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#il lève la tête et aperçoit une petite fille
lolochaponnay · 4 months
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Après la messe, le curé va, comme à son habitude, se reposer à l'ombre du marronnier, derrière l'église. En entendant un merle siffler, il lève la tête et aperçoit une petite fille, debout dans l'arbre, sans culotte. Il s'écrie : - Dieu du ciel! Descend tout de suite, mon enfant! La gamine obtempère et le prêtre lui dit : - Tiens, voilà cinq euros. Dis à ta maman qu'elle t'achète une culotte. Le petite court raconter l'histoire à sa maman. Celle-ci réfléchit et se demande combien le curé lui donnera si elle monte, elle-même, dans l'arbre, sans culotte. Le dimanche suivant, le curé s'installe de nouveau sous le marronnier. Il entend le merle et il lève la tête. Il voit la maman, sans culotte. - Mon Dieu, ce n'est pas possible! Descendez au plus vite, ma fille! La mère descend et le curé lui dit : - Tenez, prenez ces dix euros, et allez vous acheter un rasoir!
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yumekastories · 3 years
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Chroniques des Invisibles - 2.6 - Validation
8h samedi matin. Tout le monde est dans le car. Alix est à l'arrière du bus, avec Noah et sa clique. Il fait les présentations officielles avec les autres filles. Méline, elle, est à l'avant. Ludivine est juste à côté d'Eloïse, apparemment la conductrice attitrée du véhicule, avec Anastasia. Alix baîlle.
- Pourquoi on part si tôt?
- On est resté trop longtemps sur place. Méline aime pas quand on fait ça.
- Et elle est toujours comme ça? A l'écart?
- Toujours. Et c'est là que tu entres en jeu?
- Quoi?
- A toi d'aller lier contact.
- ...maintenant?
Noah sourit. Il se lève et saisit le poignet d'Alix, le forçant à se lever. Un pas en avant. L'instant d'après, ils sont à l'avant du bus. Alix est assit par terre, l'air hagard, aussi surpris qu'effrayé. Méline relève la tête de son livre pour l'observer. Elle hausse un sourcil en regardant Noah.
- Si tu commences à lui faire peur maintenant, je suis pas sûre qu'il reste.
Il passe devant elle en marchant calmement, un sourire satisfait sur son visage.
- Tu l'intimides. Je lui donne un simple coup de pouce.
Il va se rasseoir à l'arrière, tranquillement, et fier de lui. Méline soupire, avant de replonger dans son livre. Alix, lui, essaie de retrouver une respiration calme. Ludivine s'accroupi devant lui, tenant la barre métallique pour garder l'équilibre. Elle a un petit carnet à la main.
- ça va?
Il ouvre la bouche et la referme, comme un poisson hors de l'eau.
- Prends une grande inspiration. Et bloque.
Il suit les conseils de la jeune femme. Quelques secondes plus tard, sa respiration est moins saccadée.
- T'en fais pas. C'est toujours comme ça. Y'en a même une qui a vomi la première fois. La surprise.
Il hoche la tête. Son coeur bat encore trop vite à son goût.
- Tu peux te relever?
- Je...je vais rester là une minute encore.
Lulu sourit.
- C'est bien de faire attention. Prends ton temps.
Elle s'assied à son tour, en tailleur, devant lui, et ouvre son carnet. Son regard a changé.
- T'as vu quelque chose?
- Hein?
- Une couleur, une lumière?
- Ce...non, ça a été trop vite.
- Un son?
- Non.
Elle lui attrape le poignet, compte ses pulsations.
- T'as eu une accélération de tes pulsations, t'as hyperventilé.
Elle le lâche et se met à noircir son carnet.
- Et t'es assez malin pour pas essayer de te relever de suite.
Elle le fixe. Ses yeux bleus perçants semblent le sonder.
- Je...je sentais plus mes jambes.
- T'es le premier à pas le faire. T'as déjà vécu un truc du genre?
Il secoue la tête. Lulu referme son carnet avec un grand sourire.
- Ok. Merci.
Elle s'éloigne pour rejoindre Eloïse. Méline et elles se jettent un regard. Ce garçon a une façon d'agir très réfléchie. C'est autant un atout pour Méline que pour les recherches de Ludivine. Alix, lui, se redresse doucement, s'accrochant à la barre pour être sûr de ne pas perdre l'équilibre. Dans le car, personne n'a l'air surpris. Ludivine a délaissé Alix pour s'occuper de ses notes, et Anastasia le fixe, sans doute depuis un moment. Il avance et s'assied à côté de Méline, de l'autre côté de la rangée.
- C'est...c'est perturbant ce...ce saut? C'est comme ça qu'on dit?
- On dit pas. C'est une mauvaise idée d'en parler.
- Pourquoi?
Elle tourne une page de son livre.
- T'as déjà entendu parler de ça?
- Non.
- C'est parce qu'on en parle pas. Alors continue.
- T'as peur qu'on veuille l'étudier?
Elle réprime un frisson. Il s'en aperçoit. Elle remonte son livre, pour qu'il arrête de la fixer.
- Tu penses qu'on devrais le disséquer, c'est ça?
- Non! Pas du tout! Je...je voulais juste me faire une idée de ce qui te faisait peur...désolé.
Elle hausse les épaules.
- Il est impulsif. Il fait les choses sans réfléchir. Il a pas de mauvaises intentions de base. Mais il a fait des conneries. Maintenant, on a les Elites au cul.
- Pour un vol?
- Un vol impossible sans aptitude. Je sais pas ce qu'ils ont l'intention de lui faire. Et j'ai pas envie de le découvrir.
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lalignedujour · 5 years
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La lettre arrive sur le bois dur de la table. Il hésite à l’ouvrir. Richard sait qu’ensuite il devra ouvrir une bière, puis une autre, puis une autre, puis ouvrir le placard avec la bouteille de Whisky - il en a justement acheté deux nouvelles hier. Bref, sa journée risque d’être foutue.
Il décide plutôt de faire un feu. Grace aime ça les feux. Elle est si amoureuse lorsqu’elle le voit fourrer les bûches bien sèches, coupées de la veille, échardes encore apparentes, écorce craquelante, dans le feu naissant aux brindilles à peine chaudes. Elle est habituellement si câline lorsque le feu jaillit enfin et brûle toute la pièce d’une lumière rouge. Mais Grace passe devant lui sans le regarder, en soupirant. Exactement comme s’il avait déjà laissé tomber sa tête sur le bois dur de la table. Alors autant y aller maintenant. Richard ouvre une bière, l’engloutit immédiatement sous le regard indifférent de Grace, en ouvre une deuxième et s’installe à son bureau.
Toujours dans un parfait Anglais Britannique, le corbeau invoque la loi. L’Irlande ne prévoit pas de délai de prescription concernant les crimes sexuels. Ça, il le savait. Mais c’était la loi de Dieu qu’il craignait davantage. Plus encore : il obéissait à la loi du village, cette main invisible qui fait et défait les réputations, on ne sait comment. Pour Dieu et pour le village, c’était déjà foutu. Il allait falloir fuir, c’était sûr. Mais où ? En prison jusqu’à la mort, ou juste un peu plus loin ? En Écosse ? En Islande ? Non. Pas chez ces putains de protestants. Richard regarde sa deuxième bière et se félicite. Il n’y a pas touché. Elle est encore pleine, une goutte de condensation atteint l’étiquette, s’arrête une seconde sur le bord supérieur pour grossir, puis se laisse glisser le long du papier. La loupe de la goutte passe sur les lettres “Hol” de “Royal Grolsch Holland”. Aux Pays-Bas, ils sont catholiques. Il y a des souvenirs d’étudiant à la Technische Universiteit Eindhoven. Il pourra y faire sa nouvelle vie.
Il retourne la lettre, écrit “Meet you in Eindhoven, pub at the Central station, Thursday 12pm. Wear a red hat.”, plie grossièrement la feuille et l’enfourne dans une enveloppe, sur laquelle il inscrit à la hâte l’adresse de la boîte postale indiquée. Il met le tout dans la poche extérieur d’un sac de sport qui n’est pas sorti du placard depuis un moment. Richard ajoute quelques affaires essentielles : vêtements, chaussures, brosse à dents, papiers, crucifix, bières, fusil. Grace passe à nouveau dans la pièce, indifférente. Richard file à la Poste.
*
Antoine, Léa et Laora sont inséparables. Les trois amis ont rassemblé ensemble les papiers à envoyer au CNAOP, le Conseil national pour l’accès aux origines personnelles. Après avoir expédié toutes les pièces, ils sortent tous les trois du petit bureau de Poste de l’avenue Daumesnil dans une espèce de joie administrative.
Ils traversent la place Félix Éboué et s’installent comme ils en ont l’habitude au comptoir du bar-tabac le plus banal. Peut-être s’appelait-il le Café de la Place, le Va-et-Vient, le Balto ou le Narval. Peu importe. Ils se perchent sur les tabourets en bois, s’accoudent sur le comptoir en zinc, Antoine au centre, commandent trois cafés, puis trois demis avec des cacahuètes. C’est devenu leur rituel.
Seul le patron remarque qu’Antoine regarde un peu plus Léa que Laora. Mais il ne le signale pas, ce n’est pas son affaire, et puis d’ailleurs, il a un allongé à servir, et puis il y a du monde qui veut valider sa grille de PMU.
Les trois jeunes dessinent mille famille à Antoine, des fratries de dix à travers le Monde, une mère peintre exilée en Bolivie. Les filles lui cherchent des traits communs avec des femmes connues. Ils rient, rient encore jusqu’au quai du métro. Léa et Laora partent dans un sens. Antoine dans l’autre. Il va rejoindre sa vraie famille. Ce soir, c’est l’anniversaire de Thomas à la maison Delestrange.
*
Mohammed Benali est un homme d’affaires froid, droit, et honnête. Son arcade sourcilière est si prononcée qu’elle laisse à peine voir ses yeux. Il a le regard dur par défaut, depuis tout petit. Il était gentil au fond. Mais à être vu comme un dur, il a dû coller à sa réputation.
Il a toujours fait un peu d’extorsion de fonds à côté de sa carrière d’ostéopathe. Mais il y a six ans, il a dû s’y mettre à temps plein. Les applications de mise en relation entre patients et praticiens se sont généralisées. Son visage dur sur la photo de profil a attiré une clientèle en quête de craquages de dos violents. Mais son approche sur les flux et les énergies n’est pas parvenue à les fidéliser. Son cabinet se vidait et le grand banditisme lui tendait les bras.
Au départ, Mohammed ne voulait tuer personne. Juste faire peur. C’est son métier. Mais aujourd’hui, qui sait, s’il devait tuer, il serait peut-être prêt à le faire.
*
Richard poste la lettre et se prépare à récupérer son argent dans tous les bars du coin. L’alcool a ruiné sa vie et celle de ses proches. Et en plus de ça, il a l’a laissé sans économies. Sans rien de substantiel à léguer à son fils Antoine. Même en ne comptant que la Guinness, à 3,20€ la pinte, ça faisait 16€ par soir, 6 soirs par semaine, depuis 26 ans, l’âge de sa fille. Richard fait le calcul au volant de sa voiture, conduite nerveuse, sang chaud. Il arrive à 130.000 euros. Divisé par les quatre pubs habituels, ça faisait 26.000 à récupérer par établissement. En pénétrant dans le Muddy Farmer, Richard renonce à calculer les intérêts. Avant de le saluer, le patron saisit un verre de Guinness et se dirige vers la tireuse. Mais Richard ouvre le feu et réclame 26.000 euros en liquide. Il n’en obtient que 3.200 plus quelques montres.
Au Tigh Neachtain's, Richard récolte un peu moins de 3.000. Mais le O’Connors est plus gros, il en sort avec 6.800 euros supplémentaires. Les habitants sont alertés, on le regarde bizarrement. Mais pas de police en vue. Il remet des cartouches. Il a juste le temps d’aller au Brennan's Criterion et de filer. Richard ne s’est jamais senti aussi vivant.
Il récupère un peu plus de 4.000 à la caisse, et pense à l’arrière-salle ou des joueurs de poker jouent très gros. Il a déjà perdu et gagné ici dans sa jeunesse, jusqu’à ce que Grace lui interdise de jouer. Aujourd’hui, il a de la chance, c’est jour de tournoi. Ils sont au moins 50. Et ils ont l’air sérieux. Ils sont là pour gagner gros. Il descend les trois marches qui mènent à l’arrière-salle, saisit un jeune homme par le col et demande à tous les participants de vider leurs poches. Ceux-ci ne bougent que lorsque Richard donne le premier coup de fusil.
-Le prochain, il est pour lui !
Certains joueurs commencent à rassembler leurs jetons. Son ancien collègue Martin dit timidement à Richard qu’il est le seul à garder l’ensemble des droits d’entrée. Le reste, c’est des jetons.
-Bon. Alors, donne-moi tout.
Personne ne bouge.
-Vite ! Donne-moi tout ou je saigne le môme !
Le coup est parti tout seul dans le pied du jeune homme. C’est là que Richard a reconnu le fils de Martin. Tout le monde s’exécute.
Richard court vers sa voiture avec son t-shirt replié vers lui pour porter davantage d’argent. Une cinquantaine d’enveloppes. Ce n’est qu’une fois arrivé au port de Liverpool qu’il compte l’argent des enveloppes. 850 euros par enveloppe. Très exactement. Martin a toujours été rigoureux quand il organisait quelque chose. Richard pioche un billet de 50 pour payer sa nuit d’hôtel. Il monte, compte et range consciencieusement cet argent durement gagné, auquel il ne doit pas s’attacher. Demain, il fera du stop pour ne laisser aucune trace. 59.500 euros. Le corbeau n’en réclamait que 55.000. Le reste, ce sera pour lui. Pour se reconstruire un honneur.
Richard ouvre la fenêtre qui donne sur un parking avec poubelles, mais il inspire à pleins poumons l’air du large. Grace, Tina, Laura, la voiture, le fusil, les souvenirs de toute sa vie, et sa réputation resteront pour toujours de l’autre côté de la mer Irlande.
La réputation a ça de pratique : elle ne sait pas nager. Quant à la police, on poursuit les violeurs par-delà les mers. Pas les voleurs.
*
Caché entre les touillettes en bois et les sucres roux, Richard a tout de suite reconnu le corbeau, assis à la terrasse du pub - c’est une de ces terrasses qui ne sont ouvertes que sur le hall de la gare. Grande veste noire, chemise noire, regard noir, chapeau de cow-boy rouge à facettes qui a probablement servi avant cela à une jeune femme dans une fête costumée. C’est sûr, c’est lui.
Mohammed est là, il regarde autour, imagine lequel de ces hommes de 50 à 65 ans pourrait être le violeur. Il regarde son téléphone. Déjà 11h15, et toujours aucun signe. Est-ce qu’il aurait fait le voyage pour rien ? Ce porc lui aurait aussi volé une journée, une grasse matinée et 208€ de train. Et s’il y avait plusieurs pubs, ici ? Celui-ci est sombre, plein de cuir, de cuivre, et de vert foncé. La typographie gaélique est dorée, sur la carte un elfe court une bière à la main et un trèfle à quatre feuilles sur le chapeau. Non, vraiment, c’est forcément là.
11h20, Mohammed enfile sa veste. Il en a assez d’imaginer lequel de ces vieux a pu violer l’amie de sa cliente. Il se lève et hurle comme un Irlandais en fin de soirée “Fermanagh! Where are you?”. Alors qu’il tourne sur lui-même au milieu du hall, n’attirant aucun regard, il sent un poids dans sa poche droite. C’est une grande enveloppe kraft roulée en boudin avec du chatterton. Derrière l’adhésif, il aperçoit une lettre dont il reconnaît l’écriture hâtive. Mohammed est incrédule. Fermanagh a forcé l’accès à la poche de son manteau alors qu’il ne se méfiait pas. Il a le même sentiment que la fois où il a été victime d’un pick-pocket, dans le métro. Il est pourtant riche à présent. Il tient dans sa seule main droite 55.000 Euros en liquide. Mohammed remet l’enveloppe dans sa poche, va prendre un train un peu plus tôt et ne comptera tout ça qu’une fois à Paris : exactement les 50.000 euros demandés + sa commission.
Dans le brouhaha de la gare, puis du train, puis de la gare, puis du métro, Mohammed ne l’a pas remarqué. Mais dans le fond de sa poche, dans une ultime tentative de repentance, Richard a également déposé un hochet pour son fils. Il finira dans la poubelle de la Gare du Nord.
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theonly-colebusby · 6 years
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(Charlie) « Wow, is that Katniss making out with Yoda ? » « Am I a mistake ? » « I’m on a date. Why are you here ? On my car ? » (Moffy) « You could start a fire with the heat between you two. »
« Wow, is that Katniss making out with Yoda ? »  (Charlie)
Cole répond, la mâchoire crispée: “Ouais… C’est bien Leah et cet abruti de Trojans.” Le regard du châtain se fige sur son “ex-petite-amie”, même si ce n’était pas vraiment ce qu’elle était, “sa petite-amie”. La main de l’attaquant se pose sur son épaule et le sort de sa torpeur pour qu’il regagne le monde qui l’entoure. “Je crois que le gagnant du concours de costume mérite un verre, tu en penses quoi?” Cole se détend un peu, et répond par un sourire reconnaissant au bienveillant Charlie. Ce dernier sait comment remonter le moral du défenseur: la pensée de sa victoire donne un petit coup de boost au garçon maquillé en Joker. “Je devrais envisager de devenir maquilleur…” Cole dit maintenant avec un faux air prétentieux. Charlie lui sourit, il est rassuré de voir qu’au moins son meilleur ami ne perd pas complétement son humour. Maintenant au bar, il récupère deux bières pour lui et Cole. Il la lui tend, parcourant la salle remplie des yeux. “Tiens, regarde, il y a Harley Quinn là-bas. Ca te dirait d’aller lui parler?” Cole regarde en la direction de Charlie et aperçoit la jolie brune dont il parle. Il n’est pas vraiment prêt à aller vers d’autres filles, encore moins à faire comme Leah d’ailleurs et se jeter dans les bras de quelqu’un d’autre pour oublier. “Ca m’irait si c’était toi ma Harley Quinn ce soir.” Il le regarde avec son air joueur, et Charlie comprend derrière ces mots que ce dont Cole a besoin c’est de ne passer du temps qu’avec lui. “Je serais ta Harley Quinn ce soir alors.” Cole alors un peu charmeur, murmure à l’oreille de Charlie: “Je t’attendrais dans le lit. Je ne porterai que mon caleçon Superman, celui que tu préfères.” Cole fait un petit clin d’œil à son ami, et commence à se diriger vers la porte. Charlie répond en riant, tout en le suivant pour quitter le bar: “Meilleur Halloween de ma vie!”
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« Am I a mistake ? »  (Charlie)
Cole se sent coupable maintenant. Il regarde Charlie assis en face de lui sur son lit, et il regrette. Il sait qu’il a été distant ces derniers temps, mais il n’avait pas imaginé que ça causerait des doutes pareils chez Charlie. “Non, c’est pas ça…” Il lui dit en baissant le regard. “Alors c’est quoi, Cole?” Charlie est à la fois blessé, inquiet et agacé de cette situation qu’il ne comprend pas. A ses yeux, il ne peut y avoir qu’une seule raison au changement de comportement de son ami: des regrets d’avoir laissé leur relation devenir plus qu’amicale. Et même si il craint d’avoir raison sur ce qui pousse Cole à le fuir, il veut en avoir le cœur net. “Je crois que je suis amoureux de toi.” Cole dit ça et un énorme poids disparaît de ses épaules. Et même si il ne sait pas ce que le garçon va lui répondre, il est heureux d’avoir parlé. Charlie ne s’est clairement pas attendu à cette réponse, et sa mâchoire se décroche alors qu’il est sur le point balancer à Cole ce qu’il croit avoir deviné. Un temps passe où Charlie regarde son meilleur ami, comme pour vérifier qu’il dit bien la vérité. Finalement il laisse son angoisse s’évaporer pour laisser un énorme sourire apparaître alors qu’il répond à Cole: “Je crois que je suis amoureux de toi, moi aussi.”
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« I’m on a date. Why are you here ? On my car ? »  (Charlie)
“Je savais que tu me trompais espèce d’ordure!” Dit Cole indigné en sortant sa tête et son bras de la couverture qui le recouvrait, en profitant pour envoyer sa chaussure sur Charlie qui l’évite de justesse. Ce dernier lui lance un regard très sérieux, qui oblige Cole à reprendre son sérieux lui aussi. “Je voulais juste m’assurer que tout se passait bien, d’accord!” Le défenseur lève la tête pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. “Merde! Elle arrive! Vite, remet la couverture sur moi!” Charlie s’exécute en levant rieur les yeux vers le ciel. La belle blonde rentre dans la voiture et s’assoit à la place du passager. Elle tourne sa tête vers la couverture en soupirant. “Cole, tu aurais du comprendre après la deuxième fois que ce tour ne fonctionne absolument pas.” Ce dernier ne lui répondant pas, la jeune femme soulève la couverture. La tête de Cole en sort toute souriante. “Oh salut Winona! J’avais pas vu que vous étiez en plein rendez-vous. J’ai du m’endormir, je…” Winona l’interrompt. “Sort.” Le défenseur regarde Charlie l’air de demander de l’aide, mais ce dernier tournant la tête pour lui signifier qu’il n’en aurait pas, Cole n’a pas d’autre choix que de se lever. Il sort de la voiture l’air penaud, et celle-ci démarre. “Attendez! Ma chaussure!”
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« You could start a fire with the heat between you two. »  (Maximoff)
“Tu parles de Charlie et moi? Je sais, on est peut-être le couple le plus chaud qu’il t’a été donné de croiser.” Maximoff lève les yeux au ciel, Cole remarque qu’il semble déjà agacé de leur conversation alors que celle-ci vient de démarrer. “Je parle de toi et Leah.” Le défenseur prend un air innocent, faisant mine de ne pas comprendre de quoi l’attaquant parlait. Il sait très bien où cette discussion va mener si il admet sa relation avec Leah. Il imagine déjà Maximoff lui rappeler à quel point si leur relation foire, cela peut avoir des répercussions sur l’équipe. “C’est pas faute de rappeler à quel point ça devrait être interdit d’avoir des relations avec ses coéquipiers.” Cole a envie de dire que c’est quand même mal venu de la part de celui qui a eu une relation avec deux des trois filles de l’équipe, mais il sait que Maximoff n’est pas du genre à plaisanter là-dessus. “Tu sais que je tiens à l’équipe. Même si ça ne marchait pas avec Leah, ça ne changerait rien à notre manière de jouer sur le terrain, c’est promis.” L’attaquant n’a pas l’air particulièrement convaincu, et même toujours agacé, mais puisqu’il hoche la tête et qu’il part pour rejoindre son lit, Cole se dit que c’est déjà pas mal. Ce dernier va pour rejoindre son lit à son tour quand quelque chose percute sa tête. Maximoff vient de lui envoyer ce qu’il reconnaît être le soutien-gorge de Leah. Cole se retourne vers lui avec un sourire désolé.
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lamaventures · 6 years
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Philippines : les Visayas d'île en île
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Après une longue traversée du Pacifique, nous atterrissons... aux Philippines ! On a longuement hésité à changer de continent. Parce que c'était loin et parce que ce n'était vraiment pas prévu. Mais on avait en tête d'aller un jour aux Philippines et c'était l'occasion unique d'y passer un mois. Notre tour d'Amérique latine se transforme en tour du monde. Après 7 mois de tribulations, nous sommes toujours aussi avides d'aventures et notre appétit du voyage n'est toujours pas rassasié (le sera-t-il vraiment ?). 
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Et alors, pourquoi les Philippines ? Avec ses 7000 îles et plus, les plages de rêve abondent. Mais un mois à faire la crêpe sur des plages, ça fait un peu long et plat. C'est pas nous ça. C'est l'incroyable richesse de ses sites de plongée qui nous a attiré, évidemment ! Et je crois qu'on ne va pas être déçus...
Bohol
Notre périple aux Philippines se dessine donc presque exclusivement en fonction des sites de plongée qui nous intéressent. En arrivant à Cebu, on commence le voyage par l'archipel des Visayas et l'île de Bohol.
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Ce n'est qu'une fois arrivé sur cette île que l'on prend conscience du véritable changement d'ambiance qui vient de s'opérer. On était tellement habitué à l'Amérique latine et nos cœurs en sont encore tellement épris, qu'on avait oublié ce que ça faisait d'être en Asie. Bohol est une petite île sauvage, tropicale et préservée du tourisme. La route principale, bordée de cabanes en bois, traverse une jungle de bananiers luxuriante. On loue un scooter pour commencer notre douce immersion asiatique.
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La première curiosité de Bohol, ce sont les tarsiers. De tout petits mammifères aux grands yeux qui ont inspirés les personnages d'ET, Yoda et les grimlins. Dit comme ça, c'est pas très flatteur pour eux. Mais en vrai, c'est excessivement mignon. On arrive dans une réserve naturelle où il est possible de les voir de près. Mais attention ! C'est fragile. Très fragile. Il ne faut pas faire de bruit au risque de leur provoquer une crise cardiaque. Véridique. Lorsque l'on aperçoit notre premier tarsier, il est encore plus petit que ce qu'on pensait ! Il fait dodo tranquillement sur sa branche et ouvre de temps en temps ses grands yeux globuleux pour jauger le danger que l'on représente pour son petit cœur fragile. 
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Le lendemain, on part avant l'aube en direction des Chocolate Hills pour admirer le lever du soleil. Il fait encore nuit noire lorsque l'on arrive au pied du point d'observation. On grimpe au sommet du mirador et on attend patiemment que les premiers rayons du soleil viennent éclairer toutes ces collines étrangement arrondies. 
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Progressivement, les rayons orangés percent et colorent le paysage d'une douce et tiède lumière. A la saison sèche, les Chocolate Hills se teintent de marron, comme des dômes de chocolat - d'où l'appellation. Pas de chocolat pour nous, elles sont déjà verdoyantes. On reste une paire d'heures à profiter de ce joli panorama avant de continuer notre exploration de l'île en scooter.
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On quitte la route principale pour s'enfoncer un peu plus encore dans la nature sauvage de l'île. On traverse des rizières et des villages dans lesquelles les habitants tiennent à nous dire bonjour avec un grand sourire. La gentillesse des philippins n'est pas un mythe ! 
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On s'arrête à notre première cascade puis à d'autres au fil du chemin. On y est souvent presque seuls et on profite de ces recoins paisibles pour faire trempette.
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On rejoint ensuite la presqu’île de Panglao, au sud-ouest de Bohol, pour notre première plongée aux Philippines. C'est tout de suite beaucoup plus touristique ! On prend rapidement le large en direction de l'île Balicasag et de son récif corallien. A peine immergés, on se dit que ça nous avait manqué la plongée en Asie. On se balade le long d'un magnifique mur tombant qui pullule de poissons et de coraux. C'est vivant et coloré. Un régal !
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On termine notre découverte de l'île par une balade nocturne en kayak pour aller observer les lucioles. On pagaie dans une claire obscurité guidés par la lumière de la lune jusqu'à atteindre différents arbres qui scintillent. Des millions de lucioles s'agitent et dansent en guise de parade amoureuse. Et nous, on regarde avec étonnement la magie de ce spectacle romantique.
Siquijor
On descend ensuite un peu plus au sud, sur l'île de Siquijor. Il n'y a que très peu de touristes ici et les philippins eux-même la boudent car elle a la réputation d'être habitée par des sorcières. Du coup, ça lui donne un caractère encore plus sauvage et authentique que Bohol.
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Dès notre arrivée à l’hôtel, le temps s'arrête. Il n'y a personne. Pas même l'ombre du personnel. C'est pas grave, on regarde la mer en face de nous et puis on médite. C’est paisible. 
Ici aussi, on loue un scooter pour explorer l'île et ses jolies cascades perdues dans la forêt. A l'une d'elles, de jeunes philippins nous font une démonstration de tout un tas de figures acrobatiques, escalade sur rochers et sauts de cabri que l'on essayera de reproduire avec plus ou moins de réussite.
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A défaut d’avoir rencontré une sorcière, on aura fait la connaissance de Bouddha, caché sous le rideau de la cascade.
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On quitte Siquijor en profitant de l'un de nos plus beaux couchers de soleil philippin.
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Oslob
Avant de se diriger vers notre dernière étape dans l'archipel des Visayas, on repasse par l'île de Cebu en s'arrêtant en chemin à Oslob. Rien de particulier à y voir, si ce n'est de nager 30 minutes avec des requins baleine. On a longtemps hésité à y venir et pour plusieurs raisons. Le requin baleine, c'est le rêve de tout plongeur chevronné. C'est un énorme et magnifique spécimen qui peut mesurer jusqu'à 14 mètres mais c'est inoffensif car il ne se nourrit que de plancton ! Ici à Oslob, les requins baleine sont nourris à seulement quelques mètres de la plage. Ils ont donc complètement arrêtés leur cycle migratoire et les locaux y ont vu une véritable opportunité financière. C'est tentant de se dire qu'on a la possibilité et la certitude de nager avec des requins baleine. Même si nous avons prévu de nombreuses plongées aux Philippines, le doute sur cette éventuelle rencontre plane. Voila donc pourquoi nous avons décidé de participer à cette aventure. Et finalement, nous avons regretté.
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Dès notre arrivée, c'est l’afflux de touristes. On nous donne notre équipement de snorkelling et on nous briefe sur les mesures de sécurité. Il faut rester à distance du requin baleine et ne surtout pas le toucher. Ça paraît évident pour nous mais pas pour la plupart des gens malheureusement. On a la surprise d'embarquer sur un petit bateau avec deux soixantenaires accompagnés de deux jeunes philippines qui pourraient être leur fille. Ah le tourisme sexuel ! C'est une pratique courante ici mais on ne savait pas qu'il existait une formule "escort girl" pendant toute la durée des vacances ! Le bateau s'éloigne un peu du rivage jusqu'au fameux point d'effervescence. Et là, le chaos commence. On se prend des coups de palme, on se fait tirer le bras par le guide pour que l'on reste dans une zone stricte à proximité du bateau. Pendant ce temps là, on aperçoit les requins baleine qui passent tranquillement, la gueule grande ouverte pour récolter la nourriture que les pêcheurs leur distribuent à longueur de journée. Ils n'ont pas l'air de se rendre compte de l'agitation qui les entoure. Malgré tout, ils sont majestueux et on ne peut s'empêcher de les regarder avec un certain plaisir teinté de culpabilité.
Malapascua
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Notre itinéraire dans l'archipel des Visayas se termine par l'île de Malapascua, tout au nord de Cebu. Ce tout petit bout de terre est paradisiaque avec ses plages de sable blanc et son eau translucide. Mais l’île est mondialement réputée pour l'un de ses sites de plongée où l'on a la possibilité exceptionnelle de voir des requins renards ! Ils vivent habituellement dans les eaux profondes (de 100 à 500 mètres). Mais ici, ils remontent systématiquement à 30 mètres au petit matin.
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Et qu'est-ce qu'il a de si particulier ce requin renard ? Sa queue, messieurs ! Je vais d'ailleurs l'appeler appendice caudale pour (ne pas) vulgariser mes propos. L'appendice caudale du requin renard est très longue, aussi longue que son propre corps. Il s'en sert d'ailleurs pour gifler les poissons qu'il chasse, après les avoir aveuglé par la lumière qui se reflète sur sa peau. 
On se lève à 5h du matin pour partir à leur rencontre. Quelques minutes après l’immersion, on aperçoit leur silhouette élancée un peu plus en profondeur. On en verra 6 ou 7 s'approcher de nous en remuant avec élégance leur si belle appendice caudale !
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On enchaîne deux plongées dans la journée sur d'autres sites reconnus pour leur diversité macro (tout ce qui est petit comme les hippocampes, poissons grenouille, etc). Je vous rassure, on a un peu profité de la plage aussi !
