Tumgik
#Bon plan séjour
lesbogal · 5 hours
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kyynelkaasua · 5 hours
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coeurinsoumis · 1 year
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@lepalaisdeslarmes
Voilà maintenant plusieurs semaine que Raelynn a emménagé dans l'appartement de Caleb. Tout se passe pour le mieux, il sent la jeune femme plus sereine que lors de son séjour au Palais. La Reine n'a pas donné signe de vie, c'est que tout va bien et que les apparences vont de bon train.
Le plus dur, cacher son attirance pour la brune, une attirance qui grandi un peu plus chaque jour et qui devient difficile à cacher.
Adossé au plan de travail en sirotant son café, il se perd dans ses pensées. Oui la cohabitation va devenir de plus en plus difficile.
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amandinemoon · 1 year
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PARTIE 1 :
Préambule : Le Choixpeau indécis
1 septembre 1990
- Bienvenue à Poudlard, annonça la professeure McGonagall. Le banquet de début d'année va bientôt commencer mais avant que vous ne preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Cette répartition constitue une cérémonie très importante. Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune.
« Les maisons sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune d'elles a formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez des règles communes, votre maison perdra des points. A la fin de l'année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la Coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur.
« J'espère que chacun et chacune d'entre vous aura à cœur de bien servir sa maison, quelle qu'elle soit. La Cérémonie de Répartition va bientôt commencer en présence de tous les élèves de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue. »
D'un geste fébrile, Lili remit ses cheveux bouclés et constamment emmêlés en place comme elle put. Elle s'assura aussi que sa robe n'était pas trop plissée, et que personne ne pourrait voir que ses baskets étaient délavées.
- Je reviendrais vous chercher lorsque tout sera prêt, dit la professeure. Attendez-moi en silence.
Elle quitta le couloir. Lili avait la gorge serrée. Elle ne connaissait personne ni autour d'elle, ni à l'intérieur de la Grande Salle. Elle regarda autour d'elle, les autres élèves avaient l'air terrifiés aussi, personne ne disait grand-chose.
Alors que l'immense porte qui se dressait devant les premières années s'ouvraient enfin, la professeure à l'air strict, coiffée d'un grand chapeau noir et à la robe verte s'avança pour les mener dans l'immense hall. L'espace était gigantesque, étrange et magnifique, un plafond magique reproduisait le ciel étoilé dont elle avait déjà lu l'histoire dans un des vieux livres qu'elle avait achetés, et des centaines de bougies flottaient au-dessus d'eux. Quatre rangées de tables étendues le long de la salle faisaient s'asseoir des centaines d'élèves de tout âge.
Le groupe de premières années avança jusque devant une estrade, où tous les professeurs étaient attablés. La femme au grand chapeau noir monta sur l'estrade, à un mètre environ d'un petit tabouret en bois. Elle attrapa un autre grand chapeau en cuir marron, rapiécé et plié à plusieurs endroits. Elle posa le chapeau de cuir marron sur un grand tabouret, et les pliures s'ouvrirent plus largement encore, articulant une bouche et des yeux sur le vieux chapeau, qui se mit à chanter contre toute attente.
(chanson Choixpeau)
Lorsqu'il eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau. La professeure McGonagall s'avança en tenant à la main un long rouleau de parchemin.
- Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Je commence : Adams, Peter !
Un jeune garçon au teint dangereusement pâle avec des cheveux châtains très courts et un nez pointu sorti du rang d'un pas mal assuré. Il alla mettre le chapeau qui lui tomba devant les yeux et s'assit sur le tabouret.
- POUFSOUFFLE ! cria le chapeau après un instant de silence.
Des acclamations et des applaudissements s'élevèrent de la table située à droite et Peter alla s'asseoir parmi les autres étudiants de Poufsouffle.
- Alverton, Elisabeth !
Avec son nom de famille, Lili s'était doutée qu'elle serait au moins dans les trois premiers à être appelés. Le pas un peu tremblant, sans trop lever les genoux pour que sa robe ne découvre pas ses baskets, elle sortit du rang à son tour, la tête un peu baissée. McGonagall lui lança un regard chaleureux et Lili posa le chapeau sur sa tête, qui lui tomba jusqu'en dessous des yeux, et elle dut le soutenir pour voir autour d'elle.
Pendant ce temps à la table des Gryffondor, deux deuxièmes années observaient la scène attentivement, dans l'espoir de faire une ou deux blagues sur les premières années quelque peu terrifiées.
- Elle est vraiment minuscule celle-là ! Dit le premier, cheveux courts, roux, un nez légèrement aquilin, des yeux pétillants de malice, et le visage couvert de taches de rousseur.
- Oui, elle ne doit pas voir grand-chose avec le Choixpeau ! Ajouta le second, identique en tout point avec le premier.
- Ça prend du temps là non ? Dit le premier
Effectivement, pendant ce temps-là, le Choixpeau peinait à faire son choix.
- Hum... Difficile... très difficile, disait une voix grincheuse à l'oreille de Lili, elle n'était même pas sûre que le reste de la salle entendait ses réflexions.
Au bout de deux minutes, McGonagall regarda sa montre à gousset et tous les professeurs et élèves tendirent l'oreille. Le Choixpeau continuait de marmonner au hasard les noms des maisons et leurs qualités. Au bout de quatre minutes tout le monde se regardait les uns les autres, et la voix murmurait de plus en plus fort et souvent « Serdaigle » et « Gryffondor ».
- C'est même très difficile..., ajouta le chapeau.
Lili se crispa, et si elle ne trouvait aucune maison ? Et si elle manquait de toutes les qualités requises ? A côté d'elle, McGonagall jetait des regards aux autres professeurs et les premières années fixaient Lili avec de grands yeux impatients.
- Tu as un immense potentiel, tu sais ? Dit le chapeau assez fort cette fois pour que McGonagall l'entende. Une famille si brillante... Oui, oui, je le vois dans ta tête... Le désir de faire ses preuves, mais malgré tout le courage, oui, le courage à venir... Des qualités intellectuelles, à développer, oui... C'est presque indissociable de ta personnalité brave... et... l'ambition est faible, pour le moment, mais la loyauté est sans faille... non, non, cherchons, alors... Peut-être Gryffondor ? ... Mais tu es tellement fière de tes connaissances, il serait dommage... oui, j'ai choisi, j'ai choisi : SERDAIGLE !
La salle applaudit très fort, les élèves qui semblaient les plus âgés faisaient le plus de bruit. Ils devaient certainement savoir quelque chose. Le temps avait semblé infini. McGonagall releva le chapeau de la tête de Lili, elle avait un regard qui aurait pu vouloir dire beaucoup de chose, et Lili y compris surtout une certaine fierté. Elle se releva, regarda rapidement autour d'elle, même les professeurs, et un homme à la longue barbe en particulier, applaudissaient avec des sourires de surprise.
Lili descendit de l'estrade, les jambes encore plus tremblantes après cet épisode perturbant, et se dirigea vers la table bleue et bronze de Serdaigle. Beaucoup d'élèves plus grands lui faisaient des signes accueillants, mais Lili avait trop peur et elle se mit le plus loin possible des autres sur les tables.
Elle rejouait en boucle les mots du Choixpeau, elle n'y comprenait pas grand-chose, même elle avait du mal à croire en elle, alors un chapeau ? Peut-être lisait-il l'avenir de Lili, ou qu'il percevait des choses de sa future personnalité ? Tout cela resta très étrange à ses yeux.
Avait-il mentionné sa « famille » ? Sa seule famille était sa mère et elle n'y avait pas pensé sur le moment, le Choixpeau savait donc déjà des choses sur le monde extérieur. Mais sa mère était une Moldue, et elle n'avait aucune idée de qui son père avait bien pu être. Comment le Choixpeau pouvait-il savoir à sa place ?
Elle ne s'était jamais trouvée très courageuse. Peut-être cette fois-là ou elle avait tendu un bâton à un chat tombé dans la rivière ? Et puis, c'était souvent elle qui chassait les araignées de la maison, jamais sa mère, mais à part cela, en quoi était-elle vraiment courageuse ? Finalement, Lili se dit qu'elle était contente de ne pas être allée à Gryffondor, elle aurait déçu tout le monde. Au moins à Serdaigle, elle pourrait travailler dans son coin...
Plusieurs autres élèves furent répartis dans les maisons (tandis qu'elle réfléchissait) et pour la totalité beaucoup plus rapidement que pour elle, ce qui l'inquiéta encore plus. Pourquoi le chapeau avait-il mit si longtemps à lui choisir une maison ? A la fin de la Cérémonie de Répartitions, sept élèves étaient allés à Serdaigle comme Lili. Elle avait retenu le nom d'Anthony Goldstein qui avait failli s'évanouir, un garçon blond aux yeux bleus, plutôt petit et enveloppé. Il s'était assis à côté d'elle mais n'avait rien dit à pas « Bonsoir ! ». Il y eut aussi neuf élèves répartis à Serpentard, neuf également à Gryffondor et enfin dix à Poufsouffle. Albus Dumbledore, le directeur à la longue barbe argentée se leva et annonça le banquet.
Tout avait l'air et était délicieux. Mais à l'inverse de tous les autres élèves, elle ne partageait pas sa joie et son appétit. Lili resta silencieuse, à rejouer encore et encore les mots du chapeau dans son esprit. Certains Serdaigle autour d'elle avaient tenté une approche, en lui proposant de venir vers eux, mais elle s'était contentée de hocher la tête, pour dire non, et de baisser à nouveaux son regard vers son assiette.
La vérité, sur son comportement, était qu'elle ne connaissait pour ainsi dire, pas grand-chose du monde des sorciers, et qu'elle avait bien trop peur de se ridiculiser en ne sachant pas quoi répondre. Ses uniques connaissances se limitaient à la traversée du Chemin de Traverse et à ce qu'elle avait eu le temps de lire dans L'Histoire de Poudlard la dernière semaine de vacances.
Une fois le banquet terminé, Dumbledore prononça encore quelques mots, fit chanter l'hymne de Poudlard et enfin envoya tous les élèves se coucher.
- Allez les nouveaux Serdaigle suivez-moi ! Lança une fille aux longs cheveux noirs, les yeux bruns et des lunette ovales.
Les premières années, dont Lili, emboîtèrent le pas de la fille, qui devait être la Préfète pour ainsi les guider. Lili eut à nouveau les jambes tremblotantes et c'était mise au bout de la file d'élèves, pour être sûre que personne ne vienne lui poser des questions. Les tableaux dans les couloirs et dans la salle aux escaliers capricieux chuchotaient en montrant du doigt les nouveaux élèves. Le château était immense, des centaines de couloirs composaient un labyrinthe dans les étages. Pour accéder à la salle commune de Serdaigle, il fallait monter dans la tour la plus haute, la Tour d'Astronomie, et emprunter un escalier en colimaçon pour rejoindre la Tour de Serdaigle.
Alors dans un couloir très large se trouvait une grosse porte de bois, montée d'un heurtoir en forme d'aigle, qui, à la grande surprise des premières années, se mit à parler, et posa une énigme. C'était la clé pour passer, y répondre, avec intelligence et logique.
- Je parle sans bouche et j'entends sans oreilles. Je n'ai pas de corps, mais je m'anime grâce au vent. Que suis-je ?
La Préfète se mit à réfléchir entre ses mains et releva la tête l'air victorieuse.
- L'écho ! Résolue-t-elle fièrement.
- Exactement, répondit l'aigle, avant de débloquer la porte d'un « clac », et ouvrir le passage de la salle commune :
Une vaste pièce circulaire éclairée par d'élégantes fenêtres en arcade aux murs sur lesquels étaient tendues des étoffes de soie couleur bleu et bronze. La vue donnait sur les montagnes environnantes. Le plafond en forme de dôme était parsemé d'étoiles peintes qui se reflétaient sur la moquette bleu nuit. Elle était meublée avec des fauteuils confortables, des tables et une bibliothèque. Dans une alcôve face à la porte se dressait une haute statue de marbre blanc, celle de Rowena Serdaigle, que Lili reconnaissait grâce à « L'Histoire de Poudlard ».
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Bonjour/Bonsoir ! Je suis Amandine Moon et ce n'est pas la première fanfiction que j'écris, mais bien la première que je publie (avec beaucoup de stress sans vous mentir). Une bonne partie de la fanfiction est déjà rédigée et publiée sur le lien ! (Partie 1 et partie 2 - la 3 arrive bientôt !)
L'histoire que vous avez commencé à lire est un travail qui me passionne déjà depuis un an et demi, aussi bien à l'écrit que plastiquement puisque j'ai réalisé chacune des illustrations et animations présentes en haut des chapitres à venir. Je fais vivre Elisabeth Alverton à travers moi chaque jour et raconter son histoire est un long travail de rédaction, de recherches, d'illustration, et d'imagination bien sûr qui m'aide à trouver de la motivation au quotidien. Lorsque j'ai imaginé ce personnage je ne pensais pas que je le ferai vivre en moi aussi longtemps, mais elle m'a apporté tellement de joie que j'espère vous en transmettre un petit peu plus à chaque chapitre.
Cette histoire débute alors qu'Elisabeth, surnommée Lili par tous, a franchi pour la première fois les grandes portes de Poudlard, et s'apprête à être répartie dans sa future maison. C'est un moment très important de l'histoire, c'est aussi le préambule, et là où tout a réellement commencé pour elle.
Si l'histoire de Lili vous intéresse, je poste régulièrement des illustrations, des sketchs, des photos et autres productions artistiques sur mon compte Instagram ama_cro25 et mon compte Pinterest amandinecro25. De ce fait vous pouvez aussi venir me poser des questions, mes DMs sont ouverts et j'attends des retours avec impatience !
Bonne lecture à Tout.e.s ! <3
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jezatalks · 1 year
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Je sais plus si j'en ai parlé ici. Avec mon copain on a décidé que l'on ne serait plus exclusif uniquement sur la période où je serais en PVT.
On n'en a parlé à très peu de personnes, mais dans l'ensemble elles respectent et sont assez curieuses. Et dans le lot, il y a mon ex, qui vient régulièrement, quand la conversation s'y prend, à me lancer des sous entendus comme quoi "quand tu veux on recouche ensemble".
Et je vais pas vous mentir que, c'est très tentant car le sexe avec lui était toujours au top (malgré mon vaginisme) mais le fait que si je lui demande, il est disponible dans l'heure ça me gêne. Surtout que la date officielle d'ouverture aux plans cul n'est pas encore passé (aka 13 novembre).
On a surtout pris cette décision car :
Je suis la première et seule relation de mon copain. Et il regrette de pas avoir pu tester avec d'autres personnes avant. Donc c'est l'occasion.
Et moi, bah pareil j'ai que lui et mon ex comme expérience. Pas que j'ai pas eu envie de tester tinder pendant les un an où j'étais célibataire entre mes deux relations. Mais mon vaginisme me faisait peur vis à vis d'un coup d'un soir. Aka "oui j'ai envie de coucher avec toi mais aucune pénétration". Je sais que je peux trouver des partenaires compréhensifs, mais bon, j'ai pas l'impression que ce soit courant sur les sites de rencontres. Et j'ai les mêmes peurs pour quand je serais au japon + barrière de la langue. Mais on verra bien. Et en plus, vu que ma libido semble de plus en plus rare, pas sûre que j'ai une aventure de toute la durée du séjour.
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clemjolichose · 1 year
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comme des hommes bien élevés
Fandom : Vilebrequin
Pairing : Pierre Chabrier x OC masculin, gaytipla (Pierre Chabrier x Sylvain Levy)
Nombre de mots : 30 563
Avertissement : discussion de maladie (VIH et sida), de mort, de sérophobie
Résumé : C'est une curiosité innocente qui poussa Sylvain à fouiller dans les affaires de Pierre, dans les souvenirs d'une vie qu'il taisait. Trop peu en avait entendu parler, son meilleur ami lui-même n'en savait rien.
Mais voilà : la curiosité ne s'arrête pas là.
Note d’auteurice : Vous pouvez aussi lire ce texte sur Wattpad ou AO3 !
Partie : 1/4
Chanson : Nos joies répétitives de Pierre Lapointe
Pierre Chabrier était assis sur le fauteuil à côté de la fenêtre. Tourné vers le lit, il tenait dans ses mains un carnet et un critérium, dessinant avec application à la lumière du petit jour. C’était une matinée calme et agréable, juste assez chaude pour pouvoir traîner paresseusement. Il dessinait des traits qu’il connaissait bien, très bien même, ne levant pas souvent le regard pour regarder son modèle. Quand il le faisait, c’était pour l’admonester :
« Sofiane, arrête de bouger, tu vas être flou. »
Ledit Sofiane éclata de rire, continuant ses étirements en se redressant. Il sourit à Pierre, moqueur.
« Tu es en train de me dessiner, si je suis flou, c’est de ta faute et pas de la mienne. »
Son interlocuteur sourit en retour, reportant son regard sur la feuille, ne répondant pas à la pique.
Sofiane se leva, fit le tour du lit sans prendre la peine de cacher sa nudité, et regarda par-dessus l’épaule de son amant l’œuvre qui se dessinait sous ses coups de crayon. Puis il embrassa sa tempe, commentant :
« Tu commences à bien me dessiner, tu arrives presque à saisir mon nez. Presque.
-Enfoiré, l’insulta le dessinateur en retour. »
Ils rirent ensemble, pendant que Sofiane s’habillait.
Quand il eut fini, il marcha en direction de la porte, s’arrêtant sur le seuil. Il jeta un regard à Pierre, toujours concentré sur son dessin, l’observant un doux instant.
« Allez, viens prendre ton petit-déjeuner avec moi, lança Sofiane d’une voix mielleuse. »
Mais son amant ne réagit pas. Il soupira, réitérant sa demande pour se voir répondre :
« Attends, deux minutes. »
Sofiane soupira, abandonnant, lui tournant le dos.
« Compte pas sur moi pour te le préparer alors. »
Et il quitta la pièce.
Pierre soupira à son tour et posa son carnet et son crayon. D’un bond, il se leva et rejoignit l’autre homme en quelques enjambées. Il l’attrapa par la taille et le tira vers lui.
« C’est bon, je suis là, je suis là… »
Il embrassa son cou, mais Sofiane ne semblait pas intéressé. Pierre se redressa – parce que quand même, son amant ne faisait qu’un mètre soixante-trois contre son mètre quatre-vingt-sept – et le tourna vers lui.
« Tu vas arrêter de faire la tête, oui ?
-Comment tu me donneras de l’attention si j’arrête ? répliqua Sofiane avec un sourire espiègle. »
Son interlocuteur sourit en secouant la tête, se rapprochant de lui pour l’embrasser.
Les deux hommes échangèrent un long baiser, qui gagna en force et en sensualité, particulièrement quand Pierre poussa son amant contre le mur. Mais ils s’arrêtèrent avant que ça ne dérape, se souriant comme deux idiots.
« T’en as pas eu assez hier soir ? blagua Sofiane, une main posée sur sa poitrine, levant la tête pour croiser son regard. »
Pierre ne verbalisa rien en retour, mais lui fit comprendre sa réponse d’une main bien placée sur la chute de ses reins, glissant même un peu plus bas…
Sofiane entra le premier dans le séjour, se dirigeant vers le frigo qu’il ouvrit, s’appuyant contre le plan de travail.
« Tu veux quoi ?
-Sors juste le beurre pour moi. »
Pierre prit du pain et un couteau, alors son amant lui lança un regard moralisateur.
« Des tartines ? Mais je couche avec un grand-père ou quoi ? se moqua-t-il, un sourcil arqué.
-Parfaitement, acquiesça son homologue, et le grand-père voudrait manger son petit-déj’ en paix. Occupe-toi de ta bouffe. »
Sofiane pouffa mais obéit.
Les deux hommes s’installèrent au comptoir de la cuisine, l’un avec ses tartines et l’autre avec un bol de céréales. Le premier ne put s’empêcher de lancer une pique :
« Tu peux parler, avec ton petit-déjeuner de gamin.
-Mais tu continues de me les acheter, contra Sofiane avec fierté. »
Il savait qu’il ne recevrait pas de réponse, alors il enchaîna immédiatement avec une question qui lui brûlait les lèvres :
« Je dois débarrasser le plancher avant quelle heure ?
-Sylvain arrive vers midi, répliqua Pierre. »
Il semblait à côté de la plaque, dit comme ça, mais Sofiane savait très bien ce que ça voulait dire : vers onze heures trente, il devait disparaître. Il avait l’habitude.
« Ah, vous déjeunez ensemble ? remarqua-t-il avec amertume.
-Dis comme ça, on dirait que t’es jaloux, rigola Pierre. Oui, on va déjeuner ensemble, et après boulot.
-Il y en a qui ont de la chance. »
Sofiane n’avait pas vraiment envie de rire.
Son animosité envers Sylvain n’était pas nouvelle : depuis qu’il avait rencontré Pierre, il avait pris son meilleur ami en grippe, se comparant sans cesse et piquant des crises à son sujet.
« On est même pas ensemble, tu vas pas me faire une crise de jalousie quand même, si ? demanda son amant en l’enlaçant. »
Sofiane fit la moue.
« Tu sais que c’est un de mes vices, répliqua-t-il sans chercher à se défendre.
-Et si c’était le seul, rit Pierre. »
Il embrassa sa joue, souriant toujours, et ne le lâcha que lorsqu’il vit le même sourire sur son visage.
Le reste du petit-déjeuner se passa en silence, et même le rangement qui suivit. Sofiane rassembla ses affaires, le visage fermé et impassible. Pierre n’aimait pas ça, ces humeurs auxquelles il ne pouvait rien faire. Ils avaient passé une bonne soirée, pourtant, et même le réveil avait été si agréable…
Alors, comme pour se faire pardonner, il l’enlaça au milieu du salon, avant qu’il n’enfile ses chaussures. Sofiane se laissa faire, posant ses mains sur ses bras, secoué d’un petit rire.
