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julianletutour · 8 years ago

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2016 : les 20 putain de dingueries du millésime qu’il faut courir écouter de toute urgence bordel de merde

Désolé pour la vulgarité, mais c’est vraiment difficile de qualifier ce phénomène 2016. Une abondance d’albums excellents, des retours inattendus, des albums très attendus… On traverse un âge d’or et il faut en prendre conscience.

Mis à part les albums décevants de Drake, Justice ou De La Soul, voici un top 20 de putain de dingueries, dont quelques chefs-d’œuvre même, qui marqueront l’histoire. Le format album marche encore fort, et tous ces disques doivent s’écouter en entier.

On attend toujours les albums de Gorillaz et Outcast, N.E.R.D et pourquoi pas Booba, pas encore sortis mais qui ne devraient pas tarder. On est dans une très bonne lancée et les années à venir s’annoncent brillantes.

#1 Frank Ocean - Blonde

Indéniablement, le meilleur disque de l’année. Les arrangements et le mixage ne peuvent être que l’œuvre de petits anges au paradis, ou alors d’une équipe béton. Kendrick, Beyoncé, Pharrell, André 3000, Tyler, Jamie XX, Yung Lean ou SebastiAn à la collaboration, Todd Rundgren, Stevie Wonder et les Beatles aux samples. Voici la pop d’aujourd’hui : rnb, folk et symphonique.

#2 Childish Gambino - “Awaken, My Love!”

L’acteur/rappeur/producteur/etc se montre bien plus chanteur dans ce dernier album, temple de soul/rock 70s, nourri pourtant d’un bon dosage de synthés analogiques plus récents, où d’auto-tune dans ce style hybride, so 2016. L'album s’ouvre sur un sombre et lent morceau aux allures de G-Funk qui se transforme en énergie électrique d’un groove fracassant. Des considérations guitaristiques folles, un petit côté Prince puis le single monstre Redbone, et une voix qui fait penser à Sly Stone et Curtis Mayfield réunis sur Baby Boy. Et on comprend vraiment l’hommage qu’il a voulu rendre à Funkadelic, avec cette guitare qui pleure sur The Night Me and Your Mama Met. Vraiment un album riche qui nous montre ce que savent faire les rappeurs de nos jours : de la putain de vraie bonne musique.

#3 David Bowie - Blackstar

Le caméléon publie le premier single fin novembre 2015, sort l’album le jour de ses 69 ans et meurt deux jours plus tard. Énorme claque qui remet tout en question, qui remue les souvenirs d’enfance et détruit quelque chose en nous. Infinie tristesse, d’autant plus que l’album est vraiment excellent et novateur. Il s’était même inspiré d’un autre génie moderne : le roi Kendrick. J’imagine en me lamentant des probables collabs en 2016 entre les deux ovnis… Il a su se retirer en beauté et nous laisse un des plus beaux souvenirs du siècle révolu qui a révolutionné la musique.

#4 Kanye West - The Life of Pablo

7 albums est on en est là. L’homme le plus influent du monde, 39 ans et 20 ans de carrière, se renouvelle toujours, avec un album vraiment abouti. Les samples sont mis en avant, assumés : Nina Simone à la fin de Famous, après que RiRi l’a chantée à l’autotune au d��but. Il a même lancé Desiigner avec son Panda, plus gros banger de l’année, au sein d’une autre chanson, normal. Le dernier album du Ye est magique, comme d’habitude.

#5 A Tribe Called Quest - We got it from Here… Thank You 4 Your service

Ultime album du groupe culte, au complet, avec même André 3000, Kendrick (ces deux-là aiment squatter les bons albums), leur collègue d’époque Busta Rhymes, Anderson .Paak et Jack White. Au complet car on le sait, Phife Dawg est mort il y a quelques mois, c’est un album posthume pour lui. Diabétique, il se donnait à fond dans la musique et c’est surement l’album qui l’a tué. Les mecs rappaient déjà en ‘85 et je suis impressionné trente ans plus tard par tant de technique (ce qui n’est pas le cas de IAM ou De La Soul…). Les samples fusent : Vincent Price, Elton John, Musical Youth, les Fu-Gees, Jim Morrison qui crie… Q-Tip chante bien et ça rappe fort sur des prods innovantes. Une démarche politique dans le fond, sublimée par la forme.

#6 Bon Iver - 22, A Million

Voici la musique du futur. Est-ce de la pop, du rnb, de l’indie ? Du “folktronica” nous dit Wikipédia. Guitares, sax, violons + vocoder, nappes de synthés, boites à rythmes, séquenceurs et compresseurs se marient dans un mixage expérimental, déroutant et tellement impressionnant. L’émotion humaine est même sublimée par les ordinateurs. Les bugs contrôlés et la qualité détériorée par les bitcrushers donnent vraiment des frissons. À écouter bien fort, en bonne qualité.

#7 ScHoolboy Q - Blank Face LP

C’est un peu le To Pimp a Butterfly de 2016, très bien produit, et sorti sur le label de Top Dawg. Y a du hip-hop bien deep, de la pop, des bangers, des feats, de vrais court-métrages. Un album complet, accompli, qui relève automatiquement le niveau du hip-hop mondial, et ça fait vraiment du bien. Le public l’a très bien accueilli et la fosse du Zénith était bouillante fin novembre.

