#Tempéras
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Quelques travaux des années 90 à 2000 revisités en 2023.
1 : Concert angélique. Tempera sur papier. 50x70cm. 2003 - 2002. Collection privée.
2 : Seigneur, prends pitié. Tempera sur papier. 50x70cm. 1997 - 2022. Galerie Grâce
3 : Le penseur. Tempera sur papier. 24x32cm. 1994 - 2022. Collection privée pour la version 1994.
4. La Parole perdue. Tempera sur papier. 80x120cm. 2004 -2022 Collection privée pour la version 2022.
5 : Partant du coeur. Tempera sur papier. 50x70cm. 2007 - 2022. Galerie Grâce.
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Étude colorimetrique de la scène finale du Labyrinthe de Pan, tempéra
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Face a face ce soir : Zoss-Ada Fass, le choc verbal Avant la confrontation physique, pré...
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Stérilisateurs De Couteaux D'un Magasin De Restauration Professionnel Pour Assurer Une Hygiène Complète Dans Votre Entreprise Alimentaire
Un stérilisateur de couteaux est un appareil utilisé pour désinfecter et stériliser les couteaux afin d'empêcher la propagation de bactéries, de virus et d'autres micro-organismes pouvant causer des maladies. Les stérilisateurs à couteaux sont disponibles dans une variété de types et de conceptions, mais ils utilisent généralement de la chaleur, des produits chimiques ou des rayons UV pour tuer les agents pathogènes à la surface du couteau. Vérifiez pour la restauration de troc, Bruxelles, pour des stérilisateurs de couteaux de qualité.
D'autres stérilisateurs de couteaux utilisent des solutions chimiques pour désinfecter les couteaux. Ces stérilisateurs contiennent généralement une solution d'eau et un agent désinfectant, tel que le chlore ou le peroxyde d'hydrogène. Les couteaux sont immergés dans la solution pendant une période spécifique et l'agent chimique tue toutes les bactéries ou autres agents pathogènes présents à la surface du couteau. Tout fournisseur de restauration fiable vous aidera à obtenir le meilleur équipement de restauration en Belgique.
Il existe également des stérilisateurs à couteaux qui utilisent la lumière UV pour tuer les agents pathogènes à la surface du couteau. Ces stérilisateurs se composent généralement d'une lampe UV et d'un plateau pour maintenir les couteaux. Les couteaux sont placés dans le plateau et la lumière UV est activée, tuant toutes les bactéries ou autres agents pathogènes présents à la surface du couteau. Vous pouvez vous renseigner auprès d'un fournisseur de restauration réputé, à Bruxelles, pour trouver le bon équipement professionnel.
Stérilisateurs De Couteaux D'armoire : Un Moyen Pratique D'hygiène
Les stérilisateurs à couteaux à armoire, également appelés stérilisateurs à armoire ou armoires à couteaux, sont un type de stérilisateur à couteaux qui utilise la chaleur pour désinfecter et stériliser les couteaux. Ils se composent d'une grande armoire avec des étagères pour ranger les couteaux et d'un élément chauffant qui génère de l'air chaud. Les couteaux sont placés à l'intérieur de l'armoire et l'air chaud les fait circuler, tuant toutes les bactéries ou autres agents pathogènes présents à la surface du couteau.
Les stérilisateurs à couteaux d'armoire sont généralement utilisés dans les cuisines commerciales et les installations de transformation des aliments, car ils offrent un moyen pratique et efficace de désinfecter un grand nombre de couteaux. Ils sont conçus pour être faciles à utiliser et ont souvent des fonctions de sécurité intégrées, telles que l'arrêt automatique, pour éviter que les couteaux ne soient endommagés. Avec un fournisseur renommé d'équipements de cuisine professionnels à Bruxelles, vous pouvez vous procurer le meilleur stérilisateur de couteaux d'armoire.
Certains stérilisateurs de couteaux d'armoire ont des contrôles de température et de temps réglables, permettant à l'utilisateur de personnaliser le processus de stérilisation en fonction du type et de la taille des couteaux à stériliser. Certains modèles sont également équipés de ventilateurs qui font circuler l'air chaud plus efficacement, augmentant ainsi la vitesse et l'efficacité du processus de stérilisation.
Votre Guide Rapide Pour Acheter Le Meilleur Produit
Lors de l'achat d'un stérilisateur à couteaux d'armoire, plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour s'assurer que vous obtenez le meilleur produit pour vos besoins :
1. Taille Et Capacité : Tenez compte de la taille et de la capacité du stérilisateur. Assurez-vous qu'il est suffisamment grand pour accueillir tous vos couteaux et qu'il dispose de suffisamment d'étagères ou de plateaux pour les contenir. Vérifiez s'il existe des fournitures de restauration de marque à Bruxelles, en Belgique, pour les options de taille.
2. Plage De Température : recherchez un stérilisateur avec une plage de température adaptée à vos besoins. La plupart des stérilisateurs à couteaux d'armoire sont capables d'atteindre des températures comprises entre 140 °F et 180 °F, mais certains modèles peuvent avoir une plage plus large.
3. Caractéristiques De Sécurité : recherchez un stérilisateur doté de fonctions de sécurité intégrées, telles que l'arrêt automatique et la protection contre la surchauffe, pour éviter que les couteaux ne soient endommagés.
4. Facilité D'utilisation : Considérez la facilité d'utilisation du stérilisateur, y compris les commandes et la possibilité d'ajuster les paramètres de température et de temps. Si vous avez utilisé du matériel Horeca à Bruxelles, vous vous ferez une idée.
5. Prix : Considérez le prix du stérilisateur et comparez-le à d'autres modèles avec des caractéristiques et des capacités similaires.
6. Réputation De La Marque : recherchez une marque respectée avec une bonne réputation en matière de qualité et de service client. Vérifiez les équipements professionnels Horeca en Belgique pour obtenir le meilleur produit de qualité.
7. Entretien Et Nettoyage : Considérez les exigences d'entretien et de nettoyage du stérilisateur, y compris la fréquence de nettoyage et la disponibilité des pièces de rechange.
En tenant compte de ces facteurs, vous pouvez trouver le meilleur stérilisateur de couteaux d'armoire pour vos besoins et vous assurer que vos couteaux sont correctement stérilisés et sûrs à utiliser.
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Espace d'amusement, 2021 . . Tempéra sur canevas en bois, 16 x 24 cm Projet basé sur une citation : « L’espace tout entier s’organise autour de ce meuble (et le meuble tout entier s’organise autour du livre) » Georges Perec, Espèce d’espace, 1974. P.641 . . . . . #artsagram #art #artclass #artist #artstudent #artinstallation #artschool #artistoninstagram #painting #paintingclass #artcontemporain #finearts #visualart #fineart #tempera #paintingart #temperapainting #artpainting #installation #installationart https://www.instagram.com/p/CpP0hwTuLFz/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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Ieyasu and Hanzo.
tempéra painting
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Enid joins the party! - Fire Emblem Three Houses
(Je n’ai pas trouvé de titre sérieux)
Et voilà, après Vigdis, Gladys et Maeve, c’est au tour de ma dernière héroïne, Enid, d’avoir droit à son entrée en scène.
@lilias42
Trigger warning : mentions d’automutilation et idéation suicidaire (c’est juste un petit passage, je vous rassure).
Enid associait les mages noirs à l’odeur de la charogne.
Ils ouvraient la voie à une large voiture couverte, bardée de métal. Un corbillard, une livraison d’ « atouts de guerre », comme les désignaient les documents pour éviter que les consciences ne se réveillent. Elle s’accroupit, se rendit invisible. Ses alliés devaient déjà être en position. Tout son corps se préparait à l’attaque, prêt à tuer.
L’on fit halte, des éclats de voix montèrent en constatant que la route était obstruée de planches et d’autres obstacles. Ils ne s’attendaient clairement pas à une telle situation.
Elle agrippa son épée. Le moment été venu. Perché dans son arbre, un camarade décocha une flèche. L’un des corbeaux leva la tête, mains auréolées de ténèbres. Enid se déplia, se rua sur sa proie et l’égorgea comme un poulet avec une précision chirurgicale. Un affrontement bien mené devait se terminer le plus vite possible.
Ses alliés se démenaient à ses côtés, les coups de leurs armes résonnaient au milieu de la mélopée funèbre des flèches et des sifflements de la magie. De nouveau prise pour cible par un mage noir, elle ne dû sa survie qu’à sa souplesse. Tout se jouait en l’espace d’un battement de coeur. Le couteau rejoignit la main d’Enid, son poignet la libéra avant même que le sorcier n’ait pu préparer sa riposte. Le métal vola vers son torse dans un bref éclat et s’y enfonça.
Une lame s’abattit vers elle, Enid eut à peine le temps d’esquiver, sentit le métal entailler sa peau et la chaleur du sang. Sa riposte fut furieuse, vicieuse. Le garde était fort et leurs armes s’opposèrent en un terrible fracas. Elle ne lui concéderait plus aucun avantage, hors de question de céder à un tel rebut de l’humanité. Un chant de guerre résonnait dans son corps. Bien sûr, l’emblème ne se montrait pas. A croire que cette saloperie n’avait pas d’autre but que de lui rappeler le cauchemar qu’elle avait traversé.
Le visage d’Enid avait tout d’un masque démoniaque. Un rictus dévoilait ses dents, ses yeux brillaient d’une lueur mauvaise. C’était le regard d’un serpent, froid et cruel. Insaisissable comme la fumée, elle réussit à l’entraîner dans sa toile, à lui faire adopter son tempo. Il trébucha alors, emporté par la vigueur de son offensive. Sa chair céda sous la lame d’Enid, ses yeux se révulsèrent tandis que la colère déformait ses traits. Mais il ne fut très vite plus qu’un cadavre échoué à ses pieds.
Le combat prit fin. Les freux viendraient bientôt, attirés par le festin. Enid parcourut la route du regard. Ils avaient triomphé, mais le prix avait été payé et certains d’entre eux gisaient désormais aux côtés des laquais de l’empire. Une mort commune à de nombreux héros de l’ombre.
Enid savait que cette lutte serait gagnée sur le long terme, mais rageait parfois devant leur peu d’avancées. Ces raclures devaient être éliminées et ne plus jamais toucher à qui que ce soit. Elle se tempéra, sa fureur savait aussi se faire animal à sang froid. L’empire était un colosse, mais ils finiraient patiemment par lui scier les pieds, Enid se le promettait. Elle avait tout le temps nécessaire devant elle.
La besogne n’était pas terminée. Enid se dirigea vers le véhicule et crocheta la serrure avec maîtrise. La porte s’entrouvrit alors. Une exhalaison méphitique s’en échappa alors, mélange d’excréments, de sang séché et de sanie. Elle avait beau la connaître désormais, ses tripes en furent néanmoins retournées. C’était le parfum de la déchéance, d’une horreur sans nom. Comme toujours elle se crispait, faisait violence à son instinct de survie. La rage pulsait en vagues ardentes.
Tous s’éloignèrent alors. Les monstres étaient toujours enchaînés, mais la prudence s’av��rait de mise. Rien ne bougeait à l’intérieur. Les corbeaux avaient trouvé un moyen de s’assurer de la docilité des bêtes pendant le transport. Enid ignorait s’il s’agissait un mélange de sorts, d’hypnose ou de drogues, mais le résultat était là. Les créatures étaient inertes, vautrées dans leur cloaque.
La femme à sa droite lui tendit alors la lance bénie. Enid haussa les épaules. Elle héritait toujours de ce genre de corvées car ses mains était sûres. L’équarisseuse fit un pas, pointe en avant. Rien ne bougea.
Elle sentit alors une énergie s’éveiller, c’était un avertissement un instinct, une puissance qui se massait, prête à déferler.
L’emblème. « Bon sang, c’est pas trop tôt ! ».
