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#grouillant
abridurif · 8 months
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Encore ceci où on verra qu’écrire est bien différent de parler. On écrit aussi pour n’avoir plus de visage, pour s’enfouir soi-même sous sa propre écriture. On écrit pour que la vie qu’on a autour, à côté, en dehors, mais ennuyeuse et pleine de soucis, qui est exposée aux autres, se résorbe dans ce petit rectangle de papier qu’on a sous les yeux et dont on est maître. Écrire, au fond, c’est essayer de faire s’écouler, par les canaux mystérieux de la plume et de l’écriture, toute la substance, non seulement de l’existence, mais du corps, dans ces traces minuscules qu’on dépose sur le papier. N’être plus, en fait de vie, que ce gribouillage à la fois mort et bavard que l’on a déposé sur la feuille blanche, c’est à cela qu’on rêve quand on écrit. Mais à cette résorption de la vie grouillante dans le grouillement immobile des lettres, on n’arrive jamais. Michel Foucault, Le Beau danger, Entretien avec Claude Bonnefoy, Éditions EHESS. Paris, 2011
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1981 - L’été
J’aimais les campings, leur vie grouillante, ce mélange de 4L et de Mercedes, le bruit des enfants partout. J’aimais leurs bals ringards, la cantine en self, les sardines grillées la nuit. J’aimais embrasser sur la bouche les filles en maillot de bain derrière les douches. Peut-être ai-je retrouvé dans ma résidence Bobo Mojito quelques pièces de ce puzzle nostalgique ? Mais où sont passées les filles en maillot de bain ?
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magdalena-mojennarmor · 9 months
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Notre époque a pu bénéficier d'une créature dont ni Baudelaire, ni Nerval n'auraient pu rêver. Sous les éclaboussures de lumière, elle était offerte comme un dernier soleil, livrée à la dérive d'une scène, en laquelle se jetaient mille regards grouillants. Ses accoutrements étaient sans commune mesure: coiffure gigantesque, corset étroit d'où battait sa pulpe jaillissante, tout était maintenance fébrile de cette force instable. Les bonhommes noirs offraient leur chœur velouté, leur danse chaloupée afin que s'y reposent les élans de sa voix, mortels et grandioses. Elle avait su inventer, du sein inerte de la terre, des nouvelles misères, des misères vierges et sauves. C'est elles qui rendaient sa voix suave et grondante comme les éveils irrités de la mer.
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lilias42 · 27 days
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18. it's absolutely criminal that the fandom has been sleeping on...
Hi ! Thank for the ask !
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Inspiré de ce strip de Maliki et attention, il y a des cases avec des représentations d'insectes grouillant ! (English version right here and beware, there are boxes with representations of swarming insects.)
EN : It's absolutely criminal that the fandom has been sleeping on
the fact that Lambert is a complete moron and a very, very bad king and father. It's probably because I've got a huge weakness for villains who are not very fine people with the mentality of a five-year-old (i.e. they don't really have a high viewpoint and think mainly of themselves because they're not really aware of others yet) BUT who are in a position of power where they have to look after others, make a country work properly, can launch large-scale operations whether economic or military. … it's like giving a kid the button to the atomic weapon and forbidding him to press it or play with it, then leaving the room and watching until he obeys before he takes the button and does anything with it. These villains are hard to anticipate, because they only do what they think is right, but they're so immature that they put themselves first, convinced that they're perfectly right and just, without realizing the harm they're doing, until the more responsible characters slap them in the face and take away the big red button.
What's more, Lambert's design is clearly not that of a villain, he looks like a teddy bear but, when you follow his words and actions, he's an absolute moron who deserves to get a divorce in the face from his first wife, who runs off with the pension, and especially Dimitri, another from Dimitri, who refuses to contact him again because he doesn't give a damn about his mental and physical state, another slap from Rodrigue because he's fed up with cleaning up after the king, who's playing around while he's doing serious work and thinking like a responsible father, another from Patricia / Anselma for her life as a recluse and the fact that he never helped her with Cornelia, who is his imminence grise (Rodrigue also has the right to slap him for this reason), then one from all his people for his stupid idea of going directly to Duscur and sending them to the dogs (remember that, according to Nopes, Lambert risked everything for Patricia, whereas Rodrigue isn't even sure he loved her, so he risked the entire security of the Kingdom for his mistress of the moment, great).
