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peaudure · 4 years
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La plus belle scène de baiser que j’ai vu au ciné 😭
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Matthias & Maxime (2019) dir. Xavier Dolan
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peaudure · 4 years
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119 et ensuite ?
J’ai l’impression qu’avec le confinement il y a cet impensé des combats féministes qui surgit enfin : les violences faites aux enfants. Sans doute parce que ça déborde de partout, ce qui est à la fois horrible et absolument sans surprise.
Je ne jette la pierre ni aux féministes, ni aux travailleuses et travailleurs sociaux. On est déjà sur tant de fronts. Et certaines d’entre nous ont été maltraitées durant leur enfance, elles ont bien intériorisé le tabou. Sur cela nous nous taisons, sur cela nous ne devons pas gêner les consciences.
Il y a deux jours, le Conseil de l’Europe a alerté les différents États. Le collectif Nous Toutes vient également de lancer une campagne de sensibilisation numérique disant : « En France, un enfant est violé chaque heure. Chaque jour 200 sont maltraités, 50 subissent des violences sexuelles. » Je ne sais pas où elles sont allées chercher leurs chiffres qui, bien que terribles, sont tellement en deçà des réalités. Nous Toutes renvoie vers le 119, vers la seule proposition institutionnelle, autrement dit vers notre impuissance.
Voilà où nous en sommes en ce moment : 119, 3919, 114, Pharos/interieur.gouv.fr
On partage ces messages à défaut de mieux, mais on sait. Et ça ne fait que creuser notre angoisse. Depuis le début de la pandémie, qui pour les enfants signifie un enfermement dans la cellule intra-familiale, mes traumas ressurgissent. A force de serrer les mâchoires, je fissure mes dents durant mon sommeil. Plus je lis de témoignages, plus je bouffe pour m’apaiser. Je ne cherche même pas à mettre un laps de temps acceptable entre les choses que j’ingurgite. Je crois qu’il n’y a pas de remarques plus hypocrites que celles lues sous les articles consacrés à la maltraitance infantile. Les faits divers exceptionnels, sordides, cristallisent la haine. Sous chaque post on peut apprendre en détail la manière dont les gens tortureraient les pédocriminels, ils se dédouanent de leur propre violence, le monstre est une bonne excuse. Ces mêmes gens ne feront jamais rien contre le grand-père ou l’oncle de la famille. Ces mêmes gens forceront les gosses au silence pour préserver la cellule familiale patriarcale. On sait à quel point les monstres sont à la marge de tout ceci. On sait aussi à quel point les coups de sang et les démonstrations de virilités sont à l’opposé d’une quelconque piste d’amélioration.
D’ordinaire, je travaille avec des jeunes, dont certain.e.s sont en grande souffrance. Je les rencontre sur des temps bien trop courts et j’ai beau mettre toute mon énergie pour affiner mon écoute, je sais que c’est dérisoire. Malheureusement, on compose trop souvent avec le dérisoire concernant l’enfance en danger, alors en ce moment j’essaye au moins de les faire rire. C’est toujours mieux que les mensonges que je suis parfois obligée de leur dérouler, quand je leur sers le discours officiel, quand j’affirme « si ça ne va pas, parlez à des adultes de confiances, vos parents, ou d’autres adultes qui s’occupent de vous. C’est leur travail de prendre soin de vous ». Le nombre de fois où j’ai dis ça, certes en les aidants surtout à affûter leur propres armes, le nombre de fois où j’ai eu envie de chialer dans ma voiture sur le trajet retour. On a tellement de retard sur l’enfance. On a tellement de retard sur le consentement, sur le liberté, sur la bien-traitance des plus jeunes.
Je sais qu’il y a des parents formidables, mon amie d’enfance par exemple est la meilleure des mères. Moi je ne ferais jamais d’enfant, je n’ai pas de conseil à donner. Je note simplement ici des remarques observées dans mon travail : Les adultes ont peur de parler avec les enfants. Faire un cours, donner des consignes, ordonner, projeter, posséder, ils savent. Mais dialoguer, c’est autre chose. L’échange à égalité, ça les fait flipper de ouf, je ne sais pas ce qu’ils craignent d’entendre mais il y a une vraie violence dans leur peur. C’est comme s’ils ne pensaient même pas que les enfants puissent avoir ce rôle. Comme s’il était inimaginable qu’ils et elles soient pris.e.s au sérieux dans leurs expressions et besoins.