Enid frappa alors, chevaucha la vague, la pointe éclata sans effort l’oeil de la bête, s’enfonça plus loin. L’assassine la récupéra pleine d’une bouillie noire et de morceaux grisâtres. Déjà, la créature se désagrégeait, son être se défaisait comme autant de rubans noirs. Il lui fallut se faire statue de glace pour enjamber le cadavre sans le regarder. Le second monstre connut alors le même sort.
Enfin, s’autorisa-t-elle à la contempler. Les bêtes avaient été deux jeunes gens, couverts d’entailles. Ils étaient passé par le même enfer qu’elle, mais sans avoir la chance d’en réchapper.
« Reposez en paix, c’est fini maintenant. Que la Déesse vous guide. Je vous promet que cela ne restera pas impuni ».
Son visage restait lisse, mais son sang n’était que magma en fusion. Enid jeta la lance à sa collègue, sans plus y accorder un regard.
Bon, l’emblème avait su se montrer utile. Ils allaient pouvoir se disperser plus rapidement. Si ce coup de pouce était appréciable, mais Enid continuait à songer que le véritable avantage d’un tel don était la capacité à utiliser une arme légendaire. Quel dommage que celle qui correspondait au sien soit entre les mains de l’impératrice ! Mais la guerrière n’en était de toute manière pas digne.
*
La mort implacable abattait son poing. L’empire se montrait sans pitié avec la dissidence et plusieurs membres de leur réseau étaient tombé entre ses griffes. Les survivants avaient alors décidé de se disperser, de disparaître en souterrain. Ce n’était que partie remise, l’on ne se débarrassait pas de la mauvaise herbe ainsi. Familles opposées à la guerre, déserteurs ayant fui la conscription, nobles déchus, religieux et adeptes de l’église…nombreux étaient les porteurs de la flamme contestataire.
Enid savait qu’elle n’avait pas le temps de s’attarder sur les défunts. Elle avait appris la leçon de toute manière, chacun pouvait tomber d’un instant à l’autre. Si elle les estimait pour leur engagement, ses rapports avec eux n’avaient jamais été très approfondis. La mission devrait se poursuivre.
Sa dernière découverte l’obnubilait, occultait de toute manière tout le reste. C’était une chance formidable, obtenue au prix du sang. Le coeur affolé, Enid inspecta les feuillets devant elle, froissés, abîmés, un si fragile espoir. Les recherches d’une emblémancienne dissidente, qui avait passé des années à traquer les indices, à regarder dans les interstices. Ces documents avait été saisis par l’administration impériale mais un de leurs alliés infiltré sur place avait réussi à les détourner. Cependant, nul n’avait plus eu aucune nouvelle depuis.
Dans ses écrits, la chercheuse laissait entrevoir une paranoïa grandissante. Peu considérée par sa communauté, elle craignait que l’on ne rie de ses révélations. Elle avait également peur des conséquences si elle venait à parler. Mais un besoin fiévreux de coucher par écrit ce qu’elle savait avait guidé sa plume.
Ces charognards, ces bouchers, ces meurtriers d’enfants étaient en réalité les membres d’une société secrète qui rodait dans les coulisses de Fodlan depuis des siècles. La démonstration était étayée de preuves méticuleusement glanées. Leur intégration plus ou moins officielle à l’empire était donc relativement récente. « Si on ne se débarrasse pas d’eux, ils replongeront dans les ténèbres en attendant une occasion de sortir ». Sa main effleura le manche de sa dague.
Enid avait longtemps cru qu’ils étaient une unité secrète, strictement présente en Adrestia et répondant aux ordres de son souverain. Certains éléments revêtaient une nouvelle signification : le fait qu’ils se tiennent à part du reste des troupes, que les soldats ordinaires se méfient d’eux, qu’ils ne prennent leurs ordres que de l’hégémon ou de ses plus proches subordonnés, ainsi que leurs lettres codées rédigées dans une langue indéchiffrable. Enfin, ils étaient les seuls à pouvoir réaliser certaines opérations.
Elle avait pensé que si de tels mages étaient venus saisir leur maison, c’était à cause de l’alliance entre Cornelia Arnim et l’empire. Et si cette dernière était en réalité un membre de ce groupe, infiltrée dans Faerghus en attendant le moment propice pour agir ?
C’était une pestilence répandue à travers tout le continent, un monstre aux mille têtes. Enid brûlait de toutes les trancher, de brûler leurs tables d’opération et de les faire saigner comme leurs victimes.
Sa prochaine destination était le monastère de Garreg Mach. Elle allait avertir l’armée du royaume de la réalité de la menace et les inciter à agir en conséquence. Si le prince Dimitri et la générale Byleth désiraient construire un règne stable, ils n’auraient aucun intérêt à laisser grouiller ces serpents. Leur savoir était trop dangereux.
Peut-être leur destruction complète approchait-elle. Cette guerre ne se terminerait que par la destruction de l’une des deux parties. Edelgard préférerait sans doute voir sa tête rouler que de capituler.
De son côté, Enid les éliminerait désormais directement sur le champ de bataille.
*
De l’eau gouttait du le toit de l’église abandonnée. Autrefois lieu d’accueil et de sérénité, celle-ci n’était désormais plus qu’une coquille vide. Recroquevillée sur elle-même pour conserver sa propre chaleur, Enid s’était installée aux pieds d’un saint manchot et décapité, Cichol sans doutes. La tête mutilée de sa fille, ses yeux, son nez et sa bouche martelés, reposait un peu plus loin.
L’impératrice n’avait pas eu besoin d’ordonner cette destruction. Des groupes de fanatiques s’en chargeaient désormais très bien de leur propre initiative. Edelgard avait dénoncé les mensonges de l’église pour devenir une nouvelle déesse, un absolu.
La guerrière se souvenait de cette église à Enbarr, ce havre de paix. Sa prêtresse l’avait ramenée parmi les vivants et Enid espérait qu’elle vivait toujours. Il lui arrivait encore d’égrener parfois les noms des saints comme elle l’avait entendue faire, trouvant du réconfort dans cette litanie familière.
La pénombre l’encerclait, pesait sur son moral comme une chape de plomb. C’était l’heure où les fantômes se réveillaient. Sa main erra dans sa besace, chercha le talisman déformé, calciné.
« Ne t’en fais pas, Maeve, je te vengerai bientôt ».
Rien ne pourrait jamais l’absoudre. En succombant aux douleurs passées, Enid s’était détournée du présent.
« On a retrouvé cet objet à côté d’un corps carbonisé et méconnaissable. Une jeune fille selon toute logique… »
Maeve ne se séparait jamais de ce talisman, c’était un présent de sa mère. Une mort atroce pour une adolescente gaie, brillante et émotive. Une douce enfant qui méritait de continuer à chanter et à enchanter. Et Nemain, à qui elle devait tout, Philomèle, la survivante…Enid avait échoué à les protéger.
Sa petite soeur la visitait en rêve, sa peau fondait, se noircissait dans l’étreinte des flammes. Emportés ses beaux cheveux jusqu’à ce qu’il ne reste que le crâne nu. Son doigt accusateur condamnait Enid au bûcher des remords.
Le mal s’était emparé d’elle comme un grand froid, elle se sentait fatiguée, distante. Son corps était devenu une enveloppe trop lourde qu’elle contemplait avec détachement, laissant le givre la gagner. La pente descendait vers les profondeurs. La guerrière savait ce qui l’y attendait mais se vit glisser, sans même chercher à lutter. Enid remonta alors ses manches et contempla les cicatrices qu’elle dissimulait toujours d’ordinaire, nettes, précises…faciles à rouvrir.
« Lorsque tout sera fini, je vous offrirai la chaleur de mon sang en libation. »
La pensée jaillit des tréfonds de son âme. Ce serait rapide, elle se représentait déjà l’oubli cramoisi qui emporterait tout. Un goût acide lui remonta en bouche, un instinct muselé remua, protesta. Allons-bon ? Quelle autre issue y avait-il ? Enid tâta son visage. Dix ans avaient glissé sur elle. Il ne s’agissait plus de suspicions désormais : elle vieillissait plus lentement qu’une personne ordinaire. Une impulsion maligne la saisissait parfois et lui hurlait de prendre une dague et de régler leur compte à ces traits trop lisses et juvéniles. La solitude, de longues années passée à se dissimuler, à trouver des stratagèmes l’attendaient désormais. C’était pour cela qu’elle préférait en général opérer seule, elle n’avait pas rejoint le réseau depuis suffisamment de temps pour que l’on ne se pose trop de questions. Et puis elle supposait de toute manière qu’ils avaient eu autre chose à songer…
Cette dernière pensée à la ramena à sa mission, l’arracha aux eaux glacées. Plus tard. Mais pas maintenant. Pas maintenant. Frissonnante, comme fiévreuse, elle chercha une position plus confortable pour somnoler.
*
Comme chaque matin, le garde reprit avec entrain sa position à la porte. Qu’importait s’il y avait ou non du mouvement, il devait s’acquitter de sa tâche.
Il vit alors arriver une femme, tout de noir vêtue, juchée sur un cheval bai. L’inconnue portait une brigandine par dessus une longue tunique descendant plus bas que ses genoux, et portait l’épée. Une cape l’enveloppait.
Sa tête était relevée avec l’arrogance qu’apportait la confiance en ses capacités. Cette attitude ne faisait d’ailleurs que rehausser la noblesse de ses traits, un profil digne de figurer sur une médaille. Son nez était bien dessiné, ses pommettes saillantes, ses lèvres d’une belle couleur vive. Ses longs cheveux châtain clair étaient ramenés en une couronne tressée. Les yeux en amandes restaient néanmoins dérangeants : d’un vert très pâle, minéral, ils avaient quelque chose d’ophidien. L’expression fermée de la femme contribuait sans doute beaucoup à cette impression de froideur.
Impossible d’estimer son âge. Son premier réflexe fut de lui donner un peu moins de vingt-cinq ans. Mais son maintien, sa distinction, évoquaient la maturité d’une femme plus âgée. Cette contradiction donnait à la régularité de ses traits un aspect artificiel, comme un masque trop lisse. Il ignorait si elle était belle, mais qu’importait : elle avait un charisme indéniable.
-Je dois parler à l’évêque Leoba, annonça alors Enid, impérieuse, j’ai des informations de la plus haute importance à lui faire parvenir.
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin
Chapitre 1
P.1<t(X-5) : le damné acquiesce
Un battement. Une seconde. Un dernier signe d’adieu, et Yugo l’Éliatrope foulait à nouveau le sable de l’Archipel des Griffes Pourpres. Avant de s’y laisser choir, extenué et hagard. Derrière lui, l’aura azurée du Zaap ouvert par Balthazar depuis la dimension d’Emrub, où il avait rencontré son peuple, ses frères et ses sœurs, avant de les quitter tout aussi brutalement, appelé par le Monde des Douze à réinstaurer la paix que l’un des leurs avait perturbé par sa quête de pouvoir. Mais était-ce simplement une question de domination ?
Alors qu’autour de lui, les troupes Sufokiennes finissaient de débarrasser leurs récifs des Shushus laissés en retrait par Rushu, le petit Roi fut assailli par une sensation de malaise. Il eut beau tenter de rationaliser son état, toujours sous le choc d’un affrontement titanesque l’ayant opposé à son ainé, l’étau comprimant sa poitrine lui suggérait autre chose. Une idée plus noire. Plus profonde… Toutefois, avant même que son esprit n’ait le temps de l’explorer, c’est son frère dragon, Adamaï, ainsi que le reste de ses amis qui le sortirent de sa torpeur.
« Yugo !! Te voilà enfin ! » Amalia, princesse du Royaume Sadida l’enserra. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Où étais-tu ? Tu es blessé ?!
- Calme-toi donc un peu, princesse, et laisse donc notre p’tit bonhomme respirer voyons ! » Cette voix éraillée par les années et les négociations, c’était Ruel Stroud, accompagné de Junior son fidèle Phorreur, qui sauta sur les genoux de Yugo.