So, really, it would have been nice to play on the fact that he's not a good king or a very good person in general, it could have set up a climate of tension with characters who have to adapt with a king who's as moody as their 5-year-old, and who changes his mind all the time, without knowing what he's doing. It could have been the commoners who are just plain jaded, fed up with putting up with an egocentric kid as king who does whatever he wants, and are starting to disregard royal orders in the administrations because they just can't keep up and are looking to be as efficient as possible, because they don't have the time to follow the king in his ravings. As for the noble families, they could have been divided between those who try to take advantage of the situation because the king is a moron, and those who try to limit the damage to their fiefdom by trying to emancipate themselves as best they can while remaining discreet enough not to end up with their heads chopped off for rebellion. This would have given us very different stories, rather than the classic “Lambert was a good king, but the evil nobles of the south wanted to keep their evil privileges, and the evil witch-councilor wanted him dead, along with the evil mother-in-law, so they killed the good king to take advantage of the anarchy”.
What's more, I've already mentioned this in other questions, but for example, I'd have liked to read about other dynamics between the Fraldarius and Blaiddyd families than just “I'm so delighted to serve you to the end” with fairly cordial relations, it would also have been very interesting to see more tense relations, I'm probably influenced by the fact that in France, feudal relations are extremely complex, and even under absolute monarchy, the king has to spend his time negotiating with nobles who have their own interests at stake.
FR : C'est absolument criminel que le fandom ait dormi sur le fait que Lambert est un crétin fini et un trèèèès mauvais roi et père. C'est surement parce que j'ai un énorme faible pour les méchants qui sont des personnes pas très fines ayant la mentalité d'un enfant de cinq ans (soit n'ayant pas vraiment de hauteur de vue et pense surtout à eux-mêmes car ils n'ont pas encore vraiment conscience des autres) MAIS qui sont à un poste de pouvoir où ils doivent s'occuper des autres, faire en sorte qu'un pays marche correctement, peuvent lancer des opérations de grands envergures que ce soit économiques ou militaires... c'est comme laisser le bouton de l'arme atomique à un gamin en lui interdisant d'appuyer dessus ou de jouer avec, sortir de la pièce et regarder jusqu'à quand il va obéir avant qu'il ne prenne le bouton et fasse n'importe quoi avec. C'est des méchants assez difficile à anticiper car, ils ne font que ce qu'ils pensent être bien mais, qui sont tellement immature qu'ils se font quand même passer en premier tout en étant persuadé d'être parfaitement juste et dans leur droit sans se rendre compte du mal qu'ils font, jusqu'à ce que les personnages plus responsables leur mettent la paire de claque qu'ils méritent en lui confisquant le gros bouton rouge.
En plus, pour Lambert, son design n'est clairement pas celui d'un méchant, il ressemble à un nounours mais, quand on suit ces paroles et actions, c'est un crétin absolu qui mérite que de se prendre un divorce dans la figure de la part de sa première femme qui se barre avec la pension et surtout Dimitri, une suivante de Dimitri qui refuse de le recontacter vu qu'il se fiche de son état mental et physique, une autre baffe de Rodrigue parce qu'il en a sa claque de nettoyer derrière le roi qui fait mumuse pendant que lui fait du travail sérieux et pense vraiment en père responsable, une autre de Patricia / Anselma pour sa vie de recluse et le fait qu'il ne l'a jamais aidé avec Cornélia qui est son imminence grise (Rodrigue a aussi le droit de le baffer pour cette raison), puis une de tout son peuple pour son idée stupide d'aller en Duscur directement en les envoyant au casse-pipe (on rappelle que selon Nopes, Lambert a tout risqué pour Patricia alors que Rodrigue n'est même pas sûr qu'il l'aimait alors, il a risqué la sécurité entière du Royaume pour sa maitresse du moment, super).
