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#Recette grand-mère
coolvieilledentelle · 11 months
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L'histoire des Madeleines françaises se transmet de génération en génération depuis le XVIIIe siècle. Et cela est lié à la personnalité du noble duc de Lortargin - Stanislav Leszczynski, ou plus précisément à la fille de Stanislav - Maria. Selon une version, en 1755, Stanislav aurait donné un grand bal, mais son pâtissier tomberait soudainement malade. Pour se sortir de cette impasse, le malheureux pâtissier a demandé à sa bien-aimée, une servante nommée Madeleine, de lui confectionner de délicieux petits biscuits en forme de coquille, qu'elle cuisinait de temps en temps, et dont elle recevait la recette de sa grand-mère. Les cookies ont fait sensation au bal ! Plus tard, Maria épousa le roi de France Louis XV et emporta la recette avec elle à Versailles sous le nom de cette même servante, Madeleine.
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Une recette de Madeleines insolites aux amandes et aux baies
1 œuf large; 50 grammes de sucre ; 60 g de beurre ; 30 grammes de farine ; 45 grammes de farine d'amande (ou d'amandes moulues) ; Baies (je préfère la combinaison de framboises et d’amandes. Mais c’est très savoureux avec des myrtilles et des fraises). Comment préparer la madeleine : Étape 1 : Faites fondre le beurre.
Étape 2. Dans un bol, battre l'œuf et le sucre blanc jusqu'à épaississement. Incorporez ensuite délicatement la farine et les amandes à l'aide d'une spatule.
Étape 3. Versez l'huile tiède et remuez à nouveau doucement, mais jusqu'à consistance lisse.
Étape 4. Viennent ensuite les baies. Vous pouvez les ajouter à la pâte, mais je les colle ensuite dans le moule, avec la pâte renversée.
Étape 5. Assurez-vous de graisser la poêle avec de l'huile (j'étale de l'huile d'olive avec un pinceau) et saupoudrez de farine. Les madeleines ressortiront alors parfaitement et leur « dos » ne sera pas abîmé. Répartissez la pâte dans les moules et insérez les baies.
Étape 6. Placer au four à 200 degrés pendant 8 à 12 minutes. Je fais cuire pour 8 personnes. Vérifiez avec une lame de couteau la cuisson
Sortez immédiatement ( tièdes) des moules et mangez-les tièdes également. En général, elles ont meilleur goût le jour de la cuisson, je les prépare donc en petites portions.
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wolfsnape · 10 days
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J'avais oublié que quand une grand-mère disait qu'une recette était pour 4 personnes c'est en réalité 18 et donc 57 gougères
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selidren · 3 months
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Automne 1921 - Champs-les-Sims
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Cher Eugénie,
Je vous remercie pour votre recette, nous l'avons donnée à Madame Armadet qui nous a par la suite régalé. Constantin en particulier a énormément apprécie. Je vous adresse aussi mes condoléances pour la soeur de Jules, il ne semble pas que mon mari y ait pensé dans sa lettre. C'est bien triste, et je pense que si la famille avait été au courant de ses difficultés, nous aurions été ravis de l'aider. Je pense également tous les jours à votre Louise et je prie pour elle chaque dimanche à la messe.
Pour en revenir à votre question, je n'ai pas eu une enfance où la bienveillance féminine prédominait. Je suis assez casanière à parler de ma jeunesse, chose pour laquelle je ne juge pas Constantin quand il se refuse à évoquer sa mère. Je me suis retrouvée orpheline très jeune et ait été menée chez ma tante paternelle qui résidait à Savigny-sur-Orge, au sud de Paris. Elle n'avait pas vraiment envie de m'élever, aussi m'a t-elle envoyée en pension chez les religieuses grâce à l'argent laissé par mon père. Contrairement à Constantin, mon éducation chez les soeurs s'est passée sans encombre, et j'appréciais même d'y être, parce que ma tante et mes cousines me traitaient comme une pestiférée. Il me revient certaines mesquineries abominables, comme le jour où mon oncle est passé donner des sucreries aux enfants de la maison (lui-même ne s'est jamais marié et n'a jamais eu d'enfants) qu'il a confiées à ma tante. Au moment de la distribution, quand est venu mon tour, elle m'a regardé d'un regard méchant et m'a dit que je n'en aurait pas, car j'avais déjà pour moi tout l'héritage des grands-parents et que cela devrait me suffire. Elle ne cessait de prendre à parti mes cousines, et étant elles-mêmes de petites filles, elles ont adopté à mon égard la même attitude de rejet et de méchanceté. Voyez-vous, mon père, à la mort de mes grands-parents a capté une grande partie de l'héritage, car ma tante et mon oncle étaient en froid avec leur père. Je ne dis pas que cela est juste, mais cela a nourrit la rancoeur. Etant fille unique, cet argent m'est revenu à la mort de mon père, en attendant ma majorité, et a attisé l'aigreur de ma tante. L'argent est un poison, d'autant plus que la somme qui me revenait n'était pas si élevée que cela. Si je vous avait été apparentée, nulle doute qu'on aurait parlé de moi comme de la cousine pauvre.
J'ai heureusement pu recevoir une éducation correcte, qui m'a permis de devenir gouvernante pour enfants de bonne famille. D'ailleurs, je suis arrivée à Champs-les-Sims car mes précédents employeurs m'avaient recommandé à Jeanne, votre belle-soeur, dont j'ai débuté l'instruction des plus jeunes enfants. C'est en arrivant dans cette famille que j'ai découvert la connivence et l'amour que peuvent se porter les femmes. Je vous joins d'ailleurs une photographie dont je suis très fière : mes trois aînées qui se sont préparées elles-mêmes pour la cérémonie en l'honneur de Madame Eugénie. Je pense que vous n'aurez aucun mal à les reconnaître.
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aisakalegacy · 3 months
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Printemps 1921, Hylewood, Canada (6/6)
Cela fait très longtemps que je n’ai pas cuisiné, depuis que je me suis mariée à vrai dire, mais je connais par cœur la recette de ma mère, je peux vous la donner, aucune de mes filles ne cuisine, il serait dommage qu’elle se perde. Vous aurez besoin d’une tasse de farine, d’une cuillère à soupe de sucre, d’une cuillère à soupe de poudre à pâte, d’une demi-cuillère à café de sel, d’une tasse de lait, d’un gros œuf, de deux cuillères à soupe de beurre fondu ou de lard, et d’encore un peu de beurre ou graisse pour la cuisson.
Dans un grand bol, mélangez la farine, le sucre, la poudre à pâte et le sel à l'aide d'un fouet ou d'une cuillère en bois. Dans un autre bol, battez l'œuf. Ajoutez le lait et le beurre fondu (ou le lard fondu) et mélangez bien. Versez le mélange liquide dans le premier bol. Mélangez doucement jusqu'à ce que la pâte soit homogène, mais pas trop. Il est normal qu'il reste quelques grumeaux.
Chauffez une poêle en fonte ou en fer sur un feu moyen sur un fourneau ou une cuisinière à bois ou à charbon (faites attention que le feu soit régulier pour que la cuisson soit uniforme). Ajouter une petite quantité de beurre ou de graisse pour graisser la poêle. Lorsque la poêle est chaude, utilisez une louche pour verser des portions de pâte dans la poêle. Chaque crêpe devrait avoir une largeur d’un peu moins d’une main. Cuisiez jusqu'à ce que des bulles commencent à apparaître sur la surface des crêpes et que les bords semblent cuits, environ deux à trois minutes. Retournez les crêpes à l'aide d'une spatule et cuisez l'autre côté jusqu'à ce qu'il soit doré, environ une à deux minutes de plus. Servez les crêpes chaudes avec du beurre, du sirop d’érable et des fruits frais.