« Je… Je vais bien. » Déglutit l’intéressé, gratouillant l’animal qui lui répondit par un grondement de plaisir. « J’ai… Pas mal de choses à vous raconter, tellement de choses, mais- …
- Mais tu vas tout d’abord te reposer. » L’inflexion d’Évangéline, l’archère Crâ ne laissait aucune place à la répartie.
« Et puis comme ça, on pourra te raconter comment moi et Maître Goultard on a complètement explosé Rushu et ses démons de pacotille !! Si seulement t’avais été là Yugo : c’était épi- !!
- Effroyablement incertain, Sir Tristepin. » Phaeris, il était toujours vivant. « Sans l’intervention de notre Roi, le Traître et ses acolytes auraient très probablement réussi à mener leur plan à bien. »
Intervention du Roi. Shinonomé, c’est elle qui a battu Qilby.
Nous… Je… n’ai rien pu faire contre leur plan.
Leur plan. Son plan. Quel était le plan déjà ?
« Éva a raison, frérot, si tu voyais ta tête : on dirait celle d’une goule à la lumière ! » Adamaï renchérit, bien que son corps, fraichement libéré de l’emprise d’Anathar, le bras-droit de Rushu, n’était pas en meilleure forme.
La lumière.
Qilby n’a plus que cela désormais… Enfin ?
Peut-on seulement parler de lumière dans un univers aussi froid et vide ?
Comme s’il avait lu son fil de pensée, le jeune dragon finit par secouer doucement l’Éliatrope, dont les sens semblaient osciller entre l’aphone et l’hyper réactivité.
« Et… Et Qilby ? » Le ton se voulait doux, mais la balafre et les lèvres retroussées étaient empreintes d’une menace. « Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? »
Qu’est-il arrivé à Qilby… ?
Qu’ai-je fait ?
« Il ne représente plus un danger, je… » Il dut prendre une bouffée d’air ; la seule évocation de la prison dimensionnelle la matérialisait, l’aspirait. « Je l’ai renvoyé dans la Dimension Blanche. »
Une main reptilienne aux griffes usées se posa sur son épaule.
« Tu as bien agi, petit Roi. Qilby devait être arrêté, si ce n’est pour ses méfaits contre notre peuple, alors pour ceux des Douze. Bien que Phaeris eût aimé que le Traître réponde de ses actes, il s’agissait de la plus juste des décisions. »
Juste… Oui, Qilby devait être stoppé.
Mais était-ce le bon choix ?
N’y avait-il pas d’autres solutions ?!
Q-Qu’ai-je fait ?
Q-
« Hum, les gars, je crois que notre Yugo n’est pas vraiment dans son assiette là tout de suite : on n’ferait pas mieux de l’emmener à la tente Éniripsa ?
- Yugo ! Par Sadida, il- il- !
- Ne vous inquiétez pas mortels : Yugo a simplement puisé trop longtemps dans son Wakfu. » Tempéra le dragon solitaire.
« Mais alors ça veut dire qu’il- ! » S’alarma aussitôt Adamaï, refermant ses pattes sur le bras de son frère.
« Non Adamaï, son heure n’est pas encore venue de retourner à son Dofus non plus. » S’empressa d’ajouter Phaeris, en profitant pour soulever l’Éliatrope afin de le conduire au poste avancé des troupes militaires. « La bataille qu’il a menée l’a très certainement vidé de ses forces, mais Yugo est un guerrier de cœur et d’âme. Il lui faut à présent du temps pour que son Wakfu, notre énergie vitale, ne se restaure. »
Et alors qu’il finissait de sombrer dans une douce inconscience, bercé par le rythme des pas et les exclamations d’un Iop encore enfiévré par le combat (une histoire à propos de l’escalade d’un colosse et d’une épée enchaînée) Yugo ne put empêcher ses souvenirs de l’assaillir. Les piques, les mensonges, mais également les aveux… Tout cela ne formait plus qu’une mélasse indiscernable de reproches. Envers le Traître, envers celui ayant osé se faire appeler « frère »…
C’est vous qui m’avez trahi et pas l’inverse, frères indignes !!
Bienvenue parmi les tiens, Yugo.
Et puis, je ne t’ai pas menti sut tout ~
Depuis le début, tu passes ton temps à nous regrouper !
Attention cher tous ! Notre grand Roi vient d’avoir une révélation :
il pense me connaître !
Chaque instant reste gravé dans mon esprit…
Et il faudrait que je vous plaigne !!
Je n’ai jamais aimé la violence, mais-
Grâce à toi mon cher Roi, je suis devenu un mort-vivant !
Tais-toi !!
Non pas ça !
Parce que tu vas finir seul, Qilby…
Tout mais pas ça !!
Mon bonheur valait moins que le vôtre ?!
Yugo !!!
À moins que…
C’est fou. Honnêtement, il n’aurait pas pensé se l’entendre dire un jour, mais il avait presque oublié cet espace de poche. Ce ridicule interstice entre deux mondes, il pensait en avoir fait le tour la première fois, littéralement, arpentant le moindre centimètre à la recherche d’une issue. Même une misérable tâche d’encre sur cette page intangible aurait suffi.
Enfin, abus de langage : ses cordes vocales étaient à présent bien en peine d’articuler le moindre son. Ce n’était pas tant sa faute que celle de cet endroit, car contrairement à sa première visite dans la Dimension Blanche, il ne s’était pas évertué à supplier Yugo, le Conseil, ou même la Grande Déesse de lui venir en aide, puis à vociférer toutes les insultes et malédictions qu’il connaissait à leur encontre (et, croyez-le, la liste était aussi longue que son existence), pour enfin se résigner et vider les derniers râles de son corps. Non, cette fois, il avait préféré sauter toutes ces étapes pour arriver à l’éternelle échéance : le silence.
Un véritable « gain de temps ».
Si jamais celui-ci peut encore être gagné ici…
Comme toujours, il n’avait pour armes que son savoir et son intellect.
Et il savait comment tout cela allait finir. Lentement, il allait perdre les mesures basiques : secondes, minutes, heures allaient s’agglutiner ; les battements de son cœur ralentissant avec l’épuisement de sa conscience. L’espace également, parce qu’après tout, à quoi bon s’orienter dans un dédale sans échappatoire ? Ses sens physiques seraient les prochains. Ils ne lui seraient d’aucune aide, pourquoi s’en encombrer ? Dans cet enfer blanc, seul son habilité innée à détecter les flux de Wakfu, bien qu’extrêmement faibles en ce non-lieu, lui permettrait de se régénérer, de rester un tant soit peu alerte, juste assez pour ne pas complètement se perdre.
Pourtant, « perdu », c’était ce qu’il avait fait. Ainsi que ce qu’il était. Ce n’était pas une énigme bien difficile à résoudre, une simple équation et le résultat était sans appel… Mieux valait se faire une raison, et laisser cet atmosphère glacial s’emparer à nouveau de lui. Peut-être cette fois-ci pour de bon. Pour un être ne connaissant pas le souffle apaisant du néant, peut-être était-ce cela, « la mort » ? Il aurait néanmoins désiré que ses pensées lui soient arrachées, que son âme, pour ce qu’il devait en rester, puisse enfin trouver, si ce n’est le repos, alors la délivrance de l’absence.
Comme toujours, un sursaut de vie avait tenté de le retenir. De quoi ? Il ne savait pas vraiment. Les pétales aux senteurs fleuries d’Emrub avaient achevé leur danse depuis ce qui lui paraissait une éternité, et avaient fini par disparaître dans cet océan de brume. Oh, ne vous inquiétez donc pas, ces derniers existent toujours… Quelque part. Exister. C’est tout ce à quoi vous êtes autorisés dans la Dimension Blanche.
Exister.
Mais non vivre.
Qilby avait perdu. Retour à la case départ ~ Hehehe. Tout n’était qu’un cycle, une ronde infinie, dans laquelle les êtres vivants n’étaient rien d‘autre que des acteurs. Lui aussi avait tenté de jouer son rôle, il avait essayé pendant des millénaires. Il avait échoué.
Pourtant, tout semblait fonctionner ! Il aurait dû réussir ! Son peuple aurait dû retrouver la terre qui lui revenait de droit ! Sa famille aurait- !
Elle aurait dû être heureuse…
C’est ainsi qu’il avait œuvré : il avait envoyé Yugo chercher son Dofus, tout en sachant, par le puit distinctif de Wakfu que lui avait signalé la carte de l’Éliacube, que Phaeris le gardait. Il avait voulu user de ce répit pour en apprendre davantage sur cette Terre dont le visage avait tant changé depuis leur arrivée, sympathiser avec Adamaï, peut-être même lui avouer ce qu’il s’était réellement passé ce jour-là. Évidemment, il savait que le vieux dragon des Griffes Pourpres s’interrogerait de l’apparition de leur « Roi légitime » et que Yugo n’aurait alors pas manqué de dévoiler son retour à son ennemi, autrefois frère : s’il était presque aussi vieux que cet univers, il n’en était pas sénile pour autant !!..... Mais il avait secrètement espéré qu’en revenant au Royaume Sadida, en plein lieu civil, et avec Adamaï à ses côtés, il aurait enfin pu faire entendre raison à Yugo, mettant à nue les machinations du précédent « Conseil ». Qui n’en avait d’ailleurs que le titre…
Cependant, tous ses plans avaient basculés après l’assemblée exceptionnelle des grands dirigeants du Monde des Douze. Une splendide brochette d’incompétents et de parjures si vous voulez son avis. Suite à son discours, pas un mot sur les souffrances endurées par les Éliatropes ! Pas un regard compatissant ! Rien que des questions stériles sur leurs besoins, leurs envies, leurs attentes ! Il avait eu beau les rassurer sur la mort d’Orgonax, la chute des Méchasmes, tout ce qui les avait intéressés, c’était ce qu’ils pouvaient en tirer ! Alors qu’ils parlaient d’enfants ! D’orphelins !!
L’un d’eux a même accusé Yugo d’acte de rébellion, tss…
Enfin, ça ne m’étonnerait qu’à moitié que
ce petit écervelé ne soit encore parvenu à se retrouver en plein conflit
et ce, même pour une simple histoire de brioche !
Il avait alors été tenté, ô Déesse qu’il avait lutté contre cette pulsion… Celle d’exposer au grand jour leur véritable nature ! Il s’était autrefois tant battu contre les manigances du Conseil, souhaitant révéler à leur peuple leur véritable origine et les ombres qui n’allaient pas tarder à obscurcir leur horizon. Cette fois, il s’était juré d’attendre, de se laisser vivre dans un mensonge pareil à celui construit de toutes pièces par Chibi. Il se l’était promis, pour le bien de s-
« Plusieurs dizaines de milliers… »
Ces mots s’étaient échappés de ses lèvres plus vite que son esprit n’avait pu les retenir, et ses vieilles blessures n’avaient pas résisté à un malin sourire d’apparaître lorsque ses oreilles furent graciées des cris de surprise et autres plaintes de ses « homologues royaux ». Les chiffres étaient faux, bien entendu : un peuple avec une longévité aussi grande que la leur n’avait pas besoin de concevoir une progéniture aussi importante. En outre, lors de la seconde venue d’Orgonax, si les adultes s’étaient sacrifiés… Tous les jeunes n’avaient pas non plus pu être sauvés. Deux ou trois cents, tout au plus, c’était tout ce qu’il restait.
S’étaient ensuivies de longues heures de protestations, de marchandage, et malgré les bonnes paroles de certains, bien plus nombreux furent ceux à demander réparations… À exiger des Éliatropes, des enfants, certes extraordinaires, mais des enfants tout de même, à ce qu’ils puissent payer leurs dettes envers le Monde des Douze et leurs hôtes.
Sombres imbéciles…
En revenant sur ce monde, ai-je exigé de vous une taxe
à chaque utilisation de vos très chers « Zaap » ?!
