#déjà que pour apéro on a rien dit
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jmenfoot · 8 months ago
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c'est quand même dingue que les anglophones ait pas de mot pour dire "encadré"
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putaindesarace · 4 months ago
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y a quelques semaines je devais rendre en version de mon mémoire pour correction et je me chiais dessus car j'étais pas contente de mon boulot et ça me mettait la pression de devoir le rendre (j'ai été prévenue la veille que je devais le rendre le lendemain yesssss) bref je me suis dis vaut mieux avoir un retour sur ça que sur rien donc prend tes couilles et rend le en précisant que c'est pas ta version finale (perfectionnisme). j'ai décidé de lire les critères d'évaluation juste avant de le rendre et là bim énorme crise d'angoisse qui me tombe dessus. à ce moment-là ma mère débarque dans ma chambre en me disant jsp quoi mais je rep pas pcq c'était bagdad dans ma tête, elle part fâchée de ma chambre. j'envoie mon mémoire, je descends. Là ma mère me fait une réflexion et j'ai les larmes qui me montent elle me dit des trucs du genre "t'es trop perfectionniste, tu te met trop la pression, etc." et j'avais juste envie de hurler "TA GUEULE T'EN SAIS RIEN!!! TAS JAMAIS FAIS LUNIV NI RENDU DE MEMOIRE !!!!!!!!!" bref je me suis mise à chouiner donc je suis allée dans ma chambre pour écrire dans mon journal intime "Aujourd'hui je viens de rendre une première version de mémoire et je pleure. Je me sens nulle et incapable. J'ai honte de mon travail, j'ai honte de le faire lire à quiconque. J'ai lu les critères d'évaluation et j'ai eu des vertiges. Dans quoi est-ce que je me suis embarquée ??? Je me sens coincée, prise au piège, sans échappatoire. Je ne peux qu'assumer les conséquences de mes choix mais j'ai envie de FUIR. Tant pis pour mon diplôme et ma plaque dorée. Je suis une bonne à rien, un imposteur. Je ne mérite pas d'être là où je suis et ma médiocrité va être exposée aux yeux de tous. La supercherie va être révélée et chacun pourra se rendre compte de mon inaptitude et de mon inadéquation. J'ai envie de m'enterrer vivante. Je refuse cette humiliation publique mais c'est trop tard, elle a déjà lieu."
bref après ça ma mère dit qu'elle va chercher du vin car j'ai besoin de souffler je me dis ouais bonne idée go girl. On commence à faire apéro et là elle me prend la tête avec le décès de ma soeur et des trucs du genre "je te connais pas, on partage rien, etc." BREF LA HANTISE DE MA VIE et là je pète un plomb je lui dis que j'ai pas la tête à ça que je suis déjà assez mal qu'elle respecte jamais mes limites etc. On se crie dessus pendant une bonne heure. Je parlais avec A et je lui explique, il dit qu'il passe me chercher. Je dis à ma mère que je vais avec une copine boire un verre (je mens) et je m'en vais avec A bref j'étais saoul j'ai dormi chez lui et on a couché ensemble, après ça on s'est vu quasi tous les jours de la semaine d'après.
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alexar60 · 5 years ago
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Tous coupables
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Maxime avait choisi cet appartement pour la tranquillité régnante dans le quartier. De plus, il était bien situé entre son lieu de travail et de nombreux lieux culturels. Ainsi il pouvait sortir juste à pied sans se soucier de trop boire pour rentrer. C’était vraiment intéressant. Alors, il profita d’un prix avantageux pour acheter un appartement au second étage d’un vieil immeuble rénové. C’était un petit trois-pièces, propre aux plafonds hauts. Il put aménager une mezzanine et faire une chambre d’amis. Il se plut d��s le début, se sentant pour la première fois chez lui.
Les voisins se présentèrent les uns après les autres, saluant le nouveau avec quelques cadeaux de bienvenue. Une gentille petite vieille du rez-de-chaussée apporta une boite de chocolat, les résidents du troisième vinrent accompagnés d’une bonne bouteille de vin. Ainsi que ceux d’en face. Seule, les personnes du premier ne se présentèrent pas. Il y avait vraiment une ambiance bonne enfant. Tout le monde se connaissait et déjà Maxime avait son surnom : le petit dernier. Comme s’il était le dernier de la famille. Par la suite, il découvrit une atmosphère d’entraide entre celle qui va faire les courses pour la vieille dame mais aussi, celle qui garde les enfants. Justement, son niveau d’études intéressa les parents en quête de soutien scolaire pour leurs petits. Alors, le samedi après-midi, ils étaient trois à venir chez Maxime afin de perfectionner leur français et leur math. Par contre, il n’était pas question d’argent entre eux, mais de bons petits plats mijotés et cuisinés avec bonheur. Grace à cela, il n’avait pas besoin de se préoccuper  de cuisine tout en embaumant son appartement de senteurs appétissantes. De temps en temps, on lui proposait une lessive gratuite en échange d’une leçon. Et quand il se reposait, le jeune homme ouvrait la fenêtre ou la porte afin d’écouter le garçon du quatrième qui jouait du piano.
C’est au bout de six mois qu’il fut réveillé par des sons étranges. Peut-être étaient-ils déjà présents et Maxime n’y faisait pas attention ? Cela le réveilla en pleine nuit. Au début, il crut à un fêtard dans la rue. Il ouvrit la fenêtre, constatant qu’elle était totalement déserte hormis un chat curieux en train de fouiller dans une poubelle. En refermant le volet, il réalisa que le bruit venait bien de l’intérieur. C’était une sorte de chuchotement, comme une plainte, quelqu’un qui pleurait ou gémissait. Cependant, impossible de trouver l’origine de ces cris. Il se rendormit, et rêva d’une femme se promenant dans la chambre en larmes avec la bouche bâillonnée. Le lendemain, il posa la question à un voisin rencontré dans les escaliers. Ce dernier fronça les sourcils et ne sut pas la provenance de ces bruits. Il partit de son côté tandis que Maxime se dirigea vers son lieu de travail. Toutefois, il eut l’impression que l’homme l’observait, alors, il tourna la tête et vit son voisin reprendre sa route avec un air gêné.
Le soir, n’y pensant plus, Maxime reçut sa visite ainsi que sa femme et deux autres voisins pour un apéro. Ils entrèrent, une bouteille de vin et quelques amuse-gueules en main. Ils discutèrent de banalités sans grand intérêt. Soirée sympathique, surtout que sa voisine décida de revenir avec un gigot permettant au groupe de continuer de s’incruster dans son appartement. Ils restèrent longtemps, Maxime constata qu’il était minuit passé lorsqu’ils rentrèrent chez eux. Toutefois, leur comportement fut intrigant. Par moments, ils se concentraient comme pour écouter un écho lointain. Max fit mine de ne pas s’y intéresser jusqu’à ce que l’un d’eux interrompit une discussion. Tout le monde resta figé, ��coutant le silence. Puis, il dit « Ah non !» reprenant le fil du dialogue comme si de rien était. Une fois dans le couloir, le jeune homme put les entendre parler rassurés par on ne sait pas quoi. Il remarqua que l’un d’eux descendit d‘un étage puis remonta quelques secondes plus tard pour rentrer chez lui. Cette nuit, il fut de nouveau réveillé par ces gémissement d’outre-tombe. Il chercha l’origine vainement avant de dormir.
Petit-à-petit, les voisins se montrèrent distants. Ils évitaient de rencontrer Maxime et surtout de répondre à ses questions sur les bruits de la nuit. On était loin de cette bonne humeur amusante et chaleureuse du début. Ses petits élèves vinrent de moins en moins passer leur après-midi. Il reçut même quelques réflexions désagréables sur la boue déposé par ses chaussures dans les escaliers ou le bruit trop fort de sa télévision. Il y avait dans leur comportement une expression de plus en plus malsaine. Par la suite, dès qu’il rentrait ou sortait, il espérait ne pas les croiser ; quand c’était le cas, il osait à peine dire bonjour. Bref, Maxime commençait à mal vivre cette période absurde et la nuit, il cherchait l’origine de ces cris car les plaintes continuaient. Il eut enfin sa réponse pendant un retour de soirée.
Il était deux heures du matin lorsqu’il grimpa les marches pour rejoindre son appartement. Il essaya de faire le moins de bruit possible afin de ne pas prendre de réflexion sur un retour brutal qui pourrait réveiller la vieille dame devenue maintenant acariâtre. Devant la porte de l’appartement inoccupé du premier, il entendit un bruit sourd. Il s’arrêta puis posa son oreille contre la porte. Il fut stupéfait d’entendre les mêmes pleurs qui le réveillent constamment. Il y avait quelqu’un dans cet appartement abandonné ! Dès lors, il frappa demandant à haute voix si tout allait bien. Les pleurs continuèrent sans se soucier de lui. Maxime actionna la poignée, la porte ne s’ouvrit pas. Il monta ensuite l’escalier  à grandes enjambés, faisant un bruit phénoménal pour récupérer chez lui un objet et défoncer cette porte. Il pénétra son appartement à toute vitesse laissant l’entrée ouverte. Il fouilla quelques tiroirs, trouva un tournevis et redescendit. Devant la porte, il entendait toujours les mugissements étranges. Il coinça le tournevis entre la gâche et le chambranle puis força d’un coup sec, ouvrant la porte en grand. La salle était noire. Il put entrevoir une ombre, une forme lorsque soudain, quelque-chose cogna l’arrière de sa tête. Il s’effondra inconscient entouré d’un voile noir sur le tapis poussiéreux et recouvert par les quelques copeaux de bois tombé lors de l’infraction.
A son réveil, Maxime était assis, les mains et les pieds attachés à une chaise, un chiffon enserrait la bouche. Avec l’obscurité, il ne vit pas grand-chose clairement, constatant juste quelques faisceaux de lumière au travers des lattes d’un volet. Il savait qu’il n’était pas chez lui. Il regarda, prenant l’habitude des ténèbres environnant lorsqu’il aperçut une forme étrange à sa gauche. Pendant ce temps, il ne réagit pas au bruit derrière la porte entrouverte. Il regarda la forme en essayant de prononcer quelques mots, seulement le chiffon empêchait la mâchoire de remuer. La forme ressemblait à une personne, la tête baissée, elle était assise, les mains attachées. Il tourna la tête en direction de la porte, cherchant à appeler de l’aide. Mais Maxime fut vite pris d’angoisse en découvrant un voisin en train de remplacer la porte par un mur. Le gars ne souriait pas. A l’aide d’une truelle, il étalait une épaisse couche de mortier qu’il recouvrit avec une brique. Il reconnut un autre voisin derrière lui, dès lors, il devina que les deux autres personnes au loin étaient aussi des voisins. Le maçon improvisé continua de poser du mortier qu’il lissait avec sa truelle, puis il posa une seconde brique. Déjà le petit  mur arrivait à son menton. Maxime essaya de hurler, grognant maladroitement. Il gesticula, seulement ses poignets étaient attachés avec des menottes en plastique jetable. Il n’arriva à rien en cherchant à se libérer ; au contraire, le plastique cisaillait sa chair plutôt qu’autre chose. Les autres parlèrent entre eux, souhaitant refermer le passage au plus vite.
Épouvanté, la poitrine oppressé par l’idée de finir emmuré vivant, Maxime chercha à déchirer à coup de dents, le tissu dans sa bouche sans résultat. Dès lors, il essaya de réveiller son acolyte d’infortune qui ne bougea pas un cil durant toute la scène. Il chercha à remuer ses pieds attachés, quand, il réalisa en voyant le visage blême de la forme qu’elle ne se réveillera jamais. C’était une femme aux longs cheveux noirs, la tête baissée, la peau grise presque momifiée, son cadavre était ici depuis plus d’un an. Il sembla voir un mouvement chez elle, une mèche de ses cheveux venait de bouger. Pendant ce temps, le voisin grimpa sur un escabeau afin de poser les dernières briques. Maxime se calma, persuadé être en pleine hallucination. Il rêvait, c’était certain ! Il rêvait et il allait se réveiller. A ce moment, il souffla un grand coup par les narines tout en fermant les yeux, puis il ouvrit les paupières, et regretta voir la main de son voisin installer l’avant dernière brique. Le jeune homme se mit à pleurer, priant que son absence ne passera pas inaperçu. Il espéra ne pas vivre la même chose que cette pauvre femme. Mais qu’avait-elle fait pour mériter ça ? De son côté, le voisin jeta un dernier œil sur cette pauvre victime qui se posait des questions. Lui, savait pourquoi comme tous les autres de l’immeuble car ils étaient tous coupables.
Alex@r60 – avril 2020
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mamaasawriter · 5 years ago
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A tous les garçons qui, j’ai cru, mon aimé, mais que en fait, non #3
               Pourquoi s’embarquer dans de grands projets collectifs ? Parfois par motivation personnelle, parfois par solidarité, parfois pour rencontrer du beau monde. Ce projet-ci, je m’y suis engagée pour prouver à ma nouvelle belle-sœur que j’étais quelqu’un d’autre que cette fille qui ne parle pas aux repas de famille. Il s’agit d’un projet de sensibilisation sur le monde marin, sujet dans lequel je n’ai, en plus, aucune expérience. C’était sans compter que nous devions construire la structure qui allait habiter l’exposition. J’avais encore moins d’expérience dans le travail du bois, mais je voulais bien essayer. Rien ne peut briser ma détermination.
               C’est la première fois que je me rends sur le chantier, je rencontre beaucoup de gens que je ne connais pas. La fille très sociable que je suis se renferme dans un silence pour fait croire à de la concentration. Je fais ce qu’on me demande, j’exécute. Je prends le temps pour observer les gens que je vais côtoyer jusqu’à la fin du projet, jusqu’à la fin de l’exposition, du rangement, du démontage, des réunions de retour. Bordel.
Un des mecs les plus dynamiques était ouvrier de métier. Il en regroupe aussi quelques clichés, dont le machisme et le sexisme. Il est toujours fourré avec son acolyte préféré, Adrien. Ils ont tous les deux 35 ans, rigolent beaucoup, fument beaucoup, écoutent beaucoup de musique, aiment beaucoup les femmes blondes. Ils vivent dans le beaucoup. Adrien est grand, toujours un peu bronzé de ses voyages, et joue du jazz dans deux groupes différents. Il joue de la contrebasse. Il fait régulièrement le tour d’Europe pour jouer dans des bars, sur des terrasses, dans des salles de concert. Il y porte son vêtement de concert : un veston noir sur une chemise rouge, pantalon noir, et chapeau noir. Adrien étant le seul personnage que je décris jusqu’à présent, vous déduisez qu’il est le sujet de la nouvelle.
Après chaque journée de chantier, ma belle-sœur nous prépare un repas chez elle. Apéro, repos, soleil et sourires. Je suis surprise qu’Adrien me parle aussi souvent. Il me pose des questions sur ma vie, si ça va sur le chantier, et me lance des blagues pendant le repas. Je me dis, tiens c’est marrant, tiens pourquoi pas, tiens c’est pour moi ? Je les entends aussi, lui et son ami, parler des femmes qu’ils tentent de rencontrer, qu’ils rencontrent des fois. On regarde les photos de la journée, puis le digestif, on fait claquer des bises, on est tactile, au revoir.
Je ne vais pas beaucoup sur le chantier. J’espère pourtant le revoir, chaque fois. Mais c’est déjà fini, la structure est prête, et il part faire un clip pour son prochain album. C’est déjà fini. Je m’attends à ne plus le revoir. Mais je me dis, est-ce que ?
               Toujours dans cette volonté de vouloir prouver que je suis une meuf drôle /utile /dévouée /sur-qui-on-peut-compter, je passe les 10 premiers jours de mes vacances à faire l’animation de l’exposition. Pour le premier jour, je suis en avance, je n’ai pas mon badge pour rentrer, je supplie l’accueil de m’en refaire un, j’arrive en retard, stressée de ma première imperfection. J’arrive dans le premier hall, notre structure est belle. Je souffle de soulagement, elle n’est pas là. Elle est en retard. J’attends, sans elle, sans les clés, je ne peux rien faire. Elle arrive dix minutes plus tard, essoufflée, stressée, déjà énervée, en nous criant dessus. J’exécute ses ordres au pas de courses. Il y a des portes à enlever et emporter, les ordinateurs, le projecteurs, les questionnaires, Adrien. Adrien ? Adrien, désolé, il est en retard ? Adrien mais et ta vie faite de soleil, de bières et de jazz ?
« Salut toi ! Comment tu vas ? »
Comment ça ‘’toi’’ ? Adrien qu’est-ce que tu fais là ? Je m’attendais à ne plus te revoir. Tout était déjà fini. Il met sa main sur mon bras. Ça y est, tout s’écroule. C’est comme si j’avais cédé à la panique depuis une éternité déjà.
« On arrête de papoter là, les gens rentrent, on va être débordés aujourd’hui ! ON-SE-BOUGE !! »
Oui m’dame ! Je me remets à courir partout. Je donne toute mon énergie à partir de cet instant puis 10 heures chaque jour, mais je crois que ma belle-sœur ne comprend pas. Au bout du troisième jour, je sombre dans cet état de fatigue permanente, je plane, je ris nerveusement, et je redouble d’énergie pour faire le même speech aux visiteurs :
« Nous essayons de questionner les gens sur leur rapport à la mer. D’abord, vous nous racontez votre histoire à travers les questions que l’on a affiché, puis elle, la mer, va vous raconter sa relation avec vous, à travers la voix de Jeannot le Kraken.»
