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Catherine Deneuve, young actress.
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Entre les lignes
NEW YORK, West Geenwich Village, «The Columbus», 6ème étage
23 décembre 2020, 21:22
Un homme a sorti, d’un tiroir de son bureau, une boîte en marqueterie canadienne dont le couvercle représente une feuille d’érable. À l’intérieur se trouvent trois seringues stériles, une petite cuiller, un briquet, un morceau d’étoupe et deux sachets de poudre blanche, de l’héroïne. Il regarde ces objets avec mélancolie. Il caresse l’idée du suicide. Sur son iPhone relié à un somptueux jeu d’enceintes, il passe un album de Sia, this is acting.
Cet homme s’appelle Ian Cole. Il est le chanteur d’un groupe de rock célèbre depuis le milieu des années 1980, et depuis longtemps passé culte à la date indiquée sur cette page. Il a aussi, de manière plus confidentielle, mené une carrière solo.
Ce livre raconte son histoire, et celle de ses proches.
© Frédéric Le Roux, 2020
photo : Dave Gahan, 2020
#musique#rock#heroine#drogue#davegahan#fredericleroux#monperealescheveuxlongs#roman#amateursdelivres
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LE FAN
MON PÈRE A LES CHEVEUX LONGS, COMME MOI… (roman, extrait)
Une des scènes qui me rend le plus heureux, à cause de cette absurdité des prénoms, de la place centrale du gamin… De la note d’espoir que je place, précisément, dans la nouvelle génération…
« Séance de dédicaces à World Of Music, sur Augsburger Strasse.
IAN — Bonjour, tu t’appelles comment ?
AUDOUIN — Audouin.
— Pardon, tu dis ? Baudouin ?
— Non, Audouin… comme le roi des Elges…
— Tu es un rigolo, toi !
— Quand on porte un prénom comme le mien, on n’a pas trop le choix vous savez ! Mes parents sont pourtant des gens normaux… mais je sais pas à quoi ils ont pensé quand je suis arrivé. Ah, sur celui-là vous pouvez mettre Pour Cythise ? Ma sœur. Oui, je sais, elle a un nom d’arbuste… Avec un y en premier et ensuite un i… Je pensais pas que vous parliez le français…
— C, y… Et où donne-t-on aux enfants d’aussi jolis prénoms ?
— On est de Liège, je suis venu avec mon collège. Ils font Checkpoint Charlie là, je vais pas traîner. Mais je voulais vous demander… On se demandait… Comment vous fabriquez vos chansons ? Par exemple Zero absolu, c’est un truc de ouf, ça fout les jetons l’ambiance ! On peut pas le passer sur la chaîne à la maison parce que notre petit frère se met tout de suite à pleurer, et le chien grogne et montre les dents…
— Il s’appelle comment, le petit frère ?
— Oh, vous moquez pas ! Glorian…
— Je ne me moque pas… pas du tout.
— Non, c’est vrai, les espèces de gratouillis bizarres sur l’intro de Zero abs, qu’est-ce que c’est les instruments utilisés ? C’est pas des vraies guitares ?
— Sur l’intro de Zero abs on a joué des guitares saturées, mais ensuite on les a mixées en abaissant le volume, et en doublant la ligne avec un synthé.
— Un Roland ? TB-303 ?
— Tout à fait…
— Je le savais ! Et après il y a aussi une boîte à rythmes Roland n’est-ce pas ? Une TR-909 ? Et les sons d’animaux, les orques, les baleines ? Comment vous faites pour les rendre aussi puissants… alors qu’en fait on les entend pas fort ?
Je regarde le visage de ce gosse adorable. Douze ou treize ans…
— Ça, mon grand, c’est la magie du studio ! Tu es musicien ?
— Tambour. Et on fait de la house avec un pote à moi.
— Continuez à vous amuser… et surtout, ne vous prenez pas la tête ! Tiens, ça devrait te plaire ça, c’est inédit. Ouais, des maquettes, des samples…
— Génial, c’est trop, merci !
— Allez, te mets pas en retard.
