#le carton de mon père
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Lukas, Bärfuss, Le Carton de mon père, Éditions Zoé, 2024
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PAPY A FAIT L'ALGÉRIE, par Maud Bachotet (1/2)
Première partie d'une chronique à la fois familiale et historique, du portrait d'un homme et d'une guerre, "Papy a fait l'Algérie" convoque un réseau d'images gardées secrètes que l'écriture se charge de donner à voir, de transmettre, relier, faire parler. C'est un voyage de recouvrance à la fois physique et mental aux deux pôles Nord/Sud. Maud Bachotet est écrivaine et éditrice, ses travaux d'écriture récents ont pour points de départ l'enquête psycho-géographique, l'imagerie populaire et anonyme, ou encore l'autofiction "psychopompe" (le récit intime se lovant dans celui d'une figure réelle dont l'écrit est leur point de rencontre). "Papy a fait l'Algérie" est sa première contribution au blog du Feu Sacré. Gooble Gobble, bienvenue à elle !
Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy.
J’ai tant grandi que la maison d’enfance me semble devenue de poupée. Je déborde aussi bien du lit que de la baignoire, me cogne le crâne dans la largeur de la trémie chaque fois que je descends l’escalier et peux sans peine m’accouder à la table du séjour depuis le canapé tout en ayant un pied dans la cuisine. C’est un peu comme de vivre dans un voilier à jamais amarré.
Je me souviens du jour où la grande marée avait envoyé le fleuve valser dans les ruelles du village. Mon père, craignant le naufrage, avait pulvérisé de la mousse expansive sur le pas de la porte. Depuis la fenêtre, j’espérais que l’eau monte assez pour emporter notre bicoque au loin. Peut-être aurions-nous ainsi pu rendre visite à nos « cousins des îles ». Mais l’eau s’était arrêtée à une dizaine de centimètres seulement de notre porte. Comme pour me narguer. J’étais dévastée. Autant que je le suis aujourd’hui de me coucher bredouille dans mes draps de petit mousse. Après trois années passées sur les bancs de l’université à ne pas chercher à regarder plus loin que l’horizon de la licence (mes parents n’avaient pas su me payer de longue-vue en laiton ni me conseiller dans mon orientation), j’ai dû me résoudre à m’échouer sur le banc de sable bordant mon bled littoral. Me voici donc ensevelie sous une mer de cartons que je me refuse à ouvrir. Quitte à faire trois pas en arrière (un par année passée loin d’ici), je préfère encore m’immerger dans l’hier. Je retourne placards et tiroirs, relie chaque objet, vêtement ou feuille volante à une image de mon enfance ou de mon adolescence – je fais bien plus confiance aux récits de l’inanimé qu’à mes propres souvenirs. Dans la maigre bibliothèque, je tombe sur un livre de Jéromine Pasteur, Chaveta. Entre les pages, tournées à la volée, je feuillette ma mémoire qui se supplée à celles de l’exploratrice. C’est mon grand-père, dont je n’ai jamais vu le nez dans un bouquin, qui me l’avait donné à lire. Je me souviens d’un bateau construit des mains d’une jeune femme sans expérience. Je me souviens de ce même bateau engloutis quelque part sous l’Atlantique et des larmes de la jeune femme sans expérience. Je me souviens aussi d’un plan élaboré à la récré – au fil de ma lecture, peut-être ? – ayant pour dessein une virée à deux (pré-adolescentes sans autre expérience qu’une poignée d’heures de cours de voile) en catamaran. En revanche, je ne me souviens pas sur-le-champ de la forêt péruvienne, des Asháninkas ni des guérilleros. Ce n’était pas tant le prolongement de l’arrivée qui m’avait fascinée que l’urgence du départ.
Cette urgence, je l’avais toujours eue en moi. Enfant, j’avais vidé une valisette en plastique rouge (un jouet) de son contenu (des jouets) pour la remplir de ce qui me semblait nécessaire à la fuite, à savoir deux culottes blanches, un crayon télévision à double mines rouge et bleue et mon ours en peluche rose. Une fois sur le trottoir, tétanisée par le grondement des voitures, j’avais pris conscience qu’il n’était pas si simple de partir et étais rentrée affronter la peur de ma mère assourdie par le vrombissement du Moulinex. Plus tard, j’avais fini par accepter les vacances de la Toussaint, de Noël, d’hiver et d’été à demeure. Mes amies me postaient des cartes où tout était blanc, les pistes de neige comme les plages, et qui me réconfortaient lorsque le vert des champs, des dunes et de la mer me donnait la nausée.
Mon grand-père ne s’est jamais lassé des paysages de son enfance. Tous les matins, il prend sa voiture pour aller saluer la baie et prévoir le temps qu’il fera selon le niveau d’ennuagement du mont. Le samedi, il se laisse conduire par ma grand-mère jusqu’au sémaphore de Granville où il occupe son après-midi à inventorier les bateaux du port. À quoi pense-t-il depuis son banc de guet public ? Au jeune pêcheur en partance pour les grands bancs de Terre-Neuve ? Au jeune appelé sur le point d’embarquer sur l’El Djezaïr ? Au petit garçon rêvant de marcher dans les sabots de son grand-père ? Peut-être m’avait-il mis le livre de Jéromine Pasteur entre les mains pour cultiver chez moi ce désir héréditaire du grand large et qui semblait toujours sauter une génération.
Un jour, ma mère m’a dit : « Je ne comprends pas d’où te viens cette envie de voyager. Moi, je n’ai jamais eu envie de partir. » Je rêvais alors de contrées lointaines, de coutumes exotiques et de langues imprononçables. Je nourrissais une passion dévorante pour la Chine, ensuite détrônée par l’Inde, tandis que ma mère s’était contentée de ne jamais quitter le village qui l’avait vue grandir. Quant à mon père, il n’avait eu qu’à parcourir moins de quatre kilomètres pour l’épouser. La seule personne de mon noyau familial à n’avoir jamais franchi les frontières du village et du pays tout entier se trouvait être mon grand-père. Plus qu’une guerre, l’Algérie avait été pour moi un voyage dans sa jeunesse. Ce n’était pas la Chine, mais ça m’allait bien aussi. C’était un autre continent et on y parlait une langue qui se peint. Quelque part, j’enviais mon grand-père d’avoir « fait l’Algérie ». « Faire l’Algérie », à mes oreilles, ça ne signifiait pas « faire la guerre ». Avec l’innocence de l’enfance, je posais des questions sur le pays et il traçait devant mes yeux des paysages étrangers. Je posais des questions sur la langue et il posait sur la mienne des mots arabes. Je notais déjà sur des feuilles volantes à moitié noircies de dessins tout ce qu’il voulait bien me raconter. Mais j’ai beau fouiller la chambre de fond en comble, je ne parviens pas à mettre la main sur ces premiers témoignages recueillis à l’encre pailletée, peut-être même parfumée. Cette fois, il me faut me fier à ma mémoire.
Je repense à la boîte cartonnée. Plus tôt dans la semaine, mon grand-père m’a demandé au téléphone « dis, la boîte avec mes photos, sais-tu où qu’elle est ? » « C’est moi qui l’ai, papy. Rappelle-toi, tu me l’as prêtée… Je te la rends la prochaine fois que je passe ! » « Ah ! Bon, bon… » Je me suis demandée si ça lui prenait souvent de parcourir ces images. Avant de les lui rendre, je me lance dans un grand inventaire. Je dénombre un total de 190 photographies, 11 cartes postales et photos-cartes et 4 documents. Je distingue les photos de famille des photos que j’associe au service militaire. En attendant que mon grand-père accepte de poser des mots sur ces images, je me contente de les trier à l’estime :
FAMILLE (66)
· Baptême maman (14)
· Maman (15)
· Chantiers (5)
· Chiens (10)
· Fête de mariage (5)
· Autres (17)
SERVICE MILITAIRE (124)
· France (11)
· Algérie (113)
CARTES POSTALES & PHOTOS-CARTES (11)
· Deux femmes devant un décor peint (1)
· Carnaval (1)
· Le vieux pont (1)
· Rue du Pavé (1)
· Gavarnie (1)
· Algérois (1)
· Alger, casbah (1)
· Heureuse année (1)
· Souvenir de mon passage sur l’El Djezaïr (1)
· Souvenir de mon passage sur le Kairouan (1)
· Souvenir de mon passage sur le Ville de Tunis (1)
DOCUMENTS (4)
· Ordre de mission (1)
· Permission (1)
· Ticket de pesage de la grande pharmacie de Bab El Oued (1)
· Carte de prière Sœur Marie-Céline de la Présentation (1)
Les photos ainsi répertoriées, je les scanne une par une. Zoomées et rétroéclairées par l’écran de mon ordinateur, j’en découvre les détails.
