#quentin à la salle
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Demain matin j'ai ma première séance avec mon coach, il m'a préparé un programme qui correspond à mes objectifs j'avoue j'ai un peu peur j'ai déjà envie de crever
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"Chère Gisèle Pelicot, vous êtes entrée dans nos vies comme au tribunal d’Avignon, par la grande porte. [...] Le jour de l’ouverture du procès de vos violeurs a aussi été celui de l’officialisation de votre divorce. [Une meute] vous attend dans la salle d’audience : celle des 50 hommes qui sont jugés pour viol en réunion. Il y en aurait des dizaines d’autres qu’on n’a pas pu identifier. Vous faites face. Rien ne vous préparait à être dans cette salle d’audience. Un des accusés est arrivé en retard parce que, dit-il, il devait accompagner son fils à l’école pour la rentrée. Je me suis demandé qui avait accompagné vos petits-enfants, qui faisaient, eux aussi, leur rentrée scolaire. Je sais que vous avez pensé à eux à ce moment précis.
Réalité difficile à accepter
Vous les voyez tous pour la première fois sauf ce voisin que vous croisiez parfois dans la vie d’avant, celle qui ne reviendra jamais, celle de la maison du Vaucluse et de l’ignorance préservée. Vous les regardez. Ils regardent leurs pieds. Ils n’avaient jamais vu vos yeux, Jean, Didier, Jean-Luc, Romain, Redouan, Cédric, Grégory, Karim, Jean-Marc, Philippe, Quentin, Nicolas, Vincent, Patrick, Paul et les autres… On ploie sous la longueur de la liste et la banalité des profils. Les trois quarts d’entre eux ne reconnaissent pas les viols, comme tous ceux qui font les gros titres de l’actualité, les PPDA, Nicolas Hulot, Salim Berrada, Gérard Miller, Olivier Duhamel, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Gérard Depardieu…
Leurs arguments sont toujours les mêmes. Ils font tourner l’infect disque rayé du mensonge complaisant. Ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient. Ils sont sûrs d’être, eux aussi, des types bien, pas des monstres, même quand on leur montre les vidéos des crimes. Ils sont pompier, journaliste, étudiant, chauffeur routier, gardien de prison, infirmier, retraité, conseiller municipal, nos amis, nos amants, nos pères, nos frères. Une réalité difficile à accepter.
Un seul s’est adressé à vous pour vous présenter des excuses. Leur défense est un échantillon chimiquement pur de la violence patriarcale et des masques derrière lesquels elle s’abrite pour prospérer. « Le patriarcat est dans la maison ce que le fascisme est dans le monde », écrivait Virginia Woolf dans Trois guinées (1938).
Certains évoquent le poncif éculé de la pulsion, d’autres la frustration sexuelle due à l’absence prolongée d’une compagne officielle. Il y a celui qui trouve « bizarre » d’avoir fait ça. On trouve aussi des traces de « libertinage incompris ». Il y a celui qui ose l’ahurissant « viol involontaire ».
« Consentement par délégation »
Puisque vous étiez comateuse, il est difficile de prétendre que vous étiez partante. Difficile, mais quelques-uns tentent quand même le « j’ai pu croire qu’elle faisait semblant de dormir ». Les plus audacieux essayent le « consentement par délégation » ; le mari était d’accord, « il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Une femme est soumise à son compagnon. L’ordre immémorial de la hiérarchie masculine est respecté.
Ce qui est certain, c’est qu’ils ont tous bandé à l’idée de pénétrer un corps inerte. Le viol et l’ordinaire de la sexualité semblent avoir beaucoup de points communs dans leur esprit. Ils ont bien le droit. Ils ont le pouvoir de le faire. Ils n’allaient pas passer à côté d’un viol gratuit près de chez eux. Ils ont été biberonnés à la haine des femmes, au mépris qui s’excite de l’impuissance de l’autre. Le sexisme féroce transpire de leur discours. La pornographie violente dont certains collectionnaient les images les plus répugnantes y est sans doute pour quelque chose. La domination absolue les a fait jouir. Ils ne voient pas le problème. Même au tribunal. Même devant vous.
Ils font ce que font la plupart des hommes accusés : ils se victimisent et rajoutent une couche de mépris sur celle qu’ils ont déjà humiliée. Ils sont tombés dans un traquenard. On les a piégés. Vous êtes restée là, à les écouter sans ciller, droite sur le ring. Vous décrivez désormais votre vie comme un combat de boxe. Le combat est déloyal. L’adversaire a les armes du terrorisme patriarcal. Que vous soyez à terre ou debout, cassée ou le poing levé, votre droiture fait craqueler la carapace d’impunité qui les a longtemps protégés.
Ce n’est pas seulement vous, Gisèle, qu’ils ont traitée comme une chose. Ils nous disent, à toutes, notre insignifiance. Votre force nous rend la nôtre. Merci pour ce cadeau immense.
Hélène Devynck, journaliste et autrice d’Impunité, (Seuil, 2022)"
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"Il était dix heures du matin et il neigeait de nouveau. Une neige légère, presque des gouttes de pluie. Elle avait froid et elle sentait des points douloureux dans tout son corps. Il fallait "dénouer les nœuds", comme disait Kniaseff. Alors, elle décida de se rendre chez Pola Hubersen. Elle était la seule à pouvoir la soulager. Elle s'allongeait sur le lit, Pola Hubersen la caressait, et ses doigts s'arrêtaient aux bons endroits, avec une précision d'acupuncteur. Ses lèvres effleuraient les siennes, et leur contact, sur son corps, était encore plus doux que ses doigts. Peu à peu, les nœuds se dénouaient sans qu'elle éprouve la souffrance qui était la sienne au début des cours de danse. Il lui arrivait de manquer un cours et de se retrouver au lit avec elle. Alors, elle se laissait aller au fil de l'eau en fermant les yeux. (...)
Elle entra dans l'immeuble du début de la rue Quentin-Bauchart. Pola Hubersen se levait très tard et peut-être n'était-elle pas encore réveillée. Elle traversa le vestibule, et quand elle fut entrée dans le salon, elle remarqua un manteau d'homme sur le grand canapé. Pola Hubersen était sûrement en compagnie de quelqu'un dans sa chambre et elle ne voulait pas la surprendre. Cet appartement donnait l'impression d'être exigu : le vestibule, le salon sur la rue et le long couloir qui menait à la chambre. Mais une petite porte qui se confondait avec le mur, de l'autre côté, donnait accès à une enfilade de pièces le long d'un autre couloir, des pièces dont la plupart étaient vides, ou simplement meublées de divans très bas. Elle prit ce chemin-là, ouvrit la dernière porte à droite et se retrouva dans la grande salle de bains contiguë à la chambre de Pola Hubersen. La lumière était allumée, la porte grande ouverte sur la chambre.
Elle se déshabilla et enfila un peignoir, l'un de ceux qu'elle portait toujours après un spectacle et qu'elle avait oublié là. Elle entra dans la chambre. Un homme était allongé sur le lit, qu'elle reconnut aussitôt et avec qui elle avait répété un duo au studio Wacker, un certain Georges Starass. En dansant avec lui, elle avait eu une sensation qu'elle n'avait jamais ressentie avec aucun de ses partenaires, comme si ce contact était plus intime qu'un simple exercice, au point qu'elle avait voulu le prolonger.
Maintenant, ils étaient seuls tous les deux dans la chambre, et au bout de quelques instants elle avait de nouveau cette sensation, comme l'autre jour au studio Wacker, de danser avec lui à la même cadence, en parfaite harmonie... Et bientôt des éclats de plus en plus forts se succédaient à des intervalles de plus en plus courts. Chaque fois, elle éprouvait un vertige qui s'amplifiait à l'infini.
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SAMEDI 4 JANVIER 2025 (Billet 1 / 2)
« UN OURS DANS LE JURA » (1h53)
Un film de Franck Dubosc, avec Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoit Poelvoorde…
Critiques sur le Site AlloCiné [Presse : 3,5 / Spectateurs : 3,8]
Nous y sommes allés jeudi dans l’après-midi, après avoir déjeuné avec Mostéfa et Fatiha, nos amis marocains, venus passer quelques jours à Paris.
Comme le temps était annoncé « pourri de chez pourri », nous avions choisi l’Indiana, le restaurant mexicain situé juste à côté de l’entrée du cinéma Pathé dans le Centre Beaugrenelle (voir la photo ci-dessous).
Quant au cinéma, pour les impressionner davantage, nous aurions voulu réserver nos places dans la grande salle équipée Dolby, là où des fauteuils en cuir, hyper-spacieux, permettent grâce à une télécommande une inclinaison totale (dos et pieds)… mais malheureusement c’était un dessin animé qui y était projeté.
Ayant lu quelques bonnes critiques de « Un Ours dans le Jura », le film de Dubosc (mais projeté dans la salle N°5, aux dimensions plus modestes)… nous nous sommes dits que nous pourrions passer un bon moment
Et cela fut le cas, le film est TRÈS PARTICULIER, dans le style « humour noir » des frères Coen (« Fargo », entre autres…). La salle était quasi-pleine et les spectateurs ont bien « fonctionné », nous inclus. Faut juste aimer ce genre de film.
Dans le Figaro, il y a une bonne et une mauvaise critique qui ont été publiées. Nous vous faisons suivre celle qui correspond le plus à ce que nous en avons pensé. Marina lui a donné ❤️❤️❤️,5 et JM, ❤️❤️❤️,8. Et bravo à Franck Dubosc qui dans ses rôles habituels n’est pas du tout notre « cup of tea » mais qui, ici, aussi bien comme metteur en scène que comme acteur, nous a épatés.
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Aussi surprenant que réussi, « Un ours dans le Jura » est un film de genre maîtrisé, une comédie noire jubilatoire où il forme avec Laure Calamy un duo épatant. « Après Rumba la vie, j’ai ressenti le besoin de me secouer un peu, dit-il en sirotant un Orangina. Puisque la recette du succès n’existe pas, autant faire ce qu’on aime et moi, j’avais envie de faire du vrai cinéma. Alors, j’ai osé ! Encouragé par des exemples de liberté créatrice comme les frères Coen ou Tarantino, je suis parti d’une idée basique, celle d’un accident de voiture, puis j’ai imaginé une valise de billets, une femme dans une position délicate… Autant d’ingrédients que je devais mélanger dans un univers rural et français avec une bonne dose d’humanité.»