« Pourquoi t’es si grand ? »
Son amant rit à son tour et l’embrassa. Il chercha une réponse, une blague à faire, salace si possible. Il trouva enfin :
« C’est parce que c’est proportionnel à… »
Sofiane éclata de rire.
« C’est pas vrai, je l’ai vue, je sais de quoi je parle.
-Chut. La ferme. »
Ils s’embrassèrent encore en riant.
Et puis vint l’heure de se quitter. Sofiane ne put s’empêcher de faire une dernière remarque acerbe au sujet de Sylvain, qu’il rattrapa d’une blague. Pierre laissa couler, le saluant avant de claquer la porte. Bon, il devait se changer avant que son collègue n’arrive.
Pierre se doucha rapidement et enfila un t-shirt et un jean slim, avant de finir de ranger le séjour. On frappa à la porte au même instant, alors il lâcha ce qu’il tenait pour aller ouvrir à Sylvain, l’accueillant chaleureusement.
« Alors, qu’est-ce que tu nous fais de bon à manger ce midi ? demanda ce dernier avec un grand sourire sur le visage.
-Bah MacDo j’pense. Quoi, tu t’attendais au resto trois étoiles ? blagua le propriétaire des lieux. Tu pourras attendre longtemps dans ce cas.
-Mince, je pensais mettre mes pieds sous la table et me faire servir de la truffe et du caviar ! s’exclama Sylvain avec un faux air déçu.
-Et tu veux pas que je te suce non plus ? »
Les deux hommes éclatèrent de rire, abandonnant la discussion là comme ils le faisaient souvent.
A la place, ils commandèrent ce qu’ils voulaient au fast-food pour se le faire livrer, ce qui leur permit de s’affaler dans le canapé en discutant.
« T’as fait quoi de beau ce matin ? demanda Sylvain.
-Rien, pas grand-chose, juste dessiner, répliqua son ami d’un ton désintéressé. Et toi ?
-Je me suis réveillé, rigola son interlocuteur. »
Pierre avait fait exprès d’omettre la présence de Sofiane chez lui cette nuit. A vrai dire, si son amant connaissait son ami, le contraire n’était pas vrai : il était très discret au sujet de ses relations, même auprès de son meilleur ami. Cela tenait plus du réflexe et de l’habitude que d’une véritable volonté de garder ses amants secrets. Il ne parlait pas d’eux. Comme ça, il ne risquait pas de dévoiler plus qu’il ne lui était confortable d’admettre.
Leur repas vint rapidement, alors qu’ils étaient en pleine discussion. Pierre insista pour qu’ils s’installent à table, pour ne pas dégueulasser son canapé ni son tapis. Soit, Sylvain se plia facilement à son exigence raisonnable.
Les deux hommes s’installèrent donc à table, préparant déjà la réunion qui allait suivre. Ils devaient choisir et préparer les projets qui viendraient ensuite. Plus tard. A une date indéterminée. C’était un travail compliqué, déjà, parce qu’ils ne savaient jamais quelle merde, ou quel heureux hasard au contraire, viendrait chambouler leur planning.
« T’as le bloc-notes, non ? demanda Sylvain, la bouche pleine. »
Pierre hocha la tête en prenant une gorgée de son Coca.
« Ouais, dans la chambre. Tu pourras aller le chercher quand t’auras fini de manger ? »
Son interlocuteur acquiesça – il mangeait plus vite que Pierre, tous deux le savaient. Et celui-ci ne voulait pas se presser pour ça, mais il se doutait que ça démangeait son ami, de relire leurs notes.
Quand Sylvain eut fini, donc, il nettoya son côté de la table, balança les déchets dans un des deux sachets que le livreur avait ramenés, et quitta la pièce. Il entra dans la chambre sans peine – il connaissait les lieux comme sa poche maintenant. Mais voilà : il fut surpris du désordre. Oh, il n’entrait pas souvent dans la chambre de Pierre, mais quand c’était le cas, le lit était toujours fait, rien ne traînait sur le bureau ni sur le sol… Tout le contraire du tableau qu’il avait devant les yeux.
Il fut interpellé par plusieurs choses. La première : le lit était défait, certes, mais il l’était des deux côtés. Pierre avait dormi avec quelqu’un ? S’était-il mis en couple sans lui avoir dit, à lui, son meilleur ami ? Ce serait des questions à lui poser plus tard, ça…
La deuxième, qui allait de paire avec la précédente, était les vêtements éparpillés sur le parquet. Tous à Pierre, il lui semblait. Mais il ne regarda pas de trop près, comme cela semblait être lié au lit défait. Ç’aurait été trop indiscret.
La troisième et ultime chose, enfin, était le carnet à dessin posé sur le bureau. D’où il était, Sylvain ne voyait qu’une grande feuille blanche couverte de gribouillages, alors il s’approcha pour consulter l’œuvre… et rougit. C’était des dessins d’hommes, d’un homme en particulier, partiellement ou totalement nu, dans diverses positions. Ce carnet, Sylvain ne l’avait jamais vu avant. Il ne put résister à l’envie de feuilleter quelques pages, juste quelques-unes, deux-trois… et il vit sur ces pages d’autres visages, des silhouettes habillées ou non, contorsionnées bizarrement, ne posant jamais. Pierre semblait aimer les modèles vivants…
Comme il baissait les yeux sur le carnet, il remarqua un carton à ses pieds. Il était vieux et abîmé, avec écrit en gros au feutre bleu : ARCHIVES. Peut-être que son ami avait tiré ce carnet de là. Sylvain ne savait pas qu’il dessinait toujours, il pensait ce hobby révolu.
Toujours curieux, il se baissa pour fouiller le carton : il y avait beaucoup de dossiers fermés, des magazines – que Sylvain reconnaissait pour certains, comme Têtu, mais d’autres beaucoup moins – et des livres en vrac – là, il devait avouer ne reconnaître aucun titre. Il saisit un dossier, au hasard, une pochette rouge avec des ficelles jaunes, qu’il ouvrit : il rougit de plus belle. C’était des photos, de beaux tirages sur papier glacé, toutes d’hommes qui, cette fois-ci, posaient pour la plupart. Il y avait des noms, des dates, des citations… Parfois, attachés avec un trombone, des dessins qui résultaient de ces clichés ou des poèmes et autres textes en prose de graphies inconnues, souvent la même. Sofiane, Gunther, Julien, David, Tommaso, Vincent… Il y avait là une dizaine d’inconnus pour Sylvain, que Pierre semblait bien connaître, vu l’intimité que reflétaient les clichés.
S’il ne reconnaissait pas de visage, Sylvain reconnaissait des lieux : son ami semblait aimer photographier chez lui. Un des seuls clichés en mouvement était celui de Tommaso, qui semblait être en train de cuisiner chez Pierre. Le fouineur consulta d’autres photos : là, Vincent et un certain Léo, dans ce qui semblait être leur jardin, enlacés sur un transat et entourés de fleurs. Ici, David, à peine habillé et regardant fixement, d’un air à la fois charmeur et coupable, l’objectif.
Sylvain déglutit. Plus il regardait ces photos, plus il se disait qu’il n’aurait jamais dû tomber dessus. Il se sentait mal, mais ce n’était pas suffisant pour le faire arrêter. Il avait l’impression d’avoir touché du doigt quelque chose de gros, de plus grand que lui, un secret…
Il referma le dossier rouge et en sortit un autre, d’un geste fébrile et maladroit, bleu et vert. Il l’ouvrit et encore une fois, les rougeurs s’invitèrent sur son visage, avec l’impression viscérale de marcher sur des plates-bandes. Mais la machine infernale était lancée et il ne pouvait pas l’enrayer tant sa curiosité le poussait et le bousculait.
Ce nouveau dossier était pire que les autres : il était écrit PRIVÉ dessus et contenait des photos des mêmes visages, mais cette fois-ci, Pierre les accompagnait souvent. Dans des positions équivoques ou tendres, dans des tableaux sans aucun sens, comme celui où Sofiane et lui était assis à une table – celle de la salle à manger de Pierre – face-à-face, comme un duel, comme s’ils jouaient aux échecs. Mais il n’y avait pas de pièces, pas de plateau, juste la table et des pilules. Des boîtes renversées couvertes de noms barbares : Zidovudine, Lamivudine, Efavirenz… La date était récente : la photo datait d’il y a trois mois.
La porte claqua derrière Sylvain, le faisant sursauter si fort qu’il faillit en lâcher ce qu’il tenait. Il se retourna précipitamment en refermant le dossier, le jetant sur le bureau. Pierre était là, froid comme le marbre, il semblait mu de colère. Son ami n’avait jamais vu sur lui un regard si dur, une attitude si enragée, et pourtant immobile. Il ne l’avait jamais vu si furieux. Et pourtant sa voix trembla à peine lorsqu’il demanda, sur un ton monocorde, mesuré :
« Qu’est-ce que tu foutais, au juste ?
-Je cherchais le bloc-notes, mentit Sylvain trop vite pour y réfléchir convenablement. »
Il venait de lâcher une bêtise plus grosse que lui, il le savait, il se sentait si mal… Il voulait se faire tout petit, disparaître, ne plus exister, revenir en arrière et tout recommencer pour ne jamais avoir commis cette imprudence, pour ne jamais avoir cédé à sa curiosité.
« Ça y ressemble pas, lâcha seulement Pierre. »
Il bougea enfin, deux enjambées à peine, se rapprochant de Sylvain. Le bloc-notes était sur le bureau, sous le dossier qu’il avait lâché, et Pierre s’était considérablement approché, menaçant. Oui, pour la première fois depuis toujours, l’autre homme le trouvait menaçant. Réellement menaçant.
Pierre récupéra le bloc-notes, donc, planta son regard dans celui de son collègue, puis quitta la pièce sans un mot. Sylvain se dépêcha de le suivre, s’excusant à profusion. Mais l’autre ne réagissait pas, ne répondait pas. Oh, qu’il s’en voulait d’avoir ainsi provoqué sa colère.
« Je suis vraiment désolé, Pierre. Je pensais pas que c’était autre chose, j’ai vu un carton avec des dossiers alors j’ai cru—pardonne-moi, Pierre. Je voulais pas…
-La ferme, on bosse, le coupa le susnommé. »
Sylvain ravala sa tirade et sa fierté. Ses larmes, aussi. Bon Dieu, il n’aimait vraiment pas ça… Cette froideur, cette distance entre eux… Mais c’était de sa faute, il récoltait ce qu’il avait semé, et il avait blessé son meilleur ami. Il lui obéit, s’asseyant et prenant une attitude presque égale, professionnelle plus qu’inamical.
La réunion fut remarquablement froide, dénuée de blagues et de complicité. Chaque fois que Sylvain essayait de traverser la ligne, testait, du bout du pied, son collègue s’éloignait et gardait la même distance. Au moins, ils travaillèrent vite. Au moins, ils furent efficaces. Au moins…
Sylvain ne s’attarda pas chez son ami, pour une fois. Il préféra partir avant que Pierre ne le mette dehors. Alors il rentra chez lui, seul, coupable et le cœur lourd. Toute la soirée, toute la nuit, il se tortura, il réfléchit sous tous les angles à la manière dont il pouvait se faire pardonner. Lui envoyer un message ? L’appeler ? Il était presque sûr de se faire remballer, ou pire : ignoré. Alors quoi, il devait retourner le voir ? Ne pas lui donner le choix ? Il ne savait même pas ce que son attitude signifiait, pourquoi il lui cachait tout ça… Il connaissait son homosexualité pourtant, depuis le début – grâce à une blague d’un goût discutable de son père. Il savait d’où venait son humour, en tout cas.
Il dormit à peine cette nuit-là, et ne voulut pas quitter son lit le lendemain. Mais voilà, il avait des occupations dans l’après-midi et l’idée de revoir Pierre avait fait le chemin dans son esprit : il lui envoya un message, demandant seulement s’il pouvait passer. Sans réponse pendant une heure entière, il prit quand même la route.
Sylvain frappa à la porte, fébrile, peu rassuré. Il avait particulièrement peur que Pierre n’élève la voix, qu’il ne lui crie dessus. A ce titre, il préférait l’indifférence. Il sautilla sur place, pour se dépouiller du stress qui tétanisait ses doigts et qui faisait battre son cœur dans ses tempes. Il transpirait, il le sentait, ce qui s’ajoutait à son malaise.
Pierre ouvrit au bout de quelques minutes. Les cheveux décoiffés, le torse nu, portant seulement un pantalon de jogging. Il ne portait même pas ses lunettes. Et surtout : il semblait sincèrement étonné de voir son ami sur son porche.
« Sylvain ? Qu’est-ce tu fous là ? demanda-t-il comme l’autre homme ne semblait pas décidé à lancer la conversation.
-Parler. M’excuser. »
Sylvain jeta un regard vers la rue.
« Je peux entrer ? »
Il parlait d’une toute petite voix.
Après une seconde de réflexion, Pierre se décala, le laissant entrer. Il claqua un peu lourdement la porte derrière lui, retrouvant sa froideur qu’il avait oubliée à cause de la surprise.
« Installe-toi, fais comme chez toi, lança-t-il avec sarcasme. »
Sylvain grimaça. Il supposait qu’il ne l’avait pas volée, celle-là.
Il s’assit sur le canapé que lui montra l’hôte, droit comme un piquet, les jambes croisées. Il fixait le sol, incertain, alors que Pierre s’asseyait à côté de lui.
« J’attends, ordonna Pierre, autoritaire.
-Euh, ben. Je suis vraiment désolé. Je sais pas pourquoi tu cachais ça, et j’ai pas à savoir, hein ! bégaya Sylvain. Mais euh, je suis désolé de l’avoir vu. Même si je comprends pas trop pourquoi tu n’en parles pas. Je sais très bien que t’es gay, ça fait des années, c’est pas un secret. Y’a peut-être autre chose, ou peut-être pas, j’ai bien compris que c’était pas mes oignons. J’ai rien compris à ce que j’ai trouvé, je te jure, et je veux pas que ça nique notre amitié.
-Ça va pas la niquer, lui assura son interlocuteur. »
Visiblement, il était satisfait de la tirade de son ami, puisqu’il s’était adouci, même s’il ne semblait pas des plus à l’aise. Ils étaient deux.
« J’ai pas mal réfléchi cette nuit, reprit Pierre, et je pense qu’il faut que—
-Que tu reviennes dans la chambre, le lit est froid, lança une voix du couloir. »
Les deux hommes sur le canapé levèrent la tête en direction du son.
Là, contre le mur, était appuyé un homme d’une bonne vingtaine d’années, portant seulement un peignoir court, qui ne descendait qu’à mi-cuisse. Pierre rit nerveusement en le voyant, baissant la tête. Sylvain, lui, ne put s’empêcher de blaguer :
« Je vois que t’as bien réfléchi cette nuit, ouais.
-Ta gueule, le rabroua son ami avec plus de chaleur. »
Et juste ça fit sourire le pauvre traître, qui avait eu le malheur de céder à sa curiosité.
L’homme ne semblait pas si amusé, pourtant. Il portait un regard défiant sur l’intrus, croisant les bras sur sa poitrine nue – le peignoir était largement ouvert, à se demander pourquoi il le portait. Il leva même un sourcil.
« Le fameux Sylvain… T’as l’air plus petit que je ne l’imaginais, commenta-t-il.
-Je fais souvent cet effet, sourit Sylvain, joueur. »
Il trouvait la situation trop cocasse, trop drôle, d’autant plus que son ami semblait mortifié. Ce dernier râla d’ailleurs contre son amant :
« Sofiane, retourne dans la chambre, j’arrive.
-Vu le temps que tu prends quand tu parles de lui, je suis pas sûr de vouloir te croire quand tu parles avec lui, contra ledit Sofiane. »
Il décroisa les bras et se redressa.
« T’façon je vais y aller, ajouta-t-il, il est bientôt midi, mon carrosse va se transformer en citrouille. »
Sylvain rit en jetant un regard en coin à Pierre.
Sofiane se retourna, tout en dénouant la ceinture du peignoir, et le retira avant de quitter la pièce, permettant à l’invité de comprendre qu’il était bel et bien nu dessous. Celui-ci éclata de rire, tandis que Pierre secouait la tête, dépité.
« Je l’aime bien lui, il a l’air aussi pudique que moi ! s’exclama Sylvain. »
Un peu trop fort, puisqu’il entendit une voix lui répondre de la chambre :
« C’est gentil chéri, mais pas forcément réciproque, mon cœur est déjà pris ! »
Et il rit encore plus.
Sofiane réapparut quelques minutes plus tard, habillé d’un ensemble de sport noir et d’un sac banane rose, un style qui surprit quelque peu Sylvain, lui qui ne l’avait vu qu’en petite tenue, avec sa boucle d’oreille pendante argentée et ses boucles noires en bataille. Mais ça lui allait bien, aussi.
Pierre se pencha, l’embrassa rapidement, trop rapidement au goût de son amant qui passa une main sur sa nuque pour prolonger le baiser. Sylvain détourna le regard, comme si c’était un secret, ça aussi. Après tout, s’il se souvenait bien, Sofiane fréquentait Pierre depuis des mois et lui ne le connaissait pas. Ça ne le surprendrait pas que ce soit le cas.
Le propriétaire des lieux referma enfin la porte derrière son amant avec un soupir. Il se mordit la lèvre, réprimant à peine le rire qui le secouait alors qu’il se tournait vers son ami.
« Quel pot de colle, se plaignit-il.
-C’est pas gentil pour ton mec, ça, répliqua Sylvain avec un sourire en coin. »
Pierre secoua la tête.
« C’est pas mon mec, on sort pas ensemble, nia-t-il.
-Ah, je comprends mieux, acquiesça son interlocuteur. »
Il observa un instant l’attitude de son homologue, qui se recomposait, passant ses mains sur son visage.
Pierre claqua dans ses mains ensuite, se redressant. Il marcha à travers la pièce, passa devant l’autre homme, lui intimant en même temps :
« Suis-moi. »
Et l’autre ne put qu’obéir, souriant. Ça s’était bien passé, il pouvait tout affronter ensuite.
Les deux hommes entrèrent dans la chambre, qui était dans le même état dans lequel Sylvain l’avait trouvée la veille – il comprenait mieux pourquoi. Il resta sur le seuil, tandis que Pierre enfilait un t-shirt puis ses lunettes, après avoir essayé l’inverse, ce qui marchait vachement moins bien. Il tira ensuite le fameux carton dans lequel Sylvain avait fouillé et le posa sur le lit, invitant celui-ci à s’asseoir face à lui.
L’autre homme obéit, sans trop comprendre ce qui se passait, s’installant en tailleur. Sa curiosité revenait au galop alors qu’il se penchait par-dessus le carton ouvert, zyeutant les dossiers familiers.
« Puisque tu veux tant que ça tout savoir de moi, je vais te donner des réponses, expliqua Pierre. »
Sylvain fronça les sourcils et posa une main sur son bras.
« Non, Pierre, attends, c’est pas ce que je voulais… Je voulais pas que tu te sentes obligé de m’en parler.
-Je m’y sens pas obligé, répliqua Pierre d’un air blasé. Ça fait six ans qu’on se côtoie quotidiennement, faut bien que tu saches à un moment. »
Disant cela, il sortit le premier dossier que son ami avait ouvert. Il en extirpa les photographies et ce qui les accompagnait, les présentant devant eux sur le lit.
Sylvain l’observait faire, respirant à peine. Il avait peur d’encore le contrarier s’il faisait trop de bruit. Il avait l’impression solennelle que ce qui se passait actuellement était important.
« C’est une série ? Il y a un thème ou… ? demanda-t-il au bout d’un moment pour montrer son intérêt. »
L’artiste hocha la tête, souriant à peine. Il était concentré.
« Tu peux lire, si tu veux, ajouta-t-il verbalement. »
Et Sylvain lut, à voix haute, les mots qui accompagnaient le cliché d’un certain Roman, 1981-2018, photographié de 18 janvier 2018, marquant une pause à chaque vers :
« When I no longer, feel it breathing down, my neck it’s just around, the corner hi neighbor. Tim Dlugos, c’est le gars qui a écrit ça ?
-Oui, le poème s’appelle My Death, expliqua Pierre.
-Joyeux. »
Sylvain se saisit d’une autre photo, accompagnée d’un dessin cette fois-ci. Il reconnut le coup de crayon de Pierre, bien que le style fût un peu différent, beaucoup plus abstrait. Il reconnaissait à peine le visage de l’homme capturé, à peine ses traits, avec tout ce tas d’éléments qui l’encadraient… C’était déroutant et impressionnant tout à la fois, et Sylvain en recevait l’impression d’une mélancolie traînante…
« Ça veut dire quoi, tout ça ? C’est quoi le thème ? demanda-t-il enfin en reposant la photo. »
Il ne voulait plus les regarder, il se doutait bien de ce que la deuxième année présente sur certaines d’entre elles voulait dire. Alors il reporta son regard sur Pierre, qui évitait le sien.
« C’est une série sur le sida et le VIH. »
Silence.
Sylvain s’était attendu à beaucoup de mots, beaucoup de raisons pour l’existence de ces œuvres, certainement pas à ça. Le sida ? Est-ce que tous les modèles étaient séropositifs ? Il n’osa pas demander. Il fronça les sourcils, se demandant pourquoi. Pourquoi Pierre réalisait-il cette série ? Ces photos, ces dessins, avec des textes attachés… Il y avait autre chose derrière, sûrement, mais il avait trop peur de lui demander.
« Ce qui me fait penser que je dois toujours faire mon autoportrait, ajouta Pierre au bout de quelques minutes, d’une voix blanche et faible. »
Son ami sursauta. Ça venait d’où, cette affirmation ? Le cœur de Sylvain se serra atrocement, au fur et à mesure qu’il réalisait les implications de ce que l’autre homme venait de dire. Son autoportrait. Pour une série sur le sida. Pierre avait—
« Attends, quoi ?! s’exclama Sylvain, un peu fort. Pourquoi tu ferais ton autoportrait ??
-Parce que je suis séropositif, Levy. »
La phrase était lancée, Pierre n’avait plus qu’à observer la réaction de son ami, qui passa de la surprise à l’inquiétude.
