#féérie pour une autre fois
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mrlafont · 11 months ago
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Je pardonne pas l'irrévérence !… au tréfonds du pire de misère c'est autre chose que cent mille diamants !… la harpe… le ton… délicatesses… les lumières qu'on a emportées… le sens de ceci… cela… les subtilités que tel mort vous a révélées… qu'on a vraiment pas bien remercié… On sabote toujours les vivants… on a mal le sens de la vie… comme j'en ai moi des remords intimes !… Courtial… Follet… Élisabeth… Édith… Janine… c'est autre chose que cent ans de prison !… Saloperie que je suis… Jules même, qu'est Dieu sait le vil être tout caméléon plein de venins je lui dois des philtres !… des reconnaissances !… Je mérite d'être traité effroyable… ce que j'ai saccagé ! bouzillman !… du plus loin que me verra Caron : « Arrive ! » qu'il me fera… et vlaouf !… ma gueule… sa rame !… vlaouf ! encore !… le règlement de mes goujateries !… Oh, faut que je me hâte, nom de Styx !… Je veux pas décéder puant d'âme !… La charogne c'est rien, c'est l'ingratitude qu'est tout !… Je veux reconquérir l'estime !… ma propre estime !… plus en surplus celle de mes pairs !… une place à l'Académie !… Au pire !… n'importe laquelle !… la consécration !… le lustre !… que mes morts se consolent un peu de mes façons !… des peu d'égards… ma mère d'abord !… Je veux que mes morts me reconsidèrent !… « Pas si méchant que ça ! » ils diront… c'était les autres les vraies vaches !… les tourments l'avaient aigri… ratiocinant, con, sûri… les horreurs avaient déteint… Le Panthéon ? Soit ! J'accepte !… la rhonoration officielle !… assez déshonoré vivant ! ma rue ! mon avenue !… Oh mais attention ! pas tout seul !… Altruiste, ma loi ! je veux encore deux millions d'autres rues pour deux millions d'héros 14 !… et inaugurées en gaieté !… Gaieté ma force !… Ils se rendent compte là même en prison : Gaieté ma force !… en cellule, à l'ambulance, ils me spécialisent, ils m'utilisent : Gaieté ! au tréfonds de la déchéance… l'hilare !… j'irradie ! Plus que morfondus, suicidaires, à moi !… à la renourriture ! agoniques !… panade, margarine, harengs saurs !… ça rebouffe !… la méthode psychapersuasive ! « Rigolade first ! » j'ai élevé des quantités de chiens, de chats, de tout !… vous les faites pas rire ils mangent plus… ainsi des hommes… [...] le système nerveux agencé que lorsque j'ai froid, que je grelotte, comme tout le monde, je ris !… indépendant de ma volonté… une disposition intime… sans forfanterie… je bluffe personne, je suis seul… c'est seuls les « condamnés à mort »… tous en cellules individuelles… ils vous sortent dix minutes à l'air, en petites cages… vous rentrez, je vous ai raconté, en bonhomme de neige… vous mettez une heure à dégeler… une heure et demie… Vous me direz : Il neige pas toujours !… comme il pleut à Rouen, à peu près !… dégeler ça va !… de trembloter je pouffe… il me monte une histoire… je grelotte je profite ! j'imagine un quiproquo !… une situation burlesque… si j'esclaffe trop haut, le gaffe entre, il aime pas que je rie… il fait semblant de me fusiller… merde ! j'y fais… il reboucle… il comprend pas « merde »… c'est encore un avantage ! d'ailleurs je peux toujours rire tout seul… même sans excès de froid… c'est les hurleurs qui m'empêchent… les putois de droite et gauche !… il suffit qu'on me laisse tranquille, tout de suite il me monte une anecdote… et je la fignole et je me marre…
Louis-Ferdinand Céline, Féérie pour une autre fois.
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traitor-for-hire · 5 years ago
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Jo rencontre Apollyon
« Où allez-vous ? » demanda Amy, qui, en entrant dans la chambre des grandes un samedi après-midi, les avait trouvées en train de se préparer à sortir avec un air mystérieux qui excitait sa curiosité.
« T'occupe. Les petites filles ne devraient pas poser de questions, » répliqua sèchement Jo.
S'il est bien une chose blessante, quand on est enfant, c'est de s'entendre dire cela, encore plus quand vient l'injonction « file, ma chérie ». Piquée au vif par cette insulte et déterminée à découvrir leur secret, dût-elle les harceler pendant une heure, Amy se tourna vers Meg, qui ne lui refusait jamais rien bien longtemps, et supplia : « Dis-le moi ! Vous devriez me laisser venir, moi aussi, parce que Beth est rivée à son piano, et je n'ai rien à faire, et je me sens si seule.
—  Je ne peux pas, ma chérie, tu n'es pas invitée, » commença Meg, mais Jo l'interrompit impatiemment, « Allons, Meg, tais-toi ou tu vas tout gâcher. Tu ne peux pas venir, Amy, alors ne fais pas le bébé et ne chouine pas.
—  Vous allez quelque part avec Laurie, je le sais. Vous étiez en train de chuchoter et de rire ensemble sur le sofa hier soir, et vous vous êtes tus quand je suis entrée. N'est-ce pas que vous allez avec lui ?
— Oui, en effet. Maintenant tiens-toi tranquille, et cesse de nous importuner. »
Amy tint sa langue, mais ouvrit les yeux, et vit Meg glisser un éventail dans sa poche.
« Je sais ! Je sais ! Vous allez au théâtre voir les Sept Châteaux ! » s'écria-t-elle, avant d'ajouter résolument, « Et je peux venir, car Mère a dit que je pouvais le voir, et j'ai la monnaie du chiffonnier, et c'était méchant de ne pas me l'avoir dit à temps.
—  Écoute-moi juste une minute, et sois une gentille fille, dit gentiment Meg. Mère ne veut pas que tu y ailles cette semaine, parce que tes yeux sont trop fatigués pour supporter les lumières de cette féérie. La semaine prochaine tu pourras y aller avec Beth et Hannah, et tu passeras un bon moment.
—  Ça me semble moitié moins amusant qu'y aller avec vous et Laurie. S'il te plaît, laisse-moi venir. Ce rhume me tient cloîtrée à la maison depuis si longtemps, je meurs d'envie de m'amuser. Dis oui, Meg ! Je serai tellement sage, » plaida Amy, de son air le plus pathétique.
« Imagine que nous l'emmenions. Je ne crois pas que Mère s'en fera, si elle est bien couverte, » commença Meg.
« Si elle vient, je ne viens pas, et si je ne viens pas, Laurie ne sera pas content, et ce sera très impoli, après qu'il nous a invitées toutes les deux, d'y aller en traînant Amy. J'aurais cru qu'elle détesterait s'imposer là où on ne veut pas d'elle, » dit Jo avec colère, car elle n'appréciait guère d'avoir à surveiller un enfant agité quand elle voulait s'amuser.
Son ton et ses manières irritèrent Amy, qui commença à mettre ses bottes, en disant, de son ton le plus agaçant, « Je viens. Meg dit que je peux, et si je paie ma place, Laurie n'a rien à voir avec tout ça.
—  Tu ne peux pas t'asseoir avec nous, car nos sièges sont réservés, et tu ne dois pas t'asseoir seule, aussi Laurie te donnera sa place, et ça gâchera notre plaisir. Ou il prendra un autre siège pour toi, et ce n'est pas poli quand on n'a pas été invité. Tu ne viendras pas, alors tu peux aussi bien rester où tu es maintenant, » gronda Jo, plus en colère que jamais après s'être piqué le doigt dans sa hâte.
Assise sur le sol avec une chaussure au pied, Amy commença à pleurer et Meg à raisonner avec elle, quand Laurie les appela d'en bas, et les deux grandes se dépêchèrent de descendre, laissant leur sœur en train de geindre, car parfois elle oubliait ses manières d'adulte et agissait comme une enfant gâtée. Juste au moment où le groupe s'en allait, Amy appela par dessus la balustrade, d'un ton menaçant : « Tu vas le regretter, Jo March, tu vas voir !
—  Balivernes ! » répliqua Jo en claquant la porte.
Elles passèrent un moment charmant, car Les Sept Châteaux du Lac de Diamant était aussi brillant et merveilleux qu'on pouvait le souhaiter, mais en dépit des amusants lutins, des elfes scintillants, et des magnifiques princes et princesses, le plaisir de Jo était piqué d'amertume. Les boucles dorées de la reine des elfes lui rappelaient Amy, et entre les actes elle se demandait ce que sa sœur ferait pour « la faire regretter ». Amy et elle s'étaient vivement querellées à de nombreuses reprises au cours de leurs vies, car elles étaient toutes les deux emportées et enclines à la violence si on les irritait suffisamment. Amy taquinait Jo, et Jo agaçait Amy, ce qui entraînait régulièrement des explosions, dont elles étaient toutes deux honteuses une fois la colère retombée. Bien que la plus âgée, Jo était celle qui se contrôlait le moins, et elle avait bien du mal à dompter son esprit rebelle, qui lui attirait sans cesse des ennuis. Sa colère ne durait jamais, et après avoir humblement confessé sa faute, elle se repentait sincèrement et tentait de mieux faire. Ses sœurs avaient l'habitude de dire qu'elles aimaient bien mettre Jo en colère, parce qu'elle était douce comme un ange après coup. La pauvre Jo tentait désespérément d'être bonne, mais son ennemi intérieur était toujours prêt à s'enflammer et à la vaincre, et il lui fallut de nombreuses années de patients efforts pour prendre le dessus.
Quand elles rentrèrent à la maison, elles trouvèrent Amy en train de lire dans le parloir. Elle prit un air blessé quand elles entrèrent dans la pièce, ne leva pas les yeux de son livre, ni ne posa une seule question. La curiosité aurait peut-être eu raison du ressentiment si Beth n'avait pas été là pour demander et recevoir une description vivace de la pièce. En allant ranger son meilleur chapeau, le premier regard de Jo fut pour son bureau, car durant leur dernière dispute Amy avait passé ses nerfs en renversant le tiroir du haut au sol. Mais tout était à sa place, et après un regard rapide à ses placards, sacs, et boîtes, Jo décida qu'Amy avait pardonné et oublié ses torts.
Jo se trompait bien, car le jour suivant elle fit une découverte qui provoqua une tempête. Meg, Beth et Amy étaient assises ensemble, vers la fin de l'après-midi, quand Jo, dans tous ses états, fit irruption dans la pièce et demanda, « Est-ce que quelqu'un a pris mon livre ? »
Meg et Beth répondirent aussitôt « Non, » l'air surprises. Amy tisonna le feu et ne dit rien. Jo la vit rougir, et bondit sur elle.
« Amy, c'est toi qui l'a !
—  Non, je ne l'ai pas.
—  Tu sais où il est, alors !
—  Non.
—  Mensonge ! » s'écria Jo en la prenant par les épaules, l'air suffisamment féroce pour effrayer une enfant bien plus brave qu'Amy.
« Je ne mens pas. Je ne l'ai pas, je ne sais pas où il est, et je m'en moque.
—  Tu sais quelque chose, et tu ferais mieux de le dire tout de suite, ou je t'y obligerai. » Et Jo lui donna une secousse.
« Houspille-moi tant que tu veux, tu ne reverras jamais ton stupide vieux livre, » s'écria Amy, s'échauffant à son tour.
« Pourquoi non ?
—  Je l'ai brûlé.
—  Quoi ! Mon petit livre, celui que j'aimais tant et sur lequel j'ai tant travaillé, et que je comptais finir avant que Père ne rentre ? Tu l'as vraiment brûlé ? » dit Jo, soudain très pâle, tandis que ses yeux jetaient des étincelles et que ses mains agrippaient nerveusement Amy.
« Oui, je l'ai fait ! Je t'ai dit que je te ferai payer pour avoir été si désagréable hier, et je l'ai fait, alors - »
Amy n'alla pas plus loin, car la colère de Jo s'empara d'elle, et elle secoua sa sœur jusqu'à lui faire claquer les dents, en criant sa douleur et sa rage…
« Méchante, méchante fille ! Je ne pourrai jamais le réécrire, et je ne te pardonnerai jamais, tant que je vivrai. »
Meg vola à la rescousse d'Amy, et Beth se pressa de venir apaiser Jo, mais elle était hors d'elle, et après avoir asséné un soufflet sur l'oreille de sa sœur, elle se précipita hors de la pièce jusqu'au vieux sofa du grenier, et termina seule la dispute.
La tempête se calma au dessous, car Mrs. March rentra à la maison, et, ayant entendu toute l'histoire, fit vite voir à Amy le tort qu'elle avait fait à sa sœur. Le livre de Jo était sa fierté, et était considéré par sa famille comme un début littéraire très prometteur. Ce n'était qu'une demi-douzaine de petits contes de fées, mais Jo les avait travaillés patiemment, en y mettant tout son cœur, espérant en faire quelque chose d'assez bon pour être publié. Elle venait juste de les recopier avec grand soin, et avait détruit le vieux manuscrit, aussi le feu d'Amy venait de détruire le travail admirable de plusieurs années. Pour d'autres c'eût été une perte sans importance, mais pour Jo c'était une terrible calamité, et elle avait l'impression que rien ne pourrait jamais la consoler. Beth était aussi affligée que si l'un de ses chatons était mort, et Meg refusa de défendre sa favorite. Mrs. March avait l'air grave et peinée, et Amy pensa que plus personne ne l'aimerait tant qu'elle n'aurait pas demandé pardon pour cet acte qu'elle regrettait maintenant plus que toute autre.
Lorsque sonna la cloche du thé, Jo apparut, l'air si sinistre et distante qu'il fallut à Amy tout son courage pour dire faiblement :
« Pardonne-moi s'il te plaît, Jo. Je suis vraiment, vraiment désolée.
—  Je ne te pardonnerai jamais, » fut la dure réponse de Jo, et à partir de cet instant elle ignora complètement Amy.
Personne ne parla de ce grand chagrin - pas même Mrs. March - car toutes savaient par expérience qu'il ne servait à rien de parler à Jo quand elle était dans cet état, et que le plus sage était d'attendre qu'un quelconque petit accident, ou sa nature généreuse, adoucisse la rancœur de Jo et soigne la blessure. Ce ne fut pas une soirée très joyeuse, bien qu'elles firent leur couture comme à l'accoutumée tandis que leur mère lisait à voix haute Bremer, Scott ou Edgeworth, car quelque chose manquait, et la douce paix du foyer était perturbée. Cela se fit d'autant plus sentir quand vint le moment de chanter, car Beth ne put que jouer, Jo resta muette comme une tombe, et Amy fondit en larmes, aussi Meg et Mère chantèrent seules. Mais en dépit de tous leurs efforts pour être aussi gaies que des pinsons, les voix flutées ne semblaient pas s'accorder aussi bien que d'habitude, et tout paraissait discordant.
Quand Jo reçut son baiser de bonne nuit, Mrs. March murmura avec douceur, « Ma chérie, ne laisse pas le soleil se coucher sur ta colère. Pardonnez-vous, entraidez-vous, et prenez un nouveau départ demain. »
Jo avait envie de reposer la tête sur le sein maternel, et de laisser fondre toute sa douleur et sa colère en pleurant, mais les larmes étaient une faiblesse peu virile, et elle était si profondément blessée que, vraiment, elle ne pouvait pas encore pardonner tout à fait. Alors elle battit des cils et secoua la tête, et dit, rudement parce qu'Amy écoutait, « C'était un geste abominable, et elle ne mérite pas d'être pardonnée. »
Sur ce elle se mit au lit, et il n'y eut pas de chuchotis gai ou de confidences ce soir là.
Amy se sentit très offensée du refus de ses tentatives de faire la paix, et commença à souhaiter ne pas s'être humiliée, à se sentir plus blessée que jamais, et à se targuer de sa vertu d'une manière particulièrement exaspérante. Jo avait toujours l'air d'un nuage d'orage, et rien n'alla de toute la journée. Il avait fait un froid mordant dans la matinée, elle avait laissé tomber son précieux chausson dans le caniveau, Tante March avait été plus agitée que d'ordinaire, Meg était susceptible, quand elle rentra à la maison Beth avait l'air endeuillée et pensive, et Amy ne cessait de faire des remarques sur les personnes qui parlaient toujours d'être bonnes et pourtant ne faisaient pas le moindre effort quand d'autres leur montraient l'exemple.
« Tout le monde est si détestable, je vais demander à Laurie s'il veut aller patiner. Il est toujours gai et gentil, et je sais qu'il me remontera le moral, » se dit Jo, et elle sortit.
Amy entendit le bruit des patins, et regarda par la fenêtre en poussant une exclamation impatiente.
« Et voilà ! Elle avait promis que je viendrais la prochaine fois, car c'est la dernière glace de la saison. Mais ça ne sert à rien de demander à une grincheuse comme elle de m'emmener.
—  Ne dis pas ça. Tu as été très vilaine, et il lui est difficile de pardonner la perte de son précieux petit livre, mais je pense qu'elle le pourrait maintenant, si tu t'y prends au bon moment, dit Meg. Suis-les. Ne dis rien tant que Laurie n'a pas adouci l'humeur de Jo, puis choisit un moment calme et embrasse-la, ou fais quelque chose de gentil, et je suis sûre qu'elle te pardonnera de tout son cœur.
—  Je vais essayer, » dit Amy, trouvant le conseil à son goût. Et elle se prépara en toute hâte et courut après les amis qui disparaissaient tout juste derrière la colline.
La rivière n'était pas loin, mais tous deux furent prêts avant qu'Amy ne les ait rejoints. Jo la vit arriver, et lui tourna le dos. Laurie ne la vit pas, car il patinait prudemment le long de la berge pour sonder la glace, car une période de redoux avait précédé ce dernier coup de froid.
« Je vais aller jusqu'au premier tournant et voir si c'est bon avant que nous ne faisions la course, » l'entendit dire Amy tandis qu'il s'éloignait, dans son manteau et sa toque bordés de fourrure qui lui donnaient l'air d'un jeune Russe.