Vous m’en direz des nouvelles. J’espère que je l’ai bien retranscrite fidèlement sans faire d’erreurs. Embrassez toute votre famille de ma part.
Bien à vous,
Eugénie LeBris
[Transcription] Jules LeBris : Je voulais vous voir pour vous parler. Je sais que je vous ai terriblement blessée. Jules LeBris : Je ne sais pas comment j’ai pu vous abandonner comme je l’ai fait… Jules LeBris : Comment ai-je pu penser que j’avais cessé de vous aimer ? C'était toujours là, je l’avais refoulé mais je n'avais jamais arrêté… Jules LeBris : C’est vous, Génie. C’est vous que j’ai choisie pour femme. C’est vous et personne d’autre. Jules LeBris : Génie, je suis vraiment désolé.
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firebirdxvi · 9 months
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Fils du Feu 08 ~ Flamme exploratrice
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Joshua tournait en rond depuis une semaine, ne sachant pas s'il était prêt à retrouver le monde extérieur. Cela l'effrayait et l'attirait tout à la fois. Il avait besoin de se changer les idées, de quitter cet espace confiné aux murs étouffants. Ayant élu son nouveau domicile dans la bibliothèque, au milieu du mobilier familier et des milliers de livres, les Immortels ne pouvaient plus guère s'y rendre sans effectuer de multiples révérences pour marquer leur respect. Joshua comprit qu'il allait devoir trouver un autre endroit pour se terrer ; il détestait embêter les gens et voir tous ces inconnus défiler.
Ils étaient tous d'une prévenance sans faille envers lui. Il y'en avait toujours un pour lui apporter à boire ou à manger, un coussin pour son confort ou un livre introuvable sur un sujet à propos duquel personne ou presque n'avait pensé à écrire. Il était resté des heures pelotonné dans le grand fauteuil rouge, à la lueur des bougies, à lire des ouvrages sur l'armée rosalienne, la cour sanbréquoise, les moeurs du désert, la puissance des Primordiaux, les Cristaux-Mères et même les quelques passages sur le mystérieux royaume de Valoed, que peu avaient visité ; des contes et légendes sur les Célestes et ce qui avait causé la chute de leur civilisation... On lui avait déjà enseigné les connaissances les plus basiques à leur propos, mais plus il en apprenait, et plus il comprenait qu'on en savait en vérité très peu. Les Célestes eux-mêmes n'avaient laissé aucune archive qui soit consultables par les moyens actuels. Joshua se demanda alors ce que recélaient les entrailles de cet édifice vieux sans doute de plus de mille cinq cents ans...
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Quand il restait assis, à lire et à s'évader, il oubliait une partie de son chagrin. Quand il cessait, ce chagrin revenait à la charge. Il se souvenait de nouveau de son frère, la conscience qu'il l'avait quitté définitivement lui tordait les entrailles et il sanglotait encore en silence. Il ne parvenait à sourire de nouveau que lorsqu'Adalia ou Jote se montraient pour venir lui parler ou le réconforter ; sourire qui disparaissait souvent quand l'heure venait de prendre sa potion.
- "Allons, Votre Grâce", claironnait la soigneuse. "Les meilleurs remèdes n'ont jamais bon goût. Votre toux peut s'aggraver. J'ai amélioré la recette de celle que l'on vous administrait à Rosalith. Elle n'est plus aussi mauvaise..."
Le jeune homme se forçait alors à l'avaler, sachant bien qu'elle avait raison. Et il aurait tout fait pour lui être aimable. Il se rendit compte alors qu'il voyait Adalia comme une image de sa mère, dont il avait quêté l'amour et l'approbation à chaque instant, même après qu'elle lui eu montré un visage plus sombre... Il lui en coûtait d'admettre qu'elle lui manquait... Adalia le soulageait de cette culpabilité.
Il en profitait aussi pour lui poser des questions.
- "Avez-vous exploré cet endroit ? Il a l'air immense..."
- "Non, seuls les premiers corridors et salles sont exploités par les Immortels, le reste de la structure nous demeure étranger. Certaines portes ne peuvent également être ouvertes que par un Emissaire. Il n'est jamais très prudent de s'aventurer dans les bâtiments célestes. Après tout, s'ils ont disparu, il y a une bonne raison, n'est-ce pas ?"
- "J'aimerai bien savoir ce qui leur est arrivé réellement...", prononça innocemment Joshua.
- "D'autres que vous ont eu cette curiosité, cela ne leur a pas été bénéfique..."
- "Mais je peux pénétrer où je veux." Joshua regarda sa main. "Grâce à mon pouvoir, je peux actionner les dispositifs célestes. Je ne sais pas pourquoi, mais vous, le savez-vous ?"
- "Les Immortels en savent bien plus que la plupart des gens, et en ignorent encore beaucoup cependant."
- "J'ai envie d'en connaître plus, pas vous ?"
Joshua s'était levé et étirait ses membres avec énergie. Adalia se prépara à ce qu'il s'apprêtait à faire.
- "Je voudrais aller explorer un peu."
- "Maître Cyril voudra sans doute d'abord connaître vos intentions...", commença la soigneuse.
- "Allons le voir dans ce cas," décida Joshua.
Joshua et l'Immortelle se glissèrent hors de la bibliothèque, remontant d'un pas rapide le corridor vers les quartiers du Maître. Ce faisant, ils passèrent devant la porte circulaire qui, Joshua le savait, menait au monde extérieur. Mais ce monde-là devrait attendre encore un peu. C'était un univers plus mystérieux qui l'attirait présentement.
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Le Maître s'inclina à l'entrée de l'Emissaire. Ils ne s'étaient plus revus depuis le funeste jour où Joshua avait appris qu'il était le dernier Rosfield ; Cyril avait accepté de le laisser seul face à lui-même, attendant qu'il se décide à revenir vers lui le moment venu. Le jeune homme arborait une démarche ferme, un regard déterminé et un esprit affûté par ses récentes lectures.
Le jeune homme ne prit pas la peine de s'asseoir et attaqua d'emblée le vif du sujet.
- "Cyril", prononça-t-il poliment. "Je compte aller explorer les méandres du refuge si vous le voulez bien. Comme j'ai retrouvé une certaine maîtrise de mes pouvoirs, je peux me frayer un passage dans des lieux que vous n'avez pas découverts."
- "Pourquoi m'en informer ? Vous êtes le Maître des maîtres ici." Il s'inclina de nouveau. "Je vous remercie cependant de votre prévenance. Vous êtes libre de circuler où vous le voulez. Mais certains dangers pourraient entraver votre chemin... Si une escorte vous accompagnait..."
- "Adalia viendra avec moi", proposa aussitôt Joshua. La femme s'avança d'un pas volontaire. "Enfin, si elle le désire..."
Les deux Immortels parurent choqués par ces mots. Quand l'Emissaire ordonnait, il était obéi, rien ne leur était plus naturel. Qu'on puisse faire appel à sa seule bonne volonté laissa Adalia interloquée. Joshua ne cessait de bousculer leur credo...
- "J'irai où vous le voudrez, Votre Grâce. Si ma présence vous semble utile... Je ne voudrais pas vous être un poids..."