Sylvain ne savait pas quoi dire, quoi répondre, quoi faire. Tout un tas de questions se bousculaient dans son esprit, alors aucune ne pouvait sortir, elles étaient trop nombreuses, trop personnelles, son cœur battait si fort… Il ne cessa de regarder Pierre, de l’observer comme s’il avait changé : mais non, il n’en était rien, c’était toujours le même.
Pierre, justement, se sentait mal à l’aise d’être scruté ainsi après avoir révélé un si grand secret. Il se recroquevilla sur lui-même, ses jambes contre son torse, ses bras autour, attendant que l’autre homme parle. Comme il ne semblait pas décidé, il l’encouragea :
« Je peux répondre à tes questions, si tu en as…
-Depuis quand ? questionna immédiatement Sylvain, alors.
-2014.
-Comment t’as su ? continua-t-il avec plus de douceur.
-Je t’en parlerai plus tard, pas aujourd’hui, promit Pierre.
-Tous ces hommes, tes modèles, ils sont tous… ?
-Quoi ? Gay ? Séropositif ? Mes amants ? »
L’artiste rit nerveusement et, comme son interlocuteur ne répondait pas, il comprit qu’il avait touché juste.
« Non, oui, presque, répondit-il honnêtement avant d’expliciter. Il y a des mecs bi, aussi, et d’autres sans labels, ou ace. Leur point commun, c’est d’être séropositifs, c’est pour ça que je les choisis. J’ai couché avec certains d’entre eux, voire j’ai eu des relations amoureuses comme avec Gunther ou…
-Sofiane ? »
Pierre secoua la tête.
« Non. On passe beaucoup de temps ensemble, mais on est juste amis. Sex friends à la limite.
-Je vois, répliqua Sylvain, un peu dubitatif. »
Son homologue rit et insista :
« Je te jure, je suis pas amoureux, j’ai des vues sur quelqu’un d’autre. »
Sylvain aussi les sourcils, avec un air de curiosité, avant de rire à son tour.
Pierre se détendait au fil des questions. Elles n’étaient pas si terribles, finalement, surtout venant de son meilleur ami. Il relâcha ses bras, s’asseyant en tailleur, totalement tourné vers Sylvain.
« Et tu en as retiré quoi ? demanda ce dernier en jetant un regard aux photos. »
L’artiste suivit son regard avec un petit sourire. Il n’avait même pas besoin de réfléchir, il connaissait déjà la réponse :
« Surtout de bonnes rencontres.
-Ok Edouard Baer, se moqua gentiment son ami.
-T’es con, sourit Pierre. Je suis sérieux, j’ai pu retrouver une vie sexuelle avec ça. C’est Gunther qui m’en a donné l’idée justement, c’est pour ça que c’est mon premier modèle. La photo a été prise dans son appart’, à Berlin, quand je vivais avec lui—
-T’as vécu à Berlin ?! le coupa Sylvain. »
L’autre homme acquiesça en souriant, avant de reprendre :
« C’était juste l’affaire de quelques semaines, mais elles étaient bien remplies, ces semaines. C’est un putain de fêtard, j’ai arrêté l’alcool après lui, en 2017. Oui, c’était juste au moment de notre rencontre. J’ai pas vraiment eu de vie sexuelle entre 2014 et 2016, quand j’ai rencontré Aurélien, mais c’était un connard, je t’en parlerai sûrement un autre jour.
-T’en as des choses à me dire. Mais je crois que t’avais déjà mentionné son nom, non ? interrogea Sylvain en se remémorant d’anciennes conversations, des indices qu’il n’avait pas remarqués.
-Sûrement. Je parlais pas beaucoup d’eux parce que je me disais que moins j’en parlais, moins je risquais de dévoiler des trucs que je voulais pas.
-Mais tu te rends compte que j’ai vraiment plein de questions, maintenant ? »
Pierre rit de l’enthousiasme de son ami, le poussant à les poser. Seulement, Sylvain regarda sa montre.
« Oh merde, désolé, je dois y aller. J’ai un truc cet aprem, et faut que je mange rapidement. Merci de m’avoir parlé de ça, affirma-t-il d’une voix douce malgré sa précipitation. »
Il se leva et, suivi par l’hôte jusqu’à la porte, il quitta l’appartement rapidement.
Tant mieux, au fond. Ça arrangeait Pierre, que la discussion avait épuisé. Il avait besoin de temps, même s’il était enfin prêt à s’ouvrir, à cause de la difficulté de la chose : il avait fait le plus grand pas, et pourtant il n’avait pas dévoilé la moitié de ce qu’il cachait. Les prochaines semaines allaient être fun, se dit-il, s’il se décidait à tout raconter à Sylvain – ce dont il ne doutait pas, c’était Sylvain après tout.
Pierre n’oublia rien de la conversation dans les jours qui suivirent, au contraire. Il préparait déjà ses futures révélations, tout ce qu’il n’avait jamais dit à ses proches. Ses amants savaient parfois plus de choses sur lui que ses amis. Enfin, ça dépendait de quoi, ou de qui.
Sofiane était peut-être celui qui le connaissait le mieux. Il passait tellement de temps avec lui, après tout… C’était sûrement à cause de cette tendance à lui coller aux basques et à traîner chez lui que celui-ci avait fini par tomber amoureux. Il essayait de ne jamais y penser trop fort, parce qu’il savait que c’était vain, un amour à sens unique. Mais merde, qu’il aimait Pierre et sa grande gueule et ses blagues vaseuses et son talent. Sa sincérité, sa sensibilité. Il fallait gratter un peu pour la voir, mais elle était là. Ça lui brisait le cœur qu’elle ressorte si facilement quand il parlait de Lui, de l’Autre, l’Homme de sa vie.
L’Homme. Sofiane avait beau aimer les hommes, il ne pouvait s’empêcher de détester Celui-là. Oh, rien de personnel, Il était juste ce qui l’empêchait de former un couple parfait avec celui qu’il aimait. Ce n’était pas de sa faute s’il ne pouvait pas le blairer, du coup. D’autant plus qu’en sa présence, il en avait fait l’expérience récemment, il oubliait son animosité, parce que Pierre disait vrai : cet Homme n’avait pas son égal. Sofiane ne pouvait pas gagner.
Mais pourquoi diable pensait-il à Lui, alors que c’était lui, Sofiane, dans les bras de Pierre ce soir-là ? Et ce dernier sentait bien la contrariété dans les sourcils froncés de son amant. Il baissa les yeux vers lui, curieux :
« A quoi tu penses ? On dirait que t’as du mal à chier là. »
Sofiane éclata de rire et serra son amant plus fort.
« Rien, de la merde, justement. J’ai pas envie de parler ce soir, soupira-t-il avec une moue.
-Je vois ça, tu m’as à peine adressé la parole depuis que t’es là, commenta Pierre avec une pointe de déception dans la voix.
-T’façon, on se voit pas souvent pour causer. »
Pierre rit à son tour.
« T’es mauvais, on fait pas que baiser non plus. T’es celui avec qui je passe le plus de temps. »
Il passa ses doigts entre ses boucles, se disant combien leur différence de taille était grande et visible dans n’importe quelle position. Ses pensées s’égaraient déjà…
Sofiane afficha toujours sa moue boudeuse. C’était son truc à lui, faire des manières, être exigent en sexe comme en attention. Peut-être que Pierre aimait ça, au fond. Peut-être qu’il l’aimait un peu, mais que cet amour était éclipsé par un autre, plus grand.
« Après l’autre, marmonna Sofiane. Tu passes plus de temps avec lui.
-Mais je couche pas avec lui, précisa Pierre. On est collègue et meilleur pote, c’est tout.
-Et pourtant t’aimerais bien… »
Leurs regards se croisèrent. Celui de Sofiane était presque accusateur, comme si son amant devait se sentir coupable de ses sentiments.
Heureusement, Pierre ne l’entendait pas de cette oreille. Il n’était pas parfait, mais il avait suffisamment de jugeote pour savoir ce qui était bon ou non, ou du moins en partie. En tout cas, dans cette situation, il savait qu’il était dans son bon droit et que c’était la jalousie de son homologue qui parlait à sa place, comme souvent quand il était question de Sylvain.
« C’est pas la question, Sof’, on couche pas ensemble, c’est tout. Alors que nous deux… »
Pierre avait prononcé sa dernière phrase d’une voix douce, un peu plus grave, comme il savait que son amant aimait. Il se plia pour venir embrasser son cou à plusieurs surprises, remontant vers ses lèvres, l’embrassant passionnément.
L’ambiance changea rapidement tandis que Sofiane se laissait faire. L’autre homme commença à le déshabiller, donc il fit de même, passant ses mains sur sa poitrine, descendant le long de son ventre… Il s’arrêta, les yeux rivés sur cette partie de son corps, ayant suivi la traînée de poils qui, étalée sur ses pectoraux et son estomac, pointait vers un endroit…
« Un jour, je réussirai à te faire porter un crop top, commenta Sofiane avec un sourire malicieux. »
Pierre roula des yeux.
« Jamais de la vie, répliqua-t-il avec détermination.
-Même pas pour moi ? supplia son interlocuteur avec un regard de chien battu. Ça t’irait vachement bien…
-Tu rigoles ? J’ai trop de poils, protesta l’autre homme. »
Et il prit ses mains pour les poser ailleurs, là où il ne serait pas gêné.
Mais Sofiane ne voulait pas abandonner là, il reposa ses mains sur le ventre de l’autre et caressa la zone avec douceur et un peu de sensualité. Bon, beaucoup de sensualité. Il souriait, son regard toujours plongé dans celui de Pierre, qui n’était devenu qu’un simple observateur.
« C’est justement ça qui est sexy, Pierre. Crois-moi, t’auras beaucoup de succès comme ça… Même auprès de Sylvain. »
Sofiane avait prononcé le prénom de l’autre homme avec un certain sarcasme qui, dans cette situation, lui allait foutrement bien. Pierre était conquis : il n’y avait rien d’autre à dire.
Quand la nuit tomba sur eux, que Sofiane s’endormit comme souvent dans les draps, Pierre, lui, ne pouvait pas trouver le sommeil. La précédente révélation de sa séropositivité à son meilleur ami – pour qui il n’ignorait pas ses sentiments – et les discussions autour de sa sexualité qui allait avec avaient réveillé en Pierre la flamme des premiers jours. Elle ne s’était jamais vraiment éteinte, cette flamme, mais elle avait diminué, tue par l’habitude du secret.
Mais maintenant que ses secrets lui étaient arrachés et un à un soumis au regard indiscret de Sylvain, que lui restait-il ? Qu’avait-il pour lui qui l’éloignait encore de son désir ? Rien, pas grand-chose, du temps sûrement avant que la source ne soit tarie et son jardin asséché. Il n’en avait pas beaucoup, du temps, et il ne savait pas quoi faire, à part rêver de lui à la nuit tombée, alors qu’un autre homme nu se trouvait à ses côtés. Il comprenait la colère de Sofiane, c’était moche, de penser à un autre quand il avait devant lui une chair accessible. Pourquoi celle qui lui était refusée était-elle si tentante ?
Pierre s’en voulait, au fond. La culpabilité revenait, la même qu’aux premières heures de sa séropositivité. Celle qui empêchait de faire le premier pas, de se mouvoir librement, de s’autoriser à aimer et à être aimé en retour. Il avait enfin ce tendre contact qu’il avait si longtemps éloigné de son corps malade, de la part de Sofiane, de David, d’autres encore dont il ne connaissait pas les noms, et pourtant il voulait l’inaccessible et l’impossible. Quoi qu’il arrive, il était foutu.
Sylvain ne posa pas de question. Pendant plusieurs semaines, le sujet passa complètement sous silence. Pourtant, Pierre y réfléchissait constamment : comment lui dire tout ce qu’il avait caché ? Que dire ? Que ne pas dire ? Mais il était soulagé que son meilleur ami n’empiète pas sur sa pudeur, en tout cas pas plus qu’il ne l’avait déjà fait.
Mais il lui fallait se rendre à l’évidence : il ne pouvait pas s’arrêter là. Le désir était depuis né, celui de parler, de raconter, à une personne qu’il savait avoir durablement à ses côtés, et lui narrer une vie qu’il ne pouvait pas dévoiler à tout le monde. Alors, un soir, il l’invita chez lui et se prépara à de longues discussions jusqu’au bout de la nuit sur le sujet. Il se prépara à se mettre vraiment à nu pour la première fois – figurativement.
Sylvain arriva avec un peu de retard à sa maison, ce qui n’arrangeait pas son ami. Ah, le stress, sa némésis. Il lui ouvrit avec un sourire et immédiatement, le retardataire s’excusa en entrant :
« Pardon, c’était la merde sur la route, j’ai même failli me faire renverser…
-T’es venu à moto ? s’étonna Pierre en observant l’autre homme poser son casque de moto dans un coin et retirer sa veste épaisse.
-Bah oui, j’étais déjà en retard en partant alors je me suis dit que ça serait plus rapide, se justifia-t-il. »
Il retira ses chaussures et récupéra une paire de chaussons – à vrai dire, c’était la sienne, qu’il mettait toujours pour être à l’aise chez Pierre.
« Mais Sylvain, il va pleuvoir ce soir, l’informa ce dernier, incrédule. »
Sylvain se figea, l’air coupable, avant de s’exclamer :
« Ah ! Bon bah on va transformer le truc en soirée pyjama, c’est pas grave. »
Il reprit ses mouvements, se dirigeant vers le salon. Puis il s’arrêta à nouveau et se tourna vers son ami qui le suivait :
« A moins que tu voulais voir ton mec.
-Mon—Putain, pour la dernière fois, Sofiane n’est pas mon mec, soupira Pierre. »
Sylvain rit en s’installant dans le canapé, mais ne répondit pas. Il se contenta d’un regard entendu et d’un sourire narquois.
Pierre l’ignora et se rendit dans la cuisine à la place, pour récupérer des verres et de quoi grignoter. Un petit apéro, quoi. Pour changer de sujet, il demanda à son invité :
« Tu veux boire quoi ?
-Juste un coca, ça ira. »
Et il récupéra donc deux cannettes dans le frigo. Il apporta le tout sur un plateau qu’il posa sur la table basse. Immédiatement, son ami tapa dans les biscuits apéritifs.
L’hôte s’installa aux côtés de son ami et l’imita, feignant d’être détendu. Il ne l’était pas, comment pouvait-il l’être ? Il n’était pas discret non plus, apparemment, puisque Sylvain fronça les sourcils en l’observant et s’inquiéta :
« Tout va bien ? On dirait qu’y’a un truc qui t’énerve.
-Pas qui m’énerve, non, répliqua Pierre. »
Il fit une pause pour boire une gorgée de Coca, puis reprit :
« C’est juste que… Oh, et puis merde. Ce soir, je voulais te reparler de… tout ça.
-Quoi, tout ça ? répéta son interlocuteur sans comprendre.
-Le sida, tout ça quoi. Les photos, les dessins, mes ex, euh… Tout ça, quoi.
-Ah c’est une soirée papotage, du coup ? se moqua gentiment Sylvain avec un regard malicieux. Parfait. J’adore ça. Je t’écoute. »
Et, en disant cela, il se tourna entièrement vers son homologue, tout ouïe.
L’action eut le mérite de faire rire Pierre et de l’aider à se détendre. Il s’installa lui aussi face à l’autre homme, une jambe repliée sur le canapé, l’autre pendante en dehors. Il posa ses mains sur sa cheville, comme si la prise pouvait l’aider à se concentrer.
« T’as des questions ? interrogea-t-il après quelques secondes, comme il ne trouvait plus ses mots pour commencer.
-Quelques-unes, ouais, acquiesça Sylvain. Qu’est-ce que tu foutais à Berlin ? »
Pierre éclata de rire, doucement, et répondit avec sérieux :
« Pour suivre un gars que j’avais rencontré sur un tournage en Suisse. Il était allemand, basé à Berlin, et c’était un acteur et un modèle.
-Tu t’es tapé un top model ! siffla son ami avec un ton d’admiration presque sarcastique. T’y es resté combien de temps ?
-Un mois, je crois, se remémora l’autre homme. Il est une de mes premières relations après Aurélien, mais ça s’était mal passé aussi. D’une façon différente, ceci dit. On s’est mis d’accord, on s’aimait bien mais on arrivait pas à s’entendre…
-C’est con, ça. »
Pierre acquiesça.
Il marqua une pause à nouveau, pour manger une poignée de biscuits, réfléchissant à ce qu’il révélerait ensuite. Puis, décidé, il reprit :
« En vrai, ça a quand même été positif. On pouvait pas rester ensemble, mais il m’a aidé à reprendre une vie normale.
-Et il s’est passé quoi avec Aurélien ? demanda ensuite Sylvain, qui commençait à bien retenir ce prénom. »
Ah, voilà les questions qui fâchent.
Pierre soupira, juste un peu. Son ami comprit que c’était un sujet sensible et il se rétracta immédiatement :
« T’es pas obligé de répondre, hein, c’est juste que t’arrêtes pas d’en parler, alors je me demandais.
-Non mais c’est normal, sourit son homologue pour le rassurer. Puis ça fait longtemps, ça va. Attends. »
Il se leva avant que Sylvain ne puisse répondre et quitta le salon.
Quelques minutes plus tard, il revint avec un livre entre les mains. Pas très grand, pas trop épais, ça n’étonna pas son ami qui ne lui connaissait aucun goût pour la lecture.
« Je me suis mis en couple avec Aurélien fin 2015. Avant lui, j’avais à peine osé tomber amoureux.
-Pierre au cœur de pierre, rit Sylvain, ça te va pas du tout.
-La ferme, lui sourit le susnommé, un sourire doux-amer. J’avais mes raisons avant lui, et il m’a bien donné des raisons après. Mais il m’avait offert ça à Noël. »
Il tendit le livre à son ami.
Celui-ci s’en saisit, lut le titre, observa la première de couverture, puis la quatrième… Il ouvrit même le livre pour en feuilleter quelques pages.
« Angels in America… C’est une pièce de théâtre ?
-Oui, sur le VIH, précisa Pierre. »
Puis, avec un rire qui sonnait faux :
« Et il a quand même eu le culot de se barrer quand je lui ai dit. Après quatre mois à forcer pour qu’on couche ensemble. »
Sylvain grimaça et ne put se retenir :
« L’enfoiré. Sans rien dire ?
-Il a glissé sa clé sous la porte et a bloqué mon numéro, donc je l’ai vu en rentrant de la fac. »
Pierre remarqua l’énervement dans l’expression de son ami et ça lui fit chaud au cœur. Il fallait que l’indignation remplace la culpabilité, ça lui ferait le plus grand bien.
Sylvain sembla hésiter un instant, de peur de dépasser quelque limite tacite sûrement, mais se lança quand même avec toute sa bienveillance :
« Il a réagi comment, quand tu lui as dit ?
-Il a rien dit. Rien. Il est sorti je sais pas où et je l’ai plus revu. Le lendemain, je suis allé en cours, je suis revenu, et ses affaires avaient disparues. J’ai même pas eu le temps de lui parler de Charlie, ajouta Pierre à voix basse. »
L’autre homme sourit doucement en entendant ce nouveau prénom et sauta sur l’occasion pour changer de sujet, en espérant que ce serait plus joyeux :
« Charlie ? C’est qui ? »
Il lança un regard plein de questions à son interlocuteur.
Mais raté, le visage de Pierre s’assombrit et il ouvrit la bouche, sans rien dire. Il la referma. Déglutit. La rouvrit encore. Enfin, il parla :
« Mon ex-fiancé, avant Aurélien. »
Il se recroquevilla sur lui-même, comme pour s’accrocher aux souvenirs.
« Je pense que c’est lui qui m’a infecté, expliqua-t-il, sans laisser à Sylvain le temps de réagir.
-Merde, c’est à cause de ça que vous vous êtes séparés ? demanda ce dernier malgré tout. »
Pierre secoua la tête en se mordant fortement la lèvre, ses traits tirés formant une expression triste.
De toute évidence, il était au bord des larmes, et Sylvain, si innocent, si ignorant, ne comprenait pas pourquoi. Alors son ami dut verbaliser ses pensées et les événements du passé :
« Pardon, je voulais pas forcément en parler ce soir… On a appris qu’il était séropositif sur son lit de mort. »
Une exclamation soufflée par l’autre homme, Pierre était maintenant sûr qu’il avait compris et ne dit rien d’autre à ce sujet.
A la place, il en chercha un autre, un peu plus léger, même s’il y avait peu de choses légères, peu de choses insignifiantes concernant la maladie. Il y en avait des plus simples que la mort, en tout cas.
« C’était une période très compliquée, mine de rien, et je me suis beaucoup réfugié dans mes études puis mon boulot. Je bossais tout le temps. Tu comprends pourquoi l’allemand fêtard, ça a été une bouffée d’oxygène ?
-Ouais, soupira Sylvain. Et t’as déjà… été vraiment malade ? »
Il n’était pas sûr de poser la question correctement. A vrai dire, il était certain qu’elle était mal posée, mais son interlocuteur la comprit tout de même et y répondit :
« Deux fois. La première fois, c’était en 2016, peu de temps après qu’Aurélien soit parti. J’ai été malade pendant trois mois, mais j’ai eu la chance de pas être hospitalisé à long terme. Par contre, j’ai eu un suivi à chier, pendant et après. Je faisais n’importe quoi et mon médecin de l’époque me laissait faire… Alors j’ai juste arrêté ma trithérapie de l’époque, qui était mal fichue en plus. Elle me refilait plein d’effets secondaires de merde. J’ai commencé à faire plus attention après Gunther, et surtout depuis le début de la chaîne. Mais c’est des saloperies, les maladies opportunes. J’avais plus de traitement, mon système immunitaire s’est encore affaibli et… tu te souviens de ma grosse grippe de 2019 ? Qui était en fait une pneumonie du coup j’ai été hospitalisé ? On blaguait que c’était le covid avant l’heure… »
Sylvain, qui avait écouté le récit avec horreur et étonnement, et qui ne s’attendait pas à ce qu’on lui pose une question ni à ce qu’on lui rappelle ce moment lointain, se retrouva un peu dépourvu.