Même quand je n’ai plus de voix, même quand c’est la 200tième fois. Je donne tout. Surtout quand Adrien le fait avec moi. Quand c’est lui qui parle, je souris très fort. Il dit « On a invité un grand ami à nous, c’est un Kraken, Jeannot le Kraken, vous savez ce que c’est un kraken ? ». Là où moi je parlais deux minutes, lui étalait son discours sur dix. Et quel discours ! Il le vit, se marre, il raconte des histoires. Je m’occupe des précisions, de distribuer le matériel, de guider. Je le complète.  
Parfois, je m’occupe de la séance de projection. J’accueille les visiteurs dans la salle, je leur dis merci, merci d’être venus si nombreux, Jeannot va prendre la parole, soyez attentifs. Pendant la séance, je fais en sorte que les curieux attendent la prochaine projection. Et quand j’entends la voix grave de Jeannot « Vous voyez que je peux encore faire peur. Bon allez, j’y vais, le ptit m’attend. » je sifflote, écarte les rideaux de velours et fait sortir la vague humaine maintenant puante et suintante. Je sifflote en arrangeant les bancs. Je sifflote sur la musique du générique « Je suis MARIN (…) ».  
Les jours passent, les matins sont moins difficiles quand il est là. Je propose le croissant, il propose le thé. Il me dit « quoi ? mais si c’est moi qui joue la musique de fin du film de Jeannot ! », il me parle de Tinder, on se taquine, il me parle de cette fille, je le fais rire, elle est joli, on se soutient, il me dit « je la vois ce soir », je ne suis pas dans le déni, on se sourit.
8ème jour. Il n’est pas là. Il est 9h30 il n’est pas là. Ma belle-sœur est furieuse. Moi je me doute. Je me dis qu’il est peut-être encore sous la couette, qu’il n’est peut-être pas seul. J’essaye de prendre sa défense, c’est le seul bénévole qui ose vivre sa vie ces derniers jours. Nous autres, nous restons croupir dans ce hangar avec un kraken imaginaire et nos gueules de déchets. Nous croulons une fois de plus sous le nombre de visiteurs, sous les cris de ma belle-sœur. Je ris intérieurement. Elle ne comprend pas.
12h. Je suis trop occupée par mon corps qui crie repos et famine, par mon discours que j’articule de moins en moins, et par le fait qu’il faut faire belle figure car un ministre arrive. Je suis trop occupée pour ne pas voir arriver Adrien. Il arrive comme une fleur, une fleur épanouie, il a cette démarche de fleur épanouie. Il me demande à quel point la belle-sœur est énervée, me confie que, olala, hier quand même, cette belle blonde hier soir, c’était bien. Je ne suis pas dans le déni, mais je ne suis pas blonde. On se sourit.
Je ne suis pas dans le déni, je me dis elle ce n’est qu’une parmi d’autres, elle, elles n’ont pas la main sur le bras, les grand sourire, Jeannot le Kraken, le marin, elles, elles n’ont rien. Je ne suis pas dans le déni, je suis la seule qui importe.
 16h, Adrien est tout heureux. Vous reconnaitrez mon intérêt grandissant pour cet homme par le fait qu’il prenne désormais plus de place que ma fatigue, ma belle-sœur, et tout le reste. Je ne veux rien savoir, il n’y a rien à savoir, mais en même temps : vont-ils se revoir ? Pense-t-il à moi le soir ? Vous noterez mon utilisation de la rime riche pour un effet drama plus appuyé, et pour donner à Adrien un côté romantique, même si c’est moi qui écrit. Mais vous avez aussi compris que je me trompais, depuis le début. Je ne suis pas blonde, je suis déni.
16h. Il nous reste encore trois heures à tenir. Adrien, tout heureux, sort prendre l’air. Je m’occupe des projections. Je reste derrière la structure, j’entends le générique de fin « Je suis MARIN (…) », je m’en vais chercher le prochain groupe de visiteurs. Entre mes geste mécanisés, j’aperçois Adrien et ce que je pense être la blonde, la fameuse. Adrien est tout heureux, et il part ce même soir en tournée. Laissant sa blonde et le Déni derrière lui. Sa main sur mon bras, un sourire et des bises. Je m’attends à ne plus le revoir. Mais moi aussi, je suis marin.
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gabzexp · 5 years ago
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J-20
Tiens.
Bien le bonjour. Tu te demande probablement ce que tu fais là, avec moi, et ce que tu vas découvrir sur les pages qui suivent.
Eh bien… moi aussi, pour être tout à fait honnête.
Oui, j’ai envie de te parler ouvertement et honnêtement. On ne parlera donc pas de livre ici, mais peut être de recueil ou de témoignage. En faites, j’ignore complètement où cette phrase m’emmènera, idem pour les jours qui vont suivre.
Je ne peux pas te garantir que cette expérience sera couronnée de succès, mais je te promets de ne pas toucher à ces mots, ni aux prochains, afin de garder le tout, aussi intact qu’authentique.
Ah oui, il faudrait peut-être que je me présente. Et je suis désolé par avance, cette partie, bien que nécessaire à ta compréhension, ne sera pas la plus amusante.
La plupart du temps, quand on rencontre quelqu’un, on lui demande ce qu’il fait dans la vie. On se qualifie en premier lieu par son travail, avec comme indicateur d’importance dans la société, le salaire.
Mais je n’y vois aucun intérêt ici.
Alors qui suis-je ? Je m’appel Gabriel, je vis dans l’est parisien, pour ne pas dire la « banlieue », l’est sauvage qui se trouve derrière le périph ‘. J’ai atteint la trentaine avec facilité et je fais donc partie de la génération « 88 » avec des souvenirs plein la tête.
Comme tu peux le voir, je suis mélancolique, rêveur, contemplatif et passionné.
Passionné ?
Oui, par beaucoup (trop ?) de choses. J’ai même tendance à m’éparpiller et à ne jamais aller au bout de mes projets. Mais si tu lis ces lignes, c’est que j’ai réussi celui-là.  *Clap*Clap*Clap*
Sinon, je suis un citoyen moyen, non pas par mon niveau de vie (je te l’ai dit, ça ne te regarde pas), mais par ma vie tout simplement. Je te fais un résumé : transport en commun, boulot, amis, famille, hobbies, jardinage, weekend, voyage, etc. Rien de fou, mais j’ai trouvé l’équilibre d’une vie agréable que la plupart des gens vivent. Et personnellement, je me sens bien.
Le problème, ce n’est pas tellement ça.
Ces temps-ci, on entend énormément parler d’écologie, d’alimentation, de notre méthode de consommation, mais aussi de l’hygiène de vie. En faites, tout ça, ça se rejoint un peu, pas vrai ?
Et ça me travail beaucoup.
On est tous d’accord pour dire qu’il faut changer, déjà pour nous, notre santé, mais aussi pour notre bonne vieille planète.
Bon, ces lignes et les suivantes n’ont pas de portés écologiques (enfin pas trop), car l’idée de ce projet est d’améliorer son hygiène en changeant son mode de vie de façon pérenne et constater les éventuels changements. Des habitudes plus saines !
Vous allez me dire, « Quoi ? Gabriel t’abuse, t’es en train de nous dire quoi ? T’as une mauvaise hygiène de vie et tu vas nous raconter que t’as mangé de la courgette pendant trente jours ? »
Bah oui, je crois bien. Comme je te l’ai dit, je vais être honnête avec toi, pas de beaux discours, pas de belles phrases toutes faites.
Je pense que beaucoup de gens, et peut être toi aussi, ont peu ou prou le même rythme de vie que moi. Et j’ai vraiment l’impression qu’on fout tout en l’air, parce qu’on en fait pas notre priorité.
Ne prend pas ça pour toi, on est tous pareil.
La plupart du temps, j’essaie de manger varié et équilibré. Je fais du sport et je fais attention à mon sommeil. Enfin, tout ça, c’est ce qu’on devrait tous faire et qu’on fait plus ou moins. Mais me concernant, ce n’est pas tout à fait vrai. J’avoue. Je t’ai menti pour la première fois. Et j’essaierai de faire en sorte que ça ne se reproduise pas. Désolé.
En vérité, quand je suis au boulot, je mange sur « le pouce », sandwich frais de la boulangerie, salade dans des beaux packaging ou des plats préparés dans la brasserie du coin. Cependant, j’ai supprimé les fastfoods de mon quotidien, il y a bien longtemps.
Et ça c’est vrai ! Ça ne reste qu’occasionnel.
En revanche, dès que je vois mes amis, ma famille ou mes collègues, c’est une émulsion de « n’importe quoi ». On va prendre l’apéritif, les biscuits, la charcuterie on va manger riche par gros paquet de calories, nitrates, conservateurs et perturbateurs en tout genre. En tout cas, la soirée va être riche, dans tous les sens du terme.
Je suis un sportif occasionnel. Mais si tu m’avais posé la question de vives voix, j’aurais peut-être simplement dit que je suis un sportif.
J’aurais arrangé ma vérité pour te montrer que je suis en « good shape ». Ne m’en veux pas, je suis sûr de ne pas être le seul à omettre de cette façon.
Et pourquoi ?
Parce que c’est important le regard des autres, il agit comme miroir qui nous renvoi notre image en pleine gueule. Et parfois, on l’améliore un peu, histoire de pas trop se dégouter.
Sinon, sur l’activité physique, je suis plein de bonnes intentions. Je me suis même inscrit à une salle de sport à trente euros par mois. Et rien que pour ça, j’ai le droit de porter le titre de sportif. Ne m’enlève pas ça, s’il te plait.
Vous allez me dire : « Mais faut bien se faire plaisir ! Ne te prend pas la tête, mange et picole ce qu’il te plait, sinon ça sert à quoi de vivre ? »
Se faire plaisir, oui ! Mais tous les weekends et plusieurs fois par semaine, non ! C’est beaucoup trop.
Et je le sais. Tu le sais. Faut qu’on se l’avoue. On fait de la merde et ça nous tue à petit feu.
Je n’imaginais pas tout ce que j’infligeais à mon corps, mais je t’assure, après quelques recherches, c’est violent.
Pas d’inquiétude ! D’après ce que j’ai lu et entendu, en faisant de petits changements on peut grandement améliorer son hygiène de vie.
C’est ce que je te propose.
Pendant 30 jours, je vais mettre en application des choses qu’on connait tous, et d’autres un peu plus recherchées. Bah oui, il ne faudrait pas que tu t’ennui, je tiens bien te garder avec moi jusqu’à la fin et t’apprendre des choses.
L’aventure commence dans vingt jours pour moi, le 15 octobre 2019, je vais en profiter pour me préparer et rassembler un maximum d’éléments à te partager.
Je te ferais part de mes objectifs, de mes méfiances, mais aussi de mon plan pour aller mieux, pour aller bien !
Bien évidemment, manger sainement du matin au soir, tous les jours. Pas d’alcool, pas de sucrerie, pas de biscuit apéro ( :’( ).
Mais aussi une activité physique journalière et un sommeil sain.
J’éloignerais aussi tout ce qui provoque du stress et de l’énervement.
Ce n’est pas une promesse, mais je te le dirais si je triche.
J’ignore complètement où ça va m’amener, mais j’espère que ça va être enrichissant.
J’ai hâte.
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amourspointillesblog · 5 years ago
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**Baby Snatcher** - Partie 1 -
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Débarquement à Sydney, Australie, Février 2011. J’ai dû quitter la Nouvelle-Zélande. Plus de visa valide.
Ma pote Jo, vient me récupérer à l’aéroport avec l’un de ses amis. Elle m’avait manqué durant ce dernier mois. Il s’est passé tellement de choses. On a un millier de ‘’meeting café’’ à rattraper. J’ai booké un lit dans une auberge de jeunesse proche de la place ou elle squatte histoire de ne pas être seule. Quartier de Surry Hills. Kangaroo Backpack. J’envisage de rester seulement une semaine. Dans ma tête. Mes plans ne se passent définitivement JAMAIS comme prévu. 
Je vous raconte ? Ok c’est parti !
On arrive au backpacker avec Jo, l’un de ses amis, et mes 30 kilos de bagages. Je suis excitée de retrouver ma Jojo, mais le départ de la NZ a été des plus durs, des plus trashs, des plus intenses. Cette partie-là ira à un autre chapitre… Bref, en gros, je suis écœurée des mecs ! La première chose que je dis à Jo d’ailleurs est la suivante : - C’est bon, plus de mecs, je fais un BREAK, je veux être célibataire, je ne veux PLUS d’histoires de merde pour longtemps ! Je veux qu’on me foute la paix ! je fais une désintoxe !!! - Oh ma Mimi !! ne sois pas pessimiste et mauvaise de même ! t’arrives seulement ! Un break de cons d’accord ! mais un break de sexe et de hot night. Que nenni ! Sydney baby ! c’est la fiesta ! - Ouais ben je t’assure que je ne veux plus entendre parler de mec pour un long moment ! qu’ils aillent tous au diable ! tous les mêmes ! Le premier qui s’aventure à venir me jouer de son violon, j’y casse sur la tête, et lui fais bouffer l’archer et les cordes ! Jo s’esclaffe, et acquiesce pour ne pas me contrarier plus encore. - Bon en tout cas, pose tes bagages, prends la clef de ta chambre, et je t’embarque. On sort !! - Yep, j’arrive ma Jojo. J’arrive !
Ma première soirée de mise en bouche fut des plus arrosées. On ne change pas une équipe qui gagne. Jo et moi, c’est un cocktail explosif. La blonde et la brune. Le Ying et le Yang. Le feu et la Glace. Nous deux ensembles dans un même périmètre, c’est le chaos à coup sûr ! Pour la énième fois, je rentrerai complètement H.S, mon corps remplit de 98 % de vodka…Quelle belle entrée en matière pour ce nouveau départ australien.
Le lendemain matin, j’analyse ma chambre que j’avais rapidement entrevu la veille au soir. Un dortoir de 3 lits superposés, soit 6 personnes. Great !...
La clim tourne à fond, c’est l’été à Sydney, il fait 46 degrés dehors. Je n’exagère pas. C’est la vraie température ambiante, un four à pizza le bordel, t’as l’impression d’être une calzone à chaque seconde de ta vie.
Être hangover en Australie, équivaut à une activité sportive de haut niveau. Avec les conditions climatiques, je ne vous ferai pas un speech sur la difficulté de récupération, je pense que vous êtes assez malins pour vous faire une idée du calvaire. Calvaire que j’endurais tant bien que mal à ce premier réveil. Putain de shooter de vodka et de téquila. Ark.
Les cinq premiers jours défilent à la vitesse de la lumière. Visites, plages, terrasses, chilling. Je commence à me détendre et à apprécier mes nouveaux quartiers. Surry-Hills est vraiment chouette, cute et proche de tout. Jo est pas mal occupée à faire du babysitting pour l’une de ses amies. De ce fait, je commence à faire connaissance avec les gens vivants à l’auberge. Il n’y a AUCUN français ! C’est juste INCROYABLE ! Je suis ravie. Enfin dépaysée, c’est tellement rare…
Je m’incruste alors à la table du jardin, ou certains commencent à préparer l’apéro et un BBQ. Ni une ni deux, je rentre dans les conversations, me présente, allume une cigarette histoire de me sentir à l’aise. La soirée est des plus agréables, les gens sont vraiment cools pour la plupart et un petit groupe décide d’aller prendre une bière et de jouer au billard dans un établissement voisin. On me propose de les suivre : Yes ! avec grand plaisir ! enfin de la nouveauté ! J’avoue qu’être française, à l’étranger, ça aide à faciliter les approches ‘’masculines’’. On reste une espèce de fantasme les filles, dans l’esprit coquin de ces jeunes voyageurs. On attise leur curiosité. On a une sacrée force magnétique sans rien faire. 
Croix de bois croix de fer, si je mens…je vais en enfer !
Rentre alors en scène, le deuxième Black-out de ma vie…. Billard….paf Téquila…paf Rires…paf Bagarre….paf Police….paf Insultes..paf Rires…paf Noir complet…paf
Ishhh, ma tête… Bruit de la clim en fond sonore qui tourne à plein régime. J’arrive à attraper mon cell qui juche le sol. 11h30…Fuck… Me faut de l’aspir….oh mon dieu je vais vomir. Je cours aux toilettes, je n’ai pas les idées claires, mon corps vacille. Je me jure de ne plus jamais boire pour la millième fois de ma vie. Je repars me coucher. Je suis dead.
