#peindre les humains
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camillehenri · 8 months ago
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This is what I painted on Saturday.
Thank you Good Vibe People and ArtJam for having me. I had a great time painting, listening to music and meeting new people.
Hope we can do this again!
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les-portes-du-sud · 4 months ago
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Il était une fois, dans une forêt enchantée, un loup solitaire nommé Lupo. Sa réputation de créature effrayante et dangereuse l’avait exclu des autres animaux. Mais en réalité, Sirhane était doté d’une profonde sagesse et d’une âme artistique. Un jour, une dame nommée Samara, célèbre pour sa beauté et sa bonté, s’aventura dans la forêt. Elle cherchait un endroit pour peindre, loin du tumulte du village. Tandis qu'elle posait son chevalet, elle sentit un regard perçant. C’était Sirhane, intrigué par cette humaine si différente. Au lieu de fuir, Samara l’invita à s’asseoir près d’elle. Au fil des jours, une amitié inattendue se tissa entre eux. Samara peignait les paysages que Sirhane connaissait si bien, et il lui racontait des histoires sur chaque recoin de la forêt. Un soir, alors que le soleil se couchait, Samara offrit à Sirhane une toile où elle avait capturé son essence : ni effrayante ni sauvage, mais majestueuse et sereine. Sirhane, touché par ce geste, lui confia un secret : il n’avait jamais connu l’amitié avant elle. Leur lien inspira tout le village à voir la forêt et ses habitants d’un œil neuf, rappelant à tous que la compréhension et la compassion pouvaient transformer même les cœurs les plus méfiants. Et c'est ainsi que le loup et la dame vécurent en harmonie, prouvant que l'amour et l'art pouvaient briser toutes les barrières.
Les-portes-du-sud
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thebusylilbee · 6 months ago
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Trente ans après la fin de l’apartheid, la petite communauté juive d’Afrique du Sud est plus que jamais divisée. Une partie a profité du système raciste, l’autre a résisté. Deux leçons contradictoires de la Shoah s’opposent : celle d’un « plus jamais ça » universaliste, qui pousse les uns à soutenir Gaza, et celle de la singularité de la tragédie juive, qui inspire aux autres un sionisme conservateur.
par Charlotte Wiedemann
Après avoir contemplé les murs gris d’une cellule de prison pendant vingt-deux ans, Denis Goldberg s’est entouré des couleurs de peintures africaines. Des tableaux qui célèbrent la vie, le plaisir et le désir, qu’on peut désormais voir dans la House of Hope (« Maison de l’espoir ») : ce bâtiment sobre et fonctionnel à la périphérie du Cap constitue le legs du plus célèbre Juif ayant combattu l’apartheid. Les enfants peuvent y peindre et y faire du théâtre. Dans le jardin où les cendres de Goldberg ont été dispersées, des oiseaux picorent. C’est un lieu paisible, qui n’a pourtant rien d’une idylle où le passé pourrait trouver le repos. Trois décennies après la fin de l’apartheid, la mer des toits des townships d’où viennent les enfants roule dans le paysage vallonné du Cap avec une désolation révoltante. Et les questions soulevées par l’héritage de Goldberg sont bien trop présentes, des questions sur ce qui rend une décision éthique, sur la valeur de la vie et sur les interprétations de ce que signifie l’existence juive.
Comme la plupart des Juifs ayant immigré en Afrique du Sud, les ancêtres de Goldberg étaient originaires de la Lituanie tsariste et fuyaient les pogroms et la misère. Un demi-siècle plus tard, convaincu que chaque être humain mérite un respect égal, quelle que soit sa couleur de peau ou son origine, Goldberg a pris fait et cause pour le Congrès national africain (ANC) dont il a rejoint la branche armée. Condamné à plusieurs reprises à la prison à vie aux côtés de Nelson Mandela, il ne fut pas incarcéré à Robben Island, mais dans une prison pour Blancs à Pretoria. L’apartheid a appliqué la ségrégation même parmi ses ennemis mortels.
Sur une plaque de la Maison de l’espoir, on peut lire : « He was a Mensch » (« C’était un Mensch »), d’après l’expression yiddish désignant celui qui a fait preuve d’humanité en s’engageant pour les autres. Seule une petite minorité des 120 000 Juifs qui vivaient à l’époque en Afrique du Sud a choisi cette voie périlleuse. Parmi les Blancs de l’ANC, ils étaient largement surreprésentés, et cela constitue le bon côté de la médaille, tout aussi remarquable que son revers, à savoir que la majorité d’entre eux s’accommodaient de l’apartheid, s’abritaient derrière des lois raciales qui leur étaient favorables et évitaient le contact avec les combattants de la liberté issus de leurs propres rangs, dans la crainte constante que cela pourrait favoriser l’antisémitisme.
Ce n’est qu’en 1985, après trente-sept ans du régime d’apartheid, que les dirigeants de la communauté se décidèrent à le condamner clairement. Comme l’a reconnu ultérieurement le grand rabbin Cyril Harris devant la Commission vérité et réconciliation : « La communauté juive a profité de l’apartheid (…). Nous demandons pardon (1). » Faire le choix d’une résistance désintéressée, payée au prix fort de l’emprisonnement, de l’exil, du bannissement, de la mort et de la mutilation sous les tirs de l’État raciste. Ou s’adapter, se faire complice. Des avocats juifs ont défendu des militants noirs ; juif aussi, le procureur général qui a condamné Mandela en faisant preuve d’un remarquable fanatisme.
L’historienne Shirli Gilbert, spécialiste de l’histoire des Juifs sud-africains, voit dans cette polarisation la tension entre deux interprétations de la Shoah au sein du judaïsme, avec, d’un côté, la singularité des victimes juives et, de l’autre, l’universalité de l’enseignement du « plus jamais ça ». La première lecture entretient le besoin de se protéger, la seconde est un moteur pour l’action (2).
Pour saisir cette situation — propre à l’Afrique du Sud mais dont on peut tirer des leçons générales —, il faut revenir à ses origines. Construite en 1863 en pierres de taille, la plus ancienne synagogue du pays sert aujourd’hui d’entrée au Musée juif sud-africain, au Cap. On y trouve des photographies montrant les miséreux débarquant sur le port, des hommes avec des casquettes plates et des vestes usées, des femmes avec des foulards portant des ballots de draps, la valise en carton fermée par une ficelle. Ils furent 70 000 à arriver au tournant du XXe siècle, émigrant depuis la frange ouest de l’empire tsariste, là où vivait alors la moitié de la population juive mondiale. Attirés par des récits d’argent facile à gagner dans les mines d’or et de diamants d’Afrique du Sud, plus d’un ont commencé comme colporteurs, se rendant dans des implantations isolées sur des charrettes à grandes roues tirées par des mules, vendant du savon, des boutons et de la vaisselle.
Pourtant, tout immigrant sans ressources sentait que son statut dans la colonie différait de celui dont il disposait dans son ancien pays. Un témoin de l’époque raconte avoir vu un Noir s’écarter pour lui céder le passage sur le quai tout en baissant les yeux : « En Russie, personne n’aurait cédé le passage à un Juif (3). »
Blancs parmi les Blancs, les Juifs profitèrent des zones rurales pour s’intégrer rapidement dans une société coloniale des Boers dont l’antisémitisme ne s’est aggravé que dans les années 1930. Bientôt circulèrent des histoires de succès : par exemple, dans le commerce des plumes d’autruche alors recherchées dans le monde entier pour la chapellerie féminine de luxe — on appelait les maisons de campagne des riches commerçants juifs des « palais de plumes ».
