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Huit crimes parfaits, Peter Swanson
Malcolm est un libraire spécialisé en polar, qui, il y a des années, a créé pour son blog une liste des huit meilleurs crimes dans les romans — les plus ingénieux, les plus fous, bref, les huit crimes parfaits. Et tout se passait bien dans sa vie, jusqu’à ce que le FBI toque à la porte de sa librairie : quelqu’un semble s’inspirer de sa liste et reproduit presque à la lettre chacun des crimes…
J’ai accroché tout de suite ! J’avais lu et adoré Vis-à-vis du même auteur, et j’avais très envie de découvrir celui-ci. J’ai surtout aimé le fait que c’est un livre sur les livres, j’adore les romans qui parlent de littérature. Le personnage de Malcolm est très vite attachant… et très vite étrange. Il nous parle du succès des Apparences de Gillian Flynn, qui a créé l’essor des polars domestiques et des narrateurs peu fiables, et c’est bien ironique, parce qu’on en vient très rapidement à douter de lui. Il y a autre chose, et j’ai adoré que ce soit découvert petit à petit. Seul bémol à relever, Peter Swanson spoile certains des romans dont nous parle son personnage (bon ok ce sont des classiques, il y a prescription tout ça tout ça, n’empêche que j’étais bien contente d’avoir lu Le meurtre de Roger Ackroyd avant de lire Huit crimes parfaits… et que si vous ne l’avez pas lu, sautez les quelques lignes où Malcolm en parle). Huit crimes parfaits fait du bon boulot et tient ses promesses : la combinaison roman-sur-des-romans, narrateur peu fiable et aspect psychologique est géniale, et j’ai adoré me faire malmener jusqu’au dénouement final. Gros coup de cœur !
22/01/2024 - 23/01/2024
#livres#books#livre#book#littérature#littérature américaine#gallmeister#polar#huit crimes parfaits#peter swanson
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Master Crimes (2023)
Regarder Master Crimes 2023 Série en Streaming illimité VOSTFR et VF – Master Crimes (2023) Professeure de psycho-criminologie à l'université, Louise Arbus se distingue par son intelligence et son caractère exigeant, une renommée qui s'étend bien au-delà des frontières de la France. Son expertise est sollicitée par le commissaire Rugasira lorsque tous deux se retrouvent confrontés à une scène de crime méticuleusement orchestrée, à l'aura spectaculaire. La victime porte sur elle une citation tirée d'un des livres de Louise : « J'attends le tueur parfait », suggérant que le meurtrier s'adresse directement à elle. Ainsi, Louise Arbus se voit contrainte de collaborer avec les forces de l'ordre pour résoudre cette enquête, une collaboration qu'elle avait juré d'abandonner huit ans plus tôt, à la suite de la condamnation de Pierre Delaunay. Read the full article
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Dans le dernier numério de Causeur («Contre la religion du climat, pour la raison»), Elisabeth Lévy dénonce les dérives des écologistes. Elle pense, comme Alain Finkielkraut, que l'écologie est une affaire trop importante pour être laissée aux écologistes.
Élisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Le dernier numéro est intitulé «Contre la religion du climat, pour la raison».
La dernière une de Causeur s'intitule: «Contre la religion du climat, pour la raison». Vous voilà donc climatosceptique maintenant?
Certains aimeraient bien ajouter ce chef d'accusation à la liste de nos crimes. Il est curieux que personne n'ait encore proposé une loi pénalisant toute mise en cause de l'urgence climatique ou réprimant la climatophobie cachée derrière le climato-scepticisme. Sauf que nous ne parlons pas du climat mais de la religion apocalyptique dont il est l'objet, culte dont les innombrables prêcheurs et, désormais, les irritants enfants de chœur à couettes et grands yeux confiants, psalmodient en permanence le même message: «La fin du monde approche et c'est de votre faute. Mais si vous faites suffisamment pénitence, l'humanité sera peut-être épargnée.» Si la survie de notre espèce (et des autres) est en jeu, il n'est pas question d'étudier les rapports coûts/bénéfices des mesures envisagées. Il n'y a pas de question qui tienne. Cette semaine, le patron de PSA a déclaré dans vos colonnes que la décision du Parlement européen d'imposer une réduction de 40 % des émissions de CO2 menaçait la santé d'une industrie qui emploie 13 millions de personnes en Europe. Mais peu importe aux climato-fanatiques. Quel que soit le prix à payer, notamment celui de la catastrophe sociale et économique qu'exigerait la révolution qu'ils réclament, il est moins élevé que la mort collective.
Mais qui dit cela?
Les innombrables adorateurs de la planète, à commencer par les brochettes de people qui défilent sur YouTube pour exiger que nos gouvernants entrent en guerre pour le climat, et ceux-ci, qui feignent de s'exécuter. «Zéro carbone en 2050», jure le président dans sa lettre aux Européens alors que tous les gouvernements peinent à réaliser les objectifs de réduction d'émissions de CO2 prévus par l'accord de Paris. La belle affaire: qui lui demandera des comptes en 2050 sur cette promesse qu'il sait intenable? La menace climatique existe. Mais si elle était aussi mortelle et imminente que ce que l'on nous dit, l'armée patrouillerait déjà dans nos rues pour nous imposer une quasi-abstinence énergétique. On dirait donc que ceux qui nous parlent de fin du monde n'y croient pas eux-mêmes et que la lutte contre le réchauffement climatique - qui a l'avantage de transcender tous les autres clivages, idéologiques, religieux, culturels, nationaux - est devenue la nouvelle cause indiscutable. Et un nouveau critère de distinction entre les ouverts et les fermés, les gentils et les méchants. La bonne nouvelle, c'est que Juliette Binoche et les autres en oublient de nous dispenser leurs opinions sur la Palestine. Mais Alain Finkielkraut a raison de dire que l'écologie est une affaire trop importante pour être laissée aux écologistes.
Peut-être, mais derrière ce folklore religieux il y a une science!
Bien sûr qu'il y a de la science, mais il y a aussi de la croyance, comme en témoignent le flux constant d'incantations et de sermons nous sommant de faire repentance, la virulence des réactions à toute objection et la radicalité des exigences. L'avenir de la planète mérite mieux que ce prêchi-prêcha. La science argumente, elle n'excommunie pas, elle ne fulmine pas contre les hérétiques. Voyez par exemple le terme climatosceptique. Pour un chercheur, le scepticisme n'est pas un crime mais une vertu.
Alain Finkielkraut a raison de dire que l'écologie est une affaire trop importante pour être laissée aux écologistes.
À l'inverse, la dévotion congédie la discussion. Or, que voit-on? Des savants et des militants qui, dès qu'une voix s'élève pour contester tel ou tel point de la doxa catastrophiste, s'adonnent à l'invective et l'anathème. Dans l'arsenal de la bien-pensance, le climatosceptique est en train de rejoindre le fasciste. Et coup de chance, ce sont souvent les mêmes, triomphe Mediapart dans un article d'anthologie consacré aux «négateurs du bouleversement climatique»: «Ils occupent des postes de responsabilités dans des groupes de pression à Bruxelles, siègent en tant que députés conservateurs et libéraux au Parlement européen, dirigent des associations professionnelles néolibérales et déterminent la politique climatique de tous les partis de droite en Europe. Leur point commun: ce sont principalement des hommes de plus de 60 ans.» Sans surprise, revoilà le vieux mâle blanc, fauteur de tous les troubles, y compris écologiques. Bref, le climatosceptique est un salaud du même acabit que le négationniste d'Auschwitz ou le complotiste du 11-Septembre.
Mais nier l'évidence, c'est toujours un crime contre la vérité…
Certes, et il y a, dans le grand sac des climatosceptiques, des gens parfaitement délirants. Il y a aussi beaucoup de raisons de penser que, sur la question du climat, on a exagérément étendu le domaine de l'évidence, de sorte que certaines hypothèses, les plus effrayantes bien sûr, se sont imposées comme des vérités. Le réchauffement lui-même ne fait aucun doute puisqu'il est mesurable. En revanche, s'agissant non seulement de ses causes, nécessairement complexes, mais aussi de son évolution future et de ses conséquences, il serait tout de même étonnant qu'une science qui s'est développée dans la période récente soit déjà parvenue à un corpus global incontestable. Et on ne voit pas pourquoi le public, qui est prié d'admettre comme vérité révélée le scénario catastrophe privilégié par une grande partie de la communauté scientifique - encore que le GIEC travaille lui-même sur différentes hypothèses -, ne pourrait aussi entendre les arguments de contradicteurs, quand ceux-ci ont également une légitimité scientifique. Peggy Sastre raconte dans notre dossier comment l'arbre est devenu l'un des emblèmes de la sainte cause du climat. L'idée selon laquelle plus d'arbres, c'est moins de réchauffement s'est, explique-t-elle, imposée comme une certitude - son corollaire étant que la déforestation est l'un des pires péchés de la civilisation industrielle. Résultat, une partie des moyens de la politique du climat a été affectée à la reforestation, de sorte qu'il existe sans doute aujourd'hui un lobby de l'arbre. Mais quand Nadine Unger, professeur de biochimie atmosphérique britannique met en doute cette causalité simple en étudiant le rôle de l'isoprène, un hydrocarbure produit par les arbres, elle est menacée de mort, ce qui ne suggère pas l'existence d'un débat scientifique serein.
Je ne sais pas s'il y a un lobby de l'arbre, mais il y a un lobby automobile et un lobby pétrolier.
Oui, et on les sait capables d'acheter des experts, comme n'importe quel autre lobby. Reste qu'ils ne défendent pas seulement les intérêts de «méchants actionnaires avides de profit», mais aussi ceux de millions de salariés. Et leur intérêt n'est pas que nous périssions collectivement par le carbone mais que nous trouvions une trajectoire raisonnable, c'est-à-dire socialement supportable, vers une économie moins carbonée. Or, en dépit de la propagande sur les merveilles du renouvelable, il y a un point sur lequel tous les spécialistes sont d'accord, c'est qu'en l'état des connaissances et des technologies, les énergies renouvelables peuvent à peine servir d'appoint.
En dépit de la propagande sur les merveilles du renouvelable, il y a un point sur lequel tous les spécialistes sont d'accord, c'est qu'en l'état des connaissances et des technologies, les énergies renouvelables peuvent à peine servir d'appoint.
Le nouvel objectif brandi par les associations, division des émissions de CO2 par huit d'ici 2050, est en passe de devenir aussi totémique que les 3 % de déficit budgétaire de Maastricht. Pour l'atteindre, il faudra que les bons peuples acceptent de renoncer aux merveilles de la fluidité, de la mobilité et de la flexibilité qu'on leur vante avec force depuis des années. Retour au local, au circuit court, au voisinage. Bien sûr, les stars qui réclament cette conversion à la frugalité devront continuer à voyager, ne serait-ce que pour pouvoir divertir les ploucs sédentarisés, condamnés à manger des topinambours de leur jardin et à pédaler 25 kilomètres pour aller au boulot - s'ils ont la chance d'en avoir un. J'ajoute qu'il serait naïf de prétendre qu'il y a d'un côté de vils intérêts et de l'autre de nobles sentiments. Les fabricants d'éoliennes ont intérêt à vendre des éoliennes et cela n'a rien de condamnable. Il y a aussi des salariés, des consultants, des prestataires payés par les grandes boutiques de défense de l'environnement comme le WWF. Il faut croire qu'on peut-être qu'on peut être payé sans être acheté…
À défaut de partager toutes les préconisations de certains écologistes, on pourrait tout de même se mettre d'accord sur le constat et la réalité de la menace?
On peut s'accorder avec certitude sur le passé et sur le présent, dès lors qu'on parle de phénomènes mesurables et observables. Sur le futur, le bon sens suggère que les savants fournissent des hypothèses, même si certaines sont plus probables que d'autres. Ils devraient donc accepter d'examiner des contre-hypothèses et beaucoup le font d'ailleurs, même si la prétention de certains membres du GIEC donne parfois bêtement envie de croire leurs adversaires. Surtout, le fait que ce débat soit préempté par des militants (en chambre pour l'essentiel) n'aboutit qu'à folkloriser un enjeu fondamental. Quand Philippe Torreton, et avec lui, le ban et l'arrière-ban du cinéma français, affirme que «la survie de l'espèce humaine est en jeu à une échelle de temps très courte: la nôtre», il ne stimule pas la réflexion, il la stérilise. Et quand il dénonce «l'inertie mortifère de nos dirigeants», il se paie de mots et de poses.
Tout de même, vous mettez en doute les conséquences que ce réchauffement implique. N'êtes-vous pas dans le déni au sujet du climat comme d'autres sont dans le déni à propos du défi que représente l'islamisme ou l'immigration?
Les conséquences de l'immigration massive et de la montée de l'islamisme n'appartiennent pas au futur, même proche, elles sont sous nos yeux. Du reste, on a parfaitement le droit de contester leur existence et beaucoup ne s'en privent pas. Sauf erreur de ma part, l'espèce humaine n'est pas en train de disparaître sous nos yeux. Cela ne signifie pas que nous doutons des conséquences néfastes du réchauffement climatique, mais que, sur leur ampleur et sur leur imminence, nous pensons qu'il y a plus de questions que ce que vous pensez. Or, la plupart du temps, les problèmes sont présentés dans une seule perspective, avec une seule dimension. On est pour ou contre. Le WWF vient de lancer une mobilisation générale contre le plastique qui est effectivement un fléau pour la beauté et la biodiversité du monde et qui, en prime, est responsable d'une partie des émissions de CO2. Mais on ne peut pas traiter ce problème en oubliant les incroyables progrès de la sécurité alimentaire qu'il a permis, ni en faisant fi de la nécessité de mettre en place des alternatives sérieuses avant de l'abandonner.
D'ailleurs à ce sujet, le meilleur moyen d'éviter des migrations climatiques massives n'est-il pas de mener une politique écologique sachant que les pays d'Afrique seront le plus impactés?
Sauf erreur de ma part, l'espèce humaine n'est pas en train de disparaître sous nos yeux.
Pardonnez mon scepticisme, pour le coup, mais le changement climatique n'est pas la première raison de la «ruée vers l'Europe», même s'il contribuera à l'aggraver dans l'avenir. La politique écologique réaliste susceptible d'enrayer le phénomène à court ou moyen terme n'existe pas plus que la merveilleuse croissance verte et les millions d'emplois verts dont on nous rebat les oreilles. Evidemment qu'il faut une politique de l'écologie arbritre entre les impératifs de l'avenir et les contraintes du présent. Mais aujourd'hui, on prétend, en jouant sur nos «grandes peurs», arracher l'écologie à la politique, c'est-à-dire à l'histoire, pour l'arraisonner exclusivement à la métaphysique et à la morale. Les objectifs hors d'atteinte que brandissent les croisés du climat aboutissent en réalité à décourager l'action.
N'ont-ils pas en partie raison, cependant, lorsqu'ils dénoncent la folie de notre société de consommation? L'homme ne manque-t-il pas parfois d'humilité face à la nature? Ne faut-il pas nous fixer certaines limites? Dire que la terre, dont nous avons hérité, doit être préservée pour être transmise aux générations futures, ne me paraît pas absurde. Le conservatisme écologique rejoint le conservatisme culturel …
Oui, l'homme manque d'humilité face à la nature, ça lui a permis de réaliser mal de choses, qui ne sont pas toutes honteuses. Pour autant, vous avez raison, nos sociétés sont organisées par un ubris de production et de consommation qui finira par rendre le monde inhabitable. Ainsi, l'agriculture productiviste détruit-elle lentement les sols. Prétendre que le changement de ce modèle peut se faire à marche forcée et à coups de slogans, croire qu'on va remettre la planète dans l'était où elle était en 1750, c'est se payer notre tête. Et puis, il est savoureux d'entendre des journalistes communier le matin avec des gilets jaunes bouffeurs de diesel qui refusent d'être les exclus de la consommation et prôner l'après-midi le retour au véritable sens des choses en lieu et place de la consommation de masse. Un changement considérable des modes de vie et des représentations est certainement nécessaire. Mais il prendra des générations. Enfin, c'est sans doute un tort d'établir des hiérarchies, mais les cultures aussi peuvent disparaître - et peut-être plus vite que la planète. Et voyez-vous, ça m'inquiète autant, sinon plus, que le réchauffement climatique. Mais je blasphème.
Nos sociétés sont organisées par un ubris de production et de consommation qui finira par rendre le monde inhabitable.
Tout de même, vous ne pouvez pas être indifférente au sort des générations futures.
J'aime tellement les générations futures que je leur souhaite d'abord d'avoir le privilège d'acquérir, grâce à la fréquentation des trésors de notre culture, la capacité de penser ce qui nous arrive. Et je crois tellement en elles que je leur fais confiance pour trouver des solutions inédites aux problèmes créés par leurs pitoyables ancêtres - comme l'ont toujours fait les générations futures avant elles. Blague à part, évidemment que nous ne vivons pas seulement pour nous et que le sort de nos descendants nous importe. Pour autant, la vérité ne sort pas de la bouche des enfants. Depuis quelques mois, on assiste, dans le monde développé, à une sorte de croisade des enfants, transformés par une intense propagande en petits gardes verts priés de rééduquer leurs parents. Le spectacle d'adolescents séchant les cours pour la planète (elle est bonne celle-là), ou celui de la petite Suédoise à nattes faisant la leçon aux grands de ce monde est peut-être très sympathique - quoiqu'au vu des chiffres il soit très exagéré de parler de mobilisation de la jeunesse. Celui des grands en question écoutant avec déférence une gamine à l'air buté est à la fois hilarant et affligeant. En tout cas, je propose qu'on attende quelques années avant de céder leur céder les commandes, à ces générations futures qui pensent si bien.
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Evoluez.