Pourtant j’en suis l’un des créateurs, de même pour certains réseaux
et canalisations de Wakfu qui doivent toujours exister et dont
vous ne soupçonnez même pas l’existence !!
Il s’était préparé à faire des sacrifices. Encore. Pour le retour des siens, pour leur bonheur, rien n’aurait pu entraver ses actes. Mais cette soif de puissance, ce désir d’être « supérieur à » ?! Il ne l’avait pas supporté, il n’avait plus eu moyen de contrôler ses doutes et ses peurs concernant ce monde et ses habitants. Et si jamais ils ne pouvaient pas rester…
Alors nous devions partir…
En s’emparant de l’Éliacube, il ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Des centaines d’années à le concevoir, à l’étudier, à le manier, mais jamais n’avait-il eu recours à un tel niveau d’énergie. Bien qu’il ne savait plus vraiment ce qui avait poussé ses pas au cœur du Zinit, seules ses entrailles lui hurlant de quitter cette planète dangereuse, une fois que l’artéfact avait fusionné avec sa propre source de Wakfu… Tout contrôle lui avait échappé. Il était conscient, oh ça oui, mais lui qui avait l’habitude de peser la moindre de ses décisions, de réfléchir au plus subtil de ses coups, s’était retrouvé à la merci de ses émotions les plus primaires. Il avait été trahi ? Il trahirait donc. Il voulait partir ? Personne ne l’en empêcherait. Son peuple était emprisonné ? Il le libèrerait.
Pas de contraintes, pas d’imprévus, tout se passerait bien… Tant qu’il resterait avec le Cube. Plus il y réfléchissait, et plus il se demandait qui avait été celui qui puisait dans la source vitale de l’autre. Il était ressorti de son affrontement plus faible qu’il ne l’avait jamais été, et si ses cheveux avaient commencé à retrouver leur teinte brune-dorée, si les marques et brûlures cédaient doucement leur place à une peau blanche, il ne parvenait que difficilement à se connecter avec son Wakfu intérieur. L’hôte d’un parasite en un sens.
Enfin, cela ne faisait rien, bientôt il n’y penserait plus, il ne ressentirait plus. Il ne serait plus. Déjà ses yeux s’étaient fermés pour ne plus avoir à subir cette clarté infâme, et ses muscles l’avaient abandonné pour laisser son corps flotter dans cet océan sans vagues. Il avait perdu, mais Yugo avait gagné. Dans cette histoire, l’on ne retiendrait que cet instant, la mémoire collective n’ayant que faire des détails. La sienne conserverait cette expérience au chapitre de ses échecs. Peu importe. Il s’abandonna au néant, avec dans son esprit, la dernière image de Yugo souriant, entouré de sa famille. Ils s’étaient retrouvés.
Il avait… gagné ?
« Yugo ! Tu as fini de te préparer ? Maître Joris ne va pas tarder à arriver ! » Adamaï s’époumona tandis qu’il martelait la porte pour la troisième fois ce matin.
« Gne-heh… J’arrive, cinq petites minutes, Ad’ ! » Des froissements de vêtements se firent entendre de l’autre côté. « J’ai presque terminé !
- C’est aussi ce que tu m’as dit il y a une heure ! Je te rappelle que –hey ! »
Le petit dragon bleu et ivoire sursauta alors que son frère bondit dans le couloir, toute coiffe et sandales fraichement parées, arborant des yeux rieurs.
« Et c’était vrai : il me restait cinq minutes… Avant de me lever !
- Tsss, très drôle ! Et si maintenant son Altesse voulait bien daigner se rendre à la Salle du Trône comme-…
- Arrête avec ça Ad’… » Le coupa un peu sèchement l’Éliatrope. « Tu sais que je n’aime pas ce titre… Je… Il ne veut rien dire et… ne ramène pas de bons souvenirs.
- Pardon Yugo, c’était juste une blague : tu ne vas pas me faire la tête pour ça dis ?! » Se calma le dragon. « Et puis, même si tu ne l’aimes pas maintenant, cela n’y change pas grand-chose. On fera les choses à notre rythme, comme d’hab’ : Phaeris a dit que- !
- Oui, oui, je me souviens de ce qu’a dit Phaeris… Phaeris dit beaucoup de choses… » Yugo baissa la tête. « Mais parfois je me demande si-…
- Raaaah, tu ne vas recommencer avec tes idées farfelues et tes questions qui ne mènent nulle part : Qilby était un fou à lier, un traître, un type dangereux ! Il n’y a pas à réfléchir là-dessus et il ne me semble pas que tu aies fait la même chose pour Nox ! » Adamaï s’impatientait de nouveau, ses ailes minuscules trahissant son énervement. « Allez, dépêchons-nous ou sinon, nous allons retarder tout le conseil !
- Je… Oui, tu as raison, allons-y… »
Il n’osa pas poursuivre ce débat, qu’il avait déjà tenté d’aborder maintes fois au cours de ces derniers mois, de peur que son frère dragon ne se vexe davantage, mais Yugo ne semblait en mesure de taire cette voix. Depuis qu’il avait clôt la Dimension Blanche, elle résonnait en lui. Malheureusement, si ses amis avaient tout d’abord mis son état sur le compte de l’affrontement et de la convalescence, ils commençaient désormais à s’inquiéter sérieusement pour lui.
Il est vrai que je n’ai pas autant pensé à Nox une fois l’avoir vaincu.
Mais Nox avait un plan, et jusqu’au bout il s’y est tenu, n’admettant sa défaite
qu’en dernier recours.
Nox ne m’a pas supplié de l’épargner, n’a pas tenté de me faire
partager sa souffrance.
Et plus que tout…
Nox n’était pas mon frère.
Il n’aurait néanmoins pas l’occasion de réfléchir davantage à la moral de ses actions, non pas qu’il n’y ait déjà passé de longues nuits dont il n’osait donner la couleur, car en entrant dans la salle du trône du Royaume Sadida, le jeune Yugo fut frappé par les visages inquiets de ses amis. Évangéline, Tristepin, Ruel, et bien évidemment la famille royale Sheran Sharm, ayant requis leur présence « de toute urgence », à savoir la princesse Amalia, le prince Armand et le Roi en personne, s’étaient réunis autour du messager et protecteur de Bonta : l’énigmatique Maître Joris. Même Phaeris le dragon, qui avait pris en charge leur éducation, les avaient accompagnés depuis le village d’Emelka à Amakna, où ils avaient laissé derrière eux Chibi et Grougal, ce à la charge d’Alibert, aubergiste et père d’adoption. Quelque chose de grave se tramait…
« Aaaah, Yugo et Adamaï ! Cela nous fait plaisir de vous compter parmi nous : votre nuit s’est-elle correctement déroulée ? J’espère que vous avez trouvé le petit déjeuner à votre goût ! » Les accueillit le Roi, toujours aussi jovial. Toutefois, le ton semblait de convenance, comme pour essayer de diluer l’atmosphère pesante.
« Tout était parfait, Votre Majesté, merci encore de votre gentillesse, nous-…
- Sans vouloir vous déranger les jeunes, mais y’en a qui viennent à peine d’arriver et qui ont encore tout l’trajet dans les pattes ! Alors si on pouvait en arriver au sujet de cette réunion, ça m’arrangerait pas mal !
- En même temps, si tu avais pris le train comme tout le m-» Souligna l’archère…
« Et payer 25 Kamas !?! Même pas pour une première classe en plus ?! On voit bien que vous ne connaissez pas le vrai prix des choses !!
- Hey ! Fais attention à comment tu parles à mon Évangéline, vieux machin ! » S’offusqua Tristepin avec un air de défi. L’Énutrof n’était pas le seul à avoir fait mauvaise route apparemment…
« Allons, allons mes amis, gardons notre sève froide et je suis certain que-…
- Tsss, c’est ce qui arrive lorsque l’on invite des Iops à réfléchir…
- Armand ! Je t’interdis de-» Intervint alors Amalia.
En l’espace d’une fraction de seconde, le chaos semblait avoir pris possession des lieux. Le silence revint néanmoins lorsque, sans même élever la voix, Maître Joris déclara, laconique :
« Bonta menace de tomber. »
Ce fut l’effarement général. Tous se regardèrent, le message imprégnant doucement leurs esprits… Bonta ? Tomber ? L’une des quatre plus grandes puissances du Monde des Douze ? L’incarnation de la Justice et de l’Ordre ? C’était impossible voyons ! Car alors, cela signifierait que…
« Cela veut dire que nous sommes en guerre contre- ? » S’inquiéta le Roi, dont le peuple dépendait notamment de la protection bontarienne.
« Non, pas encore… Mais si nous n’agissons pas rapidement il pourrait s’agir d’une fin envisageable. » Reprit Maître Joris
« Mais… Mais ! Qu’est-ce qui a donc bien pu arriver à vos forces pour en arriver à envisager de telles extrémités ?! » S’exclama le prince Armand.
« Nous ne savons pas, ou plutôt… C’est bien là tout notre dilemme : nous connaissons notre ennemi, nous avons réussi à l’identifier, toutefois… »
L’agent pris quelques respirations, le temps de peser le moindre de ses mots. S’il était venu chercher de l’aide et des conseils auprès de leurs alliés, il semblait néanmoins inquiet des révélations sur l’état de sa cité et patrie.
« Humpf, si je devais vous narrer très brièvement le cours de ces dernières semaines, alors je vous informerai que depuis l’affrontement contre le faux émissaire éliatrope, Qilby, notre voisin, la nation de Sufokia, a commencé à revenir sur la scène politique. Leurs dirigeants n’ont pas été très satisfaits face au constat des dégâts subis par leurs terres émergées. Ils émettent à présent des doutes sur notre gestion et implication dans les affaires des autres peuples, et se sont lancés dans un plan de remilitarisation de ces zones non-occupées, ceci en attendant de mener des échanges plus approfondis.
- Et en quoi cela nous concerne-t-il, nous ? » S’interrogea Tristepin, avant de s’expliquer devant le jugement des autres. « Enfin, j’veux dire : je comprends pour le Royaume Sadida et tout ça, mais nous ? On est des aventuriers ! On n’a rien à voir avec vos textes et vos lois, non ?!
- Je dois l’admettre, mais Pinpin a raison sur ce point. » Appuya Ruel. « Sauf vot’ respect, Maître Joris, si j’ai l’habitude de marchander, notre équipe n’est pas vraiment constituée de diplomates pour ce genre d’négociations …
- Et vous auriez tout à fait raison, Confrérie du Tofu, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je vous ai demandé de participer à cette réunion. En effet, si Bonta devrait pouvoir se sortir de ces échanges relativement indemne, elle ne se trouve malheureusement pas, en ce jour, en état de traiter ce problème l’esprit tranquille.
- Que voulez-vous dire.. ? »
Yugo semblait de plus en plus perplexe. Pourquoi Maître Joris prenait-il tant de précautions ? Les soupçonnaient-ils de jouer faux avec lui ? Non, ils s’étaient prouvés comme des alliés de foi à maintes reprises, alors-
« Adamaï, dites-moi… » L’intéressé se raidit, surpris par son implication directe. « Lorsque vous nous avez raconté votre affrontement avec Qilby, le... Enfin votre-…
- Le Traître. » Trancha Phaeris, qui jusqu’alors n’avez pas pris part aux échanges.
« Oui… Donc, quand celui-ci vous a vaincu, vous et le jeune Grougaloragran, vous nous avez expliqué n’avoir repris réellement conscience qu’avec l’expulsion d’Anathar, mais, simple question de pure curiosité… » Deux yeux de prédateurs se posèrent sur le plus jeune dragon. « Qu’en était-il de l’état de ce « laboratoire » ?
- Hum… Eh bien, c’est-à-dire qu’il était, hum, comment dire-…
- Détruit. Le laboratoire du scientifique fou n’est plus, Maître Joris. » Gronda Phaeris. « Pourquoi donc tant d’intérêt pour ces recherches destructrices et ces morceaux de cadavres ?