Une vue en plongée du pont. Une mer vide occupe quasi entièrement la moitié supérieure du cadre. Au premier plan, deux rangées de valises bon marché, trop petites pour contenir des vies entières. Près des valises, trois hommes en uniforme. L’un d’eux a remarqué la présence du photographe. Il y a de la méfiance dans son regard. Ou peut-être est-ce un rayon de soleil. Sur la gauche de l’image, des civils, trois hommes et une fillette dont la tête est masquée par un foulard, s’appuient au garde-corps pour suivre du regard la trajectoire du bateau. Sur la droite de l’image, un jeune garçon et deux soldats les imitent. Au centre de l’image, deux autres soldats fixent l’objectif. Leur air penaud semble avoir été saisi par surprise. Sans doute le photographe les a-t-il sifflés depuis son nid perché avant de déclencher l’obturateur. Le mauvais cadrage donne à l’image une impression de mouvement.
À force de fixer la photo, je vois la houle onduler, les cheveux ondoyer, les corps tanguer. Surtout, je vois les valises. Le sujet de ce cliché, ce sont elles. C’est le départ. L’ailleurs. L’inconnu. Que met-on dans une valise quand on n’a rien ? Quand on nous somme de tout laisser derrière soi ? De ne prendre que le stricte nécessaire ? Une carte de prière confiée par les mains d’une mère inquiète et qui a marginé au dos « Réciter cette prière pendant neuf jours. N’oublie pas. » ? Moi, dans ma valise, je glisserai cette photo de deux inconnus surpris par le regard de mon grand-père. Il ne remarquera pas qu’elle a disparu.
À faire défiler sur l’écran de mon ordinateur ces paysages en noir et blanc, l’urgence du départ se fait plus que jamais ressentir. Comme l’ont fait avant moi Jéromine, papy, Zachary – la première par défi, le deuxième par devoir, le dernier par nécessité –, je m’en vais prendre la mer. Par dérobade. À une vitesse de 21,5 nœuds, soit 39,8 km/h, il me semble que je pourrais mettre à bonne distance le futur qui s’entête à me rattraper.
Le choix de la destination est simple : 1) il me faut un pays où me rendre par bateau ; 2) il me faut un port d’arrivée au départ de Cherbourg. De tous les pays qui peuplent mes fantasmes d’ailleurs, il ne reste donc plus que la Grande-Bretagne et l’Irlande. Je choisis les rebelles aux colons, la république à la monarchie, la patate à la Marmite, les Pogues à Police.
Pour se rendre à Cork, il n’est pas nécessaire de construire son propre bateau, pas plus qu’il n’est requis de posséder un ordre de mission ou des comp��tences en matière de pêche à la morue. Il suffit simplement de sélectionner au clic avec ou sans cabine, standard ou supérieure, avec ou sans hublot. Parce que je rêve d’aventure – qui a l’avantage d’être plus à portée de porte-monnaie que le confort –, j’opte pour l’expérience du grand large sans cabine, option hublots à volonté, dix-sept heures de traversée. Débarquée à Rosslare Harbour, il ne me restera ensuite qu’à prendre un premier bus pour Waterford et un second pour Cork. Quatre à cinq heures de route, trois comtés (Wexford, Waterford, Cork), vingt-six arrêts.
Arrivée à Cherbourg, il pleut. Je ne m’en étonne pas. Car l’économie cherbourgeoise repose sur l’eau dans tous ses états. D’un côté la mer, dont quatre ports (militaire, de pêche, de commerce et de plaisance) permettent de tirer profit, de l’autre la pluie, que Jean-Pierre Yvon a l’idée (soufflée par Jacques Demy) d’exploiter en créant en 1986 « Le Véritable Cherbourg », un parapluie haut de gamme multiprimé qui voyagera jusqu’au Japon couvrir la tête de l’actuel empereur Hiro-no-miya Nahurito dont la notice Wikipédia nous apprend qu’il a été décoré Grand maître de l’ordre du Soleil levant mais malheureusement pas de celui de la Pluie tombante. L’Antibourrasque étant à 149 euros, le Pébroque à 299 euros et le Milady en Moire à 650 euros, je prends la pluie. Et je me demande si Geneviève (Catherine Deneuve) aurait pu se refuser à Roland (Marc Michel) et lui jeter ses pierres précieuses à la moustache si seulement elle avait fait une école de commerce et vendu des parapluies de Cherbourg à des princes héritiers.
Je pense à Guy (Nino Castelnuovo), appelé en Algérie dans la première partie du film, en novembre 1957. J’entends ses paroles : Oh... Tu sais, maintenant, ça n’a plus d’importance... / Nous avons même tout notre temps... / Ce matin, j’ai reçu cette feuille de route / et je dois partir pour deux ans... / Alors, le mariage, on en reparlera plus tard... / Avec ce qui se passe en Algérie en ce moment, / je ne reviendrai pas d’ici longtemps... Je pense alors à mon grand-père, Normand lui aussi, ouvrier lui aussi, appelé lui aussi, au même âge, à l’été 1959. C’est drôle, je cours à l’aveugle derrière cette histoire que personne ne veut regarder droit dans les yeux et la voilà qui me devance sur le quai du port de Cherbourg tandis que j’embrasse ma mère, comme tant d’autres l’ont fait avant moi.
Sur la passerelle d’embarquement, je me demande si, là-bas, du côté de la mer Celtique, je trouverais des réponses dans mon disque dur saturé de photos. Sans doute trouverais-je plutôt des questions à poser dans le micro de mon téléphone, que mon interlocuteur, rejetant la faute sur la mauvaise qualité du réseau, pourra ignorer comme bon lui semble.
Depuis le pont, j’observe le quai. Ça fourmille d’adieux en bas. Je distingue mon grand-père, dans son uniforme foncé. Nous ne sommes plus à Cherbourg mais à Marseille. Derrière lui se dresse La Major. Il n’a ni mère à consoler – elle tient son café en Normandie –, ni fiancée à qui chanter des adieux – il ne l’a pas encore rencontrée.
Je sens une présence à mon côté. C’est lui, qui s’accoude au bastingage. Il considère la cathédrale d’un œil déformé à la fois par les rayons du soleil et par un professionnalisme juvénile. À 20 ans déjà, il ne peut s’empêcher de détailler la structure d’un édifice aussi digne – lui qui s’apprête à rejoindre un conflit qui l’est si peu –, de se figurer, sans posséder aucune connaissance de l’histoire de l’art et de l’architecture, quelles techniques les ouvriers de l’époque ont-ils utilisées. Bien plus tard, lorsqu’il sera transporté par taxi à Reims pour qu’un spécialiste de renom pulvérise au laser la tumeur venue se loger dans son oreille, il rendra chaque jour visite (du lundi au vendredi, pendant plusieurs semaines) à la cathédrale de Reims, sans jamais laisser faiblir son admiration.
Je me souviens de la présence de deux photos de La Major, la cathédrale de Marseille, dans la boîte, prises depuis le bateau. Il y en a également trois qui font le tour presque complet (nord, ouest, sud) de Notre-Dame-d’Afrique, à l’ouest d’Alger. Il n’y aucune piété chez mon grand-père. Ces édifices religieux sont pour lui comme des phares. Des points de départ. Et d’arrivée. Des témoins familiers parce que taillés dans le plus noble des matériaux : la pierre.
Je voudrais lui pointer du doigt le Mucem, ce cube posé sur la jetée et voilé d’une mantille de béton. Mais lui ne peut pas la voir. Il ne sait pas encore qu’un musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée verra le jour en 2013 à Marseille et qu’il s’enrichira en 2017 d’une collection d’œuvres et d’objets rassemblée en vue de l’ouverture d’un musée d’histoire de la France et de l’Algérie qui n’aura pas lieu. Alors je me contente de lui dire « est-ce que tu vas finir par me parler ? » Mais lui ne semble pas m’entendre. Son regard s’est posé à son tour sur le quai devenu celui du port de Granville. Il scrute un homme à l’accoutrement d’un autre temps : gros chandail, veste et pantalon cirés, bottes cuissardes, suroît en toile brune, mitaines en laine, baluchon. Zachary, le terre-neuvas. Un peu plus loin, une chorale d’hommes avinés entonne : Ceux qui ont nommé les Bancs / les ont bien mal nommés / ils en font des louanges / ils y ont jamais été. À son côté, une femme fixe la mer avec défi. Derrière eux, une fillette à qui l’on a dit de ne pas se retourner, sous peine de ne pas voir revenir son père, caresse un énorme chien à robe noire qui bientôt s’endort. Je me tourne vers mon grand-père. Je voudrais lui poser des questions sur Zachary, ce grand-père qu’il aimait tant. Mais il a disparu. Je suis de retour à Cherbourg. Et le ferry lève l’ancre.