Les vitrines du musée n’évoquent pas les conditions nécessaires à une telle réussite : les Juifs avaient le droit d’acquérir des terres (dans les cas les plus extrêmes, celles de propriétaires noirs auparavant expulsés), ils étaient libres de leurs déplacements et de souscrire des emprunts. Leur existence était légitime ; une légitimité de colons vivant au milieu d’une majorité de personnes privées de droits. Dans les villes, certes, il fallait composer avec l’antisémitisme. Aux yeux de Britanniques « snobs », ceux qu’on appelait les « Juifs de l’Est » semblaient « sales » et pas tout à fait civilisés. Leur yiddish sonnait douteux. Mais les immigrants eurent tôt fait de se débarrasser de leur langue comme d’un fardeau. Le yiddish disparut en l’espace d’une génération. Subir la discrimination, réelle ou redoutée, entrait en balance avec l’acquisition de privilèges coloniaux.
Un triangle magnétique
Judéocide, sionisme, apartheid : si la collectivité des Juifs et des Juives sud-africains s’est formée dans ce triangle d’influences, chacune d’entre elles a marqué différemment chaque famille, chaque individu.
Steven Robins a proposé que nous nous rencontrions dans un café du Cap. Robins, dont les ancêtres portaient le nom de Robinski, est anthropologue, professeur à l’université. Un homme avenant, à l’allure juvénile. Son père a fui l’Allemagne nazie pour arriver au Cap en 1936. Seul le Stuttgart put encore accoster ensuite, avec 537 Juifs allemands à son bord, après quoi l’Afrique du Sud ferma impitoyablement ses portes aux réfugiés.
Robins a grandi avec sous les yeux une photographie encadrée, posée sur le buffet. Trois femmes dont on ne parlait jamais — la mère et les deux sœurs de son père que celui-ci n’avait pu aller chercher pour les sauver. Elles ont été assassinées à Auschwitz — d’autres membres de la famille le furent dans les forêts près de Riga. Robins a trouvé bien plus tard, alors qu’il était adulte depuis longtemps, les lettres pleines de suppliques, plus d’une centaine, que la famille avait envoyées en Afrique du Sud. De longues années de recherche lui ont permis de reconstituer l’histoire des Robinski et d’écrire le livre Letters of Stone (4) (« Lettres de pierre »). À Berlin, les membres de sa famille ont désormais des Stolpersteine à leur nom — des pavés plaqués de laiton en mémoire de victimes du nazisme — et leurs lettres sont retournées là où elles ont été écrites et sont désormais conservées dans les archives du Musée juif de Berlin.
Son père a-t-il gardé le silence par culpabilité ? « Le silence est une chose complexe, répond Robins. Ce fut un coup terrible pour lui, il est tombé gravement malade dans les années 1940. » Arthur, un frère cadet de son père qui avait aussi réussi à fuir pour l’Afrique du Sud, est devenu un sioniste convaincu. Deux frères, deux manières de vivre avec le fardeau de ne pas avoir pu sauver les siens.
En travaillant à l’écriture de son livre, Robins a davantage pris conscience de sa propre judéité. Mais il ne met pas la souffrance juive à part et montre comment le racisme européen a entremêlé l’histoire du génocide des Juifs et celle de l’apartheid. Il partage cette manière de voir avec certaines figures de la scène artistique juive sud-africaine de renommée internationale, comme Candice Breitz, Steven Cohen et William Kentridge. Cette position historique et politique qui voit l’humanité comme indivisible les oppose tous au courant majoritaire du sionisme conservateur — tout particulièrement de nos jours. Avec Kentridge et plus de sept cents autres personnalités, Robins a signé une lettre ouverte dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza. « L’expérience de la persécution et du génocide est intimement liée à notre mémoire collective, y écrivaient-ils. Nous sommes donc appelés à empêcher qu’une telle chose se reproduise, où que ce soit et quelle que soit la personne concernée (5). »
Des amis juifs, et même des parents, ont violemment critiqué Robins pour cela. À leurs yeux, il trahirait l’histoire de sa famille et celle de son propre livre, écrit dans la peine et la douleur. Robins rétorque : « La Shoah nous apprend à considérer toutes les vies comme équivalentes. Sinon, à quoi servirait sa mémoire ? »
Ce qui a lieu à Gaza, il le ressent comme une tragédie pour le judaïsme, une tache indélébile. « Les Juifs auraient-ils mieux fait de continuer à vivre en diaspora ? », se demande-t-il dans son for intérieur. « Quel sens peut encore avoir mon livre, quel sens peut encore avoir la mémoire de la Shoah face à Gaza ? »
L’apartheid a débuté en mai 1948, et c’est en mai 1948 également que fut fondé l’État d’Israël. S’il s’agit d’une coïncidence, ces deux événements restent consubstantiels à la fin de l’époque coloniale dans le monde, et il existe bel et bien un lien entre apartheid et sionisme — sans même qu’il faille évoquer la Cisjordanie.
En arrivant en Afrique du Sud, les immigrants avaient apporté d’Europe de l’Est deux idées fortes qui s’y faisaient concurrence. Le sionisme, d’une part, qui devint une sorte de religion civile laïque — la Fédération sioniste sud-africaine a été fondée un an seulement après le congrès de Bâle organisé par Theodor Herzl en 1897. D’autre part, l’engagement radical des bundistes pour la justice ici et maintenant : l’Union générale des travailleurs juifs (Bund) était le parti socialiste des Juifs d’Europe de l’Est, lui aussi fondé en 1897, à Vilnius. Des partisans et des combattants des ghettos juifs qui allaient se soulever dans l’Europe occupée venaient de ce milieu. Ceux-là dont se souviendraient, en Afrique du Sud, les militants juifs dans leur combat pour la liberté de tous.
Le sionisme s’est en revanche renforcé sous l’apartheid : le système ethnocratique exigeait l’appartenance à une communauté. Pour des millions de Sud-Africains, cela signifiait l’assignation arbitraire à des castes de couleur de peau et des bantoustans. La majorité des Juifs appliqua toutefois un principe différent : plutôt que de se fondre dans la société, le repli sur soi. Aujourd’hui encore, la communauté, réduite à 60 000 membres par l’émigration, est étonnamment homogène, à 80 % d’origine lituanienne ; si peu de mélange en cent cinquante ans.
Beyachad, qui signifie « cohésion » en hébreu, est le nom du centre de la communauté à Johannesburg, isolé de la rue par un mur de sécurité. L’historien David Saks, familier de longue date des affaires de la communauté juive, a son bureau au premier étage, mais des grilles massives en protègent les fenêtres — la lumière froide du néon, le charme d’une cellule de prison. Cette atmosphère correspond au résumé que Saks livre, en une phrase, du cours des choses : « Nous regardons à nouveau vers l’intérieur. »
Alors qu’en Europe et aux États-Unis la diaspora a été prise dans un processus de sécularisation, en Afrique du Sud, elle s’est davantage tournée vers la religion, est devenue plus orthodoxe. Et comme ceux qui vivent selon la Loi sont obligés de se rendre à pied à la synagogue pour célébrer le shabbat, les petites maisons de prière, parfois informelles, se multiplient. En dépit des prix pratiqués, la plupart des parents envoient leurs enfants dans l’une des écoles privées juives — le coût de la scolarité régule ainsi le nombre d’enfants qu’on souhaite avoir. Mieux vaut en avoir moins, mais avec une identité juive assurée.