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missbenedicte · 4 years
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Toute les image sont tirées soit de Google Google image, soit des reseaix sociaux de Danny Pino ou de sa femme Lilly Pino.
Dans cette Fanfictions de la série les Mayans M.C. vous allez découvrir un personnage qui vous fera voyager dans le passé de Miguel et qui vous fera découvrir une autre facette de lui que vous ne connaissez peut pas pas encore.
Fiction Mayans M.C. :
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Des Retrouvailles Merveilleuses.
Chapitre 1 : Un Voyage Dans les Souvenirs.
Paris, la ville la plus romantique du monde, il est 21h et il fait nuit. Miguel, son épouse Emily et leurs fils Cristobal, sortent de l’avion a l’aéroport de Roissy. A penne sortie de l’avion, Miguel repense à la dernière fois qu’il est venu à Paris. Pour son voyage de noce de son premier mariage, il y a 15 ans. Ils vont à leurs hôtels, durant le trajet Miguel regarde le paysage de Paris. Il est nostalgique de son dernier voyage à Paris avec son ex-femme Rosalita. Son fils Cristobal est émerveillé par toute les lumières de Paris. Sa femme Emily regarde Miguel, voit qu’il est dans ses pensées et dit :
- Miguel ? Ça va mon chéri ?
Miguel reprend ses esprits, regarde Emily et dit :
- Oui, Paris n’a pas changé. Elle est aussi belle que dans mon souvenir.
- Tu ne me l’as jamais dit, que tu étais déjà venu à Paris.
- C’était pour notre voyage de noce avec la mère de Carmélita.
- Tu ne m’as jamais parlé de ta vie d’avant. Avec Carmélita et sa mère.
- Je n’ai pas très envie d’en parler. Et il n’y a pas grand-chose à dire.
- Je sais que c’est douloureux pour toi de parlé d’elles, mais j’aimerais beaucoup que tu m’en parle un jour.
Miguel n’a pas le temps de répondre qu’ils arrivent à l’hôtel. Un portier ouvre la portière du côté d’Emily. Quand ils entrent dans le hall de l’hôtel, Miguel a l’impression de se retrouver 15 ans en arrière. En regardant se qui se trouve autour de lui Miguel aperçoit une femme devant les ascenseurs qui ressemble à son ex-femme Rosalita. Persuadé qu’il se trompe il va a l’accueil, la réceptionniste le regarde et dit :
- Bonsoir monsieur, je peux vous aider ?
- Bonsoir, j’ai réservé une suite avec deux chambres.
- A quel nom ?
- Miguel Galindo.
- D’accord, patienter quelques instants je vais voir si la suite est prête.
La réceptionniste passe un coup de téléphone. Cristobal ses endormie dans les bras d’Emily. Miguel les regarde, Emily et lui se sourit. Quelques secondes plus tard la réceptionniste raccroche et dit :
- Monsieur Galindo, votre suite est prête. Un bagagiste va vous y conduire avec vos bagages. Voici vos deux clés magnétiques.
- Très bien merci.
Un bagagiste amène Miguel et Emily a leurs suites. Il dépose leurs bagages, Miguel lui donne un pourboire de 50 dollars et le bagagiste s’en vas. Emily couche Cristobal dans la chambre de bébé. Miguel appelle Dita pour la prévenir qu’ils sont bien arrivés. Une fois le petit couché, Emily sert deux verres de bourbon pour Miguel et elle. Une fois l’appelle terminer, Miguel raccroche, pose son portable sur la table basse du petit salon de la suite et s’installe sur le canapé a coté d’Emily. Il prend son verre, boit une gorgée et dit :
- Je sais que tu voudrais connaitre certaine chose de quand j’étais marier avec Rosalita mais rien que d’en parler j’ai l’impression de me prendre une balle dans le cœur.
- Je sais, ta mère m’as dit à qu’elle point sa a était difficile pour ton ex et toi après la mort de votre fille.
- Carmélita était tous pour nous. Elle réunissait toute la famille. Et sa mère, elle était un peu notre roc. Elle était la plus forte de la famille. On était unis. Quand mon père et Carmélita sont mort, Rosalita n’avait plu la force de sortir de notre lit pendant plusieurs jours, elle était sous calmant tellement elle pleurait tous les jours. Elle ne mangeait plu, ne buvait plu. De mon coté je me suis plus concentré sur le faite de venger mon père et Carmélita. Alors au bout d’un mois quand elle a commencé à avoir à nouveau la force de se lever je n’étais là pour elle et on a eu une la dispute qui a tous détruit. On ses tous les deux rendu compte que l’on été devenu deux étrangers. Alors on a décidé de divorcé et elle a quitté la ville. Tous les endroits où on avait nos habitudes lui rappelait Carmélita. C’était trop dure pour elle de rester à Santo Padre.
- C’est compréhensible, elle a perdu sa fille et elle a failli vous perdre aussi ta mère et toi. Ta mère m’a un peu expliqué la situation de ce jour-là.
- Elle me l’avait dit. Qu’est-que ma mère t’as dit ?
- Elle m’a dit que quand on vous a tiré dessus, la petite et ton père ont été tuer et que t’as mère et toi vous êtes tombé dans le coma pendant une semaine. Elle a dû tous géré.
- Dévente l’as aidé et heureusement que Marcus était là pour elle et moi aussi. Le dernier mois de notre mariage, j’ai été le plus nul des maris et je le regrette depuis ce jour-là.
Miguel regarde Emily, lui caresse le visage et dit :
- Cristobal et toi vous avez été ma deuxième chance. S
Emily lui sourit, ils s’embrassent et vont dans la chambre. Ils font l’amour et s’endorment dans les bras l’un de l’autres.
Chapitre 2 : Une Visite Inattendue.
Le lendemain matin, il est encore tôt quand le soleil se lève sur Paris. Miguel et Emily sont réveillé par le petit Cristobal qui pleure dans son lit gêner par la lumière du soleil qui élimine sa chambre a travers les rideaux de la fenêtre. Miguel se lève et vas voir son fils. Il le prend dans ses bras en le rassurant, en collant la tête de Cristobal contre son torse, Miguel sens que le petit est chaud. Inquiet Miguel appelle Emily et dit :
- J’ai l’impression que Cristobal a de la fièvre.
Emily met sa main sur le front de Cristobal, a la même impression que son mari et dit :
- Il est chaud, je vais voir dans la salle de bain s’il n’y a pas un thermomètre.
Emily va à la salle de bain, vérifie dans la salle de bain. Pas de thermomètre, elle appelle la réception pour qu’ils en montent un. Pendant ce temps Miguel essaye de calmer Cristobal qui continue de pleurer. Quelques minutes plus tard, un employé de l’hôtel arrive avec une trousse a pharmacie. Emily prend la trousse et l’employé repart. Elle prend la température de Cristobal. Verdict, le petit a 39,5°c de fièvre. Miguel berce son fils, Emily appelle la réception a nouveau pour qu’ils leurs envoi un médecin. Miguel berce Cristobal depuis 1 heure, quand la concierge de l’hôtel arrive avec un médecin. Emily ouvre la porte, le médecin entre et Emily dit :
- Bonjour docteur, désolé de vous faire venir si tôt.
- Ce n’est pas grave madame. Qui doit-je examiné ?
- Notre fils de 1 ans, Cristobal. Quand mon mari est allé le voire se matin il était en pleur et quand on lui a pris la température il avait 39,5°c de fièvre.
- Vous avez pris sa température il y a combien de temps ?
- Il y a 1 heure environ.
- D’accord, je vais l’examiner et on avisera ensuite.
- Très bien.
Le médecin entre dans la chambre du petit, le petit est pleur et Miguel essaye de le calmer sans succès. Le médecin dit :
- Bonjour monsieur, je vais examiner ce petit et voir se qui ne vas pas. Vous pouvez l’allonger sur la table à langer s’il vous plait.
- D’accord, son fait plus d’une heure qu’il pleure comme ça.
Miguel allonge Cristobal sur la table à langer, le médecin l’examine. Le petit pleur. Quelques minutes plus tard le Médecin dit :
- Ce petit a les fronches encombrer. Vous êtes arrivé quand ?
- Hier soir, on est directement venu de l’aéroport. Le vol a été long.
- Vous venez d’où ?
- De Californie.
- Oui, effectivement c’est un long voyage, surtout pour un enfant de cet âge. Il a dû attraper froid dans l’avion ou a l’aéroport, ils mettent toujours la climatisation à fond. Je vais lui prescrire du doliprane en sirop. A lui donné matin, midi et soir pendant une semaine. Je vous conseille de le gardé au chaud ici. Si la fièvre ne tombe pas, vener me voir à mon cabinet.
Le médecin fait une ordonnance pour le petit. Il range son matériel et tend sa carte de visite à Emily. Miguel a réussi a calmé le petit, le médecin s’en vas. Miguel dit :
- Reste ici avec Cristobal, je vais aller chercher son médicament.
- D’accord, fait attention.
- Comme toujours.
Emily prend Cristobal dans ses bras, Miguel et Nestor partent. Arrivé dans le hall de l’hôtel Miguel aperçoit à nouveau la même femme brune qui ressemble a Rosalita. Toujours de dos, il ne peut pas être sûr que c’est bien Rosalita. Elle est assise à une table du restaurant de l’hôtel avec un homme en face d’elle et une jeune fille a coté d’elle. Miguel regarde dans leurs directions espérant voire le visage de la femme. Nestor voit que Miguel est intrigué, met sa main sur l’épaule de Miguel et dit :
- Qu’est-que tu regardes comme ça ?
Miguel se tourne vers Nestor et dit :
- Oh rien, hier j’ai vu une pharmacie à côté. En espérant qu’elle soit ouverte.
Ils vont à la pharmacie à côté de l’hôtel. Après avoir acheté le médicament pour Cristobal ils retournent à l’hôtel. Quand ils arrivent devant l’entrée de l’hôtel, la femme qui ressemble beaucoup a Rosalita sort de l’hôtel accompagné de la jeune fille avec qui elle était au restaurant. Miguel regarde la femme et reconnais le visage de Rosalita. Elle lève la tête vers Miguel et le reconnais tout de suite. Elle lui sourit, leurs fait un coucou de la main. Miguel lui sourit à son tour, Miguel et Nestor s’approche d’elle et Rosalita fait un bisou sur le front de la jeune fille. Puis la jeune fille s’en vas, Rosalita regarde Miguel et Nestor qui s’approche d’elle. Face a face Rosalita et Miguel se regardent et Miguel dit :
- Tu es toujours aussi belle.
- Merci, toi aussi tu n’as pas changé. Toi non plus Nestor.
Nestor sourit et dit :
- Merci, Princesse.
Miguel se tourne vers Nestor, lui tend le paquet de médicament et dit :
- Nestor va apporter sa à Emily et dit lui que j’arrive.
- Ok, a la prochaine princesse.
Nestor prend Rosalita dans ses bras pour lui dire aurevoir et s’en vas. Miguel et Rosalita le regarde partir et Rosalita dit :
- Sa fais combien de temps que l’on ses pas vue ?
- 10 ans, sa fais bizarre.
- Qu’est-qui est bizarre ?
- On se retrouve ici devant l’hôtel où on est descendu lors de notre voyage de noce…
- Il y a 15ans. Tu es ici en voyage d’affaire ?
- Non, je suis en vacances avec ma femme Emily et notre fils. On est arrivé hier soir. Et Cristobal est malade du coup je suis sortie acheter un médicament pour lui.
- Tu lui as donné le prénom de ton frère.
- Oui et toi, tu es à Paris pour qu’elle raison ?
- Je vie ici, je sors avec le directeur de l’hôtel et la jeune fille qui était avec moi toute a l’heur est sa fille de 15 ans. On est proche elle et moi.
- Tu es toujours décoratrice d’intérieur ?
- Oui, j’ai refait la décoration de la plupart des suite et chambres de l’hôtel. Je vis dans une des suites en ce moment, mon immeuble est en travaux et comme je travaille de chez moi. Je ne peux pas accueillir mes clients chez moi. Franck m’a gentiment laissé une suite le temps que les travaux soit fini. On peut dire que tous roulent pour moi. Et toi les affaires, ça se passe bien ?
- Oui, sa ne change pas.
- Mon père m’as dit pour Dévente et le pacte avec le procureur. Ils t’ont fait le même coup qu’ils avaient fait ton père il y a 10 ans ?
- Exactement le même, ils ont menacé d’arrêté ma femme et d’envoyer notre fils en orphelina. Mais ils ne sont pas au courant de l’alliance avec les rebelles.
- Les enfoirés, qu’est-que tu comptes faire ?
- Je vais jouer le jeu et le moment venu, nous attaquerons.
- J’espère que ton plan réussira. Et j’espère aussi que le procureur ne sait pas que j’ai des liens avec vous en dehors que je suis la fille de ton conseiller.
- Ne t’en fait pas pour ça, le seul lien qu’ils ont entre nous, c’est le fait que tu es mon ex-femme et que ton père travaille pour moi. En ce qui concerne les affaires tu n’apparais nulle part. Ton père et moi, on a fait le nécessaire.
- Ça me rassure, de savoir que je peux toujours compter sur chacun d’autre vous.
- Tu seras toujours l’une des notre et sa ne changera jamais.
- Je suis heureuse de savoir que sur ce sujet-là. Rien n’a changé avec les années.
Rosalita et Miguel se sourit, elle regarde l’heure sur sa montre et voie 9h00. Elle Regarde Miguel et dit :
- Je suis désolé mais je vais devoirs te laissé. J’ai un rendez-vous d’affaire dans une demi-heure.
- Je comprends, Je vais monter voire comment vas Cristobal.
- Je serais ravi de les rencontrer, on se verras peut-être plus tard.
- Je te les présenterais, je suis heureux de t’avoirs revu.
- Moi aussi, sa m’a fait plaisir.
Ils se prennent dans les bras l’un de l’autre, Rosalita lui fait un bisou sur la joue et Miguel lui fait un bisou sur le front. Rosalita part en voiture a son rendez-vous. Miguel rejoint Emily et ses hommes. Quand Miguel entre dans la suite Emily berce Cristobal dans la chambre du petit. Nestor s’approche de Miguel et dit :
- Vous avez discuté longtemps Rosa et toi.
- Oui, j’ai été ravis de la revoir. Elle n’a pas changé, elle est toujours aussi belle. Elle s’inquiétait de savoir si Potter pouvait faire un lien avec elle dans nos affaires. Je lui ai dit que Marcus et moi on avait fait en sortent que non. Pour Potter, les seuls liens qu’elle a avec nous c’est le fait qu’elle est mon ex-femme et que Marcus soit son père.
- Elle a dit quoi ?
- Qu’elle est rassurée de savoir qu’elle peut compter sur nous.
- Toujours.
Ils sourient, Miguel vas voire Emily dans la chambre, elle met Cristobal dans son lit. Le petit ses endormies. Miguel prend sa femme dans ses bras, tous les deux regardent leurs fils dormir. Quelques secondes plus tard, Ils sortent de la chambre. Ils s’embrassent et Emily dit :
- Nestor m’as dit que vous aviez croisé une vieille amie.
- Oui, mon ex-femme Rosalita, elle a une suite ici le temps que son immeuble soit en travaux. Elle sort avec le directeur de l’hôtel.
- Et vous avez discuté de quoi ?
- De tous, elle m’a raconté ce qu’elle est devenue et j’ai fait pareil. Elle serait ravie de vous rencontrer Cristobal et toi.
- On pourrait l’inviter à dîner, elle et son petit ami.
- Bonne idée, je vais voir avec elle si ses possibles.
- Ok.
Ils s’embrassent, Emily part prendre une douche et Miguel s’installe sur l’un des canapés pour lire un livre.
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lolalolasapin-blog · 7 years
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La force du bois, son cœur battant de sève m’appelle, dong dong dong, comme bat un clocher pour le crépuscule, pour l’arrivée du noir. La gueule ouverte du bois, les gencives sombres d’où poignent quinze cents échardes, la langue d’eau, les yeux jaune pâle des chouettes. Je quitte la caverne. Dehors tout est magie, poignard, vis. Tout est plaie, machine, rire. Les atomes du bois, la force magnétique qui les tient ensemble. Les écorces vibrant à blanc, dans l’air nu remué. On s’ouvre. Les aisselles, les cuisses, les orifices du nez et des yeux s’ouvrent : la salive reflue, du tube dans le ventre à la bouche et au sol. La bouche qui s’imprègne d’épines. On goûte l’amertume par le filet glué à la terre, jusqu’au foie. On se tient là mangée, aussi courbée qu’une chose fondue, presque enterrée et partout s’étendant par les racines qui furent des jambes, par les branches qui furent des bras, la peau couverte de larves et têtards, les épaules cassées joignant les angles de la terre, la colonne des vertèbres suintant son suint couleur de roche, les oiseaux par les arbres échangés comme murmures et grognements picorant nos dernières choses charnelles, les restes, les rogatons du derme, le calcaire des os, la lueur frémissante des membranes.
Mille malheurs.
  Je sors de ces forêts premières, traverse des pays, piétine des sols de boue, mes pieds s’enfoncent dans une vase grumeleuse pleine de fibres, de copeaux, tout est obscur et bas. Les hommes d’ici ont des faces mauvaises, rongées de rage tordue, on aperçoit le soir des îlots pailletés d’un or pâle, peut-être des villes, je ne m’approche pas, marche droit, marche et encore marche, la terre sèche, se couvre de pousses maigres, effilochées, puis ce sont des vallées d’herbe tendre, une confrérie de montagnes s’écrase sous des ciels lourds, on retrouve des arbres, pommiers aux fruits très denses et petits que j’entends cogner dans mes poches, les montagnes s’allongent, leur étirement vient à moi, je dois grimper, plaquer les pieds contre le granit et pousser, sentir l’air fuir, le froid faire cisaille, des nuages en forme de couteaux bataillent au-dessus de mon crâne, lame contre lame, se brisent, mes mollets raidissent, enflent, partout sous la taille me poussent des muscles nouveaux, je marche encore.  
  À l’origine : c’était les débuts du mouvement. J’étais à peine arrivée devant le commissariat central. Ce jour-là n’était pas un bon jour. Je voulais pas venir, je voulais rester chez moi, manger, manger tout, manger n’importe quoi, ce qui traînait, les yaourts moisis au fond du frigo, les araignées aux coins des murs, le pain dur, des bougies, du plâtre, tout, n’importe quoi, j’avais pas envie de venir, je m’étais forcée.  
   C’était pas un bon jour pour aider le mouvement. Ça se voyait. Aussitôt je pensais repartir. Pas à cause des flics.
  Pas non plus une question de pisse. Ce n’était pas le problème. Je maîtrise parfaitement côté pisse. Quoi qu’on en dise – surtout les hommes : côté Leibowitz. Surtout le vieux tonton Leibowitz qui a dans le regard comme un éclat de diamant répugnant ou de rubis sale, à voir, faut-l’avoir vu pour le voir le vieux Leibowitz frère de la grand-mère Leibowitz.
 Qui m’a toujours appelée La petite pisseuse, lui, l’oncle Leibowitz, affectueusement mais avec sa pierre mal lavée dans l’éclat de l’œil, et après ça comment voulez-vous ne pas devenir la petite pisseuse, échapper au destin, à la construction par la remarque mille fois répétée accompagnée du regard mille fois répété du grand-oncle côté Leibowitz : c’est simple, vous ne pouvez pas, ne serez – jamais rien d’autre pour lui – qu’une petite pisseuse, et ensuite pour soi, pour soi, c’est très long, faut se remettre, devenir autre chose.
  Une question de tripes en vérité, dès l’arrivée devant le commissariat robuste, central, pas un commissariat simple mais un hôtel de police, imposant, sacrée bâtisse, les architectes avaient mouillé le maillot, c’était élégant, mais sobre, sans fioriture, mais monumental. Trois étoiles l’hôtel de police, j’ai trouvé. Et les policiers pas mal, armures–revolver–grenades, une petite douzaine, les gens rassemblés là criant Libérez nos camarades et puis des malins Regardez celui qu’a une belle moustache hé matez-moi la belle moustache, alors slogan : ça c’est d’la moustache ça c’est d’la moustache ça c’est d’la moustache.
 Je ne trouvais pas le slogan top, moi, je n’avais qu’un rêve c’était de plutôt crier La moustache avec nous La moustache avec nous et que le gars bel homme soit convaincu et rompe les rangs et nous rejoigne et me prenne dans les bras cybernétiques de son armure robot et m’emmène sur une île grecque, tranquilles, tous les deux en amoureux le moustachu et moi, là sur l’île au milieu des maisons blanches des Grecs et au milieu des pâtres grecs je lui dévore la moustache d’un coup de crocs secs à mon flic et on n’en parle plus, ça l’anéantit car sa moustache c’est comme pour Samson, je reviens, n’ai plus mal au ventre, les camarades sont libérés, sortent du commissariat trois étoiles sous les vivats, pour une fois j’ai fait quelque chose d’utile à la cause, au mouvement.
  Mon bide gargouille sa plainte de bête blessée.
  Ne pensais plus aux flics, toute à mon bide, toute à la Grèce, mais voilà, ils se casquent, mais voilà la BAC est arrivée, têtes des mecs de la BAC, têtes de types qui n’attendaient qu’une chose c’est d’avoir les ordres et ils les ont eus, avec du renfort – en plus de la BAC et des CRS : les maîtres-chiens, sortons les chiens, la race canine est nécessaire.
  Oui nous avions besoin de la race canine, sinon on n’aurait pas compris.
Que la race canine nous aboie dessus : là on comprend mieux.
 On le sent, les CRS et la BAC vont nous charger, malgré tous leurs efforts et leur déploiement discipliné menaçant on n’a pas encore compris qu’il faut partir, se disperser, on voulait pas, on restait là alors qu’il fallait y aller, qu’est-ce qu’on était stupides nous les manifestants de soutien aux manifestants interpellés à cause du mouvement, c’était pas dieu possible d’être pareillement stupides, on était vraiment idiots, ils vont charger.
  Les chiens se tendent.
Les maîtres-chiens retiennent les chiens.
Les chiens aboient.
  Les CRS et la BAC chargent. Interpellation d’un camarade – moi je ne vois rien je suis derrière un arbre, je pense à Boyau crispe crispation comprime compression resserre – je resserre, tout est fini, le camarade pris, relâché deux minutes plus tard, donc tant mieux, donc pourquoi, et tergiversation, qu’est-ce qu’on fait, est-ce qu’on reste ou est-ce qu’on reste pas nous les manifestants de soutien.
  Ne pense qu’à mon bide, n’en peux plus, fuis, pars en direction du tramway, sur un miracle je trouve une chose-restaurant-snack nommée Worldburger, j’entre, demande Un burger les toilettes ?  à la fille du comptoir, file aux toilettes, me  défais, suis sur le trône, pense Soulagement, pense Solitude, pense Seule – Seule enfin Seule avec mon ventre.
  Avant tout ça.
Avant le mouvement : Marthe me tend un petit pois.
 –– Qu’est-ce que c’est que cette merde de petit pois ?
Elle sourit, se met le petit pois sur la langue.
Une grosse langue bien foncée elle a Marthe : avec ce petit furoncle vert au bout.
Elle sort de sa poche une boîte en fer pleine de petits pois, m’en propose un autre.
–– J’en veux pas.
–– T’as peur de la drogue.
   Je regarde sa chose verte en train de fondre sur sa langue qu’elle continue de tirer dans un effort honnêtement dérisoire pour me faire envie avec son approximation de petit pois.
  –– J’en veux pas.
Elle insiste.
–– J’ai pas besoin de drogue.
Elle insiste encore.
–– J’ai déjà ma maladie.
Marthe avale. Quelque chose se passe dans ses yeux juste après pour montrer que ça lui fait de l’effet les petit pois, boum, elle mange un petit pois et tout de suite sent mieux les courants ondulatoires de la musique et n’a plus faim et se trouve en pleine forme et capacité de brûler la piste et liquéfier les danseurs et baiser avec le premier venu qui sera sûrement quasi le même premier venu que la dernière fois puisqu’on va toujours dans la même boîte de nuit excrémentielle.
 –– Depuis quand t’as une maladie Lola ?
–– J’ai toujours eu une maladie.
La maladie dans ma tête.
Tu sais bien.
Je t’ai expliqué.
Marthe a repéré un nouveau venu à l’air fraîchement débarqué, c’est bon, c’est pas le nouveau venu de la semaine dernière, c’est un autre, avec un autre corps une autre odeur, avec un autre chibre il faut le dire c’est ça qui intéresse aussi Marthe, le chibre, le cœur, l’os, l’os du cœur, l’os du chibre, le chibre du cœur planté jusqu’à l’os, voilà pour quoi elle roule Marthe, c’est à peu près tout, l’ivresse.
 Comme moi avec cette fille il y a longtemps : c’est une fille, elle pue la buée, l’animal marin tentaculé, corps entortillé dans son maillot de bain une pièce, c’est le vestiaire de la piscine, tout petits carreaux blancs à terre. Elle entre. Porte misérable du vestiaire, une planche de bois fine quoi, c’est-à-n’y pas croire, et les verrous alors, et alors les verrous c’est du luxe ? je suis nue moi à l’intérieur et cette fille tentaculée me veut, je crois qu’elle me veut, elle entre en tout cas dans le box, la buée fétide sur ses épaules, fumante, cette fille m’aura, elle sait déjà qu’elle m’aura. D’avance elle est entrée. Elle a su dans la minceur de la porte qu’elle entrerait et que je ne dirai pas mot ni souffle ni mon nom mais qu’elle m’aurait, elle lève un tentacule, dans le creux essentiel primitif du tentacule, dans sa ventouse essentielle primitive se dessine un losange de poils frisés et blonds vaporeux je baisse la tête, j’y vais, suis partie pour quelque-chose, je plonge dans la nasse, pressée par une main mécanique de l’ordre de la grue intérieure qui me pousse contre, tout se restreint, elle m’enserre la fille. Je ploie. On me courbe.
 M’accroupis, elle s’étend, ses cuisses sont une robe octopédique, me noircissent, asphyxient la lumière, les carreaux me montent à la tête, on frappe autour – c’est une piscine municipale – il y a des enfants – des fillettes – bon certes – mais moi j’étouffe et halète – moi je suis dans le plein de la vague – c’toute une histoire dans ma bouche – y a tout un kilogue de lèvres bien fraîches, tout juste abattues à la chasse, dans ma bouche, qui palpite, pour le plaisir, en soubresauts.
 Des années après ça Marthe et moi sortons de la boîte de nuit excrémentielle dans laquelle nous allons toujours, qui est notre prison nocturne inévitable, Marthe toujours intoxiquée au petit pois, ses yeux humides qui braient de larges rayons sexuels en tous sens, le premier venu est heureux, il a dû se faire vider sévère, il nous dit à bientôt, il espère qu’on se reverra, voudrait survivre à sa première fois, revenir premier venu, ignore qu’il échouera, on ne se réinvente pas, il n’y a que certains organes, à l’intérieur, qui se réinventent, certains bouts de l’œil je crois, l’estomac plusieurs fois dans la vie, bon et des tonnes de cellules, mais nous non, nous restons soit premier soit deuxième soit troisième venu, déplacé d’un cran chaque fois, c’est ainsi mon pauvre, il faut s’y faire, Marthe ne te videra plus, il y en aura d’autres des filles, mais qui te videront moins bien, tu regretteras.
   La nuit. Grand-chose obscur pâle, brouillé de néons, l’eau roulante sous les ponts, les conducteurs des heures ivres zigzaguant tant bien qu’ils peuvent sur les artères creuses, la vie du monde arrêtée ou très ralentie comme on dit d’un enfant qu’il est ralenti pour ne pas dire Il est sot, c’est l’idiot du village.
Marthe marche avec moi. Je suis fière.
  Je suis fière d’être avec Marthe qui marche avec moi, qui marche comme on danse, avec des déhanchements qui sont les déhanchements d’une femme qui a des hanches et sait s’en servir, sait comment tourne un corps de femme, rondement, pas à ma manière de sac d’os cliquetant, mais rondement, elle marche comme on tourne.
  Est-ce que Marthe est fière aussi ? D’être avec le sac d’os cliquetant ? Est-ce qu’elle est fière d’être Marthe qui marche avec le sac d’os Lola qui ne sait marcher que rectangulairement, en cliquetant ?
C’est dur à dire. Y-faudrait ouvrir Marthe. Aller mettre la main au centre de la gorge, là où la fierté vibre. Alors on verrait ce qu’il y a à voir ; mais de là, d’où je suis, de par-derrière le corps de Marthe ce qu’on aperçoit c’est la jeune femme au petit pois, gaie, changeante, ce qu’elle veut être.
  C’est ce que voient les types. Les faux types qui nous accostent, aimantés par Marthe comme par un pôle soudain, faux types qui sont la limaille de fer de la vie de Marthe, toujours à elle collés, électromagnétisés même de loin, déboulant pour elle, pour ses beaux yeux, sa gorge roulante, ses cuisses rondement menées.
Marthe qui soupire, malgré le petit pois, la chaleur du petit pois, car vingt fois par jour, cent fois par nuit, la bête mâle accourt, suante, pour la renifler, se mettre tout contre – et moi, identiquement fatiguée, de gueuler, sac d’os qui cliquète et aboie, aboiements de fémur et radius, craquant comme les bois déchirés par la foudre, moi qui hurle sur les hommes, les couvre de cris, pour qui ils se prennent, pour qui ils nous prennent, qu’ils ne nous sifflent pas, ces petites déjections, qu’ils ne nous parlent pas de cette façon, pas avec leurs mains poisseuses qui luisent sous les néons obscurs pâles de la nuit grand-chose, qu’ils ne nous insultent encore guère moins, surtout pas Marthe de bouche de suceuse à pipe, surtout pas moi de planche à pain à découper, qu’ils ne parlent pas de nous violer, même pour rigoler, parce qu’ils sont cinq et nous deux dans un coin sombre, d’autant qu’il y a des plaisanteries qui sont la préparation de choses sérieuses, ternes, sans quoi ils verront, un des faux types s’approche, il est balaise, il demande Qu’est-ce qu’on verra ? et je réponds On verra ça.
  Lui balance mon genou tel un pieu à l’endroit de son siège viril, il ne comprend pas tout de suite, d’abord il fait un o avec sa bouche sans parvenir à dire vraiment o, ensuite il a mal, la respiration coupée comme s’il respirait par là justement, par le siège viril, ce qui n’est pas impossible, pourquoi pas, on a vu pire, un de ses copains passe devant lui et me met une tarte, main ouverte, une bonne tarte, pareille qu’en donnaient les papas aux mamans dans le temps quand elles comprenaient pas, il ne maîtrise pas sa force, n’a pas réalisé mon poids faible, je vole en éclats, fais un bond en arrière, projetée, ma tête rebondit salement contre une automobile à essence ou diesel derrière, sans enfoncer la vitre étonnamment, j’ai tellement mal, suis tellement sonnée que je glisse comme une chiffe le long de la carrosserie d’après Marthe qui va m’en parler et reparler jusqu’à ce que j’en aie marre de cette histoire, c’est assez beau à voir, on dirait un film, elle a cru que j’allais mourir, on aurait dû tracer dira-t-elle, courir on aurait dû courir directement, mais il n’y a pas moyen, moi je ne cours pas, moi je m’effondre à moitié évanouie sur le capot des bagnoles, ça vaut encore mieux.
  C’est un autre jour pour le mouvement.
