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“La journée venait de finir et l’heure approchait qu’on ne peut appeler une heure de ténèbres ou de lumière, mais où la lumière confine à l’obscurité douteuse de la nuit.”
Les Métamorphoses, Ovide
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“ Il avait cru que Moulane, était un pur esprit, une essence de charme ; et il voyait maintenant qu’elle était aussi une créature de chair. Mais la chair est aussi esprit, et les mystères de la chair sont plus grands que ceux de l’esprit.”
Un Moment à Pékin, Lin Yutang
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Je t'aime, ô doux sommeil ! Et je veux à ta gloire, Avec l'archet d'argent, sur la lyre d'ivoire, Chanter des vers plus doux que le miel de l'Hybla ; Pour t'apaiser je veux tuer le chien obscène, Dont le rauque aboiement si souvent te troubla, Et verser l'opium sur ton autel d'ébène. Je te donne le pas sur Phébus-Apollon, Et pourtant c'est un dieu jeune, sans barbe et blond, Un dieu tout rayonnant, aussi beau qu'une fille ; Je te préfère même à la blanche Vénus, Lorsque, sortant des eaux, le pied sur sa coquille, Elle fait au grand air baiser ses beaux seins nus, Et laisse aux blonds anneaux de ses cheveux de soie Se suspendre l'essaim des zéphirs ingénus ; Même au jeune Iacchus, le doux père de joie, A l'ivresse, à l'amour, à tout divin sommeil.
Au sommeil, Recueil : La comédie de la mort (1838), Théophile Gautier
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Sommeil, fils de la nuit et frère de la mort ; Écoute-moi, Sommeil : lasse de sa veillée, La lune, au fond du ciel, ferme l'œil et s'endort Et son dernier rayon, à travers la feuillée, Comme un baiser d'adieu, glisse amoureusement, Sur le front endormi de son bleuâtre amant, Par la porte d'ivoire et la porte de corne. Les songes vrais ou faux de l'Grèbe envolés, Peuplent seuls l'univers silencieux et morne ; Les cheveux de la nuit, d'étoiles d'or mêlés, Au long de son dos brun pendent tout débouclés ; Le vent même retient son haleine, et les mondes, Fatigués de tourner sur leurs muets pivots, S'arrêtent assoupis et suspendent leurs rondes.
Au sommeil, Recueil : La comédie de la mort (1838), Théophile Gautier
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Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII - Montaigne
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Sa joue a retrouvé le printemps du repos Ô corps sans poids pose dans un songe de toile Ciel formé de ses yeux à l’heure des étoiles Un jeune sang l’habite au couvert de sa peau
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Elsa, Louis Aragon, 1942
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La mouche et la fourmi contestaient de leur prix. «O Jupiter, dit la première, Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits D'une si terrible manière, Qu'un vil et rampant animal A la fille de l'air ose se dire égal? Je hante les palais, je m'assieds à ta table: Si l'on t'immole un boeuf, j'en goûte devant toi.; Pendant que celle-ci, chétive et misérable, Vit trois jours d'un fétu qu'elle a traîné chez soi. Mais ma mignonne, dites-moi, Vous campez-vous jamais sur la tête d'un roi, D'un empereur ou d'une belle? Je rehausse d'un teint la blancheur naturelle; Et la dernière main que met à sa beauté Une femme allant en conquête, C'est un ajustement des mouches emprunté. Puis allez-moi rompre la tête De vos greniers! - Avez-vous dit? Lui répliqua la ménagère. Vous hantez les palais; mais on vous y maudit Et quant à goûter la première De ce qu'on sert devant les dieux, Croyez-vous qu'il en vaille mieux? Si vous entrez partout, aussi font les profanes. Sur la tête des rois et sur celle de ânes Vous allez vous planter, je n'en disconviens pas; Et je sais que d'un prompt trépas Cette importunité bien souvent est punie. Certain ajustement, dites-vous, rend jolie. J'en conviens, il est noir ainsi que vous et moi. Je veux qu'il ait nom mouche: est-ce un sujet pourquoi Vous fassiez sonner vos mérites? Nomme-t-on pas aussi mouche les parasites? Cessez donc de tenir un langage si vain: N'ayez plus ces hautes pensées. Les mouches de cour sont chassées; Les mouchards sont pendus, et vous mourrez de faim, De froid, de langueur, de misère, Quand Phébus régnera sur un autre hémisphère. Alors je jouirai du fruit de mes travaux: Je n'irai, par monts ni par vaux, M'exposer au vent, à la pluie; Je vivrai sans mélancolie: Le soin que j'aurai pris de soin m'exemptera. Je vous enseignerai par là Ce que c'est qu'une fausse ou véritable gloire. Adieu: je perds le temps; laissez-moi travailler; Ni mon grenier, ni mon armoire, Ne se remplit à babiller."