Résultat, le film est à la fois drôle, noir et empreint de sensibilité. Côté casting, le réalisateur est aussi sorti de sa zone de confort. S’entourant d’acteurs n’appartenant pas à sa famille de cinéma (Laure Calamy, Benoît Poelvoorde, Joséphine de Meaux, Emmanuelle Devos…), il a dû diriger des natures fortes et associer leurs univers. « Laure a toutes les notes, il suffit de dire “plus fort”, “moins vite” et elle suit. Avec Benoît, il faut presque réécrire la partition. Mais, finalement, on s’aperçoit qu’il comprend mieux son personnage que celui qui l’a écrit. »
Une expérience qui aura beaucoup appris au metteur en scène et qui risque d’embellir un peu plus encore l’image que professionnels et spectateurs ont de lui. « On me voit de moins en moins comme Patrick Chirac », admet-il. Si les producteurs de Gaumont lui ont immédiatement fait confiance en accompagnant ses premiers pas de réalisateur avec « Tout le monde debout » (Un film avec Alexandra Lamy que nous avions beaucoup aimé – NDLR du Blog), l’humoriste perçoit un changement de regard de ses pairs.
Parmi la dizaine de scénarios qui attendent sur son bureau, certains viennent d’autres univers que le sien. Dubosc ne cherche pas à tout prix un grand rôle dramatique comme Coluche dans « Tchao Pantin », mais si Stéphane Brizé ou Quentin Dupieux l’appelaient, il serait ravi. Pas pour le regard de la presse car les critiques les plus snobs se sont déjà mis à l’aimer (« J’ai de bonnes notes maintenant dans Télérama », lance-t-il), mais pour le plaisir du jeu.
(Source : « Un article de Clara Géliot dans le Fig Mag »)
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Et, effectivement, « cerise sur le gâteau », écoutez les 2 journalistes de Télérama, pourtant rarement tendres dans leurs critiques, parler du film… Cela pourrait convaincre certains d’entre vous. Nous pensons à Diane, Pierre, Nicole (la nouvelle abonnée) et peut-être d’autres, mais nous restons prudents dans nos conseils car nous savons que « les goûts et les couleurs… ».
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Talking about my generation (2/2)
Voilà pour nous, ô Juges Très Sévères, dis-je en saluant les grands arbres nus et solennels. J’explorai la maison, ce n’était pas désagréable de m’y retrouver tout seul. L’intérieur était décoré selon les principes d’une rusticité étudiée : poutres apparentes et tomettes à l’ancienne, sauf dans le salon où l’on avait restauré un parquet d’époque, en chêne massif. J’avais été un peu dur avec Marc. Il n’était peut-être pas l’ami le plus démonstratif quand le temps virait à l’orage, mais si l’amitié devait être mesurée à l’aune d’actes concrets il fallait reconnaître qu’il avait bien fait les choses. Je m’installai dans une chambre d’ami qui sentait le miel et le vernis à bois. La femme de Marc avait fait installer des petits ballotins de lavande dans la salle de bain, c’était une attention vraiment louable, elle ne m’était pas destinée mais je l’accueillais comme un cadeau personnel. J’avais besoin de réconfort. Une bouteille de chablis était posée sur la table de la cuisine. Je me souvenais que Marc m’avait dit avec une certaine tension dans la voix qu’il avait quelques grands crus de bourgogne à la cave, et d’autres bouteilles qui appartenaient à son fils, si jamais je voulais ouvrir une bouteille c’était bien sûr possible mais je devais l’appeler avant, pour ne pas descendre le stock de sa progéniture, et épargner certaines pépites qu’il réservait pour des occasions spéciales. Je décidai de respecter cette volonté, par égard pour mon ami (je n’aurais eu aucun scrupule à taper une bouteille au fils, un jeune branleur qui portait un pull noué autour des épaules et affectait des airs de capitaine d’industrie pour la seule raison que son père lui avait trouvé un emploi à la direction juridique de Lafarge, au prix de supplications auprès d’un ancien client qui siégeait au conseil de direction du cimentier français). Je me contentai de prélever une bouteille de vin de table qui traînait dans la cuisine. Puis j’ouvris le congélo et je bénis Marc : le mastodonte Braun était plein comme un œuf, il y avait même de la truite d’Alaska et des langoustines. C’était cela la vie, un environnement conçu exclusivement pour l’homme, comme une cotte parfaitement taillée. Le confort qui n’est pas une cerise sur le gâteau mais le principe qui préside à la conception de chaque objet manufacturé, de chaque meuble, réduisant à sa part incompressible le nombre des mouvements qu’il devait accomplir pour assouvir ses besoins. La nature ne devait pas se mettre en travers des aspirations de l’homme moderne. La chair ferme d’un morceau de truite d’Alaska, c’était tout ce que je voulais connaître du monde sauvage. Il n’y avait rien à faire : j’étais un indécrottable, un irrécupérable fils des années 80. À la demande de Marc, j’avais aéré le premier étage. Dehors, un oiseau s’envola dans un fracas d’ailes et de branches froissées. Je dînai de langoustines sautées à l’ail, que je faisais descendre avec le rouge. J’avais l’impression d’être un palefrenier profitant des vacances de ses maîtres pour se vautrer dans leur lit. Ici personne ne pourrait m’emmerder, et c’était quelque chose de rassurant de savoir que je disposais à Paris d’un congélo, moi aussi, et de vin de table, moi aussi, que je touchais une pension de retraite, pas mirobolante mais pas ridicule non plus. Je pouvais parfaitement décider de laisser le monde à la porte de chez moi, je ne serais blessé par le monde des Hommes que dans la mesure où je la laisserais entrouverte. Il fallait, en d’autres termes, relativiser. Je m’endormis.
A. Quentin, Le Voyant d'Étampes (p. 268)
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Auditorium Gerson
LIVRAISON DU PROJET DE RESTRUCTURATION DE L’AUDITORIUM DU GROUPE SCOLAIRE GERSON À PARIS C’est officiel, le projet a été livré le mois dernier ! Il visait à la restructuration globale et à l’agrandissement de l’auditorium du Lycée Gerson au profit d’une utilisation comme théâtre, salle de concerts acoustiques et amplifiés, de projection, ainsi que de conférences. Le traitement acoustique de la salle a été effectué par des éléments diffusants en parois latérales (et absorbants en partie haute), des fauteuils rembourrés, ainsi des traitements ponctuels et localisés sur les facettes du plafond afin d’éviter les échos disgracieux. Un grand merci à Quentin Fruchaud Architectes, ce fut un plaisir de collaborer ensemble sur ce projet ! Mission : Maitrise d’œuvre acoustique durant la phase étude du projet (simulation acoustique 3D, préconisations, notice acoustique…). Equipe : Architectes : Quentin FRUCHAUD et Gaspard Saint-Macary BET Structure & Fluides : DEAR CONCEPT Scénographie technique : Kabuki Économie de la construction : EPBV BET acoustique : Meta - Atelier acoustique Surface : 362 m² Cout des travaux : 2,1M€ HT Adresse : Lycée Gerson, 31 Rue de la Pompe, 75116 Paris #meta #metaatelieracoustique #bet #architecture #auditorium
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L'HISTOIRE
[Attention première partie du film spoilée au sein de ce résumé.] A La Réunion, Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo), riche fabricant de cigarettes toujours célibataire, attend à la descente du paquebot Mississipi une nommée Julie Roussel (Catherine Deneuve), avec qui il est en relation épistolaire depuis un bon moment et avec qui il s’est fiancé par correspondance. Lorsqu’il vient l’accueillir, qu'elle n’est pas sa surprise lorsqu’il se rend compte qu’elle ne correspond absolument pas à la photo de la petite annonce matrimoniale. Malgré de vaseuses explications de la part de la jeune femme, Louis s’en moque, tellement il est frappé par la beauté de la "remplaçante". Le mariage a donc lieu sous les meilleurs auspices, mais quelques temps plus tard Julie disparaît avec toute la fortune dont il disposait. Louis engage alors un détective privé pour la retrouver mais mène néanmoins parallèlement son enquête qui le mène en France, où il la retrouve sous le nom de Marion en entraineuse dans un night-club antibois. Déterminé à la tuer, il va se rendre compte être toujours fou amoureux et c’est le début d’une vie clandestine et mouvementée pour ce couple peu banal...
ANALYSE ET CRITIQUE
A Catherine Deneuve qui venait d'accepter de tenir le rôle féminin principal de son film, Truffaut écrivit : "Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux." Entre deux volets consacrés à Antoine Doinel (Baisers volés et Domicile conjugal), Truffaut, alors très prolifique, se sera donc rendu à La Réunion pour tourner une adaptation de Waltz into Darkness de William Irish, roman que Léaud/Doinel lisait alors qu’il était gardien de nuit dans Baisers volés : ce sera cette Sirène du Mississipi (avec un seul P comme le bateau et non comme le célèbre fleuve), son "grand film malade" comme le réalisateur aimait à le décrire suite à son relatif échec public et critique, film encore beaucoup trop mésestimé à mon humble avis. Car comment un westernophile comme c'est mon cas pourrait ne pas s’attacher à un film dans lequel un homme arrive à convaincre sa compagne qui ne s’intéresse pas au genre de venir néanmoins l’accompagner pour voir Johnny Guitar en salles, la femme ressortant de la séance enchantée malgré ses a priori ! Plus sérieusement, comment ne pas retirer du plaisir devant les films d’un réalisateur faisant constamment montre d’un amour fou pour l’art pour lequel il travaille, comme le fera Quentin Tarantino plus de vingt ans plus tard avec la même générosité, la même jubilation ? Car si l'on ne compte plus tout au long de son œuvre les références littéraires ou cinématographiques, La Sirène du Mississipi n’en est pas avare non plus, le film étant d’ailleurs dédicacé à Jean Renoir, ses premières images reprenant une brève séquence de La Marseillaise, Belmondo allant voir un film de la série Arizona Jim, personnage inventé par l’un des protagonistes du Crime de Monsieur Lange, l’image finale faisant quant à elle clairement référence à La Grande Illusion. En vrac sont convoqués aussi Balzac, Jean Cocteau ou Walt Disney mais l’hommage le plus flagrant est évidemment celui rendu à un réalisateur qu’il est désormais difficile de lui dissocier depuis leur célèbre entretien, Alfred Hitchcock ; nous aurons l’occasion d’en reparler.