#8 Danny Brown - Atrocity Exhibition

Un mélange entre le Velvet Underground & Nico, le Wu-Tang et Cypress Hill. Le déglingos de Détroit a en effet un panel d’inspirations alternatives pour un rappeur, et un certain goût de l’expérience. Du coup, des gros beats chelous, et d’un autre côté des feats fous : Kendrick, Ab-Soul, Earl Sweatshirt et même le légendaire B-Real ! L’album est excellent, mais ce bon vieux Daniel m’a un peu déçu en live, en partant comme un voleur sans rappel. Un album de cette puissance aurait mérité deux, trois musiciens pour broder autour des samples dans un délire expérimental, à creuser…

#9 Mild High Club - Skiptracing

Sortons un peu de la musique dite urbaine pour plonger dans le meilleur son psychédélique de 2016. Deuxième album pour Alex Brettin et ses potes, plus propre que le néanmoins excellent Timeline, Skiptracing est un bon album trippant, flirtant avec le jazz : le leader en a eu une formation à Chicago, avant de bourlinguer à travers le continent. Révélation rencontrée un soir sur Nova, le gros son distordu du solo de Kokopelli. Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu une guitare sonner aussi rock. Les mecs sont super bien e n l i v e, ils m’ont convaincu dans l’arrière-salle d’un petit bar du 19ème. À voir absolument, et à écouter entièrement.

#10 Nekfeu - Cyborg

Après Beyoncé, Kendrick ou Drake (dont on sent de plus en plus l’inspiration), encore un album surprise, et on aime ce genre de surprise : il a balancé l’album en plein concert à Bercy. Aucune promo et un record de streams, dépassant même Jul (ouf). Dans la lignée de Feu (certains sons sont vraiment écrits de la même façon), il reste fidèle à lui-même avec des feats de ses potes (le regrettable Sneazzy…) et du son pour les zouzs, mais surtout d’excellents morceaux, à commencer par le premier titre, Humanoïde, morceau rhapsodique sur plus de 6′, le fortement inspiré de Kendrick, bien musical O.D ou le banger Esquimaux avec un Nepal fort bouillant. Mention spéciale pour la bal(l)ade cachée à 4′20″ dans Saturne, petite aventure expérimentale, récit d’une séduction métrologique. Un album sincère et bien taffé, où le Fenek prouve une fois de plus son talent.

#11 Radiohead - A Moon Shaped Pool

Ils avaient cassé l’internet en “disparaissant” des réseaux. En tout cas un album hypnotisant et fidèle à leur style.

#12 Flatbush ZOMBiES - 3001 : A Laced Odyssey

En 3 albums, le trio a montré 3 facettes bien différentes. Signés chez Brainfeeder, le label de FlyLo, ils offrent cette fois-ci un disque planant et sombre.

#13 Travi$ Scott - Birds in the Trap Sing McKnight

Moins bien que Rodeo, forcément, mais quand même très fort, notamment pour le vrai retour de Kid Cudi sous auto-tune et un André 3000 complètement fou.

#14 Devendra Banhart - Ape in Pink Marble

Notre Jésus est revenu ! Un album calme, apparemment folk et qui dévoile du bon groove électrique avec des guitares et des synthés originaux. Un album nécessaire.

#15 Kaytranada - 99.9%

Beaucoup mieux que ce qu’on aurait pu attendre du Canadien, des prods originales, plutôt rock avec Badbadnotgood, planant ou rap. Mention spéciale pour le feat avec le brillant Anderson .Paak qui transforme tout ce qu’il touche en or.

#16 Kendrick Lamar - untitled unmastered.

Le mec peut se permettre de sortir un album avec les miettes d’un autre tellement le niveau est haut… Il aurait pu faire de TPAB un double album avec ces morceaux-là mais a préféré les offrir en surprise. On prend quand même ! Ça claque, ça chante, un Kendrick de haut vol.

#17 Soft Hair - Soft Hair

On prend deux artistes importants de la scène psyché actuelle et on les réunit pour un supergroupe : pen-pineapple-apple-pen. Boom. La voix de Connan Mockasin trouve de nouvelles modulations, sur les boites à rythme de LA Priest. Un son à la foi wtf et touchant.

#18 Kid Cudi - Passion, Pain & Demon Slayin’

Enfin ! Mais pourquoi seulement #18 ? À part les deux singles qui ouvrent et ferment le disque, rien de transcendant sauf le magnifique By Design avec - forcément - André 3000 et quelques beats fous. Normal, un bon feat avec Travi$ Scott, qui semble avoir donné son aura - une bonne chose - à l’album, également produit par le grand Pharrell, normal.

#19 Young Thug - Jeffery

Encore un album de rap US qui montre l’évolution du genre. Les titres - sauf l’excellent single Pick Up The Phone, également présent sur l’album de Travi$, ce qui aide à booster les chiffres - sont autant d’hommages aux idoles du Jeffery : Kanye West, Wyclef Jean, Swizz Beats, Floyd Mayweather (l’argent comme valeur suprême ?) ou la petite RiRi. Au passage, le récent clip réalisé “par contumace”, génial, illustre encore une fois que Young Thug est un con.

#20 Katerine - Le Film

Sobre et minimaliste, le dernier album de Philippe Katerine contraste avec le précédent, le disco Malibu, produit par SebastiAn d’Ed Banger. Piano-voix surtout, contrebasse, un petit coup d’harmonica et quelques percus, des musiques un peu enfantines, pour accompagner des chansons à l’allure de comptines de prime abord, mais aux thèmes bien plus adultes. Au final un album expérimental dans les mélodies et les rythmes, sincère et profond, avec un thème visuel repris sur la pochette, en clip ou en live comme un tableau vivant, plus qu’un film.

Bonne écoute à ceux qui découvrent (je vous envie)

JLT

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