En tant que femmes et féministes, il nous est insupportable de : Recevoir des ordres Subir du mansplaining Entendre des injonctions concernant nos vêtements Coller aux attentes de comportements stéréotypés Être insultées Se faire crier dessus Être frappées Être niées dans notre consentement Être restreindre dans nos libertés, dans nos possibilités de sorties Être surveillées concernant ce que l’on mange, ce que l’on aime. Bref, en tant que femmes et féministes, nous ne supportons pas de nous faire infantiliser. Et on sait bien ce que le choix des insultes dit du groupe social dénigré. Les enfants sont bien la dernière roue du carrosse. Au lieu de ne surtout pas vouloir leur ressembler, ce serait assez urgent de les libérer avec nous.
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peaudure · 4 years
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I don’t care
Je relis doucement, calmement, le sms que je viens de recevoir de cette personne qui m’avait tant bouleversée. « L’uppercut émotionnel de l’année », comme je l’avais confié à mon journal intime et à mes amies les plus proches.
Depuis, un siècle est passé mais boys will be boys, rien n’a changé au pays des hommes. Et l’intimité que je pensais avoir tissé n’avait de son côté qu’un goût d’opportunisme. Sur le long terme ce n’est pas grave, je sais que j’économise des larmes.
Je repense à cette chanson « Ils sont nombreux à vouloir notre bien, pour finir notre éducation, élevés comme des garçons, comme des garçons » et je sais que ce n’est même pas de sa faute, qu’il a été incité à se servir sans dire merci. C’est structurel, comme on dit.
Puis il reste le haut du panier, vu qu’on s’est habituées à définir nos attentes par la négative. Il reste parmi ceux qui ne frappent qu’avec les mots, parmi ceux qui n’envoient pas de dick-pic non consentie, parmi ceux qui ont les bons éléments de langage, aidés en cela par une famille bourgeoise et un Bac + 5 qui va bien. Mais là où les femmes chercheront à mettre leurs compétences au service des autres, il ne faut à aucun moment espérer que le savoir des hommes puisse être utile à plus d’égalité. Les connaissances des HSBC ont une portée principalement égoïste : s’ils se déconstruisent c’est pour leur profit, pour qu’on leur fiche la paix et au diable les signaux déstabilisants. Faudrait quand même pas qu’ils soient heurtés par la violence qu’induit leur posture privilégiée.
De « personne-bouleversante » mon charmant uppercut est donc passé à ça, un Homme-Straight-Blanc-Cis. C’est drôle, non, comme sous le verni queer il n’y avait qu’un leurre. C’est drôle comme ils arrivent même à revêtir les codes subversifs de la marginalité pour gagner en puissance symbolique.
Tout ce vide me donne le mal de mer.
Alors, on va répéter pour que ça rentre : il n’y a jamais, jamais, rien, à attendre. Jamais, en dehors de rapports superficiels ou conventionnels. Et même si, depuis ton enfance, tout a été fait pour que tu apprennes à aimer les kinder surprise sans rien à l’intérieur, même si tu es sensée trouver une réponse tendre aux textos écrits à coups de Doc Martens, même si tu connais des excuses aux mots servis roulés dans la médiocrité, résiste. Sinon il n’y aura pas de limite. Tu te prendras une gifle et tu l’entendra te répondre « mais pas du tout, c’est un câlin ». Tu auras de la lâcheté face à toi, mais tu devras trouver d’originaux compliments. Le travail sensible que tu feras devra être discret, sous peine de reproches et d’humiliations. Résiste. Ou tu devras faire tous les efforts, maitriser l’aporie, anémier ton propre égo, ruiner ton sommeil et ta créativité, passer au second plan de ta propre existence.
Je relis donc doucement ces pauvres mots, si indigents, et je résiste.  Finalement, l’interrogation surpasse la tristesse et la colère, je ne sombrerais pas. Cela restera un grand mystère, ces boys-clubs où conversent des garçons inconscients de leurs privilèges. Qu’ils continuent de tracer bassement leur vie comme ils s’assoient dans les transports en commun, en parlant fort, en crachant et en écartant bien leurs grandes jambes. Qu’ils se partagent les moins fatigantes des réparties, les plus usées, les plus moches. Je ne participe plus au jeu. I don’t care.