La seconde partie sera publiée la semaine prochaine.
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Link ou BEN ? x Reader
Hey hey hey ! Si vous aimez cette histoire et qu'elle n'avance pas assez vite à votre goût, vous pouvez toujours en lire d'autres tout aussi palpitantes sur mon compte Wattpad <3 :
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IMPORTANT :
Ça fait une éternité que je n'ai pas joué aux jeux Zelda et NON je n'ai pas joué au nouveau :') Me bâchez pas pliz-
Parcontre, si -> Je dis de la merde <-
Reprenez moi sans vergogne XD
Bonne lecture ! ____________________________________________________________
[Narrateur à la 1e pers.] [Dans notre monde.] [Pov : ???]
Il y a de ça quelques années, les premiers jeux de Zelda ont fait un carton.
Notamment Zelda Majora's Mask, sur la Nintendo 64, sorti en l'an 2000. Bien que le jeu et les graphismes pouvaient parfois être simplistes voire laisser à désirer, l'histoire et le gameplay ont séduit bon nombre de joueurs.
Dont moi.
Lorsque je n'étais encore qu'un gamin, j'avais l'une de ces fameuses Nintendo 64. Elle m'avait été offerte par mon grand père. Je ne possédais pas beaucoup de jeux à l'époque, mais je ne m'en plaignais pas. Mon favoris était, oui, Zelda Majora's Mask.
Ce ne sont que des années plus tard, à présent grandis, que j'ai cours à l'Université. Au début de mon parcours universitaire, j'avais appris que mes parents avaient emménagés dans une petite banlieue tranquille. Alors, un 28 août, j'ai décidé de leur rendre visite.
Au moment de prendre le chemin du retour, après un bon 3 heures à converser autour d'une tasse de café, c'était à ma grande joie que mon père m'avait redonné ma vieille Nintendo. Heureux de pouvoir rejouer aux jeux de mon enfance, durant le trajet alors que j'étais entrain d'y penser, j'apperçu une rue différente des autres. Dans celle-ci, plusieurs maisons s'adonnaient à des ventes de garage. Une idée avait alors germée dans un coin de mon esprit, celle de pouvoir trouver d'anciennes cartouches de jeux.
En parcourant diverses de ces ventes de garage, j'en étais arrivé à tomber sur le fameux jeu de Zelda. Il était dans une boîte avec d'autres jeux, mais aucun autre sur la même console. Cette boîte se trouvait entre quelques tableaux à l'art douteux et d'autres babioles toutes aussi étranges. Et alors ?
Eh bien, vous n'imaginez pas ma joie à ce moment-là. La cartouche de jeu était mise à la vente par un vieil homme qui avait tout bonnement le même aura que ceux dans les films d'horreur. Mais un aura étrangement généreux et sympathique, car au lieu de me la vendre, il me l'avait donné gratuitement.
Ainsi, je l'avais juste remercié poliment sans me poser d'avantages de questions. À cette époque, les films d'horreur n'avaient pas tous ce même début de piège.
Puis je me suis rendu à mon dortoir universitaire, hâtif de pouvoir rejouer à Zelda Majora's Mask.
Et...
C'était donc là que mon pire cauchemar... Mon ébat contre les ombres, eut commencé. Comme Il le dit si bien... Je n'aurais pas dû faire ça.
Ce n'est que plus tard, les mains crispées sur la manette en étant couvert d'un profond malaise, que je fixai mon Link brûler sur place dans une posture glitchée. La statuette de BEN, se trouvait devant moi, positionné à côté du vendeur au sourire effrayant. Qui est BEN ? Je ne savais pas, et je ne suis toujours pas sûr. Il m'avait juste dit qu'il était mort noyé, et qu'il voulait être libéré.
Je pense... Je ne sais plus... Avoir donné plus d'informations sur mon blog... Il fallait que j'en parle. J'ai essayé d'en parler. J'ai vraiment essayé...
Mais BEN me contrôlait et me guidait malsainement peu importe ce que je voulais faire, surtout sur le net. Il prenait contrôle de tout objet électronique avec lequel j'utilise. Lorsqu'il veut me parler plus clairement, on tchatte sur un site appelé CleverBot. Si je refuse, il me tourmente, encore et encore.
I have something to show you. Go play (J'ai quelque chose à te montrer. Va jouer)
Avait-il dit une fois. Je lui ai donc répondu.
I don't want to... (Je ne veux pas...)
Sur ce, j'avais arrêté de lui parler et je n'avais pas été jouer comme il me l'avait ordonné. Mais comme je l'ai précisé, il avait continué de me tourmenter, par vengeance ou bien par manipulation. Je voyais son image, celle de Ben, dans des endroits où il n'était pas supposé être. Si je faisais une recherche internet, il apparaissait, avec ce sourire dérangeant.
Je... Je n'en peux plus... Je n'arrivais plus à dormir, les nuits. Je le voyais même dans mes cauchemars. Lorsque j'étais seul dans ma chambre de campus universitaire, j'avais l'impression qu'il était là. Je sentais... Son aura. Depuis que j'ai joué à la cartouche de jeu, et qu'Il me manipule, je sens cette aura horrifiante n'importe où. N'importe quand. Et le pire. C'est que je ne sais toujours pas quand est-ce qu'il compte en finir...
J'avais besoin de sortir de ma boîte à terreur et à solitude, où j'allais devenir complètement fou. Ça faisait quelques jours déjà que je sentais les mêmes symptômes que celles de la dépression. Je ne sais pas si c'était parce que je ne voulais pas, ou si c'était car je pensais que je ne pouvais pas aller en cours, mais j'ai commencé à créer des excuses pour ne plus y aller. Déjà car je n'en avais plus la force, mais ensuite car je n'en avais plus la concentration ou la motivation.
J'avais alors décidé de revenir au nid familial, quand je sentais que j'allais craquer... J'avais besoin de réconfort, de visages rassurants. J'avais finalement envisagé cette idée uniquement après deux putains de mois d'hantises sans donner de nouvelles à personne.
Je n'avais pas préparé des centaines de valises, seulement une et un sac à dos suffisaient. J'avais zieuté ma Nintendo 64, et en avait avancé la main vers elle, mais je me suis stoppé dans mon élan.
Et décidé de la laisser là-bas.
Face à ma requête, mes parents étaient à la fois inquiets mais heureux, que je vienne. Ils ignoraient tout de ma situation actuelle, et je ne comptait pas la leur dire. Je veux juste me bercer d'illusions d'espoir, en retrouvant mes proches.
Ils m'ont installé dans une chambre d'invitée qui était assez simpliste. Ils ont gardé quelques uns de mes anciens meubles, comme le lit, mon bureau ou les commodes, mais la décoration m'était étrangère. Même si au fond, peu importe.
J'ai donc installé mon ordinateur portable sur mon ancien bureau, et ai placé ma Nintendo 64...
Et... Ai placé ma Nintendo 64...
À peine la console prit, je la relâcha en me crispant et elle retomba dans le sac. Ce n'est pas possible... CE N'EST PAS POSSIBLE.
"- Je... Je ne l'ai pas amenée avec moi..." Murmurais-je pour moi-même en tremblant...
J'entendis des pas lourds dans le couloir, ainsi que les craquements du plancher. C'était mon père, à coup sûr. Vu que j'ai laissé la porte ouverte, j'entendis sa voix rauque et calme.
"- Tout va bien, bonhomme ? Bon je sais que tu n'es plus un p'tit gars, mais sache que ta mère et moi, nous sommes vraiment heureux que tu sois à la maison."
J'étais ensuite resté, planté là, à observer la console pendant quelques secondes silencencieuses. Puis je lui répondit que j'étais également heureux.
La nuit tombée, de nouveau, je ne pu m'endormir. Mais cette fois, ce n'était pas à cause de ma conscience, ou de mes nombreuses visions cauchemardesques. Mais c'était littéralement de Sa faute.
Il faisait exprès ; Il me spammait de messages sur CleverBot. Même en mettant mon phone à silencieux, même en l'éteignant, même en sachant que normalement CleverBot ne peut pas envoyer de notifs, bordel. Le son des notifications qu'il m'envoyait étaient agaçant. Il voulait clairement que j'allume ma Nintendo. Il voulait jouer.
Do it. (Fais-le.)
Do it.
Do it.
Do it.
Do it.
Do it.
LEAVE ME THE FUCK ALONE (LAISSE MOI PUTAIN DE TRANQUILLE)
Last chance. (Dernière chance.)
