#c’est pas trop tôt j’ai envie de dire mais au moins c’est fait
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Killing self postponed, I got my answers for at least one thing
#c’est pas trop tôt j’ai envie de dire mais au moins c’est fait#I’m glad I can keep myself from being actually rude to people though otherwise I would have been a bitch#they’re just doing their job and stuff takes time#but when I’m mad I don’t have a lot of patience so#yeah#good thing I can also fake being nice even when I’m mad and have to call someone#I’ve got a lifetime of practice
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Valparaíso, ciudad de las colores
Ce week-end nous sommes donc partis pour Valparaíso, la ville aux milles couleurs. Les démarches pour la voiture avançant bien, nous nous sommes permis cette petite escapade dépaysante au milieu des collines aux maisons sur pilotis.
Après une énorme galère avec notre bus qui n’est jamais arrivé à cause d’un problème de climatisation, nous avons pu enfin partir vendredi soir avec 2h de retard sur ce que nous avions prévus. L’avantage de nos mésaventures est que nous nous sommes bien entendus avec tous les membres de la compagnie du bus qui essayaient tant bien que mal de nous faire grimper dans un de leurs véhicules pleins à craquer. De plus, nous avons rencontré un garçon de notre âge qui, ayant de la peine pour nos complications, nous a gentiment donné un petit plan de dingue ultra secret et inconnu des touristes pour quand nous arriverons à Puerto Varas. Je ne vous en dis pas plus 🤫, nous irons voir si cela vaut le coup.
L’arrivée à Valparaíso nous a tout de suite mis dans l’ambiance. Rien à voir avec Santiago. Les rues y sont plus délabrées, l’ambiance y est plus chaude (malgré les 15°C de moins), la sensation d’être vraiment au cœur du Chili y est bien présente. Le tout est sublime. Les collines colorées et emplies de maison qui surplombent la basse ville quadrillée donnent envie de s’y perdre pendant des heures.
Tous les quartiers ne sont pas fréquentables pour les touristes, mais nous les regardions de loin avec des étoiles plein les yeux.
Le samedi matin nous nous sommes donc levés tôt pour partir voir les 3 cerros accessibles aux gringos : Cerro Alegre, Concepción y Bellavista. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous avons mangé une énorme claque. C’était magnifique.
Les collines de Bellavista nous ont fait rêver entre deux essoufflements (ça grimpe !). Et le funiculaire et les rues d’Alegre et Concepción nous ont donné l’envie de s’installer là et d’y rester pour toujours.
Nous nous sommes aussi fait un copain chien (celui sur les photos), car la ville regorge de chiens errants quémandant un peu de douceur. Nous l'avons vu comme un gentil gardien poilu qui nous protégeait dans Bellavista.
Je ne peux pas vous poster toutes mes photos ici à cause de la limite que Tumblr impose mais je peux vous garantir que ma pellicule est pleine de souvenirs.
Le seul point noir à tout cela est l’hôtel que j’ai choisi qui est très mal situé (quartier un peu plus tendu où on n’ose pas trop sortir le soir) et qui se trouve dans une tour assez moche. Mais ça ne fait rien, nous y retournerons à coup sûr vers la fin du voyage et, cette fois, je sais parfaitement où nous devons dormir.
En tous cas si vous passez en Amérique Latine, Valparaíso est un détour incontournable.
Besitos
Luna
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Aujourd’hui c’est surhumain de pas me tuer.
Je ne comprends pas comment je peux être encore en vie.
Envie. En vie.
Tout est compliqué. Je sais même pas comment expliquer le contexte.
La semaine dernière, en house sitting à l’autre bout de la région, j’organisais avec torpeur quel serait notre prochain plan pour avoir un toit sur la tête. On a la maison de la mère de anais dans un coin reculé vers Ganges. Top. Mais il faut une voiture. Après des heures sur des jours au téléphone avec les assurances pour essayer de trouver un programme qui va à Solenne et sa 4L, on abandonne le plan de la 4L. Trop coûteux trop risqué trop dangereux aussi.
Ok tant pis. Blech. Mais du coup comment on va à cadere et cambo? Dans la maisonnette?
J’appelle mon père pour savoir s’il peut m’y emmener. C’est à une heure. Mais après c’est noël et je sais pas non plus comment me rendre au repas. Il dit que il me laisse la voiture pour ces jours là et voil��. Super. Merci papa.
Cette voiture il faut savoir qu’elle appartenait à la mère de Florence. Ma tante. Elle m’était réservée pour mon retour en France. Mon père a demandé à l’emprunter avant pour faire ses tournées de journaux. Alors soit. Malheureusement quelques temps après la voiture s’est cassée quelque part et mon père aurait eu des milliers d’euros de réparation. C’est assez fou car c’est une voiture vraiment vielle et vraisemblablement le bon sens voudrait que l’on ait racheté une autre. Mais soit. Ce faisant, étant donné les réparations conséquentes, la voiture est revenue de droit à mon père, sans que je le sache. Sans que personne le sache d’ailleurs.
En rentrant du maroc, exténuée, la bouche pleine d’herpès de mes tourments, encore meurtrie de la déportation, encore le cœur brisée d’être bannie, encore écorchée, encore malade de laisser 6 années d’affaires en tout genre et 700 animaux derrière moi, je me disais au moins tu as une voiture. Mais non. Et c’est normal du coup mais j’aurai aimé le savoir. C’est frustrant. Voilà. Donc on a quand même ce problème en moins pour ces deux jours de noël. On aura cette fameuse voiture.
Du coup, plus besoin de la 4-L à Carmaux.
Mais j’ai deja payé me airbnb 140€. Alors on paie le train et on y va. On va voir mes sœurs.
Ça me fend le coeur d’avoir eu à prendre un à airbnb étant pauvre sachant que ma mère a plein de pièces et lits vides. C’est incroyable. Mais elle est fatiguée alors elle a envoyé pascal me dire non. Mais bonnes fêtes hein!
Je passe une super journée avec mes sœurs. Je vais voir la maison de lalie et c’est super chou. Je vois les cadeaux qu’elle a emballé pour les gens qu’elle aime. J’en fait pas partie. Malgré toujours me couper en 4 pour lui faire des cadeaux qu’elle aime quel que soit le prix. Même sans argent. C’est une skincare à 80€ que je lui ai offert. Elle l’a choisit. Je pense que normalement je m’en fiche de donner sans recevoir. Surtout avec elle. Mais la, je sais pas. Peut être parce que l’effort est si grand pour offrir cette skincare, sachant combien tout le train et tout a coûté, sachant que je suis tellement tellement tellement en situation de précarité….ca m’a touchée de pas avoir de reconnaissance, d’estime à ses yeux pour compter moi aussi et mériter quelque chose.
Bref. Bye. Dodo.
Réveil 7h avec Lucy. On va la gare. 116€. On a le choix pour un changement mais deux heures de transit ou 2 changement et on arrive plus tôt. Ce qui n’est pas plus mal sachant que on doit passer prendre des couvertures chez ma grand mère et tracer à la maisonnette à une heure de Montpellier.
On opte pour le premier choix en fait. Tellement galère les changements avec ma chienne la poussette et tout. Soit.
Arrivées à Toulouse. On a le temps. Tellement le temps qu’on rate le second train. Je suis au bords des larmes. Je vacille. On change le billet pour dans une heure + 30€. Ok. Et ce train a finalement 40 min de retard. Bon.
On finit par arriver à mtp. C’est tard. Mon père est supposé venir nous chercher et nous laisser la voiture
Sauf que la voiture est déglinguée. Un phare marche pas. Et les plaquettes de frein sont mortes. Impossible d’aller à l’autre bout dans le Gard dans la nuit comme ça sans siège auto et tout. Pourtant il me soutient mordicus que c’est pas grave. Je sens tellement blessée qu’il voit pas le problème. Tellement frustrée de me sentir coincée et pleine de problème. Il voit pas le souci. Il dit que y’a aucun danger. Comment il peut penser que cette voiture est safe pour moi?
J’appelle des garages. Joana est à mes pieds et elle doit appuyer sur le casque car les appels se connectent automatiquement en blue tooth est c’est insupportable. Bref. Sans succès. Il appelle son garage qui en fait répond que c’est pas un garage depuis longtemps. Bon. Ça soulève d’autres questions mais c’est pas le moment. Je suis tellement énervée qu’il n’ait pas réparé la voiture en amont, qu’il joue l’idiot qui voit pas le problème aussi. Que je comptais sur ça et que c’est mort.
Je vois double. Je suis mal. Je prends un Airbnb. Mais le mec répond pas. J’annule. Le temps presse. On est dans la voiture. Où est ce que mon père nous dépose?
J’appelle la mère de anais. Je lui dis désolée. Ne nous attend pas. On vient plus. On peut plus. Jusqu’à nouvel ordre.
J’appelle mamie Denise. Une fois. Deux fois. Alex rappelle. Il est chez les courtois lui aussi avec Vincent. Il me demande si je veux parler à mamie Denise. Je dis non c’est pas urgent on verra demain. Il doit sentir à ma voix toute mon anxiété et il insiste. J’ai pas parlé de dodo mais il propose de nous héberger. Mais j’ai le chien et Lucy et le bébé et c’est pas le moment. Il est en famille. Le sentir inquiet ça me touche. J’ai les yeux plein de larmes en y repensant. J’ai envie de fondre et éclater en sanglots. Et lui dire tout. Tout depuis la Genesis de mes problèmes. Qu’il me conduise à Colombiere. Qu’on en parle plus.
Je raccroche la gorge nouée.
Je cherche un hôtel ok animaux. On y va. Je paie encore une centaine d’euros. Le bébé, Fox, est inconsolable. J’ai des pensées noires en le dorlotant. Ça me fait de la peine. Comment j’en arrive la?
Il’est 21:40 il dort enfin. Je regarde mon téléphone. 2 appels en absence de alex. Que dieu le protège. Mon cœur. Ces deux appels sont un bouquet de fleurs. Une chevalier en armure dans mon donjon en feu.
Mais je suis si mal. Je ne peux pas faire surface. Ils resteront sans réponse. Comme mes questions, demain c’est quoi le plan? On dort où? Avec quel argent?
Demain c’est noël. Le pire jour pour mourir. Et pourtant.
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storytime : dans la vie, j’ai jamais d’attentes pour éviter d’être trop souvent déçue. sauf que, quand j’ai appris qu’un film sur Oppeinheimer allait sortir en novembre 2022 en juillet 2023 (j’voulais dire que j’ai appris l’annonce du film huit mois plus tôt ptdr j’suis pas claire dsl), dirigé par Nolan avec en tête d’affiche Cillian Murphy, bah là pour le coup si, j’étais ultra hypée. encore + quand j’ai appris que le film allait sortir une semaine pile poil avant mon anniv, ça tombait vraiment bien.
donc j’ai décidé que j’allais m’faire le film en cadeau d’anniv de moi à moi-même (oui jugez-moi idc) et pour marquer le coup, bah j’avais envie de viser fort en allant au grand rex, parce que 1) j’vais au cinéma genre deux fois par an mdr donc j’me disais que pour l’une de ces deux sorties ciné ça méritait bien de claquer dans du haut niveau, et 2) euh non y’a pas de deux, autant pour moi.
BREF. j’vais au grand rex, j’suis contente, y’a pas trop de monde dans la salle (qui est belle ui faut l’avouer c’est le grand rex quoi) tout va bien dans le meilleur des mondes puis VOILA-T-IL PAS que SOUDAINEMENT a à peu près 1h de film : perceuse. Oui, une perceuse en plein milieu du film. et pas genre loin hein, ça se passait AU DESSUS de nous, genre les balcons. bon, généralement, tu perces un ou deux trous après c’est fini. SAUF QUE NON, ça a recommencé TROIS FOIS tout le long du film mdrrrrr et PLUSIEURS COUPS LA SUITE STP. j’ai franchement halluciné mes ancêtres, et encore moi j’ai une personnalité ultra calme donc j’ai gardé patience (ce ne fut pas le cas de tout le monde et j’les comprend, la vérité c’était lunaire) parce qu’encore une fois, quand tu perces, ça dure pas DES HEURES normalement..... sauf que bon, quand tu payes ta place au grand rex, pour un film de cette ampleur, oui j’avoue moi et les soixantaines de personnes dans la salle (maybe more j’suis nulle pour compter les gens) on avait sûrement osé souhaiter être UN CHOUIA immerger quoi mdrrrr et que l’intervention d’une perceuse par TROIS FOIS en PLEIN MILIEU DU FILM, oui ça gâche UN TANTINET l’immersion, MAIS BON. YA PIRE. (j’aime pas me plaindre j’vous jure) (mais la vérité je vais tellement peu souvent au cinéma que peut-être ça arrive souvent et que j’en sais rien ??) (ça me parait un peu ouf quand même mdr) (ça m’a encore + dég du ciné la vérité lol)
en vrai j’en veux absolument pas aux ouvriers qui faisaient juste ce qu’on leur a demandé de faire, j’en veux aux gens qui leur ont dit “ouais go aller percer du mur en plein milieu du film ça paaaaasse” ça prouve que y’a vraiment que le chiffre qui compte, ‘fin dans une société NORMALE, si t’as des travaux à faire, bah TU FERMES LA SALLE EN FAIT. mais non, un film comme Oppeinheimer ça apporte bcp, hors de question de supprimer une séance pour des travaux j’imagine, donc on fait payer les gens, et s’ils sont pas content du bruit bah osef oui oui, c’est le monde dans lequel on vit now, c’est ultra triste mébon, tu veux faire quoi ???
résultat : déçue as fuck (voilà ce que ça fait d’avoir des attentes MDR) du grand rex dans lequel -à part événement incontournable ??- j’pense pas y retourner de si tôt ptdr. mais j’suis grave contente d’avoir pu voir le film, c’était grave intense, spectaculaire, terrifiant, très politique et humain, ça rend ma fascination pour ce scientifique encore + réelle (j’étais déjà ultra intéressée par le projet Manhattan de base depuis plusieurs années, c’est ce qui a fait que j’étais autant hype par l’annonce du film depuis novembre 2022 mdr)
BREF CE FUT LONG.
n’allez pas au grand rex les gens, allez dans vot’ p’tit ciné de quartier j’vous jure c’est tout aussi bien. et c’est moins cher.
bye bitches, love ya.
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GUIDE AL LYSANDRE EPISODE 4
(I will post soon the english version)
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Lysandre : Je…Ça me parait vraiment compliqué, Sucrette. Voire irréaliste.
A. À moi aussi, mais j’ai vraiment envie d’essayer. (+5)
B. Dis le si tu ne veux pas que je reste ?
C. (J’ai haussé les épaules. Il est plus têtu que je ne le croyais)
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Lysandre : Peut-être. Ou il a dû s’habituer à ce que ce soit toi qui lui donne…
A. Je lui en donnerai demain, je rentre plus tôt, normalement.
B. Quand il aura faim, il acceptera de manger.
C. Je pourrais aller lui en donner maintenant, pour voir ? (+5)
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Lysandre : Et toi, tu as bien dormi ? Tu as dormi longtemps, en tout cas…
A. Je pense que j’en avais besoin. La semaine a été fatigante. (+0)
B. Et je me sens en pleine forme ! Tu vois, j’avais raison !
C. Non, en fait, j’ai plutôt mal dormi, j’ai fait des cauchemars. (+5)
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Lysandre : Oui. Mais comme son nom l’indique, il est secret : je ne peux pas te le dire.
A. Même à moi ? Tu peux peut-être me donne un indice, au moins ? (+0)
B. C’est de la drogue, c’est ça ? (-5) J’ai tellement rigolé à cette phrase mddr
C. Très bien, je n’insiste pas…Mais j’espère que tu l’as noté quelque part ! (+5)
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Yeleen : Ça vous tuerait de frapper ? Je peux vous aider ?
A. Pas vraiment, non…Je…En fait, on va être colocataires.
B. Je…Pardon, je n’y ai pas pensé…Je suis désolée. (+5 avec Yeleen)
C. Je vois pas trop pourquoi je frapperai pour entrer dans ma chambre, en fait.
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Lysandre : Tu nous as beaucoup manqué, toi aussi, Sucrette.
A. (Je l’ai serré contre moi de toute mes forces.) (+10)
B. Je suis tellement heureuse d’être rentrée…D’avoir deux jours avec toi…
C. Tu aurais pu répondre à mes messages, quand même…
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Après avoir parlé avec Mélody au réfectoire, va dans le Bâtiment de l’Art ! Tu trouveras ta tante qui t’offrira Ficelle ❤️🦙
N’hésitez pas à partager !
#mcl lysander#my candy love#lysander#my candy love lysander#amour sucre#mcl alternate life#lysandre#amor doce#alternate life#corazón de melón
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C’est dimanche, je vous divertis.
Il y a ce truc en moi qui me dit que ce genre de choses est presque inutile, parce que : 1) la capacité de concentration de quelqu’un sur l’internet approche 0; 2) que lire une ligne de livre ne vas pas changer le cours de son univers; 3) et potentiellement encore moins lui donner envie d’en lire plus; 4) que ça fonctionne très peu dans mon cas; 5) certaines premières lignes de livres sont quelque peu décevantes.
Pas très concluant, is it ?