Jo entendit Amy, haletante après sa course, taper du pied et souffler sur ses doigts tandis qu'elle essayait de mettre ses patins, mais elle ne se retourna pas et descendit lentement la rivière en zigzagant, trouvant une satisfaction amère dans les petits ennuis de sa sœur. Elle avait nourri sa colère jusqu'à ce qu'elle s'empare d'elle, ainsi que le font toujours les mauvaises pensées quand on ne les chasse pas de suite. Quand Laurie atteignit le virage, il cria : 
« Reste près du bord. Ce n'est pas sûr au milieu. » Jo l'entendit, mais pas Amy, qui peinait à se mettre sur pied. Jo lui jeta un regard par dessus l'épaule, et le petit démon qui la guidait lui dit à l'oreille :
« Qu'importe qu'elle ait ou non entendu, qu'elle se débrouille toute seule. »
Laurie avait disparu derrière la courbe, Jo y arrivait tout juste, et Amy, loin derrière, se dirigeait vers la glace plus lisse du milieu de la rivière. Pendant une minute Jo resta immobile avec un étrange sentiment, puis elle se décida à continuer, mais quelque chose la retint et elle se retourna, juste à temps pour voir Amy lever les bras au ciel et tomber, avec un craquement soudain, un plouf ! et un cri qui stoppa net le cœur de Jo. Elle essaya d'appeler Laurie, mais elle n'avait plus de voix. Elle essaya de se précipiter au secours, mais ses jambes ne semblaient plus avoir de force, et l'espace d'un instant elle ne put que rester immobile et regarder, le visage déformé par la terreur, le petit capuchon bleu au dessus de l'eau sombre. Quelque chose passa près d'elle à toute allure, et la voie de Laurie résonna :
« Apporte une planche. Vite, vite ! »
Comment elle y s'y prit, elle ne le sut jamais, mais durant les minutes qui suivirent elle œuvra comme possédée, obéissant aveuglément à Laurie qui avait gardé son sang-froid et s'était couché sur la glace, maintenant Amy par le bras et avec sa crosse de hockey jusqu'à ce que Jo ait arraché une planche de la barrière et qu'ils tirent ensemble la fillette hors de l'eau, avec plus de peur que de mal.
« Maintenant il faut la ramener à la maison aussi vite que possible. Enveloppe-la avec nos affaires, pendant que j'enlève ces maudits patins, » s'écria Laurie en enroulant sa veste autour d'Amy et en tirant sur les lacets qui n'avaient jamais semblé si serrés auparavant. 
Grelottante, trempée, et en pleurs, ils ramenèrent Amy, et après toute cette excitation elle s'endormit, enroulée dans des couvertures devant un bon feu. Durant toute cette agitation Jo avait à peine pipé mot mais s'était démenée, pâle et échevelée, les vêtements en bataille, la robe déchirée et les mains tailladées et meurtries par la glace et les planches et les boucles réfractaires. Quand Amy fut bien endormie, la maison silencieuse, et Mrs. March assise près du lit, elle appela Jo et commença à bander les mains blessées.
« Es-tu sûre qu'elle est sauve ? » murmura Jo en jetant un regard plein de remords à la tête blonde, qui aurait pu disparaître à jamais de sa vue sous la glace traîtresse.
« Tout à fait sauve, ma chérie. Elle n'est pas blessée, et ne prendra même pas froid, je pense. Vous avez fait ce qu'il fallait en la couvrant et en la ramenant si vite à la maison, répondit gaiement sa mère.
—  C'est Laurie qui a tout fait. Je l'ai seulement laissée y aller. Mère, si elle avait dû mourir, ça aurait été ma faute. » Et Jo se laissa tomber à côté du lit en laissant s'échapper un torrent de larmes de repentir, et raconta tout ce qui s'était passé, en condamnant amèrement son cœur dur et en sanglotant sa gratitude de se voir épargner la terrible punition qui aurait pu lui être infligée.
« C'est mon fichu mauvais caractère ! J'essaie de m'en guérir, je pense avoir réussi, mais alors il revient pire que jamais. Oh, Mère, que dois-je faire ? Que dois-je faire ? » s'écria la pauvre Jo, désespérée.
« Sois sur tes gardes et prie, chérie, ne cesse jamais d'essayer, et ne pense jamais qu'il est impossible de te corriger, » dit Mrs. March, attirant la figure rougie contre son épaule et embrassant la joue humide avec tant de tendresse que les pleurs de Jo redoublèrent d'intensité.
« Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir à quel point c'est dur ! C'est comme si je pouvais faire n'importe quoi quand je m'emporte. Je deviens si sauvage, je pourrais faire du mal à n'importe qui et m'en réjouir. J'ai peur de faire un jour quelque chose de terrible, et de gâcher ma vie, et de faire en sorte que tout le monde me déteste. Oh, Mère, aide-moi, aide-moi !
—  Oui, mon enfant, je vais t'aider. Ne pleure pas avec tant d'amertume, mais souviens-toi de ce jour, et résous-toi, de toute ton âme, à ne jamais vivre son pareil. Jo, chérie, nous avons tous nos tentations, certaines bien plus grandes que les tiennes, et souvent il faut toute une vie pour les maîtriser. Tu penses avoir le plus mauvais caractère du monde, mais le mien était tout pareil autrefois.
—  Vraiment, Mère ? Mais, tu n'es jamais en colère ! » Et dans sa surprise Jo oublia un  moment ses remords.
« J'essaie de m'en guérir depuis quarante ans, et je n'ai réussi qu'à le contrôler. Je suis en colère presque chaque jour de ma vie, Jo, mais j'ai appris à ne pas le montrer, et j'ai toujours espoir d'apprendre à ne plus le ressentir, quoique cela risque de me prendre encore quarante ans. »
La patience et l'humilité lisibles sur le visage qu'elle aimait tant furent pour Jo une meilleure leçon que le raisonnement le plus sage ou les reproches les plus vifs. Elle se sentit réconfortée d'un coup par la compassion et la confiance qui lui étaient accordées. Savoir que sa mère avait un défaut tout comme elle, et essayait de le corriger, rendit le sien plus facile à supporter et renforça sa résolution de s'en débarrasser, même si quarante ans, pour une fille de quinze ans, paraissaient être un temps bien long passé à prier et à rester sur ses gardes.
« Mère, est-ce que tu es en colère quand tu pinces les lèvres et sors de la pièce parfois, quand Tante March te réprimande ou que l'on t'embête ? » demanda Jo, qui se sentait plus proche de sa mère, et plus chérie, que jamais.
« Oui, j'ai appris à arrêter les mots hâtifs qui viennent à mes lèvres, et quand je sens qu'ils risquent de m'échapper contre ma volonté, je sors juste une minute, et me gronde moi-même pour être si faible et méchante, » répondit Mrs. March avec un soupir et un sourire, tandis qu'elle lissait et rattachait les cheveux en désordre de Jo.
« Comment as-tu appris à garder le silence ? C'est ce qui me pose le plus de problème - les paroles cinglantes s'envolent avant que je m'en rende compte, et plus j'en dis pire c'est, jusqu'à ce que ce soit un plaisir de blesser les autres et de dire des choses horribles. Dis-moi comment tu fais, Marmee chérie.
—  Ma gentille maman avait l'habitude de m'aider -
—  Comme tu le fais pour nous, l'interrompit Jo avec un baiser reconnaissant.
—   Mais je l'ai perdue quand j'étais à peine plus âgée que toi, et durant des années j'ai dû lutter seule, car j'étais trop fière pour confesser ma faiblesse à d'autres. J'ai passé de durs moments, Jo, et versé bien des larmes amères sur mes échecs, car en dépit de mes efforts je semblais ne jamais réussir. Puis ton père est arrivé dans ma vie, et j'étais si heureuse que je trouvais facile d'être bonne. Mais petit à petit, quand j'eus quatre petites filles autour de moi et que nous fûmes pauvres, alors l'ancien mal revint, car je ne suis pas patiente de nature, et cela m'a beaucoup éprouvé de voir mes enfants manquer de quoi que ce soit.
—  Pauvre Mère ! Qu'est-ce qui t'a aidé alors ?
—  Ton père, Jo. Il ne perd jamais patience - ne doute jamais, ni ne se plaint - mais il est toujours plein d'espoir, et travaille et attends avec tant de gaieté que l'on aurait honte d'agir autrement devant lui. Il m'a aidée et réconfortée, et m'a fait comprendre que je devais essayer de pratiquer toutes les vertus que je voudrais voir chez mes petites filles, car je suis leur exemple. Il était plus facile d'essayer pour votre bien que pour le mien. Un regard surpris ou effrayé de l'une de vous quand je parlais trop vivement était une réprimande plus efficace qu'aucun mot, et l'amour, le respect, et la confiance de mes enfants était la plus douce récompense que j'aurais pu recevoir pour mes efforts d'être la femme que je voulais qu'elles imitent.
—  Oh, Mère, si je suis jamais moitié aussi bonne que toi, je serai bien satisfaite, s'écria Jo, très émue.
—  J'espère que tu seras bien meilleure, ma chérie, mais tu dois continuer à surveiller ton "ennemi intérieur", comme ton père l'appelle, ou il pourrait bien assombrir ta vie, sinon la gâcher. Tu as reçu un avertissement. Souviens-t'en, et essaie de tout ton cœur et de toute ton âme de maîtriser ce caractère emporté, avant qu'il ne t'apporte de plus grandes peines et de plus grands regrets que tu n'en as connus aujourd'hui.
—  Je vais essayer, Mère, vraiment. Mais tu dois m'aider, me rappeler, et m'empêcher de déborder. Je me souviens que parfois Père portait le doigt à ses lèvres, et te regardait avec un air très gentil mais grave, et tu serrais toujours les lèvres et quittait la pièce. Est-ce qu'il te le rappelait alors ? demanda doucement Jo.
—  Oui. Je lui ai demandé de m'aider de cette façon, et il n'a jamais oublié, mais m'a sauvée de bien des mots blessants par ce petit geste et cet air doux. »
Jo vit les yeux de sa mère s'emplir de larmes et ses lèvres trembler tandis qu'elle parlait, et craignant d'en avoir trop dit, elle chuchota anxieusement, « Ai-je eu tort de vous observer et d'en parler ? Je ne voulais pas être indiscrète, mais c'est si agréable de te dire tout ce que je pense, et de me sentir si heureuse et en sécurité ici.
—  Ma Jo, tu peux tout dire à ta mère, car c'est mon plus grand bonheur et ma plus grande fierté de savoir que mes filles se confient à moi et savent à quel point je les aime.
—  J'ai cru t'avoir peinée.
—  Non, chérie, mais parler de Père m'a rappelé à quel point il me manque, combien je lui dois, et combien je dois veiller et travailler pour protéger ses petites filles pour lui.
—  Et pourtant tu lui as dit de partir, Mère, et tu n'as pas pleuré quand il s'en est allé, et tu ne te plains jamais, et tu n'as jamais semblé avoir besoin d'aide, dit Jo, pensive.
—  J'ai donné le meilleur de moi-même au pays que j'aime, et j'ai contenu mes larmes jusqu'après qu'il fut parti. Pourquoi devrais-je me plaindre, quand nous avons tous deux fait notre devoir et que nous nous en trouverons sûrement plus heureux à la fin ? Si je n'ai pas l'air d'avoir besoin d'aide, c'est parce que j'ai encore un meilleur ami que Père pour me réconforter et me soutenir. Mon enfant, les difficultés et les tentations de ta vie n'en sont qu'au début et seront peut-être nombreuses, mais tu peux les dépasser toutes si tu apprends à ressentir la force et la tendresse de notre Divin Père de la même façon que celles de ton père terrestre. Plus tu L'aimes et plus tu Lui fais confiance, plus tu te sentiras proche de Lui, et moins tu dépendras du pouvoir et de la sagesse humaine. Son amour ne faiblit ni ne change, ne peut jamais t'être retiré, mais peut devenir tout au long de ta vie source de paix, de bonheur, et de force. Crois-le de tout ton cœur et tourne-toi vers Dieu avec tous tes petits soucis, et espoirs, et péchés, et peines, aussi librement et avec autant de confiance que tu te tournes vers ta mère. »
Pour toute réponse, Jo serra sa mère dans ses bras, et dans le silence qui suivit la prière la plus sincère qu'elle ait jamais émise s'envola sans mots de son cœur. Car dans cette heure triste et pourtant heureuse, elle avait appris non seulement l'amertume des remords et du désespoir, mais aussi la douceur de l'abnégation et de la maîtrise de soi ; et guidée par la main de sa mère, elle s'était rapprochée de l'Ami qui accueille tous les enfants avec un amour plus fort que celui d'un père, plus tendre que celui d'une mère.
Amy remua et soupira dans son sommeil, et comme désireuse de réparer sa faute sans attendre, Jo leva les yeux avec une expression que nul ne lui avait jamais vue.
« J'ai laissé le soleil se coucher sur ma colère. Je ne voulais pas la pardonner, et aujourd'hui, si Laurie n'avait pas été là, il aurait pu être trop tard ! Comment ai-je pu être si méchante ? » dit Jo à mi-voix, en se penchant au dessus de sa sœur pour caresser doucement les cheveux encore humides épars sur l'oreiller.
Comme si elle avait entendu, Amy ouvrit les yeux, et lui tendit les bras, avec un sourire qui alla droit au cœur de Jo. Aucune ne dit mot, mais elles s'étreignirent avec force en dépit des couvertures, et tout fut pardonné et oublié dans un baiser plein d'affection.
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anaischuchote · 5 years ago
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Le Jeu
Cette étrange relation qui se nouait entre Beth et moi, je cherche encore les mots pour la décrire. Si nous l'avions simplement nommée "Le Jeu", c'est que tout autre terme l'aurait enfermée dans un stéréotype, un cliché qui l'aurait vidée de son sens. D'ailleurs, l'appeler "Le Jeu" était une forme de clin d’œil visant à conjurer la réalité qui avait fini par nous sauter aux yeux : ce n'en était pas un. Le geste fondateur qui avait eu lieu ce jour là, lors de notre première promenade sur la plage, avait été un Big Bang : Comme l'accident primordial, il contenait déjà l'ensemble des constantes dont allaient découler les lois, les règles qui se mettraient en place entre nous. Ce sont ces grandeurs premières, ces impulsions natives, que j'essaie de dégager ici. D'identifier. De comprendre.
Comprendre cet éclair qui est passé dans les yeux de Beth d'abord. Elle qui avait connu Julien et découvert Naïs, l'avait approchée, prudente, marchant sur des œufs pour ne pas l'effrayer, et avait acquis sa confiance. Et soudain cette lueur, et sa poigne sur ma nuque. Mais est-ce Beth qui a initié ce geste incongru ? N'est-ce pas plutôt moi qui, lorsqu'elle a avancé sa main, ai incliné mon cou comme une louve qui se soumet ? Qui a donné l'impulsion initiale ? Qui a initié le Jeu ? Comment est-il devenu ce qu'il est, et qui le contrôle ? 
Beth a appris à devenir maîtresse. C'était maladroit au début, pas bien assumé. Elle flanchait parfois et la pitié prenait le dessus. Puis elle a durci son Jeu. Pas tant par la pratique que par le lâcher prise. La domination était en elle. Elle lui a laissé les commandes. Quant à moi... dès le départ, dès nos premiers échanges j'aurais pu voir que je désirais une relation différente de toutes les autres. Est-ce notre écart d'âge, notre ancienne relation d'enfant à adulte ? Le lien avec mon passé enfoui qu'elle représentait ? Je ne sais pas. Sa main sur ma nuque lors de ce fameux premier mouvement, était la promesse d'un délicieux abandon à sa loi. J'étais toujours en contrôle dans mes relations. Toujours. Et fière de ça. Mais avec elle je pouvais être... petite fille. Je n'avais jamais été petite fille ! Est-ce que ce sont ses mots, dans ces e-mails échangés au début de nos retrouvailles, à propos de l'enfant qu'elle avait connu ? "Je l'avais sentie, cette part de toi que tu ne parvenais pas à laisser grandir. Mais je n'avais pas su la reconnaître.". Avec elle, pourrais-je.... ? La remise totale à l'autre. L'absence de responsabilités, de décisions. Ce fut la forme que prit chez moi la phase de découverte du Jeu. Je croyais que c'en était le stade ultime. J'étais loin du compte.
Car comme Beth est devenue maîtresse, je suis devenue sa chienne.  Sa chose attentive, patiente, disponible. À l'affut du moindre geste. Un être vivant au sol, nourri au sol, lavé au jet, buvant dans une écuelle. Offerte aux caresses mais, plus important, à leur absence. La frustration était partie intégrante d'une sorte d'extase permanente. Attendre. Se déprendre de tout. De toute distraction, de toute crainte. Ne vivre que dans l'espoir de lui servir de jouet. La regarder lire, écouter de la musique, cuisiner. De temps à autre être appelée pour goûter un plat. Être flattée, récompensée... ou punie. Les pouces entravés, je n'avais de fait plus de mains. Ma bouche (ma gueule) était mon lien avec le monde. Sachant que mes bêtises attireraient son attention, je fouillais du museau ses tiroirs ouverts, renversais son linge, le déchirais parfois. Et les punitions tombaient. Tantôt la baguette de roseau, fine et cinglante, me zébrait les fesses. D'autres fois le jet d'eau me glaçait et me fouettait le visage, les seins, le sexe. Ou bien m'attachait-elle dans le jardin, ultime torture : loin de son regard et sans savoir quand cela finirait. Les soins s'ensuivaient. Toujours dans le Jeu. On ne parle pas de "care" ici, mais de la poursuite, sous d'autres formes, de ces sévices communément consentis. Elle endossait cette autre facette du bourreau, celle de la consolatrice, maternelle, et d'autant plus perverse. Le renforcement de mon sentiment de culpabilité ajoutait à celui de total abandon de ma nature humaine, de ma condition d'être autonome. Certes il y avait dans mon esprit un point, un lieu de quasi-conscience du fait que tout ceci n'était qu'une comédie. Mais tant que durait le Jeu, je restais pleinement cet être asservi par les manipulations de sa maîtresse, incapable de penser en dehors d'elle. Et je touchai ainsi au cœur même de mon moi, à sa part essentielle, primordiale : mes instincts vitaux, mes pulsions brutes.
Nous avions inventé le Jeu pour donner des bornes à ce pratiques. Pour le cantonner à un temps défini, dédié à l'exorcisme de ces pulsions symétriques que nous avions découvertes par hasard. La distance et le travail limitaient nos rencontres aux weekends. Nous pratiquions le Jeu environ une fois par mois. Le reste du temps, nos weekends ensemble étaient d'une légèreté et d'une complicité lumineuses. Beth s'était découverte et avait découvert sa sexualité après 25 ans de mariage. Elle avait vécu deux ans seule et expérimenté. Elle commençait à assumer de sortir avec moi et nos échappées en bord de mer étaient d'une agréable simplicité. Certes, nous étions un peu trop du même genre et pas assez du même âge au goût des gens qui nous croisaient mais ça aussi, elle l'assumait. Mais peu à peu, revenait comme le balancier d'un pendule le besoin sourd qui nous habitait toutes les deux. Et là aussi, avec une symétrie quasi parfaite. Le troisième weekend sans Jeu se terminait souvent dans des tensions, des silences assourdissants. Il nous appelait. Venait alors le temps de lui consacrer un nouveau weekend. Et les règles se faisaient plus dures.