Mais puisque les auteurs sont souvent les mieux placés pour parler de leurs œuvres et qu’ils sont même très logiquement les seuls à pouvoir nous dévoiler sans les déformer leurs intentions de départ, commençons cette chronique en laissant s’exprimer Truffaut lui-même lorsqu’il se confiait à Yvonne Baby pour le journal Le Mondedu 21 juin 1969 : "J'ai lu 'La Sirène du Mississippi' au moment où je faisais l'adaptation de 'La Mariée était en noir'. A cette époque, j'ai d'ailleurs lu tout ce qu'a écrit William Irish, afin d'être imprégné de son œuvre et d'être, malgré les nécessités de l'infidélité cinématographique, le plus près possible du roman. J'aime bien connaitre complètement l'écrivain dont je transpose le livre à l'écran. Ainsi, quand je devais affronter un 'problème Irish', j'avais des chances de trouver 'la solution Irish'. J'avais procédé de cette manière avec David Goodis pour Tirez sur le pianiste et avec Ray Bradbury pour Fahrenheit 451 [...] Dans La Sirène du Mississipi j'ai admiré surtout la répartition des évènements, les apparitions, disparitions et réapparitions des principaux personnages. J'ai donc respecté cette construction pour le film, j'ai cherché à en respecter toutes les proportions [...] Mon scénario définitif a été moins une adaptation au sens traditionnel qu'un choix de scènes. Enfin avec ce film j'ai pu réaliser le rêve de tous les cinéastes : tourner dans l'ordre chronologique une histoire chronologique qui représente un itinéraire [...] Le fait de respecter la chronologie m'a permis de construire le couple avec précision. Le récit étant à l'origine plein d'un romanesque du siècle dernier, j'ai pensé qu'il fallait doubler le trajet sentimental du roman (que nous avons suivi) d'un trajet physique. Cela signifie qu'à chaque étape, le spectateur doit savoir exactement où en sont les personnages dans leurs rapports physiques comme dans leurs rapports sentimentaux. C'est peut-être par-là que le film, qui pourrait appartenir à la catégorie des films 'd'amour et d'aventure' se trouve à décrire un couple d'aujourd'hui. La situation reste assez exceptionnelle mais les personnages sont proches de nous."
Comment expliquer plus concrètement la dernière phrase du cinéaste ? C’est avant tout parce que ce huitième long métrage de Truffaut nous propose en quelque sorte deux films en un. Mais avant d’entrer dans les détails, sachez que cette chronique abordera de nombreux ressorts du récit ; et donc que ceux qui ne le connaissent pas et ne veulent qu’aucun mystère ne leur soit dévoilé avant son visionnage stoppent immédiatement la lecture des paragraphes qui vont suivre. Moi-même, lors de sa découverte, avais été un peu trop focalisé sur l'aspect "aventure policière" certes rocambolesque - et par ce fait "assez exceptionnelle" pour un couple lambda - mais finalement assez mince, surtout prétexte à Truffaut pour payer son tribut à Hitchcock, ce dernier ayant lui aussi apprécié à maintes reprises de placer des couples d’Américains moyens sans histoires au centre d’intrigues "incroyables" (L’Homme qui en savait trop, par exemple). Alors que l'important réside bien évidemment dans les relations passionnelles et fusionnelles amour/haine, désir/répulsion d’un couple moderne à qui nous arrivons facilement à nous identifier, notamment lorsqu’ils sont réunis au cours des séquences un peu hors contexte, à savoir toutes ces innombrables et formidables parenthèses intimes ponctuant cette histoire fiévreuse, principalement des petits-déjeuners et des scènes d’amour, formidablement bien interprétées par un duo dont la complicité nous saute aux yeux. Catherine Deneuve aura rarement été aussi sensuelle et amoureusement filmée dans la peau d'un personnage grandement ambigu et immoral face à un magnifique et poignant Jean-Paul Belmondo dans un rôle à total contre-emploi, amant naïf et passionné au point d'aller jusqu'au meurtre - celui d’un détective privé qu’il avait engagé pour retrouver son épouse mais qui se révèle d’un coup bien trop gênant pour l'avenir de leur couple - voire même de se laisser en connaissance de cause empoisonner par sa femme. "La Sirène c'est finalement l'histoire d'un type qui épouse une femme qui est exactement le contraire de ce qu'il voulait. Mais l'amour est apparu et il l'accepte telle qu'elle est", disait le réalisateur.
Le scénario est donc principalement axé sur l’évolution d’un couple a priori fusionnel et tout à fait de son époque quant aux mœurs et à leurs relations, d’autant plus moderne que le comportement des sexes est un peu inversé, rapport aux "usages de l‘époque" : ainsi l’homme est vulnérable, naïf et peu entreprenant alors que la femme s’avère forte, calculatrice et semble diriger la barque en prenant les initiatives, tout en menant son partenaire par le bout du nez (si l’on veut en rester au-dessus de la ceinture). Cette histoire d’amour passionnelle va passer par la trahison, la haine, la réconciliation, la fuite et le meurtre. Jean-Paul Belmondo c’est Louis Mahé, riche fabricant de cigarettes à La Réunion. Toujours célibataire, il a trouvé une fiancée par annonce matrimoniale, une certaine Julie Roussel avec qui il a entretenu une correspondance à travers laquelle "ils ont cherché à établir des choses définitives" comme il l’avouera plus tard à Marion, celle qui s'est substituée à Julie à la descente du paquebot Mississipi. Sur le coup, Louis est choqué de découvrir en lieu et place d’une sage fille brune, une splendide blonde évanescente qui lui invente des excuses peu plausibles pour expliquer cette "différence" ; mais par "choqué" nous aurions pu dire tétanisé ou encore hypnotisé par la beauté parfaite de cette apparition, à tel point qu’il ne cherche même pas à savoir s’il s’agissait vraiment de la femme avec laquelle il avait correspondu. Comme prévu, usurpatrice ou non, il se marie et ne le regrette pas puisque les débuts de leur vie commune semblent idylliques. Malgré quelques éléments assez intrigants et quelques réactions pour le moins surprenantes (elle semble ne pas s’émouvoir de la mort de son oiseau, elle qui en parlait pourtant avec amour), Julie parvient à embobiner Louis par son charme, sachant se donner à lui aux moments opportuns afin qu’il oublie ses doutes d’un instant. Mais comme le spectateur l’avait déjà conjecturé malgré l’apparente complicité du couple (dont on doutera tout du long), Julie parvient à obtenir procuration sur le compte en banque de son époux et quelques jours plus tard s’évanouit avec la fortune qu’il possédait.
Louis embauche alors un détective (Michel Bouquet) pour retrouver son épouse volatilisée mais décide également de partir lui-même à sa recherche, bien décidé à se venger. Cela nous emmène en France où il la retrouve dans une boîte de nuit où elle officie en tant qu’entraineuse. "Je ne sais pas si je suis heureux, mais je suis incapable de me passer d’elle" ; et du coup oubliées sa rancœur et sa vengeance, il la suivra jusqu’au bout même si cela doit le mener jusqu'à la tragédie. L’intrigue nous emmènera ensuite d’Aix-en-Provence à Lyon pour finir dans les Alpes, pas loin de le frontière suisse. On voyage beaucoup dans La Sirène du Mississipi, ce qui rend le film assez exotique et dépaysant, le tout sur une musique d'Antoine Duhamel qui lui aussi, comme son réalisateur, rend discrètement hommage à Hitchcock par l’intermédiaire de quelques réminiscences stylistiques de compositions de son collaborateur fétiche, l’immense Bernard Herrmann. Mais c’est donc ce qui se passe - ou ne se passe pas - entre chaque étape qui donne avant tout sa chair au film, sa pulsation lyrique. "J’ai pu me concentrer sur l'intimité d'un couple : le passage du voussoiement au tutoiement, avec des retours au voussoiement, les confidences, les longs silences et ce qui, à travers des épreuves ou des déceptions, amène deux personnes à se rendre indispensables l'une à l'autre. La Sirène du Mississipi est avant tout le récit d'une dégradation par amour, d'une passion..."
Comme son mentor Renoir, Truffaut mit en place une méthode de travail avant tout basée sur l’improvisation de ses comédiens pour rendre le résultat plus "vrai" : "les acteurs avaient tout juste le temps d'apprendre les textes qu'on leur remettait au dernier moment, leur surprise passait alors immédiatement dans la scène et ils en vérifiaient l'intensité en voyant les réactions de l'équipe technique qui découvrait les péripéties avec eux." Une séquence exemplaire pour prouver le génie des deux stars choisies par Truffaut - ce dernier aimant à dire à l’époque que Belmondo était son comédien préféré avec Jean-Pierre Léaud - celle se déroulant dans une petite chambre d’hôtel lyonnaise et au cours de laquelle Belmondo fait une scène à sa partenaire, la traitant de tous les noms et la mettant plus bas que terre. L’acteur est ici aussi convaincant dans son inhabituelle colère que Catherine Deneuve dans son intelligence et sa roublardise, faisant tout passer par sa seule manière d'être : alors que son époux l’invective sans discontinuer, Marion continue à feuilleter son magazine étendue sur son lit, son regard nous faisant très bien ressentir qu’elle comprend que le mieux pour elle est de ne pas réagir, intimement persuadée avec raison que le lendemain il sera à nouveau dominé par son désir, qu’il lui demandera pardon avant de retomber dans ses bras.