- "Ne vous inquiétez pas, je vous protègerai", répondit-il en lui touchant l'épaule.
- "Hum hum, Votre Grâce, c'est à... Adalia de vous protéger...", soupira Cyril.
- "Je suis l'Emissaire de Phénix, c'est à moi de protéger les autres", annonça Joshua sur un ton qui ne souffrait aucune contradiction. Il avait parlé comme un monarque.
Sans perdre de temps, il quitta la pièce, la soigneuse sur ses talons. Ils enfilèrent immédiatement un corridor que Joshua savait peu emprunté par les Immortels, avide de découvrir de nouvelles pièces. Après quelques coudes, ils arrivèrent bientôt devant un portail rectangulaire qui semblait inerte. Des symboles compliqués en ornaient la surface. Adalia jugea bon d'intervenir.
- "Nous n'avons pas réussi à ouvrir celui-ci", expliqua-t-elle. "Si la plupart des portes peuvent être actionnées grâce aux artefacts adéquats, d'autres ne le peuvent que par... le pouvoir d'un Emissaire."
- "Et nous en avons un, n'est-ce pas ?" répondit Joshua en indiquant sa poitrine du pouce. Son espièglerie se communiqua à la soigneuse.
- "En effet, mais... nous ignorons ce qui se trouve au-delà."
- "Que pourrait-il y avoir ?"
- "Les Célestes étaient dotés d'armes... peu conventionnelles. Elles pourraient encore être actives... Depuis que nous sommes installés ici, l'énergie a été en partie rétablie, mais certaines sections sont encore inactives..."
- "Vous en avez déjà vues ?" Le jeune homme leva les yeux pour déterminer la hauteur du portail.
- "J'en ai entendu parler en tout cas. Si une d'entre elles nous attaque, je ne pourrais pas vous..."
- "N'ayez crainte, si je peux entrer ici, je peux également maîtriser ce qui s'y trouve, ce serait logique."
- "Vous êtes vraiment téméraire...", souffla Adalia en souriant.
- "J'ai surtout besoin d'action... et de réponses à des questions."
Le jeune homme se plaça face à la porte monumentale et fit jouer ses articulations. Tâtonnant des doigts la surface, il comprit bien vite où il devait poser la main. Exercant une pression légère, une intense chaleur embrasa alors son bras tandis qu'une lueur bleutée illuminait la surface de pierre gravée. La chaleur se résorba immédiatement et Joshua scruta de nouveau sa main ; il n'y décela aucun changement mais le battant sculpté ne s'en ouvrit pas moins devant lui. Les motifs de pierre s'écartèrent, révélant un passage étroit et encore plus obscur. N'hésitant qu'un bref instant, l'Emissaire et l'Immortelle s'engagèrent dans le corridor.
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L'obscurité risquait cependant de les faire trébucher à chaque pas. Joshua fit signe de s'arrêter.
- "Je vais faire un peu de lumière..."
Mobilisant sa mémoire musculaire, Joshua parvint à produire une sphère de feu, un peu moins grosse que sa propre tête, et la fit s'élever dans les airs à quelques mètres. Adalia, intimidée par les lieux, se rapprocha de lui afin de profiter de la clarté. Quand ils reprirent leur marche, la sphère les précéda, voletant comme un feu follet.
Avançant dans une pénombre moins épaisse, Joshua réalisa qu'ils se trouvaient sur une légère pente descendante. Ils s'enfonçaient sous terre, même si à bien y réfléchir, il ignorait à quel niveau du sol se situait le palier supérieur. Adalia gardait une main sur son épaule, et elle tremblait légèrement. Joshua n'était pas très rassuré lui-même et la présence de la femme lui apporta du courage. Il avait inconsciemment envie de l'impressionner...
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Il envoya la sphère illuminer les parois de pierre autour d'eux, et ils virent que les murs montaient bien plus hauts que d'ordinaire. On ne décelait aucun plafond et la sphère ne pouvait monter au-delà d'une certaine hauteur. L'édifice ressemblait plus que jamais à une cathédrale souterraine, ou à une tombe monumentale. Joshua se demanda si c'était si loin de la vérité ; ces lieux étaient peut-être une nécropole céleste. Après tout, on avait jamais retrouvé aucun de leurs restes ni aucun cimetière...
- "Vous sentez que nous descendons ?" chuchota le garçon.
- "Oui... on ne respire pas très bien, l'air est très sec..."
Elle toussa légèrement.
- "Que cherchez-vous exactement ?"
- "Je ne sais pas trop. J'ai l'impression de devoir continuer à avancer, comme si on m'appelait... C'est étrange, n'est-ce pas ?"
- "Êtes-vous sûr d'avoir encore toute votre tête ?" plaisanta Adalia pour détendre l'atmosphère.
- "Non, pas vraiment. Je vous le dirais quand nous auront trouvé quelque chose d'intéressant."
Ils arrivèrent bientôt à une pièce circulaire, un peu semblable au Nid. La sphère de feu balaya le périmètre, et ils comptèrent alors trois portes qui semblaient fermées. Joshua paru indécis.
- "Quelle direction devons-nous prendre ?"
- "Votre Grâce, nous risquons de nous perdre dans ce dédale. Je vous avoue que cette perspective ne m'enchante guère..."
La sphère alla se poser près de l'épaule d'Adalia et des ombres vinrent danser sur son visage inquiet. Joshua l'indiqua du doigt.
- "Je peux lui faire retracer notre route quand nous rebrousserons chemin. Nous ne nous perdrons pas. Alors dites-moi, dans quelle direction préférez-vous aller ?"
- "C'est vous le Maître..."
- "Mais vous avez votre intuition féminine. On m'a toujours dit que cela fonctionnait très bien pour prendre de bonnes décisions."
Adalia comprit qu'elle allait devoir choisir avec soin. Elle indiqua la porte en face d'eux.
- "Je propose de continuer tout droit."
- "La voie du milieu. Vous avez raison, c'est le meilleur choix !"
L'Immortelle avait surtout escompté éviter les détours inutiles. Non pas qu'elle ne fasse pas confiance au guide du Phénix, mais... on était jamais trop prudent. Joshua s'approcha du battant sculpté et, comme pour la première fois, il s'ouvrit sous sa main en s'illuminant d'une lumière bleutée. Ils passèrent le seuil et cette fois le couloir s'inclina fortement, les emmenant encore davantage dans les profondeurs.
Tout était silencieux autour d'eux. Aucune des sentinelles redoutées par Adalia ne se présenta pour leur barrer la route. Cependant, ses craintes n'étaient pas infondées. Se dirigeant vers une petite alcôve, la sphère révéla ce qui ressemblait à une statue d'une forme vaguement animale, mais aux contours tout à fait artificiels. Quand Joshua tendit la main vers elle, de subtils rais de lumière bleue se mirent à luire à sa surface. Ils se détournèrent vivement, comme effrayés par l'idée qu'elle aurait pu s'éveiller...
- "Il vaut mieux ne pas toucher à ça, Votre Grâce ! Je ne suis pas une guerrière, et vous-même, malgré votre témérité, n'êtes pas encore en état de livrer un combat quel qu'il soit..."
- "Vous avez raison, j'imagine... Mais je suis sûr que ce n'était pas une statue...", souffla Joshua en passant dans la pièce suivante. "Il y avait... une vie à l'intérieur... comme en sommeil..."
- "Comme vous, pendant cinq ans..."
- "Peut-être bien... Je... je ne veux pas y penser..."
- "Voulez-vous retourner en arrière ?"