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peaudure · 4 years
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Des jours et la mémoire des jours
Plus de la moitié de l’humanité est confinée et il y a quelque chose d’irréel dans cette phrase. A l’endroit du monde où j’écris, c’est un moment historique que nous avons tou.te.s en commun. Dans cette solitude qui n’en est pas une, je ne retiens pas les jours, cela pourrait même n’être qu’une seule longue journée ponctuée d’appels téléphoniques. Mon corps s’habitue plus vite que prévu à l’incertitude, j’ai la peau dure.
L’une de mes premières pensées à l’approche de cet enfermement prolongé a été pour les femmes et les enfants battu.es. Depuis, le soulagement de mon existence actuelle est sans cesse interrompu par cette pensée. Tout ne dit que l’impuissance : le 119 saturé, les enfants signalés qui ne pourront être pris en charge qu’à la fin du confinement. En vrai paye ta survie, tout le monde s’en fiche des enfants maltraités.
Est-ce un hasard si j’ai rêvé d’Incels la nuit qui a suivi cette longue discussion avec mon père ? Est-ce un hasard si mon sommeil est empli de scènes de guerre ou il faut se protéger entre adelphes ? C’est très réaliste de se cacher sous le lit avec la vibration des pas près de nos têtes. C’est très réaliste d’attendre le départ de la bête. Calme, angoisse, calme, angoisse, les évènements se superposent et me marquent de l’intérieur. Tout le monde passe certainement par ces états, mais l’universalisme de l’expérience à ses limites.
Quand j’ai su que les écoles allaient fermer, j’ai retrouvé des flashs très vifs de mon enfance. J’ai retrouvé la promiscuité, l’insalubrité, le froid, l’absence de moyens de communication adéquats. J’ai eu la sensation de mon corps d’alors, interdit d’intimité, interdit de paix.
Pour tellement d’enfants cela n’a rien d’une joie ou d’un air de vacances. J’en ai discuté avec ma mère la dernière fois, elle en pleurait. Si ça avait eu lieu à l’époque, c’est son prénom à elle que j’aurais pu coller sur un mur.
Alors, que faire de ce mélange de colère, de pitié, de honte quand je tiens mon rôle au téléphone, des heures durant à laisser vivre ce monologue de patriarche perdant sa langue et ses souvenirs ? Brave fille va, qui ronge son frein en l’entendant rabâcher, se débattre avec un vieux rôle pour lequel il n’a plus la carrure. J’ai beau n’écouter que d’une oreille cela me heurte. Je tiens mais je tiens mal, mes cauchemars me rappellent ce que ça coute, la fidélité. La main métallique, bien que tremblante, bien que rouillée, cherche à maintenir son pouvoir d’emprise. Les centaines de kilomètres de distance n’y font rien : c’est impossible d’oublier d’où je viens.
Il y a tellement d’autres personnes auxquelles j’ai pensé après. Les emprisonné.e.s à quatre dans 9 m2. Les familles précaires dans la panique de la fin de la trêve hivernale. Les sans domicile fixe. Les personnes vulnérables en hôpital psychiatrique. Les travailleurs et travailleuses du sexe. Les personne âgées dont on ne chiffre par la mort en Ephad. Les réfugié.e.s, abandonné.e.s des discours. Les personnes en dépression. Celles et ceux qui ont des troubles alimentaires. Les femmes de ménage. Les éboueurs. Les caissières. Les aides soignantes.
Un jour, j’espère que l’on pourra faire quelque chose ensemble de toutes ces rages au ventre.
J’ai envie de toucher la peau de quelqu’un.
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peaudure · 5 years
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Pleurire (mon corps est un mille-feuille)
Je n’ai pas de solution et si j’écris ici, ce n’est pas pour romantiser le confinement. Pourtant je reconnais qu’intimement il fait du bien à mes jours. Mes jours, c’est cela l’échelle : ce que barrent les prisonniers impatients, ce qui prouve que la vie s’égraine. Mes jours de confinement n’ont pas de rituel strict, ils n’ont pas l’obligation d’être productifs et, puisque tout est inédit, ils sont balisés de quelques nouveautés comme le lever sans réveil, le matin doux, l’absence d’amertume à l’idée d’être libre de famille et d’enfants. Me replier sur moi me fait du bien car cela me protège. Je ne suis pas plus forte que ma classe, que mon genre, que les oppressions subies. Cela ne veut pas dire que politiquement, mes humeurs sont les mêmes. Comme dirait une copine, « on touche le fond et on creuse encore, on fait de la spéléo ».