La Mouche et la Fourmi, Jean de La Fontaine, Livre IV - Fable 3
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Seize sont blancs. Seize sont noirs. Alignement d’un face-à-face. Selon son rang, chacun se place. En symétrie, de part en part. Les plus petits sur le devant. Seize sont noirs. Seize sont blancs. Huit fois huit cases. Un jeu démarre.
Joutes, et coups bas, et corps à corps, et durs combats. Ultime effort pour asséner à ceux d’en face : « Échec et mat ! le roi est mort ! »
Complimenté est le gagnant.
Mais la revanche est dans le sang. Déjà tout se remet en place. Et du combat ne reste trace. Tout aussitôt le jeu reprend.
Seize sont noirs. Seize sont blancs…
N’ayant soixante-quatre cases ni trente-deux participants, mais autres nombres et autres temps, la vie, pourtant, a mêmes bases.
Le jeu, Esther Granek, 2009
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“Tu dois vivre dans le présent, te lancer au-devant de chaque vague, trouver ton éternité à chaque instant.”
Henry David Thoreau
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“Si un homme ne peut suivre le pas de ses compagnons, c’est peut-être qu’il écoute le son d’un autre tambour. Laissez-le suivre le rythme de la musique qu’il entend, quel qu’en soit la mesure ou l’éloignement.”
Henry David Thoreau
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“The answer is never the answer. What’s really interesting is the mystery. If you seek the mystery instead of the answer, you’ll always be seeking. I’ve never seen anybody really find the answer. They think they have, so they stop thinking. But the job is to seek mystery, evoke mystery, plant a garden in which strange plants grow and mysteries bloom. The need of mystery is greater than the need for an answer.” Ken Kesey
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“Je fus un chercheur et je le demeure. Mais j’ai arrêté de questionner les livres et les étoiles. Désormais je suis à l’écoute des enseignements de mon âme.”
Rumi
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“Peut-on imaginer plus grand miracle que celui qui a lieu lorsque nous nous regardons dans les yeux les uns les autres l’espace d’un instant ?”
Walden ou la Vie dans les bois, Henry David Thoreau
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Et je serai face à la mer qui viendra baigner les galets. Caresses d’eau, de vent et d’air. Et de lumière. D’immensité. Et en moi sera le désert. N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer qui viendra battre les rochers. Giflant. Cinglant. Usant la pierre. Frappant. S’infiltrant. Déchaînée. Et en moi sera le désert. N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer, statue de chair et coeur de bois. Et me ferai désert en moi. Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…
Évasion, Esther Granek, Recueil De la pensée aux mots – 1997
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Que vaudrait la douceur
Si elle n’était capable,
Tendre et ineffable,
De nous faire peur ?
Elle surpasse tellement
Toute violence
Que, lorsqu’elle s’élance,
Nul ne se défend.
Que vaudrait la douceur , Rainer Maria Rilke - Recueil Vergers
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“Personne ne pourrait décider si une d’amour et de souffrances est préférable à une vie sans amour ni souffrance.”
Un Moment à Pékin, Lin Yutang
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Passant dans la rue un dimanche à six heures, soudain, Au bout d'un corridor fermé de vitres en losange, On voit un torrent de soleil qui roule entre des branches Et se pulvérise à travers les feuilles d'un jardin, Avec des éclats palpitants au milieu du pavage Et des gouttes d'or — en suspens aux rayons d'un vélo. C'est un grand vélo noir, de proportions parfaites, Qui touche à peine au mur. Il a la grâce d'une bête En éveil dans sa fixité calme : c'est un oiseau. La rue est vide. Le jardin continue en silence De déverser à flots ce feu vert et doré qui danse Pieds nus, à petits pas légers sur le froid du carreau. Parfois un chien aboie ainsi qu'aux abords d'un village. On pense à des murs écroulés, à des bois, des étangs. La bicyclette vibre alors, on dirait qu'elle entend. Et voudrait-on s'en emparer, puisque rien ne l'entrave, On devine qu'avant d'avoir effleuré le guidon Éblouissant, on la verrait s'enlever d'un seul bond À travers le vitrage à demi noyé qui chancelle, Et lancer dans le feu du soir les grappes d'étincelles Qui font à présent de ses roues deux astres en fusion.
La Bicyclette, Jacques Réda, Retour au calme
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