13h30. Je me meurs. Il me faut quelque chose qui décape toutes ces mauvaises choses dans mon estomac. Besoin de boire de quoi de frais et médicamenteux : du Coca-Cola. J’arrive à m’extirper du lit, fonce sous la douche. Ahhhh ! mon reflet dans le miroir est misérable. J’ai le teint vert et blanc. Texto de Jo rentrant : ‘’Coucou, j’espère que tu as passé une belle soirée. On m’a proposé de faire un shift ce soir à l’ancienne place ou je bossais. J’ai besoin de thunes, j’ai accepté. On se capte demain. Brunch ?’’ J’avoue que cela faisait clairement mes affaires. Aucune envie de bouger dans l’état pitoyable que j’étais. ‘’ Parfait ma Jojo, je suis au plus mal, soirée d’alcoolique, besoin de dodo et d’eau…on se voit demain, courage pour le job’’
Je sors de la douche, les cheveux mouillés qui dégoulinent sur mes épaules. J’enfile un sarouel, un t-shirt et boum direction ma survie : le 7/Eleven pour un Coca frais. Il fait 45 degrés dehors, j’ai l’impression de faire une épreuve de survie, digne de Koh-Lanta. J’ai mal au cœur et au foie. J’ai des nausées, j’ai chaud, mes cheveux humides se mettent à friser et gonfler, je ne ressemble strictement à rien…‘’j’ai la tête qui éclateeeee, je voudrais seulement dormirrrrrr, m’étendre sur l’asphalteeeeee, et me laisser mourirrrrrr…je suis STOOOONNNNEEEE !’’ J’arrive tant bien que mal à revenir debout et entière de ma mission commando. Je décide d’aller ingurgiter la boisson remède de tous mes maux devant la télévision, histoire de laisser mon corps la digérer correctement.
Un mec est dans le canapé avachi, fixant l’écran. Je ne l’ai jamais vu celui-là, peut-être un nouveau ? Il me dévisage. Vu la tête que j’ai, j’aurai fait pareil. Je dois faire flipper. Je m’en moque. Je le fixe, lui dis ‘’Hi’’ poliment et me pose à côté de lui. Il est blond-roux vénitien, il a des yeux noisette, il porte un veston orange des gens de la voierie. Il tape nerveusement sur son clavier de cell. On ne se dit pas un mot, on est chacun dans notre bulle. C’est vraiment bizarre, mais en même temps je n’ai tellement pas la force pour faire jasette. Son téléphone se met à sonner. Il décroche. Il parle vite, je ne comprends pas un mot de ce qu’il dit, je mets mon incompréhension sur le dos de ma gueule de bois. Il parle fort, il me tape sur les nerfs, je retourne dans mon lit…en l’insultant de connard dans ma tête. 
Après une longue sieste réparatrice, je décide de me sociabiliser un minimum, puis je suis curieuse d’avoir les retours de notre soirée car je n’ai vraiment pas beaucoup de souvenirs. Je me fais deux toasts de pâte à tartiner, histoire de manger quelque chose…et m’en vais tranquillement sur la terrasse de la cour arrière ou il y a déjà du monde en mode apéro. 
La vie en backpacker n’est qu’un vaste gros apéro à plein temps, tout devient une bonne occasion pour boire. Il fait beau, tu bois ! Une nouvelle personne dans ta chambre, tu bois ! Tu as assez de cash pour te payer de la nourriture autre que des noodles, tu bois ! Bon, t’as compris le principe quoi…
Une chaise est libre et me tends les bras. Je m’installe, tourne la tête et qui je retrouve à ma grande surprise ? Mon roux qui parle fort !! Je ne sais pas si c’est la sieste, mais bizarrement, en l’observant de plus près, je le trouve pas mal cute. Un petit air de Prince Harry…mais en mieux ! Qu’est-ce que je dis-moi… ‘’Fini les mecs !! ‘’ Tu te rappelles déjà plus ce que tu as décrété il y a une semaine ? Je suis définitivement irrécupérable. C’est le moment de sortir cette formule qu’on aime à dire pour justifier le fait qu’on ne tient pas ses engagements : ‘’CARPE DIEM’’. Le fameux joker ultime qui te déculpabilise de presque tout ! Bon…je vais juste le regarder sans rien dire. Si c’est lui qui entame la discussion, et bien…CARPE DIEM !
L’esprit d’Horace m’a entendu, et à exaucer ma prière. Le beau roux vénitien, pose son regard sur moi, me fixe et décide de me parler. Ce que j’avais oublié, c’est que l’après-midi même, je n’avais rien compris de ce qu’il avait dit au téléphone, en pensant que c’était la faute de ma gueule de bois et que mon cerveau avait refoulé l’anglais…mais il n’en était rien. En vrai, son accent était juste INCOMPRÉHENSIBLE !! Tous les mots prononcés sont dénués d’articulation, et pour moi petite frenchie qui maintenant se débrouillait pas mal en anglais, j’avais l’impression de rétrograder dans mon bilinguisme. Je ne comprenais rien… Je n’avais donc qu’une seule solution qui s’offrait à moi pour faciliter l’échange cordial entre nous : me servir un verre d’alcool ! Ah oui, j’avais oublié, en backpacker, si tu veux communiquer sans inhibition et sociabiliser dans une autre langue que la tienne : TU BOIS ! tu peux rajouter cela à la liste établie plus haut.
Il s’appelle Zack, il vient d’une petite ville proche de Liverpool au Royaume-Uni. Une pure laine d’anglais celui-là, avec un accent à couper au couteau. Le genre d’accent qui fait que tu sembles parler avec une patate chaude dans la bouche. Mais qui te rend pas mal sexy, et te donne un côté Bad boy…et il ne m’en faut pas plus que cela pour me voir rejouer le film Hooligans avec lui. Imagination quand tu nous tiens !
Au fur et à mesure de notre discussion, il me fait part que je suis la première Française qu’il rencontre de sa vie toute entière. Il me demande si c’est vrai que nous mangeons des cuisses de grenouilles, me dit qu’en UK, on nous surnomme Frogs à cause de cette légende urbaine, il veut savoir comment c’est la France, pourquoi je suis en Australie et au final me demande si je me suis remise de ma soirée d’hier… humm pourquoi ? Comment sait-il que je suis sortie hier ? et que je n’étais pas du tout à mon avantage au réveil ce matin? Je décide de le questionner à mon tour.
Zack se met à rire, et m’explique calmement le sens de sa question. En effet, la veille, lorsque je suis rentrée ‘’mal en point’’, il était dans le salon de l’Auberge avec une coupe d’amis. Apparemment, je suis arrivée avec deux autres filles, en riant très fort et en simulant ce que j’aurai fait aux policiers s’ils avaient décidé de ne pas nous laisser passer au coin de la rue…bref une belle aventure de pocharde ! Mon Dieu ce que je me sens stupide… et Zack me déblaie cela avec le sourire au coin des lèvres en me confiant qu’il n’aurait jamais miser un sou sur le fait que je sois française. Il ne devait pas penser que les françaises pouvaient être de vraies sauvages. Il croyait certainement qu’on était toutes des petites parisiennes Bobos chics hautaines et coincées. Une légende de plus que je viens de briser !
Cette belle représentation théâtrale de la veille, me vaut donc une invitation à sortir après le 5 à 7 qui se déroule dans la cour de l’auberge. Plusieurs personnes vont se rendre dans le centre de Sydney pour aller dans un bar de nuit faire la fête, et Zack suggère de me joindre à eux. Il insiste sur le fait qu’il aimerait vraiment que je fasse don de ma présence : à cet instant, je ne sais pas si c’est pour amuser la galerie, ou si c’est simplement parce que je commence à lui plaire. Mon état physique étant plus proche de ‘’Feel as shit’’ que de ‘’I’m a fucking bomb’’…je décline gentiment l’invitation en prétextant la fatigue et la nausée persistante. Une moue boudeuse apparaît sur sa baby face, et vient me faire culpabiliser. Ce n’est pas vrai qu’il va réussir à me faire sentir mal celui-là, au bout de quoi… 40 minutes de conversation ! Je ne le connaissais même pas encore ce matin. Non, non et non, Marine tu t’étais juré de faire un break de mec, c’est le moment de te prouver que tu n’as définitivement pas besoin de ce genre d’histoires pour être bien ! 
Du balai, Jeune Rosbeef, Froggie reste au calme ce soir et c’est tout !
Nous continuons donc à papoter de tout et de rien jusqu’à l’appel final des troupes pour la suite de la bataille. Je finis ma cigarette et mon verre tranquillement en me délectant de ma soirée cocooning qui s’en vient, au calme le plus total puisque presque toute ma chambrée s’encanaille ce soir en ville. Une autre chose à savoir sur la vie en backpacker, c’est que lorsque tu dois partager ton espace intime avec 5 autres personnes qui t’étaient encore inconnues il y a peu, tu sais apprécier à sa juste valeur les moments de solitude rarissimes lorsque la vie t’en octroie un ! Seulement, ce ne sera encore pas pour moi ce soir, puisqu’au moment où je rentre dans ma chambre dans l’optique de mater un épisode de ‘’How i met your Mother’’, tranquille posée, on m’attrape par la taille, me tire en dehors, me jette sur une épaule et me porte jusque dans la rue comme un vulgaire sac de patates. Je me fais embarquer dans un taxi, sans avoir le temps de dire ‘’ouf’’, en pyjama / claquettes, les cheveux en vrac sans mon sac à main...donc sans le sou ! PUTAIN!! JE ME SENS COMME UNE VOITURE QU’ON VIENT DE CAR-JACKER, JE N’AI RIEN COMPRIS !
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payetonjournal · 6 years ago
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“Puisque que l’on ne peut pas prendre de verre, quelques précisions”
|Harcèlement moral et sexuel, grossophobie|
Je suis empêtrée dans un truc qui m’échappe complètement. L’an dernier, l’un des chefs d'édition de ma rédac, dont je suis plutôt proche pour le connaître depuis des années, m’écrit sur Facebook en MP que je lui plais et qu’il n’arrive pas à me le dire au boulot. Appelons-le A. J’étais super gênée dans la mesure où ce n’était pas réciproque.
A. était quasiment assis à côté de moi dans l’openspace. Mais je n’étais pas franchement surprise compte tenu de son comportement : me lancer des regards lubriques, faire des remarques à voix haute sur mes fringues ou encore poser les mains sur mes cuisses quand on discutait assis sur nos chaises pendant les apéros de fin de journée. C’était super gênant pour moi. Aussi, j’ai fini par lui répondre (toujours sur Facebook) que j’avais quelqu’un dans ma vie et j’en ai profité pour lui demander d’arrêter tout ce que je décris plus haut.
A. me répond que ce que je lui dis est grave et que l’on devrait prendre un verre pour en parler. Je refuse. Un soir, je reçois sur ma boîte mail perso un mail de A. Il écrit “Puisque que l’on ne peut pas prendre de verre, quelques précisions”. En pièce jointe, un fichier PDF. A avait écrit une lettre super violente. Il y affirme, entre autres, que je le taxe de harcèlement moral et sexuel, qu’il apprécie mes fringues et qu’il n’aurait jamais imaginé que ça le rendrait suspect, qu’il ne pensait pas ce qu’il disait ce soir là, que je ne suis pas son style de femme, que regarder une femme n’est pas un délit et que je suis une “starlette maniérée” entre autres joyeusetés. A. écrit aussi que lui et moi avons vécu une relation et qu’une ambiguïté a subsisté. J’ai halluciné dans la mesure où ce n’est pas vrai.
Je me suis rendu compte que A. n’écrivait pas vraiment cette lettre pour moi mais pour se protéger au cas où. À la fin, il écrit que si j’espérais ne pas recevoir cette lettre, j’aurais dû accepter de prendre un verre avec lui. Le lendemain, j’arrive au boulot la boule au ventre. J’en parle à mon propre chef de section avec qui je m’entends super bien à l’époque. Appelons-le B. Ce dernier me dit qu’il peut intervenir mais je lui dis de laisser tomber. Je ne veux pas que cela devienne une « affaire ». J’en parle aussi à deux nanas en qui j’ai confiance dans l’openspace au cas où ça dégénérerait. Je demande aussi à changer de place dans l’openspace.
Quelques mois plus tard, A. me fait ses excuses. Je les accepte et me rends compte aujourd’hui que je n’aurais pas dû laisser passer. Aujourd’hui, ma relation avec B. s’est détériorée. J’apprends il y a une semaine qu’il est allé raconter à qui voulait l’entendre que j’avais accusé A. de harcèlement sexuel auprès de la direction du journal. Ce que je n’ai justement pas fait. Dans la mesure où il m’est arrivé de reprendre des verres avec A., il a réussi à me faire passer pour “la fille qui crie au loup” (ce sont ses propres mots sortis pendant mon entretien professionnel annuel avec lui).
Il est aussi allé dire à mes voisins de bureau que je les trouvais malsains. Tout ça à cause d’un désaccord entre nous pendant lequel il a sous-entendu par trois fois que je voulais lui piquer son boulot de chef. Si A. et moi ne nous parlons plus, B. s’est servi de cette histoire pour me “saboter” au sein de cette rédac entre autres méfaits qu’il serait trop long de raconter ici. J’aurais dû être prudente. D’autant plus que le caractère misogyne et sournois de B. m’avait déjà plusieurs fois choqué. Pour exemple, à mon arrivée à la rédaction, en parlant d’une autre cheffe qui est sa grande amie mais qui était  absente à ce moment là, il me sort : “Tu verras, elle est cool. Elle est grosse mais c’est ma copine”. J’étais choquée mais je n’ai rien dit...
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3moisauboutdumonde · 6 years ago
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You say goodbye, and I say hello
3 mois plus tard nous y voilà ! Il est l’heure de dire au revoir à la Nouvelle-Zélande et de regagner le bercail. Au programme :
Départ : 5/01, 18h heure locale, soit 6h heure française
Arrivée : 6/01, 20h heure locale, soit 8h en Nouvelle Zélande… le 7/01
Donc, pour résumer, et les matheux pourront me corriger au besoin…. On a 38h de voyage devant nous. Cool. Cool cool cool. Cool cool cool cool cool cool. Cool.
MAIS ON EN EST PAS ENCORE LA.
Tout d’abord, réveil fraîcheur à The Attic Backpackers. La nuit a porté conseil et on s’est dit que si on rentrait les mains vides notre entourage allait nous déshériter, donc on reprend la route des boutiques souvenirs après avoir fait un emprunt à la banque. Une razzia sur les portes-clés et les t-shirts de rugby plus tard, nous retournons à l’auberge pour essayer de faire rentrer tout ça dans nos valises. L’avion n’est qu’à 18h, ce qui nous laisse le temps de profiter une dernière fois d’un resto de la ville. On boucle donc nos valises avant de les stocker à l’auberge et de se rendre dans un délicieux petit restaurant : le Chawla’s Indian Restaurant.
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Comme le veut la tradition on se fait péter le bide (sans prendre une seule minute en considération le fait que l’on va être confiné dans un espace restreint avec des dizaines d’autres passagers qui n’ont rien demandé et seulement 4 toilettes publics. muhehe, ça va être bin l’fun !). On profite de ce temps un peu calme pour faire les plus et les moins de cette splendide aventure entre soeurs. Et donc...
Les moins : cette foutue sortie kayak à Abel Tasman où nos liens ont été mis à rude épreuve, la madame qui ne savait pas conduire à Fox Glacier, le moment où le bus est tombé en panne et où on a cru qu’on allait mourir à Milford Sound (bon après on a eu de la bouffe gratuite donc c’est un tout petit moins), Star Wars épisode XVIII (parce que honnêtement ils auraient pu faire bieeeen mieux), la traversée à vomir (littéralement) entre l’île du Nord et l’île du Sud
Les plus : S’être baignées mi-décembre à Hahei, Bob - son bob et ses oeufs à Cap Farewell, Noël au sommet de la montagne au milieu de nulle part (et accessoirement s’être bien dépassée avant)(et le petit-foie-gras-accompagné-de-sa-petite-bouteille-de-sauvignon surprise), le massage et les sources chaudes du nouvel an à Hanmer Springs, les câlins à Roxy, pouvoir dire qu’on est allé à Hobbiton !, avoir chanté “Aux champs Elysées” dans une grotte avec des glowworms, les sources chaudes et le ciel orageux de Taupo, cette soirée d’hystérie à l’Observatoire de Wellington, la beauté des paysages vers Tekapo, et puis surtout… avoir pu faire tout ça ensemble. ………… BON OK, ça on l’a peut-être pas dit, il n’empêche que c’est vrai. Quelle chance d’avoir pu partager ces aventures - mauvaises comme bonnes - entre soeurs !
Mais l’aventure touche déjà à sa fin (quoiqu’on a encore une aventure de 38h qui nous attend), et il est temps de rentrer. Plusieurs personnes m’ont déjà demandées si j’étais triste de quitter la Nouvelle-Zélande, mais la Nouvelle-Zélande ne me quittera vraiment jamais… ça va j’déconne ! La réponse c’est que oui, forcément un peu, parce que je sais que ce que j’ai vécu ici je ne suis pas prête de le revivre de sitôt, et en m��me temps non, parce que justement, tout ce que j’ai vécu ici m’a donné la force et l’envie de voir les choses différemment et de me bouger les fesses en France.*
* Edit : Oui alors quand je suis rentrée j’ai quand même fait 4 moins de dépression post retour, en PLS sur le canapé, sans savoir comment reprendre ma vie en mains HAHA
QUOI QU’IL EN SOIT, on en est pas encore là. Pour le moment on récupère nos sacs à l’auberge et on part en direction de l’aéroport. Dernier selfie sous la pluie
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et c'est parti, bye bye Auckland ! Enregistrement des bagages, traditionnelles bêtises et séances photos des soeurs Debiez dans l'aéroport, embarquement, derniers bisous par le hublot à ce doux pays qui m’a accueilli pendant 3 mois, décollage… Au revoir la Nouvelle-Zélande.