Après la fin de l’apartheid, il y eut, selon Saks, un désir de s’ouvrir davantage à la société. Mais cela ne dura pas longtemps, notamment du fait de l’échec du processus de paix au Proche-Orient. L’opinion publique sud-africaine est ardemment propalestinienne. De nombreux Juifs la perçoivent comme antisémite. C’était déjà le cas avant le 7 octobre, et depuis les tensions n’ont fait que s’accroître. En raison des sympathies de certains membres de l’ANC pour le Hamas, des voix juives ont mis en garde contre l’organisation de rassemblements haineux et de pogroms, tandis que le gouvernement sud-africain accusait Israël de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ).
« Les attaques contre les Juifs demeurent extrêmement rares, nuance Saks. Dans les pays dont les gouvernements sont favorables à Israël, il y a plus d’antisémitisme parce que les musulmans retournent leur frustration contre les Juifs. Ce n’est pas nécessaire ici. » En Afrique du Sud, un migrant démuni du Zimbabwe reste plus vulnérable qu’un Juif — à cause de la violence xénophobe dans un cas, et parce que la communauté veille à ce qu’aucun de ses membres ne se retrouve à la rue dans l’autre —, même si, depuis peu, la pauvreté a augmenté. « Avant, se souvient Saks non sans nostalgie, nous donnions plus d’argent à Israël que toutes les autres diasporas ! » Une collecte de fonds a débuté auprès des émigrants aisés.
Des écoles juives entretiennent des partenariats avec d’autres plus pauvres — notamment pour que les enfants de la communauté apprennent à fréquenter leurs camarades noirs sans se sentir supérieurs. Derrière ces engagements se trouve souvent un sentiment de culpabilité inconscient, estime la sociologue Deborah Posel ; il serait préférable d’admettre « notre complicité », comme elle le dit. Une étude montre à quel point les Juifs sud-africains sont divisés quant à leur rapport au passé : 38 % pensent que la communauté a trop accepté l’apartheid, un bloc légèrement plus important est d’un avis contraire, et 20 % préfèrent ne pas se prononcer (6).
Dans ce contexte, que signifie être juif dans un pays qui envisage Israël à travers le prisme de l’expérience traumatisante de l’apartheid ? La souffrance morale semble plus forte chez ceux qui ne veulent se définir ni comme sionistes ni comme antisionistes : dans la communauté, il n’y a pas de place pour leur ambivalence vis-à-vis d’Israël et, plus généralement, dans la société, il n’y a guère de compréhension à l’égard de l’idée de la nécessité d’un foyer du peuple juif (7). On peut interpréter comme une échappatoire radicale à ce dilemme que de jeunes Juifs de gauche se réclament du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), très populaire en Afrique du Sud. Cela leur permet de combler le fossé avec les camarades d’université noirs, et peut-être aussi de se débarrasser symboliquement d’un héritage mal aimé. Selon Steven Robins, il existe désormais un « moment 68 » juif qui voit la mise en accusation par les jeunes générations des parents et des grands-parents pour leur rôle dans l’apartheid et leur positionnement concernant Gaza. La souffrance des Palestiniens actualise et aggrave l’accusation d’une participation coupable.
Une pelouse sur le front de mer du Cap ; un « Shabbat against genocide » (« shabbat contre le génocide ») est organisé devant la sculpture métallique géante représentant une paire de lunettes de Mandela. Sur une table pliante, des bougies et des roses fraîchement coupées, des rouges et des blanches, des roses pour la Palestine. Un activiste portant une kippa aux couleurs de l’arc-en-ciel récite une prière, des personnels de santé musulmans lisent les noms de leurs collègues tués à Gaza.
Caitlin Le Roith, une jeune avocate blonde, tient sa rose avec précaution et solennité. Elle raconte qu’elle n’a compris qu’à l’université tout ce que l’école juive Herzlia lui avait caché concernant Israël. « Je me suis sentie trahie. » Récemment, elle a rejoint les Juifs sud-africains pour une Palestine libre, dont l’antisionisme radical constitue à son sens la réponse à l’éducation reçue dans un établissement où l’on entonnait chaque matin l’hymne national israélien. Une fois, des élèves se sont agenouillés pendant cette cérémonie, comme les sportifs noirs américains qui protestent contre le racisme ; la fureur de la direction fut alors totale. Dans sa famille, explique Le Roith, presque personne ne comprend ce qu’elle défend. « Nous vivons dans des mondes différents. Il est difficile de continuer à se parler. »
Heidi Grunebaum, petite-fille de Juifs expulsés de la Hesse, a mis en lumière avec une acuité particulière ce triangle formé par l’apartheid, Israël et la Shoah. Elle l’a fait sans compromis, y compris vis-à-vis d’elle-même. Nous nous rencontrons à l’université du Cap-Occidental où elle est chercheuse. Rejoindre une faculté créée pour les « coloured » et où on a lutté contre l’apartheid était une décision mûrement réfléchie. Il s’agissait de rompre avec l’esprit de privilèges persistant, notamment dans le monde universitaire. Grunebaum a la réputation d’être radicale, mais on est tout de suite frappé par le soin et la nuance qu’elle apporte à son expression, sans cacher sa propre vulnérabilité.
Jeune adulte, elle avait cru que l’émigration en Israël pourrait la préserver d’une implication inévitable dans l’apartheid. Alors que des membres de sa famille avaient été assassinés à Auschwitz, ne pourrait-elle pas y accéder à une existence cohérente moralement ? Elle a d’abord découvert Israël dans le cadre d’un programme de jeunesse sioniste, qui comprenait la visite de ce qu’on appelle la « Forêt sud-africaine », plantée par le Fonds national juif grâce aux dons de Juifs sud-africains — au-dessus des ruines d’un village palestinien détruit en 1948. Ce n’est que bien plus tard que Heidi Grunebaum a compris que, en donnant de l’argent aux boîtes de collecte bleu et blanc du Fonds, elle était devenue partie prenante d’un autre engrenage.
Nelson Mandela et Anne Frank
Des parallèles s’imposèrent à elle : en Afrique du Sud, le déplacement forcé de trois millions et demi de personnes, là-bas, l’expulsion des Palestiniens. Dans les deux cas, l’invisibilisation du crime de nettoyage ethnique — en Afrique du Sud dans ce qu’on a appelé la « réconciliation », en Israël par le reboisement et l’amnésie. Grunebaum a coréalisé un documentaire à ce sujet, The Village Under the Forest (« Le village sous la forêt », avec Mark J. Kaplan, 54 minutes, 2013). Depuis, elle est décriée au sein de la communauté. Elle raconte la peine qu’elle a de voir ses parents en souffrir.
Ahmed Kathrada, fils de commerçants indiens qui devint un cadre dirigeant de l’ANC, a visité Auschwitz et les ruines du ghetto de Varsovie en 1951. Le souvenir de cette expérience ne l’a plus jamais quitté. De retour en Afrique du Sud, lorsqu’il prononçait ses discours contre l’apartheid, il montrait un récipient en verre contenant des restes d’os du camp : « Voyez ce que signifie le racisme à l’extrême ! » Plus tard, dans la prison de Robben Island, Kathrada, tout comme Mandela, a lu en secret Le Journal d’Anne Frank. Aujourd’hui, la lecture de ce livre est obligatoire dans les écoles sud-africaines.