Mais la partie surexcitée de moi à la pensée de conseiller encore et encore les 5 mêmes ouvrages sur lesquels j’ai très probablement basé toute ma personnalité m’enchante particulièrement (ça doit être un truc narcissique ou je sais pas) (ça me permet aussi de satisfaire mon obsession des listes);
C’est bien pour cela que, je vous ponds aujourd’hui ma version de ce concept très peu original :
J’ESSAYE DE VOUS CONVAINCRE DE LIRE MES CINQ LIVRES PRÉFÉRÉS GRÂCE À LEURS PREMIÈRES LIGNES (et accessoirement avec leur couverture)
Voici donc sobrement, cinq citations que je livre à votre appréciation :
1. Patti Smith, Just Kids, 2010.
« Je suis née un lundi, dans les quartiers nord de Chicago, pendant le blizzard de 1946. Je suis arrivée un jour trop tôt, dans la mesure où les bébés nés à la Saint-Sylvestre quittaient l’hôpital avec un réfrigérateur neuf. »
2. Phoebe Hadjimarkos Clarke, Tabor, 2021.
« L’étreinte se relâche d’elle-même. Le mouvement semble neutre. Parti de nulle part : où commencent les gestes qui gouvernent les membres se laissant retomber, ces torses glissant de part et d’autre, ces poitrines s’immobilisant dans des respirations ralenties et conscientes de l’être, jusqu’à ce que l’air et les battements du cœur ne soient plus que de minuscules soulèvements de la peau ? Bon : c’est terminé et leur corps reviennent à la normale. »
3. Alessandro Baricco, Noveccento : Pianiste, 1994.
« Ça arrivait toujours, à un moment ou à un autre, il y en avait toujours un qui levait la tête…et qui la voyait. C’est difficile à expliquer. Je veux dire… on y était plus d’un millier, sur ce bâteau, entre les rupins en voyage, et les émigrants, et d’autres gens bizarres, et nous…Et pourtant, il y en avait toujours un, un seul sous tout ceux-là, un seul qui, le premier… la voyait. Un qui était peut-être là en train de manger, ou de se promener, simplement, sur le pont…ou de remonter son pantalon… il levait la tête un instant, il jetait un coup d’œil sur l’Océan, et il la voyait. Alors là il s’immobilisait, là, sur place, et son cœur battait à en exploser, et chaque fois, chaque maudite fois, je le jure, il se tournait vers nous, vers tout les autres, et il criait (adagio et lentissimo) : l’Amérique. »
4. James Baldwin, La chambre de Giovanni, 1956.
« Je me tiens debout à la fenêtre de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la nuit, la nuit qui mène à l’aube la plus terrible de ma vie. J’ai un verre à la main, une bouteille devant moi. J’aperçois mon image dans la lueur de plus en plus obscure de la vitre ; mon image est élancée, un peu comme une flèche, mes cheveux blonds brillants. Mon visage ressemble à un visage que vous avez vu maintes fois. Mes ancêtres ont conquis un continent, ils ont traversé des plaines jonchées de morts jusqu’à un océan qui, tournant le dos à l’Europe, faisait face à un plus sombre passé. »
5. Réjan Ducharme, L’avalée des avalés, 1966.
« Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Le visage de ma mère est beau pour rien. »
Trèves de bavardages. C’est tout pour moi.
Je retourne m’enterrer au fin fond de l’internet sans donner de nouvelles pour les 6 prochaines années. Bon dimanche.
(Au fait, dites-moi si les parenthèses et les majuscules vous agressent)
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Voici les news !!!
J’ai marché dans Bratislava tôt le matin, je suis monté jusqu’au château et c’était vraiment sympa ! J’aime bien cette ville ! Après ça j’ai repris la route pour la Hongrie 🇭🇺, pour rejoindre mon pote Daniel ! La route était pas ouf même si la Slovaquie c’est joli !
J’arrive donc chez Daniel et quel plaisir de le revoir, ça faisait presque 3ans qu’on c’était pas vu, la dernière fois c’était à Sydney 🇦🇺. On a beaucoup discuté et il m’a emmené faire un tour à Budapest !
C’était trop cool j’avais mon guide local ! La ville est vraiment jolie et y’a une bonne ambiance ici ! On s’est arrêté boire quelques pintes évidement ! Et c’était encore moins cher 😅, 2€ la pinte, c’est la moins cher du voyage ! On a passé une super soirée ensemble, je suis vraiment content de le revoir et il m’a accueillit royalement !
Mais pas le temps de rester plus longtemps, le lendemain je repars pour la Croatie 🇭🇷 et Zagreb ! Pas un chat sur la route et la ville est pas si grande que ça ! Je suis arrivé un peu tard, le temps de prendre une douche et de me trouver un petit bar à bière ! J’ai bu des super bière d’ici et j’ai super bien mangé !! J’étais un peu fatigué après la soirée d’hier mais en rentrant à l’hostel, c’était grosse soirée ! Beer pong et karaoké, autant dire que la soirée n’était pas terminée pour moi... j’ai chanté jusqu’au bout de la nuit et rencontré plein de gens de partout, c’était vraiment trop cool ! Le lendemain matin j’en ai profité pour visiter la ville et c’est vraiment cool ici ! Bonne atmosphère ! Après ça j’avais deux choix, aller vers la cote croate, et voir les plages qui sont apparement magnifiques ou me diriger vers la Slovénie 🇸🇮 et Ljubljana ! La météo a décidée, il faisait super moche donc j’ai préféré partir en Slovénie !
Et j’ai pas été déçu en arrivant à Ljubljana ! La ville est petite et très coquette ! Ça me fait penser un peu à Bratislava ! J’ai marché pendant quelques heures en essayant de me perdre, j’ai grimpé la colline pour voir le château qui surplombe la ville, et c’était très joli ! Le dragon est l’emblème de la ville et on peut en voir un peu partout sur les bâtiments, vraiment cool (j’aime bien les dragons 🐉) !
Je suis ensuite parti vers l’Italie 🇮🇹! Le dernier pays du voyage ! La route était magnifique, très valonée avec de belles forêts, pour ensuite finir sur les montagnes et le début des alpes ! J’ai traversé plein de petits villages italiens pour atteindre le camping où je dors ce soir, au bord du lac, avec un super temps et une super vue ! Je suis un peu pommé mais il y a de la bière et un concert à côté du camping, juste parfait !
Demain je m’enfonce un peu plus dans la montagne, pour aller voir les Dolomites ! Je pense que je vais en prendre plein les yeux ! Et évidement je vais m’arrêter pour manger une bonne pizza 🍕! J’en ai trop envie !!!
Point 206 : la route était agréable et vraiment rien à signaler je sais même pas pourquoi je continue à faire ce point 206 😛 ! Les routes Hongroises sont les pires de toutes ! Les routes italiennes sont les mieux ! Je suis contente car je coupe pas mal les trajets en plusieurs étapes, donc je ressent pas de fatigue, surtout qu’ici les routes sont vraiment jolies ! Je pense avoir passé la barre des 9000 bornes, ça en fait de la route mais à aucun moment c’était déplaisant !
Voilà j’ai adoré les pays de l’Est ! Même si c’est un peu ghetto par endroit, il y a vraiment une bonne atmosphère là-bas et de jolies choses à voir ! Je sus trop content d’avoir vu Daniel ! Maintenant il me reste les Alpes à franchir et c’est déjà la fin 🙁, j’ai quand même hâte de rentrer en France après ce long voyage ! Évidement je peux pas tout raconter ici, j’ai hâte de pouvoir partager certaines anecdotes 😁😏.
Ciao !
🇫🇷 > 🇱🇺 > 🇧🇪 > 🇳🇱 > 🇩🇪 > 🇩🇰 > 🇸🇪 > 🇳🇴 > 🇨🇿 > 🇦🇹 > 🇸🇰 > 🇭🇺 > 🇭🇷 > 🇸🇮 > 🇮🇹
15 pays en 1 mois ! C’est beau l’Europe ! On a vraiment de la chance de pouvoir voyager facilement sur notre continent !
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L’alchimiste
Je t’ai vu passer. T’étais en t-shirt. J’ai trouvé ça audacieux, un 17 décembre. Le choc a été d’autant plus fort que moi, j’ai rien trouvé de mieux que de m’emmitoufler sous une superposition de couches, débardeur, chemise, pull, veste, écharpe excessivement épaisse, tout ça rapport à la maladie que je me paye depuis quelques jours, sale gastro couplée à des maux de têtes façon clocher de campagne, courbatures à chacune de mes articulations, la maladie comme impératrice de mon corps. C’est drôle, je voulais écrire empereur, mais un fond féministe m’a guidé vers ce changement de dernière minute. Maintenant, j’ai l’impression que ma maladie est une grande courtisane, puissante, goulue. Si j’avais gardé la forme masculine du mot, l’image mentale aurait été toute autre. Un genre de noblesse, une condescendance du bien-né face à mon petit corps de prolétaire faiblarde même pas capable d’affronter ses attaques.
Bref, Mère Gastro et moi, de sortie dans la ville. J’avoue, ça faisait un bail. Je sais plus trop les arpenter, ces rues, depuis notre dernier échange. L’inquiétude monte avant même qu’un seul de mes orteils ne se pose sur le trottoir, au pas de ma porte. L’angoisse se répand, qui depuis quelques années semble avoir trouvé un refuge solide au creux de mon ventre. Depuis un mois et demi, je l’écoute et tais mes envies. Je sors plus dans les endroits où l’on pourrait se croiser. Fini le centre-ville. Terminé tous les bars où on laissait nos carcasses profiter des rayons gras d’un soleil toujours chaud, même l’hiver, une bière sur la table, ton paquet de clope à disposition de nous deux, partage équitable des addictions “quitte à s’abandonner aux petites dépravations, autant le faire à deux, hein, ma chérie?”. Je bois un peu plus que toi, mais j’atteins pas ton endurance côté cigarettes. C’est le bel équilibre malheureux qu’on a su trouver, sourire aux lèvres, sur dents de moins en moins blanches, mais vraiment pas encore dégueu, ça, je pouvais le constater à chaque fois que tu prenais le temps de sourire à nous. Et c’était vraiment pas rare. On s’en sortait pas mal, hein?
Un mois et demie que je t’ai pas vu.
Le premier mois, ça m’allait bien. J’étais comme en overdose de toute la violence sourde de notre histoire. Tout ce que j’avais pas su dire pendant des mois et que je laissais remuer en moi, autant de vers solitaires, esseulés, qui, à défaut de se nourrir d’une terre neuve, fraîche, lourde de vie, devaient se contenter d’un corps meurtri, de plus en plus blessé. A force, ils ont commencé à se gaver de leurs propres déchets, urées et autres excréments. Bref, au bord de la septicémie, j’étais. Instinct de survie, appel du ciel, ou juste, bordel de merde, juste comme ça, j’ai tout vomi. Là, d’un coup, quand tu t’y attendais le moins, mais quand c’était plus possible pour moi de garder tout ça, de ronger mon frein, tout est sorti.
Je t’ai trompé. Je t’ai quitté. Je ne t’ai plus donné de nouvelles.
Un mois et demie que je t’ai pas vu. C’est y a quinze jours que ça s’est remis à piquer pour de bon. Les émotions sont remontées, en flashs imprévisibles qui prenaient la forme de souvenirs bordéliques, très vivants. La journée où tu m’as envoyé des “je t’aime” toutes les heures, en image, comme si le temps avait calé son rythme sur celui de l’expression de tes sentiments. Un gong régulier qui frappait à ma porte, enfin, au creux de ma poche, surtout, puisqu’un océan nous séparait encore. Si ça se trouve, huit mille kilomètres de distance, c’est le lubrifiant parfait pour pimper une relation amoureuse. Ça, et le premier réveil chez toi, y a maintenant quatre ans. Je suis sur le côté droit du lit. Je me réveille, je vois ton profil. Je me dis t’es beau. Puis je pense je suis bien. Faut que je sorte du lit mais j’ai pas envie. Alors je glisse le plus discrètement possible jusqu’à toi, embrasse ton cou, ta joue, ton oreille. Tu grognes, souris. Tu gardes les yeux fermés quand tu me parles, on dirait qu’il y a baston entre ton besoin de sommeil et ton désir d’être là, avec moi. Le désir gagne. C’est beau, la force du mental. Et la visite au musée, et le thé après ça, tous les rendez-vous ratés, le dessin animé sous ta couette, en un instant, l’hiver devient ma saison préférée, juste pour ce moment où rien n’existe que nos mains emmitouflées sous l’énorme édredon, ton odeur qui flotte partout autour de moi, merci aux vêtements super conforts que tu m’as prêtés et là, je le sens, merde, si je suis aussi émue pour ces presque riens, c’est que ce mec me fait me sentir à la maison.
Voilà. Deux semaines que je pense à nous, au meilleur de nous. Aux moments cristal et lumière. Ceux qui ont tellement donné envie d’en vivre plus, d’en voir plus, de tout tenter, plus.
Deux semaines que j’oublie tout ce qui nous a fait souffrir. Affreusement souffrir, salement souffrir. Et voilà que rien d’autre ne se fige sous ma rétine que les bons souvenirs. Oubliés, les abandons. Mises au ban, les tensions profondes. Niées, les trahisons. Faut que je vérifie la marque des lunettes que je porte, à croire qu’elles viennent avec un supplément “paillettes”. Tout est beaucoup plus brillant, ces jours derniers, quel que soit l’endroit où se pose mon regard. Je nous fige dans un éternité romantique, le seul endroit où j’ai encore une espèce de pouvoir. Je me dis, on a été beaux façon image d’Epinal à un moment, c’est déjà ça.
Puis, aujourd’hui, je te croise. Parce que bon, faut bien que la vie continue, à ce qu’ils disent, alors me voilà à nouveau dehors. J’ai pensé, éloigne-toi de tes propres microbes, tu dépéris, l’air frais, c’est encore la meilleure solution face à celui, vicié, de ton lit. Aère, ta maison, ton esprit, dégourdis les jambes. Mon cerveau, bien sûr, a entendu le warning qui criait “il se peut que tu tombes sur lui!” mais la raison a pris le dessus, en compagnie de ses amis du jour, la bien nommée "nécessité physique” et l'ambitieux "dépassement de soi”. Je sors, marche à la vitesse d’un escargot un jour où il n’a pas plu, mon sac sur le dos, je veux en profiter pour travailler pour la classe, je veux le faire dans le petit café cosy, là, dans la rue perpendiculaire à la tienne, je pense je parle trop souvent de la notion de liberté pour m’interdire un endroit dans la ville, sous quelque circonstance que ce soit, je me répète j’ai le droit, je me le dois à moi-même, faut que j’y aille.. Là, à dix mètres de l’arrivée, en train de me persuader que j’étais tout à fait prête à t’affronter -parce que ça aurait clairement été un combat entre moi et moi en te voyant- mais en réalité tellement soulagée qu’on ne se soit pas croisés, là, en expirant un peu plus fort l’air contenu trop longtemps dans mes poumons, je t’ai vu.
Enfin, je crois que je t’ai vu. J’ai surtout observé une silhouette de loin. J’ai cru te reconnaître à cause des cheveux, et aussi cette façon que t’as de balancer tes bras, on dirait que ce sont eux qui mettent en branle tout le mouvement de marche, les jambes vaguement arquées, j’imagine tes pieds dans les baskets, les orteils qui se posent l’un après l’autre, comme quand tu marches en tongs, l’été, tranquille, sûr d’eux. A chaque fois, ça m’irrite en même temps que ça me plait ce geste qui se décompose, chaque orteil indépendant l’un de l’autre. Aujourd’hui, presque, ça me manque. Puis la tenue, aussi, m’a faite tiquer: t-shirt noir et jean brut. Un peu ta tenue de prédilection, le “sans débordement”, le “discret”.
Si je t’ai vu, si c’était toi, ça a duré moins de trois secondes.
Je t’ai croisé peut-être, et mon cerveau, roue libre, n’a plus rien su faire d’autre que m’envoyer des images de nous, sublimes et datées.
Je t’ai trompé. Avec une femme. Ça a au moins le mérite d’être exotique. Puis je t’ai quitté. Parce que je respirais plus. Parce que je savais plus nous regarder, nous voir, nous aimer, croire en l’avenir de nous. Je t’ai quitté parce que je ne t’aimais plus absolument. T’as valeur d’unique. Avant toi, je m’autorisais même pas à imaginer que ça pouvait exister, cette arrogance d’amour. Retourner auprès de toi, c’était me rappeler à quel point je ne savais plus, je ne pouvais plus, je n’étais plus capable d’aimer absolu, d’aimer tout, d’aimer toujours. Retourner auprès de toi c’était comme aller chaque jour à l’enterrement d’un sentiment que j’avais vu mourir sous mes yeux, impuissante, inutile, fragile, neuf mois plus tôt. Je t’ai aimé comme je n’ai aimé personne d’autre. Je t’ai aimé comme je n’aimerai personne d’autre. Mais je n’aime plus comme ça. Maintenant je le sais et je le pleure encore un peu.
Je suis en colère, contre qui je crois que tu as été, contre qui je crois que tu ne seras jamais, avec moi. Je suis en colère contre mes espoirs stupides et mes désirs insatiables. Je hais l’impuissance de mes mots, qui ne racontent jamais assez les beautés, les peines, les douleurs, les sublimes de nous. Je hais que tu sois autre, que tu restes autre à jamais, que j’ai pu t’aimer si intime, si loin, si fort, me sentir si près de toi et toi pareil, et que ça n’ait pas suffi. Je suis en colère d’avoir été touchée, embrassée, contenue par un amour si intense pour finalement le perdre, comme tout peut se perdre, au point de devoir en faire rien qu’une histoire d’amour comme les autres. Si je l’avais laissée sublime, immense, inaltérable, notre histoire, alors j’aurais dû en mourir. L’instinct de survie a joué sa partie. J’ai appris à repenser le monde joyeusement sans toi. Je suis en colère parce qu’il m’a fallu renoncer au merveilleux de nous pour accepter notre fin. Je t’en veux de n’être qu’un homme, faillible et imparfait. Et je déteste t’avoir renvoyé la même chose chez moi.
Bon, mais voilà. Hier j’ai mangé un poulet au curry, chez les meufs, au quai d’Alger. Y avait de la cardamome, dans le plat. Deux graines, dans mon assiette. J’ai pensé à toi, quand tu en croques une, quand ça se répand dans ta bouche, ce goût puissant qui s’étale partout, langue, palais, dents. J’ai pensé au plaisir que tu décris à chaque fois: la surprise, la puissance, l’intensité. Je les ai mises de côté pendant que je finissais mon assiette. Je voulais les garder parce que d’abord j’aime pas trop leur goût, moi, une fois éclatées, puis de toute façon je voulais pas me séparer du souvenir qu’elles m’offraient, une surprise d’une autre forme. J’ai souri.
Alors voilà. Je t’ai trompé, oui. Je t’ai quitté. Je ne t’ai plus jamais donné de nouvelles. Je vois pas comment je ferais sans nous blesser encore plus fort, et, faut le reconnaitre, chacun de nous a reçu une belle dose de douleur, déjà.