Au début, Beth me soumettait ses propositions durant la semaine. Mais un jour j'ai décidé que je ne voulais pas savoir. Que tout ce qu'elle pourrait décider serait bon pour moi. C'était un premier indice de notre échec à Le confiner. Je ne le voyais pas, alors. Mais à mesure qu'Il la rendait plus intraitable, et moi plus misérablement soumise, les weekends de Jeu se rapprochèrent. Inexorablement, le manque grandissait. J'avais mis des années à devenir, à affirmer et à faire accepter qui j'étais. À me construire un entourage, à trouver un métier où je n'avais pas à me renier, à me construire une vie. Et j'étais en train de désirer plus que tout remettre cette vie entre les mains d'une autre. C'était insensé, mais c'était là. Nous en étions à un weekend de Jeu sur deux. Et encore, le weekend "sans" était-il un peu comme un sas, une antichambre où Son ombre planait déjà entre nous. Nous refusions de nous l'avouer, mais nous chutions vers un inconnu, effrayant et fascinant. Puis, Beth me proposa de prendre de grandes vacances. J'avais sauté de joie, toute seule, dans ma piaule en lisant son message. J'ignorais encore l'ampleur du gouffre dans lequel je me réjouissais de tomber...
Juin était arrivé en un clin d'œil. Nous nous sommes d'abord accordées trois jours de Jeu ininterrompu. J'en sortais à la fois lessivée physiquement, mais psychiquement rechargée. Puis le départ : destination surprise, pas de contraintes, itinéraire au petit bonheur, hôtel chaque soir. On avait pris vers le sud. Une escapade insouciante, des rires, du vin, et beaucoup de baise, souvent à mon initiative, et, plus que jamais auparavant, en dehors du Jeu. Main sur sa cuisse : "Arrête-toi là !"... Peu après Romans, sur les contreforts du Vercors, après de longs détours par des chemins de campagne, elle arrête le moteur devant une bâtisse. Large, de plain pied, l'ancienne ferme vient d'être refaite à neuf. "Viens visiter !". Je la suis. Les pièces sont vastes, fraîches derrière les épais murs de pierre, à la fois sobres et confortables, sans luxe excessif. Passées la grande et unique pièce de vie et sa cuisine américaine, nous arrivons au couloir menant vers les chambres. La première est la chambre principale, visiblement. Puis vient une salle d'eaux, spacieuse, mais sans rien de particulier. Puis une autre chambre... J'ouvre et je suis sous le choc. C'est la mienne. Ou plutôt celle de Nouka. Elle est aménagée tout spécialement pour elle. Sur le douillet matelas à même le sol repose mon collier. À l'anneau fixé au mur pend ma chaîne. Dans un coin sont rangées mes écuelles. La penderie laisse apparaître une enfilade de tenues. À ma taille, je le sais : prévoyante, Beth a mes mesures depuis le début du Jeu. C'est une féérie de costumes, plus outranciers les uns que les autres. Je la sens qui guette ma réaction. Je me retiens de verser une larme de bonheur. Elle attend. Je quitte la pièce et ouvre la porte suivante. Et à nouveau, je tombe en arrêt !
Je chancèle et sens que mon esprit vacille. La vision a fait monter mes pulsations cardiaques durant un instant et, une fois le choc passé, Naïs commence à se retirer, Nouka s'éveille. Beth me retient, d'une main sur la nuque, reproduisant ainsi le geste fondateur. Il faudra qu'un jour je comprenne quelle résonance, quelle onde cérébrale, fait basculer ainsi ma conscience dans un état second où s'abolit en moi toute volonté propre, ne persistant qu'instincts, pulsions, sensations. Où se fragmentent mon autonomie, ma dignité, mon être... Beth a fermé la porte, dissimulant l'autel entr'aperçu, et m'a conduite au bain. Avec une implacable tendresse, dans un doux et pervers jeu de poupée, elle m'a lavée, coiffée, noué les cheveux, habillée d'une tenue de résille rose, et a orné sa créature d'un plug émeraude. Fentes qui, en les soulignant, montrent la chair à pétrir ou à prendre, coque qui enserre mon sexe, je suis à la fois disponible à son appétit et frustrée dans mes instincts, totalement sienne, totalement bien. Naïs coule et émerge Nouka, de retour, intacte, soumise, libre ! Beth joue avec lenteur, étirant le temps, manipulant mon désir. Elle feint tantôt l'indifférence, parfois m'excite d'un mot, d'un geste, me provoque par des caresses sans suites... et pousse le vice jusqu'à se toucher devant moi, qui suis attachée, tout juste hors d'atteinte.
Nous passons la journée dehors, baignées de soleil. Je me nourris à ses pieds après les avoir longtemps léchés pour lui réclamer ma pitance. Elle m'accorde en dessert quelques tranches de pomme que je dois cueillir sur son genoux tandis qu’elle se touche, s'ouvre d'un doigt. Gonflée d'envie et de foutre, à la limite de la douleur, je l'implore du regard mais elle ne me libère pas. J'ai droit, pour tout calmant au feu qui me ronge, à un jet d'eau froide assorti de réprimandes — souillon, branleuse, petite trainée, vilaine chienne... Le soir vient, que je passe à ses pieds. L'air est empli de musique. Elle lit, sirote son thé et passe de temps à autre ses doigts dans mes cheveux. La joue posée sur sa cuisse, j'aventure ma langue sur sa chair puis, encouragée par ses soupirs, sous son peignoir entrouvert. Larges et charnues, ses lèvres s'entrouvrent au premier coup de langue. Épais, onctueux, déjà abondant, son miel nappe mes lèvres et mon nez. Je la lèche sans application, à grands coups de langue bruyants, comme une petit chienne assoiffée boit à une source d'eau vive. Elle geint, et entre ses lèvres fusent d'abord de petits quolibets, comme dans l'après-midi, puis des injures plus ordurières, dont le niveau monte au fur et à mesure que sa voix se fait plus rauque. Et ses ongles, plantés dans mon crâne me plaquent plus fort contre elle. Elle crie une première fois. Je continue. Je sais qu'elle va souffrir. Que le gland de son clitoris sera traversé d'une pointe de vibrations insoutenables, à la limite de la brûlure, puis que remontera de ses reins la vague plus sourde qui l'emportera vers le second orgasme. Lorsqu'il la saisit, plus brut, plus animal, elle retire ses mains de mes cheveux et plante ses ongles dans le lin du canapé. Les cris suivants, son ventre les expulse par saccades, rapprochés, puis ils fusionnent enfin en une longue plainte. Je la lèche toujours plus fort. Elle me pousse, et lorsqu’elle parvient à me dégager, le temps reste un instant figé. Les yeux mi-clos elle chuchote : "Viens... viens Nouka.". Je grimpe auprès d'elle, et d'une main elle dégrafe la prison de ma queue, qui me fait gémir de douleur en retrouvant sa liberté. J'entre en elle, toujours comme un animal, passe le seuil de sa chatte détrempée qui me happe, entière. À peine si mon gland ressent la caresse du pas de sa vulve. Je suis en elle. Elle me fixe avec cette moue de dédain qu'elle se compose si bien. Elle articule tout bas... "Traînée, petite vicieuse assoiffée de chatte, donne-moi vite ton jus, petite chienne...". Longs, brûlants, en elle, accompagnés de plaintes à gorge fermée, ils viennent. Et elle embrasse chacun de mes hoquets d'un "oui" murmuré à mon oreille. Je reste sur elle. Nous retrouvons nos souffles. Elle caresse mon dos.
Après les effusions de sel vient le temps vient des mots doux, le temps du sucre. Je suis sa beauté, sa douce Nouka, son petit amour de chienne — car oui, même dans la tendresse je reste sa chienne. Mais, fermement, quoique toujours avec délicatesse, elle me repousse et je descends au sol. Elle est implacable : il faut que je nettoie. Je m'exécute. Elle, les cuisses écartées, admire mon application à recueillir, du bout de la langue, mes propres jus que sa vulve exsude. Je m'exécute, penaude, comme si je regrettais de l'avoir souillée, en levant les yeux vers elle. Sans retrouver toute sa vigueur, son bouton durcit, et si ce n'était son épuisement, elle m'aurait incitée à le sucer à nouveau. Je m'applique et finis la toilette. Celle-ci terminée, elle trempe sa serviette dans un peu de thé tiède et en nettoie mes lèvres, avec un rien de dédain. "Couchée Nouka.". Je m'exécute. Elle me pousse du bout des pieds. Je me tourne et lui présente mon ventre pour qu'elle les y pose. Je suis à elle. "Je vais te donner un bain. Ensuite, tu iras sagement te coucher. Seule. Et demain..." Il y a dans sa voix comme une fissure, une fêlure à peine perceptible mais que j'entends ou plutôt que je ressens. "Demain, je te donnerai ce que tu as toujours voulu.". Je frissonne... Je repense à la Pièce. Je l'avais oubliée. À son agencement, à tout ce qu'elle contient d'inquiétant, d'excitant, de cru, de sordide, même. Au caractère obsessionnel qui se dégage de cet endroit dont nous n'avons pas parlé. Ce lieu tabou, reclus derrière sa porte capitonné.
(à suivre)
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onzedieuxsouriants · 5 years ago
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Advint Renard
Advint Renard un jour, à la cour de la Reine Changeline.
Renard était un natif, un serf, pas même une des larves ou nymphes jeunettes qui formaient la lie de la Féerie; un serf, un humain véritable, né de générations et de générations d'esclaves perdus dans le temps, voués à jamais à verdir les champs des Contrées de leurs mains et rougir leurs rivières de leur sang, s'ils déplaisaient au seigneur ou à la dame qu'ils servaient. La plupart d'entre eux étaient voués à ne jamais même apercevoir leur maître; encore moins la maîtresse de leur maître, la terrible et belle Reine, dont ils n'avaient que les histoires de la beauté.
Advint néanmoins Renard à la cour de la Reine Changeline.
Bel et intelligent, il s'était chargé les épaules de la fourrure d'un loup, sous laquelle la carcasse encore, cachée, puait doucement. Les myrmidons qui gardaient la porte du grand jardin prirent cette odeur pour une fragrance à la mode; car il était vrai que chez les Comtes de fées, qui étaient, à l'époque, douze, et s'ennuyaient beaucoup, les parfums les plus étranges allaient et passaient de mode. Sous cette grosse fourrure, qui rendait sa silhouette plus imposante, il avait accroché mille toiles d'araignée, habilement récoltées alors que la rosée du matin y perlait encore. Si habile était-il, qu'il les avait tissées en une cape diaphane et légère, où l'eau semblait perle. Les gardes d'élites de l'entrée du palais s'y trompèrent: assurément, c'était un des Comtes ! Qui d'autre se parait aussi richement en Féerie ?
Ainsi advint Renard à la cour de la Reine Changeline.
Lorsque les lourdes portes furent poussées pour lui, et que ses petits pieds humains, chaussés de bottines de tissu tant rapiécées que chaque orteil y avait, tour à tour, fait son trou, le chambellan, fée plus intelligente que la soldatesque qui s'y était trompée, le fixa de ses grands yeux d'abeille, dont chaque facette pouvait voir une chose différente. Face à son grand registre, il ne sut que dire ou qui annoncer. Il vit l'humain pour ce qu'il était, un petit être sans contrat avec la Reine Changeline; un simple prisonnier de ce monde, inchangé, vierge, dont les pauvres vêtements étaient couverts du sang du loup, et sales de la toile de l'araignée.
"-Monsieur !, fit-il avec une politesse dégoûtée, que faites-vous ici ?
-Monsieur, répondit-il avec un beau sourire, je viens visiter la Reine.
-La Reine, petit homme ! Mais vous n'y songez pas !"
Et ce disant les mandibules du chambellan cliquetaient, car la chair fraîche de Renard, quoique misérable et sale comme toute chair d'humain, était jeune et tendre. Il avait pris, à voler en secret les restes des plus décadents des festins des Comte, un grand goût à la viande des hommes. Il darda entre ces chélicères insectoïdes une langue rouge, bien humaine, et se pencha un peu plus sur son registre, comme pour arracher d'un seul mouvement vif la tête de Renard. Puis comme il se souvient qu'il avait des manières, et surtout qu'il était au palais et en fonction officielle, il sortit un petit mouchoir de sa poche pour l'attacher à son col, ce qui était plus propre.
"-Oho ! rit Renard en le voyant faire. Me dévorerez-vous, monsieur le chambellan ?
-Si fait, petit serf, puisque vous ne verrez pas la Reine, c'est impensable, et que vous me semblez bon !
-Sans même me noter sur votre registre ! Diantre ! Quelle négligence ici depuis ma dernière venue !
-Votre dernière venue ?
-Oui, monsieur. Cherchez donc ! Monsieur Renard est mon nom, cherchez-moi, c'était il y a onze jours, ou onze semaines, ou peut-être onze mois, onze ans, je ne sais plus..."
Le chambellan rougit d'être ainsi rappelé à l'ordre par un serf si insignifiant. Mais il était vrai qu'il n'avait pas été élevé à son rang pour agir comme une vulgaire larve ! Il avait, en plus de cela, ambition d'être un jour anobli; il fallait faire bonne figure, et c'était une vérité douloureuse mais indéniable. Et se râclant la gorge, il tendit un doigt chitineux pour tourner les pages de son registre, cherchant le nom de Renard, au milieu des visiteurs du palais. La tâche était ardue, car ses prédécesseurs, tout comme lui d'ailleurs, n'écrivaient, bien entendu, qu'en pattes de mouche.
Il remonta donc ses bésicles, se pencha bien bas sur son registre antique, et mit à profit les mille faces de ses yeux pour lire mille noms à la fois.
Il oublia, cependant, de consacrer une de ces faces à Renard, qui se dressa sur la pointe des pieds, et, sortant un couteau de cuisine de sous sa cape, lui cloua le crâne sur le parchemin d'un seul geste très élégant.
Advint Renard dans la grande salle du trône.
C'était jour de conseil, que Renard avait choisi; déduit plutôt aux carrosses qui venaient en la grande ruche à telle et telle date, et qui repartaient. Il n'était point aisé de deviner les jours de conseil, car les Douze, comme on les nommait alors, ne s'entendaient en rien, y compris en les dates, et ils n'y avaient aucune régularité dans leurs réunions, si ce n'était leur irrégularité justement. Mais Renard, bien malin, avait choisi le jour le moins probable, le moins propice à leur réunion, et était venu, ayant déduit que ce serait ce jour là. Les choses vont à l'envers en Féérie: il avait raison !
Aussi s'avança t-il dans la grande nerf, sans jeter un regard, un seul, aux alvéoles à la cire sculptée qui abritaient les sièges de chacun des Comtes. Son regard moqueur était fixé sur le grand trône qui dominaient toute la salle, un délire d'ailes déchirées qui battaient les airs sous le grand corps gravide de la Reine Changeline. Il passa la Comtesse Blanche des Neiges, qui fit un "oh !" outré en le voyant ignorer sa beauté. Il passa la Comtesse Cruante, qui ricana du sort qui attendait cet homme perdu dans le saint des saints. Il passa le Comte esse Agrion, qui papillonna de ses jolis yeux d'un air un peu surpris. Il passa le Comte Leu le Versipelle, sans même trembler. Du Comte des Aulnes, il ignora la majesté sans yeux, et passa. Il passa le Comte Léonard l'Auréat sans s'arrêter à son éclat. Il passa le Comte Pandragore l'Enfant, sans s'en attendrir. Il passa la Comtesse de Mare qui d'yeux sans paupières suivit attentivement son chemin. Il passa la Comtesse Hersent la pleureuse, sans l'écouter. Il passa la Comtesse Mélisandre au longs cheveux, soulevant à peine le pied pour ne pas trébucher dans sa crinière. Il passa le Vieux Comte. Il passa la Comtesse Carnasse, ravissante pourtant dans sa robe de doigts, et qui lui envia la carcasse de ses épaules.
Puis il s'arrêta devant la Reine Changeline et posa un genou à terre.
"Ma Dame !" fit-il, le souffle coupé mais la voix pleine de galanterie. Sur son trône d'ailes, la Reine remua son corps immense, et tourna son masque vers Renard. Ses jolies lèvres peintes s'ouvrir en laissant sortir une voix comme un millier de cafards:
"-Qui pénètre dans mon château, sans y être invité, et chahute mon conseil ?
-C'est Renard qui pénètre, ma Dame, et Renard qui chahute." Il releva les yeux après sa longue révérence, et lui sourit. Sur son trône volant, elle le dominait de toute sa hauteur. L'immense papillon de nuit qui couvrait son visage, son masque, frémissait des ailes au même rythme que les murs de cire du palais semblaient, très légèrement, pulser et vibrer.
"-Oh, je vois, fit la Reine avec un sourire maternel et compatissant, Comte Versipelle, dévorez Renard, je vous prie.
-Attendez, ma Dame ! Je vous en prie, supplia Renard d'une voix claire.
-Versipelle et jamais moi ! grogna Carnasse à sa voisine de Mare, qui hocha la tête avec compassion.
-Attendre quoi donc, Renard ?
-Je vous prie de m'écouter, ma Dame. J'ai grand désir de vous parler, et je serai bref, oh ! Je viens exiger quelque chose de vous.
-De la Reine Changeline ?
-Tout à fait."
Le gros corps de blatte de la Reine descendit légèrement, alors que son trône d'ailes la rapprochait de Renard.
"-On supplie la Reine Changeline, beau Renard, on n'exige rien.
-Ne puis-je faire les deux ? Si je dois mourir, ma Dame, c'est inconséquent pour vous !
-Il a raison, approuva Pandragore, autant tout faire avant de mourir.
-Je crois qu'il m'appartient, lui répondit Agrion d'un air rêveur. Je sens la terre de mon domaine sous ses ongles.
-Bien alors, Renard, ta requête est accordée. Tu pourras exiger, puis supplier, puis Versipelle te gobera.
-Ma Dame, j'exige que vous fassiez de moi votre Roi ! Et je vous en supplie, de même.
-Oho, petit homme ! Mais tu n'es même pas doté ! Pas même un changelin, pas une larve ! Quelle drôle d'exigence ! Et pourquoi donc ferais-je de toi mon roi, dis-moi ?
-Parce que, ma Dame ! Je vous aime d'un amour si tendre !
-Comme tous en Féerie.
-Alors ma Dame, parce que j'ai très envie. S'ils vous aiment, ils ne vous aiment pas comme moi je vous aime, à en braver ici la mort de mon âme et la mort de ma chair. Donnez-moi votre main, donnez-moi une couronne, et je serai à jamais votre fidèle serviteur, j'embrasserai vos pattes poilues et je baiserai vos élytres.
-N'importe qui ici le ferait.
-Je le ferai sans trembler.
-C'est vrai que tu ne trembles pas, petite chose.
-Parce que ce que je vous dis est vrai, Ô Reine, et je suis le seul à vous aimer ainsi. Dévorez-moi à l'instant, je ne vous aimerai pas moins.
-Tu es très amusant.
-Je suis un humain. Un homme adulte, ma Dame. Je ferai un bon Roi pour vous.
-Enfin, ma Reine ! fit Carnasse avec exaspération. Laissez-moi le bouffer qu'on en finisse !"
La salle du trône commençait à vrombir de l'agacement des Comtes. Certains se taisaient; Alberich toujours très sage, le Vieux Comte toujours très sourd, notamment. Mais les autres se lassaient déjà de la distraction minuscule. Versipelle aiguisait ses crocs d'obsidienne et la crinière de Carnasse était déployée en un millier de couteaux.