Donc, vraiment, ça aurait été bien de jouer sur le fait que ce ne soit pas un bon roi ou une très bonne personne en général, ça aurait pu installer un climat de tension avec des personnages qui doivent s'adapter avec un roi aussi lunatique que leur gamin de 5 ans, et qui change tout le temps d'avis, sans savoir ce qu'il fait. ça aurait pu être les roturiers qui sont juste blasés, en ont assez de supporter un gamin égocentrique comme roi qui fait n'importe quoi et commencent à passer outre les ordres royales dans les administrations car juste, ils n'arrivent plus à suivre et cherche surtout à être le plus efficace possible car, ils n'ont pas le temps de suivre le roi dans ses délires. Les familles nobles quant à elles auraient pu se diviser entre ceux qui tentent de profiter de la situation car le roi est un crétin, et ceux qui tentent surtout de limiter les dégâts sur leur fief en tentant de s'émanciper comme ils peuvent tout en restant assez discret pour ne pas finir avec la tête coupée pour rébellion. ça aurait donné des histoires très différentes les unes les autres plutôt que se contenter du classico-classique "Lambert était un bon roi mais, les méchants nobles du sud voulaient garder leurs méchants privilèges et la méchante conseillère sorcière voulait sa mort avec la méchante belle-mère alors, ils ont tué le gentil roi pour profiter de l'anarchie".
De plus, j'en ai déjà parlé dans d'autres questions mais par exemple, j'aurais aimé lire d'autres dynamiques entre les Fraldarius et les Blaiddyd que juste "je suis tellement ravi de vous servir jusqu'au bout" avec des relations assez cordiales, ça aurait été aussi très intéressant de voir des relations plus tendues, voir même antagonistes vu que bon, on est dans une monarchie, évidemment que c'est un panier de crabes et je suis surement influencé par le fait qu'en France, les relations féodales sont extrêmement complexes et même sous la monarchie absolue, il faut que le roi passe son temps à négocier avec les nobles qui ont leurs propres intérêts dans leur coin, c'est une dynamique très différente que celle des samurais par exemple.
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aurevoirmonty · 2 months
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« Pour moi et en moi, voilà ce que signifie Evola : le dernier des philosophes qui, au-dessus des ruines internes grouillantes de l'homme moderne et de la stupide et glorieuse catastrophe qui le distingue, a tenté de réaliser fièrement la veille perpétuelle, le vol du dragon, le chemin glacé, la renaissance et la soif des dieux, non pas comme une eau mystique et égalitaire, mais comme quelque chose de corrosif et d'apothéotique individuellement. »
Gian Piero Bona
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cricxuss · 2 months
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🌹🌳 L'AMANTE ET SA BOUCHE DANS LA FORÊT DES FEUILLUS
Puis il s'est perdu
ô bouche la première
mais elle était experte
sous l'étoffe odorante
de ses cuisses éperdues
aux effluves obsédantes
.
La forêt toute de sève grouillante
sous la voyance du vent
balançait de ses feuilles
et de ses branches
pendantes
.
Puis chemin têtant
lèvres gloussante
la bouche se fit
soudain plus fouilleuse
farfouillante et goûteuse
dans la terre de sa chair
aux lèvres aquifères
au milieu des touffeurs
et des mousses forestières
Et le vent chemin volant
chemin soufflant
fut percé de soubresauts
et de ah et de ô
de brindilles qu'on écrase
et de cris en stridence
sous l'assaut de la bouche
sous l'étoffe odorante
et le poids de l'amante
;
La souce confluente
devait sans doute avoir chu
car soudain tout s'est tu
même pas un oiseau
des aï , i , des u , ô...
Bouche-la première ayant été repue
avait je crois tout bu
.