- Loin de moi l’idée de remettre en doute votre parole, Sir Phaeris, mais au vu des attaque répétées subites par nos villages alentours, les familles égorgées, les champs ravagés et les forêts empoisonnées, je doute que ces « cadavres » ne l’ai jamais été… Du moins pour certains d’entre eux.
- Comment ?! » S’alarma l’assemblée. « Une telle créature serait en liberté ?! Sur le Monde des Douze ?!
- J’en ai bien peur… » Poursuivit Maître Joris. « Il y a de cela quelques mois, nos gardes ont été alertés sur des attaques relativement sanglantes de voyageurs. Ils ont tout d’abord pensé à des Riktus nomades ou encore à des Roublards… Mais malgré les patrouilles renforcées, rien n’y faisait : les meurtres ont continué de se perpétrer, toujours aussi sanglants, et l’absence de pillages sur les corps a ultimement écarté la piste de voleurs. La semaine passée, la « bête » a finit par s’en prendre à un hameau situé à l’Est de la cité principale…
- Vous en avez profité pour lui filer la correction qu’elle mérite !? » Tenta Tristepin.
« ……. Il n’y a eu aucun survivant. » Conclut l’autre. « Les troupes arrivèrent juste à temps pour apercevoir la créature s’enfuyant avec quelques restes de son « butin ». Un monstre semblable à un Mulou, mais dont la taille dépasse tout ce que nous avions pu connaître à ce jour, de larges canines, une queue longue d’au moins cinq coudées, un pelage fauve tacheté de larges cercles bruns… Le plus impressionnant, selon les témoins interrogés, étaient toutefois les immenses bois au sommet de son crâne, d’ailleurs empourprés de sang ce jour-là. »
Dans la salle, on aurait pu entendre les Tsus voler. Même au cours de leurs multiples aventures, jamais ils n’avaient pu observer, ou simplement avoir eu vent d’une telle créature. Surtout avec un tel appétit, une telle volonté de destruction…
« Mais… Pourquoi le labo en particulier ? » Demanda Adamaï, désormais dérangé, voire à la limite de la culpabilité. « Cela pourrait être n-n’importe quel animal s-sauvage, non ?
- Alors j’aimerai bien comprendre, Adamaï, dans quelles circonstances cette « bête sauvage » a-t-elle gagné ceci... »
À ces mots, il exposa le contenu d’une petite sacoche de cuir, qui contenait en son sein, une bague argentée. Une série de chiffres y été gravée, mais ce n’est pas ce qui attira l’attention de trois des membres :
« Ad’… Ces symboles, ce ne serait pas… ?
- Oui frérot, ce sont les mêmes signes que j’ai vu dans le Zinit et que m’a enseignés Grougal, c’est- !
- De l’Éliatrope ancien, un alphabet remontant au temps d’avant notre arrivée sur ce monde. » Acheva Phaeris, se recueillant un instant. « Cela explique pourquoi vos hommes n’ont pas pu mettre à terre la créature, car Phaeris semble se souvenir d’un telle bête, rencontrée il y a cela des millénaires, et sur une planète bien différente de celle-ci… »
Les nouvelles révélations ayant pour effet de laisser le reste de l’assemblée méditer sur les conséquences d’une telle menace en liberté, ce fut néanmoins le Iop qui finit par briser les ruminations individuelles.
« Bon bah y’a pas à y réfléchir par quatre chemins : on y va et on le renvoie d’où il vient le gros Chacha extra-terre- !
- Je crains malheureusement que cela ne soit pas la meilleure des solutions, Sir Tristepin… Au regard du nombre de victimes, comptant parmi elles des soldats aguerris, je ne peux me permettre de vous laisser vous lancer dans cette entreprise.
- Le gardien de Bonta a raison. » Appuya le vieux dragon. « Si la mémoire de Phaeris est bonne, alors vous n’auriez aucune chance contre elle. Deux membres du Conseil perdirent la vie en tentant de l’affronter la première fois. » Devant les regards stupéfaits d’Adamaï et de Yugo, il se força à détailler. « Il s’agissait de Nora et de son frère dragon Efrim, et bien qu’ils n’aient jamais été les âmes les plus guerrières, ils n’en demeuraient pas moins d’extraordinaires adversaires… Une attaque surprise et la puissance de la créature les ayant néanmoins terrassés.
- En outre… » Poursuivit Maître Joris. « En sachant que l’une des créatures de ce fameux « laboratoire » soit parvenue à s’échapper jusqu’aux portes de Bonta… Alors peut-être que d’autres en sont également capables. » Il se tourna vers Phaeris, une requête silencieuse planant.
« Phaeris ne connaît pas l’étendue du bestiaire prélevé par le Traitre : lui seul connaît l’origine et la quantité de ces méfaits à travers le Krosmoz. » Préféra répondre l’autre.
C’est ainsi, peut-être parce qu’il attendait cet instant depuis des mois, que Yugo leva timidement la main, et sous l’attention consternée de ses amis, osa évoquer l’impensable. L’impossible.
« Si Qilby est le seul à connaître cette créature et à maîtriser ses recherches, alors nous pourrions envisager de l- ?
- Il en est hors de question !! » Personne ne fut capable de savoir qui d’Adamaï ou de Phaeris prononça ces mots en premier, mais ces derniers étaient empreints de tant de haine qu’ils firent reculer le jeune Éliatrope.
« …. Sans vouloir rentrer dans la moindre querelle familiale… » Tenta l’émissaire. « … je me vois malheureusement dans l’obligation de rejoindre Yugo sur ce point : nos plus grands experts se désespèrent actuellement à trouver un moyen de contrer les ravages de cette créature, et chaque jour de perdu en palabres sont autant de victimes à aligner sur le décompte final. Nous manquons de temps. » Maître Joris plongea son regard dans celui des dragons. « De plus, si je suis extrêmement compatissant à votre cause, ne croyez pas que cela sera le cas de tous les dignitaires de notre nation : beaucoup seront ceux à accuser le peuple Dragon et Éliatrope s’ils venaient à découvrir d’où provenait réellement cette créature. Cela ne pourra jouer qu’en votre défaveur…»
De la tension rivale entre deux nations venait de naître un danger aux proportions démesurées, dont les retombées, si d’aventure le moindre faux pas occurrait, pourrait faire basculer l’équilibre de cet univers. Cependant… Avaient-ils une autre solution ? Si oui, alors ils se gardèrent bien de l’émettre, car tout ce que l’assemblée trouva à répondre fut un silence des plus pesants.
C’est ainsi que fut prise la décision de libérer celui que l’on n’osait qualifier autrement que par sa folie meurtrière passée. Mesures de sureté, questions diplomatiques et mises en gardes s’étalèrent jusqu’au coucher du soleil, ce afin de s’assurer que nulle catastrophe ne survienne, tout en sachant pertinemment que la moindre erreur, la moindre faille, physique comme mentale, serait suffisante pour signer leur fin. Phaeris les avait instruits de l’existence d’un collier créé par Chibi et son frère Grougaloragran, capable de restreindre l’utilisation de Wakfu, ce afin de mener, à leur époque, des entraînements au combat sans avoir recours à leur énergie vitale : il partit le soir même pour les Griffes Pourpres, où il possédait une cache avec quelques reliques (sentimentales pour la plupart) de l’époque d’avant la Chute des Éliatropes.
En se couchant, sans qu’Adamaï ne lui adresse plus que quelques mots, Yugo sentit comme un poids s’évaporer de ses épaules. Ils allaient sortir Qilby de la Dimension Blanche. Il pourrait alors en profiter pour tenter de comprendre pourquoi il avait agi ainsi, car il avait beau lui avoir craché au visage « qu’il connaissait les souffrances dont il était victime » juste avant de le condamner à nouveau à sa cellule intemporelle… Que savait-t-il vraiment de celui qu’il avait rencontré l’espace d’une journée ou deux ? Dont le souvenir avait été effacé par ses précédentes réincarnations ? Dont il n’avait alors cru que le reflet projeté par l’Éliacube ou le portait dépeint par deux dragons, potentiellement aussi orgueilleux et rancuniers que pouvait parfois l’être son frère ?
Il avait été naïf de boire les paroles de Qilby… Ne l’avait-il pas été davantage en absorbant celles de Phaeris et de Balathazar ? Comment prévoyait-il de battre ses anciens adversaires sans même connaître l’existence des Shushus en premier lieu ? Pourquoi les enfants d’Emrub ne s’étaient-ils pas tout de suite retournés contre celui considéré comme « le Traître » ?
Quel avait été le plan de Qilby… ?
Cette fois-ci, il finirait par le découvrir.
Et alors, seulement après avoir eu toutes les pièces du puzzle,
se permettrait-il de rendre son jugement.
Car tels étaient les devoirs du véritable Roi des Éliatropes.
Phaeris avait fait son retour en début d’après-midi, alors qu’Amalia, Adamaï et Yugo s’apprêtaient à appeler Balthazar, responsable des orphelins d’Emrub et qui lui avait juré de toujours veiller sur eux : il devait être au courant de leur décision, et si le frère de Mina s’était résigné à suivre les paroles de leur Roi, alors il devrait également s’y plier. Il y aurait des protestations, des tentatives pour le ramener à la raison, mais rien ne détournerait Yugo de sa décision initiale. La princesse Sheran Sharm avait insisté pour l’accompagner, invoquant la nécessité d’un représentant du peuple Sadida, qui, de par ses relations avec Bonta et statut neutre envers les conflits des grandes cités, avait été choisi comme le site le plus sûr pour héberger le criminel le temps de cette crise. De plus, ses résidents principaux connaissaient désormais la sombre face du personnage : ils sauraient faire attention à ses paroles. Sans lui avouer, Yugo savait également qu’Amalia désirait voir les enfants d’Emrub, et ce depuis l’instant même où il lui avait décrit ces planètes indigos et turquoises, toujours baignées dans une aura crépusculaire.
Lorsque le jeune Éliatrope s’était vu remettre la chaine d’argent incrustée de runes aux reflets améthyste, il avait eu l’impression de recevoir un collier doublé d’une laisse, que l’on destinait au dressage d’un bâtard récalcitrant. Phaeris prit le temps de soigneusement leur expliquer son fonctionnement ; de son activation par l’exposition à l’Éliacube, demeuré entre les griffes de Balthazar, à l’incrustation de micro-fragments de Stasis qui absorberaient en continu le Wakfu du Traître, sans pour autant mettre sa vie en danger. En fonction du choc entre l’énergie du Cube et l’appétit des gemmes, ces dernières se réveilleraient pour chercher à instaurer un équilibre avec leur hôte : elles prenaient, il s’affaiblissait. Cependant, il fallait prendre garde à ne pas surcharger la chaîne plus que nécessaire, ou sa faim ne connaîtrait alors plus aucune limite… Résultant en… Bref, ils avaient compris. Pour une raison qu’il ignore, et se maudissant légèrement de ne pas faire davantage confiance à Phaeris, Yugo se promit de garder le dragon à l’œil : sa haine envers Qilby était telle qu’il craignait qu’à la plus légère altercation, il ne fasse usage du collier pour mettre un terme à cette cohabitation forcée. Au moins, la perspective d’un moyen pour restreindre les pouvoirs du scientifique eut le mérite d’apaiser quelque peu les esprits.
« Bon, maintenant ça y est : je pense qu’on a tout ce qu’il nous faut… » Déclara Adamaï tendit qu’il vérifiait pour la énième fois le contenu de leurs sacoches.
« Ad’, on ne part pas pour une semaine, juste quelques dizaines de minutes… Une heure tout au plus !