Or what? (Ou quoi?)
Or you'll be the one who meet a terrible fate. (Ou tu seras celui qui rencontrera une terrible fin.)
Cette dernière phrase me fit trembler d'un coup sordide. J'ai froid, et je suis déjà mort de peur. Donc je peux vraiment mourir ? Et comment il va faire, pour me tuer ? Produire une décharge électrique ? ET PUIS QUOI ENCORE ?
Je suis venu ici pour échapper à ça, et me voilà encore en face de lui.
Go fuck yourself.
Sur ce, je me redresse brusquement sur mon lit. Le phone se remet à faire des bruits de notifications. Dans une poussée d'agressivité, je fracasse le portable de toute mes forces contre le mur. L'écran se brise en morceaux et quelques bouts mécaniques s'effondrent n'importe où sur le sol. Pourtant, de ma position, je constate l'écran qui est toujours allumé.
Sans savoir pourquoi, mon cœur se met à éclater dans ma poitrine. Tellement que j'ai peur de frôler la crise cardiaque. Mon souffle s'accélère et tremble sous la peur. Même en l'ayant éclaté sur le mur, il demeure fonctionnel. Ce bordel...
"- Laisse-moi tranquille... Ben..."
Soudain, du téléphone, un enclenchement vocal se fait entendre. Un son comme lorsqu'on fait "Dit Siri". Puis un rire méchaniquement enfantin sort de l'écran. C'est insupportable. Cette voix est malsaine et malveillante. Le rire tourne en boucle comme si c'était un sombre enregistrement. Ça ne s'arrêtera pas, non, tant que je ne ferai rien. J'ai toujours les foies. Mais c'est grâce à ça, que je réussis à empoigner ma couverture bleue, de la dégager de sur moi, de me lever et de marcher d'un pas non assuré vers la petite machine électronique.
Le rire est toujours en cours, lorsque je le prends. L'écran est si craquelée que je ne vois pas quelle application a employée Ben. À bout de nerf, je serre les dents. La peur et la frustration se font violence en moi. Les heures de sommeil manquées commencent à se faire sentir. Mes cernes témoignent de ma fureur. Ça fait... Deux mois.
Le rire continue de se moquer de moi. De se moquer de ma frustration, de mon désespoir. Une idée aussi sombre que Sa personnalité me surgit dans la tête. Sans me soucier du plancher qui craque comme un appel à l'aide, je n'ai qu'un endroit en tête.
J'arrive dans la salle de bain et allume aussitôt la lampe torche du téléphone. Et écrase celui-ci sur la surface de la cuvette de toilette. Dans le bain, je met le bouchon et active la chapelure d'eau. La baignoire se remplit peu à peu.
Je l'observe avec amertume et satisfaction, avant de prendre le téléphone, puis mettre la caméra bien en joue sur l'eau sombre : l'éclat de la lampe du téléphone fait un reflet semblable à la lune sur la mer.
"- Et ça, ça t'amuse, p'tit con ?"
Le rire se tût instantanément et un silence de mort arrache la place. Un rictus mauvais apparaît au coin de mes lèvres. Cependant, le silence glacial se brisa par quelque chose de plus inquiétant, encore. Cette fois, au lieu d'un rire machiavélique, se fait entendre... Un halètement. Une respiration lourde mais remplie de glitchs, à l'autre bout du fil.
"- T'as les foies, là, hein ?" Murmurais-je avec agressivité. "Alors ça fait quoi ? T'as du fun ?"
"- Tu n'aurais pas dû faireça."
À peine sa phrase prononcée, je lâche sans remords le téléphone dans l'eau et tout bruit ainsi que source de lumière se meurtrie instantanément. Je pousse un soupir de relâchement.
Ce doit être mon cerveau qui est saturé, mais mon sentiment d'apaisement fut vite interrompu, une fois le pied mis dans ma chambre. La télévision était ouverte sur la lune de Majora's Mask, avec la musique de Healing qui se joue avec les mauvaises notes.
La Nintendo n'est absolument pas connectée. En fait, rien n'est connectée à cette télévision, je ne l'avais jamais ouverte depuis ma venue.
"- ... Ben..." Prononçai-je plus comme un appel qu'un effroi.
La bouche de la lune se mit à bouger :
"- Won--- der-- ful-- Moon. Congra---tulations, He---rrr--o." (Merveilleuse lune. Félicitations, héros.)
Les mots avaient plusieurs intonations comme si BEN pigeait ces mots sur... Le Web...?
"- No-ot. Won---der--ful----en--o-o-ough." (Pas assez merveilleuse.)
Je me pinça l'arrête du nez. Depuis plusieurs minutes déjà, mon corps s'était habitué à remplacer la terreur par la colère et l'impatience. Mes nerfs allaient lâcher et ça me prit tout pour ne pas hurler ces mots :
"- Que. Me. Veux. Tu. À la fin ?"
"- Pl--aaa-y. Wit--h y--yo--u." (Jouer avec toi.)
"- Et ce n'est pas ce que tu fais depuis 2 mois !?"
"- W-wh--y b-b-b-bee--ing--so --st-ubbo--rrn ? I---I on-ly wan--t a f--rrriend. Co-nnn-ect your N-n-n-nint-t-tend--o." (Pourquoi être si têtu ? Je veux seulement un ami. Connecte ta nintendo.)
En soupirant sombrement, je la sortit de mon sac. Pourquoi est-elle là ? J'entends déjà mes lecteurs écrire "moi, je l'aurais brûlé, mis au chemin, donnée même". Et croient-ils que je n'ai pas essayé ? Croient-ils que je ne me suis pas arraché mes cheveux lorsque je me rendais compte que la Nintendo trouvait le moyen de réapparaître comme par magie ? Et la cartouche, même ?!
Je m'asseyai devant la TV, posant la nintendo en face. Je précisa que je n'avais amené aucun fil et qu'aucun, exactement comme la console, n'était apparu des enfers.
"- Y--ouu- Do--nnt--NEED--it." (Tu n'en as pas besoin.)
(C'est ainsi que Ben créa le Bluetooth- XD (Pardon.))
Lorsque j'appuyai sur le bouton de démarrage de ma console, rien ne se passa. Après tout ce qui se passait, je m'attendais à ce qu'elle s'allume tout aussi magiquement que les autres situations improbables.
"- Ça ne marche pas." Maugréais-je.
Les yeux encore sur la console, le même rire insupportable que tout à l'heure raisonna et lorsque je regarda l'écran de la télé, la lune avait disparu. Elle avait fait place à un jeune garçon plutôt réaliste, au sourire malfaisant. Ses yeux étaient saignants et sa peau était grise bleutée.
BEN drowned...
"- I-I-I don't NEED i-it t---to b-b-be t---urn--ed O-on. I-I-I ju--ust NEED y---yo-u to b-b-be neeear i-it." (Je n'ai pas besoin que ce soit allumé. J'ai juste besoin que tu en sois proche."
"- Qu--"
Soudain, je ne su absolument pas si j'étais devenu fou. Mais...
Ben tira les bras vers moi avant que des doigts ne sortent de la télévision, allant s'appuyer à son rebord. À partir de là, tout se passa bien trop vite. Et dans cet ordre :
Son sourire figé. Sa forme réaliste sortant de la télévision. Mon cri d'horreur.
Puis le noir.
Et enfin... Le bruit du vent.
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"../...Tu le sais je suis né d'un père et d'une mère humains. Mes soeurs, pas plus qu'eux, n'ont quatre pattes, une tête bête, ni des yeux rouges. Mes enfants non plus. De mon côté, j'ai aussi l'apparence d'un être humain, un peu sombre, peut-être. J'aime l'herbe, mais ne la broute pas, et j'habite un studio donnant sur les arbres à Montmartre, au pied du Sacré-Coeur. C'est là où je reprends conscience de ma vie. Il y a certainement eu en elle des choses qui m'ont totalement échappé...car je ne les cherchais pas.