Il pleut froidement et dru, en tout ils sont une vingtaine, dix de chaque, dix CRS et dix de la BAC, gueules tirées, raides comme une branche de haine, nous à ce moment-là entre cinquante et cent, bientôt moins, et les CRS blang blang blang se mettent à frapper sur leur bouclier comme au temps des Romains, à sonner la charge, à côté de moi un type crie Ils chargent, panique dans les cordes de la voix, je lui dis Tiens bien la banderole, autour de moi, hors lui, que des filles, petites, cagoulées, en noir imperméable, que des filles à se faire charger sous la pluie froide et drue, les CRS ne courent pas si vite que ça mais ça fait peur, puis le choc, plusieurs filles aussitôt fauchées, la banderole pourtant tient, ce qui enrage, ils donnent des coups sur les mains, mais quoi, ces matraques sont molles, nous on tient, insectes tout en nerfs, globules résistants sous la pluie, femmes encagoulées, en voiles de révolte, décidées à ne pas baisser la main sous la matraque, à ne rien retirer, les matraques molles de toute façon, les tonfas mous, puis les claquements des bâtons télescopiques de la BAC, cinglants, fouets de métal, qui lacèrent, et la poussée, les filles qui se font débarouler, tombent, à terre écrasées, la banderole qui se dégonfle, s’aplatit comme un ballon crevé, le type à côté de moi tombe, j’essaie de le relever mais il est trop lourd, je lâche sa main, un baqueux lui marche dessus quoi qu’il en soit, rien à faire, puis un chef CRS, je l’ai vu à toutes les manifs, c’est un chef, c’est un gros chef, très grand, corps difforme, veut me filer un coup de pied dans le genou, j’esquive avant de me prendre un fouetté télescopique dans l’épaule, je me retourne, fuis, cours, et là on s’en donne à corps joie, par derrière un chassé dans les jambes, je m’étale, dans le dos plusieurs coups de fouet télescope, se relever, pas d’interpellation, se relever malgré les mains, les jambes gravillonnées, se relever croûte que croûte, je me relève, personne ne m’en empêche, dieu sait pourquoi car il sait tout, je me relève et j’essaie de grimper sur une auto coincée là, le conducteur ahuri, les mains bien campées sur le volant, au cas où, qui regarde son auto grimpée, je glisse, atterris sur le flanc, aiguë douleur, m’échappe enfin, cours sous la pluie, drue et froide, heureusement que j’avais mon petit k-way noir.  
  De toute façon il faudrait bien qu’on soit par le monde cassées, mais bien, mais comme il faut, hein, pas n’importe comment, qu’on soit pas cassées à moitié mais cassées de chez brisées en mille, ou alors qu’on le casse le monde pour de vrai : que toute la machine en prenne un coup de ces coups dont on ne se relève pas, de ces coups filés pour le knock-out, le coma, la tête qui rebondit sans vie, la nuque qui ne suit pas, le coma. Qu’on ne fasse pas semblant quoi, qu’on ne se bouche pas les yeux, les oreilles et les dents avec la cire fécale dont nos parents et avant eux les parents de nos parents s’étaient clos et oints, surtout côté Leibowitz, qu’on ne fasse pas semblant et qu’on voie bien enfin ce que c’est que le capital : le fluide mort vivant, la gelée autour des tubes, des oreilles, des valves du cœur, le feu mauvais des banques – qu’on ne chique pas à s’en sortir indemne malgré tout, qu’on ne chique pas à passer entre les gouttes de la monnaie, de l’or qui vous fige le sang vrai en boudin laqué.
Oué oué oué oué, me disais-je, me répétais-je, attention-les-yeux, faut-pas-croire, on-n’est-pas-là-pour, et d’ailleurs c’est la colle du monde qui va pas être contente, tellement qu’on va lui chier dedans, on sera pas du genre à casser une banque et à retirer nos biffetons le lendemain, nous, on sera pas des rombières plus tard aux yeux gris fibre de fer oh non, on ira tout de go ou on ira dans le mur, c’est-à-voir, et on verra.
   Je croise mon frère. Un Sapin comme moi : mais le fil est rompu.
Il est avec sa femme – une grande fille, ils se connaissent depuis la maternelle, je suppose qu’il avait besoin d’elle pour un truc, pour faire ses découpages, il n’y arrivait pas, il voit cette fille, il lui demande, c’est elle, ils ne se quitteront plus.
Sa femme qui est un genre de fragment.
De roche glacée inentamable, très belle, environ six lieues au-dessus du crâne de mon frère dans tout ce qui est race et distinction, elle reste avec lui par un mystère qui tient sans doute à sa nature météoritique, je la soupçonne de venir d’ailleurs comme la vie, la vie ne vient pas de nulle part, la vie vient d’ailleurs, il y a du foutre dans l’univers, voilà voilà, il y a du foutre noire partout dans le cosmos et ce foutre fut giclée horizontalement et verticalement aux quatre coins cosmologiques, voilà ce qui s’est passé, toute la vérité : des gouttes de foutre sont arrivées balistiquement un jour sur notre belle planète et poum ! c’est la vie des plantes, c’est la vie des organismes unicellulaires, c’est la vie des animaux.
  Et la femme de mon frère fait partie c’est sûr des filles-gouttes de sperme cosmique catapultées pour la fécondation de la Terre ; seulement elle est arrivée en retard. Très en retard. Elle a percé la couche atmosphérique des mille et des mille et des mille de temps après qu’il fallait, la vie humaine était déjà implantée, tout fabriqué depuis belle heurette, n’y-avait plus rien à faire, ce qui pouvait se tenter à la rigueur c’est de rebondir vers une autre planète, mais la femme de mon frère n’a plus d’élan, par fatigue elle s’accroche à la première chose humaine rencontrée : mon frère – qui évidemment ne se doute de rien, le sombre, le très obscur débile – qui n’y voit que dalle quand tout est devant ses orbites, en permanence, quand tout est là dans la créature qu’il appelle sa femme – mon frère, par une cécité magique, ignorant tout à fait l’éclat ultra-stellaire, la supériorité astrale de la femme qu’il dit la sienne.
 Mon frère et moi causons deux minutes du mouvement. Il s’y intéresse de loin. C’est bien ce mouvement dit-il de la façon la plus fraternelle et condescendante possible. J’ai envie de lui dire que c’est un chien, un collaborateur ignoble, mais je me retiens, me mords les lèvres. Je préfère encore Marthe, qui nous trouve franchement ridicules, à mon frère qui fait semblant de nous admirer.
 Ce n’est pas faute d’ailleurs d’avoir essayé d’éduquer Marthe.
Petite, mes seins à peine sortis, prototypes encore (environ l’époque de la fille aux tentacules de la piscine municipale), quand je venais chez Marthe : sa mère nous préparait un goûter, nous avions passé l’âge où les mères préparent le goûter, elle le préparait tout de même, ça lui faisait plaisir, la télévision, toujours allumée chez Marthe, crachait son règne de fausseté.
  Or je gueulais : ne laissais rien passer.
Salauds, salauds, je disais.
Salauds de la pub, salauds des informations, salauds des fictions télévisuelles, des séries télévisuelles, je vomissais tout ce monde télévisé faux, j’expliquais chaque truc, chaque technique, je voyais tout, je disais ces gens-là sont payés pour mentir et manipuler, ils n’ont aucune morale, ce sont des salauds payés à dresser les ouvriers contre les non-ouvriers les grévistes contre les non-grévistes, les petits salariés contre les moyens salariés, les pauvres contre les demi-pauvres, voilà à quoi servait ces chiens-là, on leur voyait d’ailleurs très bien la laisse et le collier, la laisse en forme de cravate, le collier en forme de maquillage à joues roses et de gel dans les cheveux, il ne leur manquait plus que d’aboyer et c’est d’ailleurs ce qu’ils faisaient.
  Je gueulais et la mère de Marthe disait mais qu’est-ce qu’elle a à s’énerver comme ça cette petite c’est à cause de tes parents c’est tes parents qui te racontent toutes ces choses et je disais non, ce n’est sûrement pas mes parents, je suis autodidacte de la haine politique, de la haine des riches. J’apprends toute seule avec chaque journée passée dans le monde.
Même ça me faisait ricaner qu’on puisse s’imaginer que je sois l’enfant, le produit de mes parents sur ce plan de la haine, de la véhémence, de la détestation, car bon les Leibowitz étaient ce qu’ils étaient, toute la politique des Leibowitz consistaient à se tenir le plus au centre possible, le plus loin du bord, dans l’espoir de ne provoquer jamais aucune vague ni onde ni commencement de ride à la surface des choses, considérant qu’ils s’étaient suffisamment fait brûler au cours de l’histoire, que s’ils pouvaient rester à l’écart c’était aussi bien, donc je ricanais, ma haine n’était sûrement pas Leibowitz, pour les Leibowitz tout allait très bien, le monde était le monde, le monde brûlait et avait toujours brûlé mais tant qu’on nous brûlait pas nous ça allait.
Alors les Sapin, ça pouvait venir des Sapin mais les Sapin ne parlaient pas, ni le grand-père, ni la grand-mère qui avaient pourtant eu des problèmes avec les gendarmes, au temps des mines, des grandes révoltes. On ne savait pas ce que les Sapin pensaient, c’était connu, peut-être mon père bouillait-il dans l’obscurité de ses veines, le sang fumant, attendant le moment, le jour où, peut-être qu’il serait là sans un mot, le jour venu où tous les pauvres et les demi-pauvres se soulèveraient, – ou qu’il serait nulle part, on ne pouvait pas savoir, c’était un renfermé.
   Une autre fois la télévision chez Marthe m’avait tellement donné envie de vomir le monde que j’avais fait un bond jusqu’à l’appareil, en avait arraché les câbles, mes seins étaient encore deux petits bourgeons noirs (aréoles très brunes) et fermés – tubercules ramassés, graines dures et sèches, infertiles, ça ne voulait pas sortir, tandis que ceux de Marthe étaient déjà de vrais seins blancs laitiers luisant de laitance, animaux, je m’étais retournée piteuse vers Marthe, vers la mère de Marthe, je m’étais excusée, la mère de Marthe s’était demandé si j’avais de la température, avait posé le dos de sa main contre mon front, m’avait dit Tu es brûlante, m’avait donné quelque chose contre la fièvre, j’avais faim, la mère de Marthe nous avait donné du pain et du fromage, Marthe picorait, je me coupais de larges tranches et je mangeais les croûtes que laissait Marthe et la mère de Marthe se demandait si on me nourrissait bien à la maison. J’aurais pu la rassurer. On me nourrissait très bien. Je mangeais tout, n’importe quoi et la faim restait et je restais sèche comme un os et mon front brûlait en permanence.
  Plus tard, à l’époque où mouvement prenait de l’ampleur, c’est-à-dire à présent, la télé n’a pas changé, sinon en pire, prédisant jour après jour la fin du mouvement, le mouvement s’essouffle ou bien il va s’essouffler. Dès la naissance signes d’essoufflement. Le nouveau-né est asthmatique. Il crie mais vous allez voir, dans un instant il ne crie plus, silence de mort dans la chambre, regard hanté de mort de la mère, poitrine, thorax qui ne gonflent pas. S’il y a plus de gens qui sortent dans la rue tout de même, toujours plus, chaque semaine, si les manifestations grossissent malgré la télévision c’est un leurre, on ne s’y trompe pas, en réalité le mouvement s’affaiblit, stagne, c’est fini, ou presque, ou ça va finir quoi, un moment, s’agit pas non plus d’être impatient, juste de savoir que c’est voué, encore un petit effort madame, le bébé est quasi bleu, donc faire partie du mouvement, vouloir faire partie du mouvement, c’est pour la télé refuser le monde réel, refuser la vie dans le monde, c’est s’agiter dans un cadavre. On n’agit pas quand on agit. Rien n’existe sinon ce qui est dit par le présentateur. Si jamais il se passe quand même quelque chose qui n’a pas été dit, la télévision et à sa suite les journaux et la presse nient en bloc. Expliquent que rien ne s’est passé. Ou inventent autre chose. Par exemple : les manifestants sont armés. Les manifestants attaquent les vitrines des petits commerçants honnêtes. La police n’a rien demandé. Et d’ailleurs ce ne sont pas des manifestants. Mais des briseurs. Ils sont là pour briser. Ces briseurs sont là uniquement pour les bris, les éclats, les fragments. Les autres manifestants sincères et loyaux les conspuent, s’écrient Halte aux briseurs. Les briseurs ternissent l’image du mouvement, car le mouvement a une image. Les manifestants honnêtes et normaux n’aiment pas les briseurs car les briseurs leur volent le mouvement. C’est tellement dit par le présentateur que ça en devient vrai, à force de les dire les choses deviennent vraies, elles se passent.
   Il y a pourtant des choses qui se passent malgré le présentateur, contre lui, des choses qui n’ont pas été présentées à l’avance et que les gens voient tout de même. C’est ça qui est compliqué. Il y a des manifestants qui aiment les briseurs, qui défendent les briseurs, qui acclament les briseurs quand les briseurs brisent la vitrine d’un honnête commerçant qui a sué toute sa vie à la sueur de son front pour gagner le pain qui est le pain de sa vie. Car ce commerçant est aussi une banque avec des choses fiscales au Panama. Suivant qui la voit la banque se change en petit commerçant, c’est une illusion d’optique, ça dépend de l’angle. Un peu plus à droite : banque. Un peu plus à gauche : commerçant laborieux. C’est trompe-l’œil : faut-savoir se placer.
   Puis moi, qu’est-ce que j’y fiche, c’est à n’y pas savoir, dans un mouvement on n’est jamais qu’une petite goutte qui suit le flux, on n’a pas l’impression de s’exprimer, on ne sait pas si on est soi, moi je suis là, bon, il y a des tas d’autres gens avec, bon, mais rien ne garantit que je sois mieux avec ces gens qu’avec n’importe qui d’autre, on a une chose à faire ensemble, voilà tout, on se côtoie parce qu’on veut bien se côtoyer, pas beaucoup de filles de la périphérie dans le mouvement, surtout des filles comme moi du centre, tout ça c’est une histoire de force, centrifuge, centripète, je sais plus, ou ni l’une ni l’autre, l’inertie, rien de ce qui est au centre ne va dehors, rien de ce qui est dehors ne va au centre, heureusement le pouvoir nous  traite de plus en plus pareilles, je veux dire nous frappe pareilles, quand on a été bien frappées on sait mieux, on se rend mieux compte, on est rassemblées par les coups, on peut s’imaginer du centre à la périphérie, c’est l’égalité des chances grâce à la compagnie républicaine de sécurité.  
   À l’époque de ma grand-mère Sapin (c’était une autre époque), c’était pas des femmes comme moi, comme Marthe, c’était des femmes qui savaient vivre. Pendant les grèves de la mine elles y allaient, elles cognaient sur les CRS. Ces femmes-là elles étaient pas comme les filles d’aujourd’hui qui savent pas vivre, qui sont là perchées sur leur cigarette, le bout du doigt toujours prêt à toucher une surface tactile. Elles se cachaient pas le visage derrière des cagoules ou écharpes. Elles y allaient à découvert mais il faut dire que c’était une autre époque, pas de caméras, drones, hélicoptères, on pouvait y aller.
   Elles étaient jamais malades ces filles-là : pas le temps pour ça : guéries d’avance. C’était des femmes du Nord glacial, du Nord sauvage, elles vivaient toutes leur vie dans le Nord, elles y mouraient aussi et n’auraient pas vu où ailleurs mourir. C’était des femmes sauvages et glaciales comme leur pays. Ma grand-mère avait des cals d’un bon centimètre d’épaisseur haut la main à force de couper des bûches. Souvent la lame de la hache partait en arrière et cassait une tuile ou crevait un nuage.
   C’est vous dire si ma grand-mère était forte : la lame partait droit vers les ciels parce que mon grand-père Sapin avait encore oublié de serrer le fer sur le bois. Il se faisait engueuler, je peux vous dire qu’il se faisait engueuler.
   Mon grand-père Sapin aurait dû être un artiste, c’était le genre d’homme à ne pas penser aux choses, à ne pas serrer le fer sur le bois, il aurait dû mourir cordon sur la gorge dès le début avec un sang rose et faible dans la bouche comme un artiste. Pendant les émeutes tandis que ma grand-mère cognait il restait derrière, dans le gros de la foule.
   Pourtant c’est lui qu’on avait privé de mine. Il avait perdu le droit de travailler après les émeutes, on l’avait repéré, signalé comme un meneur, un beau parleur, lui qui ne parlait jamais.
   De toute façon ce n’était pas un bon mineur. Si la grève ne lui avait pas fait quitter la mine il en serait sorti les pieds devant à trente ans, poumons silicosés, cœur noir. Il valait mieux qu’il pêche.
   La grand-mère Sapin avait continué d’y travailler de nuit à la mine et le jour elle dormait peu et s’occupait de la maison. La grand-mère avait travaillé jusqu’au bout des mines avec une santé de fer, rien ne pouvait atteindre sa santé de fer, pas même le charbon.
 Mon père lui n’a pas hérité du sang de son père, ce n’est pas un artiste. Mon père a repris le sang de sa mère et c’est le sang de sa mère qu’il m’a transmis, le sang avec lequel elle coupait les bûches et envoyait le fer de la hache dans les ciels et cognait sur les CRS pendant les grandes grèves de la mine.
   J’ai ce sang qui me coule dans les veines, moi, le sang des filles Sapin. C’est du bon sang sombre. Mais le bon sang ne fait pas tout, je sais bien, faut-aussi le faire couler droit.
   Mon frère n’a pas ce sang-là. S’il a du sang de Sapin c’est celui du grand-père : un sang tout fluide, clairet, une eau de rosée, un sang d’artiste. Ou alors il n’a que du sang Leibowitz : cette espèce de sueur de navet que les Leibowitz appellent leur sang.  
   Marthe est donc une réactionnaire, il y en a tant, elle est contre le mouvement, ce qu’elle veut c’est onduler, être vue et reniflée, avoir sa dose journalière de désir et puis voilà tout. Au fond ce qu’il faut en dire de Marthe c’est que c’est une paysanne, elle est faite pour des sabots, une robe de lin blanc, un ceinturon rouge comme le rouge des roses grimpantes, les mains dans la terre, se faire féconder le soir, rien de plus, elle serait parfaite.
   Si elle reste avec moi, à la ville, si je reste avec elle, si l’on est gluées l’une l’autre, c’est en raison d’un malentendu, la colle un jour se détachera, et avec elle les tournures, l’esprit que nous avions en commun, ce sera comme de perdre deux bras, deux jambes, une tête, une vingtaine d’ongles, possible qu’on ne s’en relève pas, c’est sans doute Marthe qui amènera ce tranchage, c’est Marthe qui signalera la fin, c’est elle qui sait où m’arrêter, pour moi je la suivrais où qu’elle aille, vivrais avec elle quoi qu’elle vive, je m’habillerais de sa peau, me chaufferais du feu de ses nerfs, mettrais mes pas gauches dans les siens gracieux – elle finira par en épouser un, bon, c’est ainsi, je me ferai discrète, au moins au début, jusqu’à tant qu’il ne me voie plus, ne se rende plus compte, que je ne sois pour lui rien d’autre que l’ombre de Marthe, ce que je suis bien, en définitive, si on considère la chose du point de vue de l’optique, du spectre lumineux, mais alors une fois oubliée de lui je m’introduirai dans leur couche, me disposerai entre elle et lui comme on place une lame entre deux amants, pour sûr je serai cette lame.
   Marthe ne l’autorisera pas, elle n’autorisera pas que je sois lame, mauvaise conscience de son désir d’être avec un homme non pour être avec un homme mais par goût du clonage, de la famille, de la division cellulaire, elle emploiera n’importe quel anti-adhésif, la haine vorace, le ressentiment pointu, la très basse méchanceté pour aboutir à mon éloignement, elle le fera, je sais qu’elle le fera, je redoute toujours qu’elle le fasse.
   Or ça vient plus tôt que je ne pensais, Marthe n’a pas encore trouvé l’homme de sa reproduction mais au détour de n’importe quelle cigarette inexplicablement elle le fait, dit qu’elle ne peut plus, qu’il faut qu’elle prenne des vacances de moi, comme si une autre personne, la voir, lui parler, était un travail, il faut qu’elle prenne des vacances de moi, elle a dans la langue le goût d’acier des ruptures qui est un venin conservé dans des glandes secrètes glacées, qui lui monte à la gorge, dans les crocs, et qu’elle m’injecte, Lola tu m’empêches de respirer prétend-elle, ce qui est faux, je ne l’empêche pas, c’est vrai que je vérifie toujours de quel oxygène elle se nourrit, c’est vrai que je respire avant elle l’air qu’elle respire pour ne pas qu’elle s’empoisonne, c’est vrai et ça ne veut rien dire, Enfin je te laisse dit-elle, il n’y a pas forcément grand-chose à expliquer, puis ça ne nous empêchera pas de se voir dit-elle – tout se passe comme dans une rupture à l’amiable entre deux personnes qui comprennent, à aucun moment Marthe ne fait mine de comprendre que je ne comprends pas, elle me laisse comme ça comme une vieille chaussette de peau en forme de fille, je reste sur le trottoir, non sans l’avoir taxée d’une dernière fin de cigarette que je ne fume pas pour la fumée mais pour le goût de son rouge, de ses lèvres.
   Mon père : sa grosse tête d’homme venu du Nord, ses yeux chinois, les sourcils noirs pareils au bois noir, c’est un souvenir, je suis petite, j’ai eu une mauvaise note, il explique :
– A ton âge Lola je n’étais déjà plus à l’école.
Je sais bien que c’est grave. Même si je concocte en permanence, dans l’arrière-fond du paysage de mon crâne, des plans c��rébraux pour éradiquer chimiquement le collège, ou par une bombe le pulvériser, et avec lui les garçons, les filles de mon âge, qui ne comprennent rien à pas grand-chose, et les professeurs qui ont l’épaisseur des fantômes et la stupidité des rats, des cancrelats, des insectes, des puces, qui comme des puces bondissent au moindre rien, uniquement pour hurler qu’on n’est pas assez bons, qu’on ne réussira jamais, qu’on finira coiffeuse et caissière de supermarché et au chômage, malgré tout je sais que c’est grave, ce que veut dire mon père.
   La question aussi c’est ce qu’il faisait s’il n’allait pas à l’école. Où il allait. Est-ce qu’il allait pêcher, est-ce qu’il errait dans les bois, est-ce qu’il restait chez lui, est-ce qu’on l’enfermait, est-ce qu’il était prisonnier, puni, en cage, c’est la question.
–  J’étais apprenti. Dans une usine. J’apprenais mon métier.
– Alors tu comprends Lola, c’est une chance d’aller à l’école, de faire des études comme ta mère, c’est une grande chance, il ne faut pas la gâcher bêtement.
– Ce treize, bon, je suppose que ça peut arriver, mais en histoire, tout de même, l’histoire n’est pas une matière difficile, il suffit d’apprendre par cœur. Tu dois être dans les premières, la première. Moi j’ai été reçu premier au certificat d’étude.
– J’ai été reçu premier mais je n’avais pas la chance que tu as. J’étais premier mais sans la chance, ça ne sert à rien. Il faut être premier et avoir une chance, et la saisir. Tu comprends Lola. Rien n’est facile. Rien ne te tombe tout cuit dans les mains. Chaque repas il faut le payer.
– Le manque de chance Lola, c’est que mes parents n’avaient pas une très bonne situation dans la vie, ils subsistaient, mon père travaillait mal, il se faisait souvent renvoyer, ma mère travaillait pour deux mais ça suffisait tout juste, les femmes n’étaient pas bien payées.
– C’est pour te dire, Lola, qu’il ne faut pas prendre les choses à la légère. Il ne faut pas être léger mais rester sérieux. Très sérieux. Un huit en histoire, ce n’est pas très sérieux, il faut plus, beaucoup plus.
   Je suis petite, c’est un souvenir, mais je crois que je comprends : l’école c’est important, il faut être la première, il faut arrêter de penser à des bombes, à faire tout exploser, à la fumée qui tourbillonne sur les ruines du collège, aux professeurs gris, asphyxiés par le gaz de mon invention, il ne faut pas penser à ça, il faut réviser sa leçon, être meilleure à la prochaine, rester concentrée.
   Elles ne plaisantaient pas les filles comme ma grand-mère Sapin, les filles du Nord, elles étaient dures au mal, on ne les voyait pas se plaindre si d’aventure elles se blessaient avec le fer d’une hache, la lame d’un couteau, ça saignait, bon, un sang lourd surgissait de la plaie dont les lèvres ne demandaient qu’une chose, se refermer, ce qu’aussi sec elles faisaient, les lèvres, bientôt closes, bientôt trait qu’une croûte solide recouvre, les filles du Nord ne plaisantaient pas, on les voyaient assez rarement rire, si ma grand-mère riait c’était un événement, comme le rire d’un cheval prisonnier d’une machine, d’un cheval qu’on ne laisse sortir de sa carapace mécanique qu’une fois l’an, le temps d’un bref, d’un obscur hennissement, c’était le rire, le passage du rire de l’animal de fer, et puis plus rien, pas un sourire pendant des semaines, mais une même grimace de concentration, le bois fendu, les muscles féminins qui saillent, le dos rond de muscles féminins.
   C’était d’une orpheline : les orphelines rient peu et si elles rient c’est tels des animaux enfermés dans des machines ; ma grand-mère avait connu l’orphelinat, tout comme mon grand-père ; ils s’y étaient rencontrés, connus, étaient tombés l’un de l’autre amoureux dans ce grand orphelinat du Nord, les murs étaient froids, il fallait sans cesse souffler sur ses doigts pour qu’ils ne bleuissent pas.
   Ma grand-mère Sapin s’appelait Sapin avant d’épouser mon grand-père, elle était deux fois Sapin, cela se comprenait qu’elle fût ligneuse, pleine d’écorce, après le mariage elle devint Sapin épouse Sapin, mais tout s’explique : la dame de l’orphelinat avait la mémoire un peu courte, le savait, choisissait toujours les mêmes noms pour les enfants à sa charge, de préférence des noms de choses de la vie ordinaire, il y avait beaucoup de petits Pioche, de Manique, de Tison, pas mal de Saint-Doux et de Sapin dans l’institution.
   C’est ainsi que les choses se firent : la petite Sapin épousa le petit Sapin ; ce fut ma grand-mère essentiellement qui fit tenir bon le ménage ; mon grand-père ne s’en serait jamais sorti seul dans le Nord sauvage et glacial – ce qu’il aimait lui, c’était la pêche, la pêche était faite pour sa nature : il trempait sa ligne dans l’eau gelée du Nord, patientait, rêvait, mais à quoi, c’est difficile à savoir, j’imagine à tout et à rien, peut-être aux autres mondes, aux mondes qui auraient eu lieu si ce monde-ci n’avait eu lieu, à l’homme qu’il aurait été s’il n’était devenu l’homme qu’il était, puis un poisson gelé du Nord mordait l’hameçon de fer gelé, mon grand-père assommait le poisson sur la berge, contre une pierre, le poisson ruait, palpitait, faisait mine de mourir, se débattait de nouveau, mon grand-père lui cassait définitivement le crâne, lui coupait le jus, y soufflait toute lumière.  
   Je faisais les courses. J’étais fatiguée du mouvement et des coups. Il fallait que je mange, que je mange beaucoup.  
Je croise mon frère accompagné de sa femme.
Ont l’air bien embêtés tous deux. Tous deux bien embêtés de me voir, presque déçus : comme s’ils m’avaient cherchée des semaines et des semaines dans une taïga noire au milieu des roses suant le poison et me trouvaient finalement là, au rayon plats cuisinés, lasagnes bolognaise, hachis parmentier.
Lèvres pincées chacun de leur côté.  
– Qu’est-ce que tu fiches Lola demande mon frère.
– Qu’est-ce que…
– Qu’est-ce que tu fiches.
Je lui montre. Alentour, le patelin.
– Néons. Produits de grande consommation. Supermarché, quoi.
Je fais mes courses.
– Mais Lola.
– Tu es nue.
Je creuse le menton, vers mon petit bide : blanc. Je suis nue.
– Ah je dis.
– Ça doit être ma maladie qui revient je dis.
– Ça fait toujours ça quand je suis fatiguée j’explique.
   Comme mon frère insiste je rentre avec eux.
Je flotte dans ses habits : les manches de son tee-shirt frôlent mes coudes.
J’observe. Qu’est-ce que c’est d’être chez eux. Comment ils vivent. Ce n’est pas inintéressant.
Ils mangent. Ne se parlent quasiment pas.
La femme de mon frère mange un haricot vert, quasi violet, elle l’a coupé en quatre (quatre parties parfaitement égales), les a considérées un bon moment, non mécontente de leur parfaite égalité, elle regarde en l’air, elle va saisir un des quarts, la fourchette s’approche, s’immobilise, une nouvelle chose en l’air l’a happée, quelque protubérance du plafond, quelque signe, détail, inscription, son regard astral déchiffre le plafond qui est aussi bien une carte des galaxies, une figuration du premier bang !, une mappemonde des mondes parallèles.
   Mon frère pendant ce temps : ne fait ni ne dit rien, rumine comme une vache enceinte qui pense à son veau – seulement le veau est une idée qu’il agite dans son bocal, essaie d’amollir entre les deux mâchoires plates de ses méninges. Mon frère n’a peur que d’une chose : qu’elle lui échappe l’idée, si jamais, si pour une fois il tenait la bonne, l’idée pour le roman qu’il doit écrire, le roman que pourtant personne ne lui a demandé d’écrire, en tout cas pas moi, mais qu’il sent qu’il doit écrire, alors, si elle lui échappe, vlam, l’idée, si elle fout le camp sans qu’il ait pu la plaquer comme on plaque au sol un manifestant sauvage dans une manifestation sauvage, avec genou contre nuque, hein, bras dans le dos, hein – s’il ne la plaque contre le papier l’idée, s’il ne l’enduit d’encre l’idée, ne la glue au papier l’idée – ce serait catastrophe, fin des temps, n’y aurait-plus que ruines rongées de végétations folles, luisantes, soleils d’ombre fondant leur masse antimatière dans les mers de lave angoissée et forêts de soufre et de stupeur, plus rien au monde de valable, plus rien qui compte s’il ne parvient pas à l’épingler l’idée, papillon rare, aux quatre coins des ailes.
   Pendant tout le repas : silence, pas un mot l’un pour l’autre, c’est à peine s’ils respirent, ils sont perdus, enfoncés ailleurs, je tape du poing sur la table, c’est à peine s’ils sursautent, mon frère se tourne vers moi, me dit qu’il ne comprend pas, je dis que moi pas plus, j’ajoute Dans le fond qui comprend ? l’affaire est complexe, il dit que ce n’est pas de cela qu’il parle, je dis qu’à ce compte-là je ne vois pas de quoi il parle.
– Qu’est-ce que c’est Lola il demande.
Et aussitôt :
– C’est une maladie il affirme.
Mais on n’en saura pas plus.
   – Lâchez-moi je crie.
– Vous êtes dangereuse pour vous-même Madame Sapin.
– Lâchez-moi bande de chiens refoulés puant l’abattoir je leur explique.
– On ne peut pas vous lâcher. Si on vous lâche vous allez essayer de vous crever les yeux encore. Avec la fourchette.
Je regarde la fourchette. C’est une blague. C’est une blague de fourchette. Ça va même plus loin : c’est une fourchette qui en tant que telle est une blague sur les fourchettes, une blague sur les objets possibles en forme de fourchette.
– N’y a même pas de sang, de globe oculaire sur cette fourchette je temporise.
– On ne vous lâche pas.
– Vous allez me lâcher car vous savez.
– Arrêtez de vous débattre.
– Vous savez très bien je dis.
– On la met en chambre d’isolement ils se disent entre eux en s’échangeant des regards et force acquiescement et force signes d’entente et force signes de compréhension, par-dessus moi, par-dessus le sommet de mon crâne, parce qu’ils le peuvent, parce qu’ils sont plus grands.
   – Jn’m’en fous de votre chambre d’isolement, lâchez-moi je leur propose.