Sans oublier la fameuse et sublime caressante séquence devant la cheminée ("Tes yeux sont comme deux petits lacs marrons...") au cours de laquelle Belmondo décrit amoureusement le visage de son épouse avant de se confier comme jamais auparavant ; nous nous sentons alors à cet instant totalement en phase avec Louis, Truffaut ayant d’ailleurs un jour dit : "Je suis convaincu que le spectateur trouve son bonheur, simplement à regarder Catherine Deneuve et que cette contemplation rembourse le prix du ticket d'entrée." Au final, plus qu'une aventure agitée avec de nombreuses péripéties où comme toujours chez Truffaut le hasard a le beau rôle (ici, par exemple, une inondation qui met à jour le corps du détective que notre couple pensait à jamais enfoui profondément dans une cave) et où, à l’instar des films de Hitchcock, les invraisemblances sont légion sans que cela ne pose de problème puisque nous savons que l’essentiel se situe ailleurs... au final donc une magnifique histoire d’amour teintée aussi de pas mal d’humour parfois "jouissivement" trivial (les seins nus de Marion faisant faire une embardée à un conducteur passant à côté), le tout mis en boite avec maestria par un Truffaut peut-être plus sage et classique que précédemment mais toujours magistralement inspiré lorsqu’il s’agit de lyrisme échevelé, d’idées iconoclastes de mise en scène (les inserts à l’iris "rectangulaire") et d’ampleur de mouvements de caméra. D’ailleurs, à propos de forme, toutes les premières séquences démontrent d'emblée la maîtrise parfaite du réalisateur sur son matériau cinématographique, que ce soit l’arrivée en voiture de Jardine à l’hôtel ou loge Louis, truffée des faux raccords expressément utilisés que la Nouvelle Vague affectionnait, les ellipses maniées avec brio (suite à la phrase de Louis à Marion "Tu es adorable, ce qui veut dire digne d’adoration", le plan suivant nous montre son usine de cigarettes sortir des paquets à l’effigie de son épouse adorée) tout comme l'exceptionnelle maîtrise du cadre, du hors-champ (la première apparition de Catherine Deneuve) ou encore la beauté des travellings et/ou panoramiques lors de l’arrivée de Louis au port pour accueillir sa fiancée épistolaire. Sans parler d’intrigue, la mise en scène seule nous met déjà en joie et nous prouve que si Truffaut est devenu puis resté célèbre, ce n’était pas pour on ne sait quels caprices de critiques ou d'historiens.
A la fois passionné, culotté, mystérieux, touchant, ludique, iconoclaste et moderne, La Sirène du Mississipi n’a pas à rougir au sein de la fabuleuse filmographie de François Truffaut, comparativement aux classiques qui l’entourent de près ou de loin. Avec une grande liberté d’action, Truffaut ne se soumet à nouveau jamais aux lois des genres abordés, que ce soit ici le film policier ou le film d’amour. Car il s'agit bel et bien, sur fond de course poursuite, d'une sorte d'initiation toute à la fois amoureuse, délicate et crue, entre une femme ayant connu une existence difficile et qui ne peut plus vivre sans argent et un homme réservé qui, une fois amoureux d’elle, ne pourra jamais plus s’en détacher ; une œuvre inconfortable mais jamais "engoncée", faite d’embardées, de détours et de pauses, le tout proposant un rythme expressément inharmonieux mais qui nous la rend d’autant plus précieuse par sa constante réussite alors même que son équilibre reste très fragile, toujours sur le fil du ridicule sans jamais y tomber. On pourrait dire la même chose des films du maître du suspense avec lesquels il possède également d’innombrables autres points communs : une femme à double visage comme dans Vertigo, la chute du détective dans l’escalier qui rappelle celle de Psychose, la voiture sillonnant les corniches comme dans La Main au collet, la ponctuelle frigidité de Marion qui fait penser à celle Marnie, les cauchemars de Louis qui renvoient à Spellbound, la boisson empoisonnée de Soupçons... Quant à la mystérieuse séquence de l’oiseau mort, je me demande si même Hitchcock aurait fait aussi bien pour nous faire ressentir cette "anormalité" qui fait que, dès ce moment-là, la méfiance pour la personnalité de Julie/Marion va s’insinuer encore plus, non seulement chez Louis mais également chez le spectateur, les questionnements s'additionner, la scène se terminant également comme souvent chez Hitchcock sur des images au fort potentiel érotique.
Sans s’embarrasser de vraisemblance ou de cohérence, malmenant sa narration sans se démonter et pour le plus grand plaisir de ceux aimant emprunter des chemins hors des sentiers battus, Truffaut nous propose une sorte de road movie intimiste, romantique et sensuel, un film assez unique où, pour Louis Mahé, regarder son épouse est à la fois "une joie et une souffrance" tellement il semble lui être lié à la vie, à la mort. Et puisque des liens se font constamment entre les films de Truffaut, ce qui renforce l’aspect ludique et très attachant de sa filmographie comme s’il s’agissait d’une sorte de comédie humaine balzacienne (La Peau de Chagrin tient d’ailleurs un rôle au sein de l’intrigue), ce dialogue est intégralement repris dans Le Dernier métro et fait partie d’une des scènes de la pièce de théâtre qu’interprètent Gérard Depardieu et à nouveau Catherine Deneuve. Truffaut disait à propos de l’échec de son film : "Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences)." Trop en avance sur son époque aussi par ses ruptures de ton et sa constante ambivalence (on ne sait jamais vraiment si Marion est sincère et l’on ignore donc les sentiments réels qu'ils éprouvent l'un pour l'autre), ayant pour ces raisons décontenancé pas mal de spectateurs et surtout les amateurs de Belmondo, La Sirène du Mississipi est un film sur l’amour fou tellement libre, amoral, sensuel, généreux et admiratif de ses pairs qu’il mérite qu’on lui redonne absolument une seconde chance. D’autant que le magnétisme du couple n’a pas fini de nous ensorceler.
EN SAVOIR PLUS
La fiche IMDb du film
Par Erick Maurel - le 7 décembre 2020
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LE TRÈS CULTE ABÉCÉDAIRE DE « PULP FICTION »
Sorti le 26 octobre 1994 dans les salles françaises, le plus culte des films cultes fête ses 30 ans...
A comme Amsterdam
De retour aux États-Unis depuis quelques jours à peine au début de Pulp Fiction, Vincent Vega vient de passer trois ans dans la capitale hollandaise. Pourquoi est-il parti là-bas ? Et qu’a-t-il pu bien faire de ses journées à part s’enfiler des Royal Cheese et picoler de la bière au cinéma ?
A priori rien bien légal si l’on en croit Paul, le barman du club de striptease tenu par Marsellus Wallace, qui le présente comme leur « agent » sur place – « Yo! Vincent Vega's in the house! Our man in Amsterdam! ».
Une piste confirmée par Quentin Tarantino quelques années plus tard.
Envisageant un temps de se lancer dans un préquel de Reservoir Dogs et Pulp Fiction intitulé The Vegas Brothers/Double V Vega dans lequel Monsieur Blonde/Victor Vega aurait fait équipe avec Vincent (ils sont frères), une fois le projet abandonné, le réalisateur a révélé que dans le script ce dernier s’occupait de faire tourner un bar pour le compte de son patron
Spoiler : pas dit qu'il n’y ait pas eu du grabuge (lire plus bas).
B comme Big Kahuna Burger
La chaîne de restauration rapide hawaïenne immortalisée dans cette scène où Jules tape avec enthousiasme un croc dans le burger du pauvre Brett, avant de lui cribler le corps de balles.
Tout comme les cigarettes Red Apple, la compagnie aérienne Cabo Air, les donuts Teriyaki, la tequila Benny’s World ou la pâtée pour chiens Wolf’s Tooth, il s’agit d’une marque fictive née de l’imagination de Quentin Tarantino.
Une recette dudit burger existe cependant bel et bien et serait à base d’ananas. Est-ce pire péché que de tremper ses frites dans la mayonnaise ? Le débat est ouvert.
C comme Chronologie
Et si Pulp Fiction se regardait de manière linéaire ?
Pour qui voudrait remonter le film à l’endroit, tout commence avec le monologue du capitaine Koons sur la montre en or. L’action à proprement parlé se déroule une trentaine d’années plus tard et s’étale sur 48 heures.
Jules et Vincent s’en vont dézinguer une bande d’étudiants. Jules voit la lumière. Vincent shoote Marvin. Wolf arrive à la rescousse. Yolanda et Ringo décident de braquer le restaurant dans lequel Jules et Vinent prennent leur petit déjeuner en shorts et t-shirts. Nos deux larrons remettent la mallette à Marsellus. Vincent raye la caisse de Butch, part s’acheter 300 dollars d’héroïne et emmène Mia danser. Au même moment, Butch déjoue les pronostics sur le ring en tuant son adversaire.
Le lendemain, Marsellus et Vincent s’en vont lui causer du pays. Ce dernier dézingue alors Vincent, récupère sa montre, puis sauve Marsellus d’un guet-apens dans l’arrière salle de la boutique d’un prêteur sur gage. Il rejoint ensuite Fabienne sur la motocyclette le chopper de Zed avant de voguer vers de nouveaux horizons.
Ou pour le dire autrement : « Pulp Fiction commence au milieu, revient en arrière, puis en avant de plus en plus loin dans le temps, afin de retourner et de se conclure au milieu. »
D comme Dialogues
Si Pulp Fiction dure 2 heures 34 minutes sans que l’on regarde sa montre (et aurait pu sans problèmes durer deux heures de plus), l’immense mérite en revient aux dialogues. Plus encore que l’histoire, ce sont eux qui structurent et font avancer le film.
Longue conversation entre ses personnages, Pulp Fiction se savoure comme une succession de digressions sur tous ces détails du quotidien qui n’en sont pas (les anecdotes de voyage, la pop culture, le prix des milkshakes...) dans un parler qui, bien que travaillé, sonne naturel – enfin des dialogues de cinéma qui ne ressemblent pas à du mauvais théâtre ou à du faux cool de teenage movies.
Quentin Tarantino, le Céline du septième art ?
E comme Ezekiel 25:17
« La marche des vertueux est semée d'obstacles/Qui sont les entreprises égoïstes/Que fait sans fin surgir l'œuvre du malin… », vous connaissez la suite.
Sauf que la tirade récitée in extenso par Jules avant de faire parler la poudre ne correspond que très vaguement au 17e verset du 25e chapitre du Livre d'Ézéchiel (bizarrement traduit par « verset 10 » en français).
Jugez plutôt : « Parce que les Philistins se sont livrés à la vengeance, et qu’ils se sont vengés à outrance, le mépris dans l’âme, pour exterminer, haine éternelle. À cause de cela, je vais étendre ma main contre les Philistins. J’écraserai les Crétois et détruirai le reste qui habite le rivage de la mer et j’exercerai sur eux de grandes vengeances, les châtiant avec fureur. Et ils sauront que je suis l’Éternel quand je leur ferai sentir ma vengeance. »
Cette réécriture n’est cependant pas due à Tarantino, elle est « empruntée » au film Karaté Kiba sorti en 1973 avec Sonny Chiba dans le rôle principal (Hattori Hanzo dans Kill Bill).