Je m’étais promis de ne plus cliquer sur les liens de vidéos violentes dans lesquelles on voit des forces de l’ordre, piétiner des jeunes et gazer des seniors. Pas bon. Ca fait monter mon taux de testostérone. Ahimsa. Tu parles. Non violence. Quand un papi de soixante-dix ans se fait matraquer en direct c’est plutôt l’envie d’écraser la gueule du Robocop servile, bien à l’abri dans sa carapace high tech, qui me démange le bout des doigts. Mais quand j’ai aperçu cette image de lycéens à genoux, je n’ai pas pu m’en empêcher. Clic. A l’heure où le monde entier célébrait le 70émeanniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, son altesse Macaron 1er, la France et son premier flic, le bien nommé Castagneur, envoyait un symbole fort au reste de la planète. Même les grands libéraux Erdogan et Trump se sont fendus de leurs saillies railleuses. Bien entendu ces images nauséabondes renvoient à d’autres puanteurs issues des culs basses fosses de l’histoire, de Santiago du Chili à Alger. Mais c’est surtout l’humiliation, ce désir de casser les âmes et briser les volontés, qui s’en dégage. Et qui exacerbent la violence. Ma violence. Mais qui cherche la violence ? Comment ne pas succomber à cette violence quand Orange pousse des salariés au suicide. Quand le site de Ford à Bordeaux s’apprête à laisser huit cent salariés sur le caillou. Quand Bernard Arnault, dont le faciès émacié ressemble de plus en plus à celui d’un vautour, pardon à mes amis les vautours, affiche une fortune record de 72 milliards d’euros. Ca ne vous dit rien ? 2,8 millions d’euros par heure. Ouais, ça cause plus. Quand la dinde de service, pardon à mes amies les dindes, la bien nommée Ségolène Royal, ambassadrice en chef de l’Arctique et de l’Antarctique, se fend de son analyse glaciale : « les policiers ont parfaitement bien réglés les choses. Ca ne leur a pas fait de mal de savoir ce que c’est que le maintien de l’ordre, la police, se tenir tranquille. Ca leur fera un souvenir ». Quand un gilet jaune se fait invectiver sur BFM TV par Bruno Jeudy qui représente le degré zéro du journalisme. Et tous ces spécialistes, ces sachants encravatés, empoulés et condescendants qui pondent leurs analyses hors sol en vous expliquant que les gilets jaunes sont des casseurs sans aucune conscience politique. Hé les blaireaux, pardon à mes amis les blaireaux, mais qui bloquent l’accès des camions à l’usine Monsanto de Trèbes et un site d’Amazon près de Toulouse. Et puis je me suis fait une overdose de vidéos. J’ai appris que des journalistes avaient été visés sciemment et blessés par la Police. J’ai appris qu’Antoine, un jeune Bayonnais de 26 ans avait été amputé de la main après avoir reçu une grenade explosive de type GLI-F4. Une arme de guerre que la France est le seul pays européens à utiliser. Son crime ? Avoir lancé des œufs. J’ai appris que les blindés des flics, pardon, je m’énerve, étaient équipés d’un liquide incapacitant, un dispositif radical qui ne devait servir qu’en dernier recours. J’ai aussi appris que CRS se conjuguait aujourd’hui au féminin, comme hooligan et chasseur. Et j’ai été envahi par une tristesse indicible en voyant toutes ces belles chevelures émerger de leurs armures modernes. Femmes du monde je vous aime chantait Renaud. Tiens, un dernier clic. Une vidéo dans laquelle on aperçoit un robot déambuler dans les rues. Le look et la démarche de Terminator. Et oui, messieurs des forces de l’ordre, vous serez bientôt obligés d’enfiler un gilet jaune. Mais il sera sans doute trop tard car vos successeurs n’auront plus une ombre d’humanité. Alors indignez vous, c’est l’heure. Ou plutôt évoluez, comme nous tous, afin d’éviter les révolutions qui tournent en rond.
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«À ce moment la porte s'ouvrit, et sur le seuil, précédés par le majordome, quatre valets en livrée apparurent apportant, sur une espèce de brancard recouvert d'un magnifique brocart rouge aux armes des ducs de Tolède, un énorme poisson couché au milieu d'un immense plateau d'argent.
Un « oh ! » de joie et d'admiration parcourut la table, et en s'écriant : « voici la Sirène ! » le général Cork se tourna vers Mrs. Flat, et s'inclina.
Le majordome, aidé des valets, déposa le plateau au milieu de la table, devant Mrs. Flat, et recula de quelques pas.
Tous regardèrent le poisson, et pâlirent.
Un petit cri d'horreur s'échappa des lèvres de Mrs. Flat, et le général Cork blêmit.
Une petite fille, quelque chose qui ressemblait à une petite fille, était étendue sur le dos au milieu du plateau, sur un lit de vertes feuilles de laitue, dans une grande guirlande de branches de corail. Elle avait les yeux ouverts, les lèvres demi-closes : et contemplait d'un regard étonné le Triomphe de Vénus peint au plafond par Luca Giordano. Elle était nue : mais sa peau brune, luisante, du même violet que la robe de Mrs. Flat, modelait exactement comme une robe ses formes encore hésitantes et déjà harmonieuses, la ligne douce de ses hanches, la légère éminence de son ventre, ses petites seins virginaux, ses épaules larges et pleines.
Elle ne devait pas avoir plus de huit ou dix ans, bien qu'à première vue, tant elle était précoce et ses formes déjà féminines, elle parût en avoir quinze. Déchirée çà et là, ou élimée par la cuisson, surtout sur les épaules et sur les hanches, la peau laissait entrevoir à travers les cassures et les fêlures la chair tendre, tantôt argentée, tantôt dorée, si bien qu'elle semblait vêtue de violet et de jaune, tout à fait comme Mrs. Flat.
Et tout comme celui de Mrs. Flat, son visage (qui l'eau bouillante avait fait éclater comme un fruit trop mûr hors de son écorce) était semblable à un masque brillant de porcelaine ancienne. Elle avait, comme Mrs. Flat, les lèvres saillantes, le front étroit et haut,, les yeux ronds et verts. Ses bras étaient courts, des espèces de nageoires se terminant en pointe, en forme de main sans doigts. Une mèche de soies, presque des cheveux, ornait le sommet de sa tête, tombant le long du petit visage, tout ramassé et comme recroquevillé, dans une espèce de grimace pareille à un sourire, autour de la bouche. Les hanches, longues et fines, se terminaient, comme dit Ovide, in piscem, en queue de poisson.
La petite fille gisait dans son cercueil d'argent, et semblait dormir. Mais, par suite d'un oubli impardonnable du cuisinier, elle dormait comme dorment les morts auxquels personne n'a eu le soin pieux de fermer les paupières, elle dormait les yeux ouverts. Elle contemplait les Tritons de Luca Giordano soufflant dans leurs conques marines, les dauphins, attelés au char de Vénus, galopant sur les ondes, Vénus toute nue assise dans son char d'or, au milieu du cortège blanc et rose de ses Nymphes, et Neptune, debout dans sa coquille, brandissait son trident, emporté par la fougue de ses chevaux blancs, encore altérés du sang innocent d'Hippolyte. Elle contemplait le Triomphe de Vénus peint au plafond, cette mer bleue, ces poissons argentés, ces verts monstres marins, ces blancs nuages errant au fond de l'horizon : cette mer, c'était sa patrie perdue, le pays de ses rêves, le royaume heureux des Sirènes.
C'était la première fois que je voyais une petite fille cuite, une petite fille bouilllie : et je me taisais, étreint par une terreur sacrée. Tous les convives étaient pâles d'horreur.
Le général Cork regarda ses hôtes, et d'une voix tremblante s'écria :
- Mais ce n'est pas un poisson !... C'est une petit fille !
- Non, dis-je, c'est un poisson.
- Êtes-vous sûr que c'est un poisson, un vrai poisson ? Me demanda le général Cork en passant sa main sur son front baigné d'une sueur froide.
- C'est un poisson, dis-je, c'est la fameuse Sirène de l'Aquarium. »
Après la libération de Naples, les Alliés avaient, pour des raisons militaires, interdit la pêche dans le golfe : entre Sorrente et Capri, entre Capri et Ischia, la mer était barrée de champs de mines et parcourue par des mines à la dérive, qui rendaient la pêche dangereuse. Et les Alliés, surtout les Anglais, n'osaient pas laisser les pêcheurs aller au large, de crainte qu'ils n'apportassent des renseignements aux sous-marins allemands, ou ne les ravitaillassent en mazout, ou ne missent en danger, d'une façon quelconque, les centaines et les centaines de navire de guerre, de transports militaires, de Liberty-Ships, ancrés dans le golfe. Se méfier des pêcheurs napolitains ! Les croire capables de tels crimes ! Mais ainsi vont les choses du monde : la pêche était interdite.
Il était impossible de trouver dans Naples, je ne dis pas un poisson, mais une arrête de poisson : pas une sardine, pas une sole, pas une langouste, pas un rouget, pas une petit poulpe, rien. Si bien que le général Cork, quand il offrait à dîner à quelque haut officier allié, à une maréchal Alexander, à un général Juin, à un général Anders, ou à quelque homme politique important, à un Churchill, à un Vichinsky, à un Bogomolow, ou à quelque commission de sénateurs américains, venus en avion de Washington pour recueillir les critiques des soldats de la Vème Armée à leurs généraux, et leurs opinions, leurs conseils, sur les plus graves problèmes de la guerre, avait pris l'habitude de faire pêcher le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples qui, après celui de Monaco, est peut-être le plus important d'Europe.
C'est pourquoi aux dîners du général Cork le poisson était très frais et d'espèce rare. Au dîner qu'il avait offert en l'honneur du général Eisenhower, nous avions mangé le fameux « poulpe géant » offert à l'aquarium de Naples par l'empereur d'Allemagne Guillaume II. Les célèbres poissons japonais appelés « dragons », don de l'empereur japonais Hiro Hito, avaient été sacrifiés sur la table du général Cork en l'honneur d'un groupe de sénateurs américains. L'énorme bouche de ces monstrueux poissons, les branchies jaunes, les nageoires noires et vermeilles semblables à des ailes de chauve-souri, la queue verte et or, le front hérissé de pointes, et crêté comme le casque d'Achille, avaient profondément déprimé l'esprit des sénateurs, déjà préoccupés par les difficultés de la guerre contre le Japon. Mais le général Cork, qui à ses vertus militaires joint les qualités du parfait diplomate, avait relevé le moral de ses hôtes en attaquant le « Johnny got a zero » la célèbre chanson des aviateurs américains du Pacifique, que tous avaient chanté en chœur.
Au début, le général Cork avait fait pêcher le poisson pour sa table dans les viviers du lac de Lucrino, célèbre pour ses féroces et exquises murènes, que Lucullus, qui possédait une villa aux environs de Lucrino, nourrissait avec la chair de ses esclaves. Mais les journaux américains, qui ne perdaient aucune occasion d'adresser d'âpres critiques au Haut Commandement de l'U.S Army, avaient accusé le général Cork de « mental cruelty », pour avoir obligé ses hôtes, « respectables citoyens américains », à manger les murènes de Lucullus. « Le général Cork peut-il nous dire, avaient osé imprimer quelques journaux d'Amérique, avec quelle chair il nourrit ses murènes ? »
Ce fut à la suite de cette accusation que le général Cork avait donné l'ordre de pêcher dorénavant le poisson pour sa table dans l'Aquarium de Naples. Ainsi, un à un, tous les poissons les plus rares et les plus fameux de l'Aquarium avaient été sacrifiés à la « mental cruelty » du général Cork : même l'héroïque espadon offert par Mussolini (qui avait été servi bouilli et garni de pommes de terre), même le magnifique thon, présent de Sa Majesté Victor-Emmanuel III, et les langoustes de l'île de Wight, gracieusement offertes par Sa Majesté Britannique Georges V.
Les précieuses huîtres perlières que S.A le duc d'Aoste, vice-roi d’Éthiopie, avaient envoyées en don à l'Aquarium de Naples (c'étaient des huîtres perlières des côtes d'Arabie, en face de Massaouah), avaient relevé le dîner que le général Cork avait offert à Vichinsky, vice-commissaire soviétique aux Affaires Étrangères, alors représentant de l'URSS à la commission Alliée en Italie. Vichinsky avait été très étonnée de trouver, dans chacune de ses huîtres, une perle rose, couleur de la lune naissante. Et il avait levé les yeux de son assiette, regardant le général Cork avec le même regard que s'il avait eu en face de lui l'émir de Bagdad au cours d'un dîner des Mille et une Nuits.
- Ne crachez pas le noyau, lui avait dit le général Cork, il est délicieux.
- Mais c'est une perle ! S'était écrié Vichinsky.
- Of course, is a pearl ! Don't you like it ?
Vichinsky avait avalé la perle, en murmurant entre ses dents, en russe : « ces capitalistes pourris ! »
Il ne paraissait pas moins étonné que Winston Churchill, lorsque celui-ci, invité par le général Cork, avait trouvé dans son assiette un poisson rond et mince, de la couleur de l'acier, pareil au disque des anciens discoboles.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Churchill.
- A fish, un poisson, répondit le général Cork.
- A fish ? Dit Churchill en observant cet étrange poisson.
- Comment s'appelle ce poisson ? Demanda le général Cork au majordome.
- C'est une torpille, répondit le majordome.
- What ? Dit Churchill.
- A torpedo, dit le général Cork.
- A torpedo ? Dit Churchill.
- Yes, of course, a torpedo, dit le général Cork, et se tournant vers le majordome lui demande ce qu'était une torpille.
- Un poisson électrique, répondit le majordome.
- Ah ! Yes, of course, un poisson électrique ! Dit le général Cork tourné vers Churchill.
Et tous deux se regardèrent, en souriant, les couverts à poisson en l'air, sans oser toucher la « torpille ».
- Vous êtes sûr que ce n'est pas dangereux ? Dit Churchill après quelques instants de silence.
Le général Cork se tourna vers le majordome :
- Croyez-vous qu'il soit dangereux de le toucher ? Est-il chargé d'électricité ?
- L'électricité, répondit le majordome dans son anglais prononcé à la napolitaine, est dangereuse quand elle est crue : cuite, elle ne fait pas mal.
- Ah ! S'écrièrent Churchill et le général Cork.
Et poussant un soupir de soulagement, ils touchèrent le poisson électrique avec la pointe de leurs fourchettes.
Mais un beau jour il n'y eut plus de poissons dans l'Aquarium : il ne restait que la fameuse Sirène (un spécimen très rare de cette espèce de « sirénoïdes » qui, par leur forme presque humaine, ont été à l'origine de l'antique légende des Sirènes, et quelques merveilleuses branches de corail.
Le général Cork, qui avait la bonne habitude de s'occuper personnellement des plus petits détails, avait demandé au majordome quelle variété de poisson on pourrait trouver dans l'Aquarium pour le dîner en l'honneur de Mrs. Flat.
- Il reste bien peu de chose, avait répondu le majordome, une Sirène et quelques branches de corail.
- La Sirène est-elle un bon poisson ?
- Excellente ! Avait répondu le majordome sans sourciller.
- Et les coraux ? Avait demandé le général Cork, qui était particulièrement méticuleux lorsqu'il s'occupait de ses dîners, sont-ils bons à manger ?
- Non, les coraux, non. Ils sont un peu indigestes.
- Alors, pas de coraux.
- Nous pouvons les mettre comme garniture, avait suggéré le majordome, imperturbable.
- That's fine !
Et le majordome avait inscrit au menu du dîner : « Sirène à la mayonnaise, garnie de coraux. »
Maintenant tous les convives regardaient, muets de surprise et d'horreur, cette pauvre petite fille morte, étendue, les yeux ouverts, au milieu du plateau d'argent, sur un lit de feuilles de laitue verte, entourée d'une guirlande de branches roses de corail.”
Curzio Malaparte - La peau, p-319
Recette : tartare de truite aux pistaches
Hacher le filet de truite, les pistaches, une échalotte et de la ciboulette. Mélanger le tout dans les bols, ajouter 1cs d’huile d’olive par bol, ainsi que sel et poivre.
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Huit crimes parfaits
Malcolm Kershaw, propriétaire de la librairie bostonienne Old Devils spécialisée dans les romans policiers, est appelé par une agente du FBI qui lui demande de l’aider sur une affaire de meurtres en série qui pourraient avoir été inspirés par une liste des huit crimes parfaits tirés de la littérature policière qu’avait établie le libraire sur son blog plusieurs années auparavant. Malcolm, qui est le narrateur, joue avec les nerfs du lecteur et lui dévoile peu les nœuds de l’intrigue où apparait notamment sa femme adultère décédée dans un accident de la route et un tueur retors qui se joue du malheureux libraire. A moins que celui-ci ne soit pas tout à fait innocent dans l’histoire... Huit crimes parfaits ou la mise en abyme du roman policier. Clins d’œil et références littéraires parsèment cette lecture chaude et confortable comme un bon plaid d’hiver mais contrebalancée par une pointe de perversion qui n’est pas désagréable.
8/10
Huit crimes parfaits / Peter Swanson.- Gallmeister.
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Ce thriller a été un très bon moment de lecture. Moi qui, adolescente, savourait les romans d’Agatha Christiane, j’ai retrouvé, avec Huit Meurtres Parfaits, ce mélange de réflexion est d’ambiance qui me plaisait tant à l’époque. . Malcolm Kershaw qui tient une librairie à Boston, vit simplement et aimé son métier par-dessus tout. Son quotidien va pourtant considérablement se compliquer quand l’agente Gwen Mulvey va le contacter pour lui poser des questions sur un article qu’il avait publié quelques années plus tôt sur le site de sa librairie. En grand féru de polars, et en particulier de polars classiques, il avait établi une liste de « crimes parfais », tirée de ses lectures favorites. Mais il semblerait que quelqu’un ait décidé de prendre tout cela au sérieux et de perpétrer les meurtres cités, exactement dans les mêmes circonstances que dans les romans dont ils sont tirés. . Qui est l’assassin ? Quel est son mobile ? Comment l’arrêter avant qu’il ne parvienne au bout de la liste ? Malcolm est-il victime... ou coupable ? Après tout, comme dans ses rites favoris, lui aussi est un personnage plein de secrets... . Un libraire bibliophile cerné par des zones d���ombres, des agents du FBI un peu particuliers, des secrets mis à jour petit à petit, un chat plus que malin... Voilà pour les ingrédients. . Une ville de Boston écrasée sous la pluie et la neige, un mystérieux tueur qui semble toujours avoir une longueur d’avance, des souvenirs troublants qui refont surface et des demi-vérités qui se murmurent. Voilà pour l’ambiance. . Agatha Christie, Berkeley Cox, James Cain, Ira Levin, Donna Tartt, Pat Higtsmith. Voilà pour les influences meurtrières. . Avouez qu’il y a de quoi faire. . Alors si vous aimez les Cluedo modernes et les références littéraires vous apprécierez sûrement le nouveau roman de Peter Swanson. Et je peux vous assurer que vous ne trouverez pas le meurtrier avant la fin... . . . . . . https://www.instagram.com/p/CLUj8ipHYbJ/?igshid=70jk9q457nz0
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Une conversation avec Rudy Giuliani autour de Bloody Marys
Traduction de A Conversation With Rudy Giuliani Over Bloody Marys at the Mark Hotel, de Olivia Nuzzi
Rudy, pas au Mark Hotel. Photo: Elsa/Getty Images.
Alors que le SUV noir se gare au bord de la 33ème rue de Manhattan, clignotants en marche, une main pâle émerge par la fenêtre passager et fait un petit signe. Elle est rattachée à Rudy Giuliani, qui sourit derrière ses lunettes en écailles de tortue. Il s’excuse de son retard : “Je peux pas marcher sur les trottoirs comme avant”, une référence à l’un des avantages de son ancienne vie de maire.
Nous sommes le dimanche 8 décembre, tôt dans l’après-midi, et Giuliani rentre juste d’Ukraine où, selon ses dires, il est allé chercher des informations qui permettraient de combattre la tentative de destitution de son client, Donald Trump, président des Etats-Unis.
“On s’est faufilés hors de Kiev pour ne pas avoir à répondre à toutes sortes de questions”, dit-il sans préciser si ces questions auraient été posées par des journalistes ou par des officiels du gouvernement. “Ils pensaient tous qu’on allait partir vendredi matin et je nous ai fait partir jeudi soir vers Vienne en avion privé”.