« Oui, oui, acquiesça-t-il vivement. Attends—c’était le sida ?? »
Et Pierre hocha simplement la tête, soutenant son regard incrédule.
Quelques secondes passèrent, des secondes de silence et de répit pour Pierre, durant lesquelles il ferma les yeux et détendit son corps de cette position prostrée qu’il avait adoptée. Il se recula et se pencha légèrement en arrière, appuyé contre le dossier du canapé, respirant doucement. Son ami l’observa un instant avec inquiétude, avant de le questionner à nouveau :
« Et après ça ? »
Pierre rouvrit les yeux et posa un regard plus assuré sur son homologue, avec un petit sourire fier.
« Après ça j’ai commencé mon traitement. Je prends plus le même aujourd’hui, avec les ajustements, mais depuis 2020, je suis officiellement négatif aux tests.
-Et ça veut dire quoi ? sourit Sylvain en retour.
-Je transmets plus le VIH, même sans me protéger, tant que je continue de prendre mon traitement correctement, révéla-t-il. »
Pierre se délecta de l’étonnement sur le visage de son ami.
Ce dernier ne put s’empêcher de poser davantage de questions à ce sujet : comment ça marche ? Et si t’arrêtes ? C’est à vie ? Son ami y répondait avec une plus grande tranquillité qu’auparavant. Normal, parler du présent était bien plus positif que du passé dans son cas. Il y avait une raison à son silence là-dessus, même si ça avait été la seule tâche dans sa jeunesse mouvementée.
Toutes les questions répondues, au moins pour ce soir, les deux hommes se régalèrent d’un bon dîner et, comme il était déjà bien tard, ils se préparèrent à aller au lit. Ils se saluèrent et chacun rejoignit sa chambre, extinction des feux.
Mais Pierre n’arrivait pas à dormir. Il pensait à tout ce qu’il n’avait pas encore dit. Tout ce qui lui restait à dire, à décrire, à conter. Chose inédite, il allait livrer des morceaux de son ancienne vie à sa nouvelle, une vie que seuls ses amis de l’époque et ses parents connaissaient. Est-ce qu’il était prêt ?
La réponse était simple : oui. Ça faisait longtemps qu’il l’était, mais il avait repoussé l’échéance par confort, tant qu’il le pouvait. Il ne pouvait plus attendre et lézarder dans ses non-dits, dorénavant. Plus il y pensait, moins ça l’effrayait, et la nuit silencieuse l’apaisait…
Quand même, il n’arrivait vraiment pas à s’endormir, et il ne pouvait pas rester comme ça allongé dans son lit. Il se leva alors, sans prendre la peine de remettre ses lunettes sur son nez, et quitta sa chambre. Il vit de la lumière dans le séjour et s’y rendit avec curiosité.
En pénétrant dans la pièce, il vit Sylvain assis sur le plan de travail de la cuisine, en tailleur, en train de manger quelques chips. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire face à ce spectacle, ce qui fit sursauter son ami.
« Tu dors pas ? demanda-t-il en rangeant rapidement le paquet, pris la main dans le sac.
-Attends, je vais en manger aussi, l’arrêta Pierre en s’installant à côté de lui. »
Il plongea sa main dans le paquet et dégusta son butin avec un petit sourire.
« Je suis même pas étonné de te voir là, commenta-t-il. »
Sylvain rit, baissant la tête vers le sol, acquiesçant.
Pendant un moment, on n’entendait que le son du paquet de chips et celui de leurs mastications respectives. Un soupir. Un bruissement de tissu. Une horloge au loin. Les voitures dehors. Quelque part sonna une heure du matin, sûrement chez la voisine.
Pierre ne pensa qu’à parler, qu’à raconter sa vie à Sylvain, plus amplement. Il hésita un moment, il savait que sa fatigue et l’heure avancée de la nuit ne joueraient pas en sa faveur. Mais c’était Sylvain et les pensées le torturaient, alors il se lança :
« Tu veux voir à quoi ressemblait Charlie ? »
Sylvain pausa, le temps de se souvenir du prénom, de celui à qui il était attaché. Il grimaça mais, tout doucement, il hocha la tête.
« Mais ça va aller, Pierre ? »
Le susnommé acquiesça en se levant.
Il se rendit dans le bureau et fouilla le fond de son étagère, à genoux devant elle. Il trouva ce qu’il cherchait et se redressa avec une exclamation de victoire, sans bouger tout de suite. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas revu ces photos. Il les consulta avec un doux sourire, pour se les remettre en tête, pour se remémorer les circonstances…
« Pierre ? »
Pierre sursauta et manqua de faire tomber les photos, mais il les retint contre sa poitrine. Sylvain se trouvait dans l’encadrement de porte, l’air inquiet.
« Ça faisait dix minutes que t’étais parti, ça va ? demanda-t-il.
-Déjà ? Merde, oui, pardon, je regardais les photos. Mais viens, on retourne dans la cuisine. »
Sylvain haussa un sourcil. La cuisine ? Pourquoi pas le salon ?
Mais il comprit pourquoi très rapidement : perchés sur le plan de travail, de là-haut, ils avaient accès à tout ce dont ils avaient besoin en nourriture, verres, boissons… Pierre les servit en eau et récupéra un paquet de chocolats.
« Le cliché, se moqua Sylvain. Tu veux pas de la glace et du vin rouge en plus, Bridget Jones ? »
Pierre souffla du nez en ouvrant le paquet. Il prit un chocolat et le mangea avant d’en proposer à son collègue d’insomnie, qui accepta.
« Je t’emmerde, Levy. »
Un silence, puis :
« C’est qui Bridget Jones ? »
Sylvain éclata de rire, mais ne répondit pas directement. Il se contenta d’un « c’est toi » et son ami ne chercha pas à en savoir plus. En tout cas, ça n’avait pas l’air flatteur.
Pierre tira les photos et les tourna vers l’autre homme, le laissant s’imprégner du visage inconnu qui se trouvait sur la première. On y voyait un jeune homme, brun, les cheveux mi-longs ondulés, à peine barbu, avec des yeux en amande et quelques tâches de rousseur sombres étalées sur sa peau. Il souriait, il était beau.
« C’est Charlie ? réalisa Sylvain. Bordel.
-Je sais, rit doucement Pierre. C’était lui à Noël 2012. On venait d’emménager au quartier latin pour nos études. Lui il était en anglais et moi en cinéma, du coup. On avait galéré à trouver cet appart’ et avant ça on logeait chez mes darons, parce qu’ils étaient plus proches que les siens de nos écoles et… bref. Donc vraiment, on était putain de contents de l’avoir… »
Sylvain l’écoutait avec un grand bonheur. Sa voix était si douce, il parlait avec sa main libre, animé par l’amour qu’il avait autrefois éprouvé. C’était émouvant.
Et immédiatement, une question vint à l’esprit de Sylvain, alors il coupa la tirade de son interlocuteur :
« Tu l’as rencontré comment ? »
Pierre y réfléchit un instant, frottant sa barbe, avant de répondre :
« J’avais seize ans et j’étais au fond de la classe, en seconde. Notre prof principal l’a assis à côté de moi. On passait notre temps à se marrer, les profs en avaient marre… mais ils disaient rien parce qu’il avait des bonnes notes et qu’il se faisait aimer par tout le monde, l’enfoiré. »
Il rit doucement, les yeux fixés sur la première photo, qui n’avait pas bougé. Ça sera une longue nuit…
« Et puis il a fini par me dire qu’il avait flashé sur moi, et qu’il avait pas su comment me le dire pendant le début de l’année. C’était la veille des vacances d’hiver et le lendemain, il partait en vacances avec ses parents pendant que moi je restais à Paris avec mes darons. Je l’ai un peu détesté sur ce coup là.
-Merde, ça se comprend, lança Sylvain. Et vous avez fait quoi du coup ? »
Pierre éclata de rire.
« On a passé les vacances à s’échanger des messages, et dès qu’il est revenu, paf, premier baiser. Mais on était pas dans la même classe en première, alors on se rejoignait aux pauses et on rentrait ensemble le soir. »
Immédiatement, Sylvain tourna un regard plein de sous-entendu vers son ami.
« Pour dormir ? Ou pour—
-Oh la ferme. Oui. Peut-être, soupira Pierre. T’es pire que ma mère. Bon. En tout cas, quand il a su qu’il allait à la fac à Paris, on a commencé à chercher un appart’ pour se mettre en coloc, mais on n’a pas trouvé tout de suite, comme j’ai dit. »
Son locuteur souriait derrière son verre, alors l’autre homme le bouscula, pour se chamailler.
Pierre devait l’admettre, il n’avait pas pensé que parler de Charlie serait si agréable, au final. C’était drôle. C’était doux. C’était émouvant et beau. Oui, plus il racontait l’histoire qu’il avait vécu avec lui, plus il la trouvait belle.
« Du coup vous vous êtes installés ensemble fin 2012 ? le rappela à l’ordre Sylvain. Et après ? »
Pierre lui montra alors la photo suivante : quelques sorties, un nouveau déménagement à la fin de l’année scolaire, des portraits de cet homme si beau…
Et puis une photo d’une main, en gros plan, devant un visage apparemment ému. A son annulaire, une bague. Sylvain écarquilla les yeux en attrapant la photo, pour la regarder de plus près. C’était bien Charlie. Il tourna un regard incrédule vers Pierre.
« Tu l’as demandé en mariage ? »
L’autre homme hocha la tête, fier, amusé. Il reprit la photo.
« Ouais, mais on n’a pas eu le temps de se marier. »
Il la plaça au fond du paquet et en tira une autre.
Dessus, Charlie était plus maigre, le visage pâle, l’œil vitreux. Mais il riait quand même en essayant de repousser le photographe.
« Il était déjà malade à ce moment-là, expliqua Pierre, mais on savait pas que c’était le sida. Les médecins évoquaient d’autres trucs, ils partaient plutôt sur un cancer. »
Une pause, le visage fermé tout à coup.
« Il a fini par être admis à l’hôpital, c’est là qu’il a appris qu’il était séropo. Il avait déjà des problèmes de santé avant ça, alors les infirmiers me prenaient à part et me disaient qu’ils allaient tout faire, mais que ça semblait mal engagé. Je passais à l’hôpital le matin avant mes cours, puis le soir dès que j’avais fini. Mes notes ont un peu chuté sur le coup. Et puis un mois plus tard, ils m’ont appelé en plein cours pour m’annoncer la nouvelle, et après ça, je me suis totalement donné à mon art. »
Pierre fut secoué d’un rire amer. Il pleurait. Sylvain mit du temps à le remarquer, les yeux fixés sur la dernière photo : Charlie, sur un lit d’hôpital. Quand il sortit de sa contemplation, il enlaça son ami et le tira contre lui, le laissant poser sa tête sur son épaule malgré leur différence de taille.
« Et toi ?
-Je l’ai su qu’après, répliqua Pierre d’une voix lointaine. J’ai refusé les tests avant. Si c’était positif, je voulais pas… J’étais quasiment sûr que c’était lui, je voulais pas qu’il culpabilise. Alors un mois après sa mort, j’ai fait le test, et j’ai dû annoncer à mes parents que j’avais la même maladie qui avait pris mon fiancé. C’était pas la période la plus fun de ma vie… »
Encore un rire, Sylvain passa une main sur les siennes pour les tenir.
Les deux hommes restèrent ainsi en silence pendant de longues minutes. Pierre somnolait contre Sylvain, épuisé, maintenant qu’il avait lâché un si gros morceau du récit. Son ami le remarqua et lui donna un léger coup de coude pour qu’il se redresse.
« Allez, au dodo monsieur Chabrier. »
Il sauta du plan de travail et attendit que le susnommé fasse de même pour se diriger vers le couloir.
Après avoir partagé un dernier câlin tous les deux, une fois que Sylvain avait glissé une blague à son oreille pour le faire rire, ils se séparèrent, chacun dans leur chambre à nouveau, alors que l’horloge au loin sonnait trois heures.
Une semaine plus tard, Pierre et Sylvain se rendaient ensemble au bar. Le premier avait récupéré le second chez lui pour qu’il puisse boire à sa soif et ils se retrouvèrent donc tous les deux assis dans la voiture, discutant du programme de la soirée.
« T’es déjà allé dans un bar gay ? demanda tout à coup Sylvain, par curiosité. »
Pierre ne put empêcher un rire nerveux.
« Ça m’arrive, pourquoi ?
-Pour savoir, pour savoir… Et c’est comment ? insista le passager. »
L’autre homme lui lança un drôle de regard, un peu suspicieux, surtout incertain de la direction de la conversation.
« Comme un bar normal, sauf que c’est des mecs qui se pécho. Dites-moi, monsieur Levy, vous avez l’air vachement curieux…
-Je demande juste, je m’intéresse… T’as jamais autant parlé de ta sexualité que depuis que tu m’as annoncé que t’étais séropo, alors j’pose des questions.
-Bah, t’as pas à savoir ce que je fais de mon cul, en soit, rit Pierre. Si ça t’intéresse tant que ça, faudrait commencer à te poser des questions ! »
Pierre riait, évidemment. Mais quand il tourna la tête et qu’il remarqua le silence de son ami, il rit de plus belle avec une espèce de bienveillance. Il avait tout à coup l’impression que quelque chose était en train de changer.
Il ne fit aucun commentaire sur le silence de son passager, il ne se moqua même pas, même s’il avait un peu envie de le chambrer sur le sujet. A la place, il proposa :
« Tu veux qu’on y aille ce soir ? Ça fait un moment que j’y suis pas allé, je suis curieux de voir si ça a changé. »
Il changea déjà son itinéraire, avant même d’avoir la confirmation de son ami, roulant en direction d’un bar dont il connaissait encore l’adresse. Il savait que Sylvain allait accepter.
Le bar était toujours là, toujours sous le même nom. Il faisait encore clair, même si le soleil allait bientôt se coucher – c’était encore le mois de mai. Il faisait bon, pas encore très chaud, et des hommes en débardeurs et t-shirts se trouvaient déjà sur le trottoir devant l’établissement. Pierre dut se garer plus loin, mais c’était tant mieux. Il pourrait apporter quelques explications à Sylvain avant d’entrer.
Les deux hommes marchèrent côte à côte en direction du bar, à quelques dizaines de mètres de la voiture. Pierre commença à mettre l’autre en garde :
« Ok alors, il y a des codes.
-Ah bon ? Genre, pour avoir des réductions ? blagua Sylvain »
Son interlocuteur rit d’abord puis râla, parlant avec ses mains :
« Non, des codes sociaux ! Genre, pour montrer qu’on est intéressé, ou non justement. Si tu vois un mec te regarder avec insistance, ça peut arriver, bah tu détournes le regard pour montrer que toi c’est pas le cas.
-Et si c’est le cas ? demanda l’autre homme, déguisant sa question sincère derrière une blague.
-Tu l’imites. S’il te regarde, tu le regardes. S’il tente un truc, tu fais pareil. S’il commence à se toucher…
-Il peut faire ça ?? s’étonna Sylvain. »
Pierre hocha la tête avec un rire.
Ils se retrouvaient maintenant devant la porte. Celui qui parlait marqua une pause le temps de rentrer avant de répondre :
« Ça arrive. Ça dépend où. Y’a plus de gars qui cruisent qu’on ne le croit. »
Sylvain, qui n’avait jamais entendu ce mot, du moins pas dans ce contexte, fronça les sourcils.
« Qui cruisent ? répéta-t-il. C’est quoi ça ? Ils vont en croisière ? »
Pierre éclata de rire en s’asseyant au bar et secoua la tête.
« Non, c’est quand ils cherchent des partenaires. Mais genre, en public, donc ils essayent d’être discrets. »
Son interlocuteur haussa un sourcil avec un sourire en coin.
« Tu l’as déjà fait ?
-Tu me prends pour qui ? répliqua Pierre. Bien sûr. »
Et les deux hommes éclatèrent de rire.
Le barman s’approcha d’eux et prit leurs commandes – pour l’instant, ils en étaient encore aux sodas, mais ça changerait au cours de la soirée pour Sylvain. Ils récupérèrent rapidement leurs verres et la discussion continua entre eux tout naturellement :
« Mais ça se passe comment ? demanda le nouvel arrivant dans cet univers. Genre, deux mecs se regardent dans les yeux, se touchent la teub et c’est bon ?
-C’est vachement résumé, quand même, rit Pierre, un brin timide de parler si ouvertement de ce sujet. Nan, des fois il y a plus de contacts avant, même une discussion, puis faut trouver l’endroit aussi. »
Sylvain prit une gorgée de son verre et le reposa, les sourcils froncés.
« Genre, chez qui vous allez ?
-Là aussi ça dépend, répliqua Pierre. Ça peut être chez nous, ça peut être dans des toilettes, ou… »
Son ami écarquilla les yeux, alors il éclata de rire.
« Je vais te traumatiser, lança-t-il. Tu veux changer de sujet ? »
Il observa l’autre homme avec un petit sourire et des yeux brillants, fortement amusé.
Sylvain secoua la tête, buvant à nouveau, presque plus pour se donner contenance qu’autre chose.
« Nan, ça ira, ça m’intéresse. Mais ça arrive souvent la baise dans les lieux publics ?
-Je sais pas, souffla Pierre, se retenant de rire de plus belle. Mais c’est souvent des lieux dédiés, t’inquiète pas, si t’es pas tombé dessus depuis que t’es ici c’est pour une raison. Il y a aussi des saunas, d’autres bars, des boîtes de nuit, des cabarets…
-Seulement à Paris ? »
Sylvain lui jetait un regard curieux, rempli d’une innocence en rupture totale avec le sujet de ses questions. Son interlocuteur secoua la tête en avalant la gorgée de son soda.
« Non, je suis déjà allé à un bar gay à Lyon en 2015. Je sais pas s’il y est toujours, mais ça doit pas être le seul. C’est courant dans les grandes villes. »
Son auditeur enthousiaste hocha la tête, pour montrer qu’il comprenait.
Sylvain rit doucement, enregistrant peu à peu les informations. C’était compliqué, avec tous les bruits ambiants, les voix, la musique – du Madonna, à cet instant – ou encore les verres qui s’entrechoquaient. Et puis il réalisa deux-trois trucs, qui le poussèrent à poser davantage de question :
« Des saunas ? Genre des saunas gays ? Et qu’est-ce que tu foutais à Lyon ? J’y ai passé cinq ans, j’ai jamais vu de bars gays… »
Pierre se tourna vers lui sur le tabouret, posant son talon sur l’assise, un bras autour de sa jambe relevée et l’autre appuyé sur le comptoir. Il éleva un peu la voix, comme les clients se faisaient plus nombreux.
« Des saunas gays, oui. On se balade à poils, avec une serviette, et en général tu sais ce que tu veux quand t’y vas. C’est pas pour te baigner ou te faire suer. »
Il rit, et Sylvain rit avec lui.
« Bordel, y’avait ça à Lyon aussi ? »
Son interlocuteur acquiesça.
« J’étais à Saint-Etienne pour un tournage YouTube, expliqua-t-il, et j’en ai profité pour monter sur Lyon voir une connaissance. Un pote de lycée qui était allé faire ses études là-bas. Gay aussi, du coup, donc on est allé au bar gay.
-Et t’as pécho du lyonnais, du coup ? taquina Sylvain avec un sourire en coin.
-Eh, Levy, tu deviens beaucoup trop intéressé par ce qui se passe dans mon lit.
-Réponds, insista le susnommé. »
Pierre soupira, en souriant quand même, pas blessé par l’indiscrétion de son meilleur ami.
« Non, pas après Charlie. J’ai recommencé les relations fin 2015, donc avec Aurélien et après mon passage à Lyon. »
Il prit une nouvelle gorgée de son verre.
Son interlocuteur baissa la tête, comprenant sa bourde. Ah, oui, Pierre lui avait dit… Il s’excusa brièvement et voulut changer de sujet, mais l’autre le devança en se levant.
« Mh, je vais pisser, je reviens. »
Il disparut dans la foule, en direction des toilettes, laissant Sylvain seul au bar.
Il pénétra dans les toilettes des hommes et trouva un urinoir pour faire son affaire. A peine quelques secondes plus tard, un homme entre à son tour, s’installa à sa gauche, lui lançant des regards. Pierre ne l’ignorait pas et lui glissa un regard pour l’observer, juste comme ça, par curiosité. L’homme faisait la même taille que lui, à peu près, plus barbu, avec des yeux bleus… Le contact visuel dura un instant, suffisamment pour que l’homme comprenne que Pierre le trouvait beau. Mais il ne voulait rien, et il lui fit comprendre. Rapidement, il finit, se lava les mains et retourna au bar en pensant toujours à cet inconnu, en se demandant ce qu’il se serait passé s’il avait initié quelque chose… Il avait remarqué ce foulard bleu clair dans la poche droite de son pantalon, il savait ce que ça voulait dire – il l’avait lui-même porté, de l’autre côté, quand il était à Berlin.
Il retrouva son ami, toujours un peu dans la lune, et termina son verre cul-sec. Sylvain ne lui lança qu’un regard amusé sans faire de commentaires. La conversation reprit avec fluidité, sur d’autres sujets, d’autres intérêts, de futurs projets, bref, ils passèrent un bon moment dans ce lieu, si bien que le nouveau venu se disait qu’ils pourraient bien y retourner, tous les deux...
Et ils y retournèrent, quelques fois. Pierre lui parlait toujours un peu plus de son passé, de sa sexualité, comme son ami semblait toujours avoir des questions sur le sujet. Il le stoppait seulement quand la conversation devenait trop personnelle à son goût.
Au fond, Pierre se répétait que quelque chose était définitivement en train de changer chez l’autre homme : dans ses questions, ses manières, son intérêt. Mais rien ne confirmait ses soupçons et il n’osait pas demander, voulant lui laisser le temps de faire son bout de chemin. Ça le faisait sourire, malgré tout, de revoir cette période de questionnement révolue depuis bien des années pour lui – le collège, à vrai dire.
