant ceux d'Emily. « Je t'aime. »
Ces mots, bien que prononcés faiblement, firent l'effet d'un coup de tonnerre dans la pièce. Emily sentit son cœur se serrer, ses yeux s'humidifiant malgré elle.
Elle se pencha doucement, déposant un baiser sur le front de Maya avant de murmurer contre sa peau : « Moi aussi, Maya. Je t'aime. »
Maya sourit faiblement, fermant les yeux un instant. Emily, incapable de se résoudre à quitter son chevet, hésita, puis se leva pour contourner le lit. Elle se glissa prudemment à côté de Maya, veillant à ne pas lui faire mal.
Maya ouvrit les yeux, surprise. « Qu'est-ce que tu fais ? »
Emily sourit doucement. « Je te tiens compagnie. Je veux être là pour toi... et je suis sûre que tu dors mieux quand tu te sens en sécurité. »
Maya rit doucement, bien que cela lui coûte un peu de force. « Tu sais, c'est un peu tricher... mais je ne vais pas me plaindre. »
Emily glissa un bras autour des épaules de Maya, qui se blottit contre elle aussi bien qu'elle le pouvait malgré ses blessures. Emily posa son menton sur le sommet de sa tête, respirant l'odeur familière de Maya.
« Ça va aller, » murmura Emily, sa voix douce et rassurante.
Maya soupira, un sourire paisible sur les lèvres. « Tant que tu es là... oui, ça va aller. »
Les deux femmes restèrent ainsi, enveloppées dans une bulle de réconfort et d'amour, oubliant pour un moment le reste du monde. Maya finit par s'endormir contre Emily, qui resta éveillée un moment encore, veillant sur elle comme une promesse silencieuse de ne jamais la laisser tomber.
⭒❃.✮:▹  ◃:✮.❃⭒
Dans l'obscurité de la nuit, Marcus ne pouvait plus supporter l'inaction. L'attente, la douleur de voir sa fille souffrir, le rongeait à chaque instant. Il savait ce qu'il avait à faire. Il s'était préparé, mentalement et émotionnellement, pour ce moment, et la haine qu'il nourrissait envers l'homme qui avait failli ôter la vie de sa fille était trop forte pour l'ignorer.
Il se glissa dans l'ombre, silencieux, son esprit empli d'une rage qu'il avait longtemps contenue. Ce n'était plus une question de justice, mais de vengeance. Ce tueur, ce monstre, avait trop fait de mal à sa fille et à ceux qu'il aimait.
Arrivé à l'endroit où il savait que l'homme se cacherait, Marcus attendit, immobile. Le bruit des rues désertes laissait place au silence lourd de tension. Puis, comme une ombre malfaisante, l'homme apparut enfin, confiant et insouciant. Il ne savait pas ce qui l'attendait.
Sans un mot, Marcus s'avança rapidement. Le combat fut bref, mais brutal. Il n'y avait ni honneur ni pitié dans ce moment. L'homme tenta de se défendre, mais Marcus était implacable, alimenté par des mois de colère accumulée. Dans un dernier geste, il frappa, sans hésitation, sans regret. L'homme tomba, inerte.
Marcus resta là un moment, son souffle court, observant le corps de l'homme. Un sentiment de soulagement étrange et amer s'empara de lui. Ce n'était pas la fin qu'il avait imaginée pour sa fille, mais il savait que c'était la seule façon qu'il avait de rendre justice, à sa manière.
Il se détourna du corps et disparut dans l'obscurité de la nuit, ses pas résonnant dans les rues désertes. Il ne reviendrait pas. Tout ce qui comptait désormais était sa fille, et il savait qu'elle aurait un jour la chance de guérir, même si la douleur de ce qui venait de se passer ne disparaîtrait jamais vraiment.
‿︵‿︵ʚɞ『FIN』ʚɞ‿︵‿︵
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papillondusublime · 24 days ago
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Ah! Te dirai-je, ma fille, Ce pourquoi mon cœur vacille. Quand de travail je déborde, Comme l'évier de vaisselle, Larmes me tire sans corde La tourbe sous tes semelles. Ce qui cause mon tourment, Tu l'ignores, douce enfant. Amère est ma vie; moi seule Ai une place en cuisine. L'on me dit: « Ferme ta gueule! » Mais mon ventre crie famine. Papa veut que tu raisonnes Mais moi, que ta voix résonne. Ma fille, dans un bureau, La mienne étouffe avec moi. Comment, entre des barreaux, Délivrer un air de joie? Comme une grande personne, Il me faut, pour être bonne, Rêver petit sous un ciel Qui arrache mon plumage, Voler de mes propres ailes Tout en restant dans ma cage. Moi, je dis que les bonbons Auront, plus tard, goût de plomb. Tu sauras qu'ils font grossir Et amincissent l'émail, Qu'une femme doit grandir En hauteur et non en taille. Valent mieux que la raison Les jouets dans la maison. Mais, dans le monde des grands, Sont punis ceux qui partagent; Qui vole un rêve d'enfant, Sa peluche, est nommé sage. Poésie: extrait de "Ah! Te dirai-je, ma fille", à lire dans "Genèse d'une femme" par Marine Mariposa, disponible gratuitement sur https://sites.google.com/view/papillondusublime/gen%C3%A8se-dune-femme
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hellmouthheritage · 1 year ago
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RPG sur www.hellmouth.forumactif.com
FAITH LEHANE :
Cette maison me rappelle tellement de souvenirs. Mon tout premier Noël en famille, avec Joyce. La seule et unique femme à m'avoir fait aveuglement confiance. J'ai bien failli la tuer, je n'en reviens pas encore que j'ai menacé de mort la mère de Buffy, alors qu'elle était ma seule et véritable amie. Mon stress grandit à chaque pas que je fais vers la porte. Tant de choses se sont passées depuis la dernière fois que j'ai vu Buffy. J'ai changé, grandi, évolué, mais les souvenirs de notre passé me hantent toujours. J'espère qu'elle me pardonnera pour tout ce qui s'est passé. Mon poing se lève lentement, et je cogne à la porte. Le bruit résonne dans le silence de la nuit, et j'entends mon propre souffle s'accélérer. Les secondes semblent durer une éternité, et j'attends anxieusement que Buffy apparaisse devant moi. Soudain, la porte s'ouvre, et c'est elle. Buffy, debout là, les yeux écarquillés de surprise.