Si eux l'amante et la bouche au milieu des feuillus
sont quelque temps restés
hébétés et perdus
peut-être même confus
(risquons la rime en "u")
comme dans un ailleurs
sous ce ciel éperdu
elle, la forêt toute de sève coulante
sous la vacance du vent
n'en est jamais revenue
Sans doute elle aussi s'était-elle perdue...
.
Divya Bis
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studiop8-blog · 4 months
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L'insouciance de l'enfance
Intimité familiale 3
GIOVANNI ARSENE KUATE TAKAM 22007100
Sur la grande place animée du centre commercial Les Flanades à Sarcelles, une scène pleine de vie et d'innocence se déroule sous mes yeux. Un petit garçon, le visage illuminé par un sourire radieux, court librement, son manteau à la main.
Ses pas légers et enthousiastes le mènent à la poursuite d'un pigeon qui vient de prendre son envol. Les ailes déployées, l'oiseau semble défier l'enfant dans une course effrénée, ajoutant à la magie de l'instant.
Le regard pétillant du bambin trahit son émerveillement face à ce spectacle improvisé. Chaque battement d'ailes du volatile semble attiser sa curiosité et son désir de jouer, de découvrir le monde qui l'entoure.
Dans cette course folle, il n'y a ni contrainte ni souci. Juste la pure joie de vivre, l'insouciance propre à l'enfance. Un moment suspendu dans le temps, où seul compte l'instant présent.
Autour de lui, la vie grouillante du centre commercial poursuit son cours, mais rien ne semble pouvoir entamer son bonheur. C'est une bulle de légèreté au milieu de l'effervescence urbaine, un rappel de la beauté des petits riens qui font les grands bonheurs.
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Une terre grouillante de vie, qui souligne la nécessité d'en prendre soin
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ekman · 1 year
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“En être ou pas”... “En avoir ou pas” : voici la double question qui tourmente douloureusement le tout jeune homo borghesis de ce siècle fatal. D’un côté, les espoirs suscités par une éductation coûteuse à vocation élitaire le poussent à toutes les compromissions, pourvu d’obtenir une situation professionnelle doublée d’une position sociale digne de l’attente de ses géniteurs, avec salaire, prébendes et avantages discrets. De l’autre, l’envie ravageuse de renverser la table, de tout envoyer paître, de passer dans le camp des rebelles, de faire la nique au système, histoire de leur faire comprendre qu’il a tout compris. Mais encore faut-il accepter d’hypothéquer une destinée confortable fondée sur l’aisance matérielle, l’anesthésie morale et la neutralité philosophique. Pas facile de trouver un chemin. Surtout quand l’on vit dans une société qui travestit quotidiennement sa réalité pour se faire croire qu’elle a encore, devant elle, un avenir très conventionnel. Mais, de fait, qu’a-t-elle face à elle, la moribonde ? Un escalier qui descend vers une cave aux contours indiscernables, dont l’humidité putréfiante produit des effluves délétères. Au fur et à mesure que l’escalier s’étroitise et que l’ombre s’installe, on distingue la masse confuse de cadavres toujours plus nombreux. Certains bougent encore, habités par une orgie grouillante de rats sauvages et dévoreurs. Pauvres agités ! Ce sont les hérauts de la classe moyenne, ceux qui n’ont pas eu le temps ou les moyens d’échapper à leur destin pour prévenir du danger mortel. Homo borghesis se demande maintenant comment il va échapper à ce désastre, à son anéantissement programmé. Forcer la porte blindée du club élitaire pour sauver sa misérable existence, ou disperser du plastic pour faire sauter l’immeuble de toutes les conventions ? Que choisir ? Ou partir alors ? Mais où ? J.-M. M.
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metacarpus · 1 year
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8 août - monstres
On ne me remarque que pour de mauvaises raisons. On me convoque, on m'invoque, on me crée, et je n'ai pas mon mot à dire. On me peint des crocs, des griffes, une mauvaise haleine. Apparemment je vis dans des marécages putrides ou des antres obscures, réminiscentes d'un féminin fantasmé démoniaque. On m'oppose des épées phalliques qui finissent toujours pas m'occire.