F comme Fiction Pulpeuse
Installé à Amsterdam où, grâce à l’argent de Resevoir Dogs, il peut d’adonner sans relâche à l’écriture pendant trois mois, Quentin Tarantino souhaite dans un premier temps porter sur grand écran une trilogie de films de gangsters.
Inspiré par les pulps, « ces publications macabres imprimées sur un papier bon marché » très populaires au début du 20e siècle, l’idée lui vient ensuite de ramasser le tout dans un seul script.
« Je voulais faire ce que font les romanciers mais pas les réalisateurs : raconter trois histoires distinctes avec des personnages qui vont et viennent dans chacune d'entre elles, mais dont l'importance diffère selon l'histoire ».
Et c’est ainsi qu’est né Pulp Fiction, cette relecture des trames de films noirs les plus éculées (le casse qui tourne mal, la liaison entre la femme du boss et son homme de main, le combat de boxe truqué...) devenue à sa manière le film noir ultime.
Notez qu’outre le titre qui référence directement ladite littérature pulp, l’affiche reprend le code couleur délavé de ses couvertures, tandis qu’Uma Thurman a la main posée sur l’un de ses fleurons, Harlot In Her Heart! de Norman Bligh (1950). Dans le film, Vincent est également vu régulièrement bouquiner Modesty Blaise de Peter O'Donnell (1965), les aventures d’une espionne britannique au passé trouble.
G comme Générique
Quentin Tarantino a-t-il oui ou non écrit seul le scénario de Pulp Fiction ?
Si les premières secondes du générique d’ouverture promettent « Un film de Quentin Tarantino », quand la musique passe de Dick Dale à Kool and the Gang, ce sont des « Histoires de Quentin Tarantino et Roger Avary » qui sont annoncées.
Pote de QT avec qui il bossait à l’époque des vaches maigres dans le magasin de location de cassettes Video Archives, Roger Avary aurait plus ou moins écrit le sketch sur la montre. Désireux d’appuyer la réputation de petit prodige de Tarantino en le présentant comme seul aux commandes de Pulp Fiction, Miramax lui offre de renoncer à tout cocrédit en échange d’un chèque. Ce qu’Avary refuse.
Un compromis est finalement trouvé pour que la mention « Écrit et réalisé par Quentin Tarantino » apparaisse dans le générique de fin et puisse être utilisée dans la campagne promo.
Ce deal un peu bancal provoque une brouille entre les deux amis, Tarantino « omettant » de remercier Avary aux Golden Globe après avoir reçu le prix du meilleur scénario. Vexé, quand les deux hommes remportent l’Oscar du meilleur scénario, Avary, qui est cette fois crédité comme coscénariste (oui, c’est compliqué), se venge en payant « 500 dollars » le caméraman chargé de filmer Tarantino lors de la retransmission télé pour qu’il le coupe à l’image à l’annonce de son nom – ce qu’il a fait.
Une fois monté sur scène, au lieu de se fendre d’un discours, Avary s’éclipse au plus vite, prétextant « devoir aller p*sser ».
H comme Hitler
Chez Quentin Tarantino, deux univers distincts s’entremêlent : l’univers réel et l’univers cinématographique.
Ou pour citer le Christ : « L’univers réel est celui dans lequel les personnages de la vraie vie évoluent (ceux de Reservoir Dogs, ceux de Pulp Fiction…). L’univers cinématographique est un univers spécial composé de films, comme Kill Bill ou Une nuit en enfer. Ainsi quand les personnages de Reservoir Dogs ou de Pulp Fiction vont au cinéma, ils vont voir Kill Bill ou Une Nuit en enfer. »
Pour la faire courte (pour la version longue, c’est ici), sachez que tous les films de l’univers réel s’imbriquent.
Pulp Fiction est connecté à Reservoir Dogs via les frères Vega. Reservoir Dogs est connecté à True Romance via la référence faite au personnage d’Alabama (Patricia Arquette). True Romance est connecté à Inglorious Basterds via les liens de parenté du producteur Lee Donowitz avec « l’Ours juif » Donny Donowitz, et ceux du colocataire stoner Floyd Raine avec le Lieutenant Aldo Raine (tous deux interprétés par Brad Pitt).
Et oui, Pulp Fiction se déroule dans un monde où le dictateur nazi est mort mitraillé et brûlé dans un cinéma parisien.
I comme Impact de balles
Dans la dernière scène de Reservoir Dogs, celle où Joe, Eddie-le-gentil (Chris Penn) et M. White (Harvey Keitel) s’entretuent après avoir chacun dégainé leurs armes, Eddie ne se fait en réalité pas tirer dessus.
« Harvey Keitel devait d’abord viser Lawrence Tierney, puis moi, puis se faire descendre. Mais son explosif s’est déclenché directement avec avoir tiré sur Lawrence, et il est parti vers le bas » a révélé Chris Penn quelques années plus tard.
Plutôt que de corriger cette « erreur », Quentin Tarantino a préféré laisser les choses telles quelles afin de laisser libre cours aux spéculations – « Tu sais quoi ? Ce sera la controverse du film, ça fera parler. »
Libre donc à chacun de penser que si le mur de l’appartement de Brett est troué avant même que Jules et Vincent ne se soient fait canarder par Jerry Seinfeld, il ne s’agit peut-être pas d’une faute de raccord, mais d’une volonté de sa part d’alimenter les conversations.
J comme Jack Rabbit Slim
Non, Vincent et Mia n’ont pas remporté le concours de twist du restaurant le plus fifties de Los Angeles. Malgré leur emballante prestation, s’ils sont aperçus rentrant chez eux le trophée sous le bras, c’est parce qu’ils l’ont volé.
Plus tard dans le film, lorsque Butch revient dans son appartement, l’information peut être entendue dans un flash info en fond sonore.
À cinq dollars le milkshake, nos deux filous n’allaient quand même pas repartir les mains vides.
K comme Ketchup
Joie du doublage, la blague que Mia raconte à la fin de la soirée n'est pas la même en français et en anglais. Là où dans la langue de Shakespeare, Vincent a droit à jeu de mot intraduisible sur l'homophonie entre le mot « ketchup » et l'expression « catch up » (« dépêche toi »), la VF est partie dans une toute autre direction.
« Trois tomates se baladent dans l'avenue. Papa tomate, Maman tomate. Bébé tomate traîne, regarde les belles nanas. Papa tomate se met en rage, lui balance une claque et lui dit : 'Qu'est ce que t'as ? T'es tout rouge !'. »
L'effet comique repose sur le fait que Bébé tomate est une tomate et qu’il st rouge quoi qu'il arrive. Problème, une tomate au tout premier stade de maturité n'est pas rouge, mais verte blanchâtre.
Du coup, soit Bébé tomate est rouge et ce n’est plus un bébé (Papa tomate n’a donc pas à le corriger), soit Bébé tomate est vraiment un bébé, et qu'il passe du vert au rouge devant les belles nanas n’a rien de drôle (car tout à fait normal).
Bon après, pas de quoi considérer que regarder Pulp Fiction en français constitue le huitième péché capital. Là où sur le papier restituer le flow d'un film où l'on cause tant tenait de la mission impossible, les comédiens de doublage s'en sont tirés avec les honneurs – Thierry Desroses en tête, la voix de Samuel L. Jackson, dont c'était le tout premier rôle !
L comme Louise Brook
Désormais grand classique d’Halloween, le look « Reservoir Dog au féminin » de Mia (chemisier blanc à boutons de manchette, pantalon noir 7/8 et ballerines Chanel dorées) ne serait pas sans son fameux carré à frange qui a fait tant d’émules (Natalie Portman dans Léon, Audrey Tautou dans Amélie Poulain, Rinko Kikuchi dans Pacific Rim...).
Uma Thurman n’est toutefois pas la première actrice à avoir popularisé cette coupe. Loin de là. L’honneur revient à Louise Brook qui, en 1929, l’arborait dans le film Loulou où elle incarnait une jeune femme libérée et hédoniste.
Symbole d’émancipation, ce « casque noir » aux airs androgynes traverse depuis les époques (Anna Karina dans Vivre sa vie de Jean-Luc Godard en 1962, Liza Minnelli dans Cabaret en 1972, Bella Hadid...).
M comme Massage de pieds
Passé le casting exclusivement masculin de Reservoir Dogs, Quentin Tarantino s’est offert avec Pulp Fiction une scène coming out dans laquelle Vincent soutient que « glisser la langue dans le sanctuaire des sanctuaires » et masser les pieds d’une femme relève du même ordre.
Tout reposerait sur une tension sexuelle qui ne dit pas son nom (« Personne ne dit rien, mais tu le sais. Et elle aussi, elle le sait. ») – raison pour laquelle, selon lui, le pauvre Tony Rocky Horror qui se serait aventuré à masser les attributs de Mia ne s’est pas fait balancer sans raison d’une fenêtre au troisième étage par les hommes de son mari.
Absolument pas anodine, cette scène annonce une figure majeure de sa filmographie : le plan resserré sur les pieds nus de ses actrices. Uma Thurman, Bridget Fonda, Rosario Dawson, Diane Kruger, Margot Robbie ou encore Margaret Qualley (pourtant « mortifiée » à l’idée de montrer ses pieds) y ont toutes eu droit, qu’importe que cela serve l’intrigue ou non.
Totalement décomplexé sur le sujet, dans Une Nuit en enfer, Tarantino est allé jusqu’à s’écrire une scène où Salma Hayek/Santanico Pandemonium lui enfonce son vernis dans la bouche.
N comme Nouvelles générations
N’en déplaise aux mecs qui en 1994 étaient plus cools que Fonzie mais qui en 2024 le sont beaucoup moins, Pulp Fiction n’est plus le totem qu’il a été.
Jugé « surcoté » par une partie de la génération Snapchat/TikTok, il serait, selon leurs dires, trop lent, trop long, trop bavard. Film sans sujet (« Bordel, mais de quoi ça parle ? »), voire film hors sujet (« Les histoires sont mal reliées entre elles. En sortant du film, on ne se souvient même pas du sort des personnages à la fin »), il cacherait sa vacuité derrière des effets de manche vus mille fois depuis trente ans.
Ovni rock’n’roll et irrévérencieux à sa sortie, à force d’unanimité, Pulp Fiction sera-t-il un jour à ranger aux côtés de ces chefs-d’œuvre poussiéreux que plus personne ne regarde ?