La banquette arrière est recouverte de bagages. Son garde du corps depuis dix ans est un policier de New York à la retraite qui aime Donald Trump presque autant qu’il aime son patron. Il sort pour mettre les sacs dans le coffre et Giuliani passe à l’arrière.
Giuliani me dit être arrivé à son hôtel Viennois à 2h30 du matin et d'avoir sur-le-champ consulté les billets d’opéra disponibles. “Et là surprise, vendredi soir ils jouaient la Tosca dirigée par Marco Armiliato”. Il me chante une aria de Rigoletto, l’un des premiers opéras qu’il a aimés en découvrant cet art au lycée. Il agite les mains d’un air théâtral.
Par-dessus un sweater, il porte un costume bleu sombre. Sa braguette est ouverte. Il a aussi des accessoires : un pins du drapeau américain, un portefeuille tissé aux couleurs du drapeau américain, un diamant serti dans une bague à auriculaire, et un second diamant serti dans un anneau des Yankee World Series (au sujet duquel une question innocente provoque un quart d’heure de diatribes à propos de ce “putain de Wayne Barrett”, un journaliste qui parvient à enrager Giuliani jusque depuis sa tombe).
Giuliani n’est pas seulement l’avocat personnel et gratis de Trump. A 75 ans, il est aussi dans la cybersécurité : conseiller informel auprès de la Maison-Blanche ainsi que consultant hors de prix. L’une de ses mains serre trois téléphones de tailles diverses. Deux des appareils sont débloqués. Frottés l’un contre l’autre et contre la paume de Giuliani, leurs écrans révèlent des onglets ouverts et un barrage de notifications. Il active accidentellment Siri, qui dit ne pas comprendre sa commande. “Elle ne me comprend jamais”, dit-il. Il soupire et touche son écran pour la faire taire.
Giuliani aime dire qu’il connaît “chaque pâté de maison de la ville”, mais il vit dans l’Upper East Side et ne s’attarde jamais longtemps ni à l’ouest ni au sud du parc. Quand je lui demande de m’emmener dans un lieu qu’il aime fréquenter, il indique très vite à son garde du corps le Mark Hotel, un cinq étoiles de la 77ème Est. Un homme d’habitudes, Giuliani a de nos jours une conscience aigue des lieux prêts à l’accueillir. Il dit qu’à cause “de ce qui s’est passé” son cercle se restreint et qu’il ne fait plus confiance à personne.
Je lui demande comment il a jamais pu faire confiance à Lev Parnas et Igor Fruman, deux associés Russes à la tête d’une entreprise nommée “Fraude Garantie”, arrêtés en octobre par le FBI. “Ils ont l’air de types de Miami. Je connais beaucoup de gens de Miami qui ont cet air, qui sont parfaitement réglos et qui ont le même style,” me répond Giuliani. “Ni l’un ni l’autre n’a déjà été condamné. Aucun des deux. Et c’est ma limite en général, parce qui se on se base sur les allégations et les affirmations et... on ne travaille plus avec personne”, dit-il en riant. “Surtout en affaires.”
Nous remontons vers les quartiers chics pendant qu’il monologue sur le scandale dont il est coauteur, glissant d’un argument préfabriqué à un autre. Il dit que l’ancienne ambassadrice Marie Yovanovitch (qu’il appelle Santa Maria Yovanivitch) est “contrôlée” par George Soros. “Il a mis les quatre ambassadeurs là-bas. Et il emploie des agents du FBI”. Je lui dit qu’il a l’air fou, mais il insiste : il ne l’est pas.
“Ne me dites pas que je suis antisémite parce que je m’oppose à lui”, me dit-il. “Soros est à peine juif. Je suis plus juif que Soros. J’en sais probablement plus sur... il ne va pas à l’église, il ne va pas à la religion... synagogue. Il n’appartient pas à une synagogue, il ne soutient pas Israel, c’est un ennemi d’Israel. Il a élu huit procureurs anarchistes aux Etats-Unis. C’est une personne horrible.”
Dans la grande tradition des conspirationnistes Sorosiens, Giuliani croit que les médias travaillent pour Soros en publiant des mensonges à son sujet ; mais il se prend souvent les pieds dans le tapis alors même qu’il essaie de discréditer les déclarations des médias. Tout en essayant de me convaincre que, contrairement aux affirmations de la presse, il “n’a pas d’intérêts commerciaux en Ukraine”, il me parle de ses intérêts commerciaux en Ukraine.
“J’ai fait deux deals en Ukraine. J’ai essayé d’en faire quatre ou cinq autres,”. Il me dit avoir eu deux opportunités en Ukraine depuis qu’il représente le président, et avoir rejeté les deux pour évité toute accusation d’impropriété.
“Ce que je voulais vraiment faire”, dit Giuliani, c’est un procès au nom du gouvernement ukrainien contre une grande institution financière qui, selon lui, a blanchi sept milliards de dollars pour l’ancien président, Viktor Yanukovych. “Ca n’aurait rien eu à voir avec Trump ou Burisma ou Biden,” me dit-il. Il m’explique ensuite que la raison pour laquelle il “voulait vraiment” se saisir de ce dossier, c’était pour en apprendre plus sur le blanchiment en Ukraine, “ça m’a permis de comprendre qu’ils utilisent le même système de blanchiment pour Hunter Biden.”
“J’y ai réfléchi pendant un mois, à peser le pour et le contre, puis j’ai transmis le dossier à un autre avocat”. “J’ai quand même pu apprendre certaines choses sur le système de blanchiment.”
Giuliani est convaincu que pour abattre le président, il faut d’abord atteindre ses hommes ; il est donc assiégé, victime d’une conspiration visant à destituer Trump. Cette conspiration inclut les médias, les Démocrates, le deep state et même certaines personnes qu’il croyait réellement connaître.
A ce sujet, Giuliani est émotif. Il lit les articles à son sujet et voit que ses amis, ces “sources proches de l’intéréssé”, sont utilisés par les conspirateurs comme des armes et contribuent à lui donner cette image publique d’un homme hors de contrôle. Ce sont les mêmes qui, préoccupés, lui ont dit de prendre soin de l’image qu’il laissera derrière lui. Il me dit : “Et mon attitude à propos de l’image que je vais laisser derrière moi c’est : j’en ai rien à foutre.”
Son ex-femme avait sous-entendu dans une interview avec New York Mag qu’il était alcoolique. “Ouais ouais, je prends plein de drogues”, dit-il d’un ton sarcastique. “J’étais accro à une drogue, j’ai oublié laquelle. Je ne sais pas d’où ça vient, cette histoire de drogue, vraiment pas. L’alcool vient du fait que je bois effectivement, à l’occasion. J’adore le Scotch. J’y peux rien. Tous les malts. Et aussi les cigares. J’adore boire du scotch en fumant un cigare. J’aime faire la fête.”
Et il y a le District Sud de New York, la plus grande des trahisons. C’était censé être son monde, avec ses hommes à l’intérieur ; il a dirigé le bureau pendant la majeure partie des années 80. Un bureau aujourd’hui méconnaissable. “S’ils enquêtent sur moi, c’est des connards. C’est vraiment des connards s’ils enquêtent sur moi”, me dit-il.
Il parle les yeux braqués droit devant lui. Il se tourne rarement pour me regarder dans les yeux. Sa bouche se ferme, de la salive coule d’entre ses lèvres, puis descend sur son visage, le long d’une ride. Il ne s’en rend pas compte et la salive tombe sur son sweater.
“Si oui, c’est des idiots,” poursuit-il. “Dans ce cas c’est vraiment juste une bande de cinglés libéraux anti-Trump”. Il ajoute ne pas savoir si une enquête sur lui est en cours, alors même que des assignations à comparaître transmises à des associés de Giuliani par le District Sud contiendraient, paraît-il, des demandes de documents et correspondances liés à Giulani, à son entreprise, et spécifiquement à “tout paiement avéré ou potentiel” par ou pour Giuliani.
“S’ils croient que j’ai commis un crime ils ont perdu la boule”, dit-il. “Je fais ça depuis 50 ans. Je sais comment ne pas commettre de crimes. Et s’ils croient que j’ai perdu mon intégrité, alors ils on peut-être perdu la leur dans leur folie de haine anti-Trump et des choses qu’ils ont faites que j’aurais jamais faite quand j’étais procureur fédéral.”
Il dit se demander s’ils ne sont pas jaloux de lui parce que, trente ans après sa démission, des milliers de condamnations derrière lui, le bureau aurait décliné. Les nouveaux, ceux qui sont arrivés après, il dit qu’ils aimeraient poursuivre la mafia comme il le faisait. Qu’ils ne pourraient pas faire ce que lui faisait.
“C’est terrible à dire parce que ça va les bouleverser au District Sud, mais je sais pourquoi ils sont bouleversés,” dit Giuliani. “C’est parce que depuis moi, ils n’ont jamais rien fait de mon niveau. Ils n’ont pas eu huit ans comme je les ai eus, depuis que j’ai arrêté d’être procureur. Ils en sont loin.”
“De la jalousie”, il ajoute, “et parce que ma philosophie politique et la leur sont différentes. Ils sont tous... des gens impulsifs, illogiques, anti-Trump, y compris la fille de James Comey, elle travaille là-bas. Vous ne pensez pas qu’elle est amère ? Vous savez par quels noms j’ai appelé son mari ? J’ai embauché son mari.”
Il veut dire : son père.
“Son père,” dit-il. “Je trouve que son père est une honte. Je suis gêné de l’avoir embauché. J’ai jamais vu personne diriger le FBI comme ça.”
La voiture s’arrête entre la 77ème et Madison. “Votre honneur, est-ce que je vous sécurise une table ?” demande le garde du corps. “Euuh,” dit Giuliani, puis une pause. “Ouais.”
Nous entrons dans le hall de l’hôtel et Giuliani dit que même s’il n’a pas encore parlé de la possibilité d’être l’avocat du président lors du procès au Sénat, son désir de revanche serait satisfait s’il pouvait mener un contre-interrogatoire sur des Démocrates du congrès et des témoins célèbres, chose qu’il n’a pas faite depuis les années 90.
“Je fais ça très bien. C’est ma plus grande qualité d’avocat.”, dit-il. “J’adorerais, je les éclaterais... vous savez même si ça ne me plaît pas de ressembler à un avocant ridicule et prétentieux, les contre-interroger ça serait, je ne sais pas, j’aurais pu le faire dans ma deuxième année en tant que procureur assistant. C’est tous des clowns.”
“Je planifie le contre-interrogatoire pendant des jours et des jours,” me dit-il au sujet de sa stratégie. “Et j’essaie d’apprendre sa personnalité. D’apprendre quand il va mentir, comment il va mentir. J’essaie d’apprendre comment le détendre, comment lui donner confiance. Je travaille en fonction du type de personnalité. Est-ce qu’il est prétentieux ? Est-ce qu’il a des points sensibles ? Quelqu’un comme Biden par exemple, il est extraordinairement sensible au sujet de son intelligence.”
Il a quelques idées pour s’attaquer à la crédibilité des témoins. “Le type qui a entendu l’appel téléphonique”, par exemple, “est-ce que quelqu’un a regardé si le type avait des écouteurs ? Peut-être qu’il avait oublié de les mettre. Il a quel âge ? Il a quel âge, ce type ?” Il dit que l’homme était peut-être sourd, qu'il peut avoir mal entendu. “Comment on sait que ce n’est pas un schizophrène paranoïaque ? Comment on sait qu’il n’est pas alcoolique ?”
Mais selon lui, la stratégie de Lindsey Graham et Mitch McConnell est de répondre aux preuves des Démocrates par un haussement d’épaules : “C’est votre problème, ça n’intéresse personne, on s’en fiche.”
L’hôtesse nous mène jusqu’au restaurant. Alors qu’il descend la rampe recouverte de moquette, Giuliani tombe sur sa droite et heurte le mur. Il continue de marcher comme si de rien n’était. J’entends quelqu’un dire “Mon Dieu, c’est Giuliani”. Il hoche la tête et fait un signe à des gens qu’ils connait, de l’autre côté du restaurant. Il s’arrête pour serrer la main d’un homme âgé et de sa femme.
“Je voudrais de l’eau pétillante. Et je sais que vous faites un merveilleux Bloody Mary,” dit Giuliani au serveur. “Oui Monsieur,” répond le serveur, “et je sais que vous les aimez.” Giuliani s’esclaffe. “Vous êtes un homme bien !”.
Une fois qu’il a commandé une omelette et du bacon extra croquant, je lui parle du mystérieux journal d’appels inclut dans le rapport du comité sur les renseignements de la chambre des représentants ; un journal qui suggère que Giuliani a échangé avec quelqu’un dans la Maison-Blanche lors de moment cruciaux pendant les allers-retours entre Trump et l’Ukraine. Le rapport dit que le numéro était “associé” au bureau du management et du budget (BMB).
“Je pense que je n’ai jamais parlé au BMB,” me dit Giuliani. “C’est sûr que ça n’est pas clair. Je ne m’en souviens même pas. C’était peut-être mon fils”. Son fils, Andrew Giuliani, est l’assistant aux relations publiques du président. Il suggère avoir peut-être appelé pour parler de l’équipe de baseball de la Maison-Blanche avec Andrew, que ce dernier entraîne, et à laquelle Giuliani dit porter un grand intérêt. “Je ne sais plus qui j’ai appelé. Je parle surtout au président.”
Il dit qu’il appelle parfois la Maison-Blanche pour parler à Jared Kushner et qu’il aime blaguer avec lui : “Je l’ai appelé juste pour me moquer de lui parce que j’avais dit qu’il était indispensable ; je pensais le contraire.” Et pour parler à Dan Scavino, le directeur des réseaux sociaux, en poste depuis longtemps. Mais c’était souvent le président qui appelait Giuliani. “Il m’appelle beaucoup avant et après le travail. En général je n’aime pas le déranger au milieu de la nuit,” dit-il. “J’appelle le standard principal et parfois on me renvoie sur un autre numéro. Je ne sais pas qui j’ai appelé.”
Il dit que lui et l’autre avocat présidentiel, Jay Sekulow, appellent souvent le président ensemble. “On préfère tous les deux le faire ensemble, pour avoir chacun notre interprétation de l’appel.”
Il jure que même s’il ne sait pas qui il a appelé, il sait qu’il n’a eu aucune discussion inappropriée avec cette personne, quelle qu’elle soit. “Ces appels... je peux vous dire de quoi on ne parlait pas : on ne parlait pas d’assistance militaire. Je n’ai jamais parlé d’aide militaire avec eux. Jamais parlé d’aide militaire avec qui que ce soit avant que ça apparaisse dans le New York Times fin août 2019. Je ne savais pas du tout qu’on leur refusait une assistance, si on la leur refusait.” Il n’avait pas trouvé ça bien grave après avoir lu l’information, parce que c’était “du Trump typique, il refuse son aide jusqu’à la dernière minute puis il demande qu’on le supplie.”
Il lève la brochette d’olives de son Bloody Mary et en enlève une avec ses dents. Il continue de parler en mâchant, et commande un second Bloody Mary.
Je lui demande s’il représenterait mieux le président dans un procès que ne le ferait Jay Sekulow. Il sourit : “Jay est un autre genre d’avocat. Il est plus académique. J’ai parlé devant la cour suprême une fois seulement, lui 14 fois. Je ne sais pas combien de fois Jay a fait des contre-interrogatoires. Moi, des milliers.” (Puis il y réfléchit et dit “une centaine”).
“Non mais il serait mieux que moi au tribunal. Il connaît mieux les juges, il comprend mieux leur tempérament.”
Si on en arrivait à ça, Trump pourrait quand même le choisir. “Si c’est un dossier vraiment agressif, il me préférerait. Il était très agacé parce que ces dernières semaines je rassemblais des infos pour lui, je n’étais pas à la télévision. Les gens qui pensent qu’il n’aime pas comment je suis à la télévision, je ne sais pas d’où ça leur vient. C’est tout le contraire.”
Il tente de démontrer que le Viktor Shokin, procureur Ukrainien licencié pour corruption, n’était en fait pas corrompu et s’est fait sortir par l’administration Obama précisément parce qu’il avait des informations sur les Bidens. Il prétend aussi connaître un informant en possession de preuves que Hunter Biden s’est fait payer à travers une banque Chypriote grâce à une transaction qui aurait transité par une banque Lithuanienne. “Quand je l’ai eu,” à savoir le document qui prouverait ces faits, “j’avais déjà perdu Lev, donc je n’avais pas de traducteur. Je l’ai traduit avec mon application,”. Il sort son téléphone et m'explique comment Google Traduction fonctionne.
De retour à l’arrière du SUV, Giuliani dit à son garde du corps de le déposer chez lui puis de me ramener à mon hôtel. “Oh, regardez ces pauvres gens,” me dit-il en regardant vers le parc, en direction d’un homme et d’une femme assis sur un banc. “Quand j’étais maire, en arrivant chez moi, j’aurais appelé le directeur des services aux SDF. J’ai quelqu’un sur la cinquième entre 70... est-ce que c’est 75 ou 76 ? Un couple, ils ont l’air d’être gelés, allez voir si vous pouvez leur trouver un abri. J’avais entraîné tous mes fonctionnaires à faire ça. Et on est descendu à presque rien, presque 0.” Le couple sur le banc n’a pas l’air d’être à la rue.
Quand Giuliani descend de la voiture, son garde du corps lui demande : “Vous avez les trois téléphones ?” Il lui répond “Ouais, j’ai les trois téléphones. Faut que je descende à deux téléphones. Je vais essayer ça ce soir.”
Quelques minutes plus tard, en chemin vers le centre ville, un éclat de lumière réfléchie remonte jusqu'au coin de mon oeil. C’est l’écran d’un des téléphones, que Giuliani a laissé sur le siège à côté du mien.
Je le tends au garde du corps, qui rit. Il appelle Giuliani pour lui dire. Giuliani rit aussi.
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Romans et nouvelles : nos nouveautés de novembre.