Je dis : assez. J'ai de nobles moustaches d'or et des ailes en voile de jonque. Mes écailles sont des éclats de saphir, mes yeux des billes d'obsidienne. Je couve à l'ombre des volcans et couche dans les mers profondes. Que savez-vous de moi, sinon ce que vous rapportent les héros ? Que savez-vous de mes petits qui s'ébrouent dans les étoiles, de mes amours et mes peines ?
Nous sommes nombreuses, nombreux ; dragons, chimères, sorcières, ogres, fantômes et spectres. Vous nous apposez vos propres horreurs, car les absents ont toujours tort. Lamias, loups-garous, sirènes ; nous sommes la nature. Arrêtez-vous pour essayer de la comprendre. Rangez vos armes. Pour trouver des monstres, regardez plutôt par dessus votre épaule, derrière vous : sur le pas de votre porte un souvenir terrible, des foyers grouillant de trahison.
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satinea · 6 months
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« - Le soleil faisait craquer les derniers et tardifs bourgeons des chênes sous la pression chaude de ses rayons.
Les verdures se nuançaient à l'infini.
C'était une symphonie de couleurs allant du cri violent des verts aux pâleurs mièvres des rameaux inférieurs, dont les feuilles tendres, aux épidermes délicats et ténus n'avaient pas encore reçu le baptême ardent de la pleine lumière, bu la lampée d'or des rayons chauds, car leur oblique courant n'avait pu combler jusqu'alors que les lisières privilégiées et les faîtes victorieux.
Mais ce jour-là, une vie multiple et grouillante, végétale et animale, sourdait de partout, des crépitements des insectes et du chant des oiseaux à l'éclatement des bourgeons et au gonflement des rameaux, craquant dans l'air vibrant comme des muscles qui s'essaient. »
🌸 Le Printemps (Louis Pergaud)
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abridurif · 1 year
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Encore ceci où on verra qu’écrire est bien différent de parler. On écrit aussi pour n’avoir plus de visage, pour s’enfouir soi-même sous sa propre écriture. On écrit pour que la vie qu’on a autour, à côté, en dehors, loin de la feuille de papier, cette vie qui n’est pas drôle, mais ennuyeuse et pleine de soucis, qui est exposée aux autres, se résorbe dans ce petit rectangle de papier qu’on a sous les yeux et dont on n’est pas maître. Écrire, au fond, c’est essayer de faire s’écouler, par les canaux mystérieux de la plume et de l’écriture, toute la substance, non seulement de l’existence, mais du corps, dans ces traces minuscules qu’on dépose sur le papier. N’être plus, en fait de vie, que ce gribouillage à la fois mort et bavard que l’on a déposé sur la feuille blanche, c’est à cela qu’on rêve quand on écrit. Mais à cette résorption de la vie grouillante dans le grouillement immobile des lettres, on n’arrive jamais. Michel Foucault, Le Beau danger, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011
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iranondeaira · 2 years
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Cher Personne,
Mourir n'est pas la pire des choses qui puisse arriver à un homme. Tu vois, je suis mort depuis trois jours, et depuis trois jours, j'ai enfin trouvé la paix. Tu m'as souvent dit que ma vie ne tenait qu'à un fil. Désormais, c'est la tienne qui ne tient qu'à un fil. Et ils sont nombreux ceux qui veulent te le trancher, ce fil. Mais tu aimes le risque, c'est ta façon de te sentir en vie et c'est ça la différence entre nous : moi, quand je voyais venir une sale affaire, j'essayais de l'éviter. Pas toi. Si tu n'as pas une sale affaire à te mettre sous la dent, tu t'en inventes une et après l'avoir liquidée, tu en abandonnes le mérite à un autre, comme ça, tu peux continuer à être toi-même, c'est-à-dire personne. C'est astucieux.