O comme Overdose
Lorsque que, quelques années avant Pulp Fiction, Quentin Tarantino a présenté le scénario de Reservoir Dogs à Harvey Keitel, l’acteur, surpris par son degré d’authenticité et de détails, lui demande « s’il a grandi entouré de racailles et de truands ?? ». Candide, QT lui rétorqua qu’il a « juste maté un paquet de films ».
Encyclopédie du cinéma, Tarantino vit dans la fiction. Ses films référencent d’autres films, pas le réel.
Exemple avec l’une des scènes phare de Pulp Fiction, celle où Vincent plante une aiguille en plein dans le sternum de Mia pour la faire revenir d’entre les morts, qui n’est que vaguement crédible.
Déjà, parce que sniffer de l’héroïne est paradoxalement « moins dangereux » que de sniffer de la cocaïne – la poudre se dilue dans le système digestif, ce qui ralentit fortement son absorption par l’organisme, diminuant les risques d’overdose.
Ensuite, parce que l’adrénaline n’est pas la substance adéquate pour renverser les effets d'une surdose d'opioïdes – au cas où, préférez lui la naloxone.
Enfin, parce que toute l’idée de la séquence n’est pas venue à Tarantino en feuilletant un précis de médecine, mais en discutant avec l’équipe des Aventures du baron de Münchhausen (le film de Terry Gilliam dans lequel Uma Thurman se montre nue en Vénus de Botticelli) : « Ils m’avaient raconté l’histoire d’un tigre sur un tournage en Espagne à qui ils avaient donné trop de sédatifs pour qu’il reste calme. Ils avaient dû lui injecter de l’adrénaline pour qu’il se réveille. »
P comme Palme d’Or
Lorsque le 23 mai 1994, Clint Eastwood, président du jury de la 47e édition du festival de Cannes, annonce la victoire de Pulp Fiction, un vent de surprise s’empare l’assistance : Quentin Tarantino, 32 ans, vient de faire la nique aux pointures internationales Krzysztof Kieslowski (Rouge), Nanni Moretti (Journal intime), Nikita Mikhalkov (Soleil trompeur), Zhang Yimou (Vivre !) et Atom Egoyan (Exotica) !
Si pour Eastwood la décision serait allée de soi (« C'était un film excitant et rafraîchissant. Quand les jurés se sont retrouvés pour décider, tout le monde était unanime pour dire que c'était le meilleur film. »), Catherine Deneuve, vice-présidente du jury, tempérera cette belle version des années plus tard (« Clint Eastwood était très protégé par son staff de la Warner, donc souvent coupé du reste du jury. On ne se voyait pas assez, et nous avons sans doute délibéré trop vite. […] Que voulez-vous répondre à des Anglo-Saxons que Journal intime ennuie profondément ? »).
Plus diplomate, dans ses mémoires, le président du festival Gille Jacob regrettera à demi-mots que le grand favori Kieslowski soit reparti les mains vides : « Entre la Russie impériale aux parfums nostalgiques et l’art du feuilleton populaire à la violence speedée, Clint avait parié sur l’avenir et pesé de tout son poids en faveur du feuilleton. »
Q comme « Qu’y a-t-il dans cette foutue mallette ? »
Objet de toutes les convoitises, le contenu de l’attaché-case de Marsellus Wallace demeure un mystère.
Plusieurs théories ont donc vu le jour : il s’agirait de l’âme maléfique de son propriétaire qui aurait fuité (d’où son pansement derrière la tête, d’où le 666 comme code d’ouverture), des diamants de Reservoir Dogs (aperçu en serveur grimé en Buddy Holly au Jack Rabbit Slim, M. Pink/Steve Buscemi a-t-il depuis refait sa vie incognito ?) ou du costume doré d'Elvis Presley porté par Val Kilmer dans True Romance.
Ou alors, elle contient tout bêtement deux piles et une ampoule.
R comme Rédemption
Pour Samuel L. Jackson, ce serait la morale de Pulp Fiction.
« Les gens qui méritent d’être sauvés le sont. Pumkin et Honey Bunny, sont épargnés. Ils ont une seconde chance. Uma passe tout près de la mort. Elle ne meurt pas. Butch aussi a une seconde chance. Même Marsellus Wallace y a droit. »
Si l’analyse est corroborée par l’arc de son personnage, ainsi que par Tarantino en personne (« C’est explicite tout au long du film »), elle ne saute cependant pas franchement aux yeux.
Ce serait même plutôt l’inverse à en lire La Philosophie du film noir de Mark T. Conard, pour qui, Pulp Fiction se veut une parabole sur le nihilisme de la société américaine.
« Le vide existentiel qui habite les personnages procède de l’absence de structures autres que celles qui établissent un rapport basé sur la force. Incapables de produire un jugement autre que celui dictée par cette valeur, cette dernière est le seul critère qui guide leurs vies. »
S comme Série B
Déflagration sans nom à sa sortie, à la manière d’un Star Wars ou d’un Matrix, Pulp Fiction a initié une révolution comme on en voit une tous les dix ans en donnant ses lettres de noblesse à la culture bis.
Méprisée depuis toujours, cette dernière trouve alors en Tarantino son héraut... pour le meilleur et pour le pire.
Confondu un peu trop rapidement avec du génie (le critique Jean-Michel Frodon déplorait à l’époque « qu’une désinvolture quelque peu arrogante, faite d'une accumulation de bons mots, de vedettes et de scènes-choc, passe pour le fin du fin de la mise en scène »), son talent pour le recyclage est en effet de celui qui horizontalise tout. De celui qui met sur un pied d’égalité l’essentiel et l’accessoire. De celui qui permet aux cinéphages de se croire cinéphiles. De celui qui transforme toujours un peu plus le septième art en produit de consommation courante.
Au-delà de ses qualités intrinsèques, Pulp Fiction marque le point de départ de cette pop culturisation à grande échelle de la culture.
Marvel, Netflix et les youtoubeurs cinoche lui doivent beaucoup.
T comme Tarantinesque
Victime de son succès, le back-to-back Reservoir Dogs/Pulp Fiction a très vite engendré une vague de copiés/collés telle qu’est né l’adjectif « tarantinesque » (« tarantinoesque » en VO).
Pas gêné pour un sous que « pendant cinq ans, tous les films de gangsters mélangent ironie, discussions sur les séries télé et musique en toile de fond », Quentin Tanrantino considère au contraire que tous ses imitateurs « rendent par comparaison ses films meilleurs ».
À sa décharge, à quelques exceptions près (Arnaques, Crimes et Botanique de Guy Ritchie, Dernières Heures à Denver avec Andy Garcia, Get Shorty avec John Travolta, Freeway avec Reese Whiterspoon...), tous sont tombés dans l’oubli.
« Tarantinesque » est en revanche rentré dans le très prestigieux dictionnaire d’Oxford en 2018. Il caractérise « des films qui ressemblent aux films de Quentin Tarantino », « des films où la violence est stylisée, où le ton est satirique, où les histoires sont non linéaires, où les références cinématographiques pullulent et où les dialogues sont aiguisés ».
U comme Univers parallèles
Et si Pulp Fiction était un multivers à lui tout seul ?
Là où le spectateur lambda est en droit de s’étonner que chaque trame repose sur des évènements qui n’ont qu’une chance infime de se produire (les coups de feu qui n’atteignent pas Jules et Vincent, Butch qui oublie sa montre, Mia qui se trompe de sachet, Marsellus qui se fait déflorer dans une cave…), les plus avertis ont remarqué qu’avant chacun desdits évènements, l’action qui le précède est légèrement altérée (la phrase prononcée par Yolanda au début et la fin du film n’est pas identique, le nombre de balles restant dans le barillet de Jules varie...).
De là à penser que chaque chapitre prend place dans une réalité alternative et que Pulp Fiction se veut une réflexion sur les méandres du destin, il n’y a qu’un pas.
V comme Vincent Vega
Le compère de Jules est-il le tueur à gage le plus incompétent de Los Angeles ?
Clairement pas le canard le plus futé de la mare, camé à l’héroïne, il foire dans les grandes largeurs toutes les tâches qui lui sont confiées.
Il oublie d’inspecter la pièce juste derrière lui dans l’appartement tandis qu’un type armé jusqu’aux dents s’y planque (sans « intervention divine » Jules et lui ne seraient plus). Il tire accidentellement une balle en plein dans la tronche de ce pauvre Marvin (le b.a.-ba du maniement d’arme à feu veut que l’on ne pointe jamais quelqu’un, et encore moins avec le doigt sur la détente). Il cherche inutilement des noises à Winston Wolfe pourtant venu le dépêtrer en urgence.
Ça, plus le temps fou qu’il passe aux toilettes, source de drames en cascade (Ringo et Yolanda qui braquent le restaurant, Mia qui fait une overdose, Bruce Willis qui se saisit du Mac-10 laissé sans surveillance).
W comme Winston Wolfe
Deux ex machina, il surgit de nulle part (et en smoking) lors de la Bonnie Situation, pique la vedette à tout le reste du casting dix minutes durant, avant de repartir aussi sec on ne sait où (et avec une fille à son bras).
Qui est-il ? D’où vient-il ? Comment a-t-il appris à nettoyer des banquettes de voiture tâchées d’éclats de cervelle ? Les réponses ce sera pour une autre fois, tout juste aura-t-on le loisir d’apprécier que personne au monde n’a l’air plus calme et plus déterminé que lui tasse de café en main.
En même temps, qu’attendre d’autre d’un type qui « pense vite », « parle vite » et qui se fait surnommer sans une once d’ironie « Le Loup » ?
X comme Miramax
Pulp Fiction a couté 8,5 millions de dollars, a été tourné « comme s’il coutait 25 millions de dollars » dixit Tarantino, et a rapporté 214 millions de dollars rien qu’en salle.
« Film indépendant le plus rentable de l’histoire », il a relancé la carrière de John Travolta, donné un second souffle à celle de Bruce Willis, et propulsé Samuel L. Jackson et Uma Thurman au rang de stars.
Son succès a aussi et surtout ouvert la voie aux frères Harvey et Bob Weinstein (oui, le Harvey Weisntein prédateur et violeur aujourd’hui en prison) pour écrire l’une des plus belles pages de l’histoire Hollywood.