"-Tais-toi donc, Carnasse. Ce petit Renard a une requête amusante. Et je n'ai jamais vu d'homme ici, que je me souvienne...
-Ma Dame ! se scandalisa Blanche, nous en avons plusieurs centaines qui attendent dans les chambres de couvaison ! Celui-ci est sale et sent le fumier; il est vieux, en plus !
-Je parle d'homme, Blanche, pas de nos changelins. Quel âge as-tu, Renard le serf ?
-J'ai vingt-six ans que je vous offre, ma Dame, deux fois votre treize. J'ai pensé que le nombre vous plairait.
-Il me plaît.
-Et moi ?
-Tu me plais." fit la Reine avec un battement d'aile de son masque, et un souffle vers lui. Il ferma les yeux à la douceur de ce souffle.
"-Très bien ! Renard le serf, je t'accorde...
-Mes désirs ?! fit-il avec espoir, rouvrant des yeux humides.
-Tes désirs ! Mais tu seras sous moi et je t'écraserai...
-Ce n'est pas grave, ma Dame, je brosserai vos élytres.
-Et je te mangerai quand j'en aurai assez.
-Ce n'est pas grave, ce n'est pas grave.
-Roi ! Roi ! Roi ! Roi !" murmurèrent, scandalisés, tous les autres Comtes. Même le Vieux Comte se réveilla de sa torpeur le temps de pousser une exclamation. Seul Alberich, que beaucoup considéraient, à tort ou à raison, nul ne le sait, comme le roi caché de la Reine Changeline, ne dit rien, et se contenta de hocher sa tête de bois fendu sur le côté, avec un petit sourire.
"Roitelet, oui, qui mourra demain", marmonna Blanche, qui l'enviait beaucoup. Cruante, pour une fois d'accord avec sa belle-fille, grogna en complément:
"-Roitelet ? Reinard, oui ! Reinard, rien de rien qu'un nouveau bijou pour notre Reine !
-Reinard, répéta la Reine avec une voix pensive, car elle entendait tout ce qui se passait en Féérie. Oui, reinard, ce n'est pas mal. C'est le nom que je te donne en alliance. Tu ne seras pas roi, c'est un peu trop pour une farce, mais tu seras mon reinard, cela te va très bien. Et maintenant, vous êtes treize, et cela est très bien, cela me plaît ! fit-elle en s'adressant à son conseil scandalisé.
-Je suis votre reinard alors."
Advint Reinard.
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kaleiyasims · 6 years ago
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Apprentissage
Il y a très longtemps dans les montagnes lointaines, celles que l’on devinait depuis l’ancien royaume d’Avalon, se trouvaient de petits villages où la vie était simple et qui étaient étrangement épargnés par les guerres et conflits existants à cette époque. Ceux qui y habitaient étaient comme coupés du reste du monde, survivants grâce aux ressources locales : les poissons des rivières, les différents fruits et légumes qui parvenaient à pousser dans ces vallées secrètes, l’eau fraiche des nombreux ruisseaux, l’élevage… Le troc était très pratiqué, notamment pour payer les services de la guérisseuse, Iris, dont les compétences étaient très appréciées par tous depuis qu’elle était arrivée parmi eux.
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Cette guérisseuse vivait dans une cabane qu’elle avait partagée avec sa mère avant que celle-ci ne s’en aille, faisant qu’à présent, elle était seule avec son fils unique qui était aussi son élève et qui connaissait les propriétés de chaque plante sur le bout de ses doigts.
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—Toujours plongé dans ces vieux grimoires ? fit Iris en notant qu’encore une fois, son fils, âgé de quatorze ans, avait pioché dans les ouvrages qu’elle avait stockés dans un coin de leur demeure.
—Ils sont très intéressants maman, dit-il en tournant la page du livre de magie qu’il lisait. Si l’on pouvait se servir de ces sortilèges…
—Nous n’avons aucun moyen de le faire, tu le sais. Nous ne sommes que de simples guérisseurs Gabriel.
—C’est vrai… Mais nous avons des pouvoirs magiques.
—Les autres ne le savent pas et ils n’ont pas besoin de savoir quels genres de petits miracles nous pouvons créer.
L’adolescent soupira en entendant cela. Ce n’était pas la première fois que sa mère lui disait cela mais il comprenait ses réticences, surtout depuis qu’il avait vu la barrière magique qui permettait d’éloigner les ogres vivant dans cette région afin qu’ils n’attaquent pas les habitants. Il ignorait quel magicien l’avait mise en place au départ – il avait supposé que c’était son père au début, celui-ci étant un véritable mystère vu le peu que sa mère lui en avait dit, seulement, rien dans ce qu’il avait pu trouver ou apprendre ne confirmait cette théorie – mais il avait plusieurs fois vu sa mère aller vérifier qu’elle était encore en bon état.
Cependant, même s’il aimait marcher dans les montagnes pour aller chasser, pêcher ou récupérer de quoi fabriquer des remèdes, Gabriel était très attiré par ces livres et il désirait de plus en plus apprendre la magie dans son ensemble et non pas seulement celle de guérison qui tirait en grande partie son pouvoir de l’eau.  
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—Encore à lire ces livres à ce que je vois, fit sa mère, un peu amusée.
—Si tu as peur que l’on me voit faire, sache que je doute fort que quelqu’un ici arrive à lire tout cela, dit-il en fronçant le nez face à une page écrite dans une langue qui lui était inconnue. Papa arrivait vraiment à comprendre ce charabia ?
—Certains de ces livres m’ont été donnés avant que je ne le rencontre donc il se peut que certains soient dans des langues mortes.
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En entendant ces mots, l’adolescent leva ses yeux bleus sur sa mère, quelque peu surpris d’apprendre cela. Se pourrait-il…
—Il y a un autre magicien dans ces montagnes ? demanda-t-il, très intéressé.
—On peut dire cela oui, répondit Iris avec douceur. Je l’aide parfois quand elle n’a pas le temps de s’occuper de la barrière ou bien je la consulte quand j’ai un cas difficile à soigner. Si tu tiens tant à apprendre la magie, je peux te la présenter.
—Oui ! Euh… Je veux dire… Cela me ferait plaisir maman mais je ne veux pas te rajouter du travail…
—Cela ne m’embête pas. Tu es assez grand pour faire tes propres choix et je les respecterais, comme ta grand-mère l’avait fait avec moi.
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Sa grand-mère… Gabriel se demandait parfois à quoi elle ressemblait, ne la connaissant que via les récits de sa mère. Il n’avait pas non plus connu son grand-père, un homme dont il n’avait entendu que du bien, et son père, celui-ci ayant disparu avant sa naissance.
Ils avaient convenu de se rendre chez cette magicienne une fois qu’ils eurent fait le tour des habitants, vérifiant que personne n’avait besoin de soins — la seule qui avait besoin de leurs services était la doyenne du village qui souffrait d’un bon rhume et a qui ils remirent de quoi se faire des tisanes afin d’aider son corps à récupérer tout en lui rappelant qu’elle devait se reposer. Après avoir passé la dernière maison, sa mère l’entraina à l’écart du sentier, dans un endroit où poussait un arbre étrange sur lequel poussaient des champignons de toutes sortes.
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—Ah mince… fit sa mère en grimaçant. Il va falloir rouvrir l’entrée secrète…
—Et comment on fait ? demanda Gabriel, curieux.
—Essaie de parler à cet arbre. Reste poli car il est magique et un peu susceptible…
Comme pour confirmer les dires d’Iris, les branches se mirent à osciller, chassant les oiseaux qui s’étaient posés dessus.
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—Oh, c’est donc un des ces fameux chênes du sorcier ! s’exclama-t-il, réalisant qu’il avait déjà vu cet arbre dans un de ses livres. On dit que vous emmagasiner la magie circulant dans le sol en votre sein depuis des millénaires ! C’est très impressionnant !
Il omit soigneusement de préciser que ces arbres étaient devenus rares car leur bois était prisé par les magiciens qui s’en servaient pour bien des choses comme faire des baguettes magiques afin de pratiquer plus facilement leur art.
Visiblement, ses paroles firent leur effet : dans un son un peu grinçant, une ouverture béante apparue dans le tronc de l’arbre, assez grande pour qu’un homme puisse y passer sans difficultés. Gabriel se pencha pour regarder à l’intérieur et il vit qu’un escalier descendait sous terre.
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—C’est très sombre, fit-il remarquer.
—Il faudra que tu fasses avec, l’avertit sa mère. Si tu éclaires ce passage avec une flamme, il se refermera sur toi et tu ne pourras jamais en sortir.
En d’autres termes, il finissait enterré vivant…
Prudemment, il entra à l’intérieur du tronc, gardant une main sur la paroi afin de se guider tout en descendant l’escalier caché. En bas des marches, ses yeux furent habitués à la pénombre et le passage s’élargit un peu, permettant ainsi à sa mère de marcher à ses côtés et de le guider jusqu’à la sortie. Il dut baisser la tête pour éviter ce qui ressemblait fort à une racine puis, arrivé à la surface, il ne put empêcher sa bouche de s’ouvrir toute seule face à tant de beauté et de féérie.
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—Maman c’est… whaou, fit Gabriel en admirant cette clairière emplie de magie.
—N’est-ce pas ? répliqua Iris, amusée. Suis-moi. Elle ne doit pas être très loin je pense.
S’éloignant de l’arbre par lequel ils étaient entrés ici, ils contournèrent l’étang pour se rapprocher de la crique. Au détour d’un arbre, le jeune homme aperçut une silhouette féminine de dos dont la peau claire semblait presque luire, donnant un aspect éthéré à cette personne – il se rappelait un texte où l’auteur avait décrit les anges de cette manière, à la fois d’une beauté à couper le souffle mais inaccessibles au commun des mortels. En se rapprochant, il entendit fredonner un air qu’il ne connaissait point et qui était à la fois doux et mélancolique.
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Quand sa mère marcha sur une branche au sol, la femme s’arrêta de fredonner, et se retourna, d’abord sur la défensive puis, en les apercevant, elle se détendit et un sourire éclaira son beau visage, illuminant ses yeux d’un bleu azur.
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—Pardon de t’avoir surprise, s’excusa Iris. J’oubliais que tu étais méfiante.
—Ce n’est rien, répondit l’inconnue. J’aurais dû me douter que c’était toi. Personne d’autre ne sait comment venir dans ce lieu caché après tout.
Elles échangèrent un léger rire puis, d’un signe, sa mère lui fit signe d’approcher. Gabriel s’exécuta timidement, subjugué par la beauté surnaturelle de cette femme qu’il rencontrait pour la première fois.
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—Jaimie, je te présente Gabriel, mon fils, fit Iris. Je crois que cela fait un moment que tu ne l’as pas vu d’aussi près.
—Plusieurs années oui, confirma Jaimie avec un hochement de tête. Il était bien plus petit que cela la dernière fois que nous nous sommes vus. Il a tout pris de toi et de ton père à ce que je vois.
Elle avait connu son grand-père ? L’adolescent était surpris car, de mémoire, sa mère lui avait bien dis qu’il était mort bien avant qu’il ne soit né. Cette femme serait-elle donc plus âgée qu’elle n’y paraissait ?
—Je te l’amène car il souhaiterait apprendre la magie. Penses-tu pouvoir t’en occuper ?
A cette question, la dénommée Jaimie tourna ses yeux bleus vers lui, le faisant déglutir quand elle le jaugea avec sévérité.
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—Pourquoi veux-tu apprendre la magie ? demanda-t-elle avec méfiance. Quelles sont tes motivations Gabriel ?
—J- Je…bafouilla-t-il, prit de court.
—Réponds-moi avec ton cœur et non avec ta tête. Si tu me mens, je le saurais.
—Je… Je ne déteste pas le fait d’être guérisseur mais… je sais que l’on peut faire plus, bien plus. La magie fait partie de moi et… je…
—Tu veux comprendre qui tu es ?
—Oui ! Enfin…
D’un geste de la main, elle lui fit signe de se taire. L’adolescent crut qu’il ne l’avait pas convaincue au départ mais en apercevant son sourire en coin, il n’en fut plus si sûr.
—Nous allons commencer avec les bases et voir ce que tu as déjà acquis d’un point de vue théorique, lui dit-elle, le comblant de joie. Iris, je te le renvois avant le coucher du soleil. Ca me laissera assez de temps pour évaluer ses compétences actuelles.
Rapidement les deux femmes se saluèrent et une fois sa mère partie, Gabriel était à présent seul avec celle qui allait être son professeur de magie, ce qui le rendait très nerveux. Puis sans qu’il ne sache comment, elle fit apparaitre entre ses doigts une baguette magique.
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—La base principale en magie : un réceptacle, expliqua Jaimie avant de tendre le bras et de se servir de la baguette pour émettre une lueur vive. Tout magicien débutant se doit d’user d’un réceptacle adapté pour jeter ses sorts, que ce soit une baguette comme celle-ci, un sceptre ou bien tout objet magique permettant de concentrer la magie et ainsi mieux la maitriser. C’est encore plus important pour quelqu’un comme toi qui es encore en pleine croissance car tant que ton corps n’a pas atteint sa pleine maturité, ce sera aussi le cas de tes pouvoirs.
La lueur s’éteignait et elle baissa son bras. Puis, d’un habile mouvement de ses doigts, elle fit apparaître une deuxième baguette magique qu’elle lui tendit. Nerveux, il la prit dans sa main et imita son geste quelque peu maladroitement.
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—C’est bien ça qu’il faut faire ? demanda-t-il, se demandant comment faire pour imiter ce qu’elle avait fais plus tôt.
—Tu n’as pas besoin d’être aussi tendu qu’un arc pour jeter un sort tu sais, répondit Jaimie avec un certain amusement, le poussant relâcher un peu sa posture. Il faut que tu gardes un minimum de souplesse dans tes gestes, surtout si tu dois enchainer plusieurs sorts à la suite ou lancer un envoutement, une chose que ton alignement Neutre te facilite. L’eau est l’élément qui est ton meilleur allié et si tu fais des mouvements trop brusques, tu auras du mal à le maitriser.
—Comme la magie de guérison…
—C’est ça. La brutalité en magie ne sert à rien, surtout si elle est mal dosée. Avec l’eau qui est un élément défensif, il te faut être précis si tu veux arriver à exploiter toutes ses possibilités. Une fois que tu auras intégré cela, nous pourrons voir quelles sont tes limites pour user du feu et de l’air.
Même s’il a d’abord été déçu d’apprendre que c’était l’eau son élément, il avait compris qu’il allait devoir travailler pour en découvrir toutes les subtilités avant de passer au reste. Le perfectionnement ne lui faisait pas peur. Si c’était nécessaire, il allait réviser tous les jours.
Il finit par faire le vide dans sa tête et se concentrer uniquement sur sa baguette… jusqu’à se faire déconcentrer par une espèce de farfadet qui passait par là et, au lieu de faire luire sa baguette, il lui jeta involontairement un sort qui l’emprisonna dans une bulle magique, ce qui ne plaisait visiblement pas à cette petite créature.
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—Oups… lâcha Gabriel en constatant sa gaffe.
—Cela peut arriver au début, s’en amusa Jaimie. Avec la pratique, tu arriveras à trouver comment tu dois te concentrer pour pratiquer ta magie de façon optimale.
Après avoir prononcé ces mots, elle se baissa pour donner une pichenette dans la bulle magique, faisant éclater cette dernière dans un « POP ! », libérant un farfadet quelque peu agacé qui alla exprimer son vif mécontentement en engueulant copieusement le jeune magicien dans une langue qu’il ne connaissait point avant de disparaître dans les bois, laissant à peine le temps à l’adolescent de s’excuser.
Quelques heures de pratique plus tard, Gabriel avait réussi à piger le truc et était plus à l’aise. Le soleil déclinant, Jaimie mit fin à leur leçon et vu son sourire en coin, elle était satisfaite.
—Tu t’en es très bien sorti pour une première fois, lui confirma-t-elle avec douceur. Nous nous reverrons demain après-midi pour consolider tout ça et le moment venu, je t’enseignerai quelques sortilèges.
—Vraiment ?! s’exclama-t-il, ravi. Je serai à l’heure, promis ! A demain !
—A demain.
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Enthousiaste, l’adolescent quitta rapidement la clairière, impatient de raconter tout ce qu’il avait appris à sa mère.
Seulement, à son départ, le sourire amusé de Jaimie retomba, son esprit se recentrant sur ce qu’elle devait vérifier au sein de la clairière, une opération qu’elle répétait chaque jour depuis qu’elle avait trouvé ce lieu et découvert ce qui s’y cachait. Elle s’enfonça donc dans les bois, là où elle l’avait vue pour la dernière fois.
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—Où l’as-tu cachée cette fois ?
Cette clairière avait probablement dû abriter quelque chose de puissant en rapport avec la nature. Seulement, quoique c’était, ce n’était plus ici depuis très longtemps mais son influence était toujours là, ce qui lui laissait penser que cela était lié à l’arbre Yggdrasil, disparu lors du Ragnarok. Ses racines se seraient-elles étendues jusqu’ici ? Cela n’avait rien d’impossible vu que cette vallée jouxtait Midgard…
Puis enfin, elle vit ce qu’elle cherchait… ou plutôt qui, révélée par cette clairière enchantée qui la gardait en son sein, se comportant tel un cocon protégeant la chenille s’y trouvant en attendant qu’elle ait achevée sa transformation.
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Seulement, la chenille en question était la seule de ses sœurs ayant survécu à la chute d’Avalon : Fairy. Tout comme elle, elle ne se trouvait pas à Elysia lorsque ce royaume de lumière fut frappé par une violente magie qui le balaya, dérobant la magie de ses habitants puis leur force vitale. Par contre, elle ignorait comment elle avait pu atterrir ici, plongée dans un sommeil qui durait depuis de nombreuses années et ses cheveux blonds ayant viré au roux pour une raison inconnu.
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Jaimie n’osait pas déplacer Fairy car quoiqu’elle ait pu subir, cette clairière était son seul salut, celle-ci semblant chercher à la protéger et à la… soigner. Elle n’avait donc pas d’autre choix que d’attendre le jour où sa cadette allait enfin ouvrir les yeux.