Ces phrases que je transcris sont les premières d'un texte intitulé le mouton noir mélancolique. Près de deux cents pages rédigées à la main d'une écriture soignée, corrigées et annotées jusqu'à la fin. Sur la chemise bleue qui les renferme, mon père a écrit "à romancer". Ce texte, il le destinait à d'autres. Ma soeur et moi pour commencer. Il a passé les derniers mois de sa vie à l'écrire, dans le petit appartement que nous lui avions aménagé: une pièce blanche et claire, au rez-de-chaussée d'un immeuble moderne précédée d'un couloir en coude , sur lequel ouvraient une cuisine, une salle de bain, une penderie, et dont la paroi du fond était entièrement occupée par une baie vitrée qui donnait sur voie plantée d'arbres. Il y avait dans ce lieu comme dans certaines chambres d'hôtel, quelque chose d'impersonnel et de rassurant. Dès que nous l'avons vu nous avons su qu'il y serait bien, qu'il y échapperait à la peur. Nous y avons installé les meubles et les bibelots rescapés de la vente à Drouot, une grande bibliothèque où tenaient ses livres de droit et les cartons remplis de ses cahiers, un divan et un bureau, des tapis usés, une console Empire, des tableaux de mon grand-père, une photographie en noir et blanc de la Malouinère de Saint-Méloir-des Ondes: les reliques d'une dynastie de notables qui recomposeraient autour de lui le décor d'une vie respectable, lente et feutrée. Les psychiatres l'ont autorisé à quitter la clinique où depuis un an il était enfermé. Il allait pouvoir recommencer à vivre. C'est dans cette chambre qu'il est mort, neuf mois après.Tout de suite, il s'est approprié cette nouvelle scène. Et durant ces neuf mois, le temps d'une gestation, il s'est inventé un nouveau rôle. Il avait été le Malade, il serait le Médecin; il avait été le Fou, il serait le Sage. Il s'est remis à lire; pas de romans mais des essais, saint Thomas et Hannah Arendt, Jung et Plotin ( ce sont les névrosés qui lisent des romans m'avait dit un psychiatre rencontré peu après sa mort, les psychotiques préfèrent la poésie et la philosophie, ils creusent plus loin dans le réel). Lui-même, dans sa chambre blanche, il se rêvait penseur, moine-savant. il était Abélard isolé et banni, ou l'un de ces mélancoliques de la Renaissance assis à son écritoire, entouré de livres, de globes, de vanités et de miroirs ternis. Ce texte qu'il écrivait, n'est pas l'histoire de sa vie mais celle de sa maladie. J'ignore qui est ce "Tu" auquel il s'adresse d'emblée, ce tu qui "sait"; un autre malade, compagnon d'armes, frère d'âme? Celui que la maladie avait, en lui, laissé invaincu, impassible? Ce "Procureur implacable" dont il dit que, sa vie entière, il l'a redouté et qu'il espérait fléchir enfin? Ou bien encore une femme, une compagne rêvée comme celle que s'inventent les enfants tristes et les adolescents solitaires, une Héloïse, dit-il: Que n'ai-je une Héloïse à qui écrire parfois dans ma solitude?" ../..." Citation et extrait de "Personne" un roman de Gwenaëlle Aubry-Editions Mercure de France-
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H.E.C.
Hautes Etudes Cozançardes
Texte écrit par Josiane GOUVERNAYRE
Notre institutrice était Mademoiselle Suzanne Perceval, arrivée à Cozance peut-être à la rentrée 1943. Elle habitait à l'étage avec sa maman et parfois son frère André. Elle bénéficiait d'un jardin avec sa cabane en guise de sanitaire. Entre les légumes on trouvait un griottier, des groseilliers, un cognassier. Parfois nous y faisions de menus travaux, désherbage cueillette et préparation des fruits pour confiture.
Mlle Perceval était très sévère, très exigeante, elle ne tolérait aucun écart en ce qui concernait la politesse, l'entraide, la solidarité, le respect des autres. La première leçon du lundi était la morale.
Je me souviens particulièrement d'une semonce que nous avions reçue pour avoir singé ces pauvres vieux qui traînaient de graves séquelles de leurs blessures de la Grande Guerre. Benoît qui marchait sur les talons, ses pieds gelés avaient été amputés ou le père Garde à la démarche saccadée et à l'élocution difficile car il avait été trépané...
Je me rappelle aussi avoir reçu une baffe bien appuyée car j'avais eu, paraît-il, un geste de mépris envers un camarade !
Mlle Perceval suivait le programme de l'éducation nationale auquel elle ajoutait quelques matières dont le solfège et l'algèbre, ce qui fut couronné d'échec. Elle dut déclarer forfait face à notre manque de motivation. Son but, disait-elle, était « de nous sortir la queue des vaches ».
Pendant la guerre il n'y avait ni gomme ni colle ni crayon de couleur. L'institutrice préparait l'encre en diluant de la poudre dans de l'eau chaude.
La maîtresse nous faisait faire des exercices d'évacuation au cas où. Un jour, je m'étais si bien cachée au fond d'un bosquet que l'on ne me retrouvait plus.
Un autre jour, à la sortie de l'école, dans un fossé près de la croix, nous avons trouvé une arme et son chargeur. Heureusement un grand, Marcel, s'est chargé de les rapporter à l'institutrice.
Nous allions tous à l'école à pied qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente. Malgré la période trouble que nous vivions, les parents ne nous accompagnaient pas. La maîtresse nous avait prévenus : « Si vous croisez des Allemands, inutile de m'en parler, ils feront partie du paysage tant qu'on ne les aura pas chassés. » Sous-entendu : «J'appréhende suffisamment lorsque je les aperçois dans les parages !» Et pour cause, elle et sa famille étaient très impliquées dans la Résistance. Alex, un juif, avait même trouvé refuge chez elle un certain temps. Ça, tout le hameau le savait mais personne n'en a jamais parlé.
Le long du mur de la route, dans le jardinet bordé de galets apportés par nos soins, poussaient lilas, rosier, spirée, pommiers du Japon. Nous en assurions l'entretien. C'est là que se dressait le mât qui aurait dû servir à hisser les couleurs pour le salut du matin, mais le drapeau tricolore dormait dans le placard car l'institutrice refusait de se plier aux ordres de Vichy.
En décembre 1943, dans l'après-midi, nous décorions une branche de sapin apportée par mon père : flocons de coton, étoiles en carton faites par nos soins, fils brillants de la tréfilerie et un petit agneau de plâtre trouvé chez nous. Pas de boules, pas de guirlandes. En raison du froid, la récréation a été supprimée, Renée et moi sortons pour soulager un besoin pressant. Soudain des ronflements nous glacent, des camions allemands s'arrêtent sur la place, une trentaine de « Boches » en descendent.
Nous courons prévenir la maîtresse. Craignant le pire, elle ordonne de fermer les volets, nous regroupe au centre de la classe et nous entonnons mon beau sapin. Plusieurs fois de suite nous chantons et rechantons jusqu'au départ des véhicules. Que voulaient-ils : simple détente, présence dissuasive ? En entendant des enfants interprétant un chant de chez eux, ont-ils oublié qu'ils étaient des soldats ? La maman de l'institutrice descend de son appartement, étreint sa fille, toutes deux éclatent en sanglots. Nous retournons à notre décoration sans un mot mais on a tout compris, respectant la consigne maintes fois répétée : même si on sait, on se tait ! J'avoue que maintenant, après tant d'années, les larmes emplissent mes yeux lorsque j'entends « Mon beau sapin ».
Pendant les hostilités des enfants de Lyon avaient été mis en sécurité dans leurs familles ou chez des amis et poursuivaient leur scolarité avec nous. Eugène, un grand, a appris très tardivement qu'il avait fait de la résistance sans le savoir. La maîtresse lui confiait des plis qu'il devait porter dans un endroit désert à un homme jeune qui repartait prestement sans un mot.
A la rentrée 1944, notre maîtresse, debout, les larmes aux yeux, nous a parlé de la libération de Bourgoin le 23 août et nous a appris la mort, près des silos, de son oncle Claude Rochas de Morestel et de Paul Lozitski (lieutenant François de Salagnon) combattants du secteur VII.
Après la guerre, Mlle Perceval s'est mariée avec M. Léon Bouvier, un ingénieur des mines qui nous rapportait de ses lointains déplacements des curiosités: minéraux, soufre du Vésuve, un scorpion séché... C'était quelqu'un de gentil et d'une grande érudition. En 1952, Mme Bouvier, à son grand regret, a dû quitter Cozance pour suivre son mari à St Beuil. Elle a enseigné ensuite à Arnouville-Les-Gonesses puis le couple s'est retiré dans le Loiret.
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Le nom-du-père
1.
J'appréhende la délivrance du jury de fin d'année, son affreux décalage si instructif et déroutant et plein de dérision, chacun convoyant son propre espace-temps, chacun avec son poids d'affects sur la table : toi qui reviens de l'autre bout de l'univers, avec toute la poussière des espaces interstellaires sur ton sac à dos et tes dix mois sans dormir sur les paupières - et ta galaxie d'émotions qui a condensé le vécu d'un siècle dans une seule année, faisant de toi une balise folle qui s'est mise à émettre tous azimuts
et lui, pour qui tu es juste un nom sur une liste.