Et pourtant. Nous avons aussi besoin de moments de joie. Ce n’est pas être dupe que d’applaudir le personnel soignant, les femmes de ménage, les éboueurs et les caissières à 20h. Ce n’est pas être dupe que de parler enfin à ses voisins, de se sourire comme des naufragés. Ce n’est pas être dupe que de regarder les live de gens qu’on admire ou une story mignonne sur insta, entre deux insomnies et le marasme des informations. Ce n’est pas être dupe et surtout la charge mentale et la pluralité des tâches on connait, alors si chacun pouvait un peu arrêter de pointer du doigt le plaisir de l’autre ce serait pas mal.
On n’est pas des prophètes de l’insurrection qui vient, on n’est pas une avant-garde éclairée, on n’a pas besoin de héros. On a besoin de collectif et de socialisme mais on est une chair à canon épuisée alors paix à nos imperfections. On a besoin de souffler, on est pas toutes valides, on se sent pas toutes légitimes, on n’est pas toutes héritières, ni de valeurs symboliques ni de patrimoine économique. On n’a pas toutes des maisons de famille sur la côte sauvage avec des livres écrits par nos parents dans la bibliothèque. On n’a pas été payées pour étudier dans le prestige, on n’a pas eu une enfance heureuse et ouverte. Les traumatismes, le validisme, le viol, les coups, les cartes bleues bloquées, ce ne sont pas que des pancartes pour le 8 mars, c’est aussi la réalité de bon nombre de camarades qui prennent moins la parole ou ne maitrisent pas les éléments du langage révolutionnaire sur twitter.
Nos corps sont des mille-feuille, gardez cela en tête. Nos corps n’ont pas eu la même ligne de départ et le même parcours, ils ne peuvent pas avoir les mêmes logiques et les mêmes priorités. Pour ne pas ajouter une pincée de violence interpersonnelle à la couche d’oppressions structurelles, il va vraiment falloir apprendre à coexister dans la lutte. Alors, quand je vois certains de mes contacts d’extrême gauche n’exprimer que colère et cynisme, je les comprends. Mais je ne peux pas. Et je sais aussi que s’ils n’ont pas besoin de prendre soin d’eux, c’est que d’autres le fond à leur place et de manière invisible, conjointes, mères, sœurs, amies.
J’écris ici sans vouloir donner de leçon, j’ai des privilèges et des points de vulnérabilité, ma situation est banale : un point de vue situé qui comprend mon passif et la maladie, qui reconnait aussi ses avantages. Bien-sur, il y a quelque chose d’inconfortable à admettre qu’on ne dispose pas de la pureté militante mais tant mieux. Fuck la pureté et la gloire. Fuck les insultes à base de mépris de classe pour les gens qui ont acheté du coca et des chips, fuck les injonctions à repenser sa féminité, les critiques envers l’apparence des femmes quelle qu’elle soit, qu’on se maquille ou qu’on ait du poil aux jambes, qu’on zappe le soutif ou qu’on ait peur de prendre 3 kg. Nous ne sommes pas le problème. 
Ce soir, je veux applaudir le personnel soignant à 20h et en être émue aux larmes. Cela n’enlève rien à ma rage contre les politiques de santé public qui ont tout détruit depuis des années et qui vont conduire des milliers d’infirmières en syndrome de choc post-traumatique. Cela n’a rien à voir avec l’amnésie. Si je ne laisse pas complètement mon corps s’ouvrir à la colère, c’est pour durer sur le long terme (je connais mes limites, comme je connais le froid, la promiscuité, la peur et l’humiliation). Je dois d’abord me préserver car personne ne le fera pour moi. Je dois d’abord m’assurer que mon corps et mon esprit tiennent, je suis toujours sur le fil, un rien pourrait me faire retomber. Il faut savoir doser le nombre d’heures à scroller sur les fils d’actu pour ne pas être submergée. il faut savoir doser au risque de vriller complètement. J’aurais besoin de ma santé mentale pour affronter le combat qui vient, recomposer mes forces et alimenter la lutte pour l’après. Il est inutile de me torturer plus qu’à l’habitude.