– Ça vous fera du bien la chambre d’isolement. Vous pourrez vous calmer et vous ne vous ferez pas de mal à vous-même, vous ne pourrez pas vous mettre en danger madame Sapin, c’est pour votre propre bien.
– I n’y aura pas de fourchettes ?
Pas de réponse.
Mais je veux savoir si qu’y aura des fourchettes, l’isolement ct’une chose, la solitude élève l’homme, la femme, je veux mon neveu, mais si n’y a pas de fourchettes tout est vain et émasculé, à quoi ça sert la solitude sans fourchettes, sans quoi que rien à se planter le long du corps et à travers pour bien se sentir son corps, pour bien se sentir sa chair, les angles aigus des lames, les pointes autour de la peau profonde, la chaîne des connexions nerveuses, la gaine des nerfs qui remonte zip, comme un éclair jusqu’à l’esprit, la forêt de brume et ronces bleues de l’esprit.
   – I n’y aura pas de fourchettes ? je dis très très fort.
– Pas de fourchettes madame Sapin et on va vous contentionner. Vous ne pourrez plus bouger c’est un moment à passer.
Alors là je me marre.
Je dis que je me marre.
Je dis que :
– C’ne m’empêchera de me bouffer le foie.
– Si.
– Jn’me bouffe le foie si je veux.
– Vous ne pourrez pas vous aurez des sangles autour des chevilles et des poignets.
– Jn’me ferai sortir les yeux du crâne sans fourchette avec ma pensée.
– C’est pas possible dit l’infirmier de gauche en serrant la lanière de gauche autour de mon poignet tandis que l’infirmier de droite serre la lanière de droite autour de l’autre poignet qui doit être mon poignet droit et je bande mes muscles et ne suis bientôt qu’un squelette de muscles suant et rageant mais ils les ont bien attachées les lanières les chiens refoulés pas à dire ils connaissent leur métier.
– Jn’vais m’étouffer avec ma propre bave.
– Ça c’est possible, dit l’infirmier de gauche.
Il doit être fatigué. C’est la fin de sa journée de travail je pense en me tordant le cou pour atteindre des dents le cuir plastique d’une lanière. Il va retrouver sa femme et ses enfants. Je comprends qu’il soit fatigué. La salive me baigne la gorge, tout se passe comme j’avais prévu.
   Je la tourne la peine d’âme, contentionnée, la tourne et retourne, comme une vieille tumeur à laquelle on s’attache, patate germée d’un germe imbécile, monstrueux, plein d’œdème, bonne pour le pourrissoir, je la tourne et retourne sans parvenir à autre chose que bon, la peine est là, le cœur c’est à peine s’il bat, s’il veut battre encore, et qu’est-ce qu’on fait sans la bonne grosse mécanique, qu’est-ce qu’on fait si on est plus guidé par la grosse pompe, qui envoie, qui récupère, qu’est-ce qu’on fait sans les sas de pression, sans les explosions, sans les jets, sans les reflux ? qu’est-ce qu’on fait s’il faut y aller tout de même, mettre sa jambe nécrosée derrière sa jambe bleue, qu’est-ce qu’on fait quand on a plus que le petit filet, la minime électrique fibrillation pour se soutenir, est-ce qu’on appartient toujours au régime normal, habituel, au monde des choses qui bougent, des objets qui pensent, est-ce qu’on est encore une enfant de la structure, est-ce qu’on joue le jeu, est-ce qu’on boit la tasse, est-ce qu’on avale, est-ce qu’on recrache ? puis la civilisation, qu’est-ce que c’était la bidouille civilisation, qu’est-ce qu’il y avait là-dedans qui n’était pas aussi bien barbare, hoquet, grognement, et qu’est-ce qu’on avait avec les barbus, est-ce qu’on ne voyait pas que l’envers de barbe c’est les forêts de ciseaux, que le ciseau crée la barbe aussi sûrement que la fonction l’organe et la solution le précipité, est-ce qu’on ne comprenait pas le besoin, l’envahissement psychique, la destruction, est-ce que vraiment on ne savait pas à quoi s’attendre, est-ce qu’on n’avait pas vu venir le truc, pour moi j’avais tout prévu, ça, je l’avais bien vu venir Marthe, le temps où elle n’en pourrait plus de moi, j’avais vu venir le mouvement et la fatigue du mouvement, vu venir mon frère et sa femme stellaire, ma mère et son sang de navet, et l’empire qui régit tout, l’empire grand corps-cadavre sans tête, l’empire puissance directionnelle, force de la concentration, fil gluant autour duquel le monde s’agrège, j’avais tout vu venir, j’avais tout prévu.
   C’était le top, le fond plus ultra : plonger au cœur du liquide, enfin je n’avais trouvé que ça de mieux, étant fatiguée, dénuée comme j’étais, retourner sans Marthe dans la toujours même boîte de nuit excrémentielle, murs, videurs, verres reflétant les inaltérables jaune rouge néons, engloutir de ces eaux marneuses, épaisses, qui ont noms d’alcools bruns, prendre une bouteille, payer la bouteille, la boire dans le noir, comme un prisonnier lape l’eau des murs de sa cellule dans le noir que trouble à peine le rai perçant la lucarne, dans le noir à peine semé d’une vague lueur, et finir la bouteille, surtout finir la bouteille, et après ça la jeter, la jeter derrière l’épaule à l’aveugle, comme un prisonnier pisse à côté de son seau dans l’obscurité que ne trouble pas le jaune timide, agité de poussières, du jour à travers la lucarne, la jeter et qu’elle retombe, se fracasse sur la piste de danse excrémentielle où de toute façon je ne danse pas, n’ai jamais dansé, car sont réservées ces contorsions vipérines à Marthe ou à des filles ophidiennes de son acabit, ou à des gonzes ophidiens de même calibre, à tout ce peuple nocturne de fausses couleuvres, nées pour le ravin, les fosses et les trous d’eau, quand pour moi à mon habitude je reste dans l’ombre, sous la face cachée de la vie, à l’écart des pistes et des jambes frénétiques, quand pour moi je consomme, sors et ressors ma carte bleue pleine de la sueur de mes jobs vains, de mes jobs d’été devenus d’hiver – ma carte bleue chauffe, elle rougit à blanc, s’évapore la sueur, c’est toujours moi qui me ruine, pour Marthe, pour les filles ophidiennes rien ne se paie, suffit de gigoter, d’agiter ses particules calorifiques et sexuelles et tout vient à vous, boissons et sexes, or la bouteille tombe enfin, se brise en mille bris fragments et éclats, la police n’avait rien demandé mais voilà la bouteille tombe, c’est la gravité, se brise, c’est les ondes de choc, les manifestants loyaux et sincères de la piste de danse s’écrient halte, s’écrient mon dieu, s’écrient c’est elle, elle est folle, elle aurait pu tuer quelqu’un avec sa bouteille lancée, ce qui est faux, je ne suis pas folle, tout au plus suis-je un peu MALADE, à force de les dire les choses deviennent vraie, on devient ce qu’on dit de nous, tout dépend de l’angle, de l’illusion, un grand Noir me saisit par les aisselles, me soulève, il sent bon le parfum d’homme de famille, il m’évacue, je suis dehors, n’avais rien de mieux à faire que d’être dehors, tout bien pesé.
   Ma mère est là, c’est la visite, vos parents sont là pour la visite me dit-on, est-ce qu’ils viennent dedans je demande, et l’infirmier d’être au courant, de dire Pas à l’intérieur, vous pouvez faire un tour à l’extérieur, dans le parc, et de le dire avec une lueur gourmande dans les yeux, comme s’il me faisait un cadeau, une faveur, comme un tueur de femmes qui se croit un type bien au dernier jour parce qu’il épargne sa dernière victime – avec la gourmandise d’un salaud qui découvre au moment de l’espoir presque fini que dieu est pardon, qu’il pardonne depuis le début, qu’il a tout su, agencé, compris.
Donc c’est moi qui sors. Je sors.
   L’air vif et vrai.
Ma mère, son grand nez de l’Est, droit et blanc comme l’albâtre qui est une matière que je n’ai jamais vue, sinon écrite, l’albâtre – et son corps gras de la graisse des ans, sa chair froide, les loches autrefois superbes contreforts, maintenant fanées, fleurs à sec, la grande natte noire le long du cou et contre la colonne, les yeux marrons, sauf parfois, dans la lumière rasante crépusculaire, verts ; elle vient à moi et répète Ma fille, Ma fille, tout à fait comme dans les films sur les Juifs – les films comiques s’entend.
   Mon père derrière, nous encadrant, sombre tel un du Nord, le front orageux, les yeux d’un chinois, petits, le crâne nu et tanné, vieux cuir de tête qui ne craque pas, les épaules rondes de muscles masculins, le ventre lourd, la barbe comme de la cendre qui a bien braisé, regardant par-dessus moi l’infirmier, la baraque de l’asile, la forme de l’institution pour fous, avec un air de sain dégoût, de droite répugnance.  
   Nous marchons ensemble dans ce parc ridicule, ma mère veut être sûre que je vais bien, à quoi je réponds que ce n’est pas dit, en toute lucidité, sinon je ne serais pas là à faire des tours de ce parc ridicule jonché de lapins morts, à vingt ans j’ai sans doute de bien meilleures choses à faire comme de conquérir le monde car c’est l’âge, comme de finir, comme de commencer mes études, plutôt que de m’arrêter à chaque lapin pour voir s’il est bien mort, mort de ce qui s’appelle mort, inanimé, raide, l’œil absent, rouge, enflammé de myxomatose.
Quant à mon père il ne dit rien, ce qui est très normal, c’est un Sapin, les Sapin ne parlent pas, c’est connu, ils ne parlent pas mais ils n’en pensent pas moins.
   Puis ma mère nous fait son spectacle il fallait bien. Elle se plie comme frappée de foudre.
Genoux plantés dans l’herbe. Sa robe autour faisant flaque. Les bras levés. Plaintes aux cieux. Adresse au seigneur. Mais qu’est-ce que j’ai fait, commence-t-elle. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter pareille vie si pleine de drame, veut-elle savoir. Ça n’en finira-t-il donc jamais, interroge-t-elle.
Au-dessus d’elle, pile, pour les besoins de l’émotion, un nuage noir, silhouette torve, petite frappe de l’air, semble tout ouïe. Il est là pour elle, ne s’est formé que pour elle, pour sa détresse. Et ça continue. Qu’a-t-elle fait au seigneur.
   Ce n’est rien. Ce n’est encore rien. Nous n’avons rien vu. Nous pensons naïfs que ma mère va s’arrêter là, qu’elle ne peut aller plus loin, mais c’est faux, elle peut aller plus loin, elle peut aller où elle veut et où elle veut c’est toujours plus loin que nous n’imaginions, nous ne pouvons pas suivre, sommes à la ramasse, à la traîne psychique de ses pensées et prières, bien trop loin derrière, nos esprits sont pauvres petites choses racornies, autant de grenouilles poussiéreuses, mortes de soif, nos esprits. Et elle : son esprit : une magnifique plante élancée, luxuriante, partout s’accrochant et bourgeonnant de nouveau, conquérante de toutes les directions.
  Elle peut aller plus loin : elle y va. Les larmes lui balafrent les joues, brûlantes. Ses yeux se teintent du rouge même des lapins morts. Ses bras retombent, elle se couvre la tête de cendres qui sont de la terre mêlée de brins d’herbe qu’elle vient d’arracher à pleines poignées.
Elle hurle. C’est un goret.
La lame de l’affliction pénètre dans sa gorge de goret et elle hurle en goret.
Stridence insupportable, sinon pour les lapins cadavres, qui ne remuent pas d’un pouce.
Pourquoi tu me fais ça, à moi, ma fille, grogne le goret.
Est-ce une malédiction ?
Toutes les filles sont-elles condamnées ?
Dans cette famille ?
A être folles ?
Déjà ma mère avant moi ?
Et maintenant ma fille ?
Est-ce une malédiction ?
Et ça continue, ça continue, ça tourne, elle surpasse par la voix les ondes les plus aiguës parmi les aiguës, elle tourne, n’en finit pas de tourner comme un moulin de malheurs et de cris.
Mon père, sombre, front rayé de rides puissantes, sourcils arqués comme de vieilles arches, yeux chinois et tant plissés qu’on les croirait fermés, crâne comme un cuir bien ciré, barbe de sel, me prend par le bras, nous éloigne.
Nous marchons un moment. Ma mère disparaît, on l’entend à peine, je l’oublie. Ses cris ce sont des souffles.
   Nous nous arrêtons, sommes arrivés aux limites du parc. Un grand mur anti-fous se dresse devant nous. Trois mètres de haut. Je n’arrive pas à voir s’ils ont mis du verre pilé, des pointes de fer, des clous rouillés, du barbelé sur le dessus.
– Tu sais que ta mère est fragile dit mon père d’une voix qui est la voix de mon père, grave, chaude, inexpressive.
– Ta mère est un être fragile, tu le sais, reformule-t-il.  
– Son cerveau est fragile, peu résistant, friable.
Le mur : aucune prise sur le mur. Trois mètres : c’est haut.
– Il est plein de fritures, de parasites, l’esprit de ta mère. Plein de bruit qui empêchent les pensées de se former simplement.
C’est haut, trois mètres, mais peut-être, en courant ?
– Elle pense à une chose, puis à une autre, puis à une autre, sans s’arrêter, on ne peut pas être logique comme ça, on fait du saute-mouton dans sa pensée, on ne s’arrête pas, bientôt on est fatigué, c’est nerveux, c’est essentiellement nerveux, c’est un problème de nerfs, les nerfs qui ne sont pas bien emboîtés, peut-être, qui n’ont pas de court-circuit, de résistance, qui continuent à fonctionner quelle que soit la charge, qui ne font jamais de tri entre les informations.  
En courant très vite on peut marcher à la verticale. Ça s’est vu.  
– Qui mettent les petites contrariétés et les vrais chagrins, les choses pas importantes et les choses importantes sur le même plan. Peut-être qu’ils ne savent pas faire. Ne savent pas mettre de l’ordre, faire place nette, peut-être qu’il n’y a rien dans la tête, dans l’esprit de ta mère, qui lui permette de se concentrer.
Ça s’est vu dans des films : Chantons sous la pluie. Tigre et Dragon.
Mon père plonge sa main dans sa barbe sel et cendre, l’air embarrassé.
– Il n’y a pas grand-chose à faire, Lola. Peut-être aussi que tu es fragile.
Yeux chinois, plissés comme des traits, quasi obturés.
– Pas de la même façon, c’est sûr. Mais fragile aussi, sous la force. Sous la force qui est la tienne. Le cerveau est fragile. Il n’y a qu’une solution Lola : se battre pour l’ordre. Pour les limites. Rester rationnel.
Crâne comme du cuir, sentant le cuir.
– Se limiter. Il y a des limites. On ne peut pas être tout le monde à la fois. Ta mère essaie de rester tout le monde à la fois, tout le temps. On ne peut pas.
– On ne peut pas tout être, des fois il faut savoir rester qui. Celui qu’on est. Bien voir les limites entre nous et le reste du monde.
– Tu comprends Lola.
   La seule chose qu’on ne pouvait pas lui enlever à ce docteur c’est qu’il avait de belles mains, doigts bien droits, phalanges parfaitement rangées, et puis du calme, de la rigueur, une classe distraite dans l’alignement des deux, voilà, de belles mains, mais ça ne m’a pas empêchée d’attaquer dur, sec, angle fermé, on ne peut pas non plus tout pardonner à ceux qui ont de belles mains, je lui ai demandé comment il s’en sortait au jour le jour et j’ai enchaîné, Vu sa tête de mine de crayon sordide on voyait très bien comment il s’en sortait, comme un chef, comme un chef avec une tête de mine de crayon sordide, c’était évident, ça transpirait comme de la sueur qu’il s’en sortait, qu’il était là pour s’en sortir, mais où, vers où est-ce qu’il allait sortir, savait-il seulement sur quoi donnait cette sortie à travers laquelle il essayait de sortir ?
   Il m’a laissé venir, j’ai bien vu qu’il me laissait venir, ça ne me dérangeait pas, je n’allais pas pour si peu me gêner, même si c’était le but peut-être d’à la fin par son silence me gêner ou que je me gêne toute seule, ce qui est candide car je n’ai pas peur de la semoule, n’en ai jamais eu peur, je peux y pédaler des heures puis des heures durant, sans problème, je sais qu’on trouve toujours un levier, ça racle dans le fond et on se sert de cette chose raclante comme d’un levier, j’ai rigolé, j’ai rigolé de bon cœur et j’ai dit C’est étonnant, on voit tout de suite quel genre d’homme vous êtes, il y a des gens comme ça, comme du verre, transparents, on n’a qu’à les découdre, tirer le fil, tout vient, tout se débobine, vous je vous vois retrouver votre femme le soir après l’usine à cerveaux malades, je vous vois ranger les pensées folles que les fous ont cherché à vous inoculer, avec leurs aiguilles psychiques, toute la journée, je vous les vois ranger ces pensées folles furieuses dans votre vestiaire mental blindé et les pensées cognent contre la tôle avec des bruits de masse et bref votre femme, les enfants, le repas, je passe vite tellement c’est ennuyeux, on arrive au coucher, les enfants couchés, vous couché, et votre femme, cette insatiable, qui veut, et vous qui ne voulez pas, vous plein de pensées ignobles, vous sentant vous-même ignoble, contaminé par ce vestiaire blindé bondé de saloperies cérébrales, qui ne sont pas vous à l’origine, mais font partie de vous maintenant, de votre bagage permanent, on l’emporte où l’on est, qui occupent une part de vous de plus en plus importante, expansion du vestiaire, murs qui reculent, et lamentable vous murmurez à votre femme que ce soir, vraiment, mais elle vous prend déjà, s’en fiche, elle fait le boulot puisque vous ne faites pas le boulot, vous abandonnez, n’êtes plus là, êtes devant le vestiaire sombre, et votre femme y va, elle y va elle, il lui reste quelque chose, elle est déterminée à quelque chose, ce n’est pas comme vous, à force d’être comme un chef, de vouloir s’en sortir, de ne pas vous affronter, ça vous mène là où vous en êtes, pas un pouce plus loin.
   – Madame Sapin dit le médecin, les mains toujours artistement rangées.
– Mademoiselle.
– Nous ne sommes pas là pour parler de moi.
On aurait pu lui enlever les mains cela dit. Avec une hache ou une hachette ou un long long couteau. Dans ce cas tout change. Ses mains ne sont plus la seule chose qu’on ne peut pas lui enlever, on peut lui enlever ses mains, on peut tout lui enlever.
   – On est là pour vous Madame Sapin, c’est vous qui connaissez des difficultés.
– Vous vous ne connaissez pas de difficultés.
– Je connais des difficultés, comme tout le monde.
– Vous êtes comme tout le monde.
– Je suis comme tout le monde mais si vous êtes hospitalisée…
– Si je suis hospitalisée c’est pour mon bien.
– Si vous êtes hospitalisée c’est que vous êtes arrivée à un moment, dans votre vie, où vous n’arriviez plus à fonctionner.
– Vous vous arrivez à fonctionner.
– Restons concentrés sur vous madame Sapin.
– Mademoiselle.
– On ne dit plus mademoiselle à nos patientes.
– Non ?
– Il y a eu une loi.
   C’était la meilleure. Ce type avec ses mains était si impliqué dans l’existence qu’il en était venu à se persuader qu’il y a des lois pour tout, par exemple une loi qui dit qu’il ne faut pas dire mademoiselle.
– Mademoiselle, ça peut être mal pris poursuit-il.
La meilleure ! La meilleure, vraiment : le type convaincu, hypnotisé par la loi : il y a une loi pour dire ! Ou ne pas dire !
– Mais si je me sens mademoiselle je demande.
– Si je me sens mademoiselle et veux me réaliser en tant que mademoiselle j’insiste. Si mon désir c’est d’être mademoiselle, de grandir mademoiselle, de vieillir mademoiselle. Si je m’espère vieille fille ?
– Mettons ça de côté. Il y a un moment, dans votre vie, ce moment, en ce moment, où vous n’arrivez plus à fonctionner, où vous avez dû être hospitalisée.
– Vous vous répétez, je note. Qui est le tiers ?
– Qui a fait la demande d’hospitalisation ?
– Oui. Qui est le tiers de la demande d’un tiers ?
   Et là je les tenais presque, les traîtres, les assassins, les vandales. Je le tenais mon frère, ce cloporte à face de parasite, toujours à chiquer au chic type, avec ses dents pourries, rayées par l’acidité de ses propres sucs ! Je la tenais ma mère, cette pièce de théâtre sans scène ni public, grosse masse blanche aux yeux noirs, fourbes, biaiseux !
– Personne. Vous n’êtes pas là à la demande d’un tiers.
– Non ?
– Vous êtes là pour raisons de péril imminent.
– Et quel est le péril ?
– Vous vous mettiez en danger.
C’était bien la meilleure ! La deuxième meilleure, après la meilleure de tout à l’heure ! Je me mettais en danger ! Bien sûr que je me mettais en danger, pour sûr, si on comparait, si on regardait ça, ma vie, par rapport à lui, qui essayait de s’en sortir, forcément, pas d’ombre de doute, je me mettais en danger. Il n’y avait qu’à voir ses mains.
– La symétrie n’existe pas dans la nature dis-je.
– Vos mains développai-je. Ça ne sert à rien de les aligner comme ça. La symétrie n’existe pas, toute chose n’a pas son double, vous devriez arrêter d’essayer de vous en sortir.
   Quitte à dormir, dehors, il aurait fallu un chien. Tous les types me l’avaient dit. Aussi les rares filles. Mais je hais l’odeur canine des hommes et pour cette raison je hais l’odeur humaine mouillée des chiens, leurs yeux émus, leur langue humide suant la tendresse, cette espèce d’affection qu’ils ont, vertigineuse, inentamable, végétale, pour tout ce qui est proche de la main qui nourrit, ce grand vide d’intelligence à l’intérieur de leur cœur de bête, je détestais tout ça, pas question d’en prendre, j’aurais préféré un chat, un mauvais chat fielleux, toussotant, l’œil encroûté, la mine défiante, c’est ça qu’il m’aurait fallu, un chat pelé, griffé, ayant connu mille combats, estropié mille fois, mais il ne m’aurait pas suivie, c’est bien le problème, il m’aurait fallu un animal qui ne m’aurait pas suivie, on ne s’en sortait pas, mieux valait dormir toute seule, être l’animal.
   D’ailleurs je ne dormais pas. Je fixais la nuit cachée dans les lumières. Je pensais : la ville cache la nuit, par derrière la brume de lumière les étoiles clignotent, parfois elles baissent en intensité, c’est imperceptible, c’est une planète étrangère qui passe, il y a de ça longtemps, devant une étoile étrangère, son ombre se porte, c’est une pierre étrangère qui ombre un astre étranger qu’on ne voit pas, qui nous est caché, que notre propre lumière nous cache. Je ne dormais pas, je faisais ce genre d’astronomies, parfois on m’adressait la parole, des soûlards mais aussi des gens très bien, comme vous comme moi, dont une dame qui s’écria et ça venait du cœur Mon dieu qu’elle est jeune, dont un vieux monsieur qui promit qu’il allait m’apporter un sandwich et des bougies et une couverture, qui partit avec un sourire, les rides du sourire avaient creusé sa joue en larges sillons de labour joyeux, et qui ne revint pas. Parfois un soûlard passait, repassait, trimballant le parfum de son urine, me tournait autour dans l’attente de je ne sais quoi, je finissais par le menacer de lui lancer une bouteille sur le crâne, de lui ouvrir le crâne, de lui manger les lobes, il prenait ça à la plaisanterie, bonhomme, tendait les paumes vers le bas dans l’espoir de calmer le jeu, disparaissait finalement, libérant l’atmosphère de l’odeur de son urine infectieuse, ce qui était très bien, on pouvait sentir le gaz, le carbone, le fumet du pétrole, toute la chimie urbaine dans l’air d’autant mieux.  
   Et chaque nuit était une nuit pour rien, une de ces nuits où l’on ne voit plus le sens du courant, une de ces nuits où plomb et mercure coulent durement dans les veines, où la joie déprime, où le silence gagne contre le bruit. Puis je savais bien que tout ça n’était pas constructif et même ridicule. Que ça ne servait à rien de vivre dehors et de se couper de tout et de ne plus se battre pour le mouvement et de ne plus travailler à la chute de l’empire.
 Car l’empire lui luttait sans relâche. L’empire ne lâchait rien. L’empire œuvrait dans le noir et dans le jour et aux quatre coins du monde, il n’y avait pas de répit, pas un souffle humain, pas une seconde humaine dont l’empire ne profitait pour se renforcer, pour se faire incontestable, pour s’infiltrer toujours plus profondément dans la trame des choses, dans l’organisation de la vie, par la guerre et par l’architecture, par la police et par l’urbanisme, par les routes, les vêtements, les meubles, la plupart des gens déjà pensaient que l’empire c’était le monde même, qu’il y avait coïncidence entre le monde et l’empire, oui, la plupart des gens pensaient ça, il n’y avait qu’un seul monde, c’était le monde impérial.  
   L’empire c’était le flux constant. La circulation. Ce qu’il aurait fallu c’est trouver le moyen de tuer le flux. C’est ça que cherchait à faire le mouvement : créer la croûte. Le caillot qui obture. Seulement à chaque blocage l’empire construisait des voies nouvelles, des ponts neufs par où se déversait ses fluides. On s’épuisait à couper et à saboter en vain.
   Comme après les manifs : les services d’entretien de la ville qui effaçaient toute trace de la colère. Disparition du moindre tag. Remplacement des vitres brisées des abribus ennemis. Substitution des caméras brisées. Haine de l’angle mort. Ce qu’il aurait fallu c’est un caillotage général. Des boules de sang sec qui arrêtent tout. La fin du flux. Puis le lancement de la contre-production générale. En attendant on s’épuisait. Moi je n’en pouvais plus.
   Chaque nuit était une nuit pour rien.
Dans ces nuits-là tout flingue, le sommeil tient les yeux ouverts. On voit l’univers. L’univers se tend, se contracte, se replie et les cerveaux s’ouvrent et les lobes se dilatent, on rejette dans le fleuve nos fleurs de femmes et fœtus ridés par bancs de trois cent cinquante. Les bronches fument. La toux ébranle, casse, on se lève dans le froid rhumatismal, on s’étire, c’est l’aube, c’est le jour qui vaut tout de même mieux que la nuit, mais le jour passe vite.
   Sorti des brumes, l’œil chinois, les épaules rondes, sa silhouette perçant les lumières saturées de ville, c’est bien lui, c’est mon père qui vient à moi, je suis parée pour une nuit nouvelle, mon duvet et sac de couchage déjà installés sur la bouche de chaleur qui ventile sa chaleur nocturne, il m’a trouvée, l’idée me prend comme une boule terrible déchirant les tripes qu’il va me frapper, je ne sais pas pourquoi, lui qui est très doux comme sont les très forts, qu’il va m’en coller une si rude que le mur m’en retournera une deuxième, comme on dit au village, dans le Nord, dans le pays qui a vu les Sapin naître.
   Or il ouvre ses bras c’est vrai comme deux grands bras-outils de fer et de plomb, lourds comme des masses, mais les referme sur moi lentement, hydrauliquement, m’enserre, je pleure, des larmes m’éclosent des pupilles, me rougissent le blanc, je dis à mon père que je suis sa fille, à quoi il répond oui comme si ça allait de soi, il me dit de rassembler mon barda, on va manger, il m’offre le resto, je demande si ce n’est pas trop tard, il dit que non, ça ne l’est pas trop, il a décidé que ça ne l’est pas trop.
   Le serveur hésitait, sa patte gauche alternant avec sa patte droite, il piétinait d’hésitation, je devais sentir mauvais, je devais sentir le rat d’égout, ça devait être mon odeur, le serveur balançait, d’un côté le respect dû à tout client, à tout argent, à toute monnaie et de l’autre le prestige de l’établissement pour lequel il travaillait et qu’il représentait, dont il était garant, c’était un dilemme, on sentait bien que c’était un dilemme, il hésitait à nous placer, et en même temps mon père, voilà, il y avait mon père, digne comme sont les hommes à partir d’un âge, dressé comme un du Nord, droit dans sa veste prolétaire, né de la mine, et sa voix comme du sable, titanifère, et ses prunelles peintes à la houille, mon père flanqué de sa fille crasseuse, voilà, il y avait mon père, ce n’était pas le genre d’homme qu’on éclipse, le serveur déglutit et tente d’avancer un refus, l’esquisse d’un refus, mais rien ne sort de sa gorge, le regard de mon père fige salive et sons dans la gorge du serveur, qui s’incline, nous laisse passer, nous indique une table pour couple, bien au fond, sur laquelle une chandelle romantique brûle et fond.
   On mange avec application, savourant chaque saveur, à la fin du repas mon père dit c’est bon ici, ça coûte un bras mais ça vaut le bras, au moins ces gens-là te font manger, ce n’est pas uniquement des noms compliqués sur la carte, il y aussi de quoi manger dans l’assiette.
   On mange lentement sous des lustres très riches, sous des suspensions faites de mille joyaux de jaspe et de rubis et autres pierres précieuses et semi-précieuses comme dans la bible, le serveur s’est détendu, a dû s’habituer à ce que je pue, il ne nous chasse pas, il propose un digestif à mon père et mon père est tenté oui par un digestif et le serveur demande si je désire aussi un digestif, pour tout dire je ne suis pas contre, on nous amène peu après deux petites fioles d’or qui sont les digestifs, qu’il faut boire, que l’on boit et qui laissent dans nos gorges, tubes, estomacs, deux coulures tièdes.
   Mon père tient à savoir.
– Je n’en sais rien dis-je, c’est ainsi, peut-être que c’est ainsi, peut-être que ça changera.
Il ne comprend pas comment je peux être assez malheureuse, assez stupidement malheureuse pour faire ça, à mon âge, avec toute la vie devant moi, une fille comme moi, la sienne.
– Je ne sais pas, c’est une chose ainsi j’explique, une chose que j’ai besoin de faire, il n’y en a pas d’autres que je me vois faire pour l’instant.
Mais il y a une différence, trouve-t-il, entre faire ce qu’on veut, et ne rien faire du tout, se gâcher, se pourrir uniquement pour se pourrir la vie, puis qu’est-ce que ça voulait dire, est-ce que je ne voyais pas le mal que je faisais, est-ce que je pensais à ma mère, à chaque nuit qui passait pour ma mère, à ce que ça lui faisait ?
– Ce n’est pas comme si tu ne savais pas qu’elle est fragile ajoute-t-il.
– Tu sais qu’elle a le cœur et l’esprit fragile, les deux comme du verre.
– Comment veux-tu qu’elle se remette, avec sa fille qui est dehors.
– Et je ne te parle que de ta mère. Je ne te parle pas de moi.
   J’allais lui dire que je préférerais, justement, qu’il parle de lui, et de loin, car il ne parlait jamais de lui, son cœur propre était parasité par les lianes du cœur de ma mère, son cœur propre ne battait plus pour lui mais pour elle.
– C’est comme si on t’avait élevé pour rien dit-il.
– Comme si tu étais une fille de la rue.
Il hésite à ajouter une orpheline, ses lèvres forment le mot, il n’y met aucun souffle, ça ne sort pas, c’est idiot, ses parents, les vieux Sapin étaient des orphelins, oui, mais ça ne se transmettait pas, il n’y avait pas de lignées d’orphelin, ce n’est pas quelque chose qui vous coule dans le sang.  