Comme un frère, David Treuer :
Minneapolis, 1981: Simon, jeune Indien de trente ans, sort de prison où il a purgé dix ans pour le meurtre accidentel de son frère cadet, Lester. La première personne qu'il va voir, c'est sa mère, Betty, même si elle n'est jamais venue lui rendre visite. C'est là que Simon découvre qu'il a un neveu âgé de dix ans et qui ignore tout du drame familial qui s'est joué avant sa naissance. Pour Betty qui l'a élevé, Lincoln compte plus que tout au monde et pour le protéger, elle lui a toujours caché l'existence de son oncle comme l'identité de sa mère. Plus tard, Simon retrouvera cette dernière, Vera, qui s'est trouvée au cœur du drame. Mais celle-ci ne veut plus entendre parler de cette période de sa vie, pas davantage de l'enfant qu'elle a abandonné dès sa venue au monde. C'est finalement auprès de One-Two, ce vétéran indien de la guerre de Corée qui fut autrefois son mentor, que Simon trouve un peu de chaleur. C'est lui qui l'a initié des années auparavant sur les chantiers de construction de gratte-ciel à Minneapolis. Mais comment retrouver sa place après dix années d'absence et d'isolement ? Comment vivre avec la mort de son frère sur la conscience ? Simon rêve de réconcilier le passé et le présent. Sa quête d'une rédemption impossible met inexorablement en place les éléments d'une nouvelle tragédie…
La Mort de Vishnou, Manil Suri :
Étendu sur le palier qui lui tient lieu de logis, Vishnou l'homme à tout faire agonise. Des vagues de souvenirs lui parviennent, suscitées par les voix et les odeurs qu'il perçoit. Et si son corps ne lui obéit plus, un pouvoir soudain lui donne la capacité de se mouvoir et d'observer ce qui l'entoure. Serait-il le dieu dont il porte le nom ? Un à un, il gravit les étages qui le séparent du toit, réticent à laisser derrière lui ses joies et sa sensualité. Le palier est un lieu de rencontre, l'escalier une voie de passage, mais dans l'immeuble, microcosme d'un monde instable, miné par les conflits latents et l'intolérance, des rivalités et des affrontements tour à tour loufoques et tragiques opposent quatre familles. La mort de Vishnou exacerbe les hostilités, provoquant les vraies fractures fondées sur la caste et la religion. Et quand la jeune Kavita, qui voit la vie comme un film hindi, s'enfuit avec son amoureux musulman, la violence se déchaîne.
Le Temps désarticulé, Philip K. Dick :
Dans cette bourgade aux airs de rêve américain, Ragle Gumm est une petite célébrité : il cumule plus de victoires que n'importe qui au jeu Où Sera Le Petit Homme Vert La Prochaine Fois ?, proposé quotidiennement par le journal local. Une occupation qui lui assure des revenus modestes, mais qui lui laisse aussi beaucoup de temps libre, qu'il meuble en flânant de-ci de-là, toujours à la recherche d'objets insolites. C'est ainsi qu'il tombera un jour sur un annuaire falsifié, puis plus tard sur une revue populaire à la gloire d'une certaine Marylin Monroe dont personne n'a jamais entendu parler…
Cent portes battant aux quatre vents, Steinunn Sigurðardóttir :
Plus de vingt ans se sont déroulés depuis que Brynhildur a quitté Paris où elle a été étudiante à la Sorbonne. Mais un court séjour dans la capitale ainsi qu'une aventure inattendue et sans lendemain la projettent malgré elle face à ses souvenirs de jeunesse, parmi lesquels, celui du grand amour à côté duquel elle est passée. Pourquoi ne saisit-on pas le bonheur lorsqu'il passe ? Pourquoi tous ces tourments et ces attirances non réciproques ?
Le Chardonneret, Donna Tartt :
C'est un minuscule tableau de maître. Un oiseau fascinant. Inestimable. La raison pour laquelle Theo Decker, 13 ans, s'est retrouvé en possession de ce chef-d'œuvre de l'art flamand est une longue histoire... Un hasard qui, huit ans après ce jour tragique de pluie et de cendres à New York, l'obsède toujours autant. Des salons huppés de Manhattan aux bas-fonds mafieux d'Amsterdam ou de Las Vegas, Le Chardonneret surveille l'effroyable descente aux enfers de Theo et préside à son étrange destin...
Le Manuscrit du Docteur Apelle, David Treuer :
A mi-chemin entre la quête métaphysique et la légende initiatique, ce nouveau roman est une œuvre rare et ambitieuse. Le Docteur Apelle, spécialiste en langues anciennes, s'est pour ainsi dire retiré du monde et se consacre à l'étude lorsqu'il découvre parmi les rayonnages d'une bibliothèque un vieux manuscrit qui bouleverse son existence : ce conte étrange, dont il entreprend la traduction, retrace le destin de deux jeunes Indiens au début du XIXe siècle. Et, pour la première fois de sa vie, cet homme prend conscience qu'il n'a jamais connu le véritable amour... Tantôt enchanteur, tantôt mystérieux, Le manuscrit du Docteur Apelle nous plonge au cœur de deux histoires : l'une nous entraîne dans les profondeurs de la forêt mythologique, l'autre nous invite à parcourir les labyrinthes de la littérature. Et à nous interroger sur la seule chose qui puisse encore surprendre l'homme : ses sentiments.
Vengeance du traducteur, Brice Matthieussent :
Traduire, c'est faire se rencontrer deux langues. Dans tous les sens du terme, y compris l'érotique. Entre Paris et New York, 1937 et 2007, sous cette couverture, les langues s'agitent, se délient et délirent, s'enroulent, bien pendues. Un traducteur français multiplie les notes en bas de page dans le roman américain qu'il traduit : ces (N. d. T.) excentriques tirent le livre vers le bas, en déplacent le centre de gravité, soutiennent une statue absente, celle du père sans doute. Puis un auteur vieillissant tente d'imposer à son traducteur des changements de décor inacceptables. Enfin, Dolores Haze - la Lolita de Nabokov - apparaît au seuil d'un passage secret parisien, tandis qu'une autre femme, sans lieu ni vergogne, vagabonde entre les langues. Vols et emprunts se multiplient, ainsi que caviardages et coups fourrés, jusqu'à l'envol final du traducteur, son apothéose et sa vengeance. Ceci est un livre d'images. Ceci est un roman…
La Cité et les astres, Arthur C. Clarke :
Selon la légende, les hommes auraient jadis conquis les étoiles.Jadis, d'immenses villes auraient fleuri à la surface de la Terre. Puis les Envahisseurs sont venus, laissant l'Humanité exsangue, confinée sur sa planète natale. Pendant des millénaires, la cité de Diaspar a servi de refuge aux rares rescapés. Une prison dorée, close sur elle-même, sagement gérée par un ordinateur omnipotent. Dix millions d'habitants y naissent et y renaissent artificiellement, sans jamais vraiment mourir... Jusqu'à l'apparition d'un être unique, Alvin, qui refuse cette existence pétrifiée et sans but. Bravant les lois de Diaspar, il va entamer un fantastique voyage parmi les mondes morts, qui le mènera aux confins de la galaxie. Un space opera flamboyant, empreint de poésie et d'aventure.
L’Homme brûlant et autres nouvelles, Ray Bradbury :
Par un après-midi caniculaire, Neva et Doug font une inquiétante rencontre; Mich organise pour sa petite fille un goûter d'enfants un peu particulier; un brave type un peu benêt se révèle moins bête et moins gentil qu'on le pensait; quant à William Acton, sans doute réfléchit-il trop pour commettre le crime parfait…A mi-chemin entre le fantastique et le policier, l'auteur des Chroniques martiennes invente ici quatre façons de jouer avec le crime et l'angoisse, de transformer, non sans une bonne dose d'humour, la réalité quotidienne en cauchemar.
Total Recall, Philip K. Dick :
Douglas Quail rêve depuis toujours d'aller sur Mars, mais la planète rouge est réservée aux agents du gouvernement et aux personnalités haut placées. Il lui reste toutefois la possibilité de s'acheter des souvenirs. Et pourquoi pas celui d'être allé en visite sur Mars ? Ce ne serait pas la réalité, certes. mais qui sait ?
Le Maître des illusions, Donna Tartt :
Fuyant sa Californie natale bourse en poche, Richard doit son entrée à l'université de Hampden, dans le Vermont, à son opportunisme bien plus qu'à son talent. Prêt à tout pour arriver haut et vite, le voilà introduit dans la classe du professeur Julian, vouée à l'étude des Anciens, grecs et latins. Bastion de savoir et de snobisme, la petite communauté vit en vase clos, avec deux mots d'ordre : discipline et secret. Très vite, Richard devine sous le vernis des apparences une tache indélébile, du rouge le plus sombre. Tout ici n'est que vice, secret, trahison, manipulation...
Les Gouffres de la lune, Arthur C. Clarke :
Au 21e siècle, la Lune a été colonisée et les touristes les plus aisés peuvent se payer le luxe d'une croisière sur la mer de la Soif. Pour cela, ils prennent place à bord du vaisseau Séléné, spécialement conçu pour glisser à la surface de la poussière - aux propriétés étonnantes - qui recouvre cette « mer ». Mais cette fois-ci, un tremblement du sol entraîne l'engloutissement du Séléné, désormais incapable d'émerger à la surface ou de transmettre la moindre information sur sa position. Tandis que les voyageurs se trouvent emprisonnés dans ce qui pourrait bien devenir leur tombeau, à l'extérieur les secours s'organisent...
L’Appât, Morgan Sportès :
Elle s'appelle Valérie. Elle a dix-huit ans. Elle est brune et belle, peut-être, et rêve d'être mannequin, actrice. Vêtue de noir, elle hante les boîtes de nuit des Champs-Elysées. C'est l'hiver 1984... Les messieurs d'un certain âge lui glissent des mots doux et des rendez-vous, sans savoir que ce n'est pas le septième ciel qui les attend mais l'enfer. La sage, timide jeune fille a deux complices. Ils se chargent d'assassiner de la manière la plus atroce les conquêtes de leur amie. En dix jours, le "trio infernal" se livre à sept tentatives de meurtres et commet deux assassinats. Morgan Sportès s'est lancé pendant plusieurs années dans une minutieuse enquête journalistique et a reconstitué cette histoire vraie, une histoire de meurtres pour rien, de meurtres de notre temps.
Mother India, Manil Suri :
1955 : la jeune République indienne a tout juste cinq ans. Mîra, dix-sept ans, se met en tête de séduire Dev, afin d’entrer en compétition avec sa sœur aînée, la belle Roopa. Mais, surprise dans une situation compromettante, elle se voit contrainte de l’épouser, bien qu’il soit d'un rang social très inférieur à celui de son père. Élevée dans un milieu où l'on prône l'athéisme et l'émancipation des femmes, Mîra se retrouve plongée dans une famille hindouiste et conservatrice, où l'intimité sexuelle n'a pas droit de cité, faute de place. Déchirée entre un père tyrannique et un mari qu'elle ne désire plus, elle se réfugie dans l'amour qu'elle porte à son fils. Un amour exclusif, passionné. L’écriture somptueuse de Manil Suri le place d’emblée aux côtés de Vikram Seth et de Rohinton Mistry.
La Couleur des sentiments, Kathryn Stockett :
Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison. Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s'apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même.
Le Village de l’Allemand, ou Le Journal des frères Schiller :
Les narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand. Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg. Ce deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid... Ce roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, dans un abandon croissant de la République.
2001 : L’Odyssée de l’espace, Arthur C. Clarke :
Le vaisseau Explorateur 1 est en route vers Saturne. A son bord, deux astronautes et le plus puissant ordinateur jamais conçu, CARL 9000. Cinq ans plus tôt, un étrange monolithe noir a été découvert sur la Lune, la première preuve d’une existence extraterrestre. Et bien longtemps avant, à l'aube de l'humanité, un objet similaire s'était posé sur terre et avait parlé aux premiers hommes. Un nouveau signe de cette présence a été détecté aux abords de Saturne. Que sont ces mystérieuses sentinelles ? Quel message doivent-elles délivrer ? Nous sommes en 2001. L'humanité a rendez-vous avec la porte des étoiles, aux confins du cosmos...
Lune de miel en enfer, Fredric Brown :
En 1962, l'humanité est au bord du gouffre. La guerre froide tend sérieusement vers le chaud, et voilà que ne naissent plus que des filles. Ray Carmody va devoir accepter une mission sur la Lune d'un genre un peu particulier, mais si c'est pour sauver l'espèce humaine... Al Hanley, alcoolique invétéré, va, lui aussi, mais sans le faire exprès, sauver la Terre d'un bien funeste destin… Les extraterrestres de la planète Dar n'en reviennent toujours pas ! Le professeur Braden est enfermé, seul, depuis trente ans, à l'intérieur du dôme antiatomique qu'il a inventé. Osera-t-il enfin en sortir ? L'humanité aura-t-elle survécu à l'apocalypse ? Il aimerait tant ne pas mourir seul… En une vingtaine de nouvelles, Fredric Brown parvient à faire rimer science-fiction et humour, prouvant une fois de plus, qu'il est un maître de la forme courte.
Odette Toulemonde et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt :
La vie a tout offert à l'écrivain Balthazar Balsan et rien à Odette Toulemonde. Pourtant, c'est elle qui est heureuse. Lui pas. Leur rencontre fortuite va bouleverser leur existence. Huit récits, huit femmes, huit histoires d'amour. De la petite vendeuse à la milliardaire implacable, de la trentenaire désabusée à une mystérieuse princesse aux pieds nus en passant par des maris ambigus, des amants lâches et des mères en mal de filles, c'est une galerie de personnages inoubliables qu'Eric- Emmanuel Schmitt poursuit avec tendresse dans leur quête du bonheur.
La Femme au miroir, Eric-Emmanuel Schmitt :
Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin. Trois époques. Trois femmes. Et si c'était la même ?
Tout, tout de suite, Morgan Sportès :
En 2006, dans la banlieue parisienne, un jeune homme est enlevé. Ses agresseurs l’ont choisi parce qu’il est juif et donc, pensent-ils, riche. Séquestré pendant vingt-quatre jours, il est finalement assassiné. Les auteurs de ce crime sont chômeurs, livreurs de pizzas, lycéens, délinquants… Leur bande est soudée par une obsession morbide : « Tout, tout de suite ». Morgan Sportès a reconstitué pièce par pièce leur acte de démence. Sans s'autoriser le moindre jugement, il s'est attaché à restituer leurs dialogues, à retracer leur parcours. Ce livre est une autopsie, celle de nos sociétés saisies par la barbarie.
Tous à Zanzibar, John Brunner :
Le XXIème siècle comme si vous y étiez. Ses Villes où les gens dorment légalement dans les rues, où le terrorisme est un sport et les émeutes urbaines un spectacle. Surpeuplé, démentiel, tout proche. Un monde où l'on s'interroge sur la conscience de Shalmeneser, l'oracle électronique, et où un sociologue brillant, Chad Mulligan, prêche dans le désert. Avec ce livre-univers, John Brunner a battu sur leur propre terrain les meilleurs spécialistes de la futurologie.
Le Poète de Gaza, Yishaï Sarid :
Un agent des services secrets israéliens spécialisé dans la mise en échec des attentats suicide se voit confier une mission particulière. Il doit entrer en contact avec Dafna, une romancière israélienne, en se faisant passer pour un jeune auteur en quête de conseils. Il nouera progressivement des liens d’amitié avec elle et lui proposera d’exfiltrer de Gaza son ami Hani, un poète palestinien atteint d’un cancer en phase terminale, afin de le faire soigner en Israël. Sa cible : le fils de Hani, chef d’un réseau terroriste. Mais à mesure qu’il pénètre les vies de Dafna et de Hani, ses certitudes s’effritent. Les écrivains rallument en lui des sentiments étouffés par des années d’interrogatoires, de tortures et d’assassinats. Il poursuit néanmoins sa mission, tenu par un sens du devoir et des réflexes de soldat profondément enracinés. Pour combien de temps encore ? Thriller captivant, Le Poète de Gaza est une véritable opération à cœur ouvert sur la société israélienne. Sans anesthésie et sans concession.
World War Z, Max Brooks :
La guerre des zombies a eu lieu et elle a failli éradiquer l'ensemble de l'humanité. L'auteur, en mission pour l'ONU - ou ce qu'il en reste - et poussé par l'urgence de préserver les témoignages directs des survivants de ces années apocalyptiques, a voyagé dans le monde entier pour les rencontrer, des cités en ruine qui jadis abritaient des millions d'âmes jusqu'aux coins les plus inhospitaliers de la planète. Jamais auparavant nous n'avions eu accès à un document de première main aussi saisissant sur la réalité de l'existence - de la survivance - humaine au cours de ces années maudites. Prendre connaissance de ces comptes rendus parfois à la limite du supportable demandera un certain courage au lecteur. Mais l'effort en vaut la peine, car rien ne dit que la Zè Guerre mondiale sera la dernière…
Juste à temps, Philippe Curval :
Parvenu à l'âge des bilans, Simon Cadique, réalisateur de séries télé, décide de se lancer dans la réalisation d'un film dont le sujet lui tient à cœur : rendre hommage à des figures injustement oubliées par l’histoire. Les frères Caudron, deux fils de la paysannerie picarde, furent à l’aube du XXe siècle des pionniers de l’aviation. Les machines volantes qu’ils fabriquaient prenaient leur envol au-dessus des plages de la baie de Somme. Lorsque Simon retourne dans ces lieux imprégnés des souvenirs de sa jeunesse, un phénomène étrange se produit : de mystérieuses marées du temps surgissent, brassant les années, contaminant le passé, le présent, le futur. Amitiés, richesses, amours, filiations : toutes les cartes sont en passe d'être rebattues…
Ubik, Philip K. Dick :
Entre la régression du temps et l'instabilité du monde des morts, Ubik est le piège final des réalités. Dans ce roman culte qui réunit tous les thèmes de la S.F., Philip K. Dick peint le portrait d'une humanité à l'agonie, dominée par la technologie. Pour Joe Chip, le héros spécialisé dans la traque des télépathes, la paranoïa et le doute sont les seules certitudes...
Rue Darwin, Boualem Sansal :
Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur, décide de retourner rue Darwin dans le quartier Belcourt, à Alger. “Le temps de déterrer les morts et de les regarder en face” est venu. Une figure domine cette histoire : celle de Lalla Sadia, dite Djéda, toute-puissante grand-mère dont la fortune s’est bâtie à partir du bordel jouxtant la maison familiale. C’est là que Yazid a été élevé avant de partir pour Alger. L’histoire de cette famille hors norme traverse la grande histoire tourmentée de l’Algérie, des années cinquante à aujourd’hui. Un récit truculent et rageur dont les héros sont les Algériens, déchirés entre leur patrie et une France avec qui les comptes n’ont toujours pas été soldés. Il parvient à introduire tendresse et humour jusque dans la description de la corruption, du grouillement de la misère, de la tristesse qui s’étend…
Paycheck, Philip K. Dick :
Ingénieur de réputation mondiale, Michael Jennings travaille sur des projets top secrets commandités par des sociétés de haute technologie. À l'issue de chaque mission, sa mémoire à court terme est effacée pour l'empêcher de divulguer la moindre information confidentielle. Puis un chèque substantiel lui est remis.Mais cette fois, l'enveloppe ne contient pas d'argent, juste quelques objets hétéroclites et sans valeur ; et à en croire Rethrick, son dernier employeur, Jennings aurait lui-même renoncé par avance à ses honoraires habituels. Harcelé par un ennemi sans visage, Jennings n'a que quelques heures pour recomposer le puzzle de sa vie et découvrir ce qui se cache derrière les murs de Rethrick Corporation...
Le Petit copain, Donna Tartt :
Dans une petite ville du sud des États-Unis, Harriet Cleve Dufresnes grandit dans l'ombre d'un frère décédé, retrouvé pendu à un arbre du jardin. Un meurtre non élucidé qui a anéanti sa famille. Imprégnée de la littérature d'aventures de Stevenson, Kipling et Conan Doyle, Harriet décide, l'été de ses 12 ans, de trouver l'assassin et d'exercer sa vengeance. Avec, pour unique allié, son ami Hely. Mais ce que Harriet et Hely vont découvrir est bien éloigné de leurs jeux d'enfants : un monde inconnu et menaçant, le monde des adultes...