Même si des dirigeants de l’ANC ont montré de la sympathie pour le Hamas, la Shoah n’a jamais été niée ici. Au contraire, les comparaisons entre l’apartheid et le nazisme ont servi à mobiliser l’opinion publique internationale dans l’immédiat après-guerre. En 1994, à la veille des premières élections démocratiques, Mandela a scellé symboliquement la fin de l’apartheid lors d’une exposition consacrée à Anne Frank. « En honorant la mémoire d’Anne, a-t-il déclaré lors de l’inauguration, nous disons d’une seule voix : jamais et plus jamais ! »
L’enseignement de l’histoire du génocide des Juifs est obligatoire dans le programme des écoles secondaires d’Afrique du Sud. Trois centres de l’Holocauste et du génocide ont été créés au Cap, à Durban et à Johannesburg. Le jour de notre venue à celui de Johannesburg coïncide avec la visite d’un groupe d’adolescents juifs : soixante garçons et filles écoutent un médiateur noir non juif leur expliquer le lien entre l’extermination par les nazis et le génocide rwandais. Les deux génocides sont ici mis sur un pied d’égalité. Il s’agit dans les deux cas d’une exclusion de l’humanité commune. Dans l’entrée, non loin d’une citation de Primo Levi, sont accrochées des photos de scènes de violence xénophobe tirées de l’actualité la plus récente.
Tali Nates, fondatrice et directrice du centre de Johannesburg, une Israélienne qui a acquis la nationalité sud-africaine, a donné à cet endroit son langage particulier. Son père a été sauvé par la liste d’Oskar Schindler. Ce que les jeunes gens retiennent de ce lieu, ce ne sont pas des définitions de l’antisémitisme, mais la tâche qui nous incombe de défendre l’humanité. Et un principe : il y a toujours un choix, même ne rien faire est une décision éthique.
(Traduit de l’allemand par Clément Fradin.)
Charlotte Wiedemann. Journaliste et écrivaine. Dernier ouvrage paru : Den Schmerz der Anderen begreifen. Holocaust und Weltgedächtnis [Comprendre la douleur des autres. Holocauste et mémoire mondiale], Propyläen, Berlin, 2022.
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pauline-lewis · 11 months ago
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Xanadu (Robert Greenwald, 1980)
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Parfois l'amour vous amène à de drôles de découvertes. Ici, c'est mon amour pour la comédie musicale (et pour Gene Kelly) qui m'a menée à découvrir Xanadu (1980), un objet cinématographique vraiment étrange et en même temps tellement over the top que je dois bien avouer que son numéro de séduction a un peu fonctionné sur moi. Le film raconte l'histoire d'un jeune peintre un peu paumé, qui en a marre que son art se limite à reproduire des pochettes d'album à la chaîne. Un jour, une belle femme mystérieuse (ce seront là ses seules caractéristiques) interprétée par Olivia Newton-John arrive en patins à roulettes (logique). Elle devient sa muse (mais genre, vraiment sa muse, elle descend tout droit du Mont Olympe et discute avec Zeus — une scène lunaire). Voilà les seuls éléments "solides" du scénario, tout le reste est en roue arrière sur l'autoroute du "mettons juste des lasers et ça passera". Notre héros rencontre un ancien musicien (Gene Kelly) avec qui il décide d'ouvrir une discothèque (?) parce qu'il a besoin d'un rêve pour exister (pourquoi la muse ne l'encourage pas plutôt à peindre ? Mystère non résolu à la fin du visionnage). Le film est un mix and match kitschissime de danses en patin à roulettes, de scènes de relooking façon Pretty Woman (Gene Kelly qui essaie des costumes colorés !), de figurant·es avec des coupes de cheveux improbables, de la musique hyper catchy d'Electric Light Orchestra, de gros plans sur les fesses des danseuses (les 80s), le tout dans une ambiance crépuscule du disco — "sortez les paillettes ça sent le sapin". Il y a aussi un sous-texte de la "musique de jeunes" VS "la musique de vieux", avec quelques clash musicaux chorégraphiés franchement assez divertissants. Oui c'est dur pour moi de résister à autant de n'importe quoi. Je suis attirée par les bruits de laser qui ponctuent le film comme un papillon de nuit à l'ampoule moche du garage.
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Ce qui est émouvant, évidemment, c'est de voir Gene Kelly dans son dernier grand rôle. Dans une scène assez belle, il écoute un disque et fait apparaître devant ses yeux tout un groupe. Il enchaîne avec un charmant pas de deux et un numéro de claquettes avec Olivia Newton-John (il paraît que ce film a un peu brisé sa carrière alors même qu'elle sortait du succès mondial de Grease, et ça me rend bien triste).
Si vous aimez le disco, les paillettes, Gene Kelly, le sourire irrésistible d'Olivia Newton-John, si vous êtes un gros papillon-humain qui ne peut pas s'empêcher de voler vers les paillettes et les coupes de cheveux craignos, si vous voulez voir DIX MINUTES ININTERROMPUES de danse en patins dans un night club éclairé de néons, alors lancez Xanadu.
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marciamattos · 1 year ago
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PAUL KLEE . Mythe des fleurs (1918), aquarelle sur fond de craie, gaze, papier
Mythe des fleurs (1918), aquarelle sur fond de craie, gaze, papier journal, papier bronze argenté sur carton, Sprengel Museum Hannover, Hanovre
Premiers succès et la guerre
Klee retourne à Berne au moment de la déclaration de la Première Guerre mondiale. Jawlensky et Kandinsky s'exilent, tandis que Marc, Macke et Heinrich Campendonk sont mobilisés. Marc et Macke engagés volontaires, sont tués. Klee reste à Munich et continue sa peinture jusqu'en 1916, date à laquelle il rejoint l'armée où il est admis dans un régiment de réserve, ce qui lui laisse encore la possibilité de peindre, de participer à des expositions et de vendre des tableaux. Klee accompagne en 1917 un convoi de troupes à Nordholz, ville située en Basse-Saxe, et au retour, il rend visite au collectionneur Bernhard Koehlernote de Berlin.
Une exposition des tableaux de Klee est organisée en 1917 à la Galerie Der Sturm de Berlin, ses œuvres obtiennent un grand succès, et le journal de la Bourse de Berlin fait paraître un article élogieux sur son travail. Klee a surtout envoyé des aquarelles de 1916 avec des motifs figuratifs. Mais le peintre dans lequel la critique voyait « l'artiste allemand le plus significatif depuis la mort de Marc » n'a plus jamais connu un succès pareil par la suite. Cette exposition est un grand succès de vente pour Klee qui ne semble pas concerné par la guerre. La critique parle de « l'indifférence de Klee devant les évènements qui secouaient le monde », ce qui est un malentendu. Klee a été initié aux idées du socialisme par son ami Fritz Lotman, professeur de droit, qui lui a fait connaître l'essai d'Oscar Wilde, L'Âme humaine et le socialisme. Klee a intégré la révolution dans son art. Sa correspondance avec Kandinsky montre qu'il est préoccupé par la guerre mais qu'il s'attend comme beaucoup de gens à une rapide victoire des Allemands dont il espère « qu'elle apportera à nouveau les moyens en audace et en argent, de la part des mécènes et des éditeurs écrasés par le poids des dernières années et qui manquent de courage ». Son point vue sera modifié après la mort de Macke.