Mais cette fois tu as joué gros, et ça en fait déjà quelques-uns qui savent que tu es quelqu'un. Tu finiras donc par te faire un nom toi aussi et alors là, tu auras de moins en moins de temps pour jouer. Ce sera de plus en plus dur. Et, un jour, tu rencontreras un homme qui se sera mis dans la tête de te faire entrer dans l'Histoire. À ce stade, pour redevenir personne, il n'y a qu'un moyen : mourir.
Dorénavant, tu devras chausser mes éperons et ce ne sera pas toujours drôle. Essaye pourtant de retrouver un peu de ces rêves qui nous habitaient, nous autres, de l'ancienne génération. Même si tu t'en moques avec ta fantaisie habituelle, nous t'en serons reconnaissants. Au fond, on était des sentimentaux.
En ce temps, l'Ouest était désert, immense, sans frontières. On croyait tout résoudre face à face d'un coup de revolver, on n'y rencontrait jamais deux fois la même personne. Et puis, tu es arrivé. Il est devenu petit, grouillant, encombré de gens qui ne peuvent plus s'éviter.
Mais si tu peux encore te promener en attrapant des mouches, c'est parce qu'il y a eu des hommes comme moi, des hommes qui finissent dans les livres d'histoire, pour inspirer ceux qui ont besoin de croire en quelque chose, comme tu dis. Dépêche-toi de t'amuser, parce que ça ne durera plus bien longtemps. Le pays s'est développé et il a changé. Je ne le reconnais plus. Je m'y sens déjà étranger. Le pire, c'est que même la violence a changé. Elle s'est organisée. Un coup de revolver ne suffit plus, mais tu le sais déjà, car c'est ton siècle, ce n'est plus le mien.
À propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand-père racontait, celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué. C'est la morale des temps nouveaux. Ceux qui te mettent dans la merde ne le font pas toujours pour ton malheur, et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur. Mais surtout ceci : quand tu es dans la merde, tais-toi.
C'est pour ça qu'un type comme moi doit disparaître. Ton idée d'un duel truqué était bien la marque de ces temps nouveaux. C'était le moyen le plus élégant de me faire quitter l'Ouest. D'ailleurs, je suis fatigué, car il n'est pas vrai que les années produisent des sages, elles ne produisent que des vieillards. Il est vrai qu'on peut aussi être comme toi : jeune en nombre d'années et vieux en nombre d'heures. Oui, je débite des phrases pompeuses, mais c'est ta faute : comment parler autrement quand on est devenu un monument historique ?
Je te souhaite de rencontrer un de ces êtres que l'on ne rencontre jamais ou presque jamais. Ainsi, vous pourrez faire un bout de chemin ensemble. Pour moi, il est difficile que le miracle se reproduise. La distance rend l'amitié plus chère, et l'absence la rend plus douce. Mais depuis trois jours que je ne t'ai pas vu, tu commences à me manquer.
Bon, à présent je dois te quitter. Et bien que tu sois le roi des fumistes et le prince des emmerdeurs, merci pour tout.
Ah ! J'oubliais : quand tu vas chez le barbier, assure-toi que sous son tablier, il y ait toujours un homme du métier.
Jack .
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aisakalegacy · 2 years
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Hiver 1898, quelque part au milieu de l’Atlantique (1/6)
Cher cousin Adelphe, Je vous écris de ma cabine de seconde classe au bord de La Bourgogne, sur laquelle j’ai quitté New York il y a bientôt une semaine. Je suis rentré à Hylewood à la fin de l’automne dernier, où j’ai passé quelques mois. J’ai dû quitter l’Egypte un peu précipitamment pour des raisons personnelles, laissant derrière moi ses couleurs, ses rues grouillant de vie, ses effluves de nourriture grillée, de pain frais et de viande, son air chargé d’épices, ses beautés enivrantes. J’ai quitté le soleil brûlant du désert pour l’hiver glacé et impitoyable de l’Ontario, son ciel gris, son air froid, ses paysages couverts de neige, ses gens emmitouflés dans des vêtements épais, sa vie terne et ennuyeuse.
Ma femme m’attendait sur la plage, dans la neige, notre fille dans les bras - vous ai-je dis que j’ai une fille ? Louise a eu quatre ans cet automne. Je la rencontrai pour la première fois.