Journal de L. (1947-1952), Christophe Tison :
Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille.
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Immobilisé dans son appartement avec une jambe cassée, le photographe L.B. Jefferies observe ses voisins, leur prêtant des vies imaginaires, jusqu’à ce qu’un cri dans la nuit le persuade que l’un d’eux est un meurtrier. Avec Rear Window (Fenêtre sur cour), Hitchcock montre qu’il peut être dangereux d’épier ses voisins. Dans ce thriller haletant, une curiosité bien naturelle – et sans doute compréhensible – envers la vie des autres plonge James Stewart et Grace Kelly dans un cauchemar de meurtre et de suspense.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Alors qu’Hitchcock tournait Dial M for murder (Le Crime était presque parfait) pour Warner, en 1953, son agent Lew Wasserman, anticipant le bon accueil escompté pour ce film et exploitant le succès de Strangers on a Train (L’Inconnu du Nord-Express, 1951), passa un nouveau contrat avec la Paramount pour le tournage de neuf films. Le premier devait être, en 1954, Rear window ; d’après une nouvelle de Cornell Woolrich.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Un monde virtuel
Hitchcock trouvait très stimulante l’idée de travailler dans un lieu unique, comme il l’avait déjà fait pour Rope (La Corde), Lifeboat et Dial M for murder. Un tour de force technique de ce type le motivait, car il aimait affronter les obstacles, pour le plaisir de les contourner ou de les dépasser. Mais cette fois, la plus grande partie du film devait être tournée à travers les yeux du personnage principal, le photographe indépendant L. B. Jefferies (“Jeff”) – un personnage un peu voyeur, dirigé par un réalisateur voyeur pour un public voyeur.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Thelma Ritter
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
La quasi-totalité du film se passe dans l’appartement new-yorkais de Jeff, au cœur du quartier bohème de Greenwich Village, Le script prévoyait également sept ou huit autres appartements, où devaient se dérouler des scènes vues par Jeff. Une telle contrainte excluait des décors naturels car, même si l’on avait trouvé un immeuble approprié, il eut été pratiquement impossible d’obtenir une lumière adéquate dans les différentes pièces, de nuit comme de jour.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
Rear window a donc entièrement été tourné dans un énorme décor monté sur le plateau 17, le plus grand des studios Paramount. Il comprenait en tout trente et un appartements, dont douze parfaitement meublés et aménagés, avec l’eau courante et l’électricité. L’ensemble fut construit selon les indications d’Hitchcock, mais en se basant sur un lieu réel, dans Greenwich Village. Dans la cour en contrebas, il y a des arbustes, un petit jardin et une allée étroite conduisant à la rue, où l’on aperçoit des voitures et des piétons.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
Apparition d’Hitchcock. Dans l’extrait diffué, le compositeur est à sort piano. Derrière lui, un personnage rondouillard remonte une pendule avant de se retourner vers la caméra, révélant le visage d’Hitchcock.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Selon Grace Kelly, qui joue Lisa Fremont la petite amie de Jeff, pendant le tournage de Dial M for murder, Hitchcock évoquait sans cesse la chose : « Quand il avait un moment de tranquillité, il se laissait aller à parler de la construction du formidable décor. C’était pour lui une véritable délectation. » Mais, selon elle, ce n’était pas tant les petits détails des logements qui aiguisaient son appétit, que « les gens que l’on devait voir dans les appartements en face de la fenêtre sur cour, avec leurs petites histoires, et la manière dont ils émergeraient comme personnages et ce qu’ils révéleraient ».
L’appartement de Jeff a été le cœur des opérations. Les acteurs (ici Stewart et Wendell Corey assis, et Grace Kelly debout) étaient confinés dans une zone étroite, les techniciens et la réalisation devant se serrer dans l’espace restant.
John Michael Hayes
Rear window s’annonçait sous de bons auspices non seulement par la préparation satisfaisante du décor, mais aussi sur un autre plan. Jusque-là, c’est à sa femme Alma qu’Hitchcock avait confié les relations avec les auteurs chargés de préparer le scénario et les scripts ; mais cette fois, celle-ci désirait rester en retrait. Ainsi, pour la première fois, le réalisateur a dû faire entièrement confiance à un auteur tout en affirmant sa conception des choses avec vigueur, bien sûr. Le choix effectué par le réalisateur allait s’avérer très heureux. John Michael Hayes, né en 1919 et ancien journaliste, avait travaillé précédemment sur le script de quatre films, dont Thunder Bay (Le Port des passions) d’Anthony Mann, avec James Stewart. Il avait également écrit, avec succès, des dramatiques à suspense pour la radio et c’est son talent dans ce domaine qui a conduit Hitchcock à lui demander d’abord de se charger de l’adaptation de Rear window, puis d’en achever le script.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
La collaboration des deux hommes sur le scénario fut fructueuse. Hitchcock avait demandé à Hayes d’élargir l’histoire originelle en introduisant diverses intrigues secondaires pour les autres appartements, afin de faire écho au thème central du film : les relations entre le photographe L. B. Jefferies, qui fuit les responsabilités et dont le rôle était écrit pour James Stewart et sa petite amie, une femme du monde élégante.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Lisa
Le scénariste John Michael Hayes connaissait James Stewart car il avait travaillé avec lui dans Thunder Bay, mais pas Grace Kelly, qui devait jouer Lisa. Le réalisateur s’est donc arrangé pour que l’auteur passe une huitaine de jours en compagnie de l’actrice. Finalement, le personnage créé a été une sorte d’hybride entre Grace Kelly (qui avait débuté comme mannequin) et Mel Lawrence, l’épouse de Hayes.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Dans la nouvelle originelle, le seul contact du photographe avec le monde extérieur était une domestique noire. Hayes et Hitchcock ont remplacé ce personnage conventionnel par une infirmière, Stella, figure maternelle interprétée par Thelma Ritter. L’une des meilleures actrices de seconds rôles d’Hollywood. Les conversations entre Stella et Jeff, au début du film, éclairent le passé de celui-ci et présentent sa relation avec Lisa. Mais la fonction essentielle de l’infirmière consiste à dispenser un humour désabusé à l’Intention du public. Ainsi, selon Hayes, les spectateurs allaient « pouvoir s’esclaffer ensemble, s’accrocher aux sièges ensemble et crier ensemble ». De fait le script est plein d’esprit, ce qui rend les personnages à la fois crédibles et sympathiques. Hitchcock a été si satisfait du travail de son auteur qu’il l’a embauché pour ses trois films suivants.
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Contourner la censure
Toutefois, avant le tournage, Il fallait encore franchir un obstacle, celui des censeurs, ce qui n’était pas une petite affaire en ce début des années 1950. Le script comportait de nombreuses allusions à la sexualité, même s’il nous paraît aujourd’hui bien anodin. Il y avait le dos nu, les sous-vêtements et les pas de danse de Miss Torso, l’agression sur Miss Lonelyheart (“Cœur solitaire”), l’appétit sexuel de la jeune mariée et l’adultère supposé de Thorwald. En outre, la relation centrale entre Jeff et Lisa laissait supposer des relations sexuelles hors mariage. Tout cela faisait un cocktail détonant pour le très prude Joseph Breen, censeur en chef au Hayes Office depuis une vingtaine d’années. Toutefois, ce personnage était sur le point de se retirer et ses nombreuses objections au script n’ont, pour la plupart, pas été retenues par son successeur ; Geoffrey M. Shurlock, plus sensible à l’évolution de l’opinion : le script de Fenêtre sur cour est donc sorti presque indemne de l’épreuve.
Raymond Burr, qui deviendra célèbre dans les rôles de Perry Mason et de Robert T. Dacier (L’Homme de fer), joue Lars Thorwald. Malicieusement, Hitchcock l’a fait maquiller pour qu’il ressemble à David O. Selznick, le producteur de la Warner.
De pied en cap
Hitchcock attachait autant d’importance aux tenues de ses acteurs qu’au décor. La responsable des costumes, Edith Head, a rapporté qu’il a pratiquement défini lui-même toute la garde-robe-couleurs et style – de Grace Kelly. Parfois, dans le film, la tenue de l’actrice l’associe visuellement à une autre femme, notamment à l’une des célibataires, Miss Torso et Miss Lonelyheart, ou illustre un thème. Ainsi, le réalisateur a voulu que le costume de Lisa, lors de sa première apparition, suggérât « une porcelaine de Dresde, quelque chose que l’on peut à peine toucher ». Dans un cas au moins, sa tenue a un sens symbolique précis : à la fin du film, elle est en pantalon, ce qui revient à dire qu’elle porte la culotte ! Pour faciliter l’identification des occupants des autres appartements que l’on aperçoit depuis la fenêtre de Jeff, leur costume est typé. Miss Lonelyheart, par exemple, s’habille en vert émeraude.
Tout au long du film, Grace Kelly porte des robes somptueuses, conformes à sa position de jeune élégante de la bonne société. Comme toujours, c’est Hitchcock qui a décidé du style et des couleurs. La réalisation des costumes a valu Edith Head une nomination aux Oscars.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Un bon tournage
Après cette préparation méticuleuse, le tournage lui-même a été facile. Sur le plateau, l’atmosphère était détendue, Hitchcock et Stewart étalent désormais de vieux amis et selon l’acteur, ils étaient tous deux, comme le reste de l’équipe d’ailleurs, « fous de Grace Kelly. Le matin, on s’asseyait tous pour attendre son arrivée afin de pouvoir la regarder. Elle était gentille pour chacun, pleine d’égards, parfaite, et tellement belle ! »
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
Acteurs muets
Les acteurs affectés à un rôle quasi-muet, dans les autres appartements, étaient eux aussi au diapason. Georgine Darcy (Miss Torso) a confié n’avoir reçu aucune directive chorégraphique pour ses exercices suggestifs. Il lui avait simplement été demandé d’improviser – ce dont elle s’est acquittée avec bonheur. Ces acteurs portaient une oreillette qui permettait à Hitchcock de les guider – et qu’il a parfois utilisée d’une manière inattendue. Ainsi, à un moment, le mari et la femme propriétaires du chien, qui sont couchés dehors sur l’escalier de secours, doivent rentrer précipitamment à cause d’une averse ; au tournage, Hitchcock s’est ingénié à leur souffler dans leurs oreillettes des instructions contradictoires. Cela a provoqué un épisode franchement comique, les deux acteurs se disputant le matelas et le mari faisant finalement la culbute.
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
Problèmes d’objectifs
Hitchcock a utilisé différents objectifs pour rapprocher l’action vue à travers les yeux de Jeff. Passant du 50 mm au 75 mm et au 100 mm pour traduire l’intérêt grandissant du photographe, il a eu recours au téléobjectif de 150 mm et de 250 mm pour les plans que Jeff est censé regarder dans ses jumelles ou dans son téléobjectif. Toutefois, avec le 250 mm, la profondeur de champ était très réduite et les acteurs devenaient flous dès qu’ils bougeaient. Pour résoudre le problème, on a utilisé un objectif de 150 mm en montant la caméra sur une perche afin de l’avancer au-dessus de la cour. Le procédé produit un effet saisissant quand Thorwald se rend compte qu’il est observé et jette un regard noir vers la caméra c’est-à-dire vers Jeff.
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
Ainsi, la méticuleuse préparation de Hitchcock et sa direction, le remarquable script, une équipe technique très inventive et la très bonne prestation des acteurs ont contribué à la réussite de ce film, justement classé parmi les cent meilleurs jamais tournés. Le décor de Rear window est censé situer le film à Greenwich Village, célèbre quartier new yorkais de Manhattan. Hitchcock voulait que l’ensemble soit très réaliste. Il a fait prendre des photos sur le terrain pour peaufiner les détails et enregistrer les bruits de la rue afin de reproduire l’ambiance sonore.
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954 – James Stewart, Grace Kelly
L’histoire “découpée”
Générique – Les volets s’ouvrent lentement derrière les titres, comme un rideau de théâtre qui se lève, donnant à la fenêtre valeur de scène ou d’écran de cinéma. Les trois volets symbolisent les trois étapes de la méthode d’Hitchcock, qu’il résume ainsi : “Un homme regarde ; il voit ; il réagit.” Le matin – Le photographe L. B. Jefferies s’éveille dans son appartement new-yorkais. Voilà six semaines qu’il y est bloqué, la jambe dans le plâtre, sans autre occupation que d’observer ses voisins. Tandis qu’il téléphone à son rédacteur en chef, il est témoin d’une dispute conjugale dans l’appartement d’en face. L’infirmière – Jeff reçoit la visite de Stella, l’infirmière, qui le soigne tout en plaisantant. Le dialogue introduit sa relation avec Lisa et son aversion pour tout engagement, thème central du film. Stella reproche aussi à Jeff sa manie d’épier (autre thème récurrent) qui, dit-elle, lui attirera des ennuis. Surprise ! – Le soir, Jeff est réveillé par un baiser de sa petite amie, Lisa Fremont, qui allume les lumières dans la pièce, allant de lampe en lampe avec grâce. On livre un dîner qu’elle a commandé à un grand restaurant. Lorsqu’elle évoque sa journée et ses rêves d’avenir, Jeff se renfrogne.
Le théâtre de la cour – Alors que Lisa, vexée, s’affaire dans la cuisine, Jeff recommence à épier. Miss Lonelyheart (“Cœur solitaire”) reçoit un soupirant imaginaire et, incapable de poursuivre ce rôle, s’effondre en larmes. Miss Torso, au contraire, est entourée d’admirateurs. Le représentant de commerce sert à dîner à sa femme alitée et tous deux se disputent. Lisa apporte le plat réchauffé de la cuisine et demande d’où vient la musique enchanteresse que l’on entend. Jeff lui parle du compositeur. Rapports tendus – Le dialogue entre Lisa et Jeff laisse entendre que ce dernier voit dans la jeune femme une menace pour son style de vie aventureux. Lorsqu’elle lui offre de partager son existence, il la rabroue en lui expliquant qu’elle est trop habituée au luxe pour pouvoir supporter l’inconfort de ses missions. Lisa quitte la pièce, profondément peinée. Jeff la retient un instant en lui proposant de s’en tenir au statu quo. Après son départ, il contemple la cour endormie. Soudain, un cri retentit dans la nuit. Pluie d’une nuit d’été – Somnolent dans son fauteuil, Jeff est réveillé par une pluie d’orage. Il perçoit diverses scènes dans l’immeuble d’en face, et remarque en particulier le représentant de commerce qui, à plusieurs reprises, sort de chez lui sous la pluie, puis revient, toujours avec sa valise d’échantillons. Enfin, à l’aube, alors que Jeff s’est endormi, il sort avec à son bras une femme en noir. Soupçons – Le lendemain, Jeff parle à Stella des allées et venues suspectes du représentant de commerce. Tous deux voient ce dernier jeter un regard noir au chien des voisins qui renifle les plates-bandes. Jeff observe le représentant de commerce avec ses jumelles et son téléobjectif. Il le voit envelopper une scie et un couteau de boucher dans du papier journal, et commence à le soupçonner de meurtre.
Lisa convaincue – Lisa reproche encore à Jeff sa curiosité, mais quand elle voit le suspect fermer une grande malle avec une grosse corde, sa résistance s’émousse. Elle va jusqu’au bâtiment d’en face et découvre que l’homme s’appelle Lars Thorwald. Le lendemain matin, pendant que Stella s’affaire près de lui, Jeff appelle l’inspecteur Tom Doyle, un copain de régiment, et lui fait part de ses soupçons. L’infirmière se délecte de suppositions macabres. Deux manutentionnaires viennent enlever la malle de Thorwald. Détective – Doyle sceptique, accepte quand même de vérifier les dires de Jeff. Il revient peu après avec une explication simple et convaincante à propos de la disparition de Mrs Thorwald, qui aurait tout simplement pris le train et se trouverait à Merritsville. Le dépit de Jeff, qui n’a pas été pris au sérieux, se manifeste par des démangeaisons au bout de son pied immobilisé dans le plâtre ; il se met à se gratter le gros orteil avec délice, au moyen d’un gratte-dos. Pour la nuit – Ce soir-là, Jeff regarde Miss Lonelyheart se préparer et sortir. Une réception est organisée chez le compositeur. Puis il voit Thorwald rentrer chez lui, faire ses bagages et parler des bijoux de sa femme au téléphone. Lisa arrive et déclare qu’elle va rester pour la nuit – une première à laquelle Jeff réagit sans enthousiasme. Lisa affirme qu’une femme ne part jamais sans ses bijoux. Contrepoint ironique à la scène, on entend la Jeune mariée rappeler son mari qui fume à la fenêtre. Affaire classée – Doyle revient. Jeff est gêné par les signes de la présence de Lisa : son ombre au plafond, son déshabillé, ses pantoufles. Le photographe présente la jeune femme à l’inspecteur, qui réfute les théories du couple et se plaint de l’intuition féminine, qu’il juge totalement irréaliste. Finalement, il propose d’oublier toute l’affaire et de boire un bon verre entre amis. Mais il comprend qu’il ne pourra pas vaincre l’obsession de Jeff et Lisa, et finit par quitter les lieux.
Second meurtre – Dépités, Lisa et Jeff retournent à la fenêtre et contemplent la triste fin de soirée de Miss Lonelyheart. Alors qu’ils ont baissé leurs stores, un cri retentit. Le chien du couple de l’escalier de secours est retrouvé étranglé. Le couple se répand en lamentations, tandis que Thorwald est le seul à ne pas se montrer. Il fume chez lui, dans l’obscurité. Chantage – Le soir suivant, Stella, Lisa et Jeff continuent à épier. Thorwald lave les murs de sa salle de bains. Jeff est convaincu que quelque chose est enterré dans la plate-bande. Il téléphone à Thorwald, se fait passer pour un maître chanteur et lui fixe un rendez-vous dans un bar proche. Thorwald sort. Lisa et Stella descendent dans le jardin, creusent, mais ne trouvent rien. L’alliance – Lisa s’introduit chez Thorwald pour y rechercher les bijoux de sa femme. Hélas, l’homme revient. Jeff assiste, impuissant et anxieux, à la confrontation. Il appelle la police. La jeune femme se fait arrêter pour vol. Jeff s’aperçoit, en regardant avec son téléobjectif, qu’elle porte au doigt l’alliance de Mrs Thorwald. Il appelle son ami Thomas Doyle. Dernier acte – Le téléphone sonne chez Jeff, mais personne ne parle. La porte de l’immeuble claque, des pas approchent. Thorwald entre chez Jeff et l’accule contre la fenêtre, bien que celui-ci tente de se défendre en l’éblouissant à coups de flashs. Thorwald fait basculer Jeff par la fenêtre. La police surgit et se saisit de Thorwald. Jeff lâche prise et tombe. Conclusion – Un dernier panoramique sur les habitants de la cour conclut les histoires secondaires : le compositeur fait entendre à Miss Lonelyheart l’enregistrement du morceau sur lequel il travaillait ; des peintres refont l’appartement des Thorwald ; le couple de l’escalier entraîne un chiot à monter dans le panier ; le fiancé de Miss Torso, un soldat de petite taille, rentre au foyer et manifeste plus d’intérêt pour le contenu du réfrigérateur que pour la belle danseuse ; les nouveaux mariés ont troqué leur lune de miel contre des querelles. Enfin, nous pénétrons chez Jeff pour le trouver dans son fauteuil roulant, mais dos à la fenêtre et l’air apaisé. Il a les deux jambes dans le plâtre – châtiment de son voyeurisme ? Selon Hitchcock, “il l’a mérité ! “
Effets spéciaux : le décor de Greenwich Village
Jamais la Paramount n’avait construit un décor aussi gigantesque : 56 mètres de long, 11.5 mètres de large et 12 mètres de haut, pour le coût astronomique de 100.000 $ ! Le problème principal, pour faire entrer Greenwich Village dans Hollywood, a été la hauteur des immeubles (qui comportaient quatre ou cinq étages), d’autant plus qu’il fallait qu’apparaissent, dans le lointain, les gratte-ciel de New York. Les techniciens démontèrent le sol du plateau 17 afin d’exploiter l’espace des caves souterraines. Comme ce n’était pas suffisant, ils creusèrent – au point d’atteindre la nappe phréatique! Il a fallu ensuite pomper l’eau entre les prises de vue. L’appartement de Jeff, d’où il observe ses voisins, théoriquement situé au deuxième étage, était en réalité au niveau du rez-de-chaussée d’origine.