Pourtant t’existes. Et même quand t’es pas dans ma vie, t’es sublime, t’es vivant, t’es drôle. Et la vie, c’est mieux avec l’idée de toi en train de te recoiffer à la vitre d’une voiture, la vague de ta chevelure comme la plus parfaite imperfection. Ne me reste donc qu’à faire la paix avec les beaux souvenirs de nous. Trouver ça encore un peu dingue, et le sublime, et le dramatique de tout ça. Laisser venir à moi le beau, le sensible, abandonner la culpabilité de l’échec, j’ai fait de mon mieux, je crois, vraiment. Toi pareil. Et ça n’a pas été assez. Ou c’était trop. Pas facile de savoir.
Peut-être, un jour, on sera suffisamment forts, sages, inconscients ou extraordinaires pour se regarder en tendresse et se saisir et se porter et s’aimer à nouveau, quelle que soit la forme.
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Travailler sur soi, un investissement vital
J’avais 15 ans lorsque j’ai approché ma mère, tremblotante pour lui confier que je désirais voir un psychologue, que j’en avais besoin. J’avais préparé un speech, un power point mental, des arguments en béton pour qu’elle accepte. Ridicule pourtant comme démarche car c’était la première à m’envoyer chez le médecin lorsque j’avais un léger rhume. La première aussi à soupirer d’inquiétude au téléphone lorsque je lui disais que j’avais une rhino-pharyngite. Pourtant, là, j’étais coincée. Coincée à l’idée de lui dire, « maman, je ne vais pas bien, j’ai besoin d’aide et tu ne peux pas m’aider ». Ma mère avait une perception erronée des psychologues et je ne pouvais pas la blâmer. Elle avait grandi avec une éducation différente de la mienne, des conditions précaires et malgré son insertion dans la culture française, certaines idées continuaient d’appartenir au passé. J’ai toujours été la rebelle de la famille, celle qui refusait de se soumettre à ces idées préconçues partagés par l’ensemble de ses membres ayant eu un parcours migratoire que je qualifierais de défaillant. Tout cela pour dire que ma mère pensait que les psychologues étaient réservés aux fous. Quelques années plus tôt, elle avait eu affaire à une psychologue. Il lui a suffit d’un commentaire de la part de celle-ci pour être persuadée que le rôle d’un psychologue était non seulement de soigner les fous mais en plus, de remettre en question ses capacités à être mère. En conséquence, il était judicieux de ma part de préparer une argumentation pour cette demande.
J’avais 15 ans et cela faisait quelques mois que j’avais fait ma rentrée dans un lycée à quelques minutes en transport de mon quartier. J’avais sombré dans un mutisme sélectif avec mes pairs, entravant la possibilité de nouer de nouvelles relations. La bonté et la bienveillance de mes pairs m’avaient tout de même permis de créer des liens sociaux mais ma parole s’éteignait dès lors que près de moi plus de deux personnes étaient présentes. Je m’arrêtais de parler. Dans ces moments-là, il m’était impossible de dire quelque chose. Mon cerveau était en court-circuit. L’avantage c’est qu’on me qualifiait tout bonnement de timide, de personne très réservée. Moi, je savais qu’il y avait un problème. Je n’avais jamais été de celles que l’on qualifie de sociable. Il est vrai que j’avais peur des autres et que pour la contrer, j’avais toujours à mes côtés ma meilleure amie d’enfance qui était mon opposé. Elle n’avait peur de rien. Lorsque je stagnais, elle me tirait par la main pour que l’on avance. Au point qu’en CM2, on nous sépara pour cette raison. Mon ancienne maîtresse souhaitait que je m’individualise, que je prenne en indépendance. Cela n’a duré qu’une année. Au lycée, ma meilleure amie n’était plus là et tous mes repères étaient chamboulés. Je devais apprendre à vivre avec les autres, sans elle. Il n’y avait plus personne pour terminer mes phrases lorsque je ne trouvais pas les mots. Il n’y avait plus personne pour approcher les autres. J’étais livrée à moi-même et pour me protéger de ce monde inconnu, j’avais décidé de me taire. Ma mère m’écouta malgré la maladresse de mes propos. Il m’était difficile de lui expliquer pourquoi je souhaitais un suivi psychologique. Probablement en partie car cela l’incriminait d’une certaine façon. Elle n’était pas convaincue et me proposa de consulter un médecin généraliste en premier lieu. Néanmoins, j’étais sûre de moi et comme les médecins le savent, le patient est détenteur d’un savoir que eux non pas, sur son propre état. Contrairement à ma mère, je n’ai pas eu besoin de convaincre le médecin qui m’a dirigé vers un Centre Médico-Psychologique de mon arrondissement.
J’ai été pris en charge rapidement et c’est là que mon parcours thérapeutique a débuté. En 9 ans, j’ai consulté 8 psychologues. Je n’ai pas honte d’énoncer ce chiffre. En effet, la thérapie n’est financièrement pas accessible à tous. J’ai été suivi en CMP jusqu’à mes 18 ans, en trois ans, j’avais eu 2 psychologues. Après quelques mois de suivi, mon mutisme sélectif avait disparu. Ensuite, ma psychologue est partie à la retraite. Lorsque j’ai vu la première fois celle qui prenait sa relève, elle me dit « Madame X m’a confié que vous aviez toujours quelque chose à dire et que vous étiez très bavarde ». J’ai alors souri parce que j’avais arrêté de me taire. À mon entrée à l’Université, je me suis inscrite pour être pris en charge au BAPU, réservé aux étudiants. Comme à mon entrée au lycée, l’entrée à l’Université m’était difficilement vivable. Ma nouvelle psychologue m’était aussi difficilement vivable. Je ne supportais pas son regard lorsque je venais à son cabinet, je ne supportais pas ses remarques, ses manies, sa manière de se tenir sur la chaise et encore moins ses interprétations. Malgré mes études de psychologie entamée, j’ignorais ce qu’était le transfert négatif et j’étais en plein dedans. Malgré mon mutisme soigné, il m’était impossible d’arrêter mon parcours thérapeutique. Il était nécessaire pour moi de le poursuivre. Sans me décourager, j’ai consulté un psychiatre (donc un médecin) qui pratiquait également la psychanalyse. Étant donné que mes parents ne pouvaient pas financer ma thérapie, j’avais besoin d’avoir recours à un service gratuit (CMP, BAPU) ou bien de passer par un médecin (psychiatre) pratiquant des thérapies (psychothérapies) ou bien la psychanalyse (analyse personnelle). Erreur de ma part de ne pas avoir consulté les avis au préalable. Après quelques séances de 15 minutes où il ne parlait pas ne me regardait pas, regardait parfois son Ipad et pire encore, ne se souvenait pas de moi et répétait « Bon, vous rêvez de quoi ? Vous ne vous souvenez pas ? Vous me les écrivez pour la semaine prochaine. Votre fiche de soin, au revoir », j’ai arrêté de le voir. Je suis retournée en CMP pour adultes cette fois-ci, j’ai été pris en charge par une fantastique psychologue qui arrêta d’y travailler quelques mois plus tard. La relève ne lui arrivait pas aux chevilles, à nouveau le transfert négatif empiétait sur mon travail mais surtout ma difficulté à reconnaître que je souffrais des départs des psychologues qui m’avaient suivies. Deux retraites, une grossesse. La psychologue en question, en miroir à mon transfert négatif, avait un fort contre-transfert négatif car quelques mois plus tard, c’est elle qui me mit à la porte. Désemparée, j’ai fini par trouver à nouveau un psychiatre pratiquant la psychothérapie. Après quelques séances presque adaptés et ma persuasion que ses interventions étaient correctes, bénéfiques, il fit quelque chose qui me paralysa. Il m’embrassa les mains pour me féliciter de mes résultats scolaires. J’étais en fin de cursus universitaire, je maitrisais parfaitement l’art du cadre, le rôle d’un thérapeute, les règles, les normes, le processus thérapeutique. S’il y avait quelqu’un qu’il ne pouvait pas berner à ce sujet, c’était bel et bien moi. Consternée, je n’y ai jamais remis les pieds.
Depuis le début de mon cursus universitaire, je travaillais. Certes, j’enchainais les emplois étudiants précaires et encore aujourd’hui, ma situation est précaire. Je n’ai jamais gagné le SMIC et au détriment de ma santé psychique, je suis restée habiter chez mes parents en attendant d’avoir un vrai travail (peu importe ce que cela signifie). Il m’était difficile d’investir dans une thérapie, payer pour celle-ci. Tout d’abord car je ne voyais pas la thérapie comme un investissement mais quelque chose qui m’était dû. Mon parcours de vie difficile, ma souffrance quotidienne m’incitait à penser de la sorte: je ne vais pas payer pour me soigner car ce n’est pas de ma faute si je suis malade. Néanmoins, avec le temps, j’ai compris que l’on ne choisit pas ce qui nous arrive mais on peut choisir comment réagir. J’ai alors décidé d’investir en moi-même. Alors oui, je sonne comme ces fameuses pubs d’actionnaires, de BitCoin lorsque vous regardez un film sur un site en streaming mais c’est le meilleur investissement que j’ai pu faire. Après de longues semaines de recherche sur Doctolib, j’ai fini par trouver un psychologue à une demie-heure en transport de chez moi ayant un tarif convenable. Malgré cela je m’étais dit que financièrement je ne pourrai y aller qu’une semaine sur deux. Il a tout de même réussi à me convaincre de venir chaque semaine. Cela fait un an à présent et je ne le regrette jamais. L’argent que je dépense durant mes séances fait parti de mes dépenses quotidiennes, essentielles, nécessaires. Je ne les compte pas comme des factures qui entravent ma possibilité de vivre convenablement: non, c’est grâce à elles que je vis petit à petit mieux.
En sélectionnant mon psychologue j’avais écarté toutes les possibilités que mon passé se répète: il est jeune donc il ne peut pas partir à la retraite, c’est un homme, il ne peut pas tomber enceinte. Hormis la mort ou un possible déménagement, jusque-là j’avais fait un pas en avant, j’avais choisi que mes traumatismes ne se répètent pas. D’autant plus, qu’il ne m’embrasse pas les mains. D’ailleurs, grâce au covid, il ne me serre même plus la main.
Alors non, une thérapie ce n’est pas un miracle. Il y a des séances où on dit beaucoup de choses, parfois trop de choses, parfois on ne dit rien. Parfois on vient en avance, parfois on vient en retard. Parfois on a pas envie d’y aller et parfois on aimerait y aller un jour avant. Parfois on aime notre thérapeute, on l’idéalise, le transfert positif et parfois on le déteste, transfert négatif. Parfois on sort de thérapie et on se sent mieux, parfois on en sort et le monde s’écroule. Il se peut que l’on pense que cela ne sert à rien, que l’on est toujours au même stade et il y a d’autres jours où l’on se rend compte que cela fait trois jours que l’on a pas eu de crises d’angoisse alors qu’à une période on en faisait cinq par jour. Il y a des séances où on répète en boucle la même chose que les semaines précédentes et il y a des séances où on se rend compte que l’on dit d’autres choses, que l’on pense différemment.
Parfois notre thérapeute nous dit 100 fois la même chose et c’est à la 101ème fois que l’on comprend ce qu’il veut dire.
Et ainsi, on avance.
La thérapie n’est pas une honte: c’est un choix que l’on fait pour soi. C’est un investissement de soi. C’est la preuve que l’on croit en soi et que l’on peut s’en sortir.
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Ma première année en Belgique
Et oui, déjà un an ! Un an que je suis partie avec deux valises à quelques 900km de ma terre natale ! (Dis comme ça on a l’impression que je suis partie pour un périple de dingue alors que pas-du-tout)
Au départ j’avais prévu d’écrire régulièrement des articles sur la vie en Belgique. Puis mon PC perso ayant définitivement rendu l’âme, j’avais plus les outils nécessaires pour prendre du plaisir à le faire. Mais maintenant que j’ai fais l’acquisition de mon super Chromebook, me voilà parée pour l’exercice, et quoi de mieux que d’écrire ce premier article à l’occasion de ma première année en Belgique ?! (question rhétorique évidemment, puisque que vous le vouliez ou non, je compte bien vous dérouler une rétrospective de ces douze derniers mois)
Après avoir rendu mon appartement à Lyon, déménagé pour une semaine chez les parents, trouvé un logement à distance à Bruxelles, quelques pots de départs, une embrassade aux vieux sur le quai de la gare, et Hop ! Me voilà partie !
J’arrive à Bruxelles, gare du Midi, et là, je suis déjà perdue ! Mais c’est quoi cette gare sérieusement ? C’est un labyrinthe bordel ! Bon, je trouve la sortie, je commande un Uber pour aller jusqu’à ma nouvelle maison, parce que découvrir le métro Bruxellois ça me tentait pas trop dans l’immédiat. Mon proprio m’accueille, maison de type loft vraiment sympas en colocation, le boulot à 20 min en tram. Parfait. Je pose mes valises, je vais faire des courses, et les explorations commenceront le lendemain seulement, car j’ai trois jours devant moi avant mon premier jour de boulot.
MAIS IL FAIT BEAU EN BELGIQUE ! M’AURAIT-ON MENTI ?
C’est à peu de chose près ce que je me suis dis lors de ma découverte de la ville. Il faisait beau et chaud... Bien loin de la grisaille qu’on s’imagine. Alors j’en ai profité ! Visite des parcs, des institutions européennes, du centre ville et de sa fameuse Gröte Markt, j’ai cherché le Manneken Pis et ses copains Jeanneke Pis & Zinneke Pis (je sais pas ce que les Belges ont avec le fait de faire de pipi!), j’ai évidemment mangé une gaufre, ou deux (bah oui faut tester celle de Liège et celle de Bruxelles hé!), et puis j’ai commencé le travail !
Bienvenue chez Peugeot Belgique Luxembourg, filiale Belge du Groupe PSA !
Une passation un peu trop brève avec ma prédécesseuse sur le poste, un déménagement dans de nouveaux locaux en perspective, bref, une arrivée en plein chaos ! Mais me voilà Training & HR Project Manager ! (ça fait classe en Anglais hein?).
Mon tout premier job post Master, et j’en suis fière ! Un emploi avec des responsabilités, des sujets très variés... de quoi bien m’amuser !
Bon par contre, j’ai oublié de le dire, mais le beau temps a duré même pas deux semaines, après c’était de la pluie, de la grisaille et même que le froid à commencer à se pointer mi-octobre et que j’étais pas prête pour ça du tout !
Bon, étant donné que la Belgique n’était pas la destination en tête de liste pour effectuer un VIE - elle n’était pas du tout sur ma liste à vrai dire - mais que l’opportunité professionnelle m’y a amenée, autant en profiter pour visiter le plat pays !
“La vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie”
Donc me voilà partie avec mon sac à dos et mes billets de train pour ma première excursion. Au programme : Gand, Bruges et la côte Belge avec Blankenberge et Le Coq. La météo n’étant pas avec moi, j’ai eu le droit à la pluie, le froid, le brouillard et un tout petit peu de soleil. Quatre villes, une quarantaine de kilomètres parcourus à pied, la beauté des architectures (sauf Blankenberge), des litres de cafés pour me tenir chaud et la découverte de la fameuse Carbonnade Flamande (je recommande) !
Visiter Gand c’est un peu déroutant. Le centre-ville est grand, spacieux, les bâtiments sont magnifiques, on ne sait pas où donner de la tête. Par contre, ayant suivi le parcours du Street Art qui fait traverser la ville en long, en large et en travers, je me suis vite retrouvée dans des endroits qui donnaient franchement pas envie.
Non sérieusement, beaucoup de bâtiments à l’abandon, des façades défraîchies, des places sans personnes dessus... Un peu lugubre comme atmosphère... A Gand c’est deux salles deux ambiances quoi !
J’ai eu l’occasion d’y retourner cet été, avec une météo plus clémente, même si on s’est pris une bonne drache (d’où l’importance d’avoir toujours un parapluie, mais je clôturerai l’article par une liste des règles de survie en Belgique), c’était donc plus agréable, je vous laisse en juger par vous-mêmes.
J’ai beaucoup aimé Bruges. J’ai moins aimé le monde qu’il y avait. J’ai commencé la visite de la ville par le Béguinage et les moulins, il n’y avait pas trop de monde. Mais plus je m’approchais du centre-ville, plus le flot de touristes se densifiait. (Oui j’étais moi-même une touriste, je sais!)
Impossible de manger avant 15h ! Même Mc Do et autres fast-food étaient saturés ! Bon, j’ai quand même réussi à avoir mes carbonnades flamandes, servies avec de la compote de pomme et des frites. Un régal !
Après le repas, je suis allée directement faire la queue pour monter au sommet du Beffroi de Bruges. Ce fût ma dernière activité de la journée, j’en ai donc profité pour admirer la nuit qui tombait sur la ville... et la Gröte Markt de Bruges.
Ah ! La côte Belge ! 65km de plage de sable fin et... de barres d’immeubles dégueulasses ! (Tu m’étonnes que les Belges vont tous à la mer en France...)
Mon hôtel étant à Blankenberge, je suis allée jeter un oeil à la plage. Ce fût bref. C’était moche. Heureusement, on m’avait conseillée d’aller du côté de Le Coq pour profiter de l’architecture typique des villages côtiers. Pour se déplacer facilement le long de la côte on peut prendre le tram du littoral. Hyper pratique. (Ils ont parfois de bonnes idées les Belges)
Je n’ai pas été déçue en arrivant à Le Coq : toute la ville a conservé cette magnifique architecture et les bâtiments en front de mer sont eux aussi traditionnels. Ouf !
La pluie et le froid étant de la partie, je me suis pas trop attardée et je suis rentrée à Bruxelles un peu plus tôt que prévue, las et fatiguée de marcher dans le froid et la pluie.
Autres expéditions d’un jour...
J’ai aussi visiter Anvers. Bon tout était en travaux à ce moment-là donc il n’y avait pas grand chose à voir malheureusement.
Puis Dinant, très jolie mais un peu morte. Louvain qui a de très beaux bâtiments mais dont on fait vite le tour.