Ses soupçons s’étiolèrent cependant une après-midi où ils traînaient chez Sylvain. C’était le début du mois de juillet, le rythme des tournages ralentissait déjà et ils préparaient leurs vacances d’août : ils allaient passer un peu plus d’une semaine avec d’autres amis dans une maison louée pour l’occasion sur la côte. Ça faisait du bien, de ne plus travailler autant, surtout avec les premières canicules de juin.
Sylvain était allongé sur son canapé, ses pieds par-dessus l’un des accoudoirs. Son ami était assis à côté de sa tête, sur la place restante, les jambes croisées, à boire un verre de jus de fruit frais. Il faisait terriblement chaud dans l’appartement, la fenêtre du salon était grande ouverte, mais ça n’aidait pas beaucoup.
« Faut vraiment que t’achètes une clim’, toi, se plaignit Pierre. »
Il jeta un regard à l’autre qui ne faisait pas attention à lui, concentré sur son téléphone. Il passa sa main devant ses yeux pour attirer son attention, le faisant sursauter, lui provoquant un rire.
« Eh beh, y’avait quoi sur ton téléphone pour que tu m’écoutes pas ? se moqua Pierre.
-Rien, répliqua Sylvain. Rien de spécial. T’as dit quoi ?
-Mh, rien d’intéressant. Je vais me resservir du jus de fruit. »
Pierre se leva, son verre à la main, et se dirigea vers la cuisine.
Son ami le suivit du regard, avec un peu d’insistance, le reluquant tant qu’il était de dos. Ses yeux tombèrent sur son tatouage au mollet, visible puisqu’il portait un short – et un débardeur, un peu transparent à cause de la transpiration, il l’avait remarqué. Mais bientôt tout ça disparut de son champ de vision, alors il reporta son regard sur son téléphone, scrollant sans trop y réfléchir.
Pierre revint rapidement vers lui, tenant toujours son verre, maintenant plein, en s’asseyant à nouveau. L’autre homme leva les yeux vers lui, du bas de sa position étrange, et demanda tout à coup en éteignant son téléphone et en le posant face contre sa poitrine :
« Ça fait quoi d’embrasser un mec ? »
Son locuteur, qui était sur le point de boire une nouvelle gorgée de jus de fruit, éclata de rire. Il éloigna son verre pour ne pas le renverser et s’exclama :
« C’est quoi cette question ?! »
Mais Sylvain était sérieux. Il le fixait toujours avec une petite moue, se sentant moqué.
« Quoi ? Je suis curieux.
-Oui, tu me dis ça à chaque fois, mais ça commence à faire beaucoup de curiosité quand même, commenta Pierre.
-Réponds-moi, ordonna l’autre homme avec autorité, se redressant. »
Il s’installa en tailleur sous le regard de Pierre, qui souriait largement.
« Si ça t’intéresse tant que ça, embrasse un mec, répliqua celui-ci. Essaye. On n’a qu’à aller au bar ce soir. »
Et Sylvain était un peu trop intéressé par l’idée. Bordel, se dit Pierre, mon pote n’est définitivement pas hétéro.
Ils se rendirent donc au bar le soir même, le même que la première fois il y avait presque deux mois. Les deux hommes y avaient leurs habitudes maintenant, ils s’installaient à l’extrémité du bar quand ils le pouvaient, sinon à une table un peu reculée, et avaient leurs boissons favorites. Heureusement pour Pierre, la carte des boissons sans alcool était plutôt complète.
Quand ils arrivèrent ce soir-là, le comptoir était complet. Ils prirent donc une petite table pour deux à côté de l’entrée et Sylvain demanda à son ami ce qu’il voulait pour aller commander. Pierre s’installa pendant que l’autre vadrouillait à sa mission, appréciant la musique qui passait actuellement – sans forcément la reconnaître. Il se mit à en tapoter le rythme sur la table en attendant son compagnon de soirée.
Sylvain revint avec leurs verres une dizaine de minutes plus tard, mais il ne se rassit pas de suite.
« Garde mon verre, cria-t-il à Pierre par-dessus la musique. Je reviens ! »
Pensant qu’il allait seulement aux toilettes, celui-ci acquiesça et le laissa partir. Et il attendit. Il attendit longtemps, au point de se dire qu’il n’était pas aux toilettes.
Curieux, il se leva. Une nouvelle musique se lança, qu’il reconnut – I Kissed A Girl de Katy Perry. Ça le faisait marrer de l’entendre ici. Il fouilla la salle du regard, du haut de son mètre quatre-vingt-sept, et trouva ce qu’il cherchait : Sylvain. Il était assis au bar et visiblement, il avait déjà trouvé un gars à embrasser, puisqu’il était en train d’échanger un baiser avec son voisin de tabouret.
Rapidement, Pierre se rassit, avec un sourire sur le visage et un pincement au cœur, qu’il repoussa. Au lieu de trop y réfléchir, il regarda les notifications sur son téléphone. Sofiane l’avait bombardé de message pour sortir ce soir, justement, mais il ne les avait pas vus. Il lui répondit donc qu’il était déjà de sortie avec Sylvain, précisant quel bar – on ne sait jamais, s’il voulait les rejoindre… Sofiane répondit après quelques minutes qu’il avait déjà trouvé un groupe avec lequel traîner, tant pis, il ne pourra pas voir Sylvain, lui qui l’adore… La réponse fit rire Pierre, qui n’insista pas, même s’il se disait que c’était peut-être un mensonge.
C’était vrai que depuis peu, il passait moins de temps avec lui, et Sofiane, exigeant qu’il était, lui faisait bien savoir. Mais il ne lui devait rien, ils n’étaient pas ensemble. Alors pourquoi se sentait-il coupable ? Il espérait que Sylvain revienne vite, il avait vraiment besoin de se changer les idées tout à coup.
Quelques minutes plus tard, Sylvain revint avec un grand sourire aux lèvres, l’air fier. Avant qu’il n’ouvre la bouche, son ami lança avec amusement :
« Alors comme ça, ça pécho ?
-Ah merde, t’as vu ?
-Bah oui mon coco, t’étais pas super discret quand même. »
Ils éclatèrent de rire et chacun prit une gorgée de sa boisson. Pierre ajouta :
« T’as ta réponse, maintenant ?
-J’crois que pas encore, je vais devoir tester encore deux-trois fois, blagua Sylvain. »
Encore des rires.
« Faites gaffe, c’est un peu gay ça, m’sieur Levy, le mit en garde Pierre avec humour.
-Rien à foutre, contra le susnommé avec sérieux. J’commence à comprendre pourquoi toi tu l’es. »
Son ami faillit s’étouffer avec sa boisson, parce qu’il ne s’attendait certainement pas à cette réaction. Un rire nerveux le prit.
Sylvain changea rapidement de sujet après ça, et l’autre homme comprit très bien le message, ne faisant aucun commentaire sur l’aveu, même s’il lui lançait des regards insistants pendant leur conversation, les questions tourbillonnant dans sa propre tête.
Les deux hommes se séparèrent aux premières heures de la nuit, fatigués. Ils dormirent chacun de leur côté, même s’ils devaient se retrouver chez Pierre le lendemain pour un événement bien spécial… Il allait enfin réaliser son autoportrait pour sa série, celle que Sylvain avait découverte par hasard il y a quelques mois.
Pierre se sentit seul, une fois chez lui. Il repensait à la soirée, au baiser que son ami avait échangé avec un autre, au refus de Sofiane de le voir – ce qui était rare. Il l’appela, parce qu’il avait besoin d’un corps à serrer.
« Ton rencard t’a laissé ? demanda le jeune homme en décrochant, avec sarcasme.
-C’était pas un rencard, soupira Pierre. Viens.
-T’as de la chance que je puisse pas te dire non, sourit Sofiane. J’arrive, prépare-toi. »
Et il raccrocha, avant même que son interlocuteur ne puisse lui répondre. En même temps, il l’aurait sûrement insulté.
Il attendit donc, assis sur son canapé, alternant entre son téléphone et la contemplation de son jardin éclairé par les lampadaires de la ville, jusqu’à ce qu’on frappe à sa porte. Il se leva, traîna des pieds jusqu’à son entrée et ouvrit. Sofiane, qui souriait, perdit sa jovialité en voyant l’expression de son amant.
« Merde, fallait me le dire si je devais faire SAV des cœurs brisés. T’as trop réfléchi à ta soirée ?
-Je veux juste penser à autre chose. »
Et Pierre le tira à l’intérieur, contre lui, pour l’embrasser. Et Sofiane le laissa faire.
Ils restèrent ainsi à s’embrasser un moment, se serrant, tenant le visage de l’autre ou ses hanches, s’enlaçant enfin avec un empressement de plus en plus violent. Pierre en avait besoin et le faisait savoir dans la témérité de ses gestes quand il déshabillait son amant.
Rapidement, les deux hommes se retrouvèrent dans la chambre, entre les draps, pour y passer le reste de la nuit. Tant pis s’ils ne dormaient pas, ils n’en avaient pas besoin. Pas pour quelques heures au moins. Vers quatre heures, malgré tout, ils s’assoupirent dans les bras l’un de l’autre.
Quelques heures plus tard, Pierre se réveilla seul dans son lit. Il se souvenait pourtant très bien de la venue de Sofiane, et jamais celui-ci n’était reparti sans lui dire. Il était d’ailleurs celui qui restait le plus longtemps au lit, d’où l’inquiétude de son amant.
Il sortit du lit en enfilant ses lunettes et couvrit sa nudité d’un simple bas de jogging avant de sortir de la chambre. Il passa une tête dans la salle de bain : personne. Il avança vers le séjour avec plus de crainte qu’il ne l’aurait cru.
Quand il aperçut enfin Sofiane, adossé au plan de travail de la cuisine, les bras croisés, une tasse de café fumant à côté de lui, comme s’il attendait l’autre homme. Il haussa un sourcil face à son expression.
« T’avais peur que je me sois barré ? l’accusa-t-il immédiatement, sec.
-Non, mais… »
Pierre bâilla.
« D’habitude…
-Les habitudes changent, en ce moment, répliqua Sofiane. »
Son interlocuteur fronça les sourcils, pas bien réveillé mais bien au courant que quelque chose clochait.
« Qu’est-ce que t’as putain ? râla-t-il. Tu veux pas dire clairement ce qui t’emmerde ?! »
Il perdait patience, surtout que Sylvain était censé arriver dans quelque temps et qu’il ne voulait pas que cette discussion s’éternise.
Sofiane, en revanche, voulait le laisser poiroter. C’était son côté dramatique, il aimait se mettre en scène, dans sa colère comme dans sa joie. Ce matin-là, Pierre s’apprêtait à en payer les frais.
« J’ai que j’en ai marre de pas savoir sur quel pied danser avec toi, Pierre. J’ai l’impression que même toi, tu sais pas. Mais au bout d’un moment, faudra faire un choix, trancha Sofiane.
-Un choix ? répéta le susnommé, perdu.
-Sylvain a appelé ce matin, lâcha enfin son interlocuteur. »
Quelque chose n’allait pas.
« Tu m’avais pas dit qu’il venait aujourd’hui. »
Quelque chose n’allait vraiment pas.
« Pour une séance photo ? Je pensais pas que ça bougerait si vite entre vous. »
Pierre le sentait, le voyait, l’entendait dans son ton, son langage corporel, l’ambiance froide…
Il n’aimait pas ça. Son cœur se tordait d’appréhension, comme une mauvaise rupture. Mais rupture de quoi ? Sofiane et lui, c’était que physique, ils ne sortaient pas ensemble… Pierre n’était pas amoureux de Sofiane.
« Attends, tu me fais quoi, là ? demanda-t-il sur un tout autre ton, plus doux, moins méfiant, presque suppliant.
-Là, t’as la rage parce que c’est pas censé être une rupture mais ça y ressemble vachement, hein ? lança Sofiane avec un sourire en coin, visiblement satisfait de l’air blessé de son amant. Comme ça tu sais ce que ça putain de fait de se faire briser le cœur. »
Pierre baissa la tête. Sofiane ne savait pas, pour les autres, ce qui l’avait blessé, il n’arrivait pas à lui en vouloir pour ses mots, mais merde, ça faisait mal.
Il ne répondit pas aux nouvelles accusations, il baissa seulement la tête, laissant l’autre homme poursuivre sa tirade. Il ne semblait pas vouloir s’épuiser et, quelque part au milieu des mots emmêlés, il se mit même à pleurer, mais sa voix ne faiblit pas. Puis une idée vint à Pierre – il n’aimait pas le voir pleurer, il fallait qu’il le stoppe. Il s’approcha doucement, relevant la tête, le coupant avec un ton bas, tendre :
« Sofiane, je t’avais prévenu quand on a commencé. Je t’ai dit qu’il n’y aurait pas de sentiments, pas de ma part. J’aurais dû arrêter avant, je suis désolé… »
Il ouvrit les bras et l’autre s’y réfugia sans réfléchir, pleurant tout son saoul contre sa poitrine.
Pierre avait vraiment merdé, en refusant d’arrêter de le voir alors qu’il avait aperçu les sentiments naître à son encontre. Il l’avait remarqué, avait essayé d’en parler, mais Sofiane lui avait dit qu’il pouvait le supporter, que ça lui passerait, et il l’avait cru. La belle connerie. Ah elle était belle, leur histoire, à finir bâclée ainsi.
« C’est pas moi qui devrais te consoler, murmura Pierre en commençant à se détacher. Ça te fait plus de mal que—
-Encore un peu, supplia Sofiane en le serrant plus fort. »
Son interlocuteur s’en voulut de ne pas réussir à lui dire non, et le serra de plus belle, séchant les larmes qui coulaient par sa faute.
Sofiane brisa l’étreinte quelques minutes plus tard, reniflant, essuyant son visage avec une moue.
« T’es chiant, ça devait pas se passer comme ça, c’est toi qui devais pleurer, râla-t-il.
-Crois-moi, c’est pas l’envie qui manque, rit Pierre nerveusement. »
Son amant, ou ex, le frappa un peu fort dans le bras.
« T’es un connard. Un enfoiré.
-Je sais, murmura-t-il, sans trop d’émotion. »
Il voulait surtout déguiser sa tristesse et la boule dans sa gorge.
« Je vais me casser, ajouta Sofiane. Tu me verras plus.
-Sof’…
-Non y’a pas de Sof’ qui tienne, répliqua le susnommé avec plus de véhémence, repoussant définitivement Pierre. »
Et l’autre le regarda, les bras ballants, un mètre plus loin.
Il le suivit des yeux quand il disparut dans le couloir, quand il revint, chargé de ses quelques affaires laissées là, quand il s’approcha pour l’embrasser, en silence, une dernière fois, quand enfin il passa la porte, portant un dernier regard sur celui qu’il aimait, qu’il aime, avant de la claquer sur leur relation.
Merde, se dit Pierre alors qu’il ne pouvait plus retenir les quelques larmes qui mouillaient déjà son regard auparavant, ça fait vraiment, vraiment mal…
Sylvain arriva une heure plus tard. Entre-temps, son hôte avait pu sécher ses larmes, ranger sa maison et préparer le lieu qui servirait à la séance, ainsi que son appareil photo. Quand l’autre homme sonna enfin, il alla lui ouvrir avec une mine encore toute triste qui fut immédiatement reconnue.
« Oulà ! s’exclama Sylvain. Mauvaise nouvelle ?
-Ouais, rentre. »
Pierre s’écarta pour le laisser passer, fermant la porte derrière lui.
Il passa une main sur son visage avec un soupir, suivant son ami à travers sa propre maison. Avant de commencer la séance, ils s’installèrent dans le canapé, pour que Sylvain écoute ce que son ami avait à lui annoncer.
« Je me suis fait larguer comme une merde, avoua-t-il enfin. »
Son locuteur fronça les sourcils, s’interrogeant immédiatement :
« Mais… par qui ? T’étais en couple ?
-Sofiane, répliqua simplement Pierre.
-J’croyais que vous étiez pas…
-Ouais bah je croyais aussi. On a passé la nuit ensemble, ce matin il a claqué la porte après t’avoir eu au téléphone et merde, je me suis plus attaché que je le pensais ! »
Sylvain se redressa tout à coup, sous le coup d’une indignation conduite par sa culpabilité.
« Après m’avoir eu ? Mais c’est quoi le problème ? C’est pas de ma faute j’espère ? »
Pierre rit amèrement en basculant la tête en arrière, regardant le plafond.
« Non, c’est totalement de ma faute. Je me suis attaché, mais j’suis pas amoureux. Lui oui. Je le savais et j’ai pas voulu arrêter. Le beurre, l’argent du beurre…
-… et le cul du crémier, blagua Sylvain sur un ton blasé malgré tout. Pardon, c’était trop tentant. »
Pierre lui lança un regard, puis éclata d’un rire sincère.
Il se tourna vers son invité, arborant une expression plus calme, plus souriante, revigoré par la présence de son ami.
« Tant mieux que tu sois là, lança Pierre avec un remerciement sous-jacent. J’ai besoin de penser à autre chose.
-Pas de problème, sourit Sylvain. Mais j’peux demander c’était quoi le souci avec moi ? Sofiane m’aimait pas ? Je trouvais qu’on avait l’air de bien s’entendre, pourtant. »
Son interlocuteur baissa la tête, sans perdre son sourire.
« Il était jaloux de personne d’autre, mais je sais pas… Il trouvait que je parlais trop de toi, et que tu prenais la place que lui voulait, je pense. »
L’autre homme se sentit tout bizarre à l’entente de ces mots. Comment ça, il prenait la place que Sofiane, amoureux de Pierre qu’il était, voulait ?
Ok, il en avait assez de cette discussion, c’était encore trop tôt pour se poser des questions. Il passa rapidement à autre chose :
« Okay, mh, et sinon quoi de prévu pour la séance photo ? Ce sera quoi mon rôle ? »
Pierre remarqua le rapide changement de sujet mais ne fit aucun commentaire. A la place, il se leva et guida son invité vers la chambre, lui expliquant la suite des événements.
Arrivé dans la pièce, Sylvain se mit sourire et, joueur, un brin moqueur, il blagua :
« C’est quoi la nature de cette séance photo, au juste ? C’est pas pour ton OnlyFan quand même ? Sinon je demande une part, hein… »
Pierre éclata de rire et l’insulta entre ses dents :
« L’enfoiré. »
Puis, plus fort :
« Désolé, pas aujourd’hui. Je sais que ça t’aurait intéressé mais c’est pas le programme.
-Ça veut dire quoi, ça ? s’indigna Sylvain.
-Que t’es trop curieux en ce moment, sourit Pierre en allumant l’appareil. Mais t’en fais pas, ça me dérange pas.
-Parfait, je comptais pas arrêter, répliqua son ami avec arrogance. »
Pierre baissa la tête en l’entendant, dépité. Même si, en réalité, il ne l’était pas vraiment.
Il peaufina quelques réglages puis avec sa main il fit signe à Sylvain d’approcher. Celui-ci obéit, observant l’écran de l’appareil qui était tourné vers le fauteuil près de la fenêtre. Il lui expliqua d’abord le fonctionnement général de la caméra, puis quelques fonctionnalités qui pourraient l’intéresser. Enfin, il lui parla de ses idées, de son intention :
« Le but de la série, c’est de nous montrer dans un milieu familier, qui fait appel à la vie de tous les jours, au quotidien quoi. Moi, j’avais envie de représenter mon activité de photographe et… bon, je sais pas si je peux vraiment utiliser ce mot-là, mais bref. Et d’artiste. Je les dessine pas mal, mine de rien. Bref, quand je dessine chez moi, j’ai tendance à le faire sur ce fauteuil. »
Il pointa le fauteuil, et s’en approcha immédiatement pour s’installer. A côté de lui, sur le bureau de la chambre, se trouvait son carnet à dessin et un pot à crayon. Sylvain observa avec un œil neuf l’environnement, comprenant mieux l’intérêt du plan.
Son regard tomba sur le carnet et il sourit en voyant Pierre s’en saisir, ainsi que d’un crayon. Il blagua à nouveau, parce que ça détendait l’atmosphère, parce que ça le faisait rire, parce qu’ils savait que ça remontait le moral de son ami :
« Tu vas me dessiner pendant que je te prends en photo ?
-Tu veux que je te dessine ? demanda Pierre doucement, avec sérieux. »
Leurs regards se croisèrent. Sylvain, avec son sourire en coin, acquiesça.
« Je veux voir comment tu me dessines. »
L’artiste hocha la tête à son tour, ouvrant le carnet sur une page vierge, ignorant les dessins de Sofiane qu’il avait réalisés précédemment.
Sylvain reporta son regard sur la caméra devant lui, timide tout à coup. Il avait difficilement la fibre artistique, pas comme Pierre, et une pression supplémentaire s’ajoutait à celle du terrain inconnu sur lequel il évoluait : celle de décevoir son ami.
« Et du coup, j’appuie juste sur le bouton ?
-Tu peux jouer un peu avec, tester des trucs, le corrigea le photographe. Je viendrais prendre des autoportraits après. Et si t’as une idée de pose en tête, tu peux demander. »
Sylvain rit avant de verbaliser sa connerie en faisant mine de regarder l’appareil :
« Attends, j’en ai une, écarte un peu les jambes, là, retire ton débardeur ? »
Et son ami éclata à nouveau de rire, accompagné d’insultes affectueuses. Le photographe amateur en profita pour prendre ses premières photos, capturant le rire de l’autre homme à son insu.
Les deux hommes reprirent un minimum leur sérieux ensuite, pour poursuivre la séance. Pierre se mit à dessiner avec application, changeant quelques fois de position. Alors qu’il était concentré sur son dessin, Sylvain approcha en marmonnant quelque chose et, sans prévenir, il posa un pied sur le fauteuil, entre les jambes de Pierre, pour se hisser dessus. Son ami, surpris, lâcha son carnet pour le retenir par réflexe au niveau des hanches, détournant la tête pour qu’elle ne se trouve pas au niveau de son entrejambe.