-Oui, mais avec lui, on ne sait jamais…
- Dis Yugo ? » Amalia s’avança, arborant sa tenue de voyage plutôt que ses habits d’apparat. « Tu es certain que l’on ne peut pas emmener quelques jouets, ou même des livres pour les enfants ? Cela leur fera surement plaisir et-
- Les enfants Éliatropes ne savent pas lire votre alphabet, Princesse Amalia… » Lui répondit quelque peu sèchement Phaeris. « … Et il ne s’agit pas là d’une rencontre amiable entre nos peuples : celle-ci viendra en temps voulus, mais aujourd’hui, vous avez pour charge de ramener le Traître. Phaeris et son peuple vous remercie pour vos généreuses intentions, mais il s’agit d’une mission de la plus haute importance. »
La Sadida n’eut pas le loisir de maugréer contre le caractère rabat-joie de son interlocuteur, qu’un immense portail s’ouvrit dans leur dos. De l’autre côté devaient se trouver le peuple Éliatrope, impatient de revoir leur jeune Roi et de découvrir ses amis… Ainsi qu’un Balthazar, tout sauf réjoui par ces retrouvailles, qu’il n’espérait pas sous de tels augures. Un dernier signe d’au-revoir, d’ultimes mises en garde, et ils étaient partis.
Il sentit le portail plus qu’il ne le vit. Une telle déchirure sur cette toile blanche qu’était sa prison ne pouvait passer inaperçue, en particulier pour un esprit comme le sien, roué aux arcanes du Wakfu depuis des millénaires… et particulièrement avide de la moindre stimulation en ce lieu désolé.
Qilby ne se retourna pas, il savait qui se trouvait derrière lui : il n’y avait qu’un seul inconscient pour venir s’aventurer dans un tel enfer. Un fou en visitant un autre. Était-ce par défi, par fierté ou par rancœur qu’il n’osait faire face à ce qui autrefois était le petit frère capable d’illuminer ses journées plus que n’importe quel autre ? À moins que cela ne soit la peur… ? La terreur de se retrouver devant un parfait inconnu, un Yugo qui ne l’aurai jamais rencontré… Encore. Un monde si différent, mais lui, toujours le même esprit brisé. Combien de temps s’était-il écoulé depuis son enfermement ? Il avait l’impression d’avoir quitté le Monde des Douze la veille, mais dans la Dimension Blanche, mieux valait ne pas s’appesantir sur de telles illusions et sentiments fugaces.
« Bonjour, Yugo… » Articula l’aîné des Éliatropes, la voix éraillée par un trop long mutisme.
« Qilby… » L’autre répondit, et le scientifique ne put retenir le soulagement qui l’envahit à l’entente de son propre nom. Il détestait cela.
Pendant un temps, le silence redevint maître de l’horizon blanc. L’envie, non, le besoin d’entendre, même ces sempiternels reproches, poussa néanmoins Qilby à poursuivre. Sa gorge protestait à chaque syllabe, mais il n’en avait cure. Comme à son habitude… Il voulait savoir.
« Je ne m’attendais pas à ta venue… » C’était vrai. « Je suppose que cela n’est que temporaire ? » Il l’espérait un peu moins.
Il attendit. Aucune réponse ne vint… Le rapprochant davantage de l’explosion. Ses nerfs étaient à vif, exténués par cet endroit et ses sens amputés ; pourquoi Yugo se jouait-il ainsi de lui ? Était-il seulement réel ? Une autre hallucination venue se moquer de son sort ?
« Je… Je voulais te voir. » Plus d’assurance. « Qilby, nous devons parler. Maintenant. »
« Est-ce un ordre ? » Ses dents grincèrent : apparemment, le gamin n’avait pas perdu de temps à s’approprier la couronne et cette autorité déplacée de sa précédente incarnation !
« …. »
Le scientifique entendit alors un froissement de tissu, comme si l’on raclait le fond d’une besace, puis ce fut le tour d’un objet déposé sur le « sol ». Un coup de pied, et ce dernier se mit à rouler vers sa direction.
« Je me suis dit que tu aurais probablement faim. Le Roi Sadida m’a informé que tu les avais une fois complimenté sur leurs vergers alors je-Heeey !! » L’adolescent sembla bondir en avant, mais le son distinctif d’une chute libre l’avait précédé.
« Laisse-moi deviner… » Repris l’autre, stoïque. « La pomme est tombée et a disparu ? »
« ………………. Oui. »
Du ton dépité de son frère ou de l’absurdité de la situation, il ne sut lequel le mena au point de non-retour, mais Qilby ne put se contenir plus longtemps… Un rire maniaque émergea de ses entrailles, et il fut forcé de courber l’échine tant ses muscles endormis le suppliaient de mettre fin à cette folie. À un certain point, des larmes, d’hilarité ou de tension, menacèrent de laver ses joues de leur poussière.
« Mwahahahaha..Héhé..Ha…haaa… » Il revenait progressivement à lui. « Merci, pour ce divertissement, ces derniers manquent cruellement par ici ~ héhé… Enfin, Yugo, dis-moi plutôt, qu’es-tu réellement venu chercher ?
- C’est évident, non ? » Haussement de sourcils. « Toi, Qilby.
- Oui, oui, cela me paraît plutôt évident… » Il balaya l’espace de son bras droit. « … Vu la pauvreté des articles présentés, je dois bien être celui qui te préoccupe aujourd’hui ! » Dans un agacement renouvelé, il finit par faire volte-face. « Pourquoi toi et les autres lézards auriez-vous donc tant besoin du « Traître » que je suis, hum ?! Pourquoi t’écouterai-je ?!
- Car tu as déjà commencé. » Objecta aussitôt Yugo. « Et aussi parce que tu ne désires rien d’autre que de sortir de cet endroit…
- Et que sais-tu de mes désirs ? Qu’ai-je à gagner de cette sortie provisoire ?! Car tu auras beau me promettre monts et merveilles, tu ne me feras pas croire qu’il s’agit là d’une divine grâce ! » Il ne s’imaginait pas hurler. « Qu’as-tu à y gagner, Yugo ?!
- Un frère. »
Un mot. Un seul mot. Porteur de tant d’après-midis ensoleillés, de craintes au chevet d’un lit, de querelles résolues autours d’une large tablée… Aujourd’hui étranger. Un air de déjà-vu, il est vrai, mais sans substance. Vide. Comme cette cellule. Comme lui.
« Cela n’a pas été une décision facile, Qilby et, malgré la situation dans lequel se trouve le Monde des Douze, la future terre d’accueil de notre peuple, je pense qu’il y avait d’autres solutions que celle de te ramener parmi nous. Cependant… » Yugo leva un regard empli de détermination alors qu’un portail se formait derrière lui. « Aucune d’entre elles ne m’aurait permis de corriger mes erreurs passées. Ne te fais pas d’illusions : je ne te voue plus une confiance aussi aveugle qu’autrefois et je saurai te renvoyer dans la Dimension Blanche si tu venais à nouveau à menacer mes amis…
- Hum…. Mais ? » S’enquit l’autre, perplexe.
« Mais je veux croire en notre peuple… Et tu en fais partie, quoique que puissent en dire Phaeris et les autres. » Inspiration. « En te donnant une seconde chance, Qilby, c’est à notre famille que j’offre la possibilité de redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Alors, si tu ne le fais pas pour moi… Fais le pour eux. »
Blanc. Cela allait de pair avec l’ambiance des lieux me direz-vous… Rien que deux êtres se jugeant, se jaugeant. Finalement, un soupir :
« Quitte à avoir subi cet interrogatoire, autant le rentabiliser en allant visiter l’autre côté à présent… » Déclara le vieil Éliatrope presque nonchalamment. Un réflexe de contrôle, déjà remarqué par le plus jeune. « Néanmoins, que Sa Majesté ne s’attende pas à recevoir un quelconque soutien de ma part concernant ses décisions fantaisistes !
- Je n’y comptais pas. » Il acheva avec un sourire moqueur. « Et ne joue pas du « Majesté » avec moi, Qilby : nous savons tous les deux que je ne peux pas être le souverain de celui ne s’étant jamais considéré comme un de mes sujets…
-Héhé… Touché ~ ! » Il se leva, bien que difficilement, ses membres encore engourdis par leur longue inutilisation, mais se refusa à montrer le moindre signe de faiblesse, simulant un long étirement. « Enfin… Merci.
- M- ?
- Pour la pomme, je veux dire. » D’un mouvement fluide, le dit fruit fut jeté en l’air et habilement rattrapé. « J’apprécie le geste.
« M-Mais ?! Comment as-tu- ? » Balbutia Yugo sur la défensive.
« Tu apprendras que ce que la Dimension Blanche perçoit comme sienne, toujours finit par revenir à son point de chute… » Plus sombre, plus bas. « Crois-en mon expérience… »
Ensemble ils traversèrent le portail vers Emrub pour rejoindre Balthazar, Amalia et Adamaï. Une longue route les attendait, et aucun des deux frères ne pouvait affirmer si, à sa fin, ils se tiendraient encore côtes à côtes. Un espoir, une distraction, une erreur, un salut… ? Il semblerait que Xélor lui-même ne soit en mesure de raconter la fin de cette histoire…
Le retour à la réalité ne fut pas aussi brutal qu’escompté. Certes, Balthazar montra des crocs jaunis par les siècles, et Adamaï ne lâchait l’Éliatrope du regard qu’en de très rares occasions, mais, surprenamment, ce-dernier se révéla relativement docile. Contrairement à leur première discussion de l’autre côté du portail, aucune parole déplaisante, aucune réclamation ne fut prononcée : Qilby accepta toutes les conditions de sa « remise en liberté », acquiesça à chaque instruction. Il avait même eu le fantôme d’un sourire nostalgique à la présentation du collier de restriction énergétique, des scènes passées se ravivant probablement dans les tréfonds de sa mémoire insondable. Yugo, sans le laisser transparaître, avait senti sa détermination croître à chaque pas les éloignant du désert blanc. Il y eut néanmoins un petit accrochage entre les deux partis, mais celui-ci fut rapidement classé sans suite en raison de… Myopie aggravée.
« Alors ?! Pourquoi ne fermes-tu pas le loquet ? Déjà des remords sur ta décision ?!
- Adamaï a raison, Qilby ! Ce point est non-négociable dans t- !
- Si vous pouviez cesser de me déconcentrer, les deux reptiles, peut-être que j’y parviendrai plus v-… ! » Les yeux plissés s’écarquillèrent de frustration lorsque les doigts d’une main unique ne parvinrent pas à fermer le loquet. « Fich- !
- Surveille tes paroles : tu te trouves en présence d’enfants ! Mais peut-être l’as-tu oub-… ?!
- Difficilement, en particulier après tes seize dernières remarques ! Tsss… » Le scientifique finit par se tourner vers le plus jeune. « Pourrai-je espérer un petit « coup de main » de la part de mon sauveur ? Une nouvelle paire de lunettes ne serait pas de refus non plus… »
Yugo s’était alors dévoué à la tâche, l’affreuse sensation de sceller un destin en faisant de même avec la serrure d’argent. Le léger affaissement des pans de sa large coiffe déchiquetée, signalant l’efficacité de l’artefact, lui avait retourné l’estomac, comme s’il sentait sa propre énergie se faire lentement drainer… Un Éliatrope sans ailes, cela n’était pas… Il n’avait que très brièvement croisé le regard du scientifique, car celui-ci s’était alors focalisé sur le groupe de jeunes Éliatropes, tenus à l’écart par Balthazar. À l’annonce de sa libération, ceux-ci avaient eu diverses réactions : peur, colère, incompréhension… Toutefois, ils avaient entendu la demande d’Amalia, avaient été ravis de pouvoir apporter, en quelque sorte, leur contribution à la protection au Monde des Douze, et sur certains visages, Yugo avait même pu lire une forme de… Sérénité ? Il ne savait pas vraiment comment définir ce mélange d’espoir et d’acceptation. Mais une fois le vieil Éliatrope devant eux, les plus âgés s’étaient rassemblés autour des plus petits et des murmures angoissés s’étaient diffusés. Dans un premier temps, Yugo pensa que sa mauvaise vue l’empêcherait de les discerner correctement, qu’il ne faisait que les observer vaguement. Une fatigue, qu’il ne connaissait que trop bien, assombrissant les traits de son aîné lui prouva le contraire. La résignation. Bien vite dissimulée derrière un masque d’indifférence.