ON SET – REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) – Alfred Hitchcock – 1954
Pour éclairer cet immense décor et créer les effets des diverses heures du jour, il a fallu avoir recours à 1000 lampes à arc pour le plein soleil, sans compter 2000 autres lampes, moins puissantes, nécessaires pour les effets additionnels. La Paramount a dû mobiliser la presque totalité de son matériel d’éclairage sur le tournage.
La mise en place et le démontage de l’éclairage pour simuler les différents moments de la journée dans les appartements aurait pris trop de temps. Les diverses pièces ont été pré-éclairées par Robert Burks, le directeur de la photographie : le système était télécommandé depuis l’appartement de Jeff à l’aide d’une grosse “table de commande ressemblant à la console d’un orgue énorme ”. Hitchcock contrôlait tout à la fois les acteurs et l’éclairage, “par-dessus l’épaule de Jeff ”. Les appartements d’en face étant à plus de 20 mètres de la fenêtre, Hitchcock utilisait pour communiquer une radio ondes courtes : c’est ainsi qu’il donnait ses instructions aux acteurs, qui portaient une oreillette couleur chair.
Bruitage
Rear window n’a pas véritablement de bande musicale. Pourtant, on entend presque toujours de la musique en fond sonore – jouée par une radio ou un tourne-disque, ou encore provenant de l’appartement du compositeur. Il s’agit en général de jazz, bien dans la note du quartier de Greenwich Village et choisi par le compositeur Franz Waxman dans le catalogue des productions musicales de la Paramount. C’est Hitchcock qui a eu l’idée d’utiliser la chanson populaire chantée par Bing Crosby (tirée du film Road to Bali, de Hal Walker), “To see you is to Love you ”, pour souligner le plaisir évident de Jeff quand il regarde son amie Lisa. On dit également que le réalisateur n’est pas étranger au choix (effectué comme un clin d’œil) d’un autre succès de l’heure, “Mona Lisa”, rendu fameux par Nat King Cole, pour la scène où Lisa se plaint à l’inspecteur Thomas Doyle.
Fiche technique du film
Immobilisé dans son appartement avec une jambe cassée, le photographe L.B. Jefferies observe ses voisins, leur prêtant des vies imaginaires, jusqu'à ce qu'un cri dans la nuit le persuade que l'un d'eux est un meurtrier. Avec Rear Window (Fenêtre sur cour), Hitchcock montre qu'il peut être dangereux d'épier ses voisins. Dans ce thriller haletant, une curiosité bien naturelle - et sans doute compréhensible - envers la vie des autres plonge James Stewart et Grace Kelly dans un cauchemar de meurtre et de suspense. Immobilisé dans son appartement avec une jambe cassée, le photographe L.B. Jefferies observe ses voisins, leur prêtant des vies imaginaires, jusqu'à ce qu'un cri dans la nuit le persuade que l'un d'eux est un meurtrier.
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Les Hommes Déchargent Leur Colère Sur Les Femmes
Nouvelle traduction ! l’article est intéressant bien que je trouve qu’il manque parfois de nuance et est trop cis-centré. Mais il s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’article que j’avais traduit récemment sur le travail émotionnel des femmes.
Cet article a été écrit par Emma Lindsay et a été publié sur medium le 29/11/16. Les liens dans l’article dirigent vers des sites anglophones.
Chez un partenaire, j’ai besoin d’une chose que peu d’hommes font : une participation soutenue à une activité qui aide à l'équilibre émotionnel. Par exemple la thérapie, ou la méditation. L’Eglise (ça dépend laquelle), le yoga pourraient aussi marcher s’ils s’y intéressent vraiment. Mais la plupart de ces activités sont dominées par les femmes.
En revanche, les hommes ont tendance à exprimer leur colère plus ouvertement. Cela semble vaguement évident, mais allez, ajoutons quelques chiffres : aux Etats-Unis, les hommes composent 73% des personnes arrêtées et plus de 80% des personnes arrêtées pour des crimes violents. Plus de 90% des gens condamnés pour homicide sont des hommes (mais pas toustes - certaines fusillades de masse ont été faites par des femmes). À un autre niveau, les hommes sont plus susceptibles d’être impliqués dans des accidents de voiture (avec 4 accidents fatals sur 5 causés par des conductEURS).
OHLALA - la testostérone ! Marre de ces couillus - pas vrai ?
Non.
Il y a beaucoup d’autres phénomènes qui entrent en jeu. Par exemple, tandis que les hommes dans toutes les classes sociales tendent à être plus violents que leurs congénères féminines, les femmes de classe socio-économique plus basse commettront souvent plus de délits que les hommes de classe socio-économique supérieure (lisez ça ici - un super livre, d’ailleurs). De plus, tandis qu’historiquement, les hommes ont été la cause de toute la violence, ils ont aussi eu tout le pouvoir. C’est avéré par des études, avoir plus de pouvoir mène à manquer d’empathie pour les autres. Il est possible que nombre des différences supposément innées entre les sexes aient émergé d’une différence de pouvoir. Le taux de délits commis par des femmes jeunes monte depuis les années 80 (alias, après la seconde vague féministe des années 70). De nombreux facteurs pourraient justifier cela, je ne veux pas sous-entendre une relation de cause à effet ici, mais… c’est une chose à laquelle penser.
Cependant, il est possible que les hommes soient juste branchés d’une manière qui les rend plus violents que les femmes. Je veux bien l’envisager.
Mais si c’était vrai, ils devraient être d’autant plus nombreux à fréquenter les cours de yoga. Pourquoi est-ce le genre le moins violent qui apprend l’auto-régulation émotionnelle ?
Parce qu’on attend des femmes qu’elles régulent les émotions des hommes autant que les leurs. Elles doivent aiguiser leurs capacité à réguler leurs émotions parce qu’elles réguleront pour deux - même si elles ne sont pas enceintes. C’est quelque chose qui commence à être remarqué dans les cercles féministes ; le concept de travail émotionnel gratuit que les femmes doivent fournir. Cela se manifeste sous diverses formes (et j’ai déjà écrit dessus) et sa forme la plus bénigne ressemble à de l’écoute, du support et de l’empathie. Cependant, quand ça devient plus toxique, on attend des femmes qu’elles lisent les émotions des hommes et les protègent, de manière proactive, de leurs propres émotions négatives.
Dans ma vie personnelle, je me souviens d’un homme qui m’a dit que les femmes devraient rejeter les avances sexuelles des hommes d’une manière qui ne blesserait pas leurs sentiments. Et de prime abord, cela semble raisonnable. Cependant, malheureusement, communiquer honnêtement ses sentiments « Je ne suis pas attirée sexuellement par toi » est considéré comme blessant par les hommes. Du coup, les femmes sont forcées à ne pas communiquer leurs sentiments honnêtes afin de protéger l’homme de ressentir quelque chose de négatif.
Pour moi, ce besoin de protéger les hommes de la vérité de ma réalité si cela les blesse s’est si profondément étendu que suite à une agression sexuelle, j’ai ri pour ne pas blesser les sentiments de l’homme qui m’a agressée. Au prix d’un grand sacrifice personnel, devrais-je ajouter. Quelques années plus tard, j’ai proposé à quelqu’un de sortir avec moi, j’ai été rejetée et cette expérience m’a brisée en deux. Oui, être rejetée a été douloureux, mais ce n’était rien - rien - comparé à la douleur que j’ai absorbée en essayant de sauver les hommes de la douleur du rejet. Être rejetée par quelqu’un pour qui j’avais le béguin m’a menée à être triste pendant quelques mois. Absorber le harcèlement sexuel des hommes pour qu’ils ne soient pas confrontés au rejet m’a menée à des années de flashbacks, de dépression, et une incapacité à travailler dans ma profession choisie.
Pour gérer ma douleur, j’ai fait une thérapie. Et du yoga, et de la méditation. J’ai beaucoup travaillé sur moi-même, ai consacré des années à ma vie professionnelle, et des milliers de dollars pour - fonctionnellement - protéger des hommes de cette bouleversante réalité : je n’étais pas sexuellement attirée par eux. Mais c’était la vérité ; je ne l’étais pas. Et ces hommes, face à la douleur de mon rejet pourraient aussi apprendre à gérer comment prendre en main des émotions difficiles mais généralement, choisissent de ne pas le faire.
Au lieu d’apprendre comment faire gracieusement face au rejet, les hommes clameront que les femmes devraient « refuser gentiment ». Ça rappelle cette citation de Margaret Atwood « Les hommes ont peur que les femmes se moquent d’eux. Les femmes ont peur que les hommes les tuent. » Les hommes sont si terrifiés d’être moqués, rejetés ou d’absorber l’indignité de quelque manière que ce soit qu’ils exigent des femmes qu’elles risquent la violence physique pour qu’ils n’aient pas à se confronter à la douleur du rejet.
C’est un deal injuste que les femmes supportent uniquement parce qu’historiquement, les hommes ont eu le pouvoir sur nous. Si vous avez besoin de compter sur les revenus d’un homme pour votre survie, vous devez être sûre que votre présence améliore l’expérience de vie de votre mari. Sinon, il peut se débarrasser de vous et vous êtes foutue. Même maintenant, avec une disparité continue dans le potentiel de gains, les femmes s’occuperont souvent des émotions masculines pour qu’une femme soient assurée d’avoir un support matériel en fournissant de la valeur émotionnelle à son partenaire. Souvent, cela va au-delà d’une reconnaissance consciente des hommes qui le reçoivent.
Je me souviens d’un de mes amis qui était dans un sale état durant son divorce. Il dépendait tellement de moi émotionnellement après avoir perdu le soutien de sa femme (voulant parler avec moi, me câliner, etc.) que j’ai commencé à craquer. J’ai du placer des limites très claires (comme par exemple ne pas le voir pendant une semaine) qui n’ont pas été très bien supportées. Notre amitié a été mise à rude épreuve jusqu’à ce qu’il commence à fréquenter une dominatrix dont les exigences incluaient des choses saines telles que le pousser à arrêter de fumer et arrêter de manger du gluten. Ce que je vois maintenant, avec du recul, c’est que cette dominatrix a fourni beaucoup de la gestion émotionnelle qu’il avait reçue de sa femme, et que je ne voulais pas donner. Au final, mon ami a trouvé une nouvelle copine (avec qui il est maintenant marié) et a cessé de voir sa dom.
Pourtant, aujourd’hui, je ne suis pas sûre qu’il comprenne totalement à quel point il dépend sur les femmes dans sa vie pour gérer ses émotions, bien qu’il ait été complètement à côté de la plaque sans cela. Je vois cela surgir encore et encore parmi mes amis masculins ; je vois des hommes qui ne sont capables de quitter leurs problèmes d’addiction que s’ils ont une petite amie, ou des hommes qui deviennent workaholic dès qu’ils sont célibataires. Il y a tellement d’hommes qui sont incapables de vivre une vie heureuse s’ils n’ont pas de femme qui les empêchent de ressentir les émotions négatives qui accompagnent leurs mauvaises décisions de vie. On notera que souvent, ils ne cessent pas de prendre des mauvaises décisions.
Comment les femmes évitent aux hommes de faire face aux répercussions de leurs décisions ?
Cela me rappelle cette lettre d’Amour Féroce, écrite par une femme qui pensait à divorcer (stimulée par des trucs relatifs aux élections) :
Moins on couche ensemble, plus il boit, et plus il devient méchant et essaie littéralement de me forcer. Je me sens tellement violentée… Je le trouve absolument répulsif quand il est ivre, on n’est pas du tout connectés. Oh, et il tient absolument à avoir une immense barbe comme les Duck Dynasty, ce qui est un tue-l’amour pour moi, on ne s’est pas embrassé depuis les huit ans qu’il a ce monstre sur sa figure.
Qu’est-ce que je fais ? Quelqu’un doit baiser avec cet homme pour qu’il soit sympathique à côtoyer. Avant, je ne reconnaissais pas le problème, et je faisais en sorte de trouver une solution. Mais je déteste tellement la façon dont les hommes comme Trump m’ont traitée au cours de ma vie, que j’ai juste envie de leur dire d’aller se faire foutre.
Savage Love Letter of the Day
Je pense que l’extrait « Quelqu’un doit baiser avec cet homme pour qu’il soit sympathique à côtoyer » résume tout. Quelqu’un qui est abusif devrait avoir compris la leçon : personne ne veut te côtoyer quand tu es comme ça. Mais les hommes n’ont pas besoin d’apprendre cette leçon. Vous savez qui baise avec moi quand je suis une connasse abusive ?
Personne.
Vous savez qui veut baiser avec moi quand je suis une couillonne paresseuse qui ne s’occupe pas de son apparence et qui ressemble à rien ?
Personne.
Vous savez qui pense que j’ai un droit sur leur corps malgré mon refus de prendre la responsabilité de mon comportement ?
Personne.
J’ai été célibataire pendant deux pétard d’années pour digérer émotionnellement toute la merde qu’on m’a forcée à subir. Personne ne m’a réconfortée quand j’ai pleuré. Personne n’a dormi avec moi dans mon lit. Personne ne m’a tenue dans ses bras.
Personne n’a baisé avec moi.
Mais clairement, les hommes en colère « devraient » être baisés pour qu’ils n’imposent pas leur colère sur autrui. Pourquoi est-ce que les hommes en colère méritent du sexe et moi non ? Pourquoi est-ce que les hommes en colère obtiennent l’attention émotionnelle des femmes ?
Les femmes capituleront et satisferont les demandes masculines pour ne pas avoir à faire l’expérience des répercussions abusives de la colère masculine. Et, oui, ça marche des deux côtés et je ne veux pas nier l’existence des hommes qui sont abusés par les femmes, ou des relations abusives entre personnes de tous genres. Cependant, à un niveau culturel, l’attente qu’on a de l’absorption de la colère par les femmes existe bel et bien.
Les féministes posent souvent la question, comme beaucoup de tueries de masse dans l’histoire récente ont eu un motif sexuel, « pourquoi est-ce que tant d’hommes considèrent qu’ils ont droit à la sexualité féminine ? » Pourquoi est-ce qu’ils se sentent en colère, comme si on leur avait refusé quelque chose, quand ils ne couchent pas avec des femmes ?
Cependant, j’aimerais suggérer un mécanisme alternatif. Je pense qu’on élève les hommes à être énervés par défaut. On leur refuse la capacité à ressentir entièrement ou nommer leurs émotions, ce qui les empêche de comprendre complètement leurs besoins. Cela mène généralement à une colère omniprésente, étant donné qu’ils sont incapables de satisfaire leurs propres besoins. Cependant, si vous leur donner un-e partenaire, surtout si vous leur donnez une partenaire féminine, cette colère sera gérée. Leurs besoins seront pris en charge, ils n’ont donc pas besoin de comprendre leurs propres émotions parce que quelqu’un d’autre les comprendra et s’occupera de satisfaire leurs besoins.
C’est un stéréotype de dire que les hommes ont « du mal à exprimer leurs sentiments » mais il y a de la vérité dans ce stéréotype. Les psychiatres cliniciens ont remarqué que certains de leurs clients masculins avaient du mal à exprimer leur réalité émotionnelle, et ont donné à cela le nom de « alexithymie normative masculine ». Je ne vais pas me plonger dans les causes culturelles de cela, mais personnellement je crois que ça a beaucoup à faire avec la manière dont on élève les hommes. J’ai remarqué que lorsque je suis forcée à endurer la culture masculine trop longtemps (par exemple, en travaillant comme programmeuse) je commence aussi à avoir du mal à identifier mes propres émotions.
Quoiqu’il en soit - les hommes qui ne saisissent pas leur palette d’émotions complète sont enclins à la colère parce qu’ils ne peuvent satisfaire leurs propres besoins. Du coup, leur réponse naturelle à un besoin insatisfait est la colère. Tout comme le flash de colère qui vous traverse quand vous vous cognez l’orteil, ou quand vous voulez préparer le déjeuner et que votre four ne s’allume pas. Si vous êtes fatigué-e, que vous voulez aller au lit, mais que quelque chose vous retient (par exemple, le travail) vous pouvez vous mettre en colère. Cependant, pour beaucoup d’hommes, je pense que cette colère vient de leur propre incapacité à comprendre ce dont ils ont besoin. Donc ce sera comme si ils étaient fatigués mais qu’ils ne comprenaient pas qu’ils étaient fatigués, et n’allaient pas se coucher. Dans cet état émotionnellement appauvri, ils sont hautement enclins à être touchés par la moindre chose (comme par exemple, se mettre en colère parce que le téléphone sonne).
Et les femmes gèreront ça. Mais ça craint. Bordel ça crainttttt.
Dernièrement, l’idée de sortir avec des hommes m’angoisse d’une manière que je ne ressens jamais à l’idée de sortir avec des femmes. Et j’ai essayé de comprendre cela et… c’est genre, ce sentiment que ma vie sera une vie de corvées perpétuelle ou bien tout le temps grise. J’associe sortir avec les hommes au fait d’être forcée à faire beaucoup plus de tâches subalternes que lorsque je sors avec des femmes. Et j’entrevois des flash de ça quand je vais à des rendez-vous avec des hommes. Ils commenceront par exemple à râler sur leur travail, et attendront de moi que je reflète leur émotions en retour et les traitent avec eux. Les femmes font cela moins fréquemment, et si elles le font, elles tendent à apprécier davantage l’effort que je fournis pour les écouter. La plupart du temps, les hommes ne reconnaissent même pas que j’ai fait quelque chose. Ils ne comprennent probablement pas que j’ai fait quoique ce soit.