« Qu’est-ce que tu fous ? s’exclama-t-il en souriant.
-Y’a un problème avec ton rideau, t’inquiète, le rassura Sylvain.
-Bah bien sûr que je m’inquiète, tu viens m’agresser là et t’es à deux doigts de te casser la gueule, se plaignit Pierre avec humour.
-Mais non ! s’exclama son interlocuteur. Je maîtrise la situation.
-Connaissant ta chance, je parierai pas sur ton intégrité physique. »
Sylvain descendit de son perchoir et baissa le regard vers son ami, lâchant un soupir après cet effort. Il se frotta les mains.
« Eh bah voilà, parfait. Tu peux reprendre. »
Il retourna derrière la caméra comme si de rien n’était, et l’autre reprit son activité avec un regard suspicieux.
Après quelques minutes, Pierre leva son crayon, en portant le bout contre sa lèvre tandis qu’il observait son dessin.
« Redresse un peu la tête ? le guida Sylvain, qui prenait son rôle très à cœur. »
Il obéit, contemplant toujours son œuvre. Puis il rangea le crayon dans le pot.
« J’ai fini. Allez, je vais faire un peu d’autoportrait ! Pendant ce temps, tu peux regarder le dessin. »
Il se leva et tandis le carnet à l’autre homme, qui abandonna l’appareil photo pour s’en saisir.
Il observa les traits en silence, tandis que Pierre regardait les quelques dernières photos. Pas toutes, il voulait se garder la surprise, juste assez pour faire de nouveaux réglages et ajouter un minuteur, qui lui permettrait de se placer et de ne pas se relever entre les photos, s’il voulait tester d’autres poses. Il se réinstalla et prit ses photos tandis que son ami était à peine concentré sur lui.
« C’est trop beau, complimenta celui-ci au bout d’un moment. »
Pierre tourna la tête vers lui avec un grand sourire, se retrouvant penché par-dessus l’accoudoir du fauteuil, le crâne basculé en arrière. Une photo fut prise ainsi.
« Merci. C’est vrai que je suis plutôt fier. »
Il se leva à nouveau et récupéra l’appareil photo, tandis que Sylvain posait le carnet sur le bureau.
L’homme observa son hôte s’asseoir sur le bord du lit, bidouillant son appareil, sûrement pour regarder la galerie. Il approcha donc de lui et s’installa à genoux derrière, pour regarder par-dessus son épaule. Il se concentra sur les quelques autoportraits de Pierre, qui avaient déjà l’air plus beaux sur ses photos, alors même que rien n’était modifié. Il ne savait pas pourquoi. C’était la même caméra, pourtant. Même modèle, même cadre. Il ne comprenait pas et était admiratif du travail du photographe.
Cependant, il détourna le regard au moment d’arriver à ses photos. Il avait un peu honte, après avoir vu ce qu’avait fait Pierre, et s’assit sur ses propres talons, toujours posté derrière lui. Le photographe, lui, observa avec un doux sourire les photos de l’amateur. Particulièrement celles prises quand il ne posait pas, mais quand il changeait justement de position, ou riait à une blague de Sylvain. Au final, elles étaient ses préférées. Il aimait l’impression de mouvement, qui n’était pas toujours réussie, mais sur les quelques clichés où c’était le cas, ça rendait vraiment bien.
« J’crois que ma préférée, c’est celle-là. »
Il se pencha vers Sylvain, qui se redressa, collant son torse à l’épaule de son ami pour regarder par-dessus. Il était en train de lui montrer l’une des premières photos, où il riait aux éclats. Son visage et l’une de ses mains étaient plutôt flous, striés de lignes de mouvements, grâce à l’exposition qu’avait l’habitude de paramétrer Pierre. Il ne pensait pourtant pas obtenir ce résultat.
Sylvain sourit avec un brin de fierté et posa une main sur l’épaule de son hôte pour attirer son attention, comme il avait toujours le regard concentré sur l’écran.
« C’est vrai ? Je savais même pas ce que je faisais, là. »
Pierre rit.
« Ah bah c’est pas mauvais. Bordel, même en photo, t’arrives à être vite bon. J’te déteste, blagua-t-il.
-Arrête, contra son interlocuteur. C’était cent pour cent un coup de chance, t’es mille fois meilleur que moi ! »
L’intéressé ne répondit pas, prenant le compliment avec un sourire.
Après quelques minutes supplémentaires de contemplation, Pierre éteignit l’appareil et le posa sur le côté.
« Je les trierai une autre fois, sur ordi, informa-t-il son ami. T’as faim ?
-Affamé, acquiesça Sylvain. On mange quoi ?
-Je vais voir ce qu’il me reste dans les placards. »
L’hôte se leva, son invité l’imita, et tous deux quittèrent la chambre pour rejoindre la cuisine.
Les deux hommes étaient tous les deux satisfaits de cette petite séance photo. Mais quand même, Sylvain y réfléchissait beaucoup. Il tournait et retournait le résultat dans sa tête et trouvait que quelque chose manquait, sans trop savoir quoi. Alors il essayait de trouver.
Et il réussit, en comparant les photos de Pierre au souvenir qu’il gardait de celles des autres hommes. Il verbalisa sa réalisation avec précaution, pendant qu’ils mangeaient :
 « C’était super, les photos, mais je trouve qu’il leur manque un truc…
-Ah oui ? Quoi donc ? demanda l’autre homme, intéressé.
-Je sais pas. Je trouve que les photos que t’avais prises pour le reste de ta série avaient l’air plus… intimes ? Enfin, pas que… pas—je trouve que ça matche pas totalement avec ce que t’as fait avant, tu vois ? »
Pierre acquiesça sans regarder son interlocuteur et ajouta :
« Je suis d’accord. Même si je trouve que tu t’en rapprochais déjà pas mal. Tu veux qu’on réessaye après manger ?
-Je pense qu’on peut retenter un truc, ouais. Enfin, après, c’est toi le photographe, moi je suis qu’un assistant.
-Nan mais t’as raison, l’encouragea Pierre. On fera ça. »
Il aimait bien entendre les opinions artistiques de son ami, qui semblait se retenir par manque d’expérience et de confiance en lui. C’était dommage, il avait souvent de bonnes idées, entre deux blagues pour cacher son malaise.
Après manger, donc, ils s’y remirent. Cette fois-ci, ils discutèrent plus amplement de l’ambiance voulue, du cadre, des idées, ensemble. C’était une discussion beaucoup plus productive que les explications de Pierre au premier contact de l’appareil photo. Sylvain comprenait un peu mieux ce qu’il faisait et comment le faire, même s’il nécessitait toujours l’aide du modèle pour appliquer la théorie.
En retour, Pierre lui demanda de le guider dans le cadre, au niveau du corps. Il n’était pas vraiment à l’aise avec ça et, sans voir le retour de la caméra, il n’était pour une fois pas le mieux placé pour situer le sujet. Il lui demanda même de le placer physiquement s’il n’arrivait pas à lui expliquer ce qu’il avait en tête.
Alors que Pierre était de nouveau assis dans ce fauteuil, à la lumière d’une après-midi ensoleillée, dont les rayons étaient adoucis par des rideaux semi-transparents, Sylvain quitta son poste derrière l’appareil.
« Attends, regarde, comme ça, lui intima-t-il. »
Joignant le geste à la parole, il poussa l’épaule de son ami pour qu’il s’adosse au fauteuil, et tira le bras opposé, pour le tourner en partie vers l’objectif.
Dans le mouvement, ils étaient proches, et Pierre avait tout le loisir d’admirer l’expression concentrée de son ami, avec ses sourcils légèrement froncés, ses yeux rivés sur ce que faisaient ses mains, mains qui touchaient son corps à plusieurs endroits. A bien y réfléchir, ça avait peut-être été une mauvaise idée de lui proposer de venir le bouger lui-même. Le modèle sentait son cœur battre un peu plus fort. Enfin, quelque chose d’intime se passait, à la manière des séances qu’il avait dirigées avec d’autres hommes. Cette fois-ci, il n’était pas l’œil mais l’objet, et il y avait quelque chose d’horriblement gênant et d’excitant tout à la fois. Maintenant que Sylvain était pleinement dans son rôle, c’était quelque peu difficile de retenir son désir et ses sentiments. Bordel, c’était vraiment une mauvaise idée. Sa tête était encore pleine de sa rupture récente avec Sofiane, et pourtant il ne pensait qu’à tirer le photographe amateur par le col du t-shirt pour l’embrasser. Et c’était pire quand il réalisa quelques poses plus lascives.
Finalement, il décida de mettre fin à la séance. Sylvain en semblait déçu, mais ne demanda pas à continuer. Heureusement. Parce que c’était le bordel dans la tête de Pierre, et que s’il avait essayé de tenir plus longtemps, il aurait bien pu craquer.
A nouveau, les deux hommes observèrent les photos prises, mais Pierre ne s’attarda pas cette fois-ci, il éteignit assez rapidement la caméra, pour calmer ses ardeurs et penser à autre chose. Il proposa à son ami une partie de jeux vidéo à la place, qui accepta avec joie. Voilà une bonne après-midi en perspective.
Les jours passèrent, ils n’étaient pas retournés au bar, par manque de temps. Ils allaient bientôt partir en vacances, alors le rythme s’intensifiait pour qu’ils puissent boucler leur programme et se délester du plus de travail possible. Ce ne fut que quelques jours avant le départ qu’ils se retrouvèrent chez Sylvain avant d’y retourner, dans ce bar.
Sylvain était assis à la table de salle à manger, adossé au dossier de sa chaise, les jambes croisées. Avec une petite lime, il s’occupait de ses ongles. Pierre, lui, lui jetait parfois des regards de la chaise d’en face, levant la tête de son téléphone par moment au fil de leur discussion.
Puis soudainement, il s’arrêta, les yeux fixés sur les mains de Sylvain, manucurées, fines et délicates. Avec un rire, il remarqua :
« En quelques mois, t’es devenu un putain de cliché. Pire que moi. »
Sylvain leva les yeux sans lever la tête, lui lançant un regard désabusé. Se reconcentrant sur son activité, il se défendit :
« J’étais déjà pas mal un cliché avant.
-Pas plus que moi, contra son ami. »
L’autre posa alors sa lime et pencha la tête sur le côté, avec un sourire en coin. Il soupira, mimant l’exaspération sans en ressentir – oh non, ça le faisait plutôt marrer.
« On est vraiment en train de faire la course du plus pédé là ? Parce que du coup je m’incline, lança-t-il en levant les mains. Pour une fois, c’est toi qui gagnes.
-Oh t’es pas mal non plus ! s’exclama Pierre avec force. Au moins sur le podium.
-C’est de ta faute. »
Sylvain reprit sa lime et son limage, ignorant la réponse indignée de son interlocuteur.
Pierre ne comprenait pas ce qu’il voulait dire par là : comment ça, c’était de sa faute ? Il n’avait rien fait lui, c’était Sylvain qui, le premier, était venu fouiller dans ses affaires, puis avait commencé à poser des questions. Son ami n’avait fait qu’y répondre, qu’être indulgent et bienveillant… à moins qu’il n’y eût autre chose. Il l’espérait, au fond de lui.
« Tu veux bien m’aider ? demanda Sylvain tout à coup. »
Son ami, tiré de ses pensées, tourna la tête vers lui et le vit tenir un flacon d’une couleur lavande. Il fronça les sourcils en approchant, attrapant l’objet pour le considérer.
« T’as acheté du vernis ?! s’étonna-t-il.
-Nan, je l’ai volé à ma sœur, expliqua l’autre homme. Mais mes mains tremblent trop pour le mettre, tu peux m’aider ? »
Pierre le considéra un instant, avant de rire, baissant la tête en reposant le flacon.
« Un cliché, je disais, se moqua-t-il.
-Ta gueule et mets-le-moi, répliqua Sylvain avec autorité. »
Et son interlocuteur obéit, avec un large sourire.
Pierre s’assit face à son ami et ouvrit le bouchon, l’égouttant sur le bord du goulot.
« T’as de la chance que je sais l’appliquer, commenta Pierre en attrapant délicatement sa main. »
Il était exagérément penché sur son travail, à cause de sa mauvaise vue, pendant qu’il appliquait le vernis.
« Et je peux savoir comment ? questionna son homologue avec intérêt.
-Gunther en mettait aussi. Et il me demandait de lui mettre. »
Sylvain hocha la tête à l’information, veillant à ne pas trop bouger les mains. Il observait attentivement ce que l’autre homme faisait, et son visage concentré par la même occasion. Ses sourcils froncés, ses yeux légèrement plissés, sa lèvre mordue, et la délicatesse qu’il mettait dans ses gestes…
Une inspiration profonde le trahit : Pierre lève le pinceau en même temps que son regard, interrogateur.
« Ça va ?
-Ouais, aucun problème, tout va bien. Nickel. »
Sylvain essayait d’être convaincant, mais vu le rire que contenait son ami, c’était raté. Il ne fit aucun commentaire cependant et reprit sa mission. Il venait de finir l’auriculaire droit et il passa donc à la main gauche, à commencer par le pouce.
Pierre devait l’avouer, en même temps qu’il appliquait ce fichu vernis – qui allait drôlement bien à son ami – il contemplait également ses mains. Les paumes étaient plutôt larges, vu le reste de sa morphologie, avec des doigts longs. Mais tout était fin, pas épais pour un sou, ce qui leur donnait un aspect fragile et délicat. Sylvain était décidément beau jusqu’au bout des ongles.
L’application du vernis achevée, les deux hommes se séparèrent, Sylvain restant assis en attendant que cela sèche, l’autre homme se levant pour finir de se préparer. Il enfila ses chaussures et attendit, assis sur le canapé, que son ami soit prêt, ce qui prit bien vingt minutes supplémentaires. Mais il le connaissait, aussi il resta patient.
Les deux hommes mirent longtemps à arriver au bar. Heureusement, et merci l’été, il faisait encore largement jour. Comme à leur habitude, ils commandèrent et s’installèrent un peu à l’écart avec leurs boissons, entamant une discussion animée.
Sylvain était survolté, son ami ne savait pas pourquoi. Un sursaut de confiance en lui ? Malgré tout, ça le faisait rire, encore plus quand il se leva pour aller danser. Pierre le suivit du regard, il restait loin de la piste mais était pleinement concentré sur son ami, riant par moment à ses mouvements aléatoires. Mais il avait l’air de s’amuser, c’était le principal.
L’homme qui dansait parmi les autres clients sentit un corps se coller à lui tout à coup. Il sursauta et se retourna pour voir un homme, à peine plus grand que lui, lui sourire.
« Pardon, je voulais rejoindre mon ami au bar, s’excusa-t-il.
-Ah, pas de problème, lui sourit Sylvain en retour. »
Il s’écarta en collant ses mains à sa poitrine pour le laisser passer. Le regard de l’homme tomba sur celles-ci et il le complimenta :
« Le vernis vous va bien. »
Son interlocuteur rougit. Une hésitation, puis l’inconnu ajouta :
« Vous voulez que je vous paye un verre ? Je m’appelle Arthur, au fait.
-Sylvain. Avec plaisir, accepta-t-il. »
Et il suivit Arthur jusqu’au bar.
Là, il fut présenté à Romain, le fameux ami – et colocataire – d’Arthur. Les trois hommes discutèrent en buvant un verre d’alcool, riant. Le courant passait très bien entre eux. Mais Sylvain se souvint de Pierre et lança tout à coup, en posant son verre vide :
« Je suis aussi accompagné, faut que je rejoigne mon pote, désolé !
-Tu peux nous le présenter, sinon, proposa Romain avec un sourire enjôleur. »
Il avait passé la discussion à draguer Sylvain avec peu de subtilité, mais de jolies tournures qui l’avaient fait rougir. Il acquiesça sans trop savoir où cette histoire allait le mener.
Pierre sourit en voyant son ami revenir, il l’avait attendu si longtemps – quinze minutes, au moins !
« Tu t’es perdu en chemin ? se moqua-t-il.
-Non, j’ai rencontré des gens, répliqua Sylvain. »
Et il présenta les deux hommes qui l’accompagnaient. Pierre leur serra la main en se présentant à son tour, tout sourire. La discussion, toute naturelle, suivit des heures durant.
Romain était définitivement le dragueur des deux, que ce soit envers Pierre ou Sylvain. Arthur, lui, était plus réservé malgré sa témérité première qui l’avait poussé à payer un verre à l’inconnu qu’il venait de bousculer. Si Sylvain y réagissait avec des rougissements et de la timidité, Pierre, plus habitué, y répondait sur le même ton.
La nuit était tombée depuis deux ou trois heures maintenant. Les deux amis, qui n’avaient rien mangé alors que minuit était passée, voulurent se retirer pour rejoindre la voiture avec laquelle ils étaient venus. Leurs compagnons de soirée proposèrent de les raccompagner pour continuer à discuter, ce qu’ils acceptèrent.
Les quatre hommes marchaient donc dans les rues animées de Paris en direction du parking souterrain où Pierre avait garé son véhicule. Ils marchaient en partie sur la route mais tant pis, peu de voitures passaient pour l’instant. Et ils s’amusaient bien, tous les quatre : ils riaient, flirtaient, faisaient connaissance, leurs mains se trouvant être parfois baladeuses.
Ils entrèrent dans le parking, marchèrent vers la voiture, là, il fallait se dire au revoir : bizarrement, ils ne voulaient pas. Sylvain s’appuya contre le coffre de la voiture tandis que Pierre échangeait son numéro avec Romain. Arthur essayait de le faire accélérer, en vain.
« Attends ! se plaignit son colocataire. Je suis en train de pécho, rage ailleurs. »
Pierre rit en entendant cela, rangeant son téléphone dans sa poche. Son ami écouta les deux inconnus avec un sourcil haussé alors qu’ils se disputaient plus ou moins. Il intervint finalement :
« Qui a dit que tu pouvais pas pécho aussi ? »
Il glissa un regard à Arthur, qui s’était stoppé dans sa tirade.
Sylvain, d’un geste lent, se redressa d’où il était adossé, s’approcha d’Arthur, attrapa son visage et l’embrassa, devant leurs amis. Les au revoir risquaient de durer longtemps encore…
Sylvain et Pierre, laissés seuls une trentaine de minutes plus tard, quittèrent enfin le parking pour rejoindre un McDo sur le chemin du retour. Ils y mangèrent rapidement, comme la salle fermait prochainement, puis Pierre déposa son ami chez lui avant de rentrer à sa maison.
Il était seul, enfin, dans sa chambre. Et comme souvent la nuit, il réfléchissait trop. Il repensait à ce qui s’était passé dans le parking, à ce qu’ils avaient fait avec les inconnus, à la vision qu’il avait eue à l’arrière de la voiture, à son ami… Ces sensations n’étaient pas nouvelles pour lui, encore moins lorsqu’il invoquait Sylvain dans son imagination, rendue fertile ce soir-là par des activités peu séantes dans le parking.
Il n’y avait pas que ça. Ces derniers mois, Sylvain s’ouvrait énormément à la culture gay et découvrait sa propre bisexualité par la même occasion. Et ça le rendait terriblement attirant, dans ses manières, dans son enthousiasme, dans son charisme lorsqu’il flirtait avec des mecs devant Pierre ou qu’il posait ses questions à moitié innocentes… Pierre le sentait, leur relation était en train de changer, et il était également terrifié et impatient.
Son style vestimentaire avait également évolué : en plus du vernis qu’il arborait maintenant sur ses ongles, dans le privé malgré tout, en plus de ses cheveux longs qu’il pouvait maintenant nouer en une queue de cheval, ses vêtements avaient commencé à se parer d’un peu plus de couleurs, à être un peu plus excentriques. Oh, ce n’était pas un changement profond de garde-robe, juste quelques accessoires, quelques pièces qu’il prenait soin de porter dans des contextes précis, pas en vidéo souvent. Il portait régulièrement un anneau en argent à son pouce, ou une chaîne du même matériau avec un pendentif quelconque. Et ça lui allait bien, se disait Pierre.
Il se mordit la lèvre en imaginant le contact froid de la bague sur sa peau si Sylvain la portait en posant ses mains sur lui, ou celui du collier, toujours au cou de l’autre homme, tombant sur lui alors qu’il était penché au-dessus de son corps. Il pensait à ses mains ainsi décorées de couleurs et d’accessoires, sur lui. Il voulait passer ses doigts dans ses cheveux, il voulait le toucher plus intimement qu’il ne l’avait jamais touché et ce soir-même, il avait été si près du but…
S’en souvenir le poussa à bout, son corps tendu, son souffle lourd dans le silence nocturne, la seule source de lumière étant sa lampe de chevet. Il se leva de son lit après quelques minutes pour faire un tour dans la salle de bain avant de se rallonger sur le matelas pour dormir définitivement. Il était déjà bien assez tard et il devait préparer ses affaires le lendemain, pour le grand départ.
Le réveil sonnait déjà depuis un moment quand Pierre émergea enfin de sa nuit. C’était le milieu de la matinée et pourtant, il avait l’impression qu’il était six heures du matin à cause de sa courte nuit. Il éloigna les événements de sa mémoire pour se concentrer sur la liste des choses qu’il devait faire. Le départ était le lendemain, et il n’avait pas encore touché à son sac, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Les dernières semaines avaient été trop intenses, il avait bien besoin de ces vacances.
Il se leva avec un soupir et alla se préparer un petit déjeuner accompagné d’un jus de fruit, quelque chose de frais et vitaminé pour le réveiller. Il avait presque l’impression d’avoir une gueule de bois, mais il savait que c’était seulement la fatigue et la pression du rush de pré-vacances. Il se demandait dans quel état se trouvait son collègue actuellement… Avait-il réussi à s’endormir ?