Namur et sa citadelle (inutile de perdre du temps dans Namur, la citadelle et les bords de Meuse sont vachement mieux).
Par contre, agréable découverte que celle du Sahara de Lommel. Un spot à la frontière des Pays-Bas où on trouve un bout d’étang entouré de sable, où la baignade est interdite comme dans 90% des spots aquatique en Belgique (bon vu la gueule de l’eau, j’aurais peur de ressortir et d’avoir un troisième bras qui pousse).
“Dans le port d’Amsterdam, y a des marins qui chantent”
Comment vivre à 2h30 de voiture d’Amsterdam et ne pas y aller ? impossible ?! On est bien d’accord. C’est pour ça que j’y suis allée. Deux fois. Alors j’ai pas vu les marins chanter, mais j’ai vraiment apprécié l’ambiance chill de cette ville.
Ma première visite à Amsterdam c’était en plein hiver, pour le Light Festival. Découverte de la ville en croisière... C’était très beau. Mais il faisait aussi très froid. Du coup j’ai eu envie d’y retourner avec les beaux jours...
Et c’est vrai qu’Amsterdam est bien différente sous le soleil. Je retrouve bien là les architectures Flamandes, en même temps, les Flamands n’ont rien inventé (Oups).
Bref, flâner le long des canaux, louer un vélo, visiter les nombreux musées, tester les coffeshop... (oui?)
Ville idéale pour un week-end romantique... ou pas ;-)
Une intégration pas évidente...
Je l’ai voulu cette expatriation. J’avais ce besoin de partir, me challenger, découvrir autre chose que la France dans laquelle j’ai grandi et en laquelle je ne me reconnais plus. Seulement voilà... Les changements et moi.. ça fait deux. Mon temps d’adaptation est long et à cela s’ajoute ma difficulté à créer des relations (la fille un peu psychorigide et asociale). Donc je dois admettre que les premiers mois n’ont pas été évidents. Ma première maison étant située dans un quartier résidentiel et excentré, j’avais pas grand chose à faire (à part sortir les poubelles) et les sorties en ville étaient vite compliquées. Alors certes, j’étais pas loin du travail mais je me faisais ch**r et déprimais.
... et un déclic !
Puis j’ai changé de colocation et de commune. Un peu mieux placée, un accès rapide aux endroits dynamiques de la ville... Et la vie a été plus agréable. J’ai des supers colocs, (la plupart sont déjà repartis), mais on a passé de supers moments. Surtout avec le confinement. On a su se soutenir et c’était chouette. Des soirées jeux de société, des BBQ, une chasse aux oeufs dans la maison pour Pâques... Ça a compensé la solitude des mois de télétravail !
Finalement la vie en Belgique c’est pas si mal... mais je n’y resterais pas, j’ai d’autres projets !
Pour conclure cet article, il me paraissait évident de faire une liste des choses essentielles à savoir avant de venir en Belgique.
Investir dans un parapluie. Oui. Vraiment. Et l’avoir toujours avec soi. En Belgique il peut faire grand soleil, la météo peut t’annoncer un ciel sans nuage toute la journée, y a toujours moyen que tu te prennes une drach’ sur la tronche.
Faire la bise aux gens ou tes collègues, même si tu les connais pas vraiment (oh joie quand t’es pas tactile). Et c’est LA bise. Au singulier. Donc juste une. Pas deux, ni trois, ni quatre comme en France. Donc faut s’habituer à se prendre des vents au début. Donc on a dit une bise mais pas tout le temps. Non, pour la nouvelle année c’est trois bises et pour les anniversaires c’est deux. Pourquoi faire simple ?!
La guerre des langues. En Wallonie, la langue officielle c’est le français. En Flandre, le Néerlandais, et à Bruxelles... Bah c’est les deux. Si tu veux aller en Flandre (visiter Gand, Bruges etc..) : Mieux vaut parler directement anglais que tenter le français au risque d’être mal vu et ignoré.
Et si les mésententes entre la Flandre et la Wallonie s’arrêtaient aux langues... mais non ! La Belgique est quand même un pays qui n’a pas de gouvernement depuis 2 ans et les Belges le vivent bien. N’hésitez pas à les charrier un peu dessus d’ailleurs.
Par contre ne les charriez JAMAIS sur la coupe du monde de football 2018. Houla non ! Ils ont pas encore digéré leur défaite contre la France. (Sorry not sorry)
Les gaufres ! Gaufre de Liège ou Gaufre de Bruxelles ? Deux spécialités bien différentes. Cela dit, je préfère une gaufre de Liège nature pour mieux apprécier son goût sucré de base (et elle est assez lourde sans en rajouter), et une gaufre de Bruxelles avec topping pour la gourmandise. Certains tearoom proposent des gaufres à un prix exorbitant.. Honnêtement, les petits waffle trucks avec gaufres à 2€ sont tout aussi excellents.
Le parler belge ! Bon les septante et les nonante, quand on a un nonante-sept et un septante-huit dans son numéro de téléphone on apprend vite. Le “Une fois” , on va pas se mentir, tout le monde l’utilise. Mais c’est pénible car, dès que tu parles avec des français et que tu l’emploies, c’est radical, t’as le droit au “une FOIS” avec l’accent de Danny Boon. Les français stop. C’est lourd. Par contre j’ai eu du mal avec l’utilisation de “Savoir”. Les Belges utilisent savoir comme nous on utilise pouvoir. Donc quand on vous demande “est-ce que tu sais faire telle ou telle chose” la personne n’attend pas que vous lui confirmiez que vous savez effectivement faire mais que vous passiez à l’action et réalisez la demande. Alors je vous laisse imaginer au début, quand ma Cheffe me demandais si je savais faire une chose, que je lui répondais “évidemment” et qu’on réalisait deux jours après quand elle me demandait de lui transmettre le travail que j’avais pas compris la subtilité belge. Oups ! Bah je vais le faire hein ! Ou encore le “Ça va” qui veut dire “ok ça marche”. Pareil, quelques incompréhensions au début quand je demandais quelque chose et qu’on me répondait “ça va”. Dans ma tête c’était “mais je t’ai pas demandé comment tu vas”, puis j’ai compris.
Et y aurait encore plein de chose à raconter mais je crois que je vais m’arrêter ici pour cette rétrospective.
Donc en résumé, la Belgique c’est : des Belges chaleureux et ouverts d’esprit, de la bonne bière pour qui aime la bière, une météo pourrie et des villes aux architectures incroyables !
Aller... Tot Ziens !
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« tu es ma copine, tu devrais être celle avec qui je couche le plus »
J'ai décidé d'écrire mon témoignage, je crois que j'en ai vraiment besoin pour avancer. Il y a deux ans, j’ai mis fin à ma plus longue et plus sérieuse relation. Cinq ans, on parlait mariage et enfants, on vivait à distance depuis un an pour des raisons professionnelles mais avant ça, nous avions vécu ensemble. Il parait qu’à distance, le risque de séparation augmente grandement. A l’époque je n’ai pas compris que ce n’était pas un risque mais plutôt une chance, dans mon cas.
En apparence, mon ex-compagnon et moi formions un couple équilibré et heureux. En apparence.
Il m’a fallu deux ans pour comprendre pourquoi je m’étais enfuie comme ça, pourquoi j’ai tout fait pour rompre, pourquoi je me sentais aussi mal alors que tout allait si bien entre nous.
Durant cinq ans, j’ai vécu ce qu’on appelle une relation abusive.
Ça me donne envie de vomir quand j’y pense mais je sais (je remercie le médecin qui m’a suivie cette année), que si je continue à ne rien dire, j’en souffrirai toute ma vie. Alors voilà, je le dis, j’en parle, je témoigne.
J’avais dix huit ans, un climat familial tendu et un besoin d’indépendance. Il était à peine plus âgé, il avait une famille de hippies et un petit appartement à lui. Je suis tombée amoureuse très vite, je disais que tout se faisait tellement naturellement entre nous, c’était magique ! Mais c’est plutôt comme une araignée tissant progressivement sa toile pour piéger un insecte. J’aurais du mal à dire comment ça s’est vraiment fait, il était très distant au départ, il disait que je ne l’intéressais pas mais ses gestes et ses actes me prouvaient le contraire. Toujours très doux, toujours là quand j’avais besoin. Je me disais qu’il était peut-être réticent à s’engager à cause de son ex qui lui avait manifestement bien brisé le cœur.
Quand nous marchions dans la rue, il s’arrêtait toujours auprès des SDF pour leur donner quelque chose et discuter un peu. J’ai cru trouver l’homme le plus généreux et gentil au monde.
Un jour, il a dit qu’il m’aimait. Peu de temps après, je venais vivre chez lui. Ça avait l’air d’un conte de fée. J’avais trouvé un prince dont il ne manquait plus que le cheval blanc.
Et puis, ce que j’ai perçu comme « son seul défaut » a fait surface. Il était coureur et pas qu’un peu. Il justifiait son attitude par une frustration de longue date, liée au fait qu’avant il ne plaisait pas aux femmes. J’ai su ensuite que son ex l’avait quitté pour ça. Il m’a imposé sa vision du couple, lui qui se tapait qui il voulait quand il voulait. C’était à prendre ou à laisser. Je l’aimais, j’ai accepté avec un pincement mais accepté quand même.
Ç’aurait pu être tout, ok mon ex couchait partout comme il voulait mais certains couples pratiquent le libertinage et tout va bien. Moi, je n’avais jamais fait l’amour avec personne d’autre, et ça me gênait alors j’essayais de faire abstraction. Mais il y a eu le fichier Excel. Je crois que c’est là que j’aurais dû fuir parce qu’après ça, il m’a abimée de plus en plus. Sauf que j’étais déjà dépendante de lui. Financièrement et sentimentalement.
Un jour, il m’a montré un fichier Excel sur lequel il notait toutes les filles avec lesquelles il couchait. J’étais bien entendu dessus. Il m’a dit « tu es ma copine, tu devrais être celle avec qui je couche le plus ». Ça parait délirant ? Pour moi aussi, maintenant. Combien de fois ai-je couché avec ce mec alors que je NE VOULAIS PAS ? Combien de fois, je me suis sentie sale parce qu’il s’en était tapé une autre avant moi ? « Je me protège, t’en fais pas », « de toute façon tu seras toujours mon vaisseau mère, la principale de toutes » c’était toujours ce qu’il me disait. Il m’offrait ces phrases comme un genre de privilège de petite amie. J’écartais les jambes, et les points sur le Excel grimpaient. J’avais la pression, j’avais peur qu’il me quitte, j’avais peur d’avoir le cœur brisé, j’avais peur de ne plus avoir son amour, j’avais peur de devoir rentrer dans ma famille.
D’autres comportements se sont ajoutés, toujours justifiés. Il parlait avec une voix douce, il semblait ne jamais rien imposer et pourtant il me forçait sans cesse la main. Subtil et efficace.
Il m’a comparée de plus en plus aux autres femmes. Celles avec lesquelles il couchait, les actrices porno qu’il aimait, les inconnues croisées dans la rue. Par exemple, il disait que mes seins n’avaient pas la bonne forme, et de comparer avec image à l’appui pour me montrer ce que sont de beaux seins. Et il l’a fait avec de nombreuses parties de mon corps. Mais certaines était très bien, alors je pouvais me rassurer, ça sauvait les meubles. Aujourd’hui, je suis toujours complexée.
Il m’a prise en photo et filmée à mon insu. Il a stocké les fichiers sur une clé USB. Il a justifié son œuvre comme une aide quand il manquait de moi (NOUS VIVIONS ENSEMBLE, BORDEL). Quand je l’ai découvert, j’ai été horrifiée. Ma pression a monté d’un cran, j’ai commencé à avoir peur de ce qu’il pouvait en faire. Comme toujours, il justifiait ses pratiques déviantes par son manque de femmes dans le passé, c’était normal, il fallait que je sois compréhensive, le pauvre avait tant souffert.
Je dormais parterre. Parce qu’on avait pas la place pour un lit double (on vivait dans un 18m² très mal agencé, pour sa défense) et qu’il prétendait avoir besoin d’un vrai lit pour son dos. Puisque je ne souffrais pas du dos, pourquoi aurais-je eu besoin d’un lit ? Et il n’était pas question de déménager, trop cher, trop chiant, trop compliqué.
Comme j’étais étudiante et que je ne gagnais pas ou peu (selon les périodes) d’argent, il fallait que je sois utile. Alors je faisais le ménage. TOUT le ménage. En plus des cours, des stages. A un moment, j’ai quitté l’appartement durant quatre mois pour un stage dans une autre ville. Il n’a jamais fait le ménage. J’ai dû tout rattraper en rentrant, du moins j’ai essayé car autant dire que c’était devenu un taudis. Il y avait même une colonie d’insecte. Tout ça en quatre mois. Et lui, qui trouvait ça normal. (ET MOI QUI DORMAIS TOUJOURS PARTERRE !!) Au milieu de sa crasse. Mais je ne devais pas me plaindre, il faisait « quand même » la vaisselle.
Puisque c’était son appartement, je devais vivre selon ses règles. Je ne pouvais pas décider où ranger mes affaires, j’avais un demi niveau d’étagère pour tout mettre. Tout le reste lui appartenait. Il mettait son bazar partout et j’étais tenue d’être ordonnée de mon côté. Si je devais me lever plus tôt que lui, j’étais tenue de ne pas le réveiller, de ne pas faire de bruit. Je prenais mon repas soit dans la salle de bain, soit à la fac car je ne devais pas allumer la lumière et manger l’aurait réveillé. C’était comme ça tous les matins durant plusieurs années.
Lorsque j’étais malade, il me réveillait en plein milieu de la nuit car il ne supportait pas de m’entendre renifler ou tousser, il disait que ça l’empêchait de dormir. Peu importe si moi, j’avais 40 de fièvre et les poumons en feu, son sommeil était plus important.
Un jour, il a dit qu’il trouvait ma sœur canon et qu’il coucherait bien avec. J’ai été choquée, je lui ai dit que je n’acceptais pas ça. Il a répondu « ok, je ne la toucherai pas. Mais tu sais, si mon frère veut coucher avec toi, ça ne me dérange pas ». Et lors d’un événement de famille, son frère a justement eu des gestes déplacés envers moi. Je me sentais tellement mal que j’ai peiné à en parler à mon ex-compagnon. Quand finalement je l’ai fait, il a pris son parti en invoquant la même PUTAIN de justification que pour lui-même « il est célib depuis un moment, le pauvre doit être en manque ».
Des hommes de son entourage ont parfois été lourds voire plus, parce qu’ils pensaient (d’après ce que mon ex leur disait de nous et surtout de moi), que j’étais une fille facile, que j’étais une accro du sexe.
La dernière année de notre vie commune, il était au chômage. On vivait de l’argent de ses parents et de ma gratification de stage. Il a passé sept mois à jouer aux jeux vidéos avant que la pression parentale ne le pousse à chercher un job. Je n’avais plus rien sur mon compte bancaire.
Il disait qu’il était un grand économe et s’en servait pour justifier ses refus d’acheter quelque chose. En fait, il préférait dépenser son argent dans des composants informatiques et des jeux. Une année, il n’a rien fait et ne m’a rien offert pour mon anniversaire parce qu’il voulait s’acheter une nouvelle carte graphique. Une autre fois, il m’a offert un bracelet trouvé parterre. Lorsque nous étions en relation à distance, il prétendait ne pas avoir les moyens d’acheter un billet de train pour me voir et réclamait par contre que je vienne. Un de mes amis a voulu se montrer gentil et a proposé de venir le chercher lorsqu’il passait vers chez lui, il ne lui demandait rien en retour. Il voyageait donc gratuitement. Un jour, ils parlaient de jeux dans la voiture. Mon ex s’est vanté d’avoir acheté un casque de VR à 400€.
Quand nous avons commencé à parler de mariage et d’enfants, il a dit vouloir trois enfants pour « reproduire suffisamment mon patrimoine génétique, sinon ça sert à rien ». Oui, il a vraiment dit ça. Il s’est offusqué lorsque je lui ai dit que je voulais garder mon nom de naissance et continuer à travailler. « Mais qui va élever les enfants ? » Pour lui, refuser de porter son nom était un affront et ne pas devenir mère au foyer tout autant. Mais je n’ai pas lâché. Mon nom, c’est la base de la construction de mon identité, c’est moi, c’est important. J’ai fini par négocier un nom composé et il accepté l’idée que je travaille. On avançait. Ou pas. Il a alors déclaré qu’il travaillerait moins, que je rapporterai l’argent puisque je voulais le faire. Sur le papier ça sonne comme une victoire, mais sa façon de le dire ne m’y a pas fait croire une seule seconde. Et c’était toujours comme ça quand il y avait un désaccord. Lorsqu’il pliait en ma faveur, j’avais toujours une impression étrange, une forme de culpabilité, comme si j’étais horrible, comme si je le maltraitais. Dans d’autres cas, il acceptait parce qu’il trouvait un autre moyen de me pousser dans son sens, de façon plus détournée mais on finissait toujours par aller dans son sens. Son intérêt était toujours plus important que le mien ou celui de notre couple. Il n’y a jamais eu de « nous » dans ce couple, seulement du « lui ».
Dans les dernières années, ma confiance en moi était au plus bas et mon corps me dégoûtait toujours plus. Je n’arrivais plus à éprouver la moindre envie de faire l’amour. A chaque fois, je complexais. Je pensais à ses remarques sur moi, sur mes pratiques, sur mon manque d’expérience. Il a suggéré que je couche avec un autre homme pour être plus expérimentée. Avec la distance, il disait qu’il voulait de plus en plus se taper Machin ou Truc, j’avais l’impression d’être devenue secondaire. J’ai commencé à refuser certains rapports sexuels. Les tensions ont apparu. Il me faisait culpabiliser, il me disait qu’on ne se voyait déjà pas assez, qu’il était en manque, qu’il allait se sentir mal. Et puis, il a fini par me dire qu’il allait se taper plein d’autres filles puisque je ne voulais pas le soulager. Je précise qu’il ne l’a pas dit comme ça, c’était plus subtil, un truc du genre « il ne faudra pas t’étonner si je craque et que je fais ça avec Machin », quelque chose plutôt comme ça. Une fois, où je n’ai pas clairement dit non, où j’ai juste dit que je n’étais pas trop motivée, il y a quand même eu du sexe. Mais je ne voulais pas, vraiment pas du tout. Je ne savais pas comment refuser. J’aurais dû dire non, j’aurais dû partir. Je me souviens que j’ai réfléchi toute la nuit à partir de chez lui, prendre le premier train et rentrer chez mes parents. Je ne l’ai pas fait.