Je suis terrifiée à l’idée de devenir le dépotoir à colère de quelqu’un. J’ai du tellement travailler pour éliminer toute la merde négative qui a été lâchée sur moi jusqu’à maintenant, que je ne peux pas laisser quelqu’un m’en remplir à nouveau. Je ne peux pas continuer à aller en thérapie et au yoga pour donner à la personne avec qui je sors le privilège de se décharger sur moi.
Je ne le ferai pas.
Donc quand je sors avec des gens, je cherche des signes que la personne fait- ou cherche à faire - le travail de gérance de ses propres émotions. Mais… c’est une situation bien sombre quand il s’agit d’hommes hétérosexuels. Les seuls hommes que je connais qui vont en thérapie sont soit gay soit dans un état très critique. Les hommes hétérosexuels ne font pas une thérapie pour faire une mise au point, comme je le fais ou comme mes amiEs le font. Je rencontre certains hommes à mon centre zen mais… ils sont souvent compliqués. Toutes les formes de méditations ne mènent pas à une conscience émotionnelle, et de toute façon, c’est mal vu de sortir entre membres du centre zen. La plupart des hommes de mon cercle social gèrent leurs émotions avec l’alcool, la drogue, le travail, les femmes, ou une combinaison de tout ça. Plusieurs d’entre eux disent « je devrais peut-être faire une thérapie », mais très peu d’entre eux le font.
Et ils gagnent tous plus que moi, donc ils pourraient totalement le faire. Ironiquement, nombre de mes ami-e-s moins riches sont celleux qui sont les plus constants en thérapie. Peut-être parce que comme ils ont moins de pouvoir ils peuvent moins imposer leurs émotions sur les autres gens ?
Heureusement, je n’ai pas besoin de sortir avec des hommes. L’alexie normative masculine pourrait pousser au lesbianisme normatif féminin.
#Travail émotionnel#misogynie#féminité#masculinité#sexisme#exister#relations amoureuses#hétérosexualité#culture hétérosexuelle#émotions#virilité#thérapie#colère#agression sexuelle#violence masculine
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Contrefaçon est une série d’articles sur le Japon concernant leur adaptation à la sauce nipponne de symboles qui sont traditionnellement rattachés à d’autres cultures .
Article publié initialement le 31 Mai 2016
Bonjour,
Je tenais à vous remercier pour vos retours sur la précédente chronique, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire vos commentaires. Je veux aussi vous demander de m’excuser pour les retards à répétition sur cette chronique. J’ai très mal géré mon temps comme vous avez pu le voir.
Vous le savez déjà dans les contrefaçons, je m’efforce d’éviter les stéréotypes mais si je vous dis Japon, vous me répondrez en vrac Manga, sushi, uniforme, samurai, bombe ou encore monstres (hentai pour les plus foufous).
Un voyage dans ce pays mettra en lumière d’autres aspects inconnus pour un/une français/e mais aussi renforcera ou ruinera ses clichés d’avant voyage. Le problème c’est qu’ici nous faisons l’inverse : on voit comment le Japon adapte les autres cultures donc comment les japonais(e)s retranscriraient un voyage en France. Pour le savoir une série monument du jeux-vidéo peut nous aider, voici Pokémon X et Y.
Pokémon tout le monde connaît et c’est déjà la 7ème génération qui pointera le bout de son nez à la fin de cette année 2016. Elle s’inspirera d’Hawaï mais saviez-vous que la 6ème génération (Pokémon X et Pokémon Y) quant à elle se base sur la France ?
La région nommée Kalos reprend notre beau pays (en tout cas la partie qui correspond à la France occupée durant la seconde guerre mondiale) pour l’intégrer dans le monde de Pokémon.
Les développeurs du jeu, à savoir, Game Freak ont fait le déplacement en France pour leur jeux. De leur voyage quels souvenirs les ont marqué ? Il y en a deux types : le patrimoine connu et valorisé à l’étranger et les autres choses parfois beaucoup plus anodines qu’on retrouve dans le jeu.
Pour ceux qui s’intéresse à la première catégorie je recommande de lire cet article qui est un vrai bijou pour ses informations justes et sa rédaction agréable.
J’ai tendance à voir de telles horreurs quand je me documente pour mes articles, que trouver ce blog m’a fait plaisir et c’est pour ça que dans cet article je parlerai plutôt des choses plus anecdotiques qu’on retrouve dans le jeu. Toutefois pour ceux et celles qui ne souhaitent pas lire l’article je vous ai mis des exemples de réinterprétations du jeu.
Maintenant passons aux petites choses qui, si vous avez fait les jeux, vous ont peut-être échappées ou si vous n’y avez pas touché vous feront sourire quand vous jouerez à Pokémon.
1 – L’aquarium de la Roche-sur-Gliffe
Un des principaux bâtiments de la Roche-sur-Gliffe est son Aquarium où trône un magicarpe doré : celui-ci est une représentation de l’aquarium de la Rochelle.
Cet aquarium est le plus visité de France avec ses nombreuses zones à thème. Je vous mets l’adresse du site juste ici. Je l’ai visité quand j’étais très jeune et je ne me souviens pas bien de l’endroit mais au vu du site web cela semble magnifique. En tout cas assez pour impressionner nos développeurs qui l’ont intégré au jeux comme un passage obligé pour se rendre à la ville suivante. C’est également un lieu ou diverses astuces sur les pokémons eau sont données ainsi que la fameuse canne pour pouvoir pêcher.
2 – La Normandie
Il faut savoir que je suis Normand récemment exilé en région Parisienne et j’ai trouvé assez rigolo qu’on rencontre des pokémons qui correspondent aux clichés de la Basse-Normandie à savoir une mouette et une vache.
La zone est agrémentée d’une ferme et de pas mal d’endroits de pêche. Je retrouve donc la campagne du Calvados et ses clichés du coté de Paris, quand je joue au jeu.
Pour les amateurs de la Normandie mais celle du haut cette fois-ci, dans la ville du Havre se trouve une curiosité à savoir un funiculaire.
La ficelle comme le surnomme les habitants relie le bas de la ville avec le haut. Il demeure une expérience singulière si vous visitez le Havre. C’est sûrement pourquoi on retrouve le funiculaire qui relie cette fois-ci la ville de port tempères.
3 – Le désert
J’ai vu beaucoup de théories sur le désert que l’on trouve à l’ouest d’Illumis (Paris) et je vais vous apporter la mienne.
Cette zone désertique est couverte de diverses centrales à énergies renouvelables (éolienne, géothermique, hydraulique, photovoltaïque et solaire) selon poképedia et je leur fais confiance. On ne sait pas vraiment ce qui à pu inspirer cette zone mais je crois que l’inspiration vient des marées que l’on retrouve sous le pont de Normandie menant au Havre. Je n’ai pas vraiment trouvé de belles photos mais seulement une vidéo qui montre le paysage de jour.
Pour être passé au dessus de cette zone la nuit je peux vous dire que l’on ressent une étrange impression comme si nous roulions sur le chemin des enfers
4 – Les cafés
La France c’est aussi une ambiance. Dans les jeux vous trouvez des hôtels dans chacune des villes, des boutiques de vêtements (la France pays de la mode) mais ce qui nous intéresse ici, ce sont les cafés.
Les cafés sur Kalos ne servent pas à grand-chose de prime abord ; tout juste à augmenter le bonheur des pokémons en leur faisant savourer une bonne boisson. Oui mais s’asseoir dans un café c’est aussi rencontrer des dresseurs qui vous donne des anecdotes et des informations.
Comme dans un vrai café français vous pouvez ainsi faire la connaissance de quiconque, sortant du cadre des personnes que vous fréquentez habituellement et être plus ou moins chanceux concernant celles-ci.
Derrière ces quelques exemples et avec l’excellent (je le répète) article que je vous ai conseillé, nous pouvons affirmer que la France a été un très bon souvenir pour les développeurs japonais.
Ils ont su trouver toute l’inspiration nécessaire pour leurs jeux et je suis certain que vous avez d’autres exemples que je n’ai pas abordé en tête. D’ailleurs si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à nous partager.
Cette chronique est sans prétention, je voulais plus vous livrer quelques points qui peuvent vous aider à savoir comment les développeurs pensent et vous permettent de rêver aux prochains opus qui arrivent à toute allure.
Comme toujours, merci à vous d’avoir lu cette chronique
Merci à la belette cendrée pour la correction et merci à Poyjo pour me fournir un espace de liberté.
Je vous dis à dans un mois. Des bisous.
Contrefaçon n°5 : Pokémon en France Contrefaçon est une série d'articles sur le Japon concernant leur adaptation à la sauce nipponne de symboles qui sont traditionnellement rattachés à d'autres cultures .
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Le cœur du Système
«La propagande sert davantage à nous justifier nous-mêmes qu’à convaincre les autres; plus nous avons de raisons de nous sentir coupables, et plus fervente sera notre propagande.» (Eric Hoffer, The True Believer: Thoughts on the Nature of Mass Movements)
Dans Le Maître et Marguerite, le chef-d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, le Diable apparaît en personne sous la cape du magicien Woland. Le Diable est joueur: il s’amuse à tester la vanité et la crédulité des hommes. Et il sait qu’il n’est d’humains plus crédules que les incrédules de métier. C’est ainsi que son premier interlocuteur, Berlioz, vedette littéraire du Moscou soviétique et athée militant, finira décapité par un tramway, exactement comme le magicien le lui a prédit. Ah! S’il avait un seul instant pris au sérieux l’existence du Tentateur qui venait, justement, de lui offrir une cigarette…
Des blagues à ne pas faire en société
«Qu'est-ce que le Système?» me demandent sans cesse les idiots utiles du Système. (Tweet, 5.2.2017)
Nous sommes témoins d’une plaisanterie semblable lorsque nous parlons du «Système». Il m’arrive ainsi de lancer des aphorismes à ce sujet dont les échos sont connus d’avance: «Complotiste!», me répliquent aussitôt des sceptiques venus de divers horizons culturels et politiques, mais qui ont généralement en commun un binôme de caractéristiques paradoxal: d’un côté, la foi dans le rationalisme et le «fact-checking», et de l’autre des convictions morales et politiques d’une naïveté extrême. Ils s’attribuent à la fois une haute capacité de discernement, une mission de «vigilance citoyenne» et une position critique vis-à-vis du pouvoir. Dans le langage ras-du-sol des services, ce sont de parfaits idiots utiles.
L’idiot utile est celui qui croit qu’il ne croit pas ce qu’il croit, mais qu’il le sait. Que sa subjectivité n’y est pour rien. Que sa connaissance ne lui vient pas par un quelconque canal d’influence ou d’endoctrinement, mais de la vérité des choses elle-même. Sans filtre. Sans intermédiaire. Sans diable ni système.
Le Système, selon eux, n’existe pas. Ou, s’il existe, il n’a ni malice ni intention particulière. Il fait partie du paysage comme le climat ou la course des astres et obéit aux décrets des institutions comme la charrue au laboureur. Ce qui existe, pour cette catégorie d’esprits, c’est l’«Antisystème», à savoir tous ces milieux étranges et «sulfureux» qui, sous couvert de «résistance» contre un spectre de leur invention, complotent pour renverser la démocratie. Quelquefois, souvent même, ces innocents décrètent que le Système, c’est justement ça: l’Antisystème. Tout comme les étiquettes, les causes et les effets s’intervertissent facilement. Pour que l’«Antisystème» soit moralement condamnable, pour qu’on puisse le censurer et le liquider sans états d’âme, il est nécessaire que sa cause soit une illusion. Mais entre ces deux termes, lequel découle de l’autre? La nécessité de bâillonner l’opposition à cause de ses mensonges, ou la nécessité de prouver que ses vues sont des mensonges afin de la bâillonner?
C’est celui qui dit qui est!
Les comploteurs dénoncent les complotistes. Quoi de plus normal? (Tweet, 31.1.2017)
Et de même: où se situe le crime de complot, si complot il y a? La divulgation massive, par WikiLeaks, des e-mails de Mme Clinton et de son entourage montre que la direction du parti Démocrate avait été accaparée par des gens qui, littéralement, passaient leur temps à comploter en coulisses: contre la Libye, pour la destruction de l’enseignement et de la conscience civique, pour les intérêts du complexe militaro-industriel, et j’en passe. Le déchaînement même du milieu médiatico-politique face à cette divulgation montre que les tractations secrètes avec des agents d’influence sans investiture démocratique sont un mode de gouvernement admis et protégé. Ainsi le complot a-t-il été attesté comme une réalité indiscutable et omniprésente par ses protagonistes et défenseurs mêmes! Mais par un extraordinaire renversement rhétorique, le crime de complot a été rejeté sur ceux qui, justement, le dévoilaient au grand jour — ainsi que sur leurs hypothétiques alliés russes (car le mot «russe» est un utile déclencheur réflexe qui associe immédiatement à l’espionnage, à la propagande et à la désinformation). En effet, le seul moyen de berner le public et de détourner son attention du complot indiscutable qu’il avait sous les yeux était de pointer du doigt un complot bien plus menaçant, d’autant plus menaçant qu’on ne pouvait en montrer qu’une ombre: celui liant Poutine à Trump via Julian Assange!
Et voici donc les comploteurs devenus complotistes à leur tour en dénonçant le complot des complotistes visant à faire éclater leur propre complot!
On pourrait étendre ce jeu de miroirs à l’infini. Ce qu’il reflète fondamentalement est très simple et vieux comme le monde: les rapports de force entre l’ordre établi et l’opposition, entre le discours du pouvoir et sa contestation. Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir, résumait sobrement La Fontaine dans «Les Animaux malades de la peste». Ou Blaise Pascal, dans ses Provinciales, s’adressant à ses adversaires jésuites d’une mauvaise foi criante: «Vous êtes quatre-vingt docteurs, mes bons Pères, et je suis seul. Vous avez forcément raison!» (Je cite de mémoire.)
Voilà donc le billard à mille bandes réduit à un vulgaire jeu de quilles: celui qui tient en main la grosse boule est en position de faucher les autres, un point c’est tout. Or, quoi qu’il arrive, la main qui tient la boule est celle du Système. Les quilles peuvent être blanches, jaunes, vertes ou rouges, elles peuvent être «de gauche» ou «de droite», mais le choix à l’échelon des existences se ramène à cela: il y a ceux qui lancent la boule et ceux qui attendent d’être fauchés ou épargnés par le projectile.
Pourquoi tous ces faisceaux?
«Une intelligentsia dominante, que ce soit en Europe, en Asie ou en Afrique, traite les masses comme une matière première qu’on peut soumettre à expérimentation, manipuler et gaspiller à volonté.» (Eric Hoffer, The Temper of Our Time, 1967)
Le mot système vient du verbe grec systeô, qui signifie attacher ensemble, entrelacer. En politique, le système est souvent représenté par des faisceaux: les convergences d’énergies tenues ensemble par le pouvoir central. On pense machinalement à Rome ou au fascisme italien. On oublie que ces mêmes faisceaux sont aussi sur les armoiries de la présidence française. Le Système, c’est le fascisme absolu, l’ordre en soi, tel qu’il se maintient et se perpétue, abstraction faite de l’idéologie et des justifications qu’il se donne. Il prend de plus en plus d’autonomie à mesure que la société humaine se technicise et se complexifie, en cela même qu’il exclut les impondérables du facteur humain tels que le libre arbitre, le bon vouloir, la vindicte ou la clémence.
La meilleure définition du mot tel qu’il nous intéresse ici a été donnée par Pontus de Thyard au XVIe siècle: «Ensemble dont les parties sont coordonnées par une loi». La loi est au centre. Le Système règne quand aucune volonté humaine, aucune loi morale ne peut se hisser publiquement au-dessus de la loi écrite. Sur le plan officieux, il en va tout autrement: plus la loi publique est rigoureuse, et plus les dérogations octroyées aux satrapes sont généreuses. Plus le commun est jugulé, et plus la nomenklatura s’auto-absout. Il suffit d’observer la classe politique pour s’en convaincre.
Encore faut-il que ce que nos yeux voient puisse — ose — remonter jusqu’au cerveau et que celui-ci en tire des conclusions. C’est une étape que le Système s’emploie à désactiver en criblant de tabous le discours public avec l’aide cruciale du dispositif de l’instruction et des médias. Il aura fallu un dressage rigoureux pour enseigner aux consciences contemporaines à craindre l’invocation même du «Système» et à censurer ceux qui en parlent. La crédulité est l’un des éléments clefs de ce dressage. On apprend à admettre n’importe quelle affirmation, pourvu qu’elle vienne d’une source autorisée. Par exemple, qu’une simple grippe saisonnière est une menace pour l’humanité ou qu’un avion de ligne détourné par des pilotes amateurs peut faire crouler un gratte-ciel sans même le toucher. Cette crédulité implique à la fois de l’ignorance (en matière scientifique et logique) et de l’obéissance. Ce qui, à l’aube de la conscience éclairée, était considéré comme des tares à déraciner est devenu aujourd’hui des vertus «démocratiques» que les ingénieurs sociaux entretiennent.
«Nous avons tous été assez satisfaits de dégrader le gouvernement, de laisser tomber le civisme et en général de conspirer à produire des citoyens ignares et obéissants» écrivait ainsi en mars dernier Bill Ivey, le «monsieur Culture» de Bill Clinton, à John Podesta, le chef de campagne de Mme Clinton. Ces agents d’influence étaient encore, en mars 2016, ceux qui tenaient la boule du jeu de quilles. Ils étaient au cœur du système, si certains de leur domination qu’ils se permettaient des aveux écrits qu’une personne avisée hésiterait à livrer même à l’oreille d’un ami. Ils ne pouvaient imaginer que, huit mois plus tard, ils se retrouveraient à la place des quilles.
Ils n’y sont pas du reste, le Système ayant engagé une guerre totale contre ce président indésiré que les médias ne nomment jamais «l’homme le plus puissant du monde» ainsi qu’ils le faisaient avec tous ses prédécesseurs.
Le Système est impersonnel, même s’il a un ample personnel à son service et même s’il confère à l’élite de ce personnel des pouvoirs dont les rois et les tyrans de jadis ne disposaient pas. L’erreur de ceux qui le contestent (et la technique de ceux qui veulent en détourner l’attention) est de le personnaliser: de réduire des lois générales et des mécanismes à des individus et à des traits de personnalité. Les gouvernements combattus par le Système sont systématiquement réduits à des régimes, et les régimes eux-mêmes à la seule figure de leur chef (Kadhafi, Saddam, Assad, Poutine…); cependant que les «Antisystème» s’acharnent à identifier derrière le mécanisme des «tireurs de ficelles» dont l’existence ou non n’a aucune importance.
Lorsque l’action personnelle commence à compter réellement, c’est qu’on se trouve dans un système de pouvoir individualisé et donc, déjà, en marge du Système. La personnalité de l’ivrogne Juncker n’a pas plus de poids dans l’Union soviétique européenne que celle de l’ivrogne Eltsine n’en avait dans l’URSS finissante, deux systèmes inhumains en fin de course. L’opposition sourde et poltronne du pauvre Obama aux agissements de son propre appareil n’a en rien freiné l’emballement général. Mais le fait même que la personnalité de Vladimir Poutine infléchisse le cours de son histoire montre que la Russie est sortie, en partie, de l’orbite du Système.