J’ai 20 h pour pleurer devant moi.
Oui oui, 20 h.
Fort heureusement, après 3h30 de vol on fait un stop à Brisbane avant de repartir pour Dubai. L’occasion de se dégourdir les jambes en cherchant les toilettes de l’aéroport, de prendre des nouvelles du monde avec le wifi (oui papa on est sur le retour ! Allume l’appareil à raclette !), et de faire ami-ami avec les autres passagers de l’avion dans l’espoir de pouvoir changer de sièges et s’assoir à côté avec Oriane. Bon cette dernière partie marche très moyennement… En même temps qui veut lâcher une place avec hublot ou couloir pour la place de la sardine, au milieu de la rangée ? Certainement pas cette dame, qui lorsque l’on remonte dans l’avion me dit “J’aurais bien échangé avec vous, mais j’ai besoin du hublot, je suis malade en avion” juste avant de fermer le-dit hublot, de sortir son coussin gonflable, ses gâteaux apéros, son casque et de plonger dans la sélection de films proposée par Emirates. Not such luck de mon côté, les 15h de vol qui nous séparent de Dubai s’étendent et s’étendent, et même les quelques films et la pluie de nourriture ne parviennent pas à faire passer le temps. Au bout d’une dizaine d’heures, alors que la plupart des passagers dorment, je décide d’aller me dégourdir les jambes. Quand, entre deux classes, je tombe sur un point ravitaillement j’en profite pour taxer un kit kat à un stewart. On en vient à échanger sur nos vies, et il doit lui aussi sacrément se faire chier, car il me propose alors de me faire visiter la 1ère classe, A L’ETAGE.
Je vous laisse imaginer le tableau : un jeune stewart, vêtu de sa tenu Emirates (donc en mode BG quoi), fait visiter le niveau des riches à une petite paysanne, pauvrement vêtue de son jogging, son pull IUT Nancy Charlemagne qui a subit le passage du temps. Ses yeux injectés de sang sont soulignés de charmantes cernes naissantes et ses cheveux gras luisent sous chaque lampe projetant leur faible lumière. Eh oui, parce que marraine la bonne fée qui te crée un costume en moins de deux pour aller fréquenter la fame ça n’arrive qu’à Cendrillon. Je vous explique même pas les regards interrogateurs des autres stewarts et hôtesses de l’air en me voyant arriver fraîche et pimpante au 2è étage.
Mon poto de voyage ne se démonte pas et me fait donc visiter le mini bar, puis la business class (vous saviez qu’on pouvait s’y allonger ??), puis la first class (vous saviez qu’on pouvait s’y allonger ET avoir des petits box pour ne pas être dérangé ????), PUIS LA DOUCHE AU BOUT DE LA FIRST CLASS. Y’a même un sèche-cheveux putain. On repasse dans l’autre sens sans un bruit pour ne pas réveiller les 10 premières fortunes du monde. De nouveau au mini-bar il me propose un cocktail, et il me faut bien tout ça pour me remettre de ce que je viens de voir. On continue de parler, et avant de descendre rejoindre ma place parmi le petit peuple, mon ami d’Emirates m’invite à me mettre derrière le mini-bar pour une photo souvenir.
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I shit you not.
Grand prince, il m’offre même des réserves de bouffe à partager avec Oriane quand elle sera réveillée. Monsieur le Stewart je ne vous oublierai jamais (ou juste votre nom alors). Merci d’avoir rendu ce trajet un peu plus supportable et beaucoup plus improbable, c’était un joli plot-twist !
Après de looooongues heures, on finit par atterrir à Dubai. Il est 5h30, mais honnêtement je n’ai plus vraiment de notions de temps. Après tout, je suis en train de vivre 3 jours en 2 et mon cerveau a bien du mal à appréhender ce bordel. J’aurais du regarder plus d’épisode de doctor who. Il est donc 5h30 quelque part dans ce monde, et tout ce que je sais c’est qu’on à 9h devant nous avant le dernier vol qui nous ramènera à Lyon, et que je suis bien fatiguée. On cherche donc le spot le plus adéquat à la sieste et l’on finit par trouver des “chaises longues”, mais rien n’y fait c’est moins confo qu’à la plage.
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En PLS, en S, en PL, en boule, sur le ventre, sur le dos… J’essaie toutes les positions mais rien n’y fait, toutes les particules de mon corps ne réclament qu’une seule et unique chose : un matelas. En me voyant mon agitation, un gars à ma droite essaie d’engager la conversation. Pas de chance, il est australien et mon cerveau est frit. On arrive à échanger deux trois phrases bateau avant qu’il lâche l’affaire et se rendorme. A l’aube, les hauts-parleurs de l’aéroport se déclenchent pour délivrer la prière du matin, et c’est à peu près le moment où j’arrive à voler un peu de sommeil. On tue le reste du temps en se baladant dans les halls immenses de l’aéroport de Dubai (c’est tellement grand qu’on ne repasse même pas par là où j’étais à l’aller), puis en squattant le wifi et un pilier avec des prises. Quelques heures plus tard, on se tape une balade de santé de 30min rien que pour rejoindre la zone où se trouve notre porte d’embarquement. Amassée, les traits tirés, et aussi pressée que nous de rentrer, se trouve la moitié de la région Rhône-Alpes.
Nos neurones sont en train de se dissoudre lentement dans un jus de cerveau coupé au Mountain Dew quand on embarque enfin. La 3e et dernière étape de notre trajet peut commencer. Et sans surprise, ces 7 h sont un pur calvaire. Mon corps fait un rejet de greffe de fauteuil du milieu de rangé, et après avoir joué à faire coucou à Oriane de l’autre côté de l’avion, je me retrouve à nouveau à faire les cent pas dans les allées de l’avion. Ma soeur me rejoint et on essaie de passer le temps comme on peut. A mis chemin, alors que je suis en PLS dans le couloir et que j’en viens à me demander où se trouve les parachutes dans cet avion, un jeune homme tente sous nos yeux ébahis l’incroyable tour de draguer une hôtesse tout en demandant de l’alcool. A son accent on comprend qu’il est français, à sa démarche et son haleine qu’il est bourré. Lucky us, il capte qu’on est française aussi et malgré les vagues de haine déferlant de mon petit corps tremblant de fatigue, il décide de venir nous parler. Et comme le ferait tout bon con bourré et français au milieu d’un couloir d’avion, s’adressant à deux jeunes femmes déjà passablement au bout de leur vie, il décide de nous parler de bitcoin. DE BITCOIN PUTAIN. Est-ce que c’est le moment ? Est-ce que c’est vraiment le moment ever d’ailleurs ? Avant qu’on ne puisse ouvrir la porte de secours et l’évacuer comme il se doit, un stewart intervient et nous demande de dégager le couloir et de regagner nos places. Ah ! Serait-ce l’heure du goûter ?
A ma grande surprise cet interminable vol touche néanmoins à sa fin quand nous arrivons à St Exupéry, et j’aurais presque envie d’embrasser le.la pilote tellement je suis soulagée ! Dernier petit coup de speed quand le sac d’Oriane n’arrive pas à l’endroit où l’on récupère les bagages. Ce qui ne me perturbe pas plus que ça étant donné que je dors à moitié sur mon propre sac.
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Mais tout est bien qui finit bien, Oriane récupère son sac, on passe le nouveau contrôle des douanes totalement automatisé - à peu près aussi intense que Fort Boyard -, puis on retrouve les deux meilleures taxi de la planète : Joanna et sa mère. Encore un petit effort et nous voilà à Chassieu. Same old town, same old house, and more importantly same old bed…
Feels good to be home.
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forayoff · 3 years ago
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Journal de la revanche pornographique dernier show au Havre, un cargo pour l’Amérique centrale.
La 13ème édition de Chansons Primeurs est finie. Je suis de retour chez moi, j’enchaine avec un concert au Trianon. Je suis fatigué mais heureux, j’ai encore les chansons de chacun en tête et je me surprends, le vague à l’âme, à chantonner des refrains qui n’existent nulle part ailleurs que dans ma mémoire immédiate. Hier, nous avons clôturé la tournée par un concert au Théâtre de la ville du Havre. Comme je l’ai déjà dit dans mon précédent journal, il faisait beau sur la cité Océane, nous en avons profité pour nous balader paisiblement parmi les immeubles en béton du centre ville. Thierry s’était chargé de nous trouver un restaurant sympathique pour déjeuner, c’était, selon ses dires, le spot de rencontre des personnalités du show biz, il n’était pas rare d’y croiser Little Bob, Maylis de Kerangal, Guillaume Hoarau, et même Luc Lemonnier, avant que son dickpick ne lui coûte son poste de maire. Et bingo, à peine installés à l’étage, nous tombions nez à nez avec l’équipe de la Rue Kétanou en train de se restaurer en chantant des airs de marins altermondialistes. Après leur avoir intimé de fermer leurs grandes gueules, Ignatus s’installa à son tour et commanda pour tous le menu de la mer, tout en guettant du coin de l’oeil, les faits et gestes de nos voisins de table. Encore une fois, la concurrence était rude, deux concerts de chanson française, le même soir dans la même ville, nous allions devoir nous battre pour une audience ! La vie ne fait pas toujours de cadeaux. J’ai toujours eu du mal à comprendre l’expression la fin justifie les moyens. Mais maintenant j’en ai enfin saisi le sens. Pendant tout le repas, Ignatus resta mutique et concentré. Visiblement il préparait quelque chose et rien ne pouvait le détacher de sa mission secrète. À la fin du repas, il envoya discrètement deux ou trois textos, puis se leva d’un bon, un petit sourire aux bords des lèvres. Il proposa alors à Mourad de se faire un petit apéro sympa et festif sur le port, avant nos shows respectifs. Il connaissait un lieu éthique et responsable qui leur plairait beaucoup. L’équipe de la Rue Két se réjouissait à l’avance de passer un moment conviviale avec nous. Ignatus devait les rappeler pour fixer un horaire. Il alla payer et nous partîmes dans la foulée, en ne manquant pas de saluer cette joyeuse bande d’intermittents. Là dessus, Ignatus nous octroya un quartier libre, chacun pouvait aller faire ce qu’il voulait. Il fallait juste que nous soyons à 18 heures au théâtre pour un simple line check. Personne n’osa parler de l’apéro. Comme si l’info n’avait été qu’un songe, une formalité amicale qui ne se produirait en fait jamais. un peu comme quand quelqu’un vous dit « je vais essayer de venir à ton concert »; une formule de politesse qui relève de l’oxymore. Comme je connaissais déjà la ville, je décidais d’aider Patrice au théâtre, celui-ci avait un peu de taf de calage à faire en amont. Je m’écroulais sur le canapé en peau de bête du catering pour n’en ressortir qu’une heure plus tard. Le dos de cabillaud au beurre blanc et son accompagnement frites avaient eu raison de moi. Je retrouvais Patrice qui arpentait la scène, en faisant comme à son habitude des petits bruits de bouches et des onomatopées afin de débusquer les fréquences et les buzz en tous genres qui peuvent nuire au bon déroulé d’un spectacle vivant. Sitôt fini, il sorti et accorda toutes les guitares, en me jouant automatiquement sa version de « Jealous Guy » de Lennon. Il s’arrêtait toujours à la fin du premier couplet, en se demandant si le Em était en réalité un Em7. À mon tour, je pris ma guitare et nous partîmes dans un boeuf de malade autour de nos morceaux préférés. Je ne pense pas qu’on en ai terminé un seul, sans le massacrer. Mais on a bien rigolé. Les autres arrivèrent petit à petit, un peu avant 18 heures. Ils étaient allés faire une grosse balade à travers la ville avec Thierry comme guide touristique hors pair. Ils avaient marché du quartier de l’Eure à Saint Adresse, en passant par la forêt de Mongeon, sans oublier bien sur, la fameuse rue des Tourelles, là où il vit le
Jour, un 18 juin. Ignatus nous rejoignit peu après, léger et guilleret, il faisait des jeux de mots à qui mieux mieux. Tout se passait bien, nous enchainions les balances dans une détente sincère et expérimentée. C’était à mon tour, et là bam, la tuile du destin me tomba en pleine face. Ma guitare, jusqu’ici plutôt serviable, n’émettait plus aucun son amplifié. J’eus beau triturer le volume dans tous les sens, mettre des piles neufs, le micro ne voulait plus rien savoir. Dans ces moments, vous sentez qu’il monte en vous cette petite alarme de panique, qui vous envahit le corps, l’esprit et qui devient aussi contagieuse que le variant Omicron. On chercha une solution collectivement. Je faisais les cent pas sur le plateau, suivit par Ignatus, qui me répétait « alors tu vas faire comment? » Alexis, Thierry et Abel, me proposèrent spontanément de me prêter leur guitare, c’était super gentil mais comme je suis gaucher, leurs offres ne menaient à rien et m’enfonçaient encore plus dans l’abîme de la loose. Il était 19h14, le concert était prévu à 20H. Soudain, un éclair me traversa, j’avais peut être la solution. Mon ami Erwan devait venir nous voir, il est guitariste, gaucher, naturiste. Vite je lui laissais un message. Il me répondit dans la foulée : « Panique pas, je prends mon camion et j’arrive, je ne laisserai jamais tomber un gaucher, tu m’entends ? ». Un quart d’heure plus tard, il débarqua au théâtre avec sa Taylor, je fis un rapide essai, hallelujah, j’étais sauvé.
Nous fumes surpris d’avoir autant de monde pour une première au Havre, même que les gens étaient un peu different de d’habitude, beaucoup étaient pieds nus, habillés de sarouels. Tous nos regards se tournèrent vers Ignatus. Avec son air malicieux, il nous avoua qu’on pouvait remercier la Rue Ketanou. Ceux-ci demeuraient introuvables depuis le fameux apéro sur le port, l’équipe du Magic Mirror avait été contraints d’annuler leur show. À l’heure qu’il était, ils étaient quelque part en mer sur un navire de charge et quand ils se réveilleraient, ce serait sûrement en Équateur ou à Panama.
Ainsi s’acheva la tournée de chansons Primeurs. Nous étions heureux et fiers du chemin accompli. Entre larmes et fous rires, nous nous sommes promis de nous revoir très vite, de garder cette petite étincelle de joie qui s’était allumée dès les premiers moments au gite, il y a 15 jours.
Je tiens à remercier chaleureusement Ignatus, pour tout cela, son sens du management et ses contraintes créatives qui nous ont tous bousculés vers les vertes vallées de la félicité collective. Merci à mes compagnons, amis et collègues. Vous me manquez déjà. Merci à Erwan pour ta guitare et ta gentillesse (vous pouvez participer au financement de son prochain EP ici : https://fr.ulule.com/shubni-the-gearing-machine/ ) merci au public de curieux, aux salles partenaires de ce projet de fou. Longue vie à vous et à Chansons Primeurs.
Je vous embrasse, à très vite, Foray
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mercitherese · 3 years ago
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Chronique 35 // On ne sort pas avec les anti-vax
Il y avait ce mec, là, Paul. Je l’avais vu deux fois déjà, en terrasse. Grand, bien foutu, métisse, les yeux sombres et des cheveux. Mais la dernière fois , je le sentais un peu distant. J’avais l’air de lui plaire hein… mais il râlait beaucoup. Contre rien, contre le monde. Il m’avait prévenu : « moi je vois le verre à moitié vide »
Et bah merde, tout ce que je déteste. Moi quand ça va pas j’écoute de la hard tek et ça va mieux en une minute trente en général. 
En plus de râler, monsieur remettait son masque entre les gorgées de son vin. Je me suis sentie insultée. Il avait fait ça quand je lui racontait ma soirée de la veille… 
Comment tu veux qu’on couche ensemble si tu prends déjà tes distances sanitaires en terrasse?
Il me faisait des allusions pourtant : il cherche un truc léger avec moi, je comprends qu’il a envie de passer à l’étape supérieure. Mais il compte garder son masque au lit ou quoi???
Bref, je me lasse. Sans le vouloir vraiment, je ne réponds pas à son dernier message et il se décourage. Quelques semaines plus tard, j’en viens à commenter une de ses stories. Il se dit surpris, pensant que je lui avais foutu un vent de l’espace. Il m’avait même « unfollow » pour ne plus voir ma vie dans son feed… ah ouais !! Intéressé le mec. Je lui dis que je suis prête à le revoir s’il veut, que de mon côté j’avais juste la tête ailleurs. On convient d’un lundi soir, soir des rencards comme avant le Covid 
A l’approche de l’heure, j’hésite. J’ai envie de rentrer voir mon chat. Je lui dis que je serai toutefois prête à 19h et qu’il peut choisir le bar. Mais voilà qu’il me propose un apéro en plein air sur les quais… car il n’a pas fait de PCR. Ah oui, j’oubliais qu’il n’était pas vacciné ! Il m’avait fait part de sa théorie du complot la dernière fois et ça m’avait bien pris la tête. 