   À force la ville s’est effacée, l’herbe a gagné, il y avait de moins en moins de routes qu’on pouvait appeler routes, de plus en plus de routes qu’on devait appeler chemins, je ne sais pas combien de temps j’ai marché, il paraît qu’un cracké, une crackée, un homme, une femme qui fait brûler les roches du crack dans sa pipe de fortune, un tel homme, une telle femme peut marcher pupilles azimutées des heures et des heures qui font des jours durant, sans boire ni manger rien d’autre que l’eau des rosées et la poussière du vent, avant l’effondrement, avant de s’abattre, il paraît qu’eux peuvent, donc pourquoi pas moi, je marche sur le bitume des routes qui s’est mué en terre des chemins, autour les câbles de la ville virent feuillages, les façades tournent troncs, les gens épines, les voitures oiseaux pépiant dans les fourrés, je marche, je voudrais un pouvoir, j’aimerais un pouvoir, n’importe lequel, faire des bonds immenses, voler dans les ciels, avoir un pouvoir, aller tellement vite que personne ne me voie, plus, jamais, ou à peine, faire du feu avec les doigts, cracher l’acier, suer la mort, me sublimer gaz roux, fuir au fond des cavernes, être géante, manger des banquiers, avoir un pouvoir, ne plus mouiller quand il pleut, ne pas être trempée comme trempée je suis, la goutte au nez pendante, les muscles qui tremblent et gèlent.
   La ville, le mouvement, loin derrière moi, abandonnés. Pendant ce temps l’empire tissait sa toile, fils solides après fils solides. Il fallait pourtant que je parte. J’avais besoin de partir et de ne plus être là. De ne plus penser à l’empire. C’était un renoncement. L’empire lui ne renonçait pas. La police continuait de charger, de défendre les intérêts du capital. Le capital agitait ses cents myriades de bras en tous sens, brassant l’air si vivement que rien n’entrait dans nos poumons indemne de lui. L’air était plein de particules d’argent. Les riches grossissaient. Les pauvres maigrissaient jusqu’à l’inexistence, jusqu’à l’invisible. Il y a avait ce jeu de l’empire qui était un jeu sans arrêt, rien d’une conspiration, quelque chose de très ouvert, avec des rendez-vous non pas secrets mais officiels, avec des réceptions, et dans ces réceptions on servait des petits fours bourrés de gelée de langoustine poudrée de drogue blanche. Une structure. Un déploiement.
   Je fuyais.
Pourtant rien qui n’avance. Les nuages qui n’avancent. Les lignes de l’horizon qui n’avancent, pourpre, parme, aubergine, braise.
   Le paysan qui vient par là et me cueille au passage, me ramasse comme un champignon qui ne suis ni fleur ni plante ni lapin, qui ne suis d’aucun règne évident, il me ramène chez lui, il y a sa femme-là qui ne s’étonne guère, chez eux tout est bien roulé et huilé, ils sont prêts à tout les gens les plus cachés, Tu nous ramènes un drôle d’oiseau  ce soir elle dit mais sans accent sur drôle, ni sur oiseau, ni sur nulle part, puis elle continue d’éplucher les patates qu’elle avait prévues d’éplucher, le paysan me dépose près du feu, qui brûle dans l’âtre noir avec des ronflements heureux, je me sens comme une crevette attrapée par un pêcheur titanesque à barbe d’écume, relâchée, remise au fond du trou avec la délicatesse difficile de ceux qui cognent, écrasent, hachent d’habitude, je retourne à l’eau et au sable, moi minuscule crevette, à cette fosse humide qui est pour nous crevettes la maison, je vois mon père crevette rentrer en disant La maison !  comme font les pères crevettes et ma mère crevette s’écrier Mon chéri !  et moi minuscule crevette grésiller ZZHzfgduzjdzzdikchve !  car je n’arrive pas encore à prononcer Papa !  
   Chaque doigt comme trois fois mes doigts, gris à force d’être terre, les ongles cerclés de noir pétrole suie, une main de travail dont il enveloppe ma main qu’on ne peut plus appeler main, qu’il faut appeler menotte, cette chose mienne fragile, cassée d’avance.
M’enveloppe.
Ma main disparue. Plus que la sienne.
Après quoi sa voix, la voix du paysan, le roulement de sa voix tel le roulement d’un tambour de grotte :
– C’est chaud Lola.
– Prends des patates avec du jus. C’est de chez nous.
– Si tu veux retourner dans les bois, tu manges.
– Tu finis l’assiette.
Et la femme d’acquiescer chaque fois. Et moi d’acquiescer.
– Avec une assiette comme ça
(elle est énorme, l’assiette, des morceaux de tubercules comme des demi-organes y dérivent sur une nappe de jus couleur sang vieux)
– Tu tiens quinze jours seule dans les bois.
Je remercie, j’engloutis, je lape,  je lèche, je nettoie jusqu’au fond de la langue. Pas de gâchis. Mon ventre tendu. Je m’amollis.
La femme du paysan prend ma nuque dans la pince de phalanges recuites de ses doigts, à peine moins énormes que ceux du paysan, l’autre main sous mes genoux, elle me porte sans mal, me dépose près du feu, me ferme les yeux pareil que pour les morts.  
   On peut, si même on voulait, pas sortir de la caverne des paysans, il y a le soleil. Ce gros astre qui tape comme un sourd. Moi je n’ai aucune envie d’aller là-dedans, dans le gros bain, d’être dorée de rayons, rien de pire, ce qu’il me faut c’est de la pluie, bien gelée, de la pluie en cubes qui éclatent au sol avec un bruit de mauvais cristal, de faux cristal du supermarché, c’est ça qu’il me faut, qui serait adéquat, j’ai besoin d’accord, sans quoi je n’y vais pas, j’ai besoin d’un nuage qui remplisse tout, parfaitement carré, à la taille du ciel, qui ne laisse pas un angle à découvert, qui protège. Sinon je reste. Je reste au fond, collée à la pierre, dans le noir yeux ouverts, à trembler seule. Je fais la fille qui fait la plante qui s’accroche. La fille lierre avec ses minuscules ventouses, qui épouse la pierre, la creuse, la dessine, l’effrite pour s’ancrer plus profond, la fille paroi, rupestre, la plante parasite, je m’accroche. Je m’accroche jusqu’à ce que la pierre m’inocule sa maladie de pierre, par sa maladie je guéris de la maladie mienne, je profite de sa maladie comme d’une guérison, d’un antidote qui a la forme d’un poison jaune, puant, infect, mais qui sauve, c’est à peine si me vient, de par dehors, l’odeur âcre du bois qui pousse, s’élève, ramifie, monte au ciel tel un feu rude, je me fige, raide comme l’arthrose, c’est à peine si je vibre. En moi le bouillon s’arrête. Les globules de mon sang se regardent, air stupide peint sur leurs faces molles et rouges et blanches.
   Les organes même qui ne palpitent plus, saturés de curare psychique. C’est la grande stase. Mes yeux tombent des paupières, seul le nerf tient. Je ne vois plus que dans une teinte qui est une teinte obscure. Mes poils s’éclipsent, à terre, forme à terre une balle comme une balle de foin noir. Ce qui était gras, le peu de gras des fesses, des bras, sous le menton, coule. C’est un régime, on se liquéfie. En outre on sait bien où tout ça mène : dans le sens inverse. Il y a le sens après quoi on court, et il y a le sens inverse. Le sens inverse est peut-être le vrai sens. Le seul sens qui soit vraiment une direction. C’est là que je vais. J’abandonne l’énergie, l’édification, les grandes structures, le bitume, la laque par-dessus le tout, l’organisation des masses, tout ce qui bourgeonne et insiste ; je reviens au cœur solide, et après le cœur solide il y aura le bang, la détonation, le monde premier, quand j’explose, mille matières.
   L’orage couvrant le monde, écartant le ciel comme un petit frère, d’un revers de main. Les puits qui bouillonnent. Les nappes de l’eau furieuse à l’intérieur du sol. L’énergie cinétique du fond des souterrains. Cette chaleur qui n’est pas celle seule du bois, qui est celle du bois minée par celle de l’air qui le blesse, par celle du vent qui le coupe, par celle des feuilles qui le brûlent, l’enflamment, l’irradient, par le souffle de l’incendie, par la colère grasse de l’humus, par la poussée des troncs, cette chaleur qui ne vient pas de la seule force du bois, qui est mélange, réseau des forces, combinat des éléments qui ne sont pas atomes mais fluides idem au fluide des filles, à l’électricité du sexe, à la trémulation maline comme un cancer des cuisses qui résout l’orgasme, à l’appel des fonds, abîmes, gouffres hérissés de pieux, à l’attrait des proues pour les récifs, des ventres pour les lames, des enfants pour les vieillards, les choses mortes, les objets sans âme, les vers qui trahissent le fruit, fluides idem au désir du cœur pour le froid, la glace, le congélateur – cette association sauvage qui est le souffle vital piqueté des points noirs du décès, de la flamme, de la fin, ce tourbillon qui donne le seul change possible qui est la magie au centre des choses, le foyer inhabitable, la demeure faite pour tous sans être à personne.  
   Je quitte la caverne. Je marche et marche encore. J’arrive quelque part.
   Ça ne pouvait pas être le Nord, je savais bien qu’on n’atteint pas le Nord à pied, mais ce n’était pas si mal, c’était une approximation du Nord valable, j’aimais le coin, c’était un pays au moins, pas une banlieue, pas un objet périphérique ni une métropole, c’était un pays, ça sentait le pays, il y avait une odeur de nuit des temps qui était peut-être l’odeur des boules de pin, de la colle de pin, des champignons moisis, des feuilles sous mes pas froissées, en tout cas on y était comme dans un pays dans ce pays-là.
Quoique ce ne fût pas le Nord ça se défendait. Ce n’était pas la terre qui avait été la terre de la femme qui avait donné la vie à mon père ; mais ça se tenait là et puis ça ne bougeait pas, c’était posé comme on dit Tu te poses un peu là mon vieux.
On était l’après-midi mais il y avait toujours cette sorte de soleil blanc du matin qui ne chauffe pas le ciel, se refuse à jaunir, reste blanc comme une fesse nouvelle, ce n’était pas aujourd’hui qu’il prendrait des couleurs, l’astre, il s’y refusait, n’était pas question pour lui de nous bronzer ni cuivrer, il était venu pour la lumière et c’était à peu près tout, se contentait de flotter au milieu de rien comme un gros œuf amniotique flotte dans sa gaine.
   Ce n’était pas le Nord, bon, nulle trace des Sapin ici, de la famille, mais il y avait des bois, on pouvait courir dans ces bois, courir dans les grandes fabriques de résine, se déchirer aux branches basses, courir puis haleter joyeusement, les bras, les joues en sang, cracher un peu, sortir la bave des poumons, on pouvait faire ça, on avait le droit, c’était possible.
Ce qui manquait le plus c’était l’amour dans tout ça, la chaleur dans les autres corps, on était seule avec soi dans les bras, avec son corps froid, ne restait plus qu’à frotter, frotter, frotter jusqu’à ce que la friction allume en lui, ce corps, en ses parties inflammables, en ses parties soufre et phosphore l’onde des premières flammes, de la sorte je me retrouvai souvent à devoir me satisfaire, je me satisfaisais donc, avec n’importe quoi d’ancien, souvent une souche, pourvu qu’elle fût ancienne, eût l’air sage et moussu, j’allais tout contre la souche et me satisfaisais, par la friction, friction de plus en plus forte à mesure que prenait souffle, en ce corps, les parties inflammables, soufre, phosphore, j’arrivai au moment où cette friction perd nom de friction, devient tremblement, écume rose aux lèvres, crise de haut-bien, veines du cou gonflées à rompre, pieds tendus vers les ciels, peau criblée, soulèvements, tétanie, muscles cambrés comme mille étalons cambrés, et donc cavalcade, charge montée, puis choc, lumière, nœud.
   C’était une fuite. Je regrettais mon départ. Pendant que je fuyais tout continuait, le mouvement, les luttes, les affrontements, blocages, inculpations, gardes à vue, tout continuait.
   Il y avait eu ce repas, le repas des paysans, un repas pour tenir quinze jours, mais je partis plus de quinze jours. Au bout de trois semaines il me vint à l’esprit, en observant un petit oiseau sectionner un ver, que je devais manger. J’avais oublié ma faim. L’oiseau tranchait en bouts symétriques le ver comme la femme de mon frère coupait symétriquement ses haricots. Je pensai à une parenté. Une parenté occulte. Mais rien d’étonnant. Rien qui ne fût plus que hasard probable, car la femme de mon frère je l’ai dit était faite de ce foutre dont on fait les planètes, son destin balistique était de féconder l’écorce, on pouvait imaginer, on devait supposer que ce sperme femme cosmique n’était pas balancée à l’aveugle : puisqu’il y avait tir, il y avait aussi calcul, il y avait trajectoire donnée, la femme de mon frère était destinée à la terre, et serait-elle arrivée plus tôt, c’est-à-dire à l’heure, quand les pierres éruptives giclaient encore, quand les mers fumaient, quand les ciels pissaient lave et poison, serait-elle arrivée plus tôt qu’elle eût ensemencé le monde de la même exacte manière qu’il avait été ensemencé, et la vie des bêtes qui rampent, qui nagent et qui volent, la vie des plantes et des champignons et des hommes se serait développée de la même exacte façon, tout exactement pareil, je serais devenue qui je suis. Seule : la femme de mon frère n’eût pas existé, si ce n’est à l’intérieur de tout, comme oiseau, comme ver, comme tronçon de ver, comme tout ce qui luit, mue, palpite.
   C’était à travers bois toujours, il y avait cette ligne pâle, cette eau qui semblait vous appeler, je m’arrêtai. De mes vêtements je fis un tas, les pliai soigneusement, les formai en pyramide, entrai du bout de l’orteil dans l’eau, puis la cheville, me baissai, m’allongeai, c’était la seule façon de s’immerger, il n’y avait pas beaucoup d’eau, elle était froide comme de l’eau d’hiver, je me relevai, il fallut s’ébrouer, mes cheveux ruisselaient mille ruisseaux. Il n’y avait rien pour frotter, je me lavai de neige comme les filles du Nord du temps du Nord. On était glacée mais de la bonne glace. De la pointe du doigt je sentis mes sourcils, ils broussaillaient à la façon des mauvaises broussailles, presque des sourcils d’esclave de l’Assyrie, noirs, touffus, rebelles, Marthe n’aurait pas supporté, m’aurait dit Ne bouge pas, très vite on serait parties dans l’épilation. J’aurais dit oui. J’aurais cédé à Marthe. J’aurais été heureuse de retrouver Marthe, d’être avec Marthe, je lui aurais pardonné ses hommes, sa recherche de la multiplication cellulaire, je lui aurais parlé simplement, nous nous serions parlé simplement, je lui aurais mieux expliqué le mouvement, je lui aurais dit c’est simple, c’est tellement simple que c’est dur à voir, le mouvement est la seule chose qui vaille car c’est la seule chose qui soit dispersion, refus de l’empire, qui soit geste, tremblement, vitesse, qui soit ailleurs, contre-présent, souterrain.
    Après ça je sèche, l’air pique, le vent larde, ma peau, tout mon corps de peau rougit, se couvre de peau-rouge, sauf pour le triangle noir, qui est ma toison.
   Au bout de trente jours la faim est là vraiment. Je la trompe avec de petits riens. C’est l’occasion d’un jeu, courir à pleines enjambées la bouche ouverte, grande, avaler quelques éphémères virevoltants, et laisser faire l’estomac, persuadé qu’on l’a chargé, laisser l’estomac lancer toute sa machinerie gluante, sucs et viscosités, laisser l’estomac se tromper lui-même pour deux brins d’éphémères. Sinon, avec les ongles : entailler un tronc, détacher l’écorce, l’amollir de bave, la corroder, puis l’introduire, bout par bout, sous les mâchoires, et ruminer, ruminer, jusqu’à former en gueule une boule de salive marron, de jus de chique, et déglutir, lentement, lentement, ce n’est pas très bon, mais nourrissant oui, nourrissant comme un arbre ; enfin c’est une technique, il y en a d’autres, j’en avais d’autres et des plus obscures.
   Une fois : un oiseau blessé, le cou rompu. Il pépie à l’aide lamentablement. Je mâchouille longtemps ses plumes soyeuses. Ça vous reste en gorge. Ça s’accroche. Mais on s’y fait comme on se fait à tout. Je lui romps le cou car il ne cesse de pépier lamentablement. Quand son cou est brisé ce qui s’appelle vraiment brisé, il cesse de geindre, l’oiseau, son œil se vitrifie. On peut mordre la chair ; les plumes je les ai avalées, ensuite c’est la chair, douce comme de la chair d’enfant, blanche, je grignote ça doucement, ça vous coupe l’envie de manger.      
   Je sors de ces forêts premières, traverse des pays.
   Je marche et marche encore.
   Il y eut ce pays fumeux, incendié de tabac, j’accélérai le pas, c’est à peine si l’air se respirait, on l’engloutissait en purée. Dans ce pays-là tout était chaud, les pierres clapotaient, à leur surface se formaient des bulles grises, goudronneuses, elles grandissaient, grandissaient puis éclataient en répandant un liquide semblable au pétrole, mais qui ne prenait pas, même avec un bon briquet, beaucoup de gaz, ça ne prenait pas, ça restait noir et poisseux simplement. Les hommes de ce pays avaient le rire pareil aux rires de vin, on les entendait dans les villages, je ne m’approchai pas, passai les peuplements humains toujours de nuit, il y avait partout des effusions de terre, le pays semblait né d’une brûlure.  
   Il y eut des champs de blés roux comme le cuivre, des machines à grain vous les broyait mathématiquement, je laissai derrière moi aussi ma maigre trace d’épis couchés, des mouches goitreuses cerclaient ma tête, me faisait une couronne, je m’amusai à me dire la reine des mouches, en gobai une de temps en temps, ni par adresse ni par maladresse, les mouches venaient seules à ma bouche et je refermai, il y eut de ces orages, des lueurs d’argent, des éclairs noirs, un grand rugissement d’étoiles, la pluie vint, horizontale ou presque, de face, c’était une misère d’avancer, ce pays-là se dilatait, je croyais en avoir fini qu’il continuait encore, ce n’était que blés, orages, mouches.
   Enfin ce fut le Nord, on n’avait pas cru ça possible, d’atteindre le Nord à la force des jambes, mais si, il suffisait de s’acharner, de ne pas compter les jours et pays, de traverser tout droit et encore tout droit, sans un regard pour les précipices et tunnels, les crêtes écailleuses et falaises luisantes de suc, il fallait y aller, y aller encore et on finissait par s’y retrouver, en ce pays du Nord entaillé, couturé par les grands sillons de la flamme rouge et de l’acier fluide, couvert d’un azote sombre, fumée de  brouillard qui donnait à la terre sèche, stérile, rouille, son contraste premier ; ce pays-là n’était pas beau à voir, mais c’était un vrai pays, celui d’où je venais ; partout, aussi loin qu’on pouvait, on voyait cadavres d’usine et hommes désaffectés aux mains noueuses bombées d’abandon ; puis les routes noires, les nuées de petits oiseaux raides, le givre sur les pierres ; c’était un monde frontal ; chaque chose était en face de l’autre ; c’était un pays où il y avait eu de grandes mines et de grands combats, des combats de l’ancien temps, face à face, visage découvert ; l’air sentait encore le sang la fusillade et la sueur des CRS, de l’armée venue mitrailler les mineurs, on voyait encore les traces de chenilles des tanks qu’un ministre socialiste avait envoyé contre les ouvriers du sous-sol, on voyait presque tout ça, presque, il suffisait d’imaginer un peu.  
   Je n’ai pas de mal à reconnaître le village, mon père m’en a parlé avec la précision d’un homme de peu de mots, je reconnais les toits, le chemin semé de cailloux obscurs, la grande bâtisse obscure de l’orphelinat, carreaux des fenêtres brisés, toit sans tuiles, charpente tordue. C’est donc là, je me dis, que tout commence : Par un soir d’hiver on dépose, devant les grilles, un être dont on ne veut pas. Il crie. Ses cris percent la brume. La dame de l’orphelinat vient voir ce qu’il se passe. Aussi bien c’est une bête blessée. Mais non : ce n’est pas une bête blessée : c’est un nourrisson aux joues cyan. Elle le prend dans ses bras, il n’est pas bien lourd. La bise lui mord le front, elle rentre avec son nouveau fardeau de vie. Dans la grande salle, elle pose l’enfant, qui crie toujours, près de l’âtre. Assez près pour qu’il dégèle. Quelques orphelines, les plus grandes, les plus mères, viennent voir l’enfant. On dénoue ses langes. C’est un garçon. On demande à la dame de l’orphelinat comment il s’appellera s’il n’est pas mort. Les garçons qui jusque-là se contentent de manger leur soupe dans un grand silence de cuillères cognées contre les bols dressent l’oreille. C’est qu’il s’agit de savoir. Le petit pourrait devenir un de leur famille, un baptisé de même nom qu’eux, et alors il faudrait s’en occuper comme d’un frère, car c’est la règle. La dame de l’orphelinat hésite un instant. Elle regarde le feu, les bûches fumantes. Un Sapin, dit-elle. Ce sera un Sapin.
   Il y a un grand mouvement de désintérêt. Dans la salle  le silence des cuillères cognées contre les bols reprend. C’est qu’il n’y en a pas tant que ça des Sapin. C’est une petite famille, dans l’orphelinat. Il y a deux grandes Sapin, qui partiront bientôt, iront faire bonnes, servir. Dont une Sylvaine, et l’autre, l’autre on ne se souvient jamais de son nom. Une Sylvaine Sapin, et l’autre : quelque chose Sapin. Et aussi une petite, c’est elle qui s’approche de l’enfant à peine dégelé, encore cyan des lèvres, elle c’est aussi une Sapin, elle a six ans, c’est ainsi que mon grand-père et ma grand-mère se rencontrent. Ma grand-mère est de six ans plus âgée que mon grand-père et c’est elle qui s’occupera de lui toute sa vie, c’est elle qui le sauva, qui continuera de le sauver, comme l’enfant qu’elle fut, dans la salle de l’orphelinat, ce jour-là, s’approche, prend mon grand-père contre sa poitrine, le sauve.
   Mon grand-père n’est pas fait pour être abandonné. On le comprend vite. La grand-mère Sapin, enfant, le sait en son cœur : le grand-père Sapin, ce petit gars-là, est fait pour vivre dans un vrai foyer, avec des parents doux qui lui apprendront le français des villes, du centre, le vêtiront de riches étoffes, jeune homme ce petit gars-là fumera, sur l’argent de ses parents, du fin tabac.
   Pourtant on l’abandonne. Il partage avec ma grand-mère, à l’orphelinat, une petite chambre sans feu, blanche. J’en pousse la porte, à moitié dégondée. La chambre est telle que mon père me l’a décrite. Sans feu, blanche. Un Christ d’ébène cloué au mur : figé dans la grimace de son dernier souffle.
   Ma grand-mère se marie à l’église, elle ne voit pas comment faire autrement, et pourtant elle hait la face du Christ, sa face de douleur qui l’a suivi de ses yeux morts, année après année, dans la chambre sans feu de l’orphelinat. Le prêtre ne fait pas de salamalecs heureusement : c’est un prêtre du Nord : il les marie en deux coups de cuillère.
Le matin elle s’est levée Sapin, le soir elle se couche Sapin épouse Sapin. Personne n’est venu au mariage ; on n’a invité personne. On aurait pu inviter la dame de l’orphelinat ; si elle n’était morte quelques mois plus tôt, d’une congestion pulmonaire.
Ensuite, pour toute la vie : la grand-mère Sapin s’occupe du grand-père, qui n’est bon qu’à la pêche, et à rester seul, dans ses pensées : c’est un doux, ma grand-mère ne le dérange pas, elle l’aime, elle coupe le bois, elle s’occupe de tout, il l’aide quand elle a besoin, pour le potager, il essaie de travailler un peu, ça ne dure jamais, pour l’essentiel ma grand-mère le laisse se promener, courir les bois, c’est un homme qu’il faut laisser aller, elle n’a pas peur qu’il aille voir une autre femme, on ne trompe pas la femme qui nous a donné la vie.
   Il y a les émeutes. Ma grand-mère cogne et mon grand-père perd son boulot. Il en perdra d’autres.
Ma grand-mère saisit un CRS avec les autres grands-mères orphelines dures au mal qui sont avec elle et ensemble elles lui baissent le pantalon. Jusqu’aux chevilles. Le fiche cul-nu et tout le monde voit ses petites cuisses blanches de poulet et se moquent de lui, c’est l’humiliation, on rit comme on a jamais ri, s’élève toute une collection de rires d’animaux de fer, d’orphelines du Nord, on glousse même, on n’avait jamais gloussé, pas une fois, jamais de la vie, mais cette fois-là on glousse.
   On mitraille les ouvriers. C’est un combat perdu. Il y en aura d’autres.
   J’essaie de retrouver la maison. C’est dur. Mon père m’en a juste dit : elle est à l’écart. Briques rouges.
Il y a cet homme que je croise, sur la route : les moustaches tombantes, les épaules droites, regard très sec : un homme du pays. Il n’est pas surpris de me voir là, j’ai l’air d’une fille du coin. Je lui demande pour la maison. Il ne sait pas. La maison des Sapin, j’insiste. Il ne voit pas. M’accompagne bien qu’il ne voie pas. Me fait faire le tour. Toutes les bâtisses du village en ruine. Les arbres poussent au milieu des murs. Les lianes de lierre qui font tomber les gouttières, les toits. Les portes enterrées sous les feuilles.
Je demande s’il y a encore du monde par ici. Qui vive ici.
   Ce pays-là est disparu, me dit l’homme. Il hausse les épaules.  C’est le Nord.
   Bientôt un rêve. Ces hommes qui étaient les hommes et les femmes du Nord, on me fait comprendre, c’est une race éteinte. Ces hommes-là et femmes-là qui avaient deux jambes et deux bras et travaillaient de leurs mains, c’est évanoui. Ces hommes-là et femmes-là qui luttaient, ne voulaient pas se faire avoir, se battaient solidement sur leurs deux jambes, accrochés à leur travail, à leur pays, c’est fini. Ils ont combattu en face et ils ont perdu en face. Ne reste après eux que les cadavres des grandes usines, les ciels gris, le souvenir des grandes coulées d’acier chaud dans la nuit, et c’est tout, il n’y a plus rien debout dans ce pays-là.  
   Je vois bien qu’il a raison, l’homme du village. Je vois que la vérité sort simplement de sa bouche comme un sabre avalé qu’on recrache, acier luisant de bile.
C’est ainsi : le Nord est un pays sombré. Des hommes et femmes comme ma grand-mère, de vraies Sapin, des orphelines dures au mal, il n’y en aura plus. C’est une époque où les gens étaient droits, pouvaient être droits.
   Maintenant est une autre époque qui est l’époque des filles de biais comme moi, des filles qui vont d’un lieu l’autre, sans repos, condamnées à l’invisible car toujours filmées, gardant visage caché, qui ne s’attacheront jamais, ni à l’homme ni au travail, qui ne s’incrusteront nulle part.
   C’est l’époque des filles qui ne baisseront pas le pantalon des CRS parce qu’on s’en fiche, les CRS ce ne sont que des hommes, c’est l’époque des filles qui baisseront le pantalon des autoroutes, aéroports, billets de banque, câbles, tuyaux sous la mer, réseaux et filets, plomberies de tous ordres, qui mettront à nu la ridicule partie basse du monde et de l’empire, celle qui mue sans cesse, qui agite tout, qui trame.
   C’est l’époque du mouvement qui est un mouvement de biais, où l’on se cache, où l’on bouge, qui est un mouvement désespéré mais qui est le seul mouvement, si bien qu’il n’y a pas le choix, il ne faut plus regretter les vieux pays, les vieux combats, il faut s’habiller de noir, ne rien regretter, être partout, être nulle part, combiner, couper le flux, s’organiser pour le prochain blocage, la prochaine émeute, le grand court-circuit.
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clemsoss · 7 years
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Je me suis demandé, fugacement, si le bonheur s'ecrivait. Puis la réponse m'est apparue, pourtant si évidente: Pas sans toi.
Assise au bar, elle sirote son 5ème verre de la soirée. Un whisky sec, sans glace. "Pas très raffiné, mais bon, aux chiottes le raffinement!" pense-t-elle avant de rajuster, du bout de l’index, la lanière de son string à travers sa fine robe de satin noir.
A l’autre bout de la salle, un homme la regarde. Assis sur une petite banquette en cuir dans le coin le moins éclairé du petit bar parisien, il la détaille. Il ne distingue pas son visage, mais aperçoit nettement le joli tatouage qui court le long de sa colonne vertébrale pour disparaître dans le bas de sa robe dos nu. Ses cheveux bruns sont coupés courts, dégageant une nuque droite et musclée. Son regard s’y pose, longtemps. Il imagine déjà sa respiration haletante et ses gémissements lorsque sa lame la caressera, les premières gouttes de sang qui dévaleront les jolies lignes de son cou. Ses cris de douleur lorsqu’il s’insérera en elle, la forçant à le regarder dans les yeux pendant qu’il fera d’elle ce que bon lui semble. Il a toujours adoré ça, les forcer à regarder. Un homme la rejoint, s’assoit sur le tabouret voisin. Il la regarde, regarde ses pieds nus et les escarpins abandonnés au pied de son tabouret avant de lui sourire. Elle tourne légèrement les yeux vers lui et le dévisage avec insistance, l’invitant sans un mot à libérer son espace vital au plus vite. Fort caractère? Tant mieux, c’est encore meilleur quand elles se défendent… Ca intensifie le défi, rajoute de la tension. Ca aussi, il avait toujours adoré ça, la tension. Maintenant qu’elle est de profil, il peut enfin apercevoir ses traits, ainsi que ses grands yeux sombres, très maquillés, qui ne se détachent pas du nouveau venu. Ne semblant pas saisir l’implicite message pourtant si évident, même de l’autre bout de la salle, celui-ci lui tend la main en se présentant.
"Putain, qu’est-ce qu’il me veut celui là ?" pense-t-elle. - Malik, enchanté… Ca fait un moment que vous êtes assise là, toute seule. Vous attendez quelqu’un ? Il sourit encore et elle remarque deux petites fossettes sous sa barbe bien taillée. Merde, pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il ait des fossettes? Elle sent malgré elle son regard s’adoucir et saisit la main qu’il lui tend.
- Carmen. Oui, enfin non, je veux dire, après 3 verres de retard j’ai arrêté de l’attendre. - Parce que même les femmes comme vous se font poser des lapins? Sérieusement? Son regard durcit à nouveau, sourcils froncés. - Ecoute mec, remballe tes disquettes, ce genre de bobards ça prend pas avec moi. T’es pas moche, trouve toi une autre conne à ramener chez toi et laisse moi finir de me saouler tranquille. Le sourire de Malik s’élargit, il est visiblement amusé par ce farouche bout de femme, petite et menue mais visiblement en colère contre la Terre entière. - Un sixième? Je t’accompagne. - Comment tu sais que c’est mon cinquième? - J’en étais à mon deuxième “verre de retard” quand tu as commandé le premier. Il prend une mine grave et faussement consternée avant de poser un doigt sur ses lèvres comme pour l’interrompre et ajoute “Oui, même les gars comme moi se font poser des lapins. Incroyable, je sais.” Prise de court, ses grands yeux noirs agrandis de surprise et le doigt de Malik toujours posé sur ses lèvres, elle éclate alors de rire. Un rire discret mais immanquable. Contagieux, il est immédiatement rejoint par celui de Malik.
Trois heures plus tard et 4 “verres de retard” de plus, elle se décide à rentrer. Deux yeux avides au fond de la salle ne l’ont toujours pas quittée. - Je te raccompagne. - Non ça va all… OH! Il la rattrape juste avant qu’elle ne tombe de sa chaise haute. Le regard de Malik durcit pour la première fois de la soirée. Elle le soutient tout en ramassant ses escarpins. - Ne discute pas Carmen. Tu ne rentres pas seule. - OK, si tu veux, CHEF ! s’exclame-t-elle en levant les bras au ciel, manquant de peu d’éborgner un client avec ses Louboutin. Malik esquisse un sourire, règle le barman et sort, soutenant par la taille une Carmen titubante. La nuit est douce, sa peau aussi. Au fond du bar, un homme en colère brise son verre d’une main.