Qui pense à son problème de livebox, ou à réserver un week-end avec son cher et tendre pour fêter la nomination d'icelui et leur installation ensemble.
Et la possibilité qu'au moment où ils faisaient leurs cartons en se roulant des pelles, puis qu'ils baptisaient frénétiquement chaque pièce de leur petit nid d'amour, mon père délirait sous morphine et ne me reconnaissait plus et me demandait très courtoisement : "S'il vous plaît, pouvez-vous m'aider ?" parce qu'il s'était renversé du lait malté sur lui - des petites bouteilles que je lui ramenais parce qu'il n'arrivait plus à prendre autre chose - et sa joue était maculée de sang séché parce qu'en essayant de se redresser, il s'était arraché sa perfusion, et j'avais du mal à respirer hébétée de chaleur et de chagrin sur le parking de l'hôpital de Longjumeau, et le soleil se couchait derrière les peupliers de la moche cité HLM adjacente, et tout l'univers suffoquait de concert en se demandant comment j'allais faire pour reprendre la route, comment j'allais faire pour rentrer, comment j'allais faire pour continuer à vivre normalement - oui, cette perspective de eux deux s'envoyant en l'air ivres de prospérité au pire moment de mon existence adulte - laquelle a pourtant connu plus d'abysses que de sommets - a quelque chose d'hilarant vu d'une certaine distance. Les dieux doivent bien s'amuser avec nos espoirs, çà c'est c'est sûr.
2.
Tout est devenu circulaire et cohérent, cohérent comme la vie n'est jamais, tout, le deuil de l'université, qui est l'adieu à Sexy, qui porte la mort du père, laquelle n'aboutit qu'au renoncement à la vocation, qui mène au mauvais sort maternel, et on reprend tout depuis le début comme une révolution.
Éberluée devant cette nouvelle réalité que je n'arrive tout simplement pas à intégrer : un univers où mon père n'est plus là.
Pour le deuil je ne dépasse pas le stade de l'animal domestique, je continue à guetter le pas de l'autre dans l'escalier, mois après mois après mois après mois, sans me décourager.
3.
Dans mes poumons une collection de tracts, une année de tracts à rassembler sous l'intitulé :
Le vrai prénom est un génie dans sa bouteille ; il reste prisonnier et garde ses vœux en pleine charge sous un pseudonyme en bouchon.
#la vie après la mort#jury de fin d'année#encore un enterrement dans son genre#groundhog day#my gifs#bill murray#andie macdowell#otp#survivre en master#vis ma vie d'étudiante#reprise d'études
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Bertrand Belin - Lentement ft. Barbara Carlotti (2019)
Lyrics :
Clenche, cou, couteau, bijou Bouteille, sous, bibelot de Lourdes Marée haute, arithmétique Noël, père Noël, tabac, obus Un passant qui pue, la nuit
Cette fois derrière le stade où tu as fait ta danse d'Indien pour lui Pour qu'il pleuve sur lui
Notre-Dame en feu qui rougeoie dans la nuit, la vache Le poing d'un mec saoul écrasé sur une bouche Carton, citron, étron, pinçon Cotton, dindon, boulon, gazon Avion, majesté, vitesse du son
Cette fois derrière le stade où tu as fait ta danse d'Indien pour lui Pour qu'il pleuve sur lui
Tout s'efface lentement Tout lentement Tout finit comme un os Blanc comme un os Le temps est si doux
Grêle, toit, bruit, Barbara La foutue manie qu'il a de traîner son passé d'art Kadhafi campant dans les jardins de l'Élysée, moi Dégustant mon sorbet cassis devant la télé Nu, clope, rideaux, paradis
Cette fois derrière le stade où tu as fait ta danse d'Indien pour lui Ça cueillait des mains
Le sexe pointu du chien des voisins qui nous faisait machin L'arrivée magique des kiwis Le mariage inattendu de Romola de Pulszky Avec Nijinski
Le journal local, le journal familial Le savon doux, tous tes commentaires hilarants sur la terre qui tourne Entre taf et tout
Tout s'efface lentement Tout lentement Tout finit comme un os Blanc comme un os
Tout s'efface lentement Tout lentement Donne-moi ta main Allons, descendons sentir ce jasmin En bas des marches Le temps est si doux
Tout s'efface lentement Tout lentement Tout finit comme un os Blanc comme un os
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27. Repartir de zéro
Les cartons qui s’entassent dans ma tête et cette phrase qui rôde. Tu n’es pas la même personne que lorsque tu es arrivée ici. Ce n’est jamais repartir de zéro, je martèle avec des mains qui tremblent. J’ai la peur de la solitude comme une ombre et le déjà vu vertigineux. Des après-midis à meubler seuls, sans personne avec qui les partager, cette immensité de liberté, de comptes à rendre à personne et pourtant le silence. Je ne le percevais pas à l’époque. A quel point la vie ne compte que lorsqu’elle est partagée. Aucune envie de repartir de zéro, de me réinventer, de re-construire, de laisser la mer emporter mon nid si chèrement construit. On ne repart jamais de zéro, famille choisie. J’ai dans les cordes ceux qui refusent de me laisser, ceux qui persistent et signes. Je repense à ce que mon père ferait s’il était là. A la place, j’ai gros sur le cœur et des gens qui ont mes arrières.
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Photo
Je reviens à mon projet de présenter la plupart de mes 55000 photos (nouveau compte approximatif. On se rapproche du présent !).
2015. Vichel, Auvergne, la maison familiale...Hélas, après le décès soudain de ma mère, il faut la mettre en vente.... Grenier de l’ancienne maison avec les milliers de livres que lisait mon grand-père dans les cartons, le bureau de mon grand-père, salle à manger...Et cave de la grande maison.
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Podcast Adventure les secret 02 : La vie de Lincoln Loud
Avertissement
Je ne possède pas les personnages de Gravity Falls, Phinéas et Ferb, Bienvenue chez les Loud, les tortus ninjas, Tekken et des youtubeur (Moketo, Squeezie et Kirbendoworld.) À l'exception de Jean, Marc et Alice.
Arc 1: Héros dans un fort-Shell! Les secrets
"Le secret 02 La vie de Lincoln Loud"
Bonjour, moi c’est Lincoln, Lincoln Loud. Dans la vie, je suis un garçon comme les autres.
Je suis le seul garçon de la famille qui est composée de dix filles.
Pour résumé de mon parcours, je suis née à Royal Wood du Michigan en 2001. Je suis le sixième enfant de la famille. Je me suis inscrit dans une crèche, puis dans une maternel, ensuite, dans une école et la moitié dans un collège.
Un jour, il y a un mois, mon père avait reçu une promo et ma famille et moi on avait déménagé à New-York.
Une fois arrivée, on sait fait agresser par des racketteurs qui nous demandent de l’argent. Mais lorsque j’essaye de protégé une de mes grandes sœurs, Leni, une espèce de Saï lança devant un lampadaire et tout était noir. Au début, ma famille et moi-même on avait peur. On pensait que quelqu’un essaye de nous agresser à la place des voyous.
Mais une fois que la police arrivent, les agresseurs ont étaient ligoté. Je ne sais pas ce qui sait passer, mais une chose est sûre : c’était un miracle de la famille Loud.
Après avoir trouvé une maison, on avait déballé les cartons pour choisir une chambre chacun. Mais avant que je rentre dans une maison, j’ai vu une fille magnifique. Elle s’appelle April et même si ses poitrines son différent, je l’aime bien. En fait, je suis amoureux d’elle.
Mes grande sœurs son jalouses d’elles et décidèrent de m’éloigner d’April. Une fois choses faites, April nous à expliquer qu’elle vit avec un père et quatre frères. Ce qui veut dire qu’April et la seule fille de famille.
Et ensuite vous connaissez l’histoire : je me suis inscrit, j’ai fait des nouveaux amis, April et moi on se balader ensemble etc.
Au début, avant la rencontre d’April, je me sens mal à laisse dans cette ville. Je me demande… je me demande si un jour je me ferais agresser. Ça, ça reste le mystère.
Heureusement que je peux vous parler à vous qui me regarde.