- "Non. Continuons encore un peu. Si votre instinct ne vous a pas trompée, nous devrions trouver quelque chose d'intéressant plus loin..."
Ils continuèrent en choisissant toujours les voies les plus droites chaque fois qu'un carrefour se présentait. Ils rencontrèrent encore d'autres alcôves abritant des sentinelles immobiles de formes et de tailles diverses, recroquevillées ou enroulées sur elles-mêmes. Adalia avançait vaillamment derrière Joshua, bien décidée à l'accompagner jusqu'au bout. Elle en retirait une certaine fierté malgré sa crainte. Et l'idée de le laisser déambuler seul dans ces couloirs morts lui était insupportable.
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La sphère déboucha dans un espace plus vaste. Joshua la fit augmenter d'intensité afin d'éclairer plus largement ce qui les entourait. Avançant avec précaution jusqu'au centre de la pièce, ils remarquèrent alors de curieux globes lumineux encastrés dans le sol ; ils semblaient dessiner un motif précis mais qui échappait à leur compréhension. Joshua examina chacun d'eux, puis se mit à tourner sur lui-même en regardant en l'air. Là encore, un abîme vertical pesa sur leur tête...
- "Votre Grâce, faites attention, vous avez..."
Elle ne termina pas sa phrase. Au moment où le pied de l'Emissaire était entré en contact avec l'un des globes lumineux, le sol se mit à trembler sous eux. Adalia se retrouva jetée au sol tandis que le jeune homme gardait son équilibre de justesse. Il aida la soigneuse à se relever. Les murs se mirent alors à défiler vers le haut, lentement d'abord puis plus rapidement. Ils se trouvaient sur une plate-forme descendante. Ils s'enfonçaient encore plus profondément dans les entrailles de Valisthéa.
Quand elle le comprit, Adalia fut prise de nausée. Elle eut tout à coup la frayeur viscérale de rester prisonnière avec tous ces kilomètres de maçonnerie au-dessus de sa tête. Ils ne retrouveraient pas leur chemin ; cela avait été de la folie de venir ici. Elle s'écroula dans les bras de Joshua en sanglotant.
- "Nous ne sortirons pas d'ici, nous sommes condamnés !"
- "Ayez confiance en moi, je vous ramènerai, je vous le promets."
Elle se rappela alors qu'elle était avec le Phénix. Le Primordial du Feu, le dieu qu'elle vénérait. Et un instant, la simple vêture de chair mortelle qu'arborait l'Emissaire sembla disparaître sous ses yeux et elle vit une entité d'une sagesse infinie, levant un regard confiant et plein de savoir caché vers l'inconnu qui la terrifiait. La main qu'il posait sur elle était chaude et réconfortante... Elle reprit courage, se demandant bien alors comme elle avait pu le perdre.
Le Phénix était avec elle. Quoi qu'il puisse arriver, elle se trouvait précisément là où elle devait être.
La plate-forme s'immobilisa soudain. Ils avaient atteint un nouvel étage souterrain et l'air se fit encore plus rare. L'architecture changea également sensiblement. Ils continuèrent d'avancer, gravirent un long escalier et empruntèrent le seul portail disponible.
Ils pénètrent dans ce qui ressemblait à l'ultime salle de l'édifice. Une énième pièce circulaire jalonnées d'arches à moitié brisées. Les yeux écarquillés, insoucieux de la toux qui menaçait d'exploser dans sa poitrine, Joshua se précipita avec émerveillement vers ce qui ressemblait à un long pupitre couvert de symboles étranges. Il promena ses mains dessus et aussitôt, de nouveaux rais lumineux répondirent à ses sollicitations. Une véritable danse de lumière, ponctuée de sons presque joyeux dans le silence de nécropole, se promena sur la table de pierre, et Adalia sentit alors qu'elle respirait mieux.
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Un souffle d'air frais les balaya tandis que les murs de la pièce s'allumaient les uns après les autres, se gorgeant d'une énergie qui était restée endormie pendant des siècles. Les parois autour d'eux, au-dessus d'eux, vibraient avec force et Joshua regardait tout ça avec ravissement. Il semblait très content de lui.
Soudain, un son qui semblait provenir de partout autour d'eux se mit à résonner dans la pièce étrange :
"Acti... tititi... tion... Reeedém... rrraa... sys..."
- "Je crois que j'ai... remis quelque chose... en marche...", prononça-t-il avec stupeur.
Il se mit alors à scruter plus attentivement ce qui se trouvait autour de lui et poussa un soupir déçu.
- "J'aurai préféré trouver des livres, ou des documents quelconques..."
- "Je ne pense pas que les Célestes aient eu de livres. On a jamais retrouvé un seul écrit de leur main..."
- "Ils archivaient les choses de façon différente sans doute, et nous n'avons pas trouvé comment ils s'y prenaient..."
- "Si je puis me permettre, Votre Grâce. Il me paraît malvenu de chercher à connaître ces choses. Vous savez ce qu'on raconte à leur sujet, et pourquoi ils ont disparu..."
- "J'en sais à peu près autant que tout le monde. Leur orgueil les a perdu, les dieux les ont punis. Mais est-ce vrai, tout cela ?"
Joshua regarda sa main et la promena de nouveau sur le pupitre scintillant. De nouvelles formes apparurent devant lui, réagissant à ses gestes.
- "Si tout cela est vrai, je me demande bien de quelle manière j'y suis lié. Moi et le Phénix..."
- "Pourquoi pensez-vous que..."
- "Nous ne serions pas arrivés jusqu'ici autrement. Croyez-vous que tout ceci soit un hasard ?"
Joshua se déplaça dans la salle et se mit à tourner sur lui-même, le nez en l'air, les bras écartés, comme s'il cherchait à attraper un sens caché à tout ce qu'il avait accompli pour parvenir jusqu'ici.
Adalia soupira. Il n'y avait probablement aucun hasard. Si l'Emissaire de Phénix était capable de se frayer un chemin parmi les ruines célestes, et d'éveiller leur magie ancestrale par son seul toucher, alors tous les autres Emissaires devaient en être capables. Et cela avait nécessairement un sens.
- "Venez, Dame Adalia ! Essayons de déterminer d'où venait cette étrange voix que nous avons entendue ! Ca m'a l'air passionnant !"
L'Immortelle haussa les épaules, plus confiante, et sourit en suivant l'Emissaire. Son enthousiasme était communicatif, et tant qu'il durerait, le jeune homme ne replongerait pas dans la mélancolie.
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Bol poulet-légumes cuisinés, fondant au chocolat glacé (recette de la grand-mère) et bière post-cinéma chez Crémieux, du côté de la Gare de Lyon, Paris, août 2024.
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English is below
Je suis une japonais vivant en France depuis 25 ans. Ma grand-mère japonaise était une très bonne cuisinière. J'aimerais partager avec vous la cuisine locale de FUKUOKA, dans le sud du Japon. Ces recettes sont faciles à préparer avec des ingrédients que vous pouvez acheter dans les supermarchés français.
Vous trouverez ci-dessous une brève description de la préparation de la mayo de thon onigiri en français. Ma grand-mère y mettait des prunes séchées, des flocons de bonite séchée, de la sauce soja (okaka) et du varech salé.
Les onigiri sont comme des sandwichs pour les Français. Je ne peux pas m'en passer.