En quittant Emrub, Yugo demeurait déchiré entre ses attentes et leurs conséquences ; la nature versatile de Qilby, le personnage qu’il maintenait mais dont il avait déjà pu apercevoir les failles, le préoccupait. Il semblait parfois tellement sincère… Pour se fondre, l’instant d’après, dans une image qu’il avait surement perfectionnée depuis des millénaires. Parviendrait-il à dissocier les deux ? Et plus que tout… Laquelle de ces nombreuses facettes demeurerait ? Le Conseiller ? L’Explorateur ? Le Scientifique ? Le Traitre ?... Le Frère ? En parlant d’histoire ancienne, Amalia, dont le froid regard princier s’était mué en gêne à l’inspection plus minutieuse de leur futur prisonnier, n’avait fait que renforcer ses interrogations. Après avoir témoigné de l’apparence presque misérable du vieil Éliatrope, des cernes profonds aux plaies vives (le temps reprenant son cours et ses droits), de la tenue déchirée à la posture éreintée, elle avait fini par se rapprocher de son ami alors qu’ils revenaient vers leur monde, pour lui murmurer :
« Yugo… ? Je me demandais…
- Hum, oui ? Qu’il y-a-t-il ?
- Lorsque Phaeris nous a raconté le moment où ton… « Ancien-toi » a enfermé Qilby pour la première fois, il me semble qu’il a mentionné que celui-ci s’était déroulé suite à une terrible bataille avec tes autres frères et sœurs… N’est-ce pas ?
- C’est cela, oui…
- Et tu nous as bien expliqué que dans cette « Dimension Blanche », il n’y avait… Rien du tout ?
- Le vide absolu, en effet.» Il n’arrivait pas à voir quel raisonnement elle souhaitait amener.
« Alors… Comment se fait-il que lors de votre expérience avec Adamaï, lorsque vous l’avez fait revenir, il ne… ? Pourquoi ne portait-il aucune trace de combat ? Pourquoi n’était-il pas comme… » La princesse forma un geste discret envers la silhouette devant eux. « … Enfin, tu comprends ? »
Oui, il comprenait enfin. Lors de leur première rencontre, Qilby avait dû être emmené d’urgence chez l’Éniripsa royal, et cette dernière les avait avertis de l’état extrême dans lequel se trouvait le nouveau venu... Mais il avait alors passé plus de dix mille ans dans sa prison, seul… Il n’y avait pas de blessure apparente, si ce n’est la perte de son bras gauche, mais, étrangement, celui-ci portait une tunique assez large pour couvrir l’amputation. Elle n’avait donc pas pu être infligée directement avant son enfermement. Son chapeau, signe distinctif de leur peuple, n’avait quant à lui subi aucun dommage…
« Tu as raison Amalia…
- Yugo, tu penses que… ?
-Je ne sais pas… » Il ne pouvait pas formuler de conclusions hâtives. Pas après ce qu’il avait vécu. Pas avec lui. « Mais je vais essayer de tirer les choses au clair, Amalia, et ne t’en fais pas : je ne le laisserai pas vous faire du mal.
- Je n’en doute pas, Yugo. » C’est pour toi que j’ai peur.
Leur arrivée au village Sadida se fit dans la plus grande intimité et discrétion, en omettant les grognements de Phaeris, qui ressentit le besoin d’exposer plus longuement les règles de ce séjour exceptionnel et « limité au nécessaire», reprenant des menaces déjà proférées par son congénère gardien de l’Enseignement. Qilby ne broncha pas plus qu’il ne le fit sur Emrub : il semblait roué à l’exercice, et plus ennuyé qu’autre chose par le sermon du vieux dragon. Ce fut le Roi Sadida qui interrompit leur échange :
« Je pense que notre hôte a bien compris sa condition, Sir Phaéris. » Devant l’expression d’affront au terme « d’hôte », il ne laissa aucune place à l’interjection. « Ce fut une longue journée pour nous tous, et nous nous devons de nous tenir prêts demain, pour, qu’à l’aube, nous puissions réfléchir ensemble à cette situation de crise : des repas seront servis directement dans vos suites à cet effet. » S’adressant au scientifique, il ajouta. « Vous ne verrez pas d’inconvénients à ce que deux gardes soient postés, ce à toute heure du jour comme de la nuit, devant cette dernière, n’est-ce pas ?
- Bien entendu, Votre Majesté… » Répondit l’intéressé sur un ton tout aussi faussement poli. « Je n’y vois aucune objection. » Rictus.
« Hum… Yugo m’a averti de votre demande, et j’ai fait mendier notre Eniripsa : elle vous attend, elle ainsi qu’un costumier, dans votre chambre. » Un hochement de tête. « N’hésitez pas à vous adresser à vos gardes en cas de besoin : toutes les demandes seront néanmoins obligatoirement traitées par Maître Joris ou moi-même.
- Père, vous n- ! » S’étonna le prince Armand.
« Très bien, je vous remercie de votre hospitalité. » Répondit calmement Qilby, faisant totale abstraction de son entourage. « Puis-je rejoindre ma cellule à présent ?
- Qil- !
- Si vous le désirez : votre escorte vous y mènera. » Lui renvoya le souverain, signifiant d’un geste calme à Yugo qu’il ne prenait pas ombrage de la remarque.
Il n’y avait d’ailleurs aucunement raison d’y réagir autrement… Le terme de « cellule », bien que particulièrement cru en comparaison avec les véritables donjons du palais, enfuis au creux de ses racines, n’avait rien des quartiers réservés aux invités de marque dans lesquels l’Éliatrope avait pu séjourner quand il portait encore le titre de « Roi ». Et Qilby en avait parfaitement conscience : il n’était pas présent par plaisir ou charité. Il avait une fonction.
Une chambre des plus modestes, avec le strict nécessaire, adjacente à une pièce dédiée à la toilette. Une seule fenêtre, verrouillée, et donnant sur la face Nord du palais où l’écorce avait été polie par les grands vents : aucune aspérité, aucune fuite sans magie. Un lit, un bureau d’étude, une chaise et une table. Une salle d’expérimentation était actuellement en construction, et serait opérationnelle dans les jours à venir ; salle à laquelle le chercheur pourrait accéder sous bonne garde, et toujours accompagné. Tout objet superficiel avait été supprimé pour cette première nuit, ayant décidé de ramener du matériel de travail uniquement à la demande. Celui-ci serait récupéré et soigneusement retranscrit en fin de journée. Entre les mains d’un homme déterminé, même une plume innocente pouvait devenir une arme mortelle… Le fait qu’il n’en possédait plus qu’une n’y changeait rien.
Le scientifique s’inclina légèrement, et sans prononcer le moindre mot, se dirigea vers la sortie de la salle du Trône, où l’y attendait en effet un groupe de Sadidas portant les armures et blasons de la famille Sheran Sharm. Après quelques instants de flottement, où les membres de la Confrérie s’excusèrent les uns après les autres pour rejoindre leurs propres appartements, Yugo réitéra sa dette envers le peuple Sadida pour leur soutien et Maître Joris échangea brièvement sur l’organisation des jours à venir, ne restèrent plus que père et fils…
« Père… Vous savez ce que-… » Amorça le prince Armand, incertain de la manière dont il devait aborder le problème.
« Oui, Armand, je me doute bien de ce que tu vas me reprocher : tu crains que je ne cède à la compassion et que, tout comme lors de sa première venue, je ne me laisse attendrir par l’histoire de ce Qilby. Mais ton père n’est plus une jeune pousse née de la dernière mousson…
- J-Je n’oserai jamais insinuer que- !
- Armand… » Un long soupir, le poids de la couronne, même faite de fleurs. « Toi qui es destiné à régner un jour sur ce royaume, retiens-donc ceci : un Roi se doit de servir la Justice… Il n’en est pas pour autant le bourreau.
- Que… ?! » S’interrogea le prince. « Sauf votre respect, père, j’ai du mal à voir la différence entre ces deux concepts…
- Elle viendra avec les années, mon fils, ne t’en fais pas, toutefois, peux-tu me dire ce que tu as vu lorsque Qilby est arrivé en compagnie de Yugo et de ta sœur ?
- Je… Hum, j’ai vu un… » Le plus jeune pris un air empreint d’une rage sourde. « J’ai vu un être sans scrupule, qui n’a pas hésité à trahir notre confiance, notre hospitalité et-…
- Un instant, un instant… » L’arrêta le Roi. « En t’écoutant, je crois entendre le récit de Phaeris, et, en outre, tu n’as fait que me décrire ce que tu as retiré de ses derniers actes… Qu’as-tu réellement vu ce soir ? Quelle a été la première image te venant à l’esprit ?
- ….. J’ai vu un homme malade. » Murmura Armand, sans se défaire de ses traits menaçants. « Un pauvre malade sans attache ni patrie et qui n’a plus que sa langue de vipère pour seule défense…. Un sans-vie.
- Hum… Cela correspond-t-il à la vision que tu m’as précédemment donnée ?
- ……… Non… » Dans un sursaut. « Mais il pourrait très bien s’agir d’une ruse, d’un stratagème pour endormir notre confiance, et par la suite nous prendre à revers ! Les êtres qui n’ont plus rien à perdre, comme lui, sont les plus redoutables !»
Le Roi hocha gravement de la tête, avant de s’écarter afin de rejoindre ses appartements. Sur le seuil de la salle, il lança néanmoins un dernier regard à son ainé :
« Tu possèdes un esprit loyal et vif, Armand : ce sont des qualités grandement appréciées au regard de nos obligations en tant que régents… Mais tu as tendance à trop de reposer sur le passé.» Plus bas. « Les gens changent… Si on leur en laisse l’opportunité… Si cela ne dérange pas. »
Au-dehors, la lune débutait son ascension. Pourtant, à tous les étages du palais, le doux ronronnement des serviteurs et de leur activité ne cessait jamais : des pas discrets, de murmures aux embranchements, le tintement des plateaux… Du bruit. De la vie.
Qilby s’était allongé depuis plusieurs heures déjà, ayant à peine touché à un repas que son estomac n’aurait, de toutes manières, pas supporté. Le simple fait de se tenir debout avait transformé ses muscles en langues de feu, ses poumons réapprenaient péniblement la sensation de pesanteur et dans son crâne résonnait le martèlement sourd d’un retour à la réalité et de tous les sens qui l’accompagnaient. Même pour un Éliatrope adulte, les voyages inter-dimensionnels n’étaient pas sans impact sur leur organisme. En particulier lorsqu’ils impliquaient un espace aussi reculé que son ancienne prison. Il allait mettre du temps avant de s’acclimater à nouveau au simple fait de voir, entendre, toucher… Penser et éprouver.
Héhéhé, juste assez avant de retourner d’où tu viens ~ !
Cette pensée revenait comme les vagues s’abattant sur le sable, inlassablement, l’empêchant également de trouver un sommeil qu’il espérait pourtant plus que tout. Sorti d’un enfer, il se voyait refusé les maigres commodités de l’existence : fantastique !
Rester ici… ?
Je ne peux pas. Cela n’est pas envisageable. Je n’en ai aucune idée.
Partir alors… ?
Où ? Quand ? Comment ? Pour quoi faire ?