Après manger, Pierre s’occupa de son traitement. Seulement, en comptant les boîtes qui se trouvaient dans son placard, il se rendit compte qu’il y en avait une de trop, qui n’était pas la sienne. Il reconnut le traitement de Sofiane et sentit son estomac se tordre : du manque, de la culpabilité, du regret…
Immédiatement, il lui envoya un message tout à fait formel à ce sujet, espérant ne pas être bloqué. Il essaya de se reconcentrer sur sa routine en attendant la réponse, qui arriva peu de temps après. Sofiane lui donnait rendez-vous chez lui pour lui rendre le jour-même, si ça lui allait… Pierre avait certes des choses à faire, mais il pouvait bien faire un saut par chez son ex en allant déposer Oslo, son chien, chez ses parents. Il accepta.
En parlant d’Oslo, son maître joua avec lui avant de vaquer à ses obligations, commençant à remplir son sac de voyage. Il prit ensuite un déjeuner tardif, joua encore avec son animal – qui allait définitivement lui manquer pendant ces presque deux semaines… mais il savait que Chantal lui enverrait des nouvelles régulièrement – puis il prépara les affaires de celui-ci. En milieu d’après-midi, il fit monter l’animal et chargea ses bagages dans la voiture avant de se mettre en route.
Le tour chez ses parents s’éternisa comme cela arrivait parfois, tant la famille était prise dans leurs discussions. Après tout, Pierre était très proche d’eux et il trouvait beaucoup à leur dire. En les quittant, il leur promit de les appeler au moins une ou deux fois pendant son séjour sur la côte.
Maintenant, il fallait se rendre chez Sofiane. Cela faisait quelques mois que Pierre n’avait pas pris le temps ni la peine d’y aller, mais quand l’intéressé ouvrit, il remarqua que ça n’avait vraiment pas changé… Alors, sur le seuil, il essaya de ne pas éterniser leur entrevue et lui tendit sa boîte de médicament avec un sourire.
« Hey, tiens, je suis content qu’on ait réglé ça rapidement. Je vais pas—
-Tu veux rentrer ? le coupa Sofiane. »
Il semblait maussade. Pierre, choqué de la proposition, mit un moment avant de répondre :
« Euh, oui, pourquoi pas… »
Alors son ex ouvrit la porte plus largement et s’écarta du passage pour le laisser entrer.
Pierre entra en prenant le moins de place possible, visiblement peu à l’aise. Revoir l’autre homme rappela à son cœur l’attachement dont il était finalement victime. Il savait que ce n’était pas romantique, ou peut-être un peu, pas suffisamment pour éclipser celui qui occupait ses pensées, mais assez pour que la séparation lui fasse mal, laisse une marque.
Il ne savait pas quoi faire de lui-même, à part rester debout au milieu du petit séjour, les bras ballants, observant l’environnement pour s’y familiariser. Sofiane passa devant lui avec un faible sourire, se dirigeant vers la cuisine.
« Tu veux boire quelque chose ? »
Il ne regardait pas son invité, mais sa voix était douce, ses gestes mesurés. Pierre le suivit du regard, peiné.
« Non, ça ira, refusa-t-il poliment. »
L’hôte se servit un verre d’alcool et zigzagua jusqu’au canapé, s’y laissant tomber. Il tapota la place à côté de lui.
« Viens là chéri. »
Il leva enfin les yeux vers Pierre en prenant une gorgée de son verre.
Celui-ci posa la boîte de médicaments sur la table basse et hésita face à son ex. Mais Sofiane attrapa son poignet avec autorité pour le faire asseoir, alors il ne put qu’obéir.
« Assis-toi j’ai dit, répéta-t-il. Alors, dis-moi, comment ça va ? »
Pierre ne savait pas comment agir. Il était tout perdu face à la familiarité de l’autre homme, qui semblait déplacée vu comment il était parti l’autre jour.
« T’en fais pas, Pierre, je m’en suis remis, soupira Sofiane. J’ai fait mon deuil, t’aimes Sylvain, j’aurais pas dû m’accrocher en sachant ça.
-J’aurais pas dû te laisser faire, répliqua Pierre. Mais…
-Mais je te donnais un truc que tu pensais jamais recevoir de lui… »
Une pause, puis Sofiane ajouta avec un rire :
« Mon cul. »
Son interlocuteur explosa de rire, tapant doucement son bras.
« T’es con putain.
-Ose me dire que j’ai tort ! se moqua son ex. »
Et il ne répondit pas, apportant l’aveu que l’autre désirait. Ce dernier en riait, le salaud.
Pierre se laissa tomber contre lui, sa tête sur son épaule, blotti. Ça lui avait manqué, cette proximité avec lui. Il pouvait bien se laisser aller ce soir… Puisque l’autre ne disait rien, puisque l’autre passait son bras autour de ses épaules pour caresser doucement son épaule, puisque tout allait au moins un peu mieux.
« Comment ça se passe avec Sylvain ? questionna Sofiane avec curiosité – bien que sa voix gardait une certaine animosité en prononçant le nom de son adversaire.
-Y’a tellement de changements que je sais pas par où commencer, sourit son interlocuteur. On va de plus en plus au bar gay ensemble. Il se met à rouler des pelles à des mecs randoms. Hier soir, on a… il nous a trouvé deux gars. »
Il rit nerveusement.
« Il met du vernis. »
Sofiane poussa une exclamation surprise, cassant son poignet vers lui dans un geste dramatique.
« Du vernis ??? Et tu arrives toujours à fonctionner ? »
L’autre homme rit encore et le poussa sans pour autant vouloir l’éloigner. Il faillit renverser son verre au passage, que Sofiane finit cul-sec.
« Je suis pas en chien non plus. Mais frère, ça lui va tellement bien… Je pense qu’à ça.
-Gnagnagna, je suis pas en chien, l’imita exagérément son homologue en riant. J’te crois, ouais. Autant que quand tu disais qu’on était pas ensemble. »
Pierre grimaça.
Il avait clairement été dans le déni, maintenant qu’il y repensait. Mais il avait fait son choix depuis longtemps, aussi, et ne voulait pas croire qu’il pouvait autant s’attacher à quelqu’un d’autre. Puis ce gars a ouvert la porte de son appartement il y a deux ans environ – même si beaucoup pensait que c’était moins – pour un shooting, présomptueux et superbe, et ne l’avait pas quitté depuis. Et il avait apprivoisé le photographe avec toute son autorité et sa douceur. Bordel, comment avait-il fait pour ne pas le voir venir ?
« Pourquoi personne m’a dit que j’étais dans le déni ? questionna-t-il rhétoriquement.
-Tout le monde te l’a dit, Pierre. Même Sylvain, tu m’en avais parlé. »
L’autre éclata de rire et passa un bras par-dessus son ventre pour le serrer.
« Je voulais pas vivre comme ça. Je voulais être un bon garçon et me caser, pas aller voir à droite à gauche et essayer de bouffer à tous les râteliers.
-On fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie, soupira Sofiane. »
Il joua avec son verre en le fixant avec une allure théâtrale.
Pierre ne lui avait jamais dit ce qu’il s’était passé avant qu’il ne le rencontre. Au fond de lui, il sentait qu’il lui devait bien ça, même s’il ne lui en voulait pas trop pour ses propos lors de leur rupture…
« Je sais. J’aurais dû être marié, là, lança-t-il. »
Son interlocuteur fronça les sourcils en le repoussant, histoire de pouvoir le regarder dans les yeux.
« Qu’est-ce que tu racontes ?? Toi, fiancé, à qui ?
-Un gars que j’ai rencontré quand j’étais ado. On vivait ensemble pendant nos études sup’ et on a fini par se fiancer. Mais il est mort avant qu’on puisse se marier. »
Sofiane se figea.
Presque immédiatement, il se rappela ce qu’il avait pu balancer sans considération quelques semaines plus tôt. Il porta une main à sa bouche, une expression profondément désolée sur son visage.
« Merde, je savais pas. Bordel, Pierre, t’en caches d’autres comme ça ?!
-Ouais, répondit-il honnêtement. Mais je veux pas en parler, tais-toi.
-Comment ça tu veux pas en parler ? Tu me balances ça comme ça et tu veux que je l’accepte ! s’indigna Sofiane.
-Je veux plus parler, répéta Pierre, changeant un peu sa phrase pour plus de précision. »
Mais son interlocuteur n’était pas de cet avis, prêt à se lancer dans un monologue.
Cependant, Pierre était vraiment fatigué des mots. Le contact avait réveillé sa nostalgie, des souvenirs physiques qui fourmillaient sur sa peau. Ni une ni deux, il se jeta sur les lèvres de Sofiane et l’embrassa, espérant que ce soit suffisant pour le faire taire – ces précédents essais lui avaient enseigné que ce n’était pas toujours le cas.
Sofiane sourit et répondit au baiser, son corps épousant machinalement celui de Pierre alors qu’il tombait en arrière, contre l’accoudoir, se retrouvant rapidement allongé sous l’autre homme. Il leva les mains vers son visage, l’attrapant pour qu’il n’ait pas l’idée de s’éloigner…
« Et ton crush est au courant que t’es là ? se moqua Sofiane.
-Ta gueule, répliqua son homologue avec verve. »
Il l’embrassa avec plus d’empressement, faisant rire son amant.
« Bordel mais qu’est-ce que t’as en ce moment ? Avec ce que tu viens de me raconter, tu devrais être rassasié, ou alors tu peux pas te passer de moi ? »
Il afficha un sourire en coin, mesquin et fier de lui, que Pierre effaça d’un nouveau baiser. Il ne voulait vraiment, vraiment pas parler. Et surtout pas de ça.
Une main, plutôt téméraire, passa sous le t-shirt de Sofiane – qui était pourtant plutôt près du corps – pour caresser sa peau, le faisant soupirer. Pierre ne savait pas d’où venait ce besoin soudain de le sentir contre lui, et plus si affinité, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne l’avait pas vu venir, n’avait jamais pensé que revoir son ex lui provoquerait cette réaction. Tant pis, c’était trop tard et il avait bien le temps, quelques dizaines de minutes, pour s’abandonner aux plaisirs charnels.
Pierre quitta l’appartement mi-honteux mi-satisfait. Il pouvait enfin rentrer chez lui et… et faire quoi ? Il lui restait quelques trucs à régler pour son départ, mais ce ne serait pas suffisant pour remplir sa soirée. Alors il était livré à lui-même, et n’avait cette fois-ci personne à appeler pour se changer les idées. Peut-être qu’aller se coucher tôt n’était pas une mauvaise idée, ou son esprit s’égarerait trop au sujet d’une certaine personne…
[Second part in reblog]
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unblogvoyages · 19 days
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Jour 3 - Nous remballons la tente aux alentours de 8h du matin et partons direction l'île de Skye. Nous passons sur le Skye Bridge après un quart d'heure et mettons officiellement pieds sur l'île. La journée étant assez chargée nous choisissons d'aller directement à Portree, petite ville touristique de l'île, tout en profitant de la route qui traverse les villages. Nous nous garons facilement au centre-ville et décidons d'aller petit-déjeuner au Café Arriba. Le lieu est assez populaire mais nous arrivons à avoir une table assez facilement au bout d'un quart d'heure. Le café surplombe la baie de Portree, le soleil se lève tranquillement. Le café est rempli de marcheurs et touristes, ça sent bon le café et les scones réchauffés.
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Baie de Portree et vue sur le village
Une fois le petit-déjeuné englouti, nous nous dirigeons vers notre première randonnée du séjour, Old Man of Storr. Il s'agit d'une des marches les plus populaires de l'île. Si vous souhaitez éviter le monde, préférez visiter cet endroit tôt le matin ou plus tard car nous n'étions pas les seuls sur le sentier en cette belle matinée de septembre. L'endroit est touristique, un parking est situé à l'entrée du sentier. Il s'agit d'un aller-retour d'environ 4km, nous avons marché 1h40 avec une pause d'un quart d'heure en haut pour admirer la vue : au premier plan la formation rocheuse "Old Man of Storr" et à l'arrière, la baie et les îles de Raasay, Rona et le continent.
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Vue depuis le sommet de la randonnée / Le chardon, emblème de l'Ecosse.
Nous continuons ensuite notre visite de l'île de Skye en nous arrêtant sur la côte est à Mealtfalls, une chute d'eau se jetant depuis la falaise directement dans la mer. L'endroit est superbe, un musicien joue de la cornemuse sur la falaise, assure l'ambiance en tenue traditionelle. Nous décidons de faire une pause déjeuner avec les fromages que nous avons acheté la veille.
Nous quittons la côte pour s'enfoncer dans les terres et rejoindre le point de départ d'une autre randonnée sur l'Île, Quiraing. Là aussi, un parking permet de se garer facilement. J'ai beaucoup aimé la route pour arriver à ce point haut, qui nécessite tout de même d'être à l'aise au volant - les routes sont en effet assez étroite dans la campagne écossaise et des aires d'attente sont régulièrement prévues pour laisser passer les voitures.
Nous n'avons malheureusement pas pu faire la randonnée de Quiraing de 8km, ayant un programme assez chargé sur la semaine.
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La vue de la vallée depuis le point de vue Quiraing.
Depuis Quiraing, nous redescendons sur la côte ouest cette fois, rejoignons l'A87 à Uig et longeons la côte en direction de Dunvegan, notre étape pour la nuit. Sur la route, nous faisons un détour par le charmant village de Stein. Ce n'était pas prévu sur l'itinéraire initial mais je souhaitais passer voir la tannerie Skyeskins. Il s'agit de la seule tannerie de l'île, pour les amateurs d'artisanat local c'est un passage obligatoire. Nous en avons profité pour boire un thé et admirer la vue depuis les hauteurs. En redescendant, nous sommes tombés sous le charme de cette petite ville qui semble mettre le monde extérieur sur pause. N'hésitez pas à vos arrêter au pub/hotel The Stein Inn pour déguster un bière en fin de journée et admirer le coucher de soleil sur la baie. Pour les budgets plus larges, le village compte aussi un restaurant Michelin 1 étoile, The Loch Bay, que nous gardons en tête pour notre prochaine visite.
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Vue depuis la tannerie Skyeskins sur la baie de Stein en fin de journée.
En fin de journée, nous redescendons tranquillement sur la petite ville de Dunvegan. Nous avions réservé en avance un emplacement de tente au Kinloch Campsite, l'île de Skye étant touristique nous avons préféré cette fois être prévoyants. Le camping était très bien et calme. Nous avons pu profiter d'un beau coucher de soleil sur la baie, et de faire connaissance avec les fameuses "midges" (petite mouches piquantes assez féroces - ne les sous-estimez pas comme nous !). Nous avions réservé pour le repas du soir une table (deux heures avant) au restaurant/pub The Old School situé juste à côté du camping. Leur menu propose les incontournables de la cuisine écossaise (Haggis, Aigle-fin, saumon, moules...) et le tout était vraiment bon !
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Coucher de soleil sur le camping Kinloch.
Jour 4 - Ile de Skye, Loch Ness.
Nous commençons la journée par un café au centre communautaire pour prendre des forces avant la visite du Dunvegan Castle. Nous n'avions pas prévu de faire cette visite mais des amis nous l'ont conseillé de passer la matinée à visiter le château et ses jardins et nous n'avons pas été déçus ! Le site date du XIIIe siècle et a subit des modifications jusqu'à nos jour. Les descendants de la famille d'origine sont encore propriétaire du château et des jardins, ouverts au public. Les jardins sont également magnifique. Il faut au moins compter deux à trois heures pour apprécier l'intégralité du site.
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Après cette belle matinée de visite, nous poursuivons notre journée vers le village de pêcheurs de Carbost et la fameuse Talisker Distillery. Il s'agit d'une des plus anciennes distilleries de l'île. Bien que la région des grands whisky écossais se situe plus à l'est (climat plus favorable pour les cultures) cette distillerie est une étape importante lors de la visite de l'île. Des visites guidées sont disponibles et le lieux propose également des dégustations (10-20£/verre).
L'endroit est aussi assez touristique, nous décidons d'aller manger des huitres à The Oyster Shed, un shack situé à une dizaine de minutes à pieds au dessus de la distillerie. Au menu des huitres bien évidemment mais également des spécialités à emporter : Fish & Chips, fruits de mer, homard… un très bon spot pour une pause lunch (se munir de patience tout de même !).
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Au bord du Loch Harport, la vue est imprenable sur les Cuillin Hills.
Il est l'heure pour nous de retourner sur “le continent” et quitter cette belle île de Skye après deux jours magnifiques. Avant de partir, nous nous arrêtons à Sligachan, dont le vieux pont de pierre est une attraction touristique de l'île. L'endroit est aussi connu pour sa vue imprenable sur les Cullins Hills et le mémorial dédié aux deux pionniers de l'alpinisme de l'île au XIXe siècle : Norman Collie et John MacKenzie. L'endroit est également le point de départ de plusieurs randonnées.
Nous marquons un ultime arrêt avant de quitter l'île par la jeune distillerie 57° Skye, fondée durant la pandémie par deux amis passionés de spiritueux. Des whiskys sont bien sûr disponibles mais également des gin et autres alcools. Nous avons aimé le petit format et la possibilité de faire des petits cadeaux, tout en soutenant une petite entreprise.
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Le mémorial Collie and MacKenzie Statue rend hommage aux deux pionniers de l'alpinisme avec en toile de fond les Cuillins Hills.
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latribune · 29 days
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mongolie · 1 month
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Faire des plans en Mongolie
Voilà, je rentre de trois semaines de voyages/vacances/visite de la famille en Mongolie. Comme d'habitudes, nous avions fait des plans avant de partir, et comme d'habitude, nous n'avons pas pu les suivre.
Le plan était pourtant assez simple, rien de bien compliqué. Nous allions aller avec le beau-père à Dadal, afin de visiter ses racines en pays bouriate. Ensuite, nous devions ensuite passer du temps dans un coin paumé de campagne à faire du shorloog (eg des brochettes de viandes) et du Khorkhog (parce que c'est quand même super bon).
Le plan a changé quand les vieux ont décidé de faire une cousinade parce qu'ils sont vieux et que ça le fait de faire une réunion de famille. Nous avons adapté nos plans, puisque le lieu de ladite cousinade (Möngönmort) se trouvait sur le chemin de notre destination. J'avais aussi prévu d'avoir de la donnée sur mon téléphone mobile durant tout le séjour, afin de pouvoir cartographier et ajouter des espèces dans INPN Espèces. On a l'habitude que les plans ne soient pas respectés, mais on en fait quand même, afin d'avoir malgré tout une petite idée de ce qui nous attend. Cette année nous n'avons pas été déçus.
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1971-myjournal · 2 months
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Dimanche 04 août 2024. 21h50.
Sur la route des vacances
Beaucoup d'émotions ce soir en discutant avec mes deux sœurs qui sont chacune d'elle sur la route des vacances. Ma plus jeune soeur, son mari et ses deux filles sont en ce moment même au parking du bateau. C'est à 23h30 le départ.
Mon autre sœur est en voiture avec son mari et son fils. Ils sont actuellement à 150km de San Sebastian. J'ai été ému en voyant le plan vidéo de 2mn qu'elle m'a filmé. Je repense à toute l'époque où l'on prenait cette route pendant les vacances d'été.
Bonne route et bonnes vacances à mes sœurs.
Le plan vidéo date de ce lundi 05 août 2024. Ma sœur a pris le bateau, et la traversée a duré plus ou moins 6h30. Ils sont bien arrivés. Je souhaite à ma sœur un très bon séjour.
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quentinyhk · 4 months
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La Bible
[Quelle meilleure méthode, pour se forcer à la lire en entier, que de la réécrire patiemment ? Cette tâche s'interrompra d'elle-même quand elle devra cesser, si et seulement s'il le faut vraiment. Entreprise amusante et instructive. Quentin Cavellier.] - Destruction de Sodome et Gomorrhe [suite] La journée commençait, lorsque Lot gagna Tsoar. Alors seulement, l’Éternel fit tomber une pluie de soufre et de feu sur Sodome et Gomorrhe. Le cataclysme ne se contenta pas de s'abattre sur ces deux villes peuplées d'êtres cruels, pervers et brutaux : il s'étendit sur toute la plaine environnante, brûlant les plantes qui y poussaient et détruisant tous les hameaux qui s'y trouvaient bâtis, exception faite de Tsoar où Lot avait trouvé refuge. La femme de ce dernier, quant à elle, ne put s'empêcher de contrevenir aux ordres donnés par les anges et se retourna, regardant en arrière, vers les villes frappées par Dieu. Et, figée d'effroi, elle se transforma aussitôt en statue de sel. De bon matin, Abraham se rendit sur le lieu où l’Éternel lui avait appris son intention de détruire Sodome et Gomorrhe. De cet endroit, il put voir ce qu'il restait de ces deux villes : rien. La plaine où elles avaient été bâties n'était plus qu'une étendue de terre brûlée encore fumante. - Origine des Moabites et des Ammonites Ne se sentant pas en sécurité à Tsoar, petite portion de terre certes épargnée par le cataclysme qui s'était abattu sur les villes de Sodome et Gomorrhe mais abritant des individus qui ne valaient guère mieux que les habitants des deux cités anéanties, Lot alla s'établir dans les montagnes, à l'intérieur d'une caverne, avec ses deux filles, suivant ainsi les directives qui lui avaient été données par les anges auxquels il devait d'avoir la vie sauve. Hélas, les deux filles de Lot avaient l'esprit corrompu. Ainsi, l'aînée déclara-t-elle à la cadette : - Nous voici isolées du monde en cette contrée, sans homme pour nous visiter selon les usages. Mais j'ai une idée pour que nous puissions nous perpétuer malgré tout. Viens, faisons boire du vin à notre vieux père... Le soir-même, toutes deux mirent ce plan à exécution et l'aînée eut un rapport incestueux avec Lot qui, fin saoul, ne s'aperçut de rien. Le lendemain, l'aînée dit encore à la cadette : - J'ai couché avec notre père. Maintenant, à ton tour ! Nous allons encore le faire boire ce soir... La nuit venue, tout comme sa grande sœur, la cadette se glissa auprès de Lot, ivre une fois de plus, et s'accoupla à lui. Ainsi, les deux filles tombèrent enceintes. L'aînée accoucha d'un garçon qu'elle appela Moab. C'est de lui qu'est issu le peuple des Moabites. La plus jeune donna quant à elle naissance à un garçon auquel elle donna le nom de Ben-Ammi qui devint le père du peuple des Ammonites. - Séjour d'Abraham à Guérar Abraham voulut se rendre dans la contrée du midi. Il s'installa entre Kadès et Schur, et alla séjourner à Guérar. Afin de ne pas avoir d'ennuis avec les hommes de la population locale qui auraient pu le tuer pour lui prendre son épouse, il prétendit que sa femme Sara était sa sœur. Cette précaution judicieuse, qui tenait autant compte de la nature humaine que des mœurs de l'époque, s'avéra tout à fait insuffisante, puisque le roi de Guérar, qui avait pour nom Abimélec, s'empressa de faire enlever Sara, chose qu'Abraham n'avait pas prévue. La nuit suivante, le roi Abimélec vit l’Éternel lui apparaître en songe pour lui révéler la supercherie d'Abraham : - À cause de la femme que tu as enlevée, tu vas périr. Car elle a un mari. Or Abimélec ne s'était pas encore approché de Sara. Il fit valoir à l’Éternel que non seulement il ne lui avait fait aucun mal, mais qu'il avait de surcroît été dupé par Abraham : - Il m'a dit d'elle qu'elle était sa sœur. Et elle m'a dit de lui qu'il était son frère.