Apéro sur les quais alors que les bars sont rouverts et qu’on peut enlever son masque ??? Surement pas… j’essaye de freiner la connasse qui monte en moi. J’accepte et je lui dis : « ok mais je mettrai pas mon masque » (car oui, sur les quais c’est obligatoire)
Il me répond quelque chose que je n’avais pas vu venir : après m’avoir dit « rebelle », il me sort : « ok mais si je meurs tu auras ma mort sur la conscience » Pardon??? Dit le mec anti vax quoi ! 
Il continue avec une tirade sur le vaccin pas fiable et le fait qu’à Orléans les gens comprennent pas qu’il faut mettre le masque partout… il finit en disant « t’inquiète on pourra en parler de vive voix toute a heure si tu veux »!
Euh bah non, plus envie du tout. J’annule sans regrets
Personnellement j’ai payé assez cher physiquement mon vaccin et je compte profiter des plaisirs charnels de la vie, sans masque si possible. Bonne continuation ! 
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faintrenie · 4 years ago
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L’AMOUR CONSO
Pour celles et ceux qui ont déjà bien entamé leur vie, la chose est assez claire. Rencontrer l’amour c’est difficile. Et on sait désormais que ça n’arrive quand même pas tous les quatre matins. 
Donc, se retrouver célibataire à 40, 50, ou 60 ans, ça fait carrément flipper ! 
Heureusement, notre bonne vieille société de consommation a trouvé LA solution : vendre l’amour !! Sur des sites de rencontre !!! 
Et c’est comme ça que vous vous retrouvez inscrit sur MeetAPony, à consulter un catalogue de photos (plus ou moins réussies d’ailleurs), au milieu desquelles vous espérez découvrir votre âme soeur... 
Vous faites défiler ....des têtes, des photos du chien, et des têtes, des photos du chat, et des têtes... vous en avez le tournis... allez, un petit apéro, ça va vous donner du coeur à l’ouvrage.... 
Réception du premier mail : ‘Lapincâlins12’ vient de vous écrire... 
Vous ouvrez, le coeur battant : ‘Cc ça va t fé koi ds la vi mon fone 0612240688′
Ah oui, pour le coup de foudre et le grand frisson, c’est pas encore ça ... mais vous êtes philosophe, ça peut pas marcher du premier coup, vous buvez un petit coup et vous zappez.
Deuxième message de Batmanducantal : ‘Bonjour madmoiselle, excusé moi de vous dérangai mais j’ai flash sur ta foto et votre profil et avons de points communs’
Vous ouvrez Google translate, avant de réaliser qu’il s’agit juste de quelques difficultés d’élocution écrite...mais de toute façon, vu que vous n’avez pas encore rempli le dit profil, que vous êtes bien là pour qu’on vous dérange justement, et que ça fait 30 ans qu’on ne vous appelle plus mademoiselle...vous zappez et vous vous resservez un petit verre...
Troisième message de Belinconnu33: ‘Homme dans la fleur de l’âge. De bonne compagnie, je fais très attention à mon hygiène. Je possède une maison, une voiture, un chien, un  garage et je gagne un bon salaire’
Non, mais y se croit à un entretien d’embauche çui-là ou quoi ? Vous zappez et vous vous resservez un petit apéro ...
Quatrième message de câlinscoquins69 : ‘salut, je suis Sébastien, courtois et bien élevé, je recherche une compagne discrète pour moments sexy sans prise de tête. Ne répond qu’aux annonces avec photo...
Pfff...vous zappez, allez, un petit verre de vin pour faire passer tout ça... 
Cinquième message : ‘Cc on peut faire connaissance ’ 
Ooooouuuuuf, ça y est le voilà enfin le futur élu de votre coeur ! D’accord, vous le trouvez moche et vous ne savez carrément rien de lui, mais au moins il a l’air normal et de toute façon vous êtes complètement bourrée... 
Un petit échange commence et la décision est prise de se rencontrer. 
Vous vous pointez sur le lieu du rendez-vous... votre coeur bat la chamade, vous êtes peut être à un tournant décisif de votre existence, en train de vivre vos derniers instants de célibataires ....
Quelqu’un vous fait signe...
???...???...
Coucouuuu !! 
???????......???????????
En y regardant de plus près, vous le reconnaissez, oui, c’est sur, y a un air... mais ...comment dire, c’est lui et c’est pas lui.... c’est lui ....mais comme qui dirait, dans le futur...en plus vieux quoi.... 
En plus, il avait précisé qu’il faisait du sport, ça vous avait bien plu d’ailleurs, un mec qui se laisse pas aller....mais vous regrettez de ne pas avoir davantage creusé la question...quel sport peut bien faire grossir à ce point...???
 Et puis, vous aviez bien précisé que vous aimiez les hommes un peu élégants...mais là il est en short, mmmmmffffffff ....chemise hawaïenne des années 70, boouuhhhhh , pas repassée, aaargnnnn, tiens il manque un bouton ....et ....et....il...est...en ... tongs..., ouuuuiiiinnnnn, vous sentez la dépression qui monte... parce que vous, de votre côté, vous êtes comprimée dans un jean sexy, un chemisier à la mode acheté la veille pour l’occasion, et perchée sur des escarpins hyyyyper féminins mais hyyyyyper  inconfortables.... 
Bref, au point où vous en êtes vous acceptez quand même de boire un verre, ça vous remontera le moral. Vous commencez à discuter, sans grand intérêt ....et pendant ce temps votre cervelle mouline .... c’est quand même le seul avec qui vous avez pu un peu discuter, et ça vous angoisse tellement de finir votre vie toute seule.
Alors du coup, quand il essaie de vous rouler une pelle, vous fermez votre clapet et vous ouvrez la bouche... beeeeuuuurkkk !
Ahhhhh !!! L’amouuuuuur !!! 
Cette histoire est dédiée à toutes mes copines célibataires ou en passe de le redevenir !! Vous valez mieux que ça ! 
Avec toute mon amitié. 
PS: la ressemblance avec la réalité n’est pas du tout fortuite et involontaire. Il s’agit de vrais textes glanés dans le top 10 des échanges sur sites de rencontre.
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mr-fishs · 7 years ago
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Apéro, 17h00 / 13.02.2018
j’étais à l’apéro avec mon père et ça m’a inspiré. du coup j’m’explique, quand j’étais gamin je comprenais pas pourquoi mon père allait a l’apéro et qu’il rentrait jamais a l’heure pour dîner. ma mère braillait, mon père trouvait des excuses pourries et moi je disais juste : « euh, j’ai rendez-vous à 13:00 » et puis j’ai compris. Et oui, depuis mon plus jeune âge j’ai été à la bonne école et à l’apéro le week-end. Enfin, à la bonne école, j’sais pas vraiment mais l’apéro, quand même c’est convivial non ? Tu vois tes potes, tu refais le monde et tu bois quelques canons. Et le problème survient là - « quelques canons » ¨ Si j’définis quelques canons avec les quelques personnes qui viennent à l’apéro ça peut être dis comme ça :
-Ouais 2-3jus, après j’ai le dîner chez la belle-mère et faut surtout pas arriver en retard.- Là, c’est vraiment la merde, il doit vraiment être à l’heure et en plus sa douce vipère est déjà chez belle-maman donc il va réellement en boire deux et la troisième elle sera clairement bu en vitesse, car jamais deux sans trois.
-Alors moi, j’suis pas pressé et j’ai rien à foutre de toute la journée, enfin de tout le weekend.- Bon, on va pas se mentir, si t’as aussi rien à foutre de tout le weekend et que pour des raison évidentes t’es célibataire, ça va être ton partenaire de la boisson, ça va être sportif, les bars parallèles et tu risques clairement d’être pas très bien les jours à venir, mais par contre, il sera toujours là pour te rassurer et te dire cette phrase : « Ah, t’es mal ? Bah faut soigner le mal par le mal ! » et bien sûr, tu connais la chanson ça va repartir de plus belle.
-J’arrive dans 15 mais pour moi c’est un coca hein- Ils sont fantastiques ces gens là, donc ils viennent à l’apéro, passez du bon temps, mais non, ils sont obligés de plomber l’ambiance en buvant une minérale. Bon, j’les respecte hein, car payer 4.00.- un coca et savoir qu’une bière c’est le même pris, faut être fort mentalement. Mais cela ne les empêche pas de s’autoriser une petite friandise de temps à autre mais toujours, ils boivent le seul a l’alcool que personne ne boit. LE MARTINI COCA.
-Une panaché. Hein quoi ? Ouais mais j’suis jeune conducteur- Alors oui, vu qu’il est jeune conducteur bah il respecte la loi, mais pas a 100% non plus. Il dit aussi « ouais mais j’peux en boire plus, bawé, y’a moi d’alcool » Putain mais pas con ça, j’me demande pourquoi j’ai jamais pensé à ça avant…
-Un thé vert- Ah bah oui, on devait y arriver, depuis que cette mode, enfin, non j’veux éviter un débat, depuis que ce LIFESTYLE (bawé bilingue tu crois quoi) a été adopté par plusieurs d’entre nous, bah, l’apéro a pas mal changé, bon ça a pas changé ma façon d’aller à l’apéro, par contre, ça a changé le prix de la tournée, bah oui, c’est plus le même prix, c’est plus ce prix arrondi. Maintenant tu dois dire à la tavernière : « -19.70 -sur 20 vas-y, pas m’faire chier avec ces 30 centimes » Bon, on vous accepte toujours et même j’vous respect beaucoup et on vous aime aussi, un peu.
Breeeeeeeeef, C’qui est sur c’est qui faut pas trop en abusé car c’est pas bien mais ça tout le monde s’en fou, oui tout le monde, même le mec qu’à une cirrhose mais oui, car toute façon il l’a, foutu pour foutu et ceux qu’ont rien répondent qui faut t’façon mourir de quelques choses tié !
Personnellement, j’ai décidé d’arrêter de boire la semaine, pour des raisons évidentes, c’mettre des caisses tous les soirs, ça fait mal à la tête parfois mais surtout au porte-monnaie. Alors non, c’est pas dur, j’le vis très bien par contre j’me fais vraiment chier le soir mais c’qui m’énerve le plus c’est ceux qui m’disent « Moh, tu peux venir boire un Henniez ! » UN HENNIEZ PUTAIN, déjà que j’en bois pas loin de 3lt par jour et tu crois réellement que je vais mettre 4.- pour ça alors que pour le même prix j’pourrais avoir une bonne bière. Avantage, mes textes sortiront peut-être à l’heure ou peut-être pas, ou j’en sais rien.
Bon, sur ce, j’vais allez boire bah, un henniez ouais, biensûr, bisous.
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alexar60 · 4 years ago
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La prédiction
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La nuit venait de tomber lorsque j’arrivai devant l’adresse qui m’avait été donnée. Je n’avais pas envie de quitter ma voiture tellement il faisait froid. Il faut avouer qu’en décembre après cinq heures du soir, il ne fait jamais chaud. De plus, le vent apportait une fraicheur polaire qu’on se passerait bien. J’observai ma montre en espérant qu’il n’y aurait personne. Le type serait devenu dingue, il vivrait complètement reclus depuis près de six mois. Après avoir scruté l’immeuble du regard, j’envoyai un SMS à ma direction pour signaler que j’allais rencontrer Marc Volla.
Avant sa crise de démence, il était un des plus grands spécialistes de l’archéologie précolombienne. Il était spécialisé dans les peuples Nazcas, les Chibchas les Quechuas et autres civilisations sud-américaines. D’ailleurs, il vécut sa jeunesse au Pérou où son père fut employé à l’ambassade. Ce devait être durant cette période qu’il s’intéressa à ces cultures.
Comme prévu, personne ne répondit à l’interphone, pourtant j’avais appuyé plusieurs fois et je savais qu’il était chez lui. Je regardai dans la rue et constatant l’absence de monde, je profitais de la clé donnée par son épouse. Cette dernière était partie avec ses enfants depuis plus de deux mois. C’est elle qui nous avait alertés. Elle ne supportait plus ses crises de démence, ses menaces mais aussi de rester enfermé dans son bureau pendant des journées entières. J’ouvris sans mal la porte de verre et me dirigeai ensuite vers un ascenseur. Celui-ci s’ouvrit rapidement. J’appuyai sur le bouton du sixième étage et réfléchis sur ma façon de le persuader de reprendre goût à la vie.
Le couloir semblait sonorisé par toutes les moquettes y compris sur les murs. A leur couleur brique délavée, je devinai qu’elles n’avaient jamais été changées. Je marchais à pas feutré jusqu’à la porte de son appartement. Par moments, j’eus l’impression qu’on me suivait du regard. Comme si toutes les portes de l’étage me fixaient avec leur petit judas. Sa porte d’entrée ressemblait à toutes les autres s’il n’y avait pas le numéro dessus. Je sonnais… Encore une fois, personne ne répondit. Après avoir sonné de nouveau et frappé, j’insérai la clé dans la serrure et entrai dans la plus grande des facilités à la vue des autres portes silencieuses mais étonnamment curieuses.
Il était là, chez lui ! Il était cloitré dans le noir complet. Seul un faisceau de lumière provenant d’une chambre était visible. J’avançai en remarquant l’odeur nauséabonde qui régnait dans l’appartement. Ça sentait le fauve, le renard crevé mêlé à la bouffe avariée. Cependant, tout semblait propre, il n’y avait aucun objet dispersé. Tout s’avérait être à sa place. Les parapluies dans le porte-parapluie en forme d’éléphant, les manteaux sur le porte-manteau, les livres dans la bibliothèque, les chaussures rangées proprement au pied du porte-manteau. Il n’y avait que le bourdonnement des mouches dans la cuisine et la pile ininterrompue de vaisselle débordant de l’évier qui faisait tache dans ce tableau de foyer idéal.
Je marchai lentement sans vouloir effrayer Marc dont j’entendais les grognements. En fait, ce que je pris pour des grognements était le moteur de l’ordinateur allumé. Il était assis devant l’écran. Il ne bougeait pas, ses bras se balançaient dans le vide. J’approchai vers lui. Il était éclairé par la seule lumière visible dans l’appartement. Son visage grimaçant était blanc de la luminosité de la vidéo. « Marc ? » dis-je en murmurant. Il  ne répondit pas, restant inerte. Sa tête penchait légèrement de côté. Je marchai vers lui tout en l’appelant une seconde fois. « Vous allez bien ? ». C’est alors, que je remarquai au sol, sous la chaise de bureau une énorme tache brune. En vrai, il y en avait deux, une sous chaque main aux doigts crispés.
Je compris en remarquant le couteau posé à côté du clavier ; il s’était ouvert les veines. Dès lors, j’appuyai sur l’interrupteur éclairant entièrement la pièce. Marc gardait encore les yeux ouverts. Ils avaient perdu de leur vigueur comme couvert d’une couche opaque et laiteuse. Ses lèvres devenues blanches, sa peau verdâtre assurait de son état. Il était bien mort et depuis plusieurs jours déjà !
L’écran restait figé sur une photo. Celle d’un scientifique en tenue d’expert ; pas comme la série culte des années 2000 mais comme les vrais experts, la police scientifique. L’homme était masqué, la chevelure recouverte d’une capuche stérile. Cependant je reconnus le front et le regard de Marc Volla. Il était en train de retirer un cheveu à l’aide d’une pince à épiler sur le crane d’une momie. C’était une jeune fille amérindienne. A ses vêtements, je reconnus le style Incas. Marc n’était pas seul à étudier le corps de cet enfant, je voyais une autre main.
J’appelai les secours pour signaler le décès de mon collègue. J’avais travaillé avec lui, j’avais appris avec lui durant des fouilles. J’avais énormément de respect et voir son cadavre me chagrinait d’autant qu’il n’était pas connu pour des troubles psychologiques. Et pendant l’attente, je voulus comprendre son choix en observant cette image, sa dernière vision. Je constatai qu’il s’agissait d’une vidéo.
Dès lors, je visionnai les séquences d’un documentaire. Je compris quelques mots espagnols. Il travaillait sur la découverte de cette gamine, retrouvée en état au sommet d’un volcan des Andes. Elle était un témoin de son époque, apportant une masse impressionnante d’échantillons. D’après les dossiers sur le bureau que je feuilletais en même temps, elle fut sacrifiée, il y a plus de six cents ans. Elle est morte avant l’arrivée des conquistadores et son état est magnifique. J’observai la figure de la fillette. Elle devait avoir une dizaine d’année.
Soudain, j’entendis crier dans la vidéo. L’autre scientifique à la peau plus basanée et sud-américain de naissance, sursauta tout comme le caméraman. Marc s’éloigna de la momie qui venait de relever la tête et le buste. Les bafouilles ne changeaient rien à leur panique. La gamine censée être congelée prononça quelques phrases incompréhensibles. Elle pointa du doigt  chacun des hommes avant reprendre sa posture initiale. Je recommençai le visionnage pour trouver une anomalie. Je pensai à une arnaque mais en vérifiant la texture du cadavre de la fille, la robe encore congelée et impossible à porter, je réalisai être face à l’horreur.