Deux rues plus loin, Malik déverrouille à distance une Audi noire. - Parce que t’es en état de conduire toi peut-être? lance Carmen, moqueuse. - Bien plus en état que toi de marcher jeune fille. Monte. Il lui ouvre la portière, et l’aide à s’installer, s’assurant qu’elle ne se cogne nulle part. Il contourne la voiture, s’installe au volant et démarre le moteur. Allumant le GPS il demande: - Ton adresse? - … - Carmen ? Il lève les yeux vers elle et découvre son visage endormi. Surpris et attendri, il profite de ce court instant d’intimité pour la détailler. Ses sourcils toujours froncés lui donnent cet air farouche qui semble ne jamais la quitter. Il soupire.  -Quel caractère. Il passe la première et démarre. Il ne remarquera jamais cet homme, sortant du bar, la main entaillée, qui fusille du regard l’Audi qui s’éloigne. Le lendemain au réveil, Carmen émerge difficilement des effluves d’alcool de la veille. Elle n’a même pas encore ouvert les yeux que son crâne manque d’exploser sous les assauts d’une saisissante migraine. Elle pousse un long gémissement avant de se demander à voix haute “Mais pourquoi j’ai bu..???” et de plonger la tête dans l’oreiller. A qui est ce parfum? Une voix masculine répond alors “Pour fêter le plus beau lapin du siècle j’imagine?” Stupéfaite, elle se fige. “Où suis-je?” Elle ouvre les yeux. Ne reconnait pas la chambre. Elle se jette hors du lit, se rend compte qu’elle porte un jogging et un t shirt masculins bien trop grands pour elle. La porte déjà entrouverte s’ouvre plus largement pour laisser entrer un homme. Un mètre quatre vingt dix environ, bien bâti et la peau mate, il lui sourit, laissant apparaître deux fossettes aux coins des lèvres. - Malik ..? Mais … Tu devais me ramener… OH MON DIEU EST-CE QU’ON A..?? - Non non non caaaalme-toi… Tu t’es simplement endormie avant de me donner ton adresse, alors je t’ai ramenée chez moi, t’ai portée jusque mon lit, ai enfilé mes vêtements par dessus ta robe, tu peux vérifier, et j’ai passé la nuit sur le canapé, PROMIS ! Tiens, j’ai fait du café. Tu aimes le café? Sinon j’ai du thé, du lait, enfin… Mince je suis nul, j’ai pas trop l’habitude de faire ça. Enfin pas le petit déjeuner, de ramener quelqu’un quoi. Enfin une fille, une femme. Non pas que je ramène des hommes non plus hein! Enfin euh… Je parle trop hein? Ok je me tais. Mais dis un truc. S’il te plait. Sinon ça va devenir gênant. - … Tu as vraiment dormi sur le canapé? - Bien sûr, où voulais tu que je dorme, de toute façon tu t’étais allongée sur la largeur du lit alors… Il sourit. Elle aussi. Elle saisit la tasse de café qu’il lui tend. - J’adore le café. Surtout après une cuite pareille… Merci. - De rien. Tiens tu sais quoi? Hier à deux pas du bar, quasiment à l’heure où on est partis, une femme s’est faite agresser. Apparemment elle a été violée puis laissée pour morte, là, dans la rue… Comme quoi, j’ai bien fait de te raccompagner.
Carmen reste stupéfaite. Elle ne trouve rien à dire, se contente de froncer les sourcils, sirotant son café, réfléchissant. Elle se demande, sans savoir que c’est effectivement le cas, si Malik lui a sauvé la vie. Puis, sans un mot, elle pose sa tassé de café au sol, s’approche de lui et, dans un élan de tendresse et de reconnaissance pour cet homme, se blottit dans ses bras. Ils resteront là longtemps, blottis l’un contre l’autre. Il vient de lui sauver la vie, elle sauvera bientôt la sienne. La roue tourne.
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pchdo · 7 years
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Holà l’internaute - 👍🏼🌈
La pluie, la pluie, la pluie... je vous annonçais précédemment que deux petites personnes nous rejoignaient dans notre aventure...! Bah vla qu'elles nous ont apporté de la pluie celles-ci.
C'est chez Marcos que nous nous retrouvons - Je vous plante le décor les gars... - Monsieur d'un certain âge, habitant à Pucón depuis 30ans, anciennement avocat, reconverti architecte et musicien à ses heures perdues. Nous arrivons dans sa demeure - Ouais... sa demeure, quand t'es dans un remake de la baraque d'Edward Cullen...  bon ! - au chaud. Il commence à faire frisquette dans le coin. À cause d'un petit contretemps et de nos escapades montagnardes, la fatigue est là et on décide de ne rien faire pour cette journée d'accueil avec les filles. Rencontre de Marcos, son papa et son frère. Personne tellement gentille et accueillante. Un ami d'une amie de Marielle. C'est dingue comme les gens peuvent être ouverts et hospitaliers sans vous connaître. Est-ce qu'on a déjà été comme ça ?! Est-ce quelque chose qui s'est perdu chez les occidentaux ? Je ne sais pas si on doit apprendre ou réapprendre mais je garde ça dans un coin de ma tête...!
La gentillesse de ce monsieur ne s'arrête pas simplement à son accueil pour déjeuner, puisque nous lui expliquons notre parcours et il nous propose de nous laisser sa petite maison - 3 étages, tour avec vue, Victor le gardien qui vit sur place avec sa femme et ses enfants dans une maison adjointe, 8 chambres, autant de salles de bain, un salon de la taille d'une salle de cinéma... fin un petit truc pour 50 personnes et on est 4 - avec vue sur lac ! Bon bah on va pas se mentir.... on est plutôt bien.. au chaud, protéger de la pluie... une douche et un lit avec couette !.. On décide de faire 3 courses pour le soir et de se faire un vrai dîner - J'oubliais... c'est jour de recensement au Chili.. Tout est fermé. Personne ne travaille ! Niquel -
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La pluie ne s'arrête pas, mais on s'en fout parce qu'aujourd'hui on va se tremper le cul dans des piscines naturelles - J'ai quand même des doutes, je reviens là dessus - d'eau chaude perdues dans la montagne.. un petit kiff en fait. 
Au Chili, il y a la masse de Volcan, il n'est donc pas étonnant de trouver des sources d'eau chaude naturelles un peu partout. Les chiliens en ont fait des thermes. Nous voilà parti dans l'un des plus structuré et des plus enfoncé dans la végétation. Les Termas Géométricas sont tellement reculés et dans les hauteurs que la route d'accès est un chemin de terre - Complètement défoncé, dans lequel nous avons crevé, Stan est arrivé un peu fatigué et en boitant ! - et de cailloux, très étroit dans une végétation très dense. Pluie, vent, montagne, forcément... froid ! Tout le monde à poils, et go les piscines. Les températures varient entre 37° et 44° en fonction des piscines. Après les trecks pour nous et les bus pour les nanas... c'est vraiment génial de se détendre un petit peu. Le lieu est trop bien, des allées de bois peintes en rouge relient toutes les piscines, 18 au total. La vapeur qui se dégage des piscines donne des airs de film érotique et d'endroit mystérieux. Nous sommes détendus et relaxés après 4h dans ces bains d'eaux chaudes. En revanche... j'émets un gros doute quand à la température de l'eau dites naturel. Qu'elle sorte d'une source, pourquoi pas... par contre on peut clairement voir que l'eau qui va de piscine en piscine est chauffé par un sytème caché en bois... et que la logique, qui voudrait que ça aille du plus chaud au plus froid n'est pas vrai, puisqu'on passe d'une piscine à 37° à 40°... mais cela est un détail comparé à la beauté et à la magie du lieu - Apres t'y vas pas pour une étude H2o et de réchauffement aquatique ! Tu mets ton maillot et tu kiffes ta baignoire à ciel ouvert dans la jungle de King Kong ! 
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Au vu de la super météo, on est moyen en terme de route sous la pluie - Jojo CassDédie - du coup, on se dit qu'on passe la nuit tranquille dans notre méga demeure - Vampire, petite fille… -  et qu'on reprendra la route demain... et au petit matin, après les aux revoirs avec Victor, les yeux humides... - Encore une petite claque hein... le type nous connaît depuis 24h, mais il est tellement content de nous voir enjoués et réjouis de ce court séjour... on a rigolé et on s’est occupés de son fils de 5ans et ça... ça a été je pense pour lui un tel cadeau, qu'il en est ému de nous laisser partir ! - c'est direction Valdivia... au bord de l'Océan Pacifique qu'on vient poser notre tente pour la première fois et bien sûr, notre bon vieux Stan - En tant que gentlemen, on laisse les filles dormir dans la tente... - et on part découvrir le petit marché de fruits et légumes, poissons et artisanat. Je trouve le marché de la bouffe très mignon et super beau, de plus nous avons le droit a un vrai spectacle avec les Otaries a Fourrures, qui attendent gentiment que le poissonnier est fini de découper le poisson et de le vider, pour tout manger - Des énormes bêtes, qui se contentent de si peu… Celui-la de régime pour être aussi grosse !… -  En revanche, le marché artisanal est très touristique et très peu attirant. Franchement pas à faire. En revanche nous avons pris 3 poissons sur le marché pour le soir et une salade - Un délice ! On a kiffé, au bord du lac, avec les étoiles et tout ! Franchement posés -
Les filles ont eu la joie de prendre leur première vrai douche dans la nature - Tout ce qui est bassine et réchaud... ce soir là on en aura vu des lunes ! - et surtout une nuit 4 étoiles à l'hôtel Quechua...! Malheureusement cette nuit là, il a fait un temps pourri et la pluie est tombée toute la nuit..! Tout le monde a eu froid. On a du mal à se réveiller et je me sens tout rouillé ! La pluie n'est vraiment pas cool. Aucun rayon de soleil pour se réchauffer. Je commence à voir les désavantages d'être en van. La pluie est mon pire ennemi ! 
On est sur la route, direction l'île de Chiloé... avec un premier stop avant la traversée à Puerto Montt, petite ville de pêcheurs, où un petit port minuscule et super mignon nous attend !... On y découvre un petit marché artisanal bien plus intéressant que Valdivia si on cherche un peu en dessous de toute la marchandise touristique !.. En revanche on se fait alpaguer de tout les côtés pour manger dans les restos au dessus du marché... et c'est plutôt pénible..! On mange donc un resto un peu plus en retrait, un petit peu plus cher, mais tellement meilleur et beaucoup moins touristique - Sociedad Gastronomica Oliva Spa - ! On sent que les clients sont quelques habitués et d'un certain âge et personnellement ca me rassure sur la fiabilité des produits - Ouais les petits vieux, souvent sur la bouffe ils sont pas trop cons ! Et les locaux, vont pas s'emmerder à manger dans des endroits nazes ! Tuyaux de vieux baroudeur les gars ! - Une fois les panses bien remplies, on reprend la route direction Chiloé... 
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Pas besoin d'attendre longtemps, le ferry est en train de manœuvrer pour accueillir dans son entraille métallique toutes sortes de véhicules. Moto, piétons, van, camion, bus... 30min de traversée et voilà sur la petite îles du Chili ou la petite écosse - Regarde " La Part Des Anges " tu comprendras - de par ses paysages verts et ondulés. Le temps pluvieux et brumeux donne un certain charme à ce bout de terre flottant du Pacifique. Ce soir, on décide de dormir tranquille face à l'océan à côté de Ancud... mais le temps reste encore bien bien relou, et surtout un vent assez important souffle sur nos petites têtes. Grâce à l'application iOverlander - L'application indispensable pour tout voyageur en van ou en sac à dos hyper déter à vouloir faire du camping sauvage... carte du monde qui répertorie tout les spots où l'on peut dormir en mode wild. Vraiment, hyper chanmé - on trouve un petit spot méga déter sur la plage... et sur la route on croise des paysans qui font un bbq ! Marielle ParleAToutLeMonde et nous autres avons pleins de questions. Comment vivent ses gens si loin de tout ? Où vont les enfants à l'école ? Comment gagnent-ils leur vie ? Quel est leur quotidien?... C'est alors que l'un d'eux nous explique qu'ils sont tous en majorité paysans sur l'île, et qu'il ont des troupeaux de vaches, moutons, et qu'ils vivent de leur culture. Certain sont plus " évolués " avec des métiers d'artisan ou mécanicien.. les enfants doivent faire des kilomètres de bus pour aller à l'école. C'est un mode de vie différent et totalement à l'opposé de ce que l'on peut connaître, mais tellement intéressant. Pas motivé à sortir la tente pour les filles... on se tente de dormir à 4 avec Stan - Bah... c'est pas le Ritz c'est certain, mais ça se fait largement. Notre lit est vraiment dingue... un matelas par terre à l'avant et ça passe tranquille et ça tiens surtout chaud !!! - Apres des petits sandwichs chiliens faits par mes soins, nous nous couchons et le lendemain suite aux conseils des paysans rencontrés la veille, nous nous dirigeons sur la plage pour voir les pingouins. Il est 8h10, je suis sur une plage du Pacifique, le soleil se lève... la pluie a cessé quelques minutes, - On s’enflamme pas non plus.. - les couleurs orange et rouge dans le ciel qui se mêlent aux nuages me font penser et réaliser que je suis à des milliers de kilomètres de chez moi, de ma vie en générale, de mon quotidien parisien... et j'apprécie ce réveil matinal à prendre de l'air frais et certainement peu pollué en pleine face et à pleins poumons. C'est une sensation tellement étrangère et nouvelle. Après plusieurs minutes d'attente sur la plage et d'observation... aucun pingouin. On s'en doutait fortement... la plupart des gens nous avait dit qu'ils avaient migré. On a tenté le coup... et c'est grâce au zoom ultra sonic de l'appareil photo... que l'on aperçoit en face, sur la petite île... des tâches blanches, d'abord à l'œil nu et finalement grâce à la technologie, des petits pingouins. Encore une petite satisfaction qui confirme que j'ai bien fait de partir à la découverte de cette planète !... spectacle plutôt inattendu et magique. 
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(Isla des Pingouins, en tout petit bien-sur..!)
Le temps se gâte réellement, le froid nous glace le sang. Impossible de se réchauffer on décide alors de prendre un Hostel - Ouais là on a fait les petits joueurs des mecs en van...! On a triché - Mais en vrai... il fait tellement froid, humide et on est 4... le van a pris la pluie, nos affaires sont mouillées et une partie du matelas est mouillé - On est pas venu ici pour souffrir ok...! Si c'est pour attraper une pneumonie c'est pas la peine non plus quoi..! - donc on aimerait bien que ça sèche et qu'on puisse reprendre la route tranquille !... Sur des conseils de voyageurs rencontrés sur la route, on s'arrête dans un Hostel et on part découvrir la petite ville de Castro... ni déçu ni content... Chiloé reste très jolie, avec son petit port sur pilotis et ses vieilles maisons en tuiles de bois, qui depuis quelques années sont interdites d'être construites ainsi pour des raisons de sécurité... - Quand tu vois la cathédrale San Francisco au milieu de la place du village... tu te dis que c'est plutôt une bonne décision... parce qu'en vrai à tout moment le truc il s'effondre. On dirait du papier mâché.. - Il n'y a pas grand chose à faire. La plupart des gens y viennent pour se reposer et chiller - Chiloe... Chiller... non ? Je sors... - c'est pour cette raison qu'on décide de repartir assez rapidement. Et qu'on reprend la route direction Barriloche en Argentine ! Nouvelle frontière, nouvelles aventures... et pas des moindres !!
A tôtbien les copains.
Crédit Photo : Marielle & Delphine
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reseau-actu · 4 years
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Le Figaro a pu visiter exceptionnellement la datcha où le «Petit Père des peuples» a vécu durant dix-neuf ans. Il est mort le 5 mars 1953 dans des circonstances en partie mystérieuses, à la suite d’un repas avec les quatre principaux membres du Politburo, qui tous convoitaient sa succession, dont le redoutable Beria.
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À Moscou
Un portail où il faut montrer patte blanche, puis une route dans un petit bois touffu de bouleaux et de pins. Moscou et ses grands immeubles sont tout proches mais la frondaison épaisse protège la datcha de Kountsevo et ses lourds secrets. C’est ici, dans une large bâtisse à deux étages de couleur vert sombre que Joseph Staline a vécu durant dix-neuf ans. Le maître de l’URSS y est mort, le 5 mars 1953, cinq jours après un dernier dîner avec son cercle rapproché du Politburo à l’issue duquel il s’est trouvé mal. Cinq jours tandis que se déroulent, autour du tyran agonisant, les manigances des prétendants au pouvoir, partagés entre la paranoïa, la terreur et l’ambition.
«Rien n’a changé, tout est ici comme le jour de sa mort», nous assure celle qui veille avec ferveur sur ces lieux depuis vingt-neuf ans et ne veut être ni nommée ni photographiée. La datcha est placée sous la tutelle du FSO, le service d’élite assurant la protection de Vladimir Poutine. Dans le hall lambrissé, le cintre sur le portemanteau, à gauche de l’entrée, lui était réservé - personne d’autre ne se serait risqué à l’utiliser. Aux murs, des cartes de l’URSS et de l’Europe, annotées au crayon de sa main. «Il était passionné par les cartes», nous rappelle-t-on. Étrange atmosphère, à la fois feutrée et crépusculaire. Les lustres de cristal sont allumés, son couvert est mis dans la petite salle à manger, sa pièce préférée, le personnel de service est en chemise blanche - exactement comme si l’on attendait le retour imminent du «Maître», c’est ainsi qu’on l’appelait.
Au gré de ses humeurs
Staline a fait construire la datcha en 1933. L’année précédente, sa deuxième épouse, Nadejda Allilouïeva, s’est suicidée et il a vécu cet événement comme une trahison. Il veut prendre de la distance avec sa famille et déménager. Le généralissime aura eu au total à sa disposition douze datchas à travers le pays, toutes à peu près semblables. Mais il était surtout attaché à celle bâtie à Kountsevo par l’architecte Miron Mirjanov. La «datcha proche», comme on la surnomme, a l’avantage d’être à douze minutes en voiture du Kremlin, d’où il dirige l’URSS d’une main de fer. Staline fait aménager le parc de 28 hectares, planter des érables et installer des serres. Au début des années 1940, un deuxième étage est rajouté à la maison, pour accueillir les invités - Churchill et Mao y séjourneront. Le Géorgien, lui, demeure au rez-de-chaussée: sept pièces dans lesquelles il se déplace au gré de la lumière du jour et de ses humeurs, vivant et travaillant autour d’une table et d’un divan. «Quand il logeait dans une pièce, toute la vie s’y concentrait», raconte l’hôtesse anonyme. «Une moitié de la table était utilisée pour lui servir ses repas, l’autre moitié était destinée au travail», indique-t-elle. «Il lit quatre cents pages par jour», nous dit-on, qu’il annote au crayon, allongé sur un divan, avec à son chevet, une lampe en bakélite.
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Le samedi 28 février 1953, en fin de journée, Staline a convié à dîner les membres de son «premier cercle». Ils arrivent à la datcha vers 23 heures. Le «Maître» vit et travaille la nuit et se lève tard. Ce soir, il a commandé du vin géorgien et du cognac. Autour de la table de la grande salle à manger, on trouve la «bande des Quatre». Ceux qui, auprès du dirigeant suprême, tiennent le pays: Lavrenti Beria, le redoutable chef de la police politique, qui rêve de succéder à Staline, Guéorgui Malenkov, surnommé «Mélanie», secrétaire du comité central, Nikolaï Boulganine, dit «le plombier», ministre de la Défense, et Nikita Khrouchtchev, l’Ukrainien qui finalement l’emportera sur ses rivaux.
La conversation tourne notamment autour du «complot» des blouses blanches, monté de toutes pièces par Staline pour accuser des médecins, presque tous juifs, de coup d’État. Le dirigeant attend des aveux qui tardent à venir. Il exige que l’on redouble de brutalité. «Préparez le procès (des médecins juifs, NDLR)», ordonne-t-il, ainsi que le rapportera Khrouchtchev. Les convives se séparent vers 4 heures du matin. Staline, âgé de 74 ans, souffre d’athérosclérose. Ces derniers mois, ses visiteurs le trouvaient fatigué et vieilli. Mais ce soir, apparemment en bonne forme, Staline raccompagne ses invités à leur voiture, éméché et d’excellente humeur. Ce sera son dernier dîner.
Après la mort du dictateur et la déstalinisation, le bâtiment deviendra un hôtel réservé au comité central du Parti. Svetlana Makeeva
Il regagne la petite salle à manger et demande à ne pas être dérangé. Staline déteste être dérangé ou surpris dans son travail. Entre la partie résidentielle de la datcha et l’aile réservée au service, il a fait construire un couloir légèrement en pente afin de pouvoir entendre de loin les pas du personnel. Sept gardes assurent sa garde rapprochée, sous le commandement de Mikhaïl Starostine et son adjoint Piot Lozgachev. Durant la guerre, la datcha était protégée par 300 hommes et des batteries antiaériennes. On nous confirme l’existence d’un bunker près de la maison.
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Le lendemain, 1er mars, Staline ne donne aucun signe de vie. Personne n’ose pénétrer dans la datcha. À 18 heures, une lampe qui s’allume rassure le personnel. Ce n’est qu’à 22 heures, que le garde Lozgatchev, déposant le courrier dans une pièce attenante, aperçoit le dirigeant gisant sur le sol de la petite salle à manger, en maillot de corps et bas de pyjama, semi-inconscient, incapable d’articuler une parole. Les gardes le transportent dans le grand salon, sur un canapé qu’il ne quittera plus. Recouvert d’un drap blanc, ce divan constitue le «clou» de la visite. Starostine et Lozgachev, désemparés, appellent les membres du Politburo qui débarquent à 3 heures du matin. Beria se penche sur lui : «Vous voyez bien qu’il dort, imbéciles!» Et tous repartent. Voyant la situation se dégrader, et craignant pour leur tête, les chefs des gardes rappellent un peu plus tard. Les médecins n’arriveront qu’à 7 heures du matin. Ils ne pourront que constater l’extrême gravité de son état provoqué par un accident cérébral.
Staline est resté treize heures sans soins, ce qui lui a sans doute été fatal. Pourquoi le médecin qui se trouvait pourtant à proximité de la datcha n’a-t-il pas été appelé? «J’ai posé la question à Starostine et il m’a simplement répondu: “Parce qu’il fallait faire comme cela”», raconte notre «guide». «C’est la terreur qui paralysa les potentats du Politburo et les empêcha de contacter les médecins et c’est cette même peur qui poussa les gardes du corps à le faire», écrit l’historien Simon Sebag Montefiore dans La Cour du tsar rouge (Éditions Perrin). Et il ajoute, «la décision de ne rien faire arrangeait tout le monde». Beria, l’âme damnée du régime, qui se savait menacé de purge, a en premier lieu intérêt à la disparition de Staline. C’est aussi le cas de son allié Malenkov. Pendant l’agonie, les tractations vont bon train entre les Quatre pour la répartition des postes. Staline rend son dernier souffle le 5 mars, à 21 h 50. Sa fille Svetlana a été appelée. Présent lui aussi, son fils, Vassili, saoul, hurle contre «les salauds qui n’ont rien fait pour sauver (s)on père…»
«Je vous ai sauvé la peau»
La thèse de l’empoisonnement n’a jamais été totalement écartée. Avec réticence, la gardienne des lieux finit par l’admettre devant nous, en baissant la voix. Un élixir mortel aurait-il pu être versé dans son vin ou son cognac? Des recherches ont accrédité cette possibilité. Le soupçon principal pèse sur Beria qui avait la haute main sur le «Bureau des poisons». «Je l’ai eu, je vous ai sauvé la peau», se serait-il vanté devant Molotov et Kaganovitch, eux aussi en délicatesse avec le «Vojd».
Les portes de la datcha ne s’entrouvrent que pour quelques visiteurs privilégiés. Le sésame, en l’occurrence, dont a aussi bénéficié France Télévisions, est venu d’une fondation franco-russe pour la recherche historique, présidée par un Français, Pierre Malinowski, et dont la vice-présidente, Elizaveta Peskova, n’est autre que la fille du porte-parole du Kremlin…
Staline était un produit de son époque.
Vladimir Poutine
Après la mort du dictateur, il a été question d’ouvrir un musée. Mais la déstalinisation et la lutte contre le culte de la personnalité promues par Khrouchtchev enterrent le projet. La datcha devient alors un hôtel réservé au comité central du Parti.
Pas une fois, les dizaines de millions de victimes de Staline - persécutions, massacres, goulag - ne sont évoquées durant la visite. Selon un sondage de l’institut Levada, en février dernier, 41 % des Russes de 18 à 24 ans ne savent rien, ou très peu, des répressions staliniennes. En revanche, toujours selon Levada, 70 % des Russes estiment que Staline a joué un «rôle positif» dans l’histoire du pays. Le discours du pouvoir est ambivalent. «Nous n’oublions pas les crimes commis par le régime contre son propre peuple et les horreurs des répressions de masse», concédait Poutine dans la revue américaine National Interest, en juin dernier.
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Mais, «Staline était un produit de son époque», dit aussi le président russe au réalisateur Oliver Stone qui l’interviewe, en 2017. «Vous pouvez le diaboliser, mais il ne faut pas oublier son rôle dans la victoire contre le nazisme (…). Et trop diaboliser revient à attaquer l’Union soviétique et la Russie», ajoutait Poutine. En octobre 1961, le cercueil de Staline a été sorti du mausolée dans lequel il reposait aux côtés de Lénine sur la place Rouge. Il a été enterré, en catimini, sous les murs du Kremlin. «Chaque fois que j’y vais, il y a toujours beaucoup de fleurs», relève celle qui veille sur la dernière datcha du «Tsar rouge».
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heidi-varin · 5 years
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Les questions de madame D.
Le jour tombe sur le salon aménagé pour les visiteurs de l’Ehpad de Tourlaville. C’est dimanche, fin d’après-midi. Josiane, à l’accueil, se dit que ça a été. Il y a eu des visites et madame D. n’est pas restée seule. Son fils est enfin venu la voir. Josiane aime son travail auprès des personnes âgées mais désespère de toute cette misère de solitude ambiante. Mais aujourd’hui, ce dimanche-là, elle éprouve moins de tristesse pour les résidents que d’habitude, c’est déjà bien.
Sa journée s’achève aussi. C’est Tony qui prend le poste de nuit. Il arrive, d’ailleurs. Petite conversation habituelle, puis elle prend son sac, son béret (elle le remet depuis quelques temps), sa veste, et elle sort. En traversant le pompeusement nommé parc devant l’établissement (trois jardinières, deux bouleaux et un vague gazon), elle aperçoit la silhouette de madame D. sur le banc près du portail. Josiane s’approche, elle ne veut pas effrayer madame D., très cardiaque. Celle-ci parle seule : « Tu es plutôt chouette ou colibri ? » Josiane tend l’oreille. « Chouette, ma vieille, je ne dors plus la nuit. Je fus colibri autrefois, tu t’en souviens ? » « Tu es plutôt rivière ou océan ? » « À ton avis, jeune fille ? ». Madame D. pose les questions et y répond.
Josiane ne saisit pas. Madame D., si réservée et encore en possession de toutes ses facultés, perdrait-elle la tête ? Non, pas elle aussi, pas aujourd’hui ! Josiane s’approche un peu plus et s’assied sur le banc à côté de la vieille dame qui tourne la tête vers elle. Dans sa main droite, la photographie d’une jeune femme radieuse. « Je suis plutôt rivière, elle ne s’en souvient plus », dit madame D. à Josiane en désignant du menton la photographie. « Mon fils m’a apporté cette photo, c’est moi, on ne dirait pas. J’avais oublié, alors on essaie de se reconnecter, c’est un mot d’aujourd’hui, ça ! »
Le réverbère prend du service.
Josiane distingue l’œil brillant de madame D.
« Et vous, Josiane, savez-vous si vous êtes plutôt feuille ou plume ? Le savez-vous encore, l’avez-vous déjà su ? »
Josiane se dit qu’elle ne s‘était jamais posé la question.
« Je ne sais pas, madame D. Et vous ? »
« Je vous le dirai demain. Nous allons rentrer maintenant ».
Elle désigne de nouveau la photographie :
  « C’était gentil de vous asseoir un moment à côté de moi. »
Elle se lève, salue Josiane et rentre doucement vers ce que personne n’appelle plus « la maison ».
Josiane se lève à son tour, quitte le parc de l’Ehpad de Tourlaville et glisse d’un pas songeur vers sa soirée. Feuille ou plume ? Feuille ou plume ? Feuille ou plume ?
HV
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valiantlyfoolish · 7 years
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Emmanuelle&Estelle - chapitre 2
Quelques mois plus tôt…
 Emmanuelle, lundi 2 septembre
La foule autour de l’adolescente est compacte. Dense. L’atmosphère est irrespirable. Elle étouffe. Elle voudrait crier, partir, courir. Quelque chose ne tourne pas rond. Tant de questions demeurent sans réponse : « Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel but ? Pourrais-je un jour cesser de me préoccuper du regard des autres ? Qu’est-ce que l’amour ? Ai-je jamais aimé ? Eté aimée ? Pourquoi la vie, pourquoi le monde, pourquoi la haine et la colère ? » Tant de questions qui n’auront jamais de réponse et qui s’entassent dans un coin de sa tête en une incessante litanie. Mais soudain le monde s’arrête de tourner. La foule s’espace. L’air revient. Soudain, elle est là. Auréolée de lumière, elle s’approche doucement. Emmanuelle tremble, sa respiration s’accélère : que dire, que faire ? Le bruit alentour se transforme en un silence assourdissant tandis que la litanie de questions encombrant son esprit s’amplifie démesurément. L’amour, ce sentiment d’une douceur amère qui nous fait perdre la tête. Son cœur s’emballe. Elle est là, tout près, si près. Leurs corps se touchent, son être s’affole, le monde extérieur n’existe plus. Il n’y a plus qu’elles
 BIP ! BIP ! BIP ! Le réveil est brutal pour Emmanuelle. Les images de son rêve se mêlent à des questions se faisant de plus en plus oppressantes. Comment peut-elle faire un tel rêve ? Elle ne comprend pas. Elle se dit qu’elle est lesbienne et que tout le monde le saura, que maintenant on l’appellera « gouinasse » et «goudou ». Mais elle ne le veut pas… Elle ne veut pas être rangée dans cette catégorie souvent exclue, rejetée, méprisée. Elle veut vivre ce que vont vivre les autres filles de son âge : sortir avec des garçons, avoir peur de tomber enceinte, prendre la pilule, se marier, avoir des enfants. Elle a peur que ses amis la repoussent si elle leur en parle. Peur que le regard que les autres portent sur elle change. Peur qu’on lui colle une étiquette qu’elle ne pourra pas chercher à enlever sans alimenter un peu plus les soupçons pesant sur elle. A 17 ans, on se défait difficilement d’une réputation. Perdue dans ses pensées, elle est brutalement ramenée à la réalité par sa mère.
- Manu ! Dépêche-toi, tu n’auras jamais le temps de prendre ton petit déjeuner si tu traînes comme ça ! 
Tirée de sa rêverie, elle se lève d’un coup et se dirige vers la salle de bain. Ce matin, elle a une boule dans la gorge. Une main invisible lui serre la poitrine. Elle est incapable de trouver une explication à ce qu’elle ressent. D’accord, aujourd’hui, c’est la rentrée. Mais dans son petit lycée de province il n’y a qu’une classe littéraire, elle connaît déjà tous les élèves et presque tous ses professeurs. Alors pourquoi tant d’appréhension ?
En sortant de sa douche, la jeune fille se rend compte que ses pensées lui ont fait perdre la notion du temps : déjà dix minutes ont passé.