J’ai quitté cet homme après cinq longues années. J’ai rencontré quelqu’un en ligne qui me parlait de problèmes de couples et qui m’a fait me demander si je voulais vraiment l’épouser et surtout ce que je m’apprêtais à faire vivre à mes futurs enfants. Je n’allais pas bien. Je savais que je me sentais trop mal pour tout ça. Et il y a eu cette question « est-ce que tu veux que tes enfants te voient dans cet état quand ton homme part coucher avec Machin ou Truc ? ». A l’époque, je précise que tout ce qui a été dit précédemment ne me semblait pas anormal. Je disais qu’il n’avait vraiment aucun défaut, à part celui d’être coureur de jupons. Il m’a fallu deux ans et une thérapie pour comprendre.
J’ai vécu dans une relation abusive avec ce qu’on appelle un pervers narcissique. Ce genre de personne est malade et bien souvent refuse de s’en rendre compte. Dans son petit univers, tout le monde gravite autour de lui, il est parfait et tout le monde est inférieur à lui. Je ne veux pas lui trouver des excuses. Ce type est un malade mental et il m’a beaucoup blessée. Aujourd’hui, je veux dire que je ne méritais pas ça. Ni moi, ni personne d’autre.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai écris tout ça. Je voudrais que d’autres personnes s’échappent comme j’ai pu le faire, si possible plus vite que moi ou qu’elles ne s’engagent même pas, qu’elles comprennent tout de suite à qui elles ont affaire. Je pense que sans le forum et la relation à distance, je serai toujours avec lui, plus brisée que jamais, à le servir dans son appartement de merde et à endurer ses remarques et pratiques déviantes.
Un couple, c’est une égalité. La balance ne doit jamais pencher plus d’un côté que de l’autre.
Si vous vous êtes reconnu.e dans ce texte, s’il vous plait, allez vous en. Si vous avez déjà vécu ça et que vous êtes aussi déjà parti.e, ne vous en voulez pas, dites-vous que vous avez du mérite, que vous n’avez pas abandonné une pauvre âme mais bien quelqu’un qui NE VOUS VOULAIT AUCUN BIEN.
Et, je sais que c’est dur mais dites-vous bien que ce n’est pas votre faute. Vous êtes une victime. Vous n’avez pas à avoir honte ou à vous reprocher quoi que ce soit. Si vous en avez besoin, parlez. Ne laissez pas cette personne vous pourrir la vie, même à-travers vos souvenirs. Le couple est une relation bienveillante dans laquelle on doit se sentir en sécurité. Si tu trouves que ton partenaire te tient des propos blessants et te fait culpabiliser, n’hésite pas à te renseigner sur Le cycle des violences
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I
SAMEDI SOIR
23:41
Je sais pas ce que je fous là.
J’aimerais être ailleurs. Où ? Je sais pas. N’importe où. Mais pas ici. Et pas chez moi. Chez moi, c’est sombre et silencieux. Tellement silencieux que ça en devient assourdissant. Tellement silencieux que j’y entends plus que les rouages grinçants de mon cerveau en train d’alimenter les spectres qui hantent mon esprit. Je veux être dans un lieu où y a du bruit, où y a du mouvement. La ville, c’est bien pour ça. Tu sors de chez toi, et t’es plus tout seul.
T’es plus tout seul... C’est des conneries. T’es tout le temps tout seul. Plus tôt tu t’en rends compte, et mieux t’es préparé pour la déception.
Je suis tout seul. Je crois que j’ai toujours été tout seul. Depuis que les docteurs ont coupé le cordon ombilical, c’était acté. Entouré, ou pas entouré. Dans ma chambre, ou dans une foule. Je suis tout seul. Je l’ai toujours su, au fond. Mais je crois que je m’en suis vraiment rendu compte qu’assez récemment. Et depuis, ça me fout des vertiges. Des sensations de vide. J’ai l’impression de chuter sans fin dans les ténèbres.
Autour de moi, y a plein de gens. Ils doivent être une bonne vingtaine, tous entassés dans ce modeste appart’ d’étudiant. Posters de films d’art et d’essais sur les murs, lumière tamisée, musique pop qui pulse à fond, faisant trembler l'habitation sans se soucier des voisins. C’est ça qu’on est censé appeler la belle vie, je crois. Du moins, quand on est jeunes et qu’on connait pas plus.
Les gens dansent. Les gens rient. Ils boivent. Ils fument. Ca sent le tabac, ça sent le cannabis. Y a des bouteilles éparpillées aux quatre coins de la pièce. De l’alcool renversé un peu partout. Les filles se trémoussent dans une transe lubrique, guidées par l’ivresse. Les mecs les regardent du coin de l’œil, cherchant comment les aborder.
Moi, je suis au milieu. Un verre à la main, observant la scène. Je suis là, mais je suis pas vraiment là. Isolé dans la foule. Y a pas si longtemps, j’étais dans une belle relation. Une relation avec une jolie créature qu’on appelle la vie. On a vécu main dans la main pendant un bon bout de temps. C’était chouette. Mais maintenant on est séparés. C’est comme ça, on peut rien y faire. Et comme dans toute séparation, ça fait mal. Très mal. La chute est pas encore terminée. Et croyez-moi, je crains plus que tout le moment où je vais atteindre le sol.
- Tu fais la gueule ou quoi ?
Je me tourne. Y a cette fille juste à côté de moi, qui m’observe. Je l’avais pas remarquée s’approcher, perdu dans mes pensées. Elle est petite, un piercing dans le nez, une natte de cheveux bruns lui tombant sur l’épaule. Une grande poitrine sous un t-shirt serré. Son visage est chaleureux, il semble s’éclairer à chacun de ses sourires. C’est le visage d’un phare dans l’obscurité. Le genre de meuf qui vient guider les navires à la dérive. Mais elle sait pas, la pauvre. Elle sait pas que je suis dans une brume si épaisse, que le souvenir même de la côte a disparu de ma mémoire. Y a plus aucun phare qui pourra me sauver.
- Quoi ?
Je lui demande de répéter. Faut dire que j’entends pas très bien avec le volume de la musique. Je me penche légèrement vers elle, tendant l’oreille. Elle sourit davantage, et répète sa question en haussant légèrement la voix.
- Tu fais la gueule ?
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je sais pas, elle répond avec un petit rire amusé. T’as vu la tronche que tu tires ? On dirait que tu viens d’apprendre que ton chien a un cancer. Faut te détendre, mon vieux. T’es pas bien avec nous ?
J’ai vraiment pas envie d’avoir cette discussion. Pas maintenant. Je vois pas ce qui dans mon attitude lui a donné l’impression que j’avais envie qu’on m’aborde. Je serre la mâchoire, détournant le regard. Peut-être que si je l’ignore, elle va partir de son plein gré.
Mais elle lâche pas l’affaire. Ses yeux brillent d’une légère malice. Elle croit savoir sur quel genre de type elle est tombée. Dans la vision du monde qu’elle s’est construite, elle est une psychologue, voyez-vous. Elle comprend les gens, et sait exactement comment leur parler. Elle est juste tombée sur un puzzle qu’elle a envie de résoudre. Et elle va mettre à contribution tous ses talents.
- C’est quoi ton nom ? Elle demande, souriant toujours.
- Hein ?
Je me tourne à nouveau vers elle. Pas le choix si je veux l’entendre par dessus les sons environnants.
- Ton nom. C’est quoi ?
Je la fixe droit dans les yeux. Pendant un court moment, j’ai envie de l’envoyer chier. De lui raconter une connerie, ou de seulement me tirer sans répondre. Mais je me ravise. Et je sais pas très bien pourquoi, je lui dis la vérité.
- Charlie.
- Comment tu t’es retrouvé à broyer du noir en soirée, Charlie ? C’était le plan depuis le début, ou y a un truc qui s’est mal goupillé ?
Sa question me fait rire. Un petit rire sans joie. Elle saute sur l’occasion.
- Ah ! J’en étais sûre !
- Quoi ?
- Je savais bien qu’y avait un sens de l’humour caché quelque part là-dessous. Faut pas que tu restes comme ça. Faut que tu le laisses s’épanouir. Sinon tu vas finir par devenir un vieux con. Je dis ça pour t’aider.
Elle me regarde droit dans les yeux, souriant d’un air complice. Je détourne le regard. Je vois pas comment lui faire comprendre autrement que je suis pas intéressé par son avis. Mais elle ne semble pas saisir.
- Comment tu connais Camille ?
- Hein ?
- Camille. Tu la connais comment ?
- Je connais pas de Camille.
- Quoi ?
- Je sais pas qui c’est Camille.
- Alors tu viens à la soirée d’anniversaire d’une meuf, comme ça, et tu sais même pas qui c’est ?
Elle éclate de rire, amusée.
- Eh ben, bravo, Charlie. C’est de mieux en mieux.
Elle continue de me dévisager, souriant. Je déteste ce genre de situation. Les interactions sociales, ça a jamais trop été mon fort. Même avant d’être devenu le rabat-joie de service. J’ai envie d’être autre part. Loin d’ici.
- Tu connais qui alors, ici ?
- Quoi ?
- Tu connais qui ?
- Personne.
- Comment ça, personne ?
- Je connais personne.
- Personne, personne ?
- Non.
- Comment tu t’es retrouvé là, alors ?
- Je me baladais dans la rue. Quelqu’un avait laissé la porte ouverte. Alors, je suis rentré.
La fille éclate de rire. C’est peut-être la meilleure blague qu’elle a entendu de la soirée. Peut-être même de sa vie. Mais elle croise mon regard. Son rire se stoppe aussitôt. Elle sait plus trop comment réagir.
- T’es sérieux ? Elle demande, surprise.
Je lui réponds pas. Mais la gravité de mon regard semble confirmer. Elle se remet à rire de plus belle.
- Non, mais tu sors d’où, Charlie ?! Elle s’appelle comment la planète d’où tu viens ?!
Elle a du mal à se calmer. Faut dire que c’est pas banal. Je peux pas lui en vouloir.
- Qu’est-ce que tu fais un samedi soir, à te balader tout seul, et rentrer chez des inconnus ? Pourquoi t’es pas avec tes amis ?
- J’ai pas d’amis.
- Arrête les violons, Charlie. Je suis sûre que t’en as plein, des amis.
Je la fixe avec intensité, pour bien lui faire comprendre à quel point elle se trompe. J’appuie sur chacune des syllabes de ma réponse.
- J’ai pas besoin d’en avoir, des amis.
- C’est sûr que c’est pas avec cette mentalité-là que ça va changer...
Je regarde autour de moi, cherchant une issue. Mais personne ne fait attention à nous. Et la fille veut pas abandonner. Elle se calme légèrement, et me regarde alors avec une certaine tendresse.
- Tu sais, moi je veux bien être ton amie, si tu veux. Le temps d’une soirée. T’as l’air tellement perdu. Si je peux être utile à quelque chose. En vrai, moi non plus, je suis pas très fan des fêtes où y a plein de monde comme ça. Alors, si on peut s’épauler...
- J’ai pas besoin qu’on m’épaule.
- Je dis juste ça pour t’aider.
C’en est trop. Je perds patience, me tournant rapidement vers elle, lui répondant avec froideur.
- Qui te dit que j’ai besoin de ton aide ?!
Elle est prise de court, surprise.
- Hé, ça va. Pas la peine de t’énerver.
- Tu crois que j’ai pas compris ce que t’essaies de faire ?! Si tu cherches un mec avec qui baiser, t’as que l’embarras du choix ! Je suis pas intéressé !
Elle n’a vraiment pas l’air d’apprécier la remarque.
- T’es sérieux, là ?!
- Je te dis juste la vérité !
Elle me dévisage longuement, comme si elle découvrait vraiment mon visage pour la première fois. Je suis peut-être allé trop loin. Je m’en fous. J’ai pas le temps de prendre des pincettes. J’ai pas le temps de jouer au jeu de la sociabilité où on dit que des choses sans saveur pour échanger des banalités sans nom. Je m’en fous de son avis. Je m’en fous de l’avis de tout le monde. Je suis seul. Elle est seule. Tout le monde est seul. Et s’ils l’ont pas compris, je vais pas m’éterniser à leur expliquer.
Après quelques secondes, elle se décide à répondre, froidement, me fixant avec un léger air de dégoût.
- Je comprend mieux pourquoi t’as pas d’amis, Charlie...
Puis elle s’éloigne, sans attendre de réponse. Je reste immobile. Je suis allé trop loin. Tant pis. La chute est bientôt terminée de toute façon. Et tout le monde va se marrer. Ou personne va se marrer. Je sais pas très bien. Je suis fatigué, juste fatigué. Fatigué d’être dans ma tête. Fatigué de faire semblant. J’ai plus envie d’être avec eux. J’ai plus envie de jouer à être un petit humain normal qui se contente de sa propre médiocrité pour vivre. Ca m’intéresse plus. Si les autres, ça les intéresse, ça les regarde. Et si ça veut dire qu’on peut plus vivre ensemble, alors c’est pas grave. J’ai fait mon choix.
Sa réponse m’a un peu blessé, je l’avoue. Mais je ravale mes sentiments. Je bois une gorgée de mon verre, et je m’éloigne, insensible.
Tout va bientôt se finir. D’une manière ou d’une autre.
***
Je quitte la pièce principale. Trop de bruit, trop d’informations à gérer. Ca m'épuise même sans rien faire. Je m’engage dans un couloir. J’ouvre une porte, et me retrouve dans une petite chambre sombre. Je referme derrière moi, arrivant quelque peu à assourdir les sons de la soirée. C’est plus calme ici. Plus mon ambiance.
J’avance dans la pièce. Au milieu, y a un lit sur lequel sont entassés les vestes et manteaux des différents invités de la soirée. Je passe devant sans y faire trop attention.
J’erre, sans but. Je sais pas trop ce que je cherche. Juste de quoi m’occuper. Pour ne pas penser. Pour ne plus penser. Être dans ma tête, c’est pire qu’être au milieu de cette fête. Y a tout le temps du bruit. Tout le temps des voix qui hurlent. Faut pas que je les écoute. C’est mieux.
J’arrive devant un bureau, dans un coin de la pièce. Y a tout un bordel éparpillé dessus. Je l’observe avec une légère curiosité. Y a une carte d’identité. Dessus y a la photo d’une fille blonde beaucoup trop maquillée. Elle s’appelle Camille. C’est son anniversaire. Sa soirée. Probablement sa chambre. Peu d’intérêt.
Je repousse la carte. A côté, y a un tirage de photomaton. Camille et une copine à elle qui font des têtes rigolotes. Essayant probablement de reproduire la vie rêvée d’une de leurs célébrités préférées. Peu d’intérêt.
Non loin, une carte de visite. Je sais pas pourquoi, elle attire mon attention. Comme une intuition. Je l’attrape, les sourcils froncés, pour mieux l’analyser.
La carte est blanche, sans texte. Dessus, y a un simple signe. Peut-être un logo. De quoi ? J’en ai aucune idée. Jamais vu auparavant.
Y a quelque chose qui m’attire dans ce dessin. Je sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'il veut rien dire. Ca donne envie de comprendre. Pourquoi quelqu’un se ferait chier à faire une carte de visite sans aucun sens ?
Je retourne la carte. Derrière, y a un simple message, noir sur blanc :
SUIS LA VERITE.
C’est tout. Rien d’autre. Aucune indication. Pas de numéro, ou d’adresse web. Juste un message énigmatique, et un dessin bizarre. Qui filerait une carte comme ça, sans au moins se faire un petit peu de pub ? Si c’est une blague, je voudrais bien savoir quel genre de personne ça fait marrer.
Je rejette la carte sur le bordel qui lui sert d’habitat. Des fois, je crois qu’il faut juste pas chercher à comprendre.
Mon regard est alors attiré par une lettre à l’écriture soignée, posée bien en vue. Je veux l’attraper pour la lire. Je sais pas très bien pourquoi. Sûrement juste par voyeurisme. Pour entrer dans l’intimité de cette Camille. Être dans la tête d’une autre personne que moi pour une fois. Une personne pour qui la définition du bonheur se résume à se prendre en photo en faisant des grimaces avec sa meilleure amie.
Au moment où je prends la lettre, je remarque une enveloppe posée juste à côté. Y a quelque chose qui en dépasse. Quelque chose qui aiguise aussitôt mon intérêt, jusque là mis en sourdine.
J’attrape l’enveloppe, et fouille à l’intérieur. Dedans, y a plusieurs billets. Au moins quelques centaines d’euros. Ca, c’est intéressant !
Je jette un coup d’œil rapide par-dessus mon épaule. La porte est toujours fermée. Je suis seul dans la chambre. Personne pour m’observer, pour me surveiller. Je peux faire ce que je veux.
J’avais lu un truc une fois. Quelqu’un qui disait que notre vraie personnalité se révèle quand y a personne pour nous juger. Je sais pas ce que ça veut dire pour moi. Mais d’un geste rapide, je fous aussitôt les billets dans la poche de ma veste.
C’est pas mon style de voler. Même choper des bonbons en cachette quand j’étais gamin, j’osais pas. Je sais même pas ce que je vais en faire de cet argent. Je sais même pas si j’en ai vraiment besoin. Mais avant même d’avoir réfléchi à mon acte, il est déjà sur moi.
Je lâche l’enveloppe, qui vient lentement se poser sur le sol comme une plume. Je me sens soudain accablé d’un poids. La culpabilité ? Je sais pas. Je la connais pas, cette Camille. J’en ai rien à faire d’elle. C’était peut-être l’argent qu’elle avait mise de côté pour payer la chimio de sa grand-mère. Et alors ? Rien à foutre. Je suis juste... fatigué. Je veux plus réfléchir à mes actes. Juste... ressentir. Quelque chose. N’importe quoi.