Fondé en 1979 dans le but de financer les films que les grands studios refusent de financer, Miramax venait en effet de passer à deux doigts de la banqueroute. Racheté par Disney un an plus tôt, Pulp Fiction l’a affranchi de la tutelle de la firme aux grandes oreilles.
Cette liberté artistique a ainsi permis aux deux frères de régner sur les années 90 avec des films plébiscités tant par le public que par la critique (Clercks, Le Patient anglais, Will Hunting, Scream, Shakespeare in Love, Fahrenheit 9/11…).
Vantard, Tarantino a longtemps claironné : « C’est moi qui ai bâti Miramax, je suis leur Mickey Mouse. »
Y comme You Can Never Tell
La chanson de Chuck Berry sur laquelle se trémoussent Mia et Vincent.
Gros hit en 1964, elle conte sur un air de piano l’histoire de deux adolescents qui se marient, deviennent des « monsieur et madame » (en français dans le texte), et pour qui la vie se déroule de la façon la plus douce qui soit (ils achètent un petit meublé, conduisent une décapotable rouge et collectionnent les disques de rock).
Détail beaucoup moins feel good : Chuck Berry a écrit et composé You Can Never Tell alors qu’il purgeait une peine de 20 mois de prison pour corruption de mineure – il avait tenté de ramener de Mexico une fille de 14 ans dans sa voiture pour la faire travailler dans son club de Saint-Louis.
Rapporté au thème, difficile de séparer l’œuvre de l’artiste.
Z comme Zed
Dans Pulp Fiction, dire de la police qu'elle se fait discrète est un euphémisme : Vincent et Jules vident tranquillement leurs chargeurs dans une résidence sans que personne ne s'en émeuve, Marvin se fait exploser la cervelle en plein jour à l'arrière d’une voiture, il est possible de prendre le temps de disserter sur la Bible en plein braquage, etc.
Seule exception, Zed, le flic sodomite qui initie Marsellus aux plaisirs du coffre sans trop se soucier de son consentement.
Du genre rancunier, une fois ce dernier remis de ses émotions, il balance LA réplique que tout le monde a appris par cœur au moins une fois dans sa vie.
« Maintenant quoi ? Je m’en vais te le dire moi quoi ! J’appelle deux experts complètement défoncés au crack qui vont travailler nos deux copains. Avec une paire de pinces, un chalumeau et un fer à souder. Est-ce que tu m’as entendu ! Espèce de porc ! Je suis très loin d’en avoir fini avec toi ! Je vais te la jouer à la flamme bien moyenâgeuse ! »
Septembre 2024
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Mon compte-rendu subjectif du Conseil régional du 29 mai 2024
LR et LREM posent des questions d’actualité, très pro-bagnoles, sur le Bd périphérique, en criant au chaos et à l’enfer, alors que le projet de la mairie de Paris consiste simplement en une limitation à 50 km/h et une voie réservée aux transports en commun, taxis et co-voiturage. Sur la forme, Jean Brun parle de “l’escrologie des écologistes” … tout va bien au pays des insultes. Bref toujours la même rengaine, celle que la droite nous a servi au moment de la piétonisation des voies sur berges. La droite toujours autant visionnaire, complètement sourde aux problèmes de bruit et de pollution.
LFI fait l’inventaire des problèmes de la politique des transports, dont les 1,5 millions dépensés pour les taxis volants.. Pécresse défend encore une fois les taxis volants, et prédit que cela va se développer partout car c’est un transport “écologique” (alors que l’autorité environnementale est franchement contre).
Le PC pose la question des subventions au lycée Stanislas, alors qu’elle a coupé celles pour Science Po. V. Pécresse rétorque qu’elle y est obligée par la loi.
Le RN cite la LICRA pour attaquer la grande mosquée de Paris, car elle a reçu une candidate de la LFI.
Nous posons la question des forages et puits de pétrole prévus à proximité de la forêt de Fontainebleau et qui est une menace pour la qualité de l’eau. Pécresse a demandé à l’Etat un audit de la concession, mais elle défend les forages, au nom de l’industrie, et du pétrole francilien, non importé. Bref une vraie déclaration d’amour aux énergies fossiles !
Le PS dénonce la politique logement de la région. V. Pécresse défend à nouveau sa politique anti-ghetto et affirme que ca n’empeche pas la production de logements très sociaux, ce qui est bien évidemment faux.
Puis on passe au vote du Compte Financier Unique. Le débat est un peu classique, à noter quand même que LREM fait une intervention très positive, sauf leur vote contre, on pourrait les classer dans la majorité de droite et non dans l’opposition. On dénonce une sous consommation des dépenses, au détriment du fonctionnement des organismes associés comme l’IPR ou Airparif. Les investissements sont aussi insuffisants sur le climat et la pollution.
Le Budget supplémentaire permet d’ajuster le budget voté en décembre. Mais hélas, on ne rectifie pas grand-chose et au contraire il enfonce le clou de politiques budgétaires droitières.
Nous posons des amendements pour renforcer la rénovation des lycées et arrêter la gabegie du tout numérique, pour la végétalisation des cours des lycées, pour rénovation thermique.
A. Pulvar se prend un avertissement, alors qu’elle vient de faire une intervention très pertinente pour défendre un plan contre les pollutions des pesticides. deux poids deux mesures.
Nous votons contre, car les services publics franciliens vont mal ! Tout simplement.
On vote la création de 41 emplois pour la base de loisirs de St Quentin en Yvelines. Il s’agit de la reprise par la région de ces emplois, la région étant bien contrainte de le faire, le syndicat mixte étant lâché en rase campagne par le département du 78 et l’agglo de St Quentin en Y. (tous les deux de droite !). Bref, la droite pompier pyromane.
On vote pour l’agenda “IDF sans Sida”, malgré l’absence de budget et de calendrier. Nous demandons en particulier des actions à destination des travailleurs du sexe, des usagers de drogue (et notamment des salles de conso) et des sans-papiers.
Une convention avec l’ARS est signée.
Le rapport de la chambre régionale des comptes sur le comité régional du tourisme est présenté. Il montre une mauvaise gestion et le manque d’ambition et de moyens de sa stratégie sur le tourisme. Nous en profitons pour pointer le bilan climat désastreux d’un tourisme uniquement dirigé vers la clientèle étrangère - et les voyages d’élus, payés par le contribuable, à Las Vegas ou Sydney pour promouvoir la destination Paris.
Un vœu du PC porte sur le racisme et les discriminations. Alors que ca devrait être un combat commun contre l’extreme-droite, l’intervention de la droite avec Pierre Liscia est particulièrement de bas étage traitant ouvertement toute la gauche d’antisémite. Le voeu est rejeté, avec beaucoup de votes contre.
Un vœu de LREM porte pour un Groupe de travail sur les familles monoparentales. On vote pour même si c’est un peu gonflé de la part du parti d’un gouvernement bien peu social, mais on peut rêver qu’à l’assemblé nationale ils ne l’oublieront pas pour voter la PPL de la gauche parlementaire. He he l’UDI hésite, demande une suspension de séance, et finalement ne le vote pas.
On finit par une photo du groupe avec des pancartes pour demander le cessez le feu à Gaza.
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Cinéma : La nouvelle comédie de Quentin Dupieux en ouverture du 77e Festival de Cannes
Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux, le nouveau film du prolifique réalisateur et scénariste français, également musicien, fera l’ouverture du prochain Festival de Cannes. Présentée Hors Compétition en avant-première mondiale sur la Croisette le mardi 14 mai, cette comédie à quatre voix sortira le même jour dans toutes les salles françaises. Pour ouvrir les festivités de la 77e édition, c’est un…
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Je suis un petit cassos, j'ai laissé mon boîtier d'écouteurs sur une machine à la salle, quand je m'en suis rendu compte au milieu de ma séance je suis retourné à la machine mais impossible de le retrouver et j'ai voulu demander à l'accueil mais y avait personne 😡 du coup quand je vais y retourner vendredi je vais leur demander j'espère que quelqu'un l'a retrouvé sinon je vais mourir
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Florence veut présenter David, l'homme dont elle est follement amoureuse, à son père. Mais David n'est pas attiré par elle et veut la jeter dans les bras de son ami Willy. Les personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
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ALAIN LE GENTIL
SOLDAT
Il servit le roi Charles VII dès l’âge de douze ans, comme archer, ayant été enlevé par des hommes de guerre dans le plat pays de Normandie. La manière dont il fut enlevé fut telle. Tandis qu’on allumait les granges, qu’on écorchait les jambes des laboureurs à couteaux de ceinture, et qu’on jetait les fillettes à bas sur les lits de sangles, rompus, le petit Alain s’était blotti dans une vieille pipe de vin défoncée à l’entrée du pressoir. Les hommes de guerre renversèrent la pipe et y trouvèrent un garçonnet. On l’emporta à tout sa chemise et sa cotte hardie. Le capitaine lui fit donner un petit jaquet de cuir et un ancien chaperon qui venait de la bataille de Saint-Jacques. Perrin Godin lui apprit à tirer de l’arc et à ficher proprement son carreau dans le blanc. Il passa de Bordeaux à Angoulême et du Poitou à Bourges, vit Saint-Pourçain, où se tenait le roi, franchit les marches de Lorraine, visita Toul, revint en Picardie, entra en Flandres, traversa Saint-Quentin, vira vers la Normandie, et pendant vingt-trois ans, courut la France en compagnie armée, où il connut l’Anglais Jehan Poule-Cras, qui lui fit savoir la façon de jurer par Godon, Chiquerello le Lombard, qui lui enseigna à guérir le feu Saint-Antoine, et la jeune Ydre de Laon, qui lui montra à abattre ses brayes.
Au Ponteau de Mer, son compagnon Bernard d’Anglades lui persuada de se mettre hors l’ordonnance royale, lui assurant qu’ils vivraient grandement tous deux en enseignant les dupes avec les dés pipés, qu’on nomme « gourds ». Ils le firent, sans quitter leur attirail, et ils feignaient de jouer, à l’orée des murs du cimetière, sur un tabourin volé. Un mauvais sergent de l’official, Pierre Empongnart, se fit montrer les subtilités de leur jeu et leur dit qu’ils ne tarderaient pas à être pris : mais qu’il fallait hardiment jurer qu’ils fussent clercs, afin d’échapper aux gens du roi et de réclamer la justice de l’Église, et, pour cela, tondre tout net le haut de leurs têtes et jeter promptement, en cas de besoin, leurs collets déchiquetés et leurs manches de couleur. Il les tonsura lui-même avec les ciseaux consacrés et leur fit marmotter les sept Psaumes et le verset Dominus pars. Puis, ils tirèrent chacun de leur côté, Benard avec Bietrix la clavière, et Alain avec Lorenete la chandelière.