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christophe76460 · 3 years ago
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❄ CALENDRIER DE L'AVENT DE LA LIGUE ❄ • 13 décembre • 📖 Matthieu 2.9-10 9Après avoir écouté le roi, ils partirent. Et l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait ; quand elle arriva au-dessus de l'endroit où se trouvait l'enfant, elle s'arrêta. 10En la voyant là, ils furent remplis d'une très grande joie. 🌱 Médite ! Décembre, le mois des lumières de Noël, partout dans les villes et villages : quelle joie cette féérie ! Alors, je n’imagine même pas pour les mages !!! Une lumière extraordinaire, vue une première fois dans leur pays… Certains se demandent ce qu’elle était : étoile ? Comète ? Autre chose… Finalement est-ce si important ? L’essentiel : astre lumineux tellement extraordinaire qu’ils se mettent en route pour un long voyage !!! Comprennent-ils déjà son importance ? La lumière se révèle de nouveau à eux… Cette fois-ci, c’est sûr : elle est guidée par Dieu !!! Quelle joie ☺ 💥 Vis-le ! Je te propose de te réjouir en écoutant ce cantique « Joie pour le monde » ☺ https://www.youtube.com/watch?v=dxKjemhwB1Q En coloriant éventuellement en même temps ce verset à afficher ou offrir : http://earthharvest.org/fr/ColoriagesPourEnfants/ColoriagesNoel/pages-coloriages-christ/10-Noel_Etoile-de-Bethleem_Matthieu_2_9_gif.htm . . . #avent #chemin #versets #méditations #actions #préparation #célébration #naissance #Christ #lumière #paix #joie #espéranc https://www.instagram.com/christophe76460/p/CXawkPlsVbk/?utm_medium=tumblr
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salmonromarin6 · 4 years ago
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3 – TIKAL Voilà déjà 4 ans que nous rêvons d'aller voir le site de Tikal et cette fois, ça semble bien parti. L'entrée du parc, signalée par un portique Maya, nous met déjà en condition. Sur la petite route d'accès au site, la vitesse est limitée et contrôlée pour ne pas nuire aux nombreux animaux présents sur le site. Nous pénétrons dans une vaste forêt luxuriante d'une extrême densité et d'une hauteur impressionnante. Un arbre, magnifique, attire notre attention. C'est un Ceiba ou Fromager, l'arbre emblême du Guatemala. Il transperce de loin la canopée par rapport aux autres arbres. Nous apprendrons par la suite par notre guide que c'est un « des plus grands arbres de la région occupée par les Mayas. Il était vénéré comme arbre de vie, considéré comme un arbre d'abondance. Il fournissait une voie de passage aux esprits des morts. Sa canopée représentait le monde supérieur où résidaient les 13 dieux supérieurs. Son tronc traversait le monde intermédiaire où vit l'homme et ses racines plongeaient dans le monde inférieur, royaume des neuf dieux de la douleur et du chagrin. Il était associé avec les lieux de pouvoir politique ou religieux. Il était parfois représenté sous forme d'une croix, ce qui a favorisé l'implantation du christianisme à l'arrivée des espagnols. » Le site de Tikal, entre autres, a été fermé pendant les 9 mois de confinement total qu'a connu le Guatemala de mars à novembre 2020. De 3 000 à 5 000 visiteurs par jour, les visites ont chuté à 100/150 par jour. A peine arrivés, nous sommes happés par un guide pour la visite du site au coucher du soleil. Nous devons rejoindre un groupe, soulagement pour nous, il n'est constitué que d'une seule personne ! Notre guide, fort de ses trente années d'expérience, nous fait partager sa passion. La lumière du soir est très belle. Il est encore ému par les lieux qu'il foule depuis si longtemps, chargés d'une intensité religieuse et culturelle très fortes. « Au cœur de la jungle, dans une végétation luxuriante, Tikal est l'un des sites majeurs de la civilisation maya qui fut habité du Vème siècle av J.C. au Xème siècle de l'ère chrétienne. Son centre cérémoniel comporte de superbes temples, palais et places publiques.» « Le parc national de Tikal ouvert en 1955 est l'un des rares biens du patrimoine mondial inscrit à la fois sur des critères naturels et culturels, tant pour son extraordinaire biodiversité, que pour son importance archéologique. » Le site, dont 20 % seulement ont été mis à jour, abrite une très riche diversité de flore et de faune. C'est l'un des joyaux de la conservation d'Amérique Centrale. L'écosystème de cette zone est quasiment vierge et regorge d'une grande variété d'arbres, d'oiseaux, de mammifères, d'amphibiens, de reptiles. Du haut des pyramides, la vue sur la canopée est époustouflante et, chance inouïe, c'est la pleine lune. Les ombres des pyramides se détachent sous la clarté de la lune ajoutant une touche magique à cette féérie.  A la fin de la visite, notre guide nous quitte en nous précisant : « toute votre vie, vous vous souviendrez de votre visite à Tikal. » Le lendemain, nous cheminons librement et passons de pyramides en palais sans jamais nous lasser des réalisations de cette civilisation brillante, accompagnés par les singes hurleurs, gardiens des palais. De très nombreuses théories (22) s'échafaudent pour comprendre la brutale disparition des Mayas, l'une des plus probables serait due à un changement climatique.
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lookatthescreen · 4 years ago
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Chronique #10 - Quand le bien et le mal coexistent, le fantastique devient réel et traverse les frontières. (Thème du mois de mai - Les films d’animation Ghibli)
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Les films des Studios Ghibli ont gagné aux fils des ans une réputation hors norme. Constamment comparés aux films des Studios Disney, leur qualité n’est plus à défendre tant ils ont amassé en popularité et reconnaissance. Une des particularités qui permettent de mettre en comparaison les films des studios Ghibli et ceux des studio Disney, est l’approche très différente qu’ont les studios japonais de la conception du bien et du mal, leur donnant la réputation d’être des films plus matures, plus aboutis que les films d’animation du géant américain
Point 1 : pas de frontière entre le bien et le mal, un héritage shinto et bouddhique
Cette particularité vient tout d’abord de la forte différence culturelle et religieuse des deux pays d’où sont originaires les films. Aux États-Unis, comme beaucoup de pays occidentaux, la culture et l’Histoire du pays sont prédominés par le Christianisme et se détache souvent par son puritanisme et son omniprésence dans la vie du pays. Au Japon, deux religions sont prédominantes et coexistent totalement ensemble : le bouddhisme et le shintoïsme. De ces deux religions qui se complètent, est sortie une philosophie, souvent fataliste, mais nécessaire à la compréhension de ce point. Dans le bien doit naitre du mal et dans le mal nait le bien. Le monde est donc plein de nuance de gris pour les japonais, contrairement à l’idée chrétienne du bien divin contre le mal diabolique, en opposition complète, dont sont convaincus les occidentaux. Dans Nausicaä de la Vallée du Vent et Princesse Mononoke, les humains sont à la fois bons et mauvais. Certains veulent détruire, mais ils ont des raisons profondes et bienveillantes qui ne sont pas en contradiction directe avec les lois morales qui nous sont importantes. De même, à leur opposé, la nature qui contrattaque dans ces deux films, dépend à la fois du bien et du mal. C’est une position philosophique propre au shintoïsme, qui a permis aux japonais d’affronter pendant toutes ces années les catastrophes naturelles qui balayent régulièrement leur pays. Dans une autre mesure, le film Le Tombeau des Lucioles nous apprend aussi que du mal jaillit le bien. La courte vie des enfants, pleine de tragédie, fait ressortir l’amour et la beauté de la nature, un bien nécessaire dans le mal ambiant de la guerre et la pauvreté. C’est avec beaucoup de recul sur notre éducation morale et culturelle que nous devons regarder ces films, sous peine de se voir profondément brisé par tant d’injustice. Ce n’en sont pas : du mal, doit ressortir le bien. Ce qu’il fait toujours. D’ailleurs, Le Tombeau des Lucioles est basé sur une nouvelle semi autobiographique de Nozaka Akiyuki, écrivain qui a vécu le bombardement de Kobe, a perdu sa sœur dans des conditions similaires au film. De ce traumatisme, de ce mal, est ressorti une histoire magnifique de beauté et de tristesse, un bien pour l’humanité et un témoignage important pour défendre le pacifisme.
Point 2 : Frontière entre réel et fantastique en éclat, les nuances prennent leur importance
Cet équilibre fragile entre le bien et le mal vu sous la philosophie religieuse japonaise (qui est, pour rappel, un mélange de shintoïsme et de bouddhisme), prend d’autant plus de nuance quand nous basculons dans le fantastique. Dans Le Voyage de Chihiro, le mal prend plusieurs facettes : la sorcière Yubaba, semblable à une esclavagiste, qui n’hésite pas à piéger des humains pour en faire des cochons ; Kaonashi, le fantôme au masque de Nô, qui engloutit tout sur son passage et appâte ses proies avec de l’argent dont ils manquent sûrement. Pourtant, ces deux antagonistes, qui nous semblent évidents, ne sont pas si mauvais que ça : Yubaba est une mère débordée qui tâche de tenir une entreprise. Kaonashi, le Sans visage, est lui un esprit torturé. Tous deux vont s’adoucir au contact de Chihiro, qui se bat pour garder son identité et retrouver ses parents à tout prix. Au contraire, Haku, qui est le premier allié de Chihiro, est en fait condamné à subir la malédiction de l’artefact qu’il a volé à Zeniba, la sœur jumelle de Yubaba. Ce personnage, malgré son cœur pur, est entaché d’un mal qu’il est obligé de vomir. Chihiro va, encore une fois, adoucir et libérer Haku en se rappelant de son nom. Dans Arietty, le petit monde des chapardeurs, les humains sont encore une fois des antagonistes repérés. Shô, pourtant plein de bonnes intentions, va créer le chaos dans la vie d’Arietty, chapardeuse d’une dizaine de centimètre de haut. Sa découverte du monde des chapardeurs va attirer la convoitise de Haru, la gouvernante. Il va malgré tout réussir à réparer ses gaffes en aidant Arietty à sauver sa mère et réussir à s’enfuir avant l’arrivée des dératiseurs. Arietty n’est pas sans fautes non plus : son extrême agressivité contre le genre humain fait qu’elle repousse la curiosité saine de Shô, l’attisant encore plus. Quand le pauvre garçon lui dévoile sa maladie, elle aussi s’absout de ses failles : une amitié forte se développe entre les deux, une amitié qui survivra à leur séparation, chacun ayant appris de ses propres erreurs mais aussi de celles de l’autre. Dans Mon Voisin Totoro, le véritable mal est imperceptible : la maladie de la mère, qui prive la famille d’une personne essentielle. Totoro, un géant de la forêt, n’a d’effrayant que son ronflement. C’est cette féérie qui permettra aux filles de traverser cette épreuve extrêmement douloureuse pour elles.
Point 3 : Un monde cruel, tirailleur, qui n’a pas besoin d’un antagoniste personnifié
C’est dans cette représentation juste de la cruauté de la vie que sont nés plusieurs films des studios Ghibli. Dans Kiki, la petite sorcière, pas l’ombre d’un antagoniste. Il n’y en pas besoin : Kiki voit sa vie et son rêve chamboulés une fois qu’elle s’y confronte enfin. Elle ne va pas perdre espoir pour autant et continue son dur labeur. Oui, la vie est parfois faite de rencontre désobligeante, comme quelqu’un qui ne reconnait pas le travail acharné qu’on a accompli, ou de situations embarrassantes. Mais elle est aussi faite de moment de joie simple, comme la satisfaction d’avoir réussi un objectif. Dans Le Château Ambulant, nous avons comme souvent l’impression de savoir qui est l’antagoniste. La Sorcière des Landes, jalouse de la nouvelle relation de Sophie et Hauru, va la transformer en vieille femme. C’est pourtant le comportement de Hauru qui a réveillé cette amertume en elle. De même, la sorcière Suliman, instigatrice de la guerre, va au final se retirer quand elle verra que tous les charmes, qui ont gangrenés les vies de Hauru et de Calcifer, le feu qui tient en place la fragile existence de Hauru, se sont levés. Tous ces charmes font partie du monde dans lesquels vivent nos personnages. Comme dans notre monde, certains aspects de notre vie ne dépendent pas de nous, ni même de celui qui le cause, mais des conséquences des actions bonnes et mauvaises dans une suite logique. Dans Le vent se lève, nous nous retrouvons dans un monde totalement familier, puisqu’il est notre monde. Le premier mal d’où va jaillir le bien est le tremblement de terre de Tokyo. Un mal imprévisible, destructeur et impitoyable. Mais c’est dans les gravats de Tokyo que se rencontrent et s’attirent, Jirô et Nahoko pour la première fois. La guerre est montrée d’un point de vue étonnant pour nous : dans le mal que cause cette guerre, commence à s’épanouir Jirô, jeune ingénieur passionné d’aviation. Dans la maladie de Nahoko ne ressort, encore une fois, que l’amour que Jirô et Nahoko ont l’un pour l’autre. La maladie l’amène tristement vers la mort mais ne fait que solidifier l’amour qui les unis.
La force première des films des Studios Ghibli est de nous montrer que la vie peut parfois être cruelle, mais que la bonté, l’amour, l’amitié permettent de traverser ces épreuves. Malgré le fantastique qui les habitent, malgré la différence culturelle qui séparent le Japon de l’occident, ces films nous touchent et rencontrent un succès à chaque fois. Ils nous apprennent une nouvelle philosophie de la vie, apaisante puisque déculpabilisante.
Chronique écrite par Margaux Bennini.
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tendreloeil · 6 years ago
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“En écho” Semaine 2
Lundi 18 février ... vendredi 22 février 2019
Trois semaines se sont écoulées depuis notre dernière venue, le temps de prendre un peu de recul, d'échanger entre nous sur ces premières rencontres et de regarder les photographies produites.
Je retourne dans les centres avec cette fois-ci, une sorte d'excitation. Revoir les personnes rencontrées lors de la première séance est un vrai plaisir. Quelque chose se dit au creux de mon ventre, mais quoi ? J'ai du mal encore à l'identifier. Alors que je retrouve les personnes une à une, je comprends que ce que je ressens est une émotion très intime. Elle est là, présente, comme si elle venait témoigner et dire quelque chose de notre première rencontre : une forme de profondeur, tendresse, envers les patient·e·s et toutes les personnes impliquées dans le projet : Hortense, le personnel soignant, les coordinatrices/partenaires du projet.
Nous retrouvons chaque participant·e avec enthousiasme et commençons à discuter à partir des photographies réalisées durant la première semaine et apportées sous la forme de petits tirages. Ils permettent de montrer une sélection des images produites et de remettre à chacun·e les photographies réalisées ensemble. Ces images sont l’occasion de faire le lien entre les différentes unités de dialyse dans lesquelles nous intervenons et d’entamer plus aisément la conversation. Pour cette seconde semaine d'intervention, je propose qu'on s'intéresse plus particulièrement à la présence de l'autre et à la manière dont il fait lien entre soi et l'extérieur de l'unité de dialyse. Avec chaque participant·e, nous déterminons ensemble la personne ou la situation qui représenterait au mieux ce lien entre l’intérieur et l’extérieur.
Cette semaine, le voyage se fait au travers des 5 sens : Ces sens qui nous mettent en lien avec nous-même et avec le monde. Lors des échanges, je me sens familière des patient·e·s : parfois grâce à leur accueil, mais aussi parfois grâce à leur refus. Pouvoir dire ce que l'on souhaite et ce que l'on ne souhaite pas est le signe d'un certain respect de soi même et de l'autre.
Pour la première participante, cette relation s'incarne dans un geste fort : deux mains qui se tiennent, montrant la confiance entre patiente et soignante.
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Pour d'autres patient.es, l'unité de dialyse est un lieu de convivialité au sein duquel elles et ils se retrouvent entre patient.es trois fois par semaine. Nous avons donc construit, à l'aide de miroirs, une image permettant de montrer plusieurs personnes dont les sièges sont installés à proximité.
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L'expérience a permis de mettre en place une collaboration entre patient·e·s et d'y faire participer certain·e·s peu motivé·e·s à l'idée d'une participation individuelle. Cette proposition, découlant d'une conversation avec un des participants, a permis d'aller plus loin que la proposition de départ et d'envisager davantage une collaboration plutôt qu'une simple animation photographique. 
Tour à tour, au cours de cette exploration qui met en lien avec l'extérieur, ils et elles me parlent à leur façon de leur univers intérieur: pour certain·e·s, c'est "comme un théâtre rempli de personnes qui sont là pour assister à un spectacle et danser ensemble". Ou encore c'est "comme un voyage à la mer, avec le goût du sel, la chaleur du soleil, le vent sur la peau"...  Pour d'autre, leur propre souffle devient un "vent de liberté" et le monde "une féérie"... Ils, elles me parlent aussi de leur intérieur à eux, quotidien : une chatte prénommée Julie, des parties de cartes entre amis, des bals à la salle communale... Une personne m'explique être beaucoup plus intéressée par les autres que par elle-même et me révèle ainsi, à sa façon, quelque chose de son "intériorité".
Cette proposition autour de la réalisation d'une image avec une autre personne a donné lieu à des moments très émouvants : une jeune patiente m'a ainsi révélée son attachement à une des infirmières de l'unité. Lors de la prise de vue, la complicité entre les deux jeunes femmes s'est incarnée par un échange de regard d'une telle intensité que j'en ai perdu mes capacités de photographe et je n’ai finalement qu’une seule image à peu près nette.
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Lors de ce voyage photographique et sophrologique, les personnes rencontrent souvent la dimension « temporelle » de leur intériorité : "on dirai un souvenir" dit une personne en regardant une photo. Le souvenir aussi de l'atelier de forge de son mari. L’odeur du fer. Souvenir de 50 années de mariage heureux. Souvenir des cures de thalasso revigorantes. Souvenir du sentiment impétueux de la jeunesse. Et surprise d’un sentiment d’éternité : « c’est passé, mais pourtant on n’oublie rien, c’est toujours là dans mon cœur ». Autant de souvenirs comme autant d’ancrages qui permettent aussi d’être en lien avec les êtres chers, le présent et soi-même.
Enfin, lors de notre dernière séance à Mérignies, j'ai été très surprise de constater la demande des patientes et patients d'avoir des photos d'elles et d'eux. Pour l'une d'entre elles, cette relation entre ici et dehors se matérialise aussi par la présence d'Elvire et moi. Nous avons donc co-construit une image où j’apparais en train de photographier la patiente qui tient le miroir dans lequel on me voit la photographier.
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Si parfois, au détours d’un contact avec un infirmier, une expression, une intonation, je perçois la profondeur, la richesse ou le tumulte du monde l’autre, il arrive aussi souvent que, comme le retournement d’un miroir, ce soit l’émotion des équipes elles même dans leur accompagnement, leur implication dans leur réflexion et leur engagement pour lutter contre la douleur, qui témoignent de la réalité vécue de chacun et chacune.
Cette deuxième session a été riche mais aussi déroutante : si auprès de certain·e·s patient·e·s, la proposition initiale a été développée comme nous l’avions envisagé, dans d'autres cas, comme évoqué plus haut, les attentes des participant·e·s sont sorties du cadre et ont donné lieu à des expériences très stimulantes. Il n'en reste pas moins qu'il semble important de poursuivre l'expérience en tenant compte davantage des idées, envies ou refus de chacun, en s’inscrivant dans une démarche de co-construction dont le contenu dépendra de ce que l'expérience nous aura inspiré.