Rien ne semblait faire de sens, il y avait trop de variables, trop de nouvelles données ! Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il ne savait pas comment agir ! Cela ne lui était jamais arrivé, lui qui avait toujours eu, là, dans le recoin d’un souvenir, une ligne parfaite, un masque pré-testé, une stratégie perfectionnée. Il ne savait pas quel coup jouer… Et cela le terrifiait. Enfin, pour son propre salut, l’épuisement eu raison de lui, sombrant dans un sommeil sans rêve. Il réfléchirait à tout ça une fois ses nerfs apaisés : il trouverait. Il se donnait trois jours et, alors, il retrouverait sa liberté. Il trouverait un moyen de rejoindre son peuple, son Dofus, les deux peut-être. Ou alors il partirait. Loin. C’était le plus important : partir. Il trouverait.
.
.
.
Ah, petit Éliatrope, si seulement tu parvenais à comprendre
que, jamais, tu ne pourras gagner à un jeu
auquel, depuis longtemps déjà, tu ne souhaites plus jouer ~♪
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Sainte Marie Mère de Dieu. Tempéra. 2021.
Tempéra sur toile. 190x190 cm. 2021
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Histoire inspirante : Le paysan et le cheval blanc
Un vieux paysan chinois travaillait dur dans les champs avec son fils. Il avait pour seule richesse un superbe cheval blanc qu’il avait acheté avec ses minces économies pour le soulager aux champs.
Ses riches voisins étaient jaloux et proposaient régulièrement de le lui acheter.
Chaque fois, le paysan répondait : « Ce cheval est beaucoup plus qu’un simple animal pour moi, c’est un ami, il n’est pas à vendre. »
Un jour, le cheval s’échappa en sautant par-dessus la clôture et disparut.
Le voisin, passant devant l’écurie vide, dit au fermier : « il était prévisible qu’un jour on volerait ton cheval ! Tu aurais dû le vendre avant ! Ce n’est vraiment pas de chance ! »
Le paysan se montra plus modéré : « Mon cheval ne se trouve plus dans l’écurie, c’est un fait. Concernant la chance, il s’agit d’une interprétation de votre part. Qui peut savoir s’il s’agit d’une chance ou d’une malchance ? Nous ne connaissons pas encore l’histoire. »
Le voisin ne prit pas au sérieux la réponse du paysan qu’il considérait « simple d’esprit ». Selon lui, le paysan avait raté une opportunité et il n’avait aujourd’hui plus les moyens de s’acheter un nouveau cheval.
Quinze jours plus tard, le cheval revint accompagné d’une douzaine de chevaux sauvages. Loin d’avoir été volé, il était simplement parti se promener !
Le voisin commenta à nouveau : « Vous aviez raison : ce n’était pas un vol. Vous avez de la chance ! »
Encore une fois le paysan fut plus modéré �� Je ne sais pas. On peut simplement dire que mon cheval est revenu. De là à savoir si c’est une chance ou une malchance, qui peut dire l’avenir ? »
Le fils du paysan se chargea de dresser les chevaux sauvages mais fut blessé par l’un d’eux et eut une jambe immobilisée.
Le voisin donna à nouveau son avis : « Quelle malchance ! Votre fils unique blessé : qui pourra vous aider à la ferme ? »
À nouveau le paysan modéra les propos : « Mon fils a perdu l’usage de sa jambe. Est-ce une chance ou une malchance ? L’avenir le dira »
Quelques jours plus tard, la guerre fut déclarée et on réquisitionna les jeunes hommes du village sauf le fils du paysan, invalide.
Et le voisin de commenter à nouveau « Quelle chance vieux paysan : tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste près de toi, tandis que nos fils partent se faire tuer »
Le voisin, à nouveau, tempéra : « Ne jugez pas hâtivement. Mon fils reste à la maison, les vôtres sont sur le front. Mais qui peut dire l’avenir ? »
Osons avoir l’humilité de dire que nous ne savons pas, osons regarder les faits pour les faits et cherchons à éviter de porter des jugements selon nos suppositions.
« Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis: Dieu a fait l'un comme l'autre, afin que l'homme ne découvre en rien ce qui sera après lui. » Ecclésiaste 7:14
« Les choses cachées sont à l'Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. » Deutéronome 29:29
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39-
1. Copie de maître à la tempéra, A3
2-Nature morte à la tempéra, A3
3- Aquarelle d’une fiole à parfum + gouache d’un pot de fleur
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Les Mages à l'approche de la Lumière de la Vie
Présentation d'une oeuvre de Robert Empain inspirée par L'Adoration des Mages de Pierre Paul Rubens au Concours Exposition nationale au Musée Royal des Beaux Arts d'Anvers organisé par MuseumPassMusée
Merci de soutenir cette oeuvre en votant en sa faveur sur la page du site du Musée où elle est présentée
Les Mages à l'approche de la Lumière de la Vie. 80 x 120 cm. Robert Empain. 2022
Je présente à ce Concours Expo nationale une oeuvre sur le thème proposé de l’Adoration des Mages. Cette oeuvre s’intitule "Les Mages à l’approche de la Lumière de la Vie." Il s’agit d’une peinture à la tempéra de 80 x 120 cm, réalisée spécialement pour ce Concours. Cette oeuvre fait partie d’une série sur ce sujet. Cette série s’inscrit dans une série de grands tableaux consacrés au cycle chrétien : Annonciation, Nativité, Résurrection, Adoration etc, sur laquelle je travaille depuis quelques années (1)
Cette oeuvre d’inspiration johannique se veut humble, nocturne, mystérieuse, orientale et pour notre temps. La nuit dans ce tableau traduit les ténèbres de notre époque, celle du nihilisme. Le désert exprime notre errance, notre sécheresse spirituelle. Les rougeurs visibles dans le village de Bethlehem (à droite du tableau), évoquent le Massacre des innocents, celui des nouveaux nés que le roi Hérode fit tuer après que les Mages soient répartis sans lui dire où trouver l’Enfant et celui des victimes innocentes de tous les massacres perpétrés par les hommes.
Ma vision de l’Adoration des mages diffère de la vision baroque que Rubens en donna à l’époque de la Contre-Réforme catholique, dont il fut un héraut. Cette oeuvre, en effet, ne se donne pas en spectacle, elle n’exprime pas la puissance et le triomphe du catholicisme, elle ne s’impose pas aux spectateurs, comme le font souvent les oeuvres imposantes de Rubens. Dans ce tableau, la Nativité, un événement théophanique de portée universelle, est discrète, quasi invisible, visible seulement par ceux qui se rendent capables de la recevoir : d’humbles bergers, des Mages venus d’Orient, des hommes de bonne volonté, des chercheurs de Dieu, des regardeurs d’art attentifs. Cette oeuvre invite à l’humilité, au rapprochement, à l’attention, au recueillement. Découvrir le sens profond de cet événement essentiel demande une disposition spirituelle qui permet de se joindre en esprit aux Mages et de s’approcher avec eux de l’Étoile qui les a guidés vers la Lumière qui sauve. Cette Lumière dans ce tableau est l’Enfant Jésus lui-même. Ces Mages venaient d’Orient, entendons de l’Orient spirituel où se lève la Lumière de la révélation. Ils furent instruit en songe que la Lumière des lumières se lèverait bientôt au Royaume des juifs occupé par le puissant Empire romain. Aussitôt, ils se mirent en chemin vers cette Lumière salvatrice que leur tradition spirituelle avait également annoncée. Ce chemin fut pour eux celui de la Vérité et de la Vie éternelle, celui de leur Naissance et de leur Connaisssance en Dieu.
Cette Lumière de l’Amour infini peut encore se lever sur les ténèbres nihilistes de notre temps et reconduire notre humanité à sa Naissance en Dieu. Car en vérité la Nativité de Jésus appelle la Naissance en Esprit de tout homme.
Les forces du néant à l’oeuvre en ce monde pourront s’opposer indéfiniment à cette Révélation, elles ne feront indéfiniment que se réduire elles-mêmes à néant, par vanité et mauvaise volonté. Gloire à Dieu et paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté !
Je vous remercie de votre attention. Robert Empain. Le 9 octobre 2022
Voor deze Nationale Expo stel ik een werk voor over het voorgestelde thema van de Aanbidding der Wijzen. Het is getiteld "De wijzen bij de nadering van het Licht des Levens". Het betreft een temperaschilderij van 80 x 120 cm, dat speciaal voor deze wedstrijd is gemaakt. Dit werk maakt deel uit van een serie grote schilderijen gewijd aan de christelijke cyclus: Annunciatie, Geboorte, Opstanding, Aanbidding enz., waaraan ik al een paar jaar werk.(1)
Dit werk, geïnspireerd op Johannes, is bescheiden, nachtelijk, mysterieus, oosters en bestemd voor onze tijd. De nacht in dit schilderij getuigt van de duisternis van de huidige tijd, die van het nihilisme. De woestijn is de uitdrukking van ons dolen, onze geestelijke droogte. Het rood dat te zien is in het dorp Bethlehem (rechts op het schilderij), verwijst naar de Moord op de onschuldige kinderen - de pasgeborenen die op bevel van koning Herodes werden gedood nadat de wijzen waren vertrokken zonder hem te zeggen waar hij het Kind kon vinden en de onschuldige slachtoffers van alle bloedbaden door mensen.
Mijn visie op de Aanbidding der Wijzen wijkt af van de barokke visie die Rubens ervan gaf ten tijde van de katholieke contrareformatie, waarvan hij een voorbode was. Dit werk probeert niet te imponeren, het drukt niet de kracht en de triomf van het katholicisme uit, het dringt zich niet op aan de toeschouwers, zoals de imposante werken van Rubens vaak doen. In dit schilderij is de Geboorte van Christus, een godsverschijning van universele betekenis, discreet, bijna onzichtbaar, alleen zichtbaar voor wie ervoor open staat: nederige herders, wijzen uit het Oosten, mensen van goede wil, Godzoekers, aandachtige kunstkijkers. Dit werk nodigt uit tot nederigheid, toenadering, aandacht, herinnering. Om de diepe betekenis van deze gebeurtenis te doorgronden is een spirituele ingesteldheid vereist waarmee we ons in de geest bij de Wijzen kunnen voegen en met hen dichter bij de Ster kunnen komen die hen naar het reddende Licht heeft geleid. Het Licht in dit schilderij is het Kind Jezus zelf. Deze Wijzen kwamen uit het Oosten, uit het spirituele Oosten vanwaar het Licht van de openbaring komt. Ze vernamen in een droom dat het Licht van de verlichting spoedig zou opkomen in het Koninkrijk der Joden, dat door het machtige Romeinse Rijk werd bezet. Onmiddellijk gingen ze op weg naar dat reddende Licht dat ook in hun spirituele traditie werd aangekondigd. Deze weg was voor hen die van de Waarheid en het Eeuwige Leven.
Dit Licht van de Oneindige Liefde kan nog steeds gaan stralen in de nihilistische duisternis van onze tijd en de mensheid terugleiden naar haar Geboorte in God. Want in werkelijkheid is de Geboorte van Jezus een aansporing tot de Spirituele Geboorte van ieder mens.
De krachten van het niets die in deze wereld aan het werk zijn, kunnen zich eindeloos verzetten tegen deze Openbaring, ze zullen zichzelf slechts eindeloos reduceren tot het niets, uit ijdelheid en kwade wil. Glorie aan God en vrede op aarde aan de mensen van goede wil!
Ik dank u voor uw aandacht. Robert Empain. 9 oktober 2022
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1. Voir ces oeuvres et une présentation plus développée de cette présentation sur mon blog d'artiste Attention, l'art peut ressusciter la Vie ; https://robertetienneempain.blogspot.com/2022/10/les-mages-en-vue-de-la-lumiere-de-la-vie.html
1. Zie deze werken en een meer gedetailleerde presentatie van deze tekst op de website Attention, l'art peut ressusciter la Vie : https://robertetienneempain.blogspot.com/2022/10/les-mages-en-vue-de-la-lumiere-de-la-vie.html
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ᒧᐢᑐᐢ
En fait, c'est la fameuse vache blanche de Bourgogne 🐮✨
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Copie sur bois, tempéra, collection personnelle
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