Comme Lorenete voulait un surcot de drap vert, Alain guetta la taverne du Cheval Blanc à Lisieux, où ils avaient bu un broc de vin. Il revint la nuit dans le jardin, fit un trou au mur avec sa javeline, et entra dans la salle où il trouva sept écuelles d’étain, un chaperon rouge et une verge d’or. Jaquet le Grand, fripier de Lisieux, les changea très bien contre un surcot tel que le désirait Lorenete.
À Bayeux, Lorenete demeura dans une petite maison peinte, où on disait qu’étaient les étuves des femmes, et la maîtresse des étuves ne fit que rire quand Alain le Gentil voulut la reprendre. Elle le reconduisit à l’huis, la chandelle au poing, et une grosse pierre dans l’autre main, lui demandant s’il avait point envie qu’elle lui en frottât le museau pour lui faire faire la baboue. Alain s’enfuit, en renversant sa chandelle, tirant du doigt à la bonne femme ce qui lui parut être une verge précieuse : mais elle n’était que de cuivre surdoré, avec une grosse pierre rose contrefaite.
Puis Alain partit errant, et à Maubusson rencontra, dans l’hôtellerie du Papegaut, Karandas, son compagnon d’armes, qui mangeait des tripes avec un autre homme nommé Jehan Petit. Karandas portait encore son vouge, et Jehan Petit avait une bourse avec ses aiguillettes, pendante à la ceinture. Le mordant de la ceinture était d’argent fin. Après avoir bu, ils délibérèrent tous trois d’aller à Senlis par le bois. Ils se mirent en route sur la tarde, et quand ils furent au plein de la forêt, sans lumière, Alain le Gentil traîna la jambe. Jehan le Petit marchait devant. Et dans le noir, Alain lui donna rudement de sa javeline entre les deux épaules, cependant que Karandas lui croulait son vouge sur la tête. Il tomba ventre à terre, et Alain, l’enfourchant, lui coupa la gorge de sa dague, d’outre en outre. Puis, ils lui bourrèrent le cou de feuilles sèches, afin qu’il n’y eût pas une mare de sang sur le chemin. La lune parut à une clairière : Alain coupa le mordant de la ceinture, et dénoua les aiguillettes de la bourse, où il y avait seize lyons d’or et trente-six patars. Il garda les lyons, et jeta la bourse avec les virelants à Karandas, pour sa peine, tenant la javeline haute. Là, ils se départirent l’un de l’autre, au milieu de la clairière, Karandas jurant le sang Dieu.
Alain le Gentil n’osa toucher Senlis et revint par détours jusque vers la ville de Rouen. Comme il s’éveillait, après sa nuit, sous une haie fleurie, il se vit entouré par des gens cavaliers qui lui attachèrent les mains et le conduisirent aux prisons. Près du guichet, il se glissa derrière la croupe d’un cheval, et courut à l’église de Saint-Patrice, où il se logea contre le maître-autel. Les sergents ne purent passer le porche. Alain, étant en franchise, hanta librement la nef et les chœurs, vit de beaux calices de métal riche et des burettes bonnes à fondre. Et la nuit suivante, il eut pour compagnons Denisot et Marignon, larrons comme lui. Marignon avait une oreille coupée. Ils ne savaient que manger. Ils envièrent les petites souris rôdeuses qui nichaient entre les dalles et s’engraissaient à grignoter les bribes du pain sacré. La troisième nuit, ils durent sortir, la faim aux dents. Les gens de justice les empoignèrent, et Alain, qui se cria clerc, avait oublié d’arracher ses manches vertes.
Il demanda aussitôt à aller au retrait, décousit son jaquet, et enfonça les manches parmi l’ordure ; mais les hommes de la geôle avertirent le prévôt. Un barbier vint raser entièrement la tête d’Alain le Gentil, pour effacer sa tonsure. Les juges rirent du pauvre latin de ses psaumes. Il eut beau jurer qu’un évêque l’avait confirmé d’un soufflet, quand il avait dix ans : il ne put venir à bout des pâtres-nôtres. On le mit à la question comme un homme lai, sur le petit tréteau, puis sur le grand tréteau. Au feu des cuisines de la prison, il déclara ses crimes, les membres tout affolés par l’étirement des cordes, et la gorge rompue. Le lieutenant du prévôt prononça la sentence, sur les carreaux. Il fut lié à la charrette, traîné jusqu’aux fourches, et pendu. Son corps se hâla au soleil. Le bourreau prit son jaquet, ses manches décousues, et un beau chaperon de drap fin, fourré de vair, qu’il avait volé dans une bonne hôtellerie.
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SAMEDI 18 MAI 2024 (Billet 2 / 4)
« LE DEUXIEME ACTE » (1h 20min)
Un film de Quentin Dupieux, avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard…
Même si, très particuliers, nous avions bien aimé les deux films précédents de Quentin Dupieux, « Dali » et surtout, « Yannick », nous ne nous attendions pas à ce que « Le deuxième acte » nous plaise autant. Marina y est même allée un peu à reculons. La moyenne des critiques des spectateurs n’était pas bonne du tout, au contraire pour une fois de celle des critiques « Pro ».
Nous avons adhéré dès le premier plan, un plan séquence d’au moins 6 minutes de Louis Garrel et Raphaël Quenard discutant en marchant sur une route, peut-être plus. Les acteurs sont excellentissimes et donnent l’impression de prendre réellement leur pied en interprétant leurs personnages. Ils jouent à jouer !
Nous ne voulons pas vous en dire plus. Ajouter juste que c’est un film que nous ne recommandons surtout pas à tout le monde et qu’il y a un passage, vers la fin, qui fait nettement référence à « l’Allégorie de la caverne » de Platon. Comme quoi notre précédent Billet sur le sujet était tout à fait d’actualité.
Marina lui donne ❤️❤️❤️,5 et JM, ❤️❤️❤️,8 sur 5. Marina un peu moins à cause du dernier plan, très long, qui est en vérité très bizarre. JM, lui, a pensé au temps qu’il a fallu aux décorateurs pour installer ces rails de traveling interminables...
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Le pitch :
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
La critique :
"Continuez de rêver, c'est mieux". Cette phrase prononcée par Louis Garrel à deux figurantes pourrait presque être celle de Quentin Dupieux aux spectateurs qui découvrent « Le deuxième acte » en salles de cinéma. Présenté en ouverture du Festival de Cannes mardi soir, le dernier long-métrage du cinéaste prolifique est une comédie noire qui tacle le monde du cinéma et le star-system. Difficile de la résumer tant elle est égrainée de plusieurs twists successifs, mais le cinéaste nous plonge dans l'envers du décor peu reluisant du septième art en suivant des acteurs, qui jouent des acteurs, qui jouent dans un film. Vous suivez ?
Un film « meta » (l'important du film, c'est justement son deuxième acte) et une mise-en-abime comme Dupieux en a habitué les spectateurs, qui lui permet de déglinguer le star-system et d'alerter sur l'état du cinéma français actuel, alors qu'il en est devenu la nouvelle égérie et qui s'interroge, au fond, sur la capacité qu'a le cinéma à nous faire rêver, encore aujourd'hui. Il y a donc beaucoup de choses dans « Le deuxième acte » et Quentin Dupieux laisse peu de temps morts à son spectateur pour le digérer.
En superposant les niveaux, et donc les niveaux de lecture et brouille la frontière entre cinéma et réalité, le réalisateur cherche à décontenancer et joue sur l'intelligence du spectateur sur le propos véritable de son film. Alors qu'on croit être dans la réalité, on découvre qu'on est dans une fiction, qui elle-même est une fiction imaginée par une « IA » (Intelligence Artificielle) sans pitié, le véritable ennemi du cinéma de demain.
La véritable dénonciation du film (les dangers de l'IA, la capacité du cinéma à faire rêver, sa cruauté, etc.) se dévoilent alors véritablement dans ce « Deuxième acte » justement, après une première partie qui tacle les acteurs (leurs caprices, leur hypocrisie, leur bêtise même) de manière mordante mais artificielle, justement. Face à Vincent Lindon, Louis Garrel, Raphaël Quenard et Lea Seydoux qui s'en donnent à cœur joie en délivrant les répliques cinglantes, Manuel Guillot incarne un personnage plus fragile, à l'écart du milieu, et donc plus authentique. C'est la véritable star du film, comme il le dit dans la bande-annonce mystérieuse du film mais qui racontait déjà tout : "le vrai héros, c'est moi".
(Source : « linternaute.com »)
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🎙 Les Heures Supp' #4 - L'exception française avec Alexis Roche 🎙
C’est le dernier épisode des Heures Supp’ pour cet été; et aujourd'hui je vous partage un long extrait coupé de ma conversation avec Alexis Roche, du troisième épisode de la saison 1. On y parle de l’industrie du cinéma français, d’exception culturelle, de chronologie des médias, de l’expérience particulière et très propre à la salle de cinéma.
Peut-être que via cet épisode, vous pourrez enfin comprendre un peu mieux le fonctionnement de l’industrie du cinéma en France, notamment sur plusieurs points; par exemple : comment est-ce qu’on finance des films; et pourquoi un film sorti au cinéma met autant de temps à passer à la télé par la suite et pourquoi ils passent sur Canal + en premier…?
Bref, plein de sujets que je trouve super intéressants; et qui j’espère vous intéresseront aussi !
Bonne écoute ! ✨
🎬 OEUVRES CITÉES :
Taxi 5 de Franck Gastambide (2018)
Les Visiteurs : la Révolution de Jean-Marie Poiré (2016)
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? de Philippe de Chauveron (2014)
Bug de Jean-Pierre Jeunet (2022)
Parallèles (série Disney +, 2022)
France de Bruno Dumont (2001)
Avalonia, l'étrange voyage de Don Hall (2022)
Avatar de James Cameron (2009)
Fast & Furious (saga)
Intouchables de Olivier Nakache et Éric Toledano (2011)
Les Huit Salopards de Quentin Tarantino (2015)
Le Roi Lion de Roger Allers et Rob Minkoff (1994)
Star Wars (saga)
📝 TRANSCRIPTION
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