#chassypoulay

[ecrisettaistoi]

Mi-figue, mi saison

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La nature a mis son vieux manteau 70's

en patchwork.

Orange, beige, brun, vert éteint sous chevelure d'étain.

Sourde lourdeur que le soleil en vacance

du pouvoir

ne dissipe plus.

Les feuilles luttent encore mais savent bien

que c'est mort,

que bientôt, la course se terminera

face au sol

froid

Nourrir la terre, destin universel

rengaine en ritournelle

depuis l'avènement

du début

du commencement

de nous.

Vivement le printemps.

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[ecrisettaistoi]

Entre les méandres

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Il est des logis dénués de fées

pourtant si dignes d'épopées,

fières aventures à partager

à l'ombre du vieux cerisier

où le temps, suspendu,

invite aux rêves perdus,

à retrouver.

Il est des blanches pierres

aimables comme du velours

hospitalières et avenantes

avec un goût de reviens-y

dès qu'on les quitte

à regret.

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[ecrisettaistoi]

Travail, Famille, Parti.

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On ne peut pas laisser notre

pays aux Nazis

aux petits pieds.

Si la vitrine a changé,

le fond de commerce reste le même :

c'est toujours l'autre le problème.

L'autre qui a lutté sous les drapeaux,

l'autre qui a construit nos immeubles,

l'autre qui balaye devant nos portes.

On ne peut pas laisser

la liberté, l'égalité et fouler au pied

la fraternité

qui nous a construit

depuis qu'on a coupé

la tête d'un roi

pour ça.

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[ecrisettaistoi]

Lève-toi

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Lève-toi, ducon et va voter

oui c'est de toi qu'il est question,

toi l'enfoiré

qui laisse d'autres décider

d'autres qui usent, eux, de leur droit,

qui votent, font entendre leur voix,

leur front bas

avant de relever la tête,

le menton,

le bras,

lève-toi, enfoiré

ou le vent va tous

nous emporter.

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[ecrisettaistoi]

République sous perfusion

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Le pire est évité,

le pire est à venir,

le pire n'est jamais loin.

La France est fracturée,

liberté, égalité, fini la fraternité,

les uns contre les autres,

le ressentiment sent la merde.

Vous n'êtes pas racistes, vous êtes désabusés,

cocufiés et voyez la solution dans l'exclusion

alors qu'elle a toujours été dans l'union.

Depuis la révolution qui nous a rendu libres,

depuis ce sang versé de l'envoyé d'un Dieu

qui n'existe pas.

La République vacille mais ne choit pas.

Pas encore en tout cas.

Mais les fissures menacent la fondation

à force de souffler le chaud et le froid.

Mais on va où, là ?

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[ecrisettaistoi]

Sans voix

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Dites,

on n'a jamais vraiment essayé

de manger

de la merde.

Peut-être que c'est bon,

peut-être que ça nourrit,

que ça change la vie.

Qu'est-ce que ça coûte d'essayer,

au fond,

à part avoir les dents marron ?

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[ecrisettaistoi]

Nanterrement

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On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.

On n'a parfois même pas le temps de le devenir.

Même pas le temps d'y penser.

Des pneus qui crissent, un canon qui crache

et c'est terminé.

On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.

Surtout quand on n'aura jamais dix-huit ans.

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[ecrisettaistoi]

Allons, entrons dans la partie.

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Le bide en vrac,

les yeux dans le vide,

les pas qui s'enchainent, machinalement,

le chemin souvent parcouru,

les rues connues

la cour de récré de l'école,

la foule, peut-être,

la queue sûrement,

l'attente,

les droits et les devoirs,

la République,

Liberté, égalité, fraternité

(jusqu'ici).

La France ou

le rance

ou

la race.

Non.

Faisons front

face à l'affront.

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[ecrisettaistoi]

Dégoût & des couleurs

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Le monde aujourd'hui me fait honte,

plus qu'hier,

et c'est certain, moins que demain,

où que je pose mon regard,

la saleté gagne du terrain,

marée noire avançant inexorablement,

la bêtise devient qualité requise, recherchée,

l'indécence est érigée en lieu commun,

l'humain est balayé, broyé, tranché

pour des dieux ou des dollars

Il est trop tard

Pauvres de nous condamnés

à suivre les inanités

de ceux qui savent mais qui n'y arrivent jamais,

de ceux qui promettent

qui mentent

qui trahissent

et recommencent sous les vivas

des quelques autres que ça ne dérange pas

que tout parte en couille

tant que les leurs restent en or.