— Oh, ça ira ! Merci, merci beaucoup ! Au revoir…
— Au revoir…
Que fait mon Peter à cette heure-ci, cet après-midi ? Met-il un disque sur son lecteur ? A-t-il déclaré à sa mère qu’il avait passé l’âge d’écouter Henri Dès, lui a-t-il réclamé un album d’Étienne Daho ? Si je laisse faire Nadège, elle va lui refiler ses vieux CDs de Goldman, il ne faut pas qu’il ait le goût déformé! Je suis sûr qu’elle se trompe, qu’elle passe du Schumann, du Beethoven dans l’appar-tement, tous les trucs plombants. Qu’est-ce que je pourrais lui envoyer ? Les Beatles, pourquoi pas, il faut commencer par la base ? Mais je suis con, il entend déjà Nirvana à la radio… à huit ans, ça n’a quand même aucun sens ! Oh, je sais, je vais lui envoyer des chansons rigolotes de Petula Clark, de Régine tiens, il va adorer. Henri Salvador, Émilie Jolie, tout ça, c’est bien… Et puis Pierre et le loup, avec la narration de Brel. Pour son oreille, et son esprit… pour la magie de son oreille d’enfant, merde ! »
© Frédéric Le Roux, 2020
photo : Dave Gahan at an albums’ signing
#monperealescheveuxlongs#fredericleroux#personnagedepeter#personnagedeian#personnagedufan#musique#roman#rock#musicrock#punkrock#litterature#amateursdelivres#musiquerock#pop#musiquepop#relationpereenfants--------------eez
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Souris à toutes les jolies choses - Mouse to all pretty things
COLETTE : Tu pourrais faire de la télévision, toi aussi, je te vois bien. Tu aimais ça, il y a quelques années, le journalisme, la réalisation ?
SA FILLE, COLETTE DE JOUVENEL : Oui…
– Est-ce que tu te souviens ? À Saint-Tropez… Ou à Saint-Malo ? Non, à Saint-Tropez, tu étais déjà adolescente. Tu avais eu cette idée pour filmer la mer, la baie… Une idée de caméra sous l’eau, couplée avec d’autres caméras… en travelling circulaire face à la baie, des rails sur un kilomètre. Enfin, tout un dispositif.
– Oui, à Saint-Trop’, oui. Oh la honte !
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas… C’était ridicule, non ?
– Mais non ! C’était passionnant ! Tu ne savais pas encore te servir d’une caméra, naturellement, mais c’était… c’était une vision esthétique. Une authentique vision d’artiste. À quatorze ans.
– Je voulais filmer de nuit, puis de jour, et mêler les séquences… J’avais calculé que le film devrait durer huit minutes trente-neuf secondes… trente-neuf secondes ! C’est fou de s’en rappeler, hein ? À cause du morceau de Debussy sur lequel je voulais le caler. Oh, c’était nul ! Non, ce qui était beau, c’est l’ambiance du chemin de côte une heure avant l’aube, la petite plage des Cannebiers presque sans vagues, comme un miroir…
– Ah… oui !
– Tu te souviens qu’un matin, plusieurs matins une année, tu nous as fait baigner en pyjamas vers six heures, au lever du jour ?
– Oui… Je ne sais pas si beaucoup de mères ont ce genre d’initiatives avec leur fille !
– Je ne sais pas… C’était bien ! Mais papa n’avait pas tellement aimé quand je lui ai raconté.
– Tu as raconté ça à ton père ?
– Oh, une fois, oui, comme ça…
– Tu ressembles beaucoup à ton père, chérie.
– Tu penses ?
– Oui. Au physique, et au moral. Il a été un journaliste envié, mais c’est la politique qui le tenait. Comme ton demi-frère. Un bon ministre, un grand ambassadeur… Il a surtout été un très bel homme, très amoureux… de la vie…
– Maman…
– Mon cœur ?
– Est-ce que tu as été heureuse ? Dans ta vie ?
– Pourquoi me demandes-tu cela ?
– Parce que… Je ne sais pas si j’y arriverai…
– À quoi ?
– À être heureuse.
À cet instant, je suis perdue. Que puis-je dire à ma fille unique ?