A nos côtés, les partenaires du projet nous accompagnent. Chacun cherche à comprendre ce qui est en train de se jouer. De l’extérieur, le dispositif que l'on propose questionne et semble ne marquer que davantage la barrière qui sépare les mondes de chacun·e·s. Certain·e·s observent discrètement, d’autres nous interrogent en demandant « Pourquoi ? » ce dispositif. Je réponds que la réponse ne peut pas se faire par un « parce que » mais que la question elle-même doit être reformulée en « Pour Quoi ? ». Les retours des patients rentrent en écho avec des projets précédents, parfois avec d’autres expériences professionnelles et même personnelles. Au fil des échanges, cette frontière qui semble si imperméable devient une zone de contact, un espace de relation. Un lieu où l’on ne peut que constater la présence d'un lien qui transpire, une volonté, une force, qui tend sans cesse à inclure l’autre et l’extérieur, et qui s’appelle « l’humanité ».
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graphijane · 5 years ago
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Quelle belle façon de clore 2019, tout en couleurs, en poésie et en festivité grâce à la compagnie Carpentrassienne Archibald Caramantran. Une représentation magique et une occupation de l'espace public improbable. Des humanoiseaux sur la façade du Tribunal de Carpentras, des humanoiseaux géants sur le parvis de la Cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras, le tout dans le cadre des Noëls Insolites. Un spectacle qualitatif, libre et gratuit pour qui se déplace jusqu'au cœur de Carpentras. Merci aux contribuables locaux, qui collaborent à ce magnifique spectacle avec leurs cotisations. Après une année 2019 marquée par des manifestations contre la réforme des retraites et le système de paupérisation des populations et individus les plus vulnérables, il est appréciable de mettre de côté momentanément nos soucis pour laisser place à la féérie. Une fois de plus les CarpentrassienNEs et autres visteurs.euses dans toute leur diversité, se sont réunis en masse dans le centre ville, pour ne partager que le meilleur.
Vidéo >>version longue<< pour celles et ceux qui n'ont pas pu en être car clouéEs au lit, occupéEs au chevet d'un proche, handicapéEs, malades de dépression, phobiques de la foule (...) ou simplement par manque de curiosité ou d'information. On vous espère l'année prochaine dans les rues de Carpentras !
Un grand bravo et un merci chaleureux à la Cie Archibald Caramantran pour l'engagement, la performance, le sourire et cet improbable et délicieux dancefloor de clôture <3 ! Magique.
Bonne fin d'année 2019 à touTEs et on se retrouve avec plaisir en 2020. D'ici là, bon réveillon et prenez soin de vous !
Vidéo réalisée par Graphijane. Cie de théâtre sur facebook : Page Archibald Caramantran. Musique de Jayme Stone & David Travers-Smith.
PS : merci à Jessica et Melissa du Le livre gourmand pour l’accueil chaleureux et souriant toute l'année et également pendant les Noëls Insolites. Bravo pour cette année les filles et merci de nous avoir offert de nous réchauffer entre deux spectacles !
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3cvinci · 5 years ago
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Sélection de novembre : auteurs de langue espagnole.
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Blacksad, Tome 1 : Quelque part entre les ombres, Juan Díaz Canales and Juanjo Guarnido :
Blacksad est, comme tous les détectives privés, désabusé et sans illusion. À un détail près : c'est un chat, qui trimballe sa silhouette et ses idées généreuses dans l'Amérique des années 50. Grâce à son graphisme flamboyant, ses cadrages à couper le souffle et son ambiance dignes des meilleurs films noirs, Blacksad s'est imposé comme un classique du polar et de la BD.
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Journal d’un enlèvement, Gabriel García Márquez :
Entre août 1990 et juin 1991, le "Cartel de Medellin" fait enlever et séquestrer huit journalistes colombiens. Son but : empêcher l'extradition de plusieurs narco-trafiquants vers les États-Unis. Le drame se dénouera avec la reddition du chef du Cartel, mais deux otages - deux femmes - auront été abattus. S'appuyant sur les témoignages des protagonistes - en particulier une femme, Maruja Pachon, et son mari, Alberto Villamizar, dont le rôle sera décisif - le grand romancier du "réalisme magique" dépeint ici une réalité qui, pour une fois, dépasse la fiction. Les otages et leurs familles, les policiers, les tueurs et les hommes de main, le Président et ses conseillers, les journalistes jouent tour à tour ou simultanément leur rôle dans une négociation difficile, à l'issue incertaine, donnant à cette chronique de morts conjurées la tension haletante d'un thriller.
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Que Viva La Musica !, Andrés Caicedo :
Le jour où María, petite-bourgeoise de dix-sept ans, sèche son énième rendez-vous avec de jeunes marxistes, elle bouscule la vie tracée pour elle et se jette à la nuit : fêtes, drogues, amours multiples, rock et salsa. Dans la ville de Cali et l’effervescence des 70’s, elle choisit l’errance – à la poursuite d’elle-même et d'un rêve insaisissable : celui d’une jeunesse absolue.
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Lettre d’amour, suivi de Claudel et Kafka, Fernando Arrabal :
Lettre d'amour : La mère de Fernando reçoit une lettre de son fils après dix-huit ans de silence et d'absence : après la guerre civile espagnole, le jeune homme avait en effet rompu tous les liens avec sa mère adorée mais délatrice. Claudel et Kafka : Paul Claudel et Franz Kafka, qui s'étaient croisés à Prague, se retrouvent... au paradis !
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La Maison aux esprits, Isabel Allende :
Entre féérie et cauchemar la saga de la famille Trueba se déroule au Chili. Ses protagonistes ? Esteban, le chef de famille, riche propriétaire parti de rien, tyran familial et sénateur musclé ; sa femme Clara, hypersensible, qui dialogue volontiers avec les esprits ; et une foule d’autres personnages, enfants légitimes ou non, employés, paysans. Portrait d'un pays passé sans transition des traditions rurales à l'horreur des tyrannies modernes.
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Une Affaire d’honneur suivi de Les yeux bleus, Arturo Perez-Reverte (exemplaire bilingue) :
Une Affaire d’honneur : un routier, ancien prisonnier, tombe amoureux d'une jeune fille de 17 ans vendue par sa maquerelle à son patron, un entrepreneur corrompu. Les Yeux bleus : le récit historique d'un épisode de la conquête espagnole relaté par un soldat anonyme. Les troupes de Hernan Cortés fuient la ville de Tenochtitlan, les bras chargés d'or et poursuivis par les Aztèques.
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Les Temps mauvais, Carlos Giménez :
Dans Les Temps mauvais, Carlos Giménez aborde cette fois l'atroce guerre civile qui a préludé à la dictature de Franco, et la vie quotidienne des civils qui tâchent de survivre aux bombardements, incendies, exécutions, privations et épidémies dans Madrid assiégée.
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Rites de mort, Alicia Giménez Bartlett  :
Affectée au service de documentation de son commissariat, Petra Delicado s'occupe de questions générales, archives, publications et bibliothèque, ce qui lui vaut un statut purement théorique aux yeux de ses collègues. Chargée de prendre les fonctions d'un inspecteur accidenté, elle s'attaque, en compagnie de l'inspecteur à l'air mal dégrossi qui a été placé sous ses ordres, à sa première affaire : une jeune fille de dix-sept ans, victime d'un viol et marquée au bras d'une étrange blessure en forme de cercle. 
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Une ardente patience, Antonio Skarmeta :
Réfractaire au métier de pêcheur, Mario Jimenez trouve son bonheur grâce à une petite annonce du bureau de poste de l'île noire. Facteur il sera, avec pour seul et unique client le célèbre poète Pablo Neruda. Leur relation, d'abord banale et quotidienne, se transforme, par la magie du verbe et de la métaphore, en une amitié profonde. Mais malgré leur isolement, l'Histoire les rattrape... 
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Journal d’un tueur sentimental et autres histoires, Luis Sepúlveda :
Dans Journal d'un tueur sentimental, un homme épris d'une belle Française néglige le contrat pour lequel il a été payé et part dans une course effrénée, de la Turquie au Mexique, à la poursuite d'une "cible amoureuse" insaisissable. Hot Line met en scène un inspecteur rural, muté à Santiago, qui enquête sur les téléphones roses, non sans causer quelques aigreurs aux hommes politiques qu'il ose défier... Quant aux yacarés, ces petits crocodiles d'Amazonie dont la peau est si recherchée par les maroquiniers milanais - commerce qui met d'ailleurs en péril la vie des Indiens Anarés -, ils sont au centre de l'intrigue qui mène un inspecteur de police jusqu'en Italie.
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Les Soldats de Salamine, Javier Cercas :
A la fin de la guerre civile espagnole, l'écrivain Rafael Sânchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, réchappe du peloton d'exécution. Un soldat le découvre terré derrière des buissons et pointe son fusil sur lui. Il le regarde longuement dans les yeux et crie à ses supérieurs "Par ici, il n'y a personne !" La valeur qu'il entrevoit au-delà de l'apparente anecdote historique pousse un journaliste, soixante ans plus tard, à s'attacher au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans ce seul regard. Il trace le portrait du gentilhomme suranné rêvant d'instaurer un régime de poètes et de condottieres renaissants, quand surgit la figure providentielle d'un vieux soldat républicain. L'apprenti tourneur catalan, vétéran de toutes les guerres, raconte : les camps d'Argelès, la Légion étrangère, huit années de combats sans relâche contre la barbarie fasciste. Serait-il le soldat héroïque ? L'homme laisse entendre que les véritables héros sont tous morts, tombés au champ d'honneur, tombés surtout dans l'oubli. Les guerres ne sont romanesques que pour ceux qui ne les ont pas vécues.
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Carlos Gardel : la voix de l’Argentine (première partie), José Muñoz et Carlos Sampayo :
Carlos Gardel, une vie. Sa voix a été déclarée patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. La vie de Carlos Gardel génère de nombreuses questions et méritait bien une biographie. Né à Toulouse pour les uns, en Uruguay pour les autres, le chanteur le plus célèbre de tango argentin disait «être né à Buenos Aires à l'âge de deux ans et demi.» Très jeune, il chante dans les cafés pour quelques pièces de monnaie. Sa réputation se fait vite et en 1912 il signe ses premiers enregistrements. Sa carrière est lancée, il rend le tango célèbre dans le monde entier, ses tours de chants font salles combles. Il meurt en juin 1935 dans un accident d'avion. Entre temps, celui qui possédait de multiples surnoms, Le magicien, la grive créole, le brun de l'Abasto, le petit Français... Mais aussi le Métis, est devenu le symbole de l'insouciance des années folles. Carlos Gardel avait gagné beaucoup d'argent (il a enregistré 700 chansons), mais en a tout autant perdu, aux courses et auprès des femmes, millionnaires, actrices et demi-mondaines.
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Trafiquants de beauté, Zoé Valdés :
“J'ai treize ans mais je ne sais même pas dans quelle étape de ma vie je me trouve, ici on mûrit en un clin d'œil, mais en même temps, je ne sais rien de la vie. Pour moi, le monde c'est la Vieille Havane, et à la limite, le quartier du centre.” Le regard éblouissant de lucidité d'une jeune fille de treize ans sur un touriste-photographe émerveillé par la richesse et la beauté des quartiers délabrés de Cuba, l'époustouflante rencontre entre Beatriz et le fantôme d'Arthur Rimbaud, celle invraisemblable d'un homme et d'une femme en plein milieu du désert, sans oublier l'amertume des Noëls interdits de La Havane ou la lettre d'un couple aux rois mages pour redevenir enfants... Autant de portraits colorés, baroques ou insolites, de personnages pétillants de vie et avides de beauté malgré la misère.
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Christophe et son œuf, Carlos Fuentes :
Le récit se passe entre le 6 janvier et le 12 octobre 1992. C'est-à-dire entre la conception et la naissance de l'enfant Christophe Palomar. Et c'est Christophe, embryon-fœtus, qui raconte l'histoire du fond du ventre de sa mère. Pendant les neuf mois de sa gestation, Christophe va suivre les extravagantes tribulations de ses parents Ángel et Ángeles, leurs copains, oncles, tantes, grands-parents, etc., dans le Mexique de 1992. Pays de tous les malheurs : pollution catastrophique, tremblements de terre, corruption généralisée, folie et incurie des gouvernants, intrigues politiques, faillite économique. Bon gré mal gré, le peuple s'amuse avec des jeux télévisés, des concours, des créations mythiques telles que l'inoubliable Mamadoc, mère et guérisseuses des Mexicains... tout en rêvant d'un nouveau Nouveau Monde.
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L’Ombre du vent, Carlos Ruis Zafón :
Dans la Barcelone de l’après-guerre civile, marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets « enterrés dans l’âme de la ville » : L’Ombre du Vent.
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Né pour naître, Pablo Neruda :
Ce recueil rassemble des poèmes en prose, des préfaces, des articles, des discours, des essais et d'autres écrits de Pablo Neruda. Dans ces textes, chargés d'humour, de tendresse et parfois de violence lucide, il raconte l'Extrême-Orient des années de jeunesse, évoque l'Espagne de 1936, la condition des Indiens du Mexique, la revue Cheval vert, les amis d'alors et fait revivre des rencontres insolites sous toutes les latitudes. Il célèbre le paysage marin, les brodeuses et les personnages typiques de l'Ile-Noire, recrée les mystérieuses cérémonies auxquelles se livrent d'étranges invités dans la maison d'un écrivain célèbre de Santiago, éclaire le drame du Chili sous la dictature de Gonzales Videla et la lutte civique et politique qu'il mena avant d'entrer dans la clandestinité...
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Cap Horn, Francisco Coloane :
On retrouve dans ce recueil de nouvelles la muse chère à Francisco Coloane :  la Patagonie chilienne, avec ses reliefs abrupts, la désolation de ses grands espaces balayés par un vent infernal terminant son souffle au terrible cap Horn, que l'on dirait directement sorti de l'imagination du diable. C'est dans ce paysage que se déroulent les histoires que nous conte Coloane. Elles permettront au lecteur de respirer en secrète harmonie avec le monde.
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La Cathédrale de la mer, Idelfonso Falcones :
Barcelone, XIVe siècle. La cité catalane s'enorgueillit d'un nouveau fleuron gothique : Santa Maria del Mar, la cathédrale de la mer, qui s'élève, pierre à pierre, vers un ciel sans nuages. Du haut de ses huit ans, le jeune Arnau Estanyol contemple le chantier. À l'image de ce chef-d'œuvre en devenir, l'ascension de ce fils de paysan exilé, parti de rien, sera fulgurante. Devenu consul et proche du roi, humaniste et philanthrope, il n'oubliera jamais que son destin est placé, depuis sa naissance, sous le signe des tragédies : l'ombre de la Sainte Inquisition plane sur ses ambitions, et la Grande Peste s'apprête à fondre sur le Nord de l'Espagne...
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Le Lieu perdu, Norma Huidobro :
Villa del Carmen, 1977. Nombreux sont ceux qui ont quitté le village situé aux confins du pays pour tenter leur chance à la ville. Matilde, émigrée à Buenos Aires, envoie régulièrement des lettres à son amie Marita, restée sur place. Des lettres qui ne relatent rien de plus que des impressions, des sentiments. Mais voilà que Ferroni, un homme à la solde des militaires, se met en quête de renseignements sur Matilde, compagne d’un militant considéré subversif. Il se rend à Villa del Carmen décidé à retrouver la trace du couple. Une seule piste s’ouvre à lui : une des lettres envoyées par la jeune fille. Lorsqu’il découvre qu’une véritable correspondance existe, il décide de l’obtenir de Marita qui, elle, ne veut à aucun prix lâcher son bien. Dans la fraîche pénombre du café où Marita travaille, jour après jour, la tension monte...
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Monsieur le Président, Asturias :
Malgré le refus de Miguel Angel Asturias d'être considéré comme un auteur engagé, Monsieur le Président est tout entier habité par cette volonté de dénoncer l'inhumanité, la bestialité et l'injustice d'un régime dictatorial. Une barbarie qui trouve sa genèse dans l'assassinat d'un homme de main du pouvoir par un simple d'esprit, souffre-douleur de celui-ci. Ce crime déclenche bientôt une répression sanglante...
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La Maison de Bernarda suivi de Les Noces de sang, Frederico Garcia Lorca :
La Maison de Bernarda : A la mort de son mari, Bernarda décide, pour marquer le deuil, que ses filles ne sortiront pas de leur maison pendant huit ans. Ce huis clos se déroule dans l'âpre atmosphère du Sud de l'Espagne où, entre censure et anathème, les femmes sont recluses et l'amour est frappé d'interdit. Un homme hante les rêves des cinq sœurs. Il doit épouser l'ainée, mais la plus jeune s'éprend de lui : jalousie, hargne, désirs et passions s'exacerbent. Les Noces de Sang : Dans la campagne espagnole, une jeune fille, contrainte d'épouser un homme qu'elle n'aime pas, s'enfuit avec son amant le jour de ses noces. Le jeune marié se lance à leur poursuite...
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Don Quichotte, Miguel de Cervantès :
Alonzo Quixada l’a décidé, il sera chevalier sous le nom de Don Quichotte. Les gens le traitent de fou, mais qu'importe : il veut vivre comme les héros de romans. Sur les routes d'Espagne, le voilà parti en quête d'exploits, intrépide et généreux. Des aventures, il va en vivre, mais elles ne seront pas tout à fait celles qu’il imaginait.
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La Ville et les Chiens, Mario Vargas Llosa :
"Le Cercle" est un groupe secret de cadets du collège militaire Leoncio Prado de Lima. Contre la discipline de fer qui les écrasent, les membres du "Cercle" ont institué leurs propres règles, garantes d'une pseudo liberté fondée sur la violence, le mensonge et le vol. Sur ordre de cette organisation et de son chef, le jaguar, un cadet, dérobe les sujets d'un examen. Le vol découvert, tous les élèves sont bientôt consignés, au désespoir d'un cadet faible et soumis surnommé "l'esclave", qui ne tarde pas à dénoncer son camarade sans savoir ce qui l'attend.
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L’Aleph, Jorge Luis Borges :
Trois contes qui ont pour thèmes l'infini, la mort et la civilisation. L'immortel mêle mythologie, histoire et littérature pour raconter la quête de l'immortalité. La nouvelle Deutsches Requiem traduit les réflexions d'un bourreau nazi avant son exécution. L'Aleph, enfin, est un lieu ou un objet qui permet de voir tout l'Univers en une seule fois.
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Tropiques des Silences, Karla Suárez  :
A la Havane, une petite fille aux cheveux crépus négocie le difficile tournant de l'enfance à l'adolescence, dans une famille condamnée à la cohabitation par les conditions sociales du pays: un père officier de toutes les guerres de la Révolution, une mère argentine droguée au tango, une tante amateur d'opéra, un oncle masseur et une grand-mère gardienne de la morale. L'enfant va peu à peu découvrir que tout le fragile édifice familial ne tient que sur le mensonge.