- Maman ! Tu pourrais me préparer un petit-déjeuner s’il te plait ? Je vais rater mon car sinon ! crie-t-elle à travers la porte.
 Une heure plus tard, l’adolescente descend avec appréhension du car scolaire. La joie de retrouver ses amis et son bon vieux lycée se mêle aux souvenirs de son rêve, à son angoisse inexpliquée. Aujourd’hui sera un jour important, elle le sent. Elle le sait.
Dans la cour du lycée règne l’anarchie la plus totale, chacun essaie de retrouver ses amis, les cris fusent, les gens courent les uns vers les autres. Des petits groupes se forment, prospèrent, s’en vont, se disloquent, s’assemblent de nouveau quelques mètres plus loin. Emmanuelle cherche ses amis du regard au milieu de ce brouhaha. Soudain elle aperçoit une fille à l’autre bout de la cour. Plutôt grande, de longs cheveux bruns et bouclés, porte un sac de toile en bandoulière, de grosses chaussures montantes et une veste en jean qu’Emmanuelle devine brodée au niveau des épaules. Elle semble perdue, tourne sur elle-même comme si elle cherchait où aller, comme si elle attendait désespérément de voir des têtes connues vouées à ne jamais apparaître. Intriguée, Emmanuelle commence à se diriger vers elle, quand :  
- MANUUUU ! 
Victoire, son amie d’enfance, se rue vers elle en courant. Victoire est de taille moyenne, a des cheveux châtains légèrement ondulés et de magnifiques yeux verts. Comme à son habitude elle court et crie, faisant peu de cas du regard des autres. Sa force, selon Emmanuelle, se trouve ici. Contrairement à elle Victoire se sent à l’aise partout, à sa place quoi qu’il arrive. Au caractère joyeux, mais imprévisible, elle a toujours le mot pour rire. Emmanuelle, avec sa petite taille et ses cheveux noirs, peut difficilement se laisser aller avec des gens qu’elle ne connaît pas vraiment. Elle a une peur maladive de ne pas être aimée, d’être de trop. A la suite de Victoire arrive Paul. Paul, comme elle, se fiche d’être apprécié. Si les autres ne l’estiment pas assez pour l’accepter, c’est leur problème et pas le sien. Grand, musclé et blond, c’est un tombeur -ce dont il se fiche royalement-.
- Alors, Manu, petite nuit ? T’as une mine affreuse ! lui lance-t-il en guise de bienvenue.
- Toujours le mot pour plaire, toi !, lui rétorque Victoire. Est-ce qu’on te le dit, quand t’as des cernes de trois pieds de long ? Non. Parce que nous on est gentilles. Gen-ti-lles. Mais toi, tu n’es qu’un gros macho qui pose des questions à peu près aussi délicates qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Pour te punir, je vais te raconter mes vacances.
-Oh non… Victoire, tout mais pas ça… Pitié… gémissent de concert Emmanuelle et Paul.
Mais Victoire, imperturbable, entame une longue énumération :
-Le premier jour, je suis restée chez moi, et j’ai regardé une dizaine d’épisodes de Glee. Histoire de me mettre dans l’ambiance vacancière. Le deuxième jour je suis allée à la plage ; c’était bien, mais il faisait un peu trop chaud. Et le monde qu’il y avait, je ne te raconte même pas ! Le troisième jour, j’ai fait les magasins avec notre chère Emmanuelle ici présente. Elle n’a rien acheté mais j’ai fait l’acquisition d’un sarouel, de deux débardeurs, de sandales en paille, de…
DRIIIIIIIIIIIIIIIIIING ! La sonnerie interrompt son interminable litanie. Paul et Emmanuelle poussent un soupir de soulagement. Paul est ravi d’avoir pu échapper au descriptif des vacances de Victoire ; Emmanuelle quant à elle est bien contente d’éviter l’interrogatoire en règle que son amie était, elle le sait, sur le point de lui faire subir.
Les trois amis quittent à regret la cour ensoleillée pour se diriger vers le bloc de béton gris qui constituera leur univers le temps d’une dernière année. Ils ont cours ensemble avec Mme Bertrand, leur professeure de philosophie et professeure principale. Ils retrouvent leur classe devant la salle. Chez les TL du lycée Camille Claudel on trouve de tout et surtout, on accepte tout. Hippies et fils-à-papa cohabitent sans difficulté, et chacun trouve sa place au sein de cet hétéroclite capharnaüm. Mme Bertrand arrive et les élèves rentrent dans ce qui sera leur salle de classe huit heures par semaines cette année. Des tables formant deux U encastrés, un tableau véléda, une estrade légèrement surélevée, quelques posters de films philosophiques, une armoire encombrée de manuels pour toutes les filières. Des fenêtres en hauteur ouvrent sur un ciel bleu-azur, quelques barres d’immeubles et les cimes des arbres de la cour. On aperçoit au loin le terrain de sport, déjà occupé par un fourmillement d’élèves qui s’échauffent mollement. Emmanuelle se place comme à son habitude à côté de Victoire, dans le fond de la salle. Paul pose ses affaires près elles et s’affale sur sa table, prêt à dormir. C’était sans compter sur l’intervention de Mme Bertrand, qui tape d’un geste sec sur son bureau en haussant la voix :
- Monsieur Bogale ! J’espère que je ne vous dérange pas ?
Paul, réveillé, marmonne des excuses en se redressant lentement. Emmanuelle se retourne pour lui lancer un regard complice : ils savent tous deux que Mme Bertrand adore Paul, qu’elle avait trouvé brillant lors des café-philo auxquels ils avaient participés en première. Mais il y a des limites à ne pas dépasser pour que l’année se déroule bien, limites que Paul aime à tester avec ses professeurs.
-Bien ! Nous pouvons maintenant commencer le cours. Je crois que certains d’entre vous ont regardé La Vague l’année dernière, dans le cadre de l’initiation à la philosophie ?
S’ensuit un « mmmmh » d’approbation de la classe. Pas découragée pour autant par ce manque d’entrain, Mme Bertrand poursuit sur sa lancée et entreprend d’introduire les thèmes de l’année : le sujet, la culture, la raison et le réel, la politique, la morale. Emmanuelle, pourtant passionnée par la philosophie, ne peut suivre le cours ; son regard accroche des petits détails insignifiants : les tâches de lumière sur le tableau, les plis dissymétriques des rideaux bleus élimés, les écritures vaguement effacées sur les tables, le piaillement des oiseaux, le bruissement du vent dans les branches. Son esprit s’évade, elle est ailleurs. Elle se replonge dans son rêve.
Je ne comprends pas je n’ai jamais été amoureuse de qui que ce soit je ne suis jamais sortie avec personne alors que je suis en terminale mais tout de même je l’aurais sût si j’aimais les filles non ça ne se peut pas mon rêve ne visait personne je m’imagine juste ça car je n’ai pas connu l’amour non je n’aime pas les filles et pourtant, j’étais si bien j’aurais voulu que jamais mon rêve ne s’arrête mais comment puis-je simplement penser cela je suis perdue je ne comprends pas une chose est sûre je ne peux le dire si j’en parle même Victoire ne voudra peut-être plus me parler pourquoi ce rêve pourquoi ces pensées pourquoi précisément aujourd’hui pourquoi cette impression qu’aujourd’hui quelque chose d’important va m’arriver
-Manu ? Maaanuu ? Houhou ?
Victoire, inquiétée par le long silence de son amie, l’interpelle. Emmanuelle répond un peu fort, encore plongée dans ses réflexions :
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?  
-Un problème, mademoiselle Booth ? demande Mme Bertrand, interrompue dans son explication du programme par l’exclamation de la jeune fille. Emmanuelle, honteuse, répond en rougissant :
-Non non, désolé madame.
Puis Mme Bertrand reprenant la parole, elle se tourne vers Victoire et répète sa question en chuchotant :
-Pourquoi tu m’as appelée ?
-Ca fait bientôt un quart d’heure que tu regardes dans le vague sans rien dire ! Je m’inquiète moi ! Tu vas bien ? Je comprends mieux la question de Paul tout à l’heure, c’est vrai que t’as une toute petite mine.
-Oui je vais très bien, t’inquiète, j’étais un peu stressée par la rentrée c’est tout. La terminale, le bac, les études après… Il faut que je me fasse à l’idée.
Victoire, qui connaît bien son amie, n’est pas convaincue par l’explication : jamais Emmanuelle n’a été stressée par une rentrée. Cependant elle n’insiste pas. Pour la jeune fille, la matinée se poursuit comme dans un brouillard. Les cours s’enchaînent, les heures défilent, elle  prend des notes, répond à l’appel. Mais sa tête est autre part, dans un ailleurs qu’elle-même ne comprend pas vraiment. Finalement arrive l’heure du déjeuner.
-Emmanuelle, regarde ! Du pamplemousse rose !
Les trois amis sont dans le self, en train de remplir leurs plateaux. Paul, qui sait à quel point son amie aime le pamplemousse, tente par tous les moyens de lui faire retrouver sa joie de vivre habituelle. Comme Victoire, il est désemparé par son attitude rêveuse. Tout au long du repas c’est une surenchère de blagues, devinettes et anecdotes de vacances. Emmanuelle sourit mais ne rit pas. Elle ne s’en sent pas la force, toute sa bonne humeur est happée par les centaines de questions tourbillonnant dans sa tête. Le brouhaha incessant du self l’oppresse, le tintement des couverts et le bruit des voix  s’assemblent en une cacophonie assourdissante. Alors qu’elle est prête à se replonger dans ses pensées, Emmanuelle est réveillée par une exclamation de son amie :
-Au fait, vous avez vu ? Il y a une nouvelle en première L ! Elle est à la table là-bas.
La part commère de Victoire reprend vite le dessus ; ce qui l’intéresse par-dessus tout ce sont les derniers potins du lycée. Et dans un établissement aussi petit que le lycée Camille Claudel, les nouveaux venus ne sont pas monnaie courante ! Paul et Emmanuelle se retournent pour voir à quoi elle ressemble. Très vite, Paul commente :
- Ca va, elle est belle. En tout cas, elle n’est pas moche. Elle s’appelle comment ?
- Estelle Rocher, s’empresse de lui répondre Victoire. Tu en penses quoi, Manu ? Tu la trouves comment ?
Victoire compte beaucoup sur l’avis de son amie, qui dès le premier regard sait percevoir la vraie nature des gens. Mais cette fois Emmanuelle hésite, bafouille.
- Je ne sais pas trop… Je ne saurais te dire. On verra quelle réputation elle se forge.
- Alors toi, avec tes grands mots…
La jeune fille ne réagit pas à la pique de Victoire. Elle peut difficilement quitter la nouvelle du regard. Emmanuelle reconnaît la fille qu’elle a aperçue dans la cour, et comprend mieux pourquoi elle l’air désorienté. Il y a quelque chose de fascinant dans sa manière d’être, mélange de confiance et de désarroi. Comme si elle se sentait perdue dans ce nouveau lycée, ce nouvel univers, tout en essayant désespérément de garder contenance. Elle regrette soudain que Victoire soit ce matin arrivée en courant au moment où elle commençait à se diriger vers cette fille envoutante : elle a peur de ne plus jamais retrouver l’occasion de lui parler. Tout d’un coup Estelle lève les yeux. Leurs regards se croisent et Emmanuelle se retourne hâtivement, honteuse. Mais Estelle ne détourne pas son regard : au bout de quelques secondes, Emmanuelle le sent toujours sur elle. Elle se retourne furtivement et croise les yeux de la jeune fille. Son cœur fait un bond.
-Paul, Victoire, on y va ? On a fini de manger. Je suis pressée, je dois, euh… Passer à mon casier.
Le cœur d’Emmanuelle bat à cent à l’heure. Elle n’a qu’une envie : croiser de nouveau le regard de cette mystérieuse Estelle. Mais elle en a peur. Elle a peur de ce qu’elle pourrait trouver dans les profondeurs de ces yeux volontaires. Elle ramasse son sac, son plateau, et se dirige vers la sortie sans attendre ses amis. Ces derniers, ébahis, la regardent partir sans comprendre. Ils finissent leurs desserts à la hâte et courent la rejoindre.
-Manu ! Tu pourrais nous attendre ! lui crie Victoire, essoufflée, à travers la cours.
La jeune fille s’arrête brusquement, comme réveillée d’un mauvais rêve. Elle se retourne et attend ses amis qui arrivent en courant. Victoire reprend difficilement son souffle. Paul, plus sportif, interroge son amie :
-Mais qu’est-ce qui te prend aujourd’hui, Manu ? Tu es constamment dans la lune, on dirait que tu n’as pas dormi depuis trois jours et tu quittes le self d’un coup ! C’est à cause de cette fille ? Tu la connais ?
-Quoi ? Mais non, pas du tout, ça n’a rien à voir, je vais bien, ne vous inquiétez pas, je suis juste fatiguée, répond une Emmanuelle ébahie par la question.
Mais au fond d’elle, elle s’interroge : Paul a raison. Pourquoi se comporte-elle ainsi ? Qu’a-t-elle, aujourd’hui ? Elle ne se comprend plus, elle ne comprend plus ses réactions. Joie, peine, appréhension et attente se mêlent dans son cœur et chamboulent ses pensées sans qu’elle puisse trouver un sens à ce qui lui arrive. Elle poursuit malgré tout sur sa lancée, se rassurant elle-même tandis qu’elle tente de rassurer ses amis.
-Non, vraiment, tout va bien. Je vais me coucher tôt ce soir, et demain je serai en pleine forme, comme d’habitude. Bon, on va en littérature maintenant ? J’ai hâte de voir à quoi ressemble Mr. Perrant ! Tu penses qu’il est beau, Victoire ?
-Oh non, tu ne m’emmèneras pas sur ce chemin ! Il a certes la réputation d’être magnifique, mais ma frivolité ne sera pas un moyen pour toi d’échapper aux explications que tu nous dois. Tu vois, moi aussi je peux utiliser des grands mots.
Victoire est d’une grande intelligence, mais refuse de l’admettre. Elle joue la frivole commère et excentrique pour se forger une image autre que celle d’une intello. Son pire cauchemar : être traité de mademoiselle-je-sais-tout. Très empathique, elle sent que son amie n’est pas prête à exprimer ce qu’elle a sur le cœur. Elle se dirige alors vers la salle de littérature en babillant sur ce fameux professeur de littérature afin de changer les idées d’Emmanuelle.
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myname9us-blog · 7 years
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Masques et costumes Vénitiens. Carnaval 2016. scénario écrit il y a qqs années pour Rose Byrne Je voulais faire un truc avec un physicien quantique (30 ans env) et moi, une discussion entre la théorie quantique et la Log de l'E et à un moment donné m'est arrivé cette idée de scénario après avoir vu Rose B; scénario où le physicien quantique réel joue le rôle du physicien dans le film et Rose y tient 2 rôles, celui de Rosie, et celui de la jeune fille masquée, nuageuse, réelle? irréelle? Malin Génie? Début du film Carnaval de Venice Le physicien marche dans la foule Soudain il aperçoit une jeune fille avec une toge rouge et un masque noir ou rouge (il varie dans les plans) Le physicien avance vers elle, doucement Car elle le fixe, immobile Le physicien l'aborde, avec un léger sourire qui es-tu? je suis hirondelle, hibou, larmes sur ta joue fleuve, ouragan, une main dans un gant j'avais hier quatre pattes, je vais sur deux pour le moment et demain d'un seul pied tremblant je suis tout feu tout bois, parcours et effort mais je sais aussi être comfort je suis le chat dans la boîte, murmure, je suis la Mort , la Vie aussi   montre-moi ton visage    qui vous dis que j'ai un visage... ne serait-ce pas votre propre visage que vous y verriez?  Elle s'éloigne Dis-moi au moins ton nom On ne m'appelle jamais, je suis toujours là, de M. Schrödinger je suis le chat  Soudain elle disparaît dans la foule Il la cherche Puis, du haut d'un toît elle chante (la voix de Rose no, stanotte amore non ho pi? pensato ha te ho aperto gli occhi (sur un autre toît) il mondo non si? fermato to mai un momento la notte insegue sempre il giorno (autre toît) pensato ha te pensato ha te Fin de la séquence Retour dans la ville du physicien (réel, je veux dire un vrai physicien) / suite plus tard, si tout se passe bienÉditer Supprimer dorsali | il y a 12 heures | Signaler   le physicien donne son cours, ses thèse deviennent de plus en plus célèbres la question à laquelle j,ai été conduit à travers mes recherches est une question au fond philosophique : quelle est la nature du symbole D'une certaine manière on peut dire que toute la physique, et du reste la pensée philosophique aussi, a été mue par une pensée du symbole,  pensé dans une distance négative, une distance d'identité Il aperçoit alors dans un coin de la classe la femme masquée du carnaval de Venice Elle ne dit rien, sérieuse / un peu plus tard dans la soirée, le physicien accompagne des amis dans un bar qu'il juge insignifiant Au bout d'un moment les amis partent Il reste pour finir son Scotch puis  aperçoit une fille au bar, assise, (ici, sauf avis contraire, toute la musique est tirée de James Last, dans le moment joue Hammond à gogo; la fille au bar se lève et danse; le physicien la regarde Volare, volare, version James Last puis Moon river La fille est kétaine, un peu nounounne : mais qq chose l'attire chez elle, il voudrait se lever et la serrer dans ses bras...pitié, amour... C'est stupide, il commande un second scotch La paloma, version James Last elle danse, des hommes la flirtentÉditer Supprimer dorsali | il y a 10 heures | Signaler alors, contrairement à toutes ses habitudes, il se lève et va danser près de la fille Puis les deux parlent Dans le film tout tourne autour du paradoxe du chat dans la boîte Dans sa pièce de travail, le physicien reçoit souvent la visite de la jeune fille au masque du Carnaval de Venice et de longues discussions physique-méta-physique s'ensuivent; lorsqu'elle apparaît la j f masquée est p ex assise sur le coin du bureau ; atmosphère très lente et qui contraste avec l'atmosphère agitée de la vie avec Rosie, fille naive, qui n'aime -parce qu'au fond c'est tout ce qu'elle comprend-- que les choses simples "pourquoi mettre le chat dans la boîte, ca donne quoi d'avoir un chat si on sait pas si il mort ou vivant", qu'elle dit, réellement affectée par cette histoire Ils vont au cinéma : Breakfest at Tiffany's Rosie, pleurant, en sortant du cinéma -c'est idiot, ca me fait tellement pleurer cette histoire Tu crois qu'elle mettrait son chat dans une boîte elle? Y a que toi pour penser des trucs aussi horribles Autre scène, plus loin, même soirée; au petit club habituel; musique Il mondo, James Last, (instrumental); Rosie et le physicien dansent collés Phy -je te dirai des mots-nuages pour te faire pleurer Épouse-moi Encore et encore Mon plus profond de l'univers (moon river, James Last) C'est correct, répond Rosie / dans la pièce avec la JFM le symbole procède de manière analogique, il instaure un rapport d'externité contrairement à l'Image que je dirais binaire, binarité mais dans une connectivité ou unarité disjonctive, proximité infinie et non distance négative La JFM et le physicien parlent, la JFM représente, si l'on veut, le côté méta-physique Soudain la porte s'ouvre, c'est Rosie qui cherche M, Schödie, son chat    où il est passé, tu crois? Alors elle l'apercoit sur le bureau, ah, le voilà, il était ici avec toi Elle le prend dans ses bras    en ressortant elle dit viens, ma belle, restons pas ici, il va nous enfermer dans une boîte pour faire des expériences J'ai épousé un homme profondément méchant    Rosie,,,    les collègues (certains) n'aiment pas cette Rosie, la considérant stupide, inculte et se demandent ce que le physicien lui trouve Ils rient constamment d'elle dans le dos de celui-ci et décident de la ridiculiser publiquement Mais à ce moment le physicien et Rosie entendent tout  Rosie ne dit rien rien puis à la maison éclate en sanglots Pourquoi qu'ils sont méchants Le physicien la serre dans ses bras c'est des imbéciles, Rosie, t'as pas à pleurer à cause de ces cons A ce moment le téléphone sonne, le physicien apprend qu'il reçoit le Nobel je suis si heureuse pour n..., toi Mais ils ont raison : qu'est-ce tu fous avec une idiote comme moi En pleurant elle quitte le salonÉditer Supprimer dorsali | il y a 1 heure | Signaler puis, je saute de longues discussions avec la JFM, arrive la cérémonie des Nobel je vous remercie tous (discours, portant sur l'imbécilité entre autres sujets) Maintenant je vais nommer huit noms et les prierais de s'avancer à l'avant, quant aux autres je vous demanderais de sortir et encore une fois merci Puis il regarde Rosie dans les yeux, qui ne comprend pas ; toi aussi, ma chérie, je voudrais que tu sortes : je t'aime, mon chat   Alors la caméra la suit; une fois celle-ci dans le couloir on entend des coups de feu; elle retourne dans la salle : son mari est debout à l'avant, à ses pieds huit corps baignent dans leur pourriture Rosie ne dit rien, immobile (sur l'estrade, la JFM)   ;   le physicien est condamné à mort, les gardiens se sont liés facilement avec lui (bref tout le monde approuve son geste); Rosie et la JFM lui rendent chaque jour (nuit) visite Rosie et le physicien (les gardiens les laissent faire) font l'amour Puis le physicien est exécuté Funérailles Dans un coin du cimetière on voit, debout près d'un arbre la JFM Restée seule, Rosie pose sa tête sur le cercueil en disant : je sens ton coeur qui bat, mon amour, je sais que tu es toujours vivant dans ta boîte Soudain, Schrödie, son chat, saute sur la tombe C'est toi..., écoute, notre amour est encore vivant Puis elle chante, alors que la nuit tombe Moon river, wider than a mile I'm crossing you in style some day Puis en profondeur de champ on voit la JFM qui danse Générique (chantée par Rose : I was dancing when I was twelve I danced myself into the tomb is it strange to dance soon is it wrong to understand the fear that dwells into a man what's it to be a loon, liken it a balloon I danced myself into the tomb
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Travestissement intime
Atelier “Les genres humains” à la Bibliothèque Hergé, animé par Anita Van Belle, printemps 2017
Clara devient Martin
On a terminé le jeu. On a exploré tous les recoins, regardé dans tous les coffres, amassé toutes les armes, tué toutes les araignés géantes et écouté à chaque fois la fée de lumière sans visage et sans voix qui est notre amie. Je ne sais pas vraiment si on a gagné. Je n’ai jamais trouvé le grand méchant pour le tuer.
La maison où nous avons grandi est vide. ça ne s’est pas fait de manière fluide (mais est-ce que c’est parfois le cas, dans la vie?). Les niveaux ont été durs à passer. Il a fallu sauter, sortir sa fronder, dégainer son épée, écouter les conseils de créatures surnaturelles et, faire des compromis. Mon frère et moi, on a essayé de ne pas être trop sentimentaux, de rester fiers et droits, courageux, pour les deux autres. Il n’y a pas de quoi pleurer puisque personne n’est mort. Tout le monde a encore des coeurs remplis d’élixir de vie. Chacun refait sa vie, c’est tout et voilà. C’est bon. C’est tout. Voilà.
Je n’aime pas jeter des trucs. Pourtant, pour être au maximum de ses capacités, et avoir les bonnes armes au bon moment pour tuer les méchants,  il faut se délester de l’inutile. La place de stockage est limitée. Mon frère et ma mère sont forts pour ça, alors je les ai laissé faire, dans mon ancienne chambre (Murs rouges, moquette noire, encore des traces de patafix et de vieux scotch, des relents de cendrier). Pendant que je regardais une à une les photos que mon père avait laissé pour moi dans le bureau, ils ont trié, jeté, emballé et m’ont enfin présenté un sac poubelle. Je n’ai même pas regardé à l’intérieur. Je suis allé au bout de l’allée et j’ai balancé le sac dans la poubelle. J’ai allumé une cigarette et j’ai regardé passé une twingo, ancien modèle. La maison d’en face aussi vient d’être vendue. Je ne sais pas si c’est parce que j’avais envie de me sentir encore comme une enfant qui cherche des indices, des armes et des vies dans des coffres magiques, mais j’ai réouvert la poubelle, sorti le sac que je venais d’y mettre et défait le petit lien orange. Ci-gît ma vieille console de jeux, la N64. Je sais très bien qu’elle ne s’allume plus depuis des années, mais je la prends quand même. je rentre dans la maison et je retourne aux photos.
Il y a des jeux où on peut choisir son personnage, être une fille, un garçon, un démon, une super héroïne, ou même un cheval. Mais dans celui-ci, non. J’incarnerai toujours Martin . Mes caractéristiques physiques changeront un peu avec l’âge (taille, carrure) mais au fond, je resterai le même. Il existe des options pour changer son apparence ( couleur des cheveux, taille des biceps, vêtements…) mais elle viennent avec les extensions payantes. Au commencement, après le chargement, il y a toujours une introduction, pour le contexte dans l’univers du jeu. Pour moi, l’intro est une photo dont les couleurs trahissent l’époque à laquelle elle a été prise.  Je suis le neuvième bébé garçon que Nadia tient dans ses bras. A ce stade, avant  que la ribambelle de cousines naissent entre 87 et 92, elle devait croire à une blague, ma chère Mamina. Sept garçons à elle (avec en bouquet final, des jumeaux), Arthur et puis moi, Martin Jean André. Le 12 octobre 1986, un jour après ma naissance, elle regarde d'un air entendu quelqu'un hors cadre, probablement ma mère, vu que je suis sûr et certain que c'est mon père qui a pris la photo.  Moi, j’ai les yeux fermés, collés, je suis tout rouge et franchement assez froissé, imperméable au fait que Nadia, résignée, attendra encore un an avant la première fille de sa lignée, personnage clé de la quête du jeu suivant.
Lorsque l’on prend possession du personnage, la première question à se poser est toujours “ que dois-je faire?” Il faut se déplacer doucement et voir ce que les différents objets et personnages proposent. Enfant, le choix est limité mais il existe. A qui faire plaisir? Quand dire non et quand dire oui? Sur cette photo en noir et blanc, je n’ai encore rien choisi. Je suis dans les bras de ma mère. Je dois avoir 18 mois. On est en coulisse d’un concert de mon père et ça se voit parce qu’on regarde vers la lumière, à gauche de la photo. Ma mère a encore sa coupe en brosse blonde décolorée, circa avril 88. J’ai l’air attentif, les yeux grands ouverts. Ca n'a probablement duré qu'une seconde, cette attention, le temps que le photographe anonyme prenne ce cliché un peu stylé, un peu rock, un peu flou - il en existe plein d'autres de l'époque dans les albums et dans les boîtes que mon père a déjà triées. Je me demande quand même ce qui a pu pousser ma mère à m’habiller comme ça, en total look années 80. A ce moment du jeu, j’ai un genre de casquette gavroche bouffante et une salopette à motifs géométriques, avec un mini perfecto BRILLANT. Ma mère me parlait encore hier de comment elle aimait m'habiller à cette époque: les petites chemises à motifs, les chaussures marrantes, les blousons flashy. Je me demande où sont passé tous ces  trucs maintenant.
Plus tard, le personnage part faire sa propre quête, délaissant son village et sa famille pour une plus noble cause. Ce déchirement le construit et fait de lui le héro dont l’intrigue à besoin. Dans mon cas, bien que la cause n’ai pas été noble, j’ai bien délaissé l’amour de poupée que me portait ma mère pour exprimer mon affection uniquement par l’affrontement constant des règles et de l’ordre. Ce cliché résume assez bien cette phase du jeu : je suis debout sur la table basse, en slip,  dans notre ancienne maison. Je lève les poings en l’air comme si j’avais gagné quelque chose. Je suis hilare. A mes pieds, il y a un bol renversé et de la purée un peu partout. Un verre ne va pas tarder à tomber, au bord de la table. Par terre, mon petit frère assis, pleure. Il a un bol sur la tête et ça lui dégouline dans les cheveux. Il doit avoir 3 ans et moi 8. L’âge de raison n’est pas encore atteint. Je n’avais pas encore trouvé la potion verte qui permet de contrôler ses émotions mais j’avais clairement fait mon choix entre faire plaisir à maman et être le héro de ma vie. Je ne sais plus très bien ce qui s’est passé ce jour là, mais globalement, c’était mon oeuvre, ce bordel. Dans le coin droit de la photo, on aperçoit le pieds de ma mère qui accourt et un peu plus haut, sa main qui arrive, armé d’une serviette. C'est donc mon père qui prend la photo, peut-être un peu fier que je ne me laisse pas faire, que je pratique mes coups pour le combat final, renversant les codes de bonne conduite à table. Ce n'était pas une identité très facile à gérer au quotidien.
La photo suivante est un moment clé de la saga, puisqu’il s’agit de l’époque où le premier but de la quête est enfin révélé. Exit les repas perturbés, les toilettes de l’école inondés, les tresses de filles coupées et mon petit frère torturé. C’est cette année là que j’ai découvert ma première passion, le premier  des trois cristaux qui me permettra plus tard de sauver le monde. Sur la photo, pourtant peu représentative, j’ai 12 ans. Cette année là, je suis allé en vacances avec ma tante et ma cousine aux Etats Unis. On me voit faire la gueule devant le sapin de Noël géant du plazza Hôtel, à NY, à côté de ma cousine Julia qui sourit jusqu'aux oreilles. Elle voulait y aller parce qu’il adorait Maman j’ai raté l’avion 2, moi je ne voulais pas venir ce jour là. Je me souviens très bien du moment où ma tante a pris la photo - elle venait de dire que non, on n’allait manger un deuxième hot dog.
Il faut savoir que je venais de découvrir la passion qui changerait l’ambiance de la quête à jamais:  La légende de Zelda : l’ocarina du temps. Jason, le cousin ado de Julia l’avait eu à Noël et y jouait toute la journée dans sa chambre. Les rideaux étaient toujours fermés malgré les injonctions de ses parents. Il avait recouvert les murs de photos de filles à gros seins sur des motos ou lavant des voitures en petite tenue. Bien que Zelda soit un jeu qui se passe en pleine nature, et dont le héros ne soit pas particulièrement masculin (cheveux longs, yeux en amandes), je ne me suis jamais autant senti homme que pendant ces deux semaines, à m’enfoncer âme et manettes dans le jeu de Jason, tout en lorgnant sur les posters. Parallèlement, j'ai confirmé mon amour pour les fast foods, et tout ce qui touchait de près ou de loin à la gastronomie américaine. Dans cette pré-adolescence tiède saveur sauce  Ranch, tout s’est codé pour moi, par niveau, par vies restantes, par pièces récoltés - entrecoupé de repas que je ne voulais jamais sauter. Jason mangeait souvent dans sa chambre, et je l’enviait terriblement mais on menaçait de donner ma part au chien si je ne venait pas à table. Une fois assis, vu que je ne pippais pas mot, et on me disait que je ne m'intéressais à rien. Noël 98, donc, après la coupe du monde qui ne m’a pas trop intéressé, je pars dans le New Jersey à Noël  sans mes parents, et je passe mon temps devant la console, entre des filles à poils sur le mur et un petit héro sur l’écran qui court dans la forêt, mariant à jamais mon excitation sexuelle avec  les jeux vidéo. Etrangement, il n’y a pas de photo.
La découverte suivante s’est réellement faite sous la forme d’un coffre que l’on ouvre et qui vous illumine le visage.