– Mon enfant… Ma fille, que j’admire tant. Tu es un si bel être humain…
Je caresse très doucement l’ovale de son visage. Sur sa joue non fardée, mon index recueille et essuie les larmes. Des joues que j’ai eu récemment l’occasion de caresser, celle de ma fille est de loin la plus chaude. Seule Pauline malade égala cette chaleur. Un feu vif anime ma petite Colette, la tourmente. Je le lui ai souvent connu. Ces larmes ne sont pas d’une femme démoralisée, au contraire, elles expriment une sorte de rage…
Que dois-je dire à mon enfant ?
Je refoule une mêlée de sentiments. L’envie, oui… J’envie sa vitalité jusque dans la détresse. Et puis, un chagrin. Un vieux, très inutile, très imbécile chagrin…
– Tu as perdu ton papa à vingt ans… C’est très jeune. Quand tu étais petite… oh, ma chérie, j’avais tellement besoin de travailler ! Tu ne pouvais pas le comprendre, bien sûr. Tu t’es sentie seule, n’est-ce pas ? Délaissée ?
– Maman…
– Mais aujourd’hui, regarde… cette vieille méchante qu’est ta mère… Aujourd’hui, ta vieille maman prend trop de place, même maigre comme tu la vois !
– Maman, tu n’es pas méchante, non, jamais. Tu vas reprendre des forces…
– Ma beauté, mon trésor, je vais partir. Et toi, tu vas vivre. Tu es si douée pour la vie ! Toi qui aimes tant le soleil, et la mer… Toi qui sais relever des murs éboulés, soigner un chevreuil blessé, faire rire les enfants… Je n’ai été qu’une originale, tu comprends… une personne…
– Maman, je t’aime tant, maman…
– Viens, viens contre moi. Mon heure est passée, mais j’en ai bien profité. À ton tour. Aime toujours. Souris à toutes les jolies choses, à toutes les belles personnes. Les personnes humaines, les petites personnes animales…
Colette continue à parler à la jeune Colette, à la bercer, à panser sa blessure. Mais nous ne l’entendons plus.
Extrait de ma novella Tout est bleu ce matin © Frédéric Le Roux, 2019.
Illustration : Saint-Tropez, aquarelle d’André Dunoyer de Segonzac.
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(via https://www.youtube.com/watch?v=5gBeLN2Jkng)
Fondant comme les glaces, l’été, sur la plage…
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Sia - Cheap Thrills (Performance Edit)
Wouh!
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Chacun ses goûts…
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Nina Simone - Love Me or Leave Me
Pour l'extraordinaire invention à deux voix, dans le plus pur style de Bach, qui constitue l'essentiel de ce morceau, pour l'énergie fantastique de la batterie qui semble l'entraîner, ou qui accompagne si amoureusement cette composition au piano… Ces deux minutes qui rendent presque la "chanson", la partie voix, le texte secondaires… mais pas.
#ninasimone#bach#jeansebastienbach#inventionadeuxvoix#lovemeorleaveme#chanson#chansonpopulaire#song#popsong#jazz#classicnina#fredericleroux#piano#pianoatitsbest
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MON PÈRE A LES CHEVEUX LONGS, COMME MOI…
Arcalis, printemps 2000. Peter (début du livre)
Mon père a les cheveux longs, comme moi, sauf qu’ils sont noirs, les miens blonds. C’est un gros connard. Enfin, gros… il doit peser dans les soixante kilos en ce moment, pour 1 m 80, c’est craignos. Il sort d’une cure de désintox, et il a la gueule de quelqu’un qui a vu la Vierge, et qui aurait ensuite passé un an à prier dans le désert en bouffant des scarabées. Ça sent le patchouli dans le salon de cette maison où il s’est fait une espèce de grotte, un truc indien, il y a des bougies partout par terre, j’aime bien d’ailleurs. Il zone là sur des tapis en matant des reportages sur Arte. Comme il coupe le son, ça aide… Il dit que les images lui parlent, les visages des gens.
Ian, mon père, est un chanteur de rock, hyper connu, un des chanteurs les plus connus. Il a démarré au milieu des années 80, comme lead singer d’un groupe qui a carrément explosé la pop de cette époque-là. Je suis né dans la foulée, en 87. J’ai eu treize ans en février.