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La Vie est un songe, Calderón (exemplaire bilingue) :
La vie est un songe est l’un des chefs-d’œuvre du théâtre espagnol du Siècle d’Or et une des pièces les plus représentatives de l’esthétique et de la pensée baroques. Calderón, grâce à la fiction d’un prince injustement enfermé et élevé à l’écart du reste des hommes, met en scène le drame d’un esprit qui découvre un monde infiniment “ondoyant et divers”, selon les termes utilisés par Montaigne pour décrire l’instabilité des êtres et des choses. L’illusion des sens et la fascination pour les apparences trompeuses conduisent Sigismond à percevoir le néant de la condition humaine, de ses activités et de ses ambitions : “– Qu’est-ce que la vie ? – Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? –Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes mêmes ne sont que songes.”
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onzedieuxsouriants · 7 years ago
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Le Chevalier de Malbrisé
"Oyez ! cria en un sursaut Jeanne, surprenant toute la salle. Oyez ! Oyez la geste du Chevalier de Malbrisé."
Et ce disant, la barde rouge ouvrait large son bras invitant, redressait le torse et repoussait d'une main l'assiette contenant les reliefs de son repas. Aussi subitement que tous les jours précédents, l'histoire du soir commençait.
Oh, elles avaient mangé, comme toujours d'ailleurs, comme des reines. La visite, la rencontre d'un des sept bardes de l'Humanité était après tout un don du Onzième, un don trop rare, unique, bien souvent, à toute une existence. Avec un peu de cynisme, Charité songea, plantant ses coudes sur la table et se rentrant dans l'ombre juste derrière la conteuse, que la pauvre assemblée devait être bien malchanceuse que le sien se présentât sous les traits de Jeanne.
Elle ne l'avait encore jamais entendue, en plusieurs semaines de voyage, raconter une histoire plaisante ou de morale acceptable. Elle mettait dans ses récits des fioritures et des détours plus malins qu'intelligents, qui finissaient, invariablement, par embarrasser son assistance. Et elle sentait, sourdement, la jouissance mauvaise à troubler la paysannerie de la musicienne racée.
Charité n'aurait pourtant su la quitter, sans s'expliquer pourquoi, et elle tendait distraitement l'oreille. Elle n'avait pas encore entendu ce conte ci. Les curieux se rapprochaient, et, de dehors, des voix piaillantes appelaient au rassemblement. Un conte du barde rouge !
"Or donc, toussa Jeanne une fois satisfaite de la taille de son auditoire. Il était un Chevalier d'Argent, comme, peut-être, vous en avez vu ou verrez, que l'on nomma Chevalier de Malbrisé. C'était un homme de mince carrure, un être de foi, porté par sa croyance plus qu'un talent naturel pour le combat. Et sa pureté compensait, vous le verrez, amplement la banalité de son physique. Comme tous les membres des ordres, son nom était humble - Malbrisé vint plus tard. Non, on le nommait, à l'époque dont je vous parle, qui est fort reculé, Frère Pure Conscience. Comme de l'eau de roche, elle l'était, et sans menterie !"
Charité roula des yeux. La barde rouge prenait le plus malin des plaisirs à dénigrer tous ceux qui auraient dû se nommer ses collègues du culte, quoique d'ordres différents. Plus encore que le plus jaloux des impairs, elle semblait jubiler à l'idée d'enfoncer sa propre église sous un gras humus d'ironie moqueuse ininterrompue.
"Or, comme tous les Argentés, Pure Conscience appartenait à une compagnie. Le savez-vous, mes chers ? Ce que vous appelez ici compagnie, ce gai foyer, vos doux enfants, cette auberge bondée, tout ce village, même, n'est rien, oui, rien face aux compagnies des guerriers du Onzième... voyons ! Cent onze hommes et autant de destriers ! Nous ne compterons bien entendu pas leurs suites, car elles nuisent à la belle symbolique des nombres que mes impairs adorent, voyons: comptez bien quatre valets, un sergent et deux écuyers par beau-né, ainsi que des chevaux de remplacement, et juste, peut-être, un misérable petit écuyer par moins-né, ce qui nous ramène, tout de même, à bien plus que le bel et rond chiffre de cent onze. Néanmoins, notre héros, Frère Pure Conscience, allait seul, et sur la pire rosse que l'Humanité vit jamais naître. Il était un fils pauvre, oui, fils, comme vous, de la terre qui est la mère et l'épouse de Dieu. A onze ans - toujours, toujours ! Il avait été frappé de singulières visions de l'Infante - et comme l'on ne mangeait point de seigle encore en cette période, qui aurait pu causer une quelconque folie, il fut légitimé, et envoyé à la capitale par un impair qui espérait voir son village briller autant que l'armure rutilante dont il serait un jour vêtu.  Ainsi il avait grandi, d'abord dans les dortoirs miteux, avec les plus pauvres valets, avec eux, mais déjà au dessus d'eux, puis en tant qu'écuyer d'une cavalière tout à fait irremarquable, qui eut la bonne grâce de mourir jeune, et de lui céder lame, titre et haridelle. Ainsi, Frère Pure Conscience était le plus modeste des Chevaliers d'Argent de sa compagnie, et ne s'en vantait même pas ! Et il avait choisi, naïvement, un nom qui reflétait ce qu'il pensait savoir de lui - et non point ses ambitions, comme le faisaient tant de ses camarades. Ah, c'était un brave homme que le Frère Pure Conscience !"
Le moment horrible où les gens commençaient à sourire, et à se réconforter. Ils ne demandent pas grand-chose, foutue barde, crissèrent les pensées de Charité. Ils veulent juste de quoi se dire que le monde est meilleur que ce qu'ils croient, et ils veulent que leurs enfants rêvent de ce qu'ils pourraient devenir un jour. Et toi, tu vas leur donner ce qu'ils veulent, pour le leur retirer immédiatement des mains.
Jeanne se redressa, et mit carrément, mais gracieusement, les jambes sur la table. Elle prit son beau temps pour plier l'une sur l'autre, rajuster derrière son oreille une mèche échappée de sa queue de cheval, et se pencha vers l'audience attentive avec une moue sucrée.
"Un brave chevalier en belle armure, un peu bosselée et un peu rouillée car les valets, les sergents et les écuyers ont tout de même leur rôle à jouer, mais aussi un fils du pays, souvenez-vous. Un fils d'une belle région qu'il connaissait fort bien. Et comme beaucoup de sa compagnie la connaissait également, car on tend, chez les hommes d'arme, à regrouper ceux qui peuvent parler le même patois, ce furent eux que l'on envoya le jour où l'Impossible s'assécha dans cette région... oui ! Mauvais été, dont vos parents, leurs parents, et leurs parents avant eux, ne se souviennent pas, car des siècles ont passé. Mais sous ce terrible soleil, il y eut, croyez-moi ! Pis que des hérétiques et des malades mentaux à chasser, pour nos braves frères et soeurs surentraînés et suréquipés. Car, croyez-moi ou ne me croyez pas, la Féérie avait fait sa brêche !"
Il y eut des souffles retenus. Charité ne put, elle, contenir une pensée agacée à l'idée que ces braves gens tombaient, toujours, toujours, exactement dans le même panneau, tout les soirs. L'idée qu'ils fussent toujours une audience fraîche était difficile à assimiler. Ils se ressemblaient toujours, et leurs visages se mêlaient tant. C'était voir, soir après soir, la même personne tomber dans le même panneau: quelle différence que son nom ou la couleur de ses cheveux ?
La pensée qu'elle en viendrait peut-être un jour, comme sa méprisante maîtresse, à les prendre pour de stupides bêtes de somme, la fit se haïr et se mordre la lèvre. Elle ne serait jamais ce genre de barde, et bon sang, ils n'étaient pas les mêmes. Elle se blâma et s'effraya de ce biais de conscience. Si pour elle, c'était la vingt-deuxième soirée des mauvais contes de Jeanne la barde rouge, pour eux, c'était assurément, la première et dernière. Ils ne pouvaient pas savoir.
Et elle, Charité, ne les aidait jamais. Pourquoi pas, d'ailleurs ? Pourquoi ne pas interrompre Jeanne, couper le doux flot de sa voix fluide et tranchante comme une lame de rasoir, de sa propre voix si grosse, si bégayante ? Pourquoi ne pas, pour eux, se réapproprier ces histoires étranges dont elle ne savait rien ?
Non, comment ? Comment pouvait-elle ne pas être complice du mépris de Jeanne ? Elle l'ignorait totalement, et le peu qu'elle savait du revers de la médaille brillante que Jeanne présentait à ses audiences ne l'aidait pas. Elle était une prisonnière, comme eux, mais une prisonnière consciente.  
Eux, le temps d'une soirée. Elle, le temps de quoi ? Combien de jours encore, sur les routes ? Jusqu'à trouver le courage de fuir, et de se débrouiller seule dans le monde, à jamais ? Combien d'ans, si elle devenait sa successeuse, malgré elle ou à force d'épuisement ?
S'il y avait quelqu'un de méprisable dans l'assistance, conclut amèrement Charité, c'était bien elle-même. Trop lâche.  
Jeanne aussi était méprisable, un peu, songea t-elle en se corrigeant après quelques secondes. Mais la musicienne était tellement loin de tout ce que la jeune femme savait des hommes, qu'elle la comptait presque plus comme une force naturelle que comme une personne. Elle était une violente grêle de printemps, avec une très belle voix et de très belles jambes. Rien de plus. Elle ne parlait ni ne songeait comme personne.
"Et les créatures du Mal et d'Ailleurs se répandaient en l'Humanité. Oh, contenues, contenues, brièvement ! Car l'Impossible ne saurait être tari entièrement. Mais les cent onze, et leurs suites innombrables, se lancèrent à l'assaut. Maintenant, mes chers, il faut réaliser que des groupes de fées affamées d'âmes humaines et d'amusement se comportent bien différemment des cultes hérétiques et des fous auxquels nos chevaliers étaient habitués. Ils frappaient de nuit, intentionnellement: ils ne fuyaient même pas ! Et ils capturèrent, une nuit, au campement même de la compagnie, plusieurs dizaine de valets, d'écuyers et d'écuyères très beaux et très frais, qui dormaient paisiblement dans une des tentes des petites-gens en lisière du camp et qu'ils enlevèrent en silence. Au matin, la compagnie entendit des cris, des râles et des pleurs: les fées avaient retiré les baillons de ceux qui avaient survécu à leurs tourments, et narguaient, depuis les bois, les maîtres assoupis. Sitôt provoqués, sitôt en charge ! Vous seriez surpris du peu de temps qu'un guerrier courroucé met à enfiler son armure et à monter sur son destrier, quand son honneur est en jeu et qu'il est moqué. Oh, bien entendu, ils étaient également furieux à propos de leurs écuyers, de bons garçons et de braves filles qui ne le seraient jamais plus.
Or ce jour là, Frère Pure Conscience était des premiers à s'être préparé. Sans écuyer ni valet, il avait l'habitude, plus que les autres, de se préparer seul à la hâte, et il ne manquait point de bravoure. Sa haridelle même, une arrière-petite-fille de sa première rosse, semblait possédée de l'esprit des meilleurs chevaux à avoir jamais vécu. Il fallait les voir filer sur la lande ! Et ce n'était pas un mince exploit. Car déjà âgé, à l'époque, de la quarantaine, Frère Pure Conscience n'était plus tout jeune, pour un guerrier, et, lui de tempérament si doux n'avait jamais été ni plus vigoureux ni le plus habile aux assauts d'entraînement. Cependant, son coeur avait bondi pour la juste cause qu'il avait intimement faite sienne. Sienne seule, peut-être, entre tous ceux qui s'élancèrent au combat, car, comme je l'ai dit, la fierté est une amante exigeante, et qui ne tolère qu'assez peu la pitié ou l'amitié à ses côtés. De fierté, Frère Pure Conscience n'en avait jamais eu, depuis le jour où il était arrivé crotté de son village, jusqu'à celui-ci où il fusait, crotté, jusqu'aux taillis où riaient les fées et hurlaient les innocents pris au piège. Il n'était mené que par sa bonne nature, par son amour de la vie humaine outragé.
Il n'était point seul lorsqu'il chargea, et pourtant, il était devant, au fer de lance de la ligne de cavalerie. Il ne voyait pas ses pairs, et il s'en moquait bien ! Comme fou, il se trouvait pris d'ailes, comme possédé du démon du commandement. Et derrière lui, des hommes et des femmes plus jeunes et forts que lui volèrent également à l'assaut, car ils ne se laisseraient point dépasser par un chevalier paysan sur une haridelle.
Il y eut un choc, des animaux et des bêtes contre le bois, et les cris. Qui n'a point vu une fée se battre n'a jamais connu les cauchemars ! Car dans les bosquets traîtres, elles avaient tendu des ronces et des épieux sur lesquels le beau sang des preux fut versé. Des câbles de toile d'araignée enchantée, fins comme des rasoirs, tranchaient les jarrets des montures, et des martyrs empalés, toujours vivants, formaient des boucliers larmoyants qui brisèrent la charge des chevaliers.
Ainsi les Chevaliers d'Argent si rutilants connurent-ils la guerre.
Ainsi Frère Pure Conscience connut-il l'horreur, et sentit sous ses jambes sa haridelle se dérober, les genoux fauchés par les ronces.
Et il se battit vaillamment ! Quoique sa main tremblât: il n'avait jamais tué. Quoique son bouclier se fendit: il fatiguait. Quoiqu'encore, son âme se questionnât: n'étaient-ils point piégés ? Et ils étaient piégés, car la forêt avait fendu l'implacable ligne des chevaux, et réduit à néant le violent avantage des guerriers du Onzième. Ils étaient enfermés dans les bois, et les bois, chacun le sait, appartiennent à la Féérie."
Déjà, les descriptions de Jeanne avaient généré quelques grimaces dans l'audience. Charité, la bouche tordue sur le côté, attendait. Attendait le moment où le héros deviendrait le méchant.
"Et encore, encore, il se battit ! Et de gloire, il ne vit que les corps mutilés des valets et des écuyers, piétinés par les sabots de leurs propres maîtres. Et les têtes tranchées des chevaliers, elles-mêmes, roulées à terre. Et des corps des fées ? Rien ! Rien ! Des rires et des fragments d'yeux vite réfugiés dans les canopées ou derrière les buissons, toujours évadés, n'apparaissant que pour frapper dans le dos encore un de ses camarades, l'insulter dans la langue universelle de la haine, ou le moquer d'un claquement à l'oreille.
Et encore, encore, il se battit. Son souffle devenait rauque." Et la barde inspira, expira violemment. Elle haletait, le regard en feu, lointain, fixé sur un point au delà de la pièce, plus intense que Charité ne l'avait encore connue. Elle reprit après avoir dégluti, d'un grognement lourd:
"Haaa, haa... et son poing devenait faible, son armure lourde de sang, ses jambes humides de pisse, et toujours, la bataille continuait, et les chevaux agonisants hennissaient en déchirant le monde de leurs cris. Et il vit ce que les fées avaient fait, et il reconnut certains des visages qui le poignardaient de leurs mots, et il pleura, oui, après avoir versé tout le reste, il continua de se vider, et il versa de grosses larmes qui refusèrent de s'arrêter.
Et encore, encore, il se battit. Car rien ne finissait. Lourde, lourde, son armure, terriblement tranchante, son épée, quoiqu'il ignorât même s'il avait tué ne fut-ce qu'une fois. Le monde était zébré de noir et vert sur bleu et rouge: nuit et nature sur ciel et sang. Et argent... ah, bel argent terni, qui encore se battait ! Et quand il fut à genoux, il se battit encore, et quand son épée sauta de ses mains, encore, encore, et quand les fées furent sur lui, il se battit encore.
Et encore, encore, il se battit, et c'était en la Pure Conscience qui lui donnait son nom qu'il se battit."
Charité baissa les yeux. Les ongles de Jeanne crissaient dans la table. Dans, oui, enfoncés, saignants.
"Le mal que font les fées aux hommes, nul ne le sait, et quand bien même le sus-je, je ne le répèterais point, fit-elle, avec un sérieux grave. Mais elles le lui firent, néanmoins, à leur façon, qui est si dure, pour un chevalier déjà âgé et déjà blessé, qu'elles l'approchèrent de la mort. Car voyez-vous, agnelets, le plus grand mal des fées n'est pas leur venue d'Ailleurs. C'est leur venue d'Ici. Qui est pris est gardé, comme certains des écuyers et des valets l'avaient déjà été. Et Frère Pure Conscience, jugeaient-elles, feraient, une fois brisé, la plus splendide des fées de la douleur. Elles le torturèrent en âme et en corps, et en corps plus qu'en âme, car, pénétrant son esprit blessé et effrayé, elles durent s'arrêter au sanctuaire de sa Pure Conscience, qu'elles ne parvinrent pas à violer. Alors elles se contentèrent des choses qui ont des noms mais que je ne décrirai point: la danse d'eau, la danse de fer, et la danse de plume. Ou encore le jeu de la grande chaîne, et le supplice du roseau de verre, qui sont de bien trop beaux mots pour les maléfices qu'ils représentent.
Et ceci dura, alors qu'autour d'eux tous les autres chevaliers de la charge avaient succombé, fui ou péri depuis longtemps.
Et finalement, oui...
Finalement, le Frère au tempérament si doux, oui, le si brave et innocent !"
Charité se mordit violemment la lèvre en attendant la chute. Mais quelque chose était différent, cette fois. Plus profondément malaisant, encore, que les leçons sans morale des soirées précédentes.
"... périt. Et il sentait déjà la fraîche et si petite main de l'Infante se poser dans la sienne pour le guider vers le Onzième, car il était un juste.
Mais ses tortionnaires jaloux l'en arrachèrent. Avec de sombres maléfices, ils tissèrent ses chairs pour les réparer, forçant, malgré lui, son corps mourant à reprendre vie.
Et ils recommencèrent. Alors Frère Pure Conscience se perdit en lui, en ce qu'il était, et se baigna dans la lumière de son âme inviolable. Il ne sentait, déjà, presque plus rien, car il vient un point, n'est-ce pas ? Où la douleur se couvre elle-même, où les sens brûlés ne parviennent plus à rien. Méditant, naïvement, comme il l'avait fait tous les jours sans raison depuis trente ans, il protégea son esprit des griffes rageuses de la Féérie, alors même que son corps était profané et tiré à hue et à dia dans leurs jeux insensés.
Il n'était plus là. Il attendait la mort.
Et, de nouveau, elle vint. De nouveau, la main fraîche de l'Infante, et de nouveau !"
Les phalanges de l'autre main de Jeanne percutèrent violemment la table.
"De nouveau, il en fut arraché par les soins mauvais des gobelins acharnés. On dit, on m'a dit, oui, qu'il tint encore onze jours et onze nuits.
Mais en vérité, une journée suffit à broyer une vie. Il ne faut pas beaucoup d'heures pour mourir, même trois fois.
Lorsqu'il s'en fut enfin, trop vite cette fois pour que la fourberie magique de ses tortionnaires ne le ramène à la vie, on entendit dans le bosquet dévasté une litanie de cris de fureur inhumains.