D’un pas lent, je m’avance vers le lit. Je lâche un long soupir de lassitude existentielle.
Je m’assois.
- Aïe !
Je me relève aussitôt, d’un bond. J’ai failli frôler la crise cardiaque. Y avait quelque chose sous mes fesses quand je me suis assis. Quelque chose qui a crié, et qui a bougé.
Je me retourne, en panique.
Sous le tas de manteaux posés sur le lit, y a quelque chose qui bouge. La forme d’une silhouette. Elle repousse les vêtements pour revenir à l’air libre, et lève la tête, observant la pièce autour d’elle avec des yeux mi-clos, fatigués. C’est une fille de mon âge. Elle a le regard de quelqu’un qui sait pas trop ce qu’il fout ici. Je connais ce sentiment.
Elle m’aperçoit, et me regarde avec froideur.
- Qu’est-ce que tu fous ?! T’essaies de m’écraser ?!
Elle reste à moitié couchée, dans une position inconfortable. Elle porte une robe bleue, avec des collants et des talons, habillée de circonstance pour la soirée. Ses longs cheveux châtains et lisses retombent sur ses épaules. Son visage aux traits fins entoure des yeux clairs au regard dur. Elle a l’air ivre.
- T’étais sous les manteaux.
Je lui répond calmement. C’est un fait. Si y a un problème dans l’histoire, ça vient d’elle. Qu’est-ce qu’elle fout cachée là, alors que tout le monde vit sa meilleure vie dans la pièce à côté ?
- Et alors ?! Elle répond, en se repositionnant plus confortablement. Ca se fait de s’asseoir sur les manteaux des gens, peut-être ?!
- Et dormir dessous, ça se fait ?!
Y a quelque chose chez cette fille qui m’agace rapidement. Son ton supérieur. Du genre à faire la morale au monde qui l’entoure. Du genre à toujours vouloir avoir raison.
- Je dormais pas. Je réfléchissais à un truc.
- Ouais. Eh ben, je vais te laisser réfléchir tranquille.
J’ai pas envie de m’éterniser à débattre pendant cent-sept ans avec elle. Je me dirige d’un pas rapide vers la porte de la chambre. Je l’entends me crier dessus dans mon dos.
- C’est ça ! Et ferme bien la porte derrière toi !
Je peux pas m’empêcher de lâcher un petit son dédaigneux. Mais je vais pas rester. J’ouvre la porte, prêt à sortir. Mais y a déjà quelqu’un derrière qui me bloque le passage.
Il regarde autour de lui, semblant chercher quelque chose. Ou quelqu’un. Quand il me voit, il s’avance d’un air imposant, m’obligeant à reculer à l’intérieur de la pièce.
- C’est toi Charlie ?! Il demande avec dureté.
C’est un gros dur. Grand, les épaules carrés, une coupe de cheveux courts dans un style presque militaire. Il a le regard énervé de quelqu’un qui a des comptes à rendre. Il contracte les muscles, tentant de m’impressionner. Je connais bien la parade. Des mecs comme lui, j’en ai croisé plein dans ma scolarité. Du genre qui pense qu’avoir de la force, c’est avoir de la personnalité. Je les ai jamais enviés, ces gars-là.
Je reste immobile, sans répondre, méfiant. Je sens que les problèmes sont juste à l’angle de la rue. Et je suis pas sûr d’avoir envie de tourner. J’essaie de rester calme. L’autre insiste.
- C’est toi qu’as mal parlé à Laetitia ?!
- Je sais pas. C’est qui Laetitia ?
J’essaie d’avoir l’air plus assuré que je ne me sens. Je pense savoir d’où vient le problème. Et je l’ai sûrement mérité.
- Vas-y ! Fais pas le malin !
Il s’approche davantage, me dominant de sa taille. Je tente de garder une posture neutre. Le gros dur continue son interrogatoire.
- Qui c’est qui t’a invité à la soirée ?!
Je hausse les épaules, insensible.
- Pas Laetitia, apparemment.
- Fais pas le malin, je t’ai dit ! Tu crois que tu peux venir chez les gens, comme ça, et casser les couilles à tout le monde ?!
- Je comptais pas rester...
Je tente de l’ignorer, et de passer à côté de lui. Raté. Il fait un pas sur le côté pour continuer de me bloquer le passage. Je sens qu’il va m’emmerder, celui-ci.
- Non, non, non ! Toi et moi, on va s’expliquer ! Tu veux jouer au con, c’est ça ?!
- T’as déjà une longueur d’avance, je crois.
Il a un petit bug. Peut-être qu’il a pas de suite capté l’insulte. Ou peut-être qu’il arrive juste pas à comprendre dans quel monde il se trouve pour qu’un gringalet comme moi ose tenir tête à une armoire dans son style. Il a juste pas compris que j’en avais rien à faire. Il a pas compris qu’y avait pire sensation dans cette vie, que de se faire tabasser au milieu d’une soirée.
- Tu te fous de ma gueule, là ?!
Au même moment, la fille sort à nouveau sa tête de sous les manteaux.
- Oh, les gars ! Vous pouvez pas aller mesurer vos bites ailleurs ?! J’essaie de dorm... euh, de réfléchir !
Le gros dur pointe un doigt menaçant dans sa direction.
- Toi, Mélodie, tu restes en dehors de ça !
Elle reprend sa place sur le lit, lâchant un râle agacé. J’essaie à nouveau de quitter la pièce. Une nouvelle fois, mon adversaire se positionne entre moi et la sortie.
- Tu crois aller où comme ça ?!
Il me repousse brutalement en arrière. Je serre les dents. Ca va en venir aux mains, c’est sûr. Et je vais me faire écraser. Pas de doute. L’autre est clairement plus fort que moi. Plus habitué à la violence. J’aimerais bien pouvoir éviter ce passage, si possible.
- Laisse-moi passer.
Je lui ordonne d’un ton froid, le fixant avec noirceur. Ca n’a pas l’air de le convaincre.
- C’est censé me faire peur ? Il demande avec un petit sourire moqueur.
Il me repousse à nouveau. Je vois pas trop comment m’en sortir. Je serre les poings, prêt à me défendre, coûte que coûte, quand...
Le gros dur s’arrête en plein geste. Il a remarqué quelque chose par-dessus mon épaule. Je suis son regard.
Il fixe l’enveloppe tombée par terre, au pied du bureau. Celle dans laquelle il y avait...
- Vide tes poches.
Il ne hausse même plus la voix. Mais pourtant, son ton semble encore plus dur. Il me fixe d’un air qui ne semble pas tolérer de réparties. La grande punition va arriver. C’est qu’une question de secondes. Tout ce qu’il me reste à choisir, c’est comment je vais l’affronter. Est-ce que je vais courber l’échine, ou... la regarder droit dans les yeux ?
- Non.
Je lui réponds avec fermeté. Comme prévu, ça ne lui plait pas du tout. Il s’approche de moi, collant presque son visage au mien.
- Vide tes poches, je t’ai dit !
La fille, Mélodie, sort à nouveau sa tête de sous les manteaux.
- Hé ! Mais vous allez les fermer vos gueules, ou faut que je vous les fasse fermer ?!
Je bouge pas, regardant mon adversaire dans le noir de ses pupilles.
- Laisse-moi passer.
- Vide tes poches, répète l’autre en accentuant chaque mot.
Il semblerait que ce soit la seconde de trop pour Mélodie. Elle se redresse d’un bond, et repousse violemment les manteaux au-dessus d’elle, sans y prêter grande attention.
- Non, mais vous voulez vraiment que je me lève, c’est ça ?!
Le gros dur n’en peut également plus. Il lui crie dessus.
- Mélodie ! Ferme-la, putain !
- OK...
La jeune femme se relève lentement, s’agrippant aux bords du lit. Elle titube dans tous les sens, complétement ivre, et se dirige dans notre direction, tanguant comme sur le pont d’un bateau en pleine tempête.
Elle s’arrête face à nous deux, les mains sur les hanches, et nous fixe avec la sévérité d’une institutrice devant deux gamins un peu trop turbulents. Ou du moins, une institutrice qui aurait un peu trop abusé de la picole, incapable de fixer ses interlocuteurs.
- A qui je casse la gueule en premier ?
Le gros dur et moi, on échange un regard surpris. On n’est plus très sûrs de comprendre la situation.
- Mais putain, Mélodie ! S’énerve mon adversaire. Va te recoucher ! T’as rien à voir là-dedans !
- OK. Je commence par toi, alors.
D’un geste rapide, sans crier gare, elle tente alors de lui foutre un coup de poing. Elle y met toute sa force, dans un bel élan. Pendant un petit laps de temps, j’avoue être impressionné. Cette fille qui paye pas de mine a beaucoup plus de cran que n’importe quel gars que j’ai croisé dans ma vie. Mais ça dure pas longtemps. Car le coup aurait pu être totalement spectaculaire... si seulement elle ne s’était pas raté d’une bonne trentaine de centimètres.
Emportée par sa propre force, elle s’écrase tête la première sur le sol, dans l’envolée la plus pathétique de toute l’histoire de la baston. Le gros dur à côté de moi la fixe avec un étrange mélange de pitié et de mépris. C’est possible que personne ne lui ait jamais fait ressentir ces deux émotions à la fois avec une telle intensité.
- Laissez-moi deux secondes pour me relever, et vous allez voir...
Mélodie reste immobile, sa voix assourdie par la moquette dans laquelle s’est planté son visage. Et la seconde d’après, elle semble se rendormir, sur le sol, comme si de rien n’était.
J’essaie de profiter de la diversion pour m’enfuir. Mais le gros dur réagit. Il m’attrape brutalement par le bras.
- Oh ! Tu restes là, toi !
Je tente de m'en défaire, mais il accentue sa prise.
- Lâche-moi.
- Tu vides tes poches ! Tout de suite !
- Je t’ai dit de me lâcher !
Je le repousse en arrière, de toutes mes forces. Il bouge à peine. Il est d’abord surpris par mon geste. Puis un voile de fureur tombe sur son visage. Il m’attrape par le col, et me plaque violemment contre le battant de la porte. J’en ai le souffle coupé. Cette fois, je vais me faire tabasser, c’est sûr.
- Je vais te les faire vider, tes poches, tu vas comprendre ! Il crache, soufflant comme un taureau. Et après, tu vas venir t’excuser auprès de ma pote ! Et quand ce sera fait, si je suis de bonne humeur, peut-être que je t’exploserai pas les couilles devant tout le monde !
Je tente de me débattre. En vain. Il est trop fort. Je sens ma vue s’assombrir. S’il continue son emprise, je vais tomber dans les pommes.
- T’as compris, espèce de petite tapette ?! T’as compris ce que je viens de te diiiiiiiiiiiiiiii...
Il me lâche, ne terminant pas sa phrase. Il repousse sa tête en arrière, et lâche un cri de douleur. Je tente de reprendre mon souffle, et baisse les yeux.
Toujours couchée sur le sol, Mélodie est en train de lui mordre le tibia de toute la force de sa mâchoire. Le gros dur se tourne vers elle. Il n’en revient pas. Le choc est tel qu’il ne sait même plus comment réagir. Ca dépasse l’entendement. Ca dépasse toute sa conception d’une soirée normale.
- Mais, putain ! Mais lâche-moi !
Il faut que j’en profite. Que je réagisse. Vite.
Je pousse mon adversaire en arrière. Il perd l’équilibre. Il n’a nulle part où se rattraper. Il tombe contre une commode, et dans un grand fracas, se retrouve sur le sol. Il reste en position fœtale, lâchant des gémissements de douleur. Ca a l’air de lui avoir fait très mal.
Mélodie se relève. Un mince filet de sang coule sur sa lèvre inférieure. On dirait une lionne qui vient de goûter à sa proie. Elle a le regard dur. Elle fait flipper.
Elle fixe le gros dur avec colère, puis dans un geste d’irrespect total, lui crache dessus.
Je décide de ne pas rester une seconde de plus dans cette antre de la folie. Je m’enfuie en courant. De la chambre, de l’appart’, de la soirée. Loin d’ici. J’en ai eu assez.
***
J’ouvre rapidement la porte transparente de l’entrée de l’immeuble, me retrouvant dans la douce fraicheur de la nuit. J’entends toujours la soirée au loin, derrière moi, dans une des habitations au rez-de-chaussée. Je me suis enfui à temps, avant que quiconque n’ait remarqué ce qui vient de se passer.
Je reste immobile, tentant de reprendre mon souffle. C’est la folie. Je sais plus quoi faire. Juste partir, loin.
J’entends la porte qui s’ouvre derrière moi. Je me retourne d’un bond, paniqué, prêt à me défendre.
C’est la fille, Mélodie. Elle sort calmement, marchant d’un pas tranquille. Elle me jette un regard froid, sans rien dire, puis fouille dans son sac à main pour en sortir une clope.
Elle l’allume, et aspire une longue bouffée. On reste côte à côte, regardant chacun de notre côté, en silence, s’ignorant.
La chute est bientôt terminée. Je sais pas encore ce que je vais y trouver au bout. Mais la fin arrive, je le sens. Ca va se passer bientôt, au cours de cette nuit.
La nuit où tout a changé pour moi. La nuit où j’ai affronté les ténèbres. La nuit de la chute, et de sa destination. La nuit où j’ai vraiment compris qui j’étais.
La nuit où j’ai rencontré Mélodie.
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En attendant le père Nöel
– Maman, je veux faire pipi…
Je tire sur son manteau.
– Maman, je veux faire pipi !
– Chéri, ça peut pas attendre ?
Parfois, ma maman a de drôles de questions. Je sens dans ma zezette que j’ai envie de faire pipi. Si je me la tiens, je peux tenir des minutes ou des heures peut-être bien, j’en ai aucune idée. Malheureusement, en public, maman me gronde parce « qu’elle ne va pas tomber » dit-elle . À la maison, parfois, c’est trop tard, parfois c’est tout juste. J’en suis encore à la phase expérimentale. Alors là, dans la foule, sans pouvoir mettre ma main où il faut. Je peux toujours tester les tortillements mais sans aucune garantie de résultat.
– Je sais pas.
– Il faudrait que tu te retiennes mon cœur parce que si on est là, c’est pour toi, pour que tu voies le Père Noël. Si on quitte la file d’attente, d’autres enfants vont te passer devant et il faudra refaire la queue.
Plus grand, j’aurai peut-être pu lui répondre que là, l’urgence, c’était justement ma queue. Mais à 6 ans un quart, je manque cruellement de répartie, d’autant que je serre les fesses et me balance d’un pied à l’autre pour tenter de faire reculer l’inévitable. Pendant ce temps, ma maman poursuit en se tortillant également (si ça se trouve, elle aussi a envie) :
– Regarde, mon cœur, UN, DEUX, TROIS… nous sommes à la quatrième place avant que tu puisses monter sur les genoux du Père Noël. Ça va aller vite maintenant. Tu vas pouvoir lui dire ce que tu veux comme cadeau.
Elle se retourne, m’entraînant avec elle, ce qui n’arrange pas mes affaires et continue de me prendre à partie :
– Et regarde derrière nous ! Il y a au moins cinquante enfants qui attendent. Si je te conduis aux toilettes, on est bon pour… On ne verra même pas le Père Noël en fait, ça ferme à 19H, il est 18H mon ange. Faut que tu te retiennes. Tu peux te retenir ?
Elle me fixe d’un air bienveillant et interrogatif. Je lis l’angoisse dans ses yeux. Je sais quand ma maman est inquiète. Elle a ce léger froncement des sourcils et ces yeux d’où une larme peut couler à n’importe quel moment. Elle est chouette ma mère, sauf qu’elle pleure facilement. Papa dit que c’est un truc de gonzesse. Elle pleure même quand elle est contente !
– J’essaie maman, je suis pas sûr de réussir.
Du coup, comme je suis fort en calcul, je compte à l’envers, trois, deux… Je me mords les lèvres, tire sur mon pantalon. Enfin, il est en face de moi. Le père Noël ! Le vrai ! Parce qu’il y en a des faux, faut le savoir. Le véritable père Noël a une barbe qui ne se décroche pas quand on tire dessus et il porte des lunettes. Je le sais, je l’ai rencontré l’année dernière.
C’était pareil qu’aujourd’hui : avec Maman, on a fait les courses puis on les a déposées dans le coffre de la voiture et on est reparti dans le magasin pour le voir. C’était forcement le vrai parce que j’ai eu exactement ce que je voulais. Un sabre laser ! Pas un véritable sabre laser, non ! une imitation, bien sûr, pour faire semblant, comme dans la télévision.
Je suis sur les marches, un lutin me barre le passage parce qu’une petite fille de mon âge est déjà sur les genoux du Père Noël. Bientôt ce sera mon tour. Pourtant je ne pense qu’aux toilettes. Je crois que j’ai des milliards de pipi dans ma zezette. Je regarde derrière moi. Ils sont plein à attendre pour lui chuchoter ce qu’ils veulent cette année parce qu’ils ont été presque sages. Je vais pas me faire dessus maintenant ! Oh la honte ! Et je ne peux pas partir non plus, maman serait déçue.
Il a dû se passer 1000 ans. 1000 ans pendant lesquels je presse mon zizi. Au diable la bienséance ! Je prépare ma course, je suis prêt. Dès que la petite fille sera descendue, je courrai, sauterai, lui glisserai dans le creux de l’oreille le vélo de grand dont je rêve tant, puis, sans attendre, repartirai le plus dignement et rapidement possible jusqu’à ma maman qui me portera aux toilettes en un sprint digne des jeux olympiques.
Tout se déroule presque comme prévu. La fillette a rejoint sa mère derrière l’estrade et je m’apprête à bondir lorsqu’il me prend de vitesse. Tel un bolide rouge, il s’éjecte de son siège et s’élance à fond à travers la galerie marchande, nous abandonnant, ma mère et moi, seuls, devant tout le monde. Complètement hébétés, sous fond de Jingle bells, je sens une vague de chaleur envahir mon entrejambe et le désespoir emplir mon cœur.