Il y a six mois mon père a pété les plombs, il a craqué. Il a fait une OD, mais bon, il est pas mort.
J’ai mon coin à moi dans la grotte, Ian a dit, « Le fauteuil bleu, c’est le coin de Peter », parce que je me suis collé là la première fois avec mon Coca. C’est vrai, j’aime bien ce coin, je suis pas obligé de le voir pour mater la télé, je peux le regarder du coin de l’œil si je veux, et il y a une petite fenêtre ouverte d’où j’entends les allées et venues des voisins.
De temps en temps Ian me demande de remettre le son. Il est pas con quand même, c’est toujours à un moment fort. Exemple, une actrice qui a une association pour les enfants du tiers-monde : « Le trafic d’organes, ce n’est plus de la barbarie, c’est vraiment l’intolérable. On enlève ses yeux à un enfant… » Alors il se met à pleurer comme une fiotte. Ça me gonfle, ça, je le laisse là. Le visage dans ses mains, il ne me voit même pas quitter la pièce.
Il pleut. Les Anglais font la gueule, ça leur rappelle le passé. Magnus demande sans arrêt si ça va se lever, si on pourra aller à la plage. Qu’est-ce qu’on en sait ?
Andy, c’est autre chose. Ça le rend triste aussi, la pluie, mais quand il est triste ses yeux brillent, ses yeux bleus hyperclairs, à ce moment-là c’est comme un gros phare qui se braque sur toi, j’ai un peu de mal à le soutenir. Il a un sacré sourire ironique dans ces moments-là, et te sort un truc du style « Un disque ne fera jamais évoluer l’opinion de qui que ce soit sur quoi que ce soit. Les gens ne cherchent dans une chanson que ce qu’ils portent déjà en eux… Toi et moi, on est juste des petites bananes ! Ça ne veut pas dire qu’on peut s’asseoir là et commencer à ne rien faire… » Une phrase comme ça, moi, ça me fait la journée. Ian a dit une fois que ses meilleures chansons, les plus fun même, Andy les a écrites alors qu’il était vraiment hyperdépressif. Mais bon, c’est un génie, tout le monde est d’accord là-dessus.
Le voisin sort quand même avec sa moto, malgré la flotte. Huit ou dix fois par jour, depuis qu’on est là, je l’entends rentrer, souvent une femme s’exclame à son arrivée, sa mère je pense, hier il y avait toute une farandole autour de lui, ça avait l’air très gai là-dedans. Tout le monde l’interpellait à la fois, « Valentin ! » par-ci, « Valentin ! » par-là… Quelquefois il va ranger sa moto tout seul, c’est plus intéressant de l’observer à ce moment-là. C’est un mec de seize ou dix-sept ans, un peu plus grand que moi je dirais, assez baraque. Cheveux châtain frisés, hypermat, des cuisses de ouf, il est toujours en short. Moi je planque mes cannes d’angliche ayant grandi trop vite, je fais des tas de longueurs dans la piscine, mais me tailler un corps de bûcheron comme ça, ce ne sera pas pour cette année… Le vieux 501 de mon père me tombe sur le cul et les savates, il est bien trop large pour moi, ça fait sac. Cela dit, c’est cool, ça fait marrer Nadège, elle me dit :
« Tu as vraiment un joli p’tit cul, tu es bien digne de ton père et de ta mère. À ton âge, les garçons ont soit la fesse plate, comme un regret triste de leur enfance, soit un gros popotin sans forme. Toi tu as un petit cul parfait, et sous ta ceinture trop basse, on suit avec plaisir la ligne d’une double pomme… »
Elle est un peu toquée, Nadège, il faut la comprendre. Mais elle est très intelligente. C’est ma mère. Elle est arrivée avant tout le monde, c’est elle qui a trouvé cette grosse baraque, sans rien demander à personne, avec son petit indicateur Bertrand. Elle avait mis des bouquets dans toutes les chambres, des fleurs qu’elle est allée chercher à Nice, les fleurs préférées de chacun : des roses rouges pour Andy, des dahlias multicolores pour Magnus, des arums blancs pour Ian. Pour moi elle a choisi des tulipes blanches, ça fait très classe devant le miroir, surtout pour le contraste avec mes posters de Slipknot et de Marilyn Manson que j’ai bien punaisés partout en arrivant. À Paris, quand elle entre dans ma chambre, elle ouvre des yeux ronds, pose ses deux mains devant sa bouche, lâche : « Mon Dieu ! C’est l’antre du diable ! Mais toi tu es un ange… » Elle passe sa main dans mes cheveux et me dit toujours, comme quand j’avais onze ans, huit ans, cinq ans :
« Tu es mon ange aimé du Ciel et de la Terre, et même le Soleil sourit en te voyant ».