Les conditions économiques et financières de l'Allemagne sont favorables aux classes possédantes qui se sont enrichies grâce à la vente d'armement, ce qui les pousse à placer leur capital dans l'art moderne, comme le souligne Otto Karl Werckmeister, qui considère que ce moment est celui dans lequel « l'art moderne, qui jusqu'à la guerre, avait été un défi jeté à la culture bourgeoise, rejoint cette culture dans une idéologie commune(…) et c'est à cette guerre, qu'il croyait avoir condamnée, que Klee doit sa carrière. Klee est ici en pleine contradiction avec la revendication de liberté qu'il a exprimée en 1915 à travers sa théorie de l'abstraction »
En 1916, Klee a renoncé à l'abstraction et il s'est lancé dans l'illustration de poèmes chinois que lui a envoyés Lily. Il ne poursuivra pas cette expérience au-delà de quelques essais dont le plus souvent montré est : Jadis surgi du gris de la nuit 22,6× 15,8 cm, aquarelle, plume crayon sur papier, découpé et combiné avec du papier d'argent.
À Gersthofen en 1917, Klee a été marqué par le passage des avions. Le thème du vol et de l'aspiration à voler se retrouvera dans de nombreuses œuvres notamment
Mythe des fleurs (1918 aquarelle sur fond de craie, gaze, papier journal, papier
bronze argenté sur carton), ou Avec l'aigle (1918)
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icariebzh · 11 months ago
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Tu disais "il faudrait peindre le monde avec les terribles couleurs des passions humaines" Tu disais "Longue vie à l'oisiveté lascive "Tu disais  "Au bout du pont on croise parfois des âmes muettes restées à quai" Aujourd'hui tu ne dis plus rien et je m'interroge en vain;
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droitsdesfemmes · 1 year ago
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Alice Neel photographiée par Lynn Gilbert, New York, 1976.
Alice Neel (1900-1984) était une peintre américaine renommée pour ses portraits réalistes. Née à Merion Square, Pennsylvanie, elle a grandi dans une famille de la classe moyenne. Elle a commencé à s'intéresser à l'art dès son jeune âge et a poursuivi ses études à la School of Industrial Art à Philadelphie.
En 1921, elle s'est inscrite à la Philadelphia School of Design for Women (maintenant connue sous le nom de Moore College of Art and Design), où elle a développé une approche unique du portrait. Ses premières œuvres reflétaient l'influence du réalisme et de l'expressionnisme.
Dans les années 1930, elle a déménagé à New York, où elle a vécu dans divers quartiers, y compris Greenwich Village et Spanish Harlem. Cette période a été marquée par des défis personnels, y compris la perte de sa première fille et des difficultés financières. Malgré ces obstacles, elle a continué à peindre, se concentrant souvent sur les gens de son entourage.
Les portraits d'Alice Neel sont connus pour leur représentation psychologique profonde et leur honnêteté brute. Elle a peint une variété de sujets, y compris des amis, des voisins, des activistes, des artistes et des personnalités publiques. Ses œuvres offrent un aperçu des différentes couches sociales et culturelles de New York, notamment durant les époques de la Grande Dépression et des mouvements des droits civiques. Elle est célèbre pour avoir capturé l'essence des individus souvent invisibles aux yeux de la société américaine. Son œuvre, profondément ancrée dans une démarche de représentation des marginaux, des exclus, des malades mentaux, ainsi que des communautés portoricaines en proie à la pauvreté, offre un visage humain et poignant à ces groupes négligés.
Alice, qui se déclarait elle-même fascinée par les « perdants » tant dans la sphère politique que dans les tréfonds de la vie quotidienne, a produit des portraits intenses et dénués de tout artifice. Son travail se distingue nettement des mouvements d'avant-garde contemporains, souvent empreints d'abstraction, par sa crudité et son réalisme sans concession. Se considérant comme une « collectionneuse d'âmes », son art explore non seulement l'apparence extérieure de ses sujets, mais plonge également dans les méandres de la psyché humaine.
Dans son style unique, brut et authentique, elle a également abordé des sujets difficiles tels que la nudité, souvent représentée de manière crue et sans embellissement, et des thèmes sociaux poignants, y compris les femmes enceintes ou victimes de violences domestiques. Par ces représentations, elle a remis en question les conventions traditionnelles de la représentation féminine dans l'art.
Dans les années 1960 et 1970, la reconnaissance d'Alice Neel a augmenté, notamment avec une exposition individuelle à la Whitney Museum of American Art en 1974. Ses œuvres ont été saluées pour leur approche non conventionnelle et leur commentaire social poignant.
Alice Neel est décédée en 1984, mais son héritage persiste. Elle est considérée comme l'une des portraitistes les plus importantes du 20e siècle, ayant influencé de nombreux artistes contemporains. Reconnue pour son indépendance et son caractère affirmé, elle fut pionnière dans la liaison des luttes de sexes, de classes et des questions d'origine à travers ses œuvres. Aujourd'hui, elle est célébrée comme une icône du féminisme et un modèle d'engagement, continuant d'inspirer les nouvelles générations d'artistes féminines. Son travail continue d'être exposé dans des musées et des galeries du monde entier.
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lana-khong · 15 days ago
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E.1027, l’idée moderniste tuée à coups de pinceaux
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Affiche promotionnelle de E.1027, Eileen Gray et la maison en bord de mer (2024).
E.1027, Eileen Gray et la maison en bord de mer (2024) est le premier long-métrage que réalise Béatrice Minger. Accompagnée de Christoph Schaub, les deux scénaristes et réalisateurs racontent l’œuvre qui a donné la postérité à la designeuse et architecte Eileen Gray. La Villa E.1027 est le nom donné à son projet architectural au bord de la Méditerranée, conçu avec le critique d’architecture Jean Badovici. De l’idée avant-gardiste que Eileen Gray traduit à travers son projet à la tentative de réappropriation par le célèbre designer Le Corbusier, ce documentaire-fiction m’a marqué par les manières avec lesquelles il redonne vie à un vestige du modernisme.
Les plans du film valsent entre deux univers. Dans le premier, nous voyons Eileen Gray, Jean Badovici et leur ami Le Corbusier séjourner dans la villa. Ces plans aux allures de biopic sont marquées par un contraste fort entre le blanc des murs et la saturation des couleurs bleus du ciel et de la mer. Ils alternent avec des scènes filmées dans des décors qui ressemblent à ceux d’une pièce de théâtre ou d’une installation d’art contemporain : les personnages évoluent dans une salle totalement noire et décorée avec des meubles, objets et images projetées. Ces éléments présents sur ce plateau évoluent dans le film, permettant dans un premier temps de découvrir les designers et leurs travaux en design d’objet, de voir Eileen Gray dans son atelier, avant de reconstituer les murs blancs de E.1027 et l’acte de vandalisme qu’ils subiront de la main de Le Corbusier. Je perçois l’union de ces deux univers portés par le film comme une cohabitation audacieuse et qui réussit donc à résonner avec l’esprit moderniste de l’architecte Eileen Gray, qui souhaitait proposer une nouvelle manière de concevoir une maison.
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Villa E.1027, côté entrée principale.
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Reconstitution de l’atelier d’Eileen Gray (au centre). Le Corbusier (à gauche) discutant avec Jean Badovici (à droite).