Onigiri au thon et à la mayonnaise
Ingrédients
2 tasses de riz japonais (n'utilisez pas de riz au jasmin)
1 boîte de thon
2 cuillères à soupe de mayonnaise
Sel
2 cuillères à soupe de feuilles de wakame
Préparation
1) **Cuire le riz
Pour obtenir la dureté requise pour les onigiri, utilisez du riz japonais. Le riz japonais (souvent appelé "riz à sushi") est disponible dans les épiceries et supermarchés asiatiques.
Lavez le riz à l'eau froide.
Faites cuire le riz selon les instructions figurant sur le sac de riz ou utilisez un cuiseur à riz.
2 Préparez les ingrédients.
Egouttez le thon en conserve et mélangez-le avec la mayonnaise et un peu de sauce soja dans un bol.
3) Préparez les boulettes de riz.
Lorsque le riz est cuit, laissez-le refroidir légèrement. Veillez à ne pas vous brûler les mains.
Mouillez légèrement vos mains et saupoudrez-les de sel.
Prenez une poignée de riz et faites un creux au centre.
Mettez une petite quantité de mélange de thon et de mayonnaise dans le creux et refermez le riz de manière à former un onigiri.
Enveloppez la boule de riz dans du nori.
Les boules de riz au thon et à la mayonnaise sont prêtes à être dégustées !
Les boulettes de riz au thon et à la mayonnaise peuvent être préparées de cette manière.
SUSHI RICE
==ENGLISH
I'm Japanese and I've been living in France for 25 years. My Japanese grandmother was a very good cook. I'd like to share with you the local cuisine of FUKUOKA, in the south of Japan. These recipes are easy to prepare with ingredients you can buy in French supermarkets.
Below is a brief description of how to prepare onigiri tuna mayo in French. My grandmother used dried plums, dried bonito flakes, soya sauce (okaka) and salted kelp.
Onigiri are like sandwiches for the French. I can't do without them.
Onigiri with tuna and mayonnaise
Ingredients
2 cups Japanese rice (do not use jasmine rice)1 tin tuna2 tablespoons mayonnaiseSalt2 tablespoons wakame leaves
Preparation
1) **Cooking the rice
To obtain the hardness required for onigiri, use Japanese rice. Japanese rice (often called "sushi rice") is available in Asian grocery shops and supermarkets.wash the rice in cold water.cook the rice according to the instructions on the bag of rice or use a rice cooker.
2 Prepare the ingredients.
Drain the tinned tuna and mix with the mayonnaise and a little soy sauce in a bowl.
3) Prepare the rice balls.
When the rice is cooked, leave it to cool slightly. Take a handful of rice and make a hollow in the centre.Put a small amount of tuna and mayonnaise mixture in the hollow and close the rice to form an onigiri.Wrap the rice ball in nori.
The tuna and mayonnaise rice balls are ready to eat!
Rice balls with tuna and mayonnaise can be prepared in this way.
ツナとマヨネーズのおにぎりは、この方法で作れます。
RecettesDeGrandMère
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hachetaytaypay · 4 months
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Présentation - Over the mountain
Nom : Pear Goblin
Age : 29 ans
Physique : 1m55, brune, bouclée, sec, visage rond, yeux bleus foncés, porte des lunettes, peau teinte chaude, pâle, ronde.
Mental : Désorganisée, distraite, oisive, bricoleuse, gourmande, bonne conductrice, bonne cuisinière, mauvaise pâtissière, ne se lave parfois pas les dents le soir, aime les animaux, allergique aux chiens, jardinière occasionnelle, timide & grande gueule, manque de tact, généreuse, aime faire des cadeaux.
Pourquoi est-elle à Strawberry ?
À priori pour repartir de zéro là d’où vient sa grand-mère. C’est ce que la note disait en tout cas, elle n’est sûre de rien.
Secret ?
Elle n’a aucun souvenir de sa vie avant Strawberry. Enfin, presque aucun. Elle se rappelle de son prénom, ses recettes préférées et de ses leçons de permis de conduire. C’est à peu près tout.
Don ?
….
But ?
Trouver la raison de son amnésie et de sa présence à Strawberry ou, à défaut, un but à sa vie.
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alexar60 · 1 year
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L’enfant des fées (5)
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Précédents épisodes
Peu après, la canonnade s’arrêta brutalement. Louis n’entendait que sa respiration. Il sentait le poids des poutres sur ses tibias brisés. Il garda en mémoire le visage de Teaghan, peu avant que la lumière ne s’éteignit ; les yeux exorbités, le crane défoncé par le plafond, et le sang coulant le long du front. Autour de lui, il ne régnait que la poussière, l’obscurité absolue et la mort. Mais, il y avait toujours des coups de pioche contre la terre. Ils brisaient le silence angoissant des ténèbres.
Dans un vain effort, il essaya de remuer les doigts. La douleur fut si terrible, qu’il n’insista pas. Dès lors, il savait qu’il était condamné… condamné à mourir enterré comme un chien perdu au fond d’un puits. Il cria, hurla espérant être entendu. Seuls les morts l’écoutaient. Et les coups continuaient dans le sol.
Petit-à-petit, l’angoisse laissa place à la résignation. Il savait qu’il n’y en avait plus pour longtemps. Et ne pas voir l’état dégradé du plafond au-dessus de sa tête, le rassurait un peu. Dès lors, il attendit que tout s’effondre, que son corps éclate, tel un fruit mûr, sous le poids de la terre et du bois de la charpente. Il attendit patiemment, sagement. Et il attendit avec ses souvenirs. Les pelles continuaient de battre la terre.
Ils étaient partis passer quelques jours dans le vignoble nantais, le temps d’un weekend, dans le domaine familial d’Armande. Ils arrivèrent tôt grâce au chemin de fer, une calèche les attendit à la gare. Habillée d’une élégante robe bleue claire et d’un large chapeau blanc, Armande ouvrait toujours son ombrelle, bien qu’elle ne le trouvât point pratique. Pour la première fois, Louis s’était rasé la moustache. D’habitude, il partait chez le barbier du quartier, mais ce matin, il se rasa lui-même cette moustache qu’il trouvait ridicule. Pourtant, de nombreux hommes portaient la même. A côté du couple, les enfants en tenue du dimanche, restaient debout, attendant sagement de monter dans le carrosse, comme l’appelait Henriette. Jules se démarquait avec son chapeau encerclé d’un long nœud bleu. Il cria, bondit de joie en reconnaissant Martin, un domestique de son grand-père.
Louis, se remémora la traversé des vignes. Elles appartenaient toutes à son beau-père. Des paysans de tous sexes cueillaient les grappes pour les jeter dans un énorme panier accroché au dos d’un gaillard au torse nu. Il suait alors qu’il ne faisait pas vraiment chaud. Chaque coupe de couteau semblait faire le bruit d’une pelle contre la terre.
Les enfants adoraient venir dans cette ferme à l’aspect de château. Ils s’amusaient à courir dans tous les sens, jouant à chat ou à cache-cache. Parfois, des cousins les accompagnaient. D’autre fois, ils suivaient leur grand-mère, fière de ses petits-enfants et impatiente de leur enseigner quelques recettes maison. Louis était toujours reçu comme l’étranger, celui qui avait volé leur fille. On ne lui parlait pas, pas même pour dire bonjour. On le regardait de travers, on avait envie de cracher sur son passage pour conjurer le sort. Mais il se doutait que son métier de policier était la cause de ce mépris.
Toutefois, il était mal vu de ne pas rendre visite à sa belle-famille, une des plus riches de Nantes à Clisson. Leur vin se vendait dans toutes les grands restaurants d’Europe ; de Paris à Vienne, de Londres à Moscou, on enrichissait les parents d’Armande en buvant leur vin blanc.