Puis les fées s'en furent, et abandonnèrent leurs jouets brisés au milieu des ronçailles et des fleurs qui se refermaient dans le soir. Car les fées ne sont pas patientes, et mauvaises perdantes."
Elle marqua une pause, comme elle aimait souvent à en faire pour casser son récit et inspirer l'impatience. Des yeux ronds clignèrent. Deux mères avaient plaqué leurs paumes sur les oreilles de leurs enfants, mais la majorité de l'audience était encore en train d'assimiler les images d'horreur de la barde, qui lentement, leva son index blanc devant ses lèvres entrouvertes. Sa queue de cheval s'était défaite en mèches sauvages sur ses épaules, et son regard flambait encore d'une dernière braise. Moins rauque, plus douce, de nouveau, elle reprit.
"Pourtant, pauvre être, le corps du chevalier se dressa encore une dernière fois. Trois fois avait-il cogné à la porte de la mort, et trois fois il avait cru les voir s'ouvrir. Mais il n'avait senti la main de l'Infante le guider vers Dieu que deux fois. A la troisième, qui sait ? Peut-être s'était-elle lassée, peut-être avait-elle été appelée ailleurs. Mais elle l'avait laissé, et le Chevalier de Malbrisé s'éveilla au milieu des corps de ses compagnons. Infusé en corps de la sombre magie elfique, et pourtant toujours pur en âme: mal brisé ! Mal brisé se découvrit-il dans le miroir des cuirasses abandonnées, dans le lustre rouillé de sang des épées et des lances de ses camarades.
Le mort, le vivant, se dressa dans la forêt silencieuse. Ses plaies étaient vives, mais la douleur était morne, et son esprit demeurait en paix. Touché et changé par la Féérie, oui, mais non point de la façon dont la mauvaise l'entendait.
Béni et maudit par le Onzième, il s'agenouilla et pria. Onze jours, il pria, sans respirer, ni manger, ni même pleurer, car ses larmes s'en étaient allées avec son sang désormais figé. Au onzième jour, il prit les armes de ses camarades, honora les corps du mieux qu'il le put, et enflamma le bosquet maudit.
Et le Chevalier de Malbrisé, sans monture, sans compagnons et sans vie s'en fut sur les routes qu'il hante encore à ce jour, puni pour sa volonté exemplaire."
Une fillette perplexe leva avec violence la main. Le reste des paysans se grattait la tête. Un sort retombait sur la salle et on murmurait, marmonnait. Jeanne leva d'une pichenette l'index vers la gamine pour l'autoriser à briser le silence.
"-Il est méchant ou gentil alors ? demanda l'enfant avec un froncement de sourcils. Le culte était très clair à ce sujet: ce qui est monstre est mal, et ce qui est Onze est bon. Et la barde rouge, humble représentante de l'un des grands ordres religieux, lui répondit tout aussi clairement:
-Oui."
Pour s'en aller, d'un pas glissé-coulé, juste entre les bras des gens, juste avant que la foule ne se referme, laissant, une fois de plus à sa compagne le rôle d'interprète-philosophe-diplomate forcée qui semblait un si indispensable addendum à toutes ses histoires.
---
"-Maintenant, soyez honnête, ma p'tite grande dame, fit Charité, les joues gonflées d'agacement et le front en sueur d'avoir bataillé à moraliser, une fois de plus, le récit de la barde rouge pour les oncles outragés. Vous le connaissez-vous, votre type ?
-Oh, vous êtes enfin là. J'allais partir sans vous. Qui donc, ma doucette, qui donc devrais-je connaître ? Il y a beaucoup de 'types' en ce beau monde.
-Le chevalier. Vous aviez..."
Maintenant qu'elle la confrontait et que l'air du soir rafraîchissait sa sueur, Charité n'était plus aussi certaine de la tournure à adopter pour ne pas être ridicule dans sa question. Jeanne avait chaque soir un nouveau récit d'êtres fantastiques, une connaissance presque illimitée des incursions du Mal en les terres humaines, un passé plus qu'incertain... et c'était elle, Charité, qui rougissait de la questionner ? La vie était réellement injuste.
"-... enfin, je l'ai senti, vous étiez différente ce soir. Comme si, comme si... comme...
-Si je connaissais ce pauvre Chevalier de Malbrisé ? Aigrelette, que t'ai-je dit des histoires, mh ?
-Qu'elles ne servent à rien, qu'elles sont essentielles à la civilisation, qu'elles mentent forcément, qu'elles ont toujours une part de vérité..." Fit la jeune femme avec agacement, sentant une nouvelle conversation qui ne menait nulle part, quoique la barde eut aisément deviné son sujet.
Charité s'occupa à seller son âne, bottant gentiment du coude son arrière train. La vieille bête trouvait bien plus à son goût l'avoine de l'auberge que l'odeur fraîche de la route nocturne. Jeanne, quant à elle, avait dû finir de se préparer à partir il y avait déjà plusieurs minutes, alors que la jeune femme se battait encore avec les familles épouvantées et les poivrots amusés. Du haut du beau cheval, en amazone moqueuse, elle penchait la tête pour observer sa compagne se démener avec sa monture rétive. Même l'oeil du gris racé semblait rire des déboires d'une inférieure.
"-Et arrêtez de me fixer. Je veux juste savoir. Si je dois raconter des histoires avec vous un jour, je veux savoir comment vous y touchez, et ce que... vous...
-Voulez ?
-Foutez. Voilà, c'est ce que j'aurais dû vous d'mander y'a vingt jours. Qu'est-ce que vous foutez avec moi, et qu'est-ce que vous foutez de manière générale ? Onze ! Pas un soir sans qu'vous fassiez pleurer un mioche ou sa mère ! Et ces histoires. C'était différent, ce soir, non ? Ça vient d'où ?
-La science d'un barde, entama Jeanne alors que sa jolie monture commençait doucement à faire sonner ses sabots sur les pavés d'un pas tranquille, est grande. Certaines m'ont été données, certaines, je les ai arrachées, et d'autres encore, oui, ont été vécues par moi. Tu hériteras beaucoup, si je te prends jamais pour apprentie.
-Je suis pas encore votre apprentie ?
-Tu n'es que ma servante."
Charité grogna sourdement en se hissant sur sa selle et planta, assez méchamment d'ailleurs, ses talons dans les flancs de l'âne pour toute réponse. La route pavée se mit à défiler sous elle.
Les cheveux rouges de la musicienne flottaient toujours au vent, en désordre.
"-Ah, ne te vexe pas, doucette, c'est bien trop facile. Le plaisir n'est jamais facile. Et tu le sais, c'est la sagesse qui le dicte: tu dois observer et comprendre ! Et vice versa. Pour l'heure, tu es nourrie, n'est-ce pas ? Et protégée, bien plus que tu ne le serais avec un bataillon de Chevaliers d'argent.
-Sauf votre sainteté, j'suis protégée que du moment que les gens sont des bons croyants, et pas rancuniers. Si on tombe sur des hérétiques, votre p'tite voix et tout votre sacré sacré serviront pas à grand-chose.
-Je connais aussi des histoires hérétiques, sais-tu ?
-Onze !
-Arrête de blasphémer, mon enfant." fit Jeanne en se retournant spécialement pour lui offrir la vue de la demi-lune ironique de ses dents.
La nuit retomba sur leurs fronts quelques minutes. L'air frais calmait toujours invariablement les joues en feu de Charité, et adoucissait les moues narquoises de Jeanne. Les ténèbres brouillaient ses traits, et la rendait presque telle qu'elle aurait dû être, sage, patiente, guide et intemporelle. Ce fut d'ailleurs finalement la barde qui brisa le silence, elle qui pourtant de jour s'amusait à laisser Charité fumer de frustration.
"Frère Pure Conscience, oui, et non. Nous étions, si tu veux, du même pays, et sa rumeur hantée traînait de longue date dans ma région natale. Son histoire est peut-être la première des miennes. La plus étrange, et certainement celle pour laquelle j'ai, moi aussi, pris les routes. Pour tout t'avouer, petite, j'ai passé presque cinq ans obsédée par le sort du Chevalier de Malbrisé, du moment où j'ai su son histoire...
-Jusqu'à celui où... ?
-Jusqu'à celui où je l'ai embrassé."
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universallyladybear · 6 years ago
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Bornes solaires leroy merlin
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bblsc · 6 years ago
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Val-Bélair – Une maison transformée pour Noël
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DÉCORATIONS. La féérie de Noël, Gaétan Laroche la vit chaque année depuis 25 ans en offrant un paysage de plus en plus fabuleux. Ces milliers de lumières et les divers personnages installés, que l’on peut voir au 1665 boulevard Pie-XI Nord, étincellent autant dans les yeux des petits que ceux des grands.
«J’ai débuté avec des décorations autour des châssis, puis des portes et des colonnes et c’est devenu ce que c’est aujourd’hui avec le temps.» Pour ce mécanicien de formation, la métamorphose de la maison est devenue graduellement une passion. «Aussitôt qu’il commence à faire noir, les gens arrivent.» M. Laroche note que le père Noël est venu récemment avec quatre lutins pour saluer les visiteurs. «Parfois, il y a des gens qui attendent que j’allume les lumières et d’autres qui viennent voir les décorations. Plusieurs n’en reviennent pas. Il y a une personne de Baie-Saint-Paul qui est passé ici la semaine dernière et une autre de Bellechasse il y a deux jours.»
«Ce qui me fait le plus plaisir c’est de voir les gens sourire et redevenir des enfants pendant leur visite.» -Gaétan Laroche
Les décorations avec des lumières à incandescence, qui sont de moins en moins présentes chaque année, sont remplacées par des Del. En plus d’être énormément plus économiques, elles n’émettent aucune chaleur.
Toute la préparation pour la mise en place des décorations débute graduellement en septembre, soutient M. Laroche. «Je commence par installer tout le matériel extérieur qui va au deuxième étage. C’est sec et plus sécuritaire. Je termine souvent cette partie en octobre.» Toutes les autres décorations sont placées graduellement. «Cette année, on a ajouté, entre autres, un igloo et trois petits orignaux. J’ai installé un petit cheval d’enfant avec un ressort. Je l’ai bourré de lumières et assis un petit père Noël.»
Investissements
S’il ne compte pas ses heures pour la mise en place et le retrait des décorations, Gaétan Laroche souligne avoir investi quelque 14 000 $ durant toutes ces années. «En tout et partout cela représente plusieurs fins de semaine durant les mois d’octobre et novembre, car il faut que tout soit terminé pour le début décembre. C’est éclairé durant cinq semaines environ, soit jusqu’aux Rois, et cela coûte environ 340 $ de plus en électricité pour cette période.»
En janvier chaque année, c’est le moment où sa conjointe, Ginette Alain, part à la recherche des décorations de Noël qui seront ajoutées à celles déjà existantes. M. Laroche assure que toute l’installation est sécuritaire et qu’il n’y a aucun danger que ses décorations prennent feu. Il souligne avoir déjà terminé deuxième lors d’un concours provincial organisé par une station de télé.
Une fois le moment venu de tout enlever, Gaétan Laroche s’assure que toutes les lumières sont fonctionnelles. «C’est vérifié et tout est classé dans des sacs en fonction de la couleur et du format. Je veux que tout fonctionne lorsque ça sera le temps de tout installer. Ma cave est pleine et mes deux cabanons aussi, il y en a partout.»
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derekglieber · 6 years ago
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Val-Bélair – Une maison transformée pour Noël
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DÉCORATIONS. La féérie de Noël, Gaétan Laroche la vit chaque année depuis 25 ans en offrant un paysage de plus en plus fabuleux. Ces milliers de lumières et les divers personnages installés, que l’on peut voir au 1665 boulevard Pie-XI Nord, étincellent autant dans les yeux des petits que ceux des grands.
«J’ai débuté avec des décorations autour des châssis, puis des portes et des colonnes et c’est devenu ce que c’est aujourd’hui avec le temps.» Pour ce mécanicien de formation, la métamorphose de la maison est devenue graduellement une passion. «Aussitôt qu’il commence à faire noir, les gens arrivent.» M. Laroche note que le père Noël est venu récemment avec quatre lutins pour saluer les visiteurs. «Parfois, il y a des gens qui attendent que j’allume les lumières et d’autres qui viennent voir les décorations. Plusieurs n’en reviennent pas. Il y a une personne de Baie-Saint-Paul qui est passé ici la semaine dernière et une autre de Bellechasse il y a deux jours.»
«Ce qui me fait le plus plaisir c’est de voir les gens sourire et redevenir des enfants pendant leur visite.» -Gaétan Laroche
Les décorations avec des lumières à incandescence, qui sont de moins en moins présentes chaque année, sont remplacées par des Del. En plus d’être énormément plus économiques, elles n’émettent aucune chaleur.
Toute la préparation pour la mise en place des décorations débute graduellement en septembre, soutient M. Laroche. «Je commence par installer tout le matériel extérieur qui va au deuxième étage. C’est sec et plus sécuritaire. Je termine souvent cette partie en octobre.» Toutes les autres décorations sont placées graduellement. «Cette année, on a ajouté, entre autres, un igloo et trois petits orignaux. J’ai installé un petit cheval d’enfant avec un ressort. Je l’ai bourré de lumières et assis un petit père Noël.»
Investissements
S’il ne compte pas ses heures pour la mise en place et le retrait des décorations, Gaétan Laroche souligne avoir investi quelque 14 000 $ durant toutes ces années. «En tout et partout cela représente plusieurs fins de semaine durant les mois d’octobre et novembre, car il faut que tout soit terminé pour le début décembre. C’est éclairé durant cinq semaines environ, soit jusqu’aux Rois, et cela coûte environ 340 $ de plus en électricité pour cette période.»
En janvier chaque année, c’est le moment où sa conjointe, Ginette Alain, part à la recherche des décorations de Noël qui seront ajoutées à celles déjà existantes. M. Laroche assure que toute l’installation est sécuritaire et qu’il n’y a aucun danger que ses décorations prennent feu. Il souligne avoir déjà terminé deuxième lors d’un concours provincial organisé par une station de télé.
Une fois le moment venu de tout enlever, Gaétan Laroche s’assure que toutes les lumières sont fonctionnelles. «C’est vérifié et tout est classé dans des sacs en fonction de la couleur et du format. Je veux que tout fonctionne lorsque ça sera le temps de tout installer. Ma cave est pleine et mes deux cabanons aussi, il y en a partout.»
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floremwriter · 7 years ago
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Une famille pour Noël
Je suis né dans l’indifférence la plus totale, parmi mes congénères qui me toisaient de haut en dardant sur moi leurs multiples yeux écailleux. Avant d’être recueilli par ma nouvelle famille, je ne me sentais pas à ma place. Continuellement transi de froid, seul parmi tous, les pieds baignés de neige liquide, j’écoutais le vent hurler sa complainte à travers ce désert de glace dans lequel j’ai eu le malheur de naître. Chaque nuit, avant de fermer les yeux sur ce monde insipide, je m’imaginais vivre heureux auprès d’une famille aimante, réchauffant mes membres gelés près de l’âtre flamboyant d’une cheminée accueillante.
Un jour de décembre, alors que le soleil faisait une percée entre les nuages noirs saturés de flocons, mon rêve se réalisa. Il vint à ma rencontre. L’euphorie fut-elle que je ne sentis pas les coups répétés qui me détachèrent de mon foyer de glace. Je n’avais qu’une idée en tête : j’allais enfin trouver ma place sur Terre et accéder à ce bonheur tant désiré.
En arrivant dans ma nouvelle demeure, tout le monde fut aux petits soins pour moi. On m’emmena dans le salon, près de cette cheminée qui n’existait jusqu’à présent que dans mes rêves les plus fous, puis l’on m’habilla d’or et d’argent, de lumière et de reflets irisés. Alors que ma vie d’avant n’était qu’indifférence et solitude, celle-ci suivait son cours parmi un florilège de contemplations extatiques, de fous rires et de regards luisant d’envie.
Plus le temps s’égrenait dans la vieille pendule du salon, plus je sentais monter l’excitation chez les membres de ma nouvelle famille qui passaient près de moi en sifflotant quelques chansons de Noël. Tout le monde était si gentil avec moi ! Je n’étais pas habitué à être autant le centre de l’’attention. On me couvrait de cadeaux jusqu’à n’en plus finir, beaucoup plus que je n’en méritais.
Puis, le jour tant attendu arriva. À travers la fenêtre du salon, des flocons étincelants annoncèrent la venue de Noël. La famille s’agrandit le temps d’un repas gargantuesque, ou féérie et félicité fusionnaient en ce jour de fête. En tant que petit nouveau de la famille, j’étais admiré, adulé, au centre de toutes les discussions.
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Puis, à minuit, la pendule du salon joua des notes magiques et tout le monde s’agglutina autour de moi, m’enveloppant d’un amour si véritable que je vécus le plus beau moment de toute mon existence. Les enfants poussaient des cris de surprise et de joie, sous les regards malicieux et parfois émus de leurs parents. Mon cadeau à moi, c’était cette scène magnifique au centre de laquelle j’évoluais. L’apogée de ma nouvelle vie dans cette famille aimante.
Mais comme toutes les belles choses, mon bonheur eut une fin à laquelle je n’étais pas préparé.
Brutale.
Si tôt Noël passé, la longue plongée dans les abimes de l’’indifférence débuta. Finis les sourires, les regards emplis d’’admiration et la gloire de faire naître l’envie dans le cœur de chacun. Place à l’ignorance, à l’oubli, à cette solitude revenue me hanter… On retira mes habits d’or et de lumière, me laissant nu et miséreux. Succombant à une écrasante dépression, je perdis des parties de moi, me retrouvant décharné lorsque mon père, celui qui m’avait trouvé et sorti de mon cauchemar, celui qui m’avait donné l’espoir d’une vie meilleure, m’emmena dans la même camionnette que celle dans laquelle il m’avait libéré.
À ma grande surprise – et je dois l’avouer, à mon grand espoir – il ne me conduisit pas dans la forêt où j’ai eu la malchance de voir le jour. Il me confia au contraire à des hommes mystérieux, habillés d’habits fluorescents. Un instant, j’imaginais ma vie au sein d’une autre famille, vivant de nouveaux moments heureux en compagnie de personnes aussi aimantes et bienveillantes que celles que je venais de quitter. Mais encore une fois, je me trompais.
Les hommes me projetèrent violemment au sol, m’entassant au milieu de mes congénères, tout aussi nus et misérables que moi. J’en reconnus certains pour la plupart, mais nous n’avons pas le temps de discuter, car une mer de flammes vint aussitôt lécher nos corps écailleux, les consumant jusqu’à ce qu’ils deviennent cendre.
Alors que ma vie avait débuté dans le froid et l’humidité, elle prit fin dans le feu et la fumée, parmi tous les sapins qui avaient eu la « chance » d’être choisis comme cobaye décoratif pour Noël.
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