La première chose que je remarquai chez ma femme, c’était son sourire. Un sourire chaleureux qui n’avait pas changé après cinq ans d’absence, éclairant un visage familier mais plus tout à fait - j’avais laissé une jeune fille enceinte et je retrouvai une femme. Je craignais de retrouver une étrangère - il est vrai que nos correspondance avaient été un peu erratiques. Mes peurs s’envolèrent dans le soulagement de la retrouver et de la tenir contre moi pour la première fois depuis cinq ans.
[Transcription]
Jules Le Bris : Génie. Eugénie Le Bris : Jules ! Jules Le Bris : Et une jeune dame que je ne connais pas encore ! Eugénie Le Bris : Dis bonjour à Papa, Louise. Louise Le Bris : Huh… Eugénie Le Bris : Je comprends pas, elle capotait ce matin avant le dîner… Avant de partir elle courrait partout, elle était folle comme un balais et astheure elle fait la timide… Jules Le Bris : Avec ma moustache pleine de givre, je dois l’intimider. Nous aurons tout le loisir de faire connaissance à la maison, au chaud ! Eugénie Le Bris : Oh, je suis contente de vous voir ! Vous avez fait bon voyage ? Avec cette neige, j’avais peur que votre barque se renverse. Criss, vous êtes gelé et y tombe des peaux de lièvre… Eugénie Le Bris : Vous avez déjà la guédille au nez. Rentrons vite à la maison, Coral vous donnera un peu d'lait si vous êtes assoiffé. Vous allez manger des toasts su'l'poêle à bois, et… Jules Le Bris : Ne vous inquiétez pas pour moi. Une bonne pipée, un lit confortable et une bonne nuit de sommeil, et je serai comme neuf.
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"Je me rappelais l’histoire d’un autre homme politique que l’on m’avait rapportée. Traversant un jour, en limousine climatisée, les rues d’un pays particulièrement pauvre, il avait murmuré : "Quel bonheur de ne pas faire partie de l’humanité grouillante et misérable !"
Si j’avais été dans cette voiture, j’aurais ouvert la fenêtre pour laisser entrer l’air saturé de puanteur, car j’ai fait moi aussi partie de l’humanité grouillante et misérable qui se jette sur un chaudron d’eau sale pour calmer sa faim. J’ai avancé sous les coups de brutes et de droits communs reconvertis en kapos. J’ai oublié mon nom à force de souffrir. Mais, dans cette misère, j’ai rencontré des êtres humains dont la grandeur était sans doute insoupçonnable à travers le carreau d’une limousine ou dans les dorures d’un bureau ministériel.
Je pensais à d’autres hommes que j’avais connus durant mon existence au ras du sol de l’Histoire, puissants au sens fort du terme, grands par leur noblesse, leur don d’eux-mêmes, le sacrifice qu’ils avaient accompli, alors que certains savaient à peine écrire.
Des silhouettes marchaient à mes côtés, comme un peuple d’ombres. Ce couple de résistants du Sud-Ouest qui m’avait accueilli un soir durant l’Occupation, elle douce et tremblante, lui inquiet, fort, d’un courage pur. Chaumelle ou Prudhomme, mes amis de Buchenwald, hommes simples mais d’une vérité sans artifice, partageant en secret leur ration avec leurs camarades. Mon compagnon de tunnel, brigand letton sans scrupule et pourtant capable de porter à bout de bras un jeune Français inconnu, titubant, promis à une mort certaine. Eggerl, mon ordonnance au Vietnam, fauché par une rafale parce qu’il affrontait le feu au moindre de mes gestes. L’adjudant Bonnin, déchiqueté par le souffle d’une mine, qui pensait encore à ses hommes.
Ils ont été les véritables puissants des mondes où j’ai vécu.”
Hélie de Saint Marc, Les sentinelles du soir.
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aurevoirmonty · 2 years
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« C'était l'explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d'une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort. »
Charles Baudelaire
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