À suivre…
© Frédéric Le Roux, 2020
Illustration : Luke Pritchard, chanteur et guitariste des Kooks, dessin au trait Frédéric Le Roux
#monperealescheveuxlongs#fredericleroux#roman#litterature#amateursdelivres#rock#rockstar#pèrefils#thekooks#lukepritchard
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LA PERTE D’UN AMOUR
Il y a de premiers instants qui semblent insurmontables. « Si ce n’est que ça, ce ne sera rien », se disait Julien, car la douleur n’était pas si terrible. Il était habitué maintenant à sa douleur. Mais la fatigue, à ces moments-là, semblait irrémédiable, comme s’il eût dû passer le reste de sa vie dans le cirage d’un réveil d’enfant que l’on vient de mettre debout à cinq heures du matin, pour un départ en vacances, une sortie scolaire exceptionnelle. Il savait que, tout comme lorsqu’il était enfant, le cirage finirait par passer, pas tout à fait après la douche cette fois, ni tout à fait après la cigarette, le café fort, le deuxième café… La fatigue ne passerait pas aujourd’hui, mais un jour, dans quelques mois… « Si ce n’est que ça, ce ne sera rien. »
TRIO © Frédéric Le Roux, 2020
#roman#littérature#hommequipleure#rupture#fredericleroux#trio#amour#perte#cryingman#love#novel#litterature
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Désiré
Avançons dans “Pedigree”. Après Élise, “toute petite”, voici son époux Désiré qui, à vingt-cinq ans, n’a pas connu d’autre femme qu’elle, et marche dans la vie aussi debout qu’Élise y est courbée…
“ Il a voulu laver le plancher à grande eau, car il est venu beaucoup de monde la veille et, comme il pleuvait, on a sali. Une journée différente de toutes les autres, celle du samedi, une de ces journées dont on ne garde qu’un souvenir confus : Valérie, qui a demandé un congé, n’a pas quitté Élise ; Maria Debeurre est venue à l’heure de midi, puis des sœurs de Désiré, son frère Arthur, gai et tonitruant, qui éprouve sans cesse le besoin de plaisanter et qui a insisté pour offrir la goutte à l’officier de l’état civil. (…)
Tout est propre, maintenant. C’est curieux : les hommes tordent les torchons à l’envers, de gauche à droite !
On est dimanche. Voilà pourquoi, alors que tournent les aiguilles du matin, on n’entend rien dehors, que des timides appels de cloches pour les premières messes.
– Laisse, Désiré… Valérie s’en occupera…
Mais non ! Désiré a mis de l’eau à chauffer. C’est lui qui lave les langes, puis qui les fait sécher sur la corde tendue au-dessus du poêle. Il a pensé à étendre par terre, sur le plancher qui garde longtemps l’humidité, la vieille Indienne à ramages effacée qu’on étale le samedi pour ne pas salir. Il pense à tout. Ainsi, selon l’habitude d’Élise, il a glissé des vieux journaux entre le plancher et le tapis pour que celui-ci reste sec.
Le jour paraît et on ne peut savoir s’il pleut tout fin ou si c’est seulement du brouillard qui emplit la rue. De grosses gouttes limpides tombent des corniches. Les premiers trams, encore éclairés, semblent aller à la dérive.
– Quand je pense que je ne peux même pas t’aider !…
Ils sont tellement chez eux ce matin-là ! Au deuxième étage de chez Cession, leur logement est comme suspendu à pic au bord du monde. Désiré fredonne en se rasant. Élise s’efforce de cacher l’inquiétude, ou la tristesse, elle ne sait pas, un sentiment qui la pénètre sournoisement chaque fois qu’elle va être malheureuse. (…)
Est-ce que le petit n’est pas trop rouge ? Il respire mal. Elle est persuadée qu’il, respire mal, comme oppressé, mais elle n’ose pas le dire. Tout à l’heure, sa belle-mère viendra, et Élise se fait un monde de cette visite. Sa belle-mère ne l’aime pas.