Ce coffre, bien qu’immatériel car je suis de la génération mp3, contenait des chansons, quelques livres de mythologie, des uniformes, une guitare et un peu de drogue. C’est le deuxième cristal, la deuxième clé, la pièce manquante. Il a fallu la chercher pendant de de longs trimestres scolaires en dessous de la moyenne, d’interminables étés à l’intérieur et de nombreuses interactions sociales plus qu’ inconfortables. D’abord, une émission tard le soir sur Canal Jimmy, puis un peu de temps sur Napster, et aussi à la médiathèque: deux ou trois lectures plus tard ( l’autobiographie de Marilyn Manson, L’aventure Punk, un livre sur les Ramones), j’étais converti. Je connaissais les dieux du rock et je serai leur servant. Et puis, j’ai trouvé ma tribu. Il existait en fait un certain type de personnes qui se délectaient de ne pas être comme tout le monde, qui n’écoutait rien de ce qui passait à la radio et qui n’avait pas envie d’aller en pécho en boîte. Si l’école ne les intéressaient pas, ils n’en était pas moins lettrés et pouvait se vanter  en cours de français d’avoir lu tout Bukowski.  Sur nos tables d’école se côtoyait les pentagrammes satanistes, les “A” anarchistes, “ We are the mods”, “la jeunesse emmerde le Front National”, entre autres  “ I hate myself and I want to die” surmonté d’un raffiné “ je ne connaît ni dieu ni maître, sauf maître Kanter”, hymne de nos soirées dûment alcoolisées. Bref, j’étais rebel à tendance rock n’ roll, début des années 2000.
Sur la photo, je suis au milieu une bière à la main, et je regarde vers l’objectif. A ma gauche, il y a Etienne et Mathieu et à ma droite, Sabrina et Guillaume se roulent une grosse pelle. On est devant une tente mal montée dans un sous bois et plusieurs cadavres de bouteilles jonchent le sol. On est partis en Bretagne, et ça doit être la fin d’après-midi car la lumière est assez belle, presque orange. On avait trouvé ce plan de camping semi-sauvage au dernier moment pour partir en septembre, tous contents d’être libres un mois de plus avant d’aller à la fac. J’ai inventé une histoire de maison de tante à Sabine pour mes parents, et on est partis. C’est la dernière fois que j’ai pris un appareil photo jetable avec moi. En 2004 on en trouvait encore plein et je n’avais pas encore touché mon premier salaire pour m’acheter un numérique. Grâce à ça, je tiens cette photo à présent. Ensuite, j’ai eu un appareil, puis un téléphone, et puis je n’ai presque plus eu de photo matérielle.
Quand je regarde la photo maintenant, je me dis que j’étais vraiment bien à ce moment là, quasi christique au milieu de mes potes, n’ayant pas encore vraiment eu le coeur brisé, pensant être le plus classe du monde avec mon look post punk qui allait bientôt devenir 60’s et mes références obscures pour “les autres”, et un usage encore très récréatif des drogues. ça se voit sur la photo, on est moches et heureux.
La structure du jeu et la métaphore filée qu’il représentait pour moi s’envole au moment où je repose la dernière photo. Les détails qui me reviennent ne permettent pas de créer un narration, une construction de mon identité, les images sont éparpillées sur des blogs aux balbutiement de la mise en abîme du numérique. Fini, la projection de soi dans le petit personnage qui court. Finis, les niveaux et les pièces. Fini la claireté des mouvements.  La console est là, près de moi, inerte. Il reste encore un cristal à trouver, peut être. Ou bien est-ce que c’est simplement de jeter cette foutue console? Je suis un homme maintenant.
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cthulhuinvictus · 8 years
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Cthulhu Invictus ep.15- Venimus, Vidimus, Vicimus
Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons vaincu.
Trébuchant presque sur les pierres qui jonchent le lit d’une rivière ancienne, Lucius a foncé en avant, son cri couvre même les grouinements aigus des septs porcs. Titus avait pensé se reposer quelques secondes après l’effort mental qu’il a éprouvé pendant l’engagement. En voyant Lucius passer devant lui comme un dément, dépassé par le pilum de Carbo qui avait embroché un des porcs restants, Titus s’était contenté de jurer avant de le suivre dans sa course. Le combat est difficile, les pourceaux sont plus petits mais également plus nombreux, ils sautent sur le dos des trois combattants et se cassent les dents sur l’acier de leur armure. Au bout de quelques minutes le bouclier de Titus ne lui est plus d’aucune utilité, le bois a été grignoté jusqu’à se fendre. Carbo est blessé plusieurs fois mais continue de se battre sans s’en soucier tandis que Lucius manque de se faire gober le poignet par le bracelet en argent qui lui avait été remis en Dacie. Alin et Usaden sont blessés, ils restent derrière et visent les porcs à l’arc. Quintus ne se sent pas très concerné par le combat en lui même, il est accroché à sa mule et harangue les combattants d’une voix tremblotante. Trois porcs tournent les sabots et fuient vers l’entrée de leur grotte, l’un est expédié contre la roche par Titus et tombe comme une chiffe sur le sol. Alin et Carbo les poursuivent en hurlant, tandis que Lucius est arrêté par l’odeur de charogne qui en émane. Les deux cochons sont acculés dans le fond de leur antre, l’un griffe Alin à la main, et son cri efféminé incite Titus et Lucius à les secourir, laissant Usaden à se reposer et Quintus à protéger sa mule. Les fuyards sont déchiquetés furieusement par Lucius, qui cherche ensuite du regard un autre ennemi, presque l’écume à la bouche. En s’apercevant que le combat est fini il est plutôt déçu, et vide une gourde d’eau sur sa tête avant d’attraper celle de vin.
Usaden arrive avec une torche et illumine un tas immense d’os, de corps d’animaux et d’hommes à moitié dévorés qui ont été réunis au centre de la salle. De l’autre côté du tas, dans un renfoncement de la grotte, Titus aperçoit quelques chèvres émaciées et une femme allongée sur le sol. Lucius se précipite pour lui donner de l’eau et la relever, elle est enceinte et doit arriver au terme de sa grossesse.
Les têtes des cochons sont coupées et fourrées dans un sac que l’on donne à Quintus, tandis qu’Alin sectionne les organes génitaux des animaux. Le reste du groupe regarde sans rien dire, ils ont appris à ne pas poser de questions devant les us et coutumes daces. Alin et Titus ajoutent les carcasses mutilées des monstres à la pile, qu’ils torchent alors que Lucius et Usaden montent la jeune femme sur la mule de Quintus et nettoient les blessures de Carbo à grands renforts de vin.
Alors qu’ils s’éloignent avec les chèvres une odeur de bacon doublée de chair putride leur parvient tandis que la grotte brûle de l’intérieur. Pressé de sortir de la gorge, Lucius en oublie presque son pilum, il le récupère et le groupe fait le chemin vers Kantros.
En arrivant sur la place du village, ils s’aperçoivent que la majorité des habitants sont présents pour entendre la nouvelle, Quintus peut enfin lâcher son sac et les têtes des porcs roulent jusqu’aux pieds de Kantros, qui s’exclame devant la laideur des créatures, puis éclate de rire en serrant les aventuriers dans ses bras, les villageois chantent leurs noms et ne cessent de les remercier. Taras est libéré, à la grande joie de Titus qui a alors l’opportunité de le frapper au visage, le pauvre homme leur avait encore menti et tente de trouver une explication à l’apparition des porcs, sans solution, il tombe sur le cul, le nez en sang. Kantros prend Usaden et Titus à part devant le brouhaha d’applaudissements et d’acclamations qui résonne sur la place du village: Il a déjà vu la fille qu’ils ont ramené, son nom est Tabitha et elle habitait avec sa famille sur les flancs de la montagne, ils avaient été la cible d’une des premières attaques des porcs. Il accepte de la garder sous sa protection mais insiste pour que la grossesse soit arrêtée. En entendent ses mots Usaden plisse les sourcils en hésitant quelque peu à indiquer le stade avancé de la gestation, mais soupire finalement, de toute façon, personne n’écoute jamais l’esclave. Tabitha est enfermée dans la réserve où se trouvait Taras. Titus conseille vivement à Kantros de faire nourrir les chèvres qui les suivent et de les ramener sur les champs où elles paissaient auparavant, en accord avec les voeux de l’Oracle de Delphes. Kantros acquiesce, il se retourne et déclare : « Qu’Apollon soit béni ! Par la volonté divine de son oracle et le bras de ses héros, notre village va prospérer de nouveau ! Ce soir, nous honorons les héros de la Pythie ! » Les cris qui suivent assourdissent tant Titus qu’il croit être de retour à Rome, lui rappelant alors ceux des Romains alors que la milice jetait chrétien après chrétien de la roche Tarpéienne.
La soirée est très confuse dans la mémoire des participants: Usaden attend que son maître se saoule pour pouvoir boire à son tour; Lucius et Carbo défient les plus hardis au jeu du couteau; Alin trouve une villageoise à qui il montre sa collection de membres. Tout ça sur le regard de Quintus, qui part se coucher très tôt en marmonnant des insultes sur la nouvelle génération.
Le lendemain Usaden et Titus doivent se lever de bonne heure, ils ont promis à Kantros qu’Usaden effectuerai l’avortement le plus rapidement possible. En chemin vers la taverne ils aperçoivent Alin, rajustant sa tunique en sortant d’une étable, le dace se joint à eux. Dans la réserve, on tapisse le sol de paille et Usaden administre à sa patiente des herbes de sa collection, puis attend patiemment.
Lucius se réveille avec tous ses doigts, il va chercher de l’eau au puits et tombe sur Taras, le nez toujours rouge de la veille, pour plusieurs raisons. Le jeune homme commence à protester contre le comportement que lui inflige Titus. « Il n’est pas le chef de votre compagnie, alors ne le laissez pas faire. »
Le traitement d’Usaden fait son effet et Tabitha commence à avoir des contractions, Titus a eu le temps de penser au pire et sort de la pièce, Alin assiste Usaden dans sa besogne. Dans la journée,Tabitha accouche d’un mort né, d’un bébé porc. Usaden est tant soulagé qu’il se lève directement et donne la chose à faire brûler à un villageois qui patientait à la porte. Kantros le remercie pour son service, et réitère qu’à l’avenir il protégera Tabitha des superstitieux du village.
Après le déjeuner, Taras dirige le groupe vers l’endroit où la grotte des Anemone Thyllae débouchait. En arrivant peu avant le coucher du soleil au lieu dit, Taras panique, tant il ne peut pas trouver l’entrée de la grotte. Le sol semble avoir bougé, dit-il. C’est finalement Alin qui trouve par hasard l’entrée, cachée par le flanc de la colline. Ils montent le camp et s’apprêtent à passer la nuit devant la grotte. La nuit se passe sans soucis, celui qui est de garde à la tombée de la nuit est surpris par le passage d’innombrables chauves souris, qui retournent dans la grotte peu avant l’aube, dans un grand vacarme. 
L’expédition commence: Taras, censé connaître le système de tunnels, passe en premier, suivi de Lucius. Ils débouchent vite sur une salle dont les murs sont parsemés de promontoires comme celui sur lequel ils se tiennent, directement de l’autre côté d’un précipice se trouve un autre tunnel. Lucius lance sa torche en contrebas, et, juste avant qu’elle ne s’éteigne, il distingue que de l’eau courante encercle une petite île de roche où semblent se marcher dessus une douzaine de porcs, comme ceux qu’ils avaient rencontré hormis qu’ils sont aveugles. Taras ne reconnait pas l’endroit. Même Lucius commence à douter de son utilité.
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Les militaires laissent leurs armures de leur côté et on attache une corde autour de la taille de Lucius, qui va tenter le saut vers l’autre tunnel. Vêtu seulement de sa tunique, il prend quelques mètres d’élan et se réceptionne parfaitement de l’autre côté. Il martèle un pont de corde sur la paroi et ses compagnons le suivent, Titus manque de tomber et son sursaut provoque le grouinement des porcs en contrebas. La salle d’après se trouve être l’antre des chauves souris, qui pendent au plafond a une dizaine de mètres de hauteur, le sol est jonché de guano à hauteur de cheville, qui grouille lui même d’insectes immondes. Usaden manque de crier alors qu’il sent un scolopendre lui monter sur la jambe, le groupe progresse du plus vite qu’ils peuvent en tâchant de ne pas réveiller les centaines de chiroptères. Sortis de la salle, ils prennent plusieurs minutes pour racler les excréments de leur pieds et découvrent un promontoire qui chute abruptement d’à peu près six mètres. Lucius, de nouveau, sécurise une corde qui permet à la totalité du groupe de descendre, arrivés en bas ils remarquent que de l’eau coule le long d’un mur et se rendent compte que la paroi est si lisse qu’il serait impossible à quiconque de la remonter sans corde ou pics.
Dans la pénombre, Carbo se cogne à quelque chose: « Y’a un corps là ». Titus examine le squelette de ce qui semble être un soldat grec ancien, le jeune homme reconnaît le casque corinthien qu’il a déjà vu sur certaines mosaïques et peintures à Rome. Le bois de son bouclier est complètement pourri mais on distingue encore un scorpion rouge dessiné sur la couche de bronze. 
D’un fourreau en bois qui a lui aussi vu de jours meilleurs, Alin sort une falcata, épée hispanique qui ressemblerait presque à une falx si elle était plus longue et plus courbée. Faite de fer, elle est encore aiguisée et n’a pas une trace de rouille. Alors qu’Alin s’émerveille de sa découverte, une forme squelettique humanoïde semble apparaître derrière lui, elle émet une faible lueur verte et son visage est presque totalement décomposé.
« Ne prenez pas ce qui m’appartient ». La forme parle sans bouger ce qui reste de ses lèvres, dans un grec que, étrangement, tout le monde semble comprendre. Elle insiste longuement sur chacun de ses mots. Personne n’ose répondre, jusqu’à ce qu’Alin se présente de lui même, il parle très doucement, il n’a en effet pas envie de combattre un fantôme. A mesure qu’il voit qu’Alin n’a pas d’intentions violentes, le visage pourri de l’intérieur semble remonter le temps et sous peu il a une face qui paraitrait presque vivante. « Je suis Alexios, et j’ai été autrefois le chef des compagnons du fort spartiate de Decelea. Après notre victoire sur Athènes, les volontaires se regroupèrent en une compagnie de mercenaires. Après maintes batailles il ne restait plus que moi et une centaine d’hommes. Nous avions eu vent de la présence de monstres dans cette grotte, et j’ai personnellement mené mes hommes au combat, en espérant pouvoir nous installer dans les fermes environnantes une fois notre travail terminé. Les Anemone Thyllae nous prirent par surprise, j’ai mené mes hommes à leur perte, ces choses ont soufflé la chair de leurs os ! J’étais blessé, et me suis traîné ici, m’apercevant que je ne pourrais m’échapper en grimpant la paroi, je survis quelque jours en buvant l’eau qui court dans cette salle. Cet endroit fût mon tombeau, à moi et à mes Compagnons. »
Il autorise Alin à prendre son arme, si en contrepartie celui-ci l’enterre en dehors de la caverne, le dace acquiesce et la lueur verte semble s’évaporer. Le groupe tout entier souffle son soulagement, et Alin enlève la cuirasse de la dépouille, pour fourrer cette dernière dans sa couverture.
Un tunnel étroit amène les compagnons dans une vaste salle à piliers, enfin un endroit que Taras reconnait, là où se trouvaient les Anemone Thyllae, selon lui. Les piliers eux mêmes sont magnifiquement taillés dans la roche et s’élèvent vers un plafond que l’on n’aperçoit pas tant il est élevé.
Le groupe avance en file indienne entre deux lignes de piliers, la lumière de leur torche n’éclaire que très peu l’immensité de la pièce. L’air même semble peser sur leurs épaules, Quintus est tendu et il regarde nerveusement derrière lui à chaque instant. Au bout d’un moment il sent un coup de vent et semble rassuré: « Ah, nous devons être près d’une sortie, je sens un courant d’air et… »
Il se retourne, et devant lui, flottant à quelques mètres de hauteur, deux énormes masses de tentacules, d’yeux, de bras et de bouches recouvertes de dents acérées. Les deux monstres étaient en train de se rapprocher petit à petit du groupe. Devant cette vision d’horreur, l’ancien a un déclic: Il hurle la même phrase que des mois plus tôt, en Dacie. Ses yeux deviennent noirs, ses cheveux se dressent sur sa tête, ses mains fument et rougeoient comme une épée dans une forge, il hurle de toute sa voix. Pendant ce temps Usaden s’est aussi aperçu de la menace, et incante son sort de feu, l’énergie que réunit les deux sorciers émet une onde de choc qui renverse Titus, le polype prend feu, la moitié de sa masse est désintégrée sur le coup. Lucius, Carbo et Alin lancent leurs solutions inflammables sur l’autre monstre, les fioles se cassent sur les membres difformes de la créature et la forme entière prend feu, la fiole de Lucius tombe dans une des bouches et le polype agonisant dérive vers l’autre, le percute et les deux montres s’écrasent sur le sol, avant de disparaître pour n’y laisser qu’une épaisse couche de cendres.
Taras s’est écarté du groupe, qu’il regarde avec un mélange d’incrédulité, d’admiration et de peur, Titus se relève l’épée à la main, prêt à se battre, avant de réaliser que le combat est déjà fini. Il tourne sa tête et son arme vers Taras: « Des nuages ? Vous nous aviez parlé de nuages. Nous auriez vous encore menti, Taras ? ». Le jeune homme l’aurait encore frappé si Lucius et Carbo n’avaient pas brisé la glace en célébrant bruyamment leur victoire, hilares, les deux hommes hurlent « Thirteeeeeeen ! » dans l’immense salle, sans pouvoir contenir leur fou rire de joie.
On relève Quintus, qui ne se sent pas aussi mal que la première fois. Taras les mène vers le fond de la salle, où lui et son père avaient perdu le rayon de mort. Elle est enterré sous des piles de gravats. L’excavation de l’arme dure une dizaine d’heures et lorsque Usaden met finalement la main dessus, elle a visiblement l’air d’être endommagée.
Taras trouve le tunnel par lequel il était arrivé et guide le groupe jusqu’à la sortie, avant qu’ils ne retrouvent le chemin initial pour récupérer leurs armures, sans oublier de torcher les porcs se marchant dessus dans le noir. Le camp est monté au même endroit que la veille, le dîner venu, Usaden a des questions pour Taras: « Vous nous avez menti à plusieurs reprises, vous allez nous expliquer la totalité de l’histoire, maintenant. » Il prend le même ton que son maître à l’égard de Taras, ce qui ne déplait pas à Titus. L’alternative étant d’être coupé en dés, Taras choisit donc de leur dire la vérité:
Son père, Hésiode d’Icare, avait été possédé par un Yithien, membre d’une Grande Race qui voyage dans le temps pour étudier les sciences, en prenant possession du corps d’artisans, de philosophes. C’est cet être venu d’autres temps qui avait gagné le surnom de Fils de Vulcain. Ennemi juré des Anemone Thyllae, qu’il a appelé les « Polypes volants » le Yithien a emmené Taras avec lui dans la grotte pour anéantir les créatures, qui ont utilisé leurs pouvoirs pour enlever la chair d’une de ses jambes. Taras avait sauvé son père inconscient en laissant la machine derrière eux, le Yithien l’avait finalement trahi en mettant sur sa tête une autre de ses inventions pour retourner à Yith. Taras retrouva son père, qui devint fou lorsqu’il lui expliqua l’histoire. Ils ne purent retourner chez eux et furent vendus en esclavages par des routiers.
Taras retient des larmes, puis continue: « Le Yithien m’a appris à faire marcher l’arme, je peux la réparer. Je ne le ferai pas tant que vous ne m’aurez pas aidé à retrouver mon père. »
Titus lâche le bout de lapin qu’il avait entre les dents, puis déclare: « Bien! Enfin une direction concrète, en route pour Athènes à l’aube, alors. ». Taras le corrige « Mon père est aux Thermopyles ». Le groupe entier le regarde alors avec déception, rage, envie meurtrière.
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myname9us-blog · 8 years
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'Oubli, l'Oblicité inédite où boire ta douleur et presser ton Visage dans l'urgence de ta Victoire qu'ils perdront s'ils n'avancent pas / leur montre / careful with that axe, my love Aime l'Oubli, l'Oblicité épiphanique n'être où se dé-figure le protocole de leur mémoire / {de leur vertu} où l'heure prédicative, à l'envers s'interrompt sur les murs meurtris leur sexe en demande sans porte au loin danse ta beauté et tes gestes me puniront autrement quelquefois rarement {je} pense à toi donc je {t}'aim...baiser ton âme... danse avant que l'amour / s'enfuisse / danse, incertaine / but careful with that axe, my love / Aime l'Oubli, l'Oblicité de ton coeur / l'exceptionnelle déchirure de / ton flanc / où tombe à la renverse tête première / au pied de la croix / les gestes fous sans mesure d'un miracle / l'Orient Oblique de l' / Oubli / careful, my love, careful / dance, uncertain, unsealed, into Oblivion / it's a new feet, a new step, a new road
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dorsali | il y a 1 semaine | Signaler
 en me balladant pour me remettre dans l'ambient je tombe ici, je viens juste de m'en apercevoir, je comptais aller sur Fck alors je vais commencer ici, ca dure la soirée Je vous demanderai un truc cependant si vous me coupez, coupez-moi avant que je fasse tout le texte et je retournerai sur Fck Important svp Ouf quel day! Coure gauche droite (je vais commencer par un comment sur une toile qui n'a pas rapport avec ce que je vais faire ici, je vais le faire sur F) Ici, je veux vous entretenir d'un scénario écrit il y a qqs années pour Rose Byrne Je voulais faire un truc avec un physicien quantique (30 ans env) et moi, une discussion entre la théorie quantique et la Log de l'E et à un moment donné m'est arrivé cette idée de scénario après avoir vu Rose B; scénario où le physicien quantique réel joue le rôle du physicien dans le film et Rose y tient 2 rôles, celui de Rosie, et celui de la jeune fille masquée, nuageuse, réelle? irréelle? Malin Génie? Début du film Carnaval de Venice Le physicien marche dans la foule Soudain il aperçoit une jeune fille avec une toge rouge et un masque noir ou rouge (il varie dans les plans) Le physicien avance vers elle, doucement Car elle le fixe, immobile Le physicien l'aborde, avec un léger sourire qui es-tu? je suis hirondelle, hibou, larmes sur ta joue fleuve, ouragan, une main dans un gant j'avais hier quatre pattes, je vais sur deux pour le moment et demain d'un seul pied tremblant je suis tout feu tout bois, parcours et effort mais je sais aussi être comfort je suis le chat dans la boîte, murmure, je suis la Mort , la Vie aussi    montre-moi ton visage    qui vous dis que j'ai un visage...  ne serait-ce pas votre propre visage que vous y verriez?  Elle s'éloigne Dis-moi au moins ton nom On ne m'appelle jamais, je suis toujours là, de M. Schrödinger je suis le chat  Soudain elle disparaît dans la foule Il la cherche Puis, du haut d'un toît elle chante (la voix de Rose no, stanotte amore non ho pi? pensato ha te ho aperto gli occhi (sur un autre toît) il mondo non si? fermato to mai un momento la notte insegue sempre il giorno (autre toît) pensato ha te pensato ha te Fin de la séquence Retour dans la ville du physicien (réel, je veux dire un vrai physicien) / suite plus tard, si tout se passe bien
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dorsali | il y a 12 heures | Signaler
  le physicien donne son cours, ses thèse deviennent de plus en plus célèbres la question à laquelle j,ai été conduit à travers mes recherches est une question au fond philosophique : quelle est la nature du symbole D'une certaine manière on peut dire que toute la physique, et du reste la pensée philosophique aussi, a été mue par une pensée du symbole,  pensé dans une distance négative, une distance d'identité Il aperçoit alors dans un coin de la classe la femme masquée du carnaval de Venice Elle ne dit rien, sérieuse / un peu plus tard dans la soirée, le physicien accompagne des amis dans un bar qu'il juge insignifiant Au bout d'un moment les amis partent Il reste pour finir son Scotch puis  aperçoit une fille au bar, assise, (ici, sauf avis contraire, toute la musique est tirée de James Last, dans le moment joue Hammond à gogo; la fille au bar se lève et danse; le physicien la regarde Volare, volare, version James Last puis Moon river La fille est kétaine, un peu nounounne : mais qq chose l'attire chez elle, il voudrait se lever et la serrer dans ses bras...pitié, amour... C'est stupide, il commande un second scotch La paloma, version James Last elle danse, des hommes la flirtent
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dorsali | il y a 10 heures | Signaler
 alors, contrairement à toutes ses habitudes, il se lève et va danser près de la fille Puis les deux parlent Dans le film tout tourne autour du paradoxe du chat dans la boîte Dans sa pièce de travail, le physicien reçoit souvent la visite de la jeune fille au masque du Carnaval de Venice et de longues discussions physique-méta-physique s'ensuivent; lorsqu'elle apparaît la j f masquée est p ex assise sur le coin du bureau ; atmosphère très lente et qui contraste avec l'atmosphère agitée de la vie avec Rosie, fille naive, qui n'aime -parce qu'au fond c'est tout ce qu'elle comprend-- que les choses simples "pourquoi mettre le chat dans la boîte, ca donne quoi d'avoir un chat si on sait pas si il mort ou vivant", qu'elle dit, réellement affectée par cette histoire Ils vont au cinéma : Breakfest at Tiffany's Rosie, pleurant, en sortant du cinéma -c'est idiot, ca me fait tellement pleurer cette histoire Tu crois qu'elle mettrait son chat dans une boîte elle? Y a que toi pour penser des trucs aussi horribles Autre scène, plus loin, même soirée; au petit club habituel; musique Il mondo, James Last, (instrumental); Rosie et le physicien dansent collés Phy -je te dirai des mots-nuages pour te faire pleurer Épouse-moi Encore et encore Mon plus profond de l'univers (moon river, James Last) C'est correct, répond Rosie / dans la pièce avec la JFM le symbole procède de manière analogique, il instaure un rapport d'externité contrairement à l'Image que je dirais binaire, binarité mais dans une connectivité ou unarité disjonctive, proximité infinie et non distance négative La JFM et le physicien parlent, la JFM représente, si l'on veut, le côté méta-physique Soudain la porte s'ouvre, c'est Rosie qui cherche M, Schödie, son chat    où il est passé, tu crois? Alors elle l'apercoit sur le bureau, ah, le voilà, il était ici avec toi Elle le prend dans ses bras    en ressortant elle dit viens, ma belle, restons pas ici, il va nous enfermer dans une boîte pour faire des expériences J'ai épousé un homme profondément méchant    Rosie,,,    les collègues (certains) n'aiment pas cette Rosie, la considérant stupide, inculte et se demandent ce que le physicien lui trouve Ils rient constamment d'elle dans le dos de celui-ci et décident de la ridiculiser publiquement Mais à ce moment le physicien et Rosie entendent tout  Rosie ne dit rien rien puis à la maison éclate en sanglots Pourquoi qu'ils sont méchants Le physicien la serre dans ses bras c'est des imbéciles, Rosie, t'as pas à pleurer à cause de ces cons A ce moment le téléphone sonne, le physicien apprend qu'il reçoit le Nobel je suis si heureuse pour n..., toi Mais ils ont raison : qu'est-ce tu fous avec une idiote comme moi En pleurant elle quitte le salon
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dorsali | il y a 1 heure | Signaler
 puis, je saute de longues discussions avec la JFM, arrive la cérémonie des Nobel je vous remercie tous (discours, portant sur l'imbécilité entre autres sujets) Maintenant je vais nommer huit noms et les prierais de s'avancer à l'avant, quant aux autres je vous demanderais de sortir et encore une fois merci Puis il regarde Rosie dans les yeux, qui ne comprend pas ; toi aussi, ma chérie, je voudrais que tu sortes : je t'aime, mon chat   Alors la caméra la suit; une fois celle-ci dans le couloir on entend des coups de feu; elle retourne dans la salle : son mari est debout à l'avant, à ses pieds huit corps baignent dans leur pourriture Rosie ne dit rien, immobile (sur l'estrade, la JFM)   ;   le physicien est condamné à mort, les gardiens se sont liés facilement avec lui (bref tout le monde approuve son geste); Rosie et la JFM lui rendent chaque jour (nuit) visite Rosie et le physicien (les gardiens les laissent faire) font l'amour Puis le physicien est exécuté Funérailles Dans un coin du cimetière on voit, debout près d'un arbre la JFM Restée seule, Rosie pose sa tête sur le cercueil en disant : je sens ton coeur qui bat, mon amour, je sais que tu es toujours vivant dans ta boîte Soudain, Schrödie, son chat, saute sur la tombe C'est toi..., écoute, notre amour est encore vivant Puis elle chante, alors que la nuit tombe Moon river, wider than a mile I'm crossing you in style some day Puis en profondeur de champ on voit la JFM qui danse Générique (chantée par Rose : I was dancing when I was twelve I danced myself into the tomb is it strange to dance soon is it wrong to understand the fear that dwells into a man what's it to be a loon, liken it a balloon I danced myself into the tomb
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dorsali | il y a 24 secondes | Signaler
    l'acte d'énonciation, le dire, n'a d'heuristique qu'à l'instant trouble où il {est} prononcé  C'est pourquoi ce que l'on désigne proprement du terme de « vérités éternelles », « Lois immuables », « vérités » qui se cristallisent en dit ne sauraient concerner le geste sos juridique qui doit être réactualisé pour à nouveau s'énoncer souvent Autrement, dans un sens qui jamais ne s'établit, se clos : le sens du dire relève d'un happening : l'acte ne se prononce qu'entre-temps, « devenir immobile » (Blanchot) et non glissant dans un écoulement temporel, dans un glissement de terrain où le dit, en tant que substance fixe, essentialisée, ne fait que se déplacer, se débattre d'un point à un autre sans résistance  Heidegger, en instaurant la pierre tombale à l'horizon du temps, crucifie en quelque sorte le temps qui se voit alors absorbé tout entier par un présent qui manque à l'appel, qui déjà {est} frappé, investi, corporéifié et/ou enregistré de mortalité, se réellise comme devenir-mort, comme théâtre d'une Cruauté  Le temps, c'est le mourant, {temps} de la Tragédie  Darcy masturbe mon pénis de manière de plus en plus naturelle, féminine, horny : tu veux venir où?  dans ma paume? sur mon pied? ou dans le trou de mon cul?  choisi  -three is a perfect pair  - come, come avec ta Darcy
Moins
  ce que je trouve grave, très grave, ce sont les « new » people qui ne communiquent que par FB  à part l'entremise de ces cons à FB ils n'ont pas de vie  Grave  Très grave  Une bonne main d'applaudissement à takala et un gros hue à Warhol, nulle à chier /  À Descartes, in LOG : si Dieu n'est pas parvenu à nous garder près de lui, c'est qu'il n'est pas parfait  /  un Dieu qui a besoin d'être prouvé ne saurait être parfait, car vouloir démontrer la véracité d'une chose revient à en présupposer la fausseté  Sous le faux, on érige le vrai, voilà une belle fiction / le Réel ne peut être démontré, prouvé, ni avéré  / préférons les mythes d'Anaximandre aux mensonges de la Bible et des mass-média, préférons le particulier au général, le devenir-Réel à l'être
Moins
DIEUE  //   tu es innocence / la tête me tourne / dans tes orgies sombres / et tes péchés m'essouflent / car ils m'appartiennent / si tu es innocence LORDE / Maîtresse du monde / soufflée par le Mal / LORDE / Maîtresse du monde / confesse-toi lors / si tu  / LORDE / LORDE of this world / Evil possessor / LORDE / LORDE of this world / He's your confessor now / {je} vais sans nom que la nuit tombée comme un fruit mûr sur ta Chair LORDE / Maîtresse du monde / essoufflée par le Mal / LORDE / Maîtresse du monde / confesse-toi lors / si tu es innocence / la tête me tourne / dans tes orgies sombres / et tes péchés m'essouflent / car ils m'appartiennent / si tu es innocence / LORDE / LORDE of this world / Evil possessor / LORDE / LORDE of this world / He's your confessor now / (je) vais sans nom que la nuit tombée comme un fruit mûr sur ta Chair en os troubles    /   Ô Secours
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dorsali | il y a 3 minutes | Signaler
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