Le choc est tel qu’une flaque odorante se forme à mes pieds sans que mes tortillements puissent y faire grand-chose. J’implore ma mère du regard, désespéré. Elle me prend aussitôt dans ses bras et m’entraîne, trop tard, en direction des latrines.Je suis tout mouillé. Mon visage et mon pantalon. Elle m’essuie tendrement et me fait des bisous.
– Pardon mon chéri, ho pardon, c’est de ma faute. Je, je ne pouvais pas deviner qu’il allait partir comme ça ! Mais qu’est-ce qu’il lui a pris au Père Noël ? C’est pas grave chéri. Je t’essuie et nous allons refaire la queue.
Elle finit de me débarbouiller le visage, m’enlève mon pantalon et mon slip pour les faire sécher dans la machine qui fait beaucoup de bruit et essuie mal les mains.
– Tu sais, le Père Noël est ici demain encore, enfin je crois, nous serons le 24, voyons, je vais vérifier les dates sur le panneau, nous pourrons revenir demain, j’espère, je vais essayer de finir plus tôt et puis, de toute façon, tu lui as écrit donc…
J’écoute sa voix qui ne cesse de parler, qui cherche à me rassurer et pourtant je sais que plus jamais je ne remonterai sur cette estrade. J’ai fait pipi devant des milliers de personnes. Je suis mortifié à vie.
Le bruit de la chasse d’eau me fait sursauter et je me colle, cul nu, contre la cuisse de ma mère. La porte s’ouvre avec brusquerie et il sort accompagné d’une odeur nauséabonde. Il marque un temps d’arrêt durant lequel il me fixe et tente un sourire bienveillant qui se crispe en une affreuse grimace de douleur. Ses mains se pressent sur son ventre rebondi. Il fait un pas en avant puis recule prestement.La porte claque.Le père Noël m’a vu les fesses à l’air. Le comble de l’humiliation. Pourtant, je relativise. Il y a beaucoup plus grave dans la vie ! Je viens juste d’en être le témoin !
Le père Noël a la gastro. Si ça se trouve, les cadeaux, cette année, c’est râpé !
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Le T-Shirt de la Honte: Vade Mecum vénère
Nous sommes en 2020. Voilà six ans que j’ai écrit Salope ! Réflexion sur la stigmatisation, essai dans lequel je parle d’une ville aux Etats-Unis ou une jeune fille s’est fait affubler d’un grand T Shirt parce qu’elle portait une tenue jugée inadéquate. Cette pratique, que j’imaginais exotique et impensable chez nous, est aujourd’hui sur le devant de la scène pour avoir été dénoncée à Genève, au Cycle de Pinchat. Le Département de l’Instruction Publique patauge dans sa défense, opère un petit Tchatcha (un pas en avant un pas en arrière) et les concernées organisent la résistance.
Bon, moi je bous. Beaucoup on déjà écrit là-dessus et c’est très bien mais j’ai envie de faire un petit vade macum du T Shirt de la honte.
Pourquoi, simplement, ça joue pas
« Le but n’est pas d’humilier » nous dit Anne Emery Torracinta ce weekend dans la Tribune de Genève. Or, l’intention n’est pas déterminante quand on parle de violence sexiste et sexuelle (c’est pas moi qui le dit, c’est le code pénal). Même si les écoles n’ont pas pour but de stigmatiser, elle stigmatise en affublant une jeune fille d’un t-shirt visible qui cache son corps qu’on considère comme problématique. C’est ça, un stigmate : une marque visible sur le corps de quelqu’un pour l’inscrire dans la marge. Les écoles devraient le savoir puisqu’elles ont pour mission de dispenser des outils intellectuels, non ? Bref.
Ce T-Shirt est une violence sexiste institutionnelle. Alors oui, ça « prépare » les jeunes filles à la société dans laquelle on vit, qui est violente et sexiste, mais ça ne leur donne pas du tout les outils pour s’en défendre. Au contraire, en tant que stratégie de sexisme ordinaire, elle participe à imposer aux filles « leur place » dans la société, et du sexisme ordinaire aux violences sexuelles, il n’y a qu’un pas (c’est pas moi qui le dit, c’est le BPEV).
C’est pas sexiste, c’est pour les filles comme pour les garçons
C’est toujours le droit qui le dit : à situation égal traitement égal, à situation inégale traitement inégal. Or, oui, allo, on vit dans une société inégale, sexiste, en particulier quand on parle du corps, des exigences « esthétiques » et de la mode. Par exemple, si tu interdis aux « personnes » épilées de venir en classe, en fait, ton interdiction vise les femmes, vu que les hommes ne s’épilent pas. Vu que ton interdiction, même ne visant pas spécifiquement les femmes, s’inscrit dans un cadre inégalitaire, elle devient de fait inégalitaire. C’est comme ça, et ton intention d’être sexiste ou pas, encore une fois, elle n’est pas opérante et donc non avenue. Merci, au suivant.
Les filles sont sursexualisées beaucoup trop jeunes
Oui, ça c’est vrai. La société, la mode, notre culture, le patriarcat et les T-Shirt de la honte sexualise le corps des femmes, beaucoup trop tôt. (Ah oui, parce que mettre un T-Shirt trop grand et cacher le corps des filles pour éviter la sursexualisation, c’est un peu comme se faire une crête sur la tête pour éviter d’avoir l’air punk…) Trop tôt, les filles ont conscience de leurs kilos en trop, de leurs poils, de leur beauté, et que leur corps est sexuel puisque très tôt elles doivent faire face à cette culture et aux violences sexistes de la part d’homme beaucoup plus âgés. Elles savent déjà que leur réussite sociale sera impactée par leur beauté, elles savent que leur corps est un outil. Et comme elles sont stratégiques, elles capitalisent là-dessus. Si on veut pas que les femmes capitalisent sur leur physique alors il faut opérer bien des changement et bien en profondeur. Mais demander aux jeunes filles d’assumer individuellement ce paquebot social qu’est le sexisme et en particulier la sexualisation du corps des femmes, c’est un peu gros quand-même.
« Le monde de l’entreprise pour lequel nous préparons les jeunes »
Ça y est, c’est dit, l’école actuelle prépare les jeunes au monde de l’entreprise. C’est surement pour ça que j’ai jamais été très bonne à l’école. Dans une entreprise, on peut pas mettre de Croptop. Soit. Alors, je suis surement pas un exemple pour la jeunesse mais je vous montre dans quelle tenue je travaille moi…
Je veux bien que l’école prépare les jeunes, mais apparemment elle a un peu de peine à mettre à jour sa vision du monde du travail...
Si ce qu’AET veut dire c’est que l’école doit outiller les jeunes, et les jeunes filles notamment alors là on est d’accord. Il faut outiller, il faut aider à développer la capacité d’agir, la capacité à faire des choix, à être actrice. Or, ce T-Shirt, c’est une violence sexiste. Par définition, les violences sexistes privent les femmes de capacité d’agir. Elles les menacent pour les contraindre. Elles les stigmatisent pour les faire entrer dans le rang de ce qui est jugé comme correct. Dire à une jeune fille « ta tenue est inadéquate parce que trop sexy » c’est lui dire « c’est toi la responsable si on te sexualise, et si on te viole ». C’est lui dire « ton corps pose problème ». C’est tout sauf un outil. Pire, c’est une privation d’outils, d’autodétermination, de capacité à dire oui ou à dire non. Imposer le T-Shirt à au corps d’une jeune fille, opérer sur elle cette violence-là, c’est lui faire intégrer les bases de la culture du viol. C’est lui inculquer que c’est pas elle qui décide.
Ça dérange les garçons
Heureusement AET n’a, à ma connaissance, pas dit ça dans les médias (bien que quand elle parle de lieu d’étude pacifié, on sait que l’idée n’est pas loin). Mais c’est ce qu’un prof a dit cette semaine à la fille d’une copine et qui ressort systematiquement des témoignages : si les filles doivent se changer, c’est parce qu’elles dérangent les garçons.
On dérange les filles pour qu’elles ne dérangent pas les garçons. Pour que les garçons puissent étudier en paix, on pense qu’on peut stigmatiser les filles. Ou trouve que l’instruction des garçons est plus importante que celles des filles. Car sinon, on pourrait aussi considérer que ce sont les garçons qui posent problème, et leur demander de rentrer chez eux, plutôt, et laisser les filles qui n’ont rien demandé, bosser tranquille.
En fait, on considère que l’espace est aux hommes, encore, l’espace scolaire comme les autres. Un a parte, il y a quelque temps j’étais dans la douche des femmes d’une piscine publique et je me lavais, à poil (car se doucher habillée, bon). Une femme, bardée d’un petit garçon, m’a demandé de me rhabiller parce que… elle était avec un petit garçon. On demandait à une femme dans une douche non mixte de se rhabiller à cause de la présence d’un homme (tout petit fut-il). Même la douche des femmes devait être pensée pour la présence masculine.
Le but de l’école ne devrait pas être de fabriquer un lieu d’instruction tranquille pour les garçons au dépend des filles. D’ailleurs, si c’était le cas, elle travaillerait surement d’avantage sur la masculinité hégémonique qui détourne les jeunes hommes du travail scolaire beaucoup plus surement que les croptops. En outre, si on prépare les jeunes filles au monde du travail et à choisir les tenues adéquates, on pourrait peut-être penser à préparer les garçons à un monde dans lequel ils ne sont pas les kings et où ils peuvent prendre sur eux si un décolleté les distrait. Au contraire on colle un T-Shirt à une fille, ce qui dit implicitement aux hommes « votre regard était légitime », on leur inculque la culture du viol.
Évidemment, double standard, on demande pas aux garçons d’être moins sexy parce que ça dérange les filles, non, les filles elles ne sont pas des actrices sexuées, elles ne sont que des objets de désirs. J’irais également jusqu’à dire que c’est hétérosexiste ? je vais me gêner.
A moins que… ce ne soit les profs adultes qui soient dérangés par les croptop des élèves ? Mais non, enfin, les enseignants ne regardent pas les jeunes filles avec ses yeux là quand-même, et ils savent se tenir, ce sont des professionnels. Ils se gèrent, eux. Si on demande à des adultes d’encadrer des ados, notamment des filles, c’est qu’on leur fait confiance pour être adéquat, sinon on oserait pas leur confier nos enfants (imaginez-donc). Là n’est certainement pas le problème.
On a qu’à remettre l’uniforme
Mais vas-y Anne, remets le l’uniforme, si tu trouves rien d’autre pour lutter contre le sexisme et la stigmatisation ! Fais une chose, mais fais-là ! Des outils il y en a, ça fait 8 ans que je te le dis, si t’en trouve aucun autre, prends celui-ci ! Ça sera TON aveux d’échec, tant pis pour toi, mais au moins t’auras fait quelque chose !
J’ai rien contre l’uniforme, sérieusement. Il uniformise, c’est son boulot, il clarifie les choses, il lutte contre les disparités économiques et sociales. Et c’est un outil (un parmi d’autre) de gestion de la mixité. Parce que depuis que l’école est mixte, on en a pas beaucoup mis en place, des outils, pour gérer ça. Or la mixité ne fabrique pas l’égalité, au contraire. Si tu mets les agneaux dans la cage du loup, les agneaux passent un sale quart d’heure. Les rapports de pouvoir qui pré-existent à la mixité se retrouvent dans les espaces nouvellement mixtes.
Ça c’est vraiment le truc qui me met en pétard avec cette histoire. Ça fait des années qu’on est nombreuses à proposer des outils, des programmes, des idées, notamment au DIP. Ça fait des années que des féministes partout dans le monde développent des outils pour gérer la mixité et le sexisme. Mais le DIP n’a aucun moyen et les directions ont toute marge de manœuvre pour faire ce qu’elles veulent (y compris rien). Et la cheffe du département vient nous dire « ah ben si ça vous plait pas, panpan culcul, on remet l’uniforme » en prenant de haut les gens légitimement en colère, sans se rendre compte que cette solution, c’est juste la honte du DIP! Ça fait 4 ans que l’école genevoise est éclaboussée par les affaires d’abus, ils ont pas commencé à poser les bases d’une lutte efficace contre le sexisme, et non contents de cette situation, ils participent au problème en mettant en place un outil violent et inadéquat, et ensuite se foutent de nous quand on dénonce le problème et qu’on leur demande des comptes. Cette condescendance-là est inadmissible.
Ouais, alors remettez-le, l’uniforme, no problemo, mais faites QUELQUE CHOSE ! Et si jamais je suis à disposition, comme je l’ai toujours été, pour participer à la réflexion (j’ai quand même publié un livre sur la question), et je connais plein d’autres femmes outillées qui le sont aussi. Mais mon expérience (ça fait huit ans que j’essaie de bosser avec eux) c’est que dès qu’on présente le problème comme un phénomène structurel et institutionnel, la réponse c’est « non merci, on va plutôt organiser une projection de l’Ordre Divin, et ne vous en faites pas nos enseignant-e-s ne sont pas sexistes ». Alors oui, on est un peu vénère.
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Portrait #4
Voilà, c’est mon tour, de tenter l’exercice du portrait, moi qui suis à l’intérieur de l’EN depuis plus de trente ans – 50 même, si je compte mon long cursus scolaire, avec seulement quelques 13 mois d’interruption, pour une incursion dans le milieu de l’édition pour enfants.
Après avoir été pionne, auxiliaire, je suis prof et formatrice à l’INSPE (formation des futurs profs), spécialiste des apprentissages en projet et référente culture.
Pur produit de l’EN, nourrie dans le giron de l’école laïque publique et gratuite, ascenseur social et tutti quanti ; je suis Une qui s’est cramponnée, bec et ongles, à l’école, pour ne pas tomber : question de survie.
Est-ce que j’ai ma place ici, dans cette série de portrait de parents IEF et unscho ? Est-ce que c’est MA place ? Ah cette éternelle question de la légitimité, elle vient de loin ! C’est en tout cas la place que je me choisis.
J’ai eu une de ces enfances paradoxales, pleine de la chaleur d’une tribu, de bonheurs lumineux, d’explorations, d’aventures en bandes d’enfants, de cabanes et de découvertes dans la nature. Les joies simples et sauvages d’une enfance libre, jusqu’à mes huit ans, dans le monde rural de la fin des années 60, la vie d’un bistrot de campagne où j’ai passé mes plus belles heures magiques entre parties de cartes et de billard et le bonheur de soirée chantées et contées. Puis j’ai découvert la ville et des journées à me dépasser dans la danse classique, dans les arts, la bande d’enfants de quartiers.
Mais aussi, une enfance pleine de violences : violences familiales, descentes de flics, assistantes sociales, psychologues délégués pour bilans familiaux …. Famille coup d’éclats, famille éclatée, recomposée, décomposée encore. Est-ce que j’avais ma place dans un monde où personne ne vivait les mêmes choses que moi, dans ce monde de la deuxième moitié du XXème siècle où, en campagne comme dans un petite ville bourgeoise catholique de province, les enfants de divorcés avec 4 frères de 3 pères différents – et de différentes origines-, n’étaient pas légions ?
L’école, dans tout ça, l’école avec ses contraintes immuables, ses rituels bien réglés, ses systèmes de récompenses et de punitions sans surprise et ses adultes à leur place prévisibles d’adultes a été mon port d’attache : un espace de normalité. Je pouvais y faire semblant, sans qu’on n’y remarque rien pour peu que j’en saisisse bien le fonctionnement. J’y ai eu de la chance aussi, la chance de vivre ma scolarité à une époque de transition, à une époque où il y avait encore beaucoup d’enseignants biberonnés à Piaget et Freinet, des convaincus d’un idéal pédagogique, et des gauchos, très rouges, préoccupés des enfants qu’ils avaient en charge (et ils en avaient bien moins de trente à l’époque !) qui nous faisaient sortir de l’enceinte de l’école, du collège, pour vivre des apprentissages sur le terrain, rencontrer des gens différents, expérimenter, collaborer. Ces adultes-là me sont devenus images tutélaires et ont forgé ma vocation. Et m’ont permis de ne pas trop me focaliser sur tous les autres, ceux qui tétanisaient la petite fille en moi en me rappelant par trop les échos des violences familiales.
Alors, toute petite, je me suis promis deux choses : je serai un meilleur parent que ceux que j’avais connus et je deviendrai une enseignante préoccupée de celles et ceux à qui elle enseigne. J’apprendrai la juste dose d’amour à porter sur moi, sur les autres, sur ce que je fais pour que le monde aille mieux. Et ça prendrait le temps qu’il faudra.
J’avais un but dont je ne pouvais dévier. Il me fallait me plier aux règles de l’école ; c’était le seul chemin que je voyais, le seul accessible. Très vite pourtant, j’ai compris que l’école ne fonctionnait pas à tous les coups, n’était pas bénéfique pour tous les enfants. Parce que, ce qu’elle avait représenté pour moi, elle n’avait pas su le réussir pour mes quatre frères, ni pour eux ni pour tellement d’autres que j’ai croisés par la suite. Je n’étais pas une expérience reproductible. J’étais seulement moi, avec mon histoire et mes instincts, mes intuitions.
Et pourtant, malgré ça, à l’école, j’ai toujours été trop. Trop bavarde, trop curieuse, trop littéraire, trop « présente », trop fantasque. Trop et pas assez à la fois. Sentiment de ne pas être tout à fait à ma place toujours, et SURTOUT de détester les étiquettes que l’école collait sur le dos des élèves si vite et de manière si définitive.
J’y ai refusé la voie d’excellence que l’on m’y proposait (hypokhâgne), j’ai louvoyé avec le système -puisque la vie s’était chargée de m’apprendre à m’adapter- pour parsemer ma scolarité des choses que j’aimais le plus : du théâtre, de la danse, du théâtre encore. Être sur scène finalement, c’était faire vivre pleinement l’artifice, le masque que j’avais décidé d’endosser.