Tiens on dirait que mon ami est là. Aller, à bientôt
Fin
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Je ne sais pas dans quelle mesure ma propre finitude m’a poussé à faire ce grand ménage. Un ami était tombé malade dans la force de l’âge, diagnostic sans appel, il avait rendu l’âme peu après. Dans ma famille, les hommes n’étaient pas devenus vieux, j’en aurais bientôt rattrapé la plupart en âge. Aucun signe n’indiquait que ma fin était proche. J’étais satisfait de ma santé, cependant je me demandais si quelque chose en moi savait que mes heures étaient comptées et me forçait à entreprendre ce tri. Mon médecin, que j’ennuyais avec mes soucis, m’a certifié ma constitution irréprochable après des examens approfondis. Elle m’a dit que j’étais juste un peu fatigué. Il en allait du rangement comme de tout, il ne fallait pas exagérer. Je ne devais pas oublier l’équilibre et l’activité physique et m’accorder parfois une pause, car les temps étaient suffisamment durs. Lukas Bärfuss, Le Carton de mon père, Éditions Zoé, 2024
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01–07–24 Le hall d’université est rempli d’étudiants qui discutent entre eux tandis que d’autres font du sport. Leurs conversations sont toutes très politiques et plutôt à l’extrême gauche. Je les entends dénoncer leurs enseignants juifs, pas assez pro-palestiniens à leur goût. Horrifiée je les écoute débiter des arguments plus antisémites qu’anti-sionistes, d’autant plus qu’ils ont l’air intelligents et éduqués. Quand j’essaie de leur opposer des arguments, je les sens devenir menaçants à mon égard. Je fais mine de continuer des mouvements de yoga tout en me traînant sur les fesses l'air de rien vers la sortie. Je n’ai même pas osé leur dire que mon mari était juif. J’attends mes petits-enfants à l’entrée d’un entrepôt transformé en fast-food au bord des pistes d’un petit aéroport. Je les vois arriver affamés et fatigués. Je les fait entrer avec leur père pour qu’ils s’achètent de quoi manger pour patienter dans une salle au fond. Je retourne me poster à l’entrée pour guetter cette fois l’arrivée de mes parents tous deux décédés. Quand ils sont là, je les conduis vers les petits-enfants au fond du magasin mais la porte vitrée de séparation est à présent fermée et la salle d’attente plongée dans un noir opaque qui contraste fort avec la lumière des néons qui irradient le fast-food. Le caissier m’indique une salle hors-sac située à l’extérieur en bout de piste. Mes petits-enfants sont en train d’y jouer avec leur père. Ils ont retourné une poignée de petits bouts de carton avec lesquels ils ont improvisé un Memory. Trop peu de cartons qu’ils finissent par connaître par cœur et envoyer valser dans leur excitation mêlée à la fatigue.
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Je me souviens vaguement du jour où j’ai réalisé que je ne savais plus jouer comme il fallait. J’avais beau essayer, rassembler mes toutous et faire bouger leurs têtes, les répliques ne venaient plus. Les scènes semblaient ennuyantes. J’avais déjà 12 ans et mon plus précieux refuge semblait s'être étrangement volatilisé. Il restait juste la réalité et le virtuel.
J’aimerais tellement avoir huit ans. Raconter l’histoire de Gustave, la grenouille inquiète. Jouer mon premier menuet de bach au violon. Jouer aux chiens qui se protègent d’une tempête. Fabriquer des gadgets en carton pour mon groupe d’agents secrets magiques. Être invisible. Que mon père me dise : « On diva? ». Qu’il me fasse des sandwich aux oeufs et qu’il me donne parfois des rouleaux aux fruits. Que ma mère me fasse des dictées infinissables. Qu’elle m’achète des Crazy Bones avec les yeux fluorescents. Aller nager avec ma mère, Camille et Danièle, les dimanches. Écouter Jackie Chan, le matin et espérer être sa fille biologique. Rêver d’être chanteuse ou violoniste professionnelle. Ne jamais parler aux adultes qui ne sont pas mes parents. Convoiter les jouets de Camille. Envier et admirer Émanuel. Chanter les chansons de Mixmania en boucle dans la voiture et croire que mon père, silencieux, aime ça. Croire mes parents quand ils me disent que je chante bien, que je suis belle, que je suis intelligente.
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Un site incontournable pour les fans de jeux de solitaire ! Les jeux de solitaire ont toujours été pour moi associés à mon grand-père ou à mon père. Si le premier jouait avec des cartes en carton bien installé sur sa table, le second a très rapidement saisi l’intérêt du jeu de solitaire sur ordinateur. Pas besoin de mélanger les cartes, pas besoin de les mettre en place, l’ordinateur fait tout cela à votre place en quelques secondes seulement. Quel gain de temps ! Le célèbre jeu Solitaire, apparu avec Windows 3.0, tire ses racines d'un jeu de cartes appelé "Patience". Né en France durant la Révolution, il est connu sous divers noms selon les pays et notamment "Solitario" en espagnol et "Klondike Solitaire" en anglais. Ce jeu, qui consiste à ordonner les cartes par couleur et rang dans quatre piles, a diverti les utilisateurs de Windows pendant près de trois décennies et est également accessible en ligne gratuitement. Dans les jeux de solitaire, l'objectif est de classer toutes les cartes par couleur et valeur dans quatre piles de base, en commençant par les as jusqu'aux rois. Les cartes doivent être révélées et organisées en alternant les couleurs en ordre décroissant dans le tableau de jeu. Il existe de nombreuses variantes du Solitaire, telles que le Spider, qui se joue avec deux jeux de cartes, et le Freecell, où toutes les cartes sont visibles dès le début, offrant un défi de stratégie différent. Ces diverses versions enrichissent l'expérience de jeu en proposant différents niveaux de difficulté et stratégies. Jouer gratuitement aux jeux de solitaire en ligne Si je vous raconte tout cela, c'est que je suis tombé sur un petit site très sympa qui est complètement dédié à l'univers des jeux de solitaire. Il regroupe ainsi la plupart des grands classiques du genre à jouer gratuitement dans votre navigateur. Et ça tombe bien, car depuis plusieurs versions, Windows n'est plus fourni d'office avec sa collection de jeux parmi lesquels on retrouvait ces jeux de cartes. Sur le site jeuxdesolitaire.fr (qui porte très bien son nom), les jeux sont organisés en plusieurs grandes catégories. Vous retrouverez ainsi plusieurs variantes du jeu classique dans la catégorie Jeux de solitaire, mais également plusieurs versions du Spider solitaire dans la catégorie du même nom et plusieurs jeux de Freecell dans la catégorie éponyme. Le Spider solitaire avec 2 couleurs de cartes Enfin, une dernière catégorie Plus de jeux regroupe plus d'une vingtaine d'autres jeux parmi lesquels la fameuse Dame de pique, un Mahjong, un démineur, un sudoku, des échecs... bref plein de grands classiques pour passer du bon temps en ligne ! Pratique si vous débutez, en dessous de chaque jeu, le site explique de manière détaillée le but et les règles du jeu. Idéal pour se laisser tenter par de nouveaux jeux ! En conclusion, jeuxdesolitaire.fr est une mine d'or pour les passionnés de solitaire et de jeux de carte en général. Ce site gratuit regroupe tous les grands classiques du genre en un seul lieu, offrant une plateforme idéale pour jouer, apprendre et se divertir. Que vous soyez un joueur chevronné ou un débutant curieux, vous y trouverez une source inépuisable de divertissement et de défi.
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Numéro double
Chez Jocelyne et Gérald Oustric // Gaec du Mazel // Valvignères // Ardèche // Côte-du-Rhône // 20 hectares
Saint-Thomé. Descendre du car. Retirer l’étuis rouge de la soute. L’étui en forme de L qui intrigue tant les voyageurs des trains et des bus que j’emprunte pour aller et venir entre Bordeaux et les lieux où je laisse mon vélo. De plus en plus souvent on ose me demander ce que le L contient. Mes réponses varient. Aux enfants, je réponds : - Un T . Aux vieux soupçonneux, je parle d’arme, de sulfateuse. Aux jeunes couples j’avance : - ma partenaire. Aux rêveurs de tous âges j’etcétère : - un autre étui (mais plus grand) contenant lui-même un autre étui (mais plus grand) contenant lui-même… Il arrive aussi que, pour rester vague, je parle d’instrument.
Quelle est la vérité ? J’hésite moi-même. Disons que quelque chose se précise au fil des jours. Démêler. La housse en L taillée dans une bâche étanche incarnat contient en effet un coffre en cuir rigide de forme identique et fermé par des sangles à boucles, lequel contient en effet un cep de syrah en forme de T (tourmenté) gréé en instrument de musique électronique et informatique – que j’appelais encore métaphorminx ou hypercep avant d’arriver chez Jocelyne Oustric, il y a un mois. Jocelyne précisément dont la voiture se gare à ma hauteur.
On fait maintenant route vers Valvignères où se trouvent les vingt hectares de vignes dont ma très sympathique conductrice s’occupe avec son frère Gérald. Cette fois, ni domaine, ni château, ni mas, ni ferme mais GAEC. Le GAEC du Mazel. Si l’acronyme (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) fleure un peu techno, la réalité est qu’il permet à un petit groupe de professionnels (de 2 à 10) de s’associer au sein d’une entreprise tournée vers l’agriculture. Des frères et sœurs par exemple.