Dès 1932, Eileen Gray cesse de séjourner à E.1027 pour se concentrer sur un nouveau projet, tandis que Jean Badovici et Le Corbusier y restent. Ce dernier convainc l’ex-associé de Gray, sans la permission de la designeuse, de peindre des fresques sur certains murs. Il applique des couches de couleur sur le blanc immaculé de la villa. Les caresses des poils du pinceau sonnent alors comme des coups de balles qui tuent l'œuvre d'Eileen Gray, dont l’harmonie reposait notamment sur la blancheur des murs. Il publie des photographies de ses fresques dans une revue, expliquant qu’elles permettaient de valoriser les mauvais murs de la villa, sans mentionner Eileen Gray. Il ne démentira jamais lorsque ses lecteurs lui donneront et acclameront la paternité de E.1027. De son côté, la designeuse originelle considérera son geste comme du vandalisme, et requalifié par d’autres comme un viol. Le film montre des images desdites pages de la revue, qui ont émerveillées ses lecteurs modernes mais qui, soudain, laissent un goût amer à ces archives. Il s’y ajoute une sensation de malaise, en sachant que la vision architecturale d’Eileen Gray est celle d’un habitat qui soit la continuité de l’être humain : en imposant des fresques qui entrent en dissonance avec ce que E.1027 est aux yeux de sa créatrice, c’est son corps qui est écorché, et son esprit moderne qui est dénaturé.
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Deux fresques peintes par Le Corbusier dans la villa E.1027
De la construction de la villa jusqu'à nos jours, E.1027 a subi d’autres événements qui l’ont détérioré : la Seconde Guerre Mondiale a criblé ses murs de balles, le sel marin a abîmé sa structure, et son abandon l’a vidée de son mobilier conçu sur mesure par Eileen Gray. Pour 2021, la villa est rigoureusement restituée à partir des plans et matériaux d’origine, mais quatre fresques de Le Corbusier sont conservées et classées. E.1027, Eileen Gray et la maison en bord de mer redonne vie à la villa par son parti pris filmatographique, qui met en avant les différentes étapes de sa vie dans des esthétiques distinctes, puis en restituant le conflit qui a paradoxalement son âme initial, créé par la philosophie de Gray. Le film, en mettant en avant les relations complexes entre les trois personnages, insuffle une seconde vie à E.1027 en lui permettant de devenir la scène de théâtre qui montre la difficulté des designeuses modernes d’imposer leur nom à leurs œuvres.
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actu-juridique · 2 months ago
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Gustave Caillebotte « Peindre les hommes »
https://justifiable.fr/?p=111 https://justifiable.fr/?p=111 #Caillebotte #Gustave #hommes #les #Peindre Gustave Caillebotte, Partie de bateau, vers 1877-1878. Musée d’Orsay, achat grâce au mécénat exclusif de LVMH, Grand Mécène de l’établissement, 2022 Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy Peintre autant que collectionneur, Gustave Caillebotte (1848-1894) a réalisé une œuvre évoquant le plus souvent son environnement urbain ainsi que des portraits, d’hommes en particulier. La rétrospective réalisée à l’occasion du 130e anniversaire de sa mort fournit l’occasion de redécouvrir ses tableaux à l’impressionnisme teinté de réalisme. C’est avec le peintre, Léon Bonnat, directeur de l’École des Beaux-Arts, qu’il effectue ses études ; celui-ci lui enseigne l’art académique. Le jeune artiste va rapidement s’en détacher, grâce, en particulier, à sa rencontre avec Monet. Il devient alors un impressionniste enthousiaste. Mais peu à peu, il s’en détourne, quelque peu séduit alors par la peinture de Degas ; les célèbres Raboteurs de parquet en témoignent. Caillebotte va également réaliser des scènes de la vie parisienne et de la rue mais il prend aussi pour thèmes la vie ouvrière et les paysages de banlieue. Toute la diversité de la vie ou du paysage l’intéresse. La fortune dont il a hérité lui permet d’acquérir des peintures de ses amis impressionnistes, parfois de les aider financièrement. Sa création apparaît d’une réelle modernité avec une prédilection pour les figures masculines. Si l’atmosphère de la rue l’intéresse par le mouvement des passants en particulier, il en réalise des instantanés un peu à la manière d’une photographie. Les jardins fleuris figurent également parmi ses sujets de prédilection. Certaines de ses compositions sont fort connues tel Le Pont de l’Europe, Rue de Paris, temps de pluie ou Les Raboteurs de parquet. L’âme humaine l’intéresse, en témoignent des portraits vivants ou encore un autoportrait au regard pénétrant. Il révèle un esprit curieux aussi bien de son entourage que des différents êtres qu’il côtoie ou non comme ceux de la vie ouvrière. Il peint son époque, un vivant témoignage de cette dernière partie du XIXe siècle. Les sports nautiques qu’il pratiquait ont également constitué l’un de ses sujets ; on remarque Partie de bateau dans lequel il excelle à rendre les mouvements de l’eau dans la lumière ou encore Périssoires sur l’Yerres. Il a laissé une œuvre variée avec des scènes souvent prises sur le vif. En dehors de la peinture, il a joué un rôle important en tant que mécène dans l’histoire de l’impressionnisme. À sa mort, il a légué à l’État les 65 œuvres de sa collection parmi lesquelles des compositions de Cézanne, Manet, Pissarro et aussi Le Moulin de la Galette de Renoir. Infos Caillebotte, peindre les hommes Jusqu’au 19 janvier 2025 Musée d’Orsay Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris
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havaforever · 7 months ago
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JEAN HELION - La Prose du Monde,
au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
Riche de plus de cent cinquante pièces et présenté de manière chronologique, cette rétrospective au musée d’Art moderne dévoile l’œuvre dense du peintre, faite d'inventions, de ruptures et de changements de cap, et au final d'une créativité d'une vitalité exceptionnelle.
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Nombre d’artistes évoluent de la figuration à l’abstraction. Jean Hélion (1904-1987) fait le contraire. Il introduit l’abstraction en Amérique dans les années 1930 avant de revenir en France et de retourner à une figuration toute personnelle.
Ce retour à la figuration dans les années 1960 sera incompris du public, ce qui explique sûrement la méconnaissance de son oeuvre aujourd’hui.
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Né en Normandie, Jean Hélion étudie d’abord l’architecture à Paris puis se tourne vers la peinture. Il se lie avec Piet Mondrian, dont l’influence se retrouve dans ses toiles des années 1930 (Composition orthogonale).
Parallèlement, ses formes géométriques s’appliquent à la figure humaine. Ses portraits d’Édouard, Charles, Émile, sont composés de cercles, ovales, et carrés qui s’agencent avec des aplats de couleur, dans un cadrage serré.
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Les oeuvres ne sont pas dénuées de dualité comme dans À rebours (1947) : homme/femme, intérieur/extérieur, endroit/envers. Ou dans Grande Mannequinerie (1951) qui oppose un homme gisant au sol, devant une vitrine de mannequins élégants. Cette scène de rue située à New York fait écho à Figure tombée et met en miroir le monde du rêve face à celui du réel.
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Dans les années 1950, Hélion dépeint des Chrysanthèmes et les toits de Paris. Ses peintures prennent une charge de plus en plus érotique avec des citrouilles ouvertes aux formes suggestives ou dans Le Goûter (1952) avec les restes d’un repas sur une table, un pantalon et une nuisette laissés nonchalamment sur une chaise.