J’ai réussi mon cursus scolaire sans difficulté. C’était simple pour moi, de me conformer, de fonctionner dans ces contraintes-là, qui me semblait tellement moins douloureuses que ce que j’avais vécu à la maison, facile de comprendre ce que l’on attendait de moi à l’école, au collège, au lycée, à la fac, facile pour moi de jouer ce rôle attendu de l’élève « pas trop parfaite un peu rebelle » et d’assurer le minimum nécessaire à la réussite, facile d’ingurgiter des savoirs, souvent inutiles, mais qui au moins me permettaient d’ouvrir porte sur porte et de me tenir loin d’un monde fracassé, … avec l’assurance de ne pas revenir en arrière. Portée par le désir de faire avec les autres, par un amour de l’humain qui ne m’a jamais lâché, je me suis engagée, très tôt, dans l’éducation populaire, d’abord en tant qu’animatrice, puis formatrice, puis présidente associative. J’ai fait la paix, avec le passé, avec ma famille, avec moi. Assez pour regarder mes vieux démons en face, assez pour vouloir fonder un couple et puis une famille.
Je suis devenue mère de ma première merveille l’année de mes 25 ans, l’année où je préparais les concours de l’EN. Une grossesse immensément désirée, à la fin de mes études, une grossesse heureuse, vivifiante : sages-femmes indépendantes, préparation haptonomique, chant prénatal, yoga... Un accouchement dans une clinique Leboyer, sans violence, en deux heures. Joie totale ! Je suis née à moi-même avec elle. En paix vraiment. Et forte.
J’ai été reçue, aux 2 concours : instit (on les appelait encore comme ça début 90) et prof du second degré. Mais là encore, j’ai choisi de ne pas être une « tout à fait prof » : alors que j’avais suivi des études de Lettres, puis de Français Langue étrangère, j’ai opté pour le métier de professeur documentaliste. Parce que je ne voulais pas de la prison d’une discipline qui rétrécirait le champ des possibles, qui rendrait ridiculement étroits les dialogues et les échanges avec les enfants, qui m’obligerait à les noter, à courir après un programme, à n’être qu’une quand ce que je trouvais passionnant était dans la multiplicité… Et j’ai choisi le lycée et le lycée pro, pour la certitude d’aller là où il y aurait les élèves les plus abimés par le système, ceux pour qui l’école n’avait pas été la voie de la construction mais le parcours du chaos et de l’échec. Envie de réparer l’humain. J’avais la foi, celle des hussards si chers à Blanquer, dit-on. Liberté, Egalité, Fraternité chevillés au corps et au cœur et la conviction que je pouvais être, à mon tour, un de ces adultes référents qui accompagnent les résiliences, même là où c’était particulièrement complexe.
Seulement, … je n’ai jamais cessé de me questionner, de comparer l’éducation populaire et l’EN, de lire, de chercher à comprendre, à mieux faire, à mieux être. En tant que mère. En tant que prof. Ça m’a rendue de plus en plus « regardante ». J’avais été formée et formatée par l’école, que je le veuille ou non, et j’y croyais encore, assez pour sacrifier au rituel ma fille et mon fils de 4 ans son cadet (né en 7 minutes lui, pressé qu’il était de prendre sa place dans une fratrie où il était follement attendu).
J’étais convaincue qu’accompagnés par notre amour, notre vigilance, notre bienveillance familiale, mes deux enfants en retireraient le meilleur. Je pourrais dire que je n’ai pas vu s’éteindre chez ces enfants, mes enfants, plein de vie, de curiosités, de dons naturels, cette pure vivacité qui s’épanouissait avec nous : je mentirais. J’ai vu des enfants, mes enfants, heureux d’être au milieu des humains de tous âges et si différents qui partageaient nos vies, pleurer de devoir rester à l’école. J’ai entendu ma fille, qui parlait couramment à 10 mois sans pratiquement avoir parlé bébé, me raconter l’âpreté des relations aux autres, les injustices des punitions, dès l’école maternelle où elle était entrée à 2 ans et demi parce qu’elle me l’avait demandé et parce que c’était la norme, celle que je portais et que je transmettais sans même en avoir conscience. J’ai vu mon fils de 3 ans, qui dessinait parfaitement des micro-mondes complexes, avec de minuscules personnages et des tas de détails, cesser de dessiner quand il a été obligé de commencer à graphier à l’école, avec sa gestuelle de gaucher. J’ai vu toutes ces choses qui me serraient le cœur et sur lesquelles, ensemble, nous mettions des mots et que nous avons essayé de démonter de notre mieux, en famille, au fil des années… pour compenser. Mais je les ai laissés dans l’école, parce que j’y étais, parce que je ne voyais pas d’autres solutions possibles dans la vie qui était la mienne. Parce que je venais de si loin. Et j’avançais à petit pas vers eux, avec eux. Lentement.
Ma fille s’est adaptée au système, avec beaucoup de mots autour des situations, beaucoup d’écoute, d’échanges, pas mal d’erreurs de ma part aussi. Mon fils, bien moins facilement, mais lui, pour un problème de santé nécessitant des interventions chirurgicales pendant 4 ans, a été scolarisé à la maison, de la 3ème à la terminale, 4 mois par an. En une petite semaine de face à face pédagogique, 4 heures par jour, il rattrapait un mois de cours, y compris en terminale S. Et il a obtenu 16 au bac en espagnol en ayant travaillé tout seul, avec quelques cours du CNED, juste le strict minimum obligatoire pour pouvoir valider son année. De quoi bien questionner l’efficacité du système d’apprentissage imposé ! J’aime les belles personnes qu’elle et ils sont devenus aujourd’hui, leur fratrie complice, leur regard sur le monde qui me fait grandir sans cesse, leurs choix de vie. J’aime les entendre dire qu’ils ont pu trouver leur voie en confiance parce que leur parole était écoutée à la maison, parce qu’ils se sont toujours sentis respectés en tant que personne. Cela adoucit un peu le sentiment de culpabilité de les avoir laisser se débrouiller, malgré tout, avec tout ce qui fait violence dans l’école, tout ce qui me faisait violence, à moi de l’intérieur… et mes « C’est comme ça, hélas je sais, mais je vais vous donner des clés pour vous adapter mes enfants chéris, et passer le cap ! » pour toute réponse.
Ces clés, je continue sans cesse, chaque année, à vouloir les déposer à portée de mains des jeunes dont je croise la route. Avec la même obstination et le même amour de leurs potentiels. J’essaie d’ouvrir grand les fenêtres et les portes et de repousser les murs pour ne pas les étouffer et étouffer avec elles et eux.Je vois comment notre formation d’enseignant, loin de nous enrichir, nous rétrécit, faisant de nous des « sachants », incapables de nous penser « avec », mais toujours au-dessus, en position d’autorité, d’adulte responsable de sa classe : la fameuse « posture du prof » attendue par l’institution ! Je vois combien il est difficile pour mes collègues, ceux que j’embarque dans la pédagogie de projets, d’accepter de ne plus être au centre, de se mettre simplement à hauteur d’élèves et de faire avec eux, d’être élèves avec eux.
Je vois comment l’obsession du programme à couvrir prime sur l’intérêt et le sens même du contenu dudit programme et comment le timing d’une séance de cours de 55 minutes ne correspond guère au temps nécessaire pour générer de la disponibilité, de la curiosité, de la digression et du dialogue avec les enfants ou les jeunes (à quelques rarissimes exceptions près).
Je vois combien une journée de cours (qui démarre parfois à 6h du matin – lorsque l’on prend en compte les temps de transport- et s’achève au lycée à 18h) ne respecte aucunement les rythmes et les besoins des adolescents et que le nombre de têtes qui s’effondrent, ou de cerveaux qui s’échappent dans le rien ou vers autre chose en sont des preuves évidentes.
Je vois bien qu’un adulte est incapable, sans manifester de l’inconfort, de suivre 8 heures de formation descendante par jour alors que c’est ce que l’on impose à un adolescent, 5 jours par semaine.
Je vois la maigre place qui est faite à la parole des adolescents, l’absence d’espace prévu pour le dialogue, la dévalorisation même de cette parole si elle n’est pas pure reproduction du contenu d’un cours. Et leur demande incessante, bruyante, de cette parole confisquée.Je vois le mépris et la condescendance, tour à tour et parfois conjointement, lors des conseils, en salle des profs, quand ce n’est pas en classe. Pas par tous mais déjà trop.
Et je vois comment celleux qui se préoccupent d’un mieux-être des jeunes souffrent, et de plus en plus, de ne pas savoir, de ne pas pouvoir.Je vois comment l’on traite l’échec, comment élèves et adultes sont renvoyés à leur échec, coupable d’échouer, alors qu’il ou elle n’est « coupable » que d’avoir essayé… ou pas.
Je vois l’effet terrible des notations sur l’estime de soi et sur l’envie de faire.Je vois ce que l’école fait des recherches en pédagogies, des théories pédagogiques alternatives, des expérimentations ou plutôt ce qu’elle n’en fait pas, la place que cela tient dans la formation des enseignants, le peu d’outils comparatistes prévus au cursus professoral.Je vois. Que l’école n’est pas la moins pire des solutions. Elle est la seule « pensée », construite pour servir les desseins d’une société. Et elle est en peine. Je suis en peine.
Ainsi c’est parce que je vois que je reste. Pour tenter de faire pour d’autres, ce que j’ai pu faire, un peu, pour mes propres enfants. Pour tenter aussi d’accompagner mes collègues vers d’autres voies, Vers d’autres VOIR. Consciente qu’il me reste encore tant de progrès à faire pour ne pas être dans le jugement, dans une forme larvée de violence, consciente aussi que je me fais complice d’un système, le rendant plus supportable en étant un « agent atténuateur » mais incapable de renoncer à agir de l’intérieur… à cause d’une promesse d’enfant.
Alors après avoir été complice et même activiste d’un système dont je vois pourtant les défauts, me voici maintenant Traîtresse (Dézécolle comme dirait Pef !) puisqu’en train de rédiger un portrait pour un groupe majoritairement coordonné par des parents IEF ? Je ne trahis rien, je confirme ma promesse, celle d’agir pour une école respectueuse des enfants, cette promesse qui me fait m’employer à rendre vivant, autant que je le peux, le triptyque républicain ET la Convention internationale des Droits de l’enfant Et les libertés individuelles.
Je suis ce que je suis : pas toujours à ma place ; je déteste les étiquettes ; je déteste ce qui réduit, ce qui enferme. Mais je ne cesserai jamais de vouloir MIEUX. Vouloir que chaque enfant, ici et dans le monde, puisse avoir accès à l’instruction, à l’altérité, aux connaissances et à la culture, selon ses besoins et ses désirs, et non pas dans un format où la contrainte dépasse de très loin les effets bénéfiques.
Vouloir que chaque enfant puisse expérimenter réellement le sens des mots Liberté, Egalité, Fraternité et non pas qu’il n’en connaisse que la saveur amère, celle de l’injonction.
Vouloir que chaque enfant soit considéré comme un être humain à part entière et non réduit à une « fonction » obligatoire d’élève et ce dès l’âge de 3 ans.
Vouloir que chaque enfant puisse choisir comment il apprend.Vouloir des ponts entre les mondes, entre les connaissances, entre les humains.Et vouloir donc que demeure l’IEF, pour toutes les familles qui en font le choix, mais aussi pour l’école de la république elle-même qui a tant à apprendre en se regardant dans ce miroir-là.
Vouloir.
En équilibre entre deux mondes qui ne s’opposent pas mais se complètent. Parce que demain c’est maintenant.
Sylvie
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Je me suis trompé gravement. Pardon...
Chers amis-lecteurs, je suis absolument désolé de devoir vous présenter mes excuses les plus sincères, et je m'écrase à vos pieds comme une limande : je dois vous avouer une énorme erreur de jugement, dans laquelle je me suis étalé, vautré, complu devant vous, depuis des semaines et des semaines : je n'avais pas compris la grandeur et la beauté de ce qui est en cours, ni l'ampleur du changement qui est “en marche”, et qui ne peut qu'illuminer très bientôt chacun d'entre nous, tant individuellement que collectivement… Et le monde… si notre Président donne une suite aux idées délicieusement contraignantes de la ‘’Convention sur le Climat’’
Là où j'ai quelque peu ‘’lâché’’ le merveilleux mouvement progressiste de notre siècle, c'est quand je n'ai pas vu que nous sommes non pas ‘’en chemin vers’’, mais ‘’déjà dans’’ les banlieues du “le jour d'après’’. Et tout le monde sait que c'est des banlieues que viendra notre salut, en tant que français comme en temps que civilisation chrétienne (ça doit être vrai : Mélenchon et Assa Traoré le disent !) ! Je n'avais pas réalisé à quel point tout, en nous et autour de nous, est en train de changer… et à quel point nous allons être, dès aussitôt que le plus près de nous possible, infiniment plus écolos, plus sobres, plus économes de la Terre nourricière. Je n'avais pas compris à quel point nous n'allons plus prendre l'avion, mais pédaler dans la joie sous la pluie et le vent, rouler dans des voitures neuves, électriques, et qui non seulement ne seront plus polluantes, mais qui dépollueront en roulant à 30 à l'heure, 24/24, faute de trouver la moindre place pour se garer et stationner…
Mon addiction coupable au ’'monde d'avant” m'avait empêché de réaliser à quel point j'avais envie de tout acheter “en vrac”, de ne manger que Bio et à trois fois le prix, de ne m'approvisionner que chez des petits producteurs de ma région (pour moi, c'est Paris intra-muros), et de manger moins de viande, voire plus du tout, pour sauver mes frères bovins et porcins. J’ai maintenant ouvert les yeux sur l’énormité de mon inconscience, et j'ai vraiment envie de ne plus polluer, d'être hyper-éco-responsable et de m'investir lourdement dans une économie plus légère.
Si vous saviez comme j'ai honte d'avoir participé à ce jeu mortel qui consistait à consommer plus pour avoir plus de déchets, de ne pas m'être mis beaucoup plus tôt au yoga et à la méditation tantrique. Je ne savais pas que le mal-être profond qui m'étreignait était d'abord dû au fait que je n'embrassais pas assez les arbres, que je ne parlais pas assez au moustique sur ma joue pour le convaincre de ne pas me piquer, que je ne disais pas assez “je t'aime” au pivert qui me détruit un volet par jour (à 300 € la pièce, chez “Casto”) dans ma résidence secondaire. Je viens de découvrir un plaisir que je m'était refusé depuis des années : le bonheur qu’il y a à recycler, l'extase de ne plus rien jeter, et de moins consommer, mais en le sachant ! Et dire que le bonheur était à portée de la main, dans le pré et même le tout près…
Mais j'ai ouvert les yeux… Je milite désormais pour la démocratie participative et le référendum d'initiative populiste ou laire. Je suis devenu hyper-tolérant envers les autres cultures auxquelles j'ai enfin ouvert les bras : elles sont tellement supérieures à la mienne ! Et ne parlons pas des discriminations, des couleurs de peau, des violences policières (peut-être réalités cruelles aux USA, mais fantasmes bénis, en France) qui m'empêchaient d'être un citoyen modèle du monde d'après, dans le monde d'avant. Quand je pense que je m'opposais, au nom de principes esthétiques racistes, à l'érection de champs immenses de magnifiques hélices géantes de 320 mètres de haut, qui ne sont destinées qu'à mettre en valeur la cathédrale de Coutances, à souligner la beauté sauvage du Puy de Sancy, en attendant de libérer le Verdon de ses excès de rocaille inamicale, trop blanche…
Et j'attends avec impatience que ce nouveau nouveau monde d'après nous libère enfin de tous ces noms de rue, de ces squares à statues, de toutes ces œuvres littéraires… qui ne sont là que pour glorifier ce qui est haïssable-en-soi : l'Histoire de France, que notre jeune Président progressiste m'a enfin permis de découvrir pour ce qu'elle est : le lieu géométrique des seuls vrais crimes contre l'humanité…
Je m'accuse devant vous d'avoir fait la totalité de ma scolarité dans un Lycée qui portait le nom maudit (pourquoi ? J'ai oublié, mais ça doit être vrai : je l'ai entendu dire à la télé !) de “Lycée Gouraud”, du nom d'un général français, donc colonialiste, négrier, islamophobe, impérialiste, et esclavagiste, et j'ai honte d'y avoir été tellement heureux, en compagnie du regretté Marc Fumaroli, qui vient de nous quitter et dont il faudra faire attention à ce qu'on ne lui érige pas de statue : c'était un colonialiste, dès la maternelle. Sans doute eussions-nous été plus heureux, lui comme moi, si ce lycée avait porté haut le nom de Adama Traore, par exemple, mais je ne le savais pas : je n'avais pas encore été touché par la grâce antiraciste. J'étais, je suis un homme blanc, donc condamnable a priori, en tant que “moi”.
Il est évident que ma vie va se trouver transformée en profondeur par cette découverte de mon indignité. Je pense que ça ne va pas se faire du jour au lendemain, parce que dans l'immédiat, il va bien falloir que je fasse face à la terrifiante crise économique qui va me et nous tomber sur le coin de la cafetière. Mais tout de suite après, je le promets, ce qui restera de moi se repentira. Ce n'est vraiment pas de ma faute si à court terme, je suis obligé de survivre dans le monde d'avant, celui dans lequel on pouvait encore rêver au et du monde d'après…
D’ailleurs, le temps qu'on arrive à surmonter toutes les catastrophes qui sont devant nous… le monde d'après semblera, sans aucun doute, encore plus beau, et encore plus plein de promesses intenables puisque ne correspondant à rien de bon, rien de bien, rien de souhaitable -même un tout petit peu, pour personne au monde. Que la vie va être belle ! La France va pouvoir présenter ses excuses au monde entier. La seule difficulté que je prévois dans cette démarche, c’est d‘arriver à trouver les motifs pour lesquels demander pardon. Mais ça, c’est mon problème !
En attendant ces “jours d'après” remplis de promesses promises, je vais partir en vacances pour me remettre des émotions de cette année si riche en événements si pauvres…. D'ici la “rentrée” (si ‘‘la deuxième vague’’ le permet !) nos échanges retrouveront leur rythme estival habituel : une fois par semaine… sauf événement grave qui justifierait des échanges plus fréquents. Je vous propose de nous retrouver le Lundi 14 septembre, “date à reporter dans votre agenda” selon le formule consacrée. Je vous souhaite à tous de très belles vacances, pleines de soleil (nous promet-on !), de grandes joies familiales et de rencontres lumineuses
H-Cl.
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