Après le repas, la famille accompagna les aïeuls dans une longue promenade à contempler les terres et écouter le grand-père dépeindre avec fierté sa fortune. Il n’y avait rien de plus saoulant pour Louis que d’entendre le vieil homme blatérer les mêmes choses en gonflant la poitrine. Le battement de son cœur faisait le même son qu’une pioche creusant un puits.
Les enfants couraient entre les vignes. Ils ne se souciaient pas des nuages gris en train d’envahir lentement le ciel. Si bien qu’ils s’éloignèrent alors que leurs parents commencèrent à faire demi-tour. Leur mère les appela, mais ce fut la pluie qui les rameuta vers la ferme. De grosses gouttes cognèrent le chemin lorsqu’ils arrivèrent enfin sur le perron de la porte. Ils entrèrent accueillis par Martin qui leur apporta une serviette.
-          Vous en avez apporté une de trop, mon cher. Déclara la mère d’Armande.
Il n’eut pas le temps répondre. Un cri fit sursauter tout le monde. Armande réalisa que sa dernière fille manquait à l’appel. Dès lors, la famille fut saisie d’angoisse à l’idée de l’avoir laissée au milieu du vignoble sous l’averse. Aussitôt Louis sortit, rassurant en même temps son épouse. Il devinait où elle pouvait se cacher. Il courut sur la route déjà détrempée. La pluie chaude collait sa chemise sur sa peau. Il courut jusqu’à une grange. Il espéra que Blandine s’était réfugiée dedans et, en effet,  elle attendait sagement que le beau temps revienne. Elle restait assise sur la paille, souriant à son père, amusée de le voir essoufflé. Les gouttes tombant sur le toit, imitèrent le bruit des coups de pioche dans une mine.
-          La gymnastique n’est plus de mon âge, dit-il.
Il s’assit à côté de sa fille. Il soufflait toujours comme un bœuf, cherchant à retrouver un rythme normal. Son cœur battait si fort qu’il crut l’entendre exploser. Il proposa d’attendre la fin de l’averse. Blandine rit, heureuse de rester dans cette grange qu’elle adorait. Durant ces séjours, elle partait toujours dans cet endroit. Pour une fillette, c’était une caverne d’Ali Baba. Elle voulait grandir pour enfin monter l’échelle et découvrir l’étage. Par ce côté aventureux, elle ressemblait énormément à son père.
Les bruits dans la terre résonnèrent de plus en plus fort. Louis préféra se perdre dans ce souvenir lointain. C’était il y a deux ans. Blandine avait à peine trois ans. Cependant, elle paraissait en avoir plus. Il se rappela cette attente avec sa fillette. Elle riait, lui parlait de ses frères et sœurs. Elle posait pleins de questions. C’était surement ce jour qu’elle devint sa préférée. Parce qu’il n’avait jamais discuté avec les deux autres. L’enfant est enfant, l’adulte reste l’adulte. C’est au rôle de la nourrice et de la mère de s’occuper des enfants. De plus, le père doit montrer de la fermeté, jamais de sympathie. Mais ce jour, il accompagna sa fille dans ses rires.
Il aurait voulu revivre ce moment. Poser sa tête sur les genoux de sa fille et lui parler plus profondément. Dire qu’il était fier d’elle et de ses frères. Dire qu’il aimerait la voir grandir, la protéger, et la voir vieillir. Il détesterait son mari, mais il serait fier d’entrer dans l’église pour son mariage. Il serait heureux de regarder ses petits-enfants jouer autours de lui et d’Armande. Ils auraient son rire ou son sourire. Le plus grand aurait son regard.
Pendant que Louis rêvait, une voix s’éleva de nulle part. Il ouvrit les yeux mais ne constata que le noir et la mort autours de lui. Il inspira fortement, gardant en image sa fille caressant sa tête sur ses genoux. Il ne savait plus s’il avait imaginé où s’il avait réellement vécu cette scène. Il crût sentir une petite main frôler ses cheveux, une main d’enfant. Ses jambes ne bougeaient toujours pas. Par contre, il sentit le sol vibrer. La voix retentit de nouveau.
-          Je suis là ! cria-t-il, à l’aide !
Il voulait revivre ce moment, retrouver Blandine dans la grange. Il voulait revoir son fil. Il voulait entendre le son de sa voix. Jules devait être grand et fort maintenant. Il voulait embrasser Henriette, celle qu’il a toujours délaissée. Parce qu’elle était l’ainée, parce qu’elle était une fille alors qu’il voulait un garçon. Il voulait sentir le parfum d’Armande, danser avec elle. Et lui dire qu’il l’aime plutôt que de l’écrire. Il voulait retourner chez lui, mais pour cela, il devait vivre.
Alors, il se mit de nouveau à crier, espérant être entendu. Il souhaitait que les coups de pioche soient vrais. Et s’il s’agissait des allemands, il pria leurs âmes d’avoir de la compassion pour un père de famille. Il cria, hurla. Les coups s’approchèrent de plus en plus. Puis plus rien !
Le sergent demeura dans le silence. Sa respiration devint de plus en plus difficile. Il ne savait pas si le plafond menaçait de tomber. Il se rappela de sa fille. Il se souvint de la grange, la pluie qui tombait lorsque soudain :
-          Il y a quelqu’un ?
La voix était française. Louis était sauvé.
Alex@r60 – juillet 2023
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toffavoyance · 2 years
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Astuce feuilles de laurier
BAIN MAGIQUE AVEC LA PUISSANCE DU LAURIER ❗ ✨ Tu es victime de mauvais œil , tout le monde est jaloux de ton évolution 😑 Tu es tout temps menacé par les mauvais esprits de nuits 🥹 Tu es combattu, victime de mauvais sort de part et d’autre , plus rien ne va 😤 Tu es malchanceux rempli de poisse , tubes persécuté et bloqué dans tout 😥 Tu es victime de discrimination en famille , personne ne te…
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dada-and-clara · 1 year
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La nouvelle chimio a de bien jolies couleurs 🎨... Si bien que j'hésite entre imaginer des formes dans les nuages ☁️ou dans les fils de la chimio 🧶!
Ce démarrage de la nouvelle phase de 3 mois sonne comme un bilan de la 1ere...
Et ce qui me frappe c'est les personnes extraordinaires qui s'y sont révélées... Celles et ceux qui n'ont pas froid aux yeux face à la maladie et qui sont au petit soin, ça fait tellement du bien.
Portrait d'une femme incroyable : Elo 🩷. Mère de deux enfants, dont une fille diabétique, capitaine d'une équipe de foot, cheffe d'entreprise, seule à gérer son navire (maison avec jardin), téméraire 💪 et très organisée ⌚.
Il y a quelques semaines, j'ai eu une tension très très faible, un affaiblissement général assez impressionnant, lié a un état de dénutrition pas repéré.
La chimio m'a tanné et coupé l'appétit, j'ai peu quitté mon lit pour m'alimenter. Résultat -5kg, ce qui n'a pas plu aux médecins (contrairement à mon miroir🪞!). Consigne médical : manger surprotéiné 🍲! Le livre de recettes spécifique remis par la diététicienne a frappé comme un coup de massue 🔨🤯
Comment trouver la force de cuisiner ainsi, quand on n'a même pas la force d'aller aux WC... Comment demander à son conjoint qui gère déjà les deux enfants 👨‍👧‍👦, son entreprise 🌳, l'intendance 🏡 de concocter des petits plats particuliers pour Madame La Malade ��.