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Hélion subit une perte progressive de la vue jusqu’à la cécité complète mais il continue de peindre, avec urgence, dans une gamme chromatique plus contrastée. « Sa peinture oscille entre dérision et gravité (Le Peintre piétiné par son modèle, 1983), rêve et éblouissement heureux », conclut Sophie Krebs, commissaire de l’exposition.
Le parcours de l’exposition met en valeur le style original du peintre, son avancée à contre-courant pour réinventer la figuration. Une rétrospective éclairante.
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camillehenri · 10 months ago
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Still sketching.
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christophe76460 · 8 months ago
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SÉRIE : LA VÉRITÉ VOUS RENDRA LIBRES
#Série_La_Vérité_vous_rendra_libres #Samuel_Matthews Qc_0736
Leçon 107. UNE BRÈVE PRIÈRE
I Thessaloniciens 5.16-18 (LSG) : « Soyez toujours joyeux. PRIEZ sans cesse. En toute circonstance, rendez grâces ; car telle est à votre égard la Volonté de Dieu en Christ-Jésus. »
Chers amis, la prière est presque un instinct humain fondamental. Quand la vie est en danger, la tendance est de prier. Lorsque les chagrins de l’existence humaine s’abattent sur nous et que le coeur est écrasé sous le fardeau, on peut à peine s’empêcher d’appeler à l’aide – même en l’absence de personne visible.
Quand quelqu’un est lourdement accablé par le poids de sa propre culpabilité et reconnaît qu’il est impuissant à trouver du réconfort, il ne peut s’empêcher d’appeler à l’aide – s’il lui reste un fragment de conscience. Nous pensons naturellement qu’il doit y avoir QUELQU’UN qui voit, entend, comprend notre sort et est capable d’apporter une réponse qui pourrait nous soulager de la douleur.
Le Père céleste est ce QUELQU'UN :
I Jean 5.14-15 : « Voici l'assurance que nous avons auprès de lui : Si nous demandons quelque chose selon sa Volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé. »
Puissiez-vous être abondamment bénis alors que vous priez humblement cette brève prière avec nous CHAQUE JOUR – pour le reste de votre vie … :
Cher Père, ô glorieuse source de tout dans la douce cadence de la danse de la vie, des premières lueurs du matin à la douce ombrée du soir. Bénis-nous avec des moments à la fois humbles et grandioses et tiens nos efforts entre tes mains gracieuses.
Pour les bénédictions que nous voyons, les rires, la joie, le moment si libre, et pour celles inaperçues, semées silencieusement au fond de la vie, cultivées tranquillement, accorde-nous le don de ta vue, pour reconnaître les bénédictions cachées de la Lumière, dans les larmes qui purifient, dans les défis qui nous guident et ton amour qui guérit.
Que nos coeurs soient des vaisseaux débordants de gratitude, vides de toute lutte, murmures et amertumes.
Pour l’abondance des grâces que tu nous donne, grandes et petites, rappelle-nous de les chérir et de les honorer tous.
Accorde-nous la sagesse de partager et d’étendre tes bénédictions que nous recevons à la fois en tant que donateur et ami fidèle pour amplifier ta bonté, être le prolongement de tes mains, répandant l’amour, l’espoir et la joie sans appréhension.
Dans la toile de la vie au fur et à mesure que les bénédictions se dévoilent, laisse la gratitude peindre des histoires brillamment audacieuses.
Que chaque battement de coeur, chaque respiration que nous prenons soit une symphonie de remerciement pour les bénédictions que tu nous apporte.
En ton merveilleux nom ... par l’autorité de Jésus, nous te prions en disant AMEN !
Dieu du Ciel et de la Terre, tu es si bon. Il est donc de notre devoir de veiller à communiquer fidèlement cet amour.
Samuel Matthews
Évangéliste et prédicateur
ORIGINAL ENGLISH LESSON : THE TRUTH SHALL MAKE YOU FREE SERIES – 107 (Prayer) and 108 (Things Happen)
107. A BRIEF PRAYER
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=pfbid0kEcDXCbCEiB6akEMqLiu7bNPg45rLcUgM4bbrj9WB5yreh1AYcq5qqmHcfZntRwml&id=100008730528046
Texte traduit, édité et adapté par Gilles Boucher
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Note : Cliquez toujours sur le dièse (#) du titre d'une leçon AFIN D'AVOIR UN MEILLEUR VISIONNEMENT DU TEXTE, de rejoindre les différentes parties, l’option de commenter, d'imprimer, de partager les Études Bibliques sur Messenger, votre portail, groupes Facebook ou autre plate formes, à la gloire de Dieu : #Série_La_Vérité_vous_rendra_libres
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bleucommemonstre · 8 months ago
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« J'ai porté sous leurs yeux ma douleur, non, pas même ma douleur, mais ce sentiment de l'incompréhensible mystère de la vie, et je leur ai demandé de l'examiner avec moi.
Des gens cherchent un refuge auprès des prêtres; d'autres, dans la poésie; moi, je me réfugie auprès de mes amis, auprès de mon propre cœur; je pars à la recherche de quelque chose d'intact au milieu des fragments et des membres de phrases, moi à qui ne suffit pas la beauté de la lune et des arbres; moi, pour qui le contact humain est tout, et qui pourtant ne parviens pas à l'établir, moi si imparfait, si faible, si inexprimablement seul. Dans cette solitude, je demeure assis.
« Serait-ce la fin de l'histoire ? Un soupir? Un dernier frisson de la vague? Un filet d'eau qui sécoule et meurt dans le ruisseau? Je touche cette table placée devant moi, et je rentre en possession de la réalité présente. L’huilier sur un buffet; une corbeille pleine de petits pains; une coupe remplie de bananes : ce sont là des objets bien rassurants. Mais si toutes les histoires sont fausses, où conclure, où commencer? La vie ne se prête peut-être pas au traitement que nous lui faisons subir quand nous essayons de la peindre. Assis devant la table, tard dans la nuit, on souffre d'être impuissant à changer le cours des choses. Les étiquettes ne servent à rien.
La vague meurt perdue dans une crevasse aride.
Assis dans la solitude, on se croit épuisé; les flots de notre vie peuvent à peine encercler faiblement cette tige de chardon de mer; nous n'arrivons même pas jusqu à ce galet placé hors de la portée des flots.
Tout est terminé : nous ne sommes plus. Mais attendez un peu (et mon attente à moi a duré toute la nuit), de nouveau, un élan nous traverse; nous nous redressons, nous déployons une blanche crinière d'embrun; nous nous elançons à l’assaut du rivage; et rien n'est capable de nous retenir. »
-Virginia Woolf, Les Vagues
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omagazineparis · 10 months ago
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Comment donc puis-je habiter ma solitude et m'en faire même une amie ?