Tout en faisant attention aux comportements des scientifiques, j’essayai de comprendre les paroles dites par l’amérindienne. Cela ressemblait à une sorte de quechua, la langue des incas. Au moment de finir de parler, j’avais toujours ce frisson de la voir se rendormir brutalement comme si elle venait d’engueuler les trois hommes de l’avoir réveillée. Quant à eux, ils restaient paralysés par les propos de la momie. Marc n’osa plus toucher la moindre partie de son corps tandis que celui qui s’avérait être le professeur Emiliano Gomez, un spécialiste de la culture Inca, il bougea la main devant la morte statufiée afin de voir si elle réagirait de nouveau. Puis, les deux hommes discutèrent filmés par le vidéaste qui apparemment était aussi archéologue.
Je n’ai pas très bien compris les propos de leur conversation. Je compris toutefois certains mots comme « Maldición…muerto ou desastre » Ils s’inquiétaient des propos de cette momie. Je fis aussi le lien avec certaines feuilles posées à côté de l’ordinateur. Il y avait des notes gribouillées mêlant du français de l’espagnol et certainement du Quechuas en phonétique. Tout ceci rappelait mes études de langues au collège et au lycée. Chaque langage avait sa propre colonne. De plus, certaines notes traduisaient tant bien que mal des phrases entières.
Cela concernait les décès annoncés d’Emiliano et du vidéaste. Le célèbre savant devait mourir brutalement le jour du réveil du volcan. La momie avait prévenu que porteur de la caméra perdra son métier. Cela concernait aussi des prédictions qui s’avérèrent vrai. En à peine un an, il s’était passé tant de chose ! D’après ces écrits, elle annonça la destruction d’un temple important dans le pays de Marc, elle promit que les dieux rendront les hommes malades, elle prédit qu’il deviendra définitivement fou, abandonné par tous. Je repensai à l’incendie de la cathédrale de Nantes, à la pandémie. Je me disais que ce n’était que de la coïncidence.
Je quittai l’appartement après l’arrivée des pompiers et de deux policiers pour constater la mort de Marc. J’attendis un peu et finalement, je rentrai chez moi. Toute la famille était déjà à la maison. Je profitai d’eux pour oublier cette triste histoire et surtout cette prédiction étrange. Les jours suivirent lorsque je fus appelé par un ami qui demanda à me rencontrer. Nous convînmes de manger ensemble. Le lendemain midi, j’attendais patiemment en regardant mon smartphone lorsqu’il arriva. Son sourire masquait un air perturbé. Il me salua, s’assit et prit commande d’un apéro tout en lisant la carte. Nous mangeâmes avant de discuter sur la mort de Marc Volla.
Je n’ai rien dit de plus que je ne savais déjà. Il m’écouta attentivement, puis il demanda si j’avais lu les notes de ses recherches. Je repensai aux pseudo-prédictions. A mes yeux, il n’y avait rien qui puisse dire qu’elles étaient vraies. Dès lors, il me parla d’Emiliano Gomez. Le collègue péruvien de Marc a été tué deux semaines après l’autopsie de la sacrifiée. Il fut touché en pleine tête par une balle perdue lors d’un cambriolage à main armé. Au même moment, les sismographes annonçait que le volcan où fut retrouvée la momie venait de trembler. Depuis son cratère fond et se rempli d’une boue visqueuse et bouillante. De plus, le caméraman est devenu aveugle après une crise de diabète, l’empêchant définitivement de travailler. Je repensai aux traductions écrites à côté de l’ordinateur de Marc. Je comprenais mieux son angoisse.
« Tout ce que Marc a traduit s’est avéré réalisé, dit-il. Cependant, il reste les derniers propos. On ne sait pas encore de quoi il s’agit. Elle emploie des mots inconnus et j’ai peur qu’on ne les comprenne que le jour où cela arrivera ». J’entamais mon dessert en me disant que cela paraissait fou. Ensuite, nous changeâmes de discussion pour quelque-chose de plus sympathique. Puis, nous nous quittâmes sur le trottoir devant le restaurant. Soudain, il me serra dans ses bras et dis simplement : « Il est temps de se dire au revoir. Je m’en vais parce qu’ici cela deviendra invivable…. Tu ferai mieux de faire pareil ». Je restai abasourdi en me demandant si son comportement n’avait pas un rapport avec les dernières paroles de la momie. Il partit se mélangeant à la foule et disparut au milieu des nombreux piétons dans la rue. Je n’eus pas le temps de réagir et me demandai ce que cela voulait dire. D’ailleurs, je passais la journée à me poser la question.
Au soir, je me décidai à voir si des postes étaient vacants dans d’autres régions. On ne sait jamais.
Alex@r60 – septembre 2020
 En 1995, une expédition découvrit dans le volcan Ampato, à 6300 mètres d'altitude, le corps congelé d'une jeune fille inca. Elle a été nommée Juanita, devait avoir environ 13 ans et est décédée il y a 500 ans. On pense qu'elle a été sacrifiée, abandonnée aux dieux après avoir été droguée aux feuilles de coca et à la chicha, une bière fermentée à base de maïs. Les recherches sur la momie montrent qu'elle est morte d'hypothermie pendant son sommeil. De plus les archéologues ont aussi retrouvés de nombreux objets autours d'elle.
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Le mot de Diderot Juin 2020
La librairie est à nouveau ouverte aux horaires d’été. Nous sommes heureux de vous y accueillir à nouveau dans le respect des consignes sanitaires en vigueur. 
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Nous tenons d’ores et déjà à remercier les nombreuses personnes qui ont répondu favorablement à notre campagne de dons.  Cela montre que vous êtes nombreux à être attachés à la Librairie Diderot. Nous en sommes ravis et cela ne peut que nous motiver à poursuivre dans la voie que nous avons tracé depuis la création de cette librairie.  La campagne de dons reste ouverte tout l’été et nous ferons un point complet en septembre.
Retenez dès maintenant la date du samedi 27 juin à 11h00 car nous avons choisi avec les amis du Prolé de reprendre les apéros littéraires qui ponctuaient de manière si agréable un samedi chaque mois. Nous vous donnerons de plus amples précisions dans les prochains jours.
Enfin, nous vous offrons une nouvelle supplémentaire du concours Nîmes Noir 2020
                               La sélection du mois
ROMAN –  Vie de Gérard Fulmard  – Jean ECHENOZ  -  Les éditions de Minuit –  235 pages – 18.50 €
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Le roman s’ouvre sur une catastrophe aussi spectaculaire qu’improbable : la chute meurtrière d’un morceau d’ancien satellite soviétique sur un centre commercial d’Auteuil et la mort d’un homme frappé par un boulon géant du dit satellite ayant traversé la vitre de son appartement situé rue Erlanger, Paris, XVIème (nous apprendrons au fil de l’histoire que cette rue insignifiante a été à plusieurs reprises le théâtre d’évènements tragiques). La victime n’est autre que le propriétaire de l’appartement qu’occupe Gérard Fulmard. L’évènement est largement couvert par les chaines d’information en continu avec témoins et experts en tous genres, militaires, scientifiques, politiques, hommes d’église, philosophes et même un druide évhémériste … jusqu’à ce qu’un autre fait divers occupe l’actualité, la disparition de la secrétaire nationale de la fédération populaire indépendante (FPI), parti politique mineur faisant à peine 2% des voix aux élections.
Gérard Fulmard est un homme très ordinaire, « je ressemble à n’importe qui en moins bien », un brin innocent, psychologiquement fragile, seul, au physique plus que banal et il a du mal à trouver sa place dans un monde dont il est exclu. Notre anti-héros ne voit qu’un avantage à ce drame, celui de ne plus payer le loyer de son « deux pièces et demi » car il a perdu son emploi de steward pour faute avec obligation de se faire suivre par un psychiatre et il compte bien se reconvertir en détective privé et transformer cet appartement en bureau. Il en fait la confidence à son psychiatre. Il ne se doute pas que dès ses deux premiers clients il va devenir homme de main malgré lui et se retrouver embarqué dans une affaire sordide de vengeance politicienne ou gravitent les dirigeants du parti FPI et son psychiatre, lui-même militant du FPI. Après de nombreux évènements rocambolesques, on devine à la fin que cette aventure va lui être fatale. « J’ai fermé les yeux, j’ai senti un flocon se poser sur un de mes sourcils puis il a dû fondre, une goutte d’eau a glissé  sur ma tempe ».
L’intrigue est bien menée et pleine de rebondissements. Avec ce roman Jean Echenoz fait une critique corrosive des chaines d’information en continu où tout n’est qu’agitation médiatique avec une absence totale de réflexion construite, un fait divers chassant l’autre mais aussi des milieux politiques  où les luttes de pouvoir sont plus importantes que les projets de société. Avec minutie il fait une galerie de portraits sans grande tendresse et avec beaucoup d’ironie pour décrire notre époque, sans oublier les descriptions des paysages urbains dans lesquels évolue cette société.
ROMAN NOIR –  Il est des hommes qui se perdront toujours. – Rebecca LIGHERI  -  POL  –  384 pages – 21 €
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Nous sommes dans les années 90 à Marseille, plus précisément dans les quartiers Nord-est, entre la cité Antonin Artaud et un bidonville le «Passage 50», camp de gitans sédentarisés. Karel, Hendricka et Mohand sont issus d’une union mixte entre un père belge et une mère kabyle. Leur histoire est racontée par l’aîné Karel qui va dérouler le cauchemar de leurs vies brisées par Karl, un père haineux, autoritaire, alcoolique, violent, joueur qui va s’appliquer à détruire méthodiquement la vie de ses trois enfants et accessoirement de sa femme Loubna, mère impuissante, jusqu’à se faire haïr à mort par les deux frères et sœur.
Lorsqu’ils ont l’âge de fuir l’emprise parentale, ils trouvent naturellement refuge au « Passage 50 » où ils traînent avec leurs copains gitans Rudy, Shayenne et les autres. La communauté devient un peu leur seconde famille, une échappatoire à la terreur et à la folie familiale.
Rien ne nous sera épargné du cauchemar quotidien enduré par cette famille.
C ‘est un roman très noir, l’histoire de la maltraitance, de la violence intra-familiale, l’enfance dévastée, l’injustice, le sida, la drogue, la violence que l’auteure suggère plus qu’elle ne décrit et toujours avec la volonté de laisser une porte de sortie.
Cela donne un roman magnifique et désespéré, avec des personnages pittoresques et attachants, trouvant leurs remèdes dans un amour adolescent, une finale de football mémorable, une vocation de soignant, un rêve de vedettariat au cinéma.
Le texte est dur, les paroles blessantes, mais le récit n'est jamais glauque, même si c'est parfois trop dans la succession de malheurs et de souffrances !
Tout l ‘art de l’auteure réside dans sa manière de raconter la vie dans ses aspects les plus noirs (la misère sociale, le racisme de tous les jours, la violence quotidienne) sans jamais sombrer dans le glauque ou le sordide. Un roman sublime !  Magistral !  
ROMAN –  La leçon de ténèbres . – Leonor De RECONDO  -  Stock  – 200 pages – 18 €
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Voici un très beau texte que nous propose Léonor De Récondo dans la Leçon de ténèbres. La collection Ma nuit au musée, chez Stock, consiste à enfermer des écrivains une nuit dans un musée afin qu'ils vivent cette expérience pour la raconter. « Quel rapport avons-nous exactement à l'art? Et aux musées? Chaque écrivain va raconter ce moment étrange, de solitude dans un endroit où d'habitude on ne peut ni dormir ni être seul. Chaque texte sera différent, inédit, forcement étonnant, personnel, amusant…».
Après Kamel Daoud avec Le peintre dévorant sa femme, Lydie Salvaire dans Marcher jusqu'au soir et Abdel Abdessemed pour Nuit Espagnole c'est au tour de Leonor de Récondo de convoquer un artiste!
Leonor écrivaine mais avant tout violoniste, retourne au musée de Tolède qu'elle a visité des années auparavant avec son père artiste. La découverte des tableaux de  Dominikos Theotokopoulos a été un véritable choc. A travers son récit les deux vies, la sienne et celle de l'artiste, se suivent, se croisent, se développent ensemble comme une évidence.
Enfermée dans cette nuit de juin caniculaire, elle déambule dans les couloirs, elle l'appelle. Violoniste elle lui joue de la musique pour tenter de l'attirer. 400 ans d'écart, qu'importe, le rendez est pris avec lui.
Qui est Dominikos Theotokopoulos dont elle parle avec tant d'amour et à qui elle donne rendez-vous dans cette nuit au musée, pour lui déclarer tout son amour ?
Lui, c'est un peintre crétois qui a beaucoup voyagé en Europe.  Venise, Rome avant de s'installer à Tolède en 1577. C'est à partir d'une biographie romancée qu'elle va apprivoiser cet artiste pour finalement lui faire une déclaration d'amour. Seront mêlées alors leurs deux vies se croisant comme une évidence. Par petite touches, se dévoile sa vie mais aussi celle de l'artiste: son enfance, son parcours jusqu’à Tolède. Sa vie amoureuse avec Jerónima qui décédera peu de temps après mais aussi la naissance de leur fils Jorge Manuel.
Avec une écriture subtile, Leonor se dévoile, raconte des brides de sa vie, de sa relation au père et à l'art. On imagine aisément cette chaleur écrasante et fiévreuse dans cette nuit au musée, cette musique envoûtante qui résonne dans le silence et l'obscurité ! Accompagnée de son violon, elle convoque le Gréco pour une nuit d'amour. Un bel exercice de Leonor que cette convocation au Gréco, tout en poésie, tendresse et émotion.
ROMAN -  Un beau désordre  -  Marco Caramelli  -  Ed Robert Laffont  - 270 pages  -  19€
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“Non d’un chien, quel magnifique roman” Daniel Pennac
Des romans adaptés pour le « grand écran », on connaît. Depuis que le cinéma existe, multitudes d’adaptations cinématographiques de créations littéraires ont été faites. Mais l’inverse à ma connaissance on ne connaît pas ! Marco Caramelli s’y est « frotté ». Déjà fallait y penser. Ensuite s’attaquer à un des films du « Gotha » du cinéma mondial que l’on doit à un des plus illustre cinéaste du XXème siècle, Federico Fellini, il fallait oser ! Marco Caramelli se met dans la peau du réalisateur Fellini, de Marcello Mastroianni et de son personnage dans « Huit et demi » Guido Anselmi pour faire vivre le héros de son roman Massimo Barbiani. Avec un regard sur l’époque des années 60 de « l’âge d’or » du cinéma italien, Caramelli/Fellini explore des sujets intemporels tels que les affres de la création artistique ainsi que ceux des sentiments multiples amoureux. Livre/film dont Caramelli/Fellini nous annonce un film dont on ne saura pas le scénario et pour cause, puisqu’il l’est ! Livre qui nous fait voir et revoir avec réel plaisir en filigrane Giulietta Masina, actrice et épouse de Fellini, Marcello Mastroianni,  ainsi que la splendide Claudia Cardinale dont l’auteur, le réalisateur et le personnage du film et du roman sont tous éperdument amoureux ! Livre écrit de superbe façon au style alerte, documenté de façon magistrale mais laissant toute sa place au romanesque. Il nous fait même revivre au sein de ce « Huit et demi » une « scène éternelle » de « la Dolce Vita » de ce même Fellini mais avec une autre protagoniste. Vous devinez qui ? Souvent on appréhende de voir sur « Grand écran » une adaptation littéraire. Là, pour ce chemin inverse, que du plaisir. Ce « Beau Désordre », qui devait être initialement le titre du film de Fellini, est en passe de devenir « Une belle réussite ».
ROMAN -  MITCLAN  -  Sébastien RUTES  -  Editions Gallimard  -  160 pages -  17 €
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Le personnage principal de ce livre est un camion. Un gros semi-remorque d’un blanc immaculé.  Il est conduit par deux chauffeurs qui ont reçu pour ordre de rouler sans s’arrêter,  jamais, sauf pour faire le plein d’essence.  A la station ils achètent à boire et à manger et ils repartent aussitôt. Ils rouleront jusqu’à ce qu’on leur dise d’arrêter;  pas avant. Même pas le temps de pisser, si ce n’est pas la vitre de la cabine.
Dans la remorque  il y 157 cadavres dans leurs sacs mortuaires bien alignés et bien rangés. Les élections approchent et le gouverneur avait été élu pour éradiquer la violence qui règne dans le pays.  C’est un échec absolu, la violence n’a jamais été aussi forte.  Alors si on découvre ces 157 cadavres, tous décédés de mort violente, le gouverneur ne sera sans doute pas réélu.  Les chauffeurs tiennent leurs ordres, uniquement par téléphone, du commandant.  Les chauffeurs n’ont pas de nom, ils s’appellent Vieux et Gros. Mais personne n’a de nom dans ce livre.
Ce camion blanc, telle la barque de Charon emmène les morts vers le Mictlan qui, en Nahuati est « Le lieu des morts où les défunts accèdent à l’oubli après un long voyage à travers le monde d’en bas ».
C’est un conte philosophique sur la mort, la vie. Mais c’est un conte philosophique moderne avec une écriture très particulière sans aucune autre ponctuation que des virgules.  La première phrase fait 50 pages et elle mélange de la narration, au passé au présent et des dialogues. Les phrases su deuxième chapitre sont très courtes. C’est un livre déroutant qui crée une atmosphère lourde, pesante, anxiogène mais qui stimule l’imaginaire du lecteur.
                                                   NOUVELLE
                                             Tu te souviens d'elle.