Prenez soin de vous.
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peaudure · 5 years
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Meilleure version
J’essaye.
Mon voisin tond la pelouse et un parfum de chlorophylle arrive jusqu’à mon balcon. Une femme à l’étage du dessus chante Neverending Story devant Netflix. Merci pour cela. J’essaye de mettre mes actes en adéquation avec l’état du monde. De devenir une meilleure version de moi-même dans ce quotidien soudain beaucoup plus conscient.
J’ai en tête une mélodie désuète, Goodbye Marylou. On s’était offert un carnet qu’on s’échangeait, je caressais les pages griffées de confidences, je chérissais ce journal intime de notre relation. Puis il y a eu la distance, le rouge baiser de tes mots imprimés en lumière bleue sur mon écran et mes doigts.
Maintenant, c’est sur une page virtuelle que nous écrivons le n’importe quoi de nos pensées. J’aime découvrir les ponctuations que tu ajoutes à mes phrases parce qu’elles leur donnent le souffle court. J’aime surtout ce moment où le curseur vient s’insérer dans le mot que j’entame, où il vient l’ouvrir pour lui ajouter une syllabe. Sous cette petite bulle perfide qui indique ton action (… est en train d’écrire), je devine les tensions de tes clavicules et le mouvement de tes mains. Enfermées par la force des choses, on se crée des sensualités insoupçonnées.
Le temps s’étire hors-cadre jusqu’à divaguer. Le printemps mord à ma fenêtre, je dois faire un effort pour simplement le contempler. Comment en suis-je arrivée là ? Comment me suis-je à ce point pliée au rythme sans repos de mon travail et de mes activités militantes ? Je dois tout réapprendre loin des chambres d’hôtel, immobilisée sur ce parquet, entre ces murs, dans les sons de mes voisins que je ne connais pas. En une semaine, nous sommes tous sortis de l’ordinaire. La vie dans ce salon n’est plus au suspens d’une productivité inutile. Le paradoxe est de redécouvrir ce que ça fait, un tête à tête avec soi-même. Je me répète quelques mantras, comme à chaque fois que je sens le vertige me traverser.  « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin ». « Un jour ou l’autre, on est tous le chien de quelqu’un » « Et avec toi c’est sur, que je m’ennuyais pas »
La lumière est belle, elle m’invite à faire le vide. Souffler un peu pour une fois.
Il y aurait eu de la place pour l’amour.
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peaudure · 5 years
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La voix humaine
C’est un tête à tête tellement étrange, l’écriture. Un ping-pong où la réplique ne vient que de nous. Et pourtant, on peut quand même être surpris. Et puis, avec ce confinement qui débute, rester à la maison revient surtout à resserrer les rangs entre soi-même et soi. Cette introspection, il va falloir l’étirer vers l’expérience spirituelle. Ce silence, il va falloir refuser de le rendre insupportable. Il y a quinze jours, au bord de l’épuisement émotionnel, je n’aurais intimement voulu que ça. Dans mes rêves d’à lors, c’est à peine si je sortais une main timide d’une couette molletonnée. « Laissez moi là, dans cette cabane ouatée à l’abri du monde ». Il y a quinze jours, j’étais persuadée que je venais de vivre le pire week-end de l’année, je me confinais dans un coin de mon canapé pour pleurer. Le monde cacophonait sous ma fenêtre. Moi, j’étais bien avec mes fantômes, avec Guillaume Dustan et Jean Cocteau, Hervé Guibert, Daniel Darc. Il y a quinze jours, j’ai impulsivement jeté mon téléphone au sol, depuis je pianote sur un écran ébréché et j’ai les doigts qui saignent.
Ma note iPhone du 1er mars dit « Ne laissons pas le monde nous étriquer l’âme. » J’ai relu cette phrase aujourd’hui. J’ai ris de moi : cette phrase dit vrai sur un tout autre sujet.