– Marie-toi si tu veux, mon fils. C’est toit que cela regarde mais, si tu me demandes mon avis… (…)
Il a revêtu l’uniforme gros bleu de la garde civique, bouclé son ceinturon. D’un carton blanc, il a sorti l’étrange chapeau haut de forme surmonté d’un panache de coq modéré et il l’a déjà sur la tête, il monte sur une chaise – la vieille chaise, celle sur laquelle on montre toujours – pour prendre son fusil Mauser au-dessus de la garde-robe. Bien que le fusil ne soir pas chargé, Élise en a peur.
– Va ! Je t’assure que je peux rester seule.
Il attend, debout près de la fenêtre qui a pris la blancheur glauque des nuages d’hiver. Les volets des magasins restent clos. Des silhouettes noires glissent de temps en temps devant les façades, très peu, car les gens profitent du dimanche pour faire la grasse matinée. (…)
– C’est un garçon ! annonce-t-il sans cacher sa joie.
Il est heureux qu’on le plaisante, il est heureux de tout, de la poignée de main qu’exceptionnellement son capitaine, le minuscule minuscule architecte Snyers, aux poils de chien barbet, croit devoir lui accorder avant l’exercice.
Le clocher carré, pas très beau, qu’on aperçoit à cent mètres, c’est celui de l’église Saint-Nicolas, sa paroisse, celle où il est né, où il a toujours vécu, et la rue étroite qui débouche sur la place est sa rue, la rue Puits-en-Sock, où les siens habitent encore.
– Portez, arrrme !
Désiré est trop grand, ou les autres sont trop petits. Il s’applique. Il ne trouve pas ridicule de jouer au soldat avec ces hommes qu’il connaît presque tous, des gens comme lui, des pères de famille, des employés, des artisans, des commerçants du quartier.
– Repos ! ”
Georges SIMENON, Pedigree.
#simenon#georgessimenon#fredericleroux#litterature#litteraturefrancaise#pedigree#amateursdelivres#roman#romanautobiographique
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Let’s start!
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Le comité s’étant réuni, nous avons décidé, ce matin, d’élire comme Présidente d’Honneur du Coin des littéraires l’immense Catherine Deneuve.
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Une ligne sous-jacente, dans “Mon père a les cheveux longs, comme moi…” : The Seagull. Ce mot — la mouette — est le nom de l’immeuble où Ian vit avec sa femme et sa fille ; c’est aussi un surnom pour lui-même ; enfin c’est le titre d’une scène à part dans le roman. Au cours d’une soirée où il est seul chez lui, le chanteur du groupe, Ian, est pris par le vertige du suicide.
Cette scène est postérieure à l’action du roman lui-même. Elle est divisée et disséminée, comme en filigrane, cinq fois au cours du livre, et ne trouve son dénouement qu’avec le livre lui-même. Alors, mourra, mourra pas ?
The Seagull (3)
NEW YORK, Greenwich Village, The Seagull
8 Bank Street, 6ème et dernier étage
23 décembre 2020, 23:47
Ian a passé un pull ; il allume une cigarette de sa marque exclusive, Silk Cut. En général, pas plus de deux par jour, le soir. Le reste du temps, il se sert d’une vapoteuse dosée à 3 mg de nicotine, ce qui est peu. Arôme : Framboise fraîche. Il sort sur la terrasse de son penthouse, tourne autour de la piscine, s’accoude au muret. Le Village est encore animé. Il y a de beaux et de moins beaux jeunes gens ; une grande partie des garçons a les bras intégralement tatoués ; les filles arborent des dessins moins encombrants, plus déliés. Ian se dit que son propre corps tatoué n’a plus rien d’original. C’est la rançon de la gloire.