                                                      Eric BRES
En passant devant le Tango del Mar, rue Bridaine, tu te souviens. Tu te souviens d’elle au bar,  sur ses deux jambes longues et fuselées. Tu te souviens d’elle à Jibacoa, d’elle à Santiago, d'elle à La Havane... Tu  te souviens de la case dans laquelle vous viviez tous les deux dans ces pièces de terre chaude.  
Tu te souviens du tumulte de la samba. Tu te souviens des interjections incessantes des gens  dans la rue. Le nid d’amour n’avait pas de porte, ni de carreaux aux fenêtres. À Santiago, tout  un chacun rentre librement : l’air, le soleil, le monde, la poussière, le quartier, les mouches…  Tout rentre tranquillement. Jamais rien ni personne ne rentre sans une bonne raison, toujours  avec respect, avec des amicales salutations, la mouche aussi qui suspend un moment son vol… le soleil quiet…. la poussière fragile… légère… elle volète gentiment dans des voiles  invisibles… Dehors, au loin, les rythmes de la trova marquent le pas ; les bailadores reprennent aussitôt le tempo, en se déhanchant un peu, nonchalamment penchés en avant.  À  Santiago tous et chacun savent que derrière la porte absente, derrière la fenêtre sans vitres, il y a quelqu’un, quelqu’un comme tout un chacun, quelqu’un qui vit, qui respire et qui te regarde et qui te voit entrer, l’œil amusé,  la taquinerie pendue aux lèvres, prêt à chasser la mouche et à secouer la poussière en criant Va voir dehors si j’y suis! et cela vaut aussi pour celui ou celle qui aurait mal franchi le seuil.  
Tu te souviens de la mouche qui rentrait par la fenêtre quand tu lui faisais l’amour. Elle se  posait sur son épaule, trônait ainsi parmi ses grains de beauté et elle se délectait de sa sueur salée. Elle, elle était tellement épuisée qu’elle la laissait faire.
Mallecon…vent furieux… les vagues se jettent sur les rochers… des gerbes d’eau éclaboussent les jeunes couples… ils s’enfuient en riant… tes yeux exorbités, hagards… ils  roulent comme des bouées ballottées dans le Gulf Stream… les jineteras jurent…tu les vois à présent… étaient-elles là avant?… grossesse annoncée… grossesse impossible… La Havane  ploie sous le vent des impérialistes... Tu cries dans le vide… elle ne t’entend pas… une pute  porte un teeshirt U.S… tu lui dis que tu l’aimes… elle ne t’entend pas… vent et fracas des  vagues… sur les rochers... l’écume recouvre tout d’un fin liserai blanc… le U sur le sein droit… le S sur le sein gauche… le A sur le nombril... tu la prends par les épaules… elle pleure… rosée salée du bord de mer… tu jettes un œil derrière toi… la pute se masse les seins… les U.S.A. s’écrasent sur ses rotondités… le vent redouble… il siffle à tes oreilles…  
Le médecin t’a déconseillé la grossesse. Emmanuel aussi. Tu as pleuré. Tu as piqué une rogne. Et claqué les talons. Tu ne lui as plus parlé pendant une semaine. Il te cherchait des yeux. Tu détournais ton regard. Tu faisais semblant de rien. Mais tu y pensais tout le temps. Tu as passé des heures interminables à la cuisine. Tu  préparais les frijoles, le riz, les bananes, le cochon. Tu savais qu’il adorait les majarete. Tu t’appliquais. Tu mettais tout ton cœur à râper le maïs, à l’étendre tendrement dans le lait que tu avais aromatisé avec de la cannelle. Tu inventais des recettes. Avec brio. Tu ne sortais plus sur le Mallecon. Tu n’avais plus le temps  pour rien. Tu n’avais plus de temps pour lui.
Cela avait duré une semaine. Puis elle est revenue. Elle t'a enfin répondu. Tu as plongé dans  son regard de braise. Tu as revu les flammes de la passion. Tu l’as enlacée. Elle t'a embrassé comme une folle. Elle a senti ton sexe dur. Tu as frotté ton ventre contre le sien. Tu as passé  la main dans la ceinture. Tu as déboutonné son jean. Elle était  folle d’amour. Tu t’es jeté  sur  le sol. Tu l’as attirée vers toi. Tu l’as plaquée contre toi. Ta bouche mangeait la sienne. Elle poussait des petits cris. Tu l’as prise sur tes cuisses. Elle a pris ta queue pour l’enfoncer. Tu  as senti que tu n’y arriverais  pas. Ton sexe, un peu gros, n’était pas suffisamment dur. Tu ne  bandais plus. Tu es resté médusé, au seuil de l'abandon. Tu l’as secoué d’un petit geste. Il était retombé comme une chiffe molle. Alors elle s'était précipitée dans la cuisine. En sanglotant. Tu as tapé du pied contre le braséro. Elle t'avait traité de fils de pute.  
Toi, Emmanuel, tu pensais qu’il y pensait. Tu le voyais maintenant pousser le fauteuil de Veronica. Il se penchait parfois en avant. Il s’approchait d’elle comme pour lui parler à l’oreille. Il humait son parfum et il caressait ses cheveux. Tu l’as vu l’embrasser doucement comme un papillon léger posé sur son cou. Tu savais qu’il l’aimait. Tu savais qu’elle l’aimait. Et tu continuais à  garder ton air fier. Tu trouvais ça normal. Veronica était si belle qu’aucun homme ne pouvait lui résister. Tu savais qu’ils s’étaient aimés. Tu savais que c’était lui qui avait gagné. Tu étais mieux que lui, quelque part. Tu as émis un petit rire. Mais Veronica avait finalement choisi le bel Ernesto. Il s’est retourné. Tu lui as tapoté l’épaule. Tu lui as dit une bêtise. Ses yeux rirent. Il t’avait toujours respecté. Tu l’aimais bien aussi, finalement, malgré tout.  
Il avait du mal à piloter le fauteuil roulant. Tu l’avais rejoint pour l’aider. Tous les deux unis,  vous aviez ramené votre égérie jusqu’au perron de la maison. Tu avais pris le fauteuil et lui, Veronica. Tu l’as porté dans tes bras et tu as grimpé les quelques marches de l’escalier. Elle  a ouvert la porte de sa main droite en riant. Elle a déposé sur ses lèvres un baiser mouillé. Tu as posé le fauteuil dans l'entrée, écœuré.
La maison était calme. Ernestico dormait. Tu as remercié la jeune fille venue garder l’enfant.  Tu lui as dit de revenir le lendemain à la même heure, l’heure de sortie de Veronica, l’heure  de l’apéritif au Grand Café.  
Ernesto a déposé tendrement le corps tant aimé sur le lit, à même le sol. Tu as arrangé les  oreillers pour qu’elle soit bien. Elle trônait dans la pièce comme une princesse. Tu étais assis en face sur un petit tabouret. Tu la badait.  
Puis Ernestico s’était mis à brailler. Ernesto est allé le chercher ; il l’a pris à pleines mains ; il l’a brandi devant toi ; il l’a secoué ; il a dit les mots simples, ceux que l’on dit aux bébés. Il te  l’a montré. Il a demandé s’il était beau. Tu lui as répondu qu’il était beau.  
Puis il l’a couché délicatement à côté de Veronica. Il l’a aidée à enlever le bonnet du soutien-gorge. Il a tiré l’enfant contre le sein, remonté la tête sur le bras de la mère et callé l’ensemble avec des  coussins.  
Ernestico braillait. Il a pris la petite tête dans sa main gauche et il l’a avancée doucement vers le téton dressé. Le bébé s’est collé dessus comme une ventouse. Veronica a grimacé.  Ernesto l’a traité de vorace.  
Il lui dit qu’elle était très belle. Qu’Ernestico avait un appétit d’enfer. Que tout se passait  pour le mieux.
Sur son petit tabouret, Emmanuel avait l’air gêné.
Toi, Veronica, à quoi pensais-tu pendant que ton enfant tétait? Les deux hommes de ta vie tous  les deux côte à côte pour te pousser maintenant que tu étais paralysée. Tu trouvais ça insolite : les deux hommes de ta vie dans ton dos, et toi roulant sur le trottoir de façon chaotique. Tu ne pensais qu’à Ernestico, à la morsure au bout du sein. Tu n’étais jamais tranquille quand tu le laissais. Tu faisais confiance à la jeune fille qui le gardait. Tu la trouvais un peu jeune, un peu trop bien sur ses deux jambes. Tu doutais de son expérience.  Elle  avait le téléphone. Elle t’appelait en cas de besoin. C’est sûr, le Grand Café  était juste à côté. Quand même…
Arrivée sur le perron, Ernesto t’avait prise dans ses bras puissants et il t’avait portée. Comme  il le faisait à chaque fois. Tu étais bien dans ses bras. À  l’abri, rassurée. Sur le palier, tu avais tourné la poignée et tu l'as embrassé, en mouillant un peu tes lèvres, comme il aimait que tu fasses.
Derrière, Emmanuel portait le fauteuil. Ernesto t’avait posée sur le lit fait à même le sol. Il  était toujours aussi prévenant. Il avait tapé dans les oreillers avec son gros poing et il les avait arrangés derrière toi, derrière tes épaules, ta nuque, ton dos. Emmanuel était assis en  face, sur un petit tabouret. Puis Ernestico s’était mis à brailler. Il avait faim. C’était l’heure de  la tétée. Des yeux, tu l’as supplié. Il avait devancé ta demande. Il était déjà dans le couloir. Il  était revenu jovial. Il tenait son enfant à bout de bras et le secouait gaiement. Il l’avait  brandi devant Emmanuel. Il exultait de joie.  
Toi, Veronica, tu l’avais vu traverser la pièce, se mettre à genoux et déposer l’enfant. Tu lui avais demandé de dégrafer ton soutien-gorge. Tu avais senti sa main contre ta peau, un léger pincement et le bonnet qui se détache. Tu t’appuyas sur le coude droit ; tu avais voulu  l’aider ; ton bras gauche avait refusé de répondre ;  tu voulais remonter un peu dans le lit ; tu  l’avais supplié des yeux ; il n’avait pas compris ; il avait pris l’enfant délicatement et il l’avait  approché de toi ; Ernestico redoublait ses cris ; tu avais senti sa bouche te mordre le bout du  sein ; tu avais grimacé.
Toi, Emmanuel, tu avais porté le fauteuil de Veronica dans l’escalier. Tu les avais suivis tête  basse. Ils étaient heureux et semblaient aussi insouciants que deux jeunes mariés. Il la portait dans ses bras. Comme au premier jour. Tu les avais suivis dans la petite pièce. Tu t'étais senti à l’étroit. Tu ne savais pas où te mettre. Tu avais repéré un petit tabouret. Tu t’étais assis dessus. Ernesto avait posé Veronica sur le lit comme on se décharge d’un fardeau. Il t’avait  proposé du rhum et un Partagas. Tu avais refusé l’offre. Tu avais ressenti une forte oppression. Ernestico s’était mis à crier. Ernesto était allé le chercher et il l’avait ramené, droit devant lui, comme s’il exhibait les saints sacrements. Puis il s’était mis à genoux devant elle comme un  pénitent face à la Madone. Elle était si belle, alanguie sur sa couche…
Ernesto avait porté l’enfant cet enfant que Veronica avait eu malgré tous les avertissements quant au danger d'hémorragie au moment de l'expulsion. Il avait dénudé le sein gauche. Emmanuel avait ressenti une drôle d’impression. Regorgeant  d’amour, lourd, arrondi, le téton redressé le narguait et il se remémorait les moments d’extase d’avant.
Ernesto manœuvrait le corps de Veronica et celui du bébé qui criait encore plus fort, énervé  par tous ces contre-temps qui retardaient la tétée. Il avait crié  jusqu’à ce que la congruence  se fasse et que la bouche telle une rustine sur le mur se collât d’un coup. Ernesto lui avait  fourgué le téton dans la bouche.  
Et tout-à-coup, Emmanuel, tu as vu l’absurdité de ce tableau déstructuré.  
Veronica était vautrée à terre, rampant vers la mallette pour y chercher un mouchoir…  l’enfant hurlant sur le matelas… Ernesto dévoué comme un enfant de chœur… Ernesto  maladroit… Tu  n’étais pas à ton aise.
Toi, tu restais assis bêtement sur ton tabouret. Veronica poussa un cri et fit une grimace. Vos  regards se croisèrent. Le sien était tout de colère. Elle te fusillait. Elle n’appréciait pas ta gêne… ton air pâle… ton mutisme… ton manque d’enthousiasme… ta réserve… ton  questionnement. Elle te dit pour la nième fois que tu ne comprenais rien à rien, que c’était ça la force de l’amour et qu’il n’y avait de problèmes et que ton esprit était fermé.
Ton regard, Emmanuel, bas et triste, reçut le message, s’attrista encore un peu plus,  s’embruma  quelque peu. Tu en étais arrivé à la haïr.  
Tu t’es levé. Tu les as remerciés. Tu as contourné la table basse, la bouteille d’Havana et la  boite de cigares. Tu leur as fait un petit signe. Tu as évité le fauteuil roulant, pris le couloir, ouvert la porte.
Puis tu es revenu sur tes pas. Tu as brandi le Mauser qu'Ernesto t'avait ramené de Cuba; tu as tiré trois fois ; tu as fait mouche ; les trois corps vacillèrent les uns sur les autres et formèrent une même masse au milieu du lit.
Puis tu as refermé la porte tout doucement en retenant la poignée pour ne pas faire de bruit. Tu as descendu les quelques marches de l’escalier sur la pointe des pieds…
Puis tu t'es arrêté au bas de l'escalier ; tu as ressorti le Mauser de ta poche révolver ; tu as remonté l'escalier avec précaution ; tu as ouvert la porte ; le corps d'Ernesto recouvrait celui de Veronica et entre les deux était coincée la tête d'Ernestico ; ses yeux grands ouverts te regardaient fixement. Le sang partout. L'odeur encore forte de la poudre. Tu as soigneusement essuyé le Mauser ; puis tu l'as mis dans la main d'Ernesto ; tu as récupéré la boite de Partagas ; puis tu as appelé la police. Tu t'es rassis sur le tabouret, allumé le cigare et tu t'es servi deux doigts d'Havana.
Tu te souviens de ce jour où Veronica t'annonça son départ, son histoire avec Ernesto, sa grossesse et son désir de rester bon copain malgré tout.
Tu te souviens de ce jour où tu rencontras Ernesto à la Havane, où, comme gage d'une amitié loyale malgré tout, il t'offrit le Mauser qu'il avait récupéré lors des exercices de défense civile.
Tu te souviens de ce jour où tu avais juré de laver l'affront ; c'était à la Bodeguita Del Medio, vous buviez un mojito en fumant un Partagas et la sono hurlait Hasta Siempre!
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themisfitunicorn · 7 years ago
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25.12.17
Bon et du coup pas de photos pour aujourd'hui, mais vu que c'était pas mal de restes d'hier, ca ira !!
Je me suis levée assez tard, j'ai pris un thé avec ma mère et mon beau père et je me suis mise à bosser, suuuuper intensivement jusqu'à 15h, quand ma mère m'a appelée pour venir à table !! 🎓 mais du coup j'ai échappé (Je sais c'est mal de dire ca..) au petit déjeuner et à la collation du matin !
Le midi, enfin 15h quoi haha, ma mère a quand même voulu que je me rattrape un minimum, du coup j'ai mangé 1 verrine de ceviche de saumon au citron vu qu'il en restait pile une par personne (20g donc 50kcal je dirais), 1 coeur de palmiers (45kcal), et elle a voulu que je goûte le risotto au petit pois qu'elle avait fait pour Noël hier du coup j'ai goûté une bouchée, alors que j'ai complètement arrêté de manger du riz ca m'a fait bizarre, mais je dois avouer qu'elle l'avait très bien réussi..! Je lui ai dit de le refaire pour quand je serais guérie, ca lui a fait trop trop plaisir ! Au dessert, elle a méga méga insisté pour que je prenne une compote Charles et Alice SSA en entier, donc 97g donc 45kcal, j'ai tellement tellement galéré à la finir... c'était fruit de la passion donc trop trop bon mais énorme quantité quoi... j'ai quand même fini par la manger au final, mais je stressais parce que je savais que le soir on refaisait notre réveillon entre nous...
Après j'ai fait une pause puis je me suis remise à bosser jusqu'à 20h, j'ai emballé le cadeau de ma mère et je me suis préparée pour le réveillon et pour sortir parce que j'avais besoin de faire un minimum de pas quotidiens sinon 1) je petais un câble à pas être sortie 2) je me sentais trop coupable... au final j'ai fait presque 3000 pas, donc c'est pas énorme mais c'est mieux que rien..!
Entre temps ma soeur était arrivée du coup le réveillon bis a commencé Et voilà le déroulé :
Apéro : 1 chou fleur, 2 champi, 2 tomates cerises, 1 demi toast tarama que ma mère m'a passé sans possibilité de refus, 1 quart de toast chutney olives acheté au marché de Noël (l'année dernière je m'en étais goinfrée comme jamais...)