Aujourd’hui, c’est comme si 10 ans, une vie, un siècle, étaient passés en deux semaines. Cette voix au téléphone, par exemple. Je pensais que je ne m’en remettrais pas. Ou qu’elle ne me parviendrait plus. Ou alors juste pour me martyriser sans le vouloir. Mais non. Je me recompose, il le faut. Je me rassemble et je me maintiens droit. Les affects personnels sont soigneusement rangés dans un tiroir que j’ouvrirais peut-être dans trois mois. Maintenant n’est pas le temps de l’égo : question de dignité et de priorités. Je me diffracte totalement. La voix humaine atteint bien quelque chose là-bas, mais étouffée par un obstacle, une déflagration virale qui prend toute la place. La voix, je la comprend à peine. Elle n’est pas mon alliée, et malgré tout ce que j’ai pu espérer, elle n’est pas mon alter. Je me repli sur ma blessure pour l’anesthésier. Je ne veux ni la voir ni la sentir. Le repli va être long. Déjà je ressens les prémisses de l’abrupte. Abrupte silence dans mon appartement de femme vivant seule, bien que cette solitude soit pleinement choisie. Abruptes la peur et la colère. Les vulnérables, l’absence de prise en charge dans les squats, dans les prisons. Cette horrible pensée qui retire le sommeil “pourvu que les médecins ne soient pas forcés de trier, pourvu que les médecins ne soient pas forcés de trier...” Je n’ai pas le droit de partager ces pensées avec la voix qui me manque au téléphone. Pour trouver du sens et ne pas craquer, il faut communier à un autre endroit. Prendre de la hauteur ensemble, c’est à dire avec des millions de personnes qu’on ne tutoie pas mais qui partagent un moment historique. Je ne dois pas me disperser de ce fil tendu, collectif. Un ami écrivait tout à l’heure « Annuler tout. Payer tout le monde ». Le monde de demain, peut-être, fera cela. Le monde de demain se rappellera que pour sauver des vies, ce sont les travailleuses du care, si souvent humiliées, qui ont risqué la leur. Et aussi ce soir, je pense à Act-up. Je pense à leurs slogans qui vivaient le Sida comme une guerre. A Gwen Fauchois et à son beau texte « La réduction des risques et la solidarité, c’est nous ». Ca veut dire que ce n’est pas toi à 20h, non. Toi, tu n’es pas du bon côté du combat. Tu arrives juste à mettre ta guerre en miroir d’un espace Schengen anéanti. Toi, tu as participé à la destruction de tout ce qui fonde notre solidarité collective et ce ne sera jamais ton monde qui prendra soin de nous. La colère que tu amènes, je la garde pour demain et les jours d’après.  Pour l’instant, je lis et je refuse de produire. Je regarde les mésanges bleues par la fenêtre de mon salon. Je m’habitue avec joie à l’absence de travail et je veux bien croire qu’on traversera cela sans perdre notre humanité, qu’on prendra soin enfin et collectivement de notre classe et de nos communautés marginalisées, loin de votre toute puissance incapable. Pour l’instant, il y a cette chanson de Daho qui passe comme un souffle feutré : Me manquer (Londres en été). Et par pudeur je le dis en anglais… Miss you baby.
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peaudure · 5 years
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Matthias & Maxime, portrait de deux jeunes-hommes en feu
« Nous avons parfois le sentiment de ne pas être celui que nous sommes, de jouer un rôle, d’être en marge de notre propre vie, sans y adhérer, comme si un souffle d’air passait toujours entre le monde et nous, un voile de brouillard qui le rend flou, sans saveur, sans goût. Ce monde là n’est pas fait pour nous, nous ne pouvons pas nous en contenter. On ne saurait pas dire pourquoi, on le pressent simplement, on ressent un malaise et une honte à l’idée de nous fondre dans cette vie. On est agité, instable, inquiet. On ressent un manque, une insatisfaction, une tension intérieure s’intensifie d’une manière si pressante qu’il devient nécessaire de rompre avec celui qu’on a été. » Par heureuse coïncidence, je lisais Rupture(s), de Claire Marin, quand j’ai vu Matthias et Maxime pour la première fois. On peut rencontrer un film. Je veux dire, comme on rencontre un être humain qui nous bouleverse. On se fait traverser précisément à l’endroit de nos doutes et de nos obsessions. Cela fait mal puis très chaud. On vient de se faire happer, pas uniquement par affinité esthétique et thématique.