- 'Allô Elo ?'
Elo comprend immédiatement... le lendemain elle me livre des plats 🍲, des barres de céréales , des gâteaux 🍰, des pancakes 🥞 (des sucrés et des salés, faut pas déconner!), de la viande 🍖, du poisson 🐟, des oeufs 🍳, le tout avec humilité et totale générosité (je soupçonne qu'elle a cuisiné toute la nuit 🌃...)
👏👏👏 poids repris en une semaine ! Well done !
Alors comment dire... Le mot MERCI semble bien peu...
Il y a des gens comme ça. Ils sont tout simplement in-cro-ya-bles.
J'en pleure de le raconter ici 🥲.
Merci aussi à ma chère amie La Grande Lulu l'artiste baroudeuse, venue deux fois pendant cette première phase, passer plusieurs jours à la maison, pour l'inonder de bouquets 💐 et de bonnes ondes ✨, et surtout de massages à rallonge 💆‍♀️
Hommage à mon homme, que j'aime plus que jamais, capable de tenir le cap dans la houle, sans sourciller 🚣💓
Merci à Laurence ma collègue d'amour...
Et j'ai d'autres alliés : Vive le yoga 🧘‍♀️, vive le diem chan, vive l'hypnose et surtout... vous tous !
Je me sens confiante pour cette 2e phase, les voisins gèrent les enfants les wkds qui suivent les chimios, quelle chance 🍀!
On va l'abattre ce 🦀, et tous ensemble.
Merci à vous les lecteu.rices 🥰
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maddiesbookshelves · 9 months
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Recipe for a perfect wife, by Karma Brown
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When Alice Hale leaves a career in publicity to become a writer and follows her husband to the New York suburbs, she is unaccustomed to filling her days alone in a big, empty house. But when she finds a vintage cookbook buried in a box in the old home’s basement, she becomes captivated by the cookbook’s previous owner–1950s housewife Nellie Murdoch. As Alice cooks her way through the past, she realizes that within the cookbook’s pages Nellie left clues about her life–including a mysterious series of unsent letters penned to her mother. Soon Alice learns that while baked Alaska and meatloaf five ways may seem harmless, Nellie’s secrets may have been anything but. When Alice uncovers a more sinister–even dangerous–side to Nellie’s marriage, and has become increasingly dissatisfied with the mounting pressures in her own relationship, she begins to take control of her life and protect herself with a few secrets of her own.
I thought this book was going take the "the house is haunted by the spirit of the 50's housewife" or even the "the house is alive" route because of some elements at the beginning but uh, they end up not mattering at all? So that was weird
It was an interesting read, but I didn't like Alice's character/story nearly as much as Nellie's. I didn't understand some of her actions and decisions, thought some were stupid. The parts I liked best about Alice's chapters were when Nellie was mentioned. I kinda wish it was more like The Seven Husbands of Evelyn Hugo, in the way that Monique wasn't a big part of the story as a whole but she still had her stakes in it. I did like that, when Alice read Nellie's letters, you can tell there was more to what she was writing
Also, Nellie's chapters had my brain playing Paris Paloma's Labour on loop, it really fits the vibes. It also reminded me of the show Why Women Kill (at least the first season), which I loved. So if anyone has recs for similar book, please please please tell me, I'm desperate
French version under the cut
Lorsque Alice Hales quitte sa carrière dans la publicité pour devenir autrice et suivre son mari dans une banlieue pavillonnaire de New York, elle n'est pas habituée à remplir ses journées seule dans une grande maison vide. Mais lorsqu'elle trouve un livre de cuisine vintage enterré dans la cave de la vieille maison, elle est fascinée par la précédente propriétaire du livre, Nellie Murdoch, femme au foyer des années 1950. Tandis qu'Alice explore le passé au fil des recettes, elle réalise que Nellie a laissé entre les pages du livre de cuisine des indices concernant sa vie, dont une série de lettres adressées à sa mère jamais postées. Bientôt, Alice constate que, même si l'omelette norvégienne et le pain de viande peuvent sembler inoffensifs, ce n'était peut-être pas le cas des secrets de Nellie. Alors qu'Alice découvre un aspect plus sombre, voire dangereux, du mariage de Nellie, et qu'elle devient de plus en plus mécontente de la pression croissante dans son propre couple, elle décide de prendre le contrôle de sa vie et à se protéger avec ses propres secrets.
J'ai cru que ce livre allait faire le coup du "la maison est hantée par le fantôme de la femme des années 50" ou encore "la maison est en vie" à cause de certains éléments au début mais euh, au final ils ont aucune importance ? Donc c'était bizarre
C'était une lecture intéressante mais j'ai pas aimé le personnage/l'histoire d'Alice autant que celle de Nellie. J'ai pas compris certaines de ses actions et de ses décisions, j'en ai même trouvé certaines stupides. Les moments que j'ai le plus apprécié dans les chapitres d'Alice étaient ceux où Nellie était mentionnée. J'aurais limité préféré que le livre soit plus comme The Seven Husbands of Evelyn Hugo, dans le sens où Monique n'était pas super importante dans l'histoire mais il y avait quand même des enjeux pour elle. J'ai beaucoup aimé quand Alice lisait les lettres de Nellie, on pouvait sentir qu'elle écrivait pas tout
Aussi, les chapitres de Nellie faisaient tourner la chanson Labour de Paris Paloma en boucle dans mon cerveau, elle collait vraiment bien à l'histoire. Ils me rappelaient aussi la série Why Women Kill (du moins la première saison), que j'ai adorée. Donc si quelqu'un a des recos de livres similaires, siouplait dites moi, je suis désespérée
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culturefrancaise · 1 year
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J'ai récemment eu 29 ans et je suis de retour chez mes parents en attendant de finir mon Master. Depuis mon anniversaire j'ai envie de tout trier et réorganiser. J'ai même fait le tri dans mes livres en essayant d'être honnête et de me dire "Ça fait dix ans que celui-ci est dans ma PAL, je ne suis plus la personne qui l'a acheté, je ne le lirai pas". Pareil pour les vêtements, il y en a qui ne me correspondent plus du tout et je ne veux plus les garder en me disant "Oh, c'est un souvenir de mon Erasmus en Angleterre...". J'ai aussi envie de réorganiser tout mon matériel de DIY et de travaux d'aiguille (tricot, couture, broderie), séparer mes bouquins d'histoire spécial guidage des bouquins d'histoire que j'ai pour le fun, de recopier toutes les recettes préférées de ma mère sur mon blog de cuisine, trier ma vieille vaisselle prêtée par mes parents en L1 (maintenant j'ai la mienne) et réorganiser tout le grenier. J'ai aussi désencombré ma bibliothèque, je me sentais submergée, j'ai enlevé les cartes postales et je vais les trier et ranger dans des boîtes à souvenirs. J'ai enlevé ma vieille chaîne Hi-Fi que je ne veux pas jeter car elle marche encore, et c'est un cadeau d'un être cher aujourd'hui disparu. J'ai envie de boîtes, plein de boîtes, pour tout ranger, et ensuite de tout étiqueter.
J'en ai parlé à une amie qui a le même âge et vit aussi chez ses parents et elle m'a dit qu'elle aussi avait envie de faire du grand tri.