La solitude. Un mot qui peut évoquer des images d'isolement et de tristesse. Pourtant, la solitude peut également être une source de force, de créativité et de croissance personnelle. Dans notre monde hyperconnecté, il est facile de négliger le pouvoir de passer du temps seul. Mais en apprenant à accepter la solitude, vous pouvez débloquer un éventail de bienfaits pour votre bien-être mental et émotionnel. C'est quoi la solitude La solitude se définit comme l'état d'une personne seule, qu'il soit ponctuel ou permanent. Elle peut être choisie, comme un moment de répit pour se retrouver et se ressourcer, ou subie, créant un sentiment d'isolement et de tristesse. Lorsque la solitude est choisie, elle peut être une source de créativité et d'inspiration. C'est l'occasion de se reconnecter à soi-même, à ses pensées et à ses émotions. Elle permet de faire le point sur sa vie, de se fixer des objectifs et de prendre des décisions importantes. Cependant, la solitude peut également être un fardeau. Elle peut mener à l'anxiété, à la dépression et à une baisse de l'estime de soi. Le sentiment d'être seul et coupé du monde peut être particulièrement difficile à vivre pour les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes qui vivent dans des zones rurales. Il est important de ne pas confondre la solitude avec l'isolement. L'isolement est l'état d'une personne qui est privée de contacts sociaux. La solitude, quant à elle, est un sentiment subjectif. On peut se sentir seul même entouré de personnes. Il existe de nombreuses façons de lutter contre la solitude. On peut s'engager dans des activités associatives, faire du bénévolat, ou simplement prendre le temps de parler à ses voisins. Il est également important de prendre soin de sa santé mentale et physique. Une alimentation saine, une activité physique régulière et un sommeil suffisant peuvent contribuer à réduire le sentiment de solitude. La solitude est une réalité humaine complexe. Elle peut être à la fois une source de richesse et de souffrance. Il est important de l'accepter et de trouver des moyens de la vivre positivement. Comment faire de la solitude une alliée ? Voici quelques conseils pour transformer la solitude d'ennemie en alliée : - Recadrez votre perception : Commencez par voir la solitude sous un jour nouveau. Considérez-la comme une opportunité de vous ressourcer et de vous recentrer. - Explorez vos passions : Profitez du temps en solo pour vous adonner à vos centres d'intérêt. Que vous aimiez lire, écrire, peindre ou jouer d'un instrument, la solitude vous permet de plonger pleinement dans vos passions. Sortez de votre zone de confort et essayez une nouvelle activité qui a toujours piqué votre curiosité. Vous pourriez découvrir un talent caché ou une nouvelle passion. - Pratiquez la pleine conscience : La méditation et la pleine conscience sont d'excellents moyens de profiter du calme et de la tranquillité de la solitude. Ces pratiques vous aident à vous recentrer sur le moment présent et à apprécier la beauté de votre existence. En cultivant la gratitude pour les choses simples de la vie, vous enrichissez votre expérience de la solitude. - Soyez sociable à votre rythme : La solitude ne signifie pas couper les ponts avec le monde extérieur. Entretenez vos relations sociales, organisez des sorties entre amis ou en famille. Prévoyez des moments de connexion pour nourrir votre besoin d'interaction. N'hésitez pas à fixer des limites et à prioriser du temps pour vous. - Faites preuve de compassion envers vous-même : Parfois, la solitude peut être inconfortable. Apprenez à être gentil avec vous-même pendant ces moments. Offrez-vous un bain relaxant, lisez un bon livre, ou faites une promenade dans la nature. Plongez-vous dans un projet créatif qui vous tient à cœur. Le but est de vous chouchouter et de répondre à vos besoins émotionnels. En apprenant à accepter la solitude, vous ouvrez la porte à une vie plus riche et plus épanouie. La prochaine fois que vous vous retrouvez seul(e), profitez-en pour explorer votre moi intérieur et découvrir de nouvelles facettes de votre personnalité. Vous pourriez être surpris par la force, la créativité et la perspicacité que vous trouverez en vous. Par Louisa Lou Aubé Read the full article
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pouikthecarott · 11 months ago
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Février 2024; Outils: Argile sans cuisson et peinture acrylique
Après avoir acheté un peu d'argile pendant les vacances, j'ai décidé de modeler une tête humaine pour m'entraîner à visualiser en 3D la structure qu'à une tête puis j'ai décidé de créer un petit chat puis de le peindre pour décorer ma chambre.
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iradiei · 1 year ago
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12 janvier
“Alors, tu vois, j'écris une fanfiction…” A-t-on idée d'être écrivaillon ? Rappelez-vous, il fut un temps lointain où, pour parler des gens capables d'écrire de belles choses, nous parlions d’ ”hommes de lettres”. Passons un instant sur la misogynie évidente de l’expression - bien que, et n’en déplaise aux vieux croulants, notamment ceux qui ont siégé dans le cercle des 40 gâteux qui râlent parce que la langue, c’est leur jouet à eux, bien des femmes ont été d’excellents hommes de lettres -, à laquelle nous préférons d’ailleurs “gens de lettres”, et rendons-nous compte : il n'y a plus de gens de lettres. Nous vous entendons déjà hausser la voix, dire qu’il y a untel, qu’on a vu se torcher, tout en élégance, le bout du stylo sur un papier bible - à 28g par mètre carré, s’il-vous-plaît, parce qu’au-dessus, cela irrite la pointe dégoulinante - et qu’il a même eu un Goncourt pour ça. À cela, nous vous répondrons que les Goncourt sont des imbéciles finis qui, bien qu'étant deux, n’avaient même pas un cerveau, qu’ils n’ont construit leur nom que sur celui des autres - ce qu’ils font encore, puisque le prix et donc leur nom sont dans les bouches de chaque imbécile qui achète un livre chaque année au mois de septembre, mais que ce même imbécile est incapable de citer quiconque ayant gagné ledit prix - et que, si les prix étaient obligatoirement gages de qualité, la moitié des boulangeries ne feraient pas du pain aussi dégueulasse.
Enfin, on diverge - oui, parce que dire “bite”, c’est vulgaire -, alors revenons à ce qui nous intéresse : les écrivaillons. Qui diable a pensé qu’il était bon d’apprendre à écrire aux gens, eux qui acquièrent ce savoir fondamental alors qu’ils savent à peine conjuguer ? N’est-ce pas un comble, nous vous le demandons, que d'apprendre à écrire sans même savoir sa concordance des temps ou quel est le subjonctif présent de “peindre”, à la deuxième personne du pluriel ? Voilà ce qui est navrant, tant et si bien qu’à l’heure merveilleuse des premiers émois, avec leur tronche pleine de boutons, nos bambins, désormais bien moins charmants, raturent des lignes de cahier de brouillon. S’ils purent penser, à une époque lointaine, être les nouveaux Hugo, ils se croient désormais les “insérer ici le nom du dernier rappeur, sachant écrire ou non, à la mode", parlent des cités parisiennes autant que leurs aînés parlaient du centre de la ville, mais ayant en commun avec eux d'être nés dans les bas-fonds des provinces de la diagonale du vide, où ils ont connus plus de bestiaux que d’êtres humains, et où l'étranger est moins une invitation au voyage qu’un prétexte pour défendre des traditions immémoriales et crétines. Et ce sont eux, il y a cent cinquante ans comme maintenant, qui arrivent au lycée, se nourrissant d’herbe à la façon des vaches qui les ont vus grandir, et balbutient du Baudelaire, persuadés d’avoir compris ce qu’il disait, tout en étant incapable de citer trois titres de poèmes. Ils s’exclament que personne ne les comprend, que les paradis artificiels révèlent leurs démons intérieurs, que ce scooter est absolument nécessaire à leur survie, et qu’ils sont des écrivains. Puis leur jeunesse passe, leur flamme s’éteint aussi vite qu’elle s'était allumée, ils deviennent mornes, puis aigris, puis lassés. Et enfin, ils gagnent un prix Goncourt.
Et alors qu’ils s'essuient le bout du stylo au papier bible, nous giclons autant d'étoiles nacrées qui vous tomberont sur la gueule.
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