Depuis, j’y pense chaque jour. Je veux comprendre. J’en parle comme d’un rendez-vous, je crois que c’en était vraiment un. J’ai énormément de gratitude pour Xavier Dolan, pour la saveur et la joie que diffusent ses dialogues. Pour la beauté de certains plans à travers une fenêtre ou dans les profondeurs d’un lac, pour les détails cachés en arrière plan comme autant de strates de lecture. J’ai énormément de gratitude pour la subtilité avec laquelle il arrive à jouer un être marqué dans la chair mais sublimé par le stigmate.
Aux côtés de Matthias et Maxime, je me suis blottie dans les punchlines de potes, l’humour, les références à la pop culture, les chansons fébriles qui composent la b-o. J’ai ri avec tendresse de cette bande d’amis hyper-tactiles et bavards, qui n’arrivent jamais à parler au cœur des choses. Je me suis sentie en proximité de ces jeunes trentenaires un peu enfantins et fort heureusement maladroits avec la virilité. J’ai contemplé les routes du Québec, les couleurs chaudes du début de l’automne, le sépia des fins de soirée. Bougies, lumière tamisée, capsules de bières et cendriers pleins en guise de nature morte. J’ai été percutée par les ruptures de ton. Ce long silence qui arrive au tiers du film, qui vient triturer en nous ce qu’il faudrait déborder et crier, mais qu’on ne peut que contenir. 
J’ai passé tout un week-end avec ce film puis, au bout de cinq génériques de fin, j’ai eu besoin de faire un geste. Il fallait quelque chose d’assez ritualisé et sacré, un tatouage. Logical Family en caractères d’imprimerie sur le bras droit. (Je pense que tu peux comprendre ce truc du tatouage). Une manière de froisser la photo de famille qui nargue sur le frigo, de laisser l’asphyxie derrière moi.
Je pense que tu peux aussi comprendre ce truc de l’asphyxie, toi qui laisse ton personnage principal se liquéfier et perdre pieds, littéralement submergé par trop de fulgurance. Alors on suit Matthias qui se perd. Qui se crame. On l’observe vaciller sur un matelas à eau, plonger dans des profondeurs limpides et nager jusqu’à l’épuisement. On partage ses obsessions hallucinées, ses regards en biais, le prix que lui coute son costume et son masque de jeune avocat en vogue. On l’observe s’éteindre, blêmir, les yeux dans le vague.
On l’entend, l’avocat à la parfaite maitrise du vocabulaire, perdre sa langue, bafouiller, se confondre en lapsus et en incapacité à prononcer un discours sensible. En incapacité à dire au revoir.
C’est dans ce déni aliénant que la tension s’installe. Dans l’incapacité totale de Matthias à réfléchir ou verbaliser ce qui le hante et l’anime.
Mais la tension c’est aussi le désir. Et c’est par Maxime que le désir vient.
Maxime, c’est ce personnage second et néanmoins central, observé à son insu derrière la fenêtre d’une chambre, fantasmé derrière une vitrine, filmé a travers les miroirs qui le blessent. (Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir). Une tache de naissance lui balafre la joue et dit beaucoup de ses yeux baissés, des sweets à capuche qui lui dévorent le visage, de sa gentillesse et de son trop grand sens du compromis.
C’est l’ami d’enfance que Matthias dessinait à la maternelle, celui qu’il a peut-être embrassé une fois au secondaire, mais bon il ne se souvient plus. C’est le complice du quotidien, celui avec qui il va au sport toutes les semaines, avec qui il a dormir des tas de fois, mais qui, d’un coup, déclenche des insomnies. C’est surtout celui qui pousse Matthias hors de lui - tellement que ce dernier en viens aux mains et aux insultes - qui le force à muer, à se risquer loin du confort des faux-semblants.
Matthias et Maxime est un film à miroirs, c’est aussi un film en miroir. Comme on souffle le chaud et le froid, il y a le brun et le blond, le bleu et le rouge qui, à l’image de l’affiche du film, se confondent et se complètent. Barman la nuit, Maxime est trop occupé par sa mère toxico pour s’offrir le luxe d’une carrière ou d’une vie sentimentale. Il porte comme un fardeau sa loyauté toxique à sa famille, suinte de sang, de larmes et d’écorchures. Matthias, lui, est le gendre idéal aux chemises fraichement repassées et au sourire figé. Il a un poste à responsabilités, une famille aisée et une relation de couple pourvue d’autant d’aspérités qu’une maison témoin. Depuis qu’il a embrassé Maxime pour de faux, le monde autour de lui est un larsen permanent.