Une autre erreur courante consiste à prêter au Système une idéologie. Le Système n’a pas d’idéologie: il se sert en opportuniste de celle qui, à un moment donné, le plus à même de consolider et d’étendre son empire. Il optera naturellement de préférence pour des idéologies collectivistes, globalistes et légiférantes. Le Système est en soi un appareil de soumission. Il exige de chaque individu, à tous les échelons, une soumission plus ou moins étendue et accorde en échange la protection, la sécurité et des privilèges. D’où son alliance naturelle avec l’Islam, qui est la Soumission, si l’on peut dire, à l’état natif. D’un côté comme de l’autre, la Loi balaie les particularités humaines, les raisons individuelles et surtout ces «lois non écrites» d’Antigone qui, à travers les siècles, ont toujours dissuadé notre propre civilisation de se transformer en un mécanisme totalitaire.
L’humain contre l’androïde
Ne jamais nommer le Système: c'est le meilleur service à lui rendre. Persée ne pouvait croiser le regard de Méduse. (Tweet, 10.12.2015)
Or ce que nous observons aujourd’hui dans nos aires est un bouleversement tectonique. L’évolution tranquille du Système vers ce mécanisme parfait via le perfectionnement technique couplé à la régression de l’humain a été bouleversée par une série d’événements politiques, mais aussi de prises de conscience psychologiques. Aux États-Unis, pour parler schématiquement, un outsider a réussi à prendre à revers le Système. Certes, M. Trump était une «huile» de premier plan de l’oligarchie américaine, mais le Système n’est pas réductible à l’oligarchie. Dans le cadre du Système, un juge vénal ou un journaliste illettré a la faculté de faire trébucher l’oligarque le plus puissant pour peu que son action serve le Système. Et non seulement Trump a-t-il réussi à enlever la présidence des États-Unis, mais encore s’emploie-t-il, depuis le premier jour de son mandat, à faire passer en force toute une série de mesures aussi perpendiculaires à la marche du Système que les bâtons qu’on met dans une roue.
Pour le dire encore plus schématiquement: l’administration Trump, comme l’État de Poutine, comme nombre d’autres insurrections décriées comme «populistes», s’emploie à enrayer la stratégie du Système dans son cœur même, laquelle consiste à abattre toutes les frontières établies par des communautés humaines conscientes (et donc des souverainetés volontaires) pour les remplacer par de nouveaux cloisonnements hermétiques dont lui seul, le Système, aurait les clefs: systèmes de sécurité et de contrôle total, omnisurveillance, dématérialisation documentaire et monétaire, puçage et traçage. Ce n’est pas un hasard si les milliardaires de la Silicon Valley — qui sont pourtant de sa classe sociale — montent en première ligne contre le nouveau président américain, aux côtés des patrons des médias de masse et des vedettes du show-biz, principaux organisateurs du décervelage et de la régression de masse.
L’enjeu de la lutte qui se développe aujourd’hui sous nos yeux dépasse les visions et la mission de tous les gouvernants de ce siècle et du précédent. Cette lutte est l’aboutissement d’une longue évolution de la civilisation européenne, qui a mis entre les mains de l’humanité les outils de sa libération en même temps que ceux de son anéantissement. L’enjeu est le choix entre une société encore calquée sur des destinées humaines ou une «entité» gérée par un Système anonyme épaulé par la mince élite gérant l’ensemble des banques et des médias et les prêtres informatiques de la post-humanité.
Coda
En ouverture de son ouvrage posthume (inédit en français), La fourmilière globale, Alexandre Zinoviev proposait au tournant du XXIe siècle une «fiction» terrifiante, qui pourtant paraît presque banale aujourd’hui:
«Notre XXe siècle aura peut-être été le siècle le plus dramatique de toute l’histoire humaine du point de vue de la destinée des gens et des nations, des idées, des systèmes sociaux et des civilisations. Mais, toutes ces choses étant posées, ce fut aussi un siècle de passion et d’aventure: siècle d’espoirs et de désespoirs, d’illusions et de visions, d’avancées et de déceptions, de joies et de malheurs, d’amour et de haine… Ç’aura été, peut-être, le dernier siècle humain. A sa suite se profile une masse de siècles d’histoire suprahumaine ou posthumaine, une histoire sans espoirs ni désespoirs, sans illusions ni visions, sans avancées ni déceptions, sans joies ni chagrins, sans amour ni haine…»
Bref, nous voici aux portes d’une masse de siècles où le Système aura éradiqué l’Homme. Ou pas?
Slobodan Despot [Tiré à part d’ANTIPRESSE n° 63 | 12.2.2017.]
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Petit aperçu rapide des lectures de ces dix derniers jours 📚 Pas moins de neuf titres, parmi lesquels un bandé-dessinée et un poche. Ces deux lectures n’étaient pas prévues initialement, mais comme des blogueurs en qui j’ai toute confiance les ont recommandées (et que je suis faible quand il s’agit de livres 😅), je les ai tout de suite commandées pour les lire aussitôt 😉 Je reviendrai bien entendu sur chaque titre dans des chroniques dédiées. • Un rythme de lecture soutenu (sachant que je ne lis quasiment pas le week-end, qui lui est réservé à ma vie de famille), que j’apprécie particulièrement. • Mais, évidemment, il y a un revers à tout, et quand je suis dans une période de lecture intensive comme en ce moment, ce sont les chroniques qui en pâtissent. Lorsque j’enchaîne, sans difficulté ou presque, les titres et les genres, je souffre d’une flemme aiguë pour ce qui est d’écrire dessus, tout simplement parce que j’ai tellement hâte de commencer le suivant que je ne trouve pas la patience de faire une pause d’une heure ou deux pour chroniquer celui que je viens de finir... C’est pareil pour vous ? • Mais, promis, je remédierai à ce manquement dès la semaine prochaine 😉 Sur cette pile là, je n’ai pour l’instant pris le temps de chroniquer que le dernier Stephen King. Les autres viendront très vite, mais je peux déjà vous dire que : - J’ai beaucoup aimé la lecture de Blanc Autour (@madame.tapioca et @au.fil.des.livres , si vous passez par là... 😘) - Le Danse de la Tarentule a été un roman captivant, que je recommande à chacun. - Les Femmes n’ont pas d’Histoire est un magnifique roman noir américain, dans le pur sens du terme. - La République des Faibles dégage une atmosphère incroyable dont je vous parlerai longuement. - Rien ne T’efface est un thriller psychologique qui plaira à beaucoup, mais qui pêche par certains côtés. - Huit Crimes Parfaits m’a rappelé mes excellents moments de lectures de l’époque où je lisais Agatha Christie. - Et Claire Favan, dans La Chair de sa Chair, renoue avec ce qu’elle sait faire de meilleur. Un vrai régal ! • Certains vous tentent plus que d’autres ? Bon samedi à tous 😘 . . . . https://www.instagram.com/p/CLPPvgbH1td/?igshid=103ecnixwvxjt
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Extrait:
“L’année passée, trente mille visiteurs étaient venus découvrir la zone irradiée. Pour y accéder, il suffisait d’avoir plus de dix-huit ans, de ne pas être enceinte et de pousser la porte d’un des innombrables voyagistes spécialisés dans les Tchernobyl Tours qui pullulaient à Kiev. Là, pour quelques centaines de dollars, on vous obtenait toutes les autorisations nécessaires tamponnées par l’administration ukrainienne. La dernière mode, c’était de faire son enterrement de vie de garçon à Tchernobyl. Trop ordinaires, les sauts en parachute et les cuites avec strip-teaseuse: depuis quelques mois on voyait régulièrement débarquer des contingents de connards éméchés qui beuglaient dans les rues abandonnées de Pripiat. Melnyk en venait presque à regretter l’époque des touristes russes. Ils étaient de plus en plus rares, depuis l’annexion de la Crimée par la Russie et le déclenchement de la guerre civile qui minait la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine. -Alors, il est où ce foutu cadavre ? demanda-t-il en s’installant dans sa Lada”
4ème de couverture:
Un cadavre atrocement mutilé suspendu à la façade d’un bâtiment. Une ancienne ville soviétique envoûtante et terrifiante. Deux enquêteurs, aux motivations divergentes, face à un tueur fou qui signe ses crimes d’une hirondelle empaillée. Et l’ombre d’un double meurtre perpétré en 1986, la nuit où la centrale de Tchernobyl a explosé…Morgan Audic signe un thriller époustouflant dans une Ukraine disloquée où se mêlent conflits armés, effondrement économique et revendications écologiques.
Ce que j’en pense…
Je dois avouer que j’étais un peu réticente… Tchernobyl, sujet plus qu’épineux sur lequel j’ai la fâcheuse tendance à jouer l’autruche. Et après lecture de ce récit, je vais sans doute jouer à la taupe et ne plus jamais ressortir. La trame est tellement bien menée, tellement prenante, qu’elle t’amènera tous ces faits historiques, cette problématique, cette politique et ce qui en découle d’une manière si humaine que tu les vivras comme jamais tu n’aurai imaginé les vivre. Tu t’immergeras dans l’histoire, vivras cette catastrophe au travers de ces personnages tellement intensément qu’au final, tout te semblera bien plus percutant que tout ce que l’on a pu te raconter jusqu’à présent.
Munis-toi impérativement de ton compteur Geiger. Son crépitement en bruit de fond ne t’empêchera malheureusement pas d’être très vite irradié par cette pépite chargée à l’uranium.
Deux meurtres, deux époques. L’avant et l’après l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Deux meurtres qui pourraient avoir un lien…ou pas ? Alexandre Rybalko de la police de Moscou, originaire de Pripiat, est mandaté par Vektor Sokolov, richissime propriétaire de PetroRus et père de la dernière victime. La police ukrainienne n’avance pas assez vite pour lui alors que pourtant Melnyk et Novak font de leur mieux pour élucider cette sombre affaire. Mais dans un pays où règne la haine et la corruption. Un pays, une région drastiquement atteinte par son passé ou même par son présent. Quand ton enquête est sous fond de conflit ukrainien. Quand elle a des relents de guerre en Afghanistan ou en Tchétchénie. Quand elle exprime toute la douleur d’un peuple, il est bien difficile de s’y retrouver et de dénouer les liens d’un terrible meurtre.
Au travers des différents personnages, l’auteur a réussi à glisser de manière habile tous les aspects politiques, toute la problématique de ce pays devenu deux. Extrêmement bien documenté, ce récit t’apprendra bon nombre de choses et ce n’est pas monnaie courante. L’auteur porte un regard pertinent sur la vie d’avant et surtout celle de l’après. Sur ce qu’ils endurent encore, sur ce que nous endurons tous, sans doute, et sans le savoir vraiment et ce, sans tomber dans le cliché ou l’excès. Il aborde aussi la bêtise humaine avec ce tourisme en plein essor de cette zone ultra dangereuse.
Un regard juste. Une intrigue de haut vol menée de main de maître. Excellente de bout en bout sans avoir peur de malmener ses héros (et ça tu le sais, j’adore 😜). Des descriptifs exceptionnels, très cinématographiques. Une documentation parfaite. Une réalité brillamment utilisée pour en faire une fiction redoutable ou est-ce l’inverse ? Tu ne le sauras plus très bien…
Il s’agit là du deuxième livre de l’auteur et il est difficile de croire que ce soit le cas tant il est abouti et développé…Tellement bluffée, d’ailleurs, que j’ai attaqué direct son premier roman “Trop de morts au pays des merveilles”. C’est les vacances pour moi, je ne te proposerai malheureusement pas de chronique pour celui-là, mais je ne peux que te recommander cette autre excellente lecture !
Bref t’as capté ? Et surtout n’oublie pas de laisser ton compteur Geiger crépiter, grésiller pour te rappeler tout au long que ce livre brille dans la nuit !
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De bonnes raisons de mourir – Morgan Audic – Editions Albin Michel – 496 pages – 2019
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Si tu veux en savoir encore plus, je te conseille de lire: “La Supplication” de Svetlana Alexievitch ou encore “Tchernobyl les confessions d’un reporter” de Igor Kostine
De bonnes raisons de mourir – Morgan Audic Extrait: "L'année passée, trente mille visiteurs étaient venus découvrir la zone irradiée. Pour y accéder, il suffisait d'avoir plus de dix-huit ans, de ne pas être enceinte et de pousser la porte d'un des innombrables voyagistes spécialisés dans les Tchernobyl Tours qui pullulaient à Kiev.
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Une anciennne membre d’un gang s’est retiré dans la campagne vietnamienne afin d’élever seule sa fille. Lorsque sa fille est kidnappée, elle retrouve rapidement ses anciennes habitudes afin de tout mettre en œuvre pour retrouver son enfant…
Origine du film : Vietnam Réalisateur : Lê Văn Kiệt Scénariste : Lê Văn Kiệt Acteurs : Veronica Ngo, Cát Vy, Phan Thanh Nhiên, Phạm Anh Khoa, Trần Thanh Hoa Musique : Morgan Schmidt Genre : Action, Crime, Thriller Durée : 98 minutes Date de sortie : 22 février 2019 (Vietnam), 22 mai 2019 (Netflix) Année de production : 2019 Sociétés de production : Studio 68 Distribué par : Well Go USA Entertainment / Netflix Titre original : Hai Phượng Notre note : ★★★★☆
“Hai Phượng”, ou “Furie” pour la distribution originale, est un thriller d’action vietnamien datant de 2019, écrit et réalisé par Lê Văn Kiệt, à qui l’on doit également “The Rich Woman” (2016). Les acteurs principaux sont Veronica Ngo, qu’on a pu voir dans “Bright” (2017), ainsi que dans “Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi” (2017), Pham Anh Khoa, qu’on a pu voir dans “Sieu Nhan X: Super X” (2015), et Lê Bình, qu’on a pu voir dans “Táo Quây” (2019).
L’histoire proposée par “Furie” nous invite à suivre Hai Phuong (Veronica Ngo), une ex-gangster vivant dans une campagne reculée pour élever seule sa fille Mai (Cát Vy). La vie de Hai est cependant mouvementée, car elle officie pour des usuriers et autres prêteurs sur gages, chargée de récupérer les paiements, devant souvent user de la force, voire de la violence. Lorsque Mai se fait enlever, par un gang de trafiquants d’organes, Hai tente de la récupérer par tous les moyens. Elle va se retrouver à Saïgon, où devra s’enfoncer dans le côté obscur de cette ville gigantesque afin de remonter la filière qui lui permettra de retrouver sa fille.
Le scénario concocté par Lê Văn Kiệt, qui officie également comme réalisateur sur ce métrage, est relativement basique et n’offre, il faut le reconnaître, aucune innovation particulière. Une mère tente par tous les moyens de récupérer sa fille avant que celle-ci ne soit découpée en morceaux dans le cadre d’un réseau de trafiquants d’organes. La particularité de cette mère, c’est qu’elle fut la fille d’un ancien professeur de Vovinam, art martial vietnamien. Cette particularité permet de positionner le personnage dans l’action et lui offrir une multitude de confrontation.
La construction du thriller se fait par l’intermédiaire de la disparition de la fillette, qui intervient dans les premières minutes du métrage. Sa mère, dont la présentation rapide nous aura permis de saisir les compétences en terme de combat, se lance à sa poursuite, ratant de peu l’opportunité de récupérer sa fille, entravée à plusieurs reprises par les complices des kidnappeurs. Le personnage central va donc devoir retourner à Ho Chi Minh City, plus couramment appelé Saïgon, ville qu’elle avait fuit jadis afin de pouvoir élever son enfant. Elle va donc tenter de demander de l’aide à la police, puis prendre contact avec quelques-unes de ses anciennes connaissances afin de localiser le réseau de trafiquants et ainsi retrouver son enfant. Le chemin est cependant parsemé d’embûches, offrant au passage à Ngô Thanh Vân, plus connu sous le nom de Veronica Ngo, de montrer toute sa dextérité pour les arts martiaux.
L’aspect criminel est relevé par l’idée que les kidnappeurs d’enfants œuvrent pour un gang de trafiquants d’enfants. Ceux-ci sont expédiés dans les différents pays voisins pour alimenter les réseaux clandestins de ce type de trafic, et plus précisément le Laos voisin. À l’instar de certains jeux vidéo de baston, le héros rencontre des difficultés en fin de niveau lorsqu’il doit affronter le “boss”. C’est un petit peu la même chose avec “Furie” ou le personnage principal doit affronter le chef de ce réseau mafieux. Et pour corser la chose, il s’agit d’une femme, Thanh Soi (Trần Thanh Hoa), qui ,bien entendu, se bat comme une tigresse, donnant ainsi du fil à retordre à notre héroïne.
Les valeurs de production de “Furie” sont relativement bonnes. La mise en scène permet de montrer deux mondes bien distincts. La ruralité du Vietnam est d’ailleurs présentée de jour, alors que l’enfer de la mégapole Saïgon, peuplée de plus de huit millions d’habitant, est présenté de nuit, offrant les classiques visions de rues illuminées par des néons de toutes sortes de couleurs. La photographie de Morgan Schmidt trouve donc un bel équilibre à travers cette dualité entre clarté et obscurité. Les scènes de combat sont parfaitement chorégraphiées donnant beaucoup de rythme au métrage, ce qui permet d’occulter les quelques incohérences du scénario.
Du côté de la distribution, c’est essentiellement Veronica Ngo qui retient l’attention. L’actrice offre une superbe prestation. Sa maîtrise des arts martiaux permet de donner du réalisme à son personnage, et en outre, elle est tout à fait crédible dans les parties dramatiques. La relation mère-fille passe très bien. La jeune Cát Vy offre une performance agréable en évitant l’exagération de cris et de pleurs qu’on rencontre parfois dans les scènes avec les jeunes enfants. On signalera également la prestation de Phan Thanh Nhiên dans le rôle d’un inspecteur de police, qui vient également appuyer le personnage principal dans quelques scènes d’action, notamment dans la dernière partie du métrage.
En conclusion, “Furie” est un très bon thriller d’action disposant d’une histoire basique, d’une intrigue classique et d’un développement dynamique. Il est agréable de suivre un personnage féminin dans des scènes d’action parfaitement bien chorégraphiées. Le rythme est très soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire, l’histoire se déroulant sur quelques heures. Quelques flashbacks très courts permettent de positionner le personnage principal. La photographie est plaisante, la bande originale est plutôt discrète et le montage permet d’obtenir un métrage de 98 minutes dynamiques, permettant de masquer les quelques trous du scénario. La distribution offre de très bonnes prestations, mais le focus est principalement orienté sur Veronica Ngo. L’ensemble est captivant et offre un très bon divertissement à l’intention de fans d’action…
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FURIE (2019) ★★★★☆ Une anciennne membre d'un gang s'est retiré dans la campagne vietnamienne afin d'élever seule sa fille. Lorsque sa fille est kidnappée, elle retrouve rapidement ses anciennes habitudes afin de tout mettre en œuvre pour retrouver son enfant...
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