Que se passe-t-il ? C'est mon cerveau qui me fait un genre de nesting ? Il me prépare pour mes 30 ans ? Est-ce que ça vous a déjà fait ça ? Non parce que je ne ressens pas une obligation de le faire, juste une profonde envie, ça me paraît juste.
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aisakalegacy · 2 months
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Printemps 1922, Hylewood, Canada (1/7)
Chère Albertine,
Je réponds enfin à votre lettre. Je suis bien contente que la recette de ma mère vous ait plue, ces crêpes sont pour moi étroitement associées à des souvenirs d’enfance. Jules ne veut pas que je cuisine, il dit que sa mère n’a jamais cuisiné, mais cela me manque parfois. Je vous remercie de votre confiance concernant les confidences que vous m’avez faite au sujet de votre enfance. Je suis navrée et atterrée des mauvais traitements qui vous ont été faite quand vous étiez si jeune, et je comprends d’autant mieux pourquoi il a été important pour vous de vous entourer d’une si grande famille aimante.
[Transcription] Eugénie LeBris : Vous avez fait un bon voyage ? Jules LeBris : Très bon, merci. Le retour avec la petite était plus compliqué, elle a eu du mal avec les quatre jours de train avant notre changement à Toronto. Lucien LeBris : Quand même, confier une si petite fille à un homme seul… Ils auraient pu envoyer une infirmière avec vous. Jules LeBris : L’institut manque trop de personnel, Heather ne pouvait pas se permettre de détacher quelqu’un juste pour accompagner la petite pendant deux semaines. Eugénie LeBris : Vous auriez pu emmener Maria. Ça fait longtemps, mais je sais encore tenir une maison. Layla Bahar : On peut aller la voir ? Eugénie LeBris : Po encore, ma chérie. Elle dort, elle est fatiguée.
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sous-france · 1 year
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Aurélien Tchouameni réagit via une lettre ouverte sur Instagram au décès du petit Naël à Nanterre :
« Nahel aurait pu être mon petit frère. Et j'ai le coeur brisé quand j'entends sa mère parce que c'est la voix de ma mère que j'entends. On ne refera pas l'histoire et on ne changera pas le monde sur les réseaux sociaux... Mais j'aimerais comprendre pourquoi depuis des années, des jeunes meurent lors de contrôle de police qui semblent anodins. Comprendre pourquoi la gâchette semble beaucoup moins lourde quand il s'agit d'un certain type d'individus. Comprendre pourquoi il a fallu qu'une vidéo sorte pour que l'affaire ne soit pas étouffée. Comprendre pourquoi certains cherchent à opposer Nahel et Lola, comme si on ne pouvait avoir de peine que pour l'un ou pour l'autre. Comprendre aussi pourquoi certains journalistes s'amusent de sous-entendus absurdes et attisent la haine. The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody. La haine menace de nous diviser. Elle peut nous faire oublier que la grande majorité des policiers accomplissent leur mission dans le respect des droits fondamentaux et parfois dans des conditions très difficiles. Maintenant que faire ? Les réseaux sociaux font du bruit pendant un petit moment. Puis, on reprend le cours de nos vies jusqu'à ce qu'une autre mère, une autre famille se réveille un matin en apprenant que l'un des leurs est parti. Si vous avez une recette miracle, je veux bien la prendre. Je n'en ai pas. Je sais que l'usage de la force par la police n'est pas nécessairement illégal. Je sais aussi que la question centrale ce situe dans le juste milieu entre la légitimé et l'illégalité du recours à la force. Et je sais pour finir qu'il est indispensable de rétablir la confiance des citoyens envers leur Police; que toute absence de justice incite au doute sur l'action des forces de l'ordre. Parce que Nahel, c'était notre petit frère. Et en France, la Fraternité doit encore vouloir dire quelque chose. »
✊🏿
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lalignedujour · 1 year
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Le moment n'était pas particulièrement émouvant. Marina, 46 ans. Sa sœur, 44 ans. Sa fille, 20 ans. Sa mère, 71 ans. Elles vident la maison de sa grand-mère, décédée à 94 ans.
Elles étaient encore dans le mouvement. Elles avaient toute la journée à l'écart du reste de la famille. Toute la journée pour trier les affaires du grenier. Des strates de cartons, de photos, de cahiers, de factures. Un tri par moment parcimonieux, par moments très grossier : le sac pour Emmaüs, le sac pour la poubelle, le sac à garder/trier/répartir.
Et elles ont eu faim. Marina est tombée sur le dernier bocal de macédoine de sa grand-mère. La macédoine lactofermentée mythique de sa grand-mère. Elles l'ont ouverte sans cérémonial. Juste parce qu'il fallait bien manger, il était déjà 13h30.
Elle faisait toujours la même macédoine. Elle avait dû passer sa jeunesse à peaufiner la recette, mais du point de vue de Marina, ça avait toujours été la même macédoine. Elle était excellente cette macédoine, tout le monde le disait. Rien à voir avec celles du Leclerc, alors là, non. Vraiment rien à voir, c'est presque abusé de comparer même si c'est pour dire que ça n'a rien à voir.
Tous les étés, Marina passait un mois avec sa sœur à la ferme. Leur grand-mère prenait un peu de temps pour s'occuper d'elles, mais à condition d'avoir un peu de main d'œuvre. Elles ratissaient le foin, elles ramassaient les œufs, elles allaient chercher le lait à la ferme voisine, elles se baignaient parfois dans le ruisseau sur le chemin et se faisait gronder car elles étaient pleines de boue, elles récoltaient les courgettes, les carottes, les oignons nouveaux. Elles équeutaient des montagnes de haricots verts, avec la télé en fond sonore (parfois, Mémé l'éteignait car elle disait que ça déconcentrait les filles et qu'elles équeutaient moins vite - en vérité, elles équeutaient plus vite au moment où elle menaçait d'éteindre, pour prouver que la télé ne les déconcentrait pas, alors elle les menaçait régulièrement). Et, elles préparaient les conserves de macédoine. Avec la recette sous les yeux. Il fallait couper les carottes en petits dés de cinq millimètre de côté. Pas huit. Si c'était huit, elles les recoupaient. Il fallait mieux quatre millimètres de côté, que huit. Elles y passaient des journées, arrivaient enfin au bout de la pile de légumes, et le lendemain au réveil, leur grand-mère leur livrait de nouvelles caisses de petits pois, de carottes et d'oignons. Il leur était venu à l'idée de saboter le potager pour échapper à la corvée. Le dernier été, Marina avait 15 ans ; sa sœur, 13.
Et là, elles mangent le dernier bocal de macédoine. Mamie en faisait de moins en moins, mais elle continuait. Celui-ci date bien de cet été, c'est écrit au marqueur sur le couvercle (et pas sur le côté, "sinon ça s'efface quand ça bulle"). On savoure, oui. On le sait que c'est le dernier. Mais on ne pleure pas. C'est si intense autour, et il reste tant à gérer d'ici l'enterrement après-demain, alors on pleurera plus tard.
La fille de Marina est tombée sur le cahier rouge, le cahier de recettes. Entre les cahiers bleus, qui recensent la pluviométrie et les lunes, et les cahiers jaunes qui indiquent toutes les fois où elle a reçu des convives, comment elle s'était habillée et ce qu'elle avait cuisiné. Les recettes précises étant consignées, comme on a vu, dans le cahier rouge.
Sa mère travaille et préfère acheter chez Leclerc. Sa grand-mère est à la retraite et préfère acheter chez Leclerc. Alors, c'est elle qui préparera la prochaine macédoine de légumes de Mamie.
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