Il se demande lesquels parmi ces jeunes ont téléchargé Moonlight, son nouvel album ? Depuis Bricks en 2005, sa première tentative solo, la foule de ses fans ‘d’avant’ lui est restée fidèle, et il a su séduire les générations qui les ont suivis. Ses chiffres de vente sont plus importants qu’à l’époque de Bricks ; jusqu’à aujourd’hui en tout cas…
Il a fini sa cigarette, qui était bonne. Il n’éprouve d’écœurement que moral, doublé d’une vive agitation neuronale. Il y a ces accès de froid malgré le pull en cachemire.
Toxicomane repenti, il avait gardé une petite boîte en marqueterie du Canada, contenant de quoi faire deux shoots mortels, comme un alcoolique abstinent conserve, pour le reste de sa vie, une seule bouteille de son alcool préféré, dont il regarde l’opercule scellé comme sa force. Va-t-il le faire, ce shoot ? Il se retient de téléphoner à son fils…
#fredericleroux#monperealescheveuxlongs#roman#livres#amateursdelivres#novel#rock#pop#davegahan#depechemode#tentativedesuicide#suicide#books#drama#comedy
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NAISSANCE D’UN ROMAN ?
“ Pour préparer le feu, elle a un fagot de brindilles, trois petites bûches et des allumettes. Son frère lui a montré la première fois, à son tour à présent. Ce modeste feu n’est là que pour cuire, tout à l’heure, les pommes de terre. Albertine et Prosper, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, sont, chaque jour sauf le dimanche, en poste de surveillance au bord du pré où paissent les vaches de leur tante, Marie Lamour. Parce qu’il y a déjà eu un vol, pas chez eux, chez un fermier voisin.
Eh bien ! pense Albertine, c’est pas ce feu qui va nous réchauffer… Enfin, ce n’est pas à la lettre ce qu’elle pense, puisqu’elle le pense en breton, sa langue maternelle. Mais bon, cela revient au même : deux gosses qui se les pèlent à peu près pour rien, au lieu d’être à l’école.
Février 1924. Albertine a sept ans. (…) “
© Frédéric Le Roux, 2020.
PHOTO : Albertine, jeune épouse, et son premier enfant.
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Je progresse dans l’écriture du roman inspiré de la vie de ma grand-mère. La voici, ayant fui la ferme familiale pour se construire une autre vie, débarquant à Saint-Nazaire où elle découvre la mer…
“ À la descente du train, elle demande où est la mer. Mais c’est juste à côté, ma fille, tu n’as qu’à descendre et tu vas tout de suite tomber sur le port. Elle descend, dans cet air qui a une si drôle d’odeur, l’odeur du sel et de l’iode, celle du mazout. Elle marche vite, et tombe en effet sur les dantesques installations portuaires, avec leurs empilements de caisses hauts comme des montagnes, leurs grues semblables à de géantes mantes religieuses, leurs monstrueux bateaux surtout. C’est ça, la mer ? Non… La mer c’est, par-delà grues et montagnes de caisses et cargos et paquebots, cet aplat de bleu cobalt que borde en face une terre plate, cet aplat d’un bleu humide au centre duquel affleure la même terre sableuse. Du côté d’Albertine, toute une industrie qui l’effraie s’agite ; des hommes barbus, vêtus de vareuses et de larges pantalons de toile blanche ou bleue la frôlent : « Restez pas là, Mademoiselle, vous risquez de prendre un coup ! » Mais en face, c’est le désert. Un peu de jaune, un peu de vert, des bosquets comme ceux de son pays.
Elle ne sait pas qu’elle est au bord de l’estuaire. À Saint-Nazaire se rencontrent et se mêlent la Loire et l’Atlantique ; au delà commence un autre désert, intégralement bleu celui-là, qui s’étend jusqu’à l’horizon. Elle marche en direction de cet infini, quai du Dolmen, quai Eugène Péreire, quai du Commerce, rue du Port… s’en approche au plus près… « C’est donc ben beau », dirait-elle, si on lui demandait son impression ; bien sûr, personne ne s’en soucie. Et pour elle-même, elle ne pense pas ces mots. Sa rétine enregistre le spectacle incroyable.”
© Frédéric Le Roux, 2020
Illustration : Yves Saint Laurent, carte de vœux “Love”, 1982
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