Cadeaaaaaau :3 🎁🎁
Plat : Légumes d'hier dans la même quantité environ donc portion normale moins on va dire + demi toast de crème fraîche allégée/ciboulette/citron que ma mère a tenu à ce que je goûte +  2 petits bouts d'endives
Dessert : 1 petite tranche de pavlova + 1 mini sablé pcq c'est ma mère et un de mes frères qui les ont faits cet aprem et je voulais leur faire honneur
Donc en vrai j'ai évité le saumon fumé et les huîtres, mais je n'aime pas trop ca de toute façon donc je voulais pas consommer sans vraiment profiter... et j'ai aussi pas pris de gâteau au chocolat cette fois, et toujours pas de Ferrero ou autre (Ça c'est comme le chocolat du soir, c'est comme si ca me donnait plus envie du tout du tout...).
Ma soeur m'a fait une remarque qu'elle pensait pas que je prendrais mal mais j'ai vraiment retenu mes larmes de ouf en lui disant d'arrêter... c'est un des trucs les plus durs aussi ca, quand les gens qui t'aiment pensent te dire des trucs sympas qui vont te détruire pendant des heures ensuite... en gros elle m'a dit "ce qui est bien c'est que tu restes très gourmande, Tu vas plus facilement prendre du dessert que des toast blabla", j'étais genre "nan mais j'ai pas mangé de sucre depuis je sais meme pas combien de temps, la c'est justement le plus gros craquage que je fais, Et je culpabilise déjà suffisamment comme ça donc stop pitie..", c'était affreux...
Poids : Matin 39.6 et Soir : 39.2 (J'ai juste pas compris, après tout ce que j'ai mangé ces deux derniers jours..... je sais meme pas comment le prendre du coup, d'un côté ca me rassure, de l'autre c'est bizarre...)
Désolée j'ai un peu la flemme de mettre des emojis partout ce soir 🙈 avec mon nouveau téléphone je galère à les trouver aussi !! 😂
J'ai quand même passé des super moments en famille, j'ai eu des super cadeaux, Et j'ai mangé du sucré, alors on peut dire que j'ai réussi à pas trop gâcher noël ! Encore joyeux noël à tous 💫
That girl
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retourauxpiresamis · 5 years ago
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Pensées confinées (et en roue libre) #7
                    A défaut de faire du pain, j’ai fait très tôt dans ce confinement une playlist éclectique qui a pour objectif d’apporter un peu de chaleur et d’apaisement au foyer. 175 titres, plus de 13 heures de musique que je continue à alimenter au gré des écoutes. Big Thief, Mark Kozelek, Youth Lagoon, Bill Callahan, Arcade Fire, Beyoncé, Mitski, Tim Hecker... J’ai mes marottes. Elle est pleine de vertus, elle est parfaite pour accompagner la découpe des oignons et et des carottes, la lecture du Monde et de l’Equipe, une partie de Pro Evolution Soccer 5. Elle est parfaite pour le quotidien. Sauf ! Sauf. Sauf pour un moment fatidique où les conventions et les masques tombent, où l’expression vocale est tolérée dans un espace clos et sans fenêtre, à l’abri des regards, oublieux des oreilles environnantes : la douche. La douche c’est un moment de créativité intense, j’ai mille idées qui me viennent en tête et rien pour les noter, c’est ballot. C’est bas l’eau. Depuis quelques temps et la résolution de ce problème, plus de place pour la pensée, la douche devient un moment quasi-régressif quand je mets en route ma deuxième playlist : SDB. Comme Salle De Bains.
                     ‘J’suis au départ de la fusée Ariane, Ca t’é-t’étonne grosse bouffonne, j’crame le gros cul de Marianne, c’est pour ça qu’ça sent le bacon, j’leur mets profond, j’fais de la spéléo .... METS MOI MA CONSO DANS UN GRAND SEAU OU J’TE PETE COMME UN BOUCHON DE LIEGE J’TE PETE COMME UN BOUCHON DE LIEGE ... 9 milli-milli viens pas pour faire des guili-guili, J’suis un grizzilizi dans toutes les sauces comme le pili-pili’ (Kaaris – Bouchon de liège)
                      Bras qui fendent l’air. Ad-libs. Fais les backs. Langage yaourt dans bouche rincée par eau trop chaude. ‘Au DD, j’la passe, la déta, lalalala la serre, nanana TON BB, J’sors de chez toi pour ... ture gué puis retire ton PV ... PECTORAUX GAINES ... NE TOMBERONT JAMAIS SUR MESSJRIE ... nénnané fais des singeries ... A toute allure avec du Gucci comme Mitch, J’me promène dans les beaux quartiers avec le seum qui fait peur aux riches’ (PNL – Au DD spécialement revisité (parenthèse dans parenthèse : puissance politique de la dernière phrase mérite article un jour - à verser dans les notes du téléphone). Je disais quasi-régressif mais pas tout à fait. J’y vais et j’y reviens au rap français. Je suis tombé dedans petit vers 8 ans avec IAM et ‘L’école du micro d’argent’. Je n’ai mis aucune chanson de ce grandiose album sur SDB. J’ai besoin de quelque chose de plus actuel, d’un peu plus rentre dedans aussi. Faut bien bouger, ce moment de décrochage complet c’est mon seul sport quotidien avec ma sortie extérieure. C’est l’instant où la situation est la plus lointaine, peut-être parce que c’est au final l’activité la plus quotidienne et la plus attachée au chez-soi. ‘J’suis triste comme d’hab, fuck c’est pas la peine de réfléchir. La mélodie me fait du bien, j’pense plus à Gucci pour me vêtir. Parfois j’m’habille en gueush bat les couilles : plaire à qui ? A quoi ? Pour quoi faire ? (...) J’sors un sourire, j’me dis qu’il est faux, c’est pas normal d’être si malheureux. J’dors pas à deux heures, j’m’dis qu’il est tôt, j’vois mes démons mais j’suis pas peureux.’ (PNL – La misère est si belle, que je tiens mieux)
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                                           PNL - Différents. 1000 °C.      
               Si je dois définir ma relation au rap français, et au rap tout court, c’est tout de même une phrase d’IAM sur la chanson ‘Bouger la tête’ de ‘L’école du micro d’argent’ qui me vient en tête : ‘Le cœur est un métronome, l’Homme ne peut que s’incliner quand le hip-hop impose son dogme’. Le rap français s’est penché sur moi quand j’étais gamin, comment s’en défaire ? Je l’ai usé durant mon adolescence et ça a été une école parallèle, des portes entrouvertes sur d’autres musiques, sur le cinéma, sur l’histoire de notre pays et du monde, sur la situation sociale et politique, sur la langue... Il n’y avait plus qu’à appuyer sur les clenches. C’était aussi évidemment une boîte à fantasmes. ‘A défaut d’être fils à papa nous sommes des fils à la mama avec la rage d’un noir d’Alabama celle d’un touareg du Sahara payant l’impôt de Panama payant plein pot pour l’apparat sans spectateurs sans diktat dans mon dictaphone retour au bercail ayant l’intention d’atterrir la ferme attention d’asservir ce système dont nous somme satellites ce vice dont nous sommes tributaires qui rend l’ignorance patibulaire l’ex-innocente machiavélique le tire-au-flanc de l’Amérique un kir aux plantes pour pré-pubères un placebo cadavérique un apéro dans tes bulles d’air’ (La Caution – Poltergheist, que je récite quasi-parfaitement).
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Parler de rap français sans placer cette chanson tient du crime de lèse-majesté. ‘C’est parce qu’on s’dit que ça va s’arranger qu’on reste ici, car c’est la loi du point final qui nous tient debout’
                   Ecouter du rap français, c’est voyager. Dans le passé, dans les banlieues, dans ma chambre de la maison parentale, dans les chambres des artistes, dans les cerveaux parfois embrumés de types (ou de nanas, je ne les oublie pas) avec qui je n’ai pas grand chose en commun sur la ligne de départ, dans des nuits pleines de musique et vides de sommeil, dans les quartiers de France... Je crois que MC Solaar disait que le rap est ‘du cinéma pour aveugles’. Voilà, difficile de faire mieux. Il y a du montage, des collages, des visions de vie, des plans-séquence. Tiens prenons Isha : ‘ A 9 ans j’demande à ma mère « Mais qu’est-ce que c’est qu’un bamboula ? » Et ils se rappellent du petit négro : le seul qui détestait les jeux vidéos. Et ils se rappellent du petit négro, on disait à ma mère « Madame qu’est-ce qu’il est beau » J’ai jamais aimé le sport, la vérité pour moi c’est nul. J’ai préféré découvrir mon sexe en regardant mes sœurs par l’trou de la serrure.’ (Isha – La Vie Augmente). Voilà, on peut faire un film sur lui, on a un personnage en quelques lignes qui a déjà plus de profondeur et d’épaisseur que bien des ombres sur les écrans. Le rap c’est aussi évidemment de la littérature, des nouvelles écritures, des images, toujours. Isha, même chanson, deuxième couplet : ‘A 16 ans, on la fume, on la boit au goulot. On sort dans la rue comme on va au boulot. Capitale des attaques au couteau, j’dois être un rri-pou comme Rastapopoulos. Quand j’pleure j’ai l’nez qui coule, et c’est ma meuf qui m’sèche les larmes. Elle a les pouces en essuie-glaces, rien qu’elle m’fait des bisous.’  Coupez ! On a la séquence dans la boîte crânienne. Le montage avec la transition nette de la violence dans la rue à l’émotion intime, ça déchire. (Notes déjà présentes dans le téléphone depuis des semaines - écrire articles sur : Isha, Mitski, Big Thief)
                    Dans le dernier numéro des Cahiers du Cinéma il y a 2 articles à garder précieusement. Un article signé Camille Bui et intitulé ‘L’université : éloge d’un service public’. Politique et nécessaire, encore plus par les temps qui courent. Et pour le pédagogique et l’amour du cinéma, il y a l’article ‘Le fil de l’émotion’ de Jean-Sébastien Chauvin. Tout aussi nécessaire. Attardons-nous sur le deuxième. Il y parle d’enseignement, d’analyse filmique et de l’importance de l’émotion et des sensations pour comprendre la mise en scène. Il répond par exemple à une question que je me pose depuis longtemps : pourquoi des réalisateurs introduisent-ils des détails qui peuvent paraître insignifiants, des sortes de secrets dans le cadre ? Cela n’a-t-il vocation qu’à satisfaire les initiés ou bien est-ce que ça revêt un sens ? En somme, pourquoi des réalisateurs s’évertuent-ils à monter et montrer des images qui ne sont pas directement intelligibles par tous dès le premier visionnage ? La réponse qu’il donne est à peu près celle que j’aurais imaginé lancé à ce professeur s’il me l’avait demandé, enfin du moins couché par écrit : ‘(...) Une image, une coupe, un regard, un mouvement laissent des traces. Il y a aussi un travail du spectateur, plus ou moins inconscient.’ Et plus loin : ‘J’aime bien leur lire cette phrase de Pouchkine, citée par Tarkovski : « La poésie doit être un peu bête », afin qu’ils gardent en tête qu’il y a, dans les films, quelque chose d’irréductible qui résiste au sens, relève de l’expérience émotionnelle et physique.’
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                                        The Tree of Life - Terrence Malick
                  Là où je veux en venir, c’est que si le rap est ‘du cinéma pour aveugles’, alors on peut y appliquer la même pensée. ‘La poésie doit être un peu bête’. Si Pouchkine dit que la poésie doit être un peu bête, pourquoi le rap n’a pas le droit, a priori, de l’être un peu plus. Et attention, je ne compare pas la poésie au rap, j’ai toujours trouvé cela stupide. Ce qui n’empêche pas le rap de nous soulever et de nous emporter ailleurs. Il y a un couplet de PNL que j’adore, c’est le premier de la chanson ‘Bambina’ : ‘Bambina, Bambina, Bambina. Baila baila baila baila baila noire est la rose. Opé opé j’vendais l’coco, j’graillais l’tacos. Hombre hombre j’fais l’tour du monde même en tacos. Faut qu’j’voie le Japon, faut qu’j’voie la Chine, faut qu’j’voie l’Mexique. Faut qu’j’voie l’Afrique, faut qu’j’voie la jungle, qu’Mowgli s’exprime. J’rime tranquille devant le cul de Kim Anakin. Tu m’fascines tu m’rends stupide ça m’abîme.’ Et le refrain fait : ‘Shut up, shut up, shut up. Igo j’suis sous calmant, tais-toi juste un moment. Ouh, la la la. Ouh, ça ça ça. Chkoun, chkoun, salope. J’fais mon biff ouah ouah ouah.’ Bien sur à l’écrit cela paraît idiot et vain, ce n’est pas sa vocation que d’être couché ainsi noir sur blanc. Le texte vit dans l’interprétation lasse d’Ademo avec ses inflexions et ses suspensions, avec le travail sur les voix effectué comme sur les échos par exemple, avec la production éthérée derrière. ‘Expérience émotionnelle et physique’. Même sous la douche me vient l’envie de mettre ce couplet en boucle. Et sa traduction dans le medium cinéma serait bien entendu une scène issue de Springbreakers d’Harmony Korine, bien évidemment la scène où Britney est convoquée. Les sensations avant le sens. Choc esthétique. Harmony Korine voulait filmer des filles avec des cagoules faire une ronde au crépuscule en se tenant les une aux autres avec des fusils à pompes, il l’a fait. Liberté créatrice. Boîte à fantasmes. Et derrière l’esthétisme, il y a du sens sous-jacent sur une certaine pop culture.
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                    Ma boussole n’indique plus le nord de l’article depuis longtemps. Je me souviens que j’avais commencé avec Kaaris, obligé de finir avec Booba. J’avais dans l’idée au départ de détourner des punchlines métagoriques du D.U.C. pour les faire coller au contexte sanitaire, du genre ‘Si j’tousse (au lieu de traîne) en bas d’chez toi, j’fais chuter le prix de l’immobilier’.  J’aurais été vite à court de mots. En plus il sait le faire très bien tout seul comme dans sa dernière chanson ‘Cavaliero’ sorti il y a 1 mois : ‘Prêt pour la troisième guerre, prêt pour l’épidémie’. Avec Booba sous la douche, le flacon de savon se transforme en flasque de Jack Daniel’s et le bac en octogone. Vaut mieux pas qu’il débarque sur double-poney quand je me sèche sinon il y risque d’éclats de miroir dans toute la pièce. Ca marche aussi avec Kery James, Médine, Sofiane, Kalash Criminel. ‘Une putain d’époque mon pote, ici il faut des putains de dorsaux. Un putain de morceau et tous les blocs ont leurs Glocks. Sous les doudounes POC POC Boulogne mon putain de dôme. Chouf, un putain d’homme-singe, un putain de gun et un chauve. Un putain d’oinj, enlève ta putain de lingerie.’ (Booba – Temps Mort, et sa putain d’instru). ‘Temps mort’, putain d’album pour un putain de confinement. Il était porté par une chanson-phare, ‘Destinée’ avec Kayna Samet. ‘Beleck, c’est du haut d’gamme pas d’amalgames gamin, mon son ramène sur Neptune mon amertume. Mon crew mène, combat la race humaine, si tu t’en tires avec des prothèses c’est qu’Dieu te protège’. Je serai seul dans un EHPAD avec mon sonotone et mon Alzheimer que je me souviendrais de ces phrases. Par contre je viens à peine de découvrir un détail avec cette chanson à la plus récente ré-écoute. Il y a évidemment des espèces de clochettes annonciatrices de malheur ainsi que le tic-tac maximisé de l’horloge. La nouveauté à mes oreilles, ce sont les pépiements d’oiseaux en fond sonore au début de la chanson. Définitivement, elles sont partout ces bêtes à plumes en ce moment.
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         Il fallait bien finir avec une note féminine et politique. Déflagration.
           Ha si tiens, avant de finir revenons à l’article court mais si complet et stimulant de Jean-Sébastien Chauvin. Le rap est souvent visé du doigt pour la crudité et la violence de ses propos. Certains sont bas du front et condamnables, certes. Y réfléchir est nécessaire, condamner sans équivoque est idiot. Le rap ne prescrit pas un prêt-à-penser à ses auditeurs, il traduit la pensée de ceux-ci. Autrement dit, il est porte-voix plus que catalyseur et pousse-au-crime. Je laisse donc les mots de Jean-Sébastien Chauvin sur une nouvelle tendance face au cinéma et à la culture en général, donc applicable au rap :
             ‘Il serait absurde de ne pas étudier le génie hitchcockien au motif qu’on serait en plein ‘male gaze’ (et le risque existe, si l’on importe en France une certaine tendance de l’enseignement tel qu’il se pratique outre-Atlantique). Au contraire, il est infiniment plus intéressant d’analyser avec les élèves l’ambivalence du cinéma de Hitchcock, le double mouvement qui va du rapport sadique à l’identification, de la fascination pour des femmes indépendantes au désir de les détruire parce qu’elles lui échappent. Aussi parce que ces films dressent le portrait de l’être humain, de ses ambigüités, quand certains regards rêvent à voix haute d’un cinéma où tout serait nettoyé et safe. Pour moi, il est important que les élèves se confrontent à des émotions et à des désirs pas toujours recommandables pour qu’ils questionnnent en miroir leurs propres contradictions. Et qu’ils puissent même en éprouver du plaisir, loin de tout regard moralisateur.’
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