Hey, B Essayant de cacher mon propre émoi derrière un sourire timide. Ça fait un moment. J'ai entendu dire que tu avais besoin d'aide.
BUFFY SUMMERS : Ça ne faisait pas longtemps que j'étais rentrée à la maison. La semaine avait été longue, mais c'était enfin vendredi soir. Les week-ends, comment pourrais-je vivre sans ? C'est les seuls deux jours de la semaine où je peux être libre de mes fonctions de policière. L'autre nuit, j'avais envoyé ma fille, au Bronze, mettre Faith au courant de ce qui était entrain de ce passer à Sunnydale. Je me demandais ce qu'elle en pensait. Malgré notre passif assez agressif, elle est la seule alliée dans cette guerre qui est capable de livrer bataille avec la même force et la même expérience que moi. Je n'ai pas le choix de piler sur mon orgueil et de la faire participer à cette guerre, malgré tout ce qu'elle m'a fait.
Ça cogne... J'ouvre, et devant moi se tient Faith. Mon cœur bat fort, mais je n'arrive pas à masquer ma méfiance. La voir ici, devant ma porte me fait ressentir encore plus cette plaie sur mon front entrain de cicatriser. J'avais eu de la difficulté à vaincre un Turok-Han, un peu plus tôt. Je n'avais jamais rencontré de vampires aussi forts qu'eux. Ils sont presque invincibles et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ne sont pas la plus grande menace, en ce moment. Nous avons la reine des enfers qui veut notre peau et celle de nos enfants sans oublier la grande annonce de @Willow Rosenberg, concernant des tueuses venues tout droit des enfers.
Je ne suis pas contente de la revoir après tout ce temps. Vingt-deux années dans une tombe ont fait remonter beaucoup d'émotions, y compris la rancune envers Faith pour tout ce qu'elle a fait par le passé. Elle s'est invitée dans ma famille, elle a essayé de me voler mes amis, ma vie, de tuer Willow et Alex sans oublier Angel. Cette fille, je la déteste, mais je dois admettre que je suis contente qu'elle soit là.
Faith... dis-je d'une voix froide, gardant mes émotions sous contrôle. Oui, vingt-deux ans pour être exacte. Lui lançais-je sur un ton sèche en hochant la tête sur la gauche. Aurais-tu pu choisir un moment pire pour revenir?
Je m'écarte de la porte légèrement pour la laisser entrer et la suivre dans la cuisine. Faith n'avait pas changé. Sa façon de bouger, de parler... Elle faisait comme si elle était déjà comme chez elle. Mes yeux tournèrent vers le plafond. Je prend place derrière le comptoir de la cuisine en sortant une bouteille de sauvignon blanc et deux coupes de cristal. Si j'ai à affronter une conversation avec Faith Lehane, je vais avoir besoin d'un verre et sans doute que elle aussi.
Oui, j'ai demandé à Aube de te parler des dernières nouvelles. Dis-je en gardant une distance émotionnelle. Mais ça ne signifie pas que je te fais confiance ou que je te pardonne pour tout ce que tu as fait.
Je sens le regard de Faith sur moi et ça me perturbe de la savoir ici, dans ma maison. Je sais qu'elle veut retrouver sa place dans notre équipe, mais je ne suis pas prête à lui accorder rapidement. Le ressentiment est profond, et il faudra du temps pour le surmonter, si c'est possible. Je reste sur mes gardes, ne lui accordant qu'une attention minimale. Je sais que nous avons besoin de toute l'aide possible, mais cette fille, elle me travaille les entrailles. Chaque fois que je croise ses yeux, j'ai envie de lui en mettre une.
La guerre approche, et nous devons nous concentrer sur cette menace. Je suis prête à mettre de côté mes sentiments personnels pour l'instant, mais je ne sais pas si je pourrai un jour te pardonner pour tout ce que tu m'as fait, Faith. La blessure est trop profonde. Je ne crois pas qu'un jour, toi et moi, nous serons amies.
Après avoir versé le vin dans les coupes, j'en fais glisser une devant elle en levant mon verre pour qu'elle puisse le cogner contre le mien. J'ai la quarantaine, je suis capable de faire la différence entre une amie et une alliée. J'ai besoin d'elle dans cette guerre et je veux lui faire comprendre. Je cogne mon verre contre le sien et je bois une gorgée avant de la relancer.
J'ai entendu dire que tu es la nouvelle propriétaire du Bronze. L'ancien propriétaire est disparu, la police de Sunnydale n'a toujours pas retrouvé le corps. Je le sais, parce que j'en fais partie maintenant. Lui dis-je en sortant mon badge, pour regarder sa réaction. Faith était toujours recherchée par la police de Los Angeles. Je voulais qu'elle stresse un peu.
T'en fait pas Faith. Je garderai tes petits secrets.
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