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[ecrisettaistoi]

Tout et rien

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Rien ne se passe,

tout me dépasse,

tout me désespère,

tout me lasse,

tout s'accélère,

tout me remplace,

rien ne se perd,

tout s'efface,

tout m'indiffère,

tout m'angoisse,

toutes mes galères,

toutes ces glaces

toutes ces barrières,

rien d'efficace

pour exploser le verre

qui m'agace,

qui m'aterre.

Rien ne se passe.

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[ecrisettaistoi]

Ding Dong

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Sonnette surannée

d’une couleur

qui n’a pas changé

depuis l’éternité

depuis toujours

Vert pomme flétri

flapi

flagada

peps perdu

passé comme les années

Petit toit de tôle pour protéger

des intempéries

le système électrique

archaïque

Bouton à la limite

de la rupture - sans sentiments -

il tient encore

l’affront des doigts

de la factrice et ses

recommandés

et

des enfants hilares

qui sonnent et se barrent

rarement plus

Sonnette surannée

cabossée

sentant l’effet des années,

comme nous tous.

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[ecrisettaistoi]

Un brin de rien

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La poésie des herbes citadines

bravant les interstices du

bitume

vaut, pour le moins,

celle des hommes.

Patience intense de chaque brin

nourri de pluie, de jets de chiens,

ténacité à toute épreuve en univers

hostile, et toujours

ce désir de créer, de croire, de croître

à l'écart des regards indifférents

à la beauté inhérente de ce combat

que les foulées pressées ne troublent pas,

qui se passe à nos pieds,

Microcosmos de jungles éparses

qui, un jour, recouvriront toutes nos conneries.

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[ecrisettaistoi]

Mauvaise perspective

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La queue du diable va me rester

entre les mains

si je continue à m'y accrocher

encore demain

elle ne tient plus qu'à un fil

de poil

et je vois bien que ça rompra un jour ou l'autre,

bientôt, tôt ou tard.

Les Louis de la grand-mère vont partir

vivre leur vie

pour de la menue monnaie,

l'argenterie de la bisaïeule ne va pas tarder

à y passer aussi.

Joie de la cinquantaine glorieuse

dont la roue ne tourne

toujours pas.

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[ecrisettaistoi]

2024

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55 textes en 2023.

Bientôt mille abonnés.

Sait-on jamais, 2024 sera peut-être l'année de mon premier recueil.

Merci à toutes et tous pour votre soutien.

Merci d'apprécier ma poésie.

Continuez à la partager en 2024.

Bonne année.

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[ecrisettaistoi]

Triste quadrupède

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Une chaise sous la pluie

se languit

de son sort établi.

Le bois est noble,

la facture, rustre,

son cannage se fait la malle,

elle boite irrémédiablement

et sait

que les encombrants

viendront bientôt la chercher.

Plus personne à soutenir,

à porter, son règne est achevé.

Le salut ne viendra pas

et c'est à croire que ces gouttes

sont aussi ses larmes

en attendant

d'être débitée en copeaux,

réhabilitée en aggloméré

ou juste brûlée avec tous

les souvenirs qu'elle porte

en elle, dans chaque veine

de ce bois de chêne.

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[ecrisettaistoi]

Home to Laurel Canyon

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C'est lui ce prospecteur au visage taillé

au couteau

qui te regarde toujours un peu par

en bas mais qui,

mine de rien (blague de prospecteur)

poussière après poussière,

paillette après paillette,

petite pépite sortie

après petite pépite sortie

de son tamis

a construit sa vie sans jamais s'arrêter

avant qu'elle ne l'arrête,

chienne de vie.

Clapton avant Cream,

John McVie, Peter Greene avant Fleetwood Mac

Mick Taylor avant les Stones,

tout ça sorti de ta rivière

de trois accords

majeurs, mineurs

qui sentent encore

les champs de coton.

John Mayall, le prospecteur

a posé le tamis

mais sur la platine ce soir,

une galette de choix

avec des pépites

grosses comme ça.

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