Il faut parler de ces masculinités-là. Celles qui ont été élevées avec une pénurie de mots pour les relations intimes, qui sont à la peine mais qui, quand même, vont oser un geste pour craquer le système. Surtout, il faut parler de Maxime. De la violence de classe qu’il endure avec lassitude. De ses yeux fermés sur l’unique photo de famille qu’il possède. Il ne s’est pas encore vu vraiment.
“Il est temps de prendre soin de soi” l’implore une de ses mères de substitution. Dans quelques jours justement, il va tout plaquer pour partir en Australie, loin du placard sous l’escalier. Peut-être. Il n’a plus qu’à faire une valise. Mais le voyage qui devrait lui rendre sa liberté a aussi un goût de fuite. Les jours avant le départ s’égrainent, comme un compte à rebours cruel. Il faudrait qu’il se passe quelque chose.  
Dans Matthias et Maxime, l’asphyxie guette mais ne gagne pas. Dans la buanderie au fond de l’appartement, le désir la vainc par KO. Un couloir d’appartement devient le plus beau des jeux de pistes. L’un cherche l’autre et sait qu’il est attendu. Les portes s’ouvrent sur du vide qui exacerbe la tension. Il faut chercher encore. La lumière vacille. L’alcool fait le souffle court et les mains tremblantes. Un verrou se ferme et Xavier Dolan nous offre un moment de grâce. Quatre minutes d’extase où Song of Zula se mêle au plus intense, au plus douloureux et au plus nécessaire des baisers.
Some say love is a burning thing / That it makes a fiery ring. Une pluie battante contre le brasier d’une étreinte. Le portrait de deux jeunes-hommes en feu.
Que peut-on faire après ça ? Reprendre son souffle, se recomposer un visage social, se cramer vraiment cette fois ? Vodka ou mélanges rien ne sera assez fort. So honey I am now, some broken thing… And I'm racing out on the desert plains all night.
Apprécier la brûlure de la neige sur les larmes. Courir dans Montréal pour ne plus penser, ou pour trop bien se rappeler ce qu’on fuit. Tourner la page sur ce qui fait battre le cœur, ou baisser la garde et être à l’heure au rendez-vous.
Choisir de basculer en soi.
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peaudure · 5 years
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Introduction
Un jour tu te rends compte que tu viens de perdre cinq ans de ta vie. Un jour tu te rends compte que tu as été sous emprise, que tu t’es même accrochée à tes cordes : tu ne sais pas ce que c’est d’exister pour soi-même. Tu es triste. Ton bourreau te manque. Bah oui, c’est pas si simple. Tu as tellement fait d’efforts. Ce n’étais jamais assez. Tu as tellement encaissé. La rupture a un goût d’abandon, d’injustice et de trahison. Tu as la rage. Tu ne sais pas encore que c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver.Tu pars t’isoler au bord de la mer avec ta meilleure amie. C’est l’hiver, tu souhaites faire le point mais rien ne sort. Rien sauf la rage. Tes poings se serrent, ta mâchoire se crispe à la seule pensée de ces dernières années. Tu ne sais pas comment ton corps va supporter tant de colère à vif. Il va falloir tout déconstruire, tout trier, pour recomposer un jour quelque chose de joyeux. Revoir les bases : - Ton féminisme qui s’est bien fait berner. - Ta proportion à prendre soin des autres au déni de tes propres besoins. - Ton désir (à toi même, à ton corps malmené, aux autres qui ne sont pas forcément des hommes)
Cela va prendre du temps et tu es si fatiguée. Il te faut 18 mois pour ouvrir ce blog. Tu ne sais pas encore ce que tu vas faire de cette nouvelle partie de vie. Tu sais que tu as barré les choses imposées (le couple, le bébé, la famille, le prêt sur un demi-siècle). Maintenant c’est un jeu.
Tu as 33 ans, tu es féministe, tu ne veux plus survivre. Tu te remets à écrire.
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