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spacefortuna · 5 months
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Le Space Fortuna Casino ne se contente pas d'héberger des jeux, il crée des expériences. En s'associant avec des développeurs de jeux renommés tels que Betsoft, Playson et Wazdan, le casino s'assure que chaque session est unique et passionnante. Des aventures mystiques de « Book of Darkness » à l'action survoltée de « Mega Drago », la diversité des thèmes de jeu reflète un vaste globe, prêt à être exploré. Ces titans de l'industrie du jeu ouvrent la voie à un plaisir sans mélange, prouvant que la qualité immersive des jeux du Space Fortuna Casino est inégalée.
De la crypto-monnaie à la carte de crédit, le Space Fortuna Casino : Des solutions de paiement pour tous
Le monde des transactions en ligne évolue, et le Space Fortuna Casino est à l'avant-garde, offrant une pléthore de solutions de paiement. Que vous soyez un adepte des crypto-monnaies ou que vous préfériez la carte de crédit, le Space Fortuna Casino répond à vos préférences. Cette approche globale des solutions de paiement garantit que personne n'est laissé de côté et que tout le monde peut commencer son odyssée du jeu sans avoir à se soucier des problèmes de transaction.
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Un jeu fluide grâce à un logiciel haut de gamme
Derrière chaque aventure de jeu inoubliable, il y a la colonne vertébrale d'un logiciel de première qualité. Au Space Fortuna Casino, la qualité n'est pas seulement un mot à la mode, c'est la base qui permet un jeu fluide. L'absence de lags, de glitchs et de frustrations ouvre la voie à une expérience de jeu ininterrompue. Vous pouvez vous engager dans le jeu et vous immerger dans la narration sans vous laisser distraire par des problèmes techniques.
Vous avez là un plan complet pour transformer vos sessions de jeu banales en aventures palpitantes. Le Space Fortuna Casino n'est pas seulement une plateforme de jeu en ligne ; c'est une boussole qui vous guide à travers la mer de l'ordinaire, vers les rivages de l'excitation palpitante et de la richesse des expériences. Il est temps de tourner la page et d'écrire votre propre histoire de triomphe au Space Fortuna Casino.
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jokacasino · 5 months
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Vous voulez gagner comme jamais auparavant ? Rejoignez le Casino en ligne Space Fortuna dès aujourd'hui !
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Comment devenir un maître du Casino Blackjack du Space Fortuna : Stratégies et secrets des professionnels
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seoulserpents · 6 months
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𝐂͟𝐇͟𝐎͟𝐈͟ 𝐓͟𝐀͟𝐘͟𝐃͟𝐄͟𝐍 ;
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— Tayden est également un de ces enfants sauvés par Sulli. Né dans une famille, pour le coup des plus chaotiques, si on peut appeler ça une famille, le garçon se rendra bien vite compte qu’il n’a aucun avenir dans ce monde, aucun plan de carrière, aucun moyen de quitter cette appartement miteux qu’il partage avec sa mère et son beau père. Malheureux, mal-aimé, il fini même par se dire que tout ça il le mérite, que malheureusement il y’a des enfants qui naissent dans des familles aimantes, et d’autres qui ne sont pas aidés. Et il fait partie de ces enfants là. Il est tout à fait conscient du fait que sa mère ne l’aime pas, cette dernière trop occupée à se remplir le nez de drogue, à fumer à longueur de journée et à se taper son beau père en plein milieu du salon, sous les yeux du petit Tayden. Ça deviendra également une habitude, de sentir les coups de son beau père, de se faire casser la tronche un jour sur deux, à chaque fois qu’il avait le malheur de répondre, le malheur de se faire une teinture pour les provoquer, le malheur de faire quelque chose de mal. Il ne dit rien, ne fait rien, parce qu’il est persuadé que c’est sa vie, que malheureusement, le destin n’a pas été des plus délicats avec lui. Il accepte, parce que y’a sa mère, qu’il a ce putain d’espoir qu’un jour, cette dernière ouvre les yeux et décide de quitter cet appartement. Mais il y’a également son père, cet homme qu’il n’a jamais connu, qu’il n’a jamais vu. Il ne le connaît pas, mais ça ne l’empêche pas de l’idéaliser, de rêver du moment où il viendra l’arracher des bras de son beau père, où il fera ouvrir les yeux de sa mère. Mais ce moment n’arrive jamais.
Alors Tayden est obligé d’agir de lui même.
Il est à peine âgé de dix sept ans quand il décide qu’il en a marre, qu’il décide qu’il ne doit plus se laisser faire. Toute cette rage, toute cette frustration qu’il a accumulé ces dernières année, refait enfin surface, mais pas dans les meilleures des conditions. Cela commence un soir, quand son beau père se montre un peu trop abusif avec sa mère, qu’un coup part, et Tayden vrille. Parce que c’est sa mère, et même si elle ne l’aime pas, il fera toujours tout pour la défendre. C’est la première fois qu’il lève la main sur cet homme, mais c’est aussi la première fois qu’on lui cassera le nez. Jusqu’à maintenant, toute la violence physique s’était limitée à une gifle, un coup de pied, un coup de point bien placé entre ses côtes pour ne pas que les marques soient visibles. Mais là il vrille, quand il sent le sang couler le long de son visage, et il peut encore sentir le goût métallique entre ses lèvres. Une bagarre éclate et Tayden sait qu’il doit s’arrêter là pour ne pas avoir plus de problèmes. Alors il fuit, plusieurs jours, une longue semaine où il commence à exprimer sa rage aux yeux de tout le monde. Vols, dégradations de bien publics, insultes à l’autorité, courses poursuites de voitures, braquages, le garçon qui frôle la majorité possède un casier judiciaire plus long et glorieux que son avenir. Mais ça ne l’arrête pas pour autant, au contraire, il en veut plus encore et toujours.
Comment rencontre-t-il Sulli ? Celui qui deviendra son meilleur ami ?
C’est quand il atteint la majorité, que Tayden décide de s’attaquer à plus gros. Les cambriolages. Et il est plutôt bon là dedans, il maîtrise le crochetage de serrures, il ne laisse pas de traces, revend les objets qu’il vole pour se faire un peu d’argent et espérer, enfin, quitter cette ville. Mais tout ne se passe pas comme prévu, parce qu’encore une fois il a les yeux plus gros que le ventre quand il décide de cambrioler un appartement luxueux à l’autre bout de la ville. Il avait pourtant tout étudier, avait guetter quelques jours auparavant, et il pensait que l’absence de lumière signifiait, justement, l’absence du propriétaire. Il fait comme à son habitude, ne fait pas de bruit, fouille minutieusement, mais d’un coup, la lumière du séjour s’allume.
« Je peux t’aider ? »
Son sang se fige quand il comprend qu’il a merdé, qu’il s’est trompé. Sulli le toise en haussant un sourcil, installé dans son canapé comme si la présence du cambrioleur l’importait peu. Tayden se voyait déjà finir en prison, être dénoncé et embarqué, mais rien ne se passe comme il le pensait, quand le jeune homme en face de lui, lui fait une proposition des plus bancales : rejoindre un gang.
Tayden savait que c’était sa dernière chance.
( … )
Aujourd’hui âgé de vingt cinq ans, le jeune homme est l’un des premiers à rejoindre les rangs de Sulli, et c’est ainsi qu’il fait aussi la connaissance de Junseo, Ujin et Gabriel, qui sont les membres les plus fidèles. Il n’a pas été recruté par hasard, parce que ses talents sont reconnus et qu’il peut user de ses expériences pour espérer être un atout pour le gang. Il sait voler sans se faire prendre – sauf exception – est patient, sait crocheter une serrure et ouvrir la portière d’une voiture sans faire la moindre trace. C’est pour cela qu’il obtient la place de guetteur et que ses talents sont souvent sollicités quand les événements tournent au vinaigre.
C’est facile de se faire à la présence de Tayden, qui est plutôt discret, qui ne parle pas beaucoup, qui est calme, mais y’a bien une chose, ou quelqu’un qui est capable de tirer le jeune homme de son calme légendaire : Hyunsu. Ils sont arrivés dans le gang à quelques semaines d’intervalles, et alors que Tayden s’entend avec à peu près tout le monde, il faut dire qu’il n’a aucune envie de vouloir faire ami-ami avec ce dernier, parce qu’il ne peut pas le voir, parce qu’il peut voir l’amusement dans son regard, peut voir cette attitude insolente qui le renvoie à son passé, à toutes ces années où son beau père le regardait avec ce même amusement à chaque fois qu’il lui portait la main dessus. Il ne peut pas le voir et ça ne changera pas. Du moins c’est ce qu’il pensait. Les coups sont présents, les disputes aussi, ce qui est sûr c’est que Hyunsu est la seule constante dans sa vie. Il se détesteront toujours, ils s’enverront toujours péter, mais il y’a bien quelque chose de caché derrière cette haine mutuelle, cette rancoeur qui ne cesse de grandir entre eux.
Tout change un soir, quand ils croisent le chemin de Kyungsu – le grand frère de Hyunsu – qui fait partie du gang adverse. Secrets, nouvelle confiance, semblant de loyauté et d’amitié entre les deux. Set est rancuniers, parce que les deux serpents ont fracassé un de ses hommes, c’est ainsi qu’il vient chercher justice et vengeance au QG. Et ce qui devait être un règlement de compte, se transforme en un bain de sang, quand Tayden est touché, qu’il a été planté et qu’il se vide contre le comptoir. Il se sentait partir, malgré le peu de force qu’il gardait, mais Tayden voyait toujours et encore la silhouette de son père qui venait le chercher, lui dire que tout allait bien se passer. C’est les pleurs de Hyusnu qu’il entend quand il ferme les yeux, pour se réveiller de longues heures après. Leur relation prend un autre tournant, quand ils se rapprochent, mais qu’ils se quittent au même moment. Pour celui qui a une peur immense de l’abandon, qui a toujours peur de ne pas être assez, vivra très mal la séparation avec son homme qui ne donnera plus aucune nouvelle. Deux semaines plus tard, tout va pour le mieux, ils se sont retrouvés, mais le blond reste cet homme brisé qui doit apprendre à évoluer dans le même espace que Hyunsu, mais qui se dit au même moment que putain, lui aussi a le droit d’être amoureux, lui aussi a le droit d’aimer quelqu’un. Le brun reste la personne la plus importante pour Tayden, celui qui l’aidera quand il apprendra le décès de sa mère, qui sera là quand il apprendra qu’en réalité Nari est sa demi – sœur. Il restera sa seule constante dans sa vie.
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𝐓͟𝐀͟𝐘͟𝐒͟𝐔 ;
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« we fall apart as it gets dark i'm in your arms in central park there's nothing you could do or say i can't escape the way i love you »
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Jésus en maudissant le figuier nous démontre également cela.
Seule l'opinion du Créateur compte, donc se soumettre en tout temps à lui seul, est le chemin de la sagesse et de la vie qui lui est agréable.
JÉSUS EN NOUS DISANT QUE SANS LUI ON NE PEUT RIEN FAIRE, NOUS RÉVÈLE SURTOUT PAR LÀ SA DIVINITÉ, ET LE FAIT QUE LE CRÉATEUR EST INDISPENSABLE À SA CRÉATION HUMAINE POUR EXISTER ET VIVRE DE LA BONNE FAÇON.
VIVRE EN DÉPENDANCE TOTALE ENVERS LE CRÉATEUR CONTINUELLEMENT EST LA SEULE FAÇON DE VIVRE, QUI SOIT AGRÉABLE AU TOUT-PUISSANT.
Penser avoir raison, se dire être sur la bonne voie n'est pas ce qui est attendu de toi, cher ami(e).
En effet, c'est à Dieu seul à te dire directement, personnellement et individuellement, ce qu'il pense de toi.
C'est pourquoi Jésus vivait de toute parole qui sort constamment de la bouche même de Dieu.
Vivre d'autre parole que la parole qui sort à chaque instant de la bouche même du Créateur, c'est être mort quoique vivant mes chers amis.
LA REPENTANCE EST UNE FAÇON DE VIVRE QUI CONSISTE À SE LAISSER CONDUIRE CONTINUELLEMENT PAR SON CŒUR, PAR SON ESPRIT OU PAR SA PROPRE CONSCIENCE, QUI REPRÉSENTE DIEU OU L'ESPRIT DU CRÉATEUR EN CHAQUE ÊTRE HUMAIN.
En effet, il est écrit que l'esprit de Dieu se trouve en chacun de nous durant tout le temps de notre séjour terrestre.
"Alors l'Éternel dit : Mon esprit ne restera pas à toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans."
Et dépendre uniquement de Dieu seul continuellement jusqu'à notre mort, est la façon de vivre que le Christ nous a laissé.
Donc vivre autrement qu'en suivant sa propre conscience en tout temps, c'est vivre en résistant au Créateur et c'est donc raté son plan ou sa volonté pour nous, mes chers amis.
MAINTENANT, IL EST NORMAL DE RÉSISTER À DIEU AU COMMENCEMENT DE NOTRE VIE TERRESTRE, CAR ON DÉCOUVRE NOTRE EXISTENCE, DONC LA VIE, TOUT SIMPLEMENT.
C'est aussi ce que l'on apprend de l'histoire du fils prodigue et du fait que les proverbes nous disent que la jeunesse sert à faire toutes nos folies, afin d'arriver, un jour, à la sagesse divine, donc à la soumission à notre propre conscience, qui est l'humilité véritable.
MAIS RÉSISTER À DIEU, DONC RÉSISTER À SA PROPRE CONSCIENCE JUSQU'AU JOUR DE SA MORT, SERA JUGÉ PAR DIEU, CAR ON DÉMONTRE N'AVOIR RIEN VOULU APPRENDRE DURANT NOTRE SÉJOUR TERRESTRE, MALGRÉ TOUS LES BELLES OPPORTUNITÉS DE CHANGER DONNÉ PAR LE CRÉATEUR.
En effet, c'est comme si tu as fait que Dieu ait perdu le temps de vie qu'il t'avait accordé.
Tu as donc frustré le Créateur par ta résistance envers lui, jusqu'à ta mort, et cela est impardonnable, car Dieu est bon, juste, fidèle et équitable.
En effet, je le redis à nouveau, Dieu est bon, juste, fidèle et équitable et il nous permet de vivre durant notre séjour terrestre toutes sortes d’expériences, afin que l'on choisisse, finalement, un jour, de tout notre cœur, la soumission au Créateur, donc la non-résistance à notre propre conscience.
Mais si là n'est pas notre choix jusqu'au jour de notre mort, il respectera notre décision de ne pas vouloir être avec lui pour l'éternité au ciel et nous mettra en enfer.
CAR CHOISIR ENTRE ALLER AU CIEL OU ALLER EN ENFER, EST À LA FIN, SURTOUT UN CHOIX DE FAÇON DE VIVRE.
SOIT UN CHOIX DE VIE DE SOUMISSION À NOTRE PROPRE CONSCIENCE, JUSQU'À LA FIN DE NOTRE VIE SUR TERRE.
OU SOIT UN CHOIX DE VIE DE NON-SOUMISSION À NOTRE PROPRE CONSCIENCE, JUSQU'À LA FIN DE NOTRE VIE SUR TERRE.
PENSER QU'UNE PRIÈRE SUFFIT À TE FAIRE ALLER AU CIEL, N'EST NUL PART ENSEIGNÉ ET VÉCU PAR LE BON BERGER, QUI EST LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, CHER AMI(E).
As-tu vue Jésus demandé à quelqu'un, dans les évangiles, une seule fois de répété une prière pour aller au ciel ?
Pourquoi faisons-nous cela, alors ?
Sais-tu que même les disciples du Christ avait compris qu'aller au ciel était impossible basé sur les forces humaines ?
"Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
Les auditeurs s’écrièrent : 
Mais alors, qui peut être sauvé ? 
Jésus leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu."
COMPTER CONTINUELLEMENT SUR DIEU SEUL, EN VIVANT UNE VIE DE SOUMISSION TOTALE ENVERS LUI, JUSQU'À LA FIN DE SA VIE TERRESTRE, EST DONC LA CLÉ DU SALUT ÉTERNEL.
ON NE PEUT DÉMONTRER NOTRE FOI AU CRÉATEUR, SANS MENER UNE VIE D'OBÉISSANCE À DIEU, MES CHERS AMIS.
JÉSUS A DÉFINI L'OBÉISSANCE À LUI, COMME PREUVE DE NOTRE AMITIÉ ENVERS LUI.
Autrement dit, Jésus nous sauvera, si on lui obéit sincèrement, jusqu'à la fin de notre vie sur terre.
Ou encore, le Créateur nous prendra au ciel, si on suit fidèlement notre conscience, jusqu'au jour de notre mort.
Le Créateur doit donc devenir ton meilleur ami durant ton séjour terrestre.
Arrête donc de jouer avec ton existence, cher ami(e).
Non ?
Qu'en dis-tu ?
Crois-tu avoir toujours le temps de ne pas prendre la vie au sérieux ?
PERSONNELLEMENT, JE PRENDS TOUT AU SÉRIEUX, CAR JE NE ME DONNE PLUS LE CHOIX, TOUT SIMPLEMENT.
Depuis que je vis ainsi, je ne passe sur rien du tout, sans la validation divine intérieur.
C'était très pénible pour moi au début, mais depuis quelque temps maintenant, c'est une façon de vivre qui est automatique, en réalité.
Dépendre de Dieu en permanence est ma constante de vie.
Cela fait que je vis en paix continuelle.
Mais je vous avoue que vivre comme je le fais est compliqué pour toute personne qui entre en contact avec moi, plus ou moins.
Car Dieu ne passe sur rien du tout.
Ce qui ne te gênerait pas en tant qu'être humain gêne Dieu, car le Créateur est saint et il considère que seul sa façon de penser est la bonne.
ET JE ME RENDS COMPTE QUE VIVRE PAR LA FOI OU PAR LA CONFIANCE TOTALE EN DIEU OU VIVRE EN AMITIÉ RÉELLE AVEC LE CRÉATEUR, TE FAIT VOIR LA VIE DE FAÇON BELLE ET JOLIE, QU'IMPORTE CE QUI S'Y PASSE.
CAR DIEU NE REGARDE PAS À CE QUI SE PASSE, MAIS À SA VOLONTÉ ET À CE QU'IL A PRÉVU.
DONC LES CIRCONSTANCES N'IMPACTENT PLUS VRAIMENT MA VISION DE LA VIE.
Et le Créateur voit tout comme il est dit au commencement.
"Dieu constata que tout ce qu'il avait fait était une très bonne chose."
Le Tout-Puissant vit en fierté et en émerveillement personnelle de tout ce qu'il fait.
Dieu vit en bonheur infini continuelle et permanent, en réalité.
Donc il ne veut surtout pas vivre au milieu d'enfants capricieux et qui lui résistent au ciel, mes chers amis.
Donc être au ciel est une très grande faveur de la part du Créateur, si tu ne le réalises toujours pas.
Ne pas tout faire pour s'y retrouver est donc de l'inconscience, tout simplement.
À TOI QUI TE DEMANDES S'IL N'Y AURA QUE PEU DE PERSONNES AU CIEL, VOICI LA RÉPONSE DU CHRIST À CE SUJET :
"Quelqu’un lui demanda : Seigneur, n’y a-t-il qu’un petit nombre de gens qui seront sauvés ? 
Il répondit en s’adressant à tous ceux qui étaient là : Faites tous vos efforts pour entrer par la porte étroite, car nombreux sont ceux qui chercheront à entrer et n’y parviendront pas. 
Dès que le maître de la maison se sera levé et qu’il aura fermé la porte à clé, si vous êtes restés dehors, vous aurez beau frapper à la porte en suppliant :
 « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » 
il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous venez. » 
Alors vous direz : « Mais nous étions à table avec toi, nous avons mangé et bu sous tes yeux. Tu as enseigné dans nos rues… » 
Il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous venez. Allez-vous-en, vous qui commettez le mal. » 
C’est là qu’il y aura des pleurs et d’amers regrets, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes, vous en serez exclus. 
Des hommes viendront de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, et prendront place à table dans le royaume de Dieu. 
Alors, certains de ceux qui sont les derniers seront les premiers ; et certains de ceux qui sont les premiers seront les derniers."
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EURE - Vacances rurales, et hébergements en Haute Normandie, autour d'Evreux, de Pont Audemer, Bernay, Les Andelys, à proximité du Marais Vernier et du Parc Naturel des Boucles de la Seine...
Source : Gite01 - Séjours touristiques, escapades rurales, bons plans pour l'hébergement, et tourisme rural en France, Espagne et Italie
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