« Au départ, m’avait expliqué Jocelyne lors de ma première visite, Gérald était tout seul. Il avait repris l’exploitation de notre père et livrait le raisin à la coopérative. Comme la plupart des vignerons de son entourage il pensait ne pas aimer le vin et buvait surtout du Ricard. » Jusqu’à ce qu’au hasard d’un passage en Beaujolais il rencontre Marcel Lapierre, pionnier du vin nature, et goûte ses canons. « Là, il a tout de suite aimé… Ensemble ils ont essayé de convaincre la coopérative de prendre le virage du nature ; ils y croyaient vraiment, mais c’était peine perdue et Marcel a fini par dire à mon frère : - si tu veux boire ton vin, sors de la coopérative. » À cette période, Jocelyne s’est éloignée de Valvignères. Après avoir rêvé de devenir sage-femme, elle a passé plusieurs années à Londres. « J’ai quand même fini par revenir en Ardèche où j’ai trouvé un boulot dans une entreprise informatique. C’est à ce moment, en 1998, que Gérald m’a proposé de monter le GAEC. Au départ on faisait tout ensemble, la taille, les vinifes, tout ça. Ce qui m’allait très bien vu je n’avais pas fait d’études agricoles. Ensuite j’ai eu mes enfants et je me suis plus concentrée sur la partie administrative. »
La voiture quitte maintenant la route pour emprunter un chemin bordé de vignes. Nous grimpons jusqu’à la forêt encore quasi méditerranéenne qui coiffe le coteau et nous arrêtons un plus bas, devant le grand chai du GAEC. Dans l’entrée deux piles de cartons remplis de bouteilles échangées avec d’autres vignerons. La première pile en provenance de Mulhouse où Gérald était en salon les deux jours précédents. La seconde de Latour de France d’où sa sœur revient pour la même raison. Plus loin, le grand pressoir mécanique dédié à certaines cuvées pour la qualité des jus qu’il produit, les cuves inox chemisées avec température réversible puis, un étage au-dessous, quelques contenants devenus inutiles depuis la réduction du domaine : « on est passé de 30 à 20 hectares il y a dix ans et on se demande souvent pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt » ; le monte-charge, vestige des conseils de l’œnologue vagabond Jacques Néauport qui était contre le pompage « qui abime l’intégrité moléculaire des jus », aujourd’hui remplacé par une pompe péristaltique ayant les mêmes qualités. « Comme Marcel, Jacques nous a beaucoup aidés, encouragés. Il faut dire qu’à l’époque on était très isolés ici. Personne ne comprenait ce que nous faisions. Ce n’est plus le cas maintenant, de nouveaux vignerons comme Anders Frederik Steen et Géraldine Croizier que tu as rencontrés le soir de ta performance sont arrivés, on peut discuter s’échanger des avis, déguster ensemble. »
Oui, le soir de ma performance. Se remémorer. Nous étions quelques-uns devant la maison de Jocelyne installés en cercle entre de vieilles vignes de grenache et une parcelle de cinsault plus juvénile. On discutait de la chaleur extrême qui avait sévit pendant les vendanges, nécessitant – première ! - de reloger les équipes au camping municipal, à l’ombre de ses grands arbres. De l’épuisement, lui aussi exceptionnel qui en avait résulté. Jocelyne avait servi La cuvée Les Lèches 2021, grenache blanc, sémillon, sauvignon dont j’admirais la robe dorée parfaitement accordée à la blondeur concentrée de cette soirée d’automne.
Je m’inquiétais cependant du déclin de la lumière, espérant qu’il en resterait assez pour la partie du texte dont je confie la lecture au public. On attendait encore quelqu’un, Anders, qu’on entendit finalement débouler de loin, deux bouteilles s’entrechoquant dans sa besace. Le dernier convive assis et servi, je pouvais sortir la métaphorminx de son étui. Et là, – effet secondaire des Lèches ? – au lieu d’actionner la flûte de l’hypercep comme je le fais souvent en préambule de Rhapsode, je me suis entendu présenter – première ! – cette vieille syrah comme une partenaire. Expliquer. Comment tous les flux de sève, tous ses élans végétatifs, tout le stop and go de la taille, des travaux en vert et de la récolte, toute cette mémoire en apparence pétrifiée dans le bois et la contorsion de ses formes était encore active et, pourvu qu’on se laisse bouger, activante. Comment je l’avais découvert et comment je tachais à présent d’explorer la partition chorégraphique potentielle proposée continûment par ma cavalière.
Quelle nouvelle, prise, nouvelle passe – première ! – était alors apparue, dans le jour déclinant, les lectures délicates éclairées finalement au photophore, la fraicheur de la nuit, le silence un instant retrouvé avant les joies du banquet ? Quel ajout au pas de deux ? Un baptême, je crois, au Mazel. Dire. Le prénom soudain révélé de l’instrument : Médée.
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Maquette
Ceci est ma maquette réalisée dans le cadre du cours d’Atelier de Création 1, celle-ci a été conçue à partir de matériaux recyclables et trouvés à l’école. J’ai essayé de recopier le plus possible ma chambre originale avec les mêmes couleurs et meubles qui l’occupent. J’ai commencé par réaliser mon plancher qui était originalement des tuiles en bois en forme de carré, j’ai utilisé des bâtons de pop sicle et je l’ai coupé un par un afin d’avoir la parfaite grosseur. Ensuite, j'ai réalisé la base de mon lit avec du papier mâché que j’ai ensuite recouvert de peinture, j’ai utilisé une sorte de styrofoam que j’ai entouré de tissu pour créer le matelas, puis j’ai cousu un duvet, une couverture et des cousins que j’ai ajoutés sur le dessus. Par la suite, j’ai fait mon bureau que j’ai fait avec du carton et que j’ai par après recouvert de papier blanc pour bien que le rendu soit uniforme. La commode a aussi été fait en papier mâché recouvert de peinture. Pour réaliser la chaise, je ne savais pas trop quoi faire et je ne voulais pas reproduire ma chaise de bureau dans ma chambre puisque je pensais qu’elle n’allait pas bien avec le tout, donc j’ai trouvé sur YouTube une chaise miniature et j’ai fait de mon mieux pour la reproduire. Celle-ci a été faite avec du papier blanc que j’ai recourbé et j’ai ajouté de la texture verte à l’intérieur pour retrouver la couleur du duvet de mon lit. J’y ai ensuite ajouté des pattes avec des bouts de métal trouvés dans l’atelier de mon père. Pour les murs, j'avais décidé que j’allais reproduire le mur en face de tous les meubles puisque c’était celui le plus occupé. J’ai coupé la porte pour la faire ouverte, j’ai coupé la garde-robe et j’y aie ajouté des portes ouvertes aussi. Dans la garde-robe, j’ai mis un fond noir et un bout de métal que j’ai tourné sur lui-même pour créer le poteau auquel on accroche des vêtements, j’ai ajouté des bouts de tissus et des bouts de cintre et je l’ai accroché au poteau. Originalement, je voulais mettre un vrai miroir, mais je n’en trouvais pas un assez gros, donc j’ai utilisé du papier aluminium. Pour les photos sur les murs, j'ai utilisé une imprimante à photo polaroid et j’ai fait imprimer des photos miniature que j’ai ensuite coupé et collé sur le mur. À mon avis, les éléments qui ressortent le plus dans ma maquette sont les boites de chaussure, pour les réaliser, j'ai utilisé du carton pour créer la base et puis j'ai dessiné et colorié sur du papier les exactes boîtes pour les coller sur la base. J’ai essayé de les placer stratégiquement pour qu’on les voie chacune assez bien. J’ai trouvé le tapis dans l’atelier à l’école et j’ai décidé de l’ajouter en dessous de la chaise même si dans ma chambre originale, je n’ai pas de tapis. Le panier à linge a été fait d'un rouleau de papier de toilette que j’ai enroulé de tissus et j’ai ajouté des tissus différents pour reproduire des vêtements à l’intérieur et par terre. J’en ai aussi mis en dessous du lit puisque c’est le cas dans la vraie vie. Je n’avais pas trop d’idée quoi faire pour mon objet laid, donc j’ai pris des petits bouts de papier que j’ai mis en boule et je l’ai est placé sur le bureau et parterre pour imiter des déchets. Pour finir, les petits détails comme les livres et les bijoux sur l’étagère, le petit miroir de bureau et le pot ont été faits de carton, de papier texturé et des billes trouvés chez moi. Pour conclure, j’ai apprécié concevoir ce projet et j’aime beaucoup le résultat.
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